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Gestion des équipements biomédicaux,


selon le référentiel HAS v2010 :
impacts et outil d’autodiagnostic
G. Farges1, S. Aguida2, L. Ricaud2, E. Germanicus3, A. Kwizera3, E. Lemarchand3, T. Roblès3
 Université de technologie de Compiègne, BP 20 529, 60205 Compiègne, email : gilbert.farges@utc.fr
1

 Master de sciences et technologies pour la santé (http://www.utc.fr)


2

 Certification professionnelle ABIH-Tsibh (http://www.utc.fr/tsibh)


3

Contexte Ce dernier contient 28 références (au lieu de 44 pour


la version précédente) et 82 critères. Il est organisé en
En France, les services biomédicaux hospitaliers 2 chapitres : Management de l’établissement et Prise
sont estimés à environ 450, répartis dans près de en charge du patient, avec une organisation en trois
3 000 établissements de santé privés et publics [1]. La niveaux d’évaluation : E1, E2, E3. La HAS a ainsi fait
procédure de certification des établissements de santé le choix d’une meilleure évaluation du système de
qui fut mise en place suite à l’Ordonnance de 1996 management et d’une simplification de la structure
[2] est inspirée des modèles canadiens et américains. du manuel.
Dès 1917 aux États-Unis, des chirurgiens avaient déjà Structure
rédigé des références pour évaluer leurs pratiques La lisibilité est améliorée grâce à une organisation
afin de garantir la qualité et la sécurité des soins. sous forme de tableaux et un dispositif de cota-
C’est en 1951 qu’a été fondé dans ce pays le premier tion. La présentation des différents critères est en 3
organisme chargé de coordonner la conduite de colonnes correspondant aux étapes classiquement
procédures de certification, la Joint Commission [3]. rencontrées dans une démarche d’amélioration
En France, la Haute autorité de santé (HAS) a été continue : E1 : prévoir, E2 : mettre en œuvre, E3 :
créée par la Loi du 13 août 2004 relative à l’assurance évaluer et améliorer (figure 1).
maladie, afin de contribuer au maintien d’un système La définition des pratiques exigibles prioritaires
de santé solidaire et au renforcement de la qualité des Une autre nouveauté du guide HAS v2010 est l’intro-
soins, au bénéfice des patients [4]. La HAS a publié fin duction de pratiques exigibles prioritaires (PEP), qui
2008 un nouveau manuel de certification des établisse- sont des critères jugés fondamentaux pour l’amélio-
ments de santé [5]. Tous ceux ayant le renouvellement ration de la qualité et de la sécurité des soins. L’étude
de leur certification au-delà de janvier 2010 sont par l’équipe d’experts-visiteurs du positionnement
concernés par ce nouveau référentiel de certification. de l’établissement au regard de ces exigences sera
systématique et standardisée.
Les indicateurs
Des indicateurs nationaux généralisés par le
Ministère de la Santé et la HAS sont mis en place.
Ils seront utilisés par les établissements dans une
démarche d’auto-évaluation ainsi que par les
experts-visiteurs qui évalueront le niveau de qualité
de l’établissement.

Prise en compte de l’activité biomé-


dicale dans le référentiel HAS v2010
Figure 1. Démarche d’amélioration continue intégrée à la certification Ce référentiel de certification fait suite à deux
des établissements de santé HAS v2010. versions réalisées en 1999 et 2005. Dans ce nouveau

IRBM News 2009 ; 30 (6) © Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 3


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manuel, l’activité du service


biomédical est pour la
première fois clairement et
explicitement mentionnée.
Elle fait l’objet du critère 8k :
Gestion des équipements
biomédicaux. Ce critère Figure 2. Position du critère 8k dans l’organisation du manuel HAS v2010.
se trouve dans le chapitre
Les étapes E1 « Prévoir » et E2 « Mise en œuvre »
1 du manuel intitulé : Management de l’établisse-
sont généralement assez bien maîtrisées :
ment, puis dans la partie 3 intitulée Management
100 % des services répondent avoir un plan plurian-
de la qualité et de la sécurité des soins, puis dans
nuel de remplacement et d’investissement des
la référence 8 Le programme global et coordonné de
équipements biomédicaux et assurer la maintenance
management de la qualité et des risques.
sous la responsabilité d’un professionnel identifié ;
Ceci montre que dans cette version du manuel, l’acti-
70 % des services ont recensé les équipements criti-
vité biomédicale est reconnue comme contribuant à la
ques.
qualité des soins et à la sécurité du patient (figure 2).
L’étape E3 « Évaluation et amélioration » semble être
Le tableau 1 montre les évolutions de la prise en
moins maîtrisée:
compte des technologies biomédicales dans les diffé-
30  % des services ont répondu être clairement
rentes versions des manuels de certification de l’HAS.
engagés dans une démarche qualité avec des outils
d’évaluation bien définis ;
Constats et réponses au critère 8k :
40 % des services déclarent utiliser le Guide des
Gestion des équipements
bonnes pratiques biomédicales en établissement
biomédicaux de santé [6] comme outil qualité, un seul parmi les
Afin d’évaluer le positionnement des services biomé- répondants étant certifié ISO 9001 [7].
dicaux pour chaque étape E1, E2, E3, une enquête Pour aider les services biomédicaux hospitaliers à se
sous forme de questionnaire a été réalisée d’octobre situer et prouver leur conformité au critère 8k de la
à décembre 2008. Trente services biomédicaux ont certification HAS v201, différentes actions concrètes
été contactés dont dix ont répondu, soit 33 %. Les et mesurables peuvent être déclinées pour chaque
résultats sont les suivants : niveau d’évaluation E1, E2, E3 (figure 3).

Figure 3. Processus et plans d’action associés aux phases et niveaux d’évaluation de l’HAS v2010
pour être en conformité avec le critère 8k : Gestion des équipements biomédicaux.

4 IRBM News 2009 ; 30 (6) © Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés


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Tableau 1. Evolution de la place de l’activité biomédicale dans les référentiels de l’HAS.

Evolution des critères concernant l’activité biomédicale selon les versions des manuels de certification HAS

L’établissement dispose d’approvisionnements et d’équipements adaptés aux besoins de son activité.


Version 1
(1999) L’établissement est organisé pour assurer la sécurité et la maintenance des bâtiments, des équipements
et des installations.

Le prétraitement et la désinfection des équipements et dispositifs médicaux font l’objet de dispositions


Version 2 connues des professionnels concernés.
(2005) En stérilisation, la maîtrise de la qualité est assurée.
La maintenance préventive et curative des dispositifs médicaux est assurée.

Critère 8k : « Gestion des équipements biomédicaux »


E1 : Prévoir
L’établissement a défini un système de gestion des équipements biomédicaux, comprenant un plan plu-
riannuel de remplacement et d’investissement. Une procédure (équipement de secours, solution dégradée
ou dépannage d’urgence) permettant de répondre à une panne d’un équipement biomédical critique est
Version 3 formalisée et est opérationnelle.
(2010) E2 : Mettre en œuvre
Le système de gestion des équipements biomédicaux est mis en œuvre sous la responsabilité d’un profession-
nel identifié. La maintenance des équipements biomédicaux critiques est assurée et les actions sont tracées.
Les professionnels disposent des documents nécessaires à l’exploitation des équipements biomédicaux.
E3 : Evaluer et améliorer
La gestion des équipements biomédicaux est évaluée et donne lieu à des actions d’amélioration.

Outil d’autodiagnostic par l’évaluateur et permettant les calculs automa-


tisés. Par défaut, les critères d’évaluation sont :
Afin d’évaluer la situation d’un service biomédical
• Faux unanime : aucune personne n’a de doute (0 %) ;
sur chaque composante E1, E2, E3, un outil d’auto-
• Faux : une personne au moins considère que l’affir-
diagnostic a été développé à partir d’un tableur
mation n’est pas vraiment fausse (20 %) ;
automatisé contenant 6 onglets (tableur en annexe
• Plutôt faux : rien ne permet d’identifier la réalisa-
consultable (Qualite_IRBMNews_30-6_Annexe_
tion de l’action (40 %) ;
Prod.xls) en ligne, sur le site de la revue www.
• Plutôt vrai : l’action est réalisée aléatoirement
em-consulte.com/revue/rbmnew) :
(60 %) ;
Contexte
•  Vrai  : l’action est réalisée systématiquement
Cet onglet permet d’inscrire les métadonnées
(80 %) ;
concernant le centre hospitalier, le responsable, la
• Vrai prouvé : il est possible de prouver à un pair
date, les noms des différents évaluateurs (jusqu’à 8
externe la réalisation de l’action (100 %).
sont possibles), l’échelle d’évaluation. Ces données
seront automatiquement utilisées dans les autres Résultats
onglets et exploitées sur les comptes-rendus prêts à Cet onglet dresse un tableau récapitulatif des résul-
l’emploi. tats chiffrés obtenus sur chacun des plans d’action
Grille d’évaluation majeurs et les moyennes sur les niveaux E1, E2, E3
Les exigences du critère 8k sont déclinées en 5 plans de l’HAS. Il peut servir de mode preuve pour un
d’action majeurs, chacun détaillé avec 5 à 6 affir- expert-visiteur car il reprend les métadonnées déjà
mations. Chacune peut être évaluée sur 6 niveaux introduites et dresse une synthèse complète et auto-
paramétrables par l’évaluateur, permettant ainsi nome de la situation mesurée.
suffisamment de nuances dans l’appréciation des Cartographie HAS
situations. Chaque niveau est affecté d’un poids de Elle présente les résultats sous forme d’un graphe
« véracité » compris entre 0 % et 100 %, paramétrable à 3 axes permettant d’identifier en un coup d’œil la

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situation moyenne et les écarts-types (figure 4). Une imprimés et signés afin de servir de mode de preuve
moyenne basse permet de repérer rapidement les dans le cadre d’une déclaration de conformité selon le
points faibles et donc les axes prioritaires pour les référentiel NF EN ISO/CEI 17050 [9,10]. Cette norme
améliorations. Les écarts-types permettent d’identifier internationale s’applique à tout secteur d’activité et
les appréciations concordantes (écarts-types faibles) ou « spécifie les exigences et les documents d’appui applicables
discordantes (écarts-types importants). Ces dernières à la déclaration de conformité du fournisseur sur un produit,
indiquent alors souvent des problèmes de communi- processus, service, système de management, une personne
cation au sein du service biomédical et permettent de ou un organisme, dans les cas où il est souhaitable, ou néces-
progresser prioritairement sur ces points. Cette page saire, d’attester la conformité à des exigences spécifiées. »
reprend les métadonnées initiales et peut aussi servir Les services biomédicaux des établissements de
de mode de preuve auprès des experts-visiteurs. santé concernés par le référentiel HAS v2010 à partir
Cartographie de processus de janvier 2010 sont bien dans la situation « d’attester
Elle présente les mêmes résultats sous forme d’un la conformité à des exigence spécifiées ». C’est pourquoi
graphe radar à 5 axes permettant d’identifier aussi en l’emploi de l’outil d’autodiagnostic est recommandé
un coup d’œil la situation moyenne et les écarts-types en association avec le processus simple et rapide de
(figure 5). Les priorités d’action peuvent être aisément la déclaration de conformité selon l’ISO 17050.
identifiées et les progrès peuvent être mesurés en capi- Cette approche s’intègre parfaitement dans celle
talisant les fiches de résultats dans le temps. Cette page d’amélioration continue suscitée par le nouveau réfé-
reprend les métadonnées initiales et peut aussi servir rentiel de certification HAS v2010. En capitalisant
de mode de preuve auprès des experts-visiteurs. les autodiagnostics réalisés, un service biomédical
Fiche d’amélioration hospitalier pourra donc démontrer à tout moment
Cet onglet de retour d’expérience permet à tout la maîtrise de ses activités, sa situation vis à vis des
acteur biomédical de faire part d’un problème exigences de l’HAS et les progrès obtenus depuis le
survenu lors de l’emploi de l’outil d’autodiagnostic début de sa démarche.
et d’émettre des suggestions d’amélioration.
Cet outil, mis en place sur Excel®, a été réalisé après Conclusion
une étude approfondie et des retours d’expérience
auprès de services biomédicaux. Il est disponible Dans son nouveau manuel de certification des
gratuitement en téléchargement sur internet [8]. Un établissements de santé applicable dès janvier
autodiagnostic se déroule sur environ 30 mn et assure 2010, la HAS invite clairement à s’engager dans
une traçabilité directe des résultats qui peuvent être une démarche d’amélioration continue. Pour la

Figure 4. Exemple de cartographie obtenue avec l’outil d’autodiagnostic sur les niveaux E1, E2 et E3
du critère 8k de l’HAS v2010. Le trait gras au centre est la moyenne des évaluations,
les zones grises autour représentent les marges avec les écarts-types.

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Figure 5. Exemple des résultats sur les 5 plans d’action, avec moyenne et écarts-types,
obtenus suite à l’autodiagnostic sur le critère 8K de l’HAS v2010.

première fois l’activité biomédicale est expli- sur http://www.sciencedirect.com et doi:10.1016/j.


citement mentionnée et correspond au critère irbmnw.2009.10.002.
d’évaluation spécifique 8k : Gestion des équipe-
ments biomédicaux. Cela démontre la volonté
d’intégrer l’activité biomédicale dans le processus Références
plus global de certification des établissements de [1] Le Patrimoine hospitalier 2008. Annuaire des équipements, inves-
tissements, ingénieries, Ed. Craih (Conférence des rédacteurs de
santé. Dès maintenant les acteurs biomédicaux l’annuaire des ingénieries hospitalières), mai 2008, http://www.patri-
peuvent tenir compte de l’évolution de ce manuel moine-hospitalier.fr
de certification et exploiter l’outil d’autodiagnostic [2] Ordonnance no 96-346 du 24 avril 1996 portant réforme de l’hospi-
mis librement à leur disposition sur internet afin talisation publique et privée, JORF n°98 du 25 avril 1996, page 6324.

de justifier leur respect des exigences du référentiel [3] The Joint Commission, http://www.jointcommission.org/, page
consultée le 12 juillet 2009.
de l’HAS v2010. L’usage de la norme internatio-
[4] Loi n° 2004-810 du 13 août 2004 relative à l’assurance maladie,
nale NF EN ISO/CEI 17050 est recommandé pour JORF n° 190 du 17 août 2004, page 14598.
adosser les autodiagnostics réalisés à un processus [5] Manuel de certification des établissements de santé v2010, Haute
simple et rapide de déclaration de conformité du autorité en santé (HAS) http://www.has-sante.fr, page consultée le
service biomédical aux exigences spécifiées. Les 12 juillet 2009.

preuves formelles d’un service rendu dans le [6] Guide des bonnes pratiques biomédicales en établissement de
santé, http://www.utc.fr/~farges/bonnes_pratiques/bpb.htm, page
respect d’exigences spécifiées et la garantie de consultée le 12 juillet 2009.
conformité établie selon une norme internationale [7] NF EN ISO 9001, Systèmes de management de la qualité - Exigences,
devraient permettre aux services biomédicaux Ed Afnor, 2008.
hospitaliers de démontrer leur performance dans [8] Lemarchand E, Kwizera A, Germanicus E, Roblès T. Grille d’auto-
diagnostic sur le critère 8k de l’HAS v2010. Projet d’intégration,
la maîtrise de la qualité et de la sécurité du plateau certification professionnelle ABIH-TSIBH, UTC, 2008-2009, URL:
technique, honorant ainsi la reconnaissance expli- http://www.utc.fr/tsibh/public/tsibh/09/projet/groupe3/index.
cite d’être une composante de la qualité et de la html, page consultée le 12 juillet 2009.
sécurité des soins apportés au patient. [9] NF EN ISO/CEI 17050-1, Évaluation de la conformité - Déclaration
de conformité du fournisseur - Partie 1: exigences générales, Ed Afnor,
Annexe A Matériel complémentaire 2005.
[10] NF EN ISO/CEI 17050-2, Évaluation de la conformité - Déclaration
Le matériel complémentaire (figures S1, S2) accompa- de conformité du fournisseur - Partie 2: documentation d’appui, Ed
gnant la version en ligne de cet article est disponible Afnor, 2005.

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