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Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (2iE) / Master 2 Génie - Civil et

Infrastructures.

Institut International d'Ingénierie de l'Eau et de l'Environnement


d’Ouagadougou (2IE)

MASTER 2
GÉNIE CIVIL ET INSFRASTRUCTURES

COURS
AMÉNAGEMENT URBAIN

Par
Antoine NOUBOUWO
Urbaniste DIUP, doctorant en études urbaines
Chercheur assistant
Institut National de la recherche Scientifique (INRS)-UCS, Montréal Canada

urs d’aménagement urbain / février 2011/Antoine


Cours / NOUBOUWO/Urbaniste DIUP/ Chercheur assistant
INRS-UCS, Canada.
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Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (2iE) / Master 2 Génie - Civil et
Infrastructures.

SOMMAIRE

INTRODUCTION --------------------------------------------------------------------------------------------- --------2

Objectifs du cours------------------------------------------------------------------------------------------2
Formule pédagogique ------------------------------------------------------------------------------------3
Modalités d’évaluation ----------------------------------------------------------------------------------3

CHAPITRE 1 : CADRE CONCEPTUEL DE L’AMÉNAGEMENT URBAIN----------------------------- --------5

A Urbanisme règlementaire---------------------------------------------------------------------------- - 6
1-1 Aménagement du territoire-------------------------------------------------------------------------6
1-2 Aménagement régional-------------------------------------------------------------------------------6
1-3 Aménagement rural ----------------------------------------------------------------------------------6
1-4 Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme (SDAU) -------------------------------7
1-5 Plan d’occupation des Sols (POS) ------------------------------------------------------------------8
B urbanisme opérationnel------------------------------------------------------------------------------10
1-6 Les acteurs de l’aménagement--------------------------------------------------------------------12

CHAPITRE 2 : LA VILLE ET LES COURANTS SOCIOLOGIQUES---------------------------------------------- 14

2-1 L’École de Chicago------------------------------------------------------------------------------------14


2-2 La sociologie fonctionnaliste de la ville --------------------------------------------------------14
2-3 La sociologie urbaine depuis 1945 ---------------------------------------------------------------14
2-4 la ville : définition physique -----------------------------------------------------------------------16
2-5 Quelle définition pour la planification urbaine-----------------------------------------------16
2-6 les méthodes de la planification------------------------------------------------------------------17
2-7 Aménagement urbain et pouvoir-----------------------------------------------------------------18
2-8 Composition urbaine-------------------------------------------------------------------------------- 19
2-9 la planification stratégique ------------------------------------------------------------------------20
2-10 l’urbanisme participatif ---------------------------------------------------------------------------20
2-11 l’urbanisme de gestion ----------------------------------------------------------------------------21
2-12 De l’urbanisme de communication au Marketing urbain------------------------------- 22

CHAPITRE 3 : AMÉNAGEMENT URBAIN------------------------------------------------------------------------23

3-1 Les grandes étapes de l’aménagement urbain----------------------------------------------- 23


3-2 L’évolution de l’aménagement stratégique ---------------------------------------------------26
3-3 L’aménagement stratégique comme mode gagnant de l’aménagement--------------26
3-4 L’interaction entre planification stratégique et planification urbanistique-----------27

CHAPITRE 4 : AMÉNAGEMENT URBAIN SÉCURITAIRE------------------------------------------------------29

4-1 une nécessite d’analyse du site----------------------------------------------------------------- 30


4-2 Quel moment pour réaliser un aménagement sécuritaire --------------------------------31
4-3 Principes d’aménagement sécuritaire---------------------------------------------------------- 32
Recommandations de lectures------------------------------------------------------------------------ 40

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

L'aménagement d’une ville désigne l'action publique qui permet d'orienter, d'influer sur la
répartition des infrastructures et les équipements dans un espace donné et en tenant
compte de choix politiques globaux. C'est grâce à cette politique d’aménagement que les
sociétés agissent pour corriger les déséquilibres, orienter les développements spatiaux à
partir d'un projet global et prospectif. A cet effet, l'aménagement d’une ville participe à
l'objectif de protection de l'environnement et d'instauration du développement durable
notamment par l'organisation de l'affectation du sol et de l'implantation des
infrastructures.

Ce cours intitulé « Aménagement urbain » vise la connaissance des différents concepts


liés à l’aménagement d’une ville; aux principes d’aménagement urbain sécuritaires; à la
maîtrise des différents documents de planification urbaine et leurs modes d’élaboration.

Objectifs spécifiques
Le cours a pour objectif d'initier l'étudiant à la compréhension des différents langages liés
à l’aménagement urbain. Il s’agit de comprendre qui planifie la ville à l’échelle
territoriale et quel est le cadre institutionnel de l’aménagement urbain ?

À la fin du cours, l'étudiant devrait être capable de :


Ø Connaître les divers types de concepts utilisés en aménagement :
aménagement territorial, aménagement régional, aménagement urbain et
finalement aménagement rural;
Ø Connaître les différents documents de planification comme : le schéma
directeur, le plan d’occupation des sols, le plan de développement
territorial et régional;
Ø Mieux comprendre le rôle de l’aménagiste, de l’aménageur et des autres
spécialistes impliqués dans l’aménagement d’un territoire;
Ø Être capable de connaître avec quel type d’acteur il faut réaliser tel type de
projet.

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Formule pédagogique
Le cours est mis à la disposition des étudiants par le secrétariat de la formation à distance.
Des séances de tutorats via les outils de communication synchrones et asynchrones sont
organisées pour assister les étudiants. Les étudiants seront appelés à réaliser deux travaux
pratiques individuels pour atteindre les objectifs du cours.

Modalités d’évaluation du cours

Tout au long de ce cours, les étudiants auront à rendre deux travaux individuels

Travail pratique nº 1 (TP1)


Dans le cadre du TP1, chaque étudiant doit répondre à la question suivante : « Quel est le
cadre institutionnel régissant l’aménagement urbain dans votre ville ? » Il s’agit de dire
quels sont les acteurs qui s’occupent de l’aménagement urbain? Quels sont les différents
rôles ? Et finalement quels sont les interactions et conflits d’intérêts que pose la gestion
de l’aménagement urbain dans votre ville ? Le travail sera remis en version numérique
format PDF dans l’espace qui sera crée. Ce premier travail représente 30 % de la note
finale du cours. Il doit comprendre 05 pages maximum, c’est juste une synthèse. Il doit
être de police Times New Roman, taille 12, interligne 1, 15. L’objectif est de vous
familiariser avec le cadre institutionnel régissant l’urbanisme et l’aménagement urbain
dans votre ville. Il sera remis au plus tard le 27 février à 16 h. Afin d’éviter les surprises
de dernière minute, il est souhaitable de remettre votre travail un peu plus en avant.

Travail pratique nº 2 (TP2)


Le TP2 consiste à faire une critique de l’aménagement urbain de votre ville, il s’agit d’un
travail d’analyse et de curiosité personnelle en tant qu’acteur de la ville. Rédiger un
travail de 10 pages maximum (police Times New Roman, taille 12, interligne 1, 15) sur
l’aménagement urbain de votre ville. Le travail doit porter sur l’analyse des
aménagements urbains en cours et en référence au schéma directeur de votre ville. Vous
devrez faire une critique de ces aménagements et nous dire s’ils sont adaptés à la réalité

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urbaine de votre ville aujourd’hui et finalement nous faire des propositions sur ce que
devrait être un vrai aménagement urbain de votre ville.

Le document avec une page de présentation et les références bibliographiques doit faire
10 pages. Ce travail numéro 2 représente 60 % de la note finale du cours. Il doit être
déposé dans l’espace réservé en format PDF. Pour correction. La date de remise est fixée
au mercredi 16 mars 2011 à 16 00, aucun retard ne sera accepté.

La participation individuelle de chaque étudiant aux différentes rencontres synchrones est


évaluée à 10 % de la note finale. Il s’agit non seulement de la présence aux rencontres,
mais aussi de l’intervention et de la participation de l’étudiant pendant les rencontres
synchrones et asynchrones.

· Travail numéro 1 = 30 %
· Travail numéro 2 = 60 %
· Participation individuelle = 10 %

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CHAPITRE 1 : CADRE CONCEPTUEL DE L’AMÉNAGEMENT

URBAIN

Ce chapitre présente les différents concepts fréquemment utilisés dans le domaine de


l’urbanisme et de l’aménagement. Selon les lois relatives à l’aménagement dans chaque
pays, on distingue différentes appellations : aménagement du territoire, aménagement
régional, aménagement urbain, aménagement rural, etc.

A- QUELQUES DÉFINITIONS

1-1 Aménagement du territoire

C'est « l'action et la pratique (plutôt que la science, la technique ou l'art) de disposer avec
ordre, à travers l'espace d'un pays et dans une vision prospective, les hommes et leur
activité, les équipements et les moyens de communication qu'ils peuvent utiliser, en
prenant en compte les contraintes naturelles, humaines et économiques, voire
stratégique » Pierre Merlin et F. Choay1.

L'aménagement du territoire désigne à la fois l'action d'une collectivité sur son territoire,
et le résultat de cette action. On peut ajouter aussi que l'aménagement du territoire « se
propose de substituer un nouvel ordre à l'ancien, de créer une meilleure disposition, une
meilleure répartition dans l'espace de ce qui constitue les éléments de fonctionnement
d'une société ; meilleure par apport aux buts », c'est-à-dire, non seulement à des fins
économiques, mais davantage encore pour le bien-être et l'épanouissement de la
population (E, Claudis petit2) ; termes vagues, mais qui définissent néanmoins clairement
la finalité sociale, humaine, de l'aménagement du territoire » (Pinchemel, 1992)3.
L’aménagement du territoire est une action géographique au sens fort du terme, c'est-à-

1
« Aménagement du territoire », p. 38-43, in Pierre Merlin et Françoise Choay (dir.), Dictionnaire de
l'urbanisme et de l'aménagement, Paris, PUF, 3e éd., 2000, 926 p.

2
Un politique en architecture : Eugène Claudius-Petit (1907-1989), par POURVREAU Bénoit.
3
PINCHEMEL, PH. (1992). La face de la terre. Élément de géographie. Paris Armand Collin.

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dire qu'il contribue à modifier la géographie de certain territoire en agissant sur une ou
plusieurs composantes de son réseau de communication, développement urbain,
localisations industrielles. Mais toute action géographique n’est-elle pas une action
d'aménagement ?...

L'aménagement du territoire mobilise tout un ensemble de secteurs d'intervention pour


parvenir aux objectifs énoncés ci-dessus :

· le développement économique;
· les politiques sociales spatialisées ;
· les politiques du logement;
· le développement des infrastructures, notamment de transport et de communication;
· la disponibilité des ressources en eau et leur gestion intégrée afin d'assurer leur
durabilité ;
· la préservation et la mise en valeur de l'environnement comme on la conçoit par
exemple dans la gestion intégrée des zones côtières.

1-2 Aménagement régional.

La définition de l’aménagement régional est presque identique à celle de l’aménagement


territorial, sauf que les échelles changent. Le schéma d’aménagement régional s’applique
à l’échelle d’une région. Généralement dans beaucoup de pays, les actions
d’aménagement régional concernent les services de l’administration centrale. Il s’agit
dans ce cas de l’État. Dans cette section, la priorité est donnée aux grands équipements
d’intérêts communs comme les aéroports, les transports par voie maritime les grands axes
routiers et finalement le réseau ferroviaire.

1-3 Aménagement rural.

Selon le dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, l’aménagement rural est


l’ensemble des actions localisées et visant à réaliser une utilisation optimale de l’espace
rural.

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B- L’URBANISME RÉGLEMENTAIRE

En termes d’urbanisme réglementaire, il existe deux principaux documents de


planification urbaine : le schéma directeur d’aménagement et de l’urbanisme (SDAU) et
le Plan d’occupation des sols (POS).

1-4 Le Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme (SDAU).

Les SDAU, schémas directeurs d'aménagement et d'urbanisme, sont élaborés dans le


cadre d'un syndicat d'études regroupant l'ensemble des communes concernées par le
développement d'une agglomération. Le SDAU comprend un schéma global à grande
échelle (1/50 000 ° ou 1/20 000 °) et en couleur et un rapport de présentation qui
déterminent :

· les grands secteurs d'aménagement (habitat, activités) ;


· les grandes infrastructures : autoroutes, voies ferrées, aéroports, ports...;
· apparaît aussi pour la première fois une protection de certains territoires agricoles
ou naturels (les parcs naturels, les boisements, les vignes...)

Les SDAU servent de cadre à l'élaboration des POS qui doivent être en conformité avec
eux. La durée d'un SDAU est évaluée à 30 ans environ. Mais on y retrouve les prévisions
à court, moyen et long termes. Le document après une mise à la disposition du public est
arrêté par l’autorité compétente en fonction de la législation de chaque pays. Il ne dispose
donc pas de la force juridique attachée à la mise à l'enquête publique. C'est un document
d'orientation à long terme d'un territoire qui peut correspondre à peu près à l'aire urbaine
d'une ville centre. Les SDAU doivent s'inscrire dans les directives nationales
d'aménagement du territoire élaborées par l’État.

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1-5 Le plan d’occupation des Sols (POS)

Les POS, plans d'occupation des sols, se substituent aux plans d'urbanisme de détails. Ces
plans d'urbanisme obligatoire pour les communes ou groupement de communes de plus
de 10 000 habitants (variation en fonction du pays). Pour les petites communes sont
instaurées des « cartes communales ». Ils font l'objet d'une élaboration conjointe avec les
services de l'État et la ou les communes concernées. Ils doivent être en conformité avec
les SDAU et ne supportent plus de dérogations hormis adaptations mineures.

Les POS comprennent obligatoirement :

· Un rapport de présentation qui dresse un diagnostic du territoire concerné en


termes notamment d'évolution démographique et économique. Il énonce les
intentions de la commune et ses perspectives de développement arrêtées dans le
cadre de l'élaboration. Ce document à force de loi et peut être opposé aux tiers.
Apparaît un zonage spécifique pour les zones agricoles protégées (non
constructibles et dont l'usage ne doit pas changer) et pour les zones agricoles
banales qui peuvent évoluer dans le temps et aussi supporter quelques
constructions liées à l'usage agricole. Ce sont les zones ND et NC.

· Un ou plusieurs plans établis sur un fond de plan cadastral mis à jour. L'échelle
est de 1/10 000 ° pour les zones naturelles et de 1/5 000 ou 1/2 000 ° pour les
zones bâties ou à urbaniser. Ce territoire est « zoné » avec pour chaque zone un
règlement spécifique. Apparaissent aussi les alignements, les marges de recul par
rapport aux voies publiques, les EBC (espaces boisés classés) qui ne peuvent
changer d'affectation sauf remise en cause par une enquête publique, les ER
(emplacements réservés), zones sur lesquelles les collectivités peuvent exercer un
droit de préemption prioritaire pour la réalisation d'une voirie, d'un aménagement
public ou d'un équipement public. Sont mentionnés les noms des bénéficiaires de
ces emplacements réservés. Les zones déjà urbanisées (zones U) font aussi l'objet

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d'une réglementation. Les zones U sont réputées équipées et le propriétaire d'un


terrain n'a pas à supporter les coûts de desserte en VRD (voies et réseaux divers)
de son terrain qui est réputé constructible de facto. Les zones NA déterminent les
zones d'aménagements futurs.

· Un règlement qui est détaillé pour chaque zone. Les deux premiers articles
déterminent les usages autorisés avec ou sans condition sur la zone et les usages
interdits. Il détermine aussi les règles de construction, les prospects et même les
plantations, la surface minimal pour rendre un terrain propre à la construction et
au un COS (coefficient d'occupation des sols). Ce COS détermine la surface de
bâti constructible par rapport à la surface de terrain (SHON - surface hors œuvre
nette). Il exprime en fait la densité. Ainsi, un COS de 1 pour une parcelle de
1000 m2 permet de construire une SHON de 1000 m2, un COS de 0,5 pour la
même parcelle permet de construire 500m2.

· un document (plan et règlements) recensant l'ensemble des servitudes publiques


sur les zones : Électricité, eau, voies ferrées, mines, aérodrome, grosse
canalisation de gaz...);
· les annexes sanitaires (plans) précisant notamment les éléments de desserte en eau
(potable et usée).

Ces documents sont approuvés par le Préfet (Cas du Cameroun) après une mise à
l'enquête publique et rapport d'un commissaire enquêteur sur les remarques formulées
lors de ladite enquête. Il a alors force de loi. Il peut faire l'objet de modifications ou de
révisions dans les conditions prévues par la loi. Ce document est prévu pour une durée de
5 à 10 ans. Toutes les autorisations (permis de construire, permis de démolir, certificat
d'urbanisme, lotissement...) doivent être conformes aux prescriptions du POS.

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C- L’URBANISME OPÉRATIONNEL.

D’après le Dictionnaire de l’Urbanisme et de l’Aménagement (Merlin Pierre & Françoise


Choay), l’urbanisme opérationnel regroupe « l’ensemble des actions conduites ayant
pour objet la fourniture de terrains à bâtir, la construction de bâtiments ou le traitement
de quartiers et immeubles existants (recomposition urbaine, réhabilitation, résorption de
l’habitat insalubre) ». Les objectifs poursuivis par l’urbanisme opérationnel sont aussi
divers que le nombre de procédures en vigueur et les types d’opérations concernés.

En d’autres termes, l’urbanisme opérationnel consiste à mettre en place les actions


nécessaires à la réalisation d’un projet urbain. Par cela, il se différencie de l’urbanisme
prévisionnel qui regroupe l’ensemble des documents thématiques et réglementaires de
planification stratégique et de programmation. L’urbanisme prévisionnel est un préalable
indispensable, mais ne suffit pas, à lui seul, à produire des projets urbains.

Bien que constituant une de ses principales composantes, il convient également de


distinguer l’urbanisme pré-opérationnel de l’urbanisme opérationnel. Le premier vise à
décliner et à approfondir à une échelle plus restreinte les orientations d’une politique
d’aménagement par la réalisation d’études : des études d’opportunité pour vérifier si une
volonté politique sur un secteur donné est pertinente ; des études de faisabilité qui visent
à concevoir un projet urbain, définir un programme de constructions, ses retombées en
terme d’équipements, sa faisabilité financière et choisir le mode opérationnel le plus
adapté ; des études préalables qui visent à mettre en place d’un point de vue administratif,
juridique et financier le mode opérationnel retenu. L’urbanisme opérationnel stricto-sensu
correspond, quant à lui, à la réalisation physique d’un projet urbain, comprenant à la fois
l’acquisition et la commercialisation de terrains, ainsi que la réalisation de travaux de
mise en état des sols et d’aménagement.

L’urbanisme opérationnel, au sens large, implique donc de multiples missions, à savoir :


comprendre les problématiques urbaines locales, les enjeux territoriaux et les objectifs
politiques ; approfondir le programme d’un projet urbain, le concevoir ; élaborer des
stratégies et définir les modes opératoires juridiques et financiers ; mettre en œuvre le

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processus de réalisation (acheter, viabiliser, équiper, commercialiser, construire, piloter,


animer, concerter, communiquer, contrôler et financer) et mettre en œuvre les moyens
permettant de pérenniser le projet (gestion urbaine). Ces différentes missions se
comprennent les unes par rapport aux autres et n’ont aucune logique individuellement, et
font de l’urbanisme opérationnel un instrument clé dans la production d’un urbanisme de
qualité.

L’intégration d’objectifs de qualité urbaine à la dynamique d’un projet peut paraître


simple et de bon sens, mais n’est pas un processus spontané de la part de tous les acteurs ;
ces derniers ayant des intérêts différents, voire divergents. Elle implique la mise en place
d’une démarche spécifique, volontariste et soutenue, créatrice de compromis et intégrant
plusieurs approches : une approche holistique, à savoir une prise en compte globale des
problématiques urbaines, environnementales, socioculturelles et économiques ; une
approche interdisciplinaire qui ne se limite pas à la simple addition de logiques
sectorielles, mais vise à leur incorporation dans une stratégie commune ; une approche
participative qui favorise l’adhésion au projet de la majorité des personnes concernées ;
une approche évaluative qui permet de choisir certaines options en réelle connaissance de
cause et de les améliorer en fonction des performances obtenues. Autant d’éléments qui
façonnent la pratique de l’urbanisme opérationnel et conditionnent la réussite ou non d’un
projet urbain.

L’urbanisme opérationnel est une pratique complexe, car elle nécessite en permanence de
prendre en compte, s’adapter et anticiper les transformations de la pensée urbaine et les
mutations politiques, sociales et économiques qui, pour certaines, se confrontent et, pour
d’autres, butent sur des logiques d’acteurs. Elle impose d’appréhender les mutations à
l’œuvre dans la ville contemporaine : la transformation de la ville par les entreprises et
ses corollaires (l’internationalisation et la compétition entre les grandes métropoles,
l’artificialisation de plus en plus de projets, l’uniformisation avec la réalisation d’objets
flexibles, mixtes et hybrides, la ville devenant ainsi fractale), la remise en cause de
l’urbanisation dispersée et distendue par l’approche de développement durable et la

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logique dominante de renouvellement urbain, les recompositions spatiales provoquées par


le développement des technologies de l’information et de la communication, etc.

Figure 1 : Schéma directeur de la région Île-de-France

Source : IAURIF, 2010

D-LES ACTEURS DE L’AMÉNAGEMENT URBAIN.

Plusieurs acteurs interviennent dans l’aménagement du territoire

L’État
Il s’agit des ministères de l’État en charge de la gestion de l’urbanisme, de
l’aménagement, de l’équipement et des infrastructures. La dénomination de cette
institution varie d’un pays à l’autre.

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Les collectivités locales


Il s’agit de toutes les mairies, communautés urbaines et les communes d’arrondissement
qui selon les pays peuvent élaborées elles-mêmes leurs documents d’urbanisme ou en
collaboration avec les services de l’État.
Ces deux premiers acteurs agissent couramment comme des maîtres d’ouvrages. Ils
peuvent dans certains cas confier la maîtrise d’ouvrage à un bureau d’études, il s’agit
dans ce cas de la maîtrise d’ouvrage déléguée.

Les bureaux d’études.


Il s’agit des entités relevant du secteur privé, qui après l’obtention d’un marché peuvent
réaliser les études d’une collectivité ou d’un ministère en tant que maître d’œuvre.

Les entreprises
Elles sont chargées de la réalisation des prestations après l’appel d’offres. Il peut être
national ou international.

Aménageur
C’est la personne ou organisme qualifiée dans les études d’aménagement et dans
l’application des plans, programmes et projets résultant de ces études. Il peut intervenir à
des échelles variées, de celle du territoire à celle du quartier. Comme un urbaniste, son
action est une intervention sur l’organisation de l’espace. L’aménageur est le spécialiste
de l’espace, mais aussi du temps, il doit en permanence intégrer les dimensions
géographiques, historiques et prospectives dans sa programmation.

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CHAPITRE 2 : LA VILLE ET LES COURANTS


SOCIOLOGIQUES

La sociologie urbaine est la branche de la sociologie qui a pour objet la morphologie


sociale (les problèmes sociaux engendrés par l’urbanisation et les conséquences de
l'intervention des décideurs dans le processus de structuration de l'espace et la
morphologie urbaine (les formes d'aménagement de la ville avec équipements, ses
monuments, ses décors). La sociologie urbaine se préoccupe des questions relatives à
l’organisation sociale dans l’espace urbain, la typologie urbaine, l’habitat et les formes de
la vie quotidienne en milieu urbain, l’influence des structures d’une ville sur la vie
sociale, la vie familiale et le logement, l'intégration des nouveaux citadins, la mobilité
sociale, etc. Plusieurs courants de pensée animent la sociologie urbaine.

2-1 L’Écoule de Chicago


L’École de Chicago, est un courant influant de la sociologie américaine. Sa naissance est
liée à trois facteurs : une forte croissance de la population urbaine, un mouvement
migratoire interne comme externe et une désorganisation sociale liée à la criminalité en
forte expansion. Sur la base d’une approche baptisée « écologie urbaine », des chercheurs
de l’Université de Chicago sont amenés à étudier la cohabitation de plusieurs
communautés au sein d’une même ville. Ainsi, W.I. Thomas et F. Znaniecki analysent la
façon dont le paysan polonais, récemment transplanté sur le sol américain, se trouve
entrainé dans une nouvelle culture de la ville. Il est pris dans son nouveau lieu d’accueil
entre les valeurs de sa société d’accueil (une société américaine marquée par la
compétition et l’efficacité) et la décomposition des valeurs de sa société ancienne (une
société polonaise qui prône l’existence d’une famille protectrice et régulatrice des
relations sociales). Dans ces conditions il est donc désorganisé, et sa désorganisation se
traduit par la violence, la criminalité, l’instabilité familiale et professionnelle. Dans la
même perspective, R.Park rejette l’idée que l’homogénéité ethnique est une condition
première de l’unité nationale. Bien au contraire, l’assimilation est pour lui un processus
continu dans lequel des groupes différenciés ethniquement participent au fonctionnement

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de la société tout en conservant leurs particularismes. Ces réflexions ont conduit E.W.
Burgess et R. Park à dire que la ville se développe en cercles concentriques en fonction
des vagues migratoires ; chaque cercle présente une certaine homogénéité sociale et
l’éloignement du centre traduit l’ascension sociale.

2-2 la sociologie fonctionnaliste de la ville


L’instigateur de ce courant est Maurice Halbwachs, qui, s’inspirant des représentations de
la ville de R. Park et de E.W. Burgess, montre dans son analyse des classes sociales la
société peut se représenter en cercles concentriques dont le centre est la classe dominante
et la périphérie les classes ouvrières et paysannes. Par ailleurs, il montre que le
développement d’une ville est d’abord et surtout commandé par des besoins collectifs et
les mouvements de population.

2-3 La sociologie urbaine depuis 1945

L’évolution des villes après la Seconde Guerre mondiale, ses conséquences et surtout la
pratique de la planification urbaine ouvre un champ de recherche nouveau pour la
sociologie urbaine. C'est dans ce contexte que se situent des travaux de : Paul-Henry
Chombart de Lauwe sur la base d’enquêtes empiriques démontrant que chaque groupe
social s’approprie de l’espace selon un modèle spécifique. Les classes aisées ont des
usages plus nombreux et plus diversifiés de l’espace urbain ; en revanche la sociabilité
des classes populaires est davantage liée à leur quartier. Par ailleurs, il montre
l’uniformisation architecturale des grands ensembles qui se développent, il montre que
les transformations techniques et les changements qui marquent l’espace urbain ne
modifient pas brutalement chez un individu ses pratiques, attitudes et comportements
culturels ; ainsi, l’industrialisation et son corollaire l’urbanisation et la mobilité sociale
n’ont pas fait disparaître les clivages entre classes sociales.

Henri Lefèvre, d’inspiration marxiste, rompt avec le fonctionnalisme qui marque la


sociologie urbaine et théorise que l'urbanisation, reflet d’une évolution économique d'une

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société (le capitalisme à travers la spéculation foncière, les investissements immobiliers),


s'accompagne d'une détérioration de la vie urbaine, notamment l'éclatement des centres
désormais privés de vie sociale. Dans la même perspective, Manuel Castells estime que
l’objet de la sociologie urbaine est la planification urbaine, qui est elle-même un moyen
de contrôle des collectivités publiques sur la configuration et les usages de l’espace.

2-4 La ville : Définition et cadre physique

Selon le dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, la ville est une « unité urbaine


», un « établissement humain » pour l'ONU, étendu et fortement peuplé (dont les
habitations doivent être à moins de 200 m chacune, par opposition aux villages) dans
laquelle se concentrent la plupart des activités humaines : habitat, commerce, industrie,
éducation, politique, culture. Les principes qui gouvernent la structure et l'organisation de
la ville sont étudiés par la sociologie urbaine et l'urbanisme. La ville naît aussi et surtout
de la volonté des hommes qui se regroupent autour d'un projet commun, celui de vivre
en société. C'est pour cela que l'espace public apparaît comme l'élément symbolique
primordial de la fondation de la ville. La ville apparaît alors comme un projet politique
au sens étymologique du terme, de polis qui en grec veut dire la cité.

2-5 Quelle définition pour la planification urbaine


La planification urbaine englobe les mécanismes et processus de contrôle conscient des
différents comportements et mouvements qui contribuent à la modification de la ville et à
la détermination de son développement.
À ce titre elle est :
· un moyen de contrôle social de l'ordre urbain ;
· une organisation consciente du devenir ;
· un chemin entre le présent et l'avenir.

La planification urbaine peut s'opérer de manière contraignante (suppression de toute


initiative privée, toute liberté, toute incertitude dans les mouvements, réglementation

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stricte des agents urbains) ; peut-être le fait d'une instance étrangère à la collectivité
urbaine (ce faisant elle échappe à la ville qui se trouve fortement menacée dans son
autonomie et dans sa réalité collective) ; ou, peut-être réalisée par les acteurs appartenant
à cette collectivité (à cet effet, elle est une possibilité d'affirmation de la collectivité).
Cette évolution des villes dans la société moderne et ses conséquences ont rendu
nécessaire la pratique de la planification urbaine ; elle ouvre de nouveaux champs de
recherches aux sociologues. C’est le cas de :

• Paul-Henry Chombart de Lauwe (1913-1998), qui cherchant à élucider les


mécanismes de la ségrégation sociale dans les grands ensembles, arrive au constat que les
grands ensembles sont des espaces qui abritent une expérience originale de la
cohabitation de classes sociales différentes dans un même espace résidentiel.
• Henri Lefèvre montre que l'urbanisation d'une société s'accompagne d'une
détérioration de la vie urbaine, notamment l'éclatement des centres qui sont privés de vie
sociale. Autrement dit, les grands ensembles ne prennent pas en considération la
sociabilité qui devrait caractériser la vie urbaine ; la ville planifiée est déshumanisée
parce qu’elle élimine les lieux habituels de la sociabilité spontanée (café, petit
commerce…,).
• Manuel Castels, montre que l’objet de la sociologie urbaine est la planification urbaine.
Selon lui, la planification urbaine est un moyen de contrôle social de l’ordre urbain, un
instrument du pouvoir capitaliste qui veut retarder des explosions sociales en cherchant à
résorber les inégalités et les déséquilibres par le développement de la proximité spatiale.

2-6 Les méthodes de la planification urbaine

Dans son livre intitulé « les méthodes de l’urbanisme » publié en 1990 aux Presses
universitaires de Paris, Jean Paul Lacaze classe les méthodes de planification en plusieurs
catégories. Selon l’auteur, chaque schéma de développement regroupe au moins deux un
mode, car toute démarche d'urbanisme mêle des savoirs multiples, connaissances

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scientifiques, normes juridiques et pratiques socio-politiques, la manière d'effectuer des


choix, et donc, d'élaborer des critères de décision, est essentielle dans ce domaine.

2-7 Aménagement urbain et pouvoir


Les actes d’urbanisme sont profondément inégalitaires : il s’agit de trancher entre des
avantages et des inconvénients à répartir entre différentes catégories d’habitants. Il s’agit
forcément d’un arbitrage politique, donc d'un acte de pouvoir. Mais, afin de garantir le
caractère démocratique de cet arbitrage, une large information du public ainsi qu’un
processus permettant d’organiser un consensus entre les citoyens sont nécessaires.

Il existe deux grandes catégories d’outils d’intervention : l’urbanisme réglementaire, qui


vise à coordonner les initiatives privées en fonction de perspectives générales, et
l’urbanisme opérationnel qui rassemble les actions entreprises à l’initiative des pouvoirs.

L’urbanisme présente deux dimensions principales : le temps (l’histoire des villes, le


temps court du projet, et le temps long des évolutions économiques globales) et les
hommes, acteurs et sujets de l’action. Il répond à des besoins qui varient selon les
contextes socio-économiques. On distingue deux contextes principaux : la croissance et la
crise qui appellent des méthodes spécifiques, ayant un objectif précis.

Tableau 1 : Les méthodes de l’urbanisme.

Contexte Type de méthode Objectif Aspect de la Dimension Valeur de Champ Mode de


économique principal ville principale référence professionnel décision
Croissance Planification Structurer Pôle Le temps Efficacité Ingénieur Technocratie
stratégique l’espace économique long Rendement Économiste
Croissance Composition Créer de Site L’espace Esthétique Architecte Autocratie
urbaine nouveaux construit Culture Paysagiste
quartiers
Tous Urbanisme Améliorer la Espace de Les hommes Valeurs Sociologue Démocratie
participatif vie relations d’usage Animateur
quotidienne sociales
Crise Urbanisme de Revaloriser Organisatio Les Valeurs Réhabilitation Démocratie
gestion l’image des n existante permanences d’usage
quartiers
Crise Urbanisme de Attirer les Image de la Aspects Notoriété Architecte Personnalisation
communication entreprises ville symboliques Relations
publiques
Tous Marketing urbain Améliorer la Ensemble L’argent Rendement Gestionnaire Libéralisme
gestion de marchés financier

Source : Extrait dans le livre de Lacaze, la planification urbaine 1990

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2-8 La composition urbaine

La composition urbaine est la définition physique de l’organisation de l’espace de la ville.


On y distingue éléments structurants et éléments variables, définit le réseau viaire, les
équipements publics, le rôle et l’agencement des espaces libres et les règles constructives
à imposer. Historiquement, la composition urbaine s’appuie sur des plans de la ville successifs :

· Ville médiévale : rues étroites et tortueuses, constructions denses enserrées


dans les murailles;
· Ville baroque/ville classique : volonté d’organisation de l’espace à l’échelle
globale de la ville. Réseau de voies larges et rectilignes, orientées vers un
élément fort;
· Plan en grille : issu de l’antiquité, avec deux axes perpendiculaires orientés.
Repris pour la création des villes nouvelles au moyen âge et l’expansion
coloniale, car il permet une extension souple et évolutive;
· Modèle fonctionnaliste : hiérarchie rigoureuse d’espaces d’échelles différentes
avec séparation des fonctions;
· Tendances récentes : Modèle avec hiérarchie limitée aux réseaux de voirie, et
une diversité croissante des usages.
La composition urbaine se décline ensuite au niveau des plans de quartier avec deux
grands modèles :

· Modèle à îlot : délimitation stricte et linéaire entre la voirie et les


constructions ; hiérarchie des voies, règles assurant l’homogénéité de l’îlot
(gabarit, prospect);
· Modèle fonctionnaliste : Volumétrie affirmée indépendamment de la voirie.
Le sol est libéré et traité en espace vert. Rejet de la rue traditionnelle.

La composition urbaine renvoie à une vision plutôt statique de la ville. Son problème
central demeure la signification véhiculée par les formes et les pesanteurs sociologiques.

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2-9 La planification stratégique

La planification stratégique s’appuie sur la modélisation et l’analyse des systèmes afin


d’obtenir des prévisions quantifiées sur l’évolution du système urbain permettant
d’anticiper les problèmes.

Son objectif principal est l’optimisation socio-économique des décisions publiques


susceptibles de modifier les structures d’une agglomération.

Elle est limitée par son aspect technocratique et l’impossibilité intrinsèque de modéliser
globalement une agglomération, du fait de certains comportements non formalisables.
Cependant, elle a permis la prise en compte de la durée comme dimension du problème
urbain de l’impact des décisions publiques sur la géographie de la ville et les facteurs de
localisation des acteurs privés.

Elle convient bien aux phases d’extension économique rapide et aux phases de
concentration de population dans les villes. Son domaine de validité permanente reste le
choix des tracés des infrastructures de transport.

2-10 L’urbanisme participatif

Il est fondé sur une critique des modes de planification antérieurement dominants basés
sur le postulat de l’existence d’un état futur souhaitable. Il émane de travaux scientifiques
et d’associations locales qui demandent un droit de regard sur des décisions qui ont une
influence directe sur leur cadre de vie.

Il est fondé sur un autre système de valeurs. Aux valeurs d’esthétique et de rationalité
technico-économique s’opposent les valeurs d’usage vernaculaires fondées sur les
gratifications affectives que l’usage de l’espace est susceptible d’apporter aux habitants.
En effet la répétition de gestes quotidiens engendre des micro-ritualisations qui
développent le sentiment d’appartenance.

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Le problème central qu’il soulève est la légitimité du système de décision.

Il existe différents degrés de participation :

· L’information : pour que les objectifs définis soient pris en considération par
les acteurs privés;
· La consultation : Enquêtes publiques permettant aux citoyens d’exprimer leur
avis;
· Le partage du pouvoir de décision : place laissée à l’initiative des habitants
(par des dotations budgétaires non affectées);
· Le partage de l’expertise : utopique.

La démarche participative est aléatoire et s’applique aux « petits problèmes », dans un


cadre local. Elle est sélective puisqu’elle ne s’adresse qu’aux résidents des sites, et que la
parole est souvent confisquée par une minorité de formation supérieure.

La participation est donc à considérer davantage comme un enrichissement


méthodologique qu’une méthode à part entière.

2-11– L’urbanisme de gestion


Développé à partir de 1975 afin de remédier aux conséquences de la désindustrialisation,
l’urbanisme de gestion consiste à faire évoluer l’organisation des villes dans leur cadre
physique préexistant. Trois cas de figure principaux émergent :
· Les friches industrielles. La désindustrialisation a entraîné la désaffectation
d’emprises importantes. Lorsqu’une activité de remplacement peut être trouvée,
ces friches sont une opportunité pour les villes. Leur persistance montre
l’incapacité de l’économie locale à les absorber. L’organisation du tissu urbain
perd sa cohérence et il faut inventer les méthodes d’un resserrement urbain.
· Le cas des quartiers en difficulté, en particulier les grands ensembles, avec la
concentration de groupes sociaux fragiles, l’apparition des dégradations et des
vacances, aboutissant finalement à la désaffection de ces quartiers. La dégradation
physique n’est pas la cause, mais la conséquence de la marginalisation des

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habitants. Il convient donc de traiter le social avant le spatial, par des politiques
transversales de lutte contre l’échec scolaire et le chômage, des animations
culturelles, la prévention des tensions. Une fois le sentiment d’appropriation du
quartier reconstruit, les interventions sur les logements et l’espace public
deviennent pertinentes.
· Le dernier cas est celui des quartiers anciens. L’action vise à l’amélioration du
parc de logements et des espaces publics. La revalorisation entraîne
mécaniquement des hausses des loyers et des prix des logements, d’où des
difficultés à maintenir sur place les populations d’origine. On constate donc une
contradiction structurelle entre des objectifs économiques de revalorisation et des
objectifs sociaux d’assistance aux populations défavorisées.

2-12 De l’urbanisme de communication au marketing urbain

La lutte pour l’emploi est devenue une priorité de l’action des collectivités locales. Les
villes agissent pour attirer de nouvelles activités, génératrices de taxe professionnelle, et
créatrices d’emplois pour les électeurs.
Au niveau micro-économique, deux facteurs d’implantation des entreprises dominent : la
qualité du cadre de vie à offrir aux cadres, l’image moderne de la vile ou de la région.

L’urbanisme de communication cherche donc à stimuler le développement local en


jouant sur ces facteurs, en utilisant les acquis et techniques de la communication.

L’étape ultime de cette évolution étant le marketing urbain, caractérisé par le passage
d’une réflexion sur les besoins à satisfaire à une politique d’offre de biens et de services
adaptés aux préférences subjectives des utilisateurs, la rentabilité financière étant le
critère principal d’appréciation.

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CHAPITRE 3 : AMÉNAGEMENT URBAIN

Après les expériences positives en matière de planification stratégique urbaine, les


nouveaux milieux du XXIe siècle nous propulsent vers une évolution combinant la
stratégie, l’urbanisme formel et fonctionnel et l’environnement. La planification
strictement urbanistique ne dispose pas des éléments nécessaires aujourd’hui pour
combiner, de manière optimale, les mécanismes systématiques d’un territoire déterminé.

Une ville a besoin, c’est évident, d’un territoire bien ordonné. Mais pour cela, il faut
prendre en considération un ensemble pluridisciplinaire de réflexions qui ne sont pas
neutres et que l’on doit classer et rendre prioritaire pour ordonner le territoire d’une
manière déterminée. Une ville n’est pas non plus un ensemble d’éléments formels. C’est
quelque chose de plus. C’est un ensemble de formes qui répondent à certaines attentes et
certaines valeurs et qui doivent être formalisées et partagées. Le progrès des villes exige
une évolution des manières de comprendre l’aménagement urbain moyennant des accords
stratégiques qui spécifient les valeurs, les critères et les objectifs sous-jacents dans le
modèle de ville choisi.

3-1 Introduction : les grandes étapes de l’aménagement urbain

L’aménagement urbain est soumis, actuellement, à débat. Les étapes successives du


développement économique et social ont marqué des tendances et des méthodes
d’aménagement qui ont conditionné les espaces urbains afin de les adapter aux besoins de
chaque moment historique. Ce n’est qu’à la moitié du XIXe siècle que l’on peut
réellement parler d’aménagement urbain, avec l’apparition des plans de l’architecte
urbain catalan Cerdà4, de Haussmann et d’autres qui ont suivi cette tendance dans
l’élaboration des plans d’expansion des villes au-delà, normalement, des anciens quartiers

4
CERDA I. La théorie générale de l’urbanisation, Paris, Les Éditions de l’Imprimeur 2005 (première
édition en français 1979). En 1859 il réalise son œuvre, le plan d’extension de Barcelone, l’exemple, resté
célèbre comme Plan Cerdà. La ville de Barcelone a placé 2009 sous le signe de l’année Cerdà pour rendre
hommage au visionnaire dont le plan rythme depuis 150 ans la capitale catalane.

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médiévaux qui sont devenus trop étroits pour accueillir les nouvelles activités
économiques de la révolution industrielle.
Les villes médiévales étaient construites sur des croisements de chemins, sur des espaces
adaptés pour leur éventuelle défense et avaient souvent un périmètre circulaire ou semi
circulaire. L’unité de ces espaces était le pas de l’homme. Les citoyens se déplaçaient à
pied. Des exemples de ces centres historiques sont présents dans de nombreuses villes
européennes.

Dans ce contexte, l’ingénieur Ildefonso Cerdà, répondant à une demande du


gouvernement, présente en 1859 son projet d’élargissement de la ville qui signifiait une
totale rupture avec les schémas en vigueur alors (les rues, par exemple, se font avec des
angles coupés pour améliorer la vision du transport – forme orthogonale – et les villes
sont conçues comme des espaces devant garantir les diverses activités de la vie collective
de l’époque. Un fonctionnalisme vital débute : des rues, des places, des monuments…
sont intégrés à un concept global de la ville. L’aménagement se concrétise dans des
formes urbaines déterminées.
Cette situation va évoluer jusqu’au début du XXe siècle avec la naissance déjà
« officielle » de l’urbanisme rationnel, très lié à la nouvelle conscience sociale, à des
visions futuristes de la ville – villes jardins… - et très concentré sur des concepts de
logement, d’ordre et de beauté. D’une certaine manière, le triomphe du formel : la forme.

Avec l’expansion économique prolongée de la période suivant la Deuxième Guerre


mondiale, l’aménagement urbain entre dans une nouvelle phase.
Dans une époque de plénitude capitaliste dont l’un des axes est le concept de la
production en masse fordienne, les villes grandissent devant la nécessité de disposer
d’espaces pour les grandes usines – zones industrielles – pour les travailleurs de ces
usines – les banlieues – et pour les cadres et les classes dirigeantes, on s’éloigne des
centres historiques et l’on crée les zones résidentielles.

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C’est l’apogée de la sectorisation stricte. On sectorise les espaces suburbains, on conçoit


les réseaux de transport interurbain, les programmes de renouvellement urbain et la
provision de logements sociaux. Tout est sectorisé et programmé en espaces qui sont
séparés par usage spécifique. La conception isolée est plus importante que la vision
intégrale de la ville.
Ce genre d’aménagement se met en œuvre au fur et à mesure de l’amorce de la crise
industrielle du début des années 70, on abandonne les concepts keynésiens en faveur de
doctrines clairement néo-libérales et les problèmes de chômage commencent à apparaître
dans des zones précédemment prospères.

La consommation démesurée du sol, apparition de ghettos du fait de la fragmentation


urbaine, approche uniquement vouée au développement, et en définitive, perte des
valeurs de la citoyenneté. D’autre part, on commence à constater que les règles de
l’urbanisme traditionnel ne peuvent pas être imposées à une société civile naissante dans
le cadre d’une nouvelle dynamique. Que l’urbanisme perd sa capacité d’anticipation, et
que tout cela conduit à une révision incessante des plans ou à une politique laxiste.

En conséquence, on parle déjà de l’attraction des investissements, d’obtenir un bon climat


pour le développement des activités des entreprises, on valorise les concepts selon
lesquels à la fin des années 70, de nombreux gouvernements locaux ont commencé à
décider de changements dans les interventions d’aménagement urbain, en abordant des
approches plus orientées vers l’entreprise et tentant d’assurer le progrès économique et
social de leurs concitoyens. Qualité urbaine. Il n’est pas nécessaire de prévoir toutes les
pièces du territoire, il vaut mieux se doter de systèmes pour obtenir des réponses
appropriées ou des procédures plus flexibles de prise de décision. Finalement, avec une
programmation absolue, on ne réduit pas l’incertitude. Dans ce contexte, on commence à
parler d’aménagement stratégique.

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3-2 L’évolution de l’aménagement stratégique

L’application des concepts des entreprises concernant l’aménagement stratégique au


domaine territorial ou urbain débute dans les villes des États-Unis – San Francisco – en
premier lieu, au début des années 80 par de grandes entreprises de consulting mondiales,
avec pour objectif cité de poser les bases nécessaires pour l’obtention d’un progrès
économique propre de la société de cette époque.

Cette méthodologie est adoptée par la ville de Barcelone en 1987, coïncidant avec la
nomination olympique de cette ville et compte tenu des résultats positifs obtenus, elle
s’étend rapidement à d’autres villes espagnoles –Valence, Saragosse, Málaga, Bilbao –.
Sur le continent européen, l’expérience est également suivie avec intérêt par de nombreux
experts du domaine de l’administration locale, mais également des universitaires
observant le développement régional. Lyon, Turin, Genève, La Spezia, Naples, Florence,
Munich... sont en train de développer des plans stratégiques afin de poser les bases de
leur développement. Et, en Amérique latine, plus de 50 villes se sont associées au Centro
Iberoamericano de Desarrollo Estratégico Urbano – CIDEU – (Centre Ibéro-américain de
Développement stratégique urbain) pour suivre le modèle qui commence à être connu
comme le modèle de Barcelone pour ses connotations davantage, « citizens oriented »
que les modèles américains plus « business oriented ».

3-3 L’aménagement stratégique comme mode gagnant de l’aménagement urbain.

Pour ce qui concerne les résultats globaux, l’expérience est considérée clairement
satisfaisante pour trois raisons : dans l’aménagement stratégique, le Plan se manifeste en
tant que grande dynamisation des thèmes clés de la ville. C’est ce qui met dans l’arène les
thèmes de l’immigration, les effets de la nouvelle économie, la ville de la connaissance,
le dilemme ville diffuse/ ville compacte…
Les villes qui utilisent l’aménagement stratégique remportent, souvent une vision
d’ensemble de toutes les stratégies qui se mettent en marche dans la ville. En troisième

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lieu, on constate de nombreuses mesures et actions qui sont considérées vitales pour que
dans la ville naissent des propositions contenues dans les plans stratégiques préalables,
étant donné que dans la plupart des cas, une période de maturation plus ou moins dilatée
est demandée. Délai qui, normalement, peut être raccourci par l’existence d’un consensus
des agents économiques et sociaux de la ville. Les conditions de ce leadership sont
également soumises à certains changements. Le cadre du consensus public privé a suivi
un modèle très linéaire qui présente de manifestes limitations dans une société de plus en
plus complexe. Les formes du partenariat ont évolué notablement en suivant, d’une
certaine manière, les règles de ce que le monde de l’entreprise a vécu. Nous ne sommes
plus devant de simples relations client/fournisseur, mais devant le fait que dans la
définition de projets stratégiques, des relations beaucoup plus complexes s’établissent où
une grande quantité d’acteurs doit s’impliquer pour apporter différents types de
connaissances et d’informations, et qui, dans leur ensemble, sont indispensables pour
arriver au projet final. Il s’agit d’un nouveau genre d’organisation en temps réel, dans
laquelle plusieurs sortes d’acteurs et de professionnels doivent se mobiliser avec l’idée
que chacun d’eux optimise ses intérêts, en prenant en considération les exigences et les
conditions des autres acteurs. C’est à dire, qu’il faut introduire une certaine complexité
dans le consensus public-privé, pour ne pas exclure de l’organisation ces acteurs
importants pour le développement des projets stratégiques.

3-4 L’interaction entre la planification stratégique et la planification urbanistique

La planification urbanistique, pour sa part, ne dispose pas des éléments nécessaires pour
combiner, de manière optimale, les éléments systémiques du territoire. Ses principes
fondamentaux, contenus dans la Charte d’Athènes –logement, travail, loisirs – ne sont
pas suffisants pour les besoins modernes d’aménagement d’une région métropolitaine.
Mais la planification stratégique urbaine ne peut pas non plus se désinscrire de la
planification territoriale urbanistique. Si les propositions stratégiques ne se concrétisent
pas dans des espaces urbains, elles peuvent être peu opérationnelles. Une proposition
stratégique peut prétendre à une action déterminée en matière d’immigration – avec le

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consensus des départements de bien-être social ou de formation ou de sécurité – mais elle


sera peu opérationnelle si cela ne se reflète pas dans des propositions territoriales
prévoyant des logements ou des écoles ou des espaces de loisirs qui rendent effectives les
mesures sociales.
Des changements rapides et brusques de l’environnement avec des difficultés de
prévision croissantes ; des pressions pour améliorer les standards de l’environnement ; de
nouveaux éléments de fonctionnalité entre les agents économiques et sociaux de la ville ;
territoire à géométrie variable ; et nécessité d’une plus grande coordination entre
planifications urbanistique et planification stratégique sont les éléments qui devraient être
pris en considération au moment de repenser les éléments essentiels du nouvel
aménagement urbain du XXIe siècle.

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CHAPITRE 4 : AMÉNAGEMENT URBAIN SÉCURITAIRE


PRINCIPES DE BASE

Introduction
L’aménagement ou le réaménagement d’un lieu comportent la confrontation de plusieurs
forces divergentes. Les pratiques d’aménagement résultent souvent de la conciliation de
ces divers intérêts par rapport à l’espace, à son utilisation, à la manière dont il peut être
aménagé et aux usagers et usagères qui le fréquentent. Les acteurs locaux et nationaux
(citoyennes et citoyens, élus, agents économiques, intervenants sociaux, professionnels
de l’aménagement, groupes d’entraide et de mobilisation, etc.) ont chacun des objectifs
bien spécifiques par rapport aux ressources disponibles, aux fonctions et aux utilisateurs
du site. Ces objectifs particuliers sont eux-mêmes traversés par des objectifs généraux
(économiques, sociaux, environnementaux, récréatifs et sécuritaires) qui président dès le
début à l’aménagement du site ou de l’édifice.

L’urbaniste et le professionnel en aménagement doivent faire un arbitrage entre ces


différentes forces. La complexité de l’arrimage des objectifs dépend de la taille des
projets. Cependant, les professionnels ont constamment à transiger avec des intérêts
différents qu’ils doivent concilier pour réaliser des solutions les plus satisfaisantes
possible en regard du bien-être de la collectivité. Conséquemment, il n’est pas toujours
possible de satisfaire à toutes les exigences des différents acteurs et des objectifs en
raison de plusieurs contraintes imposées justement par la confrontation de ces divers
intérêts. La sécurité est souvent un objectif visé par les professionnels et certains groupes.
Mais on constate aussi que la prévention des agressions contre les personnes par des
aménagements particuliers a été, du moins dans le passé, une préoccupation diluée,
qualifiée de secondaire, ce qui a eu une incidence sur les plans et les réalisations. De plus,
le mélange de bâtis ancien et nouveau peut occasionner des lacunes pour la sécurité des
personnes et il s’agit d’être attentif à la question. Même si aujourd’hui toutes les
préoccupations actuelles sur l’aménagement étaient totalement intégrées, la ville
demeurerait tout de même marquée par son passé.

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Il s’agit maintenant de replacer, dans la mesure du possible, la préoccupation pour la


prévention des agressions contre les personnes parmi les objectifs importants de tout
aménagement et des propositions de réglementation urbanistique, si cela est possible et
souhaitable. La sensibilisation des acteurs sociaux à la prévention des actes criminels par
des interventions sur l’environnement physique est donc essentielle afin qu’ils accordent
à cette dimension une importance suffisante pour lui permettre de concurrencer avec les
autres forces qui s’affrontent pour orienter l’aménagement du site.

4-1 La nécessité d’analyser le site.

Les interventions sur l’aménagement des lieux publics pour prévenir les agressions
exigent une analyse du lieu dans l’ensemble de ses composantes. Il faut éviter de
considérer les sites urbains selon une vision technique qui a tendance à segmenter les
interventions de façon distincte et séparée. Les lieux urbains sont des ensembles
urbanistiques intégrés de qualité variable. De plus, il peut être utile de considérer la
position du lieu public à l’intérieur de la ville et en relation avec les espaces environnants.
Cela, dans le but de mieux comprendre les interrelations entre les éléments qui
concourent à la sécurité ou bien à son contraire. De même, l’analyse d’un lieu dans son
ensemble et dans ses particularités permet d’éviter que, sous le couvert de bonnes
intentions, certaines mesures d’aménagement provoquent des effets pervers sur la
sécurité ou stérilisent trop l’environnement physique. D’ailleurs, chaque site étant
différent, cette procédure d’analyse du site comme un ensemble devrait être effectuée
dans chacun des cas. On doit, dans la mesure du possible, anticiper les problèmes de
sécurité et planifier des interventions préventives. La consultation de la population et des
organismes communautaires représentant les personnes les plus touchées par l’insécurité,
comme les groupes de femmes et de personnes âgées, est un atout inestimable pour
proposer l’aménagement de lieux urbains adaptés aux besoins réels des personnes.

Aussi, le respect du concept initial prévu pour un site donné est d’une grande importance.
Par exemple, dans le cas d’une place publique aménagée pour y organiser des activités

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d’animation, il est essentiel que les ressources prévues pour la réalisation d’événements
soient maintenues après la fin des travaux d’aménagement. Sinon, sans une animation
ayant pour objectif de favoriser la fréquentation de la place par l’ensemble de la
population locale, celle-ci risque fort d’être appropriée par des groupes homogènes
(comme des jeunes se livrant au commerce des drogues et à la destruction du mobilier
urbain), créant ainsi un sentiment d’insécurité certain chez les résidantes et les résidants
et une désertion de ce lieu. Pour s’assurer de la viabilité d’un tel projet, il est impératif de
consulter au départ les personnes habitant à proximité de la future place publique, sinon
elles pourraient s’objecter par la suite à la tenue d’activités génératrices de bruit et
d’achalandage et ainsi réduire à néant le projet d’un espace urbain rassembleur.
Il peut arriver que les professionnels de l’aménagement ne puissent pas intervenir de
façon satisfaisante sur chacun des principes d’aménagement sécuritaire en raison de
contraintes géographiques ou architecturales liées au site ou pour des raisons politiques,
économiques ou sociales.
Cependant, cette situation n’est pas dramatique dans la mesure où les interventions sont
axées sur les autres principes d’aménagement sécuritaire et peuvent, autant que faire se
peut, contrebalancer les déficiences et assurer la sécurité. L’analyse du site dans son
ensemble et selon toutes ses constituantes prend ici encore une fois son importance.

4-2 Quel est le moment pour réaliser les aménagements sécuritaires.

Pour répondre à cette question, il faut premièrement dégager les projets d’aménagements
en fonction de leur envergure et des ressources employées. Pour les projets considérables,
par exemple, ceux qui requièrent des réaménagements complets du site pour répondre à
divers objectifs économiques, sociaux, touristiques, récréatifs, ceux qui
visent des constructions neuves de dimension importante ou ceux qui bénéficient de
sommes d’argent appréciables dans le cadre de programmes d’amélioration, il est
habituellement moins coûteux d’intervenir à l’étape du dessin des plans. De plus, il est
souhaitable de consulter des groupes d’usagères et d’usagers ou de former un comité de
sécurité qui analyse les plans du point de vue de la sécurité des personnes. Par ailleurs,

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les sites déjà aménagés, mais présentant des lacunes importantes sur le plan de la sécurité
doivent faire l’objet d’interventions prioritaires.
Cependant, il arrive souvent que les modifications à effectuer dans un lieu pour en
améliorer la sécurité ne nécessitent pas un réaménagement complet, complexe ou
coûteux.
Il demeure quand même important de planifier ces corrections à la suite d’une analyse de
l’ensemble du site afin de ne pas déplacer le problème ou de provoquer des effets
indésirables. La participation de la population doit être ici aussi favorisée afin d’offrir des
solutions qui conviennent aux particularités du lieu et aux gens qui le fréquentent.
À une échelle d’intervention plus grande, les instruments d’urbanisme peuvent aussi être
utilisés pour favoriser la sécurité de la population dans les lieux publics. On n’a qu’à
penser à la réglementation d’urbanisme qui peut encourager la mixité des fonctions
urbaines par le zonage ou réduire les occasions de cachettes aux abords des voies
piétonnes par les normes d’implantation. La réglementation municipale balise légalement
l’aménagement sécuritaire. Les programmes particuliers d’urbanisme (PPU) et les
diverses procédures d’évaluation des projets sont des outils intéressants et devraient
comprendre un volet sur la sécurité des personnes. Les élues et les élus municipaux
siégeant à des commissions et des comités d’urbanisme peuvent aussi jouer leur rôle en
s’assurant de la conformité des projets avec les critères d’aménagement sécuritaire.
Par ailleurs, lors d’une construction ou d’un réaménagement d’édifices et de sites urbains,
que l’objectif soit ou non l’amélioration de la sécurité, il est souhaitable que l’on veille à
ce que certains éléments favorisant la sécurité des personnes soient considérés :
l’installation d’alarmes anti-intrusions sur le chantier et dans les bâtiments non encore
occupés ; l’accessibilité de téléphones d’urgence ; le maintien en bon état des clôtures
entourant le chantier et la mise à contribution du personnel pour éliminer le harcèlement
sexuel et favoriser la collaboration de tous.

4-3 Principes d’un aménagement urbain sécuritaire.

On retrouve six principes de base pour réaliser un aménagement urbain sécuritaire. Ceux-
ci comprennent certaines variables qui viennent préciser les modalités permettant de

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réaliser ces grands principes. Les cinq premiers principes proposés ici ont un impact
direct sur l’aménagement et l’organisation du bâti. Le sixième principe porte sur la
dimension sociale des stratégies de sensibilisation et de prévention en matière de sécurité
urbaine. Il consiste à promouvoir la participation des organismes, des institutions, des
citoyennes et des citoyens aux décisions concernant les lieux publics. Cette collaboration
entre les partenaires consolide les interventions visant à améliorer la sécurité.

· Les six principes d’aménagement sécuritaire sont :


· La signalisation ;
· La visibilité ;
· L’affluence ;
· La surveillance informelle et l’accès à l’aide ;
· L’aménagement et l’accès aux lieux ;
· La participation de la communauté.

4-3-1 La signalisation

La notion de signalisation est constituée de tout élément qui concourt à améliorer l’orientation
générale d’une personne dans l’environnement physique. La signalisation doit donc permettre de
savoir où l’on va dans l’espace, d’en saisir les repères, d’aider au sentiment de contrôle et de
trouver efficacement de l’aide. Elle contribue directement à la sécurité. La signalisation prend
habituellement la forme de signes visuels particuliers porteurs d’informations. Des panneaux, des
couleurs, des pictogrammes symboliques indiquant les téléphones, les sorties, les boutons
d’urgence, les routes les plus fréquentées sur un circuit, le nom des rues et une carte du quartier
constituent des exemples de signalisation.
L’aménagement d’un lieu peut aussi en soi relever un potentiel de signalisation. Il faut utiliser ce
potentiel plus informel pour maximiser la lisibilité (ex. : disposition particulière des luminaires
signalant les voies de circulation intérieures). Le développement d’un programme de
standardisation de la signalisation dans les lieux publics sur l’ensemble du territoire peut s’avérer
très pertinent. En effet, la population se familiarise avec les symboles, les couleurs et la
présentation des informations, ce qui facilite la compréhension de la signalisation. Mentionnons
que de façon générale la signalisation devrait :

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· être claire, précise et stratégiquement disposée ;


· être uniforme malgré les différences entre les lieux où elle est placée ;
· être apparente sans trop masquer le paysage, mais sans non plus être masquée par lui ; par
exemple, signaler les routes pédestres principales par un marquage au sol, des panneaux,
des couleurs spécifiques.

4-3-2 la visibilité

Cette variable est reconnue comme ayant un impact considérable sur le sentiment de
sécurité. Un endroit bien éclairé décourage la perpétration de crimes et augmente sa
fréquentation par la population. La surveillance informelle et le sentiment de sécurité sont
ainsi améliorés par cette affluence.
L’éclairage doit donc permettre aux citoyennes et aux citoyens de voir et d’être vus. Il
peut être utile de mettre au point une politique d’éclairage dans la municipalité. Pour
favoriser la sécurité des personnes, l’éclairage doit être conçu selon divers paramètres. Le
soir, en particulier, l’éclairage pour les piétons doit assurer une visibilité continue, sans
zone d’ombre.

Les normes minimales d’intensité lumineuse (la quantité de flux lumineux) et le ratio
d’uniformité (le rapport entre le niveau moyen obtenu et le niveau minimal d’éclairage) varient
selon les lieux et la catégorie de la rue. Par exemple, pour une artère commerciale on vise
habituellement 15 à 20 lux avec un ratio d’uniformité de 3/1, ce qui donne, entre autres, la
possibilité de voir le visage de quelqu’un à vingt mètres. Des lampadaires fonctionnels peuvent
être orientés en direction de la rue et des lampadaires décoratifs peuvent aussi être installés pour
éclairer les trottoirs et les allées piétonnes. Choisir des luminaires esthétiquement agréables qui
sont conçus de façon que le flux lumineux ne gêne pas indûment les résidants dans leur chambre
à coucher par exemple.

· L’évaluation des normes d’éclairage : celles-ci doivent être déterminées du point de vue
de la sécurité des personnes, ce qui, selon les lieux, peut différer des normes habituelles
minimales. En effet, il est possible que les normes d’éclairage de la voie publique
correspondent à celles de la circulation motorisée, mais qu’elles comportent des lacunes

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pour la visibilité des piétons et leur capacité de distinguer, à une certaine distance, les
gens qu’ils vont croiser sur leur route.
· Il est plus important de maintenir un niveau d’éclairage uniforme et d’éviter des trous
noirs entre deux lampadaires que d’augmenter le niveau d’éclairage (en lux) et les
contrastes trop violents.
· L’éclairage aux endroits stratégiques (particulièrement les zones pédestres, les espaces
enclavés, les entrées, les tunnels, etc.).
· La végétation ne doit pas nuire à l’éclairage.
· La protection et l’entretien régulier de l’éclairage (par exemple, placer les bulbes de
lumière hors de portée des passants grâce à des grilles protectrices).

4-3-3 L’affluence.

L’isolement d’une personne constitue un facteur de risque pour que soit commis un acte illicite.
L’absence de témoins possibles lors de l’événement criminel comporte un risque d’accentuation
de la violence envers la victime. Il est donc souhaitable de favoriser les activités entraînant
l’affluence, particulièrement en dehors des heures d’ouverture des commerces.
Un site bien fréquenté est soumis à une certaine auto-surveillance naturelle de la part des usagers
de cet espace, à condition bien sûr qu’il ne soit pas accaparé par un groupe homogène
d’individus. La notion d’affluence est en relation avec le concept de mixité des fonctions
urbaines. En effet, de nombreuses activités de toutes sortes attirent un grand nombre de
personnes.
Souvent, l’organisation moderne de la ville privilégie la ségrégation des fonctions. Cette
spécialisation amène la désertion de certains endroits à certains moments. Cette tendance de
planification présente des conséquences négatives pour la sécurité des citoyennes et des citoyens
dans les endroits publics. Certains auteurs associent à la ségrégation des usages une diminution
du sens de la communauté et du sentiment d’appartenance contribuant ainsi à une augmentation
de la criminalité et du sentiment d’insécurité. La mixité des fonctions est à promouvoir sur des
sites particuliers et dans la réglementation municipale, mais avec discernement.
En effet, il faudrait voir à une gestion fine de la mixité des usages en favorisant l’implantation de
fonctions compatibles entre elles et respectueuses de l’échelle du quartier où elles prennent place.
De manière générale, la mixité de certaines fonctions peut avoir pour effet d’augmenter l’activité
dans le secteur, de provoquer une surveillance informelle et de favoriser les contacts entre les

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personnes. La présence de services de base près des résidences et des bureaux améliore la qualité
de vie des citoyennes et des citoyens tout en contribuant à leur sécurité.

4-3-4 la surveillance informelle et l’accès à l’aide

L’obtention de secours fait référence à la capacité de s’échapper et de trouver de l’aide


rapidement. La plupart des éléments se rapportant à ce paramètre concernent la signalisation et la
surveillance formelle directe (surveillants, gardes de sécurité) ou indirecte (boutons d’urgence,
caméras). Avant de poursuivre, il importe de mentionner que les instruments de sécurité,
particulièrement les caméras de surveillance vidéo, doivent être implantés avec discernement.
Les caméras de surveillance deviennent efficaces pour la sécurité lorsqu’elles permettent de
dissuader, d’arrêter ou de reconnaître les criminels. Il est donc essentiel qu’elles soient reliées à
un poste central où les surveillants peuvent intervenir rapidement. Par ailleurs, dans un contexte
de grande utilisation collective de ce moyen de surveillance (on retrouve en effet de plus en plus
de caméras aux abords et à l’intérieur des édifices), on peut s’interroger sur une désensibilisation
possible des criminels, relativement aux effets dissuasifs des caméras de surveillance. Ces mises
en garde soulignent que la présence de caméras doit être indiquée clairement au public et que ce
moyen de surveillance ne peut, à lui seul, assurer la sécurité des personnes.

4-3-5 L’aménagement et l’entretien extérieur

a- L’aménagement
De manière générale, il s’agit de privilégier la lisibilité des lieux, la lisibilité étant « la
caractéristique d’un ensemble bâti dont les plans et l’idée directrice peuvent aisément être
compris à partir des vues qu’il offre de l’extérieur » (Dictionnaire multilingue de l’aménagement
de l’espace, 1993). La lisibilité permet de capter rapidement la signification d’un lieu et d’éviter
les ambiguïtés quant à son utilisation et à son appropriation par les usagers. L’aménagement
sécuritaire offre aux usagères la capacité d’être à l’aise dans l’environnement dans lequel elles se
trouvent. Cela permet d’éviter les sensations d’isolement et de vulnérabilité chez les personnes
qui le fréquentent. Ainsi, il est souhaitable d’aménager les espaces morts (large terrain entre deux
édifices de haute densité, terrains vagues) et de favoriser la qualité du design.

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Dans la mesure du possible, les lieux publics devraient être adaptés aux réalités des personnes
handicapées physiques ou visuelles (accessibilité, visibilité et signalisation).
L’aménagement sera défini selon ses caractéristiques propres dans chacun des lieux analysés dans
les pages suivantes. Mentionnons cependant certaines considérations générales concernant
l’amélioration de l’aspect sécuritaire :

· Favoriser la mise en place de fenêtres privées donnant sur la rue ou sur tout chemin
piétonnier (éviter les murs aveugles au niveau des passants). Les bâtiments à vocation
non résidentielle devraient être « ouverts » au niveau de la rue.
· Donner des frontières visuelles aux espaces privés et aux espaces publics. Favoriser la
transition symbolique entre espaces privé, semi-public et public (ex. : revêtement du sol
différent).
· Planifier les voies de circulation (allées piétonnes ou non, sentiers, rues) de façon qu’elles
se rejoignent et forment des réseaux accessibles aux piétons. Favoriser les chemins les
plus directs.
· Formaliser, lorsque c’est pertinent, les sentiers informels tracés au fil du temps par la
population dans un lieu public (ex. aux abords d’une station de transport en commun,
dans un parc ou un espace vert).
· Inciter la communauté à s’approprier un espace (ex. aménager les lieux publics pour
favoriser les rencontres informelles ou l’organisation d’activités, utiliser un revêtement
de sol différent dès l’entrée du parc pour bien montrer sa différence avec celui de la rue).
· Placer les arrêts d’autobus près des activités créant une affluence.
· Installer des treillis décoratifs le long des murs susceptibles de recevoir des graffitis.
Privilégier les matériaux traités contre les graffitis. Les revêtements rudes donnent de
bons résultats contre les crayons marqueurs.

b) L’entretien des lieux

Il est important d’effectuer régulièrement l’entretien d’un site. Un lieu bien entretenu dénote la
présence et l’intérêt des propriétaires et des occupants, devient plus sécuritaire, entraîne une
augmentation de la fréquentation et incite moins les délinquants à y commettre des actes de
vandalisme. Il est préférable d’inclure, dans les solutions pour un milieu de vie plus approprié, les
services municipaux concernés, les groupes plus susceptibles de faire des tags (graffitis) et de
susciter la participation de la population en général.

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Quelques éléments généraux sont à souligner :


· Assurer un entretien régulier et réparer rapidement les articles brisés.
· S’assurer que les éboueurs ne laissent pas de déchets derrière eux lors de la collecte.
· Nettoyer rapidement les graffitis et les marques de vandalisme.
· Appliquer des moyens pour réduire le vandalisme.
· Indiquer où l’on peut signaler les bris de matériel. Ces renseignements permettent aux
citoyennes et aux citoyens d’exercer un certain contrôle sur leur environnement, mais ils
ne dégagent pas les autorités de faire des vérifications préventives de leur mobilier
urbain.
· Promouvoir l’entretien des terrains privés et des édifices par leurs propriétaires.

4-3-6 La Participation de la communauté

Les municipalités sont au coeur de la démarche d’aménagement sécuritaire en raison des


responsabilités qu’elles exercent.
Cependant, les citoyennes et les citoyens doivent être les premières personnes consultées lors
d’interventions ayant un impact sur l’aménagement du quartier ou d’actions visant à augmenter la
sécurité et le sentiment de sécurité des personnes.
Les organismes communautaires et les institutions publiques sont aussi des intervenants
pertinents à consulter pour mieux cibler les besoins de la population, tout comme le sont le
personnel et les usagers des entreprises, institutions et commerces. Les organismes locaux de
prévention du crime et le Service de police sont des acteurs clés à impliquer dans les activités de
consultation publique où la question de la sécurité urbaine est à l’ordre du jour.

L’engagement de la communauté rend les résultats plus durables et ouvre des avenues souvent
insoupçonnées par les décideurs et les aménagistes. De plus, l’appropriation des lieux publics par
les résidantes, les résidants et les organismes locaux favorise le sentiment d’appartenance aux
espaces publics et contribue à la sécurité dans le quartier.

Cependant, afin de mobiliser la population, il est utile qu’un certain nombre de citoyennes et de
citoyens se connaissent. L’organisation d’animation de rues permet dans une certaine mesure de

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favoriser les rapports d’entraide et de solidarité entre les résidantes et les résidants. Les marches
exploratoires sur la sécurité des femmes constituent un bon moyen pour faire participer les
citadines à la définition de correctifs pouvant être apportés à l’aménagement urbain afin
d’accroître la sécurité et le sentiment de sécurité des personnes. Les marches exploratoires
permettent aux femmes de développer la confiance en leurs capacités en puisant dans leur
expérience quotidienne pour rendre l’aménagement urbain plus conforme à leurs besoins, à
condition bien sûr que les correctifs demandés soient apportés par les organismes responsables.
Toutefois, puisqu’il vaut toujours mieux « prévenir que guérir », cette mise à contribution des
femmes aux choix qui sont faits en matière d’aménagement urbain devrait se faire dans toute
phase préliminaire d’élaboration des projets publics. Cette participation peut être facilitée par des
organismes locaux.

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RECOMMANDATIONS DE LECTURES SUR LA THÉMATIQUE,


AMÉNAGEMENT URBAIN.

Généralités ville

· Ascher, François. - Métapolis ou l’avenir des villes — Odile Jacob, 1995


· Dorier-Apprill. – Vocabulaire de la ville. – Éditions du temps, 2001
· Panerai Philippe. – Analyse urbaine. – Parenthèses, 1999
· Paulet. - Géographie urbaine - Armand Colin, 2000
· Roncayolo, Marcel. – La ville et ses territoires. – Folio essais (Gallimard) 1997
· Burgel, la ville aujourd’hui, Hachette, Collection Pluriel, 1993
· Vieillard-Baron. – Les banlieues, des singularités françaises aux réalités
mondiales. – Hachette, 2001

Histoire de l’urbanisme
· Choay, Françoise. – L’urbanisme, utopies et réalités. – Éditions du seuil, 1965
· Le Corbusier. – Urbanisme. – Champs Flammarion, 1994 (1925 ed originales)
· Ragon, Michel – Histoire de l’architecture et de l’urbanisme modernes (3
tomes). – Points Essais, 1986
· Site Camillo - L’art de bâtir les villes, l’urbanisme selon ses fondements
artistiques. - Éditions du Seuil, 1996

Urbanisme et aménagement urbain : pratiques et outils généralités


· Ascher François, les nouveaux principes de l’urbanisme, Éditions de l’Aube,
2001
· Choay Françoise, Merlin Pierre. – Dictionnaire de l’urbanisme et de
l’aménagement. – puf,2000
· Rousseau D- Vauzeilles G. - L’aménagement urbain, que sais-je ? No 2664,
PUF, 1992
· Tribillon, Jean François - L’urbanisme, Collection Repères, La Découverte,
1991, 2002
· Tomas François. – « Vers une nouvelle culture de l’aménagement des villes », in
Toussaint,
· Jean-Yves ; Zimmermann, Monique (dir.) – Projet urbain : ménager les gens,
· aménager la ville. – architecture + Recherches, Mardaga, 1998

Tourisme urbain et aménagement urbain touristique


· Lévy, Jean-Paul – centres-villes en mutation. – Éditions du CNRS, Paris, 1987
· Melé (Patrice). – Patrimoine et action publique au centre des villess Mexicaines.
– Paris, Éditions de l’IHEAL, 1998
· Carrière Jean-Paul (dir.). – Villes et projets urbains en Méditerranée. –
Université de Tours, 2002
· Chaline, Claude (dir.). – Ces ports qui créèrent des villes. – L’Harmattan, 1994
· Chaline, la régénération urbaine, que sais-je ? No 3496, PUF, 1999

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· Gravari-Barbas, Maria : « Les nouveaux loisirs créent-ils un nouvel


urbanisme ? », actes du colloque du festival de géographie de Saint-Dié 2001
(http://xxi.ac-reims.fr/fig-stdie/actes/actes_2001/default.htm)
· Ingallina, Patrizia. – Le projet urbain. – puf, Paris, 2001
· Masboungi Ariella. – Gênes. Penser la ville par les grands événements. – La
Villette, Projet urbain, 2004
· Vermeersch, Laurent. – La ville américaine et ses paysages portuaires entre
fonction et symbole. – L’Harmattan, 1998.

Sites internet

1. Institut d’urbanisme de la région Île-de-France, http://www.iaurif.org/


2. Associations des professionnels de l’urbanisme, de l’aménagement et de l’habitat,
http://www.urbamet.com/
3. Centre de recherche en aménagement et développement.
http://www2.crad.ulaval.ca/
4. Centre de recherche sur les transports et l’urbanisme (CERTU),
http://www.certu.fr/
5. Centre de documentation sur l’urbanisme.
http://www.cdu.urbanisme.equipement.gouv.fr/

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