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: La production d’éthanol et de
carburant
Le préfixe bio indique que l'éthanol est produit à partir de matière organique (biomasse) et n'a pas de
lien avec le terme «bio» généralement utilisé pour désigner l'agriculture biologique.
Fabrication
Les végétaux contenant du saccharose (betterave, canne à sucre…) ou de l’amidon
(blé, maïs, pomme de terre,…) peuvent être transformés pour donner du bioéthanol,
obtenu par fermentation anaérobique des sucres comme le glucose le fructose et le
saccharose extraits de la plante sucrière ou par hydrolyse enzymatique de l’amidon.
En plus de l’éthanol, la fermentation produit du gaz carbonique. La fermentation fait
appel à l’emploi de microorganismes (levures) et de bactéries.
Il y a lieu de distinguer entre les deux filières industrielles, la filière « sucre » pour
désigner celle qui correspond à la fabrication du «bioéthanol» et la filière « huile »
permettant de produire de l'huile végétale brute et du biodiesel (ester éthylique
d'huile végétale ou EEHV). La filière «sucre» est de loin la plus développée dans le
monde.
Microorganismes de la fermentation alcoolique
Les microorganismes sont sélectionnés par :
taux de croissance et de fermentation élevés,
rendement d’éthanol élevé,
osmotolérance: capacité à évoluer dans un environnement à haute
pression osmotique,
résistance aux faibles pH et aux températures élevées,
nature des substrats utilisés,
résistance à la tolérance à l'éthanol et au glucose: permet la conversion
d'aliments concentrés en produits concentrés.
Les levures employées pour les sucres et amidons sont :
saccharomyces cereviciae
saccharomyces uvarum
saccharomyces carlsbergensis
kluyveromyces lactis
candida brassicae
candida utilis
Les bactéries utilisées sont :
zymomonas mobilis : pour l’amidon
candida pseudotropicalis : lactose lactosérum
Il y a lieu de préciser que la production commerciale est faite souvent avec les
levures «saccharomyces cereviciae» et «saccharomyces uvarum». La levure
«candida utilis» est utilisés pour la fermentation de la liqueur de sulfure résiduaire
comme elle fermente également les pentoses. Lorsque du lactosérum de lait est
utilisé, la souche de kluyveromyces fragilis est recommandée.
Il a aussi été trouvé que les levures «Fusarium, Bacillus et Pachysolen tannophilus»
peuvent transformer les sucres pentoses en éthanol. La bactérie «zymomonas» a
plus du mérite sur la levure.
Préparation de l’inoculum
Après sélection du microorganisme désiré (levure ou bactérie) et son isolation dans
une forme pure, l’inoculum est préparé sous conditions aseptiques. Pour cela, les
organismes sont initialement préparés dans des flacons sous conditions aérobies
pour augmenter la taille de l’inoculum. Le pH optimum est de 4.5 à 5 et la
température entre 28 à 30 °C pour la levure.
Matière première
L’éthanol est produit à partir de trois différentes familles de substrats selon l’aspect
économique et la région :
o Matériaux de saccharide de sucres
o Matières féculentes (amidon)
o Matériaux ligno céllulosiques
La production à partir de la betterave est préférable. Cette substance contient en
général 15% en sucre, 82 % d’eau et peu d’amidon. Une tonne de betterave produit
en moyenne 78 à 100 litres d’alcool. Le rendement alcoolique est amélioré par
l’emploi des enzymes. La production peut aussi se faire à partir de la molasse qui
contient entre 52 à 55 % de sucre fermentable. Une tonne de molasse conduit à une
production de 265 et 300 litres d’éthanol. A partir des déchets de mais qui
contiennent 7 à 15 % de sucre, il est possible de produire jusqu’à 70 litres d’éthanol
par tonne de déchets. L’acidification dans ce cas pourrait être nécessaire.
La pomme de terre contient entre 15 et 18 % de sucre fermentable, une tonne
produit entre 75 et 100 litres d’éthanol. La pomme de terre est généralement
chauffée sous pression de vapeur puis refroidie. En revanche la pomme de terre
douce contient environ 28% de sucre fermentable et peut produire jusqu’à 150 litres
d’éthanol. La dilution dans ce cas est nécessaire (66% d’eau).
Plusieurs études sont menées sur les matériaux ligno-cellulosiques. Les difficultés
avec ces matériaux résident dans leur faible porosité, leur cristallinité élevée et la
teneur en lignine d’où la nécessité de traitements supplémentaires comme la vapeur,
l’alcalinisation, l’acidification et l’hydrolyse enzymatique.
Tamisage : enlèvement des tiges et radicelles qui seront vendus comme aliment de
bétail.
Broyage : écrasement mécanique pour réduire la taille des grains sous forme de
poudre d’amidon.
Cuisson et liquéfaction : la poudre est mélangée à l’eau pour former le purin, la
cuisson est aussi appelée gélatinisation ; l’eau interagit avec l’amidon et
forme une suspension visqueuse lorsque la température est supérieure
à 60 °C. L’étape de liquéfaction est réellement une hydrolyse partielle
de l’amidon en sucre qui réduit la viscosité. Les enzymes suivants
peuvent être rajoutés pour casser les longues chaînes d’amidon en
chaînes plus petites :
1) α-amylase ; produit la dextrose de l’amidon
2) β-amylase ; produit le maltose de l’amidon
Dans le but de réaliser la liquéfaction, la réaction doit avoir lieu sous
certaines conditions. Le pH de la purée est maintenu entre 5.9 et 6.2
par addition d’ammoniac et d’acide sulfurique. Le mélange est traité
entre 105 et 120 °C pour 2 à 7 minutes. La température élevée réduit le
niveau de bactérie dans le mélange.
Saccharification/conversion : le mélange précédent est refroidi et le second enzyme
«gluco-amylase» est additionné pour convertir le liquide en sucre
fermentable. La saccharification est le processus d'hydrolyse
supplémentaire de l'amidon liquéfié en monomères de glucose. Le
«gluco-amylase» réduit l’amidon restant en dextrose ou maltose.
Fermentation : la levure «saccharomyces cerevisiae» est additionnée à la purée pour
fermenter le sucre en éthanol et en dioxyde de carbone. En processus
continu, le moût en fermentation peut s'écouler à travers les
fermenteurs où il est entièrement fermenté, puis il quitte le bac de
fermentation. En processus discontinu (batch), le moût reste dans un
fermenteur pour terminer la fermentation. Près de 90-95 de glucose est
converti en éthanol en 12 jours produisant 10% d’éthanol.
Centrifugation : après la fermentation, les cellules sont séparées par centrifugation et
renvoyées dans le fermenteur
Récupération du produit : l’éthanol du bouillon de fermentation peut être récupéré par
distillations successives. Néanmoins, une simple distillation n’est pas
suffisante pour avoir l’éthanol à haute concentration. La rectification est
l'application du processus de distillation uniquement qui produit 95%
d'éthanol. Pour des concentrations supérieures à 95 %, des techniques
spéciales sont adoptées.
Distillation
La purée fermentée est pompée dans le système de distillation à plusieurs colonnes
à flux continu où les solides et la masse de boue sont séparés en laissant la solution
d'alcool et d'eau. La concentration d’alcool dans le mélange liquide est aux alentours
de 12 à 15 % (c.-à-d. ; 85 à 88 % d’eau dans le mélange). Comme l'éthanol n'est pas
suffisamment séparé des impuretés, il est nécessaire de le purifier davantage, alors
que la purée résiduelle, appelée drèches, est transférée de la base de la colonne
vers la zone de traitement des coproduits.
La décantation est effectuée pour obtenir des solides sans liquide. Ils sont séchés et
utilisés pour l'alimentation du bétail et les engrais.
Rectification
Si le distillat (c'est-à-dire 12-15% d'alcool) obtenu lors de la distillation est à nouveau
distillé, à l'aide d'une colonne de rectification, un nouveau distillat est obtenu avec
une concentration encore plus élevée de composants volatils (également appelé
alcool rectifié contenant 95% (ou parfois 96% éthanol).
Colonne de rectification
Sur une colonne de rectification, il y a lieu de distinguer ce qui suit :
L’Alimentation (Feed) : le liquide est introduit dans la colonne de rectification. Le
plateau sous la buse d'entrée est appelé plateau d'alimentation.
Composant lourd (heavy component) : le composant avec la volatilité relative la
plus faible et le poids moléculaire le plus élevé. Trouvé en concentration plus élevée
dans le produit du bas de la colonne.
Composant léger (light component) : le composant avec la volatilité relative la plus
élevée et le poids moléculaire le plus bas. Trouvé en concentration plus élevée en
haut de la colonne.
Section d’épuisement (stripping section) : les plateaux entre le bas de la colonne
et le plateau d'alimentation. Dans la section de décapage, le but est de concentrer le
composant le plus lourd dans la phase liquide.
Section de rectification ou de concentration (rectifying section) : les plateaux
entre le plateau d'alimentation et le haut de la colonne. Dans la section de
concentration, le but est de concentrer le composant le plus léger dans la phase
vapeur.
Produit de tête (Top product) : le produit (éthanol) qui sort du haut de la colonne.
Ce produit est généralement passé à travers un condenseur et liquéfié.
Produit du bas (Bottom product) : le produit qui sort par le bas de la colonne.
Reflux (Reflux) : partie de vapeur provenant du sommet de la colonne qui a été
condensée en liquide et renvoyée dans la colonne sous forme de liquide au-dessus
du plateau supérieur.
Rebouilleur (Reboiler) : un échangeur de chaleur en bas de colonne qui fait bouillir
une partie du liquide sortant de la colonne. La vapeur générée retourne dans la
colonne en bas de la section d’épuisement.
Coproduits
Il y a principalement deux coproduits qui sont créés lors de la fabrication de
l’éthanol ; les grains de distillerie et le dioxyde de carbone.
Les grains de distillerie /DDGS (Distillers Dried Grains with Solubles)/Drèches :
Les résidus restants sont des sous-produits céréaliers (mélange de maïs, de riz et
d'autres céréales) du processus de distillation qui sont utilisés humides ou secs,
après traitement dans des évaporateurs, comme aliments du bétail hautement
nutritifs en raison de leurs compositions riches en protéines et en glucides non
convertis
Le dioxyde de carbone : le CO2 se dégage en grandes quantités pendant la
fermentation ; les usines d’éthanol le collecte, le compresse et le vendent pour
d’autres industries. Le dioxyde de carbone est utilisé dans les boissons gazeuses et
dans la fabrication de la glace sèche. Le CO 2 est également utilisé par les papeteries
et autres transformateurs d'aliments.
B) BIOMASSE LIGNO CELLULOSIQUE
Séchage : la matière première est initialement séchée et débarrassée au maximum
de son humidité afin de faciliter l’opération de broyage ultérieur.
Broyage : permet de réduire la taille de la substance cellulosique pour un meilleur
rendement de réactivité.
Préparation du purin : les particules découpées du produit à fermenter seront
mélangées avec de l’eau.
Prétraitement par acide ou enzyme : le but du prétraitement est de briser la structure
récalcitrante naturelle de la biomasse ligno-cellulosique qui limite la bioconversion de
la cellulose et l’hémicellulose. Ceci est généralement mené par des traitements
acides ou basiques ou par hydrolyse enzymatique pour obtenir les unités
monosaccharoses nécessaires pour la production d’éthanol.
La fermentation, la séparation et la récupération du produit ainsi que la distillation se
font de la même manière que dans le cas précédent des sucres saccharides ou
matières féculentes. La rectification et la purification est aussi similaire au premier
cas.
Utilisation d’éthanol :
L’industrie des produits cosmétiques et de soins personnels : c'est l'un des plus
gros utilisateurs d'éthanol industriel. Les lacs, les bains de bouches, l'après-rasage et
les parfums contiennent de grandes quantités d'alcool par volume. L'éthanol est
également utilisé dans de nombreux déodorants, lotions, désinfectants pour les
mains, savons et shampooings.
L’éthanol est aussi utilisé comme solvant pour la chimie et en industrie
pharmaceutique et médicale.
Dénaturation : vise à rendre l'éthanol pur à 100% impropre à la consommation
humaine ; pour cela il est généralement combiné avec une petite quantité d’essence
(2 à 5%).
Carburants et moteurs
Mélanges avec l'essence
En Europe, les pétroliers préfèrent transformer l’éthanol en ETBE (éthyl tertio butyl
éther) qui peut être incorporé à l’essence jusqu’à hauteur de 15 %. L’ETBE aurait
l’avantage d’être mieux adapté aux moteurs. En effet, l’incorporation directe de
l’éthanol à l'essence pose certaines difficultés techniques : le mélange
essence/éthanol a une pression de vapeur plus élevée et tolère mal la présence de
traces d’eau. Ces difficultés peuvent être surmontées par une reformulation des
bases essence et par l’élimination des traces d’eau dans les cuves. Néanmoins,
l'ETBE est moins vertueux pour l'environnement, d'où le choix de la France (et de
nombreux autres pays) pour l'E85.
Mélanges avec le gazole
Les moteurs à éthanol actuels sont des moteurs à essence légèrement modifiés. Les
véhicules sont équipés soit de ces moteurs spécifiquement conçus pour l'éthanol,
soit de moteurs dit Flex fuel, ou encore de boitiers «Flex» pour transformer une
voiture à essence en voiture bi-carburant. Les moteurs à essence des automobiles
modernes non flexfuel supportent, suivant leurs fabricant, de 15 % à 50 % d’éthanol
sans aucune modification. De plus, en Europe depuis les années 2000 tous les
véhicules commercialisés, équipés de moteur à essence, sont prévus pour accepter
au moins 10 % d'éthanol dans le carburant et bien plus en Amérique.
Flex fuel (ou VCM, Véhicule à Carburant Modulable) est le nom donné aux véhicules
spécialement conçus pour fonctionner indifféremment au Super éthanol E85 et/ou au
Super sans plomb classique. Plus précisément, les véhicules Flex fuel sont capables
d’adapter automatiquement leur fonctionnement pour tout mélange d’essence et
d’éthanol pur dans des proportions comprises entre 0 % et 85 % en volume
d’éthanol, d’où le mot «Flex». Ce sont en pratique des véhicules dotés de moteurs
essence équipés de dispositifs d’injection et de capteurs électroniques spécifiques.
Les émissions nettes de CO2 sont réduites d'environ 40 %.
Il existe maintenant des kits «Flex», un boîtier électronique qui ajuste les temps
d'injection et permet aux voitures à injection multipoint ou monopoint de rouler
librement au super éthanol. Le kit existe au Brésil, aux États-Unis, en Suède depuis
des années. Il y a plusieurs marques de kit «Flex», Euroflex, ful.flex, flextek. Pour
l'instant trois entreprises sont agréées pour des modèles d'automobiles en France
(FlexFuel Energy Development, Biomotors, et ARM Engineering).
Depuis les années 2000 de plus en plus d'automobiles avec des moteurs à essences
classiques consomment du E85.
En 2008, le Brésil a produit 22,3 milliards de litres d'éthanol, soit 1/3 de la production
mondiale. La moitié des champs de canne à sucre au Brésil sont consacrés à la
production de l'éthanol, dont 85 % est consommé sur le marché intérieur, seuls 15 %
étant exportés. Au Brésil, l'éthanol est utilisé comme biocarburant : le bioéthanol de
canne à sucre couvre 22 % des besoins nationaux en carburant.
Les différentes expériences menées jusqu’à présent dans notre pays restent très
limitées et presque sans impact économique.