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7-200-A-20

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 7-200-A-20

Porphyries hépatiques
R Gérolami
I Portal
M Bourlière
Résumé. – Les porphyries sont des maladies dues à la diminution d’activité d’une des enzymes de la chaîne
de synthèse de l’hème. Cette anomalie aboutit à la production en excès des précurseurs de l’hème, différents
suivant le niveau où siège le déficit enzymatique. Les porphyries se manifestent par des atteintes
neuropsychiatriques aiguës, cutanées et hépatiques. L’expression clinique de la maladie est très variable d’un
patient à l’autre et souvent liée à des facteurs exogènes, notamment les prises médicamenteuses. Le foie est
impliqué à double titre dans les porphyries, d’une part en tant qu’organe producteur des précurseurs de
l’hème responsables de la symptomatologie (c’est le cas dans la plupart des porphyries), d’autre part en tant
qu’organe cible de la maladie. Ainsi, dans la porphyrie cutanée tardive et dans la protoporphyrie,
l’accumulation intrahépatique des porphyrines aboutit à une hépatopathie chronique.
© 2000 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Introduction Localisation Enzyme Porphyrie

Glycine + succinylcholine A
Les porphyries sont des maladies métaboliques caractérisées par des ALA synthétase
anomalies de la synthèse de l’hème avec accumulation et excrétions
Mitochondrie Acide delta aminolévulinique (ALA)
des précurseurs de l’hème : les porphyrines. Les porphyrines sont
des pigments rouges de structure cyclique tétrapyrrolique. Suivant ALA déshydratase (ALAD) Déficit en ALA déshydratase
les substituants (acétyle, propionyle, méthyle, vinyle...) qui leur sont Porphobilinogène (PBG)
associés, on définit différents types de porphyrines : uro-, copro- et
PBG déaminase (PBGD) Porphyrie aiguë intermittente (PAI)
protoporphyrines. La liaison d’un atome de fer à un noyau
protoporphyrique donne un noyau « hème ». La synthèse de l’hème Uroporphyrinogène (UPG) I
Cytoplasme
dépend de huit enzymes. Chaque type de porphyrie correspond à
une diminution d’activité d’une enzyme de cette chaîne. Les gènes UPGIII cosynthétase Porphyrie congénitale
érythropoïétique
codant pour chacune de ces enzymes sont désormais connus et
Uroporphyrinogène III
séquencés (fig 1) [49].
L’hème est un constituant de toutes les hémoprotéines. Les plus UPG décarboxylase (UPG-D) Porphyrie cutanée tardive (PCT)
connues sont l’hémoglobine, la myoglobine, les peroxydases, la
Coproporphyrinogène (CPG)
catalase et les cytochromes. Toutes les cellules de l’organisme sont
capables de synthétiser l’hème ; néanmoins la synthèse la plus CPG oxydase Coproporphyrie héréditaire (CH)
importante se fait dans la moelle osseuse pour la production
d’hémoglobine. Le foie synthétise environ 20 % de l’hème de Protoporphyrinogène (PPG)

l’organisme en particulier pour la synthèse des cytochromes P-450


Protoporphyrinogène oxydase (PPO) Porphyrie variegata (PV)
qui jouent un rôle capital dans le métabolisme des xénobiotiques.
Un déficit complet de la synthèse de l’hème est incompatible avec la Mitochondrie Protoporphyrine (PROTO)
vie. Les déficits sont donc toujours partiels.
Hème synthétase Protoporphyrie érythropoïétique (PT)
Cliniquement, les porphyries peuvent toucher le système nerveux,
la peau et le foie. Beaucoup de patients sont asymptomatiques et ce Hème
sont des facteurs génétiques associés ou environnementaux qui font 1 Chaîne métabolique de la synthèse de l’hème et porphyries associées.
s’exprimer la maladie. Parmi les facteurs déclenchants, en particulier
des crises aiguës, les plus habituels sont les médicaments. Les plus disponible sur le service minitel 3617 AFARP, ou au Centre français
fréquemment responsables sont les barbituriques, les œstrogènes, les des porphyries, 178, rue Renouillers 92700 Colombes. Tél : 0033
phénytoïnes et les sulfamides. La liste complète des médicaments (0)1 47 60 63 34.
susceptibles de provoquer une crise est régulièrement mise à jour et
Le foie est doublement impliqué dans les porphyries. Tout d’abord
en tant que site de production des porphyrines en excès [58]. C’est le
cas dans les porphyries aiguës et dans la porphyrie cutanée tardive.
René Gérolami : Chef de clinique-assistant des Hôpitaux. Ensuite, le foie peut être le siège de l’accumulation de certaines
Isabelle Portal : Praticien hospitalier des Hôpitaux.
Marc Bourlière : Chef de service. porphyrines aboutissant à une hépatopathie chronique. C’est le cas
Service d’hépato-gastro-entérologie, hôpital Saint-Joseph, 2, boulevard de Louvain, 13008 Marseille, France. dans la porphyrie cutanée tardive et la protoporphyrie. Par ailleurs,

Toute référence à cet article doit porter la mention : Gérolami R, Portal I et Bourlière M. Porphyries hépatiques. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Hépatologie, 7-200-A-20,
2000, 8 p.
7-200-A-20 Porphyries hépatiques Hépatologie

certaines hépatopathies chronique, notamment virales, peuvent être (PAI) avec douleurs abdominales, vomissements, douleurs des
le facteur déclenchant de l’expression clinique de certaines membres et paralysie, polyneuropathie. Comme dans la PAI, elles
porphyries comme la porphyrie cutanée tardive. Le foie n’est pas peuvent être provoquées par le stress, la prise d’alcool, le jeûne [18].
impliqué dans la porphyrie érythropoïétique familiale ou maladie
de Günther que nous n’étudierons pas ici (fig 1). ¶ Diagnostic
Les dosages des porphyrines sanguine, fécale et urinaire sont
Sur le plan biologique, il existe une élévation de l’ALA urinaire avec
délicats. Pour le dosage des porphyrines urinaires, il faut éviter
un PBG urinaire très peu élevé. Les porphyrines urinaires sont
l’exposition à la lumière, la température élevée et les contaminations
également élevées. L’activité de l’ALAD érythrocytaire et non
bactériennes. Pour le dosage des porphyrines fécales, il est
érythrocytaire est effondrée chez les patients atteints et diminuée de
indispensable de demander au malade d’éviter pendant 3 jours, tout
50 % chez leurs parents [57].
aliment comprenant de la chlorophylle ou de la protoporphyrine
(viande saignante par exemple).
¶ Traitement
Il repose sur l’administration intraveineuse de glucose et la
Cascade de synthèse de l’hème perfusion d’hème au cours des crises aiguës et la suppression des
et porphyries associées facteurs déclenchants. Dans un cas sévère, la transplantation
hépatique a permis d’améliorer le patient [66].
ACIDE DELTA AMINOLÉVULINIQUE SYNTHÉTASE
La première réaction de la synthèse de l’hème se fait dans la lumière PORPHYRIE AIGUË INTERMITTENTE
mitochondriale par l’enzyme acide delta aminolévulinique La porphyrie aiguë intermittente (PAI) résulte d’un déficit en
synthétase (ALA-synthétase). Deux gènes nucléaires codent pour porphobilinogène désaminase (PBGD), troisième enzyme de la
cette enzyme. L’un n’est exprimé que dans la moelle osseuse par les cascade de synthèse de l’hème. Ce déficit induit une
précurseurs des globules rouges, le second, ubiquitaire, est exprimé hyperexpression de la 5-aminolévulinate synthétase. Le tout aboutit
dans les autres cellules de l’organisme notamment dans le foie. Dans dans le foie à une production en excès des précurseurs qui sont
le foie, l’hème effectue un rétrocontrôle négatif sur cette enzyme en éliminés en très forte quantité dans les urines. Bien que l’origine
diminuant sa synthèse mais également sa translocation dans la principale de la production d’ALA et de PBG soit hépatique, il n’y a
mitochondrie [59, 70]. Le fer n’interviendrait pas dans la régulation de pas d’atteinte du foie dans la PAI.
l’ALA-synthétase ubiquitaire alors qu’il contrôle celle de l’ALA-
synthétase spécifique de la lignée érythroïde (présence d’un iron ¶ Épidémiologie
responsive element) [7]. Il n’existe pas de cas de déficit connu de ces
enzymes. En revanche, la carence en hème qui peut se démasquer C’est la plus fréquente des porphyries aiguës. Elle se transmet sur le
dans les déficits enzymatiques en aval dans la chaîne de synthèse mode autosomique dominant à pénétrance variable. Elle touche
de l’hème stimule l’activité de l’ALA-synthétase et aggrave la préférentiellement la femme. Dans les pays occidentaux, la
production de précurseurs de l’hème. prévalence de la maladie serait de l’ordre de 1 à 2 pour 100 000. La
Suède est une exception avec une prévalence particulièrement élevée
pouvant atteindre 1 pour 1 000 dans le nord du pays. La pénétrance
DÉFICIT EN ACIDE DELTA AMINOLÉVULINATE
DÉSHYDRATASE
de la maladie est variable et, dans les familles atteintes, 80 à 90 %
des porteurs du gène sont asymptomatiques [24].
L’acide delta aminolévulinate déshydratase (ALAD) est la deuxième
enzyme de la chaîne de synthèse de l’hème. Elle catalyse la ¶ Génétique
formation de porphobilinogène (PBG) à partir de deux molécules
d’ALA. Elle est présente en abondance dans le foie (100 fois plus Le gène codant pour la PBGD est situé sur le chromosome 11 en
que l’ALA-synthétase). Elle est inhibée par le plomb et par la position q24. La transcription de ce gène produit deux acides
succinylacétone analogue de l’ALA présent chez les patients atteints ribonucléiques messagers (ARNm) différents, chacun étant sous le
de tyrosinémie héréditaire. contrôle de deux promoteurs. Le premier est actif dans l’ensemble
des cellules de l’organisme, le deuxième est spécifique de la lignée
¶ Épidémiologie érythropoïétique [6].
Le déficit congénital en ALAD est une maladie très rare, Les patients atteints de PAI ont une activité de PBGD diminuée de
autosomique récessive [17, 18]. Seulement quatre cas ont été rapportés 50 % dans toutes les cellules de l’organisme. Une exception concerne
dans la littérature. Les manifestations cliniques seraient également les mutations touchant l’exon-1 du gène. Celui-ci n’étant pas présent
secondaires à une hyperexpression réactionnelle de l’ALA- dans l’ARNm spécifique de la lignée érythrocytaire, l’activité
synthétase. Deux patients ont présenté la maladie à l’âge de 15 enzymatique est normale dans les globules rouges [25]. Dans la PAI
ans [18], un dès la naissance [67] et le quatrième vers 60 ans [26]. Les classique, une centaine de mutations ont été décrites. Soixante-
patients hétérozygotes sont totalement asymptomatiques [3]. Ils quinze pour cent sont des substitutions d’une base. Ces mutations
seraient néanmoins des patients potentiellement à risque en cas aboutissent à l’absence de synthèse par l’allèle muté dans 85 % des
d’exposition à des produits inhibant l’ALAD, comme le plomb ou le cas et à la synthèse d’une protéine anormale dans les 15 % restants.
trichloréthylène [57]. Il n’y a pas de relation claire entre le type de mutation et la sévérité
de la symptomatologie. Si une même mutation est retrouvée dans
¶ Génétique environ 50 % des familles atteintes en Suède et une autre dans 30 %
Le gène codant pour l’ALAD est localisé en 9q34. Son expression est des familles en Hollande, en dehors de ces régions, chaque famille
régulée par deux promoteurs différents dont un spécifique de la présente une mutation qui lui est propre [24].
lignée érythrocytaire [57]. Les anomalies génétiques en cause sont
multiples. Il s’agit de mutations ponctuelles aboutissant à un ¶ Clinique
changement d’acide aminé. Les patients sont tous des doubles Les douleurs abdominales sont le symptôme le plus fréquent. Elles
hétérozygotes. sont intenses et diffuses. L’examen clinique et les examens
radiologiques sont normaux. Elles peuvent s’accompagner de
¶ Clinique
nausées, de vomissements et d’une constipation. Des manifestations
Cliniquement, la maladie se présente sous la forme de crises aiguës végétatives (tachycardie, hypertension artérielle), une fébricule
semblables à celles observées dans la porphyrie aiguë intermittente discrète, une hypersudation et une insomnie sont également

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Hépatologie Porphyries hépatiques 7-200-A-20

fréquentes. Ce tableau doit faire rechercher la classique coloration Administré suffisamment précocement (dans les premières
rouge « porto » des urines qui oriente vers la recherche d’une 24 heures), l’hème arginate est constamment efficace dans le
porphyrinurie. Dans 20 à 30 % des cas, les douleurs abdominales traitement de la crise. Les cas décrits d’échec du traitement
s’accompagnent de manifestations psychiatriques (dépression, correspondent le plus souvent à des patients traités tardivement
anxiété, hallucinations...). L’évolution de la crise aiguë est le plus présentant déjà des signes neurologiques [ 2 3 ] . La posologie
souvent favorable en quelques jours. Il peut arriver que la habituellement utilisée est de 3 mg/kg/j.
prolongation de la crise entraîne une perte de poids importante Le traitement préventif consiste à éviter les drogues suspectes de
pouvant conduire à une cachexie. Les crises sévères s’accompagnent provoquer des crises aiguës notamment les contraceptifs
de signes neurologiques à type de confusion : torpeur, crise œstroprogestatifs et les autres facteurs déclenchants. Ce traitement
d’épilepsie ou de parésies motrices touchant les membres. L’atteinte préventif est également nécessaire chez les patients porteurs du gène
des nerfs crâniens (le VII et le X sont le plus fréquemment touchés) n’ayant jamais présenté de crise.
peut aboutir à un tableau de paralysie bulbaire et au décès du
patient. Lorsque les manifestations neurologiques apparaissent, il
faut toujours redouter leur extension qui peut aboutir à des PORPHYRIE CUTANÉE TARDIVE
quadriplégies (pseudo-Guillain-Barré) menaçant le malade de La porphyrie cutanée symptomatique ou porphyrie cutanée tardive
paralysie respiratoire, voire de mort subite. Ces manifestations (PCT) est la plus fréquente des porphyries [48]. Elle est caractérisée
nécessitent l’hospitalisation en unité de réanimation et la régression par un déficit en uroporphyrinogène-décarboxylase (UPG-D)
des paralysies est relativement lente, en moyenne 10 mois. d’origine hépatique ou tissulaire diffus selon le type de PCT. Elle a
L’hyponatrémie est fréquente mais pas systématique. Elle peut être pour conséquence l’accumulation d’uroporphyrine entraînant des
liée soit à une surcharge hydrique intempestive, soit à une perte manifestations cutanées souvent au premier plan et une atteinte
d’origine digestive, soit à une sécrétion inappropriée d’hormone hépatique. Par ailleurs, certaines hépatopathies chroniques
antidiurétique (ADH). Les crises aiguës sont le plus souvent notamment virales sont souvent des facteurs déclenchants de
déclenchées par des médicaments ou des produits inducteurs du l’expression clinique de la maladie. Il n’y a pas de crise douloureuse
cytochrome P450. Des facteurs hormonaux sont également en cause. ni de manifestation neuropsychiatrique.
Ainsi, la maladie s’exprime plus volontiers chez les femmes et les
crises sont plus fréquentes en période prémenstruelle. Le jeûne, ¶ Épidémiologie
l’alcool, le stress, la fatigue peuvent également favoriser les crises.
L’atteinte du système nerveux semble être à l’origine des Trois ou quatre types de PCT peuvent être individualisés :
symptômes. La physiopathologie de cette atteinte n’est à l’heure – le type I ou PCT sporadique correspond à un déficit exclusivement
actuelle pas bien connue. Les taux élevés de ALA et le déficit en hépatique de l’activité enzymatique ; il est le plus souvent observé
hème pourraient avoir une toxicité sur le système nerveux, directe chez des patients masculins entre 40 et 50 ans ; il représente 85 %
pour l’ALA, secondaire à des troubles du métabolisme du des PCT en France [48] et s’accompagne fréquemment d’une atteinte
tryptophane pour l’hème [40]. hépatique ; son apparition est déclenchée par des facteurs
inducteurs ; l’activité enzymatique de l’UPG-D dans les globules
¶ Diagnostic rouges de ces patients est normale ;
Le diagnostic de porphyrie aiguë repose sur la mise en évidence, – le type II ou PCT familiale est en rapport avec un déficit tissulaire
pendant la crise aiguë, de taux élevés de ALA et de PBG dans les diffus de l’enzyme et correspond à une maladie autosomique
urines et dans le sang [24]. dominante [11] ; il apparaît plus précocement, parfois avant même la
Le diagnostic génétique est important à poser afin de dépister les puberté et est observé également dans les deux sexes ; plusieurs
porteurs du gène muté susceptibles de faire des crises en cas membres de la famille peuvent en être cliniquement atteints.
d’exposition à un facteur favorisant notamment médicamenteux. L’activité UPG-D est diminuée de 50 % dans les globules rouges de
ces patients ;
Le dépistage était auparavant basé sur le dosage de l’activité de la
PBGD érythrocytaire. Outre le fait que certaines PAI ne – le type III, exceptionnel, est la porphyrie hépatoérythrocytaire qui
s’accompagnent pas d’une diminution de l’activité de la PBGD dans correspond à une forme homozygote de la PCT familiale [12] ; les
le globule rouge, des porteurs du gène peuvent avoir une activité manifestations cliniques apparaissent avant la puberté [19] ;
dans la limite de la normale en dehors des crises. Le diagnostic – le type IV est discuté : il s’agit de la forme toxique où l’inhibition
génétique précis de la mutation est donc important à déterminer. Il de l’UPG-D intrahépatique est induite par un agent chimique
nécessite le plus souvent un séquençage complet des exons [24]. exogène.

¶ Traitement ¶ Génétique
En cas de crise aiguë, il faut supprimer tout facteur susceptible de Le gène de l’UPG-D est situé sur le chromosome 1 (1p34). Il mesure
l’avoir provoquée. Le traitement repose ensuite sur les antalgiques environ 3 kb et contient 10 exons. Dans la PCT familiale
essentiellement chlorpromazine et péthidine, les antiémétiques et la autosomique dominante, les anomalies en cause sont le plus souvent
réhydratation. Les apports en hydrates de carbone peuvent être des mutations ponctuelles [49].
bénéfiques. Les analogues de la LH-RH (luteinizing hormone-releasing
hormone) ont été utilisés pour bloquer l’ovulation en cas de crise ¶ Clinique
prémenstruelle permettant de diminuer l’intensité de la crise.
La PCT associe des manifestations cutanées, souvent au premier
La perfusion d’hème est efficace dans la crise aiguë [65]. L’hème
plan et une atteinte hépatique.
permet en effet, chez les patients porphyriques, de diminuer
l’excrétion urinaire d’ALA, de PBG et de porphyrines. L’efficacité
Atteinte cutanée
de ce traitement a initialement été démontrée à la fin des années
1960 en utilisant de l’hématine. Ce composé était instable et à Elle consiste en des vésicules ou des bulles cutanées plus ou moins
l’origine de complications, en particulier d’anomalies de la douloureuses prédominant au niveau des zones exposées au soleil.
coagulation et de thrombophlébites. Celles-ci atteignaient jusqu’à Elles peuvent apparaître après des traumatismes minimes. Les
38 % des patients dans une série [65]. À la fin des années 1980, un lésions cutanées peuvent s’éroder ou s’infecter. Elles vont cicatriser
dérivé de l’hème plus stable a été commercialisé : l’hème arginate lentement en laissant des cicatrices plus souvent hyper-
(Normosangt). Avec ce composé, les thrombophlébites paraissent qu’hypopigmentées. On a également décrit une hypertrichose
beaucoup plus rares (moins de 1 % des patients traités) [46] . faciale, une hyperpigmentation, une alopécie [49]. Ces manifestations

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7-200-A-20 Porphyries hépatiques Hépatologie

associées à la coloration rouge foncé ou brune des urines permettent et à 50 % de la normale dans la forme familiale. Dans les deux types
souvent d’affirmer le diagnostic. Ces lésions cutanées sont proches de PCT, l’expression clinique de la maladie est favorisée par un
de celles observées dans la porphyrie variegata et la coproporphyrie mécanisme dépendant du fer qui inactive les sites actifs de l’UPG-D
héréditaire. dans le foie [44]. Cette diminution de l’activité de l’enzyme conduit à
l’accumulation de cristaux d’uroporphyrine dans le foie. Une étude
Atteinte hépatique morphométrique montre que ces cristaux et les dépôts de fer sont
plus nombreux dans le foie et surviennent plus précocement au
Elle est fréquente et le plus souvent asymptomatique. Les lésions
cours des formes familiales suggérant que la diminution plus
histologiques du foie sont variables, soit mineures à type de stéatose,
importante de l’activité de l’UPG-D observée dans les formes
sidérose et inflammation portale discrète, soit majeures à type de
familiales augmente la sensibilité à l’effet toxique du fer [61]. Le rôle
fibrose ou cirrhose. Les perturbations du bilan hépatique ne sont
primordial du fer est attesté par la place essentielle des saignées
pas spécifiques. On note souvent une élévation modérée des
dans le traitement curatif des PCT. La cause de la surcharge en fer
transaminases et des phosphatases alcalines. Le fer sérique et la
reste incertaine. Une augmentation de l’absorption intestinale du fer
ferritinémie sont souvent modérément augmentés. Plus spécifique,
a été démontrée [51]. Plusieurs études ont montré une association
mais inconstante, est la présence dans les hépatocytes de cristaux
entre l’existence de mutations du gène de l’hémochromatose
d’uroporphyrines en forme d’aiguille. La survenue d’un carcinome
génétique (gène HFE) et la PCT. Deux études, anglaise et
hépatocellulaire (CHC) est plus fréquente au cours de la PCT. Les
australienne, ont trouvé la mutation C282Y chez 44 % des patients
mécanismes favorisant le développement d’un CHC restent
atteints de PCT sporadique, 17 % de ces patients étaient
incertains. Il se développe surtout en présence d’une cirrhose
homozygotes dans l’étude anglaise et 11 % dans l’étude australienne
constituée et après une évolution prolongée (supérieure à 10 ans) [52, 64]
. L’association de la PCT avec une autre mutation du gène HFE
d’une PCT symptomatique et non traitée. Par ailleurs des PCT
(H63D) a été rapportée par une étude italienne [55]. Ainsi, une
« paranéoplasiques » ont été rapportées au cours du CHC [5].
association fortuite avec le gène HFE s’observe dans près de la
moitié des cas et joue sans doute un rôle important dans l’expression
¶ Diagnostic
de la maladie dans certaines populations. L’excès d’alcool et
Le diagnostic de PCT repose sur la franche augmentation des l’infection par le virus C pourraient également favoriser
porphyrines urinaires, principalement l’isomère I de l’uroporphyrine l’hépatotoxicité par l’intermédiaire du fer.
et l’isomère III de la porphyrine hépatocarboxylique et aussi
des coproporphyrines avec un rapport uroporphyrines/ Hépatopathies associées : rôle des virus hépatotropes
coproporphyrines supérieur à trois. L’ALA et le PBG sont le plus Toutes les causes d’hépatopathie chronique semblent pouvoir
souvent normaux. Le type de PCT est déterminé par le dosage de favoriser l’expression clinique de la maladie. Au premier rang,
l’activité UPG-D érythrocytaire. l’infection par le virus de l’hépatite C (VHC) joue un rôle important.
De fortes prévalences de l’anticorps anti-VHC (entre 58 et 91 %) sont
¶ Facteurs déclenchants retrouvées au cours des PCT sporadiques dans les populations du
L’expression clinique de la maladie et surtout des formes sud de l’Europe, en Écosse et aux États-Unis [2, 9, 14, 21, 22, 28, 31, 33-35, 47]. Si
sporadiques est liée à certains facteurs déclenchants qui sont certaines études ont rapporté des prévalences d’anticorps anti-VHC
essentiellement : plus faibles, elles sont toujours supérieures à celles observées dans
la population générale [10, 45, 54, 62, 63] (tableau I). De plus, la prévalence
– l’alcool ; des anticorps anti-VHC augmente avec la sévérité des lésions
– la surcharge en fer ; histologiques dans la plupart des études [14, 21, 28, 31] (tableau II). Les
mécanismes par lesquels le virus C déclenche l’expression clinique
– une hépatopathie associée souvent virale ; de la PCT restent mal connus [41]. Le virus d’immunodéficience
– les médicaments. humaine et le virus de l’hépatite B (VHB) ont également été
impliqués mais avec une fréquence moindre que le VHC dans le
Alcool déclenchement de PCT [28, 33]. Enfin, deux cas de PCT sporadique
apparus au cours d’une hépatite virale A prolongée ont été décrits
Un éthylisme est fréquemment noté chez les patients exprimant une [1, 29]
. Ceci suggère que le rôle spécifique de tel ou tel virus a peut-
PCT. Les mécanismes d’action sont discutés. L’ingestion d’alcool
être moins d’importance que la durée de l’atteinte hépatique.
entraîne une diminution de l’UPG-D et une augmentation de
L’ALA-synthétase.
Rôle des médicaments
Rôle du fer De très nombreux médicaments, notamment la plupart des drogues
« porphyrogéniques » se sont révélés facteurs déclenchants ou
La surcharge en fer joue un rôle primordial parmi les facteurs
aggravants de PCT. Certains malades peuvent avoir pris ces
déclenchant l’apparition clinique de la PCT. Elle est fréquente même
médicaments pendant de nombreuses années avant que la maladie
si elle est le plus souvent modérée. Le fer sérique est élevé chez plus
ne se développe. Parmi ceux qui sont le plus fréquemment en cause,
de 60 % des patients et une sidérose hépatique est décrite chez au
citons les contraceptifs oraux contenant des œstrogènes, les
moins 80 % des malades [61]. Le fer inhibe l’activité de l’UPG-D. In
barbituriques, les sulfamides, les antiépileptiques, la
vitro, deux mécanismes ont été proposés :
cyclophosphamide [49] . Enfin, des cas de pseudo-PCT ont été
– une interaction directe entre le fer et l’UPG-D, soit par un rapportés chez le transplanté hépatique et pourraient être dus à la
mécanisme oxygène indépendant quand le fer interagit avec le ciclosporine [60]. L’ingestion accidentelle d’hexachlorobenzène et
groupe sulfhydryle du site catalytique de l’enzyme, soit par un l’exposition au tétrachloro-dibenzo-p-dioxine peuvent déclencher
mécanisme oxygène dépendant quand le fer, en présence d’électron des PCT [48].
libre, forme des radicaux libres qui détériorent l’enzyme [43] ;
¶ Traitement
– une interaction indirecte par la production via le fer de radicaux
libres qui peuvent réagir, soit avec l’uroporphyrinogène le substrat Le traitement préventif repose d’abord sur la suppression des
de l’enzyme, soit avec une autre cible pour former un inhibiteur de facteurs déclenchants que sont l’alcool et les médicaments
l’enzyme [42]. porphyrogéniques, mais aussi sur la prévention des hépatites A et B
In vivo, Elder et al [20] ont montré une diminution de l’activité de par la vaccination.
l’UPG-D dans le foie chez les patients atteints de PCT avec retour à Les saignées (250 à 500 mL) espacées de 10 à 12 jours permettent
la normale après traitement par saignées dans la forme sporadique d’obtenir une amélioration clinique puis biologique en 6 mois

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Hépatologie Porphyries hépatiques 7-200-A-20

Tableau I. – Prévalence des marqueurs des virus C et B chez 620 patients atteints de porphyrie cutanée tardive de type I ou II.

Ac anti-VHC(2) ARN VHC par PCR Ac anti-HBc


Auteurs (référence) Pays Nombre de malades Nombre de malades
Pourcentage positif Pourcentage positif
testés pourcentage positif
[28]
Herrero et al Espagne 100 (95/5)(1) 75 % (79/0 %) 18/100 % 21 %
[10]
D’Alessandro et al Italie 110 (68/42)(1) 23 % ND 20 %
[21] (1)
Fargion et al Italie 74 (70/4) 76 % (76/75 %) 74/66 % 42 %
[14]
DeCastro et al Espagne 34 71 % ND 39 %

Lacour et al [34] France 13 76,1 % ND 15 %

Andreone et al [31] Italie 9 67 % 8/89 % 0%

Hussain et al [31] Ecosse 12 91 % 12/91 % ND

Navas et al [47] Espagne 34 91 % 32/66 % 41 %


[22]
Ferri et al Italie 23 91 % 22/77 % 22 %

Cribier et al [9] France 13 (12/1)(1) 54 % (58/0 %) 13/58 % 23 %


[35]
Lim et al États-Unis 9 89 % ND 33 %

Koester et al [33]

Salmon et al [54] Australasie 25 0% ND ND


[63] (1)
Stölzel et al Allemagne 106 (100/6) 8 % (7/17 %) 8/100 % 13 %
[62]
Siersema et al Pays-Bas 38 18 % ND 29 %
[45]
Murphy et al Irlande 20 10 % 2/100 % 0%

(1) Porphyrie cutanée tardive de type I / porphyrie cutanée tardive de type II ; (2) anticorps antivirus de l’hépatite C (VHC) par enzyme linked immunosorbent assay (Elisa) II et recombinant immunoblot assay (Riba) II ; ND : non déterminé.
PCR : polymerase chain reaction ; ARN : acide ribonucléique.

Tableau II. – Relation entre les lésions histologiques du foie et la présence d’anticorps de l’hépatite C (VHC) par enzyme linked immunosorbent
assay (Elisa) II et recombinant immunoblot assay (Riba) II chez les patients atteints de porphyrie cutanée tardive.

Lésions histologiques

Auteurs Nombre de malades Nombre de malades / pourcentage AC anti-VHC positifs

Stéatose / sidérose HCP HCA Cirrhose CHC


[28]
Herrero et al 74 10 / 20 % 20 / 60 % 35 / 97 % 5 / 100 % 4 / 100 %
Fargion et al [21] 42 7 / 85 % 22 / 100 % 13 / 77 %
DeCastro et al [14] 20 9 / 33 % 2 / 100 % 8 / 88 % 1 / 100 %
Hussain et al [31] 12 1/0% 6 / 100 % 4 / 100 % 1 / 100 %

CHC : carcinome hépatocellulaire ; HCA : hépatite chronique active ; HCP : hépatite chronique persistante.

environ, voire plus. Le traitement par desféroxamine donne des ¶ Génétique


résultats comparables. La chloroquine (Nivaquinet) à la dose de 200 Le gène codant pour la coproporphyrinogène oxydase est situé sur
à 250 mg par semaine pendant 4 à 6 mois a une efficacité reconnue le chromosome 3q12. Il mesure 14 kb et contient sept exons pour six
mais est potentiellement hépatotoxique [49]. Le taux de rechute est introns. Il contient deux signaux de polyadénylation qui pourraient
plus important qu’avec les saignées. expliquer que son expression, placée sous le contrôle d’un
La surveillance s’effectue sur la ferritinémie, le fer sérique et les taux promoteur unique est différente dans les cellules érythrocytaires et
de porphyrines urinaires. non érythrocytaires [ 1 5 ] . La maladie est génétiquement très
hétérogène.
COPROPORPHYRIE HÉRÉDITAIRE ¶ Clinique
La coproporphyrie héréditaire (CH) est une porphyrie aiguë rare La symptomatologie des crises aiguës est identique à celle observée
due à un déficit en coproporphyrinogène oxydase. Cette enzyme, dans la PAI. Il s’y ajoute la photosensibilité qui n’est pas présente en
sixième dans la cascade de synthèse de l’hème, catalyse la réaction cas de PAI. Un ictère est présent dans 15 à 20 % des attaques. Il
produisant du protoporphyrinogène (PPG) à partir du semble favoriser les manifestations de photosensibilité, peut-être par
coproporphyrinogène (CPG). La très forte augmentation de un mécanisme d’inhibition de la bilirubine sur la
l’excrétion fécale de CPG permet de porter le diagnostic de CH coproporphyrinogène oxydase [53]. Si les crises paraissent moins
devant un tableau clinique de porphyrie aiguë [38]. sévères que dans la PAI, des cas de paralysie respiratoire mortelle
ont été rapportés [37].
¶ Épidémiologie ¶ Diagnostic
La CH est beaucoup moins fréquente que la PAI ou la porphyrie Le diagnostic au cours de la crise repose sur la mise en évidence
variegata. Elle se transmet sur le mode autosomique dominant. d’une élévation très importante du CPG dans les fèces et dans les
Comme pour la PAI, de nombreux porteurs du gène restent urines. L’examen aux ultraviolets montre typiquement une
cliniquement asymptomatiques et moins de 30 % d’entre eux fluorescence rouge intense. En phase aiguë, il existe également une
développent des crises aiguës. On note une prédominance féminine élévation du PBG et de l’ALA urinaires qui peuvent revenir à la
dans l’expression de la maladie [38]. normale entre les crises [38].

5
7-200-A-20 Porphyries hépatiques Hépatologie

¶ Traitement déclenchants et éventuellement à l’administration d’hème. Le


traitement des lésions cutanées consiste à se protéger au maximum
Le traitement de la crise, identique à celui de la PAI, repose sur de l’exposition au soleil. Les β-carotènes paraissent peu efficaces.
l’éviction des facteurs déclenchants, la réhydratation, les antalgiques
et désormais sur l’administration d’hème. Celle-ci est aussi efficace
dans la CH que dans la PAI [38]. PROTOPORPHYRIE
La protoporphyrie (PT) est due à un déficit en ferrochélatase (hème
PORPHYRIE VARIEGATA synthétase), enzyme aboutissant à la synthèse de l’hème à partir de
la protoporphyrine (PROTO). Ses manifestations cliniques sont dues
La porphyrie variegata (PV) est due à la diminution d’activité de la
à l’hyperproduction des précurseurs de l’hème et notamment la
protoporphyrinogène oxydase (PPO), septième enzyme de la
PROTO. Elle se caractérise par une photosensibilité cutanée et peut
synthèse de l’hème. Elle associe une photosensibilisation cutanée à
s’accompagner d’une hépatopathie chronique. Les taux de
des crises aiguës [32].
porphyrines urinaires sont normaux chez ces malades. La PT n’est
pas à proprement parler une porphyrie hépatique car la majeure
¶ Épidémiologie
partie de la production de PROTO en excès se fait dans la moelle
La PV a été décrite dans tous les continents. Elle est particulièrement osseuse et non pas dans le foie [8].
fréquente en Afrique du Sud chez les Boers, où la prévalence peut
atteindre 3/1 000 [13]. Les différentes familles atteintes semblent avoir ¶ Épidémiologie, génétique
un ancêtre commun installé en Afrique du Sud vers la fin du XVIIe
siècle. La maladie se transmet selon le mode autosomique dominant. La PT se transmet le plus souvent selon un mode autosomique
Quelques cas de déficit homozygote ont été décrits [30]. apparemment dominant. Quelques cas de transmission récessive ont
cependant été décrits. La pénétrance de la maladie paraît être en fait
¶ Génétique très variable et le mode de transmission exact n’est pas encore
tranché [8]. La maladie semble s’exprimer préférentiellement chez les
Le gène codant pour la PPO est situé sur le bras long du hommes plutôt que chez les femmes.
chromosome 1 (1q23). De nombreuses mutations ont été identifiées. Le gène codant pour la ferrochélatase est situé sur le chromosome
La plus fréquente, à l’origine des cas rapportés en Afrique du Sud 18q22 [69]. Différents types de mutations ont été décrits (non-sens,
touche le codon 59 (C- > T) [39]. Certains patients sont doublement anomalies d’épissage, délétions intragéniques...) dont le
hétérozygotes. Un cas d’homozygote vrai a été décrit [32]. retentissement sur la fonction de la protéine est très variable [8].
¶ Clinique Les complications hépatiques sévères ont été décrites chez des
patients hétérozygotes, néanmoins, elles seraient plus
La maladie se manifeste le plus souvent entre 30 et 40 ans. La PV caractéristiques des patients homozygotes ou doubles
associe des manifestations cutanées et des crises aiguës comparables hétérozygotes [56].
aux crises observées dans la porphyrie aiguë intermittente et dans
la coproporphyrie héréditaire. Le caractère plus fréquent des crises ¶ Physiopathologie
chez la femme, notamment en période prémenstruelle, observé dans
la PAI ne se retrouve pas dans la PV. Les crises paraissent finalement La maladie est due à une surcharge de l’organisme en PROTO.
plus rares dans la PV que dans la PAI et sont également moins Celle-ci peut avoir une double origine médullaire et hépatique.
sévères. Ainsi, un traitement par hème a été nécessaire dans moins L’existence d’un modèle animal chez la souris et les résultats
de 50 % des crises en cas de PV contre près de 80 % en cas de PAI [32]. obtenus après transplantation hépatique ont permis de progresser
dans la compréhension de la maladie. Chez la souris, où la maladie
Chez les patients homozygotes ou doubles hétérozygotes, les
se transmet selon un mode autosomique récessif, la maladie est
manifestations cutanées sont particulièrement précoces, pouvant
corrigée par la greffe de moelle osseuse. Cependant, les souris
apparaître quelques jours après la naissance. Elles finissent par
normales subissant une greffe de moelle osseuse à partir d’un
aboutir à de véritables photomutilations. Les patients présentent
donneur malade développent une photosensitivité mais pas de
également des crises d’épilepsie et une fois sur deux un retard
maladie hépatique [68] . Chez l’homme après transplantation
mental. Les crises aiguës n’ont pas été décrites chez ces patients [30].
hépatique, la photosensitivité persiste ainsi que les taux élevés de
PROTO dans les globules rouges. De plus, la surcharge hépatique
¶ Diagnostic
en PROTO réapparaît progressivement [4] . Le site majeur de
Le marqueur de la PV est l’élévation du PPG fécal. Sa concentration production de PROTO est donc la moelle osseuse.
est environ de dix fois la normale (soit autour de 1 000 nmol/g) en
dehors des épisodes aigus. Les concentrations urinaires et fécales de ¶ Clinique
CPG sont également élevées. Au cours de la crise, les taux urinaires
de ALA et de PBG sont très élevés. Ils reviennent ensuite à des La manifestation principale est une photosensibilité. Elle apparaît le
valeurs normales ou discrètement élevées [32]. plus souvent dès l’enfance. Il n’est cependant pas rare de poser le
diagnostic à l’âge adulte chez des patients n’ayant qu’une
La mesure fluorométrique des porphyrines plasmatiques (maximum photosensibilité discrète. Après exposition au soleil, il apparaît au
à 626 nm) permet de distinguer spécifiquement la PV des autres bout de quelques minutes un prurit avec sensation de brûlure puis
porphyries ainsi que les patients porteurs du gène muté restés un érythème. Les lésions peuvent régresser sans cicatrice ou évoluer
asymptomatiques [36]. vers des lésions eczémateuses chroniques. L’atteinte cutanée est due
Les globules rouges ne contiennent pas de PPO. Il n’est donc pas à une photoactivation de la PROTO et à la production locale de
possible d’en doser l’activité comme dans la PCT ou la PAI. La radicaux libres [8].
recherche de la mutation a un intérêt en Afrique du Sud où 95 %
L’atteinte hépatique est très variable. La plus fréquente est la lithiase
des cas sont associés à une mutation unique. Elle permet donc de
biliaire. Les calculs sont alors constitués essentiellement de
dépister efficacement les sujets porteurs du gène asymptomatiques.
PROTO [8]. L’évolution vers une cirrhose hépatique est également à
Dans les autres cas, elle est limitée par l’importante hétérogénéité
redouter. Environ 20 % des patients présentent une élévation des
génétique de la PV.
taux sériques des transaminases et surtout des phosphatases
alcalines et des gamma-GT. Sur 55 malades suivis pendant 20 ans,
¶ Traitement
Doss et al rapportent sept cas de cirrhose. L’évolution est alors
Le traitement des crises aiguës est identique à celui proposé dans la souvent défavorable avec une insuffisance hépatique rapidement
PAI [32] . Il consiste donc à la suppression du ou des facteurs progressive [16]. En tout, une trentaine de cas d’insuffisance hépatique

6
Hépatologie Porphyries hépatiques 7-200-A-20

ont été décrits essentiellement chez des patients âgés de 30 à 50 ans ¶ Traitement
[8]
. Durant cette phase de la maladie, il existe une photosensitivité
majeure, des douleurs abdominales importantes, une splénomégalie Le traitement de l’atteinte cutanée consiste à éviter l’exposition au
et une hémolyse. L’aggravation de la cholestase aggrave la surcharge soleil et en la prise de β-carotène même si son efficacité est
et donc la toxicité de la PROTO qui n’est plus éliminée dans la bile. contestée [8].
L’hémolyse peut également augmenter la production de PROTO par L’atteinte hépatique sévère progresse rapidement et doit être
stimulation de l’érythropoïèse. À ce jour, une quinzaine de patients considérée comme une urgence. Les perfusions d’hème et les
arrivés à ce stade de la maladie ont été traités par transplantation transfusions de globules rouges visent à diminuer la production de
hépatique. À l’examen, le foie de ces patients apparaît noir avec un PROTO. Les plasmaphérèses permettent de diminuer le pool de
aspect de cirrhose micronodulaire. Des dépôts massifs de pigments PROTO. La prise de cholestyramine vise à augmenter l’excrétion
sont trouvés dans les cellules de Küpffer mais aussi dans les biliaire de PROTO. La transplantation hépatique peut néanmoins
hépatocytes et les canaux biliaires. Il existe une prolifération
être le seul traitement efficace. Ce geste peut se compliquer de
ductulaire et des aspects de cholangite. Un examen en lumière
brûlures intra-abdominales graves provoquées par les projecteurs
polarisée montre des cristaux caractéristiques en « croix de Malte ».
éclairant le champ opératoire. Ce risque peut être diminué par
Certains patients avec insuffisance hépatique terminale présentent
des symptômes neurologiques à type de polyneuropathie [50]. Une l’utilisation de filtres et de traitements visant à diminuer la PROTO
atteinte des nerfs crâniens est possible. Ces signes peuvent persister, sanguine en préopératoire immédiat (exsanguinotransfusions,
voire s’aggraver en postopératoire immédiat après transplantation plasmaphérèses...) [4]. Après transplantation hépatique, il existe en
hépatique [27]. général une nouvelle surcharge progressive du foie en PROTO [4].
La greffe de moelle osseuse qui est utilisée dans la porphyrie
¶ Diagnostic érythropoïétique congénitale (maladie de Günther) devrait corriger
L’élévation de la PROTO érythrocytaire est l’élément le plus l’hyperproduction de PROTO existant dans la PT. Elle n’a pour
constant. Une fluorescence rouge en lumière ultraviolette est l’instant jamais été faite dans cette indication. Un tel traitement
décelable dans les réticulocytes ; les cellules plus âgées perdent leur pourrait être proposé aux patients présentant un risque important
fluorescence, la PROTO étant déversée dans le plasma. Il s’agit d’une d’atteinte hépatique. Des études supplémentaires sont nécessaires
élévation de la PROTO libre contrairement à l’élévation observée afin de caractériser cette population de malades. Les transfusions
dans le saturnisme ou les anémies en voie de réparation où la répétées qui sont également efficaces dans la maladie de Günther
PROTO est liée au Zn. devraient pouvoir corriger en partie l’hyperproduction de PROTO.
Une élévation de la PROTO fécale est également souvent retrouvée Elles exposent au risque de surcharge en fer qui doit être prévenu
chez ces patients. Il n’y a pas d’élévation des porphyrines urinaires par un traitement chélateur.
tant que la cholestase n’est pas majeure [8]. Une double transplantation hépatique et de moelle osseuse pourrait
La mesure de l’activité ferrochélatase ne se fait pas en routine. être envisagée [8].

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