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Ista 0000-0000 1959 Mon 27 1 1009
Ista 0000-0000 1959 Mon 27 1 1009
de Besançon
Lévêque Pierre. Aurea Catena Homeri. Une étude sur l’allégorie grecque. Besançon : Université de Franche-Comté, 1959. pp.
3-90. (Annales littéraires de l'Université de Besançon, 27);
doi : https://doi.org/10.3406/ista.1959.1009
https://www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_1959_mon_27_1
PIERRE LÉVÊQUE
ANCIEN MEMBRE DE L'ÉCOLE D'ATHÈNES
PROFESSEUR A L'UNIVERSITÉ DE BESANÇON
1 959
r
INTRODUCTION
(1) Iliade, 8, 17-27, donné ici dans la traduction P. Mazon... (GUF), modifiée
seulement au vers 25 pour introduire le mot câble, comme au vers 19 : le texte a le
même mot, se????, qui désigne certes en général dans Homère une corde (cf. par ex.
Iliade, 23, 115 : se???? t' e?p???t???, « des cordes bien tressées », en parlant des cordes
de bûcherons ; cf. aussi Odyssée, 22,192) ; mais il s'agit ici d'une corde d'or.
? AUREA CATENA HOMERI
(1) Sur les qualités physiques exigées des rois et les épreuves dans lesquelles ils
les doivent manifester, cf. l'étude classique de J. G. Frazer, Les origines magiques de
la royauté (trad. Loyson), p. 289 sq.
(2) Mythos und Sage bei den Griechen, 2e éd. (1938), p. 123-4.
(3) B. Kummer, Midgards Untergang, p. 10. Il est bien caractéristique qu'il
s'agisse ici de Thorr, que G. Dumézil appelle à bon droit le « champion des dieux »
(Mythes et dieux des Germains, p. 24).
(4) K. Bartsch, Sagen, Màrchen und Gebràuche aus Meklenburg, n° 1.
(5) Lucien, 8 (Dialogi deorum), 21, 1.
(6) Lucien, 44 (Jupiter Iragoedus), 45 (trad. Chambry, Garnier).
(7) Lucien, 43 (Jupiter confutatus ) , 4 (trad. Chambry, Garnier, légèrement
remaniée).
10 AUREA CATENA HOMERI
(1) Eustathii Commentarii ad Homeri Iliadem, édition de Leipzig, tome II, 1828,
p. 183-4, ad Iliadem, 8, 19 (= 695 éd. Rom.) [désormais cité avec la seule indication :
Eustathe, suivie de la page et de la ligne dans l'édition de Leipzig].
(2) Si le problème des sources de Psellos ne pose pas dans l'ensemble de vraies
difficultés, il n'en va pas de même pour cette page d'Eustathe. La seule étude que je
connaisse sur ce sujet est celle de C. Reinhardt, De Graecorum iheologia capita duo
(Diss. Berlin, 1910), en son premier chapitre, De Homeri interpretatione allegorica,
notamment p. 36-78. Ses conclusions sont les suivantes : le savant archevêque de
Thessalonique n'a pas extrait ses explications de la chaîne d'or de plusieurs ouvrages,
mais il les a trouvées déjà réunies dans un commentaire préexistant, très développé,
et auquel il a emprunté toutes ses allégories physiques, qui ne serait autre qu'une uvre
du ive ou ve siècle due à une grammairienne nommée Démo ; Démo aurait proposé
des allégories physiques et se serait passionnée en particulier pour le problème des
rapports entre les éléments ; elle aurait elle-même comme source essentielle Cratès.
Il est difficile de juger de cette thèse, d'autant que les arguments de C. Reinhardt ne
sont en général pas empruntés à notre allégorie. Je noterai cependant que Démo (sur
laquelle, cf. Cohn, in PW, s. v. Démo 6, in Supp. I, col. 345-6) est une bien mystérieuse
figure, ressortie en partie du néant par la magie de H. Usener, Vergessenes, in RhM,
1873, p. 414 sq. (qui d'ailleurs ne parlait pas de son influence sur Eustathe). Peu importe
d'ailleurs, la seule question de conséquence étant celle des sources premières d'Eustathe
(ou de Démo). Or je constate qu'à deux reprises C. Reinhardt use d'une louable prudence
quant à la filiation Cratès-Démo ; cf. p. 65 : « Utrum ad ipsum Cratetem an ad vetus-
tiores Stoicos sint referendae ambigi interdum potest », et p. 77 : « Longe me abesse
fateor ab ea opinione ut Cratetem ipsum censeam rationes illas allegoricas excogitasse
aut quaecumque allegorica de dus Homericis narrentur a Cratete solo derivata esse ».
A mon avis, si l'ambiance de notre page est, sans contestation possible, stoïcienne, rien
ne nous oriente particulièrement vers Cratès. Sur l'interprétation allégorique
d'Homère par Cratès de Mallos, on consultera, en dernier lieu, J. Pépin, Mythe et
allégorie, p. 152 sq.
CHAPITRE PREMIER
(1) Il n'a pas paru nécessaire de rappeler ici les testimonia antiques, nombreux,
mais tous de basse époque, qui nous ont conservé ces vers. Ils sont commodément
rassemblés dans O. Kern, Orphicorum fragmenta, p. 198-199, nos 164 (deux premiers
vers), 165 (quatre suivants) et 166 (deux derniers).
(2) Le débat est ancien. L'article essentiel reste celui de Gruppe, Die rhapsodische
Théogonie..., in Jahrb. fur class. Philologie, Suppl. 17, 1890, p. 687 sq., qui estime que les
doctrines exprimées dans les fragments cités par les Néoplatoniciens remontent au
vie siècle, la Théogonie rhapsodique, où l'on ne trouve pas de traces certaines de doctrines
ultérieures, résultant d'un effort pour réunir les fragments anciens de la tradition
orphique en un tout cohérent. Les conclusions de Gruppe paraissent les plus
vraisemblables à W. K. C. Guthrie, Orphée et la religion grecque (trad. S. M. Guillemin),
p. 91-2. O. Kern, qui avait d'abord soutenu en 1888, dans ses De Orphei Epimenidis
Pherecydis Iheogoniis quaesliones crilicae, l'ancienneté de la Théogonie, a ensuite, dans
les Orphicorum fragmenta (1922), p. 141, affirmé que c'est un poème de peu antérieur
aux Néoplatoniciens, mais fait d'éléments anciens (« veterum carminum vestigia in eo
conservata esse mihi extra omnem dubitationem positum est »). Cette solution est,
dans l'ensemble, acceptée par M. P. Nilsson, HThR, 1935, p. 185 sq. K. Ziegler,
ALLÉGORIE COSMOLOGIQUE 15
(1) Théétète, 153 c-d (trad. A. Diès, CUF). Sur la citation d'Homère dans ce passage,
cf. J. Labarbe, L'Homère de Platon, p. 328-9. Le texte de Platon est souvent
mentionné par les commentateurs d'Homère : cf. Scholies à l'Iliade, 8,19... ?? d?
????????,??? t?? ????? ; cf. aussi Eustathe, p. 184, 1. 2-3 : ???t?? d? a?t?? t?? ?????
???s?a? ???e? se????, a?tf ?a? ??ded?s?a? t? pa?. « Platon appelle le soleil lui-même
chaîne d'or, car c'est à lui qu'est attaché le tout ». Pour Psellos, cf. infra, p. 80.
(2) Loc. cit., p. 183, 1. 45 sq.
(3) Pseudo-Lucien, 36 (De aslrologia), 22 (trad. Chambry, Garnier).
ALLÉGORIE COSMOLOGIQUE 17
(1) Anonymus de incredibilibus, ch. 18 (17), in Mythographi Graeci, III (2), éd.
N. Festa (Teubner).
(2) Loc. cit., p. 184, lignes 5 sq.
18 AUREA CATENA HOMERI
(1) Kosmos und Sympathie, Neue Untersuchungen ûber Poseidonios (1926), p. 331 sq. ;
cf. aussi in PW, s. v. Poseidonios 3 (1953), col. 692.
(2) Cf. encore dans Macrobe, Commentaire sur leSonge de Scipion, 1, 20, 6 : cor caeli.
(3) Eumathii philosophi de Hysmines et Hysminiae amoribus, 1, 4, in Ph. Le Bas,
Erolici scriptores, coll. Didot, p. 524, 1. 17 sq.
(4) Je m'écarte donc complètement de l'interprétation proposée par Le Bas, dans
sa traduction de la collection des Romans grecs (tome XIV) : Aventures de Hysminé et
Hysminias, p. 5 : « Sosthène, m'écriai-je dans mon ravissement, je suis ton prisonnier ;
mais la chaîne qui me retient est une chaîne d'or ».
(5) La bibliographie de l'orphisme dans Platon est immense et n'a pas besoin
d'être rappelée ici. Je me contente de renvoyer à la récente synthèse du R. P. E.
des Places, in Brillant et Aigrain, Histoire des religions, III, p. 196 sq., qui ne me semble
d'ailleurs pas faire la place assez belle à l'orphisme (ou à l'orphico-pythagorisme) dans
l'uvre de Platon.
ALLÉGORIE COSMOLOGIQUE 19
(1) X, 616 b-c. Sur les rapports entre ce texte platonicien et Homère, cf.
F. Bufïîère, Les mythes d'Homère, p. 579 sq.
(2) Traduction E. Chambry (CUF), très légèrement remaniée.
(3) Revue d'histoire de la philosophie, 1928, p. 8 et p. 10. On trouvera p. 10 une
excellente traduction de ce passage.
ALLÉGORIE COSMOLOGIQUE 21
( ] ) Je cite ici la traduction de J. Pépin, Mythe et allégorie, p. 123 (modifiée d'un mot),
chez qui on trouvera un commentaire de cette page.
(2) Loc. cit., p. 183, lignes 41 sq.
(3) Je ne comprends pas le texte tel qu'il est donné dans l'édition de Leipzig :
εν αύταΐς. J'ai corrigé en εν αύτοΐς (= dans les éléments).
24 AUREA CATENA HOMERI
évoluée des quatre éléments (1). Toute la fin du texte, avec son
allusion à la conflagration et au déluge universels, a évidemment
une résonance stoïcienne très marquée (2).
C'est une interprétation très voisine qui nous est proposée de
la chaîne d'or par un commentateur d'Hésiode, glosant ce passage
de la Théogonie (3) : « Amour, le plus beau des dieux immortels,
celui qui rompt les membres et qui, dans la poitrine de tout dieu
comme de tout homme, dompte le cœur et le sage vouloir. » Voici
son texte, tel qu'il nous est parvenu dans une Exégèse de la
Théogonie datant du xie ou du xne siècle (4) :
Προϋπέστη δε και ό έρως, τουτέστιν ή αρμονία και κοινωνία των
στοιχείων προς άλληλα " του γαρ αέρος θερμού και ύγροΰ οντος, το ύδωρ
συμβαίνει μετέχειν της του αέρος ύγρότητος προς τω και ψυχρον είναι "
πάλιν του ύδατος οντος ψυχρού, συμβαίνει την γήν ψυχραν είναι προς τω
και ξηραν τυγχάνειν ' ωσαύτως και το πυρ προς τω είναι θερμον και ξηρόν
έστι, και ούτως άλλήλοις είσί συνηνωμένα και της αλλήλων ποιότητος
συμμετέχοντα ' και τοϋτό έστιν, δι' δπερ και "Ομηρος παρεισάγει τον Δία
λέγοντα οργιζόμενον τοις θεοΐς το « σειρήν χρυσείην εξ ούρανόθεν κρεμά-
σαντες ». Έαν γαρ ή τάξις και ή κοινωνία τών στοιχείων ή προς άλληλα
διαλυθη, ήδη και το παν καταλέλυται ' τινές δέ φασιν "Ερον νοεϊσθαι και
τον αιθέρα ' έπεί γαρ ό Έρως ού μόνον θερμότητός έστιν αίτιος, ώσπερ
και ό αίθήρ, άλλα και λύων τα μέλη, είκότως αν κάπι του αιθέρος λαμβάνοιτο,
δς έρως, ήγουν ή κοινωνία τών στοιχείων ή προς άλληλα ή ό αίθήρ, δαμάζει
την φρόνησιν πάντων τών ανθρώπων δια το μη υπό τίνος δύνασθαι
νοεϊσθαι.
« Et l'Amour (Éros) préexistait, c'est-à-dire l'harmonie et
l'affinité des éléments les uns avec les autres. En effet, l'air étant
chaud et humide, l'eau se trouve participer de l'humidité de l'air,
tout en étant d'autre part froide ; à son tour, l'eau étant froide, la
terre se trouve froide, tout en étant d'autre part sèche ; de même
le feu, tout en étant d'autre part chaud, est aussi sec, et ainsi les
(1) Sur la théorie stoïcienne des quatre éléments, cf. L. Robin, La pensée grecque,
p. 415 sq.
(2) La destruction du monde est ici conçue, soit sous la forme du déluge universel
soit sous la forme de la conflagration universelle. Ces deux hypothèses étaient déjà
présentées par Platon (Timée, 22 c) et par Aristote (d'après Censorinus, De die natali,
18,11). Mais ce sont les Stoïciens qui leur ont donné leur plein développement. Le plus
souvent, on le sait, il s'agit chez eux de Vekpyrosis ; mais ils font aussi intervenir le
déluge comme élément destructeur : cf. par ex. toute la démonstration de Sénèque,
Questions naturelles, 3, 27 sq. : « cum fatalis dies diluvii venient... » (ce même Sénèque
admet au contraire la fin du monde par le feu : Dialogues, 6, 26, 6). Ces deux traditions
se retrouvent aussi dans le livre 1 des Métamorphoses d'Ovide, qui doit beaucoup aux
Stoïciens : cf. F. Vian, REG, 1952, p. 29-30 (que l'on ne suivra pas, quand il affirme que
« le κατακλυσμός joue un rôle très effacé dans les doctrines du Portique »).
(3) Théogonie, 120-122.
(4) Dans H. Flach, Glossen und Scholien zur Hesiodischen Théogonie mit Prole-
gomena, p. 376-7, ad vers. 116.
ALLÉGORIE COSMOLOGIQUE 25
avec l'eau, qui est humide et froide ; l'eau a le froid en commun avec
la terre, qui est froide et sèche ; et ainsi il y a une continuité de
toutes choses, liées ensemble les unes aux autres de proche en
proche du milieu aux extrémités, continuité que le même Homère
appelle en un autre endroit chaîne d'or. »
On remarquera ici l'apparition d'un mot nouveau, essentiel à la
cosmologie stoïcienne : la continuité (συνέχεια) (1) qui enserre tous
les éléments d'une chaîne commune.
(1) Le mot sera repris par les Hermétistes avec un sens plus précis : cf. Corpus
hermelicum (CUF), I, p. 55, n. 21.
(2) 2, 33, 84.
(3) Traduction Ch. Appuhn (Garnier).
(4) Je ne suis pas sûr que l'équivalent grec des deux premières expressions soit
συμφυΐα, comme l'enseigne K. Reinhardt, Kosmos und Sympathie, p. 103-104. Je
pencherais plutôt pour συνέχεια. — Pour continuatio, cf. la définition de Sénèque,
Quest. nat., 2, 2, 2 : « continuatio est partium inter se non intermissa conjunctio ».
ALLÉGORIE COSMOLOGIQUE 27
(1) Sénèque, Dialogues, 9 (De tranquillitate animi), 10, 3. — La métaphore est ici
tirée de l'usage militaire de la custodia militaris, comme l'indique bien R. Waltz,
dans son édition (GUF), ad locum (p. 91, n. 1).
(2) Suétone, Auguste, 94, 14-15 (trad. Ailloud, CUF). Le même rêve est rapporté
par Dion Cassius, 45, 2, 2, où la chaîne d'or est rendue par les mots : άλύσεσι. χρυσαΐς,
ce qui prouve bien que toute allusion au texte d'Homère est ici bannie.
3
32 AUREA CATENA HOMERI
(1) De anima et resurrectione, 221 (P. G., tome 46, col. 88-89).
34 AUREA CATENA HOMERI
ανάγεται, οΐον στρατιωτικόν μεν, εάν υπό την άρεϊκήν " λογικόν δε, εάν
υπό την έρμαϊκήν ' ίατρικόν δε ή μαντευτικόν, εάν υπό την άπολλωνιακήν *
και απλώς ώς εΐρηται το καθώς πέφυκέ τι βιοΰν.
« Vivre selon son essence, c'est vivre la vie dont le choix convient
à la chaîne par laquelle on est tiré, par exemple la vie du soldat,
si c'est par la chaîne d'Ares ; la vie de l'orateur, si c'est par la chaîne
d'Hermès ; la vie du médecin ou du devin, si c'est par la chaîne
d'Apollon ; et, en un mot, comme il a été dit, vivre selon sa
nature (1). »
La notion de chaîne, essentielle en ce texte, est bien expliquée
par Creuzer (2), lorsqu'il écrit : « de his σειραΐς, sive de propagatis
ad nos usque continuo nexu deorum influxibus... »
On ne saurait exagérer l'importance de cette nouvelle conception
des chaînes divines, que nous tâcherons de mieux expliquer dans
un Appendice (3). Contentons-nous ici de marquer que, tout
naturellement, l'image de la chaîne d'or a connu dans cette
ambiance intellectuelle une nette renaissance. Elle semble avoir
en particulier servi à désigner l'une d'entre elles, la chaîne
d'Hermès (Έρμαϊκή σειρά) : certains textes appellent en effet
chaîne d'or ce que d'autres appellent chaîne d'Hermès. Nous nous
sommes donc cru autorisé à élargir notre enquête et à réunir ici
les témoignages aussi bien de l'une que de l'autre. Mais les cas sont
très différents et il convient d'introduire de nouvelles distinctions.
(1) Commentary on the first Alcibiades of Ptaio, 187-188 (éd. Westerink, p. 87).
(2) Sur Hermès messager et patron d'une des chaînes angéliques, cf. infra, p. 73.
(3) Theologiae Graecae compendium, 23, 6 sq. (éd. Lang) : εκ δε Μαίας εφασαν
γεγεννησθαι Ad τον Έρμην ύποδηλοΰντες πάλιν δια τούτου θεωρίας και ζητήσεως
γέννημα είναι τον λόγον.
LIEN DE L'HOMME ET DES PUISSANCES SUPÉRIEURES 37
(1) D'autres textes de Proclos doivent être rapprochés, qui, sans allusion à la chaîne
d'or, insistent sur ce rôle d'Hermès :
1. In Platonis Cratylum commentaria, 66 : "Οτι ό επιστήμων τας μεθόδους της
ευρέσεως ύφηγεΐται τω μανθάνοντι μιμούμενος τον ήγεμονικον Έρμήν.
« Celui qui sait guide celui qui apprend dans les voies de la découverte en imitant
Hermès le guide. »
2. Commentary on the flrst Alcibiades of Plalo, 258 (éd. Westerink, p. 118) : 'Εκείνο
θαύμασον, εί τίνες ενταύθα άφάρμακτοι και άθελκτοι και Έρμαϊκοί τήν φύσιν είσίν,
είς λόγον καΐ έπιστήμην μεταβαίνοντες.
« Étonne-toi, si de là quelques-uns, sans boire de drogue et sans être ensorcelés,
sont de nature hermaïque, passant à la raison et à la science » (interprétation allégorique
de VOdyssée, 10, 326 : « Quel grand miracle ! Quoi ! Sans être ensorcelé, tu m'as bu cette
drogue ». Proclos précise que la drogue, c'est l'oubli, l'erreur et l'ignorance).
(2) J'ai conservé ici la traduction traditionnelle de μέθεξις par participation, encore
qu'elle convienne sans doute assez mal à la pensée de Proclos, comme le remarque bien
L. J. Rosân, The philosophy of Proclus, p. 81, n. 54, qui propose possession.
(3) In Plalonis Timaeum commentaria (éd. Diehl), II, p. 294, 1. 31 {ad Timaeum,
36 e-37 a).
(4) On se rappelle que c'est ainsi qu'est qualifié Saint Paul dans l'amusante scène
où les habitants de Lystres le prennent pour Hermès : ό ηγούμενος τοΰ λόγου {Actes
des Apôtres, 14, 12).
38 AUREA CATENA HOMERI
(1) H. d'Arbois de Jubainville, Revue celtique, 1904, p. 93, présente une autre
hypothèse : « On pourrait tirer de ces textes (Lucien et Eunape) une conclusion, c'est
que les chaînes d'Ogmios seraient une formule grecque, employée par un artiste grec
ou d'éducation grecque pour exprimer une idée celtique dont la forme pouvait être
toute différente ». Cf. aussi F. Koepp, Ogmios, in Bonner Jahrbucher, 1919, 38-73,
¦
accordée par les dieux (1) ; il habitait d'ailleurs par fidélité une
maison naguère occupée par son « père » Syrianos et son « grand-
père » Ploutarchos (2). Et une sorte d'intuition lui permettait
de se voir comme le dernier maillon de cette chaîne hermaïque
qui liait les uns aux autres tous les chefs successifs de la secte (3) :
"?t? t?? ??µa???? e?? se???? saf?? ??e?sat?, ?a? ?t? t?? ????µa???
t?? ???a???e??? ????? ?'???, ??a? p?t? ?p?ste?se?.
« Il avait vu clairement qu'il était de la chaîne d'Hermès et il
était persuadé, sur la foi d'un rêve, qu'il avait l'âme du
Pythagoricien Nicomachos (4). »
(1) Marinos, Proclos, 10 : ?a? ?? ?e??µe??? ?e??? d?t?? s?µß???? p??µ?????te? a?t?
saf?? t?? ?p? t?? pat??? ??????..., où pat??? ne peut désigner que Platon (sic,
Boissonade ; contra, Fabricius : Apollon).
(2) Ibidem, 29.
(3) Ibidem, 28 (l'auteur vient juste de mentionner les vers qu'il avait prononcés
à deux reprises en songe sur l'essor de son âme vers le feu divin).
(4) Nicomachos de Gérasa, néo-pythagoricien du ne siècle ap. J.-G.
(5) Proclos, 26.
(6) Le sens du passage a été controversé. Je suis en gros l'interprétation de
V. Cousin (suivant lui-même Boissonade) : « et sane unus erat aureae illius a Solone
catenae » (in V. Cousin, Procli philosophi Platonici opéra inedita, 1854, p. 48), contre
l'exégèse de Fabricius.
(7) Cf. H. Leisegang, in PW, s. v. Platon 1, col. 2347.
(8) Platon, Timée, 20 e.
(9) Diogène Laërce, 3,1.
LIEN DE L'HOMME ET DES PUISSANCES SUPÉRIEURES 43
eût lancé pour notre secours des cordes attachées à quelque rocher,
en vérité ce n'est pas vers nous que nous tirerions le rocher, mais
c'est nous-mêmes et avec nous le bateau que nous halerions vers
le rocher (1). »
Signalons d'abord qu'il n'est pas, à proprement parler, question
ici de la chaîne d'or. Mais, en fait, que peut être « cette chaîne
infiniment lumineuse qui pend du haut du ciel », sinon la vieille
chaîne d'Homère, reprise par Platon, avec peut-être un souvenir
de la colonne de lumière du mythe de la Bépublique, comme
le notait bien déjà A. Jahn (2) ?
Acceptons donc ce texte dans notre catalogue ei rappelons qu'il
a longuement retenu l'attention des commentateurs. Pourtant
le sens général est parfaitement clair : « la prière est anagogique ;
elle nous rapproche de Dieu ; elle nous rend présents à lui ; elle
nous met entre ses mains et nous unit à lui » (3). La théorie de
la prière qui s'y exprime n'est point nouvelle : d'origine
néoplatonicienne, elle remonte à Jamblique et surtout à Proclos (4),
comme l'a savamment montré H. Koch (d) et comme on le voit
mieux encore, maintenant qu'est publié le ?e?? t?? ?a?' "?????a?
'?e?at???? t????? de Michel Psellos, qui n'est en réalité qu'un
démarquage de textes de Proclos (6). Mais ce qui nous intéresse
ici, c'est l'image de la chaîne : or il faut bien dire qu'en rien elle
ne rappelle les chaînes répandues à profusion par Proclos dans
l'univers, comme nous l'avons déjà vu et comme nous le verrons
mieux encore sous peu. On l'a bien noté (7), le mot même de se???
est un hapax chez le Pseudo-Denys ; la chaîne d'or apparaît donc
ici comme une image spontanée, rendue naturelle assurément par
l'affection que les Néoplatoniciens lui portaient, mais qui n'implique
pas de conceptions théurgiques sur la sympathie universelle.
(1) Les noms de Cronos, de Zeus, d'Hélios, de Poséidon, de Pluton sont les noms
symboliques des puissances intelligentes et vitales qui émanent de la cause première
et sont comme ses diverses manifestations.
(2) Outre l'image de la chaîne d'or, on peut remarquer d'autres détails significatifs
communs aux deux textes, par ex. la désignation de l'homme comme la lie du tout
(ultimam rerum faecem = t??? ?sµe? t?? p??t??). Malgré W. H. Stahl, dans sa
récente traduction (Commentary on the Dream of Scipio, New- York, 1952, p. 145, n. 17),
je ne peux croire que la lie désigne ici la terre ; la comparaison avec Olympiodore
impose l'interprétation lie = homme.
(3) R. Klibansky et C. Labowsky, Parmenides... nec non Procli Commentarium in
Parmenidem (Corpus Platonicum Medii aevi, Plalo Latinus, III, Londres, 1953), p. 90,
déclarent que Macrobe suit ici Porphyre, mais sans proposer de texte précis de
comparaison. Je ne trouve rien dans ce qui reste de Porphyre qui appuie cette
hypothèse, au vrai très vraisemblable si l'on se rappelle que Porphyre est la source principale
du Commentaire sur le Songe de Scipion (cf. W. H. Stahl, ibidem, p. 23-39, où sont
cités et discutés les travaux de Cumont, Mras, Henry et Courcelle sur ce sujet).
(4) Cf. supra, p. 15.
(5) Pour l'orphisme dans les Hymnes de Proclos, cf. A. M. Bonadies Nani, Aevum,
1952, p. 393 sq. ; pour l'influence de l'orphisme sur la théurgie et la télestique de
Proclos, cf. P. Boyancé, RHR, 1955, 1, p. 189 sq.
48 AUREA CATENA HOMERI
1. ? ?e?a f???a ?a? ? t?? a?a??? ??????a s????e? t?? d??? ??sµ?? '
??ate??? µ?? ?a? ?a? ? desµ?? d ?p? ??? ?a? ?????, ?? ?a? ??fe?? f?s??,
???a µe???? ? t?? ???s?? se???? ???s?? ?a? µe?????? a?t?a t??? p?s??
a?a???.
« L'amitié divine et l'aide du bien contiennent l'univers entier ;
car il est solide le lien qui procède de l'intelligence et de l'âme,
comme le dit aussi Orphée, mais plus grande est l'union de la
chaîne d'or et cause de plus grands biens pour tous les êtres (1). »
2. ?et? ???? t?? ?at?p?s?? t?? F???t?? a? ?d?a? t?? p??t?? e? a?tf
pef??as??, ?? f?s?? ? ?e??????... ??? d? ?de?? p????? ?? d?a t??t?? e?
?a?t? t? ??a pe??e???fe?, ?? ?a? t??t? ??de????µe??? ? ?e?????? ?p??a?e...
?? t????? ??a pe?????? 6 ?e?? ?a? p??ta µ??ad???? ?a? ??e??? ?at?
t??t??? t??? ???sµ??? t?? ???t?? ?f?st?s? p??ta t? e???sµ?a, ?e??? te
?a? t?? µ???a? t?? pa?t??. ???e? ???? p??? a?t?? ? ??? ???t?sa?ta*
p?? d? µ?? e? te t? p??t' ?sta? ?a? ????? ??ast?? ;
?????? p??ta p???? ?f?t? ??ße, t? d' ??? µ?ss?
???a???, ?? d? te ?a?a? ?pe???t??, ?? d? ???assa?,
?? d? t? te??ea p??ta, t? t' ???a??? ?stef???ta?.
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se???? ???s?? ?µ?????? t?? ?e??? t??e?? t?? e???sµ??? ?e???µ????.
« Après l'absorption de Phanès, les idées de toutes choses
brillèrent en Zeus, comme le dit le théologien : (suit une citation
de huit vers orphiques)... ; étant ainsi plein des idées, grâce à elles
il embrassa tout en lui, comme le théologien l'indique quand il
ajoute : (sept vers orphiques)... ; comprenant donc tout en lui,
Zeus produit toutes choses monadiquement et intellectuellement,
selon ces oracles de Nuit, tous les êtres de l'univers, les dieux et
les parties du tout. Nuit lui dit donc, quand il la questionne :
Comment, par mes soins, le tout sera-t-il un et les parties distinctes?
Environne toutes choses de l'éther ineffable, puis au milieu place
le ciel, et la terre illimitée, et la mer, et toutes les constellations dont
le ciel est couronné; puis, après avoir posé des règles pour toutes
les autres créatures, elle ajoute : Mais, lorsque tu tendras un lien
(1) In Platonis Timaeum commentaria, II, p. 112, 1.1 sq. (Taylor, II, p. 9).
LIEN DE L'HOMME ET DES PUISSANCES SUPÉRIEURES 49
(1) Timée, 38 e.
(2) In Platonis Timaeum commentaria, I, p. 313, 1. 6 sq. (Taylor, I, p. 263) =
Orphicorum fragmenta, 165 Kern.
50 AUREA CATENA HOMERI
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???????a? t?? st???e??? desµ?? p??se????e? ?a? t?? ?p? t?? ???? ?d??-
??t?? e??s??.
« Car c'est lui (Zeus) qui crée les intelligences et les âmes du
monde ; et celui qui dispose tous les corps selon l'ordre des formes
et des nombres et qui leur impose une unité unique et une amitié
indissoluble et un lien, c'est lui. Tels sont en effet les conseils
que, dans Orphée, Nuit donne à Zeus sur la création du tout :
Mais, lorsque tu tendras un lien solide autour de toutes choses. Le
lien des choses de ce monde qui résulte de l'analogie est durable ;
mais plus parfait est celui qui procède de l'intelligence et de l'âme.
C'est pourquoi Timée (3) a appelé lien la communauté des
éléments due à l'analogie et leur unité indissoluble provenant
de la vie (4) ».
5. ????? ??? ? desµ?? t????? ' ????? ??? desµ?? a?ta? t?? st???e???
a? ????a? d???µe??, ????? ? µ?a t?? s?µ?t?? a?t?a, ?a? t??t?? ????? 6
µ?s?? ?µf???, ?p? µ?? t?? a?t?a? p?????, ta?? d? µe??sta?? pe?? t? s?µa
d???µes? ???µe??? ' ?a? ??t?? ?st?? ? ??ate??? desµ??, ?? f?s?? 6 ?e??????,
d?a p??t?? tetaµ???? ?a? ?p? t?? ???s?? se???? s??e??µe??? ' ?p' a?t?
??? ? ?e?? t?? ???s?? ?f?st?s? se???? ?at? t?? ?p????a? t?? ???t?? '
a?t?? ?p?? desµ?? ??ate??? pe?? p??ta ta??ss??,
se???? ???se??? e? a?????? ??t?sa?ta.
« A nouveau le lien est triple. En effet les puissances communes
des éléments elles-mêmes sont un lien ; l'unique cause des corps
en est un second ; et le troisième, intermédiaire entre les deux
autres, procède de la cause, mais utilise les puissances réparties
dans le corps. Et c'est là le lien solide, comme dit le théologien,
qui est tendu à travers toutes choses, et qui est maintenu dans
(1) Il s'agit des Oracles chaldéens (25 Kroll). Cf. infra, p. 56, n. 2.
(2) In Platonis Timaeum commentaria, II, p. 53, 1. 18 sq. (Taylor, I, p. 430).
(3) Platon, Timée, 31 c-32 c, explique qu'il faut deux médiétés et quatre termes pour
harmoniser le monde : ce sont les quatre éléments.
(4) In Platonis Cratylum commentaria, 99.
LIEN DE L'HOMME ET DES PUISSANCES SUPÉRIEURES 51
l'union par la chaîne d'or ; car ensuite Zeus établit la chaîne d'or,
selon les conseils de Nuit : Mais, lorsque tu tendras un lien solide
autour de toutes choses, attachant une chaîne d'or à Vélher... (1). »
Malgré le caractère diffus de leur style, tous ces textes sont nets :
la chaîne d'or est ce lien robuste qui, bien plus solidement que
l'analogie et la sympathie, enchaîne l'univers, ce lien qui procède,
selon la hiérarchie descendante, de la divinité et des trois ordres
que distingue Proclos : intelligence, âme et nature. Dans tous
les cas, elle est donnée non comme la chaîne d'Homère, mais
comme celle du théologien par excellence, Orphée.
(1) Pour un autre emploi de la chaîne chez Psellos, cf. infra, p. 53.
(2) Cf. la traduction de cet opuscule, infra, p. 78.
(3) Cette image est deux fois employée par Psellos, dans l'introduction et la
conclusion de son traité.
(4) Cf. infra, p. 81.
CONCLUSION
(1) Χρυσόβουλλον... προς τον 'Ρόμπερτον..., in Michaelis Pselli scripta minora, éd.
Kurtz, I, p. 329, 1. 21 sq.
(2) Loc. cit., p. 184, 1. 10 sq.
54 AUREA CATENA HOMERI
ώς γαρ εν τοις κάτω ουκ αγαθόν πολυκοιρανίη, οΰτω και εν τοις άνω, καΐ
πολλω μάλιστα εκεί.
« Certains, qui ne veulent pas beaucoup parler, disent que
cette menace est une énigme de la monarchie et que tout dépend
d'un seul et est soumis à un seul pouvoir : en effet, comme dans
les choses d'en bas le gouvernement de plusieurs n'est pas un bien,
il en est de même dans celles d'en haut, et encore bien plus. »
II est bien dommage qu'Eustathe ne désigne pas plus clairement
ces auteurs avares de mots et amateurs d'énigmes ; en tout état
de cause, il est remarquable que même la pensée politique ait
fait sienne la σεφή χρυσείη.
(1) Homeri carmina, Ilias, éd. J. van Leeuwen, 1912, tome I, p. 271, ad vers. 20 sq.
(2) Saturnales, 1, 19, 9.
(3) Orationes, 4, 133 a. — Cf. encore, à la fin du ve siècle, le néoplatonicien Héraïscos
qui affirme que le soleil est la raison intelligible : d'après Damascios, Dubiiationes et
solutiones de primis principiis in Platonis Parmenidem, 125 quater.
CONCLUSION 55
(1) Une telle date, pour une interprétation allégorique d'Homère, n'a rien qui
puisse étonner. Cf. J. Pépin, Mythe et allégorie, p. 103 : « Dès le vie siècle et le
commencement du ve, l'interprétation allégorique d'Homère était solidement
constituée ».
(2) Damascii Successoris Dubitation.es et solutiones de primis principiis in Platonis
Parmenidem, 205 (éd. Ruelle, II, p. 86, 1. 29 sq.).
(3) Nous avons adopté la correction de O. Kern, Hermès, 1888, p. 484 (qui remplace
δίς par Διός). Contra, W. Kroll, Philologus, 1894, 53, p. 426.
(4) In Platonis Timaeum commenlaria, I, p. 314, 1. 19 (c'est la suite du texte que nous
avons donné supra, p. 48).
(5) Cf. supra, p. 18 et p. 27. — Pour la théorie de C. Reinhardt, cf. supra, p. 11,
n. 2.
■
56 AUREA CATENA HOMERI
(1) Sur les emprunts des Néoplatoniciens à l'orphisme, cf. W. K. C. Guthrie, Orphée
et la religion grecque (traduction de S. M. Guillemin), p. 284-5.
(2) Sur l'utilisation de la chaîne d'or par les Oracles chaldéens, cf. G. Kroll, De
oraculis Chaldaicis, in Breslauer philologische Abhandlungen, VII, 1, 1894, p. 23 :
« in oraculis catenis locus non fuit ; fontibus fuisse constat » ; Theiler, Die Chaldaischen
Orakel und die Hymnen des Synesios, p. 27, n. 4 ; R. Klibansky et G. Labowsky, Corpus
Platonicum Medii aevi, Plalo Latinus, III, Parmenides... nec non Procli Commentarium
in Parmenidem, p. 27, n. 4. — Les deux textes qui peuvent être invoqués sont, l'un de
Proclos, In Platonis Timaeum commentaria, II, p. 54, 1. 8 (cf. supra, p. 50) ; l'autre
de Psellos, Hypotypose des anciens dogmes des Chaldéens, 28, in A. Ed. Chaignet,
Damascius le Diadoque, Problèmes et solutions, III (cf. infra, p. 72, n. 2).
(3) Cf. supra, p. 52.
(4) Genèse, 28, 12 : « Une échelle était posée sur la terre et son sommet touchait au
ciel ; et voici, sur elle des anges de Dieu montaient et descendaient et au haut se tenait
Yahweh » (traduction Crampon).
CONCLUSION 57
(1) J. Martin, WJA, 1946, p. 367 sq., où le portail de Wurzbourg se trouve reproduit
fig. 4, pi. III.
(2) Cf. ibidem, p. 390 sq. : Die Empfangnis durch das Ohr.
(3) E. Wolff, Die goldene Kelle, die « Aurea catena Homeri » in der Englischen
Literatur von Chaucer bis Wordsworth, in Hamburger Arbeiten zur Altertumswissenschaft
(Hambourg, 1947, 83 pages). Cf. le compte rendu de cet ouvrage : J. P. Leidig, WJA,
1947, p. 376-384.
(4) Les plus remarquables de ces représentations sont des dessins de Durer et de
Hans Frank (reproduits par ex. dans R. Egger, Oe. Jhb., 1943, fig. 68 et 69) et un dessin
de l'école de Raphaël (reproduit dans F. Koepp, Bonner Jahrbùcher, 1919, pi. IV, 2).
L'œuvre de Durer a été inspirée par un Hermès étrangement copié à Délos par
Cyriaque d'Ancône (cf. O. Jahn, Aus der Altertumswissenschaft, p. 333-352 et pi. VII, 2).
Sur toute cette question, cf. H. Ladendorf, Antikenstudium und Antikenkopie, in
Abhandlung der Sàchsischen Akademie der Wissenschaft zu Leipzig, Philologisch-
hisiorische Klasse, 46, 2, 1953, p. 35 et bibliographie p. 98, n. 15 à 17. — On pourrait
rapprocher de ces figurations d'Ogmios et de ses chaînes une gravure de Flotner, où
une allégorie de la Mauvaise compagnie enchaîne six hommes qui semblent se débattre
dans un bourbier : cf. R. van Marie, Iconographie de l'art profane, Allégories et symboles,
p. 105, fig. 119.
(5) Cf. J. Martin, op. cit., p. 382 (et reproduction fig. 6, pi. V).
CONCLUSION 59
Chaos j[ J confusum
Spiritus mundi vo- ( ' j latilis incorporeus
Spiritus mundi j ' Ι Λ acidus corporeus
w 1 J
Spiritus mundi flxus S·^
f ^\ alcalicus corporeus
I }
,
Mine- f\ ralia
1 1 /
Spiritus mundi con- Λ^Λ centratus flxus, seu
Extractum Chao- [ il ticum purum
1
(1) Cf. J. Martin, ibidem, p. 383, et surtout H. Kopp, Aurea catena Homeri
(Braunschweig, 1880, 52 pages). Cet opuscule rare se trouve à la Bibliothèque de
l'École Normale Supérieure sous la cote LG ρ 107 b (in 8°).
(2) Cf. H. Kopp, loc. cit., p. 20.
(3) Cf. J. Martin, loc. cit., p. 383.
60 AUREA CATENA HOMERI
(1) Sur ce point, cf. Ch. Lacombrade, Synésios de Cyrène hellène et chrétien, p. 186.
(2) Hymne 3 (Meunier), 278 sq. (= Hymne 1, Terzaghi).
(3) J'emprunte la traduction de M. Meunier, Hymnes de Synésius de Cyrène (1947),
p. 146, rectifiée sur un point très important : οι περί κλεινούς οίηκοφόρους étant
l'équivalent de οι κλεινοί οίηκοφόροι, comme le remarquait déjà N. Terzaghi, dans son
édition des Hymnes (Rome, 1939), p. 108, et ne pouvant donc se traduire : « qui siègent
auprès de ces radieux pilotes... » (sic, Meunier).
62 AUREA CATENA HOMERI
(1) Sur cette question, cf. Ch. Lacombrade, op. cit., p. 186. Mais je ne peux accorder
à l'auteur que la chaîne infinie qui dérive du créateur soit appelée σειρά par Synésios.
Encore que cette conception soit assurément la sienne, il n'emploie le mot σειρά que
pour la chaîne des anges.
(2) Hymne 4 (Meunier), 190 sq. (= Hymne 2, Terzaghi). J'emprunte la traduction
de Meunier.
(3) En revanche, il faut renoncer à lire le mot σειραϊον dans le De insomniis du
même Synésios, 142 a : mauvaise conjecture pour σίραιον (cf. N. Terzaghi, Synesii
Cyrenensis opuscula, Rome, 1944, apparat critique de la page 164).
(4) Sitzungsberichte der K. Pr. Akademie der Wissenschaften, 1907, p. 285.
(5) Bonne définition des chaînes chez Proclos dans R. Klibansky et G. Labowsky,
Corpus Platonicum Medii aevi, Plato Latinus, III, Parmenides... nec non Procli
Commentarium in Parmenidem, p. 91 : « non solum unam cognovit seriem qua universa
colliguntur entia, sed complures a singulis unitatibus vel dus vel fontibus pendentes.
Nam σειρά signiflcat conjunctionem qua potestates singulorum deorum propriae desu-
per ad infîmos gradus transmittuntur universi, quaque inferiora entia assimilantur
superioribus ».
(6) L'univers dionysien. Structure hiérarchique du monde selon le Pseudo-Denys,
p. 72-5.
LES CHAINES DIVINES CHEZ PROCLOS 63
(1) A noter toutefois que la notion de chaîne divine semble plus chère à Proclos qu'à
ses successeurs immédiats. Ainsi la doctrine des chaînes se retrouve chez Damascios,
mais sous une forme beaucoup plus abstraite. Cf. Damascii Successoris Dubitaîiones
et Solutiones de primis principiis in Platonis Parmenidem, 205 et 206 (éd. Ruelle,
II, p. 86, 1. 29 sq.) : « Unifié tout entier à lui-même, et étant plutôt un qu'unifié, (le
monde intelligible) échappe à la distinction ; il ne connaît pas de procession ; il se
dérobe au nombre. L'ordre (τάξις) qui vient après lui, engendré de lui, parce qu'il est
postérieur à l'union, est le principe de la distinction et des processions de toute espèce.
C'est pourquoi les dieux disent que c'est en celui-ci que commencent les séries (τας
σειράς εντεύθεν άρχεσθαι)... La série (σειρά) est un mouvement d'évolution, de
développement progressif de la substance qui la fait passer de l'un à la multiplicité ».
(Je cite dans la traduction de A. Ed. Chaignet, Problèmes et solutions touchant les
premiers principes, 1898, II, p. 279.)
(2) Livres 3 à 7. Résumé très succinct dans E. Vacherot, Histoire critique de Vécole
d'Alexandrie, II, p. 374 sq. (avec tableau synoptique p. 379).
(3) Sur la théologie des Titans, cf. Rosân, p. 154.
(4) In Platonis Cratylum commentaria, 110.
66 AUREA CATENA HOMERI
Chaîne de Zeus.
Zeus, en tant que dieu de l'activité de l'Esprit non participé,
est patron de la chaîne démiurgique ; c'est ce qu'enseigne Proclos
à plusieurs reprises, notamment en ce passage du Commentaire
du Cratyle (6) :
(1) Sur la distinction entre Ζηνα et Δία, cf. infra, p. 79. Ici διίως devrait se
traduire : selon sa puissance de Zeus en tant que Δία.
(2). Ibidem, 161.
(3) In Platonis Rem publicam commentarii, I, p. 82, 1. 16 sq.
(4) Pour la théologie de Cronos, cf. Rosân, p. 153 ; pour celle de Rhéa, p. 154.
(5) In Platonis Cratylum commentaria, 101. — Autre mention de la chaîne de Gronos,
ibidem, 124. — Pour la chaîne de Rhéa, cf. In Platonis Rem publicam commentarii,
II, p. 205, 1. 10.
(6) In Platonis Cratylum commentaria, 99. — - Cf. aussi, sur la chaîne démiurgique,
In Platonis Rem publicam commentarii, II, p. 217, 1. 6 sq. et In Platonis Timaeum
commentaria, I, p. 63, 1. 4 sq. — Sur la chaîne royale de Zeus, cf. ibidem, III, p. 194,
1. 6 sq. (Taylor, II, p. 331).
LES CHAINES DIVINES CHEZ PROCLOS 67
Chaîne d'Héra.
Héra, épouse de Zeus, est évidemment pour Proclos une
divinité zoogonique (2). Voici sa chaîne, d'après le Commentaire
du Cratyle (3) :
"Οτι άνωθεν αρχομένη ή της δεσποίνης ημών σειρά μέχρι των ύστατων
διήκει (και εστίν υπό σελήνην ό άήρ αυτής λήξις).
« La chaîne de notre dame commence en haut et se répand
jusqu'aux extrémités (et c'est l'air qui, sous la lune, lui est échu
en partage). »
Chaîne d'Héphaïslos.
Les fonctions diverses du créateur sont représentées par
plusieurs ordres de dieux. Ainsi Héphaïstos est le démiurge des
corps (4). Un passage du Commentaire du Timée (5) affirme qu'il
appartient à la chaîne démiurgique.
"Οτι μεν οδν τής δημιουργικής έστι σειράς άλλ' ουχί τής ζωογονικής ή
συνοχικής ή άλλης τινός, δηλοΰσιν οι θεολόγοι χαλκεύοντά τε αυτόν.
« Qu 'Héphaïstos est de la chaîne démiurgique, et non de la
chaîne zoogonique ou de la chaîne connective ou de toute autre,
c'est ce que montrent les théologiens, quand ils le représentent
forgeant. »
Chaîne d'Apollon.
La chaîne d'Apollon dépend aussi du pouvoir démiurgique
de Zeus (6) : c'est ce qu'enseigne Proclos dans le Commentaire
du Cratyle (7) (δτι πάσα ή Άπολλωνιακή σειρά τής δημιουργικής
τοΰ Διός έξήρτηται ηγεμονίας). — Dans le Commentaire de la
République (8), il rappelle qu'il y a toute une série d'Apollons
successifs rangés sur la chaîne d'Apollon : divins, angéliques,
Chaîne d'Hélios.
A la chaîne d'Apollon, on peut unir la chaîne d'Hélios, en raison
d'une très ancienne identification entre les deux dieux. Bien
caractéristique de ce point de vue est un passage de l'hymne que
Proclos a dédié à Hélios :
Σειρής δ' υμέτερης βασιλεύς θεοπειθέος οΐ'μης
έξέθορεν Φοίβος.
« Et de votre chaîne s'élança le roi du poème qui obéit aux
dieux, Phoibos (4). »
(1) Περί της καθ' "Ελληνας ιερατικής τέχνης, in J. Bidez, loc. cit., p. 142 sq. (texte
p. 148-151). Cet opuscule n'était jusqu'ici connu que par une traduction latine de
Marsile Ficin.
(2) Ibidem, p. 142.
(3) In Platonis Timaeum commentaria, II, p. 198, 1. 2 sq.
(4) In Platonis Cratylum commentaria, 174 (= Orphicorum fragmenta, n° 194
Kern).
70 AUREA CATENA HOMERI
Chaîne d'Athéna.
Athéna (3) appartient à la catégorie des dieux gardiens. Ainsi
apparaît sa chaîne dans le Commentaire du Timée (4) :
Της μεν 'Αθηναϊκής σειράς μονίμως και ήγεμονικώς και κρατητικώς τα
πάντα κοσμούσης και άναπλούσης μέν τα εν ύλη κατεχόμενα, σωζούσης
δε άχραντα τα κεχωρισμένα της ύλης.
« La chaîne d'Athéna règle toutes les choses de manière stable,
souveraine et victorieuse ; elle développe celles qui sont contenues
dans la matière, mais conserve pures celles qui sont séparées de
la matière. »
1. Διό και Άθηναίοις αυτό περιέθηκεν ό παρών λόγος " μίαν δε και
συνεχή ποιών τήν ζωήν των 'Αθηναίων συνήψε τον Σόλωνα τοις πάλαι
Άθηναίοις «ωκεΐτε οδν δη» λέγων ' εν γαρ δη το παράδειγμα αυτών έστι
προς εαυτό και συνεχές " πασά γαρ ή 'Αθηναϊκή σειρά μία διήκει μέχρι
των εσχάτων άνωθεν άπό τών ύπερουρανίων αρχομένη διακόσμων.
« C'est pourquoi notre présent discours l'applique aux Athéniens ;
en rendant la vie des Athéniens une et continue, il a rattaché
Solon aux anciens Athéniens, lorsqu'il dit : « II a habité là ». Car
un est leur paradigme et en continuité avec lui-même ; car toute
2. ?a? d?a t?? ?f????a? ta?t?? p????? µ?? t?? S?????? d?????a?,
e???µ???e? d? t?? p????, ?µ?e? d? t?? p???????? ?e??, µe???? te ?a?
????? s??apt?? t? te s??e??µe?a t??? s??????s?? ?????? ?a? ?a?' ??a desµ??
?a? µ?a? se???? ???pt?? p??ta t?? ?e??.
« Et par son absence d'envie (le prêtre égyptien) remplit la
pensée de Solon, il loue la cité, chante la déesse protectrice de
la cité, réunissant les êtres partiels et les êtres totaux, unissant
le contenu au contenant, et rattachant tout à la déesse selon un seul
lien et une seule chaîne (2). »
Chaîne d'Ares.
Ares est, comme Athéna, un dieu gardien (5). Voici la chaîne
qu'il patronne, d'après le Commentaire de la Bépublique (6) :
???? t?? ??e???? se???? ta?? ?????t??? ea?t?? d???µes?? ?a?
d?a??et??a?? teµ???s?? µ?? t?? ????, t?? d? ????? ??a???s?? d?a µ?s??
t?? ?p???pt???? a?????? t?? ?????? ???? ?a? t?? ??eµ???? a?t?? t??
t?? tµ?se?? ???????t??..., ?? ?s?at?? t?? ??e???? da?µ???? µ?µ???ta?
?e?????? t?? ???e?a? se????, f????? ?????st??? ?a????te? ?a? ta?? t?µa??
ta?? t?? s?µ?t??.
Dans la suite, il nous montre des chaînes liant les unes aux autres
d'innombrables puissances :
... e?te ?a? ept? ?????? ?p?? ??t??a? a????? ?a?e??
se??a?? ?µet??a?? d???µe?? p??????s' ad?µast???.
« ... soit que tu habites dans l'éther au-dessus des sept orbites
des planètes, répandant des puissances innombrables sur vos
chaînes (4). »
Chaînes secondaires.
On pourrait enfin ajouter les chaînes que Proclos, selon le même
principe, rattache à des héros ou à des dieux secondaires.
(1) Cralyle, 407 e-408 b (où Proclos lisait donc déjà l'interpolation sur Iris que
présente la tradition manuscrite).
(2) In Platonis Rem publicam commentant, II, p. 255, 1. 25 sq.
(3) Sur le sens de ce mot, cf. supra, p. 66, n. 1.
(4) In Platonis Timaeum commentaria, I, p. 179,1. 33 sq. (Taylor, I, p. 150). Il s'agit
de l'Héraclès qui a séparé les « colonnes d'Héraclès », symbolisant la divine séparation
des genres de l'univers.
(5) Ibidem, II, p. 63, 1. 9 sq. (Taylor, I, p. 438).
74 AUREA CATENA HOMERI
(1) Sur les commentaires byzantins relatifs aux comédies de Ménandre, aux poèmes
d'Homère, etc., in Annuaire de l'Association pour l'encouragement des études grecques
en France, 1875, p. 215-219.
(2) Un commentaire général de ce texte est donné dans Gh. Zervos, Un philosophe
néoplatonicien du XIe siècle, Michel Psellos, p. 174-8, qui montre bien le caractère
néoplatonicien de tout l'exposé.
78 AUREA CATENA HOMERI
(1) Sur cette distinction, courante dans toute l'école néoplatonicienne, cf. supra,
p. 66.
(2) Sur ce passage, cf. J. Bidez, Catalogue des manuscrits alchimiques grecs, VI,
p. 178, n. 2.
(3) Sur ces deux fameux théurges du ne siècle de notre ère, les deux Julien, père
et fils, cf. Kroll, in PW, s. v. Iulianos 8 (Julien le Ghaldéen) et 9 (Julien le Théurge).
C'est au fils qu'on faisait remonter la rédaction des Oracula Chaldaica.
(4) Sur l'âme archangélique de Julien le Jeune, cf. J. Bidez, toc. cit., p. 143.
(5) Nous avons vu en effet que Platon était réuni par Proclos tantôt à la chaîne
d'Hermès, tantôt à celle d'Apollon.
(6) J. Bidez, loc. cit., p. 160-1, montre bien que, selon toute vraisemblance, ce
passage est emprunté à Proclos.
(7) Il s'agit de G?p?st??f? (conversion), qui est le mouvement inverse par rapport
à la p???d?? (procession).
80 AUREA CATENA HOMERI
vers l'âme, l'âme vers l'esprit, l'esprit vers Dieu, mais inversement
il n'y a pas conversion de ces éléments vers ceux qui leur sont
soumis.
Je veux, à ce point de mon discours, faire une digression sur
une opinion de Porphyre (1), sur laquelle il n'y a pas encore de
jugement ; il dit dans son traité d' Introduction à la connaissance
de l'intelligible (2): «Parmi les principes générateurs, les uns ne
se convertissent absolument pas vers les produits qu'ils
engendrent, d'autres se convertissent à la fois vers leurs produits
et vers eux-mêmes ; d'autres enfin se convertissent vers leurs
produits, sans obtenir la conversion vers eux-mêmes ». Cette
pensée n'a pas encore retenu l'attention, et je vous dirai, pour
vous être agréable, ce que je pense de ce passage : je place ces trois
éléments dans les trois ordres de Porphyre, esprit, âme et nature ;
l'esprit, engendrant l'âme, ne se convertit pas vers elle ; car l'âme
devient spirituelle (e?????), non quand l'esprit se convertit vers
l'âme, mais quand l'âme se convertit vers l'esprit ; la nature,
convertie vers les corps et les gouvernant, ne se convertit pas vers
p. 218 elle-même, puisqu'elle est une substance séparée du corps, mais
elle aboutit aux corps ; l'âme, tant qu'elle conserve son propre
rang, a comme nature de ne pas se convertir vers les corps ; mais,
si elle est inspirée par l'habileté de l'enchaînement, alors elle
s'occupe des corps ; ainsi l'esprit ne participe que de lui,
seulement, la nature participe toujours d'un autre, et l'âme
participe de soi et d'un autre.
Mais que mon discours se tienne à son propos. Zeus peut tirer
tous les dieux, mais eux ne peuvent absolument pas le tirer.
Voici qui le montre : les éléments qui suivent le premier principe
tiennent à lui et s'élèvent vers lui, mais lui ne se convertit vers
aucun d'eux. Mais comment, les derniers s'élevant vers les premiers,
la chaîne sera-t-elle liée à un sommet du ciel, et comment ceux
que l'on monte seront-ils suspendus en l'air ? Parce que le premier
principe des êtres, bien qu'il soit appelé par les philosophes lien
du tout et comme sommité de tout l'assemblage, n'ayant pas
de contact avec les seconds éléments, les domine, mais reste
indépendant de tous et sans lien ; donc il lie la chaîne au premier
des dieux qui le suivent, qu'il a appelé par excellence le ciel
(Ouranos).
C'est donc ainsi que j'explique allégoriquement le mythe ;
mais Platon dans le Théétète (3), montrant que le mouvement
est générateur de vie, et introduisant le mythe comme une sorte
(1) Sur les emprunts de Psellos aux ?f??µa? de Porphyre, cf. J. Bidez, loc. cit.,
p. 168, n. 2.
(2) 13, 6-9. La citation est libre, et non littérale.
(3) Théétète, 153 c-d (là aussi la citation est libre).
L'OPUSCULE DE PSELLOS SUR LA CHAINE u'OR 81
(1) Le texte donné par Sathas semble ici corrompu. J'ai traduit en corrigeant
d? ???? (?) en de??? (qui est d'ailleurs donné par les manuscrits de Platon).
INDICES
I. Index locorum
¦
174 69 '??µpe?t??, ?, ?. 329, 1. 21
In Platonis Bem publi- sq. Kurtz 53
cam commentarii, Scholies à Homère, Iliade,
I, p. 82, 1. 16 sq 66 8, 19 16
I, p. 92, 1. 2 64 Scholies à Homère, Iliade,
I,p. 147, 1.22 sq 67 in Cramer, Anecdoia
I, p. 184, 1.29 68 Graeca 25
II, p. 205, 1. 10 66 Scholies à Hésiode,
II, p. 217, 1. 6 sq 66 Théogonie, 116 24
II, p. 255, 1. 25 sq 73 Scholies à Platon,
II, p. 296, 1. 5sq 71 Apologie de Socrate, 22 a 35
In Platonis Timaeum Sénèque, De beneficiis, 4,
commentaria, 8,1 38
I, p. 63, 1. 4sq 66 Dialogues, 6, 26, 6 24
I, p. 135, 1. 21 sq 71 9,10,3 31
I, p. 142, 1. 20 sq.. ...... 67 Questions naturelles, 2,
I, p. 169, 1.20-1 72 2, 2 26
I, p. 170, 1. 19 sq 71 3, 27 sq 24
I, p. 179, 1. 33 sq 73 3, 29, 1. 21
I, p. 191,1. 6 sq 70 Servius, ad Aen., 3, 376. . . 28
I, p. 313, 1. 6sq 49 Suétone, Auguste, 94, 14-
I, p. 314, 1. 19 55 15 31
I, p. 319, 1. 5..... 72 Synésios, De insomniis,
II, p. 24, 1. 19 sq 51 142 a 62
II, p. 53, 1. 18 sq 50 Hymnes, 3 Meunier,
II, p. 54, 1.8 56 278 sq 61
II, p. 63, 1. 9sq 73 4 Meunier, 190 sq 62
II, p. 112, 1. 1 sq 48 Tertullien, De pudicitia, 2. 8
II, p. 198, 1. 2sq... 69 Thémistios, 32, 363 c-d. ... 30
86 AUREA CATENA HOMERI
IL Index nominum
N. B. Le mot Homère, trop souvent cité, ne figure pas dans cet Index.
Les noms mentionnés dans les notes n'ont été relevés que s'ils ne se trouvent pas
dans le texte de la même page.
Introduction 7
Conclusion 53
Appendice I. Les chaînes divines chez Proclos 61
Appendice IL L'opuscule de Psellos sur la chaîne d'or 77
Indices 83
I. Index locorum 83
II. Index nominum 86
Table des matières 89