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En mathématiques, on appelle géométrie non euclidienne une théorie géométrique ayant recours à tous les
axiomes et postulats posés par Euclide dans les Éléments, sauf le postulat des parallèles.
Si une droite, tombant sur deux droites, fait les angles intérieurs
du même côté plus petits que deux droits, ces droites,
prolongées à l'infini, se rencontreront du côté où les angles sont
plus petits que deux droits.
« Supposons un monde renfermé dans une grande sphère et soumis aux lois suivantes : La
température n'y est pas uniforme ; elle est maxima au centre, et elle diminue à mesure qu'on
s'en éloigne, pour se réduire au zéro absolu quand on atteint la sphère où ce monde est
renfermé. [...] Un objet mobile deviendra alors de plus en plus petit à mesure qu’on se
rapprochera de la sphère limite. Observons d’abord que, si ce monde est limité au point de vue
de notre géométrie habituelle, il paraîtra infini à ses habitants. Quand ceux-ci, en effet, veulent
se rapprocher de la sphère limite, ils se refroidissent et deviennent de plus en plus petits. Les
pas qu'ils font deviennent donc de plus en plus petits, de sorte qu’ils ne peuvent jamais
atteindre la sphère limite. »Chapitre 4 "L'espace de la géométrie"
— Henri Poincaré, La Science et l'Hypothèse
« Les êtres qui habitent dans ce monde ne peuvent pas savoir qu’ils rapetissent car s’ils se
mesurent avec un mètre ruban le mètre ruban également se rapetisse Nous savons qu’ils se
mesurent avec un mètre ruban, le mètre ruban également se rapetisse. Nous savons qu’ils se
rapetissent mais eux ont une vie tout à fait normale et tout à fait cohérente. S’ils veulent aller
Voici la phrase de Poincaré : Une géométrie ne peut être plus vraie qu’une autre, elle peut
simplement être plus commode. »
1
— Étienne Ghys
Antiquité
Reprenant les travaux de Saccheri en 1766, Johann Heinrich Lambert reprend l'hypothèse de l'angle aigu, mais
ne conclut pas à une contradiction. Il réalise, au moins dans les toutes dernières années de sa vie, qu'il doit être
possible de bâtir des géométries cohérentes, soit à partir de l'hypothèse de l'angle aigu (géométrie
b
hyperbolique), soit celle de l'angle obtus (géométrie elliptique).
c
Lambert obtient notamment la formule , où C est une constante , qui donne l'aire Δ
d'un triangle dont les trois angles sont α, β et γ dans une géométrie fondée sur l'angle aigu (nommée de nos
jours une géométrie hyperbolique).
e
XIX siècle
4
Gauss, dès 1813 , a formulé la possibilité qu'il existe d'autres géométries que celle d'Euclide. Cependant il n'a
jamais osé publier les résultats de ses réflexions en ce sens « par crainte des cris des Béotiens », comme il
5
l'écrivit lui-même .
On distingue les géométries à courbure négative, comme celle de Lobatchevski (1829) et Bolyai (1832)
(somme des angles d'un triangle inférieure à 180°, nombre infini de parallèles possibles à une droite par un
point, par exemple la géométrie hyperbolique), des géométries à courbure positive comme celle de Riemann
(1867) (somme des angles d'un triangle supérieure à 180°, parallèles se rejoignant aux pôles, par exemple la
géométrie elliptique).
La géométrie communément appelée « géométrie de Riemann » est un espace sphérique à trois dimensions,
espace fini et cependant sans bornes, à courbure positive régulière, alternative au postulat euclidien des
parallèles. Riemann a conçu par ailleurs une théorie étendue des géométries non euclidiennes à n dimensions
(conférence de 1854).
L'idée de « géométrie non euclidienne » sous-entend généralement l'idée d'un espace courbe, mais la
géométrie d'un espace courbe n'est qu'une représentation de la géométrie non euclidienne, précise Duncan
Sommerville (en) dans The Elements of Non-Euclidean Geometry (Londres, 1914). Il existe des espaces non
euclidiens à trois dimensions.
Géométrie hyperbolique
Lobatchevski, Klein et Poincaré ont créé des modèles de géométrie dans lesquelles on peut tracer une infinité
de parallèles à une droite donnée et passant par un même point.
Il est remarquable que seul le cinquième postulat d'Euclide ait été levé ; les géométries non euclidiennes
Il est remarquable que seul le cinquième postulat d'Euclide ait été levé ; les géométries non euclidiennes
respectent par ailleurs toutes les autres définitions d'Euclide. En particulier, une droite est toujours définie
comme la ligne de plus court chemin joignant deux points sur une surface. Il existe plusieurs modèles de
géométrie hyperbolique à deux dimensions : le disque de Poincaré, le
demi-plan de Poincaré…
Géométrie elliptique
Cette géométrie donne une courbure positive de l'espace (la somme des
angles d'un triangle est supérieure à deux droits, ou la somme de deux
angles successifs d'un quadrilatère est supérieure à deux droits, ou
encore il existe un triangle dont tous les angles sont droits).
Notes et références
Notes
a. La conclusion de Saccheri est restée célèbre : Il n'existe aucune droite passant par
« L'hypothèse de l'angle aigu est absolument fausse car le point M et parallèle à la droite D.
cela répugne à la nature de la ligne droite. »
b. La somme des angles d'un quadrilatère est supérieure à
quatre angles droits.
c. Aujourd'hui, C est nommée la « courbure Gaussienne » du
plan hyperbolique.
Références
1. [vidéo] Disponible (https://www.dailymotion.com/video/x1zaeyx_etienne-ghys-et-si-le-theoreme
-de-pythagore-n-etait-pas-vrai_school) sur Dailymotion. Étienne Ghys, mathématicien, directeur
de recherche au CNRS, remet en question les fondements des mathématiques : les axiomes.
2. Voir l'article Higher-Dimensional Euclidean Geometry (géométrie euclidienne en dimensions
supérieures) (http://www.math.brown.edu/~banchoff/Beyond3d/chapter9/section05.html) (en),
sur le site math.brown.edu.
3. A. Dahan-Dalmedico et J. Peiffer, Une histoire des mathématiques : Routes et dédales, 1986
[détail des éditions], chap. 4, Figures, espaces et géométries, section 11 : les géométries non
euclidiennes p. 152-153.
4. A. Dahan-Dalmedico et J. Peiffer, Une histoire des mathématiques : Routes et dédales, 1986
[détail des éditions] chap 4 Figures espaces et géométries section 11 : les géométries non
[détail des éditions], chap. 4, Figures, espaces et géométries, section 11 : les géométries non
euclidiennes p. 154.
5. « da ich das Geschrei der Böotier scheue », lettre de Gauss à Bessel du 27 juin 1829, citée
dans (de) H. Reichardt, Gauß und die Anfänge der nicht-euklidischen Geometrie, Springer-
Verlag, 2013, 250 p. (ISBN 978-3-7091-9511-6, lire en ligne (https://books.google.fr/books?id=4
6GuBgAAQBAJ&pg=PA40)), p. 40.
Voir aussi
Bibliographie
Aspects historiques
Ouvrages de mathématiques
Jean-Pierre Bourguignon, Espaces courbes [détail des éditions]
(en) Norbert A'Campo et Athanase Papadopoulos, Notes on hyperbolic geometry, in:
Strasbourg Master class on Geometry, pp. 1--182, IRMA Lectures in Mathematics and
Theoretical Physics, Vol. 18, Zürich: European Mathematical Society (EMS), 461 pages,
2012 (ISBN 978-3-03719-105-7), DOI:10.4171/105 (https://dx.doi.org/10.4171%2F105)
Marcel Berger et Bernard Gostiaux, Géométrie différentielle : variétés, courbes et surfaces
[détail des éditions]
[détail des éditions]
(en) Marcel Berger, A Panoramic View of Riemannian Geometry, 2003 [détail de l’édition]
Comme l'indique son titre, le grand géomètre français nous convie ici à une longue (824
pages) promenade panoramique dans le monde de la géométrie riemannienne ; les
divers résultats sont pour la plupart donnés sans démonstrations détaillées, mais avec
les références idoines pour le lecteur qui souhaiterait mettre « les mains dans le
cambouis » ; le dernier chapitre donne les bases techniques du domaine.
Jean-Marc Daudonnet, Bernard Fischer, Courbure des surfaces. Introduction aux géométries
non euclidiennes, JIPTO 2009 (ISBN 2-35175-028-4)
Boris Doubrovine (de), Anatoli Fomenko et Sergueï Novikov, Géométrie contemporaine -
Méthodes et applications, 1984 [détail des éditions] (Première partie : géométrie des surfaces,
des groupes de transformations et des champs).
Une introduction très pédagogique à la géométrie, avec des applications à la physique,
écrite par des spécialistes russes. L'approche étant plutôt intuitive, cet ouvrage est
accessible à partir du premier cycle universitaire pour un « bon » étudiant motivé.
(en) Birger Iversen, Hyperbolic Geometry, London Mathematical Society Student Texts 25,
Cambridge University Press, 1992 (ISBN 0-521-43528-5)
(en) Nikolai I. Lobachevsky, Pangeometry, Translator and Editor: A. Papadopoulos, Heritage
of European Mathematics Series, Vol. 4, European Mathematical Society, 2010
(en) Michael Spivak, (A Comprehensive Introduction to) Differential Geometry [détail des
éditions]
Traité de référence en cinq volumes.
(en) John Stillwell, Geometry of Surfaces, 1992, coll. « Universitext », 1995, 236 p.
(ISBN 978-0-387-97743-0, lire en ligne (https://books.google.fr/books?id=PTNHBGAtjTYC))
Ouvrages de philosophie
Gaston Bachelard, Le nouvel esprit scientifique, 1934.
Introduction non technique au sujet.
Imre Toth, Liberté et vérité. Pensée mathématique et spéculation philosophique, Paris,
Éditions de l'Éclat, 2009, 144 p.
Une critique des réticences frégéennes sur la GNE.
Imre Toth, Palimpseste. Propos avant un triangle, Paris, Presses universitaires de France,
2000, 528 p., (ISBN 9782130500032).
A t l di
Aspects ludiques
Jean-Pierre Petit, Le Géométricon, bande dessinée de la collection Les Aventures d'Anselme Lanturlu, éd.
Belin, (ISBN 2-7011-0372-X)
Articles connexes
Courbure
Géométrie absolue
Géométrie dans l'espace
Géométrie différentielle
Relativité générale
Théorème de plongement de Nash
Quatrième dimension (art)
Liens externes
Promenade non euclidienne (http://www.ens-lyon.fr/asso/groupe-seminaires/seminaires/voirs
em.php?id=cboubel), conférence donnée par Charles Boubel, ENS Lyon.
Tractrices, pseudosphère (http://matthieu.net/cheminlepluscourt/autres_geometries.php)
Géométries planes non euclidiennes (http://www-cabri.imag.fr/abracadabri/GeoNonE/GeoNo
nE.htm) sur le site universitaire associé à Cabri Géomètre
Plan hyperbolique (http://xavier.hubaut.info/coursmath/var/planhyp.htm), par Xavier Hubaut
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