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ÉLECTROTECHNIQUE

Chez le même éditeur

GIANCOLI D .C ., Physique générale


Vol. 1 - Mécanique et thermodynamique . Corrigé des exercices 1
Vol. 2 - Électricité et magnétisme . Corrigé des exercices 2
Vol. 3 - Ondes, optique et physique moderne . Corrigé des exercices 3

GUYON E ., BETRENCOURT C ., DEROCHE J .-C., Exploration de la matière . Structures et propriétés.


Avec des exercices corrigés de physique

HANUS R ., BOGAERTS P., Introduction à l'automatique .


Vol. 1 - Systèmes continus

HECHT E ., Physique

JOURNEAUX R ., Travaux pratiques de physique. Electricité, électronique, c,- - >--,,m

LIBOIS J ., Guide des unités de mesure . Un mémento pour l'étudiant

SAUZADE M ., Introduction à l'électronique analogique

SAUZADE M ., Introduction à l'électronique analogique . Problèmes e

SERWAY R .A ., Physique
Vol. 1 - Mécanique
Vol . 2 - Électricité et magnétisme
Vol . 3 - Optique et physique moderne

VAN de VORST A ., Électromagnétisme . Champs et circuits . 2e éd .

VANDER VORST A., Vanhoenacker-Janvier D., Bases de l'ingénierie m rc__~

VA' .DER VORST A., Transmission, propagation et rayonnement



ÉLECTROTECHNIQUE
a

• Théodore W
• Gilbert SYBILLE
Source des photographies : ABB Asea Brown Boveri

Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de spécialisation,
consultez notre site web : w ww .deboeck .co m

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phie, microfilm, bande magnétique, disque, diapositive ou autre), sans l'autorisation expresse du propriétaire du
copyright, est interdite.

Diffusion exclusive pour l'Europe et l'Afrique


De Boeck Et Larcier s .a ., 2005 4e édition
Département De Boeck Université
Rue des Minimes 39, B-1000 Bruxelles

Imprimé au Canada

Dépôt légal :
Bibliothèque Nationale, Paris :juin 2005 ISBN PUL 2-7637-8185-3
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2005/0074/151 ISBN DBU 2-8041-4892-0
AVANT-PROPOS

Lors de la préparation de cette quatrième édition du grammables industriels (API) sur la modernisation de
livre Électrotechnique, nous avons ajouté plusieurs su- l'industrie . Dans ces sections, on présente justement
jets traitant des technologies qui ont un impact dans le un cas vécu, permettant de comprendre comment le
domaine des courants forts . Les sept paragraphes sui- passage aux API s'est effectué dans une entrprise, ainsi
vants décrivent les principaux ajouts . que les impacts tant au niveau technique qu'au niveau
sociologique .
1 . Les sections 29 .10 à 29 .13 du chapitre 29 présentent
les principes fondamentaux du dimensionnement des 5 . Le chapitre 42, sections 42 .61 à 42 .69, explique, de
machines électriques . On y démontre que le couple façon simple, le comportement et l'utilité du conver-
mécanique est un facteur déterminant dans la taille des tisseur électronique à trois niveaux ("three-level
machines tournantes . De plus, on constate que le ren- converter") . Ce nouveau type de convertisseur permet
dement, le coût par kilowatt, et plusieurs autres para- de générer une tension alternative variable à partir d'une
mètres favorisent la construction de machines et trans- source à courant continu fixe, tout en réduisant les dis-
formateurs de grande puissance . torsions harmoniques . Pour les grandes puissances, les
convertisseurs à trois niveaux remplacent graduelle-
2 . Le chapitre 31, sections 31 .16 à 31 .18, explique les
ment les convertisseurs classiques à deux niveaux .
propriétés et les avantages des transformateurs à haute
fréquence, soit ceux fonctionnant entre 400 Hz et 100 6 . Dans le chapitre 45, sections 45 .30 à 45 .37, on pré-
kHz. Ces transformateurs sont utilisés dans une foule sente les propriétés du vent et l'utilisation des éolien-
de dispositifs électroniques, comme les blocs d'alimen- nes pour en extraire l'énergie . On y explique les diffé-
tation à découpage électronique qui transforment la ten- rentes technologies de génération d'électricité, tout en
sion continue en tension alternative et vice versa . faisant ressortir les mérites de chacune d'entre elles .
3 . Dans le chapitre 34, sections 34 .19 à 34 .22, on ex- 7 . Le chapitre 45, sections 45 .38 à 45 .41, traite de la
plique les propriétés et le comportement de la machine production décentralisée . On regroupe sous ce nom
asynchrone à double alimentation . L'utilisation d'une l'ensemble des sources de production d'énergie élec-
fréquence fixe au stator et d'une fréquence variable au trique de petite puissance près des centres de consom-
rotor permet de faire varier la vitesse de cette machine mation . La production décentralisée s'est développée
lorsqu'elle fonctionne en moteur ou en générateur. Ces récemment, surtout grâce aux turbines à gaz associées
machines sont utilisées depuis longtemps comme mo- à la cogénération . La cogénération permet, grâce à un
teurs pour entraîner les pompes de grande puissance . échangeur de chaleur, d'extraire de l'énergie thermi-
Plus récemment, on leur a trouvé une nouvelle appli- que des gaz d'échappement très chauds rejetés par la
cation comme génératrices à vitesse variable, entraî- turbine entraînant la génératrice . L'augmentation du
nées par des éoliennes de quelques mégawatts . L'im- rendement global qui en résulte rend la cogénération
portance de cette technologie dans la production éo- attrayante pour les promoteurs privés qui peuvent ven-
lienne justifiait une description de ces génératrices spé- dre leurs excédents d'énergie électrique à la compa-
ciales . gnie d'électricité locale .
4 . Le chapitre 40, sections 40 .37 à 40 .41, démontre Au cours des dernières années, les méthodes de con-
l'impact énorme de l'introduction des automates pro- version de l'énergie électrique ont progressé de façon

VII

importante . Ainsi, il est étonnant de réaliser à quel point Ces nouvelles technologies ont permis la conception
l'électronique de puissance a envahi tous les domaines de nouveaux appareils tels que les convertisseurs stati-
de l'électrotechnique. Ce constat nous indique qu'on ques de grande puissance, les condensateurs à com-
ne peut plus étudier isolément les machines à courant mande par thyristors et les convertisseurs pouvant rem-
continu et à courant alternatif sans, par la même occa- placer les transformateurs à déphasage variable . Ces
sion, s'intéresser aux systèmes d'entraînement électro- nouveaux appareils, regroupés sous la rubrique FACTS
nique de ces machines . («Flexible AC Transmission Systems»), permettront
Comment expliquer ces changements importants? On aux lignes de transport et de distribution de porter des
les attribue principalement à la disponibilité de com- puissances accrues . De plus, à cause de leur réponse
mutateurs électroniques plus puissants comme les extrêmement rapide, ces convertisseurs peuvent stabi-
IGBT («Insulated Gate Bipolar Transistors»), pouvant liser un réseau menacé par une perturbation intempes-
fonctionner à des fréquences allant jusqu'à 20 kHz . tive .
Ces changements sont aussi dus à l'utilisation des thy- Le lecteur découvrira que, bien que ces innovations
ristors et des GTO («Gate Turn-Off thyristor») pou- touchent un vaste champ de connaissances, le fait qu'el-
vant porter des courants de plusieurs milliers d'ampè- les reposent toutes sur une base commune, lui permet-
res sous des tensions de 5 kV Enfin, ces changements tra d'apprécier la cohérence de l'électrotechnique . Par
s'expliquent aussi par la puissance des ordinateurs et exemple, le lecteur découvrira que les technologies et
des microprocesseurs qui exécutent des calculs en les équations propres aux machines synchrones sont
temps réel à des vitesses prodigieuses . similaires à celles régissant le transport de puissance
La plupart des entraînements industriels couvrent la active et réactive sur une ligne de transport ou à travers
gamme des puissances allant de 1 kW à 500 kW qui un convertisseur électronique . Il s'ensuit que les con-
correspond précisément à celle où la commande par naissances acquises dans un secteur sont renforcées et
IGBT est disponible . Ceci a provoqué une véritable élargies lorsque le lecteur les rencontre de nouveau dans
explosion dans le remplacement des systèmes d'entraî- un autre domaine . Cela lui permet de découvrir un su-
nement existants . Ces nouveaux systèmes à base d'élec- jet d'étude fascinant offrant un défi intellectuel enri-
tronique de puissance ont en effet des coûts d'entre- chissant .
tien réduits, des rendements supérieurs et une produc- Le lecteur constatera aussi que, malgré les profonds
tivité accrue . Par ailleurs, les systèmes d'entraînement changements qui touchent l'électrotechnique, cette
à courant continu sont graduellement remplacés par science continue à s'appuyer sur les grands principes
des commandes de moteurs asynchrones qui offrent découverts au siècle dernier.
une réponse dynamique toute aussi performante . Tous
les secteurs, tant industriels que commerciaux, sont Comme dans l'édition précédente, cette quatrième édi-
tion de Électrotechnique offre une vue d'ensemble des
touchés par cette révolution technologique . Grues, as-
lois fondamentales de l'électricité, des circuits électri-
censeurs, locomotives, ventilateurs, pompes, compres-
seurs, lignes de production, etc ., seront donc progres- ques, des machines électriques, de l'électronique de
sivement transformés . puissance, des systèmes d'entraînement et des réseaux
électriques modernes . À cette fin, la matière du livre
Ce n'est pas tout . L'électronique de puissance com- est divisée en quatre parties :
mence à avoir un impact dans un secteur relativement
Partie I Notions fondamentales et circuits
stable depuis plus de 50 ans, soit le transport et la dis-
tribution de l'énergie électrique . Ainsi, dans ce sec- Partie II Machines électriques et transformateurs
teur, les grosses machines rotatives comme les con- Partie III Électronique de puissance et systèmes
densateurs synchrones et les convertisseurs de fré- d'entraînement
quence sont remplacées par des convertisseurs stati-
Partie IV Réseaux électriques
ques qui ne contiennent aucune pièce mobile .
Ces grandes sections, regroupées en 50 chapitres, peu- L'exposé de la matière suit une progression graduelle
vent être abordées indépendamment les unes des autres et fait appel à des connaissances scientifiques élémen-
au gré du programme d'étude suivi par l'étudiant . Nous taires . Tant dans la pratique industrielle que dans l'en-
désirons, en particulier, signaler les points suivants : seignement universitaire, notre expérience de ces deux
A . Chaque chapitre a été réexaminé et révisé afin de champs d'action nous a appris qu'il n'est pas néces-
clarifier les expressions et d'améliorer l'aspect péda- saire d'avoir recours aux mathématiques avancées pour
gogique . Tous les problèmes en fin de chapitre ont été résoudre la plupart des problèmes techniques . Rares
révisés et leur solution est disponible sous la forme sont les techniciens et les ingénieurs qui doivent ré-
d'un manuel du professeur . soudre quotidiennement des problèmes impliquant le
calcul intégral et les nombres complexes . Par contre, il
B . Le chapitre 41 consacré à l'étude des harmoniques,
est crucial de maîtriser les principes fondamentaux qui
constitue toujours un sujet de première importance . On permettent de former un jugement technique ration-
montre comment ceux-ci sont créés et on explique leur
nel .
influence sur les condensateurs, les inductances, les
câbles, les transformateurs et la qualité de l'onde . Les De par son caractère multidisciplinaire et sa présenta-
harmoniques sont souvent vus comme la bête noire de tion simple de sujets souvent complexes, ce livre sus-
l'électrotechnique . Ce chapitre, unique en son genre, citera un intérêt certain pour une gamme très variée de
dissipe le mystère qui les entoure . lecteurs . Il s'adresse d'abord aux étudiants, aussi bien
des cégeps et des instituts de technologie que des uni-
C . Le volumineux chapitre 42 portant sur l'électroni-
versités, en leur offrant une information qui n'est pas
que de puissance continue de susciter beaucoup d'in-
toujours disponible dans les manuels spécialisés d'élec-
térêt . On y démontre la flexibilité extraordinaire des
trotechnique .
onduleurs autonomes et la façon dont ils génèrent des
ondes de formes diverses et de fréquences variables . Ce livre constitue également une source de référence
utile aux électriciens comme aux ingénieurs dans di-
D . Le chapitre 50, intitulé «Contrôleurs statiques de
vers domaines . Leur travail est facilité par le choix de
réseaux», explique les nouvelles technologies qui per-
tableaux résumant les propriétés des matériaux, par un
mettent de contrôler électroniquement le flux des gran-
répertoire de formules pratiques permettant des cal-
des puissances . On y discute aussi du principe des con-
culs rapides, et par l'explication des règles établies par
vertisseurs de fréquence .
les organismes de normalisation . Enfin, à une époque
En ce qui concerne la qualité de l'onde, on discute des où l'on accorde beaucoup d'importance à la formation
creux et des gonflements de tension, de l'influence des continue, ce livre est tout désigné pour l'autodidacte
harmoniques et des tensions transitoires . qui souhaite acquérir une connaissance générale de
Au fur et à mesure que la déréglementation de l'éner- l'électrotechnique .
gie électrique devient réalité, ces méthodes électroni- Pour tirer le maximum de ce livre, nous recomman-
ques de commander les flux d'énergie deviendront de dons au lecteur de faire les problèmes qui se trouvent à
plus en plus importantes . la fin de chaque chapitre . Nous y avons utilisé une ap-
Un traité d'électricité risquerait d'être incomplet s'il proche graduelle offrant trois niveaux d'expertise (pra-
ne couvrait pas des phénomènes importants comme tique, intermédiaire, avancé) qui permettront à chaque
l'inertie des masses, la résistance des matériaux et la catégorie de lecteurs d'aborder des problèmes adaptés
chaleur. Une attention particulière est donc portée sur à leurs besoins . Afin d'encourager le lecteur à résou-
les effets mécaniques et thermiques qui influencent le dre ces problèmes, nous donnons les réponses à la fin
comportement de l'équipement électrique . du livre . À ce propos, aux niveaux intermédiaire et
Pour toutes les raisons énumérées précédemment nous avancé, nous n'avons pas hésité à introduire des équa-
croyons que cette nouvelle édition répondra davantage tions dont les calculs utilisent les logarithmes et la tri-
aux besoins technologiques modernes, tant au niveau gonométrie puisque les calculatrices de poche permet-
théorique que pratique . tent de résoudre facilement ces équations .

IX
Il suffit de feuilleter ce livre pour constater la place De fait, depuis déjà des années, les suggestions et les
importante occupée par les photographies . Tous les commentaires de M . Sybille, comme collaborateur sur
appareils ou systèmes décrits sont illustrés à l'aide de le fond et la forme du livre, constituent une contribu-
schémas et de photos, les montrant en cours de mon- tion déterminante à l'aspect global de cet ouvrage .
tage ou en fonctionnement . Bien des gens n'ont jamais
Remerciements
eu l'occasion de visiter une centrale nucléaire ou de
Nous désirons remercier le professeur-ingénieur Pierre
voir de près l'équipement utilisé pour le transport et la
Lavoie dont les commentaires ont eu un impact impor-
distribution de l'énergie ; les photos leur permettront
tant sur l'aspect pédagogique du livre . Il a vérifié tous
de juger des dimensions imposantes de ces appareils .
les problèmes se trouvant en fin de chapitre et contri-
De plus, de nombreux problèmes font référence à ces
bué de façon importante à la rédaction des solutions
photos, ce qui les rend encore plus intéressantes .
qui se retrouvent dans le manuel du professeur.
En résumé, ce livre utilise à la fois une approche théo-
M . Lavoie compte plusieurs années d'expérience dans
rique, pratique et multidisciplinaire afin de donner une
l'industrie . Il a été responsable de la mise en route
connaissance globale de l'industrie électrique moderne .
d'automates programmables et il a assuré le service
Ce champ en plein essor offre déjà des occasions d'em-
après vente des systèmes d'entraînement à vitesse va-
plois intéressants pour plusieurs techniciens et ingé-
riable . Il a aussi été ingénieur chargé des projets in-
nieurs .
dustriels en électricité, instrumentation et contrôle . Il
Nous désirons faire une dernière remarque concernant a réalisé des plans et devis et a été responsable de la
l'utilisation de ce livre. L' électrotechnique a fait un saut surveillance de chantiers (centrales hydroélectriques
énorme depuis les dernières années, principalement à Alcan, etc .) . Son expérience industrielle très variée, en
cause de la disponibilité des microprocesseurs et des plus de son statut de professeur, représentent une con-
commutateurs électroniques à haute vitesse . Il s'en- tribution importante dans la préparation du présent
suivra maintenant une longue période de consolidation ouvrage .
durant laquelle les machines et les appareils existants
Mentionnons aussi les professeurs Hoang Le-Huy et
seront remplacés par des modèles plus modernes . Mais
Philippe Viarouge du Département de génie électrique
la technologie révélée dans ce livre ne changera pas de
de l'Université Laval pour leur contribution dans les
façon significative . Par conséquent, le lecteur, tout au
chapitres sur les entraînements électroniques . Nous
long de sa carrière, trouvera ce livre utile non seule-
remercions aussi M . Michel Dostie du Laboratoire des
ment comme manuel d'étude mais aussi comme livre
Technologies de l'Énergie d'Hydro-Québec (LTE) pour
de référence à long terme .
ses commentaires et l'information qu'il nous a fournie
Coauteur sur la production décentralisée . Enfin, remercions
Dans cette quatrième édition, le nom de Gilbert Sybille M . Jean Anderson, concepteur de matériel didactique
apparaît comme coauteur. Gilbert Sybille est un ingé- en électronique de puissance de Lab-Volt Ltée, pour
nieur professionnel comptant plus de 25 ans d'expé- ses commentaires avisés .
rience au service de l'Institut de recherche d'Hydro-
Encore une fois, nous remercions Karl Wildi pour son
Québec (IREQ) . Son expertise s'étend à des domaines dévouement et sa compétence en ce qui a trait à la pré-
aussi variés que la simulation des grands réseaux,
paration des figures et des photographies et, de façon
l'étude et la conception des systèmes de commande et
plus générale, à tout ce qui touche la mise en forme de
des contrôleurs statiques, la conception de logiciels
cet ouvrage .
utilisés pour l'étude et l'enseignement des réseaux, et
de l'électronique de puissance . Il a aussi exercé au cours Nous remercions aussi les responsables des Presses de
des années ses talents de pédagogue en donnant des l'Université Laval et en particulier Monsieur Denis
cours aussi bien aux ingénieurs d'Hydro-Québec Dion et Monsieur Benoit Bernier, pour avoir appuyé la
qu'aux étudiants universitaires . publication de cet ouvrage.

Louis Bélisle et Jean Lamontagne de Lumen ; Benoit


Nous remercions les compagnies d'avoir fourni leurs
Arsenault et Les Halmos de Rockwell Automation/
catalogues, bulletins d'information et photographies
Allen Bradley ; Hubert Bilodeau d'Hydro-Québec .
illustrant leur équipement. Ces informations techniques,
y compris les séminaires et visites industrielles, ont Enfin, nous ne pouvons oublier la contribution pré-
été des plus utiles pour conférer à ce livre son aspect pondérante des étudiants et étudiantes : c'est grâce à
pratique . À ce propos, nous soulignons la contribution leurs questions et à leurs interrogations que nous avons
des personnes suivantes : pu mettre en évidence, au cours des années, les vérités
fondamentales de l'électrotechnique .
Contributeurs commerciaux, industriels et institution-
nels : André Dupont, ingénieur conseil ; Raj Kapila, G .
Linhofer, Katherine Sahapoglu et Michel Couture de
ABB ; Roger Bullock, Gerry Goyette, Jim McCormick,
Invitation
James Nanney, Darryl J . Van Son et Roddy Yates de
Baldor Electric Company ; Jacques Bédard, Guy Gou- Nous vous invitons à visiter le site web
pil et Michel Lessard de Lab-Volt Ltée . ; Richard B . http ://www.wildi-theo .co m
Dubé de Général Electric Company ; Abdel-Aty Edris
Ce site contient des informations utiles et, toutes les
et Ashock Sundaram de Electric Power Research
deux semaines, il vous propose de résoudre un nou-
Institute (EPRI) ; Neil H . Woodley de Westinghouse
veau problème industriel dont nous fournissons la so-
Electric Corporation ; Maurice Larabie, Jean-Louis
lution .
Marin et Bernard Oegema de Schneider Canada ; T.R .
Daugherty de Edison Electric Institute ; Damiano Vous pouvez aussi nous rejoindre aux adresses élec-
Esposito et Vance E . Gulliksen de Carnival Cruise troniques suivantes :
Lines ; Scott Lindsay de Daiya Control Systems ; Jean- w ildi@wildi-theo .com svbille.gilbert@ireq .c a
François Rainville de Fluke Electronics Canada Inc . ;

XI

TABLE DES MATIÈRES


PARTIE I NOTIONS FONDAMENTALES ET
1 .38 Système de mesure p .u . à trois bases 23
CIRCUITS ÉLECTRIQUES
1-39 Résumé 24
1 NOTIONS DE MÉCANIQUE ET DE Problèmes -Chapitre 1 24
THERMODYNAMIQUE 1
1 .1 Les unités SI 1 2 NATURE DE L'ÉLECTRICITÉ 27
1 .2 Multiples et sous-multiples des unités 2 2 .1 Nature de la matière 27
1 .3 Emploi des exposants 2 2 .2 Attraction entre atomes et molécules 27
1 .4 Utilisation des symboles ( +) et (-) 2 2 .3 Structure atomique 28
1 .5 Force 3 2 .4 Dimensions de l'atome 28
1 .6 Couple 4 2 .5 Électrons libres 29
1 .7 Travail 4 2 .6 Conducteurs et isolants 29
1 .8 Puissance 5 2 .7 Distribution des électrons libres 29
1 .9 Puissance d'un moteur 5 2 .8 Sources d'électricité 30
1 .10 Énergie dans les corps en mouvement 6 2 .9 Courant électrique 30
1 .11 Énergie dans les corps immobiles 7 2 .10 Sens du courant 31
1 .12 Formes de l'énergie 7 2 .11 Protons et neutrons 31
1 .13 Transformation de l'énergie 8 2 .12 Résumé 31
1 .14 Principe de la conservation de l'énergie 8 Problèmes - Chapitre 2 33
1 .15 Rendement d'une machine 8
3 LOI D'OHM 34
1 .16 Sources d'énergie primaire 9
3 .1 Production d'électricité, différence
1 .17 Calcul du moment d'inertie et de
de potentiel 34
l'énergie cinétique de rotation 10
3 .2 Unité de différence de potentiel 34
1 .18 Couple, inertie et variation de vitesse 12
3 .3 Polarité 35
1 .19 Vitesse de rotation et charge d'un moteur 13 3 .4 Charges électriques 35
1 .20 Échange de puissance mécanique dans
3 .5 Courant dans un conducteur et dans une
un système d'entraînement 14 source 35
1 .21 Changement de vitesse d'un moteur
3 .6 Analogie hydraulique 38
entraînant une charge 14 3 .7 Unité d'intensité de courant 38
1 .22 Moteurs et entraînements linéaires 14 3 .8 Mesures d'une intensité de courant et
THERMODYNAMIQUE d'une tension 39
1 .23 Chaleur et température 15 3 .9 Loi d'Ohm 39
1 .24 Échelles de température 16 3 .10 Unité de résistance 40
1 .25 Chaleur requise pour chauffer un corps 16 3 .11 Application de la loi d'Ohm 40
1 .26 Rendement d'une turbine à vapeur 17 3 .12 Résumé 41
1 .27 Transport de la chaleur 17 Problèmes - Chapitre 3 42
1 .28 Propagation de la chaleur par radiation 17
4 PUISSANCE ET ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 44
1 .29 Calcul des pertes par radiation 18
4.1 Circuit électrique 44
1 .30 Transport par conduction 18
4.2 Puissance électrique 44
1 .31 Calcul des pertes par conduction 19
4 .3 Expression de la puissance 45
1 .32 Transport de la chaleur par convection 20
4 .4 Puissance d'une génératrice 45
1 .33 Calcul des pertes par convection 20
4 .5 Puissance dissipée dans les fils
1 .34 Conversion des unités 21
conducteurs (effet Joule) 46
1 .35 Mesures en valeurs relatives, système p .u . 22
4 .6 Pertes dans les lignes de transport 46
1 .36 Système p .u. à base unique 22
4 .7 Chute de tension dans les lignes de
1 .37 Système de mesure p .u . à deux bases 23
transport 46
XII
4 .8 Puissance fournie à la charge 47 7 .4 Graphique d'une tension alternative 71
4 .9 Cas d'un court-circuit 47 7 .5 Addition de tensions positives et négatives 72
4 .10 Charges conçues pour produire de la 7 .6 Courants positifs et courants négatifs 74
chaleur 47 7 .7 Méthode des polarités 75
4 .11 Distinction entre «source» et «charge» 48 7 .8 Taux de variation d'une tension 76
4 .12 Énergie électrique 48 7 .9 Expression du taux de variation 77
4 .13 Emmagasinage de l'énergie 49 7 .10 Niveau de potentiel 78
4 .14 Résumé 49 7 .11 Résumé 79
Problèmes - Chapitre 4 50 Problèmes - Chapitre 7 80

5 CIRCUITS SIMPLES À COURANT 8 SOLUTIONS DES CIRCUITS À


CONTINU 51 COURANT CONTINU 81
5 .1 Groupement en série 51 8 .1 Première loi de Kirchhoff (concernant
5 .2 Groupement de résistances en série ; les tensions) 81
résistance équivalente 52 8 .2 Deuxième loi de Kirchhoff (concernant
5 .3 Groupement en parallèle 53 les courants) 84
5 .4 Groupement de deux résistances en 8 .3 Application pratique aux circuits 85
parallèle 54 8 .4 Théorème de Thévenin 86
5 .5 Montage en parallèle ; résistance 8 .5 Courants de maille 88
équivalente 55 8 .6 Théorème de superposition 89
5 .6 Répartition du courant dans un 8 .7 Utilisation de la méthode des deux indices 90
groupement parallèle 55 8 .8 Tension entre deux points d'un circuit 92
5 .7 Court-circuit 56 8 .9 Utilisation de la notation hybride 92
5 .8 Groupement de trois ou plusieurs 8 .10 Résumé 93
résistances en parallèle 56 Problèmes - Chapitre 8 93
5 .9 Conductance 57
5 .10 Groupement série-parallèle 57 9 ISOLANTS 96
5 .11 Résumé 58 9 .1 Conducteurs et isolants 96
Problèmes - Chapitre 5 59 9 .2 Comparaison des résistivités 96
9 .3 Types d'isolants 97
6 APPAREILS DE MESURE À
9 .4 Isolants solides 97
COURANT CONTINU 61
9 .5 Isolants liquides 99
6 .1 Le mouvement d'Arsonval 61
9 .6 Isolants gazeux 99
6 .2 Mesure des courants intenses ;
9 .7 Détérioration des isolants organiques 99
ampèremètre 62
9 .8 Durée de vie de l'équipement électrique 100
6 .3 Remarques sur les shunts 63
9 .9 Classification thermique des isolants 100
6 .4 Voltmètre 64
9 .10 Résistivité électrique des isolants 100
6 .5 Sensibilité d'un voltmètre 65
9 .11 Rigidité diélectrique - phénomène
6 .6 Précision d'un voltmètre 66
de claquage 100
6 .7 Ohmmètre 66
9 .12 Ionisation d'un gaz 102
6 .8 Mégohmmètre (Megger) 67
9 .13 Conductivité thermique 104
6 .9 Pont de Wheatstone 67
9 .14 Résumé 105
6 .10 Résumé 68
Problèmes - Chapitre 9 105
Problèmes - Chapitre 6 68

7 CONVENTIONS DE SIGNES POUR 10 CONDUCTEURS ET RÉSISTANCES 106


TENSIONS ET COURANTS 70 10.1 Bons conducteurs 106
7 .1 Cas des distances 70 10.2 Conducteurs résistifs 106
7 .2 Addition de distances négatives 10.3 Formes des conducteurs 106
et positives 70 10.4 Mils 107
7 .3 Méthode des deux indices 71 10.5 Circular mil, conducteurs ronds 107
10 .6 Les conducteurs ronds, jauge AWG 107 PILES PRIMAIRES
10 .7 Câbles toronnés 109 11 .7 Polarisation 138
10 .8 Fils de section carrée 109 11 .8 Pile au carbone-zinc 138
10 .9 Résistance d'un conducteur 109 11 .9 Pile au mercure 138
10 .10 Variation de la résistance avec la 11 .10 Pile alkalino-manganèse 139
température 111 11 .11 Durée de vie d'une pile primaire 139
PROPRIÉTÉS MÉCANIQUES DES CONDUCTEURS PILES SECONDAIRES
10 .11 Résistance à la traction 112 11 .12 Rendement d'une pile secondaire 139
10 .12 Traction et allongement 112 11 .13 Production d'hydrogène 139
ISOLEMENT DES CONDUCTEURS 11 .14 Pile au plomb - théorie de
10 .13 Types d'isolants 114 fonctionnement 140
10 .14 Capacité thermique des conducteurs 114 11 .15 Caractéristiques d'une pile au plomb 141
10 .15 Code régissant les installations 11 .16 Entretien d'une batterie 141
électriques 114 11 .17 Pile au nickel-cadmium 142
10 .16 Comparaison de divers conducteurs 115 11 .18 Piles primaires et secondaires spéciales 143
10 .17 Échauffement rapide des conducteurs - PILES À COMBUSTIBLE
facteur izt 116 11 .19 Pile à combustible 145
10 .18 Le rôle des fusibles 119 11 .20 La pile à hydrogène-oxygène 146
10 .19 Conducteurs liquides, électrolytes 119 11 .21 Types de piles à combustibles 146
10 .20 Résistance du sol 120 11 .22 Résumé 147
10.21 Résistance entre deux électrodes de terre 121 Problèmes - Chapitre 11 147
10.22 Mesure de la résistance d'une électrode
de terre 121 12 MAGNÉTISME 149
RÉSISTANCES 12 .1 Aimants naturels, aimants artificiels 149
10 .23 Classes de résistances 122 12 .2 Orientation des aimants 150
10 .24 Résistances à basse température 12 .3 Attraction et répulsion 150
(155 °C et moins) 122 12 .4 Lignes de force 150
10 .25 Résistances à température moyenne 12 .5 Sens des lignes de force 151
(275 °C à 415 °C) 122 12 .6 Détermination du spectre magnétique
10 .26 Radiateurs de plinthe 124 à l'aide de limaille de fer 151
10 .27 Résistances à haute température 12 .7 Prédétermination du spectre magnétique 151
(600 °C et plus) 124 12 .8 Flux magnétique (0) 152
10 .28 Température de fusion 125 12 .9 Densité de flux magnétique (B) 152
10 .29 Construction et comportement des 12 .10 Aimantation par influence 153
fusibles 125 12 .11 Effet du fer doux sur un champ
10 .30 Résistance de contact 126 magnétique 153
10 .31 Résistances non linéaires 127 12 .12 Nature du ferromagnétisme 154
10 .32 Le thermistor 127 12 .13 Théorie des domaines 154
10 .33 Le varistor 127 12 .14 Aimantation rémanente 156
10 .34 Résumé 128 12 .15 Aimants permanents 156
Problèmes - Chapitre 10 128 12 .16 Résumé 156
Problèmes - Chapitre 12 157
11 PILES ET ACCUMULATEURS 132
11 .1 Principe d'une pile 132 13 COURANTS ÉLECTRIQUES ET
11 .2 Théorie de fonctionnement 133 CHAMPS MAGNÉTIQUES 158
11 .3 Résistance interne 134 13 .1 Principes de l'électromagnétisme 158
11 .4 Décharge d'une pile 135 13 .2 Champ magnétique créé par un courant 158
11 .5 Capacité d'une pile 135 13 .3 Forme et sens du champ 159
11 .6 Couplage des piles 136 13 .4 Densité de flux 159

XIV
13 .5 Champ créé par plusieurs conducteurs 160 15 .7 Produit énergétique 191
13 .6 Champ produit par un courant dans 15 .8 Calcul d'un aimant permanent 192
une spire 161 15 .9 Variation du champ avec le temps et
13 .7 Force magnétomotrice (FMM) 162 la température - point de Curie 193
13 .8 Champ d'un solénoïde (bobine longue) 162 15 .10 Aimantion et désaimantation d'un
13 .9 Règle de la main droite pour un aimant permanent 193
solénoïde 163 15 .11 Conversion de l'énergie mécanique
13 .10 Comparaison des champs produits par en énergie magnétique 193
un aimant et un solénoïde à noyau d'air 163 15 .12 Cycle d'hystérésis 194
13 .11 Électro-aimants 163 15 .13 Pertes par hystérésis 194
13 .12 Applications des électro-aimants 164 15 .14 Pertes par hystérésis dues à la rotation 196
13 .13 Calcul des bobines pour électro-aimants 166 15 .15 Résumé 196
13 .14 Résumé 168 Problèmes - Chapitre 15 197
Problèmes - Chapitre 13 168
16 FORCES ÉLECTROMAGNÉTIQUES 198
14 CIRCUITS MAGNÉTIQUES 170 Sens de la force agissant sur un
16 .1
14 .1 Champ magnétique à l'intérieur conducteur rectiligne 198
d'un tore 170
16 .2 Intensité de la force 199
14 .2 Perméabilité magnétique 172
16 .3 Électrons et champ magnétique 200
14 .3 Explication de la perméabilité 172
16 .4 Force entre deux conducteurs 201
14 .4 Perméabilité relative 173
16 .5 Cas d'un cadre rectangulaire 202
14 .5 Courbe de saturation du fer 173
16 .6 Conséquences des forces entre les
14 .6 Densité de flux (B) 174
courants 203
14 .7 Champ magnétique (H) 175
16 .7 Applications des forces
14 .8 Courbe d'aimantation B-H du vide 175
électromagnétiques 204
14 .9 Courbe d'aimantation B-H d'un
16.8 Résumé 205
matériau magnétique 176
Problèmes - Chapitre 16 205
14 .10 Détermination de la perméabilité
relative 176
17 TENSION INDUITE DANS UN
14 .11 Analogie entre circuits électriques et
CONDUCTEUR 208
circuits magnétiques 178 17 .1 Tension induite dans un conducteur 208
14 .12 Solution des circuits magnétiques 17 .2 Valeur de la tension induite 209
simples 178 17 .3 Tension induite dans un conducteur
14 .13 FMM de même sens et de sens contraires 182 rectiligne 210
14 .14 Flux de fuite 182 17 .4 Polarité de la tension induite 210
14 .15 Le SI, le système CGS et le système 17 .5 Conducteur fermé sur une résistance 211
anglais 183 17 .6 Forme d'onde de la tension induite 212
14 .16 Résumé 183 17 .7 Tension induite dans un cadre 212
Problèmes - Chapitre 14 184
17 .8 Courbe de la tension induite 214
17 .9 Courbe de la tension induite en
15 HYSTÉRÉSIS ET AIMANTS 186
PERMANENTS
fonction du temps 214
15 .1 Énergie magnétique dans l'air 186 17 .10 Cycle et fréquence 214
15 .2 Énergie magnétique dans un matériau 17 .11 Valeur de la tension induite 215
magnétique 187 17 .12 Alternateur à cadre tournant 215
15 .3 Force d'attraction agissant sur un 17 .13 Génératrice à courant continu 216
matériau magnétique 187 17 .14 Amélioration de la forme d'onde 218
15 .4 Densité de flux rémanent et champ 17 .15 Différence entre un alternateur et
coercitif 188 une dynamo 218
15 .5 Types d'aimants permanents 189 17 .16 Résumé 219
15 .6 FMM et flux d'un aimant permanent 190 Problèmes - Chapitre 17 219
Xv
18 INDUCTION ÉLECTROMAGNÉTIQUE 220 20 .7 Augmentation de la tension 252
18 .1 Loi de l'induction électromagnétique 220 20 .8 Transfert de charges par contact
18 .2 Application 1 - Induction dans une mécanique 252
bobine 221 20 .9 Transfert de charges à l'aide d'une
18 .3 Application 2 - Tension induite dans source de tension 253
un cadre 221 20 .10 Distribution des charges sur deux
18 .4 Application 3 - Induction mutuelle 222 sphères conductrices 254
18 .5 Application 4 - Générateur à 20 .11 Champ et lignes de force électriques 255
réluctance variable 222 20 .12 Spectres électriques 255
18 .6 Champ magnétique et champ électrique 223 20 .13 Ionisation - applications et
18 .7 Polarité de la tension induite - Loi inconvénients 256
de Lenz 224 20 .14 Phénomènes atmosphériques 259
18 .8 Méthode de mesure du flux 226 260
20 .15 Paratonnerres
18 .9 Tension appliquée et tension induite
20 .16 Éclairs et lignes de transport 260
dans une bobine 227
20 .17 Tension de tenue aux ondes de choc, BIL 261
18 .10 Résumé 229
20 .18 Résumé 262
Problèmes - Chapitre 18 229
Problèmes - Chapitre 20 262
19 INDUCTANCE 230
21 CAPACITANCE 264
19 .1 Inductance mutuelle - le henry 230
21 .1 Unité de capacitance - le farad 264
19 .2 Self-inductance 231
21 .2 Formes de condensateurs 265
19 .3 Polarité de la tension induite 232
21 .3 Constante diélectrique 266
19 .4 Énergie emmagasinée dans le champ
21 .4 Tension de service, capacitance et
magnétique d'une bobine 233
dimensions d'un condensateur 266
19 .5 Fermeture d'un circuit inductif 234
21 .5 Condensateurs en parallèle et en série 267
19 .6 Constante de temps 235
21 .6 Énergie dans un condensateur 268
19 .7 Forme de la courbe exponentielle 237
21 .7 Condensateurs au papier, au plastique
19 .8 Ouverture d'un circuit inductif 238
et à l'huile 268
19 .9 Méthodes de suppression des arcs 238
21 .8 Condensateurs au plastique métallisé 268
19 .10 Courant dans une inductance 240
21 .9 Condensateurs électrolytiques 269
FORMULES POUR CALCUL D'INDUCTANCES
21 .10 Condensateurs électrolytiques à
19 .11 Bobine à noyau de fer ayant un entrefer 243 courant alternatif 270
19 .12 Bobine toroïdale à noyau d'air 243 21 .11 Charge d'un condensateur 270
19 .13 Bobine à noyau d'air 243 21 .12 Décharge d'un condensateur 270
19 .14 Rouleau de fil à noyau d'air 244 21 .13 Constante de temps 271
19 .15 Deux conducteurs parallèles 244 21 .14 Courbes de charge et de décharge 271
19 .16 Deux barres omnibus parallèles 244 21 .15 Loi fondamentale pour un condensateur 272
19 .17 Deux conducteurs concentriques 245 21 .16 Tension variable sur un condensateur 274
19 .18 Résumé 245 21 .17 Applications des condensateurs 274
Problèmes - Chapitre 19 246 21 .18 Condensateurs fonctionnant à
courant alternatif 275
20 PHÉNOMÈNES ÉLECTROSTATIQUES 250
FORMULES POUR CALCUL DE CAPACITANCES
20 .1 Le coulomb - unité de quantité
d'électricité 250 21 .19 Capacitance de deux fils parallèles 276
20 .2 Électrons libres dans un métal 250 21 .20 Capacitance d'un câble coaxial 276
20 .3 Transfert de charges et d .d .p . 250 21 .21 Capacitance d'une sphère par rapport
20 .4 Forces et énergie électrostatiques 251 à une surface plane 277
20 .5 Décharge des corps 21 .22 Résumé 277
251
Problèmes -Chapitre 21 279
20 .6 Conversion de l'énergie mécanique en
énergie électrostatique 252
Xvi

22 CIRCUITS SIMPLES À COURANT 23 .16 Division de deux vecteurs 311


ALTERNATIF 280 23 .17 Impédance d'un circuit 311
22 .1 Forme d'onde sinusoïdale 280 23 .18 Impédance vectorielle d'une résistance 312
CIRCUIT RÉSISTIF 23 .19 Impédance vectorielle d'une réactance
22 .2 Circuit résistif 281 inductive 312
22 .3 Puissance dissipée dans une résistance 282 23 .20 Impédance vectorielle d'une réactance
22 .4 Valeur efficace d'une tension ou d'un capacitive 312
courant sinusoïdal 283 23 .21 Résumé 312
CIRCUIT CAPACITIF
Problèmes - Chapitre 23 313

22 .5 Circuit capacitif 285 24 SOLUTIONS DES CIRCUITS À


22 .6 Réactance capacitive 286 COURANT ALTERNATIF 316
22 .7 Puissance réactive dans un 24 .1 Impédance d'un circuit 316
condensateur : le var capacitif 287 24 .2 Puissance apparente 317
CIRCUIT INDUCTIF SOLUTION DES CIRCUITS PAR LA
22 .8 Circuit inductif 288 MÉTHODE GRAPHIQUE (MÉTHODE 1)
22 .9 Réactance inductive 289 24 .3 Solution graphique d'un circuit parallèle 317
22 .10 Puissance réactive dans une bobine : 24 .4 Solution graphique d'un circuit série 318
le var inductif 290 24 .5 Solution graphique d'un circuit mixte 319
22.11 Comparaison entre les circuits R, L et C 291
SOLUTION DES CIRCUITS SIMPLES
22.12 Valeur moyenne d'un courant ou d'une À L'AIDE DE FORMULES (MÉTHODE 2)
tension périodique 291
22.13 Valeur efficace d'un courant ou d'une 24 .6 Formules donnant l'impédance de deux
tension périodique 293 éléments en série 319
22 .14 Temps, fréquence et l'angle 0 294 24 .7 Formules donnant l'impédance de deux
22 .15 Expressions généralisées d'une 294 éléments en parallèle 321
tension sinusoïdales 24 .8 Circuits résonnants, fréquence de
22 .16 Expressions avec angles en radians 296 résonance 322
22 .17 Résumé 296 24 .9 Circuits résonnants série et parallèle 323
Problèmes - Chapitre 22 296 SOLUTION DES CIRCUITS PAR LE
CALCUL VECTORIEL (MÉTHODE 3)
23 DIAGRAMMES VECTORIELS 299
24 .10 Représentation vectorielle des éléments
23 .1 Somme de deux courants sinusoïdaux 299
R, XL , Xc 325
23 .2 Concept de vecteur tournant 300
24 .11 Relation entre tension, courant et
23 .3 Représentation d'une tension sinusoïdale 301
impédance 326
23 .4 Représentation de plusieurs vecteurs 303
24 .12 Impédances des circuits série, parallèle
23 .5 Addition de vecteurs 303
et mixte 327
23 .6 Vecteurs négatifs et soustraction de
24 .13 Résolution de circuits quelconques 327
vecteurs 304
24 .14 Notation hybride 329
23 .7 Vecteurs «détachés» 304
24 .15 Résumé 330
23 .8 Vecteurs et phaseurs 305
Problèmes - Chapitre 24 331
CALCUL VECTORIEL
23 .9 Représentation polaire d'un vecteur 306 25 PUISSANCE ACTIVE, RÉACTIVE ET
23 .10 Représentation rectangulaire d'un APPARENTE 334
vecteur 307 25 .1 Notions préliminaires 334
23 .11 Conversion polaire = rectangulaire 308 25 .2 Sources et charges actives 335
23 .12 Conversion rectangulaire = polaire 308 25 .3 Sources et charges réactives 335
23 .13 Conjugué d'un vecteur 309 25 .4 Mesure de la puissance active et réactive 337
23 .14 Addition des vecteurs 309 25 .5 Charges active et réactive - puissance
23 .15 Multiplication des vecteurs 310 apparente 338
XVI I

25 .6 Facteur de puissance 339 27 .4 Enroulement imbriqué 380


25 .7 Amélioration du facteur de puissance 340 27 .5 Position des balais et zones neutres 382
25 .8 Systèmes comprenant plusieurs charges 342 27 .6 Génératrices multipolaires 382
25 .9 Résolution des circuits par la méthode PROPRIÉTÉS D'UNE GÉNÉRATRICE À C.C .
des puissances 343 27 .7 Valeur de la tension induite 384
25 .10 Transport de puissances P et Q entre 27 .8 Réaction d'induit 384
deux sources de tension 345 27 .9 Pôles de commutation 386
25 .11 Valeur de la puissance active 346 27 .10 Génératrice à excitation séparée 387
25 .12 Valeur de la puissance réactive 346 27 .11 Fonctionnement à vide 387
25 .13 Commande des puissances active et 27 .12 Génératrice à excitation shunt 387
réactive 347 27 .13 Réglage de la tension 388
CALCUL VECTORIEL 27 .14 Génératrice en charge 389
25 .14 Puissances sous forme vectorielle 350 27 .15 Génératrice compound additive 390
25 .15 Sens arbitraires des courants : effet sur 27 .16 Génératrice compound différentielle 391
les diagrammes vectoriels 352 27 .17 Caractéristiques en charge 391
25 .16 Résumé 353 27 .18 Spécifications d'une génératrice 391
Problèmes - Chapitre 25 353 27 .19 Commutation du courant de charge 391
27 .20 Résumé 393
26 CIRCUITS TRIPHASÉS 356 Problèmes - Chapitre 27 394
26 .1 Alternateur diphasé 356
28 MOTEURS À COURANT CONTINU 396
26 .2 Alternateur triphasé 357
28 .1 Force contre-électromotrice 396
26 .3 Montage en étoile 358
28 .2 Accélération du moteur 397
26 .4 Propriétés du montage en étoile 359
28 .3 Expression du couple 398
26 .5 Charges raccordées en étoile et en
28 .4 Expression de la vitesse 401
triangle 361
28 .5 Réglage de la vitesse par la tension de
26 .6 Puissance transportée par une ligne
l'induit 401
triphasée 363
28 .6 Réglage de la vitesse par le flux de
26 .7 Résolution des circuits triphasés 364
l'inducteur 403
26 .8 Charges industrielles 365
28 .7 Marche du moteur shunt en charge 404
26 .9 Séquence des phases 367
28 .8 Démarrage d'un moteur shunt 404
26 .10 Détermination de la séquence des phases 369
28 .9 Démarreur manuel pour moteur shunt 405
26 .11 Mesure de la puissance active (circuits
28 .10 Moteur série 405
triphasés à 3 fils) 369
28 .11 Réglage de la vitesse d'un moteur série 406
26 .12 Mesure de la puissance active (circuits
28 .12 Emploi du moteur série 407
triphasés à 4 fils) 371
28 .13 Moteur compound 407
26 .13 Mesure de la puissance réactive 371
28 .14 Inversion du sens de rotation 408
26 .14 Puissance instantanée d'un circuit
28 .15 Énergie cinétique de rotation et arrêt
triphasé 371
d'un moteur 408
26 .15 Mesure de la puissance instantanée 372
28 .16 Freinage dynamique 409
26 .16 Résumé 372
28 .17 Freinage par inversion 410
Problèmes - Chapitre 26 373
28 .18 Constante de temps mécanique d'un
PARTIE II MACHINES ÉLECTRIQUES ET système de freinage 411
TRANSFORMATEURS 28 .19 Enroulement de compensation 412
28-20 Moteurs à aimant permanent 413
27 GÉNÉRATRICES À COURANT CONTINU 377 PRINCIPES FONDAMENTAUX DES
CONSTRUCTION D'UNE GÉNÉRATRICE À C .C . ENTRAÎNEMENTS ÉLECTRIQUES
27 .1 Inducteur 377 28 .21 Les quatre quadrants de fonctionnement 414
27 .2 Induit 378 28 .22 Courbe du couple en fonction de la
27 .3 Collecteur et balais 379 vitesse 416
XVIII

28 .23 Courbes T - n relatives 416 TRANSFORMATEURS UTILISÉS


28-24 Résumé 419 EN PRATIQUE
Problèmes -Chapitre 28 419 30 .11 Transformateur idéal comportant un
noyau réel 451
29 PERTES, ÉCHAUFFEMENT ET
30 .12 Transformateur idéal à couplage partiel 453
RENDEMENT DES MACHINES
30 .13 Réactances de fuite au primaire et au
ÉLECTRIQUES 422
secondaire 454
29 .1 Pertes mécaniques 422
30 .14 Circuit équivalent d'un transformateur 455
29 .2 Pertes électriques dans les conducteurs 422
30 .15 Simplification du circuit équivalent 456
29 .3 Pertes électriques dans le fer 423
30 .16 Construction du transformateur 458
29 .4 Courants de Foucault dans un noyau
30 .17 Marques de polarité d'un transformateur
stationnaire 425
de puissance 459
29 .5 Variation des pertes avec la charge 426
30 .18 Test de polarité 460
29 .6 Puissance et capacité de surcharge 426
30 .19 Réglage de la tension ; transformateur
29 .7 Courbe de rendement 426 à rapport variable 461
29 .8 Normes d'échauffement 427 30 .20 Courbe de saturation et tension
29 .9 Mesure de l'échauffement 430 d'utilisation 461
FACTEURS AFFECTANT LA GROSSEUR ET LE 30 .21 Pertes, rendement et capacité d'un
RENDEMENT DES MACHINES ÉLECTRIQUES transformateur 462
29 .10 Impact de la tension nominale sur les 30 .22 Refroidissement des transformateurs 465
dimensions 431 30 .23 Application du système p .u . aux
29 .11 Variation des dimensions et du transformateurs 467
rendement en fonction de la 30 .24 Impédances d'un transformateur
puissance nominale 431 exprimées en p .u. 468
29 .12 Variation des dimensions avec la 30 .25 Mesure des impédances d'un
vitesse nominale 434 transformateur 470
29 .13 Couple nominal et dimsions 30 .26 Transformateurs en parallèle 473
d'une machine 435 30 .27 Résumé 475
29 .14 Résumé 436 Problèmes - Chapitre 30 475
Problèmes - Chapitre 29 437
31 TRANSFORMATEURS SPÉCIAUX 478
30 TRANSFORMATEURS 440 31 .1 Transformateur à secondaire double 478
30 .1 Tension induite dans une bobine 440 31 .2 Autotransformateur 479
30 .2 Tension appliquée et tension induite 441 31 .3 Transformateur conventionnel monté
30 .3 Transformateur élémentaire 442 en autotransformateur 480
30 .4 Marques de polarité d'un transformateur 443 31 .4 Transformateurs de tension 482
30 .5 Propriétés des marques de polarité 443 31 .5 Transformateurs de courant 483
LE TRANSFORMATEUR IDÉAL
31 .6 Transformateur de courant toroïdal 485
31 .7 Danger lorsque le secondaire d'un
30 .6 Le transformateur idéal à vide ; rapport transformateur de courant est ouvert 486
de transformation 444 31 .8 Autotransformateur variable 486
30 .7 Transformateur idéal en charge ; rapport 31 .9 Transformateurs à haute impédance 487
des courants 445
31 .10 Transformateurs pour fours à induction 489
30 .8 Conventions et représentation
31 .11 Transformateur à 3 enroulements 490
symbolique d'un transformateur idéal 446
31 .12 Transformateurs ayant un courant
30 .9 Rapport d'impédance 448
magnétisant important 492
30 .10 Déplacement des impédances du
31 .13 Modèle de transformateur spécial 492
secondaire au primaire et vice versa 449
31 .14 Analyse d'un transformateur spécial
lorsque le rapport des nombres de
spires est inconnu 494
XIX


31 .15 Circuit couplé généralisé 496 33 .15 Effet de la résistance du rotor 538
31 .16 Transformateurs à haute fréquence 497 33 .16 Moteur à rotor bobiné 542
31 .17 Bloc d'alimentation conventionnel 498 33 .17 Bobinages triphasés 543
31 .18 Alimentation à découpage 498 33 .18 Principe du moteur linéaire 546
31 .19 Résumé 501 33 .19 Moteur d'induction linéaire 547
Problèmes - Chapitre 31 501 33 .20 Déplacement d'un champ magnétique
linéaire 547
32 TRANSFORMATEURS TRIPHASÉS 504 33 .21 Propriétés du moteur linéaire 548
32 .1 Montage triangle-triangle 504 33 .22 Sustentation magnétique 550
32 .2 Montage triangle-étoile 505 33 .23 Résumé 551
32 .3 Montage étoile-triangle 507 Problèmes - Chapitre 33 551
32 .4 Montage étoile-étoile 507
32 .5 Montage en triangle ouvert 507 34 APPLICATIONS DES MACHINES
32 .6 Transformateurs triphasés 508 ASYNCHRONES TRIPHASÉES 556
32 .7 Autotransformateur survolteur - 34 .1 Standardisation et classification des
dévolteur et puissance intrinsèque 509 moteurs asynchrones 556
32 .8 Déphasage des tensions des 34 .2 Classification selon les conditions
transformateurs 512 environnementales 556
32 .9 Transformation triphasé-hexaphasée 513 34 .3 Classification selon les caractéristiques
32 .10 Transformation triphasé-diphasé 513 électriques et mécaniques 558
32 .11 Transformateur à déphasage variable 515 34 .4 Grosseur des moteurs 559
32 .12 Régulation de tension 517 34 .5 Choix de la vitesse des moteurs
32 .13 Transformation d'une charge asynchrones 559
monophasée en triphasée 519 34 .6 Moteurs à deux vitesses 560
32 .14 Marques de polarité des transformateurs 34 .7 Moteur asynchrone fonctionnant comme
triphasés 521 frein 562
32 .15 Résumé 521 34 .8 Effets de l'inertie 563
Problèmes - Chapitre 32 522 34 .9 Freinage par courant continu 563
34 .10 Conditions anormales de fonctionnement 564
33 MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS 524 34 .11 Surcharge mécanique 564
33 .1 Parties principales 524 34 .12 Variation de la tension d'alimentation 564
33 .2 Principe de fonctionnement du moteur 34 .13 Rupture d'un fil d'alimentation 565
asynchrone 527 34 .14 Variation de la fréquence 565
33 .3 Champ tournant 527 34 .15 Moteur asynchrone fonctionnant comme
33 .4 Sens de rotation 530 génératrice 566
33 .5 Nombre de pôles - vitesse synchrone 530 34 .16 Convertisseur de fréquence 568
33 .6 Démarrage du moteur à cage d'écureuil 531 34 .17 Caractéristique couple/vitesse complète
33 .7 Accélération du rotor et glissement 532 d'une machine asynchrone 570
33 .8 Moteur en charge 532 34 .18 Expression du couple en fonction de la
33 .9 Glissement et vitesse de glissement 532 vitesse 570
33 .10 Tension et fréquence induites dans LA MACHINE ASYNCHRONE À
le rotor 533 DOUBLE ALIMENTATION
33 .11 Caractéristiques des moteurs à cage 34 .19 Moteur asynchrone à double
d'écureuil 534 alimentation 574
33 .12 Calcul approximatif des caractéristiques 34 .20 Moteur à double alimentation en
d'un moteur 535 mode sous-synchrone 576
33 .13 Cheminement de la puissance active 536 .21 Moteur à double alimentation en
34
33 .14 Courbes du couple en fonction de la mode hyper-synchrone 576
vitesse 539

XX
34 .22 Générateur asynchrone à double 36 ALTERNATEURS TRIPHASÉS 616
alimentation 576 36 .1 Principe des alternateurs de grande
34 .23 Résumé 581 puissance 616
Problèmes -Chapitre 34 581 36 .2 Nombre de pôles 617
36 .3 Stator 617
35 LA MACHINE ASYNCHRONE : CIRCUIT 36 .4 Rotor 619
ÉQUIVALENT ET VARIATION DE LA 36 .5 Excitatrice 621
VITESSE 585 36 .6 Excitation sans balais 621
35 .1 Le moteur à rotor bobiné 585 36 .7 Facteurs affectant la grosseur des
35 .2 Diagramme vectoriel d'un moteur alternateurs 622
asynchrone 588 36 .8 Marche à vide : courbe de saturation 624
35 .3 Puissances électrique, mécanique et 36 .9 Circuit équivalent d'un alternateur :
thermique 589 réactance synchrone 624
35 .4 Puissance transmise au rotor et 36 .10 Détermination de la valeur de X, 625
puissance mécanique 589 36 .11 Impédance de base d'un alternateur :
35 .5 Couple et vitesse de décrochage et valeur relative de XS 626
couple de démarrage 590 36 .12 Rapport de court-circuit 627
35 .6 Circuits équivalents de deux moteurs 36 .13 Alternateur en charge 628
industriels 591 36 .14 Courbes de régulation 628
35 .7 Moteur de 5 hp : calcul des grandeurs 36 .15 Synchronisation des alternateurs 631
lors du décrochage 591 36 .16 Synchronisation au moyen de lampes 631
35 .8 Courbe du couple en fonction de la 36 .17 Alternateur branché sur un réseau infini 632
vitesse 592 36 .18 Interprétation physique du
35 .9 Propriétés d'une génératrice asynchrone 593 fonctionnement d'un alternateur 634
35 .10 Mesure des paramètres 595 36 .19 Puissance active débitée 635
VARIATION DE LA VITESSE D'UN 36 .20 Commande de la puissance débitée 636
MOTEUR ASYNCHRONE 36 .21 Constante d'inertie H 636
35 .11 Moteur à vitesse variable et couple 36 .22 Réactance transitoire 637
constant 597 36 .23 Résumé 639
35 .12 Couple et courant en fonction de la Problèmes - Chapitre 36 640
vitesse de glissement 598
35 .13 Modification du circuit équivalent selon 37 MOTEURS SYNCHRONES 643
la fréquence d'opération 602 37 .1 Construction 643
35 .14 Plage d'opération lorsque la tension et 37 .2 Démarrage du moteur synchrone 644
la fréquence sont variables 603 37 .3 Accrochage du rotor 645
35 .15 Flux du stator dans une machine 37 .4 Moteur en charge - description 646
asynchrone et le rapport volts/hertz 603 37 .5 Moteur en charge - puissance et couple 646
35 .16 Commande du couple et de la vitesse 604 37 .6 Angles électrique et mécanique 648
35 .17 Couple et vitesse lors du décrochage 606 37 .7 Caractéristiques générales d'un moteur
35 .18 Freinage par récupération d'énergie 607 synchrone 649
35 .19 Fonctionnement en survitesse 609 37 .8 Excitation et puissance réactive d'un
35 .20 Fonctionnement en survitesse : aperçu moteur synchrone 650
préliminaire 609 37 .9 Facteur de puissance : courbes en V 650
35 .21 Autres façons de présenter les 37 .10 Compensateur synchrone 652
caractéristiques du moteur 612 37 .11 Couple de réluctance 653
35 .22 Résumé 613 37 .12 Arrêt du moteur 655
Problèmes - Chapitre 35 613 37 .13 Usages du moteur synchrone,
comparaison avec le moteur asynchrone 656
37 .14 Résumé 657
Problèmes - Chapitre 37 657

XXI

38 MOTEURS MONOPHASÉS 660 39 .14 Moteurs pas à pas et entraînements


38 .1 Construction d'un moteur asynchrone linéaires 701
monophasé 660 39 .15 Résumé 702
38 .2 Vitesse synchrone 662 Problèmes -Chapitre 39 702
38 .3 Couple en fonction de la vitesse 663 ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE
PARTIE III
38 .4 Principe de fonctionnement 663 ET SYSTÈMES D'ENTRAÎNEMENT
38 .5 Démarrage par phase auxiliaire 664
38 .6 Moteur à phase auxiliaire résistive 664 40 COMMANDE INDUSTRIELLE DES
Moteur à démarrage par condensateur 667 MOTEURS 706
38 .7
38 .8 Caractéristiques en charge des moteurs 40 .1 Dispositifs de commande 706
asynchrones 667 40 .2 Contacts normalement ouverts et
Vibration des moteurs monophasés 668 normalement fermés 711
38 .9
38 .10 Moteur à condensateur permanent 670 40 .3 Courant d'excitation d'une bobine de
Inversion du sens de rotation 671 maintien 711
38 .11
Moteur à bagues de court-circuit 40 .4 Diagrammes de commande 711
38 .12
(«Shaded-pole motor») 671 40 .5 Procédés de démarrage 712
Moteur série 672 40 .6 Démarreurs manuels 714
38 .13
38 .14 Moteur à répulsion-induction 673 40 .7 Démarreurs magnétiques 714
38 .15 Moteur à hystérésis 673 40.8 Marche par à-coups («jogging») 718
38 .16 Moteur synchrone à réluctance variable 675 40 .9 Inversion du sens de rotation 719
38 .17 Choix des moteurs monophasés 675 40.10 Freinage par inversion 720
38 .18 Systèmes d'entraînement synchro 676 40 .11 Démarrage à tension réduite 720
40 .12 Démarrage par résistances 722
CIRCUIT ÉQUIVALENT D'UN MOTEUR
MONOPHASÉ À CAGE 40 .13 Démarrage par autotransformateurs 725
40 .14 Autres méthodes de démarrage 727
38 .19 Répartition de la FMM 677
40 .15 Commutateurs à cames 707
38 .20 FMM tournantes dans un moteur
40 .16 Systèmes d'entraînements spéciaux 728
monophasé 678
AUTOMATES PROGRAMMABLES
38 .21 Déduction du circuit équivalent du
moteur monophasé 679 40 .17 Introduction 729
38 .22 Résumé 681 40 .18 Capacités des automates programmables
Problèmes - Chapitre 38 682 industriels 729
40 .19 Les éléments d'un système de
39 MOTEURS PAS À PAS 684 commande 729
39 .1 Moteur pas à pas élémentaire 684 40 .20 Exemples d'utilisation d'un automate
39 .2 Effet de l'inertie 685 programmable 732
39 .3 Effet d'une charge mécanique 686 40 .21 Parties d'un automate programmable
39 .4 Couple en fonction du courant 687 industriel 734
39 .5 Mode de rotation pas à pas 687 40 .22 L'unité centrale de traitement 734
39 .6 Mode de rotation en survitesse 688 40 .23 Console de programmation 734
39 .7 Accélération et décélération progressive 40 .24 Les modules d'entrée/sortie 735
(«ramping») 689 40 .25 Structure des modules d'entrée 736
39 .8 Types de moteurs pas à pas 689 40 .26 Structure des modules de sortie 736
39 .9 Enroulements et systèmes d'excitation 693 40 .27 Modularité des automates
39 .10 Fonctionnement à haute vitesse 697 programmables industriels 737
39 .11 Méthodes pour réduire la constante 40 .28 Les entrées et sorties à distance 738
de temps 698 40 .29 Circuits conventionnels et circuits
39 .12 Système d'excitation à deux niveaux de d'automate programmable 738
tension («bilevel drive») 698 40 .30 Règle de sécurité 739
39 .13 Instabilité et résonance 701 40 .31 La programmation 739

XXI I
40 .32 Les langages de programmation 740 42 ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 784
40 .33 Le diagramme en échelle 740 42 .1 Différence de potentiel entre les bornes
40 .34 Le langage booléen 741 des éléments de base 784
40 .35 Le Grafcet 741 42 .2 La diode 785
40 .36 Avantages et inconvénients des 42 .3 Caractéristiques principales d'une diode 786
automates programmables 741 CIRCUITS UTILISANT DES DIODES
MODERNISATION D'UNE 42 .4 Chargeur d'accumulateur avec résistance 787
INDUSTRIE GRÂCE AU API 42 .5 Chargeur d'accumulateur avec
40 .37 Planification du changement 743 inductance 788
40 .38 Le personnel apprend à maîtriser les API 744 42 .6 Redresseur en pont monophasé 789
40 .39 Liaisons entre les API 744 42 .7 Filtres 790
40 .40 Programmation des API 745 42 .8 Redresseur triphasé à 3 pulsations 792
40 .41 Évolutions vers une entreprise virtuelle 747 42 .9 Redresseur en pont triphasé 795
40 .42 Résumé 747 42 .10 Courant efficace, courant fondamental
Problèmes - Chapitre 40 748 et harmoniques 799
42 .11 Propriétés du thyristor 800
41 LES HARMONIQUES 751 42 .12 Principe d'amorçage 802
41 .1 Composition d'une onde distorsionnée 751 42 .13 Puissance de commande 803
41 .2 Harmoniques et diagrammes vectoriels 753 42 .14 Principe de blocage 803
41 .3 Valeurs efficaces d'une onde CIRCUITS DE BASE UTILISANT
distorsionnée 753 DES THYRISTORS
41 .4 Facteur crête et facteur de distorsion 42 .15 Circuit 1 - Redresseur contrôlé
(THD) 754 alimentant une charge passive 805
41 .5 Harmoniques et circuits 755 42 .16 Circuit 2 - Redresseur contrôlé
41 .6 FP total et FP de déplacement 756 alimentant une charge active 806
41 .7 Charges non linéaires 756 42 .17 Circuit 3 - Onduleur non autonome 807
41 .8 Génération des harmoniques 758 42 .18 Circuit 4 - Contacteur électronique et
41 .9 Génération d'une puissance réactive 760 gradateur 809
42 .19 Circuit 5 - Cycloconvertisseur 809
EFFET DES HARMONIQUES
42 .20 Circuit 6 - Onduleur autonome 810
41 .10 Courant harmonique dans un 42.21 Circuit 7 - Hacheur 812
condensateur 761
CONVERTISSEUR TRIPHASÉ
41 .11 Courants harmoniques dans un
CONTROLÉ À THYRISTORS
conducteur 762
42 .22 Convertisseur triphasé en pont 812
41 .12 Tension harmonique et flux dans une
42 .23 Principe de fonctionnement en mode
bobine 763
redresseur contrôlé 812
41 .13 Courants harmoniques dans une ligne
42 .24 Principe de fonctionnement en mode
triphasée avec neutre 764
onduleur 814
41 .14 Harmoniques et résonance 765
42 .25 Convertisseur triphasé contrôlé
41 .15 Filtres harmoniques 770
alimentant une charge active 815
41 .16 Harmoniques dans les réseaux publics 772
42 .26 Commutation retardée - mode
41 .17 Courants harmoniques dans les
redresseur 816
transformateurs : le facteur K 774 42 .27 Commutation retardée - mode onduleur 818
ANALYSE HARMONIQUE 42 .28 Plage de commutation 818
41 .18 Procédure pour analyser une onde 42 .29 Circuit équivalent d'un convertisseur 818
périodique 776 42 .30 Courants dans un convertisseur triphasé
41 .19 Résumé 780 en pont 820
Problèmes -Chapitre 41 781 42 .31 Facteur de puissance 821

XXIII

42 .32 Période de commutation 822 42 .62 Convertisseur monophasé à deux


42 .33 Commutation naturelle 823 nivaux en demi-pont 858
42 .34 Angle de marge 825 42 .63 Convertisseur monophasé à trois nivaux 859
42 .35 Encoches de commutation 827 42 .64 Réalisation d'un convertisseur à
HACHEURS CONTINU-CONTINU trois nivaux 860
42 .36 Thyristor et GTO - caractéristiques 827 42 .65 Commande de la tension générée par un
convertiseur à trois nivaux à onde carrée 861
42.37 Le BIT - caractéristiques 828
42 .38 Le MOSFET - caractéristiques 828 42 .66 Réduction des harmoniques générées
par un convertisseur à trois nivaux 861
42 .39 L'IGBT - caractéristiques 829
42 .40 Applications du hacheur 829 42 .67 Convertisseur triphasé à trois nivaux 861
42 .41 Hacheur continu-continu à deux 42 .68 Convertisseur à trois nivaux à MLI 864
quadrants 829 42 .69 Convertisseur continu-triphasé à
42 .42 Le hacheur vu comme un transformateur MLI à trois nivaux 864
832 42 .70 Résumé 866
à c .c .
Problèmes -Chapitre 42 868
42 .43 Ondulation du courant continu 832
42 .44 Courant IH débité par la source 833
43 ENTRAÎNEMENT ÉLECTRONIQUE DES
42 .45 Hacheur électronique continu-continu 836
MOTEURS À COURANT CONTINU 873
42 .46 Hacheurs dévolteur et survolteur 837
43 .1 Entraînement limité au quadrant 1 873
42 .47 Hacheur à 4 quadrants 837
43 .2 Entraînement dans les quadrants 1 et 4
42 .48 Pertes dues à la commutation 839
par inversion du champ 876
CONVERTISSEURS CONTINU-ALTERNATIF 43 .3 Entraînement dans les quadrants 1 et 4
42 .49 Convertisseur continu-alternatif à onde par inversion de l'induit 877
carrée 841 43 .4 Entraînement dans les quadrants 1 et 4
42 .50 Convertisseur continu-continu à utilisant deux convertisseurs 877
modulation de la largeur d'impulsion 43 .5 Entraînement avec courant de
(MLI) 841 circulation 878
42 .51 Création de formes d'ondes alternatives 43 .6 Entraînement électronique dans les
quelconques 842 quadrants 1 et 2 880
42 .52 Convertisseur continu-alternatif à onde 43 .7 Fonctionnement dans les 4 quadrants 881
sinusoïdale 844 43 .8 Redresseur en pont avec diode de roue
42 .53 Génération d'une tension sinusoïdale 845 libre 882
42 .54 Tensions MLI et volts-secondes 846 43 .9 Redresseur mixte 885
42 .55 Autres méthodes de commutation 846 43 .10 Hacheurs et machines à c .c . 887
42 .56 Réalisation graphique de la MLI pour 43 .11 Application des hacheurs aux systèmes
convertisseur à 2 quadrants 847 de traction 888
42 .57 Réalisation graphique de la MLI pour 43 .12 Entraînement d'un moteur shunt
convertisseur à 4 quadrants (mode utilisant un convertisseur c .c . - c .c . 891
bipolaire) 848 43 .13 Introduction aux moteurs sans balais 896
42 .58 Réalisation graphique de la MLI pour 43 .14 Remplacement du collecteur 897
convertisseur à 4 quadrants (mode 43 .15 Moteur synchrone fonctionnant en
unipolaire) 850 machine à c .c . 898
42 .59 Convertisseur continu-triphasé 850 43 .16 Distinction entre un moteur synchrone
42 .60 Convertisseur triphasé : MLI par le et un moteur synchrone autopiloté 899
calcul de trois rapports cycliques 855 43 .17 Application d'un moteur à c .c . sans
balais 900
CONVERTISSEURS À TROIS NIVAUX
43 .18 Résumé 902
42 .61 Convertisseur monophasé à deux 902
Problèmes - Chapitre 43
nivaux en pont 857

XXIV

44 COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES CONTRÔLE VECTORIEL


MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 906
44 .22 Commande dynamique rapide des
44 .1 Types d'entraînements à courant
moteurs asynchrones 950
alternatif 906
44 .23 Principe du contrôle vectoriel 952
VARIATEURS DE VITESSE À 44 .24 Forces magnétomotrices spatiales 952
COMMUTATION NATURELLE
44 .25 Principe et mode d'opération du
44 .2 Moteur synchrone alimenté par une contrôle vectoriel 953
source de courant 908 44 .26 Orientation des FMM en régime
44 .3 Cycloconvertisseur à 6 pulsations 911 permanent 954
44 .4 Moteur synchrone alimenté par un 44 .27 Induction des courants dans le rotor 956
cycloconvertisseur 912 44 .28 Production d'un couple instantané 956
44 .5 Moteur asynchrone alimenté par un 44 .29 Commande vectorielle de n et T des
cycloconvertisseur 914 moteurs asynchrones 959
44 .6 Commande de vitesse d'un moteur à 44 .30 Fréquence de découpage 960
rotor bobiné 920
COMMANDE DIRECTE DU COUPLE
44 .7 Entraînement à vitesse variable utilisant
un gradateur 923 44 .31 Introduction 960
44 .8 Démarreurs statiques pour moteurs 44 .32 Commande du flux et du couple par
asynchrones 925 hystérésis 961
44 .33 Commande de la vitesse 962
VARIATEURS DE VITESSE UTILISANT DES
44 .34 Production du champ magnétique dans
ONDULEURS AUTONOMES
un moteur biphasé 962
44 .9 Note concernant les onduleurs
44 .35 Production d'un champ tournant 964
autonomes 927
44 .36 Commande du champ tournant par
44 .10 Onduleurs autonomes à ondes
hystérésis 966
rectangulaires 928
44 .37 Commande de la vitesse de rotation 967
44 .11 Onduleur à onde rectangulaire alimenté
44 .38 Logique de programmation des
par une source de courant 929
interrupteurs 967
44 .12 Onduleur autonome alimenté par une 44 .39 Vitesse de glissement instantanée et
source de tension 931
production du couple 969
44 .13 Variateur de vitesse pour moteur à cage 44 .40 Commande des moteurs triphasés 970
de 5 hp 933
44 .41 Système de commande par hystérésis 972
VARIATEURS DE VITESSE MLI 44 .42 Résumé 973
44 .14 Principe du variateur de vitesse à MLI 937 Problèmes - Chapitre 44 975
44 .15 Tensions générées par un variateur de
PARTIE IV RÉSEAUX ÉLECTRIQUES
vitesse MLI 939
44 .16 MLI synchronisée 941 45 PRODUCTION DE L'ÉNERGIE
44 .17 Variateur de vitesse MLI pour moteur ÉLECTRIQUE 983
asynchrone de 5 hp 941 45 .1 Appel de puissance d'un réseau 983
44 .18 Variateur de vitesse pour trains et 45 .2 Emplacement des centrales - transport
autobus 945 de l'énergie primaire 984
44 .19 Composants principaux d'un système 45 .3 Types de centrales 985
de traction 946 45 .4 Commande de la puissance et de la
44 .20 Modes d'opération du convertisseur fréquence - cas d'une centrale isolée 985
triphasé 947 45 .5 Commande de la puissance et de la
44 .21 Fonctionnement du convertisseur fréquence - cas de plusieurs centrales
monophasé 948 reliées 986
45 .6 Conditions lors d'une panne 987
45 .7 La fréquence et les horloges 988

xxv
CENTRALES HYDRAULIQUES PRODUCTION DÉCENTRALISÉE

45 .8 Puissance disponible 989 45 .38 Émergence de la production


45 .9 Types de centrales hydrauliques 989 décentralisée 1018
45 .10 Parties principales d'une centrale 45 .39 Cogénération 1019
hydraulique 991 45 .40 Technologies utilisées pour la
45 .11 Centrales à réserve pompée 992 génération décentralisée 1019
CENTRALES THERMIQUES
45 .41 Exemple de microturbine avec
cogénération 1020
45 .12 La combustion 994
45 .42 Résumé 1022
45 .13 Les éléments combustibles 994
Problèmes - Chapitre 45 1024
45 .14 Produits de la combustion 995
45 .15 Organisation d'une centrale thermique 995
46 TRANSPORT DE L'ÉNERGIE
45 .16 Turbines 997 ÉLECTRIQUE 1026
45 .17 Condenseur 997 46 .1 Organisation d'un réseau de transport
45 .18 Tours de refroidissement 998 d'énergie 1026
45 .19 Pompe d'alimentation en eau 998 46 .2 Types de lignes 1027
45 .20 Diagramme énergétique d'une centrale 46 .3 Tensions normalisées 1028
thermique 998
RÉALISATION PRATIQUE
CENTRALES NUCLÉAIRES D'UNE LIGNE AÉRIENNE
45 .21 Composition du noyau atomique 1000 46 .4
Composants d'une ligne 1028
45 .22 Énergie libérée par la fission atomique 1000 46 .5
Construction d'une ligne 1031
45 .23 Source de l'uranium 1001 46 .6
Lignes galopantes 1031
45 .24 Réaction en chaîne 1001 46 .7
Effet couronne - interférences
45 .25 Types de réacteurs 1002 radiophoniques 1031
45 .26 Exemple de réacteur à eau lourde : 46 .8 Pollution 1031
réacteur CANDU 1003 46 .9 Fils de garde 1031
45 .27 Exemple de réacteur à eau légère 1005 46 .10 Mise à la terre des pylônes 1031
45 .28 Principe du réacteur surrégénérateur 1006
PROPRIÉTÉS ÉLECTRIQUES DES
45 .29 Réaction nucléaire par fusion 1007 LIGNES DE TRANSPORT
PARCS D'ÉOLIENNES
46 .11 Circuit équivalent d'une ligne 1032
45 .30 Propriétés du vent 1007 46 .12 Simplification du circuit équivalent 1033
45 .31 Technologies de production d'électricité 46 .13 Valeurs des impédances de ligne 1034
à partir de l'énergie éolienne 1009 46 .14 Variation de la tension et puissance
45 .32 Turbine éolienne entraînant maximale transportable 1032
une génératrice à c .c . 1009 46 .15 Ligne résistive 1035
45 .33 Turbine éolienne entraînant une 46 .16 Ligne inductive 1036
génératrice asynchrone à vitesse 46 .17 Ligne inductive avec compensation 1037
constante 1009 46 .18 Ligne inductive reliant deux réseaux 1038
45 .34 Turbine éolienne entraînant une 46 .19 Récapitulation de la puissance
génératrice asynchrone à vitesse transportée 1039
variable 1010 46 .20 Choix de la tension de ligne 1040
45 .35 Turbine éolienne entraînant une 46 .21 Méthodes pour augmenter la puissance
génératrice asynchrone à transportable 1041
double alimentation 1011 46 .22 Transport de l'énergie à très haute
45 .36 Turbine éolienne et génératrice à tension 1044
aimants permanents à couplage direct 1012 46 .23 Échanges de puissance 1046
45 .37 Exemples de parcs éoliens 1013 46 .24 Puissances d'une ligne souterraine 1048
46 .25 Résumé 1049
Problèmes - Chapitre 46 1049

XXVI
47 DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE 48 COÛT DE L'ÉLECTRICITÉ -
ÉLECTRIQUE 1053 TARIFICATION 1089
POSTES DE TRANSFORMATION ET 48 .1 Tarification basée sur l'énergie 1089
D'INTERCONNEXION HT ET MT 48 .2 Tarification basée sur l'appel de
Appareillage d'un poste de puissance 1089
47 .1
transformation 48 .3 Indicateur d'appel de puissance 1090
1053
47 .2 Disjoncteurs 48 .4 Tarification basée sur la puissance
1053
47 .3 Interrupteurs à cornes apparente 1093
1056
Sectionneurs 48 .5 Tarification basée sur la catégorie de
47 .4 1059
Sectionneurs de mise à la terre client 1094
47 .5 1059
48 .6 Facture d'un abonné régulier 1094
47 .6 Parafoudres 1059
48 .7 Facture d'un abonné de moyenne
47 .7 Réactances 1062
Exemple de poste de transformation puissance 1096
47 .8
le poste La Suète 1064 48 .8 Détermination de la puissance à
La Suète - Distribution MT 1067 facturer 1096
47 .9
Réseau souterrain de centre-ville 1068 48 .9 Facture d'un abonné de grande
47 .10
puissance 1096
47 .11 Sainte-Foy - Distribution BT 1068
48 .10 Correction globale du FP d'une usine 1097
LIGNES DE DISTRIBUTION MT
48 .11 Cas d'un four à induction 1098
47 .12 Coordination de la protection 1069
48 .12 Compteur d'énergie ou wattheuremètre 1099
47 .13 Coupe-circuit à expulsion dirigée 1070
48 .13 Fonctionnement du wattheuremètre 1100
47 .14 Disjoncteur à réenclenchement
48 .14 Interprétation de la plaque signalétique,
automatique («recloser») 1071
lecture du compteur 1101
47 .15 Autosectionneur («sectionalizer») 1071
48 .15 Mesure de l'énergie triphasée 1102
47 .16 Résumé de la protection MT 1072
48 .16 Résumé 1102
SYSTÈMES DE DISTRIBUTION BT Problèmes - Chapitre 48 1103
47 .17 Systèmes de distribution BT 1072
47 .18 Mise à la terre (MALT) des 49 TRANSPORT DE L'ÉNERGIE À
installations électriques 1074 COURANT CONTINU 1107
47 .19 Choc électrique 1074 49 .1 Particularités du transport à c .c . 1107
47 .20 Mise à la terre des systèmes de 49 .2 Principe fondamental d'un système de
transport à c .c . 1108
distribution à 120 V et à 120/240 V 1075
49 .3 Relations entre tension, courant et
47 .21 Mise à la terre de l'équipement
électrique 1076 puissance 1110
47 .22 Disjoncteur différentiel de courant de 49 .4 Fluctuations de la puissance 1111
fuite 1078 49 .5 Caractéristiques E-I des convertisseurs 1112
49 .6 Contrôle de la puissance 1113
INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES À
49 .7 Effet des fluctuations de tension 1114
L'INTÉRIEUR DES BÂTIMENTS
49 .8 Inversion de la puissance 1114
47 .23 Éléments principaux d'une installation
49 .9 Ligne bipolaire 1115
électrique 1080
49 .10 Composants d'une ligne de transport
47 .24 Appareillage dans une maison 1082
à c .c . 1116
47 .25 Commutateurs à trois et à quatre
49 .11 Inductances et filtres du côté c .c. 1116
directions 1082
49 .12 Transformateurs de convertisseur 1116
47 .26 Installations commerciales et
49 .13 Source de puissance réactive 1117
industrielles 1084
49 .14 Filtres harmoniques du côté c .a . 1117
47 .27 Alimentation d'un moteur 1084
49 .15 Liaison de communication 1117
47 .28 Résumé 1086
49 .16 Électrode de mise à la terre 1117
Problèmes - Chapitre 47 1086
49 .17 Exemple d'un convertisseur
monopolaire 1117

XXV I I

49 .18 Poste de conversion à 12 pulsations 1118 CONVERTISSEURS STATIQUES POUR


49 .19 Types d'installations 1121 RÉSEAUX DE DISTRIBUTION
49 .20 Ligne multiterminale de la Baie James 50 .12 Perturbations et qualité de l'onde 1158
à la Nouvelle-Angleterre 1124 50 .13 Pourquoi utiliser des convertisseurs
MLI APPLIQUÉE AU TRANSPORT MLI ? 1161
D'ÉNERGIE À COURANT CONTINU 50 .14 Réseau de distribution 1162
49 .21 Transport d'énergie à c .c . aux sites 50 .15 Compensateurs et analyse du circuit 1163
isolés 1130 50 .16 Le compensateur shunt : principe de
49 .22 Composition d'une génératrice statique 1132 fonctionnement 1163
49 .23 Vue d'ensemble du système de 50 .17 Le compensateur série : principe de
transport 1132 fonctionnement 1170
49 .24 Commande de la puissance active 1134 RÉGULATEUR DE PUISSANCE INTERPHASE
49 .25 Exemple de système c .c . à MLI 50 .18 Transfert de puissance entre deux
alimentant un site éloigné 1134 régions 1174
49 .26 Résumé 1136 50 .19 Régulateur de puissance interphase 1174
Problèmes -Chapitre 49 1137 50 .20 Résumé 1176
Problèmes es-Chapitre 50 1177
50 CONTRÔLEURS STATIQUES
DE RÉSEAUX 1139 APPENDICES 1179
CONTRÔLEURS POUR RÉSEAUX A-1 CONVERSION DES UNITÉS DE
DE TRANSPORT
MESURE 1180
50 .1 Le compensateur statique (SVC) 1140 A-2 PROPRIÉTÉS DES MATÉRIAUX
50 .2 Caractéristique V-I d'un compensateur ISOLANTS 1183
statique 1141 A-3 PROPRIÉTÉS DES CONDUCTEURS (ET
50 .3 Fonctionnement de l'inductance ISOLANTS) USUELS 1184
commandée par thyristors 1142 A-4 PROPRIÉTÉS DES CONDUCTEURS
50 .4 Composante efficace du courant RONDS EN CUIVRE 1185
fondamental 1143 A-5 LA MACHINE ASYNCHRONE :
50 .5 Système de commande et temps de RELATIONS FONDAMENTALES 1186
réponse du convertisseur statique 1144
50 .6 Capacitance série commandée par RÉPONSES AUX PROBLÈMES 1193
thyristors (TCSC) 1144 INDEX 1199
50 .7 TCSC à contrôle continu 1146
50 .8 Compensateur statique synchrone QUELQUES TABLEAUX DE RÉFÉRENCE 1208
(STATCOM) 1148
50 .9 Élimination des harmoniques 1151 FORMULES LES PLUS COURANTES 1210
50 .10 Contrôleur de puissance universel LISTE DE SITES WEB 1214
(UPFC) 1152
50 .11 Convertisseur statique de fréquence 1156

XXVIII
PARTIE I
NOTIONS FONDAMENTALES
ET CIRCUITS ÉLECTRIQUES
Notions de mécanique et
de thermodynamique

Note : Ce chapitre n'est pas essentiel à la compré- 1 .1 Les unités SI


hension des chapitres qui suivent, mais il présente plu- Le SI est un système métrique moderne qui a été adopté
sieurs notions de base concernant la mécanique, la par tous les pays du monde . En effet, les unités SI sont
thermodynamique et les unités de mesure. Ce chapitre plus faciles à manipuler que les anciennes unités mé-
est donc surtout une source de référence que le lecteur triques et bien supérieures aux unités anglaises (gal-
pourra consulter quand il en ressentira le besoin . On lon, pouce, etc .) .
recommande une lecture rapide pour commencer, et
Le SI repose sur sept unités de base qui sont :
une étude plus approfondie au fur et à mesure que les
1 . le kilogramme (kg), unité de masse,
divers sujets et unités seront présentés dans les chapi-
tres subséquents . En particulier plusieurs sujets trai- 2. le mètre (m), unité de longueur,
tés dans cette introduction ne seront compris complè- 3 . la seconde (s), unité de temps,
tement que lorsqu'ils auront trouvé une application 4 . le kelvin (K), unité de température,
pratique dans les autres chapitres . 5 . l'ampère (A), unité de courant électrique,
6 . la mole (mol), unité de quantité de matière et
Les appareils électriques sont le siège de phénomènes
7 . la candela (cd), unité d'intensité lumineuse .
mécaniques et thermiques, c'est pourquoi il importe
d'avoir une bonne connaissance des lois fondamentales Toutes les autres unités sont dérivées de ces unités de
qui régissent ces deux domaines . Cependant, avant base, soit par des lois naturelles, soit par définition,
d'entreprendre une étude de la mécanique et de la ther- soit par des relations géométriques . C'est ainsi que le
modynamique, il est indispensable de décrire le sys- newton (N), unité de force, est égal à 1 kilogramme-
tème d'unités adopté dans ce livre . Il s'agit du Sys- mètre par seconde carrée (kg •m/s 2 ), que le joule, unité
tème international d'unités, désigné universellement par d'énergie, est égal à 1 newton-mètre, et ainsi de suite .
l'abréviation SI .




















L LLLV I !lV I LVI IIVI\,(VL

Le tableau 1-1 présente une liste des unités SI utilisées fixes multiplient la valeur de l'unité par les facteurs
dans ce livre . De plus, on donne en appendice une sé- donnés dans le tableau 1-2 . Par exemple, 1 kilomètre
rie de tables qui facilitent beaucoup la conversion des = 1000 mètres, 1 millimètre = 0,001 mètre et 1 mé-
unités lorsque cette opération s'avère nécessaire . Le aawatt = 10 6 watts ou 1 million de watts .
lecteur pourra également les consulter afin de mieux
1 .3 Emploi des exposants
apprécier l'ordre de grandeur des diverses unités .
En électricité comme dans toutes les disciplines scien-
1 .2 Multiples et sous-multiples des unités tifiques, on rencontre des grandeurs dont la valeur va-
Les multiples et sous-multiples des unités SI sont ob- rie entre des limites énormes . On doit, par exemple,
tenus en faisant précéder ces unités de préfixes ap- pouvoir comparer la charge minuscule d'un électron
propriés comme kilo, méga, nano, déci, etc . Ces pré- avec celle, infiniment plus grande, d'un éclair, ou en-
core pouvoir mesurer des masses allant de la masse
infime d'un atome à la masse énorme de la terre . Le
rapport entre la plus grosse et la plus petite valeur est
TABLEAU 1-1 UNITÉS USUELLES DU SI tellement considérable qu'il a fallu trouver un moyen
simple pour l'exprimer . Par exemple, un courant élec-
grandeur unité SI symbole
trique de 1 ampère seulement correspond au passage
angle radian rad de 6 240 000 000 000 000 000 électrons par seconde .
F Comment exprimer simplement des chiffres aussi
capacitance (ou capacité) farad
grands? On utilise les exposants, et plus particulière-
chaleur joule J
ment les puissances de 10 .
champ magnétique ampère par mètre A/m
D'après cette méthode, les expressions 102 , 10 3 et 104
charge électrique coulomb c correspondent respectivement aux nombres 100, 1000
conductance siemens S
et 10 000 . Les chiffres 2, 3, 4, etc ., en position supé-
couple newton-mètre N •m rieure sont les exposants : on constate qu'ils indiquent
courant électrique ampère A le nombre de zéros suivant le chiffre 1 . Ainsi, 10 7 équi-
densité de flux magnétique tesla T vaut à 10 000 000 . De cette manière on peut écrire
énergie joule J qu'un courant électrique de 1 ampère correspond au
flux magnétique weber Wb passage de 6,24 x 10 18 électrons par seconde ; ce qui
est plus court et moins sujet à erreur .
force newton N
A Par un raisonnement analogue, on exprime des quan-
force magnétomotrice ampère
tités très petites en utilisant les exposants négatifs ; ainsi
fréquence hertz Hz
10-3 équivaut à 1/(10 3 ) = 1/1000 .
inductance henry H
longueur mètre m 1 .4 Utilisation des symboles (+) et (- )
masse kilogramme kg En arithmétique, on utilise les symboles (+) et (-) pour
pression pascal Pa décrire les opérations d'addition et de soustraction .
En électricité et en mécanique, on étend leur si-
puissance watt W
gnification pour indiquer le sens d'une force, d'un cou-
résistance ohm 52
rant électrique, d'une vitesse, d'une puissance, etc .,
surface mètre carré M2
par rapport à une direction de référence choisie . Par
tension volt V exemple, si un courant circulant dans un fil possède
température kelvin K d'abord une valeur positive (+) et ensuite une valeur
ou degré Celsius °C négative (-), cela indique qu'il a simplement changé
travail joule J de sens . De la même façon, si la vitesse d'une ma-
chine passe de +1000 r/min à - 400 r/min, cela in-
vitesse mètre par seconde m/s
dique que son sens de rotation a changé . Dans les cha-
vitesse de rotation radian par seconde rad/s
pitres qui suivent, nous rencontrerons souvent cette
signification des symboles (+) et (-) .

NOTIONS DE MECANIQUE ET DE THERMODYNAMIQUE 3

1 .5 Force Tout objet est attiré vers la terre par une force de gra-
Dans le langage courant, on se soucie peu de faire une vité . La valeur de cette force varie légèrement d'un
distinction entre les termes force, travail, énergie et endroit à l'autre sur la surface de la terre, mais, en
puissance ; cependant, chacun de ces mots a une signi- moyenne, elle équivaut à 9,8 newtons pour 1 kilo-
fication bien précise pour les personnes initiées, les- gramme . C'est dire qu'une masse de 10 kilogrammes
quelles ne les emploient jamais indifféremment l'un est attirée avec une force de 10 x 9,8 ou 98 newtons .
de l'autre . Nous en concluons que la force de gravité à la surface
terrestre est donnée par l'équation approximative :
La manifestation la plus familière d'une force est le
poids d'un corps qui correspond à l'attraction terres-
tre . Un ouvrier doit faire un effort musculaire (doit for- F = 9,8m
cer) pour soutenir une pierre, et il sent très bien l'ac-

tion de la pesanteur sur cette pierre . Il existe d'autres
sortes de forces : celle, par exemple, de la poussée sur F = force de gravité (ou pesanteur), en newtons
une balle de fusil des gaz provenant de l'explosion de [N]
la poudre, ou encore celle du frottement d'une roue
m = masse, en kilogrammes [kg]
d'automobile qui est freinée brusquement .
9,8 = accélération due à la gravité [m/s 2 ]
Dans le SI, l'unité de force est le newton (N) .

TABLEAU 1-2 MULTIPLES ET SOUS MULTIPLES DES UNITÉS SI

préfixe multiplicateur symbole exemple

yotta 10 24 Y 5 Ym -1 = 5 x 10 24 par mètre = 5 x 10 24 m -1


zetta 1021 Z 6 ZK = 6 zettakelvins = 6 x 1021 K
exa 10 18 E 2 ES2 = 2 exaohms = 2 x 10 18 S2
péta 10 15 P 3 PJ = 3 pétajoules = 3 x 10 15 J
téra 10 12 T 4 TW = 4 térawatts = 4 x 1012 W
giga 10 9 G 5 GW •h = 5 gigawattheures = 5 x 10 9 W •h
méga 106 M 6 MPa = 6 mégapascals = 6 x 10 6 Pa
kilo 103 k 7 km = 7 kilomètres = 7000 m
hecto 100 h 8 hL = 8 hectolitres = 800 L
déca 10 da 9 dam = 9 décamètres = 90 m
déci 1/10 d 1 dm 3 = 1 décimètre cube = (0,1 m) 3 = 0,001 m 3
centi 1/100 c 2 cm = 2 centimètres = (2/100) m = 0,02 m
milli 10 -3 m 3 mV = 3 millivolts = 3 x 10 -3 V
micro 10 -6 µ 4 .pF = 4 microfarads = 4 x 10 -6 F
nano 10 -9 n 5 ns = 5 nanosecondes = 5 x 10 -9 s
pico 10 -12 p 6 pA = 6 picoampères = 6 x 10 -12 A
femto 10 -15 f 7 fm = 7 femtomètres = 7 x 10 -15 m
atto 10 -18 a 8 aJ = 8 attojoules = 8 x 10 -18 J
zepto 10 -21 z 4 zC = 4 zeptocoulombs = 4 x 10 -21 C
yocto 10 -24 y 2 yg = 2 yoctograms = 2 x 10-24 g = 2 x 10 -27 kg
U aittraction gravitationnelle de la lune est environ six 1 .7 Travail
fois plus faible que celle de la terre, se chiffrant à
Si on déplace un objet quelconque d'une distance d en
1,6 newtons pour 1 kilogramme seulement . Sur la lune,
lui appliquant une force F, on effectue un travail W .
une masse de 10 kg ne pèse plus que 10 x 1,6 ou
Par définition, le travail est donné par l'équation :
16 newtons, ce qui explique pourquoi les astronautes
étaient capables de manipuler des charges écrasantes (1-3)
W = Fd
sans le moindre effort .

1 .6 Couple W = travail, en joules [J]
Le couple est une mesure de l'effort tournant . Il est F = force, en newtons [N]
égal au produit d'une force par la distance perpendicu- d = longueur du déplacement, en mètres [m]
laire entre l'axe de rotation et le point d'application de
D'une manière générale, le travail accompli est égal
la force . L'unité SI de couple est le newton-mètre (N .m) .
au produit de la force par le chemin parcouru (dans la
direction de la force) .
L'unité SI de travail est le joule ; il est égal au travail
effectué par une force de 1 newton sur une distance de
1 mètre.
Imaginons un treuil (Fig . 1-2) levant une masse de
50 kilogrammes . Si le treuil est actionné à la main, il
faudra qu'un ouvrier déploie une certaine activité pour
faire monter la masse à une hauteur déterminée . Cette
Figure 1-1
activité, ou travail, se mesure par le produit de la force
Couple T= Fr.
par la hauteur dont on a élevé la masse . Si la masse est
élevée d'une hauteur de 10 mètres, le travail sera :
Imaginons une corde enroulée autour d'une poulie
ayant un rayon r (Fig . 1-1) . Si on tire sur la corde avec W = Fil
une force F, la poulie aura tendance à tourner autour = 9,8 x 50 x 10
de son axe . Par définition, le couple est donné par = 4900 joules
l'équation : = 4900 J
Remarquons que le couple et le travail sont tous deux
T = Fr (1-2) obtenus en multipliant une force par une distance . Il
ne faut cependant pas confondre les termes travail et
où couple . Un travail est toujours accompagné d'un mou-
T = couple, en newton-mètres [N .m] vement ou déplacement quelconque où la force et la
F = force, en newtons [N] distance sont dans le même sens . Par contre, le couple
r = rayon, en mètres [m]

Exemple 1-1
Un moteur développe un couple de démarrage de
150 N-m . Si la poulie a un diamètre de 1 mètre .
quelle foi-ce de freinage faut-il appliquer sur la
poulie pour empêcher le moteur (le tourner?

Solution
Le rayon étant de 0,5 mètre, il faudra une force
F = Tir 150/0,5 = 300 newtons . Si le rayon avait Figure 1-2
été de 2 mètres, une force de 75 newtons aurait suffi . Travail W = Fd.
NOTIONS DE MÉCANIQUE ET DE THERMODYNAMIQUE 5

est simplement un effort tournant, obtenu par l'action


d'une force à une certaine distance de l'axe de rota-
tion, la force et la distance étant perpendiculaires . Un
couple peut exister même lorsqu'il n'en résulte aucun
mouvement. Un travail ne peut exister sans mouvement .

1 .8 Puissance
À la section 1 .7, il n'a pas été question du temps pris
par l'ouvrier pour faire monter la masse de 50 kg . Il
est aisé de se rendre compte qu'il lui est plus facile
d'élever la masse de 10 mètres en 10 minutes que de la
faire monter à la même hauteur en 1 minute seulement .
Le travail dépensé sera toutefois le même dans les deux
Figure 1-3
cas . On dira alors que la puissance mise enjeu est dix Puissance P = W/t.
fois plus grande dans le deuxième cas .
On définit la puissance comme étant la quantité de tra-
vail accompli par seconde . Plus une machine exécute Solution
un travail rapidement, plus elle est puissante . Inverse- La tension dans le câble est :
ment, le produit de la puissance par le temps nous donne
F = 9,8 x 500 kg = 4900 newtons
le travail . On finit toujours par terminer un travail, même
avec une faible puissance, si on y met le temps voulu . Le travail effectué est donc :
D'après ce qui a été dit plus haut, la puissance est dé-
finie par l'équation : W = Fil = 4900 x 30 = 147 000 joules

W = 147000
P= W (1-4) d'où la puissance P =
t t 12
= 12 250 W = 12,25 kW

12
P = puissance, en watts [W] la puissance en horsepower = 250 = 16,4 hp
W = travail effectué, en joules [J] 746
t = temps, en secondes [s] 12 250
la puissance en chevaux = 16,7 ch
735,5
L'unité SI de puissance mécanique est le watt ; il est égal
à 1 joule par seconde . On utilise aussi fréquemment un
1 .9 Puissance d'un moteur
multiple du watt, le kilowatt (kW), valant 1000 watts .
Le horsepower (hp) est une unité anglaise de puissance La puissance mécanique d'un moteur dépend du cou-
qu'on utilise parfois pour exprimer la puissance d'un ple qu'il développe et de sa vitesse de rotation . La puis-
moteur. Elle est équivalente à 746 watts et correspond sance P est calculée d'après la formule de base :
sensiblement à la puissance moyenne d'un cheval . De
même, le cheval-vapeur (ch) est une unité française de P = wT (1-5a)
puissance ; elle équivaut à 735,5 W.

Exemple 1-2 P = puissance mécanique, en watts [W]
Un moteur électrique actionne un monte-charge qui w = vitesse angulaire, en radians par seconde
élève une masse de 500 kiloerammes d'une hauteur [1/s]
de 30 mètres en 12 secondes (voir Fige . 1-3) . Calcu- T = couple en newton-mètres [N'm]
ler la puissance du moteur en kW . en hp et en ch .
Une autre formule, dérivée de la formule (1-5a) est

O tLtl, I MU I LUF11VIUUt

particulièrement utile lorsque la vitesse de rotation est Exemple 1-3


exprimée en tours par minute : un essai de frein de Pronv est fait sur un moteur
électrique . Les pesons indiquent respectivement
des forces de 25 N et (le 5 N . Le moteur tourne à
P = nT (1-5b) 1700 rhnin et le rayon de la poulie est de 0 .1 m .
9,55
Calculer le couple et la puissance développés par
le moteur .

P = puissance mécanique, en watts [W] Solution
T = couple, en newtons-mètres [N .m] Le couple T du moteur = (25 - 5) x 0,1 = 2 N •m
n = vitesse de rotation, en tours par minute
[r/min] nT
9,55 = facteur tenant compte des unités d'où la puissance P =
9,55
[valeur exacte = 30/n]
1700 x 2
Pour mesurer la puissance d'un moteur, on peut utili- 9,55
ser un frein de Prony qui est composé d'une courroie
= 356 watts
et de deux pesons à ressort D1 et D2 (Fig . 1-4) . La
courroie est tenue serrée sur la poulie par la vis V . La puissance est de 356 W, soit 0,48 hp environ .
Quand le moteur n'est pas en marche, les deux pe- Noter que cette puissance est entièrement convertie en
sons donnent la même lecture et l'effort tournant chaleur par le frottement de la courroie sur la poulie .
sur la poulie est nul . Cependant, quand le moteur Afin que la température de la poulie ne devienne pas
tourne dans le sens horaire, comme dans la Fig . trop élevée, il est parfois nécessaire de la refroidir par
1-4, la force indiquée par D1 dépasse celle indiquée une circulation d'eau .
par D2 . Sous l'action des deux forces F1 et F2, la Il est possible d'augmenter la puissance mécanique
poulie de rayon r est soumise à deux couples FI r et développée par le moteur en serrant la courroie davan-
Fer agissant en sens inverses . Le couple net déve-
tage .
loppé sera :
1 .10 Énergie dans les corps en mouvement
T = (F1 - F2) X r newton-mètres
Une pierre qui tombe, une automobile qui file sur la
Si on connaît la vitesse de rotation n, on peut en dé- route, un volant qui tourne, sont tous doués d'une pro-
duire la puissance du moteur. priété qui leur permet de faire du travail . Le travail s'ef-
fectue lorsque le corps en mouvement est ralenti ou
arrêté par un obstacle ou un frein quelconque .
On dit que ces corps en mouvement possèdent une éner-
gie cinétique W . Si le corps se déplace en ligne droite
l'énergie cinétique est donnée par la formule :

1 2
W = -MI) (1-6)
2


W = énergie cinétique, en joules [J]
Figure 1-4 m = masse, en kilogrammes [kg]
Frein de Prony. v = vitesse, en mètres par seconde [m/s]
NOTIONS DE MECANIQUE ET DE THERMODYNAMIQUE

Exemple 1-4
Une automobile de 2000 kg se déplace à une vitesse
de 100 kin/h . Calculer son énergie cinétique W .

Solution
Une vitesse de 100 km/h correspond à :

v = 100 000 m/3600 s = 27,8 m/s

E = 1 mv 2
2
1
x 2000 x 27,8 2
2
= 772 840 joules

Un corps tournant autour d'un axe (Fig . 1-5) pos-


sède aussi de l'énergie cinétique dont la valeur dé- Figure 1-5
pend de la vitesse de rotation, de la masse du corps, Énergie dans le volant tournant d'une poinçonneuse .
et de sa forme géométrique . L'énergie est donnée
par l'équation :
Nous verrons à la section 1 .17 comment calculer le
moment d'inertie, et dès lors, l'énergie dans le corps .
W= 1 JOo2 (1-7a)
2 1 .11 Énergie dans les corps immobiles
Même à l'état de repos, la matière a la propriété de
où pouvoir produire du travail . L'eau emmagasinée der-
W = énergie cinétique, en joules [J] rière un barrage peut, en tombant, effectuer un certain
J = moment d'inertie, en kilogramme-mètre travail ; un ressort tendu peut également, en se déten-
carré [kg .m2 ] dant, accomplir un travail . L'énergie ainsi emmagasi-
w = vitesse de rotation, en radians par seconde née dans un corps immobile s'appelle énergie poten-
[radis] tielle ; elle aussi se mesure en joules .

Une autre équation, dérivée de l'équation (1-7a), est Remarquons que l'énergie du ressort et celle de l'eau
particulièrement utile lorsque la vitesse de rotation est derrière un barrage peuvent être conservées indéfini-
exprimée en tours par minute : ment, jusqu'à ce qu'on permette au ressort de se dé-
tendre et à l'eau de s'écouler .

W = 5,48 x 10 3 Jn 2 (1-7b) 1 .12 Formes de l'énergie


Quels que soient l'état ou la forme sous lesquels se
ou
présente l'énergie, elle est toujours susceptible de se
W = énergie cinétique, en joules [J] transformer en travail . L'énergie et le travail peuvent
J = moment d'inertie, en kilogramme-mètre donc s'exprimer par la même unité, soit le joule .
carrés [kg-m 2 1 L' énergie se présente sous plusieurs formes, dont voici
n = vitesse de rotation, en tours par minute les plus familières :
[r/min]
5,48 x 10-3 = facteur tenant compte des a) L'eau d'une chute, en tombant, peut faire tourner
unités [valeur exacte = (n) 2 /1800] . une turbine et produire de l'énergie mécanique .


U CLCL .l n\lI CI~nIVlla(VL

b) La chaleur qui, transmise à l'eau d'un récipient, fait 1 .14 Principe de la conservation
soulever le couvercle de ce récipient n'est qu'une de l'énergie
autre forme d'énergie, l'énergie thermique . Chaque fois que l'énergie passe d'une forme à une
c) L'explosion de la dynamite qui ébranle des blocs de autre, on constate que la quantité d'énergie totale après
granit est une manifestation de l'énergie chimique . la transformation demeure la même . L' énergie se trans-
d) L' électricité produite par les génératrices et qui fait forme tout simplement ; elle ne peut être ni créée, ni
briller des lampes à incandescence n'est qu'une autre détruite .
forme d'énergie, l'énergie électrique . Cependant, quand on passe d'une forme d'énergie à
e) La chaleur libérée dans un réacteur atomique pro- une autre, au moyen d'une machine quelconque, toute
vient de l'énergie atomique . l'énergie recueillie n'est pas toujours utilisable prati-
Toutes ces formes d'énergie - mécanique, électrique, quement . Par exemple, l'énergie thermique produite
chimique, atomique et thermique - sont exprimées par dans un moteur d'automobile servira en grande partie
la même unité SI, le joule (J) . à chauffer inutilement les fumées d'échappement éva-
cuées dans l'atmosphère . De plus, une partie de l'éner-
1 .13 Transformation de l'énergie
gie mécanique développée par le moteur est dépensée
L'énergie présente sous une forme quelconque peut être pour vaincre la résistance de l'air et les frottements
transformée en une autre forme à l'aide de machines . des engrenages, paliers, etc . À cause de ces pertes,
On voit comment (Fig . 1-6) l'énergie chimique du char- l'énergie utile est inférieure à l'énergie fournie .
bon et de l'air se transforme, par combustion, en cha-
leur (énergie thermique) en utilisant une chaudière . 1 .15 Rendement d'une machine
Cette chaleur fait tourner la turbine à vapeur et se trans- Le rendement d'une machine est donné par le rapport :
forme en énergie mécanique . Enfin, la turbine peut en-
traîner une génératrice et produire de l'énergie électri- énergie utilisable W2
rendement =
que . Dans cet exemple, la chaudière, la turbine et la énergie fournie à la machine Wi
génératrice sont les machines qui effectuent la trans-
formation d'énergie . Dans cette expression, l'énergie utilisable équivaut au
L'énergie électrique à son tour, peut servir à des fins produit de la puissance utilisable par le temps et l' éner-
multiples . Par exemple, elle peut faire tourner les mo- gie fournie équivaut au produit de la puissance fournie
teurs d'une usine (énergie mécanique), chauffer les par le temps . Pour une transformation d'énergie don-
maisons (énergie thermique), décomposer certains mi- née, le temps est le même . Alors, on peut écrire :
nerais pour libérer l'aluminium pur (énergie chimique) .
uissance utilisable
rendement = p
puissance fournie
soit

P2
17 =
P1

Pour une transformation de l'énergie thermique (cha-


leur) en énergie mécanique, le rendement est très fai-
ble . Les rendements sont, pour une turbine à vapeur,
de 25 % à 40 % et pour un moteur à explosion (mo-
teur d'automobile, moteur diesel) de 15 % à 30 % .
Pour mieux apprécier l'importance de ces rendements,
Figure 1-6 il est bon de prendre conscience qu'un moteur ther-
La conversion de l'énergie d'une forme à une autre est effec-
tuée au moyen de machines .
mique qui possède un rendement de 20 % occasionne

NOTIONS DE MÉCANIQUE ET DE THERMODYNAMIQUE

des pertes de 80 %, C'est-à-dire que si une quantité de L'énergie atomique pourra sans doute pourvoir à tous
combustible libère 100 000 joules en brûlant, on récu- nos besoins dans l'avenir; il reste à résoudre, en parti-
père 20 000 joules en énergie mécanique et 80 000 culier, le problème de l'élimination des déchets radio-
joules sont perdus en chaleur dans l'atmosphère . actifs .
Les pertes sont données par : pertes = P t - P2 . L'origine de toute notre énergie (sauf l'énergie ato-
Le rendement des machines qui convertissent l'éner- mique) est le soleil ; c'est grâce à lui que nous dispo-
gie électrique en énergie mécanique est très supérieur sons aujourd'hui des combustibles fossiles que sont le
puisqu'il va de 80 % à 98 %, selon la grosseur de la charbon, le pétrole et le gaz naturel . Le soleil est une
machine . source d'énergie thermique sans pareil ; chaque jour il
inonde la terre d'une énergie des milliers de fois supé-
Exemple 1-5 rieure à celle que nous utilisons pour alimenter nos
Calculer le rendement d'un moteur électrique qui avions, nos trains, nos voitures, nos industries et nos
absorbe une puissance de 10 kW et dont les pertes, maisons . Si l'on pouvait un jour domestiquer cette
à pleine charge, sont de 1 kW. source d'énergie de façon économique, le soleil pour-
rait subvenir à nos besoins pour des millénaires .
Solution Quelle est la quantité d'énergie contenue dans ces di-
verses sources d'énergie primaire? Le tableau 1-3 nous
Puissance fournie = P, = 10 kW
donne une idée de l'énergie thermique libérée par les
Pertes = P, - P2 = 1 kW produits chimiques tandis que le tableau 1-4 établit une
Puissance utilisable = P 2 = 9 kW comparaison avec les autres sources d'énergie .
On peut être surpris de constater que les explosifs (TNT,
P2 9 kW
Le rendement est alors il nitroglycérine) emmagasinent moins d'énergie par ki-
P, 10 kW logramme que le charbon ; ces produits semblent en
contenir plus parce qu'ils brûlent avec une rapidité ef-
= 0,90 ou 90 %
farante lorsqu'on les allume . À cause de cela, les ex-
Noter que toutes les pertes dans le moteur se retrou- plosifs développent des puissances énormes ; c'est pour-
vent sous forme de chaleur . Dans certains cas, cette quoi on les utilise pour les travaux de démolition .
chaleur peut surchauffer et détériorer plus rapidement Le tableau 1-4 fait ressortir le fait qu'une grosse géné-
les bobinages . ratrice électrique débite en une heure une quantité
d'énergie équivalent à celle d'une bombe atomique de
1 .16 Sources d'énergie primaire 1 kilotonne . Cette énergie correspond sensiblement à
Pour subvenir à nos besoins, nous avons recours à plu- la consommation horaire d'une ville moderne de 1 mil-
sieurs sources d'énergie primaire . La plus grande pro- lion d'habitants .
vient de l'énergie chimique contenue dans le pétrole,
le charbon et le gaz naturel. Lorsque ces matériaux
TABLEAU 1-3 ÉNERGIE DES COMBUSTIBLES
brûlent, ils libèrent de grandes quantités d'énergie ther-
mique que l'on peut transformer en d'autres formes combustible énergie libérée
suivant les besoins . kJ/kg
L'eau derrière les barrages est une importante source nitroglycérine 7 000
d'énergie primaire mécanique mais, au niveau mon- TNT 15 000
dial, elle représente moins de 1 % des sources d'éner- bois de pin sec 18 000
gie chimique . Le vent est une source d'énergie méca- charbon 31 400
nique qui est de plus en plus exploitée . mazout 44 000
Comme source d'énergie primaire électrique, on pour- gaz naturel 49 000
rait penser aux éclairs . Cependant, même si l'on pou- propane, kérosène 50 000
vait domestiquer cette source d'énergie, ce qui est peu huile légère, essence 50 000
probable, l'énergie disponible ne pourrait jamais sub- hydrogène 140 000
venir à nos besoins .

I u CLOU I nV I CIrnIVNJUC

TABLEAU 1-4 ÉNERGIE ASSOCIÉE À QUELQUES SOURCES

source d'énergie énergie débitée durée du débit

100 tonnes de charbon 3100 GJ

bombe atomique de 1 kilotonne 4200 GJ 100µs

génératrice électrique de 1500 mégawatts 5400 GJ 1 heure


(une des plus grosses machines jamais installée)

éclair de forte intensité 10 GJ 150µs

soleil irradiant une superficie de 1 km 2 2200 GJ 1 heure

1 gramme de matière converti entièrement en 90 000 GJ


énergie, d'après E = met

énergie électrique moyenne consommée par une 4000 GJ 1 heure


ville moderne de 1 000 000 habitants

1 .17 Calcul du moment d'inertie et de Exemple 1-6


l'énergie cinétique de rotation Un volant solide en acier a un diamètre de 1 m et
Tout corps tournant autour d'un axe s'oppose à un chan- une épaisseur de 225 min (Fig . 1-7) . Si sa masse est
gement de sa vitesse. Cette propriété est caractérisée de 1400 k(-" calculer :
par son inertie, appelée plus correctement moment a) son moment d'inertie
d'inertie J. Le moment d'inertie dépend de la masse et
h) l'énergie cinétique lorsque le volant tourne a
de la forme du corps tournant . Connaissant le moment
1500 r/min
d'inertie J du corps, il est facile de calculer l'énergie
cinétique qu'il possède à une vitesse donnée . De plus,
la valeur de J permet d'estimer le temps nécessaire pour
amener une machine à sa vitesse finale ou pour l'arrê-
ter . L'unité SI de moment d'inertie est le kilogramme-
mètre carré [kg .m 21 .
Le tableau 1-5 donne les formules permettant de cal-
culer le moment d'inertie de quelques corps de forme
Figure 1-7
simple . Si le corps possède une forme plus complexe, Voir exemple 1-6 .
on peut le subdiviser en morceaux ayant les formes
simples illustrées dans ce tableau . Comme le moment Solution
d'inertie total d'un corps est égal à la somme de ses
moments d'inertie individuels, on peut trouver la va- a) En se référant au tableau 1-5, équation (1-10), le
leur de J pour des corps de formes assez variées . moment d'inertie est :

L'inertie joue un rôle important dans les machines ro- z


J - mr
tatives ; par conséquent il est utile d'en donner quel- 2
ques exemples . 2
1400 x 0,5
= 175 kgm2
2


NUI IUIVJ Ut MtI;AIVIUUt t I Ut I PitNIVIUUYIVANIIUUt

TABLEAU 1-5 FORMULES DU MOMENT D'INERTIE J AUTOUR D'UN AXE DE ROTATION

masse m à une distance r de l'axe o disque solide de masse m et de rayon r

j = mr 2 (1-9) J= mrz (1-10)


2

axe de rotation O

Figure 1-8 Figure 1-9

anneau rectangulaire de masse m et barre uniforme de masse m et


de rayons R 1 et R2 de longueur L

z z
J= m (R i +Rz )
z
(1-11) J= mL (1-12)
2 12

L
R,

R2 O

Figure 1-10 Figure 1-11

barre homogène de masse m à des


distances R 1 et R2 de l'axe
R,
< R2 J = m (R2 +R z + RI R2) (1-13)
O 3

m Figure 1-12

b) l'énergie cinétique est : Exemple 1-8


Calculer l'énergie emmagasinée dans le volant de
W = 5,48 x 10-3Jn 2 éq . 1-7b la Fig . I ' à 60 r/min et 600 r/min .
= 5,48 x 10-3 x 175 x (1800) 2
Solution
= 3,1 MJ
a) à 60 r/min, l'énergie emmagasinée est :
Exemple 1-7
Un volant avant la forme donnée à la Fig . 1-13 W = 5,48 x 10 3 x 10,6 x (60) 2
est composé d'un anneau de 80 kg et d'un moyeu = 209 joules
droit de 20 kg . Calculer la valeur de son moment
d'inertie . b) pour une vitesse de 600 r/min, soit 10 fois plus
grande qu'auparavant, l'énergie augmente non pas
de 10 fois, mais de 100 fois :
W = 20 900 J = 20,9 kJ

1 .18 Couple, inertie et variation de vitesse


Pour changer la vitesse de rotation d'un corps, il
faut lui appliquer un couple . Plus ce couple est élevé,
plus la vitesse augmente rapidement . D'autre part,
pour un couple donné, la vitesse d'un corps massif
(possédant un grand moment d'inertie) change plus
Figure 1-13 lentement que celle d'un corps léger . Le seul fait
Voir exemples 1-7 et 1-9 . d'appliquer un couple ne suffit pas à faire croître la
vitesse de rotation d'un corps ; on doit également y
Solution mettre du temps . C'est seulement en appliquant un
couple T pendant un temps Ot que l'on réussit à
Pour l'anneau, la valeur de J est donnée par l'équation
changer la vitesse de rotation . Une expression très
(1-11) :
simple relie ces divers facteurs :
m (Ri + R?)
J = 9,55 TOt
2 An = (1-14)
J
80(0,42 + 0,32)
= 10 kg m2
2 ou
An = variation de vitesse, en tours par minute
Pour le moyeu droit la valeur de J est donnée par [r/min]
l'équation (1-12) : T = couple en newton-mètre [N .m]
Ot = temps d'application du couple, en seconde
mL 2 [s]
J-
12 J = moment d'inertie, en kilogramme-mètre
20 x (0,6) 2 = carré [kg .m 2 ]
0,6 kg-m2 9,55 = facteur tenant compte des unités [valeur
12
exacte = 30/tt]

Le moment d'inertie total du volant vaut donc : Si le couple agit dans le même sens que la rotation, la
vitesse augmente . Par contre, si le couple agit dans le
J = 10 + 0,6 = 10,6 kg .m2 sens contraire de la rotation, la vitesse diminue . La
NOTIONS DE MECANIQUE ET DE THERMODYNAMIQUE Ij

valeur An peut donc représenter une augmentation ou cause des couples opposés, l'essieu subit une certaine
une diminution de vitesse . déformation due à la torsion, mais à part cela, rien ne
se produit .
Exemple 1-9
Supposons que l'on veuille faire tourner la charge dans
Le volant de la Fig . 1-8 tourne à 60 r/min . On désire
le sens horaire à une vitesse nt . Pour ce faire, on doit
porter sa vitesse à 600 rhnin en lui appliquant un
augmenter le courant I, afin que TM devienne supérieur
couple constant de 20 N •m . Calculer le temps re-
à Tc . Le couple net sur l'essieu agit dans le sens ho-
quis .
raire . La vitesse augmente progressivement mais dès
qu'elle atteint la valeur nt, on réduit le courant afin
Solution que TM soit de nouveau exactement égal à Tc . Le cou-
La variation de vitesse est : ple net sur le système est de nouveau nul et la vitesse
nt n'a dorénavant aucune tendance à augmenter ni à
An = (600 - 60) = 540 r/min diminuer (Fig . 1-15) .

Le moment d'inertie est: Ceci nous amène à une conclusion très importante .

J = 10,6 kg-m2 La vitesse de rotation d'une charge demeure fixe


lorsque le couple TM développé par le moteur est
On a donc :
égal et opposé au couple Tc exercé par la charge .
9,55 Tdt
An =
J De prime abord, il est difficile d'accepter cette conclu-
sion, parce qu'on est porté à croire que le système s'ar-
soit
rêtera tout simplement lorsque TM = Tc . Mais tel n'est
9,55 x 20 x At pas le cas . Le système composé du moteur et de sa
540 = charge reste plutôt dans une condition d'équilibre dy-
10,6
namique car le couple net est nul .
d'où
Le système tournant maintenant dans le sens horaire à
Ot = 30 secondes une vitesse nl, supposons que l'on réduise TM afin qu'il
1 .19 Vitesse de rotation et charge d'un soit inférieur à Tc . Le couple net sur l'essieu agit main-
moteur tenant dans le sens antihoraire . Par conséquent, tant
Lorsqu'un moteur électrique entraîne une charge mé- que Tc excède TM la vitesse diminue progressivement .
canique, on a un système régi par trois facteurs : le cou- Si cette condition subsiste assez longtemps, la vitesse
ple développé par le moteur, le couple exercé par la deviendra finalement nulle, après quoi le moteur se met-
charge, et la vitesse de rotation . tra à tourner en sens inverse . Si l'on ajuste le couple du
moteur de sorte que TM = Tc au moment où la vitesse
Nous expliquons maintenant comment ils sont reliés .
inverse atteint la valeur n2, le système tournera indéfi-
Considérons une charge couplée à un moteur par l'en- niment à cette nouvelle vitesse (Fig . 1-16) .
tremise d'un essieu (Fig . 1-14) . La charge exerce un
Noter que dans les figures 1-14, 1-15 et 1-16, les trois
couple constant Tc qui agit dans le sens antihoraire .
couples TM de même que les trois couples Tc sont iden-
D'autre part, le couple TM développé par le moteur agit
tiques, même si l'essieu est immobile ou si le sens de
dans le sens horaire . De plus, on suppose que l'on peut
rotation est horaire ou antihoraire.
faire varier le couple en augmentant ou en diminuant
le courant I circulant dans le moteur . Dès que les couples T M et Tc ne sont plus égaux et
opposés, la vitesse se met à changer . Le taux de chan-
Supposons que le système soit initialement au repos et
gement de la vitesse dépend de l'inertie des parties
que TM = Tc . Puisque les couples sont égaux et agis-
tournantes, aspect que nous traitons davantage à la
sent en sens contraires, le couple résultant est nul ; par
section 1 .21 .
conséquent, l'essieu n'a aucune tendance à tourner . À

I -r CLOU 1 r1U I r-unIVI000

charge charge charge


1

nie

T Î T

i
Moto u r moteur

Figure 1-14 Figure 1-15 Figure 1-16


L'essieu est immobile . L'essieu tourne dans le sens L'essieu tourne dans le sens anti-
horaire à une vitesse n t . horaire à une vitesse n 2 .

1 .20 Echange de puissance mécanique à celui imposé par la charge, la vitesse augmente . In-
dans un système d'entraînement versement, lorsque le couple du moteur est inférieur à
Considérons le cas de la Fig . 1-15 ; on observe que le celui de la charge, la vitesse diminue . L'augmentation
couple du moteur TM agit dans le même sens (horaire) ou la diminution de vitesse An est encore donnée par
que la vitesse n1 . Cela indique que le moteur fournit l'équation (1-14), sauf que le couple T est remplacé
de la puissance mécanique à l'essieu . Par contre, le par le couple résultant (TM - Tc) du système, soit
couple exercé par la charge agit en sens inverse de
la vitesse n1 . Par conséquent, la charge reçoit de la 9,55 (TM - Tc ) At
puissance mécanique de l'essieu . On peut alors An = (1-15)
énoncer la règle générale suivante : J

ou
Lorsque le couple développé par un moteur agit
dans le même sens que la rotation, le moteur four- An = changement de la vitesse de rotation
nit de la puissance mécanique à la charge . Dans [r/min]
le cas contraire, le moteur reçoit de la puissance TM = couple du moteur [N •m ]

de la charge . Tc = couple exercé par la charge [N •m ]

At = intervalle durant lequel les couples TM et


Par exemple, dans le cas de la Fig . 1-16, le moteur re- Tc sont appliqués [s]
çoit de la puissance de la charge parce que TM et n2 J = moment d'inertie de toutes les parties
agissent en sens contraires . Bien que cette condition tournantes [kg-m2]
soit inhabituelle, elle se produit pendant de courtes pé-
riodes dans plusieurs systèmes d'entraînement, no- 1 .22 Moteurs et entraînements linéaires
tamment dans les locomotives électriques . Les charges rotatives comme les ventilateurs et les
pompes centrifuges sont bien adaptées pour l'accou-
1 .21 Changement de vitesse d'un moteur plement direct avec des moteurs . Cependant, les char-
entraînant une charge
ges qui se déplacent linéairement comme les grues, les
Lorsqu'un moteur entraîne une charge, la vitesse est trains, etc., doivent être munies d'un «convertisseur de
habituellement stable. Dans cet état d'équilibre dyna- mouvement» pour transmettre la puissance provenant
mique, le couple TM développé par le moteur est égal d'un moteur tournant . Le convertisseur de mouvement
au couple Tc requis par la charge . Cependant, comme peut être constitué d'une poulie et d'une corde, ou sim-
on vient de le voir, si le couple du moteur est supérieur plement d'une roue qui se déplace sur un rail . Ces con-


IVV I IUINb Ut MLLANIUUL t I Ut I HLFiMUUYNAMIUUL 15

vertisseurs sont tellement simples que l'on ignore sou-


vent le rôle important qu'ils jouent .
Le mouvement linéaire est caractérisé par une vitesse
linéaire v et une force F . Pour le mouvement rotatif,
les grandeurs équivalentes sont la vitesse de rotation n
et le couple T. Quelle est la relation entre ces gran-
deurs dans le cas d'un convertisseur de mouvement ?
Considérons le pont de levage de la Fig . 1-17 . Le mo-
teur produit un couple T et tourne à une vitesse n . Le
vérin se déplace à une vitesse v, tout en exerçant une
force F. La puissance P2 utilisée pour lever la charge
est : Figure 1-17
Conversion d'un mouvement rotationnel en mouvement rec-
tiligne.
_ W _ Fd _F,d
P2 éq . 1-3 et 1-4
t t t
d'où P2 = vF Solution
La force de gravité sur la voiture est :
D'autre part, la puissance Pl développée par le
moteur est F = 9,8 m éq.1-1

nT = 9,8 x 1400 = 13 720 N


P 1 = éq.l-Sb
9,55 En utilisant l'équation (1-16), on trouve le couple T:
Si on néglige les pertes dans le convertisseur de
mouvement, on obtient : nT = 9,55vF
1,5 m
1800 T = 9,55 x x 13 720
P2 = P1 60s
T = 1,82 N-m
Par conséquent, pour un convertisseur parfait,
La puissance du moteur est :

nT = 9,55 vF (1-16) I, _ nT
éq.1-5b
ou 9,55
n = vitesse de rotation [r/min] 1800 x 1,82
T = couple [N .m] 9,55
F = force linéaire [N]
v = vitesse linéaire [m/s] 343 W
9,55 = facteur tenant compte des unités
THERMODYNAMIQUE
[valeur exacte = 30/n]

Exemple 1-10 1 .23 Chaleur et température


Le pont de la Fig . 1-17 doit soulever une voiture Lorsqu'on fournit de l'énergie thermique à un corps,
de 1400 kg à une vitesse de 1,5 m/min . Si le mo- on lui fournit de la chaleur . La chaleur est une forme
teur électrique tourne à 1800 r/min, calculer le d'énergie qui, dans le SI, se mesure en joules (J) .
couple et la puissance du moteur . Négliger les Qu'arrive-t-il quand un corps reçoit cette forme d'éner-
pertes . gie? Premièrement, on constate que sa température aug-


mente ; on peut s'apercevoir de cette augmentation de 1 .24 Échelles de température


température en le touchant de la main, mais un ther- Bien que l'unité SI de température soit le kelvin, le
momètre permet une évaluation plus précise . Deuxiè- degré Celsius (°C) peut, lui aussi, être employé avec le
mement, les physiciens ont découvert que les atomes SI. Les échelles de la Fig . 1-18 donnent la relation en-
du corps deviennent plus agités : à l'intérieur d'un so- tre ces deux méthodes de mesure de la température .
lide, ils vibrent rapidement sur place, tandis que, dans On y voit aussi l'échelle en degrés Fahrenheit .
un gaz, ils se déplacent de façon désordonnée et à
grande vitesse . Lorsque la température d'un corps est donnée en kel-
vins, on dit que cela représente la température absolue
Pour une quantité de chaleur donnée, l'augmentation du corps . On obtient la température absolue en ajou-
de température dépend de la masse du corps et du ma- tant 273,15° à la température exprimée en °C .
tériau dont il est composé . Par exemple, si on fournit
100 kilojoules de chaleur à 1 kg d'eau, sa température 1 .25 Chaleur requise pour chauffer un
augmente de 24 °C . La même chaleur transmise à 1 kg corps
de cuivre provoque une augmentation de température On a vu que l'augmentation de température d'un corps
de 263 °C . On voit donc que chaleur et température dépend de la chaleur qu'il reçoit, du matériau dont il
sont deux choses bien différentes . est constitué, et de sa masse . C'est ce qu'exprime la
Si l'on soustrait de l'énergie thermique d'un corps, sa relation suivante :
température diminue . Cependant, bien qu'il n'existe
aucune limite supérieure à la température qu'on peut Q = mcO (1-17)
atteindre (on atteint déjà des millions de degrés),
il existe une limite inférieure que l'on ne peut dé- ou
passer. Cette limite en deçà de laquelle un corps Q = quantité de chaleur, en joules [J]
ne peut plus être refroidi s'appelle le zéro absolu . m = masse du corps, en kilogrammes [kg]
Elle correspond à une température de 0 kelvin ou c = chaleur massique, en J/(kg .°C), grandeur
-273,15 °C . Au zéro absolu, la vibration des ato- qui dépend du matériau
mes cesse et plus rien ne bouge sauf les électrons 0 = variation de la température en °C ou en
qui continuent à tourner autour des noyaux atomi- kelvins
ques .
La chaleur massique de plusieurs substances est don-
née au tableau A-3 en appendice .

le fer fond 1806 1533 T 2791 Exemple 1-11


T T 1 Calculer la quantité (le chaleur requise pour aug-
450K 450°C 8 10°F
menter la te nipétalure de 200 litres d'eau de
le cuivre fond J_ 1356 1083 1 1981
I O °C à 70 ,` c si le réservoir est paurfaitei lent isolé
( 'i 1-191 . La chaleur massique de Veau est
l'aluminium fond 933 660 r-- 1220 4150 J/(k °C) .

le plomb fond 600 327 -621 Solution


l'eau bout 373 100 -212 Puisqu'un litre d'eau possède une masse de 1 kg, le
l'eau gèle 273 0 32
nombre de joules requis est:
0 -273 -459,67
ul V U Q = mc f

échelle Kelvin échelle Celsius échelle Fahrenheit = 200 x 4180 x (70 - 10)
= 50 160 000 joules
Figure 1-18 = 50,2 MJ
Échelles de température .
NU 1 IUNS DE MEUANIUUE E I DE I HEHMODYNAMIQUE I/

En fait, par suite des pertes dans la chaudière et d'autres


70 °c pertes parasites, et parce que la température minimale
est toujours supérieure à la température ambiante, le
rendement global d'une centrale thermique dépasse
rarement 40 % .
Tous les moteurs thermiques convertissant l'énergie
ÈO
thermique en énergie mécanique sont ainsi limités
200 litres au rendement théorique maximal donné par l'équation
(1-18) . Les moteurs à essence, les moteurs diesel et les
10 °c moteurs à réaction brûlent le combustible dans le mo-
teur même, élevant ainsi la température des gaz à T1 .
Figure 1-19 Puisque la température d'échappement T2 est sensi-
Voir exemple 1-11 . blement supérieure à la température ambiante, ces
moteurs sont limités par les mêmes contraintes que la
turbine à vapeur ; leur rendement est donc encore plus
1 .26 Rendement d'une turbine à vapeur
faible .
La puissance mécanique que peut fournir une turbine
à vapeur dépend, non seulement de la chaleur qu'on 1 .27 Transport de la chaleur
lui fournit, mais aussi de la température d'entrée Tl et Plusieurs problèmes en électrotechnique sont rattachés
de la température de sortie T2 de la vapeur . En effet, le au refroidissement adéquat des dispositifs et des ma-
rendement théorique maximal d'une turbine à vapeur chines . Cela exige une connaissance du mécanisme de
est donné par l'équation de Carnot : transport de la chaleur d'un corps à un autre . Dans les
sections qui suivent nous donnons un bref aperçu du
transport de la chaleur : (1) par radiation, (2) par
T conduction et (3) par convection . Nous donnons aussi
11=1- (1-18)
T1 quelques équations simples qui permettent d'évaluer
approximativement la perte de chaleur et l'échauffe-
ou ment de l'équipement électrique .

11 = rendement 1 .28 Propagation de la chaleur par radiation


T1 = température absolue de la vapeur à l'entrée Nous sommes tous conscients de la chaleur produite
de la turbine, en kelvins [K] par les rayons du soleil . Cette énergie radiante possède
T2 = température absolue de la vapeur à la sortie les mêmes propriétés que la lumière, passant facilement
de la turbine, en kelvins [K] à travers le vide qui sépare la terre du soleil . L'énergie
solaire se transforme en chaleur uniquement lorsque
Afin d'obtenir le maximum d'énergie mécanique pour les rayons rencontrent un corps solide comme les ob-
une quantité de chaleur (joules) donnée, on cherche à
jets ou les êtres vivants se trouvant à la surface de la
augmenter Tl et à diminuer T2 . La température mini- terre . Les scientifiques ont constaté que, comme le so-
male T2 est imposée par la température ambiante, si- leil, tout corps rayonne de l'énergie. La quantité d'éner-
tuée habituellement aux environs de 20 °C, soit 293
gie dégagée dépend de la température de ce corps . In-
kelvins . La température maximale T2 est limitée par la versement, tout corps reçoit, des objets qui l'entourent,
résistance des matériaux aux hautes températures et une quantité d'énergie radiante qui dépend de leur tem-
aux hautes pressions . Dans les turbines modernes, cette
pérature .
température est d'environ 500 °C, soit 773 kelvins, ce
Il y a donc un échange continuel d'énergie radiante
qui permet un rendement théorique maximal de
entre les corps matériels, chacun d'eux se comportant
comme un soleil miniature . Un équilibre s'établit lors-
= 1 _ 293 = 0,62 ou 62 % que la température d'un corps est la même que celle
773 des objets qui l'entourent ; le corps rayonne alors autant
d'énergie qu'il en reçoit, et sa radiation nette est nulle .
Par ailleurs, si le corps est plus chaud que son environ-
nement, il perd de la chaleur par radiation, même s'il
est situé dans le vide parfait . t1
400°C
1 .29 Calcul des pertes par radiation
Soit un corps de surface A, à une température Tt, placé
dans une enceinte dont les parois sont à la température
C 20 cm 7W
murs de
la pièce
T2 . La puissance nette P irradiée par le corps est don-
née par la formule
-3 cm

P= k4 (T4-T2 ) (1-19)
Figure 1-20
Voir exemples 1-12 et 1-14 .

P = puissance irradiée, en watts [W]
A = surface du corps, en mètres carrés [m 2] La résistance dissipe 186 W par radiation .
T i = température absolue du corps, en kelvins
1 .30 Transport par conduction
[K]
T2 = température absolue des parois, en kelvins Si l'on chauffe une des extrémités d'un barreau d'acier
[K] avec une flamme (Fig . 1-21), on constate que la cha-
k = constante de radiation [W/(m2.K4)] leur se propage graduellement vers l'autre extrémité .
On dit alors qu'il y a propagation de la chaleur par
Le tableau 1-6 donne les valeurs de la constante de ra- conduction ; les atomes du barreau situé près de la
diation k pour quelques surfaces que l'on peut rencon- flamme deviennent plus agités et leur agitation ther-
trer dans le calcul des pertes par radiation . mique se transmet de proche en proche aux atomes
voisins, jusqu'à l'autre bout du barreau .
Exemple 1-12
Le transport de la chaleur par conduction se fait plus
Une résistance cylindrique de 20 cm de long, ou moins bien selon la nature de la substance . Ainsi, le
3 cm de diamètre a une superficie de 188 cm 2 (Fig . cuivre est un meilleur conducteur que l'acier alors que
1-20) . Si elle fonctionne à une température de 400 °C les isolants sont reconnus comme étant de très mau-
lorsqu'on la dépose dans une pièce dont la tempéra- vais conducteurs de la chaleur.
ture ambiante est 20 C, calculer la puissance nette
dégagée par radiation . Prendre k = 5 x 10 - K .

Solution
Calculons d'abord les températures absolues Tl et T2 .

Ti = t i + 273
= 400 + 273 = 673 K
T2 = t2 + 273
= 20 + 273 = 293 K

On obtient d'après la formule

4 4
P=kA(Tl -T2 )
Figure 1-21
= 5 x le x 0,0188(6734 - 2934 ) Transport de la chaleur par conduction, par convection et par
=193-7=186W radiation .



NOTIONS DE MECANIQUE ET DE THERMODYNAMIQUE 17

1 .31 Calcul des pertes par conduction


La perte de chaleur par conduction fait intervenir la TABLEAU 1-6 ÉMISSIVITÉ DES MATÉRIAUX
conductivité thermique  du matériau transportant
la chaleur. L'unité SI de conductivité thermique nature de la surface constante de radiation
est le watt par mètre-degré Celsius [W/(m .°C)] . W/(m2 •K4)
Les tableaux A-2 et A-3 en appendice donnent la
argent poli 0,2 x 10 -8
conductivité thermique ~ pour plusieurs matériaux 4 x 10 -8
acier oxydé
utilisés en électrotechnique .
cuivre ordinaire 1 x 10 -8
cuivre oxydé 3 x 10 -8
émail non métallique 5 x 10 -8
matériaux isolants 5 x 10 -8
nichrome oxydé 2 x 10 -8
peinture aluminium 3 x 10 -8
peinture non métallique 5 x 10 -8
tungstène 2 x 10 -8
émetteur parfait 5,669 x 10 -8

Exemple 1-13
Figure 1-22 La différence de température entre les deux faces
Transport de la chaleur par conduction . d'une plaque de mica ayant les dimensions données
à la Fig . 1-23 est de 50 °C . Calculer la puissance
transmise sous forme de chaleur, en watts .
Soit une plaque d'un matériau ayant une épaisseur
d et dont les deux faces ont une surface A . Si l'on Solution
connaît la valeur de la conductivité thermique du D'après le tableau A-2 en appendice, la conductivité
matériau et les températures t t et t2 respectives des
deux faces, on peut calculer la quantité de chaleur
qu'il transporte en utilisant la formule suivante (voir
la Fig . 1-22)

P = ÀA (t 1 -t2 )
(1-20)
d

• = puissance (en chaleur) transmise, en watts 3 mm
[W]
• = conductivité thermique du matériau, en Figure 1-23
Voir exemple 1-13 .
watts par mètre-degré Celsius [W/(m °C)]
A = surface du matériau, en mètres carrés [m 2] thermique du mica est 0,36 W/(m .°C) . La chaleur trans-
t1, t2 = températures respectives des deux faces, en mise vaut donc:
degrés Celsius [°C]
• = épaisseur du matériau, en mètres [m] ÂA (tt - t 2)
P =
La chaleur transportée dépend de la différence de tem- d
pérature (tt - t2 ) entre les deux faces . De plus, elle est __ 0,36 x 0,02 (120-70)
toujours transportée de la face la plus chaude vers la 0,003
face la moins chaude . 120 W

LV LLLV 111V I LVI IIVIV(VL

1 .32 Transport de la chaleur par convection


Dans la Fig . 1-21, un barreau de fer, dont une extré-
mité est chauffée par une flamme, transmet la chaleur
par conduction à l'autre extrémité . En même temps,
une partie de la chaleur transmise se perd par radia-
tion . De plus, l'air se trouvant en contact avec le bar-
reau se réchauffe et, devenant ainsi plus léger, il se met
à monter comme dans une cheminée .
En montant, l'air chaud est aussitôt remplacé par de
l'air frais qui, à son tour, est réchauffé . Il se produit
donc une circulation d'air autour du barreau qui perd
Figure 1-24
ainsi une autre partie de la chaleur par convection .
Courants de convection dans un liquide .
Le même phénomène se produit lorsque l'on place un
corps chaud dans un liquide comme de l'huile . L'huile
Solution
en contact avec le corps se réchauffe, créant ainsi des
courants de convection qui suivent le chemin tracé à la On a :
Fig . 1-24 . Lorsque l'huile arrive en contact avec la cuve tt = 400 °C
métallique, elle se refroidit et, devenant plus lourde, t2 = 20 °C
elle glisse vers le bas pour ensuite remonter de nou- A = 188 cm2 = 0,0188 m 2
veau le long du corps chaud . La chaleur dégagée par le d' où
corps chaud se trouve ainsi transportée par les cou- t2) 1 .25
rants de convection vers la cuve extérieure . P = 3A (t, -
.25
La chaleur se dégage particulièrement bien lorsqu'on = 3 x 0,0188 (400 - 20) 1
utilise un ventilateur pour forcer une circulation plus = 95 watts
rapide d'air frais . Ce mode de transport de la chaleur
En considérant les pertes par radiation calculées dans
par convection forcée est employé dans la plupart des
l'exemple 1-12, la résistance perd donc au total
moteurs électriques pour assurer un refroidissement
efficace. P = (186 + 95) = 291 W
Remarquer que la chaleur dissipée par radiation est
1 .33 Calcul des pertes par convection
deux fois plus grande que celle dissipée par convec-
La perte de chaleur par convection d'un corps à l'air tion .
libre est donnée par la formule approximative :
Dans le cas d'une convection forcée, telle que celle
t2 ) "25 produite par un ventilateur, la quantité de chaleur trans-
P = 3A (t, - (1-21)
portée est donnée par :

P = chaleur dissipée par convection, en watts P = 1280 D (t2 - t, ) (1-22)
[W] ou
A = surface du corps, en mètres carrés [m 2 ]
tt = température de la surface [°C] P = chaleur transportée par convection forcée
t2 = température de l'air ambiant [°C] [W]
D = débit d'air refroidissant [m3/s]
Exemple 1-14 t1 = température de l'air à l'entrée [°C]
Calculer la perte de chaleur par convection pour la t2 = température de l'air à la sortie [°C]
résistance de la Fi 1280 = constante tenant compte des unités

NOTIONS DE MECANIQUE ET DE THERMODYNAMIQUE LI

Exemple 1-15 ÉNERGIE


Un ventilateur utilisé pour refroidir un moteur de kilotonne TNT
750 kW fait circuler 240 m 3/min d'air frais dans la
machine . Si la température de l'air â l'entrée est de 1,167x 106
22 °C et de 31 °C à la sortie, calculer les pertes
approximatives dans le moteur. kilowattheure
3,6
y
Solution mégajou e
Les pertes de la machine sous forme de chaleur sont :
1000 British thermal unit Btu
P = 1280D (t2 - t 1 ) 1,055
240
= 1280 x (31 - 22) = 46 080 W
60
= 46 kW 1000 calorie
4,184
1 .34 Conversion des unités jou e
Au cours des années, les unités utilisées en électricité, 1
en mécanique et en thermodynamique ont évolué gra- newton-mètre
duellement pour devenir aujourd'hui les unités SI . Tou-
tefois, on doit à l'occasion convertir les anciennes uni- r1
watt-seconde
tés en unités SI . C'est alors que les tables de conver-
sion fournies en appendice au tableau A-1 s'avèrent
6,24 x 10 16
particulièrement utiles . Elles sont composées de boî-
tes rectangulaires représentant diverses unités . Les y
électronvolt eV
boîtes sont réunies par des flèches portant chacune un
chiffre . Figure 1-25
Pour passer d'une unité à une autre, on doit traverser Table servant à la conversion des unités d'énergie .
une, deux ou plusieurs flèches . On applique alors la
règle suivante :
7 kW-h = 7 x 3,6 x 1000 x 1000 J
Lorsqu'on circule dans le sens de la flèche,
= 25,2 x 10 6 J = 25,2 MJ
on multiplie par le chiffre associé ; lorsqu'on cir-
cule dans le sens contraire, on divise .
Exemple 1-17
Convertir 777 calories en kilowattheures .
Les exemples suivants illustrent la méthode .

Exemple 1-16 Solution


En utilisant la même table, on doit traverser quatre flè-
Convertir 7 kilowattheures en joules .
ches, dont trois dans le sens opposé à la flèche . On
obtient donc :
Solution
En se référant à la table de conversion intitulée
ÉNERGIE (Fig . 1-25), on doit traverser trois flèches 777 calories = 777 x 4,184 - 1000 - 1000 - 3,6
afin de passer de kilowattheure à joule ; en appliquant = 9,03 x 10-4 kW . h
la règle, on obtient :



LL CLCIJ I r1V I CL,fIIN UUC

1 .35 Mesures en valeurs relatives, système Moteur puissance puissance relative


P.U . du moteur du moteur
Les unités de mesure SI mentionnées à la section 1 .34
A 25 kW 25 - 50 = 0,5 p .u .
servent à exprimer la valeur d'une grandeur. Par exem-
ple, la masse est exprimée en kilogrammes, la puis- B 40 kW 40 _ 50 = 0,8 p .u .
sance en watts et la tension en volts . Toutefois, on peut C 150 kW 150 _ 50 = 3 p .u .
souvent mieux apprécier l'amplitude d'une grandeur
en la comparant à une autre grandeur semblable . Sup- On pourrait aussi bien choisir une base de 15 kW . Dans
posons, par exemple, que le poids moyen d'un adulte ce cas les puissances relatives seraient:
soit 60 kg . On peut alors comparer le poids de n'im-
porte quel individu à ce poids moyen . Ainsi, une per- 25 kW - 15 kW = 1,67 p .u .
sonne pesant 72 kg aurait un poids relatif de 72/60 = 40 kW =15 kW = 2,67 p .u .
1,2 . Une autre personne pesant 52 kg aurait un poids
150 kW =15 kW =10p .u .
relatif de 52/60 = 0,87 .
Il est évident que pour trouver la valeur réelle d'une
Afin de signaler qu'il s'agit bien d'une mesure rela- grandeur exprimée en p .u. on doit connaître la valeur
tive, on ajoute le symbole p .u .* après le chiffre . Ainsi, de la base . Cependant, même si on ne la connaît pas, la
les poids des deux individus exprimés en valeurs rela- valeur en p .u . est une indication de sa valeur relative,
tives sont respectivement 1,2 p .u . et 0,87 p .u . ce qui est souvent fort utile .
Le système de mesure p .u . a l'avantage de donner le
poids d'une personne par rapport à un étalon conve- Exemple 1-18
nable, appelé base du système . Dans notre cas, le poids Dans un système p .u ., on choisit une longueur de
de base est 60 kg . Ainsi, si l'on indique qu'un boxeur hase Lh a , = 6 m . Déterminer la valeur en [mi . des
poids lourd pèse 1,7 p .u ., on remarque immédiatement grandeurs suivantes :
que son poids est bien supérieur à la moyenne et que,
a) une longueur de 9 in
de plus, sa masse est de 1,7 x 60 = 102 kg .
h) une surface de 28 m'
Noter que la valeur d'une grandeur exprimée en p .u .
C) un volume de 24 in 3
est un simple nombre sans dimension . Ainsi, il est faux
de dire que notre boxeur pèse 1,7 kg . Son poids est 1,7
unités, l'unité choisie étant 60 kg . Solution
a) la longueur en p .u . de 9 m est :
En général, un système de mesure p .u . utilise une ou
plusieurs grandeurs comme bases de comparaison . L réelle
Dans ce livre, nous aurons à choisir des bases conve- L = 9 m = 1,5 pu .
P .U . =
L 6 m
nables principalement pour la puissance, la tension et
la vitesse de rotation . b) afin de calculer la valeur relative de la surface, on
1 .36 Système p .u . à base unique doit d'abord trouver la valeur de la surface de base :

Si l'on choisit une seule grandeur comme étalon, on S base x L base


L base
dit que ce système p .u . possède une seule base . La base = 6m x 6m = 36m 2
peut être une puissance, une tension ou toute autre gran-
deur . Supposons, par exemple, que trois moteurs pos- donc, la valeur en p .u . de 28 m 2 est :
sèdent des puissances de 25 kW, 40 kW et 150 kW.
2
Adoptons comme base une puissance P B de 50 kW. S'il
ree e 28 m
S P .U . = 'jô p .u .
Les puissances relatives sont calculées comme suit: P
36 mZ _
Sbase

Le symbole «p .u .» est une abréviation de «par unité» ; en


anglais «per unit» .







NOTIONS DE MECANIQUE ET DE THERMODYNAMIQUE Li

c) Sachant que Lasse = 6 m, on trouve que le volume de 1 .38 Système de mesure p.u . à trois bases
base est : Lors de l'étude des machines électriques rotatives, on
Vbase=6mx6mx6m=216m 3 sélectionne trois grandeurs de base : (1) la puissance,
(2) la tension, et (3) la vitesse de rotation . Dans ce cas,
La valeur relative de 24 m 3 est donc :
on choisit comme bases les valeurs nominales inscri-
tes sur la plaque signalétique de la machine . À partir
V = Vréelle _ 24 m3 = 0, l 1 de ces bases on peut facilement déterminer la valeur
p .u . g p' u .
Vbase 216 m de base du courant, du couple et de la résistance .
L'exemple suivant montre la façon de procéder .
1 .37 Système de mesure p.u . à deux bases
En électrotechnique, le système p .u . devient particu- Exemple 1-20
lièrement utile lorsqu'on utilise deux bases . Les bases La plaque signalétique d'un moteur à courant con-
sont habituellement une tension EB et une puissance tinu donne l'information suivante :
PB . Ainsi, la base de tension pourrait être de 4 kV et la
base de puissance, 500 kW . On peut choisir les bases Puissance : 30 kW
indépendamment l'une de l'autre . Tension : 240 V
Il est important de noter que dès que l'on a choisi les vitesse : 1200 r/min
valeurs de base EB et PB, le courant de base IB et l'im- résistance du champ shunt : 42 S2
pédance de base ZB sont aussitôt imposés par les lois a) Calculer la valeur de base de la résistance et du
de l'électricité . On aura ainsi : couple
b) Sachant que le moteur développe un couple de
PB
IB = (1-23) 0,3 p.u . lorsqu'il tourne à une vitesse de 0 .65 p .u .
EB exprimer ces valeurs en tenues réels
et c) Calculer la valeur relative de la résistance du
champ shunt
EB
ZB = (1-24)
IB Solution
a) La valeur de la résistance de base est :
Exemple 1-19 2
Une source possède une tension nominale de 4 kV R = Ebase = 2402
= 1,92 52
base
et une puissance nominale de 500 kW. Connaissant p base 30 000
ces deux grandeurs de base, calculer les valeurs du
courant de base et de l'impédance de base . La valeur du couple de base est donnée par l'équation
(1-5), soit :
Solution
Le courant de base est : 9,55 Pbase
Tbase =
nbase
I = pB = 500 000 W
= 125 A 9,55 x 30 000
B EB 4000 V = 239 N •m
1200
et l'impédance de base est :
b) Un couple de 0,3 p .u. correspond à une valeur réelle
Z = EB = 4000 V de :
= 32Q
B IB 125 A
Tréel = Tp .u . X Tbase
Par conséquent, ce système p .u . à deux bases donne en
= 0,3 x 239 = 71,7 N-m
réalité un système à quatre bases .



L`t r-LLU I MU I tI,F1INIUVr-

Une vitesse de 0,65 p .u . correspond à une valeur Nous savons aussi que l'énergie peut exister sous plu-
réelle de : sieurs formes : mécanique, thermique, électrique et
atomique . Nous étudierons dans ce manuel les diffé-
X rents dispositifs permettant de stocker l'énergie ou de
n réel = np.u . n base
la transformer d'une forme à une autre . L'énergie ne
= 0,65 X 1200 = 780 r/min
se perd pas ; elle peut seulement se transformer. Le ren-
c) La valeur relative de la résistance du champ dement d'une machine exprimé en pour cent définit le
shunt est : rapport entre l'énergie utilisable et l'énergie fournie .
La différence entre ces deux énergies constitue les per-
R réelle 42 S2 tes dissipées en chaleur. Pour une machine thermique
R
= 21,9 p .u .
p .e shunt (ex . : turbine à vapeur, moteur à explosion) le rende-
= Rbase- = 1,92 £2
ment théorique dépend exclusivement de la tempéra-
ture des gaz à l'entrée et à la sortie .

1-39 Résumé Enfin, nous avons présenté le système d'unités utilisé


dans ce manuel et adopté par tous les pays, soit le Sys-
Dans ce chapitre nous avons présenté les lois de la
tème international d'unités ou SI . Il comprend sept
mécanique et de la thermodynamique qui gouvernent
unités de base dont sont dérivées toutes les autres uni-
le fonctionnement des appareils et machines électri-
tés . Des tableaux donnés en appendice facilitent la con-
ques . Nous y ferons référence dans les chapitres ulté-
version des anciennes unités aux unités SI .
rieurs .
Nous avons aussi expliqué le système p. u couramment
La force, la puissance, le travail et l'énergie associés à
utilisé en électrotechnique . Il consiste à exprimer les
un corps immobile ou en mouvement rectiligne peu-
différentes grandeurs en unités relatives (p .u .) plutôt
vent être calculés par des équations simples . Tout corps
qu'en unités réelles (SI) . Il a l'avantage de permettre
en mouvement possède une énergie cinétique dépen-
une évaluation rapide d'une grandeur en la comparant
dant de sa masse et de sa vitesse . Les corps en rotation
à une valeur de base, comme la tension nominale ou la
que sont les moteurs et générateurs constituent une
puissance nominale d'un appareil.
partie importante des appareils utilisés en électrotech-
nique. Dans ce cas les trois grandeurs utilisées dans
les équations régissant le mouvement rectiligne, soit
laforce, la vitesse et la masse, sont remplacées respec- PROBLÈMES -CHAPITRE 1
tivement par le couple, la vitesse de rotation et le mo- Niveau pratique
ment d'inertie . Ce dernier est fonction de la masse et
1-1 Exprimer en chiffres les expressions suivantes :
de la géométrie du solide . Nous avons vu que pour
changer la vitesse de rotation d'une machine tournante 103 10-2 4 x 10 5 3x10-3 3,1 x 102
il faut appliquer sur son arbre un couple net (différence 1-2 Convertir les chiffres suivants en utilisant des
entre le couple développé par la machine et le couple exposants et un seul chiffre avant la virgule :
imposé par la charge) pendant un certain temps .
3000 4 300 000 0,0003 0,000 000 752
Nous avons aussi présenté les principales lois et équa-
tions de thermodynamique gouvernant l'échauffement 1-3 Quelle valeur est associée aux préfixes SI sui-
ou le refroidissement d'un corps . La quantité de cha- vants?
leur ou d'énergie requise pour provoquer un change- kilo micro milli méga nano giga
ment de température donné dépend de la masse de ce
1-4 Nommer les unités SI de force ; de travail ; de pres-
corps et de la chaleur massique du matériau dont il est
sion ; de surface ; de masse ; d'énergie ; de puissance ; de
constitué . Nous avons vu aussi que le refroidissement
température .
des appareils électriques dissipant de la chaleur peut
s'effectuer de trois façons : par radiation, par 1-5 Un bloc de ciment a une masse de 40 kg . Quelle
conduction et par convection . Nous avons donné les est la force d'attraction de la gravité sur ce bloc? Quelle
formules permettant de calculer ces pertes . force doit-on exercer pour le soulever?



NOTIONS DE MECANIQUE ET DE THERMODYNAMIQUE LS

1-6 Quel travail faut-il dépenser pour soulever une 1-19 Évaluer la consommation d'énergie journa-
poche de sable de 75 kg d'une hauteur de 4 mètres? lière de la ville de Québec dont la population est de
500 000 personnes .
1-7 Un pont-roulant élève un poids de 600 kg d'une
hauteur de 20 m en 15 secondes . Évaluer en watts, et 1-20 Un gros transformateur pour usage intérieur
en hp, la puissance développée . recouvert d'une peinture non métallique doit être ré-
nové et on se propose d'utiliser une peinture à base
1-8 Un moteur électrique développe une puissance
d'aluminium . La température de l'appareil sera-t-elle
mécanique de 50 kW. Déterminer son rendement ainsi
affectée? Si oui, sera-t-elle plus basse ou plus élevée
que la puissance dissipée sous forme de chaleur sa-
qu'auparavant?
chant qu'il absorbe 55 kW de la ligne d'alimentation .
Niveau avancé
1-9 Un mécanicien exerce une force de 200 newtons
au bout d'une clef dont la longueur est de 0,3 mètres . 1-21 Une plaque recouverte d'un émail non métal-
Calculer le couple exercé sur le boulon . lique (k = 5 x 10-8 W/m2 •K4 ) fonctionne à une tem-
pérature de 80 °C dans un milieu où la température
1-10 Un moteur d'automobile tourne à une vitesse ambiante est de 20 °C . Calculer la perte totale en cha-
de 400 r/min lorsqu'il développe un couple de 600 N .m . leur si la surface est de 3 m 2 .
Quelle est sa puissance en watts?
1-22 Un plancher de ciment chauffé à l'électricité a
1-11 À combien de watts équivaut une puissance de une superficie de 100 m x 30 m. Sa température sur-
1 horsepower? facique est de 25 °C lorsque la température ambiante
est de 23 °C . Quelle est la chaleur approximative dé-
1-12 Une puissance de 2408 ch correspond à com-
gagée par le plancher, en kilowatts?
bien de hp?
1-13 Nommer et expliquer les 3 modes de transport 1-23 Une grande fenêtre de 1 m x 3 m possède une
de la chaleur. épaisseur de 10 mm . Calculer la perte de chaleur par
conduction, en watts, lorsque la température intérieure
1-14 Par quel moyen peut-on assurer une forte perte
est de 22 °C alors que la température à l'extérieur est
de chaleur par convection?
de -15 °C .
Niveau intermédiaire
1-24 Un moteur électrique blindé de 450 kW ayant
1-15 Dans le cylindre d'un moteur d'automobile, les un rendement de 90 %, est refroidi par une circulation
gaz atteignent une température de 500 °C . Quel est le forcée de l'air. Lors de son passage à travers les enrou-
rendement maximal possible du moteur si la tempéra- lements, l'air se réchauffe . Si l'on désire limiter l'aug-
ture ambiante est de 20 °C? mentation de la température de l'air à une valeur maxi-
1-16 Convertir les unités suivantes en unités SI, en male de 20 °C, calculer le débit d'air requis en mètres
utilisant le tableau A-1, en appendice : cubes par minute .
3 hp 4 livres masse 10 gallons canadiens 1-25 Une boîte métallique en forme de cube
3 acres 42 livres force 4 gallons américains (2 m x 2 m x 2 m) renferme une résistance de
5 pieds 3 pouces . 10 kW. Un ventilateur assure une température uni-
forme à l'intérieur de la boîte . Les parois sont en
1-17 Un système de chauffage résidentiel consomme fer, et elles ont une épaisseur de 10 mm . Calculer la
6 tonnes métriques de charbon pendant l'hiver . Quelle différence de température entre l'intérieur et l'ex-
est l'énergie calorifique disponible si le rendement de térieur des parois .
la chaudière est de 50 %?
1-26 Dans le problème 1-25, si l'on recouvre la boîte
1-18 S'il fallait utiliser du pin sec pour chauffer la d'une couche d'époxy ayant une épaisseur de 10 mm,
résidence du problème 1-17, combien de tonnes de bois quelle sera la nouvelle différence de température entre
seraient requises? l'intérieur et l'extérieur de la boîte?

Lb tLtU I MU I L(jhINIUUt

1-27 Dans le problème 1-26, calculer la température 1-32 Une ferme de 35 000 m 2 possède une superfi-
approximative à l'intérieur de la boîte si la tempéra- cie de 8,648 p .u . Calculer :
ture ambiante est de 20 °C . Suggestion : en choisissant a) la base de superficie, en mètres carrés
une température quelconque à la surface de la boîte, b) la base de longueur, en mètres
trouvez, par approximations successives, la tempéra-
c) la base de superficie, en acres
ture qui produit une dissipation de 10 kW par radia-
tion et convection . 1-33 Dans un circuit électrique, on prend comme
bases une puissance de 15 kW et une tension de 240 V .
1-28 Combien de Btu sont nécessaires pour élever la
Calculer:
température de l'eau d'un réservoir de 50 gal (EU) de
55 °F à 180 °F en supposant que l'isolation thermique a) le courant de base
soit parfaite? Combien de temps cela prendra-t-il si on b) la résistance de base
utilise un élément chauffant de 2 kW? 1-34 Une résistance est alimentée par une tension
1-29 Quatre personnes pèsent respectivement 70 kg, relative de 4 p .u . et elle dégage en chaleur une puis-
80 kg, 60 kg et 55 kg . On prend comme base un poids sance relative de 8 p .u . Calculer :
de 75 kg . Calculer le poids relatif des personnes . a) la valeur relative de la résistance
1-30 Un arbre a une hauteur relative de 3 p .u. Sa- b) le courant relatif circulant dans la résistance
chant que la longueur de base est de 2,5 m, calculer la
1-35 Un moteur ayant une puissance de 4,2 p .u .
hauteur réelle de l'arbre .
tourne à une vitesse de 1,2 p .u .
1-31 Dans une municipalité, on prend comme base a) calculer le couple relatif développé par le mo-
une longueur de 5 m . teur
a) Calculer la valeur de la superficie de base ; b) la puissance de base étant de 1 hp, calculer la
b) Un terrain mesure 20 m x 45 m . Exprimer ces puissance du moteur en kilowatts
dimensions en valeurs relatives ;
c) Exprimer la superficie du terrain en p .u .
2
Nature de l'électricité

Afin de comprendre la nature et l'origine de l'électri- deux atomes d'hydrogène et d'un atome d'oxygène .
cité, on doit examiner la structure même de la matière . La molécule d'ozone, un gaz libéré lors d'une décharge
Dans ce chapitre, nous étudierons les propriétés élé- électrique, est composée de 3 atomes d'oxygène . En-
mentaires des électrons et leur distribution à l'intérieur fin, la molécule de caoutchouc contient une chaîne d'au
d'un corps . Nous verrons aussi les propriétés des pro- moins 5000 atomes de carbone et 8000 atomes d'hy-
tons et des neutrons, ainsi que la composition atomi- drogène (Fig . 2-1) .
que de quelques éléments utilisés en électrotechnique . Si l'on fractionnait un échantillon de caoutchouc
2.1 Nature de la matière comme on l'a fait pour l'aluminium, il faudrait, rendu
au stade de la molécule, arrêter la subdivision, sans
Prenons un bloc d'aluminium et coupons-le en deux .
quoi les propriétés de la particule subdivisée ne se-
Reprenons une des parties et séparons-la également
raient plus les mêmes que celles de l'échantillon ini-
en deux . Si nous continuons ce procédé de fractionne-
tial .
ment des milliers et des milliers de fois, nous attein-
drons une limite où il ne sera plus possible de subdi- 2.2 Attraction entre atomes et molécules
viser la particule d'aluminium extrêmement petite ainsi Les atomes et les molécules s'attirent avec une force
obtenue, sans en changer les propriétés caractéristiques, gravitationnelle identique à celle qui attire une pomme
c'est-à-dire sans modifier la nature même de l'alumi- vers la terre . La force d'attraction augmente à mesure
nium . Cette dernière particule est appelée atome . que les molécules se rapprochent, mais elle demeure
La matière est ainsi composée d'atomes dont la struc- faible à moins que les molécules soient très serrées les
ture particulière caractérise les différents éléments tels unes contre les autres .
que l'aluminium, le carbone, le cuivre, l'hydrogène, Les molécules d'un gaz sont relativement éloignées
l'oxygène, etc . les unes des autres ; par conséquent, les forces d'at-
Dans la plupart des substances, cependant, la plus pe- traction sont négligeables, ce qui explique leurs mou-
tite particule qui conserve toutes les propriétés origi- vements indépendants et désordonnés .
nales est la molécule . Une molécule est un groupement Par contre, les atomes d'un corps solide sont tellement
de deux, trois, quatre, parfois jusqu'à des milliers d'ato- rapprochés les uns des autres que la force d'attraction
mes . La molécule d'eau, par exemple, est formée de devient très grande, ce qui donne au corps cette rigi-
27

LO tLtl, 1 NU 1 tUMIIUL)t

dité que l'on connaît . Contrairement aux molécules plus grande que les électrons seront plus près du noyau .
d'un gaz, les molécules (ou atomes) d'un corps solide
L'atome d'aluminium est représenté schématiquement
ne sont pas libres de se déplacer, mais demeurent fi-
à la Fig . 2-2 . Il comporte un noyau central autour du-
gées sur place . Elles vibrent seulement dans leur posi- quel gravitent 13 électrons sur des orbites définies
tion captive, l'amplitude des vibrations augmentant
(représentées par des traits pointillés) . Ces électrons
avec la température .
sont répartis en couches concentriques comme suit : la
Si la température est suffisamment élevée, les vibra- couche interne est complète avec deux électrons, la
tions intenses réussissent à éloigner les molécules les couche intermédiaire est très compacte et très stable
unes des autres, de sorte que les forces d'attraction ainsi avec huit électrons, enfin la couche périphérique ne
affaiblies transforment le solide dur en liquide . compte que trois électrons .
Toute substance est ainsi formée d'un ensemble d'ato-
mes . La constitution de ces atomes varie d'un corps à
l'autre, le noyau étant plus ou moins lourd et les élec-
®®
trons, plus ou moins nombreux . (Voir l'atome de cui-
vre et l'atome d'hydrogène, Fig . 2-2 .)
(a) eau, H 2 O (b) ozone, 0 3
2 .4 Dimensions de l'atome
Même si l'atome est extrêmement petit, on a pu néan-
moins, par des procédés ingénieux, évaluer ses dimen-
sions, son poids et sa charge électrique .

(c) partie d'une molécule de caoutchouc (C S H 8 )„

Figure 2-1
Représentation des molécules d'eau, d'ozone et de
caoutchouc avec leurs formules . La molécule de caoutchouc
est formée d'une longue chaîne de groupements C5H8, ce
qui lui confère sa souplesse .

2.3 Structure atomique


S'il était possible de le voir, on constaterait que tout (a) hydrogène, H (b) aluminium, AI

atome est composé d'un noyau très petit, très lourd et


portant une charge électrique positive (+) autour du-
quel tournent à une très haute vitesse des électrons por-
tant des charges négatives (-) . La charge totale des élec-
trons neutralise la charge positive du noyau de sorte
que l'atome est, dans son ensemble, électriquement
neutre . L'atome peut être comparé au système solaire,
dans lequel le soleil remplit le rôle du noyau et les
planètes, celui des électrons .
C'est un fait vérifié expérimentalement que les corps
chargés électriquement donnent naissance à des effets
d'attraction et de répulsion . Les charges électriques de
même signe se repoussent tandis que les charges de
signe contraire s'attirent. On conçoit donc qu'il existe Figure 2-2
des forces d'attraction électriques entre le noyau (+) Structure simplifiée de quelques atomes .
et les électrons (-) d'un atome ; cette force sera d'autant
NATURE DE L'ELECTRICITE 29

L' atome d'aluminium est tellement petit qu'il faudrait


en mettre environ 100 millions bout à bout pour for-
mer une chaîne d'une longueur égale à un centimètre .
L'atome le plus simple est celui de l'hydrogène parce
qu'il ne comporte, autour de son noyau, qu'un seul
électron. L'exemple suivant nous permet de fixer les
dimensions relatives du noyau et de l'électron . Imagi-
nons qu'on puisse grossir un atome d'hydrogène 100
millions de millions (100 x 106 x 106) de fois . On pour-
rait alors représenter le noyau de l'atome par un grain
de sel et l'électron par une balle légère de 10 cm de
Figure 2-3
diamètre, tournant autour de ce noyau à une distance
Les électrons libres à l'intérieur d'un morceau d'aluminium
d'environ 5 kilomètres . sautent continuellement d'un atome à l'autre .
D'après cet exemple, on réalise que la plus grande por-
tion de l'atome est vide . En effet, s'il était possible de un bloc de métal originellement neutre, l'excédent
comprimer les électrons et les noyaux ensemble, on d'électrons lui donnera une charge résultante négative
pourrait placer toute la matière d'une grande ville dans
(-) .
une boîte d'allumettes . Si on ne peut pas toujours voir
à travers un corps, qui pourtant est formé d'atomes si En somme, un corps devient positif ou négatif suivant
vides, c'est que les rayons lumineux sont déviés par qu'il y a manque ou surabondance d'électrons .
les atomes . 2.6 Conducteurs et isolants
2.5 Électrons libres Les corps métalliques comme le cuivre et l'aluminium
Revenons maintenant à l'atome d'aluminium de la Fig . ne possèdent respectivement qu'un et trois électrons
2-2 . On a vu qu'il n'y a que trois électrons sur l'orbite périphériques dans leur atome. Ces corps peuvent aban-
extérieure . Ces trois électrons, étant très peu retenus donner très facilement ces électrons ou en recevoir
par le noyau, sont relativement libres et, dans un échan- d'autres aussi facilement, et sont donc d'excellents
tillon d'aluminium, ils sautent continuellement d'un véhicules d'électrons . On les appelle conducteurs .
atome à un autre dans toutes les directions (Fig . 2-3) . Il n'en est pas ainsi des corps, comme le caoutchouc,
On les appelle électrons libres par opposition à ceux dont les électrons sont retenus énergiquement à leurs
qui restent liés au noyau . Ces électrons libres se dépla- noyaux par des forces considérables . Ces corps n'ont
cent avec une très grande mobilité dans les espaces pratiquement pas d'électrons libres, et ils sont nom-
entre les atomes et, dans leur mouvement désordonné, més isolants.
frappent les atomes avoisinants . Leur vitesse est de l'or- La quantité d'électrons libres est précisément ce qui
dre de 1000 kilomètres par seconde . Cependant, même distingue les corps bons conducteurs d'électricité des
si, dans un bloc de métal, ils sont en constante agita- isolants ; les électrons se déplacent facilement dans les
tion, ils ne quittent pas le métal . Comme le nombre conducteurs, difficilement dans les isolants . Un iso-
total de noyaux et d'électrons ne change pas, le bloc lant parfait, interposé entre deux conducteurs, s'op-
de métal sera électriquement neutre . La Fig . 2-3 n'est pose à tout échange d'électrons entre eux .
évidemment pas à l'échelle car un centimètre cube
d'aluminium compte plus de 10 22 électrons libres . 2 .7 Distribution des électrons libres
Si maintenant, par un procédé quelconque, on arrache Ordinairement, les électrons libres à l'intérieur d'un
un certain nombre d'électrons au bloc de métal, la barreau d'aluminium sont répartis uniformément, de
charge positive des noyaux ne sera plus exactement sorte que chaque millimètre de sa longueur soit élec-
équilibrée par la charge négative des électrons, de sorte triquement neutre (Fig . 2-4a) . Mais imaginons que
que la charge électrique résultante du bloc sera posi- l'on puisse, par un moyen quelconque, chasser un
tive (+) . Inversement, quand on ajoute des électrons à grand nombre d'électrons vers une extrémité du bar-

30 ELECTROTECHNIQUE

reau, celle-ci deviendra négative . L'autre extrémité, 2 .9 Courant électrique


privée de ses électrons habituels, aura une charge nette Si on relie les deux bornes d'une pile au moyen d'un
positive (voir Fig . 2-4b) . Le barreau aura donc des ex- conducteur (Fig . 2-5), les électrons, en surcroît sur la
trémités positive et négative bien que, dans son en- borne négative, se repousseront mutuellement et chas-
semble, il demeure neutre, n'ayant ni perdu ni gagné seront les électrons libres du conducteur vers la borne
d'électrons . Mais cette distribution inégale des élec- positive. De plus, cette borne positive, présentant un
trons est anormale et l'équilibre sera rétabli dès que manque d'électrons, attirera énergiquement les élec-
l'influence extérieure qui a provoqué la migration aura trons libres . Il en résulte un mouvement continuel
disparu . d'électrons dans le conducteur, de la borne négative à
la borne positive .
C'est ce mouvement d'ensemble des électrons libres
qui constitue le courant électrique .

Le mouvement d'ensemble des électrons est lent car


(a) ils rencontrent sur leur passage un très grand nombre
de noyaux d'atomes qui les font dévier et les retar-
dent. Ainsi, la vitesse d'entraînement des électrons dans
un conducteur qui alimente une lampe à incandescence
de 60 watts sous une tension de 120 volts est seule-
(b)
ment de l'ordre de 5 centimètres à l'heure . Bien que
cette vitesse soit très faible, le courant électrique s'éta-
Figure 2-4
a . Distribution uniforme des électrons libres à l'intérieur d'un blit très vite d'un bout à l'autre d'un conducteur (à une
barreau métallique . vitesse qui se rapproche de celle de la lumière: 300 000
b . Distribution non uniforme des électrons libres . kilomètres par seconde) . Au moment où l'on raccorde
un conducteur à une source d'électricité, des électrons
supplémentaires sont introduits à l'une des extrémités
2 .8 Sources d'électricité du conducteur. Presque instantanément, les électrons
Pour produire (ou générer) de l'électricité, il faut chan- libres localisés à l'autre extrémité sont contraints d'éva-
ger le peuplement relatif des électrons entre deux cuer . C'est un effet de proche en proche : les électrons
points . Les dispositifs capables de créer un tel surplus qui entrent par une des extrémités ne sont pas les mê-
d'électrons à un point et un manque à un autre point mes que ceux qui sortent presque aussitôt par l'autre .
sont appelés générateurs ou sources d'électricité . C'est grâce à la grande vitesse d'établissement du cou-
Cette répartition inégale des électrons peut être provo- rant électrique que deux personnes peuvent communi-
quée de plusieurs manières . On peut le faire : quer presque instantanément au téléphone . Les élec-
trons mis en branle par la voix d'une personne qui parle
1 . chimiquement, comme dans les piles et les accu- à une extrémité de la ligne provoquent aussitôt un mou-
mulateurs, vement semblable des électrons à l'autre extrémité, de
2 . mécaniquement, comme dans les dynamos et alter- sorte que les deux interlocuteurs peuvent communi-
nateurs, quer comme si aucune distance ne les séparait . La vi-
3 . par effet thermique, comme dans les thermocouples, tesse d'établissement du courant permet aussi la grande
ou rapidité des ordinateurs électroniques qui font leur cal-
4 . par effet optique, comme dans les cellules photo- culs des millions de fois plus vite que les calculatrices
électriques . mécaniques d'autrefois .
Dans chaque cas, le point (ou borne) ayant un manque Toutefois, la vitesse d'établissement du courant élec-
d'électrons possède une charge positive, donc une po- trique n'est pas instantanée : en effet, si l'on pouvait
larité positive (+) . Inversement, le point ayant un sur- relier la planète Mars et la Terre avec une ligne télé-
plus d'électrons aura une charge négative, et par con- phonique, cela prendrait 20 minutes pour transmettre
séquent, une polarité négative (-) . un message.

NATURE DE L'ÉLECTRICITÉ 31

2.10 Sens du courant En se référant aux Fig . 2-5b et 2-5c, on notera que le
Avant l'établissement de la théorie électronique du cou- courant circule aussi à l'intérieur de la pile . Cependant,
rant électrique, certains savants s'étaient imaginés que le courant conventionnel y circule de la borne négative
le courant électrique se déplaçait dans un conducteur à la borne positive, ce qui est l'inverse de son chemine-
extérieur au générateur de la borne positive du généra- ment dans le conducteur extérieur .
teur à sa borne négative . Malheureusement, ce sens 2 .11 Protons et neutrons
conventionnel du courant, qui a été choisi arbi-
Jusqu'à maintenant, nous avons considéré le noyau d'un
trairement, est l'inverse du sens de déplacement des
atome comme un corpuscule portant une charge élec-
électrons . Les électrons, dans un conducteur métallique,
trique positive . En fait, le noyau est composé de deux
se dirigent toujours vers la borne positive du généra-
sortes de particules : les protons et les neutrons . Le pro-
teur. Dans ce livre nous adopterons le sens convention-
ton possède une charge positive dont la valeur est égale
nel du courant parce qu'il est reconnu universellement .
à la charge négative de l'électron . Le neutron, comme
Il est bon, toutefois, de se rappeler que le sens du cou-
son nom l'indique, ne porte aucune charge . Les neu-
rant électronique est, en réalité, inverse du sens con-
trons ne subissent donc aucune force électrique d'at-
ventionnel (voir Fig . 2-5) .
traction ou de répulsion en présence des protons ou
des électrons .
La masse du neutron est sensiblement égale à celle du
des électrons libres
seps proton ; tous deux pèsent environ 1840 fois plus que
l'électron . La masse d'un atome est donc surtout con-
centrée dans son noyau .
Le nombre de protons et de neutrons dans le noyau
borne +++ -
positive (+) , = _ borne
d'un atome dépend de l'élément . De plus, comme cha-
négative (-) que atome est électriquement neutre à l'état normal, il
comporte autant de protons que d'électrons .
pile Le tableau 2-1 donne la composition atomique de quel-
ques éléments . À titre d'exemple, un atome de cuivre
contient 29 protons et 35 neutrons dans son noyau, alors
que 29 électrons gravitent autour de celui-ci . Les neu-
(b) trons font une contribution importante au poids du cui-
vre, mais aucune en ce qui concerne sa charge électri-
que . Toutefois, nous verrons que les neutrons jouent
un rôle critique dans les centrales nucléaires .
2 .12 Résumé
Dans ce chapitre nous avons appris que la matière est
constituée d'atomes qui sont regroupés en structures
plus complexes appelées molécules . Les atomes sont
constitués d'un noyau contenant des particules positi-
ves (les protons) et neutres (les neutrons) autour du-
quel tournent des particules négatives appelées élec-
trons .
Le nombre de protons est normalement égal au nom-
bre d'électrons si bien que les atomes ou les molécules
(c)
sont électriquement neutres . Le nombre de protons et
d'électrons (numéro atomique) est caractéristique de
Figure 2-5
a . Une pile est un générateur d'électricité . chaque élément et détermine ses propriétés chimiques .
b . Sens du courant électronique dans un conducteur La presque totalité de la masse de l'atome est concen-
connecté aux bornes d'une pile . trée sans le noyau . Comme deux charges de signes con-

3 1- tLtl I MU I tUMNIUUt

traites s'attirent, les électrons (-) sont attirés par le de ces électrons libres qui en se déplaçant d'un atome
noyau (+) . Les électrons sont répartis en couches el- à l'autre permet la circulation d'un courant électrique .
liptiques autour du noyau . Au contraire, les corps qui peuvent difficilement per-
Certains corps appelés conducteurs (ex . : cuivre, alu- dre des électrons sont appelés isolants. Ces matériaux
minium ) peuvent facilement perdre et échanger les sont utilisés pour empêcher la circulation d'un cou-
électrons de leur couche extérieure . C'est la mobilité rant électrique .

TABLEAU 2-1 COMPOSITION ATOMIQUE DE QUELQUES ÉLÉMENTS

numéro atomique masse nombre de masse


élément symbole z atomique neutrons volumique
(approx .) kg/m3

hydrogène H 1 1,008 0 0,0898 gaz


hélium He 2 4,003 2 0,179 gaz
bore B 5 10,81 6 2340
carbone C 6 12,01 6 2260
azote N 7 14,01 7 1,26 gaz
oxygène O 8 16,0 8 1,43 gaz
fluor F 9 19,0 10 1,696
néon Ne 10 20,18 10 0,902 gaz
sodium Na 11 22,99 12 970
aluminium AI 13 26,98 14 2700
silicium si 14 28,09 14 2330
souffre S 16 32,06 16 2070
chlore ci 17 35,45 18 3,18 gaz
chrome Cr 24 52,0 28 7190
fer Fe 26 55,85 30 7860
cobalt Co 27 58,93 32 8900
nickel Ni 28 58,71 31 8900
cuivre Cu 29 63,54 35 8960
zinc Zn 30 65,37 35 7140
argent Ag 47 107,87 61 10 500
tungstène w 74 183,85 110 19 300
platine Pt 78 195,1 117 21 400
or Au 79 197,0 118 19 300
mercure Hg 80 200,6 121 13 600
plomb Pb 82 207,2 125 11400
radium Ra 88 -226 138 5000
uranium U 92 238,0 146 19 070
plutonium Pu 94 -242 148

1 . Chaque élément possède un nombre défini de protons et d'électrons, donné par le


numéro atomique Z . Par contre, dans la nature, le nombre de neutrons sur le noyau d'un
élément n'est pas constant .
2 . La masse atomique donne la masse relative d'un atome par rapport à un autre, tel que
trouvé dans la nature . Ainsi les atomes de cuivre possèdent une masse, qui est, en
moyenne, 2,35 plus grande que celle de l'aluminium (63,54/26,98 = 2,35) .
3 . La masse volumique des gaz correspond à une température de 0 °C et une pression
de 101,325 kPa .

NATURE DE L'ELECTRICITE 33

Les générateurs ou sources d'électricité ont la propriété 2-8 a) Montrer le sens de déplacement des électrons
de produire une répartition inégale des électrons entre lorsque les bornes d'une pile sèche sont raccordées par
une borne positive (+) ayant un manque d'électrons et un conducteur.
une borne négative (-) ayant un surplus d'électrons . b) Dans ce conducteur, est-ce que les électrons circu-
Ces sources utilisent un procédé chimique (ex . : piles), lent de la borne (+) à la borne (-) ?
mécanique (ex . : alternateurs), thermique (ex . : c) Dans la pile, est-ce que les électrons circulent de la
thermocouples) ou optique (ex . : cellules photoélectri- borne (+) à la borne (-)?
ques) . Lorsque l'on relie un conducteur entre les deux 2-9 L'atome de fer contient 26 électrons . Dessiner
bornes d'une source, un courant se met à circuler dans un schéma de l'atome et indiquer la charge du noyau .
le conducteur et la source . Le courant conventionnel
2-10 En utilisant le tableau 2-1, déterminer le nom-
(inverse du courant électronique) circule de la borne
bre a) de protons ; b) d'électrons ; c) de neutrons dans
(+) à la borne (-) dans le conducteur.
un atome de plomb .

PROBLÈMES - CHAPITRE 2

2-1 Y a-t-il attraction ou répulsion lorsque deux char-


ges négatives sont rapprochées l'une de l'autre?
2-2 Représenter un atome d'aluminium de façon sim-
plifiée .
2-3 Qu'est-ce qui distingue un conducteur d'un iso-
lant?
2-4 Dans un conducteur métallique, le courant d'élec-
trons se déplace-t-il rapidement?
2-5 Sur quelle couche (intérieure ou extérieure) d'un
atome métallique les électrons libres se trouvent-ils?
2-6 Est-ce que les atomes d'un solide sont absolu-
ment immobiles?
2-7 Que veut dire «sens conventionnel» d'un courant
électrique?
3
Loi d'Ohm

La loi d'Ohm trouve des applications dans tous les nous l'avons vu, comprend la distribution et le mou-
domaines de l'électrotechnique . Ce chapitre explique vement des électrons localisés dans la matière .
la loi, de même que l'utilisation d'un voltmètre et d'un
Lorsque les deux bornes d'un appareil présentent res-
ampèremètre dans un circuit électrique .
pectivement un défaut (+) et un excès (-) d'électrons,
3 .1 Production d'électricité, différence de on dit qu'il existe entre elles une différence de poten-
potentiel tiel (en abrégé d .d .p .) . Cette différence de potentiel élec-
Le rôle des sources d'électricité est de transformer trique, appelée très souvent tension électrique, ou force
l'énergie mécanique, chimique, thermique ou radiante électromotrice, peut être avantageusement comparée à
en énergie électrique . Elles réalisent cette transforma- la pression développée par une pompe hydraulique dont
tion en maintenant constamment entre leurs deux bor- la valve est fermée : elle peut exister même s'il n'y a
nes une différence dans la population d'électrons . El- pas de courant d'eau .
les soutirent des électrons d'une borne et les accumulent Ainsi, dans la Fig . 3-3, la différence de pression hy-
sur l'autre ; une borne aura donc un manque d'élec- draulique entre les points a et b de la pompe peut être
trons tandis que l'autre présentera un surcroît d'élec- comparée à la différence de potentiel électrique entre
trons . La première sera donc positive car la charge des les bornes x et y du générateur G .
noyaux des atomes ne sera plus exactement équilibrée
par celle des électrons ; la surabondance d'électrons 3 .2 Unité de différence de potentiel
négatifs à la deuxième borne lui donnera une charge L' unité SI de différence de potentiel électrique (ou ten-
électrique résultante négative. sion) est le volt (symbole V), tiré du nom du célèbre
Les figures 3-1 et 3-2 montrent huit types de sources physicien italien Volta .
d'électricité . Il est important de noter que ces généra- Le kilovolt (kV) et le millivolt (mV) sont des multiples
teurs d'électricité ne créent pas plus d'électricité qu'une et sous-multiples du volt qui valent respectivement
pompe hydraulique ne fabrique de l'eau : l'électricité, 1000 volts et 1/1000 de volt . La différence de poten-

34

LOI D'OHM 35

3 .3 Polarité
On identifie la borne qui présente un excès d'électrons
par un signe (-), celle qui comporte un manque d'élec-
trons, par un signe (+) . Ces deux bornes sont nom-
mées respectivement borne négative et borne positive .
Elles possèdent respectivement une polarité négative
et une polarité positive .
Figure 3-3
La différence de potentiel entre les bornes x et y d'une 3 .4 Charges électriques
génératrice peut être comparée à la différence de pression
développée par une pompe entre les points a et b .
Les appareils qui reçoivent et transforment l'énergie
électrique produite par les générateurs se nomment
charges (voir Fig . 3-5) . Les trois principaux types sont :
tiel, ou tension, se représente par le symbole E et se
1 . Les charges qui transforment l'énergie électrique
mesure à l'aide d'un appareil appelé voltmètre
en travail . Exemples : moteurs, vibrateurs électri-
(Fig . 3-4) .
ques, électroplongeurs .
2. Les charges thermiques dans lesquels l'énergie élec-
trique est transformée en chaleur. Exemples : grille-
pain, chaufferettes, fers à repasser, lampes à incan-
descence, fours industriels .
3 . Les charges chimiques où l'énergie électrique est
transformée en énergie chimique . Exemples : bains
à galvanoplastie qui servent à plaquer du chrome
sur les objets ; bacs à électrolyse servant à produire
l'aluminium, piles rechargeables .

-) -
(a) chaufferette (b) bac à aluminium

Figure 3-4
Ce voltmètre numérique permet de lire les tensions conti-
(c) moteur
nues de zéro à 1000 V avec une précision de 0,05 % . Il peut
aussi mesurer les tensions alternatives . Cet instrument très
flexible permet aussi de mesurer les courants continus et Figure 3-5
alternatifs, la résistance, les fréquences, et la température . Quelques exemples de charges électriques avec leur
(gracieuseté de Fluke Corporation) symbole .
36 ÉLECTROTECHNIQUE

SOURCES D'ÉLECTRICITÉ

1 . Génératrice à courant alternatif


Principe de fonctionnement: Une tension est induite entre les bornes d'un
conducteur lorsqu'il se déplace dans un champ magnétique .

Énergie primaire - mécanique

Tension - 6 V à 25 kV c.a .

Puissance - 10 W à 2000 MW

Rendement - 20% à 99%

Symbole

2 . Générateur électrostatique
Principe de fonctionnement : Une courroie mobile amène vers une coupole C les
charges positives provenant d'une source S . Une haute tension positive s'établit
entre la coupole et la terre .

Énergie primaire - mécanique

Tension - 100 kV à 10 MV c.c.

Puissance - 10 mW à 10 kW

Rendement - 5% à 30%

Symbole ©

terre
3 . Pile
Principe de fonctionnement : Deux plaques de matériaux différents placées dans
un électrolyte approprié libèrent de l'énergie électrique par une transformation
de leur structure chimique .

Énergie primaire - chimique

Tension - 1 V à 2 V c .c .

Énergie emmagasinée - 1 kJ à 1 MJ

mima id électrolyte Rendement - 40% à80%

Symbole ----~I-

ip 10,
4 . Générateur à thermocouple
Principe de fonctionnement : Lorsque les points de jonction J 1 et J 2 de deux
métaux différents sont gardés à des températures différentes, un transfert
d'électrons s'effectue et une tension apparaît entre les bornes A et B .

Énergie primaire - thermique


+ A B
Tension - 1 mV à 200 mV c .c.

Puissance - 1 mW à 1 W

Rendement - 3% à 10%

Symbole
0

Figure 3-1
Détails sur quelques sources d'électricité .


LOI D'OHM 37

SOURCES D'ÉLECTRICITÉ

5 . Générateur thermo-ionique
Principe de fonctionnement: En chauffant un métal A à une très haute
température, les électrons libres deviennent agités à un point tel qu'ils quittent
le métal pour s'accumuler sur une plaque B . Une différence de potentiel se crée
entre les deux plaques .

B Énergie primaire - thermique

Tension - 0,5 V à 3 V c .c .
20 mm' . o .o o .o.
Puissance - 1 mW à 100 W
\\`\\\
n Rendement - 1 % à 5%
1500 K A

1 Symbole

6. Cellule photovoltaïque
Principe de fonctionnement: Lorsqu'une jonction p-n au silicium (semblable à la
jonction d'une diode) reçoit de l'énergie radiante, un transfert de charges se
produit et une tension apparaît entre les bornes A et B .

radiation Énergie primaire - énergie radiante

A Tension - 0,3 V à 0,9 V C .C .

+ Puissance - 100 mW à 100 W

B Rendement - 8% à14%

Symbole -®-

7 . Pile à combustible
Principe de fonctionnement: La combinaison chimique de l'oxygène avec un
produit comme le pétrole ou l'hydrogène libère toujours une quantité d'énergie .
Habituellement, cette énergie apparaît sous forme de chaleur lorsque la
combinaison de ces produits se fait par combustion . La pile à combustible
permet à ces produits de se combiner chimiquement mais, au lieu de libérer de
l'énergie thermique ,c'est de l'énergie électrique qui apparaît.

Énergie primaire - chimique

Tension - 0,5 V à 1,5 V C.C.

Puissance - 10 W à 100 kW

Rendement - 30% à 70%

Symbole ©

cathode poreuse A A anode poreuse


8 . Générateur magnétohydrodynamique
Principe de fonctionnement : Un gaz ionisé à très haute température (appelé
plasma) est soufflé à grande vitesse entre les pôles d'un électro-aimant . Une
tension apparaît entre les deux plaques qui touchent les parois du jet .

N Énergie primaire - thermique/mécanique

Tension - 100 V à 5 kV c.c.

plasma Puissance - 10 kW à 100 MW


:
2500 K
S Rendement - 15% à 35%

Symbole ©

Figure 3-2
Détails sur quelques sources d'électricité .

38 ÉLECTROTECHNIQUE

Il existe bien d'autres appareils et dispositifs qui agis- D'une façon générale, et quelle que soit sa nature, une
sent comme charges électriques . Mentionnons les té- charge s'oppose toujours au passage d'un courant élec-
léviseurs et les lampes fluorescentes qui transforment trique . C'est précisément cette opposition qui permet
l'énergie électrique en énergie radiante visible, de à la charge de recevoir et de convertir l'énergie élec-
même que toute la gamme des équipements électro- trique .
niques de commande et de puissance .
3.7 Unité d'intensité de courant
3.5 Courant dans un conducteur et dans une Le courant hydraulique (Fig . 3-6) pourrait se mesurer
source par le nombre de gouttes qui passent en un point par
Nous avons vu au chapitre 2, Fig . 2-5, que le sens con- seconde, et le courant électrique (Fig . 3-7) par le nom-
ventionnel du courant est l'inverse du sens de dé- bre d'électrons par seconde . De telles unités ne seraient
placement des électrons . Dans une charge le courant évidemment pas pratiques .
conventionnel se dirigera de la borne positive (+) à la
borne (-) . Dans une source le courant passera de la
borne négative (-) à la borne positive (+) . pompe

Le courant qui conserve toujours le même sens est ap-


pelé courant continu . Nous verrons plus loin qu'il existe
également des courants qui changent périodiquement
de sens : on les appelle courants alternatifs . Les pre-
miers chapitres de ce livre porteront exclusivement sur
l'étude des courants continus et de leurs effets .

3 .6 Analogie hydraulique
Il est parfois plus facile de comprendre ce qu'est le
Figure 3-6
courant électrique en faisant une comparaison avec un Pompe et sa charge .
système hydraulique . La partie pointillée du schéma
de la Fig . 3-6 représente un tuyau partiellement rempli
de sable . La différence de pression développée par la génératrice
pompe fait circuler l'eau dans le circuit hydraulique .
On peut imaginer que l'eau est composée de milliers
de gouttes, qui rencontreront une certaine opposition
dans leur passage à travers le sable .
De la même façon, à la Fig . 3-7, la différence de po-
tentiel électrique du générateur fait circuler des élec-
trons à travers l'élément d'une chaufferette . Ces élec-
trons (analogues aux gouttes d'eau) rencontrent une
certaine opposition à leur passage, car ils rencontrent Figure 3-7
Génératrice et sa charge .
les atomes du métal qui se trouvent dans leur chemin .
Cette opposition dans le cas de l'élément d'une chauf-
ferette est assez considérable ; c'est pourquoi on l'ap-
pelle résistance . Le frottement entre les électrons et En électricité, l'unité SI d'intensité de courant est l'am-
les atomes produit un dégagement de chaleur . père (symbole A) . Ce mot a été adopté en l'honneur du
Dans la Fig . 3-7 la génératrice (une source) est raccor- savant français André Ampère . Un ampère équivaut au
dée à la résistance (une charge) au moyen de deux fils passage de 6,2 milliards de milliards (6,2 x 10 18 ) d'élec-
xl et y2. Les fils sont choisis afin qu'ils ne présentent trons par seconde .
à peu près aucune opposition au passage du courant Pour fixer l'ordre de grandeur d'un ampère, qu'il suf-
électrique . Il en résulte que la différence de potentiel fise de se rappeler qu'une lampe à incandescence de
aux bornes x et y de la source apparaît entièrement aux 100 watts tirera un courant de près d'un ampère sous
bornes 1 et 2 de la charge . la tension de 120 volts .
LOI D'OHM 39

L'intensité d'un courant (représenté par la lettre I)


s'exprime donc en ampères . Elle se mesure à l'aide
d'un appareil appelé ampèremètre (Fig . 3-8) . Pour
des intensités de courant moins élevées, on emploie
couramment le milliampère (mA) qui vaut un
1/1000 d'ampère .

Figure 3-9
Raccordement d'un ampèremètre .

gradué en ampères et sa position donne l'intensité du


courant . Un ampèremètre numérique affiche la valeur
du courant directement .
Pour déterminer la différence de potentiel (ou la ten-
sion électrique) entre les extrémités de l'élément, on
relie les deux bornes d'un voltmètre (V) à ces deux
points (voir Fig . 3-10, montage en parallèle ou en dé-
rivation) . Dans le cas d'un voltmètre analogique, une
aiguille s'arrête devant une division du cadran et in-
dique, en volts, la valeur de la tension mesurée . Un
voltmètre numérique affiche la tension directement .
Contrairement à l'ampèremètre, le voltmètre ne laisse
passer que très peu d'électrons, de sorte que sa pré-
sence ne modifie pratiquement pas la différence de po-
tentiel entre les bornes de l'élément chauffant .
Fait important à retenir : l'ampèremètre est intercalé
Figure 3-8 dans le conducteur qui mène à l'élément, tandis que le
Cet ampèremètre numérique permet de mesurer les courants voltmètre est branché directement aux deux extrémi-
continus de zéro à 1000 A avec une précision de 2 % . Il peut tés de l'élément .
aussi mesurer les courants alternatifs . La pince qui entoure le
fil permet de mesurer le courant circulant dans ce conducteur
sans que l'on soit obligé de le couper. Cette mesure de cou-
rant par induction est expliquée à la section 31 .6 du chapitre
sur les transformateurs spéciaux . (gracieuseté de Fluke Cor-
poration)

3 .8 Mesures d'une intensité de courant et


d'une tension
élément
Pour mesurer le nombre d'électrons qui passent, par
seconde, dans l'élément d'une chaufferette, on place
un ampèremètre entre le générateur et l'élément, de
façon qu'il soit traversé par tous les électrons (voir Fig .
3-9, montage en série) . Dans le cas d'un ampèremètre Figure 3-10
analogique, une aiguille se déplace devant un cadran Raccordement d'un voltmètre .

40 ÉLECTROTECHNIQUE

1A

essai n° 1 essai n° 2 essai n° 3

Figure 3-11
Le rapport entre la tension et le courant est un nombre constant appelé résistance .

3 .9 Loi d'Ohm que la tension est grande : en doublant la tension, l'in-


tensité du courant double, en triplant la tension, l'in-
La Fig . 3-11 montre comment sont disposés l'ampère-
tensité du courant triple .
mètre (A) et le voltmètre (V), destinés à mesurer, res-
pectivement, l'intensité du courant qui parcourt la C'est en partant des résultats d'une expérience sem-
chaufferette et la tension à ses bornes . blable que le physicien allemand Georg-Simon Ohm
énonça en 1827 la loi suivante :
Supposons qu'au moment où la lecture est prise, Fig .
3-11, (essai n° 1), le générateur applique une diffé-
le rapport entre la tension appliquée aux bornes
rence de potentiel de 2 volts et que le courant I résul-
d'un conducteur et le courant qui le parcourt est
tant soit de 1 ampère . Le rapport de la tension au cou-
un nombre constant .
rant égale :
Ce nombre constant caractérise une propriété du con-
• 2 volts
=2 ducteur : sa résistance . La résistance d'un corps quel-
I 1 ampère conque est l'opposition qu'il offre au passage du cou-
Agissons maintenant sur le générateur, Fig . 3-11 (es- rant. La résistance se représente par le symbole R .
sai n° 2), de manière que la tension aux bornes de l'élé- La formule de la loi d'Ohm s'écrit :
ment, indiquée par le voltmètre, soit de 4 volts . On
constate alors que l'ampèremètre marque 2 ampères . tension
= résistance
Le rapport de la tension au courant égale : courant

• 4 volts ou encore, en abrégé


=2
1 2 ampères
Reprenons l'expérience, Fig . 3-11 (essai n° 3), en ap- E =R
I
pliquant 6 volts à la chaufferette ; l'ampèremètre in-
dique maintenant 3 ampères . Encore une fois, le rap-
3.10 Unité de résistance
port :
L'unité SI de résistance est l'ohm (symbole S2)* .
• 6 volts D'après la définition SI, l'ohm est la résistance élec-
=2
1 3 ampères trique qui existe entre deux points d'un conducteur lors-

On voit donc que le courant est d'autant plus grand


* S2 est une lettre grecque qui se prononce «omega» .




LOI D'OHM 4

qu'une différence de potentiel constante de 1 volt ap-


pliquée entre ces deux points produit dans ce conduc- TABLEAU 3-1 EXPRESSIONS DE LA LOI D'OHM
teur un courant de 1 ampère, ce conducteur n'étant le cas facteurs facteur expression
siège d'aucune force électromotrice . connus inconnu
Dans la formule de la loi d'Ohm, si la tension E est
exprimée en volts et le courant I en ampères, la résis- 1 E, I R R =E
I
tance R sera exprimée en ohms . Exemple :
2 E, R I I =E
18 volts - 3 ampères = 6 ohms . R
3 .11 Application de la loi d'Ohm 3 I, R E E=RI
Maintenant que nous connaissons la relation qui existe
entre une tension de E volts appliquée aux extrémités
d'un élément possédant une résistance de R ohms et
parcouru par un courant de I ampères, il est facile, en
connaissant deux de ces facteurs, de déterminer le troi-
sième . Ainsi l'équation (3-1) peut être exprimée sous
les formes : Figure 3-12
Voir exemple 3-1 .

E -I ou volts = ampères (3-2)


R ohms Exemple 3-2
Une puissante lampe à incandescence ayant une
et
résistance R de 10 ohms est alimentée sous une ten-
E = RI ou volts = ohms x ampères (3-3) sion E de 120 volts . Quelle sera l'intensité I du cou-
rant tiré par cette lampe
Trois cas peuvent alors se présenter :
Solution
1 . On connaît la tension E et le courant I, on cherche la La forme (3-2) de la loi d'Ohm donne :
résistance R .
2 . On connaît la tension E et la résistance R, on cher- E _ I _ 120 volts
= 12 ampères
che le courant I . R 10 ohms
3 . On connaît le courant I et la résistance R, on cherche
la tension E. Exemple 3-3
Déterminer la chute de tension E dans un fil conduc-
Ces trois cas, résumés dans le tableau 3-1, sont illus-
teur dont la résistance R est de 50 milliohms, sa-
trés par les exemples numériques suivants .
chant qu'il porte un courant I de 300 ampères .
Exemple 3-1
Solution
Lorsqu'on branche un réchaud électrique à une
D'après la forme (3-3) de la loi d'Ohm:
source de tension E de 120 volts, il est parcouru par
un courant I de 5 ampères . Trouver la résistance R 10-3
E = RI = 50 x ohms x 300 ampères = 15 V
de l'élément du réchaud .
La solution du problème suivant fait intervenir deux
Solution des cas précédents .
En appliquant la forme (3-1) de la loi d'Ohm, la résis-
tance est donnée par : Exemple 3-4
Un fer à repasser alimenté par un réseau de distribu-
R 120 volts tion dont la tension est de 120 volts est parcouru par
E = = = 24 ohms
I 5 ampères un courant de 6 ampères . Si la tension du réseau
tombe à 100 volts, quelle sera la nouvelle intensité
du courant?


42 ÉLECTROTECHNIQUE

Les appareils qui sont branchés aux bornes d'une source


pour transformer l'énergie électrique sont des charges .
Ces charges peuvent transformer l'énergie électrique
Figure 3-13 produite par la source en énergie mécanique (ex . : mo-
Voir exemple 3-4 . teurs), thermique (ex . : appareils de chauffage) ou chi-
mique (ex . : bacs à galvanoplastie, piles en charge) .
Solution Dans un circuit formé d'une source et d'une charge,
circule un courant électrique . L'unité de courant élec-
Pour un appareil donné, le courant dépend de la ten-
trique est l'ampère (symbole A) . Si le courant circule
sion appliquée, laquelle est généralement fixée par le
toujours dans le même sens, on dit que c'est un cou-
réseau . Le seul facteur qui, ordinairement, ne varie pas,
rant continu . Par contre s'il change de sens périodi-
est la résistance, qui est une caractéristique de l'appa-
quement, il s'agit d'un courant alternatif.
reil .
On utilise un ampèremètre pour mesurer un courant
Il faut donc, en premier lieu, trouver la résistance R du
électrique et un voltmètre pour mesurer une tension
fer à repasser:
électrique ou différence de potentiel entre deux points
E 120 V d'un circuit . L'ampèremètre doit être branché en série
R = = = 20 Q
avec l'appareil dont on veut mesurer le courant alors
I 6A
que le voltmètre doit être branché en parallèle avec
Connaissant la résistance de l'appareil et la nouvelle l'appareil dont on veut mesurer la tension .
tension appliquée, le courant résultant sera : Enfin, la loi d'Ohm, une des lois les plus importantes
E 100 V régissant le fonctionnement des circuits électriques
I= -_ =SA s'énonce comme suit : le rapport entre la tension ap-
R 20£2 pliquée aux bornes d'un conducteur et le courant qui
Sachant que le courant est toujours proportionnel à la le parcourt est un nombre constant appelé résistance .
tension appliquée, le nouveau courant aurait pu être La résistance est une grandeur caractéristique de ce
calculé par une simple règle de trois : conducteur. L'unité de résistance est l'ohm (symbole
S2) . La loi d'Ohm permet de calculer une des gran-
100V deurs suivantes : tension, courant ou résistance lors-
I=6Ax =5A
120 V que les deux autres sont connues .

3 .12 Résumé
Dans ce chapitre nous avons introduit trois grandeurs
fondamentales en électricité : la tension ou différence PROBLÈMES - CHAPITRE 3
de potentiel, le courant et la résistance . Nous avons Niveau pratique
aussi appris qu'il existe deux grandes catégories d'ap-
3-1 Quel est le rôle des générateurs d'électricité?
pareils électriques : les sources et les charges .
Les sources d'électricité permettent d'imposer une dif- 3-2 Pourquoi une borne présentant un manque d'élec-
férence de potentiel ou tension électrique entre deux trons est-elle positive?
bornes . L'une des bornes présentant un défaut d'élec 3-3 Les générateurs créent-ils de l'électricité?
trons est la borne positive (+) et l'autre ayant un excès 3-4 Quelle est l'unité SI de tension électrique? Nom-
d'électrons est la borne négative (-) . Dans le cas d'une mer une unité plus grande .
source, cette différence de potentiel est aussi appelée
force électromotrice . L'unité SI de différence de po- 3-5 Nommer trois types de charges électriques .
tentiel (ou tension) est le volt (symbole V) . 3-6 La borne d'un accumulateur qui comporte une
surabondance d'électrons a-t-elle une polarité positive?

LOI D'OHM 43

3-11 Énoncer la loi d'Ohm .


3-12 Quelle est l'unité SI de résistance?

Niveau intermédiaire
3-13 Exprimer en kilovolts une tension de 4000 volts .
3-14 Exprimer une intensité de 0,2 ampères en mil-
liampères .
3-15 Quelle est la résistance d'un conducteur par-
couru par une intensité de 3 ampères lorsqu'on lui ap-
plique une tension de 6 volts?
3-16 Une chauffe-eau absorbe 15A sous 120V . Cal-
culer sa résistance .
3-17 Calculer le courant circulant dans un élément
de cuisinière électrique ayant une résistance de 10 Çà,
alimenté par une tension de 240 V.
3-18 Un fer à souder est alimenté à 120 V. Sachant
que sa résistance est de 50 ohms, calculer le courant
tiré .
3-19 On désire faire circuler un courant de 4 A dans
un rhéostat de 7 Q . Quelle tension doit-on lui appli-
quer?
3-20 Calculer la chute de tension dans un fil de 8 S2
lorsqu'il est parcouru par un courant de 15 ampères .
3-21 Une ligne de transport ayant une résistance de
Figure 3-14
Ohmmètres pour mesurer la résistance de l'isolation 6 ohms est traversée par un courant de 400 A . Quelle
d'un système ou d'un dispositif sous une tension continue est la chute de tension en kilovolts?
de 250 V ou 100 V. Ces instruments peuvent mesurer des
résistances comprises entre 10 kO2 et 1000 M OM. Léchelle 3-22 Une chauffe-eau tire un courant de 15 A sous
donne à la fois une lecture analogique et numérique une tension de 240 volts . Quel courant tirera-t-il si la
(gracieuseté Megger Instruments Limited) . tension baisse à 210 volts?
3-23 L'enroulement du champ d'une génératrice de
3-7 Soit un conducteur reliant les deux bornes d'une 500 mégawatts possède une résistance de 62,6 mQ .
pile . Les électrons se déplacent-ils dans le conducteur Quelle tension doit-on appliquer pour y faire circuler
du pôle positif au pôle négatif, ou vice versa? Quel est un courant de 4060 A?
le sens conventionnel du courant dans le conducteur? 3-24 Un éclair moyen implique un courant de 20 kA
3-8 Quelle est l'unité SI d'intensité de courant? Nom- et une tension de 200 MV. Calculer la valeur de la ré-
mer une unité plus petite. sistance offerte au passage du courant .

3-9 Quel appareil utilise-t-on pour mesurer le cou-


rant?
3-10 Les ampèremètres et les voltmètres sont-ils rac-
cordés de la même façon? Tracer des schémas illus-
trant la mesure d'une intensité de courant et la mesure
dune tension .

4
Puissance et
énergie électrique
4.1 Circuit électrique fournie par le générateur est, par suite, proportionnelle
Un circuit électrique est un ensemble comprenant des à ces deux mêmes grandeurs E et I . Il existe donc une
sources, des conducteurs et des charges . Le schéma de relation étroite entre la puissance, la tension et le cou-
la Fig . 4-1 représente un circuit comprenant un moteur rant électrique .
M et un générateur G qui l'alimente par l'intermédiaire
de deux fils conducteurs . Le circuit comprend aussi un
interrupteur permettant de commander la circulation
du courant. Si l'interrupteur est ouvert, le courant ne fil conducteur
passe pas car l'air constitue un bon isolant . Pour qu'il
circule, il faut qu'il y ait une suite ininterrompue de
conducteurs reliant les deux bornes du générateur. Dans
la Fig . 4-1, ces conducteurs sont constitués de deux fil conducteur 4
fils conducteurs et des conducteurs situés à l'intérieur
du moteur M, entre les bornes 3 et 4 .
Figure 4-1
4 .2 Puissance électrique Éléments d'un circuit électrique .

Nous avons déjà vu que si un courant parcourt une ré-


sistance (comme l'élément d'une chaufferette), le frot-
tement des électrons contre les atomes donne naissance
à un dégagement de chaleur . Puisque la chaleur est une
forme d'énergie et que l'élément seul ne peut pas la
produire, il s'ensuit que cette énergie doit provenir du
générateur (Fig . 4-2) .
On peut prouver expérimentalement que la puissance
dégagée sous forme de chaleur est directement propor-
tionnelle à la tension E aux bornes de la résistance et Figure 4-2
au courant I qui la traverse . La puissance électrique Chaleur dégagée par une résistance .

44


PUISSANCE ET ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 45

0,1 Q2

50 A
turbine

7,5 HP 100 V Em = 90 V

50A
0,1 s2

Figure 4-3
Lénergie électrique est transportée de la source à la charge par des fils conducteurs .

4 .3 Expression de la puissance on a I = P
E
La puissance (P) dépensée par un courant électrique
entre deux points d'un circuit s'obtient toujours par le 3000 W =
d'où le courant I = 12,5 A
produit de la tension (E) entre ces deux points et de 240 V
l'intensité (I) du courant:
Exemple 4-3
P = EI Un courant de 3 A circule entre deux points d'un
circuit et transporte une puissance de 18 W . Déter-

miner la tension entre ces points .
P = puissance, en watts [W]
E = tension, en volts [V]
I = courant, en ampères [A] P
ona E=
I
Tout comme pour l'expression de la loi d'Ohm, on peut
facilement déterminer un des facteurs de l'expression 18W
d'où la tension E = = 6 V
de la puissance lorsqu'on connaît les deux autres . Se- 3A
lon que l'on cherche la puissance P, l'intensité I ou la
4 .4 Puissance d'une génératrice
tension E, on utilise respectivement les formules :
La Fig . 4-3 montre une génératrice G entraînée par une
turbine . La génératrice alimente un moteur M par l'en-
P
P=EI ou i =-
P ou E=- (4-2) tremise d'une ligne électrique composée de deux fils
E I conducteurs .

En appliquant ces formules, les trois exemples numé- Imaginons que le circuit électrique soit fermé, et que la
riques suivants peuvent être facilement résolus . différence de potentiel aux bornes de la génératrice soit
de 100 V. Pour une tension fixe (ce qui est généralement
Exemple 4-1 le cas des réseaux de distribution), le courant qui cir-
Évaluer la puissance fournie à un moteur qui tire cule dans ce circuit dépend exclusivement de la résis-
15 A sous 120 V. tance des fils conducteurs et des caractéristiques élec-
triques de la charge .
P=EI=120Vx15A=1800W Supposons que le circuit soit parcouru par un courant
de 50 ampères . La génératrice devra donc débiter une
Exemple 4-2 puissance électrique de :
Une génératrice produit une puissance de 3 kW sous
une tension de 240 V. Quel est le courant débité P = EI = 100 x 50 = 5000 W = 5 kW


46 ELECTROTECHNIQUE

Pour fournir cette puissance électrique de 5 kW elle P=RI 2 (4-3)


devra elle-même recevoir une certaine puissance mé-

canique de la turbine . En supposant que la transforma-
P = puissance dissipée en chaleur [W]
tion de l'énergie par la génératrice se fasse sans au-
I = courant dans le conducteur [A]
cune perte (sans aucun dégagement de chaleur et sans
R = résistance du conducteur [S2]
frottement), la valeur de cette énergie mécanique re-
çue, évaluée en horsepower sera de : On voit ainsi que, pour un conducteur donné, la puis-
sance dépensée par effet Joule*, est proportionnelle au
P = 5000 = 6,7 hp, car un hp vaut 746 watts carré de l'intensité du courant: si le courant double, le
746 dégagement de chaleur quadruple . Si l'intensité triple,
l'échauffement sera 9 fois plus grand .
Par contre, si le rendement de la génératrice n'est que,
disons, de 84 %, la puissance de la turbine qui l'entraî- 4 .6 Pertes dans les lignes de transport
nera devra être de 6,7 hp - 0,84 = 8 hp . Si la résistance de chacun des fils conducteurs de la
4 .5 Puissance dissipée dans les fils Fig . 4-3 est égale à 0,1 52, la puissance dépensée en
conducteurs (effet Joule) chaleur pour une intensité de 50 ampères sera :
Le mouvement d'ensemble des électrons libres dans
un conducteur est lent car leur chemin est obstrué par P = RI2 = 0,1 x (50 x 50)
des atomes qui les font dévier. Ces chocs, ces frotte- = 250 W par fil, soit 500 W pour la ligne
ments entre les électrons libres et les atomes produi-
sent un dégagement de chaleur, ce qui revient à dire Une partie des 5000 watts fournis par la génératrice à
qu'une partie plus ou moins grande de l'énergie élec- l'entrée de la ligne sera transformée inutilement en
trique transportée par le conducteur est transformée en chaleur le long des fils conducteurs . La puissance élec-
énergie thermique . trique transmise à la charge ne sera donc plus que :

Ce phénomène d'échauffement d'un conducteur par le P = 5000 - (2 x 250) = 4500 W


courant d'électrons constitue l'effet Joule : il sera évi-
demment d'autant plus grand que le nombre d'élec- Ces pertes inévitables par effet Joule dans les lignes de
trons en mouvement orientés dans un conducteur sera transport sont analogues aux pertes par frottement dans
plus considérable . les machines . Dans celles-ci, une partie de l'énergie
La chaleur dégagée dans les conducteurs d'une ligne mécanique est transformée inutilement en chaleur . Il
de transport (ou dans les enroulements d'un moteur) s'ensuit que les lignes de transport d'énergie électri-
augmentera donc avec la charge . Puisque ces pertes que doivent avoir une résistance aussi faible que pos-
dépendent du courant, il est utile de connaître l'expres- sible pour réduire les pertes par effet Joule ; elles utili-
sion de la puissance consommée par effet Joule en fonc- sent des câbles de grande section, constitués générale-
tion du courant . ment de métaux bons conducteurs (cuivre ou alumi-
nium) .
D'après la loi d'Ohm, la chute de tension E dans un
conducteur est égale au produit de sa résistance R par 4.7 Chute de tension dans les lignes de
l'intensité du courant I transport
La résistance de chaque fil conducteur de la Fig . 4-3
E = RI éq. 3-3
est de 0,1 S2 et comme le courant est de 50 A, il s'en-
suit que la différence de potentiel Ef aux bornes de
Si, dans la formule générale de la puissance consom-
chaque fil est de :
mée dans un circuit, P = EI, on remplace la tension E
par la valeur RI, on obtiendra pour l'expression de la Ef = RI = 0,1 x 50 = 5V
puissance électrique transformée en chaleur :

P = EI = (RI) x I * Les conducteurs utilisés le plus souvent dans les appareils


électriques étant des fils de cuivre, les pertes Joule sont
parfois appelées «pertes dans le cuivre» .

PUISSANCE ET ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 47

fusible 0,1 s2

500 A

100 V court-circuit

500 A < 0,1 S2

Figure 4-4
Un fusible protège un circuit contre les courts-circuits .

Cette différence de potentiel est appelée chute de ten- courant sera seulement limitée par la résistance des fils
sion dans le fil conducteur . La chute de tension totale et deviendra :
dans la ligne (deux conducteurs) est donc de 10 V. La
tension de la source est de 100 V, mais à cause de la E 100 V
I= = = 500A
chute de tension de 10 V le long de la ligne, la diffé- R 0,2 S2
rence de potentiel El, appliquée aux bornes du moteur
n'est plus que de 100 V - 10 V = 90 V. C'est là une valeur excessive qui produit un dégage-
ment de chaleur intense .
Notons, en passant, que la tension entre les deux fils
de ligne diminue progressivement de 100 V à 90 V à Cette condition, que l'on appelle court-circuit, pour-
mesure que l'on s'éloigne de la source vers la charge . rait provoquer la destruction de la génératrice et la fu-
Par exemple, au centre de la ligne la tension entre les sion des fils, avec risque sérieux d'incendie .
deux fils est de 95 V mais le courant est constant par- Pour limiter les dégâts, on introduit à dessein dans beau-
tout dans le circuit . coup de circuits un point faible qui assure auto-
Si l'on utilisait des fils conducteurs de 0,01 0 (résis- matiquement la rupture du courant lorsque l'intensité
tance 10 fois plus faible qu'auparavant), la chute de devient trop forte . Les dispositifs qui remplissent cette
tension ne serait plus que de 1 V et la tension aux bor- fonction portent le nom de fusibles . Ce sont ha-
nes du moteur monterait alors à 99 V. bituellement des pièces ou des fils métalliques dont
l'alliage et les dimensions sont choisis de façon à ce
4.8 Puissance fournie à la charge qu'ils fondent sans danger lorsque la surintensité dé-
La tension aux bornes du moteur de la Fig . 4-3 est de passe une valeur prédéterminée . La fusion de la pièce
90 volts, et le moteur est traversé par un courant de interrompt le courant .
50 A . La puissance P,,, fournie au moteur est donc :
4 .10 Charges conçues pour produire de la
chaleur
Pm = Eml
Jusqu'à maintenant nous avons envisagé uniquement
= 90 V x 50 A = 4500 W les conséquences néfastes de l'effet Joule ; il existe tou-
Cette valeur correspond bien à la valeur de la puis- tefois des dispositifs comme les grille-pain, les ra-
sance calculée précédemment à la section 4 .6 . diateurs électriques, les fers à repasser, etc ., qui sont
spécialement conçus pour convertir la puissance élec-
La plus grande partie de cette puissance électrique ab- trique en chaleur. On les raccorde au réseau domici-
sorbée est transformée en puissance mécanique . Une liaire dont la tension, malgré des fluctuations occa-
faible partie sera cependant transformée en chaleur, par sionnelles, demeure sensiblement constante. Pour ces
effet Joule, dans les enroulements du moteur . appareils, on préfère utiliser une formule qui donne la
4 .9 Cas d'un court-circuit puissance P en fonction de leur résistance R, et de la
tension E appliquée à leurs bornes . En utilisant les équa-
Si les deux fils conducteurs du circuit se touchent en
tions P = EI et I = EIR, on déduit que P = E x (E/R)
un point situé près du moteur (Fig . 4-4), l'intensité du



48 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 4-5
Identification d'une source et d'une charge .

d'où dante du courant, et (3) en appliquant la règle suivante :

2 • si le courant sort de la borne (+), l'élément est


P = -
E
R une source ;
• si le courant entre par la borne (+), l'élément

est une charge.
• = puissance dissipée en chaleur [W]
• = tension aux bornes de l'élément [V]
Nous constatons d'après cette règle que l'élément A
R = résistance de l'élément [S2]
est une source et l'élément B, une charge .
Cette équation démontre que la puissance varie avec le Cette distinction importante entre source et charge nous
carré de la tension appliquée. Donc, lorsque la tension aidera à comprendre les échanges d'énergie dans les
double, la puissance quadruple ; inversement, lorsque circuits électriques .
la tension baisse de 10 %, la chaleur dégagée diminue
de 19 % . Les appareils de chauffage sont donc très sen- 4 .12 Énergie électrique
sibles aux variations de tension . On a vu au chapitre 1 que la puissance mécanique dé-
Remarquons que les appareils de chauffage sont les pendait du taux d'utilisation de l'énergie mécanique .
seuls appareils électriques à posséder un rendement de Il en est de même pour la puissance et l'énergie élec-
100 % ; en effet toute l'énergie électrique absorbée se triques . La puissance électrique P représente le taux
retrouve convertie en chaleur . d'utilisation de l'énergie électrique W, c'est-à-dire
l'énergie électrique divisée par le temps . Inversement,
4.11 Distinction entre «source» et «charge» l'énergie est la puissance électrique multipliée par le
Tout élément de circuit traversé par un courant est soit temps . On peut donc écrire l'équation (1-4) sous la
une source, soit une charge . Une source débite une forme :
puissance électrique tandis qu'une charge en absorbe .
Afin de mettre en évidence les différences entre les W = Pt
notions de source et de charge, supposons que dans le
circuit de la Fig . 4-5 les deux éléments A et B ren- où
ferment des dispositifs quelconques dont nous igno- • = énergie électrique, en joules [J]
rons la nature (source ou charge) . Admettons que des • = puissance électrique, en watts [W]
mesures au voltmètre et à l'ampèremètre aient fourni t = temps, en secondes [s]
les polarités de tensions et les sens de courants indi-
qués sur la figure . Comment identifier alors la source L'unité SI d'énergie électrique est le joule ; 1 joule est
et la charge ? égal à 1 watt-seconde . Si l'on exprime la puissance en
On y arrive facilement en observant (1) la polarité des kilowatts et le temps en heures, l'énergie électrique est
bornes de chaque élément ; (2) la direction correspon- donnée en kilowattheures (kWh) . Le kilowattheure

PUISSANCE ET ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 49

n'est pas une unité SI, mais on l'utilise pour évaluer la Cette difficulté d'emmagasiner des grosses quantités
consommation d'énergie électrique dans les maisons d'énergie électrique constitue le problème de base des
et les usines (1 kW •h = 3 600 000 J = 3,6 MI) . compagnies d'électricité et les oblige à produire l'éner-
gie au même rythme qu'elle est consommée par l'uti-
Exemple 4-4 lisateur. Si l'énergie consommée diffère légèrement de
Une lampe de 100 W allumée pendant 20 secondes celle produite, le réseau électrique réagit violemment,
consomme 100 watts x 20 secondes, soit 2000 watt- provoquant des surtensions ou des excès de courants,
secondes d'énergie, ce qui équivaut à 2000 joules . lesquels entraînent l'ouverture immédiate des disjonc-
De la même façon, un alternateur de 1,50 kW four- teurs pour ne pas risquer l'arrêt complet du système .
Si l'on pouvait, un jour, conserver l'énergie électrique
nit pendant 20 heures une quantité d'énergie égale
aussi simplement que l'on conserve l'énergie chimi-
à 150 kW x 20 h . soit 3000 kW .h, Exprimée en jou-
les, cette énergie équivaut `1 3000 x 3 .6 x 10 6 = 10,8 que dans un litre de pétrole, la production, le transport
x 10`, i = 10_8 gigajoules = 10,8 GJ . et l'utilisation de l'électricité en seraient profondément
modifiés .
4 .13 Emmagasinage de l'énergie
4 .14 Résumé
D'énormes quantités d'énergie chimique sont emma-
Un circuit électrique est un ensemble de sources et de
gasinées dans les puits de pétrole et les mines de char-
charges interconnectées par des conducteurs . Pour
bon de la terre . Lors de la combustion de ces matériaux
chaque appareil on peut calculer la puissance électri-
on libère de l'énergie thermique, qui peut à son tour
que générée (pour une source) ou absorbée (pour une
être convertie en énergie électrique .
charge) . Cette puissance P en watts est toujours don-
Nous pouvons aussi emmagasiner de grandes quantité née par le produit de la tension E en volts à ses bornes
d'énergie mécanique en érigeant des barrages derrière et du courant I en ampères qui le traverse (P = EI) .
lesquels l'eau accumulée sert à faire tourner les tur-
Pour savoir si un appareil agit comme une source ou
bines d'une centrale hydro-électrique . Une autre fa-
une charge il suffit de noter le sens du courant par rap-
çon d'emmagasiner une quantité importante d'énergie
port à sa borne positive . Si le courant sort de la borne
mécanique est de comprimer de l'air dans un réservoir
positive il s'agit d'une source . S'il entre dans la borne
pour actionner des outils pneumatiques.
positive, il s'agit d'une charge . À tout instant la somme
L'énergie nucléaire renfermée dans les mines d'ura- des puissances générées par les sources est égale à la
nium représente une autre source très concentrée somme de puissances absorbées par les charges et les
d'énergie. conducteurs d'interconnexion .
Malheureusement, il n'existe aucune méthode permet- Des pertes de puissance sont dissipées sous forme de
tant d'emmagasiner des quantités importantes d'éner- chaleur (effet Joule) dans les conducteurs . Le courant
gie électrique . (Les batteries, par exemple, n'emmaga- circulant dans les conducteurs provoque aussi une chute
sinent pas de l'énergie électrique, mais plutôt de l'éner- de tension entre la source et la charge .
gie chimique qui est libérée sous forme d'électricité
À partir de la loi d'Ohm on peut dériver deux autres
lors de la transformation de leurs éléments chimiques .)
expressions pratiques de la puissance : P = RIZ et
Seulement deux dispositifs, la bobine et le condensa- P = E2/R
. La première est utile lorsque le courant
teur, peuvent conserver l'énergie électrique à son état est imposé (ex . : calcul des pertes Joule dans un con-
naturel ; cependant, si on tient compte de leur grosseur ducteur) . La seconde est utile lorsque le tension aux
et de leur coût, ces dispositifs emmagasinent très peu bornes d'une charge de chauffage est imposée .
d'énergie . En effet, l'énergie maximale qu'on pourrait
Enfin, l'énergie électrique W en joules (J) consommée
emmagasiner dans une bobine conventionnelle pesant
par une charge est obtenue en multipliant sa puissance
2 tonnes (2000 kg) suffirait à peine à faire briller une
P en watts par le temps d'utilisation t (W = Pt) . Une
lampe de 100 watts pendant deux minutes . Les di-
autre unité d'énergie utilisée par les compagnies d'élec-
mensions d'un condensateur pouvant emmagasiner la
tricité pour facturer l'énergie à leurs clients est le
même énergie seraient encore plus grandes .
kilowattheure (kWh) .

50 ELECTROTECHNIQUE

PROBLÈMES - CHAPITRE 4 4-12 Quelle est la chute de tension dans une résis-
tance qui dissipe une puissance de 10 W lorsqu'elle
est parcourue par un courant de 2 A ?
Niveau pratique
4-13 Calculer la puissance (en kW) d'une génératrice
4-1 Pourquoi une résistance chauffe-t-elle lorsqu'elle qui débite 30 A sous une tension de 220 V . Sachant
est parcourue par un courant ? que son rendement est de 88,5 %, calculer la puissance
4-2 Dans quelle proportion le dégagement de chaleur du moteur qui l'entraîne .
dans un conducteur varie-t-il lorsqu'on diminue de 4-14 Une résistance de 100 S2 peut débiter une puis-
moitié l'intensité du courant qui le traverse ? sance de 200 W. Quelle tension maximale peut-on lui
4-3 Quand y a-t-il un court-circuit ? appliquer ?

4-4 À quoi servent les fusibles ? 4-15 Pendant un court intervalle, un homme peut
développer une puissance mécanique de l'ordre de
4-5 Énumérer les principales applications de l'effet 1000 W. Cependant, de façon soutenue, il ne peut dé-
Joule . biter qu'une puissance de 15 W .
4-6 Quel est le courant tiré par une lampe de 60 W a) Exprimer ces deux puissances en horsepower .
sous une tension de 120 V ? b) Combien de kilojoules d'énergie mécanique un
homme peut-il débiter pendant une journée de huit
4-7 L'éclairage d'une maison est assuré par 9 lampes heures ? Exprimer cette énergie en kilowattheures .
de 100 watts . Trouvez le courant total tiré par ces lam-
pes lorsque la tension du réseau de distribution est de 4-16 Au Québec, en 1996, la consommation annuelle
120 volts . moyenne par abonnement domiciliaire était de
9300 kW .h . Quelle était la puissance moyenne utili-
4-8 Quelle est la différence entre l'énergie électrique sée, en watts?
et la puissance électrique ? Quelle est l'unité SI d'éner-
gie ? Donner une autre unité pratique d'énergie . 4-17 Compte tenu de l'information donnée au pro-
blème 4-15, combien d'hommes seraient requis pour
Niveau intermédiaire fournir, à court terme, la même puissance que la cen-
4-9 Quelle est la puissance électrique perdue dans un trale de génération de Beauharnois dont la capacité
conducteur dont la résistance est 10 S2 et qui est par- installée est de 1574 MW ?
couru par un courant de 3 A ? Niveau avancé
4-10 La plaque signalétique d'un fer à repasser porte 4-18 Une chaufferette de 1000W fonctionne norma-
l'indication suivante : lement sous une tension de 120 V . Quelle puissance
puissance : 480 W ; tension de service : 120 V. dégagera-t-elle si la tension baisse de 10 % ? Quelle
a) Déterminer son courant nominal et sa résistance . est, en pour cent, la diminution de puissance ?
b) Calculer le courant tiré, la puissance débitée et l'éner-
gie consommée pendant une heure si l'on branche le 4-19 a) Un moteur absorbe 15 A sous 120 V. Quelle
fer à repasser sur un réseau à 105 V. est sa puissance en horsepower, si on néglige les per-
tes ?
4-11 Un fusible de 100 A possède une résistance de b) Quelle puissance mécanique développe-t-il, si son
0,001 ohm. rendement est de 90 % ?
Quelle est la chaleur dissipée lorsque le fusible porte
a) le courant nominal ?
b) un courant de court-circuit de 1000 A ?
5
Circuits simples
à courant continu

La plupart des circuits électriques sont raccordés soit


en série, soit en parallèle, soit en série-parallèle . Dans
ce chapitre nous étudions ces trois types de circuits
et comment on peut les résoudre . Les circuits plus
complexes et moins fréquents sont expliqués au cha-
pitre 8 .
I, IL

5 .1 Groupement en série
Des appareils électriques sont raccordés en série lors-
que la borne de l'un est connectée avec la borne du
suivant, de façon à réaliser une chaîne . La Fig . 5-la
montre un circuit série formé d'une génératrice, d'un
moteur, d'une lampe et d'une chaufferette . Les circuits
séries possèdent trois propriétés principales
1) Le courant est le même dans tous les éléments .
Dans la Fig . 5- la, les courants sont tous égaux car les
électrons ne peuvent pas quitter les conducteurs dans Figure 5-1a
lesquels ils circulent . Par conséquent, les 4 am- Groupement en série mesure des courants à l'aide
pèremètres donnent la même lecture . d'ampèremètres .

'moteur = 'lampe - 'chaufferette = 'génératrice

IM = IL = Ic = IG

51



52 ÉLECTROTECHNIQUE

2) La somme des tensions aux bornes des charges est Ces trois règles s'appliquent à tout circuit série, quelle
égale à la tension aux bornes de la source. que soit la nature des charges . La Fig . 5-2 est une re-
présentation schématique des quatre composants du
Dans la Fig . 5-lb on aura
circuit .
Emoteur + Elampe + Echaufferette Egénératrice
5.2 Groupement de résistances en série ;
EM + EL + Ec EG résistance équivalente
Il arrive souvent que les charges dans un circuit série
soient composées entièrement de résistances . On peut
démontrer que
1) La résistance de l'ensemble de ces résistances est
égale à la somme des résistances individuelles .
II) On peut donc remplacer un groupe de résistances R1,
R2, R3 . . . Rn par une seule résistance équivalente R eq
qui tirerait le même courant de la source et qui dissi-
perait la même puissance . Celle-ci serait donnée par

Ec =R 1 +R, +R3 + . . . .+R„ (5-1)


tG
111111111
o C Considérons les trois résistances connectées en série
aux bornes d'une source de 220 V (Fig . 5-3a) . La résis-
tance équivalente à l'ensemble de ces résistances sera
Figure 5-1b donc
Groupement en série - mesure des tensions à l'aide de
voltmètres . R =4+6+ 12=2252
eq

La tension de 220 V provoque dans ce montage un


3) La somme des puissances absorbées par les char- courant de
ges est égale à la puissance fournie par la source .
I _ E = 220
C'est une conséquence de la loi de la conservation de = 10A
R I +R2 +R3 4+6+12
l'énergie. Étant donné que la puissance est égale au
produit de la tension aux bornes d'un élément par le En utilisant la résistance équivalente (Fig . 5-3b) on
courant qui le traverse, on aura trouve directement :
I _ E = 220-
Pmoteur + Plampe + Pchaufferette Pgénératrice = 10 A
Req 22
soit EM IM + ELIL + EC I c EG IG

6 S2

22 S2

4 S2 12 S2

220 V
220 V

(a) (b)
Figure 5-2 Figure 5-3
Diagramme schématique du montage de la Fig . 5-1 . Résistances branchées en série .


CIRCUITS SIMPLES À COURANT CONTINU 53

La puissance dépensée par effet Joule dans chacune


des résistances a pour valeur P = RI .

dans R 1 , P1 = 4 x (10) 2 = 400W

dans R 2 , P 2 = 6 x (10) 2 = 600W

dans R 3 , P3 = 12 x (10) 2 = 1200 W

soit au total : 2200 W. La puissance débitée dans la ré-


sistance équivalente a pour valeur:
2 220 V
P = 22x (10) = 2200 W

On vérifie donc que la résistance équivalente tire le Figure 5-4


même courant et dissipe la même puissance que l'en- Mesure des tensions aux bornes des résistances .
semble des résistances .
Aussi, la somme des puissances dépensées dans les Il s'ensuit que les points 1, 2 et 3 sont électriquement
résistances est bien égale à la puissance débitée par la au même potentiel que la borne A . De la même façon,
génératrice, soit les points 4, 5 et 6 sont électriquement au même po-
tentiel que la borne B .
P = EI = 220 x 10 = 2200 W

2) La tension aux bornes de chacune des résistances


est égale au produit de cette résistance par le courant
qui traverse le circuit . De plus, la différence de poten-
tiel aux bornes de l'ensemble est égale à la somme des
tensions individuelles aux bornes de chaque résistance .
Ainsi, pour le circuit considéré, la tension aux bornes
de chaque résistance sera E = RI

pour R I , E l = 4 x 10 = 40 V
pour R 2 , E2 = 6 x 10 = 60 V Figure 5-5
pour R 3 , E3 = 12 x 10 = 120 V Groupement en parallèle .

soit au total : 220 V


Tout comme les circuits série, les circuits parallèle
Ainsi, la somme des tensions indiquées par les volt- possèdent trois propriétés principales
mètres aux bornes des trois résistances est égale à la
1) La tension est la même aux bornes de chaque élé-
tension aux bornes de la génératrice, soit 220 volts
ment.
(Fig . 5-4) .
Sur le montage de la Fig . 5-6a, les quatre voltmètres
5 .3 Groupement en parallèle donnent la même lecture
Des appareils électriques sont raccordés en parallèle
lorsque leurs bornes sont connectées aux deux mêmes Emoteur Elampe Echaufferette Egénératrice
points . La Fig . 5-5 montre un groupement parallèle
formé d'un moteur, d'une lampe et d'une chaufferette =EG
EM =EL =Ec
branchés aux bornes A et B d'une génératrice . On sup-
pose que les deux conducteurs partant de ces bornes 2) La somme des courants tirés parles charges est égale
possèdent une résistance négligeable . au courant débité par la source .

54 ÉLECTROTECHNIQUE

5 .4 Groupement de deux résistances en


parallèle
Chacun des montages de la Fig . 5-7 représente deux
résistances R1 et R2 montées en parallèle car leurs ex-
trémités sont reliées aux deux mêmes points 1 et 2 .

10

1
Figure 5-6a
0-
Groupement en parallèle - mesure des tensions aux bornes
des éléments .

H 4
Dans la Fig . 5-6b, les courants indiqués par les quatre
20
ampèremètres donnent (a) (b)

moteur + (lampe + (chaufferette (génératrice

IM + IL + Ic IG (c)

Ce résultat est compréhensible, car le courant tiré par


chaque charge doit être fourni par la source .
Figure 5-7
3) La somme des puissances consommées par les char-
Trois manières de grouper 2 résistances en parallèle .
ges est égale à la puissance fournie par la source .

Comme pour les circuits série, on obtient Considérons une batterie d'accumulateurs de 30 V ali-
mentant une résistance R1 de 6 S2 (Fig . 5-8). Pour une
p tension de 30 V entre ses bornes 1 et 2, la résistance
p moteur + p lampe + chaufferette génératrice
tire un courant de 5 A de la source . En effet,
EM IM + ELIL + ECIc EG IG
I=E=30 =5A
Ces trois règles s'appliquent à tout circuit parallèle, R 6
quelle que soit la nature des charges . La circulation de ce courant ne change pas la tension
entre les points 1 et 2 ; elle est encore de 30 V. Si on
raccorde maintenant à ces deux mêmes points une ré-
sistance R 2 de 3 S2 (montage parallèle, tel qu'indiqué à
la Fig. 5-9), il circule un courant de 30 V/3 S2 = 10 A
dans cette nouvelle résistance .

R, 6£2

4
Figure 5-6b
Groupement en parallèle - mesure des courants dans les
éléments . Figure 5-8
Batterie alimentant une résistance de 6 S2 .


CIRCUITS SIMPLES À COURANT CONTINU 55

Exemple 5-1
Deux résistances (le 6 S2 et 3 £2 sont raccordées en
V parallèle (Fig . 5-9) . Calculer la valeur de la résis-
652
30 V 5A', R R2 10 A
3 S2 tance équivalente .
v

T2 Solution
- - - - E
D'après la formule, la résistance unique pouvant rem-
placer les deux en parallèle a pour valeur
Figure 5-9
Courants lorsqu'une résistance de 3 S2 est ajoutée en parallèle
avec celle de 6 S2 . R = R 1 R2 = 6x3 = 18 =
eq
2S2
R I +R 2 6+3 9
Comme ce courant vient de la même source, le cou-
rant total fourni par la batterie sera la somme On constate que la valeur de la résistance équivalente
des courants dans chacune des résistances, soit (2 S2) est inférieure à la plus petite des résistances (3 Q) .
5 A + 10 A = 15 A . Il est bon de se rappeler que le fait d'ajouter une
deuxième résistance offre un nouveau passage au cou-
Si les deux résistances étaient cachées, un technicien
rant et, par suite, diminue la résistance offerte à la
mesurant une tension de 30 volts et un courant de 15 A
source .
en déduirait qu'une résistance de 30 V/15 A = 2 S2 est
branchée à la source . 5.6 Répartition du courant dans un
Donc, deux résistances de 6 £2 et 3 S2 branchées en groupement parallèle
parallèle produisent le même effet qu'une seule résis- La connaissance de la résistance équivalente nous aide
tance de 2 Çà (Fig . 5-10) . à déterminer la répartition du courant entre deux résis-
tances raccordées en parallèle . Par exemple, lorsqu'on
connaît le courant total alimentant deux résistances
groupées en parallèle, on peut déterminer le courant
dans chacune en appliquant la méthode suivante (voir
Req Fig . 5-11) :
252
552
R

Figure 5-10 o- -o
Circuit équivalent du montage de la figure 5-9 . 10A 20 52 10A 44

5.5 Montage en parallèle ; résistance (a) (b)


équivalente
Pour le groupement parallèle, on notera que la résis-
tance unique équivalente à deux résistances en paral-
lèle est égale au produit des résistances divisé par leur
somme .
Ainsi la résistance Req de l'ensemble de deux résis- (c)
tances R1 et R2 en parallèle est donnée par la formule

R I R2
Req =
Figure 5-11
R, + R2 Répartition du courant de ligne entre deux résistances en
parallèle .


56 ÉLECTROTECHNIQUE

Dans cette figure, deux résistances de 5 S2 et de 20 S2 5 .8 Groupement de trois ou plusieurs


sont alimentées par un courant de 10 A . Calculons le résistances en parallèle
courant circulant dans chacune . Pour trouver la résistance équivalente d'un ensemble
de trois résistances, on procède comme suit (voir Fig .
a) on détermine tout d'abord la valeur de la résistance
5-13) :
équivalente
a) on trouve la résistance équivalente de deux des ré-
R = 5x20
= 4S2 sistances, soit
eq 5 + 20

b) on calcule la chute de tension dans la résistance équi- R = 8 x 10


= 4,44 S2
valente 8 + 10

E = RI = 10x4 _ 40V b) on calcule ensuite la résistance équivalente de la


combinaison parallèle de la troisième résistance avec
La tension commune aux deux résistances en parallèle la résistance équivalente déjà calculée
est donc de 40 V
c) une fois que la tension commune des résistances est R = 4,44 x 12
= 3,24 S2
connue, il est facile d'établir le courant circulant dans 4,44 + 12
chacune d'elles . Les schémas de la Fig . 5-14 indiquent clairement les
étapes que nous avons suivies .
40 V
Ainsi, dans la résistance de 5 0 : I = _ 8 A
On procédera de la même façon pour trouver la résis-
5Q
tance équivalente à plus de trois résistances en paral-
et dans la résistance de 20 52 : I = 40 V _ 2 A lèle .
20 S2 Cas particulier : La résistance équivalente à n résis-
soit au total : 8 A + 2 A = 10 A tances R identiques en parallèle est égale à Rln . Par
exemple, la résistance équivalente à 7 résistances de
L'intensité du courant est évidemment plus grande dans 21 Q en parallèle est de 21 £2 - 7 = 3 S2.
la plus basse résistance .

5 .7 Court-circuit s 52
Soit une résistance R I parcourue par un courant. Si on
dispose en parallèle avec celle-ci une deuxième ré- 100
sistance R2 constituée par un conducteur de forte sec-
tion, on dira que la résistance RI est court-circuitée
par la résistance R2 (Fig . 5-12) . 120

R2 ayant une résistance pratiquement nulle, elle sera


Figure 5-13
parcourue par tout le courant ; il ne passera qu'un cou-
Groupement parallèle de trois résistances .
rant négligeable dans la résistance RI mise en court-
circuit .
4,44 0
IR =0 Req
-H 3,24 4 F--
I, I,

Figure 5-14
Figure 5-12
Réduction progressive du circuit de la figure 5-13 .
Court-circuit de la résistance R 1 .




CIRCUITS SIMPLES À COURANT CONTINU 57

5 .9 Conductance Exemple 5-3


L'inverse de la résistance s'appelle conductance . Ainsi, Trouver la puissance dissipée dans chacune des résis-
une résistance de 25 £2 possède une conductance de tances de la Fig . 15
1/(25 S2) . L'unité SI de conductance est le siemens
(symbole S) et 1 siemens = 1/ohm . Une résistance de Solution
25 £2 a donc une conductance de 1/25 siemens, ou Il s'agit d'abord de trouver la résistance équivalente
0,04S . des résistances de 6 S2 et 30 S2 en parallèle .
La conductance G d'un groupe de résistances en paral-
lèle est égale à la somme des conductances de cha- R = 6 x 30 = 180
= 5 S2
cune . 6 + 30 36
Soit un groupe de résistances RI, R2, R3, . . . R,,, bran-
chées en parallèle dont la résistance équivalente est R eq. Le circuit se réduit à celui de la Fig . 5-16 . La résis-
Puisque la conductance G du groupe est égale à la tance équivalente des résistances de 10 Q et 5 S2 dis-
somme de leurs conductances individuelles, et que posées en série sera
G = 1/Req, il s'ensuit que +
R = RI R2 = 10 + 5 = 15 52
Le groupe mixte des trois résistances est donc finale-
1
G = 1 = 1 + 1 + 1 + .. + (5-3) ment remplacé par une seule résistance (Fig . 5-17) .
Req RI R2 R3 R„

Exemple 5-2
Soit cinq résistances de 10 . 20, 30, 40 et 50 £2 bran-
chées en parallèle . Calculer leur conductance et la
valeur de leur résistance équivalente .

Solution
La conductance G du groupe est

1
G= 1 + 1 + 1 Figure 5-15
+ + 1
10 20 30 40 50
= 0,228 siemens = 0,228S

Il s'ensuit que la résistance équivalente est

Req = 1 = 4,38 £2
0,228S

5 .10 Groupement série-parallèle Figure 5-16


Les groupements série-parallèle sont des groupements
mixtes . Pour résoudre de tels circuits on remplace les 15
résistances en parallèle par leur résistance équivalente,
et les résistances en série également par leur résistance
équivalente . Enfin on trouve la résistance qui peut rem-
placer cet ensemble de résistances équivalentes .
L'exemple numérique suivant illustre cette méthodo-
logie . Figure 5-17




58 ÉLECTROTECHNIQUE

On procède maintenant par la méthode inverse pour est égale à la somme des puissances dissipées dans
trouver le courant et la tension de chacun des éléments chacune des résistances .
(Fig . 5-18, 5-19 et 5-20) .
P = El = 90 x 6 = 540 W
Le courant débité par la source de 90 V, sera

I=E= 9c =6A
R 15 6A
La résistance de 15 Çà de la Fig . 5-18 est, nous l'avons
vu, la résistance équivalente aux résistances de 10 S2 et
de 5 S2 en série ; le courant sera donc le même dans
chacune de ces résistances (Fig . 5-19) . Les tensions
aux bornes des résistances de 10 S2 et 5 £2 seront res- Figure 5-18
pectivement

E = RI
E l = 10x6 = 60V

et E2 = 5x6 = 30 V
soit au total : 60V + 30V = 90V
On vérifie que la somme de ces tensions est bien égale
à la d .d.p . aux bornes de la génératrice .
Maintenant, on remarque que la résistance de 5 S2 rem- Figure 5-19
place les résistances de 6 S2 et de 30 S2 en parallèle . La
tension aux bornes de ces dernières sera donc égale à
celle aux bornes de la résistance de 5 S2, soit 30 volts
(Fig . 5-20) .
La tension commune aux résistances de 6 S2 et de 30 £2
étant de 30 volts, le courant dans chacun de ces élé-
ments sera respectivement

I = 30 =5A
i 6
et 12 0
= 3 =1A
30
soit au total : 5 A + 1 A = 6 A
Figure 5-20
Connaissant les courants dans chacune des résistances,
on peut trouver les puissances dissipées par chacune 5 .11 Résumé
d'elles en utilisant P = RI2 .
Dans ce chapitre nous avons appris à résoudre les cir-
P résistance de 10 S2 : 10 x (6) 2 = 360 W cuits simples comprenant les deux raccordements de
base : la connexion série et la connexion parallèle .
P résistance de 6 S2 : 6 x (5) 2 = 150 W
Dans un circuit série, le courant qui traverse les diffé-
P résistance de 30 £2 : 30 x (1) 2 = 30W rents éléments est le même . La tension apparaissant
aux bornes de l'ensemble est la somme des tensions
soit au total : 360 W + 150 W + 30 W = 540 W
individuelles de chaque élément . De plus, la résistance
On vérifie que la puissance débitée par la génératrice équivalente d'un groupement de résistances connec-

CIRCUITS SIMPLES À COURANT CONTINU 59

tées en série est la somme des résistances individuel- 5-7 On désire introduire une résistance additionnelle
les, soit de 2,5 S2 dans un circuit afin de limiter l'intensité de
Req =R i +R2 + . . .+R„ courant . Si on ne dispose que de résistances de 20 0,
combien faudra-t-il en disposer en parallèle ?
Dans un circuit parallèle, la tension appliquée aux dif-
férents éléments est la même. Le courant circulant dans 5-8 Trouver la résistance équivalente à l'ensemble de
l'ensemble est la somme des courants individuels cir- deux résistances de 45 £2 et de 15 S2 disposées en pa-
culant dans chaque élément . Pour des résistances bran- rallèle .
chées en parallèle, il est commode de définir la con-
5-9 Une résistance de 25 S2 est connectée en série
ductance G = 1/R . L'unité de conductance est le sie-
avec la bobine d'un relais dont la résistance est de 80 S2 .
mens . La conductance d'un groupement de résistan-
Si une tension de 50 volts est appliquée à cet ensem-
ces connectées en parallèle est la somme des conduc-
ble, quel sera le courant dans la bobine ? Quelle sera la
tances individuelles, soit :
puissance dissipée dans la résistance de 25 S2 ?
l/R eq = 1/R 1 + 1/R2 + . . .+ 1/R, Niveau intermédiaire
Dans le cas particulier de 2 résistances branchées en 5-10 Un groupe de deux résistances de 20 S2 et 30 S2
parallèle on a : disposées en série est raccordé à une source de 150 V.
Req = R 1 R2/(R l + R2) Quelle tension mesurera-t-on aux bornes de la résis-
tance de 30 S2 ? Quelle sera la puissance débitée par la
L'utilisation des lois mentionnées ci-dessus permet de source ?
trouver les courants, tensions et puissances dans cha-
cune des branches d'un circuit simple comprenant des 5-11 Si deux résistances de 20 S2 et 30 S2 sont grou-
groupements série-parallèle . pées en parallèle, déterminer la résistance équivalente
à l'ensemble . Sachant qu'elles sont alimentées par une
source de 150 V, calculer le courant tiré de celle-ci .
5-12 Un circuit parcouru par un courant de 18 am-
PROBLÈMES - CHAPITRE 5
pères se divise en deux branches parallèles dont les
Niveau pratique résistances sont respectivement 4 S2 et 5 S2. Calculer la
5-1 Trouver la résistance équivalente à l'ensemble de tension aux bornes des résistances ainsi que la réparti-
deux résistances de 25 £2 et de 82 £2 disposées en sé- tion du courant dans les branches .
rie . 5-13 Calculer la résistance équivalente à trois résis-
5-2 Trois résistances respectivement égales à 6 S2, 5 S2 tances de 25 S2, 50 S2 et 60 S2 en parallèle .
et 9 S2 sont groupées en série . Calculer leur résistance 5-14 Deux résistances de 25 S2 et 40 Q sont dispo-
équivalente .
sées en série dans un circuit . Sachant que la tension
5-3 Dans un montage série, tous les éléments portent aux bornes de la résistance de 40 £2 est de 50 volts,
le même courant . Expliquer. déterminer la tension aux bornes du circuit . Calculer
la puissance dissipée dans la résistance de 25 S2 .
5-4 Dans la Fig . 5-7b, si la tension entre les points 1
et 2 est de 40 V, quelle est la tension entre les points 3- 5-15 Deux résistances A et B sont connectées en sé-
4 ? entre les points 2-4 ? rie et alimentées par une génératrice sous une tension
de 75 volts . Si la tension aux bornes de la résistance A
5-5 Dans un groupement de résistances en série, la est de 40 volts et si un courant de 2 ampères circule
même tension est-elle commune à toutes les résis-
dans le circuit, déterminer la valeur de la résistance B .
tances ? Le même courant ?
5-16 On utilise 16 isolateurs en porcelaine entre une
5-6 Dans un groupement de résistances en parallèle, ligne à 132 kV et un poteau en bois . Calculer la valeur
la même tension est-elle commune à toutes les résis- de la tension moyenne aux bornes de chaque isolateur.
tances ? Le même courant ?

60 ÉLECTROTECHNIQUE

Niveau avancé 5-18 Dans la Fig . 5-22, la résistance de 32 £2 dissipe


une puissance de 1152 W . Déterminer la valeur de la
5-17 Le circuit donné à la Fig . 5-21 est raccordé à
tension aux bornes de chaque élément .
une génératrice dont la tension est de 108 V . Trouver le
courant et la tension pour chacun des éléments du cir-
cuit .
-1 8 S2

Figure 5-22
Voir problème 5-18.
Figure 5-21
Voir problème 5-17 .
6
Appareils de mesure
à courant continu

Dans ce chapitre, nous couvrons le principe de fonc- e) un noyau de fer doux cylindrique E concentre le
tionnement de quelques appareils de mesure à courant champ magnétique créé par l'aimant . L'aimant est
continu qui sont souvent rencontrés dans l'industrie . fixé au noyau par le support F ;
Nous limiterons l'étude aux instruments à affichage f) un cadran gradué G . La position de l'aiguille de-
analogique, c'est à dire ceux ayant une aiguille qui se vant les divisions du cadran donne la valeur du cou-
déplace devant un cadran gradué . Les appareils à affi- rant ou de la tension mesurée .
chage numérique possèdent essentiellement les mêmes Si aucun courant ne traverse le cadre, les ressorts en
propriétés, mais ils indiquent en chiffres la grandeur spirale maintiennent celui-ci dans une position telle que
mesurée . l'aiguille indique zéro sur le cadran . Lorsqu'un cou-
rant traverse les conducteurs de la bobine, les forces
6.1 Le mouvement d'Arsonval
électromagnétiques qui résultent de l'action du champ
La plupart des voltmètres et des ampèremètres à cou-
magnétique 0 sur le courant font tourner le cadre, tout
rant continu contiennent un élément de base appelé
en agissant contre la force de torsion des ressorts . L' ori-
mouvement d'Arsonval . Ce mouvement sert à faire gine de ces forces électromagnétiques est expliquée
dévier l'aiguille de l'instrument et il comprend les par-
dans le chapitre 16 .
ties suivantes (Fig . 6-1) :
La déviation du cadre, enregistrée par la déviation de
a) un aimant permanent A possédant deux pièces po- l'aiguille, est d'autant plus considérable que le cou-
laires N et S en fer doux . L' aimant produit un champ rant est plus fort : elle peut donc servir à la mesure du
magnétique 0 ; courant. Si l'on inverse le sens du courant dans le ca-
b) une bobine mobile B en forme de cadre, composée dre, le sens de rotation du cadre change .
de quelques centaines de spires de fil très fin . La
On incorpore au mouvement un système d'amortisse-
bobine est très légère et elle est soutenue par deux
ment afin que l'aiguille prenne rapidement sa position
pivots d'acier P qui tournent entre deux diamants ;
finale . Sinon, il faudrait attendre plusieurs secondes
c) deux ressorts en spirale C qui s'opposent à la rota- avant qu'elle cesse d'osciller autour de sa position
tion de la bobine . Les deux ressorts sont reliés aux d'équilibre .
extrémités de la bobine et servent à y amener le cou-
Selon sa construction, le mouvement d'Arsonval peut
rant I ;
donner une déviation complète de l'aiguille pour des
d) une aiguille D fixée au cadre; courants aussi faibles qu'un milliampère, parfois de

61

62 ÉLECTROTECHNIQUE

B bobine
F support
A aimant permanent
C ressort en spirale
pôle S

pivot P

Figure 6-1
Composants d'un mouvement d'Arsonval .

50 gA seulement . Cependant, la bobine peut suppor- rant à mesurer passe par le shunt (qui offre moins d'op-
ter des courants valant plusieurs fois celui qui provo- position au passage du courant), et une fraction cons-
que la pleine déviation . Par exemple, la bobine d'un tante du courant total est déviée dans l'instrument de
mouvement de 1 mA, possédant habituellement une mesure . L'ensemble du shunt et du mouvement d'Ar-
résistance de 50 ohms, dissipe seulement 50 tW lors- sonval porte le nom d'ampèremètre .
qu'elle porte son courant nominal . Une puissance aussi La Fig . 6-3a montre deux shunts constitués de deux
faible provoque une augmentation de température in- blocs de cuivre portant des vis de serrage et reliés par
férieure à 1 °C . La bobine peut donc supporter, sans plusieurs lames de manganine . Ce matériau est utilisé
dommage thermique, des courants de l'ordre de 5 à 10 car sa résistance demeure rigoureusement constante,
fois le courant nominal . quelle que soit la température . Le shunt se monte en
Lorsque le cadran est gradué directement en milliam- série dans le circuit d'utilisation dans lequel on veut
pères, l'instrument porte le nom de milliampèremètre . mesurer le courant, tandis que le milliampèremètre
(mouvement d' Arsonval) est raccordé en parallèle avec
6 .2 Mesure des courants intenses ; le shunt . La Fig . 6-2 montre les bornes A et B du shunt
ampèremètre
intercalées dans le circuit en question et le mil-
Il ne serait pas pratique de fabriquer une bobine de fil liampèremètre raccordé entre les points X etY du shunt .
assez gros pour supporter les courants intenses que l'on Lorsque le shunt porte son courant nominal, la chute
rencontre dans l'industrie, car elle serait lourde et, par de tension entre les bornes X et Y est généralement de
suite, très peu sensible . On contourne la difficulté en 50 mV
plaçant en parallèle avec un mouvement d'Arsonval
un conducteur de très basse résistance appelé shunt Le courant I qui traverse le circuit d'utilisation se di-
(Fig . 6-2) . De cette façon, la plus grande partie du cou- vise en deux parties : la plus grande partie IS passe dans

APPAREILS DE MESURE À COURANT CONTINU 63

sance dégagée pour une telle intensité est de 500 W, ce


qui requiert une bonne ventilation, assurée par la struc-
ture lamellée des plaques de manganine (Fig . 6-3b) .
L' exemple numérique suivant illustre la méthode à sui-
vre pour calculer un shunt, connaissant
1) la valeur du courant qui donne une déviation com-
plète de l'aiguille ;
2) la résistance du mouvement d'Arsonval et
3) l'intensité du courant à mesurer .

Figure 6-2
Montage d'un shunt de 100 A et d'un milliampèremètre .

le shunt et une faible partie ib est dérivée dans le


milliampèremètre . Si le courant I dans le circuit dou-
ble, les courants ib dans l'instrument etI, dans le shunt
doublent également . Le rapport des courants reste donc
constant, quelle que soit la valeur de I . La déviation Figure 6-3a
de l'aiguille causée par ib peut donc servir à la mesure Shunts de 2000 A et de 100 A .
de I .
Pour les instruments usuels, le zéro de l'échelle est
placé à l'extrémité gauche . On ne peut donc faire pas-
ser le courant que dans un sens déterminé . Une des
bornes est toujours marquée d'un signe (+) : si le cou-
rant entre par cette borne, l'aiguille dévie dans le bon
sens ; si le courant circule en sens inverse l'aiguille tend
à dévier vers la gauche, mais elle est arrêtée par une
petite tige sans toutefois être endommagée .

6.3 Remarques sur les shunts


Pour des intensités de courant inférieures à 20 A, le Figure 6-3b
shunt est logé à l'intérieur du boîtier de l'ampèremè- Shunt de 10 000 A, 50 mV, ayant une précision de 0,25 % .
Dimensions : 330 x 200 x 100 mm ; masse : 32 kg (gracieuseté
tre ; pour des intensités plus grandes, le shunt est placé
Cie Générale Électrique du Canada) .
à l'extérieur.
Dans le cas des ampèremètres de laboratoire, on uti-
lise des jeux de shunts extérieurs . Ceci permet la me-
sure des courants variant entre de très grandes limites Exemple 6-1
(de 0,01 à 500 A par exemple) en changeant tout sim- L'aiguille d'un milliampèremètre se rend au bout
plement les shunts, lesquels sont relativement peu coû- de son échelle quand un courant de 10 mA circule
teux . dans la bobine . Sachant que la résistance de cette
bobine est de 15 ohms, quelle doit être la résistance
Les shunts industriels sont construits pour mesurer des
du shunt qui permettra de transformer l'instrument
courants pouvant atteindre 10 000 A . Même si la chute
en un ampèremètre calibré de 0 à 50 A?
de tension correspondante n'est que de 50 mV, la puis-


64 ÉLECTROTECHNIQUE

Solution
On désire évidemment que l'aiguille se rende au bout
de l'échelle quand il passe 50 A dans le circuit d'utili-
sation (Fig . 6-4) .
0 0

Figure 6-5
Composants d'un voltmètre.

D'après la loi d'Ohm I = E/R, si la tension E aux bor-


nes de l'instrument double, le courant ib double, car la
Figure 6-4 résistance de l'instrument est constante . Ce courant ib,
Calcul d'un shunt (voir exemple 6-1) . en doublant, produit une déviation de l'aiguille deux
fois plus grande ; la déviation de l'aiguille peut ainsi
Puisqu'un courant de 10 mA donne une déviation com- servir à la mesure de la tension .
plète, le courant principal de 50 A devra se partager La résistance R est ordinairement logée dans le boîtier
comme suit : 10 mA (ou 0,010 A) dans la bobine et du voltmètre .
(50 - 0,010) = 49,990 A dans le shunt . La résistance
de la bobine étant de 15 ohms, un courant de 10 mA y Exemple 6-2
crée une chute de tension
La bobine d'un milliampèremètre a une résistance
E=RI=15x0,010=0,15V de 10 12 et donne une déviation maximale de
l'aiguille lorsqu'elle est parcourue par un courant
La bobine et le shunt étant en parallèle, cette même
de 5 mA . Quelle résistance extérieure faut-il bran-
différence de potentiel existe aux bornes X, Y du shunt .
cher en série avec cette bobine pour transformer
Le shunt traversé par un courant de 49,990 A sous une
l'instrument en un voltmètre calibré de 0 à 150 V?
tension de 0,15 V doit avoir une résistance de :
Solution
R = E = 0,15 V
= 0,003 S2 = 3 m S2 On désire que l'aiguille donne une déviation complète
1 49,990 A pour une tension de 150 V appliquée entre les points A
6 .4 Voltmètre et B (Fig . 6-6) . Pour cela, il faut qu'un courant de 5 mA
(0,005 A) passe dans la bobine .
On obtient un voltmètre à courant continu en plaçant
une résistance élevée en série avec un mouvement d' Ar-
sonval (ou un milliampèremètre), identique à celui uti-
lisé dans les ampèremètres . (Pour obtenir un ampère-
mètre, une basse résistance ou shunt était disposée en
parallèle avec le milliampèremètre .)

Pour mesurer la différence de potentiel entre les bor-


nes d'une source, on branche le voltmètre directement
entre les bornes (Fig . 6-5) . Une des bornes du voltmè-
tre porte toujours un signe (+) . Lorsque cette borne est
connectée du côté (+) de la tension que l'on veut me-
surer, l'aiguille dévie dans le bon sens ; autrement, elle
dévie dans le sens inverse . Le signe (+) sur le voltmè- Figure 6-6
tre permet donc d'identifier la polarité de la source . Calcul de la résistance d'un voltmètre (voir exemple 6-2) .


APPAREILS DE MESURE À COURANT CONTINU 65

Alors, une tension de 150 V entre A et B doit faire +150 V +150 V +150 V
circuler un courant de 0,005 A. La résistance entre ces
deux points doit donc être :

R = E =
1
150 V
0,005 A
= 30 000 S2 = 30 k S2 1 100 kÇ2

m m 1
V
Puisque la résistance totale du voltmètre doit
être de 30 000 S2 et que celle de la bobine est de
10 S2, il faut disposer une résistance extérieure R
I 75 V V
0 0
1 50 V

T
100 kQ

de (30 000 - 10) = 29 990 S2 en série avec le mou-


vement d'Arsonval . En pratique, une résistance de (a)
30 kQ2 ayant une précision de 1 % serait acceptable .
Figure 6-8
6 .5 Sensibilité d'un voltmètre Effet du voltmètre sur la tension à mesurer .
Du point de vue électrique, un voltmètre se comporte
gradué de 0 à 100 V ayant une résistance totale de
comme une résistance élevée lorsqu'il est raccordé à
100 kQ2 . En étudiant les schémas des figures 6-8b et
deux points d'un circuit pour la mesure de la tension
6-8c, on constate que la résistance effective entre les
entre ces points . Considérons, par exemple, le circuit
bornes 1 et 2 n'est plus de 100 kQ2 mais seulement de
de la Fig . 6-7 composé de deux résistances RI et R2
50 kQ . La présence du voltmètre dans le circuit a donc
raccordées en série sur une source E . Lorsqu'on bran-
modifié la résistance totale du circuit. Un calcul rapide
che un voltmètre aux bornes de la résistance R2, on
nous indique que la tension aux bornes de la résistance
place effectivement une résistance élevée (voltmètre)
R2 de la Fig . 6-8c tombe à 50 volts : c'est cette valeur
en parallèle avec R2 . Bien que la présence du voltmè-
qui sera indiquée par le voltmètre . Une personne non
tre ait un effet négligeable dans les circuits industriels,
avertie pourrait conclure, à tort, que la tension aux bor-
elle peut cependant entraîner des erreurs de mesure très
nes de R2 est de 50 volts même quand le voltmètre n'y
appréciables dans les circuits électroniques où les ré-
est pas branché .
sistances RI et R2, par exemple, auraient des valeurs
très élevées . Si un voltmètre de même graduation, mais ayant une
résistance beaucoup plus élevée (10 MS2 par exemple),
avait été employé pour la mesure de la tension aux
bornes de R2, son indication aurait été assez près de
75 V. Ceci résulte du fait que la présence d'une résis-
tance de 10 MS2 groupée en parallèle avec la résistance
R2 de 100 kS2 n'aurait pratiquement pas modifié la
valeur de la résistance entre les points 1 et 2 du circuit .
On dit alors que ce second voltmètre est plus sensible
que le premier, parce que sa résistance est plus élevée .
La sensibilité d'un voltmètre dépend du courant requis
pour produire une déviation complète. Elle est expri-
Figure 6-7 mée en ohms/volt et on la trouve par le rapport :
Mesure de la tension entre les points 1 et 2 .
résistance de l'instrument
Pour illustrer, considérons le circuit composé de deux = en ohms
sensibilité
résistances de 100 kQ2 groupées en série et alimentées graduation maximale
par une source de 150 V (Fig . 6-8a) . Puisque les résis- du cadran en volts
tances ont la même valeur, la tension aux bornes de 1
chacune est évidemment de 75 V . intensité du courant donnant une
Branchons maintenant aux bornes de R2 un voltmètre déviation complète de l'aiguille

66 ÉLECTROTECHNIQUE

Ainsi, la sensibilité d'un voltmètre ayant une calibra- Exemple 6-3


tion de 0 à 100 V et une résistance de 100 000 12 est : Un voltmètre calibré 0 - 150 V possède une préci-
sensibilité = 100 000 S2 =100 V = 1000 ohms/volt. sion de ± 2 0 . S'il indique 60 V lorsqu'il est rac-
cordé à un circuit, à quelle erreur maximale doit-on
La sensibilité d'un voltmètre à échelles multiples est
s'attendre
la même pour chacune des échelles . La meilleure sen-
sibilité que l'on puisse obtenir avec un voltmètre à
Solution
mouvement d'Arsonval est de l'ordre de 50 000 Q/V.
Étant donné que l'appareil est gradué de 0 à 150 V,
Les voltmètres électroniques permettent d'obtenir des
l'erreur de l'instrument pour n'importe quelle indica-
sensibilités bien supérieures, atteignant 10 MS2/V, mais
tion sur le cadran est : ± 2 % x 150 V = ± 3 V . Quand
leur emploi n'est indispensable que pour mesurer des
l'instrument indique 60 V, la tension réelle du circuit
tensions aux bornes de résistances élevées comme cel-
peut avoir toute valeur comprise entre
les rencontrées dans les montages électroniques (Fig .
6-9) .
(60+3)=63V et (60-3)=57V
Cela représente une erreur possible de

3V
- = ± 0,05 = ± 5 %
60 V

Cette erreur possible dans la lecture est 2,5 fois plus


grande que la précision spécifiée par le manufacturier
de l'instrument .
Cet exemple démontre que l'on doit se méfier des lec-
tures fournies par un instrument lorsque la déviation
de l'aiguille représente une faible portion de l'échelle
complète .

6 .7 Ohmmètre
Nous avons déjà expliqué (section 3 .9), comment l'on
peut déterminer la valeur de la résistance d'un corps
Figure 6-9 au moyen d'un ampèremètre, d'un voltmètre et d'une
Multimètre électronique à affichage numérique . Cet
instrument, construit avec des circuits à l'état solide, ne source de courant . Il est possible de mesurer di-
contient aucun mouvement d'Arsonval . Comme voltmètre, il rectement sa résistance, sans recourir à une source ex-
a une précision de 0,1 % et une résistance de 10 MQ . térieure, avec un instrument de mesure appelé ohm-
mètre .
La construction de cet appareil, dans sa forme la plus
6 .6 Précision d'un voltmètre simple, est donnée à la Fig . 6-10 . Il est constitué es-
sentiellement d'un milliampèremètre dont l'échelle est
La précision d'un appareil de mesure est l'exactitude
calibrée de zéro ohm à l'infini (eo), d'une pile sèche
avec laquelle l'instrument indique cette mesure . On
de tension E et d'une résistance variable Ro .
l'exprime habituellement en % de la graduation maxi-
male de l'échelle . Il ne faut pas confondre la sensibilité Si l'on raccorde un élément extérieur R x aux bornes A
d'un instrument avec sa précision . Ainsi, la sensibilité et B, l'aiguille s'arrêtera à une position intermédiaire
d'un voltmètre dépend de l'intensité du courant qui entre les valeurs extrêmes 0 et oo et l'échelle indiquera
produit la déviation complète de l'aiguille tandis que directement la valeur de sa résistance .
sa précision dépend du soin apporté à sa fabrication . Afin de mesurer avec assez de précision des résistan-
L'exemple suivant illustre l'effet de la précision sur ces très différentes, on construit des ohmmètres à plu-
l'erreur maximale d'une lecture d'instrument . sieurs échelles .
APPAREILS DE MESURE À COURANT CONTINU 67

Figure 6-10 Figure 6-11


Construction d'un ohmmètre . Mégohmmètre de 500 V avec génératrice interne pouvant
mesurer des résistances de zéro jusqu'à 100 MO (gracieuseté
Evershed & Vignoles Ltd.) .

II faut calibrer l'appareil avant de l'utiliser, car la ten-


sim de la pile sèche varie avec le temps . Pour la ca-
6 .9 Pont de Wheatstone
wation, on procède comme suit : on court-circuite les
fumes A et B (ce qui équivaut à mesurer une résistance Quand on doit mesurer la valeur d'une résistance
exuérieure de valeur nulle) et on ajuste la résistance avec une grande précision, on a recours au pont de
sable R o pour que l'aiguille indique zéro (0) . S'il Wheatstone . Il est constitué d'une source à courant
au impossible d'obtenir ce résultat, il faut alors chan- continu E, de trois résistances, R1, R2 et R3 de haute
por la pile . Quand rien n'est raccordé entre A et B, précision, et d'un microampèremètre (appellé galva-
Faigguille doit indiquer une résistance infinie (oo) ; puis- nomètre) . La résistance inconnue Rx est connectée dans
a*e la résistance est infiniment grande, il ne passe pas une des branches du pont comme le montre la Fig .
aie courant dans l'instrument. 6-12. Pour mesurer sa valeur, on fait varier RI jusqu'à
ce que le courant passant dans le galvanomètre soit
i8 Mégohmmètre (Megger)
Le mégohmmètre est un ohmmètre conçu spécialement
!ow mesurer les résistances très élevées allant de 1 MS2
à 1000 MS2 et plus . On l'utilise pour vérifier la résis-
taoce à la masse des circuits électriques et pour tester
hqualité de l'isolant des enroulements de machines .
Fuir cette raison, la tension de la source interne, au
feu d'être de quelques volts seulement comme dans le
ans d- un ohmmètre ordinaire, est plutôt de l'ordre de
500 V et peut même aller jusqu'à 10 kV dans certains
modèles . Cette tension est générée en tournant une
manivelle solidaire d'une petite génératrice à courant
continu localisée à l'intérieur de l'appareil (Fig . 6-11) .
D'autres instruments développent la tension requise
Figure 6-12
grâce à un circuit électronique qui multiplie plusieurs Pont de Wheatstone pour mesurer la résistance avec une
centaines de fois la tension générée par une pile sèche . grande précision .


68 ÉLECTROTECHNIQUE

nul . On dit alors que le pont est équilibré. Les points Nous avons vu aussi comment est construit l'ohmmètre
1 et 2 sont au même potentiel et on peut écrire les équa- utilisé pour mesurer les résistances . Cet appareil uti-
tions suivantes : lise une pile et une résistance branchées en série avec
le mouvement . La pile fait circuler un faible courant
i 2R2 = i R X (car V2 = Vx) dans la résistance à mesurer et le mouvement affiche
la valeur de la résistance en ohms . Pour mesurer des
i 2R 3 = i 1 R 1 (car V3 = V1) résistances élevées (1 MS2 à 1000 Mb2) on utilise un
mégohnimètre fonctionnant sur le même principe, mais
En résolvant ces équations, on trouve immédiatement
dont la source de tension peut générer des tensions
que :
pouvant atteindre plusieurs kilovolts .

Ri R2 Enfin, pour mesurer des résistances avec une grande


RX = précision on utilise un pont de Wheatstone compre-
R3 nant trois résistances de haute précision, un galvano-
mètre et une source de tension . La mesure consiste à
La précision de la méthode de mesure dépend du fait
équilibrer le pont en faisant varier une de ses trois ré-
que 1) la valeur de la résistance R X s'exprime en fonc-
sistances . La résistance mesurée est alors fonction de
tion de résistances connues avec une grande précision,
trois résistances connues .
2) la valeur de la tension E de la source n'intervient
pas dans le résultant et 3) la lecture sur le galvano-
mètre doit simplement être nulle . Avec un pont de
Wheatstone, on peut, sans difficulté, mesurer des ré- PROBLÈMES - CHAPITRE 6
sistances avec une précision de ± 0,01 % . Niveau pratique
6 .10 Résumé 6-1 Quelles sont les parties principales d'un mou-
Dans ce chapitre nous avons appris comment sont cons- vement d' Arsonval?
truits les appareils de mesure à courant continu à affi- 6-2 Comment peut-on déterminer la polarité d'une
chage analogique . Ils utilisent tous comme élément de pile sèche?
base le mouvement d'Arsonval qui est un ampèremètre
très sensible, donnant une pleine déviation pour des 6-3 À quoi servent les shunts? De quel alliage sont-
courants généralement inférieurs à 1 milliampère . ils constitués?
Pour obtenir un ampèremètre pouvant mesurer des cou- 6-4 Comment un milliampèremètre peut-il servir à
rant supérieurs à celui donnant la pleine déviation du la mesure d'une tension?
mouvement, on branche en parallèle avec celui-ci une
6-5 Comment exprime-t-on la sensibilité d'un volt-
résistance appelée shunt. On réussit ainsi à mesurer
mètre?
des courants pouvant atteindre 100 kA . Ces shunts sont
des résistances de précision ; les shunts prévus pour 6-6 Un instrument de mesure moins sensible qu'un
mesurer des courants intenses ( >20 A) sont branchés autre peut-il être quand même plus précis?
à l'extérieur du boîtier pour assurer une bonne ventila-
6-7 À quoi sert l'ohmmètre? Quelles sont ses parties
tion . Nous avons aussi appris comment calculer la ré-
principales?
sistance d'un shunt en utilisant la loi d'Ohm .
Pour obtenir un voltmètre, on branche en série avec le Niveau intermédiaire
mouvement une résistance . La sensibilité d'un volt- 6-8 Un voltmètre dont la sensibilité est de 100 S2/V a
mètre est donnée en ohms/volt . C'est l'inverse du cou- une précision de ± 0,1 % . Quelle valeur de courant
rant produisant la pleine déviation du mouvement . donne une déviation complète de l'aiguille?
Lorsqu'on effectue une mesure de tension dans un cir-
cuit comportant des résistances élevées on doit s'assu- 6-9 La bobine d'un milliampèremètre a une résistance
rer que la sensibilité de l'appareil est suffisante pour de 10 S2 et un courant de 20 mA donne une déviation
ne pas perturber le circuit et fausser les mesures . complète de l'aiguille . Calculer les résistances des

APPAREILS DE MESURE À COURANT CONTINU 69

shunts à employer pour obtenir des déviations com- 6-15 Dans le circuit de la Fig . 6-7, supposons que
plètes avec des courants a) de 100 mA et b) de 100 A? les résistances R1 et R2 aient maintenant une valeur de
100 £2 et que E = 240 V. On désire mesurer la tension
6-10 La bobine d'un milliampèremètre a une résis-
entre les points 1 et 2 au moyen d'un voltmètre à échel-
tance de 10 S2 et un courant de 20 mA donne une dé-
les multiples ayant une sensibilité de 1 kk2/V Quelle
viation complète de l'aiguille . Quelle résistance doit-
est la tension mesurée entre les points 1 et 2 si on uti-
on raccorder en série avec ce milliampèremètre pour
lise l'échelle 0-50 V?
obtenir un voltmètre gradué de 0 à 150 V?
Niveau avancé
6-11 Un voltmètre gradué de 0 à 150 V donne une
déviation complète lorsqu'il est parcouru par un cou- 6-16 Deux voltmètres ayant une échelle de 0-150V
rant de 1 mA . Sa résistance est de 150 k£2 . On désire ont une sensibilité de 10 kQ/V et 20 kW2/V respective-
le convertir en voltmètre gradué de 0 à 3 kV . Trouver ment. Si on les met en série aux bornes d'une source à
la valeur et la puissance de la résistance extérieure à 120 V, calculer la tension indiquée par chacun .
ajouter.
6-17 Les voltmètres électroniques à affichage numé-
6-12 Dans le problème 6-9, quelle doit-être la puis- rique sont généralement plus précis et plus sensibles
sance de dissipation du shunt de 100 A? Quelle est la que les voltmètres à mouvement d' Arsonval . Comment
puissance dissipée dans la bobine lors d'une déviation expliquer que ces voltmètres électroniques n'aient pas
complète de l'aiguille? complètement remplacé les autres?

6-13 Un voltmètre a une sensibilité de 2000 WV. 6-18 Un voltmètre gradué de 0 à 150V aune préci-
Quel est le courant donnant une déviation complète? sion de ± 0,2 % . En vérifiant une pile sèche, on me-
sure une tension de 9,3 V . Quelle est l'erreur maxi-
6-14 Dans le circuit de la Fig . 6-7,R1=R2=200 k£2
male possible dans cette mesure (en volts)? Quel est
et E = 240 V. On désire mesurer la tension entre les
le pourcentage d'erreur possible dans la lecture ?
points 1 et 2 au moyen d'un voltmètre à échelles mul-
tiples ayant une sensibilité de 1 k22,/V. 6-19 Dans le problème 6-18, serait-il préférable de
a) Quelle est la tension entre les points 1 et 2 quand le mesurer la tension de la pile avec un voltmètre de 0 à
voltmètre n'est pas raccordé? 15 V ayant une précision de ± 5 %? Expliquer .
b) Quelle sera la lecture du voltmètre si on utilise :
1) l'échelle 0-50 V?
2) l'échelle 0-300 V?
7
Conventions de signes
pour tensions et courants

Afin de faciliter l'étude des chapitres qui suivront, nous


présentons ici une notation permettant de donner sys-
tématiquement la polarité des tensions et le sens des
courants .

7 .1 Cas des distances


Nous allons tout d'abord appliquer cette notation con-
ventionnelle au cas des distances afin de rendre la dé-
monstration plus concrète . Disons que la distance ver- Figure 7-1
Concept de distances positive (+) et négative (-) .
ticale entre deux points A et B est de 100 mètres . Cette
DAB = + 100 m ; D BA = -100 m
information seule n'indique pas si A est au-dessus ou
au-dessous de B ; elle ne donne pas la position de A par
rapport à B .
De la même façon, on aura :
Il est possible de donner à la fois la distance et la po-
DBA =- 100 mètres
sition des points A et B en se servant de la convention
simple des distances positives et négatives . qui se lit :
Ainsi, à la Fig . 7-1, puisque A est plus haut que B, on la distance de B par rapport à A = - 100 m
dira que la distance de A par rapport à B est de
7 .2 Addition de distances négatives et
+ 100 mètres . Inversement, B étant moins haut que
positives
A, on dira que la distance de B par rapport à A est de
-100 mètres . Pour simplifier davantage, on emploie la En se référant à la Fig . 7-2, trouvons la distance ver-
notation : ticale entre les points A et C, sachant que
DAB = - 3 m et que DBC = + 5 m
DAB = + 100 mètres
La distance DAC sera donnée par la somme algébrique
qui se lit :
DAB + DBC .
la distance de A par rapport à B = + 100 mètres .
70
CONVENTIONS DE SIGNES POUR TENSIONS ET COURANTS 71

Comme pour les distances, la notation suivante est em-


ployée:
EAB = + 100 V (qui se lit : tension de A par rapport
à B)
EBA = - 100 V (qui se lit : tension de B par rapport
à A)
Par exemple, si l'on sait que la génératrice de la Fig .
Figure 7-2 7-4 a une tension E21 = - 300 V, il s'ensuit que la
Application des distances (+) et (-) . tension entre ses bornes 1 et 2 est de 300 V et que la
borne 2 est négative par rapport à la borne 1 . Cela
revient à dire que la borne 1 est positive par rapport à
DAC = DAB + DBC la borne 2 .
(- 3 mètres) + (+ 5 mètres)
Cette notation s'appelle méthode des deux indices .
= +2m

Il s'ensuit que A est 2 mètres plus haut que C .


Le schéma de la Fig . 7-2 illustre bien ce problème . On
sait que B est plus haut que A de 3 mètres et que C est
plus bas que B de 5 mètres (car la distance D CB est
négative) . La personne qui partirait de A pour se ren-
dre en C monterait de 3 mètres mais descendrait de 5
mètres . En C, il serait donc 2 mètres plus bas qu'en A Figure 7-4
(DCA = - 2 mètres) . E21 = - 300 signifie que la polarité de 2 est négative par
rapport à la borne 1 .
7 .3 Méthode des deux indices
On se sert des mêmes conventions de signes pour les
tensions électriques . La Fig . 7-3 représente un géné- 7 .4 Graphique d'une tension alternative
rateur dont la borne A est (+) et la borne B est (-) . Il est Au chapitre 22 nous étudierons des sources de tension
à remarquer ici que la polarité de A est positive seule- dont la polarité des bornes alterne périodiquement . Ces
ment par rapport à B ; la borne A a une polarité en tensions alternatives peuvent être avantageusement re-
vertu de l'existence de B, car, en soi, elle n'a aucune présentées au moyen d'un graphique . On porte sur un
polarité . En d'autres termes, la borne A du générateur axe vertical la valeur de la tension à chaque instant, et,
n'est pas positive par rapport à une des bornes d'une sur un axe horizontal, la valeur correspondante du temps
pile quelconque qui ne lui est pas raccordée (Fig. 7-3) . en secondes . Les valeurs de tension sont positives quand
On dira de la même façon que la borne B est négative elles sont au-dessus de l'axe horizontal, et négatives
par rapport à la borne A . lorsqu'elles sont en dessous (voir Fig . 7-5) .
Par exemple, à partir de l'instant zéro, la tension E21
de la génératrice croît d'une valeur nulle à + 100 volts
pour redevenir nulle au bout d'une seconde . Pendant
cet intervalle, la borne 2 est positive par rapport à la
borne 1 .
Pendant l'intervalle de 1 à 2 secondes, E21 est néga-
tive, donc la borne 2 est négative par rapport à la borne
1 . Les conditions qui existent après 0,5, 1,5 et 2,17
Figure 7-3 secondes sont clairement illustrées par les schémas I,
La polarité de la borne A est définie seulement par rapport à
II, III de la Fig . 7-5 .
la borne B.



72 ÉLECTROTECHNIQUE

E 14 est donnée par :

E14 = E12 + E34

D'après la Fig . 7-6 :


E 12 =+10V et E34 =-3V

0 f; il s'ensuit que :
E14 =(+10)+(-3)=+7V
o 2 17 3
temps secondes
La tension entre les bornes 1 et 4 est de 7 volts, et la
borne 1 est positive par rapport à la borne 4 .

nr II

10V

Figure 7-5
Représentation graphique d'une tension alternative .

7 .5 Addition de tensions positives et


négatives
Les deux exemples suivants donnent la méthode à sui-
vre pour déterminer la somme de plusieurs tensions . Figure 7-7
E 14 = + 7 V (voir exemple 7-1) .
Exemple 7-1
Soient deux eénératrices G 1 et G2 dont les tensions b) La borne 2 est reliée à la borne 4, et on cherche la
respectives sont données à la Fig . 7-6 . Elles peu- tension E 13 . En se référant à la Fig . 7-8, la tension E13
vent être groupées en série de deux façons :
est égale à la somme E12 + E43 (et non pas E12 + E34,
a) la borne 2 de G 1 raccordée i1 la borne 3 de G2 car la borne 2 est reliée à la borne 4 et non à la borne
(Fig . 7-7) 3) . Or, d'après la Fig . 7-6, E12 = + 10 V et E43 = + 3 V,
b) la borne 2 de G I raccordée à la borne 4 (le G3 donc
Fi ,, . 7-8)
E13 = E12 + E43
Trouver la tension résultante dans les deux cas .
E 13 = (+ 10) + (+ 3) = + 13 V
Solution
a) La borne 2 est raccordée à la borne 3, et on cherche La tension entre les bornes 1 et 3 est de 13 volts, et la
la tension E 14 . En se référant à la Fig. 7-7, la tension borne 1 est positive par rapport à la borne 3 .

10V
10V

3V

Figure 7-6 Figure 7-8


Voir exemple 7-1 . E 13 = + 13 V (voir exemple 7-1) .

CONVENTIONS DE SIGNES POUR TENSIONS ET COURANTS 73

Exemple 7-2 Cela signifie que la tension entre les bornes 1 et 8 est
Soit quatre génératrices indépendantes ayant les po- de 10 volts, et que la borne 1 est négative par rapport à
larités indiquées à la Fig . 7-9 . Déterminer la valeur la borne 8 .
et la polarité de la tension résultante (E l 8 ) lorsque
Exemple 7-3
les génératrices sont groupées en série (Fig . 7-10) .
Les deux machines à courant continu G 1 et G2 de
la Fig . 7-11 alimentent une résistance R de 10 S2 .
Les tensions à leurs bornes sont respectivement :
E,ve =-100V et E~r ,=-80V

Déterminer la valeur et le sens du courant dans la


résistance .

10Q
Figure 7-9
Génératrices indépendantes (voir exemple 7-2) .
80 V
Solution
D'après les valeurs et polarités données à la Fig . 7-9
pour chacune des génératrices, le lecteur vérifiera que :
Figure 7-11
E 12 = + 50 V donc E21 = - 50 V
G 1 est la source, G 2 la charge .
E 34 = + 20 V donc E43 = - 20 V
E 56 = - 40 V donc E65 = + 40 V
E78 = - 80 V donc E 8 7 = + 80 V
Solution
Pour trouver la valeur et le sens du courant dans la
Sachant que la borne 2 est reliée à la borne 4, que 3 est résistance, il faut tout d'abord trouver la valeur et la
reliée à 6, et 5 à 7 (Fig. 7-10), la tension E18 sera don- polarité de la tension EBC à ses bornes .
née par :
Esc = EBA + EAC
E 18 = E12 + E43 + E65 + E78 = (+ 100) + (- 80)
= (+ 50) + (- 20) + (+ 40) + (- 80) =+20V
= -l0V
Cela signifie que B est positif par rapport à C, et in-
versement, que C est négatif par rapport à B . Le sens
du courant dans la résistance sera donc de B vers C .
La tension aux bornes de la résistance étant de 20 V,
l'intensité du courant sera 20 V/10 £2 = 2 A .
Les machines à courant continu sont réversibles, c'est-
à-dire qu'elles peuvent fonctionner soit comme géné-
ratrices, soit comme moteurs .
En connaissant le sens du courant dans le circuit, nous
pourrons établir laquelle des deux machines agit
comme génératrice .
Figure 7-10 En effet, d'après la section 4 .11, pour une source
Génératrices en série (voir exemple 7-2) . d'énergie électrique, le courant sort toujours de la

74 ÉLECTROTECHNIQUE

borne positive . Pour une charge, le courant entre par la 7 .6 Courants positifs et courants négatifs
borne positive . En appliquant cette règle au circuit de On se sert des signes (+) et (-) pour indiquer le sens du
la Fig . 7-11, on trouve que Gl agit comme source (gé- courant dans un circuit par rapport à un sens de ré-
nératrice) et que G2 agit comme charge (moteur) . férence représenté sur un schéma .
Le courant dans un élément de circuit comme une ré-
puissance débitée par Gl = 2 A x 100 V = 200 W
sistance (Fig . 7-13) peut circuler de A vers B ou de B
puissance reçue par G2 = 2 A x 80 V = 160 W vers A . Il peut circuler dans deux sens, l'un choisi
puissance dissipée dans R = 2 A x 20 V = 40 W comme positif (+), et l'autre comme négatif (-) .

La puissance absorbée par la résistance R est dissipée


sous forme de chaleur tandis que la puissance élec-
trique reçue par G2 (le moteur) est transformée en puis-
sance mécanique . Figure 7-13
Le courant dans une résistance peut circuler de A vers B ou
Exemple 7-4 de B vers A .
Dans l'exemple 7- , si nous augmentons la tension
de la machine G2 à une valeur de 120 V tout en Le sens positif du courant dans l'élément est indiqué
rdant la même polarité (Fig . 7-12), nous consta- arbitrairement au moyen d'une flèche (Fig . 7-14) .
tons que la valeur et le sens du courant changent . Ainsi, si un courant de 2 ampères circule véritable-
En effet : ment de A vers B dans cette figure, il circule dans le
sens de la flèche (positif) et sera désigné par le nombre
algébrique + 2 A . Inversement, si le courant circule de
_ (+ 100) + - 1. 20) B vers A (sens opposé à celui de la flèche), il sera dési-
gné par le nombre - 2 A .
- 20 V

I
10 52

100 V Figure 7-14


La flèche indique le sens (+) du courant .

Exemple 7-5
Le courant dans le circuit (Fig . 7-15) est de - 8À .
Figure 7-12
G 2 est la source . Dans quel sens circule-t-il réellement, et quelle est
la polarité des bornes A et B'
Solution
La borne B est devenue négative par rapport à la borne
C . Le courant dans le circuit de la Fig . 7-12 sera donc
de sens inverse à celui de la Fig . 7-11 . Le courant aura
la même valeur : I = 20 V/10 £2 = 2 A .
La machine G2 agira maintenant comme source (gé-
nératrice) et G1, comme charge (moteur) .
Si les deux tensions EAB et EAC étaient égales, le cou- Figure 7-15
rant deviendrait nul . On dirait alors que les machines Schéma montrant le sens arbitraire du courant I.

«flottent» sur la ligne .



CONVENTIONS DE SIGNES POUR TENSIONS ET COURANTS 75

Solution le graphique) il circule de B à A dans la résistance


Puisque le courant est négatif, il circule dans le sens (sens de la flèche) . Pendant l'intervalle de 1 à 2 secon-
contraire à celui de la flèche, soit de B vers A dans la des, le courant décroît de + 2 A à zéro, mais il circule
résistance . Le courant dans une résistance circule tou- encore de B vers A dans la résistance . Entre la
deuxième et la troisième seconde, le courant croît de
jours de la borne (+) à la borne (-) ; il s'ensuit que EBA
a une valeur positive . Notons que dans la génératrice zéro à - 2 A, mais puisqu'il est négatif, il circule dans
le courant circule de A vers B (Fig . 7-16) . le sens contraire à celui de la flèche, soit de A vers B
dans la résistance .
Cet exemple illustre qu'il est possible de représenter
la valeur et le sens d'un courant variable dans un cir-
cuit en se servant d'un graphique et de la convention
de signes .

7 .7 Méthode des polarités


Bien qu'on puisse représenter la valeur et la polarité
Figure 7-16
Sens réel du courant lorsque 1= - 8 A . des tensions par la méthode des deux indices (E12, Eab,
ECD, etc .,) on utilise souvent une autre convention . Elle
consiste à identifier la tension par un symbole quel-
Exemple 7-6
conque (El, Ed V, etc .) et à identifier une des bornes
La variation du courant dans une résistance R est
par le signe (+) . Par exemple, la Fig . 7-18 montre une
donnée par le graphique de la Fig . 7-17 . Interpréter
tension El dont une des bornes est arbitrairement mar-
ce graphique .
quée (+) . Il est entendu que l'autre borne est alors né-
gative . (Dans plusieurs publications, pour éviter toute
ambiguïté, la borne négative est aussi indiquée) .

Figure 7-18
Autre convention pour désigner la polarité d'une tension .
Àd&
21~Wr Avec cette nouvelle convention, on applique les rè-
gles suivantes :
1 . Si l'on sait que El = + 10 V, cela signifie que
la polarité réelle des bornes correspond bien à
Figure 7-17 celle indiquée sur le schéma .
Représentation graphique de la valeur et du sens d'un
courant . 2 . Inversement, si l'on sait que Et = - 10 V, la
polarité réelle des bornes est l'inverse de celle
indiquée sur le schéma .
Solution
Pendant l'intervalle de temps de 0 à 1 seconde, le cou- Cette façon se désigner une tension s'appelle méthode
rant croît de zéro à + 2 A . Comme il est positif (d'après des polarités .


76 ÉLECTROTECHNIQUE

Exemple 7-7 7 .8 Taux de variation d'une tension


Soit le circuit de la Fig . 7-19 où, selon la conven- Lors de l'étude des circuits à courant alternatif, nous
tion établie plus haut, chacune des sources V i . V, . verrons que le taux de variation d'une tension ou d'un
V ; possède une borne désignée arbitrairement d'un courant peut être tout aussi important que sa valeur et
i ne (+) . Indiquer la valeur et la polarité réelle de sa polarité instantanées .
la tension aux bornes de chaque source sachant que
Soit une tension E qui varie suivant la courbe de la
-4V, ' IOVetV ; -40V.
Fig . 7-21 . On constate que la tension augmente de 20
volts durant le premier intervalle Att* (de 0 à 1 se-
conde) et de 10 volts durant le deuxième intervalle At2
(de 1 à 2 secondes) . Pendant le troisième intervalle At 3
(de 2 à 3 secondes), la tension ne varie pas .

Figure 7-19
Polarités arbitraires de chacune des trois sources . Voir
exemple 7-7 .
volts
+30

Solution E 20 I
10
Les valeurs et les polarités réelles sont données à la A 10
Fig . 7-20 . À première vue, il semble impossible que le o
point A soit à la fois positif (+) et négatif (-), mais
10
rappelons-nous que le point A ne possède pas une po-
20
larité (+) et (-) en soi, mais par rapport aux points B et
C respectivement. En effet, le point A est négatif par - 30 maman ,_

rapport au point B et positif par rapport au point C,


c'est pourquoi il porte deux signes contraires . Figure 7-21
Taux de variation d'une tension .

On dit que le taux de variation est respectivement de


20 V/s, 10 V/s et 0 V/s durant les intervalles Att, At2 et
At 3 . On observe que le taux est plus élevé quand la
pente de la courbe est plus raide . Lorsque la pente est
horizontale (intervalle At3 ), le taux de variation est nul .
De plus, on note que pendant les intervalles At 2 et At3 ,
la pente de la courbe «monte» vers la droite de cette
façon : / ; une telle pente, ou taux de variation, est con-
Figure 7-20 sidérée comme positive .
Polarités réelles de chacune des trois sources . Le point A
est (+) par rapport au point C, mais il est négatif par rapport Passé le sommet de la courbe, on constate que le taux
au point B . de variation pendant l'intervalle At4 est de nouveau
10 V/s et que pendant l'intervalle At 5 , il est de 20 V/s .
Cette nouvelle façon d'indiquer la polarité d'une ten- Cependant, la pente «descend» vers la droite de cette
sion nous sera particulièrement utile dans le chapitre
8, où nous traiterons de la solution des circuits plus
complexes . * A est une lettre grecque qui se prononce «delta» .



CONVENTIONS DE SIGNES POUR TENSIONS ET COURANTS 77

façon : \ ; on la considère comme négative . La pente est où


toujours négative pendant les intervalles At6 et At 7 , AQ = variation de la grandeur Q
devenant nulle pendant l'intervalle At8 . Durant les in- At = durée de la variation, en secondes
tervalles Atg et At t o, la pente est de nouveau positive, Qb = valeur de la grandeur Q à la fin de l'inter-
indiquant un taux de variation positif . valle de temps
Qa valeur de la grandeur Q au début de
Il est clair que le taux de variation d'une tension est
l'intervalle de temps
indépendant de sa valeur et de sa polarité instantanées .
Par exemple, lorsque la tension passe par zéro à l'ins- La grandeur Q peut être une tension, un courant, une
tant t = 5 s, son taux de variation est encore - 20 V/s . puissance, un flux magnétique, etc .
Aussi curieux que cela puisse paraître, une tension nulle On se souvient que le taux de variation est positif lors-
peut posséder un taux de variation non nul . que la courbe représentant la grandeur Q monte vers la
droite et négatif lorsqu'elle descend vers la droite . Il
Exemple 7-8 est facile de trouver le taux de variation quand on con-
Déterminer le signe du taux de variation (+) ou (-) naît cette courbe en fonction du temps . En se référant à
de la tension E l de la Fig . 7-22 aux instants taj, 4 tc la Fig . 7-23, le taux de variation pendant l'intervalle
et tai et indiquer les moments où ce taux de variation Att est :
est nul .
A Q Qb-Qa
éq. 7-1
At t At

Q2 -QI Q2 -QI
A tt t2 - tt

Durant l'intervalle At2 , le taux de variation est :

AQ Q4- Q3 Q4- Q3
AMWOdA

Figure 7-22
,uF9
5
5

e A t2

AQ
A t2 t4 - t3

et durant l'intervalle At3 , le taux de variation est:

Q6 - Q5
Voir exemple 7-8 . A t3 A t3

Solution
AQ
Les signes de taux de variation aux instants ta , tb, t, et
td sont respectivement (-), (+), (-) et (+) .

Le taux de variation est nul à chaque instant où la pente


de la courbe est nulle, c'est-à-dire lorsqu'elle est hori-
zontale . Cette condition se produit aux instants 1, 2, 3,
4,5et6 .

7 .9 Expression du taux de variation


Le taux de variation d'une grandeur Q est donné par
l'expression

AQ Qb - Qa
taux de variation = _ (7-1) Figure 7-23
At At Calcul du taux de variation d'une grandeur Q à divers instants .

78 ÉLECTROTECHNIQUE

7 .10 Niveau de potentiel* Intéressons-nous maintenant à la borne 3 . La tension


Nous venons de décrire deux méthodes pour représen- E31 entre les points 1 et 3 est alternative et on suppo-
ter les tensions dans un circuit . Nous présentons main- sera qu'au départ sa valeur est de 100 V (valeur crête)
tenant une troisième méthode qui nous sera par- et que la borne 3 est négative par rapport à la borne 1 .
ticulièrement utile lors de l'analyse des circuits ren- C'est dire qu'à t = 0, E31 = -100 V. La tension étant
contrés en électronique de puissance . Il s'agit de la alternative, le potentiel de la borne 3 devient tantôt
méthode des niveaux de potentiel. positif, tantôt négatif par rapport à la borne 1, comme
l'indique la courbe 3 .
Pour comprendre le fonctionnement des circuits élec-
troniques, il est utile d'imaginer que les diverses bor- Ainsi, pendant l'intervalle 0 à t1, le niveau du point 3
nes occupent un «niveau de potentiel» par rapport à est situé au-dessous du niveau de 1, ce qui indique
une borne de référence . La borne de référence est tout que la borne 3 est négative par rapport à la borne 1 .
simplement un point convenable, choisi dans le cir- Pendant l'intervalle t t à t4 , la polarité de E31 est in-
cuit, que l'on affecte d'un potentiel électrique nul . Les versée ; par conséquent, le niveau de la borne 3 se
niveaux de potentiel de tous les autres points du circuit trouve au-dessus de la ligne 1 . La borne 1 est alors
sont alors mesurés par rapport à cette borne de réfé- négative par rapport à la borne 3 car la ligne 1 est au-
rence . Le niveau de référence se représente par une dessous de la courbe 3 .
ligne droite horizontale dont le potentiel électrique
correspond à 0 V. Ces explications simples n'ajoutent rien à ce que l'on
savait déjà, mais nous verrons que cette méthode des
Considérons, par exemple, le montage de la Fig . 7-24
niveaux de potentiel permet d'identifier immédiate-
comprenant une batterie de 80 V, raccordée en série
ment la tension instantanée entre deux bornes quel-
avec une source de tension alternative E31 ayant une conques d'un circuit, ainsi que leurs polarités relatives .
tension crête de 100 V. Parmi les trois bornes 1, 2 et 3,
Par exemple, durant la période t2 à t3 , la borne 3 est
choisissons la borne 1 comme point de référence . Le
positive par rapport à la borne 2 car la courbe 3 est au-
niveau de potentiel de cette borne est alors représenté
dessus de la ligne 2. La tension entre ces deux bornes
par la ligne horizontale 1 sur la Fig . 7-25 .
passe par un maximum de (100 V - 80 V) = 20 V pen-
Considérons maintenant le niveau de potentiel de la dant cet intervalle . Ensuite, de t3 à t6 , la borne 3 est
borne 2 . À cause de la batterie, la différence de poten- négative par rapport à la borne 2 et la tension E 23 at-
tiel entre les bornes 1 et 2 est fixe à 80 V et la borne 2 teint une valeur maximale de + 180 V à l'instant t5 .
est positive par rapport à la borne 1 . On représente alors
On aurait pu choisir une autre borne comme borne de
le niveau de cette borne par une deuxième ligne hori-
référence . Ainsi, dans la Fig . 7-26, nous avons choisi
zontale 2 située 80 V au-dessus de la ligne 1 .

Figure 7-24
Choix d'un point de référence (1) pour établir le niveau de
potentiel des autres points dans un circuit .
Figure 7-25
Graphique montrant les niveaux des points 1, 2 et 3 lorsque
* L'étude de cette section n'est nécessaire que pour com- le point 1 est choisi comme point de référence .
prendre le chapitre 42 .

CONVENTIONS DE SIGNES POUR TENSIONS ET COURANTS 79

la borne 3 et, comme auparavant, on représente le po- Pour les tensions, il existe 2 notations :
tentiel nul de cette borne par une ligne horizontale 1) la méthode des deux indices et 2) la méthode des
(Fig . 7-27) . Sachant que la tension E31 est alternative polarités . Résumons ces 2 méthodes avec un exem-
et qu'au départ la borne 1 est positive par rapport à la ple :
borne 3 (Fig . 7-25), on peut tracer la courbe 1 . Soit une tension de 100 V entre les bornes A et B, A
Pour déterminer le niveau de la borne 2, on sait qu'elle étant positive par rapport à B .
est toujours positive par rapport à la borne 1, la diffé- Avec la méthode des deux indices on écrira:
rence de potentiel restant constante et égale à 80 V . Par
EAB = + 100 V ou EBA = - 100V
conséquent, on trace la courbe 2 de sorte qu'elle soit
toujours située 80 V au-dessus de la courbe 1 . Avec la méthode des polarités, on doit spécifier cha-
que tension sur le schéma par un symbole (disons El )
Si l'on compare les Fig . 7-25 et 7-27, on constate qu'el- et ajouter un signe + vis-à-vis de la borne que l'on
les n'ont pas la même allure ; cependant à chaque ins- choisit arbitrairement .
tant, les polarités relatives et les différences de potentiel
Avec ces deux méthodes, on spécifie toujours la va-
sont identiques . Du point de vue électrique, les deux
leur et le signe de la tension entre 2 bornes quelcon-
figures sont identiques et on laisse au lecteur le soin
ques .
d'en faire la vérification .
On utilise parfois une troisième notation ou méthode
Dans un montage électronique on sélectionne la borne
du niveau de potentiel . Avec cette méthode, toutes les
de référence de sorte que le fonctionnement du circuit
tensions sont mesurées par rapport à une borne com-
soit facile à suivre .
mune ou borne de référence.
7.11 Résumé Pour la notation des courants, on spécifie sur le schéma
Dans ce chapitre nous avons vu les conventions que chaque courant à l'aide d'une flèche et d'un symbole
nous utiliserons dans ce manuel pour donner systéma- (ex . : I, IA) . La flèche indique le sens du courant choisi
tiquement la polarité des tensions et le sens des cou- arbitrairement positif .
rants . Ces notations sont couramment utilisées dans Enfin, nous avons expliqué le concept de taux de va-
l'industrie . riation d'une grandeur. Par exemple, un taux de varia-
tion DIIOt = + 10 A/s pour un courant I indique que ce
courant augmente à cet instant, même si la valeur du
courant est négative .

Figure 7-26 Figure 7-27


Le point 3 est choisi comme référence . Graphique montrant les niveaux des points 1, 2 et 3 lorsque
le point 3 est choisi comme point de référence .


80 ÉLECTROTECHNIQUE

PROBLÈMES - CHAPITRE 7 Niveau intermédiaire


Niveau pratique 7-5 Dans le circuit de la Fig . 7-30, quels sont les va-
7-1 Trois sources à courant continu, G1, G2, G3 gé- leur et le sens réel du courant, aux instants (1), (2), (3)
nèrent des tensions E 12 = + 100 V, E34 = + 40 V et et (4)? Quelle est la polarité de la borne a par rapport
E56 = - 60 V. Indiquer les polarités (+) (-) des bornes à la borne b à chaque instant?
dans chaque cas (Fig . 7-28) .

Figure 7-28
Voir problème 7-1 .

7-2 Dans le problème 7-1, si Gl et G2 sont reliées


en série, quelle est la tension entre les bornes libres si :
a) les bornes 2 et 4 sont reliées ensemble
b) les bornes 1 et 4 sont reliées ensemble
7-3 Dans le problème 7-1, si les trois sources sont
connectées en série, quelle est la tension et la polarité
entre les bornes libres si :
Figure 7-30
a) les bornes 2-3 et 4-5 sont reliées ensemble
Voir problème 7-5 .
b) les bornes 1-4 et 3-6 sont reliées ensemble
c) les bornes 1-3 et 4-6 sont reliées ensemble
d) les bornes 1-6 et 5-3 sont reliées ensemble 7-6 En se reportant de nouveau à la Fig . 7-29, don-
e) les bornes 2-6 et 5-3 sont reliées ensemble ner le taux de variation de la tension pendant chaque
7-4 En se reportant à la courbe de variation de la ten- intervalle de temps de 10 secondes et indiquer son si-
sion El en fonction du temps (Fig . 7-29), indiquer sur gne .
le schéma de la génératrice la valeur de sa tension et la 7-7 En se reportant à la Fig . 7-30, donner le taux de
polarité de ses bornes aux instants (1), (2), (3) et (4) . variation du courant pendant chaque intervalle de
temps de 10 secondes et indiquer son signe .
7-8 Dans la Fig . 21-11, quel est le taux de variation
moyen de la tension pendant les intervalles suivants :
a)Oà7s b)7sà14s c)14sà21s
7-9 Dans la Fig . 21-12, quel est le taux de variation
moyen de la tension pendant les intervalles suivants :
a)28sà35s b)20sà22s c) 20,99 s à 21,01 s

7-10 Dans la Fig . 21-17, quel est le taux de variation


de la tension aux instants suivants :
a)5s b)8s c)lls

7-11 Dans la Fig . 7-5, quel est approximativement


le taux de variation de la tension aux instants suivants :
a) 0,5 s b) 1 s c) 2,17 s
Figure 7-29
Voir problème 7-4 .
8
Solution des circuits
à courant continu

Au chapitre 5, nous avons appris à résoudre les circuits


série, parallèle et série-parallèle . Il existe toutefois des
1
circuits dont les composants ne sont connectés ni
en série ni en parallèle, mais forment un arrangement
plus complexe comme, par exemple, le circuit de la
Fig . 8-1 . Pour résoudre ces circuits, il faut avoir re-
cours à la première et à la deuxième loi de Kirchhoff
concernant respectivement les tensions et les courants .

Première loi de Kirchhoff


La somme algébrique des tensions dans une bou-
cle fermée d'un circuit est égale à zéro . 1

Deuxième loi de Kirchhoff Figure 8-1


La somme des courants qui arrivent à un noeud Circuit dans lequel aucune des résistances n'est branchée
directement en série ou en parallèle avec une autre
est égale à la somme des courants qui en partent .
résistance .

Étudions à tour de rôle la signification de ces deux lois .

8 .1 Première loi de Kirchhoff (concernant les point quelconque, on fait le tour de cette boucle dans le
tensions) sens horaire, ou dans le sens antihoraire, on trouvera
d'après cette loi que la somme des tensions est égale à
Soit une série de tensions El, E2, E3, E4, raccordées en
zéro .
boucle fermée (Fig . 8-2) . Elles sont désignées selon la
méthode des polarités (section 7 .7). Si, partant d'un Lorsqu'on décrit la boucle, on doit affecter chaque ten-
81


82 ELECTROTECHNIQUE

Figure 8-2
Loi de Kirchhoff concernant les tensions : circuit composé
d'une boucle .

Figure 8-3
Circuit composé de plusieurs boucles .
sion d'un signe (+ ou -) correspondant à la polarité de
la borne rencontrée en premier lieu . Par exemple, sur
la Fig . 8-2, en partant du point A et en décrivant la Les tensions dont on parle dans la première loi de
boucle dans le sens horaire, on obtient : Kirchhoff ne sont pas forcément des sources de ten-
sion mais elles peuvent être produites par le passage
+ E2 - E, + E4 + E3 = 0 (8-1) d'un courant dans une résistance . Quel signe faut-il
donner à ces tensions? Considérons, par exemple, le
Noter que le signe (+) précède les tensions E-), E4 et E3 circuit simple de la Fig . 8-4 .
parce que dans chaque cas on rencontre d'abord la
borne positive .
Par contre, si l'on choisit le sens antihoraire et toujours
en partant du point A, on obtient :

- E3 -E4 + El -E2 = 0 (8-2)

Pour un circuit plus complexe (Fig . 8-3), on applique


la même règle : il suffit de suivre une boucle quelconque
et, pourvu que l'on revienne au point de départ, la Figure 8-4
somme des tensions est toujours nulle . Circuit contenant une résistance .

Pour le circuit de la Fig . 8-3, on vérifiera les équations


suivantes : À cause de leur polarité les sources El et E2 ont ten-
dance à produire les courants qui circulent respective-
en suivant la boucle 1 =* 2 = 3 =~> 4 =* 1
ment dans les sens horaire et antihoraire . Si l'on ne
on obtient
connaît pas la valeur de Et ni celle de E2, on ne peut
+ E l - E4 + E5 - E8 = 0 (8-3) pas en déduire le sens que prendra le courant I résul-
tant . On choisit alors un sens arbitraire . Prenons, par
en suivant la boucle 1 =* 4 => 5 => 3 =* 2 =* 1 exemple, le sens horaire comme sur la Fig . 8-5 .
on obtient Le courant I produira une tension RI à travers la résis-
tance . Le signe de cette tension dépend de la direction
+ E8 - E7 - E6 + E4 - Et = 0 (8-4)
du courant et du sens dans lequel on parcourt la bou-
cle. Lorsque l'on décrit la boucle, la tension RI sera
en suivant la boucle 3 = 2 = 5 = 3
précédée d'un signe (+) si on traverse la résistance
on obtient
dans le sens du courant et d'un signe (-), si on la tra-
+ E4 - E2 - E3 = 0 (8-5) verse dans le sens contraire . Par exemple, en parcou-

SOLUTION DES CIRCUITS À COURANT CONTINU 83

5£2

Figure 8-5
Choix d'un sens arbitraire du courant . Figure 8-7
Voir exemple 8-1 .

rant le circuit de la Fig . 8-5 dans le sens horaire, on


Solution
obtient:
Supposons que le courant circule de gauche à droite
- E l + RI + E2 = 0 (8-6) dans la résistance, et suivons le circuit dans le sens
horaire; on obtient :
La tension RI est précédée du signe (+) parce que l'on
traverse la résistance dans le sens du courant . -E 1 +RI + E2 =0
Si, par contre, on décrit la boucle dans le sens antiho-
Soit, en passant aux valeurs numériques :
raire, on obtient :

- E2 - RI + El = 0 (8-7) - 10 + 5I+20=0
5I=- 10
La tension RI est précédée du signe (-) parce que l'on
traverse la résistance dans le sens contraire du courant . I=-2A
N'étant pas sûr du sens réel du courant, on aurait pu La valeur du courant est de 2 ampères ; le signe (-)
choisir un courant de sens opposé à celui de la Fig . 8-5 . indique que son sens réel est l'inverse de celui que nous
Dans ce cas, si l'on décrit la boucle dans le sens ho- avions supposé . Un courant de 2 ampères circule donc
raire (Fig . 8-6), on obtient l'équation: dans le sens antihoraire, soit de droite à gauche dans la
résistance .
-E l -RI +E2 = 0
Exemple 8-2
Soit quatre sources ayant les tensions et polarités
indiquées a la Fig . 8-8a . Les sources sont alors rac-
cordées en série suivant le schéma de la Fig . 8-8h .
Trouver la valeur et la polarité de la tension entre
les bornes <,ouvertes» et B .
,A£

Figure 8-6
Choix d'un sens arbitraire du courant qui est l'opposé de celui
de la figure 8-5 .

Bien que certains termes changent de signe suivant le


sens choisi pour le courant, la résolution des équations
fournit toujours la bonne valeur et le bon sens du cou- Figure 8-8a
rant . Quatre sources indépendantes . Voir exemple 8-2 .

Exemple 8-1 Solution


Trouver la valeur et le sens du courant 1 dans le mon-
On peut choisir une polarité arbitraire pour une tension
tage de la Fig . 8-7 .
tout comme on peut choisir un sens quelconque pour

84 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 8-9
Loi de Kirchhoff concernant les courants .

Figure 8-8b
Les sources sont raccordées en série, créant ainsi deux
bornes A,B . La tension Eentre ces bornes est supposée (+)
du côté A .

un courant. Disons que la tension E entre les bornes A Figure 8-10


et B est positive (+) du côté de la borne A (Fig . 8-8b) . Le point B est un noeud .
Suivons maintenant la boucle formée par les quatre
sources en série et le chemin en pointillé (dans l'air) La deuxième loi de Kirchhoff permet de calculer la va-
reliant les bornes ouvertes . En adoptant le sens leur et le sens du courant circulant dans un conducteur
antihoraire, on obtient : quelconque lorsque les courants dans les autres con-
ducteurs arrivant au même noeud sont connus .
+ E+ 80-40+ 20-50=0
E = - 10V Exemple 8-3
Trouver la valeur du courant dans le fil X (Fi -,-
La tension entre A et B est donc de 10 V, et la polarité 11), connaissant la valeur et le sens des courants
est l'inverse de celle qu'on avait choisie : la borne A est dans les quatre autres fils .
donc négative par rapport à la borne B .
Solution
8 .2 Deuxième loi de Kirchhoff (concernant les Supposons que le fil X porte un courant I qui se dirige
courants)
vers le nœud (Fig . 8-12) . D'après la deuxième loi de
La deuxième loi de Kirchhoff exprime l'impossibilité Kirchhoff, on obtient :
d'accumuler des électrons en un point. Dans un circuit
électrique, on appelle nœud un point commun où abou- 1+ 4+ 7+ 2= 8
tissent deux ou plusieurs conducteurs . Considérons les I = -5 A
courants I l , 12,13 et 14 circulant dans les sens indiqués
sur la Fig . 8-9 . D'après cette loi, la somme des cou-
rants qui arrivent au noeud A est égale à la somme des
courants qui en repartent . On obtient donc :

Il + 12 + 14 = 13 (8-9)

Dans le cas de la Fig . 8-10, on aurait au nœud B :

Ia +Ib +Ic =0 (8-10)


Figure 8-11 Figure 8-12
On cherche la valeur et le Voir exemple 8-3 .
car, d'après le sens des flèches, aucun courant ne part sens du courant dans le fil X .
du nœud B . Voir exemple 8-3 .



SOLUTION DES CIRCUITS À COURANT CONTINU 85

Le courant dans le fil est de 5 A et le signe (-) nous Ensuite, on peut choisir la boucle formée par la source
indique qu'il circule dans le sens opposé à celui de la de 108 V et les résistances de 6 S2 et 12 S2 .
flèche .
- 108 + 6 I l + 12 (Il + I2 ) = 0 (2)
8 .3 Application pratique aux circuits
Connaissant la façon d'appliquer les deux lois de On obtient ainsi un système de deux équations à deux
Kirchhoff, nous sommes en mesure de résoudre les inconnues Il et 12 . On peut donc trouver la valeur des
circuits les plus complexes . courants Il et 12.
Exemple 8-4
I l = 8A 12 =-3A
Calculer les courants et les tensions pour chacune
des résistances de la Fi- . 8-13 . et par suite

(h + 12 ) = 8A - 3A = 5A
3191452e
Les courants réels circulent dans le sens indiqué sur la
108 V
Fig . 8-15 . La «source» de 48 V est en réalité une charge
puisque le courant de 3 A entre par la borne (+) .

8A 3A
Figure 8-13
60 40
Voir exemple 8-4 .

Solution 108 V
On se donne des sens de courant arbitraires pour Il et
12 (Fig . 8-14) et, afin d'éviter l'emploi d'un troisième
courant inconnu, on indique un courant (Il + 12) dans
la résistance de 12 S2 . La direction de (Ii + 1 2) n'est pas Figure 8-15
\ arbitraire ; elle doit être choisie de façon à respecter la Valeurs et sens réels des courants . Voir exemple 8-4 .
deuxième loi de Kirchhoff . (On constate, Fig . 8-14, que
la somme des courants Il et 12 arrivant au noeud A est
égale au courant (Il + 12) qui en sort .) Exemple 8-5
Trouver les tensions et les courants dans chacune
des branches du circuit de la Fib . 8-16 .
1, 12

8 12
4 52

576V
A 10£2 B

Figure 8-14
On choisit des sens arbitraires pour les courants II et 12 . Voir 24 6
exemple 8-4 . Q S2

En décrivant la boucle formée par les deux sources et


C
les résistances de 6 S2 et 4 £2, on obtient d'après la pre-
mière loi de Kirchhoff : Figure 8-16
Voir exemple 8-5 . On cherche la valeur de la tension et du
- 108 + 6 I l - 412 + 48 = 0 (1) courant dans chaque résistance .





86 ELECTROTECHNIQUE

Solution On obtient donc un système de 6 équations (équations


On donne aux courants Il, 12 et 13 des sens arbitraires (4) à (9)) à 6 inconnues, ce qui permet de trouver les 6
(Fig. 8-17) . En utilisant le minimum de courants in- courants . On voit, cependant, l'avantage de réduire au
connus on réduit le nombre d'équations à résoudre . départ le nombre de courants inconnus comme on l'a
Cependant, une fois les sens de Il, 12 et 13 choisis, les fait sur la Fig . 8-17 .
sens des courants (Il + I2), (I2 + 13) et (Il + 12 + 13) sont
imposés par la deuxième loi de Kirchhoff.

76

(Il + 12+4) 15

m 1 57 V

24 13

I 1
Figure 8-18
On peut résoudre le circuit en choisissant six courants de
Figure 8-17
sens arbitraires au lieu de trois . Toutefois, cela augmente le
On choisit des sens arbitraires pour les courants Il, 1 2 et 1 3 .
nombre d'équations à résoudre .
Voir exemple 8-5 .

On obtient le système d'équations suivant :


8.4 Théorème de Thévenin
811 -1012 -12(12 +13 )=0 (1) Bien que les lois de Kirchhoff permettent de résoudre
10 12 + 24 ( Il + 12 ) - 613 = 0 (2) n'importe quel circuit, si compliqué soit-il, on peut
souvent en simplifier la solution en utilisant l'artifice
- 576 + 8 I l - 1012 + 613 = 0 (3)
du théorème de Thévenin, qui est d'ailleurs basé sur
après résolution, on trouve : les lois de Kirchhoff .

I1 = + 27A (Il +12 )=+15A


Énoncé du théorème de Thévenin
12 = - 12A (12 +13 )=+28A
Tout circuit à deux bornes ouvertes A et B com-
13 = + 40A (I 1 + 12 + 13 ) = + 55A posé de plusieurs sources et de plusieurs résis-
On aurait pu résoudre ce problème en se donnant plu- tances peut être remplacé par une source unique
sieurs courants arbitraires, comme sur la Fig . 8-18 . Dans E en série avec une résistance unique R .
ce cas, en parcourant les boucles, on obtient :
Soit un circuit composé de plusieurs sources et de plu-
8Il + 1012 + 1215 = 0 (4) sieurs résistances, représentées respectivement par des
cercles et des petits rectangles (Fig. 8-19) . Le montage
-2414 + 1012 +613 =0 (5)
possède deux bornes A et B lesquelles peuvent être rac-
- 576 + 8 I l + 2414 = 0 (6) cordées à une résistance Z. D'après le théorème de
Thévenin, ce circuit complexe peut être remplacé par
La deuxième loi de Kirchhoff nous fournit les équa- le circuit simple de la Fig. 8-20 . Dans ce circuit sim-
tions pour les courants : ple :
Il =12 +14 (7 ) a) La tension de Thévenin E est celle qui apparaît en-
15 = Il + 16 (8) tre les bornes A et B du circuit de la Fig . 8-19 (cir-
cuit ouvert) .
12 = 15 + 13 (9)


SOLUTION DES CIRCUITS À COURANT CONTINU 87

40

48 V

Figure 8-21
On cherche la valeur du courant circulant dans la résistance
de 6 52 . Voir exemple 8-6 .

Figure 8-19
Montage très complexe où l'on cherche la tension et le courant
Ainsi, trouvons d'abord la tension de Thévenin E appa-
dans la résistance Z . raissant entre ces bornes à circuit ouvert, c'est-à-dire
en enlevant la résistance de 6 S2 (Fig. 8-22) . La tension
aux bornes de la résistance de 12 S2 est alors
b) La résistance R de Thévenin est celle que l'on me-
surerait entre les bornes A et B si toutes les sources
1252
du circuit de la Fig . 8-19 étaient court-circuitées . 48Vx = 36V
452+1252
En comparant le circuit de la Fig . 8-20 avec celui de la
Fig . 8-19, on comprend pourquoi le théorème de Thé-
Il s'ensuit que la tension entre A et B vaut
venin est un outil puissant : il permet de trouver le cou-
(108 - 36) = 72 V. La tension de Thévenin E (Fig .
rant dans une résistance Z quelconque sans qu'on ait à
8-20) vaut donc 72 V.
résoudre le circuit au complet .
Ensuite, en supposant que les sources de 108 V et de
Appliquons-le à l'exemple 8-4 étudié précédemment . 48 V soient mises en court-circuit, on calcule la résis-
tance vue entre les bornes A et B (Fig . 8-23) . Elle est
composée d'une résistance de 12 52 en parallèle avec
une résistance de 4 S2, soit une résistance de 3 S2 . Celle-
ci est la résistance R de Thévenin . Le circuit équivalent
de Thévenin est donc composé d'une résistance de 3 52
en série avec une tension de 72 V (Fig . 8-24) .

652
Figure 8-20
Circuit équivalent du montage de la figure 8-19, selon le
théorème de Thévenin .

Exemple 8-6
Trouv ci- la valeur et le sens du courant circulant dans
la résistance de 6 S2 (Fig . 8-21) .

Solution
Le théorème de Thévenin permet de trouver la tension
et le courant dans une résistance à la fois . Puisqu'il
s'agit de la résistance de 6 S2, on doit déterminer le
Figure 8-22
circuit équivalent de Thévenin entre les bornes A et B On trouve EAB lorsque la résistance de 6 52 est enlevée du
(Fig . 8-21) . circuit . Voir exemple 8-6 .


88 ELECTROTECHNIQUE

0 452
Cependant, on peut les calculer encore plus simplement
en suivant le raisonnement suivant.
La chute de tension dans la résistance de 6 S2 étant de
12 8 A x 6 S2 = 48 V, la tension aux bornes de la résis-
tance de 12 S2 est (108 - 48) = 60 V. Par conséquent, le
courant dans celle-ci est de 5 A. Il s'ensuit que la ré-
sistance de 4 S2 porte un courant de (8 - 5) = 3 A cir-
culant dans le sens indiqué sur la Fig . 8-26 . Les cou-
rants respectifs sont bien identiques à ceux calculés
Figure 8-23 précédemment, et affichés sur la Fig . 8-15 .
On calcule la résistance entre les bornes A,B lorsque les
sources de tension sont en court-circuit . Voir exemple 8-6 .

6 Ç2
FI

Figure 8-26
Calcul des courants et des tensions dans tous les éléments
Figure 8-24 du circuit . Voir exemple 8-6 .
Circuit équivalent de Thévenin où E (Thévenin) = 72 V et R
(Thévenin) = 3 S2. Voir exemple 8-6 .
8 .5 Courants de maille
Lorsque la résistance de 6 S2 est branchée entre les Pour la résolution des circuits complexes, on emploie
bornes A et B (Fig . 8-25), on trouve qu'elle porte souvent la méthode des courants de maille . Par exem-
un courant de 72 V/(3 S2 + 6 S2) = 8 A, et que ce ple, dans le cas du circuit de la Fig. 8-27, on utilisera
courant circule de gauche à droite dans la résistance . les courants Il , IZ et 13 circulant respectivement dans
On pourrait trouver les courants circulant dans les deux les mailles (ou boucles) X, Y, Z du circuit . Ainsi, II
autres résistances par la même méthode de Thévenin . circule dans la boucle X, composée des résistances de
6 S2 et 3 S2 et de la source de 21 V . De la même façon,
le courant 12 circule dans la boucle Y, composée des
résistances de 3 S2, 4 S2, 7 S2 et 1 £2 .
Les polarités des sources de 21 V et de 46 V sont im-
posées par le problème, mais le sens choisi pour les
courants de maille est arbitraire .
Pour écrire les équations du circuit, on suit la méthode
habituelle en parcourant chacune des mailles à tour de
rôle. Il est utile de grouper ensemble toutes les résis-
tances associées à chacun des courants de maille . Par
exemple, en décrivant la maille X dans le sens horaire,
on écrira :
Figure 8-25
Calcul du courant dans la résistance de 6 52 . - 21 + ( 6 + 3)Il -3I2 = 0 (8-11)


SOLUTION DES CIRCUITS À COURANT CONTINU 89

20

21 V

Figure 8-27
Résolution d'un circuit par la méthode des courants de maille .

Les résistances de 6 S et 3 S2 sont groupées ensemble, Maintenant, il est facile de trouver la valeur et le sens
et le signe (-) figurant devant le terme 312 signifie sim- réel de tous les courants (Fig . 8-28) .
plement que l'on se déplace en sens inverse de 12 en Le grand avantage de cette méthode des courants de
décrivant la maille X dans le sens horaire . maille réside dans le fait qu'on utilise un nombre ré-
De la même façon, pour la deuxième maille Y, on écrira : duit d'équations . Il suffit d'employer autant de cou-
rants inconnus que le réseau possède de mailles .
(3 + 4 + 7 + 1)12 -3Ii +713 =0 (8-12)
8 .6 Théorème de superposition
Enfin, en décrivant la troisième maille Z, dans le sens Enfin, mentionnons une dernière méthode permettant
antihoraire, on aura : de résoudre les circuits, basée également sur les lois de
Kirchhoff. Elle utilise le théorème de superposition .
+ 46 + ( 2 + 7 ) 13 + 712 = 0 (8-13)
D'après ce théorème, le courant circulant dans
On obtient donc un système de 3 équations :
un élément de circuit est égal à la somme algé-
brique des courants qui seraient produits dans cet
9 Il - 312 = 21 élément par chacune des sources agissant seule,
-3 Il +1512 +713 = 0 les autres sources étant remplacées par des court-
712 +913 =-46 circuits .

De ces équations, on peut déduire les trois courants de Exemple 8-7


maille : Trouver les courants circulant dans chacune des
résistances de la Fig . 8-29 en utilisant le théorème
i l =+4A 12 =+5A 13 =-9A
de superposition .

6 S2 452

4A` 5A Y-

1A 4A

5A

Figure 8-28
Calcul des courants dans le circuit de la figure 8-27 .

yu ELECTROTECHNIQUE

6Q 4 Q2

Figure 8-29
Résolution d'un circuit utilisant le théorème de superposition . Figure 8-30
Courants produits lorsque la source de 108 V agit seule . Voir
exemple 8-7 .
Solution
Considérons d'abord le circuit comme si la source de
108 V agissait seule, la source de 48 V étant remplacée
par un court-circuit, (Fig . 8-30) . On trouve facilement
les courants de 3 A, 9 A et 12 A circulant dans les résis-
tances de la Fig . 8-30 .
Considérons maintenant le circuit comme si la source
de 48 V agissait seule, celle de 108 V étant, à son tour,
remplacée par un court-circuit . Les courants résultants
sont donnés à la Fig . 8-31 .
D'après le théorème de superposition, lorsque les deux
sources fonctionnent, les courants circulant dans cha-
que résistance sont égaux à la somme algébrique des
Figure 8-31
courants individuels, obtenus respectivement dans les
Courants produits lorsque la source de 48 V agit seule . Voir
circuits des Fig . 8-30 et 8-31 . Le résultat est donné à la exemple 8-7 .
Fig . 8-32 . On vérifie que les courants sont identiques à
ceux trouvés dans l'exemple 8-4 .

8.7 Utilisation de la méthode des


deux indices
Dans les sections 8 .3 à 8 .6 nous avons employé la mé-
thode des polarités (section 7 .7) pour décrire les ten-
sions . Nous pouvons aussi utiliser la méthode des deux 12-4=8A 9-6=3A
indices (section 7 .3) . L'exemple suivant montre la fa-
12 2=5A
çon d'appliquer cette méthode pour formuler les équa- Q
tions selon les lois de Kirchhoff.
La Fig . 8-33 montre un circuit composé de trois sour-
ces et de quelques résistances . Les noeuds sont identi-
fiés par des chiffres 1 à 6 . La valeur et la polarité des
sources E 12, E45 , E56 sont indiquées dans un tableau
Figure 8-32
séparé, faisant partie de la figure. Ces données repré- Superposition des courants créés par les deux sources . Voir
sentent des valeurs imposées . exemple 8-7 .


SOLUTION DES CIRCUITS À COURANT CONTINU 91

choisirons de façon arbitraire le sens horaire ou


252
antihoraire . Les tensions portent alors les indices cor-
respondant à la séquence des nceuds rencontrés .
Parcourons, par exemple, la boucle 1-2-3-4-1 dans le
sens horaire . En partant du point 1, on peut écrire :
E12 =+15 V
E12 + 2Il + 3I2 + 5(12 +13 ) = 0 (8-14)
E45 = - 25 V
E56 = + 35 V Ensuite, parcourons la boucle 3-5-4-3 dans le sens ho-
raire, en partant du point 4 . On écrit:

-3 12 + 4(I, -I2) + E54 = 0 (8-15)


Décrivons maintenant la boucle 4-1-6-5-4 dans le sens
60 antihoraire en partant, disons, du nceud 5 . On obtient :

Figure 8-33 E54 + 5(12 + 13) - 6(I, - 12 13) + E65 = 0 (8-16)


Sachant que E 12 = + 15 V, E45 = - 25 V, et E56 = + 35 V,
Nous désirons trouver les courants qui circulent dans on substitue ces valeurs dans les expressions précéden-
tous les éléments du circuit . Pour ce faire, nous répé- tes, ce qui donne les trois équations suivantes :
tons la figure en y inscrivant, dans trois des branches,
+15 + 21 + 312 + 5(12+13) = 0 (8-17)
les courants I1 , 12, 13 . Le sens de ces courants sont arbi-
traires (Fig . 8-34) . Cependant, la valeur et le sens des - 312 + 4(I1 -I2) + 25 = 0 (8-18)
courants dans les autres éléments du circuit doivent
respecter la deuxième loi de Kirchhoff . Par exemple, 25+5(12 + 13)-6(I,- 12 - 13)-35=0 (8-19)
une fois choisis les sens des courants 12 et 13 dans les La résolution de ces équations donne les résultats sui-
éléments de 3 S2 et de 25 V, le courant circulant dans la vants . Le lecteur aura avantage à les vérifier .
résistance de 5 £2 est nécessairement (I2 + 13), et il doit
I l = - 4,70 A 12 = 0,89 A 13 = - 2,54 A
nécessairement sortir du nceud 4 .
Les autres courants sont faciles à calculer . Leur valeur
Ensuite, on écrit les équations de tension selon la pre-
et leur sens réél, de même que la polarité réelle des
mière loi de Kirchhoff . En parcourant les boucles, nous
tensions, sont montrés à la Fig . 8-35 .

3
252
E
4,70 A
3
0,89 A~ 52 52 5,59 A
2,54 A
E12 = +15 V
E45 = - 25 V
E56 = + 35 V

5
(Il -12 -13) 3,05 A
52

Figure 8-34 Figure 8-35



92 ÉLECTROTECHNIQUE

8 .8 Tension entre deux points d'un circuit


Il arrive souvent que l'on cherche la valeur d'une ten-
sion entre deux points quelconques d'un circuit . Dans
ce cas, il suffit d'imaginer qu'un voltmètre soit bran-
ché entre ces deux points . En parcourant la boucle créée
par le «voltmètre» et les éléments du circuit entre ces 2
deux points, on écrit l'expression habituelle de la pre- (a) (b)

mière loi de Kirchhoff .


Figure 8-36
Par exemple, si on cherche la tension E23 aux bornes Circuit hybride .
de la résistance de 2 S2 (Fig . 8-34), il suffit de parcourir
la «boucle» formée par le voltmètre imaginaire VM et
cet élément . Ainsi, on écrit E23 - 2It = 0, ce qui donne Exemple 8-8
E23 = 21, = 2 S2 X (- 4,7 A) = - 9,4 V. Donc, la tension La Fig . 8-37 montre un circuit où E 8 V (nota-
est de 9,4 V et la borne 2 est négative par rapport à la tion selon la méthode des polarités ) et E_, = + 28 V
borne 3 . (notation selon la méthode des deux indices) . On
De même, on peut trouver la tension E31 entre les bor- désire connaître a) la valeur et le sens du courant
nes 3 et 1, en décrivant la boucle E 31 + E 12 + 2I1 = 0, ce circulant dans le circuit et h) la nature de G (source
qui donne ou charge L .
E31 =-E 12 -2I1 =-15V-2S2(-4,70 A)=-5,6V

8 .9 Utilisation de la notation hybride


Nous avons vu comment on peut résoudre les circuits
en utilisant pour les tensions, soit la méthode des deux
indices, soit la méthode des polarités . Il est parfois com-
mode d'utiliser les deux notations dans un même cir-
cuit . Nous l'appelons alors la notation hybride .
Considérons une source de tension Es dont une des Figure 8-37
Circuit hybride . Voir exemple 8-8 .
bornes porte le signe (+), selon la méthode des polari-
tés (Fig . 8-36a) . L'autre borne est évidemment néga-
tive (-) . La borne (+) porte aussi le chiffre 1, et la borne
(-) porte le chiffre 2, selon la méthode des deux indi-
Solution
ces . Supposons qu'un voltmètre fictif VM soit branché a) On choisit d'abord un sens arbitraire pour le courant
aux bornes de la source (Fig. 8-36b) . En parcourant la I, ce qui nous permet d'écrire l'équation suivante, en
parcourant la boucle dans le sens horaire :
boucle ainsi formée dans le sens horaire, on peut écrire
l'équation - 121 + E23 - EA = O
E 12 -Es =O
En substituant les valeurs données à E23 et à EA on ob-
Par conséquent, on obtient E12 = Es
tient
On conclut que, dans un circuit, on peut simultanément -121+(+28)-(-8)=0
exprimer les tensions selon la méthode des deux indi-
donc ,-121+36=0,soitl=+3A
ces et selon la méthode des polarités . La résolution d'un
tel circuit se fait par les méthodes que nous venons de Le signe (+) indique que le courant circule réellement
décrire . dans le sens de la flèche .
SOLUTION DES CIRCUITS À COURANT CONTINU

b) Puisque E23 = + 28 V, la borne 2 est (+) par rapport à ou antihoraire, sans que cela change le résultat final .
la borne 3 . Comme le courant sort de la borne (+), G Cependant, en pratique, on choisit habituellement le
est une source . sens horaire.

8 .10 Résumé Il est parfois plus rapide d'utiliser d'autres méthodes


dérivées des lois de Kirchhoff. Le théorème de Théve-
Dans ce chapitre nous avons appris à utiliser deux lois
nin permet de trouver la tension et le courant dans une
fondamentales pour la résolution des circuits à courant
branche particulière d'un circuit . Cette méthode con-
continu . Selon la première loi de Kirchhoff, la somme
siste à remplacer la portion du circuit alimentant la bran-
des tensions autour d'une boucle est nulle . Selon la
che d'intérêt par une source de tension branchée en série
deuxième loi de Kirchhoff, la somme des courants arri-
avec une résistance . Le théorème de superposition est
vant à un noeud est nulle . Alliées à la loi d'Ohm, ces
utile lorsque l'on doit résoudre un circuit alimenté par
deux lois permettent de trouver les courants et les ten-
plusieurs sources .
sions dans les branches des circuits même les plus com-
plexes . Pour l'écriture des équations de tension, nous On constate que les outils permettant de résoudre les
avons vu que l'on peut utiliser indifféremment la mé- circuits ne manquent pas ; mais tout comme on n'em-
thode des deux indices, la méthode des polarités ou ploie pas une masse pour enfoncer un clou, on n'utili-
une combinaison de ces deux méthodes . sera pas le théorème de Thévenin pour résoudre un sim-
ple circuit série . Seule l'expérience peut nous appren-
En appliquant la première loi de Kirchhoff, on a vu
dre quelle méthode est la plus rapide .
qu'on peut parcourir une boucle dans le sens horaire

PROBLÈMES - CHAPITRE 8 8-2 Dans la Fig . 8-38d, El = + 10 V, E2 = - 30 V et


R = 5 £1 . Trouver la valeur et le sens réel du courant I .

Niveau intermédiaire 8-3 Énoncer la première et la deuxième loi de Kir-


chhoff.
8-1 Écrire les équations des circuits (a), (b), (c), (d),
de la Fig . 8-38 . 8-4 Énoncer le théorème de Thévenin .
8-5 Trouver la valeur et le sens réel du courant I pour
les nceuds (a), (b), (c) de la Fig . 8-39 .

(a (b)

8A 3A
7A
A
4A

(a) (b) (c)

Figure 8-38 Figure 8-39


Voir problèmes 8-1, 8-2 . Voir problème 8-5.


y4 ELECTROTECHNIQUE

8-6 En utilisant le théorème de Thévenin, détermi- 8-8 En utilisant la méthode des courants de maille .
ner pour les circuits (a), (b), (c), (d) de la Fig . 8-40, la déterminer les valeurs de Il et de I3 dans la Fig .
valeur et le sens du courant dans chacune des résis- 8-41, circuits (a), (b) .
tances R.
8-9 Le circuit de la Fig . 8-42 représente un diviseur
de potentiel résistif permettant d'alimenter une résis-
70
1 L L 1 tance R à une tension de 10 V, 20 V, 30 V ou 40 V .
5 12 2 12 R 4252 1552 R Déterminer les valeurs de R1, R2, R3 et R4, sachant que
R1 +R2 +R3 +R4 = 200 S2 et que R = 100 S2 .
T T T T
(a) (b)
1
R, R2 O~3 R,

652 7 S2

10052

T T Figure 8-42
Voir problème 8-9 .
(c)

8-10 Une source de 100 V possède une résistance


interne de 10 S2 (Fig . 8-43) . Déterminer la valeur du
courant I et de la tension E aux bornes de la résistance
R, à mesure que cette dernière varie de zéro à l'infini .
(d) Pour quelle valeur de R la dissipation de puissance est-
elle maximale ?
Figure 8-40
Voir problème 8-6 .

100V
Niveau avancé
8-7 En utilisant le principe de superposition, déter-
miner les tensions et les courants dans les circuits
Figure 8-43
(a) et (b) de la Fig . 8-41 . Voir problème 8-10 .

8-11 Dans la Fig . 8-1 on donne les valeurs sui-


vantes : R1 = 10 S2, R2 = 20 S2, R3 = 30 £2, R4 = 40 S2,
(a)
R5 = 50 S2 et la tension de la source G est de 350 V .
En utilisant le théorème de Thévenin, calculer la
valeur du courant dans la résistance R3 .
8-12 Une source d'alimentation donne une tension
de 25 V à circuit ouvert . Lorsqu'on lui applique une
(b) charge de 10 A, la tension à ses bornes baisse à
24,9 V. Calculer :
a) la résistance interne de la source
Figure 8-41 b) la puissance maximale qu'elle peut débiter dans
Voir problèmes 8-7, 8-8 . une charge dont la résistance est variable


SOLUTION DES CIRCUITS À COURANT CONTINU 95

8-13 En utilisant le théorème de Thévenin seule- 8-22 Dans la Fig . 8-5, Et = +25 V, E2 = -11 V et
ment, calculer le courant dans la résistance de 3 S2 R = 3 S2 . Déterminer la valeur et le sens de I.
de la Fig . 8-27 . Ensuite, déterminer par des métho- 8-23 Dans la Fig . 8-16 on veut remplacer la résis-
des très élémentaires, le courant dans l'élément de tance de 12 S2 par une autre afin que le courant soit nul
6 £2 et la tension aux bornes de l'élément de 7 S2 . dans la résistance de 10 £2 . Quelle résistance doit-on
utiliser?
8-14 Dans le circuit de la Fig . 8-2, El = + 10 V,
E2 = - 2 V, E3 = - 13 V, E4 = + 6 V. Calculer la 8-24 Dans la Fig . 8-16, si l'on enlève la résistance
valeur et le sens réel du courant dans le circuit, sa- de 10 S2, calculer la nouvelle valeur de la tension entre
chant que chaque source possède une résistance in- les bornes A et B .
terne de 2 S2 . 8-25 Dans la Fig . 8-45, on désire remplacer le cir-
cuit entre les bornes A et B par un autre composé d'une
8-15 Dans la Fig . 8-21, quelle résistance doit-on pla-
seule source de tension E en série avec une résistance
cer en parallèle avec l'élément de 12 S2 si l'on désire
R . En utilisant le théorème de Thévenin, déterminer la
que le courant dans l'élément de 4 S2 soit nul ?
valeur de E et de R .
8-16 Dans la Fig . 8-21, si l'on place une résistance
de 10 S2 entre les bornes positives des deux sour-
ces, quel sera le courant dans cette résistance? Quel-
les seront les nouvelles valeurs du courant dans les
autres éléments résistifs ?
8-17 Dans la Fig . 8-21, si l'on intervertit la pola- Figure 8-45
rité de la source de 48 V, quel sera la valeur du cou- Voir problème 8-25 .
rant dans la résistance de 12 Q ?
8-26 Dans la Fig . 8-46, on désire remplacer le circuit
8-18 Dans la Fig . 8-26, si l'on branche une résis- entre les bornes A et B par un autre composé d'une
tance de 14 £2 en parallèle avec la résistance de 6 S2, seule source de tension E en série avec une résistance
quelle sera la tension à ses bornes ? (Utiliser de R . En utilisant le théorème de Thévenin, déterminer la
préférence le théorème de Thévenin .) valeur de E et de R .
8-19 Dans la Fig . 8-1, si le courant dans R3 est
nul, prouver que R1R5 = R2R4 quelle que soit la ten-
sion de la source .
8-20 Dans la Fig . 8-44 la résistance de 100 S2 dis-
sipe 4 fois plus de chaleur que la résistance R2 . Cal-
culer la puissance de la génératrice et la valeur de Figure 8-46
R, sachant que la source débite un courant de 6 A . Voir problème 8-26 .

8-27 Dans la Fig . 8-47, on désire remplacer le circuit


100 il entre les bornes A et B par un autre composé d'une
source de tension E en série avec une résistance R . En
6
utilisant le théorème de Thévenin, déterminer la va-
F-.O>à
leur de E et de R .

Figure 8-44
lbi problème 8-20 .

8-21 Dans la Fig . 8-2, Et = +10 V, E2 = + 17 V et


Figure 8-47
_ = -23 V. Calculer la valeur de E4 . Voir problème 8-27 .
Isolants

La conception et le fonctionnement de l'équipement miter le courant dans un circuit, ou transformer l'éner-


électrique dépend des matériaux disponibles . Ainsi, les gie électrique en chaleur, on utilise des conducteurs
propriétés des conducteurs et des isolants jouent un rôle résistifs comme le nichrome, la fonte et le tungstène .
crucial dans la construction des appareils électriques .
La démarcation entre les bons conducteurs et les con-
Dans ce chapitre, nous examinons les propriétés des
ducteurs résistifs n'est pas très nette, mais elle est fonc-
isolants, parfois appelés diélectriques. Le chapitre sui-
tion de l'usage auquel on les destine : ainsi, le carbone
vant traitera des conducteurs .
employé pour la fabrication des balais utilisés sur les
9.1 Conducteurs et isolants moteurs est considéré comme bon conducteur, tandis
Selon qu'ils possèdent ou non des électrons libres en qu'on le classe parmi les résistances lorsqu'il consti-
abondance, les matériaux peuvent être divisés grossiè- tue l'élément chauffant d'un four électrique . De la
rement en deux catégories : les conducteurs et les iso- même façon, l'argent, un des meilleurs conducteurs,
lants . est utilisé comme élément résistif dans certains fusi-
bles .
Dans les conducteurs comme l'argent et le cuivre, les
électrons se déplacent facilement . On dit que leur ré- Le tableau 9-1 donne la classification des matériaux
sistivité est faible car ils n'offrent que très peu d'oppo- les plus utilisés en électrotechnique .
sition au passage du courant . 9 .2 Comparaison des résistivités
Au contraire, le passage du courant se fait difficile- Afin de donner une idée de la résistivité relative des
ment dans les diélectiques car leurs atomes retiennent matériaux de chacun de ces groupes, comparons la ré-
énergiquement les électrons . La résistivité des diélec- sistance de trois échantillons ayant 1 millimètre de dia-
triques est très grande car l'opposition au passage d'un mètre et 1 mètre de long (Fig . 9-1) .
courant est très forte . Un diélectrique placé entre deux
conducteurs s'oppose donc au passage du courant en- On constate que le nichrome (alliage composé à 80 %
tre ceux-ci . de nickel et à 20 % de chrome) est à peu près 60 fois
plus résistif que le cuivre . La résistivité du caoutchouc
Pour le transport de l'énergie électrique, on utilise des
est exceptionnellement grande, plusieurs millions de
métaux bons conducteurs de faible résistivité, surtout
fois celle du cuivre .
le cuivre et l'aluminium . Par contre, si l'on désire li-
96

ISOLANTS 97

TABLEAU 9-1 CLASSIFICATION DES


MATÉRIAUX

bons conducteurs isolants


conducteurs résistifs 1 m
CUIVRE NICHROME
aluminium carbone air sec R=0,01652 R=1,052

argent eau salée amiante (a) bon conducteur (b) conducteur résistif
bronze fer caoutchouc
carbone fonte coton
cuivre manganine huile
laiton molybdène mica
mercure nichrome papier
or tungstène plastique CAOUTCHOUC

tungstène zinc porcelaine R=10 79 52

(c) isolant

Figure 9-1
9.3 Types d'isolants Comparaison de la résistivité d'un bon conducteur, d'un
On peut grouper les isolants dans deux grandes clas- conducteur résistif et d'un isolant .
ses : les isolants organiques et les isolants inorganiques .
En général, les isolants organiques tels que le caout-
chouc, le papier, l'huile, le coton, les matériaux ther- On est souvent porté à combiner deux ou trois isolants
moplastiques, etc ., sont composés de longues chaînes afin de créer un produit nouveau possédant les avanta-
moléculaires de carbone et d'hydrogène . Ils ne peu- ges de chacun de ses composants . Par exemple, on com-
vent pas supporter des températures élevées sans se bine la fibre de verre avec un vernis synthétique pour
désagréger. produire un isolant pouvant résister à la fois aux tem-
pératures élevées et aux chocs .
Par ailleurs, les isolants inorganiques tels que le mica,
la porcelaine, l'air, peuvent tolérer des températures 9.4 Isolants solides
dépassant parfois 1000 °C . Lors d'une réaction chimique, dite de polymérisation,
Le nombre d'isolants disponibles est impressionnant, certaines molécules simples peuvent s'unir de façon à
de sorte qu'il est difficile aujourd'hui d'en dresser une former une grosse molécule contenant plusieurs fois
liste complète . Cette diversité est due à l'arrivée sur le la molécule initiale . On dit alors que la nouvelle sub-
marché des isolants synthétiques (parfois appelés plas- stance ainsi formée est un polymère de la première
tiques) inventés et développés par les chimistes . Pos- molécule (Fig . 9-2) . Tous les isolants synthétiques sont
sédant des propriétés thermiques, électriques et méca- des polymères . Le caoutchouc naturel, les résines, les
niques bien supérieures à celles des isolants naturels, vernis et la bakélite sont des polymères . Selon leur
ces isolants synthétiques ont grandement modifié la composition et leurs parties constituantes, les polymè-
fabrication des fils, des câbles et des appareils électri- res peuvent être subdivisés en grandes classes comme
ques de toutes sortes . les polyvinyles, les polyuréthanes, les polyesters, les
polyamides, les polyimides etc . Ainsi, le nylon est un
Le nombre des isolants paraît encore plus impres-
polyamide, le Dacron® et le Mylar® sont des polyes-
sionnant du fait que les fabricants désignent générale-
ters et le Kapton® est un polyimide .
ment des produits identiques par des noms de com-
merce différents . Par exemple, le polyuréthane utilisé On utilise ces matériaux synthétiques pour couvrir les
pour isoler certains fils de cuivre est connu au Canada fils conducteurs servant à construire des bobines de
et aux États-Unis sous sept noms différents selon les moteurs, transformateurs, électro-aimants, relais, etc .,
fabricants : Polysol (Canada Wire), Soldereze (Phelps et pour isoler les fils servant à la distribution de l'élec-
Dodge), Isomelt (Pirelli Cables), Analac (Anaconda tricité dans les bâtiments . Parfois on combine ces iso-
Copper), Solderex (Essex), Gendure (General Cable) lants avec des matériaux tels que la fibre de verre pour
et Beldure (Belden) . créer des feuilles et des plaques isolantes possédant




98 ÉLECTROTECHNIQUE

• • • • • • • • • •

(b) polyéthylène CH 2 (c) chlorure de polyvinyle (PVC) C 2 H 3CI

0
• • • • •
000 000 0000000
(d) nylon C 12 N 2O 2 H 22

LÉGENDE

carbone C oxygène O hydrogène H azote N chlore CI

Figure 9-2
Structure moléculaire de quelques isolants naturels et synthétiques .

ISOLANTS 99

une grande dureté mécanique, une excellente résistance Ainsi, à une température de 2000 °C, sa résistivité se
aux hautes températures et des propriétés électriques compare à celle de la porcelaine mais lorsque sa tem-
supérieures . pérature se situe entre 5000 °C et 50 000 °C, sa résis-
Bien qu'on utilise de plus en plus des isolants synthé- tivité correspond à celle de l'eau salée .
tiques, les isolants naturels sont encore indispensables Dans les disjoncteurs, on utilise parfois un autre gaz
dans plusieurs applications . Le coton s'emploie dans isolant: l'hexafluore de soufre (SF6) . Ses molécules sont
la fabrication de feuilles et de plaques isolantes et pour capables d'absorber des électrons, ce qui lui confère
revêtir des câbles . Le papier est encore un des meilleurs une haute rigidité diélectrique (10 fois celle de l'air à
matériaux pour recouvrir les conducteurs à haute ten- une pression de 400 kPa) .
sion . Parmi les matériaux naturels inorganiques, citons Pour assurer le refroidissement des grosses machines
l'amiante qui sert à recouvrir les fils destinés aux en- rotatives, on utilise l'hydrogène . Beaucoup moins vis-
droits chauds et à fabriquer les panneaux isolants pour queux que l'air, l'hydrogène produit moins de frot-
les tableaux de commande . Le mica sert comme sup- tement aux hautes vitesses et, pour une même aug-
port pour les éléments chauffants des grille-pain, mentation de température, il absorbe une quantité de
comme isolant des collecteurs de machines, et à tout chaleur 14 fois plus grande . Enfin, l'hydrogène pré-
autre endroit où sa grande résistance aux hautes tem- vient toute oxydation des isolants et prolonge ainsi leur
pératures est requise . durée de vie . Cependant, les systèmes de refroi-
9 .5 Isolants liquides dissement à l'hydrogène sont très élaborés et deman-
dent un entretien permanent . Son emploi n'est donc
Dans les transformateurs de grande puissance, l'huile
justifiable que pour les plus grosses machines .
minérale est utilisée comme isolant et comme calo-
porteur et sert également à empêcher l'oxydation des Du point de vue sécurité, les explosions dans l'hydro-
conducteurs des enroulements . Notons qu'en l'absence gène sont impossibles, même en présence d'un arc,
d'huile, le problème de l'oxydation s'avérerait parti- pourvu que la concentration d'oxygène ne dépasse pas
culièrement grave dans les transformateurs à haute ten- 10% .
sion où les décharges électriques par effet couronne
9 .7 Détérioration des isolants organiques
produiraient de l'ozone, oxydant très puissant . En im-
mergeant les enroulements dans l'huile, on empêche Les facteurs qui concourent le plus à la détérioration
la formation d'ozone et on permet l'évacuation de la des isolants organiques sont : la chaleur, l'humidité,
chaleur vers la cuve extérieure ; de plus, l'huile étant les vibrations, l'acidité, l'oxydation et les surtensions
un meilleur isolant que l'air, on réussit par la même (Fig . 9-3) . Sous l'action de ces différents facteurs, l'état
occasion à réduire les dimensions de l'appareil . de l'isolation change avec le temps ; l'isolant se cristal-
lise et cette transformation est d'autant plus rapide que
Cependant, l'huile possède l'inconvénient d'être in- la température est plus élevée .
flammable, sa température d'ignition étant de l'ordre
de 150 °C seulement . Certains isolants liquides syn- En se cristallisant, l'isolant devient dur et cassant et
drétiques contournent ce problème, mais ils sont plus supporte très mal les moindres chocs ou vibrations
chers et, parfois ils sont incompatibles avec d'autres mécaniques sans se désagréger.
isolants qu'ils peuvent attaquer chimiquement . On peut s'attendre à une durée de vie de l'ordre de 8 à
10 ans pour la plupart des isolants organiques naturels
9 .6 Isolants gazeux
si leur température ne dépasse pas 100 °C, pour un
Dans les conditions normales, un des meilleurs iso- usage normal . Par contre, certains polymères synthé-
!ats connus est l'air qui nous entoure . Ses caractéris- tiques peuvent supporter, pendant la même période, des
tdgues thermiques sont supérieures à celles des porce- températures de l'ordre de 200 °C .
)k nes_ il peut aussi agir comme agent de refroidisse-
Les basses températures sont parfois aussi nuisibles
ment et ne coûte absolument rien .
que les hautes car elles risquent de geler et de casser
Cependant, à des températures élevées, l'air devient l'isolant. Certains isolants synthétiques conservent leur
bon conducteur par suite du phénomène d'ionisation . souplesse jusqu'à des températures de - 60 °C .


100 ÉLECTROTECHNIQUE

acide

produits microorganisme
temps chimiques fongueux
température élevée humidité

r
S02

poussière vermine ozone gaz nocifs vibration

Figure 9-3
Facteurs susceptibles de raccourcir la durée de vie d'un isolant .

9 .8 Durée de vie de l'équipement électrique destinés à la distribution de l'électricité dans les bâti-
Mis à part les défauts électriques ou mécaniques, la ments .
durée de vie d'un appareil électrique est limitée par la 9 .10 Résistivité électrique des isolants
température à laquelle est soumis son isolant : plus celle-
Lorsque l'on applique une tension à un isolant, aussi
ci est élevée, plus sa durée sera raccourcie . Des tests
bon soit-il, on provoque la circulation d'un très faible
effectués sur un grand nombre d'isolants ont démontré
courant, dont une partie passe à travers son volume et
que la durée de vie d'un appareil diminue de moitié,
une autre passe en surface . La résistivité surfacique
environ, chaque fois que la température augmente de
varie beaucoup avec l'humidité et la propreté de la sur-
10 °C . C'est dire que si un moteur possède une durée
face ; par contre, la résistivité volumique, habituellement
de vie normale de 8 ans à une température de 105 °C,
exprimée en téraohm-mètre (1 TS2 •m = 10 12 £2-m) est
on peut espérer une durée de vie de 4 ans à 115 °C, de
assez constante . Ces résistivités prennent une impor-
2 ans à 125 °C et d'un an seulement à 135 °C .
tance capitale lorsque les isolants sont soumis à des
9 .9 Classification thermique des isolants tensions très élevées comme dans le cas des bornes de
Selon leur aptitude à supporter des températures plus transformateurs ou des isolateurs de lignes à haute ten-
ou moins élevées, on range les isolants en 8 classes . sion.
Elles correspondent à des températures maximales de 9 .11 Rigidité diélectrique - phénomène de
105 °C, 130 °C, 155 °C, 180 °C, 200 °C, 220 °C, claquage
240 °C, et plus que 240 °C . Autrefois, ces classes étaient
La fonction principale d'un diélectrique est d'empê-
représentées respectivement par les lettres A, B, F, H,
cher le passage du courant lorsqu'on le soumet à une
N . R, Set C .
tension électrique . Cependant, ce diélectrique ne peut
Cette classification (voir tableau 9-2) est utilisée dans supporter des tensions croissant indéfiniment ; à une
la construction des appareils électriques . Comme nous certaine tension, il se produit un phénomène de cla-
le verrons au chapitre 10, on utilise une autre classifi- quage où la substance perd ses propriétés isolantes .
cation pour les isolants recouvrant les fils et les câbles Afin d'expliquer ce phénomène, considérons un iso-


ISOLANTS loi

TABLEAU 9-2 CLASSES D'ISOLANTS

classe définition

105 °C matériaux ou combinaisons de matériaux tels que le coton, la soie et le papier lorsqu'ils sont con-
venablement intégrés ou recouverts, ou lorsqu'ils sont immergés dans un liquide diélectrique tel
que l'huile . D'autres matériaux ou combinaisons de matériaux peuvent être inclus dans cette classe
si l'on démontre par expérience ou par des tests approuvés qu'ils ont la même durée de vie thermi-
que à 105 °C . (Auparavant appelée classe A .)

130 °C matériaux ou combinaisons de matériaux tels que le mica, la fibre de verre, l'amiante etc ., utilisés
avec des substances adhésives convenables . D'autres matériaux ou combinaisons de matériaux
peuvent être inclus dans cette classe si l'on démontre par expérience ou par des tests approuvés
qu'ils ont la même durée de vie thermique à 130 °C . (Auparavant appelée classe B .)

155 °C matériaux ou combinaisons de matériaux tels que le mica, la fibre de verre, l'amiante etc ., utilisés
avec des substances adhésives convenables . D'autres matériaux ou combinaisons de matériaux
peuvent être inclus dans cette classe si l'on démontre par expérience ou par des tests approuvés
qu'ils ont la même durée de vie thermique à 155 °C . (Auparavant appelée classe F.)

180 °C matériaux ou combinaisons de matériaux tels que l'élastomère au silicone, le mica, la fibre de verre,
l'amiante etc ., utilisés avec des substances adhésives convenables, tels que les résines au silicone .
D'autres matériaux ou combinaisons de matériaux peuvent être inclus dans cette classe si l'on
démontre par expérience ou par des tests approuvés qu'ils ont la même durée de vie thermique à
180 °C . (Auparavant appelée classe H .)

200 °C matériaux ou combinaisons de matériaux qui ont démontré par expérience ou par des tests ap-
prouvés qu'ils possèdent la durée de vie thermique requise à 200 °C . (Auparavant appelée classe N .)

220'C matériaux ou combinaisons de matériaux qui ont démontré par expérience ou par des tests approu-
vés qu'ils possèdent la durée de vie thermique requise à 220 °C . (Auparavant appelée classe R .)

240 °C matériaux ou combinaisons de matériaux qui ont démontré par expérience ou par des tests approu-
vés qu'ils possèdent la durée de vie thermique requise à 240 °C . (Auparavant appelée classe S .)

> 240 °C matériaux composés entièrement de mica, porcelaine, verre, quartz et de matériaux inorganiques
semblables . D'autres matériaux ou combinaisons de matériaux peuvent être inclus dans cette classe
si l'on démontre par expérience ou par des tests approuvés qu'ils ont la même durée de vie thermi-
que au-dessus de 240 °C . (Auparavant appelée classe C .)

Pour une explication complète sur les classes d'isolants, les systèmes d'isolants et les indices de température,
consulter les normes : IEEE Standards Publication N° 96, 97, 98, 99 et 101 ; IEEE Standard 117-1974 ; Underwriters
Laboratories publication on insulation systems UL 1446, 1978 .

102 ÉLECTROTECHNIQUE

lant solide placé entre deux plaques métalliques, rac-


cordées à une source de tension variable (Fig . 9-4) .
Lorsque la tension est nulle, les électrons tournant
autour des noyaux de chaque atome d'isolant suivent
une orbite circulaire (Fig . 9-4a) . À mesure que la ten-
sion augmente, ces électrons sont attirés vers la plaque

(c) tension de claquage


isolant solide
Figure 9-4c
Lorsqu'on atteint la tension de claquage, des milliards
d'électrons sont arrachés de leur orbite extérieur et
deviennent des électrons libres .

La tension de claquage requise pour provoquer cette


avalanche d'électrons dépend de la nature de l'iso-
lant et de son épaisseur . Le rapport entre la tension
(a) tension nulle (a) tension nulle
de claquage et l'épaisseur de l'isolant s'appelle ri-
gidité diélectrique . Elle est exprimée généralement
Figure 9-4a en kV/mm ou en MV/m . Le tableau 9-3 donne la ri-
Un isolant placé entre deux plaques métalliques . gidité diélectrique de plusieurs isolants, ainsi que leurs
autres propriétés électriques, thermiques et mécaniques .
Noter que le Mylar® possède une rigidité diélectri-
positive et repoussés par la plaque négative de sorte
que plus de 100 fois supérieure à celle de l'air sec .
que l'orbite décrite tend à s'aplatir et à prendre la forme
Cela permet la fabrication de condensateurs à 400 V
d'une ellipse, (Fig . 9-4b) . Si l'on continue à augmen- dont l'épaisseur du diélectrique n'est que de 0,006
ter la tension, la force d'attraction devient assez grande
mm, soit le dixième de l'épaisseur d'une page de ce
livre .

9 .12 Ionisation d'un gaz


Soient deux plaques conductrices séparées par un gaz
isolant, de l'air par exemple (Fig . 9-5a) . Appliquons
une tension aux bornes de ces plaques . Les quelques

gaz

(b) tension élevée

Figure 9-4b
Les électrons en orbite sont attirés vers la plaque (+) et
repoussés par la plaque (-) . li

pour arracher les électrons de leur orbite autour du


noyau (Fig . 9-4c) . Le même phénomène se produit pour
des centaines de milliards d'atomes, si bien que l'iso- (a)
lant qui était presque dépourvu d'électrons libres se
Figure 9-5a
trouve maintenant rempli d'électrons détachés comme
Un gaz entre deux plaques métalliques sous tension . Les
dans le cas d'un conducteur . Il se produit alors un court- atomes de gaz sont bombardés par les électrons libres à
circuit entre les plaques et l'isolant se détruit. l'intérieur du gaz .

ISOLANTS 103

TABLEAU 9-3 PROPRIÉTÉS DES MATÉRIAUX ISOLANTS

propriétés électriques propriétés thermiques propriétés


mécaniques

ISOLANT rigidité constante température conductivité masse notes


diélectrique diélectrique d'opération thermique volumique

MV/m ou kV/mm £R °C W/(m'°C) kg/m 3

air sec 3 1 2000 0,024 1,29


azote (N 2 ) 3,5 1 - 0,024 1,25 gaz à
hexafluorure de 30 1 - 0,014 6,6 0 °C
soufre (SF 6 ) (à 400 kPa) 101 kPa
hydrogène 2,7 1 - 0,17 0,09
oxygène 3 1 - 0,025 1,43

amiante solide 1 - 1600 0,4 2000


laine d'amiante 1 - 1600 0,1 400
Askarel®, Pyranol® 12 4,5 120 - 1560 liquide synthétique
caoutchouc 12 à 20 4 65 0,14 950
époxy 20 3,3 130 0,3 1600 à2000
huile minérale 10 2,2 110 0,16 860

mica 40 à 240 7 500 à1000 0,36 2800


Mylar® 400 3 150 - 1380 un polyester
nylon 16 4,1 150 0,3 1140 un polyamide
oxyde de 3 4 1400 2,4 - une poudre
magnésium (MgO)
papier imprégné 14 4 à 7 120 0,17 1100

polyamide 40 3,7 100 à 180 0,3 1100


polycarbonate 25 3,0 130 0,2 1200
polyéthylène 40 2,3 90 0,4 930
chlorure de 50 3,7 70 0,18 1390
polyvinyle (PVC)
polyimide 200 3,8 180 à 400 0,3 1100

polyuréthane 35 3,6 90 0,35 1210


porcelaine 4 6 1300 1,0 2400
sicone 10 - 250 0,3 1800 à2800
leflon 20 2 260 0,24 2200
verre 100 5 à 7 600 1,0 2500

104 ÉLECTROTECHNIQUE

électrons libres qui se trouvent toujours à l'intérieur


--c
d'un gaz sont accélérés vers la plaque positive et, dans
leur course, viennent heurter des atomes neutres . Si w
C
l'on augmente la tension à un niveau suffisamment
a
élevé, leur vitesse devient tellement grande qu'ils réus-
sissent à déloger des électrons de ces atomes . Les élec-
trons ainsi libérés sont à leur tour accélérés et heurtent
encore d'autres atomes de sorte que le gaz est traversé
par un flot d'électrons libres . Donc, lorsque le champ
0
(c) courant d'ionisation

électrique (exprimé en MV/m) atteint ce niveau criti- Figure 9-5c


Les ions arrivant à la plaque (+) captent des électrons, pour
que, le gaz devient conducteur . redevenir des atomes de gaz . Il s'ensuit un courant électrique
Les électrons délogés de leur orbite laissent derrière dans le circuit .
eux des atomes portant une charge positive . Ces ato-
mes chargés positivement sont appelés ions . Comme que dans les lampes au mercure et au sodium utilisées
les ions positifs sont libres de se déplacer (le matériau pour l'éclairage des rues .
est un gaz), ils se dirigent lentement vers la plaque né-
9 .13 Conductivité thermique
gative alors que les électrons se déplacent vers la pla-
que positive (Fig . 9-5b) . Les isolants sont tous de mauvais conducteurs de la
chaleur, leur conductivité thermique étant environ 2000
fois inférieure à celle du cuivre . L'air immobile est le
pire conducteur de tous : il conduit la chaleur 16 000
fois moins bien que le cuivre (Fig . 9-6) . C'est pour-
quoi on imprègne les isolants poreux (soie, coton) et
les enroulements avec un vernis pour éliminer les po-
ches d'air qui empêcheraient la chaleur de se propager

0
(b) ions et électrons
vers l'extérieur.
Cette faible conductivité thermique des isolants con-
duit les manufacturiers à réduire le revêtement des con-
ducteurs au strict minimum sans toutefois risquer le
Figure 9-5b
claquage ou compromettre leur dureté mécanique . Par
Un atome qui perd un électron devient un ion positif . Lion se exemple, la rigidité diélectrique d'une feuille de pa-
dirige vers la plaque (-) alors que l'électron est attiré par la pier de seulement 0,02 mm d'épaisseur suffirait à as-
plaque (+) .
surer l'isolation des enroulements d'un moteur fonc-

Dès qu'un ion touche la plaque négative, il capte un


air immobile isolant solide cuivre
des milliards d'électrons libres qui s'y trouvent et de-
vient de nouveau un atome de gaz ordinaire (électri-
quement neutre) . Mais les électrons captés par les ions
sont aussitôt remplacés par ceux qui arrivent à la pla-
que positive.
Le circuit formé par la source, les plaques et la région
gazeuse est donc traversé par un faible courant appelé
courant d'ionisation (Fig . 9-5c) . Si on augmente la ten-
sion encore davantage, ce courant d'ionisation peut
devenir un arc électrique, produisant ainsi un court- (a) (b) (c)
circuit entre les plaques .
Figure 9-6
L'ionisation d'un gaz est toujours accompagnée d'une
Une couche d'air ayant une épaisseur de 1 mm seulement,
luminosité et d'un bruit chuintant. Cette luminosité est offre la même résistance au transport de la chaleur que 8 mm
mise à profit dans les lampes fluorescentes, de même d'un isolant solide ou 16 000 mm de cuivre .

ISOLANTS 105

tionnant sous une tension de 300 volts ; mais la fragi- 9-6 Nommer trois isolants qui peuvent supporter les
lité mécanique de l'isolant impose l'utilisation d'une hautes températures sans détérioration appréciable .
épaisseur presque dix fois plus grande . 9-7 Énumérer les facteurs qui concourent le plus à la
Pour les appareils à haute tension, c'est surtout la ri- détérioration des isolants organiques .
gidité diélectrique qui détermine l'épaisseur de l'iso-
9-8 Un transformateur est isolé selon la classe H .
lant à utiliser. La très grande rigidité diélectrique des
Quelle température maximale peut-il supporter?
polymères spéciaux permet de réduire l'épaisseur de
l'isolant, ce qui favorise le refroidissement de l'appa- 9-9 Nommer 3 gaz isolants et donner un avantage
reil . marqué de chacun .
Niveau intermédiaire
9.14 Résumé
II existe un grande variété d'isolants solides, liquides, 9-10 Expliquer ce qui se produit lorsqu'il y a cla-
et gazeux. En plus des isolants naturels, on trouve sur quage :
le marché de nombreux isolants synthétiques qui ont a) d'un isolant solide
été développés pour différentes applications . b) d'un isolant gazeux
La rigidité diélectrique d'un isolant (en MV/m ou en 9-11 Un moteur électrique sous charge aune durée
kV/mm) mesure sa capacité à supporter les tensions de vie normale de 8 ans lorsque la température am-
élevées sans risquer sa destruction par claquage . Le biante est de 30 °C . S'il est transporté à un endroit où
tableau 9-3 résume les propriétés électriques, thermi- la température ambiante est de 60 °C, quelle sera sa
ques et mécaniques des principaux isolants . La cha- durée de vie probable?
leur est la principale cause de dégradation des isolants 9-12 Un électro-aimant isolé selon la classe 105 °C
solides . C'est pourquoi ces isolants sont répartis en a une durée de vie normale de 2 ans . Quelle sera sa
différentes classes selon leur aptitude à supporter les nouvelle durée de vie si on le rebobine en utilisant un
températures plus ou moins élevées tout en garantis- isolant classe 155 °C ? (On suppose que la durée de
sant une certaine durée de vie . vie dépend surtout de la température de la machine .)
Les isolants sont généralement de mauvais conducteurs 9-13 Une page de ce livre aune épaisseur de 80 µm .
de la chaleur. Cependant, certains isolants liquides et Si sa rigidité diélectrique est de 7 MV/m, quelle ten-
gazeux sont aussi utilisés comme caloporteurs pour le sion peut-on appliquer entre les deux côtés d'une page
refroidissement des appareils de grande puissance (hui- avant qu'il y ait risque de claquage?
les dans les transformateurs, SF 6 dans les disjoncteurs,
hydrogène dans les machines tournantes) . 9-14 En se servant du tableau 9-3, déterminer la ten-
sion de claquage approximative des objets suivants :
a) vitre d'une épaisseur de 3 mm
PROBLÈMES - CHAPITRE 9 b) deux sphères dans l'air, séparées par une distance
de 25 mm
Niveau pratique c) isolant en polyimide d'une épaisseur de 0,025 mm
qui recouvre un fil de cuivre utilisé pour le bobi-
9-1 Qu'est-ce qui détermine si un corps est un con-
nage d'un relais
ducteur ou un isolant?
9-15 On se propose d'isoler deux conducteurs avec
9-2 Quels sont les deux métaux généralement utili-
du papier imprégné . Quelle épaisseur minimale doit-
sés pour le transport de l'énergie électrique?
on utiliser si la tension entre les conducteurs est de
9-3 Les métaux bons conducteurs ont-ils une haute 200 kV?
ou une basse résistivité?
9-16 Pourquoi doit-on imprégner les enroulements
9-4 Nommer deux corps métalliques employés dans avec un isolant? Donner deux raisons .
ks éléments chauffants .
9-17 Pourquoi cherche-t-on à donner une épaisseur
9-5 Pourquoi isole-t-on certains conducteurs? minimale à l'isolant qui recouvre les conducteurs?

io
Conducteurs et résistances

Dans ce chapitre, nous étudierons les propriétés des 10 .2 Conducteurs résistifs


conducteurs de même que leurs applications . La plu- Parmi les matériaux résistifs, les plus importants sont
part des conducteurs sont des solides, mais on a vu que les alliages de nickel et de chrome comme le Ni-
dans des conditions spéciales, même un gaz comme chrome
chrome`Ret le Chromel® . On les rencontre dans les
l'air peut devenir conducteur . Certains liquides, comme éléments chauffants de toutes sortes et dans les rhéo-
l'eau salée, peuvent également conduire un courant stats et résistances .
électrique, de sorte qu'on peut les classer parmi les
Le tungstène est surtout utilisé pour la fabrication des
conducteurs .
filaments à incandescence à cause de sa haute tempéra-
10 .1 Bons conducteurs ture de fusion, ce qui permet une chaleur suffisamment
De tous les solides, l'argent est le meilleur conducteur intense pour émettre une lumière blanche .
d'électricité mais, en raison de son coût prohibitif, son Il existe au moins une trentaine d'autres alliages à base
usage est restreint aux contacts destinés à l'ouverture de nickel, de fer, de cobalt et de cuivre portant des noms
et à la fermeture des circuits électriques . Paradoxale- comme Nilvar® , Advance ® , Karma ® , Chromax ® ,
ment, il sert aussi comme élément résistif dans cer- Copel ® , Ohmaloy ® , etc., dont les propriétés particu-
tains fusibles . lières telles que la résistance à la corrosion ou la rigi-
Dans les applications générales, le matériau le plus dité mécanique les rendent utiles pour les applications
employé est le cuivre . On utilise des conducteurs d'alu- spéciales .
minium (seuls ou avec des fils d'acier) pour les lignes
10 .3 Formes des conducteurs
de transport d'énergie, car, pour une même longueur
Suivant leurs applications, les conducteurs prennent une
et un même poids, la résistance électrique de l'alumi-
grande variété de formes : on les rencontre sous forme
nium est sensiblement la moitié de celle du cuivre . Ce-
de fils de section ronde, carrée ou plate, sous forme de
pendant, pour une résistance donnée, son volume est
câbles toronnés et sous forme de barres (barres omni-
1,7 fois plus grand que celui du cuivre, ce qui le rend
bus) .
moins intéressant comme conducteur dans les machi-
nes électriques . Les conducteurs se présentent généralement sous forme
de fils de section ronde (Fig . 10-l a), obtenus directe-
Le bronze phosphoreux se coule très facilement et il
ment par tréfilage .
est très employé pour les pièces moulées .
106

CONDUCTEURS ET RÉSISTANCES 107

Les fils bons conducteurs de sections carrée et rec-


tangulaire (Fig . 10-1b, c) sont employés pour les en-
roulements à grande section des transformateurs et des
machines rotatives . L'emploi de tels conducteurs dans
les moteurs et génératrices permet une meilleure utili-
sation du volume des encoches .
Figure 10-2
Un cercle ayant un diamètre de 0,001 pouce possède une
surface de 1 cmil .

exprimée en circular mils, est égale au carré de son


diamètre en mils .
(a) (b) (c) (d) (e) (f)
Le kilocircular mil (kcmil) est une unité de surface égale
à 1000 cmil . Noter que l'unité kcmil remplace
Figure 10-1
aujourd'hui l'ancienne unité MCM . Exprimés en uni-
Diverses formes de conducteurs .
tés métriques :
1 cmil = (0,0254 mm)2 x 7t/4 = 0,000 506 7 mm 2
Les conducteurs constitués par un grand nombre de
petits fils (appelés torons) torsadés ensemble sont très 1 kcmil = 1000 cmil = 0,506 7 mm 2
souples (Fig . 10-1 d) . La pose des câbles de grande sec- Exemple 10-1
tion est ainsi facilitée . Dans le cas de certains conduc-
Trouver la section droite d'un fil rond ayant un dia-
teurs d'aluminium, un ou plusieurs fils centraux sont
mètre de 0,102 pouce .
en acier afin d'assurer une plus grande résistance mé-
canique du câble . Ces câbles portent le nom ACSR Solution
i KAluminum Cable Steel Reinforced») . Le diamètre vaut 102 millièmes de pouce ou 102 mils,
Pour les fortes intensités de courant rencontrées dans donc la section A vaut:
les centrales et les postes de transformation, on uti- A = 102 mils x 102 mils
lise des conducteurs nus de formes particulières qui
= 10 404 circular mils = 10,4 kcmil
assurent une meilleure dissipation de la chaleur ou
= 10,4 X 0,5067 = 5,27 mm 2
qui possèdent une plus grande rigidité mécanique
iFig . 10-le, f) . 10.6 Les conducteurs ronds, jauge AWG
Enfin, on utilise des conducteurs résistifs de sections Les diamètres des conducteurs ronds sont standardi-
ronde, carrée et plate dans la fabrication des chauffe- sés . Au Canada et aux États-Unis on indique le diamè-
rettes . des démarreurs de moteurs et des rhéostats . tre des conducteurs ronds par un numéro de la jauge
«Standard American Wire Gauge», dont l'abréviation
10.4 Mils
est AWG . Le système est aussi connue sous le nom
On utilise souvent le diamètre pour déterminer le cali- «Brown & Sharpe Gauge» (B & S) .
bre d'un conducteur. La valeur du diamètre est parfois
imprimée en mils . Le mil est une unité de longueur Le système AWG a été conçu en fixant des diamètres
anglaise égale à un millième de pouce . Il équivaut à de 460 mils et 5 mils respectivement pour les fils #0000
Œ0254 mm ou 25,4 pin . et #36 . Comme il y a 39 intervalles entre #0000 et
#36 le rapport entre deux diamètres successifs est de
10.5 Circular mil, conducteurs ronds (460/5)i°39 = 1,1229 . Le rapport entre deux sections
La valeur de la section droite des conducteurs ronds successives est donc 1,1229 2 = 1,261 .
est souvent exprimée en circular mils . Selon ce système, le diamètre du fil diminue à me-
Le circular mil (cmil) est une unité de surface : c'est la sure que le numéro de jauge augmente . Ainsi, le fil
surface d'un cercle ayant un diamètre de 1 mil (Fig . portant le #6 de la jauge est plus petit que le #4 . Le
10-2) . La section droite d'un conducteur circulaire, tableau 10-1 donne les propriétés des fils ronds cor-
1 08 ÉLECTROTECHNIQUE

TABLEAU 10-1 PROPRIÉTÉS DES CONDUCTEURS RONDS EN CUIVRE

Numéro Diamètre mQ/m


Section g/m
dAjauge
e ou
du fil nu 52/km
kg/km
B&S mm mil mm 2 cmil 25°C 105°C

250 MCM 12,7 500 126,6 250 000 0,138 0,181 1126
4/0 11,7 460 107,4 212 000 0,164 0,214 953
2/0 9,27 365 67,4 133 000 0,261 0,341 600
1/0 8,26 325 53,5 105 600 0,328 0,429 475
1 7,35 289 42,4 87 700 0,415 0,542 377
2 6,54 258 33,6 66 400 0,522 0,683 300
3 5,83 229 26,6 52 600 0,659 0,862 237
4 5,18 204 21,1 41 600 0,833 1,09 187
5 4,62 182 16,8 33120 1,05 1,37 149
6 4,11 162 13,30 26 240 1,32 1,73 118
7 3,66 144 10,5 20 740 1,67 2,19 93,4
8 3,25 128 8,30 16 380 2,12 2,90 73,8
9 2,89 114 6,59 13 000 2,67 3,48 58,6
10 2,59 102 5,27 10 400 3,35 4,36 46,9
11 2,30 90,7 4,17 8 230 4,23 5,54 37,1
12 2,05 80,8 3,31 6 530 5,31 6,95 29,5
13 1,83 72,0 2,63 5 180 6,69 8,76 25,4
14 1,63 64,1 2,08 4110 8,43 11,0 18,5
15 1,45 57,1 1,65 3260 10,6 13,9 14,7
16 1,29 50,8 1,31 2 580 13,4 17,6 11,6
17 1,15 45,3 1,04 2060 16,9 22,1 9,24
18 1,02 40,3 0,821 1 620 21,4 27,9 7,31
19 0,91 35,9 0,654 1 290 26,9 35,1 5,80
20 0,81 32,0 0,517 1 020 33,8 44,3 4,61
21 0,72 28,5 0,411 812 42,6 55,8 3,66
22 0,64 25,3 0,324 640 54,1 70,9 2,89
23 0,57 22,6 0,259 511 67,9 88,9 2,31
24 0,51 20,1 0,205 404 86,0 112 1,81
25 0,45 17,9 0,162 320 108 142 1,44
26 0,40 15,9 0,128 253 137 179 1,14
27 0,36 14,2 0,102 202 172 225 0,908
28 0,32 12,6 0,080 159 218 286 0,716
29 0,29 11,3 0,065 128 272 354 0,576
30 0,25 10,0 0,0507 100 348 456 0,451
31 0,23 8,9 0,0401 79,2 440 574 0,357
32 0,20 8,0 0,0324 64,0 541 709 0,289
33 0,18 7,1 0,0255 50,4 689 902 0,228
34 0,16 6,3 0,0201 39,7 873 1140 0,179
35 0,14 5,6 0,0159 31,4 1110 1450 0,141
36 0,13 5,0 0,0127 25,0 1390 1810 0,113
37 0,11 4,5 0,0103 20,3 1710 2230 0,091
38 0,10 4,0 0,0081 16,0 2170 2840 0,072
39 0,09 3,5 0,0062 12,3 2820 3690 0,055
40 0,08 3,1 0,0049 9,6 3610 4720 0,043



CONDUCTEURS ET RÉSISTANCES 109

respondant à chaque numéro de la jauge . Il est utile de d'un diamètre de 38,54 mils (1486 cmils), a donc ri-
retenir les deux règles suivantes qui s'appliquent au goureusement la même résistance qu'un fil #10 plein
système AWG : qui a une section de 10 400 cmils .
1 . Un conducteur qui a deux fois la section d'un autre Pour les conducteurs qui ont une section plus grande
porte un numéro qui est plus petit de 3 unités . Exem- que celle correspondant au 0000 (habituellement dési-
ple : la section du fil #5 est le double de celle du fil #8 . gnée 4/0), on indique généralement la section en mil-
2 . Un conducteur qui a 10 fois la section d'un autre liers de circular mils (kcmil) . Ainsi, un conducteur de
porte un numéro qui est plus petit de 10 unités . Exem- 250 kcmil ne correspond à aucun numéro de jauge .
ple : le fil #4 a la même section que 10 fils #14 .
10 .8 Fils de section carrée
La Fig . 10-3 indique comment on mesure le calibre L'usage veut que les fils de section carrée portent des
d'un conducteur au moyen d'une jauge . Tout isolant, y numéros correspondant à ceux des fils ronds . Si le côté
compris le vernis, doit être enlevé ; le fil nu doit être du fil carré est égal au diamètre du fil rond, les deux
inséré dans l'encoche et non dans l'ouverture circulaire porteront le même numéro (Fig . 10-4) . Par conséquent,
de la jauge . la section d'un fil carré est environ 25 % plus grande
que celle d'un fil rond portant le même numéro .

2~2 ~2112£Z z2 tiZOZgTg z-z

tiV l~
ti~ l 2,59
ô .<A mm

O)
Figure 10-4
CO
Dimensions d'un conducteur carré #10 et d'un conducteur
rond #10 .
Co
3 4 5 10.9 Résistance d'un conducteur
` 13

34
35
À une température donnée, la résistance d'un conduc-
teur dépend :
1 . de sa longueur
conducteur #4 2. de sa section
3 . de la nature de la substance qui le constitue
Figure 10-3 Nous avons vu que le passage du courant dans un con-
Mesure de la grosseur d'un conducteur avec une jauge AWG .
ducteur est analogue à l'écoulement de l'eau dans un
Un conducteur nu #4 peut se glisser dans l'ouverture 4 de la
jauge . La jauge et ses ouvertures (numérotées de 0 à 36) tuyau . On remarque par expérience que plus le tuyau
sont montrées grandeur nature . est long, plus sa résistance au passage de l'eau est
grande . De même en électricité, plus le conducteur est
10.7 Câbles toronnés long, plus sa résistance au passage du courant est
grande .
La section droite d'un câble toronné est également ex-
primée en millimètres carrés ou en circular mils : elle Si l'on remplace le tuyau par un autre ayant une plus
eu égale à la somme des sections de chacun des torons grande section, le passage de l'eau se fait plus libre-
et ne comprend pas la surface des interstices . Un fil ment, sa résistance est réduite . Il en est ainsi pour un
#10 toronné, habituellement formé de 7 conducteurs conducteur électrique : plus sa section est grande, plus


110 ÉLECTROTECHNIQUE

son opposition (résistance) au passage du courant est nanohm-mètre (n52 •m) valant 10-9 S2 •m pour décrire la
faible . résistivité des conducteurs .
Le passage du courant électrique dans un conducteur On trouvera au tableau 10-2, la valeur de la résistivité
se fait d'autant plus facilement que le nombre d'élec- de quelques-uns des métaux usuels . Le tableau 10-5
trons libres est grand. Or, ce nombre d'électrons libres en fin de chapitre fournit une liste plus complète .
varie considérablement d'une substance à l'autre . Donc,
Exemple 10-2
la résistance au passage du courant dépend de la na-
ture de la substance dont est constitué le conducteur ; Calculer la résistance d'un conducteur de cuivre
plus le nombre d'électrons libres est grand, plus la ré- ayant une longueur de 2 km et une section de 67 mm 2
sistance est basse. (Fig . 10-5) . La résistivité du cuivre vaut 18 n52-m
.

La formule qui donne la relation entre la résistance d'un


conducteur et les trois facteurs énumérés plus haut est
la suivante :

R=p l
- (10-1)
A


R = résistance du conducteur, en ohms [52]
p = résistivité de la substance, en ohm-mètres
[Q'm]
l = longueur du conducteur, en mètres [m]
A = section du conducteur, en mètres carrés
[m2]
Ce facteur p* qu'on appelle résistivité est précisément
ce qui caractérise l'opposition plus ou moins grande Figure 10-5
qu'offre un conducteur au passage du courant . Il varie Ligne de transport de 2 km .
suivant la nature de la substance dont est consituté le
conducteur. Elle varie aussi avec la température . Tout
comme la masse volumique, la résistivité est une pro- Solution
priété caractéristique d'une substance. En exprimant toutes les unités en mètres et en mètres
carrés on obtient:
Bien que l'unité SI de résistivité soit l'ohm-mètre
(Sà •m), nous utilisons plutôt un sous-multiple, soit le l
R = p
A
TABLEAU 10-2 RÉSISTIVITÉ DES CONDUCTEURS
9 x 2000
conducteur résistivité coefficient de = 18 x 10 = 0,53752
6
à 0 °C température 67 x 10
à0°C
Exemple 10-3
nQ2 •m 1/°C
Calculer la résistance d'un Fil #20 B & S en nichrome
argent 15,0 0,00411 ayant une longueur de 25 mètres, à une température
cuivre 15,9 0,00427 de 0"c .
aluminium 26,0 0,00439
tungstène 49,6 0,0055 Solution
manganine 482 0,000 015
D'après le tableau 10-1, la section d'un conducteur rond
nichrome 1080 0,00011
#20 vaut 0,517 mm2 . La résistivité du nichrome à 0 °C
étant de 1080 nQ •m (tableau 10-2), la résistance R du
` p est une lettre grecque qui se prononce «ro» . conducteur est donnée par :

CONDUCTEURS ET RÉSISTANCES 111

l Solution
R = p
A La résistance du conducteur à - 30 °C est donnée par :
25
= 1080 x 10 9 x R t = R o (1 + ut)
0,517 x 10 6 R_ 3o ac = 100 (1 + (0,00427 x - 30))
= 52,2 S2 = 100 (1 - 0,128)
10 .10 Variation de la résistance avec la 100 (0,872) = 87 mQ2
température
Lorsque la température d'un conducteur augmente, À 35 °C, la résistance deviendra :
l'agitation de ses atomes s'accentue . L'opposition au
déplacement des électrons (courant) augmente parce R,S c = 100 (1 + (0,00427 x 35))
o

que les collisions entre les électrons et les atomes se = 100 (1 + 0,149)
multiplient . C'est ce qui explique l'augmentation de la = 115 mQ
résistivité des métaux conducteurs avec la température .
La résistance de la ligne augmentera de 87 mS2 à
Cette variation obéit à la formule suivante :
115 mQ2, soit une variation d'environ 30 % de 87 mb2 .

P = p (1 + at)
r o (10-2a) Pour le même courant, les pertes dans la ligne élec-
trique peuvent donc être plus élevées de 30 % pendant
ou les chaleurs d'été que pendant les froids d'hiver .
p r = résistivité à une température t, en ohm- L'augmentation de la résistance est encore plus remar-
mètres [S2•m] quable pour le filament d'une lampe à incandescence
p o = résistivité à 0 °C, en ohm-mètres [S2 •m] dont la température de fonctionnement est très élevée .
a = coefficient de température, en 1/°C* En marche normale, le filament de tungstène possède
t = température, en °C une résistance d'environ 12 fois plus élevée à chaud
qu'à froid .
Pour le cuivre, a = 0,004 27 . On trouvera au tableau
10-2, la valeur de ce coefficient pour quelques-uns des Exemple 10-5
métaux usuels . Une lampe à incandescence de 60 watts possède une
Puisque la résistivité varie avec la température, il s'en- résistance de 17,6 S2 à 20 ''C (Fig . 10-6) . Si elle tire
suit que la résistance de tout dispositif électrique (bo- un courant de 0,5A sous une tension de 120 V, quelle
bine, fil, câble, élément chauffant, etc.) varie en pro- est la température du filament? Pour le tungstène :
portion . On peut donc exprimer la variation de la résis- et = 0 .0055 par °C .
tance par la formule :

R = R
r ° (1 + at) (10-2b)


R i - résistance à une température t, en ohms
R o = résistance à 0 °C, en ohms
a = coefficient de température, en 1/°C*
t = température, en °C

Exemple 10-4
Trouver la variation de la résistance d'une ligne
de transport dénergie entre des températures de
-30 `C et + 35 C, si la résistance des conducteurs Figure 10-6
de cuivre est de 100 mt2 ( milliohms ) à 0 ° C . La résistance d'une lampe à incandescence dépend de sa
température .
* a est une lettre grecque qui se prononce «alpha» .



112 ÉLECTROTECHNIQUE

Solution 10 .12 Traction et allongement


Il faut d'abord calculer la résistance du filament Si l'on augmente la force de traction F exercée sur un
à 0 °C . fil métallique, tout en observant son allongement d (Fig .
10-7), on obtient une série de valeurs que l'on peut
porter sur un graphique (Fig . 10-8) .
Rr =R0 (1 + at)
17,6 = Ro (1 + 0,0055 x 20)
17,6 = Ra (1,11)

d'où R o = 15,85 S2

Résistance à chaud = E/I = 120 V/0,5 A = 240 £2 .


En utilisant à nouveau la formule (10-2b) et en appe-
i F
lant t la température cherchée, on obtient :

240 = 15,85 (1 + 0,0055 t) Figure 10-7


Allongement dd'un conducteur .

d'où t = 2571 °C
Sur cette courbe, nous avons indiqué trois points im-
La résistance de certains alliages comme le constantan portants a, b et c, correspondant respectivement aux
et le manganine ne varie presque pas avec la tempéra- forces de traction F1 , F2 et F3-
ture ; c'est pourquoi on les utilise dans la fabrication À mesure que la force de traction croît de 0 à FI,, le fil
des résistances étalons et des shunts d'ampèremètres . s'allonge d'une distance dl . Dans la partie droite Oa
D'autres alliages à base de nickel et de chrome, comme de la courbe, l'allongement d est proportionnel à la
le nichrome et le chromel, possèdent une haute résisti- traction exercée et le fil se comporte comme un res-
vité et un bas coefficient de température ce qui permet sort . Il reprend sa forme originale dès que la traction
la construction d'éléments résistifs économiques dont cesse .
la résistance varie peu avec la température . Ainsi, la
résistance du nichrome V n'augmente que de 7 % lors-
que sa température passe de 20 °C à 1000 °C .

PROPRIÉTÉS MÉCANIQUES DES


CONDUCTEURS

10 .11 Résistance à la traction


Jusqu'ici, nous nous sommes intéressés aux propriétés
électriques et thermiques des conducteurs, mais dans
certains cas on doit considérer également leurs pro-
priétés mécaniques . Par exemple, la résistance des con- Figure 10-8
Allongement d'un fil en fonction de la force de traction .
ducteurs à la traction joue un rôle important lors de la
pose des lignes aériennes et du bobinage des en-
roulements . D'abord, il ne faut pas que la tension su- Pour des tractions F supérieures à FI, mais inférieures
bie par le conducteur dépasse la tension de rupture . On à F2, le fil perd un peu de son élasticité et il ne revient
ne doit pas non plus provoquer un allongement tel que pas à sa longueur originale lorsque la traction cesse .
le conducteur ne puisse plus reprendre sa longueur et Cependant, l'étirement permanent n'est pas sérieux ni
sa forme originales . Ces deux considérations de- dommageable . La force F2 au point b correspond à la
mandent une connaissance des forces qui peuvent chan- limite élastique ; on évite, en général, de dépasser cette
ger sa longueur de façon permanente . force plus ou moins bien définie .

CONDUCTEURS ET RÉSISTANCES 113

Si l'on continue à augmenter la traction, le fil s'étire


Exemple 10-6
rapidement jusqu'au point c situé au sommet de la
Quelle force de traction peut-on appliquer à un fil
courbe ; la tension F3 correspondante est la tension de
rupture et elle est sensiblement supérieure à la force de cuivre #12 recuit sans provoquer un allongement
F, . Au-delà du point C, une force même inférieure à a ppréciable . e t quelle force de traction provoque la
rupture'' Si le fil a une longueur initiale de 100 mè-
F3 réussit à étirer le conducteur jusqu'à sa rupture com-
tres, quelle sera sa longueur au moment de la rup-
plète .
turc? La section du fil #I2 = 3 .31 mm' .
Tous les conducteurs possèdent de telles courbes de
traction mais les forces F1, F2 et F3 varient beaucoup Solution
suivant le métal . La forme de la courbe dépend aussi La limite élastique étant de 35 MPa, la tension per-
de la température, les forces devenant plus petites et mise est :
hallongement plus grand quand la chaleur augmente .
Enfin, la valeur des forces varie beaucoup suivant que
F2 = (limite élastique) x (section)
le conducteur a été formé à froid, à chaud ou qu'il a été
X
recuit . _ (35 10 6 Pa) x (3,31 x 10-6 m2 )
Soit A la section de l'échantillon initial . On appelle 116 newtons = 116 N
limite élastique («yield strength»), le rapport F1/A ex-
La tension de rupture sera :
primé en mégapascals (MPa) et contrainte de rupture
t«tensile strength») le rapport F3/A exprimé en MPa .
Les catalogues donnant la résistance des matériaux F3 = (contrainte de rupture) x (section)
fournissent en général ces deux valeurs, ainsi que l'al- _ (220 x 10 6 Pa) x (3,31 x 10-6 m 2 )
longement à la rupture en pour cent (voir les tableaux = 728 newtons = 728 N
10-3 et 10-5) .
Enfin, l'allongement à la rupture étant de 60 %, le fil
En observant les valeurs fournies pour le cuivre recuit,
s'étirera de : 100 m x 60 % = 60 m . Il atteindra donc
on constate que la limite élastique est de 35 MPa, que
une longueur approximative de 160 m lors de la rup-
la contrainte de rupture est de 220 MPa et que le fil
ture .
s allonge de 60 % avant que ce point de rupture soit
atteint . Le tableau 10-3 illustre aussi la grande diffé- La Fig . 10-9 montre deux types de câbles en alumi-
ince entre le cuivre recuit et le cuivre durci . Le pre- nium utilisés dans les lignes aériennes . Le premier est
mier est utilisé pour les bobines, tandis que le second composé entièrement de torons en aluminium, alors
trouve son application dans les lignes aériennes . que le deuxième comprend une âme en acier. La ten-
sion de traction permise est beaucoup plus grande pour
le deuxième câble .
TABLEAU 10-3 RÉSISTANCE À LÉTIREMENT

métal limite contrainte allongement


élastique de rupture à la rupture

MPa MPa

allurninium pur 21 62 50
Figure 10-9
aluminium durci 140 160 2 a . Câble nu en aluminium, 500 kcmil, composé de 37 torons,
ayant chacun un diamètre de 2,951 mm . Le diamètre du câble
aévre recuit 35 220 60 est de 20,6 mm . La charge de rupture est de 40 kN ; courant
admissible : 640 A .
amure durci 410 470 14 b. Câble nu du type ACSR, 500 kcmil, composé de 37 torons
dont 30 sont en aluminium et 7 en acier, ayant tous un
1170 1300 15 diamètre de 3,279 mm . La charge de rupture est de 130 kN ;
courant admissible : 690 A .

114 ÉLECTROTECHNIQUE

Dans le cas des lignes de transport, on comprend faci- Le conducteur peut lui-même se désagréger par oxy-
lement pourquoi on doit renforcer un câble d'alumi- dation excessive .
nium avec une âme en acier . En effet, l'aluminium ne Pour les conducteurs isolés, la chaleur produite doit
possède pas la résistance à la traction requise pour les être transmise par les couches isolantes et ensuite dis-
câbles de longue portée . persée par radiation et par convection . Plus l'intensité
du courant dans le fil est grande, plus grande est l'élé-
ISOLEMENT DES CONDUCTEURS vation de température de l'isolant . Pour assurer une
durée de vie convenable à l'isolant, il est donc néces-
10.13 Types d'isolants saire de limiter le courant que peut porter un fil isolé .
La plupart des conducteurs sont recouverts d'un iso- On arrive ainsi à une conclusion importante qui s'ap-
lant afin d'empêcher le courant de passer d'un conduc- plique presque toujours : le courant maximal admissi-
teur à un autre ou pour éviter les mises à la terre . ble dans un fil isolé est fixé par la température maxi-
male admissible de son isolant .
L'isolement des conducteurs utilisés dans les machines
électriques est souvent assuré par du coton, de la soie 10 .15 Code régissant les installations
ou du papier imprégnés de vernis spéciaux . Aujourd'hui électriques
on utilise de plus en plus des isolants synthétiques pour La durée de vie des conducteurs servant à la distribu-
les machines de moyenne et de grosse capacités . tion de l'électricité dans les usines, les édifices et les
Les conducteurs utilisés dans les maisons, les usines maisons est particulièrement importante, car on ne peut
et les immeubles pour la distribution de l'électricité pas se permettre de changer les fils dans les murs tous
sont isolés par des isolants souples : caoutchouc, pa- les dix ans . Pour cette raison, le Code canadien de
pier, coton, cambric et produits thermoplastiques . Ces l'électricité exige des températures maximales par-
conducteurs doivent fonctionner à des températures peu ticulièrement basses pour les conducteurs employés
élevées afin de leur assurer une durée de vie très lon- dans les installations électriques . Selon le type d'iso-
gue . lant, les normes permettent des températures maxima-
les de 60 °C, 75 °C et 90 °C . Elles sont beaucoup plus
L'isolant à polyéthylène réticulé chimiquement, sou-
basses que les températures maximales admises dans
vent connu sous le nom XLPE (cross-linked
les appareils électriques (moteurs, transformateurs, etc .)
polyethylene), dont la rigidité diélectrique est
utilisant le même genre d'isolant . Aux endroits parti-
aujourd'hui entre 13 et 15 kV/mm, permet la construc-
culièrement chauds, on doit faire courir du fil isolé en
tion de câbles allant jusqu'à 400 kV. La température
amiante ; on peut alors se permettre des températures
maximale de 250 °C constitue un autre avantage pour
maximales aussi élevées que 200 °C .
résister aux chocs thermiques provoqués par des court-
circuits . Un conducteur doit dégager sa chaleur dans l'air envi-
ronnant et, afin d'établir le courant admissible, le Code
Les fils exposés aux hautes températures des fours élec-
canadien de l'électricité définit une température am-
triques doivent être recouverts d'un isolant d'origine
biante standard de 30 °C .
minérale . Le verre, l'amiante, la porcelaine et le mica
supportent très bien, sans détérioration appréciable, des Sachant que la température ambiante est fixée à 30 °C
températures très élevées . Cependant, leur application et que la température d'un conducteur quelconque ne
est limitée du fait de leur coût élevé et parce qu'ils doit pas dépasser une certaine valeur limite (disons
sont difficiles à manipuler. 75 °C), le Code spécifie le courant maximal que ce con-
ducteur peut supporter .
10 .14 Capacité thermique des conducteurs
Par exemple, le Code stipule qu'un fil #6 à l'air libre,
Étant donné que même les meilleurs conducteurs ont recouvert d'un isolant thermoplastique (type TW), dont
une certaine résistance, ils s'échauffent par effet Joule la température nominale est de 60 °C peut supporter
lorsqu'ils sont parcourus par un courant . un courant nominal de 80 A (Fig . 10-1 Oa) . Par ailleurs,
Dans le cas des conducteurs nus, si la température at- le Code stipule que le même conducteur isolé au sili-
teinte est trop élevée, il peut y avoir risque de fusion cone/caoutchouc (type SRK) peut supporter un cou-
ou de détérioration des parties voisines du conducteur . rant de 125 A (Fig. 10-10b) . Bien que sa température


CONDUCTEURS ET RÉSISTANCES 115

nominale soit alors de 200 °C, sa durée de vie sera la faible que si le conducteur était seul, afin de ne pas
même que celle du conducteur TW qui aura supporté dépasser la température permise pour l'isolant. Par
exemple, le Code spécifie que trois conducteurs #4,
type TW60, placés dans un conduit ne doivent porter
que 70 A chacun, alors qu'il permet un courant de 105 A
pour un conducteur seul .
10 .16 Comparaison de divers conducteurs
Les câbles montrés dans les Fig . 10-11 à 10-18 don-
nent une idée de la construction adoptée selon les ten-
sions qu'ils peuvent supporter et l'usage qu'on en fait .
(a) (b)
Figure 10-10 Les vues en coupe sont dessinées grandeur nature afin
Comparaison de la capacité ampérique de deux conducteurs que le lecteur puisse mieux apprécier les dimensions
de même section . physiques de ces câbles . Un examen détaillé de ces
figures révèle l'information suivante :
seulement 60 °C .
1 . Une augmentation de la tension de 5 kV à 30 kV
Le tableau 10-4, tiré du Code canadien de l'électricité, exige une plus grande quantité d'isolation, donc un
donne un aperçu des courants admissibles pour les di- câble plus gros . Par ailleurs, la capacité ampérique n'est
vers types de monoconducteurs, lorsqu'ils sont sus-
pas affectée de façon appréciable (comparer les Fig .
pendus seuls, à l'air libre, à une température ambiante 10-12a et 10-12b) .
de 30 °C .
2 . Un câble à 30 kV possédant un conducteur en alu-
Lorsque plusieurs conducteurs isolés sont placés dans
minium a une capacité de 343 A alors qu'un câble sem-
un même tuyau métallique (conduit), la chaleur déga-
blable en cuivre peut supporter 440 A (comparer les
gée par chacun contribue à l'échauffement de l'isolant
Fig . 10-12b et 10-12e) .
des conducteurs voisins . Le courant doit donc être plus

TABLEAU 10-4 COURANTS ADMISSIBLES


DES MONOCONDUCTEURS
EN CUIVRE À LAIR LIBRE
numéro classe classe classe classe
de jauge 60 °C 75 °C 90 °C 200 °C
AWG type TW type RW75 type R90 fil nu
TW75 RW90
12 25 25 25 55
10 40 40 40 75
8 55 65 70 100
6 80 95 100 135
4 105 125 135 180
2 140 170 180 240
1 /0 195 230 245 325
3/0 260 310 330 430
250 kcmil 340 405 425
(tiré du Code canadien de l'électricité 1996)
Figure 10-11
1W: conducteur isolé au thermoplastique et a . conducteurs isolé à l'amiante
destiné à un endroit humide b . conducteurs isolés et recouverts d'une gaine métallique
ltM : conducteur isolé au caoutchouc c . conducteurs sous plomb (gracieuseté Canada Wire and
Cable Co .) .

116 ÉLECTROTECHNIQUE

3 . Un câble à 30 kV formé de 3 conducteurs en cuivre que celui à 30 kV, 343 A, car il est protégé par une
a une capacité de 359 A par conducteur au lieu de 440 A lourde gaine d'acier, et parce qu'il transporte une plus
pour un câble ayant un seul conducteur (comparer les grande puissance (comparer les Fig . 10-12c et 10-15) .
Fig . 10-12b et 10-13) .
10 .17 Échauffement rapide des
4 . Pour une même tension de 600 V, une isolation R90 conducteurs - facteur 12t
au polyéthylène réticulé (XLPE) est plus mince qu'une
Il arrive parfois qu'un courant beaucoup plus grand
isolation RW60 . De plus, la capacité ampérique est plus
que le courant normal circule dans un conducteur du-
élevée (Fig . 10-14) .
rant une courte période . Les pertes Joule sont alors très
5 . Le câble sous-marin à 80 kV, 630 A est plus gros

(a) 5 kV 444 A cuivre (b) 30 kV 440 A cuivre (c) 30 kV 343 A aluminium

Figure 10-12
Capacité ampérique à l'air libre de trois conducteurs ayant une section de 250 kcmil (grandeur nature) .

Figure 10-13
Câble triphasé formé de trois conducteurs de section 250 kcmil (grandeur nature) .
CONDUCTEURS ET RÉSISTANCES 117

R 90
•01 M
XLPE
0 00040 .
600 V 425 A î

cuivre

Figure 10-14
Deux conducteurs isolés à 600 V (grandeur nature) .

80 kV 630 A

conduit d'huile
conducteur en cuivre 600 kcmil
écran au charbon
papier
écran à papier métallisé
gaine de plomb
gaine de renforcement
gaine en polyéthylène
- jute
gaine d'acier

figure 10-15
Vœ en coupe d'un câble sous-marin, grandeur nature . Diamètre extérieur 70 mm . Ce câble est immergé dans le
dW*mit de Long Island entre Northport (Long Island) et Norwalk (Connecticut) (gracieuseté Pirelli Cables Ltd) .
118 ÉLECTROTECHNIQUE

posons qu'il porte un courant I durant une courte pé-


riode t, où t est généralement inférieure à 15 secondes .
La chaleur Q générée dans le conducteur est donc :

3 conducteurs #6 (133 brins) Q = RI 2 t (10-3)


2 conducteurs #10 (104 brins)
En utilisant l'équation 1-17, on peut calculer la valeur
1 conducteur #8 (133 brins)
de l'échauffement 0

Figure 10-16
Q=mc0 éq . 1-17
Câble d'alimentation pour pompe submersible utilisé dans
donc
les mines . Il comprend trois conducteurs de puissance, deux
de commande et un de mise à la masse .
RI 2 t = mc0
d'où

0 = R (12t) (10-4)
600 A 250 kcmil me
6834 brins #34
coefficient d'utilisation : 30
Il s'ensuit que pour un conducteur donné l'échauffe-
gaine en polyéthylène
ment 0 dépend directement du facteur I2 t . Ce
facteur s'exprime en ampères carrés seconde (A 2. s) .
Nous avons vu que des températures élevées sont
Figure 10-17
Câble ultra-flexible de 600 A pour soudeuse électrique . dommageables pour l'isolant qui recouvre le
conducteur . Le facteur I2 t est donc très important
car c'est lui qui détermine la température maximale
du conducteur. Par exemple, un conducteur #2 en
425 A 250 °C cuivre initialement à 90 °C ne peut supporter un I2t
250 kcmil solide
supérieur à 22 x 106 A2 .S si l'on veut limiter sa tem-
isolant: oxyde de magnésium
pérature à 250 °C lors d'un court-circuit .
gaine de cuivre De façon générale, on peut calculer la valeur de 12t
lorsqu'on connaît (1) le calibre du conducteur, (2) sa
Figure 10-18 composition (cuivre ou aluminium) et (3) l'échauffe-
Câble pour usage dans les endroits très chauds . ment qu'il doit subir .
La valeur de I2 t pour le cuivre et l'aluminium est don-
née par les équations suivantes :
grandes, de sorte que la température du conducteur peut
monter de plusieurs centaines de degrés en une frac- pour le cuivre:
tion de seconde . Par exemple, lors d'un court-circuit,
des courants intenses circulent brièvement dans les fils 2 (234+0.
et câbles d'un réseau avant que le cicuit soit ouvert par 1 t = 11,5 x 104A 2logio (10-5)
234 + 00
un fusible ou un disjoncteur de protection . Dans ces
circonstances, la chaleur dégagée dans les conducteurs
n'a pas le temps de se dissiper à travers les parois exté- pour l'aluminium :
rieures et la température du conducteur monte rapide-
ment . Quel est l'échauffement dans ces conditions?
Supposons que le conducteur ait une masse m, une ré- 2 (228 + 0m
1 t = 5,2 x 10 4A 2logio (10-6)
sistance R et une chaleur massique c . De plus, sup- 228 + Bo


CONDUCTEURS ET RÉSISTANCES 119

où Solution

I - courant de court-circuit [A] a) En utilisant le tableau 10-1 on trouve


t = durée du court-circuit [s] A = 0,0507 mm 2 , et de l'équation 10-5 on obtient :
A = section nette du conducteur, sans compter 234 + 1083
les espaces vides [mm 2] 12 t = 11,5 x 10 4 x (0,0507)21og,o
0, = température initiale du conducteur [°C] 234 + 50
0,,,= température finale du conducteur [°C] = 197 A2 .s
Exemple 10-7 I2t
on a = 197
Une ligne aérienne en aluminium est composée d'un
conducteur #3 ayant une section de 26 .6 nom--- . Ce (30) 2 t = 197
conducteur peut .supporter un courant de 160 A en t = 0,22 s
régime permanent .
Donc le fusible «saute» 220 ms après que le courant
a) Calculer la valeur permissible de I'-t lors d'un
de 30 A commence à circuler .
court-circuit sachant que la température initiale est
de 80 'C et que l'on désire limiter la température 10 .18 Le rôle des fusibles
maximale à 250 (-' . Afin de protéger un conducteur contre les températures
b) On prévoit un courant de court-circuit de 2000 A . excessives occasionnées par des courts-circuits, on
Pendant combien de temps ce courant peut-il circu- place un fusible en série avec le conducteur. Le fusible
ler sans dépasser le seuil de 250 `C ? doit être conçu afin que son facteur 12t de fusion soit
inférieur à celui qui provoque une surchauffe du con-
Solution
ducteur . En effet, on veut que le fusible brûle avant
a) En utilisant l'équation 10-6 on obtient : que le conducteur atteigne une température excessive,
ordinairement de l'ordre de 250 °C . En pratique, le 12t
n,
12 t = 5,2 X 104A210910 228 + O du fusible est bien inférieur à ce seuil . Cependant, le
228 + Bo 12 t du conducteur demeure un critère important dans le
choix du fusible .
228 + 250
5,2 x 104 x (26,6)2log,o
( 228 + 80 10 .19 Conducteurs liquides, électrolytes
Les métaux tels que le mercure, le plomb, le fer, etc .,
= 7 x 106 A2 -s contiennent autant d'électrons libres à l'état liquide qu'à
b) Le courant de 2000 A peut circuler pendant un temps l'état solide, de sorte que sous ces deux formes ils sont
r donné par de bons conducteurs de l'électricité .
Cependant, un liquide comme l'eau pure est un excel-
2 lent isolant avec une résistivité 10 12 fois plus grande
1 t=7x 106
que celle du cuivre . Mais, si on ajoute à un litre d'eau
(2000) 2 t = 7 x 106 quelques cuillerées de sel de table, on constate que sa
t = 1,75 s résistivité diminue des dizaines de fois ; pourtant le sel,
est lui-même un excellent isolant . Comment le mélange
Exemple 10-8 d'un isolant liquide et d'un isolant solide peut-il don-
On se propose d'utiliser un fil de cuivre #30 comme ner une solution conductrice?
fusible . Si la température initiale du fil est de 50 °C .
En présence de l'eau, chaque molécule de sel, formée
calculer :
d'un atome de sodium (Na) et d'un atome de chlore
a) le I't requis pour faire fondre le fil (la tempéra- (Cl), se sépare en deux pour former un ion (+) de so-
ture de fusion du cuivre est de 1083 ° C) dium et un ion (-) de chlore . L'ion de sodium est un
b) le temps requis pour faire fondre le 171 si le cou- atome de sodium ayant perdu un électron, tandis que
rant de court-circuit est de 10A, l'ion de chlore est un atome de chlore possédant un
électron en trop . Ces ions se déplacent de façon désor-



120 ÉLECTROTECHNIQUE

donnée à l'intérieur de la solution aqueuse, un peu tifs et négatifs se déplaçant respectivement vers la droite
comme les électrons libres à l'intérieur d'un métal . et vers la gauche . Dans la batterie, les électrons circu-
Puisque les charges portées par les ions positifs et né- lent de la borne (+) à la borne (-) .
gatifs sont égales, la solution est, dans son ensemble, Le même phénomène se produit lorsqu'on mélange
électriquement neutre (Fig . 10-19) . avec de l'eau d'autres sels tels que le sulfate de cuivre,
ou des acides tels que l'acide sulfurique . L'électrolyte
ainsi formé est rempli d'ions positifs et négatifs re-
présentant chacun un atome (ou une molécule) ayant
perdu ou gagné un ou plusieurs électrons .

-------------------------- Habituellement, il se produit une réaction chimique aux


deux électrodes car les atomes libérés par la neutra-
CI lisation des ions réagissent souvent avec l'eau ou la
CI plaque avec laquelle ces ions viennent en contact . Il se
0 Na dégage alors des gaz autour des électrodes ou, encore,
la plaque se dissout à mesure que le courant électrique
circule.
Figure 10-19
Ions positifs et négatifs . Dans certains cas, les atomes libérés à une plaque
adhèrent sur celle-ci et forment une couche qui devient
Si l'on plonge deux électrodes raccordées à une pile de plus en plus épaisse à mesure que le courant cir-
dans cette solution (appelée électrolyte), les ions (+) et cule . Ce procédé, appelé galvanoplastie, permet de re-
(-) se dirigent respectivement vers les plaques de po- couvrir des objets conducteurs avec un dépôt métal-
larité opposée (Fig . 10-20) . Dès qu'un ion positif (Na+) lique .
touche la plaque négative, il capte un électron libre à Exemple 10-9
l'intérieur de cette électrode et devient un atome de
Deux électrodes ayant une surface de 1 .? in 2 sont
sodium neutre . De la même façon, chaque ion négatif
plongées dans de l'eau de nier dont la résistivité est
(Cl -) touchant la plaque positive libère son électron en
de 0 .3 t2-m . Si la distance entre les plaques est de
surplus pour devenir un atome de chlore neutre .
10 cm, calculer la valeur approximative du courant
lorsqu'on applique une tension de 10 V entre les élec-
trodes .
électrons Solution
La résistance de l'électrolyte est :

R = p l éq.10-1
A

= 0,3 S2-m x 0,1 m = 0,025 ohm


1,2 m2
Le courant vaut donc I = E/R = 12/0,025 = 480 A
On constate que, même si la résistivité de l'eau salée
Figure 10-20 est 20 millions de fois plus grande que celle du cuivre,
Migration des ions . le courant qui circule est tout de même appréciable.

Il s'établit ainsi un courant électrique dans le circuit 10.20 Résistance du sol


formé par l'électrolyte, les électrodes et la batterie . La résistance du sol joue un rôle extrêmement impor-
Cependant, on constate que le courant dans l'électro- tant dans les installations électriques . D'abord, pour
lyte n'est pas composé d'électrons mais d'ions posi- des raisons de sécurité du personnel et de l'équipement,

CONDUCTEURS ET RÉSISTANCES 121

tous les réseaux électriques sont raccordés à la terre 1 . résistance des électrodes mêmes - négligeable ;
i «mise à la terre») . Ensuite, certaines lignes haute-ten- 2 . résistance de contact entre les électrodes et le sol -
sion à c .c . utilisent parfois la terre comme conducteur négligeable ;
de retour portant des courants de plusieurs centaines 3 . résistance du sol dans les zones A et B entourant les
d'ampères . Enfin, comme le sol est un assez bon con- électrodes respectives - importante ;
ducteur, il offre un chemin à des courants de fuite de
4 . résistance du sol entre les zones A et B - négligeable .
toutes sortes qui peuvent provoquer la corrosion des
tuyaux métalliques enfouis dans la terre . La résistance (3) dépend surtout de la nature du sol et
de la profondeur à laquelle les électrodes sont enfon-
La résistivité du sol se situe entre 5 Q •m et 5000 S2 •m
cées dans le sol . L'expérience montre que la résistance
selon la composition de la terre (argile, sable, gra-
est surtout concentrée dans un rayon de 10 mètres
nit. etc.) et son degré d'humidité . Par exemple, au
autour de chaque électrode . Au delà de ce rayon, la
printemps, la résistivité du sol mouillé peut être de
résistance est négligeable . Par conséquent, la distance
50 4 •m alors que pendant la sécheresse d'été, elle
séparant les électrodes ne change pas la résistance en-
peut grimper à 300 S2-m . Remarquer que la résisti-
tre elles, à moins qu'elles soient très rapprochées .
vité du sol est plusieurs millions de fois plus grande
que celle du cuivre . On peut réduire la résistance (3) en enfonçant davan-
tage l'électrode dans le sol, ou en imbibant ce dernier
10 .21 Résistance entre deux électrodes de d'un produit chimique, tel que le sulfate de cuivre . En
terre général, la résistance diminue de moitié chaque fois
Malgré sa haute résistivité, le sol devient un excellent que la profondeur augmente d'un facteur de 1,7 . Par
conducteur grâce à la section presque sans limite qu'il exemple, si une profondeur de 1 m donne une résis-
offre au passage du courant . Par exemple, si l'on ap- tance de 80 S2, une profondeur de 1,7 m donnera une
plique une tension E à deux électrodes de terre piquées résistance de 40 S2 .
dans le sol, on constate que le courant s'étend à travers
tout le volume de la terre en suivant le chemin de la 10 .22 Mesure de la résistance d'une
électrode de terre
Fs . 10-21 . La résistance mesurée entre les deux élec-
trodes demeure relativement faible, même si elles sont On peut mesurer la résistance d'une électrode A, en-
distantes de plusieurs centaines de kilomètres . On peut foncée d'une profondeur h dans le sol, en utilisant le
distinguer 4 résistances sur le circuit de la Fig . 10-21 : montage de la Fig . 10-22 . Voici la procédure à suivre :

Figure 10-22
Mesure de la résistance d'une électrode de terre .

1) On enfonce dans le sol, à la même profondeur, une


deuxième électrode B, située à une distance d de
Figure 10-21
l'électrode A . Cette distance doit être au moins 10
Courant et résistance de terre . fois plus grande que la profondeur h .

122 ÉLECTROTECHNIQUE

2) À partir de l'électrode A, on plante une tige métal- RÉSISTANCES


lique C située à une distance de 0,6d de celle-ci, et
en ligne avec l'électrode B . On rencontre les résistances dans les démarreurs de
3) On applique une tension Et entre les électrodes A moteurs, les appareils de chauffage, les fusibles, les
et B, et on mesure le courant I qui en résulte . lampes à incandescence et les montages électroniques .
La plupart fonctionnent à des températures allant de
4) On mesure la tension E entre la tige C et l'élec-
100 °C pour les montages électroniques jusqu'à
trode A .
2000 °C pour les fours industriels .
5) Le rapport E/I donne la résistance du sol au voisi-
nage de l'électrode A . On dit tout simplement que 10 .23 Classes de résistances
c'est la résistance de l'électrode A . On peut diviser les résistances en trois classes arbi-
Il existe des instruments spéciaux pour mesurer la ré- traires selon qu'elles fonctionnent aux basses, moyen-
sistance d'une électrode (Fig . 10-23), mais la méthode nes ou hautes températures .
simple que nous venons de décrire donne une préci- 10 .24 Résistances à basse température
sion acceptable pour autant que les lectures soient pri- (155 °C et moins)
ses loin des installations électriques .
Les résistances à basse température fonctionnent à
155 °C ou moins . Elles sont surtout utilisées dans les
montages électroniques . Comme on les loge souvent
dans des boîtiers fermés, les bureaux de normalisation
ont prévu que des résistances pouvaient être soumises
à des températures ambiantes aussi élevées que 70 °C .
On peut donc tolérer pour cette classe de résistances
un échauffement (augmentation de température au-des-
sus de la température ambiante) de (155 - 70) = 85 °C .
Ces résistances sont petites et leur puissance varie de
1/4 watt à 10 watts environ . Elles sont fabriquées en
déposant une couche de carbone sur une tige de céra-
mique ou en bobinant un fil de nichrome sur un sup-
port de vitre ou d'époxy . Il existe dans cette catégorie,
Figure 10-23 une grande variété de résistances dont les spécifica-
Ohmmètre («megger») pour mesurer la résistance de terre . tions sont souvent établies par des normes militaires
Un générateur interne génère une tension maximale de 30 V
à une fréquence de 128 Hz . Cette fréquence assure que la (MIL specs) ou par des bureaux de normalisation
lecture de la résistance ne sera pas affectée par des courants comme EIA (Electronic Industries Association) et la
parasites de 50 Hz et 60 Hz circulant dans le sol . Les échelles CEI (Commission électrotechnique internationale) .
de 20 S2, 200 S2 et 2 kQ2 produisent respectivement des
courants efficaces de 10 mA, 1 mA et 0,1 mA (gracieuseté 10 .25 Résistances à température moyenne
Megger Instruments Limited) . (275 °C à 415 °C)
La majorité des résistances industrielles fonctionnent
à des températures moyennes comprises entre 275 °C
Exemple 10-10 et 415 °C . On trouve dans cette classe des résistances
Deux électrodes ,-\ et B séparées de 40 m sont enfon- fixes et des résistances variables (appelées rhéostats) .
cées à une profondeur de 80 cm dans un champ . Elles sont habituellement conçues pour fonctionner à
Une source de tension E_ 1 appliquée entre les élec- une température ambiante maximale de 40 °C . Leur
trodes y fait circuler un couvant de 0,2 A . On me- puissance varie de 10 watts à plusieurs kilowatts et l'élé-
sure une tension E de 19 V à une distance de ment résistif (fil ou ruban) est toujours un alliage de
60 'Ir x 40 = 24 m (le I' électrode A . La résistance de . nickel et de chrome. En général, on enroule le fil résistif
l'électrode est donc R = E/1= 19/0,2 = 95 £2 . sur un tube en céramique, après quoi on recouvre le
tout d'un émail en céramique qui garde les spires en
CONDUCTEURS ET RÉSISTANCES 123

place tout en les protégeant contre l'humidité et l'oxy-


dation . Les résistances ainsi protégées peuvent suppor-
ter un échauffement de 300 °C .
Les résistances plus puissantes et, par conséquent, plus
robustes ont leur élément résistif découvert ; l'échauf-
fement permissible est alors de 375 °C . Bien que cette
différence de température entre 300 °C et 375 °C ne
paraisse pas très grande, cela permet pourtant une aug-
mentation de la puissance dissipée d'environ 50 % . Figure 10-24c
Construction d'une résistance tubulaire de 100 W . Longueur :
Les Fig . 10-24a à 10-24i illustrent la construction de 165 mm, diamètre : 19 mm (Ohmite Mfg. Co .) .
diverses résistances ayant des puissances de 0,5 W à
200 kW.

Figure 10-24d
Élément de 750 W, 8,5 S2 servant au démarrage d'un moteur
à c .c . Longueur : 400 mm, diamètre : 40 mm .

Figure 10-24a
Élément de 2,45 kW, 70 A, 0,5 S2 servant au démarrage d'un
moteur à rotor bobiné . Dimensions extérieures : 485 mm x
130 mm x 50 mm (gracieuseté Ward Léonard) .

Figure 10-24e
Figure 10-24b Rhéostat de 1000 W servant à commander un groupe de
Cinq éléments en fonte de 200 kW chacun, servant à freiner lampes à incandescence . Diamètre extérieur : 305 mm
une machine de 160 MW . (gracieuseté Ohmite Mfg . Co.) .

124 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 10-24f
Potentiomètre d'ajustement de 7,5 W utilisé dans un montage
électronique . Longueur : 14 mm, diamètre : 13 mm
(gracieuseté Ohmite Mfg. Co.) .
Figure 10-24i
Étalons de résistance de 1 Q ayant une précision
de ± 0,000 001 % .

10.26 Radiateurs de plinthe


Par mesure de sécurité, les radiateurs de plinthe (Fig .
10-25a) fonctionnent à une température moyenne .
L'élément chauffant est logé à l'intérieur d'un cylin-
dre métallique portant des ailettes de refroidissement .
La température à la surface du cylindre est de 275 °C
environ et la température de l'air qui en sort est de l'or-
dre de 100 °C . Un thermostat de sécurité ouvre le cir-
cuit électrique si, pour quelque raison que ce soit, la
température intérieure dépasse 300 °C .
Figure 10-24g
Résistance de 33 300 000 000 Q2 (33,3 GQ) ± 5 Une construction spéciale canalise l'air frais par des
(gracieuseté Dale Electronics inc.) . voies appropriées, et permet d'éviter tout contact avec
les parties chaudes .

10.27 Résistances à haute température


(600 °C et plus)
Dans cette catégorie de résistances à haute tempéra-
ture, on rencontre les résistances utilisées dans les élé-
ments chauffants, les fours et cuisinières électriques,
les lampes infrarouges et les lampes à incandescence .
Leur température de fonctionnement varie de 600 °C à
2500 °C selon l'application . (À titre d'exemple, un élé-
ment de cuisinière (Fig . 10-25b) atteint une tempéra-
ture d'environ 950 °C à l'air libre) . La plupart des fours
industriels fonctionnent à des températures inférieures
à 1200 °C .

À ces températures élevées, la chaleur se dégage sur-


tout par radiation, la partie transportée par convection
devenant presque négligeable. À 1000 °C, par exem-
Figure 10-24h ple, une résistance à l'air libre dégage presque 90 %
Rhéostat motorisé pour régulariser la tension d'une source
de sa puissance par radiation et seulement 10 % par
triphasée (gracieuseté Ohmite Mfg. Co.) .
convection .

CONDUCTEURS ET RÉSISTANCES 125

rapprochant de celle produite par le soleil . Cependant,


le tungstène, qui fond à 3410 °C, conserve sa rigidité
mécanique jusqu'à 2500 °C, et à cette température il
émet une lumière qui est presque blanche .
Le molybdène, qui fond à 2610 °C, est utilisé comme
élément résistif dans les fours électriques à haute tem-
pérature . En général le four est maintenu dans une at-
mosphère d'hydrogène pour éviter l'oxydation des élé-
ments chauffants .
Enfin, le zinc, qui fond à 420 °C, est surtout employé
dans les fusibles . Bien que le plomb fonde à une tem-
pérature encore plus basse, il est rarement utilisé à cette
fin .

10 .29 Construction et comportement des


fusibles
Le point de fusion d'un élément conducteur est mis à
profit dans la construction des fusibles . Habituellement,
ces dispositifs contiennent une lame de zinc renfermée
dans un tube de fibre (Fig . 10-26) . La fibre est très
employée à cause de sa grande résistance aux arcs et
de sa dureté mécanique .

Figure 10-25
Comparaison des dimensions d'un radiateur de plinthe de
1250W, d'un élément de cuisinière de 1250 W et d'un chauffe- fusible à cartouche
30 A 250 V
eau électrique de 100 kW .
a . Radiateur de plinthe de 1250 W, 240 V pour installation
fusible à vis
dans une maison . Longueur : 1500 mm, hauteur : 185 mm .
15A 125V
b. Élément de cuisinière de 1250 W, 240 V. Diamètre :
205 mm .
c . Chauffe-eau de 100 kW pour un restaurant . Hauteur :
1500 mm, diamètre : 220 mm .

10.28 Température de fusion


La température de fusion est un des facteurs qui dé-
termine le choix des métaux utilisés pour la fabrica-
tion des éléments de four, des filaments de lampes à
incandescence et des fusibles .
La plupart des métaux ne conviennent pas à la pro-
duction de lumière parce qu'ils se ramollissent et fon-
dent aux environs de 1000 °C à 1300 °C . Or, à ces
températures, un conducteur devient rouge vif, et par Figure 10-26
conséquent, ne peut émettre une lumière blanche se Fusibles de divers calibres (gracieuseté Bussman Mfg .) .


126 ÉLECTROTECHNIQUE

1000
La lame de zinc (parfois d'argent) est amincie à un,
deux ou trois endroits sur sa longueur afin de créer des
points de plus grande résistance . Lorsque le courant 300s
200 A
dépasse la valeur nominale, ces zones faibles fondent
d'abord, coupant ainsi le circuit .
100
Lors d'un court-circuit franc, le courant devient très
intense, ce qui provoque, sous l'effet de la chaleur, une
25s
véritable explosion de l'élément fusible . La cartouche ~~ 300 A

de fibre doit pouvoir résister à la grande pression qui


se produit à ce moment et il faut éviter à tout prix que
l'arc soit maintenu par le métal vaporisé . Pour répon- ÎS
dre à ces exigences, on augmente la longueur du fusi- 400 A

ble à mesure que la tension d'utilisation augmente et


on réduit au strict minimum la quantité de métal qui
fond . 1
1 s ,
866 A
Pour un fusible industriel on spécifie non seulement le
courant nominal, mais aussi le courant maximal qu'il
peut interrompre . Par exemple, le fusible de 30 A de la
Fig . 10-26 peut ouvrir, sans faire éclater le tube de fi-
0,1
bre, un circuit dans lequel le courant de court-circuit
pourrait atteindre 200 000 A .
Les fusibles de grande capacité possèdent souvent un
élément fusible en cuivre ou en argent . La Fig . 10-27
montre les caractéristiques du temps en fonction du 0,01
courant de fusion d'un fusible de 100 A utilisé sur un 100 1000 10 000

réseau de distribution de 24 kV . Pour les périodes cour- - courant en ampères

tes, inférieures à une seconde, le 12t de ce fusible est


Figure 10-27
constant et égal à 750 000 A 2 •s . Temps de fusion en fonction du courant pour un fusible de
100 A utilisé dans un réseau de distribution aérien .
Les fusibles à vis utilisés dans les maisons fonction-
nent sur le même principe que les fusibles industriels ;
lors d'un court-circuit franc, les gaz sous pression peu- cendie . De plus, un mauvais contact tend à s'aggraver
vent s'échapper par de petits trous prévus à cet effet . avec le temps, à cause de l'oxydation due à l'échauffe-
En règle générale, les fusibles sont conçus pour sup- ment . Pour cette raison, on recommande que les joints
porter leur courant nominal à une température ambiante et points de contact soient vérifiés périodiquement . Les
de 50 °C . mauvais contacts sont toujours à craindre .

10 .30 Résistance de contact Exemple 10-11


Lorsqu'un fusible est mis en place, le contact avec les Les bornes d'un disjoncteur sont vissées a une barre
parties stationnaires n'est pas toujours parfait. Il en omnibus et la résistance de contact est de
résulte une résistance de contact appréciable qui peut 0,0001 ohm . Si le courant est de 6000A, calculer la
produire un échauffement considérable . La chaleur peut chaleur dissipée .
alors provoquer la rupture de l'élément fusible même
Solution
lorsque le courant est inférieur à sa valeur nominale .
La puissance dégagée sous forme de chaleur vaut :
En effet, tout joint peut chauffer lorsqu'il porte un cou-
rant . Un mauvais joint génère parfois assez de chaleur P = RI2
pour carboniser les isolants de support, créant ainsi un = 0,0001 x (6000) 2
danger de court-circuit à la masse avec possibilité d'in-
= 3600 watts

CONDUCTEURS ET RÉSISTANCES 127

Une telle chaleur aura tôt fait de griller les isolants Aux environs de 25 'C, sa résistance varie à raison de
avoisinants, de ramollir et d'oxyder les parties métal- 4 % par degré Celsius, ce qui rend le thermistor inté-
liques et peut même causer un incendie . Cet exemple ressant comme détecteur de température .
montre que même une résistance de contact très faible
10 .33 Le varistor
peut produire une température dommageable en pré-
sence d'un courant intense . Le varistor est également un conducteur non linéaire
dont la résistance instantanée décroît lorsque la ten-
10 .31 Résistances non linéaires sion à ses bornes augmente . Un type de varistor, ap-
La plupart des conducteurs possèdent une résistivité pelé Thyrite ® , est fabriqué avec des granules de car-
constante, c'est-à-dire que pour une température don- bure de silicium . Il se présente sous forme de disques
née, le courant circulant dans l'élément est propor- et sa caractéristique courant-tension (Fig . 10-29, courbe
tionnel à la tension appliquée. Il existe, cependant, une 1) montre que le courant augmente très vite avec la
catégorie importante de conducteurs pour lesquels le tension . Lorsque cette dernière augmente de 0,3 kV à
courant n'augmente pas proportionnellement à la ten- 12,5 kV, le courant passe de 1 A à 10 000 A .
sion ; pour cette raison, on les appelle résistances non Un autre type de varistor, composé de granules d'oxyde
linéaires . Les thermistors dont la résistance diminue de zinc, possède les propriétés montrées sur la courbe
avec la température et les varistors dont la résistance 2 de la Fig . 10-29. On constate que sa caractéristique
diminue avec la tension appliquée en sont deux exem- E-I est plus plate que la courbe 1, ce qui le rend encore
ples . plus efficace pour écrêter les surtensions . Ce genre de
10.32 Le thermistor varistor est souvent appelé varistor à oxyde de métal,
ou MOV («metal oxide varistor») .
La Fig . 10-28 montre la caractéristique d'un type de
thermistor. Elle montre que la résistance du thermis-
tor décroît brusquement quand la température aug- 100
mente. La résistance baisse progressivement de 4000 S2
à -50 °C, en passant par 100 S2 à 25 °C pour ne donner 12,5 kV
plus que 3 il à sa température maximale de 150 °C .
10
courbe 2
~7 kV
ô 2 kV
courbe 1
_o
Y
1

0,3 kV

0,1
1 10 100 1000 10 000
ampères

Figure 10-29
Caractéristique d'un varistor :
courbe 1 - type Thyrite®
courbe 2 - type à oxyde de métal (ZnO)

Pour des tensions plus élevées, on utilise plusieurs


varistors montés en série, comme dans les parafoudres
modernes . Placés en parallèle avec les transformateurs
et les sous-stations d'usines, les parafoudres suppri-
Figure 10-28 ment les hautes tensions qui risqueraient d'endom-
Caractéristique d'un thermistor . mager un appareillage coûteux .

128 ÉLECTROTECHNIQUE

10 .34 Résumé PROBLÈMES - CHAPITRE 10


La qualité d'un bon conducteur se mesure à sa faible
résistivité . Les principaux conducteurs utilisés en élec- Niveau pratique
trotechnique sont le cuivre et l'aluminium . On utilise
10-1 Pourquoi l'emploi de l'aluminium comme con-
aussi divers alliages pour la fabrication de conducteurs
ducteur est-il assez peu répandu dans les machines élec-
résistifs (lampes, éléments chauffants) . Les conducteurs
triques?
existent sous une grande variété de formes et peuvent
être recouverts de divers types d'isolants . 10-2 Qu'est-ce qu'un circular mil?
Au Canada et aux États-Unis, on utilise en plus des 10-3 De quoi dépend la résistance d'un conducteur
unités SI, le circular mil (cmil ou kcmil) pour expri- rond?
mer la section d'un conducteur simple ou d'un câble
toronné . Les fils normalisés portent aussi un numéro 10-4 La résistance du cuivre diminue-t-elle avec la
de jauge AWG . température?

Il est facile de calculer la résistance d'un conducteur 10-5 Qu'entend-on par l'ancien terme 500 MCM ?
connaissant sa résistivité, sa section et sa longueur .
10-6 Qu'est-ce qui limite le courant maximal admis-
Nous avons vu aussi que la résistivité et donc la résis- sible dans les fils nus? dans les fils isolés?
tance augmentent avec la température selon le coeffi-
cient de température (environ 0,4 % par degré Celsius 10-7 Pourquoi permet-on un courant admissible plus
pour les métaux usuels) . grand pour un conducteur isolé à l'amiante que pour
un conducteur isolé au caoutchouc?
Selon le type d'isolant dont ils sont recouverts et l'en-
droit où ils sont installés, les câbles et fils peuvent fonc- 10-8 Lorsque plusieurs conducteurs isolés sont pla-
tionner à diverses températures . Nous avons vu que cés dans un même tuyau métallique, pourquoi le cou-
l'augmentation de la température d'un conducteur sou- rant dans chacun doit-il être moindre que s'il n'y avait
mis à un échauffement rapide dépend de sa résistance, qu'un seul conducteur?
de sa chaleur massique et du facteur I2t. Nous avons
10-9 Qu'est-ce qui détermine l'épaisseur de l'isolant
donné les formules permettant de calculer le I2 t pour
autour d'un conducteur?
un conducteur de cuivre ou d'aluminium .
Au Canada, les installations électriques sont régies par 10-10 Pourquoi préfère-t-on parfois employer un fil
le Code canadien de l'électricité . #10 toronné au lieu d'un fil #10 plein?

Dans certaines applications, les propriétés mécaniques 10-11 Si un fil #12 toronné est remplacé par un fil
des conducteurs sont également importantes (résistance #12 plein de même longueur, sa résistance change-
à la traction) . Les caractéristiques électriques, mécani- t-elle?
ques et thermiques des principaux conducteurs sont 10-12 Pourquoi la résistance d'un fil augmente-t-elle
résumées dans le tableau 10-5 .
lorsqu'il porte un courant?
Les propriétés particulières de certains types de con-
10-13 Le fil #10 est-il plus petit que le fil #20? Quelle
ducteurs sont mises à profit dans des applications spé-
est la section de ces deux fils en cmils?
ciales . Par exemple : basse température de fusion des
fusibles pour la protection contre les surintensités et 10-14 Un moteur est bobiné avec deux fils #12 en
les courts-circuits, résistance non linéaire des varistors parallèle . Quel calibre de fil pourrait-on employer pour
pour la protection contre les surtensions . les remplacer?
Les conducteurs liquides ionisés, appelés électrolytes, 10-15 Un conducteur est formé de quatre fils #16 .
sont utilisés dans les piles ou les procédés de galvano- Quel est son numéro de jauge?
plastie. Enfin, mentionnons que la terre joue un rôle
important dans les installations électriques . Nous avons 10-16 Calculer la résistance de 210 m de fil #14 à
donné une méthode simple de mesure de la résistance une température de 25 °C . (Utiliser le tableau 10-1 .)
d'une électrode de terre . 10-17 Exprimer 500 kcmil en mm 2 .

CONDUCTEURS ET RÉSISTANCES 129

10-18 Le fil #4 carré a-t-il une section plus grande a) la résistance totale de la ligne à 25 °C
que le fil #4 rond? Si oui, de combien environ? b) les pertes dans la ligne si le courant est de 120 A
10-19 On doit choisir un câble qui devra porter un 10-32 En utilisant la formule R = pllA, calculer la
courant de 90 A. Quelle grosseur de fil est nécessaire résistance à 38 °C d'un fil #6 en aluminium, longueur
si l'isolant est en caoutchouc type RW75? (Voir tableau 1500 m . (Voir les tableaux 10-1 et 10-2 .)
10-4 .)
10-33 Quelle force de traction maximale peut-on
10-20 Expliquer ce qu'est un ion, un électrolyte . exercer sur un fil de cuivre #40 (recuit) sans provoquer
10-21 Pour quelle raison doit-on faire fonctionner les un allongement excessif? Quelle force provoquera sa
lampes à incandescence à très haute température? rupture?

10-22 Le radiateur de plinthe et le chauffe-eau de la 10-34 Comparer les puissances nominales que peu-
Fig . 10-25 ont presque les mêmes dimensions, bien vent transporter les 3 câbles de la Fig . 10-12 .
que les puissances absorbées soient respectivement de 10-35 Un élément de cuisinière de 2400 W ayant une
1 .25 kW et 100 kW. Comment expliquez-vous cela? surface de 600 cm2 atteint une température de 700 °C .
Calculer :
10-23 Si l'élément de cuisinière de la Fig . 10-25 avait
les mêmes dimensions que le radiateur de plinthe, quels a) la puissance rayonnée par l'élément sachant que la
seraient les effets sur la période de cuisson? constante de radiation k = 4,2 x 10-8 W/(m2 K4 )
10-24 Calculer la puissance absorbée par le varistor b) la puissance radiante reçue par l'élément si les murs
de type thyrite de la Fig . 10-29 lorsque la tension à ses de la pièce sont à une température de 25 °C
bornes est de 2 kV? 12,5 kV? c) la puissance nette perdue par l'élément, par radia-
tion
10-25 a) Quelle est la signification du facteur I2t ?
Niveau avancé
b) Un courant de 500 A circule dans un conducteur
pendant 3 secondes . Calculer la valeur de I2t. 10-36 Évaluer le courant de fusion d'un fil nu #20
en aluminium si on veut qu'il fonde en 0,5 s . La tem-
10-26 Que signifie le terme résistance non linéaire?
pérature initiale du conducteur est de 23 °C .
Niveau intermédiaire
10-37 Déterminer la résistance d'un fil de plomb
10-27 Un conducteur rond a un diamètre de 0,0172 ayant une longueur de 2 km et un diamètre de 2 mm, à
pouce . Quelle est sa section droite, en circular mils? une température de 130 °C .
10-28 Une bobine de fil #22 a une résistance de 10-38 Un câble en aluminium de calibre 477 kcmil a
400 S2 à 25 °C . Quelle est la longueur du fil? Quel est une contrainte de rupture de 155 MPa . S'il est com-
le poids de la bobine? (Utiliser les données du tableau posé de 19 torons ayant un diamètre de 4,02 mm, cal-
10-1 .) culer la charge de rupture en newtons et en livres force .
10-29 Déterminer à l'aide du tableau 10-1 et des rè- 10-39 La bobine de cuivre d'un électro-aimant pos-
gles propres au système AWG, la section en circular sède une résistance de 4 S2 lorsque sa température est
mils des fils #43 et #48 . de 22 °C . Après 2 jours de fonctionnement, on cons-
tate que le courant est de 42 A pour une tension de
10-30 La résistance mesurée d'un conducteur de cui-
210 V. Calculer la température moyenne de l'enroule-
vre est de 25 S2 lorsqu'il est plongé dans la glace fon-
ment à ce moment .
dante (0 °C) . Quelle serait sa résistance dans l'eau
bouillante (100 °C)? Note : le coefficient de tempéra- 10-40 La résistivité du sable sec (et du granit) est de
ture vaut 0,004 27/°C . l'ordre de 1000 S2-m . Calculer la résistance offerte par
un cube de 10 m x 10 m x 10 m de ce matériau .
10-31 Une ligne d'alimentation semblable à celle de
la Fig . 4-3 est composée de 2 fils conducteurs #4 en 10-41 Un câble triphasé de 15 kV, 750 kcmil, 90 °C,
cuivre . Si la distance entre la source et la charge est de semblable à celui montré à la Fig . 10-13, peut porter
800 m calculer un courant de 545 A lorsqu'il est logé dans un conduit .

130 ÉLECTROTECHNIQUE

Chaque conducteur est formé de 61 brins de cuivre . ne demeure pas constant mais augmente pro-
Calculer: gressivement avec le temps . Expliquer ce phénomène .
a) le diamètre de chaque brin 10-47 Un radiateur fonctionnant à une température
b) la chaleur dégagée par kilomètre, à une tempéra- de 800 °C est alimenté par une tension de 240 V . Si la
ture de 90 °C tension diminue à 210 V, quelle sera la nouvelle tem-
10-42 Dans le problème 10-41, si les conducteurs pérature? La température ambiante est de 20 °C et on
sont en aluminium, quel est le courant maximal qu'on suppose que les pertes par convection sont négligeables .
peut faire circuler dans chaque conducteur sans dépas- 10-48 La durée de vie d'une lampe à incandescence
ser les limites d'échauffement? varie inversement avec la cinquième puissance de la
10-43 Un fil #10 en aluminium porte un courant de tension à ses bornes . Si l'on applique la moitié de la
20 A . S'il contient 10 28 électrons libres par mètre cube, tension normale sur cette lampe, par quel facteur sa
calculer la vitesse du courant électrique en m/h . vie utile est-elle multipliée?
10-49 Une lampe à incandescence de 100 W fonc-
tionne à une température de 2600 °C . En négligeant
les pertes par convection et conduction, calculer la tem-
pérature du filament lorsque la puissance fournie à la
lampe est réduite à 50 W.
10-50 a) Quelle est l'énergie requise pour augmen-
ter la température d'une tonne d'eau de 10 °C à
90 °C?
b) Quelle est l'énergie requise pour augmenter la tem-
pérature d'une tonne de cuivre de 10 °C à 90 °C?
10-51 On désire faire circuler un courant très intense,
pendant une courte période, dans un fil en cuivre #12 .
La période de conduction est limitée à 0,5 s . Initiale-
ment, le fil est à 40 °C et on lui permet de s'échauffer
jusqu'à 90 °C . Calculer le courant admissible . (On sup-
posera que la chaleur dégagée à l'extérieur est négli-
Figure 10-30
Un réseau électrique comprend des centaines de milliers de geable .)
joints et de points de contact dont la résistance doit être
minimisée . Les joints à compression illustrés ici sont souvent
10-52 Le câble montré à la Fig . 10-12a porte un cou-
utilisés pour relier deux conducteurs (gracieuseté Hydro- rant de 444 A et sa température est alors de 90 °C .
Québec) . Calculer le courant que ce câble peut supporter lors
d'un court-circuit appliqué pendant 2 secondes, sans
10-44 Un four électrique pour la fonte d'acier doit dépasser la température maximale de 250 °C .
être gardé à une température de 1550 °C . Calculer la
10-53 Dans le problème 10-52, quel courant est ad-
puissance dégagée par les éléments chauffants s'ils ont
missible si la durée de la conduction est de 3 secon-
une superficie de 1 m2 et s'ils fonctionnent à une tem-
des?
pérature de 1650 °C . Utiliser la constante de radiation
k = 3 x 10-8 W/(mz K4 ) . 10-54 La résistance tubulaire de la Fig . 10-24c dis-
sipe une puissance de 100 W . Calculer sa température
10-45 Le chauffe-eau de 100 kW de la Fig . 10-25c
approximative si la température ambiante est de 40 °C .
doit élever la température de l'eau de 15 °C à 80 °C .
(Considérer les pertes par convection et par radiation
Quel débit maximal peut-on admettre en litres par mi-
et prendre k = 5 x 10 -8 W/(m2 K4) .)
nute?
10-55 Quelle tension faudrait-il appliquer sur la ré-
10-46 Si l'on applique une tension de 100 V sur le
sistance de la Fig. 10-24g afin de provoquer la circu-
thermistor de la Fig . 10-28, on constate que le courant
lation d'un million d'électrons par seconde?

CONDUCTEURS ET RÉSISTANCES 131

TABLEAU 10-5 PROPRIÉTÉS DES CONDUCTEURS (ET ISOLANTS) USUELS

propriétés électriques propriétés mécaniques propriétés thermiques


matériaux [symbole]
résistivité coeff . masse limite contrainte chaleur conductivité température
et p a volumique élastique de rupture massique thermique de fusion

composition ns2 m nf2 m à 0 °C kg/m 3 MPa MPa J/(kg °C) W/(m °C) °C
a 0 °C a 20 °C ( X 10-3)

aluminium [AI] 26,0 28,3 4,39 2703 21 62 900 237 660

argent [Ag] 15,0 16,2 4,11 10 500 - 172 230 408 960

Constantan ® 500 500 -0,02 8900 - 450 410 19,5 1250


54 % Cu, 45 % Ni, 1 % Mn

cuivre [Cu] 15,88 17,24 4,27 8890 35 220 380 394 1083

fer [Fe] 88,1 101 7,34 7900 131 290 420 79,4 1535

graphite/carbone [C] 8000 à 30 000 -- 0,03 2250 - - 710 --150 3600

laiton 60,2 62,0 1,5 ---8550 124 500 370 115 960
70 % Cu, 30 % Zn

manganine 482 482 ± 0,015 8410 400 - 20 960


84 % Cu, 4 % Ni, 12 % Mn

mercure [Hg] 951 968 0,91 13 600 - - 140 8,4 - 39

molybdène [Mo] 49,6 52,9 3,3 10 200 450 600 246 138 2620

Monel® 480 498 1,9 8840 530 750 530 22 1325


33 % Cu, 65 % Ni, 2 % Fe

Nichrome ® 1080 1082 0,11 8400 - 850 430 11,2 1400


80%Ni,20%Cr

nickel [Ni] 78,4 85,4 4,47 8900 200 500 460 90 1455

or [Au] dur 20,4 22,0 4,0 19 300 205 220 130 318 1064

platine [Pt] dur 98 106 3,9 21 400 180 250 131 71 1773

plomb [Pb] 203 220 4,19 11 300 5,5 15 130 35 327

tungstène [W] 49,6 55,1 5,5 19 300 - 1920 140 70 3410

zinc [Zn] 55,3 59,7 4,0 7100 - 70 380 110 420

eau pure [H 20] - 2,5 - 1000 - - 4180 0,58 0,0


X 10 14
air - - - 1,29 - - 994 0,024

hydrogène [H] L - - 0,09 - - 14 200 0,17 -


Piles et accumulateurs

Les piles sont des sources d'électricité qui transfor- (f.é .m .) d'environ 1 volt apparaît alors spontanément
ment directement l'énergie chimique en énergie élec- entre les deux électrodes . Si l'on branche une résis-
trique . Lorsqu'on raccorde ensemble plusieurs piles tance entre le pôle positif et le pôle négatif ainsi for-
pour produire une source de puissance ou de tension més, un courant commence à circuler comme le mon-
supérieure, on obtient une batterie d'accumulateurs que tre la Fig . 11-1 .
nous désignerons par le seul mot «batterie» . Le passage du courant produit une transformation gra-
L'invention de la pile électrique, par le professeur ita- duelle de la composition de l'électrolyte et des deux
lien Alessandro Volta en 1800, constitue une des plus électrodes et c'est grâce à cette réaction chimique que
importantes découvertes dans le domaine de l'électri- l'énergie électrique est libérée . Lorsque l'une des élec-
cité, car elle permettait d'obtenir, pour la première fois, trodes (ou l'électrolyte) est plus ou moins complète-
une source ininterrompue de courant électrique . Avant ment transformée, la f.é .m. disparaît et le courant cesse
cette époque, on ne connaissait que les décharges mo- de circuler. La pile est alors épuisée ou déchargée .
mentanées produites par l'électricité statique, lesquel- Dans le cas des piles primaires, la transformation chi-
les étaient peu propices pour déceler le champ magné-
tique et les autres phénomènes associés au passage d'un I

courant . C'est grâce à ces premières batteries élémen-


taires de Volta que les découvertes fondamentales
d'Oersted, de Faraday et d'autres scientifiques furent
rendues possibles .

11 .1 Principe d'une pile


Rien de plus simple que de construire une pile : il suf-
fit de plonger deux conducteurs différents (appelés
électrodes) dans une solution d'eau acidulée ou alca- Figure 11-1
line (appelée électrolyte) . Une force électromotrice Deux métaux différents et un électrolyte forment une pile .
132
PILES ET ACCUMULATEURS 133

urique désagrège progressivement l'une des deux élec- eau acidulée


trodes de sorte que la pile n'est plus utilisable lors- ion + ion -
qu'elle est déchargée . ee®eeee%e
Par contre, dans les piles secondaires, ou accumula- e ®eeé e e ®ee
teurs, la transformation chimique qui s'effectue lors ee e ee ee e e
de la décharge est réversible . On peut recharger ces
ee ee ee e eeeee
eeee
piles en y faisant circuler un courant en sens inverse,
ce qui redonne aux électrodes et à l'électrolyte leur Figure 11 -2a
composition chimique d'avant la décharge . Un acide mélangé avec de l'eau produit un électrolyte qui
contient des ions (+) et des ions (-) .
Bien que la construction d'une pile soit assez simple,
il faut toutefois trouver des électrodes et des électro-
lytes qui débitent beaucoup d'énergie, qui durent long- électrode A O- E ->O électrode B
temps, qui pèsent peu et ne coûtent pas cher.
Les électrochimistes ont réalisé un grand nombre de
e 9
piles primaires et secondaires dont les plus importantes, e 1)e C H
du point de vue commercial et industriel, sont données 9 ee ee Eaae
ee
au tableau 11-1 . Les tensions qu'elles développent se -9ee
situent entre 1,3 et 2 V environ, et leur énergie massi-
que varie de 300 kJ/kg pour une pile sèche au mercure Figure 11 -2b
Lélectrode A a une affinité pour les ions (+), ce qui lui donne
utilisable une seule fois, à 40 kJ/kg pour une pile au
une polarité (+) . Lélectrode B attire les ions (-), ce qui lui
plomb rechargeable des centaines de fois . donne une polarité (-) .

11 .2 Théorie de fonctionnement
Les réactions chimiques qui se produisent dans
une pile peuvent s'expliquer de la façon suivante
(Fig . 11-2) .
Considérons un électrolyte composé d'un acide mé-
langé avec de l'eau (Fig . 1 1-2a) . L'acide se dissocie en
ions positifs et négatifs comme on l'a expliqué à la
section 10 .19, chapitre 10. Si l'on plonge deux élec-
trodes différentes dans cette solution, on constate que
l'une d'elles tend à capter les ions positifs alors que Figure 11-2c
l'autre tend à attirer les ions négatifs . Cette affinité pour Lorsque les électrodes sont réunies par un élément
l'un ou l'autre des deux types d'ions rend une des élec- conducteur R, un courant I se met à circuler .
trodes positive et l'autre négative (Fig . 1 1-2b) .
Si l'on raccorde une résistance entre les électrodes, un
courant électrique s'établit et les ions positifs de la électrode I=o
complètement
solution se dirigent vers l'électrode positive tandis que
transformée +
les ions négatifs vont vers l'électrode négative .
Lors du contact avec les deux électrodes, les ions posi- e e
tifs captent des électrons alors que les ions négatifs en
E)
e e
perdent ; c'est précisément cet échange d'électrons qui e ® ee
provoque la circulation d'un courant électrique . L'ac- e ee
quisition ou la perte d'électrons produit en même temps
la transformation chimique des électrodes . Sur la Fig . Figure 11-2d
11 -2c, la partie hachurée des électrodes montre la por- La circulation du courant transforme les deux électrodes .

134 ÉLECTROTECHNIQUE

tion qui a été ainsi transformée . Lorsque l'une des deux chute de tension à l'intérieur de la pile .
plaques est entièrement transformée (Fig . 11-2d), le
On peut donc représenter une pile par une source de
courant cesse de circuler.
tension E° en série avec une résistance r (Fig . 11-3) .
Malgré leurs caractéristiques particulières, les piles ont La résistance interne dépend de la capacité de la pile,
plusieurs propriétés en commun . Nous étudierons de son état de décharge, de son âge, de sa température
d'abord ces caractéristiques semblables et analyserons et de sa constitution chimique .
ensuite les propriétés spéciales qui distinguent les pi-
les présentées au tableau 11-1 . Par exemple, la résistance interne d'une pile primaire
neuve N° 6 au carbone-zinc (diamètre 63 mm, hauteur
11 .3 Résistance interne 150 mm) est de 0,03 S2 environ . Cette résistance n'est
Au moment où l'on raccorde une résistance extérieure pas constante ; elle augmente lorsque la pile vieillit et
aux bornes d'une pile, on constate que la différence de au fur et à mesure qu'elle se décharge . Cependant, pour
potentiel diminue . Ce résultat provient du fait que la des courants normaux, la chute de tension interne est
pile possède une résistance interne provoquant une de l'ordre de 10 % de la tension à vide .

TABLEAU 11-1 PILES PRIMAIRES ET SECONDAIRES


PILES PRIMAIRES PILES SECONDAIRES
carbone- alkalino- zinc- lithium nickel- sodium- nickel lithium
mercure argent plomb
zinc manganèse air Mn 02 cadmium soufre M-H polymère

tension à vide V 1,5 1,35 1,5 1,6 1,45 3,3 2,0 1,3 2,1 1,5 3,2
tension d'utilisation V 0,8 0,9 0,8 0,9 1,1 2 1,7 1,0 1,5 1,2 2
minimale

énergie massique <J/kg 250 400 370 300 650 700 40 à 70 à 225 215 à 360 à
80 120 430 700

énergie volumique kJ/dm3 500 1400 900 1600 850 1000 à 150 à 150 à 400 750 540 à
2000 300 350 1200
taux de décharge bas bas bas bas très bas haut très haut très très
admissible bas haut haut haut
électrode positive Mn02 Zn Zn Zn 02 lithium Pb0 2 NiOOH S - lithium
+C

électrode négative Zn HgO + Mn02 A920 Zn Mn 02 Pb Cd Na - Vo x


graphite

électrolyte NH 4 CI KOH KOH KOH KOH H 2 SO4 KOH AI2 0 3 - polymère


ZnCI + ZnO + eau + eau + eau + eau + eau + etc
eau + eau

domaine de °C 0à 0à -30 à Oà -40 à -20à -40 à -60 à +300 60 à


température +50 +50 +50 +50 +40 +50 +50 +40 80

aptitude au stockage 1à3 5à7 4à5 4à5 3à4 5à7 2à4 4à6
ans ans ans ans ans ans ans ans
durée de vie années 2à3 4à5 3à4 4à5 2à3 5à20 10à20

Note : Les valeurs fournies dans ce tableau donnent les ordres de grandeur seulement . Pour connaître les caractéristiques précises
d'une pile, consulter les données du fabricant .

PILES ET ACCUMULATEURS 135

(à circuit ouvert) + A
Eo =1,5V
r = 0,2 S2
10

diamètre - 63 mm
hauteur - 150 mm

Figure 11-4a
Charge raccordée aux bornes d'une pile (exemple 11-1) .

0,2 S2

1 S2

Figure 11-3 Figure 11-4b


Pile sèche et son circuit équivalent . Calcul du courant et de la tension utilisant le circuit équivalent
d'une pile (exemple 11-1) .

11 .4 Décharge d'une pile


Exemple 11-1 Lorsqu'une pile alimente une charge, la tension à ses
Une pile a une f.é .m . de 1,5 V et une résistance in- bornes diminue très lentement pendant la décharge puis
terne de 0,2 S2 . Calculer l'intensité du courant et la tombe brusquement seulement lorsque la pile est pres-
tension entre les bornes A et B de la pile lorsqu'on que épuisée (Fig . 11-5) .
la raccorde à une résistance de 1 52 (Fig . 11 -4a) . Lorsque la tension atteint la valeur ultime E F , habi-
tuellement spécifiée par le fabricant, on considère que
Solution
la pile est déchargée . Dans le cas d'une pile primaire,
La résistance interne r agit en série avec la f.é .m. (Fig .
on peut se permettre de l'épuiser davantage, sachant
11-4b) . La résistance totale du circuit vaut :
que, de toute façon, on doit la jeter . Mais pour une pile
R = 1,0 + 0,2 = 1,2 S2 secondaire, il faut se garder de trop la décharger, car
cela peut réduire son pouvoir de récupération lorsqu'on
L'intensité du courant est alors veut la recharger.
1,5 V 11 .5 Capacité d'une pile
i = = 1,25 A
1,2 b2 La capacité d'une pile est la quantité d'électricité
La chute de tension interne est: qu'elle peut débiter avant que la tension à ses bor-
nes atteigne la tension E F de la Fig . 11-5 . Cette ca-
e = rI = 1,25 X 0,2 = 0,25 V pacité s'exprime généralement en ampères-heures
(A •h), bien qu'on puisse la donner en coulombs
La tension entre les bornes A et B vaut alors (1 A •h = 3600 C) . Une pile sèche ayant une capa-
cité de 30 A .h peut donc débiter un courant de 1 A
EAB = (1,5 - 0,25) = 1,25 V pendant 30 heures, ou bien 1/10 d'ampère pendant

136 ÉLECTROTECHNIQUE

borne (+) de chaque pile étant relié à la borne (-) de la


pile suivante (Fig . 11-6) . Les deux bornes libres cons-
tituent les bornes de la batterie .

a - pile au carbone-zinc b - pile au mercure

V
2,0

1,6
a b - pile au mercure (I= 20 mA)
E
1,2 b
E =1 V
a - pile au carbone-zinc q,
0,8
I = 200 mA Figure 11-6
E F = 0,8 V Groupement de deux piles en série alimentant une charge R .
0,4
Le «boîtier» des piles est négatif ; le pôle noir est positif .

0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 h
>- temps
La force électromotrice de la batterie de piles grou-
Figure 11-5 pées en série est égale à la somme des forces électromo-
Courbes de décharge d'une pile au carbone-zinc (a) et d'une trices de chaque pile . La résistance interne de la batte-
pile au mercure (b) . rie est égale à la somme des résistances internes de
chaque pile .
La batterie d'une lampe de poche est généralement
300 heures . Cependant, la pile ne pourra pas débi-
formée de deux ou trois piles groupées en série .
ter un courant de 10 A pendant 3 heures (même si le
produit 3 A x 10 h donne 30 A .h), car la polarisation Exemple 11-2
de la pile serait excessive et la tension aux bornes tom- Trois piles sèches ayant chacune une résistance in-
berait brusquement . La capacité d'une pile n'est donc terne de 0 .3 S2 et une f.é .m . de 1 .5 V sont groupées
pas constante, mais dépend de l'intensité du courant en série . Quelle sera l'intensité du courant si l'on
débité . Plus le courant est intense, plus sa capacité en relie une résistance de 1012 aux bornes de cette bat-
ampères-heures diminue . terie?
Ordinairement, la capacité est spécifiée pour un temps
de décharge de 8 heures . Parfois on spécifie des pé-
Solution
riodes de 5 heures, ou de 1 heure . On doit alors se La force électromotrice de la batterie est :
rappeler que si le temps de décharge est plus court E = 3 x 1,5 V = 4,5 V
que celui spécifié par le fabricant, on perd de la capa- La résistance interne de la batterie est :
cité et que, dans le cas contraire, on en gagne .
r = 3 X 0,3 S2 = 0,9 S2
11 .6 Couplage des piles
La résistance totale du circuit vaut donc :
L' énergie limitée et la tension peu élevée des piles né-
R = 0,9 + 10,0 = 10,9 S2
cessitent leur couplage . On obtient alors une batterie
électrique . Le courant dans le circuit est :

1 . Groupement en série . Dans un groupement en série, 4,5 V


i = = 0,413 A
les piles sont placées les unes à la suite des autres, la 10,9 S2
PILES ET ACCUMULATEURS 137

La tension aux bornes de la résistance extérieure (et


aux bornes de la batterie) vaut donc :

E 12 = 10 £2 x 0,413 A = 4,13 V

Quand un appareil requiert


2 . Groupement en parallèle .
une intensité de courant plus grande que celle qu'une
pile peut normalement lui fournir, on est amené à grou-
per les piles semblables en parallèle . Dans ce mon-
tage, les bornes (+) sont reliées ensemble et les bornes
(-) sont reliées ensemble (Fig . 11-7) . La f.é .m . de la
batterie composée de piles semblables est la même que Figure 11-8
Groupement de quatre piles en série-parallèle .
celle d'une seule pile .

de deux groupes de deux piles en série, ces deux


groupes étant eux-mêmes reliés en parallèle .

Exemple 11-3
On désire alimenter sous une tension de 6 V un
relais dont la bobine a une résistance de 40 £2 .
On dispose de piles sèches de 1,5 V avant une
capacité de 30 A •h . Combien de piles sont requi-
ses et comment doit-on les grouper pour assurer
l'alimentation du relais pendant un minimum de
Figure 11-7 375 heures?
Groupement de deux piles en parallèle .
Solution
Tout d'abord, pour fournir la tension de 6 V, il suf-
fit de raccorder 4 piles en série .
Si les résistances internes des piles sont égales, le
courant débité par chacune d'elles est égal au cou- Le courant tiré par le relais est I = 6 V/40 0 =
rant total divisé par le nombre de piles . Si la résis- 0,15 A . Chaque pile pourrait facilement débiter ce
tance interne de l'une des piles est plus élevée que courant, sans que sa capacité en ampères-heures soit
celle des autres, elle débite un courant moins élevé diminuée . Il serait donc possible de relier seulement
que celui débité par chacune des autres piles . 4 piles en série pour alimenter le relais . Cependant,
avec ce groupement, chaque pile de la batterie se-
Toutes les piles que l'on veut grouper en parallèle
rait épuisée au bout de 200 heures, car 30 A .h/0,15 A
doivent être du même type . Il est très important de
= 200 h .
relier les bornes de même signe ensemble . En effet,
si la polarité de l'une des piles est inversée dans la Il faudra donc limiter le courant débité par les piles
batterie, cette pile sera détruite en quelques minu- à un maximum de 30 A .h/375 h = 0,08 A . Comme
tes . De plus, les autres piles se déchargeront com- le courant requis est de 0,15 A, il suffit de mettre en
plètement . parallèle 0,15 A/0,08 A = 1,87 groupes de 4 piles
en série pour alimenter le relais . Comme il est
3 . Groupement mixte .Quand on désire obtenir une
impossible de réaliser des groupes fractionnaires,
tension et un courant plus élevés que ceux d'une on doit utiliser deux groupes en parallèle . Ce grou-
seule pile, on emploie le groupement mixte (ou sé-
pement mixte de 8 piles est montré à la Fig . 11-9 .
rie-parallèle) .
Dans ce montage, chaque pile débitera un courant
Ainsi, à la Fig . 11-8, le groupement mixte est formé de 0,15 A/2 = 0,075 A .


138 ÉLECTROTECHNIQUE

0 CÀ 60À

mélange
relais
charbon (anode)
concassé
+ Mn0 2

Figure 11-9 NH Q CI
Voir exemple 11-3 . ZnCI électrolyte
H2 O
récipient en zinc
(cathode)

PILES PRIMAIRES

La plupart des piles primaires sont des piles sèches . Figure 11-10
On désigne sous ce nom les piles dont l'électrolyte Vue en coupe d'une pile «Eveready» au carbone-zinc (Union
est immobilisé par une substance absorbante . Puis- Carbide) .
qu'elles sont scellées, on peut les transporter et les
orienter dans tous les sens sans risquer de répandre le zinc, à un taux d'environ un gramme par ampère-
l'électrolyte . heure . Cette pile contient une énergie d'environ
11 .7 Polarisation 540 J/cm 3 .
Lors de la décharge d'une pile dans un circuit exté- 11 .9 Pile au mercure
rieur, il arrive souvent que de l'hydrogène se dé- La pile primaire au mercure (Fig . 11-11) possède plu-
gage sur une des électrodes et entoure celle-ci de sieurs avantages . Elle est robuste, petite, et peut être
bulles de gaz . Comme ces bulles d'hydrogène sont entreposée pendant de longues périodes . Sa résistance
de très mauvais conducteurs d'électricité, elles em- interne est basse de sorte que sa tension demeure très
pêchent le passage du courant . On constate alors constante lors de la décharge . Sa tension, à circuit
que le courant diminue d'autant plus rapidement que ouvert, demeure tellement stable qu'on peut l'utiliser
la pile est soumise à un taux de décharge plus élevé . comme source de tension de référence . Elle contient
Ce phénomène s'appelle la polarisation . trois fois plus d'énergie par unité de volume que la
Pour éviter la polarisation de la pile, on utilise une pile au carbone-zinc, ce qui explique son emploi dans
substance, appelée dépolarisant, qui absorbe les postes de radio portatifs, les missiles, les instru-
l'hydrogène au fur et à mesure de sa formation . ments de mesure portatifs, les montres électroniques,
les prothèses auditives et dans les appareils pour sti-
11 .8 Pile au carbone-zinc muler le cceur.
La pile au carbone-zinc, très répandue comme pile
pour les lampes de poche, comporte un récipient en
zinc qui constitue le pôle négatif (Fig . 11-10) .
Le pôle positif est un mélange de charbon concassé
et de bioxyde de manganèse ; l'électrolyte est un mé-
lange de chlorure d'ammonium et de chlorure de
zinc dissous dans l'eau . Ce mélange entoure un bâ- oxyde de mercure
ton de charbon qui sert de conducteur pour amener (cathode)
le courant à l'extérieur . Le récipient de zinc est sé- zinc (anode) électrolyte (KOH)

paré du mélange par une couche de papier poreux .


Figure 11-11
Lors de la décharge, la réaction chimique consomme Vue en coupe d'une pile au mercure (Mallory) .

PILES ET ACCUMULATEURS 139

11 .10 Pile aikalino-manganèse seau ou, encore, pour alimenter les dispositifs qu'on
Comme les piles au mercure, ces piles primaires al- ne peut pas raccorder facilement à un réseau de distri-
kalino-manganèse (Fig . 11-12) peuvent être entrepo- bution électrique. Ces deux applications principales per-
sées pendant de longues périodes sans se détériorer mettent de distinguer deux types de piles : celles qui
sensiblement . Bien que leur résistance interne ne soit travaillent peu souvent, mais qui doivent être toujours
pas aussi basse, et leur tension pas aussi stable, elles disponibles (éclairage d'urgence dans les édifices,
emmagasinent environ 900 J/cm3 . Elles sont supérieu- source d'énergie auxiliaire dans les postes électriques)
res aux piles carbone-zinc lorsqu'il faut alimenter des et celles qui sont utilisées dans les appareils mobiles
petits moteurs, des appareils photographiques, etc ., qui (automobiles, voitures électriques, sous-marins, avions,
demandent un gros débit de courant pendant une courte etc .) .
période . La première application exige une pile extrêmement
fiable qui dure de 15 à 25 ans, tandis que la seconde
demande une pile possédant beaucoup d'énergie par
rapport à sa grosseur, même si sa durée de vie est quel-
que peu restreinte .
À cause de son coût peu élevé, la pile au plomb est la
plus répandue, mais la pile au Ni-Cd trouve des ap-
plications lorsqu'on doit fournir de grandes puissan-
ces pendant de courtes périodes ou lorsque l'entretien
périodique par un personnel qualifié est impossible .

11 .12 Rendement d'une pile secondaire


Lorsqu'on recharge une pile secondaire, la quantité
d'électricité, en coulombs, qu'elle reçoit est presque
entièrement récupérable lors de la décharge . Selon son
état et sa construction, on peut obtenir des rendements
ampériques de l'ordre de 80 % à 90 % . Donc, une bat-
terie qui reçoit 100 A •h d'électricité pendant la charge
Figure 11-12
peut débiter de 80 à 90 A .h lors de la décharge .
Vue en coupe d'une pile al kali no-manganèse (Union Carbide) .
Par ailleurs, le rendement énergétique se situe entre
50 % et 70 % seulement, car la tension lors de la charge
est sensiblement supérieure à celle qui existe lors de la
11 .11 Durée de vie d'une pile primaire
décharge. On définit le rendement énergétique comme
À cause de réactions chimiques secondaires, une pile étant le rapport entre l'énergie en joules récupérée lors
se détériore même si elle n'est pas utilisée . Ainsi, la de la décharge et l'énergie fournie durant la charge .
capacité d'une pile neuve au carbone-zinc gardée dans
une pièce à une température normale (20 °C) devient à 11 .13 Production d'hydrogène
peu près nulle au bout de 4 ans . La température a une Plusieurs piles secondaires contiennent de l'eau dont
influence sur la durée d'une pile : une température éle- les molécules sont constituées de deux atomes d'hy-
vée accélère les réactions chimiques secondaires et drogène et d'un atome d'oxygène . Quand on recharge
diminue sensiblement sa vie utile . une batterie et surtout si l'on dépasse le seuil normal
de charge, l'eau se transforme peu à peu en hydro-
PILES SECONDAIRES gène et en oxygène. On peut observer le dégagement
de ces gaz à l'extérieur par le bouillonnement de l'élec-
Les deux principaux types de piles secondaires sont trolyte . Dans les piles secondaires scellées, ce déga-
les piles au plomb et les piles au nickel-cadmium (Ni- gement des gaz peut produire une pression interne de
Cd) . Elles sont utilisées pour fournir des puissances 400 kPa (relative) avant de provoquer l'ouverture
importantes pendant les pannes d'électricité sur un ré- d'une soupape de sécurité .


140 ÉLECTROTECHNIQUE

Pour les piles ouvertes, l'hydrogène forme avec l'air électrolyte H2 SO4
un mélange explosif. On doit donc éviter que le vo- +0 eau - 65 % 0-
lume d'hydrogène à un endroit ne dépasse 3 % du vo- acide - 35
lume d'air. La quantité d'hydrogène libérée par une
batterie déjà complètement chargée est donnée par l'ex-
pression approximative : Pb02 Pb

V = 0,25 EIt
ou Figure 11-13a
Pile au plomb chargée .
V = volume d'hydrogène, en litres [L]
E = tension de la batterie, en volts [V] Pb0 2 Pb
diminue diminue
I = courant, en ampères [A] PbSO4 PbSO 4
t = durée de la surcharge, en heures [h] augmente + - augmente

Par exemple, si l'on fait passer un courant de surcharge


de 2 A dans une batterie d'automobile de 12 V, elle électrolyte
dégage, dans une journée, environ le % d'eau augmente
le % d'acide diminue
V = 0,25 Elt
= 0,25 x 12 V x 2 A x 24 h
Figure 11-13b
= 144 L d'hydrogène Pile au plomb lors de la décharge .
On doit donc bien ventiler une pièce contenant des
batteries en charge et éviter d'y fumer. De plus, comme Pb02 Pb
chaque mètre cube (1000 litres) d'hydrogène est pro- + électrolyte +
PbSO 4 % o - PbSO 4
duit par l'électrolyse de 0,8 litre d'eau, il faut ajouter +0 eau - 85
acide - 15
de l'eau périodiquement à la batterie .
Enfin, mentionnons comme autre mesure de sécurité
que les électrolytes des piles secondaires sont très cor-
rosifs et que l'on doit éviter tout contact avec les yeux .

11 .14 Pile au plomb -théorie de


fonctionnement Figure 11-13c
Pile au plomb déchargée .
Une pile au plomb élémentaire est constituée d'une
plaque de plomb spongieux (Pb), et d'une plaque de
bioxyde de plomb (PbO2) plongées dans une solution
d'acide sulfurique (H2SO4) . La Fig . 11-13a représente
0 0
schématiquement les plaques d'une pile qui vient d'être
chargée . Les réactions chimiques qui se produisent sont
généralement expliquées par la théorie suivante .
1 . Décharge . Lorsque les bornes de la pile sont reliées
I&
à une charge extérieure, les réactions chimiques font
circuler un courant (Fig . 11-13b) . Pendant cette dé- électrolyte
charge, le bioxyde de plomb de la plaque positive se
transforme graduellement en sulfate de plomb (PbSO4)
et le plomb spongieux de la plaque négative se trans-
le % d'eau diminue
le % d'acide augmente
1LUMAI
forme également en sulfate de plomb. Lorsque les pla-
Figure 11-13d
ques deviennent à peu près identiques, la tension entre Pile au plomb en charge .
a un courant nominal de 160 - 8 = 20 A
PILES ET ACCUMULATEURS 141

rs-ci devient nulle et le courant cesse (Fig . 11-13c) . une batterie d'automobile . En effet, une densité plus
2. Charge . On peut recharger la pile en la reliant aux faible impose des électrodes plus grosses, ce qui as-
bornes d'une source à courant continu, de la façon in- sure en même temps une durée de vie plus longue .
diquée à la Fig . 11-13d . La borne (+) de la source est 11 .16 Entretien d'une batterie
relié à la borne (+) de l'accumulateur . On remarquera,
L'entretien d'une batterie est souvent dicté par l'usage
en comparant les Fig. 11-13b et 11-13d, que le sens du
courant pendant la charge est l'inverse de celui du cou- qu'on en fait . Ainsi, une batterie d'automobile reçoit
un soin plus ou moins attentif, tandis qu'une batterie
rant de décharge . Le sulfate de plomb est dissous par
de centrale hydro-électrique exige une surveillance
le passage du courant et les plaques reprennent leur
suivie et systématique . La durée de vie moyenne de la
état initial, comme le montre la Fig . 11-13a .
première est de 5 ans, et celle de la seconde, de 20 ans
11 .15 Caractéristiques d'une pile au plomb (Fig . 11-15) . On doit vérifier fréquemment le niveau
La tension aux bornes d'une pile au plomb pendant les de l'électrolyte et le maintenir à une position détermi-
née par l'addition d'eau distillée .
périodes de charge et de décharge normales est donnée
à la Fig . 11-14 .

V
décharge :-i charge
2,6
charge
2.4 normale 1,275
,. , .' 'o

2.0 les e „ o)
tension pa pile
1 .8 .B
lb ∎` 1,130
décharge norm
I I
0 2 4 6 8 10
0 2 4 6 8 10 12 h
- temps de décharge - temps de charge

Figure 11-14
Variation de la tension et de la densité de l'électrolyte pour
une pile au plomb, lors de la décharge et de la charge .

Le courant nominal est généralement basé sur une du-


rée de décharge de 8 heures . Ainsi, un accumulateur
de 160 A •h .
Figure 11-15
La résistance interne d'une pile utilisée dans une bat- Batterie au plomb ayant une durée de vie de 15 ans et plus
terie d'automobile est seulement de l'ordre de 2 mS2 . (Electric Storage Battery) .
Une telle batterie de 12 V, constituée de six piles de
2 V groupées en série, peut avoir à fournir un courant
de F ordre de 200 à 400A pendant l'intervalle très court La densité de la solution d'acide sulfurique donne une
requis pour le démarrage du moteur . indication de la condition de charge de la batterie . L' eau
Le tableau 11-1 indique que l'énergie massique peut pure a une densité relative de 1,00 alors que celle de
être de 40 kJ/kg ou de 80 kJ/kg selon l'application de l'acide sulfurique pur est de 1,85 . La solution acide
la pile . Cette différence importante provient du fait que d'une batterie d'automobile qui vient d'être chargée a
1-électrolyte des sources d'urgence est maintenue à une une densité d'environ 1,28 tandis que celle d'une bat-
densité relative de 1,21 comparativement à 1,28 pour terie complètement déchargée est de 1,12 .

142 ÉLECTROTECHNIQUE

La détermination de la densité se fait au moyen d'un dant désagrège les plaques . Lorsqu'on désire accélérer
pèse-acide (Fig . 11-16) . Le pèse-acide est plongé dans la réaction en amorçant la charge avec un courant ini-
l'électrolyte et le point d'affleurement du liquide sur tial intense, l'intensité de celui-ci ne doit pas dépasser
la graduation donne la densité . le nombre exprimant la capacité en ampères-heures .
Par exemple, le courant initial ne doit pas dépasser
160 A pour une batterie ayant une capacité de 160 A .h .
L'intensité de ce courant doit être diminuée à mesure
que la batterie se charge .
Les accumulateurs au plomb doivent être protégés con-
tre le gel, car même s'ils peuvent supporter des tempé-
ratures aussi basses que - 40 °C lorsqu'ils viennent
d'être chargés, leur résistance au froid est beaucoup
moins bonne lorsqu'ils sont partiellement déchargés .
Il faut donc tenir les accumulateurs bien chargés en
hiver, car autrement l'eau gèle, ce qui fend le boîtier .
La Fig . 11-17 montre la vue en coupe d'une batterie
d'automobile .

1 . borne
2 . bouchons avec
3 orifices
3 . trous de remplissage
et de ventilation
4 . couvercle
5 . indicateur de niveau
d'électrolyte
6, 7 . barre de connexion
Figure 11-16 entre piles
Mesure de la densité de l'électrolyte au moyen d'un pèse- 8 . plaque négative
acide (C & D Battery) . 9 . séparateur
10 . plaque positive
11 . récipient

On ne doit jamais abandonner une batterie qui est par-


tiellement déchargée, car un repos prolongé provoque
la sulfatation des plaques . Le dépôt blanchâtre de sul- Figure 11-17
fate de plomb sur les plaques devient dur et insoluble Vue en coupe d'une batterie d'automobile de 12 V (Electric
Storage Battery) .
dans l'acide ; la surface active des plaques est réduite
et leur résistance interne augmente . La capacité de la
batterie est ainsi réduite . Si la sulfatation est légère, on
11 .17 Pile au nickel-cadmium
peut la faire disparaître en faisant subir à la batterie
une longue surcharge à faible intensité de courant . La pile au nickel-cadmium (Fig . 11-18) est constituée
d'une électrode positive en hydroxyde de nickel et
On ne doit jamais pousser la décharge au-dessous de d'une électrode négative en cadmium, plongées dans
1,6 V, car le dépôt de sulfate sur les plaques devient une solution alcaline d'hydroxyde de potasse (KOH) .
alors très dur et très résistant; ce sulfate durci étant Pour les applications stationnaires, l'énergie volumique
insoluble, les plaques sont endommagées de façon per- est comparable à celle des piles au plomb. Les princi-
manente .
paux avantages de la pile au Ni-Cd sont les suivants :
Il est nécessaire de prendre quelques précautions pen- elle peut débiter des puissances énormes pendant de
dant la charge de la batterie . Ainsi, on ne doit pas pous- courtes périodes, on peut la décharger complètement
ser la charge trop loin, car le dégagement gazeux abon- sans nuire à ses caractéristiques, elle se décharge très

PILES ET ACCUMULATEURS 143

Soupape Protection des connexions


Une soupape à clapet empêche la F _- Les gaines de protection des con-
mise à feu, par une étincelle nexions, en PVC dur, éliminent
extérieure, du gaz contenu dans les risques de court-circuits
l'élément. Dans tous les types extérieurs .
d'accumulateurs il se forme en effet,
au moment de la charge, un
Groupes de plaques
mélange gazeux détonnant .
- Des baguettes verticales isolent et
Récipient en polypropylène . séparent les plaques positives
des plaques négatives.
Un espace entièrement dégagé a
été ménagé entre les plaques et le ()rei' e soudée par points au cadre
fond du récipient. Ceci évite les ut à la pochette supérieure de la
courts-circuits causés par les plaque.
boues sédimentaires .
- Matière active contenue dans des
pochettes. La matière active des
plaques positives est à base de
nickel . Celle des plaques négatives
est à base de cadmium .

Figure 11-18
Vue en coupe d'une pile au nickel-cadmium (gracieuseté de
Nife-Junger) .

lentement pendant les périodes inactives, elle ne dé-


gage pas de vapeurs nocives d'acide sulfurique et elle
est facile à entretenir.
Son débit élevé pendant de courtes périodes explique
pourquoi on l'utilise pour le démarrage des moteurs à
explosion . De plus, puisqu'on peut la charger et dé-
charger des milliers de fois, elle trouve une applica-
tion importante dans les installations stationnaires (Fig .
11-19) .
La densité de l'électrolyte, formée d'une solution de
20 % de KOH et de 80 % d'eau, ne change pas pen-
dant la charge et la décharge . On ne peut donc pas
mesurer l'état de la pile au moyen d'un pèse-acide .
Cependant, comme pour la pile au plomb, l'eau se dé-
compose lorsqu'on dépasse le seuil normal de charge,
libérant de l'hydrogène et de l'oxygène .

11 .18 Piles primaires et secondaires


spéciales
Figure 11-19
Il existe un grand nombre de piles primaires et secon-
Batterie composée de 3 groupes de 328 piles au nickel-
daires spéciales qui, ont été développées pour diverses cadmium, installée à l'aéroport de Sturup à Malmô, Suède .
applications . Par exemple, la pile primaire au lithium/ En cas de panne du réseau principal, elle assure la continuité
dioxide de manganèse est utilisée dans certains dispo- du service jusqu'à la mise en marche des génératrices
d'urgence . Cette batterie alimente un onduleur électronique
sitifs électroniques qui requièrent la conservation, à
de 180 kVA qui transforme le courant continu en courant
long terme, de données en mémoire, ou pour enregis- alternatif (gracieuseté de Nife-Junger) .



144 ÉLECTROTECHNIQUE

trer la date . Une autre pile primaire au lithium-ion sert (2) feuillard de lithium
à alimenter les pacemakers sur une période de cinq à anode (+)
dix ans . Cette pile d'une grande fiabilité fournit quel- (1) isolant / (3) électrolyte en
ques microampères seulement . face (-) de la cellule polymère solide

(4) oxyde de
On développe présentement des piles secondaires vanadium
spéciales pouvant fournir les grandes énergies et cathode (-)
puissances requises pour alimenter les voitures élec-
triques . Parmi les candidats possibles, mentionnons
les piles au sodium-soufre et au disulfure de fer et
de lithium . Toutes deux fonctionnent à haute
température . Les propriétés de la pile au sodium-
soufre sont résumées dans le tableau 11-1 .
Dernièrement, on a eu recours à une autre batterie
secondaire à base de lithium/métal-hydraté pour la face (+) de la cellule
traction automobile . En 1997, une voiture électri-
que, équipée de batteries de ce type, a effectué le Figure 11-20
trajet Boston-New York, une distance de 340 km, Construction d'une cellule ACEP.
sans recharge . On a utilisé 180 piles, donnant une
tension de fonctionnement de 220 V, une capacité Le tableau 11-2 donne les caractéristiques d'un mo-
totale de 126 A •h , et un poids de 431 kg . L'énergie dule composé de 8 cellules .
dépensée pour franchir la distance à une vitesse ap-
proximative de 85 km/h a été de 27,8 kW .h .
TABLEAU 11-2 CARACTÉRISTIQUES D'UN
D'autres batteries, à base de lithium-polymère, sont MODULE ACEP
présentement à l'étude pour alimenter les voitures
tension nominale 20 V
électriques . Ce type d'accumulateur, baptisé ACEP
(accumulateur à électrolyte polymère) a été déve- capacité à un taux C/3 120 A •h
loppé par un groupe de chercheurs d'Hydro-Qué- courant maximal 365 A
bec, de pair avec des sociétés américaines* . masse 15,7 kg
volume 11 kg
L'accumulateur est composé de cinq feuilles très
minces enroulées ensemble sous forme de rectan-
gle, comme le montre la Fig . 11-20 . La première Le taux C/3 correspond à une décharge de 3 heures à
courant constant . Comme la capacité est de 120 A•h , le
feuille est un isolant, la deuxième est un feuillard
courant correspondant est de 40 A . La batterie peut
de lithium métallique qui constitue l'anode (+) . La
être chargée et rechargée plusieurs centaines de fois .
troizième feuille est l'électrolyte à polymère solide,
Afin d'assurer une bonne performance elle est mainte-
suivie par une feuille polymère à base d'oxyde de
nue à une température entre 60 °C et 80 °C . De plus, la
vanadium qui devient la cathode (-) . Enfin, la cin-
quième feuille agit comme collecteur métallique du tension de chaque cellule est surveillée et régularisée
courant . Les cinq feuilles ont une épaisseur totale par un microprocesseur . La batterie ACEP offre une
de 0,1 mm seulement . En régime normal, la tension capacité énergétique par unité de masse neuf fois su-
périeure à celle d'une batterie au plomb convention-
est maintenue entre 3,2 V et 2,0 V.
nelle . Comme il n'y a pas d'électrolyte liquide, elle
peut être orientée dans toutes les directions . Enfin,
comme ses plaques sont très minces et souples, on peut
donner à la batterie n'importe quelle forme géométri-
La société 3M et le United States Advanced Battery Con- que, ce qui permet de l'adapter à de nombreux usages .
sortium, un partenariat associant General Motors, Ford,
Chrysler et l'Electric Power Research Institute, avec la par-
Cette batterie, encore en développement, indique le
ticipation du Département d'état américain de l'Énergie grand intérêt que l'on porte à la voiture électrique du
(DOE) et le Argonne International Laboratory. futur.


PILES ET ACCUMULATEURS 145

PILES À COMBUSTIBLE charge électrique


R
11 .19 Pile à combustible
électrons
Lorsqu'on fait brûler du bois, du charbon ou du gaz
naturel, l'oxygène de l'atmosphère réagit avec le com-
électrolyte
bustible pour produire une nouvelle substance . Cette
réaction chimique s'appelle oxydation . L'oxydation
d'un combustible dégage de grandes quantités d'éner-
gie, principalement sous forme de chaleur . La chaleur
dégagée peut être utilisée pour produire de la vapeur
qui fait tourner une turbine. Cette turbine entraîne à i
son tour une génératrice qui produit de l'électricité . ~n combustible oxygène
combustible ion ion oxygène
Malheureusement, lorsqu'on utilise de la chaleur pour
produire de l'électricité, le rendement est très faible .
Par exemple, le rendement d'un système thermo-élec- Figure 11-21
trique pouvant débiter une puissance de 1 kW est à Composants fondamentaux d'une pile à combustible .
peine de 20 % . Pour les grosses installations de
1000 MW, le rendement est seulement de l'ordre de
40 % . De plus, ces rendements sont obtenus en utili- dans l'électrolyte . L'électrolyte contient donc des ions
sant des températures à la limite de ce que les métaux positifs venant de l'électrode A et des ions négatifs
peuvent supporter. venant de l'électrode B . Les ions positifs et négatifs
Dans une pile à combustible, on contourne le problème se combinent pour former une substance électrique-
du faible rendement et des hautes températures en com- ment neutre. Cette substance s'accumule avec le temps
binant l'oxygène avec le combustible d'une manière et doit être enlevée afin d'empêcher la contamination
très astucieuse . En effet, la pile à combustible est un de la pile .
dispositif qui permet l'oxydation d'un combustible sans L'oxydation se produit donc à l'intérieur de l'élec-
le brûler. La quantité d'énergie libérée est la même, trolyte où les ions négatifs d'oxygène et les ions
mais elle apparaît directement sous forme d'énergie positifs du combustible se réunissent . Cependant,
électrique . Comment peut-on réaliser cette transforma- comme aucune énergie n'entre en jeu lors de cette
tion? réaction, toute l'énergie issue de l'oxydation est li-
Une pile à combustible est constituée essentiellement bérée aux électrodes sous forme d'énergie électri-
de deux électrodes A et B en contact avec un électro- que .
lyte (Fig. 11-21) . Elle comprend aussi un combustible Les électrons libérés à l'électrode A sont captés à
et une source d'oxygène . Le combustible que l'on dé- l'électrode B de sorte qu'un courant continu circule
sire oxyder est mis en contact avec l'électrode A, tan- dans la charge . L'électrode en contact avec le
dis que de l'oxygène est mis en contact avec l'élec- combustible est toujours négative . Selon le combus-
trode B . La charge électrique est raccordée entre les tible utilisé, la différence de potentiel entre les deux
deux électrodes . électrodes varie entre 0,5 V et 3 V.
Lorsque le combustible vient en contact avec son élec- En théorie, la puissance électrique fournie à la
trode il se produit une réaction spéciale qui a pour ef- charge est égale à la puissance thermique qui serait
fet de décomposer le combustible en ions positifs et en libérée si on brûlait le combustible . En pratique, il
électrons . Ces ions sont absorbés par l'électrolyte, où y a des pertes mais le rendement, même pour les
ils se déplacent lentement vers l'électrode B . Les élec- petites piles à combustible, atteint 40 % . Cette uti-
trons, par contre, sont captés par l'électrode A, traver- lisation directe de la combustion pour produire de
sent la charge et continuent vers l'électrode B . l'électricité constitue donc une nette amélioration
Les molécules d'oxygène qui touchent l'électrode B par rapport à la méthode conventionnelle utilisant
viennent capter ces électrons . Il s'ensuit que ces mo- les transformations intermédiaires en énergie ther-
lécules deviennent des ions négatifs qui se répandent mique et mécanique .



1 46 ELECTROTECHNIQUE

11 .20 La pile à hydrogène-oxygène ou un gaz, et l'électrolyte peut être un solide ou un


Les piles à combustible sont très complexes ; par con- liquide . De plus, l'oxygène peut être utilisé à l'état pur
séquent, nous nous limiterons à une description som- ou combiné avec d'autres substances .
maire de la pile à combustible la plus simple : la pile à La température de fonctionnement dépend du design ;
hydrogène-oxygène . certaines piles fonctionnent à des températures de
Il est bien connu que la combustion de 1 kg d'hydro- 60 °C, d'autres donnent leur meilleure performance à
gène consomme 8 kg d'oxygène . La réaction dégage 1000°C .
120 MJ de chaleur et le produit résultant est simple-
ment 9 kg d'eau .
Lorsque l'hydrogène est employé dans une pile à com-
bustible, les électrodes sont faites en platine et l'élec-
trolyte est une solution d'acide sulfurique . De l'hydro-
gène est continuellement fourni à l'électrode A et
de l'oxygène à l'électrode B (Fig . 11-22) . Si on four-
nit 1 kg d'hydrogène et 8 kg d'oxygène par heure aux
électrodes respectives, la réaction chimique produit
120 MJ/heure, soit une puissance électrique de
33,3 kW. La tension théorique est de 1,25 V ; il en ré-
sulte un courant débité de 33,3 kW =1,25 V = 26,7 kA .
On remarque que, tout comme les piles conven-
tionnelles, les piles à combustible sont des dispositifs
à fort courant et faible tension .

Figure 11-23
Cette pile à combustible contient 456 cellules raccordées en
série . Vingt de ces unités modulaires sont connectées en
série-parallèle pour fournir une puissance de 4500 kW. Détails
de construction : électrolyte ; acide phosphorique ; température
de fonctionnement : 190 °C; tension par cellule : environ 0,7 V ;
hydrogène hydrogène oxygène oxygène
densité de courant par cellule : 2500 A/m 2 ; rendement
(1 kg/h) ion ion (8 kg/h)
énergétique : 9500 Btu/kW •h ; temps de démarrage à partir
eau (9 kg/h) de 21 °C : 4 h ; temps de réponse : 0,5 s de 35 % à 100 % de
la puissance nominale (Electric Power Research Institute) .

Figure 11-22
Modèle simplifié d'une pile à combustible à hydrogène-
oxygène . Une pile à combustible est donc essentiellement une
pile primaire dans laquelle les agents électrochimiques
sont fournis constamment à une enceinte appropriée et
dont les produits résiduels sont constamment évacués .
11 .21 Types de piles à combustibles Une telle pile ne se décharge jamais car les produits
Il existe plusieurs façons de construire une pile à com- actifs (combustible et oxygène) sont remplacés au fur
bustible. Le combustible peut être un solide, un liquide et à mesure qu'ils sont consommés .

PILES ET ACCUMULATEURS 147

En résumé, la pile à combustible est un convertisseur PROBLÈMES - CHAPITRE 11


d'énergie chimique-électrique exceptionnel car :
Niveau pratique
1 . elle donne un rendement élevé par rapport à un sys-
tème thermo-électrique ; 11-1 Quelle est la différence entre une pile primaire
2 . elle peut être construite de façon modulaire et des et une pile secondaire?
unités peuvent être ajoutées selon le besoin ; 11-2 Nommez deux types de pile primaire et deux
3 . elle ne fait aucun bruit et elle ne produit pour ainsi types de pile secondaire .
dire pas de pollution . 11-3 Pourquoi ne doit-on jamais fumer dans une salle
La Fig . 11-23 montre une pile à combustible ayant une de batteries?
puissance nominale de 240 kW. 11-4 On se propose d'utiliser une batterie de piles au
carbone-zinc pour faire démarrer un moteur diesel de
11 .22 Résumé
10 kW. Est-ce un choix judicieux? Quel genre de bat-
Les piles permettent d'emmagasiner de l'électricité terie serait plus approprié?
sous forme chimique . Elles sont constituées essentiel-
11-5 Quel est l'avantage des piles scellées? Pourquoi
lement de deux électrodes, une électrode positive (+)
faut-il éviter de sceller les piles complètement?
et une électrode négative (-) en contact avec un élec-
11-6 Une batterie d'autobus a une capacité de
trolyte solide ou liquide . Lorsque la pile débite un cou-
300 A .h et sa tension nominale est de 12 V . Quel est le
rant, la circulation des ions (+) et des électrons à tra-
débit normal en ampères pendant 8 h? Pendant com-
vers l'électrolyte produit une transformation graduelle
bien de temps peut-on en tirer un courant de 10 A? Si
des électrodes . Il existe une grande variété de piles uti-
la batterie est déchargée, quel doit être le courant maxi-
lisant différents types d'électrolytes et d'électrodes . On
mal pendant la période de charge?
peut toutefois les regrouper en deux grandes catégo-
ries : les piles primaires qui ne sont plus utilisables une 11-7 Une batterie au nickel-cadmium de 12V aune
fois déchargées et les piles secondaires que l'on peut capacité de 100 A •h basée sur une période de décharge
recharger des centaines de fois . de 5 heures . Calculez la tension aux bornes lorsque le
courant est de 50 A sachant que la tension à circuit
Selon le type de pile la tension développée à vide est
ouvert est de 13 V et que sa résistance interne est de
comprise entre 1,3 V et 3 V environ . Toutefois, toute
2,4 mQ2 .
pile possède une résistance interne réduisant sous
charge la tension disponible entre ses bornes . Pour 11-8 On veut construire une batterie de 120 V utili-
obtenir une tension ou un courant plus élevé on rac- sant soit des piles au plomb, soit des piles au nickel-
corde les piles en série et en parallèle pour former une cadmium. Combien de piles seraient requises dans cha-
batterie ou accumulateur . La quantité de charge qu'une que cas?
batterie peut fournir est exprimée en ampères-heures .
11-9 Un pèse-acide de batterie d'automobile indique
La densité d'énergie ou énergie massique emmagasi-
une densité d'électrolyte de 1,1 . Doit-on recharger la
née peut varier de 40 kJ/kg pour une batterie au plomb batterie? Quelle est la densité indiquée lorsque la bat-
à 700 kJ/kg pour les piles au lithium .
terie est chargée complètement?
Les piles primaires les plus courantes sont la pile au
Niveau intermédiaire
carbone-zinc, la pile au mercure, la pile alkalino-man-
ganèse . Les deux principaux types de pile secondaire 11-10 La force électromotrice d'une pile sèche est
sont la pile au plomb et la pile au nickel-cadmium . Des de 1,5 V à circuit ouvert . La tension aux bornes est de
développements récents de piles secondaires spéciales 1,2 V quand une résistance de 6 S2 est connectée entre
à forte énergie massique permettent d'envisager le dé- ses bornes . Quelle est la résistance interne de la pile?
veloppement de la voiture électrique .
11-11 On veut alimenter une bobine avec un courant
Enfin, mentionnons les différents types de piles à com- de 300 mA pendant une période d'environ 100 heures .
bustibles qui utilisent la combinaison d'un combusti- Si la résistance de la bobine est de 20 Q, combien de
ble comme l'hydrogène avec de l'oxygène et permet- piles de 1,5 V sont nécessaires et comment doit-on les
tent de fournir des puissances supérieures à 100 kW . connecter? Chaque pile a une capacité de 30 A .h .

148 ÉLECTROTECHNIQUE

11-12 Dans le problème 11-11, s'il fallait alimenter 11-19 Une pile au nickel-cadmium peut débiter un
la bobine pendant 250 heures, combien de piles se- courant de 19,5 A pendant 8 heures avant que sa ten-
raient nécessaires et comment faudrait-il les connec- sion baisse à 1 V. La même pile peut débiter un cou-
ter? rant de 940 A pendant 5 secondes avant que sa tension
baisse à 1 V .
11-13 Une salle d'accumulateurs contient 500 piles
secondaires donnant une tension de 120 V Si l'on sur- a) Calculer la capacité en A .h dans ces deux cas .
charge les batteries pendant 4 heures, quelle quantité b) Quelle est la résistance interne de la pile à la fin de
d'hydrogène sera libérée, le courant de charge étant de la période de 5 secondes?
10 A? 11-20 Une batterie de 120 V servant à propulser
une voiture de mine doit fournir une puissance
11-14 Une batterie au carbone-zinc de 6 V ales di-
moyenne de 21 kW pendant 6 heures . Si l'on utilise
mensions suivantes : 135 mm x 70 mm x 100 mm .
des piles au plomb, calculez la masse approxima-
D'après le tableau 11-1, calculer :
tive de la batterie et le nombre de piles requises .
a) l'énergie disponible en joules Quel est le courant moyen débité? (Dans le tableau
b) la capacité approximative en ampères-heures de la 11-1, prendre 80 kJ/kg .)
batterie
11-21 On doit prévoir une source d'énergie d'urgence
c) le nombre d'heures pendant lesquelles on peut ali-
pouvant donner une puissance de 500 kW, à 240 V
menter une lampe de 6 W branchée sur la batterie
pendant 6 heures . Si l'on utilise des piles au plomb
11-15 Une pile au mercure pour montre a un dia- dont la durée de vie est de 15 ans et plus, calculer :
mètre de 11,5 mm, une épaisseur de 5,3 mm et pèse
a) le volume des piles
2,55 g . Sa capacité étant de 220 mA .h, déterminez le
b) le groupement des piles si chacune a une capacité
nombre d'heures de fonctionnement de la montre si
celle-ci tire un courant constant de 15 tA . de 150 A-h

11-16 Dans le problème 11-15, calculez l'énergie 11-22 a) Calculer le rendement de la pile à com-
massique et volumique de la pile et comparez vos ré- bustible illustrée à la Fig . 11-23 .
sultats avec les données du tableau 11-1 . b) Quelles sont la tension et le courant approximatifs
de cette pile?
11-17 Décrivez le principe de fonctionnement d'une
pile à conbustible .
Niveau avancé
11-18 Un cheval pesant 750 kg peut débiter une puis-
sance de 1 hp pendant 8 heures .
a) Calculer la masse d'une batterie au nickel-cadmium
pouvant débiter la même quantité d'énergie avant
qu'il faille la recharger.
b) Répéter les calculs pour une batterie au plomb .
12
Magnétisme
Le magnétisme est un phénomène qui joue un rôle fon- tingue les aimants artificiels temporaires et les aimants
damental dans la plupart des appareils électriques . Dans artificiels permanents . On leur donne des formes di-
ce chapitre, nous étudions les principes fondamentaux verses : barreau droit (Fig . 12-2a), barreau recourbé en
du magnétisme, de même que les conventions et les fer à cheval (Fig . 12-2b), aiguille plate, en forme de
unités associées . losange allongé (Fig . 12-2c) . Nous verrons plus loin
que les aimants temporaires deviennent aimantés seu-
12.1 Aimants naturels, aimants artificiels lement lorsqu'on les place dans un champ magnétique
Les anciens avaient remarqué que certaines pierres ont tandis que les aimants permanents conservent en grande
la propriété d'attirer le fer ; si on les plonge dans de la partie leur aimantation après avoir été retirés du champ
limaille de fer, celle-ci y reste fixée en certains points . magnétique.
C'est cette propriété que l'on appelle magnétisme . Ces
pierres sont appelées aimants naturels (Fig . 12-1) .
(a)

(b) (c)

Figure 12-2
pôle Divers aimants artificiels :
a . barreau droit
Figure 12-1 b . barreau en fer à cheval
Un aimant naturel attire la limaille de fer. c . aiguille d'une boussole

Il est possible de communiquer cette propriété à des Si on plonge un aimant artificiel dans de la limaille de
barres d'acier par un traitement spécial . Celles-ci sont fer, on constate que les particules de limaille adhèrent
désignées sous le nom d'aimants artificiels; on dis- surtout aux extrémités : l'attraction y est donc plus forte .
149

150 ÉLECTROTECHNIQUE

Ces extrémités, qui jouissent plus particulièrement de Si l'on approche maintenant le pôle sud d'un aimant
la propriété de magnétisme, constituent les pôles de du pôle nord de l'autre, on constate cette fois-ci une
l'aimant . attraction .
On peut alors énoncer la première loi du magnétisme :
12 .2 Orientation des aimants
Si un barreau droit aimanté est suspendu par une fi- les pôles semblables de deux aimants se re-
celle, il s'oriente de lui-même sensiblement dans la poussent; les pôles contraires s'attirent .
direction Nord-Sud géographique . La même extrémité
de l'aimant se dirige toujours vers le Nord, l'autre, tou- 12 .4 Lignes de force
jours vers le Sud . Les deux pôles ne sont donc pas iden- Une boussole est composée essentiellement d'une pe-
tiques : par convention, on donne le nom de pôle nord tite aiguille aimantée, montée sur un pivot et libre de
magnétique à l'extrémité qui se dirige vers le pôle Nord se mouvoir. Si l'on place une boussole dans le voisi-
de la terre, et celui de pôle sud à celui qui se dirige nage d'un aimant, son pôle nord est repoussé par le
vers le Sud (Fig . 12-3) . pôle nord de l'aimant . Si, à partir de l'extrémité A de
l'aimant (Fig . 12-5), on dispose toute une série de pe-
pôle Nord géographique tites boussoles de façon que les aiguilles se suivent, on
constate qu'elles forment une ligne courbe régulière
allant de A à B . De la même manière, en partant d'un
autre point tel que X, on trouve un nouveau chemin
pôle nord aboutissant au point Y.
magnétique

pôle sud
magnétique

pôle Sud géographique

Figure 12-3
Détermination de la polarité magnétique d'un aimant en
suspendant l'aimant dans le champ terrestre .

Figure 12-5
12.3 Attraction et répulsion Orientation d'une série de boussoles dans un champ
magnétique .
Si l'on approche les pôles nord (N) des deux aimants
de la Fig . 12-3 l'un vers l'autre, on constate qu'ils se
repoussent . On observerait la même répulsion entre les
deux pôles sud (S) (Fig . 12-4) . On peut ainsi tracer un nombre infini de ces chemins .
La Fig . 12-6 indique quelques-uns de ces chemins que
l'on appelle lignes de force ou lignes de flux .
répulsion
En continuant l'expérience, on trouverait que ces li-
S gnes de force existent dans tout l'espace entourant le
barreau . On donne le nom de champ magnétique à la
région de l'espace traversée par les lignes de force .
attraction
Le champ magnétique autour d'un aimant n'est affecté
N t que par le voisinage du fer, du cobalt, du nickel et de
leurs alliages . Les lignes de force peuvent donc tra-
Figure 12-4 verser des matériaux tels que le ciment, le papier, le
Loi de la répulsion et de l'attraction . bois comme s'ils étaient de l'air .

MAGNÉTISME 151

12.6 Détermination du spectre magnétique


à l'aide de limaille de fer
Un moyen facile et rapide de déterminer la direction et
la distribution des lignes de force consiste à placer une
feuille de papier sur un barreau aimanté et à saupoudrer
cette feuille de limaille de fer doux . En secouant légè-
rement le papier, on constate que les grains de limaille
se disposent les uns à la suite des autres d'une façon
régulière en formant un certain nombre de lignes cour-
bes . L'ensemble des lignes courbes dessinées par la
limaille représente le spectre magnétique de l'aimant .
La Fig . 12-8 représente le spectre magnétique d'un
barreau droit aimanté .
Figure 12-6
Concept de ligne de force .

Bien que ces lignes de force n'existent pas réellement,


leur représentation est quand même utile, car elle per-
met de déterminer la direction et l'intensité d'un champ
magnétique .

12 .5 Sens des lignes de force


Pour faciliter l'étude du magnétisme, on établit par
convention que le sens d'une ligne de force en un point
Figure 12-8
est celui vers lequel pointe le pôle nord d'une bous-
Spectre magnétique décrit par la limaille de fer autour d'un
sole . Comme le montre la Fig . 12-7, les lignes de force barreau aimanté .
seront orientées du pôle nord au pôle sud à l'extérieur
de l'aimant. Donc, toute ligne de force sort du pôle
nord pour rentrer dans le pôle sud. On suppose égale- Donc, en pratique, on peut déterminer l'allure d'un
ment que chaque ligne se referme à l'intérieur de champ magnétique à l'aide de la limaille et son sens à
l'aimant pour compléter une boucle (Fig . 12-7) . l'aide d'une boussole .

12 .7 Prédétermination du spectre
magnétique
Il est possible de prédéterminer la forme d'un champ
magnétique sans avoir recours à la limaille de fer, en
se basant uniquement sur certaines propriétés des li-
gnes de force . Il suffit d'appliquer les règles suivantes :

1 . les lignes de force sont semblables à des fils


élastiques tendus, entre lesquels existe une
force de répulsion ;
2 . les lignes partent toujours d'un pôle nord et
aboutissent à un pôle sud ;
3 . les lignes de force ne se croisent jamais ;
4 . les lignes tendent à suivre le chemin le plus
Figure 12-7 court ou le plus facile .
Détermination du sens d'une ligne de force .

152 ÉLECTROTECHNIQUE

Exemple 12-1 Le flux est d'autant plus grand que la surface est plus
Déterminer le spectre magnétique des deux aimants grande et que les lignes de force sont plus serrées . La
de la Fig . 12-9a . valeur du flux dépend également de l'orientation de la
surface par rapport à la direction des lignes . Si la sur-
face est inclinée par rapport à la direction des lignes
(Fig . 12-10), le flux à travers cette surface est plus fai-
ble car elle est traversée par un nombre moindre de
lignes de force . Le flux est maximal quand la surface
Figure 12-9a est perpendiculaire aux lignes et nul quand elle leur est
Orientation polaire de deux aimants permanents (exemple parallèle .
12-1) .

Solution
Le spectre aura la forme donnée à la Fig . 12-9b . On
notera que :
1 . les lignes de force sortent des pôles nord et ren-
trent dans les pôles sud, sans toutefois se croiser ;
2 . les lignes «tendues» cherchent à se rétrécir, en
même temps qu'une force de répulsion se mani-
feste entre elles . L'ensemble de ces forces provo-
Figure 12-10
que une déformation, un ballonnement des lignes ; Le flux traversant une surface dépend de son orientation .
3 . les barreaux se repoussent à cause de la force de
répulsion existant entre les lignes qui sortent des
pôles nord .
L'unité SI de flux magnétique est le weber (Wb) . Il
vaut 100 000 000 ou 108 lignes . Un milliweber (mWb)
équivaut donc à 100 000 lignes et un microweber (gWb)
à 100 lignes .
Cette unité SI (1 Wb = 108 lignes) a l'avantage de sim-
plifier les formules de l'électromagnétisme que nous
rencontrerons plus loin .
Un weber représente une quantité de flux considéra-
ble ; en effet, pour produire un tel flux, il faudrait utili-
ser un aimant permanent énorme ayant une hauteur de
1,5 mètres, une longueur de 1,5 mètres et une épais-
seur de 1 mètre (Fig . 12-11) . Sa masse serait de 2 ton-
nes environ .
Figure 12-9b 12.9 Densité de flux magnétique* (B)
Spectre magnétique résultant .
Nous avons tous remarqué, par expérience, que la force
d'attraction d'un aimant permanent, sur un morceau
12.8 Flux magnétique (O)* de fer, croît à mesure que l'on approche l'une des ex-
Le flux magnétique à travers une surface donnée est trémités de l'aimant. D'autre part, on voit que les li-
l'ensemble des lignes de force qui traversent cette sur- gnes de flux sont plus serrées près de ces extrémités
face . ou pôles (Fig . 12-6) . On est donc amené à la conclu-

* 0 est une lettre grecque qui se prononce «phi» . * La densité de flux est aussi appelée «induction magnétique» .

MAGNÉTISME 153

12.10 Aimantation par influence


Un barreau de fer doux* placé au voisinage d'un ai-
mant, même sans le toucher, acquiert temporairement
les propriétés d'un aimant (Fig . 12-13) . On dit alors
que le barreau s'aimante par influence .

Figure 12-11
Dimensions d'un aimant pouvant créer un flux de 1 weber .

%ion que la concentration des lignes de force est une


mesure de la densité du champ . Plus le champ sera
dense, plus le nombre de lignes dans un espace donné
sera grand et plus les lignes seront rapprochées .
Ainsi le flux magnétique représenté à la Fig . 12-12a, Figure 12-13
est deux fois plus dense que celui de la Fig . 12-12b car Phénomène de l'aimantation par influence .
il produit deux fois plus de lignes à travers une même
surface .
Le barreau de fer doux présente deux pôles et devient
un aimant complet . Son extrémité la plus rapprochée
du pôle nord de l'aimant deviendra un pôle sud . Le
barreau s'aimante en effet de la façon suivante : il se
forme un pôle sud à l'extrémité où les lignes de force
pénètrent dans le barreau et un pôle nord, à l'extrémité
où elles ressortent .
Ce phénomène d'aimantation par influence explique
l'attraction exercée par un aimant sur un barreau de
(a) (b)
fer : lorsqu'on rapproche le barreau d'un pôle de
l'aimant, un pôle contraire d'établit dans le barreau et
provoque, par le fait même, l'attraction .
Figure 12-12
La densité de flux en un point est égale au nombre de webers On peut vérifier que le barreau de fer doux a acquis lui
par mètre carré qui traversent une surface orientée
aussi la propriété d'attirer le fer, en y suspendant un
perpendiculairement aux lignes de force . La densité de flux
en (a) est le double de celle en (b) . clou .
Quand on éloigne le barreau de fer doux de l'aimant,
l'influence de ce dernier ne se fait plus sentir, l'aiman-
L'unité SI de densité de flux magnétique est le tesla tation du fer doux disparaît et le clou tombe.
(symbole T) . Elle est égale à un weber par mètre carré ;
donc 1 T = 1 Wb/m2 . 12.11 Effet du fer doux sur un champ
magnétique
Pour donner une idée du tesla, mentionnons que la den-
sité de flux dans le noyau d'un transformateur atteint La Fig . 12-14 montre ce qui se produit lorsqu'on in-
une valeur maximale de 2 teslas et que celle du champ troduit un morceau de fer doux dans le champ magné-
magnétique terrestre varie entre 25 et 50 microteslas tique d'un aimant : les lignes de force sont déformées
(µT), selon l'endroit.
" fer doux: acier recuit à très basse teneur en carbone, utilisé
pour les noyaux de circuits magnétiques .

54 ÉLECTROTECHNIQUE

\ mot`%~\ 1\~S \s\~/Î


(a)

champ magnétique extérieur

in - --- in
sn sn
0
(b)

Figure 12-15
a . Orientation des aimants à l'intérieur d'un morceau de fer .
Figure 12-14 b . Orientation des aimants élémentaires lorsque le fer est
Les lignes de flux ont tendance à passer à travers un morceau placé dans un champ magnétique .
de fer placé à proximité d'un aimant .

Quand le morceau est placé dans un champ magné-


comme si elles cherchaient à passer surtout à travers le tique extérieur, les petits aimants élémentaires s'ali-
fer plutôt que de continuer à travers l'air . Les lignes de gnent comme des milliers de petites boussoles (Fig .
force paraissent «aspirées» par le fer . On dit alors que 12-15b) . L' orientation des aimants élémentaires est telle
le fer est plus perméable aux lignes de force que l'air, que tous leurs pôles nord se dirigent dans le même sens .
car il se laisse traverser plus facilement par celles-ci . Les champs magnétiques fournis par chacun d'eux
Le fer est un meilleur conducteur du flux magnétique s'ajoutent pour donner un champ magnétique résul-
que l'air. tant considérable ; il apparaît un pôle nord et un pôle
sud aux extrémités du morceau de fer .
12 .12 Nature du ferromagnétisme
Les pôles d'un aimant sont inséparables ; il n'est pas Dès que le champ magnétique extérieur disparaît, les
possible d'obtenir, par exemple, un aimant portant un petits aimants reprennent leur indépendance et s'orien-
pôle nord et aucun pôle sud . Si l'on coupe un aimant tent au hasard, la somme de leurs champs redevient
en deux, chaque morceau possède un pôle nord et un nulle et les pôles du morceau de fer disparaissent .
pôle sud ; si l'on continue à briser les morceaux obte- 12 .13 Théorie des domaines
nus, chaque fragment forme un aimant complet pré-
Bien que la théorie d'Ewing ait permis d'expliquer
sentant un pôle nord et un pôle sud. Enfin, si l'on pousse
convenablement plusieurs phénomènes ferromagné-
la division des fragments àl' extrême limite, on aboutit
tiques, on fait appel aujourd'hui à une théorie plus évo-
à l'aimant élémentaire portant toujours deux pôles con-
luée : la théorie des domaines . Selon cette théorie, cha-
traires et de force égale .
que atome de fer se comporte comme un petit aimant
D'après la théorie d'Ewing,* tout se passe comme si permanent (appelé dipôle) dont le champ magnétique
un morceau de fer non aimanté était constitué d'un est créé par la rotation et le spin des électrons sur leur
grand nombre de ces petits aimants élémentaires, tous orbite . Les champs magnétiques des atomes voisins
identiques, orientés au hasard et produisant des champs s'influencent mutuellement, de sorte que les dipôles
dans toutes les directions . Les pôles nord et les pôles cherchent à s'aligner. Cette orientation atomique des
sud se neutralisent donc, ne donnant ainsi aucun pôle à champs se produit dans de petites régions appelées
l'extérieur du morceau de fer (Fig . 12-15a) . domaines . Dans un morceau de fer, la grandeur des
domaines varie beaucoup, mais ordinairement ils sont
assez grands pour être vus à l'aide d'un simple mi-
James Alfred Ewing (1855-1935) est un physicien écossais
qui a apporté une importante contribution à la théorie du
croscope . À l'intérieur d'un domaine, tous les champs
ferromagnétisme . magnétiques des atomes sont orientés dans une même

MAGNÉTISME 155

direction, ce qui produit un champ global assez intense .


Cependant, les domaines sont eux-mêmes orientés dans domaine 1
toutes les directions, de sorte que le champ magnéti-
que résultant est nul .
Les «aimants élémentaires» mentionnés dans la théo-
domaine 3
rie d'Ewing sont en fait des «domaines magnétiques» .
domaine 4
Afin de comprendre le processus d'orientation, consi- (a)
dérons un morceau de fer, extrêmement petit, composé
de 4 domaines seulement (Fig . 12-16a) . Chacun des Figure 12-16a
domaines produit un champ magnétique dont le sens Orientation du champ magnétique à l'intérieur d'un petit
morceau de fer composé de 4 domaines . Le morceau de fer
est indiqué par une flèche . Comme les flèches se sui- ne produit aucun champ extérieur.
vent en boucle fermée, le petit morceau de fer ne crée
aucun champ à l'extérieur de ses parois .
Ces domaines sont séparés par des «murs» très étroits
(représentés sur la figure par des lignes doubles), épais
de 100 nanomètres seulement . Ces murs représentent
en fait la zone de transition où l'orientation des dipô-
les change graduellement d'un sens à l'autre . Par exem-
ple, dans le mur qui sépare les domaines 2 et 3, les
dipôles changent progressivement de l'orientation du
domaine 2 à celle du domaine 3 .
Si on place le morceau de fer dans un champ magné-
tique extérieur, comme celui créé par le pôle nord d'un
aimant (Fig . 12-16b), quelques-uns des dipôles situés (b)
dans les murs s'orientent dans le sens des lignes de
Figure 12-16b
flux produites par ce pôle nord . Cela a pour effet de Lorsque le morceau de fer est placé dans un champ
grossir le domaine 2, aux dépens des autres domaines magnétique, les murs entre les domaines se déplacent . Cela
qui deviennent forcément plus petits . Il se produit donc a pour effet de changer les dimensions des domaines . La
prépondérance du domaine 2 produit un champ magnétique
un déplacement et un rétrécissement progressif des
qui s'ajoute au champ magnétique extérieur .
murs, au fur et à mesure que le champ extérieur aug-
mente . Le petit morceau de fer commence donc à pro-
duire son propre champ extérieur, comme le montre la
figure . Enfin, si le champ extérieur est suffisamment
intense, les murs disparaissent complètement et il ne
subsiste plus qu'un seul domaine dans lequel tous les
dipôles sont orientés dans le sens du champ extérieur
(Fig . 12-16c) . Les extrémités du morceau de fer déve-
loppent alors un pôle nord et un pôle sud de force con-
sidérable .
Que se passe-t-il lorsque le champ extérieur disparaît?
Pour répondre à cette question, il faut faire appel à des
considérations énergétiques . Le champ magnétique créé (c)
par un domaine représente de l'énergie emmagasinée
dans celui-ci . Dans le cas de la Fig . 12-16a, l'énergie Figure 12-16c
potentielle emmagasinée dans les quatre domaines est Si le champ magnétique extérieur est suffisamment intense,
les 4 domaines deviennent un seul domaine . Le petit morceau
égale à la somme de leurs énergies potentielles indivi- de fer produit un champ intense qui s'ajoute au champ
duelles . magnétique extérieur .

156 ÉLECTROTECHNIQUE

Cependant, lorsque les 4 domaines sont orientés dans Depuis 1970, les scientifiques ont réussi à créer un
la même direction (Fig . 12-16c), l'énergie potentielle aimant permanent 5 fois plus fort que l'alnico, pour
totale est supérieure à celle de la précédente (Fig . une même masse . Il est composé d'un alliage de 25 %
12-16a) . Étant donné que tout système physique tend de samarium, 49 % de cobalt, 12 % de fer, 8 % de
vers un état d'énergie minimale, il s'ensuit que les do- cuivre et 6 % de zirconium . Ce genre d'aimant porte le
maines réapparaissent dès qu'on supprime le champ symbole chimique Sm 2Co 1 7 ; à cause de la présence du
extérieur. Les domaines orientés au hasard se rétablis- samarium, il fait partie de la classe des aimants dits à
sent de nouveau et les pôles magnétiques disparais- terre rare . Cette classe comprend les aimants compo-
sent. sés de néodyme, boron et fer.

12 .14 Aimantation rémanente La Fig . 12-17 donne les dimensions relatives de qua-
tre aimants de compositions différentes mais ayant la
Nous venons de dire que lorsque le fer est soustrait de
même intensité d'aimantation .
l'influence du champ magnétique extérieur, son ai-
mantation disparaît . Ceci n'est pas tout à fait exact car Les aimants permanents sont employés dans un très
un certain nombre de domaines resteront orientés dans grand nombre d'appareils . Parmi ceux-ci, citons les
le même sens et créeront ainsi un faible pôle nord et un instruments de mesures (voltmètres à courant continu,
faible pôle sud . La faible aimantation qui subsiste est indicateurs de vitesse pour automobiles), les haut-
l'aimantation rémanente et le flux conservé est le flux parleurs, et les aimants utilisés dans certains moteurs
résiduel . Ce phénomène est traité en plus grand détail électriques .
à la section 15 .4, chapitre 15 . Les aimants permanents seront étudiés plus en détail
Si, au lieu du fer doux, on avait placé dans le champ au chapitre 15 .
magnétique certaines variétés d'acier, l'aimantation au-
rait subsisté presque complètement après la suppres-
sion du champ . On aurait alors obtenu un aimant per-
manent. L aimantation du fer doux est temporaire, celle
de l'acier, permanente .
Cette propriété que possède l'acier de retenir son ai-
mantation est mise en évidence quand un tournevis
vient en contact avec un aimant permanent : l'aimanta-
tion rémanente est suffisamment forte pour que le tour-
Figure 12-17
nevis puisse soulever des vis et des clous d'acier . Évolution de la technologie : dimensions relatives de quatre
aimants permanents produisant le même flux . L'aimant TR à
12 .15 Aimants permanents terre rare est 100 fois plus petit qu'un aimant à acier au
On appelle aimants permanents les corps qui ont la carbone .
propriété de conserver une très grande aimantation ré-
manente, et qui se désaimantent difficilement lorsqu'ils 12 .16 Résumé
ont été aimantés . On les obtient en plaçant le morceau Les aimants existent à l'état naturel mais on peut aussi
à aimanter dans un champ magnétique intense . Autre- communiquer cette propriété de magnétisme à certains
fois, on employait presque exclusivement l'acier au corps composés essentiellement de fer, nickel, cobalt,
carbone trempé, mais la métallurgie moderne a permis qu'on appelle aimants artificiels . Un aimant comprend
de réaliser un grand nombre d'alliages bien supérieurs . un pôle nord et un pôle sud . Deux pôles de types con-
En plus du fer, le constituant principal de ces aimants traires (N-S) s'attirent alors que deux pôles de même
modernes est soit le chrome, soit le tungstène, soit le type (N-N ou S-S) se repoussent . Dans l'espace en-
nickel . L'aluminium, le cobalt et le titane entrent par- tourant les pôles d'un aimant existe un champ magné-
fois dans la composition comme éléments secondai- tique composé de lignes de flux ou lignes de force . Les
res . Citons par exemple l' alnico V qui comporte 51 % lignes forment des boucles qui partent du pôle nord et
de fer, 14 % de nickel, 8 % d'aluminium, 24 % de co- entrent dans le pôle sud . L'ensemble de ces lignes de
balt et 3 % de cuivre . force constitue le spectre magnétique .

MAGNÉTISME 157

La somme des lignes de force traversant une surface 12-10 En se basant sur la théorie des domaines, com-
donnée constitue le flux magnétique . L' unité SI de flux ment peut-on expliquer le phénomène de l'attraction
magnétique est le weber (Wb) . La densité de flux ma- d'un morceau de fer par un aimant permanent?
gnétique à un point donné mesure l'intensité du champ 12-11 À partir des propriétés des lignes de force,
magnétique à ce point. L'unité de densité de flux est le établir l'allure générale du spectre magnétique
tesla (T) ; il équivaut à 1 weber par mètre carré autour de deux barreaux aimantés disposés suivant
(1 T = 1 Wb/m2) . les Fig . 12-18 et 12-19 .
Certains matériaux ferromagnétiques comme le fer 12-12 Un aimant permanent très puissant attire tou-
doux sont perméables aux lignes de flux . Cette pro- jours l'un des pôles d'une boussole, même si l'on place
priété de canaliser les lignes de flux s'explique par la un pôle de l'aimant vis-à-vis d'un pôle semblable de la
théorie des domaines . Chaque domaine constitue un boussole . Expliquer.
petit aimant s'orientant dans le sens des lignes de force
créées par le champ extérieur et augmente ainsi la den-
sité de flux à l'intérieur du corps ferromagnétique .
N S
Lorsqu'ils sont soustraits à l'influence du champ exté-
rieur, les corps ferromagnétiques conservent une cer-
taine aimantation rémanente ou flux rémanent . C'est
ce flux rémanent intense ainsi que leur capacité de con-
server cette aimantation qui distingue les aimants per-
S N
manents . Il existe actuellement des aimants permanents
très puissants fabriqués avec des alliages complexes à
base de fer, nickel, cobalt, cuivre, comme l'alnico, ou Figure 12-18
des éléments classés dans les terres rares, comme le Voir problème 12-11 .
néodyme .

PROBLÈMES - CHAPITRE 12
N
Niveau pratique
12-1 Comment peut-on déterminer la polarité N-S
d'un barreau aimanté sans aucun appareil magnétique?
12-2 Deux pôles magnétiques semblables s'attirent-
ils?
12-3 Énumérer trois propriétés des lignes de force .
12-4 Quel est le sens adopté pour les lignes de force S
d'un aimant?
S N
12-5 Nommer trois matériaux magnétiques .
12-6 Qu'est-ce que l'aimantation rémanente?
Figure 12-19
12-7 Donner deux applications des aimants perma- Voir problème 12-11 .
nents .
Niveau intermédiaire
12-8 Au pôle Nord de la terre (pôle géographique)
se trouve un pôle sud magnétique. Expliquer .
12-9 Comment peut-on réaimanter un aimant per-
manent qui a perdu son aimantation?
13
Courants électriques et
champs magnétiques
PRINCIPE I DE L'ÉLECTROMAGNÉTISME

L'électromagnétisme est l'étude des phénomènes résul- Le fonctionnement des machines électriques, des re-
tant de l'interaction des courants électriques et des lais, des transformateurs et, plus généralement, de tout
champs magnétiques . dispositif électromagnétique, est basé sur un ou plu-
sieurs de ces quatre principes .
13 .1 Principes de l'électromagnétisme
Dans ce livre, nous avons divisé arbitrairement l'élec- 13 .2 Champ magnétique créé par
tromagnétisme en quatre principes fondamentaux un courant
comme suit . Si l'on déplace une boussole le long d'un fil parcouru
par un courant, on observe que l'aiguille s'oriente tou-
PRINCIPE I
jours perpendiculairement à celui-ci, même aux endroits
Création d'un champ magnétique par un courant (cha- où le fil est courbé . Lorsqu'on change le sens du cou-
pitre 13)
rant, l'aiguille s'oriente de nouveau suivant une direc-
PRINCIPE II tion perpendiculaire au fil mais en sens inverse . On
Force exercée sur un courant placé dans un champ constate également que l'aiguille change de sens sui-
magnétique (chapitre 16) vant que la boussole est placée au-dessus ou en des-
sous du fil (Fig . 13-1) . Enfin, lorsque le courant cesse,
PRINCIPE III
l'aiguille reprend son orientation normale dans la di-
Déplacement d'un conducteur dans un champ magné- rection du champ magnétique terrestre .
tique, induction d'une tension (chapitre 17)
PRINCIPE IV
Variation du champ magnétique à l'intérieur d'une bou-
cle, induction d'une tension (chapitre 18)
Dans les manuels de physique, les principes I et II sont
présentés respectivement sous les noms de loi d'Am-
père et loi de Lorenz, tandis que les principes III et IV
sont deux expressions de la loi de l'induction électro- Figure 13-1
magnétique de Faraday . Un courant électrique produit un champ magnétique .

158
COURANTS ÉLECTRIQUES ET CHAMPS MAGNÉTIQUES 159

Ce phénomène, remarqué pour la première fois en 1819


par le physicien Hans Christian Oersted, est une des
plus importantes découvertes du siècle dernier . Oers-
ied a trouvé qu'un conducteur parcouru par un courant
s-entoure d'un champ magnétique analogue à celui pro-
duit par un aimant . Ce fut la première d'une série de
découvertes remarquables dont le sommet fut la dé-
couverte de l'induction électromagnétique par Faraday .

13.3 Forme et sens du champ


Soit un conducteur raccordé à une pile de sorte qu'il Figure 13-3
porte un courant I (Fig . 13-2) . Une partie du conduc- La règle de la main droite permet de déterminer le sens des
teur traverse une feuille de carton que l'on saupoudre lignes de force, connaissant le sens du courant I . Lentrée du
courant dans le conducteur est indiqué par une croix ; la sortie
de limaille de fer. On remarque que la limaille se dis- par un point .
pose autour du conducteur en une série de cercles con-
centriques qui révèlent la présence de lignes de force .
Convention - Il est d'usage de représenter le sens du
courant à l'extrémité d'un conducteur au moyen
d'une croix pour un courant pénétrant dans le conduc-
teur (empennage d'une flèche) et d'un point pour un
champ magnétique courant sortant du conducteur (pointe d'une flèche)
(Fig . 13-3) . On ne doit pas confondre la croix avec le
signe (+) .

13.4 Densité de flux


Lorsqu'un conducteur porte un courant, les lignes de
force qui entourent le conducteur deviennent de plus
Figure 13-2 en plus espacées à mesure qu'on s'éloigne du conduc-
Les lignes de force autour d'un conducteur forment des teur (Fig . 13-4) . En effet, le nombre de lignes de force
cercles fermés . La nature de ce champ magnétique est par mètre carré diminue . Le flux magnétique est donc
révélée par la limaille de fer. moins dense au point B qu'au point A .

Ce champ circulaire entoure le fil sur toute sa longueur,


et les lignes de force forment des cercles dont le plan
est toujours perpendiculaire à la direction du conduc-
teur.
On peut déterminer le sens des lignes de force à l'aide
d'une boussole, mais il est plus simple de retenir la
règle illustrée à la Fig . 13-3, appelée règle de la main
droite :

Règle de la main droite


Si l'on tient le conducteur dans la main droite, le Figure 13-4
La densité de flux décroît à mesure qu'on s'éloigne du
pouce étant orienté dans le sens du courant, les
i conducteur.
doigts pointeront dans le sens du flux .

Inversement, si l'on connaît le sens du flux, on peut, à Le champ existe tout autour du conducteur, même aux
l'aide de la même règle, déduire le sens du courant qui endroits très éloignés . Cependant, à quelques centi-
le produit . mètres d'un conducteur parcouru par un courant, le


160 ÉLECTROTECHNIQUE

champ devient si faible qu'il réussit à peine à faire dé- Solution


vier l'aiguille d'une boussole . Comme ordre de gran- La densité de flux à une distance de 2 cm vaut :
deur, signalons qu'un courant de 10 ampères produit à
4 cm du centre d'un conducteur une densité de flux de B=2x10'1
50 µT, soit environ celle du champ terrestre . d
La densité de flux à un point donné est proportionnelle 10
= 2 x 10 -7 x
au courant qui traverse le conducteur : si le courant dou- 0,02
ble, la densité de flux double . Cette densité de flux est 10 4 T
indépendante du diamètre du conducteur et de la na-
100 pT
ture de celui-ci . Ainsi, des conducteurs de cuivre et de
fer, de diamètres différents mais portant le même cou- Le fil #11 possède un diamètre de 2,3 mm, soit un rayon
rant, produisent, dans l'air, des champs de même den- de 1,15 mm . À la surface du conducteur, la densité de
sité à 10 cm de leur centre (Fig . 13-5) . flux est donc :

B = 2 x 10-7 x 10 = 1739µT
fer 0,00115
10 cm
13 .5 Champ créé par plusieurs conducteurs
Le champ magnétique autour de plusieurs conducteurs
est égal à la somme des champs créés par chacun d'eux .
Ainsi, un faisceau de 100 conducteurs portant chacun
cuivre un courant de 5 ampères produit le même champ qu'un
1 10 cm seul conducteur parcouru par un courant de 500 ampè-
res (Fig . 13-6) . Cela permet de créer des champs inten-
ses avec des courants relativement faibles .
Par ailleurs, deux conducteurs voisins, portant des cou-
Figure 13-5
rants égaux mais de sens contraires, produisent, ensem-
La densité de flux B1 = densité de flux B2 .

On peut calculer la valeur de la densité de flux autour


d'un conducteur rectiligne par la formule :

2x10-7
B = 1
d

ou
(a) 100 conducteurs de 5 A
B = densité de flux, en teslas [T]
I = courant, en ampères [A]
d = distance, en mètres [m]
2 x 10-7 = constante tenant compte des unités

Exemple 13-1
Calculer la valeur de la densité de flux à une dis- (b) 1 conducteur de 500 A
tance de 2 cm d'un fil AWG #11 qui porte un cou-
rant de 10 A . Quelle est la valeur de la densité de Figure 13-6
Champ magnétique créé par (a) est le même que celui créé
flux à la surface du fil? par (b) .

COURANTS ÉLECTRIQUES ET CHAMPS MAGNÉTIQUES 161

ble, un champ négligeable à quelques millimètres de 13 .6 Champ produit par un courant dans
distance (Fig . 13-7) . Les courants créent des champs une spire
de sens contraires de sorte que le champ résultant est Soit un fil circulaire (spire) traversant une feuille
faible, même pour des courants élevés . de carton en deux points A et B . Saupoudrons cette
feuille de limaille de fer comme dans le cas du conduc-
champ négligeable teur rectiligne . Lorsque le fil est parcouru par un cou-
rant, des lignes de force se dessinent comme sur la Fig .
13-9 . Aux points A et B, les lignes forment des courbes
fermées ; à mesure qu'on s'éloigne de ces deux points,
les lignes suivent des courbes de moins en moins pro-
noncées . Au centre, la ligne est rigoureusement droite .

Figure 13-7
Champ créé par deux courants égaux de sens contraires . face nord
Lorsque les conducteurs isolés se touchent, le champ
résultant est faible .

En utilisant un câble coaxial formé d'un fil central


entouré d'un conducteur de retour cylindrique (Fig . 13-
8) . on peut éliminer complètement le champ à l'exté-
rieur du câble ; toutefois il existera un champ dans l'es-
pace séparant les deux conducteurs . Ce montage est
utilisé dans les câbles de soudure à l'arc afin de les Figure 13-9
empêcher de se coller contre des pièces de fer lors- Champ magnétique créé par un courant circulant dans une
qu'ils portent des courants intenses . spire .

Les câbles coaxiaux trouvent aussi une application dans


les circuits à haute fréquence, ce qui permet d'éviter Si l'on applique la règle de la main droite à cette spire,
les interférences électromagnétiques avec les circuits on trouve que le sens des lignes de force doit être le
voisins . même que celui représenté sur la Fig . 13-9 . Par analo-
gie avec les aimants, on appelle face nord (ou pôle nord)
celle par laquelle sortent les lignes de force et face sud
(ou pôle sud) celle par laquelle elles rentrent. En effet,
une spire parcourue par un courant produit un spectre
magnétique semblable à celui produit par un aimant
permanent en forme de disque (Fig . 13-10) .

Figure 13-10
Le champ créé par un aimant permanent en forme de
Figure 13-8 disque est le même que celui produit par le courant de la
Un câble coaxial ne produit aucun champ extérieur. figure 13-9 .

162 ÉLECTROTECHNIQUE

Noter que si la spire de la Fig . 13-9 portait, par exem-


ple, un courant de 500 ampères, elle produirait un
0
champ identique à celui d'une bobine de même forme
composée de 100 spires et portant un courant de 5 A
dm
(Fig . 13-11) . ~cccccccc~cc~cv)
Figure 13-12
Champ magnétique créé par un solénoïde .

distribuées exactement comme celles d'un barreau ai-


manté (Fig . 13-13) . Comme pour le barreau aimanté,
on appelle pôle nord l'extrémité de la bobine par la-
I)) quelle sortent les lignes de force, et pôle sud l'extré-
mité par laquelle elles rentrent .
Figure 13-11 Si l'on applique la règle de la main droite au cou-
Le champ magnétique créé par cette bobine est le même
rant qui circule dans une spire du solénoïde de la
que celui créé par la spire de la Fig . 13-9 .
Fig . 13-12, on constate que les lignes de force doi-
vent rentrer par l'extrémité A du solénoïde; celle-ci
13 .7 Force magnétomotrice (FMM) constitue donc le pôle sud . Pour changer le sens du
Le produit du courant par le nombre de spires s'ap- champ, il suffit de changer le sens du courant .
pelle force magnétomotrice d'une bobine . Ainsi, une On peut remplacer un barreau aimanté par un solénoïde
bobine de 50 spires portant un courant de 8 ampères, car, leurs spectres magnétiques étant semblables, ils
développe une force magnétomotrice (symbole FMM) jouissent tous deux des mêmes propriétés magnétiques .
de : En effet, on vérifie expérimentalement que si l'on ap-
FMM = 50 spires x 8 ampères = 400 ampères proche un aimant permanent du solénoïde parcouru par
un courant, il y a attraction ou répulsion, comme dans
Une telle bobine crée le même effet magnétique qu'une le cas de deux aimants permanents .
seule spire portant un courant de 400 ampères .
Le flux créé par un solénoïde, dans l'air ou dans le vide .
L'unité SI de force magnétomotrice est l'ampère (A) ; est proportionnel au courant qui circule dans celui-ci :
il représente la différence de potentiel magnétique pro- si l'on double le courant, le flux double . Le nombre de
duit par un courant de 1 ampère circulant dans 1 spire* . lignes de force dépend donc de la FMM de la bobine .
Le flux dépend aussi du diamètre et de la longueur du
13 .8 Champ d'un solénoïde (bobine longue)
solénoïde ; l'effet de ces facteurs sera étudié dans le
On appelle solénoïde un fil enroulé régulièrement en chapitre suivant .
hélice de façon à former une bobine longue (Fig . 13-12) .
Une telle bobine parcourue par un courant produit le
même champ qu'une série de spires indépendantes par-
courues par le même courant.
À l'intérieur de la bobine, les lignes de force sont pa-
rallèles à l'axe du solénoïde . À l'extérieur, elles sont

Le terme «ampère-tour» utilisé autrefois équivaut à une FMM


*MPI
de 1 ampère . Nous continuerons à utiliser le terme «am- Figure 13-13
père-tour» (plutôt que simplement «ampère») aussi souvent Ce barreau aimanté produit le même champ magnétique que
que la clarté du texte l'exigera . le solénoïde de la Fig . 13-12 .
COURANTS ÉLECTRIQUES ET CHAMPS MAGNÉTIQUES 163

13.9 Règle de la main droite pour un


solénoïde
Bien que l'on puisse trouver le pôle nord d'un solé-
noïde en appliquant la méthode décrite dans la section
13 .6 . il est plus facile d'employer la règle suivante .
Si l'on imagine qu'on tient la bobine de la main droite
& façon que les doigts soient dirigés dans le sens du
Figure 13-15
qqw
courant circulant dans les spires, le pouce pointera vers
Cet aimant permanent produit 50 000 lignes de force .
k pôle nord du solénoïde . La Fig . 13-14 illustre l'ap-
plication de cette règle .

bm
Ô
O
s

Figure 13-16
Cette spire, portant un courant de 120 000 A, produit le même
champ magnétique que l'aimant de la Fig . 13-15 .

secondes à cause des fortes pertes par effet Joule . Il


est impossible de produire une telle FMM avec une bo-
m bine ayant des dimensions aussi restreintes .
On en conclut qu'il n'est pas pratique de construire des
solénoïdes à noyau d'air produisant des champs ma-
Figure 13-14 gnétiques aussi intenses que ceux obtenus avec les
Méthode simple pour trouver le pôle nord d'un solénoïde . aimants permanents modernes .

13 .11 Électro-aimants
13.10 Comparaison des champs produits
Soit un solénoïde à noyau d'air produisant une FMM
par un aimant et un solénoïde à
modérée de sorte que la bobine ne surchauffe pas . On
noyau d'air
produira ainsi un flux, mais à peine suffisant pour at-
Si l'on cherche à produire avec un solénoïde le même
tirer un clou . Mais si l'on introduit un noyau de fer
flux que celui créé par un aimant permanent de même
doux à l'intérieur du solénoïde, on constate que le flux
grosseur, on s'aperçoit que la bobine doit développer
augmente de façon spectaculaire et peut devenir aussi
une FMM énorme . Par exemple, un aimant permanent
grand que celui provenant d'un aimant permanent de
en alnico V de 2,5 cm de diamètre et de 15 cm de long
mêmes dimensions . Pourtant, la bobine ne développe
produit un flux de 50 000 lignes (500 pWb) environ
qu'une FMM modeste . La combinaison d'un solénoïde
Fig
. 13-15) . Pour produire le même flux avec un solé-
et d'un noyau de fer doux nous ouvre des possibilités
noïde de mêmes dimensions, mais à noyau d'air, il fau-
intéressantes . Cette combinaison, appelée électro-ai-
drait que la bobine développe une FMM d'au moins
mant, nous permet non seulement de créer des champs
1 2_0 000 ampères (Fig . 13-16) .
aussi intenses que ceux produits par les aimants per-
C'est dire que cette bobine devrait supporter un cou- manents, mais aussi de les faire varier à volonté
rant de 120 000 A si elle était formée d'une seule spire, (et même les inverser), en faisant simplement varier le
ou de 120 A si elle en comportait 1000 . Dans un cas courant circulant dans la bobine. Comment expliquer
comme dans l'autre, la bobine brûlerait en quelques ce phénomène?


164 ÉLECTROTECHNIQUE

Il faut avoir recours aux domaines magnétiques à l'in-


térieur du morceau de fer doux . Sous l'influence du
faible champ produit par le solénoïde, les domaines
s'orientent tous dans le même sens que celui-ci, ajou-
tant ainsi leur flux énorme à celui créé par le solénoïde
seul .
L' orientation des domaines équivaut à orienter dans une
même direction toutes les FMM atomiques créées par
noyau
la rotation et le «spin» des électrons dans le fer .
de fer
13 .12 Applications des électro-aimants
Les électro-aimants peuvent prendre diverses formes :
cylindrique, en fer à cheval, cuirassée, à noyau plon-
geur, etc ., suivant les applications . En voici quelques Figure 13-18
Principe de l'électro-plongeur.
exemples .

I . Pôles des génératrices et des moteurs a) Disjoncteurs électromagnétiques


Les électro-aimants trouvent leur application la plus
importante dans les génératrices et les moteurs . Ils ser- Les disjoncteurs sont des appareils qui coupent auto-
vent à créer un champ magnétique très dense dans l'es- matiquement le circuit quand l'intensité du courant
pace appelé entrefer (Fig . 13-17) . dépasse une certaine valeur (Fig . 13-19) .
Pour les machines à courant continu, les bobines sont Grâce à la présence d'un crochet articulé, les contacts
enroulées autour de chacun des noyaux de façon à for- fixes d'un interrupteur sont court-circuités par un con-
mer un pôle nord et un pôle sud . Les lignes de force tact mobile, solidaire du bras mobile du disjoncteur .
circulent de la façon indiquée sur la figure . Le courant I entre par la borne 1, passe par le contact
fixe supérieur, le contact mobile, le contact fixe infé-
Il . Électro-plongeur
rieur, à travers la bobine de l'électro-aimant à noyau
L'ensemble d'une bobine excitatrice et d'un noyau de plongeur, et ressort par la borne 2 .
fer libre de se déplacer à l'intérieur de la bobine cons-
titue un électro-plongeur (Fig . 13-18) .
Lorsque le courant circule dans la bobine, le noyau
s'aimante par influence et est alors attiré contre la force
de gravité vers le centre de la bobine où le champ est le
plus dense . Ce mode de déplacement est mis à profit
dans de nombreux disjoncteurs, contacteurs, freins ma-
gnétiques et relais .

entrefer

- r7_711\
noyau N o S noyau
rotor

bobin e

à~ là
Figure 13-17 Figure 13-19
Pôles d'une génératrice à courant continu . Électro-aimant servant à déclencher un disjoncteur .

COURANTS ÉLECTRIQUES ET CHAMPS MAGNÉTIQUES 165

Lorsque le courant devient trop intense, le noyau plon- III . Électro-aimant à noyau fixe
geur est attiré vers le centre de la bobine et, en remon-
Contrairement à un électro-plongeur, il existe des
tant . fait sauter le crochet. Le ressort comprimé se dé-
électro-aimants dont le noyau est fixe. En voici quel-
rrend. poussant le bras mobile vers la droite, ce qui coupe ques exemples .
le circuit.
a) Électro-aimant droit
b, Freins magnétiques
Lorsque le courant passe dans la bobine (Fig . 13-22),
La Fig . 13-20 représente un frein d'ascenseur . Lors-
des pôles N, S apparaissent aux extrémités du noyau .
que l'ascenseur est à l'arrêt, un ressort très puissant
Une armature de fer doux, placée au-dessus du noyau,
serre les deux sabots contre un tambour . Dès que le
s'aimante par influence et est attirée vers le noyau .
courant circule dans la bobine, celle-ci attire brusque-
Lorsque le courant cesse dans la bobine, l'armature
ment le plongeur qui, en agissant contre la tension du
est ramenée par le ressort . Ce déplacement d'un arma-
ressort, libère le tambour. Au moment où le courant
ture par un électro-aimant est à la base d'un grand nom-
est interrompu, le tambour est freiné à nouveau . La
bre d'appareils : sonnerie électrique, relais, appareils
bobine de l'électro-aimant est cuirassée en fer afin de
de commande à distance, etc .
concentrer les lignes de force .

1- ressort
2- sabots
3- tambour
4- plongeur
5- bobine
6- fer
7- barre mobile
8- pièce fixe Figure 13-22
Électro-aimant à noyau fixe utilisé dans un relais .

Figure 13-20 b) Électro-aimant enfer à cheval


Électro-aimant servant à commander un frein .
On préfère souvent à l'électro-aimant droit de la Fig .
13-22, l'électro-aimant en fer à cheval qui a l'avantage
et Relais à noyau mobile
d'utiliser l'attraction des deux pôles (Fig . 13-23) .
La circulation du courant dans la bobine du relais (Fig .
Les deux enroulements doivent être raccordés en série
13-21), provoque le déplacement du plongeur. Le con-
afin que les FMM produites par chaque bobine s'addi-
tact mobile, solidaire du plongeur, ferme le circuit en-
tionnent .
tre les bornes A et B . Le relais est donc un interrupteur
que l'on peut commander à distance en faisant circuler
ou non le courant I dans la bobine .

Figure 13-23
Figure 13-21 Électro-aimant à noyau fixe, où on utilise les deux pôles pour
Électro-aimant servant à actionner les contacts d'un relais . attirer une armature .

166 ÉLECTROTECHNIQUE

c) Sonnerie électrique
L'organe principal d'une sonnerie électrique est un
électro-aimant E en forme de fer à cheval (Fig . 13-24) .

Si on appuie sur le bouton poussoir X, le circuit élec-


trique se ferme et le courant passe dans les bobines de
l'électro-aimant E puis retourne à la pile par la lame
flexible L et par la pointe de la vis fixe V qui fait con-
tact au point C . L'électro-aimant excité attire l'arma-
ture A et le marteau M vient frapper le timbre T . Mais
dès que cette attraction a lieu, le contact de la vis fixe
et de la lame flexible se trouve rompu et le courant ne
passe plus . L' aimantation cesse et la lame ramène l'ar-
mature à son point de repos . Le courant est ainsi réta-
bli et l'attraction a lieu à nouveau, et ainsi de suite . Figure 13-25a
Cette succession de chocs du marteau se produit très Le synchro-cyclotron de Berkeley servait à accélérer les
rapidement et aussi longtemps que l'on appuie sur le particules atomiques telles que les protons, les deutérons,
etc . Il utilise le champ magnétique créé par un immense
bouton X . électro-aimant composé de deux bobines principales, de deux
bobines auxiliaires et d'un noyau de fer. La photo montre
une partie du noyau de fer et les bobines blindées supérieures
et inférieures . Les particules atomiques sont accélérées dans
l'entrefer, caché dans cette photo par la chambre
rectangulaire sous vide (gracieuseté de Lawrence Berkeley
Laboratory - University of California) .

17m

1,9 m noyau de fer

pôle supérieur
bobine principale
~- diamètre 4,67 m -~ 1300 spires 750 A
1`_~
1305 mm
3 0 bobine auxiliaire
5,33 m entrefe- 212 spires 2700 A
4 t
pôle inférieur

Figure 13-25b
Vue en coupe et dimensions de l'électro-aimant, à l'échelle .
Cet accélérateur illustre bien la construction d'un électro-
aimant puissant qui a servi à faire des découvertes
atomiques importantes .

Figure 13-24
Électro-aimant à noyau fixe utilisé dans une sonnette .

d) Électro-aimants spéciaux 13 .13 Calcul des bobines pour


La Fig . 13-25 montre un électro-aimant énorme qui électro-aimants
a servi à étudier les propriétés des particules électro- Les notions simples que nous avons étudiées dans ce
niques . Les détails techniques sont donnés au ta- chapitre nous permettent déjà de faire certains calculs
bleau 13-1 . sur les électro-aimants . En voici trois exemples .

COURANTS ÉLECTRIQUES ET CHAMPS MAGNÉTIQUES 167

TABLEAU 13-1 DONNÉES SUR LÉLECTRO-AIMANT DE LA FIGURE 13-25


enroulement principal enroulement auxiliaire
1. nombre de bobines 2 2
2. raccordement des bobines parallèle série
3. spires par bobine 1300 212
4. conducteur de cuivre barre solide 6,35 x 101,6 mm barre creuse 30 x 27 mm
5. résistance par bobine à 25 °C 0,62 SQ 0,1 Q2
6. courant d'excitation par bobine 750 A 2700 A
7. FMM (totale) 1,95 MA 1,14 MA
8. tension d'excitation par bobine 550 V 275 V
9. puissance dissipée 825 kW 1485 kW
10 . type de refroidissement circulation forcée d'huile 25 Us circulation forcée
d'eau dans les
conducteurs creux
11 . densité de flux au centre des pôles 2,34 teslas
12 . flux total dans l'entrefer 40 webers
13 . masse de cuivre 275 tonnes 55 tonnes
14 . masse du cuivre (totale) 330 tonnes
15 . masse du fer (totale) 3650 tonnes
16 . énergie des protons après accélération 740 MeV

Exemple 13-2 La puissance dissipée deviendra :


Soit une bobine avant 5000 spires et dont la résis-
P = 0,5 x 100 = 50 watts
tance est de 200 12 . Quelle sera sa FMM si elle est
raccordée à une souce de 50V'? Quelle sera lapuis- En doublant la tension, on double la FMM, mais on
sance dissipée en chaleur? quadruple la puissance dissipée en chaleur . Ce ré-
sultat est très important car il nous fait réaliser que
Solution l'on ne peut pas obtenir une FMM plus grande sans
Le courant tiré par la bobine sera : risquer de détériorer l'isolant de la bobine par la
température élevée, due au dégagement accru de la
I = E = 50
= 0,25 A chaleur.
R 200
Exemple 13-4
La FMM = courant x tours = 0,25 x 5000
Un électro-aimant comprend une bobine constituée
= 1250 ampères-tours = 1250 A
de 3000 spires de fil #27 . La bobine fonctionne
La puissance dissipée en chaleur est donnée par : normalement sous une tension de 120 V et tire un
courant de 0,4 A .
P = E I = 50 X 0,25 = 12,5 watts
On désire la rebobiner pour servir sous 240 V . Quel
Exemple 13-3 devra-être le nombre de spires et la grosseur du fil,
Si on raccorde la bobine de l'exemple 13-2 à une sachant que les dimensions de la bobine ne doivent
source de 100 V. au lieu de 50'V . quelles seront la pas être changées'.' L'électro-aimant deviendra-t-il
>•ouvelle FMM et la nouvelle puissance dissipée? plus puissant?

Solution . Solution
La tension étant doublée, le courant sera également Puisque la bobine doit avoir les mêmes dimensions, la
doublé à 0,5 A ; la FMM deviendra : puissance dissipée en chaleur doit demeurer la même
afin de garder le même échauffement .
FMM = 0,5 x 5000 = 2500 A

168 ÉLECTROTECHNIQUE

Sous 120 V, la puissance dissipée était : des milliers de fois le champ magnétique créé par la
bobine . Les électro-aimants ont de nombreuses appli-
P=ExI=120x 0,4=48W
cations en électrotechnique : création de flux dans les
Sous 240 V, la puissance demeurant la même, le cou- pôles de moteurs et génératrices, disjoncteurs, freins,
rant sera : relais et sonneries .
I_ P _ 48
=0,2A
E 240
PROBLÈMES - CHAPITRE 13
Le courant étant diminué de moitié, on pourra utiliser
un fil dont la section sera deux fois plus petite que celle
Niveau pratique
du #27, soit un fil #30 . Pour un fil deux fois plus petit,
il sera possible de placer deux fois plus de tours sur la 13-1 Comment peut-on démontrer l'existence d'un
bobine, tout en conservant les mêmes dimensions . Le champ magnétique autour d'un conducteur portant un
nombre de tours sera porté à 2 x 3000 = 6000 tours . courant?
La FMM de la nouvelle bobine sera donc, sous 240 V, 13-2 Donner la règle de la main droite indiquant le
de 0,2 A x 6000 spires = 1200 A, soit la même valeur sens du champ magnétique en fonction du courant .
que pour la première bobine . 13-3 Quelle est l'unité SI de force magnétomotrice?
Ce résultat est important : il est possible de rebobiner 13-4 Dans la Fig . 13-26, en utilisant la règle de la
l'enroulement d'un électro-aimant à courant continu main droite, donner la polarité magnétique de l'extré-
pour servir à une autre tension, sans changer ses di- mité A du noyau de l'électro-aimant .
mensions, sa force magnétomotrice et sa température .
13-5 On applique une tension de 150 V à une bobine
La FMM ne changeant pas, la puissance magnétique
dont la résistance est de 120 S2 . Sachant que la bobine
de l'électro-aimant reste la même .
a 1000 spires, calculer sa force magnétomotrice .
13 .14 Résumé 13-6 Le pôle nord d'une boussole est attiré par l'ex-
Ce chapitre nous a présenté le premier principe de trémité A d'une bobine (Fig . 13-27) . Déterminer le sens
l'électromagnétisme, à savoir la création d'un champ du courant et la polarité électrique (+) (-) de la source .
magnétique par un courant . Tout conducteur parcouru
par un courant s'entoure d'un champ magnétique . Les
A
lignes de force suivent des cercles concentriques autour
du conducteur . Nous avons vu que la règle de la main
droite permet de trouver facilement le sens de ces li-
gnes de champ . Pour un courant donné, la densité de
flux en teslas à une distance donnée du centre du con-
ducteur peut être calculée par une formule simple . Figure 13-26
De la même façon, une spire, et plus généralement une Voir problème 13-4 .
bobine parcourue par un courant, est traversée par un
flux magnétique dont les lignes sortent par une extré-
mité constituant le pôle nord et rentrent par l'autre ex-
trémité constituant le pôle sud . Le produit NI (nombre
de spires x courant en ampères) est la force
magnétomotrice développée par la bobine . Une bobine
parcourue par un courant produit donc un champ ma-
gnétique tout comme un aimant permanent .
Cette propriété est mise à profit dans les électro-aimants
constitués d'une bobine enroulée autour d'un noyau Figure 13-27
de fer doux . Sa perméabilité élevée permet d'amplifier Voir problème 13-6 .

COURANTS ÉLECTRIQUES ET CHAMPS MAGNÉTIQUES 1 69

Niveau intermédiaire 13-10 La bobine d'un électro-aimant est constituée


de 5000 spires de fil #22, et elle est construite pour une
13-7 Un électro-aimant est placé vis-à-vis d'un ai-
tension nominale de 120 V . Sa résistance est de 120 S2 .
mant permanent N-S (Fig . 13-28) . Si la source de ten-
sion a la polarité électrique indiquée, y aura-t-il at- S'il fallait la rebobiner pour qu'elle garde les mêmes
traction ou répulsion? Qu'adviendra-t-il si les bornes propriétés magnétiques et thermiques sous une tension
de la bobine sont interverties? de 6 V, quel devrait être le calibre du fil et le nombre de
spires à employer? La bobine aurait-elle les mêmes di-
mensions?
Niveau avancé
N S
13-11 Le câble d'aluminium de la Fig . 10-12c porte
un courant de 343 A . Calculer la densité de flux :
a) à la surface du conducteur toronné
b) à la surface extérieure du câble
Note : mesurer avec une règle, le diamètre du conduc-
Figure 13-28
Voir problème 13-7 . teur et du câble .

13-12 Dans la Fig . 13-25b, vérifier que la FMM to-


tale des enroulements principaux et auxiliaires est bien
13-8 Soit deux électro-aimants A et B branchés en
de 1,95 MA et 1,14 MA .
série, et raccordés à une source de 60 volts (Fig . 13-29) .
La résistance de la bobine A est de 50 S2, celle de B, de 13-13 Calculer la longueur moyenne d'une spire de
70 S2 . l'enroulement principal (Fig . 13-25b), en utilisant les
données du tableau 13-1 .
13-14 Si l'eau circulant dans les conducteurs creux
de la Fig . 13-25 entre à une température de 12 °C et
ressort à 40 °C, quel est le débit en litres par seconde?
13-15 Chacun des 36 pôles d'un alternateur de
500 MVA installé à Churchill Falls est composé de 21
60 V spires de cuivre ayant une section de 11 x 88 mm . Les
1 1 bobines ont une longueur de 3100 mm et une largeur
de 700 mm (voir les 36 bobines montées sur le rotor à
Figure 13-29
la Fig . 36-4) . Sachant que le courant d'excitation est
Voir problème 13-8 .
de 2400 A et que les pôles sont raccordés en série, cal-
culer :
La bobine A a 2000 spires alors que la bobine B n'a a) la FMM par pôle
que 800 spires . b) la tension d'excitation requise si la température des
Déterminer : bobines est de 105 °C
a) la FMM de chacune des bobines c) la puissance d'excitation, en kW
b) la puissance dissipée dans chacune des bobines
c) si les deux bobines ont les mêmes dimensions, la-
quelle atteindra la plus haute température?
d) s'il y aura attraction ou répulsion entre ces deux
électro-aimants?
13-9 Pourquoi un électro-aimant raccordé à une
source de tension fixe devient-il moins puissant à me-
sure que sa bobine s'échauffe?

4
Circuits magnétiques

Un circuit électrique est composé d'un ensemble d'élé-


ments reliés les uns aux autres et destinés à conduire fonte
fer
un courant électrique . De façon analogue, un circuit
magnétique est composé d'un groupe de corps reliés
les uns aux autres et destinés à conduire un flux ma-
gnétique (Fig . 14-1) .
Dans ce chapitre, nous étudions les circuits magné-
tiques . Nous verrons qu'ils ressemblent aux circuits
électriques étudiés au chapitre 5 . Ainsi, on retrouve des Figure 14-1
circuits magnétiques en série, en parallèle et en série- Exemple de circuit magnétique .
parallèle .

14.1 Champ magnétique à l'intérieur d'un


tore
L'exemple suivant servira à illustrer quelques-unes des
propriétés des circuits magnétiques .
Plions un tube de caoutchouc en forme de U et bobi-
nons sur ce tube des spires espacées régulièrement (Fig .
14-2a) . Supposons que le sens du courant dans la bo-
bine soit tel que les lignes de force aient le sens indi-
qué, avec la polarité magnétique nord-sud corres-
pondante .
Si maintenant on joint les deux bouts du tube de caout-
chouc de façon à former un anneau de section circu-
laire, appelé tore, les pôles nord et sud disparaissent et
Figure 14-2
les lignes de force restent à l'intérieur de la bobine et a . La bobine produit un flux et deux pôles, N et S .
se referment sur elles-mêmes (Fig . 14-2b) . Ce mon- b . Lorsque la bobine est refermée sur elle-même, le flux
tage constitue un solénoïde toroidal . demeure, mais les pôles N,S disparaissent .
170


CIRCUITS MAGNÉTIQUES 171

Nous allons maintenant étudier dans ce circuit magné- que pour une même force magnétomotrice de 800 A,
tique, l'effet (1) de la longueur du chemin magnéti- on obtient alors un flux de 20 lignes .
que, (2) de sa section et (3) de la nature du matériau
constituant le tore .
Pour fins de simplification, et comme point de départ,
prenons l'exemple numérique du tore de la Fig . 14-3 .
Ses données sont :

Données du solénoïde toroïdale


Section du noyau de caoutchouc : 1 cm 2
Longueur moyenne du chemin magnétique : 1 m
Courant dans la bobine: 1 A Figure 14-3
Données du tore servant à analyser les propriétés d'un circuit
Nombre de spires de la bobine : 800 magnétique .
Nombre de lignes à l'intérieur du tore : 10

La force magnétomotrice de la bobine vaut : 5 lignes

FMM = 1 A x 800 spires = 800 ampères ou


800 ampères-tours
Apportons des changements successifs à ce tore afin
de constater l'effet sur le flux .
1 . Effet de la longueur du chemin magnétique

Le tore de la Fig . 14-4a est identique à celui de la Fig .


14-3, à l'exception de la longueur qui a été augmentée
de 1 mètre à 2 mètres . Les 800 spires de la bobine sont
enroulées uniformément sur sa longueur .
On constate alors que le nombre de lignes de force à
l'intérieur de la bobine a diminué de moitié . Donc une
même force magnétomotrice de 800 ampères ne pro-
duit plus que 5 lignes . Figure 14-4a
Lorsque la longueur du chemin magnétique double, le flux
De façon très intuitive, on peut dire qu'en doublant la diminue de moitié .
longueur du chemin magnétique, on double la «résis-
tance» au passage des lignes de force . Ceci est analo-
gue au passage du courant dans un circuit électrique :
en doublant la longueur du conducteur, on double sa
résistance .
Dans un circuit magnétique, l'opposition au passage
des lignes de force est appelée réluctance.
On constate que la réluctance est proportionnelle à la
longueur du chemin magnétique .

2. Effet de la section du chemin magnétique


Le tore de la Fig . 14-4b est identique à celui de la Fig .
14-3 à l'exception de la section du tube de caoutchouc Figure 14-4b
Lorsque la section du chemin magnétique double, le flux
qui, cette fois-ci, est augmentée à 2 cm 2 . On découvre
double .

172 ÉLECTROTECHNIQUE

En doublant la section du chemin magnétique, l'oppo- ble que le fer doux, son opposition (ou réluctance) au
sition (ou réluctance) au passage des lignes de flux di- passage des lignes de force sera donc plus grande . On
minue de moitié . dit alors que la perméabilité du fer doux est supérieure
Donc, on constate que la réluctance du chemin ma- à celle de la fonte .
gnétique est inversement proportionnelle à la section . 14 .3 Explication de la perméabilité
3 . Effet de la nature du noyau Considérons de nouveau deux bobines toroïdales
Si le noyau de caoutchouc du solénoïde est remplacé (Fig . 14-5), identiques à celle de la Fig . 14-3, dont les
par un noyau de bois ou de tout autre matériau non 800 spires portent le même courant de 1 ampère . Le
magnétique, le nombre de lignes de force ne changera noyau du tore de la Fig . 14-5a est constitué d'un ma-
pas à l'intérieur de la bobine . tériau non magnétique comme l'air, tandis que celui
Si, par contre, on remplace le noyau par un noyau de de la Fig . 14-5b est en fer doux .
fer, de cobalt, de nickel ou d'un alliage de ces maté- Comme les bobines ont le même nombre de spires et
riaux magnétiques, le nombre de lignes sera considé- portent le même courant, elles produisent la même
rablement augmenté . Ainsi, le flux à l'intérieur de la FMM . Cependant, si l'on pouvait mesurer au moyen
bobine de la Fig. 14-4c peut devenir plusieurs centaines d'un «fluxmètre» le nombre de lignes traversant cha-
de fois plus grand en remplaçant le noyau de caout- cun des noyaux, on constaterait que le nombre de li-
chouc par un noyau de fer doux! On en conclut que les gnes dans le fer doux dépasse des centaines de fois
matériaux magnétiques facilitent grandement le pas- celui dans l'air . Par exemple, on peut obtenir une va-
sage des lignes de force . leur de 15 000 lignes pour le fer doux et une valeur de
10 lignes seulement pour l'air .
fer
On peut expliquer ce résultat en considérant la théorie
des domaines magnétiques . Tout d'abord, remarquons

10 lignes air
bobine
800 spires

(a)

Figure 14-4c
Lorsque le noyau de caoutchouc est remplacé par un noyau
de fer, le flux augmente des centaines de fois .

La réluctance d'un circuit magnétique est donc réduite


fer
de beaucoup par l'emploi d'un matériau magnétique .
En résumé, la réluctance d'un circuit magnétique dé-
pend de sa longueur, de sa section et du matériau dont
15 000
il est constitué . (b) lignes

14 .2 Perméabilité magnétique
Comme nous l'avons vu à section 14 .1, tout se passe m
comme si les matériaux magnétiques étaient très per-
méables aux lignes de force, d'où le nom de perméa-
bilité pour caractériser la facilité avec laquelle ces Figure 14-5
matériaux se laissent traverser par les lignes . Les ma- Notion de perméabilité d'un matériau magnétique :
a . Le solénoïde à noyau non magnétique produit 10 lignes
tériaux magnétiques ne sont pas tous aussi perméables de flux ;
les uns que les autres : la fonte n'est pas aussi perméa- b . Le solénoïde à noyau de fer produit 15 000 lignes .

CIRCUITS MAGNÉTIQUES 1 73

que pour une même FMM de 800 A, la bobine produit


toujours 10 lignes, que le noyau soit composé d'un
matériau magnétique ou non . Cependant, dans le cas
du noyau de fer (Fig .14-5b), les lignes de force de la
bobine agissent sur les domaines magnétiques et ten-
dent à les orienter dans une même direction .
Ces domaines créent donc des lignes de force addi-
tionnelles qui s'ajoutent aux 10 lignes engendrées par
la bobine . Ainsi, à la Fig . 14-5b, le flux total de 15 000
lignes est composé de 10 lignes produites par la bo-
bine même et de 14 990 lignes créées par les domaines
magnétiques . Figure 14-6
Instrument à affichage numérique servant à mesurer la
14 .4 Perméabilité relative densité de flux à partir de 1 millitesla jusqu'à 100 teslas . Il
Le rapport entre le nombre total des lignes de force enregistre la densité des flux alternatifs ou continus avec une
précision de ± 0,5 % (gracieuseté de FW Bell Inc.) .
eou flux magnétique) dans un matériau et celui dans
1-air est appelé perméabilité relative (µr )* du matériau .
On a vu que lorsque le noyau du tore est constitué de
caoutchouc ou d'un autre matériau non magnétique,
flux dans le matériau
(14-2) une force magnétomotrice de 800 ampères y fait cir-
flux dans l'air culer un flux de 10 lignes .
Dans l'exemple précédent (Fig . 14-5), la perméabilité Si on augmente la FMM graduellement, on observe
relative du fer doux est : que le flux augmente en proportion . Par exemple, lors-
que la FMM est doublée à 1600 A, le flux sera de 20
15 000
µr = 10
= 1500 lignes . Si l'on porte sur un graphique les valeurs cor-
respondantes de la force magnétomotrice et du flux
Dans cet exemple, l'opposition du fer doux au passage (Fig . 14-7), on constate qu'elles peuvent être jointes
des lignes de force est donc 1500 fois plus faible que par une ligne droite, soit la courbe (a) . On vérifiera sur
celle de l'air. Certains alliages spéciaux, tels que le cette droite qu'un flux de 40 lignes dans le noyau cor-
Permalloy, ont des perméabilités relatives qui atteignent respond à une FMM de 3200 A . Le flux dans un maté-
des valeurs de l'ordre de 1 000 000 . riau non magnétique est donc proportionnel à la FMM .
La perméabilité d'un matériau magnétique (comme le Remplaçons maintenant le noyau de caoutchouc par
fer) n'est pas constante ; elle varie avec la densité de
flux magnétique . Ceci provient du fait que l'augmen- lignes
tation du flux dans le matériau magnétique n'est pas 20 000
"
proportionnelle à l'augmentation de la FMM qu'on lui coude (b) 19 000
lignes
applique. Ce fait est mis en évidence à la section sui- 15 000
*ante .

14.5 Courbe de saturation du fer 10 000

Considérons de nouveau le solénoïde toroïdal de la Fig .


40
14-3 dont la longueur moyenne du chemin magnétique (a)
20
est de 1 mètre, et la section de 1 cm 2 .
0
0 800 1600 2400 3200

En fait, la perméabilité relative se définit par rapport au vide . FMM


Mais comme la perméabilité du vide est sensiblement égale Figure 14-7
à celle de l'air, l'équation 14-2 est assez précise pour nos Courbe de saturation pour un matériau non magnétique (a)
besoins . (u est une lettre grecque qui se prononce 'mu» .) et pour le fer (b) .


174 ÉLECTROTECHNIQUE

un noyau de fer, et faisons croître graduellement la de cuivre ou de courant pour augmenter la FMM d'une
FMM de 0 à 3200 A, en notant les valeurs correspon- bobine, car l'augmentation de flux ainsi obtenue n'est
dantes du flux magnétique . Si l'on trace un nouveau plus assez forte .
graphique donnant la relation entre la FMM et le flux,
14 .6 Densité de flux (B)
on n'obtient plus une droite mais une courbe (b) qu'on
appelle courbe de saturation (Fig. 14-7) . Le flux 0 (en webers) qui traverse un échantillon fer-
romagnétique ne révèle pas s'il est saturé ou non . Ce-
Jusqu'au point A (appelé «coude» de la courbe) le flux
pendant, connaissant la densité de flux (en teslas), il
croît très rapidement avec l'augmentation de la force
est facile d'établir le degré de saturation de l'échan-
magnétomotrice . Passé ce point, le nombre de lignes
tillon, à l'aide de tables ou de courbes fournies pour
croît assez peu, même pour une grande augmentation
tous les matériaux magnétiques usuels .
de la force magnétomotrice . Ainsi, dans l'exemple ci-
dessus, pour une FMM de 800 A, le flux est de 15 000 Si l'on connaît le flux qui traverse une surface per-
lignes ; pour une FMM de 1600 A, il est de 18 000 li- pendiculaire à la direction du flux, on peut évaluer la
gnes seulement . Enfin, en doublant de nouveau la FMM densité de flux . Par définition, la densité de flux B tra-
à 3200 A, le nombre de lignes n'augmente que de 1000, versant une surface A est donnée par la formule :
pour donner 19 000 lignes .
Ceci provient du fait que lorsque le noyau de fer est (14-3)
soumis à une FMM relativement faible, une partie im-
portante des milliers de domaines s'alignent avec ce où
champ . Leur contribution au flux est énorme, de sorte
que le flux augmente très rapidement avec la FMM . B = densité de flux, en teslas [T]
Au fur et à mesure que la FMM augmente, un plus 0 = flux traversant la surface, en webers
grand nombre de domaines s'orientent dans le sens du [Wb]
champ, et le nombre de lignes continue à croître . En A = surface, en mètres carrés [m 2 ]
augmentant la FMM davantage, on finit par atteindre Exemple 14-1
la condition où tous les domaines sont alignés . Par con-
Le circuit magnétique d'un transformateur est com-
séquent, même si l'on persiste à augmenter la FMM,
posé d'un ensemble de tôles d'acier superposées
les domaines ne créent plus de lignes supplémentaires .
(Fi- . 14-8) . La section du noyau magnétique est égale
On dit alors que le fer est saturé . La saturation du fer
à 4 cnm x 5 cm . Sachant que le flux traversant ce
correspond à la condition montrée à la Fig . 12-16c,
noyau est de 3 mWb, trouver la densité de flux dans
chapitre 12 .
l'acier .
Lorsque le fer est saturé, le flux continue à augmenter
avec la FMM . Cette croissance correspond aux lignes
magnétiques créées dans un matériau vide, comme de
l'air .
On remarque sur la Fig . 14-7 qu'une FMM de 800 A
donne une perméabilité relative de

µ = 15 000 lignes = 1500


10 lignes
tandis qu'une FMM de 3200 A donne une perméabi- Figure 14-8
Voir exemple 14-1 .
lité relative de seulement

= 19 000 lignes Solution


µ = 475
40 lignes La section du noyau vaut :
On peut tirer une conclusion importante de ce phé-
A = 4 cm x 5 cm = 4 x 5 = 0,002 m2
nomène : passé le point de saturation, il est rarement 100 100
recommandable de faire une dépense supplémentaire = 3 mWb = 0,003 Wb

CIRCUITS MAGNÉTIQUES 175

d'où bon de se rappeler que dans un circuit magnétique c'est


le champ magnétique H qui donne naissance au flux .
= 0
B = 0,003 =
1,5 teslas = 1,5 T
Cette relation est exprimée graphiquement par la courbe
A 0,002
d'aimantation B-H du matériau . Quelle est la nature
14 .7 Champ magnétique (H) de cette relation dans le cas du vide?

Le champ magnétique (symbole H) en un point est la Dans le vide, la densité de flux B est exactement pro-
force magnétomotrice exercée par unité de longueur. portionnelle au champ magnétique H . C'est ce qu'ex-
Dans le SI, elle est exprimée en ampères par mètre prime la relation :
[A/ml
B = pH (14-4)
Le tore homogène de la Fig . 14-9 possède une lon-
sueur de 1 mètres et la FMM qui agit sur tout le circuit ou
est de NI ampères . Par définition, le champ magnétique B = densité de flux, en teslas [T]
tH) à l'intérieur du tore vaut Nul ampères par mètre . H = champ magnétique, en ampères par mètre
[A/m]
On doit noter que le terme champ magnétique a deux
significations : il désigne soit une région contenant des µo constante, appelée constante magnétique
lignes de force (section 12 .4), soit une grandeur pré- ou perméabilité du vide
cise mesurée en A/m . Dans le SI, le champ magnétique = 47t x 10 -7 (= 1/800 000 environ)
est exprimé en ampères par mètre, et non en ampères- Dans le SI, la constante magnétique u o est fixée
tours par mètre, le mot «tour» étant sous-entendu . par définition à une valeur numérique de 4rt x 10 -7 ou
1/800 000 environ* . Cela nous permet d'écrire l'équa-
tion 14-4 sous la forme approximative :

H
B = (14-5)
N spires 800 000

La courbe d'aimantation du vide est donc une ligne


droite qui ne révèle aucune saturation, quelle que soit
la grandeur de B ou de H (Fig . 14-11) . On vérifiera sur
Figure 14-9
Champ magnétique à l'intérieur d'un tore : H = Nul . cette courbe qu'un champ de 8000 A/m produit, dans
le vide, une densité de flux de 10 milliteslas .

Exemple 14-2 mT
20
Une pièce de matériau homogène et de section cons- courbe d'aimantation du vide et
tante a une longueur de 0 .3 mètre . Si elle est sou- des matériaux non magnétiques
mise à une FMM de 720 ampères, quel est le champ
magnétique?
ppe-
Solution p
Le champ magnétique est :

H =
720 A
= 2400 A/m
'Au 10 12 kA/m
0,3 m
>H
14 .8 Courbe d'aimantation B-H du vide Figure 14-11
Courbe d'aimantation du vide et des matériaux non
Pour un échantillon donné de matériau magnétique, il magnétiques .
existe une relation bien définie entre la densité de flux
(B) et le champ magnétique (H) qui la produit . Il est " L'expression complète de µo est 4ir x 10 -7 henry/mètre .

176 ÉLECTROTECHNIQUE

Les matériaux non magnétiques ont tous une perméa- utile . Pour ces matériaux, on est donc obligé de repré-
bilité relative sensiblement égale à 1, de sorte que leurs senter la relation entre la densité B et le champ H par
courbes d'aimantation sont presque identiques à celle une courbe d'aimantation .
du vide . L'air, par exemple, possède une perméabilité La Fig . 14-12 donne les courbes d'aimantation de trois
relative de 1,000 000 4, ce qui indique qu'il est à peine matériaux employés dans les machines électriques :
plus perméable que le vide . acier au silicium (1 %), fonte et acier coulé .
14.9 Courbe d'aimantation B-H d'un On vérifiera sur ces courbes qu'un champ magnétique
matériau magnétique de 2000 A/m produit des densités de flux de 1,4 T pour
La densité de flux B dans un matériau magnétique dé- l'acier coulé et 0,5 T pour la fonte .
pend aussi du champ magnétique H; sa valeur est don- La Fig . 14-13 donne les courbes d'aimentation de quel-
ce par l'équation : ques matériaux magnétiques, étendues sur une grande
échelle de H. On remarque que toutes les courbes ten-
(14-6) dent finalement vers la courbe d'aimantation du vide
lorsque le champ magnétique H est suffisamment in-
+i B. po et H ont la même signification qu'auparavant, tense . Cette courbe passe par les points (0,1 T,
d p représente la perméabilité relative du matériau . 80 000 A/m) et (1,25 T, 106 A/m) .
118alheureusement, la valeur de la perméabilité relative 14 .10 Détermination de la perméabilité
,phi est pas constante, mais dépend de la densité de relative
Ma dans le matériau . Il s'ensuit que la relation entre B Lorsqu'on connaît la courbe d'aimantation d'un maté-
ME n'est pas linéaire, ce qui rend l'équation 14-6 peu riau magnétique, il est facile d'en déduire la perméabi-

teslas
2,0

1,8

1,6

'PAF acier coulé


1,4
111pe-

1,2 MFÀA1
B
1,0 ÀBÀFB

0,8 JFÀM
fonte
JÀM

lino
0,6

0,4

0,2

0
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 A/m

H
14-12
daimantation de trois matériaux magnétiques .






CIRCUITS MAGNÉTIQUES 177

T
2,5

2,0
sur
1,5 /_-
Permaloy
fer pur,I_ ~,
[mur
cobalt/ Alnico V N
0,3

0,2 m 1VAV ,'


0,15

a 8 I 20 40 80 200 400 800 2 a 8 2


10 100 1000 10 4
H

Figure 14-13
Courbes d'aimantation permettant une comparaison entre les matériaux magnétiques et non magnétiques .
Noter que toutes les courbes deviennent asymptotiques à la courbe B-H du vide lorsque le champ magnétique
H est suffisamment intense .

fité relative en un point quelconque . Grace à l'équa- Solution


âon 14-6, on obtient l'expression approximative : En se reportant à la courbe d'aimantation de la Fig .
14-12, on constate que pour l'acier au silicium, la va-
B leur de H correspondant à 1,4 T est de 1000 A/m .
/r = 800 000 (14-7)
H
Il s'ensuit que µr = 800 000 B
H
1,4
,ur = perméabilité relative [un nombre] • 800 000 x
1000
• = densité de flux dans le matériau [T]
• 1120
• = champ magnétique agissant sur le
matériau [A/m] À cette densité de flux, l'acier est donc 1120 fois plus
MO 000 = constante [valeur exacte = 10 7/4tt] perméable que le vide .

Exemple 14-3 Exemple 14-4


(jaelle est la perméabilité de l'acier au silicium (I le ) En se reportant à la Fig . 14, - I déterminer la per-
u'il est utilisé à une densité de 1 .4 T? méabilité relative du nickel à une densité de 0 .6 T.


178 ÉLECTROTECHNIQUE

Solution Il existe cependant des différences importantes entre


Pour obtenir une densité de flux de 0,6 T, la courbe les circuits électriques et les circuits magnétiques :
d'aimantation indique un champ magnétique H de
1 . l'air, parfait isolant électrique, peut être traversé par
3 x 10 4 A/m . Par conséquent,
des lignes de force et fait souvent partie de circuits
magnétiques ;
µr = 800 000 H
B
2 . le courant électrique correspond à un mouvement
0,6 d'électrons tandis que la «circulation» du flux ne
donc µr = 800 000 x
30 000 correspond à aucun mouvement;
16 3 . la conductivité de la plupart des matériaux conduc-
teurs est assez constante, alors que la perméabilité
14 .11 Analogie entre circuits électriques et des matériaux magnétiques varie avec le flux qui
circuits magnétiques les traverse . À cause de cette non-linéarité, il est
Si l'on établit un parallèle entre les circuits électriques plus difficile de résoudre les circuits magnétiques
et les circuits magnétiques, on s'aperçoit qu'il existe que les circuits électriques . En effet, pour résoudre
une grande analogie entre : les circuits magnétiques, on est obligé d'utiliser les
courbes d'aimantation B-H; si les matériaux magné-
1 . le courant électrique I et le flux magnétique 0
tiques avaient des perméabilités constantes, on pour-
2. la différence de potentiel E et la force magnétomo- rait résoudre les circuits magnétiques avec autant
trice FMM de facilité que l'on résout les circuits électriques .
3 . la résistance R et la réluctance Ji'
14.12 Solution des circuits magnétiques
4 . la résistivité p et l'inverse de la perméabilité 1/µ simples
Les lignes de flux qui se referment sur elles-mêmes En pratique, pour les circuits magnétiques, on a à ré-
dans les circuits magnétiques sont analogues aux cou- soudre l'un ou l'autre des deux problèmes suivants :
rants électriques . 1 . Calculer la FMM nécessaire pour obtenir un flux
La force magnétomotrice peut être considérée comme déterminé dans un circuit magnétique connu .
une différence de potentiel magnétique qui, appliquée 2 . Pour une FMM donnée, évaluer le flux produit dans
entre deux points d'un circuit magnétique, fera circu- un circuit magnétique connu.
ler des lignes de flux entre ces points . La FMM d'une On rencontre souvent des entrefers dans les machines
bobine est donc comparable à la force électromotrice et les dispositifs électriques . Par conséquent, il est utile
d'une génératrice électrique . de connaître la FMM requise pour produire un flux
Enfin, l'opposition au passage des lignes de flux, ou quelconque dans un entrefer .
réluctance d'un chemin magnétique, est analogue à la L'équation 14-5 nous permet de calculer la FMM re-
résistance électrique d'un conducteur . quise pour forcer un flux de densité B à travers un en-
À l'expression de la loi d'Ohm trefer de longueur 1 . En effet,

i = E H FMM
B=
R
800 000 8000001
correspond la relation :
d'où
_ FMM
0 (14-8)
FMM = 800 000 Bl (14-9)

ou où
= flux dans le circuit magnétique [Wb] FMM = force magnétomotrice requise [A]
FMM = force magnétomotrice agissant sur le B = densité de flux dans l'entrefer [T]
circuit magnétique [A] l = longueur de l'entrefer [m]
Ji = réluctance du circuit magnétique [A/Wb]


CIRCUITS MAGNÉTIQUES 1 79

Exemple 14-5 ce qui exigerait le calcul de la réluctance 9î de ce cir-


FMM regiure pour un rot, ter On désire produire cuit . Pour obtenir cette réluctance, il faudrait connaî-
une densité de flux de 0 .7 tesla dans un entrefer dont tre la valeur de la perméabilité µ,- de la substance pour
la longueur est de 2 millimètres (Fi( , . 14-14) . Calcu- une densité de flux donnée .
ler la FMM requise . On évite tous ces calculs en employant la courbe
d'aimantation de la Fig . 14-12 . Celle-ci donne immé-
diatement le champ magnétique H requis pour produire,
dans le circuit magnétique, une certaine densité de flux .

0,7 T La section du noyau est :

m A = 10 x 12 = 120 cm 2 = 0,012 m2
Figure 14-14 La densité de flux B est donc :
Voir exemple 14-5 .
- 0,012
B = = = 1 tesla
A 0,012
Solution
D'après l'équation (14-9) la FMM requise est : En se référant à la courbe de la Fig . 14-12, pour les
tôles d'acier au Si (1 %), on voit qu'il faut un champ H
FMM = 800 000 Bl
de 300 A/m pour produire 1T . La bobine doit donc pro-
= 800 000 x 0,7 x2 duire une FMM de 300 A pour chaque mètre du circuit
1000 magnétique .
= 1120A La longueur moyenne du circuit magnétique étant de
l ,5 mètres, la force magnétomotrice de la bobine de-
Exemple 14-6
vra être :
FMM requise pour le fer . Soit le noyau d' un trans-
FMM = 300 x 1,5 = 450 A ou 450 ampères-tours
formateur composé de tôles d'acier au silicium
(1 %) . Les dimensions du noyau sont données à la Exemple 14-7
Fig . 14-15 . La longueur moyenne de son chemin
FMM requise poire un rznq~enu nt cil série . Calcu-
magnétique est de 1,5 mètres . Quelle doit être la
lons maintenant la force magnétomotrice requise
force magnétomotrice de la bobine qui produira un
pour faire circuler le même flux ( 12 mWb) dans le
flux de 12 mWb dans ce noyau?
noyau de l'exemple 14-6, après y avoir coupé une
fente de 1,5 mm de longueur (Fi ,, . 14-16a) .
acier au Si (1%)
--1,5 m--
1
12 mWb 12 mWb

10cmx 225 A
12 cm FMM fer
L f
j- --r- N

1,5 mm 1 entrefer ô
D
Figure 14-15
Voir exemple 14-6 . 1 FMM fer
225 A

Solution
On pourrait faire le calcul en utilisant la formule
+I 14-8) : Figure 14-16
_ FMM a . Circuit magnétique en série (voir exemple 14-7) .
0 b . Circuit magnétique équivalent, montrant les FMM requises
pour l'entrefer et les deux branches du noyau de fer .

I 80 ÉLECTROTECHNIQUE

Solution Exemple 14-8


Il s'agit effectivement d'un groupement magnétique Groupement en parallèle . Considérons le circuit nia-
en série, car deux chemins de réluctance différente gnétique de la Fi`
. 14-17a composé de noyaux de
(acier et air) sont traversés par un même flux (analogie fonte et d'acier coulé . Le flux total provenant de la
avec deux résistances disposées en série) . bobine est partagé entre les deux matériaux qui por-
La FMM créée par la bobine est consommée par les tent chacun ¢q et 02 lignes . Le circuit électrique équi-
chutes successives de «tension magnétique» dans cha- valent (Fig . 14-17h) montre clairement que les che-
cun des chemins (Fig . 14-16b), tout comme la tension mins parcourus par 01 et 0 , sont en parallèle . Cal-
E appliquée à un circuit électrique est consommée par culons la valeur (les flux 0 1 et 01 sachant que la bo-
les chutes successives de tension dans les résistances bine a une résistance de 400 S2 et comprend 1200
groupées en série . La FMM de la bobine est donc don- spires . La tension appliquée à la bobine est de 200 V
née par la somme des FMM nécessaires (a) pour l'air et la longueur moyenne du chemin mnaenétique est
et (b) pour l'acier. de 20 cm .
a) FMM pour l'air . En supposant que dans la fente toutes
les lignes suivent le même chemin qu'elles suivaient fonte acier coulé
auparavent dans le fer, la densité de flux dans l'entrefer
est la même que dans le noyau, soit 1 T. On a d'après
l'équation 14-9 :
= 20 cm

FMM = 800 000 Bl


1,5 200 V
= 800 000 x 1 x
1000
= 1200 A

b) FMM pour l'acier . La longueur du chemin magné-


(a)
tique dans l'acier étant sensiblement la même qu'aupa-
ravant (1,5 - 0,0015 = 1,4985 m au lieu 1,5 m), la 7,87 mWb
FMM requise pour l'acier est la même qu'auparavant,
soit 450 A .
La force magnétomotrice de la bobine doit être :
(b) acier
coulé
FMMbobine = (1200 + 450) = 1650 A
Cet exemple démontre toute l'importance des entrefers
dans les circuits magnétiques . En effet, alors que dans
Figure 14-17
ce cas la longueur du chemin est 1000 fois plus grande a . Les noyaux de fonte et d'acier coulé sont en parallèle .
dans l'acier que dans l'air, l'acier requiert environ 2,5 b . Circuit magnétique équivalent (voir exemple 14-8) .
fois moins d'ampères-tours que l'air . Lorsque la lon-
gueur du chemin dans l'acier n'est pas trop grande par
Solution
rapport à la longueur de l'entrefer, on peut négliger la
Le courant dans la bobine vaut :
FMM nécessaire pour l'acier.
I = 200 V
Dans les machines électriques, on cherche à garder = 0,5 A
l'enterfer entre le rotor et le stator aussi étroit que pos- 400£2
sible afin de réduire la FMM que les pôles doivent dé- La FMM développée par la bobine vaut :
velopper . En effectuant une réduction de la FMM, on
FMM = NI = 1200 x 0,5 = 600 A
peut diminuer la grosseur des bobines, ce qui contri-
bue à réduire les dimensions et le coût de la machine . Le champ magnétique H dans la fonte et dans l'acier


CIRCUITS MAGNÉTIQUES 181

coulé est donc :

H = FMM/1 = 600 A/0,2 m = 3000 A/m

car la longueur du chemin magnétique (20 cm) est la


même pour les deux matériaux . (a)

Sur les courbes de saturation de la Fig . 14-12, on voit


5 cm
que ce champ magnétique crée des densités de flux B
de 0,6 tesla pour la fonte et de 1,5 teslas pour l'acier
coulé .
D'après la Fig . 14-17a, les deux noyaux possèdent la
même section, soit :

A = 7,5 cm x 5 cm = 0,003 75 m2

Donc :

0 = BA = 0,6 x 0,003 75 = 0,002 25 Wb


2,25 mWb Figure 14-18
a . Circuit magnétique en série-parallèle (voir exemple 14-9) .
b . Circuit magnétique équivalent .
02 = BA = 1,5 x 0,003 75 = 0,005 62 Wb
= 5,62 mWb
La densité de flux dans les branches acb et adb est
Exemple 14-9 donc :
Groupcnicnt composé. Le circuit magnétique de la
4 mWb 0,004
Fig . 14-18a est un groupement composé, c'est-1- Bacb = Badb =
dire un arrangement de chemins magnétiques série- 5 cm x 8 cm 0,05 x 0,08
parallèle . Le flux créé par la bobine passe par la 1T
jambe centrale ah et se divise en deux branches aci)
et adb . Le circuit magnétique équivalent (Fig . Une telle densité exige un champ de 300 A/m (d'après
14-18b) montre clairement que les chemins acb et la courbe pour l'acier au silicium, Fig . 14-12) .
adb sont en parallèle . La différence de potentiel magnétique entre les points
Le noyau est composé de tôles d'acier au silicium (1 %) a et b doit être de
et les dimensions sont les suivantes :
FMMacb = FMMadb = 300 A/m x 0,5 m = 150 A
chemin section longueur En d'autres termes, une FMM de 150 A est nécessaire
ab 10 cm x 8 cm 25 cm pour faire passer un flux de 4 mWb à travers les che-
acb 5 cm x 8 cm 50 cm mins acb et adb .

adb 5 cm x 8 cm 50 cm La densité dans la branche centrale ab est :

8 mWb _ 0,008
Supposons que l'on désire créér un flux de 8 mWb Bab = = 1 T
dans la branche centrale ab du noyau (Fig .14-18a) . 10 cm x 8 cm 0,01 x 0,08
Quelle doit être la FMM de la bobine excitatrice?
et elle nécessite également un champ magnétique de
Solution 300 A/m . La FMM nécessaire pour le chemin ab est
Le flux 01 dans la branche centrale se partage égale- donc :
ment entre les branches latérales acb et adb car ces FMMab = 300 A/m x 0,25 m = 75 A
deux branches ont la même longueur, la même section
La bobine doit donc produire une FMM totale de :
et par conséquent, la même réluctance . Il s'ensuit que
FMM=150+75=225A
02 = 03 = 01/2 = 8mWb/2 = 4 mWb


182 ÉLECTROTECHNIQUE

Il est important de remarquer qu'on ne doit pas addi- Solution


tionner les FMM des branches adb et acb, car elles Pour la Fig. 14-19 :
sont en parallèle et qu'elles sont donc soumises à une La FMM de la bobine X est :
seule FMM commune .
FMM x = 70 A x 20 spires = 1400 A
14.13 FMM de même sens et de sens La FMM de la bobine Y est :
contraires
FMMy = 30 A x 20 spires = 600 A
Les moteurs et les génératrices compound, les relais
différentiels, les transformateurs et quelques démarreurs La FMM résultante est :
portent des enroulements dont les forces magné- FMMx + y = (1400 + 600) = 2000 A
tomotrices peuvent être de même sens ou de sens con-
d'où le champ magnétique :
traires . Par exemple, dans la Fig. 14-19, la règle de la
main droite indique que les forces magnétomotrices des H = 2000 A = 2000
bobines X et Y agissent dans le même sens, de sorte = 5000 A/m
40 cm 0,4
que la FMM résultante est égale à la somme des deux
FMM . Par contre, si le sens du courant dans la bobine D'après la courbe pour l'acier coulé (Fig . 14-12), la
X est inversé (Fig . 14-20), les forces magnétomotrices densité de flux vaut 1,6 teslas . Le flux dans le noyau
agissent en sens contraires et la FMM résultante est est donc :
égale à la différence des deux . O=BA = 1,6Tx30cm 2 =1,6x30x10 -
4
= 4,8 mWb
acier coulé 30 cm 2
-- 40 cm -->
Pour la Fig. 14-20 :
70 A
aO Les FMM des bobines restent les mêmes mais elles
X N=20
agissent en sens contraires .
b0
30 A La FMM résultante est :
c0
Y N=20
FMM, _ y = (1400 - 600) = 800 A
do
- 4,8 mWb --- d'où le champ magnétique:

Figure 14-19 H = 800 A = 800


Les FMM des bobines agissent dans le même sens . = 2000 A/m
40 cm 0,4
D'après la courbe pour l'acier coulé (Fig . 14-12), la
70 A - ------------ densité de flux vaut 1,4 teslas . Le flux dans le noyau
aO
est donc :
b0 O=BA = 1,4Tx30cm 2 =1,4x30x10 -
4
30 A
c0 = 4,2 mWb
do
Le sens du flux est l'inverse de celui de la Fig . 14-19
4,2 mWb -
car la FMM de la bobine X est supérieure à celle de la
Figure 14-20 bobine Y.
Les FMM des bobines agissent en sens contraires .
14.14 Flux de fuite
Dans les circuits magnétiques industriels, les lignes ne
Exemple 14-10 restent pas toutes canalisées à l'intérieur du circuit dé-
Calculer le flux dans le noyau en acier coulé des signé . Par exemple, dans la Fig .14-21, une partie des
figures 14-19 et 14-20 . Le noyau a une section lignes passe en dehors du noyau de fer et de l'entrefer .
de 30 cm' et une longueur de 40 cm . Les bobi- Le flux correspondant à ces lignes qui s'échappent dans
nes X et Y comptent 20 spires et les courants sont l'air se nomme flux de fuite . Ce flux de fuite prend plus
respectivement de 70 A et 30 A .

CIRCUITS MAGNÉTIQUES 183

et que
flux utile
64 516 lignes/pouce = 1 tesla

Exemple 14-11
Un champ magnétique de 3 avrsteds produit une den-
sité de flux de 12 000 gauss dans un échantillon
flux de fuite
d'acier. Exprimer ces grandeurs en unités SI et calcu-
Figure 14-21 ler la perméabilité relative du matériau .
Le flux de fuite passe dans l'air à l'extérieur du noyau .
Solution
Le champ magnétique de 3 œrsteds vaut :
d'importance quand le circuit magnétique devient sa-
turé . Lors de l'étude des transformateurs, nous verrons H = 3 x 80 = 240 A/m
l'effet de ces flux de fuite .
La densité de flux de 12 000 gauss vaut :
14.15 Le SI, le système CGS et le système
anglais B = 12 000 X 0,1 = 1200 milliteslas = 1,2 T

La majorité des calculs de circuits magnétiques se font d'où la perméabilité relative


avec les unités SI . Toutefois, on rencontre parfois l'an-
cien système métrique CGS (centimètre-gramme-se- µr = B/H = 12 000 gauss/3 œrsted = 4000
conde), dans lequel les principales unités magnétiques 14 .16 Résumé
sont l'œrsted, le gauss et le gilbert .
Dans ce chapitre nous avons noté la grande analogie
Le gauss est une unité de densité de flux valant une entre circuits électriques et circuits magnétiques . Un
ligne par centimètre carré, ou 0,1 millitesla. circuit magnétique est constitué d'éléments reliés les
uns aux autres de façon à conduire un flux magnéti-
1 gauss= 0,1 mT que . Un circuit magnétique soumis à une force
magnétomotrice NI est parcouru par un flux . L'inten-
L'œrsted est une unité de champ magnétique valant sité du flux dépend 1) de la longueur du chemin ma-
1000/471 A/m, ou 80 A/m environ . gnétique 2) de la section du chemin magnétique et 3)
de la perméabilité du matériau utilisé .
1 œrsted = 80 A/m
Le rapport entre le flux obtenu dans le noyau et celui
Le gilbert est une unité de force magnétomotrice va- qu'on obtiendrait dans l'air s'appelle la perméabilité
lant 0,4 7t A, ou 1,26 A environ . relative ,u r. La perméabilité magnétique du fer doux est
supérieure à 1000 et peut dépasser 100 000 pour cer-
1 gilbert = 1,26 A tains alliages spéciaux .
Le champ magnétique H en un point est la force
Dans le système CGS la perméabilité du vide est égale magnétomotrice par unité de longueur. Dans le SI il
à 1 . La relation entre le champ magnétique H, la den- est exprimé en ampères par mètre (A/m) . Pour l'air et
sité de flux B et la perméabilité relative Pr est donc la les matériaux non magnétiques, la densité de flux B
suivante : est proportionnelle à H (B = yA . Pour un matériau
magnétique, B est en plus majorée par la perméabilité
B=pr H (14-9)
relative (B = ur ,u0H) .
B est exprimé en gauss, H, en œrsted . Pour chaque type de matériau magnétique, cette der-
nière relation est présentée sous forme d'une courbe
Dans le système anglais, il suffit de retenir que B-H. À cause du phénomène de saturation, la courbe
B-H n'est pas linéaire, ce qui revient à dire que la per-
10 8 lignes = 1 weber méabilité relative n'est pas constante .

184 ÉLECTROTECHNIQUE

Enfin, nous avons vu qu'en appliquant trois formules 14-12 Dans la Fig . 14-19, si les bobines X et Y por-
de base gouvernant la circulation d'un flux 0 dans un tent chacune un courant de 50 A, quelle est la FMM
circuit magnétique de section A, de longueur 1 et sou- totale développée par les deux bobines?
mis à une force magnétomotrice NI, soit :
Niveau intermédiaire
B = ç/A, B = go µr H et H = NI/1
14-13 En se référant à la Fig . 14-12, quel est le champ
il est possible de résoudre des circuits les plus com- magnétique requis pour établir une densité de flux de
plexes . Il peut s'agir d'un circuit série (par exemple 1,4 T :
un noyau avec entrefer), d'un circuit parallèle, ou d'un a) dans l'acier au silicium?
circuit composé . Le circuit magnétique peut également
b) dans l'acier coulé?
comprendre plusieurs forces magnétomotrices .
c) dans le vide?
14-14 En se référant à la Fig . 14-12 et en utilisant la
PROBLÈMES - CHAPITRE 14 formule (14-7), calculer la perméabilité relative dans
les cas suivants :
Niveau pratique a) acier au silicium à une densité de 1,4 T et 1,6 T
b) acier coulé à une densité de 0,7 T et 1,4 T
14-1 Qu'est-ce qu'un circuit magnétique?
c) fonte à une densité de 0,2 T et 0,6 T
14-2 Que veut dire réluctance d'un circuit magné-
tique? 14-15 Combien d'ampères-tours sont requis pour un
entrefer de 2 mm de longueur dans lequel on maintient
14-3 Comment varie la réluctance d'un circuit ma-
une densité de flux de 1,5 T?
gnétique en fonction de sa longueur?
14-16 Soit un noyau d'acier coulé ayant la forme
14-4 Donner les unités SI pour :
donnée à la Fig . 14-4a. Calculer la densité de flux dans
a) densité de flux le noyau, de même que le flux total, sachant que la
b) champ magnétique bobine de 800 spires porte un courant de 12,5 A .
c) flux magnétique 14-17 Dans le problème 14-16, quel serait le flux si
14-5 Qu'entend-on par coefficient de perméabilité l'on utilisait de la fonte?
d'un matériau magnétique? 14-18 Dans le problème 14-16, quel serait le flux si
14-6 Expliquer pourquoi le fer est plus perméable que l'on enlevait le noyau d'acier complètement?
l'air. 14-19 a) En se référant à la Fig . 14-13, calculer la
14-7 Pourquoi le fer se sature-t-il? perméabilité du Permalloy pour les champs magné-
14-8 Faire une analogie entre les circuits électriques tiques suivants : 4 A/m, 400 A/m, 40 kA/m.
et les circuits magnétiques . b) Pour quelle densité de flux la perméabilité du
14-9 Si la densité de flux dans le noyau magnétique nickel est-elle égale à celle de l'alnico V?
d'un transformateur ne doit pas dépasser 1,5 T, quelle 14-20 Un noyau de fonte, ayant la forme donnée à
doit être sa section minimum, le flux total étant de la Fig . 14-15, est excité par une bobine possédant
0,3 Wb? 250 spires. Si l'on désire créer un flux de 7,2 mWb,
14-10 Un pôle de moteur aune section de 20 cm 2 et calculer le courant d'excitation requis .
doit porter un flux de 2,4 mWb. Quelle sera la densité 14-21 Dans le problème 14-20, si le noyau possède
de flux? un entrefer de 12,5 mm, calculer le courant d'excita-
14-11 Le flux à l'intérieur d'une bobine toroïdale est tion requis pour créer le même flux .
de 20 tWb. Quand on place un noyau d'acier doux à 14-22 Dans la Fig . 14-20, si le courant dans la bo-
l'intérieur de cette bobine, le flux augmente à 60 mWb . bine X est de 70 A, quel courant doit-on faire circuler
Trouver la perméabilité relative du noyau . dans la bobine Y afin que le flux devienne nul?

CIRCUITS MAGNÉTIQUES 185

Niveau avancé cipales seulement . Calculer :


14-23 En se référant à la Fig. 14-13, déterminer la a) la FMM requise pour l'entrefer
perméabilité relative des matériaux dans les cas sui- b) la FMM requise pour les deux pôles et la densité de
vants : flux correspondante
a) acier pour relais, lorsqu'il est soumis à un champ c) la FMM requise pour chaque jambe latérale du noyau
de 100 A/m de fer (prendre une longueur de 22 m) et la densité
b) le verre, lorsqu'il porte une densité de flux de 1,25 T. de flux correspondante
d) la FMM totale créée par l'ensemble des deux bo-
14-24 On désire créer une densité de flux de 0,7 T
dans l'entrefer de la génératrice montrée à la Fig . bines
13-17 . Sachant que la longueur de chaque entrefer e) le courant d'excitation requis dans chaque bobine .
est de 3 mm, calculer la FMM total que les bobines 14-27 a) Refaire les calculs du problème 14-26 pour
doivent développer (négliger la FMM requise pour un flux de 27,4 Wb .
le noyau) . b) l'acier est-il saturé dans ces circonstances?
14-25 L'électro-aimant en fer à cheval montré à la c) Quelle est la puissance requise pour exciter les bo-
Fig . 13-23 a les caractéristiques suivantes : bines principales?
1) nombre de spires par bobine : 150 14-28 Dans la Fig . 13-5
2) longueur du fer à cheval (en acier coulé) : 250 mm a) calculer la FMM créée par le conducteur de cuivre
3) longueur de l'armature (en acier au silicium) : 50 mm b) calculer la circonférence du cercle en pointillé ayant
4) section du fer à cheval, de l'armature et de chaque un rayon de 10 cm
entrefer : 100 mm 2 c) de (a) et (b), déduire la valeur du champ magnéti-
5) longueur de chaque entrefer : 1 mm que H
On désire créer une densité de flux de 1,4 T dans d) calculer la densité de flux à 10 cm du centre du
l'entrefer. Calculer le courant d'excitation requis . conducteur
14-26 En se référant à la Fig . 13-25, on sait que les e) comparer (d) avec la valeur donnée par la formule
pôles et le noyau de fer sont faits en acier coulé ayant (13-1)
la courbe d'aimantation donnée à la Fig . 14-12 . Le 14-29 Dans la Fig. 16-8, les aimants permanents N
noyau a une section de 1,9 m x 4,5 m, et les pôles ont et S produisent une FMM totale de 15 000 A. La lon-
un diamètre de 4,67 m . On désire établir un flux de gueur de l'entrefer est de 4 cm . Calculer la densité de
12 Wb dans l'entrefer, en excitant les bobines prin- flux B .
15
Hystérésis et
aimants permanents

On se souviendra que dans un matériau magnétique gnétique, la quantité d'énergie emmagasinée est bien
les domaines tendent à garder leurs orientations . En définie et totalement récupérable . En effet, tout comme
effet, par une réaction semblable au frottement, les on peut emmagasiner de l'énergie mécanique en com-
domaines s'opposent à tout changement d'orientation primant un ressort, on peut emmagasiner de l'énergie
imposé par un champ extérieur ; de même, une fois magnétique en créant un champ magnétique . Comme
orientés, ils essaient de conserver leur orientation en toute autre forme d'énergie, l'énergie magnétique se
s'opposant de nouveau à tout autre changement . Ce mesure en joules .
phénomène, qu'on appelle hystérésis, est une propriété Dans les matériaux non magnétiques comme l'air, la
commune à tous les matériaux magnétiques . Ce phé- quantité d'énergie emmagasinée dépend de la densité
nomène d'hystérésis permet de réaliser des aimants de flux et du volume occupé par le champ . Sa valeur
permanents . Par contre, ce grand avantage est quelque est donnée par la formule :
peu assombri par les pertes que l'hystérésis occasionne
2
dans un matériau magnétique parcouru par un flux al- V
W = B (15-1)
ternatif . Examinons d'abord la question des aimants 2µo
permanents, en reportant à plus tard le sujet des pertes .
qui peut s'écrire sous la forme approximative
Les aimants permanents d'aujourd'hui produisent des
forces magnétomotrices très intenses de sorte que, à W = 400 000 B 2 V (15-la)
FMM égales, ils sont souvent plus petits que les électro-
aimants qu'ils peuvent remplacer . Comme ils n'ont où
besoin d'aucune source d'énergie extérieure pour main- W = énergie dans le champ, en joules [J]
tenir leur magnétisme, les aimants permanents permet- B = densité de flux, en teslas [T]
tent de construire des appareils possédant un excellent V = volume du champ, en mètres cubes [m 3]
rendement et des dimensions restreintes . go = 41, x 10 -7 ( = 1/800 000 environ)
15.1 Énergie magnétique dans l'air Exemple 15-1
Lorsqu'un flux magnétique est créé dans un milieu Un électro-aimant avant 2 pôles de 40 mm x 40 rmn
quelconque, il existe toujours une quantité d'énergie attire une armature à travers un entrefer de 3 mm
emmagasinée qui est récupérable . Dans le cas d'un 15- 1) . Calculer l'énergie W emmagasinée dans
milieu comme l'air, ou de tout autre matériau non ma- les deux entrefers si la densité de flux est de 1,2 T .

186


HYSTÉRÉSIS ET AIMANTS PERMANENTS 187

B = 1,2 teslas

Figure 15-2
Forces agissant sur un matériau magnétique lorsqu'il est
placé entre les pôles N,S d'un électro-aimant (voir problème
15-15) .
Figure 15-1
Énergie emmagasinée dans le champ magnétique d'un
électro-aimant (exemple 15-1) .

Solution
Le volume des deux entrefers vaut :
V = 2 x (40 x 40 x 3) = 9600 mm3
L'énergie magnétique emmagasinée dans les deux en-
trefers est : Figure 15-3
La valeur de la force d'attraction dépend de la densité de flux
B et de la section A traversée par le flux .
W = 400 000 B 2 V éq .15-la

= 400 000 x (1,2) 2 x 9600 x 10 9


Par exemple, un morceau de fer placé entre les pôles
= 5,53 J
d'un électro-aimant subit deux forces F I et F2 qui ten-
La «puissance» d'un aimant permanent dépend princi- dent à attirer respectivement le morceau vers la gau-
palement de l'énergie magnétique qu'il peut conser- che et vers la droite (Fig . 15-2) . La valeur de la force F
ver dans un champ magnétique à l'extérieur de ses pa- dépend de la densité de flux B et de la surface A traver-
rois . sée par le flux (Fig . 15-3) . Sa valeur est donnée par
l'expression
15 .2 Énergie magnétique dans un matériau
magnétique
B2A
Pour une densité de flux donnée, l'énergie magnétique F = (15-2)
emmagasinée dans un matériau magnétique comme le 2µo
fer est beaucoup plus faible que celle contenue dans
qui peut s'écrire sous la forme approximative
un entrefer de même volume . Sa valeur dépend de la
forme de la courbe d'aimantation du matériau et de
A
son niveau d'aimantation . À toutes fins utiles, dans un F = 400000B 2 (15-2a)
montage composé d'un noyau magnétique et d'un
entrefer, l'énergie magnétique emmagasinée dans le où
noyau est négligeable . F = force d'attraction, en newtons [N]
B = densité de flux, en teslas [T]
15.3 Force d'attraction agissant sur un A = section traversée, en mètres carrés [m2 ]
matériau magnétique µo = 47t x 10 -7 (= 1/800 000 environ)
L'expérience nous montre qu'un matériau magnétique
placé dans un champ magnétique subit une force d'at- Exemple 15-2
traction . La force agit toujours dans la direction des Calculer la valeur de la force d'attraction F que
lignes de force, comme si elles étaient des élastiques l'électro-aimant de la Fi« 5-l exerce sur son arma-
attachés au morceau attiré . ture .


188 ÉLECTROTECHNIQUE

Solution
La surface A correspond ici à la surface des deux pôles
de l'électro-aimant soit
H = Nul
A = 2 x (40 x 40) = 3200 mm 2
Comme B = 1,2 T, la force est donc :

F = 400 000 B 2A éq . 15-2a

= 400 000 x (1,2) 2 x 3200 x 10 6


= 1843 N
La force d'attraction permet à cet aimant de soulever longueurl
une masse de :
Figure 15-4
m = 1843 - 9,8 = 188 kg éq . (1-1) Lorsqu'on fait varier le courant I dans la bobine, le champ
magnétique H produit une densité de flux B . La courbe B-H
Remarquer que la force d'attraction dépend unique- est montrée à la Fig . 15-5 .
ment de la densité de flux à la surface de la pièce atti-
rée ; elle n'est pas affectée par le degré de saturation
des autres parties du circuit magnétique . De plus, la
provenance du flux n'a aucune importance ; celui-ci
peut être créé par la bobine d'un électro-aimant ou par
un aimant permanent .

15.4 Densité de flux rémanent et champ


coercitif
On a déjà vu au chapitre 14 que si l'on fait circuler un
courant I dans une bobine entourant un tore magné-
c
tique (Fig . 15-4), la densité de flux B dans le circuit Hc' 0,
champ champ magnétique H [A/m]
magnétique augmente avec le champ magnétique H.
coercitif
Si le flux initial est nul, cette augmentation suit la
courbe Oa de la Fig . 15-5, la densité de flux atteignant
Figure 15-5
la valeur Bm pour un champ magnétique Hm. Courbe d'aimantation montrant le phénomène d'hystérésis,
Si, maintenant, on fait décroître le courant I, c'est-à- d'induction rémanente et de champ coercitif . La surface de
la partie hachurée est l'énergie requise (en joules par mètre
dire le champ H, jusqu'à zéro, la densité de flux ne suit cube) pour désaimanter le matériau magnétique .
plus la même courbe, mais une courbe ab située au-
dessus de oa. En effet, quand on réduit le champ à zéro,
requis pour réduire le flux à zéro s'appelle champ coer-
les domaines que l'on vient d'orienter sous l'influence
citif.
du champ Hm tendent à conserver cette orientation .
C'est le phénomène d'hystérésis . Donc, lorsque le Pour réduire la densité de flux de sa valeur B r jusqu'à
champ H devient nul, une densité de flux subsiste et zéro, il faut dépenser une certaine quantité d'énergie .
conserve une valeur Br que l'on appelle densité de flux On peut prouver que l'énergie requise pour désaiman-
rémanent ou induction rémanente . ter 1 mètre cube de matériau est exactement égale à la
surface hachurée comprise sous la courbe bc . Par exem-
Si l'on veut faire disparaître complètement ce flux ré-
ple, si cette surface (Fig . 15-5) vaut 100 teslas-ampè-
manent, il faut renverser le sens du courant dans la
res par mètre, on doit dépenser 100 joules d'énergie
bobine et faire croître le champ H jusqu'à une valeur
par mètre cube de matériau pour réduire le flux Br à
Hc (courbe bc). Lorsqu'on décrit la portion de courbe
zéro* . Cette énergie est entièrement convertie en cha-
bc, les domaines sont contraints de changer d'orien-
leur dans le matériau magnétique . Elle représente le
tation les uns après les autres, jusqu'à ce que la densité
de flux s'annule au point c . Le champ magnétique Hc 1 T •A/m est équivalent à 1 J/m 3 .

HYSTÉRÉSIS ET AIMANTS PERMANENTS 189

frottement qui se produit lorsque les domaines magné- 52 000 A/m . La surface située en dessous de la courbe
tiques reprennent leur orientation au hasard en passant comprend environ 52 carreaux, ayant chacun une su-
du point b au point c sur la courbe . En fait, un thermo- perficie de
mètre très sensible indiquerait un léger échauffement 1 carreau = 10 kA/m x 0,1 T = 1000 T•A /m
du matériau magnétique lors de la désaimantation .
L'énergie requise pour désaimanter l' alnico est donc
Pour les matériaux «doux» comme le fer doux et l'acier
employé dans les transformateurs, la quantité d'éner- W = 52 x 1000 T-A/m = 52 kJ/m 3
gie requise pour les désaimanter est assez faible : de
l'ordre de 10 J/m3 . Mais certains matériaux «durs» 15 .5 Types d'aimants permanents
comme l' alnico requièrent des quantités d'énergie énor- Pour fabriquer des aimants permanents puissants, on a
mes : de l'ordre de 50 000 J/m3 . C'est précisément cette recours à divers alliages de substances de toutes sor-
énergie élevée qui distingue les matériaux à aimants tes : fer, aluminium, cobalt, cuivre, platine, yttrium,
permanents des autres matériaux magnétiques . oxygène, carbone, etc . Parmi les aimants à base de
Idéalement, les matériaux utilisés pour la fabrication métaux, on connaît depuis longtemps l'acier trempé
des aimants permanents doivent donc posséder, à la (1 % carbone, 0,5 % manganèse, 98,5 % fer) mainte-
fois, une densité de flux rémanent (B r ) élevée et un nant supplanté par des alliages tels que l' alnico V (8 %
champ coercitif (Ha) de grande intensité de sorte que aluminium, 14 % nickel, 24 % cobalt, 3 % cuivre, 51 %
l'énergie requise pour les désaimanter soit aussi grande fer) . Un aimant permanent en alnico V est presque 25
que possible. fois plus petit qu'un aimant en acier trempé créant le
même champ . Découvert par hasard en 1932 par le
Les courbes de désaimantation pour trois types
physicien japonais I. Mishima, l'alnico, par sa dureté
d'aimants permanents, l'alnico V, l'Indox ® et l'acier
magnétique, a révolutionné l'industrie des dispositifs
au carbone sont montrées à la Fig . 15-6 . Elles repré-
magnétiques . En effet, pour la première fois, on pou-
sentent la portion bc de la courbe que nous venons
vait réaliser un aimant permanent plus petit qu'un
de discuter . On constate que l'alnico a une densité
électro-aimant de même force . L'alnico est extrême-
de flux rémanent de 1,3 T et un champ coercitif de

T
1,4
Matériau Induction Champ Produit Point de
rémanente coercitif énergétique Curie
1,2
Br (teslas) Hc (kA/m) Bd Hd (kJ/m3 ) °C alnico V
alnico V 1,3 52 40 860
1,0
Indox® 1,3 200 20 980

Acier au carbone 0,85 4 1,2 800


Acier pour 0,7 0,06 0,015 800
électro-aimant
0,6
Acier au silicium 1,3 0,008 0,005 730 acier au carbone
pour transformateur
0,4
Recoma® 0,8 560 128 730
Indox®
0,2

0
kA/m 200 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0
H-

Figure 15-6
Courbes de désaimantation de trois matériaux utilisés dans les aimants permanents .







190 ÉLECTROTECHNIQUE

ment dur et cassant si bien que l'on peut seulement


changer sa forme en meulant les pièces coulées .
Les aimants à céramiques, une autre classe d'aimants, T
sont plus légers et possèdent une résistivité électrique 1,4
équivalente à celle des bons isolants . Ces aimants, por- b
tant des marques de commerce telles que Indox ® , 1,2
Arnox ® , Vectolite ® , Ferroxdure ® , sont des ferrites
composés d'un alliage d'oxyde de fer (Fe203), d'oxyde
1,0
de baryum (BaO)6 , d'oxyde de zinc, de cobalt, etc . Ces
aimants à céramiques possèdent une densité de flux
rémanent Br plus basse que celle de l' alnico, mais dé- 0,8 B
S 2
veloppent des champs coercitifs HH très élevés, de sorte
que l'énergie requise pour annuler le flux rémanent est
0,6
du même ordre de grandeur . On rencontre ces maté-
riaux dans les pièces polaires de certains moteurs, dans
les bandes de caoutchouc servant à sceller les portes 0,4
S
de réfrigérateurs et dans les bandes magnétiques pour
enregistrement. 0,2
3
Enfin, depuis quelques années, les aimants les plus
puissants sont ceux fabriqués avec du cobalt allié avec
o
l'yttrium ou une des terres rares, comme le néodyme kA/m 60 c 40 20 0
et le samarium . Notez, par exemple, les propriétés B r H<
et Hc du Recoma® , données à la Fig . 15-6 . Pour un
même volume, ils sont 3 fois plus puissants que les Figure 15-7
La longueur de l'entrefer détermine la valeur de B et H sur la
meilleurs aimants en alnico . Le seul inconvénient est
courbe de désaimantation pour l'alnico V .
leur coût relativement élevé .

15 .6 FMM et flux d'un aimant permanent


Le champ magnétique H et, par conséquent, la FMM
La densité de flux rémanent Br correspond à celle ob-
développée par un aimant dépendent donc de la den-
tenue lorsque le matériau forme un circuit magnétique
sité de flux B . Connaissant les dimensions de l'aimant,
fermé (Fig . 15-4) . Cependant, un flux ainsi emprisonné
on peut calculer la FMM et le flux qu'il produit . Le
dans un tore solide est inutile et, pour rendre ce flux
flux est donnée par:
accessible, on doit y ouvrir un entrefer .
0= B x (section de l'aimant)
En agissant ainsi, on observe que la densité de flux
diminue graduellement à mesure que l'entrefer aug- et la FMM est :
mente, passant successivement par les points b, 1, 2, 3,
sur la courbe de désaimantation B-H du matériau (Fig . FMM = H x (longueur de l'aimant)
15-7) .
Exemple 15-3
Par contre, à mesure que la densité B diminue, le champ Un aimant permanent en alnico V possède les dimen-
magnétique H augmente . En effet, pour chaque valeur sions données à la Fig . 15-8 . Les pièces polaires
de B, l'aimant produit une valeur correspondante de ajoutées aux extrémités de l'aimant sont en fer doux,
H . Par exemple, en se référant à la courbe de et servent a canaliser le flux vers l'entrefer . On sup-
désaimantation de l'alnico V (Fig . 15-7), on obtient pose que la longueur de l'entrefer est variable, ce
les valeurs B, H suivantes : qui permet de faire varier le flux ¢. Calculons la
B 1,3 1,1 0,8 0,2 teslas FMM développée par l'aimant lorsque le flux vaut
H 0 30 45 50 kA/m (a) 19,2 mWh et (h) 3 .2 mWb .





HYSTÉRÉSIS ET AIMANTS PERMANENTS 191

L'aimant se comporte exactement comme un électro-


aimant, sauf que sa FMM ne demeure pas fixe .

15.7 Produit énergétique


Dans la plupart des montages comportant un aimant
permanent, on désire produire un flux 0 dans un en-
trefer dont la longueur et la section sont connues . On
peut donc calculer la FMM requise pour l'entrefer et,
par conséquent, celle que l'aimant permanent doit pro-
duire . Comme la valeur de H n'est pas constante, mais
Figure 15-8 varie avec B, on doit se demander quelle valeur on doit
Voir exemple 15-3 .
choisir.
En pratique, on choisit le point de la courbe de
Solution désaimantation où le produit BH est maximal . On peut
La section de l'aimant est: prouver en effet que ce choix assure une quantité mi-
nimale de matériau magnétique .
A = 100 mm x 160 mm = 16 000 mm 2
Le produit BH en un point correspond à la superficie
= 0,016 m2 du rectangle formé à ce point, comme l'indique la Fig .
a) Pour un flux de 19,2 mWb, la densité de flux dans 15-9 .
l'aimant est : À mesure que l'on se déplace sur la courbe bc, il
19,2 x 10- ' est évident qu'il existe un point unique (BdHd) où
B = 1,2 T le rectangle aura une superficie maximale . Le pro-
A 0,016
duit BdHd s'appelle produit énergétique du maté-
La courbe de désaimantation (Fig . 15-7) indique que riau . Dans le cas de l'alnico V, ce point correspond
le champ magnétique developpé par l'aimant dans ces
circonstances est de 15 kA/m . Comme la longueur de
T
l'aimant est de 200 mm, il produit une FMM de :
1,4
200
FMM = Hl = 15 000 x = 3000 A b
1000 1,2
BdHd
L'aimant agit donc comme une bobine qui développe
une FMM de 3000 ampères-tours .
1,0
b) Lorsqu'on augmente l'entrefer de façon que le flux
tombe à 3,2 mWb, la densité de flux devient :
0,8 B
2
B_ 0 _ 3,2 x 10-3
= 0,2 T
A 0,016 0,6
À cette densité, la valeur de H développée par l'aimant
est de 50 kA/m (Fig . 15-7) . Il s'ensuit que la FMM 0,4
créée par l'aimant est :
200 0,2
FMM = Hl = 50000X = 10 000 A
1000
L' aimant agit maintenant comme une bobine qui dé-
kA/m 60 c 40 20
veloppe une FMM de 10 000 A.
H<
Cet exemple montre bien que la FMM développée par
Figure 15-9
un aimant dépend de la densité de flux qui le traverse . Le matériau magnétique produit son énergie magnétique
Plus la densité est grande, plus la FMM est faible . maximale au point BdHd, où le produit BH est maximal .


192 ÉLECTROTECHNIQUE

à Bd = 1 T, Hd = 40 kA/m . Le produit énergétique Ce flux 0 traverse également l'aimant ; la densité op-


de ce matériau est donc : timale Bd étant de 0,2 T, il faut que la section de
l'aimant soit :
Wd = BdHd = 1 T x 40 kA/m = 40 1,J/m3
0 _ 0,0012 _ 0,006 m2 - 60 cm2
Dans le cas de l'Indox®, le point optimal correspond à
B 0,2
Bd = 0,2 T, Hd = 100 kA/m . Le produit énergétique est
donc : La FMM requise pour l'entrefer est donnée par la for-
mule 14-9 :
Wd = Bd Hd = 0,2 T x 100 kA/m = 20 kJ/m3
FMM = 800 000 Bl
Tout matériau magnétique possède ainsi une valeur de = 800 000 x 0,6 x 0,005
Hd et une valeur de Bd optimales assurant la meilleure
= 2400 A
utilisation du matériau magnétique .
On juge la qualité d'un matériau à aimant permanent à Pour l'Indox , Hd = 100 kA/m, d'où la longueur la de
la valeur maximale de son produit énergétique . Pour l'aimant est :
un champ donné, plus ce produit est grand, plus
l'aimant sera petit. Ainsi, l' alnico V a un produit éner- la = FMM = 2400 = 0,024
gétique BdHd = 40 kJ/m3 tandis que l'acier au carbone, Hd 100 000
utilisé couramment dans les aimants permanents avant = 24 mm
1935, a un BdHd de 1,2 kJ/m3 seulement . Par consé-
quent, pour produire un flux quelconque dans un cir- Pour conduire le flux et pour le concentrer dans
cuit magnétique donné, un aimant permanent en l'entrefer afin d'y créer une densité 3 fois plus élevée
alnicoV est 40/1,2 = 33 fois plus petit qu'un autre en que dans l'aimant lui-même, on doit avoir recours à
acier au carbone . Les aimants permanents encore plus deux pièces polaires en fer doux . La densité accrue
puissants composés de néodyme-boron-fer atteignent dans l'entrefer est obtenue en diminuant la section des
des produits énergétiques de l'ordre de 380 kJ/m3 . pôles vis-à-vis de l'entrefer. L'arrangement est montré
à la Fig . 15-10 .
Enfin, il n'est pas difficile de comprendre pourquoi
l'acier au silicium n'est jamais employé comme aimant
permanent ; son produit énergétique BdHd n'est que de aimant 60 cm2 x 24 mm
0,005 kJ/m3 .

15.8 Calcul d'un aimant permanent
Les principes que nous venons d'étudier permettent de
faire le calcul élémentaire d'un aimant permanent . En
voici un exemple . pièce pièce
polaire polaire
Exemple 15-4
Calculer les dimensions d'un aimant en ferrite
du type ludox`5 permettant de produire une den-
sité de flux de 0 .6 T dans un entrefer ayant une
surface A = 20 cm2 et une longueur de 5 mm . On
sait que B l = 0,2 T et Hd = 100. LA/m / /F
Solution
Calculons d'abord le flux dans l'entrefer :
= BA entrefer 20 cm2 x 5 mm
= 0,6 x 20 x 104
= 0,0012 Wb Figure 15-10
Calcul d'un aimant permanent (exemple 15-4) .

HYSTÉRÉSIS ET AIMANTS PERMANENTS 193

15.9 Variation du champ avec le temps et la La boucle formée par le conducteur et la source cons-
température - point de Curie titue l'unique spire de la «bobine» . Le circuit magnéti-
Les champs magnétiques créés par les aimants per- que de l'aimant est complété par un barreau de fer doux
manents modernes sont très stables . Bien que tout afin que le champ intense H soit appliqué directement
aimant ait tendance à perdre sa force avec le temps, sur l'aimant . Si le barreau n'était pas utilisé, une partie
cette diminution est si lente qu'elle est presque imper- de la FMM créée par le conducteur serait «consom-
ceptible . Par exemple, on estime qu'un aimant en al- mée» inutilement par l'entrefer entre les deux pôles
.icoV retient 99 % de son aimantation originale après N,S .
100 ans d'utilisation . On peut, par des méthodes spé- Pour désaimanter un aimant permanent, on doit le pla-
ciales . stabiliser l'aimant encore davantage . cer dans un champ alternatif intense et réduire gra-
La température joue également un rôle important . À duellement la valeur de ce champ jusqu'à zéro . On peut
mesure qu'elle augmente, la densité de flux produite encore employer une seule spire portant un courant
par l'aimant diminue et, à une température élevée, ap- alternatif très intense et décroissant .
pelée point de Curie, il perd complètement sa per-
15.11 Conversion de l'énergie mécanique
méabilité de même que ses propriétés d'aimant per- en énergie magnétique
manent . Cette haute température provoque en effet une
Lorsque les pôles nord et sud d'un aimant permanent
vibration atomique intense qui détruit l'orientation des
sont réunis par une armature en fer doux, l'énergie
domaines . Le point de Curie varie avec les matériaux,
magnétique contenue dans l'aimant et dans l'armature
mais il se situe habituellement entre 700 °C et 900 °C .
sont toutes deux très faibles (Fig . 15-12) . Cependant,
15.10 Aimantion et désaimantation d'un quand on éloigne l'armature, l'énergie magnétique dans
aimant permanent l'entrefer ainsi créée peut être considérable (Fig . 15-
Pour aimanter un aimant permanent, on doit le placer 13) . En effet, pour séparer l'armature de l'aimant, on
dans un champ suffisamment fort afin d'orienter tous doit dépenser un certain travail . Cette énergie mé-
les domaines dans le même sens . Cela requiert une canique est transformée et emmagasinée dans le champ
FMM extrêmement intense, mais comme les domaines magnétique de l'entrefer.
s'orientent presque instantanément, celle-ci peut être
appliqué pendant une fraction de seconde seulement .
Cette courte période d'aimantation permet de faire cir-
culer des courants énormes (jusqu'à 100 000 A) dans
des conducteurs relativement petits sans excéder le ht
permis pour le conducteur. Par exemple, dans la Fig .
15-11, un conducteur portant un courant momentané
de 50 000 A crée la FMM requise .
ne armature

faible énergie magnétique


dans l'armature

Figure 15-12
Une armature en fer doux collée aux pôles d'un aimant
aimant permanent emmagasine peu d'énergie magnétique .

Il y a donc conversion directe de l'énergie mécanique


L _
eY
~
_
= =~
1
50 kA

~
en énergie magnétique lorsqu'on éloigne une armature
des pôles d'un aimant .
D'autre part, en rapprochant l'armature, on doit lutter
barreau de fer contre la force d'attraction exercée par l'aimant . Il s'en-
suit que l'énergie magnétique libérée par le champ à
Figure 15-11
Aimantation d'un aimant permanent par un courant mesure que le volume de l'entrefer diminue se trouve
momentané de forte intensité . maintenant convertie en énergie mécanique dépensée

194 ÉLECTROTECHNIQUE

Si l'on trace les variations de la densité de flux B (en


teslas) en fonction du champ magnétique H (en A/m),
on obtient une courbe fermée portant le nom de cycle
d'hystérésis (Fig . 15-14) . Le cycle suit la séquence

ni
énergie mécanique
déployée
armature
a,b,c,d,e,f,a, à raison de 60 fois par seconde . Sur ce
cycle, on reconnaît les valeurs de la densité de flux
rémanent Br et du champ coercitif H, comme dans le
cas des aimants permanents .

Figure 15-13
Lorsque l'armature est retirée, le champ dans l'air
emmagasine une énergie considérable . Cette énergie
provient du travail mécanique exercé en retirant l'armature .

(
- He
lors du freinage . Lorsque l'armature est de nouveau
collée contre les pôles, l'énergie magnétique contenue
dans l'air redevient nulle . Durant ce processus, l'éner- -Br
gie magnétique dans l'aimant et dans l'armature de-
meure en tout temps négligeable .
d
L'énergie mécanique est donc convertie en énergie
magnétique lorsqu'on éloigne l'armature, et cette éner- Figure 15-14
gie magnétique est reconvertie en énergie mécanique Cycle d'hystérésis d'un matériau magnétique . L'énergie
dissipée par cycle est proportionnelle à la surface a b c d e f
lorsqu'on rapproche l'armature . On comprend alors a de la courbe .
pourquoi l'aimant ne perd pas sa force même si l'on
répète ce processus des centaines de fois .
On peut aussi se demander pourquoi l'aimant d'un ra- 15 .13 Pertes par hystérésis
masse-clous ne perd pas de sa force, même après avoir À chaque cycle complet d'hystérésis, il se produit une
ramassé des milliers de clous dont chacun demeure un perte d'énergie . La perte est due au «frottement» des
peu aimanté après avoir été attiré par l'aimant . L'ex- domaines magnétiques lorsqu'ils changent de sens . La
plication vient du fait que l'énergie magnétique asso- quantité d'énergie dissipée par mètre cube est égale à
ciée à chaque clou aimanté provient de l'énergie mé- la surface du cycle d'hystérésis . Considérons, par exem-
canique qu'on a dû déployer pour le séparer de l'aimant . ple, le cas simplifié du cycle d' hystérésis rectangulaire
de la Fig . 15-15 . L'énergie requise par mètre cube de
15 .12 Cycle d'hystérésis ce matériau vaut :
Les transformateurs et la plupart des moteurs élec-
triques fonctionnent à courant alternatif de sorte que le W = 1,2Tx2OA/mx4
flux circulant dans leurs parties en acier change conti- = 96 T A/m, soit 96 J/m3
nuellement de valeur et de sens . Les domaines doivent
Si la fréquence du réseau est de 60 Hz, on dépensera,
donc s'orienter tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre
par mètre cube, une puissance de :
à un rythme qui est d'autant plus rapide que la fré-
quence du réseau est élevée . Ainsi, sur un réseau à P = 96 J x 60 cycles/seconde
60 Hz, les domaines décrivent un cycle complet en = 5760 J/s = 5760 W
1/60e de seconde, passant par des densités maximales
+B,,, et Bm sous l'effet d'un champ magnétique va- Cette puissance est dissipée sous forme de chaleur dans
riant de +Hm à -Hm . l'acier, ce qui provoque une augmentation de sa tem-

HYSTÉRÉSIS ET AIMANTS PERMANENTS 195

est environ 5000 fois plus grande que celle du Silectron .


L'alnico ne convient donc absolument pas pour con-
pertes
duire les flux alternatifs .
24 joules B
Le cycle d'hystérésis d'un acier utilisé dans les relais à
T
courant alternatif est donné à la Fig . 15-16b .
-20 +20
-H A/m

T
1,0
-1,2 0,8
0,6
Figure 15-15 0,4
Calcul de l'énergie dissipée par hystérésis .
0,2
0

pérature . Pour réduire ces pertes, on a donc intérêt à 0,2


iéduire la surface du cycle d'hystérésis des matériaux 0,4
destinés à supporter des flux alternatifs . Par exemple, 0,6
an utilise l'acier à grain orienté pour les noyaux de
0,8
transformateurs .
1,0
Les courbes de la Fig . 15-16a permettent de comparer A/m -200 -100 0 100 200
les cycles d'hystérésis de l'alnico V et de l'acier
Silectron® utilisé dans la fabrication des transforma- Figure 15-16b
ieurs . On constate que la surface du cycle de l' alnico V Cycle d'hystérésis d'un acier pour relais à courant alternatif .

Figure 15-16a
Comparaison du cycle d'hystérésis de l'alnico V avec celui d'un acier utilisé dans les transformateurs .


s n s n
196 ÉLECTROTECHNIQUE

15 .14 Pertes par hystérésis dues à la Puisque le rotor tourne à une vitesse de 7200/60
rotation = 120 r/s, on dépense 3 x 120 = 360 J/s, soit une perte
Remarquons que des pertes par hystérésis seront éga- dissipée en chaleur de 360 W.
lement produites dans une pièce de fer tournant dans
15 .15 Résumé
un champ constant et fixe . Ainsi, les pôles nord des
domaines dans la barre de la Fig . 15-17a sont initia- Nous avons vu dans ce chapitre que le phénomène
lement dirigés vers l'extrémité B . Quand la barre aura d'hystérésis, une propriété liée aux domaines ma-
fait un demi-tour (Fig . 15-17b), les pôles nord seront gnétiques et commune à tous les matériaux magné-
dirigés vers l'extrémité A . Il y a donc inversion des tiques, permet de créer les aimants permanents . Tout
domaines dans la pièce, même si le sens du champ comme une bobine parcourue par un courant, un
magnétique ne change pas . Ce phénomène se produit aimant possède une force magnétomotrice qui pro-
dans les machines à courant continu où l'induit tourne duit un flux magnétique entre ses pôles .
dans un champ fixe . Ces pertes par hystérésis provo- Nous avons vu qu'une énergie magnétique est em-
quent un échauffement de l'induit . L'échauffement magasinée dans l'espace entourant un aimant . Un
peut être considérablement réduit par l'emploi d'un aimant exerce sur un autre matériau magnétique
acier de bonne qualité . (comme un morceau de fer) une force d'attraction
dirigée selon les lignes de force du champ . Lors du
Exemple 15-5 travail effectué pour séparer le morceau attiré, il y
Le rotor d'un moteur à courant continu tourne a a conversion de l'énergie mécanique en énergie
7200 r/min entre deux pôles magnétiques produisant magnétique, laquelle est emmagasinée dans le
une densité de flux maximale de 0.8 tesla. Le rotor champ . De même, lors du rapprochement, l'énergie
a un volume de 0,2 m" et la surface du cycle magnétique dans le champ est reconvertie en éner-
d' hystérésis est de 15 T A/m . Calculer les pertes par gie mécanique .
hvstérésis .
Un aimant permanent se distingue des autres maté-
Solution riaux magnétiques par la grande surface de sa
Puisque l'énergie dépensée par cycle est de 15 T •A/m courbe de désaimantation B-H . La surface comprise
= 15 J/m3, l'énergie pour un volume de 0,2 m3 vaut : sous cette courbe est une mesure de l'énergie re-
W = 15 x 0,2 = 3 joules quise pour désaimanter l'aimant . Cette courbe passe
par trois points caractéristiques de l'aimant : sa den-
sité de flux rémanent Br , son champ coercitif H,
rotation et le point où le produit énergétique B-H est maxi-
barre tournante (rotor) mal . Les aimants permanents modernes ont des pro-
duits énergétiques élevés . Nous avons vu aussi com-
I
v v
N A • B ment calculer les dimensions d'un aimant devant
s n s n produire une densité de flux donnée .
Enfin, le phénomène d'hystérésis n'a pas que des
(a) avantages . Il est la cause des pertes dans les parties
en fer des machines électriques qui sont soumises à
un champ magnétique variable . À chaque fois que
S n s n l'on décrit un cycle d'hystérésis, une énergie cor-
t7 D respondant à la surface du cycle est dissipée en cha-
N B • A s
D O leur dans le matériau magnétique .
s n s n

(b)
Figure 15-17
Pertes par hystérésis dues à la rotation .

HYSTÉRÉSIS ET AIMANTS PERMANENTS 197

PROBLÈMES - CHAPITRE 15 acier au Si (1 %)


--1,5 m---
12 mWb i
Niveau pratique o
10cmx
15-1 Expliquer les termes suivants : induction réma- 12 cm
nente, champ coercitif, hystérésis, point de Curie . I '

15-2 En se référant à la Fig . 15-6, quel est le champ


magnétique développé par l'Indox ® , lorsque la den- Figure 15-18
sité de flux est 0,3 T ; 0,2 T; 0 T? Voir problème 15-11 .

15-3 L'acier au carbone (Fig . 15-6) n'est pas un bon


15-12 L'aimant permanent de la Fig . 14-14 produit
matériau pour aimant permanent . Expliquer.
un champ dans l'air dont la densité varie de point en
15-4 Comment peut-on désaimanter un aimant per- point. La densité de flux dans une région à côté de
manent? l'entrefer est de 0,5 T . Calculer l'énergie par mm3 à
Niveau intermédiaire cet endroit.
15-5 Un aimant permanent, fait en acier au carbone, 15-13 L' aimant permanent N Sen alnico V de la Fig .
a une longueur de 0,3 m . Sachant qu'il crée un champ 17-12 a une longueur de 200 mm et une section de
magnétique de 2000 A/m à une densité de flux de 0,5 T, 25 cm2 . Si la longueur de chaque entrefer est de
calculer sa FMM . 3,4 mm, déterminer :
15-6 Expliquer comment un aimant permanent réa- a) la densité de flux dans l'entrefer et le flux par pôle
lise la conversion d'énergie mécanique en énergie ma- b) la FMM développée par l'aimant.
gnétique .
15-14 Le pôle nord d'un aimant permanent en al-
15-7 Quelle est l'énergie emmagasinée dans
nico V crée une densité de flux de 0,4 T dans un en-
l'entrefer de la Fig . 14-16 dont la section est de 10 cm
trefer dont la longueur est de 4 mm (Fig . 27-16) .
x 12 cm?
a) Sachant que la surface du pôle est de 500 cm 2 , cal-
15-8 Un morceau d' alnico V possède une longueur culer la section de l'aimant permanent afin d'utili-
de 10 cm et une section de 6 cm 2 . Quelle énergie est ser le minimum de matériau magnétique
nécessaire pour le désaimanter complètement? Qu'ar- b) Calculer la FMM que l'aimant doit développer
&e-t-il de cette énergie? c) Quel est le volume de l'aimant?
15-9 Si l'on introduit un morceau de fer doux dans 15-15 Le morceau de fer placé entre les pôles N, S
1-entrefer de la Fig . 15-8, l'énergie dans le champ di- de la Fig . 15-2 est traversé par un flux de 1,2 mWb.
minue . Par ailleurs, l'énergie reprend sa valeur origi- Les faces traversées ont des surfaces respectives de
nale lorsqu'on retire le morceau de fer. Expliquer. 100 em 2 et de 50 cm 2 .
15-10 L'Indox ® a une densité de flux B d optimale a) Calculer la valeur des forces FI et F2
de 0 .2 T. Comment peut-on créer une densité de flux
b) Vers quel pôle le morceau de fer est-il attiré?
de 1 .2 T dans un entrefer en utilisant ce matériau?
»veau avancé
15-11 On applique une tension alternative de 60 Hz
mat bornes de l'enroulement de la Fig . 15-18, et l'on
constate que le flux atteint périodiquement une valeur
aéte de 1,0 T. Le noyau en acier au silicium est rem-
p'acé par un autre en acier pour relais et qui possède le
cycle d'hystérésis montré à la Fig . 15-16b. Calculer la
paissance approximative dissipée par hystérésis, en
sans .
16
Forces électromagnétiques
PRINCIPE II DE L'ÉLECTROMAGNÉTISME

Lorsqu'un conducteur portant un courant est orienté D'autre part, la Fig . 16-2 montre le champ magné-
convenablement dans un champ magnétique, il est sou- tique créé entre les deux pôles d'un aimant permanent
mis à une force que l'on appelle force électroma- puissant . Si l'on place ce conducteur, parcouru par un
gnétique . Ce phénomène est d'une importance capi-
tale car il est à la base du fonctionnement des moteurs,
des haut-parleurs et d'un grand nombre d'appareils de
mesure. Étudions d'abord le cas d'un conducteur recti-
ligne .

16.1 Sens de la force agissant sur un


conducteur rectiligne
On a vu au chapitre 13 qu'un conducteur rectiligne par-
couru par un courant s'entoure d'un champ magnéti-
que . Pour un courant entrant dans la page, les lignes
de force auraient le sens indiqué à la Fig . 16-1 .
Figure 16-2
Champ magnétique entre les pôles d'un aimant permanent .

courant, entre les pôles de l'aimant permanent (Fig .


16-3), on constate que :
1 . le conducteur est soumis à une force qui tend à le
déplacer vers le bas
2 . si l'on change le sens du courant, le sens de la force
change également
3 . la force agit dans une direction qui est à la fois per-
Figure 16-1
Champ magnétique autour d'un conducteur lorsque le courant pendiculaire à la direction du courant et à celle des
entre dans la page . lignes de force
198
FORCES ÉLECTROMAGNÉTIQUES 199

Figure 16-3 Figure 16-5


Superposition des champs magnétiques . Les lignes de force Lorsque la direction du champ et le sens du courant sont
agissent dans le même sens au-dessus du conducteur, ce inversés, le sens de la force demeure le même .
qui augmente la densité de flux à cet endroit . Les lignes de
*)rce agissent en sens contraires en dessous du conducteur
de sorte que la densité de flux est réduite à cet endroit .

Rappelons que les lignes de force sont comme des fils


élastiques tendus qui se repoussent ; lorsqu'elles sont
concentrées au-dessus du conducteur, la force de répul-
sion qui existe entre elles tend à repousser le conduc-
teur vers le bas . Cet artifice qui permet de déterminer
le sens de la force peut servir de règle . De cette façon,
on vérifiera que la force agissant sur le conducteur de
la Fig . 16-4 a bien le sens indiqué .
Le sens de la force dépend donc du sens du courant et
de celui du champ . Si l'on inverse à la fois le sens du
courant et celui des lignes de force, le sens de la force
mécanique reste inchangé (comparez les Figs . 16-4 et
16-5) .

Figure 16-4 16 .2 Intensité de la force


Spectre du champ magnétique résultant .
On peut démontrer expérimentalement que l'intensité
de la force qui agit sur un conducteur parcouru par un
:aspect du champ magnétique résultant n'est évi- courant et placé dans un champ magnétique dépend :
demment pas semblable à celui donné à la Fig . 16-3
a) de l'intensité du courant : plus le courant est intense,
car. comme nous l'avons vu au chapitre 12, les lignes
plus la force est grande
de flux ne se croisent jamais . Cependant, on observe
que les lignes de force du champ magnétique créé par b) de la densité de flux du champ magnétique : plus la
le conducteur et celles du champ magnétique créé densité des lignes est grande, plus la force est in-
par l'aimant permanent sont de même sens au-dessus tense
du conducteur, et de sens contraires en dessous . Il en c) de la longueur du conducteur traversant le champ
résulte une augmentation du nombre de lignes au-des- magnétique : plus le conducteur actif est long, plus
sus du conducteur et une diminution en dessous ; le la force est grande . Par conducteur actif on entend
champ magnétique résultant a donc l'aspect donné à la la partie du conducteur qui se trouve dans le champ
Fig . 16-4 . magnétique

200 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 16-6 Figure 16-7


La force sur un conducteur est maximale lorsque le La force sur un conducteur est nulle lorsque le conducteur
conducteur est perpendiculaire au champ magnétique . est parallèle au champ magnétique .

d) de la direction du conducteur par rapport à celle du est stationnaire, le champ magnétique ne l'influence
champ : la force est maximale quand le conducteur pas . Cependant, si l'électron se déplace dans le champ,
est perpendiculaire aux lignes de force (Fig . 16-6) il subira une force dont l'intensité dépend de sa vitesse
et nulle quand il est parallèle au champ (Fig . 16-7) ; et de la densité du champ . La direction de la force est à
entre ces deux positions, l'intensité de la force prend la fois perpendiculaire au trajet de l'électron et aux li-
des valeurs intermédiaires . gnes de force du champ magnétique . Par exemple,
La valeur maximale de la force électromagnétique F l'électron de la Fig . 16-8 déviera vers le bas lorsqu'il
agissant sur un conducteur rectiligne de longueur l par- traversera le champ . Les lois de la physique nous indi-
couru par un courant I et placé dans un champ de den- quent que cette force, extrêmement faible, peut être
sité B, est donnée par l'équation : calculée par la formule suivante :

F=BuI (16-1) F = evB (16-2)


où où
F = force agissant sur le conducteur [N]
F = force exercée sur l'électron [N]
B = densité de flux, en teslas [T]
e = charge de l'électron (1,6 x 10 -19
l = longueur du conducteur actif dans le
coulomb)
champ [m]
v = vitesse de l'électron [m/s]
I = courant circulant dans le conducteur [A]
B = densité de flux, en teslas [T]
Exemple 16-1 Bien que cette force soit très faible, elle réussit néan-
Calculer la force qui agit sur un conducteur de 1 .2 ni moins à donner une courbure appréciable à la trajec-
de long, parcouru par un courant de 200 A et placé
dans un champ magnétique dont la densité de flux
est 0 .5 tesla . Le conducteur est perpendiculaire aux
lignes de force (Fig . 16-6) .

Solution
La force est :
F = BlI
= 0,5 x 1,2 x 200
= 120 N

16 .3 Électrons et champ magnétique


Afin d'expliquer la façon dont les forces électromagné-
tiques prennent naissance, considérons un électron Figure 16-8
placé dans un champ magnétique . Lorsque l'électron Force sur un électron en mouvement et trajectoire résultante .

FORCES ÉLECTROMAGNÉTIQUES 201

Loire de l'électron car sa masse est minuscule . Il est


facile d'observer les conséquences de cette déflection
en approchant un aimant permanent de l'écran d'un
oscilloscope ou d'un téléviseur .
Les électrons libres se déplaçant à l'intérieur d'un
conducteur subissent exactement les mêmes for- Figure 16-9a
ces lorsque le conducteur est placé dans un champ Deux conducteurs portant des courants circulant dans le
magnétique . Comme ces électrons ne peuvent quit- même sens .
ter le corps métallique du conducteur, il s'ensuit
que la force agissant sur chacun d'eux est trans-
mise à celui-ci .
Les électrons se déplacent très lentement à l'intérieur
d'un conducteur, par conséquent ils sont soumis à des
forces extrêmement faibles . Cependant, leur nombre
est si considérable que toutes ces forces élémentaires
produisent une force totale assez intense .

16 .4 Force entre deux conducteurs


On a vu, d'une part, qu'un courant traversant un con-
ducteur s'entoure d'un champ magnétique et, d'autre
part, qu'un conducteur parcouru par un courant est Figure 16-9b
soumis à une force lorsqu'il est placé dans un champ. Superposition des champs magnétiques créés par les deux
courants .
Il doit donc nécessairement s'exercer une force sur deux
conducteurs voisins parcourus chacun par un courant .
Ce phénomène est, en réalité, un cas particulier de l'ac-
tion d'un champ magnétique sur un courant électrique.
Soit deux conducteurs parallèles parcourus par
des courants I1 et Iz de même sens (Fig . 16-9a) . La
forme des lignes de force autour de chacun des con-
ducteurs considérés individuellement est donnée à la
Fig . 16-9b . On constate que, dans l'espace compris
entre les deux conducteurs, les lignes créées par Ii sont
en sens inverse de celles créées par 1 2 . Par conséquent,
entre les conducteurs le champ magnétique sera rela-
tivement faible. Cependant, à l'extérieur des conduc-
Figure 16-9c
teurs, les lignes provenant des deux courants ont ten- Spectre du champ magnétique résultant lorsque les deux
dance à se renforcer. courants pénètrent dans la page . Les conducteurs s'attirent
mutuellement .
Le spectre des lignes de force résultant de l'action
mutuelle de ces deux champs magnétiques est montré
à la Fig . 16-9c . Sachant que les lignes de force se com-
portent comme des bandes élastiques tendues et pous- Si l'on applique la même règle aux lignes de force du
sant l'une sur l'autre, on constate que les conducteurs spectre de la Fig . 16-10c, on vérifiera que deux con-
sont soumis à des forces qui tendent à les rapprocher . ducteurs parallèles parcourus par des courants de sens
Par contre, si les courants I l et 12 circulent en sens in- contraires tendent à se repousser .
verses (Fig . 16-10a), les lignes de flux se renforcent Connaissant la valeur des courants I1 et 12 parcourant
dans l'espace compris entre les conducteurs (Fig . 16- chacun des conducteurs et la distance d qui les sépare,
10b) . Le spectre résultant est montré à la Fig . 16-10c . on peut calculer la force agissant sur chacun d'eux . En


202 ÉLECTROTECHNIQUE

sur un conducteur parcouru par un courant 12, vaut :


F = BuI2
d'où

F=2x107 Il
12 1
(16-3)
Figure 16-10a d
Deux conducteurs portant des courants circulant en sens
inverses .
ou
F force entre deux conducteurs parallèles [N]
Il, 12 courants circulant dans les conducteurs [A]
l • longueur des conducteurs [m]
d • distance séparant les conducteurs [m]

Exemple 16-2
Deux barres omnibus cylindriques de 3 mètres de
long portent un courant normal de 1000 A . Calcu-
ler la force d'attraction lors d'un courant de court-
circuit de 60 000 A sachant qu'elles sont séparées
par une distance de 10 cnl .

Solution
Figure 16-1Ob D'après la formule 16-3, on obtient :
Superposition des champs magnétiques crées par les deux
courants . 7Il 12 1
F=2x10
d

2 x10 '7 x60000x60000x3



0,1
• 21 600N=21,6kN
On constate que les barres omnibus sont soumises à
une force considérable lors d'un court-circuit . Elles sont
donc sujettes à une certaine déformation .

16 .5 Cas d'un cadre rectangulaire


Soit un cadre conducteur ABCD (Fig . 16-11), parcouru
Figure 16-1 Oc par un courant et placé entre les deux pôles d'un aimant .
Spectre du champ magnétique résultant lorsque les courants La densité de flux provenant de l'aimant est uniforme.
traversent la page en sens inverses . Les conducteurs se En appliquant à chacun des conducteurs AB et CD, la
repoussent mutuellement .

effet, d'après la section 13 .4, un courant Ii produit à


une distance d un champ dont la densité de flux (en
teslas) est :

il
B = 2 x 10' éq . 13-1 Figure 16-11
d Cadre placé dans un champ magnétique . Des forces agissent
sur les côtés AB et CD, elles sont nulles sur les côtés AD et
de plus, on a vu à la section 16 .2 que la force agissant BC .

FORCES ÉLECTROMAGNÉTIQUES 203

règle vue à la section 16 .1, on voit que les forces élec- Chaque côté actif du cadre (composé de 40 conduc-
tromagnétiques FI et F2 sont égales, mais agissent en teurs) est donc soumis à une force de
sens contraires . La force est nulle sur les côtés AD et F=40x0,5=20N
BC car ces conducteurs sont orientés dans la même
direction que les lignes de force . d'où le couple T = Fd = 20 x 0,06 = 1,2 N •m

Le cadre est donc soumis à un couple tendant à le faire 16.6 Conséquences des forces entre les
tourner (Fig . 16-12) . Si l'on change le sens du courant courants
dans le cadre, celui-ci cherchera à tourner dans le sens 1 . Force sur deux conducteurs parallèles
contraire .
Normalement, les forces qui s'exercent sur les deux
conducteurs alimentant une charge sont de faible in-
tensité . Cependant, dans le cas d'un court-circuit, elles
peuvent atteindre des valeurs de plusieurs kilonewtons
si les conducteurs sont parallèles sur une grande dis-
tance (cas des lignes de transport) ou si les intensités
des courants de court-circuit sont énormes (cas des
barres omnibus dans les centrales et postes électriques) .
Pour éviter que les barres omnibus soient déformées
par l'action de cette force, on les ancre solidement à
Figure 16-12
une structure et quelquefois même, on les fixe ensemble
Les forces agissant sur les côtés AB et CD du cadre au moyen d'isolateurs rigides (Fig . 16-14) .
produisent un couple qui tend à le faire tourner .

La valeur du couple est donnée par l'expression champ : 0,5 T


6 cm
T = Fd (16-4)

T = couple, en newtons-mètres [N'm]
N
F = force agissant sur chaque conducteur actif,
en newtons [N] /0 A
d = distance séparant les conducteurs actifs, en
mètres [m]
Figure 16-13
Si le cadre possède N spires au lieu d'une seule, le cou- Voir exemple 16-3 .
ple sera N fois plus grand, soit : T = NFd .

Exemple 16-3
La bobine rectangulaire de la Fig . 16-1 3 possède 40
spires et porte un courant (le 10 A . Les côtés AB et
BC du cadre ont respectivement une longueur de
10 cnm et de 6 cm . Sachant que la densité de flux
dans l'entrefer de l'aimant est de 0,5 tesla, calculer
le couple agissant sur le cadre .

Solution
La force s'exerçant sur les conducteurs AB et CD vaut :

F = Bll
Figure 16-14
= 0,5 x 0,1 x 10
Un isolateur fixé entre deux conducteurs les empêche de se
= 0,5 N déformer lors d'un court-circuit .

204 ÉLECTROTECHNIQUE

2. Force sur les spires d'une bobine

Les spires de la bobine de la Fig . 16-15 sont parcou-


rues par des courants parallèles et de même sens . Il en
résulte des forces d'attraction entre les spires qui ten-
dent à comprimer la bobine .
D'autre part, les courants circulant en sens inverses dans
les sections diamétralement opposées d'une même spire
(comme a et b de la Fig . 16-16) se repoussent mutuel-
lement, ce qui tend à déformer la spire en l'élargissant .

Figure 16-17
Lorsqu'un courant intense circule dans un sectionneur la force
F4 tend à ouvrir la lame .
F

et F5 agissent sur les conducteurs . En particulier, la


force F4 tend à faire ouvrir la lame . Ces appareils doi-
vent être munis d'un dispositif de blocage pour préve-
nir toute ouverture accidentelle .
F
16.7 Applications des forces
électromagnétiques
Figure 16-15 L'application la plus importante des forces électro-
Le courant circulant dans une bobine produit des forces magnétiques est le moteur électrique qui sera le sujet
tendant à la comprimer. de chapitres subséquents . Les appareils de mesure étu-
diés au chapitre 6 utilisent également les effets élec-
tromagnétiques . Parmi les nombreuses autres applica-
tions de ces forces, citons le haut-parleur et le souf-
flage magnétique d'un arc électrique .
Le haut-parleur électromagnétique (Fig . 16-18) est
composé essentiellement d'une bobine légère, solidaire
d'un diaphragme, et logée dans l'entrefer d'un aimant
permanent.

Figure 16-16
Le courant circulant dans une spire produit des forces qui
o
tendent à la dilater.
o
0

C'est pour éviter les effets destructifs de telles forces


de compression et de dilatation lors d'un court-circuit
aimant permanent
que l'on prend soin de cheviller solidement les spires
des enroulements d'un transformateur.
Figure 16-18
3 . Force sur un sectionneur Le courant alternatif circulant dans les spires d'une bobine
de haut-parleur produit une force verticale qui agit tantôt vers
Lorsqu'un courant intense traverse un sectionneur (Fig . le haut, tantôt vers le bas . Cette force alternative varie
16-17), les forces électromagnétiques FI, F2, F3, F4, rapidemment, ce qui fait vibrer le diaphragme .

FORCES ÉLECTROMAGNÉTIQUES 205

Lorsqu'un courant circule dans la bobine, une force soumis à des forces d'attraction ou de répulsion qui
électromagnétique agit sur celle-ci et entraîne le dé- dépendent des sens des courants .
placement du diaphragme . Ce déplacement suit les va- Ces forces électromagnétiques trouvent de nombreu-
riations rapides du courant dans la bobine et il est ses applications dont la plus importante est le moteur
d'autant plus grand que ce courant est plus intense . électrique . Elles peuvent aussi avoir tendance à défor-
Les mouvements successifs du diaphragme provo- mer des circuits parcourus par des courants intenses .
quent la vibration de l'air environnant et, par suite, la
production d'un son .
L'action d'un champ magnétique sur un arc électrique
(passage du courant dans l'air) est mise à profit dans PROBLÈMES - CHAPITRE 16
les disjoncteurs du type à soufflage magnétique (Fig .
16-19) . L'arc créé à l'ouverture est ainsi soumis à une
force électromagnétique qui allonge l'arc et le pousse Niveau pratique
vers une série de séparateurs qui en provoquent l'ex- 16-1 Expliquer ce que nous avons appelé, dans ce li-
tinction . Étant donné que cette force intense agit sur vre, le deuxième principe de l'électromagnétisme .
un arc dont la masse est très faible, il s'ensuit que cet
arc se déplace extrêmement vite, dépassant même la 16-2 De quoi dépend l'intensité de la force s'exer-
vitesse du son . Le «soufflage» de l'arc est donc très çant sur un conducteur parcouru par un courant et placé
efficace . dans un champ magnétique?
16-3 Lorsqu'un courant très intense parcourt une
bobine de fil flexible, la bobine se rétrécit . Expliquer.
16-4 Donner trois applications de l'action entre les
courants électriques et les champs magnétiques .
16-5 Dessiner l'allure des lignes de force entre les
pôles de l'aimant de la Fig. 16-20 . Indiquer le sens de
la force s'exerçant sur le conducteur.

s N

Figure 16-19
Soufflage magnétique d'un arc électrique . Figure 16-20
Voir problème 16-5 .

16 .8 Résumé 16-6 Indiquer la polarité magnétique de l'aimant de


la Fig . 16-21 sachant que le conducteur est soumis à
Dans ce chapitre nous avons appris qu'un conducteur une force F dirigée vers le bas .
parcouru par un courant et placé dans un champ ma-
gnétique est soumis à une force électromagnétique .
Cette force, qui peut être calculée par une formule sim-
ple, dépend du courant, de la densité de flux magnéti-
que, de la longueur et de l'orientation du conducteur
par rapport aux lignes de force . Comme un conducteur
parcouru par un courant crée aussi son propre champ Figure 16-21
magnétique, il s'ensuit que des conducteurs voisins sont Voir problème 16-6 .


206 ÉLECTROTECHNIQUE

16-7 Quel est le sens de déplacement du conducteur 16-10 Un conducteur portant un courant de 2 kA se
ab dans la Fig . 16-22? trouve dans un champ magnétique dont la densité de
flux est 0,5 tesla. Quelle force sera produite par mètre
de conducteur actif?
16-11 La Fig . 16-25 est une représentation schéma-
tique d'un moteur électrique . Le cylindre porte 100
conducteurs dont l'ensemble constitue effectivement
un cadre à 50 spires .
Les conducteurs ont une longueur active de 200 mm .
ils sont parcourus par un courant de 50 ampères et ils
sont placés dans un champ de 1,2 T. Calculer la force
agissant sur chacun d'eux ainsi que le couple résul-
Figure 16-22
Voir problème 16-7 . tant.

Niveau intermédiaire
16-8 L'électro-aimant de la Fig . 16-23 est raccordé à
une pile sèche . Quel est le sens de la force qui agit sur
le conducteur placé entre les pôles de l'électro-aimant?
Qu'arrivera-t-il si le sens du courant dans le conduc-
teur est inversé?

Figure 16-25
Voir problème 16-11 .

16-12 Dans la Fig . 16-17, la lame du sectionneur est


Figure 16-23
Voir problème 16-8 . à une distance de 0,5 m du conducteur vertical et sa
longueur est de 300 mm . Calculer la force agissant sur
la lame pour le courant nominal de 3 kA et pour un
courant de court-circuit de 200 kA .
16-9 Quel est le sens de rotation de la boucle de la
Fig . 16-24 (horaire ou antihoraire)? Qu'arrivera-t-il si 16-13 La bobine de soufflage de la Fig. 16-19 pro-
les bornes de la génératrice sont interverties? duit une densité de flux de 50 mT lorsqu'elle porte le
courant nominal de 120 A . Lors d'un court-circuit, le
courant monte à 6000 A et le disjoncteur ouvre ses con-

ï/ ï tacts . Calculer la force agissant sur l'arc lorsque sa lon-


gueur est de 10 mm .
16-14 Dans la Fig . 16-14, si le courant change de
sens, dans quelle direction les forces agiront-elles?
16-15 Si le conducteur de la Fig . 16-3 porte un cou-
Figure 16-24 rant alternatif, la force moyenne résultante est nulle .
Voir problème 16-9 . Expliquer.




FORCES ÉLECTROMAGNÉTIQUES 207

16-16 La bobine du haut-parleur de la Fig . 16-18 Aimant permanent


comprend 2000 spires portant un courant maximal de longueur diamétrale : 15 mm
100 mA . Si le diamètre de la bobine est de 25 mm,
longueur axiale 11,7 mm
calculer la force transmise au diaphragme, sachant que
1a densité de flux créée par l'aimant est de 0,6 T . largeur : 10,8 mm
16-17 Un mouvement d' Arsonval donnant une pleine matériau: alnico V
déviation pour un courant de 100 µA possède les ca-
ractéristiques suivantes (voir Fig . 6-1) : D'après ces données, calculer :
Noyau E en fer doux
a) la grosseur AWG du fil de la bobine
diamètre intérieur : 21,8 mm
b) la FMM développée par l'aimant permanent si
diamètre extérieur : 28,0 mm H = 47 kA/m
longueur axiale : 14,5 mm c) la densité de flux dans l'entrefer (la longueur des
deux entrefers est de (21,8 - 18,7) = 3,1 mm)
d) le couple agissant sur la bobine pour le courant maxi-
Pièces polaires N S en fer doux
mal de 100 pA (on suppose que la longueur effec-
diamètre extérieur : 18,7 mm tive de chaque côté de la bobine est égale à la lon-
longueur axiale : 11,7 mm gueur axiale des pièces polaires (11,7 mm)) .

longueur de l'arc extérieur : 21,0 mm

Bobine

longueur diamétrale : 20,8 mm


longueur axiale : 14,5 mm
largeur: 4,2 mm
nombre de spires : 600
résistance à 20 °C : 1500£2
matériau : cuivre


17
Tension induite

dans un conducteur

PRINCIPE III DE L'ÉLECTROMAGNÉTISME

En 1831, Michael Faraday découvrit par hasard un des électrons libres du conducteur sont chassés de l'ex-
phénomènes les plus importants de l' électroma- trémité A vers B et, par conséquent, il apparaît une
gnétisme . Ce phénomène, nommé loi de l'induction différence de potentiel entre A et B .
électromagnétique de Faraday, énonce le processus
fondamental de l'induction d'une tension dans un cir-
cuit . Pour en faciliter l'étude, nous avons séparé arbi-
trairement la loi de Faraday en deux parties appelées
respectivement principe III et principe IV de l'électro- électrons=
/
magnétisme . Le principe III étudié dans ce chapitre
porte sur l'induction d'une tension dans un conduc-
teur mobile ; le principe IV que nous étudierons au cha-
pitre 18 concerne l'induction généralisée d'une ten-
sion . I
(a) déplacement
17.1 Tension induite dans un conducteur
Selon le principe 111 de l'électromagnétisme, lorsqu'on
déplace un conducteur dans un champ magnétique de
façon à «couper» des lignes de force, il apparaît une
différence de potentiel entre ses extrémités . On dit alors
qu'une tension est induite dans le conducteur . C'est ( o
sur ce principe que fonctionnent les dynamos et les
alternateurs qui transforment l'énergie mécanique en
énergie électrique .
(b) déplacement
Afin de mieux comprendre le phénomène, considérons
un conducteur en mouvement entre les deux pôles d'un
Figure 17-1
aimant permanent (Fig . 17-1) . On peut démontrer ex-
Induction d'une tension dans un conducteur en mouvement :
périmentalement que : a . La tension induite est maximale lorsque le conducteur est
perpendiculaire au flux ;
1 . Si le conducteur est perpendiculaire aux lignes de b . La tension induite est nulle lorsque le conducteur en
force (Fig . 17-1 a), et s'il est déplacé vers le bas, les mouvement est parallèle au flux .
208
TENSION INDUITE DANS UN CONDUCTEUR 209

Cette différence de potentiel, ou tension, disparaît


dès que le déplacement cesse .
3 Si le conducteur est parallèle aux lignes de force
.
(Fig . 17-lb), il n'apparaît aucune tension lorsqu'il
est déplacé .
On est donc amené à conclure qu'une tension est déve-
loppée seulement quand les lignes de force sont «cou-
ps» par le conducteur. Ainsi, dans la Fig . 17-1b, il
n - v a aucune ligne de coupée et, par suite, aucune ten-
sion .
La tension induite est de même nature que celle qui
existe entre les bornes d'une pile . Nous disposons donc,
pour la première fois, d'un moyen mécanique pour pro-
duire une tension . 0

17 .2 Valeur de la tension induite


La valeur de la tension induite dans un conducteur dé-
pend uniquement du nombre de lignes coupées par se- Figure 17-2
conde . Positions successives d'un conducteur de forme tordue
coupant de façon aléatoire un champ magnétique
Par définition, lorsque le flux est coupé à un taux de quelconque . Si le conducteur coupe les lignes à raison de
1 weber par seconde, une tension de 1 volt apparaît 2 Wb/s, une tension de 2 V sera induite entre ses extrémités .
La nature aléatoire du déplacement et de la densité de flux
i est induite) entre les extrémités du conducteur .
n'affecte pas la valeur de la tension .
Chose remarquable, la valeur de la tension induite ne
dépend ni de la forme du conducteur, ni de la forme du
champ magnétique . Une tension de 1 volt sera toujours
Exemple 17-1
induite entre les extrémités d'un conducteur, pourvu
Lin aimant permanent ayant une section de 100 cm 2
qu'il coupe les lignes à un taux de 1 weber par seconde .
produit une densité de flux de 0 .5 tesla entre ses
De même, si un conducteur de forme tordue coupe un
pcles (Fig . 17-3) . Calculer la tension induite entre
champ magnétique à raison de 2 webers par seconde,
les extrémités d'un conducteur traversant le champ
une tension de 2 volts est induite entre ses deux extré-
en 0, I seconde .
mités (Fig. 17-2) .
Solution
Notons que le mouvement du conducteur par rapport
au champ magnétique est relatif: un conducteur sta- Le flux coupé vaut :
tionnaire peut être coupé par un champ qui se déplace .
do = 0,5 T x 0,01 m 2 = 0,005 Wb
En somme, la valeur de la tension induite dépend seu-
lement du flux coupé par seconde, quel que soit le d'où la tension induite :
moyen utilisé . C'est ce qu'exprime la formule :

E _ A0
At
E _ d0 (17-1)
dt
_ 0,005 = 0,05 V ou 50 mV
ou 0,1
E = tension induite, en volts [V] Même pour un aimant puissant et un déplacement ra-
do = flux coupé en webers [Wb] pide, la tension induite demeure faible, ce qui explique
At = intervalle* de temps, en secondes [s] peut-être pourquoi le principe de l'induction ne fut pas
A est une lettre grecque qui se prononce «delta» . Elle sert découvert plus tôt.
généralement à représenter une variation .

210 ÉLECTROTECHNIQUE

déplacement
t=0,1 s
100 cm2

Figure 17-3
Voir exemple 17-1 .

17 .3 Tension induite dans un conducteur


rectiligne
Si un conducteur rectiligne coupe les lignes de flux à Figure 17-4
angle droit, on constate que la valeur de la tension in- Tension induite dans les conducteurs d'une génératrice
(exemple 17-2) .
duite est proportionnelle à :
1. la longueur du conducteur
2. la densité de flux 17 .4 Polarité de la tension induite
3. la vitesse du déplacement
Considérons le conducteur de la Fig . 17-5 . On trouve
C'est ce qu'exprime la formule : expérimentalement que si le conducteur est déplacé vers
le bas, l'extrémité A du conducteur est positive (+) par
E = Blv (17-2) rapport à l'extrémité B . Par contre, si le conducteur est
où déplacé vers le haut, l'extrémité B devient positive par
E = tension induite, en volts [V] rapport à A . Enfin, si le sens des lignes de force est
B = densité de flux, en teslas [T] inversé (Fig . 17-6), on obtient les résultats inverses .
l = longueur du conducteur dans le champ, en On en conclut que la polarité de la tension induite dé-
mètres [m] pend à la fois du sens du déplacement et du sens des
v = vitesse de déplacement, en mètres par lignes de force . On peut trouver la polarité de la ten-
seconde [m/s]

Exemple 17-2
Les conducteurs d'une grosse génératrice ont une
longueur de ' mètres et ils sont coupés par un champ
de 0 .66 tesla qui se déplace à 100 mètres par seconde
(Fig . 17-4) . Calculer la valeur de la tension induite
dans chaque conducteur .

Solution
D'après la formule 17-2, on obtient : déplacement

E=Blv
Figure 17-5
= 0,6Tx2mx100m/s La polarité de la tension induite dépend de la direction du
déplacement .
=120V

TENSION INDUITE DANS UN CONDUCTEUR 21 I

teur est stationnaire et que le flux se déplace . Pour ces


raisons, nous lui préférons la règle suivante, que nous
appelerons la règle du pouce:

Polarité d'une tension induite: règle du pouce

1 . Étendre les doigts de la main droite de sorte


déplacement que le pouce soit orienté perpendiculairement
aux doigts
Fgure 17-6
La polarité de la tension induite dépend de la direction du
2 . Orienter les doigts dans le sens du flux
&Lx . 3 . Placer la paume sur le côté du conducteur qui
coupe le flux
lion induite en se servant d'une règle simple, appelée
4 . Le pouce indiquera l' extremité (+) du conduc-
règle des trois doigts de Fleming . Voici la règle :
teur

1 . Orienter le pouce, l'index et le majeur de la


La Fig . 17-8 montre l'application de cette règle.
main droite afin qu'ils soient à 90° l'un de
l'autre 17 .5 Conducteur fermé sur une résistance
2 . Pointer le pouce dans la direction où le con- Lorsque le conducteur qui coupe des lignes de flux n'est
ducteur se déplace relié à aucune résistance extérieure, on n'a aucun ef-
3 . Pointer l'index dans la direction du flux fort à fournir pour le déplacer dans le champ magné-
4 . Le majeur indiquera l'extrémité (+) du conduc- tique . Si, par contre, il est fermé sur une résistance (Fig .
teur

déplacement
côté du conducteur
qui coupe le flux

extrémité (+)

Figure 17-7 Figure 17-8


Utilisation de la règle des trois doigts de Fleming pour Utilisation de la règle du pouce pour déterminer la polarité
déterminer la polarité de la tension induite . de la tension induite .

La Fig. 17-7 montre l'application de la règle .


La règle de Fleming laisse parfois à désirer lorsque le 17-9), la tension induite aux bornes du conducteur fait
flux et le déplacement du conducteur exigent une orien- circuler un courant. Or, nous avons vu au chapitre 16
tation inhabituelle de la main . De plus, cette règle de- que le passage d'un courant dans un champ magnéti-
mande une attention spéciale dans le cas où le conduc- que donne naissance à une force électromagnétique .

212 ÉLECTROTECHNIQUE

17 .6 Forme d'onde de la tension induite


La formule E = Blv donne la valeur instantanée de la
tension induite . Pour une longueur de conducteur et
une vitesse données, la valeur de la tension induite
dépend de la densité de flux dans lequel le conducteur
se trouve . Considérons, par exemple, un conducteur
stationnaire fixé dans l'entrefer d'une machine . Le
conducteur coupe les lignes provenant du pôle nord
d'un aimant permanent, qui se déplace vers la droite à
une vitesse constante (Fig . 17-10) . À cause de la lon-
gueur uniforme de l'entrefer, la densité B est constante
déplacement
partout, sauf aux extrémités du pôle N où les lignes
sont moins denses .
Figure 17-9
Le déplacement du conducteur induit une tension . Si le À mesure que le pôle N se déplace, la tension instan-
conducteur est raccordé à une charge, la tension induite tanée prend des valeurs qui correspondent à la densité
provoque la circulation d'un courant . À son tour, le courant, de flux à laquelle est soumis le conducteur à ce mo-
situé dans un champ, engendre une force qui s'oppose au
déplacement .
ment. La forme d'onde de la tension en fonction du
temps est donc identique à la distribution du flux dans
l'entrefer. Si l'on change la forme du pôle afin de créer
Le sens de cette force mécanique est tel qu'elle s'op- une densité qui diminue progressivement du centre vers
pose toujours au déplacement du conducteur. les extrémités, on obtient une tension ayant une forme
d'onde «arrondie» comme sur la Fig . 17-11 . On peut
Pour faire circuler un courant dans cette résistance, il
ainsi générer des formes d'ondes spéciales en faisant
faut donc vaincre la force qui s'oppose au déplacement
varier le spectre du champ magnétique .
du conducteur. En d'autres termes, pour produire de
l'énergie électrique, il faut accomplir un certain travail 17 .7 Tension induite dans un cadre
mécanique . À la suite de la découverte de la loi de l'induction par
Le courant est parfois appellé «courant induit» . Ce- Faraday, les scientifiques et les techniciens du 19e siè-
pendant, il est important de retenir que c'est la tension cle ne tardèrent pas à inventer et à construire toutes
qui est induite et que c'est elle qui donne naissance au sortes de machines pouvant générer de l'électricité par
courant . des moyens mécaniques . Le principe de fonctionne-

conducteur conducteur
hI V

vitesse v vitesse v

E E
volts

temps temps

Figure 17-10 Figure 17-11


La forme d'onde de la tension induite est une réplique de la En modifiant la forme d'un pôle on modifie la forme d'onde
densité de flux . de la tension induite .

TENSION INDUITE DANS UN CONDUCTEUR 213

Nous aurons alors


EAB=+10V
ECD=+10V
Les conducteurs AB et CD étant en série, la tension
entre les extrémités A et D du conducteur est de 20 V,
A étant positif par rapport à D . EAD = + 20 V.
À la position 90°, la densité de flux autour des con-
ducteurs est nulle, donc la tension induite est nulle .
EAD = ()-
À la position 180°, les conditions sont identiques à
celles de la position 0° sauf que les conducteurs AB et
CD sont coupés respectivement par les flux provenant
Figure 17-12
Construction élémentaire d'un alternateur . Le flux créé par
du pôle S et du pôle N . Il s'ensuit que les tensions in-
un aimant coupe les conducteurs d'une spire . duites seront identiques mais de polarités contraires à
celles de la position 0° . EAD = -20 V.

ment de ces machines est toujours basé sur le mou-


vement relatif d'une bobine en forme de cadre par rap-
port à un champ magnétique .
Considérons un aimant permanent N,S tournant autour
d'un axe à l'intérieur d'un anneau de fer F fixe (Fig .
17-12) . L'anneau de fer diminue la réluctance du che-
min magnétique, ce qui augmente le flux dans l'entrefer .
Une spire métallique en forme de cadre, ouverte à ses
extrémités A et D, est fixée à l'intérieur de l'anneau,
mais isolée de celui-ci .
Supposons que l'aimant tourne dans le sens antihoraire
à une vitesse uniforme de 1 tour par seconde . Il est
évident qu'une tension est induite dans les conducteurs
mir
©i D
AB et CD quand ils sont coupés par le flux provenant position 90°
des pôles N et S . Déterminons la valeur et la polarité
de la tension induite lorsque l'aimant, en tournant, oc-
cupe successivement les positions 0°, 90°, 180° et 270° .
Ces positions correspondent respectivement à l'angle
en degrés dont l'aimant a tourné par rapport à sa posi-
tion initiale (Fig . 17-13) .
À la position 0°, le pôle N se déplace vers le bas .
Si on applique la règle de la main droite ou la règle du
pouce au conducteur AB, on trouve que l'extrémité A
est positive par rapport à B . De la même façon, le pôle
S . se déplaçant vers le haut, induit une tension dans le
conducteur CD de sorte que C soit positif par rapport
à D . C'est dans cette position de l'aimant que la ten-
sion induite est la plus grande car la densité de flux
coupé par les conducteurs est la plus élevée . Suppo-
Figure 17-13
sons que cette valeur maximale de la tension induite Valeur et polarité de la tension induite pour 4 positions de
soit de 10 volts par conducteur. l'aimant tournant .

214 ÉLECTROTECHNIQUE

À la position 270°, la tension induite est nulle pour duite diminue puis s'annule avant de devenir négative .
la même raison qu'à la position 90° . EAD = 0 - Une tension dont la polarité alterne successivement
À la position 360° (pas montrée sur la figure), l'aimant d'une valeur positive à une valeur négative est appelée
tension alternative . Les machines qui génèrent ces ten-
reprend sa position initiale . EAD = +20 V.
sions s'appellent alternateurs ou génératrices à cou-
À la position 45° (pas montrée sur la figure), l'aimant rant alternatif.
fait un angle de 45° avec la position initiale . Puisque la
densité de flux autour des conducteurs a diminué par 17 .9 Courbe de la tension induite en
rapport à sa valeur maximale, la tension induite EAD fonction du temps
prend une valeur intermédiaire comprise entre +20 V Étant donné que l'aimant est entraîné à une vitesse
et 0 V disons 14 volts . EAD = + 14 V. uniforme, chacune des positions de la Fig . 17-13 cor-
Nous analyserons ces résultats de plus près dans les respond à un intervalle de temps écoulé . Puisque
sections qui suivent . l'aimant tourne à une vitesse de 1 tour par seconde, le
passage de l'aimant de la position 0° à la position 360°
17 .8 Courbe de la tension induite correspond à une seconde . On peut donc représenter
On peut représenter sur un graphique les différentes sur la Fig . 17-15 les différentes valeurs de la tension
valeurs que prend la tension induite EAD pour chacune induite correspondant au temps écoulé .
des positions occupées par l'aimant . On obtient alors Chaque fois que l'aimant occupe une même position
une courbe ondulée (Fig . 17-14) .
entre les deux pôles, la tension induite a la même va-
On voit sur cette courbe que, durant le premier quart leur et la même polarité . L'aimant tournant à une vi-
de tour (0° à 90°), la tension induite est positive (A tesse uniforme, la tension induite reprend la même va-
positif par rapport à D) et tombe progressivement de leur et la même polarité à intervalles réguliers . Une
'_0 volts jusqu'à zéro . Pendant le deuxième quart de grandeur qui se répète ainsi continuellement dans le
tour (90° à 180°), la courbe descend au-dessous de l'axe temps porte le nom de grandeur périodique.
horizontal et prend des valeurs négatives (car A est
17 .10 Cycle et fréquence
devenu négatif par rapport à D) . Au troisième quart de
tour. l a tension induite passe de la valeur maximale L'intervalle de temps mis par l'aimant pour exécuter
négative (- 20 volts) à zéro . Enfin, après le tour com- un tour complet s'appelle cycle . On dira encore qu'un
plet (à 360°), la tension induite reprend sa valeur maxi- cycle est l'intervalle de temps qui sépare deux passages
male positive . successifs de la tension par une même valeur et avec le
même taux de variation . À la Fig . 17-15, la durée d'un
Tout comme une automobile doit ralentir puis s'arrê-
cycle de la tension alternative est de 1 seconde .
ter avant de reculer, la valeur positive de la tension in-

V Vk 1 cycle
+20 +20

10 10

EAD EAD
à
0 0
9Q 180 270 360 4! 0,25 0,5 0,75 1, :
-> angle degrés temps /
-10 -10
1 cycle

-20 -20

Figure 17-14 Figure 17-15


Forme d'onde de la tension EAD en fonction de l'angle de Forme d'onde de EAD en fonction du temps . Définition du
rotation . cycle .

TENSION INDUITE DANS UN CONDUCTEUR 215

La Fig . 17-16 représente une onde de tension Sa valeur crête (ou valeur maximale) atteindra main-
alternative industrielle dont la durée d'un cycle est tenant 200 volts . En somme, la tension induite est
de 1/60e de seconde . Entre les instants tt et t2, il proportionnelle au nombre de spires du cadre .
s'écoule un cycle complet car l'onde de tension Si la vitesse ne change pas, la fréquence de la ten-
passe par les mêmes valeurs et le même taux de sion induite restera la même, soit 1 cycle par se-
variation . conde ou 1 Hz .
La fréquence d'une onde périodique désigne le nom- 2 . Effet de la vitesse de rotation
bre de cycles par seconde . Lorsqu'une tension pé- Si la vitesse de l'aimant est doublée, il met deux
riodique complète un cycle en 1/60e de seconde, sa fois moins de temps à parcourir un tour complet, et
fréquence est de 60 cycles par seconde, car 60 cy- la durée d'un cycle devient évidemment la moitié
cles sont répétés à chaque seconde . La fréquence de ce qu'elle était, soit 0,5 seconde . La fréquence
des tensions industrielles est imposée ; elle est de de la tension induite est donc doublée, devenant
60 cycles par seconde sur presque tout le continent 2 Hz .
nord-américain et de 50 cycles par seconde dans la
plupart des autres pays du monde . De plus, en tournant deux fois plus vite, les conduc-
teurs coupent deux fois plus de lignes en une se-
Gunité SI de fréquence est le hertz (Hz) ; il vaut un conde . Par conséquent, la tension induite devient
cycle par seconde . Une fréquence de 60 cycles par deux fois plus grande .
seconde correspond donc à une fréquence de 60 Hz .
En résumé, la fréquence et la tension induite sont
proportionnelles à la vitesse de rotation .
V
200
3. Effet du flux
1 cycle-
169,7 Si le flux créé par les pôles est doublé, la tension
induite double également car le nombre de lignes
coupées par seconde est doublé ; la tension induite
100
varie donc proportionnellement au flux .
E
à 4 . Effet de la forme des pôles
Si l'on change la forme des pôles, on peut générer
0
temps des tensions ayant des formes d'ondes différentes .
240 120 60
Si le flux total produit par chaque pôle reste fixe, la
valeur moyenne de la tension induite pendant un
-100 demi-cycle demeure constante . La Fig . 17-17 donne
quelques exemples de formes d'ondes que l'on peut
générer en faisant varier la forme des pôles .
-169,7 --------------------
-200 17 .12 Alternateur à cadre tournant
Figure 17-16 Si l'on raccorde une charge aux bornes du cadre de la
Tension industrielle à 60 Hz ayant une valeur crête de 169,7 V . Fig . 17-12, la tension alternative induite fait circuler
La valeur efficace de cette tension est de 120 V . un courant dans la charge et dans le cadre . Puisque la
polarité de cette tension varie continuellement, le cou-
17 .11 Valeur de la tension induite rant change continuellement de sens . Ce courant est
1 . Effet du nombre de spires donc un courant alternatif ayant la même fréquence
Dans l'exemple précédent (Fig . 17-13), l'aimant que la tension qui le produit .
tournait à une vitesse de 60 tours par minute et la On peut réaliser un alternateur dans lequel l'aimant
bobine ne portait qu'une seule spire . Si le nombre permanent est fixe et le cadre tourne (Fig . 17-18a) . Étant
de spires est augmenté à 10, on constate que la ten- donné que le mouvement relatif du cadre par rapport à
sion induite EAD devient 10 fois plus grande . l'aimant est le même que précédemment, la valeur, la



22 6 ÉLECTROTECHNIQUE

90 polarité et la forme d'onde de la tension seront identi-


ques . Cependant, comme, d'une part, la tension est in-
270 duite dans un cadre tournant et que, d'autre part,
(a)
90 110 la charge à raccorder au cadre est stationnaire, il faut
\ trouver un moyen pour raccorder ces éléments fixe et
-> angle 0 tournant . La seule solution consiste à employer deux
270
balais glissant respectivement sur deux bagues (Fig .
17-18b) .
Ces bagues sont soudées à chaque extrémité du cadre
et tournent autour de l'axe de rotation de celui-ci . Deux
Ib)
90 1 270 balais fixes frottent sur chacune des bagues et permet-
tent ainsi de raccorder le cadre à une charge extérieure .
angle e
17 .13 Génératrice à courant continu
Figure 17-17 Si, par un dispositif quelconque, on pouvait relier un
Yuence de la forme des pôles sur la forme d'onde de la
balai à l'une des extrémités du cadre tournant, et à
tousion induite :
a.pdes minces et pointus produisant une tension composée l'autre extrémité lorsque la tension serait sur le point
d ulsions (+) et (-) de courte durée ; de changer de polarité, on obtiendrait aux bornes du
.pales larges avec entrefer uniforme produisant une tension cadre une tension qui aurait toujours la même polarité .
e forme rectangulaire .
On arrive à ce résultat par l'emploi d'un collecteur (Fig .
17-19) . Ce collecteur, dans sa forme la plus simple, est
constitué de deux demi-bagues isolées l'une de l'autre :
rotation

rotation

circuit
extérieur

(b) circuit extérieur

Figure 17-18
Alternateur élémentaire dans lequel le cadre tourne, alors Figure 17-19
que l'aimant est fixe . Cette inversion des rôles exige l'emploi On peut convertir un alternateur en génératrice à courant
de bagues et de balais. continu par l'ajout d'un collecteur.


TENSION INDUITE DANS UN CONDUCTEUR 217

une lame est relié à l'extrémité A du cadre, et l'autre à


l'extrémité D. Le collecteur tourne avec le cadre et la
tension induite entre les lames est recueillie par deux
balais fixes x et y qui frottent sur le collecteur .
Supposons encore que le cadre tourne à une vitesse
uniforme de 60 tours par minute et que la tension maxi-
male induite dans chacun des conducteurs soit de
10 volts .
La Fig . 17-20 donne les valeurs de la tension EAD in-
duite aux bornes de la bobine, et de la tension Exy qui
apparaît entre les balais, pour chacune des positions
occupées successivement par le cadre . On constate que
les lames (qui sont soudées aux extrémités du cadre)
mangent continuellement de polarité, tandis que les
balais conservent toujours la même polarité .
En effet, à la position 0°, EAD = + 20 V et Exy = + 20 V.
Quand le premier quart de tour est terminé (position
90°), la tension induite est nulle, et l'inversion des con-
tacts est en train de s'effectuer .
Pendant le deuxième quart de tour, le balai x, qui frot-
tait précédemment sur la lame A, est maintenant en
x y
contact avec la lame D . L'inverse s'est produit pour le position 180°
balai y . Bien que la polarité de chacune des lames ait EAD = - 20 V
changé, celle des balais est restée la même . À la posi- Exy =+20V

tion 180° on a :

E AD = - 20 V et Exy = +20 V
À la fin du troisième quart de tour (position 270°), la
tension s'annule de nouveau . Ensuite, durant le qua-
trième quart de tour, le contact des balais sur les lames
s'inverse et, à la position 360°, l'on revient à la posi-
tion 0°, donc aux mêmes valeurs et aux mêmes polari-
tés.
La tension entre les balais x et y a varié entre 0 et 20
volts mais n'a pas changé de polarité . On dit qu'elle a
été redressée . La représentation graphique de la ten-
sion Exy est donnée à la Fig. 17-21 . La tension obtenue
n'est pas parfaitement continue, comme celle fournie
par une batterie, mais elle oscille entre une valeur maxi-
male et une valeur nulle ; une telle onde est dite pulsa- x y
position 360°
tive . EAD = + 20 V
Exy = + 20 V
Le lecteur a probablement réalisé que le collecteur agit
simplement comme un commutateur mécanique qui
intervertit les bornes du cadre dès que la polarité de la
Figure 17-20
tension est sur le point de changer . Polarité de la tension EAD du cadre et de la tension Exy aux
Puisque la tension entre les balais a toujours la même bornes de la charge pour 4 positions du cadre .


218 ÉLECTROTECHNIQUE

+20 V
+20
Exy

ExY

1
0
0 90 180 270 360 degrés
-> angle a
Figure 17-21 0
Forme d'onde de la tension aux bornes de la charge . 0 90 180 270 360 degrés
angle 0
polarité, le courant circulant dans une charge extérieure Figure 17-23
aura toujours le même sens . Par conséquent, la ma- La tension de la génératrice avec un collecteur à 4 lames
fluctue moins .
chine représentée à la Fig . 17-19 porte le nom de géné-
ratrice à courant continu, ou dynamo .
aimant. Ils se différencient seulement par la façon dont
17 .14 Amélioration de la forme d'onde
le cadre est relié aux balais : les alternateurs portent
On réussit à améliorer la forme d'onde de la tension des bagues alors que les dynamos exigent un collec-
continue en utilisant quatre cadres et quatre lames dis- teur composé de lames (Fig . 17-24) . On réalise des
posés en angle droit (Fig . 17-22) . machines (Fig . 17-24c) qui portent à la fois des bagues
La forme d'onde de la tension obtenue est donnée à la et des lames, et qui peuvent fonctionner simultanément
Fig . 17-23 . On voit que la tension varie encore quel- comme alternateur et comme dynamo .
que peu mais ne tombe jamais à zéro ; elle se rapproche Toutefois, les alternateurs de grande puissance qui gé-
davantage d'une tension parfaitement continue . nèrent l'électricité qu'on utilise sont tous construits
En multipliant les bobines et les lames, on obtient une avec des électro-aimants tournants et des cadres (ou
tension induite à peu près invariable . Dans les dyna- enroulements) fixes . La construction de ces machines
mos modernes, l'ondulation de la tension est inférieure sera étudiée au chapitre 36 .
à 5 % de sa valeur moyenne.

17.15 Différence entre un alternateur et une


dynamo
(a) dynamo
Les alternateurs et les dynamos étudiés aux sections
précédentes ont une construction à peu près identique :
dans les deux cas un cadre tourne entre les pôles d'un
mi .

(b) alternateur

(c) dynamo-alternateur

Figure 17-24
Construction fondamentale de trois types de génératrices :
a . La dynamo utilise un collecteur ;
Figure 17-22 b . Lalternateur utilise des bagues ;
Génératrice à 4 bobines avec un collecteur à 4 lames . c . Une dynamo/alternateur utilise un collecteur et des bagues .

TENSION INDUITE DANS UN CONDUCTEUR 219

17 .16 Résumé 17-7 Qu'est-ce qui différencie une dynamo d'un al-
Ce chapitre nous a permis de découvrir un des phéno- ternateur?
mènes les plus importants de l'électrotechnique : la loi 17-8 À quoi sert le collecteur d'une dynamo?
de l'induction électromagnétique de Faraday .
17-9 En traversant un champ magnétique, un conduc-
Selon ce principe une tension est induite dans un con- teur coupe un flux de 3 Wb en 0,1 s . Quelle est la ten-
ducteur en mouvement dans un champ magnétique, ou sion induite? La valeur de cette tension dépend-elle de
plus généralement, lorsque le conducteur « coupe » les la forme du conducteur?
lignes de force d'un champ . Cette tension dépend seu-
17-10 En utilisant la règle des trois doigts et la règle
lement du taux de changement 4~/4t du flux balayé
du pouce, vérifier la polarité des tensions induites dans
par le conducteur. Nous avons vu qu'une formule pra-
les Fig . 17-1, 17-3, 17-5, 17-6, 17-9 et 17-13 .
tique permet de calculer la tension induite dans un con-
ducteur rectiligne . Nous avons aussi appris deux rè- Niveau intermédiaire
gles simples permettant de trouver la polarité de la ten-
17-11 Un conducteur de 2 m de longueur se déplace
sion induite.
à une vitesse de 60 km/h dans un entrefer où règne une
La loi de l'induction de Faraday est à l'origine des densité de 0,6 T . Calculer la tension induite dans ce
machines tournantes générant de l'électricité : généra- conducteur .
trices à courant continu et alternateurs générant une
17-12 Dessiner schématiquement un alternateur sim-
tension alternative . Dans ces machines une tension est
ple .
induite dans les conducteurs balayés par un champ
magnétique créé par un électro-aimant ou par un aimant 17-13 Un alternateur bipolaire tourne à une vitesse
permanent . Dans les alternateurs, une tension alterna- de 1200 r/min . Quelle est la fréquence de la tension
tivement positive et négative se répète à chaque cycle . induite? quelle est la durée d'un cycle?
Le nombre de cycles par seconde correspond à la fré- 17-14 Un alternateur bipolaire doit produire une ten-
quence exprimée en hertz (Hz) . Dans les machines à sion de fréquence 60 Hz . Quelle doit-être sa vitesse de
courant continu, on utilise un commutateur mécani- rotation?
que, le collecteur, pour redresser la tension et obtenir
17-15 Une tension de 240 V et de fréquence 50 Hz
une tension continue .
est induite dans un alternateur . Quelle sera la nouvelle
tension induite si :
a) le nombre de spires de l'induit est doublé
PROBLÈMES - CHAPITRE 17 b) la vitesse de rotation est réduite de moitié
c) le flux est doublé
Niveau pratique 17-16 Quelle est la polarité de la borne A de la Fig .
17-1 Quelle quantité de flux faut-il couper par se- 17-4?
conde pour induire une tension de 1 volt dans un con- 17-17 Dans la Fig . 17-10, quelle est la polarité de
ducteur? l'extrémité du conducteur dirigée vers le lecteur?
17-2 Lorsqu'un conducteur ouvert coupe des lignes
Niveau avancé
de flux, un courant est-il induit?
17-18 Les alternateurs de 500 MVA installés à Chur-
17-3 Énoncer la règle donnant la polarité de la ten-
chill Falls ont les caractéristiques suivantes :
sion induite dans un conducteur.
diamètre du rotor: 9,19 m
17-4 Tracer la forme d'onde de la tension induite dans
un alternateur. vitesse de rotation : 200 r/min
densité de flux au centre d'un pôle : 1,5 T
17-5 Qu'entend-on par cycle? par fréquence?
longueur des conducteurs : 2,9 m
17-6 Quel est l'effet du nombre de spires d'une géné-
Calculer la valeur de la tension crête induite dans les
ratrice sur la valeur de la tension induite? Quel est l'ef-
conducteurs .
fet de la vitesse de rotation?

18
Induction
électromagnétique
PRINCIPE IV DE L'ÉLECTROMAGNÉTISME

Ce quatrième principe de l'électromagnétisme est à la Pour mieux comprendre la généralité de la loi de l'in-
base du fonctionnement d'un grand nombre d'appa- duction, imaginons une spire souple en mouvement.
reils électriques, notamment des transformateurs et des connectée à un circuit C quelconque . Le circuit con-
moteurs à courant alternatif . Comme nous l'avons déjà tient des sources de tension et des résistances, et la spire
mentionné au chapitre 17, ce phénomène fut décou- porte un courant I (Fig . 18-1) . En même temps qu'elle
vert par Michael Faraday en 1831 . Il est connu sous le produit son propre champ magnétique, en raison du
nom de loi de l'induction électromagnétique . courant I, la spire est soumise à un champ magnétique
18 .1 Loi de l'induction électromagnétique extérieur créé par une bobine qui se déplace
aléatoirement vers la droite . Quelle est la tension E
Cette loi énonce que :
induite entre les bornes 1 et 2 de la spire pendant un
a) si le flux à l'intérieur d'une boucle (ou spire) intervalle de temps At?
varie avec le temps, une tension est induite On pourrait difficilement imaginer un montage plus
entre ses bornes ; compliqué mais, d'après la loi de Faraday, il suffit de
b) la valeur de cette tension induite est propor- connaître les flux 01 et 02 entourés par la spire au dé-
tionnelle au taux de variation du flux . but et à la fin de l'intervalle At . La tension moyenne
induite est alors donnée par la formule simple :
Par définition, dans le SI, lorsque le flux à l'intérieur
d'une boucle varie à un taux de 1 weber par seconde, E = 01 - 02
une tension de 1 volt est induite entre ses bornes . At
On obtient donc l'équation suivante :
La tension induite est donc égale au changement de
E= A0 flux AO = (01 - 02) divisé par le temps At. On n'est
(18-1) plus obligé d'imaginer une «coupure» des lignes pour
At expliquer la tension induite, comme on l'a fait lors de
ou l'étude du principe III, étudié au chapitre 17 .
E = tension induite, en volts [V] La tension induite dans une spire est simplement due à
Ao = variation du flux à l'intérieur de la boucle, la variation du nombre de lignes de force traversant
en webers [Wb] cette spire. Le principe III apparaît donc maintenant
At = intervalle de temps, en secondes [s] comme un cas particulier du principe IV .
220


INDUCTION ÉLECTROMAGNÉTIQUE 22 1

Figure 18-2
Si le flux o varie d'une quantité AO durant un intervalle At, la
tension induite est donnée par E = NAO/At.

Exemple 18-1
Une bobine comprenant 2000 spires est traversée
par un flux de 5 mWb provenant d'un aimant per-
manent (Fig . 18-3) . L'aimant est alors éloigné de la
bobine en 1/10 de seconde et le flux à l'intérieur de
la bobine baisse à 2 mWb . Quelle est la valeur
moyenne de la tension induite?

N= 2000 spires

Figure 18-1
La loi de l'induction de Faraday permet de calculer la tension
E induite dans une spire, même dans des conditions
hautement variables .
Figure 18-3
Voir exemple 18-1 .
La loi de l'induction électromagnétique de Faraday
ouvre la porte à un grand nombre d'applications pra- Solution
tiques comme l'illustrent les exemples suivants . La variation de flux est :
18.2 Application 1 - Induction dans une Ao = (5 mWb - 2 mWb) = 3 mWb
bobine
Comme cette variation dure 1/10 de seconde (At), la
Soit une bobine de N spires traversée par un flux 0 valeur moyenne de la tension induite est :
IFïg .l8-2) . Si le flux varie d'une quantité AO pendant
un intervalle de temps At, la valeur de la tension in- 00 0,003
E = N = 2000 x
duite dans chaque spire est AO/At volts . Pour N spires, At 1/10
la tension E est donc N fois plus grande, soit : = 60V
18.3 Application 2 - Tension induite dans un
E=N A0 (18-2) cadre
At Lorsqu'un cadre tourne entre les pôles d'un aimant, le
flux à l'intérieur du cadre varie continuellement, in-
En augmentant le nombre de spires on réussit à aug- duisant ainsi une tension . Par exemple, dans la Fig .
menter la tension induite . 18-4a, à l'instant t = 0, le cadre n'est traversé par au-

ÉLECTROTECHNIQUE

cm flux, mais 20 millisecondes plus tard (Fig . 18-4b), que fonctionnent les transformateurs .
après avoir exécuté 1/4 de tour, il est traversé par un
On peut remarquer que l'ouverture rapide de l'inter-
flux de 0.01 Wb . La tension moyenne induite vaut donc :
rupteur produit une variation rapide du flux ; il en ré-
sulte une tension induite E2 très élevée (voir Fig .
E = _ 0,01 = 0,5 V 18-5c) . Ce principe est mis à profit dans la bobine d'in-
At 0,02
duction reliée aux bougies d'allumage d'une auto-
On aurait trouvé la même tension moyenne en appli- mobile . La tension produit une étincelle qui amorce
qua t la formule E = Blv du principe III de l'électro- l'explosion d'un mélange d'essence et d'air .
magnétisme . Cependant, pour calculer la tension par
serte méthode, il faudrait connaître les dimensions du
cabe et la valeur de la densité de flux B.

t=0

(a)
1-ffff W370
0 = 10 mWb

t = 20 ms

(b)

= 10 mWb
Figure 18-4
Laide Faraday appliquée à un cadre tournant :
KIK a7u~
a le flux à l'intérieur du cadre est nul ;
ib le flux à l'intérieur du cadre est de 10 mWb .

18.4 Application 3 - Induction mutuelle


La variation du courant dans une bobine peut induire Figure 18-5
une tension dans une autre bobine . Induction mutuelle :
a . le montage à l'état de repos ;
Soient deux bobines A et B enroulées sur le même
b . la fermeture de l'interrupteur provoque la circulation d'un
noyau d'acier (Fig . 18-5) . La bobine A peut être rac- courant . La croissance du flux induit une tension E t dans la
cordée à une batterie de piles au moyen d'un interrup- deuxième bobine ;
teur. À la Fig . 18-5a, le flux dans le noyau est nul car c . si l'interrupteur est ouvert brusquement, la décroissance
rapide de 0 induit une haute tension E2-
l'interrupteur est ouvert .
Dès que l'interrupteur est fermé (Fig . 18-5b), un cou-
rant commence à circuler dans la bobine A produisant 18 .5 Application 4 - Générateur à
des lignes de flux dans le sens indiqué . Le flux dans le réluctance variable
noyau passe alors de la valeur zéro à une valeur 0 ; il y Un aimant permanent N-S produit un flux dans un cir-
a donc variation du nombre de lignes de flux traver- cuit magnétique formé d'un noyau stationnaire et d'un
sant la bobine B . D'après la loi de l'induction, une ten- rotor en fer doux (Fig . 18-6) . La valeur du flux dépend
sion est induite dans cette bobine. de la réluctance du circuit magnétique, donc de la po-
Cette induction d'une tension dans une bobine par la sition du rotor. Lorsque celui-ci se trouve dans l'axe
variation du courant dans une autre bobine porte le nom du noyau, l'entrefer est court et le flux possède alors
d'induction mutuelle . Il est donc possible, par couplage sa valeur maximale 01 ; mais si on le fait tourner de
magnétique seulement, de transmettre de l'énergie élec- 90°, l'entrefer augmente et le flux tombe à sa valeur
trique d'une bobine à une autre . C'est sur ce principe minimale 02 .

INDUCTION ÉLECTROMAGNÉTIQUE 223

Si l'on entraîne le rotor par un moteur quelconque, le raison fondamentale de sa création. D'après Maxwell,
flux varie de façon périodique entre ses valeurs ex- un champ électrique s'établit autour de tout champ
trêmes 01 et 02 (Fig . 18-7) . Cette variation périodique magnétique qui varie avec le temps . Les lignes de force
induit une tension alternative dans la bobine qui sub- de ce champ électrique* sont représentées par une sé-
siste aussi longtemps que le rotor tourne . La valeur rie de boucles fermées encerclant les lignes du flux
moyenne de la tension induite pendant 1/4 de tour vaut «inducteur» (Fig . 18-8a et 18-8b) .
E = (01 - 02)/4t volts, At étant le temps pris pour exé-
cuter cette fraction de tour . flux croissant
champ électrique

électron

(a)

flux décroissant
Figure 18-6 champ électrique
Générateur à réluctance variable . électron

(b)

flux constant

144
fi
Figure 18-7
Variation du flux dans le noyau, entre les valeurs extrêmes (c)
h et m2 . La tension induite est maximale lorsque le flux varie
apdement (instants t3 et t4) ; elle est nulle lorsque le taux de Figure 18-8
changement est zéro (instants tt et t2)- Un champ magnétique qui varie produit un champ électrique .
Si des électrons sont présents dans le voisinage du champ
magnétique, le champ électrique créé exerce sur ceux-ci une
force de sens opposé à celui des lignes de champ électrique .
18.6 Champ magnétique et champ a. sens du champ électrique lorsque le flux croît ;
électrique b. sens du champ électrique lorsque le flux décroît ;
Faraday a découvert le phénomène de l'induction d'une c . le champ électrique est absent lorsque le flux ne varie pas .
aeasion, mais c'est l'illustre physicien et mathémati-
Le concept de champ électrique est présenté au chapitre 20 .
cien anglais James Clerk Maxwell qui a expliqué la

224 ÉLECTROTECHNIQUE

Si le flux croît, le sens des lignes électriques est comme


indiqué à la Fig . 18-8a ; s'il décroît, elles changent de
sens (Fig . 18-8b) . Enfin, si le flux reste constant, c'est-
à-dire qu'il ne varie pas en fonction du temps, le champ
électrique disparaît (Fig . 18-8c) .
Ce champ électrique possède les mêmes propriétés que
celui existant entre les bornes d'une pile, de sorte qu'un
électron placé dans ce champ subira une force l'obli-
geant à suivre le trajet circulaire des lignes de champ
électrique . L'électron se mettra à tourner autour du
champ magnétique, sa vitesse augmentant rapidement
à chaque tour . Remarquer que c'est la croissance ou la
décroissance du champ magnétique qui détermine le
sens de rotation de l'électron .
De même, si l'on place une spire conductrice fermée
autour d'un champ magnétique variable, les électrons
libres qu'elle contient se déplacent, créant ainsi un
courant électrique dans la spire . Comme dans tout con-
ducteur, la vitesse de déplacement des électrons est
beaucoup plus faible que dans le cas précédent à cause
de la structure atomique de la spire . Ce courant élec-
tronique subsiste aussi longtemps que le champ ma-
Figure 18-9
gnétique varie . La tension induite E est rigoureusement identique pour les
On se souvient que la circulation des électrons corres- quatre spires entourant un même flux, quelles que soient leur
forme et leur orientation .
pond à un courant dont le sens conventionnel est l'in-
verse du courant électronique .
Si le flux varie à l'intérieur d'une spire ouverte, les
de la tension induite, la loi de Lenz permet d'en dé-
électrons mis en circulation s'accumulent sur l'une de
terminer sa polarité .
ses deux extrémités ; il en résulte une différence de po-
tentiel E comme Faraday l'avait constaté . Cette diffé- On peut éclaircir l'énoncé de la loi de Lenz à l'aide de
rence de potentiel, ou tension, reste la même quelle la Fig . 18-10 . Elle montre une spire de résistance nulle
que soit la forme de la spire, pourvu qu'elle entoure le raccordée aux bornes 1 et 2 d'un circuit C . Ce dernier
même flux (Fig . 18-9) . pourrait contenir n'importe quelle combinaison de sour-
18 .7 Polarité de la tension induite - Loi de ces de tension et de résistances . La spire pourrait aussi
Lenz porter un courant I quelconque (pas indiqué) . Cette
spire entoure un flux inducteur 0 1 qui varie en fonc-
La polarité de la tension induite dépend exclusivement
tion du temps . Ce flux peut être créé par le courant qui
de la façon dont le flux varie à l'intérieur de la spire .
circule dans la spire elle-même, ainsi que par un flux
Alors que la loi de Faraday permet de trouver la valeur
provenant d'un montage à l'extérieur.
Loi de Lenz Selon la loi de Faraday, la valeur de la tension induite
Soit un flux inducteur 0 1 dont la variation induit apparaisant entre les bornes 1 et 2 est donnée par l'ex-
une tension E dans une bobine . pression E = d 0i/4 t.
La polarité de la tension induite E est telle qu'elle Pour déterminer sa polarité, considérons maintenant
tend à faire circuler dans la bobine un courant 1 2, les quatre schémas de la Fig. 18-10 .On examinera suc-
créant un flux 02 qui s'oppose à la variation du cessivement les quatre combinaisons possibles obte-
flux 01 . nues avec un flux 01 orienté vers le haut ou vers le bas,
et dont la valeur augmente ou diminue .
INDUCTION ÉLECTROMAGNÉTIQUE 225

fig . 18-10a : Le flux total 01 entouré par la spire se


dirige dans le sens indiqué et il est croissant . Le sys-
tème cherche à s'opposer à cette croissance . Pour ce
faire, on imagine un courant 12 qui circule dans la spire
afin de produire un flux 02 s'opposant à la croissance
de 01 . Le flux Y'2 doit donc avoir un sens opposé à celui C
de 01 . En appliquant la règle de la main droite (section
13 .3), il s'ensuit que 12 doit circuler dans le sens indi-
qué . Comme le courant se dirige vers la borne 2, celle-
ci est (+) par rapport à la borne 1 .
fig . 18-10b : Le flux total 01 entouré par la spire se
dirige dans le même sens que dans la Fig . 18-1 Oa, mais
il est décroissant . Le système cherche à s'opposer à
cette décroissance . Pour ce faire, on imagine un cou-
rant 12 qui circule dans la spire afin de produire un flux
o, s'opposant à cette décroissance . Le flux 02 doit donc
être orienté dans le même sens que 01 . En appliquant
la règle de la main droite, il s'ensuit que 12 doit circu-
ler dans le sens indiqué . Comme le courant se dirige
vers la borne 1, celle-ci est maintenant (+) par rapport
à la borne 2 .
Fig . 18-10c : Le flux total 01 entouré par la spire est
orienté dans le sens inverse de celui des deux figures
précédentes, et il est croissant . Le système cherche
encore à s'opposer à cette croissance . Pour ce faire, on
imagine un courant 12 qui circule dans la spire afin de
produire un flux 02 s'opposant à cette croissance, et
C
créant donc un flux 02 de sens opposé à celui de 01 . En
appliquant la règle de la main droite, il s'ensuit que 12
doit circuler dans le sens indiqué . Comme le courant
se dirige vers la borne 1, celle-ci est (+) par rapport à
la borne 2 .
croissant
Fig . 18-10d : Enfin, le flux total 01 entouré par la spire
se dirige dans le même sens que celui de la Fig . 18-
10c . mais il est décroissant . Le système cherche en-
core à s'opposer à cette décroissance . Pour ce faire, on
imagine un courant 12 qui circule dans la spire afin de
produire un flux 02 s'opposant à cette décroissance, et
créant donc un flux de même sens que 01 . En appli-
quant la règle de la main droite, il s'ensuit que 12 doit
circuler dans le sens indiqué . Comme le courant se di-
rige vers la borne 2, celle-ci est (+) par rapport à la
borne 1 .
décroissant
Le même raisonnement permet de trouver la polarité
de la tension apparaissant aux bornes d'un enroulement Figure 18-10
Schémas montrant l'application de la loi de Lenz pour
ou d'une bobine dans un circuit quelconque . déterminer la polarité d'une tension induite .

226 ÉLECTROTECHNIQUE

Exemple 18-2
Déterminer la polarité de la tension induite entre les E
bornes de la bobine B (Fig
. 18-11 ) . lors de la ferme- o
tme de l'interrupteur .

N spires

Figure 18-12
Méthode de mesure du flux d'un aimant permanent .

Par ailleurs, si l'on retire l'aimant très lentement, une


faible tension est induite pendant un temps plus long
(Fig. 18-13b) . Enfin, si l'on retire l'aimant par étapes
Figure 18-11
en arrêtant le déplacement à quelques reprises, on ob-
Mn( exemple 18-2 .
tient une courbe de tension interrompue (Fig . 18-13e) .
Sokution
À la fermeture de l'interrupteur, le courant dans la bo- surface en volts-secondes
bne A croît à partir de zéro jusqu'à une certaine valeur
Iimposée par la tension de la source et la résistance de
la bobine A . Il s'établit donc un flux variable 01 crois- (a)
mm dont le sens est donné par la règle de la main droite.
Ce flux variable 01 traverse également la bobine B et
~ tension est induite entre ses bornes 1 et 2. Sa po-
larité est donnée par la loi de Lenz .
La bobine B tend à produire un flux 02 s'opposant à la
croissance du flux 01, donc circulant dans le sens op-
posé à celui de 01 (Fig . 18-11) . En supposant que le
tex o, est créé par un courant fictif 12 , on découvre
que la borne 1 est (+) par rapport à la borne 2 .
De la même façon, on note que la tension induite entre
les bornes 3 et 4 est telle que 3 est (+) par rapport à 4 .
18.8 Méthode de mesure du flux
La loi de Faraday nous offre une méthode facile pour
mesurer un flux, comme, par exemple, celui créé par
un aimant permanent .
(e) temps
Soit une bobine possédant N spires, placée au centre
d'un aimant permanent (Fig. 18-12) . Dans cette p osi- Figure 18-13
tion . l a bobine entoure (ou accroche) le flux entier de a . Si l'aimant est retiré rapidement, une tension élevée de
l'aimant. Si l'on retire l'aimant rapidement, le flux à courte durée est induite ;
l'intérieur de l'enroulement tombe vite à zéro et, pen- b . si l'aimant est retiré lentement, une faible tension de plus
longue durée est induite ;
dant ce temps, une tension relativement élevée est in-
duite aux bornes de la bobine . La tension instantanée c . si l'aimant est retiré par étapes avec plusieurs arrêts, la
tension induite a la forme indiquée ;
E dépend de la distribution du flux et de la vitesse ins-
Dans les trois cas, la surface hachurée est la même . Sa valeur
tantanée du déplacement ; elle pourrait avoir l'allure en volts-secondes, divisée par le nombre de spires, donne le
montrée à la Fig . 18-13a . flux de l'aimant permanent .


INDUCTION ÉLECTROMAGNÉTIQUE 227

Si l'on mesurait les surfaces hachurées (en volts-se-


condes) situées en dessous de chacune de ces trois cour-
bes, on constaterait qu'elles sont toutes les mêmes . Le
nombre de volts-secondes reste donc le même quelle
que soit la manière dont on retire l'aimant .
D'après la loi de Faraday, on peut prouver que le nom-
bre de volts-secondes induits est égal au nombre de
spires multiplié par le changement de flux à l'intérieur
de la bobine . C'est ce qu'exprime la relation suivante :
Figure 18-14
Circuit dont tout les composants ont une résistance nulle .
volts-secondes = N (01 - 02) (18-3) Lorsque l'interrupteur est fermé, la tension induite E I est
rigoureusement égale à la tension Es de la source .

01 = flux initial dans la bobine, en webers [Wb] sistance interne de la batterie soient strictement nulles .
02 = flux final dans la bobine, en webers [Wb] Qu'arrive-t-il à la fermeture de l'interrupteur?
N = nombre de spires Dans un premier temps, on est porté à croire que le fait
Pour mesurer ces volts-secondes, on utilise des volt- de brancher une batterie sur une bobine de résistance
nulle provoque un court-circuit franc et qu'un énorme
mètres spéciaux, appelés voltmètres intégrateurs .
courant I circule immédiatement dans le circuit . Ce-
Une autre méthode consiste à enregistrer l'impulsion pendant, dès qu'un courant commence à circuler, ce-
de tension sur l'écran d'un oscilloscope . En observant lui-ci produit un flux . De plus, au fur et à mesure que
1 -amplitude de la tension en fonction du temps, il est le courant croît, le flux augmente aussi . Mais l'aug-
facile de calculer les volts-secondes, et dès lors la va- mentation du flux induit, à son tour, une tension Ei aux
peur du flux . bornes de la bobine . Comme la résistance des conduc-
teurs AX et BY est nulle, cette tension est nécessaire-
Exemple 18-3
ment égale, en valeur et en polarité, à celle de la source .
Ondésire mesurer le flux produit par un aimant per-
manent . À cette fin, on glisse une bobine de 200 On peut donc écrire :
spires au centre de 1' aimant. comme l'indique la Fig . Ei = Es (18-4)
18-12. Ensuite, on retire rapidement et totalement
De plus, d'après l'équation 18-2 :
Paimant de la bobine . Un voltmètre intégrateur en-
j acgistre une impulsion de 400 millivolts-secondes .
El = N AO
i (quelle est la valeur du flux? At
Solution il s'ensuit que :
Aiisque l'aimant est retiré complètement de la bobine, AO = -
le flux final 02 est nul . On aura donc : Es (18-5)
At N
volts-secondes = N (0 1 - O~) = N O, C'est dire que le taux de variation du flux i\ /At est
400 mV •s = 200 x 01 proportionnel à la tension Es appliquée à l'enroulement .
Ce résultat est important, car il met en évidence une
01 = 2 mV-s = 2 mWb relation entre le flux et la tension (plutôt que le cou-
rant) appliquée à une bobine .
1.9 Tension appliquée et tension induite
dans une bobine Si la tension Es est fixe (comme dans notre exemple)
Cnsidérons une batterie de piles produisant une ten- on peut écrire :
9oin fixe E, que l'on peut brancher aux bornes d'une
bobine au moyen d'un interrupteur (Fig . 18-14) . Sup- AO = 1 Es t (18-6)
posons que la résistance de la bobine, ainsi que la ré- N

LLO tLtL I MU I tUFiNIUUt

où Étant donné qu'un courant de 1 A produit 2 mWb, il


A¢ = changement de flux à l'intérieur de l'enrou- s'ensuit qu'il faut un courant de 3 A pour produire
lement [Wb] 6 mWb .
N = nombre de spires de l'enroulement b) Après une période de 36 secondes, le flux sera 36/4
ES = tension fixe appliquée à l'enroulement [V] = 9 fois plus grand qu'après 4 secondes ; par consé-
t = temps d'application de la tension [s] quent, le flux à ce moment sera 6 mWb x 9 = 54 mWb .
Exemple 18-4 Le courant correspondant est 9 X 3 A = 27 A .
L'enroulement d'un gros transformateur de 100 kV On constate que le flux et le courant augmentent tous
possède 2500 spires . On branche une pile de 1,5 V deux linéairement avec le temps . Si la résistance du
aux bornes de l'enroulement pendant 40 secondes . montage demeurait strictement nulle, le courant aug-
Calculer le flux dans le noyau à la fin de cette pé- menterait théoriquement sans limite .
riode, sachant que le flux initial est nul .
Exemple 18-6
Solution
Il arrive parfois que des perturbations à la surface
En utilisant l'équation 18-6, on trouve : du soleil produisent des courants intenses clans la
stratosphère . Ces courants produisent à leur tour un
AO= 1 Est champ magnétique variable qui induit une tension
N de quelques dizaines de volts à la surface de la terre .
= 1 x 1,5 x 40 = 0,024 Ce phénomène . qu'on appelle orage géomagnétique,
2500 produit ainsi une tension induite qui porte le nom
24 mWb de tension tellurique .
Cet exemple montre que le changement de flux à l'in- La tension varie très lentement et peut durer pen-
térieur d'un enroulement dépend de la tension qu'on dant quelques minutes avant de changer de polarité .
lui applique et de la durée de son application . La va- De plus, elle s'étend sur des centaines de kilomè-
leur du courant d'excitation I qui en découle dépend tres .
des propriétés du circuit magnétique . Cette constata- Considérons un long réseau de transport à 735 kV,
tion est importante parce qu'on est souvent porté à soumis à un orage géomagnétique . Les lignes sont
croire que c'est le courant I et non la tension Es qui raccordées au sol à travers les bobinages des trans-
produit le changement de flux . formateurs situés dans les postes séparés de centai-
Exemple 18-5 nes de kilomètres .
Dans la Fig . 18-14, E, = 6 V, N = 4000 spires, et un La différence de potentiel tellurique induite dans
courant de 1 A produit un flux de 2 mWh . Le flux l'immense boucle formée par la ligne, les transfor-
proportionnel au courant 1. La résistance de la mateurs et la terre peut, dans ces conditions . provo-
bobine est négligeable . Calculer : quer la saturation de certains transformateurs .
a) la valeur du flux et (lu courant 4 secondes après Supposons qu'ils deviennent saturés lorsque le flux
lafermeture de l'interrupteur atteint le seuil de 950 mWh . Les enroulements en
jeu possèdent 2000 spires . Si le flux initial est de
b) la valeur du flux et du courant 36 secondes après
800 mWb, calculer le temps requis pour atteindre le
llafermeture de l'interrupteur
point de saturation, lorsque la tension tellurique ef-
Solution fective est de 15 V .
a) Le flux après 4 secondes est donné par
Solution
On a Es = 15 V, une tension essentiellement continue .
AO _ -
' Es t éq . 18-6
N Le changement de flux requis pour atteindre la satu-
ration est :
= 1 x 6 x 4= 0,0060 Wb
4000 A0 = 950 mWb - 800 mWb
= 6 mWb = 150 mWb


INDUCTION ÉLECTROMAGNÉTIQUE 229

l'équation 18-6 on obtient : 18-4 Une bobine de 200 spires est traversée par un
flux de 3 mWb provenant d'un aimant permanent . On
1 éloigne l'aimant et le flux baisse à 1,2 mWb en 0,2 s .
A0 = -Es t
N Calculer la valeur moyenne de la tension induite .
Niveau intermédiaire
0,150 = 1 x15t
2000 18-5 Dans la Fig . 13-25 du chapitre 13, les deux bo-
d'où t = 20 s bines principales créent un flux de 15 Wb lorsque le
courant d'excitation total est de 165 A .
Le transformateur devient saturé après 20 secondes . a) Si le courant est graduellement réduit à zéro dans un
Cet exemple met en évidence le fait que même de très intervalle de 2 secondes, quelle sera la tension in-
faibles tensions parasites peuvent affecter un grand ré- duite dans chacune des bobines auxiliaires, ces der-
seau si elles durent assez longtemps . nières étant ouvertes?
18 .10 Résumé b) Quelle est la tension induite dans chaque bobine prin-
cipale?
Dans ce chapitre, nous avons appris à utiliser la loi de
l'induction électromagnétique de Faraday dans sa 18-6 Dans la Fig . 18-12, une bobine de 500 spires
forme la plus générale . entoure un aimant permanent ayant un diamètre de
30 mm. En retirant la bobine lentement, on constate
Selon cette loi, une tension est induite à l'intérieur qu'on peut maintenir une tension de 40 mV pendant 6
d'une boucle par un flux qui varie avec le temps . Cette secondes après quoi la tension devient nulle .
tension est proportionnelle au taux de changement
-Soldt du flux dans la boucle . Pour une bobine, le ten- a) Quelle est la densité de flux développé par l'aimant?
sion est multipliée par le nombre de spires . b) Si l'on retirait la bobine en 0,3 seconde, quelle se-
rait la valeur moyenne de la tension induite?
La loi de Lenz permet de trouver la polarité de la ten-
sion induite. D'après cette loi, la polarité est telle qu'un 18-7 Appliquer la loi de Lenz à la Fig . 18-9 et mon-
courant imaginaire sortant par la borne + de la boucle trer que les polarités doivent être telles qu'indiquées .
ou de la bobine crée un flux s'opposant à la variation 18-8 Appliquer la loi de Lenz aux Fig . 18-8a et
du flux imposé . Cette loi s'applique même si la boucle 18-8b, et montrer que les électrons doivent circuler
porte déjà un courant . dans le sens indiqué .
Nous avons vu aussi que l'application de la loi de l'in-
18-9 Dans la Fig . 19-4b du chapitre 19, quelle est la
duction permet de mesurer le flux en calculant les volts-
polarité de la borne 1 lorsqu'on ouvre l'interrupteur?
secondes associés à la tension induite . De la même fa-
çon . une tension continue, même très faible, appliquée 18-10 Dans la Fig . 18-6, quelle est la polarité de la
à une bobine pendant un certain temps produit un flux borne m par rapport à n à l'instant indiqué?
qui croit proportionnellement aux volts-secondes et
18-11 Dans la Fig . 19-6a du chapitre 19, quelle est la
peut éventuellement provoquer la saturation du circuit
polarité de la borne 1 par rapport à 2?
magnétique .
18-12 Dans la Fig . 14-8 du chapitre 14, quelle est la
polarité de la borne b par rapport à a lorsque le courant
PROBLÈMES - CHAPITRE 18 diminue?

Niveau pratique 18-13 Dans la Fig . 18-5, montrer de quelle façon les
bobines A et B sont enroulées autour du noyau, sachant
18-1 De quoi dépend la valeur de la tension induite que le sens du flux et la polarité des tensions sont tels
dans une bobine? qu'indiqués .
18-2 Qu'entend-on par induction mutuelle?
18-3 Quelle est la loi qui donne la polarité de la ten-
sion induite dans une bobine? Énoncer cette loi .

9
Inductance

Dans ce chapitre, nous étudierons une des propriétés dans laquelle k est un simple facteur de proportionna-
les plus importantes des enroulements . Cette propriété, lité .
appelée inductance, permet d'évaluer les tensions in-
duites dans les bobines de même que la quantité d'éner- En substituant (19-2) dans (19-1) on obtient :
gie qu'elles emmagasinent . L'inductance joue un rôle
important dans les circuits à courant continu et à cou- = M AIa
rant alternatif, si bien que tous les domaines de l'élec- Eb = kNb AIa
trotechnique sont affectés par cette propriété de base . At At
Ce chapitre mérite donc une attention toute particu- c'est-à-dire
lière .
=M Ai,
19.1 Inductance mutuelle - le henry Eb (19-3)
Considérons deux bobines A et B plus ou moins rap- At
prochées (Fig . 19-1) . La bobine A est parcourue par un
courant I, ; elle crée donc un flux Oa dont une partie Ob Par définition, le facteur M, nommé inductance mu-
«accroche» les spires de la bobine B . tuelle des deux bobines, donne le rapport entre la ten-
sion induite dans une bobine et le taux de variation du
Lorsque le courant I a varie, le flux Ob varie ; donc,
courant dans l'autre . Ce coefficient dépend du nombre
d'après la loi de Faraday, une tension est induite entre
de spires des bobines, de leur position relative et des
les bornes de la bobine B . La valeur de la tension est
caractéristiques du circuit magnétique qui les relie .
donnée par l'équation 18-2, soit
L'inductance mutuelle de deux bobines augmente : (1) si
AO b l'on augmente le nombre de spires, (2) si on les rap-
Eb = Nb (19-1)
At proche l'une de l'autre, ou (3) si on les relie par un
noyau magnétique .
Si le circuit magnétique n'est pas saturé, toute varia-
tion de courant AIa produit une variation de flux AO L'unité SI d'inductance mutuelle est le henry (sym-
proportionnelle à AIa , ce qui permet d'écrire l'équa- bole H) . L'inductance mutuelle de deux bobines est de
tion : 1 henry si une variation de courant de 1 ampère par
seconde dans l'une induit une tension de 1 volt dans
AO b = k AIa (19-2)
l'autre .
230

INDUCTANCE 231

Exemple 19-1 L'inductance mutuelle de deux bobines demeure la


Linductance mutuelle des enroulements A et B de même, quelle que soit la bobine qui est alimentée . C'est
la Fig . 19-1 est de 3,7 henrys . Quelle est la valeur d'ailleurs une propriété de l'ensemble des deux bobi-
moyenne de la tension induite dans la bobine B lors- nes tout comme leur masse ou leur couleur .
que le courant dans la bobine A, décroît de 7 A à 3 A 19 .2 Self-inductance
en 2 secondes''
Considérons la bobine de la Fig . 19-2 portant un cou-
rant 1 et produisant un flux 0 . Si le courant varie d'un
montant AI, cela produira un changement corres-
pondant de flux Ao. Cependant, une variation de flux à
l'intérieur de la bobine induit une tension entre ses
bornes . Nous en venons à la conclusion que le courant
variable dans une bobine induit une tension entre ses
propres bornes . C'est le phénomène de self-induction .

Figure 19-1
La variation de courant dans l'enroulement A induit une
tension dans l'enroulement B . C'est le phénomène de
inductance mutuelle .

Solution Figure 19-2


La variation du courant I dans la bobine induit une tension
Variation de courant AI = (7 A - 3 A) = 4 A
entre ses bornes . C'est le phénomène de la self-inductance .
Durée de la variation At = 2 s
Inductance mutuelle M = 3,7 H La tension induite dépend du nombre de spires de la
En appliquant la formule 19-3, on trouve: bobine, de sa forme et du taux de variation du courant .
Par analogie avec l'induction mutuelle, la valeur de la
Al, tension induite est donnée par l'équation :
Eb = M
At
4 AI
= 3,7 x = 7,4 V E=L (19-4)
2 At

On remarquera que ce n'est pas le courant dans la bo- où


bine A qui engendre une tension dans la bobine B, mais
E = tension induite, en volts [V]
bien la variation de flux (produite par la variation du
L = self-inductance de la bobine, en henrys [H]
courant) qui donne naissance à cette tension . Cepen-
AI = variation du courant, en ampères [A]
dant, en pratique, une formule donnant la tension in-
At = durée de la variation, en secondes [s]
duite dans une bobine en fonction de la variation du
courant dans une autre est plus utile qu'une équation La self-inductance L donne la relation entre la tension
faisant intervenir le flux . En effet, il est plus facile de induite dans une bobine et le taux de variation du cou-
mesurer et de suivre les variations d'un courant que rant qui la parcourt. Comme pour l'inductance mu-
les variations d'un flux . tuelle, l'unité SI de self-inductance est le henry .

INDUCTANCE 233

Lorsque le courant diminue (Fig . 19-5c), le flux di- flux croissant


minue et une tension E 12 est encore induite . La pola-
rké de cette tension est telle qu'elle tend à s'opposer à
la décroissance du courant I. Par conséquent, si la ten-
on induite agissait seule, elle produirait un courant il,
dans le même sens que I. Afin de produire un tel c ou-
sant. il faut que la borne 2 soit (+) par rapport à 1 . La
1-nsion E 12 est donc négative (-) .
En comparant les Fig . 19-5b et 19-5c, on constate que
la polarité de la tension induite ne dépend pas du sens 1
(constant)
du courant I, mais de la façon dont il varie . De plus, la
tnsion induite tend à s'opposer au changement de cou-
zant dans la bobine .
Figure 19-5a
Il est important de réaliser que le vrai courant circulant Lorsque le courant ne varie pas, la tension entre les bornes
est nulle .
dans le circuit est I, • les courants i a et il, sont des cou-
rants fictifs utilisés comme artifices pour déterminer
la polarité de la tension E12 induite .
La polarité de la tension induite dans une bobine cou-
plée à une autre peut être établie en suivant le raison-
zrrment de l'exemple 18-2 du chapitre précédent .

19 .4 Énergie emmagasinée dans le champ


magnétique d'une bobine
La polarité en soi n'a pas grand intérêt, mais si on l'as-
socie à la direction du courant I, elle nous conduit à
une découverte importante . Ainsi, la Fig . 19-5b indique i
que lorsque le courant I augmente, il entre par une borne (croissant)
positive . La bobine se comporte donc comme une
charge, absorbant une puissance instantanée de El watts
pendant un certain temps (voir la section 4-11) . Figure 19-5b
Lorsque le courant augmente, une tension est induite et la
Qu'arrive-t-il de cette énergie? Puisque la bobine ne borne 1 est positive . La bobine agit comme une charge .
possède aucune résistance, l'énergie n'est pas dissipée
sous forme de chaleur . Puisque le montage est i mmo-
bile . i l n'y a aucune dépense d'énergie mécanique . On
conclut que l'énergie est emmagasinée dans le champ
magnétique de la bobine, un peu comme on emmaga-
sine de l'énergie mécanique lorsque l'on comprime un
ressort .
Dans le cas de la Fig . 19-5c, on constate que lorsque le
courant I décroît, il sort par la borne positive . La bo-
bine se comporte alors comme une source fournissant
de Fénergie au reste du circuit . Cette énergie provient
du champ magnétique qui doit, par conséquent, décroî-
Ire .
Un enroulement peut donc emmagasiner et restituer
de l'énergie comme le fait une batterie de piles . L' éner- Figure 19-5c
gie est conservée dans le champ magnétique et elle Lorsque le courant diminue, une tension est induite et la borne
1 est négative . La bobine agit comme une source .
augmente et diminue avec celui-ci .

232 ÉLECTROTECHNIQUE

Une bobine possède une self-inductance de 1 henry si


une tension de 1 volt est induite lorsque le courant qui
la parcourt varie à un taux de 1 ampère par seconde .
Notons que le terme self-inductance est habituellement
connu sous le nom abrégé d'«inductance» .
La Fig . 19-3 montre une inductance de 18 mH pou- t=0,1 s
vant porter un courant de 6400 A . 3/ 1
1
4 V 100 V
T +~
2
(b)

Figure 19-4
a . Le courant initial dans une bobine est de 5 A, la tension à
ses bornes est de 4 V.
b . Lors de l'ouverture du circuit, le courant diminue
rapidement, ce qui induit une tension de 100 V entre les
bornes 1 et 2 .

On remarque que la tension induite (100 V) est de beau-


coup supérieure à la tension de la pile (Fig . 19-4b) .

19 .3 Polarité de la tension induite


La bobine de la Fig . 19-5 est branchée à une source de
courant G qui lui fournit un courant I . Supposons que
la résistance de l'enroulement soit rigoureusement
nulle ; il n'y aura donc aucune chute de tension et au-
cune perte Joule . Dans l'analyse qui suit nous étudie-
rons ce circuit pour trois conditions différentes :
Figure 19-3
Inductance de lissage de 18 mH, 6400 A . c .c . servant de a) le courant ne varie pas
filtre pour l'alimentation des électro-aimants de guidage du
synchrotron à protons du CERN, à Genève . Pesant 35 tonnes b) le courant augmente
et refroidie à l'eau, cette inductance élimine les ondulations c) le courant diminue
du courant pour toute fréquence comprise entre 50 Hz et
3000 Hz (gracieusté de Siemens) . Si le courant est constant, le flux est constant et au-
cune tension n'est induite (Fig . 19-5a) . Puisqu'il n'y a
aucune chute de tension RI due à la résistance, la ten-
Exemple 19-2 sion E aux bornes de l'enroulement est nulle .
Une bobine ayant une inductance de 2 H est par-
Lorsque le courant augmente (Fig . 19-5b), le flux aug-
courue par un courant de 5 A lorsqu'elle est raccor- mente et une tension E est induite . Elle apparaît aux
dée à une pile de 4 V (Fig . 19-4) . Calculer la valeur bornes de la bobine .
moyenne de la tension induite si le courant est inter-
rompu en 0,'1 s° D'après la loi de Lenz, la polarité de cette tension est
telle qu'elle tend à s'opposer à la croissance du flux .
Solution donc à la croissance du courant I . Par conséquent, si la
En appliquant la formule (19-4) on trouve : tension induite agissait seule, elle produirait un cou-
rant i a opposé au courant I. Cela veut dire qu'à l'inté-
=L Ai rieur de la bobine, ia se dirigerait vers la borne 1 . Par
E
At conséquent, la borne 1 est (+) par rapport à la borne 2
=2 x (5-0) =100V (voir section 18-7) . La tension E12 est donc positive (+).
0' l



134 ELECTROTECHNIQUE

L' énergie W conservée dans le champ magnétique est W2 =1/2LI2=1/2x4x302 =1800J


donnée par l'équation :
La bobine a donc débité une énergie de :

W- 1 Lh (19-5) W = W 1 - W2 =- 3200 -1800


2 = 1400 J
où Cette énergie est retournée au circuit sur lequel la bo-
W = énergie dans le champ [J] bine est branchée .
L = inductance de la bobine [H] c) La tension induite aux bornes est :
I = courant dans la bobine [A]
AI 40-30
Exemple 19-3 E = L = 4 x = 2000 V
At 0,02
Une bobine possédant une self-inductance de 4 H La puissance moyenne débitée par la bobine est :
est traversée par un courant de 40 A (Fig . 19-6a) .
Calculer : P = énergie/temps = 1400 J/0,02 s
= 70 000 W = 70 kW
a) la valeur de l'énergie emmagasinée dans le champ
magnétique :
Les valeurs de E, I et P en fonction du temps sont mon-
b) l'énergie débitée par la bobine si le courant dimi-
trées à la Fig . 19-6b.
nue de 40 A à 30 A :
c) la tension induite aux bornes de la bobine ainsi
que la puissance débitée si cette diminution (le E
2 kV
40,3% à 30 A se fait uniformément en 20 milli-
secondes .
80 kW P
'60 kW

40 A
I
30A

0 - temps 20 ms

Figure 19-6a Figure 19-6b


Voir exemple 19-3 . Tension, puissance et courant en fonction du temps, lorsque
le courant diminue linéairement de 40 A à 30 A . Voir exemple
19-3 .

Solution
a) Pour un courant de 40 A, l'énergie conservée dans 19.5 Mise sous tension d'un circuit inductif
le champ vaut :
Lorsqu'on applique une tension E sur une résistance
Wi = 1/2 Lie = 1/2 x 4 x 40 2 = 3200 J R, le courant monte immédiatement à une valeur

b) Lorsque le courant tombe à 30 A, l'énergie conser- I = E


vée dans le champ devient : R

INDUCTANCE 235

conformément à la loi d'Ohm . La Fig . 19-7 montre le Exemple 19-4


circuit et le graphique du courant en fonction du temps . Une bobine avant une résistance négligeable pos-
sède une inductance de 4 H . Déterminer la courbe
Qu'arrive-t-il lorsqu'on applique une tension constante
du courant en fonction du temps si la bobine est bran-
E sur une bobine ayant une inductance L et une résis-
chée sur une source de 12 V . Combien de temps est
tance nulle? D'après l'équation 19-4 on a :
requis pour atteindre un courant de 27 A?
AI
E=L Solution
At
Le taux de variation du courant est :
d'où
AI = E = 12V =
AI E 3 A/s
(19-6) At L 4H
At L
Le courant augmente à raison de 3A/s (Fig . 19-9) . Le
temps requis pour atteindre 27 A est de 9 s .
Comme E et L sont des constantes, l'équation (19-6)
révèle que le taux de variation du courant est constant
et égal à E/L . La Fig . 19-8 montre que le courant aug- A
mente uniformément avec le temps, à partir de l'ins-
36
tant de fermeture du circuit . Contrairement à une ré-
sistance, le courant ne plafonne pas et il augmente théo- 27
riquement sans limite . Cependant, en pratique, le cou-
18
rant ne peut pas augmenter indéfiniment car il y a une
limite à ce que la source peut fournir . 9
Notons que si l'inductance était 10 fois plus grande, le
0
taux de croissance du courant serait 10 fois plus petit . 0 3 6 9 s
Par conséquent, le courant augmenterait 10 fois moins t
vite . Figure 19-9
Voir exemple 19-4 .

t= E
R 19 .6 Constante de temps
En pratique, une bobine possède toujours une résis-
tance R et une inductance L . Supposons qu'on la bran-
che sur une source de tension E.

Si la résistance agissait seule, on obtiendrait la


0 courbe 1, soit I = E/R (Fig . 19-10) . De même, si l'in-
Figure 19-7 ductance agissait seule, on obtiendrait la courbe 2, soit
Graphique du courant dans une résistance en fonction du
AI/At = EIL. La véritable courbe 3 du courant en fonc-
Temps lorsque l'interrupteur est fermé à t = 0 .
tion du temps suit une trace qui est asymptotique aux
courbes 1 et 2. La courbe 3 possède une forme dite
exponentielle, forme que nous discuterons à la section
suivante . La courbe exponentielle possède une carac-
téristique appelée constante de temps 2* .

La constante de temps fournit une mesure du temps


requis pour qu'une grandeur comme, dans notre cas,
i ,
le courant I, atteigne sa valeur finale . On peut démon-
trer que la valeur de 'r est égale au temps requis pour
Figure 19-8
atteindre la valeur finale de I si le courant augmentait
Graphique du courant dans une inductance (bobine ou spire)
en fonction du temps, lorsque l'interrupteur est fermé à t = 0 .
" 't est une lettre grecque qui se prononce «tau» .



L .J6 ELECTROTECHNIQUE

R=1 52
L=4H

Figure 19-11
Voir exemple 19-5 .

Figure 19-10 Lorsque le courant a atteint sa valeur finale, le flux ne


Pour une bobine ayant une résistance R et une inductance change plus et la tension induite devient nulle . Le temps
L, la courbe 3 décrit la variation du courant en fonction du
requis pour atteindre la valeur finale dépend de l'in-
temps . Le temps lest la constante de temps de la bobine .
ductance et de la résistance de la bobine : plus l'induc-
tance est grande et plus la résistance est faible, plus le
au taux déterminé par l'inductance seule . La constante courant prend de temps à atteindre sa valeur finale.
de temps correspond donc au point d'intersection des
b) La constante de temps est :
courbes 1 et 2 . Il s'ensuit que la valeur de test donnée
par l'expression : L _ 4 H = 4 s
ti_
L R 1 S2
(19-7)
R c) Le circuit de la Fig . 19-12 montre séparément la
ou
résistance et l'inductance de la bobine . Cela permet
d'analyser le courant et les tensions dans le circuit .
2 = constante de temps de la bobine ou du
circuit [s] La tension de 12 V aux bornes de la bobine est com-
L = inductance de la bobine ou du circuit [H] posée de deux tensions : la chute El = RI dans la résis-
R = résistance de la bobine ou du circuit [S2] tance R et la tension induite E2 = L AI/At.
La tension Et dépend de la valeur du courant I tandis
Exemple 19-5
que E2 dépend de son taux de variation .
Une bobine ayant une résistance de 1 S2 et une induc-
tance de 4 H est connectée à une source à c .c . de
12 V (Fig . 19-11) . Calculer :
a) La valeur finale du courant
b) La constante de temps de la bobine E
c) Les tensions, le courant et AI/A& au moment de la
fermeture de l'interrupteur
0
(1) Les tensions et AI/A/ lorsque le courant a atteint
4H
8A

Solution
a) La valeur finale du courant est : Figure 19-12
Circuit électrique équivalent au montage de la Fig . 19-11,
I = E = 12V montrant les composants R et L d'une bobine et la tension
= 12A aux «bornes» de chaque élement .
R 1 £2




INDUCTANCE 237

Au moment de la fermeture, le courant est nul, mais il


TABLEAU 19-1 COURBE EXPONENTIELLE
skange rapidement : El = 0 et E2 = 12 V. Le taux de
caneement du courant à cet instant est : temps valeur de Q
0 QI
AI _ E2 _ 12 V
= 3 A/s TO QI + Q d X (1/2)
At L 4H 2 T0 QI + Q d x (3/4)
* Lorsque le courant atteint 8 A, on a Et = 8 V . Il 3To Q I + Q d x (7/8)
3insuit que E2 = 4 V, car la somme (Et + E2) doit 4T0 QI + Qd X (15/16)
aster égale à la tension de la source (12V) . Le taux de 5To Q I + Q d x (31/32)
n eurent du courant à cet instant est :
6To QI + Q d x (63/64)
AI - E 2 -
4 V = 1 A/s On constate qu'après une période 6To la valeur de Q
At L 4 H
est (63/64) de Q2 ou 98,4 % de sa valeur finale . À tou-
1O L7 Forme de la courbe exponentielle tes fins utiles, on peut considérer que c'est la valeur
Lxsqu' une grandeur Q (comme un courant ou une ten- finale .
lan) suit une courbe exponentielle, sa variation en Noter que 6To correspond à 4,2 'r, soit environ 4 cons-
Iection du temps suit un trajet bien défini . L'expres- tantes de temps .
Ion est donnée par la formule :
Exemple 19-6
-tli) Tracer la courbe du courant en fonction du temps
Q = QI + ( Q2 - QI)(' - e
(19-8) pour la bobine de l'exemple 19-5, sachant que le
-tlti ) courant initial est nul .
= Q I +Qd (1 - e

Solution
Q • valeur de la grandeur au temps t D'après la solution de l'exemple 19-5, on sait que
QI • valeur initiale de la grandeur Qt=OA, Q2=12A,ti=4setQd=(12-0)=12A .
Q2 = valeur finale de la grandeur Il s'ensuit que
Qd • Q2 - Q1
t = temps écoulé [s] To =0,7'r=0,7x4=2,8s
't • constante de temps [s] Les valeurs du temps t et du courant correspondant sont
e • base logarithmique (valeur = 2,718 . . .) choisies conformément au tableau 19-1, ce qui donne
le tableau 19-2 . La courbe du courant en fonction du
Cette formule permet de tracer toute courbe exponen-
temps est montrée à la Fig . 19-13 .
tielle à l'aide d'une calculatrice de poche . Il est encore
plus facile de tracer cette courbe en faisant appel à une A
grandeur dérivée de la constante de temps a et appelée 12 ------- -------
demi-temps To . La relation entre To et la constante de
temps 'r est donnée par l'expression :

To = 'r log e 2 = 0,693 'r


(19-9)
= 0,7'r (approx .)

En utilisant le demi-temps To , on peut alors dresser un 1


3
tableau universel donnant les valeurs de Q à des inter- 2 To 3To 4 To 5 To 6To
valles distincts, multiples de T o. Ces valeurs sont pré-
0 ,
sentées au tableau 19-1 . En observant les valeurs suc- 0 2,8 5,6 8,4 11,2 14 16,8 s
cessives du tableau 19-1, on notera qu'à chaque inter- - temps
valle To la quantité Q augmente d'une valeur qui est la Figure 19-13
moitié de celle obtenue à l'intervalle précédent . C'est Courbe du courant en fonction du temps pour le circuit de la
pourquoi To s'appelle le demi-temps . Fig . 19-11 .

ELECTROTECHNIQUE

TABLEAU 19-2
nT0 temps valeur de I
0 0 0
T0 2,8 0+12x(1/2) =6A
2T0 5,6 0 + 12 x (3/4) =9 A
3T0 8,4 0 + 12 x (7/8) = 10,5 A
E
4T0 11,2 0 + 12 x (15/16) = 11,25 A
5T0 14,0 0 + 12 x (31/32) = 11,62 A
6T0 16,8 0 + 12 x (63/64) = 11,81 A

19 .8 Ouverture d'un circuit inductif


Figure 19-15
Considérons une bobine d'inductance L, alimentée de- En ouvrant le circuit, l'énergie emmagasinée dans le champ
puis un certain temps par une source de tension El (Fig . est dissipée dans l'arc . Noter que la polarité des bornes A, B
19-14) . Le courant I circulant dans la bobine est cons- est l'inverse de celle de la figure 19-14 .
tant et l'énergie emmagasinée dans le champ vaut alors
(t /2)LI2 joules . La borne A est positive par rapport à la
qu'elle débite est dissipée dans la résistance de l'arc .
borne B .
Lors de l'ouverture de l'interrupteur toute l'énergie
emmagasinée dans le champ doit donc être dissipée
dans l'arc . L'ouverture des gros enroulements à cou-
rant continu peut créer un arc assez intense pour faire
fondre les contacts de l'interrupteur . On devra donc
prendre des précautions particulières lors de l'ouver-
ture d'un circuit qui contient un enroulement . En effet,
E
la tension induite au moment de l'ouverture du circuit
peut atteindre plusieurs milliers de volts . Cette tension
pourrait causer une rupture de l'isolation sur l'enrou-
lement, ou même donner un choc électrique fatal . De
plus, l'arc abîme les contacts de l'interrupteur .
Figure 19-14
Avec un courant constant, l'énergie emmagasinée dans le Le problème de la self-induction est particulièrement
champ demeure constante . grave dans les circuits de commande où des relais élec-
tro-magnétiques sont alimentés et désalimentés plu-
sieurs milliers de fois par jour . L'arc créé lors de la
Si l'on ouvre l'interrupteur, le courant et le flux bais-
séparation des contacts doit être réduit par des méthodes
sent brusquement, induisant ainsi une tension élevée
spéciales que nous allons maintenant décrire .
E2 de polarité inverse entre les bornes de la bobine (Fig .
19-15) . En tenant compte des polarités, on constate que 19.9 Méthodes de suppression des arcs
la tension aux bornes de l'interrupteur est la somme de On peut réduire la tension aux bornes de la bobine et
la tension induite et de celle de la source . Cette tension l'intensité de l'arc en plaçant une résistance Ro en pa-
est tellement élevée qu'elle réussit à créer un arc à tra-
rallèle avec la bobine (Fig . 19-16) . L'énergie dans le
vers l'air séparant la lame des contacts fixes de l'inter-
champ est alors dissipée surtout dans la résistance et
rupteur.
plus faiblement dans l'arc d'ouverture . Plus la résis-
Le courant continue donc à circuler à travers l'arc tout tance est basse, mieux on réussit à étouffer l'arc . Mais
en diminuant graduellement . Finalement, il devient trop une faible résistance possède l'inconvénient de dissi-
petit pour maintenir l'arc et c'est seulement à ce mo- per une puissance considérable lors du fonctionnement
ment que le circuit entre la source et la bobine est réel- normal de l'enroulement . On arrive à un compromis
lement ouvert . Pendant la décroissance du courant, la acceptable en utilisant une résistance R0 ayant environ
bobine se comporte comme une source, et l'énergie 3 fois la résistance de la bobine .
INDUCTANCE 239

La solution idéale est d'employer une résistance non


linéaire, comme un varistor, dont la résistance dimi-
nue brusquement lorsque la tension augmente .
Une autre méthode particulièrement efficace consiste
à placer une diode en série avec la résistance Ro en
avant soin de la raccorder comme indiqué sur la Fig .
19-17 . La résistance ne dissipe aucune puissance lors-
que l'interrupteur est fermé, mais dès son ouverture, la
polarité inverse aux bornes de la bobine permet à la Figure 19-16
diode de conduire . Si l'on utilise une diode, on peut Une résistance placée aux bornes de la bobine absorbe une
partie de l'énergie du champ magnétique .
réduire la résistance Ro à zéro, évitant ainsi tout arc
lors de l'ouverture de l'interrupteur. Cependant, le flux
créé par la bobine décroît alors très lentement avec une
constante de temps i = LIR, où L est l'inductance de la
bobine et R sa résistance . Cela peut présenter un in-
convénient, car s'il s'agit d'une bobine de relais, ce
dernier ne réagira pas immédiatement après l'ouver-
ture de l'interrupteur.
diode
On peut aussi réduire l'arc en plaçant un condensateur
et une résistance R I aux bornes de l'interrupteur (Fig .
19-18) . Lors de l'ouverture de l'interrupteur, le conden- Figure 19-17
sateur emmagasine une partie de l'énergie subitement Lajout d'une diode isole la résistance, sauf lors de l'ouverture
du circuit .
libérée par l'inductance . Cette énergie est ensuite len-
tement dissipée dans le circuit formé par la bobine, le
condensateur, la source et la résistance totale du cir-
cuit. Lorsque l'interrupteur est ouvert, le condensateur
demeure chargé à la tension de la source . Le but de la
résistance R, est de limiter le courant de décharge lors-
que l'interrupteur est refermé, afin de ne pas abîmer
ses contacts .

Exemple 19-7 Figure 19-18


Condensateur et résistance pour supprimer les arcs lors de
La bobine de la Fig . 19-17 possède une inductance
l'ouverture du circuit .
de 12 H et une résistance de 35 £2 . Elle est alimen-
tée par une source de 24 V. Afin d'éliminer l'arc
lors de l'ouverture de l'interrupteur, on place aux entre les bornes A et B change subitement de signe et
bornes A, B une résistance R o de 175 S2 en série passe de + 24 V à EAB = - 0,686 A x 175 Q = - 120 V,
avec une diode . Déterminer la forme d'onde de la soit EBA = + 120 V.
tension aux bornes de la bobine à la suite de l'ouver-
ture du circuit . La résistance du circuit est maintenant 175 + 35 =
210 S2, alors que son inductance est toujours 12 H . La
Solution constante de temps est donc
Avant l'ouverture du circuit, le courant dans la bobine i = LIR = 12 H/210 £2 = 0,0571 s = 57,1 ms . Cela
est I = 24 V/35 S2 = 0,686 A . Au moment de l'ouver- correspond à un demi-temps de
ture, ce courant demeure inchangé, à cause de l'induc-
To = 0,7 x 57,1 = 40 ms
tance de la bobine . Comme l'arc est supprimé, le cou-
rant doit circuler dans Ro et la diode . La chute de ten- Le courant dans la bobine, de même que la tension a
sion dans la diode étant négligeable, la tension EAB ses bornes, décroissent exponentionnellement jusqu'à



L`FU ELECTROTECHNIQUE

zéro . On peut alors tracer la courbe de décharge de avancées, il est difficile de calculer la valeur du cou-
EBA en utilisant le tableau 19-1 . Dans cet exemple, rant en utilisant directement la formule (19-4) . Nous
Q I = 120 V et Q2 = O V, donc Qd = Q2 - QI = - 120V utiliserons plutôt une méthode graphique appelée mé-
Les valeurs de la tension aux bornes de la bobine en thode des volts-secondes .
fonction du temps sont présentées au tableau 19-3 . La Pour utiliser cette méthode, il s'agit de transposer l'ex-
courbe de décroissance de EAB est montrée à la Fig . pression ci-dessus, en la mettant sous la forme
19-19 .

TABLEAU 19-3 (19-4a)


nT0 temps valeur de EBA

0 0 120 Comment interpréter cette nouvelle expression? Elle


T0 40 120 - 120 (1/2) = 60 V nous indique que si une tension E existe aux bornes
2T0 80 120 - 120 (3/4) = 30 V d'une inductance L durant un intervalle At, le courant
3T0 120 120 - 120 (7/8) = 15 V qu'elle porte variera de AI. Le changement sera d'autant
plus grand que l'inductance L est petite . Par exemple,
4T0 160 120 - 120 (15/16) = 7,5 V
supposons que la tension aux bornes d'une bobine soit
5T0 200 120 - 120 (31/32) = 3,75 V
de 40 V durant un intervalle de 72 ms, et que l'induc-
6T0 240 120 - 120 (63/64) = 1,87 V
tance de la bobine soit de 1,2 H . Durant cet intervalle,
le changement de courant AI sera :
19.10 Détermination graphique du courant
dans une inductance
EAt
Nous avons vu à la section 19 .2 qu'il existe à chaque 31 =
L
instant une relation entre la tension aux bornes d'une
inductance et le taux de variation du courant qui la = 40x0,072
= 24A
parcourt . Cette relation est donnée par l'expression 1,2
(19-4), soit E = LAI/At. Cette formule permet de cal-
culer facilement la valeur de la tension E lorsqu'on Le courant augmentera ou diminuera selon que la ten-
connaît la forme d'onde du courant . sion E est positive ou négative .

Cependant, il arrive souvent que la tension E aux bor- Lorsqu'une tension varie en fonction du temps pen-
nes d'une inductance soit imposée et qu'on veuille cal- dant une certaine période, on doit subdiviser la période
culer la valeur du courant résultant . Dans ces cir- en intervalles très courts . Cela permet, en effet, de ga-
constances, à moins d'employer des mathématiques rantir que la tension E reste pratiquement constante
durant chaque intervalle . Ensuite, on calcule le chan-
t=0 gement de courant durant chaque intervalle . Connais-
V sant la valeur initiale du courant, on peut alors, en ré-
120
pétant le calcul de AI, trouver la valeur du courant tout
au long de la période .

o
2
90

60 I On remarquera que le produit E At représente la petite


surface, en volts-secondes, située en dessous de la ten-
sion E durant le court intervalle At . Par conséquent,
afin de trouver le courant circulant dans une induc-
T 30 tance après une période T appréciable, il faut détermi-
Ta 2 TO 3 TO 4 TO 5 Ta 6 TO ner les surfaces comprises en dessous de la courbe de
tension E pendant cette période. Les surfaces sont me-
o
0 40 80 120 160 200 240 surées en volts-secondes ; elles sont positives lorsque
temps en millisecondes la tension est positive et négatives lorsque la tension
Figure 19-19 est négative . La surface nette après un temps T s'ob-
Courbe EBA en fonction du temps . Voir exemple 19-7 et Fig . tient en soustrayant les surfaces négatives des surfaces
19-17 . positives .

INDUCTANCE 241

Supposons, par exemple, que la tension aux bornes Après t2, la tension devient négative et, par conséquent,
dune inductance suive la courbe de la Fig . 19-20 . la surface nette commence à diminuer. À l'instant t3,
Durant la période T, la surface A1 en dessous de la par exemple, la surface nette est égale à (A 1 + A2 - A3)
courbe est positive tandis que la surface A2 est néga- et le courant correspondant est :
tive . Il s'ensuit que A, la surface nette à la fin du temps
T_ est égale à (A1 -A2) volts-secondes . I= (A1 +A2 -A3)/L

À l'instant t4, la surface négative (A3 + A4) est égale à


la surface positive (A1 + A2) . Par conséquent, la sur-
face nette est nulle et le courant redevient nul, comme
il l'était à t = 0 . Après l'instant t4, le courant devient
négatif, c'est-à-dire qu'il change de sens (Fig . 19-21
et 19-22) .
Note importante : si le courant initial (t = 0) est IO au
lieu de zéro, il suffit d'ajouter Ip à chacune des valeurs
calculées selon la méthode des volts-secondes .

Figure 19-20
Courbe montrant la tension aux bornes d'une inductance
ipbobine) en fonction du temps .

Si le courant initial est zéro, sa valeur I au bout du


temps Test donnée par l'expression :

(19-10)
L

Figure 19-21
I = courant dans l'enroulement après un temps
Méthode des volts-secondes pour calculer le courant dans
T, en ampères [A] un enroulement .
A = surface nette en dessous de la courbe de ten-
sion pendant le temps T, en volts-secondes
[V .s]
L = inductance de l'enroulement, en henrys [H]
Considérons un enroulement ayant une inductance L
et une résistance négligeable . La tension à ses bornes I
varie selon la courbe de la Fig . 19-21 . Si le courant
initial est nul, sa valeur à l'instant t1 sera :
I=A 1 /L
À mesure que le temps s'écoule, la surface augmente
(-)
progressivement ; par conséquent, le courant continue
à croître. Il atteint sa valeur maximale à l'instant t2 car
Figure 19-22
c est à ce moment que la surface comprise sous la
Forme d'onde du courant dans l'enroulement .
courbe de tension cesse d'augmenter (Fig . 19-22) .


L`fL ELECTROTECHNIQUE

Exemple 19-8 donc 8 A + 4 A =12 A . Remarquer que la courbe du


La tension E aux bornes d'une bobine de 2 H suit la courant n'est pas une droite pendant cet intervalle, car
courbe donnée à la Fig . 19-23 . Sa résistance est né- la tension n'est pas constante .
gligeable . Déterminer la valeur du courant instan- Intervalle de 7 à 8 secondes : la tension change subi-
tané l dans le circuit, sachant que le courant initial tement de polarité, passant de 6 V à - 8 V, de sorte que
est nul . les 8 V •s compris dans cet intervalle se soustraient des
volts-secondes accumulés précédemment . La surface
Solution nette depuis le début est donc 24 V •s - 8 V •s = 16 V •s .
Intervalle de 0 à 3 secondes : pendant cet intervalle, Par conséquent, le courant à la fin de cet intervalle
la tension de 4 V aux bornes est constante . Donc, la (t = 8 s) est :
surface en volts-secondes augmente uniformément
et linéairement . Ainsi, après 1 seconde la surface I=16V •s /2H=8A .
est de 4 V •s , après 2 secondes elle est de 8 V •s , après Intervalle de 8 à 10 secondes :la tension est nulle aux
3 s, de 12 V •s . Le courant 1 est donné par la relation bornes de l'inductance . La surface nette demeure in-
I = AIL, où L = 2 H ; le courant prend donc les va- changée ; par conséquent, le courant ne change pas, mais
leurs respectives de 2 A, 4 A, etc ., pour atteindre reste à 8 A .
6 A après 3 secondes . Intervalle de 10 à 14 secondes :la tension est - 4 V et les
volts-secondes négatifs continuent à s'accumuler. À t
la tension baisse subitement
Intervalle de 3 à 5 secondes :
= 14 s, l'ensemble des surfaces négatives est égale à
à 2 V durant 2 s . La surface continue à augmenter mais
l'ensemble des surfaces positives, de sorte que le cou-
à un taux moins rapide, car la tension E est plus petite
rant redevient nul . Passé cet instant, le courant change
qu'auparavant . Lorsque t = 5 s, la surface totale en des-
de sens.
sous de la courbe depuis le début est de 16 V •s ; par
conséquent, le courant I = AIL = 16 V •s/2H = 8 A . Si le courant avait eu une valeur initiale, disons, de
+7 A, on devrait ajouter cette valeur à chacun des cou-
Intervalle de 5 à 7 secondes : pendant cette période la rants calculés ci-dessus . Pour obtenir la nouvelle courbe
tension augmente de 2 V à 6 V . La surface augmente de courant, il suffirait de décaler la courbe de la Fig .
de 4 carreaux, ce qui équivaut à 8 V -s, donc à une aug- 19-23 de 7 A vers le haut. Ainsi, le courant à t = 7 s
mentation de courant de 4 A . Le courant à t = 7 s est serait 12 + 7 = 19 A .

V, A
+12
10
I
8
6
4
2
8 10
0
4 6 \ 12 14' •s
2
temps
4
E
6
circuit circuit
8 de ' de
gauche droite
Figure 19-23 10
Voir exemple 19-8 . -12






INDUCTANCE 243

FORMULES POUR CALCUL D'INDUCTANCES 19 .12 Bobine toroïdale à noyau d'air


Une bobine toroïdale (Fig . 19-25) possède l'avantage
Le calcul de l'inductance pour certains enroulements de ne créer aucun flux à l'extérieur de ses spires . Lors-
et pour certaines formes de conducteurs est particuliè- que les spires sont réparties uniformément, la bobine
rement utile . Les formules données dans les exemples possède une inductance donnée par la formule :
qui suivent sont approximatives, mais suffisamment
précises pour les applications pratiques . ,~ 2
L = 0,314 N2 [~ - Ve ] (19-12)
19.11 Bobine à noyau de fer ayant un
entrefer où
L'inductance de ce type de bobine (Fig . 19-24) dépend • = inductance, en microhenrys [gH]
surtout des dimensions de l'entrefer, le noyau de fer ne • = nombre de spires
servant qu'à canaliser le flux . Pour un noyau de fer a = diamètre extérieur, en mètres [m]
très perméable, l'inductance est donnée par la formule : b = diamètre intérieur, en mètres [ml

Exemple 19-10
L = 1,25 NAIS (19-11)
Dans la Fig . 19-2 si N = 1000, 40 cm,
b = 30 cn1, on obtient :
• = inductance, en microhenrys [gH]
• = nombre de spires de la bobine • 0,314N ~'a -
A = surface de l'entrefer, en mètres carrés [m 2 ]
• 0,314 x 1000 [ti' 0 .4 -
S = longueur de l'entrefer, en mètres [m]
• 2254 uH = 2 .25 mH
Exemple 19-9
Dans la Fig . 19-24, si N = 1000 spires, A = 4 cnm x 19 .13 Bobine à noyau d'air
1,5 cmn, é = 1 mm, on obtient : Les bobines droites (Fig . 19-26) sont très répandues
dans les circuits à basses et à hautes fréquences . L'in-
1 1 x 1000- x 0,04 x 0,015 ductance de ces bobines est donnée par la formule :
S 0,00 I
= 750 000 p H = 0 .75 H 2
L _ 2,2 d N 2
(19-13)
d + 2,2 1

ou
• = inductance, en microhenrys [µH]
• = nombre de spires
• = diamètre moyen, en mètres [ml
l = longueur, en mètres [m]

Figure 19-24 Note : Si 1/d > 0,2, la précision de la formule est plus
petite que ± 3 % .

Exemple 19-11
Dans la Fig . 19-26, si N = 1000, d = 40 cm,
1 = 20 cm, on obtient :

X 0,4 - x 1000`
419 000 pH
0 .4 + 2 .2 x 0 . 2
• 0 .419 H
Figure 19-25






L t t LLLU I MU I I_C:IINIUUb

tance est donnée par la formule :

2'6 D
L = 0,92 l logo (19-15)
d
ou
Figure 19-26 • = inductance, en microhenrys [µH]
l = longueur des conducteurs, en mètres [m]
D = distance séparant les centres, en mètres [m]
19 .14 Rouleau de fil à noyau d'air • = diamètre des conducteurs, en mètres [m]
Bien que ce type de bobine (Fig . 19-27) soit peu uti-
Exemple 19-13
lisé, la formule suivante permet de déterminer l'induc-
Dans la Fig . 19-28, si 1 = 10 kni, 3 m,
tance approximative des bobines courtes ayant un grand
d = 25 mm, on a :
diamètre .
2 .6x3
2 = 0,92 x 10 000 x
L = 1,45 N D logo 1,4 D (19-14) 0.025
d
= 22 946 pH = 23 mH
ou
• = inductance, en microhenrys[11H]
• = nombre de spires
• = diamètre moyen, en mètres [m]
• = diamètre du faisceau de spires [m]

Exemple 19-12
Dans la Fig . 19- 7, = 1000, D = 40 cm,
d = 2,5 cn1, on a :
Figure 19-28
1,4 x 0,4
1,45 x 1000 x 0,4 lo
0,025
= 783 144 tH 0,78 H 19 .16 Deux barres omnibus parallèles
Tout comme deux conducteurs circulaires, deux bar-
res omnibus (Fig . 19-29) forment une spire dont l'in-
ductance est donnée par la formule :

4,48 D
L = 0,92 l log,, (19-16)
a+b
ou
• = inductance, en microhenrys [pH]
Figure 19-27 l = longueur des barres, en mètres [m]
D = distance entre les centres, en mètres [m]
a = largeur d'une barre, en mètres [m]
19.15 Deux conducteurs parallèles b = épaisseur d'une barre, en mètres [m]
Deux conducteurs longs et parallèles (Fig . 19-28) for-
Note : Cette formule donne une précision plus petite
ment une grande spire possédant une inductance ap-
que ± 2 % si :
préciable . Cette inductance joue un rôle important dans
les lignes de transport de l'énergie électrique . L'induc- D>(a+b)12 et l>60D

INDUCTANCE 245

Exemple 19-14
Dans la Fig . 19-29, si 1 = 12 m . = 8 cm,
a = 7 cm . b = 10 mm . on obtient :

4 .48 x 0 .08
= 0 .92 x 12 1o
0 .07 + 0 .01
= 7 .19 tH
Figure 19-30

19 .18 Résumé
Dans ce chapitre nous avons introduit deux nouvelles
grandeurs qui jouent un rôle fondamental dans tous les
circuits contenant des bobines : la self-inductance, plus
simplement appelée inductance, et l'inductance mu-
tuelle .
Lorsqu'un courant varie dans une bobine avec un taux
de changement AI/At, le changement de flux induit une
tension entre les bornes de cette même bobine . Cette
tension est fonction de l'inductance L de la bobine se-
lon la loi fondamentale E = LAI/At. L'unité SI de me-
sure de l'inductance est le henry (H) .
Figure 19-29 De la même façon, lorsqu'un courant varie dans une
bobine avec un taux de changement AI/At, le change-
ment de flux induit une tension E entre les bornes d'une
19 .17 Deux conducteurs concentriques
autre bobine voisine qui « accroche » les lignes de
Les conducteurs circulaires concentriques (Fig . 19-30)
force créées par la première . La tension induite dans la
sont utilisés pour le transport de l'énergie (câbles sou-
deuxième bobine est fonction de l'inductance mutuelle
terrains), de même que dans le domaine des communi-
M entre les deux bobines selon la loi fondamentale
cations (câbles coaxiaux) . Leur inductance est donnée
E = MAI/At . L'unité SI de mesure de l'inductance mu-
par la formule :
tuelle est également le henry .

1,28 D Nous avons vu que la loi de Lenz permet de détermi-


L = 0,46 1 logo (19-17) ner la polarité de la tension induite dans une bobine
d
lorsque le courant augmente ou diminue . Retenons que
ou lorsque le courant augmente, la borne par où pénètre
le courant est positive . Nous avons aussi donné une
L = inductance, en microhenrys [pH]
formule simple permettant de calculer l'énergie em-
l = longueur du conducteur, en mètres [m]
magasinée dans une bobine, connaissant le courant et
D = diamètre intérieur du conducteur extérieur,
l'inductance .
en mètres [m]
d = diamètre du conducteur intérieur [m] Lorsqu'une tension continue est appliquée à une bo-
bine d'inductance L en série avec une résistance R (qui
Exemple 19-14 peut être la résistance de la bobine elle-même), le cou-
Dans la Fig . 19-30, s 1 70 m, mm . rant augmente en fonction du temps selon une courbe
d= 0 .4 min, on obtient : exponentielle . Le temps requis pour atteindre un cou-
rant stable dépend de la constante de temps 's = UR .
1?8 x 0 .00
= 0 .46 x 70log Nous avons aussi introduit une autre grandeur, le demi-
0 .0004 temps T0 . Un tableau universel permet de tracer facile-
38,8 pH ment les courbes exponentielles . Enfin, plus générale-

L`t(b ELECTROTECHNIQUE

ment, lorsque la tension appliquée à une inductance b) Quelle était l'énergie dans le champ magnétique?
n'est pas continue mais varie de façon quelconque, on 19-11 L'inductance de lissage de la Fig . 19-3 pos-
peut tracer la forme de l'onde du courant en calculant sède une résistance de 4 mS2 et porte un courant con-
les volts-secondes compris sous la courbe de tension . tinu de 6000 A .
Enfin, nous avons vu que lors de l'ouverture d'un cir- a) Quelle est l'énergie emmagasinée dans le champ?
cuit contenant une bobine, le phénomène de self-in-
b) Quelle est la tension aux bornes?
duction peut générer des tensions élevées aux bornes
c) Quelle est la constante de temps de l'inductance?
de la bobine et produire des arcs aux bornes de l'inter-
rupteur. Nous avons présenté plusieurs méthodes pour 19-12 Dans la Fig . 19-12, le courant augmente gra-
supprimer les arcs . duellement de zéro jusqu'à 12 A .
a) Quelles sont les chutes de tension RI lorsque le cou-
PROBLÈMES - CHAPITRE 19 rant est de 1 A? 5 A? 10 A?
Niveau pratique b) Quelles sont les tensions induites lorsque le courant
est de 1 A, 5 A, 10 A?
19-1 Donner la définition de l'inductance mutuelle
c) Quelles sont les puissances dissipées par effet Joule
et celle du henry .
lorsque le courant est de 1 A? 5 A? 10 A?
19-2 Qu'est-ce que la self-inductance? d) Quelle puissance est fournie au champ magnétique
lorsque le courant est de 1 A? 5 A? 10 A?
19-3 Définir l'inductance d'une bobine.
19-13 Une des conséquences importantes de l' induc-
19-4 Quel est l'effet de la self-induction à l'ouver-
tance est qu'il est impossible de changer le courant
ture d'un circuit? à la fermeture d'un circuit?
instantanément dans une bobine . La bobine de la Fig .
19-5 Une tension de 40V est induite lorsque le cou- 19-17 possède une inductance de 2 H et une résistance
rant dans une bobine change de 5 A à 1 A en 0,4 s . de 20 £2 . La tension de la source est de 40 V et la résis-
Quelle est l'inductance de la bobine? tance extérieure Ro est de 100 S2 .
19-6 Une bobine a une résistance de 10 S2 et une in- a) Quelle est la tension maximale aux bornes AB au
ductance de 5 H . Si la bobine est raccordée à une source moment de l'ouverture de l'interrupteur?
à c .c . de 100 V, quelle est la valeur du courant initial? b) Quelle est la tension maximale induite dans la bo-
du courant final? bine?
19-7 Dans la Fig . 19-1, le voltmètre indique 10 V 19-14 Dans le problème 19-13, s'il faut limiter la
lorsque le courant l a augmente à un taux de 40 A/s . Si tension aux bornes AB à 600 V, quelle valeur de Ro
le courant diminue à un taux de 60 A/s, quelle sera la doit-on utiliser?
valeur de la tension enregistrée?
19-15 Une bobine semblable à celle de la Fig . 19-26
19-8 Donner deux méthodes permettant de limiter la possède une longueur de 100 cm et un diamètre moyen
surtension aux bornes d'une bobine . de 20 cm. Si elle contient 1200 spires, quelle est son
inductance?
Niveau intermédiaire
19-16 Dans la Fig . 19-1, le voltmètre indique une
19-9 L'inductance mutuelle entre deux bobines est
tension de 120 V lorsque le courant I a varie à un taux
de 5 H. Quelle est la valeur moyenne de la tension in-
de 2 kA/s . Si l'on intervertit la source et le voltmètre,
duite dans une bobine lorsque l'intensité du courant
quelle sera la lecture de l'instrument si le courant varie
dans l'autre décroît de 15 A à 5 A en 0,5 s?
à un taux de 500 A/s?
19-10 Une bobine ayant une inductance de 3 H est
19-17 On applique une tension de 12 V aux bornes
parcourue par un courant de 6 A .
d'une inductance de 2 H dont la résistance est négli-
a) Quelle est la valeur moyenne de la tension induite geable . Quel est le courant dans la bobine après 0,1 s?
quand ce courant est interrompu en 1/30e de se- après 8 s? après 1 min? après 1 h?
conde?


INDUCTANCE 247

19-18 Si la bobine du problème 19-17 possède une a) Tracer la tension aux bornes de l'inductance en fonc-
résistance de 0,35 S2, calculer la constante de temps 2 tion du temps .
de même que le demi-temps T0 . Tracer la courbe du b) Quelle est la tension à 25 s? à 45 s?
courant en fonction du temps . Quelle est la valeur du
courant après 0,1 s? après 8 s? après l min? après 1 h? 19-24 La Fig . 19-31 représente la tension aux bor-
nes d'une inductance de 0,5 H dont la résistance est
19-19 Une bobine enroulée sur un noyau de fer (Fig . négligeable . Le temps est donné en millisecondes et le
19-24) possède une inductance de 5 H . Si l'on réduit la courant initial est nul .
longueur de l'entrefer de moitié, quelle sera l'induc-
tance? Si l'on double le nombre de spires, quelle sera a) En faisant une estimation assez précise de la gran-
deur des surfaces, trouver la valeur du courant après
Yinductance?
10 ms et après 20 ms .
19-20 Un rouleau de fil (Fig . 19-27) de 600 spires b) Quel est le courant maximal si le courant initial est
possède une inductance de 90 mH . Si l'on enlève 60 de +8 A?
spires, quelle sera la nouvelle inductance?
19-25 Une tension ayant la forme donnée à la Fig . 7-
19-21 Deux conducteurs #1/0 (diamètre 8,26 mm) 21 est appliquée sur une inductance de 2,5 H dont la
ont une longueur de 40 km . Si la distance entre les résistance est négligeable .
conducteurs est de 0,5 m, quelle est l'inductance de la
a) Tracer le courant en fonction du temps si sa valeur
ligne?
initiale est nulle .
19-22 Dans le problème 19-21, quelle serait la nou- b) Quel est le courant après 4 s? 10 s? 7,2 s?
velle inductance si l'on doublait le diamètre du fil?
19-26 Dans le problème 19-25, tracer le courant en
19-23 Le courant dans une inductance de 2 H varie fonction du temps si la valeur initiale est de -20 A .
selon la courbe donnée à la Fig . 7-30 .

50

0
0 5 il 10 30
>- temps

50
1111, il mou

-100

Figure 19-31
Méthode des volts-secondes pour calculer le courant dans un enroulement .

L t0 bLb(.; I IiU I hUHNIUUt

Niveau avancé 19-30 Dans le problème 19-29, si le courant de 3 A


décroît à un taux de 10 kA/s, quelle est la tension aux
19-27 Dans la Fig . 19-1, le flux 0a est de 12 mWb
bornes de la bobine?
lorsque Ia = 6 A . D'autre part, on sait que 20 % du flux
19-31 a) Calculer les self-inductances de chaque bo-
oa est capté par la bobine B . Enfin, les bobines A et B
ont respectivement 200 et 2000 spires et leur résistance bine auxiliaire de la Fig . 13-25b.
est négligeable. Si le courant Ia augmente à un taux de b) Quelle est la self-inductance lorsque les deux bo-
2000 A/s, calculer : bines sont branchées en série et quelle est la constante
de temps? (Utiliser les données du tableau 13 .1 .)
a) la tension de la source Ea
b) la tension lue par le voltmètre 19-32 a) Calculer la self-inductance de chaque bo-
c) l'inductance de self de la bobine A bine principale de la Fig . 13-25b.
d) l'inductance mutuelle b) Si les deux bobines sont branchées en parallèle, cal-
19-28 La ligne du problème 19-21 est alimentée par culer la self-inductance de l'ensemble, de même que
une source de 70,7 kV (c .c.) et la charge est composée la constante de temps .
d'une résistance de 675 S2 .
19-33 En prenant comme référence la Fig . 19-26,
a) Si la résistance de chaque conducteur est de prouver qu'une bobine de N spires, dont la longueur 1
0,4 S2/km, calculer la constante de temps du cir- est beaucoup plus grande que le diamètre d, possède
cuit composé de la ligne et de la charge? une inductance L = d2N2/l microhenrys .
b) Quels sont le courant dans la ligne et la tension aux 19-34 Calculer l'inductance de la bobine illustrée à
bornes de la charge 160 gs après fermeture de l'in- la Fig . 14-3, en négligeant l'épaisseur du fil .
terrupteur?
c) Quelle est la tension induite dans la ligne à cet ins-
tant?
19-29 La bobine d'un relais possède une résistance
de 10 £2 et une inductance de 2 mH. Calculer la ten-
sion aux bornes lorsque la bobine porte un courant de
3 A qui croît à un taux de 10 kA/s .

249

MICHAEL FARADAY

Michael Faraday (1791-1867) né en Angleterre, fut un des plus grands expérimentateurs qui ait jamais
vécu . Son intérêt pour la chimie et la physique l'a conduit à des découvertes fondamentales dans ces
deux domaines, dont la plus notable fut le principe de l'induction électromagnétique (gracieuseté de
Burndy Library) .

JOSEPH HENRY HEINRICH LENZ

Joseph Henry (1797-1878), éminent scientifique américain . Heinrich Friedrich Emil Lenz (1804-1865), physicien russe .
Il a découvert, indépendamment de Faraday, le phénomène Il a montré, en 1834, que le courant induit dans un circuit
de l'induction électromagnétique . Il fut le premier à avoir l'idée tend à s'opposer au changement de flux qui a donné
de recouvrir les fils de cuivre d'un vernis isolant, ce qui lui naissance à ce courant (gracieuseté de Burndy Library) .
permit de construire des bobines à plusieurs spires et, par
suite, des électro-aimants extrêmement puissants . Ses
expériences sur l'induction l'ont conduit à développer la
communication par télégraphie . C'est en 1893 que l'on adopta
en son honneur le Henry comme unité d'inductance
(gracieuseté de Burndy Library) .
20
Phénomènes
électrostatiques

Nous avons tous eu la désagréable sensation de pren- par la charge positive équivalente située sur les noyaux
dre un choc en touchant une poignée de porte ou un fixes des atomes .
autre objet métallique après avoir marché sur un tapis . Les électrons sont «libres» en ce sens qu'ils ne sont
Ce choc correspond à une décharge électrique momen- pas attachés à un atome en particulier, mais sont tous
tanée entre le corps humain et l'objet touché . Ce phé- prisonniers à l'intérieur du morceau de métal et ne peu-
nomène s'explique par cette science qu'on appelle élec- vent lui échapper malgré leur grande vitesse . Les pa-
trostatique . L'électrostatique est l'étude des charges rois du métal constituent des «murs» qui empêchent
positives et négatives qui sont prisonnières à un en- les électrons de sortir .
droit ou sur un objet quelconque .
Par ailleurs, si un électron venant de l'extérieur touche
20 .1 Le coulomb - unité de quantité le morceau métallique, il est aussitôt capté par celui-
d'électricité ci, devenant à son tour prisonnier à l'intérieur des
La plus petite quantité d'électricité ou charge électrique «murs» .
connue est celle portée par un électron. Cependant, elle 20 .3 Transfert de charges et d .d .p .
est si infime qu'on préfère utiliser le coulomb, unité SI
Considérons deux corps métalliques parfaitement iso-
de quantité d'électricité correspondant à la charge de
lés l'un de l'autre et initialement neutres (Fig . 20-1) .
6,2 x 10 18 électrons. Le coulomb (symbole C) est la
L'isolant qui les sépare peut être de l'air, un isolant
quantité d'électricité transportée en 1 seconde par un
liquide ou solide, ou le vide .
courant de 1 ampère .
Admettons que, par un moyen quelconque, on soit ca-
20 .2 Électrons libres dans un métal pable d'enlever des électrons libres du corps A et de
On a vu au chapitre 2 qu'une quantité inouïe d'élec- les déposer sur le corps B . Il en résulte un manque
trons libres fourmille à l'intérieur d'un conducteur . On d'électrons sur le corps A, ce qui lui donne une charge
estime que dans la plupart des métaux leur nombre positive, alors que le surplus d'électrons accumulés sur
correspond à environ 10 10 coulombs par mètre cube . le corps B lui donne une charge négative . Cette diffé-
Une mince plaque de cuivre ayant une surface de 1 cm 2 rence de charge électrique entre les deux corps donne
et une épaisseur de 1 mm contient donc une charge de naissance à une différence de potentiel (abréviation
1000 coulombs d'électrons libres . Ces électrons se d .d .p .) . Si l'on raccorde un voltmètre entre les deux
déplacent au hasard à une vitesse moyenne d'environ corps, on constate bien qu'une tension électrique existe
1000 km/s . Cette charge négative mobile est annulée entre eux (Fig . 20-1) .
250

PHÉNOMÈNES ÉLECTROSTATIQUES 251


W = énergie électrostatique, en joules [J]
Q = charge transportée, en coulombs [C]
E = tension entre les deux corps, en volts [V]
Il est utile d'imaginer que l'espace séparant les deux
corps chargés est rempli d'un champ électrique . L' éner-
gie électrostatique est emmagasinée dans ce champ
électrique de la même façon que l'énergie magnétique
Figure 20-1 est conservée dans le champ magnétique d'un entrefer .
Le transport d'une charge électrique d'un corps à un autre
produit une différence de potentiel que l'on peut mesurer au
moyen d'un voltmètre .

Plus on transfère d'électrons du bloc A au bloc B, plus


cette tension augmente . Des expériences ont démontré
que la tension entre deux corps est proportionnelle au
nombre d'électrons transférés, ou encore au nombre
de coulombs transférés . La différence de potentiel dé-
pend aussi des dimensions et de la forme des corps, de 1 mm - H iF1 cm -H I-- 1 mm
la distance qui les sépare et de la nature du milieu iso-
Figure 20-2a
lant . Chaque plaque métallique contient des électrons libres dont
'Même s'il y a un grand nombre d'électrons libres à la charge totale équivaut à 1000 coulombs .
l'intérieur d'un corps métallique, il suffit d'en trans-
porter une fraction infime pour produire des tensions
très élevées . Par exemple, si l'on transfère seulement
1 nanocoulomb entre deux plaques ayant une superfi-
cie de 1 cm 2 et séparées par une épaisseur d'air de 1 cen-
timètre, il en résulte une différence de potentiel d'envi-
ron 10 000 volts (Fig . 20-2a et 20-2b) .

20 .4 Forces et énergie électrostatiques


Le fait de transporter une charge électrique d'un corps
à un autre non seulement produit une différence de po-
tentiel, mais crée aussi des forces, une transformation Figure 20-2b
de l'énergie mécanique en énergie électrostatique et Si l'on transporte seulement 10-9 coulombs de la plaque A à
un champ électrique . Ainsi, lorsqu'on transporte un la plaque B, il en résulte un d .d .p . de 10 kV.
électron d'un corps positif à un corps négatif, il faut
exercer une force car l'électron est à la fois repoussé
par le corps négatif et attiré par le corps positif . On 20 .5 Décharge des corps
doit donc dépenser de l'énergie pour transporter une Si l'on réunit les deux corps de la Fig . 20-1 par un fil
charge d'un corps à un autre . conducteur, les électrons en surplus sur le corps néga-
Qu'arrive-t-il de cette énergie? Elle est emmagasinée tif s'enfuient vers le corps positif, provoquant un cou-
dans le diélectrique (isolant) séparant les deux corps rant intense dans le fil pendant un instant seulement.
sous forme d'énergie électrostatique . Sa valeur est don- La même chose se produit si on réunit les deux pla-
née par l'expression : ques de la Fig . 20-2b.
Au moment du contact une étincelle jaillit et provoque
W=1QE (20-1) un dégagement de chaleur. Cette chaleur dissipée pro-
2 vient de l'énergie électrostatique emmagasinée qui di-
LJL bLEUIHOIEUHNIUUE

minue rapidement jusqu'à zéro pendant la décharge . 20 .7 Augmentation de la tension


Dès que les charges sont équilibrées, le courant cesse L'augmentation de la distance entre deux corps char-
et le champ électrique disparaît . gés est accompagnée d'une croissance de la tension
entre les corps . Ce phénomène surprenant s'explique
20 .6 Conversion de l'énergie mécanique en
énergie électrostatique d'après la formule (20-1) ; en effet, puisque la charge
Q demeure la même, l'énergie électrostatique ne peut
Les deux corps de la Fig . 20-3a portent des charges
augmenter que si la tension entre les deux corps aug-
opposées de sorte qu'ils s'attirent avec une certaine
mente à mesure qu'on les éloigne .
force . Il s'ensuit que pour les éloigner, il faut dépenser
un travail mécanique que l'on peut exprimer en new- L'augmentation de la tension est particulièrement re-
ton-mètres . Qu'arrive-t-il de cette énergie mécanique? marquable lorsque l'on sépare deux plaques initale-
ment très rapprochées comme celles montrées à la Fig .
Elle sert à augmenter l'énergie électrostatique emma-
20-4a. Si l'on augmente la distance de 0,01 mm à 1 mm,
gasinée entre les deux corps . L'énergie électrostatique
la tension initiale de 10 V augmente d'environ 100 fois,
est donc plus grande dans la Fig . 20-3b que dans la
atteignant une valeur de 1000 V après la séparation
Fig . 20-3a, la différence étant exactement égale au tra-
(Fig . 20-4b) . Cette augmentation de la tension avec la
vail mécanique effectué en séparant les corps . Tout
distance servira à expliquer plusieurs phénomènes élec-
comme l'énergie mécanique est convertie directement
trostatiques .
en énergie magnétique quand on éloigne les pôles d'un
aimant (section 15 .11), l'énergie mécanique est con-
vertie directement en énergie électrostatique lorsqu'on
augmente la distance entre deux corps chargés .
0 0

champ électrostatique
énergie emmagasinée = W i

(a)

~I E 0,01 mm -1mml<-

(a) (b)

Figure 20-4
champ électrostatique a. Les plaques sont très rapprochées et la tension entre elles
énergie emmagasinée = W 2 est seulement de 10 V.
b . En augmentant la distance à 1 mm, la tension monte à
1000 V.

20 .8 Transfert de charges par contact


mécanique
En pratique, tous les matériaux, les isolants aussi bien
que les conducteurs, possèdent une quantité plus ou
(b)
moins grande d'électrons libres . Théoriquement, si l'on
pouvait les saisir, on pourrait enlever ces électrons d'un
Figure 20-3
Conversion d'énergie mécanique en énergie électrostatique :
corps et les déposer sur un autre, comme on vient de
a . De l'énergie est emmagasinée dans le champ électro- l'imaginer. Il existe cependant deux méthodes plus pra-
statique . tiques pour effectuer le transfert : le transfert par sim-
b . En séparant les corps, le travail mécanique se transforme ple contact mécanique et le transfert à l'aide d'une
directement en énergie électrostatique . source de tension .

PHÉNOMÈNES ÉLECTROSTATIQUES 253

Lorsque deux matériaux différents, mais électriquement Lorsque deux matériaux différents se touchent, le trans-
neutres, se touchent, il se produit en général un trans- fert d'électrons produit, au maximum, une différence
fert d'électrons de l'un à l'autre . Le nombre d'élec- de potentiel de quelques volts . Cependant, lorsque les
lorons transférés dépend des matériaux, quelques-uns deux matériaux sont séparés, la tension augmente de
étant plus susceptibles d'effectuer un échange important plusieurs milliers de fois, de sorte que l'on peut obser-
que d'autres . ver des étincelles dans certains cas . C'est à ce phéno-
Ainsi, lorsqu'un morceau de soie vient en contact avec mène qu'on attribue les décharges électrostatiques
créées par des courroies en contact avec des poulies
un morceau de verre, ce dernier devient positif, ayant
métalliques, par le passage d'un peigne dans les che-
cédé quelques électrons au morceau de soie (Fig . 20-
veux, etc .
5) . Le frottement n'est pas nécessaire pour que ce trans-
fert d'électrons se produise, le simple contact suffit ; 20 .9 Transfert de charges à l'aide d'une
mais comme le frottement produit un contact plus in- source de tension
time, il facilite le transfert des charges . La méthode la plus simple pour transférer des élec-
trons d'un corps à un autre consiste à relier deux pla-
ques métalliques à une batterie de piles (Fig . 20-6a) .
Des électrons sont aussitôt enlevés de la plaque reliée
à la borne (+) de la batterie et déposés sur la plaque
reliée à la borne (-), de sorte que la tension entre les

Figure 20-5
Un transfert de charge se produit en frottant le verre avec un
morceau de soie ; la soie accapare des électrons alors que le
verre en perd .

Le même phénomène se produit quand on marche sur


un tapis par temps sec . Le contact répété entre la se- Figure 20-6a
Transfert d'une charge électrique au moyen d'un
melle du soulier et la surface du tapis produit un trans- accumulateur.
fert de charges qui augmente à chaque pas, de sorte
que le corps humain devient très positif par rapport à
ses environs . Cette charge accumulée est suivie d'une
décharge violente lorsqu'on touche une poignée de
porte .
Le transfert d'électrons peut se faire lorsque des con-
ducteurs ou des isolants se touchent . Ainsi, le contact
momentané entre les cristaux de glace et les gouttes
d'eau en suspension dans un nuage produit une sépa-
ration des charges qui donne éventuellement naissance
à des éclairs . Le contact du blé ou de la farine avec le
tuyau métallique qui les transporte peut également pro-
Figure 20-6b
duire des transferts de charges importants, ce qui peut La tension entre les plaques est égale à celle de
parfois provoquer une décharge électrique dangereuse . l'accumulateur.

LD`t ELECTROTECHNIQUE

plaques augmente rapidement. Dès que cette tension isolant


atteint la tension E de la source, le courant cesse .
On peut alors débrancher la batterie, et la tension E
subsistera indéfiniment entre les deux plaques (Fig .
20-6b) .
De la même façon, on peut transporter des charges entre
électrons
deux corps isolants (Fig . 20-7a et 20-7b) . Cependant,
li'
les électrons ainsi transférés tendent à être soutirés
autour de la région X et déposés autour de la région Y.
En effet, ils ne sont pas libres de se répandre dans le
corps isolant tout entier comme ils peuvent le faire dans 100 V
le cas d'un conducteur . Un voltmètre raccordé aux ré-
gions X(+) et Y(-) indique une tension, alors qu'il n'in- Figure 20-7a
dique rien s'il est raccordé en dehors de ces régions . Transfert d'une charge électrique entre deux isolants .
En d'autres termes, les charges déposées sur un isolant
tendent à demeurer en place .

20 .10 Distribution des charges sur deux


sphères conductrices
Considérons deux sphères métalliques A et B assez
rapprochées, entre lesquelles on a transporté une cer-
taine charge de sorte que A soit positive et B négative
(Fig . 20-8a) .
Les électrons en surplus sur la sphère B se repoussent
mutuellement et tendent à se répartir uniformément sur
toute sa surface . Cependant, comme ils sont attirés par
la charge positive de la sphère A, la concentration des
électrons est plus grande sur le côté (1) en regard de la
sphère A . Figure 20-7b
De même, cette concentration d'électrons sur la sphère Les charges sur un isolant tendent à demeurer en place .
B repousse les électrons libres de la sphère A de sorte
que ces derniers sont obligés de se distribuer sur la
face opposée (3) . Il s'ensuit que la charge positive est
moins concentrée sur la face (3) que sur la face (2).
La charge positive sur A et la charge négative sur B ne
sont donc pas réparties de façon uniforme . Cependant,
la différence de potentiel entre deux points quelcon-
ques de la même sphère est rigoureusement nulle . En
effet, comme il s'agit d'un conducteur, s'il existait la (3)
moindre différence de potentiel entre deux points quel-
conques de la sphère, les électrons se déplaceraient
aussitôt pour l'annuler . Plus généralement, tous les
points d'un corps conducteur sont donc au même po-
tentiel peu importe la distribution des charges .
Il s'ensuit que la tension entre un point de la sphère A
et un point quelconque de la sphère B reste la même .
Figure 20-8a
Le voltmètre V t lira donc la même tension que le volt- Distribution non uniforme des charges sur deux sphères
mètre V 2. conductrices voisines .

PHÉNOMÈNES ÉLECTROSTATIQUES 2 .55

Si maintenant on éloigne les sphères d'une grande dis- entourant un champ magnétique qui varie . Dans
tance afin que leurs charges respectives ne s'influen- ce cas, le champ électrique forme des boucles
cent plus, les charges se répartiront uniformément fermées (section 18 .6) .
autour des surfaces A et B (Fig . 20-8b) . Évidemment, La direction des lignes est indiquée par une flè-
le fait de déplacer les sphères augmente la tension en- che .
tre elles, mais ne change pas les charges positives et 2 . Les lignes de champ électriques sont semblables
négatives qu'elles portent . à des fils élastiques tendus entre lesquels existe
une force de répulsion .
3 . Les lignes ne se croisent jamais .
4 . Les lignes tendent à suivre le chemin le plus court
ou le plus facile .
grande 5 . Les lignes s'orientent toujours perpendiculaire-
distance ment à la surface d'un corps conducteur .
6 . Des lignes réunissent toujours deux points entre
lesquels existe une différence de potentiel .
20 .12 Spectres électriques
La Fig . 20-9 montre le spectre du champ électrique
pour quelques corps métalliques de formes diffé-
rentes . On a supposé que tous les corps portent le
Figure 20-8b
En éloignant les sphères, les charges se répartissent
même nombre (sept) de charges, ce qui donne ainsi
uniformément autour de leur surface . le même nombre de lignes pour chaque cas .
On observe que dans certaines régions entre les
corps, les lignes sont plus concentrées ; à ces en-
20 .11 Champ et lignes de force électriques droits, la force s'exerçant sur un électron (ou sur
On avait déjà mentionné à la section 20 .4 qu'il est utile une charge quelconque) sera plus forte . Pour une
d'imaginer que l'espace séparant deux corps chargés charge positive, la force agit toujours dans le sens
renferme un champ électrique . Tout comme le champ de la flèche. Par exemple, si l'on place une petite
magnétique est composé de lignes de force magné- charge positive proche du point A (Fig . 20-9d), elle
tiques, ce champ électrique est composé de lignes de suivra la ligne ABC pour aboutir sur le conducteur
force électriques . Ces lignes n'existent pas en réalité (-) . La force est intense aux points A et C mais fai-
mais elles aident à comprendre les phénomènes élec- ble au point B où les lignes sont moins concentrées .
trostatiques ; de plus elles permettent de déterminer les De la même façon, la force est plus grande près de
spectres du champ électrique . Il suffit d'appliquer les la pointe de la tige (Fig . 20-9e) que près de la pla-
règles suivantes : que .
1 . Les lignes partent toujours d'une charge positive On dit alors que le champ électrique* est fort aux
et aboutissent sur une charge négative de même endroits où la force s'exerçant sur une charge libre
valeur . La grandeur de cette charge est arbitraire, est grande . Dans le SI, le champ électrique s'ex-
mais pour un spectre donné, chacune des lignes prime en volts par mètre (V/m) . Par exemple, deux
doit réunir des charges de même valeur . À la li- plaques planes ayant une différence de potentiel de
mite, on peut imaginer que chaque ligne aboutit 1000 V et séparées d'une distance de 0,01 m créent
sur un électron . Contrairement aux lignes de entre elles un champ électrique de 1000 V/0,01 m =
force magnétiques, les lignes de force électriques 100 000 V/m .
ne forment pas des boucles fermées mais elles
" Le terme «champ électrique» possède deux significations:
réunissent des charges identiques de signes con- (1) région entourant un corps chargé et emmagasinant de
traires . Il existe toutefois une importante excep- l'énergie et (2) quantité précise E dont l'unité est le volt par
tion à cette règle : il s'agit du champ électrique mètre .

L36 ELECTROTECHNIQUE

(a) plaques parallèles de même forme (b) plaques parallèles de formes différentes

(c) 2 sphères (d) 2 conducteurs parallèles

(e) tige pointue et plaque (f) câble coaxial

Figure 20-9
Divers spectres du champ électrique entre deux corps chargés .

La force s'exerçant sur une particule chargée placée 20.13 Ionisation - applications et
dans un champ électrique est donnée par l'expression : inconvénients
Si un gaz est traversé par un champ électrique suffi-
(20-2) samment intense, la force agissant sur les électrons li-
F = qE
bres peut les accélérer pour déclencher l'ionisation du
ou gaz . On a déjà vu ce phénomène lors de l'étude des
F = force sur la particule, en newtons [N] isolants (section 9 .12) ; on sait que l'air s'ionise et de-
q = charge de la particule, en coulombs [C] vient conducteur lorsque l'intensité du champ élec-
E = champ électrique, en volts par mètre [V/m] trique atteint 3 kV/mm (ou 3 MV/m) .
Ce phénomène d'ionisation trouve des applications
C'est par simple coïncidence que le symbole E utilisé
importantes comme dans la précipitation électrostatique
pour une tension (volts) désigne aussi un champ élec-
de la poussière, le dépôt électrostatique de la peinture
trique (volts par mètre) .
et la reproduction par xérographie . Ces procédés de-


PHÉNOMÈNES ÉLECTROSTATIQUES 257

mandent une ionisation contrôlée qu'on peut réaliser


en donnant une forme appropriée aux électrodes sous
tension .
Supposons, par exemple, qu'on augmente la tension
graduellement entre deux plaques métalliques paral-
lèles . L'intensité du champ électrique entre les plaques
étant uniforme (Fig . 20-9a), lorsqu'elle atteint la va-
leur critique de 3 kV/mm l'air s'ionise partout et il se
produit un arc qui court-circuite les plaques .
Par contre, si l'on applique une tension croissante en- Figure 20-11
A mesure que l'on augmente la tension entre les deux
tre un cylindre métallique et un conducteur central (Fig . électrodes, la région ionisée augmente .
20-9f), le champ électrique E est plus élevé près du
conducteur central que près du cylindre . À la surface,
ces champs sont dans le rapport des rayons respectifs
leurs électrons parasites pour redevenir des molécules
R1 et R2 (Fig . 20-10) . On peut donc écrire :
neutres .
Econduc teur R2 La précipitation électrostatique utilise ce principe pour
(20-3)
R1 purifier les fumées d'usines et empêcher ainsi des mil-
Ecylindre
lions de tonnes de poussière de se répandre dans l'at-
Si ce rapport est de 10, l'ionisation débute autour du mosphère . Le système est composé d'un fil conduc-
conducteur central dès que le champ électrique atteint teur raccordé à une source de haute tension, entouré
3 kV/mm, alors qu'il n'est que de 300 V/mm près du d'un cylindre métallique, ce dernier servant à la fois
cylindre . À mesure que la tension croît, l'épaisseur de de cheminée pour les gaz poussiéreux et d'électrode
la région ionisée autour du conducteur central aug- (Fig . 20-12) .

100 kV

cylindre

Figure 20-10 poussière


Cylindre métallique ayant un rayon intérieur R2 et conduc-
teur coaxial ayant un rayon R 1 .

Figure 20-12
Épuration de la fumée .
mente, sans toutefois provoquer un arc entre les deux
électrodes (Fig . 20-11) . Si le conducteur central est
négatif par rapport au cylindre, il crée un flot d'élec- Les ions négatifs mentionnés précédemment s'attachent
trons libres dans la région ionisée . Ceux-ci s'attachent aux particules de poussière . La force électrostatique
aussitôt aux molécules d'air pour les transformer en les amène vers le cylindre où elles perdent leur charge
ions négatifs . Par milliards, ces ions progressent lente- et, devenant des particules neutres, tombent dans des
ment vers le cylindre positif où ils se débarrassent de récipients appropriés (Fig . 20-13) .

ZM ELECTROTECHNIQUE


Ed tension continue appliquée entre le conduc-
teur et le cylindre [V]
E = champ électrique à la surface du conducteur
central [V/m]
conducteur H .T. porte d'accès RI = rayon extérieur du conducteur central [m]
isolateurs de R2 = rayon intérieur du cylindre [m]
support H .T.
charpente 2,3 = une constante

Exemple 20-1
titi conducteur n° 21 est situé au centre d'un cylin-
dre ayant un rayon intérieur de 2 cm . Calculer la
tension qu'on doit appliquer entre le conducteur et
le cylindre, afin que l'air s'ionise autour du conduc-
teur.
électrodes collectrices
jreliees a la terre) Solution
(a)
Un champ électrique E de 3 MV/m = 3 x 106 V/m
provoquera l'ionisation de l'air . Le conducteur n° 21
possède un diamètre de 0,72 mm, soit un rayon de
0,00036 m. On obtient donc :

R2
Ed = 2,3 ER 1 logo
R1
0,02
= 2,3 x 3 x 106 x 0,00036 log
0,00036
= 4334 V
Le phénomène d'ionisation a parfois ses inconvénients .
Par exemple, le champ électrique intense qui règne
autour des conducteurs d'une ligne à haute tension pro-
duit une ionisation qu'on appelle effet couronne . Le
soir, on peut parfois observer la lueur qui s'en dégage .
(b) L'effet couronne provoque des pertes le long des li-
Figure 20-13 gnes de transport mais son effet le plus néfaste est l'in-
a . Vue en coupe d'un précipitateur industriel (gracieuseté de terférence qu'il crée dans les postes de radio et de télé-
Research-Cottrell) . vision . La décharge incessante produit de l'énergie ra-
b . Ce précipitateur purifie la fumée dégagée par une centrale
diante qui tend à brouiller la réception . Afin de réduire
thermique de génération d'électricité . Il élimine des dizaines
de tonnes de poussière par heure (gracieuseté de Research- l'effet couronne, il faut grossir les conducteurs à me-
Cottrel! . sure que la tension augmente . Par exemple, pour une
ligne fonctionnant à 500 kV, les conducteurs doivent
Il existe une relation entre le champ électrique à la sur- avoir un diamètre d'au moins 60 mm .
face du conducteur central et la tension appliquée en- Lorsque la tension est supérieure à 300 kV, on utilise
tre le conducteur et le cylindre . Elle est donnée par souvent des conducteurs en faisceaux de 2, 3 ou 4 sous-
l'équation : conducteurs . Cette construction donne l'équivalent d'un
conducteur ayant un diamètre beaucoup plus grand que
R2 celui des sous-conducteurs . Par exemple, sur les lignes
Ed = 2,3 E R, 1og 1 , (20-4)
à 735 kV reliant Montréal à Churchill Falls, on utilise
R,
un faisceau de 4 sous-conducteurs disposés sur un carré

PHÉNOMÈNES ÉLECTROSTATIQUES 259

de 457 mm (Fig . 20-14a et 20-14h) . Du point de vue


de l'effet couronne, cet arrangement équivaut à un con-
ducteur rond ayant un diamètre de 441 mm .

20.14 Phénomènes atmosphériques


Par un procédé qui n'est pas entièrement compris, il se
produit à l'intérieur de certains nuages une séparation
des charges positives et négatives, les charges positi-
ves allant vers le haut du nuage alors que les charges
négatives restent en bas (Fig . 20-15) .
Il s'établit des lignes de champ électriques à l'intérieur
du nuage entre les charges (+) et (-) . Cependant, la
charge négative proche de la surface de la terre chasse
les électrons libres de celle-ci, de sorte que la région T
située en dessous du nuage prend une charge (+) par
influence. Par conséquent, des lignes de champ et une
d.d .p . s'établissent entre le bas du nuage et la surface
de la terre .
D'autres lignes de champ réunissent les électrons chas-
sés de la région T aux charges positives situées au som-
met du nuage, créant à quelques kilomètres du nuage
un champ électrique de sens opposé à celui qui règne
Figure 20-14a juste en dessous .
Ligne triphasée à 735 kV traversant la rivière Saguenay .
Chacune des trois phases est composée de 4 conducteurs À mesure que le transfert de charges se poursuit à l'in-
en parallèle lesquels sont retenus en place par des térieur du nuage, le champ électrique en dessous de-
séparateurs métalliques . Le faisceau de 4 conducteurs forme vient très fort, pouvant atteindre à certains points la
un conducteur dont le diamètre effectif est de 441 mm
valeur critique d'ionisation de 3 MV/m. Ce phénomène,
(gacieuseté de Hydro-Québec) .
qui se produit au-dessus des clochers d'église et des
grands arbres, etc ., dégage parfois une lumière bleuâ-
tre . Les marins qui autrefois observaient le phénomène
457 mm autour des mâts de leur bateau l'appelaient le feu Saint-
Elme .

7 brins d'acier (2,5 mm) Lorsque le champ devient assez intense, un éclair jail-
42 brins d'aluminium (4,6 mm) lit entre le nuage et la terre . La décharge d'un éclair est
accompagnée d'un transfert d'électricité de 0,2 à 20
coulombs sous une tension de plusieurs centaines de
millions de volts . Le courant atteint sa valeur crête en
457 mm 1 à 2 microsecondes et décroît à la moitié de sa valeur
crête en 50 microsecondes environ . Ce que l'on ob-
serve comme un seul éclair est souvent composé de
plusieurs éclairs qui se succèdent rapidement . La dé-
charge totale peut ainsi durer jusqu'à 200 ms . Parfois
cette décharge a lieu à l'intérieur du nuage plutôt qu'en-
tre le bas du nuage et le sol . Enfin, plusieurs éclairs se
produisent aussi entre les nuages .
Figure 20-14b
Le coup de tonnerre est produit par l'onde de choc su-
Détail du faisceau de 4 conducteurs . En grossissant le
diamètre effectif de chaque phase, on réduit les pertes par personique créée par l'expansion ultra-rapide de l'air
effet couronne . De plus, cela réduit l'inductance des lignes . qui entoure l'éclair intensément chaud .

LOU tLtUIHUILUhNIUUt

Figure 20-15
Champ électrique créé par un nuage lors d'un orage électrique .

20.15 Paratonnerres
frappe un objet situé dans le voisinage . Dans ces cir-
Les paratonnerres sont simplement des tiges de métal constances, la ligne se charge par influence, ce qui pro-
qui dépassent la partie la plus haute d'une structure, duit encore une surtension locale importante mais
afin de canaliser la foudre vers le sol par l'entremise moins élevée que dans le cas d'un coup direct . Cette
d'un fil conducteur. On réussit de cette manière à em-
charge, d'abord concentrée, se divise en deux (Fig . 20-
pêcher que le courant intense suive un chemin aléa- 16) pour former deux ondes qui filent en sens opposés,
toire dans la structure, ce qui pourrait provoquer un à une vitesse voisine de celle de la lumière (300 m/gs) .
incendie ou présenter un danger pour les occupants .
À tout instant, la hauteur de l'onde à chaque point de
Un paratonnerre n'est pas sans danger ; pendant une la ligne représente la tension qui existe entre la ligne et
décharge il peut créer des hautes tensions près du sol, la terre . La tension crête correspondant au sommet de
et on doit se garder d'être proche du fil conducteur l'onde peut atteindre 1 ou 2 millions de volts . Le front
pendant les orages . ab de l'onde s'étend sur une distance de 300 m alors
20 .16 Chocs de foudre sur les lignes de que la queue bc s'allonge sur quelques dizaines de ki-
transport lomètres .
Lorsque la foudre frappe directement une ligne de trans- L'onde représente aussi, à chaque point, la valeur du
port, elle dépose sur celle-ci une charge électrique im- courant dans la ligne . Pour la plupart des lignes aé-
portante de sorte qu'une énorme surtension apparaît riennes, le rapport entre la tension et le courant corres-
immédiatement entre la ligne et la terre . La rigidité pond à une résistance de 400 £2 environ ; une tension
diélectrique de l'air se trouve alors dépassée, un arc de momentanée et locale de 800 000 V est donc accom-
décharge s'établit et la ligne se décharge à la terre . Le pagnée d'un courant momentané et local de 800 000/
tout se passe en moins de 50 µs . 400 = 2000 A .
L' arc déclenché par la foudre produit un éclair et crée À mesure que l'onde se propage sur la ligne, les im-
une région ionisée entre la ligne et la terre . Cette ré- portantes pertes par effet Joule et par effet couronne
gion se comporte comme un court-circuit . La tension aplatissent la forme de l'onde et diminuent sa tension
alternative du réseau fournit alors un courant de court- crête.
circuit qui maintient l'arc jusqu'à l'ouverture des dis- Lorsque l'onde rencontre un isolateur sur un pylône .
joncteurs en bout de ligne . Les disjoncteurs les plus l'isolateur subit un choc de tension violent mais de
rapides ouvrent le circuit en 1/l5e de seconde, soit un courte durée . En effet, la tension peut monter de sa
temps 1000 fois plus long que la durée de l'éclair qui a valeur normale à quelques centaines de kilovolts en
touché la ligne . 1 µs, ce qui correspond à la longueur du front ab de
Il est assez rare qu'une ligne soit frappée directement ; l'onde. Si l'isolateur est incapable de résister à cette
il arrive plus souvent que la foudre frappe le fil de garde surtension, il se produit un arc et, comme dans le cas
qui est placé au-dessus de la ligne ou, encore, qu'il d'un coup direct, les disjoncteurs doivent ouvrir le cir-

PHENOMENES ELECTROSTATIQUES Lb I

300 m

Figure 20-16
Ondes de tension de choc se propageant sur une ligne de transport . Londe de gauche atteindra le poste de transformation
en quelques microsecondes .

cuit . Si, par contre, l'isolateur supporte la surtension, entre un de ses enroulements et la terre . À mesure que
1 - onde se propage plus loin pour aboutir finalement à l'on augmente la tension, on atteindra un point où l'iso-
un poste de transformation . C'est là que son arrivée lation claquera, disons à une tension crête de 65 kV .
foudroyante» peut produire des ravages . Par contre, si on lui applique une tension continue de
La surtension sur les transformateurs, les compensa- courte durée (de l'ordre de quelques microsecondes),
teurs, etc ., peut endommager leurs enroulements et les on s'aperçoit que l'isolation peut tolérer une tension
mettre hors service . Elle peut également endommager crête presque deux fois plus élevée, soit environ 130 kV .
les disjoncteurs, sectionneurs, isolateurs, relais, etc ., Les essais ont démontré que les isolateurs, sectionneurs,
faisant partie du poste . Pour cette raison, il faut pré- interrupteurs, compensateurs, disjoncteurs, etc ., se
voir des parafoudres à l'entrée d'un poste de transfor- comportent essentiellement de la même façon .
mation pour réduire le niveau de la surtension avant Étant donné que les ondes de chocs dues à la foudre
que l'onde de choc n'atteigne l'appareillage critique . sont toujours de courte durée, on a établi des normes
Les parafoudres sont conçus pour écrêter la surtension concernant ce genre de surtension. En effet, tout appa-
afin qu'elle n'excède pas une valeur prédéterminée, di- reil électrique doit pouvoir résister à une onde de choc
sons 400 kV. L'équipement lourd à l'intérieur du poste ayant une forme et une valeur crête appropriées . À cette
est conçu pour supporter une tension impulsionnelle fin, les organismes de normalisation ont établi une onde
nettement supérieure à 400 kV, disons 550 kV . Par con- de tension de choc standard présentée à la Fig . 20-17 .
séquent, si une onde de surtension de 1000 kV arrive Cette onde de foudre atteint sa valeur crête en 1,2 µs et
au poste de transformation, le parafoudre absorbe une décroît à la moitié de cette valeur en 50 µs . Pour cette
bonne partie de l'énergie qu'elle contient . L'onde qui raison, l'onde est habituellement désignée par l'appel-
se propage au-delà du parafoudre n'aura alors qu'une lation « 1,2 X 50» .
valeur crête de 400 kV . Comme l'équipement lourd peut
supporter 550 kV, il ne sera pas endommagé .
tension crête
20 .17 Tension de tenue aux ondes de choc,
BIL*
Les recherches ont démontré que les matériaux iso-
lants peuvent supporter des tensions particulièrement
élevées si elles sont de courte durée . Par exemple, sup-
posons que l'on désire tester la qualité de l'isolation
d'un transformateur en appliquant une tension de 60 Hz
Figure 20-17
BIL: abréviation anglaise pour «basic impulse insulation Forme d'onde standard et valeurs normalisées de la tension
level» . de choc .


26 2 ÉLECTROTECHNIQUE

La tension crête peut prendre une série de valeurs nor- est composé de lignes de force partant des charges po-
malisées comprises entre 30 kV et 2400 kV ; quelques- sitives (+) et aboutissant sur des charges négatives (-) .
unes sont affichées au tableau 20-1 . Ainsi, tout appa- Ce champ électrique contient une énergie électrostati-
reil qui peut résister à une onde de choc de 900 kV est que qui dépend de la tension entre les deux corps et de
dit posséder une tension de tenue au choc (ou BIL) de la charge transférée.
900 kV. Une particule chargée placée dans un champ électri-
La tension de choc est plusieurs fois plus élevée que la que subira une force qui l'oblige à se déplacer le long
tension nominale de l'appareil . Par exemple, un trans- des lignes de force du champ . Ce phénomène peut être
formateur de distribution de 69 kV doit pouvoir résis- mis à profit dans plusieurs appareils (dépoussiérage,
ter à une tension de choc de 350 kV . Cependant, il n'y peinture, . . .) . Il peut aussi provoquer l'ionisation d'un
a pas de rapport fixe entre la tension de choc et la ten- gaz isolant comme l'air lorsqu'il est traversé par un
sion nominale . Notons qu'à mesure que la tension de champ électrique intense . Le phénomène d'ionisation
choc augmente, on doit augmenter la quantité d'isola- provoque les éclairs pendant les orages .
tion, ce qui augmente la grosseur et le coût de l'appa- L'ionisation cause des pertes par effet couronne le long
reil . des lignes de transport . Lorsque la foudre frappe une
Les parafoudres et les tiges de décharge protégeant les ligne, la charge importante déposée sur la ligne peut
appareils électriques doivent écrêter toute tension su- développer des surtensions dangereuses pour les équi-
périeure à leur tension de tenue au choc . Ainsi, un trans- pements du réseau . La forme d'onde de tension carac-
formateur ayant un BIL de 900 kV doit être protégé téristique des ondes de choc dues à la foudre a été nor-
par des parafoudres qui écrêtent la tension à une va- malisée . De plus, l'isolation des équipements doit être
leur sensiblement inférieure à 900 kV . conçue pour supporter un certain «BIL » correspon-
dant à la tension crête de l'onde de choc normalisée .
Les parafoudres permettent de protéger les équipements
TABLEAU 20-1 ONDES DE CHOC des postes en limitant les surtensions à une valeur in-
Quelques valeurs normalisées férieure à leur BIL .
de la tension crête, en kilovolts (BIL)

30 250 750 1300 PROBLÈMES - CHAPITRE 20


90 350 825 1425 Niveau pratique
110 450 900 1550
20-1 Est-ce que l'énergie dans un champ électrique
150 550 1050
réside sur les corps chargés ou dans l'espace qui les
200 650 1175 sépare?
20-2 Donner deux méthodes permettant de transpor-
ter une charge électrique entre deux corps .
20 .18 Résumé
Ce chapitre nous a fait découvrir plusieurs phénomè- 20-3 Peut-on transporter des charges entre deux corps
nes de l'électrostatique gouvernant le comportement métalliques? entre deux corps en plastique?
des corps chargés . 20-4 Expliquer le principe du précipitateur électro-
Lorsque des charges sont transférées d'un corps à un statique .
autre, il s'établit entre ces deux corps une différence
20-5 Que veut dire tension de tenue au choc?
de potentiel, ou tension électrique. L'unité SI de charge
électrique est le coulomb (C) . Niveau intermédiaire
De la même façon qu'un conducteur parcouru par un 20-6 Après avoir transporté une charge de 1 µC en-
courant est entouré d'un champ magnétique, deux corps tre les corps de la Fig . 20-1, on constate que la tension
chargés d'électricité de signes contraires créent un entre eux est de 50 kV.
champ électrique . Le spectre de ce champ électrique
a) Quelle est l'énergie dans le champ électrique?

PHÉNOMÈNES ÉLECTROSTATIQUES 26 3

b) Si, en court-circuitant les corps, la décharge se fait 20-13 a) Tracer la forme d'onde d'une onde de choc
en 1 Rs, calculer la puissance moyenne dissipée . normalisée ayant une tension crête de 1300 kV .
c) Quelle est l'énergie dissipée en (b)? b) Quelle est la tension après 1,2 Rs? après 50 Rs?
20-7 Lorsqu'on branche la pile sur les deux corps de 20-14 Dans la Fig . 20-15, la charge terrestre située
la Fig . 20-6, on constate qu'il s'effectue un transfert immédiatement au-dessous du nuage est de 40 cou-
de 1012 électrons . Calculer l'énergie dans le champ élec- lombs . Sachant que la tension entre le bas du nuage et
trique . le sol est de 100 MV, calculer l'énergie contenue dans
20-8 Dans la Fig . 20-3a, on constate qu'après avoir le champ, en kW.h .
effectué un transfert de 20 RC, la tension entre les deux 20-15 Une onde de choc ayant la forme indiquée à
corps est de 8 kV. Lorsqu'on éloigne les deux corps la Fig . 20-17 et possédant une valeur crête de 90 kV se
l'un de l'autre (Fig . 20-3b), on constate que la tension propage sur une ligne de transport ayant une résistance
augmente à 12 kV. Calculer: caractéristique de 400 S2 . Calculer :
a) l'énergie emmagasinée dans le champ électrique a) la longueur du front de l'onde de choc
avant et après avoir éloigné les deux corps b) la longueur de la queue de l'onde de choc entre
b) le travail mécanique exercé lors de la séparation des 100 % et 50 % de la tension crête
corps
c) le courant maximal dans la ligne
20-9 Dans la Fig . 20-9a, chaque ligne de force abou-
20-16 Calculer la masse d'un grain de poussière
tit sur une charge de 4 RC .
sphérique ayant un diamètre de 8 Rm, sachant que sa
a) Calculer la tension entre les plaques sachant que masse volumique est de 3000 kg/m 3 . Calculer la force
l'énergie totale dans le champ est de 4 mJ . exercée par la gravité sur la poussière (en newtons) .
b) Si l'on augmente la distance entre les plaques, le 20-17 Le grain de poussière du problème 20-16 porte
nombre de lignes change-t-il? une charge de 800 électrons et se trouve dans un champ
20-10 La tension entre les plaques de la Fig . 20-9a électrique de 2,4 kV/mm .
est de 2 kV. a) Calculer la force électrostatique (en newtons) agis-
a) Calculer la valeur du champ électrique, sachant que sant sur la poussière ;
la distance séparant les plaques est de 2 mm . b) De combien de fois cette force excède-t-elle la force
b) Une particule de poussière portant une charge néga- due à la gravité?
tive de 3 pC (picocoulombs) se trouve entre les deux 20-18 En se référant à la Fig . 20-10, on donne :
plaques . Quelle est la force agissant sur la particule? R I = 4 mm, R 2 = 6 mm, tension entre le conducteur
Dans quel sens agit-elle? central et le cylindre métallique = 2400 V. Calculer:
20-11 En touchant une poignée de porte, une per- a) la valeur moyenne du champ électrique (V/m)
sonne fait jaillir un arc ayant une longueur de 1 cm . À entre le conducteur et le cylindre
quelle tension la personne était-elle chargée par rap-
b) le champ électrique à la surface du conducteur
port au sol? Pourquoi ce choc n'est-il pas mortel?
c) le champ électrique à la surface intérieure du cy-
Niveau avancé lindre
20-12 Dans la Fig . 20-9e, le champ électrique près d) Est-ce que l'air est ionisé près du conducteur?
de la tige est de 2 kV/mm alors qu'il est de 500 V/mm e) Quelle tension minimale doit-on appliquer entre le
près de la plaque. Calculer la force agissant sur un élec- cylindre et le conducteur central pour que l'air s'io-
tron qui se trouve : nise à la surface du conducteur?
a) près de la tige b) près de la plaque
21
Capacitance

On a vu au chapitre 20 que lorsqu'on transfère une La relation donnant la capacitance* est exprimée par
charge électrique d'un corps à un autre, une différence la formule :
de potentiel ou tension s'établit entre eux . De plus, la
charge positive de l'un des corps est exactement égale
à la charge négative de l'autre . C = Q (21-1)
E
Les expériences ont démontré que lorsque les corps
demeurent fixes l'un par rapport à l'autre, la tension où
est proportionnelle à la quantité d'électricité transfé- C = capacitance des deux corps, en farads [F]
rée . On peut donc écrire l'équation : Q = charge d'électricité sur chaque corps, en cou-
lombs [C]
quantité d'électricité transférée E = tension entre les deux corps, en volts 1 V]
= rapport constant
tension entre les corps Le farad est une unité beaucoup trop grande pour
l'usage courant ; on emploie le plus souvent le micro-
Ce rapport constant est appelé capacitance (symbole
farad (gF) ou le picofarad (pF), valant respectivement
C) . L'ensemble des deux corps et l'isolant qui les sé-
10-6 F et 10-12 F.
pare constitue un condensateur .

21 .1 Unité de capacitance - le farad


L'unité SI de capacitance est le farad (symbole F) . Le Plusieurs manuels français emploient le terme «capacité»
farad est la capacitance d'un condensateur électrique au lieu de «capacitance», ce dernier étant plutôt employé
dans les manuels américains . Cependant, nous utiliserons
entre les armatures duquel apparaît une différence de le terme capacitance pour caractériser l'effet capacitif, afin
potentiel de 1 volt lorsqu'il est chargé d'une quantité d'éviter toute confusion avec la capacité (puissance) des
d'électricité égale à 1 coulomb . appareils électriques .
264


CAPACITANCE 265

Exemple 21-1 plaques métalliques


La différence de potentiel entre deux plaques ayant
une capacitance de 100 microfarads est de 200 volts .
Combien de coulombs d'électricité ont été transfé-
rés'?

Solution
D'après la formule 21-1, on trouve :

Q = CE
100
x 200 = 0,02 C isolant
1 000 000 Figure 21-1
Deux corps conducteurs séparés par un isolant forment un
21 .2 Formes de condensateurs condensateur.
Le condensateur le plus simple est composé de deux
plaques métalliques séparées par un isolant ou diélec-
Exemple 21-2
trique (Fig. 21-1) . Le diélectrique peut être de l'air, du
mica, du verre, du papier, etc ., ou même le vide . La Deux plaques de 200 mm x 300 mm sont distantes
capacitance d'un tel condensateur dépend de trois fac- de 1 cm dans l'air (F -2) .
teurs : a) Calculer la capacitance en microfarads
1 . la surface des plaques ; h) Que devient la capacitance si la distance est ré-
2 . la distance entre les plaques ; duite à I min? (E= 1 pour l'air)
3 . la nature du diélectrique séparant les plaques . Solution
La valeur de la capacitance de deux plaques séparées a) D'après la formule (21-2),
par un isolant est donnée par la formule :
C = 8,854 x 10 -12 E A
A d
12 E
C = 8,854 x 10 (21-2)
soit
d

où x 1 x 0,2 x 0,3
C= 8,85 x 10 12
C = capacitance, en farads [F] 0,01
e = constante diélectrique de l'isolant [un nom- = 53,1 x 10 12 F
bre sans dimensions]
= 53,1 pF
A = surface des plaques en regard, en mètres car-
rés [m2] = 0,000 0531 gF
d = distance séparant les plaques, en mètres [m]
1 cm
8,854 x 10-12 = permittivité du vide, une constante . 200 mm x 300 mm

On peut donc doubler la capacitance d'un condensa-


teur soit:
1 . en doublant la surface de ses plaques ou
1 en réduisant de moitié la distance qui les sépare .
Noter que cette formule ne s'applique que si la dis-
tance d est petite par rapport aux dimensions des pla-
ques .
Figure 21-2
Voir exemple 21-2 .

266 ÉLECTROTECHNIQUE

b) Lorsque la distance est réduite à 1 mm, la capaci- 21 .3 Constante diélectrique


tance augmente de dix fois et elle devient 531 pF . Nous avons vu que la capacitance d'un condensateur
L' exemple précédent montre clairement qu'une grande ne dépend pas seulement de sa forme ou de ses dimen-
surface de plaques et un faible écartement sont néces- sions, mais aussi de la nature du diélectrique qui sé-
saires pour obtenir une capacitance de quelques micro- pare ses plaques . Si l'on intercale un isolant tel que le
farads . verre, le papier ou le mica entre les plaques d'un con-
densateur, sa capacitance devient plus grande que si
Il est bon de noter que deux corps séparés par un iso-
l'isolant est de l'air.
lant constituent toujours un condensateur . Ainsi, les
conducteurs d'une ligne de distribution forment un La constante diélectrique e d'un isolant est le rapport
condensateur dont les «plaques» sont très longues, très entre la capacitance d'un condensateur construit avec
fines et sont séparées par une distance considérable . cet isolant et la capacitance qu'il aurait si cet isolant
Un seul fil suspendu au-dessus du sol et isolé de ce était remplacé par le vide .
dernier forme également un condensateur, une des pla- La constante diélectrique est donc une propriété de
ques étant constituée par le fil même, et l'autre, par la l'isolant même. Ainsi, la présence du papier qui a une
terre . De la même façon, une personne se tenant de-
constante diélectrique de l'ordre de 2,5 augmenterait
bout sur une plateforme isolée produit avec la terre un de deux fois et demie la capacitance d'un condensa-
condensateur dont la capacitance est de l'ordre de 200 teur auparavant isolé à l'air. Le tableau 21-1 donne les
picofarads (Fig. 21-3) . valeurs approximatives de la constante diélectrique e
On trouvera aux sections 21 .19 à 21 .21 les formules de quelques isolants usuels, ainsi que leur rigidité
donnant la capacitance de paires de conducteurs de diélectrique . Une liste plus complète est fournie au ta-
formes diverses . bleau A-2, en appendice .

TABLEAU 21-1 PROPRIÉTÉS DES ISOLANTS


isolant constante rigidité
diélectrique diélectrique
E kV/mm

le vide 1 infinité
air 1 3
papier 2,5 6
mylar 3 400
huile isolante 2,2 10
caoutchouc 4 12 à 20
mica 7 40 à 240
verre 6 100
eau pure 80

21 .4 Tension de service, capacitance et


dimensions d'un condensateur

Figure 21-3 On a vu qu'il est possible d'augmenter la capacitance


Une personne forme, avec la terre, un condensateur . La d'un condensateur en réduisant l'épaisseur de l'isolant
personne constitue une des plaques, la plate-forme de bois qui sépare ses plaques . Cependant, si l'isolant est trop
et l'air sont les isolants, et la terre et les objets qui y sont
mince, il y a danger de claquage sous l'effet du champ
raccordés constituent la deuxième plaque . Le schéma montre
que la capacitance totale est composée de plusieurs petites électrique intense qui règne entre les plaques . Dans ce
capacitances en parallèle . cas, un arc perce l'isolant et rend le condensateur inu-

CAPACITANCE 267

tilisable . La rigidité diélectrique de l'isolant est donc


une autre caractéristique importante du diélectrique
tvoir section 9 .11) .
Un condensateur qui doit fonctionner sous une tension
de 1000 V doit donc posséder entre ses plaques un dié-
lectrique plus épais que celui d'un condensateur fonc-
tionnant sous 20 V seulement . Donc, pour une Figure 21-5
0 I
Condensateurs raccordés en série .
capacitance donnée, la surface des plaques d'un con-
densateur à tension élevée doit être plus grande que
celle d'un condensateur à basse tension . Il s'ensuit
Exemple 21-3
qu'un condensateur de 40 tF, 600 V doit nécessaire-
Deux condensateurs de 4 uF et de 12 uF ,,ont hran-
ment être plus gros qu'un autre de 40 µF, 50 V .
chés en Série sur une source à c .c . de 601) V Il i
21 .5 Condensateurs en parallèle et en série 21-6) . Calculer :
Lorsque deux ou plusieurs condensateurs sont bran- a) la capacitance totale équivalente
chés en parallèle (Fig . 21-4), la capacitance équiva- b) la charge sur les plaques
lente C de l'ensemble est égale à la somme des capa-
e) la tension aux bornes de chaque condensateur
citances individuelles, soit :

C=C1 + C2 + C3 + . . .+C„ (21-3)

Lorsque deux ou plusieurs condensateurs sont bran-


chés en série, la capacitance équivalente C de l'ensem-
ble est donnée par l'expression :

(21-4a)
C C1 C2 C3 C,

De cette formule, on déduit que la capacitance équiva-


lente C de deux condensateurs en série (Fig. 21-5) ayant
Figure 21-6
des capacitances CI et C2 est donnée par :
Voir exemple 21-3 .

C 1 C2
C= (21-4b)
Solution
C 1 + C2
a) La capacitance équivalente est :
On doit retenir que lorsque les condensateurs sont rac- = 4x12
CI C2
cordés en série, la charge électrique sur les plaques est C = = 3 NF
la même pour chacun d'eux . De plus, elle est égale à la C I +C2 4+12
charge du condensateur équivalent C . b) La charge électrique Q, accumulée sur les plaques
du condensateur équivalent de 3 µF est donnée par la
A
c formule (21-1) :
Q = CE = 3 x 10 -6 x 600 = 0,0018 C
c) Puisque les condensateurs de 4 gF et de 12 µF sont
en série, ils portent la même charge, soit 0,0018 C . La
tension aux bornes du condensateur de 4 l .tF vaut :
o
B
_ 0,0018
Figure 21-4 El = Q x 106 = 450 V
Condensateurs raccordés en parallèle . C, 4


268 ÉLECTROTECHNIQUE

La tension aux bornes du condensateur de 12 tF vaut : 21 .7 Condensateurs au papier, au plastique


et à l'huile
E2 = Q = 0,0018 x
10 6 = 150 V Les condensateurs industriels sont formés par des min-
C2 12
ces feuilles de métal (telles que l'aluminium) séparées
On vérifie immédiatement que la somme de ces deux par une fine couche de papier ou une feuille de plasti-
que synthétique . Les feuilles sont enroulées ensemble
tensions donne bien 450 + 150 = 600 V .
et forment un rouleau cylindrique qui est placé dans
La répartition inégale de la tension totale entre les deux
une enveloppe protectrice ou dans un boîtier. Les deux
condensateurs peut avoir des conséquences fâcheuses .
feuilles métalliques sont raccordées à ces bornes exté-
Ainsi, s'ils sont construits pour supporter une tension rieures (Fig . 21-7) .
de 300 volts, l'isolant du condensateur de 4 pF cla-
quera sous la tension de 450 volts . Les plaques de ce Les condensateurs destinés à supporter des tensions
condensateur seront aussitôt court-circuitées et la pleine élevées sont imprégnés d'huile . La plupart de ces con-
tension de 600 volts sera appliquée au condensateur densateurs sont installés sur les réseaux à courant al-
de 1211F, ce qui entraînera également sa destruction. ternatif; nous étudierons leurs propriétés à la section
21 .18 .
21 .6 Énergie dans un condensateur
Il est facile de se rendre compte de l'énergie emmaga-
sinée dans un condensateur chargé, car lorsqu'on le
court-circuite, il se produit une forte étincelle . L'éner-
gie emmagasinée est de l'énergie électrique (ou élec-
trostatique) conservée dans le champ électrique entre
les plaques ; elle est restituée lors de la décharge . Un
condensateur peut donc agir comme charge ou comme
source .
L'énergie emmagasinée dans un condensateur est don-
née par l'équation :

W= 1 CE 2 (21-5)
2 Figure 21-7
Construction d'un condensateur conventionnel . Même si la
où superficie des plaques est très grande, l'encombrement est
énormément réduit lorsque le tout est enroulé en forme de
W = énergie, en joules [J] cylindre .
C = capacitance, en farads [F]
E = tension aux bornes, en volts [V]
21 .8 Condensateurs au plastique métallisé
Ainsi, un condensateur de 300 gF chargé sous une ten- Il est impossible de réaliser des feuilles de papier dont
sion de 400 V emmagasine une quantité d'énergie égale l'épaisseur est inférieure à 6 µm . Cependant, on peut,
à: avec des plastiques et des laques appropriés, obtenir
W = 1/2CE2 = 1/2 x 300 x 10-6 x 4002 = 24 J des rubans dont l'épaisseur ne dépasse pas 1 µm. On
recouvre ces rubans diélectriques extrêmement min-
Les meilleurs condensateurs industriels à courant con-
ces avec une couche métallique encore plus mince dont
tinu emmagasinent environ 40 J/kg (énergie massique)
l'épaisseur est de l'ordre de 0,02 à 0,1 µm seulement .
ou 80 J/dm 3 (énergie volumique) . À titre de comparai-
À titre de comparaison, mentionnons que le diamètre
son, une batterie d'automobile emmagasine environ
d'un cheveu est de 50 pm environ .
80 kJ/kg ou 250 kJ/dm 3 , soit une énergie massique 2000
fois plus grande que pour un condensateur . Ces techniques permettent de réduire le volume d'un
condensateur de 6 fois pour une même capacitance ;

CAPACITANCE 269

c'est un avantage important lorsqu'il s'agit de cons- Les condensateurs ainsi formés ont une très grande
truire des appareils de faibles dimensions . capacitance par rapport à leur grosseur. Cependant, ils
possèdent un inconvénient : lorsqu'on applique une ten-
21 .9 Condensateurs électrolytiques sion, il faut s'assurer que la plaque portant l'oxyde
Les condensateurs électrolytiques représentent un ef- d'aluminium soit positive (+) . Si l'on permute les po-
fort ultime pour réduire l'épaisseur du diélectrique et larités, il se produit une réaction électrochimique :
augmenter la surface des plaques . Les spécialistes en l'électrolyte s'échauffe, des gaz sont libérés, la pres-
électrochimie ont découvert qu'il était possible de créer sion interne monte et le condensateur risque d'explo-
une mince couche d'oxyde d'aluminium sur une feuille ser. Les condensateurs électrolytiques sont donc pola-
d'aluminium en la passant dans un bain approprié en risés et on ne peut pas les utiliser en courant alternatif .
présence d'un courant électrique . La couche ainsi dé- Les bornes (+) et (-) sont indiquées sur le boîtier.
posée est extrêmement mince, mais sa propriété la plus
La température ambiante doit être de l'ordre de 25 °C
importante est qu'elle constitue un isolant possédant
ou moins et la température du condensateur ne doit
une rigidité diélectrique de l'ordre de 600 kV/mm et
pas dépasser 40 °C car autrement sa durée de vie se
une constante diélectrique de 10 . En rongeant la sur-
trouve abrégée . Si ces conditions sont respectées, un
face des feuilles d'aluminium on peut augmenter leur
condensateur électrolytique peut atteindre une durée
surface effective bien au-delà des dimensions apparen-
de vie de 10 ans .
tes .
Lorsqu'on raccorde un condensateur électrolytique à
Le diélectrique (oxyde d'aluminium) est en contact in-
une source de tension continue, et même après qu'il
time avec la plaque sur laquelle il a été formé ; il reste à
soit complètement chargé, un courant subsiste pendant
établir un bon contact avec une deuxième plaque . On
un temps appréciable . Ce courant, appelé courant de
le réalise en imprégnant un papier poreux d'un liquide
fuite, diminue avec le temps pour atteindre une valeur
conducteur (électrolyte) que l'on intercale entre le dié-
de régime permanent après une période de 15 à 30
lectrique et une deuxième plaque en aluminium (Fig .
minutes . Ainsi, un condensateur de 1000 µF fonction-
21-8) .

50 mm

0-11

plaque plaque (+)


ô 35 mm
U)
in a~

1 2 31

300 µ F
(1) plaques 170 mm
300 V
d'aluminium gravées
300 p F
(2) papier imprégné 300 V 130 mm
d'un électrolyte c .c .

(3) couche anodisée


(Al2 03 )

électrolytique au papier

(a) plaques et isolant vus en coupe . (b) comparaison entre les tailles d'un condensateur
électrolytique et d'un condensateur au papier de
même tension et même capacitance .
Figure 21-8
Construction d'un condensateur électrolytique .

270 ÉLECTROTECHNIQUE

nant sous 350 V peut tirer un courant de fuite initial de bornes du condensateur se maintient à 128 V, même
100 mA qui se stabilisera aux environs de 10 mA . Cela s'il n'est plus relié à la source .
représente des pertes Joule permanentes de 350 V x
Durant la charge d'un condensateur à travers une ré-
0,01 A = 3,5 W, qui font chauffer le condensateur .
sistance, la tension aux bornes du condensateur suit
21 .10 Condensateurs électrolytiques à une courbe exponentielle identique à celle décrivant la
courant alternatif croissance du courant dans une bobine à travers une
On peut réaliser un condensateur électrolytique à cou- résistance (tableau 19-1 du chapitre 19) .
rant alternatif (c .a .) en raccordant deux condensateurs
21 .12 Décharge d'un condensateur
électrolytiques à courant continu (c .c .) en série et en
prenant soin de relier soit les deux bornes (+), soit les Lorsque notre condensateur initialement chargé sous
deux bornes (-) ensemble . La capacitance ainsi for- une tension de 128 V est raccordé à une résistance R .
mée vaut la moitié de la capacitance de l'un des con- la tension fait circuler un courant . Ce courant résulte
densateurs . Les condensateurs à c .a . fabriqués selon de l'écoulement des électrons de la plaque négative du
ce principe sont donc deux fois plus gros que ceux de condensateur vers la plaque positive (Fig . 21-12) . À
même capacitance fonctionnant à courant continu seu- mesure que les électrons quittent la plaque d pour s'ac-
lement . Ces condensateurs sont utilisés pour les mo- cumuler sur la plaque c, la tension aux bornes du con-
teurs monophasés à démarrage par condensateur .
La Fig. 21-9 montre les spécifications de plusieurs ty-
pes de condensateurs .

21 .11 Charge d'un condensateur


On a vu, à la section 20 .9, qu'il est possible de charger
un condensateur, c'est-à-dire de transférer des électrons
d'une plaque à l'autre, en le reliant aux bornes d'une
source à courant continu .
Dans le schéma de la Fig . 21-1Oa, la source développe
une tension de 128 V et la borne b est négative par
rapport à la borne a . Il y a donc un surplus d'électrons
sur la borne b . Le nombre d'électrons étant le même
sur les deux plaques du condensateur, la tension entre
ses bornes c et d est nulle.
Figure 21-9
Lorsqu'on ferme l'interrupteur (Fig . 21-1Ob), les élec- Dimensions relatives de six types de condensateurs .
trons de la borne b sont chassés vers la plaque d par (a) Condensateur monophasé au papier imprégné d'huile -
répulsion mutuelle. De plus, la charge positive de la 100 kvar, 14 400V, 60 Hz, 1,3 µF (pour lignes haute-tension) .
borne a attire les électrons de la plaque c . Des élec- Dimensions : 460 mm x 340 mm x 115 mm .
trons sont donc retirés de la plaque c et déposés sur la (b) Condensateur triphasé au papier imprégné d'huile -
plaque d et, à mesure que ce transfert s'effectue, la 50 kvar, 600 V, 60 Hz, 55 µF (pour corriger le facteur de
puissance) . Dimensions : 530 mm x 340 mm x 130 mm .
tension aux bornes du condensateur croît . Dans le cas
(c) Condensateur électrolytique - 0,5 F, 6 V c .c . (pour filtrer
de ce montage, l'augmentation de la tension est assez la tension des redresseurs électroniques) . Dimensions :
lente car le courant (taux de charge) est limité par la 76 mm x 230 mm .
présence de la haute résistance série de 1 MS2 . (d) Condensateur électrolytique - 300 µF, 160 V c .a . (pour
démarrer les moteurs monophasés à c .a .) . Dimensions :
Dès que le nombre d'électrons transférés devient tel
110mmx60mm .
que la tension aux bornes du condensateur atteint celle
(e) Condensateur au papier - 40 µF, 440 V c .a . (pour moteur
de la source (128 V), le déplacement des électrons monophasé à condensateur permanent) . Dimensions :
cesse. Le condensateur est alors chargé complètement . 140 mm x 115 mm x 75 mm .
Si on ouvre l'interrupteur (Fig . 21-1 Oc), les électrons (f) Condensateur au mylar - 5 µF, 30 kV (pour alimenter des
éclateurs à haute puissance) . Dimensions : 610 mm x
restent prisonniers sur la plaque d, et la tension aux 360 mm x 180 mm .

CAPACITANCE 271

inductif, on définit une constante de temps 2 pour un


circuit capacitif, donnée par l'expression :

't=RC (21-6)
ou
z = constante de temps du circuit [s]
R = résistance du circuit [S2]
C = capacitance du circuit [F]
(a)
Ainsi, un circuit comme celui de la Fig . 21-10 formé
d'un condensateur de 10 tF et d'une résistance de
1 MS2 possède une constante de temps 'r de :
'r=RC= 1 MS2x 10µF=10s
A
0 0 On associe également à la constante de temps, un demi-
d temps T0 donné par l'équation 19-9, soit :
Ta=0,7 r=0,7x10=7s
En utilisant le demi-temps T0, on peut tracer la tension
en fonction du temps lors de la charge ou la décharge
(b) d'un condensateur.

21 .14 Courbes de charge et de décharge


La courbe de la Fig . 21-11 représente la tension en fonc-
tion du temps aux bornes du condensateur de 10 pF se
chargeant à travers la résistance de 1 MS2 sous une ten-
sion de 128 V. La courbe a été obtenue d'après la courbe

(c)

Figure 21-10
a. La source de 128 V servira à charger le condensateur ;
b . Condensateur en voie d'être chargé ;
c- La tension subsiste aux bornes du condensateur . De V
rénergie est emmagasinée dans le champ électrique entre 128
"" 120 V 124 V
les plaques .
112 V
96
densateur diminue . Elle atteint finalement une valeur Edc
nulle lorsque la charge sur les deux plaques devient 64
nulle .
Durant la décharge d'un condensateur dans une résis- 32
tance, la tension à ses bornes suit une courbe exponen- 2 To 3 Tp 4 To 5 To 6 To
tielle décroissante .
7 14 21 28 35 42 s
21 .13 Constante de temps
temps
Le temps requis pour charger ou décharger un conden-
Figure 21-11
sateur dépend des valeurs de la résistance R et de la Courbe de charge d'un condensateur. La tension aux bornes
capacitance C . Tout comme dans le cas d'un circuit augmente de façon exponentielle .



272 ÉLECTROTECHNIQUE

universelle du tableau 19-1, sachant que Q, = 0 V,


TABLEAU 21-3
Q 2 = 128 V, Q d = Q2 - Q i = 128V etTO =7 s . Les
valeurs successives de la tension sont indiquées au ta- nTo temps valeur de E dC
bleau 21-2. On peut considérer que le condensateur
0 0 128
est pratiquement chargé après 6 T0 (98 % de la charge To 40 128 - 128 (1/2) = 64 V
complète) . 2To 80 128 - 128 (3/4) = 33 V
3T0 120 128 - 128 (7/8) = 16 V
TABLEAU 21-2 4T0 160 128 - 128 (15/16) = 8 V
nTo temps valeur de E dC 5T0 200 128 - 128 (31/32) = 4 V
6T0 240 128 - 128 (63/64) = 2 V
0 0 0
To 7 0+128(1/2) =64V
Cette courbe de la tension en fonction du temps a en-
2To 14 0+128(3/4) = 96 V
core été obtenue en se servant de la courbe universelle
3To 21 0+128(7/8) = 112V
présentée au tableau 19-1 . Dans ce cas, Q I = 128 V,
4To 28 0 + 128(15/16) = 120 V
5To 35 0 + 128(31/32) = 124 V Q2 = 0 V et Qd = Q2 - QI = - 128 V. Les valeurs suc-
6To 42 0 + 128(63/64) = 126 V cessives de la tension sont indiquées au tableau 21-3 .

21 .15 Loi fondamentale pour un


La courbe de la Fig . 21-12 représente la tension en fonc- condensateur
tion du temps aux bornes du condensateur de 10 pF
Quand la tension appliquée à un condensateur est fixe,
chargé initialement à 128 V et se déchargeant à travers
il n'y a aucune circulation d'électrons d'une plaque à
une résistance de 1 MS2 . Dans ce circuit, To vaut en-
l'autre et, par conséquent, aucun courant électrique .
core 7 secondes . On constate que la tension n'atteint
jamais une valeur nulle mais, en pratique, elle devient Cependant, si la tension de la source augmente, le con-
négligeable après un intervalle de 6 To secondes . densateur se charge davantage et, pendant cette période,
le courant circule dans le circuit (Fig . 21-13) . Puisque
le courant entre par la borne (+) du condensateur, ce
dernier constitue une charge (voir section 4 .11) . Le
condensateur reçoit de l'énergie, et comme cette éner-
1 MS2 gie n'est pas dissipée dans une résistance, elle est em-
magasinée dans le condensateur .

V
128 k 100

96 75

Edc 64 t 50
Figure 21-13
Lorsque la tension augmente, le condensateur se charge et
25 la source lui fournit de l'énergie .
32
16V
4V
0 0 De la même façon, quand la tension de la source di-
0 7 14 21 28 35 42 s
minue, le condensateur se décharge et le courant cir-
T0 2To 3 T0 4 T0 5 T0 6 T0
temps
cule dans le sens inverse (Fig . 21-14) . Puisque le cou-
rant sort de la borne (+), le condensateur est maintenant
Figure 21-12
Courbe de décharge d'un condensateur de 10 µF initialement une source, fournissant de l'énergie à la «source» à
chargé à 128 V. laquelle il est branché .


CAPACITANCE 273

b) La puissance débitée par le condensateur au début


de l'intervalle est:

P=EI=500Vx12A=6000W
On constate que même s'il n'est pas très gros
(140 x 115 x 75 mm), un condensateur peut fournir
Figure 21-14 des puissances importantes durant de courtes pé-
Lorsque la tension diminue, le condensateur se décharge et riodes .
la source reçoit de l'énergie du condensateur.
c) L'énergie emmagasinée dans le condensateur au
début de l'intervalle est :
Il est évident qu'un courant circule seulement lorsque
la tension aux bornes du condensateur varie . La valeur Wr = 1 CE 2 = 1 x 40 x 10~ x 500 2 = 5 J
du courant dépend à la fois du taux de variation de la 2 2
tension et de la capacitance du condensateur . Cette loi L'énergie emmagasinée à la fin de l'intervalle est :
fondamentale gouvernant le courant circulant dans un
condensateur est exprimée par la formule : 2
W2 = 1 x 40 x 10 x 200 = 0,8 J
2
I=C AE (21-7) L'énergie libérée est donc :
At
W = W 1 -W2 = 5 - 0,8 = 4,2 J

I = courant, en ampères [A] L'équation (21-7) entraîne des conséquences et des ap-
C = capacitance, en farads [F] plications importantes . Pour une capacitance donnée,
AE = variation de tension, en volts [V] on s'aperçoit que plus la tension change rapidement,
At = durée de la variation, en secondes [s] plus le courant est grand .

Bien qu'elle ne porte pas de nom, cette loi est tout aussi Le changement de tension est particulièrement ra-
fondamentale que la loi de Faraday E = L AI/At. pide lorsqu'on branche un condensateur non chargé
sur une source ES (Fig . 21-15) . En un temps nul, la
Exemple 21-4 tension passe de zéro à une valeur E, de sorte qu'un
La tension aux bornes du condensateur de 40 tF courant I théoriquement infini circule à la ferme-
iittustré à la Fig . 21-9e varie de 500 V à 200 V en ture de l'interrupteur . En pratique, ce courant est
1 ms . Calculer : limité par la résistance et l'inductance du circuit .
a) la valeur du courant pendant cet intervalle Les contacts d'un interrupteur destiné à alimenter
et à désalimenter un condensateur doivent donc être
b)la puissance débitée par le condensateur au début
conçus pour supporter le courant intense de ferme-
de l'intervalle
ture .
;c)l'éner -gie débitée durant l'intervalle

Solution
) On a : C = 40 µF
AE = (500 - 200) = 300 V ; At = 0,001 s
En reportant ces valeurs dans la formule 21-7, on
louve :

AE
I=C
Figure 21-15
At Un courant énorme circule lorsqu'une tension est appliquée
300 directement aux bornes d'un condensateur qui n'est pas
= 40x10 x = 12A chargé .
0,001


274 ÉLECTROTECHNIQUE

Cette propriété du condensateur d'absorber une éner- Le condensateur se charge, et le courant est positif . On
gie quasi instantanément est mise à profit dans la protec- note un point important : le courant est positif lorsque
tion des gros moteurs contre les surtensions momen- la pente de la tension est positive .
tanées causées par la foudre, ou par l'ouverture et la
fermeture des disjoncteurs du réseau . En plaçant un Pendant cette période, la
Intervalle de 6 à 7 secondes .
condensateur de 0,2 gF à 0,5 pF en amont du moteur, tension ne varie pas ; donc A E/A t = 0 et par consé-
on intercepte toute onde de choc venant de l'extérieur . quent I = 0 .
La charge transportée par l'onde est absorbée par le Intervalle de 7 à 9 secondes . La tension diminue de
condensateur avant que la surtension atteigne les en-
+30 V à -30 V, soit une variation totale de - 60 V. Le
roulements à l'intérieur de la machine (Fig . 21-16) . Les courant vaut donc :
condensateurs sont ainsi souvent employés comme
protection supplémentaire en aval des parafoudres . (-60)
I = C AE = 2 x = -60A
At 2
t,
Le courant est négatif pendant toute cette période, car
la pente de la tension est toujours négative . Noter qu'en-
tre 7 s et 8 s le condensateur se décharge et qu'entre
8 s et 9 s il se recharge dans le sens inverse .

Intervalle de 9 à 13 secondes. La tension augmente uni-


formément de -30 à +10 V, ce qui représente une va-
riation de +40 V. On trouve :

Figure 21-16 I=C AE =2 x 4


0=+20A
Protection de l'appareillage contre les ondes de choc . Noter At 4
l'amortissement de l'onde (a) par le parafoudre et ensuite (b)
par le condensateur . Londe de choc arrivant au moteur n'est La pente de la tension étant positive, le courant est éga-
plus dommageable pour les enroulements . lement positif.

Intervalle de 13 à 14 secondes . La tension ne varie pas :


21 .16 Tension variable sur un condensateur le courant est donc nul .
La majorité des condensateurs fonctionnent sur des
On observe, pour chacun de ces intervalles, que le sens
réseaux à courant alternatif où la tension varie périodi-
du courant ne dépend pas de la polarité de la tension
quement . Pour bien comprendre leur fonctionnement
mais seulement de son taux de variation . Enfin, on cons-
dans ces circonstances, il est utile d'analyser d'abord
tate que la forme d'onde du courant diffère totalement
le comportement d'un condensateur soumis à une ten-
de celle de la tension .
sion encore plus complexe, telle que celle donnée à la
Fig . 21-17 . On se propose de trouver la valeur instan- 21 .17 Applications des condensateurs
tanée du courant lorsque la tension est appliquée à un
En électrotechnique, les condensateurs sont surtout
condensateur de 2 F. Rappelons que le courant est po- utilisés
sitif lorsqu'il circule dans le sens de la flèche .
a) pour la correction du facteur de puissance
Intervalle de 0 à 6 secondes . Pendant cette période, la
tension varie de 0 à +30 volts . Sa pente est donc po- b) pour le démarrage des moteurs monophasés
sitive . Puisque la capacitance est de 2 F, le courant I c) pour réaliser des filtres
vaut : d) pour régulariser la tension sur les lignes à courant
alternatif
I=C AE =2 x 30 =+10A e) pour la suppression des arcs
At 6

CAPACITANCE 275

V, A
+60

40

E I I

2F
i

2 4
I
6 81 1 2 14s

temps
20

I
40

-60

Figure 21-17
Tension variable aux bornes d'un condensateur et courant résultant .

21 .18 Condensateurs fonctionnant à Afin d'assurer une durée de vie raisonnable, l'aug-
courant alternatif* mentation de la température à la surface du boîtier ne
La plupart des condensateurs industriels sont des ap- doit pas dépasser 25 °C . Pour les applications spéciales
pareils monophasés installés sur les réseaux à courant à haute fréquence (1 kHz à 10 kHz), on refroidit les
alternatif, fonctionnant à 60 Hz . Leur capacité varie de condensateurs en faisant circuler de l'eau dans des tu-
5 kvar à 200 kvar et leur tension nominale est com- bes entourant le boîtier .
prise entre 240 V et 14,4 kV . Quand il faut réaliser des Les puissances, les tensions et la performance en gé-
installations de grande puissance, on groupe les con- néral des condensateurs doivent se conformer aux stan-
densateurs en série, en parallèle et en série-parallèle, dards établis par les bureaux de normalisation . En voici
selon la tension du réseau . quelques exemples :
Leur puissance massique et volumique, à 60 Hz, at- 1 . Normes de surtension :un condensateur monophasé
teint respectivement des valeurs aussi élevées que
doit pouvoir supporter pendant au moins 10 secondes
4 kvar/kg et 7 kvar/dm 3 .
une tension alternative valant le double de la tension
Le champ électrique alternatif entre les plaques du con- nominale .
densateur produit des pertes diélectriques qui sont dé- 2. Normes pour la tension de tenue aux ondes de choc:
pgées sous forme de chaleur . Selon les normes, la
un condensateur monophasé doit pouvoir résister aux
puissance dissipée doit être inférieure à 3 1/3 W par
ondes de choc données au tableau 21-4 . Noter que
I var pour des condensateurs fonctionnant à 60 Hz . Les
l'onde de choc est appliquée entre les bornes en court-
pertes sont proportionnelles à la fréquence mais elles
circuit et le boîtier du condensateur .
parient avec le carré de la tension appliquée ; on doit
donc éviter d'appliquer une tension supérieure à 110 % la tension résiduelle aux bornes
3 . Normes de sécurité :

de la tension nominale . d'un condensateur de 600 V et moins doit être infé-


rieure à 50 V une minute après que la source a été dé-
branchée . Pour des tensions supérieures à 600 V, on
' Lire cette section après avoir étudié le chapitre 27 .
permet un délai de 5 minutes . C'est pourquoi le fabri-



276 ÉLECTROTECHNIQUE


TABLEAU 21-4 ONDES DE CHOC
C = capacitance de la ligne [F]
tension nominale tension de tenue aux
e = constante diélectrique de l'isolant séparant
du condensateur ondes de choc 1,2 x 50 las
les conducteurs
240 V 30 kV l = longueur de chaque conducteur [m]
D = distance séparant les conducteurs [m]
2,4 à 4,8 kV 75 kV
d = diamètre du conducteur [m]
6,64 à 13,8 kV 95 kV
12 x 10 -12 = facteur tenant compte des unités
cant incorpore souvent une résistance de décharge à La précision de cette formule est plus petite que 2 % si
l'intérieur même du boîtier. le rapport D/d est plus grand que 3 .
Il est toujours prudent de court-circuiter les bornes d'un Exemple 21-5
condensateur avant d'y toucher. S'il peut emmagasiner
Calculer la capacitance d'une ligne à haute tension
une énergie supérieure à 10 J, il est préférable de le
de 12 km formée de 2 conducteurs ayant un diamè-
décharger au moyen d'une résistance avant d'appliquer
tre de 16 mm et espacés de 3,2 m .
le court-circuit . En effet, une énergie de 10 J dissipée
en une fraction de milliseconde peut produire un arc Solution
destructif. La capacitance est :
Lorsque les normes sont respectées, et dans les condi-
tions environnantes appropriées, un condensateur peut 1
atteindre une durée de vie de 20 à 50 ans . Cependant, C=12x1012e
log o (2 D/d)
comme tout appareil électrique, on doit le protéger par
des fusibles . 12000
12x1012 x1x
log o (2 x 3,2/0,016)
FORMULES POUR CALCUL DE CAPACITANCES 12000
12x10 12 x1 x
Le calcul de la capacitance de certaines formes de con- 2,6
ducteurs est particulièrement utile . Les sections qui = 55 000 pF
suivent en donnent quelques exemples . = 0,055 tF
21 .19 Capacitance de deux fils parallèles
21 .20 Capacitance d'un câble coaxial
Deux fils conducteurs parallèles (Fig . 21-18) forment
La capacitance d'un câble coaxial (Fig . 21-19) est don-
un condensateur dont la capacitance est donnée par la
née par l'équation :
formule :

l 10 12 E l
C=12x1012E (21-7) C=24x (21-8)
log o (2 D/d) log o (D/d)

Figure 21-18 Figure 21-19


Capacitance de deux fils parallèles . Capacitance d'un câble coaxial .


CAPACITANCE 277

où grande distance de la surface, la capacitance tend vers


la valeur :
C = capacitance du câble [F]
= constante diélectrique de l'isolant séparant
les conducteurs C = 111 x10 12 Er1 (21-10)
l = longueur du câble [m]
D = diamètre intérieur du conducteur extérieur
[m]
d = diamètre du conducteur intérieur [m]
24 x 10-12 = facteur tenant compte des unités .

Cette formule s'applique pour toute valeur de D et d.

Exemple 21-6
Trouver la capacitance d'un câble sous-marin long
de 17 km et dont les diamètres sont : Figure 21-20
Capacitance entre une sphère et une surface plane .
D = 48 mm et d = 28 mm (prendre c = 3,6) .

Solution
D'après l'équation, on a: On l'appelle parfois, à tort, «capacitance de la sphère»,
comme si la sphère possédait une capacitance en soi .
Cette interprétation est incorrecte car il faut toujours
C = 24 x10 12 E 1
log o (D/d) deux corps pour former un condensateur .

17000 21 .22 Résumé


=24x 10 12 x3,6x
log o (48/28) Dans ce chapitre, nous avons introduit un nouvel élé-
ment : le condensateur et la grandeur qui le caracté-
1
= 1,468 x 10-6 x rise : la capacitance . La capacitance est le rapport en-
log o 1,714 tre la quantité d'électricité transférée d'une des pla-
= 6,27 µF ques du condensateur à l'autre et la tension appliquée
entre ses bornes . L'unité SI de capacitance est le farad
(F) . On emploie plus souvent ses sous-multiples
21 .21 Capacitance d'une sphère
par rapport à une surface plane (microfarad, tF ; nanofarad, nF ; picofarad, pF) . La va-
leur de la capacitance dépend de la forme des plaques,
La capacitance formée par une sphère métallique et
de leurs dimensions et de la constante diélectrique de
une grande surface plane conductrice (la terre, par
l'isolant qui les sépare . Différents types de diélectri-
exemple) est donnée par l'équation :
ques sont disponibles .

E rd Nous savons comment calculer la capacitance d'un


C= 222 x 1012 (21-9) groupement de condensateurs en série ou en parallèle .
2d - r Un condensateur chargé conserve dans le champ élec-
ou trique de son diélectrique une énergie qui dépend de sa
C = capacitance [F] capacitance et de sa tension de charge .
E = constante diélectrique de l'isolant entre la Lorsqu'une tension continue est appliquée à un con-
sphère et la surface densateur C en série avec une résistance R, le conden-
d = distance entre le centre de la sphère et la sur- sateur se charge et la tension entre ses bornes augmente
face [m] en fonction du temps selon une courbe exponentielle .
r = rayon de la sphère [m] Le temps requis pour que la tension du condensateur
Cette équation est toujours valable lorsque d est plus atteigne la tension de source dépend de la constante de
temps i = RC. De la même façon que pour le circuit
rand que r (Fig . 21-20) . Si la sphère est éloignée d'une

278 ÉLECTROTECHNIQUE

inductif L-R, on peut utiliser le demi-temps To et un b) Quelle aurait été la capacitance si on avait employé
tableau universel pour tracer facilement les courbes du mica au lieu du papier?
exponentielles de charge et de décharge . 21-9 Deux condensateurs de 5 tF et de 20 pF sont
Plus généralement, lorsque la tension aux bornes d'un reliés en série à une source de 1000 V . Calculer :
condensateur varie de façon quelconque, le courant a) la capacitance totale
circulant dans le condensateur dépend du taux de chan-
b) la tension aux bornes de chacun des condensateurs
gement AE/fit de la tension . Le courant I est donné par
la loi fondamentale I = CAE/At. Lorsque la tension 21-10 La tension aux bornes d'un condensateur de
augmente, le condensateur se charge et le courant en- 10 tF change de +60 V à +300 V en 1 ms . Calculer la
tre par la borne positive du condensateur valeur du courant. Le condensateur se charge-t-il?

De la même façon qu'une bobine s'oppose au change- 21-11 Soit 3 condensateurs de 42 tF, 30 pF et 7 gF
ment rapide du courant qui la traverse, on peut dire ayant chacun une tension nominale de 600 V. Calcu-
qu'un condensateur « s'oppose » à un changement de ler :
tension rapide entre ses bornes car il doit accumuler a) la capacitance totale du groupe si on les branche en
une certaine charge pour que la tension change . Pour série
cette raison, les condensateurs sont parfois utilisés
b) la capacitance totale du groupe si on les branche en
comme méthode de protection contre les surtensions
parallèle
momentanées .
c) la tension maximale que l'on peut appliquer sur le
groupe dans chaque cas sans risquer le claquage
21-12 Calculer l'énergie volumique du condensateur
PROBLÈMES - CHAPITRE 21
(f) de la Fig. 21-9 .
Niveau pratique
21-13 Un accumulateur d'automobile de 12 V peut
21-1 Nommer l'unité SI de capacitance et donner débiter un courant de 15 A pendant 2 heures . Combien
deux sous-multiples . de condensateurs du type (c) (Fig . 21-9) sont-ils re-
quis pour fournir la même quantité d'énergie?
21-2 Quel genre de condensateur emmagasine la plus
grande quantité d'énergie par rapport à ses dimensions? 21-14 Cinquante condensateurs de 30 tF sont rac-
cordés en parallèle sur une source de 2 kV . Si l'isolant
21-3 Pourquoi doit-on brancher une résistance en
se rompt à l'intérieur d'un des condensateurs, l'unité
parallèle avec les bornes d'un condensateur industriel?
en défaut risque d'exploser . Expliquer. Quelle précau-
21-4 Expliquer pourquoi un condensateur se dé- tion doit-on prendre pour éviter ce problème?
charge très rapidement à travers une faible résistance .
21-15 Un condensateur de 50011F, chargé à une ten-
21-5 Une source spéciale fournit un courant cons- sion de 600 V, se décharge complètement dans une ré-
tant de 1 mA à un condensateur de 50 µF . En combien sistance de 1,2 Mb2 . Calculer :
de temps la tension atteindra-t-elle 500 volts? a) la constante de temps du circuit
21-6 Un condensateur de 100 tF porte une charge b) la durée du «demi-temps»
de 0,004 coulomb . Calculer la tension à ses bornes . c) l'énergie dissipée en chaleur durant la décharge
21-7 Un condensateur de 10 11F, 1 kV est plus petit Niveau avancé
qu'un autre de 10 pF, 10 kV. Expliquer .
21-16 Deux condensateurs de même capacitance fa-
Niveau intermédiaire briqués avec le même type de diélectrique sont isolés
pour des tensions respectives de 600 V et 4800 V. Mon-
21-8 Les plaques d'un condensateur ont une surface
trer que le deuxième condensateur aura un volume de
de 2 m2.
diélectrique 64 fois plus grand que le premier . Quel est
a) Calculer la capacitance sachant qu'elles sont sépa- le rapport entre les énergies emmagasinées dans cha-
rées par une feuille de papier dont l'épaisseur est de cun des deux condensateurs lorsqu'ils fonctionnent à
0,5 mm (consulter le tableau 21-1) ; leur tension nominale?

CAPACITANCE 279

21-17 Cent feuilles de 0,8 m x 2,5 m en aluminium 21-20 Lors du passage d'une onde de choc, on cons-
ayant une épaisseur de 0,05 mm sont intercalées avec tate que la tension aux bornes d'un condensateur de
99 plaques de verre ayant une épaisseur de 1,6 mm . 0.2 tF a augmenté de 150 V (Fig . 21-16) . Quelle charge
Cinquante feuilles sont connectées ensemble pour for- a été absorbée par le condensateur?
mer un pôle du condensateur; les 50 autres feuilles for-
21-21 Les deux sphères de la Fig . 20-3a possèdent
ment le deuxième pôle. Sachant que le verre a une cons-
une capacitance de 400 pF et la d .d .p . est de 60 kV.
tante diélectrique de 6 et une rigidité diélectrique de
Lorsqu'on les sépare (Fig . 20-3b), on constate que la
50 kV/mm, calculer :
capacitance diminue à 300 pF. Calculer :
a) la capacitance du condensateur
a) la tension entre les sphères lorsqu'elles sont sépa-
b) la tension maximale qu'on peut lui appliquer, et rées
l'énergie emmagasinée
b) l'énergie mécanique qu'on a dû fournir pour sépa-
21-18 Dans le problème 21-17, les plaques de verre rer les sphères
doivent être plus grandes que les feuilles en aluminium .
21-22 Calculer la capacitance entre deux fils nus #4
Quelles doivent être les dimensions minimales des pla-
espacés de 0,5 m et ayant une longueur de 10 km.
ques de verre, étant donné que la rigidité diélectrique
de l'air est de 3 kV/mm? 21-23 Le câble montré à la Fig . 10-12c possède un
conducteur intérieur et une gaine de plomb métallique
21-19 Un condensateur de 3 tF fonctionne à une ten-
extérieure (anneau noir) . Mesurer les dimensions du
sion nominale de 20 kV. Il doit se décharger à une ten-
câble avec une règle . Calculer la capacitance de 10 km
sion de 50 V en moins de 5 min . Trouver :
de ce câble sachant que l'isolant possède une cons-
a) la valeur approximative de la résistance de décharge tante diélectrique de 3 .
requise
b) la puissance dissipée dans celle-ci en régime per-
manent
22
Circuits simples
à courant alternatif

Dans ce chapitre, nous décrivons les propriétés des donne la valeur de la tension induite dans le cadre pour
ondes sinusoïdales . Nous établissons la forme chacune des positions occupées par l'aimant tournant.
d'onde du courant résultant de l'application d'une Ces positions successives sont repérées par l'angle en
tension sinusoïdale à un circuit résistif, un circuit degrés dont l'aimant a tourné par rapport à sa position
capacitif et un circuit inductif . Cela nous amène aux originale .
notions de réactance inductive, réactance capacitive,
On remarque que la tension part d'une valeur nulle et
puissance active et puissance réactive .
croît rapidement pour atteindre une valeur maximale à
Ce chapitre introduit donc les principes fondamentaux un angle de 90° . Si cette valeur maximale, ou valeur
des circuits à courant alternatif . crête, est de 100 V, la tension sera de 50 V à 30° et
86,6 V à 60° .
22 .1 Forme d'onde sinusoïdale
Après avoir atteint la valeur crête, la tension décroît
Lors de l'étude de l'alternateur élémentaire (chapi-
pour passer par les valeurs de 86,6 V à 120°, de 50 V à
tre 17) nous avons vu qu'un aimant permanent tour-
150°, et elle s'annule enfin à 180° .
nant à une vitesse constante à l'intérieur d'un cadre
produit une tension alternative aux bornes de ce Puis la polarité de la tension change de signe ; la ten-
cadre . On a aussi montré qu'il est possible de chan- sion passe successivement par des valeurs négatives :
ger la forme d'onde de la tension en modifiant la -50 V à 210°, -86,6 V à 240° et -100 V à 270° . Elle
forme des pôles de l'aimant (section 17 .11) . atteint finalement une valeur nulle à 360°, après quoi
Il est donc possible d'obtenir une très grande variété un nouveau cycle commence et la tension passe par la
de formes d'onde en changeant les pôles de l'alterna- même suite de valeurs pendant le même temps .
teur. Cependant, il existe une forme d'onde qui nous Dans toute onde sinusoïdale les mêmes proportions se
intéresse particulièrement parce qu'elle est la plus sim- retrouvent . Ainsi, une tension dont la valeur crête est
ple des courbes périodiques : c'est la courbe sinusoï- de 150 V aura une valeur égale à 50 % de 150 V à 30°
dale . et une valeur égale à 86,6 % de 150 V à 60° .
On a tracé à la Fig . 22-1 la courbe d'une tension si- Pourquoi choisit-on une onde sinusoïdale plutôt qu'une
nusoïdale dont la valeur crête est de 100 V . La courbe onde «simple» comme une onde carrée ou triangulaire?
280

CIRCUITS SIMPLES À COURANT ALTERNATIF 281

a
V
+100
80
RI-286,6V 1 0 V
b

Eab pli „ fil


.No0
60
40 M 50 V

C 20
0
I 1
30 60 90 120150180
i
,
210 240 270 300 330 360 390 420 450 degres
20
- angle 9
40
60
-50V ô
-50 V
80
0
-100

Figure 22-1
Forme d'onde d'une tension sinusoïdale ayant une valeur crête de 100 V .

Voici quelques raisons : dans laquelle les symboles ont une signification ana-
logue .
a) Dans les machines à courant alternatif, c'est l'onde Une grandeur sinusoïdale, comme une tension,
sinusoïdale de tension qui occasionne le moins de change le plus rapidement lorsqu'elle passe par zéro .
pertes . Le rendement est donc meilleur . Le taux de variation à cet instant est donné par la
b) Une onde sinusoïdale de tension ou de courant pro- formule :
duit moins d'interférence (bruit) sur les lignes télé-
phoniques . (/EiAt) max = 27tfEm (22-3)
c) Dans les circuits à courant alternatif, une tension
ou
sinusoïdale produit un courant sinusoïdal et vice-
versa . C'est la seule onde possédant cette propriété (dEldt) max = taux de variation maximal de la tension
de se «reproduire» . en volts par seconde [V/s]
d) Dans les moteurs électriques, un flux variant sinu- f = fréquence de la tension [Hz]
soïdalement produit moins de bruit . De plus, le cou- En, = valeur maximale de la tension [V]
ple durant le démarrage est plus régulier . n = 3,1416

Mathématiquement, une tension sinusoïdale est décrite Une expression comparable s'applique pour un cou-
par l'équation : rant sinusoïdal .
Nous donnons à la section 22 .14, la relation entre l'an-
e = Em sin 0 (22-1) gle de rotation 0, la fréquence f, et le temps t .

e = valeur instantanée de la tension [V] CIRCUIT RÉSISTIF


E,,, = valeur crête de la tension [V]
0 = angle de rotation [°] 22 .2 Circuit résistif
Soit un alternateur produisant une tension sinusoï-
De la même façon, un courant sinusoïdal est donné par
dale dont la valeur crête est de 100 V . Celui-ci ali-
la formule :
mente une résistance de 10 S2 (Fig . 22-2) . Suppo-
sons que le courant soit positif lorsqu'il circule de
i = 1m sm 0 (22-2)
la borne a à la borne b dans la résistance .



282 ÉLECTROTECHNIQUE

86,6 V
+100
/v%\a∎∎//
∎,I∎∎„~∎∎
/IIr,
..∎∎∎'∎∎∎

t I, \ ,
0 30 60 90 120150180 10 240 270 360 degrés 45 0

-10 __a angle


∎,,,-I∎∎
1

-100 1

Figure 22-2
Dans un circuit résistif, le courant est en phase avec la tension .

Pour déterminer l'allure de la courbe du courant, ap- instant . On dit alors que la tension et le courant sont
pliquons la loi d'Ohm pour quelques valeurs instanta- en phase .
nées de la tension .
22.3 Puissance dissipée dans une
Tout d'abord, à 0°, 180° et 360°, la tension étant nulle, résistance
le courant est également nul . Nous avons vu que la puissance P dissipée par effet
À l'angle de 30°, Eab = + 50 V (a est positif par rap- Joule dans une résistance est donnée par le produit
port à b) et un courant de 50 V/10 £2 = 5 A circule de la tension E à ses bornes et du courant I qui la
dans le sens positif . traverse . On peut appliquer la même formule au cir-
cuit de la Fie . 22-2 : en multipliant à chaque instant
À l'angle de 60°, Eab = +86,6 V, le courant devient les valeurs de la tension par les valeurs correspon-
86,6 V/10 £2 = 8,66 A . dantes du courant, on peut tracer la courbe de va-
riation de la puissance P (Fig . 22-3) .
On trouve de la même façon la valeur du courant à
90°, 120° et 150° . À 0°, la tension et le courant sont nuls ; il en est de
À 210°, Ea b = -50 V (a est négatif par rapport à b) et le même pour la puissance .
courant doit circuler de b à a dans la résistance, soit P = 0 watt
dans le sens négatif: I = -50110 = -5 A . À90°,Ea b=+100V,I=+10A
À 270°, le courant sera : -100 V/10 S2 =-10 A . la puissance vaut :
Avec ces quelques points, on peut tracer la courbe du P = (+100 V) x (+10 A)=+1000W
courant en fonction de l'angle parcouru . On constate
Si l'on procède ainsi pour différentes valeurs d'angles
que la forme d'onde obtenue est également sinusoi-
comprises entre 0 et 180°, on trouve que la puissance
dale .
part de zéro, atteint une valeur maximale de 1000 W et
En étudiant la courbe de la tension appliquée et celle retombe à zéro (Fig . 22-3) .
du courant résultant, on voit que toutes deux pas- Lorsque la tension et le courant deviennent négatifs, la
sent par une valeur nulle en même temps, et qu'el- puissance reste positive car le produit de deux nom-
les atteignent leur valeur maximale positive au même bres négatifs est positif.


CIRCUITS SIMPLES À COURANT ALTERNATIF 283

+ 100 ∎∎
MM
aq∎∎∎ •∎ ∎∎∎∎m∎
M.mm Umm + 1000
Eab 800
∎, mffl ∎∎I
A
+10 .,11333 ∎.,
600
400
P

I
t
∎ ∎∎∎`,~ r 200
0

∎C. angle
∎.∎∎∎∎∎.∎...∎∎∎∎
∎∎∎∎∎∎∎„∎∎II ∎∎∎∎∎
-100 ∎.∎∎∎∎∎∎,, .∎∎∎∎∎
∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎

Figure 22-3
La puissance dissipée dans une résistance par un courant alternatif varie périodiquement . La valeur
moyenne de cette puissance est égale à la moitié de la valeur maximale .

Ainsi, à 210°, Eab = - 50 V, I = -5 A 500 W

d'où P = (-50 V) x (-5 A) = +250 W


On voit que la puissance atteint une valeur maxi- 10 S2
male de 1000 W, décroît, s'annule, croît de nou-
veau, et ainsi de suite . La puissance dissipée dans
la résistance est variable, mais elle possède une va- Figure 22-4
leur moyenne de 1000 W/2 = 500 W . On dit que la Puissance dissipée lorsqu'une tension sinusoïdale de 100 V
résistance dissipe une puissance active de 500 W. crête est appliquée à une résistance de 10 d2 .

22 .4 Valeur efficace d'une tension ou d'un


courant sinusoïdal 1000 W
Il est opportun d'établir ici l'équivalence entre une ten-
sion alternative et une tension continue, du point de
vue de leurs effets thermiques . 104

On peut se demander si une tension alternative sinu-


soïdale de 100 V crête correspond à une tension con-
tinue de 100 V. Considérons alors les exemples sui- Figure 22-5
vants . Puissance dissipée lorsqu'une tension continue de 100 V est
appliquée à la même résistance .
Un alternateur produisant une tension sinusoïdale
de 100 V crête alimente une résistance de 10 S2 (Fig .
22-4) . Remplaçons l'alternateur par une source de Mais on sait que la puissance moyenne dissipée dans
tension continue dont la valeur est de 100 V (Fig . le premier cas n'est que de 500 W, alors qu'elle est
22-5) . Si ces deux tensions étaient équivalentes au constante et égale à 1000 W dans le second cas . On
point de vue thermique, elles produiraient le même doit conclure que les deux tensions ne sont pas équi-
dégagement de chaleur dans la résistance . valentes .



284 ÉLECTROTECHNIQUE

7,07 A Le mot «efficace» d'une tension ou d'un courant est


500 W
parfois désigné par les lettres rms («root mean square») .
Ainsi on peut dire que la valeur rms d'une tension est
de 120 V.
10 S2
En ce qui concerne les tensions et courants périodiques
mais non sinusoïdaux, on donne à la section 22 .13 la
façon de calculer leurs valeurs efficaces .
Figure 22-6
Une tension continue de 70,7 V provoque le même
échauffement qu'une tension sinusoïdale de 100 V crête . La
Exemple 22-1
valeur efficace de la tension alternative est donc de 70,7 V . Un voltmètre à courant alternatif indique que la ten-
sion dans une résidence est de 120 V. 60 H7 . Calcu-
Quelle tension continue doit on appliquer afin que ler :
la résistance de 10 £2 disssipe 500 W ? On trouve la a) la valeur crête de la tension
réponse en utilisant la formule 4-4 : h) la valeur minimale de la tension
e) le taux de variation maximal
P = E2
R Solution
soit E _ 1/ PR a) L'instrument indique la valeur efficace de la ten-
_ x/500 x 10 sion . Sa valeur crête est 120 - 0,707 = 169,7 V. (La
= 70,7 V forme d'onde de cette tension apparaît à la Fig . 17-
16) .
Donc, une tension continue de 70,7 V produit le même
dégagement de chaleur dans la résistance de 10 S2 b) La valeur minimale de la tension est évidemment
qu'une tension sinusoïdale dont la valeur crête est de zéro .
100 V (Fig . 22-6) . On dit que la valeur efficace de cette c) Le taux de variation maximal est obtenu à partir de
tension sinusoïdale est de 70,7 V. l'équation 22-3 :

Par définition, la valeur efficace d'une tension (LE/At)max = 2ttfE,,,


alternative est égale à la valeur d'une tension con-
= 2 x 3,1416 x 60 x 169,7
tinue qui provoquerait le même échauffement
dans une même résistance . = 63 977 V/s = 64 kV/s

L'emploi des valeurs efficaces de tension et de courant


La valeur efficace d'une tension sinusoïdale ou d'un permet de résoudre les circuits résistifs à courant al-
courant sinusoïdal est toujours égale, à 0,707 (ou 1/ 2) ternatif par les mêmes méthodes que celles utilisées
fois sa valeur crête . pour les circuits à courant continu .

Exemple 22-2
(22-4)
Une tension efficace de 100 V est appliquée a une
résistance de 50 52 . Calculer :

I- a) le courant efficace
Ieff = = 0,707Im (22-5)
h) la puissance dissipée par la résistance
2

Presque tous les instruments de mesure à courant al- Solution


ternatif sont calibrés de façon à indiquer la valeur effi- Le courant efficace est:
cace d'une tension ou d'un courant, et non la valeur
crête . Quand on donne la valeur d'une tension alterna- I = Eeff = 100 = 2 A
tive ou d'un courant alternatif, il est entendu que c'est eff
R 50
la valeur efficace .

CIRCUITS SIMPLES À COURANT ALTERNATIF 285

La puissance dissipée dans la résistance vaut : Intervalle de 0 à 30° : la tension part de zéro et atteint
une valeur de 50 V en 1/720 s . Le courant moyen est
P=EeffxIeg= 100V x2A=200W de :

CIRCUIT CAPACITIF x (50-0)


I=C AE =100x10
At 1/720
22 .5 Circuit capacitif = 3,6 A
Dans ce qui suit, nous verrons qu'une tension sinu-
soïdale appliquée à un circuit capacitif produit un cou- Étant donné que Eab est positif durant cet intervalle de
rant qui a également une forme d'onde sinusoïdale . temps, le courant circule dans le sens positif et le con-
Cependant, ce courant capacitif est déphasé de 90° en densateur se charge .
avance sur la tension . Afin d'éviter une présentation
la tension croît de 50 V à 86,6 V
Intervalle de 30° à 60° :
trop théorique, nous utiliserons un exemple numérique
Le courant moyen est alors de :
pour expliquer ce qui se produit dans un circuit
capacitif. Nous donnerons ensuite les formules requises (86,6-50)
pour résoudre ce genre de circuit . I = 100 x 10-6 x
1/720
Un condensateur de 100 µF est relié à un alternateur = 2,64 A
qui produit une tension sinusoïdale de 100 V crête à
une fréquence de 60 Hz (Fig . 22-7) . Le sens positif du Le condensateur se charge davantage ; le courant est
courant est indiqué sur le schéma . La durée d'un cycle toujours positif.
(360°) étant de 1/60e de seconde, chaque intervalle de
la tension passe maintenant de
Intervalle de 60° à 90° :
30° dure 1/720 s .
86,6 V à 100 V, soit une variation de 13,4 V . Le calcul
Pour déterminer l'allure de la courbe du courant, nous donne un courant moyen de 0,965 A .
calculons la valeur moyenne du courant pour chaque
intervalle de 30 degrés . Cette valeur nous est donnée la variation de tension est en-
Intervalle de 90° à 120° :

par la formule 21-7 : core de 13,4 V, et le courant moyen est toujours de


0,965 A . Cependant la tension diminue, le condensa-
I=C AE teur se décharge et le courant change de sens . Sa va-
At leur est donc de - 0,965 A .

V go. > 270'


+100 déphasage ephasage .-

I Eab
,I ,_ 3,77 A „

t
.mII,-
100 V (c .a .
crête
60 Hz
0
I® 0,965
3 30 60 90 120
A 1
180
a
2 0
, ,_

1/720
/720 s ~,

--

-100

r Iefficace = 2,67 A

figure 22-7
IYie tension sinusoïdale appliquée à un condensateur produit un courant sinusoïdal déphasé de
'` en avance sur la tension .




286 ÉLECTROTECHNIQUE

En procédant ainsi, on peut trouver les courants moyens cifie le déphasage par un angle inférieur à 180° .
correspondant à chacun des intervalles pendant un cy-
22 .6 Réactance capacitive
cle et porter ces valeurs sur le graphique de la Fig . 22-
7 . La courbe de courant ainsi obtenue est composée Si l'on introduit un voltmètre et un ampèremètre d
d'une série de paliers . Si les intervalles de temps con- le circuit précédent, ils indiqueront respectivement
sidérés avaient été plus courts, le nombre de paliers tension efficace de 70,7 V et un courant efficace de
aurait été plus grand et la courbe plus régulière . 2,62 A (Fig . 22-8) . Il semble donc que la «résistance»
du condensateur soit de
Si l'on joint les centres de ces paliers, la courbe obte-
nue est une sinusoïde . La valeur crête de cette sinu- E 70,7 V
Rcondensateur = - = = 26,5 Q
soïde correspond à une intensité d'environ 3,7 A . 2,67 A
I
On peut déterminer la valeur exacte de ce courant maxi- Cependant, on évite la possibilité de confusion avec
mal à l'aide de la formule (22-3) . On s'aperçoit que le les circuits résistifs en appelant réactance capacitive
courant est maximal lorsque la tension passe par zéro . le rapport entre la tension et le courant d'un condensa-
Or, le taux de variation de la tension à ce moment est teur. La réactance capacitive (symbole XJ est expri-
(4E/At) max = 27tfEm mée en ohms, et sa valeur change avec la fréquence de
la source .
= 2 x 3,14 x 60 x 100
= 37 700 V/s La réactance capacitive d'un condensateur est donnée
par la formule suivante :
Le courant maximal est donc :
1 1,
XI _ (22-61
2ttfC
Ot

= 100 x 1e x 37 700
XX = réactance capacitive, en ohms [S2]
= 3,77 A
f = fréquence de la source, en hertz [Hz]
Le courant efficace dans le circuit est donc 0,707 x C = capacitance du condensateur, en farads [F]
3,77 A, soit 2,67 A . n = 3,1416

On remarquera, sur le graphique, que le courant est Ainsi, dans l'exemple précédent, la valeur de X X pour
nul lorsque la tension est maximale, et inversement, le condensateur de 100 tF à une fréquence de 60 Hz
que le courant atteint sa valeur maximale lorsque la est :
tension est nulle . On pouvait prévoir ce résultat en se
rappelant que le courant dans un circuit capacitif ne
dépend pas de la valeur de la tension appliquée au con- 27[fC 2x3,14x60x 100x 10-6
densateur, mais bien de la vitesse de variation de cette = 26,5 £2
tension .
On notera de plus que le courant atteint sa valeur maxi-
2,67 A
male positive de 90° (ou un quart de cycle) avant que A
la tension atteigne elle-même sa valeur maximale po- 0 0
I I
sitive . Le courant capacitif est déphasé de 90° en
b
avance sur la tension . Inversement, on peut dire que la
100 V (c .a .)
tension est déphasée de 90° en arrière du courant . crête c
V 70,7 V 100 ,uF
Le déphasage entre deux courbes sinusoïdales se me- 60 Hz 0 0
sure par le nombre de degrés qui sépare leurs crêtes
positives successives .
Ainsi, en se référant à la Fig . 22-7, on pourrait éga-
lement dire que la tension est déphasée de 270° en Figure 22-8
avance sur le courant . Cependant, en pratique, on spé- Tension et courant dans un circuit capacitif.

CIRCUITS SIMPLES À COURANT ALTERNATIF 287

La formule 22-6 indique que la réactance capacitive 70,7 V. À la lecture d'un ampèremètre et d'un volt-
d'un condensateur diminue à mesure que la fréquence mètre affichant ces valeurs, on pourrait croire que la
et la capacitance augmentent . Donc un condensateur puissance dissipée dans le condensateur est :
laisse d'autant mieux passer le courant que sa capaci-
tance est plus grande et que la fréquence est plus éle- P=EI=70,7Vx7,07A=500W
vée .
Essayons toutefois de vérifier ce résultat à l'aide des
Exemple 22-3 courbes de la Fig . 22-9b .
Un condensateur de 10 ftF est raccordé à une source L'une de ces courbes (Eab) représente la tension appli-
de tension dont la valeur efficace est de 100 V . Si la quée au condensateur, l'autre (I) indique les valeurs
? fréquence est de 200 Hz, quel est le courant efficace successives du courant qui le parcourt . Comme dans le
dans le circuit? cas des circuits résistifs, nous avons tracé la courbe
(P) de la puissance en multipliant les valeurs instan-
Solution tanées de la tension par les valeurs correspondantes du
On calcule d'abord la réactance capacitive du condensa- courant . Par exemple, à 150° :
teur :
Eab = +50 V, I = -8,66 A

27tfC d'où P = (+50 V) x (- 8,66 A) = - 433 W


2 x 3,14 x 200 x 10 x 10 -6
= 79,6 S2 En examinant cette courbe en pointillés, on se rend
La réactance du condensateur étant de 79,6 £2, le cou- compte que durant le premier quart de cycle, entre 0°
rant efficace dans le circuit vaut : et 90°, la puissance est positive, c'est-à-dire qu'une
certaine quantité d'énergie est fournie par la source et
I- E = 100V emmagasinée dans le condensateur. Durant le quart de
=1,26A
XX 79,6 S2 cycle suivant, entre 90° et 180°, la puissance est né-
gative: le condensateur restitue maintenant à la source
22.7 Puissance réactive dans un l'énergie qu'il avait absorbée . On voit donc qu'il y a
condensateur : le var capacitif un échange continuel d'énergie entre la source et le
La Fig . 22-9a représente un condensateur parcouru par condensateur, de sorte que la valeur moyenne de la
un courant dont la valeur efficace est de 7,07 A (10 A puissance fournie par la source est nulle .
crête) quand il est soumis à une tension efficace de

v w
+100
r, Eab
+500

Ieff = 7,07 A
a

E eff = 70,7 V 0 0 r
0
180 270 3 0 degrés

-10
C absorbe ;C remet
de l'énergie de l'énergie „ '
(a)

(b) -100 -500

Figure 22-9
a Tension et courant efficaces dans un circuit capacitif ;
b_ Courbes de tension, courant et puissance instantanés .

288 ÉLECTROTECHNIQUE

Le produit de la valeur efficace du courant dans un Supposons qu'un courant sinusoïdal de 10 A crête,
condensateur et de la valeur efficace de la tension ap- 60 Hz, traverse une bobine dont l'inductance est de -
pliquée à ses bornes est appelé puissance réactive ca- 0,1 henry (Fig . 22-11) .
pacitive (symbole Q,) . L'unité de puissance réactive
Pour déterminer l'allure de la courbe de la tension à
capacitive est le volt-ampère réactif (symbole var) .
ses bornes, on peut calculer la valeur moyenne de cette
Il est important de noter que la puissance réactive as- tension pour chaque intervalle de temps correspondanÉ
sociée à un condensateur se mesure en vars et non pas à un angle de 30° . Cette valeur de tension est donnée
en watts . La puissance réactive Q, mise en jeu dans le par la formule 19-4 :
circuit de la Fig. 22-9a est donc de 500 var et non pas
de 500 W. De plus, cette puissance réactive ne produit Ai
E = L
aucun dégagement de chaleur dans le condensateur . At

La Fig . 22-10 montre une application importante des le courant croît de 0 à 5 A, et la


Intervalle de 0° à 30° :
condensateurs . durée de cette variation de 30° est 1/720 s, car la durée
d'un cycle (360°) est 1/60 s . La valeur moyenne de la
tension induite pendant cet intervalle est :
Eab = L AI/At = 0,1 x (5 - 0) x 720 = 360 V
Le courant étant positif et croissant, il s'ensuit (sec-
tion 19-3) que la borne a est positive, donc
Ea b = + 360 V.
le courant croît de 5 à 8,66 A ; la
Intervalle de 30° à 60° :
valeur moyenne de la tension induite est alors :

Eab = L AI/At = 0,1 x (8,66 - 5) x 720 = 264 V

La polarité de la tension induite Ea b est encore positive


car le courant augmente dans le même sens que précé-
demment.
le courant passe de 8,66 à 10,0 A .
Intervalle de 60° à 90° :
soit une variation de 1,34 A, d'où

Ea b = L AI/At = 0,1 x 1,34 x 720 = 96,5 V


Figure 22-10
Groupe de 18 condensateurs ayant une capacité totale de le courant décroît de 10 A à
Intervalle de 90° à 120° :
2,7 Mvar sous une tension de 14,4 kV, 60 Hz . Ils sont installés 8,66 A ; par conséquent, la variation du courant est
sur le réseau de la South Carolina Electric and Gas Company
encore de 1,34 A, et la valeur moyenne de la ten-
pour régulariser la tension de la ligne (gracieuseté de Cie
Generale Electrique du Canada) . sion est de nouveau 96,5 V . Cependant, la diminu-
tion du courant entraîne une diminution du flux dans
le noyau : la tension induite E ab devient alors néga-
CIRCUIT INDUCTIF tive . E ab = -96,5 V.
En procédant de cette façon, on peut trouver la valeur
22.8 Circuit inductif moyenne de la tension induite pour chaque intervalle
Nous verrons dans cette section qu'une tension sinu- de 1/720 s considéré durant un cycle . Si l'on porte les
soïdale appliquée à une bobine donne naissance à un valeurs ainsi obtenues sur un graphique (Fig . 22-11),
courant dont la forme d'onde est également sinusoï- il en résulte une courbe composée d'une série de pa-
dale . Ce courant est déphasé de 90° en arrière de la liers, comme dans le cas du courant dans un condensa-
tension . Nous utiliserons à nouveau un exemple nu- teur. En joignant les centres de ces paliers on obtient
mérique pour expliquer ce qui se produit dans un cir- une courbe à peu près sinusoïdale . La valeur crête de
cuit inductif . cette courbe correspond à une tension d'environ 370 V.

CIRCUITS SIMPLES À COURANT ALTERNATIF 289

On peut déterminer la valeur exacte de cette tension à une inductance produit un courant sinusoïdal . De plus,
maximale en se référant à la formule (22-3) . En effet, on remarque que le courant inductif est nul lorsque la
on s'aperçoit que la tension est maximale lorsque le tension est maximale et, inversement, que le courant
courant passe par zéro . Or, le taux de variation du cou- est maximal lorsque la tension est nulle .
rant à ce moment est donné par une expression analo- Le courant inductif atteint sa valeur maximale positive
gue à la formule (22-3) . On obtient donc à un angle de 90° (ou un quart de cycle) après que la
(dl/At) max = 2nflm tension ait atteint sa valeur maximale positive . Comme
pour le courant capacitif, le courant inductif est dé-
= 2 x 3,14 x 60 x 10
phasé de 90° par rapport à tension, mais cette fois-ci, il
= 3770 A/s
est en arrière de la tension .
Par conséquent, la tension maximale exacte est
22.9 Réactance inductive
Ai
En , = L = 0,1 x 3770 = 377 V Tout comme pour une résistance, l'opposition offerte
At par la bobine au passage du courant est caractérisée
La tension efficace aux bornes de la bobine est donc par le rapport E/I entre la valeur efficace de la tension
de 0,707 x 377 V, soit 267 V . et la valeur efficace du courant . Ce rapport est appelé
réactance inductive (symbole XL) de la bobine, et il
Pour simplifier l'analyse du circuit inductif, nous avons
s'exprime en ohms .
trouvé la valeur de la tension induite Ea b à partir de la
valeur du courant . Il convient de remarquer que ce cou- Si l'on introduit un ampèremètre et un voltmètre dans

v 90° crête = 377 V


+377
360 V Eab
-
, Bang
264 V
~a a
,'~'a
A Eab Icrête = 10 A
I +10
I,

I
L=0,1 H 0 0
30 60 9 120150180 270 360 degres
1 1
-96,5 V -
-10 I I
1/720 s

-264 V

-360 V . '
-377

Figure 22-11
IIh e tension sinusoïdale appliquée à une inductance produit un courant sinusoïdal
déphasé de 90° en arrière de la tension .

mm est produit en réalité par la tension Eab de la source . le circuit de l'exemple précédent, les instruments indi-
Cependant, en se référant au circuit de la Fig . 22-11, il queront les valeurs suivantes (Fig . 22-12) :
clair que la tension Eab de la source est nécessaire-
t égale à la tension Eab induite . Ieff = 7,07 A (ou 0,707 X 10 A)

constate donc qu'une tension sinusoïdale appliquée


Ee ff = 267 V (ou 0,707 x 377 V)


290 ÉLECTROTECHNIQUE

La formule 22-7 indique que la réactance inductive


d'une bobine est proportionnelle à son inductance et à
la fréquence de la source. Donc, une bobine s'oppose
d'autant plus au passage d'un courant que son induc-
tance est plus grande et que la fréquence est plus éle-
vée .

Exemple 22-4
Une hobine ayant une inductance de 2 H est raccor-
dée 't une source de 100 V efficace dont la fréquence
Figure 22-12 est de 60 Hz . La résistance de la bobine (déterminée
Tension et courant dans un circuit inductif. par un ohmmètre) est négligeable . Calculer le cou-
rant qui la parcourt .
La réactance de cette bobine est donc :
Solution
XL = E = 267 V = 37,7 S2 Déterminons d'abord la réactance inductive de la bo-
I 7,07 A bine .
On peut démontrer que la réactance inductive d'une
XL=21tfL=2 x 3,14 x 60 x2=75452
bobine est donnée par la formule :
On en déduit le courant :
XL = 21tfL (22-7)
I = E = 100 V = 0,133 A (efficace)
ou XL 75452
XL = réactance inductive, en ohms [52]
22.10 Puissance réactive dans une bobine :
f = fréquence de la source, en hertz [Hz] le var inductif
L = inductance de la bobine, en henrys [H]
Nous avons retracé à la Fig . 22-13 les courbes de ten-
n = 3,1416
sion et de courant du montage de la Fig . 22-12 . Si l'on
Ainsi, dans l'exemple précédent, la valeur de XL pour applique la même méthode d'analyse que celle em-
l'inductance de 0,1 H à une fréquence de 60 Hz est : ployée dans le cas du condensateur, on trouve que pen-
dant le premier quart de cycle la puissance est positive
X L = 21rJL = 2 x 3,14 x 60 x 0,1
(Fig . 22-13), et que la bobine reçoit de l'énergie de la
= 37,7 52

v
+377

ête -
w
Eab +2220
A
+10 1480 p

740

0 0
D 180 270 degrés 360

-10

bobine reçoit bobine débite j -2220


o de l'énergie ode l'énergie i
<-- 1/240 s -<-1/240 s ~720 sE-
-377

Figure 22-13
La valeur moyenne de la puissance fournie à une inductance est nulle .

CIRCUITS SIMPLES À COURANT ALTERNATIF 291

source. Par exemple, à 60° : Exemple 22-5


Une inductance de 0,2 H est reliée à une source de
Eab = + 188,5 V, I = +8,66 A
110 V ayant une fréquence de 60 Hz . Calculer :
d'où P = (+188,5 V) x (+8,66 A) = +1632 W
a) la réactance inductive de la bobine
Pendant le quart de cycle suivant, la puissance est né-
b) le courant efficace
gative : la bobine renvoie à la source l'énergie qu'elle
c) la puissance réactive absorbée par la bobine
dent d'accumuler dans son champ magnétique . Il y a
donc un échange continuel d'énergie entre la source et
Solution
la bobine, de sorte que la bobine n'absorbe en moyenne
a) La réactance inductive est :
aucune énergie . Comme dans le cas du condensateur,
la valeur moyenne de la puissance fournie par la source XL = 2nfL = 2 x 3,14 x 60 x 0,2 = 75,4 52
est nulle . b) le courant efficace dans la bobine est :
Le produit de la valeur efficace du courant traversant I_ E 110V
une bobine par la valeur efficace de la tension à ses = =1,46A
bornes porte le nom de puissance réactive inductive XL 75,4 52
1svmbole Q L) . L'unité de puissance réactive inductive c) la puissance réactive inductive est :
est le volt-ampère réactif (symbole var) . La puissance QL = EI = 110 x 1,46 = 160 var
réactive fournie à la bobine de la Fig . 22-11 est :
22.11 Comparaison entre les circuits R, L
QL = Eeff x Ieff et C
= 267 V x 7,07 A = 1888 var La plupart des circuits électriques sont composés es-
sentiellement de l'un ou d'une combinaison des trois
La Fig . 22-14 montre une application importante des
éléments suivants : la résistance R, la capacitance C et
réactances inductives .
l'inductance L. Le comportement de chacun de ces trois
éléments dans un circuit à courant alternatif est résumé
dans le tableau 22-1 .

22.12 Valeur moyenne d'un courant ou


d'une tension périodique
Il arrive dans les montages d'électronique de puissance
que les tensions et les courants aient des formes d'on-
des non sinusoïdales . Nous présentons maintenant une
méthode permettant de déterminer facilement la va-
leur moyenne et la valeur efficace de ces formes d'on-
des spéciales . Nous choisirons une onde de courant
périodique, sachant que les mêmes remarques s'appli-
quent à une onde de tension périodique .
Le cycle d'un courant périodique peut être subdivisé
en une série d'intervalles de durées plus ou moins cour-
tes durant lesquels le courant suit essentiellement une
ligne droite . À chaque intervalle, le courant possède
une valeur initiale a et une valeur finale b . La valeur
moyenne du courant durant un intervalle est donc :
valeur moyenne = M = (a + b)/2
Figure 22-14
Groupe de 6 bobines ayant chacune une réactance inductive Si la durée de l'intervalle, mesurée en secondes, est
de 1,2 £2 à 60 Hz . Ces réactances, installées en série avec At, la surface élémentaire ASM associée à cet intervalle
des lignes à 14,4 kV au poste de transformation La Suète à
est :
Sainte-Foy, limitent le courant de court-circuit à une valeur
maximale de 12 000 A . AS, = M x At



292 ÉLECTROTECHNIQUE

TABLEAU 22-1 PROPRIÉTÉS DES CIRCUITS R, L, C

1 La valeur de la résistance est indépendante de la fréquence ;

RÉSISTANCE 2) Le courant résistif est en phase avec la tension ;


R
3 La puissance dissipée est une puissance active,
exprimée en watts .

1 La réactance inductive X L s exprime en ohms ; elle augmente


avec la fréquence :

27rf L

INDUCTANCE 2 Le courant inductif est déphasé de 90° en arrière de la tension ;


L
La puissance active est nulle ; la puissance réactive s'exprime
en volts-ampères réactifs (var) ;

Linductance L d'une bobine ne varie pas avec la fréquence .

La réactance capacitive X 0 s'exprime en ohms ; elle diminue


avec la fréquence :

C
CAPACITANCE
C 2 Le courant capacitif est déphasé de 90° en avant de la tension ;

3) La puissance active est nulle ; la puissance réactive


s'exprime en volts-ampères réactifs (var) ;

4 La capacitance C d'un condensateur ne varie pas avec la fréquence .

La surface totale durant un cycle est obtenue en addi- des intervalles est également exprimée en degrés (00) .
tionnant les surfaces élémentaires . Nous la désigne- Puisque la période T correspond à 360°, la valeur
rons par le symbole S M . moyenne du courant est donnée par l'expression
Connaissant la période T du cycle, la valeur moyenne
du courant périodique est donnée par l'expression : SM
,moyenne = (22-9)
360
SM
,moyenne = (22-8) ou
T
I moyen1e = valeur moyenne du courant ou compo-
La valeur moyenne ainsi trouvée correspond à la com- sante à c .c .
posante à c .c . du courant analysé .
SM = surface totale correspondant à un cycle,
Habituellement, pour les ondes périodiques, le temps calculée en ampères-degrés
est exprimé en degrés plutôt qu'en secondes . La durée 360 = nombre de degrés dans un cycle

CIRCUITS SIMPLES À COURANT ALTERNATIF 293

13 Valeur efficace d'un courant ou d'une ou


tension périodique
i efficace = valeur efficace du courant
calculer la valeur efficace d'un courant périodi-
SN = surface totale correspondant à un cycle,
. on subdivise le cycle de la même manière que
calculée en ampères carrés-degrés
la section précédente . On identifie encore par a et
360 = nombre de degrés dans un cycle
les valeurs du courant au début et à la fin de chaque
-alle . Cependant, on peut montrer que la valeur Exemple illustratif 22-6
enne à utiliser durant un intervalle est maintenant
La Fig . 22-1 5 montre la forme d'onde d'un cou-
muée par (a2 + b2 + ab)/3 au lieu de (a + b)/2 .
rant périodique durant un cycle . Nous avons
Qs peut donc écrire : choisi une forme d*onde spéciale afin de bien il-
N = (a2 + b2 + ab)/3 lustrer le calcul des valeurs moyenne et efficace .
Le tableau 22-2 indique les valeurs du courant et
mi N est la valeur moyenne des carres durant 1rnter-
de l'angle pour chaque intervalle, et les différen-
He .
tes étapes du calcul .
& la durée de l'intervalle, mesurée en degrés, est A0,
Par exemple, durant l'intervalle de 180° à 315°, on
6 surface élémentaire ASN associée à cet intervalle est
constate sur la Fig . 22-15, que la valeur initiale a = +3
ions :
et la valeur finale b = -9 . Par conséquent, la valeur
ASN = N x A9 moyenne M est :
La surface totale durant un cycle est obtenue en addi- M = (a + b)/2 = (+3 - 9)/2 = -3
lionnant les surfaces élémentaires. Nous la désignons
La durée de l'intervalle est
par le symbole S N . Par définition, la valeur efficace du
courant est alors donnée par l'expression 315-180=135°
La surface élémentaire associée à cet intervalle est donc

(22-10) ASM = -3 x 135 = -405


,efficace -
360

CALCUL DES VALEURS MOYENNNE ET EFFICACE D'UN COURANT

intervalle intervalle valeur valeur valeur valeur AS M ASN

durée au à la moyenne moyenne de l'inter- de l'inter-

(degrés) (degrés) début fin M N valle valle

A6 a b (a + b)/2 (a2 + b 2 + ab)/3 M X A0 N x A6

0-90 90 0 6 3 12 270 1080

90-135 45 6 6 6 36 270 1620

135-180 45 3 3 3 9 135 405

180-315 135 3 - 9 - 3 21 -405 2835

315-360 45 - 9 0 -4,5 27 -202,5 1215


somme +67,5 7155

= SM = SN

valeur moyenne du courant = 67,5/360 = + 0,188 A

valeur efficace du courant = )/ (7155/360) = 4,46 A





294 ÉLECTROTECHNIQUE

De même, la valeur moyenne des carrés N est donnée Or, on peut démontrer que l'angle 9 est une fonctit
par : de la fréquence et du temps, soit
N = [(+3) 2 + (-9)2 + (3) (-9)]/3 = 21 6 = 360 ft ( 22-ilj,

La surface élémentaire associée à cet intervalle est :
6 = angle de rotation [degrés]
ASN = 21 x 135 = 2835 f = fréquence [Hz]
Le tableau indique que la valeur moyenne du courant t = temps [s]
est +0,188 A et que sa valeur efficace est 4,46 A . 360 = constante tenant compte des unités
C'est dire qu'un courant continu de 4,46 A produira Exemple 22-7
dans une résistance quelconque la même dissipation
tin courant sinusoïdal possède une valeur crête
de chaleur que l'onde alternative de la Fig . 22-15 .
de 140 A et une fréquence de 60 Hz . Sachant que sa
valeur initiale est nulle et (Iu'il croît vers les valeurs
A positives, déterminer sa valeur après un intervalle
6
de 93 ms .

Solution
3
L' angle 0 correspondant au temps et à la fréquence est
e = 360 ft = 360 x 60 x 0,093 = 2008,8 degrés
0 La valeur du courant à cet instant est donc :
0
i = I. sin 0 éq . 22-2
-3 140 sin 2008,8°
140 x (- 0,482) _ - 67,4 A

22 .15 Expressions généralisées d'une


-6 tension sinusoïdale
Une tension de forme d'onde sinusoïdale peut avoir
une valeur initiale qui n'est pas nulle . De plus, au dé-
-9
part, elle peut croître ou décroître . Dans ces circons-
Figure 22-15 tances, on peut décrire sa forme d'onde de deux fa-
Un cycle d'un courant non sinusoïdal . çons :
1) par l'expression générale en fonction de l'angle 8 :
Il est entendu que la même méthodologie peut servir e = E n sin (0 + a) (22-12)
pour calculer les valeurs moyenne et efficace d'une 2) par l'expression générale en fonction du temps t :
tension ou de toute autre grandeur.
e = Em sin (360 ft + a) (22-13)
22 .14 Temps, fréquence et l'angle 0 où
Dans la section 22 .1 nous avons indiqué que la tension e = valeur instantanée de la tension [V]
d'une onde sinusoïdale peut être exprimée par l'équa- Em = valeur crête de la tension sinusoïdale [V]
tion 9 = angle exécuté à partir de t = 0, en degrés [°]
e = Em sin 9 éq . 22-1 a = angle de départ, en degrés [°]
f = fréquence, en hertz [Hz]
dans laquelle l'angle 0 est exprimé en degrés .
t = temps, en secondes [s]
Une formule semblable a été donnée pour le courant,
soit De ces deux équations, à moins d'être obligé de
faire intervenir le temps t, on préfère utiliser l'équa-
i = Im sin e éq . 22-2 tion (22-12) qui exprime la tension en fonction de l'an-
gle de rotation 6.

CIRCUITS SIMPLES À COURANT ALTERNATIF 295

• emple 22-8 Solution


Une tension sinusoïdale Eah entre deux bornes a et a) En se référant à l'équation (22-13) on a Em = 200 V
• possède une valeur crête de 200 V et l'angle de et t = 0 . Sachant que a = - 32°, on peut écrire
départ a est de - 32 degrés . Déterminer. pour les
Eab = Em sin (360 ft + a)
angles 9 compris entre zéro et 900 degrés :
• 200 sin (360 x 9,1 x 0 - 32)
a) la valeur initiale de la tension • 200 sin (- 32) = - 106
b) les angles 9 où la tension E p sse par des soit Eab = - 106 V
valeurs nulles
b) En se référant de nouveau à l'équation (22-13) on a
c) les angles 9 où la tension E, passe par des
Em = 200 V, t = 0,16 s et a est toujours de - 32° . On
valeurs maximales positives
peut donc écrire :
d) les angles 9 où la tension F . 1) passe par des
Eab = Em sin (360 ft + a)
valeurs maximales négatives
= 200 sin (360 x 9,1 x 0,16 - 32)
e) Faire un schéma . à main levée, montrant la forme
= 200 sin (492) = 148
d'oncle (le la tension E ah entre 9= 0° et 9= 900° .
soit Eab = 148 V
Solution c) En utilisant un ordinateur, on trouve la forme d'onde
a) La valeur initiale de Eab correspond à 9 = 0, ce qui de la tension Eab en fonction du temps t (Fig . 22-17) .
donne Eab = 200 sin (0 - 32) = - 106 V La même forme d'onde en fonction de l'angle 9 est
b) La valeur de Eab est nulle lorsque sin (9 + a) = 0, présentée à la Fig. 22-16 .
soit lorsque (0- 32) = 0, 180, 360, 540, 720 et 900
degrés . Cela correspond à 9 = 32, 212, 392, 572,
752 et 932 degrés .
c) La valeur de E ab est maximum positive lorsque
sin (9+ a) = + 1, soit lorsque (9- 32) = 90, 450 et
810 degrés . Cela correspond à 9 = 122, 482 et 842
0
degrés .
d) La valeur de Eab est maximum négative lorsque
sin (9 + et) = - 1, soit lorsque (9 - 32) = 270, 630,
990 degrés . Cela correspond à 9= 302, 662 et 1022
degrés .
Figure 22-16
e) Il suffit de tracer sur papier quadrillé les points de Tension sinusoïdale en fonction de l'angle 6.
repère (E ab et 9) trouvés dans les parties a) à d) et
de les relier par une courbe ayant une allure sinu-
soïdale . Voir Fig 22-16 . 200

Exemple 22-9
100
Une tension sinusoïdale Eal, possède une valeur crête Eab
de 200 V et une fréquence de 9 .1 Hz . Sa valeur ini- 0
tiale correspond àun angle ade-32° . Déterminer 80 200

a) la valeur initiale de la tension -100

b) la valeur (le la tension après un intervalle de


-200
160 ms
e) tracer la l'orme d'onde de la tension entre t = 0 et Figure 22-17
t = 240 ni ,, Tension sinusoïdale en fonction du temps t.


296 ÉLECTROTECHNIQUE

22.16 Expressions avec angles en radians d'une puissance réactive mesurée en vars qui ne
Dans certains cas, on préfère utiliser le radian au lieu donne lieu à aucun échauffement mais seulement à
du degré comme unité d'angle de rotation . Dans ces un échange d'énergie entre l'élément et le reste du
circonstances, les équations suivantes s'appliquent : circuit .

e = Em sin ( 0rad + arad) Enfin, nous avons présenté une méthode de calcul
simple pour trouver la valeur moyenne et la valeur
soit e = Em sin (2Tt ft + arad) (22-13)
efficace d'une tension ou d'un courant périodique
où non sinusoïdal .
arad = angle de départ (à t = 0)
f = fréquence [Hz]
t = temps [s]
21r = constante tenant compte des unités PROBLÈMES - CHAPITRE 22
Niveau pratique
Le fait d'exprimer l'angle de rotation en radians au
lieu d'en degrés ne change rien à la valeur de la ten- 22-1 Que veut dire l'énoncé suivant : «le courant dans
sion instantanée . Cela revient à changer l'unité de me- une résistance est en phase avec la tension»?
sure, comme par exemple, exprimer une longueur en 22-2 La valeur moyenne de la puissance dissipée dans
arpents au lieu d'en mètres . la résistance d'un circuit à c .a . est-elle égale au produit
Des expressions analogues s'appliquent aux courants de la valeur crête de la tension et de la valeur crête du
sinusoïdaux . courant?

22 .17 Résumé 22-3 Qu'entend-on par valeur efficace d'une tension


sinusoïdale?
Dans ce chapitre nous avons défini plusieurs gran-
deurs que nous utiliserons constamment dans les cir- 22-4 Qu'est-ce que la réactance d'un condensateur?
cuits à courant alternatif . Pour une tension ou un Par quelle unité l'exprime-t-on? Augmente-t-elle si la
courant sinusoïdal nous utiliserons la valeur effi- fréquence augmente?
cace plutôt que la valeur crête . Nous avons vu qu'en
22-5 Quelle est la valeur moyenne de la puissance
régime sinusoïdal, à une fréquence donnée, la bo-
dissipée dans un condensateur?
bine et le condensateur possèdent une certaine réac-
tance mesurée en ohms . La réactance inductive et 22-6 Qu'entend-on par puissance réactive? Quelle est
la réactance capacitive donnent la relation entre la son unité?
tension et le courant efficace d'une inductance et
22-7 Le courant dans une bobine est-il en phase avec
d'une capacitance tout comme la résistance dans la
la tension? Si non, est-il en avant ou en arrière de celle-
loi d'Ohm .
ci?
Pour une résistance, la tension et le courant sont en
phase . Pour une inductance, le courant est déphasé 22-8 La réactance inductive d'une bobine diminue-
de 90 degrés en arrière de la tension . Pour une t-elle si la fréquence diminue?
capacitance le courant est déphasé de 90 degrés en
22-9 Dans un circuit à c .a. une bobine agit tantôt
avant de la tension . comme une source, tantôt comme une charge . Expli-
Pour chacun des éléments : résistance, inductance quer .
et capacitance, la puissance est obtenue en faisant
22-10 Quelle est la valeur efficace d'une tension si-
le produit de la tension efficace et du courant effi-
nusoïdale dont la valeur crête est de 120 V?
cace . Pour la résistance, il s'agit d'une puissance
active mesurée en watts correspondant à un déga- 22-11 Dans un circuit à c .a ., un ampèremètre indi-
gement de chaleur . Par contre, pour un élément que un courant de 10 A. Calculer la valeur crête de ce
comme une inductance ou une capacitance, il s'agit courant sinusoïdal .

CIRCUITS SIMPLES À COURANT ALTERNATIF 29 7

22-12 L'enroulement d'un transformateur possède a) le courant efficace absorbé par la réactance sachant
une réactance inductive de 1000 S2 à 60 Hz . Que de- que la tension appliquée est de 424 kV
vient-elle à 25 Hz? b) l'inductance et l'énergie maximale emmagasinée
22-13 Tracer la forme d'onde d'une tension sinusoï- dans le champ magnétique
dale dont la valeur crête est de 180 V . 22-21 En se référant à la Fig . 22-9, faire sept sché-
mas montrant la valeur et le sens du courant, de même
Niveau intermédiaire
que la valeur et la polarité de la tension aux bornes du
22-14 Une tension sinusoïdale de 60 Hz, 100V (ef- condensateur à 30, 45, 60, 90, 135, 180 et 225 degrés .
ficace) appliquée à un condensateur fait circuler un Puis calculer la valeur de la puissance instantanée (en
courant de 20 A (efficace) . Déterminer la réactance ca- watts) dans chaque cas et indiquer si le condensateur
pacitive de ce condensateur . Que deviendrait cette réac- reçoit ou débite de l'énergie .
tance si la fréquence de la source doublait?
Niveau avancé
22-15 Quelle est la valeur de la réactance capacitive
22-22 Une source spéciale produit la forme d'onde
d'un condensateur de 0,05 tF à une fréquence de
de tension périodique illustrée à la Fig . 22-18 . Si cette
1000 Hz?
tension est appliquée sur une résistance de 10 £2 calcu-
22-16 Un condensateur de 3 tF est raccordé à une ler :
source de tension de 63 V, 1000 Hz . Calculer : a) la fréquence de la tension
ai la valeur de la réactance capacitive du condensa- b) la puissance crête
teur à cette fréquence c) l'énergie dissipée par cycle
bI la valeur efficace du courant d) la puissance moyenne par cycle
c) la valeur de la puissance active fournie au conden- e) la tension qui donnerait la même puissance
continue

sateur moyenne
d) la valeur de la puissance réactive f) la valeur efficace de la tension de la source
22-17 Une bobine de 2 H dont la résistance est né-
+ 100 V . . .
gligeable est raccordée à une source de 110 V, 60 Hz .
Quel courant y circule? Quelle est la valeur de la puis-
0 . . . . . . . . . .
sance réactive mise en jeu? 0 2 4 6 8 secondes
Figure 22-18
22-18 Dans la Fig . 22-10 les condensateurs sont rac-
Voir problème 22-22 .
cordés en parallèle . Calculer pour chaque conden-
sateur : 22-23 Répéter les calculs du problème 22-22 pour la
a) la puissance réactive en kvars forme d'onde de la Fig . 22-19.
b) le courant efficace
+ 100 V
c) la réactance capacitive
50 V . . . r-
-- o
d) la capacitance, en microfarads
e) l'énergie crête emmagasinée, en joules 0
. . . . . .. . . . . . . . . . . .
6
--------- ---
12 18 ms
fl la puissance activeinstantanée maximale que le con- -100 V
densateur débite, en watts
Figure 22-19
22-19 Calculer l'inductance de chaque bobine de la
Voir problème 22-23 .
Fig . 22-14 .
22-20 Une réactance inductive de 110 Mvar est ins-
tallée sur un réseau à 60 Hz . Calculer :

298 ÉLECTROTECHNIQUE

22-24 Répéter les calculs du problème 22-22 pour la a) la réactance inductive de la ligne (section 19 .15)
forme d'onde de la Fig . 22-20 . b) la tension efficace induite par le champ magnétique
c) l'énergie crête emmagasinée dans le champ magné-
+100 V tique
4 6 22-30 Une inductance semblable à celle montrée à
0 2 8 secondes la Fig . 19-24 est composée de 2000 spires . La section
du noyau est de 20 cm 2 et l'entrefer a une longueur de
-100 V 3 mm . Calculer la réactance inductive à une fréquence :
Figure 22-20 a) de 60 Hz b) de 180 Hz
Voir problème 22-24 .
22-31 Une bobine semblable à celle montrée à la Fig .
22-25 Un courant sinusoïdal de 60 Hz atteint une 19-26 possède un diamètre de 150 mm et une longueur
valeur crête de 100 A . Quel est le taux de variation de 500 mm . Elle porte 60 spires de fil #10. Calculer la
maximal de ce courant, et à quel moment ce taux est-il réactance inductive à une fréquence de 50 kHz .
atteint?
22-32 On donne l'information suivante sur les bar-
22-26 Prouver que si un courant sinusoïdal a une res omnibus de la Fig . 19-29 : a = 150 mm ; b = 6 mm :
valeur crête Im , son taux de variation maximal peut D = 100 mm ; l = 200 m . La tension efficace entre les
être exprimé par la formule 360f sin 1 ° I m , où f est la barres est de 600 V, 60 Hz . Les barres portent un cou-
fréquence . rant efficace de 1400 A . Calculer:
22-27 Une ligne de transport monophasée a les ca- a) l'inductance de la ligne
ractéristiques suivantes :
b) la réactance inductive de la ligne
type de conducteur : #2/0 en cuivre, toronné, diamètre c) la chute de tension due à la réactance
10,5 mm
distance entre les conducteurs : 2,5 m 22-33 Une réactance d'artère de 2,2 £1, 500 A a
un diamètre moyen de 1,5 m et une hauteur de 1,2 m .
longueur de la ligne : 60 km
Sachant qu'elle est construite selon le modèle de la
tension et fréquence de la source : 69 kV, 60 Hz
Fig . 19-26 et qu'elle fonctionne à 60 Hz, calculer:
Calculer :
a) l'inductance de la bobine
a) la capacitance de la ligne (section 21 .19) et le cou-
rant circulant dans celle-ci à circuit ouvert b) le nombre de spires
b) la puissance réactive capacitive de la ligne c) la section du conducteur en cuivre si l'on utilise une
densité de courant de 2 ampères (efficace) par mil-
c) la tension crête entre les conducteurs
limètre carré
22-28 Dans le problème 22-27, calculer l'énergie
d) le diamètre du conducteur
crête emmagasinée dans le champ électrique ; à quel
e) la résistance approximative de la bobine à 20 °C
instant est-elle maximale?
22-29 La ligne du problème 22-27 alimente une
charge où circule un courant de 50 A . En négligeant
l'effet capacitif de la ligne, calculer :
23
Diagrammes vectoriels

Lors de la résolution des circuits à courant continu, on tion des courants IR et Ix à chaque instant . Par exem-
a eu recours aux lois de Kirchhoff (chapitre 8) . Les ple, à 60° :
mêmes lois s'appliquent aux circuits à courant al- IR = 0,866 x 3A = +2,6 A
ternatif . Cependant, comme les tensions et les courants
sinusoïdaux ne sont pas nécessairement en phase et Ix =0,50x-4A=-2,0A
comme ils varient périodiquement en fonction du IT = IR + Ix = 2,6 - 2,0 = 0,6 A
temps, il a fallu inventer une méthode simple pour ré-
En répétant cette addition à différents instants on trouve
soudre ces circuits . Cette méthode repose sur le con-
une nouvelle courbe sinusoïdale I T dont la valeur crête
cept de vecteurs et de diagrammes vectoriels .
est de 5 A (Fig . 23-2) . De plus, cette courbe est déca-
23 .1 Somme de deux courants sinusoïdaux lée de 53° en arrière de la tension . Dans cet exemple,
Soient une résistance de 40 S2 et une réactance induc- la somme de 3 A et 4 A donne 5 A et non pas 7 A .
tive de 30 S2 branchées en parallèle sur une source de
tension sinusoïdale de 120 V (valeur crête) . On désire
120 V crête
connaître la valeur du courant I T fourni par la source
(Fig . 23-1) .
La tension étant la même aux bornes de chaque élé-
ment, le courant IR dans la résistance et le courant Ix
dans la réactance sont respectivement de 3 A et de 4 A
1valeurs crêtes) . D'après les lois régissant les circuits à
courant continu, on pourrait penser que le courant to-
tal IT est de 3 + 4 = 7 A . Cependant, le courant I x
dans la réactance est déphasé de 90° en arrière de la 30 S2
tension tandis que le courant I R dans la résistance est
Figure 23-1
en phase avec la tension (Fig . 23-2) . Pour connaître le Circuit composé d'une résistance en parallèle avec une
véritable courant I T résultant, il faut effectuer l'addi- réactance inductive . On cherche la valeur du courant IT.

299

300 ÉLECTROTECHNIQUE

20 V
A C rotation du
valeurs
+6 vecteur
E positives

4 1~ /A\ T
I~ IR Ii projection H

A
e B
c2 M
c0
D O
o
0 !A -' @\ \\n me,
53-©/ , \ales l I/
-2 - B\1\ 1 /d I valeurs
négatives
D
un ,EN`~RI-`~R
-4

-6 0
60 120 180
'lui
angle
240 300 360 420°
Figure 23-3a
Un vecteur tournant à vitesse constante autour de l'origine
génère une onde sinusoïdale .

Figure 23-2
Forme d'ondes de E, I R et Ix . La forme d'onde de IT est
obtenue en additionnant les valeurs instantanées de IR et Ix .

Cette méthode pour trouver la somme de deux cou-


rants alternatifs est laborieuse ; c'est pourquoi on a re-
cours à un procédé graphique plus commode : la tech-
nique des vecteurs tournants .
90 150180 240
C
23 .2 Concept de vecteur tournant
240°
Considérons deux axes perpendiculaires AB et CD qui A o' B
se coupent au point O, soit à l'origine (Fig . 23-3a) .
Imaginons une droite d'une longueur de 100 mm tour-
nant autour du point O dans le sens antihoraire . La
droite porte une flèche à l'extrémité opposée à l'ori-
gine . On peut, à chaque position de la droite, mesurer Figure 23-3b
l'angle de rotation 0 et la hauteur H correspondante Forme d'onde générée par la projection du vecteur tournant
projetée sur l'axe CD . Par exemple, lorsque l'angle est sur l'axe CD .
de 30°, la hauteur H mesure 50 mm, et quand l'angle
est 90°, H mesure 100 mm . d'un courant sinusoïdal . Ainsi, un vecteur de 170 mm
de long tournant à une vitesse de 60 tours par seconde
Si l'on considère ces hauteurs comme étant positives (60 r/s) peut représenter une tension de 170 V crête,
lorsqu'elles sont au-dessus de l'axe AB et négatives ayant une fréquence de 60 Hz . Un cycle complet cor-
quand elles sont en dessous, on peut dresser un ta- respond à 360° mais, au fur et à mesure que le vecteur
bleau des hauteurs en fonction de l'angle (voir le ta- tourne, il passe par des valeurs d'angles bien supérieu-
bleau 23-1) . res à 360° . Par exemple, un angle de 7350° correspond
En traçant le graphique de H en fonction de 0, on ob- à 7350 - 360 = 20,4166 tours, soit (20 tours + 0,4166
tient une onde sinusoïdale (Fig . 23-3b) . tour), ce qui équivaut à 0,4166 x 360° = 150° . Donc,
Il est évident que les valeurs des angles et des hauteurs un angle de 7350° génère la même hauteur H qu'un
se répètent chaque fois que la ligne droite (appelée angle de 150° .
vecteur) exécute un tour, de sorte que ce système pos- Il est donc possible de représenter une tension sinu-
sède une période semblable à celle d'une tension ou soïdale au moyen d'un vecteur tournant dont la lon-


DIAGRAMMES VECTORIELS 301

60 r/s
50 V

& À&
A

(a) (b)
D

Figure 23-4
a . Un vecteur peut représenter complètement une onde sinusoïdale ;
b . Onde générée par le vecteur .

TABLEAU 23-1 PROJECTIONS EN FONCTION 23 .3 Représentation d'une tension


DE LANGLE DE ROTATION sinusoïdale

0 H 9 H La longueur d'un vecteur et sa vitesse de rotation dé-


crivent respectivement sa valeur crête et sa fréquence .
0 0 180 0 De plus, sa position sur un diagramme vectoriel sert à
15 25,9 195 -25,9 définir sa valeur initiale .
30 50 210 - 50
Considérons, par exemple, le vecteur représentant une
45 70,7 225 -70,7
tension de 100 V crête dont la fréquence est 60 Hz
60 86,6 240 -86,6 (Fig . 23-4a) . Il fait un angle de 30° avec l'axe hori-
75 96,6 255 -96,6 zontal AB ; sa projection sur la ligne CD est donc de
90 100 270 -100 50 V. Cette projection OP représente la valeur initiale
120 86,6 300 -86,6 de la tension . Le vecteur gras de la Fig . 23-4a repré-
150 50 330 - 50
sente alors la forme d'onde donnée à la Fig . 23-4b.
180 0 360 0
De façon générale, la valeur d'une grandeur (tension,
gueur est égale à la valeur crête de la tension, et dont la courant, etc.) qui varie sinusoïdalement est donnée par
,%itesse de rotation correspond à la fréquence . Un cou- l'équation :
rant sinusoïdal peut être représenté de la même ma-
nière . Cette représentation des courants et des tensions V = V,,, sin (0 + a)
par des diagrammes vectoriels facilite énormément la (23-1)
= Vm sin (360 ft + a)
solution des circuits à courant alternatif* .
ou
En génie électrique, on adopte généralement comme va- V = valeur instantanée de la grandeur
leur instantanée la projection du vecteur, non pas sur l'axe Vm = valeur crête de la grandeur
vertical CD, mais sur l'axe horizontal AB . Dans ce livre, nous
avons décidé d'utiliser la projection sur l'axe vertical pour 0 = angle exécuté à partir de t = 0, en degrés [°]
faciliter la visualisation du vecteur et de l'onde qu'il génère . a = angle de déphasage, en degrés [°]
Les deux méthodes de projection donnent exactement les f = fréquence, en hertz [Hz]
mêmes résultats ; en effet, il suffit de tourner les axes AB et t = temps, en secondes [s]
CD de 90° dans le sens horaire pour arriver à la représenta-
tion classique utilisée par les ingénieurs . 360 = constante tenant compte des unités


302 ÉLECTROTECHNIQUE

Cette équation peut être représentée graphiquement, d) le diagramme vectoriel du courant et l'onde corres-
soit par le vecteur gras de la Fig. 23-5a, soit par la forme pondante sont tracés à la Fig . 23-6 . La valeur initiale
d'onde de la Fig . 23-5b . du courant est I = 8 sin 240° = - 6,93 A .

e=0 180-a
1

i
C
---

f r/s
i

09
Pl
8A
(a) (b)

1801 a D
t=0 t
360 l a
360 f 360 f Figure 23-6
Figure 23-5 Voir exemple 23-1 .
Diagramme vectoriel et forme d'onde correspondant à
l'équation V = V m sin (360 ft + a) = Vm sin (0 + a) .
23.4 Représentation de plusieurs vecteurs
Essayons d'appliquer la méthode des vecteurs au cir-
Exemple 23-1
cuit de la Fig . 23-1 . Rappelons que la tension E et le
Un courant sinusoïdal à 180 Il/ a une valeur crête
courant I sont respectivement de 1.20 V et 5 A et que
T

de 8 A et un angle de déphasage de 240° . I)étermi- le courant est décalé de 53° en arrière de la tension . On
ner . peut représenter ces deux grandeurs par les vecteurs
a) L'expression algébrque du courant de la Fig . 23-7 . Pour construire ce diagramme vecto-
b) la valeur instantanée du courant à 7 = 3 .03 s riel, on choisit d'abord une échelle convenable pour la
c) la valeur du courant lorsque I'anele 0= 210 ° tension et une autre pour le courant . Ainsi, 1 mm pour-
rait représenter une tension de 2 V de sorte que le vec-
d) tracer le diagramme vectoriel du courant et sa
teur de la tension (120 V) aurait une longueur de 60 mm .
forme d'onde
De la même façon, 8 mm pourrait représenter un cou-
Solution rant de 1 A, de sorte que le vecteur de courant (5 A)
a) L'expression algébrique du courant est donnée par aurait une longueur de 40 mm .
la formule Quelle position devons nous donner au vecteur de ten-
sion? Nous avons arbitrairement choisi la position ho-
I=1 sin(0+a)
m

rizontale, avec la flèche orientée vers la droite . Cepen-


= I,,, sin (360 ft + a)
éq. 23-1
= 8 sin (360 x 180 t + 240)
origine
120 V
= 8 sin (64 800 t + 240) O Y-E

b) la valeur instantanée du courant à t = 3,63 s est : 53°

1 = 8 sin (64 800 x 3,63 + 240)


• 8 sin 235 464° = 8 sin 24°
• 3,25 A
5A
c) la valeur du courant à 0 = 210° est :
I = I. sin (0 + a)
Figure 23-7
• 8 sin (210 + 240) Représentation à l'échelle des vecteurs correspondant à E
• 8 sin 450° = 8A et de la figure 23-2 .
I R

DIAGRAMMES VECTORIELS 303

dant, dès qu'on a choisi la position du vecteur E, celle P


du courant n'est plus arbitraire . En effet, la fréquence
du courant et de la tension étant la même, les deux
vecteurs tournent à la même vitesse, ce qui fait que le
courant est toujours décalé de 53° en arrière de la ten-
sion, quelle que soit sa position .
Dans la Fig . 23-7 nous avons négligé la présence des
axes AB et CD, tout en imaginant qu'ils existent en
arrière-plan .
On peut compléter ce diagramme en ajoutant les cou-
rants IR et Ix de la Fig . 23-1, ce qui nous donne le dia-
gramme vectoriel de la Fig . 23-8 . Noter que le vecteur
IR est en phase avec le vecteur de tension E alors que
le vecteur Ix est décalé de 90° en arrière de E .
La Fig . 23-8 représente donc la même information que
les courbes de la Fig . 23-2 ; on réalise immédiatement
la grande simplification apportée par le diagramme
vectoriel . (c)

3A IR 120V
>E Figure 23-9
a . Deux vecteurs que l'on désire additionner ;
53° b . La somme vectorielle E l + E2 donne le vecteur OP ;
c . La somme vectorielle E2 + El donne le même vecteur OP .

4A
3 . La somme vectorielle (Et + E2) est alors donnée
5A par le vecteur OP qui part de l'origine O et aboutit à
la flèche de E3 .
'x
On aurait pu commencer avec le vecteur E2 et y ajou-
Figure 23-8 ter le vecteur El sans modifier le résultat final (Fig .
Représentation vectorielle de la tension et des courants de
23-9c) .
la figure 23-2 .
On utilise la même méthode pour trouver la somme de
trois, quatre, ou plusieurs vecteurs . Ainsi, sur la Fig .
23.5 Addition de vecteurs
23-10, la somme Et + E2 + E3 donne le vecteur E4 .
Lors de la résolution des circuits à courant alternatif,
Pour trouver le vecteur résultant, on a suivi la chaîne
on a souvent besoin de trouver la somme de deux vec-
E3=> E2=> El .
teurs représentant deux tensions ou deux courants . Il
est facile d'effectuer cette addition si l'on utilise une
P
méthode graphique . Supposons que l'on cherche la
somme des tensions Et et E2 représentées sur le dia- E4

gramme vectoriel de la Fig . 23-9a . En se référant à la E2 El

Fig. 23-9b, on procède de la manière suivante : E2 El + E2 + E3

1 . On choisit un des vecteurs, El par exemple, comme E3


(b)
vecteur de départ. O O
2 En partant de la flèche du vecteur Et on trace un
Figure 23-10
vecteur E3 ayant la même direction et la même lon- a . Trois vecteurs de tension que l'on désire additionner ;
gueur que le vecteur E2. b . La somme vectorielle donne le vecteur E4 .

304 ÉLECTROTECHNIQUE

Exemple 23-2 Si, dans la Fig . 23-13, on cherche la différence vecto-


Trouver la somme vectorielle des courants I 12 et lx rielle Ea - Eb , on fait la somme Ea + (- Eb), ce qui
de la Fig . 23-11 a . donne le vecteur OP.

Solution
Les courants ont respectivement une valeur crête de
3 A et de 4 A et ils sont décalés de 90° . En traçant ces
vecteurs à l'échelle, on trouve que leur somme vecto-
rielle donne un courant IT de 5 A et un rapporteur ré-
vèle que l'angle eest 53° (Fig . 23-1 lb). Cette méthode
est beaucoup plus simple que la méthode laborieuse Figure 23-13
que nous avons utilisée pour trouver le courant IT de la Soustraction de deux vecteurs .
Fig . 23-2 .

23 .7 Vecteurs «détachés»
3 A IR IR
3A
Jusqu'à présent, nous avons supposé que tous les vec-
teurs de tension et de courant tournent autour d'un point
commun qui coïncide avec l'extrémité opposée à la
flèche. Cependant, on peut détacher les vecteurs de cette
4A origine commune sans pour autant changer leur am-
plitude ni leur angle de phase .
IX Par exemple, les vecteurs de la Fig . 23-7 peuvent être
(a) (b) détachés de l'origine 0, et représentés comme à la Fig .
23-14 . Le vecteur E est encore horizontal et il tourne
Figure 23-11 autour de l'origine 0 1 . De plus, le vecteur IT est tou-
a . On cherche la somme vectorielle IR + Ix (exemple 23-2) ;
jours de 53° en arrière de E mais il tourne autour de
b . La somme vectorielle donne un courant IT de 5 A déphasé
de 53° en arrière de IR . son origine 0 2 . Comme la position des origines est ar-
bitraire, on peut tracer les vecteurs de plusieurs façons,
comme, par exemple, celles de la Fig . 23-14 .
23 .6 Vecteurs négatifs et soustraction de Remarquer que si un système composé de plusieurs
vecteurs vecteurs tourne de 30°, tous les vecteurs tourneront de
Dans certains cas, il faut soustraire un vecteur d'un 30° autour de leurs origines respectives .
autre ; c'est alors que le concept de vecteur négatif est Comment trouver l'angle entre deux vecteurs détachés?
particulièrement utile . Soit un vecteur Ea (Fig . 23-12) . Imaginons qu'on fasse tourner un des vecteurs autour
Le vecteur négatif - Ea (en pointillé) a la même lon- de son origine jusqu'à ce qu'il pointe dans la même
gueur que Ea, mais il est dirigé dans le sens opposé . direction que l'autre . L'angle de rotation correspond
au déphasage entre les vecteurs, et le sens de rotation

-Ea
r

Figure 23-12 Figure 23-14


Pour changer le signe d'un vecteur, on le fait tourner de 180° . Vecteurs détachés .

DIAGRAMMES VECTORIELS 305

indique si le vecteur est en avant ou en arrière de l'autre .


Par exemple, si on doit faire tourner un vecteur A dans
le sens horaire afin qu'il s'aligne avec un vecteur B,
alors A est en avant de B . 1
2 E23
Exemple 23-3 3
La génératrice à c .a . de la Fig . 15a produit trois
tensions égales E l ,, et E3 i entre ses bornes 1, 2
et 3 . Ces tensions sont représentées par Lies vecteurs
détachés disposés en forme de triangle (Fig . 2-3-15b) . (a) (b)
Sachant que les trois tensions ont chacune une va-
E23
leur crête de 200 V . déterminer :
a) leur polarité et leur valeur instantanée lorsque
F-'3 = + 200 V (cas de la Fig . -15b)
b) le déphasage entre ces trois tensions

Solution
a) Les valeurs instantanées sont données par la projec-
tion des vecteurs sur l'axe vertical CD . Les projec- E3
tions sont positives lorsque les vecteurs pointent vers
le haut, et négatives lorsqu'ils pointent vers le bas . Figure 23-15
E23 = +200 V ; la borne 2 est positive par rapport a . Générateur produisant 3 tensions déphasées de 120° ;
b . Diagramme vectoriel des tensions ;
à la borne 3 ;
c . Autre manière de présenter le diagramme vectoriel .
E12 = -100 V; la borne 1 est négative par rapport
à la borne 2 ;
E31 = -100 V; la borne 3 est négative par rapport ne sont plus requis, car on ne s'intéresse pas aux va-
à la borne 1 . leurs instantanées des tensions et des courants. Toute-
b) Pour déterminer le déphasage entre les vecteurs, fois, on trouve la somme ou la différence des vecteurs
considérons d'abord les vecteurs E31 et E12 . Afin de de la même manière . Ces vecteurs qui ne tournent pas
les aligner, on doit faire tourner E12 de 120° dans le sont parfois appelés phaseurs (en anglais «phasors») .
sens antihoraire. Par conséquent, E12 est en arrière
de E31 . Cependant, il est plus facile de redessiner Exemple 23-4
les trois vecteurs avec une origine commune (Fig. Tracer le diagramme vectoriel pour le circuit de la
23-15e) ; on peut indiquer le déphasage de plusieurs Fig . 23-16 . Trouver la valeur efficace du courant 'T
manières, en voici quelques-unes : et son déphasage par rapport à la tension E . La ten-
E23 est déphasé de 120° en arrière de E12 sion de la source est de 360 V efficace .
E12 est déphasé de 120° en avant de E23
IT
E23 est déphasé de 240° en arrière de E31

E31 est déphasé de 120° en arrière de E23

et ainsi de suite . xc
360 V
40 52
23 .8 Vecteurs et phaseurs
Dans la résolution des circuits à courant alternatif, on
utilise habituellement les valeurs efficaces des tensions
et des courants . On peut alors employer des vecteurs
Figure 23-16
dont la longueur correspond aux valeurs efficaces res- Circuit composé de trois éléments . On cherche le courant IT
pectives . Dans ce cas, les axes AB et CD (Fig . 23-3a) (voir exemple 23-4) .

306 ÉLECTROTECHNIQUE

Solution 03
Dans ce circuit, la tension est commune aux trois élé-
ments R, XL et Xc . Par conséquent, nous la choisissons 6A
I3
comme vecteur de référence . On la trace donc dans le
I2
sens horizontal en utilisant une échelle appropriée 360 V
Oz »-E 9A
(1 mm = 6 V) . À partir de ce vecteur de référence, on
trace les vecteurs I l , 12 et 13 . O, -h
4A
I l = 360 V/90 S2 = 4 A, en phase avec E, car l'élé-
04
ment est résistif. (On utilise l'échelle 3 mm
= 1 A .) Figure 23-18
Diagramme vectoriel de la Fig . 23-17, montrant les vecteurs
12 = 360 V/60 S2 = 6 A, 90° en arrière de E, car sous forme détachée .
l'élément est inductif.
13 = 360 V/40 S2 = 9 A, 90° en avant de E, car
l'élément est capacitif .
CALCUL VECTORIEL
Le courant IT est la somme vectorielle des courants
Il, 12 et 13 . D'après la construction graphique, on me- On peut résoudre la plupart des circuits à courant al-
sure IT = 15 mm, soit 5 A efficace . Un rapporteur in- ternatif en utilisant la méthode graphique exposée dans
dique que IT est déphasé de 37° en avance sur E (Fig . ce chapitre . Cependant, pour décrire les vecteurs, il est
23-17) . souvent plus pratique d'utiliser une expression mathé-
matique plutôt qu'une représentation purement graphi-
que. Le calcul vectoriel permet de trouver facilement
Ii....». la somme ou la différence de deux vecteurs . Il permet
I3
aussi de trouver le produit ou le quotient de deux vec-
9A
I2 teurs . Par la suite, cette méthode permet de calculer
l'impédance d'un circuit et les puissances active et réac-
tive qu'il consomme .
5A
Le calcul vectoriel exige seulement une connaissance
37° I
élémentaire de la trigonométrie . Les paragraphes qui
4A » 360V »E
suivent expliquent les règles de base de cette méthode
de calcul .
6A
23.9 Représentation polaire d'un vecteur
12 Considérons un vecteur VE de tension ayant une va-
leur efficace E, et faisant un angle 6 avec l'axe hori-
Figure 23-17
Diagramme vectoriel du circuit (voir exemple 23-4) . zontal (Fig . 23-19) .

On observe que le courant fourni par la source (5 A)


est inférieur à celui circulant dans le condensateur (9 A)
et dans l'inductance (6 A) . C'est un phénomène nou-
veau, bien différent de ce que nous avons rencontré
dans les circuits à courant continu .
La Fig . 23-18 montre les mêmes phaseurs que ceux de
la Fig . 23-17, sauf qu'ils sont détachés les uns des
autres . On constate que 12 est encore 90° en arrière de Figure 23-19
E, alors que Ii est en phase avec E. Représentation polaire d'un vecteur .

DIAGRAMMES VECTORIELS 307

On peut le représenter sous la forme polaire par l'ex- V2


pression :
VP2

VE = EL 0 (23-2)
VH2
ou
VE = vecteur de tension
E = valeur efficace de la tension
0 = angle entre le vecteur et l'axe horizontal V P4

Noter que le symbole utilisé pour le vecteur est donné


en caractère gras .
Figure 23-21
La Fig . 23-20 donne deux autres exemples de la re-
Le vecteur V est composé d'un vecteur horizontal et d'un
présentation polaire . Dans cette figure, l'angle d t est vecteur vertical .
positif parce qu'il est mesuré dans le sens antihoraire à
partir de l'axe horizontal . Par contre, l'angle 02 est
négatif parce qu'il est mesuré dans le sens horaire . Les vecteurs V H sont positifs lorsqu'ils pointent vers
Ainsi, le vecteur I T de la Fig . 23-7 serait désigné : la droite, et négatifs lorsqu'ils pointent vers la gauche .
Ainsi, les vecteurs VHI et VH4 sont positifs, alors que
IT =5/-53° V H2 et VH3 sont négatifs .

tandis que celui de la Fig . 23-17 serait désigné : De la même façon, les vecteurs Vp sont positifs lors-
qu'ils pointent vers le haut, et négatifs lorsqu'ils poin-
I T = 5/37° tent vers le bas . Par conséquent, les vecteurs VP1 et VP2
sont positifs, tandis que V P3 et V P4 sont négatifs .
Nous utiliserons toujours la forme polaire pour mul-
tiplier ou diviser deux vecteurs . Afin de distinguer les vecteurs verticaux des vecteurs
horizontaux, on ajoute le préfixe j * à tous les vecteurs
verticaux . Ainsi, dans la Fig . 23-22a, le vecteur V 1 est
composé du vecteur horizontal ayant une longueur «a»
et d'un vecteur vertical ayant une longueur «b» . Le
vecteur V 1 est donc la somme vectorielle des vecteurs
a et jb, soit :
V, =a+jb
De la même façon, le vecteur V2 (Fig . 23-22b) est donné
par la somme :

Figure 23-20
V2 =c-jd
a . Langle est positif lorsqu'il est mesuré dans le sens
antihoraire ;
b . l'angle est négatif lorsqu'il est mesuré dans le sens horaire .

23 .10 Représentation rectangulaire d'un


vecteur
On peut imaginer qu'un vecteur est composé de la (a) (b)
somme vectorielle de deux vecteurs, l'un qui est
parallèle à l'axe horizontal et l'autre qui lui est Figure 23-22
Représentation rectangulaire d'un vecteur.
perpendiculaire . Par exemple, les vecteurs V 1 , V 2 ,
V 3 , V 4 de la Fig . 23-21 sont tous composés de deux Le lecteur familier avec la théorie des nombres complexes
vecteurs V H et Vp . reconnaîtra que le symbole j représente .


308 ÉLECTROTECHNIQUE

Nous utiliserons toujours la forme rectangulaire pour soit


additionner ou soustraire deux ou plusieurs vecteurs .
V = ALO= Acos0+ jAsine (23-3)
23 .11 Conversion polaire = rectangulaire
ou
Nous avons mentionné qu'on utilise la forme polaire
V = le vecteur (ou phaseur)
pour multiplier ou diviser les vecteurs, alors qu'on uti-
A = amplitude du vecteur
lise la forme rectangulaire pour les additionner ou les
0 = angle entre le vecteur et l'axe horizontal
soustraire . Afin d'effectuer toutes ces opérations, on
Acose = composante horizontale du vecteur
doit établir une méthode permettant de convertir les
Asine = composante verticale du vecteur
vecteurs d'une forme à l'autre .
Le symbole j qui précède l'expression Asin 0 veut sim-
Considérons le vecteur V dont l'amplitude est A, in-
plement dire que ce vecteur est perpendiculaire à l'axe
cliné à un angle 0 (Fig . 23-23) . On peut écrire sous la
horizontal .

Exemple 23-5
Un vecteur V est exprimé par la forme polaire :

V = 1062148°
Exprimer ce vecteur sous la forme rectangulaire .

Solution
La forme rectangulaire est donnée par :

V = x + jy
Figure 23-23 = Acose + jAsinO
Relation entre les formes polaire et rectangulaire d'un vecteur .
• 106 cos 148° + j 106 sin 148°
• 106 x (-0,848) + j 106 x 0,53
forme polaire : • -90+j56

V = ALO Par conséquent,


D'autre part, en utilisant la forme rectangulaire, on ob-
V = 1062148° _ - 90 + j 56
tient :
V = x + jy
23 .12 Conversion rectangulaire = polaire
La composante horizontale de V a une amplitude x Supposons maintenant que le vecteur V soit donné sous
donnée par: la forme rectangulaire et qu'on désire l'exprimer sous
x = Acose la forme polaire . On procède comme suit:

De même, la composante verticale de V a une ampli- V=x+jy


tude y donnée par: En se référant à la Fig . 23-23 on constate que l'ampli-
y =Asine tude du vecteur est donnée par:
A = \/x2 + y2
On peut donc écrire :

V = ALO De plus, l'angle 0 est donné par :

=x+jy
O = arctan Y
=AcosO+ jAsine x



DIAGRAMMES VECTORIELS 309

Par conséquent, la forme polaire est donnée par : Le conjugué d'un vecteur est un vecteur de même lon-
gueur, mais dont l'angle est mesuré dans le sens con-
V = AL9 = V x2 + y2 / arctan Y (23-4) traire à celui du vecteur original . La Fig . 23-24 donne
X deux exemples d'un vecteur et de son conjugué .
ou
V = le vecteur
A =amplitude du vecteur
0 = angle entre le vecteur et l'axe horizontal
x = composante horizontale du vecteur
y = composante verticale du vecteur
Note: Lorsque x est négatif, ont doit ajouter 180° à l'angle
0 = arctan y/x indiqué par une calculatrice .

Exemple 23-6
Un vecteur V est exprimé sous la forme rectangu-
laire :
Figure 23-24
35+j1 2 Vecteur V et son conjugué V* .

Exprimer cc vecteur sous la forme polaire .


23.14 Addition des vecteurs
Solution Soient deux vecteurs donnés par :
L'amplitude du vecteur est :
V 1 =a+ jb et V 2 =c+ jd
A = 1~ x 2 + y2 = 1~ (- 35) 2 + 122 La somme vectorielle donne un nouveau vecteur V :
1f 1369 = 37
V = V1 + V2
l'angle du vecteur est : a + jb + c + jd
12 _ (a + c) + j (b + d)
9 = arctan Y = arctan C'est dire que la composante horizontale du vecteur V
x - 35
est égale à la somme des composantes horizontales de
= arctan (- 0,3428) = -19° + 180° = 161 ° V, et de V2 .
Remarquer qu'on a dû ajouter 180° à l'angle calculé De même, la composante verticale du vecteur V est
par arctan car la composante x est négative . égale à la somme des composantes verticales de V I et
de V2.
Par conséquent, la forme polaire du vecteur est :
Exemple 23-7
V = 372161° Il .s'agit de trouver la somme des deux vecteurs de
23 .13 Conjugué d'un vecteur la Fie . i, définis comme suit :
Lors du calcul des puissances active et réactive dans
un circuit à courant alternatif, on utilise le conjugué
d - un vecteur. Soit un vecteur donné par la forme po-
laire : Calculer :
V = AZO a) les composantes horizontale et verticale du vec-
Par définition, le conjugué V* du vecteur (identifié par teur résultant
un astérisque) est alors : b) I' amplitude et l'angle de phase du vecteur résul-
tant
V * = AZ-0
ci la forme polaire (lu vecteur
310 ÉLECTROTECHNIQUE

tudes . L' angle est égal à la somme (9 1 + 62 ) des ang


Par conséquent, le produit des vecteurs est un noue
vecteur V donné par :

V = V 1V2 = A 1 20 1 x A2 202

(b) = A 1 A2 2(e1 + e2 )

on a donc
Figure 23-25
a . Forme rectangulaire de deux vecteurs (voir exemples V = V, V2 = A, A2 Z (e1 + 92 )
23-7, -8, -9) ;
b . Addition des vecteurs . où
V 1 V 2 = produit des deux vecteurs
A 1 , A 2 = amplitudes respectives des vecteurs
Solution
91 , 92 = angles respectifs des vecteurs
a) Le vecteur résultant est :
V = vecteur résultant
V = V 1 + V2
Exemple 23-8
3 + j4+9- j9 Trouver le produit des vecteurs montrés à la Fig.
= 12 -j5 23-25a, soient :

La composante horizontale (x) est 12 ; la composante


verticale (y) est -5 . Le vecteur résultant est montré à la
Fig . 23-25b .
Solution
b) L'amplitude du vecteur résultant est: Afin de trouver le produit des vecteurs, on doit d'abord
A = \/ X 2 + y2 les transformer dans la forme polaire .
Pour V 1 on a :
_ ~/12 2 + (-5) 2
= 13 A 1 = 13 2 + 4 2 =5

L'angle est : 4
e1 = arctan = arctan 1,33 = 53,1°
3
donc
0 = arctan y V 1 = 5 Z53,1 -
x
Pour V 2 on a :
-5
= arctan arctan - 0,417
12 A2 = 1~ 9 2 + (-9)2 = 12,73
= - 22,6°
e2
= arctan -9 = arctan - 1 = - 45°
c) La forme polaire du vecteur résultant est : 9
V = 13Z-22,6° donc V2 = 12,73 L- 45°

23.15 Multiplication des vecteurs Par conséquent, le produit donne :


Soient deux vecteurs donnés par :
V = V 1 V 2 = 5 L53,1 x 12,73 L- 45
V 1 = A 1 Le1 et V 2 = A 2Le2 = 63,65 253,1 +(-45) = 63,65 28,1°
Le produit de deux vecteurs donne un nouveau vecteur
dont l'amplitude est égale au produit A 1 A 2 des ampli-





DIAGRAMMES VECTORIELS 311

23 .16 Division de deux vecteurs


Soient deux vecteurs exprimés par :

V 1 = A 1 L01 et V 2 = A 2 L02

La division de V 1 par V2 donne un nouveau vecteur V


dont l'amplitude A et l'angle 0 sont :

1
A=A (a) (b)
A2
Figure 23-26
0=0 1 - 02 a . Circuit électrique généralisé ;
b . Relations vectorielles entre E, I, dans un circuit à courant
C'est dire que : alternatif .

A,201 al
V = VI = = L(01 - 02) = A/e
la charge Z est composée d'un groupement de résis-
V2 A2 /02 A2
tances, d' inductances et de condensateurs raccordés de
on a donc
façon quelconque . La tension aux bornes de la charge
est E et le courant résultant est I. Comme dans le cas
VI d'une résistance, le rapport E/I est une mesure de l'op-

V = = A I L(01 -02) (23-6)
V2 A2 position que la charge offre au passage du courant . Dans
les circuits à courant alternatif, le rapport E/I généra-
où les symboles ont la même signification qu'aupara- lisé s'appelle impédance .
vant .
Supposons que la tension soit exprimée par le vecteur :
Exemple 23-9
V E = EL01
Calculer l'amplitude et l'an e de phase du vecteur
résultant de la division de V 1 par V, (Fig . 23-25a) . et que le courant soit donné par le vecteur :

Solution
V I =I202
On vient de trouver dans l'exemple 23-8 que :
où E, I sont les valeurs efficaces de la tension et du
VI = 5/53,1 et V2 = 12,73/-45
courant (Fig . 23-26b) . L'impédance Z du circuit est
Par conséquent, alors :
V = V1 = 5/53 , 1
= 0,393 /53,1- (-45) Z = V E _ EL 01
V2 12,73/- 45 E
= E /(9 - 9 ) = LB
VI I/92 I 1 2 I
= 0,393/98,1°
On constate que l'impédance est aussi un vecteur
Ceci complète les règles concernant la manipulation dont l'amplitude est E/I et que l'angle 0 est celui
des vecteurs . Appliquons maintenant le calcul vecto- compris entre le vecteur tension et le vecteur cou-
riel aux circuits électriques . rant (Fig . 23-26b) .
23 .17 Impédance d'un circuit Si l'on exprime l'impédance sous la forme rectangu-
Nous avons déjà vu à la section 23 .8 que la tension laire, on obtient :
d'une source et le courant qu'elle fournit sont souvent
déphasés . L'angle de déphasage dépend de la nature E
Z = E cos 0 + j sin 0
de la charge . Dans la Fig . 23-26a, nous supposons que I I


312 ÉLECTROTECHNIQUE

Trouvons maintenant, à tour de rôle, l'impédance d'une Une réactance inductive est donc un vecteur d'ampli-
résistance, d'une réactance inductive et d'une réactance tude XL, dirigé verticalement vers le haut.
capacitive . 23 .20 Impédance vectorielle d'une
réactance capacitive
23 .18 Impédance vectorielle d'une
résistance Dans le cas d'une réactance capacitive, la tension est
On sait que pour une résistance, l'angle 0 entre la ten- 90° en arrière du courant . Par conséquent, 0 = - 90°,
sion et le courant est nul . Par conséquent, on peut écrire : ce qui nous permet d'écrire :

E E
E sin 0 Z réactance capacitive cos 0 + j sin 0
Z résistance = j cos 0+ j i

= E cos 0° + j E sin 0° E cos (-90°) + j E sin (-90°)


I I I I
E
=E+0 =0-j-
I
I
E .E

I I

Le rapport Eh est simplement égal à la résistance R, de Puisque le rapport EII est égal à la valeur de la réac-
sorte que nous pouvons écrire : tance capacitive Xc on peut écrire :

Z résistance - R (23-7) Z réactance capacitive ZC - -J Xc (23-9)

En d'autres mots, le vecteur représentant une résistance


a une longueur R et il est dirigé vers la droite sur l'axe Une réactance capacitive est donc un vecteur d'am-
horizontal . plitude Xc, dirigé verticalement vers le bas .
La représentation vectorielle de R, ZL et Zc est très utile
23 .19 Impédance vectorielle d'une
dans la résolution des circuits à courant alternatif . Nous
réactance inductive
l'appliquerons dans les chapitres qui suivent .
On se souvient (section 22 .8) que pour une inductance
la tension est 90° en avant du courant . Par conséquent, 23 .21 Résumé
0 = +90°, ce qui nous permet d'écrire : Dans ce chapitre, nous avons appris qu'une grandeur
sinusoïdale comme une tension ou un courant peut être
représentée par un vecteur tournant. Lorsque ces vec-
E cos 0+ j E sin 0
Z réactance inductive teurs sont représentés graphiquement, ils forment un
I I
diagramme vectoriel . Chaque vecteur peut aussi être
= E cos 90° + j E sin 90° exprimé par deux nombres, soit sous forme rectangu-
I I laire (composante horizontale et composante verticale),
soit sous forme polaire (valeur efficace et angle) . On
=O+j- définit aussi l'impédance vectorielle d'une résistance,
I
d'une réactance inductive et d'une réactance capacitive .
E
= J- Le calcul vectoriel permet de généraliser les techni-
I ques de solution des circuits à courant continu aux cir-
cuits à courant alternatif. Nous avons appris comment
Comme le rapport E/I est simplement la valeur de la effectuer les opérations d'addition, soustraction, mul-
réactance inductive XL, on peut écrire : tiplication et division sur les vecteurs représentant des
Z réactance inductive ZL = J XL (23-8) tensions, courants et impédances . Pour l'addition et la

DIAGRAMMES VECTORIELS 313

soustraction, il est plus commode d'utiliser les vec- 50 Hz et de 40 Hz . L' angle entre ces deux tensions est
teurs sous forme rectangulaire . Par contre, pour les initialement nul .
opérations de multiplication et de division on utilise la
a) De combien de degrés les vecteurs tournent-ils, res-
forme polaire .
pectivement, dans un intervalle de 5 ms? de 195 ms?
b) Quel est le déphasage entre les tensions Ea et Eb
après un intervalle de 5 ms? de 195 ms?
23-8 En s'inspirant de la section 23 .7 et en choisissant
PROBLÈMES - CHAPITRE 23
les échelles 1 mm = 2 V et 5 mm = 1 A, tracer les
Niveau pratique diagrammes vectoriels correspondant aux tensions et
23-1 Une tension sinusoïdale de 60 Hz possède une courants efficaces suivants :
valeur crête de 200 V . Dessiner le vecteur correspon- a) tension de 160 V déphasée de 90° en avant d'un cou-
dant à cette tension en utilisant l'échelle 1 mm = 2 V. rant de 10 A
a) Quelle est la longueur du vecteur? b) courant de 6 A déphasé de 30° en arrière d'une ten-
b) À quelle vitesse le vecteur tourne-t-il, en tours par sion de 120 V
seconde? c) courant de 18 A déphasé de 150° en avant d'une
c) Quel est le temps requis pour exécuter un tour? tension de 60 V
d) tension de 200 V déphasée de 690° en arrière d'un
23-2 Répétez le problème 23-1 pour une tension de
courant de 8 A
4 Hz dont la valeur crête est de 80 V.
23-9 En se référant à la Fig . 23-27, trouver la gran-
23-3 Répétez le problème 23-1 pour un courant ayant deur du vecteur résultant et son déphasage par rapport
une valeur efficace de 42,4 A et une fréquence de 5 kHz . au courant 12 lorsqu'on fait les sommes vectorielles
(La projection du vecteur sur l'axe vertical doit donner suivantes :
la valeur instantanée du courant .)
a) Il +12 b) Il -I2
23-4 Les vecteurs représentant les tensions et les cou- c)-I l +I2 d)-Ii -12
rants électriques tournent tous dans le sens con- (Prendre une échelle appropriée et utiliser une solu-
ventionnel . Quel est ce sens de rotation convention- tion graphique .)
nel?
23-10 En se référant à la Fig . 23-28, trouver la gran-
23-5 Une tension de 50 Hz ayant une valeur crête de deur du vecteur résultant et son déphasage par rapport
400 V est représentée par un vecteur dont la longueur au courant 13 lorsqu'on fait les sommes vectorielles
est de 100 mm . suivantes :
a) Doit-on tracer ce vecteur dans le sens horizontal, a)I3+14 b)I3-I4
vertical ou à un angle quelconque? c)-I3+I4 d)-I3-I4
b) Calculer le temps requis pour que le vecteur tourne (Prendre une échelle appropriée et utiliser une solu-
d'un angle de 360° . tion graphique .)
c) Calculer le temps requis pour que le vecteur tourne
23-11 En se référant à la Fig . 23-29, trouver la gran-
d'un angle de 90°, 30°, 2°, 2700° .
deur du vecteur résultant et son déphasage par rapport
23-6 Un courant sinusoïdal de 50 Hz ayant une va- à la tension E2 lorsqu'on fait les sommes vectorielles
leur crête de 12 mA est représenté par un vecteur ayant suivantes :
une longueur de 60 mm.
a)Et+E2+E3+E4 b) El +E2+E3-E4
a) Quelle est l'échelle utilisée? C) El -E2+E3-E4 d)-Et+E4
b) De combien de degrés le vecteur tourne-t-il dans un (Prendre une échelle appropriée et utiliser une solu-
intervalle de 5 ms? de 100 µs? de 2 s? tion graphique .)
23-7 Deux tensions E a et Eb ayant une valeur crête
23-12 Dans la Fig . 23-27, exprimez les vecteurs dans
de 200 V possèdent respectivement une fréquence de
la forme polaire .

314 ÉLECTROTECHNIQUE

Niveau intermédiaire 8 A

23-13 Trouver la somme vectorielle des vecteurs de t1 l


la Fig . 23-30 . 2> 15A

23-14 a) Tracer la forme d'onde représentée par le Figure 23-27


vecteur Ii de la Fig. 23-27 sachant que 8 A représente Voir problèmes 23-9, 23-14, 23-15 .
la valeur crête du courant et que les valeurs instanta-
nées sont données par la projection sur l'axe vertical .
13 20 A
b) Quelle est la valeur instantanée du courant aux an-
,>4 L J 20°
gles suivants : 0°? 90°? 240°?
10A
23-15 a) Tracer la forme d'onde représentée par le
vecteur 12 de la Fig . 23-27, sachant que 15 A repré- Figure 23-28
sente la valeur crête . Voir problèmes 23-10, 23-16 .

b) Quelle est la valeur instantanée du courant aux an-


gles suivants : 0°? 90°? 270°? 110V

23-16 a) Tracer la forme d'onde représentée par le


vecteur 14 de la Fig . 23-28, sachant que 10 A repré- 20 V E3 E2
4
sente la valeur crête et que la fréquence est de 50 Hz .
b) Calculer la valeur instantanée du courant aux an-
gles suivants : 0°, 30°, 120° .
c) Calculer la valeur instantanée du courant aux ins- Figure 23-29
Voir problème 23-11 .
tants suivants : 0, 5 ms, 10 ms, 955 ms .
23-17 Dans la Fig . 23-30, quel est le déphasage :
a) de 16 par rapport à 15?
b) de 16 par rapport à h ?
c) de 17 par rapport à 15 ?
23-18 Dans la Fig . 23-31, quel est le déphasage :
15
10A
a) de E12 par rapport à E31 ?
b) de E23 par rapport à E31? ts

c) de E12 par rapport à E23?


3A
23-19 a) Tracer sur un même graphique les formes
d'ondes des tensions E12, E23, E31 (Fig . 23-31), sa-
chant que la fréquence est de 60 Hz et que les valeurs Figure 23-30
Voir problèmes 23 -13, 23-17 .
efficaces sont de 600 V. On supposera que E12 = 0 V à
t=0.
E 12
b) Quelles sont les polarités instantanées et les valeurs
des tensions E12, E23, E31 après 6 ms? après 100 ms?
après 27 min?
Niveau avancé
23-20 Une tension sinusoïdale est exprimée par
l'équation E = 850 sin (18 000 t + 90°) . Calculer la
Figure 23-31
fréquence et tracer la forme d'onde . Voir problèmes 23-18, 23-19 .

DIAGRAMMES VECTORIELS 315

23-21 Dans la Fig . 23-30 exprimer le vecteur 17 : 23-25 Dans la Fig . 23-31, les vecteurs représentent
a) sous la forme polaire chacun une tension crête de 180 V. Exprimer le vecteur
E 31 :
b) sous la forme rectangulaire
23-22 Une tension efficace est exprimée par le vec- a) sous la forme polaire
teur E = 8 -j15 . b) sous la forme rectangulaire

a) Exprimer ce vecteur sous la forme polaire . 23-26 Soient deux vecteurs donnés par :
b) Déterminer le conjugué du vecteur sous la forme V 1 =63+j16 et V 2 =-5-j12
rectangulaire. Calculer sous la forme polaire :
23-23 Une tension est représentée par l'équation : a) la valeur du produit des vecteurs
E = 850 sin 18 000 t b) la valeur de V1/V2
où l'angle est exprimé en degrés et t en secondes .
Calculer :
a) la fréquence de la tension
b) la valeur efficace de la tension
23-24 Dans la Fig . 23-15, la tension E13 aune valeur
instantanée de + 75 V. Sachant que la fréquence est de
72 Hz, calculer :
a) la valeur efficace de E13
b) la valeur instantanée de E13 3 s plus tard
24
Solution des circuits à
courant alternatif

Il est indispensable de connaître quelques principes de en régime permanent, lorsque les tensions et les cou-
base sur la résolution des circuits à c .a . Ces règles sont rants sont sinusoïdaux. Cependant, la méthode graphi-
faciles à utiliser et elles nous aideront à comprendre le que (méthode 1), appuyée au besoin par une connais-
fonctionnement des moteurs, génératrices, lignes de sance de la trigonométrie, suffit pour résoudre la ma-
transport et, plus généralement, de tout dispositif fonc- jorité des problèmes quotidiens .
tionnant à courant alternatif. Dans ce chapitre, nous
24 .1 Impédance d'un circuit
utiliserons trois méthodes pour résoudre les circuits
parallèles, séries et mixtes : Le rapport E/I dans un circuit à courant alternatif s'ap-
pelle l'impédance du circuit (Fig . 24-1) et il se mesure
méthode 1 : résolution par diagrammes vectoriels en ohms . L'impédance (symbole Z) représente la «ré-
tracés à l'échelle . Cette méthode graphique ne né- sistance» que le circuit offre au passage d'un courant
cessite que des calculs simples et permet de visua- alternatif. Par exemple, si la tension efficace aux bor-
liser les tensions et les courants . nes d'un montage quelconque est de 120 V et le cou-
méthode 2 : résolution à l'aide de formules mathé- rant de 4 A, l'impédance du circuit est :
matiques . Ces formules permettent de résoudre les
Z=E/I= 120V/4A=3052
circuits plus rapidement mais elles sont limitées aux
circuits simples . Le terme «impédance» englobe toutes les sortes d'op-
méthode 3 : résolution par les techniques de calcul
vectoriel présentées au chapitre 23 . Cette méthode
est la plus générale . Elle est plus précise que la
méthode graphique et permet de résoudre des cir-
cuits complexes . montage quelconque
à courant alternatif
Il existe en effet plusieurs méthodes permettant de ré-
soudre les circuits à c .a ., chacune ayant une utilité par-
ticulière . Ainsi, les équations différentielles et les trans-
formées de Laplace servent à analyser les phénomènes
Figure 24-1
transitoires, tandis que le calcul vectoriel utilisant les Définition de l'impédance et de la puissance apparente d'un
nombres complexes convient pour résoudre les circuits circuit à courant alternatif.

316
SOLUTION DES CIRCUITS À COURANT ALTERNATIF 317

position d'un circuit au passage d'un courant alterna- Exemple 24-1


tif. y compris la résistance d'un élément chauffant, la Le circuit de la Fig . 24-2a comprend une résistance
réactance inductive d'une bobine, la réactance capa- de 30 £2 et une réactance capacitive de 16 Q rac-
citive d'un condensateur et toute combinaison imagi- cordées en parallèle sur une source de 240 V. Trou-
nable de ces trois composants fondamentaux . ver :
24 .2 Puissance apparente a) le courant I et son déphasage par rapport à la ten-
La puissance apparente S d'un circuit à courant alter- sion E
natif est égale au produit de la tension efficace E à ses h) l'impédance du circuit
bornes par le courant efficace I qui circule (Fig . 24-1) . e) les puissances active . réactive et apparente du cir-
La puissance apparente se mesure en volts-ampères cuit
i VA) ; on utilise souvent les multiples de cette unité,
soit le kilovolt-ampère (kVA) et le mégavolt-ampère Solution
111VA) . a) Pour trouver la valeur du courant I, on doit d'abord
calculer la valeur de Il dans la résistance de même que
La Fig . 24-1 peut représenter un montage complexe
12 dans la réactance capacitive, et ensuite tracer un dia-
contenant des éléments résistifs, inductifs et capaci-
gramme vectoriel .
tifs . Le montage peut aussi comprendre des sources de
tension . La puissance apparente englobe donc toutes 1 . La tension étant commune aux deux éléments, on la
les formes de puissances, à savoir les puissances ac- choisit comme vecteur de référence . Traçons le vec-
tives (watts), les puissances réactives (vars) et toute teur dans le sens horizontal .
combinaison possible de ces deux puissances . Cela 2 . Il = 240 V/30 S2 = 8 A . L'élément de 30 Q2 étant
nous permet d'écrire les formules générales suivantes : résistif, le courant Il est en phase avec la tension .
3 . 12 = 240 V/16 S2 = 15 A . L'élément de 16 £2 étant
Z= E (24-1) capacitif, ce courant est déphasé de 90° en avance
I sur la tension .
4 . Le courant I est égal à la somme vectorielle
S = EI (24-2) I=It+I2
D'après le diagramme vectoriel, tracé à l'échelle (Fig .
Z = impédance du circuit, en ohms [Q2] 24-2b), on trouve que I possède une valeur de 17 A
S = puissance apparente, en volts-ampères [VA]
E = tension sinusoïdale efficace, en volts [V]
I = courant sinusoïdal efficace, en ampères [A]
30
240 V 16 S2
SOLUTION DES CIRCUITS PAR LA MÉTHODE S2
GRAPHIQUE (Méthode 1) Il

Les exemples numériques suivants indiquent comment


(a)
résoudre les circuits parallèle, série et mixte . Les vec-
teurs y sont tracés à l'échelle, ce qui permet de mesu-
I2
rer leurs amplitudes avec une règle, et leurs angles de
phase avec un rapporteur . 15A 17 A
62° 240 V
24.3 Solution graphique d'un circuit )-E
8A I
parallèle (b)
L'exemple numérique suivant indique comment résou-
Figure 24-2
dre un circuit parallèle . a . Circuit parallèle ;
b . Résolution du circuit (voir exemple 24-1) .

318 ÉLECTROTECHNIQUE

efficace . Un rapporteur indique qu'il est déphasé de teur ER dans la même direction que le vecteur I; la lon-
62° en avant de la tension . gueur de ce vecteur, mesurée à l'échelle, correspond à
b) L'impédance du circuit est : 120 V
Le courant de 10 A traversant une réactance inductive
Z=E/I=240V/17A=14,1 £2
de 5 Q produit une tension EL de :
Noter que l'impédance est une propriété d'un circuit
et qu'elle est indépendante de la valeur de la tension EL =10Ax5Q=50V
appliquée . Cependant, l'impédance dépend de la fré- Puisque, dans une inductance, le courant I doit être
quence de la source, car la valeur des réactances induc- déphasé de 90° en arrière de la tension, il faut tracer le
tives et capacitives varie avec la fréquence . vecteur EL dans une direction perpendiculaire à celle
c) L'élément résistif de 30 S2 consomme une puissance du vecteur I et de façon à ce que EL soit décalé de 90°
active : en avant de I (Fig . 24-3b) .

P=EI1 =240Vx8A=1920W La tension totale E aux bornes du circuit est donnée


par la somme vectorielle de ER et EL. En la mesurant à
L'élément capacitif de 60 S2 représente une puissance l'échelle, on trouve E = 130 V. De plus, un rapporteur
réactive : indique que E est en avance sur I de 22,6° .
Q = EI2 = 240 V x 15 A = 3600 var Noter que la tension totale aux bornes du circuit n'est
La puissance apparente du circuit est: pas égale à (120 + 50) = 170 V, car les tensions ER et
EL ne sont pas en phase .
S=EI=240x 17=4080 VA b) L'impédance du circuit est
On observe que la puissance apparente n'est pas égale
Z=E/I=130V/10A=1352
à la somme arithmétique des puissances active et réac-
tive : 4080 1920 + 3600 . c) La puissance apparente du circuit est:

24 .4 Solution graphique d'un circuit série S=EI= 130V x 10 A= 1300 VA

L'exemple numérique suivant indique comment ré- La puissance active est


soudre un circuit série .
P = ERI = 120 V x 10 A = 1200 W
Exemple 24-2
Soit un circuit (Fig . 24-3) formé d'une résistance de
12 S2 en série avec une réactance inductive de 5 S2,
et parcouru par un courant I de 10 A . Trouver :
a) la tension E et son déphasage par rapport au cou-
rant I (a)
b) l'impédance du circuit
c) les puissances active, réactive et apparente du cir-
cuit

Solution
a) Puisque le courant I est le même pour les deux élé-
ments considérés, prenons-le comme vecteur de ré-
férence . On le trace horizontalement vers la droite . (b)

La tension aux bornes de la résistance est :

ER =10Ax 1252=120V
Figure 24-3
Puisque le courant dans une résistance est en phase a . Circuit série ;
avec la tension, nous traçons sur le diagramme un vec- b . Résolution du circuit (voir exemple 24-2) .

SOLUTION DES CIRCUITS À COURANT ALTERNATIF 319

La puissance réactive est : et son vecteur est en phase avec El .

Q=EL I=5OVx 10A =+500 var Le courant IL a une valeur de :

24 .5 Solution graphique d'un circuit mixte IL = 12V/4S2 = 3 A


La solution générale des circuits mixtes (série-paral- et son vecteur est 90° en arrière de Et .
lèle) exige l'utilisation du calcul vectoriel . On peut,
Le courant le dans le condensateur est égal à la somme
cependant, utiliser une méthode graphique dans plu-
vectorielle de I R et de IL et sa valeur (mesurée à
sieurs cas . En voici un exemple .
l'échelle) est de 5 A . La tension E2 aux bornes du con-
Exemple 24-3 densateur est donc :
Déterminer l'impédance entre les points a et h du
E, = IcXc = 5 A x 2 S2 = 10 V
circuit mixte de la Fi<,, . 24-4 .
Le vecteur E2 doit être tracé 90° en arrière de le car le
courant dans un condensateur est toujours 90° en avant
de la tension .
4 S2
La tension E (entre les bornes a et b) est donnée par la
somme vectorielle de E t et de E2 , ce qui donne 10 V
(mesurée à l'échelle) .
L'impédance Zab du circuit est donc :
(a)

E 10 V
Zab = - _ = 2 Q
le 5 A

À l'aide d'un rapporteur, on trouve que le courant l e


12V » .
El
est déphasé de 16° en avant de la tension E .

SOLUTION DES CIRCUITS SIMPLES


À L'AIDE DE FORMULES (Méthode 2)

24 .6 Formules donnant l'impédance de


deux éléments en série
On a souvent besoin de calculer l'impédance d'un cir-
Figure 24-4 cuit composé de deux éléments en série . Lorsque les
a Circuit mixte ; éléments sont de même nature, on additionne sim-
IL Résolution du circuit mixte (voir exemple 24-3) . plement leurs impédances, mais quand ils sont diffé-
rents on est obligé d'utiliser des méthodes vectorielles
pour obtenir l'impédance totale . Il est alors très utile
Solution d'avoir recours à une formule permettant de calculer
bisque l'impédance d'un circuit n'est pas affectée par l'impédance directement.
h tension qu'on lui applique, supposons que la ten- Il existe trois possibilités de raccordement de deux élé-
on El soit de 12 V et choisissons cette tension comme ments différents en série (Fig . 24-5, 24-6 et 24-7) .
secteur de référence . On le trace horizontalement vers Considérons le circuit de la Fig . 24-5 : il comprend une
h droite . résistance R et une réactance inductive XL . Nous dé-
U courant IR a donc une valeur de : montrons ci-après que la valeur de l'impédance Zab
entre les bornes a et b est donnée par la formule 24-3,
IR = 12 V/3 S2 = 4A
soit Zab = l1(R2 + XL 2) .

320 ÉLECTROTECHNIQUE

Supposons qu'un courant de I ampères traverse ce cir- Exemple 24-4


cuit . Il produit une tension ER aux bornes de la résis- Soit le circuit de 1 24-8 . Trouver :
tance et une tension EL aux bornes de l'inductance .
a) le courant I
Les vecteurs de ces deux tensions sont tracés à partir
du vecteur du courant I qui constitue le vecteur de ré- h) les tensions E R et f-'
férence (voir le diagramme vectoriel de la Fig . 24-5) . c) la puissance apparente et la puissance active
La valeur Eab de la somme vectorielle de ER et de EL d) le déphasage entre le courant I et la tension de la
est évidemment égale à : source

Eab = ~ ER + EL

Mais ER = RI et
EL = X L I

donc Eab = 1~ ER + EE

_ -\IR ZI 2 + XLI 2

Par définition, l'impédance d'un circuit est le rapport


entre la tension à ses bornes et le courant qui le par-
court ; donc
xc

Zab = Eab = 1I R2 +XL


2 â-H R H(-O
I I
Ec
On procède de la même façon pour résoudre les cir-
cuits des Fig . 24-6 et 24-7 . On découvre alors les ex-
pressions suivantes : Zab = ,/
R 2 + Xc 2 (24-4)

2
Zab = ~R 2 + XL (24-3) Figure 24-6
Circuit RC en série et son impédance .

Zab = ~R 2 + XL 2 (244)

Zab = Xc - XL (24-5)

Le troisième circuit, composé de X L et Xc , demande


peut-être une explication supplémentaire . Les vec-
teurs de tension sont tracés avec Ec (tension sur le
condensateur) plus grande que EL , ce qui implique
que Xc est plus élevée que XL . Toutefois, il aurait
pu arriver que XL excède Xc et, dans ce cas, le vec-
teur Eab aurait été en avant de I au lieu d'être en
arrière, comme indiqué sur la figure . L'impédance
du circuit aurait donc été égale à (X L - Xc) ohms au
lieu de (X c - XL) ohms .


SOLUTION DES CIRCUITS À COURANT ALTERNATIF 321

40 0 -c
a b

(a)

30 S2 Figure 24-9
Impédances en parallèle .

E, où
Z = impédance parallèle, en ohms [S2]
Z, = impédance de Z 1 , en ohms [S2]
Z2 = impédance de Z2 , en ohms [S2]
(b) Zs = impédance du circuit composé de Z i et Z2 en
R série, en ohms [S2]
53°
y >' 2 A >-I
Cette formule reste valable même si les impédances Z i
60 V E R
et Z2 sont constituées de groupements mixtes . Elle nous
Figure 24-8 permet d'établir l'impédance des circuits parallèles des
a . Circuit série (voir exemple 24-4) ;
b . Résolution du circuit .
Fig . 24-10, 24-11 et 24-12. Ainsi, pour la Fig . 24-10 :

Z l =XL Z2 =R
Solution
et l'impédance de Z i et Z2 en serte est donnée par
Trouvons d'abord l'impédance du circuit entre les bor-
l'équation 24-3 . Donc,
nes a et b . D'après la formule 24-3 :

Zab = 1~ 302 + 402 = 50 S2


Zs = ~ R 2 + XL
100 V_ R XL
al Courant I= E= 2 A d'où Zab =
Z 50 S2 2
VR 2 +XL
b) Tension EL = XLI = 40 £2 x 2 A = 80 V
Tension ER = RI = 30 S2 x 2 A = 60 V

c) Puissance apparente EI = 100 V x 2 A = 200 VA


Puissance active ERI = 60 V X 2 A = 120 W
d) En traçant le diagramme vectoriel (Fig . 24-8b), on
trouve, avec un rapporteur, que le courant lest déphasé
de 53° en arrière de la tension E .

24 .7 Formules donnant l'impédance de


deux éléments en parallèle
L'impédance équivalente à deux impédances Z, et Z 2
en parallèle (Fig . 24-9) est donnée par la formule sui-
vante :

Z i Z2
Z = (24-6)
Zs

322 ÉLECTROTECHNIQUE

On procède de la même manière pour déterminer l'im- Exemple 24-5


pédance des circuits des Fig . 24-11 et 24-12. On ob- Calculer l'impédance du circuit montré à la i` .
tient alors les expressions suivantes : 24-13 .

R XL
Z= (24-7)
2
VR 2 + XL

Z
=
R Xc
(24-8)
240 V
30
£2
1 16 S2

- à 2 + Xo 2
Figure 24-13
I
T
~

XLXC
z= (24-9) Voir exemple 24-5 .
XL - XC

Solution
Ce circuit est semblable à celui de la Fig . 24-11 . L'im-
pédance est donc :

R Xc 30 x 16
Z= _
,\/R2 + X
o2 V302 + 162
=
480 = 14,1 £2
34
ce qui correspond exactement à la valeur que nous
avons trouvée graphiquement à la section 24 .3 .

24.8 Circuits résonnants, fréquence de


résonance
Lorsqu'un circuit est composé de plus de deux élé-
ments, il est impossible de donner des formules uni-
verselles permettant le calcul de l'impédance du cir-
cuit. Cependant, il existe deux circuits à trois éléments
qui méritent notre attention . Il s'agit des circuits ré-
xc
IC sonnants utilisés dans les filtres (Fig . 24-14 et 24-15) .

La Fig . 24-14 montre trois éléments R, XL et Xc con-


I IC I
o- --0 nectés en série . L'impédance entre les bornes a et b est
Eab
a IL b donnée par la formule :
_--f \_ IL 2
Zab = R2 + (XL - Xc ) (24-10)

La Fig . 24-15 montre trois éléments semblables con-


XL XC
z= (24-9) nectés en série-parallèle . L'impédance est donnée par
X L - Xc la formule :

2
Figure 24-12 XC 11R 2 +XL
Circuit LC en parallèle . Zab = (24-11)
~R 2 + (XL - Xc )2




SOLUTION DES CIRCUITS À COURANT ALTERNATIF 323

courant circulant dans le montage est donc I = E ab/R


a Xe X L b (Fig . 24-14) . Comme la réactance X L d'une bobine est
R habituellement entre 10 et 100 fois plus grande que la
I
valeur de sa résistance R, il s'ensuit que la tension aux
bornes de la bobine (composée de R en série avec XL)
Z ab = /R 2 + (X L c
- X )2 (24-10)
sera entre 10 et 100 fois la tension appliquée entre les
bornes a, b du circuit . À toutes fins utiles, la tension
Figure 24-14
aux bornes du condensateur sera aussi de 10 et 100
Circuit RLC en série et son impédance . fois la tension de la source . Ce phénomène d'amplifi-
cation est illustré par l'exemple suivant .

Exemple 24-6
Un circuit résonnant série (Fig . 24-16a) comprend
une bobine avant une résistance de 10 £2 et une réac-
tance X L de 100 £2, raccordée en série avec un con-
densateur de réactance X,, = 100 £2 . Déterminer la
valeur de la tension aux bornes de chaque élément
si la tension de la source est de 120 V .

100 S2

Ec
1200 V
100 52 E r 1200 V

120 V

Dans ces deux circuits, les éléments R et XL sont ha- 1052 ER 120 V
bituellement associés à une bobine. Examinons main-
tenant le phénomène de résonance. 12 A
E
Dans la Fig . 24-14, le circuit est dit en résonance série
(a)
lorsque XL = Xc. De la même façon, le circuit de la
Fie . 24-15 est dit en résonance parallèle lorsque
XL = Xc. Sachant que XL = 2ttfL et que Xc = 1 /2nfC, il
E
s "ensuit que la fréquence de résonance est donnée par
la formule : 1206 V
1200 V
f _ 1
(24-12)
a 84°
21c1'LC
120 V 12 A' I

fR = fréquence de résonance, en hertz [Hz] 1200 V


L = inductance de la bobine, en henrys [H]
C = capacitance, en farads [F]
Ec (b)

24.9 Circuits résonnants série et parallèle


Figure 24-16
D- après la formule 24-10, l'impédance d'un circuit ré- a . Circuit résonnant série ;
sonant série est simplement égale à la résistance R. Le b . Résolution du circuit (voir exemple 24-6) .

324 ÉLECTROTECHNIQUE

Solution XL2
Xc ~R 2 +
L'impédance du circuit est : Zab éq. 24-11
2 2
R + (XL - Xc )
Zab = 1I R 2 + (XL - Xo) 2 éq. 24-10 Xc X XL

Zab = V 102 + (100 - 100)2 ~R 2 + 0


= 10 S2 XL x XL

R
Le courant I = E/Z = 120/10 = 12 A . Puisque l'im-
pédance est résistive, le courant est en phase avec la
soit
tension .
XL
Tension Ec aux bornes du condensateur : Zab = X XL (241 la)
R
Ec = 100 S2 x 12 A = 1200 V, 90° en arrière de I .
Étant donné que le rapport XL/R est généralement en-
Tension EL aux bornes de l'inductance :
tre 10 et 100, l'impédance entre les bornes a, b est de
EL = 100 S2 x 12 A = 1200 V, 90° en avant de 1 . 10 à 100 fois la valeur de XL (ou de Xc) . Donc, le cou-
rant circulant dans la bobine et dans le condensateur
Tension aux bornes de la résistance : est de 10 à 100 fois celui fourni par la source . Cette
ER = 10 x 12 = 120 V, en phase avec le I. amplification du courant peut avoir des conséquences
importantes dans certains montages . Nous aurons l'oc-
La tension EB aux bornes de la bobine est égale à la casion de le constater dans les chapitres qui suivent .
somme vectorielle EL + ER
L' amplification de courant se produit même lorsque la
résonance n'est pas parfaite . L'exemple suivant dé-
EB = V 1200 2 + 1202 montre l'effet d'une résonance partielle dans un mon-
= 1206 V, 84° en avant du courant . tage parallèle .

Noter que les tensions Ec et EB sont 10 fois plus gran- Exemple 24-7
des que celle de la source . Un circuit composé d'une bobine en parallèle avec

Le diagramme vectoriel est donné à la Fig . 24-16b. un condensateur ayant une réactance X (
, de 8 £2 est
raccordé à une source de 200 V (Fig . 24-17) . La
Signalons que l'on ne peut pas mesurer la valeur de EL bobine possède une résistance de 2 £2 et une réac-
ni celle de ER car l'inductance et la résistance de la
tance Xi (le 10 12 . Calculer :
bobine sont physiquement indissociables . Étant donné
qu'on a accès seulement aux bornes de la bobine, on a) l'impédance du circuit
peut seulement mesurer la valeur de EB . b) la valeur des trois courants
En ce qui concerne le circuit parallèle de la Fig . 24-15,
son impédance lors de la résonance est obtenue en uti-
lisant la formule 24-11 . En pratique, cette formule peut
s'écrire sous une forme simplifiée . On note en effet circuit équivalent de la bobine
que l'on peut remplacer le terme i(R 2 + XL2) par XL , 84 25A
pour autant que XL > 5 R . Cette approximation intro-
duit une petite erreur qui est inférieure à 2% . De plus,
il est évident qu'on peut remplacer X c par XL . On peut
donc écrire :

Figure 24-17
Bobine en parallèle avec un condensateur (voir exemple
24-7) .





SOLUTION DES CIRCUITS À COURANT ALTERNATIF 325

Solution 1 Une résistance est un vecteur horizontal dirigé vers


a) L'impédance du circuit est donnée par la formule la droite . Son amplitude est égale à la valeur
(24-11) : ohmique de la résistance .
Sa forme rectangulaire est R
Xc - (R z + XL2 ) Sa forme polaire est R L0°
Z=
2 . Une réactance inductive X L est un vecteur vertical
1I R a + (XL - XX ) 2 dirigé vers le haut. Son amplitude est égale à la va-
leur de la réactance inductive .
8~(2a + 102 )
Sa forme rectangulaire est jXL
1~ 22 + (10 - 8)2 Sa forme polaire est XL . 90°
- 81,6 = 28,8 S2
2,83

b) Le courant fourni par la source est:


I - E = 200
V = 6,94 A
Z 28,8 S2
Le courant dans la bobine est :
I = E = 200 V = 200 V
19,6 A
' Z1 ~ 10 + 2 2 10,2 S2

Le courant dans le condensateur est :



IE = 200 V
= 25 A
z = Z1 8 S2
On note que le courant fourni par la source (6,94 A)
est bien inférieur aux courants circulant dans le con-
densateur et dans la bobine .
La Fig . 24-18 montre une application importante de la
résonance série et parallèle .

SOLUTION DES CIRCUITS PAR LE CALCUL


VECTORIEL (Méthode 3)
Les méthodes graphiques que nous venons de présen-
ter donnent la solution d'un grand nombre de circuits,
mais il est souvent plus facile d'utiliser le calcul vec-
toriel. Dans les paragraphes qui suivent nous donnons
les éléments de base de cette troisième méthode . Ce-
pendant, nous recommandons au lecteur de réviser
Figure 24-18
d- abord le chapitre 8 sur les circuits à courant continu, Circuit résonnant série-parallèle installé dans le réseau Hydro-
et les sections 23 .9 à 23 .20 du chapitre 23 . Québec au poste Radisson dans le complexe de La Baie-
James . Les deux inductances situées du côté gauche,
24 .10 Représentation vectorielle des superposées l'une sur l'autre, et les condensateurs supportés
éléments R, XL , Xc par la structure du côté droit, constituent un filtre . Celui-ci
produit simultanément un circuit résonnant série pour les
On se souvient (sections 23 .18 à 23 .20) que les ré- harmoniques de 660 Hz et de 780 Hz, sur le réseau à 60 Hz .
sistances et réactances peuvent être exprimées sous Lorsque l'interrupteur est fermé, le filtre est soumis à une
forme vectorielle : tension de 180 kV à 60 Hz (gracieuseté Hydro-Québec) .


326 ÉLECTROTECHNIQUE

3 . Une réactance capacitive est un vecteur dirigé vers En résumé, le signe à utiliser dépend du sens arbitraire
le bas . choisi pour le courant . On écrira
Sa forme rectangulaire est jX c
Sa forme polaire est Xc Z-90° Eab = +ZI

24.11 Relation entre tension, courant et si le courant dans l'impédance Z est orienté de a
impédance vers b
Avant d'entreprendre la résolution des circuits par la ou
méthode vectorielle, il est important de se rappeler les Eab = -ZI
conventions de signes associées au courant et à la ten- si le courant dans l'impédance Z est orienté de b
sion aux bornes d'un élément . Ces conventions sont vers a
basées sur les deux lois de Kirchhoff .
La Fig . 24-19 montre un courant I circulant de gau- Signalons aussi que lorsqu'un vecteur écrit sous la
che à droite dans une impédance Z . Il se produit forme polaire est précédé d'un signe (-) on peut le ra-
donc une chute de tension entre les bornes a et b . mener à une forme positive en ajoutant ou en retran-
On désire connaître la valeur de la tension Eab en chant 180° à son angle .
fonction de I et de Z . Par exemple, si Eab = - 4 Z27°
Un voltmetre VM branché aux bornes de l'impédance on peut écrire :
Eab = 4 Z(27 + 180) = 4 Z207°
ou encore :
VM ,,
Ea b = 4 Z(27 - 180) = 4 Z- 153°

Exemple 24-8
a d--I Z f -o b Un courant I = 40 Z-30 circule dans l'impédance
I Z = 16 + j 63 (Fig . 24-20) . Déterminer la valeur et
Figure 24-19 l'angle de phase de la tension E,,
Relation entre E, I et Z; Eab = ZI.

1
p Z
Z mesure la tension Eab . Appliquons la première loi de
Kirchhoff à la boucle formée par le voltmètre et l'im- I
pédance Z. En parcourant la boucle dans le sens ho- Figure 24-20
raire, on peut écrire : Voir exemple 24-8 .

Eab -ZI =0
(24-12) Solution
soit Eab = ZI
Avec le sens choisi pour le courant, on a :
Par contre, si le courant circulait de droite à gauche
dans l'impédance, on obtiendrait : E12 = - ZI
_ - (16 + j 63)(40 Z-30)
Eab +ZI =0
_ - (65 275,75) x (40 Z-30)
soit Eab =-ZI
_ - 2600 245,75
Notons aussi qu'en tout temps, on peut écrire : = 2600 Z(45,75 - 180)

Eab = -Eba (24-13) = 2600 Z-134,25°






SOLUTION DES CIRCUITS À COURANT ALTERNATIF 327

Z, =-j12
24 .12 Impédances des circuits série,
parallèle et mixte
Les règles à utiliser pour les groupements d'impédan- a o- -ob
ces en série, en parallèle ou mixtes sont les mêmes que
pour les résistances . En voici 3 exemples .
1 . Circuit série . Soit un circuit série composé des élé- Figure 24-22
ments R, XL, Xc (Fig. 24-21) . Calcul de l'impédance d'un circuit parallèle .
L'impédance est :
Le circuit de la Fig . 24-22 est donc équivalent à un
Z = Z I + Z2 + Z3
circuit composé d'une résistance de 3,7 S2 en série avec
Z = -j 60 + 10 + j 100 un condensateur de réactance X c = 10,7 £2 .
• 10 + j 40 (forme rectangulaire) 3. Circuit mixte. Soit le circuit mixte de la Fig . 24-23
2 (identique à celui de la Fig . 24-4) . Son impédance
= V 10 + 40 2 Zarctan (40/10) est donnée par l'expression :
• 41,2 Z76° (forme polaire)
2273
Zac =Zi + =-j2+(j4)(3)
Z2 +Z3 3 +j4
Z,=-j60 Z2 =10 Z3 =j100
12Z90
=-j2+
b 5 Z53,1
a
= - j 2 + 2,4 Z36,9
Figure 24-21
= -j2 + 2,4 (cos 36,9 + j sin 36,9)
Calcul de l'impédance d'un circuit série .
= -j2 + 1,92 + j 1,44
= 1,92 - j 0,56 (forme rectangulaire)
2. Circuit parallèle . Soit le circuit parallèle de la
2
Fig . 24-22 . L'impédance est : = 1,922 + (- 0,56) Zarctan (- 0,56/1,92)
Zac = 2 Z-16,2° (forme polaire)
Z = Zi Z2 = (-j 12) (35) = - j 420
Z, +Z2 35-j12 35-f12 Z2 = j4

Afin de permettre la division de cette expression, nous


transformons le numérateur et le dénominateur sous
forme polaire:
- j 420 = 420 Z-90
Figure 24-23
35 - j 12 = ~ 35 2 + (- 12) 2 Zarctan (-12/35) Calcul de l'impédance d'un circuit mixte .

• 37 Z-18,9°
Le circuit mixte est donc équivalent à une résistance
on a donc : de 1,92 £2 en série avec un condensateur de réactance
Xc = 0,56 S2 .
420 Z-90 = 11,35
Z = Z(-90 + 18,9) 24 .13 Résolution de circuits quelconques
37 Z-18,9
Au chapitre 8 nous avons présenté les deux lois de
Z = 11,35 Z-71,1 (forme polaire)
Kirchhoff et nous avons donné les règles de base
= 11,35 cos (-71,1) + j 11,35 sin (-71,1) permettant de résoudre n'importe quel circuit à cou-
Z = 3,7 - j 10,7 (forme rectangulaire) rant continu .


328 ÉLECTROTECHNIQUE

Il est remarquable que les mêmes lois et les mêmes 16 j63


règles (y compris le théorème de Thévenin) puissent
être utilisées pour résoudre les circuits à courant alter-
natif. Il suffit d'employer les grandeurs vectorielles
pour les tensions, les courants, et les impédances . Les
exemples numériques qui suivent montrent la façon de
les appliquer.

Exemple 24-9 Figure 24-24a


Voir exemple 24-9 .
Le circuit de la Fig . 24-24a comprend deux sources
dont les tensions respectives sont :

E,, = 200 L 120° Eh, = 100 L 150° Eac

Calculer :
a) la valeur - du courant I dans le circuit
b) Fangle entre 1 et E, ,,
c) la valeur de E at, et son angle de phase

Solution
a) Pour résoudre ce circuit, on doit d'abord choisir une
direction arbitraire pour le courant . Supposons qu'il
circule de a vers b dans l'impédance (Fig . 24-24a) .
Figure 24-24b
En utilisant la première loi de Kirchhoff, et en décri- Relations vectorielles (exemple 24-9) .
vant la boucle dans le sens horaire, on peut écrire :

Eca +I (16+j 63)+Ebc =0


donc Exemple 24-10
Soit le circuit (le la Fig . 24-25a, alimenté par une
source E = 1600 260° . Calculer :
I( 16 +j 63 ) =- Eca - Ebc
a) le courant dans chaque élément
I (65 275,7) = Eac - Ebc
b) la tension aux bornes (le X L.
= 200 z120 - 100 Z150
=-100+j173+86,6-j50
_- 13,4+j 123 j40 30 21

= 123,7 z96,2
123,7
I = Z(96,2 - 75,7)
65
= 1,9 z20,5°

b) Le diagramme vectoriel de Eac, Ebc et I est montré à


la Fig . 24-24b. Le courant est en retard sur Eac de 120° Figure 24-25a
Voir exemple 24-10 .
- 20,5° = 99,5° .

c) On a Eca + Eab + Ebc = 0


Solution
donc Identifions d'abord les neeuds du circuit, soient les
Eab = Eac - Ebc = 123,9 L96,2° points 3, 4, 5 (Fig . 24-25b) .


SOLUTION DES CIRCUITS À COURANT ALTERNATIF 329

j40 30 21 pressions polaires en forme rectangulaire :

2400 L- 67 - 30,7 I2 (cos - 74 + j sin - 74)


+33,412 (cos 16 + j sin 16) +j371 2 = 0
2400 L- 67 - 8,46 12 + j 29,5 12
+ 32,112 + j 9,21 12 + j 3712 = 0
2400 L- 67 + 23,6 12 + j 75,7 I2 = 0
Figure 24-25b
Résolution du circuit ; choix du sens arbitraire des courants .
d'où
2400 L- 67 _ 2400 2(- 67 + 180)
12= -
23,6 + j 75,7 79,3 /73
On choisit ensuite un sens arbitraire pour les courants
= 30,3 L40
Il et 12 ; I l circule du noeud 1 au nceud 4, 12 circule du
no_ud 4 au nceud 2 . D'après la 2e loi de Kirchhoff, le
courant circulant dans la branche 4 - 5 - 2 aura comme donc 12 = 30,3 L40°
-*aleur Ii - 12 . En substituant 12 dans l'équation 24-16 on obtient :
En suivant la première boucle dans le sens horaire, on
écrit : Il = 32/7 + (0,74 /37) (30,3 /40)
E21 +j40I1 +3011 +(-j37)12 =0 (24-14) = 32 /7 + 22,4 /77
= 31,8 +j 3,9 + 5 +j 21,8
En suivant la deuxième boucle dans le sens horaire, on
abtient : = 36,8 + j 25,7 = 44,9 /35
donc I, = 44,8 /35°
(Il -I2) (21-j72)-(-j 37)12 =0 (24-15)

De l'équation 24-14 on obtient : Le courant dans la branche de droite est :

Il (30 + j 40) = E 12 + j 37 I2
1 1 -12 = 36,8 + j 25,7 - 30,3 L40
= 36,8 + j 25,7 - 23,2 - j 19,5
= 13,6 + j 6,2
1600 L60 + j 37 12
Il = 14,9 224
50 /53
b) La tension aux bornes du condensateur de réactance
= 32 L7 + 0,7412 237 (24-16)
XX = - j 72 est:
= 32 27 + 0,5912 + j 0,44512 (24-17)
E52 = (Il - 12)( - j 72)
En substituant (24-17) dans (24-15) on obtient : = (14,9 L24) (72 L-90)

(32 /7-0,41 12 +x,445 12)(21 -172) + .%3712 =0 = 1073 L- 66

132 /7-0,41 I2 +0,445 12 /90)(75 /-74) +,3712 =0 Le diagramme vectoriel complet est donné à la Fig .
24-25c .
2400 /- 67 -30,7 I2 /-74 +33,4 12 /16 + j37 12 = 0
24.14 Notation hybride
d'additionner les vecteurs, transformons les ex- Comme nous l'avons signalé à la section 8 .9, il est par-
fois utile d'utiliser simultanément la notation à dou-


330 ÉLECTROTECHNIQUE

E1

Eb

Figure 24-26
Voir exemple 24-11 .

En transposant les termes, on obtient :


E52 E12 = Ea - Eb = 26/0 0 - 26/120° = 45/-30°
E23 = Eb - E, = 26/120° - 26/240° = 45/90 -
E31 = E, - Ea = 26/240° - 26/0° = 45/210°
On peut aussi utiliser la notation à doubles indices pour
Ea . D'après l'équation de boucle EI N - Ea = 0, on ob-
tient E IN = E a = 26/0° .
Les différents vecteurs sont montrés à la Fig . 24-27 .

E23

axe de référence

Figure 24-25c
Relation vectorielle entre les tensions et les courants (voir
exemple 24-10) .

bles indices et la notation des polarités pour désigner


les tensions . En voici un exemple .

Exemple 24-11
La Fig . 24-26 montre un circuit triphasé dans lequel
= 26/0" . E,, = 26/ 120' . E, = 26/ 2 40° (nota-
tion des polarités) . Nous désirons calculer la valeur E3 E12
des tensions E l ,, E, 3 , et E. 3i (notation à doubles in-
dices) entre les bornes 1, 2 Figure 24-27

Solution
Écrivons les équations de Kirchhoff, en parcourant les
boucles respectives dans le sens indiqué : 24 .15 Résumé
Dans ce chapitre nous avons appris à utiliser trois mé-
E 12 + Eb - Ea = 0 (sens horaire)
thodes de résolution des circuits à courant alternatif
E23 + E, - Eb = 0 (sens horaire) la méthode graphique, l'utilisation de formules d'im-
E31 + Ea - Ec = 0 (sens antihoraire) pédance et le calcul vectoriel .

SOLUTION DES CIRCUITS À COURANT ALTERNATIF 331

La méthode graphique exige le traçage à l'échelle d'un 24-31 inclusivement. Ensuite, en utilisant la méthode
diagramme vectoriel . Les formules donnant l'impé- graphique, trouver la valeur du courant débité par la
dance de groupements série-parallèle d'éléments R, L, source et son déphasage par rapport à la tension .
C fournissent une solution rapide mais elles sont limi-
24-4 Dans la Fig . 24-30, quelle réactance inductive
tées aux circuits relativement simples .
doit-on placer en série avec la réactance de 20 S2 pour
Le calcul vectoriel est la méthode la plus générale . Les que le circuit devienne résonnant?
courants, tensions et résistances qui sont exprimées par
de simples nombres dans les circuits à courant continu 24-5 Calculer l'impédance des circuits dans les Fig .
sont alors remplacés par des vecteurs de tension, cou- 24-28 à 24-31 .
rant et impédance. Selon le type d'opération à effec- Niveau intermédiaire
tuer, on exprimera ces vecteurs sous forme polaire ou
rectangulaire. Le calcul vectoriel associé à l'utilisation 24-6 a) Déterminer, à l'aide de formules seulement,
judicieuse des lois et méthodes apprises pour le cou- l'impédance des circuits des Fig . 24-32 à 24-34 .
rant continu (loi d'Ohm, lois de Kirchhoff, théorème b) Trouver la valeur du courant débité par la source .
de Thévenin, . . .) permet de résoudre les circuits à cou-
rant alternatif même les plus complexes . c) Calculer la tension aux bornes de chaque élément .
24-7 a) Déterminer, à l'aide de formules seulement,
l'impédance des circuits des Fig . 24-28 à 24-30 .
PROBLÈMES - CHAPITRE 24
b) Calculer le courant débité par la source .
Niveau pratique
24-8 Une bobine possède une inductance de 2 H et
24-1 Qu'entend-on par impédance, résistance, réac-
une résistance de 10 S2 . Quel courant circulera dans la
tance d'un circuit?
bobine si on la branche
24-2 Qu'est-ce que la puissance apparente?
a) sur une source à c .c . de 600 V?
24-3 Déterminer la valeur du courant dans les élé- b) sur une source à c .a. de 600 V, 60 Hz?
ments résistif, inductif et capacitif des Fig . 24-28 à

Figure 24-28 Figure 24-29 Figure 24-30

40£2
70
100 V 10V

24 0
T 45 0
T T
Figure 24-31 Figure 24-32 Figure 24-33 Figure 24-34


332 ÉLECTROTECHNIQUE

24-9 a) Déterminer, par la méthode graphique, les 24-12 Dans la Fig . 24-16, la réactance capacitive est
tensions et les courants dans chaque élément des cir- modifiée à 60 S2 . Calculer la valeur du courant ainsi
cuits des Fig . 24-35 à 24-37 . que la tension aux bornes de la bobine .
b) Trouver le déphasage entre le courant de la source 24-13 Une impédance Z est décrite par l'expression
et la tension de la source . Z=30-j80 .
a) De quoi est-elle composée : R, L, ou C?
b) Exprimer l'impédance dans la forme polaire .
24-14 Dans la Fig. 24-28, déterminer la valeur et l'an-
gle de phase de I en utilisant le calcul vectoriel . La
tension E12 de la source est de 100 L 0° volts .
30 S2
24-15 Dans la Fig . 24-37, calculer la valeur et l'an-
gle de phase du courant dans la résistance de 30 S2, en
Figure 24-35 utilisant le calcul vectoriel . La tension E12 de la source
est de 100 Z 0° volts .
24-16 Dans la Fig . 24-38, on adonné des directions
1A arbitraires aux courants Il, 12, 1 3- Sachant que
E12 = 100 Z- 30°,
60 S2
a) écrire les équations du circuit pour les boucles A et
B en utilisant la première loi de Kirchhoff
b) écrire l'équation reliant les courants (deuxième loi
Figure 24-36 de Kirchhoff)
c) résoudre le circuit et trouver les valeurs et les an-
gles de phase de E12, E13, E32, I1, 12, 13
d) tracer le diagramme vectoriel montrant E12, E32 et
les trois courants
100 V

30 Q

Figure 24-37

24-10 Un condensateur de 30 µF est raccordé en sé-


rie avec une résistance de 80 £2 aux bornes d'une source
de 240 V à fréquence variable . Déterminer le courant
de la source et la tension aux bornes du condensateur
Figure 24-38
lorsque la fréquence est de :
a) 60 Hz b) 600 Hz
24-17 En se référant à la Fig . 24-39, et en utilisant le
c) 6 Hz d) 0 Hz
calcul vectoriel, déterminer la valeur de l'impédance
Niveau avancé a) à la droite des points 3, 4
24-11 Un condensateur de 10 tF est raccordé en sé- b) à la droite des points 2, 4
rie avec une bobine . Quelle doit être l'inductance de la c) à la droite des points 1, 4
bobine pour que la résonance se produise à une fré- d) Quelle est la nature de l'impédance aux bornes de la
quence de 180 Hz? source?

SOLUTION DES CIRCUITS À COURANT ALTERNATIF 333

j 10 24-20 La ligne haute-tension à c .c . qui alimente le


poste de transformation Dorsey à Winnipeg comprend
un filtre L-C-R composé d'une inductance de 0,244 H,
100 V d'un condensateur de 0,2 µF, et d'une résistance de
11,05 S2 raccordés en série . À quelle fréquence l'im-
pédance est-elle minimale?

Figure 24-39

e) Sachant que E14 = 100 L0°, calculer la valeur du


courant II et tracer le diagramme vectoriel, en mon-
trant seulement les vecteurs E14, Il et 12 .
24-18 En se basant sur les résultats obtenus dans
le problème 24-17, calculer, pour le circuit de la Fig .
24-39, la valeur de 13 et de E34 . Exprimer ces deux
vecteurs sous la forme polaire . Ensuite, déterminer la
valeur des courants 14 et 15 . Tracer le diagramme vec-
toriel du circuit au complet .
24-19 En se basant sur les résultats obtenus dans les
problèmes 24-17 et 24-18, et en se référant à la Fig .
24-40 déterminer
a) la valeur de l'impédance aux bornes de la source
b) la valeur et l'angle de phase du courant Il
c) la valeur de la tension aux bornes de la charge
d) l'angle entre la tension E15 de la source et la tension
E45 aux bornes de la charge

GUSTAV ROBERT KIRCHHOFF

Gustav Robert Kirchhoff (1824-1887), physicien prussien, fut


10
l'auteur de plusieurs découvertes scientifiques importantes.
Avec le chimiste Robert Bunsen, il est à l'origine de la théorie
de la spectroscopie, ce qui lui permit de découvrir deux
5 éléments, le césium et le rubidium . C'est en 1845 qu'il a
formulé la loi sur les circuits électriques qui porte son nom
Figure 24-40 (gracieuseté de Burndy Library) .


25
Puissance active,
réactive et apparente

En électrotechnique, les concepts de puissance active, resse au transport de puissance, il est préférable (et plus
de puissance réactive et de puissance apparente est simple) de dessiner une seule ligne entre la source et la
d'une importance capitale . Nous verrons que, bien sou- charge, cette ligne pouvant représenter deux ou plu-
vent, il est plus facile d'expliquer les phénomènes élec- sieurs fils conducteurs (Fig . 25-1b) . Ce circuit simpli-
triques en travaillant avec les puissances plutôt qu'avec fié à un seul fil porte le nom de schéma unifilaire .
les tensions et les courants . On peut, de la même façon, montrer le transport d'une
Dans les explications qui suivent, on doit se rappeler puissance réactive Q entre une source et une charge .
que les puissances active, réactive et apparente s'ap- La source et la charge sont alors nommées respecti-
pliquent seulement aux circuits à courant alternatif vement «source réactive» et «charge réactive» et
fonctionnant en régime permanent et dont les formes une flèche Q se dirige de la source vers la charge (Fig .
d'ondes sont sinusoïdales . 25-2) .
Le lecteur aurait avantage à revoir brièvement le cha- Il arrive souvent qu'un dispositif B (Fig . 25-3) absorbe
pitre 22 traitant des circuits à c .a . simples . On y a vu simultanément une puissance active et une puissance
qu'une puissance active nécessite une consommation réactive ; dans ce cas, les flèches P et Q se dirigent dans
d'énergie électrique . Par contre, une puissance réac-
tive n'est associée à aucune dépense d'énergie .
1
25.1 Notions préliminaires P
Le circuit de la Fig . 25-la représente un système à (a) E (c .a . 1 R charge
courant alternatif comprenant une source et une charge
raccordées par deux fils conducteurs . La charge con-
somme une puissance active P . Si ce réseau fonctionne
à 60 Hz, la tension change de polarité et le courant
change de sens 60 fois par seconde . Par contre, la puis-
sance active se dirige constamment de la source vers la (b)
charge . La direction de la puissance active est montrée
par une flèche P . Figure 25-1
a . La puissance active est transportée par les deux
Cette puissance est transportée par l'ensemble des deux
conducteurs ;
fils conducteurs, c'est-à-dire par le câble reliant la b . Schéma unifilaire . Une seule ligne représente le câble entre
source et la charge . Pour cette raison, lorsqu'on s'inté- la source et la charge.
334


PUISSANCE ACTIVE, RÉACTIVE ET APPARENTE 335

un travail . La Fig . 25-5a montre deux dispositifs reliés


ensemble dont les bornes sont a et b et dont le courant
I circule dans le sens indiqué .

Par définition, un dispositif ayant deux bornes


Figure 25-2 a et b absorbe une puissance purement active
Schéma unifilaire du circuit de la Fig . 25-1 . La puissance
réactive est transportée par le câble . lorsque le courant I entrant dans la borne a du
dispositif est en phase avec la tension Eab. Le
le même sens . Dans cette figure, B est à la fois une dispositif est alors une charge active .
charge active et une charge réactive . Dans d'autres cas,
Cette définition de la charge active en entraîne natu-
les puissances active et réactive se dirigent en sens in-
rellement une autre pour la source active :
verses, comme l'indique la Fig . 25-4 . Dans cette figure,
A est à la fois une source active et une charge réactive . Un dispositif ayant deux bornes a et b débite une
II peut paraître surprenant que deux puissances puis- puissance purement active lorsque le courant I
sent circuler en sens inverse dans un même câble, mais sortant de la borne a du dispositif est en phase
il faut se rappeler qu'une puissance active P n'est pas avec la tension E ab . Le dispositif est alors une
de même nature qu'une puissance réactive Q et que source active.
Tune et l'autre peuvent être traitées séparément .
Par exemple, supposons que dans un cas particulier
25 .2 Sources et charges actives
on trouve que Ea b = 80V Z-15° et I= 6 A Z-15° (Fig .
La plupart des sources actives sont des générateurs à 25-5b) . Selon cette information, et d'après nos défini-
courant alternatif, ou alternateurs . Une prise de cou- tions, Y est une charge active et X est une source ac-
rant constitue aussi, en quelque sorte, une source ac- tive . Le même diagramme vectoriel s'applique à la
tive car elle est effectivement branchée à un alterna- source X, à la charge Y et à la ligne qui les relie .
teur, aussi éloigné soit-il .
La puissance active se mesure en watts (W), en kilo-
La plupart des charges actives sont des moteurs élec-
watts (kW) ou en mégawatts (MW) .
triques à courant alternatif fournissant une puissance
mécanique, et des éléments résistifs dégageant de la 25 .3 Sources et charges réactives
chaleur. À ceux-ci, il faut ajouter les convertisseurs Les principales sources de puissance réactive sont les
ëkctroniques servant à transformer le courant alterna- alternateurs et les condensateurs . Il n'est pas surpre-
tif en courant continu . nant qu'un alternateur qui tourne soit capable de four-
La propriété unique d'une puissance active est de faire nir ce genre de puissance, mais il est tout à fait inat-
tendu qu'un élément passif comme un condensateur
source active charge active puisse se comporter comme une source . Rappelons,
et réactive et réactive
a

Figure 25-3
Puissance active et réactive circulant dans le même sens .

source active charge active


et et
charge réactive source réactive

(b) 1 Eab

Eab=80V -15° I=6AI-15°


Figure 25-4 Figure 25-5
Puissance active et réactive circulant en sens contraires . Définitions d'une source et d'une charge actives .



336 ÉLECTROTECHNIQUE

a
cependant, qu'une puissance réactive ne requiert au-
cune énergie électrique (joules) . Elle représente en ef-
fet de l'énergie qui oscille sur une ligne électrique tan- source charge
tôt dans un sens, tantôt dans le sens inverse . Par consé- réactive réactive
quent, l'énergie fournie par le condensateur est, en
moyenne, nulle . Toutefois, même si l'énergie change (a)
de sens périodiquement, il est utile de conserver les
concepts de «source» et de «charge» pour la puissance Eab
réactive . En électrotechnique, les condensateurs sont
toujours considérés comme des sources de puissance
(b)
réactive.
La plupart des charges réactives sont des enroulements Ea b = 60 V X140° I=7A150°
qui produisent un champ magnétique alternatif . Tout
comme une puissance active fait un travail, une puis- Figure 25-6
sance réactive produit un champ magnétique alternatif . Définitions d'une source et d'une charge réactives .
C'est dire que tout dispositif nécessitant un champ al-
ternatif, comme les bobines, les moteurs, les relais, les La puissance réactive se mesure en vars (var), en ki-
électro-aimants, absorbe une puissance réactive . lovars (kvar) ou en mégavars (Mvar) .
Toutefois, des puissances réactives sont aussi mises en Dans le cas général d'un dispositif où la tension et le
jeu lorsque le courant dans un circuit est retardé ou courant ne sont pas parfaitement en phase ou en qua-
avancé par l'action d'un ou de plusieurs interrupteurs drature, ce dispositif absorbe ou génère simultanément
électroniques . une puissance active et une puissance réactive . Dans
La Fig . 25-6a montre deux dispositifs reliés ensemble ce cas, on doit procéder comme expliqué à l'exemple
dont les bornes sont a et b et dont le courant I circule ci-dessous pour trouver la puissance active et la puis-
dans le sens indiqué . sance réactive.

Par définition*, un dispositif ayant deux bornes Exemple 25-1


a et b absorbe une puissance purement réactive Un dispositif D raccordé à un montage M porte un
lorsque le courant I entrant dans la borne a du courant l de 7 A déphasé de 130" en avance sur la
dispositif est 90° en arrière de la tension Eab . Le tension E ab (Fig . 25-7a) . Déterminez la nature des
dispositif est alors une charge réactive . puissances actives et réactives mises enjeu .

Cette définition de la charge réactive en entraîne natu-


rellement une autre pour la source réactive :
I
2
Un dispositif ayant deux bornes a et b débite une eo) 7A
puissance purement réactive lorsque le courant I 130° 80 V
o > - Eab
sortant de la borne a du dispositif est 90° en ar- E
rière de la tension Eab . Le dispositif est alors une
source réactive . (a)

Par exemple, supposons que dans un cas particulier I


7A
Ea b = 60 V L140° et I= L7 A L50° (Fig . 25-6b) . Se- Iq
lon cette information, et d'après nos définitions, Y est 5,36 A 130°
une charge réactive et X est une source réactive . Le 80 V
---------- - Eab
même diagramme vectoriel s'applique à la source X, à I
la charge Y et à la ligne qui les relie. 4,50 A (b)
Figure 25-7
Note: L'interprétation que nous donnons ici de la puissance
Voir exemple 25-1 .
réactive est conforme à la définition donnée par l'IEEE .
PUISSANCE ACTIVE, RÉACTIVE ET APPARENTE 337

Solution
Décomposons le courant I en deux vecteurs I p et Iq
respectivement en ligne et en quadrature avec la ten-
sion Eab (Fig . 25-7b) . On obtient les résultats suivants :
1) Valeur de Ip = 7 cos 130° =-4,50 A . Ce courant est
donc déphasé de 180° par rapport à Eab .
2) Selon nos définitions, si Ip était en phase avec Eab,
le montage M serait une charge active . Comme c'est le Figure 25-9
Méthode de raccordement d'un wattmètre (ou d'un varmètre)
cas contraire, M est une source active ; par conséquent, dans un circuit monophasé .
D est une charge active . La puissance active absorbée
par D est donc :
de courant . Un wattmètre peut donc être considéré
P=EI=80Vx4,50A=360W comme un voltmètre et un ampèremètre combinés dans
3) Valeur de Iq = 7 sin 130° = 5,36 A . Ce courant est le même boîtier. La résistance entre les bornes de cou-
déphasé de 90° en avance sur Eab . rant est très faible, tandis que celle entre les bornes de
tension est très élevée . La tension et le courant maxi-
4) Selon nos définitions, si Iq était 90° en arrière de
mum que l'instrument peut supporter sont toujours in-
Eab, le montage M serait une charge réactive . Comme
diqués .
c'est le cas contraire, M est une source réactive . Par
conséquent, D est une charge réactive . La puissance La Fig . 25-9 montre comment on doit raccorder le
réactive absorbée par D est donc : wattmètre dans un circuit monophasé . Lorsque la puis-
sance active circule des bornes 1, 2 (côté source) vers
Q=EI=80 V x5,36A=429 var
les bornes 3, 4 (côté charge), l'aiguille dévie dans le
25 .4 Mesure de la puissance active et bon sens . Par contre, si la puissance circule dans le
réactive sens inverse, l'aiguille se déplace vers la gauche, ce
Pour mesurer la puissance active dans un circuit, on qui rend la lecture impossible . On peut mesurer cette
utilise un wattmètre . Cet instrument (Fig . 25-8) pos- puissance négative en intervertissant les deux fils con-
sède 4 bornes : deux pour mesurer la tension et deux nectés aux bornes de tension .
pour mesurer le courant . Une des bornes de tension est Pour mesurer la puissance réactive dans un circuit, on
marquée d'un signe (±), de même qu'une des bornes utilise un varmètre (Fig . 25-10) . Sa construction est
similaire à celle d'un wattmètre et il est raccordé dans
un circuit exactement de la même manière (Fig . 25-9) .
Si l'aiguille se déplace vers la droite, cela indique que

Ere 25-8
ittrnètre de haute précision à échelles multiples ; tensions : Figure 25-10
V. 100 V, 200 V ; courants : 1 A, 5 A . Échelles de puissance : Varmètre pouvant afficher une puissance réactive positive et
à 50 W jusqu'à 0 à 1000 W (gracieuseté de Weston négative (gracieuseté de Cie Générale Électrique du
Canada) .
is uments) .


338 ÉLECTROTECHNIQUE

la puissance réactive circule des bornes 1, 2 vers les Puisque les puissances P et Q sont positives, il s'ensuit
bornes 3, 4. Par contre, si la puissance circule dans le que la charge absorbe de la puissance active et réac-
sens inverse, on doit intervertir les deux fils raccordés tive . Par conséquent, le courant I dans la ligne est dé-
aux bornes de tension, afin de prendre la lecture néga- phasé en arrière de la tension d'un angle 0 .
tive . Dans certains modèles, le zéro de l'échelle se On peut décomposer ce courant en deux composantes .
trouve au centre du cadran, ce qui permet une lecture soient les vecteurs Ip et Iq , qui sont respectivement en
de la puissance réactive circulant dans une direction phase, et 90° en arrière du vecteur E 12 (Fig . 25-1 lb) .
ou l'autre . On peut donc représenter la charge par une résistance
De nos jours, il existe plusieurs modèles de wattmètres R en parallèle avec une réactance inductive X L (Fig .
et de varmètres . Quelques-uns mesurent la puissance 25-1 lc) . La résistance tire un courant Ip tandis que la
par un procédé électromécanique à l'aide d'un enrou- réactance tire un courant Iq .
lement fixe et d'un enroulement mobile et utilisant un Il est évident que
cadran à affichage analogique . D'autres modèles con-
tiennent des composants électroniques et un cadran à IZ = Ip + Iq (25-1)
affichage numérique .
On peut calculer les valeurs de Ip et de Iq à partir des
25 .5 Charges active et réactive - puissance lectures des instruments :
apparente
En général, les charges, comme un moteur, absorbent P
IP = (25-2)
à la fois une puissance active P et une puissance réac- E
tive Q .
Considérons, par exemple, le circuit monophasé de la Iq = Q (25-3)
Fig . 25-1 l a composé d'une source G, d'une charge et E
des instruments de mesure . Supposons que les ins- Par définition, la puissance apparente du circuit est
truments donnent les lectures suivantes : donnée par S = EI (éq . 24-2), d'où :
voltmètre : E volts
S
ampèremètre : I ampères 1 = (25-4)
E
wattmètre : + P watts
Sachant que
varmètre : + Q vars
2 2
I = Ip + Iq

wattmètre varmètre
~__l
I P Q
O O 0 01 IP
ampèremètre
f1"l
source voltmètre E E
G
0 0
(b)

(a)
Figure 25-11
a . Instruments utilisés pour mesurer les valeurs de E, I, P, Q
dans un circuit ;
b . Diagramme vectoriel des tensions et courants découlant
de la lecture des instruments ;
c . La charge industrielle peut être représentée par une
résistance en parallèle avec une réactance inductive .
(c)




PUISSANCE ACTIVE, RÉACTIVE ET APPARENTE 339

On peut écrire : Solution


2 2 2
S P Q S = VP2 + Q2 éq. (25-5)
Ej E E
= 1~ 40 2 + 302 = 50
soit
(25-5) La puissance apparente est de 50 kVA.
S2 = P2 + Q2
25 .6 Facteur de puissance
ou
Le facteur de puissance d'un circuit alternatif est donné
• = puissance apparente, en volts-ampères [VA]
par l'expression :
• = puissance active, en watts [W]
Q = puissance réactive, en vars [var]
FP = P (25-6)
On peut représenter la relation entre P, Q, S par le trian- S
gle de la Fig . 25-12, parfois appelé triangle de puis-
ou
FP = facteur de puissance, exprimé par un simple
nombre sans dimension, ou en pourcent
• = puissance active du circuit, en watts [W]
• = puissance apparente du circuit, en volts-am-
pères [VA]
Étant donné que la puissance active P ne peut jamais
être supérieure à la puissance apparente, il s'ensuit que
Figure 25-12 le facteur de puissance ne peut pas excéder une valeur
Relation graphique entre les vecteurs de puissance pour un de 1 (ou 100 %) . Le FP d'une résistance est de 100 %
despositif qui absorbe une puissance active P et une puissance car sa puissance apparente est égale à sa puissance ac-
réactive Q.
tive . Le FP d'une bobine idéale est nul car elle ne con-
somme aucune puissance active .
lance . Les puissances respectives sont représentées par En somme, le facteur de puissance d'un circuit est sim-
des vecteurs P, Q, S . Voici comment on interpète ces plement un nombre indiquant le pourcentage de la puis-
vecteurs : sance apparente qui est active .

1) Dans le cas d'une charge qui absorbe une puis- Le facteur de puissance donne une autre information
sance active, le vecteur P est tracé vers la droite . utile . En se référant à la Fig . 25-1 lb, on peut écrire :

2) Dans le cas d'une charge qui absorbe une puis- Ip = I cos 0


sance réactive, le vecteur Q est tracé vers le haut .
En multipliant les deux côtés de l'équation par la ten-
3) Dans le cas d'une source qui débite une puis- sion efficace E de la source, on obtient :
sance active, le vecteur P est tracé vers la gau-
che . EIp = EIcos 0

4) Dans le cas d'une source qui débite une puis- soit P = S cos 0
sance réactive, le vecteur Q est tracé vers le bas .
Puisque le rapport PIS = facteur de puissance, il s'en-
suit que :
Exemple 25-2
Un moteur à courant alternatif absorbe une puissance FP = cosO (25-7)
aarve de 40 kW et une puissance réactive de 30 kvar.
Calculer la valeur de la puissance apparente fournie d'où 0 = arccos FP
moteu r .



340 ÉLECTROTECHNIQUE

Donc, si l'on connaît le facteur de puissance d'un cir- Le facteur de puissance est en retard parce que, dans le
cuit, on connaît le déphasage entre la tension d'alimen- cas d'un moteur, le courant est en arrière de la tension .
tation et le courant de ligne . Étant donné que le cou-
b) L'angle de déphasage est :
rant peut être en avance ou en retard sur la tension, on
qualifie le FP de la manière suivante : e = arccos FP = arccos 0,8 = 36,9°
- le FP est dit en retard lorsque le courant est en re-
Exemple 25-4
tard sur la tension ;
Un wattmètre et an varmètre sont raccordés dans
- le FP est dit en avance lorsque le courant est en
une ligne à 120 V alimentant un moteur. Les instru-
avance sur la tension.
ments indiquent respectivement 1800 W et 960 var.
La Fig. 25-13 montre un instrument permettant de Calculer :
mesurer le facteur de puissance dans une usine .
a) les composants 'q du courant
Exemple 25-3 h) la valeur du courant dans la ligne
a) Dans l'exemple 25-2, calculer le facteur de puis-
c) la puissance apparente fournie au moteur
sance du moteur et indiquer s'il est en avance ou en
retard . d) le facteur de puissance du moteur
e) l'angle de déphasage entre la tension et le cou-
b) Calculer l'angle entre la tension et le courant .
rant de ligne
Solution
Solution
a) Le facteur de puissance est donné par :
a) En se référant à la Fig . 25-11, où la charge est main-
tenant un moteur, on a :
P 40 kW
FP = = = 0,8 = 80 %
S 50 kVA I __
P1800W
=15A
p E 120 V
Donc 80 % de la puissance apparente fournie au mo-
teur est une puissance active . I _Q - 960 var
_8A
9 E 120 V

b) Du diagramme vectoriel on tire :

I = ~ Ip + Iq2 = V 15 2 + 82
= 17 A

c) La puissance apparente est :


S = EI = 120 x 17 = 2040 VA
d) Le FP est:
= P _ 1800 W
FP = 0,882 ou 88,2 %
S 2040 VA
e) l'angle de déphasage est :

0 = arccos FP = arccos 0,882 = 28,1°

25 .7 Amélioration du facteur de puissance


Figure 25-13
Instrument mesurant le facteur de puissance en avance ou
Considérons un moteur raccordé à une source par
en retard . Lorsque l'aiguille est au centre de l'échelle, le l'entremise d'une ligne a3, b4 d'une longueur de
facteur de puissance est de 1 ou 100 % . quelques dizaines de mètres (Fig . 25-14) . Un groupe



PUISSANCE ACTIVE, RÉACTIVE ET APPARENTE 341

125 A 28 kW 45 kvar P = 28 kW
wattmètre vara ètre ; » Q = 45 kvar 3
I1-11
I P
• O O O
125'À
ampèremètre

voltmètre 424 V
E
424 V 0 0
LL

o
b
Figure 25-14
Puissances active et réactive transportées par une ligne ayant une longueur de plusieurs mètres .

d'instruments sert à mesurer les grandeurs électriques . 4 du moteur, pourrait fournir une partie ou même toute
La tension est de 424 V et le courant de ligne est de la puissance réactive dont le moteur a besoin .
125 A . De plus, on observe que le moteur absorbe une Supposons que le condensateur génère exactement
puissance active de 28 kW et une puissance réactive 45 kvar (Fig . 25-15) . Dans ce cas, la puissance réac-
de 45 kvar . Un calcul rapide révèle que la source four- tive fournie par la source tombe à zéro, car toute la
nit une puissance apparente de 424 V x 125 A = puissance réactive est maintenant générée localement .
53 kVA à un facteur de puissance de 28 kW/53 kVA = La puissance active fournie par la source demeure in-
0528 = 52,8 %, en retard . changée parce que le moteur développe toujours la
La ligne reliant la source et la charge porte donc une même puissance mécanique . Comme la source fournit
paissance oscillatoire «inutile» de 45 kvar en même seulement 28 kW, il s'ensuit que le courant dans la
semps qu'elle transporte la puissance utile de 28 kW . ligne tombe de 125 A à
Le transport de cette puissance réactive impose un
échauffement supplémentaire aux conducteurs de li- • 28kW
1 = = = 66 A
gne. Comme la ligne est assez longue, la circulation de • 424 V
la puissance réactive peut occasionner des pertes Joule
i®portantes . Comment peut-on remédier à cette situa- Cette réduction importante du courant de ligne dimi-
nue l'échauffement des conducteurs de plus de 70 % .
On se souvient qu'un condensateur est une source de De plus, la source doit seulement fournir une puissance
puissance réactive . Par conséquent, un condensateur active de 28 kW, au lieu d'une puissance apparente de
branché en bout de la ligne, directement aux bornes 3, 53 kVA . En effet, la source «voit» maintenant une

66 A 28 kW 0 kvar P=28 kW
wattmètre ~~ varmètre Q = 0 kvar 3
f1~t_1 ~) f\) a
I P Q
• 0 66 125 A
ampèremètre 106A~
(fil
voltmètre E 424 V
424 V o o 45 kvar

25-15
condensateur branché aux bornes de la charge diminue la puissance apparente transportée par la ligne .




342 ÉLECTROTECHNIQUE

charge dont le FP est de 100 %, alors qu'il était aupa- source


ravant de 52,8 % .
Notons que le facteur de puissance du moteur n'a pas
changé ; il est encore de 52,8 %, et il tire toujours un
courant de 125 A (Fig . 25-15) .
Le condensateur fournit un courant de :
5 kvar

I - Q - 45 kvar =
106 A
E 424 V
Sa réactance capacitive est donc :
7 kvar
= E = 424V
X =452, Figure 25-16
I 106 A Système complexe composé de plusieurs charges raccordé
à une source de 380 V .
En utilisant la formule 22-6, on trouve la capacitance
du condensateur :
source
C- 1 = 1
380 V
21tJXc 2tt x 60 x 4

= 663 x 10-6 F = 663µF

En général, on cherche à placer les condensateurs le


plus près possible des charges réactives inductives, afin
2 kW 7 kvar
de réduire le courant dans les lignes . Nous verrons au 1 1
chapitre 48 que l'amélioration (ou «correction») du
facteur de puissance qui en résulte a une influence im- 16 kvar 14 kW
portante sur la tarification de l'électricité . f ~ I

25.8 Systèmes comprenant plusieurs 1


8 kvar
charges
Figure 25-17
Les notions de puissances active et réactive permettent Simplification du montage utilisant le concept des puissances
de simplifier la résolution des circuits complexes . Con- active et réactive .
sidérons, par exemple, le système de charges raccor-
dées selon la Fig . 25-16 et alimentées par une source
3 . Puissance réactive débitée par les condensateurs
de 380 V. On veut calculer la puissance apparente four-
C, D :
nie par la source d'alimentation, ainsi que le courant
qu'elle débite . Q2 = (- 9 - 16) _ -25 kvar
En utilisant la méthode des puissances, on n'a plus 4 . Puissance réactive nette absorbée par le système :
besoin de se préoccuper du raccordement entre les Q = Q I + Q2 = (+20 - 25) = -5 kvar
charges . Il suffit de tracer un simple schéma unifilaire
5 . Puissance apparente fournie au système :
(Fig. 25-17) et d'additionner les puissances actives et
réactives associées aux divers éléments, comme suit :
S =
~ P 2 +Q 2 = ~ 24 2 + (-5) 2 = 24,5 kVA
1 . Puissance active absorbée par les éléments B, E, M : 6 . La tension de la source d'alimentation étant de 380 V
P=(+2+8+14)=+24 kW le courant I vaut :
2. Puissance réactive absorbée par les éléments A, F, M :
I = S = 24 500 VA
QI = (+ 5 + 7 + 8) = +20 kvar = 64,5 A
E 380 V

PUISSANCE ACTIVE, RÉACTIVE ET APPARENTE 343

2 kW

(a) 24 kW

(b)

Figure 25-19
a . Effet d'un condensateur branché sur un réceptacle .
8 kW b . Direction des puissances active et réactive .
Figure 25-18
Représentation graphique des puissances active et réactive prise de courant et devient disponible sur le grand ré-
et de la puissance apparente du système de la Fig . 25-16 .
seau de la compagnie d'électricité.
La puissance apparente associée à la charge est :
La Fig . 25-18 montre les vecteurs des puissances acti-
ves et réactives mises en jeu . Cette figure fournit une S = , p1 + Q 2
solution graphique du problème . En commençant par
le vecteur de puissance réactive de 5 kvar, on dessine, = ~242 + (- 7)z = 25 kVA
à l'échelle, la grandeur de chacun des vecteurs de puis-
sance . Chaque vecteur de puissance active est tracé à Le courant de la source d'alimentation vaut donc
l'horizontale, vers la droite ou vers la gauche selon son I = S/E = 25 000/600 = 41,7 A
signe . De même, chaque vecteur de puissance réactive
est dessiné à la verticale, vers le haut ou vers le bas, 25 .9 Résolution des circuits par la méthode
selon son signe. Une fois les vecteurs ajoutés les uns à des puissances
la suite des autres, on relie le point de départ au point Le concept des puissances active et réactive peut ser-
final, ce qui donne un vecteur incliné dont la longueur vir à résoudre des circuits à courant alternatif . Il suffit
correspond à 24,5 kVA . de calculer les puissances associées aux divers élé-
La composante horizontale de ce vecteur est de 2.4 kW; ments . En utilisant cette méthode, on peut souvent ré-
comme il est dirigé vers la droite, il représente une soudre des circuits assez compliqués sans même tra-
puissance active absorbée par l'ensemble des charges . cer un diagramme vectoriel . En voici deux exemples .
La composante verticale est de 5 kvar . Puisque ce vec- Exemple 25-5
teur de puissance réactive est dirigé vers le bas, il repré-
Trouver l'impédance du circuit de la ig . 25-20a .
sente une puissance réactive débitée par l'ensemble des
charges . 84
1 3
Comme autre exemple, considérons le circuit de la Fig .
1
25-19 composé d'une charge résistive de 24 kW en
parallèle avec une «charge» capacitive de 7 kvar, le tout 12 S2
alimenté par une prise de courant (réceptacle) de 600 V .
Le réceptacle débite une puissance active de 24 kW T
o
qui se trouve dissipée dans la résistance . Par contre, il 2
reçoit une puissance réactive de 7 kvar générée par le Figure 25-20a
condensateur. Cette puissance réactive entre dans la Montage série-parallèle dont on cherche l'impédance .

344 ÉLECTROTECHNIQUE

Solution 9 . puissance apparente associée au circuit entre les


L'impédance du circuit ne dépend pas de la tension points 1 et 2 :
qu'on lui applique. On peut donc supposer une ten-
sion quelconque aux bornes d'un élément approprié S =300 2 + 632 2 = 700 VA
et, par déductions successives, déterminer les tensions
et les courants dans tous les autres éléments . 10 . tension E12 = S/IL = 700/13 = 53,8 V

Supposons donc une tension de 60 V entre les points 3 11 . impédance vue entre les points 1 et 2
et 2 (Fig . 25-20b) . On a : Z=E 12/IL = 53,8/13 = 4,1452
1 .Ic =60V/552=12 A .
Exemple 25-6
Comme le condensateur est une source de puissance Dans l'exemple 25-5 . déterminer le courant circu-
réactive, on a : lant dans la résistance lorsque E,, = 300 V .
Qc = -(12 A x 60 V) = -720 var Solution
2 .IR=60V/1252=5A Une simple règle de trois permet de calculer le cou-
rant. En effet, comme une tension de 53,8 V entre les
d'où P=5Ax6OV = +300W bornes 1 et 2 produit un courant de 5 A dans la résis-
3 . puissance apparente associée au circuit entre les tance, une tension de 300 V donnera :
points 3 et 2 : IR = 5 A x 300/53,8 = 27,9 A

S = ,5/p 2 + Q2 Exemple 25-7


= 300 2 + (-720) 2 Une ligne monophasée à 12 .47 kV partant d'un poste
de transformation alimente une charge située quel-
= 780 VA
ques kilomètres plus loin (Fig . 25-21 ) . La ligne pos-
4 . courant IL = S/E32 = 780/60 = 13 A sède une réactance inductive de 1 _5 12 et une résis-
5 . tension aux bornes de la réactance : tance de 2,4 £2 . Au poste, les instruments indiquent
qu'il débite une puissance active de 3 MW, et une
E13 = X LIL = 8£2 x 13A =104V puissance réactive de 2 Mvar .
6 . puissance réactive absorbée par la réactance : Calculer :
Q L = E13 X IL = 104 V x 13 A = + 1352 var a) la valeur du courant de ligne et son déphasage
7 . puissance réactive totale absorbée par le circuit en- par rapport à la tension au poste
tre les points 1 et 2 : b) la puissance active absorbée par la charge
Q = 1352 + (- 720) = +632 var e) la puissance réactive absorbée par la charge
8 . puissance active totale absorbée par le circuit entre d) la tension aux bornes de la charge
les points 1 et 2 : l'angle (le déphasage entre la tension au poste et
P=+300W celle aux bornes de la charge

POSTE
15 S2
IR 2,4 b2
12,47 kV
3 MW
12A 5 2 Mvar

2 Figure 25-21
Figure 25-20b Ligne longue transportant une puissance importante (voir
Résolution du circuit par la méthode des puissances . exemple 25-7) .





PUISSANCE ACTIVE, RÉACTIVE ET APPARENTE 345

ion Il s'ensuit que la tension aux bornes de la charge est en


Puissance apparente fournie à la ligne : retard sur celle au poste par (33,6° - 15,2°) = 18,4° .

2 La Fig . 25-22 résume les résultats de cette analyse . On


S = + Q2 = V 3 2
/p2 + 2 aurait pu obtenir le même résultat en utilisant le calcul
= 3,60 MVA vectoriel, ou une méthode graphique, mais la «méthode
Courant de ligne : des puissances» est d'une simplicité fort attrayante .

I = S = 3 600 000 VA = 289 A


E 12 470 V 1,25 Mvar 0,2 MW
n ~
Facteur de puissance au poste :

P = 3 MW CHARGE
FP = = 0,833 POSTE
S 3,6 MVA 1552
2452
Angle entre la tension et le courant au poste : 12,47 kV 10,03 kV
289 A
3 MW 2,8 MW
0 = arccos 0,833 = 33,6°
2 Mvar 0,75 Mvar
b) Puissance dissipée dans la ligne :
RI 2 2
PL = = 2,4 x 289
10,03 kV
= 0,2 x 106 = 0,2 MW
Puissance active absorbée par la charge :

PC = "poste - P L = 3 MW - 0,2 MW 289 A 289 A

2,8 MW
Figure 25-22
et Puissance réactive absorbée par la ligne : Tensions, courants et puissances sur le réseau (voir exemple
25-7) .
QL = XLJ2 = 15 x 289 2 = 1,25 x 106 = 1,25 Mvar
Puissance réactive absorbée par la charge :
25 .10 Transport de puissances Pet Q entre
QC = Qposte - QL = 2 Mvar - 1,25 Mvar deux sources de tension
= 0,75 Mvar
Il arrive assez fréquemment que deux sources d'éner-
dl Puissance apparente de la charge : gie X et Y soient reliées par une réactance inductive
(Fig . 25-23a) . On rencontre notamment ce genre de
Sc = 1/P + Q' = 1/2,8 2 + 0,75 2 circuit dans l'étude des alternateurs, des moteurs syn-
= 2,90 MVA chrones, des lignes de transport et des convertisseurs
Tension aux bornes de la charge : statiques de toutes sortes . Dans ces circuits, une cer-
taine puissance active et réactive est transportée entre
Ec = Sc 2,90 MVA les sources . La valeur et la direction des puissances
= = 10,03 kV
dépendent de l'amplitude des tensions Eab et Ecb des
I 289 A
sources, de l'angle de phase (5 entre ces deux tensions
e) Facteur de puissance de la charge : et de la réactance X .

2,8 MW En se référant à la Fig . 25-23a, on peut écrire les équa-


FP = Pc = = 0,965 ou 96,5 % tions de Kirchhoff suivantes :
Sc 2,90 MVA
Eb a + jXI +Ecb = 0
Angle entre le courant et la tension aux bornes de la
d'où
charge :
I = J (Ecb - Eab)/X
Oc = arccos 0,965 = 15,2 °



346 ÉLECTROTECHNIQUE

Prenons la tension Eab comme vecteur de référence, On peut donc écrire :


et supposons qu'elle soit déphasée en avance sur
Ecb d'un angle 8. On obtient alors le diagramme vec- El E2 sin 6
toriel de la Fig . 25-23b. Dans ce diagramme, le vec- P = (25-13)
teur I est nécessairement perpendiculaire au vecteur X
E ac ; il est déphasé en arrière du vecteur Ea b d'un an- où
gle 0.
P = puissance active débitée ou absorbée par la
Décomposons le courant I en deux vecteurs Ip et Iq , source X [W]
respectivement parallèle et perpendiculaire à la tension E l = tension efficace de la source X [V]
Ea b (Fig . 25-22c) . On constate que Ip est en phase avec E2 = tension efficace de la source Y [V]
Eab et qu'il circule de la borne a vers la borne b . Donc, 6 = angle d'avance de E, sur E2
selon notre définition de la section 25-2, le circuit si- X = réactance reliant les sources X et Y [S2]
tué à droite des bornes a et b absorbe une puissance
active . Par conséquent, la source X débite une puis- La formule 25-13 est importante car nous aurons l'oc-
sance active donnée par : casion de l'utiliser à plusieurs reprises dans les chapi-
tres qui suivent . Retenons que la puissance active cir-
P = Eablp = E abICOs0 cule toujours de la source dont la tension est en avance
On constate aussi que I q est 90° en arrière de Eab et vers la source dont la tension est en retard. L'ampli-
que ce courant circule de la borne a vers la borne b . tude de la tension n'affecte pas la direction de la puis-
Donc, selon la définition donnée à la section 25-3, le sance active . Ainsi, dans la Fig . 25-23a, la puissance
circuit situé à droite des bornes a et b absorbe une active circule de X vers Y parce que El est en avance
puissance réactive . Par conséquent, la source X débite sur E2 .
une puissance réactive donnée par : Par contre, si E 2 est en avance sur El (Fig . 25-23d), la
Q = E abIq = EabIsin0 puissance active circule deY vers X . (Notons que l'an-
Exprimons maintenant les puissances P et Q en fonc- gle 6 est négatif dans cette figure .)
tion des tensions Eab, Ecb et de l'angle 6 . Pour ce faire, Cherchons maintenant une expression pour la puissance
examinons d'abord les relations géométriques entre les réactive associée à la source X .
vecteurs de la Fig . 25-23c . Afin d'alléger le texte, rem-
25.12 Valeur de la puissance réactive
plaçons les tensions Eab, Ecb et jIX par E,, E 2 et Ex .
Cherchons d'abord une expression pour la puissance En se référant de nouveau aux Fig . 25-23a et 25-23b.
active P . on déduit de la manière suivante la puissance réactive
Q débitée ou absorbée par la source X :
25 .11 Valeur de la puissance active
On constate que les vecteurs forment un triangle dont Q = Eabl sin 0 = E l I sin 0
les longueurs des côtés om, on et mn sont respective- El IX sinO El Ex sin 0
ment E 1 , E2 et Ex (Fig . 25-23c) .
X X
À partir du point n, traçons une ligne pointillée np
perpendiculaire à la ligne om . On note que l'angle mnp El x segment mp El (E1 -E2 cos 8)
est alors égal à 0. X X
La puissance active débitée par la source X est donnée
On peut donc écrire :
par :

P = EabI cos 0 = E,I cos 0 El (E l -E2 cos 8)


Q = (25-1 .1)
El I X cos 0 Ei Ex cos 0 X

X X
El x segment np E, E2 sin 8
X X

PUISSANCE ACTIVE, RÉACTIVE ET APPARENTE 347


Q = puissance réactive débitée ou absorbée par
la source X [var]
E t = tension efficace de la source X [V]
E2 = tension efficace de la source Y [V]
S = angle d'avance de Et sur E2
X = réactance reliant les sources X et Y [S2]
Retenons que la source X débite de la puissance réac-
(a) tive lorsque Q est positive . Cette condition se produit
lorsque El est supérieure à la composante de tension
E2 cos8. Dans le cas contraire, la source X reçoit de la
Eab (= El ) puissance réactive . Par exemple, dans la Fig . 25-23c
où Et > E2 cos6, la source X débite de la puissance
réactive .
Dans la section qui suit, en utilisant les formules 25-
13 et 25-14, nous verrons comment l'angle Set l'am-
plitude de E2 permettent de commander les puissances
P et Q .

25 .13 Commande des puissances active et


réactive
Supposons que l'on désire commander les puissances
active et réactive débitées par une source X dont la ten-
sion E l est fixe . Connectons-la à travers une réactance
X à une deuxième source Y dont la tension E2 est va-
riable en amplitude et en phase (Fig . 25-23a) . Impo-
sons de plus une contrainte au courant : le courant I ne
doit pas dépasser une valeur nominale quelconque I N .
Par conséquent, la tension Ex aux bornes de la réac-
tance ne doit pas dépasser XIN .
Puissance active de la source X . Supposons d'abord
que l'on désire que X débite ou absorbe exclusivement
une puissance active . Dans ces circonstances, il faut
que le courant I soit en phase, ou déphasé de 180° avec
la tension E l .
Lorsque le courant est en phase avec E l (Fig . 25-24a),
l'angle S est positif ; par conséquent P est positive car

l E2
p = E sin ô éq . 25-13
X

La source A débite alors une puissance active .


Par contre, lorsque le courant est déphasé de 180° avec
Figure 25-23 E, (Fig . 25-24b), l'angle Sest négatif ; par conséquent
a) Échange de puissances entre deux sources X et Y. P est négative et X absorbe une puissance active .
b) Diagramme vectoriel des tensions et du courant .
c) Relations géométriques entre les vecteurs . Dans un cas comme dans l'autre, Q est toujours égale
d) Tension E2 de Y est en avance sur E1 de X. à zéro .


348 ÉLECTROTECHNIQUE

Il faut donc que E2 soit toujours en phase avec E 1 mais


E2 peut être inférieure ou supérieure à E 1 .

jxI Lorsque E 2 < E 1 (Fig . 25-25a), Q est positive car.


d'après l'équation 25-14, on a:

Q = E1 (E l - E2 cos S)/X = E1 (E 1 - E2)IX

Dans ce cas, X débite une puissance réactive .

Par contre, lorsque E 2 > E, (Fig . 25-25b), Q est néga-


jxI tive, ce qui signifie que la source X absorbe une puis-
sance réactive .
E1 Ces deux possibilités sont combinées en un seul dia-
(b) gramme vectoriel (Fig . 25-25c) . Dans cette figure, on
constate que lorsque l'amplitude de E2 varie, l'extré-
mité du vecteur E2 suit le pointillé 3, 4 . En glissant le
2
long de cette ligne, le vecteur E2 atteint éventuellement
les limites 3, 4 qui représentent les limites de chute de

E2
E1
jXIi

l
(a)
// ///2/ ///
1
Figure 25-24
Commande de la puissance active PA .

La Fig . 25-24c montre les deux diagrammes vectoriels


combinés en un seul diagramme . On constate que lors- E1
jXI
que l'on fait varier E2, l'extrémité du vecteur E2 suit le
pointillé 1, 2 qui est perpendiculaire au vecteur E 1 . En
(b)
glissant le long de ce trait, le vecteur E2 bute finale-
ment contre les limites 1, 2 imposées par la chute de
tension maximale XI N au courant nominal IN .
(E2 > E1) E 1 -XIN E 1 + k7I
Donc, en faisant varier l'amplitude et la phase de la
I
tension E2 , on peut faire varier à volonté la puissance
active débitée ou absorbée par la source X .
/ E2 E1
Puissance réactive de la source X . Supposons main-
tenant que l'on désire que la source X débite ou ab- /
sorbe exclusivement une puissance réactive . Dans ces
I
circonstances, il faut que le courant I soit 90° en re-
(E2 < E1 ) (c)
tard, ou 90° en avance sur la tension El . De plus, en
vertu de l'équation 25-13, une puissance active nulle
Fig . 25-25
impose un angle 5= 0.
Commande de la puissance réactive QA


PUISSANCE ACTIVE, RÉACTIVE ET APPARENTE 349

tension XIN imposées par le courant nominal I N . Ces


limites correspondent respectivement aux tensions
E, = El -XIN et E2 = Et +XIN .
En gardant S= 0 et en faisant varier l'amplitude de E 2 ,
on peut donc faire varier à volonté la puissance réac-
tive Q débitée ou absorbée par la source X .
Regardons maintenant ces conclusions d'un autre point
de vue . Lorsque la source X débite une puissance réac-
tive . le courant est 90° en retard sur E l ; c'est comme si
une inductance était branchée entre ses bornes a et b
FFg . 25-23a) .
Par contre, lorsque la source X absorbe une puissance
réactive, le courant est 90° en avance sur Et ; c'est Figure 25-26
Voir exemple 25-8 .
comme si un condensateur était branché entre les bor-
nes a et b .
On constate que ce jeu de tensions offre la possibilité Solution
de simuler un condensateur ou une inductance varia-
La puissance active P A est :
ble, en faisant simplement varier l'amplitude et la phase
de la tension E2 . On peut ainsi contrôler, à volonté, des = El E2 sin S
puissances réactives de plusieurs mégavars . PA e925-13
X
Enfin, en modifiant l'amplitude et la phase de E2 on
24kVx25kVxsin6°
peut obtenir différentes combinaisons de P et de Q . Il = 20,9 MW
suffit de limiter les tensions et les courants aux valeurs 3 £2
nominales admissibles par les sources X et Y.
Étant donné que E, est en avance sur E2 , il s'ensuit que
En ce qui concerne la source Y, la puissance active P A débite cette puissance active . Comme la réactance X
qu'elle absorbe est égale à la puissance P débitée par n'absorbe aucune puissance active, la puissance absor-
la source X, car la réactance X n'absorbe aucune puis- bée par B est égale à PA .
sance active . Cependant, la puissance réactive absor-
La puissance réactive associée à A est :
bée par Y est égale à (Q - XI2) . Lorsque cette expres-
sion est positive, cela indique que la source Y absorbe Et (E 1 -E2 cos b)
une puissance réactive . QA = eq . 25-15
X
Dans ce qui précède, nous avons utilisé une réactance
= 24 kV (24 kV - 25 kV cos
X pour relier les sources X et Y. On aurait pu aussi 6°) _ _ 6,9 Mvar
contrôler les puissances P et Q de la même manière en 3 £2
utilisant une résistance . Cependant une résistance a l'in-
Puisque Q A est négative, la source A reçoit cette puis-
convénient de chauffer et de consommer de l'énergie .
sance réactive comme si un condensateur était bran-
Évidemment, l'utilisation d'une résistance au lieu d'une
ché à ses bornes .
réactance changerait les formules ainsi que les diagram-
mes vectoriels . La puissance apparente de A est :

Exemple 25-8 z z
SA = PA + QA
Une source A de 24 kV, 60 Hz, est raccordée à une
source B de 25 kV par une réactance X de 3 S2 (Fig . 20,92 +(-6 ,9) 2 = 22 MVA
25-26) . La tension E, est 6" en avance sur E,, donc
b= 6° . Calculer la valeur et la direction des puis- Le courant est donc :
sances P QA , et Q u . I = 22 MVA/24 kV = 917 A

350 ÉLECTROTECHNIQUE

Il est évident que ce même courant circule dans la réac- On sait (section 23 .13) que, par définition, le conjugué
tance et dans la source B . de VI est un nouveau vecteur:
La puissance réactive absorbée par la réactance est : V I* =1 L- 0,
Qx = Xi2 = 3 x 917 2 = 2,5 x 10 6 VA = 2,5 Mvar Par définition, le vecteur représentant la puissance ap-
On obtient donc pour la source B : parente V s associée* au circuit est :

Q B = QA - Q x = - 6,9 - 2,5 = - 9,4 Mvar


VS = VE VI Y (25-8)
La puissance réactive Q B étant négative, il s'ensuit que
B débite de la puissance réactive . C'est logique, car
comme la source A et la réactance X absorbent toutes soit VS = (Eab L0I ) x (I L-O2 )
deux de la puissance réactive, la source B doit néces-
sairement en débiter . d'où VS = Eab I L(0 1 - 02 )

En remplaçant (0 1 - 02) par 0, on peut écrire:


CALCUL VECTORIEL

Vs = Eab I LO = SLO (25-9)


25 .14 Puissances sous forme vectorielle
Nous avons déjà utilisé le calcul vectoriel pour résoudre ou
les circuits (voir chapitre 23, sections 23 .9 à 23 .19) . Vs vecteur de la puissance apparente
Nous l'appliquons maintenant au calcul des puissan- S = valeur de la puissance apparente [VA]
ces active, réactive et apparente . 0 = (0I - 02 ) = déphasage de la tension par rap-
Sur la Fig . 25-27a, le circuit branché entre les bornes a port au courant (si la tension est en avance
et b peut être plus ou moins complexe . Ce circuit peut sur le courant, 0 est positif)
contenir des résistances, des réactances, des sources, Eab valeur efficace de la tension [V]
ou toute combinaison de ces trois types d'éléments . I valeur efficace du courant [A]
Un courant I circule de la borne a vers la borne b . Sup- L'expression polaire (25-9) peut aussi être mise sous
posons que la tension aux bornes du circuit soit expri- la forme rectangulaire, soit :
mée par le vecteur V E :
Vs = SLO = P + jQ
VE = Eab L 0 1
avec P = Eab I cOS 0 (25-10)
et que le courant soit représenté par le vecteur V I :
et Q = EabI sin 0
V I = I LO2
ou
P = puissance active associée au circuit [W]
I Q = puissance réactive associée au circuit [var]
ao Eab , 1, 0 = grandeurs déjà définies dans la formule
(25-9)
s=P+jQ
Il est important de retenir que les équations (25-8).
(25-9), (25-10) sont basées sur la Fig . 25-27, soit sur
une tension Eab et un courant I qui circule de la borne
bO a vers la borne b . Dans ce cas, les règles suivantes
(a) (b) s'appliquent :

Figure 25-27
La direction du courant I et l'identification des bornes
déterminent la direction des puissances P et Q obtenues par Le terme «associé» signifie la puissance active ou réactive
calcul vectoriel . qui est absorbée ou débitée par un circuit .





PUISSANCE ACTIVE, RÉACTIVE ET APPARENTE 351

RÈGLES DES PUISSANCES La puissance apparente associée à l'élément B est donc :


1 . Si la valeur de P est positive, le circuit est une
charge qui absorbe P watts SB = V E VI *
2 . Si la valeur de P est négative, le circuit est une = EyxI
source qui débite P watts
• 30 Z30° x 50 L- 50°
3 . Si la valeur de Q est positive, le circuit est une
charge réactive qui absorbe Q vars = 1500 L- 20°

4 . Si la valeur de Q est négative, le circuit est une = 1500 [(cos (- 20°) + j sin (- 20°)]
source réactive qui débite Q vars • 1410 -j 513
• P +jQ

Exemple 25-9 Puisque P = +1410 W, B est une charge, qui absorbe


Dans le circuit de la lia 2_5-28 où le courant cir- 1410 W (règle 1) .
cule dans le sens indiqué . on donnne : Puisque Q = - 513 var, B est aussi une source réactive
débitant 513 var (règle 4) .
30 V L- 150°
Connaissant les puissances associées à l'élément B, on
= 50 A L5() peut immédiatement déduire celles associées à l'élé-
Déterminer la valeur des puissances active et réac- ment A : ce dernier est une charge réactive absorbant
tive, et sp ci(ïer si les élément, A et B sont des sour- 513 var, en même temps qu'il est une source active
ces ou des c liarecs . débitant 1410 W.

Solution Exemple 25-10

Dans un circuit comprenant deux ou plusieurs éléments, Dans le montage de la Fi , ~5-20 on donne :
on doit considérer chaque élément individuellement. 100 V 1240°
Choisissons l'élément B . On doit alors choisir une ten-
1 = 70 A Ly3"
sion telle que ses indices soient conformes au sens de
la circulation du courant I dans l'élément B . Puisque Déterminer la nature dies puissances active et réac-
le courant circule de la borne y à la borne x, on doit tive associées à ce montage .
utiliser la tension Eyx (et non pas Exy ) . On a donc :
Solution
Eyx = - Exy = -30 L-150° Le courant circule de la borne 2 à la borne 1 . On doit
donc utiliser la tension E2, (et non pas E12 ) dans le cal-
• 30Z(-150° + 180°)
cul des puissances .
• 30L30°
La puissance apparente associée à l'élément est :
d'où V E = 30L30°

De plus, on a S = V E VI * = E21 I* =-E12 1*


VI * = 50 L- 50 _ - 100 L240° x 70 L- 83 0
_ - 7000 L157°
_ - 7000 (cos 157° + j sin 157°)
= 6444 -j 2735

Donc le montage absorbe 6444 W et débite 2735 var.

10--j F-o 2
I
Figure 25-28 Figure 25-29
Voir exemple 25-9 . Voir exemple 25-10 .

352 ÉLECTROTECHNIQUE

25 .15 Sens arbitraires des courants : effet


sur les diagrammes vectoriels
Lors de l'étude du chapitre 22 nous avons appris que
le courant dans une résistance est en phase avec la ten-
sion à ses bornes . De plus, le courant dans une bobine
est 90° en retard sur la tension, tandis que celui dans
un condensateur est 90° en avance .
Cependant, dans le chapitre 24 et le présent chapitre
OBI (a)
E 12 = 60113°
(b)

E12
25, on a vu que l'on peut assigner des directions arbi- i
13°
traires aux courants dans un circuit . Ces choix arbi-
traires affectent l'apparence des diagrammes vectoriels
sans pour autant affecter la solution du circuit .
Dans cette section nous démontrerons l'effet du chan-
gement de direction arbitraire d'un courant . Certains
choix produisent des relations vectorielles inattendues
bien qu'elles soient parfaitement correctes . Par exem- E21

ple, on pourrait trouver que le courant dans une résis- Figure 25-30
tance est déphasé de 180° avec la tension à ses bornes . Voir exemple 25-11 .
Toutefois, on peut être confiant que lorsque les équa-
tions de Kirchhoff sont bien formulées, la résolution
des courants, des tensions et des puissances apparen- riel de la Fig . 25-30d. Dans ce cas, le courant dans la
tes donnera toujours la réponse juste . Les exemples résistance est déphasé de 180° avec la tension à ses
suivants illustrent la méthodologie vectorielle pour trois bornes . Ce diagramme vectoriel est tout aussi valable
montages simples . que celui de la Fig . 25-29e .
Exemple 25-11 b) La puissance apparente associée à la source est don-
Une tension E l , = 60 VZ 13° est appliquée aux bor- née par S = E21 I* . (On prend la tension E21 car dans la
nes d'une résistance de 4 S2 (Fig . 25-30a) . Calculer : source le courant circule de la borne 2 à la borne 1 .)
Comme 1= 15 /13°, il s'ensuit que I* = 15 L- 13° .
a) le courant circulant dans le circuit
On peut donc écrire :
b) la puissance apparente associée à la source
S = E21 I
Solution
_ [- 60L13°] [15/-13°] _ - 900 L0°
a) Choisissons un courant I circulant arbitrairement de
_ - 900 (cos 0° + j sin 0°)
la borne 1 vers la borne 2 dans la résistance (Fig . 25-
30b) . Écrivons l'équation de Kirchhoff en parcourant =-900+j 0
le circuit dans le sens horaire :
La puissance active associée à la source est de
E21 +RI=0 - 900 W. Le signe négatif indique qu'elle débite en
fait une puissance active de 900 W. La puissance réac-
E21 = E12 = 60/13° tive (j0) associée à la source est nulle .
d'où I = _ = 15213°
R R 4Z0°
Exemple 25-12
Le diagramme vectoriel est montré à la Fig 25-30e .
Une tension E l , = 60 VL 13° est appliquée aux bor-
On constate que le courant est en phase avec la ten-
nes d'une résistance de 4 £2 (Fig . 25-31 a) . Calculer :
sion, ce qui correspond à nos attentes pour un circuit
résistif . a) le courant dans le circuit

Toutefois, on peut mettre en évidence le vecteur E21 au b) la puissance apparente associée à la source
lieu du vecteur E 12 , ce qui donne le diagramme vecto-

PUISSANCE ACTIVE, RÉACTIVE ET APPARENTE 353

9DZI
La puissance active associée à la source est de
- 900 W, ce qui indique qu'elle débite en fait une puis-
452 452 sance active de 900 W. La puissance réactive (j0) est
nulle . On constate que le fait d'avoir changé le sens du
courant n'a aucunement affecté les puissances active
et réactive associées à la source .
E12 = 60 13 -
(a) (b)
25 .16 Résumé
Dans ce chapitre nous avons vu que tous les compo-
sants d'un circuit ou réseau électrique à courant alter-
natif peuvent se comporter comme une source ou une
13'
charge, active ou réactive . Nous avons appris comment
connecter un wattmètre et un varmètre pour mesurer
I=15A193° respectivement la puissance active et la puissance réac-
(c) tive .
Figure 25-31 Le facteur de puissance d'un circuit est un nombre in-
Voir exemple 25-12 . férieur ou égal à 1 définissant le rapport entre la puis-
sance active et la puissance apparente . On a vu qu'un
Solution condensateur, qui est une source de puissance réactive,
permet d'améliorer le facteur de puissance, et donc de
a) Choisissons un courant I circulant arbitrairement
réduire le courant d'un circuit qui consomme de la
de la borne 2 vers la borne 1 dans la résistance (Fig .
puissance réactive (ex . : circuit inductif, moteur) .
25-3 lb), soit l'inverse de celui de la Fig . 25-30b . Écri-
vons l'équation de Kirchhoff en parcourant le circuit On a vu qu'il est possible de résoudre un circuit en
dans le sens horaire : faisant simplement le bilan des puissances active et
réactive . Cette méthode permet de résoudre des cir-
E21 -RI=0
cuits à c .a . sans faire appel au calcul vectoriel . Nous
avons aussi donné les formules permettant de calculer
d'où I = -E12 = - 60/13° les circulations de puissance active et réactive entre
R 4/0° deux sources reliées par une réactance inductive . On a
15/(13 0 + 180 0 ) = 15 A /193° constaté qu'il est possible de simuler un condensateur
ou une inductance simplement en agissant sur l'ampli-
Le diagramme vectoriel est montré à la Fig 25-31c . tude et la phase de l'une des deux sources .
On constate que le courant est déphasé de 180° avec la
Enfin, on a vu comment utiliser le calcul vectoriel pour
tension E l 2 . Bien que ce résultat puisse paraître bizarre,
calculer les puissances à partir des vecteurs de tension
il est strictement correct . Le diagramme vectoriel de la
et de courant . La puissance apparente est elle-même
Fig . 25-31c (qui découle du schéma de la Fig . 25-3 lb)
un vecteur qui, exprimé sous forme rectangulaire,
est aussi valable que celui de la Fig . 25-30c .
donne la puissance active et réactive .
b) La puissance apparente associée à la source est don-
née par S = E121* . (On prend la tension E L2 car dans la
source le courant circule de la borne 1 à la borne 2 .)
Comme I= 15 /193° il s'ensuit que 1 * = 15 /-193° . PROBLÈMES - CHAPITRE 25
On peut donc écrire :
Niveau pratique
S = E12 V1 *
25-1 Nommer l'unité de puissance active ; de puis-
_ [60/13°] [15/-193°] = 900 /-180° sance réactive ; de puissance apparente .
= 900 [cos (-180°) + j sin (-180°)] 25-2 Un condensateur de 500 kvar est mis en paral-
lèle avec une inductance de 400 kvar. Quelle est la
=-900+j 0
puissance apparente de l'ensemble?

354 ÉLECTROTECHNIQUE

25-3 Nommer un dispositif statique qui génère une a) la puissance réactive de l'ensemble
puissance réactive . b) la puissance apparente de l'ensemble
25-4 Nommer un dispositif statique qui absorbe une c) le facteur de puissance de l'ensemble
puissance réactive .
Niveau avancé
25-5 Quel est le facteur de puissance d'un condensa-
teur? d'une bobine? d'une lampe à incandescence? 25-13 Un moteur ayant un facteur de puissance de
80 % absorbe une puissance active de 1200 W. Calcu-
Niveau intermédiaire ler la puissance réactive absorbée .
25-6 Une ligne alimente les charges suivantes : 25-14 Dans la Fig . 25-14, on branche un con-
1) une résistance de 120 kW densateur de 30 kvar en parallèle avec le moteur . Cal-
culer :
2) une bobine de 40 kvar
a) la puissance active absorbée par l'ensemble
3) un condensateur de 90 kvar
b) la puissance apparente absorbée par l'ensemble
Calculer la puissance apparente de l'ensemble de ces c) le FP de la source
charges, ainsi que le facteur de puissance .
25-15 Dans la Fig . 25-19, calculer la valeur, en ohms .
25-7 Un moteur d'induction absorbe une puissance de la réactance inductive qu'il faudrait placer en paral-
apparente de 400 kVA à un facteur de puissance de lèle avec la résistance afin que le facteur de puissance
80% . de l'ensemble devienne 100 % .
a) Calculer la puissance active absorbée par la machine .
25-16 Une source monophasée de 240 V alimente
b) Quelle est la puissance réactive et à quoi sert-elle? une charge de 160 kW ayant un FP de 80 % . Calculer
25-8 Dans la Fig . 24-3 (chapitre 24), calculer : le courant dans la ligne .
a) la puissance active absorbée par la résistance 25-17 Dans la Fig . 25-15, on remplace le condensa-
b) la puissance réactive absorbée par l'inductance teur de 45 kvar par un autre de 35 kvar . Calculer :
c) la puissance apparente de l'ensemble a) la puissance réactive fournie par la source
d) le facteur de puissance de l'ensemble b) la puissance active fournie par la source
c) le courant fourni par la source
25-9 Dans la Fig . 24-17, calculer :
a) la puissance réactive absorbée par la bobine 25-18 Une ligne monophasée relie un poste de trans-
b) la puissance réactive générée par le condensateur formation à une charge . Les instruments indiquent les
valeurs suivantes :
c) la puissance active dissipée par la bobine
au poste :
d) la puissance apparente de l'ensemble
e) le facteur de puissance de l'ensemble Pt = 36 MW St = 39 MVA tension = 115 kV

25-10 Dans la Fig . 24-16, calculer : à la charge :

a) la puissance réactive totale de la charge P2 = 35 MW S2 = 37 MVA


b) le FP de l'ensemble Calculer :
25-11 Une bobine, ayant une résistance de 5 S2, porte a) le courant dans la ligne
un courant continu de 20 A. b) la tension à la charge
a) Quelle est la puissance active absorbée? c) la résistance et la réactance inductive de la ligne
b) Quelle est la puissance réactive absorbée? d) l'angle de déphasage entre la tension au poste et la
tension à la charge
25-12 Dans la Fig . 25-16, on branche une réactance
inductive de 19 S2 en parallèle avec la source de 380 V . 25-19 En se référant à la Fig . 24-25b (chapitre 24).
Calculer : calculer l'impédance du circuit vue entre les bornes 1
et 2 . Utiliser la méthode des puissance et supposer une

PUISSANCE ACTIVE, RÉACTIVE ET APPARENTE 355

tension de 72 V aux bornes du condensateur de 72 S2 . 25-22 Une tension E32 = 24 VZ-17° apparaît aux
Dès lors, déterminer l'angle entre la tension E et le bornes d'une réactance inductive de 3 £2 (Fig . 25-34) .
courant Il . On désire connaître:
a) la valeur du courant dans le circuit
25-20 En se référant à la Fig . 25-32, calculer la va-
leur des puissances active, réactive et apparente asso- b) la valeur de la tension E 12
ciées à l'impédance Z. Utiliser le calcul vectoriel dé- c) la puissance associée à la source
crit dans la section 25-14 . Choisir un sens de courant I circulant arbitrairement
de la borne 2 vers la borne 3 dans la réactance .
Z = 16+j63
10--j H0 2 4 S2

1 = 401-30°
Figure 25-32
Voir problème 25-20 .

25-21 En se référant à la Fig . 25-33 et en utilisant le


calcul vectoriel, déterminer :
Figure 25-34
a) les puissances active et réactive associées à la Voir problème 25-22 .
source A
b) les puissances active et réactive associées à la
source B
c) la puissance active dissipée dans la résistance de
16 S2
d) la puissance réactive absorbée par la réactance
de 63 S2
e) Faire le bilan des puissances actives pour le circuit
et vérifier que le tout s'équilibre .
f) Faire le bilan des puissances réactives pour le cir-
cuit et vérifier que le tout s'équilibre .

Eau = 2001120°

Ebc = 1001150°

Figure 25-33
Voir problème 25-21 .
26
Circuits triphasés

Jusqu'à maintenant, nous avons étudié le transport et sance séquentielles, plutôt que simultanées . Il en
l'utilisation de l'énergie électrique dans les circuits à résulte un moteur qui tourne plus doucement, avec
courant continu et dans les circuits à courant alternatif moins de vibrations .
alimentés par une seule source . Comme ils ne contien-
De la même façon, dans un système électrique triphasé .
nent qu'une source et deux lignes d'alimentation, ces
les trois phases sont identiques, mais elles fournissent
circuits sont appelés circuits monophasés .
leur puissance à des moments différents . Par consé-
Cependant, l'énergie électrique est distribuée à la plu- quent, le flux total de puissance est très uniforme. De
part des installations industrielles par un système tri- plus, comme les phases sont identiques, on peut en
phasé, composé de trois lignes . Les tensions alterna- considérer une seule comme étant représentative des
tives entre les lignes ont même valeur et même fré- trois .
quence, mais elles sont déphasées l'une par rapport à
Retenons, sans pousser plus loin l'analogie, qu'un sys-
l'autre .
tème triphasé est composé essentiellement de trois sys-
Pour une puissance donnée, une ligne de transport tri- tèmes monophasés fonctionnant en séquence .
phasée demande moins de cuivre (ou d'aluminium)
Afin de faciliter l'analyse des circuits triphasés, nous
qu'une ligne monophasée de même tension . De plus,
étudierons tout d'abord les circuits diphasés, bien que
les moteurs et les alternateurs triphasés sont plus pe-
ces derniers ne soient plus utilisés que dans des appli-
tits, plus simples et moins coûteux que les moteurs et
cations spéciales .
les alternateurs monophasés de même capacité, de
même tension et de même vitesse . 26 .1 Alternateur diphasé
On peut comprendre l'avantage du système triphasé Au cours de l'étude de l'alternateur monophasé (sec-
en le comparant à un simple moteur à essence . Un tion 17 .7), nous avons vu qu'une tension alternative
moteur ayant un seul cylindre peut être assimilé à apparaît aux bornes d'un enroulement lorsqu'il est
une machine monophasée . De même, un moteur à coupé par le flux magnétique d'un aimant tournant .
deux cylindres peut se comparer à une machine élec-
Considérons maintenant deux enroulements identiques
trique diphasée . Enfin, un moteur à six cylindres
montés sur un noyau d'acier et disposés en quadrature,
peut être considéré comme un moteur à six phases .
c'est-à-dire décalés de 90° l'un par rapport à l'autre,
Dans un tel moteur, des pistons identiques montent
(Fig . 26-la) . Leurs bornes sont respectivement identi-
et descendent à l'intérieur de cylindres identiques,
fiées par les symboles a, 1 et b, 2 .
mais pas en même temps . Ils sont en effet reliés à
l'arbre de façon à lui fournir des impulsions de puis- Quand on fait tourner le rotor, des tensions Ea i et Eb2
356


CIRCUITS TRIPHASÉS 357

∎∎z∎m∎∎∎∎∎∎∎∎∎
∎nsang∎ ∎∎∎////∎∎
auvagenau oa Eat
rotation des
vecteurs


y∎~∎∎∎∎∎∎~∎∎yy ~∎∎
∎ •~
~ ∎270∎360∎450∎
01

∎t\\∎~011! angle de rotation 0


∎∎∎∎∎∎∎∎
∎∎∎∎~~∎∎L~∎∎∎∎∎∎∎∎~~ 2 b
∎∎∎∎∎i/.ii~ü∎∎∎∎∎∎
∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎
∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎∎
(a) (b) (c)

Figure 26-1
a . Alternateur diphasé ;
b. Tensions alternatives générées par les enroulements A et B de l'alternateur ;
c . Diagramme vectoriel des tensions .

sont induites dans chacun des enroulements . Ces ten- Ia


sions ont évidemment même valeur et même fréquence;
cependant, elles n'atteignent pas leur valeur maximale
en même temps . En effet, à l'instant où l'aimant oc-
cupe la position indiquée à la Fig . 26-la, la tension charge de
Ea t passe par sa valeur maximale positive, tandis que la phase A
la tension Eb2 est nulle .
Dès que le rotor a complété un quart de tour (ou 90°), (a)
la tension Ea t devient nulle à son tour, tandis que la
tension Eb2 atteint sa valeur maximale positive . Ces
deux tensions sont donc déphasées de 90° . Elles sont
représentées sous forme de courbes à la Fig . 26-1b, et charge de la phase B
vectoriellement à la Fig . 26-1c .
Eat
Chacune des tensions E a i et Eb2 est une tension mo-
nophasée possédant les mêmes propriétés que la ten-
sion alternative simple que nous avons déjà étudiée .
Sur la Fig . 26-2a, elles alimentent chacune un circuit (b)
distinct; le circuit raccordé aux bornes a, 1 et celui rac- Ia
cordé aux bornes b, 2 sont identifiés comme étant res-
pectivement laphase A et la phase B . L'ensemble cons-
titue un système à deux phases et l'alternateur est dit > >-
diphasé . Ib Eb2

Si une charge résistive est branchée sur chacune des Figure 26-2
phases, les courants la et lb sont respectivement en phase a. Alternateur diphasé en charge ;
avec les tensions Ea t et Eb2 (Fig . 26-2b) . Ces deux cou- b . Diagramme vectoriel des tensions et des courants .
rants sont donc également déphasés de 90° dans le
temps, c'est-à-dire que Ia atteint sa valeur maximale
identiques au lieu de deux . Les trois enroulements sont
positive un quart de période avant Ib .
disposés à 120° l'un de l'autre, comme l'indique la
26.2 Alternateur triphasé Fig . 26-3a .
Un alternateur triphasé est semblable à un alternateur Lorsque le rotor tourne à vitesse constante, les tensions
diphasé, sauf que le stator porte trois enroulements induites dans les trois enroulements ont même valeur

358 ÉLECTROTECHNIQUE

ai c3

E
~~i!//!!//! //!!
0
J 120
3503///\19//w

(a) (b) (c)

Figure 26-3
a . Alternateur triphasé ;
b . Tensions alternatives générées par les trois enroulements ;
c . Diagramme vectoriel des tensions induites,

efficace, mais elles n'atteignent pas leur valeur maxi-


male en même temps . En effet, à l'instant où l'aimant
occupe la position indiquée sur la Fig . 26-3a, seule la
tension Ea passe par sa valeur maximale positive . La
u

deuxième tension Eb2 atteint sa valeur maximale posi-


tive quand le rotor a tourné d'un angle de 120° (soit un
tiers de tour) . Enfin, la tension Ec3 atteint sa valeur
maximale positive lorsque le rotor a tourné d'un angle
de 240° (ou 2/3 de tour) par rapport à la position ini-
tiale .
Les trois tensions Eat, Eb2 et Ec3, déphasées l'une de
l'autre de 120°, sont représentées sous forme de cour-
bes sinusoïdales à la Fig . 26-3b, et vectoriellement à la (a) Eat
Fig . 26-3c .

26 .3 Montage en étoile
Les trois enroulements d'un alternateur triphasé pour-
(b)
raient alimenter trois circuits distincts (Fig . 26-4a) . Cet
arrangement exigerait 6 fils pour alimenter la charge Ec3 Eb2
totale constituée par trois charges monophasées . Figure 26-4
Si chaque phase alimente une charge résistive, les cou- a . Système à 3 phases, 6 fils ;
b . Diagramme vectoriel des tensions et des courants .
rants Ia , Ib et le sont respectivement en phase avec les
tensions Ea i, Eb2 et E,3- Si, de plus, les trois résistances
sont égales, les courants ont la même valeur efficace,
mais ils sont déphasés de 120° l'un de l'autre (Fig . 26- À première vue, il semble que la section du fil neutre
4b) . doive être trois fois plus grande que celle des lignes a-
On peut toutefois réduire le nombre de fils de ligne en b et c . Cependant, le diagramme vectoriel de la Fig .
groupant les trois fils de retour en un seul (Fig . 26-5) . 26-5b montre que la somme vectorielle de ces trois
Ce fil de retour, appelé fil neutre (ou phase neutre), courants est nulle . Par conséquent, Ineutre = 0 .
porte la somme des trois courants de sorte que On peut donc enlever le fil neutre complètement sans
'neutre = (l a + Ib + 'e ) . que les tensions ou les courants soient affectés (Fig .

CIRCUITS TRIPHASÉS 359

celui de la Fig . 26-5 est un montage en étoile à quatre


fils . La plupart des alternateurs triphasés sont montés
en étoile, avec 3 ou 4 fils de sortie . Les lignes qui sor-
tent de l'alternateur sont généralement appelées pha-
ses*, tout comme les trois enroulements eux-mêmes .

26 .4 Propriétés du montage en étoile


La Fig . 26-7a représente, de façon schématique, la dis-
position des trois enroulements sur l' induit d' un al-
ternateur. Les bornes 1, 2, 3 sont raccordées ensemble
pour former une seule borne n, appelée neutre . Le dia-
gramme vectoriel des trois tensions induites Ean, Ebn,
E,n est montré à la Fig . 26-7b . Supposons que leur va-
(a)
la leur efficace soit de ELN volts . Quelle est alors la va-
leur des tensions entre les bornes a, b et c?
D'après la première loi de Kirchhoff, et en suivant
d'abord la boucle a, b, n dans le sens horaire, on peut
écrire l'équation suivante :
(b)
E ab+Eb n +Ena =0
donc Eab = - Ena - Ebn
Figure 26-5
soit Eab = Ean - Ebn
a . Système à 3 phases, 4 fils ;
b . Le courant dans le fil neutre est nul . Cette somme vectorielle donne le vecteur E ab montré à
la Fig . 26-7c. Il est 30° en avance sur le vecteur E an et
sa valeur efficace EL est donnée par :
26-6) . On réalise du même coup une forte économie
sur la ligne de transport . Toutefois, il faut remarquer EL = 2 x (valeur efficace de E an cos 30°)
que, pour supprimer le fil neutre, les trois charges doi-
vent être identiques . Si les charges ne sont pas identi- =2xELN cos30° = 2 xELNx ~ _ ~3 ELN
ques, l'absence de fil neutre occasionne un déséquilibre 2
des tensions sur les trois charges .
Le circuit de l'alternateur et de la charge de la Fig . 26-
fest appelé montage en étoile à trois fils, tandis que
Le terme «phase» peut avoir différentes significations selon
le contexte . Les exemples suivants montrent comment le
terme est utilisé:
1 . le courant est en phase avec la tension (dans un diagramme
vectoriel) ;
2 . les trois phases d'une ligne de transport (désigne les trois
conducteurs de la ligne);
3 . la tension entre les phases (signifie la tension entre les li-
gnes);
4 . la séquence des phases (désigne l'ordre dans lequel les
vecteurs de tension se suivent dans un montage triphasé) ;
5 . la phase grillée d'un moteur (désigne l'enroulement grillé
d'un moteur triphasé) ;
6 . les courants de phase sont équilibrés (signifie que les cou-
rants dans un montage triphasé sont égaux et décalés de
120°) ;
7 . les phases sont déséquilibrées (signifie que les tensions
d'une ligne triphasée ne sont pas égales et qu'elles ne sont
pas décalées de 120°) .

360 ÉLECTROTECHNIQUE

Ean En effet, Ebc = Ebn - Ecn


et Eca = Ecn - Ean
Le diagramme vectoriel complet est montré à la Fig .
26-7d . On constate que les tensions Eab, Ebc et Eca en-
tre les lignes sont aussi déphasées entre elles de 120° .
Pour une ligne triphasée on peut donc écrire :

EL = F ELN (26-1)
(a) (b)
ou
EL = tension entre les lignes [V]
ELN = tension entre les lignes et le neutre [V]
= constante [valeur approximative = 1,73]
Afin de clarifier davantage ces résultats, nous mon-
trons à la Fig . 26-8 un alternateur dont la tension ligne
3 (c)
à neutre est de 100 V. Les tensions entre les lignes sont
toutes égales et leur valeur est 100 x f volts ou 173
V. Pour le montage en étoile, les tensions de ligne à

Ecn Ebn

30°

Figure 26-8
n Tensions produites par un alternateur connecté en étoile .

ligne sont donc 1,73 fois plus grandes que les tensions
de ligne à neutre* .
Les tensions entre les lignes a, b, e constituent un sys-
Figure 26-7 tème triphasé, mais la tension entre deux lignes quel-
a . Enroulements d'un alternateur raccordés en étoile ;
b . Diagramme vectoriel des tensions ligne à neutre ;
c . Construction du vecteur de tension Eab ;
d . Les tensions Eab , Ebc, Eca sont égales et déphasées de Les termes ligne-ligne et ligne-neutre sont aussi utilisés .
120° . Lorsqu'on donne la tension d'un système triphasé ou d'une
machine triphasée sans spécifier s'il s'agit d'une tension
ligne-neutre ou ligne-ligne, il est entendu qu'il s'agit de la
tension efficace ligne à ligne . Par exemple, si l'on parle d'une
En choisissant, à tour de rôle, les boucles b, c n, et c, a, ligne de distribution de 24,9 kV, il est entendu que cette
n, on obtient exactement la même valeur efficace pour tension désigne la tension efficace ligne à ligne ou phase-
la tension entre les bornes b, c et c, a . phase.




CIRCUITS TRIPHASÉS 361

conques (a et b, b et c, ou c et a) demeure une tension IL


monophasée .

Exemple 26-1 EL
Un alternateur triphasé à 60 Hz génère une tension
sinusoïdale de 23 900 V entre les lignes . Calculer :
1
a) la tension efficace entre une ligne et le neutre
b) la tension crête entre deux lignes
c) l'intervalle de temps qui sépare les valeurs crête
positives des tensions E,h et Ebc
00
Solution Figure 26-9a
a) La tension ligne à neutre ELN est : Charge triphasée équilibrée montée en étoile .

EL 23 900 IL
ELN = =
V F
= 13 800 V
IL

b) La tension crête entre deux lignes est:

EL aête = EL C = 23 900
= 33 800 V

c) Un angle de 120° sépare les vecteurs Ea b et Ebc.


Comme un cycle (360°) a une durée de 1/60 s, l'inter-
valle entre les valeurs crêtes positives de Ea b et de Ebc
est : Figure 26-9b
Charge triphasée équilibrée montée en triangle .

1200 1
t = X = 0,00556 s = 5,56 ms Pour le montage en étoile, il est facile de comprendre
360° 60
d'après ce que nous venons d'expliquer, que les règles
26 .5 Charges raccordées en étoile et en suivantes s'appliquent :
triangle
CONNEXION EN ÉTOILE
Pour que les courants dans les trois lignes d'un sys-
tème triphasé soient égaux, il faut que la charge soit 1 . le courant dans chaque élément est égal au
équilibrée, condition rencontrée très souvent dans les courant IL dans la ligne
circuits triphasés . Une charge triphasée est dite équi- 2. la tension aux bornes de chaque élément est
librée lorsqu'elle est constituée de trois impédances égale à la tension EL de ligne à ligne divisé
identiques . par 3
Les trois impédances peuvent être montées en étoile 3 . les trois tensions aux bornes des éléments sont
(Fig . 26-9a) ou en triangle (Fig. 26-9b) . Les relations déphasées de 120°
entre les tensions et les courants de chaque élément, 4 . les trois courants dans les éléments sont dé-
par rapport à la tension de ligne EL et au courant de phasés de 120°
ligne IL , sont indiquées sur ces figures .

362 ÉLECTROTECHNIQUE

En ce qui concerne le raccordement en triangle, déter- diquent que la valeur efficace de Ia est i fois plus
minons les relations entre les tensions et les courants grande que la valeur efficace de I l (ou de 1 3 ) . À cause
en supposant une charge résistive (Fig . 26-10a) . Les de la symétrie du montage pour les trois phases, on
résistances étant branchées entre les lignes, les cou- peut écrire :
rants Il , 72, 13 sont en phase avec les tensions corres-
pondantes Eab, Ebc et Eca (Fig . 26-1Ob) . Ces dernières
(26-2)
sont créées par un alternateur qui n'apparaît pas sur la
figure . Si on examine le nceud A de la ligne a, la où
deuxième loi de Kirchhoff nous permet d'écrire : IL = courant dans les lignes [A]
I = courant dans chaque branche de la connexion
-13
Ia =1 1 en triangle [A]
En faisant cette somme vectorielle, on constate que le = constante [valeur approximative = 1,73]
vecteur Ia se trouve 30° en avance sur le vecteur I 1 . De
Nous concluons que pour un montage en triangle (Fig .
plus, les relations géométriques de la Fig . 26-10b in-
26-9b), les règles suivantes s'appliquent :

CONNEXION EN TRIANGLE

1 . le courant dans chaque élément est égal au


courant L dans la ligne divisé par 3
I

2 . la tension aux bornes de chaque élément est


égale à la tension EL de ligne à ligne
3 . les tensions aux bornes des éléments sont dé-
phasées de 120°
(a)
4 . les courants dans les éléments sont déphasés
de 120°

Exemple 26-2
Une ligne triphasée à 550 V (ligne à ligne) alimente
trois résistances identiques montées en étoile . Quelle
est la tension aux bornes de chaque résistance?

Solution
La tension aux bornes de chaque résistance est égale à
la tension de ligne à neutre soit :

EL = 550 V
E =
LN
= 318V
V J 1,73

Exemple 26-3
Trois impédances identiques montées en triangle sur
une ligne triphasée à 550 V tirent un courant de li-
gne de 10 A . Calculer :
a) le courant dans chaque impédance et la tension à
Figure 26-10
ses bornes
a . Charge triphasée équilibrée montée en triangle ;
b . Diagramme vectoriel pour une charge résistive . b) la valeur des impédances







CIRCUITS TRIPHASÉS 363

Solution - la puissance totale absorbée par les trois résis-


a) Le courant dans chacune des impédances est : tances est trois fois plus grande, soit :

I _ IL P=3x ELIL C3 ELIL = 1,13 E LIL


= 10 A = 5,78 A
3 1,73 F
On arrive au même résultat, que le montage soit rac-
et la tension aux bornes de chacune est EL = 550 V.
cordé en étoile ou en triangle . Or, la puissance dissi-
b) la valeur de chaque impédance est : pée dans les résistances est évidemment égale à celle
fournie par la ligne ; il en résulte que la puissance ac-
2 = EL = 550 V
= 95 S2 tive transportée par la ligne vaut :
I 5,78 A
P = t ELIL watts
26 .6 Puissance transportée par une ligne
triphasée D'une façon générale, et pour une charge équilibrée,
la puissance apparente totale transportée par une ligne
On a souvent à calculer la puissance transportée par
triphasée est donnée par la formule :
une ligne triphasée en fonction de sa tension EL et du
courant de ligne I L . Calculons tout d'abord la puissance
S = 3 ELIL (26-3)
active absorbée par une charge constituée de trois ré-
sistances identiques montées a) en étoile et b) en tri- où
angle . • = puissance apparente totale transportée par la
ligne triphasée, en volts-ampères [VA]
Pour le montage en étoile (Fig . 26-9a) :
EL = tension de ligne à ligne (et non de ligne à
le courant dans chaque résistance est IL ampères ; neutre), en volts [V]
IL = courant de ligne, en ampères [A]
la tension aux bornes de chaque résistance est de
EL/'3 volts ; Les relations entre les puissances active P, réactive Q,
la puissance active Pz absorbée par chaque résis- et apparente S sont les mêmes dans les circuits tripha-
tance est donc : sés équilibrés que dans les circuits monophasés . Il en
est de même pour le facteur de puissance d'un circuit
Pz = EL XIL = ELIL triphasé . On a donc :
3 1_3
la puissance totale absorbée par les trois résistances S2 = P2 + Q 2 (26-4)
est trois fois plus grande, soit : et

P = 3 x ELIL = ï ELIL = 1,73 ELIL FP = PIS (26-5)


3 où
Pour le montage en triangle (Fig. 26-9b) : • = puissance active du circuit triphasé [W]
• = puissance apparente du circuit triphasé [VA]
le courant dans chaque résistance est : • = puissance réactive du circuit triphasé [var]

Exemple 26-4
Un moteur triphasé raccordé à une li ne à 480 V
tire un courant de 5 A dans chaque sil .
la tension aux bornes est EL volts ;
a) Calculer la puissance apparente fournie au mo-
la puissance active Pz absorbée par chaque résis-
teur
tance est donc :
h) Quelle est la puissance active fournie au moteur
IL ELIL sachant que son facteur (le puissance est de 80 ~î17
Pz = EL X
F3 U3


364 ÉLECTROTECHNIQUE

Solution Le courant dans chaque ligne est également de 2,88 A .


a) la puissance apparente totale est : On obtient directement ce résultat en appliquant la for-
mule 26-3, soit :
S = \ ELIL = 1,73 x ,480 x 5
IL _ S _ 3000
= 4157 VA = 4,16 kVA = 2,89 A
b) la puissance active totale est :
EL F 600 x 1,73

b) Résistance de chaque élément :


P=SxFP=4,15 x0,80=3,32 kW
R = E _ 347 V
26.7 Résolution des circuits triphasés = 120 S2
I 2,89 A
On peut résoudre assez facilement les circuits tripha-
sés équilibrés en ne considérant qu'une seule phase . Exemple 26-6
En effet, une charge triphasée équilibrée est tout sim- Dans le circuit de la Fig . 26-12 . calculer :
plement un ensemble de trois charges identiques mo-
nophasées . Les exemples qui suivent illustrent com- a) le courant dans chaque ligne
ment on doit procéder. b) la tension aux bornes des inductances

Exemple 26-5 Solution


Trois résistances égales montées en étoile sur une a) Chacune des trois branches du circuit comprend une
ligne triphasée à 600 V dissipent une puissance to- réactance inductive XL = 4 Ç2 et une résistance
tale de 3000 W (Fig . 26-11) . Calculer : R = 3 S2 . Chaque branche est soumise à la tension
a) le courant dans chaque ligne monophasée qui existe entre une ligne et le neutre .
h) la valeur de chaque résistance Cette tension a pour valeur :

EL = 440 V
Solution ELN _ = 254 V
a) Puissance dissipée par chaque résistance : F 1,73

3000 W L'impédance de chaque phase est :


P = = 1000 W
3
2
Tension aux bornes de chaque résistance : Z = ~ R + XL éq . 24-3

= 600 = V3 2 + 4 2 =552
E = EL
= 347 V
F 1,73 Le courant dans chaque élément est donc :

Courant dans chaque résistance : 254


I _ V = 50,8 A
5 S2
I_P=1000W
=2,88A
E 347 V Ce courant est aussi le courant de ligne .

30

3 S2
ligne 600 V

3 S2

Figure 26-11 Figure 26-12


Voir exemple 26-5 . Voir exemple 26-6 .





CIRCUITS TRIPHASÉS 365

b) La tension aux bornes de chaque inductance est : tent que 3 bornes de raccordement, de sorte qu'il est
impossible de dire comment les connexions sont ef-
E=IXL =50,8Ax4S2=203 V
fectuées à l'intérieur . Dans ces circonstances, comme
Exemple 26-7 il est plus facile de traiter une connexion en étoile
Une ligne triphasée à 550 V, 60 Hz, alimente trois qu'une connexion en triangle, on suppose que le rac-
condensateurs identiques montés en triangle (Fig . cordement est en étoile .
26-13) . Le courant de ligne est de 22 A . Calculer la L'hypothèse d'une connexion en étoile peut être ap-
capacitance de chaque condensateur . pliquée non seulement à des charges individuelles, mais
aussi à des usines entières ou des centres commerciaux
Solution qui comprennent des milliers de charges dont on ignore
Courant dans chaque condensateur : la connexion . En voici deux exemples .

I IL = 22 A = 12,7 A Exemple 26-8


=
1,73 Une usine absorbe 414 kVA d'une ligne triphasée à
2400 V (Fig. 26-14a) . La charge est assez bien équili-
Tension aux bornes de chaque condensateur : brée, et le facteur de puissance est de 87,5 (4 (en
EL = 550 V retard) . Déterminer :
Réactance capacitive X c de chaque condensateur : a) l'impédance de l'usine, par phase
h) l'angle entre le courant de lime et la tension li-
Xc = 550 V = 43,3 S2 gne à neutre
12,7 A c) le diagramme vectoriel complet de l'usine
d'où la capacitance C
Solution
_ 1 _ 1 a) Nous modélisons la charge de l'usine en la repré-
C
2iggXc 2n x 60 x 43,3 sentant par trois impédances raccordées en étoile
(Fig . 26-14b) .
= 61,3 x10 6 F = 61,3 tF La tension par phase est :

ELN = EL = 2400
= 1386 V

A
o > La puissance apparente par phase est :
22 A

550V60Hz B = Stotale = 414 kVA


Spar phase = 138 kVA
3 phases o
22 A 3 3
C Le courant par phase est:
o >
22 A R
I = Spar phase = 138 000 VA
Figure 26-13 = 100 A
ELN 1386 V
Voir exemple 26-7 .

d'où l'impédance par phase :


26.8 Charges industrielles
Il arrive souvent que l'on ne sache pas si une charge Z = E = 1386 V = 13,9 S2
triphasée est raccordée en étoile ou en triangle . Par I 100 A
exemple, les moteurs, condensateurs, etc ., ne présen-

366 ÉLECTROTECHNIQUE

b) L'angle entre le courant et la tension ligne à neutre Exemple 26-9


est donné par : Un moteur de 5000 hp tire un courant de 462A d'une
0 = arccos (FP) = arccos 0,875 = 29° éq . 25-7 ligne triphasée à 4000 V (Fig . 26-15) . L .e facteur de -
puissance du moteur est de 85 U . Un banc de
Le courant est en retard sur ELN de 29°, dans cha- condensateurs de 900 kvar est installé aux hornes
que phase . du moteur pour améliorer le facteur de puissance de
c) Le diagramme vectoriel est montré à la Fig . 26-14c . la lieue . Calculer :
En pratique, on simplifierait le diagramme en ne a) la puissance active absorbée par le moteur
montrant qu'une seule phase, soient les vecteurs Ean,
b) la puissance réactive absorbée par le moteur
Ia , et l'angle entre les deux .
c) la puissance réactive fournie par la ligne
d) le courant tiré de la ligne
e) Tracer le diagramme vectoriel pour une phase

a 414 kVA
o
2400 V b
o 1 >QL Qm
3 phases
c
o
Fp = 87,5
(a)
5000 hp
FP=85%

900 kvar

Figure 26-15
Charge composée d'un gros moteur et d'un banc de
condensateurs pour améliorer le facteur de puissance de la
ligne (voir exemple 26-9) .

(b)

Solution
Dans cet exemple, nous appliquerons une autre ap-
proche, en utilisant les puissances actives, réactives et
apparentes totales, au lieu de leur valeur par phase .
a) La puissance apparente absorbée par le moteur est :
)l- Ean
Sm = EI C = 4000 x 462 x
= 3200 kVA
La puissance active absorbée par le moteur est :
Eb
(c) Pm = S x FP = 3200 x 0,85 = 2720 kW
b) La puissance réactive absorbée par le moteur est :
Figure 26-14
a . Tension et puissance à l'entrée d'une usine (voir exemple
26-8) ; 2
Qm = 5,;, - Pm = 1~ 3200 2 - 2720
b . Circuit équivalent de l'usine ;
c . Diagramme vectoriel des tensions et des courants . = 1686 kvar

CIRCUITS TRIPHASÉS 367

c) La puissance réactive fournie par la ligne est la dif- prend ELN comme vecteur de référence parce qu'il est
férence entre Qm et la puissance réactive Qc four- commun à tous les équipements .
nie par le banc de condensateurs .
26 .9 Séquence des phases
QL = Qm - Qc = 1686 - 900 = 786 kvar En plus de sa tension et de sa fréquence, un système
triphasé possède une propriété importante appelée sé-
d) La puissance active fournie par la ligne est la même quence des phases . Dans une ligne triphasée, la sé-
que celle absorbée par le moteur, soit : quence des phases est l'ordre dans lequel les trois ten-
PL = 2720 kW sions maximales positives se succèdent. Comme on le
verra au chapitre 36, le sens de rotation des moteurs
La puissance apparente fournie par la ligne est : triphasés dépend de la séquence des phases, et la mise
en parallèle des lignes triphasées ne peut se faire que
SL = ~PL + QL = ~ 2720 + 786 2 si les séquences sont les mêmes . Pour ces raisons, il
= 2831 kVA est souvent nécessaire de connaître la séquence des
phases en plus de la valeur et de la fréquence des ten-
Le courant tiré de la ligne est : sions .
On peut facilement comprendre le concept de séquence
_ SL _ 2 831 000 = des phases en considérant l'analogie suivante .
IL 409 A
EL 1' 4000 13

e) Le facteur de puissance de la ligne est :

= PL
FPL = 2720 kW = 0,96 = 96 %
SL 2831 kVA

L'angle entre le courant de 409 A et la tension ligne à


neutre est :

6L = arccos FPL = arccos 0,96 = 16°

La tension ligne à neutre est :

ELN _ EL = 4000
= 2309 V 409 A 462 A
3 VS
4000 V
Courant triphasé tiré par le banc de condensateurs : 3 phases

j = Qc = 900 000
= 130 A
c EL 1~ 4000 13

Ce courant est 90° en avance sur la tension ELN .

L' angle entre le courant de 462 A tiré par le moteur et


900 kvar
la tension E LN est :

Figure 26-16
6m = arccos FPm = arccos 0,85 = 32° a . Diagramme vectoriel des courants et de la tension (voir
exemple 26-9) ;
Ces informations nous permettent de tracer le dia- b . Courants dans les trois lignes . Noter que le courant tiré de
gramme vectoriel pour une phase (Fig . 26-16a) . On la source est inférieur à celui tiré par le moteur .




368 ÉLECTROTECHNIQUE

Supposons que les lettres a, b, c soient inscrites à in-


tervalles de 120° sur un disque tournant autour d'un
axe (Fig . 26-17) . Si le disque tourne dans le sens
antihoraire, les lettres se présenteront à un observateur
dans la séquence a-b-c-a-b-c-, etc . Cette séquence est
appelée séquence directe ou séquence a-b-c* .
Par contre, si le disque tournait dans le sens horaire,
l'observateur verrait la séquence a-c-b-a-c-b-, etc . (Fig.
26-18) . Cette séquence s'appelle séquence inverse ou
séquence a-c-b . Figure 26-17
Les lettres apparaissent dans la séquence a-b-c .
Intervertissons maintenant deux lettres quelconques sur
le disque de la Fig . 26-17, tout en gardant le sens de
rotation antihoraire . Par exemple, si on intervertit les
lettres a et c, on obtient le résultat montré à la Fig . 26-
19 . Pour l'observateur, la séquence est c-b-a-c-b-a-,
etc ., soit en abrégé a-c-b . C'est donc la même séquence
que celle générée par le disque de la Fig . 26-18 . Nous
concluons qu'on peut convertir une séquence directe
en séquence inverse en intervertissant deux des trois
lettres .
Considérons maintenant une source triphasée possé-
Figure 26-18
dant les bornes a, b, c (Fig . 26-20) . Supposons que les Les lettres apparaissent dans la séquence a-c-b .
tensions entre les bornes soient fidèlement représentées
par les vecteurs tournants Eab, Ebc, Eca • Comme ces
derniers tournent dans le sens antihoraire, ils traver-
sent l'axe vertical dans la séquence :
Eab Ebc Eca Eab Ebc Eca
En ne retenant que les indices de cette série de ten-
sions, on obtient la séquence ab-be-ca-ab-be-ca-, ce
qu'on peut écrire sous la forme abbccaabbccaa . . ., etc .
En remplaçant les lettres doubles par une seule, on
obtient la séquence a-b-c . Par définition, on dit que la
séquence des phases est a-b-c, ou que les tensions gé- Figure 26-19
Les lettres apparaissent dans la séquence a-c-b .
nérées par la source sont en séquence directe .

Exemple 26-10
La séquence des phases dans la Fig . 26-21 est A-C-
B (,séquence inverse) . Tracer le diagramme vecto-
source
riel des tensions de ligne . 30

Solution
Les tensions suivent la séquence A - C - B, ce qui est Ec
équivalent à la séquence AC - CB - BA - AC . Par con-
(a) (b)
Figure 26-20
La tension triphasée entre les lignes a, b, c est fidèlement
Dans les manuels anglais, les séquences directe et inverse représentée par le diagramme vectoriel . La séquence est
sont respectivement désignée par positive sequence et a-b-c (séquence directe) .
negative sequence .

CIRCUITS TRIPHASÉS 369

jours plus que l'autre* et la séquence des phases sera


dans l'ordre :
lampe brillante - lampe faible - condensateur .

Figure 26-21 Dans la Fig . 26-22a, la séquence est donc C-B-A (ou
Voir exemple 26-10 . ECB EAC A-C-B) . Le diagramme vectoriel correspondant est
donné à la Fig. 26-22b.
séquent, la séquence des tensions est EAC - EcB - EBA •
26 .11 Mesure de la puissance active
Le diagramme vectoriel correspondant est donné à la (circuits triphasés à 3 fils)
Fig . 26-21 . Noter que l'orientation de l'ensemble des
La puissance active fournie à une charge triphasée à
trois vecteurs n'a pas d'importance, c'est leur position
trois fils peut être mesurée au moyen de deux watt-
relative qui indique la séquence.
mètres montés suivant le schéma de la Fig . 26-23 .
En ce qui concerne la charge, on peut inverser la sé-
quence des phases d'une ligne triphasée en interver-
tissant simplement deux conducteurs . Bien que cette
opération semble triviale, elle peut créer un problème
majeur lorsqu'il s'agit d'intervertir les grosses barres
omnibus alimentant un moteur triphasé . Il en serait de
même s'il fallait intervertir les conducteurs d'une li-
gne de transport à 500 kV. En pratique, afin d'éviter
ces problèmes, on tient compte de la séquence des pha-
ses lors de la planification du réseau . La séquence des
phases de tous les réseaux de transport, de répartition
et de distribution est connue d'avance, et toute modi-
fication à ces réseaux en tient compte .

26.10 Détermination de la séquence des Figure 26-23


phases Méthode de raccordement de deux wattmètres dans un circuit
à 3 phases, 3 fils .
Bien qu'il existe des instruments spéciaux pour dé-
terminer la séquence des phases, on peut en fabriquer
La puissance totale fournie à la charge est égale à la
un très simplement en branchant en étoile deux lam-
somme des puissances indiquées par les deux watt-
pes à incandescence identiques et un condensateur (Fig .
mètres . Si le facteur de puissance de la charge est in-
26-22a) . Si l'on branche ce montage aux trois fils de
férieur à 100 %, les valeurs indiquées par chacun des
lignes, sans raccorder le neutre, une lampe brillera tou-
instruments sont différentes . De plus, si le FP de la
charge est inférieur à 50 %, l'aiguille de l'un des deux
wattmètres tend même à dévier dans le mauvais sens,
ECB
c'est-à dire qu'il donne une lecture négative . Il faut
alors inverser les connexions de la bobine de courant
ou de la bobine de potentiel de ce wattmètre afin d'ob-
tenir une indication numérique de cette quantité néga-
tive . Dans ce cas, c'est la différence entre les valeurs
EBA indiquées par les wattmètres qui donne la puissance
EAC
du circuit triphasé .

(a) (b)
Figure 26-22 Afin d'observer une différence notable dans l'éclairage, il
a . Montage simple pour déterminer la séquence des phases ; faut que l'impédance du condensateur soit comprise entre
b . Diagramme vectoriel des tensions . un dixième et dix fois la résistance nominale d'une lampe .



370 ÉLECTROTECHNIQUE

La méthode des deux wattmètres donne la puissance Solution


active totale, même si les charges sont déséquilibrées . Puissance apparente fournie au moteur :
De plus, la mesure ne dépend pas de la séquence des
phases . S = TELIL
La Fig . 26-24 montre un wattmètre triphasé utilisé pour = 1,73 x 600 x 10 = 10 380 VA
mesurer la puissance totale sur un réseau .
Puissance active fournie au moteur :
Exemple 26-11
Un essai a deux wattmètres sur un moteur triphasé P = 5950 + 2355 = 8305 W
donne les résultats suivants :
d'où le facteur de puissance :
P, + 5950 W = + 2355 W
8305
Les courants dans les trois fils de ligne sont de 10 A FP _ P _ = 0,80 ou 80 %
et la tension entre les lignes est de 600 V . Calculer S 10 380
le FP du moteur.

marques de
polarité transformateurs
A de courant

-1 -- transformateurs
,,,, de tension

-marques de
polarité

Figure 26-24
Wattmètre utilisé pour la mesure de la puissance active dans une ligne triphasée à 3 fils . Les
transformateurs de potentiel et de courant sont intercalés entre la ligne triphasée et l'instrument, selon le
schéma de raccordement montré ci-dessus . Le wattmètre lui-même est doté d'un multiplicateur Et qui
génère une tension à courant continu proportionnelle à la puissance active totale . Laiguille est donc
actionnée par un simple mouvement d'Arsonval (voir aussi la figure 25-10 montrant un varmètre triphasé
fonctionnant selon le même principe) (gracieuseté de Cie Générale Électrique) .

CIRCUITS TRIPHASÉS 371

Exemple 26-12
P, Dans l'exemple 26-11 montrant l'application de la
méthode des deux wattmètres dans un circuit à 3
AO
fils, les tensions de lignes sont équilibrées .
a) Calculer la puissance réactive tirée par le moteur
P2
b) Connaissant P et Q, vérifier que le facteur de
puissance est bien 80 %
Bo
charge Solution
P3 a) Les wattmètres indiquent les valeurs respectives de
+5950 W et +2355 W
Co
La puissance réactive tirée par le moteur est donc

No Q = (5950 - 2355) x = 6227 var


b) La puissance active P = 5950 + 2355 = 8305 W
Figure 26-25 La puissance apparente :
Méthode de raccordement de trois wattmètres dans un circuit
à 3 phases, 4 fils . 1
S = 1~ P + Q 2 = 8305 2 +6227 = 10 380 VA
d'où le facteur de puissance:

26.12 Mesure de la puissance active FP = PIS = 8305/10380 = 0,80


(circuits triphasés à 4 fils) La Fig . 25-10 (chapitre 25) montre un varmètre tri-
Pour mesurer la puissance dans les circuits triphasés à phasé utilisé pour mesurer la puissance réactive totale
quatre fils, on doit utiliser trois wattmètres . La bobine dans une ligne .
de courant de chacun des wattmètres est en série avec
26 .14 Puissance instantanée d'un circuit
un fil de phase . La bobine de potentiel est connectée
triphasé
entre le fil neutre et le fil de phase correspondant (Fig .
26-25) . La puissance totale fournie à la charge est égale Lors de l'étude des circuits monophasés (chapitre 22,
à la somme des puissances indiquées par les trois Fig . 22-3), nous avons vu que la puissance instantanée
wattmètres . La méthode des trois wattmètres donne la fournie à une résistance varie périodiquement entre zéro
puissance active totale, même si les charges sont dé- et un maximum . Le même phénomène se produit dans
séquilibrées . un circuit résisiif triphasé . Cependant, comme les ten-
sions et les courants sont déphasés de 120°, il s'ensuit
26 .13 Mesure de la puissance réactive que les puissances actives des trois phases sont aussi
Le varmètre indique la puissance réactive dans un cir- déphasées . La Fig . 26-26 montre les tensions ligne à
cuit . Sa construction est identique à celle d'un watt- neutre d'une charge triphasée et les ondes correspon-
mètre, mais la tension appliquée sur la bobine de po- dantes des puissances instantanées Pa , Pb, Pc. Si l'on
tentiel est décalée de 90° par rapport à son angle réel . additionne ces trois puissances, on constate que la puis-
On rencontre les varmètres surtout dans les salles de sance totale donne à tout instant une valeur constante .
commande des centrales, les postes et les grandes usi- Cette puissance est égale à 1,5 fois la puissance crête
nes . d'une seule phase . Donc, dans un circuit triphasé équi-
libré, la puissance active instantanée totale est cons-
Dans les montages expérimentaux triphasés (3 fils ou
tante . Nous verrons plus loin que cette propriété des
4 fils), on peut mesurer la puissance réactive en utili-
puissances triphasées a un effet important sur le com-
sant deux wattmètres branchés selon le schéma de la
portement des moteurs et des génératrices à courant
Fig . 26-23 . Il suffit de multiplier la différence des lec-
alternatif .
tures par le facteur I3 . Remarquer que cette méthode
Ç applique seulement aux circuits triphasés équilibrés .

372 ÉLECTROTECHNIQUE

Ea

Figure 26-27
La tension v est proportionnelle à la puissance instantanée
fournie à la charge .
Pc

À cause de l'effet Hall, une tension v dont la valeur est


proportionnelle au produit instantané I x Op (donc au
produit EI) apparaît alors entre les deux autres faces i
Si on applique cette tension aux bornes d'un oscillo-
graphe, on peut observer la forme d'onde de la puis-
sance instantanée . La Fig . 26-26 montre trois de ces
puissances instantanées . Elle peut aussi être appliquée
sur un voltmètre à c .c . sensible dont l'aiguille fournira
une indication proportionnelle à la puissance moyenne
active, tout comme un wattmètre de construction con-
ventionnelle .

26 .16 Résumé
0 120 240 360 540 720 degrés
Figure 26-26
Les circuits triphasés sont utilisés pour la production,
Schéma montrant que la puissance active totale d'un circuit le transport et la distribution de l'énergie électrique .
triphasé équilibré est constante . ainsi que pour l'alimentation des charges importantes_
Nous avons vu qu'il existe deux façons de connecter
26 .15 Mesure de la puissance instantanée les branches d'un circuit triphasé : le montage en étoile
et le montage en triangle .
Le wattmètre est un instrument qui multiplie la ten-
sion instantanée E par le courant instantané I et affiche Il est important de retenir les relations entre les ten-
la valeur moyenne de ce produit . Dans le wattmètre sions ligne à ligne et les tensions ligne à neutre (mon-
conventionnel, c'est par un moyen mécanique (inertie tage en étoile), de même que les relations entre les cou-
du cadre et de l'aiguille) que l'on obtient la valeur rants de lignes et les courants de branches (montage
moyenne du produit EL en triangle) . Retenons aussi la formule S = EI\13 don-
nant la puissance apparente S d'un circuit triphasé équi-
Dans les wattmètres électroniques, on utilise plutôt un
libré en fonction de la tension E et du courant I de li-
multiplicateur qui donne la valeur instantanée du pro-
gne . Ces relations font toutes intervenir le facteur i3 .
duit EL Ce multiplicateur peut être réalisé au moyen
de composants électroniques ou d'un générateur à ef- Nous avons vu que la résolution d'un circuit triphasé
fet Hall . Ce dernier est composé d'un semi-conduc- équilibré est simplifiée en ne considérant qu'une seule
teur spécial en forme de parallélépipède . Le courant I phase . Nous avons aussi appris comment déterminer
passe par deux faces parallèles pendant qu'un flux ¢ p , la séquence des phases et comment mesurer les puis-
proportionnel à la tension E, traverse deux autres faces sances active et réactive dans un circuit à trois ou qua-
(Fig . 26-27) . tre fils .

CIRCUITS TRIPHASÉS 373

PROBLÈMES - CHAPITRE 26 26-10 Donner le montage de deux wattmètres dans


Niveau pratique un circuit triphasé à 3 fils .

26-1 Un alternateur triphasé connecté en étoile gé- Niveau intermédiaire


nère une tension de 2400 V dans chacune de ses pha-
26-11 Trois résistances de 10 S2 sont connectées en
ses . Quelle est la tension entre les 3 fils de sortie?
triangle sur une ligne triphasée à 208 V .
26-2 L'alternateur de la Fig . 26-3 génère une tension a) Quelle est la puissance fournie à l'ensemble?
crête de 100 V par phase . Déterminer:
b) Si l'un des fusibles de la ligne brûle, quelle sera la
a) la valeur instantanée de la tension aux bornes al à nouvelle puissance fournie?
0°, 90°, 120°, 240° et 330 - 26-12 Si l'un des trois conducteurs d'une ligne tri-
b) la polarité de la borne a par rapport à la borne 1 à phasée est coupé, la charge devient-elle alimentée par
chacun des instants une tension monophasée ou diphasée?
c) la valeur instantanée de la tension aux bornes b2
26-13 Un groupe triphasé d'éléments chauffants de
aux mêmes instants
15 kW est alimenté à 208 V. Quel est le courant dans
26-3 Dans le diagramme vectoriel de la Fig . 26-3c, chaque ligne?
la tension Eb2 est 120° en arrière de la tension E,1 .
Peut-on dire également que la tension Eb2 est 240° en 26-14 On désire charger à pleine capacité, au moyen
avant de la tension Ea1? de résistances, un alternateur triphasé de 100 kVA, 4 kV .
Calculer la résistance de chaque élément pour une con-
26-4 La tension entre les lignes a-b-c de la Fig . 26-6 nexion :
est de 620 V.
a) en étoile b) en triangle
a) Calculer la tension aux bornes de chaque résistance .
26-15 Les enroulements d'un moteur triphasé sont
b) Si R = 15 S2, quel est le courant dans chaque ligne?
raccordés en triangle . On mesure une résistance de
c) Quelle est la puissance fournie à la charge? 0,6 £2 entre deux des trois bornes du moteur . Quelle
26-5 Trois charges résistives Z sont raccordées en est la résistance de chaque phase?
triangle selon le schéma de la Fig . 26-1Oa . La tension
26-16 Trois résistances de 24 £2 sont raccordées en
entre les lignes A - B - C est de 13,2 kV et le courant
triangle sur une ligne triphasée à 600 V . Calculer la
dans les fils de ligne est de 1202 A . Calculer :
résistance par élément d'un montage en étoile dissi-
a) le courant dans chaque résistance pant la même puissance .
b) la tension aux bornes de chaque résistance
26-17 Un moteur triphasé de 45 kW (puissance mé-
c) la puissance fournie à chaque résistance canique) absorbe une puissance active de 50 kW d'une
d) la puissance totale fournie à la charge ligne triphasée à 600 V. Sachant que le courant dans
26-6 a) Quelle est la séquence des phases dans la Fig . chaque ligne est de 60 A, calculer :
26-10 : a-c-b ou a-b-c? a) le rendement du moteur
b) Comment peut-on inverser cette séquence? b) la puissance apparente absorbée par le moteur
26-7 Un moteur triphasé est alimenté par une ligne à c) la puissance réactive absorbée par le moteur
600 V. Le courant tiré de la ligne étant de 25 A, quelle d) le facteur de puissance du moteur
est la puissance apparente fournie au moteur?
26-18 Trois résistances de 15 £2 et trois réactances
26-8 Trois lampes à incandescence de 60 W, 120 V de 8 S2 sont raccordées en étoile selon le schéma de la
sont raccordées en triangle . Quelle doit être la valeur Fig . 26-12 . Sachant que la tension de la ligne est de
de la tension d'alimentation triphasée pour que les lam- 530 V, calculer :
pes éclairent normalement? a) les puissances active, réactive et apparente fournies
26-9 Représenter par un schéma le montage d'un à la charge
wattmètre dans un circuit monophasé . b) la tension aux bornes de chaque résistance

374 ÉLECTROTECHNIQUE

26-19 Deux lampes de 60 W et un condensateur de 26-25 Trois résistances branchées en triangle sur une
10 µF raccordés en étoile sont branchés sur trois bor- ligne triphasée consomment 60 kW . Quelle sera la puis-
nes triphasées X-Y Z dont la tension est de 120 V. Le sance absorbée si on les raccorde en étoile?
condensateur est connecté à la borne Y et la lampe qui
26-26 Trois résistances de 15 S2 et trois réactances
brille le plus est connectée à la borne X .
de 8 S2 sont raccordées symétriquement à une ligne
a) Quelle est la séquence des phases? triphasée de 530 V selon les montages suivants :
b) Tracer le diagramme vectoriel des tensions ligne à a) R, X en série, connexion en étoile
ligne .
b) R, X en parallèle, connexion en triangle
26-20 Deux wattmètres montés dans un circuit tri-
c) R en triangle, X en étoile
phasé à 220 V indiquent respectivement 3,5 kW et
1,5 kW. Le courant dans chacun des fils de ligne étant Déterminer pour chaque cas, le courant dans les fils de
de 16 A, calculer : ligne sans avoir recours aux diagrammes vectoriels
(utiliser la méthode des puissances) .
a) la puissance apparente de la charge
26-27 Dans la Fig . 26-13, quel serait le courant dans
b) son FP
chaque ligne si la fréquence était de 50 Hz?
26-21 Un moteur électrique ayant un FP de 82 %
26-28 Sur la Fig . 26-7c, la tension E n instantanée
tire un courant de 25 A d'une ligne triphasée à 600 V.
est de +100V (valeur projetée sur l'axe vertical) . Quelle
a) Calculer la puissance active fournie au moteur . est la valeur instantanée des 5 autres tensions? Copier
b) Sachant que le rendement du moteur est de 85 %, le schéma de la Fig . 26-7a et indiquer toutes les ten-
quelle puissance en kW développe-t-il? sions instantanées avec leurs polarités . D'après la loi
c) Quelle est sa consommation d'énergie, si le moteur de Kirchhoff, la somme des tensions dans une boucle
marche pendant trois heures? fermée est nulle . Vérifier que cette loi est bien vérifiée
pour ce montage.
26-22 Un wattmètre de 0-3 kW, dont la tension maxi-
26-29 Pour le problème 26-28, la fréquence est de
male est de 300 V et le courant maximal de 10 A, est
50 Hz . Déterminer la valeur des tensions instantanées
inséré dans un circuit dont le FP est de 10 % et la ten-
après un intervalle de 1,667 ms .
sion de 200 V. Il indique alors une puissance de 1,7 kW .
On s'aperçoit cependant qu'une fumée se dégage du 26-30 Une charge résistive-inductive branchée sur
wattmètre au bout de quelques instants . Expliquer. une ligne à 2,4 kV absorbe une puissance apparente de
600 kVA à un FP de 80 % . Déterminer les valeurs de R
Niveau avancé
et de XL en supposant une connexion semblable à celle
26-23 Trois condensateurs de 10 µF sont montés en montrée à la Fig . 26-12 .
étoile sur une ligne triphasée à 2,3 kV, 60 Hz .
26-31 Les wattmètres de la Fig . 26-23 indiquent res-
a) Quel courant tirent-ils de chaque fil de ligne? pectivement des puissances de +35 kW et -20 kW . La
b) Quelle est la puissance réactive fournie par l'ensem- charge étant équilibrée, calculer :
ble des condensateurs? a) le FP de la charge
26-24 Si dans le problème 26-19, le condensateur est b) le courant dans la ligne si la tension triphasée est de
raccordé à la borne X, quelle est la lampe qui brille le 630 V
plus?
PARTIE II
MACHINES ÉLECTRIQUES
ET TRANSFORMATEURS

27
Génératrices à
courant continu

Nous avons déjà vu le principe de fonctionnement d'une 27 .1 Inducteur


génératrice à courant continu (chapitre 17, section L'inducteur (parfois appelé «champ») produit le flux
17 .13) . Dans ce chapitre, nous examinerons de plus magnétique dans la machine . Il est constitué d'un
près la construction et le comportement de cette ma- électro-aimant qui engendre la force magnétomotrice
chine . (FMM) nécessaire à la production du flux . Dans les
Aujourd'hui, les génératrices à c .c . jouent un rôle mi- machines bipolaires (à deux pôles), deux bobines
neur car le courant continu est produit surtout par des excitatrices sont portées par deux pièces polaires mon-
redresseurs électroniques . Ces redresseurs, étudiés au tées à l'intérieur d'une culasse . La culasse est généra-
chapitre 42, convertissent le courant alternatif d'un ré- lement en fonte d'acier, tandis que les pièces polaires
seau en courant continu, sans utiliser d'éléments mé- sont formées de tôles d'acier doux .
caniques tournants . Il est quand même indispensable Les bobines excitatrices sont alimentées en courant
d'étudier les génératrices car certains moteurs à c .c . continu, et le courant qui les traverse porte le nom de
fonctionnent en génératrice pendant de courtes pé- courant d'excitation . Elles sont composées de plusieurs
riodes . C'est le cas, par exemple, des moteurs utilisés centaines de spires et portent un courant relativement
dans les grues et dans les laminoirs . faible . Les bobines sont bien isolées des pièces polai-
La théorie des moteurs s'appuie en effet sur celle des
génératrices, à tel point qu'on peut utiliser une ma- flux culasse
chine à courant continu soit comme moteur, soit comme pièce
générateur. Nous étudierons les moteurs à c .c . au cha- polaire
inducteur
pitre 28 . bobine
excitatrice
collecteur
CONSTRUCTION D'UNE GÉNÉRATRICE À C .C .

Une génératrice à c . c . comprend quatre parties princi- induit


pales : l'inducteur, l'induit, le collecteur et les balais
(Fig . 27-1 et 27-2) . Nous les examinons successive- Figure 27-1
ment dans les sections qui suivent . Parties principales d'une génératrice à courant continu .
377

378 ÉLECTROTECHNIQUE

pièce polaire
culasse bobine
excitatrice

Figure 27-3
induit Polarités magnétiques d'une génératrice à 6 pôles et mode
de raccordement des bobines du champ shunt .
Figure 27-2
Vue en coupe d'une génératrice de 1,8 kW, 6 V, 300 A .
Les bobines sont disposées de telle façon que leurs deux
côtés coupent respectivement le flux provenant d'un
res afin de réduire les risques de court-circuit à la terre .
pôle nord et d'un pôle sud de l'inducteur .
Dans certaines génératrices spéciales, les bobines et
pièces polaires sont remplacées par des aimants per- Le noyau est formé d'un assemblage de tôles en fer
manents . doux . Ces tôles sont isolées les unes des autres et por-
La force magnétomotrice (FMM) des bobines crée un tent des encoches destinées à recevoir les bobines (Fig .
champ magnétique qui traverse les pièces polaires, la 27-4a) .
culasse, l'induit et l'entrefer (Fig . 27-1) . L'entrefer est
l'espace d'air séparant la surface de l'induit de celle
des pièces polaires : il est de l'ordre de 1,5 mm à 5 mm
pour les machines de faible et moyenne puissance .
Comme l'induit et l'inducteur sont construits avec des
(a)
matériaux possédant une bonne perméabilité, la ma-
jeure partie de la FMM sert à pousser le flux à travers
l'entrefer. Donc, en réduisant la longueur de celui-ci,
on peut diminuer la grosseur des bobines excitatrices .
La vue en coupe de la Fig . 27-8 montre les différentes
parties d'une génératrice bipolaire .
Le nombre de pôles que porte l'inducteur dépend sur-
tout de la grosseur de la machine . Plus une machine
est puissante et plus sa vitesse est basse, plus elle aura
de pôles . En utilisant plus de deux pôles on réduit les
dimensions et le coût des grandes machines . (b) /
Les bobines excitatrices d'un inducteur multipolaire
sont connectées de façon que les pôles adjacents aient
des polarités magnétiques contraires (Fig . 27-3) .

27 .2 Induit
L'induit est composé d'un ensemble de bobines iden-
tiques réparties uniformément autour d'un noyau cy- Figure 27-4
lindrique . Il est monté sur un arbre et tourne entre les a . Le noyau de l'induit est composé d'un empilage de tôles
d'acier.
pôles de l'inducteur . L'induit constitue donc un en- b . Les conducteurs sont retenus dans les encoches au moyen
semble de conducteurs qui coupent le flux magnétique. de cales en fibre .

GÉNÉRATRICES À COURANT CONTINU 379

Les conducteurs de l'induit sont parcourus par le cou-


autres d'une fraction de millimètre seulement, des étin-
rant débité par la machine . Ils sont isolés du noyau par
celles seraient produites par le rebondissement des
des couches de papier ou d'autres feuilles isolantes .
balais quand la machine serait en charge . De telles étin-
Pour résister aux forces centrifuges, ils sont maintenus
celles rongeraient et détérioreraient les balais, tout en
solidement en place dans les encoches au moyen de
surchauffant et en carbonisant le collecteur, ce qui ne
cales en fibre (Fig . 27-4b et 27-5) . Si le courant est
peut évidemment être toléré.
plutôt faible, on emploie des conducteurs ronds, mais
s'il dépasse une cinquantaine d'ampères, on se sert de Les machines multipolaires ont autant de balais que
conducteurs rectangulaires qui permettent une de pôles . Par exemple, une génératrice ayant 6 pôles
meilleure utilisation du volume de l'encoche . possède 6 balais, dont 3 positifs (+) et 3 négatifs (-) .
Les balais (+) sont reliés ensemble pour former la
borne positive de la machine . De même, les balais (-)
sont reliés ensemble pour en former la borne négative
(Fig . 27-6c) .
Les balais sont faits en carbone car ce matériau pos-
sède une bonne conductivité électrique et est assez doux
pour ne pas user indûment le collecteur . Pour amélio-
rer leur conductivité, on ajoute parfois au carbone une
petite quantité de cuivre .

Figure 27-5
Photo d'un induit illustrant collecteur, empilage de tôles, cales
en fibre, bobinage et ventilateur (gracieuseté de General
Electric Company, U .S .A .) .

27 .3 Collecteur et balais
Le collecteur est un ensemble cylindrique de lames de
cuivre isolées les unes des autres par des feuilles de
mica . Le collecteur est monté sur l'arbre de la ma-
chine, mais isolé de celui-ci (Fig . 27-6a) . Les deux fils
sortant de chaque bobine de l'induit sont successive-
ment et symétriquement soudés aux lames du collec-
teur.
Dans une génératrice bipolaire, deux balais fixes et dia-
métralement opposés appuient sur le collecteur . Ainsi,
(b) (c)
ils assurent le contact électrique entre l'induit et le cir-
cuit extérieur (Fig . 27-6b) . Figure 27-6
a . Collecteur à 16 lames et noyau d'acier montés sur un arbre .
La construction du collecteur demande un soin consi- b . Balais sur une génératrice bipolaire .
dérable, car, s'il arivait qu'une des lames dépasse les c . Groupement des balais sur une machine à 6 pôles .


380 ÉLECTROTECHNIQUE

La pression des balais sur le collecteur peut être réglée 27 .4 Enroulement imbriqué
à une valeur appropriée grâce à des ressorts ajustables Les bobines de l'induit peuvent être reliées entre elles
(Fig . 27-7). Si la pression est trop grande, le frotte- et au collecteur de plusieurs manières ; une des plus
ment provoque un échauffement excessif du collecteur employées est l'enroulement imbriqué .
et des balais ; par contre, si elle est trop faible, le con-
Afin de comprendre ce genre d'enroulement, considé-
tact imparfait peut produire des étincelles . La pression
rons une simple bobine qui tourne entre les deux pôles
des balais sur le collecteur est généralement de l'ordre
d'un inducteur (Fig . 27-9) . On sait qu'une tension al-
de 15 kPa (1,5 N/cm 2) et la densité du courant qui les
ternative sera induite entre ses bornes a et b . La valeur
traverse est d'environ 10 A/cm 2 . Par exemple, un balai
instantanée de cette tension dépend de la position de la
ayant une largeur de 3 cm et une épaisseur de 1 cm
bobine. Supposons que la tension maximale soit de
exerce une pression d'environ 4,5 newtons sur le col-
10 V. On montre à la Fig . 27-10, huit positions succes-
lecteur et peut porter un courant de 30 A .
sives de la bobine, avec les tensions et les polarités
correspondantes . Par exemple, lorsque la bobine passe
par la position 225', la tension E a b est de -7 V car a est
(-) par rapport à b .
porte-balai ressort
(a) balai (b)

Figure 27-7
Balai et porte-balai d'une machine à c .c .

Pour les forts courants de collecteur, on utilise deux et s


même plusieurs balais connectés en parallèle . En se
référant à la Fig . 27-2, on remarque que chaque point
de contact comprend trois balais, côte à côte, reliés en
parallèle . Comme la génératrice possède 4 pôles, il y a Figure 27-9
La tension induite dans le cadre tournant dépend de sa
12 balais en tout, dont 6 sont connectés à la borne (+) position .
et 6 à la borne (-) . Le courant par balai est donc de
300A=6=50 A .

+ a b +
90+ 10* v 10 V c 270°
- c a -

Figure 27-10
Tensions induites pour 8 positions du cadre .

Imaginons maintenant un induit possédant 8 bobines


identiques à celle qu'on vient de décrire . Les bobines
Figure 27-8
Vue en coupe d'une génératrice à c .c . bipolaire (gracieuseté sont distribuées uniformément autour de l'induit, à 45°
de General Electric Company, U.S .A .) . les unes des autres (Fig . 27-11) . Elles sont identifiées

GÉNÉRATRICES À COURANT CONTINU 381

Figure 27-12
Valeurs instantanées des tensions induites dans les huit
Figure 27-11 bobines .
Induit portant 8 bobines . Les bobines logées dans les mêmes
encoches produisent des tensions identiques mais de
polarités contraires .
0
par les chiffres encerclés (1) à (8), et logées dans 8
encoches numérotées 1 à 8 .
Faisons tourner cet ensemble de 8 bobines à la même
vitesse qu'auparavant . Chaque bobine génère une ten-
sion et une polarité correspondant à sa position . Pour
chaque bobine, la tension obtenue est identique à celle
induite dans la bobine de la Fig . 27-10 . Notons que les
bobines (1), (5) sont logées dans les mêmes encoches ;
par conséquent, leurs tensions Ea b ont instantanément
la même valeur, mais de polarités contraires . Il en est
de même pour les bobines (2), (6) ; (3), (7) et (4), (8) .
Figure 27-13
Si l'on considère l'instant particulier où la bobine (1) Étant donné que la somme des tensions autour de la boucle
est à 0°, la tension dans cette bobine est nulle, et les est nulle, on peut la fermer sans produire un courant de
tensions dans les autres bobines sont celles que pré- circulation .
sente la Fig . 27-12 . Un instant plus tard, lorsque l'in-
duit a tourné de 45°, la tension Eab de la bobine (1) est
sions autour de la boucle est nulle à tout instant . Donc
de +7 V, celle de la bobine (2) est nulle, celle de la
aucun courant ne circule dans la boucle et les tensions
bobine (3) est de - 7 V, et ainsi de suite .
de la Fig . 27-13 demeurent les mêmes que celles de la
Jusqu'à présent nous avons supposé que les bobines Fig . 27-12 .
étaient isolées les unes des autres ; relions-les mainte- Connectons alors les bobines à un collecteur à huit la-
nant en série pour créer une boucle fermée (Fig . 27- mes (Fig . 27-14). Ces connexions sont montrées en
13) . La tension résultante est égale à la somme des pointillé. Il est évident que la tension induite dans cha-
tensions des huit bobines . Cependant, en faisant la que bobine apparaît maintenant entre deux lames
somme, on s'aperçoit que les tensions induites dans consécutives . C'est cet arrangement des bobines, et leur
les bobines logées dans les mêmes encoches s'annu- raccordement au collecteur, qui constitue un enroule-
lent. Par conséquent, la somme algébrique des ten- ment imbriqué .
382 ÉLECTROTECHNIQUE

sance à un courant de court-circuit important qui ris-


que de produire des étincelles et de provoquer la des-
truction progressive des balais et de la surface du col-
lecteur. On dit alors que ces étincelles sont dues à une
mauvaise commutation .

Le déplacement des balais occasionne aussi une dimi-


nution de la tension entre les balais, même si les ten-
sions induites dans les bobines demeurent inchangées .
En effet, si les balais sont déplacés de 45°, la tension
EXy devient (+ 10 + 7 + 0) = 17 V, au lieu de 24 V
Enfin, si l'on déplace les balais de 90°, la tension EX ,
tombe à (+ 7 + 0 - 7) = 0 V. En même temps, les balais
court-circuitent les deux bobines qui génèrent une ten-
sion de 10 V. Par conséquent, le problème de la com-
Figure 27-14 mutation sera encore pire .
On place les balais à l'endroit produisant la plus grande
tension Exy . En se référant de nouveau à la Fig . 27-11, on remarque
que les 8 bobines sont logées dans 8 encoches . Chaque
encoche contient donc les conducteurs de deux bobi-
nes différentes . Ainsi, l'encoche 1 contient les conduc-
En pratique, l'induit comporte beaucoup plus que huit
teurs appartenant à la bobine (1) et à la bobine (5) .
bobines . Ainsi, l'induit d'une génératrice de 250 kW,
Pour des raisons de symétrie mécanique, un côté d'une
250 V, 1200 r/min peut contenir 240 bobines, ce qui
bobine est logé dans le fond d'une encoche tandis que
exige un nombre égal de lames sur le collecteur .
l'autre côté est logé dans la partie supérieure de l'en-
27 .5 Position des balais et zones neutres coche . Par exemple, un côté de la bobine (5) est logé
Si on place les balais x, y à l'endroit indiqué sur la Fig . dans le fond de l'encoche 5 et l'autre dans la partie
27-14, la tension EXy recueillie est égale à la somme supérieure de l'encoche 1 .
des tensions entre les lames, soit Les zones neutres sont les endroits situés à la surface
EXY =+7+10+7= +24 V. de l'induit où la densité de flux est nulle . Lorsque la
génératrice fonctionne à vide, les zones neutres se trou-
Lorsque l'induit tourne de 45°, les tensions induites
vent exactement à mi-chemin entre les pôles . Aucune
sont les mêmes, sauf qu'elles sont générées par un autre
tension n'est induite dans une bobine traversant une
groupe de bobines . Il s'ensuit que la tension entre les
zone neutre ; c'est pourquoi on cherche à disposer les
balais demeure constante à 24 V, et que le balai x de-
balais autour du collecteur afin qu'ils soient en contact
meure toujours positif par rapport au balai y . Notons,
avec les bobines franchissant ces zones neutres . On
toutefois, que lorsque l'induit tourne de 22,5° par rap-
assure en même temps une tension maximale entre les
port à la position originale, il y a 4 bobines entres les
balais . Cette condition idéale est rencontrée à la Fig .
balais (au lieu de 3), de sorte que la tension est légère-
27-14 .
ment différente de 24 V La tension entre les balais fluc-
tue donc autour d'une valeur moyenne de 24 V . 27 .6 Génératrices multipolaires
Dans la Fig . 27-14, le balai x est en contact avec deux Afin de mieux comprendre les machines multipolaires,
lames, mettant ainsi la bobine (1) en court-circuit . De examinons la construction d'une génératrice à 12 pô-
la même façon, le balai y court-circuite la bobine (5) . les . La Fig . 27-15a montre le diagramme schématique
Mais comme la tension induite dans ces bobines est d'une telle machine possédant 72 encoches sur l'in-
nulle, ce court-circuit momentané n'a aucun effet. Par duit, 72 lames sur le collecteur et 72 bobines . L'enrou-
contre, si les balais sont déplacés de 45° dans le sens lement est du type imbriqué et le lecteur notera la
horaire, ils court-circuiteront les bobines (2) et (6) . Or, grande ressemblance avec le diagramme schématique
la tension de 7 V générée par ces bobines donnera nais- d'une machine bipolaire (Fig . 27-14) .

GÉNÉRATRICES À COURANT CONTINU 383

Figure 27-15a
Diagramme schématique d'une génératrice à c .c . comportant 12 pôles et 72 bobines sur l'induit .

Les bobines A et C traversent momentanément la zone gative . Ces connexions ne sont pas montrées sur le dia-
neutre, tandis que la bobine B coupe le flux au centre gramme .
des pôles . La largeur des bobines (appellée pas de bo- La Fig . 27-15b montre, en plus grand, les bobines si-
bine) est telle que leurs côtés coupent le flux prove- tuées entre les balais x et y . Pour ne pas compliquer le
nant respectivement de pôles N, S adjacents . Ainsi, les diagramme, on ne montre que les bobines A, B et C .
côtés de la bobine B se trouvent au milieu du pôle 2 et Les deux côtés de la bobine A sont logés dans les en-
au milieu du pôle 3 . De la même façon, les côtés de la coches 1 et 7, tandis que ceux de la bobine B sont dans
bobine A sont dans les zones neutres entre les pôles les encoches 4 et 10 . La bobine A est raccordée aux
1 .2 et les pôles 2,3 . lames 72 et 1, alors que la bobine B est raccordée aux
La tension entre les balais x et y est égale à la somme lames 3, 4 .
des tensions engendrées dans les cinq bobines connec- Dans la position montrée sur la figure, les côtés de la
tées entre les lames 1-2, 2-3, 3-4, 4-5 et 5-6 . Les ten- bobine A sont dans des zones neutres . Par conséquent,
sions entre les autres balais sont similairement engen- aucune tension n'est induite dans celle-ci . Par contre,
drées par cinq bobines . les côtés de la bobine B sont situés directement en des-
Les six balais (+) sont connectés ensemble pour for- sous des pôles N et S . La tension induite dans cette
mer la borne positive . De la même façon, les six balais bobine est alors à son maximum . Il s'ensuit que la ten-
(-) sont connectés ensemble pour former la borne né- sion entre les lames 3 et 4 est à son maximum .

384 ÉLECTROTECHNIQUE

PROPRIÉTÉS D'UNE GÉNÉRATRICE À C .C .

27 .7 Valeur de la tension induite


zone La valeur de la tension induite aux bornes d'une géné-
s ratrice à c .c . dépend de sa vitesse de rotation, du nom-
A fil bre de bobines sur l'induit, du nombre de spires par
bobine, du flux par pôle et du genre d'enroulement.
rotation
Dans le cas d'un enroulement imbriqué, la tension est
donnée par l'équation :

Figure 27-15b Zn0


Génératrice à 12 pôles . Détails montrant la disposition des E
E. (27-1)
bobines A, B, C (Fig . 27-15a) dans les encoches, ainsi que 60
les raccordements au collecteur . En pratique, une telle
machine aurait beaucoup plus que 72 bobines . où
Eo = tension induite aux bornes de la génératrice
à courant continu [V]
La tension aux bornes de la bobine C est aussi nulle Z = nombre total de conducteurs sur l'induit
car ses côtés se trouvent dans des zones neutres . Enfin, n = vitesse de rotation en tours par minute [r/min]
on observe que les balais (+) et (-) mettent en court- 0 = flux par pôle, en webers [Wb]
circuit des bobines dont la tension induite est momen- 60 = constante tenant compte des unités
tanément de zéro .
Dans cette équation, il est bon de retenir que chaque
Exemple 27-1 spire sur l'induit correspond à deux conducteurs .
Le générateur de la Fig . 27-15a développe une ten-
Exemple 27-2
sion de 240 V entre les balais adjacents, tout en dé-
L'induit d'une génératrice à 6 pôles, 600 r/min, con-
bitant un courant de 2400 A dans la charge .
tient 45 encoches et 90 bobines de 4 spires . L'en-
Calculer : roulement est imbriqué . Calculer la valeur de la ten-
a) le courant fourni par chacun des balais sion induite aux bornes, sachant que le flux par pôle
est de 0,04 Wb.
b) le courant circulant dans chaque bobine
e j la valeur moyenne de la tension induite dans les Solution
bobines Chaque spire comprend 2 conducteurs, et 90 bobines
sont utilisées pour remplir les 45 encoches . Le nombre
Solution
total de conducteurs sur l'induit est :
a) Le courant de 2400 A sort de la borne (+) et entre
par la borne (-) de la génératrice . Il y a 12 balais en Z = 90 bobines x 4 spires/bobine x 2 = 720, d'où la
tout, dont 6 (+) et 6 (-) . Le courant par balai est : tension induite :

I = 2400 A/6 = 400 A Zn0


E
E.
b) Au point de contact avec le collecteur, chaque balai
60
(+) porte le courant venant des enroulements situés à
gauche et à droite du balai . Donc, le courant porté par 720 x 600 x 0,04
= 288 V
chaque bobine est de 400/2 = 200 A . 60
c) L'induit comporte 72 bobines réparties entre 12 ba-
lais, soit 72/12 = 6 bobines entre deux balais consécu- 27 .8 Réaction d'induit
tifs . La tension entre les balais étant de 240 V, la ten- Jusqu'à présent, nous avons supposé que seule la FMM
sion moyenne par bobine est de l'enroulement inducteur agissait sur le circuit ma-
Emoyenne = 240 V/6 = 40 V gnétique d'une machine à courant continu (moteur ou

GÉNÉRATRICES À COURANT CONTINU 385

génératrice) . Cependant, le passage du courant dans


les conducteurs de l'induit crée également une force N
magnétomotrice qui a pour effet de déformer et d'af-
faiblir le flux provenant des pôles . L' action magnétique
de la FMM de l'induit est appelée réaction d'induit .
o
Pour comprendre la réaction d'induit, on doit connaî-
tre le sens des courants circulant dans les conducteurs
de l'induit situés en dessous de chacun des pôles . On Figure 27-16
peut facilement le déterminer pour un moteur ou une Sens du courant dans les conducteurs situés en dessous du
génératrice lorsqu'on connaît le sens de rotation de la pôle nord lorsque la génératrice tourne dans le sens
machine . antihoraire .

Considérons, par exemple, les conducteurs situés en


dessous du pôle nord d'une génératrice tournant dans
le sens antihoraire (Fig . 27-16) . Étant donné qu'on doit
exercer un travail mécanique pour faire tourner la gé-
nératrice, il s'ensuit que les courants circulant dans les
conducteurs doivent s'opposer au déplacement ; cette
force a donc tendance à faire tourner le rotor dans le
sens horaire . Par conséquent, les courants doivent être
dirigés vers le lecteur (voir section 16 .1) .
Lorsqu'un générateur fonctionne à faible charge, le
faible courant circulant dans l'induit ne modifie pas de Figure 27-17
façon appréciable le champ magnétique 01 provenant Champ créé par le pôle N de l'inducteur .
des pôles (Fig . 27-17) . Mais quand le courant dans l'in-
duit devient important, il produit une FMM élevée
créant un champ magnétique 02 (Fig . 27-18) . La somme
des champs 01 et 02 donne le champ résultant 03 (Fig .
27-19) . On constate alors que la densité de flux aug-
mente sous la moitié gauche du pôle, alors qu'elle di-
X02 .. .
minue sous la moitié droite .
o o 10~
Ce phénomène a deux conséquences . D'abord, la zone
neutre se déplace vers la gauche (avec le sens de rota-
tion) . Ensuite, à cause de la saturation de l'extrémité A
du pôle, l'augmentation de flux produite sous la partie
Figure 27-18
gauche ne réussit pas à compenser la diminution sous
Champ dû au courant circulant dans l'induit .
la partie droite ; le flux 0s en charge est donc légère-
ment inférieur au flux 0, à vide . Pour les gros généra-
teurs, cette diminution peut être de l'ordre de 5 % .
En outre, si l'on veut éviter une mauvaise commuta-
tion, on doit réajuster les balais sur la nouvelle zone
neutre . Pour les génératrices, les balais doivent donc
être déplacés dans le sens de la rotation .
Une fois les balais déplacés, la commutation est bonne ;
cependant, si le courant diminue, la FMM de l'induit
baisse et le point neutre occupe une nouvelle position
située entre les deux positions précédentes . Il faut alors Figure 27-19
déplacer à nouveau les balais pour obtenir une com- Champ résultant dû à la réaction d'induit .

386 ÉLECTROTECHNIQUE

mutation sans étincelles . Ce procédé est inacceptable momentanément court-circuitées par les balais se trou-
lorsque le courant varie fréquemment et de façon très vent toujours dans une zone où la densité de flux es
marquée . Dans les générateurs de faible puissance nulle . Il n'est donc plus nécessaire de déplacer les ba-
(moins de 500 W), on peut cependant se permettre de lais à mesure que la charge varie .
fixer les balais à une position intermédiaire, ce qui as- La Fig . 27-21 montre les pôles de commutation in-
surera une commutation acceptable pour toutes les tercalés entre les 4 pôles principaux d'une génératrice
charges . de 25 kW.
27 .9 Pôles de commutation
Pour compenser l'effet de la réaction d'induit, on dis-
pose entre les pôles ordinaires des machines à c.c, des
pôles de commutation . Ces pôles auxiliaires sont con-
çus pour développer une FMM égale et opposée en
tout temps à la FMM de l'induit .
À cette fin, l'enroulement des pôles de commutation
est raccordé en série avec l'induit de façon qu'il soit
traversé par le même courant et qu'il développe une
FMM proportionnelle au courant d'induit.
La Fig . 27-20 montre les connexions des pôles de com-
mutation d'un générateur bipolaire tournant dans le sens
antihoraire . On voit que la FMM C des pôles de com-
mutation s'oppose à la FMMi de l'induit, et annule ainsi
l'effet de celle-ci . Par conséquent, les bobines qui sont

(a)

(b)

Figure 27-21
a . Les pôles de commutation sont placés entre les pôles
principaux de cette génératrice compound à 4 pôles .
b . Construction de l'inducteur . Les deux fils alimentent le
Figure 27-20 champ shunt tandis que les deux bornes sont reliées au
Les pôles de commutation produisent une FMMc égale et champ série (gracieuseté de General Electric Company,
opposée à la FMMi de l'induit . U. S . A .) .

GÉNÉRATRICES À COURANT CONTINU 387

27 .10 Génératrice à excitation séparée ration de la génératrice (Fig . 27-23) . Durant cet essai,
Nous avons vu que le flux dans la machine est créé par la vitesse de rotation de la génératrice est maintenue
le passage d'un courant d'excitation dans les bobines constante .
de l'inducteur. Lorsque ce courant continu est fourni On peut donc faire varier la tension induite à volonté
par une source indépendante, c'est-à-dire séparée de en faisant varier le courant d'excitation . La tension
la machine (une batterie d'accumulateurs, par exem- nominale de la machine est habituellement située un
ple), on dit que la génératrice est à excitation séparée . peu plus haut que le «coude» de la courbe de satura-
tion, soit, dans le cas de la Fig . 27-23, aux environs de
La Fig . 27-22 représente une telle génératrice . La source
de courant d'excitation est raccordée aux bornes a et 120 V.
b . Lorsque les deux pôles sont excités et que l'induit
est entraîné au moyen d'une turbine ou d'un moteur V tension nominale
quelconque, une tension Eo apparaît aux bornes x et y 150
reliées aux balais . Eo 120
90
60
30
0
0 1 2 3 A
- IX

Figure 27-23
Courbe de saturation à vide .

Figure 27-22
Génératrice à excitation séparée . Quand les bornes du circuit d'excitation sont interver-
ties, le courant circule en sens inverse dans les bobines
d'excitation, ce qui change le sens des lignes de force .
27 .11 Fonctionnement à vide Ce changement entraîne un changement de la polarité
Quand une génératrice à excitation séparée tourne à de la tension induite .
vide (c'est-à-dire lorsqu'elle n'est raccordée à aucun 2. Effet de la vitesse de rotation . Lorsqu'on augmente
circuit d'utilisation et que l'induit ne débite aucun cou- la vitesse de rotation sans faire varier le courant d'ex-
rant), une variation du courant d'excitation ou de la citation, le nombre de lignes coupées par seconde aug-
vitesse de rotation entraîne une variation corres- mente en proportion, ce qui augmente la tension in-
pondante de la tension induite . duite. La tension induite Eo est strictement propor-
Si on augmente le cou-
1 . Effet du courant d'excitation . tionnelle à la vitesse de rotation .
rant d'excitation, la FMM des bobines de l'inducteur Quand on change le sens de rotation, la polarité des
augmente, ce qui augmente le flux dans la machine . bornes x et y change aussi . Lorsqu'on change à la fois
Par conséquent, les conducteurs coupent un plus grand la polarité de la tension d'excitation et le sens de rota-
nombre de lignes par seconde et la tension aux bornes tion, la polarité de la tension induite demeure la même .
de l'induit (entre les balais) augmente . Lorsque ce cou-
rant est faible, la perméabilité de l'entrefer étant cons- 27 .12 Génératrice à excitation shunt
tante, le flux croît proportionnellement au courant d'ex- Lorsque les bobines excitatrices sont reliées directe-
citation . Mais lorsque le fer de l'inducteur et de l'in- ment aux bornes du générateur, de façon que le cou-
duit commencent à se saturer, la perméabilité diminue rant d'excitation soit fourni par l'induit, la génératrice
et le flux ne croît presque plus . On dit alors que la est dite à excitation shunt (Fig . 27-24) .
machine est saturée . Le grand avantage de cette connexion réside dans le
Si l'on trace la valeur de la tension induite en fonction fait qu'elle n'exige aucune source extérieure pour le
du courant d'excitation, on obtient la courbe de satu- fonctionnement de la machine .
388 ÉLECTROTECHNIQUE

Si l'on connaît la courbe de saturation et la résistance


totale Rt du champ et du rhéostat, on peut déterminer
la valeur de la tension induite . Il suffit de tracer, sur le
x
graphique de la courbe de saturation, une droite cor-
respondant à la résistance R t. Le point de coupure de
cette droite avec la courbe correspond à la tension in-
duite .
y Par exemple, si la résistance de l'inducteur est de 50 £2
et celle du rhéostat est nulle, la droite passe par le point
E = 50 V, I = 1 A . Cette droite coupe la courbe de satu-
ration à un point correspondant à une tension de 150 V
Figure 27-24 (Fig . 27-26) . Étant donné que la résistance du rhéostat
Génératrice shunt . est nulle, cela représente la tension maximale que peut
atteindre la génératrice à excitation shunt . En dépla-
çant le curseur p, la résistance du circuit inducteur aug-
27 .13 Réglage de la tension mente et lorsqu'elle est, disons, de 120 S2 on obtient
Il est facile de régler la valeur de la tension induite une nouvelle droite coupant la courbe à une tension E o
dans un générateur shunt . Il suffit de faire varier l'in- de 120 V.
tensité du courant d'excitation au moyen d'une ré- Si l'on continue à augmenter la résistance R t, on at-
sistance variable intercalée en série avec les bobines teindra une valeur critique où sa pente correspond à
excitatrices (Fig . 27-25) . Cette résistance variable porte celle de la courbe de saturation . Dans ce cas, la tension
le nom de rhéostat d'excitation. commence à chuter et tombera à zéro . En fait, la ten-
Pour comprendre comment on peut faire varier la ten- sion sera nulle pour toute valeur R t supérieure à la va-
sion au moyen de ce rhéostat, supposons que la ten- leur critique. Dans la Fig . 27-26, la valeur critique cor-
sion entre les bornes x et y soit de 120 volts lorsque le respond à 200 S2 .
curseur p est au centre du rhéostat. En déplaçant le
curseur vers l'extrémité m du rhéostat, la valeur de la
résistance entre les points a et b diminue, ce qui pro-
voque une augmentation du courant d'excitation I x . Cet V
accroissement du courant dans les bobines excitatrices 160
entraîne un accroissement du flux, donc une augmen-
tation de la tension induite . Par contre, si l'on déplace 140
0
le curseur vers l'extrémité n, la résistance augmente,
120
le courant IX diminue, le flux diminue et la tension in-
duite Eo diminue . 100
Eo
80

60
i
40
i
20 ii
i
0
0 1 3 A

Figure 27-25 Figure 27-26


Réglage de la tension induite au moyen d'un rhéostat . Méthode pour déterminer la valeur de la tension induite .

GÉNÉRATRICES À COURANT CONTINU 389

27 .14 Génératrice en charge


L'induit d'une génératrice est formé d'un grand nom-
bre de conducteurs ayant une certaine résistance . On
appelle résistance de l'induit celle qu'on peut mesurer
entre les balais de la machine, à la surface même du
collecteur. Elle est généralement très faible, souvent
de l'ordre du centième d'ohm ; elle dépend particulière-
ment de la puissance et de la tension de la machine . Figure 27-27
Pour faciliter l'étude du circuit de la génératrice on Circuit équivalent de l'induit d'une génératrice .
représente cette résistance R o en série avec l'un des
balais .
On peut donc représenter le circuit de l'induit par une
résistance R o en série avec une tension Eo , cette der-
nière représentant la tension induite dans les conduc-
teurs tournants (Fig . 27-27) .
Lorsque la machine fonctionne à vide, la tension E12
entre les balais est égale à la tension induite E o , car la
chute de tension dans la résistance de l'induit est nulle
puisqu'il n'y circule aucun courant.
Par contre, lorsqu'on relie l'induit à une charge (Fig .
27-28), le courant de charge I provoque une chute de Figure 27-28
tension dans la résistance R o . La tension E 12 obtenue Circuit équivalent lorsque la génératrice est sous charge .
entre les balais (et par conséquent aux bornes de la
charge) est alors inférieure à la tension induite Eo . Cette
dernière demeure fixe si la vitesse et le flux provenant
des pôles restent constants .
V
À mesure que la charge augmente, la tension aux bor- 100
nes de la charge diminue progressivement, comme l'in-
95 . . . . . . . . . . . . . . . . :
90
dique la Fig . 27-29. Le graphique représentant cette
variation de la tension en fonction du courant débité
porte le nom de caractéristique en charge.
Dans le cas d'une génératrice shunt, la diminution de
la tension aux bornes avec la charge est plus grande
que celle d'une génératrice à excitation séparée. En
effet, la tension induite dans cette dernière est à peu
près constante . Ce n'est pas le cas pour la génératrice
00
shunt, car le courant d'excitation et le flux diminuent à 5 10 A
mesure que la tension entre les bornes s'abaisse . -*
.I

Pour la génératrice shunt, la baisse de tension entre les Figure 27-29


conditions à vide et les conditions de pleine charge est Caractéristique en charge d'une génératrice à c .c .
de l'ordre de 15 %, tandis que pour une génératrice à
excitation séparée, elle est d'environ 10 % .
sance à une FMM qui tend à déformer et à réduire le
Outre la résistance de l'induit, le phénomène de réac- flux provenant des pôles . Cet affaiblissement du flux
tion de l'induit fait aussi baisser la tension aux bornes provoque une diminution correspondante de la tension
de la génératrice . En effet, on a vu que le passage du induite Eo et, par conséquent, de la tension aux bor-
courant dans les conducteurs de l'induit donne nais- nes .


390 ÉLECTROTECHNIQUE

Exemple 27-3 Pour éviter ces fluctuations de tension avec la charge.


Une génératrice à excitation séparée de 150 kW, on emploie une génératrice compound additive* .
250 V, 350 r/min a les caractéristiques suivantes : La construction de la génératrice compound additive
résistance de 1'induit : 15 rn12 (Fig . 27-30a) est semblable à celle de la génératrice
shunt, sauf qu'elle comprend des bobines excitatrices
résistance des pôles de commutation : 10 mQ2
additionnelles, branchées en série avec l'induit . Ces
résistance du champ shunt : 60 £2
bobines sont composées de quelques spires de fil as-
longueur de l'entrefer : 5 mm sez gros pour supporter le courant de l'induit . Leur ré-
On estime qu'a pleine charge, la réaction de l'induit sistance totale est donc très faible . Par contre, les bo-
diminue le flux d'environ 3 % . La tension à vide est bines shunt comprennent un grand nombre de spires
ajustée à 260 V . Calculer la valeur de la tension aux de fil plus petit : leur résistance est relativement élevée .
bornes lorsque la génératrice débite son courant La Fig . 27-30b donne une représentation schématique
nominal . des connexions .

Solution Lorsque la génératrice tourne à vide, le courant est nul


dans les bobines excitatrices série . Toutefois, les bo-
Le courant nominal est :
bines excitatrices shunt sont parcourues par un cou-
I = P = 150 000 W rant IX produisant une FMM qui engendre un flux dans
= 600 A
la machine .
E 250 V
Quand on branche une charge aux bornes de la généra-
La chute de tension dans la résistance de l'induit est :
trice, la tension aux bornes tend à baisser. Cependant.
Einduit = RI = 0,015 x 600 = 9 V la FMM développée par les bobines excitatrices série
croît avec le courant de charge le et s'ajoute à la FMM
La chute de tension dans les pôles de commutation est : du champ shunt. Cette augmentation du flux produit
une tension induite plus grande que celle à vide . Selon
Ecommutation = RI = 0,010 x 600 = 6 V le nombre de spires de l'enroulement série, il est pos-

À cause de la réaction d'induit, la tension induite sous


charge est de 3 % inférieure à celle induite à vide . Donc,
E o sous charge vaut :

Eo =97%x260V=252V
Eo
et la tension aux bornes de la génératrice est :

E = Eo - Einduit - Ecommutation

E=252-9-6=237V

27.15 Génératrice compound additive


Pour certaines applications, on peut tolérer des varia-
tions de la tension à la charge mais c'est inacceptable
pour les circuits d'éclairage . Par exemple, le réseau de
distribution à c .c . de certains bateaux alimente à la fois (b)

des moteurs et des lampes à incandescence . Le cou-


rant débité par la génératrice est exposé à de grandes
fluctuations (démarrage, usage intermittent des divers
appareils) . Ces variations de courant entraînent néces- Figure 27-30
sairement une tension variable aux bornes du généra- a . Génératrice compound additive .
b . Diagramme schématique de la génératrice .
teur.
* Parfois appelée génératrice compound cumulative .


GÉNÉRATRICES À COURANT CONTINU 391

sible de maintenir une tension à peu près constante aux On remarque sur ces courbes que la tension de la gé-
bornes, car l'augmentation de la tension induite Eo nératrice hypercompound augmente de 10 % lorsque
compense la chute de tension causée par la résistance la pleine charge est appliquée, tandis que celle de la
de l'induit, des pôles de commutation et de l'enroule- génératrice compound est la même à vide et à pleine
ment série . charge . Par ailleurs, la tension en charge de la machine
Dans certains cas, il est nécessaire de compenser, non shunt est 15 % plus faible que sa valeur à vide, et celle
seulement la chute de tension dans l'induit, mais éga- de la génératrice compound différentielle est 30 % plus
lement celle des lignes de distribution . On dispose alors basse .
un plus grand nombre de spires sur l'enroulement sé-
27 .18 Spécifications d'une génératrice
rie de façon à ce que la tension aux bornes de la géné-
ratrice croisse quand le courant de charge augmente . La plaque signalétique d'une génératrice fournit à l'uti-
La machine est alors appelée génératrice à excitation lisateur des détails sur la puissance, la tension, la vi-
hypercompound. tesse de rotation, etc ., de la machine. Ces spécifica-
tions, ou caractéristiques nominales, sont des valeurs
27.16 Génératrice compound différentielle garanties par le fabricant . Analysons, par exemple, les
Si la FMM de l'enroulement série s'oppose à celle de données fournies sur la plaque signalétique d'une gé-
l'enroulement shunt, la diminution de tension est ac- nératrice de 100 kW.
centuée avec le courant de charge . La génératrice s'ap- Puissance 100 kW
pelle alors génératrice compound différentielle . Cette
Tension 250 V
connexion est réalisée en inversant les bornes de l'en-
roulement série d'une génératrice compound additive . Vitesse 1200 r/min
Cette machine est peu employée ; elle sert surtout à l'ali- Courant d'excitation 20A
mentation de certaines soudeuses à arc électrique . Type compound
27 .17 Caractéristiques en charge Classe 130 °C
Les courbes de la Fig . 27-31 donnent les caractéristi- Ces spécifications nous indiquent que cette machine
ques en charge de génératrices utilisant différents sys- peut débiter continuellement une puissance de 100 kW
tèmes d'excitation . sous une tension de 250 V, sans dépasser la tempéra-
ture maximale permise . Elle peut donc fournir un cou-
rant de :

100 I _ p _ 100 000 W


= 400 A
E 250 V
Elle possède un enroulement série et le courant dans
l'enroulement shunt est de 20 A . En pratique, la ten-
sion sera ajustée à une valeur située aux environs de
250 V, et on pourra alimenter toute charge ne consom-
mant pas plus de 100 kW. La classe 130 °C désigne le
40
type d'isolant utilisé dans la construction de la machine
(voir le chapitre 9) .
20 Afin d'illustrer l'évolution remarquable des génératri-
ces à courant continu, nous montrons à la Fig . 27-32
0 une génératrice qui a servi au début du siècle .
0 50 100%
courant de charge 27 .19 Commutation du courant de charge
Figure 27-31 On a vu que lorsque la génératrice est à vide, des étin-
Caractéristiques en charge de divers types de génératrices : celles sont créées en dessous des balais si leur position
1) hypercompound ; 2) compound ; 3) excitation séparée ; est telle qu'ils court-circuitent des bobines dont la ten-
4) shunt ; 5) compound différentielle .

392 ÉLECTROTECHNIQUE

charge

Figure 27-33
La commutation du courant de +50 A à -50 A produit des
étincelles en dessous des balais .

cernent exige que le courant de 50 A dans la bobine 2


tombe à zéro et remonte ensuite à 50 A dans le sens
Figure 27-32 inverse . Cette inversion du courant se produit en un
Génératrice Thomson à courant continu installée à Montréal temps At très court, soit le temps requis pour que le
en 1889 pour l'éclairage des rues . Elle débitait un courant de
collecteur traverse la largeur du balai x . Comme les
250 A sous une tension de 110 V. Autres caractéristiques de
cette ancienne machine : bobines possèdent une certaine inductance L, ce chan-
vitesse de rotation 1300 r/min gement subit de courant AI engendre une tension EL
masse totale 2390 kg dont la valeur moyenne est donnée par :
diamètre de l'induit 292 mm
diamètre intérieur du stator 330 mm
AI
nombre de lames au collecteur 76 EL = L éq . 19-4
grosseur du fil de l'induit #4 At
grosseur du fil de l'inducteur #15
Cette tension est présente tant que la bobine 1 est court-
Une génératrice moderne de même puissance tournant à la
même vitesse aurait une masse de 350 kg seulement . circuitée par le balai x . Il en résulte un courant de court-
circuit qui risque de produire des étincelles en dessous
du balai.
sion induite n'est pas nulle . Nous expliquons ci-après Le même phénomène se produit en dessous du balai y
comment la commutation du courant produit des étin- durant l'inversion du courant dans la bobine 5 . Cette
celles tout aussi importantes lorsque la génératrice est situation se répète chaque fois qu'une bobine traverse
sous charge . un balai ; il s'ensuit un crépitement d'étincelles et une
La Fig . 27-33 montre l'induit d'une génératrice à 8 carbonisation du collecteur qui peut rapidement deve-
bobines imbriquées tournant dans le sens antihoraire . nir inacceptable .
Elle alimente une charge tirant un courant de 100 A . Afin de diminuer la tension EL , on cherche à réduire
Pour la position de l'induit montrée sur la figure, ce l'inductance L des bobines . On y arrive en diminuant
courant est fourni par les bobines 2, 3, 4 et 6, 7, 8 . Ces le nombre de spires par bobine . Mais comme le nom-
deux groupes de bobines sont en parallèle, de sorte que bre total de spires est fixé par la tension Eo qu'on veut
chacun porte la moitié du courant total, soit 50 A . Les générer, il s'ensuit qu'on doit augmenter le nombre de
courants des bobines 1 et 5 sont nuls . Cependant, en bobines dans la même proportion . C'est donc princi-
tournant, la bobine 2 aura tôt fait d'occuper la position palement pour améliorer la commutation que l'induit
de la bobine 1 et ensuite celle de la bobine 8 . Ce dépla- des machines à courant continu est construit avec un



GÉNÉRATRICES À COURANT CONTINU 393

grand nombre de bobines . Comme le nombre de lames bre de spires de 12 à 4 (un facteur 3) on diminue
du collecteur est égal au nombre de bobines, cela ex- l'inductance par un facteur 9 . La nouvelle induc-
plique aussi pourquoi les collecteurs comportent un si tance par bobine est donc :
grand nombre de lames .
L = 1 x 270 gH = 30 p.H
Exemple 27-4 9
Chacune des 8 bobines de la Fig . 27-33 possède 12
spires et une inductance de 270 pH . Le diamètre La nouvelle tension de commutation est :
du collecteur est de 100 mm, et la largeur des ba-
AI x 100
lais est de 8 mnm . L'induit tourne à une vitesse de EL =L = 30x106 = 3,5V
1800 r/min . At 0,85x10 3
a) Calculer la valeur moyenne de la tension E l in- Cette tension est encore élevée, mais la commutation
duite, due à l'inductance . sera probablement acceptable .
b) On réduit à 4 le nombre de spires par bobine, tout Pour améliorer davantage la commutation, on peut aug-
en augmentant le nombre de bobines à 24 . Calculer menter la FMM des pôles de commutation en y ajou-
la nouvelle valeur de E, . tant une ou deux spires . Il en résultera un flux en des-
sous des pôles de commutation qui, au lieu d'être nul,
Solution induira une tension de polarité contraire à celle de EL .
a) Le collecteur fait un tour en un temps t : Par conséquent, la tension nette dans la bobine en
t = 60/1800 = 0,033 s court-circuit deviendra encore plus faible, ce qui di-
minuera davantage le courant de court-circuit . Par
La circonférence C du collecteur est :
conséquent, les étincelles néfastes seront supprimées .
C=irx 100 mm =314 mm =0,314m
27 .20 Résumé
La surface du collecteur se déplace donc à une vi- Dans ce chapitre nous nous sommes familiarisés avec
tesse : la construction de la génératrice à courant continu .
Nous avons vu qu'elle comprend un enroulement in-
v = C/t = 0,314 m/0,033 s = 9,52 m/s ducteur ou «champ» bobiné sur une ou plusieurs pai-
res de pôles produisant le champ magnétique . L'in-
Le temps pour franchir une distance d de 8 mm (la duit tournant est composé d'un grand nombre de bo-
largeur d'un balais) est : bines reliées au collecteur . Le collecteur assure la con-
version des tensions alternatives générées dans les bo-
- d = 8 mm = 0,008 m bines de l'induit en tension continue et les balais éta-
~t = 0,84 x 10-3 s
v 9,52 m/s 9,52 m/s blissent le contact avec la charge .
La tension induite est proportionnelle à la vitesse de
Le changement de courant durant cet intervalle est :
rotation et au champ magnétique créé par l'inducteur .
OI=50-(-50)=100A Pour des courants de champ importants, la saturation
du fer de l'induit et de l'inducteur vient limiter la ten-
d'où la tension induite, à cause de l'inductance : sion induite . En charge, la chute de tension dans la
résistance de l'induit diminue la tension disponible aux
AI x 100 bornes de l'induit .
EL = L = 270 x 106 = 32 V
Ot 0,85 x 10 3 Différents types de caractéristiques en charge sont ob-
tenues selon la connexion de l'inducteur . En changeant
Cette tension est beaucoup trop élevée et la commu-
la façon dont l'inducteur est relié à l'induit, on obtient
tation sera inacceptable .
une génératrice à excitation séparée, ou à excitation
b) L'inductance est proportionnelle au carré du nom- shunt . La machine compound comporte à la fois un
bre de spires (voir éq . 19-11) . En réduisant le nom- inducteur shunt et un inducteur série .


394 ÉLECTROTECHNIQUE

Des pôles de commutation sont aussi ajoutés entre les a) la tension aux bornes de l'induit lorsque la machine
pôles principaux . Les enroulements des pôles de com- débite 12 A
mutation sont branchés en série avec l'induit ; ils amé- b) la puissance dissipée sous forme de chaleur dans
liorent la commutation en s'opposant à la réaction d'in- l'induit
duit. c) le couple de freinage exercé par l'induit
PROBLÈMES - CHAPITRE 27 27-12 Une génératrice à excitation séparée aune ten-
sion à vide de 115 V. Que se passera-t-il si :
Niveau pratique a) la vitesse est augmentée de 20 %
27-1 Nommer et dessiner les parties principales d'une b) le sens de rotation est changé
génératrice à c .c . c) le courant d'excitation est augmenté de 10 %
27-2 Pourquoi doit-on toujours placer les balais d'une d) la polarité du champ est inversée
machine à c .c . sur la zone neutre? 27-13 Une génératrice compound additive de
100 kW, 250 V, possède un enroulement shunt de 2000
27-3 Dans une génératrice à c .c .
spires et un enroulement série de 7 spires . Sachant que
a) De quoi le collecteur est-il constitué? la résistance de l'enroulement shunt est de 100 S2, cal-
b) Que veut dire le terme zone neutre? culer la FMM résultante lorsque la machine fonctionne :
c) Dans la Fig . 27-11 un côté de la bobine 6 est logé a) à vide b) à pleine charge
en haut de l'encoche 2 ; vrai ou faux?
27-14 La Fig . 27-23 donne la courbe de saturation
d) Si, dans la Fig . 27-11, chaque bobine contient 23 spi- d'une génératrice à excitation séparée lorsqu'elle tourne
res, combien de conducteurs y a-t-il par encoche? à 1500 r/min . Quel doit être le courant d'excitation
approximatif pour obtenir une tension de 120 V lors-
27-4 Quel est l'effet d'une augmentation du courant
que la machine tourne à 1330 r/min?
d'excitation sur la tension induite d'une génératrice à
excitation séparée? Quel est l'effet d'une diminution 27-15 Dans la Fig . 27-14, la tension induite dans la
de vitesse? bobine 6, à un instant donné, est de 10 V . Quelle est la
tension induite dans les bobines 1 et 8 au même mo-
27-5 Comment peut-on régler la tension d'une géné-
ment?
ratrice shunt?
27-16 Dans la Fig . 27-12, quelle sera la tension in-
27-6 Pourquoi la tension d'une génératrice shunt di-
duite dans la bobine 4 lorsque le rotor aura tourné de
minue-t-elle lorsque le courant de charge augmente?
45°? de 135°?
27-7 Expliquer comment une génératrice compound
27-17 La génératrice de la Fig . 27-15 tourne à une
additive peut produire une tension qui augmente avec
vitesse de 960 r/min et le flux par pôle est de 0,02 Wb .
la charge .
Chaque bobine possède 6 spires . Quelle est la tension
27-8 En quoi les génératrices shunt, compound addi- entre les balais lorsque la charge est nulle?
tive et compound différentielle diffèrent-elles?
27-18 a) Dans la Fig . 27-15, combien de balais frot-
27-9 Que veut dire le terme réaction d'induit? tent sur le collecteur?
27-10 Quel est le rôle des pôles de commutation? b) Quel est le courant porté par chacune des bobines
Pourquoi sont-ils connectés en série avec l'induit? de l'induit lorsque la machine débite un courant de
1800 A?
Niveau intermédiaire 27-19 Une génératrice de 100 kW tournant à 450
27-11 La tension induite, dans une génératrice à ex- r/min génère une tension de 125 V, à vide . Le collec-
citation séparée, est de 127 V lorsque l'induit tourne à teur contient 118 lames et les bobines de l'induit ont
1400 drain . La résistance de l'induit est de 2 S2 . Calcu- une seule spire . Calculer la valeur du flux par pôle, en
ler : webers .

GÉNÉRATRICES À COURANT CONTINU 395

Niveau avancé b) Quelle est la densité de flux moyen par pôle?


c) Sachant que le diamètre du collecteur est de 450 mm
27-20 Dans le problème 27-19, le collecteur a un dia-
et que la largeur des balais est de 15 mm, calculer le
mètre de 420 mm et les balais ont une largeur de 25 mm .
temps requis pour inverser le courant dans une bo-
Calculer la durée de la commutation .
bine .
27-21 a) Dans la Fig . 27-15b, déterminer la polarité
de la tension E 34 , entre les lames 3 et 4, sachant que
l'induit tourne dans le sens horaire .
b) Au même instant, quelle est la polarité de la lame 35
par rapport à la lame 34?

27-22 L'induit de la Fig . 27-34 possède 81 encoches


et 243 lames sur le collecteur. La machine possède 6
pôles, et elle est bobinée avec un enroulement imbri-
qué composé de 243 bobines ayant chacune 1 spire .
Le flux par pôle est de 30 mWb . Figure 27-34
Le noyau d'induit et le collecteur d'un moteur de 225 kW,
a) Calculer la tension induite lorsque l'induit tourne à 250 V, 1200 r/min . Diamètre de l'induit : 559 mm ; longueur
1200 r/min. axiale : 235 mm .
28
Moteurs à courant continu

Les moteurs à courant continu sont des appareils qui quoi les moteurs de puissance supérieure à 1 kW con-
transforment l'énergie électrique qu'ils reçoivent en tiennent toujours des pôles de commutation .
énergie mécanique. La construction des moteurs est Dans le cas des génératrices, seuls la tension et le cou-
identique à celle des génératrices, de sorte qu'une ma- rant ont retenu notre attention . Cependant, pour les
chine à courant continu peut servir indifféremment moteurs, la compréhension des phénomènes mécani-
comme moteur ou comme génératrice . ques faisant intervenir le couple, la vitesse et l'inertie
L'usage des moteurs à courant continu est plutôt res- est particulièrement importante . Nous encourageons
treint, car la distribution se fait à courant alternatif . donc le lecteur à revoir au chapitre 1 les lois fonda-
Cependant, pour certaines applications il est parfois mentales reliant ces trois paramètres .
avantageux d'utiliser des moteurs à courant continu
28.1 Force contre-électromotrice
alimentés par des convertisseurs qui transforment le
courant alternatif en courant continu . La supériorité de Considérons une machine bipolaire dont l'inducteur
ces moteurs réside dans le fait qu'ils se prêtent facile- est un aimant permanent, et dont l'induit, de résistance
ment à un contrôle souple, continu et presque instan- Ro , est raccordé à une source de tension E S (Fig . 28-1) .
tané de leur vitesse .
Les moteurs à courant continu ont les mêmes modes
d'excitation que les génératrices . On distingue donc :
1 . les moteurs à excitation shunt
2 . les moteurs à excitation série
3 . les moteurs à excitation compound
De plus, tout comme pour les génératrices, la réaction
d'induit se manifeste dans les moteurs, produisant une
distorsion et un affaiblissement du flux provenant des
pôles à mesure que la charge augmente . Les problè- Figure 28-1
mes de commutation existent également, c'est pour- Démarrage d'un moteur à courant continu .
396

MOTEURS À COURANT CONTINU 397

Avant que l'interrupteur ne soit fermé, l'induit est im- Pour les moteurs, cette tension induite Eo porte le nom
mobile . Dès qu'il est fermé, la source fait passer un de force contre-électromotrice (f.c .é .m .) car sa pola-
courant très intense dans l'induit, car la résistance R o rité est telle qu'elle agit «contre» la tension de la
de celui-ci est très faible (Fig . 28-2) . Or, nous savons source. Elle s'y oppose en ce sens que la tension to-
(principe II de l'électromagnétisme) que le passage du tale agissant sur le circuit série de la Fig . 28-2 est égale
courant dans les conducteurs de l'induit, situés dans le à (Es - Eo) volts et non pas à (Es + Eo ) volts .
champ magnétique de l'aimant permanent, engendre
28 .2 Accélération du moteur
une force sur chacun d'eux . L' action de ces forces pro-
duit un couple qui fait tourner l'induit . La tension résultante agissant sur le circuit valant
(E 5 - E o ) volts, le courant I n'est limité que par la
D' autre part, dès que l'induit se met à tourner, un autre
résistance R o , ce qui donne :
phénomène se manifeste : l'effet générateur . En effet,
dans toute machine à courant continu, une tension est
ES - Eo
induite dans les conducteurs de l'induit dès que ceux- I= (28-2)
ci coupent des lignes de flux, quelle que soit la cause Ro
produisant le mouvement de l'induit .
Lorsque le moteur est au repos, la vitesse est nulle, donc
la tension induite Eo = 0, et l'équation ci-dessus de-
vient :

ES
I=
Ro

C'est dire qu'au démarrage le courant est énorme car


la résistance Ro de l'induit est très basse . En effet, ce
courant de démarrage peut être de 20 à 50 fois plus
grand que le courant de pleine charge du moteur . La
grande force agissant alors sur les conducteurs produit
Figure 28-2 un couple de démarrage puissant, provoquant une ac-
La rotation du moteur induit une tenson E 0 , appelée force
célération rapide de l'induit.
contre-électromotrice .
À mesure que la vitesse croît, Eo augmente et la valeur
de la tension résultante (Es - Eo) diminue . On en con-
clut que le courant I diminue avec l'augmentation de
La valeur et la polarité de la tension sont les mêmes
la vitesse .
que celles qu'on obtiendrait si la machine fonctionnait
comme génératrice . Comme pour cette dernière, la ten- Pendant que le courant diminue dans l'induit, le mo-
sion induite Eo est proportionnelle à la vitesse de rota- teur continue d'accélérer jusqu'à une vitesse limite .
tion n du moteur et au flux 0 entre les pôles . Elle peut Pour la marche à vide, cette vitesse est telle qu'elle
donc être exprimée par la même équation que celle uti- produit une force contre-électromotrice légèrement in-
lisée pour les génératrices, soit : férieure à la tension de la source . En effet, si la f.c .é.m.
pouvait devenir égale à la tension de la source, la ten-
ZnO sion résultante (ES - Eo) serait nulle, ce qui donnerait
Eo = (28-1) une valeur nulle pour le courant I . Dans ces conditions,
60
aucune force électromagnétique n'agirait sur les con-
où ducteurs de l'induit . Cependant, pour continuer à tour-
Eo = tension induite dans l'induit [V] ner, le moteur doit toujours produire un couple suffi-
Z = nombre de conducteurs sur l'induit sant pour vaincre le frottement . Par conséquent, la
n = vitesse de rotation du moteur [r/min] f.c .é .m . doit donc être quelque peu inférieure à la ten-
0 = flux par pôle [Wb] sion de la source pour permettre le passage du faible
60 = constante tenant compte des unités courant nécessaire à la production de ce couple .


398 ÉLECTROTECHNIQUE

Exemple 28-1 Eo = 50 V lorsque N= 500 r/min


L'induit d'une machine bipolaire, dont la résistance 150 A
est de 1 12, génère une tension de 50 V lorsque sa
vitesse de rotation est 500 r/min . L'inducteur est
composé de deux aimants permanents . L'induit est
raccordé à une source de 150 V (Fig . 28-3) . Calcu-
(a)
ler :
a) le courant de démarrage
b) la f .c .é .n1 . E ( , lorsque le moteur tourne
1000 r/min : à 1460 r/min
c) le courant dans l'induit à 1000 r/min : à 50A
E
1460 r/min

Solution
a) Au moment où le moteur démarre, l'induit ne tourne (b)
pas et, par conséquent, la tension induite E o = 0 V
(Fig . 28-3a) . Le courant de démarrage étant seule-
ment limité par la résistance de l'induit, sa valeur
est :

Es = 150 V E4 A
I = = 150 A
Ro 1 £2

b) Étant donné que la tension induite à 500 r/min est


de 50 V, la f.c .é .m . du moteur à 1000 r/min sera (e)
100 V, et à 1460 r/min, 146 V.
Remarquer que la f.c .é .m . (ou tension induite) est pro-
portionnelle à la vitesse .
c) La f .c .é .m . étant de 100 V à 1000 r/min, il s'ensuit
que la tension résultante dans le circuit de l'induit Figure 28-3
(Fig . 28-3b) est : a . Conditions lorsque l'induit est au repos (voir exemple
28-1) ;
Es -Eo =150-100=50V b . Conditions lorsque l'induit tourne à 1000 r/min ;
c . Conditions lorsque l'induit tourne à 1460 r/min .
Le courant dans l'induit vaut donc :

I= Es -E0 = 50V = 50A


Ro 1 S2 28.3 Expression du couple
La puissance mécanique et le couple sont deux des ca-
Lorsque le moteur atteint une vitesse de 1460 r/min
ractéristiques importantes d'un moteur à c .c . Nous dé-
(Fig . 28-3c) la f.c .é .m . sera 146 V, soit une tension pres-
rivons ci-après les équations permettant d'évaluer ces
que égale à la tension de la source . Dans ces cir-
deux grandeurs .
constances, le courant dans l'induit n'est que :
On a vu que la tension induite dans un enroulement
I- Es -Eo = 150- 146 imbriqué est donnée par :
=4A
Ro 1
Znç
et le couple développé par le moteur est beaucoup Eo = éq . 28-1
60
plus petit qu'auparavant.


MOTEURS À COURANT CONTINU 399

En se référant à la Fig . 28-2, la puissance électrique Cette équation indique qu'on peut augmenter le cou-
fournie à l'induit est : ple d'un moteur en augmentant, soit le courant I dans
l'induit, soit le flux 0 provenant des pôles .
Ps = EsI
Exemple 28-2
D'autre part, E s est égale à la f .c .é .m . de EO plus la L'induit d'un moteur <t c .c . de _ :,5 kW, 250 V,
chute de tension R O I dans l'induit soit : 1200 r/min contient 243 bobines et possède une ré-
sistance de 0,0094 £2 . L'enroulement est imbriqué
Es = EO + ROI et chaque bobine possède 1 spire (Fig . 28-4a et 28-
4b) . L'inducteur comprend 6 pôles . Lors d'un essai
Par conséquent, la puissance fournie à l'induit est : sous charge, on prend les lectures suivantes :

Tension aux bornes (le l'induit : 243 V


Ps = (E() + RAI
Courant dans l'induit : 638 A
= EOI + R OI 2 Vitesse de rotation : 1260 r/min
On considère que la chute de tension dans les balais
Le terme ROiz représente les pertes Joule dissipées sous est 1 V. Calculer :
forme de chaleur dans l'induit . Par conséquent, le très
important terme EOI représente la puissance électrique a) le flux par pôle
convertie en puissance mécanique . Donc : b) la puissance mécanique développée par le mo-
teur
Pr,., = EOI (28-3) c) le couple développé

où Solution
PI ,., = puissance mécanique développée par le mo- a) La f.c .é .m est :
teur [W]
EO = f.c .é .m du moteur [V] EO = Es - R O I - Echute dans les balais
I = courant dans l'induit [A]
= 243 - 0,0094 x 638 - 1 = 243 - 6 - 1
Rappelons que la puissance mécanique d'une machine
= 236 V
est donnée par :

Pm = nT19,55 éq. l-5


où n est la vitesse de rotation en tours par minute et T
le couple, en newton-mètre . En combinant les équa-
tions (28-1), (28-3) et (1-5) on obtient:

T = ZoI
(28-4)
6,28

ou
T = couple du moteur [N •m]
Z = nombre de conducteurs sur l'induit
= flux par pôle [Wb] Figure 28-4a
I = courant dans l'induit [A] Noyau d'induit et collecteur d'un moteur de 225 kW, 250 V,
1200 r/min . Le noyau de fer a un diamètre de 559 mm et une
6,28 = constante tenant compte des unités [valeur longueur de 235 mm ; il est composé de 400 tôles dentées de
exacte = 2 n] 0,56 mm .


400 ÉLECTROTECHNIQUE

le nombre de conducteurs sur l'induit est: b) La puissance mécanique est :

Z = 243 bobines x 2 conducteurs/bobine = 486 Pm = E0I = 236 V x 638 A


150,6 kW
En utilisant l'équation 28-1, le flux par pôle est :
c) Le couple du moteur est :
60 Eo _ 60 x 236
9,55 Pm 9,55 x 150,6 x 103
Zn 486 x 1260 T = = éq . 1-5
n 1260
0,023 Wb = 23 mWb
= 1141 N •m

1 2

3 4

Figure 28-4b
Bobinage d'un induit de moteur à c .c . de 225 kW pour pelle mécanique (gracieuseté de H . Roberge) .
1) machine-outil utilisée pour former les bobines ;
2) bobine formée prête à être introduite dans les encoches ;
3) et 4) raccordement des bobines au collecteur de 243 lames .

MOTEURS À COURANT CONTINU 401

28 .4 Expression de la vitesse 28.5 Réglage de la vitesse par la tension de


l'induit
Lorsqu'un moteur à courant continu marche en régime
normal, la chute de tension R 0 I dans la résistance de Si le flux 0 ne varie pas (cas d'un inducteur à aimant
l'induit est généralement faible, de sorte qu'on peut la permanent, ou d'un inducteur à courant d'excitation
négliger dans la plupart des calculs de la vitesse . Cette constant), l'équation 28-5 nous indique que la vitesse
approximation revient à supposer que la f .c .é.m . Eo est ne dépend plus que du terme E5 , c'est-à-dire de la ten-
égale à la tension de la source Es (Fig . 28-2) . sion de la source.

D'autre part, nous avons vu que la f .c .é .m. peut s'ex- Si l'on augmente ou diminue ES , la vitesse du moteur
augmente ou diminue à peu près dans les mêmes pro-
primer sous la forme
portions .
Zno En pratique, on peut réaliser cette variation en ali-
Eo =
60 mentant l'induit du moteur M avec une génératrice G
En remplaçant Eo par E s , on obtient: de tension variable (Fig . 28-5) . La génératrice est en-
traînée par un moteur à courant alternatif M c .a , qui re-
Zn r çoit son énergie du réseau .
ES =
60 On maintient l'excitation I xM de l'inducteur du mo-
teur M constante, alors que l'on fait varier celle (I xG )
on en déduit que la vitesse est :
de la génératrice . On peut même changer le sens de
rotation du moteur en inversant la polarité de la ten-
60 ES sion ES produite par la génératrice . Cette inversion de
n = (approximativement) (28-5)
zo polarité est obtenue par simple inversion du courant
d'excitation IxG .
où L'ensemble des trois machines M c .a . - G - M de la Fig .
n = vitesse de rotation [r/min] 28-5 constitue un groupe Ward-Leonard . Cette méthode
ES = tension aux bornes de l'induit [V] assure une extrême souplesse dans le réglage de la vi-
Z = nombre de conducteurs sur l'induit tesse entre de très grandes limites . On l'utilise pour le
0 = flux par pôle [Wb] contrôle des moteurs de laminoirs et d' ascenceurs dans
Pour un moteur donné, cette expression nous indique les mines et les grands édifices . La flexibilité du sys-
que la vitesse de rotation dépend de la tension de la tème Ward-Leonard provient du fait qu'il permet de
source ES et du flux par pôle 0. Étudions d'abord l'ef- forcer le moteur M à développer à la fois la vitesse et
fet de Es . le couple requis par la charge . Supposons, par exem-

IxG (variable) OG OM IxM (fixe)

o
inducteur de la induit du
Ex _~
génératrice moteur

o T
inducteur
du moteur
réseau moteur
triphasé triphasé

Figure 28-5
Commande de vitesse Ward-Leonard .





402 ÉLECTROTECHNIQUE

ple, que ES soit ajusté à un niveau légèrement supé- d'où le couple du moteur :
rieur à Eo . Le courant I circule alors dans le sens indi-
qué à la Fig . 28-5 et le moteur produit un couple posi- T _ 9,55 P m - 9,55 x 760 000
= 31,8 kN-m
tif. Le moteur absorbe de la puissance car le courant I
n 228
entre par la borne positive de l'induit .
Supposons maintenant que l'on réduise l'excitation du b) Lorsque Es = 350 V, le courant dans l'induit est :
générateur de sorte que ES devienne inférieur à E o . Le
courant change de sens, ce qui inverse le couple déve- Es - Eo = 350 -
I = 380 = _ 3000 A
loppé par le moteur. Simultanément, le moteur devient R 0,01
une génératrice, car le courant sort par la borne posi-
tive . La puissance électrique que le «moteur» M four- Le courant est négatif, donc il circule dans le sens in-
nit à G provient de l'énergie cinétique emmagasinée verse, produisant ainsi un couple négatif . La vitesse
dans le moteur et sa charge . Sous l'effet du couple né- du moteur est encore 228 r/min car E0 = 380 V. Ce-
gatif, le moteur décélère rapidement . (Voir explications pendant, à cause du couple négatif, le moteur est freiné
au chapitre 1, sections 1-10 à 1-20 .) et sa vitesse commence à décroître . Le moteur ren-
voie au reste du système une puissance P m = Eo7 =
Comme la «génératrice» G reçoit de la puissance, elle
380 x 3000 = 1140 kW dont la plus grande partie
fonctionne en moteur, entraînant le moteur à courant
PG = 3000 x 350 = 1050 kW est fournie à la généra-
alternatif qui fonctionne à son tour en générateur . Par
trice . Le reste est dissipé dans la résistance de 10 m£2 .
conséquent, de la puissance à courant alternatif est re-
tournée au réseau . Cette possibilité de récupérer l'éner- Comme le couple est proportionnel au courant dans
gie est particulièrement efficace, et constitue un autre l'induit, le moteur développe un couple de :
avantage du groupe Ward-Leonard .
3000 A
Exemple 28-3 T = x 31,8 kN •m = 41,8 kN-m
2000 A
Le système Ward-Leonard montré à la Fig .
comprend un moteur à courant continu de 2000 kW Une autre façon de faire varier la tension aux bornes de
et un générateur (le 2500 kW. La résistance totale l'induit d'un moteur pour contrôler sa vitesse, consiste
du circuit reliant les deux induits (y compris leur à placer un rhéostat en série avec celui-ci (Fig . 28-6) .
propre résistance) est de 10 mQ . Le moteur tourne à Le passage du courant dans le rhéostat crée une chute
une vitesse de 300 r/min lorsque E„ est de 500 V. de tension qui, soustraite de la tension de la source .
Calculer le couple et la vitesse du moteur M : réduit la tension aux bornes du moteur .

a) lorsque E, = 400 V et E,, = 380 V Cette méthode permet seulement de réduire la vitesse
b) lorsque F_ 350 V et E ( = 380 V à partir de la vitesse nominale . Elle est onéreuse à cause

Solution
a) Le courant dans l'induit est :

I _ ES - Eo = 400 - 380
= 2000 A
R 0,01

La puissance fournie au moteur est :

P,,,=EOI= 380x2000=760 kW

La vitesse approximative du moteur est :

n = 380 V Figure 28-6


x 300 = 228 r/min
500 V Commande de vitesse par rhéostat en série avec l'induit .




MOTEURS À COURANT CONTINU 403

de la puissance dissipée inutilement par effet Joule dans 60 ES


le rhéostat . n = éq. 28-5
zo
De plus, la régulation de vitesse est très mauvaise. En
effet, la chute de tension dans le rhéostat augmente à reste constant . Par conséquent, la vitesse de rotation n
mesure que le courant de l'induit augmente, d'où une du moteur devient inversement proportionnelle au flux
baisse substantielle de vitesse avec la charge . 0 . Quand le flux augmente, la vitesse diminue et vice
versa . Cette méthode de variation de la vitesse est fré-
Exemple 28-4 quemment employée car elle est très simple et ne re-
Soit un moteur à c .c . de 2 kW, 240 V, 1500 r/min, à quiert qu'un rhéostat d'excitation peu coûteux .
excitation shunt . Il doit entraîner une charge à une Le rhéostat est branché en série avec l'inducteur (Fig .
vitesse de 975 r/min, tout en développant un couple 28-7) .
de 5 N •m . On utilise le montage de la Fig. 28-6, avec
E, = 240 V. Calculer la valeur approximative de la Si l'on augmente la résistance du rhéostat, le courant
résistance R et la puissance qu'elle dissipe . d'excitation et le flux diminuent . Cet affaiblissement
du flux réduit la tension induite E0 , ce qui fait aug-
Solution menter temporairement le courant Ia dans l'induit . Le
Comme le moteur doit tourner à 975 r/min, la tension moteur développe un couple plus grand qu'auparavant
induite Eo doit être environ : et il accélère jusqu'à ce que la tension Eo redevienne
presque égale à la tension E, de la source . Pour déve-
= 975 lopper la même f .c .é .m . que précédemment avec un
Eo x 240 V = 156 V
flux plus faible, le moteur doit tourner plus vite . Il est
1500
donc possible d'élever la vitesse d'un moteur au-des-
La tension aux bornes de R est donc : sus de sa vitesse normale en intercalant une résistance
dans le circuit de l'inducteur .
ER = 240 - 156=84V
Ce mode de réglage permet de faire varier la vitesse de
La puissance mécanique développée par le moteur est : certains moteurs shunt dans un rapport de 3 à 1 . Une
variation plus grande entraîne des problèmes de stabi-
nT - 975 x 5 lité et de commutation .
Pm =
- = 510W
9,55 9,55 On notera ici que lorsque la valeur du flux 0 se rap-
proche de zéro, le moteur tend à atteindre une vitesse
Le courant d'induit est : extrêmement élevée, à s'emballer . Cette condition peut
entraîner la destruction du moteur. Si le courant d'ex-
Pm = 510W citation est interrompu dans l'inducteur d'un moteur
I= = 3,27 A
Eo 156 V shunt, le flux correspondant à l'aimantation rémanente
U s'ensuit que R est donnée par :

R = ER = 84 V
= 25,7 e
Ia 3,27 A

La résistance dissipe une puissance de :

PR = ERIa = 84 x 3,27 = 275 W

2IL6 Réglage de la vitesse par le flux de


l'inducteur
autre façon de faire varier la vitesse est de chan- Figure 28-7
le flux 0. En effet, si la tension E, de la source est Commande de vitesse par rhéostat en série avec l'inducteur
tenue constante, le numérateur de l'expression shunt .


404 ÉLECTROTECHNIQUE

devient tellement faible que le moteur doit tourner à la région comprise entre zéro et 2 p .u . Cependant, cette
une vitesse dangereusement élevée pour induire une droite se transforme progressivement en une courbe
f.c.é .m . suffisante . Des dispositifs de protection, mon- aplatie lorsque le courant dépasse 2 p .u . En effet, la
tés sur l'arbre du moteur, peuvent prévenir cet embal- réaction d'induit devient tellement intense que le flux
lement en ouvrant le circuit d'alimentation . 0 (éq . 28-4) diminue, même si le courant d'excitation
demeure fixe .
28 .7 Marche du moteur shunt en charge
Dans le cas des gros moteurs, la diminution de flux 0
Lorsqu'une charge mécanique est subitement appliquée
due à la réaction d'induit se fait déjà sentir à pleine
à l'arbre d'un moteur shunt tournant à vide, le faible
charge . Par conséquent, la vitesse de ces moteurs tend
courant à vide ne peut produire un couple suffisant pour
à augmenter avec la charge . Comme cela risque de pro-
entraîner cette charge, et le moteur ralentit .
duire une instabilité lorsque la charge varie, on ajoute
La force contre-électromotrice diminue alors, ce qui à ces moteurs un enroulement série qui impose une
provoque le passage d'un courant plus intense dans l'in- diminution de vitesse lorsque la charge croît . Ce genre
duit. Le courant augmente jusqu'à ce qu'il produise de moteur s'appelle moteur shunt stabilisé .
un couple suffisant pour supporter la charge mécanique
La Fig . 28-9 montre deux moteurs couplés de 4100 kW
à entraîner .
utilisés pour la propulsion d'un brise-glace . La Fig . 28-
En résumé, plus la charge mécanique appliquée est 10 illustre l'utilisation de moteurs à c .c . dans un lami-
grande, plus la vitesse diminue, et plus le courant dans noir à chaud .
l'induit est intense .
28.8 Démarrage d'un moteur shunt
La vitesse d'un moteur shunt est relativement cons-
tante, même pour des charges variables . Dans la plu- On a vu que si la pleine tension est appliquée à un
moteur au repos, l'appel de courant est énorme . On
part des cas, elle diminue seulement de l'ordre de 5 à
15 % lorsque la pleine charge est appliquée . La Fig . risque alors de faire sauter les fusibles, de brûler l'in-
28-8 montre les caractéristiques typiques d'un moteur duit et d'endommager le collecteur. Pour tout moteur
shunt . La courbe donnant les valeurs relatives du cou- shunt à courant continu, il faut donc prendre des pré-
cautions appropriées pour limiter le courant de démar-
ple T en fonction de la vitesse n indique que la vitesse
varie seulement de 1,1 p .u . à 0,9 p .u . lorsque le couple rage à une valeur raisonnable, de l'ordre de 1,5 à 2 fois
augmente de zéro à 2 p .u . La deuxième courbe montre le courant nominal .
que le couple est proportionnel au courant d'induit dans Pour réduire le courant au démarrage, il suffit de mon-

p .u .
2
T 11

1 RIER
~~ charge nominale

0 1
0 1 2 p. u.
vitesse n
courant dans l'induit I
Figure 28-9
Figure 28-8 Deux moteurs de 4100 kW couplés propulsent le brise-glace
Caractéristiques en charge d'un moteur shunt . russe «Kiev» (gracieuseté de Siemens) .
MOTEURS À COURANT CONTINU 405

Figure 28-11
Rhéostat de démarrage pour moteur shunt .

Figure 28-10
Laminoir à chaud . Le laminage est effectué par 6 laminoirs À mesure que la vitesse du moteur augmente, on passe
consécutifs actionnés chacun par un moteur à c .c . de
ainsi d'un plot à l'autre, pour amener finalement la
2500 kW. La feuille d'acier laminé est ensuite entraînée vers
la gauche par 161 moteurs à c .c . de 3 kW (gracieuseté de manette au dernier plot. Elle y est retenue par l'attrac-
Générale Électrique) . tion d'un petit électro-aimant 4, branché en série avec
l'inducteur.

ter en série avec l'induit un rhéostat de démarrage. La Si la tension de la source d'alimentation est soudai-
résistance introduite est ensuite progressivement di- nement interrompue, ou si l'excitation de la bobine
minuée à mesure que le moteur accélère, et finalement shunt est coupée accidentellement, l'électro-aimant
enlevée du circuit dès que le moteur atteint sa vitesse n'est plus alimenté et la manette est rappelée par le
de régime permanent. Pour assurer un couple de dé- ressort 3 sur le plot mort . Ce dispositif est nécessaire
marrage satisfaisant, il faut que le flux soit aussi grand pour éviter que le moteur ne reparte intempestivement
que possible, c'est-à-dire que l'inducteur doit être con- au retour de la tension .
necté directement à la source d'alimentation . Ces con- 28 .10 Moteur série
ditions sont remplies dans le montage de la Fig . 28-11 .
La construction d'un moteur série est identique à celle
Aujourd'hui, on utilise plutôt des circuits électroniques d'un moteur shunt, sauf en ce qui concerne l'induc-
pour limiter le courant de démarrage et pour régler la teur. L'inducteur est connecté en série avec l'induit et,
vitesse (chapitre 43) . par conséquent, il doit porter le plein courant du mo-
teur (Fig . 28-12) . L'enroulement série est donc com-
28 .9 Démarreur manuel pour moteur shunt
posé de quelques spires de fil de gros calibre .
La Fig . 28-11 montre le schéma d'un rhéostat de dé-
marrage ainsi que la manière de le raccorder à un mo- Bien que sa construction soit similaire à celle d'un
teur shunt. Ce rhéostat est du type à plots ; les plots en moteur shunt, les caractéristiques d'un moteur série sont
cuivre sont reliés aux extrémités des résistances R I , R 2 , complètement différentes . Dans un moteur shunt, le
R3 et R 4 . Lorsque la manette de contact 1 est sur le plot flux 0 par pôle est constant pour toute charge normale,
mort M, le circuit du moteur est ouvert . Lorsqu'on dé- car l'inducteur shunt est connecté à la source de ten-
place la manette au moyen de la poignée 2, elle vient sion, laquelle est fixe . Mais dans un moteur série, le
d'abord en contact avec le plot N . La pleine tension E S flux dépend du courant qui circule dans l'induit ; par
est alors appliquée aux bornes du champ shunt . En conséquent, le flux croît avec le courant de charge .
même temps, un courant I commence à circuler dans Malgré ces différences, les même équations fondamen-
l'induit . Ce courant est limité par la somme des quatre tales s'appliquent aux deux machines .
résistances plus la résistance Ro de l'induit . Le moteur Lorsqu'un moteur série fonctionne à pleine charge, le
accélère, et le courant I diminue progressivement . On flux par pôle est le même que celui d'un moteur shunt
fait alors avancer la manette au plot suivant et le cou- de même puissance et de même vitesse . Cependant,
rant prend de nouveau une valeur relativement élevée . lors du démarrage, le courant d'induit est supérieur au

406 ÉLECTROTECHNIQUE

28 .11 Réglage de la vitesse d'un moteur


série
0 Lorsque le moteur série entraîne une charge, sa vi
(a) peut être augmentée en branchant une résistance fai
en parallèle avec l'enroulement inducteur . Le cou
circulant dans l'enroulement série est alors affaibli .
qui provoque une diminution de flux et une augme
tion de vitesse.
De la même façon, la vitesse peut être diminuée cmi
branchant une résistance en série avec l'induit et l'iW
.-
(b) ducteur
La Fig . 28-13 donne les caractéristiques en charge ty-
Figure 28-12 piques d'un moteur série . Remarquer que la vitesse a
a . Schéma de connexions d'un moteur série sans pôles de augmente en flèche lorsque le couple T diminue . No-
commutation ;
ter aussi que la caractéristique couple-courant n'est pas
b . Diagramme schématique d'un moteur série, montrant
l'induit et le champ série . linéaire, mais a plutôt une forme parabolique .

courant nominal ; le flux est donc supérieur au flux


p .u .
obtenu à pleine charge . Par conséquent, le couple de
3
démarrage d'un moteur série excède celui d'un mo-
teur shunt . a
Par contre, lorsque la charge est inférieure à la puis- oU
sance nominale, le courant d'induit et le flux par pôle
sont inférieurs aux valeurs normales . Cet affaiblisse- T
ment du flux a le même effet qu'une réduction de l'ex- ////l/////////
citation dans un moteur shunt et impose une vitesse
supérieure à la valeur nominale . Par exemple, si le cou-
rant d'un moteur série diminue de la moitié de sa va- ////b charge nominale ///
leur nominale, le flux 0 diminue également de moitié,
de sorte que la vitesse double . Il est clair que si la charge ∎∎®∎∎∎/\5/∎∎∎///U
mécanique est faible, la vitesse risque d'atteindre des
valeurs dangereuses . Pour cette raison, on ne doit ja- 2 3 p. .
mais permettre à un moteur série de fonctionner à vide . vitesse n
courant dans l'induit I
Il a tendance à s'emballer, et les forces centrifuges peu-
vent arracher les enroulements de l'induit et provoquer Figure 28-13
Caractéristiques en charge d'un moteur série .
la destruction de la machine .
Lors du démarrage, tout comme pour le moteur shunt,
il faut limiter le courant au moyen d'un rhéostat ; les Exemple 28-5
connexions sont cependant plus simples à cause de l'ab- Un moteur série de 15 hp, 240 V, 1780 r/min a un
sence d'enroulement shunt . Pour le démarrage manuel, courant nominal de 54 A . Ses caractéristiques en
on peut employer un rhéostat de démarrage semblable charge sont données par les courbes normalisées de
à celui de la Fig . 28-11 . L'électro-aimant 4 qui retient la Fig . 13 . Calculer :
la manette de contact doit être connecté en série avec
l'induit . De cette façon, lorsque le courant d'induit a) la valeur du outrant et de la vitesse lorsque le
devient trop faible (indication de survitesse) la manette couple e,t de 24 N m
retourne automatiquement à la position ouverte . b) le rendement du moteur dans ces circonstances







MOTEURS À COURANT CONTINU 407

Solution propriété d'atteindre une haute vitesse à faible charge


a) Établissons d'abord la puissance de base, la vitesse est avantageuse .
de base et le courant de base du moteur. Ces valeurs Le moteur série convient particulièrement bien à la trac-
correspondent aux spécifications nominales du moteur, tion, comme dans les locomotives électriques et les
soit : voitures de métro (Fig . 28-14) . La mise en marche est
rapide car, aux faibles vitesses le couple est élevé . Le
PB = 15 hp = 15 x 746 = 11 190 W moteur série ralentit dans les côtes et, de ce fait, il ne
nB = 1780 r/min tire pas un courant trop élevé . En terrain plat, il atteint
une vitesse beaucoup plus grande .
IB =54A
On l'emploie également pour la commande d'engins
Le couple de base est donc : de levage tels que grues, palans, cabestans . Lorsqu'il
actionne une grue, les charges légères sont déplacées
9,55 PB _ 9,55 x 11 190
TB _ = 60 N -m rapidement alors que les charges lourdes sont dépla-
nB 1780 cées lentement.
Le couple de 24 N •m correspond à un couple relatif de

0,4 p .u .
T p .u . = TB 60

En se référant à la Fig . 28-13, un couple de 0,4 p.u .


correspond à une vitesse de 1,4 p .u . La vitesse réelle
est donc :

n = np u x n B = 1,4 x 1780 = 2492 r/min

On note sur la caractéristique T-I, qu'un couple de


0.4 p .u . requiert un courant de 0,6 p .u . Le courant est
donc :

I = x IB = 0,6 x 54 = 32,4 A
IP.U .
b) Pour calculer le rendement, il faut connaître les va-
leurs de la puissance électrique P l et de la puissance
mécanique P2 .
Figure 28-14
= EsI = 240 x 32,4 = 7776 W Voiture électrique utilisée sur les trains du métro de Montréal .
La voiture est munie de 2 moteurs série de 114 kW, 360 V
nT _ 2492 x 24 = c .c . Autres spécifications des moteurs :
P2 = 6263 W
9,55 9,55 vitesse : 0 à 3160 r/min ; isolation : classe 155 °C ;
refroidissement : à l'air ; masse : 650 kg .
Le rendement est donc :

__ P2 6263 28 .13 Moteur compound


= 0,805 = 80,5 %
P, 7776
Le moteur compound porte un inducteur série et un
28.12 Emploi du moteur série inducteur shunt . La FMM de l'enroulement série agit
Le moteur série est utilisé chaque fois qu'une charge toujours dans le même sens que celle de l'enroulement
exige un couple de démarrage puissant ou une accélé- shunt . La FMM de l'enroulement shunt est habituel-
ration rapide . Il est aussi employé dans les cas où sa lemement plus grande que celle du champ série, même
à pleine charge.

408 ÉLECTROTECHNIQUE

La Fig . 28-15 donne le schéma d'un moteur compound . qui emmagasine de l'énergie mécanique et la restitue
Lorsque le moteur tourne à vide, le courant I dans l'en- lorsque de fortes surcharges sont brusquement appli-
roulement série est faible et sa FMM est négligeable quées ; les moteurs compound permettent cet échange
devant celle de l'inducteur shunt . Dans ces conditions, d'énergie car leur vitesse tombe au moment de la sur-
le moteur agit comme un moteur shunt: il ne s'emballe charge .
donc pas à vide . Le graphique de la Fig . 28-16, donnant les courbes
À mesure que la charge augmente, la FMM de l'in- caractéristiques des vitesses des moteurs shunt, série
ducteur série croît, alors que celle de l'inducteur shunt et compound, illustre bien l'influence du champ série
reste constante . La FMM totale du champ est donc plus sur la vitesse .
grande en charge qu'à vide, de même que le flux . Le
moteur doit donc ralentir . La diminution de vitesse de
la marche à vide à la pleine charge est généralement de
l'ordre de 20 % à 30 % . 1,6

Le moteur compound sert à entraîner des machines po un d série


1,4

com
présentant une charge très élevée et de courte durée :
charge
étaux-limeurs, cisailles, poinçonneuses, presses, etc . 1,2 nominale
Ces machines comportent souvent un volant d'inertie unt

sh
shunt

serle
co mpoun d
di fférenti et
comPo un d

0,4

0,2

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6
couple (p .u .)

Figure 28-16
Caractéristiques vitesse-couple de divers types de moteurs
(a) à c .c .

28 .14 Inversion du sens de rotation


Si l'on désire changer le sens de rotation d'un moteur
série comm shunt, il faut inverser le sens du courant, soit dans l'in-
duit, soit dans l'inducteur.
Dans le cas d'un moteur compound, il faut inverser le
(b) shunt Eo sens du courant dans l'induit (Fig . 28-17) . Il est en-
tendu que le terme «induit» comprend les pôles de com-
mutation .

28.15 Énergie cinétique de rotation et arrêt


Figure 28-15 d'un moteur
a . Schéma des connexions d'un moteur compound avec
pôles de commutation ;
Lorsqu'un moteur démarre une charge ayant une iner-
b . Diagramme schématique d'un moteur compound avec tie importante, comme un gros volant, on constate qu'il
pôles de commutation . faut attendre plusieurs minutes avant qu'il n'atteigne

MOTEURS À COURANT CONTINU 409

ser deux méthodes :


série comm série comm
a) le freinage dynamique
b) le freinage par inversion («plugging»)
28 .16 Freinage dynamique
Considérons un moteur shunt à excitation séparée rac-
cordé à une source de tension ES . Le sens du courant Il
(a) (b)
dans l'induit et la polarité de la tension induite Eo sont
tels qu'indiqués sur la Fig . 28-18a . Si l'on néglige la
Figure 28-17
a . Connexions d'un moteur compound ; résistance de l'induit, la tension induite est sensible-
b . Inversion du sens de rotation . ment égale à la tension ES de la source .
Si l'on coupe l'alimentation de l'induit (Fig . 28-18b),
le moteur continue à tourner, sa vitesse diminuant gra-
sa vitesse de régime permanent . Si l'on coupe l'ali- duellement sous l'effet des pertes par frottement .
mentation du moteur, la période de décélération est D'autre part, le champ étant toujours alimenté, la ten-
encore plus longue, et peut atteindre une heure et plus . sion induite diminue au même rythme que la vitesse .
Le moteur devient alors une génératrice qui fonctionne
Le temps requis pour amener la charge à la vitesse fi-
à vide .
nale, ou pour l'arrêter, dépend de l'énergie cinétique
emmagasinée . Lors du démarrage, la charge reçoit de Si maintenant on raccorde l'induit à une résistance ex-
l'énergie du moteur mais, à cause de son couple li- térieure R (Fig . 28-18c), la machine fonctionne tou-
mité, il faut attendre un temps appréciable avant que la jours en génératrice et la tension induite Eo produit un
vitesse finale soit atteinte . De même, lors du ralentis- courant d'induit 12 circulant dans le sens inverse du
sement, si les pertes par friction et par ventilation sont courant original I l . Il en résulte un couple de freinage
faibles, une longue période doit s'écouler avant que d'autant plus grand que le courant 12 est grand. En pra-
cette énergie cinétique soit dissipée . Une décélération tique, on choisit une résistance R telle que le courant
lente est bien souvent inacceptable ; on doit alors ap- de freinage initial soit environ 2 fois le courant no-
pliquer un couple de freinage pour assurer un arrêt ra- minal . Dans ces conditions, le couple de freinage ini-
pide . tial est le double du couple normal du moteur .
On pourrait évidemment freiner le moteur à l'aide d'un À mesure que le moteur ralentit, la décroissance pro-
frein mécanique . Une autre approche, évitant l'usure gressive de la tension Eo produit une diminution cor-
mécanique, consiste à freiner le moteur en faisant cir- respondante du courant 1 2 . Le couple de freinage de-
culer dans l'induit un courant de sens approprié . Pour vient de plus en plus faible et il atteint finalement une
effectuer ce freinage électromécanique, on peut utili- valeur nulle lorsque l'induit cesse de tourner .

(c)

Figure 28-18
z Moteur alimenté par une source E s ;
IL Moteur débranché de la source ; il continue à tourner grâce à son inertie ;
c Induit raccordé à une résistance R . Lénergie cinétique est dissipée dans la résistance sous forme de chaleur .

410 ÉLECTROTECHNIQUE

100
sans fr einage

4) 75
N freinage dynamique
a)
N

50

25
freinage
par inversion
00
To 2 To 3 To secondes
temps
Figure 28-19
Taux de décroissance de la vitesse selon le genre de freinage utilisé .

Le freinage dynamique provoque donc une décrois- freinage dynamique, sa valeur est ajustée de façon à
sance de la vitesse qui est rapide au début, et lente vers limiter le courant initial de freinage 12 à environ 2 fois
la fin . Afin d'illustrer l'efficacité de cette méthode de le courant nominal .
freinage, nous avons représenté sur la Fig . 28-19 les Avec ce montage, contrairement au freinage dyna-
courbes de décélération obtenues par freinage dyna- mique, un couple est développé même à l'arrêt . En ef-
mique et en débranchant simplement le moteur de la fet, pour une vitesse nulle, Eo = 0 et 12 = Es /R, soit
source . environ la moitié de sa valeur initiale .
28.17 Freinage par inversion
On peut arrêter un moteur encore plus rapidement en
utilisant le freinage par inversion . Cette méthode con-
siste à inverser brutalement le sens du courant dans
l'induit en intervertissant les bornes de la source (Fig .
28-20) . (a)
En marche normale (moteur), le courant I i absorbé par
l'induit vaut : Ii = (Es - E,)/Ro, où Ro représente la ré-
sistance de l'induit . Si l'on intervertit subitement les
bornes de la source, la tension résultante agissant sur
l'induit devient (Eo + Es ) . Cette tension fera aussitôt
circuler dans le sens inverse un courant dont la valeur
est I = (Eo + E s )/R o . Si l'on ne prenait aucune mesure
pour le limiter, ce courant serait énorme, plus de 50
fois supérieur à l'intensité normale . Il produirait un arc
(b)
autour du collecteur provoquant la destruction des la-
mes, des balais et de leurs supports avant même que
les disjoncteurs de sécurité aient le temps d'ouvrir le
circuit .
Pour éviter une telle catastrophe, il faut introduire une
résistance R en série avec l'induit au moment où l'on Figure 28-20
intervertit les bornes (Fig . 28-20b) . Comme pour le a . Moteur alimenté par une source E s ,
b . Moteur alimenté par la source, mais dans le sens inverse .

MOTEURS À COURANT CONTINU 41 I

Dès que le moteur s'arrête, il faut ouvrir immédiate- égale au produit de la tension Eo générée dans l'induit
ment l'interrupteur, sinon le moteur repart en sens in- et du courant initial circulant dans celui-ci .
verse . Habituellement, cette ouverture est commandée
automatiquement par un dispositif sensible à la vitesse
Exemple 28-6
nulle . Un moteur à c .c . de kW . 250 V, 1200 r/min
entraîne une charge possédant une grande inertie
Les courbes de la Fig . 28-19 permettent de comparer
dont la valeur totale, rapportée à l'arbre du moteur .
le freinage par inversion avec le freinage dynamique,
est de 177 kg •m - . En régime normal, le moteur est
le courant initial étant le même dans les deux cas . On
branché à une source de 210 V, et sa vitesse est de
constate que le freinage par inversion arrête le moteur
1280 r/min . On utilise une résistance extérieure de
complètement à un instant où la vitesse par freinage
0,2 S2 pour arrêter le moteur par freinage dynami-
dynamique vaut encore 25 % de sa valeur originale . que . Calculer :
Cependant, la grande simplicité du freinage dynamique
le rend plus populaire dans la plupart des applications . a) la valeur du temps T T ,
b) le temps requis pour que i vitesse tombe à
28 .18 Constante de temps mécanique d'un 80 r/min
système de freinage
Estimer le temps requis pour atteindre 80 r/min
Lorsqu'on utilise le freinage dynamique, la vitesse d'un sans freinage dynamique . sachant que les pertes
moteur décroît exponentiellement avec le temps . On par frottement, par aération et dans le fer sont de
peut alors définir un demi-temps mécanique T o simi- 8 kW
laire au demi-temps électrique d'un circuit RC . La va-
leur de To est le temps requis pour que la vitesse du Solution
moteur tombe à 50 % de sa valeur précédente . Con- a) Avant le moment du freinage, la tension aux bornes
naissant la valeur de To , il est facile de tracer la courbe de l'induit est de 210 V, et la vitesse est de 1280 r/min .
de décroissance de la vitesse en suivant la méthode Lorsque l'induit est subitement branché sur la résis-
expliquée à la section 19-7 du chapitre 19 . tance de 0,2 S2, la tension induite Eo est encore près de
On peut prouver que la valeur de T o est donnée par : 210 V. Le courant initial lors du freinage est :
I=Eo/R=210V/0,252=1050A

Jnl La puissance de freinage initiale de l'induit est donc :


T0 _ (28-6)
P = E0 I = 210 x 1050 = 220,5 kW
132 P t
Le demi-temps T o est donné par l'équation 28-6 :
2
Jn
To = temps requis pour que la vitesse du moteur To =
tombe à la moitié de sa valeur initiale [s] 132 P t
J = moment d'inertie du moteur et de sa charge, 2
rapporté à l'arbre du moteur [kg .m2] 177 x 1280
= lOs
ni = vitesse au début du freinage [r/min] 132 x 220 500
Pl = puissance de freinage initiale développée par
l'induit [W] b) Il s'ensuit que la vitesse du moteur diminue de moi-
132 = constante tenant compte des unités [valeur tié pour chaque intervalle de 10 s . Le tableau suivant
exacte = (30/jr)2 /loge 2] donne la vitesse et le temps correspondant .

Cette équation suppose que le freinage est attribuable vitesse [r/min] temps [s]
entièrement à la puissance dissipée dans la résistance . 1280 0
En pratique, les pertes par frottement et aération s'a- 640 10
joutent à cette puissance de sorte que le temps d'arrêt
320 20
est plus court que celui indiqué par l'équation 28-6 .
Noter que la puissance de freinage est en tout temps 160 30
80 40

412 ÉLECTROTECHNIQUE

On constate que la vitesse atteint 80 r/min après une Le courant initial de freinage est:
période de 40 s .
c) Les pertes par frottement, par aération et dans le fer E = 420
i = = 1050 A
ne varient pas exactement de la même façon que les R 0,4
pertes joules dans une résistance de freinage . Cepen-
La puissance initiale de freinage développée par l'in-
dant, leur comportement est semblable, ce qui nous
duit est:
permet de faire une estimation du temps de freinage .
On a: P r = EO I = 210 x 1050 = 220,5 kW
n i = 1280 r/min P r = 8000 W D'après l'équation 28-6, il s'ensuit que la valeur de To
Le nouveau temps T 112 est : demeure inchangée, donc To = 10 s .

2 b) Le temps pour arrêter la machine complètement est


T _ Jni _ 177 x 1280 alors :
0
132 P, 132 x 8000
T=2T0 =2x10=20s
= 275 s = 4,6 min
Dans certains systèmes de commande, il faut que le
Le temps d'arrêt augmente en proportion de T0 . Par moteur puisse changer de vitesse avec une extrême ra-
conséquent, le temps requis pour atteindre 80 r/min pidité. Dans ces circonstances, on a intérêt à réduire
est : l'inertie de l'induit au minimum (Fig . 28-21) .
t= 275 s
x 40s = 1100s
10 s
= 18,3 min
Théoriquement, il faut un temps infini pour freiner un
moteur dont la vitesse décroît de façon exponentielle ;
en pratique, on peut considérer que la machine s'ar-
rête après un intervalle égal à 5T0 .
Si le moteur est freiné par inversion, on peut prouver
que le temps d'arrêt est donné par :
Figure 28-21
Induit de moteur à c .c . ultra-rapide . Son inertie a été réduite
ts = 2T0 (28-7) au minimum en supprimant le noyau d'acier traditionnel . Ne
comportant plus que les enroulements et le collecteur, l'induit
où peut accélérer de zéro à 1200 r/min en 1 milliseconde
ts = temps de freinage par inversion [s] (gracieuseté de Honeywell) .
To = «demi-temps» mécanique du système [s]

Exemple 28-7
Dans l'exemple 28-6, on se propose d'utiliser le frei- 28.19 Enroulement de compensation
nage par inversion . On choisit une résistance de frei- Certains moteurs de 100 kW à 10 000 kW, utilisés pour
nage de 0 .4 £2 alun que le courant de freinage initial entraîner les laminoirs, sont soumis a des cycles de fonc-
reste le même qu'auparavant . Calculer : tionnement très exigeants . Ils doivent accélérer, décé-
a) la puis .~ance de freinage initiale P r lérer, s'arrêter, changer de sens de rotation dans des
b) le temps requis pour arrêter le moteur temps très courts . Donc, le courant circulant dans l'in-
duit augmente, diminue et change de sens de façon sac-
Solution cadée, ce qui provoque de brusques variations de la
a) La tension aux bornes de la résistance au début du réaction d'induit .
freinage est:
Pour ces moteurs, les pôles de commutation ne suffi-
E = Eo + Es = 210 + 2 10 = 420 V sent pas à maîtriser complètement la réaction d'induit .

MOTEURS À COURANT CONTINU 413

On doit faire appel à un enroulement de compensation non compensé est limité à des valeurs nettement plus
raccordé également en série avec l'induit mais logé dans faibles en raison de la réaction d'induit qui affaiblit
la face des pièces polaires (Fig. 28-22) . Tout comme le flux ¢ provenant de l'inducteur ;
l'enroulement de commutation, cet enroulement pro- 4 . Lors des changements de couple brusques, la pos-
duit une FMM égale et opposée à la FMM de l'induit . sibilité de créer un arc entre les balais à la surface
Cependant, puisqu'il est réparti dans plusieurs enco- du collecteur est réduite .
ches, la FMM de l'induit est annulée point par point,
ce qui permet d'éviter la distribution inégale du champ L'enroulement de compensation est donc essentiel sur
observée à la Fig . 27-19 . les gros moteurs à c .c . qui doivent subir des variations
de charges très brusques .

28-20 Moteurs à aimant permanent


Nous avons vu que dans un moteur shunt le champ
magnétique est produit par un courant d'excitation cir-
culant dans les bobines excitatrices . L'energie dépen-
sée, la chaleur dégagée et l'espace relativement impor-
tant occupé par ces bobines constituent parfois des in-
convénients du moteur à c .c . conventionnel . On peut
éviter ces inconvénients en remplacant les bobines par
des aimants permanents . Il en résulte un moteur plus
petit et qui ne risque pas de s'emballer à cause d'une
défaillance du champ .
De plus, comme la perméabilité des aimants est pres-
que égale à celle de l'air, la longueur effective de
l'entrefer est augmentée des dizaines de fois . Par con-
séquent, la réaction d'induit crée un champ magnéti-
que beaucoup plus faible que celui résultant de l'utili-
Figure 28-22
sation de pièces polaires en fer doux . Le champ créé
Moteur à 6 pôles avec enroulements de compensation logés
dans des encoches taillées dans la face des pôles . La par les aimants ne subit donc pas la forte distorsion
machine possède en outre 6 pôles de commutation . Ces deux montrée à la Fig . 27-19 . Par conséquent, la commuta-
enroulements compensent, point par point, la FMM créée par tion et la capacité de surcharge du moteur sont amélio-
induit (gracieuseté de General Electric Company) .
rées . Un dernier avantage provient du fait que l'induc-
tance de l'induit est réduite, ce qui diminue le temps
de réponse de la machine lors des changements rapi-
L'ajout d'un enroulement de compensation a une des du courant d'induit.
grande influence sur la conception et la performance
Mentionnons toutefois deux inconvénients de ce type
d- un moteur à c .c . :
de moteur: le coût relativement élevé des aimants et
1 . La longueur de l'entrefer peut être réduite car on l'impossibilité d'augmenter la vitesse du moteur en
n'a plus à se soucier de l'effet de la réaction d'in- réduisant le champ magnétique .
duit sur le champ de l'inducteur ; Les moteurs à aimant permanent sont particulièrement
'2 L'inductance du circuit de l'induit est réduite par utiles dans la gamme des puissances inférieures à 5 kW.
un facteur 4 ou 5 ; par conséquent, le courant dans Les aimants utilisés sont en céramique (ferrite) ou
l'induit peut changer plus rapidement, ce qui as- en alliage de terres rares et de cobalt . La Fig . 28-23
sure une meilleure réponse de la machine ; montre la construction d'un moteur de 1,5 hp, 90 V,
3- Le couple crête peut atteindre 3 ou 4 fois le couple 2900 r/min . Son induit allongé assure une faible iner-
nominal du moteur . Le couple crête d'un moteur tie et une réponse rapide dans les systèmes asservis .
414 ÉLECTROTECHNIQUE

générateur ou frein moteur


ID
â
quadrant 2 o quadrant 1
U

+
-- vitesse

quadrant 3 quadrant 4

moteur générateur ou frein

Figure 28-23
Moteur à aimant permanent de 1,5 hp, 90 V, 2900 r/min,
14,5 A . Nombre d'aimants : 2 ; type d'aimant : ferrite ; Figure 28-24
diamètre de l'induit : 73 mm ; longueur de l'induit : 115 mm ; Un système d'entraînement électrique peut fonctionner dans
nombre d'encoches : 20 ; nombre de lames du collecteur : les 4 quadrants .
40 ; nombre de spires par bobine : 5 ; conducteur :
n° 17 AWG ; type d'enroulement : imbriqué ; résistance de
l'induit à 20 °C = 0,34 bQ (gracieuseté de Baldor Electric
Company) .
tionnement, identifiés respectivement quadrants 1, 2 .3
et 4 (Fig . 28-24) .
Lorsqu'une machine fonctionne dans le quadrant 1, le
PRINCIPES FONDAMENTAUX DES couple et la vitesse sont positifs, de sorte que ces deux
ENTRAÎNEMENTS ÉLECTRIQUES grandeurs agissent dans le même sens (disons dans le
sens horaire) . Par conséquent, une machine fonction-
nant dans ce quadrant fonctionne nécessairement en
28 .21 Les quatre quadrants de moteur : elle fournit de la puissance mécanique à la
fonctionnement
charge (voir section 1 .20) .
Nous venons de voir les divers équipements utilisés pour
La Fig . 28-25a montre le circuit de la machine lors-
le démarrage et l'arrêt des moteurs à courant continu .
qu'elle fonctionne comme moteur . La tension Es de la
Nous avons vu aussi qu'il existe des applications in-
source est légèrement supérieure à la tension induite
dustrielles où un moteur doit fonctionner à des vitesses
Eo, de sorte que le courant I entre par la borne positive
et couples variables, parfois dans les deux sens de ro-
(+) . La résistance de l'induit étant R, la valeur du cou-
tation . En plus d'agir comme moteur, la machine doit
rant I est donnée par:
fonctionner comme générateur ou comme frein pen-
dant de courts intervalles . Par exemple, dans une lo- I = (Es - Eo )IR
comotive électrique le moteur peut tourner dans le sens Une machine fonctionne aussi en moteur dans le qua-
horaire ou antihoraire et le couple peut agir soit dans le drant 3, sauf que le couple et la vitesse sont tous deux
même sens que la rotation, soit dans le sens opposé . En inversés par rapport au quadrant 1 (Fig . 28-25b) . Dans
d'autres mots, la vitesse et le couple peuvent être posi- le cas illustré, on a simplement changé la polarité de la
tifs ou négatifs, indépendamment l'un de l'autre . source Es .
C'est au moyen d'un graphique que l'on peut le mieux Lorsque le moteur fonctionne dans le quadrant 4, sa
décrire le comportement d'un entraînement électrique . vitesse est positive alors que le couple est négatif (Fig .
Les vitesses positives et négatives sont affichées sur 28-26a) . Le moteur fonctionne donc comme généra-
l'axe horizontal, tandis que les couples positifs et né- teur. Cette condition se produit lorsque la tension in-
gatifs sont représentés sur l'axe vertical . Les deux axes duite Eo est plus grande que celle de la source . Par con-
séparent le graphique en quatre quadrants de fonc- séquent, le courant sort par la borne (+) de Eo . Puisque

MOTEURS À COURANT CONTINU 415

QUADRANT2 QUADRANT1
(+)

R=252 R=252 T
(+)

générateur
n = - 900 r/min
T=+4,8 N-m

Figure 28-26b Figure 28-25a

R=252

Figure 28-27b vitesse n


(+)

0
QUADRANT3 QUADRANT4

R=252

I=5A

moteur
n = - 900 r/min
T=-4,8 N •m

Figure 28-25b Figure 28-26a

(-) Figure 28-27a



416 ÉLECTROTECHNIQUE

le courant entre par la borne (+) de la source, la puis-


sance débitée par la machine est fournie à la source,
frein
sauf pour la faible portion dissipée dans la résistance
R . Dans ces circonstances, le moteur ralentit, et on dit
qu'il y a freinage par récupération d'énergie . À me- moteur
sure que la machine ralentit, l'énergie cinétique des
n
parties tournantes est retournée au réseau d'alimenta-
tion . Dans le cas des gros moteurs, on préfère ce mode
génératrice
de freinage à celui où l'énergie est simplement dissi-
pée en chaleur. 0
Toujours dans le quadrant 4, si l'on intervertit la pola-
rité de Es , la polarité de Eo agit dans le même sens que \`
celle de la source (Fig . 28-27a) . La valeur du courant courbe 1
courbe 2
est maintenant
Figure 28-28
I = (Es + Eo )IR Courbes du couple en fonction de la vitesse d'un moteur shunt
à c .c . La courbe en pointillé est obtenue en intervertissant
Il en résulte un gros courant qui circule dans le sens les bornes de l'induit .
indiqué . Le moteur débite une puissance E0I en même
temps que la source débite une puissance ES I. La somme
de ces deux puissances est dissipée dans la résistance comme frein dans le quadrant 4 . Cela démontre que.
R . Dans ces circonstances, même si le moteur fonc- selon les connexions, la machine peut fonctionner
tionne encore en générateur, on dit qu'il agit en frein comme frein ou comme génératrice dans les quadrants
parce que la puissance électrique qu'il génère est en- 2et4.
tièrement convertie en chaleur dans la machine . Le ren-
Les systèmes d'entraînement à vitesse variable sont
dement est nul et l'induit du moteur surchauffe
conçus pour faire varier graduellement la vitesse et le
rapidemment .
couple, afin de satisfaire aux exigences de la charge .
Lorsque le moteur fonctionne dans le quadrant 2, les On atteint cet objectif en déplaçant la courbe (1) hori-
conditions sont analogues à celle du quadrant 4, sauf zontalement, vers la gauche ou vers la droite, selon le
que la polarité des tensions, le sens des courants, la besoin .
vitesse et le couple sont inversés .
Dans le cas d'une machine shunt, ce déplacement est
Les valeurs données dans les Fig . 28-25, 28-26 et obtenu en faisant varier la tension de la source qui ali-
28-27 servent uniquement à illustrer les principes mente l'induit, en gardant le champ fixe . Lorsque la
de fonctionnement . tension augmente, la vitesse augmente, et la courbe (1)
28 .22 Courbe du couple en fonction de la se déplace vers la droite, tout en gardant la même pente .
vitesse En effet, la pente demeure la même tant que la résis-
tance de l'induit et le flux de l'inducteur shunt demeu-
La courbe du couple en fonction de la vitesse d'un
rent constants . Cela décrit précisément le comportement
moteur shunt à c .c . illustre bien les différents modes de
du moteur M dans le système Ward Leonard discuté à
fonctionnement de la machine comme moteur, comme
la section 28 .5 .
génératrice ou comme frein .
En se référant à la courbe (1) de la Fig . 28-28, la ma- 28.23 Courbes T - n relatives en p .u .
chine agit comme moteur dans le quadrant 1, comme Le couple T et la vitesse n sont les deux principales
frein dans le quadrant 2 et comme génératrice dans le caractéristiques d'un moteur. Comme il existe une
quadrant 4 . En intervertissant la polarité de la source grande variété de machines, dont la puissance, la ten-
(ou en intervertissant les bornes de l'induit ou du sion, la vitesse et le champ magnétique peuvent varier
champ), on obtient la courbe (2) montrée en pointillé . dans une gamme importante, il est utile de relativiser
La machine fonctionne alors comme moteur dans le ces différentes grandeurs . Il s'agit alors d'exprimer ces
quadrant 3, comme génératrice dans le quadrant 2 et grandeurs en unités relatives (p .u .) .


MOTEURS À COURANT CONTINU 417

son couple nominal (T pu = 1) à la vitesse nominale


(npu = 1) . La vitesse nominale constitue la vitesse de
p base («base speed»> .

Pour faire décroître la vitesse en dessous de sa valeur


nominale, on diminue graduellement la tension Epu de
1 à zéro, tout en gardant constants le courant d'induit
et le flux (I pu = 1, Opu = 1 ) . En appliquant la formule
Figure 28-29
28-8, on trouve que le couple relatif Tpu est alors égal à
Schéma d'un moteur shunt montrant les grandeurs relatives 1:
de tension, courant, flux, vitesse et couple. Tpu =0pu XIPu =1x1=1
Cela indique que durant cette phase d'opération (Fig .
Pour développer la courbe T-n en p .u ., choisissons un 28-30), le couple conserve sa valeur nominale . Donc,
moteur shunt à excitation séparée (Fig . 28-29) . Il se lorsque la vitesse npu est comprise entre zéro et 1, le
prête bien à une commande de la vitesse et du couple . moteur fonctionne dans le mode dit à couple constant.
Toutefois, on doit respecter les limites de performance Durant la même phase d'opération, et d'après la for-
de la machine . Ainsi, on ne doit pas dépasser les va- mule 28-9, la tension relative Epu est donnée par :
leurs nominales du courant d'induit, de la tension d'in-
Epu = npu X Opu = n pu x 1 = npu
duit, ni du flux de l'inducteur. On peut évidement utili-
ser des valeurs inférieures . Comme Epu = npu, on obtient une droite inclinée à 45° .
Les Fig . 28-30 et 28-31 montrent les relations entre
La tension E aux bornes de l'induit, le courant I dans
Epu , n pu , Ipu et Op ,, pendant le mode à couple constant
l'induit, le flux 0 et la vitesse n sont exprimés en va-
(pour n pu plus petit que 1,0) .
leurs relatives (p .u .) . Par exemple, si la tension nomi-
nale E est de 240 V et le courant nominal I de 600 A,
ces deux grandeurs auront une valeur relative de 1 . De ,pu
1,0
même, si le flux 0 a une valeur nominale de 5 mWb, sa Ipu
valeur relative est aussi de 1 . Epu
u i i
Dans les explications qui suivent, nous utiliserons les
symboles suivants pour la notation des valeurs réelles
couple mo i, puissance,,
et relatives : constant constante
0
valeur réelle E I n T 0 1,0 2,0
valeur relative Epu Ipu n pu Tpu opu vitesse npu

L'avantage du système p .u . est qu'il permet de formu- Figure 28-30


Tension et courant relatifs en fonction de la vitesse relative .
ler des relations simples entre ces différentes grandeurs,
.et d'en déduire une courbe couple-vitesse universelle .
On sait, par exemple, que le couple Test proportionnel
m produit du flux 0 et du courant d'induit I . . En va-
leurs relatives, on peut donc écrire:
Tpu = 0pu X Ipu (28-8)
sait aussi que la tension E de l'induit est propor-
couple
elle au produit de la vitesse n et du flux 0. En ~F puissance
1

constant constante
urs relatives, on peut donc écrire : 0
0 1,0 1,25 2,0
Epu = npu X OPU (28-9)
vitesse n pu
point de départ logique sur la courbe relative T-n
Figure 28-31
.28-30) correspond à celui où le moteur développe Flux relatif en fonction de la vitesse relative .





418 ÉLECTROTECHNIQUE

On constate d'après la Fig . 28-30 que, à couple cons- vitesse dépasse de beaucoup la vitesse nominale .
tant, on ne peut augmenter la vitesse au-dessus de sa problèmes de commutation se manifestent et les fo
valeur nominale (npu > 1), car on ne peut pas augmen- centrifuges risquent de devenir dangereuses .
ter la tension de l'induit au delà de sa valeur nominale .
Lorsque la vitesse est inférieure à sa valeur nomin
Par conséquent, pour augmenter la vitesse, la seule so-
l'aération est moins bonne et l'échauffement tend `
lution est de maintenir Ep „ = 1 et de réduire le flux . En
dépasser la limite permise . Par conséquent, on doit ré -
se référant à la formule 28-9, on peut écrire
duire le courant dans l'induit, ce qui diminue le cou-
ple . Enfin, lorsque la vitesse est nulle, la ventilation
Epu = npu x 0P , éq . 28-9
forcée cesse et même le courant du champ shunt doit
soit 1=nom x opu être réduit afin de ne pas surchauffer les bobines . Le
couple à induit bloqué peut alors n'avoir qu'une valeur
_ 1 relative de 0,25 .
donc opu
npu La diminution importante imposée au couple à me-
sure que la vitesse décroît peut être résolue en utili-
Durant ce mode de fonctionnement en survitesse, le
sant une ventilation externe pour refroidir le moteur-
courant d'induit peut être gardé à sa valeur nominale,
Ip „ = 1 . En appliquant la formule 28-8, il s'ensuit que : Elle fournit un débit constant d'air frais, indépendam-
ment de la vitesse du moteur. Dans ces circonstances
Tpu = op„ x Ipu éq . 28-8 la courbe relative T-n s'approche de celle montrée à la
Fig . 28-32 .
1 xl
npu
Epu = Ipu = opu =1
1 1,0
d'où Tpu =
Tpu
npu
0,5 1
Donc, lorsqu'on dépasse la vitesse nominale, le couple couple puissance
relatif Tpu diminue en rapport inverse avec la vitesse iii
constant 'i constante
relative npu . Étant donné que la tension Ep„ et le cou- 0
rant Ipu sont tous deux égaux à 1 durant cette phase 0 1,0 2,0
d'opération, la puissance électrique relative fournie au vitesse npu
moteur est:
Figure 28-32
Caractéristique théorique T-n normalisée d'un moteur shunt .
Ppu =Epu XIpu =1x1=1 montrant les modes d'opération à couple constant et à
puissance constante .
Durant cette phase, le moteur développe donc sa puis-
sance nominale . Pour cette raison, en survitesse, le
mode de fonctionnement est dit à puissance constante . o
Un moteur shunt idéal doit donc fonctionner à l'inté- 1,0 E c
rieur des limites T-n imposées par la courbe relative de I nT= 1 E t
I o
la Fig . 28-32 . 0,75 I / U C
T I û Û
En pratique, des considérations thermiques et mécani- 0,5 -1 d Û
E o
ques viennent diminuer les limites théoriques de la Fig . 0,25
28-32 . 2 0
o. N
0 I
La Fig . 28-33 montre la courbe T-n typique d'un mo- 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 2,0

teur shunt quelconque . Cette courbe indique une vi- , vitesse n


tesse npu maximale de 2, mais dans certaines machines
Figure 28-33
on peut atteindre des valeurs allant jusqu'à 3 ou 4, en Caractéristique T-n normalisée d'un moteur shunt réalisable
réduisant le flux suffisamment . Cependant, lorsque la en pratique .

MOTEURS À COURANT CONTINU 419

28-24 Résumé 28-6 Expliquer pourquoi le courant d'induit d'un


Dans ce chapitre, nous avons vu que la construction du moteur shunt diminue à mesure que celui-ci accélère .
moteur à courant continu est identique à celle de la
28-7 Pourquoi faut-il employer un rhéostat de dé-
génératrice à courant continu et qu'il possède les mê-
marrage avec un moteur à courant continu?
mes modes d'excitation . Comme dans le cas de la gé-
nératrice, une tension est induite dans les enroulements 28-8 Montrer une façon de changer le sens de rota-
de l'induit lorsque le moteur tourne . C'est la différence tion d'un moteur compound .
entre la tension de source appliquée à l'induit et cette
28-9 Un moteur shunt est branché sur une ligne de
tension induite qui provoque la circulation du courant
230 volts, et le courant nominal tiré par l'induit est de
dans l'induit . Le couple développé par le moteur est
60 A . Sachant que la résistance de l'induit est de 0,15 £2,
proportionnel au courant d'induit et au champ magné-
calculer :
tique créé par l'inducteur. Pour régler la vitesse d'un
moteur à courant continu, on peut changer le flux créé a) la f.c .é .m, en volts
par l'inducteur ou faire varier la tension de la source . b) la puissance fournie à l'induit, en kilowatts
Lors du démarrage du moteur on doit limiter le cou- c) la puissance dissipée par effet Joule dans l'induit,
rant d'induit à l'aide d'une résistance, comme dans les en watts
démarreurs manuels, ou en contrôlant la tension de d) la puissance mécanique débitée par le moteur, en
source . Pour diminuer le temps d'arrêt dû à l'inertie du kW et en hp
moteur et de sa charge on peut utiliser le freinage dy- 28 .10 Dans le problème 28-9,
namique . Le moteur fonctionne alors en génératrice et
son énergie cinétique est dissipée rapidement dans la a) quelle serait la valeur du courant de démarrage si le
résistance de charge . On obtient un arrêt encore plus moteur était branché directement sur la ligne, au
départ?
rapide en appliquant le freinage par inversion .
b) quelle est la résistance du rhéostat de démarrage qui
Dans certains procédés, le moteur suit différents mo-
limiterait ce courant à 115 ampères?
des de fonctionnement. Selon les signes respectifs du
couple et de la vitesse, le moteur peut agir comme 28.11 Sur quels types de moteurs à c .c . doit-on po-
moteur, commefrein ou comme génératrice . Son point ser des enroulements de compensation?
d'opération peut alors se déplacer sur la caractéristi- Niveau intermédiaire
que couple-vitesse et occuper successivement un des
quatre quadrants délimités par les axes du couple et de 28-12 La Fig . 28-34 représente une partie d'un mo-
la vitesse. teur à c .c . possédant 6 pôles . Le moteur tourne dans le
sens antihoraire et les pôles principaux ont les polarités
indiquées .

PROBLÈMES - CHAPITRE 28 a) Dans quel sens le courant circule-t-il dans les con-
ducteurs de l'induit situés au-dessous du pôle N?
Niveau pratique
b) Dans quel sens le courant doit-il circuler dans l'en-
28-1 Nommer les trois modes d'excitation des mo- roulement de commutation?
teurs à courant continu . Tracer les schémas de con-
nexions .
28-2 Expliquer l'effet générateur dans un moteur .
28-3 De quoi dépend la force contre-électromotrice
d'un moteur?
28-4 La f.c .é .m . d'un moteur qui fonctionne norma-
lement est légèrement inférieure à la tension appliquée
sur l'induit . Expliquer.

28-5 De quelles façons peut-on faire varier la vitesse Figure 28-34


d'un moteur à courant continu? Voir problème 28-12 .






420 ÉLECTROTECHNIQUE

c) Qu'arriverait-il au couple développé par le moteur b) Calculer la résistance de l'induit ainsi que la force
si l'on faisait circuler le courant d'induit instanta- contre-électromotrice, sachant que la moitié des
nément dans le sens inverse? Qu'arrive-t-il à la va- pertes à pleine charge sont dues à la résistance de
leur et à la polarité de la f.c .é .m .? l'induit .
28-13 Un moteur compound (Fig . 28-15) a 1200 spi- c) Quelle est la valeur approximative du courant d'ex-
res par pôle sur l'inducteur shunt et 25 spires sur l'in- citation si le champ shunt consomme 20 % des per-
ducteur série . Le moteur est raccordé à une source de tes totales à pleine charge?
230 volts et son courant nominal est de 23 A . La résis- d) Quel sera le courant d'excitation approximatif pour
tance totale de l'inducteur shunt est de 115 ohms . Cal- obtenir une vitesse de 1100 r/min?
culer :
28-16 Un système de commande Ward-Leonard (Fig
a) la FMM totale par pôle, à pleine charge 28-5) est composé d'une génératrice de 1000 kW en-
b) la FMM totale, à vide traînant un moteur de laminoir de 800 kW. Lors du la-
minage d'un lingot d'acier, on observe les vitesses, ten-
28-14 Un moteur à excitation séparée tourne à
sions et courants indiqués à la Fig . 28-35 . À partir de
1200 r/min quand l'induit est alimenté par une source
ces données, calculer :
de 115 volts . Quelle tension faudrait-il employer pour
que la vitesse devienne environ 1500 r/min? 100 r/min? a) la puissance fournie à l'induit aux instants suivants :
t = 2, 10, 25 et 40 secondes
28-15 On donne les spécifications suivantes pour un
b) le couple aux mêmes instants, en kN .m
moteur shunt :
c) le temps requis pour abaisser le courant IXm du
puissance 180 kW champ de 280 A à 160 A
tension 230 V d) la puissance maximale du champ évaluée en pour-
vitesse 435 r/min centage de la puissance du moteur, sachant que la
courant de pleine charge 832 A tension d'excitation est de 200 V
isolation classe 180 °C e) l'énergie fournie au moteur durant l'intervalle de 0
masse 3400 kg à 40 secondes. Quel est le coût de l'énergie dépen-
sée si l'aciérie paie 4,5e le kW-h?
diamètre extérieur 915 mm
longueur de la carcasse 1260 mm 28-17 On désire arrêter un moteur en utilisant le sys-
tème de freinage dynamique représenté par le circuit
a) Calculer le rendement ainsi que les pertes totales
de la Fig . 28-18 . Le moteur a une puissance de 90 kW .
du moteur à pleine charge .

A
300
Ixm Ix du moteur
280 A
160 A
0
200 A
1700 A
V 12 0 A ~~ 1100 A
900
ES 120V
60 V
r/min
1 8500 V

400 0
32 r/min 320 16 r/min
t r/min
l i
0
10 15 20 25 30 35 40 45s
- temps

Figure 28-35
Tension, courants et vitesse d'un moteur de laminoir (problème 28-16) .

MOTEURS À COURANT CONTINU 421

un courant nominal d'induit de 400 A et il tourne à 28-23 Un train de métro avec ses passagers a une
400 r/min sous une tension ES de 240 V. Calculer : masse de 30 tonnes .
a) la valeur de la résistance de freinage R si l'on désire a) Quelle est son énergie cinétique lorsqu'il roule à
limiter le courant de freinage '2 à 125 % de sa va- une vitesse de 120 km/h?
leur nominale b) Ce train est équipé de 4 moteurs série ayant chacun
b) la puissance de freinage (en kW) lorsque le moteur une puissance de 114 kW. En combien de temps
tourne à 200 r/min, 50 r/min, 0 r/min passe-t-il de 0 à 120 km/h en supposant que la moi-
28-18 a) On utilise le freinage par inversion pour ar- tié de la puissance est disponible pour l'accéléra-
rêter le moteur du problème 28-17 . Le moteur a une tion?
puissance de 90 kW, un courant nominal d'induit de 28-24 Lorsqu'on diminue le courant d'excitation
400 A et il tourne à 400 r/min sous une tension ES de nominal d'un moteur shunt de 50 %, la vitesse aug-
240 V. Quelle doit être la valeur de R (Fig . 28-20) afin mente, mais jamais du double . Expliquer.
que le courant maximal de freinage soit encore limité
à 125 % de sa valeur nominale? 28-25 La vitesse d'un moteur série diminue à me-
sure que sa température augmente, tandis que celle d'un
b) Quelle est la puissance de freinage (en kW) lorsque
moteur shunt augmente . Expliquer.
le moteur tourne à 200 r/min? 50 r/min? 0 r/min?
c) Comparer la puissance de freinage avec la puissance 28-26 Un moteur série de 100 kW tourne à une vi-
instantanée dissipée dans la résistance R au moment tesse de 800 r/min lorsque son courant de charge est
où le moteur tourne à 50 r/min . de 600 A . Si le courant diminue de moitié, la vitesse
doublera-t-elle? Expliquer .
28-19 Dans la Fig . 28-34, montrer l'allure du champ
magnétique dans l'entrefer au-dessous des pôles N et 28-27 La tension appliquée à un moteur shunt aug-
S si les pôles de commutation n'existaient pas . mente de 10 % . De combien sa vitesse est-elle affectée?
28-20 Dans la Fig . 28-22, combien d'encoches sont 28-28 Une machine à papier comprend un moteur à
taillées dans la face de chaque pôle principal pour re- c .c . qui enroule le papier sur un grand rouleau dont le
cevoir l'enroulement de compensation? Combien de diamètre augmente graduellement de 300 mm à
bobines de compensation y a-t-il en tout? 1000 mm . Le débit de papier est constant et la feuille
est maintenue sous une tension fixe . Le moteur déve-
28-21 Un moteur à c.c. possédant des enroulements
loppe une puissance de 50 kW et tourne à 600 r/min
de compensation et de commutation est appelé à fonc-
lorsque l'on commence le rouleau. Quelles doivent être
tionner comme génératrice pendant de courtes périodes .
sa vitesse et sa puissance lorsque le rouleau est ter-
Doit-on changer les connexions de ces enroulements
miné?
pendant les périodes de fonctionnement en génératrice?
Expliquer. 28-29 On désire calculer les valeurs des 4 résistances
du démarreur de la Fig . 28-11, utilisé pour un moteur
Niveau avancé
shunt de 60 kW, 320 V, 200 A, 775 r/min dont la résis-
28-22 L'induit d'un moteur à c .c . de 225 kW, tance d'induit est de 0,05 S2 . À vide, le moteur tourne à
1200 r/min (Fig . 28-4a) a un diamètre de 559 mm une vitesse de 800 r/min . Le moteur entraîne un con-
et une longueur axiale de 235 mm . voyeur qui impose un couple constant égal au couple
nominal du moteur.
a) Calculer son moment d'inertie sachant que la masse
volumique du fer est de 7900 kg/m 3 . Négliger la Lors du démarrage, on désire limiter le courant maxi-
présence des dents . mal d'induit à 200 % du courant nominal . Avant de
b) Calculer l'énergie cinétique de l'induit lorsqu'il changer de plot, on attend que la vitesse du moteur se
soit stabilisée. Déterminer, d'après ces données, la va-
tourne à 1200 r/min .
leur de chacune des résistances R,, R 2 , R3 et R4 . Quel-
c) En supposant que le moment d'inertie des enroule-
les sont les vitesses successives atteintes par le moteur
ments et du collecteur est égal à celui de l'induit
à la fin des cinq périodes d'accélération?
calculé précédemment, déterminer l'énergie cinéti-
que totale du rotor pour une vitesse de 600 r/min .
29
Pertes, échauffement, rendement
et dimensions des machines
électriques
Nous avons déjà vu au chapitre 1 que la transforma- 2 . du frottement des balais sur le collecteur ou sur les
tion de l'énergie d'une forme en une autre au moyen bagues ;
d'une machine s'accompagne toujours d'une certaine 3 . du frottement de l'air sur l'induit et sur le ventila-
perte de puissance . Cette perte se produit dans la ma- teur destiné au refroidissement de la machine .
chine elle-même et donne lieu :
Les pertes qui proviennent du frottement du rotor sur
1 . à un échauffement des différentes parties de la ma- des organes fixes (paliers, balais) contribuent à l'échauf-
chine ; fement de la machine . Plus la machine tourne vite, plus
2 . à une diminution du rendement de la machine, la les pertes mécaniques deviennent importantes . Ces
puissance débitée par la machine étant inférieure à pertes dépendent de nombreux facteurs et il est très
la puissance qui lui est fournie . difficile de prédire leur valeur. Pour les déterminer avec
exactitude, il faut faire des essais sur la machine .
L'étude des phénomènes occasionnant des pertes de
puissance est d'un grand intérêt, car elle nous révèle 29 .2 Pertes électriques dans les
conducteurs
comment ces pertes peuvent être réduites . Dans ce cha-
pitre, nous analysons les pertes dans les machines à Les pertes électriques sont divisées en deux catégo-
c .c ., mais les mêmes remarques s'appliquent à la plu- ries : les pertes dans les conducteurs et les pertes dans
part des machines à courant alternatif . le fer. Dans les conducteurs, elles sont dues à l'effet
Joule . Elles s'expriment par la formule P = RI2 , où I
Les machines électriques peuvent être classées en deux
est le courant qui parcourt l'enroulement de résistance
groupes : celles qui comprennent des parties tournan-
R . Ces pertes se manifestent par la chaleur qui se dé-
tes (moteurs, génératrices) et celles_ qui n'en ont pas
gage des conducteurs .
(transformateurs, réactances) . Des pertes électriques et
mécaniques sont produites dans les machines tournan- Dans le cas des moteurs et des génératrices, les pertes
tes ; dans les machines fixes, seules les pertes électri- ont lieu dans l'enroulement de l'induit, dans les en-
ques sont produites . roulements inducteurs (shunt et série), dans les balais .
dans le rhéostat d'excitation et dans l'enroulement des
29.1 Pertes mécaniques pôles de commutation .
Les pertes mécaniques proviennent : Au lieu d'utiliser la formule P = RI2 , il est parfois plus
1 . du frottement dans les paliers ; commode de calculer les pertes d'après la masse des
422


PERTES, ÉCHAUFFEMENT, RENDEMENT ET DIMENSIONS DES MACHINES ÉLECTRIQUES 423

conducteurs . Les pertes massiques sont donnés par la Exemple 29-1


formule: Linduit de la Fig . 28-4 loge 243 bobines pesant cha-
cune 0 .35 kg . Calculer les pertes Joule à une tempé-
JZ P rature de 120 °C pour une densité de courant (le
Pmc = (29-1)
400 A/cm' . La masse volumique du cuivre est de
8890 kg/m' et sr résistivité à 0 C est cle 15,88 nS2-m
ou (nanohm-mètre) .
Pmc pertes massiques des conducteurs [W/kg]
Solution
J • densité de courant dans les conducteurs
[A/cm 2 ] La masse totale du cuivre est :
p résistivité du conducteur [nQ .m]
m = 243 bobines x 0,35 kg/bobine = 85 kg
ç • masse volumique du conducteur [kg/m 3 ]
10 • constante tenant compte des unités La résistivité du cuivre à 120 °C est :
On constate que les pertes par unité de masse sont pro- p = po (1 + at) éq . 10-2a
portionnelles au carré de la densité de courant dans le
conducteur. Comme ordre de grandeur, on utilise des = 15,88 (1 + 0,00427 x 120)
densités variant de 150 A/cm2 à 600 A/cm2 pour les = 24 nS1m
conducteurs en cuivre . Les pertes correspondantes va-
rient alors d'environ 5 W/kg jusqu' à 80 W/kg . Les den- D'après l'équation 29-1, les pertes massiques sont :
sités élevées requièrent un bon refroidissement pour
éviter les températures excessives . JZ P
Pmc =
La faible résistance des balais produit des pertes Joule 10Ç
négligeables comparativement aux pertes électriques
400 2
occasionnées par la chute de tension entre le balai et le x 24 = 43,2 W/kg
collecteur. Cette chute varie ordinairement de 0,8 à 1,3 10 x 8890
volts, selon le type de balai utilisé et la pression appli-
Les pertes Joule dans l'induit sont :
quée . Dans les balais en carbone, on utilise des densi-
tés de courant beaucoup plus faibles que dans le cui- P = 43,2 W/kg x 85 kg
vre, soit environ 10 A/cm 2 (Fig . 29-1) .
= 3672 W = 3,67 kW

29 .3 Pertes électriques dans le fer


1 cm 2 Il ne se produit aucune perte dans une pièce de fer tra-
versée par un flux qui ne change ni d'intensité, ni de
direction . Ainsi, lorsqu'un électro-aimant est excité par
un courant continu, il se produit des pertes dans le cui-
conducteur en cuivre vre de la bobine seulement ; il n'y en a aucune dans le
~ 1 cm 2 fer du noyau .
Par contre, des pertes importantes se produisent dans
les parties en fer où le flux varie en grandeur ou en
direction . C'est le cas du circuit magnétique des ma-
chines à courant alternatif dans lesquelles le flux est
alternatif. C'est aussi le cas de l'induit des machines à
courant continu où le flux, bien que constant en in-
tensité, change de sens périodiquement et rapidement .
À noter que les pertes dans le fer d'un induit imposent
Figure 29-1
Comparaison des densités de courant utilisées dans les un couple de freinage mécanique, tout comme les per-
conducteurs en cuivre et dans les balais . tes par frottement sur les paliers .
x
Ç est une lettre grecque qui se prononce «dzéta» .

424 ÉLECTROTECHNIQUE

Les pertes dans le fer sont attribuables au phénomène rotation


d'hystérésis et aux courants de Foucault.
On a vu au chapitre 15, sec-
1 . Pertes par hystérésis .
tions 15 .12 à 15 .14, que les pertes par hystérésis sont
proportionnelles au nombre de fois où l'aimantation (a)
change de sens par seconde, donc à la vitesse de rota-
tion des parties tournantes . Elles varient à peu près
comme la densité de flux à l'exposant 1,6 .
2. Pertes par courants de Foucault . Pour expliquer les
pertes par courants de Foucault, considérons un noyau
cylindrique en fer qui tourne entre les pôles d'un ai-
mant (Fig . 29-2a) . En tournant, le noyau coupe des li-
gnes de flux et, d'après le principe III de l'électroma- (b)
gnétisme, une tension est induite dans le noyau même,
avec les polarités indiquées . Cette tension fait circuler
des courants dans la masse du noyau . Ces courants,
auxquels on donne le nom de courants de Foucault,
Figure 29-2
provoquent un échauffement, par effet Joule, du noyau
a. Tension induite dans un rotor plein ;
de fer (Fig . 29-2b) . La chaleur dégagée correspond à b . Courants de Foucault résultants .
une perte de puissance proportionnelle au carré de la
vitesse de rotation et au carré de la densité de flux .
Si le noyau magnétique de l'induit des machines à cou-
tôle
rant continu était fabriqué d'un seul bloc, la chaleur
produite par les courants de Foucault serait tellement
grande que le noyau serait porté au rouge en peu de
temps, de sorte que ces machines seraient inutilisables . (a)
Pour minimiser les pertes par courants de Foucault, on
est conduit à feuilleter le noyau de l'induit . Le noyau
est alors formé d'un empilage de tôles minces, isolées
les unes des autres afin d'empêcher le passage du cou-
rant d'une tôle à l'autre . Les tôles sont disposées pa-
rallèlement au sens des lignes de force (Fig . 29-3) . Les
pertes sont atténuées davantage en augmentant la ré-
sistivité de la tôle par addition de 3 à 4 % de silicium.
E:'
Avec des tôles au silicium de 0,35 mm d'épaisseur (Fig . isolant
O
29-4), on peut limiter ces pertes à une petite fraction
de la puissance de la machine* .
Comme les pertes dans le fer dépendent de plusieurs
Figure 29-3
facteurs, les fabricants de tôles d'acier présentent géné- a . Rotor formé d'un empilage de tôles ;
ralement cette information sous forme de courbes . b . Les courants de Foucault dans chaque tôle sont beaucoup
moins grands que dans un rotor plein .

Bien que le flux ne varie pas dans les pièces polaires des Comme ordre de grandeur, pour une densité de 1,5 T
machines à courant continu, ces pièces sont généralement et une fréquence de 60 Hz, les pertes totales dans la
formées de tôles de fer doux car il est plus économique de
tailler des tôles que d'usiner une grosse pièce d'acier pour
tôle de 0,35 mm (jauge n) 29), varient de 1,5 W/kg à
lui donner la forme particulière des pièces polaires . 8 W/kg, selon la qualité de l'acier.

PERTES, ÉCHAUFFEMENT, RENDEMENT ET DIMENSIONS DES MACHINES ÉLECTRIQUES 425

dement et aux transformateurs . On note que pour une


induction donnée, la tôle mince (0,35 mm) donne des
pertes massiques sensiblement inférieures à celles
d'une tôle plus épaisse (0,56 mm) . Cette diminution
est due uniquement à la réduction des pertes par cou-
rants de Foucault .

29 .4 Courants de Foucault dans un noyau


stationnaire
Nous avons vu à la section 29 .3 que des pertes par cou-
rants de Foucault sont produites dans un noyau métal-
lique lorsqu'il tourne dans un champ magnétique . Des
pertes semblables sont aussi produites lorsqu'un noyau
stationnaire est traversé par un flux alternatif .
Figure 29-4
Four électrique de 150 kW utilisé pour recuire les tôles La Fig . 29-6a montre une plaque métallique traversée
magnétiques après le poinçonnage des encoches . Cette par un flux alternatif . On peut considérer que la plaque
opération, effectuée à 800 °C dans une atmosphère contrôlée, est formée de plusieurs spires rectangulaires court-
réduit sensiblement les pertes massiques du fer . On voit ici
les tôles sortant du four (gracieuseté de Générale Électrique) .
circuitées sur elles-mêmes . Le flux alternatif induit une
tension alternative dans chacune des «spires», produi-
sant ainsi des courants de court-circuit alternatifs mon-
trés à la Fig . 29-6b. Ces courants de Foucault produi-
La Fig . 29-5 donne les pertes massiques en fonction
sent dans la plaque métallique des pertes RI2 qui va-
de la densité de flux pour diverses tôles utilisées dans
rient avec le carré de la fréquence et le carré de la den-
les induits . Ces pertes donnent la somme des pertes
sité de flux . Or, la densité de flux circulant dans le noyau
par hystérésis et par courants de Foucault pour une fré-
de fer d'un transformateur ou d'un moteur à courant
quence de 60 Hz . On utilise l'acier au silicium M-36
alternatif est toujours importante, de sorte que si le
sur des induits de puissance moyenne, tandis que le
noyau était plein, les courants de Foucault et les pertes
type M-14 est réservé aux grosses machines à haut ren-
résultantes seraient excessivement élevés (Fig . 29-7) .
Afin de réduire les pertes, le noyau est constitué de
lamelles d'acier très minces, isolées les unes des autres
(Fig . 29-8) . Le flux dans chaque lamelle est alors très
petit et comme sa résistance est beaucoup plus élevée
que celle d'un noyau plein, les courants de Foucault,

courants de
plaque métallique Foucault
1-1

(a) (b)

Figure 29-6
Figure 29-5 Un flux alternatif traversant une plaque métallique induit
Pertes massiques de diverses tôles utilisées dans les induits dans celle-ci des tensions alternatives et des courants de
et les noyaux de transformateurs . Foucault .

426 ÉLECTROTECHNIQUE

le courant augmente dans l'induit, dans l'inducteur série


et dans les bobines de commutation . Les pertes par e
fet Joule dans ces enroulements augmentent donc . Par
contre, les pertes dans le fer et les pertes mécaniques
demeurent sensiblement les mêmes qu'à vide, à moins
que la vitesse ne change de façon appréciable .
De façon générale, les pertes dans une machine sort
composées de pertes constantes et de pertes variables
flux alternatif
qui augmentent avec la charge . Puisque ces pertes se
transforment en chaleur, il en résulte une élévation de
température . Cette élévation de température par rap-
Figure 29-7
Des courants de Foucault intenses sont induits dans un noyau
port à la température ambiante est appelé échauffement-
de fer plein .
29.6 Puissance et capacité de surcharge
L'échauffement d'une machine dépend des pertes et
on sait que ces pertes augmentent avec la charge . Puis-
que l'échauffement doit être limité afin de ne pas dété-
riorer les isolants, la charge doit aussi être limitée . En
somme, dans la majorité des cas, c'est l'élévation maxi-
mum de température des isolants qui détermine la puis-
sance maximale qu'une machine peut débiter . Lors-
qu'une machine fournit une puissance dépassant sa
puissance nominale, il y a échauffement excessif et .
courants de Foucault flux alternatif par suite, détérioration partielle de la machine, ce qui
dans une lamelle
réduit inévitablement le nombre d'années de service
Figure 29-8 qu'on peut en attendre .
Un noyau de fer composé de tôles minces diminue de
Lorsqu'une machine fonctionne de façon intermittente,
beaucoup les pertes par courants de Foucault .
elle peut supporter, sans risque d'échauffement exces-
sif, une surcharge d'autant plus forte que son temps
d'utilisation est plus court . Ainsi, un moteur d'une puis-
de même que les pertes totales, sont réduites à une frac- sance nominale de 10 kW peut facilement supporter
tion de leur valeur originale. Pour une fréquence de une charge de 15 kW s'il ne fonctionne que quelques
60 Hz, on utilise des tôles ayant généralement une minutes par heure . Toutefois, à des valeurs plus éle-
épaisseur de 0,35 mm . vées, sa capacité de surcharge est limitée par d'autres
facteurs, principalement électriques . Par exemple, il est
29.5 Variation des pertes avec la charge impossible pour une machine de 10 kW de débiter une
Un moteur à c .c . tournant à vide ne développe évidem- puissance de 100 kW.
ment aucune puissance utile . Il faut cependant lui four-
nir une certaine puissance si l'on veut qu'il continue à 29 .7 Courbe de rendement
tourner. Cette puissance est absorbée par le frottement Le rendement d'une machine est le rapport entre la
mécanique, la ventilation, les pertes dans le fer et les puissance utile P2 et la puissance P i fournie à la ma-
pertes dans le cuivre de l'enroulement shunt . Les per- chine (voir chapitre 1, section 1 .15) . La puissance four-
tes dans le cuivre de l'induit, de l'inducteur série et de nie est égale à la somme de la puissance utile et des
l'enroulement de commutation sont minimes car le pertes p . On a alors :
courant à vide est très faible par rapport au courant
nominal . z = P2
rendement 17 = P (29-2)
Quand la machine est chargée (mécaniquement, si c'est P, P2 + p
un moteur, et électriquement, si c'est une génératrice),


PERTES, ÉCHAUFFEMENT, RENDEMENT ET DIMENSIONS DES MACHINES ÉLECTRIQUES 427

Le rendement varie donc avec la puissance utile et les Fonctionnement en charge . Lorsque le moteur est chargé
pertes ; la relation entre le rendement et la puissance à 25 % de sa puissance nominale, le courant qu'il tire
utile est généralement donnée par un graphique . L' exer- est d'environ 25 % (ou 1/4) du courant nominal . Puis-
cice numérique suivant indique la marche à suivre pour que les pertes par effet Joule varient selon le carré du
le calcul du rendement d'un moteur à courant continu . courant, les pertes dans le circuit de l'induit sont :

Exemple 29-2 pertes variables = (1/4) 2 x 595 = 37 watts


Un moteur compound à C .C . de 10 kW. 1150 11111ili Les pertes totales à 1/4 de la charge nominale sont :
230 V. 50 /\ a les pertes suivantes à pleine charte : p = 37 + 830 = 867 W
La puissance utile P2 développée par la machine à 25 %
pertes par frottement sur les paliers 40 W de la charge nominale, exprimée en watts, est :
pertes par frottement des balais 50 W P 2 = 10 kW x 0,25 = 2500 W
pertes par ventilation = 200 W
La puissance P r absorbée par le moteur est donnée par
pertes mécaniques totales 290 W (1) la somme de la puissance utile et des pertes :
pertes Joule dans le champ shuni = 120 W ( ) P i =P 2 +p=2500+867=3367W
pertes dans le fer de l'induit = 420 W (3)
Le rendement est alors :
Total des pertes constantes = 8_30 W (4) P2 2500 =
t1 = _ 0,74 ou 74 %
P, 3367
pertes Joule à pleine charge dans :
On trouvera de la même façon les pertes à 50 %, 75 %,
a) l'ind(lit = 500 W 100 % et 150 % de la charge nominale :
b) le champ série 25 W
A 50 % :
c) l'enroulement de commutation 70 W
p = (1/2)2 x 595 + 830 = 979 W
Total des pertes variables 595 W ( ) À 75 % :
a) Evaluer les pertes et le rendement à vide . ainsi p = (3/4) 2 x 595 + 830 = 1165 W
qu'à 2 5 `4 .50 1 (" 75 11î, 100 1-1 et 150 ` ;f de lacharge À 100 % :
nominale (le la machine . (On négligera les pertes
p = 595 + 830 = 1425 W
dues à la chute de tension entre les balais et la sur-
face du collecteur
.) À 150 % :

b) Tracer la courbe du rendement en fonction de la p = (1,5)2 x 595 + 830 = 2169 W


charge . b) Les calculs du rendement à différentes valeurs de
charge sont résumés dans le tableau 29-1 . Les résultats
Solution sont représentés graphiquement à la Fig . 29-9 .
a) Fonctionnement à vide .Les pertes à vide sont don- Il est bon de retenir que le rendement d'un moteur est
nées par la somme des pertes mécaniques (1), des per- faible aux faibles charges . On aura donc intérêt à choi-
tes dans le champ shunt (2) et des pertes dans le fer sir la capacité d'un moteur destiné à entraîner une
( 3) : charge de valeur déterminée, de façon que la puissance
pertes à vide = 290 + 120 + 420 = 830 W nominale de ce moteur soit à peu près égale à la puis-
Ces pertes demeurent sensiblement constantes, même sance exigée par la charge .
quand la charge varie . À vide, les pertes Joule dans le 29 .8 Normes d'échauffement
circuit de l'induit sont négligeables .
On a déjà vu à la section 9 .9 que les isolants sont grou-
Le rendement est nul à vide, car aucune puissance utile pés en différentes classes correspondant à la tempéra-
n'est développée par le moteur . ture maximale qu'ils peuvent supporter. Ainsi, un iso-




428 ÉLECTROTECHNIQUE

TABLEAU 29-1 PERTES ET RENDEMENT petits, donc moins coûteux lorsqu'on spécifie une tem-
D'UN MOTEUR À C .C . pérature ambiante normalisée de 30 °C au lieu de 40 °C
charge pertes puissance puissance rendement La Fig . 29-10 montre les limites de température des
totales utile P2 absorbée P1 différentes classes d'isolants (courbe 1) et la tempéra-
W W W ture ambiante normalisée (courbe 3) . Pour chaque
classe, la différence de température entre ces deux cour-
0 830 0 830 0
867 2 500 3 367 74 bes donne l'échauffement normalisé («hot-spot
25
50 979 5 000 5 979 83,6 temperature rise») ; c'est elle qui permet au fabricant
75 1 165 7 500 8 665 86,6 d'établir la grosseur de son moteur, de son relais, etc .
100 1 425 10 000 11 425 87,5 Par exemple, supposons que l'on désire déterminer
150 2 169 15 000 17 169 87,4
l'échauffement d'un moteur de 100 kW, isolation classe
130 °C . Lors des essais, on devra lui appliquer une
charge de 100 kW et déterminer l'endroit le plus chaud
(«hot-spot») à l'intérieur de la machine . Ce point le

kW
classe
3 180 °C
2 classe 165 °C
ue)
Q

G)
155 °C
1 145°C :
classe
130°C1
échauffement
2,5 5 7,5 10 12,5 15 kW 0
maximal
puissance mécanique classe 120 °C échauffement par
Figure 29-9
O 105 °C maximal thermocouple
par implanté
Rendement et pertes en fonction de la puissance mécanique 0 100 °C résistance 180 - 40 = 140 °C
développée . 145 - 40 = 105 °C

lant de classe 130 °C aura une durée de vie raisonna-


ble (environ 20 000 h) si sa température n'excède pas température ambiante normalisée 40 °C
130 °C .
température ambiante normalisée 30 °C (P < 750 W)
Les organismes de normalisation établissent également
une température ambiante maximale dont la valeur est
habituellement de 40 °C . Cette température normali- • Température maximale que la classe d'isolant peut
sée est établie pour les raisons suivantes : tolérer pour avoir une durée de vie normale

1 . elle permet aux fabricants de machines électriques • Température maximale permise avec la méthode de
l'augmentation de résistance
de prévoir les pires conditions de température am-
biante auxquelles leurs machines peuvent être sou- • Température ambiante normalisée (puissances
mises et, par conséquent, supérieures à 750 W)

2 . elle permet aux mêmes fabricants de normaliser la • Température ambiante normalisée (puissances
grosseur des machines et de donner des performan- inférieures à 750 W)
ces garanties .
Figure 29-10
On peut mieux apprécier l'impact de cette norme quand Normes de température utilisées pour certains moteurs à
on réalise que toutes les machines et tous les appareils courant alternatif (tirées des publications CSA C22.2, n°S 0,
électriques isolés classe 105 °C sont environ 15 % plus 11, 54) . Voir aussi le chapitre 9, tableau 9-2 .

PERTES, ÉCHAUFFEMENT, RENDEMENT ET DIMENSIONS DES MACHINES ÉLECTRIQUES 429

plus chaud est probablement situé en plein milieu d'une facturiers de vérifier l'échauffement de leurs moteurs
encoche, à l'intérieur même d'une bobine, soit à un dans des températures ambiantes plus confortables que
endroit tout à fait inaccessible . Comment atteindre cet 40 °C .
endroit critique? Le fabricant peut implanter des petits Il est intéressant de remarquer que pour les moteurs à
détecteurs de température (thermocouples ou courant alternatif ayant une puissance inférieure à
thermistors) à l'intérieur des bobines, permettant de 750 W, on a établi une température ambiante norma-
déterminer la température crête lorsque la machine est
lisée de 30 °C (courbe 4) . La plupart de ces moteurs
en marche . Cependant, cette méthode directe de me- sont installés dans des résidences où la température
sure de la température du point le plus chaud «hot- n'atteint pas les valeurs élevées que l'on rencontre dans
spot» est coûteuse et elle n'est justifiable que pour les certaines industries . Le choix de 30 °C au lieu de 40 °C
machines de grande capacité .
implique des échauffements de 10 °C plus élevés, soit
C'est pourquoi les bureaux de normalisation comme 70 °C pour la classe 105 °C . Cela permet d'augmenter
le CSA (Association canadienne de normalisation) per- la puissance que l'on peut tirer de ces moteurs .
mettent l'utilisation d'une deuxième méthode pour me-
Les normes d'échauffement dépendent non seulement
surer la température . Comme nous allons l'expliquer à
de la classe d'isolant utilisée mais également du genre
la section 29 .9, elle consiste à mesurer l'augmentation
d'appareil (moteur, transformateur, relais, etc .), de sa
de résistance d'un enroulement, et à en déduire la tem-
pérature . Cette température représente la température
moyenne de l'enroulement . Elle est évidemment plus
basse que celle que donnerait un détecteur implanté . Il
a donc fallu définir une autre norme : on suppose que
l'écart entre la température maximale réelle et la tem-
pérature déterminée par la méthode de l'augmentation
de résistance est, soit 5 °C, soit 10 °C, soit 15 °C .

Habituellement, l'écart dépend de la classe d'isolant .


La courbe 2 donne la température maximale permise
des enroulements d'un moteur à courant alternatif lors-
qu'on utilise la méthode de l'augmentation de ré-
sistance . On constate que l'écart entre cette courbe et
la courbe 1 est de :

5 °C pour l'isolation classe 105 °C,


10 °C pour les classes 130 °C et 155 °C,
15 °C pour la classe 180 °C .
Il s'ensuit que l'échauffement permis lorsqu'on utilise
la méthode de l'augmentation de résistance est de :

60 °C pour l'isolation classe 105 °C,


80 °C pour la classe 130 °C, Figure 29-11
Moteur blindé de 450 kW, 3600 r/min, refroidi à l'eau . Lair
105 °C pour la classe 155 °C et
qui circule à l'intérieur sort par le centre de la machine, passe
125 °C pour la classe 180 °C . à travers un échangeur de chaleur et rentre de nouveau dans
le moteur par les deux tuyaux de section carrée situés à
Les normes CSA supposent que l'échauffement à pleine
chaque extrémité . Les deux tuyaux circulaires placés en
charge sera le même pour toute température ambiante diagonale sont l'entrée et la sortie d'eau de l'échangeur de
comprise entre 10 °C et 40 °C . Ceci permet au manu- chaleur (gracieuseté de Westinghouse) .

430 ÉLECTROTECHNIQUE

construction (abrité, blindé, etc .) et de son application R2


(commerciale, industrielle, navale, etc) . Il est donc t2 = (234 + t1 ) - 234
RI
important de consulter les normes avant de faire un
essai d'échauffement sur une machine . À ce propos, la 59,5
(234 + 23) - 234
Fig . 29-11 montre un moteur dont l'échauffement per- 44,6
mis est établi d'après des normes spéciales .
= 109 °C
29.9 Mesure de l'échauffement
b) L'échauffement est donc :
On peut déterminer l'échauffement d'une machine par
la méthode de l'augmentation de résistance . Cette mé- 0 = t2 - ta
thode consiste à mesurer la résistance d'un enroule-
= 109 - 28 = 81°C
ment à froid à une température connue, et de nouveau
lorsque l'enroulement est chaud . Si le bobinage est en On peut aussi mesurer l'échauffement au moyen d'un
cuivre, la température à chaud est donnée par la for- thermomètre. Cependant, la température varie beau-
mule : coup à différents points de la même machine ; si l'on
emploie un thermomètre pour déterminer l'échauffe-
ment, il est important de le placer sur la partie accessi-
t2 = R2(234 + t1 ) - 234 (29-3)
ble la plus chaude . Suivant les calculs ou les préféren-
R1
ces du constructeur, le point le plus chaud peut se trou-
ver dans l'induit ou dans l'inducteur. Étant donné que
la température est plus élevée à l'intérieur même des
0 = t2 - ta (29-4) enroulements, un thermomètre ne peut jamais attein-
ou dre le point le plus chaud. Cette méthode de mesure de
t2 = température de l'enroulement à chaud [°C] l'échauffement n'a donc qu'une valeur comparative .
R2 = résistance de l'enroulement à chaud [S2] Pour la plupart des machines possédant un système
R 1 = résistance de l'enroulement à froid [S2] d'isolation classe 105 °C, l'échauffement admissible
t 1 = température de l'enroulement à froid [°C] mesuré par la méthode du thermomètre est de 40 °C .
234 = constante égale à 1/a = 1/0,004 27 (voir ta-
bleau 10-5) Exemple 29-4
0 = échauffement de l'enroulement [°C] La plaque signalétique d'un moteur indique un
ta = température ambiante lorsque l'enroulement échauffement (« temperature risc») de 40 "C . Au
est chaud [°C] moyen d'un thermomètre, on trouve que la tempé-
rature de la partie la plus chaude de la machine est
Exemple 29-3 de 67 ° C . la machine fonctionnant à pleine charge .
L'inducteur shunt d'un moteur de 500 kW, 300 V, La température de Vair environnant est alors de
arrêté depuis gl.relquesjours . possède une résist utce 30 `C . Déterminer si la machine surchauffe .
de 44,6 12 . La température ambiante est alors de
23 ° C . Lorsque la machine est en marche, à une tem- Solution
pérature ambiante (le 28 °C . la résistance (le l' induc- L'échauffement est de 67° - 30° = 37 °C, alors que
teur est de 59,5 S2 . Calculer : l'échauffement permis est de 40 °C . La machine n'est
donc pas trop chaude .
a) la température de l'enroulement
b) l'échauffement (le l'in(Iucteur shunt Certaines machines sont isolées au mica, au verre ou
avec d'autres isolants minéraux qui peuvent supporter
Solution des températures beaucoup plus élevées que les iso-
a) En appliquant la formule (29-3) on trouve : lants organiques des machines ordinaires . On admet
alors une limite d'échauffement, mesuré par thermo-
mètre, supérieure aux valeurs conventionnelles de 40°
ou 55 °C .

PERTES, ÉCHAUFFEMENT, RENDEMENT ET DIMENSIONS DES MACHINES ÉLECTRIQUES 431

FACTEURS AFFECTANT LA GROSSEUR ET LE TABLEAU 29-2 CARACTÉRISTIQUES DE DEUX GÉNÉRATRICES

RENDEMENT DES MACHINES ÉLECTRIQUES À COURANT CONTINU DE MÊME VITESSE

Machine 1 Machine 2
Une machine électrique est caractérisée par les trois puissance nominale 1 kW 81 kW
grandeurs nominales suivantes : tension, puissance et tension nominale 125 V 1 125 V
vitesse . Dans les quatre sections qui suivent nous dé- courant nominal 8A 72A
montrons comment ces trois grandeurs affectent la taille vitesse nominale 1800 r/min 1800 r/min
et le rendement des machines . Les explications sont rendement 73 % 89%
basées sur des exemples numériques concrets utilisant diamètre extérieur 0,18 m 0,54 m
une génératrice à c .c . Cependant, les conclusions ob- longueur extérieure 0,15 m 0,45 m
tenues pour cette machine à c .c . (moteur ou généra- masse 20 kg 540 kg
trice) s'appliquent aussi bien à une machine à courant moment d'inertie 0,0075 kg-m2 1,8 kg-m2
alternatif (c .a .) . puissance massique 50 W/kg 150 W/kg
29 .10 Impact de la tension nominale sur les couple nominal 5,30 N •m 430 N•m
dimensions Les dimensions de la Machine 2 sont toutes 3 fois plus
grandes que celles de la Machine 1
Considérons une génératrice à c .c . de 100 kW, 125 V,
1800 r/min dont le courant de pleine charge est 800 A .
Utilisons la puissance nominale P,, et le rendement rJ
Supposons que l'on désire construire une génératrice
de la Machine 1 pour calculer la puissance mécanique
semblable mais fonctionnant à 250 V . Les dimensions
P m requise pour l'entraîner, de même que ses pertes .
vont-elles changer ? Pour répondre à cette question nous
Or, on a :
utilisons le raisonnement suivant .
Pn
Étant donné que la nouvelle machine aura la même éq . 29-2
Pm
puissance de 100 kW, mais une tension deux fois plus
grande, il s'ensuit que le courant sera deux fois plus kW
soit: 0,73 = 1
petit . Par conséquent, pour conserver la même densité Pm
de courant (A/m 2 ) dans les conducteurs de l'induit, on
peut réduire leur section de moitié . Toutefois, afin de donc Pm = 1 kW/0,73 = 1,37 kW
générer une tension de 250 V au lieu de 125 V avec le d'où les pertes = Pm - P n = 1,37 - 1,0 = 0,37 kW
même flux provenant des pôles, il faudra deux fois plus
Les pertes comprennent les pertes Joule dans les en-
de conducteurs sur l'induit . Il s'ensuit que la quantité
roulements, les pertes par hystérésis et courants de Fou-
de cuivre dans les encoches demeure la même . En
cault dans le fer, ainsi que les pertes par friction et ven-
d'autres mots, à moins que la tension devienne très éle-
tilation .
vée . ce qui exigerait une augmentation de l'isolation,
Les dimensions d'une machine tournante ne changent Considérons maintenant une deuxième machine (Ma-
pas lorsque l'on change sa tension nominale . De plus, chine 2) plus grosse que la Machine 1 . Pour cette nou-
comme la densité de courant dans les conducteurs reste velle machine, nous augmentons toutes les dimensions
la même, les pertes Joule et par conséquent le rende- (longueur, diamètre, profondeur des encoches, entrefer,
ment demeurent également inchangés . etc .,) par un même facteur, tout en conservant les mê-
mes matériaux . Donc, si on a utilisé un type particulier
Nous allons voir qu'il en est tout autrement lorsqu'on
de tôles pour l'induit de la Machine 1, on utilisera les
change la puissance nominale .
mêmes tôles (même épaisseur) pour la Machine 2 . On
29.11 Variation des dimensions et du conserve également le même type d'isolation .
rendement en fonction de la puis- À l'exception de l'épaisseur des tôles, tout est donc
sance nominale grossi par un même facteur, incluant les roulements à
Considérons maintenant une génératrice à c .c . ayant billes, les boulons et les écrous . Ce facteur d2/di est le
ks caractéristiques fournies dans la première colonne rapport entre les dimensions d, de la Machine 2 et les
i tableau 29-2, soit la Machine 1 . dimensions correspondantes dl de la Machine 1 . Pour

432 ÉLECTROTECHNIQUE

notre Machine 2, nous imposons les deux contraintes ment par un facteur 3 . En conclusion, la tension nomi-
de design suivantes : la densité de courant dans les con- nale de notre Machine 2 augmente par un facteur 9,
ducteurs (A/m2) et la densité de flux dans l'acier et soit 125 Vx9= 1125V .
dans l'entrefer (teslas) restent les mêmes que pour la
Donc en triplant les dimensions d l , nous avons aug-
Machine 1 . Il s'ensuit que les pertes massiques res-
menté le courant nominal de même que la tension no-
pectives (W/kg) dans le cuivre et dans l'acier sont in-
minale par un facteur 9, ce qui correspond à une aug-
changées . Les pertes respectives augmenteront donc
mentation de la puissance nominale de 9 x 9 = 81 . La
en proportion de la masse, donc du volume du cuivre
puissance nominale P n2 de notre Machine 2 est donc
et de l'acier . Supposons que les pertes par friction et
de 1 kW x 81 = 81 kW .
ventilation augmentent aussi dans les mêmes propor-
tions . En multipliant les dimensions dl par 3, la puissance
nominale est donc multipliée par 3 4 = 81 . En générali-
Nous supposons en outre que la Machine 2 utilise le
sant ce raisonnement, on arrive à une première conclu-
même nombre d'encoches et de conducteurs, et que sa
sion importante : À vitesse constante, la puissance no-
vitesse de rotation (1800 r/min) est la même que pour
minale varie avec l'exposant 4 des dimensions, soit
la Machine 1 .
Une fois ces hypothèses établies, il est possible de pré- ~ d2
voir les caractéristiques de la Machine 2 . Supposons , Pn2 = Pnl ( _)4 (29-5)
par exemple, que toutes les dimensions d l de la Ma-
chine 1 soient augmentées par un facteur 3 . Ainsi, le où
diamètre augmente de 0,18 m à 0,54 m et la longueur Pnl = puissance nominale de la Machine 1 [W]
augmente de 0,15 m à 0,45 m, comme l'indique le ta- Pn2 = puissance nominale de la Machine 2 ayant la
bleau 29-2 . Quels seront la puissance nominale et le même vitesse que la Machine 1 [W]
rendement de la Machine 2? d2/d1 = rapport entre les dimensions d2 de la Machine
Premièrement, le volume augmentera par un facteur 2 et les dimensions dl de la Machine 1
(d2/d i ) 3 = 33 = 27 . Par conséquent, les masses respecti-
Voyons maintenant l'impact de cette augmentation des
ves augmentent aussi par un facteur 27 . Comme les
dimensions sur le rendement .
pertes massiques restent constantes, les pertes respec-
tives augmentent également par un facteur 27 . Notre La puissance mécanique Pm2 requise pour faire tour-
Machine 2 a donc une masse de 20 kg x 27 = 540 kg, ner la Machine 2 est
et ses pertes sont de 0,37 kW x 27 = 10 kW .
Pm2 = Pn2 + pertes = 81 kW + 10 kW = 91 kW
Deuxièmement, les encoches sont 3 fois plus profon-
des et 3 fois plus larges . Comme le nombre de conduc- Le rendement est donc :
teurs par encoche n'a pas changé, les conducteurs ont
Il =p n2/Pm2
une section 9 fois plus grande . Comme on veut conser-
ver la même densité de courant, ces conducteurs peu- = 81 kW/91 kW = 0,89 = 89 %
vent donc porter un courant 9 fois plus grand . Le cou- En augmentant les dimensions de notre Machine 1 par
rant nominal de notre Machine 2 est donc 8 A x 9 = un facteur 3, on obtient donc une augmentation consi-
72 A . dérable du rendement, soit de 73 % à 89 % . Ceci est
Troisièmement, en ce qui concerne la tension induite, dû au fait que la puissance de sortie augmente par un
celle-ci est gouvernée par l'équation (17-2) E = Blv. facteur (d2/d l ) 4 = 34 = 81 alors que les pertes n'aug-
Dans cette équation, B représente la densité de flux mentent que par un facteur (d2/d l )3 = 33 = 27 . Cela dé-
dans l'entrefer qui, rappelons-le, n'a pas changé, l est montre clairement que pour une vitesse donnée le ren-
la longueur des conducteurs qui a augmenté par un fac- dement d'une machine augmente avec sa grosseur, donc
teur 3, et v est vitesse à laquelle les conducteurs cou- avec sa puissance .
pent les lignes de flux . Comme la vitesse de rotation La puissance massique de la Machine 1 est de
(1800 /min) ne change pas et que le diamètre fut aug- 1 kW/20 kg = 1000 W/20 kg = 50 W/kg . En ce qui
menté par un facteur 3, la vitesse v augmente égale- concerne la Machine 2, on a une puissance nominale

PERTES, ÉCHAUFFEMENT, RENDEMENT ET DIMENSIONS DES MACHINES ÉLECTRIQUES 433

de 81 kW pour une masse de 540 kg, soit une puis- d'inertie de l'induit. Rappelons que le moment d'iner-
sance massique de 81 kW/540 kg = 150 W/ kg. Cela tie est proportionnel à la masse de l'induit et au carré
représente un gain par un facteur 3 sur la puissance de son rayon (voir tableau 1-5) . Donc, lorsque les di-
développée par unité de masse . La grosse machine est mensions sont triplées, le moment d'inertie J = mr2 est
donc relativement plus légère et moins coûteuse que la multiplié par un facteur (d21d,)3 (d2 /d, ) 2 = 3 3 x 3 2 = 3 5
petite . = 243 . Le moment d'inertie de la Machine 2 est donc
J= 0,0075 kg •m2 x 243 = 1,8 kg-M2 .
On peut apprécier le gain obtenu en disant que si l'on
avait décidé de générer une puissance de 81 kW avec Les caractéristiques de la Machine 2 sont affichées dans
des Machines 1 (1 kW), il aurait fallu 81 de ces machi- la colonne 2 du tableau 29-2, ce qui permet de compa-
nes, pour une masse totale de 81 x 20 kg = 1620 kg, rer les caractéristiques des deux machines .
alors que l'on arrive au même résultat avec une Ma- Si l'on continue d'augmenter les dimensions on peut
chine 2 de 540 kg . De plus, à cause du rendement plus montrer, en suivant le même raisonnement, que l'on
élevé de la Machine 2 (89 % au lieu de 73 %), l'écono- pourra atteindre des rendements dépassant 95 % .
mie réalisée lors de l'achat est accompagnée d'une éco-
nomie récurrente sur l'énergie consommée par la tur- La Fig . 29-12 montre la variation du rendement en fonc-
bine ou le moteur entraînant la génératrice . tion de la puissance pour la gamme de puissance com-
prise entre 1 kW et 10 MW.
Regardons maintenant comment évolue le moment

70 3
10 10 105 106 107
Puissance (W)

Figure 29-12
Variation du rendement avec la puissance nominale .

ÉLECTROTECHNIQUE

La figure montre que, si l'on augmente les dimensions courant I . Comme le nombre total de conducteurs sur
de notre machine de 1 kW (rendement 73 %) par un l'induit n'a pas changé, la tension nominale E est donc
facteur d2/d1 = 10, la puissance augmente à 10 000 kW, réduite par 2, soit de 125 V à 62 .5 V. La puissance
ou 10 MW. Le rendement grimpe alors à 97 % . nominale, qui est proportionnelle à EI, est également
réduite par 2, si bien qu'on ne dispose plus que d'une
Tout semble donc favoriser les grosses machines . Il
puissance nominale P„ 3 de 0,5 kW.
existe cependant un problème lorsque l'on augmente
la puissance d'une machine . Dans notre exemple, lors- Afin d'augmenter la puissance nominale de la Machine
que les dimensions ont été triplées, les pertes ont aug- 3 à 1 kW, on n'a pas d'autre choix que d'augmenter
menté par un facteur (d2 /di ) 3 = 27 alors que la surface les dimensions de la génératrice. Or, on a vu à la sec-
extérieure de la machine n'a augmenté que par un fac- tion 29 .11 que lorsque la vitesse est constante, la puis-
teur (d,ld i ) 2 = 32 = 9 . La puissance dissipée par mètre sance varie comme (d2/d i ) 4 , soit
carré a donc augmenté par un facteur 3 . Par conséquent,
à moins d'améliorer l'évacuation de la chaleur, la Ma- 4

chine 2 de 81 kW sera beaucoup plus chaude que la P n 3 = P n 1 (d3 éq . 29-5


d,
i
Machine 1 . Pour prévenir une dégradation des maté-
riaux isolants, on doit limiter la température . Le re- D'où l'on tire
froidissement devient donc une préoccupation très im-
portante pour les concepteurs de grosses machines . d, - 1/4
(29-6)
Concluons en disant que la taille, la puissance, le ren- d, P n,
pn3
dement et les problèmes de refroidissement évoluent
de la même manière pour les machines à c .a . qu'avec On en déduit le rapport requis pour augmenter la puis-
les machines à c .c . Ces conclusions s'appliquent aux sance de la Machine 3 de 0,5 kW à 1 kW :
machines rotatives fonctionnant en moteur ou en gé-
nératrice, et même aux appareils stationnaires comme
d3 2"
les transformateurs . = ( 1 kW/0,5 kW)" = = 1,19
d,
29 .12 Variation des dimensions avec la
vitesse nominale En d'autres termes, pour réduire la vitesse par un fac-
Dans la section précédente nous avons vu que, pour teur 2 tout en gardant la même puissance de 1 kW, on
une vitesse nominale donnée, la puissance nominale doit augmenter toutes les dimensions de 19 % . La Fig .
et le rendement d'une machine varient très rapidement 29-13 compare les dimensions de deux machines de
avec les dimensions de la machine . Mais pour une puis- 100 kW, 125 V ayant respectivement une vitesse de
sance donnée, quel est l'impact de la vitesse nominale 1800 r/min et 900 r/min .
sur les dimensions?
Pour répondre à cette question revenons à notre Ma-
chine 1 ayant une puissance nominale de 1 kW, une
tension nominale de 125 V et une vitesse nominale de
1800 r/min . Supposons que l'on désire construire une
machine ayant la même puissance, mais qui fonctionne
à une vitesse nominale deux fois plus faible, soit à
900 r/min . Nous conserverons les mêmes contraintes
de conception (même densité de courant dans les con-
ducteurs et même densité de flux dans l'entrefer) . Dé- (a) (b)
signons cette machine par Machine 3 .
Figure 29-13
Si l'on ne change pas les dimensions de la Machine 1, a . Machine de 100 kW, 125 V, 1800 r/min ;
b . Machine de 100 kW, 125 V, 900 r/min .
les encoches de la Machine 3 logeront les mêmes con-
ducteurs . Par conséquent, l'induit peut débiter le même




PERTES, ÉCHAUFFEMENT, RENDEMENT ET DIMENSIONS DES MACHINES ÉLECTRIQUES 435

En généralisant ce raisonnement, on arrive à la conclu- T2/T 1 = (9,55 Pi2 /n2)l (9,55 Pn1/n 1 )
sion qu'à puissance constante, le rapport d2/d 1 de deux
machines fonctionnant à des vitesses différentes est = (Pn2/n 2) / (Pn1/n1) (29-10)
donné par l'expression : En combinant les équations 29-10 et 29-8, on obtient
la relation très intéressante :
d2 (ni ~1/4
d1 = (29-7) d2 )1/4
kIn2 J
- (T (29-11)

n 1 = vitesse nominale de la Machine 1 [W] où
n2 = vitesse nominale de la Machine 2 ayant la
T1 = couple nominale de la Machine 1 [W]
même puissance que la Machine 1 [W]
T2 = couple nominale de la Machine 2 [W]
d,ld = rapport entre les dimensions de la Machine 2
et les dimensions de la Machine 1, les deux d2ld 1 = rapport entre les dimensions de la Machine 2
et les dimensions de la Machine 1
machines ayant la même puissance
On constate donc qu'une machine est d'autant plus Cette équation montre que la grosseur d'une machine
grosse que sa vitesse nominale est plus basse . Le coût rotative dépend fondamentalement de son couple no-
d'une machine à basse vitesse est donc plus élevé que minal, peu importe sa vitesse . Le couple nominal est
celui d'une machine à haute vitesse . Lorsque la vitesse défini selon l'équation (29-9) . Ainsi, le couple nomi-
désirée est très basse, il est souvent plus économique nal de notre Machine 1 est donné par
d'utiliser un moteur à haute vitesse connecté à une boîte
de vitesse . Tn = 9,55 P nlnn éq . 29-9

29 .13 Couple nominal et dimensions d'une soit Tl = 9,55 x 1000/1800 = 5,30 N •m


machine
Il est utile de combiner les résultats énoncés dans les Exemple 29-5
équations (29-6) et (29-7) en une seule expression . En Un moteur d'induction triphasé de 7 .5 hp,
effet, lorsque, à la fois, la puissance nominale et la vi- 3600 r/min, 460 V, de type abrité, possède un poids
tesse de rotation nominale varient, on obtient de 78 kg et un rendement de 57,5 °k . Déterminer :
l'expression « universelle » suivante : a) le poids et b) le rendement d'un moteur sembla-
ble de 600 V ayant une puissance de 200 hp et une
1 11/4 1/4 vitesse nominale de 1800 r/min .
(29-8)
d1 ( P„ 1
1 2I
Solution

Rappelons la relation entre la puissance P, la vitesse a) Trouvons d'abord le rapport d2/d l en utilisant l'équa-
de rotation n et le couple T d'une machine rotative, tion 29-8 .
soit : 1/4
d2/dl = (Pn21Pn1) (n 1 /n 2) éq . 29-8
nT On obtient
P= éq . 1-5b
9,55
d2/d 1 = ( 200/7,5) 1/4 (3600/1800) 1 /4
Pour une puissance nominale Pn et une vitesse nomi-
= 2,27 x 1,19 = 2,70
nale nn , le couple nominal T„ est donné par l'expres-
sion : Comme le poids varie selon le rapport (el 21d,)" on
trouve que la masse du moteur de 200 hp est de
T„ = 9,55 Pn lnn (29-9)
2,703 x 78 = 19,7 x 78 = 1537 kg
De l'équation 29-9 on peut déduire la relation suivante
entre les valeurs nominales respectives de deux ma- b) La puissance mécanique du moteur est de
chines : 7,5 hp x 746 = 5595 W

436 ÉLECTROTECHNIQUE

Comme le rendement est de 87,5 %, la puissance élec- Solution


trique fournie au moteur est de a) Déterminons d'abord le rapport des dimensions
5595 W/0,875 = 6394 W d2/d l . On sait que la tension d'opération n'affectera
pas la grosseur du moteur . Comme la vitesse demeure
Les pertes dans le moteur de 7,5 hp :
essentiellement la même, il s'ensuit que le couple du
pertes = 6394 - 5595 = 799 W moteur de 1/100 hp est 33,3 fois plus petit que celui de
Comme les pertes varient selon le rapport (d2/dt ) 3 , il 1/3 hp . On peut donc écrire
s'ensuit que les pertes dans le moteur de 200 hp seront d2 /di = (T2/Tt )°•25 = (1/33,3)0,25 = 0,416
de 799 x 2,703 = 15 727 W.
La masse du moteur varie selon
La puissance mécanique du moteur de 200 hp est de (d2/dl)' = (0,416) 3 = 0,072
200 x 746 = 149 200 W.
Le moteur de 1/100 hp aura un poids approximatif de
La puissance électrique absorbée par le moteur est de 0,072 x 5,9 kg = 0,42 kg

149 200 + 15 727 = 164 927 W. b) Puissance fournie au moteur de 1/3 hp

Le rendement du moteur de 200 hp est donc de P = 1/3 x 746/0,68 = 365,7 W

149 200/164 927 = 0,905 = 90,5 % Pertes dans le moteur = 365,7 - (1/3) x 746 = 117 W

Nous tenons à signaler que les valeurs du poids et du Pertes dans le moteur de 1/100 hp = 117 x (d2/d i ) 3
rendement que nous venons de calculer sont très ap- = 117 (0,416) 3
proximatives . En effet, les valeurs ainsi calculées sont = 8,42 W
basées sur une densité de courant et une densité de flux
Puissance équivalente de 1/100 hp = 746 x 1/100
qui sont maintenues constantes . Or, il est fort possible
que ces valeurs aient été modifiées par le concepteur = 7,46 W
afin (entre autres choses) de garder l'échauffement du Puissance à fournir au moteur = 7,46 + 8,42 = 15,9 W
moteur à un niveau acceptable . Cependant, cette mé-
Rendement du moteur de 1/100 hp = 7,46/15,9
thode de prédire le poids et le rendement des machines
donne un ordre de grandeur des valeurs réelles . No- = 0,469 = 46,9 %
tons aussi que l'extrapolation que nous avons utilisée c) Le diamètre du moteur de 1/100 hp sera environ
peut seulement se faire pour les machines d'une même 146 mm x d2/d t = 146 x 0,416 = 61 mm.
famille . Par exemple, on ne peut pas utiliser les carac-
téristiques d'un moteur à c .a. abrité pour estimer les
caractéristiques d'un moteur à c .a. blindé . 29 .14 Résumé
La transformation d'énergie dans les machines comme
Exemple 29-6 les génératrices, les moteurs, les transformateurs, ne
Un moteur monophasé de 113 fil), 1725 r/min, 230 V, peut s'effectuer sans pertes . Ces pertes provoquent un
60 Hz. isolation classe B, pèse 5,9 kg et possède échauffement de la machine et une diminution du ren-
un rendement de 68 % . Estimer a) le poids et b) le dement. Les pertes et donc le rendement d'une ma-
rendement approximatif ('un moteur semblable de chine varient avec la charge . On distingue les pertes
1725 r/train, 115 V, 60 Hz dont la puissance est de mécaniques par frottement et les pertes électriques dans
1 / 100 hp . les conducteurs et dans le fer.
On sait que la carcasse du moteur à une longueur de Les pertes dans les conducteurs sont dues à l'effet Joule.
150 mm et un diamètre de 146 mm . Les pertes massiques (W/kg) dépendent de la densité
e) Estimer le diamètre du moteur de 1/100 hp . de courant utilisée, de la résistivité et de la masse vo-
lumique du conducteur . Les pertes dans le fer sont dues

PERTES, ÉCHAUFFEMENT, RENDEMENT ET DIMENSIONS DES MACHINES ÉLECTRIQUES 437

au phénomène d' hystérésis et aux courants de Foucault. 29-6 Peut-on surcharger un moteur utilisé dans un
Les pertes massiques dans le fer dépendent de la den- endroit très froid? Pourquoi?
sité de flux et de la fréquence, ou de la vitesse de rota-
Niveau intermédiaire
tion . L'utilisation de tôles minces permet de réduire
les pertes par courants de Foucault . Des courbes four- 29-7 Un moteur à c .c . développe une puissance mé-
nies par les manufacturiers permettent d'évaluer les canique de 120 kW. Sachant que ses pertes sont de
pertes dans le fer pour différents types d'acier . 12 kW et qu'il est alimenté à 240 V, calculer la puis-
sance qu'il absorbe et le courant qu'il tire .
L'échauffement permis pour les machines est établi par
les organismes de normalisation . Les normes de tem- 29-8 Une génératrice débite un courant de 120A sous
pérature établissent différentes classes de température une tension de 115 V et son rendement est de 81 % .
selon le type d'isolant . Chaque classe correspond à une Quelle puissance mécanique absorbe-t-elle?
température maximale permise, allant de 105 °C à
29-9 Calculer le courant de pleine charge d'un mo-
180 °C . Pour mesurer l'échauffement on peut détermi-
teur à c .c . qui développe 250 kW à 230 V, avec un ren-
ner directement la température du point chaud à l'aide
dement de 92 % .
d'un thermocouple ou déduire la température moyenne
des enroulements en mesurant leur augmentation de 29-10 Une machine expérimentale, isolée selon la
résistance . classe 130 °C et fonctionnant à pleine charge, atteint
une température de 124 °C, mesurée par la méthode de
Finalement, nous avons étudié l'impact de la tension l'augmentation de résistance . La température de l'air
nominale, de la puissance nominale et de la vitesse environnant est de 32 °C .
nominale d'une machine, sur sa grosseur et son rende-
a) Quelle est l'échauffement de la machine, en °C?
ment. Retenons que : (1) la tension nominale d'une
machine n'affecte pas ses dimensions ni son rendement, b) Quel est l'échauffement permis selon les normes?
(2) à vitesse constante, le rendement d'une machine
c) La machine aurait-elle une durée de vie normale si
augmente rapidement avec sa puissance nominale et
elle marchait toujours à une température ambiante de
(3) à puissance constante, une machine est d'autant plus
32 °C?
grosse que sa vitesse de rotation est plus basse .
29-11 Le rendement d'une machine est toujours fai-
ble lorsqu'on la fait fonctionner à seulement 10 % de
sa puissance nominale. Expliquer.
PROBLÈMES - CHAPITRE 29
29-12 Calculer le rendement du moteur du tableau
Niveau pratique
29-1 lorsqu'il débite une puissance de 30 kW.
29-1 Quelles pertes rencontre-t-on dans un moteur à
29-13 Un moteur électrique actionne une grue qui
c .c .?
extrait 1,5 tonnes métriques de minerai d'une tranchée
29-2 À quoi attribue-t-on les pertes dans le fer? Com- de 20 m de profondeur en 30 secondes . En supposant
ment peut-on les réduire? que le rendement de la grue est de 94 %, calculer la
puissance fournie par le moteur (en hp et en kW) .
29-3 Expliquer pourquoi la température d'une ma-
chine augmente avec la charge . 29-14 On mesure la température d'un moteur à cou-
rant alternatif de 1200 kW possédant une isolation
29-4 Qu'est-ce qui détermine la puissance nominale
classe 155 °C, à l'aide de thermocouples logés à l'in-
d'une machine?
térieur des enroulements . Quelle doit être la température
29-5 La puissance nominale d'un moteur doit être maximale indiquée par ces détecteurs lorsque la tem-
réduite si l'on bouche les ouvertures d'aération . Expli- pérature ambiante est de 40 °C? 30 °C? 14 °C? (Appli-
quer. quer les normes décrites à la section 29 .8 .)

438 ÉLECTROTECHNIQUE

29-15 Un moteur à courant alternatif de 60 kW pos- classe 155 °C . le fabricant aurait-il pu indiquer use:
sède un enroulement dont la résistance à 23 °C est de puissance nominale plus grande sur la plaque si-
12 d2 . Lorsqu'il fournit sa puissance nominale à une gnalétique du moteur?
température ambiante de 31 °C, on constate que la ré-
29-16 Le moteur du problème 29-15 possède une
sistance de l'enroulement monte à 17,4 Q .
isolation classe 155 °C et fonctionne à une tempéra-
a) Calculer la température de l'enroulement . ture ambiante de 12 °C . On lui fait débiter une puis-
b) Quelle est l'échauffement du moteur? sance de 75 kW, soit une surcharge de 15 kW.
c) Sachant que l'enroulement possède une isolation Sans que la vie normale du moteur soit raccourcie, quel

Figure 29-14
Moteur d'induction triphasé de 350 hp, 1785 r/min . Voir problème 29-24 (gracieuseté de Franklin Empire) .

PERTES, ÉCHAUFFEMENT, RENDEMENT ET DIMENSIONS DES MACHINES ÉLECTRIQUES 439

est alors l'échauffement (mesuré par l'augmentation 29-22 Un moteur à courant alternatif de 10 kW pos-
de résistance) que l'on peut tolérer pour les enroule- sède une isolation classe 130 °C . Selon les normes de
ments? l'ACNOR (Fig . 29-10), ce moteur aura une durée de
vie «normale» si la température de ses enroulements
29-17 Un fil rond n° 10 en cuivre ayant une longueur (mesurée par augmentation de résistance) ne dépasse
de 210 m porte un courant de 12 A . La température du pas 120 °C . Si l'on suppose que cette durée de vie nor-
conducteur étant de 105 °C, calculer : male est de 20 000 h, de combien d'heures la durée de
a) la densité du courant, en A/mm 2 vie sera-t-elle raccourcie si le moteur fonctionne pen-
dant 3 heures à une température de 200 °C? (Voir sec-
b) les pertes massiques, en W/kg
tion 9 .8 .)
Niveau avancé
29-23 L'induit d'un moteur de 300 kW est composé
29-18 Un conducteur en aluminium fonctionne à une de tôles de jauge n° 24, type M-36 .
température de 120 °C . Sachant que la densité de cou-
a) Sachant que la densité de flux est de 1,2 T, de
rant est de 2 A/mm2 , calculer les pertes massiques en
quel pourcentage les pertes diminueraient-elles
W/kg . si le fabricant utilisait de la tôle de jauge n° 29,
29-19 a) Quelle est la fréquence engendrée dans type M-14?
les tôles (type M-36, jauge 24) de l'induit de la Fig . b) Quels sont les avantages de cette diminution des per-
28-4a, lorsqu'il tourne à une vitesse de 1200 r/min, tes?
sachant que l'inducteur possède 6 pôles . Chaque dent c) Quels sont les inconvénients à utiliser ce type de
a une largeur de 10 mm, une profondeur de 35 mm et tôle?
une longueur de 235 mm.
29-24 La plaque signalétique du moteur illustré à la
b) Calculer les pertes dans les dents sachant que l'in- Fig . 29-14 affiche les informations suivantes :
duction maximale dans les 81 dents est de 1,4 T. Puissance 350 hp
29-20 L'échauffement d'un moteur est à peu près vitesse nominale 1785 r/min
proportionnel à ses pertes . D'autre part, son rendement tension triphasée 575 V
est habituellement assez constant pour toute puissance courant par phase 312 A
comprise entre 50 % et 150 % de sa puissance nomi-
fréquence 60 Hz
nale (voir, par exemple, la Fig . 29-9) . À pleine charge,
rendement 95,8%
un moteur de 20 kW a un échauffement de 80 'C . Cal-
culer la puissance approximative qu'il pourra débiter masse 3130 lb
si l'on permet un échauffement de 105 °C? moment d'inertie 74 lb .ft2
couple nominal 1030 lbf .ft
29-21 Un moteur à courant alternatif de 250 W pos-
sède une isolation classe 105 °C . Type de moteur : triphasé à induction, TEFC
a) Selon les normes de l'ACNOR, quel est l'échauffe- (« totally enclosed, fan cooled »)
ment permis, mesuré par l'augmentation de résis- Comme ce moteur est destiné au marché américain,
tance? les unités sont exprimées en « American customary
b) Si l'on rebobine le moteur avec une isolation classe units » .
130 °C, quelle sera le nouvel échauffement permis? En utilisant ces informations, déterminer les valeurs
Compte tenu des remarques faites au problème approximatives a) du poids b) du rendement et c) du
29-20, quelle sera alors la nouvelle puissance moment d'inertie pour un moteur triphasé semblable
approximative du moteur? de 25 hp, 460 V, 1150 r/min .
30

Transformateurs

Le transformateur est un appareil électrique très sim- ou


ple, mais il n'en constitue pas moins l'un des plus uti- E = tension efficace induite, en volts [V]
les . Le transformateur permet de modifier la tension et
f = fréquence du flux, en hertz [Hz]
le courant dans un circuit . Grâce à lui, l'énergie élec- N = nombre de spires de la bobine
trique peut être transportée à grande distance de façon
0max = valeur maximale du flux, en webers [Wb]
économique et distribuée dans les usines et les mai- 4,44 = constante (valeur exacte = ni2)
sons .
La provenance du flux n'a aucune importance ; il peut
L'étude du transformateur nous aidera également à être créé par un enroulement extérieur, par un aimant
comprendre le fonctionnement d'un grand nombre de
machines telles que moteurs d'induction, alternateurs,
compensateurs synchrones, etc ., car ces machines uti- 0
lisent aussi le principe de l'induction électromagné- fréquence f
tique . C'est pourquoi nous recommandons au lecteur t-
(a) E N spires
de porter une attention particulière à ce chapitre .
Nous établirons d'abord quelques concepts de base,
pour ensuite procéder à l'analyse du transformateur
idéal . Connaissant les propriétés fondamentales du
transformateur idéal, nous les appliquerons à l'étude
des transformateurs utilisés en pratique .

30 .1 Tension induite dans une bobine


(b)
Soit une bobine entourant un flux qui varie sinusoï- temps
dalement à une fréquence f, atteignant périodiquement
des crêtes positives et négatives de valeur o,,,ax (Fig .
30-1) . Ce flux alternatif induit entre les bornes de la
bobine une tension alternative donnée par l'équation :
Figure 30-1
a. Une tension alternative est induite aux bornes d'une bobine
E = 4,44 fNOmax (30-1) qui entoure un flux alternatif .
b . Le flux sinusoïdal induit une tension sinusoïdale .
440

TRANSFORMATEURS 441

en mouvement, ou par un courant qui circule dans la IM


bobine elle-même . Cette formule indique que pour une
fréquence donnée la tension induite est proportionnelle 0
au flux maximal ~max .
N spires
L'équation 30-1 découle de la loi de Faraday Il-- --l'
E = NAç/4t,
où Ai/At est le taux de changement du flux . Ainsi, dans
la Fig . 30-1b, durant l'intervalle de 0 à t i , AO/At est
positif, donc la tension est positive . De même, durant Eg ,E
l'intervalle de t i à t3 , AO/At est négatif, donc la tension
induite est négative. Enfin, aux instants t i et t3, 4/At
est nul, donc la tension est nulle .
Noter que A4/Ot est maximal aux moments où le flux
0 est nul . Or, c'est précisément à ces moments que la Figure 30-2
a . La tension induite dans une bobine est égale à la tension
tension induite est maximale .
appliquée .
b . Diagramme vectoriel des grandeurs sinusoïdales .
Exemple 30-1
Une bobine possédant 4000 spires entoure un flux
sinusoïdal dont la valeur crête est de 2 milliwebers
et la fréquence est 60 Hz . Calculer la valeur de la
tension induite . d'où l'on tire :

Solution Eg
(30-3)
On a : 4,44 fN
E = 4,44 fNlmax
Pour une fréquence et un nombre de spires donnés,
= 4,44 x 60 x 4000 x 0,002 cette équation révèle que le flux 0max varie propor-
= 2131 V tionnellement à la tension appliquée . De plus, si la ten-
sion Eg est constante, le flux maximal doit aussi de-
La tension efficace induite est de 2131 V, et sa valeur meurer constant.
crête est 2131 i12 = 3014 V
Supposons, par exemple, qu'on introduise graduelle-
30 .2 Tension appliquée et tension induite ment un noyau de fer à l'intérieur de la bobine tout en
La Fig . 30-2a montre une bobine à noyau d'air rac- gardant la tension E g de la source constante (Fig . 30-
cordée à une source de tension sinusoïdale Eg . Si la 3) . La valeur maximale du flux demeure rigoureuse-
résistance de la bobine est négligeable, le courant vaut ment constante pendant cette maneeuvre et, lorsque le
noyau d'acier sera rentré complètement à l'intérieur
I. = EgIXL
de la bobine, le flux Omax n'aura pas changé . En effet,
où XL est la réactance inductive de l'enroulement . Le si le flux augmentait (comme on pourrait le croire), la
flux créé par le courant alternatif induit aux bornes de tension induite E augmenterait également . Ceci est
la bobine une tension E dont la valeur est donnée par impossible car la tension Eg de la source demeure cons-
l'équation (30-1) . D'autre part, si l'on se réfère à la tante .
figure, on constate que la tension appliquée Eg et la Pour une même tension Eg, le flux dans les Fig . 30-2 et
tension induite E sont identiques car elles apparaissent 30-3 reste donc le même. Cependant, le courant est
entre les deux mêmes bornes . Puisque Eg = E, on peut beaucoup plus petit lorsque le noyau d'acier est à l'in-
ecrire : térieur de l'enroulement. En effet, pour produire le
même flux avec un noyau de fer, on a besoin d'une
Eg = 4,44 fNÇmax (30-2) FMM plus faible, donc d'un courant plus faible . Ce



442 ÉLECTROTECHNIQUE

La FMM crête est :

FMMcrête = NIm crête = 90 spires x 5,66 A


= 509 A
(a)
0
Notons que le flux atteint sa valeur crête omax à l'ins-
tant où la FMM est de 509 A .
c) La réactance inductive de la bobine est :

Eg ,E X _ Eg _ 120 V
L - = 30£2
Im 4 A
(b)
d) L'inductance de la bobine est :

L = XL = 30
Figure 30-3 = 0,0796 H
a. Le flux demeure constant pendant que le noyau est introduit 2nf 2n x 60
dans la bobine .
b . Diagramme vectoriel des grandeurs sinusoïdales . Le = 79,6 mH
courant magnétisant est plus petit que dans la Fig . 30-2 .
30 .3 Transformateur élémentaire
Sur la Fig. 30-4, une bobine à noyau d'air est alimen-
courant Im est appelé courant magnétisant ; il est dé- tée par une source de tension Eg . Le courant magnéti-
phasé de 90° en arrière de la tension Eg , comme dans sant I n produit un flux total 0 qui est dispersé autour
toute inductance (Fig . 30-2b et 30-3b) . de l'enroulement. Si l'on approche de ce montage une
deuxième bobine, une partie du flux 0 est captée (ou
Exemple 30-2 accrochée) par les spires de cette deuxième bobine et
Une bobine de 90 spires est raccordée à une source une faible tension E2 est induite à ses bornes .
de 120 V, 60 Hz . Sachant que le courant magnéti- L'ensemble de ces deux bobines constitue un trans-
sant est de 4 A, calculer : formateur. La bobine raccordée à la source est appelée
a) la valeur crête du flux enroulement primaire (ou simplement «primaire») et
l'autre est appelée enroulement secondaire (ou sim-
b) la valeur crête de la FMM développée par la bo-
plement «secondaire») .
bine
j la réactance inductive de la bobine Il existe une tension seulement entre les bornes 1 - 2
du primaire et les bornes 3 - 4 du secondaire . Il n'existe
d) l'inductance de la bobine
aucune tension entre une des bornes du primaire et une
Solution des bornes du secondaire . Il s'ensuit que le secondaire
est isolé électriquement du primaire .
a) La valeur crête du flux est :
Le flux 0 créé par le primaire peut être subdivisé en
Eg 120 deux parties : un flux mutuel On,, qui accroche les spi-
Omax = _ res du secondaire, et un flux de fuite of, qui ne les ac-
4,44 fN
4,44 x 60 x 90
croche pas . Lorsque les bobines sont éloignées l'une
= 0,005 = 5 mWb de l'autre, le flux mutuel est faible par rapport au flux
total 0; on dit alors que le couplage entre les bobines
b) La valeur crête du courant magnétisant est :
est faible . On peut obtenir un meilleur couplage (et
une tension E2 plus grande) en rapprochant les deux
IM crête = Im ~ 2 = 4 12 enroulements . Cependant, même si l'on colle le secon-
= 5,66 A daire contre le primaire, le flux mutuel demeure faible

TRANSFORMATEURS 443

Figure 30-4 Figure 30-5


Définition du flux mutuel et du flux de fuite . Les bornes ayant la même polarité instantanée sont
identifiées par un point noir .

par rapport au flux total 0. Lorsque le couplage est fai- 30 .5 Propriétés des marques de polarité
ble, la tension E2 est petite et, de plus, elle s'écrase dès Habituellement, un transformateur est logé dans un
qu'on applique une charge entre les bornes du secon- boîtier de sorte que seulement les bornes primaires et
daire . Il faut donc trouver un moyen d'améliorer le secondaires sont accessibles . Bien que les enroulements
couplage . ne soient pas visibles, les règles suivantes s'appliquent
On peut l'améliorer de beaucoup en bobinant le se- quand on connait les marques de polarité .
condaire par-dessus le primaire . Avec cette construc-
1 . Un courant qui entre par une marque de polarité pro-
tion, la presque totalité du flux 0 créé par le primaire
duit une FMM dans le sens «positif» . Par consé-
est accrochée par le secondaire . Le flux de fuite n'est
quent, il produit un flux dans le sens «positif» (Fig .
plus qu'une petite fraction du flux total, ce qui aug-
30-6) . Inversement, un courant sortant d'une mar-
mente la valeur de la tension induite E2 à vide et la
que de polarité crée une FMM dans le sens «néga-
maintient presque constante en charge.
tif» . Une FMM «négative» agit en sens inverse d'une
30 .4 Marques de polarité d'un FMM «positive» .
transformateur 2 . Si une borne portant une marque de polarité est mo-
Dans la Fig . 30-4, les flux of , et oml sont tous deux mentanément positive, toutes les bornes ayant une
produits par le courant magnétisant I,,, . Par conséquent, marque de polarité sont momentanément positives
les flux sont en phase, atteignant tous deux leur valeur (par rapport à l'autre borne du même enroulement) .
crête en même temps . Ils passent aussi par zéro en
même temps . Il s'ensuit que la tension E2 atteint sa
valeur crête en même temps que Eg . Supposons qu'au
moment où les tensions atteignent leur maximum, la
borne 1 soit positive par rapport à la borne 2, et que la
borne 3 soit positive par rapport à la borne 4 (Fig . 30-
5) . On dit alors que les bornes 1 et 3 possèdent la même
polarité. On l'indique en plaçant un gros point noir
ris-à-vis de la borne 1 et un autre vis-à-vis de la borne
3. Ces points sont appelés marques de polarité .
On pourrait aussi bien placer les marques de pola-
nité vis-à-vis des bornes 2 et 4, car elles deviennent
à leur tour simultanément positives lorsque les ten- boîtier
sions alternent . On peut donc placer les marques de
Figure 30-6
polarité, soit à côté des bornes 1 et 3, soit à côté des Un courant qui entre par une borne portant une marque de
bornes 2et4 . polarité crée un flux dans le sens «positif» .

444 ÉLECTROTECHNIQUE

Ces règles nous permettent de tracer le diagramme ou


vectoriel des circuits primaire et secondaire, même si Et = tension induite au primaire [V]
ces deux enroulements sont électriquement isolés . Par
E2 = tension induite au secondaire [V]
exemple, dans la Fig . 30-6, compte tenu des marques NI = nombre de spires du primaire
de polarité, la tension E34 est nécessairement en phase N2 = nombre de spires du secondaire
avec la tension E12 .
Cette relation signifie que le rapport des tensions pri-
maire et secondaire est égal au rapport des nombres de
LE TRANSFORMATEUR IDÉAL
spires . De plus, puisque les tensions primaire et secon-
daire sont produites par le même flux Om, elles attei-
30.6 Le transformateur idéal à vide ; rapport
gnent leurs valeurs maximales et minimales en même
de transformation
temps .
Avant d'entreprendre l'étude des transformateurs in-
Le diagramme vectoriel pour la marche à vide est donné
dustriels, nous allons examiner les propriétés d'un
à la Fig . 30-7b . Vu les marques de polarité du transfor-
transformateur idéal . Par définition, un transformateur
mateur (points noirs), et les polarités des tensions (si-
idéal n'a aucune perte et son noyau est infiniment per-
gnes +), le vecteur E2 est en phase avec le vecteur E l .
méable . De plus, le couplage entre le primaire et le
secondaire est parfait . Par conséquent, un transforma- Pour un transformateur dont le secondaire comporte
teur idéal n'a aucun flux de fuite . moins de spires que le primaire, le vecteur E2 est plus
court que le vecteur El . Comme pour toute inductance,
En pratique, les transformateurs ont des caractéristiques
le courant Im est déphasé de 90° en arrière de la ten-
qui se rapprochent de celles d'un transformateur idéal .
sion E l . Le vecteur représentant le flux O n est en phase
L'étude du transformateur idéal nous aidera donc à
avec Im car le flux est créé par le courant magnétisant .
comprendre les propriétés des transformateurs réels .
La Fig . 30-7a montre un transformateur idéal dont le
primaire et le secondaire possèdent respectivement N 1
et N2 spires . Le primaire est raccordé à une source Eg ,
et le secondaire est ouvert . Les tensions induites ont
respectivement El et E2 volts . Le flux Om créé par le
primaire est accroché complètement par le secondaire .
Comme sa valeur crête est 0max, on peut écrire les équa-
tions suivantes :

E l = Eg

E1 = 4,44 fNl omax

et
E2
E2 = 4,44 fN2 omax >-Eg ,Ei

En divisant la première équation par la deuxième, on tm


tire l'expression du rapport de transformation d'un (b)
transformateur:

E1 N1
(30-4) Figure 30-7
E2 N2 a . Transformateur idéal à vide .
b . Diagramme vectoriel des grandeurs sinusoïdales .

TRANSFORMATEURS 445

Cependant, comme il s'agit d'un transformateur idéal,


le circuit magnétique est infiniment perméable, ce qui
veut dire qu'un courant magnétisant infiniment petit
suffit à créer le flux o,,, . Le diagramme vectoriel à vide
est donc tel que le montre la Fig . 30-7b, mais I,,, est
infiniment petit.

Exemple 30-3
On applique une tension efficace de. 24(X) V au pri-
maire d'un transformateur abaisseur de tension, dont
le primaire comporte 500 spires et le secondaire
25 spires .
a) Calculer la tension efficace induite au secondaire
b) Quelle est la valeur de la tension instantanée au
secondaire au moment où la tension au primaire
(b)
est de 37 V?

Solution
al La tension induite dans chacune des spires de l'en-
roulement primaire est : Figure 30-8
a . Transformateur idéal en charge ; il produit seulement un
flux mutuel .
2400 V -
. 500 spires = 4,8 V/spire b . Diagramme vectoriel des grandeurs sinusoïdales .
Cette valeur est aussi celle de la tension induite dans
chaque spire de l'enroulement secondaire . La tension
totale aux bornes du secondaire est donc : Noter que ce courant circule dans la charge ainsi que
dans les N2 spires du secondaire .
E2 = 4,8 V/spire x 25 spires = 120 V
La valeur de E2 change-t-elle lorsqu'on branche la
On aurait pu calculer directement cette tension en uti- charge? Avant de répondre à cette question, rappelons
lisant le rapport de transformation . De l'équation 30-4 deux faits.
on obtient :
Premièrement, dans un transformateur idéal, le primaire
N2 et le secondaire sont couplés par le flux mutuel Om seu-
E2 = E, x lement . Par conséquent, le rapport de transformation
N1 en charge est le même qu'à vide, soit:

= 2400 x 25 = 120 V E,/E2 = NI/N2


500 Deuxièmement, comme la tension Eg de la source de-
bl La tension au secondaire est 25/500 = 0,05 fois la meure constante, la tension El (induite par On,) reste
&ension au primaire à chaque instant . Par conséquent, également constante. Il s'ensuit que E 2 ne change pas
lorsque El = 37 V, E2 = 37 x 0,05 = 1,85 V. lorsque la charge est branchée au secondaire .
Examinons maintenant les FMM qui sont engendrées
30.7 Transformateur idéal en charge ;
par les enroulements primaire et secondaire . Tout
rapport des courants
d'abord, le courant 12 produit une FMM secondaire
Raccordons une charge Z au secondaire d'un transfor-
N2I2 . Si elle agissait seule, cette FMM produirait un
mateur idéal (Fig . 30-8) . Un courant 12 circulera im-
changement majeur dans le flux o,,, . Mais on vient de
médiatement . Ce courant est donné par :
constater que le flux 0. ne change pas . Le flux on, ne
peut donc demeurer constant que si le primaire crée, à
12 = tout instant, une FMM N1 I1 d'égale valeur mais op-
Z

446 ÉLECTROTECHNIQUE

posée à N2I2 . Ainsi, le courant I i circulant au primaire un simple boîtier possédant les bornes primaires et se-
doit respecter la relation : condaires (Fig . 30-9) . Les marques de polarité du trans-
formateur (les deux points noirs) permettent d'indiquer
Ni Il = N2 12 (30-5) la relation vectorielle entre les courants et les tensions
au primaire et au secondaire .
Afin de créer cette opposition instantanée, I l et 12 doi- Pour les courants, nous adoptons les règles suivantes :
vent augmenter et diminuer en même temps . Il faut
1 . Le courant I l au primaire entre par la marque de
donc que I l et 12 soient en phase. De plus, pour que les
polarité
FMM s'opposent, il faut que I l entre par la marque de
polarité du primaire lorsque 12 sort par la marque de 2. Le courant 12 au secondaire sort par la marque de
polarité du secondaire (Fig . 30-8a) . polarité

Compte tenu de ce qui précède, on peut tracer le dia- Il s'ensuit que Ii et 12 sont en phase .
gramme vectoriel du transformateur idéal en charge En ce qui concerne les tensions, deux notations sont
(Fig . 30-8b) . Si l'on suppose une charge résistive-in- possibles : l'une selon la méthode des polarités (+-),
ductive, le courant 12 sera en retard d'un angle 0 sur la l'autre selon la méthodes des deux indices (voir cha-
tension E2. Le flux 0,,, est toujours 90° en arrière de pitre 7, sections 7 .3 et 7 .7) .
Eg , mais aucun courant magnétisant n'est requis, du
Lorsque les tensions sont indiquées selon la méthode
fait qu'il s'agit d'un transformateur idéal dont le noyau
des polarités, nous adoptons la règle suivante (Fig . 30-
a une perméabilité infinie . Les courants I l et 12 sont en
9a) :
phase et ils sont définis par l'équation :
1 . La tension primaire est indiquée par le symbole E l .
Il = N2 et sa polarité (+) est inscrite vis-à-vis de la marque
(30-6) de polarité du primaire
12 NI
2 . La tension secondaire est indiquée par le symbole
où E2 et sa polarité (+) est inscrite vis-à-vis de la mar-
Il = courant primaire [A] que de polarité du secondaire
12 = courant secondaire [A]
NI = nombre de spires au primaire
N2 = nombre de spires au secondaire
En comparant les équations 30-4 et 30-6, on constate
que le rapport des courants est l'inverse de celui des
tensions . Autrement dit, ce que l'on gagne en tension,
on le perd en courant et vice versa . Des équations 30-4
et 30-6, on tire :

Etlt = E212 (30-7)

La puissance apparente absorbée au primaire est donc


égale à la puissance apparente débitée par le secon-
daire . Il s'ensuit que les puissances active et réactive
débitées par le secondaire sont exactement égales à
celles absorbées par le primaire .

30 .8 Conventions et représentation
symbolique d'un transformateur idéal
Afin de se concentrer sur les propriétés fondamentales
Figure 30-9a
du transformateur idéal, il est utile de le représenter
Symbole d'un transformateur idéal et diagramme vectoriel
sous forme symbolique . Ainsi, au lieu de tracer en dé- associé lorsque les tensions sont notées selon la méthode
tail les enroulements et le flux mutuel 0m, on montre des polarités (+, -) .


TRANSFORMATEURS 447

Cette règle assure que E l et E2 sont en phase .


Exemple 30-4
Lorsque les tensions sont indiquées selon la méthode Un transformateur idéal ayant 90 spires au primaire
des deux indices, nous adoptons la procédure suivante et 2250 spires au secondaire est branché sur une
(Fig . 30-9b) : source de 200V, 60 H7 (Fig . 30-10a) . La charge tire
1 . Les bornes sont identifées par des symboles, tels que un courant de 2A et son facteur de puissance est de
les lettres a, b, c, d 80 % en retard . Tracer le diagramme vectoriel .
2 . En tenant compte des marques de polarité on peut
immédiatement écrire les tensions primaire et se-
condaire qui sont en phase .
Ainsi, dans la Fig . 30-9b, Eab et Ecd sont en phase, car
les symboles a et c sont tous deux vis-à-vis d'un point
noir.

Eg , E l _
200V E2 = 5000V

36,9°
12
=2A
(b)
= 50 A
Ecd Eab
O rr, = 8,34 mWb

Figure 30-10
a . Voir exemple 30-4 .
b . Diagramme vectoriel des tensions et des courants .

Solution
Figure 30-9b En se référant à la Fig . 30-1 Oa, la polarité des tensions
Symbole d'un transformateur idéal et diagramme vectoriel E,, E2 et la direction des courants I l , 12 sont indiquées
associé lorsque les tensions sont notées selon la méthode
des deux indices .
conformément aux règles que nous venons de décrire .
Le rapport de transformation est :
N' 90
Nous définissons aussi le rapport de transformation a, a = = = 0,04
selon l'expression : N2 2250

nombre de spires au primaire NI La tension secondaire est donc :


a = _
nombre de spires au secondaire N, E2 = El = 200_ = 5000 V
a 0,04
II s'ensuit que :
Comme le facteur de puissance est 80 % en retard, il
E l = a E2 (Fig . 30-9a) s'ensuit que 12 est en retard sur E, d'un angle :
E ab = a Ec d (Fig . 30-9b) 0 = arccos 0,8
12 = a Ii (Fig . 30-9a et 30-9b) = 36,9°




448 ÉLECTROTECHNIQUE

Le courant au primaire est : '1 12

Iz 2 A
h =-_ = 50A
a 0,04

La valeur crête du flux est :

El 200
Omax = _ (a)
4,44 fNt 4,44 x 60 x 90
= 0,00834 = 8,34 mWb I,

Le vecteur O,T, est 90° en arrière de Eg et de E 1 .


En prenant Eg comme vecteur de référence, on obtient (b) Zp =a2Zs
le diagramme vectoriel montré à la Fig . 30-1Ob .

30.9 Rapport d'impédance


Le transformateur est utilisé pour modifier une tension
Figure 30-11
ou un courant. Nous montrons ci-après que ces trans- a . Un transformateur idéal peut transformer la valeur d'une
formations de la tension et du courant produisent aussi impédance .
une tranformation d'impédance . Considérons, par b. l'impédance vue par la source est a 2 fois l'impédance
exemple, la Fig . 30-11, où un transformateur idéal est réelle .
branché entre une source Eg et une charge ayant une
impédance Z s . Le rapport de transformation étant a,
Par conséquent, on peut écrire :
on peut écrire :

I Zp = a 2 Zs (30-11)
El = a E2 et Ii = - (30-8)
a ou
Zp = impédance vue entre les bornes du primaire
Les bornes secondaires «voient» une impédance Z s
[~2]
donnée par :
Zs = impédance réelle entre les bornes du secon-
E2 daire [52]
(30-9) a = rapport de transformation
12
Cette expression révèle que l'impédance Zp vue par la
D'autre part, la source Eg «voit» une impédance Z p source est a2 fois l'impédance réelle (Fig . 30-1 lb) .
donnée par : Un transformateur idéal a donc la propriété remarquable
de pouvoir augmenter ou abaisser la valeur d'une im-
El
zp = - (30-10) pédance, quelle que soit sa nature . Cette transforma-
h tion est bel et bien réelle . Un transformateur permet de
changer la valeur de n'importe quelle composante, que
En substituant les équations 30-8 et 30-9 dans l'ex-
ce soit une résistance, un condensateur ou une induc-
pression 30-10, on obtient :
tance.
Par exemple, si l'on branche une résistance de 100 S2
_ El _ a E2 _a 2 E2
z au secondaire d'un transformateur ayant un rapport de
p
Il I2/a 12 transformation a = 0,2, elle apparaît au primaire comme
une résistance de
= a 2 Zs
Rp = 100 x (0,2)2 = 4 £2
TRANSFORMATEURS 449

De même, un condensateur possédant une réactance


capacitive X c = 100 S2 apparaîtra au primaire comme
un condensateur ayant une réactance de 4 S2 . Comme
la réactance est inversement proportionnelle à la
capacitance, il s'ensuit que la capacitance vue par la
(a)
source est 25 fois plus grande que la capacitance réelle .
On peut donc augmenter (ou diminuer) la capacitance
d' un condensateur ou l'inductance d'une bobine à l'aide
d'un transformateur .

30 .10 Déplacement des impédances du


secondaire au primaire et vice versa
Pour résoudre un circuit comprenant un transforma-
(b)
teur, il est parfois utile de l'éliminer afin de simplifier
le circuit . Cela peut se réaliser en transférant les im-
pédances du côté secondaire au côté primaire .
Considérons le circuit de la Fig . 30-12a composé de
quatre impédances et d'un transformateur alimentés par
une source E g . Le transformateur a un rapport de trans-
formation a . On peut progressivement déplacer au pri-
maire les impédances situées du côté secondaire, (c)
comme l'indiquent les Fig . 30-12b à 30-12e . On cons-
tate que l'arrangement série-parallèle des éléments de-
meure intact, mais la valeur des impédances ainsi trans-
férées est multipliée par le facteur a 2 . En même temps,
la tension réelle aux bornes de chaque élément est mul- Z, a 2z3 1=0 r=0
tipli~e par a et le courant qu'il porte est divisé par a .
Comparer, par exemple, la tension et le courant dans
l'élément Z2 avant et après le transfert (Fig . 30-12a et
(d)
30-12b) .
Si l'on transfère toutes les impédances, le transforma-
teur se retrouve à l'extrême droite du circuit (Fig . 30-
12d) . On constate que le secondaire est alors ouvert,
z, a2 z3
ce qui implique que les courants au primaire et au se-
condaire sont nuls . On peut donc éliminer le trans-
formateur sans que le circuit soit affecté (voir Fig . 30-
12e) . Dans cette figure, les impédances sont toutes ra-
menées du côté primaire du transformateur. Comme le
transformateur a disparu, le circuit peut être résolu par
les méthodes habituelles .
En général, lorsqu'on transfère une impédance, la ten- Figure 30-12
a . Montage composé de 4 impédances et d'un transformateur
sion réelle à ses bornes est multipliée par le rapport de
idéal .
transformation . Si l'impédance est transférée du côté b. Limpédance Z2 est rapportée au côté primaire .
où la tension est plus élevée, la tension aux bornes de c . Z2 et Z3 sont rapportées au côté primaire .
l'impédance ainsi transférée augmente dans les mê- d . Toutes les impédances sont rapportées au côté primaire .
Le transformateur ne porte plus aucune charge .
mes proportions . e . Circuit équivalent après élimination du transformateur .



450 ÉLECTROTECHNIQUE

Ilest parfois utile de transférer les éléments primaires Exemple 30-5


au côté secondaire (Fig . 30-13a) . On procède alors de Soit le montage de la Fig . 30-14 dans lequel le trans-
la même manière mais la valeur des impédances ainsi formateur idéal a un rapport de transformation
transférées est divisée par a2 (Fig . 30-13b) . On peut
a = N I IN,
même transférer la source au côté secondaire ; sa ten-
sion devient alors E g la . a) Tracer le circuit équivalent en rapportant toutes
On constate de nouveau que les courants dans le trans- les impédances au côté primaire . Calculer la va-
formateur (situé maintenant à l'extrême gauche, Fig . leur de I, .
30-13c) sont nuls, ce qui permet de l'éliminer, pour h) Tracer le circuit équivalent en rapportant toutes
arriver au montage de la Fig . 30-13d . les impédances au côté secondaire . Calculer la
valeur de I, .

Z, Z3

(a) z4

a:

Z,
a2 Z3 Figure 30-14
Voir exemple 30-5 .

(b) Eg Z4 Solution
a) Lorsque les impédances de 4 S2 et 3 £2 sont rappor-
tées au primaire, leurs valeurs sont augmentées dans le
rapport (N1IN2 ) 2 , soit par un facteur 22 = 4 . Cela donne
le circuit équivalent de la Fig . 30-15 .

19 Q2 160

(c) z4

Figure 30-15
Les impédances sont rapportées au côté primaire .

(d) Z4
L'impédance de ce circuit est :

Z = 1~ R 2 + XL éq . 243

Figure 30-13 = V 122 + ( 19 + 16)2


- ~ 122 2
Transfert progressif des éléments du côté primaire au côté
secondaire . + 35 = 37 S2




TRANSFORMATEURS 451

Il s'ensuit que:

Eg 148 V
Il =-_ = 4A
Z 37 S2

De plus, puisque Il = IZ, il s'ensuit que 12 = 8 A.


2
b) Lorsque les éléments sont tous rapportés au côté
secondaire, l'impédance de 19 Q2 devient :

XL = 19 = 19
= 4,75 S2
a 4

La tension de 148 V devient :

148 V _ 148
E' = = 74 V
g a 2
2A 24 V 8A
Ce qui donne le circuit équivalent de la Fig . 30-16.
Figure 30-17
L'impédance du circuit est:
Diagramme vectoriel du circuit de la Fig . 30-14 .

Z = \IR 2 + XL
TRANSFORMATEURS UTILISÉS EN PRATIQUE
_ /32 + 8,75 2
= 9,25 £2 Nous venons d'étudier les propriétés du transforma-
teur idéal . Cependant, en pratique, les transformateurs
II s'ensuit que : réels ne sont pas parfaits et notre analyse doit en tenir
compte . Ainsi, les enroulements d'un transformateur
_ E'g _ 74 V = 8 A réel possèdent une résistance, et le noyau n'est pas in-
12
Z 9,25 S2 finiment perméable . De plus, le flux créé par le pri-
maire n'est pas complètement accroché par le secon-
daire, de sorte qu'il faut tenir compte des flux de fuite .
4,75 d2 40
Enfin, les pertes dans le fer contribuent à l'échauffe-
ment du transformateur et diminuent son rendement .
Nous verrons que l'on peut représenter un transforma-
74 V 3 S2
teur réel par un circuit équivalent composé d'un trans-
formateur idéal, de résistances et de réactances . Ce cir-
cuit nous permettra de décrire toutes les propriétés d'un
transformateur, même lorsqu'il est branché en parallèle
Figure 30-16
Les impédances sont rapportées au côté secondaire . avec d'autres transformateurs . Enfin, pour mieux sai-
sir l'ordre de grandeur des éléments composant le cir-
cuit équivalent du transformateur, nous aurons recours
aux valeurs relatives, soit le système p .u .
Le diagramme vectoriel du montage réel est donné à la
Fig . 30-17 . On a pris le courant 12 comme vecteur de 30.11 Transformateur idéal comportant un
référence . Le lecteur vérifiera que les tensions aux bor- noyau réel
nes des réactances et de la résistance sont respecti- Le noyau d'un transformateur idéal est parfaitement
vement de 76 V, 32 V et 24 V, telles qu'indiquées . perméable et ne présente aucune perte . Qu'arrive-t-il



452 ÉLECTROTECHNIQUE

ou
I2 =0 .
• > Rm = résistance représentant les pertes dans le fer
o
[Ç]
Xm = réactance magnétisante du primaire [S2]
E, E2 E, = tension induite au primaire [V]
R Pm = pertes dans le fer [W]
T Qm = puissance réactive requise pour créer le flux
T idéal o
mutuel Om [var]
(a) Pour créer le flux dans un noyau imparfait, on a besoin
d'un courant I o égal à la somme vectorielle de If et de
Im. Ce courant s'appelle courant d'excitation . La Fig .
30-18b montre le diagramme vectoriel de ce transfor-
(b) mateur imparfait lorsqu'il fonctionne à vide . Le flux
mutuel est encore donné par l'équation 30-3 :

Et Eg
0m =
Figure 30-18 4,44 fN 4,44 fN
a . Circuit d'un transformateur idéal comportant un noyau réel .
b . Diagramme vectoriel des variables . Exemple 30-6
Un transformateur de 20 kVA, 120 V/600 V,
fonctionnant à vide, tire un courant de 5 A lors-
si on le remplace par un autre ayant des pertes par qu'il est raccordé à une source de 120 V, 60 Hz
hystérésis et par courants de Foucault et dont la per- (Fig . 30-19a) . Un wattmètre indique une puis-
méabilité n'est pas infinie? Ces imperfections peuvent sance de 180 W . Calculer :
être représentées au moyen d'une résistance R m et d'une
a) la puissance réactive absorbée par le noyau
réactance Xm branchées en parallèle avec le primaire
h) la valeur de R,,, et de X,
d'un transformateur idéal (Fig . 30-18a) .
e) les valeurs de If, 1
La résistance Rm représente les pertes dans le fer et la
chaleur qu'elles dégagent . Un faible courant If est tiré
de la ligne pour fournir ces pertes .
La réactance magnétisante Xm est un indice de la per-
méabilité du noyau . Ainsi, à une faible perméabilité,
correspond une valeur de Xm relativement basse . Le
(a) 120 V
courant Im est le courant magnétisant requis pour créer 60 Hz
le flux dans le noyau .
Les valeurs de R m et Xm sont données par les équa-
tions suivantes :

f=1,5A
- 120V
= Et2
Rm (30-12)
Pm (b) I, = 4,8 A
=5A

0m
EtZ
Xm = (30-13)
Figure 30-19
Qm Voir exemple 30-6 .




TRANSFORMATEURS 453

Solution est respectivement N I et N2 et on suppose que la résis-


a) La puissance apparente fournie au noyau est : tance des enroulements est nulle .
Considérons alors un tel transformateur raccordé à une
Sm = Eglo = 120 V x 5 A source Eg et fonctionnant à vide (Fig . 30-20) . Puisque
= 600 VA le noyau est parfait, le courant Il au primaire est nul .
Branchons alors une charge Z au secondaire tout en
Les pertes dans le fer sont : maintenant la tension Eg fixe (Fig . 30-21) . Cette ma-
noeuvre simple entraîne une série d'événements que
Pm = 180 W
nous énumérons ci-après :
La puissance réactive absorbée par le noyau est :
1 . Des courants I l et 12 commencent à circuler dans les
enroulements primaire et secondaire . Ils sont reliés
- P,2i = 6002 - 1802
par l'équation 30-6 :
= 572 var Il N2
b) L'impédance correspondant aux pertes dans le fer 12 Ni
est :

Eg 1202 = 80f2
=
Pm 180
La réactance magnétisante est :

EZ 1202
E
`Ym = = = 25,2 £2
Qm 572
c) Le courant requis pour fournir les pertes dans le fer
est :

120 V
If = Eg = = 1,5 A
Rm 80 S2 Figure 30-20
Transformateur idéal comportant un noyau parfait et un
Le courant magnétisant est :
couplage relativement faible .
Eg _ 120 V
In, _ = 4,8 A
Ym 25,2 S2
On vérifie que le courant d'excitation est :

1m = 1 1,5 2 + 4,82

Le diagramme vectoriel est montré à la Fig . 30-19b .

30.12 Transformateur idéal à couplage


partiel
Nous venons d'étudier le comportement d'un trans-
formateur idéal lorsque son noyau est imparfait . Sup- Figure 30-21
posons maintenant que le noyau soit idéal, mais que le Flux mutuels et flux de fuite lorsque le transformateur est
couplage entre le primaire et le secondaire soit impar- sous charge . Les flux de fuite sont d'autant plus grands que
le couplage est faible . Noter que le flux 0m1 n'a pas la même
fait . Le nombre de spires au primaire et au secondaire
valeur que dans la Fig . 30-20 .

454 ÉLECTROTECHNIQUE

2 . 12 produit une FMM N2 12 et I, produit une FMM


N I II . Ces FMM agissent en sens contraires car lors-
t,
que I, entre par la marque de polarité 1, 12 sort par
la marque de polarité 3 .
3 . La FMM Nf h produit un flux total 0 1 . Comme le
couplage est imparfait, seulement une partie 0,,,, de
ce flux est accrochée par le secondaire, alors que
l'autre partie of, ne l'est pas . Le flux of , s'appelle
flux de fuite du primaire .
4 . La FMM N2I2 produit un flux total 02 . Une partie
0,n2 de ce flux est accrochée par le primaire, alors
que l'autre portion 0f2 ne l'est pas . Le flux 0f2 s' ap- Figure 30-22
pelle flux de fuite du secondaire . Le flux mutuel est produit par l'action combinée des FMM
N1 11 et N2,2-
On constate donc qu'en raison des flux de fuite, les
FMM créées par Ii et 12 changent complètement la con-
figuration du champ magnétique par rapport au cas sans 5 . Enfin, la tension Ep induite au primaire est égale à
charge . Comment analyser cette nouvelle situation? En la tension Eg de la source .
se référant à la Fig . 30-21, nous établissons les cinq À l'aide de ces données, nous sommes en mesure de
points suivants : développer le circuit équivalent du transformateur .
1 . Étant donné que les flux mutuels 0m1 et f0m2 suivent
30 .13 Réactances de fuite au primaire et
le même chemin dans le noyau, on peut les combi- au secondaire
ner en un seul flux mutuel om (Fig . 30-22) . Ce flux
Il est plus facile d'identifier les quatre tensions E,, E 2 .
est créé par l'action conjointe des FMM du primaire
Eff, et Ef2 en réarrangeant le circuit du transformateur
et du secondaire .
comme l'indique la Fig . 30-23 . Afin de mettre en évi-
o
2 . Le flux de fuite f , est créé par la FMM N1 I, ; par
dence les deux flux Om et 0f2 accrochés par l'enrou-
conséquent of , est en phase avec I l . Par un raison-
lementN2, l'enroulement secondaire est représenté deux
nement analogue on trouve que Of2 est en phase avec fois . La tension Ef2 apparaît comme une chute de ten-
12- sion aux bornes d'une réactance . Cette réactance s'ap-
3 . La tension ES induite entre les bornes du secondaire pelle réactance de fuite du secondaire, et sa valeur est
est composée de deux tensions : donnée par :
(i) une tension E2 due au flux mutuel Om, donnée
par : EI2
Xf2 =
E2 = 4,44 fN2 0m 12
(ii) une tension Ef2 due au flux de fuite 0f2, donnée De même, l'enroulement primaire est représenté deux
par: fois . La tension Eff, apparaît alors comme une chute de
Ef2 = 4,44 fN2 Of2 tension à travers la réactance de fuite du primaire . Sa
valeur est donnée par :
4 . De la même façon, la tension Ep induite aux bornes
du primaire est composée de deux tensions :
l,
(iii) une tension E l due au flux mutuel om, donnée Xfl = E
par : il
El = 4,44 fN] Om Les réactances de fuite sont montrées de façon con-
(iv) une tension Efl due au flux de fuite of,, donnée ventionnelle à la Fig . 30-24 . On y a ajouté les résistances
par : R I et R 2 des enroulements primaire et secondaire, les-
quelles sont évidemment en série avec leurs enroule-
Ef , = 4,44 fNf Off, ments respectifs .

TRANSFORMATEURS 455

Figure 30-23
Ce circuit est électriquement identique à celui de la Fig . 30-22 .

Figure 30-24
Réactances de fuite et résistances des enroulements primaire et secondaire .

30.14 Circuit équivalent d'un autres composants, y compris le transformateur idéal


transformateur T, demeurent cachés à l'intérieur du transformateur .
En examinant la Fig . 30-24, on constate que le trans- Cependant, il est possible de déterminer la valeur de
formateur situé à l'intérieur du rectangle pointillé ces composants au moyen de tests appropriés .
ne possède plus aucune perte ni flux de fuite . C'est
Exemple 30-7
donc un transformateur idéal possédant toutes les
propriétés décrites dans les sections précédentes . Par On donne l'information suivante relativement aux
exemple, on peut rapporter les impédances du côté .30-22 et 30-23 :
secondaire au côté primaire en multipliant leurs = 180 spires = 20 mWb (crête)
valeurs par (N,/N2 ) 2 .
18 A, 60 Hz = 0,3 mWb (crête)
Si l'on ajoute les éléments R,,, et X,,, pour représenter Calculer :
∎n noyau réel avec pertes, on obtient le circuit équiva-
lent complet d'un transformateur industriel (Fig . a) la valeur de E2 induite par le flux mutue 17

30-25) . Dans ce circuit, seules les bornes primaires 1, b) la valeur de EF, induite par le flux de fuite
2 et les bornes secondaires 3, 4 sont accessibles . Les c) la valeur de la réactance de fuite X,-,

456 ÉLECTROTECHNIQUE

Xf2
3 12
R2
A +

Figure 30-25
Circuit équivalent d'un transformateur réel . Le rectangle T représente un transformateur idéal .

Solution geable, de sorte que la pleine tension Ep apparaît aux


a) La valeur de E2 est : bornes de la branche d'excitation . Le circuit à vide
prend donc la forme simple montrée à la Fig . 30-27 .
E2 = 4,44 fN2 Om La tension Ep aux bornes du transformateur est évi-
demment égale à la tension Eg de la source .
= 4,44 x 60 x 180 x 0,02
2 . Transformateur fonctionnant en charge . Lorsque
= 959 V
la charge d'un transformateur est plus grande que 20 %
b) La valeur de Ef2 est : de sa puissance nominale, la valeur de I o est négligea-
ble devant celle de I i (Fig . 30-28) . On peut donc négli-
Et2 = 4,44 fN2 ger la branche d'excitation, ce qui donne le circuit de
Of2
la Fig . 30-29 .
= 4,44 x 60 x 180 x 0,0003
= 14,39 V
R
Xf1 Xf2 R2
c) La réactance de fuite du secondaire est :
12

_ Erz _ 14,39 V
Xf2 = 0,8 S2
12 18 A
a

N1 N2
30 .15 Simplification du circuit équivalent
Le circuit équivalent du transformateur présenté à la Figure 30-26
Fig . 30-25 est très général, de sorte qu'il peut repré- Circuit équivalent complet lorsque le transformateur
fonctionne à vide .
senter le comportement du transformateur pour toutes
les conditions de charge . En pratique, selon que le trans-
formateur fonctionne à vide ou en charge, on peut né-
gliger certains éléments, ce qui simplifie énormément
les calculs . Nous examinons ces deux cas ci-après . 10
1
1 . Transformateur fonctionnant à vide . Lorsque le Ep Xm R
T
transformateur fonctionne à vide (Fig . 30-26), la charge
est nulle et le courant 12 = 0 ; il s'ensuit que If = 0 car T a

est un transformateur idéal . Par conséquent, seul le N1 N


courant d'excitation I o circule dans Ri et Xff . Comme
Figure 30-27
l'impédance de ces deux éléments est faible et que Io Circuit équivalent simplifié lorsque le transformateur
est petit, la chute de tension correspondante est négli- fonctionne à vide .

TRANSFORMATEURS 457

R Xf Xf2 R2

12

Es
a2z

a
N, N

Figure 30-28
Figure 30-30
Circuit équivalent complet lorsque le transformateur est en
Circuit équivalent lorsque les impédances sont rapportées
charge .
au côté primaire .

a 2Z

a2Z

Figure 30-29
Circuit équivalent simplifié lorsque la charge est supérieure
à 20 % de la puissance nominale du transformateur. Figure 30-31
Résistance totale R p , réactance de fuite totale X p et
impédance totale Z P du transformateur rapportées au
primaire .
Le circuit se simplifie encore davantage lorsque toutes
les impédances sont rapportées au côté primaire . Ce
transfert d'impédances permet d'éliminer le transfor- XP
mateur idéal T (Fig . 30-30), selon la technique expli-
quée à la section 30 .10 .
Enfin, en regroupant les résistances et les réactances a2z
primaires et secondaires, on obtient le circuit de la Fig .
30-31 . Dans ce circuit:

Rp = R 1 +a 2 R2 (30-14) Figure 30-32


Limpédance totale d'un gros transformateur est pratiquement
égale à sa réactance de fuite .
2 Xf2
Xp = Xn + a (30-15)

ou
Rp = résistance totale du transformateur rappor- Lorsque la puissance nominale du transformateur dé-
tée au primaire [S2] passe 500 kVA, le calcul des tensions et courants est
Xp = réactance totale du transformateur rapportée simplifié encore davantage . En effet, dans ce cas, la
au primaire [S2] valeur de Xp est au moins 5 fois plus grande que Rp, de
sorte que Rp devient négligeable . Cependant, pour les
L'ensemble R p et Xp constitue l'impédance totale Z p calculs de pertes et d'échauffement, R p doit évi-
du transformateur rapportée au primaire . L'équation demment être prise en considération .
24-3 permet d'écrire :
Le circuit équivalent relativement complexe de la Fig .
30-25 se résume donc à une simple réactance Xp re-
Zp = '\/ RP + XP (30-16) liant la source et la charge (Fig . 30-32) .


458 ÉLECTROTECHNIQUE

30 .16 Construction du transformateur d'obtenir une bonne perméabilité, le noyau est fait en
Habituellement, la conception des transformateurs uti- acier de bonne qualité . De plus, pour minimiser les
lisés en pratique est telle que leurs propriétés se rap- pertes dans le fer, le noyau est laminé en utilisant de
prochent de celles du transformateur idéal. Ainsi, afin l'acier au silicium . Il s'ensuit que le courant magnéti-
sant I I, est au moins 5000 fois plus petit que si le noyau
était composé d'un matériau non magnétique . Le cou-
rant If fournissant les pertes dans le noyau est de 2 à 10
primaire primaire
fois plus faible que le courant magnétisant I m .
secondaire
On réussit à diminuer les réactances de fuite Xf1 et Xn
en bobinant le primaire et le secondaire l'un par-des-
sus l'autre, tout en réduisant la distance qui les sépare .
Cependant, afin de conserver une isolation adéquate
entre les enroulements, on ne peut diminuer cette dis-
tance en deçà d'une valeur critique . Autrement, l'iso-
isolant
lation risque de claquer lors des surtensions dues aux
chocs de foudre ou aux manceuvres sur le réseau .
H1 X2
Le couplage étant excellent, il s'ensuit que la tension
noyau en acier laminé
secondaire reste très proche de N2 1NI fois la tension
primaire . Cela assure une bonne régulation de la ten-
î P sion en fonction de la charge .
De plus, afin d'assurer un bon rendement, on cherche
à limiter les pertes Joule en minimisant les résistances
R 1 et R 2 .
La Fig . 30-33 montre un transformateur dont le pri-
maire et le secondaire sont divisés en deux sections .
chacune d'elles étant bobinée sur une des jambes du
noyau . Le primaire (bornes Hl, H2) est enroulé par-
dessus le secondaire (bornes X1, X2) .

(a)

H1 X1 X2 H2

(b)

Figure 30-33
a . Construction d'un transformateur montrant le noyau et la
façon dont les enroulements primaire et secondaire sont
montés . Figure 30-34
b . Circuit montrant comment les deux sections de chaque Montage du noyau d'un transformateur de 100 VA, en utilisant
enroulement sont raccordées . des tôles en E et en I .

TRANSFORMATEURS 459

La Fig . 30-34 montre comment les tôles sont empilées 30 .17 Marques de polarité d'un
pour former le noyau d'un petit transformateur de transformateur de puissance
100 VA . La Fig . 30-35 montre l'enroulement d'un gros Jusqu'à présent nous avons indiqué la polarité des bor-
transformateur en voie de construction . nes d'un transformateur par deux points noirs au pri-
Le nombre de spires des enroulements primaire et se- maire et au secondaire . Ce type d'identification est uti-
condaire est proportionnel à la tension (éq . 30-1) . lisé surtout pour les transformateurs servant à l'instru-
D'autre part, le courant nominal dans un enroulement mentation . Cependant, pour les transformateurs de
est inversement proportionnnel à la tension . Il s'ensuit puissance, les bornes sont désignées par les symboles
que la quantité de cuivre (ou d'aluminium) requise pour H1 et H2 pour l'enroulement à haute tension, et par
les enroulements respectifs est à peu près la même . En X1 et X2 pour l'enroulement à basse tension (Fig .
pratique, la bobine extérieure (le primaire dans la Fig . 30-33) . Par convention, lorsque H1 est instantanément
30-33) pèse un peu plus car la longueur moyenne des (+) par rapport à H2, X1 est (+) par rapport à X2 . On
spires est plus grande . dit alors que H1 et X1 ont la même polarité . En fait,
H1 et X1 remplacent les deux points noirs .
Mentionnons qu'en pratique le transformateur est par-
faitement réversible en ce sens que le primaire peut Bien que les marques de polarité d'un transformateur
agir comme secondaire, et vice versa . soient connues lorsque les symboles H1, H2, X1 et X2

Figure 30-35
Enroulement primaire d'un gros transformateur en voie de construction . Lenroulement fonctionne à
128 kV, sous un courant de 290 A (gracieuseté de ABB) .


460 ÉLECTROTECHNIQUE

sont donnés, il est d'usage de disposer les quatre bor-


nes d'une façon conventionnelle selon que la polarité
du transformateur est additive ou soustractive . On dit
qu'un transformateur a une polarité additive lorsque la
borne haute tension H1, montée sur la cuve du trans-
formateur, est diamétralement opposée à la borne basse
tension X1 . La polarité est dite soustractive lorsque la
borne HI est physiquement en regard de la borne X1
(Fig . 30-36) . Si l'on sait qu'un transformateur a une
polarité additive ou soustractive, il n'est donc pas né-
Figure 30-37
cessaire d'identifier les bornes par des symboles H1, Détermination de la polarité d'un transformateur avec une
H2, Xl, X2 . L'origine de ces dénominations de pola- source à courant alternatif .
rité additive et soustractive sera expliquée à la section
suivante .
Si la lecture EX est supérieure à celle de Ep , la polarité
est additive. Par conséquent, les bornes H1 et X1 sont
polarité additive polarité soustractive diamétralement opposées . Dans le cas contraire, la
X2 10
polarité est soustractive, et les bornes H1 et X1 sont
.H1
H1 X1 adjacentes .
(a) (b)
Dans ce test de polarité, le cavalier (composé d'un sim-
H2 X2
ple fil) sert à connecter la tension secondaire Es en sé-
• H2 X1
rie avec la tension primaire Ep . Par conséquent, sui-
vant la polarité, on obtient l'une des deux possibilités
Figure 30-36
suivantes :
La polarité additive et soustractive d'un transformateur
dépend de l'orientation de ses bornes .
Ex =Ep +ES ou Ex =Ep -ES

d'où l'origine des expressions «polarité additive» et


Les normes veulent que la polarité soit soustractive pour «polarité soustractive» .
tout transformateur ayant une capacité supérieure à
Exemple 30-8
200 kVA, pour autant que la tension primaire dépasse
8660 V. Dans le cas contraire, la polarité est additive . Au cours d'un essai de polarité sur un transforma-
teur de 500 kVA . 69 kV/600 V (Fig . 30-37) . on a
30 .18 Test de polarité obtenu les lectures suivantes :
La polarité d'un transformateur peut être déterminée
facilement à l'aide du test suivant (Fig . 30-37) : Ep 118VE y = 117V

1 . Connecter un cavalier J entre une borne de l'enrou- Déterminer la polarité du transformateur et identi-
lement haute tension (HT) et la borne adjacente de fier les marques de polarité H1, X1 .
l'enroulement basse tension (BT)
Solution
2. Brancher un voltmètre EX entre les deux autres bor-
La polarité est soustractive car EX est inférieure à Ep .
nes
Par conséquent, les bornes reliées par le cavalier doi-
3 . Brancher un deuxième voltmètre Ep aux bornes de
vent porter les symboles H1 et X1 (ou H2 et X2) .
l'enroulement HT
4. Brancher l'enroulement haute tension à une source La Fig . 30-38 illustre un autre montage qui peut servir
à courant alternatif, Eg . Lors de l'essai, on peut uti- pour déterminer les marques de polarité d'un trans-
liser une tension Eg de l'ordre de 120 V, 60 Hz, formateur. Une pile sèche est raccordée aux bornes à
même si la tension nominale HT est de plusieurs basse tension du transformateur à travers un interrup-
centaines de kilovolts . teur, et un voltmètre à c.c. est branché aux bornes à

TRANSFORMATEURS 461

2
o
0
30
4 0
2400 V 5

Figure 30-38
Détermination des marques de polarité avec une source à 0
courant continu . 1

haute tension . Lors de la fermeture de l'interrupteur, tension tension


prise H .T .
une tension est induite dans l'enroulement à haute ten- pr maire secondaire
sion . Si à cet instant l'aiguille du voltmètre dévie dans 1-2 0 2400 V 120 V

le bon sens, la borne du transformateur reliée à la borne 1-3 41/2 2292 V 120 V
positive (+) du voltmètre est marquée H1 et l'autre est 1-4 9 2184 V 120 V
1-5 131/2 2076 V 120 V
marquée H2 . Quant aux bornes à basse tension, celle
qui est reliée au pôle positif (+) de la pile est marquée
X1 et l'autre est marquée X2 . Figure 30-39
Prises au primaire d'un transformateur et tableau donnant le
30 .19 Réglage de la tension ; réglage de la tension .
transformateur à rapport variable
À cause des chutes de tension dans les lignes de dis-
tribution, la tension sur une partie du réseau est parfois Certains transformateurs sont conçus pour changer de
constamment inférieure à la tension nominale . Par prise automatiquement lorsque la tension secondaire
exemple, un transformateur ayant un rapport de trans- s'écarte d'une valeur préétablie . Ces transformateurs
formation de 2400 à 120 V peut être branché sur une régulateurs de tension peuvent maintenir la tension à
ligne de distribution dont la tension n'est que de 2000 V ± 2 % quelles que soient les fluctuations de la tension
au lieu de 2400 V. Dans ces conditions, la tension re- primaire survenant durant la journée .
cueillie au secondaire n'est plus que de 100 V . Si la 30 .20 Courbe de saturation et tension
charge est constituée de lampes à incandescence, il en d'utilisation
résulte une diminution de l'intensité d'éclairage ; si la
Supposons que l'on augmente graduellement la ten-
charge est formée d'éléments chauffants, la puissance
sion Ep au primaire d'un transformateur, le secondaire
dissipée dans ces appareils est fortement réduite . En-
étant ouvert. Le flux mutuel On, augmente propor-
fin, si la charge est composée de moteurs, leur démar-
tionnellement à la tension, conformément à l'équation
rage peut être long et difficile .
30-3 . Par conséquent, le courant d'excitation I o aug-
Pour remédier à ces inconvénients, on dispose des pri- mente graduellement. Cependant, dès que l'acier com-
ses de réglage sur l'enroulement primaire des trans- mence à se saturer, la composante I n, doit augmenter
formateurs . Par exemple, dans le cas de la Fig . 30-39, brusquement afin de créer le flux requis .
ces prises permettent de modifier le rapport de trans-
La Fig . 30-40 montre la courbe de saturation E vs I o
formation de façon à changer la tension secondaire de
d'un transformateur de 500 kVA, 15 kV/600 V, prise
4 1/2 %, 9 % ou 13 1/2 % . Elles permettent donc de
du côté de l'enroulement à haute tension . Tant que le
garder la tension secondaire à sa valeur nominale même
flux mutuel est inférieur au coude de la courbe de sa-
si la tension appliquée au primaire est de 4 1/2 %, 9 %
turation O-I de l'acier, le courant d'excitation reste fai-
ou 13 1/2 % plus faible que la tension nominale .
ble et sensiblement proportionnel à la tension . Mais
Ainsi, pour le transformateur représenté à la Fig . au-delà ce coude, le courant augmente brusquement .
30-39, si la tension de ligne n'est que de 2076 V (13,5 % Cette condition anormale de fonctionnement provoque
inférieure à la tension nominale de 2400 V) on peut une augmentation modérée des pertes dans le fer, mais
utiliser la prise 5, c'est-à-dire les bornes 1 et 5 pour entraîne une très forte augmentation du courant d'ex-
maintenir la tension secondaire à 120 V . citation .

462 ÉLECTROTECHNIQUE

le flux est sinusoïdal . Lorsqu'on connaît la forme de la


kV courbe d' hystérésis donnant la relation flux/courant du
20 noyau (Fig . 30-40b), on peut déduire la forme d'onde
du courant d'excitation . La marche à suivre est expli-
18
quée dans l'exemple encadré .
16
On verra lors d'une étude des harmoniques (chapitre
14 point normal de fonctionnement
E 40) que ce courant non sinusoïdal comprend une com-
12
posante fondamentale sinusoïdale à 60 Hz plus des
10 composantes sinusoïdales à des fréquences multiples
courant nominal du transformateur = 33 A
8 de 60 Hz (harmoniques) . La composante fondamen-
6 tale du courant contient une composante qui est en
4
phase avec la tension . C'est cette composante du cou-
rant qui fournit les pertes dans le fer .
2
o 30 .21 Pertes, rendement et capacité d'un
0 0,5 1 2 3 4 5 6 A
courant d'excitation Io
transformateur
Comme toute machine électrique, le transformateur
Figure 30-40 occasionne des pertes de puissance . Ces pertes sont
Courbe de saturation d'un transformateur de 500 kVA,
causées par :
15 kV/600 V, 60 Hz . Le courant d'excitation Io augmente
brusquement dès que l'on dépasse la tension nominale de a) l'effet Joule dans les deux enroulements (section
15 kV .
29 .2)
b) l'hystérésis et les courants de Foucault dans le fer
(section 29 .3)
On observe sur la Fig . 30-40 que le courant d'excita-
tion est de 0,5 A alors que le courant de pleine charge Les pertes dans le transformateur se manifestent sous
est de 33 A . C'est dire qu'en régime normal, I,, repré- forme de chaleur et donnent lieu :
sente seulement 0,5/33 = 1,5 % du courant nominal . 1) à une élévation de température
La densité de flux crête dans les transformateurs est 2) à une diminution de rendement
généralement comprise entre 1,5 T et 1,7 T, ce qui cor-
respond approximativement au coude de la courbe de Dans les conditions normales de fonctionnement, le
saturation . On peut appliquer sans problème une ten- rendement des transformateurs est très élevé ; il peut
sion de 10 % supérieure à la tension nominale, mais si atteindre 99,5 % pour les transformateurs de grande
l'on doublait cette tension, le courant d'excitation ex- puissance . La quantité de chaleur occasionnée par les
céderait le courant de pleine charge de l'enroulement . pertes dans le fer dépend de la valeur maximale Om c
du flux, laquelle dépend elle-même de la tension ap-
La relation non linéaire entre la tension et le courant
pliquée au primaire . D'autre part, la puissance dissi-
d'excitation révèle que les impédances R m et Xm (Fig .
pée en chaleur dans les enroulements dépend de l'in-
30-25) ne sont pas aussi constantes qu'on pourrait le
tensité du courant qui les parcourt . Afin de maintenir
croire . Alors que Rm demeure assez constante, Xm di-
la température du transformateur à une valeur ac-
minue rapidement lorsqu'on dépasse la densité de flux
ceptable, on est amené à limiter à la fois la tension
normale . Toutefois, en régime normal, les transforma-
qu'on lui applique et le courant qu'on en tire . C'est
teurs fonctionnent près de leur tension nominale, si bien
pour cette raison que la puissance nominale que peut
que l'on peut considérer que R m et Xm demeurent pra-
débiter un transformateur est exprimée par le produit
tiquement constantes, même lorsque la charge varie .
de la tension nominale et du courant nominal . Cepen-
La non-linéarité de la courbe de saturation provoque dant, le résultat n'est pas exprimé en watts, car l'angle
une distorsion du courant d'excitation, même lorsque entre la tension et le courant peut prendre n'importe


TRANSFORMATEURS 463

Forme d'onde du courant d'excitation En comptant les carreaux compris à l'intérieur de la


courbe d'hystérésis, on trouve que la surface S est de
Un transformateur de 30 kVA, 120 V/24 V, 60 Hz pos- 0,067 A-Wb . Par conséquent, les pertes dans le fer sont :
sède un primaire de 45 spires . Lorsqu'il est alimenté
P =SNf = 0,067 x 45 x 60 = 181 W
par une source sinusoïdale de 120 V, il tire un courant
d'excitation I o de 7,32 A efficace . En appliquant la for- La valeur efficace de la composante du courant en phase
mule (30-1), on trouve que le flux atteint une valeur avec la tension est :
crête de 10 mWb (Fig . 30-40a) . If = 181 W/120 V = 1,5 A
La courbe d'hystérésis du noyau montre les valeurs La valeur efficace du courant magnétisant est :
instantanées du flux 0 en fonction du courant d'excita- I,r, = i(7,32 2 - 1,5 2) = 7,16 A
tion Io (Fig . 30-40b) . Donc, pour chaque valeur de 0
dans la Fig . 30-40a il existe, selon la Fig . 30-40 b, une
valeur correspondante de I o .
e
Le tableau ci-dessous donne les valeurs du flux et du
courant Io au cours d'un cycle de 360° . Il nous permet 6
de tracer la forme d'onde du courant d'excitation (Fig .
30-40a) . On constate qu'il est fortement distorsionné,
atteignant une valeur crête de 14 A . . .. ..

Les pertes dans le fer sont données par l'expression . .. ..


4 8 12 16
P =SNf (30-16A)

-4
S = surface de la courbe d'hystérésis [A •W b]
N = nombre de spires de l'enroulement 6
f = fréquence de la source [Hz]
La surface comprend les pertes par hystérésis ainsi que
les pertes dues aux courants de Foucault .
%' 8

courant d'excitation (A)


angle flux 0 lo(inst)
degrés mWb A Figure 30-40b Courbe d'hystérésis d'un transformateur .
0 0 2
200
12 2 2
24 4 2
37 6 2,48
53 8 6,32
90 10 14
127 8 3,76
143 6 -1,36
156 4 - 2
168 2 - 2
o
180 0 - 2 c
192 -2 -2 d
204 - 4 - 2
217 -6 -2,48
233 - 8 -6,32
270 - 10 -14
307 -8 -3,76
323 - 6 1,36
336 - 4 2
348 - 2 2
360 0 2
Figure 30-40a
Formes d'onde de la tension, du flux et du courant d'excitation d'un transformateur .


464 ÉLECTROTECHNIQUE

quelle valeur, selon la nature de la charge . Par consé- Exemple 30-10


quent, la puissance nominale est donnée en voltampè- Un transformateur triphasé de 110 MVA, ' kV à
res (VA), en kilovoltampères (kVA) ou en
34,5 kV, 60 Hz, possède les caractéristiques suivan-
mégavoltampères (MVA) . L'échauffement d'un trans-
tes :
formateur dépend donc de la puissance apparente qui
le traverse . Ainsi, un transformateur de 500 kVA de- masse du noyau (acier type M-14 jauge #29) : 53,6 t
viendra aussi chaud en alimentant une charge résistive masse totale du cuivre : 15,2 t (1 t = 1000 k`g)
de 500 kW qu'une charge capacitive de 500 kvar . densité (le flux dans le noyau : 1,4 T
Les valeurs de la fréquence nominale, de la tension densité de courant dans les enroulements : 2 A/mm2
nominale et de l'intensité nominale des courants pri- Calculer :
maire et secondaire sont inscrites sur la plaque signa-
a) les pertes dans le fer
létique ; ces valeurs ne doivent pas être dépassées sauf
b) les pertes dans le cuivre à 75 "C
pour de courtes périodes .
c) le rendement du transformateur pour une charge
Exemple 30-9 de 110MW
Un transformateur (le 100 kVA a un rapport de trans- d) le rendement pour une charge capacitive de
formation de 2400 à 600 volts . 110 Mvar

a) Quelles sont les intensités nominales des cou-


Solution
rants?
a) En se référant aux courbes de la Fig . 29-5, chapitre
h) On applique une tension de 2000 volts seulement
29, on trouve:
à l'enroulement haute tension du transformateur .
pertes massiques dans le fer à B = 1,4 T : 2,6 W/kg
Peut-on en tirer 100 kVA sans risquer de le faire
surchauffer? d'où les pertes totales dans le fer :

Pf= 2,6 x 53 600 = 139 360 W = 139 kW


Solution
a) Le courant nominal de l'enroulement de 2400 V est : b) En utilisant l'équation 29-1, on calcule les pertes
Joule comme suit :

1 _ S = 100 x 103 Résistivité du cuivre à 75 °C :


= 41,7 A
Ep 2400 p = po (1 + a t) éq.10-2a

Le courant nominal de l'enroulement de 600 V est : = 15,88 (1 + 0,00427 x 75) = 21,0 nLl'm

Densité de courant = 2 A/mm 2 = 200 A/cm2


J _ S _ 100 x 103
= 167 A d'où les pertes massiques dans le cuivre:
ES 600

b) Il est vrai qu'en appliquant 2000 V seulement à J~ p


P me = éq . 29-1
l'enroulement haute tension on réduit le flux dans 10 Ç
le noyau et, par suite, les pertes dans le fer ; cepen-
dant, on ne doit pas tirer du transformateur un cou- 200 2
x 21,0 = 9,45 W/kg
rant excédant sa valeur nominale . La puissance 10 x 8890
maximale que l'on peut transformer sous cette ten-
sion réduite est donc : Les pertes totales dans les enroulements sont donc :
Pcu = 9,45 x 15 200 = 143 640 W = 144 kW
S = 2000 V x 41,7 A = 83,4 kVA
TRANSFORMATEURS 465

c) Les pertes totales sont :


Pf+ Pcu = 139 + 144 = 283 kW

La puissance active débitée par le transformateur est:


P2 = 110 MW = 110 000 kW
La puissance active fournie au transformateur est :

P 1 = 110 000 + 283 = 110 283 kW


d'où le rendement :

P2 110 000
11 = = = 0,9974 ou 99,74 %
Pl 110 283
d) Lorsque la charge est purement capacitive, la puis-
sance active P2 débitée par le transformateur est
nulle . Cependant, la puissance active fournie au
transformateur est toujours 283 kW. Par conséquent :
17 = P2/P i = 0/283 = 0 ; le rendement est nul .
Note : Les pertes supplémentaires engendrées dans les Figure 30-41
boulons, la cuve et dans les conducteurs de cuivre, à Transformateur monophasé de 25 kVA, 600 V/240 V, 60 Hz,
cause des flux de fuite, plus la puissance requise par isolation classe 150 °C, pour usage intérieur, refroidi par
circulation naturelle de l'air . Hauteur ; 600 mm ; largeur :
les ventilateurs, peuvent augmenter de 10 % à 15 %
434 mm ; profondeur: 230 mm ; masse : 79,5 kg (Hammond) .
les pertes totales calculées ci-dessus . Le rendement sera
donc légèrement inférieur à celui que nous avons cal-
culé .

30 .22 Refroidissement des transformateurs


Si l'on veut empêcher qu'un échauffement exagéré dé-
tériore les isolants d'un transformateur, il faut en as-
surer un refroidissement convenable .
Dans les transformateurs de faible puissance et à basse
tension, le refroidissement est assuré par la circulation
naturelle de l'air environnant . L' enveloppe métallique
de ces transformateurs est munie d'ouvertures permet-
tant le libre passage de l'air (Fig . 30-4 1) . Si l'on désire
un refroidissement plus énergique, on peut souffler de
l'air à l'intérieur de l'enveloppe métallique à l'aide d'un
ventilateur.
Les transformateurs de distribution baignent dans une
cuve contenant de l'huile minérale (Fig . 30-42) . L'huile
assure le transport de la chaleur provenant du noyau et
des enroulements jusqu'à la paroi de la cuve ; de là, la
Figure 30-42
chaleur est ensuite cédée à l'air extérieur. De plus, Groupe de deux transformateurs monophasés à l'huile ayant
l'huile assure un isolement meilleur que l'air et elle une capacité de 75 kVA, 14,4 kV/240 V, 60 Hz, 55 °C,
protège les enroulements contre l'humidité de l'air . impédance = 4,2 % . Les petits radiateurs augmentent la
L'humidité a pour effet d'accélérer l'oxydation des iso- surface de dissipation des cuves afin d'améliorer le
refroidissement .

466 ÉLECTROTECHNIQUE

lants soumis aux hautes tensions . La cuve est or-


dinairement refroidie par ventilation naturelle . La puis-
sance des transformateurs de distribution est inférieure
à 200 kVA .
Pour les grandes puissances, on augmente la surface
de rayonnement de la cuve en disposant des radiateurs
autour de celle-ci (Fig . 30-43) . L'huile s'échauffe dans
le transformateur, monte dans la cuve et circule de haut
en bas dans les tubes extérieurs où elle se refroidit .

Figure 30-44
Transformateur triphasé de 1300 MVA, 24,5 kV/345 kV, 60 Hz .
OFAF, 65 °C, impédance 11,5 % . Ce transformateur
survolteur, installé à la centrale de génération nucléaire Cook
à Bridgeman, Michigan, est un des plus gros jamais construits .
Les pompes assurant la circulation d'huile sont visibles sous
les ventilateurs (gracieuseté de Westinghouse) .

Certains transformateurs ont des capacités variables


selon la méthode de refroidissement utilisée . Par exem-
ple, un gros transformateur (Fig . 30-45) peut avoir trois
Figure 30-43 puissances nominales différentes de 36 000/48 000/
Transformateur de mise à la terre de 1,9 MVA, 26,4 kV, 60Hz . 60 000 kVA selon qu'il est refroidi :
La capacité de ce transformateur est 25 fois plus grande que
celle des transformateurs de la Fig . 30-42, mais il est encore (a) par la convection naturelle de l'air (36 000 kVA) .
refroidi par la circulation naturelle de l'air environnant .
Remarquer toutefois que le radiateur est alors aussi (b) par la ventilation forcée avec des ventilateurs exté-
volumineux que le transformateur lui-même . rieurs (48 000 kVA), ou
(c) par la circulation forcée de l'huile au moyen de
pompes, avec les ventilateurs en marche
Enfin, pour les transformateurs de plusieurs milliers (60 000 kVA) .
de kVA, on facilite la dissipation de la chaleur en as- Ces méthodes de refroidissement élaborées restent éco-
surant la ventilation forcée des radiateurs eux-mêmes . nomiques si l'on considère le coût élevé d'un gros trans-
De puissants ventilateurs, disposés autour des radia- formateur dont le refroidissement serait assuré exclu-
teurs, produisent les courants d'air nécessaires (Fig . sivement par la circulation naturelle de l'air .
30-44) .
Le mode de refroidissement est désigné par les sym-
Une autre méthode de refroidissement artificiel con-
boles suivants .
siste à installer dans le bain d'huile un serpentin dans
lequel circule un courant d'eau . AA- transformateur à sec, circulation naturelle de l'air

TRANSFORMATEURS 467

OFAF - circulation forcée de l'huile (OF) et de l'air


(AF)
L'échauffement par résistance admis pour les trans-
formateurs à l'huile est soit 55 °C soit 65 °C . On doit
limiter l'échauffement à des valeurs basses pour em-
pêcher la détérioration rapide de l'huile . Par contre,
l'échauffement des transformateurs à sec peut s'élever
jusqu'à que 180 °C, selon le type d'isolant utilisé .

30.23 Application du système p .u . aux


transformateurs
Nous avons vu au chapitre 1 (sections 1 .35 à 1 .37) les
principes d'utilisation du système de mesure relative,
ou le système «per unit» (p .u .) . Dans le cas des trans-
formateurs, on choisit deux grandeurs de base, soit la
puissance nominale Sn et la tension nominale En du
transformateur . Il s'ensuit que le courant de base et
l'impédance de base sont respectivement I„ = Sn/En et
Figure 30-45 Zn = En/II . Noter que En et In sont les valeurs nominales
Transformateur triphasé de 36/48/60 MVA, 225 kV/26,4 kV, du côté primaire ou du côté secondaire . On peut aussi
ONAN/ONAF/OFAF, 60 Hz, impédance 7,4 % . La capacité calculer l'impédance de base par la formule suivante :
variable de cet appareil dépend du mode de refroidissement
utilisé .
Le réservoir cylindrique permet l'expansion de l'huile lorsque = En2
la température augmente, tout en réduisant au minimum la Zn (30-17)
surface de l'huile en contact avec l'air pour éviter l'oxydation . Sn
Autres détails:
masse du noyau et des enroulements 37,7 t où
masse de la cuve et les accessoires 28,6 t Zn = impédance de base du transformateur [S2]
38,2 t Sn = puissance nominale du transformateur [VA]
masse de l'huile (44,8 m 3)
En = tension nominale du primaire ou du secon-
masse totale 104,5 t
daire [V]
Comme les tensions primaire et secondaire sont habi-
tuellement différentes, le transformateur possède deux
AFA - transformateur à sec, circulation forcée de l'air impédances de base : l'une pour le primaire, l'autre pour
OA - transformateur à l'huile*, circulation naturelle le secondaire . Nous les désignons respectivement par
de l'air les symboles Znp et Zn, .
OA/FA - transformateur à l'huile, circulation naturelle
Exemple 30-11
de l'air / circulation forcée de l'air
Calculer les impédances (le base au pnniaire et au
OA/FA/FOA - transformateur à l'huile, circulation na- secondaire d'un transformateur de 250 kVA,
turelle de l'air / circulation forcée de l'air / circula- 4160 V/480 V . 60 Hz .
tion forcée de l'huile et de l'air.
Solution
Les désignations suivantes sont aussi employées :
Impédance de base au primaire :
ONAN - circulation naturelle de l'huile (ON) et de
l'air (AN) Z - Ep - 41602 = 69 S2
np
ONAF - circulation forcée de l'air (AF) Sn 250000

La lettre «O» désigne l'huile («oil») .




468 ÉLECTROTECHNIQUE

VALEURS TYPIQUES EN P.U . DES ÉLÉMENTS D'UN TRANSFORMATEUR

0,009 à 0,005 0,005 à 0,002


0,008 à 0,025 0,03 à 0,08
20 à 30 30 à 50
20 à 50 100 à 500
10 0,05 à 0,03 0,01 à 0,001

Impédance de base au secondaire :


Exemple 30-12
_ Ez 4802 En utilisant l'information donnés au tableau 30-1,
Zns = 0,92 Q2
Sn 250 000 calculer l'ordre de grandeur des impédances d'un
transïormateur de 250 kVA . 4160V/'480 V . 60 Hz.
30 .24 Impédances d'un transformateur
Solution
exprimées en p.u .
Calculons d'abord les impédances de base du primaire
Il est particulièrement utile, pour fins de comparaison,
et du secondaire. D'après les valeurs trouvées à l'exem-
de connaître la valeur relative des diverses impédan-
ple 30-11, on a :
ces (résistances, réactances de fuite, etc .) d'un trans-
formateur . Par définition, ces impédances en p .u . sont Znp = 69 Q2 Z ns = 0,92 Q2
calculées en faisant le rapport entre la valeur réelle de
l'impédance en ohms et l'impédance de base (Znp ou Calculons les valeurs réelles des impédances res-
Zns ) correspondant à l'enroulement considéré . pectives en multipliant Z np et Zns par les valeurs en
On donne au tableau 30-1 les valeurs typiques en p .u . p.u . fournies dans le tableau 30-1 . On obtient :
pour des transformateurs ayant une capacité comprise R 1 = R I(p . ,, .) X Znp = 0,005 X 69 £2 = 0,35 S2
entre 3 kVA et 100 MVA . On remarque que pour un
paramètre donné (R 1 ou Xm , par exemple), la valeur en R2 = R 2( p u .) x Zns = 0,005 x 0,92 S2
_ = 4,6 mQ
p .u . demeure du même ordre de grandeur, quelles que x Z np = 0,025 x 69 f2 = 1,7 0
Xf1 = Xfl(p. ..)

soient la puissance et les tensions primaire et se-


condaire . Cette constatation est surprenante, surtout si X , = Xf2(p .u .) X Zns = 0,025 x 0,92 £2 = 23 mQ2
l'on considère qu'il existe une différence de taille aussi Xm = Xm(p .n . ) x Znp = 30 x 69 £2 = 2,1 kQ
grande entre deux transformateurs de 3 kVA et
100 MVA qu'entre une mouche et un éléphant! Rm = Rm(p .u . ) X Znp = 50 x 69 S2 = 3,5 kQ2

TRANSFORMATEURS 469

Zns
(a)

4160
a = 8,67
480

Figure 30-46 a = 69 = 16,59


4,16
Circuit équivalent d'un transformateur de 250 kVA,
4160 V/480 V, 60 Hz (voir exemple 30-12) . Xp =127Q

a2z
Le circuit équivalent de ce transformateur est donné à (b)
2380 62
la Fig . 30-46 . Les valeurs réelles peuvent être situées
dans une plage comprise entre 50 % et 200 % des va-
leurs calculées plus haut, car les valeurs fournies dans
le tableau 30-1 sont approximatives .
Figure 30-47
L'impédance d'un transformateur est habituellement Voir exemple 30-13 .
exprimée en pour cent de l'impédance de base du pri-
maire ou du secondaire . Le pourcentage d'impédance De l'expression (30-18) on tire :
est toujours inscrit sur la plaque signalétique . Les im-
pédances en p .u . et en pour cent sont liées par la rela- Z% = Zp u X 100
tion :
8 = Zp u x 100
Z% = Zp u X 100 (30-18) donc Zp u = 0,08

Exemple 30-13 L' impédance totale du transformateur rapportée au pri-


maire est donc :
Un transformateur de 3000 kVA, 69 kV/4,16 kV,
60 Hz possède une impédance de 8 Y% . Calculer :
Zp = Zp „ x Znp = 0,08 x 1587 £2
a) la valeur de l'impédance rapportée au primaire
= 127 S2
b) la régulation de tension pour une charge résistive
Comme la puissance du transformateur excède
de. 2000 kW
250 kVA, la résistance des enroulements est négli-
la valeur des courants si un court-circuit se pro-
geable comparée à la réactance de fuite . On peut donc
duit au secondaire, la tension au primaire demeu-
écrire :
rant égale à 69 kV
Zp = Xp = 12752
Solution
Voir la Fig . 30-47a.
a) L'impédance de base du primaire est :
b) L'impédance correspondant à une charge de
2000 kW au secondaire est :
En 69 0002
Znp _ S n 3000000 Z = Es = 41602 = 8,65 £2
= 1587 S2 P 2000000




470 ÉLECTROTECHNIQUE

Le rapport de transformation est : Un calcul rapide indique que les courants de court-cir-
cuit au primaire et au secondaire sont 12,5 fois plus
a Ep _69 kV grands que les courants nominaux de ces deux enrou-
= = 16,59 lements . Les pertes Joule sont donc 12,5 2 = 156 fois
Es 4,16 kV
supérieures aux pertes à pleine charge. Le disjoncteur
La valeur de Z rapportée au primaire est : ou fusible protégeant le transformateur doit s'ouvrir
très rapidement afin d'empêcher un échauffement ex-
cessif. Ces courants intenses produisent aussi des for-
a 2 Z = 16,59 x 8,65
ces électro-magnétiques très fortes . Celles-ci sont éga-
= 2381 52 lement 156 fois plus grandes que normal, c'est pour-
quoi les enroulements doivent être solidement attachés
En se référant au circuit de la Fig . 30-47b, on obtient :
(voir section 16 .6, chapitre 16) .
69000 69 000 V 30.25 Mesure des impédances d'un
Ip =
2384 S2 transformateur
1~ 127 2 + 2381
On peut déterminer la valeur des impédances d'un
= 28,95 A transformateur au moyen d'un essai à vide et d'un es-
sai en court-circuit.
Il s'ensuit que :
1 . Essai à vide . Lors de l'essai à vide, la tension nomi-
a ES = (a 2Z)1p = 2381 x 28,95 nale est appliquée à un des enroulements (disons le
primaire) et les valeurs de Ep, Es , I, et de la puissance
= 68 930 V
active P m sont mesurées (Fig . 30-48) . Lors d'un essai
d'où la tension E, sous charge : à vide, les pertes Joule dans l'enroulement alimenté
sont toujours négligeables . On peut donc écrire :
68 930 68 930
ES 1 . Puissance apparente absorbée par le noyau :
a 16,59
= 4155 V Sm=EpIo

À vide, la tension au secondaire est 4160 V 2 . Puissance réactive absorbée par le noyau :

La régulation de tension, en pour cent, est définie par :


Z
-Pm

tension à vide - tension en char g e


régulation =
tension en charge
4160 - 4155
x 100 = 0,12 %
4155

La régulation est donc excellente .


fil Io
(1__~) 0
c) Si un court-circuit se produit aux bornes du secon- J L C H,
Pm
daire, le courant au primaire devient : 0 0
U EP
Es
0 0
Ip _ Ep _ 69 000 V
= 543 A 0 0d J
Xp 127 £2 ,J

Le courant correspondant au secondaire est :


Figure 30-48
I, = aIp = 16,59 x 543 A Essai à vide et détermination de R m , Xm et du rapport de
transformation a .
= 9008 A = 9 kA

TRANSFORMATEURS 471

8 . Réactance de fuite totale du transformateur rappor-


E2
3 . Valeur de Rm : Rm = p éq. 30-12 tée au primaire :
Pm
2 Rp
Xp =
E2
4 . Valeur de Xm : Xm = p éq. 30-13 On peut aussi déterminer la valeur de Rp en mesurant
Qm les résistances Rt et R2 des enroulements primaire et
secondaire . On a alors Rp = RI + a2R2 .

5 . Rapport de transformation : a = NI = Ep Exemple 30-14


N2 ES Soit un transformateur de 500 kVA, 69 kV/4160 V,
60 Hz . Lors d'un essai en court-circuit, les bornes
2 . Essai en court-circuit . Lors de l'essai en court-cir- Xl, X2 étant reliées, on a relevé les lectures suivan-
cuit, un des enroulements est mis en court-circuit (di- tes :
sons le secondaire) et une tension E, beaucoup plus
E 2600 V = 2400 W
petite que la tension nominale, est appliquée au pri-
maire . Afin d'éviter de surchauffer les enroulements, Calculer du côté HT :
la tension est augmentée graduellement de façon à ob-
a) l'impédance totale du transformateur
tenir un courant n'excédant pas le courant nominal .
On mesure alors E, II et la puissance active PC (Fig . b) la résistance totale du transformateur
30-49) . e) la réactance de fuite totale du transformateur
(1) le pourcentage d'impédance
Calculer ensuite :
e) l'impédance rapportée au côté BT
0 0 f) le pourcentage d'impédance rapporté au côté BT
O o
Solution
a) Impédance du transformateur vue du côté HT :
o O

Z p = Ec = 2600 V = 650 SZ
I, 4 A
Figure 30-49
Essai en court-circuit et détermination de Rp, XP et ; . b) Résistance du transformateur vue du côté HT :

Ces lectures donnent l'information suivante : R p = PC = 2400 = 150 S2


2 2
6 . Impédance totale du transformateur rapportée au IC 4
primaire : c) Réactance de fuite vue du côté HT :

Zp Ec
= le- RP = V6502 - 1502
= 632 e
7 . Résistance totale du transformateur rapportée au pri-
d) Impédance de base du côté HT :
maire :

Pc
Rp = - z„ p - Ep - 69 0002 = 9522 e
Z S 500 000
Ic




472 ÉLECTROTECHNIQUE

d'où l'impédance relative vue du côté HT: Solution


a) Valeur de R m vue du côté BT :
Zp = 650 £2
Zp .u, = = 0,068 p .u .
Znp 9522 S2 Rm = E s _ 41602
= 8241 £2
Pm 2100
et le pourcentage d'impédance :
Valeur de Rm vue du côté HT :
Z% = Zp u x 100 = 0,068 x 100
'69 000'2
= 6,8 % Rm = 8241 x 1 4160 1 = 2,27 MS2
111
e) Impédance du transformateur vue du côté BT :
b) Valeur de If vue du côté BT :
2
4160 If _ Pr, = 2100W = 0,50 A
ZZ = Zp x 1 = 650 x
a2 (69 000 E, 4160 V
= 2,36 S2
Valeur de Im vue du côté BT :
f) Impédance de base du côté BT : 2
I. 2 -I =V242 -052
2 2 = 2,35 A
ES _ 4160
Zns _ = 34,6 S2
S 500 000 Valeur de X m vue du côté BT :

Pourcentage d'impédance vue du côté BT : E, = 4160 V


Xm _ - = 1770 S2
Im 2,35 A
Z, 2 ' 36 il
Z% = x 100 = X 100
Valeur de X m rapportée au côté HT :
Z ns 34,6 S2
= 6,8 % (69 00012
Xm = 1770 x = 487 kil
En comparant les résultats obtenus en (d) et en (f), on 4160
constate que le pourcentage d'impédance est le même Le circuit équivalent du transformateur est montré à la
vu du côté HT ou du côté BT.
Fig . 30-50. Les bornes accessibles sont H1, H2, Xl et
Exemple 30-15 X2 . Selon que le transformateur fonctionne à vide ou
Un essai à vide sur le transformateur de 500 kVA,
69 kV/4160 V. décrit à l'exemple 30-14 donne les
résultats suivants lorsque l'enroulement BT est ex-
cité :
a= 16,59
F_,=4160V 2 .4A =2100W
Calculer :
c
a) les valeurs de R,,, vues du côté BT et HT H2 X2

b) les valeurs de X,„ vues du côté BT et HT Figure 30-50


Circuit équivalent d'un transformateur obtenu à partir
Tracer le circuit équivalent du transformateur . des essais à vide et en court-circuit (voir exemples 30-14 et
30-15) .



TRANSFORMATEURS 473

-m
en charge, ce circuit équivalent peut être simplifié
comme expliqué à la section 30 .15 .

30.26 Transformateurs en parallèle


Il est parfois nécessaire de brancher deux transforma-
0
teurs en parallèle . C'est le cas, par exemple, lorsque la
charge dépasse la puissance nominale d'un seul trans-
formateur. Pour que deux transformateurs puissent Figure 30-52a
fonctionner en parallèle, il faut d'abord que les deux Circuit équivalent d'un transformateur alimentant une
aient le même rapport de transformation. De plus, il charge ZL .
faut joindre les bornes de même polarité comme l'in-
dique la Fig . 30-51 . Si l'on se trompe dans les con-
nexions, l'équivalent d'un court-circuit franc est créé
aux bornes de la source alimentant les deux transfor-
mateurs .
a2ZL

1
o • OH,
X1

A Figure 30-52b
O Circuit équivalent où toutes les impédances sont rapportées
• • H2 X2
2 au côté primaire .

Figure 30-51
Méthode de raccordement de deux transformateurs en 2ZL
parallèle .

Afin de calculer les courants circulant dans chaque


Figure 30-53
transformateur, on doit déterminer le circuit équiva-
Circuit équivalent de deux transformateurs en parallèle,
lent des deux transformateurs en parallèle . Considé- alimentant une charge ZL . Toutes les impédances sont
rons d'abord le circuit équivalent d'un seul transfor- rapportées au côté primaire .
mateur alimentant une charge ZL (Fig . 30-52a) . La ten-
sion au primaire est Ep , et l'impédance du transforma-
teur rapportée au primaire est Z p 1 . Le rapport de trans- chaque impédance, on peut écrire :
formation étant a, le circuit peut être simplifié comme
il Zpi = 12 Zp2
indiqué à la Fig . 30-52b .
soit
Lorsqu'un deuxième transformateur d'impédance Z p2
est branché en parallèle avec le premier, le circuit équi- Il Zp2
(30-19)
valent prend la forme indiquée à la Fig . 30-53 . On cons-
12 Zp 1
tate que les impédances Z p l et Zp2 sont en parallèle et
que le courant I de la charge se divise en deux parties, Le rapport des courants dépend donc du rapport des
I l et 12 circulant dans les deux transformateurs . Étant impédances . Cependant, pour que l'échauffement soit
donné que la chute de tension E13 est la même pour le même pour chaque transformateur, les courants doi-



474 ÉLECTROTECHNIQUE

vent être proportionnels aux puissances nominales res- Courant nominal au primaire du transformateur de
pectives, d'où la relation : 100 kVA :

In2 = 100 kVA/7200 V = 13,9 A


h s.1

= (30-20)
b) Impédance de la charge rapportée au primaire :
I2 S„ 2

En combinant les équations 30-17, 30-19 et 30-20, on EZ 7200 2


Z = P = = 15752
peut prouver que les transformateurs peuvent fournir
Scharge 330 000
chacun leur puissance nominale pour autant qu'ils pos-
sèdent le même pourcentage d'impédance . c) Impédance de base du transformateur de 250 kVA
rapportée au primaire :
Dans le cas contraire, la capacité totale disponible est
inférieure à la somme des puissances nominales des z
Ep 72002
deux transformateurs . Ce point est illustré par l'exem-
Znpt = = = 20752
ple suivant . S nt 250 000

Impédance du transformateur de 250 kVA rapportée


Exemple 30-16
au primaire :
Un transformateur de 100 kVA avant une impédance
de 4 (/ est connecté en parallèle avec un autre trans-
Zpi = Zl
(P .u) X Znpi
formateur de 250 kVA dont Iimpédance est de 6'li
(Fig. 30-54) . Le rapport (le transformation est de = 0,06 x 207 52 = 12,4 52
7200V/240 V et la charge est (le 330 LVA . Calculer : Impédance de base du transformateur de 100 kVA rap-
a) le courant nominal au primaire de chaque trans- portée au primaire :
formateur
b) l'impédance de la charge rapportée au primaire ~ 7 EZ 7200 2
_ P
_ = 518 52
Znp2
c) l'impédance de chaque transformateur rapportée Sn2 100 000
au primaire
L'impédance du transformateur de 100 kVA rapportée
d) le courant réel circulant dans le primaire de cha-
au primaire est :
que transformateur
Zp2 = 0,04 X 518 S2 = 20,7 52

d) Le circuit équivalent des deux transformateurs et de


E 3 charge la charge est montré à la Fig . 30-55 . Le courant dans la
Lp = 6% charge est :
240 V 330
250 kVA kVA
= Scharge = 330 000 = 46 A
3 I1
7200 V
Ep 7200

Il = 28,8 A
100 kVA

Figure 30-54
Raccordement des transformateurs (voir exemple 30-16) .
7200 V 157 4

Solution
a) Courant nominal au primaire du transformateur de
250 kVA : Figure 30-55
Circuit équivalent du montage de la Fig . 30-54 (voir exemple
41 = 250 kVA/7200 V = 34,7 A 30-16) .



TRANSFORMATEURS 475

Le courant Il porté par le transformateur de 250 kVA sant qui se traduit par une absorption de puisssance
est : réactive . À cause de la résistance des enroulements,
des pertes sont également dissipées dans le cuivre .
20,7 S2
Il = 46 A x = 28,8 A Enfin, comme tout le flux créé par le primaire ne tra-
20,7 S2 + 12,4 S2 verse pas complètement le secondaire, et vice versa, il
faut considérer les flux de fuite qui se traduisent par
Le courant Il porté par le transformateur de 100 kVA
des puissances réactives supplémentaires . L'échauffe-
est :
ment causé par les pertes actives dissipées dans le noyau
12 =46A-28,8A=17,2A
et les enroulements exigent l'utilisation de méthodes
Le transformateur de 100 kVA est surchargé du fait de refroidissement . Selon la puissance, on utilise le
qu'il porte un courant de 17,2 A alors que son courant refroidissement par circulation naturelle ou forcée de
nominal est seulement de 13,9 A . Cela représente une l'air et/ou de l'huile . Malgré leurs imperfections, les
surcharge de 24 % . Par contre, le transformateur de transformateurs demeurent des appareils de rendement
250 kVA n'est pas surchargé car il porte un courant de élevé .
28,8 A alors que son courant nominal est de 34,7 A .
Si l'on prend en considération les différentes imper-
Les transformateurs ne se partagent pas la charge en fections du transformateur, on peut établir un circuit
proportion de leur puissance nominale parce que leurs équivalent pour le transformateur réel . Ce circuit com-
pourcentages d'impédance n'ont pas les mêmes va- prend un transformateur idéal auquel on ajoute les ré-
leurs . Le transformateur ayant le plus faible pourcen- sistances et les réactances de fuite des enroulements,
tage d'impédance accapare une plus forte proportion ainsi qu'une branche de magnétisation . Ce circuit per-
de la charge . Notons que dans cet exemple, si les deux met de calculer avec précision les pertes et les chutes
transformateurs avaient le même pourcentage d'im- de tension à l'intérieur du transformateur . Dans les
pédance, ils pourraient alimenter une charge de calculs impliquant des transformateurs de grande puis-
250 + 100 = 350 kVA, sans surchauffer alors qu'ils ne sance, on peut même simplifier le circuit équivalent à
peuvent même pas porter une charge de 330 kVA . une simple réactance de fuite en série avec le transfor-
mateur idéal .
30 .27 Résumé
Le transformateur est un appareil très simple permet-
tant de modifier la tension et le courant dans un circuit
à courant alternatif . Dans sa forme la plus élémentaire, PROBLÈMES - CHAPITRE 30
il est constitué de deux bobines couplées appelées pri- Niveau pratique
maire (côté source) et secondaire (côté charge) mon-
tées sur un noyau . Bien que le transformateur idéal 30-1 Quelles sont les parties essentielles d'un trans-
n'existe pas, il est important d'en connaître les pro- formateur?
priétés fondamentales car les transformateurs utilisés 30-2 a) À quoi sert le courant tiré par un transfor-
en pratique ont des propriétés très semblables . Pour le mateur fonctionnant à vide?
transformateur idéal, le rapport des tensions primaire
b) Peut-on le négliger dans les calculs pratiques lors-
et secondaire est égal au rapport des nombres de tours
que le transformateur est en charge?
de ces deux enroulements . Les courants sont dans le
rapport inverse . Le transformateur idéal change donc 30-3 Expliquer comment une tension est induite au
les valeurs des tensions et des courants, et «transforme» secondaire d'un transformateur. Que veut dire flux
les impédances . Toutefois, la puissance active et la mutuel? flux de fuite?
paissance réactive sont transportées sans aucune perte
30-4 Si le secondaire d'un transformateur possède
du primaire au secondaire .
deux fois plus de spires que le primaire, la tension se-
Pour les transformateurs utilisés en pratique, il faut condaire est-elle plus faible que la tension primaire?
considérer les pertes et le couplage imparfait entre les
bobines . Le noyau de fer est le siège de pertes actives 30-5 Quelles sont les relations entre les tensions et
dues à l'hystérésis et aux courants de Foucault . De plus, les courants au primaire et au secondaire d'un trans-
k flux requis par le noyau exige un courant magnéti- formateur idéal en charge?

4 76 ÉLECTROTECHNIQUE

30-6 Nommer les sources de pertes dans un trans- 30-17 Dans le problème 30-16, calculer la nouvelle
formateur . valeur de la FMM et du flux crête si la tension de la
source est réduite à 40 V .
30-7 Quel enroulement alimente la charge : le pri-
maire ou le secondaire? 30-18 On donne l'information suivante relativeme
au transformateur idéal illustré à la Fig . 30-8 :
30-8 Nommer deux conditions essentielles pour bran-
cher deux transformateurs en parallèle . N1 = 500 spires Eg = 600 V

30-9 Àquoi servent les prises de réglage des trans- N2 = 300 spires Z = 12 S2 (résistif)
formateurs? Calculer la valeur de:
30-10 Nommer trois modes de refroidissement des a) E2 12 1,
transformateurs . Comment les désigne-t-on? b) la puissance fournie au primaire
30-11 Une tension de 600 V est appliquée au pri- c) la puissance débitée par le secondaire
maire d'un transformateur possédant 1200 spires au d) l'impédance vue par la source
primaire et 240 spires au secondaire. Calculer la va-
Niveau intermédiaire
leur de la tension secondaire .
30-19 Dans le problème 30-11, calculer la valeur
30-12 On branche l'enroulement basse tension d'un
maximale du flux dans le noyau si la fréquence est de
transformateur à une source de tension de 2400 V .
60 Hz .
Quelle tension recueille-t-on sur l'enroulement haute
tension sachant que les enroulements haute tension et 30-20 Expliquer pourquoi le flux maximal dans un
basse tension possèdent respectivement 7500 spires et transformateur doit demeurer constant lorsque la ten-
300 spires . sion d'alimentation reste constante?
30-13 Une ligne de distribution alimente sous une 30-21 Surie schéma de la Fig. 30-4, le primaire elle
tension de 6900 V un transformateur dont le primaire secondaire possèdent respectivement 200 spires et 600
comporte 1500 spires et le secondaire 24 spires . spires. La tension d'alimentation a une valeur efficace
Calculer: de 120 V, 60 Hz ; le courant magnétisant I, n est de 3 A .
On constate que 40 % du flux 0 créé par le primaire est
a) la tension secondaire
accroché par le secondaire . Calculer :
b) les courants primaire et secondaire si une charge de
a) la valeur efficace de la tension E2
5 £2 est raccordée au secondaire
b) la valeur crête du flux 0
30-14 L'enroulement primaire d'un transformateur
possède deux fois plus de spires que le secondaire . La c) Tracer le diagramme vectoriel montrant les vecteurs
tension primaire est de 220 V. Le secondaire est rac- Eg, Im , E2, Om1 et off

cordé à une résistance de 5 S2 . Calculer la puissance 30-22 Dans la Fig . 30-36a, on applique une tension
débitée par le transformateur ainsi que les courants pri- de 600 V aux bornes H, H2 et l'on mesure une tension
maire et secondaire . de 80 V entre les bornes X 1 et X 2 .
30-15 Un transformateur de 3000 kVA a un rapport a) Quelle tension mesure-t-on entre les bornes H 1 et
de transformation de 60 kV à 2,4 kV. Calculer le cou- X2?
rant nominal de chaque enroulement . b) Quelle tension mesure-t-on entre les bornes H 2 X 2 si
30-16 La bobine de la Fig . 30-2 possède 500 spires l'on relie les bornes H 1 X 1 ?
de résistance négligeable, et sa réactance est de 60 Q .
30-23 a) Qu'arriverait-il si, dans la Fig . 30-51, on
Elle est raccordée à une source de 120 V, 60 Hz . Cal-
intervertissait les connexions aux bornes Hl et H 2 du
culer :
transformateur B?
a) la valeur efficace du courant I m
b) Le fonctionnement du groupe serait-il affecté si l'on
b) la valeur crête de Im
intervertissait les bornes Hl H2 et les bornes Xl X 2
c) la valeur crête de la FMM développée par la bobine du transformateur B? Expliquer.
d) la valeur crête du flux 0

TRANSFORMATEURS 477

30-24 Expliquer pourquoi la tension au secondaire une source de 600 V. La charge résistive est de 100 S2 .
d'un transformateur diminue à mesure que la charge Calculer la valeur maximale du flux dans le noyau sa-
résistive augmente? chant que la fréquence de la source est de 50 Hz .

30-25 Qu'entend-on par: 30-33 Plus les flux de fuite d'un transformateur sont
importants, plus son impédance est élevée . Expliquer.
a) impédance d'un transformateur?
b) pourcentage d'impédance d'un transformateur? 30-34 Pour le transformateur de la Fig . 30-25, on
fournit les renseignements suivants :
30-26 Un transformateur de 3000 kVA ayant un rap-
port de transformation de 60 kV à 24 kV a une impé- R i = 18 S2 R 2 = 0,005 S2 Xfi = 40 S2
dance de 6 % . Quelle est la valeur de l'impédance (en Xf2 = 0 .01 S2 El = 14,4 kV E2 = 240 V
ohms) ramenée :
La capacité du transformateur est de 75 kVA.
a) au primaire de 60 kV?
En négligeant la branche d'excitation, calculer :
b) au secondaire de 2,4 kV?
c) Sachant que la tension au primaire est de 67,5 kV, a) l'impédance du transformateur ramenée au primaire
calculer la valeur des courants dans chaque enrou- (14,4 kV)
lement lors d'un court-circuit au secondaire . b) le pourcentage d'impédance du transformateur vu
30-27 On applique une tension de 2300 V entre les du côté primaire
bornes 1 et 4 du transformateur montré à la Fig . 30-39 . c) l'impédance du transformateur ramenée au secon-
daire (240 V)
a) Quelle est la tension entre les bornes Xt X2?
d) le pourcentage d'impédance vu du côté secondaire
b) Calculer la valeur des courants dans chaque enrou-
lement lorsque l'on applique une charge de 12 kVA e) les pertes totales dans le cuivre à pleine charge
au secondaire . f) les valeurs en p .u . de la résistance et de la réactance
du transformateur
30-28 Un transformateur de 66,7 MVA a un rende-
ment de 99,3 % lorsqu'il alimente une charge dont le 30-35 Pour déterminer l'impédance d'un transforma-
facteur de puissance est de 100 % . teur monophasé de 10 MVA, 66 kV/7,2 kV, on utilise
le montage de la Fig . 30-49 . On mesure les valeurs
a) Calculer les pertes, en kilowatts dans ces circons-
suivantes :
tances .
E,=2640V II =72A PC =9,85 kW
b) Calculer les pertes et le rendement de ce transfor-
mateur lorsqu'il alimente une charge de 66,7 MVA Calculer :
dont le facteur de puissance est de 80 % . a) la résistance et la réactance de fuite rapportées au
30-29 Le transformateur de la Fig . 30-45 alimente primaire
une charge de 44 MVA . Quel mode de refroidissement b) l'impédance de base du côté primaire
doit-on utiliser pour que l'on obtienne le rendement c) le pourcentage d'impédance du transformateur
maximal sans dépasser l'échauffement permis?
30-36 Dans le problème 30-35, les pertes dans le fer
30-30 Si l'on vidait l'huile du transformateur de la sont de 35 kW . Calculer le rendement du transforma-
Fig . 30-42, sa capacité baisserait de 75 kVA à 40 kVA . teur à pleine charge à un FP de 100 % .
Expliquer.
30-37 En se basant sur les données du transforma-
30-31 Si l'on plaçait le transformateur de la Fig . 30- teur de la Fig . 30-45, faire une estimation de la puis-
41 dans une cuve remplie d'huile, la température maxi- sance du transformateur de la Fig . 30-44 en supposant
male de 150 °C devrait être abaissée à 95 °C . Expli- que l'on arrête les ventilateurs et les pompes de circu-
quer. lation d'huile .
N veau avancé 30-38 Un transformateur construit selon le schéma
30-32 Un transformateur idéal ayant 300 spires au de la Fig . 30-21 aurait une très mauvaise régulation .
primaire et 1200 spires au secondaire est alimenté par Expliquer pourquoi et comment l'améliorer .


31
Transformateurs spéciaux

Dans les applications industrielles, on rencontre un extérieurs (Fig . 31-1) . Le fil central (appelé neutre)
grand nombre de transformateurs de construction spé- est généralement mis à la terre . Nous verrons au cha-
ciale . La plupart possèdent les propriétés de base que pitre 47 l'avantage d'un tel système de distribution à
nous avons étudiées dans le chapitre précédent : 120 V/240 V .
1 . La tension induite dans un enroulement est propor- Ces transformateurs sont souvent suspendus sur les
tionnelle au nombre de spires ; poteaux de la compagnie d'électricité et chacun ali-
2 . Lorsque le transformateur est en charge, les ampères- mente un, deux et parfois jusqu'à une vingtaine de
tours du primaire sont égaux aux ampères-tours du clients (Fig . 31-2) .
secondaire ; L'appel de puissance imposé par les clients fait varier
3 . Le courant d'excitation est négligeable par rapport beaucoup la charge de ces transformateurs de distribu-
à la valeur du courant de pleine charge du primaire . tion au cours de la journée . Dans les secteurs résiden-
Cependant, lorsque le couplage entre le primaire et le tiels, la crête de puissance a lieu le matin, et une autre
secondaire est relativement faible, et lorsque le cou- se produit entre 5 h et 7 h du soir. Comme la durée de
rant d'excitation est élevé, ces relations ne tiennent plus . l'appel de puissance maximal n'excède jamais 2 heu-
Dans ces circonstances, on doit utiliser le circuit équi- res, ces transformateurs fonctionnent la plupart du
valent complet pour décrire le comportement du trans- temps à faible charge . Étant donné que des dizaines de
formateur. Nous étudierons vers la fin de ce chapitre
les propriétés de ce type de transformateur . Cette ana-
lyse est particulièrement utile car elle nous permettra H, Xi
de comprendre les circuits couplés quelconques .
fX,~3 120 V
31 .1 Transformateur à secondaire double f
14,4 kV N 240 V
~
La plupart des transformateurs destinés à la distribu- X2 120 V
tion de l'énergie électrique chez les clients domiciliaires 0 o y
H2 X4
ont un enroulement à haute tension (le primaire) et un
double enroulement à basse tension . Les deux secon-
daires sont raccordés en série de sorte que la tension Figure 31-1
Transformateur de distribution à secondaire double de
entre chacun des fils extérieurs et le fil central est de
14,4 kV à 240/120 V. Le neutre N est habituellement mis à la
120 V, tandis qu'elle est de 240 V entre les deux fils terre .
478

TRANSFORMATEURS SPÉCIAUX 479

Figure 31-3
Autotransformateur ayant N1 spires entre les bornes A et B
et N2 spires entre les bornes A et C.

ayant N1 et N2 spires . Cependant, comme les enrou-


lements primaire A B et secondaire A C ont une borne
commune A, ils ne sont plus isolés .
Figure 31-2
Transformateur de distribution de 100 kVA, 14,4 kV à Si l'on branche une charge aux bornes C et A, le cou-
240/120 V. Le primaire est branché entre la terre et une rant 12 provoque la circulation d'un courant Il au pri-
des trois phases au sommet du poteau .
maire (Fig . 31-4) . La section BC de l'enroulement porte
le courant Il . D'après la deuxième loi de Kirchhoff,
milliers de ces transformateurs sont branchés sur le
appliquée au noeud A, la section CA porte un courant
réseau, on cherche à minimiser leurs pertes à vide . On
atteint cet objectif en utilisant des noyaux en acier de (I2 - Il) . De plus, la FMM créée par I1 doit être égale et
opposée à celle produite par (12 - Il) . On a donc :
très haute qualité .

31 .2 Autotransformateur il (N1 - N2) = (I2 - Il) N2


On appelle autotransformateur, un transformateur com-
soit
posé d'un enroulement unique monté sur un noyau
d'acier . La haute tension est appliquée à l'enroulement N1 Il = N2 12 (31-2)
complet et la basse tension est obtenue entre une ex- Enfin, si l'on suppose que les pertes et le courant ma-
trémité de l'enroulement et une prise intermédiaire .
gnétisant sont négligeables, la puissance apparente
Soit un autotransformateur (Fig . 31-3) composé d'un absorbée par la charge doit être égale à celle fournie
enroulement AB de N1 spires monté sur un noyau de par la source . Par conséquent,
fer. L'enroulement est raccordé à une source de ten-
sion constante Eg . Le courant d'excitation crée un flux E1 Il = E2 12 (31-3)
et, comme dans tout transformateur, ce flux demeure
constant tant que Eg est constante .
Supposons que l'on sorte une prise C entre les extré-
mités A et B de l'enroulement, et que N2 spires soient
comprises entre les bornes A et C . Comme la tension
induite est proportionnelle au nombre de spires, la ten-
sion entre ces bornes est :

E2 = N2 x El (31-1)
N1
Cette relation est la même que celle obtenue avec un Figure 31-4
transformateur conventionnel à deux enroulements Dans un autotransformateur on a N1I1 = N2I2 et E1I1 = E2I2 .

480 ÉLECTROTECHNIQUE

On constate que les équations (31-1), (31-2) et (31-3)


sont identiques à celles obtenues avec un transforma-
teur conventionnel ayant un rapport de transformation
N t 1N2 . Cependant, dans un autotransformateur, l'en-
roulement secondaire fait partie de l'enroulement pri-
maire . Il s'ensuit qu'un autotransformateur est plus
petit, moins lourd et moins coûteux qu'un transforma-
teur conventionnel de même puisance . Cette économie
devient particulièrement importante lorsque le rapport
Figure 31-5
de transformation E t1E2 se situe entre 0,5 et 2 . Par con- Voir exemple 31-1 .
tre, l'absence d'isolation entre la haute tension et la
basse tension constitue parfois un grand inconvénient.
c) La section des conducteurs de la partie CA de l'en-
Les autotransformateurs servent au démarrage à ten-
roulement peut être réduite au quart de celle de la par-
sion réduite des moteurs, à la régulation de la tension
tie BC, car le courant y est 4 fois plus petit . Cepen-
des lignes de distribution et, en général, à la trans-
dant, comme la partie CA a 4 fois plus de spires, les
formation de tensions de valeurs assez rapprochées .
deux parties de l'enroulement utilisent à peu près la
Exemple 31-1 même quantité de cuivre .
Un autotransfrxmaleur ayant une prise de 80 % est 31 .3 Transformateur conventionnel monté
connecté à une source de 300 V fFie . 31-5) . Une en autotransformateur
charge do 3600 W est branchée aux bornes du se- Un transformateur à deux enroulements peut être monté
eondairc . Calculer : en autotransformateur ; il suffit de relier le secondaire
a) la tension et le courant de la rharce en série avec le primaire . Selon le mode de connexion .
h) Ics courants circulant dans les parsies BC CA l a tension secondaire peut s'ajouter à la tension pri-
de I enrouler ent maire ou se soustraire de celle-ci .
C la Grosseur relatise des conducteurs des enrou- Considérons, par exemple, un transformateur ayant un
lements BC et CA rapport de transformation de 600 V à 120 V. Les bor-
nes des enroulements et les marques de polarités sont
Solution montrées à la Fig . 31-6a . Lorsqu'il est connecté de la
a) Tension au secondaire : façon indiquée à la Fig . 31-6b, c'est-à-dire quand les
bornes de même polarité sont reliées ensemble, la ten-
E2= 80 % x 300 = 240V sion secondaire se soustrait de la tension primaire :
Courant dans la charge : E2 = 600 V - 120 V =480 V

= 3600 W = 15A Par contre, si deux bornes de polarités contraires sont


I_ = P
reliées ensemble, les deux tensions s'ajoutent (Fig . 31-
E2 240 V
6c) :
b) Courant fourni par la source: E2 = 600 V + 120 V = 720 V
Lorsqu'on utilise des transformateurs conventionnels
I = P = 3600W comme autotransformateurs, il est important de se sou-
1
= 12A
El 300 V venir des règles suivantes :

Courant dans la partie BC de l'enroulement: 1 . Le courant dans un enroulement ne doit pas dépas-
ser la valeur nominale
IBC =It =12A 2 . La tension aux bornes d'un enroulement ne doit pas
Courant dans la partie CA : être supérieure à la valeur nominale
3 . Si le courant nominal circule dans un enroulement,
ICA =I2 -It = 15A-12A=3A le courant nominal circule automatiquement dans



TRANSFORMATEURS SPÉCIAUX 481

600 V

120 V

(a) (b) (c)


Figure 31-6
a . Transformateur conventionnel de 600 V/120 V.
b. Transformateur raccordé en autotransformateur de 600 V/480 V.
c. Transformateur raccordé en autotransformateur de 600 V/720 V.

l'autre . (Ceci découle de l'égalité des ampères-tours La répartition des courants à pleine charge est indi-
dans les deux enroulements .) quée sur le schéma de la Fig . 31-7b. On constate que :
4- Si la tension nominale apparaît aux bornes d'un en- 1 . le courant de 100 A entre par la borne X 1 ; il faut
roulement, la tension nominale correspondante ap- donc que le courant de 20 A sorte par la borne H 1 . Il
paraît automatiquement aux bornes de l'autre
5 . Si un courant Il entre par une borne H1 , un courant
I, doit sortir par la borne X 1 et vice versa

Exemple 31-2
Le transformateur montré à la Fig . 31-6a a une puis-
sance nominale de 12 kVA . Calculer la charge maxi-
male qu'on peut en tirer s'il est monté en autotrans-
formateur ayant un rapport de transformation de
600 V à 480 V. (a)

Solution
Le courant nominal dans l'enroulement de 600 V est :

I = S = 12 000 VA
= 20 A
1 E1 600 V
Le courant nominal dans l'enroulement de 120 V est :

12 000 VA = 100 A
12 = S =
E2 120 V

La Fig . 31-7a donne les connexions pour la transfor-


mation de 600 V à 480 V; le circuit est représenté sché-
matiquement à la Fig . 31-7b.
On remarque que la charge est raccordée directement
en série avec l'enroulement de 120 V. Puisque cet en-
roulement peut débiter un courant de 100 A, la charge Figure 31-7
peut tirer une puissance maximale de : a . Autotransformateur de 600 V/480 V sous charge .
b . Schéma montrant les courants dans le montage et dans
Scharge = E12 = 480 V x 100 A = 48 kVA les enroulements .

482 ÉLECTROTECHNIQUE

s'ensuit qu'un courant de 80 A doit circuler dans la H, H,


source ;
20 A
2 . La puissance fournie par la source est bien égale à
celle absorbée par la charge :
.--( '%_t
X 100 A X2
Ssource = E 1 Il = 600 V X 80 A = 48 kVA
80 A - 480 V -->
Cet exemple démontre que le transformateur conven- 120 V charge F-
tionnel monté en autotransformateur peut alimenter une
charge beaucoup plus grande que la capacité nominale Figure 31-8
du transformateur. Cependant, cela dépend du genre La charge maximale qu'un autotransformateur peut supporter
de connexion utilisé . Ainsi, supposons que l'on désire dépend du rapport de transformation désiré .
monter le transformateur de l'exemple précédent en
autotransformateur ayant un rapport de 120 V à 480 V
(Fig . 31-8) . Dans ce cas, la charge est en série avec ligne à 69 kV
l'enroulement H l H2 . Comme ce dernier peut suppor-
ter un courant maximal de 20 A, la puissance de la primaire
charge ne peut donc dépasser: C1 C
capacitance
Scharge = 480 V x 20 A = 9,6 kVA distribuée voltmètre
soit une capacité inférieure à la capacité nominale du Oà150V
transformateur . Ce transformateur atteindra la même
température dans les montages des Fig . 31-7 et 31-8
car les courants et les tensions supportés par les en- Figure 31-9
roulements restent les mêmes dans les deux cas . Montage d'un transformateur de tension utilisé pour mesurer
la tension sur une ligne à 69 kV.
31 .4 Transformateurs de tension
Les transformateurs de tension sont des transforma- de sorte que le volume de l'isolation dépasse souvent
teurs de haute précision dont le rapport de transforma- celui du cuivre et de l'acier.
tion varie très peu avec la charge . De plus, la tension Les transformateurs de tension installés sur les lignes
secondaire est en phase avec la tension au primaire à HT sont toujours raccordés entre une ligne et le neu-
une fraction de degré près . Les transformateurs de ten- tre. Cela élimine la nécessité d'utiliser deux grosses
sion sont utilisés sur les lignes à haute tension pour
bornes en porcelaine car un côté de l'enroulement HT
alimenter des appareils de mesure (voltmètres, est raccordé à la terre . Par exemple, la Fig . 31-10 mon-
wattmètres, etc .) ou de protection (relais) . Ils servent tre un transformateur utilisé sur une ligne à 138 kV Il
(1) à isoler ces appareils de la haute tension et (2) à les comprend une grosse borne (traversée) en porcelaine
alimenter à des tensions appropriées . Le rapport de afin d'isoler la ligne haute tension du boîtier qui est
transformation est choisi de façon que la tension se- mis à la terre . Ce dernier renferme le transformateur
condaire soit d'une centaine de volts, ce qui permet proprement dit .
l'utilisation d'instruments de fabrication courante
(0-150 V) pour la mesure de tensions élevées (Fig . On doit toujours connecter un des fils de l'enroule-
31-9) . ment secondaire à la masse, sans quoi on risque de pren-
dre un choc électrique en touchant l'instrument de me-
Le primaire des transformateurs de tension est bran- sure ou un de ses fils de raccordement . En effet, bien
ché en parallèle avec le circuit dont on veut connaître
que le secondaire paraisse isolé du primaire, la
la tension .
capacitance distribuée entre les deux enroulements ef-
Leur construction diffère très peu de celle des trans- fectue une connexion invisible qui peut produire au
formateurs conventionnels . Cependant, leur puissance secondaire une tension très élevée par rapport au sol si
nominale est généralement faible (inférieure à 500 VA), l'on néglige de la raccorder à la masse (Fig . 31-9) .

TRANSFORMATEURS SPÉCIAUX 483

de ces transformateurs est monté en série avec la ligne


dont on veut mesurer le courant (Fig . 31-11) .
Ces transformateurs sont employés seulement pour fins
de mesure et de protection ; donc leur capacité est fai-
ble et est normalement de l'ordre de 15 à 200 VA .
Comme pour les transformateurs conventionnels, le
rapport de transformation du courant est inversement
proportionnel au rapport des nombres de spires du pri-
maire et du secondaire . Un transformateur de courant
ayant un rapport de 150 A/5 A a donc 30 fois plus de
spires au secondaire qu'au primaire . Le courant nomi-
nal du secondaire est généralement de 5 A ou 1 A .
L'emploi des transformateurs de courant sur les lignes
à haute tension est indispensable pour des raisons de
sécurité . Supposons que le courant dans une ligne à
69 kV soit de 30 A . Bien que ce courant puisse être
mesuré directement par un ampèremètre de 0-50 A,
personne ne pourrait approcher ou toucher l'instrument
sans subir un choc électrique fatal . Il est essentiel que
l'instrument soit isolé de la haute tension au moyen
d'un transformateur, comme l'indique la Fig . 31-11 .
L'isolation entre le primaire et le secondaire doit être
suffisante pour éviter toute possibilité de court-circuit.
La valeur de la tension maximale que cette isolation
peut supporter est normalement inscrite sur la plaque
signalétique .
Comme dans le cas d'un transformateur de tension, on
Figure 31-10
Transformateur de tension de 7000 VA, 80,5 kV, 50 Hz à doit toujours raccorder un des fils secondaires à la
60 Hz . Une borne primaire est raccordée à une ligne H .T. et masse .
l'autre à la terre . Le secondaire comprend 2 enroulements
de 115 V ayant chacun une prise à 66,4 V . Autres Afin d'assurer une bonne précision, les transformateurs
caractéristiques - précision : 0,3 % ; BIL : 650 kV ; hauteur de courant utilisés pour la mesure de l'énergie et de la
totale : 2565 mm ; hauteur de la borne en porcelaine : 1880 mm ;
huile : 250 litres ; masse : 740 kg (gracieuseté de Ferrant,) .

ligne à 69 kV

I primaire charge
31 .5 Transformateurs de courant

Les transformateurs de courant sont des transforma- c= _

teurs de haute précision dont le rapport de transforma- secondaire


tion demeure essentiellement constant même lorsque
la charge au secondaire varie . On atteint un haut ni- ampèremètre
A
veau de précision en réduisant au minimum le courant Oà5A
masse 17*
d'excitation . Les transformateurs de courant sont uti- (mise à la terre)
lisés pour ramener à une valeur facilement mesurable
les courants intenses des lignes à haute ou à basse ten-
Figure 31-11
sion . Ils servent aussi à isoler les appareils de mesure Montage d'un transformateur de courant . Le primaire est
ou de protection des lignes à haute tension . Le primaire raccordé en série avec la ligne à 69 kV.


484 ÉLECTROTECHNIQUE

puissance électrique sont construits avec beaucoup de


soin . En particulier, le courant d'excitation doit être
extrêmement petit, ce qui impose au constructeur une
faible densité de flux dans le noyau, de l'ordre de
0,3 tesla seulement . Selon la capacité en volts-ampè-
res du transformateur, la tension nominale au secon-
daire est de l'ordre de 4 V à 20 V.
La Fig . 31-12 montre un transformateur de courant de
500 VA, 1000 A/5 A, conçu pour une ligne à 230 kV.
La grosse traversée en porcelaine sert à isoler la ligne
HT du sol . Le transformateur est monté à l'intérieur
du boîtier situé en bas de la traversée . La partie supé-
rieur de la traversée comprend deux bornes qui sont
raccordées en série avec la ligne HT . Le courant circu-
lant dans la ligne entre par une borne, descend le long
de la traversée, circule dans l'enroulement primaire,
remonte le long de la traversée et ressort par l'autre
borne . Une installation habituelle de transformateurs
de courant est illustrée à la Fig . 31-13 . Figure 31-13
Trois transformateurs de courant montés à l'entrée d'un poste
de transformation servent à mesurer les courants d'une ligne
triphasée à 220 kV . Les trois colonnes situées à droite des
transformateurs sont des parafoudres .

En guise de comparaison, le transformateur de 50 VA


montré à la Fig . 31-14 est beaucoup plus petit, prin-
cipalement parce qu'il est isolé pour une tension de
36 kV au lieu de 230 kV .

Figure 31-12
Transformateur de courant de 500 VA, 1000/5 A, isolé pour
une tension de 230 kV . Les deux extrémités de l'enroulement Figure 31-14
H .T. passent à l'intérieur de la borne de porcelaine Transformateur de 50 VA, 400 A/5 A, isolé pour une tension
(gracieuseté de Westinghouse) . de 36 kV.


TRANSFORMATEURS SPÉCIAUX 485

Exemple 31-3 200 spires

Le transformateur de courant de la Fig . 31-14 a une


1 spire I, = 600 A
capacité de 50 VA, 400A/5A, 36 kV, 60 Hz . Il est
installé sur une ligne dont la tension liane à neutre barre
est de 24,9 kV. Les ampèremètres, relais et fils omnibus
de raccordement au secondaire ont une impédance A
0 0
totale de 1 .2 S2 . Sachant que le courant dans la ligne
de transport est de 280 A, calculer :

a) la valeur du courant au secondaire Figure 31-15


Montage d'un transformateur de courant toroïdal .
b) la tension aux hornes (lu .secondaire
c) la chute de tension aux bornes du primaire
possède N spires, le rapport de transformation est N.
Solution Ainsi, un transformateur ayant un rapport de 1000 A à
a) Rapport de courant :
5 A a 200 spires sur le secondaire . Si l'on fait passer le
conducteur primaire 4 fois à l'intérieur du noyau, le
h _ 400 A
= 80 rapport de transformation est alors réduit à 250/5A .
12 5A
Les transformateurs de courant toroïdaux sont simples
Rapport des spires : et peu coûteux . Ils sont fréquemment utilisés sur les
réseaux à moyenne tension (MT) et à basse tension
N, 1
(BT) . On les incorpore dans les traversées de disjonc-
N2 80 teurs pour mesurer le courant dans la ligne (Fig . 31-
Le courant au secondaire est donc : 16) . Si le courant dépasse le seuil préétabli, le trans-
formateur provoque l'ouverture du disjoncteur .
12=280A=80=3,5A
Exemple 31-4
b) Tension aux bornes du secondaire :
On utilise un transformateur de tension de 14 400/
E2 = IZ = 3,5 A x 1,2 £2 = 4,2 V 120 V et un transformateur de courant (le 75/5 A
pour mesurer la tension et le courant dans une ligne
c1 Tension aux bornes du primaire :
(le transport .

Le voltmètre indique 100 V et l'ampèremètre 3 A .


E2 4,2 V
Et = _ = 0,0525 V Calculer la tension et le courant de la ligne .
80 80
= 52,5 mV

Cela représente une chute de tension minuscule com-


parée à la tension de 24,9 kV de la ligne .

31 .6 Transformateur de courant toroïdal


Lorsque le courant à mesurer dépasse 100 A, on peut
utiliser un transformateur de courant toroïdal . C'est un
transformateur de construction simple car son noyau
est un tore d'acier laminé autour duquel on bobine un
enroulement secondaire . Le primaire est constitué par Transformateur
entourant le
le simple conducteur de ligne traversant l'anneau sans conducteur H .T.
k toucher (Fig . 31-15) . Ce conducteur est équivalent à
une spire primaire entourant l'anneau . La position du
Figure 31-16
conducteur primaire n'est pas importante, pour autant Transformateur de courant toroïdal monté dans une borne
qu'il passe à l'intérieur de l'anneau . Si le secondaire de disjoncteur.

486 ÉLECTROTECHNIQUE

Solution tension induite est très faible, car le flux change très
peu . Cependant, durant les périodes non saturées, le
14 400 V flux change très vite, ce qui peut induire aux bornes du
Tension sur la ligne = 100 V x
120 V secondaire une tension crête de quelques milliers de
= 12 000 V volts, assez haute pour provoquer un choc électrique
dangereux . La tension est d'autant plus élevée que la
75 A capacité en voltampères du transformateur est grande .
Courant dans la ligne = 3 A X = 45 A
5A
31 .8 Autotransformateur variable
31 .7 Danger lorsque le secondaire d'un Quand on a besoin d'une tension variable de zéro à
transformateur de courant est ouvert 600 V ou moins, on a souvent recours à un
On ne doit jamais ouvrir le secondaire d'un transfor- autotransformateur ayant une prise mobile (Fig . 31-18
mateur de courant lorsque le primaire est alimenté . S'il et 31-19) . Le transformateur comprend un enroulement
est nécessaire de retirer un instrument raccordé au se- d'une seule couche bobiné sur un noyau d'acier
condaire, il faut auparavant mettre le secondaire en toroïdal, et un balai de carbone mobile que l'on peut
court-circuit et ensuite retirer l'instrument. déplacer au moyen d'un bouton de réglage . Le balai
glisse sur les spires, et à mesure que le point de contact
Si par mégarde on ouvre le circuit secondaire, le cou-
se déplace, la tension E2 augmente proportionnellement
rant dans le primaire continue à circuler inchangé, car
au nombre de spires parcourues . Si la source de ten-
celui-ci est déterminé par la charge du réseau . Le cou-
sion El est connectée sur une prise fixe de 87 %, on
rant de ligne devient alors le courant d'excitation du
peut faire varier la tension E2 de zéro à 100/0,87 =
transformateur. Comme celui-ci est 100 à 200 fois plus
115 % de la tension E 1 .
grand que la normale, il produit une densité de flux
très élevée qui sature le noyau . On préfère ce genre d'autotransformateur à un rhéos-
tat car, pour une position donnée du balai, la tension
En se référant à la Fig . 31-17, lorsque le courant II au
E2 varie beaucoup moins avec la charge, et les pertes
primaire croît et décroît durant le premier demi-cycle,
Joule sont minimes .
le flux croît et décroît également, mais il demeure
au niveau de saturation 0s pour presque tout le demi- Il faut toujours brancher un fusible ou un disjoncteur
cycle. Le même phénomène se produit pour le cycle en série avec la ligne qui alimente la charge afin que le
négatif qui suit. Lors de ces périodes de saturation, la courant 12 n'excède jamais la valeur nominale de

(a) M

(b)

Figure 31-17 Figure 31-18


a. Courant et flux au primaire d'un transformateur de courant Vue en coupe d'un autotransformateur variable montrant (1)
dont le secondaire est ouvert ; noyau de fer toroïdal ; (2) enroulement ; (3) balai mobile
b . Forme d'onde de la tension induite au secondaire . (gracieuseté dAmerican Superior) .

TRANSFORMATEURS SPÉCIAUX 487

Figure 31-19
Diagramme schématique d'un autotransformateur variable
alimentant une charge .

l'autotransformateur. Sans ce fusible, on risquerait de


brûler les spires entre le balai et le point N (Fig . 31-19)
lorsque E2 est faible et que la charge est en court-cir-
cuit .
La Fig . 31-20 montre un autotransformateur variable
motorisé .

31 .9 Transformateurs à haute impédance


Il existe plusieurs applications où l'on doit limiter le
courant d'un transformateur . Cette caractéristique est
requise quand on veut protéger le transformateur sans
Figure 31-20
utiliser un fusible ou un disjoncteur, ou lorsque le se-
Autotransformateur de 200 A, 0 à 240 V, 50 à 60 Hz,
condaire est effectivement en court-circuit en marche composé de 8 unités de 50 A, 120 V connectées en série-
normale . parallèle . Cette unité motorisée permet de faire passer la
tension de zéro à 240 V en 5 secondes . Dimensions :
On peut limiter le courant en plaçant une résistance ou 400 mm x 1500 mm (gracieuseté dAmerican Superior) .
une réactance en série avec le primaire ou le secondaire
d'un transformateur conventionnel . Cependant, il est
souvent plus convenable et plus économique d'inclure
cette réactance dans le transformateur même, en dis- Un transformateur alimentant un jouet est souvent mis
posant les enroulements de telle façon que le couplage en court-circuit par inadvertance et il ne serait ni prati-
soit lâche . Ce type de construction permet d'obtenir que ni sécuritaire de le protéger par un fusible . On se
un transformateur possédant des flux de fuite considé- fie alors à sa haute impédance pour limiter le courant
rables et, par conséquent, une impédance élevée . afin qu'il ne surchauffe pas dans des conditions d'uti-
Parmi ces transformateurs on retrouve les transforma- lisation anormales . Les mêmes remarques s'appliquent
teurs alimentant les jouets, les transformateurs de sou- à certains transformateurs de sonnette utilisés dans les
dage à l'arc, les transformateurs pour enseignes au domiciles .
néon, les transformateurs de brûleurs à l'huile, les trans- Les arcs électriques et les décharges dans les gaz pos-
formateurs pour lampes fluorescentes et enfin les énor- sèdent une caractéristique EII de pente négative, c'est-
mes transformateurs alimentant les fours à arc . à-dire que la tension diminue à mesure que le courant

488 ÉLECTROTECHNIQUE

augmente . Ce genre de charge est instable . Pour main- pas 30 mA . En régime normal, le courant est de 15 mA
tenir un courant et un arc stables, on est obligé d'ajou- sous une tension de 15 kV.
ter une impédance en série avec la charge . Il est sou-
Ces transformateurs possèdent des capacités comprises
vent plus simple d'utiliser un transformateur à haute
entre 50 VA et 1500 VA et la tension secondaire est
impédance . Les transformateurs qui alimentent les lam-
disponible entre 2 kV et 20 kV.
pes à décharge haute densité, telles que les lampes au
mercure et les lampes à halogénure de métal sont de ce Les transformateurs de brûleurs à l'huile possèdent es-
type . sentiellement les mêmes caractéristiques que les trans-
formateurs pour enseignes lumineuses . Une tension
La Fig . 31-21 montre la construction d'un transfor-
secondaire de 10 kV environ produit un arc entre deux
mateur pour enseigne lumineuse . Le primaire, alimenté
électrodes situées au-dessous du jet d'huile vaporisée
à 240 V, induit une tension de 7500 V dans chacun des
et qui assurent ainsi son ignition .
enroulements secondaires S raccordés en série . À cause
des flux de fuite oa, Ob, 0, considérables, la tension La fonte des métaux se fait parfois dans la chaleur créée
secondaire s'écrase à mesure que le courant de charge par un arc électrique à basse tension qui brûle entre
augmente . Ainsi, lorsque l'arc est amorcé, le secon- deux électrodes en carbone (Fig . 31-22) . La capacité
daire est en court-circuit, mais le courant ne dépasse de ces transformateurs varie d'une centaine de kVA à
50 MVA . Dans le cas des grosses capacités, la réac-
tance de la boucle formée par les conducteurs du se-
condaire suffit à limiter le courant .
Les transformateurs utilisés pour la soudure à arc pos-
sèdent aussi une grande réactance de fuite afin de sta-
(a)
biliser l'arc durant la soudure . La tension à circuit ou-
vert est de l'ordre de 70 V, ce qui favorise l'amorçage
de l'arc lorsque l'électrode touche la pièce à soudez
Dès que l'arc s'établit, la tension baisse à environ 15 V.
selon la longueur de l'arc et l'intensité du courant.
Enfin, citons comme autre exemple de transformateur
à haute impédance les énormes unités triphasées de
(b) certains types de compensateurs statiques qui absorbent
la puissance réactive des lignes de transport. Ces trans-
yN P

0240 VO

Figure 31-21
a . Construction d'un transformateur pour enseigne lumineuse ; Figure 31-22
b . Circuit du transformateur ; Four à arc triphasé à l'usine Sambre et Meuse de Feignies,
c . Caractéristique de la tension en fonction du courant . France (photo gracieuseté de Desmarez-Cléside) .


TRANSFORMATEURS SPÉCIAUX 489

formateurs sont conçus spécialement pour créer des


enroulement
flux de fuites : par conséquent le couplage entre le pri- acier liquide primaire
maire et le secondaire est lâche .
Les trois enroulements primaires sont raccordés sur la
ligne HT (généralement entre 230 kV et 765 kV) . Les source o
enroulements secondaires (généralement 5 à 20 kV) à c .a . i o
o
sont connectés à un ensemble d'interrupteurs électro-
niques (valves) dont l'ouverture et la fermeture sont
pilotées par un système de commande (Fig . 31-23) . Le ` ~, _ 1 1_1
système de commande contrôle ainsi l'intensité des courants de Foucault bac

courants Ia, lb, I, ce qui fait varier le flux de fuite et,


Figure 31-24
par conséquent, la puissance réactive absorbée par le Four à creuset . Le flux0 produit des courants de Foucault
transformateur. L'emploi des compensateurs statiques dans l'acier fondu . Le condensateur fournit la puissance
sera expliqué au chapitres 46 et 50 . réactive absorbée par la bobine .

31 .10 Transformateurs pour fours à


induction
Les fours à induction de grande puissance utilisent le
secondaire . L'acier agit en effet comme une spire en
principe du transformateur pour produire de l'acier
court-circuit, ce qui engendre des courants très intenses
de haute qualité et d'autres alliages . On peut compren-
à l'intérieur de la masse liquide . Ce courant produit
dre le principe de l'induction en se référant à la Fig .
des pertes Joule qui gardent l'acier à l'état liquide et
31-24 . Une tension alternative dont la fréquence est de
fondent l'acier en vrac lorsqu'il est ajouté au bain .
l'ordre de 500 Hz est appliquée à une bobine qui en-
toure un grand bac contenant de l'acier liquide . La bo- Ces fours à induction, appelés fours à creuset, ont des
bine agit comme primaire et l'acier fondu constitue le capacités variant de 15 kVA à 40 MVA . La fréquence
requise diminue à mesure que leur puissance augmente .
Ainsi, lorsque la puissance dépasse environ 3000 kVA,
ligne triphasée à 230 kV on peut utiliser la fréquence du réseau, soit 50 ou 60 Hz .

1l
Le facteur de puissance d'un four à induction est très
bas (de l'ordre de 20 %) car un gros courant magnéti-
sant est requis pour établir le flux magnétique dans l'air
et dans l'acier fondu . Comme la température de l'acier
flux de fuite fondu est bien supérieure à celle du point de Curie, la
au primaire
perméabilité de l'acier est essentiellement la même que
celle de l'air. Pour cette raison, ce genre de four est
enroulement tertiaire parfois appelé four à induction sans noyau .
Pour générer la puissance réactive requise on installe
flux de fuite des condensateurs près du four .
au secondaire
Un autre type de four utilise un transformateur possé-
dant un noyau de fer qui entoure un canal rempli d'acier
fondu, comme l'indique la Fig . 31-25 . Dans ce four, le
canal est constitué d'un tuyau en céramique monté en
commande dessous du bac de métal fondu . Le primaire du trans-
formateur est excité par une source de 60 Hz et le cou-
rant secondaire 12 circule dans le canal et dans le bain,
Figure 31-23 qui agissent comme une spire en court-circuit .
Réactance statique triphasée variable .
490 ÉLECTROTECHNIQUE

sions et des courants pour chacun des enroulements .


Cependant, il est plus facile de faire le bilan des puis-
sances active et réactive mises en jeu du côté secon-
daire . L' exemple suivant montre la procédure à suivre .

Figure 31-25
Four à induction à canal . Le primaire est refroidi à l'eau .

Le courant magnétisant est faible, car le flux circule


dans un noyau de fer laminé . Par contre, le flux de fuite
est considérable car le couplage entre la «spire» se-
condaire et le primaire est lâche . Néanmoins, le fac-
teur de puissance est plus élevé que pour un four à creu-
set, et il est généralement compris entre 60 et 80 % .
Par conséquent, la correction du facteur de puissance
exige moins de condensateurs .
Figure 31-26
Un transformateur pour four à induction fonctionne à La photo ci-dessus illustre une étape de la construction de
rotor d'un turbo-alternateur : il s'agit de dilater un noyau d'acier
une température ambiante très élevée . Pour cette rai- de 5 tonnes (frette de têtes de bobines) en le chauffant . Pour
son, le primaire est composé de conducteurs creux dans ce faire, on enroule à la main un bobinage composé d'un fi
lesquels on fait circuler de l'eau . d'amiante ultra-flexible autour de l'anneau . Ce bobinage,
alimenté par la source mobile de 35 kW, 2000 Hz visible à
Les fours à induction sont également utilisés pour la gauche, agit comme primaire, tandis que l'anneau d'acier agit
fonte de l'aluminium, du cuivre et d'autres métaux . La comme secondaire en court-circuit .
Le primaire produit un champ magnétique qui engendre des
Fig . 31-26 montre une autre application du chauffage
courants de Foucault dans l'anneau, portant sa température
par induction. à 280 °C en l'espace de 3 heures . La dilatation qui en résulte
permet de faire glisser la frette chaude sur une extrémité dd
31 .11 Transformateur à 3 enroulements rotor où elle se rétrécit et se serre en refroidissant . Cetie
Dans certaines applications on a besoin d'un transfor- méthode de chauffage par induction est plus propre et
provoque un échauffement plus uniforme que toute autre
mateur comportant deux enroulements secondaires au
méthode . La fréquence de 2 kHz permet de créer des
lieu d'un seul . Pour déterminer la valeur du courant courants de Foucault intenses avec relativement peu de
primaire, on peut tracer le diagramme vectoriel des ten- spires au primaire (gracieuseté de ABB) .

TRANSFORMATEURS SPÉCIAUX 491

Exemple 31-5 433 A


H X
Un transformateur de O0 MVA possède un primaire
123 kV FP = 80 %
à 230 kV et deux secondaires da 124 kV et 17 kV en retard
respectivcment . Le secondaire ù 1_4kV a Lu le, 227 kV 810 A
nominale de 70 M VA, tandis que celui a 17 kV FP=10%
18 kV
a une puissance nominale de 2O M\7\ . Lorsque le en avance
H2 X4
transformateur est en chagee on obtient les lectures charges
suivantes aux deux secondaires (Fie . 31-27) :
Secondaire (1 1 124 kV' nominale : Figure 31-27
Transformateur ayant deux enroulements secondaires (voir
tension lue : 123 kV exemple 31-5) .
courant lu : 4 3 ? A
facteur de puissance : 80 en retard
Puissance active débitée :
Secondaire 12) 17 kV nominale :
tension Iue : 18 kV P2 = S2 x FP = 14,6 x 0, 10
courant Iu : 810 A = 1,5 MW
facteur de puissance : 10 , en a\ o nce
Puissance réactive :
Calculer le courant et le facteur de puissance au pri-
maire, sachant que la tension de la source est de
227 kV . Q2 = v Sz - Pz =14,6 2 - 1,52
= 14,5 Mvar
Solution
Considérons d'abord le secondaire 1 . Puisque le facteur de puissance est en avance, le se-
Puissance apparente débitée : condaire reçoit 14,5 Mvar.
Puissance active débitée par les deux secondaires :
S t = EI = 123 kV x 433 A
Ps = P 1 + P2 = 42,6 + 1,5
= 53,3 MVA
44,1 MW
Puissance active débitée :
Puissance réactive débitée par les deux secondaires :
P, = Si x FP = 53,3 kVA x 0,8
= 42 .6 MW QS = QI + Q2 = 31,9 + (- 14,6)

Puissance réactive débitée : = 17,3 Mvar

Ces puissances doivent être fournies par la source . Par


QI ='V S - P1 = 53,3 2 - 42,62 conséquent, la puissance apparente au primaire est :

= 31,9 Mvar
Sp = s + QS = 44,1 2 + 17,3 2
Considérons maintenant le secondaire 2 .
= 47,4 MVA
Puissance apparente :
Facteur de puissance au primaire :
S2 = EI = 18 kV x 810 A
= 14,6 MVA P 44,1
FP = = MW = 0,93 ou 93 %
S 47,4 MVA

492 ÉLECTROTECHNIQUE

Courant au primaire :

I _ S _ 47,4 x 106
= 209 A
p E 227 000

En pratique, le courant primaire sera légèrement plus 2


élevé que 209 A à cause des pertes dans le fer et dans Figure 31-28
le cuivre, et à cause de la puissance réactive associée Circuit équivalent complet d'un transformateur .
au courant magnétisant et aux flux de fuites . Pour les
mêmes raisons, le facteur de puissance sera légèrement
plus faible que 93 % .

31 .12 Transformateurs ayant un courant


magnétisant important
Jusqu'à présent nous avons fait des calculs sur les trans-
formateurs conventionnels dont les réactances X m sont
très élevées, alors que les réactances de fuite Xf1 et Xf2
Figure 31-29
sont très petites . Il suffit de consulter le tableau 30-1
Circuit équivalent simplifié lorsque les réactances de fuite et
(chapitre 30) pour se rendre compte de leurs amplitu- la réactance magnétisante sont du même ordre de grandeur.
des relatives. Il s'ensuit que le courant d'excitation est
faible, de sorte qu'on peut le négliger lorsque le trans-
formateur est en charge .
31 .13 Modèle de transformateur spécial
Toutefois, nous avons vu qu'il existe des transforma-
La Fig. 31-30 montre la construction d'un transforma-
teurs spéciaux, comme ceux utilisés dans les fours à
teur spécial dont le noyau et l'agencement des enrou-
induction, dont le courant magnétisant et les flux de
lements favorisent la création de flux de fuite et d'un
fuite sont très importants . Dans ces transformateurs,
courant magnétisant importants . La partie supérieure
les réactances de fuite Xf1 , Xf2 sont beaucoup plus gran-
du noyau est séparée de la partie inférieure par trois
des que d'habitude, tandis que les réactances ma-
entrefers, ayant des longueurs respectives de 8 mm.
gnétisantes Xm sont beaucoup plus petites . Par consé-
12 mm et 3 mm. Les enroulements 1 et 2 possèdent
quent, leurs valeurs relatives sont toutes du même or-
respectivement 90 et 45 spires .
dre de grandeur.
En se référant à la Fig . 31-28, c'est la performance de
ce genre de transformateur que nous allons maintenant
étudier.
Dans cette étude, nous négligerons l'élément R m car 8 mm 3 mm
mm
son impédance est toujours très élevée par rapport à
Xm . De même, nous ignorons la présence des résistan- ,3
E 3
ces R 1 et R2 car leurs valeurs sont habituellement né- 1 2
gligeables devant celles de Xf1 et Xf2.
90 45
Le circuit équivalent prend donc la forme générale spires spires
montrée à la Fig . 31-29. Comme toujours, le rectangle c 7
2 1 I 4
T représente un transformateur idéal .
Pour mieux saisir les facteurs qui entrent en jeu, nous
utiliserons un exemple numérique plutôt qu'un modèle
Figure 31-30
théorique . Après avoir expliqué les principes de base, Construction d'un transformateur produisant des flux de fuite
nous prendrons alors une approche plus générale . et un courant magnétisant importants .


TRANSFORMATEURS SPÉCIAUX 493

Afin de déterminer le circuit équivalent, nous ferons On constate que le flux mutuel est de 8 mWb, tandis
trois essais et dans chaque cas nous analyserons les que le flux de fuite est de 2 mWb . Il s'ensuit que le
tensions, les courants et les flux . Alimentons donc les flux mutuel induit dans la bobine 1 une tension :
enroulements, à tour de rôle, avec une tension al-
ternative ayant une fréquence de 60 Hz . E1 =0,8x240V=192V
Essai 1 : et que le flux de fuite y induit une tension :
Enroulement 1 alimenté; enroulement 2 ouvert
Ef1 =0,2x240V=48V
Lorsque l'enroulement 1 est alimenté par une source
de 240 V, 60 Hz, l'enroulement 2 étant ouvert, on ob- Cela nous permet de déterminer la valeur de la réac-
tient les lectures suivantes (Fig . 31-31) : tance magnétisante et de la réactance de fuite du pri-
maire . En effet:
E 12 =240V Il =8A E34 =96V
Pour un transformateur conventionnel, avec un cou- El 192 V
Xm = = = 24 S2
plage presque parfait, on aurait obtenu E2 = 120 V car Il 8 A
le rapport des spires est de 2 . Mais comme le couplage
Efl 48 V
n'est pas parfait, la valeur de E2 n'est que 96 V. C'est Xfl = _ = 6 S2
dire qu'une fraction seulement du flux créé par la bo- Il 8 A
bine 1 est captée par la bobine 2 . Cette fraction est
96 V/120 V = 0,8 . On dit que le coefficient de cou- Il reste à déterminer la valeur de Xf2 . Pour cela, on fait
plage k entre la bobine 1 et la bobine 2 est de 0,8, soit un deuxième essai .
k 12 = 0,8 Essai 2:

D'après l'équation 30-3, on trouve le flux créé par la Enroulement 2 alimenté ; enroulement 1 ouvert
bobine 1 Lorsque l'enroulement 2 est alimenté par une source
de 120 V, 60 Hz, l'enroulement 1 étant ouvert (Fig . 31-
= E12 240
~i 32), on obtient les lectures suivantes :
4,44 fN 4,44 x 60 x 90
= 10 mWb E34 =120V 12=12A E12 =144V

Comme le coefficient de couplage est de 0,8 seulement, Pour un transformateur conventionnel à couplage serré,
8 mWb des 10 mWb accrochent les spires de la bobine on aurait obtenu E12 = (90 spires/45 spires) x 120 V =
2 . La distribution du flux est montrée à la Fig . 31-31 . 240 V, au lieu de seulement 144 V . On en déduit que le

8 Wb 6 Wb
10 mWb
10 mWb
144 V
96 V
mWb 4 Wb
8A 3 12A
E
1 2 1 2
90 45 90 45
spires spires spires spires
7
2

Figure 31-31 Figure 31-32


Essai à vide et lectures obtenues lorsque l'enroulement 1 Essai à vide et lectures obtenues lorsque l'enroulement 2
est alimenté . est alimenté .




494 ÉLECTROTECHNIQUE

coefficient de couplage entre la bobine 2 et la bobine 1


est :
652 4 Q2
240
k = 144 V
21
= 0,6
240 V
D'autre part, on se souvient que k 12 = 0,8, ce qui dé-
montre un point important : lorsque deux bobines 1 et Figure 31-33
Circuit équivalent du transformateur de la figure 31-30 .
2 sont couplées, les coefficients de couplage k 12 et k21
peuvent être très différents .
Le flux créé par la bobine 2 est donné par :

E~4 120
02 =
4,44 fN2 4,44 x 60 x 45
10 mWb

À cause de k21 , 60 % de ce flux, soit 6 mWb, est accro-


ché par la bobine 1, et 40 % passe par la jambe cen- Figure 31-34
Essai en court-circuit et valeurs obtenues lorsque
trale (Fig . 31-32) . La tension induite dans la bobine 2
l'enroulement 1 est alimenté .
par le flux de fuite est donc :

Ef2 = 0,4 x 120 V = 48 V


Ef1=IlXf1=10Ax652=60V
Par conséquent, la valeur de la réactance de fuite au Il s'ensuit que la tension aux bornes de X m est :
secondaire est :
E1 =156-60=96V
48 V E12
Xt2 = _ = 452 La tension induite au secondaire du transformateur idéal
12 12 A T est donc :
Cela nous permet de compléter le circuit équivalent du
E2 =96V=2=48V
transformateur (Fig . 31-33) .
Essai 3: Ce qui donne une réactance de fuite :
Enroulement 1 alimenté ; enroulement 2 en
court-circuit X = Ef2 = 48 V
= 4 52
Nous avons réussi à déterminer le circuit équivalent du 12 12 A
transformateur au moyen de deux essais à vide . Toute-
fois, on aurait pu parvenir aux mêmes résultats au La valeur de X f2 est la même que celle trouvée dans
moyen d'un essai à vide et d'un essai en court-circuit, l'essai 2 .
comme dans le cas d'un transformateur conventionnel .
31 .14 Analyse d'un transformateur spécial
Ainsi, après avoir fait l'essai 1, supposons qu'on ap-
lorsque le rapport des nombres de
plique une tension de 156 V à l'enroulement 1, la bo-
spires est inconnu
bine 2 étant en court-circuit . On obtient les lectures
suivantes : Dans la section précédente, nous avons déterminé le
circuit équivalent d'un transformateur spécial dont le
E12 =156V Il =10A 1 2 =12A nombre de spires était connu . Cependant, il arrive sou-
vent que le rapport N1 1N2 soit inconnu. Comment peut-
En se référant à la Fig . 31-34, la chute de tension dans on, dans ces circonstances, trouver le circuit équiva-
l'impédance de 6 Q (déjà connue) est: lent? On procède alors aux deux essais suivants .


TRANSFORMATEURS SPÉCIAUX 495

Essai 1 . Le transformateur fonctionnant à vide, on ali-


mente un enroulement et on mesure les tensions EA(I)
et EB(t) aux bornes des enroulements respectifs . L'in-
dice (1) désigne l'essai 1 . On désigne parA l'enroule-
ment ayant alors la tension la plus élevée . L'autre en-
roulement est désigné par B . Ces symboles A, B indi-
queront les mêmes enroulements pour le reste de l'ex-
périence . Le rapport de transformation apparent
Figure 31-35
EA(t)
a1 -
= Essai à vide et lectures obtenues lorsque l'enroulement
1 - 2 est alimenté . Le rapport du nombre de spires est
EB(p inconnu . Le rapport de transformation apparent est de 6
est obligatoirement plus grand que 1 . (voir exemple 31-6) .

On mesure aussi la valeur du courant qui circule dans


l'enroulement alimenté .
Essai 2 . On répète l'essai 1 en alimentant l'autre en-
roulement. On mesure les nouvelles valeurs de EA(2)
(tension aux bornes de l'enroulement A) et EB (2) (ten-
sion aux bornes de l'enroulement B) . Le nouveau rap-
port de transformation apparent est :

= EA(2)
a2 Figure 31-36
EB(2) Essai à vide et lectures obtenues lorsque l'enroulement
3 - 4 est alimenté. Le rapport de transformation apparent
Noter que le rapport a 2 peut être plus grand ou plus est de 14 (voir exemple 31-6) .
petit que 1 . On mesure aussi la valeur du courant dans
l'enroulement alimenté .
On peut prouver qu'il est possible de choisir tout rap-
Comme la tension de 600 V est la plus élevée, on dé-
port de transformation a compris entre a 1 et a 2 . On
signe l'enroulement 3,4 par le symbole A, l'autre par
peut choisir celui qui nous convient le mieux . Par exem-
B.
ple, si a 1 est plus grand que 1 et a 2 plus petit que 1 on
peut choisir a = 1 . (Lorsque a = 1, le circuit équivalent EA(1)
donc = 600 V _ 6
est plus facile à résoudre .) ai =
EB(1) 100 V
Par contre, si a 1 et a 2 sont tous deux plus grands que 1,
on peut choisir un chiffre entier qui est plus ou moins Dans l'essai 2 (Fig . 31-36) on a :
proche de la valeur moyenne, soit :
E 12 = 60 V E34 = 840 V
a 1 + a2
a =
2 = 840 = 14
donc a 2 = EA(2)
EB(2) 60
Exemple 31-6
Lors de deux essais u vide sur un transformateur Le rapport de transformation peut donc avoir n'importe
spécial, on obtient le, rz,,ultau, indiqués par les quelle valeur comprise entre 6 et 14 ; nous choisirons
Fig . 31-35 et 31-36 . I)étermincr le circuit équiva- la valeur moyenne, soit :
lent du transformateur .
a _ at +a2 = 6+14
Solution =10
2 2
Dans l'essai 1 (Fig . 31-35), on a :
Le circuit équivalent correspondant à ces deux essais
E1, = 100 V E34 = 600 V est montré aux Fig . 31-37 et 31-38 .





496 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 31-39
Figure 31-37 Circuit équivalent du transformateur lorsqu'on choisit un
Tensions et courants lorsque l'enroulement 1 - 2 est alimenté rapport de transformation a = 10 .
(exemple 31-6) .

Si l'on avait choisi une valeur de a autre que 10 (mais


comprise entre 6 et 14), on aurait obtenu des valeurs
différentes pour Xfl , Xf2 et Xm ,, . Toutefois, lorsque le
840 V transformateur est alimenté, ce nouveau circuit équi-
valent donnera exactement le même résultat que celui
montré à la Fig . 31-39 . Par exemple, si on choisit a = 8 .
on obtient le circuit de la Fig . 31-40 . Le lecteur aurait
Figure 31-38 avantage à valider ce nouveau circuit en suivant la
Tensions et courants lorsque l'enroulement 3 - 4 est alimenté méthode que nous venons de décrire .
(exemple 31-6) .

En se référant à la Fig . 31-37, il est évident que :

donc
E 1 =

Xm -
10
E34

= El = 60V
= 600 V
10
= 60 V

_ 6 S2
Figure 31-40
ai
Circuit équivalent du transformateur lorsqu'on choisit un
rapport de transformation a = 8 .
Ip 10 A

En - Eg - El - 100 V - 60 V
Xn -
I Ip 10 A 31 .15 Circuit couplé généralisé
P
- 40 V Considérons le transformateur de la Fig . 31-41, où deux
= 4 S2 enroulements sont couplés de manière très arbitraire .
1OA
Il est impossible dans un tel montage de préciser
le nombre de spires . Et pourtant, on peut déterminer
En se référant maintenant à la Fig . 31-38, on trouve :
expérimentalement les rapports de transformation
E2 = 10 E12 = 10 x 60 = 600 V EA(1)/EB(1) et EA(2)/EB(2) lorsque les enroulements 1, 2
et 3, 4 sont excités à vide, à tour de rôle . En mesurant
E334 - E2 840 V - 600 V les deux courants d'excitation, on peut alors appliquer
X2 _
1 A la même méthode pour déterminer un rapport de spi-
12
res a convenable, et dès lors définir un circuit équiva-
= 240£2 lent . Cette méthodologie permet d'analyser des trans-
Le circuit équivalent du transformateur est donné à la formateurs très spéciaux .
Fig . 31-39 .


TRANSFORMATEURS SPÉCIAUX 497

daire . Comme la grosseur des spires au primaire et au


secondaire n'a pas été modifiée, il s'ensuit que les
courants nominaux au primaire et au secondaire de-
meureront les mêmes, soit 0,3 A et 1,5 A . Donc, la
puissance nominale du transformateur est mainte-
nant de 1200 V x 0,3 A = 360 VA, au lieu de 36 VA .
Cependant, les tensions au primaire et au secondaire
sont maintenant 10 fois supérieures aux tensions dési-
Figure 31-41 rées . Pour ramener les tensions nominales à leurs va-
Montage de deux enroulements couplés de façon très
arbitraire . On peut déterminer le circuit équivalent de ce
leurs originales, tout en conservant le même flux dans
«transformateur» même s'il est impossible de préciser le le noyau, il suffit de rebobiner les enroulements pri-
nombre de spires du primaire et du secondaire . maire et secondaire en utilisant 10 fois moins de spires
(voir éq . 30-1) . Pour que les bobinages conservent les
mêmes dimensions, on utilisera du fil de calibre 10 fois
31 .16 Transformateurs à haute fréquence plus gros (Fig . 31-43) . Par conséquent, les courants
Nous avons vu que la puissance nominale P d'un trans- nominaux au primaire et au secondaire augmentent res-
formateur est exprimée par le produit de la tension no- pectivement à 3 A et 15 A . La puissance nominale du
minale E l et du courant nominal I l au primaire, soit transformateur fonctionnant à 600 Hz est donc encore
P =E l h (31-4) 120 V x 3 A = 360 VA . Une augmentation de la fré-
quence par un facteur 10 nous permet donc d'augmen-
Nous savons aussi que la tension primaire est donnée
ter la puissance nominale par 10 .
par l'expression
Il y a, cependant, un problème . En effet, lorsque le pri-
E t = 4,44f NI Omax éq . 30-1
maire de ce transformateur sera branché sur une source
où de 120 V, 600 Hz, il deviendra beaucoup trop chaud .
E1 Si l'on conserve le même noyau, cette haute fréquence
= tension nominale du primaire [V]
d'opération (600 Hz) produira des pertes excessives
f = fréquence d'opération [Hz]
dans le fer (pertes par hystérésis et par courants de
Ni = nombre de spires au primaire
Foucault) . Afin de corriger ce problème on peut :
`Ymax = valeur crête du flux dans le noyau [Wb] (a) réduire l'épaisseur des tôles
En combinant les équations (31-4) et (30-1) on obtient
(b) choisir un matériau magnétique spécial dont les
P = 4,44f Ni omax Il (31-5) pertes sont moindres
La formule (31-5) révèle une propriété très intéressante (c) réduire la densité de flux dans le noyau
du transformateur. En effet, pour un courant I l , un nom-
Si l'on réussit à trouver un matériau de meilleure qua-
bre de spires Ni et un flux crête Om,,, donnés, on peut
lité produisant, avec la même densité de flux, les mê-
augmenter la puissance nominale d'un transformateur mes pertes qu'à 60 Hz, on obtiendra effectivement un
en augmentant simplement sa fréquence d' opération f. transformateur de 360 VA, 600 Hz ayant le même
Considérons, par exemple, un petit transformateur de échauffement que le transformateur original de 36 VA,
36 VA, 60 Hz ayant un rapport de transformation de 60 Hz . Toutefois, si l'on continue à augmenter la fré-
120 V à 24 V et ne pesant que 0,5 kg (Fig . 31-42) . Les quence au delà de 600 Hz, on sera probablement obligé
courants nominaux au primaire et au secondaire sont de réduire la densité de flux dans l'acier pour conser-
respectivement de 0,3 A et 1,5 A . ver des pertes acceptables . Pour un noyau de dimen-
sions données, il en résultera une augmentation moin-
Si l'on fait fonctionner ce transformateur à une fré-
dre de la puissance espérée aux très hautes fréquences .
quence de 600 Hz au lieu de 60 Hz, tout en conservant
le même flux dans le noyau, l'équation 30-1 indique Il est maintenant évident que l'on peut réduire la gros-
que la tension que l'on peut appliquer au primaire aug- seur et le poids d'un transformateur en augmentant sa
mente à 120 V x 600 Hz/60 Hz = 1200 V On recueille fréquence d'opération . Les fréquences utilisées sont
alors une tension de 240 V, au lieu de 24 V au secon- généralement comprises dans la gamme 400 Hz à

498 ÉLECTROTECHNIQUE

100 kHz . Les noyaux des transformateurs à très haute 31 .17 Bloc d'alimentation conventionnel
fréquence sont composés de ferrite ou de poudre de Supposons que nous désirions construire un bloc
fer. d'alimentation à courant continu de 12 V, 10 A à
Les transformateurs à haute fréquence trouvent une partir d'une source à c .a . de 120 V, 60 Hz . On pos-
application dans les équipements où l'on a des con- tule, en plus, que la charge à c .c . doit être isolée de
traintes de poids et d'espace . Dans les avions, par exem- la source à 60 Hz . La Fig . 31-44 montre la solution
ple, pour diminuer le poids des composantes électri- traditionnelle . Le montage comprend un transfor-
ques, on installe des réseaux de distribution dont la fré- mateur de 120 VA, 120 V/15 V à 60 Hz, un redres-
quence est de 400 Hz, au lieu de 60 Hz . Mais où peut- seur à diodes en pont, et un gros filtre LC utilisé
on utiliser des fréquences de l'ordre de 100 kHz? Ces pour réduire les ondulations de la tension continue .
hautes fréquences sont utilisées dans des blocs d'ali- Comme le transformateur de 120 VA fonctionne à
mentation spéciaux appelés alimentations à découpage 60 Hz, il sera assez volumineux et pesant . Le filtre LC
ou « switching power supplies » . Dans les sections qui aussi sera lourd et encombrant car il doit supprimer les
suivent, nous expliquerons brièvement l'utilité de ces ondulations dont la fréquence fondamentale est relati-
appareils . vement basse (120 Hz) .

31 .18 Alimentation à découpage


primaire : 600 spires fil N° 30
secondaire :120 spires fil N° 23 La Fig . 31-45 montre les composantes d'une alimen-
1-11 1--l tation à découpage qui génère la même tension à c .c_
de 12 V et qui peut débiter un courant de 10 A, soit la
même puissance de 120 W, à partir de la source de
0,3 A 1,5 A 120 V, 60 Hz . Il comprend les éléments suivants
1) un redresseur en pont qui convertit le courant alter-
120 V 24 V natif en courant continu ;
60 Hz 1,5 A
2) un condensateur électrolytique qui lisse la tension
continue ;
36 VA 0,5 kg
3) un convertisseur électronique qui transforme la ten-
Figure 31-42 sion continue en tension alternative à 100 kHz . Ce con-
Détails de construction d'un transformateur de 36 VA, 60 Hz
vertisseur est petit et assez léger ;
ayant un rapport de transformation de 120 V/24 V .
4) un transformateur de 120 VA à 100 kHz qui abaisse
primaire : 60 spires, fil N° 20 la tension au secondaire à environ 15 V. Ce transfor-
secondaire :12 spires, fil N° 13 mateur à noyau de ferrite est très petit car il fonctionne
à 100 kHz ;
5) un redresseur en pont transformant le c .a . à 100 kHz

I en c .c . Là encore, il s'agit d'un dispositif petit et léger;


6) un filtre qui lisse la tension continue . Étant donné
que ce filtre est conçu pour supprimer des ondulations

360 VA 0,5 kg
1 24 V
15 A à haute fréquence (composante fondamentale de
200 kHz), il suffit d'installer un petit condensateur .
Bien que le bloc d'alimentation de la Fig . 31-45 com-
prenne 6 éléments, alors que celui de la Fig . 31-44 n'en
Figure 31-43 comporte que trois, il n'en demeure pas moins que le
Détails de construction d'un transformateur de 360 VA, 600 Hz bloc d'alimentation à découpage sera beaucoup plus
ayant un rapport de transformation de 120V/24 V . Bien qu'il
soit 10 fois plus puissant, il possède les mêmes dimensions
petit, moins lourd, moins coûteux et plus efficace . Ces
que le transformateur de la Fig . 31-42 . Toutefois, il possède réductions de poids et de dimensions, ainsi que l'amé-
un noyau spécial afin de garder les pertes dans le fer à un lioration du rendement, sont réalisables grâce au con-
niveau acceptable .




TRANSFORMATEURS SPÉCIAUX 499

source
120 V
60 Hz
9D IR transformateur redresseur
120 VA
120 V/15 V
60 HZ
Figure 31-44
Composantes d'un bloc d'alimentation à c .c . traditionnel de 12 V, 10 A . La sortie du bloc est isolée
de la source à c .a. Ce bloc est volumineux et lourd .

transformateur à
redresseur convertisseur haute fréquence redresseur
filtre
source cc charge
120 V 12V
60 Hz ca 10A

(1) (2) (3) (4) (5) (6)


Figure 31-45
Composantes d'une alimentation à découpage dont les tensions et courants d'entrée et de sortie sont les mêmes que pour le
montage de la Fig . 31-44 . Malgré ses dimensions réduites, ce bloc d'alimentation possède un meilleur rendement que le bloc
d'alimentation traditionnel .

vertisseur électronique qui transforme la tension con- de flux crête cet de 1.4'l'. En se référant à la Fig .
tinue en tension alternative à 100 kHz . Le fonctionne- 29-5, on constate que les pertes dans le fer à 60 Hz
ment de ce genre de convertisseur est expliqué au cha- sont alors de 2,6 W/kg .
pitre 42 . On désire remplacer le noyau afin que le transfor-
mateur puisse fonctionner à une fréquence de
Exemple 31-7
10 kHz avec le même échauffement . tout en con-
Le transformateur illustré à la Fig . 31-46 possède
servant les mêmes enroulements . Afin de réduire
les spécifications suivantes :
les pertes dans le fer . on utilise des tôles de meilleure
puissance 96 VA qualité ayant une épaisseur de 0 .1 mm .
tension primaire 120 V Les pertes dans le fer pour ce nouveau type de tôle
tension >econdaire 24 \ a\ ce prie médiane sont décrites par I e\pression :
fréquence 60 Hz )5 x 10- bf '-" B'-ss (31-6)
Le courant nominal au primaire est donc

96 \A/ 120 V = 0 .~> A
pertes massiques dans le fer 1 W/kg1
Le noyau e,st composé de tôles de type M 14 avant fréquence [Hz
un épaisseur de 0 .35 min et doolt les pertes fer en
B = densité crête de 11u\ T]
fonction de 1,1 densité de fluy (induction) 1 60 Hz
sont presenlecs à l t 29-5 . Le noyau a une lar- Cette formule est valable pour les fréquences com-
geur de R2 111111, une hauteur de 7011111) et une épais- prises entre 400 Hz et 20 kHz et pour les densités
seur de -i0 mon . Le nonlhre de spires des enroule- de flux inférieures à 0 .5 T.
ments primaire et secondaire est tel que la densité On désire calculer la puissance nominale du nouveau

500 ÉLECTROTECHNIQUE

densité de flux requise . La formule (31-6) nous per-


met d'écrire
2,6 = 395 x 10 6 x 10 000 1,59 X B1 '88 éq 31-6
2,6 = 905 B" 88
soit B = (2,6/905) 1
/188

d'où B = 0,044 T
Nous constatons que lorsque la fréquence augmente
de 60 Hz à 10 000 Hz il faut baisser la densité de flux
de 1,4 T à 0,044 T afin que le noyau (et le transfor-
mateur) fonctionne à la même température . Cela re-
présente une diminution de B par un facteur 32!
La tension maximale que l'on peut appliquer au pri-
Figure 31-46
maire du nouveau transformateur est donc :
Voir exemple 31-7 .
E l o khz = E60 Hz
x 10 000 HzI Biokhz
( 60 HZ 1 x B6o Hz

donc (0,0441
Elo khz =-- 120 V x (167) x
1,4
soit E10 khz = 630 V
a3 Puisque l'enroulement primaire demeure inchangé, le
a
y
courant qu'il peut porter est encore de 0,8 A . La puis-
R
E sance du nouveau transformateur est alors :
d
r
P 10 khz = 630 V x 0,8 A = 504 VA
CL
Nous avons donc réussi à augmenter la puissance du
transformateur de plus de 5 fois en augmentant la fré-
quence de 60 Hz à 10 000 Hz, et en utilisant des tôles
plus minces .
Toutefois, signalons un autre facteur important . On
constate sur la Fig . 31-46 que les enroulements pri-
induction B
maire et secondaire sont disposés côte à côte au lieu
Figure 29-5 (duplication) d'être placés l'un par dessus l'autre . Par conséquent,
Pertes massiques de diverse tôles utilisées dans les induits le couplage « lâche » entre ces deux bobinages pro-
de machines et les noyaux de transformateurs . duira une réactance de fuite relativement élevée, même
à 60 Hz .
transformateur fonctionnant à 10 kHz sachant que l'on Cela nous cause un problème encore plus important à
impose pour le noyau le même échauffement qu'à 10 kHz, car lorsque la fréquence augmente de 60 Hz à
60 Hz . 10 000 Hz, la réactance de fuite augmente dans les
mêmes proportions, soit par un facteur de 167 . Cela
Solution
aura un impact certain sur la régulation de tension à la
Comme les dimensions du noyau ne changent pas, sa charge . Il est donc souhaitable d'améliorer le couplage
masse ne change pas . Il faut donc, pour conserver le en rebobinant les enroulements primaire et secondaire
même échauffement qu'à 60 Hz, que les pertes dans le afin qu'ils soient disposés l'un par dessus l'autre, tout
fer à 10 kHz se maintiennent à 2,6 W/kg . Calculons la en conservant les mêmes nombres de spires .

TRANSFORMATEURS SPÉCIAUX 501

En ce qui concerne les nouvelles résistances des en- chauffage à induction ont un courant de magnétisation
roulements primaire et secondaire, elles seront sensi- élevé et, de ce fait, consomment une grande puissance
blement les mêmes que celles de la Fig . 31-46 . réactive qui doit être compensée par des condensateurs .
31 .19 Résumé Nous avons vu aussi que quel que soit le couplage en-
Dans ce chapitre, nous avons étudié les propriétés des tre les enroulements il est toujours possible de trouver
transformateurs spéciaux, c'est-à-dire ceux dont la un circuit équivalent permettant de prévoir le compor-
construction diffère du simple transformateur à deux tement du transformateur alimentant n'importe quelle
enroulements présenté au chapitre précédent . Il existe charge. On a aussi montré que l'on peut même trouver
de nombreux types de transformateurs spéciaux . Se- le circuit équivalent d'un circuit couplé quelconque
lon le couplage entre les enroulements, on pourrait ré- dont on ne peut préciser les nombres de spires .
sumer leurs propriétés en les regroupant en deux gran- Finalement, nous avons montré les applications d'une
des catégories . propriété fondamentale du transformateur : si l'on main-
Dans une première catégorie de transformateurs spé- tient une densité de flux constante dans le noyau et une
ciaux, les propriétés de base du transformateur quasi densité de courant constante dans les conducteurs, la
idéal sont conservées : 1) la tension induite dans cha- puissance que l'on peut en tirer est proportionnelle à sa
que enroulement est proportionnelle au nombre de spi- fréquence d'alimentation . C'est pourquoi l'utilisation
res, car les flux de fuites sont faibles et 2) la somme d'une haute fréquence, comme le 400 Hz, permet de
algébrique des forces magnétomotrices NI de tous les réduire la taille des transformateurs dans les réseaux
enroulements est nulle, ce qui revient à dire que le cou- embarqués à bord des avions . Dans les alimentations à
rant de magnétisation est négligeable . Dans cette caté- découpage, l'utilisation de très hautes fréquences, de
gorie on trouve les transformateurs de puissance comme l'ordre de 100 kHz, combinée avec l'emploi d'aciers
le transformateur à secondaire double utilisé pour ef- spéciaux, permet une réduction substantielle des di-
fectuer la distribution d'électricité dans les maisons, mensions tout en améliorant la qualité de la tension
l'autotransformateur et les transformateurs à plusieurs c .c . de sortie.
enroulements . Pour des rapports de transformation voi-
sins de l'unité (généralement compris entre 0,5 et 2)
l'autotransformateur est moins coûteux que le trans- PROBLÈMES - CHAPITRE 31
formateur conventionnel. Nous avons vu aussi com-
Niveau pratique
ment monter un transformateur à deux enroulements
isolés en autotransformateur abaisseur ou élévateur de 31-1 Expliquer la différence entre l'autotransforma-
tension . Les connexions doivent alors tenir compte des teur et le transformateur conventionnel .
marques de polarité . Entrent aussi dans cette catégorie
31-2 À quoi servent les transformateurs de tension?
les transformateurs de mesure qui transforment de fai-
Les transformateurs de courant?
bles puissances, soit le transformateur de courant et le
transformateur de tension . Pour le transformateur de 31-3 Expliquer pourquoi on ne doit pas ouvrir le cir-
courant toroïdal le primaire est constitué d'une seule cuit secondaire d'un transformateur de courant .
spire formée par le seul conducteur dont on veut me-
31-4 On doit toujours raccorder à la masse un côté
surer le courant .
de l'enroulement secondaire d'un transformateur de
Une deuxième catégorie de transformateurs spéciaux courant ou de tension . Pourquoi?
englobe les transformateurs à fuites élevées ou à cou-
31-5 Un transformateur toroïdal a un rapport de
rant de magnétisation important qui sont utilisés dans
1500 A/5 A .
divers appareils et procédés industriels . Par exemple,
les transformateurs utilisés pour l'alimentation des a) Combien le secondaire possède-t-il de spires?
fours à arc, la soudure électrique et l'alimentation des b) Combien de fois doit-on passer le fil primaire dans
lampes à gaz, ont des réactances de fuite élevées pour le trou du transformateur afin que le rapport devienne
limiter le courant. Les transformateurs utilisés pour le 300 A/5 A?

502 ÉLECTROTECHNIQUE

31-6 En se référant à la Fig . 31-19, la tension de la 31-13 Dans la Fig . 31-17, le flux de saturation passe
source est de 120 V, et celle aux bornes de la charge est de +7 mWb à -7 mWb pendant un intervalle de 20° .
de 4 V. Le courant dans la charge est de 30 A . Calcu- Sachant que la fréquence est de 60 Hz et que le secon-
ler : daire possède 50 spires, calculer la valeur crête de la
tension induite .
a) la valeur du courant tiré de la source
b) la valeur du courant circulant dans l'enroulement Niveau avancé
compris entre le balai et le point neutre
31-14 Soit un transformateur à 60 Hz représenté par
Niveau intermédiaire le circuit équivalent de la Fig . 31-47, dans lequel :
31-7 Un transformateur monophasé de 100 kVA, Xfl = 10 S2 Ni = 200 spires
7,2 kV/600 V est raccordé en autotransformateur pour Xf2 = 320 52 N2 = 800 spires
donner un rapport de transformation de 7,8 kV/7,2 kV . Xm = 30 Ç
Quelle charge maximale peut-on appliquer au secon-
daire de 7,2 kV, la tension primaire étant de 7,8 kV?
31-8 Dans le problème 31-7, montrer comment on
doit raccorder les bornes H 1 H2 et X 1 X2 .
31-9 On monte le transformateur du problème 31-7
en autotransformateur pour obtenir un rapport de
6,6 kV/600 V.
Figure 31-47
a) La tension primaire étant de 6,6 kV, calculer la
Voir problème 31-14 .
charge maximale que l'on peut appliquer du côté
600 V.
b) Comment doit-on faire les connexions?
On applique une tension de 80 V, 60 Hz entre les bor-
31-10 Un transformateur de courant de 2000 A/5 A,
nes 1,2, les bornes 3,4 étant ouvertes . Calculer:
60 Hz est installé sur une ligne HT ayant une tension
de 132 kV ligne à neutre . Sachant que la capacitance a) la valeur du courant tiré de la source
entre les enroulements primaire et secondaire est de b) la tension entre les bornes 3,4
250 pF, calculer le courant circulant dans le fil de mise c) le coefficient de couplage k12
à la terre.
d) la valeur du flux total produit par le primaire
31-11 En se référant au transformateur de la Fig . 31- e) la valeur du flux de fuite of ,
1, une charge résistive de 10 kW est branchée entre les
31-15 Dans le problème 31-14 on alimente les bor-
bornes X, et N et une charge inductive de 5 kvar est
nes 3,4 avec la même source de 80 V, 60 Hz . Calculer:
branchée entre les bornes X 4 et N . Calculer la valeur
du courant dans l'enroulement à 14,4 kV. a) la valeur du courant tiré de la source
b) la tension qui apparaît entre les bornes 1,2
31-12 Un four à induction alimenté par une source
monophasée de 600 V, 400 Hz absorbe une puissance c) le coefficient de couplage k21
de 70 kW. Le courant dans l'enroulement primaire est 31-16 On désire monter le transformateur de 12 kVA
de 210 A . Calculer : de la Fig . 31-48 en autotransformateur ayant un rap-
port de 720 V/600 V.
a) la puissance réactive absorbée par le four
b) la capacitance du condensateur qui fournira toute la a) Quelles sont les bornes primaires et secondaires?
puissance réactive du four b) Calculer la charge maximale que l'on peut appli-
c) la valeur du courant fourni par la source dans ces quer au secondaire si la tension primaire est de
circonstances 720 V.


TRANSFORMATEURS SPÉCIAUX 503

600 V

X3 T
120 V
14,4 kV
1 N 240 V
X 2 120 V
o oi
H2 X4
120 V

Figure 31-50
Figure 31-48 Voir problème 31-18 .
Voir problème 31-16 .

31-17 Le transformateur toroïdal de la Fig. 31-49 a Calculer :


un rapport de 1000 A/5 A . Calculer : a) la valeur du courant tiré de la ligne à 14,4 kV
a) la tension induite au secondaire si l'impédance de b) les puissances active P et réactive Q tirées de la
l'ampèremètre est de 0,15 S2 source de 14,4 kV
b) la chute de tension dans la barre omnibus portant le c) le déphasage entre le courant et la tension au pri-
courant de 600 A maire du transformateur
c) Si l'on fait passer le conducteur primaire 4 fois à 31-19 Une ligne monophasée fournit une tension de
l'intérieur du noyau, quel est le nouveau rapport de 250 V et on désire la baisser temporairement à environ
transformation? 208 V. Pour ce faire, on propose d'utiliser d'urgence le
transformateur de 12 kVA de la Fig . 31-6a, monté en
autotransformateur.
200 spires
a) Comment doit-on effectuer les connexions de la
source, de la charge et du transformateur?
b) Calculer la charge maximale que l'on peut appli-
quer sans faire surchauffer le transformateur.
31-20 Soit le transformateur de la Fig . 31-41 dont la
A
0 0 résistance des enroulements et les pertes dans le fer
sont négligeables . Lors de deux essais à vide, on ob-
tient les résultats suivants :
Figure 31-49
Voir problème 31-17 . tension tension
bornes appliquée courant induite

31-18 Le transformateur de la Fig . 31-50 alimente 1,2 120 V 4 A E34 = 240 V


huit résidences, et la distribution des charges est comme 3,4 360 V 1 A E12 = 60 V
suit :
a) Calculer les valeurs minimale et maximale du rap-
entre les bornes X I et N : port de transformation ;
3 kW à un facteur de puissance de 80 %, en retard ; b) Choisir une valeur appropriée pour le rapport de
entre les bornes X4 et N : transformation ;
5 kW à un facteur de puissance de 85 %, en retard ; c) Calculer les courants au primaire et au secondaire
entre les bornes X 1 et X4 : lorsqu'on applique une tension de 120 V aux bor-
30 kW à un facteur de puissance 90 %, en retard . nes 1,2, les bornes 3,4 étant en court-circuit .
32
Transformateurs triphasés

Tout comme sur les lignes monophasées, on utilise des La possibilité de créer un déphasage avec un système
transformateurs pour élever ou abaisser la tension des triphasé permet aussi de changer le nombre de phases .
lignes triphasées . Cette transformation peut être effec- Par exemple, un système triphasé peut être converti en
tuée avec des transformateurs triphasés comportant trois système diphasé . On pourrait même, au besoin, le con-
enroulements primaires et trois enroulements secon- vertir en un système à 5 phases .
daires, ou avec des montages spéciaux de transforma-
Pour comprendre le comportement de base d'un groupe
teurs monophasés .
de transformateurs triphasés, nous ferons les hypothè-
Avant d'interconnecter les enroulements dans un mon- ses suivantes :
tage triphasé, il est bien important d'en connaître la
1 . Les courants d'excitation sont négligeables ;
polarité car une erreur de connexion peut provoquer
2 . Les résistances et réactances de fuite sont négligea-
un court-circuit ou un déséquilibre des tensions .
bles ;
Lorsqu'on utilise trois transformateurs monophasés 3 . La puissance apparente à l'entrée du groupe est égale
pour transformer une tension triphasée, on peut rac- à la puissance apparente à la sortie .
corder les enroulements de diverses façons . Par exem-
Notons aussi que lorsqu'ils sont utilisés dans un groupe
ple, les primaires peuvent être raccordés en triangle et
triphasé, les transformateurs monophasés conservent
les secondaires en étoile, ou vice versa. Il s'ensuit que
leurs propriétés monophasées . C'est dire que le rap-
le rapport de transformation entre la tension triphasée
port de transformation du courant et de tension, le flux
d'entrée et la tension de sortie dépend non seulement
dans le noyau et la valeur de l'impédance demeurent
du rapport du nombre de spires, mais aussi de la ma-
strictement inchangés . De plus, les tensions primaire
nière dont les trois transformateurs sont raccordés .
et secondaire sont en phase, en tenant compte des mar-
Un groupe de transformateurs peut aussi produire un ques de polarité .
déphasage entre la tension triphasée d'entrée et la ten-
sion de sortie . La valeur du déphasage dépend du rap- 32.1 Montage triangle-triangle
port de transformation et de la manière dont les pri- Les trois transformateurs P, Q et R de la Fig . 32-1 sont
maires et secondaires sont interconnectés . montés en triangle-triangle : la borne H, de chaque
504


TRANSFORMATEURS TRIPHASÉS 505

l'enroulement entre la borne A et la borne B se dirige


H l X1
a, dans le même sens que le vecteur EAB (Fig . 32-2) .

r
2 X2•
Puisque les tensions primaire et secondaire d'un même
la Hi Xi transformateur sont en phase, la tension de ligne E12
H (au secondaire du transformateur P) est en phase avec
la tension EAB (au primaire du même transformateur) .
• Y- Hl X~ r -J Il en est ainsi des tensions E23 et EBc , E31 et E CA . On
constate que, dans ce montage, les tensions de ligne
H2 X2 -
secondaires sont en phase avec les tensions de ligne
Figure 32-1 primaires .
Montage triangle-triangle de trois transformateurs
Si on raccorde une charge équilibrée aux fils 1-2-3, les
monophasés .
courants secondaires sont égaux, de même que les cou-
rants primaires . Comme pour tout montage en trian-
transformateur est reliée à la borne H2 du transforma- gle, les courants de ligne primaires et secondaires va-
teur précédent ; il en est ainsi des bornes X 1 et X 2 . Les lent respectivement 1,73 Ip et 1,73 Is , où Ip et IS sont
connexions sont effectuées conformément à la dispo- les courants dans les enroulements primaires et secon-
sition physique à la Fig . 32-1 . Le diagramme schéma- daires (Fig . 32-2) . La capacité du groupe, en kVA, vaut
tique correspondant est donné à la Fig . 32-2 . trois fois la capacité d'un seul transformateur .
Dans ce diagramme, on dispose les enroulements de Remarquons toutefois que, même si l'ensemble de trois
façon à montrer à la fois les raccordements et le dé- transformateurs constitue un système triphasé, chaque
phasage des tensions à leurs bornes . Ainsi, les enrou- transformateur, considéré séparément, se comporte
lements secondaires sont dessinés de façon à être pa- comme s'il était placé dans un circuit monophasé .
rallèles aux enroulements primaires avec lesquels ils
sont couplés . De plus, si la source G produit des ten- 32 .2 Montage triangle-étoile
sions triphasées EAB, EBC, ECA représentées sur le dia- Dans un montage triangle-étoile, le groupement des
gramme vectoriel, les enroulements primaires sont alors enroulements primaires des trois transformateurs est
orientés de la même manière, phase par phase . Ainsi, identique à celui de la Fig . 32-1 . Par contre, les bornes

borne C 0 borne 3 0

Figure 32-2
Diagramme schématique du montage triangle-triangle .

506 ÉLECTROTECHNIQUE

X2 des trois secondaires sont reliées ensemble pour Solution


créer un point neutre N (Fig . 32-3) . Pour résoudre ce problème, nous allons encore consi-
La tension primaire des transformateurs est évidem- dérer chaque phase séparément . La manière d'effee
ment égale à la tension entre les fils A, B et C, tandis tuer les connexions est montrée à la Fig . 32-4 .
que la tension entre les fils de ligne 1, 2 et 3 est égale à a) La tension appliquée au primaire de chaque transi
la tension secondaire de chaque transformateur, mul- formateur est évidemment 13,2 kV.
tipliée par 1,73 . Les valeurs relatives des courants sont
La tension induite dans les secondaires est donc 80 kV
indiquées à la Fig . 32-3b .
Les secondaires étant en étoile, la tension entre les f
ils.
Le montage triangle-étoile produit un déphasage de 30° de ligne 1, 2 et 3 vaut :
entre les tensions de ligne primaires et secondaires . E= 1,73 x 80 kV = 138 kV
Ainsi, la tension secondaire E 12 est déphasée de 30° en
avance sur la tension EAB du primaire . Si la charge n'est b) Puisque la charge totale est de 90 MVA, chaque trans-
pas alimentée par une autre source, cela ne crée pas de formateur doit fournir 30 MVA .
problème, mais si le secondaire fait partie d'un autre
Courant Ip dans chaque enroulement primaire :
réseau, ce déphasage peut ne pas être acceptable, même
si le réseau impose les mêmes tensions . Ip = S/E = 30 MVA/13,2 kV = 2273 A

Exemple 32-1 Courant IS dans chaque enroulement secondaire :


Trois transformateurs monophasés de 40 MVA, I, = 30 MVA/80 kV = 375 A
13 .2 kV/80 kV sont raccordés en triangle-étoile sur
une ligne triphasée à 13,2 kV . Une charge équili- Courant de ligne au primaire :
brée de 90 MVA est appliquée au groupe . Calculer : I = 1,73 x 2273 = 3932 A
a) la tension de ligne du côté secondaire Courant de ligne au secondaire :
h) les courants de lime et les courants dans les I = 375 A
enroulements

02
(a) (b) EN2

10

E23

3
Figure 32-3
a . Montage triangle-étoile de trois transformateurs monophasés .
b . Diagramme schématique du montage triangle-étoile . Noter que les tensions ligne-ligne au secondaire sont déphasées
de 30° en avance sur les tensions ligne-ligne au primaire .
TRANSFORMATEURS TRIPHASÉS 507

A 3932 A

13,2 kV

3932 A

Figure 32-4
Voir exemple 32-1 .

32 .3 Montage étoile-triangle Les enroulements tertiaires sont raccordés en triangle .


Le calcul des tensions et des courants ainsi que le mode Ils suppriment les tensions distorsionnées et, de plus,
de connexion pour un montage étoile-triangle sont les ils servent souvent à alimenter des charges auxiliaires
mêmes que ceux du montage triangle-étoile ; il suffit dans le poste de transformation (Fig . 32-5) .
d'intervertir les côtés primaire et secondaire .
32 .5 Montage en triangle ouvert
32 .4 Montage étoile-étoile On peut transformer les tensions d'un système tri-
La connexion étoile-étoile n'est jamais utilisée à moins phasé en employant seulement deux transforma-
que le neutre du primaire soit relié au neutre de la teurs . Cette connexion est appelée montage en trian-
source . En effet, lorsque les neutres ne sont pas reliés, gle ouvert. Les connexions se font comme dans le
les tensions entre les lignes et le neutre contiennent montage triangle-triangle, mais en enlevant un trans-
une forte troisième harmonique due à la non-linéarité formateur (Fig . 32-6) .
de la courbe de saturation des noyaux . La distorsion Un des avantages du montage triangle-triangle provient
qui en résulte produit des surtensions entre les lignes justement du fait que si l'un des trois transformateurs
et le neutre car ces tensions possèdent une valeur crête devient défectueux, les deux autres peuvent continuer
plus élevée que celle correspondant à une tension si- à alimenter une partie de la charge . Dans les installa-
nusoïdale. tions de moyenne et de grande puissance, la connexion
Toutefois, cette connexion peut être utilisée sans rac- en triangle ouvert est toujours provisoire, car la capa-
corder les neutres si les transformateurs possèdent un cité totale du groupe est égale à seulement 86,6 % de
troisième enroulement appelé enroulement tertiaire . la somme des capacités des deux transformateurs .

Figure 32-5
Connexion étoile-étoile avec enroulement tertiaire raccordé en triangle, afin d'éviter la distorsion de
tension . Les tensions de ligne au secondaire sont en phase avec celles au primaire .

508 ÉLECTROTECHNIQUE

EAB E12

Figure 32-6
a . Montage en triangle ouvert de deux transformateurs monophasés .
b . Diagramme schématique d'un montage en triangle ouvert . Les tensions de ligne au secondaire sont en
phase avec les tensions de ligne au primaire .

Exemple 32-2 32 .6 Transformateurs triphasés


Deux transformateurs de 150 kVA, 7200 VV/600 V Un montage de trois transformateurs monophasés peut
sont montés en triangle ouvert . Calculer la capacité être remplacé par un seul transformateur triphasé (Fig .
maximale du groupe en kVA . 32-7) .

Solution Le circuit magnétique d'un tel transformateur comporte


ordinairement trois colonnes disposées dans un même
Même si la capacité de chaque transformateur est de
plan . Chaque colonne porte un enroulement primaire
150 kVA, la capacité du groupe ne sera pas 300 kVA .
et un enroulement secondaire et peut être considérée
En effet, le courant nominal au secondaire d'un trans- comme un transformateur monophasé . Les trois enrou-
formateur est : lements, primaires et secondaires, sont connectés en
étoile ou en triangle de sorte que le transformateur com-
I = S = 150 000 VA = 250 A porte trois bornes primaires et trois bornes secondai-
E 600 V res seulement . Pour une puissance donnée, le transfor-
Il s'ensuit que le courant maximal dans les lignes 1, 2 mateur triphasé est toujours plus petit et moins coû-
et 3 (Fig . 32-6) ne devra pas dépasser cette valeur . teux que trois transformateurs monophasés ayant la
même capacité totale .
La puissance triphasée que le groupe peut débiter ne
doit donc pas dépasser : Même si le prix d'achat et les frais d'installation d'un
transformateur triphasé sont moindres que ceux d'un
groupe de même capacité formé de trois transforma-
S=1,73EI teurs monophasés, ces derniers demeurent toutefois
= 1,73 x 600 x 250
plus avantageux quand on doit prévoir une unité de
= 259 500 VA = 260 kVA
réserve pour remplacer un transformateur défectueux .
Cette puissance de 260 kVA correspond précisément à Ainsi, pour alimenter une usine absorbant 5000 kVA,
86,6 % de la capacité totale des deux transformateurs on peut installer deux transformateurs triphasés de
(300 kVA) . Ces derniers ne sont donc pas employés de 5000 kVA chacun dont l'un restera en réserve . Par con-
façon optimale . tre, on pourrait installer quatre transformateurs mono-

TRANSFORMATEURS TRIPHASÉS 509

phasés de 1667 kVA chacun dont un seul sera gardé en


réserve. Le coût de la première installation serait plus
grand (capacité totale de 10 000 kVA) que celui de la
seconde (capacité totale de 6667 kVA) .
La Fig . 32-7 illustre les différents stades de fabrica-
tion d'un transformateur triphasé de 110 MVA,
222,5 kV/34,5 kV. Il est muni d'un changeur de
prise sous charge à 9 positions . En plus des trois
colonnes de fer habituelles, le noyau possède deux
colonnes latérales (Fig . 32-7a) . Ces dernières per-
mettent de réduire la hauteur du transformateur et
d'éliminer les courants de Foucault qui seraient in-
duits dans la cuve pour une charge non équilibrée .
La Fig . 32-8 montre la construction d'un transforma-
teur triphasé utilisé pour l'alimentation d'un four à arc.
Huit enroulements secondaires sont raccordés en pa-
Figure 32-7a rallèle sur chaque colonne pour fournir le courant no-
Noyau d'un transformateur triphasé de 110 MVA, 222,5 kV/ minal de 65 000 A par phase .
34,5 kV, 60 Hz . Lemploi de tôles de largeurs différentes
permet la construction de colonnes de section presque 32 .7 Autotransformateur survolteur -
cylindrique, ce qui permet de réduire la quantité de cuivre dévolteur et puissance intrinsèque
utilisée pour les bobines . Les colonnes sont ceinturées
solidement par des bandes horizontales afin de réduire les Lorsqu'on doit augmenter ou diminuer la tension sur
vibrations . Masse du noyau : 53 560 kg (gracieuseté de ABB) . un réseau triphasé dans une gamme comprise entre
200 % et 50 % de sa valeur nominale, il est avanta-

Figure 32-7b Figure 32-7c


Même transformateur avec ses enroulements posés . Les 3 Même transformateur prêt à livrer . Il a subi des essais de
phases du primaire sont raccordées en étoile et celles du tenue aux ondes de choc de 1050 kV du côté H .T. et 250 kV
secondaire sont raccordées en triangle . Chaque primaire est du côté B .T. Caractéristiques : impédance : 8,3 % ; capacité :
doté de 8 prises permettant de faire varier la tension par 110 MVA/146,7 MVA - ONAN/ONAF ; masse totale avec
étapes de ± 2,5 % . Le changement de prise est effectué par l'huile : 158,7 t ; hauteur hors tout : 9 m ; largeur : 8,2 m ;
le commutateur motorisé visible à droite . Masse du cuivre : longueur : 9,2 m (gracieuseté de ABB) .
15 230 kg (gracieuseté de ABB) .
510 ÉLECTROTECHNIQUE

geux d'utiliser un autotransformateur. Comme on l'a


mentionné au chapitre 31, pour une même puissance
transformée, l'autotransformateur est beaucoup plus
petit et coûte moins cher qu'un transformateur con-
ventionnel .
Afin de pouvoir comparer la grosseur physique d'un
autotransformateur avec celui d'un transformateur con-
ventionnel, il est utile de définir ce que nous appelerons
la puissance intrinsèque d'un autotransformateur .
Soit un autotransformateur ayant deux enroulements
ou plus . Chaque enroulement est construit pour fonc-
tionner à une tension E nominale et un courant I nomi-
nal quelconques . Par conséquent, une puissance appa-
rente S = EI est associée à chaque enroulement . La
puissance intrinsèque de l'autotransformateur est égale
à la somme des puissances apparentes de tous les en-
roulements, divisée par deux. On effectue cette divi-
sion par deux dans le but de comparer la grosseur du
transformateur à deux ou plusieurs enroulements avec
celle d'un transformateur conventionnel à deux enrou-
lements .
Avec cette définition, si la puissance intrinsèque d'un
autotransformateur est égale, disons, à 50 kVA, il aura
Figure 32-8
Transformateur triphasé pour four à arc de 36 MVA, 13,8 kV/ à peu près la même grosseur qu'un transformateur con-
160 V à 320 V, 60 Hz . La tension secondaire est ajustable de ventionnel de 50 kVA .
160 V à 320 V à l'aide de 32 prises situées sur l'enroulement
primaire. Le refroidissement est à circulation forcée d'huile
traversant un échangeur de chaleur huile/eau . Autres
caractéristiques : impédance : 3,14 % ; diamètre de chaque
colonne du noyau : 711 mm ; hauteur du noyau : 3500 mm ;
distance entre les colonnes : 1220 mm (gracieuseté de
Ferranti-Packard) .

A
o Hl X s
P
X

O 1 Hl X A
H N
charge
Q
H X

Hl X 2
R
H2 X

(a) (b)

Figure 32-9
a . Montage d'un autotransformateur triphasé survolteur .
b . Diagramme schématique des connexions . Les tensions de ligne au secondaire sont en phase avec les
tensions de ligne au primaire .



TRANSFORMATEURS TRIPHASÉS 511

r les réseaux triphasés, on utilise de préférence des Exemple 32-3


atotransformateurs raccordés en étoile . Le neutre est On doit auninenter la tension d'une ligne triphasée
affdinairement connecté au neutre du réseau, sinon on de 230 kV ;à 345 kV afin d'alimenter une charge
toit prévoir un enroulement tertiaire pour éviter les de ?00 MV2s . On se propose d utiliser trois auto-
wrtensions mentionnées dans le montage étoile-étoile transformateurs monophasés raccordés en étoile,
section 32 .4) . selon le schéma de la Fin . 9, (' :i culer:
Les raccordements pour un autotransformateur survol-
a) l .e rapport de transformation 1 I i H, :X l x,
km sont montrés à la Fig . 32-9 . Les tensions ligne-à-
b) La puissance intrinsèque de chaque autotraris-
neutre du primaire et du secondaire sont évidemment
hormateur
cm phase . Par conséquent, les tensions entre les lignes
secondaires 1, 2 et 3 sont en phase avec les tensions Solution
entre les lignes primaires A, B et C . a) Afin de simplifier les calculs nous considérons une
La Fig . 32-10 montre l'application d'un groupe seule phase (disons la phase A) .
ddautotransformateurs triphasés sur un grand réseau . Tension ligne-à-neutre entre les bornes X I et H 2 :
E IN = 345/3 = 199 kV
Tension ligne-à-neutre entre H I et H2 :
EAN = 230/V3 = 133 kV
Tension de l'enroulement X I X2 entre les lignes 1 et A:

EIA = 199 - 133 = 66 kV


Rapport H l H 2 :X I X 2 = 133 kV/66 kV = 2

b) Courant dans la ligne 1 :

I, = SIE1 éq. 26-3

= (200 x 106 )/ (F3 x 345 000)


= 335 A

Puissance apparente associée à l'enroulement X I X2 :


Sa = 66 kV X 335 A = 22,2 MVA
Courant dans la ligne A :
IA = 200 MVA/(230 kV x J3) = 502 A
Courant dans l'enroulement H I H 2 :
Ip = IA - Is = 502 - 335 = 167 A
Figure 32-10 Puissance apparente associée à l'enroulement H I H2 :
Autotransformateur monophasé faisant partie d'un groupe
triphasé installé au poste de Boucherville, Québec, pour Sb=133kVx 167A=22,2MVA
transformer la tension du réseau de 700 kV en 300 kV.
Caractéristiques de chaque autotransformateur : puissance : La puissance intrinsèque de chaque autotransformateur
200/267/333 MVA ; refroidissement : ONAN/ONAF/OFAF ; est donc de (22,2 + 22,2)/2 = 22,2 KVA . Par consé-
tension : 404 kV/173 kV; enroulement tertiaire : 11,9 kV, quent, la capacité intrinsèque du groupe est de
35 MVA ; masse du noyau et des enroulements : 132 t ; masse
de la cuve et des accessoires : 46 t ; masse de l'huile : 87 t ;
22,2 x 3 = 66,6 MVA . On constate que la capacité
masse totale : 265 t ; tension de tenue aux ondes de choc H .T. : intrinsèque du groupe est seulement le tiers de la puis-
1950 kV, B .T. 1050 kV; échauffement : 55 °C (gracieuseté sance transformée de 200 MVA .
d'Hydro-Québec) .



512 ÉLECTROTECHNIQUE

Cet exemple nous fait réaliser qu'un autotransformateur change en amplitude et en phase . La phase change de
est beaucoup plus petit qu'un transformateur de même 60° lorsque le curseur passe d'une extrémité à l'autre
puissance ayant deux enroulements isolés . du potentiomètre . Pendant cette variation, la tension
diminue d'une valeur E (égale à la tension entre les
32 .8 Déphasage des tensions des phases) jusqu'à un minimum de 0,866 E lorsque le
transformateurs
curseur est au point milieu . Passé ce point, la tension
Le système triphasé permet de faire varier le dépha- augmente pour atteindre à nouveau une valeur E lors-
sage d'une tension de manière très simple . Ce dépha- que le curseur est en contact avec la phase C . Noter
sage permet de créer des systèmes diphasés, hexapha- que le déplacement de B vers C produit une avance de
sés et même dodécaphasés, à partir d'une simple ligne phase progressive de la tension EAP par rapport à la
triphasée . Les systèmes hexaphasés sont utilisés dans tension EAB , car la tension EAC est 60° en avance sur la
les puissants convertisseurs qui transforment le cou- tension EAB (Fig . 32-11 b) .
rant alternatif en courant continu . Ce déphasage per-
Un potentiomètre branché sur une source triphasée
met aussi de contrôler le transport de la puissance dans
constitue donc un déphaseur simple . Toutefois, on n'uti-
un grand réseau maillé . Nous étudierons cette techni-
lise cette méthode que dans les montages électroniques
que au chapitre 46 .
où la puissance requise est très faible . En effet, l'am-
Pour comprendre le principe du déphasage dans les plitude et le déphasage de EAP changent radicalement
transformateurs triphasés, considérons un potentio- si l'on applique une charge importante entre les bor-
mètre raccordé entre deux phases B et C d'une ligne nes A et P.
triphasée (Fig . 32-1 la) . À mesure que le curseur P se
Cependant, il est possible de déphaser la tension d'une
déplace de la phase B vers la phase C, la tension EAP
charge importante en utilisant un autotransformateur à
prises multiples, comme l'indique le montage de la Fig .
32-12 . En déplaçant la prise P on obtient le même dé-
OA phasage qu'auparavant, mais la valeur de la tension et
son déphasage ne changent pas lorsqu'on applique une
charge entre les bornes A et P. Comment expliquer cette
constance de la phase et de la tension? La raison est
AO
que le flux dans l'autotransformateur demeure cons-
(a) EAP
PO
tant tant que la tension E BC est constante . Par consé-
quent, la tension induite par spire demeure constante .
P tant en valeur qu'en phase, quelle que soit la charge .

B C
ligne A

(b)

2 3 4 5 6 7
ligne B ligne C

Figure 32-11 Figure 32-12


a . Un potentiomètre permet de faire varier la phase de EAP Un autotransformateur à prises multiples permet d'obtenir
par rapport à la tension EAB . un déphasage progressif de E AP par rapport à EAB . Le
b . Diagramme vectoriel montrant l'amplitude et le déphasage déphasage n'est pas affecté par la présence d'une charge
de EAP par rapport à EAB . entre les bornes A et P.

TRANSFORMATEURS TRIPHASÉS 513

32 .10 Transformation triphasé-diphasé


Dans un système diphasé, les deux tensions sont éga-
les et déphasées de 90° . Il existe plusieurs façons de
réaliser ce déphasage ; une des plus simples consiste à
utiliser un autotransformateur monophasé ayant des
prises à 50 % et à 86,6 % . Il est branché entre deux
phases d'une ligne triphasée. En se référant aux Fig .
32-15a et 32-15b, si la tension entre les phases A, B, C
est de 100 V, les tensions EAT et ENC auront une valeur
de 86,6 V et seront déphasées de 90° . On peut com-

0 prendre cette relation en regardant le diagramme vec-


toriel (Fig . 32-15c) :
Figure 32-13 1) Les vecteurs EAB, EBC, ECA sont fixés par la source ;
Autotransformateur triphasé à déphasage progressif .
2) Le vecteur E AN est en phase avec le vecteur EAB
parce que ces tensions sont induites par le même
flux ;
Si l'on utilise trois autotransformateurs dont les prises 3) Pour les mêmes raisons, le vecteur EAT est en phase
P l , P2 et P 3 se déplacent ensemble, on obtient une source avec le vecteur EAB ;
triphasée P t , P2 , P3 dont le déphasage varie progressi- 4) D'après la loi de Kirchhoff, EAN + ENC + ECA = 0 ;
vement par rapport au réseau A-B-C (Fig . 32-13) . par conséquent, le vecteur ENC doit avoir la valeur
et le sens indiqués dans la figure .
32.9 Transformation triphasé-hexaphasée
Pour transformer un système à 3 phases en 6 phases, il Les charges alimentées par EAT et ENC doivent être iso-
suffit d'utiliser trois transformateurs monophasés dont lées l'une de l'autre, comme par exemple les deux en-
les secondaires possèdent une prise médiane . En re- roulements d'un moteur diphasé .
liant les prises médianes à un point commun N, on Aujourd'hui, les systèmes diphasés sont rares. Ils sont
obtient six tensions secondaires égales et déphasées utilisés presque exclusivement pour l'alimentation des
de 60° (Fig . 32-14) . servomoteurs dans les systèmes de commande .

EAB

(a) (b)

Figure 32-14
a . Montage d'un groupe de trois transformateurs permettant de transformer un système triphasé
en un système hexaphasé .
b . Diagramme schématique du montage .

514 ÉLECTROTECHNIQUE

i2
E A
Xi
(a) N
T
X 2
E N

EAT

B
Figure 32-16
charge Voir exemple 32-4 .
diphasée

ments du circuit . Par exemple, le courant dans la sec-


tion NT est évidemment (i l + i 3 ) et il doit circuler de
(b) gauche à droite .
Ensuite, on écrit les données pour les tensions :

EAT
EAB = 600 L0° EAN = 300 L0°
E c EAT = 0,866 x 600 = 520-/0 0 ENC =520L-90'
(c) D'après la première loi de Kirchhoff on peut écrire :
ENC EAT - 26 i 2 = 0 (32-1)
ENc + 26 i l = 0 (32-2)
Figure 32-15 Enfin, la somme algébrique des FMM des trois sec-
a. Montage d'un autotransformateur utilisé pour transformer tions du transformateur doit égaler zéro . En désignant
un système triphasé en un système diphasé .
b. Diagramme schématique du montage . La tension diphasée
le nombre total de spires par le symbole N, on obtient :
vaut 86,6 % de la tension triphasée . i3 x 0,5 N + (i l + i3 ) x (0,866 N - 0,5 N)
c . Diagramme vectoriel des tensions .
+ (i i + i 2 + i3 ) x (N - 0,866 N) = 0
d'où
Exemple 32-4 i 3 + 0,5 i l + 0,134 i2 = 0 (32-3)
L'autotransformateur de la Fig . 32-15 est connecté La solution de ces trois équations donne les résultats
sur un réseau triphasé de 600 V pour alimenter deux suivants :
charges diphasées de 26 12 . Calculer la valeur des
courants dans les sections AN, NT et TB du trans- i l = 20 L+ 90°
formateur, ainsi que les courants dans la ligne tripha-
sée . Déterminer la capacité intrinsèque du 1. 2 = 20 L0°
transformateur. i 3 = 10,35 L-105°

Solution
ii + i2 + i3 = 20 2+ 300

Le montage est reproduit à la Fig . 32-16 . On a choisi i 2 + i 3 = 20 L-30°


des sens arbitraires pour les courants i l , i2 et i 3 . Ils cir- i i + i 3 = 10,35 L+ 105°
culent respectivement dans les charges et la section AN
du transformateur. De ces directions arbitraires, en Les courants dans les sections AN, NT et TB sont res-
appliquant la deuxième loi de Kirchhoff, on a déduit la pectivement 10,35 A, 10,35 A et 20 A . Le diagramme
direction et la valeur des courants dans les autres élé- vectoriel des courants est montré à la Fig . 32-17 .

TRANSFORMATEURS TRIPHASÉS 515

teur est conçu de sorte que la tension d'entrée reste


égale à la tension de sortie, la puissance intrinsèque
est donnée par la formule approximative :

ST = 0,025 SL c6 a., (32-4)



ST = puissance intrinsèque de l'autotransforma-
teur triphasé [VA]
SL = puissance apparente transportée par la ligne
triphasée [VA]
(xmax = angle de déphasage maximal [°]
0,025 = coefficient approximatif

Exemple 32-5
Un autotransformateur déphaseur doit commander
l'angle de phase d'une ligne triphasée transportant
Figure 32-17
Voir exemple 32-4 . une puissance de 150 MVA sous une tension de
230 kV, ligne à ligne (Fig . -18) . Pour un déphasage
de ± 20°, calculer :
Les courants i i , (i 2 + i 3 ) et - (i l + i 2 + i3 ) dans les
lignes triphasées sont tous de 20 A et ils sont déphasés a) la puissance intrinsèque du transformateur
de 120° l'un de l'autre . Donc, la charge totale dipha- h) la valeur du courant dans les lignes d'entrée et de
sée de 20 A x 520 V x 2 = 20,8 kW se transforme en un sortie
système triphasé équilibré dont la puissance est aussi
de 20 A x 600 V x l)3 = 20,8 kW.
La somme des puissances apparentes des trois enrou-
230 kV
lements de l'autotransformateur est : 230 kV 0° à +20°
(10,35Ax300V)+(10,35Ax(520V-300V))+ 0° 0° à -20°
(20 A x (600 V - 520 V)) = 7 kVA . La capacité in- i > i
trinsèque de l'autotransformateur est égale à la moitié 150 MVA 150 MVA
de cette somme, soit 3,5 kVA . On constate que sa puis-
sance intrinsèque est bien inférieure à la puissance de (a)
20,8 kVA qui est transformée .

32.11 Transformateur à déphasage variable


Un autotransformateur à déphasage variable est un
transformateur triphasé spécial qui change l'angle en-
tre la ligne d'entrée et la ligne de sortie, sans en chan-
ger le rapport de transformation . Ainsi, dans le trans-
formateur de la Fig . 32-18, les tensions entre les lignes (b)
1-2-3 sont déphasées, en avance ou en arrière, de cel-
les entre les lignes A-B-C . On fait habituellement va-
rier l'angle de déphasage au moyen d'un changeur de
prise motorisé .
Figure 32-18
La grosseur d'un autotransformateur déphaseur dépend a . Autotransformateur à déphasage variable (voir exemple
de la puissance apparente transmise par les lignes tri- 32-5) .
phasées et du déphasage maximal désiré . Lorsque le b . Diagramme vectoriel montrant les positions extrêmes des
tensions ligne-ligne à la sortie par rapport aux tensions
déphasage est inférieur à 20° et lorsque le transforma- d'entrée .

516 ÉLECTROTECHNIQUE

Solution
a) La puissance intrinsèque de l'autotransformateur est :

ST = 0,025 SLamax

= 0,025 x 150 x 10 6 x 20 = 75 MVA

Noter que la puissance intrinsèque de l'autotransfor-


mateur (puissance qui détermine sa grosseur) est seu-
lement la moitié de la puissance transportée .
b) Le courant est le même dans les lignes d'entrée et
de sortie, car l'amplitude de la tension reste la même .
Le courant est :

j _ SL 150 x 106
EL 230 x 103 x 1,73 Figure 32-20
Raccordement des enroulements pour obtenir un déphasage .
= 377 A

Les Fig . 32-19 et 32-20 permettent de mieux compren-


dre le principe de fonctionnement du transformateur La Fig . 32-21 montre les tensions entre les bornes 7, 1 .
déphaseur. La Fig . 32-19 montre un transformateur tri- 4, et le neutre N . Il est évident que la tension END est en
phasé où les trois enroulements primaires sont connec- avance sur la tension E N4 . De la même façon, la ten-
tés en étoile . Chaque primaire est couplé à deux en- sion EN4 est en retard sur la tension EN , . Donc, en chan-
roulements secondaires identiques, mais de tension geant simultanément les prises sur les trois phases, on
moindre . Ainsi, la phase A comprend le primaire A et obtient le déphasage triphasé désiré.
les secondaires al et a2 . En pratique, pour des raisons économiques, on utilise
Les enroulements respectifs sont interconnectés de la seulement un enroulement secondaire par phase, au lieu
façon montrée à la Fig . 32-20 . Les bornes 1-2-3 sont
connectées à la ligne d'entrée . Suivant le déphasage
désiré, les bornes 1-2-3, ou les bornes 4-5-6, ou les
bornes 7-8-9 sont connectées à la ligne de sortie, au
moyen d'un changeur de prise .
1

Figure 32-19 Figure 32-21


Composants d'un transformateur déphaseur. Diagramme vectoriel des tensions .





TRANSFORMATEURS TRIPHASÉS 517

de deux . Dans ce cas, on obtient un déphasage en 1 . On suppose que les enroulements primaires et se-
avance ou en retard, en modifiant les connexions . De condaires sont raccordés en étoile, même s'ils ne le
plus, cet enroulement secondaire comporte plusieurs sont pas (voir chapitre 26, section 26 .8) . Cette sup-
prises afin d'obtenir des déphasages intermédiaires . position simplifie la manipulation des tensions et
courants associés aux connexions triangle-étoile et
La Fig . 32-21 indique clairement que le déphasage
triangle-triangle .
dépend de la tension secondaire . Le raisonnement sui-
2 . Comme la charge est équilibrée, on ne considère
vant indique comment choisir le rapport de transfor-
qu'un seul transformateur de ce groupe étoile-étoile .
mation pour réaliser un déphasage donné . Supposons
que l'on désire un déphasage de 15° en retard, et que 3 . La tension primaire du transformateur est égale à la
la tension entre les lignes d'entrée soit de 230 kV . tension ligne à neutre de la ligne d'entrée, soit celle
venant de la source .
La tension ligne à neutre EN, est donc 230/'J3 = 133 kV.
4 . La tension secondaire du transformateur est égale à
La tension E 14 est 120° en retard sur la tension EN, .
la tension ligne à neutre de la ligne de sortie (celle
L'angle a opposé au vecteur N4 a donc une valeur
E

connectée à la charge) .
fixe de 60° . Le diagramme vectoriel (Fig . 32-21) mon-
tre les angles entre les divers vecteurs . L'angle /3 op- 5 . La puissance nominale du transformateur est le tiers
posé au vecteur EN, a pour valeur (180 - 60 - 15) = de la puissance du groupe triphasé .
105° . La règle des sinus permet de résoudre le trian- 6 . La charge portée par le transformateur est le tiers de
gle . Cette règle s'écrit : la charge portée par le groupe triphasé .

E14 ENI EN4 Exemple 32-6

sin 15° sin 105° sin 60° Le transformateur triphasé ((ntré à la Fig . 30-44
I

(chapitre 30) a une puissance nominale de


sin 15 0 ' 259 1300 MVA, 24,5 LV/345 kV, 60 Hi et son impé-
d'où E14 = EN , = 133 x = 35,6 kV dance est de 1 1,5
sin 105 0,966
a) Déterminer le c rcuit équivalent du transtixnia-
La règle des sinus nous fournit aussi la tension ligne-
teur .
à-neutre N4 entre les lignes de sortie :
E

h) Calculer la tension aux bornes de la source, sa-


chant que la charge est (le 1200 MV,A sous une
sin 60 0,866
EN4 = ENI = 133 x = 119 kV tension de 340 kV à un facteur de puissanccc de
sin 105 0,966 90 `î% . en retard .
La tension entre les lignes de sortie est 119 J3 = 206 kV. c) Déterminer la régulation de tension avec cette
Cette tension est environ 10 % plus basse que la ten- char(Te .
sion à l'entrée (230 kV) . On peut corriger cet écart en
Solution
utilisant des prises supplémentaires sur les enrou-
lements primaires . Cependant, on se fie généralement Tout d'abord, on remarque que les connexions du pri-
sur les transformateurs régulateurs de tension situés maire et du secondaire ne sont pas données . On n'a
en aval du transformateur déphaseur pour réajuster la pas besoin de cette information . Nous supposerons sim-
tension à sa valeur nominale . plement que les enroulements primaires et secondaires
sont connectés en étoile . Comme il s'agit d'un gros
En ajoutant des prises sur les enroulements secondai- transformateur, l'impédance est presque entièrement
res, on peut obtenir différents déphasages . réactive . Le circuit unifilaire composé de la source, du
32 .12 Régulation de tension
transformateur et de la charge est donné à la Fig . 32-
22a .
On peut calculer la régulation de tension d'un groupe
de transformateurs triphasés de la même manière que a) En ce qui concerne le transformateur, on a :
pour un transformateur monophasé . La méthode à sui- Puissance nominale par phase :
%Te est expliquée ci-après :
SL = 1300 MVA - 3 = 433 MVA



518 ÉLECTROTECHNIQUE

a = 14,08 Courant 12 par phase:


charge
S 400 x 106
1200 MVA 12 = _ = 2041 A
source
FP=90% Es 196 000
E ligne = 340 kV
Le courant 12 est en retard sur Es d'un angle :
1300 MVA
24,5 kV/345 kV 0 = arccos 0,9 = 25,8°
(a) Z=11,5%
Choisissons la tension E s comme référence, et calcu-
lons les autres grandeurs (voir Fig . 32-22b) :

Es = 196 000 210-


400 MVA 12 = 2041 A Z-25,8°
FP = 90 %
196 kV E2 = ES +jZr l2

(b) E2 = ES +jZTI2

Figure 32-22 = 196 000 Z0° + (10,5 290 0 ) x (2041 Z- 25,8 - 1


a. Schéma unifilaire (voir exemple 32-6) . = 196 000 Z0° + 21 430 264,2°
b . Circuit représentant une phase du système .
= 196 000 Z0° + 9327 Z0° + 19 290 Z90°
= 205 300 + 19 290 Z90°
Tension nominale au primaire :
= 206 200 Z5,4°
E l „ = 24,5 kV = 1 3 = 14,1 kV
Tension de la source :
Tension nominale au secondaire :
E2
E2 , = 345 kV - 3 = 199 kV Eg = E, = = 206 200 Z5,4-
a 14,08
Rapport de transformation :
= 14 650 25,4°
a _ E2n _ 199
kV = 14,08 Courant débité par la source :
Et „ 14,1 kV
Il = ale = 14,08 x 2041 Z-25,8°
Impédance de base rapportée au secondaire :
= 28 740 Z-25,8°
ZB _ E2 . 2 199 000 2
= = 91,5 Q Le diagramme vectoriel pour une phase est donné à la
SL 433 x 10 6 Fig . 32-22c .
L'impédance du transformateur rapportée au secondaire
est donc :
21 430 V
Zr =ZB xZp , =91,5x0,115=10,552

b) En ce qui concerne la charge, on a :


Puissance apparente par phase :

S = 1200 MVA - 3 = 400 MVA


Tension par phase :
Figure 32-22c
Es = 340 kV - ~-
3 = 196 kV Diagramme vectoriel des grandeurs (voir exemple 32-6) .

TRANSFORMATEURS TRIPHASÉS 519

Étant donné que l'angle entre El et ES est de 5,4°, il L'impédance des deux réactances doit être 3 f ois celle
s'ensuit que la tension ligne à ligne du côté charge est de la résistance (Fig . 32-23) . De plus, le raccordement
déphasée de 5,4° en arrière de la tension de source . des réactances doit tenir compte de la séquence des
c) À vide la tension Es serait: phases . Par exemple, pour une séquence directe des
tensions E12, E23 , E31 , il est essentiel d'effectuer les
connexions comme indiqué sur la figure . Si l'on per-
Es à vide = a Eg = 14,08 x 14 650 V
mute les éléments capacitif et inductif, le système tri-
= 206 200 V phasé devient complètement déséquilibré . L'exemple
La régulation de tension est donc : suivant permet de comprendre l'astuce utilisée par cette
méthode qui transforme une charge monophasée en une
Es à vide - Es sous charge charge triphasée équilibrée .
régulation =
Es sous charge Exemple 32-7

206 200 - 196 000 Une charge monophasée de 800 kW est branchée
196 000 entre les phases 1 et 2 au secondaire d'un transfor-
mateur triphasé de 25 kV/440 V . Les trois tensions
0,0520 = 5,2 %
de ligne sont données par les expressions suivantes :
32.13 Transformation d'une charge E 1 = 440 Z0°
2 = 440 2- 20°
1

monophasée en triphasée
E~ 1 = 440 / 120°
11 arrive parfois qu'on doive alimenter une charge mo-
Calculer les courants dans les trois lignes secondai-
nophasée à partir d'une ligne triphasée . Cependant, une
res :
charge monophasée importante branchée entre deux
lignes d'une ligne triphasée peut produire un déséqui- a) avec seulement la charge monophasée
libre inacceptable des courants dans les trois lignes . b) lorsque les réactances appropriées sont ajoutées
Nous présentons ci-après une méthode ingénieuse per- selon la Fig . 32-24
mettant de rééquilibrer les courants de lignes sans con-
sommation de puissance additionnelle. Il suffit d'ajou- Solution
ter une réactance inductive et une réactance capacitive a) Résistance de la charge monophasée :
entre les deux lignes raccordées à la charge et la troi-
sième ligne . R = E2 _ 4402
= 0,242 S2
P 800 000

E31

E12

E23

Figure 32-23
Transformation d'une charge monophasée en charge triphasée équilibrée .

520 ÉLECTROTECHNIQUE

E31

E23
(b)

Figure 32-24
Voir exemple 32-7 .

Courant dans la charge et dans deux des lignes : En appliquant la deuxième loi de Kirchhoff aux noeuds
1, 2, et 3 on obtient :
I = E = 440
= 1818 A
R 0,242 IA = Il - I3

Le courant dans la troisième ligne est nul . La ligne est 1818 /0 - 1050 /30
donc fortement déséquilibrée (Fig. 32-23) . = 1818-909-j525
b) En ajoutant les réactances inductive et capacitive = 1050 /-30
ayant chacune une impédance de 0,242 3 = 0,419 S2,
on obtient une ligne équilibrée, comme le démontrent
IB = 12 - Il
les calculs suivants .
= 1050 /-30 - 1818 /0
Appliquons la première loi de Kirchhoff aux boucles
de la Fig . 32-24a . On obtient les résultats suivants : = 909 - j 525 - 1818
= -909 - j 525
E12 - 0,2421, = 0 = 1050 /210
E23 + j 0,41912 = 0
IC = Il -12
E31 - j 0,41913 = 0
= 1050 / 30-l050/-30
par conséquent,
= 909+j 525-909+j 525
= 1050j
Il = 4,132E 12 = 4,132 x 440 /0
= 1050 /90
= 1818 /0
On constate que les courants IA , IB , IC dans les trois
12 = j 2,386E23 = 2,386 x 440/(- 120 + 90)
lignes secondaires sont parfaitement équilibrés car ils
= 1050 /-30 sont égaux et déphasés de 120° (Fig . 32-24b) . Noter
I3 = -j 2,386E31 aussi que leur valeur de 1050 A est sensiblement infé-
rieure au courant monophasé de 1818 A . Par consé-
= 2,386 x 440 /(120 + 90 - 180)
quent, les pertes Joule dans les lignes sont moindres et
= l050/30 les tensions demeureront équilibrées .

TRANSFORMATEURS TRIPHASÉS 521

Pour évaluer cette diminution des pertes, supposons H1


que la résistance effective de chaque conducteur de la
ligne triphasée soit de RL ohms . Lorsque la charge mo- xl
nophasée est seule sur la ligne, les pertes totales dans
les deux conducteurs sont :
PT2 = 2R LI2 = 2R L X 1818 2 = 6,610 x 106 RL watts X3
Par contre, lorsque les éléments capacitifs et inductifs
sont ajoutés, les pertes Joule dans les trois conducteurs
H3 H2 X2
sont:
(a)
PT3 = 3R L12 = 3R L X 1050 2 = 3,308 x 106 RL watts
Les pertes triphasées sont donc la moitié des pertes
x1
monophasées .
Courant dans les trois lignes primaires : H1
1050 A x 440 V/25000 V = 18,48 A
Puissance apparente du transformateur : X3
440 V x 1050 A x i3 = 800 kVA
Celle-ci est exactement égale à la puissance active con-
sommée par la charge . Il s'ensuit que le transforma-
teur fonctionne à un facteur de puissance de 100 % . (b) X2
32.14 Marques de polarité des Figure 32-25
transformateurs triphasés Relation entre les tensions primaires et secondaires d'un
transformateur triphasé raccordé (a) en étoile-triangle et (b)
Les bornes d'un transformateur triphasé sont identi- en triangle-étoile .
fiées respectivement HI, H2, H3 pour la haute tension,
et X1, X2, X3 pour la basse tension . Les normes sui-
vantes s'appliquent à ces marques de polarité : 3 . Ces normes ne sont pas affectées par la séquence de
phase des tensions appliquées au primaire .
1 . Lorsque les enroulements primaires et secondaires
32 .15 Résumé
sont raccordés en étoile-étoile ou en triangle-triangle,
les tensions entre les bornes similaires sont en phase . Dans ce chapitre, nous avons étudié les transforma-
Ainsi : teurs utilisés dans les montages et les réseaux tripha-
sés . Les transformateurs triphasés peuvent comporter
EH1,H2 est en phase avec Exi, x2
trois enroulements primaires et trois enroulements se-
E112,111 est en phase avec Ex2, xi condaires montés sur un même noyau ou ils peuvent
EH1,H3 est en phase avec EXI, x3 être réalisés à partir de trois transformateurs monopha-
sés .
et ainsi de suite
Pour les transformateurs utilisés pour élever ou abais-
2 . Lorsque les enroulements primaires et secondaires ser la tension, il existe deux façons de monter les trois
sont raccordés en étoile-triangle ou en triangle-étoile
enroulements primaires et les trois enroulements se-
(Fig . 32-25), il se produit un décalage de 30° entre condaires : la connexion en triangle et la connexion en
les tensions ligne à ligne . Dans ces circonstances, étoile . On peut donc réaliser n'importe quelle combi-
EHi,H2 est en avance de 30° sur Ex ,, x2 naison de ces connexions . La connexion étoile-trian-
gle ou triangle-étoile introduit un déphasage de + 30
EH2,H3 est en avance de 30° sur Ex2, x3
ou - 30 degrés entre les tensions primaires et secon-
EH3,H2 est en avance de 30° sur Exi, x2 daires . Le montage triangle-triangle a l'avantage qu'il
et ainsi de suite permet de fonctionner à puissance réduite avec un des

522 ÉLECTROTECHNIQUE

trois transformateurs hors service (montage en trian- 32-4 Calculer les valeurs nominales des courants au
gle ouvert) . Certains transformateurs comportent un primaire et au secondaire du transformateur de
troisième enroulement généralement monté en trian- 1300 MVA, illustré à la Fig . 30-44 .
gle et appelé enroulement tertiaire . Afin d'éviter les
32-5 Le transformateur triphasé montré à la Fig . 30-
problèmes de distorsion dus à la troisième harmoni-
45 est refroidi en mode ONAF.
que, la connexion étoile-étoile n'est jamais utilisée sans
relier les neutres de la source et du primaire, à a) Calculer la valeur du courant dans les lignes secon-
moins d'utiliser un enroulement tertiaire . daires lorsque le courant dans les lignes à 225 kV
est de 150 A .
Pour des rapports de transformation voisins de l'unité
(généralement entre 0,5 et 2), on utilise souvent b) Le transformateur est-il surchargé?
les autotransformateurs triphasés montés en étoile Niveau intermédiaire
Pour une puissance donnée à transformer, les auto-
32-6 Trois transformateurs monophasés de 250 kVA .
transformateurs sont moins coûteux que les transfor-
7200 V/600 V sont employés pour élever la tension
mateurs à enroulements isolés .
d'un réseau de 600 V à 7,2 kV.
Les transformateurs déphaseurs sont utilisés pour com- a) Comment faut-il les raccorder?
mander la circulation de puissance active dans les ré-
b) Quels sont les courants dans les fils de ligne et dans
seaux de transport en changeant le déphasage entre les
les enroulements pour une charge de 600 kVA?
tensions d'entrée et de sortie . Ces déphasages varia-
bles sont obtenus en combinant dans les bonnes pro- 32-7 Trois transformateurs monophasés de 100 kVA .
portions (à l'aide d'un changeur de prise) les tensions 13 200/2400 V sont connectés en étoile-triangle sur
de deux phases différentes . Enfin, mentionnons les une ligne à 18 kV. Calculer:
montages spéciaux permettant d'effectuer les transfor- a) la tension entre les lignes du côté secondaire
mations triphasé-diphasé, triphasé-hexaphasé et tri- b) la plus grande charge, exprimée en kVA, que l'on
phasé-monophasé . peut appliquer à ce groupement
32-8 Deux transformateurs de 250 kVA, 2,4 kV/
600 V sont connectés en triangle ouvert pour alimen-
PROBLÈMES - CHAPITRE 32 ter une charge de 400 kVA .
Niveau pratique a) Est-ce que les transformateurs sont surchargés?
32-1 Montrer, au moyen d'un schéma, comment rac- b) Quelle est la plus grande charge que l'on peut ali-
corder trois transformateurs monophasés : menter sans dépasser la capacité des transforma-
teurs?
a) en triangle-étoile
32-9 Une ligne A-B-C à 6,9 kV alimente les trans-
b) en triangle ouvert (indiquer clairement les marques formateurs de la Fig . 32-3 et l'on mesure trois tensions
de polarité) équilibrées de 600 V entre les lignes 1, 2, 3 . On inter-
32-2 Trois transformateurs monophasés de 250 kVA, vertit, par mégarde, les bornes X 1 , X 2 du secondaire
7200 V/600 V sont montés en étoile-triangle sur une du transformateur P .
ligne à 12 470 V Ils alimentent une charge de 450 kVA .
a) Quelles sont les tensions mesurées entre les bornes
Calculer les courants :
1-2, 2-3 et 3-1 ?
a) dans les fils de ligne b) Tracer le diagramme vectoriel des tensions secon-
b) dans les enroulements daires et primaires .
32-3 Le rapport de transformation du transformateur 32-10 Soit l'autotransformateur dévolteur illustré à
de 36 MVA de la Fig . 32-8 est de 13,8 kV à 320 V. la Fig . 32-10 . Le courant dans la ligne à 700 kV est de
Sachant que le transformateur est chargé à pleine ca- 800 A . La charge de l'enroulement tertiaire est né-
pacité, calculer les courants : gligeable . Calculer :
a) dans les lignes primaires a) le courant dans la ligne à 300 kV
b) dans les lignes secondaires b) le courant dans les enroulements du transformateur

TRANSFORMATEURS TRIPHASÉS 523

32-11 Les prises sur l'enroulement BC de la Fig . 32- 32-13 Dans la Fig . 32-12, le contact mobile est sur
12 sont espacées uniformément . Le contact P se trouve la prise no 4 et une charge monophasée est branchée
sur la prise 3 et la tension entre les lignes A, B, C est de entre les bornes AR La tension entre les phases A, B,
600 V. Déterminer, en traçant les vecteurs à l'échelle, C est de 600 V et le courant dans la phase A est de
la valeur de la tension EAP et son angle de déphasage 100 A . Calculer :
par rapport à la tension EAn .
a) la valeur du courant dans les lignes B et C
32-12 Dans les Fig . 32-13 et 32-26, les 7 prises sont b) la puissance apparente fournie à la charge
espacées uniformément et la tension entre les phases 32-14 Dans le problème 32-13, le contact mobile est
A, B, C est de 600 V On sait que EAB = 600 L-120°,
sur la prise no 6 et le courant dans la phase A est tou-
EBC = 600 L0°, ECA = 600 L+120° . Déterminer, en
jours de 100 A . Calculer la valeur du courant dans les
traçant les vecteurs à l'échelle, la valeur des tensions phases B et C .
entre Pi , P2, P3 lorsque les trois contacts sont sur les
prises no 2 (Fig . 32-26) . Quel est le déphasage par rap- 32-15 En se référant à la Fig . 32-15, la tension entre
port à la position de départ lorsque les contacts P l , P2, les bornes A, B, C est de 208 V, et la charge diphasée
P3 étaient sur les prise no 1? absorbe une puissance apparente de 1800 VA . Calcu-
ler:
a) la valeur des tensions EAT et ENc
b) le courant dans les quatre lignes qui alimentent la
charge
c) le courant dans les lignes A, B, C
32-16 En se référant à la Fig . 32-22, la tension de
ligne de la source est maintenue constante à 24,5 kV .
Calculer la valeur de la tension de ligne au secondaire :
a) lorsque le transformateur fonctionne à vide
b) lorsque le transformateur alimente une charge capa-
citive de 1200 Mvar
0 . . 0 a 0 a
32-17 Un autotransformateur déphaseur produit un
déphasage maximal de 15° . Sachant qu'il doit trans-
porter une puissance de 50 MVA, calculer sa puissance
Figure 32-26
Voir problème 32-12 . intrinsèque .

33
Moteurs asynchrones
triphasés

Les moteurs asynchrones triphasés sont les moteurs


employés le plus fréquemment dans l'industrie . Ils
possèdent en effet plusieurs avantages : simplicité, ro-
bustesse, prix peu élevé et entretien facile .
Vu l'importance de ces moteurs, nous leur consacre-
rons trois chapitres . Dans le présent chapitre, nous étu-
dierons la construction et les principes fondamentaux
des moteurs asynchrones triphasés lorsqu'ils fonction-
nent à fréquence fixe . Nous développerons les équa-
tions simples qui décrivent leur fonctionnement, et nous
expliquerons l'agencement des enroulements .
Dans les deux chapitres suivants, nous étudierons les
applications de ces machines, leur circuit équivalent et
leur fonctionnement lorsqu'ils sont alimentés à fré-
quence variable .

33.1 Parties principales


Le moteur asynchrone triphasé (parfois appelé moteur
d'induction triphasé) comprend deux parties : le stator
(fixe) et le rotor (tournant) .
Figure 33-1
Le stator comporte une carcasse en acier renfermant Vue du stator d'un moteur asynchrone triphasé à cage
un empilage de tôles identiques qui constituent un cy- d'écureuil de 2 kW, 1725 r/min . Les bobines du stator sont
lindre vide ; ces tôles sont percées de trous à leur péri- serrées dans les 48 encoches par des cales de fibre . Ensuite,
le tout est trempé dans un vernis chaud qui pénètre jusqu'au
phérie intérieure . L'alignement de ces trous forme des fond des encoches et imprègne le bobinage au complet . Il
encoches dans lesquelles on loge un bobinage triphasé en résulte une masse solide pouvant résister aux vibrations
(Fig . 33-1) . tout en offrant une bonne conduction de la chaleur vers
l'extérieur de la machine . Les trois phases sont connectées
Le rotor se compose d'un cylindre de tôles poinçon- en étoile et seulement trois fils sortent à l'extérieur
nées à leur périphérie extérieure pour former les en- (gracieuseté de Brook Crompton-Parkinson Ltd) .
524

MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS 525

coches destinées à recevoir des conducteurs . Il est sé- Les Fig . 33-4 et 33-5 montrent les différents stades de
paré du stator par un entrefer très court - de l'ordre de fabrication d'un moteur à cage d'écureuil .
0,4 à 2 mm seulement . Il existe deux types de rotors : le
rotor à cage d'écureuil et le rotor bobiné . L'enroule-
ment du rotor à cage d'écureuil (Fig . 33-2) est consti-
tué de barres de cuivre nues introduites dans les enco-
ches ; ces barres sont soudées à chaque extrémité à deux
anneaux qui les court-circuitent . L'ensemble ressem-
ble à une cage d'écureuil d'où le nom de rotor à cage
d'écureuil, ou simplement rotor à cage . Dans les mo-
teurs de petite et moyenne puissance, les barres et les
anneaux sont formés d'un seul bloc d'aluminium coulé
(Fig . 33-3) .

1 2

Figure 33-2
Les 52 encoches du rotor sont fermées, ce qui explique la
surface lisse extérieure . Les 52 barres de cuivre sont glissées
à l'intérieur des encoches puis soudées aux anneaux
extérieurs . Le ventilateur de gauche sert au refroidissement 3 4
du moteur et le roulement à billes de droite maintient le rotor
bien centré afin qu'il ne vienne pas frotter contre le stator
(gracieuseté de Crompton-Parkinson) .

4 5

Figure 33-4
Étapes de fabrication des laminations du stator et du rotor
d'un moteur à cage d'écureuil . La feuille d'acier est coupée
en carré (1) ; les coins sont arrondis et le trou de l'arbre est
Figure 33-3 percé (2) ; les encoches du stator sont perforées (3) ; le
Vue éclatée d'un moteur asynchrone dont le rotor possède diamètre intérieur est découpé, formant du même coup les
une cage d'écureuil en aluminium coulé . Les anneaux coulés laminations du rotor et du stator (4) ; les encoches du rotor
à chaque extrémité servent aussi de ventilateur. sont perforées (5) .


526 ÉLECTROTECHNIQUE

Le rotor bobiné comprend un bobinage triphasé, sem-


admission blable à celui du stator, placé dans les encoches . Il est
cylindre de l'air
piston comprimé
composé de trois enroulements raccordés en étoile ;
l'extrémité libre de chaque enroulement est reliée à une
bague tournant avec l'arbre (Fig . 33-6) . Ces bagues
permettent, par l'intermédiaire de trois balais, d'insé-
rer une résistance extérieure en série avec chacun des
trois enroulements lors du démarrage du moteur . En
fonctionnement normal, les trois balais sont court-
circuités.

LILI
~àI (b)

moule
supérieur

rotor

moule (a)
inférieur

rotor
résidu vu en
d'aluminium coupe

Figure 33-5
Étapes du moulage d'une cage d'écureuil :
a) On coule de l'aluminium fondu dans une cavité cylindrique .
Les laminations empilées du rotor sont retenues entre deux
moules .
b) Sous l'action de l'air comprimé, un piston enfonce les
laminations dans la cavité . Laluminium fondu est ainsi injecté (b)
dans les ouvertures des moules et dans les encoches du
rotor.
Figure 33-6
c) Le piston remonte et retire le rotor, les moules et l'aluminium a) Vue éclatée d'un moteur asynchrone à rotor bobiné de
figé qu'ils contiennent . 5 kW, 1730 r/min .
d) Les moules sont enlevés, dégageant le rotor et sa cage b) Vue agrandie des bagues du rotor (gracieuseté de
d'écureuil . Crompton-Parkinson Ltd) .

MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS 527

33 .2 Principe de fonctionnement du moteur


asynchrone
Le fonctionnement du moteur asynchrone triphasé est
basé sur l'application des principes I, II et 111 de l'élec-
tromagnétisme . On peut le comprendre à l'aide de
l'exemple suivant .
Considérons une série de conducteurs de longueur 1
dont les extrémités sont court-circuitées par deux bar- Figure 33-8
res conductrices A et B (Fig . 33-7) . Un aimant perma- Une échelle conductrice recourbée sur elle-même forme une
nent, placé au-dessus de cette «échelle», se déplace cage d'écureuil .
rapidement vers la droite à une vitesse v, de sorte que
son champ magnétique B coupe les conducteurs à tour (Fig . 33-8) et l'aimant est remplacé par un champ tour-
de rôle. nant qui coupe les conducteurs du rotor. Ce champ
tournant est créé par l'ensemble des courants triphasés
circulant dans les trois enroulements du stator .

33 .3 Champ tournant

- ~5 -~o ë
Considérons un stator élémentaire comportant 6 pô-
les saillants et bobiné de la façon indiquée à la Fig .
33-9 . Trois enroulements identiques Aa-aN, Bb-bN et
7 ÀffÀ/ÀL Morte
---- ----- ---- -----
©,
Cc-cN, composés de 2 bobines en série (pôles nord et
sud), sont disposés à 120° l'un de l'autre dans l'es-
pace . Les extrémités N sont reliées pour former un
Figure 33-7
Un aimant permanent qui se déplace vers la droite tend à montage en étoile . À cause de la symétrie parfaite des
entraîner l'échelle conductrice . enroulements, les impédances entre les bornes A, B,

D'après le principe III, une tension E = Blv est induite


dans chacun des conducteurs coupé par le champ .
D'autre part, puisque le circuit est fermé par les barres
et les autres conducteurs, un courant I se met à circuler
dans le conducteur qui est momentanément en dessous
de l'aimant (Fig . 33-7) . Ce courant traverse le champ
magnétique de l'aimant permanent, de sorte que,
d'après le principe II, le conducteur est soumis à une
force mécanique . Cette force agit toujours dans une
direction telle qu'elle entraîne le conducteur dans le
sens de déplacement du champ . Si «l'échelle» de con-
ducteurs était libre de se déplacer, elle accélérerait vers
la droite . Cependant, à mesure qu'elle gagne de la vi-
tesse, la «coupure» des conducteurs par le champ ma- e
gnétique se fait moins rapidement et la tension induite
diminue, de même que le courant I . Par conséquent, la
force agissant sur les conducteurs situés en dessous de
l'aimant diminue . Si l'échelle se déplaçait à la même
vitesse que le champ, la tension induite, le courant I et
la force deviendraient nuls . Figure 33-9
Stator élémentaire dont les enroulements sont connectés en
Dans le moteur asynchrone, l'échelle est recourbée étoile . Les bornes A, B, C sont raccordées à une source
sur elle-même pour former une cage d'écureuil triphasée (pas montrée) .


528 ÉLECTROTECHNIQUE

C et le neutre N sont identiques . Les trois bobines dont les directions successives du champ magnétique résul-
les bornes sont A, B, C constituent donc une charge tant (Fig . 33-10) .
triphasée équilibrée . À l'instant 1, par exemple, le courant Ia a une valeur
Par conséquent, si l'on applique une source de tension de +10 A alors que les courants Ib et le ont chacun
triphasée aux bornes A, B et C, des courants alternatifs -5 A . La FMM de la phase A vaut alors : 10 A x 10 =
identiques fa , Ib et II déphasés de 120° dans le temps 100 A ; celles des phases B et C, 50 A chacune . La di-
traversent les bobines (Fig . 33-10) . Ces courants pro- rection du flux étant imposée par le sens des courants .
duisent des forces magnétomotrices qui engendrent des le champ doit avoir l'allure indiquée à la Fig . 33-1 la.
flux . Ce sont les flux qui nous intéressent . On remarque que les six pôles produisent un champ
résultant qui équivaut à celui que donneraient un seul
Afin de suivre la séquence des événements, nous sup-
pôle nord et un seul pôle sud .
posons que les courants sont positifs lorsqu'ils circu-
lent d'une ligne vers le neutre N . Un courant négatif À l'instant 2, soit un sixième de cycle plus tard, le cou-
circule donc du neutre vers la ligne . Supposons que rant le atteint sa valeur crête de -10 A, tandis que les
chaque bobine possède 5 spires et que le courant crête valeurs Ia et Ib sont de +5 A chacune (voir Fig . 33-10) .
par phase soit de 10 A . Ainsi, lorsque Ia = + 7 A, les Comme précédemment, on détermine la valeur des
deux bobines de la phase A produisent ensemble une FMM et l'on constate que le champ garde la même
FMM de 7 A x 10 spires = 70 A et un flux d'une valeur allure, sauf qu'il s'est déplacé (dans l'espace)
correspondante. Puisque le courant est positif, il pro- d'un angle de 60° . En d'autres termes, le flux a effec-
duit un flux qui se dirige verticalement vers le haut, tué 1/6 de tour entre les instants 1 et 2 .
d'après la règle de la main droite . En procédant ainsi pour chacun des instants 3, 4, 5, 6
En observant, à différents instants, la valeur et le sens et 7, séparés par des intervalles de 1/6 de cycle, on
du courant dans chacune des bobines, on peut établir constate que le champ résultant exécute un tour com-
plet pendant un cycle (Fig . 33-1 la à 33-11f) .

+10 Ia -

/
5

60 120 180 240 300 360 degrés


-> angle 0 '

cycle

-10 L6~1
O

Figure 33-10
Courants instantanés circulant dans les enroulements de la figure 33-9, et position correspondante
du champ magnétique .

MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS 529

Figure 33-11
a. Champ magnétique à l'instant 1 ; l'orientation est verticale . d . Champ magnétique à l'instant 4 .
b . Le champ magnétique à l'instant 2 est identique à celui de e . Champ magnétique à l'instant 5 .
l'instant 1, sauf qu'il a tourné d'un angle de 60° . f . Champ magnétique à l'instant 6 . Le flux a exécuté 5/6 de
c . Champ magnétique à l'instant 3 . tour depuis l'instant 1 .

530 ÉLECTROTECHNIQUE

La vitesse de rotation du champ dépend donc de la fré-


quence de la source qui alimente le moteur . Si la fré-
quence des courants est de 60 Hz, le champ fait un
tour complet en 1/60 s, ce qui équivaut à 60 tours
par seconde ou 3600 tours en une minute . Par contre,
si la fréquence est de 5 Hz, le champ effectue un
tour en 1/5 s, ce qui donne une vitesse de rotation de
300 r/min seulement. Puisque la vitesse de rotation du
champ est forcément synchronisée avec la fréquence
du réseau, on l'appelle vitesse synchrone .

33 .4 Sens de rotation
Les valeurs maximales des courants de la Fig . 33-10
se succèdent dans l'ordre A-B-C . On observe que, pour
une telle séquence des phases, le champ tourne dans le
sens horaire . Si l'on intervertit deux des fils de ligne
alimentant le stator, la nouvelle séquence sera A-C-B . Figure 33-12a
En suivant un raisonnement analogue à celui de la sec- Le groupe 1 de la phase A est composé de 5 bobines réparties
dans les encoches du stator . Les bobines sont raccordées
tion 33 .3, on constaterait que le champ tourne à la vi- en série . Le groupe 2 est identique au groupe 1 . Les deux
tesse synchrone dans le sens antihoraire, ce qui change groupes produisent un pôle N et un pôle S lorsque le courant
le sens de rotation du moteur. circule dans les bobines . On montre en lignes pointillées le
spectre du champ créé par la phase A .
33 .5 Nombre de pôles - vitesse synchrone
Les stators des anciennes machines avaient des pôles
saillants, mais les stators modernes sont lisses . Ainsi,
le stator de la Fig . 33-9 est plutôt construit comme ce-
lui montré à la Fig . 33-12 . Les deux bobines originales
Aa et aN constituent alors ce qu'on appelle les grou-
pes 1 et 2 de la phase A (Fig . 33-12a) . Un groupe est
donc équivalent à un pôle saillant . Chaque groupe est
composé de 2, 3 ou plusieurs bobines disposées dans
des encoches successives et raccordées en série . Par
exemple, le groupe 1 de la Fig . 33-12a est composé de
5 bobines distribuées dans 10 encoches . Les cinq bo-
bines ensemble constituent un pôle . De la même fa-
çon, les cinq bobines du groupe 2 constituent un pôle .
Lorsque le courant Ia circule dans les deux groupes, il Figure 33-12b
produit le flux montré dans la Fig . 33-12a . Stator bipolaire montrant la disposition des groupes des trois
phases . Le champ magnétique résultant correspond à l'instant
Les groupes des deux autres phases sont identiques à où la = + 10Aet'b=le =-5A .
ceux de la phase A, mais ils sont disposés à 120° l'un
de l'autre (Fig. 33-12b) . Le champ créé par l'ensem-
ble des trois phases forme encore 2 pôles (Fig . 33-12b) . tal) produit un champ tournant à 8 pôles ; on l'appelle
Lorsque les enroulements d'un stator sont arrangés pour alors machine à 8 pôles (Fig . 33-13) . Le nombre de
former 2 pôles par phase (6 pôles en tout), on obtient pôles du champ tournant est toujours égal au nombre
un champ tournant bipolaire . En disposant plusieurs de groupes par phase .
groupes de pôles sur le stator, on obtient un spectre Pour une même fréquence d'alimentation, la vitesse
magnétique multipolaire . Ainsi, une machine tripha- de rotation d'un champ multipolaire est inférieure à
sée ayant 8 groupes par phase (soit 24 groupes au to- celle d'un champ bipolaire . On a vu que, pour une ma-


MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS 531

groupe 1 groupe 1 Exemple 33-1


phase A phase B Un moteur asynchrone possédant ?0 pôles par phase
(fa =+10A) (Ib = - 5 A)
est alimenté par une source triphasée à 50 Hz . Cal-
groupe 1
culer la vitesse synchrone .
groupe 8 phase C
phase A (II =-5 A)
Solution
La valeur de la vitesse synchrone est :

120f = 120 x 50
ns = = 300 r/min
p 20

33 .6 Démarrage du moteur à cage


d'écureuil
Au moment où l'on ferme l'interrupteur pour brancher
les enroulements du stator d'un moteur asynchrone sur
Figure 33-13
Stator triphasé à 8 pôles et champ magnétique résultant à une ligne triphasée, le rotor à cage est encore au repos .
l'instant où Ia = + 10 A et Ib = le = - 5 A . Le champ tournant qui provient du stator coupe les
conducteurs du rotor et il engendre une tension dans
ceux-ci .
chine bipolaire, le champ tournant exécute un tour pen-
Cette tension est alternative, car les conducteurs sont
dant un cycle . On peut démontrer que dans une ma-
tantôt devant un pôle nord, tantôt devant un pôle sud
chine à 8 pôles, le champ exécute 1/4 de tour seule-
ment pendant 1 cycle . Sur un réseau à 60 Hz, la vitesse du champ tournant . La fréquence de la tension dépend
du nombre de pôles N et S passant devant un conduc-
synchrone est alors 1/4 de tour par 1/60 s, ou 900 r/
min . Les 8 pôles de la Fig. 33-13 produisent un spectre teur en une seconde ; lorsque le rotor est au repos, elle
magnétique qui ressemble à une roue à 8 rayons, tour- est toujours égale à la fréquence du réseau .
nant à une vitesse de 900 r/min . Les conducteurs étant court-circuités à leurs extrémi-
tés par les deux anneaux, la tension induite fait circu-
La vitesse de rotation du champ dépend donc de la fré-
quence de la source et du nombre de pôles du stator . ler des courants . La résistance et l'inductance offertes
par la cage sont très faibles et les courants sont inten-
Sa valeur est donnée par la formule :
ses : quelques centaines d'ampères pour les machines
de moyenne puissance .
120f
ns = (33-1) Les mêmes conducteurs du rotor portant ces courants
p se trouvent toujours dans le chemin du flux provenant
du stator ; ils sont alors soumis à des forces électro-

magnétiques considérables . Les forces ainsi produites
n s = vitesse synchrone, en tours par minute [r/min] tendent à entraîner le rotor dans le sens de rotation du
f= fréquence de la source, en hertz [Hz] champ .
p= nombre de pôles par phase* Pour résumer:
Cette expression indique que la vitesse synchrone aug- 1 . les tensions d'un système triphasé appliquées au sta-
mente avec la fréquence, mais diminue avec le nom- tor d'un moteur asynchrone y produisent des cou-
bre de pôles . Le nombre de pôles est toujours un chif- rants triphasés ;
fre pair car un pôle N est toujours accompagné d'un 2 . les courants produisent un champ tournant
pôle S . (principe I) ;
3 . le champ tournant induit une tension dans les barres
Lorsqu'on donne le nombre de paires de pôles p', la for- du rotor (principe III) ;
mule devient ns = 60 f/p'.


532 ÉLECTROTECHNIQUE

4 . la tension induite donne naissance à des courants Noter que la diminution de vitesse est très petite . Même
intenses dans les barres ; à pleine charge, le glissement du rotor ne dépasse guère
5 . les barres portant un courant, et situées dans un 0,5 % de la vitesse synchrone pour les gros moteurs
champ magnétique, sont soumises à des forces élec- (1000 kW et plus) et 3 % pour les petits (10 kW et
tromagnétiques (principe II) ; moins) . C'est pourquoi l'on considère souvent les
6 . les forces tendent à entraîner le rotor dans le sens de moteurs asynchrone comme des moteurs à vitesse cons-
rotation du champ . tante .
33 .7 Accélération du rotor et glissement On ne peut augmenter indéfiniment la charge méca-
nique appliquée à un moteur asynchrone; si la charge
L'ensemble des forces agissant sur les conducteurs pro-
dépasse une certaine valeur, la vitesse tombe subite-
duit un couple qui met rapidement le rotor en mouve-
ment et le moteur s'arrête .
ment quand il est libre de tourner . À mesure que le
rotor accélère, la vitesse relative du champ tournant 33.9 Glissement et vitesse de glissement
par rapport au rotor diminue . On note alors que la va-
La vitesse de glissement ng d'un moteur asynchrone
leur et la fréquence de la tension induite dans les con-
est simplement la différence entre la vitesse synchrone
ducteurs du rotor diminuent, car la vitesse de coupure
et la vitesse du rotor:
des lignes de flux décroît . Le courant, intense au dé-
but, tombe rapidement.
n g =ns -n (33-2a)
La vitesse du rotor continue d'augmenter, mais elle
n'atteint pas celle du champ tournant. En effet, si le Par ailleurs, le glissements d'un moteur asynchrone
rotor tournait à la même vitesse que le champ (vitesse est la différence entre la vitesse synchrone et celle du
synchrone), le flux ne couperait plus les conducteurs ; rotor exprimée relativement à la vitesse synchrone . On
la tension induite et les courants dans le rotor seraient peut donc écrire :
donc nuls . Dans ces conditions, les forces agissant sur
les conducteurs deviendraient nulles et le frottement ns - n ng
du rotor sur les paliers et sur l'air aurait tôt fait de frei- S = _ (33-2b)
ner le moteur . ns ns

La vitesse du rotor doit donc être légèrement inférieure où


à la vitesse synchrone pour produire un courant et, par s = glissement [p .u .]
conséquent, un couple suffisant pour vaincre les frot- ns = vitesse synchrone [r/min]
tements. n = vitesse du rotor [r/min]
À vide, c'est-à-dire lorsque le moteur n'entraîne au- ng = vitesse de glissement [r/min]
cune charge mécanique, la différence entre la vitesse La valeur de n est positive lorsque le rotor tourne dans
du champ tournant et celle du rotor est très faible : moins le même sens que le champ tournant .
de 0,1 % de la vitesse synchrone . On dit alors que le
Si on multiplie la valeur relative (p .u .) du glissement s
glissement est de 0,1 % .
par 100, on obtient le glissement en pour cent .
33 .8 Moteur en charge Le glissement d'un moteur tournant à vide est presque
On a vu que le moteur tourne à une vitesse voisine de nul alors qu'il est de 1 (ou 100 %) lorsque le rotor est à
la vitesse synchrone lorsqu'il n'est pas chargé . Quand l'arrêt.
on le charge, il ralentit . Le champ tournant coupe alors
les barres du rotor à une vitesse relative plus grande . Il Exemple 33-2
en résulte que la tension induite et le courant dans le Un moteur asynchrone à 6 pôles est alimenté par
rotor augmentent de façon à développer un couple suf- une source triphasée à 60 Hz . En charge, il tourne à
fisant pour vaincre la charge mécanique à entraîner . La une vitesse de 1140 r/min . Calculer sa vitesse de
vitesse se stabilise lorsque le couple développé par le glissement et son glissement .
moteur est exactement égal au couple imposé par la
charge (voir section 1 .19, chapitre 1) .



MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS 533

Solution Exemple 33-3


Vitesse synchrone du moteur : Un moteur asynchrone possédant 6 pôles est ali-
menté par une source triphasée de 60 Hz . Calculer
120 f = 120 x 60 la fréquence du courant dans le rotor dans les con-
ns = = 1200 r/min
p 6 ditions suivantes :
a) rotor bloqué
Vitesse de glissement :
h) rotor tournant à 500 r/min dans le même sens
n g =ns -n que le champ tournant
c) rotor tournant à 500 r/min dans le sens inverse
= 1200 -1140 = 60 drain
du champ tournant
En appliquant la formule (33-2b), on obtient le glisse- d) rotor tournant à 2000 r/min dans le même sens
ment : que le champ tournant

= ns - n = 60 Solution
S = 0,05 ou 5 %
La vitesse synchrone du moteur, calculée dans l'exem-
ns 1200
ple 33-2, est de 1200 r/min .
33 .10 Tension et fréquence induites dans le a) À l'arrêt, la vitesse du moteur est nulle ; par consé-
rotor quent, d'après l'équation 33-3, le glissement est :
La tension et la fréquence induites dans le rotor dé-
pendent du glissement . Elles sont données par les équa- n s - n - 1200-0 = 1
s-
tions suivantes :
ns 1200

La fréquence de la tension et du courant induits dans


f2 = sf (33-3)
le rotor est :
et
f2 = sf = 1 X 60 =60Hz
E2 = sE,,a (33-4) b) Lorsque le moteur tourne dans le même sens que le
champ, la vitesse n du moteur est considérée comme

positive . Le glissement est :
f2 = fréquence dans le rotor [Hz]
f = fréquence du réseau alimentant le stator [Hz]
= ns - n = 1200 - 500 =
s = glissement S 0,583
E2 = tension induite dans le rotor à circuit ouvert ns 1200
[V]
La fréquence de la tension et du courant induits dans
Ego = tension induite dans le rotor à circuit ouvert,
le rotor est:
le rotor étant immobile [V]
Dans un rotor à cage, la tension E, 0 à circuit ouvert est f2 = sf = 0,583 x 60 = 35 Hz
celle qu'on obtiendrait aux bornes des barres si elles c) Lorsque le rotor tourne dans le sens inverse du
étaient disconnectées des anneaux . Dans le cas d'un
champ, la vitesse du moteur est négative . Le glisse-
moteur à bagues, elle est égale à 1/I3 de la tension ment est :
mesurée aux bornes des bagues à circuit ouvert .
ns - n - 1200 - (- 500)
S - = 1,417
ns 1200






534 ÉLECTROTECHNIQUE

La fréquence de la tension et du courant induits dans 1 . Moteur fonctionnant à vide . Lorsque le moteur
le rotor est: tourne à vide, le courant est compris entre 50 % et
30 % du courant de pleine charge . Ce courant est
f2 =sf=1,417x60 =85Hz
semblable au courant d'excitation d'un transforma-
d) Lorsque le moteur tourne à 2000 r/min dans le même teur. Ainsi, il est composé en majeure partie d'un
sens que le champ, la vitesse est toujours positive . Le courant magnétisant qui produit le flux tournant 0m
glissement est: et d'une faible composante active pour fournir les
pertes par frottement et aération, plus les pertes dans
_ ns - n = 1200 - 2000 = _ le fer. Le flux On, accroche le rotor et le stator : par
S 0,667 conséquent, il est semblable à un flux mutuel (Fi -
ns 1200
33-14) .
Un glissement négatif indique que le moteur fonctionne La puissance réactive requise pour créer le champ
comme génératrice . La fréquence de la tension et du tournant est donc considérable et, afin de la réduire.
courant dans le rotor est :

f2 = s f = - 0,667 x 60 = - 40 Hz

Une fréquence négative indique que la séquence des


phases dans le rotor est inversée . Par exemple, si la
séquence des tensions dans le rotor est A-B-C lorsque
la fréquence est positive, la séquence sera A-C-B lors-
que la fréquence devient négative . Toutefois, un fré-
quencemètre donnera la même lecture, que la fréquence
soit positive ou négative .

33 .11 Caractéristiques des moteurs à cage


d'écureuil
Le tableau 33-1 donne les caractéristiques électriques
moyennes des moteurs asynchrones à cage d'écureuil Figure 33-14
dans la gamme des puissances comprises entre 1 kW Lorsqu'un moteur asynchrone fonctionne à vide, le flux créé
est essentiellement un flux mutuel Om . À cause de la présence
et 20 MW. Les explications suivantes nous aideront à de l'entrefer, une puissance réactive considérable est requise
comprendre les valeurs relatives (p .u .) indiquées . pour produire ce flux .

TABLEAU 33-1 CARACTÉRISTIQUES DES MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS

courant couple vitesse rendement facteur de


condition p .u . p .u . p .u . p .u . puissance
de charge
puissance puissance puissance puissance puissance
faible* grande* faible grande faible grande faible grande faible grande

pleine charge 1 1 1 1 0,97 0,996 0,7 à 0,9 0,93 à 0,98 0,8 à 0,85 0,87 à 0,90

à vide 0,5 0,3 0 0 -- 1 -- 1 0 0 0,2 0,05

rotor bloqué 5à8 4à6 1,5à3 0,5à1 0 0 0 0 0,4 0,1


* faible puissance veut dire 1 kW à 10 kW * grande puissance veut dire 1 MW à 20 MW

MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS 535

on est amené à utiliser un entrefer aussi petit que Enfin, le tableau indique que la vitesse à pleine
possible, en tenant compte des tolérances mécani- charge est comprise entre 0,97 et 0,996 de la vitesse
ques acceptables . synchrone .
Le facteur de puissance à vide est compris entre 20 % 3. Moteur au démarrage . Lorsque le rotor est blo-
pour les petits moteurs et 5 % pour les gros . qué, le courant est 5 à 8 fois plus grand que le cou-
Le rendement est nul, car la machine ne débite au- rant de pleine charge . Cela entraîne des pertes Joule
cune puissance utile . de 25 à 64 fois plus grandes que les pertes norma-
2 . Moteur fonctionnant à pleine charge . Lorsque les . On doit donc éviter de bloquer le rotor, pour
le moteur est en charge, le courant circulant dans le prévenir la surchauffe des enroulements . Puisque le
rotor produit une FMM qui tend à changer le flux moteur ne tourne pas, la puissance mécanique est
mutuel o,,, . Ceci engendre un courant dans le stator nulle, son rendement est donc nul . Cependant, il
dont la FMM tend à s'opposer à celle créée par le développe un couple considérable .
rotor. Ces FMM sont très semblables à celles pro- En ce qui concerne le facteur de puissance, il de-
duites par le primaire et le secondaire d'un transfor- meure bas, car une grande puissance réactive est re-
mateur sous charge . Par conséquent, en plus du flux quise pour entretenir les flux de fuite du rotor et du
mutuel O,,,, des flux de fuite Ofl et O sont créés, stator. Ces flux sont beaucoup plus grands que dans
(Fig . 33-15) . un transformateur, car les enroulements du stator et
Lorsque le moteur fonctionne en charge, la puissance du rotor ne sont pas couplés aussi étroitement (voir
réactive (kvar) requise pour produire ces trois flux section 30 .12) .
est légèrement supérieure à celle absorbée à vide . 33.12 Calcul approximatif des
Par contre, la puissance active (kW) absorbée par le caractéristiques d'un moteur
moteur varie proportionnellement avec la charge Le tableau 33-1 nous permet de calculer l'ordre de gran-
mécanique . Il s'ensuit que le facteur de puissance deur des caractéristiques d'un moteur asynchrone quel-
du moteur (kW/kVA) s'améliore à mesure que la conque . L'exemple suivant présente la marche à sui-
charge croît : à pleine charge, il est compris entre vre .
80 % pour les petits moteurs et 90 % pour les gros .
Le rendement à pleine charge est particulièrement Exemple 33-4
élevé ; il peut atteindre 98 % pour les grosses ma- Soit un moteur asynchrone triphasé de 500 hp .
chines . 2300 V, 890 r/min .
a) Exprimer la puissance du 1nolcur en kilowatts .
b) Calculer la valeur approximative du courant de
pleine charge . du courant n % idc et du courant de
démarrane
c) Faire une estimation (le la puissance apparente
tirée parle moteur nu nuement du démarrage . sous
pleine tension .
d) Calculer la valeur approximaliv e du couple lors-
que le rotor est bloqué .

Solution
a) La puissance d'un moteur est toujours celle que le
moteur développe mécaniquement. La puissance de
Figure 33-15 500 hp correspond à 500 x 746 = 373 kW.
À pleine charge, le flux mutuel Om diminue mais des flux de Le tableau donne les caractéristiques relatives pour les
fuites sont créés par le rotor et le stator. Il s'ensuit que la
puissance réactive est légèrement supérieure à celle obtenue moteurs dont la puissance est comprise entre 1 kW et
dans la figure 33-14 . 10 kW, pour ensuite sauter de 1 MW à 20 MW. Comme

536 ÉLECTROTECHNIQUE

la puissance du moteur est plus proche de 1 MW que où


de 10 kW, nous tirons les valeurs suivantes du tableau : I = courant approximatif à pleine charge [A]
rendement : 0,93 Php = puissance nominale du moteur, en horse-
power [hp]
facteur de puissance : 0,87
Pkw = puissance nominale du moteur, en kilowatts
courant à vide : 0,3 p .u .
[kW]
couple à rotor bloqué : 0,5 à 1 p .u . E = tension triphasée nominale du moteur [V]
courant à rotor bloqué : 4 à 6 p .u . 600, 800 = constantes empiriques
b) Puissance active tirée de la ligne : Par exemple, un moteur triphasé de 30 hp, 600 V, tire
P = 373 kW/rendement = 373/0,93 = 401 kW un courant d'environ 30 A à pleine charge .

Puissance apparente tirée de la ligne : On se souviendra également que la valeur du courant


de démarrage (rotor bloqué) vaut environ 6 fois celle
S = 401 kWIFP = 401/0,87 = 461 kVA éq. 25-6 du courant de pleine charge et que le courant à vide est
Puissance réactive tirée de la ligne : compris entre 30 % et 50 % du courant de pleine charge .
Q = J(461 2 - 401 2) = 227 kvar éq. 25-5 Ces règles de base permettent de calculer les valeurs
Courant de pleine charge : approximatives du courant de n'importe quel moteur
triphasé alimenté à une tension quelconque .
I = S/(E i3) = 461000/(2300 I3) éq . 26-3
= 116A 33.13 Cheminement de la puissance active
Les tensions et les courants d'un moteur asynchrone
Courant à vide = 116 x 0,3 p .u. = 35 A
permettent de comprendre son fonctionnement détaillé .
Courant à rotor bloqué = 116 x (4 à 6 p .u .) = 464 A à Cependant, on comprend mieux la transformation de
696 A selon le design . l'énergie électrique en énergie mécanique en suivant
c) Puissance apparente lorsque le rotor est bloqué : le cheminement de la puissance active qu'il absorbe
(voir Fig . 33-16) . Ainsi, lorsqu'on alimente un moteur
S = 2300 ' 3 x (464 A à 696 A) = 1,8 à 2,8 MVA
asynchrone, une partie Pj, de la puissance active P e
d) Couple de pleine charge : qu'il reçoit est dissipée par effet Joule dans les enrou-
lements du stator, et une autre partie Pf est perdue dans
T _ 9,55 P _ 9,55 x 373 000
éq . 1-5 le fer. Le reste de la puissance, P r , est transporté au
n 890 rotor, par induction, à travers l'entrefer .
= 4 kN .m Une troisième tranche Pe r se dissipe par effet Joule dans
Couple à rotor bloqué : les enroulements du rotor, et le reste P m est enfin dis-
ponible sous forme de puissance mécanique. Si l'on
Tbloqué = 4 kN •m x (0,5 à 1,0 p .u .) = 2 à 4 kN •m, selon en soustrait les pertes par ventilation et friction P,, on
le design .
obtient la puissance mécanique Pmc fournie à la charge.
Il est parfois utile de faire une estimation rapide des
Afin d'exploiter ce diagramme de répartition des puis-
courants et des puissances d'un moteur asynchrone tri-
sances actives pour les calculs, on donne ci-après trois
phasé . On peut alors utiliser l'une des formules sui-
relations importantes associées à ces diverses puissan-
vantes qui donnent la valeur approximative du courant
ces .
à pleine charge :
1 . Rendement . Le rendement du moteur est, par dé-
I = 600 Php finition, le rapport entre le puissance mécanique Pmc
(33-5a)
E fournie à la charge et la puissance électrique P e four-
nie au moteur soit:

800 PkW Pmc


I= (33-5b) rendement (Il) = (33-6)
E Pe



MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS 537

pertes par frottement et aération

puissance mécanique
n puissance mécanique
pv fournie à la charge

Figure 33-16
Cheminement de la puissance active dans un moteur asynchrone triphasé . Dans plusieurs calculs
pratiques, les pertes P, sont assimilées aux pertes Pf dans le fer . Dans ce cas Pmc = Pm .

2 . Pertes Joule dans le rotor. On peut démontrer (texte Pj r = sPr


D émonstration de la relation
encadré) que la relation entre les pertes Joule Pj r dans
le rotor et la puissance P r qu'il reçoit est donnée par la puissance pertes
puissance
formule : électromagnétiqu électriques
mécaniqu -
transmise au rotor dans le rotor
Pjr = sPr (33-7)
Pm - Pr Pjr (i)

ou
D'après l'équation 1-5 du côté du rotor :
Pi, = pertes Joule dans le rotor [W]
s = glissement vitesse du rotorx couple mécaniqu
Pm
Pr = puissance transmise au rotor [W] 9,55

3 . Puissance mécanique . La puissance mécanique Pi,


développée par le moteur est égale à la puissance trans- doncP,,, =
9,55
mise au rotor moins les pertes Joule dans celui-ci . Ainsi,
D'après l'équation 1-5 du côté du stator :
Pm = Pr - Pjr
P = vitesse du fluxx couple électromagnétiqu
= Pr - sPT
r 9,55

d'où Pm = P r (1 - s) (33-8)
donc Pr = nsTmag (iii
9,55
En raison des pertes Pv par frottement et aération, la
puissance mécanique Pr„, disponible pour entraîner la mais d'après la loi de l'action et de la réaction de
charge est légèrement inférieure à P,,,. Dans la plupart Newton, le couple mécaniquim est nécessairement
des calculs pratiques, on incorpore les pertes Pv avec égal au couple électromagnétiquêmag
les pertes dans le fer Pf . Dans ces circonstances, la puis-
sance Pmc se confond avec la puissance P m . soit Tm = Tmag
4 . Couple du moteur. Le couple développé par le
aussi s=(ns -n)ln s éq. 33-21
moteur est donné par l'expression :
en substituant (ii), (iii) et (iv) dans (i) on trouve
9,55 Pm
T = éq. 1-5 Pj r ='sP r
n





538 ÉLECTROTECHNIQUE

Si on substitue dans cette équation les expressions Exemple 33-5


du glissement (33-2) et de la puissance mécanique Un moteur asynchrone triphasé ayant une puissance
(33-8), on obtient : nominale de 100 hp (-= 75 kW) est alimenté par une
lime à 600 V (Fie . 33-17a) . Deux wattmètres pla-
9,55P, (l - s) 9,55 Pr cés dans les fils (le ligne indiquent une puissance
T= _ totale de 70 kW et un ampèremètre indique un cou-
ns (1 - s) ns rant de ligne de 73 A . Des mesures précises indi-
quent une vitesse de rotation de 1763 r/min . De plus,
donc on fournil 1 information suivante :
pertes dans le fer = 2 kW
9,55 Pr
T= (33-9) pertes par ventilation et friction = 1 2 kW
ns résistance entre deux bornes du stator = 0 .3-1 S2
où Calculer :
T = couple, en newton-mètres [N •m ] a) la puissance P r fournie au rotor
Pr puissance transmise au rotor, en watts [W]
b) les pertes Joule dans le rotor
n s = vitesse synchrone, en tours par minute
[r/min] la puissance mécanique fournie à la charge . en
9,55 = facteur tenant compte des unités [valeur hp
exacte 30/hr] d) le rendement du moteur
Les équations 33-6 à 33-9 sont valables pour toutes les e) le couple développé par le moteur
vitesses, positives et négatives, y compris la vitesse
nulle au moment du démarrage. Solution
L'équation 33-7 nous indique que les pertes Joule dans 1 . Puissance fournie au stator :
le rotor croissent lorsque le glissement augmente . Ainsi, P e =70kW
un rotor tournant à la moitié de la vitesse synchrone 2 . Résistance du stator par phase (on suppose une con-
(s = 0,5) dissipe sous forme de chaleur 50 % de la puis- nexion en étoile) :
sance qu'il reçoit . Au moment du démarrage (s = 1),
toute la puissance est dissipée en chaleur dans le rotor . R=0,34=2=0,17 S2

L'équation (33-9) nous révèle que le couple est d'autant 3 . Pertes Joule dans le stator:
plus grand que la puissance P r fournie au rotor est plus pi, =3RI 2 =3 x0,17x(78) 2 =3,1kW
élevée . Donc, pour obtenir un fort couple de démar- 4 . Pertes dans le fer :
rage, il faut fournir une grande puissance active au ro-
tor . Toutefois, comme celle-ci est alors entièrement Pf=2kW
dissipée en chaleur, la température du rotor monte très 5 . Puissance fournie au rotor :
rapidement .
Pr =P e -Pj s -Pf=(70-3,1-2)=64,9 kW

Figure 33-17a
Voir exemple 33-5 .




MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS 539

6 . Glissement:

S = ns - n = 1800 - 1763 = 0,0206


ns 1800
7 . Pertes Joule dans le rotor :

Pjr = sPr = 0,0206 X 64,9 = 1,3 kW


8 . Puissance mécanique interne Pm :
Figure 33-17b
Cheminement des puissances pour l'exemple 33-5 .
Pm = Pr -Pjr = 64,9 - 1,3 = 63,6 kW
9 . Puissance mécanique Pmc fournie à la charge :

Pmc = Pm - Pv = 63,6 - 1,2 = 62,4 kW tesse baisse progressivement . Cependant, lorsque le


couple atteint la valeur critique appelé point de décro-
10 . Puissance mécanique exprimée en horsepower :
chage, la vitesse chute subitement et le moteur s'ar-
rête .
Pmc = 62 400 = 83,6 h p
746 Il existe donc une relation entre le couple développé
par le moteur et sa vitesse . Cette relation n'est pas sim-
11 . Rendement du moteur :
ple ; c'est pourquoi on préfère la présenter sous forme
Pmc 62,4 = 0,89 ou 89 % de courbe plutôt que par une équation .
On montre à la Fig . 33-18 une courbe du couple en
Pe 70 fonction de la vitesse pour un moteur de 1 kW, de cons-
12 . Couple interne développé par le moteur : truction conventionnelle . Si T désigne la valeur du cou-
ple de pleine charge, on voit que le couple de démar-
9,55 Pr rage vaut 1,5 T. À mesure que la vitesse croît, le cou-
T =
ns ple diminue, et passe par un minimum avant d'aug-
menter de nouveau . Il atteint une valeur maximale de
2,5 T à 80 % de la vitesse synchrone . Passé ce point, le
= 9,55 x 64 900 = 344 N •m
1800 couple diminue, tandis que la vitesse continue à aug-
menter . On passe alors par le point d'opération normal
13 . Couple qui entraîne la charge : (T, n) de pleine charge, avant d'atteindre la vitesse syn-
chrone ns, où le couple est nul .
9,55 Pmc
Tmc - Les moteurs de petite puissance (10 kW et moins) at-
n teignent leur couple de décrochage à une vitesse nd
9,55 x 62 400 = 338 N -m qui est d'environ 80 % de la vitesse synchrone ; les ma-
chines de grosse puissance (1000 kW et plus) décro-
1763
chent à une vitesse de l'ordre de 0,98 ns .
Ce couple est légèrement inférieur au couple interne à La forme de la courbe couple/vitesse dépend donc de
cause du couple requis pour vaincre les pertes par ven- la grosseur du moteur et de ses caractéristiques parti-
tilation et friction . culières .
La Fig . 33-17b montre le cheminement des puissances .
33 .15 Effet de la résistance du rotor
33 .14 Courbes du couple en fonction de la Si l'on augmente la résistance du rotor sans effectuer
vitesse aucun autre changement, on constate que la courbe du
Considérons un moteur à cage, alimenté par une source couple en fonction de la vitesse change . Le couple de
triphasée dont la tension et la fréquence sont fixes . À décrochage demeure le même, mais il est développé à
mesure qu'on augmente la charge mécanique, la vi- une vitesse plus basse . Le couple de démarrage, la vi-


540 ÉLECTROTECHNIQUE

20 40 60 80
vitesse de rotation
nd

Figure 33-18
Courbe typique du couple en fonction de la vitesse d'un moteur asynchrone triphasé de 1 kW.

tesse de régime permanent et les autres propriétés du (Fig . 33-19 c) . Cela procure une réduction intéressante
moteur sont également affectés comme le démontre du courant de démarrage . Cependant, la vitesse au cou-
l'exemple suivant. ple nominal est maintenant de 800 r/min seulement .
La Fig . 33-19a illustre les caractéristiques du cou-
TABLEAU 33-2 RÉSISTANCE DU ROTOR
ple en fonction de la vitesse (T vs n) et du courant
en fonction de la vitesse (I vs n) d'un moteur à cage
de 10 kW, 50 Hz, 380 V ayant une vitesse synchrone à vide
de 1000 r/min . Le couple nominal est de 100 N .m . courant (A) 7 7 7 7
Le courant nominal est de 20 A, le courant à vide à pleine charge (T = 100 N •m )
est de 7 A, et le courant de démarrage est de 100 A . courant (A) 20 20 20 20
La résistance du rotor a une valeur normale R . couple (N •m ) 100 100 100 100
À pleine charge, le couple est de 100 N •m à une vi- vitesse (r/min) 960 900 800 0
tesse de 960 r/min . Le couple de décrochage de au démarrage
250 N •m se produit à une vitesse de 800 r/min . courant (A) 100 90 70 20
La Fig . 33-19b montre les nouvelles courbes T vs n et couple (N •m ) 100 200 250 100
I vs n lorsque la résistance du rotor est augmentée à
2,5 R . (Cette augmentation pourrait se faire en rem- Si l'on augmente la résistance au-delà de 5 R, le cou-
plaçant le rotor par un autre dont la section des barres ple de démarrage commence à décroître . Par e xemple .
et des anneaux est réduite par un facteur 2,5 .) si la résistance est 25 R, le courant de démarrage est de
20 A seulement, mais le moteur développe le même
On constate que le couple de démarrage augmente de
couple que lorsque le courant était de 100 A (Fig . 33-
100 à 200 N •m , alors que le courant correspondant di-
19d) .
minue de 100 A à 90 A . Le couple de décrochage nd
est atteint lorsque la vitesse est de 500 r/min, compa- Le tableau 33-2 montre les caractéristiques principa-
rativement à sa valeur originale de 800 r/min . Notons les du moteur en fonction de la résistance du rotor .
aussi que la vitesse au couple nominal (100 N •m) est En résumé, une résistance du rotor relativement élevée
maintenant 900 r/min au lieu de 960 r/min . donne un bon couple de démarrage tout en réduisant le
En doublant à nouveau la résistance de telle sorte courant correspondant. Par contre, en régime normal,
qu'elle devienne 5 R, on atteint un couple de démar- on désire une résistance basse, car la vitesse demeure
rage de 250 N •m pour un courant correspondant de 70 A plus stable lorsque la charge varie, les pertes Joule au

MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS 541

démarrage
(a)
R
T nominal
résistance
pleine charge (10 kW)
normale du
rotor I donnant 100 N •m
960 r/min
7 A à vide

(b)
2,5 R
résistance
du rotor

A
(c) 0
70
5R oU
résistance C
N
du rotor o
0
U
I donnant
- 100 N •m
20 ---------------
7 A à vide--
500 800 1000 r/min 00 1000 r/min
vitesse - vitesse

(d)
25 R
résistance
du rotor

Figure 33-19
Courbes montrant le changement progressif des propriétés d'un moteur asynchrone
de 10 kW, 50 Hz, 380 V à mesure que la résistance du rotor augmente .

542 ÉLECTROTECHNIQUE

rotor sont moins élevées et le rendement du moteur est mesure que la vitesse du moteur augmente, on réduit
meilleur. la valeur des résistances . Quand la vitesse de régime
On peut atteindre ces deux objectifs opposés en utili- permanent est atteinte, on court-circuite les trois en-
sant une construction spéciale pour la cage d'écureuil roulements . Un choix approprié de la valeur des résis-
(voir chapitre 34, section 34-3) . Une autre solution est tances (Fig . 33-19) permet d'obtenir à la fois une grande
d'employer un moteur à rotor bobiné . Le rotor bobiné diminution du courant de démarrage et une forte aug-
permet de faire varier la résistance du rotor au moyen mentation du couple moteur.
d'un rhéostat extérieur, selon les exigences . Dans le cas des moteurs de grande capacité, on utilise
souvent un rhéostat liquide pour assurer le démarrage .
33 .16 Moteur à rotor bobiné
Ce rhéostat est constitué de trois électrodes baignant
Nous avons vu à la section 33 .1 les différences de cons- dans un électrolyte dont le principal composant est de
truction entre le moteur à cage d'écureuil et le moteur l'eau. Pour faire varier la résistance, on change tout
à rotor bobiné. Ce dernier est aussi appelé moteur à simplement le niveau de l'électrolyte qui entoure les
bagues . Bien que le moteur à bagues soit plus coûteux électrodes . La grande capacité thermique de l'eau évite
que le moteur à cage, il offre, cependant, les avantages une augmentation excessive de température lors du
suivants : démarrage . Par exemple, dans un poste de transforma-
1 . son courant de démarrage est moins élevé que celui tion à Winnipeg, Manitoba, on utilise un moteur à ro-
d'un moteur à cage lorsqu'on intercale trois résis- tor bobiné de 1260 kW avec rhéostat liquide pour dé-
tances extérieures dans l'enroulement triphasé du marrer et porter à la vitesse synchrone un gros com-
rotor pensateur synchrone de 160 MVA .
2 . son couple de démarrage est alors supérieur à celui On peut régler la vitesse du moteur à rotor bobiné en
du moteur à cage ordinaire faisant varier la résistance du rhéostat . La vitesse est
3 . sa vitesse peut être réglée au moyen de résistances d'autant plus basse que la résistance est plus grande .
extérieures Cette méthode présente l'inconvénient qu'une partie
En plus de convenir aux charges qui demandent une importante de la puissance fournie au moteur est dis-
vitesse variable, ce moteur s'adapte parfaitement aux sipée en chaleur dans les résistances ; le rendement est
charges qui exigent une période de démarrage prolon- donc mauvais . De plus, la vitesse varie sensiblement
gée, accompagnée d'un couple de démarrage élevé . avec les fluctuations de la charge mécanique .
La Fig . 33-20 représente schématiquement le montage La puissance motrice qu'on peut tirer d'un moteur à
employé pour le démarrage d'un moteur à rotor bo- rotor bobiné dépend de sa vitesse . Ainsi, pour le
biné . Par l'intermédiaire des bagues, on relie les en- même échauffement, un moteur qui peut produire
roulements du rotor à trois résistances extérieures va- 100 kW à 3600 r/min ne fournira que 40 kW environ à
riables, raccordées en étoile . Au démarrage, les résis- 1800 r/min .
tances variables ont leur valeur maximale . Au fur et à Lorsqu'on désire faire varier la vitesse d'un gros mo-

o
o
o
source stator
triphasée balais

rotor

bagues

rhéostat de démarrage et
de commande de vitesse
Figure 33-20
Montage d'un moteur à rotor bobiné .

544 ÉLECTROTECHNIQUE

roule de sorte que la circonférence devienne rectiligne 1 pôle d'une phase chaque pôle comprend 2 bobines en sém

(Fig . 33-22a) . Les 24 bobines sont tenues debout dans


chacune des 24 encoches . 1

M
Figure 33-23a
Lenroulement est composé de 12 groupes de 2 bobines par
groupe .

b) Les 4 groupes d'une phase doivent être répartis


encoche 2
de façon uniforme autour du stator . On doit donc
Figure 33-22a
répartir la phase A selon la distribution de la Fig .
Les 24 bobines sont tenues debout dans les 24 encoches .
La largeur P est le pas de bobine . 33-23b. Remarquons qu'en ce qui concerne les ten-
sions induites, la séparation mécanique entre deux
Si l'on rabat les enroulements de sorte que les autres groupes consécutifs d'une phase donnée correspond
côtés des bobines tombent aussi dans les encoches, on toujours à un déphasage électrique de 180° .
obtient l'apparence classique d'un enroulement triphasé
imbriqué (Fig . 33-22b) . Il reste à connecter les bobi-
nes ensemble afin d'obtenir le nombre de pôles requis
et à sortir les trois fils d'alimentation à l'extérieur de la
machine . L'exemple illustratif qui suit fera compren- +180° électriques--J

dre les différentes connexions et la façon de disposer


Figure 33-23b
les bobines . Les 4 groupes de la phase A sont disposés symétriquement
autour du stator.

4 4 i i .- Z - =- c) Les pôles successifs d'une phase doivent être de po-


20 21 22 23 24 1 2 3 4 5 6 7
larités contraires . On raccorde donc les 4 groupes
Figure 33-22b
de la phase A en série de façon à obtenir successi-
Les bobines sont rabattues, créant ainsi l'apparance typique vement des pôles N S N S (Fig . 33-23c) . En pra-
d'un enroulement imbriqué . tique, on fait les connexions après que les bobines
aient été rabattues dans les encoches . Les groupes
Exemple illustratif 33-6 d'une même phase peuvent être raccordés en série.
On veut bobiner un moteur triphasé à 4 pôles, utilisant en parallèle ou en série-parallèle, pour autant que
un stator à 24 encoches . Le bobinage sera donc com- les polarités N, S soient respectées .
posé de 24 bobines . Les 24 bobines étant placées de-
bout, chacune dans une encoche, nous déterminerons
commencement
d'abord l'emplacement des groupes, puis nous ferons phase A A
A
les connexions requises pour la phase A . La même
méthode est utilisée pour les phases B et C . On fait
alors le raisonnement suivant :
a) Le champ tournant possède 4 pôles ; le moteur a donc Figure 33-23c
4 pôles par phase, soit un total de 12 groupes pour Les groupes de la phase A sont raccordés en série afin de
créer des pôles N,S successifs .
les 3 phases . Chaque rectangle de la Fig . 33-23a re-
présente un groupe avec ses deux fils d'entrée et de
sortie . Comme le stator comporte 24 bobines, cha- d) La répartition des groupes des phases B et C est iden-
que groupe sera composé de 24/12 = 2 bobines con- tique à celle de la phase A . Cependant, on doit déca-
sécutives . Le schéma indique 12 groupes, donc 12 ler leurs pôles N et S respectivement de 120° et de
«pôles», mais le stator créera un champ tournant à 4 240° électriques par rapport à ceux de la phase A
pôles lorsque les 3 phases seront alimentées . (Fig . 33-23d) .


MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS 543

teur, la perte de puissance continuelle dans un rhéostat


extérieur devient inacceptable . Dans ces circonstances,
on utilise des onduleurs électroniques dans le circuit
du rotor. Au lieu de gaspiller cette énergie, les onduleurs
la renvoient dans le réseau triphasé qui alimente le
moteur. Le principe de fonctionnement de ces onduleurs
est expliqué au chapitre 44 .

33 .17 Bobinages triphasés


En 1883, à l'âge de 27 ans, le Yougoslave Nikola Tesla
inventait le moteur asynchrone triphasé . Son premier 1- - -2
modèle ressemblait beaucoup au stator de la Fig . 33-9 .
Figure 33-21
Depuis, la construction des machines et, en particu- Les cinq bobines raccordées en série forment un groupe . Un
lier, des bobinages a beaucoup évolué ; les moteurs groupe correspond à un pôle d'une phase .
asynchrones modernes sont tous construits avec des
enroulements distribués dans plusieurs encoches . si l'on utilisait une seule bobine par groupe . Cepen-
Presque tous les moteurs triphasés utilisent les enrou- dant, un enroulement distribué améliore le couple lors
lements imbriqués . Un enroulement imbriqué est com- du démarrage, tout en réduisant le bruit lorsque le
posé de groupes de bobines distribués uniformément moteur atteint sa vitesse de régime permanent.
à la périphérie du stator (voir, par exemple, les Fig . Lorsque le stator est excité par une source triphasée,
33-1, 33-12 et 33-13) . un champ tournant multipolaire est créé . La distance
Le nombre de groupes est donné par l'expression : entre deux pôles adjacents s'appelle pas polaire . Un
pas polaire est égal à la circonférence intérieur du sta-
x nombre de tor divisée par le nombre de pôles . Par exemple, un
nombre de groupes = nombre de
pôles phases
stator à 12 pôles, 72 encoches ayant un diamètre inté-
Par exemple, un moteur triphasé à 4 pôles aura rieur de 200 mm aura un pas polaire de :
4 x 3 = 12 groupes . Étant donné qu'un groupe doit
comprendre au moins une bobine, il s'ensuit que le pas polaire =
ird =x 200 = 52,3 mm
nombre de bobines ne peut pas être inférieur au nom- pôles 12
bre de groupes . Ainsi, un moteur triphasé à 4 pôles En pratique, le pas polaire est exprimé par le nombre
doit posséder au moins 12 bobines . d'encoches divisé par le nombre de pôles . Ainsi, dans
Dans un enroulement imbriqué le nombre de bobines l'exemple que nous venons de donner, le pas polaire
est égal au nombre d'encoches . Par conséquent, un serait :
moteur triphasé à 4 pôles doit avoir au moins 12 en- o mbre d'encoches = 72
coches . Cependant, les concepteurs de machines ont pas polaire = n
nombre de pôles 12
découvert qu'il est préférable d'employer 2, 3 bobines
ou plus par groupe plutôt que seulement une . Cela aug- 6 encoches
mente proportionnellement le nombre de bobines et Il s'ensuit qu'un pas polaire s'étend de l'encoche 1 à
d'encoches . Par exemple, un moteur triphasé à 4 pôles l'encoche 7 . Le pas de bobine est habituellement com-
avant 5 bobines par groupe aura un total de 4 pôles x 3 pris entre 80 % et 100 % du pas polaire . L'utilisation
phases x 5 bobines/groupe = 60 bobines logées dans d'un pas raccourci (inférieur à 100 %) permet d'amé-
60 encoches . Les bobines d'un même groupe sont rac- liorer la distribution du flux tournant, et de diminuer la
cordées en série et elles sont réparties dans 5 encoches quantité de cuivre requise . Dans le cas d'une machine
successives (Fig . 33-21) . Les bobines sont identiques à 2 pôles, le pas raccourci facilite de beaucoup le bobi-
et peuvent contenir plusieurs spires . La largeur d'une nage du moteur.
bobine s'appelle pas de la bobine .
Afin d'expliquer la façon dont l'enroulement imbri-
Il est évident qu'un enroulement distribué de cette qué est installé dans les encoches, considérons un sta-
panière dans plusieurs encoches coûte plus cher que tor possédant 24 encoches, et imaginons qu'on le dé-

546 ÉLECTROTECHNIQUE

La Fig . 33-26 montre quelques étapes du bobinage d'un reste donc que 4 pôles par phase . Raccordons les trois
moteur de 37,5 kW (50 hp) . phases en étoile, sans modifier les autres connexions
entre les bobines . Enfin, montons le rotor au dessus de
33.18 Principe du moteur linéaire ce stator sectoriel, en laissant un petit entrefer (Fig .
Soit un moteur triphasé à 8 pôles, 440 V, 60 Hz ayant 33-27) .
une vitesse synchrone de 900 r/min. Coupons le stator
Si l'on raccorde les bornes du stator à une source tri-
en deux et enlevons la moitié de l'enroulement . Il ne
phasée de 60 Hz, le rotor tournera de nouveau à une

(a) (c)

(b) (d)
Figure 33-26
c) Chaque côté de bobine remplit la moitié d'une encoche et
Bobinage du stator d'un moteur asynchrone triphasé de on le recouvre d'un papier isolant afin qu'il ne vienne pas en
37,5 kW, 1765 r/min, 575 V. Ce stator contient 48 encoches
contact avec la deuxième bobine qui sera posée par-dessus .
qui logent autant de bobines .
La photo montre, à partir du haut, trois encoches vides non
a) Bobine formée de 10 spires de 4 fils #17 isolés avec un isolées et 4 encoches vides isolées avec papier spécial . Les
vernis polyimide et prête à placer dans deux encoches . 10 autres encoches contiennent un côté d'une bobine .
b) On place un côté de la bobine dans l'encoche 1 (disons) d) Une feuille de toile vernie, découpée en forme de triangle,
et l'autre côté dans l'encoche 12 . Le pas de la bobine s'étend sert à augmenter l'isolation entre deux phases adjacentes
donc de 1 à 12 . (gracieuseté d'Électro Mécanik) .




MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS 545

commencement
phase B

C T
A
0 0 A
iii

Figure 33-23d
Le début B 1 de la phase B est décalé de 120° électriques par
rapport au début A 1 de la phase A. Le début C 1 de la phase C Figure 33-24
est décalé de 120° électriques par rapport au début B 1 de la Le pas polaire va de l'encoche 1 à l'encoche 7 ; le pas des
phase B . Cette répartition permet de désigner correctement bobines s'étend de l'encoche 1 à l'encoche 6 .
tous les pôles des phases B et C autour du stator .

e) Les groupes des phases B et C sont raccordés en


série de la même façon que pour la phase A (Fig .
33-24e) . On obtient donc six bornes A1,A2 ; B1,B2 ;
C1,C2 que l'on peut relier de façon à réaliser une
connexion en étoile ou en triangle . Les 3 fils de sor-
tie résultant de cette connexion sont amenés à l'ex-
térieur de la machine aux bornes 1, 2, 3 (Fig . 33-
23f) .

A,C - b B, c 'C I
V

Figure 33-25a
Stator d'un moteur asynchrone de 450 kW, 1180 r/min, 575 V,
3 phases, 60 Hz . Lenroulement imbriqué est formé de 108
bobines préfabriquées dont le pas va de l'encoche 1 à
Figure 33-23e l'encoche 15 . On place un côté de la bobine dans le fond
Après le raccordement des groupes, il reste 6 fils de sortie, d'une encoche puis l'autre côté est placé dans le haut .
soit 2 fils par phase . Diamètre du rotor : 500 mm ; longueur axiale : 460 mm
(gracieuseté de Services Électromécaniques Roberge) .

1 0 , A2
N--

B, B2
2
C, C2
3

Figure 33-23f
On raccorde les trois phases en étoile ou en triangle pour
obtenir les trois fils de sortie 1, 2 et 3 de la machine .

f) En rabattant les bobines, on obtient l'enroulement


triphasé imbriqué . Comme le pas polaire s'étend sur
24/4 = 6 encoches, le pas P des bobines peut être
raccourci à 5 encoches . Dans ce cas, la première
bobine de la phase A sera donc logée dans la pre-
mière et la sixième encoche (Fig . 33-24) .
Figure 33-25b
La Fig . 33-25 montre le stator et une des bobines d'un Photo montrant les dimensions et la forme des bobines
moteur asynchrone triphasé de 450 kW (600 hp) . (gracieuseté de Services Électromécaniques Roberge) .

MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS 5 47

En pratique, une simple plaque de cuivre ou d'alumi-


nium peut constituer le «rotor» (Fig . 33-28) . Afin d'aug-
menter la force de traction et pour réduire la réluctance
du chemin magnétique, on peut monter deux stators
L1 face à face de chaque côté de la plaque . Pour inverser
L2 la direction de la force, il suffit d'intervertir deux des
L3 fils alimentant le stator.
Dans plusieurs applications, il arrive que le rotor soit
fixe alors que le stator se déplace . Par exemple, dans
Figure 33-27 les moteurs linéaires utilisés pour la propulsion de cer-
Moteur asynchrone sectoriel . tains trains, le rotor est composé d'une plaque épaisse
en aluminium, fixée au sol sur toute la longueur du
parcours . Le stator linéaire est fixé en dessous de la
vitesse proche de 900 r/min . Afin d'éviter la satura- carosserie de façon à enjamber la plaque . La vitesse
tion, la tension appliquée doit être réduite à environ la est commandée en faisant varier la fréquence de la
moitié de la tension nominale originale, soit environ source qui alimente le stator (Fig . 33-29a et 33-29b) .
220 V. Dans ces circonstances, ce moteur «sectoriel»
peut développer environ 30 % de sa puissance origi- Exemple 33-7
nale . Le stator d'un moteur linéaire est alimenté par une
Le moteur sectoriel produit un champ «tournant» dont source électrique de 75 Hz . Le pas polaire a une
la vitesse de rotation est toujours 900 r/min . Cepen- longueur de 300 mm . Calculer la vitesse du champ
dant, au lieu d'exécuter un tour complet, le champ se magnétique .
déplace continuellement d'un bout du stator sectoriel
à l'autre . Solution
La vitesse du champ est :
33 .19 Moteur d'induction linéaire
Il est clair qu'on pourrait aplatir le stator sectoriel sans Vs =2wf = 2x0,3x75
affecter la forme ou la vitesse du champ magnétique . = 45 m/s ou 162 km/h
Un stator plat produit un champ magnétique qui se
déplace en ligne droite, à une vitesse constante . En uti- 33 .20 Déplacement d'un champ
lisant le même raisonnement que dans la section 33 .3, magnétique linéaire
on peut prouver que le flux se déplace à une vitesse On pourrait penser que lorsque le flux atteint une ex-
linéaire donnée par la formule : trémité du stator linéaire, il se produit un délai avant
qu'il puisse reprendre sa course à l'autre extrémité . Tel
= 2 wf (33-10)
rotor linéaire
ou (aluminium, cuivre ou fer)
vs = vitesse synchrone linéaire du champ [m/s]
w = longueur d'un pas polaire [m]
f = fréquence du réseau [Hz]
Notons que la vitesse ne dépend pas du nombre de pôles
Ia
mais seulement du pas polaire . Par conséquent, pour L1o-~
un pas polaire donné, un stator bipolaire ou un stator, lb stator linéaire triphasé
L2 0 le
disons, à 6 pôles produisent des flux de même vitesse .
L30
Si une cage d'écureuil plate est placée à proximité du
stator plat, le champ magnétique l'entraînera avec une Figure 33-28
force considérable . C'est le principe du moteur linéaire . Composants d'un moteur linéaire triphasé .
548 ÉLECTROTECHNIQUE

électro-aimant
supraconducteur
rail d'induit
(surface con

moteur linéaata
(stator)
rail d'indus
(moteur)

Figure 33-29b
La vue en coupe du véhicule et de la voie montre
Figure 33-29a l'agencement des parties principales . La sustentation
Ce train électrique de 17 tonnes est propulsé par un moteur électromagnétique est obtenue grâce à un électro-aimant
d'induction linéaire . Le moteur comprend un «rotor» supraconducteur ayant une longueur de 1300 mm, une
stationnaire constitué par le rail vertical en aluminium situé largeur de 600 mm et une hauteur de 400 mm pesant 500 kg.
au centre de la voie et un «stator» mobile fixé en dessous du Les bobines de l'aimant, maintenues à une température de 4
train . Selon les données, le stator de 3 tonnes est alimenté kelvins par la circulation forcée d'hélium liquide, fonctionnent
par un onduleur dont la fréquence varie de 0 à 115 Hz . Ce à une densité de courant de 80 A/mm 2 et développent une
moteur linéaire absorbe une puissance de 4,7 MVA et densité de flux d'environ 3 T. La force de répulsion verticale
développe une force de traction maximale de 35 kN . La peut atteindre une valeur maximale de 60 kN et la hauteur
vitesse maximale du véhicule est de 200 km/h (gracieuseté de sustentation varie entre 100 mm et 300 mm selon le
de Siemens) . courant d'alimentation (gracieuseté de Siemens) .

n'est pas le cas . Le moteur triphasé produit une onde v s -v


s= (33-11)
magnétique qui se déplace continuellement et unifor-
vs
mément d'une extrémité à l'autre du stator . La Fig . 33-
30 montre comment l'onde se déplace de gauche à où
droite dans un moteur linéaire bipolairç . Le flux dis- s = glissement
paraît brusquement aux deux extrémités A et B du sta- vs = vitesse synchrone linéaire du champ [m/s]
tor. Cependant, aussitôt qu'un pôle N (ou un pôle S) v = vitesse linéaire du rotor [m/s]
«disparaît» à droite, il se renouvelle à gauche .
2. La puissance active . La puissance active traverse
33 .21 Propriétés du moteur linéaire un moteur linéaire de la même façon que dans un mo-
Les propriétés du moteur d'induction linéaire sont com- teur rotatif (voir Fig . 33-16) . Par conséquent, les for-
parables à celles du moteur asynchrone conventionnel . mules 33-6, 33-7 et 33-8 s'appliquent aux deux types
de machines .
Par conséquent, les expressions pour le glissement, la
force de traction, la puissance, etc ., sont similaires . (i) le rendement est :

1 . Le glissement. Le glissement d'un moteur linéaire Pmc


t1 = éq. 33-6
est donné par :
Pe

MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS 549

(ii) les pertes Joule dans le rotor sont :

pi, = sPr éq .33-7

(iii) la puissance mécanique est :


ic "Lb
Pm = (1 - s) Pr éq . 33-8

3 . La force . La force de traction développée par un


moteur linéaire est donnée par :

Pr
F = (33-12)
il s

ÀK F = force de traction, en newtons [N]


P r = puissance fournie au rotor [W]
~~ vs = vitesse synchrone linéaire [m/s]

Exemple 33-8
Un pont roulant utilisé dans une usine est propulsé
par deux moteurs linéaire montés sur la charpente
du pont . Les rotors sont composés de deux poutres
en acier formant le chenun de roulement . Chaque
moteur possédr 4 pèles dont le pas et de 8 cm . Lors
la d'un essai sur un des moteurs, on a receuilli les ré-
sultats su sauts :

fréquence appliquée au stator : 15 H


puissance active absorhéc par le stator : 5 kW
pertes dans le ter et le cuis re du stator : 1 kW
ia vitesse du pont roulant : I,(S m/s
Calculer :

ia a) la vitesse synchrone et le glissement

d b) la puissance fournie au rotor

v e) les pertes Joule dans le rotor


d) la force de propulsion et la puissance mécanique
du moteur

ia Solution

ÀK a) Vitesse synchrone linéaire :

v vs =2wf = 2x0,08x15

= 2,4 m/s (= 8,6 km/h)


Glissement :
Figure 33-30
Forme linéaire du champ magnétique créé par un stator 2,4-1,8
s= _
linéaire durant un cycle . Les instants successifs sont séparés
vs 2,4
d'un intervalle de 1/6 de cycle, soit de 2,78 ms sur un réseau
à 60 Hz . = 0,25



550 ÉLECTROTECHNIQUE

b) Puissance fournie au rotor :


aimant basse
vitesse
Pr = Pe -Pjs -Pf échelle conductrice > v
(stationnaire) N
= 5 kW - 1 kW = 4 kW

c) Pertes Joule dans le rotor :


s rala n

Pjr = sPr = 0,25 X 4 kW Figure 33-31


= 1 kW La tension induite dans le conducteur 2 est maximale à I
l'instant où le conducteur se trouve au centre de l'aimant . %
l'aimant se déplace lentement, il se trouve encore au-dessus
d) Force de propulsion :
du conducteur 2 lorsque le courant dans celui-ci atteint sa
valeur crête .
4000
F = Pr = = 1667 N
vs 2,4
= 1,67 kN (= 375 lbf)

Puissance mécanique développée :

Pm = Pr - Pjr = 4 kW - 1 kW
= 3 kW

33 .22 Sustentation magnétique Figure 33-32


Lorsque l'aimant se déplace très rapidement, il se trouve entre
Nous avons expliqué à la section 33 .2 comment un les conducteurs 2 et 3 lorsque le courant dans le conducteur
aimant permanent se déplaçant au-dessus d'une échelle 2 atteint sa valeur crête .
conductrice tend à entraîner celle-ci dans le sens du
déplacement de l'aimant . Nous allons montrer que cette
force de traction horizontale est accompagnée d'une
force verticale qui tend à repousser l'aimant vers le forces verticales d'attraction et de répulsion sont éga-
haut . Ce phénomène trouve une application pratique les et la force résultante est nulle ; il ne reste donc que
très intéressante : la sustentation magnétique . la force de traction horizontale .
Revenons à notre échelle et supposons que, à un ins- Supposons maintenant que l'aimant se déplace très
tant donné, le centre du pôle N de l'aimant passe au- rapidement. À cause de l'inductance des conducteurs,
dessus du conducteur 2 (Fig . 33-31) . Le champ ma- le courant dans le conducteur 2 atteint sa valeur maxi-
gnétique balayant ce conducteur y induit une tension male une fraction de seconde après le maximun de ten-
qui est alors maximale . Si l'aimant se déplace lente- sion induite . Par conséquent, lorsque le courant dans
ment, le courant induit dans ce conducteur atteint sa le conducteur 2 est maximal, l'aimant se trouve déjà à
valeur maximale en même temps que la tension . Ce une certaine distance en avant de ce conducteur (Fig .
courant, revenant par les conducteurs 1 et 3, crée des 33-32) . Le courant, revenant par les conducteurs 1 et
pôles magnétiques nnn et sss comme l'indique la fi- 3, crée encore des pôles nnn et sss comme auparavant ;
gure . On constate alors que, selon la loi de l'attraction cependant, le pôle N de l'aimant se trouve maintenant
et de la répulsion, la partie avant de l'aimant est re- entièrement au-dessus d'un pôle nnn et il en résulte
poussée vers le haut et que la partie arrière est attirée une force verticale importante qui repousse l'aimant
vers le bas . Comme la distribution des pôles nnn et sss mobile vers le haut. C'est le principe de la sustentation
est symétrique par rapport au centre de l'aimant, les magnétique .

MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS 551

La sustentation magnétique est mise à profit dans cer- Nous avons présenté le cheminement des puissances
tains trains ultra-rapides qui glissent sur un coussin actives dans le moteur depuis le stator jusqu'à la puis-
magnétique plutôt que sur des roues . L'aimant fixé en sance mécanique utile disponible à l'arbre . Nous avons
dessous du train se déplace au-dessus d'une surface aussi donné plusieurs formules simples qui permettent
conductrice plane où sont induits des courants de Fou- de calculer les performances mécaniques du moteur .
cault, de la même façon que dans notre échelle . Re- Retenons que la puissance mécanique et le couple dé-
marquer que la force de sustentation est toujours ac- veloppés par le moteur se calculent simplement à par-
compagnée d'une force de freinage horizontale qui doit tir de la puissance transmise au rotor, de la vitesse syn-
être évidemment vaincue par le moteur propulsant le chrone et du glissement.
train . Nous avons vu aussi que l'utilisation d'un moteur à
La Fig . 33-29b montre les électro-aimants qui assu- rotor bobiné permet à la fois d'augmenter le couple de
rent la sustentation d'un wagon pesant plusieurs ton- démarrage et de diminuer le courant de démarrage lors-
nes . qu'on insère trois résistances en série avec le rotor .

33.23 Résumé Enfin, nous avons démontré le principe de fonctionne-


ment du moteur asynchrone linéaire qui, avec son sta-
Dans ce premier chapitre sur le moteur asynchrone tri-
tor plat, utilise le même principe que le moteur con-
phasé, nous nous sommes familiarisés avec sa cons-
ventionnel. Associé à la sustentation magnétique, ce
truction, son principe de fonctionnement et ses pro-
système de traction encore à l'état expérimental trou-
priétés de base .
vera probablement des applications intéressantes dans
Nous avons vu que le moteur comprend essentielle- les trains du futur.
ment un stator fixe et un rotor tournant, portant tous
deux un bobinage triphasé . Dans le moteur à rotor bo-
biné, le rotor est constitué d'un bobinage triphasé dont PROBLÈMES - CHAPITRE 33
les trois bornes sont accessibles à travers un ensemble Niveau pratique
de bagues et de balais . Cet enroulement est court-
33-1 Quelles sont les parties principales d'un moteur
circuité en fonctionnement normal . Le rotor du mo-
asynchrone?
teur à cage d'écureuil est beaucoup plus simple . Il est
constitué d'un ensemble de barres conductrices court- 33-2 Comment le champ tournant est-il produit dans
circuitées à leurs deux extrémités . La cage d'écureuil le moteur asynchrone triphasé?
ainsi formée se comporte comme un bobinage triphasé
33-3 Si l'on double le nombre de pôles sur le stator
en court-circuit . Nous avons aussi expliqué comment
d'un moteur asynchrone, sa vitesse synchrone dou-
sont construits les enroulements imbriqués du stator et
blera-t-elle?
du rotor .
Nous avons vu comment le bobinage triphasé du stator 33-4 Pourquoi doit-on éviter de maintenir bloqué le
parcouru par trois courants déphasés de 120 degrés rotor d'un gros moteur asynchrone alimenté à tension
produit un champ tournant dans l'entrefer. La vitesse nominale?
de rotation de ce champ tournant ou vitesse synchrone 33-5 Pourquoi le rotor d'un moteur asynchrone
est imposée par la fréquence de la source et le nombre tourne-t-il moins vite que le champ tournant?
de paires de pôles que comporte chaque phase . Lors-
que le rotor tourne à une vitesse inférieure à la vitesse 33-6 Comment varient la vitesse et le courant du ro-
synchrone, le champ tournant induit dans le rotor une tor d'un moteur asynchrone quand la charge mécanique
tension dont la fréquence dépend de l'écart de vitesse augmente?
relative ou glissement entre le champ tournant et le 33-7 Y a-t-il un inconvénient à utiliser un moteur
rotor. Cette tension induite provoque la circulation de asynchrone de 25 kW pour entraîner une charge de
courants dans les conducteurs du rotor, et donc de for- 10 kW? Pourquoi?
ces qui ensemble produisent le couple moteur .

552 ÉLECTROTECHNIQUE

33-8 Nommer deux avantages du moteur asynchrone 33-18 Un moteur asynchrone triphasé de 75 HP a un
à rotor bobiné par rapport au moteur à cage d'écureuil . rendement de 91 % et un FP de 83 % à pleine charge.
Quel est son courant nominal si la tension est de 440 V?
33-9 La valeur et la fréquence de la tension induite
dans le rotor d'un moteur asynchrone diminuent à me- 33-19 Une tension de 240 V apparaît entre les ba-
sure qu'il accélère . Expliquer . gues d'un moteur à rotor bobiné lorsque le rotor est au
repos, à circuit ouvert. Sachant que la machine a 6 pô-
33-10 Un moteur asynchrone triphasé possédant 20
les et qu'elle est alimentée à une fréquence de 60 Hz
pôles est alimenté par une source de 600 V, 60 Hz .
calculer la valeur et la fréquence de la tension entre les
a) Quelle est la vitesse synchrone du moteur? bagues si le rotor est entraîné par un autre moteur:
b) Est-ce que cette vitesse change lorsque la tension a) à 600 r/min dans le même sens que le champ tour-
diminue de moitié? nant
33-11 Dans le problème 33-10, combien de pôles y b) à 900 r/min dans le même sens que le champ tour-
a-t-il par phase? nant
33-12 Quelles sont les valeurs approximatives des c) à 3600 r/min dans le sens contraire à celui du champ
courants de démarrage, de pleine charge et à vide d'un tournant
moteur asynchrone triphasé de 150 HP, 575 V? 33-20 a) Sur la Fig . 33-10, quelles sont les valeurs
33-13 Dessiner le spectre du champ magnétique de fa, Ib et II pour un angle de 150°?
à l'intérieur d'un moteur asynchrone triphasé à b) Déterminer le sens réel des courants à cet instant et
12 pôles . calculer la valeur et le sens des FMM développées
par les enroulements .
33-14 Comment peut-on changer le sens de rotation
d'un moteur asynchrone? c) La FMM résultante agit-elle bien dans une direc-
tion située entre les positions des FMM aux instants
Niveau intermédiaire 3 et 4?
33-15 a) Quelle est la vitesse synchrone d'un mo- 33-21 Un stator triphasé possédant 72 encoches aune
teur asynchrone triphasé à 12 pôles alimenté par une vitesse synchrone de 900 r/min sur un réseau à 60 Hz.
source de tension à 60 Hz? Calculer le nombre de bobines par groupe ainsi que le
pas approximatif des bobines, sachant que l'enroule-
b) Calculer sa vitesse nominale si son glissement en
ment est du type imbriqué . Faire le diagramme des
pleine charge est de 6 % .
connexions en suivant les étapes a à f de la Fig . 33-23 .
33-16 Un moteur asynchrone triphasé à 6 pôles est
alimenté par une source triphasée à 60 Hz . La tension 33-22 Le stator triphasé de la Fig . 33-26 possède 4
induite dans les barres du rotor est de 4 V lorsque ce- pôles et son alésage est de 250 mm . La densité de flux
lui-ci est bloqué . En supposant que le flux mutuel est maximale par pôle est de 0,7 T et l'épaisseur de l'em-
constant, calculer la valeur et la fréquence de la ten- pilage de tôles du rotor est de 200 mm .
sion induite : a) À quelle vitesse (en m/s) le flux se déplace-t-il à la
a) à 300 r/min surface du rotor si le stator est alimenté par une
b) à 1000 r/min source à 60 Hz?
c) à 1500 r/min b) Calculer la tension crête induite dans les barres du
rotor.
33-17 a) Quels sont les courants approximatifs de
c) Calculer la longueur d'un pas polaire .
pleine charge, de démarrage et à vide d'un moteur asyn-
chrone triphasé de 75 kW, 4000 V, 900 r/min? 33-23 Un moteur asynchrone triphasé à 10 pôles,
4000 V tire de la ligne d'alimentation un courant de
b) Calculer la vitesse et le couple nominal sachant qu'à
385 A et une puissance active de 2344 kW lorsqu'il
pleine charge le glissement est de 2 % .
fonctionne à pleine charge sur un réseau à 60 Hz . Le

MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS 553

stator est raccordé en étoile et la résistance entre deux 2 . résistance entre les bornes du rotor à circuit
bornes extérieures est de 0,10 S2 . Les pertes totales ouvert : 0,0073 £2 à 17 °C
dans le fer sont de 23,4 kW et une mesure précise in- 3 . tension induite entre les bornes du rotor à circuit
dique que la vitesse de rotation à pleine charge est de ouvert, le rotor étant immobile : 1600 V
709,2 r/min . Les pertes par friction et par ventilation
4 . tension aux bornes du stator : 6000 V
sont de 12 kW. Calculer :
5 . courant à vide, par phase : 100 A
a) le facteur de puissance du moteur 6 . puissance active absorbée par le moteur, à vide :
b) la puissance active fournie au rotor à pleine charge 91 kW
c) les pertes Joule dans le rotor 7 . pertes par friction et par ventilation : 51 kW
d) la puissance mécanique (en kW) et le couple (en 8 . pertes dans le fer du stator : 39 kW
kN .m) développés par le moteur. Quel est son ren- 9 . courant de démarrage par phase : 1800 A
dement?
10 . puissance active absorbée au démarrage : 2207 kW
33-24 Si l'on augmente la résistance du rotor d'un
Calculer :
moteur asynchrone, quel est l'effet (augmentation ou
diminution) sur : a) la résistance par phase du rotor et du stator à une
température de 75 °C (supposer des connexions en
a) le couple de démarrage
étoile)
b) le courant de démarrage b) la tension et la fréquence induites dans le rotor lors-
c) la vitesse de pleine charge qu'il tourne à 200 r/min et à 594 r/min
d) le rendement c) la puissance réactive requise pour créer le champ
e) le facteur de puissance tournant
f) la température d) les pertes Joule dans le stator lorsque le moteur
33-25 Expliquer le principe de la sustentation ma- tourne à vide (à 75 °C)
gnétique . e) la puissance fournie au rotor à vide
f) la vitesse du rotor à vide
Niveau avancé
33-30 En se référant au moteur décrit au problème
33-26 Dans la Fig . 33-7, l'aimant permanent a 33-29, calculer, lors du démarrage :
une largeur de 100 mm et il se déplace à une vitesse de
30 m/s . Sachant que la densité de flux est de 0,5 T et a) la puissance réactive absorbée par le moteur
que la résistance effective de la barre en dessous de b) les pertes Joule dans le stator
l'aimant est de 1 mQ2, calculer le courant I, ainsi que la c) la puissance active fournie au rotor
force . d) la puissance mécanique développée
33-27 Si, dans la Fig . 33-7, l'échelle subit une force e) le couple développé
de 20 N, quelle est la force de freinage produite sur 33-31 On désire faire un montage semblable à celui
l'aimant? de la Fig . 33-20 afin que le moteur du problème 33-29
puisse tourner à une vitesse de 300 r/min tout en déve-
33-28 Un moteur triphasé à rotor bobiné de 3730 kW,
6000 V, 60 Hz, tourne à une vitesse de 594 r/min . Cal- loppant son couple nominal . Calculer:
culer la valeur approximative des pertes Joule dans le a) la valeur de la résistance par phase et la puissance
rotor. totale dissipée
33-29 Un moteur triphasé à rotor bobiné de 3730 kW, b) le courant au stator, par phase (approximativement)
6000 V. 60 Hz possède les caractéristiques suivantes : 33-32 Le train de la Fig . 33-29 se déplace à une vi-
tesse de 200 km/h lorsque la fréquence est de 105 Hz .
1_ résistance entre les bornes du stator :
En supposant le glissement négligeable, déterminer le
0_112Qà17cC
pas polaire du moteur linéaire . en millimètres.

554 ÉLECTROTECHNIQUE

33-33 Un moteur triphasé de 300 kW, 2,3 kV, 33-34 On doit rebobiner le moteur décrit dans le pro-
1780 r/min, 60 Hz entraîne un compresseur . Il pos- blème 33-33 afin qu'il puisse fonctionner à la même
sède un rendement de 92 % et un FP de 86 % lors- vitesse sur un réseau triphasé à 575 V, 60 Hz . Quels
qu'il fonctionne à pleine charge . Si la tension du changements doit-on apporter :
réseau monte à 2,8 kV, quel sera l'effet (augmenta-
a) au nombre de spires par bobine?
tion ou diminution) sur :
b) à la grosseur du fil des bobines?
a) la puissance mécanique débitée par le moteur
c) au pas des bobines?
b) la vitesse de rotation
c) le couple du moteur
d) le courant de pleine charge
e) le FP et le rendement
f) le couple de démarrage
g) le courant de démarrage
h) le couple de décrochage
i) la température
j) le flux par pôle
k) le courant d'excitation

MOTEURS ASYNCHRONES TRIPHASÉS 555

NIKOLA TESLA

Nikola Tesla, néon Yougoslavie en 1856, inventa plusieurs dispositifs élec-


tromagnétiques . Ses découvertes les plus importantes sont le moteur asyn-
chrone (1883) et le concept de champ magnétique tournant . C'est en son
honneur qu'on a donné son nom à l'unité SI de densité de flux, le tesla [T]
(gracieuseté de Burndy Library) .
34
Applications des machines
asynchrones triphasées
Lorsqu'on veut utiliser un moteur asynchrone triphasé lement l'aspect mécanique ; elle dicte également les
pour une application particulière, on se rend compte exigences minimales en ce qui concerne les caractéris-
que plusieurs types de moteurs remplissent les exi- tiques électriques des moteurs . Ainsi, les moteurs doi-
gences de la charge . Il faut donc faire un choix . Le vent satisfaire aux valeurs limites établies pour le cou-
problème est généralement simplifié du fait que le fa- ple de démarrage, le courant de démarrage, la capacité
bricant du tour, du ventilateur, de la pompe, etc ., in- de surcharge, l'échauffement et les normes de sécu-
dique la catégorie de moteur convenant le mieux à la rité .
charge à entraîner. Il est cependant très utile de con-
34 .2 Classification selon les conditions
naître les caractéristiques de construction et d'utilisa-
environnementales
tion des différents types de moteurs asynchrones tri-
phasés, car ce sont elles qui en déterminent le choix . Selon les conditions environnementales auxquelles on
les destine, les moteurs peuvent être classés en cinq
Nous étudierons aussi dans ce chapitre le principe de
types principaux :
fonctionnement d'une génératrice asynchrone et d'un
convertisseur de fréquence . 1 . Moteurs abrités («Drip-proof») . Leur carcasse pro-
tège les bobinages contre la chute des particules soli-
34 .1 Standardisation et classification des des et liquides qui tombent verticalement à un angle
moteurs asynchrones compris entre 0° et 15° de la verticale . Ils sont ventilés
Tous les moteurs industriels de puissance inférieure à par l'intérieur, grâce à un ventilateur solidaire du ro-
500 HP ont des carcasses dont les dimensions impor- tor. Leur échauffement par résistance peut être de 60
tantes ont été standardisées par des organismes de nor- °C, 80 °C, 105 °C ou 125 °C selon la classe d'isolation
malisation* . Ainsi, le moteur de 25 HP, 1725 r/min, utilisée. Ces moteurs sont utilisables dans la plupart
60 Hz d'un fabricant peut être remplacé par celui d'un des applications (Fig . 34-1) .
autre fabricant sans qu'il soit nécessaire de changer
2. Moteurs étanches aux éclaboussures («Splash-
les trous de fixation, la hauteur de l'arbre ou le mode
proof») . Leur carcasse protège les bobinages contre la
d'accouplement . La standardisation ne couvre pas seu-
chute des particules solides ou liquides qui tombent à
un angle compris entre 0° et 100° de la verticale . Leur
Mentionnons la Canadian Electrical Manufacturers Asso- ventilation se fait aussi par l'intérieur . Leur limite
ciation (CEMA), l'Association Canadienne de normalisation
(CSA), la National Electrical Manufacturer's Association
d'échauffement admissible est la même que celle des
(NEMA) . En général, les normes de CEMA (Canada) et de moteurs abrités . Ces moteurs sont surtout employés
NEMA (États-Unis) sont identiques . dans les endroits humides .
556

APPLICATIONS DES MACHINES ASYNCHRONES TRIPHASÉES 55 -

4 . Moteurs blindés avec ventilateur extérieur


(«Totally enclosed, fan-cooled») . Le refroidissement
des moteurs fermés de moyenne et grande puissances .
servant dans les conditions défavorables, est assuré par
une ventilation extérieure forcée ; il suffit de souffler
de l'air entre la carcasse du moteur et une seconde en-
veloppe concentrique (Fig . 34-3) . On leur permet le
même échauffement que pour les moteurs abrités .
5 . Moteurs antiexplosifs («Explosion-proof») . Ces
moteurs sont utilisés quand le milieu environnant pré-
sente des dangers d'explosion (mines de charbon, raf-
finerie de pétrole, moulins à grain) . Ils sont toujours
fermés hermétiquement ; de plus, leur carcasse peut
résister à l'énorme pression qui résulterait d'un vio-
lent court-circuit interne (Fig . 34-4) . On leur permet le
même échauffement que pour les moteurs blindés .
Figure 34-1
Moteur abrité à haut rendement ayant une capacité de 3 hp,
1750 r/min, 230 V/460 V, 3 phases, 60 Hz (gracieuseté de
Gould) .

3. Moteurs blindés («Totally enclosed, non-venti-


lated») . Ils comportent une enveloppe empêchant toute
communication directe entre l'intérieur du moteur et
le milieu ambiant. Ils sont destinés aux locaux très
humides ou très poussiéreux . Ces moteurs sont habi-
tuellement de faible puissance ; l'évacuation de la cha-
leur s'y fait difficilement, car ils ne comportent ni ven-
tilation intérieure, ni ventilation extérieure (Fig . 34-2) .
On leur permet un échauffement par résistance de
65 °C, 85 °C, 110 °C ou 130 °C selon leur mode d'iso- (a)
lation .

(b)
Figure 34-3
Figure 34-2 a . Vue éclatée d'un moteur blindé avec ventilateur extérieur ;
Moteur blindé pour pompe centrifuge (gracieuseté de b . Même moteur assemblé (gracieuseté de Crompton-
Crompton-Parkinson) . Parkinson) .

558 ÉLECTROTECHNIQUE

ristique est parfois mise à profit pour l'entraînemem


de machines telles que cisailles, poinçonneuses et pres-
ses . Celles-ci comportent un volant qui emmagasirrc
de l'énergie mécanique et la restitue lorsque de fortes
surcharges sont brusquement appliquées . Ces moteurs
sont aussi employés avec des appareils de levage . Ce-
pendant, dans tous les cas, leur régime de charge dot
être intermittent afin de prévenir tout échauffement
excessif . La cage d'écureuil de ces moteurs est géné-
ralement en laiton .

Le graphique de la Fig . 34-5 permet de comparer les


caractéristiques couple-vitesse de ces différents mo-
teurs . Les détails de construction de leurs rotors y sont
Figure 34-4 également indiqués . Remarquer que les différentes ca-
Moteur antiexplosif avec ventilateur extérieur . Noter la
construction particulièrement robuste (gracieuseté de ractéristiques sont obtenues surtout par des change-
Crompton-Parkinson) . ments effectués sur le rotor .
Ainsi, plus la résistance de la cage d'écureuil est éle-
vée, plus le couple de démarrage est grand et plus la
34 .3 Classification selon les caractéris-
vitesse nominale est basse . L'emploi du laiton au lieu
tiques électriques et mécaniques
du cuivre dans le rotor a pour effet d'augmenter sa ré-
En plus de pouvoir choisir parmi les catégories envi- sistance et, par conséquent, son couple . Par contre, plus
ronnementales, l'usager peut également opter pour une la résistance du rotor est considérable, plus les pertes
grande variété de moteurs triphasés offrant des ca- dans celui-ci sont grandes en régime normal, et plus le
ractéristiques électriques et mécaniques diverses . Nous rotor s'échauffe.
ne donnons ici que les principales catégories :
Le fonctionnement du rotor à double cage (moteur
1 . Moteurs à couple de démarrage normal (CEMA
classe C) est basé sur le fait que la fréquence du cou-
classe B) . La grande majorité des moteurs asynchro-
rant rotorique diminue à mesure que la vitesse du mo-
nes appartient à ce groupe . Ces moteurs, d'usage gé-
teur croît, et que la réactance inductive est plus grande
néral, peuvent entraîner des ventilateurs, des pompes
pour un conducteur logé profondément dans l'acier
centrifuges, des machines-outils, etc .
(cage 2) que pour un autre placé près de la surface du
2. Moteurs à couple de démarrage élevé (CEMA rotor (cage 1) . De plus, à cause de sa petite section, la
classe C) . Ces moteurs sont utilisés dans les cas où le résistance de la cage 1 est sensiblement plus grande
démarrage est difficile ou d'une durée plutôt longue . que celle de la cage 2.
Les pompes et les compresseurs à piston qui démar-
Au moment où le moteur est mis sous tension, la fré-
rent en charge doivent être entraînés par de tels mo-
quence du courant dans le rotor est égale à celle de la
teurs . Ces moteurs comportent, en général, un rotor
ligne d'alimentation . La réactance inductive de la cage
spécial à double cage .
2 est alors élevée, de sorte que le courant circule sur-
3 . Moteurs à glissement élevé (CEMA classe D). En tout dans la cage 1 à haute résistance . À mesure que le
plus de développer un couple de démarrage très élevé, moteur accélère, la réactance inductive des deux cages
ces moteurs ont un bas courant de démarrage . Ainsi, d'écureuil baisse et, finalement, lorsque le moteur
les moteurs qui entraînent des charges à grande inertie marche en régime normal, elle devient tellement basse
(comme un séchoir centrifuge) démarrent lentement ; que le courant dans le rotor est limité seulement par
leur courant de démarrage doit donc être assez faible les résistances en parallèle de la cage 1 et de la cage 2 .
pour éviter l'échauffement excessif des bobinages . On peut constater que la valeur de la résistance effec-
La vitesse nominale de ces moteurs est d'environ 10 % tive du rotor est élevée au démarrage et basse en ré-
plus faible que leur vitesse synchrone . Cette caracté- gime normal .

APPLICATIONS DES MACHINES ASYNCHRONES TRIPHASÉES 559

300
~= barres de laiton
classe D

200
cage 1 classe c
Q cage 2 ~ go
oU double cage
1

classe B
ï 100
couple nominal à pleine charge
' barres de cuivre
ou d'aluminium

00
20 40 60 80 100
vitesse
Figure 34-5
Courbes du couple en fonction de la vitesse pour moteurs de classe B, C et D de CEMA . Chaque
courbe donne les couples minimaux de démarrage, d'accélération et de décrochage pour un moteur
triphasé à cage d'écureuil de 60 Hz . La vue en coupe du rotor indique le genre de conducteurs
utilisés .

34.4 Grosseur des moteurs née uniquement par la fréquence du réseau et par le
Le tableau 34-1 donne les dimensions approximatives nombre de pôles de la machine . Ainsi, lorsque la
de la gamme des moteurs asynchrones compris entre source d'alimentation est de 60 Hz, il est impossi-
0.75 kW et 7500 kW. Remarquer qu'un moteur de ble de construire un moteur asynchrone ayant un
750 kW n'est pas mille fois plus gros qu'un moteur de rendement acceptable et dont la vitesse serait, di-
0.75 kW, ce qui explique son prix relativement bas . En sons, de 2000 r/min . Un tel moteur aurait nécessai-
effet, les dimensions et la masse d'un appareil aug- rement deux pôles, mais comme la vitesse synchrone
mentent toujours moins rapidement que sa puissance . est alors de 3600 r/min, il s'ensuit que le glisse-
ment serait (3600 - 2000)/3600 = 0,44 . Cela impli-
Voir chapitre 29, sections 29 .10 à 29 .13 .
que que 44 % de la puissance fournie au rotor serait
34 .5 Choix de la vitesse des moteurs dissipée sous forme de chaleur, donnant ainsi un très
asynchrones mauvais rendement .
Le choix de la vitesse des moteurs asynchrones est Pour une application particulière, le choix de la vitesse
limité du fait que la vitesse synchrone est détermi- du moteur est fixé par la nature de la charge à entrai-

TABLEAU 34-1 DIMENSIONS ET COÛTS APPROXIMATIFS DES MOTEURS ASYNCHRONES

puissance masse volume diamètre longueur coût coût/P grosseur de


extérieur extérieure (2004) (2004) carcasse

0,75 16 5,5 180 220 220 293 143


7,5 60 20 270 350 680 91 215
75 350 130 500 650 4000 53 404
750 2000 800 780 1700 45 000 60
7500 15 000 6800 1800 2700 300 000 40

560 ÉLECTROTECHNIQUE

ner. Dans le cas de charges devant tourner à basse vi- différentes . Ces moteurs sont utilisés sur les ventila-
tesse, il est souvent plus avantageux d'utiliser un mo- teurs, les pompes et les perceuses à colonne . Une mé-
teur à haute vitesse avec un réducteur de vitesse (en- thode simple consisterait à utiliser deux enroulements
grenage, poulie) au lieu d'un moteur à basse vitesse distincts, ayant, par exemple, respectivement 4 et 6
accouplé directement à la charge . Les avantages d'un pôles . L'inconvénient de cette technique est qu'un seul
moteur équipé avec une boîte de vitesses sont les sui- enroulement est en service à la fois, de sorte que seule-
vants : ment la moitié du cuivre dans les encoches est utilisée .
1 . pour une puissance donnée, l'encombrement et le C'est pourquoi on a inventé des enroulements spéciaux
coût d'un moteur à haute vitesse sont plus petits que dont on peut faire varier le nombre de pôles simple-
pour un moteur à haute vitesse ; ment en changeant les connexions extérieures . Les vi-
2. le rendement et le facteur de puissance des moteurs tesses synchrones ainsi obtenues sont toujours dans un
asynchrones sont d'autant plus haut que la vitesse rapport de 2 à 1 : 3600/1800 r/min ; 1200/600 r/min,
est plus haute ; 900/450 r/min, etc .
3 . le couple de démarrage relatif (en p .u .) d'un moteur Considérons, par exemple, l'enroulement d'une phase
à haute vitesse est toujours plus fort que celui d'un d'un moteur triphasé, à 2 pôles, 60 Hz, (Fig . 34-7a) .
moteur à basse vitesse de même catégorie . L'enroulement est composé de deux groupes (pôles)
À titre d'exemple, comparons les caractéristiques de
deux moteurs triphasés de 10 hp, 60 Hz, ayant des vi-
tesses synchrones différentes (tableau 34-2) . L'écart
dans les prix justifie à lui seul l'emploi d'un moteur à
haute vitesse avec un système de poulies et de cour-
roie pour entraîner une charge à 900 r/min .
Lorsque des moteurs doivent tourner à des vitesses très
basses (200 r/min ou moins), le choix d'une boîte de
vitesses s'impose . Les engrenages font souvent partie
intégrante de l'unité motrice (Fig . 34-6) et sont habi-
tuellement peu encombrants .
On a aussi recours à une boîte de vitesses lorsqu'on
doit entraîner une charge à une vitesse supérieure à
3600 r/min . Par exemple, dans une application indus-
trielle où la fréquence disponible est de 60 Hz, un com-
presseur de 1200 hp, 5000 r/min est entraîné par un
moteur asynchrone tournant à 3560 r/min .
Figure 34-6
34 .6 Moteurs à deux vitesses Moteur asynchrone de 2,25 kW, 1740 r/min, 60 Hz avec
engrenage réducteur . La vitesse et le couple à la sortie sont
On peut bobiner le stator d'un moteur à cage d'écu- respectivement de 125 r/min et 172 N •m (gracieuseté de
reuil de telle sorte que le moteur tourne à deux vitesses Reliance Electric) .

TABLEAU 34-2 COMPARAISON DE DEUX MOTEURS DE VITESSES DIFFÉRENTES

puissance vitesse facteur de rendement couple de masse coût


synchrone puissance démarrage (2004)
hp kW r/min p . U. kg $ CAN

10 7,5 3600 89 90 1,5 50 700


10 7,5 900 82 85 1,25 115 2600



APPLICATIONS DES MACHINES ASYNCHRONES TRIPHASÉES 561

connectés en série et la prise 4 est amenée à la boîte de puissance inférieurs à ceux des moteurs convention-
connexions avec les fils 1 et 2 . Si l'alimentation est nels . Ils peuvent être construits pour fournir une puis-
branchée entre les bornes 1 et 2, on obtient un pôle sance constante, un couple constant ou un couple va-
nord et un pôle sud ; selon l'équation (33-1), la vitesse riable, selon le type de charge à entraîner .
synchrone de ce moteur est: Dans le cas des ventilateurs et des pompes centrifuges,
le couple et le débit varient avec le carré de la vitesse .
120 f 120 x 60 On choisira donc un moteur à couple variable . La vi-

P 2
= 3600 r/min
source
Relions maintenant les bornes 1 et 2 et branchons l'ali-
mentation entre la jonction obtenue et la borne 4 . Les
courants I,, Iz doivent donc circuler dans le sens indi-
qué sur la Fig . 34-7b . Cette connexion crée maintenant
deux pôles de même polarité, soit deux pôles nord au
moment où les courants alternatifs circulent dans le
sens indiqué . D'autre part, comme tout pôle nord im-
plique l'existence d'un pôle sud, il se produit deux pôles
sud intercalés entre ces deux pôles nord . Les pôles sud (a)
ainsi créés sont appelés pôles conséquents . La nouvelle
connexion produit donc 4 pôles en tout et la vitesse
synchrone correspondante est de 1800 r/min . En
d'autres termes, il est possible de doubler le nombre
de pôles d'un moteur simplement en changeant ses
connexions. C'est ce principe qu'utilisent la plupart
des moteurs asynchrones à deux vitesses . Noter que
dans ces machines, le pas des bobines doit être égal au
pas polaire de la basse vitesse .
La Fig . 34-8 est un diagramme schématique montrant
les connexions du stator pour une machine triphasée à
deux vitesses ayant 4 pôles et 8 pôles, respectivement .
Six fils numérotés 1 à 6 sont logés dans la boîte de
connexions du moteur.
Pour la haute vitesse, la ligne triphasée est connectée
aux bornes 1, 2, 3 et les bornes 4, 5, 6 sont ouvertes .
Cette connexion en triangle produit deux pôles N et
deux pôles S alternés, soit un total de 4 pôles (Fig . 34-
8a) . Il est entendu que les pôles à l'intérieur du moteur
suivent la séquence N-S-N-S . (b)

Pour la basse vitesse, les bornes 1, 2, 3 sont mises en


court-circuit, et la source est branchée entre les bornes
4. 5, 6. Il en résulte une connexion en double étoile
Figure 34-7
parallèle, créant sur chaque phase quatre pôles de même
a . Les deux bobines connectées en série produisent un pôle
polarité (Fig . 34-8b) . Quatre autres pôles conséquents nord et un pôle sud . Noter que Il = 12 .
de polarité inverse sont automatiquements créés, don- b . Lorsque les bobines sont connectées en parallèle, il en
nant ainsi un total de 8 pôles . résulte deux pôles nord, car le courant 1 2 circule dans le sens
inverse du précédent . Les deux pôles sud sont des pôles
Ces machines possèdent un rendement et un facteur de conséquents .


562 ÉLECTROTECHNIQUE

ventilateur, sans que la réduction de débit soit exces-


sive. Par exemple, les connexions du stator d'un mo-
teur PAM à 38 pôles peuvent être changées pour pas-
ser à 46 pôles . Sur un réseau à 60 Hz, les vitesses syn-
chrones correspondantes sont respectivement de
189,5 r/min et 156,5 r/min . Le débit est donc réduit
(a) par un facteur: (156,5/189,5)2 = 0,68 .

34 .7 Moteur asynchrone fonctionnant


comme frein
Certaines applications industrielles imposent au mo-
teur asynchrone des modes de fonctionnement que nous
avons ignorés jusqu'ici . Par exemple, lorsqu'on désire
provoquer un arrêt rapide, on utilise le freinage par in-
version . On intervertit deux fils de ligne de sorte que le
champ tourne en sens inverse du rotor . Le moteur agit
alors comme frein .
Lorsque le moteur fonctionne comme frein, il absorbe
l'énergie cinétique des parties tournantes si bien que
la vitesse diminue . Cette énergie absorbée est en-
(b)
tièrement dissipée en chaleur dans le rotor . De plus, ce
dernier reçoit toujours une puissance P r du stator qui
est également dissipée en chaleur. Le freinage par in-
version produit donc des pertes Joule Pj r importantes
dans le rotor ; elles sont même supérieures aux pertes

Pjr
Figure 34-8 Pjs Pf
a . Connexions d'un moteur triphasé donnant 4 pôles (haute 2^1~ n Pv
vitesse) .
b . Connexions du même moteur donnant 8 pôles (basse
n
vitesse) . Û LJ
Le moteur développe la même puissance aux deux vitesses .

tesse étant réduite de moitié, le débit (m 3 /min) chute à


(1/2) 2 , soit 1/4 du débit original . Cependant, cette va-
riation de débit est trop grande pour certaines applica- LÉGENDE
tions .
Pe - puissance active fournie au stator
Afin de surmonter ce problème, on a conçu des mo- pertes Joule dans le stator
Pis -
teurs à cage dont le rapport des vitesses est inférieur à Pf - pertes dans le fer du stator
2 . Avec ces moteurs spéciaux, appelés moteurs PAM*, Pr - puissance active fournie au rotor
on peut obtenir des rapports de vitesse tels que 8 :10, Pm - puissance mécanique fournie au rotor
14:16, 26 :28, 10 :14 et 38 :46 . Ces moteurs sont utilisés Pj r - pertes Joule dans le rotor
pour entraîner les gros ventilateurs à débit variable dont Pv - pertes par ventilation et friction dans le rotor
la puissance est de quelques centaines de kilowatts . Le
moteur PAM offre l'avantage de réduire la vitesse d'un Figure 34-9
Lors du freinage par inversion, la puissance mécanique de
freinage P m s'ajoute à la puissance P r pour donner des pertes
* PAM est l'abréviation anglaise de : «Pole Amplitude Mo- Joule Pir très élevées dans le rotor .
dulation».

APPLICATIONS DES MACHINES ASYNCHRONES TRIPHASÉES 563

produites lorsque le moteur est bloqué (Fig . 34-9) . On le rotor pendant cette période est alors égale à l'éner-
doit donc éviter de freiner trop souvent un moteur de gie cinétique emmagasinée :
cette façon, sinon les températures élevées risquent de
détériorer les isolants, et même de faire fondre les bar- Qaccélération = 1 x 300 kJ = 300 kJ
res du rotor . La chaleur totale dissipée dans le rotor vaut donc :
34.8 Effets de l'inertie Q = Qdécélération + Qaccélération
Lors de l'étude des moteurs à courant continu, on a vu = 900 + 300 = 1200 kJ
qu'une grande inertie occasionne un démarrage péni-
ble et un temps d'arrêt très long . Les mêmes remar- Lorsqu'il faut accélérer et freiner des charges de grande
ques s'appliquent aux moteurs asynchrones ; de plus, il inertie, les moteurs à rotor bobiné sont à recomman-
est bon de retenir les deux règles suivantes s'appliquant der, car l'énergie absorbée par le rotor peut être dissi-
à ces machines : pée surtout dans les résistances extérieures . De plus,
en faisant varier les résistances extérieures de façon
1 . lorsqu'on démarre un moteur asynchrone, la cha- appropriée, le couple de démarrage ou de freinage peut
leur dissipée dans le rotor pendant la période de être maintenu à une valeur élevée . Cela permet d'obte-
démarrage est égale à l'énergie cinétique emmaga- nir une accélération et une décélération sensiblement
sinée dans les parties tournantes ; plus rapides que celles obtenues avec un moteur à cage
2 . lorsqu'on arrête un moteur par inversion, la chaleur d'écureuil .
dissipée dans le rotor pendant la période de freinage
vaut trois fois l'énergie cinétique qui était emma- 34 .9 Freinage par courant continu
gasinée dans les parties tournantes . On peut arrêter rapidement un moteur asynchrone et
sa charge en faisant circuler un courant continu dans
Ces règles sont valables quelles que soient la tension
les enroulements du stator. Il suffit de brancher deux
appliquée et la forme de la courbe couple/vitesse . Il
des trois bornes à une source à courant continu . Le
suffit que la vitesse passe d'une valeur nulle à sa va-
courant continu produit dans le stator autant de pôles
leur nominale pendant la période de démarrage et in-
N, S qu'en fonctionnement normal, mais cette fois les
versement pendant la période de freinage .
pôles sont stationnaires . Ainsi, un moteur asynchrone
Exemple 34-1 à 8 pôles produira 4 pôles N et 4 pôles S quelle que
soit la façon dont les bornes sont raccordées à la source
Un moteur as y nchrone de 100 kW, 60 Ha,
à c .c .
1175 r/min est accouplé à un volant par un engre-
nage . L'énergie cinétique de toutes les parties tour- Lorsque le rotor tourne dans le champ stationnaire, une
nantes est de 300 kJ lorsque le moteur a atteint sa tension alternative est induite dans les barres . Il en ré-
vitesse nominale . On intervertit deux fils rie lie=ue sulte des courants alternatifs et des pertes Joule dans le
afin de freiner le moteur jusqu'à une vitesse nulle rotor qui réduisent d'autant l'énergie cinétique des par-
et on le laisse aller dans le sens inverse jusqu'à la ties tournantes . Lorsque toute l'énergie cinétique est
vitesse de 1175 r/niin . Quelle est l'énergie dissipée dissipée en chaleur dans le rotor, le moteur s'arrête .
dans le rotor? Le freinage par courant continu possède l'avantage de
dissiper dans le rotor seulement le tiers de l'énergie
Solution requise par la méthode d'inversion . L'énergie dissipée
Pendant la période de freinage, le moteur passe de est indépendante du courant continu qui circule dans
1175 r/min à une vitesse nulle . La chaleur dissipée dans le stator. Cependant, un faible courant augmente le
le rotor vaut alors 3 fois l'énergie cinétique : temps de freinage . Comme le couple de freinage aug-
mente avec le carré du courant continu circulant dans
Qdécélération = 3 X 300 kJ = 900 kJ le stator, on a avantage à faire circuler un courant de
Le moteur accélère ensuite pour atteindre sa vitesse l'ordre de 2 à 6 fois le courant nominal si l'on désire
nominale dans le sens inverse . La chaleur dissipée dans un freinage rapide .



564 ÉLECTROTECHNIQUE

Exemple 34-2 mentionnons :


Soit un moteur asynchrone triphasé de 50 hp, 440 V . 1. la surcharge mécanique
1760 r/min, 60 Hz . entraînant une charge dont le
2. la variation de la tension d'alimentation
moment d'inertie est de 5 kg m 2 . La résistance en-
tre deux bornes du stator est de 0,32 12, et le courant 3. la rupture d'un fil d'alimentation
nominal est de 62 A . On désire freiner le moteur en 4. la variation de la fréquence du réseau
branchant une batterie de 24, V aux bornes du stator. L'effet de ces quatre paramètres est traité successive-
Calculer : ment dans les quatre sections qui suivent . D'après les
a) la valeur du courant continu dans le stator normes de CEMA, un moteur doit fonctionner de fa-
b) l'énergie dissipée dans le rotor çon satisfaisante pour des variations de la tension no-
minale n'excédant pas ± 5 % . Par ailleurs, si la tension
e) le couple moyen de freinage si le moteur s'arrête
et la fréquence varient, la somme des deux écarts ne
en 6 s
doit pas dépasser 10 % . Enfin, les machines doivent
Solution fonctionner à des altitudes inférieures à 1000 m . En
a) Le courant dans le stator est : effet, en altitude l'air est moins dense et son pouvoir
de refroidissement diminue, ce qui peut provoquer un
échauffement excessif .
j= E = 24V
=75A
R 0,32 £2 34 .11 Surcharge mécanique
Bien que les moteurs asynchrones conventionnels puis-
Ce courant est de 21 % supérieur au courant nominal,
sent développer, de façon intermittente, une puissance
mais comme le freinage est de courte durée, le stator
double de leur puissance nominale, on ne peut leur
ne surchauffera pas .
appliquer continuellement une surcharge, même de
b) L'énergie cinétique du rotor et de sa charge est: seulement 20 % de la pleine charge . Autrement,
l'échauffement du moteur dépasserait les limites per-
W = 5,48 X 10-3 J n 2 éq . 1-7b mises et la durée de vie du moteur serait réduite de
façon appréciable à cause de la détérioration de l'iso-
= 5,48 x 10-3 x 5 x 1760 2
lement . En pratique, puisque le courant du moteur aug-
= 85 kJ mente avec la charge, les relais de surcharge thermi-
ques provoquent l'arrêt du moteur avant que sa tempé-
Le rotor absorbe 85 kJ durant la période de freinage .
rature n'atteigne une valeur dangereuse .
c) Le couple moyen de freinage est calculé avec l'équa- Certains moteurs abrités sont toutefois conçus pour
tion 1-14 : supporter continuellement, sans danger, une surcharge
de 15 % . Leur capacité de surcharge est indiquée sur
9,55 T At la plaque signalétique par le coefficient de sur-
Au = éq.1-14
J charge = 1,15 («service factor») .
En cas d'urgence, un moteur abrité peut supporter une
9,55 T x 6
(1760 - 0) = surcharge de l'ordre de 50 % à condition qu'on assure
5 une ventilation extérieure énergique . Ceci n'est pas
d'où T = 154 N-m recommandable pour une durée prolongée, car même
si la surface de la carcasse est tiède, la température des
bobinages à l'intérieur peut être très élevée .
34 .10 Conditions anormales de
fonctionnement 34 .12 Variation de la tension d'alimentation
Quand un moteur asynchrone ne fonctionne pas nor- La conséquence la plus importante résultant d'une va-
malement, la cause peut être interne (court-circuit, cou- riation de la tension d'alimentation est le changement
pure d'un conducteur du stator, échauffement des pa- de couple qu'elle occasionne . En effet, pour une vi-
liers), ou externe. Au nombre des causes externes, tesse donnée, le couple développé par un moteur asyn-

APPLICATIONS DES MACHINES ASYNCHRONES TRIPHASÉES 565

chrone est proportionnel au carré de la tension d'ali- en marche, le moteur est alimenté en monophasé . S'il
mentation . Si la tension diminue de 10 %, par exem- n'est pas trop chargé, il continuera à tourner, mais il
ple, le couple diminue de 19 % . Pendant le démarrage, tirera, des deux autres conducteurs, un courant envi-
le fort courant tiré du réseau occasionne parfois une ron 1,8 fois plus intense qu'avant la coupure . Encore
baisse de tension importante, dépendant de la capacité une fois, si le courant est trop grand, les relais thermi-
du réseau . ques se déclencheront avant que les bobinages soient
endommagés .
Si la tension d'alimentation est trop élevée, le flux aug-
mente, ce qui provoque une augmentation du courant Par contre, si la charge est assez forte, la vitesse du
magnétisant . Ceci a pour effet de diminuer le facteur moteur tombe brusquement jusqu'à l'arrêt et le cou-
de puissance du moteur et d'augmenter les pertes dans rant monte à environ 90 % du courant de démarrage
le fer. Cependant, tant que la tension n'excède pas nominal . Les relais thermiques ou les fusibles doivent
1,1 p .u ., l'échauffement, le rendement et le facteur de alors s'ouvrir avant que le moteur soit endommagé .
puissance demeurent acceptables . Lorsqu'un moteur triphasé fonctionne subitement en
Un léger déséquilibre des tensions triphasées produit régime monophasé, la caractéristique du couple en
un déséquilibre très marqué des courants du stator . Cela fonction de la vitesse est sérieusement compromise .
se traduit par une augmentation des pertes et une aug- Le couple de décrochage tombe à environ 50 % de sa
mentation de température du moteur . Un déséquilibre valeur originale et le moteur ne développe plus aucun
des tensions de 3,5 % seulement peut faire augmenter couple de démarrage .
la température de 15 °C . Lorsqu'une des tensions de La Fig . 34-10 montre les courbes du couple en fonc-
ligne s'écarte de plus de 2 % de la valeur moyenne des tion de la vitesse lorsqu'un moteur fonctionne norma-
trois tensions, il est recommandé d'avertir le distribu- lement en triphasé et lorsqu'il fonctionne en mono-
teur d'électricité . Par exemple, pour une artère dont phasé . On constate que les deux courbes se suivent d'as-
les tensions ligne à ligne sont respectivement de 615 V, sez près jusqu'au couple de décrochage monophasé .
600 V et 621 V la valeur moyenne est de 612 V . L' écart
maximal est alors (621 - 600)/612 = 0,034 ou 3,4 %, 34 .14 Variation de la fréquence
ce qui excède le maximum tolérable . À moins d'une panne majeure, il ne se produit jamais
de changement de fréquence important sur les grands
34.13 Rupture d'un fil d'alimentation réseaux . Cependant, la fréquence peut varier sur les
Si l'un des fils d'alimentation est coupé ou si l'un des réseaux isolés de faible capacité qui génèrent l'énergie
fusibles fond quand un moteur asynchrone triphasé est électrique à partir de moteurs diesel ou de turbines à

20 40 60 80 100 %
vitesse
n ns
Figure 34-10
Courbes typiques du couple en fonction de la vitesse lorsqu'un moteur triphasé fonctionne normalement
et lorsqu'il fonctionne en monophasé .

566 ÉLECTROTECHNIQUE

gaz . Mentionnons les alimentations d'urgence des hô- Qu'arrive-t-il lorsque le train commence à descendre
pitaux, le réseau électrique des bateaux et les généra- la côte? La force de gravité vient aider le moteur, de
trices alimentant les camps de construction sur les si- sorte qu'il commence à tourner à une vitesse supé-
tes éloignés . rieure à la vitesse synchrone . On constate alors que le
La conséquence la plus importante résultant d'une va- moteur développe un couple s'opposant à l'augmen-
riation de fréquence est le changement de vitesse qu'elle tation de vitesse . Ce couple a le même effet qu'un frein,
occasionne . La vitesse synchrone du champ tournant sauf que la puissance mécanique des roues est renvoyée
étant proportionnelle à la fréquence, il se produit un au réseau sous forme de puissance électrique . Un mo-
changement correspondant dans la vitesse du moteur : teur asynchrone tournant au-dessus de sa vitesse syn-
si la fréquence diminue de 3 %, la vitesse baisse de chrone agit donc comme génératrice . On l'appelle alors
3 %. génératrice asynchrone .

Les machines-outils et autres équipements motorisés Bien que l'on utilise rarement des moteurs asynchro-
importés de pays où la fréquence est de 50 Hz peuvent nes pour la traction des trains (Fig . 34-11), il existe
créer des problèmes lorsqu'ils sont branchés sur un plusieurs applications industrielles qui imposent au mo-
réseau à 60 Hz . Ces appareils tournent alors à une vi- teur des conditions d'opération semblables . Dans les
tesse de 20 % supérieure à leur régime normal, ce qui grues, par exemple, le moteur est parfois forcé de tour-
peut être inacceptable . Dans ces circonstances, on doit ner à des vitesses dépassant la vitesse synchrone . Dans
réduire la vitesse au moyen d'engrenages ou installer
une source indépendante à 50 Hz .
Un moteur à 50 Hz peut être branché sur un réseau à
60 Hz mais, pour maintenir le flux à sa valeur nor-
male, la tension d'alimentation devrait être augmentée
à 6/5 ou 120 % de la valeur nominale inscrite sur la
plaque signalétique . Le couple de décrochage est alors
le même qu'auparavant, et le couple de démarrage est
légèrement inférieur . Le facteur de puissance, le ren-
dement et l'échauffement demeurent presque les mê-
mes .
Inversement, un moteur à 60 Hz peut fonctionner sur un
réseau à 50 Hz, mais la tension doit être réduite à 5/6
ou à 83 % de sa valeur nominale . Sa puissance est alors
réduite dans les mêmes proportions . Dans ces circons- Figure 34-11
Cette automotrice fait la navette entre Zermatt (1604 m) et
tances, les couples de décrochage et de démarrage de- Gornergrat (3089 m), Suisse . La traction est assurée par 4
meurent presque les mêmes qu'auparavant . Le rende- moteurs triphasés à rotor bobiné de 78 kW, 1470 r/min, 700 V,
ment, le facteur de puissance et l'échauffement demeu- 50 Hz . Deux phases sont alimentées par des conducteurs
rent acceptables . aériens et la troisième est reliée aux rails . La pente très raide
nécessite l'emploi d'une traction à crémaillère, utilisant des
34 .15 Moteur asynchrone fonctionnant roues dentées de 573 mm de diamètre .
La vitesse peut être ajustée de zéro à 14,4 km/h grâce à des
comme génératrice
résistances insérées dans le circuit du rotor. En régime
Considérons une locomotive électrique munie d'un continu, l'effort de traction à la jante est de 78 kN .
moteur asynchrone . Lorsque le train monte une côte, Lors de la descente, les moteurs tournent à une vitesse
le moteur fonctionne normalement et développe un légèrement supérieure à leur vitesse synchrone . Ils fonc-
tionnent alors en génératrices asynchrones et ils renvoient
couple suffisant pour vaincre les frottements et la force
l'énergie dans le réseau tout en freinant le véhicule .
de gravité . Au sommet, et sur terrain plat, la force de En cas de panne d'électricité, on a prévu, en plus des freins
gravité n'agit plus et le moteur ne doit plus vaincre mécaniques, le système d'urgence utilisant le principe décrit
que les frottements causés par les rails et le déplace- à la section 34 .9 . On fait circuler un courant continu de 55 A
ment de l'air . Comme la charge est moindre, la vitesse dans deux phases du stator de chacun des moteurs à rotor
bobiné . Le courant continu est fourni par deux génératrices
augmente légèrement mais demeure toujours inférieure également accouplées aux roues dentées (gracieuseté
à la vitesse synchrone . de ABt3) .

APPLICATIONS DES MACHINES ASYNCHRONES TRIPHASÉES 567

réseau triphasé sans que le réseau soit requis (Fig . 34-13) . La fréquence
générée est alors légèrement inférieure à celle corres-
pondant à la vitesse d'entraînement. Ainsi, un moteur
moteur à
à 4 pôles, entraîné à une vitesse de 2400 r/min produit
explosion
une fréquence légèrement inférieure à :

q 000

-" I©I
moteur à cage
f _ pn

120
_ 4 x 2400

120
= 80 Hz

d'écureuil
La valeur de la tension augmente avec la valeur des
Figure 34-12 capacitances mais elle est limitée par la saturation de
Génératrice asynchrone raccordée à un réseau triphasé .
l'acier. Par contre, si la capacitance n'est pas suffisante,
Lorsque le moteur à explosion entraîne le moteur à une
vitesse supérieure à la vitesse synchrone, la machine la génératrice ne peut s'amorcer. En pratique, la batte-
asynchrone fonctionne en génératrice . rie de condensateurs doit pouvoir fournir une puissance
réactive un peu supérieure à celle que la machine ab-
sorbe lorsqu'elle fonctionne à pleine charge comme
ce cas, le moteur fonctionne en génératrice asynchrone ; moteur. En plus, les condensateurs doivent fournir la
il tire sa puissance de l'énergie accumulée précédem- puissance réactive absorbée par la charge . Enfin, pour
ment dans la charge mécanique et il la renvoie dans le assurer l'amorçage, on doit appliquer la charge seule-
réseau . ment après l'établissement de la tension .
On peut réaliser une génératrice asynchrone en accou-
Exemple 34-3
plant un simple moteur à cage d'écureuil à un moteur
à explosion (Fig . 34-12) . Si la vitesse d'entraînement On désire utili>er un moteur triphasé 0 h p.
dépasse la vitesse synchrone d'un faible pourcentage 1760 r/min . 440 V, 60 Hr comme génératrice asyn-
seulement, le moteur devient une source débitant une chrone sur un réseau ü 140 V . (0 Hz . Le courant
puissance active P dans le réseau . Cependant, pour créer nominal du moteur est de 41 A, et son facteur de
son champ magnétique, la machine a besoin d'une puis- puissance est de S4 r{ . I)c plus, on veut a noter un
sance réactive Q . Comme celle-ci peut seulement pro- banc de condensateurs aim que la génératrice. vue
venir du réseau, les kilovars Q circulent en sens con- du réseau, fonctionne à un facteur de puissance de
traire des kilowatts P (voir chapitre 25, section 25 .2) . 100 % . Le moteur est entraîné par une turbine hy-
draulique . Calculer :
La puissance réactive requise peut être fournie par une
batterie de condensateurs branchée aux bornes de la a) la capacitance requise si les condensateurs sont
machine ; dans ce cas, on peut alimenter une charge raccordés en trian_le
b) la vitesse approximative de la génératrice lors-
qu'elle est chargée à pleine capacité

Solution
a) La puissance apparente de la machine lorsqu'elle
fonctionne comme moteur est :

000 S=EIU3 =440x41x1,73


- . .-101-- .
= 31,2 kVA

La puissance active correspondante est :

Figure 34-13
Génératrice asynchrone autonome . Les condensateurs P = S x FP = 31,2 x 0,84
fournissent la puissance réactive requise par le champ
magnétique . = 26,2 kW




568 ÉLECTROTECHNIQUE

La puissance réactive correspondante est : Lorsqu'on désire une fréquence différente de celle de
réseau, on entraîne le rotor avec un moteur M et on
2 alimente le stator par le réseau (Fig . 34-14) . La ma-
Q = -\IS - P 2 = -V 31,2 2 - 26,2 2
= 17 kvar chine à rotor bobiné se comporte alors comme un trans-
formateur rotatif; le stator constitue le primaire et le
Lorsque la machine marche comme génératrice asyn- rotor alimentant la charge à une fréquence différente
chrone, la batterie de condensateurs doit fournir au constitue le secondaire .
moins 17 _ 3 = 5,7 kvar par phase . Puisque les con- Le fonctionnement d'un convertisseur de fréquence est
densateurs sont connectés en triangle, la tension aux identique à celui d'un moteur asynchrone sauf que la
bornes est de 440 V. La réactance capacitive est donc :
puissance Pe r , ordinairement dissipée dans le rotor, est
disponible pour alimenter une charge . Le convertisseur
X 2 _ 4402 agit donc comme une génératrice . Le cheminement des
= E = 340
c Q 5700 puissances actives se fait selon le schéma de la Fig.
34-15 .
La capacitance par phase est:

1 1
C =
2 nf Xc 2 ,r x 60 x 34

= 0,000 078 F = 78 tF

b) Pour que la génératrice débite sa puissance nomi-


nale, la turbine doit tourner à une vitesse supérieure à
la vitesse synchrone . Lorsque la machine fonctionne
en moteur la vitesse de glissement est :
Figure 34-14
n g = ns - n = 1800 - 1760 = 40 r/min
Convertisseur de fréquence utilisant un moteur à rotor bobiné
Pour obtenir la même puissance lorsque la machine entraîné par un moteur à cage d'écureuil .
fonctionne en génératrice, la vitesse de glissement doit
être approximativement la même. D'où la vitesse d'en-
traînement :

n = 1800 + 40 = 1840 r/min


Un cas particulier de l'autogénération par condensa-
teurs mérite notre attention . Lorsqu'un condensateur
est branché aux bornes d'un moteur dans le but d'amé-
liorer le facteur de puissance, la tension peut grimper
bien au-dessus de sa valeur nominale lors de l'ouver-
ture du disjoncteur situé en amont du groupe conden-
sateurs/moteur . En effet, à cause de son inertie, le mo-
teur continue à tourner après que la source ait été dé-
branchée, ce qui correspond à un fonctionnement en
génératrice asynchrone à vide . La surtension risque Figure 34-15
d'endommager les condensateurs ou d'autres compo- Cheminement des puissances actives dans un convertisseur
de fréquence . La puissance P e fournie au stator du
sants du montage. convertisseur est transmise au rotor bobiné, à l'exception des
pertes dissipées dans le stator . La puissance mécanique P m
34 .16 Convertisseur de fréquence fournie au rotor par le moteur à cage d'écureuil s'ajoute à la
Une application intéressante du moteur à rotor bobiné puissance P r pour donner la puissance totale Pj r débitée par
le rotor.
est son utilisation comme convertisseur de fréquence.



APPLICATIONS DES MACHINES ASYNCHRONES TRIPHASÉES 569

La fréquencefr et la tension E aux bornes du rotor dé- En se référant à la Fig . 34-15, la puissance Pj r que l'on
pendent du glissements . Leurs valeurs sont données veut fournir à la charge vaut :
par les expressions (33-3) et (33-4),
Pj r = spr = 60 kW
fr = sf et E = sE0
60
d'où Pr = = 20 kW
En général, la fréquence désirée est de deux à trois fois 3
celle du réseau .
La puissance transmise du stator au rotor du conver-
Exemple 34-4 tisseur est donc de 20 kW .
Soit un moteur à rotor bobiné de 30 kW . -140 V, Le reste de la puissance requise par la charge doit donc
900 r/min . (>0 Hz . A circuit ouvert . le stator étanl provenir de la puissance mécanique fournie à l'arbre
alimenté à 440 V, la tension entre les bagues est soit :
de 240 V. On se propose d'utiliser ce moteur
connue convertisseur de f équence pour produire P m =Pjr -Pr =60-20 =40 kW
une puissance de 60 k1 W' à une fréquence de La puissance mécanique fournie à l'arbre du convertis-
180 Hz . La fréquence du réseau étant de 60 Hz, seur est de 40 kW et la puissance électrique fournie à
déterminer - son stator est de 20 kW. L'écoulement des puissances
a) la vitesse et la puissance du moteur asynchrone est montré à la Fig . 34-16 . Le moteur asynchrone M
M entraînant le convertisseur entraînant le convertisseur doit donc avoir une puis-
b) la tension approximative aux bornes de la charge sance de 40 kW à 1800 r/min .
Le stator du convertisseur ne surchauffera pas . En ef-
Solution
fet, il absorbera une puissance P e légèrement plus
a) On désire générer une fréquence de 180 Hz lorsque grande que 20 kW pour suppléer aux pertes Joule Pi s
le stator est alimenté à 60 Hz . Cela nous permet de et les pertes dans le fer Pf . Or, cette puissance est bien
calculer le glissement s . inférieure à sa puissance nominale de 30 kW. Le rotor
D'après l'équation (33-3) on a : ne surchauffera pas non plus, même s'il débite une
puissance de 60 kW. La puissance accrue provient du
fait que la tension induite dans le rotor est trois fois
fr=sf
plus élevée qu'au repos, car la vitesse relative du rotor
180 = sx60 par rapport au champ tournant est trois fois plus grande
d'où s = 3 qu'au repos . Cependant, les pertes dans le fer du rotor
seront élevées, car la fréquence y est de 180 Hz ; mais
D'autre part, d'après l'équation (33-2) on a :

ns - n
s=
ns

3 - 900 - n
900
d'où n = - 1800 r/min

On doit donc entraîner le convertisseur à une vitesse


de 1800 r/min . Le signe négatif signifie que l'on doit Figure 34-16
entraîner le rotor dans le sens inverse du champ tour- Voir exemple 34-4 . Dans cette figure, on a négligé les pertes
nant . dans le rotor et le stator du convertisseur.


570 ÉLECTROTECHNIQUE

comme le rotor tourne à deux fois sa vitesse normale, la vitesse synchrone est de 1800 r/min accouplé à une
le refroidissement est plus efficace. boîte de vitesses dont le rapport est de 6 à 1. Si on
utilise un moteur asynchrone, sa vitesse sera légère-
b) La tension approximative aux bornes de la charge
ment supérieure à 1800 r/min . Par conséquent, la fré-
sera:
quence générée sera légèrement inférieure à 50 Hz .
E=sE0 =3x240V=720V 34 .17 Caractéristique couple/vitesse
complète d'une machine asynchrone
En fait, à cause de la chute dans les résistances et les
réactances de fuite des enroulements, la tension sera On a vu qu'une machine asynchrone peut fonctionner
légèrement inférieure à 720 V. comme moteur, comme génératrice ou comme frein .
Ces trois modes de fonctionnement suivent une tran-
Exemple 34-5 sition graduelle qui devient évidente quand on trace
On désire construire une source triphasée pouvant la courbe donnant le couple en fonction de la vitesse
fournir 20 kW à 50 Hz, en se servant du réseau à (Fig . 34-17) . Cette courbe et les schémas donnant la
60 Hz et d'un moteur à rotor bobiné ayant 4 pôles . répartition des puissances actives résument le com-
En négligeant les pertes dans le cuivre, dans le fer portement global de toutes les machines asynchrones
et par frottement . calculer : triphasées .

a) la puissance approximative du moteur à rotor bo- 34 .18 Expression du couple en fonction de


biné la vitesse
b) la puissance approximative et la vitesse du mo- La Fig . 34-17 donne la caractéristique généralisée du
teur qui l'entraîne couple en fonction de la vitesse pour les trois modes
de fonctionnement d'une machine asynchrone . La ma-
Solution chine fonctionne normalement comme moteur, déve-
a) Afin d'obtenir une fréquence fr de 50 Hz, il faut que loppant un couple variant entre zéro et le couple de
le glissement soit : pleine charge TN. Or, entre ces limites, la courbe don-
s = frlf = 50/60 = 5/6 éq . 33-3 nant le couple en fonction de la vitesse est essentielle-
ment une ligne droite (Fig . 34-18) . À tension constante,
En se référant à la Fig . 34-15, on constate que la puis-
la pente de cette droite dépend surtout de la résistance
sance de 20 kW débitée par le convertisseur est égale à
du rotor : plus la résistance est grande, plus la pente est
sPr . Donc, Pr = 20 kW/s = 20/(5/6) = 24 kW. Comme
faible .
la puissance Pr est à peu près égale à Pe , il s'ensuit que
la puissance approximative du moteur à bagues est de En fait, on peut prouver que le glissement s, le couple
24 kW. T, la tension d'alimentation E et la résistance du rotor
R sont liés par la relation :
b) Le stator du moteur à bagues fournit 24 kW au ro-
tor, alors que la charge n'en absorbe que 20 kW. Il en
résulte que le moteur qui entraîne le moteur à bagues s=k TR
(34-1)
doit recevoir une puissance P,,, de 24 kW - 20 kW =
E2
4 kW. Dans ce cas, si l'on se réfère à la Fig . 34-15, la
flèche P m doit pointer dans le sens inverse . Le moteur
où k est une constante qui dépend de la construction
fonctionne donc en génératrice asynchrone, et il re-
du moteur.
tourne les 4 kW au réseau à 60 Hz .
Cette relation est très intéressante car elle permet d'es-
La vitesse de glissement est 5/6 x 1800 = 1500 r/min . timer la vitesse d'un moteur, son couple, son rende-
Par conséquent, le rotor à bagues doit tourner à
ment, etc ., pour n'importe quel point de fonctionne-
(1800 -1500) = 300 r/min . À cette basse vitesse, il est ment, simplement à partir de ses caractéristiques no-
plus économique d'employer un moteur de 4 kW dont
minales .
APPLICATIONS DES MACHINES ASYNCHRONES TRIPHASÉES 571

FREIN MOTEUR GÉNÉRATRICE

T = couple développé n = sens de rotation n s = sens de rotation


par la machine de la machine du champ tournant

Figure 34-17
Courbe généralisée donnant le couple en fonction de la vitesse d'une machine asynchrone . Noter le sens des
puissances dans les trois modes d'opération .

vitesse

Figure 34-18
La courbe du couple en fonction de la vitesse entre le régime à vide et la pleine charge est une droite .







572 ÉLECTROTECHNIQUE

La relation 34-1 peut en effet s'écrire sous la forme : 575 V 3 ph 60 Hz

2 40 kW


SX = SN
TX

TN
Rx
RN
EN
EX
(34-2) (a)
Iii R N =100%
= 364 N •m
1050 r/min

condition nominale (N)


• indice spécifiant les conditions de fonction-
nement données, lesquelles peuvent corres- 420 V 3 ph 60 Hz
pondre aux indications données sur la pla-
que signalétique

s
indice spécifiant les nouvelles conditions de
fonctionnement
glissement
T = couple [N•m]
(b)
Iii Rx = 110 %
nouvelle condition (X)
R = résistance du rotor [S2]
• = tension aux bornes du stator [V] Figure 34-19
Voir exemple 34-6 .
La seule restriction concernant cette formule est que le
couple TX doit être inférieur à TN (EX/EN)2. Dans ces Vérifions si le nouveau couple (80 N •m) est dans les
circonstances, la formule (34-2) donne une précision limites d'utilisation de la formule (34-2) :
meilleure que ± 5 %, ce qui suffit pour résoudre la ma-
jorité des problèmes pratiques . • < TN (EX/EN) 2
• < 364 (420/575)2
Exemple 34-6
• < 194 N •m
Lin moteur asynchrone triphasé classe I) de 40 kW,
105)) i/min . 5 75 V, 60 Hz (Fie . 34-19a) . iinetionne Comme le couple Tx (80 N •m ) est inférieur à 194 N •m.
à un endroit particulièrement chaud . La tension d ali- on peut utiliser l'expression (34-2), soit :
mentation est temporairement de 420 V au lieu de
5 \ . Sachant que la charge impose un couple de Rx 2
80 N -in et que la résistance du rotor est de II) ,,c TX EN
SX = SN x x
plus élevée que sa valeur nonreile (Fig . 3-1-19b), cal- TN RN EX
Culer : 2
80 x 1,1 x 575
a) la vitesse du moteur = 0,125 x
364 1 420
b) les pertes Joule dans le rotor
= 0,0566
Solution
a) Calculons d'abord les caractéristiques nominales du Vitesse approximative du moteur :
moteur :
n x = 1200 (1 - 0,0566) = 1132 r/min
Une vitesse nominale de 1050 r/min indique qu'il s'agit
d'une machine à 6 pôles dont la vitesse synchrone est b) Puissance mécanique :
de 1200 r/min.
nT
S N = ( 1200 - 1050)/1200 = 0,125 Pm =
9,55
9,55 P - 9,55 x 40 000 1132 x 80
TN = 364 N -m = 9,48 kW
= n 1050 9,55
EN = 575 V






APPLICATIONS DES MACHINES ASYNCHRONES TRIPHASÉES 573

Puissance fournie au rotor : Solution


a) Vitesse synchrone = 1800 r/min
Pm 9,48 kW
pr = Glissement à 450 r/min :
(1 - s) (1 - 0,0566)
( 1800 - 450)
= 10,0 kW S = = 0,75
1800
Pertes Joule dans le rotor :
Puissance mécanique P m = 20 kW
Pe r = sPr = 0,0566 x 10,0 kW Puissance Pr fournie au rotor :
= 0,566 kW = 566 W
Pr =
Pm éq. 33-8
Exemple 34-7 1-s
Un moteur triphasé à rotor bobiné de 1 10 kW . 20 kW
= 80 kW
1760 r; min . ~ .3 LV', 60 Hz entraîne un conv oy cur 1-0,75
(Fig . 34-_'()a) . Le rotor est raccordé en étoile et la
tension entre les bagues à circuit ouvcrl est de 530 V. Puissance Pjr dissipée dans le circuit du rotor:
Déterminer :
Per = spr éq.33-7
a) la résistance à placer en série avec le rotor (par
phas(2) pour que le moteur développe une puis- = 0,75 x 80 kW = 60 kW
sance de 20 kW à une s tosse de 150 r/min lors-
Tension approximative induite entre les bagues du ro-
que la tension au, bornes du stator est de 2 .4 kV
tor :
tFie . 34 200)
b) la puissance dissipée dans les résistances E2 = sE,~, éq . 33-4
2 .4kV
=0,75x530x
bagues en 2,3 kV 3 ph 60 Hz
2,3 kV
court-circuit
= 415 V

W
condition nominale (N)
110 kW
1760 r/min Les trois résistances extérieures, connectées en étoile,
ont chacune une valeur approximative de:

- 4152 -
Rext = E~ 2,9 S2
(a)
P 60 000

Rext b) La puissance dissipée dans les trois résistances est


de 60 kW.

2,4 kV 3 ph 60 Hz
LA MACHINE ASYNCHRONE À
DOUBLE ALIMENTATION
20 kW
450 r/min Une machine asynchrone à rotor bobiné peut être ali-
mentée par deux sources distinctes branchées respec-
nouvelle condition (X)
tivement au stator et au rotor . Cette machine, appelée
« machine asynchrone à double alimentation », est uti-
(b) lisée dans des applications requérant une vitesse varia-
Figure 34-20 ble . Elle peut être utilisée comme moteur pour, par
Voir exemple 34-7 .

574 ÉLECTROTECHNIQUE

exemple, entraîner des pompes . Elle est aussi utilisée rotor . Supposons de plus que ce flux tourne également
dans les éoliennes comme génératrice à vitesse varia- dans le sens horaire par rapport au rotor .
ble . Les sections qui suivent décrivent le principe de Pour que les pôles N du stator restent alignés aux pô-
fonctionnement et les caractéristiques de cette machine . les S du rotor, il faut que notre observateur externe voie
les pôles du rotor tourner à la même vitesse que les
34.19 Moteur asynchrone à double pôles du stator. Il s'ensuit que le flux rotorique doit
alimentation
tourner dans le sens horaire à 1800 r/min . Cela impli-
Avant d'introduire la machine ,asynchrone à double que que le rotor doit lui-même tourner à une vitesse de
alimentation, revenons au moteur à rotor bobiné pré- 1800 - 420 = 1380 r/min . Toute autre vitesse produi-
senté dans les sections précédentes . Comme d'habi- rait en effet un glissement continuel des pôles du rotor
tude, son stator est branché à une source de fréquence par rapport aux pôles du stator. Le couple moyen se-
de 60 Hz ou de 50 Hz . Cependant, au lieu de brancher rait alors nul et le moteur s'arrêterait .
au rotor une charge résistive triphasée à travers un en-
On constate donc que cette machine peut fonctionner
semble de bagues et balais (comme sur la Fig . 33-20),
relions plutôt le rotor à une deuxième source ayant une en moteur si, et seulement si, sa vitesse est exactement
fréquence de, disons, 14 Hz (Fig . 34-21) . Comment se de 1380 r/min . On dit alors qu'elle fonctionne à une
comporte cette machine à double alimentation? vitesse sous-synchrone .

Supposons que les enroulements triphasés du stator et En permutant deux des trois fils de la source à 14 Hz
du rotor de notre machine aient chacun 4 pôles et que reliée aux balais, on force le flux tournant produit par
le stator soit branché à une source à 60 Hz . Le flux le rotor à changer de sens par rapport au rotor (sens
créé par le stator tourne à la vitesse synchrone anti-horaire) . Dans ces conditions, pour que les pôles
n s = 120 f/p = 120 x 60/4 =1800 r/min . Supposons de N du stator restent alignés avec les pôles S du rotor, il
plus que ce flux tourne dans le sens horaire . Un obser- faut que le rotor tourne maintenant à une vitesse de
vateur externe « voit » donc ce flux statorique tourner 1800 + 420 = 2220 r/min. On dit alors que le moteur
dans le sens horaire à 1800 r/min. fonctionne à une vitesse hyper-synchrone .

Puisque le rotor est branché à une source à 14 Hz, ce- À partir de cet exemple, on peut généraliser et montrer
lui-ci produit un flux tournant à une vitesse que lorsqu'un moteur à rotor bobiné est alimenté par
n 2 = 120 f/p = 120 x 14/4 = 420 r/min par rapport au deux sources, il doit tourner à une des deux vitesses
suivantes :

Es Is
f=60Hz 0 -~
source o
triphasée stator

F_ rotor ER
f2=14Hz
O
source
triphasée
0

Figure 34-21
Moteur à rotor bobiné à double alimentation connecté à deux sources triphasées .

APPLICATIONS DES MACHINES ASYNCHRONES TRIPHASÉES 575

n = 120 (f _ (34-3a) Le cheminement de la puissance de la source à la charge


f2)
P est expliqué ci-dessous . Le lecteur a tout avantage de
ou suivre minutieusement les 8 étapes, de même que les
informations correspondantes données à Fig . 34-22 .
n = 120 (f +
.f2) (34-3b) l) La source triphasée Es fournit une puissance
P
active Pe au stator.

2) Après soustraction des pertes Joule P is dans
n = vitesse du rotor [r/min]
le stator et des pertes fer P f , la puissance ré-
f = fréquence appliquée au stator [Hz]
sultante Pr est transmise au rotor à travers
f2 = fréquence appliquée au rotor [Hz]
l'entrefer .
p = nombre de pôles du stator et du rotor
3) Avec un glissement s, une portion sP r de la
Pour une fréquence f2 donnée, la vitesse n dépend de la puissance P r est dissipée en chaleur . Ces per-
séquence des phases de la tension triphasée appliquée
tes correspondent à la somme des pertes Joule
au rotor. Une séquence directe produit une vitesse sous-
dans le rotor (P ir ) et dans les résistances ex-
synchrone (éq . 34-3a), alors qu'une séquence inverse
ternes R (PAR) .
produit une vitesse hyper-synchrone (éq . 34-3b) .
4) La différence P r - sPr est convertie en puis-
Pour un moteur à cage ou un moteur à rotor bobiné sance mécanique P m transmise à l'arbre, soit
relié à une charge résistive, on sait comment se répartit P m = ( 1- s)Pr .
la puissance provenant de la source (Fig . 34-22) . Mais
5) On doit soustraire les pertes par friction et ven-
comment se répartit la puissance dans cette machine
tilation P,, pour obtenir la puissance mécani-
reliée à deux sources ? Considérons d'abord la Figure
que nette P L transmise à la charge .
34-22 montrant la répartition de la puissance active dans
une machine à rotor bobiné avec une charge résistive 6) Introduisons maintenant la relation entre le
R branchée au rotor. glissements, la fréquence statorique f et la fré-

Figure 34-22
Cheminement de la puissance dans un moteur à rotor bobiné .


576 ÉLECTROTECHNIQUE

quence rotorique f2 . D'après l'équation 33-3, De plus, la puissance électrique fournie par le rotor
f2 = sf, soit s = f2/f est encore (f2/f)Pr . Une partie Per de cette puissance est
dissipée dans la résistance du rotor et le reste Per est
7) On peut maintenant exprimer la puissance
absorbé par la source ER . Il est intéressant de noter que
mécanique en fonction de la fréquence
le couple développé par le moteur est encore donné
statorique f, de la fréquence rotorique f2 et
par la relation
de la puissance P r transmise au rotor, soit :
Pm = (1 - f2/f)Pr 9,55 Pr
Tm = éq . 33-9
La puissance électrique fournie par le rotor ns
est Pr - P,,, = (f2/f)Pr . Cette puissance est dis-
sipée sous forme de chaleur dans les enroule- 34 .21 Moteur à double alimentation en
ments du rotor (Pj- r) et dans les résistances ex- mode hyper-synchrone
ternes (PJR ) . Lorsque l'on inverse la séquence des tensions appli-
8) Le couple développé par le moteur est toujours quées au rotor, le moteur tourne à une vitesse hyper-
donné par synchrone . Dans ces circonstances, la puissance élec-
trique s'inverse dans le rotor, mais sa valeur est en-
9,55 Pr
Tm = éq . 33-9 core donnée par (f2/f)Pr (Fig . 34-24) . Dans ce cas, la
ns source ER fournit de la puissance P eT au rotor. La puis-
Après ce rappel sur le fonctionnement du moteur à ro- sance mécanique développée par le rotor est donc
tor bobiné, revenons à notre machine à double alimen-
tation fonctionnant en mode sous-synchrone et en mode
hyper-synchrone .
Pm = (1 + 2f r (34-5)
fIP
34.20 Moteur à double alimentation en Le couple est toujours donné par la relation :
mode sous-synchrone
9,55 P r
Lorsque le moteur à rotor bobiné est alimenté par une T
T. = éq . 33-9
source de tension Es de fréquence f au stator, et une ns
source ER de fréquence f2 au rotor, le glissement s est
Ce moteur à double alimentation est parfois utilisé pour
automatiquement imposé, soit s = f2/f La vitesse du
entraîner des charges à vitesse variable . La source de
moteur est donc également imposée par la relation tension ER est alors un convertisseur raccordé au ré-
n = n,(1-s) = n,(1-f2/f)
. Comme la vitesse du moteur
seau à 60 Hz ou 50 Hz et générant une fréquence f2
est imposée, on peut considérer cette machine comme variable. L'utilisation d'un convertisseur au lieu de ré-
un type spécial de moteur synchrone . En particulier,
sistances permet de faire varier la vitesse dans une plus
lorsque la fréquence f2 appliquée au rotor est nulle (ro-
grande gamme (Fig . 34-25) et de retourner dans le ré-
tor alimenté en c .c .), la machine tourne à la vitesse syn-
seau la puissance qui devrait autrement être gaspillée
chrone n = n.(1- s) = n s (1- f2/f)
dans les résistances .
=ns(1-0/f)=ns .
Quoi qu'il en soit, les relations fournies plus haut pour 34 .22 Générateur asynchrone à
double alimentation
le moteur à rotor bobiné restent valables . La Fig . 34-
23 montre la répartition de puissance pour la machine Le moteur asynchrone à double alimentation que nous
à double alimentation tournant à vitesse sous-syn- venons de décrire peut fonctionner en générateur . Il
chrone . suffit pour ce faire d'appliquer à l'arbre un couple dont
le sens est tel qu'il tend à faire augmenter la vitesse
La puissance mécanique Pm est encore donnée par
sous-synchrone ou hyper-synchrone . Sous l'effet de ce
couple les pôles du rotor avancent légèrement en avant
Pm = (1 (34-4) des pôles du stator, mais la vitesse en régime perma-
Ï-)


APPLICATIONS DES MACHINES ASYNCHRONES TRIPHASÉES 577

de la tension ER . Il n'est donc plus nécessaire d'instal-


ler des bancs de condensateurs aux bornes du stator
pour lui fournir la puissance réactive .

Exemple 34-8
Une machine asynchrone à double alimentation tri-
phasée, 6 pôles, 800 kW est couplée à une turbine
éolienne pour produire de l'énergie électrique sur
un réseau à 60 Hz (Fig . 34-28) . Le stator est bran-
ché sur le réseau à 60 Hz et le rotor est alimenté par
un convertisseur de fréquence produisant une ten-
sion de 24 Hz à séquence directe . La turbine éolienne
développant une puissance mécanique P L de 500 hp
est couplée au rotor à travers un réducteur de vi-
tesse à engrenages G .

Figure 34-25
On fournit en outre les informations suivantes
Lapprovisionnement en eau potable de la ville de Stuttgart, Pertes par friction dans la machine et dans le ré-
en Allemagne, est assuré par un pipeline de 1,6 m de diamè-
tre et 110 km de long, alimenté par les eaux du lac de Cons-
ducteur de vitesse P, = 1 1 kW
tance dans les Alpes . La pompe visible en arrière-plan est Pertes Joule dans le rotorP _= 3 kW
actionnée par un moteur à rotor bobiné de 3300 kW, 425 à
595 r/min, 5 kV, 50 Hz . La vitesse variable du moteur permet Pertes Joule dans le stator 12 kW
de régler le débit d'eau selon les besoins de la ville .
Pertes dans le fer = 7 kW
Le refroidissement du moteur blindé est assuré par un échan-
geur de chaleur air/eau utilisant l'eau froide du lac à 5 °C . Pertes dans le convertisseur 2 kW
Pendant le démarrage, on utilise un rhéostat liquide, après
quoi le rotor est branché aux onduleurs (situés contre le mur) Calculer :
qui réinjectent l'énergie de glissement dans le réseau (gra-
a) la vitesse sous-synchrone du rotor r/min
cieuseté de Siemens) .
b) la puissance mécanique P,,, fournie au
rotor [kW]
nent reste inchangée . Par contre, les puissances circu- c) la puissance électroma nétique P r transférée
lant dans le stator et dans le rotor changent de sens du rotor au stator
comme l'indiquent la Fig . 34-26 (mode sous-synchrone) cl) le couple mécanique , développé sur l'ar-
et la Fig . 34-27 (mode hyper-synchrone) . La transition bre IkN'm
du mode sous-synchrone au mode hyper-synchrone e) la puissance électrique fournie au
s'effectue en changeant la séquence des phases de la rotor j kW 1
tension ER .
t a puissance électrique P, absorbée par le
L'exemple 34-8 qui suit illustre la répartition des puis- convertisseur du réseau à 60 Hz 1 kW]
sances dans un générateur à double alimentation en
la puissance électrique P z fournie par le sta-
mode sous-synchrone entraîné par une turbine éolienne .
tor au réseau à 60 Hz l kW j
En plus de pouvoir fonctionner à vitesse variable, le
h) la puissance nette P i fournie au réseau à
générateur asynchrone à double alimentation possède
60 Hz IkWI
un autre avantage par rapport à la machine asynchrone
le rendement ii = du groupe généra-
à cage : il permet de fournir une puissance à facteur de
puissance unitaire . Pour ce faire, on ajuste l'amplitude teur-convertisseur

578 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 34-23
Cheminement de la puissance dans un moteur à double alimentation en mode sous-synchrone .

Figure 34-24
Cheminement de la puissance dans un moteur à double alimentation en mode hyper-synchrone .

APPLICATIONS DES MACHINES ASYNCHRONES TRIPHASÉES 579

r 1

stator f Pr

120 f
ns = P

n=ns(1 _ f2 )
f
9,55 P,
Tm =
ns

Figure 34-26
Cheminement de la puissance dans un générateur à double alimentation en mode sous-synchrone .

Figure 34-27
Cheminement de la puissance dans un générateur à double alimentation en mode hyper-synchrone .


580 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 34-28
Voir exemple 34-8 .

Solution Pm =I1- f2)P r éq . 34-4


a) Vitesse sous-synchrone : f
24
362 = 1 - Pr
n = 120 (f - 60
fz) éq . 34-3a
P
362 = 0,6 Pr
n = 120
(60 - 24) = 720 r/min
6 362
d'où : Pr= = 603 kW
b) Puissance mécanique fournie par la turbine au ré- 0,6
ducteur de vitesse : d) La vitesse synchrone est
PL = 500 hp = 500 x 746 = 373 kW nç = 120 f/p = 120 X 60/6
Pertes par friction dans la machine et dans les engre- = 1200 r/min
nages : P`, = 11 kW Couple mécanique appliqué à l'arbre
Puissance mécanique P m fournie au rotor
9,55 Pr
Pm = PL - P v = 373 - 11 = 362 kW Tm = eq . 33-9
nS
c) La puissance électromagnétique P est donnée par = 9,55 x 603 000 = 4,8 kN .m
l'expression Tm
1200

APPLICATIONS DES MACHINES ASYNCHRONES TRIPHASÉES 581

e) Puissance électrique fournie au rotor, excluant les ces inférieures et un coût plus élevé que ceux à haute
pertes Joule : vitesse . Nous avons vu qu'il est possible de réaliser
des moteurs à deux vitesses à l'aide d'enroulements
Pr(f/f) = 603 kW x (24/60) = 241 kW spéciaux qui permettent de doubler le nombre de pôles
simplement en changeant les connexions du stator.
Pertes Joule dans le rotor :
Le moteur asynchrone peut fonctionner également
Pir = 3 kW comme frein ou comme génératrice, d'où la dénomi-
nation plus générale de machine asynchrone . On a
D'après la Fig . 34-28, la puissance électrique totale four-
d'ailleurs présenté la caractéristique couple/vitesse
nie par le convertisseur au rotor est
complète d'une machine asynchrone pour ses trois
Per = 241 + 3 = 244 kW modes de fonctionnement (frein, moteur, génératrice) .
Lorsque la fréquence de la source est fixe, on peut frei-
f) Puissance électrique absorbée par le convertisseur ner un moteur en inversant le sens de rotation du champ
tournant en permutant deux phases du stator . On peut
P2 = Per + PC, = 244 + 2 = 246 kW aussi le freiner en injectant un courant continu dans le
g) Puissance électrique fournie par le stator stator.
La machine asynchrone peut fonctionner en généra-
P e = Pr -Pis -Pf trice à condition de l'entraîner à une vitesse supérieure
= 603 - 12 - 7 = 584 kW à la vitesse synchrone . La machine à rotor bobiné qui
fonctionne en fait comme un transformateur rotatif peut
h) Puissance nette P l fournie au réseau à 60 Hz :
également être utilisée comme un générateur à fré-
P i =Pe -P2 =584-246 quence variable, dépendant de la vitesse du rotor .
= 338 kW On a vu qu'en fonctionnement normal, on peut, à l'aide
d'une relation simple, quantifier l'impact sur le point
i) Le rendement du groupe générateur-convertisseur : de fonctionnement (couple/vitesse) d'une variation de
la tension d'alimentation et de la résistance du rotor .
i = 338 On a aussi expliqué l'impact des conditions anormales
17
= P = 0,906 = 90,6 %
PL 373 de fonctionnement (surcharge mécanique, variation de
la tension d'alimentation, rupture d'un fil d'alimenta-
34 .23 Résumé tion, variation de la fréquence du réseau) .
Dans ce chapitre, nous avons vu que les moteurs asyn-
chrones font l'objet d'une standardisation . Selon les con-
ditions environnementales auxquelles ils sont soumis
on distingue cinq classes de moteurs, soit les moteurs
PROBLÈMES - CHAPITRE 34
abrités, étanches, blindés, blindés avec ventilateur ex-
térieur et antiexplosif Les moteurs sont aussi classés Niveau pratique
selon leurs caractéristiques électriques et mécaniques . 34-1 Quelle est la différence entre un moteur abrité
On distingue ainsi, selon la construction du rotor, les et un moteur antiexplosif?
moteurs à couple de démarrage normal, à couple de
démarrage élevé (double cage) et à glissement élevé 34-2 Quelle est la durée de vie normale d'un mo-
(résistance de rotor élevée) . teur?
Les dimensions et le coût des moteurs asynchrones ne 34-3 L'usage d'un moteur classe D est à déconseiller
varient pas proportionnellement à leur puissance . Nous lorsqu'on doit entraîner une pompe . Expliquer.
avons fourni un tableau permettant de comparer ces
34-4 Identifier les parties principales du moteur mon-
caractéristiques pour des puissances comprises entre
tré à la Fig . 34-3a .
0.75 et 7500 kW . Nous avons appris aussi que les mo-
amrs à basse vitesse ont généralement des performan-






582 ÉLECTROTECHNIQUE

34-5 On veut entraîner à une vitesse de 350 r/min un 34-15 a) En se référant à la Fig . 34-6, si l'on utilisait
treuil absorbant une puissance de 10 kW . Le choix d'un un moteur sans réducteur de vitesse pour obtenir un
moteur asynchrone tournant à 350 r/min est-il judi- couple de 172 N •m à 125 r/min, quelle serait sa puis-
cieux? Expliquer. sance nominale?
b) Combien de pôles posséderait-il?
34-6 Montrer la direction de toutes les puissances
actives dans un moteur asynchrone lorsqu'il fonctionne : 34-16 On désire bobiner un moteur à deux vitesses
a) comme moteur b) comme frein selon les schémas des Fig. 34-7 et 34-8 . Montrer l'ar-
rangement des pôles pour la haute et la basse vitesse
34-7 Si une des lignes alimentant un moteur asyn-
sachant que les vitesses synchrones respectives sont
chrone triphasé est ouverte, le moteur continuera-t-il à
de 1200 r/min et 600 r/min sur un réseau à 60 Hz . Faire
tourner?
un schéma semblable à celui de la Fig . 34-7 indiquant
34-8 Du point de vue environnemental, quelle caté- les connexions pour une phase .
gorie de moteur asynchrone faudrait-il utiliser dans :
34-17 Expliquer pourquoi on ne doit pas arrêter ni
a) un convoyeur de blé? b) une buanderie? redémarrer un moteur asynchrone de façon répétée s'il
c) une scierie? entraîne une charge ayant une grande inertie .

34-9 Quel type de moteur utiliserait-on dans chacune 34-18 Un moteur triphasé de 10 kW, 1450 r/min,
des applications suivantes : 380 V, 50 Hz doit être branché sur un réseau à 60 Hz .
Quelle tension doit-on lui appliquer et à quelle vitesse
1) ventilateur 5) scie circulaire
ce moteur tournera-t-il?
2) tour 6) pompe centrifuge
34-19 Dans le problème 34-18, comment sont af-
3) poinçonneuse 7) ascenseur
fectés le couple de démarrage, le rendement, le facteur
4) cisaille 8) convoyeur à courroie de puissance et l'échauffement à pleine charge si le
moteur est branché sur un réseau à 60 Hz,
34-10 Donner trois avantages de la normalisation des
moteurs asynchrones . Nommer trois organismes de nor- a) à 440 V b) à 600 V
malisation.
34-20 On fait circuler un courant continu dans deux
Niveau intermédiaire phases d'un moteur asynchrone à cage d'écureuil .
Montrer que si l'on essaie de faire tourner le rotor, il se
34-11 Comment le facteur de puissance, le rende-
produira un couple de freinage s'opposant à la rota-
ment, l'échauffement et la vitesse sont-ils affectés si
tion .
un moteur triphasé prévu pour fonctionner à une ten-
sion nominale de 440 V est alimenté à 550 V? 34-21 Dans le problème 34-20, montrer que le cou-
ple de freinage est proportionnel à la vitesse de rotation
34-12 Qu'arriverait-il au couple de démarrage et de
(négliger l'inductance du rotor) .
décrochage si un moteur triphasé à 550 V était rac-
cordé à une ligne triphasée à 208 V? 34-22 a) En se référant à la Fig . 34-17, donner les
glissements correspondant aux vitesses suivantes :
34-13 Un moteur triphasé de 30 kW, 900 r/min est
construit selon les normes classe C (Fig . 34-5) . Tracer - 2 n s , - ns, 0, +n, +2 n,
la courbe du couple en fonction de la vitesse .
b) Pour quels glissements la puissance P r est-elle maxi-
34-14 En se basant sur les données du tableau 34-1, male?
déterminer la masse et le coût approximatifs d'un mo- Niveau avancé
teur asynchrone triphasé tournant à 1800 r/min ayant
une puissance : 34-23 Un moteur asynchrone à cage d'écureuil classe
B accélère de zéro à 1800 drain une charge ayant un
a) de 300 kW b) de 30 kW moment d'inertie de 1,4 kg-m 2 . On se propose d'utili-
ser un moteur classe D ayant la même puissance .
APPLICATIONS DES MACHINES ASYNCHRONES TRIPHASÉES 583

a) Lequel des deux moteurs démarrera le plus vite? d) la masse totale si le poids moyen des passagers est
b) Lequel des deux rotors sera le plus chaud à la fin de de 60 kg
la période d'accélération? e) l'énergie requise pour monter de Zermatt à
34-24 On ale choix de freiner jusqu'à l'arrêt un mo- Gornergrat
teur asynchrone soit par inversion, soit en faisant cir- f) le temps minimal requis pour faire le trajet
culer un courant continu dans les enroulements du sta- g) en supposant que 80 % de l'énergie électrique est
tor. Laquelle des deux méthodes produira le moins convertie en énergie mécanique utile lors de la mon-
d'échauffement du moteur? Expliquer. tée et que 80 % de l'énergie potentielle mécanique
34-25 Un moteur asynchrone triphasé de 30 kW, est reconvertie en énergie électrique lors de la des-
575 V, 60 Hz possédant 8 pôles entraîne un volant cylin- cente, déterminer la dépense totale d'énergie [kW .h]
drique en fer ayant un diamètre de 800 mm et une épais- pour un voyage aller-retour
seur de 200 mm. La caractéristique du couple du mo- 34-28 Dans le problème 34-27, chaque moteur pos-
teur en fonction de sa vitesse correspond à celle de la sède un rhéostat de démarrage semblable à celui mon-
classe D, Fig . 34-5 . Calculer : tré à la Fig . 33-20 . La tension entre les bagues à circuit
ouvert est de 290 V. Au démarrage, on désire créer un
a) la masse du volant et son moment d'inertie
effort de traction total à la jante de 39 kN . Calculer:
b) la vitesse nominale du moteur à pleine charge et le
couple correspondant a) la puissance dissipée dans le rhéostat de chaque mo-
c) le couple de démarrage du moteur teur
d) tracer la courbe du couple en fonction de la vitesse b) la résistance du rhéostat par phase
et donner les couples à 0, 180, 360, 540, 720 et c) la puissance active approximative fournie au stator
810 r/min 34-29 On désire transformer un moteur asynchrone
34-26 a) Dans le problème 34-25, calculer le cou- triphasé à cage d'écureuil de 30 kW, 208 V, 60 Hz,
ple moyen pour les vitesses comprises entre 0 et 870 r/min en génératrice asynchrone autonome (Fig .
180 r/min . 34-13) . La génératrice est entraînée par un moteur à
explosion tournant à 2100 r/min . La charge est com-
b) En utilisant la formule (1-14), calculer le temps re-
posée de trois résistances de 5 S2 raccordées en étoile .
quis pour accélérer le volant de 0 à 180 r/min .
La génératrice s'amorce lorsqu'on la relie à trois con-
c) En utilisant la formule (1-7b), calculer l'énergie ci- densateurs de 100 .tF raccordés en étoile; elle main-
nétique emmagasinée dans le volant lorsqu'il tourne tient alors une tension ligne à ligne de 520 V . Calculer :
à 180 r/min .
a) la fréquence approximative produite par la généra-
d) Trouver la quantité de chaleur dégagée par le rotor
trice
pendant cet intervalle .
b) la puissance active fournie à la charge
e) Déterminer le temps requis pour accélérer le volant
de 0 à 540 r/min sachant que, cette fois, la charge c) la puissance réactive fournie par les condensateurs
impose, en plus de l'inertie du volant, un couple égal d) le courant débité par la génératrice par phase
au couple nominal du moteur.
e) On dispose des moteurs à explosion suivants : 30 hp ;
34-27 L'automotrice de la Fig . 34-11 a une masse à
100 hp ; 150 hp . Lequel est le plus approprié?
vide de 35,6 t et peut transporter 240 personnes . Cal-
culer : f) Comparer les pertes dans le fer et dans le cuivre avec
celles produites lorsque la machine fonctionne en
a) la vitesse de rotation des roues dentées lorsque
moteur .
l'automotrice se déplace à une vitesse de 14,4 km/h
b) le rapport de réduction de l'engrenage entre les mo- 34-30 L' approvisionnement en eau potable de la ville
teurs et les roues dentées de Stuttgart, Allemagne, est assuré par un pipeline
c) le courant approximatif dans les lignes d'alimenta- de 1,6 m de diamètre et 110 km de long, alimenté
tion lorsque les moteurs fonctionnent à pleine charge par les eaux du lac de Constance dans les Alpes . La
pompe est actionnée par un moteur à rotor bobiné dont

584 ÉLECTROTECHNIQUE

la puissance nominale est de 3300 kW, 595 r/min, 5 kV, moteur du problème 34-30 doit développer son couple
50 Hz . À pleine charge, le moteur a un rendement de nominal à toutes les vitesses de fonctionnement . À cir-
97 % et un facteur de puissance de 90 % . Afin de régler cuit ouvert, la tension induite entre les bagues du rotor
le débit en eau selon les besoins de la ville, est de 2250 V. À une vitesse de 425 r/min, calculer :
la vitesse du moteur à 10 pôles varie de 595 r/min à
a) le couple développé
425 r/min . La pompe débite 4,5 m 3 /s d'eau lorsque le
b) le glissement et la puissance fournie au rotor
moteur tourne à 595 r/min . Calculer:
c) la puissance mécanique fournie à la pompe
a) la vitesse de l'eau dans le pipeline
d) la puissance active réinjectée dans le réseau
b) la pression nominale développée par la pompe
e) la fréquence et la tension entre les bagues du rotor
c) le courant approximatif tiré par le moteur
f) le courant débité par le rotor
d) les pertes Joule dans le rotor
34-31 Afin de maintenir la même pression d'eau, le
35
La machine asynchrone :
circuit équivalent et
variation de la vitesse
Dans les deux chapitres précédents nous avons décrit de l'étude des convertisseurs électroniques utilisés pour
les propriétés importantes du moteur asynchrone tri- commander la vitesse des machines asynchrones .
phasé sans avoir recours à un circuit équivalent . Ce- Ce chapitre contient plusieurs formules . Cependant,
pendant, pour acquérir une meilleur connaissance du elles ne sont pas compliquées et les exemples numéri-
comportement du moteur, un circuit équivalent devient ques permettront d'en saisir l'utilité .
indispensable . Contrairement à ce qu'on pourrait pen-
ser, ce circuit est aussi simple que celui d'un transfor- 35 .1 Le moteur à rotor bobiné
mateur. La construction d'un moteur triphasé à rotor bobiné
(aussi appelé moteur à bagues) s'apparente beaucoup
Dans la première partie de ce chapitre, nous dévelop-
à celle d'un transformateur triphasé . Ainsi, le moteur
perons le circuit équivalent de la machine asynchrone
possède 3 enroulements identiques montés sur le sta-
à partir des principes de base . Nous pourrons alors dé-
tor, et 3 enroulements sur le rotor, soit un enroulement
montrer les relations et caractéristiques importantes
données dans les chapitres précédents . Ensuite, nous par phase . À cause de cette symétrie parfaite, on peut,
comme pour le transformateur, analyser le comporte-
analyserons les caractéristiques de deux moteurs : l'un
ment du moteur en considérant seulement un enroule-
de faible puissance et l'autre de grande puissance, afin
ment primaire et un enroulement secondaire .
de comprendre leurs différences intrinsèques . Nous
examinerons aussi le circuit équivalent d'une généra- Lorsque le rotor ne tourne pas, le moteur fonctionne
trice asynchrone et nous en déterminerons les caracté- exactement comme un transformateur conventionnel ;
ristiques en charge. À la fin de cette première partie, par conséquent, son circuit équivalent est le même que
nous décrivons comment on trouve les paramètres celui que nous avons développé au chapitre 30, Fig.
d'une machine asynchrone . 30-25 .
La deuxième partie du chapitre présente les principes Afin de simplifier les calculs, nous supposons que les
de base de la variation de vitesse d'une machine asyn- enroulements du stator et du rotor sont branchés en
chrone en contrôlant la fréquence et la tension d'ali- étoile et que le rapport de transformation est de 1 :1
mentation . Ces concepts seront d'une grande utilité lors (Fig . 35-1) . Le moteur est au repos et les bagues sont
585

586 ÉLECTROTECHNIQUE

0f1 0f2

x1 x2
r2
H
I2

Rf E T Rext

1 :1 o
N
Figure 35-1
Circuit équivalent d'un moteur à rotor bobiné à l'arrêt . Les bagues sont connectées à une résistance extérieure .

0f1

1
r2
H
12

T
court-
E2 = E1
circuit

1 :1 o

Figure 35-2
Circuit équivalent d'un moteur à rotor bobiné lorsque le rotor est bloqué . Les bagues sont en court-circuit .

raccordées à une résistance extérieure R eXY. Les para- La Fig . 35-2 représente le circuit du moteur lorsque le
mètres du circuit sont définis comme suit : rotor est bloqué, avec les bagues en court-circuit . Que
ES = tension de la source d'alimentation, ligne à neu- devient-il lorsque le moteur commence à tourner?
tre [V] Supposons que le rotor tourne avec un glissement s de
r, =
résistance du stator [S2] sorte que sa vitesse n soit:
r2 =
résistance du rotor [S2] n=ns (1-s)
xi =
réactance de fuite du stator [S2]
x2 =
réactance de fuite du rotor [S2] Si le moteur était au repos, la tension E 2 induite au
Xm = réactance de magnétisation [S2]
secondaire du transformateur idéal T serait égale à la
Rf = résistance représentant les pertes dans le fer et tension El au primaire (Fig . 35-3) . Mais comme le
par frottement et aération [S2] moteur tourne avec un glissements, la tension efficace
T = transformateur idéal ayant un rapport de trans- au secondaire est :
formation 1 :1 E2 = sEl
f = fréquence de la source [Hz]
De plus, la fréquence du côté secondaire devient sf où
n s = vitesse synchrone du moteur [r/min]
f est la fréquence de la source . Cela a pour effet de
0m = flux mutuel dans le moteur [Wb] changer la réactance de fuite du rotor de x 2 à sx 2. La
Ofl = flux de fuite du stator [Wb]
valeur de r 2 n'est évidemment pas affectée par ce chan-
Of2 = flux de fuite du rotor [Wb] gement de fréquence . La Fig . 35-3 montre ces nouvel-
~s = Om + t = flux total accroché par le stator les conditions .
[Wb]
El = tension induite dans le stator par le flux mutuel Comme r 2 et sx2 sont en série, le courant 12 dans le
[V] rotor est donné par
E2 = tension induite dans le rotor par le flux mutuel sEl
[V] 12 = (35-1)
Ev = tension induite dans le stator par Om et off, [V] 1 r2 + (sx 2 )2



LA MACHINE ASYNCHRONE : CIRCUIT ÉQUIVALENT ET VARIATION DE LA VITESSE 587

Off

T E = sE 1

1 :1
N
V
fréquence = f fréquence = sf

Figure 35-3
Circuit équivalent d'un moteur à rotor bobiné pour un glissement s . La fréquence appliquée au primaire est
f, mais celle apparaissant au secondaire est sf.

et 12 est en retard sur E2 (= sE1 ) d'un angle /3 donné par En divisant le numérateur et le dénominateur par s, cette
équation peut s'exprimer sous la forme
sx2
/3 = arctan (35-2)
r2 E1
Le diagramme vectoriel du circuit du rotor est donné à
la Fig. 35-4a. Il est important de se rappeler que ce
diagramme est basé sur la fréquence rotorique s f ; il ne
peut donc pas s'intégrer du côté primaire où la fré- 2
quence est toujours f. Néanmoins, il existe une rela- r2
soit E1 + x2 (35-4)
tion directe entre la valeur efficace de 12 (fréquence sj) Il s
et la valeur efficace de Il (fréquence f) . En effet, On
peut démontrer que, même si les fréquences sont dif-
férentes au stator et au rotor, le rapport de transforma-
tion de 1 :1 impose que ces courants efficaces soient
égaux .
De plus, on peut prouver que le déphasage entre E 1 et
I l est exactement le même que le déphasage entre E2 et
12, soit /3 degrés . Cela nous permet de tracer le dia-
gramme vectoriel du côté primaire (Fig . 35-4b) .
Pour résumer:

1 . La valeur efficace de I l est égale à la valeur efficace E1


de 12, même si leurs fréquences sont différentes ;
2 . la valeur efficace de E2 est égale à la valeur efficace
de El multipliée par le glissements.
3 . le déphasage /3 entre E l et Il est le même que celui
entre E2 et 12 .
Du côté primaire, on peut donc écrire : Figure 35-4
a . Diagramme vectoriel du circuit du rotor. La fréquence
_ sEl est sf,
Il _ 12 (35-3)
b . Diagramme vectoriel du circuit du stator . La fréquence est
1 r2 + (sx2 ) 2 f et le déphasage /3 est le même que celui du rotor .


588 ÉLECTROTECHNIQUE

vecteur I l r2/s est également en phase avec I i . Par con-


tre, la chute de tension à travers la réactance de fuite x
est un vecteur jI1 x qui est de 90° en avance sur Il .
La tension Es de la source est composée de la somme
des vecteurs (Il r1 + Il r2/s + jI1 x) . Le courant If est re-
quis pour fournir les pertes fer plus les pertes par frot-
tement et aération ; il est donc en phase avec Es . Le
courant magnétisant Irr, crée le flux mutuel entre le sta-
tor et le rotor. Par conséquent, il est de 90° en retard
N
sur Es . La somme vectorielle de I,,, et de If donne le
Figure 35-5 courant d'excitation Io du moteur. Enfin, la somme vec-
Circuit équivalent d'un moteur à rotor bobiné où tous les
éléments sont rapportés au primaire (stator) .
torielle (Io + Ii ) donne le courant Ip tiré de la source.
Dans ce diagramme vectoriel, ainsi que pour les cal-
Le rapport El/Il de l'équation 35-4 équivaut à une im- culs futurs, nous définissons l'impédance Z, et l'angle
pédance composée d'une résistance r 2 Is en série a comme suit :
avec une réactance x 2 placée entre les points 3 et N
2 2
(Fig . 35-3) . Par conséquent, le circuit de la Fig . 35-3 Zi = ri + x
se simplifie beaucoup pour donner celui montré à la (35-5)
a = arctan xlr,
Fig . 35-5 .
Dans le cas d'un transformateur, on peut souvent né- Puisque, pour un moteur donné, r 1 (résistance du sta-
gliger la branche d'excitation (Xm et Rf) car le courant tor) et x (réactance de fuite totale) sont constantes, il
d'excitation I o est négligeable comparé au courant to- s'ensuit que Z 1 et a sont constants, quels que soient la
tal Ip . Cependant, à cause de la présence de l'entrefer, vitesse ou le sens de rotation du moteur.
le courant Im d'un moteur peut parfois atteindre 50 %
Z,
de Ip . Par conséquent, on ne peut pas éliminer la bran-
che d'excitation. Toutefois, pour des moteurs de 2 kW
et plus, on peut la déplacer aux bornes de l'alimenta-
tion, comme l'indique la Fig . 35-6 . Cela permet aussi
de combiner les réactances de fuite x l et x2 en une seule
réactance de fuite x . Cette dernière est la réactance de
fuite totale du moteur, rapportée au stator.
Le circuit résultant, et le diagramme vectoriel corres-
pondant, sont montrés à la Fig . 35-6 . Avec ce circuit,
les équations décrivant la performance du moteur de-
viennent plus simples, sans affecter de façon significa-
tive la précision des calculs .
Quelle est la signification de la résistance r 2/s? En com-
binaison avec le courant I l , elle représente la puissance 0
Pr = Il2r2/s transmise du stator au rotor . Or, celle-ci
est proportionnelle au couple T car T = 9,55 P rln s (b)
(éq . 33-9) .

35 .2 Diagramme vectoriel d'un moteur


asynchrone
Figure 35-6
Le diagramme vectoriel de la Fig . 35-6b mérite notre a . Les réactances de fuite du rotor et du stator sont combinées
pour donner la réactance de fuite totale, rapportée au stator .
attention . Nous avons pris comme vecteur de référence
La puissance active fournie au rotor correspond à la
le courant I l . Il occasionne dans la résistance du stator puissance absorbée par la résistance r 2/s.
une chute de tension I, r 1 qui est en phase avec I l . Le b . Diagramme vectoriel du circuit .

590 ÉLECTROTECHNIQUE

ble R r„ c . Les circuits équivalents d'un moteur triphasé ment au maximum . La puissance peut être positive ou
et d'un transformateur sont tellement similaires que le négative, selon que la machine fonctionne en moteur
moteur asynchrone peut être considéré comme un ou en générateur.
transformateur rotatif. En se référant au circuit de la Fig . 35-6a, la puissance
En pratique, on préfère utiliser le circuit de la Fig . P r est celle dissipée dans la résistance r2/s . On peut
35-6 à cause de sa simplicité et parce que la puissance prouver que cette puissance devient maximale lorsque
P r associée à la résistance r2/s est proportionnelle au la résistance r2/s est égale à ± la valeur de l'impédance
couple T développé par le moteur (éq . 33-9) . de (ri + jx) située en amont de r 2/s . D'après la figure,
cette impédance est donnée par :
On remarque que la valeur de la résistance r 2/s dépend
du glissement s . Lorsque le moteur est à l'arrêt, s = 1
Zi = V r, + x 2 éq . 35-5
et r2/s devient simplement r2 . Le moteur se comporte
alors comme un transformateur en court-circuit . Par Désignons par sd le glissement lors du décrochage . On
contre, lorsque le moteur tourne à vide, le glissement s peut donc écrire :
devient très petit, donnant à r2/s une valeur très élevée .
Le moteur se comporte alors comme un transforma- r2
teur fonctionnant pratiquement à vide, c'est-à-dire avec sd
le secondaire ouvert .
On en déduit les expressions suivantes, respectivement
Un glissement négatif se produit lorsque la machine
pour un moteur et un générateur
asynchrone fonctionne comme génératrice asynchrone .
Cela donne à la résistance r 2/s une valeur négative .
Par conséquent, la puissance I l 2 r2/s associée au rotor r2
sd = + - (moteur) (35-10a)
devient elle aussi négative . Cela signifie que le rotor Zi
fournit de la puissance au stator, à travers l'entrefer.
ou
Enfin, lorsque le rotor tourne en sens inverse du champ
tournant, le glissement devient plus grand que 1 . Les r2
sd= -- (générateur) (35-10b)
circuits des Fig. 35-6 et 35-7 sont donc toujours vali- Zl
des, quelle que soit la valeur du glissement .
Le circuit équivalent du moteur à cage d'écureuil est Pour les grosses machines, le rapport r2lZl peut être
identique à celui du moteur à rotor bobiné que nous aussi bas que 0,02 . Par conséquent, pour ces moteurs,
venons d'étudier. Cependant, on ne peut pas mesurer le glissement lors du décrochage est seulement de l'or-
la valeur de r2 avec un ohmmètre, car les conducteurs dre 2 % . Il n'est donc pas surprenant que l'on qualifie
du rotor sont tous en court-circuit . On peut toutefois ces moteurs de moteurs à vitesse constante . Dans le
déterminer la résistance équivalente de la cage d'écu- cas d'une petite machine de 200 W, le rapport r2/Zi est
reuil au moyen de tests décrits plus loin à la section de l'ordre de 0,4 .
35 .10 . Pour un moteur, le courant I l lors du décrochage, dési-
35 .5 Couple et vitesse de décrochage et gné par le symbole Id, est donné par :
couple de démarrage
Nous avons vu à la Fig . 34-17 que la courbe du couple ES
en fonction de la vitesse atteint un maximum lorsque Id = ~
(r i +Z1 ) 2 +x 2
la machine asynchrone fonctionne comme moteur ou
comme générateur. Dans cette section, nous donnons ES
les formules pratiques permettant de calculer le cou-
ple de décrochage ainsi que le courant et le glissement 'V ri +Z1 +2r1 Z1 +x 2
correspondants . ES
Au décrochage, comme le couple est maximum, la
puissance par phase Pr fournie au rotor est nécessaire- ~2Z; +2r1 Z i



LA MACHINE ASYNCHRONE : CIRCUIT ÉQUIVALENT ET VARIATION DE LA VITESSE 591

d'où
9,55 r2
ES Tdémarrage= démarrage (35-12d)
(moteur) (35-l la) ns
/2Z, (Zf + r, )
Toutes ces observations sont conformes aux schémas
Une formule semblable s'applique lorsque la machine présentés à la Fig . 33-19, chapitre 33 .
fonctionne comme générateur :
35.6 Circuits équivalents de deux moteurs
industriels
E,
(générateur) (35-l lb) Afin de mettre en application le circuit équivalent que
,\/2Z, (Z, - r, ) nous venons de développer, et pour apprécier l'ordre
de grandeur des paramètres, considérons deux moteurs
Ces équations révèlent que le courant de décrochage industriels ayant respectivement des puissances de 5 hp
possède deux valeurs différentes, selon que la machine et de 5000 hp . Leurs caractéristiques respectives (r,,
agit comme moteur ou comme générateur . r2 , jx, etc .), sont données dans les Fig . 35-8 et 35-10 .
La puissance fournie au rotor lors du décrochage est Les enroulements sont raccordés en étoile, et les va-
leurs listées sont fournies pour une phase .
2 r2
Pr = Id Commençons notre analyse avec le moteur de 5 hp .
sd
Des équations 33-9, 35-10 et 35-11, on déduit la va- 35 .7 Moteur de 5 hp : calcul des grandeurs
leur du couple de décrochage par phase : lors du décrochage
Calculons d'abord la valeur de la vitesse, du courant et
du couple lors du décrochage . On a :
9,55 Es
Td = (moteur) (35-12a)
2 n s (r, +Z,) 1. Z, = 'V r~ +x 2 = ~ 1,52 + 6 2 = 6,18 S2

ou 2 . Glissement lors du décrochage :

= r2
9,55 Es Sd = 1,2 = 0,194 éq . 35-10a
Td = (générateur) (35-12b) Z, 6,18
2 ns (r, - Z,)

On constate que le couple de décrochage possède deux


valeurs différentes, selon que la machine fonctionne
en moteur ou en générateur. Il est évident que le cou-
ple de décrochage en mode générateur est plus grand
que celui en mode moteur.
Les équations 35-11 et 35-12 indiquent que le courant
de décrochage Id, de même que le couple de décro-
chage Td, sont indépendants de la résistance r2 du ro-
tor. Par contre, le glissement sd lors du décrochage est
proportionnel à r2 (éq . 35-10) .
Il est facile de démontrer par simple inspection de Figure 35-8
Circuit équivalent d'un moteur asynchrone triphasé de 5 hp,
la Fig . 35-6 que le courant I, et le couple au démarrage
1800 r/min .
(s = 1) sont donnés par les équations : Caractéristiques du moteur de 5 hp, 440 V, 3 phases, 60 Hz,
1800 r/min :
ES r,=1,552 X m =11052
,démarrage= (35-12c)
+ r2)2 2 r2 = 1,2 52 Rf = 90052
(r, +x x=652




592 ÉLECTROTECHNIQUE

3 . Vitesse lors du décrochage : couple de décrochage


N-m
66,9 N •m
nd = ns (1- sd) = 1800 (l - 0,194) = 1450 r/min 72

5hp440V3ph 'ak
4 . Courant de décrochage : 60 18 0 r/min 60 Hz .,

E 48
Id = / s éq. 35-1 la
N 2Z 1 (Z 1
+r1)
eCL
= 36
/ou le de démarrage
= 28,5 N•m


254
0
24
---- M --- ---- --- r-
, \/2 x6,18x(6,18+1,5) 12
couple nominal =20,5 N •m 1753 ~
r/min
=26,1 A
0 0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800
5 . Couple de décrochage : vitesse r/min

Figure 35-9
9,55 Es Courbe du couple en fonction de la vitesse d'un moteur de
Td = éq . 35-12a 5 hp, 1800 r/min, 60 Hz .
2 n s (r 1 + Z1 )

9,55 x 254 2
2 x 1800 x (1,5 + 6,18) la Fig . 35-9 . On constate qu'à pleine charge le rende-
ment (89,6 %) et le facteur de puissance (88,1 %) sont
= 22,3 N •m satisfaisants .
Noter qu'il s'agit du couple par phase ; le couple de

décrochage total est donc 3 x 22,3 = 66,9 N .m .


On répète les mêmes calculs pour le gros moteur de
5000 hp (Fig . 35-10) . Ses caractéristiques sont lis-
tées dans le tableau 35-2 et la courbe du couple en
35 .8 Courbe du couple en fonction de la
vitesse
Nous pouvons tracer la courbe du couple en fonction
de la vitesse en dressant une liste des glissements s

f 2
compris entre zéro et 1 . Pour chaque glissement sélec- x
r
tionné, on résout le circuit de la Fig . 35-8 . Le tableau
35-1 donne les résultats et la courbe T-n est donnée à
6900
1 Rf
0,083 S2
2,6£2

0,08 S2
V 600 Q2 s

TABLEAU 35-1 Caractéristiques d'un moteur T


asynchrone de 5 hp, 1800 r/min, 440 V, 60 Hz 5000 hp

s T
P mc
n cos 9 r Ip N

p. U . N •m hp r/min % % A
Figure 35-10
0 0 0 1800 12,1 0 2,32 Circuit équivalent d'un moteur asynchrone triphasé de
0,0125 10,3 2,58 1777 75,9 87,8 3,79 5000 hp, 600 r/min . Ce moteur développe un couple nominal
0,025 19,8 4,86 1755 87,7 89,3 6,08 3000 fois supérieur à celui du moteur de la figure 35-8 .
0,026 20,5 5,06 1753 88,1 89,6 6,28 Caractéristiques du moteur de 5000 hp, 6900 V, 3 phases,
0,05 36 8,61 1710 90,6 86,7 10,7 60 Hz, 600 r/min :
0,1 56,4 12,8 1620 86,4 78,3 18,5 r1 = 0,083 52 Xm = 46 0
0,194 66,9 13,6 1450 75,0 63,8 27,8 r2 = 0,08 Q Rf = 600 Q
0,4 54,9 8,3 1080 57,3 39,4 35,9 x = 2,6 £2
0,6 42,6 4,3 720 48,3 22,5 38,8 Les pertes à vide de 26,4 kW (par phase) comprennent 15 kW
0,8 34,2 1,7 360 42,9 9,8 40,1 pour les pertes par frottement et aération et 11,4 kW pour les
1 28,5 0 0 39,5 0 40,8 pertes dans le fer.



LA MACHINE ASYNCHRONE : CIRCUIT ÉQUIVALENT ET VARIATION DE LA VITESSE 593

fonction de la vitesse est donnée à la Fig . 35-11 . 35.9 Propriétés d'une génératrice
On observe que le couple de démarrage est beau- asynchrone
coup plus petit que le couple de décrochage . De plus, Nous avons déjà appris qu'un moteur asynchrone de-
pour tout couple compris entre zéro et le couple de vient une génératrice lorsqu'on le fait tourner au-des-
décrochage la vitesse demeure très proche de la vi- sus de la vitesse synchrone . Connaissant le circuit équi-
tesse synchrone . Ces caractéristiques inhérentes aux valent du moteur de 5 hp, on peut calculer la puissance
moteurs de grosse capacité sont dues à la faible va- qu'il peut fournir à un réseau triphasé de 440 V, 60 Hz .
leur du rapport r2 /x .
Faisons-le tourner à 1845 r/min, soit 45 r/min au-des-
sus de la vitesse synchrone . Le glissement est:

= ns - n = 1800 - 1845 = _
S 0,025
TABLEAU 35-2 Caractéristiques d'un moteur ns 1800
asynchrone de 5000 hp, 600 r/min, 6,9 kV, 60 Hz
En se référant au circuit équivalent (Fig . 35-12), la va-
s T Pmc n cos 0 17 Il,
leur de r2/s est :
p .u . kN •m hp r/min % % A

0 0 0 600 7,6 0 87 rz =1,2 = -48 S2


s -0,025
0,0033 30,6 2577 598 85,1 95,4 198
0,0067 59,7 5000 596 90,1 96,6 358 La valeur négative de cette résistance signifie que la
0,02 129 10 679 588 79,8 95,1 878 puissance active circule du rotor vers le stator, plutôt
0,03077 141 11520 581,5 68,2 93,1 1133 E- que dans le sens inverse . En suivant la Fig . 35-12, on
0,05 126 10114 570 51,7 89,5 1363 fait les calculs suivants :
0,1 80,4 6095 540 30,8 80,4 1535 1 . Résistance totale de la branche a-2-N :
0,2 43,2 2921 480 17,7 64,7 1593
0,4 22,2 1120 360 10,6 40,8 1610 Rn = - 48 + 1,5 = - 46,5 S2
0,6 14,8 500 240 8,2 23,4 1614
2 . Impédance de la branche a-2-N :
1 8,9 0 0 6,3 0 1616

Z = ~ Rp +x 2

couple de décrochage
kN •m
= 141 kN~m 46,5) 2 +62
150
= 46,9 Q

120
5000 hp 6900 V 3 ph 600 r/min 60 Hz

90
d
o
.
oO
60
couple nominal = 59,7 kN •m

30 couple de démarrage
= 8,9 kN •m

I I
100 200 300 400 500 600
vitesse r/min
Figure 35-12
Figure 35-11 Circuit équivalent du moteur de 5 hp fonctionnant comme
Courbe du couple en fonction de la vitesse d'un moteur de générateur asynchrone . La résistance négative de 48 0
5000 hp, 600 r/min, 60 Hz . génère de la puissance active au lieu d'en consommer .





594 ÉLECTROTECHNIQUE

3 . Courant dans la branche a-2-N : 11 . Puissance réactive absorbée par la réactance de


magnétisation :
I, = E/Z = 254/46,9
2
= 5,42 A Q2 = E 2/Xm = 254 /110

= 587 var
4 . Puissance active fournie au rotor :
12. Puissance réactive totale par phase absorbée par la
12
Pr = r2 /s = 5,422 (-48) génératrice asynchrone :
_ - 1410 W Q=Qi+Q2
Cette puissance négative indique que la puissance est • 176 + 587 = 763 var
transmise du rotor au stator. 13 . Puissance apparente aux bornes 1, N de la généra-
5 . Pertes Joule dans le rotor : trice asynchrone :

2 2
Pjr = I r2 = 5,422 x 1,2 S = Pe + Q = V 1294 2 + 762'
= 35,2 W = 1502 VA

6 . La puissance mécanique fournie à l'arbre est égale 14 . Courant de la ligne :


à Pr plus les pertes Pj r dans le rotor, soit :
Ip = SIE = 1502/254
P mc = Pr +Pjr • 5,91 A
• 1410 + 35,2 15 . Facteur de puissance aux bornes de la génératrice :
• 1445 W
cos 0 = P e/S = 1294/1502
7 . Pertes Joule dans le stator :
= 0,862 = 86,2 %

Pjs = I2 r, = 5,422 x 1,5 16 . Rendement de la génératrice asynchrone :


• 44,1 W Pe
puissance électrique utile
~1 =
8 . Pertes dans le fer et par frottement et aération : puissance mécanique fournie Pmc
2 2 /9()() -
Pf + P, = E /Rf = 254 1294 = 0,896 = 89,6 %
1445
= 71,7 W
17 . Puissance mécanique totale requise pour entraîner
9 . Puissance active transmise à la ligne raccordée à la
la génératrice :
génératrice asynchrone :
3Pmc = 3 x 1445
P e = puissance fournie au stator - pertes P = = 5,81 h P
746 746
= P r -Pjs -(Pf+Pv,)
18 . Couple de décrochage par phase comme généra-
= 1410-44,1 -71,7 trice:
= 1294 W
9,55 Es
(pour les 3 phases : Pe = 3 X 1294 = 3882 W) Td = éq . 35-12b
2 ns(r, - Z,)
10 . Puissance réactive absorbée par la réactance de
fuite : 9,55 x 254 2
= -36,6 N-m
QI 2 a 2 x 1800 x (1,5 - 6,18)
= I, x = 5,42 x 6
soit au total : 3 x (-36,6) = -109,8 N •m
• 176 var

LA MACHINE ASYNCHRONE: CIRCUIT ÉQUIVALENT ET VARIATION DE LA VITESSE 595

Ce couple de décrochage de 109,8 N •m est sensible-


ment phis grand que celui de 66,9 N •m lorsque la ma-
EA
chine fonctionne comme moteur (voir section 35 .7) .

35 .10 Mesure des paramètres o-


On peut mesurer les valeurs approximatives de rl , r2 , v 0
r/i 'A

X,,,, Rf et x d'un moteur asynchrone en faisant un essai o PAv

à vide et un essai à rotor bloqué .

Essai à vide . Lorsqu'un moteur asynchrone tourne à Figure 35-13


vide, son glissement est très faible . Cela veut dire que Lessai à vide permet de calculer les valeurs de X, et Rf de la
la valeur r2 ls (Fig . 35-6) est très élevée . Par consé- branche d'excitation .
quent, le courant I l devient négligeable par rapport au
courant d'excitation lo . Il s'ensuit que le circuit n'est
composé que de X,,, en parallèle avec Rf. On peut éva- La réactance de magnétisation est :
luer ces deux paramètres en mesurant la tension, le
2
courant et la puissance active absorbée par le moteur .
EAv
On procède alors comme suit: Xm = (35-16)
QAV
a) Mesurer la résistance RLL entre deux bornes du sta-
tor, le moteur étant débranché du réseau . En suppo- Essai à rotor bloqué . Lorsqu'on applique la pleine
sant une connexion en étoile, on trouve la valeur de r t : tension à un moteur asynchrone dont le rotor est blo-
qué, le courant I i du stator (Fig . 35-6) est de l'ordre de
RLt 6 fois le courant nominal . Comme le glissement s est
rt = (35-13)
2 alors de 1, la valeur r2/s devient simplement r2, où r2
est la résistance du rotor ramenée au stator.
b) Le moteur tournant à vide, appliquer la tension no- Étant donné que Il est alors beaucoup plus grand que
minale ligne à ligne EAv à ses bornes (Fig . 35-13) . En- le courant d'excitation Io , on peut négliger la branche
suite, mesurer les valeurs du courant I AV et de la puis- d'excitation . Cela permet de déterminer les valeurs de
sance active totale P Av . Cela permet de calculer les x et de r2 en faisant les essais suivants :
valeurs de la puissance apparente totale S AV et de la
a) Le rotor étant bloqué, appliquer environ le sixième
puissance réactive totale QAV .
de la tension nominale au stator . De cette façon, le
SAV = EAV IAV 13 courant est à peu près égal à sa valeur nominale et le
(35-14) moteur ne surchauffe pas .
2 2
QAV = SAV - PA, b) Prendre les lectures de E RB (ligne à ligne), de IRB et
de la puissance active totale PRB (Fig . 35-14) .
Pf +PV, = PAV

La résistance Rf correspondant à Pf + P., est* :

2
ER
EAv
Rf (35-15)
( Pf + P ' )
O

ERB O
r/i -ÀIRB

0 PRB

Lorsqu'on désire connaître les pertes P, par frottement et


aération, on peut appliquer environ 15 % de la tension no-
minale aux bornes du moteur lorsqu'il tourne à vide . Les Figure 35-14
pertes dans le fer sont alors négligeables, ce qui permet de Lessai à rotor bloqué permet de calculer les valeurs de la
calculer la valeur de P, réactance de fuite x et de la résistance totale (r f + r2 ) .



596 ÉLECTROTECHNIQUE

On calcule alors la puissance apparente S RB et la puis- À partir de l'essai à vide, on obtient :


sance réactive QRB , ce qui permet de trouver les va-
leurs de x et r2, comme suit : SAV = EAV IAV U = 575 x 14 U
= 13 943 VA

SRB = E. I. V 3
QAV = V SAv - PAV =1 13 943 2 -1588
2 2
QRB = SRB - PRB = 13 852 var
Pf + PV, = PAV
QRB = 1588 W
x= (35-17)
31RB
_ EAV = 575 2 =
Rf 208 S2
3IRB (r 1 + r2 ) = PRB (Pf +P,) 1588

donc 2
EAV 575 2
Xm = 23,9 S2
PRB QAV 13 852
r2 = - r, (35-18)
3IRB À partir de l'essai à rotor bloqué, on obtient :

Généralement, des essais plus élaborés sont effectués SRB = E. I,,,, l = 94 x 29 C = 4722 VA

pour déterminer avec une meilleure précision les para-


mètres d'une machine, mais la méthodologie décrite
Q RB = 'V SRB -PRB = V47222 - 1263 2
ci-dessus donne des valeurs acceptables . Parmi ces es- = 4550 var
sais, mentionnons ceux pour tester les moteurs à dou- Réactance de fuite totale rapportée au stator :
ble cage où la résistance r2 , mesurée à rotor bloqué,
peut être trois ou quatre fois plus élevée que lorsque le QRB = 4550
X = = 1,80 S2
moteur tourne en charge, près de sa vitesse synchrone . 3x 29
2
31;,,
3IR
Exemple 35-1 Résistance totale rapportée au stator :
Un moteur à cage d'écureuil de 30 hp, 885 r/min,
= PRB = 1263 = 0,50 S2
575 V,3 phases, 60 H est soumis à des tests à vide ri + r2
et à rotor bloqué . Voici les résultats obtenus . 3IRB 3 x 292
tension à vide (ligne-li ne) E y 575 V 0,20 + r2 = 0,50
courant à vide ! w 14 A r2 = 0,50 - 0,20 = 0,30 S2
puissance active à vide P v 1588 W
Le circuit équivalent du moteur est donné à la Fig .
résistance entre deux bornes du stator 0,40 £2
35-15 .
tension à rotor bloqué (ligne-lieue) 94 V
r, x1
courant à rotor bloqué l sii 29 A 0,2 S2 1,80
puissance active à rotor bloqué l' l 'i' 1263 W
Déterminer le circuit équivalent du moteur .

Solution
En supposant que les enroulements du stator sont con-
nectés en étoile, la résistance par phase est :

rt = 0,40 S2/2 = 0,20 S2 Figure 35-15


Détermination du circuit équivalent d'un moteur asynchrone
à cage d'écureuil . Voir exemple 35-1 .

LA MACHINE ASYNCHRONE : CIRCUIT ÉQUIVALENT ET VARIATION DE LA VITESSE 597

VARIATION DE LA VITESSE D'UN des couples produits par tous les conducteurs du rotor
MOTEUR ASYNCHRONE donne un couple total de 100 N .m.
La vitesse de 1730 r/min correspond à un glissement
Pour contrôler la vitesse d'un moteur à cage, on pense
s = (1800 -1730)/1800 = 0,0389 . Cependant, lorsqu'on
immédiatement à la possibilité de faire varier la fré-
étudie les moteurs asynchrones à vitesse variable, il
quence appliquée au stator, car cela changera la vitesse
est préférable d'utiliser comme paramètre la vitesse de
du champ tournant . Dans les deux prochaines sections,
glissement ng, plutôt que le glissement s . Dans notre
nous établirons, à l'aide d'une analyse simple, les prin-
cas, la valeur de n g est 1800 - 1730 = 70 r/min .
cipes de base régissant le fonctionnement d'une ma-
chine asynchrone alimentée à fréquence et à tension La Fig . 35-16b montre la même machine lorsque le
variable . stator est alimenté par une source à 30 Hz, soit la moi-
tié de la fréquence nominale . Il s'ensuit que la vitesse
35.11 Moteur à vitesse variable et couple synchrone est de 900 r/min . La tension aux bornes du
constant stator est ajustée afin que le flux par pôle demeure à sa
La Fig . 35-16a est un diagramme schématique du ro- valeur nominale . Dans ces conditions, le niveau de sa-
tor d'un moteur triphasé à cage d'écureuil alimenté à turation dans les diverses parties de la machine est le
60 Hz et dont la vitesse synchrone est 1800 r/min . même que précédemment . Supposons aussi que la
La figure montre un pôle seulement du champ tour- charge mécanique appliquée au moteur soit telle que
nant, créé par le stator. Il s'agit du flux mutuel 0m re- la vitesse de glissement soit encore 70 r/min . Il est évi-
liant le stator et le rotor. Supposons que le moteur dé- dent que la tension induite dans les barres du rotor est
veloppe un couple de 100 N .m lorsqu'il tourne à la même qu'auparavant ; par conséquent, le courant 12
1730 r/min . est encore 100 A . Il en découle que le moteur déve-
Le flux et le rotor tournent dans le même sens, mais loppe le même couple que dans la Fig . 35-16a . Sa vi-
relativement au rotor le flux se déplace à une vitesse tesse est maintenant de (900 - 70) = 830 r/min .
de 70 r/min . La croix sur la figure représente un con- Poursuivons notre analyse avec une troisième condi-
ducteur du rotor qui est coupé par le champ tournant . tion de fonctionnement . Supposons que le rotor soit
Il en résulte un courant induit 12 de 100 A . Comme ce bloqué et que l'on désire maintenir un couple de dé-
courant se trouve dans le champ magnétique 0, il est marrage de 100 N •m en changeant la fréquence (Fig .
soumis à une force qui produit un couple. L'ensemble 35-16c) Quelle doit-être la valeur de cette fréquence?

f = 60 Hz f =30 Hz f = 2,33 Hz
n s = 1800 r/min n s = 900 r/min ns = 70 r/min
n = 1730 r/min n = 830 r/min n=0
n g = 70 r/min ng = 70 r/min ng = 70 r/min
I2 =100A I2 =100A I2 =100A
T= 100 N •m T= 100 N •m T= 100 N •m

Figure 35-16
Lorsque le flux mutuel est constant, le couple et le courant dans le rotor dépendent uniquement de la vitesse de glissement



598 ÉLECTROTECHNIQUE

Tout d'abord, on doit ajuster la tension aux bornes du of, O f2


stator de sorte que le flux 0m soit le même qu'aupara-
vant . Ensuite, afin de maintenir un couple de 100 N •m ,
il faut que le courant dans les conducteurs soit tou- o

jours de 100 A . Par conséquent, le champ doit les cou- L + 2


r /s
per à raison de 70 r/min . Comme le rotor est station- R E Il 0,415
naire, le flux doit lui-même tourner à 70 r/min, ce qui S
exige une fréquence de 60 Hz x (70/1800) = 2,33 Hz . T7oo
Ces conditions de fonctionnement sont illustrées à la
Q
c
N
T
Fig . 35-16c .
Cet aperçu préliminaire nous fait réaliser que pour un Figure 35-17
Circuit équivalent d'un moteur asynchrone de 18,5 kW, 460 V,
même flux mutuel Om et une même vitesse de glisse-
60 Hz, 1730 r/min .
ment ng , le couple, ainsi que le courant dans le rotor,
demeurent constants, indépendamment de la fréquence
valeur nominale, soit 460/'3 = 266 V. Cela veut dire
appliquée au stator. Ceci constitue un phénomène de
que le flux 0s demeurera fixe .
base en ce qui concerne la commande de vitesse de
tout moteur asynchrone. On peut simplifier le circuit en déplaçant la branche
d'excitation en amont de la réactance x t comme le
Regardons maintenant de plus près ce qui se passe dans
montre la Fig . 35-18 . Cela permet de combiner les réac-
la machine . Comme le moteur agit comme un trans-
tances de fuite x, et x2 en une seule réactance x = 1,87 £2,
formateur tournant, le courant 12 dans le rotor est ré-
sans affecter sensiblement le comportement de la ma-
fléchi au stator comme un courant Ii (voir Fig. 35-3) .
chine. Noter qu'on peut exprimer la résistance r 2/s en
On doit ajouter à ce courant le courant d'excitation I o
fonction de n s et de la vitesse de glissement ng :
pour obtenir le courant I p tiré de la source . Puisque le
flux mutuel est constant, il s'ensuit que 10 demeure r2 r2 r2 n, r2 ns
constant .
s (n s - n)lns (n s - n) ng
Il en résulte que pour un flux Om donné, le couple et le
courant Ip dans le stator dépendent uniquement de la soit
vitesse de glissement ng, peu importe la fréquence.
r2 r 2 ns
Toutefois, la fréquence détermine la vitesse synchrone (35-19)
ns du moteur et dès lors sa vitesse n = ns - ng . S ng
Les mêmes remarques s'appliquent lorsque la machine
En utilisant cette expression et le circuit de la Fig . 35-
fonctionne comme générateur asynchrone .
18, on peut déduire la courbe du couple T en fonction
35 .12 Couple et courant en fonction de la de la vitesse de glissement n g (Fig . 35-19) . Pour tracer
vitesse de glissement cette courbe, on a utilisé une fréquence de 60 Hz et on
La Fig . 35-17 montre le circuit équivalent d'une phase
d'un moteur asynchrone de 18,5 kW (25 hp), 460 V,
60 Hz, 1730 r/min . La tension d'alimentation E s et les
valeurs des paramètres x 1 , x2, r1 , r2, Xm et Rf sont indi-
quées sur la figure . Par exemple, la réactance de fuite
x, du stator est de 0,77 S2 .
On observe que la tension Ev est égale à la somme des
tensions E, et E23 . Or, ces tensions correspondent res-
pectivement aux tensions induites dans le stator par le
flux mutuel c,,, et le flux de fuite of, . La somme de ces
Figure 35-18
deux flux est égale au flux 0s accroché par les spires Circuit équivalent lorsque la branche d'excitation est placée
du stator. Dans ce qui suit, nous maintiendrons E„ à sa entre les points 2 et N .




LA MACHINE ASYNCHRONE : CIRCUIT ÉQUIVALENT ET VARIATION DE LA VITESSE 599

[N .m] 400
[A]
Td = 300 N •m
300 °~ ngd = 400 r/min

T Ip 180 N • m
147 A 147 A
/ 106 A 102 N •m II \

100 ~130A
\ 127 8A
27A
0
1600 1200 800 400 0 -400 -800 -1200 -1600
vitesse de glissement n g [r/min] -~
-100
70 r/min
T /
-200
127 N •m

-300
-Td=-300 N •m
n g d = -400 r/min
-400
n s - 1600 ns - 1200 n s - 800 ns - 400 ns ns + 400 n s + 800 n s + 1200 ns + 1600

vitesse du moteur [r/min]

Figure 35-19
Courbes du couple et du courant dans le stator en fonction de la vitesse de glissement n g . Les courbes sont symétriques
car la tension appliquée est ajustée de façon à maintenir un flux os constant . Les données correspondent au moteur
asynchrone de 18,5 kW, 460 V, 60 Hz, 1730 r/min .

a gardé la tension E, strictement constante et égale à se produit lorsque ng = 70 r/min . Cela correspond à
266 V. À cette fin, la tension E s aux bornes 1, N du une vitesse n = 1800 - 30 = 1730 r/min . La puissance
stator a été légèrement réajustée à chaque point d'opé- mécanique est alors :
ration afin de compenser la chute de tension dans la
résistance du stator. Il en résulte une courbe T-ng qui nT - 1730 x 102
Pmc = = 18 477 W = 18,5 kW
est parfaitement symétrique par rapport à l'origine, là 9,55 9,55
où la vitesse de glissement ng est nulle* . Ainsi, la vi-
tesse de glissement n gd et le couple Td lors du décro- La Fig . 35-19 montre aussi le courant Ip dans le stator
chage en mode générateur possèdent les mêmes va- en fonction de ng . On constate que cette courbe en «V»
leurs (400 r/min, 300 N •m) que celles obtenues lors du est parfaitement symétrique par rapport à l'axe verti-
décrochage en mode moteur, mais elles sont de signe cal passant par ng = 0 . Que le glissement soit positif ou
négatif. On observe que le couple nominal de 102 N •m négatif, le courant est toujours positif car Ip représente
la valeur efficace . Le courant au glissement nul est de
8 A ; il correspond au courant d'excitation I o. Le cou-
La forme de cette courbe est légèrement différente de celle rant Ip dans le stator est de 27 A lorsque la machine
qu'on obtiendrait avec une tension E s constante appliquée développe son couple nominal.
au stator. Voir par exemple la courbe de la Fig . 34-19 ; elle
n'est pas symétrique car le couple de décrochage en mode Afin de démontrer l'origine de ces valeurs, calculons
génératrice est supérieur à celui en mode moteur . le couple T et le courant Ip pour une vitesse de glisse-




constituent = 300 N
600 ÉLECTROTECHNIQUE

ment de 70 r/min, la fréquence de la source Es étant de 10 . Courant Ip :


60 Hz (Fig . 35-18) . Ip = SIE,, = 7304/266 = 27,5 A 27 A
1 . Vitesse synchrone : 1800 r/min Calculons maintenant la tension requise pour la source
2 . Vitesse de glissement ng = 70 r/min Es :
3 . r2nslng = 0,415 x 1800/ng = 747/ng 11 . Puissance active fournie par Es :
= 747/70 = 10,67 S2 Ps = 6537 + I2 ri = 6537 + 27,52 x 0,5
4 . Courant Il : = 6537 + 378 = 6915 W
Il = 266/ (10,67 2 + 1,872) = 24,56 A
12 . Puissance réactive fournie par Es :
5 . Puissance transmise au rotor, par phase :
Q, = 3259 var (voir 8)
Pr = 10,67 X 24,562 = 6436 W
13 . Puissance apparente fournie par Es :
6 . Couple total développé par les trois phases :
Ps + Q5 =1~ 69152 +32592
T =3 x 9,55 Pr = 7644 VA
ns
14 . Tension E, = S,lIp = 7644/27,5 = 278 V
• 3 x 9,55 x 6436 = 102 N •m La tension Es requise est seulement de 5 % plus élevée
1800
que la tension E,, .
Ainsi, les valeurs ng = 70 et T = 102 N•m Déterminons maintenant le couple de décrochage Td .
un point sur la courbe de la Fig . 35-19 .
15 . Puisque la tension E,, est maintenue constante, la
Calculons maintenant la valeur du courant Ip . puissance fournie au rotor, de même que le couple, at-
7 . Puissance active P fournie par la source E,, : teignent leurs valeurs maximales lorsque r2ns/ng = x .
On peut donc écrire :
2 16 . Vitesse de glissement ngd lors du décrochage :
P = r2 h + Ev
s f r2ns = 0,415 x 1800 _ 747 = 1,87
2
= 10,67 x 24,562 + 266 ngd ngd ngd
700
= 6436 + 101 = 6537 W d'où ngd = 747 = 400 r/min
1,87
8 . Puissance réactive Q fournie par la source E,, : 17 . Courant de décrochage (Il = Id) :

E2 E, 266
Q=xII +
Xm (r2ns/ngd)2 +x2 ~ 1,872 + 1,872
2 = 100,6 A = 100 A
• 1,87 x 24,562 + 266
33,2 18 . Puissance transmise au rotor, par phase :
• 1128 + 2131 = 3259 var Pr = 1,87 X 100,62 = 18 925 W
9 . Puissance apparente S fournie par Ev : 19 . Couple de décrochage total :

9,55 x 18 925
S =V P2 + Q2 =65372 +32592 Td=
3 x 9,55 Pr = 3 x
= 7304 VA ns 1800
= 301 N •m •m

LA MACHINE ASYNCHRONE : CIRCUIT ÉQUIVALENT ET VARIATION DE LA VITESSE 601

Les valeurs Td = 300 et ng d = 400 r/min définissent un suit que le couple de décrochage de 300 N •m sera
autre point sur la courbe T-n g de la Fig . 35-19 . développé à une vitesse n = n s - n g = 500 - 400 =

En procédant de la même manière que dans les parties 100 r/min . Le courant statorique correspondant sera
7 à 10 ci-dessus, on trouve que le courant I p lors du de 106 A . Cette deuxième échelle permet donc d'ex-
décrochage est de 106 A . primer les valeurs du couple T et du courant Ip en
fonction de la vitesse n pour différentes fréquences
Noter que nous aurions pu utiliser une fréquence dif- d' alimention .
férente de 60 Hz pour générer les deux courbes de la
Par exemple, quelle sera la courbe du couple en fonc-
Fig . 35-19 . Tant que le flux total 0s accroché par le
tion de la vitesse lorsque la machine est alimentée par
stator est maintenu à sa valeur nominale, les courbes
une source de 40 Hz? Tout d'abord, la nouvelle vitesse
T-n g et I-ng resteront les mêmes, peu importe la fré-
synchrone sera 1800 x (40Hz/6OHz) = 1200 r/min . Si
quence .
la tension appliquée au stator est ajustée de façon à
Sur ce graphique, les vitesses de glissement n g sont produire le flux 0s nominal, la forme de la courbe T-ng
affichées sur l'axe horizontal . Comme la vitesse sera exactement la même que celle de la Fig . 35-19 .
du moteur est donnée par n = n s - n g, nous avons Le couple passe maintenant par zéro à 1200 r/min (Fig .
affiché en bas du graphique une deuxième échelle 35-20) . On constate que le couple de démarrage est
qui donne directement la vitesse n de la machine, alors de 180 N •m et le courant de démarrage de 130 A .
connaissant la vitesse synchrone . Par exemple, si Le couple nominal de 102 N •m est atteint à une vitesse
la vitesse synchrone est, disons 500 r/min, il s'en- de (1200 - 70) = 1130 r/min .

[N •m] 400
[A]

300
180 N m

200
102 N •m
Î

100

0
40 0 80 00 16 00 2000

113
-100
vitesse n [r/mi n]

-200

-300

-400

Figure 35-20
Couple et courant dans le stator en fonction de la vitesse du moteur pour une vitesse synchrone de 1200 r/min .





602 ÉLECTROTECHNIQUE

35 .13
Modification du circuit équivalent 0552 0,18752
selon la fréquence d'opération r, L
H X
Ip o
Lorsqu'on connaît le circuit équivalent d'un moteur + 0,415
asynchrone à une fréquence donnée, il est facile de le 8,0 1
transformer pour une autre fréquence . Il suffit de chan- EV X A R
26,6 V 74,7
ger la valeur des réactances inductives afin qu'elles ng
39,2 V - 3,32 T700
correspondent à la nouvelle fréquence . Les éléments 52 52
résistifs du circuit demeurent inchangés . De plus, la o
N N
signification des paramètres tels que le glissements, la
Figure 35-21
vitesse synchrone n, et la vitesse de glissement n g de-
Circuit équivalent lorsque f = 6 Hz et n s = 180 r/min . Voir
meurent les mêmes . En général, on désire maintenir le exemple 35-2 .
flux total 0s à sa valeur nominale . Dans ces circonstan-
6 . Courant I i :
ces, il faut que le courant magnétisant Im soit gardé à
sa valeur nominale . Il = 26,6/ (1,067 2 + 0,187 2) = 24,55 A

7 . Puissance transmise au rotor, par phase :


Exemple 35-2
Pr = 1,067 x 24,55 2 = 643 W
Le moteur asynchrone de 18,5 kW, 460 V, 60 H7 .
1730 r/min que nous venons d'étudier, possède le 8 . Couple total développé par les trois phases :
circuit équivalent moufté à la Fil, . 35-18 . Il s'agit
9,55 P r
de déterminer le circuit équivalent lorsque le m0- T =x
3
leur est alimenté par une source E, de 6 Hz . la vi- ns
tesse de elissement étant de 70 r/min .
= 3 X 9,55 x 643
= 102 N-m
Solution 180
Comme la fréquence est de 6 Hz, il suffit de multi- 9 . Vitesse de rotation n = 180 - 70 = 110 r/min
plier les réactances dans la Fig . 35-18 par le rapport
(6 Hz/60 Hz), soit par 1/10 . Ainsi, à 6 Hz la réactance 10 . Puissance active P fournie par la source E,, :
magnétisante devient X m = ( 1/10) x 33,2 £2 = 3,32 S2 . 2
De la même façon, la réactance de fuite devient x =
P= r2 Ii + E°
(1/10) x 1,87 £2 = 0,187 S2 . Les paramètres résistifs ne s Rp
changent pas . Le nouveau circuit équivalent est mon-
2
tré à la Fig . 35-21 . On suit alors le raisonnement et les 26,6
= 1,067 x 24,55 +
calculs suivants : 700
1 . Afin de garder le même flux statorique Os , le courant = 643 + 1,0 = 644 W
magnétisant Im doit être le même que dans la Fig . 35-
11 . Puissance réactive Q fournie par la source E, :
18, soit 8,0 A .
2 . La tension E, est donc :
E2
Ev = I,,,Xm = 8,0 x 3,32 = 26,6 V Q=x11 +
Xm
3 . Vitesse synchrone : 2
2 + 26,6
ns = (6 Hz/60 Hz) x 1800 = 180 r/min = 0,187 x 24,55
3,32
4 . Vitesse de glissement: n g = 70 rlmin = 112,1 + 213,1 = 326 var
5 . Résistance r2/s :
12 . Puissance apparente S fournie par E, :

rz _ rzns = 0,415 x 180 = 74,7


= 1,067 S2 S = VP 2 + Q 2 =6442 +3262
s ng 70 70
= 722 VA

LA MACHINE ASYNCHRONE : CIRCUIT ÉQUIVALENT ET VARIATION DE LA VITESSE 603

13 . Courant Ip : ment la portion de la courbe T-n comprise entre + Td et


Ip = SIED, = 722/26,6 = 27,1 A = 27 A - Td . Dans cette plage d'opération, le couple développé
par ampère est excellent, et le rendement et le facteur
Calculons maintenant la tension requise pour la source de puissance sont bons .
Es :
La Fig . 35-22 montre en plus grand détail la courbe
14 . Puissance active fournie par E s : T -n g dans cette plage d'opération pour le moteur de
2 18,5 kW que nous venons d'étudier (Fig . 35-18) . La
Ps = 644 + 1 r, = 644 + 27,1 2 x 0,5 figure montre aussi la courbe du courant efficace Ip en
p
= 644 + 367 = 1011 W fonction de ng .

15 . Puissance réactive fournie par E s : 35 .15 Flux du stator dans une machine
Ps = 326 var (voir 11) asynchrone et le rapport volts/hertz
Le flux total 0s = om + Of , est celui accroché par les
16 . Puissance apparente fournie par Es :
spires du stator. Il induit la tension E, qui est mise en
évidence dans les Fig . 35-1, 35-2, 35-3, 35-5 et ailleurs
Ss = PS + Qs =1/ 1011 2 + 326 2
dans ce chapitre . Quelle est donc la valeur de ce flux?
= 1062 VA Tout comme dans un transformateur, la relation entre
le flux et la tension induite dans un enroulement du
17 . Tension Es = S slIp = 1062/27,1 = 39,2 V stator est donnée par une expression semblable à l'équa-
On constate que, dans ce cas, la tension Es requise est tion 30-2, soit :
de 147 % de la tension E,
EE = 4,44 fNOs (35-20)
Ces observations complètent les principes fondamen-
taux régissant le fonctionnement d'une machine asyn- ou
chrone alimentée à fréquence et tension variables . Le E, = tension induite dans le stator, par phase [V]
lecteur désirant une explication plus complète est in- f = fréquence [Hz]
vité à consulter l'Appendice A-5 . N = nombre de spires effectives du stator, par
phase
35 .14 Plage d'opération lorsque la tension
os = flux total par pôle [Wb]
et la fréquence sont variables 4,44 = constante (valeur exacte = nr2)
La grande majorité des moteurs asynchrones installés
En réarrangeant les termes, on obtient
dans les commerces et les industries sont raccordés à
une source triphasée dont la tension et la fréquence
1 Ev
(60 Hz ou 50 Hz) sont maintenues constantes . Dans (35-21)
ces circonstances, pour connaitre la performance du 4,44 N f
moteur, on a besoin de la courbe complète du couple
en fonction de la vitesse . Une courbe T-n typique est L'équation 35-21 indique que pour un nombre de spi-
montrée à la Fig . 34-17, chapitre 34 . res N donné, le flux total dépend directement du rap-
port (E~lf) . Tant et aussi longtemps que ce rapport est
Pendant la période de démarrage le courant est très gardé constant, le flux mutuel 0s demeure constant. Il
élevé, mais cette phase d'opération est de courte du- en découle que pour maintenir un flux constant avec
rée . En régime normal, la charge du moteur peut varier une fréquence variable, on doit augmenter ou diminuer
entre zéro et sa valeur nominale . Par moments, le mo- la tension E, dans les mêmes proportions que f . Donc,
teur doit supporter des couples s'approchant du cou- si la fréquence diminue du tiers, on doit réduire E„ du
ple de décrochage . En pratique, le couple variera donc tiers .
entre les limites imposées par les couples de décro-
Le rapport E~lf s'exprime en volts par hertz (V/Hz) . Il
chage + Td et -Td (Fig . 35-19) .
joue un rôle très important dans la description des ca-
Lorsqu'on dispose d'une source dont la tension et la ractéristiques d'un moteur asynchrone . En résumé, le
fréquence sont variables, il y a avantage, au démarrage rapport «volts par hertz» constitue une façon simple
aussi bien qu'en régime permanent, à utiliser seule- d'exprimer l'amplitude du flux dans un moteur.
604 ÉLECTROTECHNIQUE

400
[N-m]
[A]

300

200

T Ip

100

-100

-200

∎w
-300

-400

Figure 35-22
Plage d'opération de la machine asynchrone de 18,5 kW, 460 V, 60 Hz . Le couple peut varier entre + 300 N •m et - 300 N .m .

Lorsque le moteur fonctionne à des fréquences com- quence tend vers zéro . En effet, à pleine charge la ten-
prises entre la fréquence nominale et 1/3 de celle-ci, la sion E, de la source est sensiblement égale à la somme
tension E, appliquée au stator est proche de la tension E,. + r 1 Ip .
induite E, , et reste presque proportionnelle à celle-ci
(Fig . 35-1) . Pour cette raison, on peut indiquer l'am- 35 .16 Commande du couple et de la
plitude du flux au moyen du rapport ES/f, plutôt que vitesse
E,,l f , car la tension E, est plus facile à mesurer que E,, . La Fig . 35-23 illustre les caractéristiques couple/
Cependant, à basse vitesse, lorsque la fréquence et la vitesse et courant/vitesse obtenues lorsque l'on di-
tension Ev sont toutes deux inférieures à 10 % de leurs minue simultanément la tension E„ et la fréquence
valeurs nominales, la chute de tension r1Ip dans le sta- aux bornes d'un moteur à cage de 18,5 kW, 460 V,
tor prend de l'importance, car elle devient alors aussi 1730 r/min, 60 Hz .
grande et même plus grande que Ev . Dans ces circons- La courbe 1 donne le couple en fonction de la vitesse
tances, si on désire maintenir le flux 0, à sa valeur no- lorsque la fréquence est de 60 Hz . La courbe est symé-
minale, la tension E, de la source doit être considéra- trique car la tension nominale de 460 V ligne à ligne a
blement plus grande que E,, . Donc, afin de garder Ev/f été légèrement réajustée à chaque point d'opération
constant, on doit progressivement augmenter le rap- de façon à maintenir le flux 0, constant . Cet ajuste-
port ES /f à mesure que la fréquence diminue . La cor- ment est facile à réaliser lorsqu'on a une source dont
rection est particulièrement importante lorsque la fré- la tension E, et la fréquence peuvent être commandées

qui
est atteint
est presque
lorsque
égal
la au
vitesse
couple
de
LA MACHINE ASYNCHRONE : CIRCUIT ÉQUIVALENT ET VARIATION DE LA VITESSE 605

[N •m ]
[A]
400
-400 900 1400
r/min 285 N-m r/min r/min
300
C .C . 7V 325 V 460 V
10 Hz 43,3 Hz 60, Hz
200
T Ip 102 N •m
O 102 Nm O 1730 r/min
90A 270 r/min
t t
100

` O
lO 27 A ,, Fe
0
-600 0 27 A 600 1200 1800 24 0
- n [r/min]
-100
300 1300

-200
1q,

-300 IL

-400

Figure 35-23
Variation du couple, du courant, en fonction de la vitesse lorsque le moteur de 18,5 kW est alimenté
à 60 Hz, 43,3 Hz, 10 Hz et 0 Hz . Dans chaque cas, la tension affichée correspond à la valeur Ev~3 .

à volonté. À pleine charge le couple et le courant sont de décrochage (courbe 3) . Noter que le courant de dé-
respectivement de 102 N •m , et de 27 A . Le couple de marrage (90 A) est maintenant sensiblement inférieur
décrochage de 300 N •m au courant de démarrage habituel (147 A) qu'on ob-
glissement ngd est de 400 r/min . tiendrait si le moteur était alimenté par une source de
460 V, 60 Hz (voir Fig . 35-19) . En réduisant la fré-
Lorsqu'on réduit la tension et la fréquence, disons, à
325 V et 43,33 Hz (0,722 p .u .), la courbe se déplace quence à 10 Hz, on obtient donc un couple de démar-
rage plus grand avec un courant plus faible .
vers la gauche, tout en conservant la même forme
(courbe 2) . Elle coupe l'axe horizontal à une vitesse Cette dernière observation constitue un des avantages
synchrone de 1300 r/min . de la commande de vitesse par variation de la fréquence .
Durant la période d'accélération, le système de com-
Ensuite, si l'on diminue la tension et la fréquence à
mande peut être programmé de sorte que le moteur
75 V et 10 Hz (0,167 p .u .), la courbe se déplace da-
développe en tout temps un couple proche du couple
vantage vers la gauche, donnant lieu à un couple de
de décrochage . Cela assure un démarrage rapide avec
démarrage de 285 N •m
un courant constant qui n'est pas trop élevé .

606 ÉLECTROTECHNIQUE

La courbe T-n conserve sa forme, même lorsque la fré- La nouvelle vitesse à 110 N •m est donc :
quence est nulle (courbe 4) . Cette situation correspond
à l'alimentation du stator en courant continu . Le mo- n=ns -ng =500-110
teur produit alors un couple de freinage symétrique de = 390 r/min
part et d'autre de la vitesse nulle.
Exemple 35-4
Nous avons aussi tracé les courbes en «V» du courant
efficace en fonction de la vitesse . Ces courbes sont En utilisant les courbes de la .
Fi*
symétriques par rapport à l'axe passant par la vitesse calculer :
synchrone . Les courbes couple/vitesse et courant/vi- a) la tension et la fréquence requises afin que le mo-
tesse se déplacent donc ensemble lorsque l'on fait va- teur de 18 .5 kW développe un couple de 140 N •m
rier la fréquence . lorsqu'il tourne à 12_34 1/min

Exemple 35-3 b) le courant tiré de la ligne dans ces conditions


Un moteur conventionnel à cage (I 'écureuil de 10 hp .
Solution
575 V . 1150 r/min . 60 Hz produit un couple de
a) On doit d'abord déterminer la vitesse de glissement
110 N •m à une vitesse de 1090 r/min . On se pro-
correspondant à un couple de 140 N •m .
pose d'alimenter ce moteur à une fréquence d
25 Hz . Calculer : En se référant à la Fig . 35-22, la vitesse ng est de
100 r/min lorsque le moteur développe un couple de
a) la tension d'alimentation requise pour que le flux
140 N •m.
dans la machine demeure inchangé
Pour que le moteur développe un couple de 140 N •m à
b) la nouvelle vitesse au même couple de 1 10 N •m
1234 r/min, la vitesse de glissement doit rester la même.
Solution Par conséquent, la vitesse synchrone doit être :
a) Le rapport nominal V/Hz est ESIf = 575/60 =
ns = 1234 + 100 = 1334 drain
9,58 V/Hz . Afin de garder le même flux 0, dans le
stator, il faut que ce rapport soit encore 9,58 V/Hz lors- La fréquence correspondante est :
que la fréquence est 25 Hz . Donc la tension E s requise
est environ f = 1334
x 60 = 44,47 Hz
Es = 25 Hz x 9,58 V/Hz = 240 V 1800

On arrive au même résultat en réduisant la tension d'ali- La tension d'alimentation doit être réduite approxima-
mentation en proportion de la fréquence : tivement dans les mêmes proportions que la fréquence:

E, = - x 575 = 240 V = 44,47


E1 x 460 = 341 V
60
60
b) La vitesse synchrone à 60 Hz est évidemment
1200 r/min, donc, la vitesse de glissement n g corres- b) La Fig . 35-22 indique que pour un couple de
pondant au couple de 110 N •m est : 140 N •m , le courant Ij, est environ de 37 A .

ng = ns - n = 1200 - 1090 35 .17 Couple et vitesse lors du


décrochage
= 110 r/min
On peut démontrer (voir l'Appendice A-5) que le cou-
La vitesse synchrone à 25 Hz est: ple de décrochage total pour un moteur triphasé est
donné par la formule approximative :
ns = 25
x 1200 = 500 r/min
2
60 0,019p
Td3 - (35-22)
La vitesse de glissement demeure inchangée, car le L (Ev
f l
couple est toujours de 110 N•m .

LA MACHINE ASYNCHRONE : CIRCUIT ÉQUIVALENT ET VARIATION DE LA VITESSE 607

où Supposons, en première approximation, que la tension


Ev soit assez proche de la tension d'alimentation, d'où
Td3 couple de décrochage total [N.m]
Ev = 6900/ 3 = 3984 V .
p nombre de pôles sur la machine
L inductance de fuite rapportée au stator [H] En substituant ces valeurs dans l'équation 35-22 on
(note : L = xl2içf, où x est la réactance de fuite obtient :
totale du moteur rapportée au stator à la fré-
quence nominale f) E 2
Td3 0 éq . 35-22
Ev = tension ligne à neutre, en aval de la résis- L 9p lf 1
tance du stator [V] (voir Fig . 35-5)
- 0,019 x 12 (3984' 2
f fréquence d'alimentation [Hz] 60
6,9 x 10-
0,019 constante [valeur exacte = 3/(161t2 )
= 145 687 N •m = 146 kN•m
Le couple de décrochage est donc proportionnel aux
b) La vitesse de glissement lors du décrochage est don-
volts par hertz E~/f au carré .
née par l'équation 35-23 :
Quant à la vitesse de glissement ngd lors du décrochage,
elle est donnée par la formule : 19,1 r2
ngd = éq. 35-23
19,1 r2 pL
ngd = (35-23) 19,1 x 0,08
pL = 18,5 r/min
ou 12 x 0,0069

ngd = vitesse de glissement lors du décrochage La vitesse de décrochage est:


[r/min] n = n s - n g d = 600 - 18,5 = 581,5 r/min
r2 = résistance du rotor rapportée au stator [S2]
On constate que les valeurs de Td3, ngd et n s'accor-
p, L = même signification que dans la formule
dent bien avec les valeurs affichées au tableau 35-2 .
35-22 .
19,1 = constante [valeur exacte = 60/t] On pourrait faire les mêmes calculs pour le moteur de
5 hp, 1800 r/min, 440 V, 60 Hz dont le circuit équiva-
Noter que la vitesse de glissement n g d dépend unique-
lent est montré à la Fig . 35-8 . Cependant, comme il
ment de la construction du moteur. Elle ne dépend ni
s'agit d'un moteur relativement petit, la chute de ten-
de la tension, ni de la fréquence d'opération, ce qui est
sion r1Id est relativement plus grande . Par conséquent,
assez surprenant. C'est une propriété des moteurs asyn-
lors du décrochage, la tension Ev s'éloigne de la ten-
chrones qui mérite d'être retenue .
sion d'alimentation ligne à neutre, et elle n'est plus que
Exemple 35-5 de 88,5 % de celle-ci . Pour obtenir une évaluation plus
précise de Td3, on doit tenir compte de cette chute de
Le circuit équivalent du moteur asynchrone d
tension .
5000 hp, 6900 V, 600 r/min, 60 Hz (Fig . 35-10) in-
dique que la résistance r, du rotor est de 0,08 S2 et la 35 .18 Freinage par récupération d'énergie
réactance de fuite totale x est (le 2,6 £2 . Calculer : La commande de la fréquence offre encore un autre
a) la valeur du couple de décrochage avantage dans l'entraînement d'un moteur : celui du
b) la vitesse de décrochage freinage par récupération d'énergie . En se référant à la
Fig . 35-24, supposons que le moteur de 18,5 kW soit
Solution raccordé à un réseau de 460 V, 60 Hz . Il entraîne une
a) Comme la vitesse synchrone est de 600 r/min à charge qui exige un couple constant de 60 N •m (point
60 Hz, il s'ensuit que le moteur possède un nombre de d'opération 1 sur la courbe A) . La vitesse correspon-
pôles p = 120 f/n s = 120 x 60/600 = 12 . dante est 1760 r/min .
L'inductance de fuite est : Que faire si on désire diminuer la vitesse?
Supposons que l'on réduise brusquement la tension et
L = xl2itf = 2,6/(2n x 60) = 0,0069 H



608 ÉLECTROTECHNIQUE

400
~- . .
~- .~ ~~ .

300

200 h
l

T
100 M~
.. .
. .
1ooo 1400 1500 1600 1rno 1800 1900 2000
.. .. ..
-`-~~~-^-~-'-
'
-100

~~.i .i .~ .
-200
- -

-300 1

-400

Figure 35-24
Freinage d'un moteur par récupération d'énergie . Les valeurs correspondent à celles du moteur de 18,5 kW,
460 V, aoHz .17oor/nm .

la fréquence 685% de leurs valeurs nominales, de sorte tesse diminue donc très rapidement .
que la courbe A soit subitement remplacée par la courbe
À mesure que la vitesse diminue, le couple exercé par
B . Les nouvelles conditions d'alimentation sont
le moteur (fonctionnant maintenant en générateur) dé-
l, =460x0 .85=3o! \(/=00xO,85=5l Hz . La
croîtt progressivement, en suivant la courbe B . Rendu à
vitesse synchrone correspondante est 1530 r/min .
!530i1min au point 3 . A couple exercé par le moteur
Comme la vkeome du moteur ne peut ponchanger ins- est nul, mais sa vitesse continue 6d6crviître rapidement
tantanément (6oxuocdz!'iueuic) .le point d'opération 6cuuoe du couple (60 N-m) imposé par la charge . Après
passe d'abord du point 1 (courbe A) au point 2 (courbe le point 3, le moteur développe un couple positif qui
B) . Dans ces circonstances, le moteur exerce un cou- augmente progressivement, jusqu'au moment où il de-
ple uéguh[du26UN-m .Ce couple de freinage s'ajoute vient égal à celui de la charge (point 4) . Dorénavant, la
au couple de la charge (60 N-m), de sorte que le couple vitesse demeurera stable à 14oUr/min .
rmul de freinage est à ce moment de 32U[N . nu . La vi
LA MACHINE ASYNCHRONE : CIRCUIT ÉQUIVALENT ET VARIATION DE LA VITESSE 609

Lorsque le point de fonctionnement passe du point 2 Pour ces raisons, on maintient la tension à sa valeur
au point 3, une partie de l'énergie cinétique du rotor et nominale lorsque le moteur fonctionne en survitesse .
de la charge est retournée au réseau, car, durant cet Dans ces conditions, comme le courant nominal peut
intervalle, le moteur fonctionne en génératrice asyn- encore circuler dans le stator, le moteur absorbe sa
chrone . Donc, le freinage rapide est accompagné d'une puissance électrique nominale, et débite donc sa puis-
certaine récupération d'énergie . sance mécanique nominale . Comme cette dernière est
Cet exemple démontre que l'on peut freiner une égale au produit de la vitesse et du couple, il s'ensuit
charge et en récupérer de l'énergie, en imposant au que le couple développé par le moteur varie inverse-
moteur une fréquence telle que la vitesse de rota- ment avec la vitesse . Ainsi, lorsque la vitesse est deux
tion du champ soit inférieure à celle du moteur . fois la vitesse nominale, le moteur peut développer la
Durant cette période de freinage, on doit s'assurer moitié du couple nominal.
que la vitesse de glissement soit en tout temps infé- De plus, puisque la tension d'alimentation demeure
rieure à ngd afin de ne pas dépasser le couple de décro- constante alors que la fréquence augmente, il s'ensuit
chage . que le rapport volts/hertz diminue progressivement lors-
que la vitesse croît . Le flux os dans le stator décroît
35 .19 Fonctionnement en survitesse
donc inversement avec la fréquence .
La vitesse nominale et le couple nominal d'un moteur
déterminent ensemble sa grosseur et son échauffement . Examinons maintenant les autres aspects électromé-
Pour cette raison, la vitesse nominale est souvent ap- caniques lorsque le moteur marche en survitesse .
pelée vitesse de base («base speed») . Nous venons 35.20 Analyse du fonctionnement en
d'étudier le comportement d'un moteur asynchrone survitesse
lorsqu'il fonctionne à des vitesses comprises entre la
La Fig . 35-16 illustrait le comportement du moteur
vitesse nominale et des vitesses relativement basses .
fonctionnant à des vitesses inférieures à la vitesse no-
On peut se demander si on peut faire tourner un mo-
minale. Répétons cette analyse pour le même moteur
teur à des vitesses supérieures à la vitesse nominale . Si
fonctionnant en survitesse .
oui, quelles sont les limites de vitesse? Pourrait-on, par
exemple, doubler la vitesse du moteur de 18,5 kW, La Fig . 35-25a montre les propriétés du moteur en ré-
1730 r/min, que nous venons d'étudier? Outre les li- gime normal . La fréquence est 60 Hz, la vitesse est
mitations imposées par les effets mécaniques (forces 1730 r/min, le couple est 100 N •m, la vitesse de glisse-
centrifuges, vibrations, paliers, etc .), la réponse est oui, ment est 70 r/min, et le courant représentatif dans le
mais avec certaines restrictions . rotor est 100 A . Dans la colonne des données,
nous avons ajouté le couple de décrochage Td
Par exemple, on pourrait alimenter le moteur à 120 Hz
(300 N .m) et la vitesse de glissement ngd lors du dé-
sous une tension de 920 V, soit le double des valeurs
crochage (400 r/min) . Le flux mutuel On, a sa valeur
nominales . Cela conserverait le même flux total OS ,
nominale de 1 p .u.
de sorte que la courbe T-n aurait la même allure que
celle de la Fig . 35-19, avec une vitesse synchrone de Supposons que le moteur soit alimenté à une fréquence
3600 r/min . de 120 Hz (Fig . 35-25b) . Étant donné que la tension
Le problème est que, au couple nominal, la source reste la même alors que la fréquence est doublée, le
triphasée à fréquence variable doit fournir le dou- flux mutuel tombe à la moitié de sa valeur originale
ble de la puissance nominale du moteur, ce qui aug- (0,5 p .u .) . Pour maintenir le courant dans le rotor à
mentera son coût. De plus, comme la fréquence est 100 A, il faut que la vitesse de glissement soit deux
doublée, les pertes dans le fer du moteur augmente- fois plus grande, soit ng = 2 X 70 = 140 r/min . Le rotor
ront d'environ quatre fois, ce qui risque de faire tourne donc à 3600 - 140 = 3460 r/min.
surchauffer les laminations . Enfin, il n'est pas re- Le courant dans le rotor se trouve dans un champ ma-
commandé de faire marcher un moteur à 920 V alors gnétique qui est la moitié de ce qu'il était auparavant ;
que sa tension nominale est de 460 V . S'il fallait donc le couple devient 100 N .m/2 = 50 N •m .
tripler la vitesse nominale, les problèmes seraient
encore plus graves .
610 ÉLECTROTECHNIQUE

f = 60 Hz f = 120 Hz f = 150 Hz .f = 180


n s = 1800 r/min n s = 3600 r/min ns = 4500 r/min ns = 5400 r/min
n g = 70 r/min n g = 140 r/min ng = 175 r/min ng = 210 r/min
I, =100A 12 =100A I2 = 100 A 12 =100A
T = 100 N •m T = 50 N •m T = 40 N-m T = 33,3 N •m
n = 1730 r/min n = 3460 r/min n = 4325 r/min n = 5190 r/min
Td = 300 N-m Td = 75 N-m Td = 48 N •m Td = 33,3 N •m
n g d = 400 r/min ng d = 400 r/min ngd = 400 r/min n g d = 400 r/min
Om = 1,0 P .U . Om = 0,5 PU Om = 0,4 p .u . Om = 0,33 p .u .
P = 18,1 kW P = 18,1 kW P = 18,1 kW P = 18,1 kW

Figure 35-25
Commande du moteur en survitesse . La tension d'alimentation est gardée constante alors que
la fréquence est augmentée .

La Fig . 35-25c montre les conditions lorsque la fré- Par le même raisonnement, on trouve que le couple de
quence est de 150 Hz, soit 2,5 fois 60 Hz . La vitesse décrochage à 150 Hz est 300 x (60/150) 2 = 48 N •m . Le
synchrone est 4500 r/min, et le flux mutuel possède couple du moteur est alors 40 N .m .
maintenant une valeur de 1/2,5 = 0,4 p .u . On remarque que le couple T du moteur s'approche de
Afin d'induire un courant de 100 A dans le rotor, il plus en plus du couple de décrochage Td à mesure que
faut que ng devienne 2,5 x 70 = 175 r/min . Le moteur la vitesse augmente .
tourne alors à 4500 - 175 = 4325 r/min . Le couple du S'il fallait, en effet, que la fréquence soit augmentée à
moteur est 100 N •m x 0,4 = 40 N •m . 180 Hz (Fig . 35-25d), le couple de décrochage devien-
Pendant ce temps qu'advient-il du couple de décro- drait 300 N •m x (60/180) 2 = 33,3 N .m, ce qui corres-
chage ? Il est évident que lorsque le flux mutuel dimi- pond au couple que le moteur devrait produire pour
nue, le couple Td diminue en conséquence . Or, celui-ci fournir la puissance nominale (100 N •m x (60/180) =
est donné par la formule 35-21 : 33,3 N •m). On atteint alors une condition instable sur
la courbe T-n et le moteur décrochera .
0 0l9 p
, Ev 2 Il existe donc une limite à la survitesse qu'on peut at-
Td (35-24)
L (f) teindre tout en gardant la puissance égale à la puis-
sance nominale . On peut démontrer que la survitesse
On constate que Td varie selon le carré du rapport volts/
ultime théorique est donnée par:
hertz . Puisque la tension E, est demeurée constante
lors du fonctionnement en survitesse, il s'ensuit que
Td est inversement proportionnel au carré de la fré- Td N
u s max = nN (35-25)
quence. Donc, lorsque la fréquence est 120 Hz, la va- TN
leur de Td baisse à 300 N •m x (60/120)2 = 75 N •m : soit
le quart de sa valeur à 60 Hz .




LA MACHINE ASYNCHRONE : CIRCUIT ÉQUIVALENT ET VARIATION DE LA VITESSE 61 I

où 120 Hz pour illustrer la forme des courbes T-n à ces


ns max survitesse synchrone ultime, en dessous de fréquences, et pour démontrer la décroissance progres-
laquelle le moteur peut développer sa puis- sive du couple de décrochage .
sance nominale [r/min] On peut tracer chacune de ces courbes à partir du cir-
nN vitesse nominale du moteur [r/min] cuit équivalent à 60 Hz (Fig . 35-18) . Ainsi, lorsque la
TdN couple de décrochage nominal [N .m] fréquence est de 90 hz, on a:
TN couple nominal du moteur [N .m]
n s = 1800 x (90/60) = 2700 r/min
Dans notre cas, la survitesse synchrone ultime est
x = 1,87 Q x (90/60) = 2,81 S2
TAN 300
ns max = nN = 1800 x = 5400 r/min X,,, = 33,2 S2 x (90/60) = 49,8 S2
TN 100
1,„ = 266 V/49,8 S2 = 5,34 A
Une dernière observation : en survitesse, la vitesse de
Le courant I,,, est de 66,6 % du courant magnétisant
glissement lors du décrochage demeure 400 r/min, soit
nominal de 8 A . Le flux total 0s a donc une valeur de
la même valeur que celle pour toutes les autres condi-
66,6 % de sa valeur nominale .
tions d'opération . Ce fait découle de l'équation 35-23 .
La Fig 35-26 montre les courbes T-n pour le moteur de En procédant de la même façon que dans la section
18,5 kW, 460 V, 1730 r/min, 60 Hz, fonctionnant en 35 .12, on obtient les résultats suivants (Fig . 35-27) :
survitesse . La tension E, a été maintenue à 266 V pen- 1 . Résistance r2/s
dant que la fréquence augmentait de 60 Hz à 120 Hz .
rzls = rzn s ln g = 0,415 x 2700/ng = 1120/n g
Nous avons choisi les fréquences de 60 Hz, 90 Hz et

N •m Td = 300 N • m

300

Td = 134 N •m

200

T=66N •m Td=75N-m

T 100

O T=47 N •m

[r/min]
400 /1800 2300 2700 3200 3600
1730 2595 3460
-100
60 Hz 90 Hz 120 Hz

-200

-300

Figure 35-26
Courbes T-n obtenues lorsque le moteur de 18,5 kW, 460 V, 60 Hz, 1730 r/min fonctionne en survitesse à puissance
constante . Noter que le couple de décrochage Td diminue rapidement à mesure que la fréquence augmente .



612 ÉLECTROTECHNIQUE

2 . Soit une vitesse de glissement ng = 105 r/min: IP


1,0 -----------------------
1120/ng = 1120/105 = 10,67 S2 i' P
I l = 24,1 A T= 66 N •m T IP

Ip =26,3A ES =278V

n = 2700 - 105 = 2595 r/min P 0,5 1


3 . Lors du décrochage, 1120/n gd = 2,80 S2
0,33 ----------------------
d'où ng d = 400 r/min Puissance
couple
4 . Couple de décrochage Tgd : constant constante

1,0 2,0 3,0


E,2 x 2,80 2662 x 2,80
r= _ n (P . U .)
2) 15,68
(2,802 +2,80 Figure 35-27
Courbes normalisées d'un moteur asynchrone donnant T, P
= 12 635 W
et Ip en fonction de la vitesse n .

9,55 Pr
Tgd = X3 d'un graphique T-n (Fig . 35-28) . La courbe T-n d'un
ns moteur asynchrone triphasé illustre bien les différents
9,55 x 12 635 modes de fonctionnement de la machine comme mo-
x 3 = 134 N •m
teur, comme génératrice ou comme frein . Pour la courbe
2700
1, la machine fonctionne en moteur dans le quadrant 1,
Le lecteur retrouvera ces points d'opération sur la en frein dans le quadrant 2 et en générateur dans le
courbe à 90 Hz de la Fig . 35-26 . quadrant 4. En changeant la séquence A-B-C des pha-
ses de la source (ou en intervertissant les bornes de la
35.21 Autres façons de présenter les
machine), on obtient une courbe 2 montrée en poin-
caractéristiques du moteur
tillé . La machine fonctionne alors comme moteur dans
Nous avons montré les courbes T-n en détail afin de
le quadrant 3, comme génératrice dans le quadrant 2 et
bien saisir le comportement du moteur asynchrone . Il
comme frein dans le quadrant 4 . Cela démontre que la
existe d'autres méthodes graphiques pour décrire ses
machine peut fonctionner comme frein ou comme gé-
propriétés . La première indique le couple, le courant
nératrice dans les quadrants 2 et 4 .
et la puissance en fonction de la vitesse pour la plage
complète d'opération, en tant que moteur (Fig . 35-27) .
Les échelles sont graduées en unités p .u ., où le chiffre
1 signifie la valeur nominale de la vitesse n, du cou-
rant Ip , du couple Tet de la puissance P . Pour les vites-
ses inférieures à 1 p .u ., le couple, de même que le cou-
rant Ip , demeurent constants à leurs valeurs nominaux .
0
En survitesse, le couple est inversement proportionel à n
la vitesse, produisant ainsi une puissance constante .
Comme nous l'avons vu, le couple de décrochage im-
pose une limite à la vitesse maximale lorsque P = 1 .
Sur le graphique, cette limite est de 3 p .u .
Noter que ce graphique est semblable à celui obtenu
pour un moteur shunt à courant continu (voir Fig . 28- Figure 35-28
30, 28-31, 28-32, chapitre 28) . Courbes du couple en fonction de la vitesse d'un moteur
triphasé à cage d'écureuil, montrant le fonctionnement dans
Une autre façon de présenter le comportement d'un les quatre quadrants . La courbe en pointillé est obtenue en
moteur asynchrone est d'utiliser les quatre quadrants intervertissant deux des trois lignes d'alimentation .
LA MACHINE ASYNCHRONE : CIRCUIT ÉQUIVALENT ET VARIATION DE LA VITESSE 613

35 .22 Résumé couple constant tout en maintenant son courant cons-


Ce chapitre nous a révélé que le circuit équivalent d'une tant . Par contre, en survitesse, la limite de fonctionne-
machine asynchrone est pratiquement identique à ce- ment est imposée par une courbe à puissance constante .
lui d'un transformateur dont le primaire correspondrait
au circuit du stator et le secondaire au circuit du rotor.
Comme pour le transformateur, le circuit comprend PROBLÈMES - CHAPITRE 35
deux branches série représentant la résistance et la Niveau pratique
réactance de fuite des enroulements du stator et du rotor
ainsi qu'une branche shunt représentant les pertes dans 35-1 Sans consulter le texte, expliquer la significa-
le fer et par frottement et aération, et le courant de ma- tion des impédances, courants et tensions de la Fig .
gnétisation . Ce circuit est «chargé» au secondaire par 35-2.
une résistance r2/s variant avec le glissements . La puis- 35-2 Dans la Fig . 35-11, la tension de ligne baisse à
sance dissipée sans cette résistance permet de calculer 6200 V. Calculer les nouveaux couples :
le couple développé par le moteur . Ce circuit est vala-
ble pour les trois modes de fonctionnement : moteur, a) au démarrage
générateur et frein . b) au décrochage
En faisant varier le glissement, disons entre -1 et + 2, 35-3 Pour le moteur de 5000 hp, dont le circuit équi-
il est possible de déterminer la caractéristique couple/ valent est montré à la Fig . 35-10, calculer :
vitesse complète de la machine pour les trois modes de a) le nombre de pôles du stator
fonctionnement (s < 0 : mode générateur ; 0 < s < 1 :
b) la valeur de l'inductance de fuite, en henrys
mode moteur ; s > 1 : mode frein) . Cette courbe passe
par deux maximas correspondant au décrochage en 35-4 Calculer la valeur nominale des V/Hz (ligne à
mode moteur et en mode générateur. Nous avons aussi ligne) pour les moteurs de 5 hp et de 5000 hp (Fig . 35-
fourni les formules qui permettent de calculer rapide- 8 et 35-10) .
ment la vitesse, le couple et le courant lors du décro-
35-5 En se référant à la Fig . 35-16, le flux 0n, étant
chage .
constant, calculer la valeur de 1 2 et de T dans les condi-
Nous avons vu aussi qu'il est possible de commander tions suivantes :
la vitesse d'un moteur asynchrone en faisant varier à
a) f = 60 Hz n = 1765 drain
la fois la fréquence et la tension de la source . Afin de
conserver le même flux mutuel dans la machine, on b) f =3O Hz n = 865 drain
doit alors maintenir le rapport tension/fréquence cons- c) f = 30 Hz n = 850 drain
tant lorsque la fréquence change . Pour faciliter l'étude d) f = 30 Hz n = 940 r/min
du fonctionnement à vitesse variable, nous avons in- e) f =40 Hz n = 1180 r/min
troduit une nouvelle grandeur, soit la vitesse de glisse-
ment, qui est l'écart entre la vitesse synchrone et la Niveau intermédiaire
vitesse . Dans ces circonstances, la clé permettant de 35-6 En se référant à la formule 35-23, quel est l'ef-
déterminer le point de fonctionnement de la machine fet sur la vitesse de glissement lors du décrochage si la
réside dans la caractéristique couple/vitesse de glisse- résistance du rotor augmente du double?
ment qui reste la même quelle que soit la fréquence, à
condition que le rapport tension/fréquence soit main- 35-7 En se référant à la Fig . 35-22 on désire obtenir
tenu constant . Il en est de même pour la caractéristi- un couple de démarrage de 240 N m en ajustant la fré-
que courant/vitesse de glissement. Cela revient à dire quence à une valeur appropriée. La tension Es appli-
que les caractéristiques couple/vitesse et courant/vi- quée au stator est ajustée de sorte que le flux 0s de-
tesse se déplacent ensemble horizontalement lorsque meure constant . Calculer :
la fréquence change . a) la valeur de la fréquence requise
Enfin, lorsque l'on commande la vitesse d'un moteur b) la valeur approximative du courant de démarrage
entre zéro et sa vitesse nominale on peut maintenir un

614 ÉLECTROTECHNIQUE

35-8 En se référant à la Fig . 35-19, on désire attein- 35-13 Le moteur à cage d'écureuil de 5 hp, 440 V,
dre un couple de décrochage de 300 N m à une vitesse 1800 r/min (Fig 35-8) a les caractéristiques suivantes :
de 732 r/min . ri = 1,5 £2 r2 = 1,2 £2 x = 6 S2
a) Calculer la valeur de la fréquence qu'on doit appli-
En négligeant la branche d'excitation, calculer les va-
quer au stator.
leurs du couple de démarrage et du couple de décro-
b) À quelle vitesse le moteur développera-t-il un cou- chage, si une résistance de 4,5 S2 est raccordée en série
ple de 102 N •m? avec chacune des lignes d'alimentation .
35-9 Un moteur triphasé à cage d'écureuil possède
35-14 Le stator d'un moteur triphasé à cage d'écu-
les caractéristiques suivantes, par phase :
reuil de 460 V, 60 Hz possède 620 spires effectives en
résistance du stator: 0,7 S2 série, par phase . Sachant que le stator est raccordé en
résistance équivalente du rotor : 0,5 S2 étoile, calculer :
réactance de fuite totale : 5 S2 a) la tension ligne à neutre
tension ligne à neutre : 346 V b) la valeur nominale des volts/hertz
vitesse synchrone : 900 r/min c) le flux 0, approximatif par pôle, en webers
En se référant à la Fig . 35-6, calculer : Niveau avancé
a) l'impédance Zi 35-15 En se référant au circuit équivalent du mo-
b) la vitesse lors du décrochage teur de 5 hp (Fig . 35-8) et en utilisant les équations
c) courant I l lors du décrochage 35-22 et 35-23, calculer :
d) le couple de décrochage [N •m ] a) la valeur du couple de décrochage en supposant que
35-10 Dans le problème 35-9 tracer le circuit équi- E, =254V
valent lorsque le moteur tourne à 950 r/min, dans le b) la vitesse de décrochage
même sens que le champ tournant . c) Comparer ces valeurs avec celles affichées au ta-
a) Est-ce que la machine fonctionne en génératrice? bleau 35-1 .
b) Calculer le couple mécanique exercé par la machine . d) Calculer la véritable valeur de E, et la nouvelle va-
leur de Td .
c) Tracer le circuit équivalent lorsque le rotor tourne à
950 r/min en sens inverse du champ tournant . Est- 35-16 Un moteur asynchrone de 2250 hp,
ce que le moteur absorbe de la puissance du réseau? 1786 r/min, 2300 V, 60 Hz possède les paramètres
Calculer le couple . suivants, par phase :
35-11 Un moteur triphasé de 550 V, 1780 r/min, résistance du stator: rl = 29 mû2
60 Hz fonctionne à vide . Le courant de ligne est de résistance équivalente du rotor: r2 = 22 mû2
12 A et le moteur absorbe une puissance totale de réactance magnétisante : Xm = 13 S2
1500 W. Calculer la valeur de Xm et Rf, par phase .
pertes dans le fer et par frottement et aération : 11 kW
35-12 Le moteur du problème 35-11 tire un courant réactance de fuite : x = 0,452 S2
de 30 A et absorbe une puissance de 2,43 kW lorsque Calculer:
le rotor est bloqué, le stator étant alimenté à une ten-
a) la valeur de Rf
sion triphasée ligne à ligne de 90 V La résistance entre
b) le courant dans le stator lorsque le moteur tourne à
deux bornes du stator est de 0,8 S2 . En négligeant la
vide
branche X, Rf, calculer :
c) la vitesse du moteur lors du décrochage
a) les valeurs de r i , r2 et x
d) le couple de décrochage, la tension de la source étant
b) la valeur du couple de démarrage à la pleine tension de 2300 V
de 550 V
LA MACHINE ASYNCHRONE : CIRCUIT ÉQUIVALENT ET VARIATION DE LA VITESSE 615

35-17 Dans le problème 35-16, calculer :


a) le couple et la puissance mécanique développés par
le moteur lorsqu'il tourne à 1786 r/min
b) le
c) le
rendement et le facteur de puissance du moteur
courant tiré de la source
35-18 Un moteur commercial à vitesse variable
possède les caractéristiques nominales suivantes :
• ' I
r2 ns
n g

N
puissance : 10 hp
Figure 35-29
vitesse : 1764 r/min
tension ligne à ligne : 575 V
On désire faire marcher le moteur à vide à une vi-
fréquence : 60 Hz
tesse de 2580 r/min, la tension Es de la source étant
résistance du stator, par phase : r, = 1,2 S2 de 575/~3 = 332 V . Calculer :
résistance équivalente du rotor : r2 = 0,8 S2
a) la fréquence de la source ES
réactance de fuite : x t = 5,6 S2
b) les nouvelles valeurs de x et de X m
réactance magnétisante : Xm = 72 S2
c) la valeur du courant I p
résistance représentant les pertes à vide : Rf = 780 S2
d) la vitesse de décrochage lorsque la tension
Le circuit équivalent est montré à la Fig. 35-29 . Eç =332V
36
Alternateurs triphasés

Les alternateurs triphasés sont la source primaire de appliquée à la charge . L'induit est entraîné par un mo-
toute l'énergie électrique que nous consommons . Ces teur à explosion ou toute autre source de force mo-
machines constituent les plus gros convertisseurs trice .
d'énergie au monde . Elles transforment l'énergie mé-
canique en énergie électrique avec des puissances al- La valeur de la tension triphasée dépend de la vitesse
lant jusqu'à 1500 MW. Dans ce chapitre, nous verrons de rotation et de l'intensité du champ magnétique . La
comment sont réalisés ces puissants alternateurs mo- fréquence dépend de la vitesse et du nombre de pôles
dernes et quelles sont leurs caractéristiques . Leur prin- de l'inducteur. Les alternateurs à inducteur fixe sont
cipe élémentaire de fonctionnement est couvert dans utilisés pour des puissances inférieures à 5 kVA . Pour
les sections 17 .7 et 26 .2 et le lecteur aurait avantage à des puissances plus importantes, il est plus économi-
les revoir. que, plus sécuritaire et plus pratique d'employer un
inducteur tournant .
36 .1 Principe des alternateurs de grande
puissance Un alternateur à inducteur tournant possède un induit
fixe, appelé stator. Cette construction est plus avanta-
Les alternateurs commerciaux sont construits avec un
geuse car elle permet d'alimenter directement le cir-
inducteur fixe ou un inducteur rotatif . L'inducteur est
cuit d'utilisation sans passer par les bagues de fortes
composé de deux ou de plusieurs pôles produisant un
dimensions qui seraient requises avec un induit tour-
champ magnétique constant.
nant . De plus, l'isolement des bobinages du stator est
Un alternateur à inducteur fixe a la même apparence grandement simplifié du fait qu'ils ne sont soumis à
extérieure qu'une génératrice à courant continu . Les aucune force centrifuge .
pôles saillants produisent le champ magnétique qui est
coupé par les conducteurs situés sur l'induit . L'induit Une génératrice à courant continu, appelée excitatrice,
porte un enroulement triphasé dont les bornes sont con- habituellement montée sur le même arbre que l'alter-
nectées à trois bagues montées sur l'arbre . Un groupe nateur, fournit le courant d'excitation aux électro-
de balais fixes recueille la tension triphasée qui est aimants inducteurs .
616

ALTERNATEURS TRIPHASÉS 617

commande
à c .c . 25 kW

alternateur triphasé
500 MW, 12 kV, 60 Hz

Figure 36-1
Vue en coupe d'un alternateur de 500 MW avec son excitation principale de 2400 kW . Le courant d'excitation
Ix de 6000 A doit passer par un collecteur et deux bagues . Le courant de commande I, provenant de l'excitatrice
pilote permet de faire varier le champ de l'excitatrice et, par la suite, le courant IX .

La Fig . 36-1 montre les parties principales d'un alter- où


nateur à inducteur tournant . Noter que pour alimenter f = fréquence de la tension induite [Hz]
le champ au moyen du courant I x , les balais frottant p = nombre de pôles du rotor
sur le collecteur de l'excitatrice doivent être raccordés n = vitesse du rotor [r/min]
à un deuxième groupe de balais qui glissent sur deux
bagues . Nous verrons plus loin que dans les systèmes Exemple 36-1
modernes, on remplace l'excitatrice à c .c . par un géné- Une turbine hydraulique tournant à une vitesse de
rateur à c.a. et un redresseur monté sur l'arbre . 200 r/min entraîne un alternateur . Si la fréquence
de la tension induite est de 60 Hz, combien de pôles
36 .2 Nombre de pôles le rotor comporte-t-il' .
Le nombre de pôles d'un alternateur est imposé par la
vitesse du rotor et par la fréquence du courant à pro- Solution
duire . Ainsi, considérons un conducteur de l'induit De l'équation (36-1) on déduit que :
devant lequel se déplacent les pôles nord et les pôles
sud du rotor. Si la tension induite dans ce conducteur 120f
p =
prend une série de valeurs positives pendant le pas- n
sage d'un pôle nord, elle prendra une série de valeurs
égales, mais négatives, pendant le passage d'un pôle 120x60
soit p =
sud . Chaque fois qu'une paire de pôles se déplace de- 200
vant un conducteur, la tension induite décrit donc un = 36 pôles ou 18 paires de pôles
cycle complet . On en déduit que la fréquence est don-
née par l'équation :
36 .3 Stator
Du point de vue électrique, le stator d'un alternateur
pn
f= (36-1) est identique à celui d'un moteur asynchrone triphasé
120 (sections 33 .1 et 33 .5) . Il se compose d'un noyau
feuilleté ayant la forme d'un cylindre vide et compor-
618 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 36-2a Figure 36-2b


Stator d'un alternateur triphasé de 500 MVA, 14 kV, Les barres de cuivre reliant les phases du stator peuvent
200 r/min, 60 Hz, installé à Churchill Falls, Labrador. Diamètre supporter un courant de 3200 A . Le débit total de l'alternateur
intérieur: 9250 mm ; hauteur de l'empilage de tôles : 2350 mm ; est de 19,25 kA par phase (gracieuseté de Marine Industries) .
nombre d'encoches : 378 (gracieuseté de Marine Industries) .

tant des encoches dans lesquelles sont logés les con-


ducteurs d'un enroulement triphasé (Fig . 36-2 et 36-
3) . L'enroulement est toujours raccordé en étoile et le
neutre est accessible pour permettre sa mise à la terre .
On préfère la connexion en étoile à celle en triangle
pour les raisons suivantes :

1 . La tension par phase étant seulement 1/~ _ 3, ou 58 %


de celle entre les lignes, on peut réduire l'épaisseur
de l'isolant dans les encoches . Cela permet de gros-
sir la section des conducteurs et, par conséquent, la
111111111
puissance de la machine .
2 . Lorsque l'alternateur est en charge, la tension in-
duite par phase se déforme de sorte que la forme
d'onde n'est plus tout à fait sinusoïdale . Cette dis-
torsion est due principalement à la présence des ten-
sions de troisième harmonique qui se superposent à
la tension fondamentale . Avec une connexion en Figure 36-2c
étoile, les troisièmes harmoniques n'apparaissent pas Segment d'une lamination du stator et d'une lamination des
entre les fils de ligne, car elles s'annulent . Par con- pôles saillants du rotor. Chaque segment de tôle du stator
est recouvert d'un vernis isolant pour limiter les courants de
tre, si l'on utilise une connexion en triangle, ces ten-
Foucault . Les encoches ont une largeur de 22,3 mm et une
sions s'additionnent et provoquent la circulation profondeur de 169 mm . Les plaques d'acier utilisées dans la
d'un courant dans le triangle et, par conséquent, construction des pôles saillants sont beaucoup plus épaisses
occasionnent des pertes Joule supplémentaires . (2 mm vs 0,5 mm) et elles ne sont pas isolées car elles sont
traversées par un flux constant. La largeur maximale du pôle
La tension nominale (ligne à ligne) d'un alternateur est de 600 mm et l'entrefer a une longueur de 33 mm . Les
varie selon sa puissance en kVA . En général, plus la huit petits trous dans la face du pôle servent à loger les barres
de cuivre formant la cage d'amortissement . Les gros trous
capacité de la machine est grande, plus sa tension est
servent à boulonner les plaques ensemble .

ALTERNATEURS TRIPHASÉS 619

est imposée, on doit placer un grand nombre de pôles


sur le rotor. Les alternateurs à basse vitesse ont donc
toujours un grand diamètre, de façon à donner l'es-
pace nécessaire pour loger le nombre de pôles requis .
Dans ces machines, le rotor est constitué d'une roue
en acier montée sur un arbre vertical et sur laquelle
sont fixées les pièces polaires (Fig . 36-4) . Les bobina-
ges d'excitation placés sur les pièces polaires sont cons-
titués de barres de cuivre ordinairement nues, mais iso-
lées entre elles par des bandes de mica (Fig . 36-5).
L'emploi de conducteurs nus favorise leur refroidisse-
ment . Les bobines sont reliées en série de façon que
deux pôles voisins soient de polarités contraires .
En plus de l'enroulement à courant continu, on ins-
talle une cage d'écureuil dans la face des pôles (Fig.
36-6) . En régime permanent, cet enroulement ne porte
aucun courant, car le rotor tourne à la vitesse synchrone .
Lorsque la charge de l'alternateur change brusquement,
il en résulte une oscillation mécanique du rotor de part
et d'autre de la vitesse synchrone et un courant induit
se met à circuler transitoirement dans la cage . Ce cou-
rant réagit avec le champ et amortit les oscillations du
Figure 36-3
Stator d'un turboalternateur de 722 MVA, 3600 r/min, 19 kV, rotor ; pour cette raison, cette cage d'écureuil est appe-
60 Hz, en cours de montage . Les enroulements sont refroidis lée enroulement amortisseur.
à l'eau . Une fois terminé, l'alternateur sera complètement
recouvert d'une enveloppe métallique (voir turboalternateur
en arrière-plan) contenant de l'hydrogène sous pression afin
d'assurer un refroidissement encore plus efficace (gracieuseté
d'ABB).

élevée. Cependant, la tension nominale d'un alterna-


teur dépasse rarement 25 kV, car autrement le volume
de l'isolation des conducteurs dans les encoches de-
viendrait prohibitif.

36 .4 Rotor
Si l'on fait tourner le rotor, les lignes de flux produites
par les pôles inducteurs balaient les trois enroulements
du stator et induisent dans ceux-ci des tensions tripha-
sées . Les rotors sont à pôles saillants ou à pôles lisses
selon qu'ils sont entraînés à basse vitesse par des tur-
bines hydrauliques ou à haute vitesse par des turbines
à vapeur.
a) Rotor à pôles saillants . Afin d'extraire la puissance
maximale de la chute d'eau, les turbines hydrauliques Figure 36-4
des centrales à basse et à moyenne chutes d'eau tour- Rotor à 36 pôles prêt à être placé à l'intérieur du stator de la
figure 36-2 ; masse : 600 t ; moment d'inertie : 4140 t •m 2 ;
nent toujours à basse vitesse : entre 50 et 300 r/min. entrefer : 33 mm . Lexcitation de 2400 A sous une tension
Comme les alternateurs sont raccordés directement aux continue de 330 V est assurée par un redresseur électronique
turbines et puisqu'une fréquence de 60 Hz (ou 50 Hz) (gracieuseté de Marine Industries) .
620 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 36-5 Figure 36-6


Enroulement du rotor d'un alternateur de 250 MVA . Il est formé Pôle saillant de l'alternateur de 250 MVA . Les conducteurs
de 18 spires de cuivre nu ayant une largeur de 89 mm et une de la cage d'écureuil seront logés dans les 12 encoches
épaisseur de 9 mm . taillées dans la surface du pôle .

Lorsque la charge triphasée n'est pas équilibrée, l'en- taillées dans la masse même du rotor (Fig . 36-7) . Les
roulement amortisseur tend également à combattre le forces centrifuges intenses dues à la haute vitesse de
déséquilibre des tensions induites dans le stator et à rotation imposent une limite au diamètre du rotor ;
maintenir une forme d'onde sinusoïdale à ses bornes . comme, d'autre part, les grandes puissances (500 MW
à 1500 MW) nécessitent un gros rotor, on est obligé de
b) Rotor à pôles lisses . Les turbines à vapeur tour-
lui donner une forme très allongée (Fig . 36-7)* .
nent toujours à haute vitesse : 3600 r/min ou
1800 r/min sur les réseaux à 60 Hz, et 3000 ou
1500 r/min sur ceux à 50 Hz . Par conséquent, les alter-
Pour un rotor tournant à 3600 r/min, la limite élastique de
nateurs qu'elles entraînent comportent 2 ou 4 pôles seu-
l'acier utilisé impose aux constructeurs un diamètre n'ex-
lement ; on les désigne sous le nom de turbo-alterna- cédant pas 1,2 m . On peut doubler le diamètre lorsque la
teurs . Leur rotor a une forme cylindrique, car les pôles vitesse est de 1800 r/min mais, en raison des problèmes
sont formés en plaçant des bobines dans des encoches de transport, on dépasse rarement 1,8 m .
ALTERNATEURS TRIPHASÉS 621

Figure 36-7a Figure 36-7b


Rotor d'un turbo-alternateur triphasé de 1530 MVA, Rotor avec ses enroulements ; masse totale : 204 t ; moment
1500 r/min, 27 kV, 50 Hz, en cours d'usinage . Les quarante d'inertie : 85 t•m 2 ; entrefer : 120 mm . Le courant d'excitation
encoches destinées à loger l'enroulement à c .c . sont taillées de 11,2 kA sous une tension de 600 V est fourni par une
directement dans le cylindre d'acier coulé d'un bloc . Longueur excitatrice sans balais montrée sur la photo 36-9 (gracieuseté
effective : 7490 mm ; diamètre : 1800 mm (gracieuseté d'Attis dAllis Chalmers Power Systems, Inc. WestAllis, Wisconsin) .
Chalmers Power Systems, Inc. West Allis, Wisconsin) .

36 .5 Excitatrice En régime normal, l'excitation est commandée auto-


L'excitation d'un alternateur puissant constitue un de matiquement ; elle varie suivant les fluctuations de la
ses éléments les plus importants . En effet, le champ charge pour garder la tension constante ou, encore, pour
doit non seulement induire une tension appropriée, mais changer la puissance réactive débitée par l'alternateur .
il doit aussi pouvoir varier rapidement lorsque la charge Une perturbation grave sur un réseau peut occasionner
varie brusquement . La vitesse de réponse est un fac- une baisse subite de la tension aux bornes de l'alterna-
teur important pour le maintien de la stabilité du ré- teur. L'excitatrice doit alors répondre très rapidement
seau auquel l'alternateur est branché . Afin d'obtenir pour soutenir la tension . Par exemple, la tension d'ex-
une réponse rapide on utilise deux excitatrices : une citation peut doubler par rapport à sa valeur nominale
excitatrice principale et une excitatrice pilote . en 300 ou 400 ms, ce qui représente une réaction ex-
trêmement rapide, si l'on considère que la puissance
L'excitatrice principale fournit le courant d'excitation
des excitatrices est de quelques milliers de kilowatts .
de l'inducteur, habituellement par l'intermédiaire de
balais et de bagues . En régime normal, la tension gé- 36 .6 Excitation sans balais
nérée est comprise entre 125 V et 600 V . On peut la À cause de l'usure des balais et de la poussière con-
régler manuellement ou automatiquement en faisant ductrice qu'ils dégagent, il faut effectuer une mainte-
varier l'intensité du champ inducteur, c'est-à-dire en nance constante des bagues et du collecteur, sinon on
agissant sur le courant d'excitation I, provenant de risque des courts-circuits . Pour éviter ce problème, on
l'excitatrice pilote (Fig . 36-1) . utilise de nos jours les systèmes d'excitation sans ba-
La puissance nominale de l'excitatrice principale dé- lais dans lesquels un alternateur-excitateur et un groupe
pend surtout de la capacité et de la vitesse de l'alterna- de redresseurs fournissent le courant continu à l'alter-
teur qu'elle alimente . Par exemple, la puissance four- nateur principal (Fig . 36-8) .
nie par une excitatrice à un alternateur de 1000 kVA Si on compare le système d'excitation de cette figure
peut être de l'ordre de 25 kW (soit 2,5 % de la puis- avec celui de la Fig . 36-1, on constate qu'ils sont iden-
sance), alors que celle fournie à un alternateur de même tiques, sauf que le redresseur remplace le collecteur,
vitesse, mais d'une puissance de 500 MW, est d'envi- les bagues et les balais . Le courant de commande II
ron 2500 kW (soit seulement 0,5 % de la puissance de provenant de l'excitatrice pilote régularise Ix , comme
l'alternateur) . dans le cas d'une excitatrice à courant continu conven-
tionnelle .

622 ÉLECTROTECHNIQUE

champ stationnaire

le

excitatrice
principale alternateur
Figure 36-8
Schéma montrant le principe d'une excitation sans balais . Lexcitatrice pilote est un convertisseur électronique alimenté par
une source triphasée . Le courant continu de commande le fait varier l'intensité du champ de l'inducteur . Lexcitatrice principale
est un alternateur triphasé à inducteur fixe . La tension triphasée induite dans le rotor est redressée par des diodes, permettant
de fournir le courant d'excitation I X à l'alternateur .

L'alternateur-excitateur et les redresseurs sont montés


en bout d'arbre et tournent ensemble avec l'alterna-
teur principal (Fig . 36-9) .
L'alternateur-excitateur triphasé possède habituelle-
ment un nombre de pôles tel que sa fréquence soit 2 ou
3 fois celle du réseau .

36.7 Facteurs affectant la grosseur des


alternateurs
La quantité énorme d'énergie électrique générée par
les compagnies d'électricité les a rendues très sensi- Figure 36-9
bles à l'importance du rendement de leurs alternateurs ; Lexcitation sans balais est réalisée au moyen d'un alternateur
de 7 MVA et de deux groupes de diodes . Les diodes,
chaque augmentation de 1 % représente, pour chaque
associées aux pôle positifs et négatifs du système à c.c .,
alternateur, des économies de plusieurs milliers de dol- sont montées à l'intérieur des deux anneaux solidaires de
lars par jour. Or, l'analyse effectuée à la section 29 .11 l'arbre, visibles au centre de la photo . Les conducteurs sortant
a démontré que son rendement augmente à mesure que au centre de l'arbre sont destinés à alimenter le rotor du turbo-
alternateur de 1530 MVA (gracieuseté d Allis Chalmers Power
sa puissance croît . Par exemple, si un alternateur de
Systems, Inc. West Allis, Wisconsin) .
1 kW possède un rendement de 73 %, un alternateur
de 10 MW de forme identique mais de beaucoup plus
grande taille aura inévitablement un rendement voisin tivement moins qu'une machine de faible puissance,
de 90 % . Les alternateurs de 1000 MW et plus possè- de sorte que la première coûte relativement moins cher
dent un rendement de l'ordre de 99 % . que la seconde .
D'autre part, plus la puissance d'une machine aug- Tout semble donc favoriser les grosses machines . Ce-
mente, plus la puissance débitée par kilogramme aug- pendant, ce dernier avantage provoque des problèmes
mente . En se référant de nouveau à notre exemple, de refroidissement . En effet, les dimensions devenant
si l'alternateur de 1 kW pèse 20 kg (50 W/kg), celui de relativement plus petites, les pertes par unité de sur-
10 MW ne pèsera que 20 000 kg, ce qui donne 500 W/ face augmentent, de sorte que les grosses machines
kg . Une machine de grande puissance pèse donc rela- tendent à s'échauffer davantage . Pour prévenir une
ALTERNATEURS TRIPHASÉS 623

augmentation inacceptable de la température, on doit


donc assurer un refroidissement de plus en plus effi-
cace à mesure que la puissance augmente . Par exem-
ple, pour des turbo-alternateurs de puissance inférieure
à 50 MW, un refroidissement à l'air suffit, mais entre
50 MW et 300 MW on utilise un refroidissement à l'hy-
drogène pour les raisons mentionnées à la section 9 .6 .
Enfin, pour les machines encore plus puissantes, on a
recours à des conducteurs creux dans lesquels on fait
circuler de l'eau froide . Finalement, on arrive à un point
où le coût accru du système de refroidissement dépasse
les économies faites ailleurs . C'est à ce stade qu'on
doit forcément cesser de grossir les machines davan-
tage .
En somme, l'évolution des alternateurs de grosse puis-
sance a été dictée, dans une large mesure, par les tech-
niques de refroidissement (Fig . 36-10 et 36-11) .
D'autres innovations technologiques, telles que des
nouveaux matériaux et des nouveaux bobinages, ont
joué un rôle important dans l'évolution des machines
d'autrefois (Fig . 36-12) .
Figure 36-11
En ce qui concerne les alternateurs à basse vitesse, nous Vue partielle d'un alternateur triphasé à pôles saillants de
avons montré à la section 29 .12, qu'ils sont toujours 87 MVA, 428 r/min, 50 Hz, montrant le système de refroi-
dissement à l'eau du rotor et du stator . La haute résistivité de
plus gros que ceux de même puissance tournant à haute l'eau purifiée et l'emploi de tubes isolants permettent
vitesse . Leur grosseur facilite le problème de refroi- d'amener l'eau en contact direct avec les parties sous tension
dissement et ils sont généralement refroidis à l'air . Il (gracieuseté dABS) .
suffit d'une bonne aération, complétée au besoin par
un échangeur de chaleur à l'eau froide . Par exemple,

Figure 36-10 Figure 36-12


Lénergie électrique utilisée à bord du Concorde est fournie En Amérique du Nord, le premier alternateur à champ tournant
par 4 alternateurs de 60 kVA, 200/115 V, 12 000 r/min, fut mis en service en 1888 . Il servait à l'éclairage et alimentait
400 Hz . Chaque alternateur est entraîné par un moteur 1000 lampes . Il débitait un courant de 30 A sous une tension
hydraulique absorbant une fraction de l'énorme puissance de 2000 V, 110 Hz . Sa vitesse de rotation était de 1100 r/min
développée par chacun des quatre turboréacteurs . Le liquide et il pesait 2320 kg, ce qui représente une puissance de
sortant du moteur sert également à refroidir l'alternateur . La 26 W/kg . Aujourd'hui, un alternateur équivalent produit
masse de l'alternateur n'est que de 54,5 kg (gracieuseté dAir environ 140 W/kg, et occupe une surface au sol trois fois
France) . plus petite .

624 ÉLECTROTECHNIQUE

les alternateurs de 500 MVA, 200 r/min, installés à


Churchill Falls, sont refroidis à l'air tandis qu'un al-
ternateur plus petit, mais plus rapide de 275 MVA, 1800
r/min, installé à Lubbock, Texas, est refroidi à l'hy-
drogène .

36.8 Marche à vide : courbe de saturation


(a)
La Fig . 36-13a montre un alternateur bipolaire tour-
nant à vide à une vitesse constante. Le courant d'exci-
tation Ix , provenant d'une excitatrice appropriée, crée
le flux 0 dans l'entrefer. Les extrémités de l'enroule-
ment triphasé du stator sont raccordées aux bornes A,
B, C et N . La Fig . 36-13b est un diagramme schémati-
que de l'alternateur, montrant le rotor et les trois pha-
ses du stator.
bobinage de`, ,
Supposons que l'on augmente graduellement le cou- l'alternateur
rant d'excitation tout en observant la tension E o entre phase A
une phase (la phase A, par exemple) et le neutre N . On N
(b)
constate que Eo augmente d'abord proportionnellement
à Ix . Cependant, au fur et à mesure que le flux aug-
mente, l'acier se sature, et la tension croît de moins en
moins pour une même augmentation de I x . En effet, si
l'on trace la courbe de Eo en fonction de Ix , on obtient
une courbe de saturation semblable à celle d'une gé-
nératrice à c.c . kV
18
La Fig . 36-13c donne la courbe de saturation à vide
pour un alternateur de 36 MW ayant une tension no- 16
minale de 12 kV (ligne à neutre) . La tension augmente
14
proportionnellement au courant jusqu'à 9 kV, puis
tension n le (lign e a n eutre)
l'acier commence à se saturer . On atteint une tension 12
de 12 kV lorsque Ix = 100 A, mais si l'on double le
courant, la tension ne monte qu'à 15 kV .

36.9 Circuit équivalent d'un alternateur :


réactance synchrone
Lors de l'étude des génératrices à courant continu, on 6
a montré qu'on peut représenter le circuit équivalent
4
par une tension induite Eo en série avec la résistance R
de l'induit (Fig . 36-14) . Le courant d'excitation Ix pro- (c) 2
duit le flux 0, lequel engendre la tension Eo . Enfin, la
tension Eb aux bornes de la génératrice dépend de la 0
valeur de Eo et du courant I tiré par la charge . 0 100 200 300 400 A
. Ix
-
On peut représenter un alternateur triphasé par un cir- Figure 36-13
cuit semblable qui montre trois tensions induites Eo, a . Alternateur de 36 MVA, 21 kVW
correspondant à chacune des phases (Fig . 36-15) . De b . Diagramme schématique des enroulements de
l'alternateur,
plus, comme il s'agit d'une machine à c .a ., il faut ajouter
c . Courbe de saturation de l'alternateur montrant la tension
à la résistance R de chaque phase une réactance X, induite en fonction du courant d'excitation .

ALTERNATEURS TRIPHASÉS 625

charge

Figure 36-14
Figure 36-16
Circuit équivalent d'une génératrice à c .c . Circuit équivalent d'un alternateur triphasé, montrant une
phase seulement .

appelée réactance synchrone de l'alternateur . La réac- Dans cette figure, le courant d'excitation Ix produit le
tance synchrone est due à la self-inductance des en- flux r , lequel engendre la tension alternative interne
roulements du stator et, comme leur résistance, elle E0 . La tension Eb aux bornes de l'alternateur dépend
constitue une impédance interne qu'on ne peut pas voir de la valeur et de la nature de la charge Z . Enfin, les
ni toucher. tensions Eo et Eb sont les tensions de ligne à neutre et
La charge raccordée aux bornes de l'alternateur com- le courant I circule dans un fil de ligne .
prend trois impédances identiques Z connectées en Selon le type de construction de l'alternateur, la valeur
étoile . Puisque toutes les impédances du circuit sont de la réactance synchrone peut varier entre 0,8 et 2
équilibrées, il s'ensuit que le neutre de l'alternateur fois l'impédance de la charge nominale . Malgré cette
est au même potentiel que celui de la charge . impédance interne élevée, l'alternateur peut débiter des
Le circuit de la Fig . 36-15 est assez complexe, mais on puissances très importantes, car la réactance synchrone
peut le simplifier en ne montrant qu'une seule phase . ne consomme aucune puissance active .
En effet, les deux autres phases sont identiques sauf 36 .10 Détermination de la valeur de X S
que les courants et les tensions respectifs sont dépha-
On peut déterminer la valeur de la réactance synchrone
sés de 120° et 240° . De plus, on peut simplifier le cir-
Xs au moyen d'un essai à vide et d'un essai en court-
cuit davantage, car la valeur de X s est toujours au moins
circuit .
10 fois plus grande que celle de R . On peut donc négli-
ger la résistance, ce qui donne le circuit simple de la Lors de l'essai à vide, l'alternateur est entraîné à la
Fig . 36-16 . Évidemment, on doit tenir compte de cette vitesse nominale et le courant d'excitation est ajusté
résistance en ce qui concerne les pertes et l'échauffe- de façon à produire la tension nominale E0 , ligne à
ment du stator. neutre . On note alors la valeur correspondante du cou-
rant d'excitation Ixn
Ensuite, l'excitation est réduite à zéro, les trois bornes
du stator sont mises en court-circuit, et des ampère-
mètres sont introduits dans le circuit du stator afin de
s mesurer les courants de court-circuit . L'alternateur tour-
nant toujours à la vitesse nominale, on augmente le
R
courant d'excitation à sa valeur originale I x, et on me-
0° sure le courant de court-circuit I sc résultant . La valeur
le
l'-'--- . de Xs est alors donnée par l'expression :
&& /120°
R,/240° ,R
xs
N

00 Xs =
En
(36-2)
Isc

Xs = réactance synchrone, par phase [52]
Figure 36-15
Tensions et impédances d'un alternateur alimentant une En = tension nominale, ligne à neutre [V]
charge triphasée . Isc = courant de court circuit [A]


626 ÉLECTROTECHNIQUE

La valeur de la réactance synchrone ainsi obtenue s'ap- 4000 V = 5


XS = E„ = £2 éq. 36-2
pelle réactance synchrone non saturée .
Isc 800 A
La valeur de la réactance synchrone n'est pas cons-
tante ; elle dépend du niveau de saturation de l'alterna- b) La Fig . 36-17a montre le circuit équivalent par phase
teur. Lorsque la saturation dans le fer est intense, la lorsque l'alternateur est chargé .
valeur de XS peut tomber à la moitié de sa valeur non Impédance du circuit:
saturée . Cependant, même si la valeur de X S dépend du
niveau de saturation, on utilise dans la plupart des cal- 2
Z = V R 2 + Xs = 1~ 12 2 +5
culs la valeur non saturée .
= 13 £2
Exemple 36-2
Courant par phase :
Un alternateur triphasé produit à circuit ouvert, une
tension nominale de 6920 V, ligne à ligne . Le cou- I _ Eo _ 4000 V
rant d'excitation est de 50A, . Les bornes sont alors = 307,7 A
mises en court-circuit, et le courant de court-circuit Z 13 S2
est de 800 A, par phase . Calculer : Tension aux bornes de la résistance :
a) la valeur (le la réactance synchrone, par phase Eb = RI = 12 x 307,7 = 3692 V
b) la tension aux bornes de l'alternateur lorsque trois Tension ligne à ligne, aux bornes de l'alternateur :
résistances de 12 ohms, connectées en étoile, sont
branchées à ses bornes EL = Eb ~ 3 = 3692 x U
Solution = 6395 V
a) La tension nominale induite, ligne à neutre est : Le diagramme de la Fig . 36-17b montre les tensions et
les courants en charge .
EL = 6920
E =
E. = 4000 V
i 1,73 36.11 Impédance de base d'un alternateur :
valeur relative de Xs
Lorsque les bornes sont court-circuitées, seule la réac- On se rappellera que pour utiliser le système de me-
tance synchrone X S limite le courant . Par conséquent : sure en unités relatives (p .u .), on doit choisir une ten-
sion de base et une puissance de base . Dans le cas de
l'alternateur, nous utiliserons comme tension de base
Xs =5t2 EB , la tension nominale de ligne à neutre et comme
puissance de base S B , la puissance correspondant à la
charge nominale par phase* . Il s'ensuit que l'impé-
dance de base ZB est donnée par :

EB2
ZB = (36-3)
SB
308 A
+0 308 A

(b) o charge
308 A ZB = impédance de base [S2]
ELL = 6395 V EB = tension de base, ligne à neutre [V]
alternateur tension
SB = puissance de base, par phase [VA]

Figure 36-17 Dans plusieurs études on prend comme bases la puis-


a . Circuit équivalent de l'alternateur et sa charge . Voir sance nominale totale de l'alternateur et la tension nomi-
exemple 36-2 . nale ligne à ligne . Cela donne la même valeur d'impédance
b . Diagramme montrant la tension et les courants en charge . de base Z B .









ALTERNATEURS TRIPHASÉS 627

Habituellement, on indique la valeur de la réactance c) Réactance synchrone, par phase :


synchrone d'un alternateur en pourcentage de l'impé-
dance de base . On l'exprime aussi en valeur relative Xs = X s (p .u .) X ZB
(p .u .) . Par exemple, si un alternateur possède une réac- 1,2 x 7,5 = 9 S2
tance synchrone de 24 S2 par phase et si l'impédance
de base est de 20 S2 par phase, on indiquera comme d) Résistance du stator, par phase :
réactance synchrone :
R = R (p .u .) x ZB
Xs 24 Q = 0,02 x 7,5
Xs
(P .U .) _ - _ 1,2 p .u . ou 120 %
ZB 20f2 = 0, 15 £2

Exemple 36-3 e) Impédance relative de l'alternateur :


Un alternateur de 30 MVA, 15 kV. 60 Ha possède
2 2
une réactance synchrone de 1,2 p .u . et une résis- Z (p .u .) = Xs (p .u .) + R (p .u .)
tance de 0 .02 p . u . Calculer :
_ 1,2 +0,022 2

a) l'impédance de base de l'alternateur


= 1,20
b) le courant de base
c) la réactance synchrone . par phase f) Pertes Joule totales dans le stator :
d) la résistance du stator, par phase P = 0,02 S B = 0,02 x 30 MW = 0,6 MW
e) l'impédance relative de l'alternateur (en p .u .) = 600 kW
t1 les pertes Joule totales dans le stator, à pleine g) Impédance de base:
charge
l'impédance de hase de l'alternateur si on choi- 2
- EB ligne à ligne
sit comme bases la tension nominale ligne à li- ZB -
gne et la puissance nominale totale de l'alter- SB totale

nateur. 15 000 2
= 7,5 S2
Solution 30 x 10 6

a) Tension de base : = 7,5 S2

EL = 15 000 On obtient donc la même valeur ZB que celle calculée


EB = 8660 V
= C en (a) .

Puissance de base, par phase : 36 .12 Rapport de court-circuit


Au lieu de donner la réactance synchrone relative (p .u .)
- SB total - 30 MVA = d'un alternateur, on spécifie parfois son rapport de
SB 10 MVA
3 3 court-circuit . Il est donné par l'expression :

= 10 VA 7
X1
rapport de court-circuit = 1
(36-3a)
Impédance de base :
1 ,2

Z EB = 86602 ou
B - = 7,5 S2
SB Ixl = courant d'excitation à c .c . requis pour géné-
10 7
rer la tension nominale, les bornes du stator
b) Courant de base : étant ouvertes [A]
courant d'excitation à c .c . requis pour pro-
IB = EB = 8660 duire le courant nominal, les bornes du sta-
= 1155 A
ZB 7,5 tor étant en court-circuit [A]

628 ÉLECTROTECHNIQUE

Le rapport de court-circuit est égal à l'inverse de la Figure 36-18b : Avec une charge résistive, le courant I
réactance synchrone (p .u .) non saturée . Par exemple, de 1 kA est en phase avec Eb de sorte que la tension de
si Xs (p .u .) = 1,25, le rapport de court-circuit est égal à 5 kV est déphasée de 90° en avant de Eb . On trouve
1/1,25 ou 0,80 . que Ea doit être :

36 .13 Alternateur en charge 2


Eo = V Eb + EX = V 12 + 5'
Le comportement d'un alternateur dépend de la nature
de la charge qu'il alimente . On distingue quatre sortes = 13 kV
de charges : Il faut donc augmenter le courant d'excitation I, pour
1 . charge résistive 3 . charge capacitive maintenir une tension de 12 kV aux bornes de l'alter-
nateur. Comme la tension Eo est de 13 kV, le courant
2 . charge inductive 4 . réseau infini d'excitation doit être de 120 A (Fig . 36-13c) .
Nous étudierons d'abord les trois premiers types de Figure 36-18c : Avec une charge inductive, le courant I
charges, reportant l'étude du réseau infini à la section est de 90° en arrière de Eb de sorte que la tension de
36 .17 . 5 kV est en phase avec Eb . Il s'ensuit qu'il faut aug-
menter Eo à
Soit un alternateur de 36 MVA, 20,8 kV, ayant une ten-
sion nominale de 12 kV (ligne à neutre), une réactance Eo =12kV+5kV=17kV
synchrone de 5 £2 et un courant nominal de 1 kA . La ce qui nécessite un courant IX encore plus grand, soit
courbe de saturation de cet alternateur est donnée à la une valeur de 325 A (Fig . 36-13c) .
Fig . 36-13c .
Figure 36-18d : Avec une charge capacitive, I est de
En considérant une phase seulement, branchons suc- 90° en avance sur Eb de sorte que la tension de 5 kV
cessivement aux bornes de cette machine une charge est déphasée de 180° par rapport à Eb. Il s'ensuit qu'on
résistive, inductive et capacitive de 12 £2 . Ajustons l'ex- doit diminuer Eo à
citation à chaque fois afin que la tension aux bornes
E o =12kV-5kV=7kV
reste égale à 12 kV (ligne à neutre) et le courant à 1 kA
(Fig . 36-18) . ce qui implique un faible courant d'excitation . En se
référant à la Fig . 36-13c, on trouve que le courant re-
La chute de tension dans la réactance synchrone de-
quis est de 50 A seulement . (La tension aux bornes est
meure donc constante et égale à une valeur de :
toujours plus élevée que la tension induite quand un
EX =5 S2 x1kA=5kV alternateur alimente une charge capacitive .)
À cause de la nature inductive de X, cette tension est Figure 36-18e : Avec une charge industrielle ayant un
déphasée de 90° en avant du courant. facteur de puissance de 90 % en avance, I est en avance
sur Eb de 25,8° . La résolution du diagramme vectoriel
Considérons maintenant les Fig. 36-18a à 36-18e et
donne une tension induite Eo de 10,8 kV, déphasée de
les diagrammes vectoriels correspondants .
24,6° en avance sur Eb . Par conséquent, le courant d'ex-
Figure 36-18a : L'alternateur tournant à vide, la ten- citation Io doit être de 80 A (Fig . 36-13c) .
sion induite Eo est égale à la tension aux bornes Eb,
36 .14 Courbes de régulation
car la chute de tension dans X S est nulle. On a donc :
Eo =Eb=12kV. Lorsqu'un seul alternateur alimente une charge, on s'in-
téresse à la tension à ses bornes en fonction du courant
En se référant à la Fig . 36-13c, pour générer une ten-
de charge . Pour un facteur de puissance donné de la
sion Eo de 12 kV, le courant d'excitation doit être de
charge, on trace cette courbe de régulation en gardant
100A . l'excitation constante .



ALTERNATEURS TRIPHASÉS 629

,le-v -Y 1 Eo , Eb
(a)
12 kV
Ix100A
o o
a) circuit ouvert

(b)

Xs

5kV~ Eb ' Eo '


12 kV 17 kV
-)90° Ex

s
5 S2

(d) `~ Eb=12kV Ex Eo ' Eb '


X
IX 50 A 5 kV 7 kV 12 kV
o o
Xc =1252
d) charge capacitive

(e)

Z= 12 S2 /-25,8°
e) charge dont le facteur de puissance
est de 90 % en avance

Figure 36-18
Circuits équivalents et diagrammes vectoriels pour diverses charges raccordées aux bornes d'un alternateur
de 36 MVA, 20,8 kV, 60 Hz ayant une réactance synchrone de 5 52 .





630 ÉLECTROTECHNIQUE

La Fig . 36-19 montre trois courbes de régulation pour [kV]


le même alternateur de 36 MVA, 20,8 kV (12 kV ligne 15
à neutre), 60 Hz étudié à la section 36 .13 . Ces courbes
correspondent respectivement à un facteur de puissance 14
de 100 %, de 90 % en retard et de 90 % en avance .
On obtient ces courbes en suivant la méthodologie de â 13
la section 36 .13 . Le point de départ de chaque courbe •
FP
correspond à la pleine charge à la tension nominale de •
_ 12
12 kV, ligne à neutre . La valeur de la tension Eo trou- • 11,65
vée dans ces circonstances est alors maintenue cons-
tante pour chacune des courbes . Cela revient à dire que 11
pour chacune des courbes, le courant d'excitation est
gardé constant. On fait varier le courant de charge et 10
on calcule la tension correspondante aux bornes . 0 250 500 750 1000 1250
courant [A]
Le pourcentage de régulation est donné par l'expres-
sion : Figure 36-19
Courbes de régulation pour un alternateur de 36 MVA,
20,8 kV, 60 Hz ayant une réactance synchrone de 5 0 .
régulation = Ev-EB X 100 (36-4)
EB

où d'une charge résistive ou d'une charge inductive, le


EB = tension nominale à pleine charge, pour un pourcentage de régulation est toujours positif .
facteur de puissance donné [V]
b) Lorsque le courant est de 500 A, la chute de tension
Ev = tension à vide au même courant d'excitation
dans la réactance synchrone est:
[V]
Ex =IXS =500x5=2,5kV
Exemple 36-4
Dans la Fie . 36-19, calculer : D'autre part, le courant d'excitation étant de 80 A, la
valeur de Eo est toujours de 10,8 kV. En se référant au
a) le pourcentage de régulation pour un facteur de
diagramme vectoriel de la Fig . 36-20, on trouve que la
puissance de 90 % en avance
tension Eb aux bornes est donnée par :
b) la tension aux bornes de l'alternateur lorsque le
courant est de 500 A à un FP de 90 % en avance
Eb = 2,5 cos 64,2 + ~10,8 2 - (2,5 sin 64,2)2
Solution = 1,09 + 10,56 = 11,65 kV
a) En se référant au diagramme vectoriel tracé à la Fig .
36-18e on trouve que Eo = 10,8 kV. Puisque la tension Noter que 64,2° = 90° - 25,8°
à vide E v est nécessairement égale à la tension induite
Eo , il s'ensuit que la régulation est :

régulation = Ev-EB x 100


EB

= 10,8-12
x100
12
_ -10% Figure 36-20
Diagramme vectoriel donnant la tension aux bornes de
Le pourcentage de régulation est négatif car la tension l'alternateur pour un courant de 500 A à un facteur de
à vide est inférieure à la tension en charge . Dans le cas puissance de 90 % en avance (voir exemple 36-4) .

ALTERNATEURS TRIPHASÉS 631

36 .15 Synchronisation des alternateurs disjoncteur


Pour brancher un alternateur sur le réseau ou le cou- turbine
pler avec un autre alternateur, il faut respecter les con-
ditions suivantes :
1 . la tension de l'alternateur doit être égale à celle du
réseau
2 . la fréquence de l'alternateur doit être la même que
celle du réseau
Eo
lmi
' reseau

3 . la tension de l'alternateur doit être en phase avec


celle du réseau
4 . la séquence des phases de l'alternateur doit être la
même que celle du réseau Figure 36-22
Synchronisation d'un alternateur à l'aide de trois lampes .
Procédure de synchronisation . En agissant sur le
régulateur de vitesse de la turbine, on amène tout
d'abord l'alternateur à une vitesse voisine de la vitesse
36 .16 Synchronisation au moyen de
synchrone, afin que sa fréquence soit proche de celle
lampes
du réseau . On règle ensuite l'excitation de façon que la
Bien que cette méthode soit rarement utilisée, on peut
tension induite soit égale à celle du réseau .
synchroniser un alternateur avec un réseau triphasé en
On observe que les tensions ont même fréquence et utilisant trois lampes à incandescence, au lieu d'un
même phase au moyen d'un synchronoscope (Fig . 36- synchronoscope . Le montage est donné à la Fig . 36-
21) . Suivant le sens de rotation de l'aiguille de cet ins- 22. La fréquence et la tension Eo de l'alternateur sont
trument, on ralentit ou on accélère la machine jusqu'à ajustées à des valeurs proches de celles imposées par
ce que l'aiguille tourne très lentement . Enfin, au mo- le réseau . On remarque alors que les lampes s'allu-
ment où l'aiguille passe devant le point neutre du ment et s'éteignent ensemble à un rythme correspon-
synchronoscope, les tensions sont en phase ; on ferme dant à la différence entre les deux fréquences . Par
alors l'interrupteur qui réalise le couplage de l'alter- exemple, si la fréquence de l'alternateur est de 60,1 Hz
nateur avec le réseau . alors que celle du réseau est de 60 Hz, la fréquence du
Dans les centrales modernes, la synchronisation se fait battement est de
automatiquement au moment précis où les conditions
60,1 - 60 = 0,1 Hz
énumérées précédemment sont respectées .
et les lampes s'éteindront toutes les 10 secondes .
Le disjoncteur peut être fermé au moment où les lam-
pes sont éteintes . C'est en effet à ce moment précis
que les tensions du réseau et de l'alternateur sont en
phase .
Lors du battement, la tension maximale apparaissant
aux bornes de chaque lampe est environ deux fois la
tension ligne à neutre du réseau . Donc, si la tension
ligne à ligne est EL , la valeur efficace de cette tension
est:

EL
Elampe = 2
x = 1,15 EL (36-5)

Figure 36-21 Lorsque la séquence des phases de l'alternateur n'est


Synchronoscope (gracieuseté de Cie Générale Électrique) . pas la même que celle du réseau, le battement existe

632 ÉLECTROTECHNIQUE

disjoncteur
turbine

Eo reseau

Figure 36-23
Lorsque la séquence des phases de l'alternateur n'est pas la
même que celle du réseau, on doit intervertir deux phases .

toujours, mais au lieu de s'éteindre simultanément, les


lampes s'éteignent à tour de rôle . Dans ces circonstan-
ces, il est essentiel d'intervertir deux des phases de l'al-
ternateur avant de fermer le disjoncteur (Fig . 36-23) .

36 .17 Alternateur branché sur un réseau


infini
À l'exception des endroits isolés (Fig . 36-24), il est
assez rare que l'on soit obligé de coupler deux alterna-
teurs en parallèle. Il arrive plus souvent que l'on bran-
che un alternateur à un grand réseau comportant déjà
plusieurs centaines d'alternateurs . Ce réseau est telle-
ment puissant qu'il impose une tension et une fréquence
constantes à tout appareil branché à ses bornes . C'est Figure 36-24
pourquoi on l'appelle réseau infini . Cette plate-forme flottante de forage utilisée pour l'extraction
du pétrole de la mer Adriatique est complètement autonome .
Une fois couplé à un grand réseau (réseau infini), un Elle est alimentée par 4 alternateurs triphasés de 1200 kVA,
alternateur fait partie d'un système comprenant des 440 V, 900 r/min, 60 Hz, entraînés par des moteurs diesel .
centaines d'autres alternateurs qui alimentent des mil- Bien que la génération et la distribution se fassent à c.a ., la
plate-forme n'utilise que des moteurs à c .c . commandés par
liers de charges . Il est alors impossible de préciser la
thyristors (gracieuseté de Siemens) .
nature de la charge (grosse ou petite, résistive, induc-
tive ou capacitive) branchée aux bornes de cet alterna-
teur en particulier. Quels sont donc les paramètres qui
déterminent la puissance qu'il débite dans ces circons- 1 . Effet du courant d'excitation . Lorsqu'on synchro-
tances? nise un alternateur, la tension induite Eo est égale et en
La tension et la fréquence appliquées aux bornes de la phase avec la tension Eb du réseau (Fig . 36-25a) . Il
machine étant constantes, on ne peut plus faire varier n'existe donc aucune différence de potentiel EX aux
que deux paramètres : bornes de la réactance synchrone . Par conséquent, le
courant I est nul et, bien que l'alternateur soit raccordé
1 . le courant d'excitation I, au réseau, il n'y débite aucune puissance . On dit alors
2 . le couple mécanique exercé par la turbine qu'il «flotte» sur le réseau .

ALTERNATEURS TRIPHASÉS 633

Si l'on augmente le courant d'excitation, la tension Enfin, si l'on diminue le courant d'excitation de façon
Eo augmente et la réactance X s est soumise à une ten- que Eo devienne plus petite que Eb, le courant I reste
sion Ex = Eo - Eb . Un courant I = (E o - Eb)/Xs s'établit déphasé de 90° en arrière de Ex (Fig . 36-25c) . Cepen-
dans le circuit et, puisque la réactance synchrone est dant, il est maintenant de 90° en avance sur Eb de sorte
inductive, ce courant est déphasé de 90° en arrière de que l'alternateur voit le réseau comme une capacitance .
EX (Fig . 36-25b) . Il est par le fait même déphasé de Donc, lorsque l'on sous-excite un alternateur il absorbe
90° en arrière de Eb . L'alternateur «voit» donc le ré- de la puissance réactive . Cette puissance réactive pro-
seau comme une inductance, ou encore, ce qui revient duit une partie du champ magnétique nécessaire à la
au même, le réseau «voit» l'alternateur comme une machine, l'autre partie étant fournie par le courant Ix .
capacitance . 2 . Effet du couple mécanique . Imaginons de nouveau
Donc, lorsque l'on surexcite un alternateur, il fournit que l'alternateur flotte sur le réseau, Eo et Eb étant éga-
au réseau une puissance réactive d'autant plus grande les et en phase . Si l'on ouvre les vannes de la turbine
que le courant d'excitation est plus élevé . Contraire- afin d'augmenter le couple mécanique, le rotor accé-
ment à ce qu'on pourrait penser, il est impossible de lère et la tension E o atteint sa valeur maximale un
changer la puissance active débitée par un alternateur peu plus tôt que précédemment . Tant que le rotor ac-
en agissant sur son excitation . célère, le vecteur Eo glisse graduellement en avant du
vecteur Eb .

E o = Eb = 12 kV
(a)

Ex Eb Eo

(b) .)90 0 4 kV 12 kV 16 kV
800 A

800 A
(c) Ex 90 , Eo Eb

4 kV 8 kV 12 kV

Figure 36-25
Alternateur de 36 MVA, 21 kV, 60 Hz sur un réseau infini - effet du courant d'excitation .
a . Alternateur flottant sur le réseau .
b . L'alternateur surexcité fournit de la puissance réactive au réseau .
c . L'alternateur sous-excité absorbe de la puissance réactive du réseau .


634 ÉLECTROTECHNIQUE

Supposons que le rotor cesse d'accélérer lorsque l'an- Lorsque l'alternateur flotte sur la ligne, le courant cir-
gle entre Eo et Eb est de 19,2° . L'alternateur continue à culant dans l'induit est nul et la distribution du flux
tourner à la vitesse synchrone, mais l'angle de déca- provenant des pôles du rotor est telle que l'indique la
lage 8 entre Eo et Eb reste constant . Bien que les deux Fig . 36-27a. Ce flux induit une tension Eo qui est en
tensions aient même valeur, l'angle de décalage 8pro- phase avec la tension Eb du réseau . Dans ces circons-
duit une différence de tension tances, l'axe des pôle du rotor coïncide avec l'axe cen-
tral du stator . L'axe central du stator dépend de la phase
EX = Eo -Eb=4kV des tensions appliquées du stator .
aux bornes de la réactance synchrone (Fig . 36-26) . Il Si l'on applique à l'alternateur un couple tendant à le
en résulte un courant I de 4 kV/5S2 = 800 A, toujours faire accélérer, le rotor avance d'un angle mécanique
déphasé de 90° en arrière de EX . Mais l'on constate, a par rapport à l'axe central du stator . Comme il a été
sur la Fig. 36-26b, qu'il est maintenant presque en phase expliqué à la section 36 .12, ce décalage provoque la
avec Eb . Il s'ensuit que l'alternateur débite une puis- circulation d'un courant dans le stator (Fig . 36-26b) . Il
sance active dans le réseau . Comme le courant est lé- se développe alors des forces d'attraction et de répul-
gèrement en avance sur Eb, l'alternateur absorbe en sion entre les pôles N,S du stator et les pôles N,S du
même temps une faible puissance réactive du réseau . rotor. Ces forces produisent un couple qui tend à ra-
36 .18 Interprétation physique du
fonctionnement d'un alternateur
Le diagramme vectoriel de la Fig . 36-26b indique que
la puissance active débitée par l'alternateur augmente
lorsque le déphasage entre la tension Eb du réseau et la
tension induite Eo augmente . Afin de comprendre les
origines physiques de ce diagramme vectoriel, nous
examinerons maintenant les courants, les flux et la
position des pôles à l'intérieur de la machine .
Tout d'abord, les courants triphasés circulant dans le
stator créent un champ tournant identique à celui créé Eb
dans le stator d'un moteur asynchrone . Dans un alter-
nateur, ce champ tourne à la même vitesse et dans le
même sens que les pôles du rotor . Les champs du rotor
et du stator sont donc stationnaires l'un par rapport à
l'autre.

turbine

(a) réseau infini (b) a '

Il
= ap/2
-Eb Eb
n
(b)
Figure 36-27
a . Lorsque l'alternateur flotte sur le réseau, la tension induite
par le flux 0 est égale à celle du réseau .
Figure 36-26 b . Relation entre le décalage mécanique a et le déphasage
Alternateur sur un réseau infini - effet du couple mécanique . électrique 5.


ALTERNATEURS TRIPHASÉS 635

mener le rotor à sa position originale . C'est précisé- E0 E


.)
.U
(P Pmax = X
ment ce couple que la turbine doit vaincre pour main- s
2,0
tenir l'angle de décalage a (Fig . 36-27b) .
∎∎∎∎∎/%∎u\P∎∎∎//
Il existe une relation entre l'angle de décalage mécani- 1,5
P
que a et le déphasage électrique 8 séparant les vec-
teurs Eo et Eb . Cette relation est donnée par l'équation : 1,0 ∎∎∎AUU •• •∎∎∎∎∎\∎∎//

0,5
a
S= p (36-6)
2
30 60 90 120 150 180
degrés
où p est le nombre de pôles . ---»- angle 3
Ainsi, pour un alternateur possédant 8 pôles, un déca- Figure 36-28
lage mécanique a de 10° correspond à un déphasage Graphique montrant la relation entre la puissance active
débitée par un alternateur et l'angle de décalage 6 .
électrique 6 de :

pa _ 8x10 =40°
8= avec l'angle lorsque ce dernier augmente de zéro à 30° .
2 2
En fait, pour des considérations de stabilité, la puis-
L'angle Ô s'appelle angle interne de l'alternateur. sance nominale d'un alternateur est atteinte aux alen-
tours de 30° . Cependant, la puissance maximale qu'un
36 .19 Puissance active débitée
alternateur peut débiter dans un réseau infini corres-
On peut prouver (voir section 25 .11) que la puissance pond à un angle interne de 90° . La puissance active
active débitée par un alternateur est donnée par l'équa- maximale est alors :
tion :
E O Eb
Pmax
P = E°Eb- sin S (36-6) Xs
XS
Si l'on cherche à dépasser cette limite (par exemple en
où augmentant le couple de la turbine), l'alternateur perd
P = puissance active débitée par phase [W] son synchronisme et «décroche» du réseau . Le rotor
E0 = tension induite par phase [V] se met à tourner plus vite que le champ tournant du
Eb = tension aux bornes par phase [V] stator et des courants pulsatifs intenses circuleront dans
XS = réactance synchrone par phase [S2] ce dernier. En pratique, cette condition ne se produit
6 = angle de déphasage interne entre E,, et Eb, en jamais car les disjoncteurs de protection s'ouvrent aus-
degrés électriques sitôt . Il faut alors resynchroniser l'alternateur avant qu'il
puisse reprendre la charge .
Cette équation s'applique pour toutes les charges, y
compris un réseau infini . Dans ce dernier cas, la ten-
Exemple 36-5
sion Eb est fixe . Supposons que le courant d'excitation
Un alternateur de 36 MVA, 20,8 kV, 1800 r/min pos-
I,, de l'alternateur soit maintenu constant, de sorte que
sède une réactance synchrone de 5 S2 par phase . La
la tension induite Eo est constante. Par conséquent, le
tension induite E,, est de 12 kV (ligne à neutre) et la
terme E0 EbIXs est fixe et la puissance active P que l'al-
tension du réseau E t, est de 10 kV (ligne à neutre) .
ternateur débite dans le réseau variera selon le sinus de
Calculer :
l'angle 6.
a) la puissance qu'il débite lorsque le décalage élec-
S'il s'agit d'un alternateur entraîné par une turbine à
trique est de 30
eau, plus on augmente le débit d'eau, plus l'angle 3
augmente, ce qui augmente la puissance active P . La b) la puissance niav i cale qui provoquerait le décro-
relation entre P et S est montrée à la Fig . 36-28 . On chage
note que la puissance augmente presque linéairement




636 ÉLECTROTECHNIQUE

Solution jours prêts à répondre à un changement de vitesse d'une


turbine, en particulier si celle-ci, pour une raison ou
a) On a Eo = 12 kV
pour une autre, se détache du réseau .
Eb = 10 kV Il se peut, dans des conditions anormales, qu'un alter-
8 = 30° nateur en charge soit débranché subitement du réseau .
Les vannes de la turbine étant ouvertes, il s'ensuit une
accélération rapide de la machine qui peut atteindre
EoEb E°Eb
d'où P = sin 8 = sin 30° une vitesse de 50 % supérieure à sa vitesse normale en
XS Xs 4 ou 5 s . Comme les forces centrifuges à la vitesse
synchrone sont déjà près de la limite que les matériaux
12 kV x 10 kV
x 0,5 = 12 MW peuvent supporter, cet excès de vitesse constitue une
5 situation extrêmement dangereuse . Il faut donc prévoir
La puissance totale débitée par les 3 phases est de un dispositif de fermeture rapide des vannes, tant pour
36 MW. les centrales thermiques que pour les centrales hydrau-
liques . Dans le cas des turbines à vapeur il faut en même
b) La puissance maximale par phase est atteinte lors- temps fermer les brûleurs .
que 6= 90° .
Le problème des survitesses se pose également lors-
EoEb qu'un court-circuit se produit près de la centrale . Bien
P = sin 90° que le courant soit alors une ou deux fois plus élevé
XS que la normale, la puissance active débitée par l'alter-
12 kV x 10 kV nateur tombe subitement à zéro, car la réactance de
xl = 24MW l'alternateur ne consomme que des kilovars . Un court-
5 circuit inattendu est donc tout aussi dangereux qu'un
circuit ouvert en ce qui concerne les survitesses.
La puissance maximale de l'alternateur est donc :
36.21 Constante d'inertie H
Pmax (totale) = 3 x 24 MW = 72 MW
La constante d'inertie H d'un alternateur permet de
36.20 Commande de la puissance débitée calculer son moment d'inertie et de prédire ses varia-
tions de vitesse lors d'un changement de régime ou
Lorsqu'un seul alternateur alimente un réseau, sa vi-
d'une panne . Elle est définie par l'expression :
tesse est maintenue constante par l'action d'un régu-
lateur extrêmement sensible . Celui-ci peut détecter des H _ énergi e cinétique de l' alternateur
changements de vitesse de l'ordre de 0,01 % de sorte (36-8)
que tout changement dans la puissance active débitée puissance apparente de l'alternateur
par l'alternateur modifie immédiatement l'ouverture La valeur de H s'exprime en MW •s par MVA ou sim-
des vannes de la turbine . La fréquence demeure donc plement en secondes . La valeur en secondes équivaut
très constante . au temps requis pour que la vitesse de la machine aug-
Dans le cas d'un grand réseau, la puissance débitée mente de 50 % lorsqu'elle est entraînée à pleine puis-
par chaque alternateur dépend d'un programme de com- sance mécanique, sa charge électrique étant nulle . Une
mande établi d'avance entre les diverses centrales de autre expression, qui découle de l'équation 36-8, est
génération . Les opérateurs communiquent entre eux obtenue en utilisant l'équation (1-7b) :
pour modifier le débit de chaque centrale afin que la
génération et le transport de l'énergie soient aussi effi- 5,48 x 10 3 Jns
caces que possible . Dans des systèmes plus élaborés, H= (36-9)
la gestion de l'énergie est appuyée par des program- s
mes d'ordinateur . Toutefois, les régulateurs sont tou-


ALTERNATEURS TRIPHASÉS 637

ou Solution
H = constante d'inertie de l'alternateur [s] a) Le moment d'inertie de l'alternateur est obtenu par
J = moment d'inertie du rotor [kg-m 2] la formule :
nç = vitesse synchrone de l'alternateur [r/min]
S = puissance apparente de l'alternateur [VA] 5,48 x 10 3 J ns
H = éq . 36-9
5,48 x 10-3 = constante tenant compte des unités S
La valeur de H varie de 0,7 à 9 pour tous les types 2
5,48 x 10 3 J 1800
d'alternateurs dont la puissance est comprise entre 7,5 =
10 MVA et 1500 MVA . 60 x 10 6
d'où J = 25,3 x 103 kg-M2
Exemple 36-6
L'alternateur de 500 MVA, 200 r/min, illustré aux b) Le moment d'inertie total du groupe électrogène est
Fig . 36-2 et 36-4 possède un moment d'inertie de donc :
4140 x 10 3 kg •m ' . Calculer : "total = ( 25,3 + 11) X 103 = 36,3 x 10 3 kg •m2
a) l'énergie emmagasinée dans le rotor Le couple développé par la turbine au moment de l'ac-
cident est:
b) la constante H
T _ 9,55 P
Solution éq . 1-5
a) L'énergie emmagasinée dans le rotor est : n
9,55 x 54 x 106
W = 5,48 x 10 3 J ns éq . l-7b 1800
2 d'où T = 286,5 x 10 3 N•m
= 5,48 x 10 3 x 4140 x 103 x 200
= 907,5 x 106 J = 907,5 MJ L'augmentation An de la vitesse est de 2000 - 1800 =
200 r/min . On peut donc écrire :
b) La valeur de H est donc :
9,55 T At
An = éq . 1-14
H = 907,5 MJ
= 1,8 s éq . 36-8 "totale
500 MVA
9,55 x 286,5 x10 3 At
Habituellement, on dit que la valeur de H est de 1,8 200 =
sans mentionner l'unité (seconde) . 36,3 x 10 3
d'où At = 2,65 s
Exemple 36-7
Un turbo-alternateur entraîné par une turbine à gaz 36 .22 Réactance transitoire
a une capacité de 60 MVA, 1800 r/min, 60 Hz, Un alternateur alimentant un réseau subit des varia-
7,2 kV et possède une constante fi de 7,5 . Au mo- tions de charge imprévues qui sont parfois très rapi-
ment où il débite une puissance de 54 MW, les dis- des . Dans ces circonstances, le circuit équivalent sim-
joncteurs s'ouvrent accidentellement, et le `groupe ple de la Fig. 36-16 ne reflète pas le vrai comporte-
électrogène commence à s'emballer . Sachant que la ment de l'alternateur . En effet, ce circuit n'est valable
turbine à gaz possède un moment d'inertie de que lorsque l'alternateur fonctionne en régime perma-
1 1 000 kg •m ' calculer : nent et non pas en régime transitoire .
a) le moment d'inertie du groupe turbine/alterna- On constate que, pour de brusques variations de charge,
teur la réactance synchrone est plus petite qu'en régime
h) le temps requis pour que la vitesse du groupe élec- permanent* . Pour des alternateurs de grande puissance,
trogène atteigne 2000 r/min la réactance en régime transitoire peut être aussi faible
" L'explication de ce phénomène de la réactance transitoire
dépasse le cadre de ce livre .


638 ÉLECTROTECHNIQUE

La basse réactance qui accompagne les variations ra-


pides de charge facilite la régulation de la tension sur
un réseau . D'une part, la chute de tension IX'd à l'inté-
(a)
rieur de l'alternateur est plus faible que celle qui serait
occasionnée par la réactance synchrone XS . D'autre
part, la réactance X au début de l'intervalle de réajus-
tement (to à t1 ) se maintient à une valeur bien infé-
rieure à XS pendant un temps assez long pour que l'on
puisse augmenter l'excitation I x et garder ainsi une ten-
sion Eb relativement stable .
Eb1
Si un court-circuit franc se produit près d'un alterna-
E X teur lorsqu'il est en marche, des courants très intenses
Eb2
------------------------- en résultent à cause de la faible réactance transitoire .
(b)
Cela nécessite des disjoncteurs capables d'interrom-
xs pre ces courants forts . Dans certains cas, on ajoute des
réactances en série avec les sorties des alternateurs afin
X'd 6 S
to t1 de réduire les courants de court-circuit . Cela permet
circuit , l'installation de disjoncteurs de plus faible capacité de
circuit fermé
>ouvert rupture, donc moins coûteux .

Figure 36-29 Exemple 36-6


a . Alternateur sur le point d'être branché à une charge
Un alternateur triphasé de 250 MVA, kV pos-
inductive .
sède un rapport de court-circuit de 0,625 et une réac-
b . Variation de la tension aux bornes de la charge en fonction
du temps, et valeur instantanée de la réactance synchrone tance transitoire de 0,23 p .u . 11 débite une puissance
correspondante . de 250 MW à un facteur de puissance de 100 % . Un
court-circuit se produit dans un poste de transfor-
mation proche de l'alternateur. Calculer :
que 15 % de la réactance synchrone X S convention-
nelle. la tension induite avant le court-circuit
b) la valeur initiale du courant de court-circuit
La Fig . 36-29 représente la variation de la réactance
d'un alternateur et la variation correspondante de la a valeur finale du courant de court-circuit si les
tension lorsqu'on lui applique subitement une charge disjoncteurs ne s'ouvraient pas
inductive XL . Lors de la fermeture du disjoncteur, la Solution
réactance synchrone XS diminue instantanément à une
Impédance de base de l'alternateur :
valeur X'd, puis elle remonte graduellement pour at-
teindre de nouveau la valeur X S . Pour les gros alterna-
teurs la période de récupération peut varier de 3 à 8 s E.2 25 0002
ZB = = = 2,5 S2 éq . 36-3
alors que pour les petits, elle ne dure qu'une fraction SB 250 x 106
de seconde . La valeur minimale de la réactance est
appelée réactance transitoire X'd de l'alternateur . Réactance synchrone :

Cette variation de X avec le temps a pour effet de pro- 1 1


Xs(p .u .) = = = 1,6
duire une chute immédiate de Eb à une valeur Ebl .
rapport de court-circuit 0,625
Ensuite, Et, diminue graduellement pour atteindre sa
valeur finale Eb 2 OÙ
donc X s = Xs (p .u .) x ZB

Eb2 =E°XL =1,6x2,5=40


(36-8)
XS + XL





ALTERNATEURS TRIPHASÉS 639

Tension ligne à neutre Eh aux bornes de l'alternateur : charge


court-circuit
nominale
Eb = 25 kV/1 _
3 = 14,4 kV 47,3 kA

Courant nominal par phase :


0
o
I _ S _ 250 x 106
= 5774 A 5,78 kA 6,8 kA
E ~3 25 000 x U

Chute de tension E,, interne : 1 2 3 6 s


-> temps
Ex = I Xs = 5774 x 4 = 23,1 kV
Figure 36-31
Le courant est en phase avec Eb car le facteur de puis- Voir exemple 36-6.
sance est de 100 % . En se référant au diagramme vec-
toriel de la Fig . 36-30, la tension induite Eo est
Ce courant est seulement 1,2 fois le courant nominal .
Eo = 1/ Eb + EX = 1~ 14,42 + 23,1 2 = 27,2 kV
La Fig . 36-31 montre le courant dans l'alternateur avant
b) La réactance transitoire est et pendant le court-circuit .

X'd = X'd (P
.)
.U x ZB En pratique, les disjoncteurs s'ouvriraient en un temps
inférieur à 0,1 s après le début du court-circuit . Ils doi-
= 0,23 x 2,5 = 0,575 S2 vent, par conséquent, interrompre un courant de 47 kA .
Le courant initial de court-circuit est 36.23 Résumé
Eo 27,2 kV Dans ce chapitre nous avons appris la construction, le
' court-circuit' _ = 47,3 kA principe de fonctionnement et les propriétés des al-
Xd 0,575 S2
ternateurs triphasés .
Ce courant est 8,2 fois plus grand que le courant nomi- Les alternateurs de grande puissance sont constitués
nal de 5774 A . d'un stator ou induit portant un enroulement triphasé
c) Si le court-circuit se maintient, le courant diminuera branché en étoile et distribué dans des encoches, et d'un
pour atteindre, au bout de quelques secondes, une va- rotor ou inducteur portant un enroulement alimenté en
leur de : courant continu . Le courant d'excitation peut être pro-
duit par une génératrice à courant continu ou excitatrice
Eo 27,2 kV montée en bout d'arbre et branchée à l'inducteur à tra-
'court-circuit= _ = 6,8 kA
Xs 4 f2 vers une paire de bagues et de balais . Dans les machi-
nes modernes, on utilise plutôt une excitation sans ba-
lais ni bagues constituée d'un alternateur triphasé à
Ex
23,1 kV
induit tournant et d'un redresseur tournant . Pour les
Eo
27,2 kV alternateurs entraînés par des turbines hydrauliques
tournant à basse vitesse, l'inducteur comporte un grand
nombre de pôles saillants . Par contre, pour les turbo-
alternateurs entraînés par des turbines à haute vitesse
(3600 r/min ou 1800 r/min) sur un réseau à 60 Hz, le
rotor est parfaitement cylindrique et comporte deux ou
quatre pôles lisses .
Eb
Le circuit équivalent de l'alternateur est très simple .
14,4 kV
5774 A Chaque phase comprend une tension interne corres-
Figure 36-30 pondant à la tension induite par le courant d'excita-
Voir exemple 36-6 . tion, branchée en série avec la résistance du stator et la

640 ÉLECTROTECHNIQUE

réactance synchrone (0,8 à 2 p .u .) . Ce circuit équiva- courant d'excitation afin de garder cette tension cons-
lent permet de prévoir le courant et la tension de la tante?
machine pour tout type de charge et lors d'un court- 36-5 Nommer les conditions qui doivent être respec-
circuit . tées avant de mettre un alternateur en parallèle avec i
Lorsque l'alternateur est branché à un grand réseau, réseau.
on doit, avant de fermer le disjoncteur, le synchroniser 36-6 D'après les données de la Fig . 36-12, calculer
avec le réseau . Lorsque la turbine entraînant l'alterna- le nombre de pôles de l'alternateur .
teur fournit une puissance mécanique, la tension in-
36-7 Combien de pôles y a-t-il sur les alternateurs
terne de l'alternateur se décale d'un angle de Ô degrés
du Concorde (Fig . 36-10)?
électriques en avance sur la tension à ses bornes . L' al-
ternateur débite alors de la puissance active . Cet angle 36-8 Un alternateur fonctionnant à vide et tournant à
électrique correspond à un décalage mécanique entre 1200 r/min, génère une tension triphasée de 9 kV
les pôles du rotor et ceux du champ tournant créé par 60 Hz . Comment la tension à ses bornes sera-t-elle af-
les courants du stator . On a vu aussi que l'alternateur fectée lorsqu'on y branche :
peut absorber ou générer de lapuissance réactive . Lors- a) une charge résistive
que l'alternateur est sous-excité, il absorbe de la puis-
b) une charge inductive
sance réactive du réseau ; lorsqu'il est surexcité, il en
fournit. c) une charge capacitive
Rappelons enfin que lorsque la charge de l'alternateur 36-9 Dans le problème 36-8, calculer la tension et la
change brusquement, ou lorsqu'un court-circuit est ap- fréquence à vide, si la vitesse baisse à :
pliqué à ses bornes, la réactance synchrone du circuit
a) 1000 r/min
équivalent doit être remplacée par la réactance transi-
toire de plus faible valeur (environ 0,2 p .u .) . Cette réac- b) 5 r/min
tance transitoire permet de calculer le fort courant de
Niveau intermédiaire
court-circuit . Par la suite, le courant se stabilise à sa
valeur de régime permanent correspondant à la réac- 36-10 Expliquer ce que représente la réactance syn-
tance synchrone . chrone d'un alternateur . Tracer le circuit équivalent d'un
alternateur et expliquer la signification de tous les pa-
ramètres .
PROBLÈMES - CHAPITRE 36 36-11 Quels sont les avantages d'une excitation sans
Niveau pratique balais sur une excitation conventionnelle? Montrer, par
un schéma, comment on excite le rotor de la Fig . 36-7 .
36-1 Nommer les avantages d'un induit fixe dans les
alternateurs de grande capacité . Pour quelles raisons 36-12 a) Dans la Fig . 36-13, quel doit être le courant
l'induit est-il raccordé en étoile? d'excitation pour obtenir une tension de 24,2 kV entre
les bornes A et B?
36-2 Quelle est la différence principale entre un
turbo-alternateur et un alternateur à pôles saillants? b) Quel est le courant requis pour obtenir la moitié de
Pour une puissance donnée, lequel de ces types d'al- la tension (12,1 kV)?
ternateurs est le plus volumineux? 36-13 L'alternateur de la Fig . 36-16 possède une
36-3 Afin de maximiser son rendement, une turbine réactance synchrone de 6 £2 . Sachant que la tension
hydraulique doit tourner à une vitesse voisine de induite Eo est de 3 kV, calculer la valeur de Eb pour
350 r/min . Sachant que l'alternateur doit fonctionner à une charge résistive de 8 S2 . Tracer le diagramme vec-
60 Hz, combien de pôles faut-il poser sur le rotor? toriel du circuit .
36-4 Un alternateur développe une tension de 36-14 a) Dans le problème 36-13, tracer la courbe
13,2 kV entre ses bornes lorsque la charge est nulle . de la tension Eb en fonction du courant de charge I
Une charge, dont le FP est de 85 % arrière, est raccor- lorsque la charge résistive prend les valeurs successi-
dée à la machine . Doit-on augmenter ou diminuer le ves suivantes : 1000, 100, 10, 8, 4, 2, 1 et 0 ohms .

ALTERNATEURS TRIPHASÉS 641

b) Calculer la puissance active fournie à la charge pour c) la réactance totale du circuit, par phase
chacune des résistances données en (a) . d) la valeur ohmique de l'impédance totale (Z + Z S)
c) Tracer la courbe de la tension Eb aux bornes de l'al- par phase
ternateur en fonction de la puissance active fournie à e) le courant par phase
la charge . Pour quelle valeur de résistance la puissance f) la tension ligne à neutre, aux bornes de la charge Z
est-elle maximale?
g) la tension entre les lignes, aux bornes de la charge
h) la puissance active totale débitée par l'alternateur
i) les pertes Joule totales dans l'alternateur
j) la puissance de la turbine qui entraîne le rotor
k) Tracer le diagramme vectoriel, par phase, montrant
les chutes de tension dans R et X, de même que la
tension aux bornes de la charge .
1) Quel est l'angle de déphasage entre le courant I a et
Figure 36-32
la tension E o?
Voir problèmes 36-15 et 36-24 .
Niveau avancé
36-18 En se référant à la Fig . 36-2, calculer la lon-
36-15 Pour la Fig . 36-32, on fournit les informations
gueur d'un pas polaire mesuré sur la circonférence in-
suivantes :
térieure du stator.
Ea =12kV Eb=14kV Xs =2 S2
36-19 L'alternateur de la Fig . 36-2 possède un ren-
Eo est en avance de 30° sur Eb
dement de 98,4 % lorsqu'il débite une puissance de
a) Quelle est la puissance active totale débitée par l'al- 500 MW.
ternateur?
a) Sachant que l'excitation est de 2400 A sous une ten-
b) Tracer le diagramme vectoriel par phase . sion de 330 V, calculer les pertes dans le stator .
c) Quel est le déphasage entre le courant I et la ten- b) Calculer la différence de température de l'air entre
sion Eb? l'entrée et la sortie lorsque le débit d'air est de
d) La charge est-elle plutôt inductive ou capacitive? 280 m3/s .

36-16 Le turbo-alternateur de la Fig . 36-3 possède 36-20 Chaque pôle du rotor de la Fig . 36-4 est com-
posé de 21,5 spires portant un courant de 500 A . Sa-
une réactance synchrone de 0,5 S2 et il est branché sur
chant que l'entrefer a une longueur de 33 mm, calculer
un réseau triphasé à 19 kV . Calculer la puissance ac-
la densité de flux dans l'entrefer en négligeant la FMM
tive et le courant qu'il débite pour une tension induite
Eo de 12 kV par phase (ligne à neutre) et un angle in- requise pour le fer.
terne de 20° . Tracer le diagramme vectoriel . 36-21 Calculer l'énergie cinétique des rotors illus-
36-17 L' alternateur triphasé de la Fig . 36-15 possède trés aux Fig . 36-4 et 36-7 lorsqu'ils tournent à leur vi-
tesse nominale .
les caractéristiques suivantes :
Tension induite par phase Eo = 2400 V 36-22 Lors d'un essai sur l'alternateur de 500 MVA
illustré à la Fig . 36-2, on note les lectures suivantes :
Réactance synchrone X, par phase = 144 S2
Résistance R, par phase = 17 S2 1 . Tension entre les lignes à circuit ouvert = 6 kV, pour
un courant d'excitation de 500 A
Impédance Z de la charge = 175 £2 (résistive)
2. Courant par phase = 7500 A, lorsque le stator est en
Calculer :
court-circuit (même courant d'excitation)
a) l'impédance interne Z, par phase Calculer la réactance synchrone par phase, sachant que
b) la résistance totale du circuit, par phase les enroulements sont raccordés en étoile.


642 ÉLECTROTECHNIQUE

36-23 L'alternateur de la Fig . 36-2 possède une réac- 36-26 Dans le problème 36-25, de combien de de-
tance synchrone de 0,4 S2 par phase . Il est branché sur grés mécaniques les pôles ont-ils avancé par rapport à
un réseau infini à 14 kV (ligne à ligne) et l'excitation leur position normale durant l'intervalle de 0,5 s? De
est ajustée pour que Eo soit de 16 kV (ligne à ligne) . combien de degrés électriques?
a) Calculer le décalage mécanique des pôles lorsque 36-27 Un alternateur de 3000 kVA, 20 kV, 900 r/min,
l'alternateur débite une puissance de 420 MW 60 Hz alimente une charge triphasée de 2400 kVA,
b) Quel est l'écart mécanique (mesuré à la périphérie 16 kV dont le FP est de 80 % en retard .
des pôles) correspondant à cet angle? a) Sachant que la réactance synchrone de l'alternateur
36-24 Pour la Fig . 36-32, on fournit les informations est de 115 S2, calculer la tension d'excitation Eo re-
suivantes : quise par phase .
Eo =12kV Eb=14kV XS =2S2 b) Déterminer le courant d'excitation requis en utili-
Eo est en avance de 30° sur Eb sant la courbe de saturation de la Fig . 36-13c .

Calculer la valeur de la puissance apparente totale dé- 36-28 Un turbo-alternateur de 1530 MVA, dont le
bitée lorsque le décalage entre E b et E° est réduit à zéro rotor est illustré à la Fig . 36-7, débite une puissance
(en fermant les aubes directrices) . Est-ce que l'alter- active de 1200 MW sur un réseau . Si les disjoncteurs
nateur débite ou reçoit de la puissance réactive? s'ouvrent subitement, en combien de temps la vitesse
atteindra-t-elle le seuil dangereux de 1700 r/min, si l'on
36-25 a) Calculer le couple exercé par la turbine qui ne réduit pas immédiatement l'admission de vapeur
entraîne le rotor de la Fig . 36-4 lorsque l'alternateur dans la turbine?
débite une puissance de 500 MW avec un rendement
de 98,8 %?
b) Sachant que la turbine possède un moment d'iner-
tie de 2300 t •m 2 , déterminer la vitesse et la fréquence
de l'alternateur après un intervalle de 0,5 s suivant
l'ouverture subite des disjoncteurs . On supposera
que les aubes directrices demeurent dans la posi-
tion ouverte (voir équation 1-14) .
37
Moteurs synchrones

L' alternateur décrit au chapitre 36 est réversible ; il peut 37 .1 Construction


fonctionner comme générateur ou comme moteur . Lors- La construction des moteurs synchrones industriels est
qu'on l'utilise comme moteur (en le raccordant à une semblable à celle des alternateurs triphasés à pôles
source de tension triphasée), on l'appelle moteur syn- saillants . Le stator se compose d'un noyau magnéti-
chrone . Comme le nom l'indique, le rotor de ce mo- que percé d'encoches dans lesquelles est logé un bobi-
teur tourne en synchronisme avec le champ tournant nage triphasé (voir Fig . 37-19 en fin de chapitre .) L'en-
du stator, c'est-à-dire à la même vitesse que ce champ . roulement imbriqué du stator est identique à celui d'un
Cette vitesse est donc liée à la fréquence de la source moteur à induction triphasé .
et comme cette fréquence est constante, la vitesse du
moteur est rigoureusement constante . Elle ne varie ni
avec la charge, ni avec la tension de la source .
Cependant, l'utilisation du moteur synchrone dans la
plupart des applications industrielles ne tient généra-
lement pas au fait que sa vitesse est constante, mais
elle dépend surtout de ses propriétés électriques tout à
fait particulières, comme nous le verrons dans ce cha-
pitre . La plupart des moteurs synchrones ont une puis-
sance comprise entre 150 kW (200 hp) et 15 MW
(20 000 hp) et leur vitesse synchrone est habituelle-
ment comprise entre 180 et 450 r/min. Ils sont donc
Figure 37-1
surtout utilisés dans l'industrie lourde (Fig . 37 .1) . À Moteur synchrone triphasé de 2200 kW, 327 r/min, 4 kV,
l'autre extrémité du spectre de puissance, on trouve 60 Hz, F.P. 100 %, entraînant un compresseur utilisé dans
des moteurs synchrones minuscules qui servent à en- une station de pompage de pétrole du pipeline Trans-Canada .
L'excitation sans balais est assurée par un système
traîner les minuteries et les horloges . Nous les verrons
alternateur/redresseur 250 V, 21 kW, monté en bout d'arbre
au chapitre 38 . du moteur (gracieuseté de la Cie Générale Électrique) .
643

644 ÉLECTROTECHNIQUE

Le rotor comporte un ensemble de pôles saillants autour Actuellement, on a tendance à utiliser une excitation
desquels sont montées des bobines raccordées en série sans balais, identique à celle utilisée dans certains al-
à deux bagues solidaires de l'arbre de la machine (Fig . ternateurs . L'excitatrice montée en bout d'arbre est un
37-2) . Ces bobines sont alimentées en courant continu . alternateur polyphasé qui alimente un bloc redresseur
En plus, on insère dans des encoches pratiquées à la tournant avec le moteur (Fig . 37-3) . Le champ de
périphérie des pôles, des conducteurs court-circuités l'excitatrice est stationnaire et on fait varier son inten-
formant une cage d'écureuil comparable à celle des sité en faisant varier le courant continu I,
moteurs à induction . Cette cage sert à faire démarrer le Les Fig . 37-4a et 37-4b illustrent comment le stator, le
moteur synchrone selon le principe du moteur asyn- rotor, l'excitatrice et le redresseur sont montés dans un
chrone . moteur synchrone de 3000 kW, à excitation sans ba-
Le rotor porte autant de pôles que le stator . Comme lais .
pour le moteur asynchrone, le nombre de pôles déter-
37 .2 Démarrage du moteur synchrone
mine la vitesse du moteur, suivant l'équation :
Le moteur synchrone ne peut démarrer seul . C'est pour-
quoi on place une cage d'écureuil sur son rotor afin
120 f
n = (37-1) qu'il puisse démarrer en moteur asynchrone . En appli-
p quant la pleine tension triphasée sur le stator, on crée
un champ tournant qui amène rapidement le moteur à

une vitesse légèrement inférieure à sa vitesse syn-
n = vitesse du moteur [r/min]
chrone . En général, la résistance de la cage d'écureuil
f = fréquence du réseau [Hz]
est assez élevée afin d'assurer un fort couple de dé-
p = nombre de pôles
marrage .
Dans plusieurs moteurs, le courant continu est amené
aux pôles du rotor par des balais frottant sur deux ba-
gues . Ce courant provient d'une source auxiliaire, gé-
néralement une excitatrice . Cette excitatrice peut être
indépendante ou montée en bout d'arbre .

1 - source de commande à c .c .
2 - pôles à c.c . stationnaires
3 - alternateur (excitatrice)
4 - ligne triphasée
5 - redresseur à diodes
6 - ligne à c .c .
Figure 37-2
7 - rotor du moteur synchrone
Rotor à double roue polaire d'un convertisseur de fréquence
synchrone-synchrone de 50 Hz à 16 2/3 Hz utilisé dans les 8 - stator du moteur synchrone
chemins de fer en Norvège . À gauche : rotor de l'alternateur 9 - ligne d'alimentation triphasée
monophasé de 7000 kVA, 16 2/3 Hz, FP 85 % ; à droite :
rotor du moteur synchrone triphasé de 6900 kVA, 50 Hz, FP . Figure 37-3
90 % . Les pôles saillants du moteur synchrone et de Schéma montrant le principe de fonctionnement d'une
l'alternateur portent des cages d'écureuil (gracieuseté de excitatrice sans balais pour moteur synchrone . Le même
ABB). système est utilisé pour l'excitatrice des alternateurs .

MOTEURS SYNCHRONES 645

Pendant la période de démarrage, les bobines du rotor circuite l'enroulement du rotor ou on le relie à une ré-
ne sont pas alimentées par l'excitatrice . Comme le sistance extérieure pendant la période d'accélération .
champ tournant balaie les bobines, aussi bien que les À mesure que le moteur accélère, la tension induite
barres de la cage, une tension élevée est induite dans diminue et elle tombe à une valeur négligeable lorsque
ces bobines . Afin de remédier à cet inconvénient et sur- le rotor tourne presque à la vitesse synchrone.
tout pour améliorer le couple de démarrage, on court-
Lorsque la puissance du réseau alimentant le moteur
est limitée, on applique une tension réduite sur le sta-
tor comme on le fait dans le cas des gros moteurs asyn-
chrone . Ainsi, on utilise des autotransformateurs, des
résistances et parfois des réactances pour limiter le
courant pendant le démarrage . Les moteurs synchro-
nes de très grande puissance (20 MW et plus) sont par-
fois amenés à leur vitesse synchrone au moyen d'un
moteur auxiliaire . Dans d'autres cas, on utilise un con-
vertisseur électronique à fréquence variable pour ac-
célérer la machine jusqu'à la vitesse synchrone .

37 .3 Accrochage du rotor
Dès que le moteur a atteint une vitesse proche de la
vitesse synchrone, on alimente les pôles du rotor en
courant continu. Le passage de ce courant produit des
pôles N et S dans le rotor. Ces pôles tournent dans le
même sens et à peu près à la même vitesse que les
pôles N et S du champ tournant .

Figure 37-4a Si, au moment de l'excitation, les pôles S du rotor sont


Moteur synchrone triphasé de 3000 kW, 200 r/min, 6,9 kV, en regard des pôles N du stator (Fig . 37-5), une force
60 Hz, FF 80 %, pour broyeur de minerai de fer . Lexcitatrice d'attraction considérable s'établit entre eux et les main-
(alternateur/redresseur) montée en bout d'arbre peut fournir tient vis-à-vis ; on dit alors que le moteur est accroché .
une puissance de 50 kW sous une tension de 250 V
(gracieuseté de la Cie Générale Électrique) . Une force d'attraction identique s'exerce évidemment
entre les pôles N du rotor et les pôles S du stator. Les
pôles du rotor se trouvent alors entraînés par les pôles
du stator et ils se déplacent nécessairement à la même
vitesse . Le moteur tourne donc à la vitesse synchrone .
Le couple développé par le moteur à ce moment s'ap-
pelle couple d'accrochage .
Ce couple est puissant, mais on doit exciter le rotor au
bon moment, afin de réussir l'accrochage du rotor . Par
exemple, si on applique l'excitation à un instant où les
pôles N du rotor sont en regard des pôles N du stator, il
se produira une grande force de répulsion au lieu d'une
attraction . Le moteur subira un choc violent, il ralen-
tira et on ne pourra plus le faire accrocher à moins
d'ouvrir le circuit d'excitation et de recommencer la
procédure de démarrage . En pratique, les démarreurs
de moteurs synchrones sont conçus pour détecter le
Figure 37-4b
Vue de l'excitatrice de 50 kW montrant l'induit et 5 des 6 moment précis où l'excitation doit être appliquée et ils
diodes utilisées pour redresser le courant alternatif accomplissent cette fonction automatiquement .
(gracieuseté de la Cie Générale Électrique) .

646 ÉLECTROTECHNIQUE

Quand le rotor tourne en synchronisme avec le champ client des pôles du stator et le moteur s'arrête brusque-
tournant, la tension induite dans les barres de la cage ment. Un moteur qui décroche produit une perturba-
d'écureuil est nulle ; en régime normal, le principe de tion majeure sur le réseau et le disjoncteur de protec-
fonctionnement du moteur synchrone est donc bien tion doit aussitôt s'ouvrir. Cela protège les enroule-
différent de celui du moteur asynchrone . Le moteur ments du stator de même que la cage d'écureuil du
synchrone est entraîné par la force d'attraction qui s'éta- rotor qui, autrement, s'échaufferaient rapidement lors-
blit entre les pôles du rotor et les pôles contraires du que le moteur perd son synchronisme .
champ tournant . Le couple de décrochage dépend de la force
Pour renverser le sens de rotation d'un moteur syn- magnétomotrice des pôles du stator et du rotor. La
chrone, on change le sens de rotation de son champ FMM du rotor dépend du courant continu qui circule
tournant en intervertissant deux des trois câbles ali- dans les bobines, tandis que celle du stator dépend du
mentant le stator . courant alternatif qui le parcourt . Donc, le couple de
décrochage augmente si le rotor est surexcité, et il di-
37 .4 Moteur en charge - description
minue s'il est sous-excité . En général, le couple de dé-
Lorsque le moteur synchrone tourne à vide, les pôles crochage est compris entre 1,5 et 2,5 fois le couple
du rotor sont vis-à-vis des pôles du champ tournant et nominal .
et l'axe du rotor coïncide avec l'axe central du stator
Le décalage a entre l'axe des pôles du rotor et l'axe
(Fig . 37-5) . On se souvient que l'axe central du stator
central du stator produit un effet immédiat sur le cou-
dépend de la phase des tensions appliquées au stator .
rant triphasé tiré du réseau . Plus le décalage augmente,
Quand une charge mécanique est appliquée à l'arbre
plus le courant croît ; c'est une conséquence normale,
du moteur, les pôles du rotor glissent légèrement en
car un décalage accru correspond à une puissance mé-
arrière de ceux du champ tournant, tout en continuant
canique plus grande . Or, la puissance mécanique pro-
à tourner à la même vitesse . L' angle de décalage a entre
vient nécessairement de la puissance électrique tirée
l'axe des pôles du rotor et l'axe central du stator croît à
du réseau .
mesure que la charge augmente (Fig . 37-6) .
Cependant, la force d'attraction entre les pôles du ro- 37 .5 Moteur en charge - puissance et
tor et les pôles contraires du stator les maintient accro- couple
chés, à moins que le couple appliqué ne devienne ex- On peut encore mieux comprendre le fonctionnement
cessif. Plus la charge mécanique croît, plus l'axe des du moteur synchrone à l'aide de son circuit équivalent
pôles du rotor s'éloignent de l'axe central du stator . Si (Fig . 37-7a) . Ce circuit est identique à celui d'un alter-
la charge devient trop grande, les pôles du rotor décro-

Figure 37-6
Figure 37-5 Lorsque le moteur développe un couple, les pôles du rotor
Les pôles du rotor sont attirés par les pôles contraires du se déplacent en arrière des pôles du stator . Langle a entre
stator. Lorsque le moteur fonctionne à vide, l'axe des pôles l'axe du rotor et l'axe central du stator est une mesure du
du rotor coïncident avec l'axe central du stator . couple exercé .

MOTEURS SYNCHRONES 647

nateur, car les deux machines possèdent la même cons- décalage mécanique a correspond à un déphasage élec-
truction . Ainsi, le flux 0 créé par le rotor induit une trique 8 entre les tensions Eo et Eb.
tension E° dans le stator lorsque le moteur tourne .
En appliquant la loi de Kirchhoff au circuit de la Fig .
Comme ce flux dépend du courant continu Ix , la ten-
37-7a, on obtient :
sion E° varie avec le courant d'excitation .
-Eb +jIXs +E° =0
Comme on l'a déjà mentioné, lorsque le moteur tourne
à vide, les axes des pôles du rotor coïncident avec ceux d' où I = - j (Eb - E° )/Xs
du champ tournant. Dans ces circonstances, la tension
E° est en phase avec la tension Eb de la source (Fig . La différence de tension Eb - E° apparaît aux «bor-
37-7b) . Si l'on ajuste l'excitation afin que E° = Eb, le nes» de la réactance synchrone ; c'est pourquoi le cou-
moteur «flotte» sur la ligne et le courant I est presque rant est déphasé de 90° en arrière de cette tension .
nul . En effet, le courant requis doit seulement suppléer On constate sur le diagramme vectoriel de la Fig .
les faibles pertes par friction et aération plus les pertes 37-7c que le courant I est légèrement en retard sur Eb .
Joule dans le stator. La machine absorbe donc une puissance active et une
Si, maintenant, on applique une charge au moteur, il puissance réactive . La puissance active est transformée
ralentit momentanément et les pôles du rotor se déca- en puissance mécanique, à l'exception des pertes Joule
lent d'un angle aen arrière de l'axe central du stator . À et des pertes dans le fer dissipées dans le stator. Si l'on
cause de ce décalage mécanique, la tension E° atteint néglige ces pertes, la puissance mécanique par phase
sa valeur maximale un peu plus tard qu'auparavant, ce est donnée par l'équation :
qui donne le diagramme vectoriel de la Fig . 37-7c . Ce

P = E°Eb sin ô (37-2)


Xs

ou
P puissance mécanique, par phase [W]
(a) E° = tension, par phase, induite par le courant
d'excitation I, [ V ]
Eb = tension ligne à neutre de la source [V]
XS = réactance synchrone, par phase [S2]
Eb, Eo 8 = angle de déphasage électrique entre la posi-
(b) tion du rotor au repos et sa position en charge,
en degrés électriques
Ex =Eb-Eo
À Cette formule est basée sur l'équation 25-13 que nous
avons développée au chapitre 25, section 25 .11 .
Noter que l'angle interne 6 est toujours égal au dé-
(c)
phasage entre E° et Eb . En pratique, selon la puissance
mécanique et le facteur de puissance désirés, la valeur
de E° peut être supérieure, inférieure ou égale à Eb .
L'équation indique que la puissance du moteur aug-
Figure 37-7 mente avec l'angle interne, mais qu'elle atteint sa va-
a . Circuit équivalent d'un moteur synchrone . Le flux 0 créé leur maximale Pmax lorsque l'angle est de 90° :
par le rotor induit une tension Eo dans le stator .
b . Lorsque E ° est égale et en phase avec la tension Eb de la
source, le courant dans le stator est négligeable . E°E b
c . Lorsque la charge mécanique appliquée au moteur un Pmax = (37-3)
couple, le vecteur Eo glisse en arrière du vecteur E b . Le XS
déphasage augmente avec le couple .






648 ÉLECTROTECHNIQUE

Les pôles du rotor se trouvent alors à mi-chemin entre 37.6 Angles électrique et mécanique
les pôles N et S du champ tournant . Passé ce point Comme pour les alternateurs, il existe une relation pré-
maximal, la puissance commence à baisser et devient cise entre l'angle de décalage mécanique a (Fig . 37-5)
nulle lorsque l'angle interne est de 180° . et l'angle électrique interne 6. Elle est encore donnée
À titre d'exemple, la Fig . 37-8 donne la variation de la par l'équation (36-2) :
puissance P en fonction de l'angle interne pour un
moteur synchrone de 40 kW, 1200 r/min, dont la puis- pu éq. 36-2
S =
sance maximale est de 100 kW. 2
Pour des angles internes supérieurs à 90°, le moteur
où p représente le nombre de pôles .
développe toujours une puissance mécanique . Cepen-
dant, cette région comprise entre 90° et 180° corres- Exemple 37-1
pond à un régime de fonctionnement instable, car la Un moteur synchrone de 6000 kW, 4 kV, 180 r/min,
puissance du moteur diminue à mesure que l'angle in- 60 Hz, possède une réactance synchrone de 2,4 12 .
terne augmente. Lorsque la tension E,, induite pire phase est de 3,2 kV,
En ce qui concerne le couple, il est proportionnel à la l'angle de décalage mécanique est de I Calculer :
puissance active du moteur, car la vitesse est constante .
a) la puissance mécanique développée par le mo-
Il est donné par l'équation :
teur
T _ 9,55 P b) le couple de décrochage
(37-4)
c) le couple de décrochage si la tension du réseau
ns
baisse de 4 kV à 3 .6 kV

T = couple, par phase [N•m ] Solution
P = puissance mécanique, par phase [W] a) Trouvons d'abord le nombre de pôles et le décalage
ns = vitesse synchrone [r/min] en degrés électriques . Le nombre de pôles est donné
9,55 = constante [valeur exacte = 30/,r] par :

La courbe du couple en fonction de l'angle interne 6 ns _ 120 f


éq .37-1
est donc semblable à celle de la puissance . La Fig . p
37-8 montre que le couple de décrochage est égal à d'où
800 N •m .
120 f 120 x 60
40
kW N •m ns 180

MMM p
100 1000
Le moteur possédant 40 pôles, on a :
80 800
P FÀA T ~,
60 600 T 6_ p a _ 40 x 1° = 20°

40 -M MkW 400 2 2

20 .A k, 200 De plus, on sait que

0M 0
0 30 60 90 120 150 180 _
degrés Eb 4 kV = 2,3 kV par phase
angle 6

Figure 37-8
E o = 3,2 kV Xs = 2,4 S2
Puissance et couple en fonction de l'angle interne 6, pour un
moteur synchrone de 40 kW, 1200 r/min, 60 Hz . La puissance
sin 20° = 0,342
maximale est de 100 kW .

MOTEURS SYNCHRONES 649

La puissance par phase vaut donc : 37 .7 Caractéristiques générales d'un


moteur synchrone
E°Eb Il est utile de connaître l'ordre de grandeur des para-
P = sin 8 mètres d'un moteur synchrone . À cette fin, nous avons
XS
dressé au tableau 37-1 une liste des caractéristiques de
3,2 kV x 2,3 kV deux moteurs : l'un de 1500 kW, l'autre de 150 kW,
_ x 0,342
soit d'une puissance 10 fois plus petite . Signalons les
2,4
points suivants :
= 1,05 MW
1 . L' angle interne 5 à pleine charge se situe entre 27°
La puissance mécanique pour les trois phases est : et 37° .

P = 3 x 1,05 MW TABLEAU 37-1 CARACTÉRISTIQUES DE DEUX


= 3,15 MW = 4223 hp MOTEURS SYNCHRONES

b) La puissance maximale et le couple maximal sont grandeur moteur A moteur B


développés à un angle de 90° . D'après l'équation 37-3 puissance 1500 kW 150 kW
on a pour les trois phases :
tension de ligne 4000 V 440 V

EoEb courant 220 A 208 A


Pmax = 3 x vitesse 1800 r/min 900 r/min
XS
fréquence 60 Hz 60 Hz
3200 x 2300 phases 3 3
= 3 x
2,4 connexion étoile étoile
entrefer 10 mm 6 mm
= 9,2 x 106 = 9,2 MW
CARACTÉRISTIQUES SOUS CHARGE
D'après l'équation 37-4 le couple maximal est : facteur de puissance 1 1
couple de décrochage 1,4 p .u . 2,2 p .u .
9,55 Pmax angle à pleine charge 36,7° 27°
Tmax =
ns puissance d'excitation 4,2 kW 2,1 kW
tension d'excitation (c .c .) 125 V 125 V
9,55 x 9,2 x 106
tension d'excitation
180
induite par phase 2873 V 285 V
= 488 x 10 3 = 488 kN-m PERTES ET RENDEMENT
frottement et aération 8,5 kW 1 kW
c) L'équation 37-2 indique que la puissance et, par con-
pertes dans le fer 11 kW 2 kW
séquent, le couple sont proportionnels à la tension d'ali-
pertes Joule (stator) 10,3 kW 3,5 kW
mentation Eb . Lorsque la tension du réseau diminue à
3,6 kV, le couple de décrochage baisse donc à : pertes Joule (rotor) 4,2 kW 2,1 kW
pertes parasites 4 kW 1 kW
3,6
Tmax = 488 x = 439 kN •m pertes totales 38 kW 9,6 kW
4
rendement 97,5 94,0%
Contrairement au moteur asynchrone, le couple d'un
moteur synchrone est proportionnel à la tension d'ali- IMPÉDANCES RELATIVES
mentation et non pas au carré de celle-ci . Le moteur réactance synchrone 0,73 (p .u .) 0,48 (p .u .)
synchrone peut donc mieux supporter une baisse tem- résistance du stator 0,006 (p .u .) 0,02 (p .u .)
poraire de la tension d'alimentation sans décrocher. rapport Xs/R 122 24

650 ÉLECTROTECHNIQUE

2 . La puissance d'excitation de 4,2 kW pour le moteur La FMM nécessaire pour produire le flux cm peut pro-
de 1500 kW est de seulement 2 fois celle du moteur venir indifféremment du stator ou du rotor . Si le cou-
de 150 kW. On constate que plus une machine est rant d'excitation dans les bobines du rotor est nul, tout
puissante, plus sa puissance d'excitation relative di- le flux doit être produit par le stator, de sorte que ce
minue . dernier doit absorber une puissance réactive considé-
3 . Les pertes totales (38 kW) du moteur de 1500 kW rable de la ligne triphasée . Si l'on augmente graduel-
sont seulement 4 fois plus grandes que celles du lement le courant d'excitation, la FMM associée à ce
moteur de 150 kW. Il s'ensuit que le rendement du courant contribue à la production du flux Om et la puis-
gros moteur est sensiblement plus élevé . sance réactive absorbée par le stator diminue progres-
4 . Pour les deux moteurs, la réactance synchrone est sivement . On arrive finalement à un point où la FMM
beaucoup plus grande que la résistance des enrou- du rotor crée tout le flux 0 à elle seule . La puissance
lements . Pour le moteur de 1500 kW, ce rapport est réactive absorbée par le stator est alors nulle et le fac-
de 122 . Par conséquent, en ce qui concerne la per- teur de puissance du moteur atteint 100 % .
formance électromécanique d'un moteur syn- Qu'arrive-t-il si l'on augmente le courant d'excitation
chrone, la résistance du stator est toujours négligea- au-dessus de cette valeur critique? On constate que le
ble . stator, au lieu d'absorber de la puissance réactive, four-
37 .8 Excitation et puissance réactive d'un nit de la puissance réactive au réseau . De plus, la puis-
moteur synchrone sance réactive générée augmente à mesure que l'on
Considérons le stator d'un moteur synchrone triphasé augmente l'excitation . Dans ces conditions, le moteur
branché sur un réseau dont la tension Eb est constante se comporte comme une source de puissance réactive,
(Fig . 37-9) . Il s'ensuit que la tension ligne à neutre du donc comme une capacitance . À cause de cette pro-
moteur est constante . Mais on vient de constater que la priété extrêmement importante, le moteur synchrone
chute de tension dans la résistance des enroulements est souvent utilisé à la place des condensateurs stati-
est négligeable. Par conséquent, la tension E, induite ques pour corriger le facteur de puissance d'une usine .
aux bornes de chaque phase est sensiblement égale à 37 .9 Facteur de puissance : courbes en V
Eb, donc E, demeure constante . Comme cette tension
Habituellement, les moteurs synchrones sont construits
est induite par un flux 0 qui coupe les conducteurs du
pour fonctionner à un facteur de puissance de 100 % .
stator, le flux 0 doit demeurer constant . Par conséquent,
Cependant, certains moteurs sont conçus pour débiter
quelle que soit la charge, le flux total 0 à l'intérieur
une puissance réactive en même temps qu'ils dévelop-
d'un moteur synchrone est constant tant que la tension
pent leur pleine puissance mécanique . On construit
d'alimentation demeure constante .
alors des moteurs synchrones pouvant fonctionner à
Considérons par exemple la phase A (Fig . 37-9) . Le un FP de 80 % en avance . Une machine ayant un FP
flux total 0 est composé pour la plus grande partie d'un de 80 % peut débiter une puissance réactive égale à
flux mutuel o,,, qui accroche à la fois les conducteurs 75 % de sa puissance nominale mécanique .
du stator et du rotor, et d'un flux de fuite 4fa relative-
Les moteurs pouvant fournir de la puissance réactive
ment faible .
sont plus gros que ceux fonctionnant à un FP de 100 %,
car leur rotor et leur stator doivent supporter des cou-
rants plus élevés ; ils coûtent donc plus cher .

Exemple 37-2
Le moteur synchrone de la Fig . 37-4 développe une
puissance mécanique de 3000 kW . Sachant qu'il est
conçu pour fonctionner à un facteur de puissance
de 0,8 en avance, calculer a) la puissance réactive
Figure 37-9
Le flux 0 accroché par chacune des phases demeure
qu'il peut fournir au réseau et b) le nombre de pôles
constant . Pour la phase A, il comprend le flux de fuite Ofa saillants sur le rotor.
créé par le courant ia et le flux mutuel Om créé par la FMM
totale développée par le rotor et le stator .




MOTEURS SYNCHRONES 651

Solution [V]
a) Puissance active : 700

P = 3000 kW
600
Puissance apparente :

P - 3000 500
S - 3750 kvar
FP E
0,8
Puissance réactive que le moteur peut fournir : 400
m
C

Q = ~ S 2 -P Z = 3750 2 - 3000 2
w° 300
= 2250 kvar r_
o

rapport Q = 2250 = 0,75 = 75 % J? 200

P 3000
100
b) La vitesse synchrone est de 200 r/min et la fréquence
de 60 Hz . On en déduit le nombre de pôles en utilisant
l'équation 37-1 : o
o 5 10 15 20 25 [A]
courant d'excitation I x
p - 120 f - 120 x 60
= 36 pôles Figure 37-10
ns 200 Courbe de saturation d'un moteur synchrone de 800 kW .

soit 18 pôles nord et 18 pôles sud .


Supposons qu'un moteur synchrone de 800 kW débite Si l'on réduit le courant d'excitation à 7 A, le moteur
sa puissance mécanique nominale . Nous désirons étu- absorbera une puissance réactive du réseau, en plus de
dier son comportement lorsqu'on fait varier le courant la puissance active . La valeur correspondante de Eo
d'excitation . Étant donné qu'un changement dans l'ex- est de 306 V. Cela fait augmenter la puissance appa-
citation ne modifie pas la vitesse du moteur, il s'ensuit rente à 1000 kVA . Par conséquent, le courant tiré du
que la charge mécanique imposée au moteur demeure réseau augmente à 1000 A . La puissance réactive ab-
strictement constante . sorbée est donc :
Supposons que le moteur absorbe une puissance ac- 2
tive constante de 800 kW d'un réseau triphasé à 577 V Q = ~S -P 2 = 1/ 1000 2 - 8002 = 600 kvar
(333 V ligne à neutre), et qu'il possède une réactance Le circuit équivalent et le diagramme vectoriel sont
synchrone de 0,35 S2 . Sa courbe de saturation donnant donnés à la Fig . 37-1 lb .
Eo en fonction de Ix est montrée à la Fig . 37-10 .
Augmentons maintenant le courant d'excitation afin
Dans un premier temps, ajustons l'excitation de sorte que le moteur devienne surexcité . Par conséquent, il
que le moteur opère à un facteur de puissance unitaire fournira une puissance réactive au réseau . Supposons
(Fig . 37-1 la). Le courant tiré du réseau est donné par: que l'excitation soit ajustée afin que le moteur fonc-
I= (800 kW/3)/333 V = 800 A tionne à un FP de 80 % en avance . Dans ces circons-
tances, le moteur débite 600 kvar au réseau, tout en
La chute de tension dans la réactance synchrone est :
tirant de celui-ci une puissance active de 800 kW (Fig .
EX = 800 A x 0,35 S2 = 280 V 37-11c) . La puissance apparente est donc 1000 kVA.
D'après le diagramme vectoriel, il s'ensuit que la ten- e t le courant tiré du réseau sera de nouveau 1000 A.
sion induite E o doit être 435 V En se référant à la courbe mais 36,9° en avance sur la tension Eb . Le diagramme
de saturation, cela exige un courant d'excitation I x d'en- vectoriel indique que la tension Eo est maintenant de
viron 11 A . 611 V, ce qui exige un courant d'excitation de 20 A .

652 ÉLECTROTECHNIQUE

moteur moteur
kvar sous-excite surexcité
600

Ex P = 800 kW
Eb 300
280 V I
Ix Q
I12
0 0 4 8 16 20 A
800 kW
a) excitation normale courant d'excitation
-300

333 V Eb
-600

Figure 37-12a
Variation de la puissance réactive avec l'excitation .

600 kvar'
b) moteur sous-excité Ix = 7 A

20 A
Eb
.Y.

IX
12 20
o o IX

Figure 37-12b
800 kW Courbes en V d'un moteur synchrone de 800 kW dont le FP
est de 80 % en avance .
600 kvar
c) moteur surexcité Ix = 20 A
Figure 37-11 phasages entre les tensions et les courants lorsque le
Puissances active et réactive pour trois excitations différentes, moteur passe d'un régime sous-excité (Ix = 7 A) à un
et diagrammes vectoriels correspondants . Ces conditions
régime surexcité (Ix = 20 A) . Remarquer que le cou-
sont présentées graphiquement à la Fig . 37-12 .
rant I est toujours déphasé de 90° en arrière de la ten-
sion Ex, car XS est inductive.
En choisissant d'autres courants d'excitation compris
entre 7 A et 20 A, on obtient une courbe de la puis- Donc, en résumé, un moteur synchrone absorbe de la
sance réactive en fonction du courant I x (Fig . 37-12a) . puissance réactive quand on le sous-excite et il en dé-
bite lorsqu'on le surexcite .
On peut aussi tracer une courbe de la puissance appa-
rente S en fonction de Ix . À cause de sa forme, on l'ap- 37 .10 Compensateur synchrone
pelle courbe en V. La Fig . 37-12b montre deux cour- On appelle compensateur synchrone, un moteur syn-
bes en V, correspondant respectivement à 100 % et 0 % chrone qui tourne à vide et dont la seule fonction est
de la puissance active nominale du moteur . de fournir ou d'absorber de la puissance réactive sur
En conclusion, les schémas et les diagrammes vecto- une ligne de transport ou sur un réseau. Nous verrons
riels des Fig . 37-11 a, 37-11b et 37-lic permettent de au chapitre 46 que, pour régulariser la tension d'un
suivre l'évolution de la puissance réactive et des dé- réseau, on doit lui fournir une puissance réactive pen-

MOTEURS SYNCHRONES 653

dant les heures de pointe . Inversement, pendant les La plupart de ces machines ont une capacité de l'ordre
périodes creuses, on doit absorber l'excès de puissance de 200 Mvar et on les refroidit à l'hydrogène . Le dé-
réactive générée par les lignes . Le compensateur syn- marrage se fait de la même façon que pour les moteurs
chrone permet de compenser ces fluctuations de puis- synchrones conventionnels . Cependant, si le réseau est
sance réactive en ajustant l'excitation selon les besoins . incapable de supporter l'appel de puissance pendant le
Le compensateur agit alors comme une énorme démarrage, on utilise des moteurs asynchrones pour
capacitance ou inductance variable dont la valeur est les accélérer jusqu'à la vitesse synchrone . Par exem-
réglable en faisant varier le courant d'excitation de son ple, les compensateurs synchrones de 160 Mvar ins-
rotor (Fig . 37-13) . tallés au poste de Dorsey à Winnipeg sont démarrés
par des moteurs à rotor bobiné ayant une puissance de
1270 kW.

37 .11 Couple de réluctance


Si l'on coupe l'excitation d'un moteur synchrone fonc-
tionnant à vide, on constate qu'il continue à tourner à
la vitesse synchrone . En effet, lorsque le couple dû au
courant d'excitation disparaît il subsiste un couple,
appelé couple de réluctance . Ce couple est assez fort
pour vaincre les frottements et maintenir le rotor ac-
croché au champ tournant . Examinons donc l'origine
de ce couple de réluctance .
Lorsque l'excitation est nulle, le flux créé par le stator
passe par les pôles saillants du rotor où l'entrefer est
court, plutôt que par l'entrefer beaucoup plus long en-
Figure 37-13a
Compensateur synchrone triphasé de -200 à +300 Mvar, tre les pôles . En effet, la réluctance du chemin magné-
16 kV, 900 r/min, 60 Hz installé au poste de Lévis, Québec, tique est plus faible dans l'axe des pôles, de sorte que
pour régulariser la tension du réseau à 735 kV entre Churchill le flux se concentre comme le montre la Fig . 37-14a.
Falls et Montréal . Caractéristiques mécaniques : masse du
rotor: 143 t ; diamètre du rotor: 2670 mm ; longueur axiale du Lorsqu'on applique une charge mécanique, les pôles
fer : 3200 mm ; longueur de l'entrefer: 39,7 mm (gracieuseté du rotor glissent en arrière des pôles du stator et le flux
de Marine Industries Ltée/Hydro-Québec) .
prend l'allure montrée à la Fig . 37-14b. Le moteur con-
tinue à tourner à la vitesse synchrone, tout en dévelop-
pant un couple de réluctance .
Cependant, le couple devient nul lorsque les pôles du
rotor sont à mi-chemin entre les pôles du stator, soit
lorsque l'angle interne S= 90° (Fig . 37-14c) . Dans ces
circonstances, les pôles N et S du stator attirent les pôles
saillants avec la même force, mais en sens contraire.
Par conséquent, le couple de réluctance devient nul
précisément à l'angle où le couple principal donné par
les équations 37-2 et 37-4 atteint son maximum .
La Fig . 37-15 montre le couple de réluctance en fonc-
tion de l'angle interne S. Le couple atteint une valeur
maximale positive à S = 45° . Lorsque l'angle est de
135°, le couple atteint sa valeur maximale négative.
Un couple négatif agit contre le sens de rotation du
Figure 37-13b
moteur . Pour que le moteur puisse fonctionner comme
Compensateur monté dans son enveloppe d'acier contenant moteur à réluctance, l'angle interne doit donc être com-
de l'hydrogène sous pression (gracieuseté d'Hydro-Québec) . pris entre zéro et 45° .

654 ÉLECTROTECHNIQUE

Q
0U //R 45 M//E1'a'/~ffl"80
M//an angles //N\m/n/a/

Figure 37-15
Courbe du couple de réluctance en fonction de l'angle de
décalage interne ô.

Ce couple de réluctance a-t-il un effet sur le couple


«normal» illustré à la Fig . 37-8? La réponse est oui .
En effet, la courbe de la Fig . 37-8 représente le couple
d'un moteur synchrone ayant un rotor lisse . Le couple
développé par un moteur synchrone à pôles saillants
est la somme du couple dû à l'excitation (donné par
les équations 37-2 et 37-4) et du couple de réluctance .
Par conséquent, la courbe véritable prend la forme (3)
montrée à la Fig . 37-16 . En régime normal, le couple
maximal dû à la réluctance représente environ 25 %
du couple Tmax attribuable à l'excitation à c .c . Par con-
séquent, le couple de décrochage d'un moteur syn-
chrone à pôles saillants est légèrement supérieur à ce-
lui donné par l'équation 37-4 . Cependant, la différence
(b) n'est pas grande, si bien que les équations 37-2 à 37-4,
décrivent assez fidèlement le comportement du mo-
teur synchrone .

(c)
Figure 37-14
a. Le flux du stator traverse l'entrefer et passe par les pôles
angle de décalage interne
du rotor .
b . Les pôles saillants du rotor sont attirés par les pôles du
stator, donnant naissance à un couple de réluctance . Figure 37-16
c . Le couple net est nul lorsque les pôles du rotor sont à mi- Dans un moteur synchrone, le couple de réluctance (1) plus
chemin entre les pôles du stator . le couple dû à l'excitation (2) donnent le couple résultant (3) .




MOTEURS SYNCHRONES 655

37 .12 Arrêt du moteur 16 52 0,2 Q


Comme toutes les machines de grande puissance, les
moteurs synchrones prennent du temps à s'arrêter lors-
2400 V court-
qu'on les débranche du réseau . Pour diminuer ce temps 600 r/min circuit
d'arrêt, on peut employer le freinage par inversion ou
le freinage dynamique . Dans le premier cas, on doit
court-circuiter le champ avant d'intervertir les fils de Figure 37-17a
ligne . Dans le deuxième cas, on débranche le stator du Circuit équivalent lorsque le moteur tourne à 600 r/min et
réseau et on le connecte à un groupe de résistances que l'induit est en court-circuit . Voir exemple 37-3 .
triphasé, tout en maintenant le courant d'excitation . Le
moteur ralentit rapidement, car il fonctionne alors en 1,652 0,20
alternateur. L'énergie cinétique du rotor est rapidement
dissipée dans la résistance des enroulements et les ré-
sistances extérieures . 240 V court-
60 r/min circuit
Exemple 37-3
Un moteur synchrone de 1500 kW, 4600 V .
Figure 37-17b
600 r/min a une réactance synchrone de 16 52, une Circuit équivalent lorsque le moteur tourne à 60 r/min et que
résistance siatoriquc de 0,212 et une tension induite l'induit est en court-circuit . Voir exemple 37-3 .
E(, de 2400 V, par phase . Le moment d'inertie du
rotor est de 275 kg-m2
. On désire freiner le moteur Étant donné que le courant d'excitation est constant, la
en court-circuitant l'induit, tout en maintenant le tension E° est proportionnelle à la vitesse. Par consé-
courant d'excitation constant . Calculer : quent, lorsque la vitesse est 60 r/min
a) la puissance totale dissipée dans l'induit lorsque
Eo = 2400 x 60 = 240 V
le moteur tourne à 600 r/min et à 60 r/min 600
h) l'énergie cinétique emmagasinée dans le rotor à La fréquence est aussi proportionnelle à la vitesse,
600 r/min et à 60 r/min donc :
e) le temps requis pour que la vitesse (lu moteur
60
passe de 600 r/min à 60 r/min f = 60 Hz x = 6 Hz
d) la constante d'inertie H du moteur 600
La réactance synchrone est proportionnelle à la fré-
Solution quence, donc :
a) En se référant à la Fig . 37-17a, le moteur vient d'être
débranché du réseau et l'induit est en court-circuit . La XS = 16Qx6 = 1,652
vitesse est encore 600 r/min, de sorte que la fréquence 60
est toujours 60 Hz . L'impédance par phase est : En se référant à la Fig . 37-17b, la nouvelle impédance
par phase à 60 r/min est :
,~ 2 2
Z600 r/min R +XS 2 2

Z60 r/min
V R + XS
= 1~ 0,2 2 +162 = 1652
= 1~ 0,22 + 1,6 2
Courant par phase :
= 1,61 52
I = E° = 2400 =
150 A Courant par phase :
Z 16
Puissance dissipée dans les 3 phases : I _ Eo = 240 V
= 149 A
2 2 Z 1,6152
P=3RI =3 x 0,2 x 150
= 13,5 kW




656 ÉLECTROTECHNIQUE

On remarque que le courant de court-circuit change à 37 .12 Usages du moteur synchrone,


peine lorsque la vitesse diminue de 600 r/min à comparaison avec le moteur
60 r/min . La puissance dissipée dans le stator à asynchrone
60 r/min est donc la même qu'à 600 r/min, soit 13,5 kW . Comme nous l'avons déjà mentionné, les moteurs asyn-
b) Énergie du rotor à 600 r/min : chrones conviennent fort bien pour actionner des ma-
chines à des vitesses supérieures à 600 r/min . Cepen-
2
W600 r/min = 5,48 X 10 3 Jn éq.1-7b dant, aux vitesses inférieures, les moteurs asynchro-
2 nes sont encombrants et coûteux . De plus, leur facteur
= 5,48 x 10 3 x 275 x 600
de puissance et leur rendement diminuent à mesure que
= 542,5 kJ la vitesse est plus basse .
Énergie à 60 r/min : C'est à ces basses vitesses que l'emploi du moteur syn-
chrone devient particulièrement avantageux, car, quelle
60 2
W60 r/ni, = 542,5 kJ X = 5,4 kJ que soit sa vitesse, son facteur de puissance est tou-
600 ) jours réglable à 100 % et son rendement demeure élevé .
c) Perte d'énergie cinétique entre 600 r/min et Bien que la construction de ce moteur soit plus com-
60 r/min : pliquée, son coût et son poids sont souvent inférieurs à
ceux d'un moteur asynchrone de même puissance tour-
4 W = 542,5 - 5,4 = 537 kJ
nant à la même vitesse . Ceci est surtout remarquable
Cette énergie est consommée par les pertes Joule
aux vitesses inférieures à 300 r/min.
(13,5 kW) dans le stator . Le temps de freinage est donc :
Le moteur synchrone présente un autre avantage : si
t _ AW 537 kJ l'on surexcite son rotor, il débite une puissance réac-
= = 40s
P 13,5 kW tive de sorte que l'on peut corriger le FP d'une usine .
Enfin, un moteur synchrone développe un plus grand
Noter que le rotor s'arrêterait encore plus rapidement
couple de démarrage qu'un moteur asynchrone, car on
si l'on branchait des résistances extérieures aux bor-
peut augmenter la résistance de sa cage d'écureuil, sans
nes du stator.
nuire au rendement et au glissement en régime perma-
d) La valeur de H est donnée l'équation 36-9 : nent (Fig . 37-18) .

H 5,48 x 10 3 x 275 x 6002


=
- éq . 36-9
1500 x 103
= 0,36 s

98 250
m oteur synch rone
97 - ----------- moteur synchrone
200 l
moteur
96 d induction
,l
95

94 i
moteur
93 d'induction
------------
50
92

91 0
0 25 50 75 100 125 0 20 40 60 80 100
puissance mécanique vitesse
Figure 37-18
Comparaison des rendements et des couples de démarrage d'un moteur synchrone et d'un moteur asynchrone à cage d'écureuil
de 3000 kW, 1500 r/min, 6,9 kV .

MOTEURS SYNCHRONES 657

En contrepartie, lorsque le réseau est exposé à des in- Le circuit équivalent du moteur est identique à celui
terruptions de service de très courte durée (de l'ordre de l'alternateur. Chaque phase comprend une source
d'une seconde), le moteur asynchrone peut continuer de tension interne correspondant à la tension induite
à fonctionner alors que le moteur synchrone décroche par le courant d'excitation, branchée en série avec la
et s'arrête. résistance du stator et la réactance synchrone . Ce cir-
Les convertisseurs électroniques de grande puissance cuit équivalent permet de calculer la puissance active
et à basse fréquence ont permis d'étendre l'emploi des absorbée par le moteur (ou sa puissance mécanique
moteurs synchrones aux applications jugées, autrefois, développée) ainsi que la puissance réactive absorbée
impossibles . Ainsi, on fabrique maintenant des moteurs ou générée . Le décalage mécanique des pôles est pro-
synchrones de 10 000 kW dont la vitesse est réglable portionnel au déphasage électrique entre la tension in-
de zéro à quelques tours par minute, grâce à des terne et la tension de la source d'alimentation .
cycloconvertisseurs électroniques pouvant générer des
fréquences comprises entre zéro et 5 ou 6 Hz . Cette
technique de commande sera étudiée au chapitre 44 . PROBLÈMES - CHAPITRE 37
Niveau pratique
37 .13 Résumé
Le moteur synchrone triphasé est construit de la même 37-1 Comparer la construction d'un alternateur, d'un
façon qu'un alternateur . Il comporte un stator portant moteur synchrone et d'un moteur asynchrone triphasé .
un enroulement triphasé qui produit un champ tour- 37-2 Expliquer comment le moteur synchrone dé-
nant et un rotor à pôles saillants portant des enroule-
marre . Les pôles du rotor sont-ils excités pendant cette
ments alimentés en courant continu . Le rotor comporte
période?
aussi une cage d'écureuil permettant de démarrer le
moteur en moteur asynchrone . Lorsqu'il atteint une 37-3 Pourquoi la vitesse d'un moteur synchrone de-
vitesse voisine de la vitesse synchrone, le rotor s'ac- meure-t-elle constante, même si la charge varie?
croche au champ tournant du stator et se met à tourner
37-4 Dans quelles circonstances préfère-t-on em-
en synchronisme avec celui-ci . La vitesse de rotation
ployer un moteur synchrone plutôt qu'un moteur asyn-
est donc imposée par la fréquence du réseau et par le chrone?
nombre de pôles de la machine.
37-5 Quelle est l'utilité des compensateurs synchro-
À vide, les pôles du rotor sont alignés avec les pôles de
nes?
polarité contraire du champ tournant . Lorsqu'un cou-
ple mécanique est appliqué à l'arbre, les pôles du rotor 37-6 Calculer : a) le courant approximatif de pleine
se décalent en arrière des pôles du champ tournant . Le charge du moteur synchrone de la Fig . 37-1
couple et la puissance mécanique développés par le b) la résistance du rotor
moteur sont proportionnels au sinus de cet angle de
37-7 Calculer la vitesse de rotation du rotor à double
décalage, et ils atteignent un maximum lorsque les pôles
roue polaire illustré à la Fig . 37-2 pour qu'il génère les
du rotor sont à mi-chemin entre les pôles du champ
fréquences indiquées?
tournant.
Selon que son rotor est sous-excité ou surexcité le mo- 37-8 a) Expliquer ce qu'on entend par un moteur
teur synchrone absorbe ou génère de la puissance réac- synchrone sous-excité.
tive . Le courant d'excitation peut donc être ajusté pour b) Si l'on surexcite un moteur synchrone, est-ce que
que le moteur fonctionne avec un facteur de puissance sa puissance mécanique augmente?
unitaire . Cette propriété du moteur synchrone est mise c) De quoi dépend la puissance mécanique dévelop-
à profit dans les compensateurs synchrones qui sont pée par un moteur synchrone?
d'énormes moteurs synchrones tournant à vide, utili-
37-9 Un moteur synchrone absorbe une puissance de
sés parfois pour réguler la tension des réseaux de trans-
2000 kVA à un FP de 90 % en avance. Calculer la
port .
puissance mécanique approximative qu'il développe .

658 ÉLECTROTECHNIQUE

37-10 Un moteur synchrone fonctionne à un FP de a) le nouveau courant par phase et l'angle de dé-
100 % . Qu'arrive-t-il lorsqu'on augmente le courant phasage 8
d'excitation? b) la puissance réactive totale débitée par le moteur
37-11 Un moteur synchrone tire un courant de 150 A 37-16 Un moteur synchrone de 500 kW entraîne un
d'une ligne triphasée . Lorsqu'on augmente le courant compresseur d'air et l'excitation est ajustée afin que le
d'excitation, on observe que ce courant diminue à FP soit de 100 % .
140 A. Le moteur était-il surexcité ou sous-excité avant Si l'on augmente l'excitation à c.c., indiquer comment
le changement? sont affectées les grandeurs suivantes :
Niveau intermédiaire a) la puissance mécanique développée par le moteur
37-12 Un moteur synchrone triphasé branché sur une b) le courant d'induit
ligne à 4 kV, 60 Hz tire un courant de 320 A et absorbe c) la puissance réactive échangée avec le réseau
une puissance de 2000 kW . Sachant qu'il tourne à une d) la position des pôles, par rapport à la position qu'ils
vitesse de 225 r/min, calculer: occupent lorsque l'excitation est normale?
a) la puissance apparente fournie au moteur Niveau avancé
b) le facteur de puissance du moteur
37-17 Le moteur synchrone triphasé de 3000 kW,
c) la puissance réactive absorbée par le moteur 6,9 kV illustré à la Fig . 37-4a possède une réactance
d) le nombre de pôles du rotor synchrone de 10 S2 par phase . Le stator est raccordé en
37-13 Un moteur synchrone triphasé de 600 kW, étoile. Le moteur fonctionne à pleine charge (3000 kW)
2,4 kV, 60 Hz fonctionne normalement à un FP de à un FP de 90 % en avance. Déterminer :
100 % lorsque la tension d'alimentation est de 2,4 kV . a) la puissance apparente absorbée
La tension diminue subitement à 1,8 kV. Expliquer
b) le courant par phase
comment les grandeurs suivantes seront affectées :
c) la tension d'excitation Eo par phase
a) le courant dans le stator
d) l'angle de décalage mécanique des pôles
b) le FP du moteur
e) la puissance réactive fournie au réseau
c) la vitesse
f) la puissance maximale que le moteur peut dévelop-
d) la position des pôles du rotor per, sans décrocher
e) Est-ce que le moteur absorbe ou débite une puis- 37-18 Dans le problème 37-17, on désire ajuster le
sance réactive? FP à 100 % sans modifier la puissance mécanique .
37-14 Le moteur synchrone illustré schématiquement Calculer
à la Fig . 37-7 possède les paramètres suivants, par
a) la tension d'excitation Eo requise par phase
phase :
b) le nouvel angle de décalage des pôles
Ee = 2,4 kV ; Eo = 3 kV; XS = 2 S2 ; I = 900 A
37-19 Un moteur synchrone triphasé de 300 kW,
Tracer le diagramme vectoriel du circuit et détermi- 600 V, 450 r/min, 60 Hz entraîne une pompe à eau . Le
ner : stator est raccordé en étoile et la réactance synchrone
a) le déphasage électrique 8 est de 0,9 £2 par phase . Sachant que la tension d'exci-
tation par phase est ajustée à 400 V, calculer :
b) la puissance active par phase
c) la puissance réactive absorbée ou débitée par phase a) le couple maximal que le moteur peut développer
sans décrocher
d) le facteur de puissance du moteur
b) le courant de ligne lorsque le moteur est sur le point
37-15 Dans le problème 37-14, si la charge mécani-
de décrocher
que devient nulle, calculer :

MOTEURS SYNCHRONES 659

37-20 Le moteur synchrone décrit au problème 37- De plus, on désire maintenir le même flux par pôle, en
19 développe une puissance de 300 kW lorsqu'il fonc- conservant une excitation à c .c . normale . Calculer :
tionne sur une ligne à 600 V . La tension d'excitation a) la fréquence qu'on doit appliquer au stator
est ajustée à 400 V, par phase . Calculer le changement b) la tension nominale (ligne à ligne) qu'on doit appli-
dans l'angle de décalage mécanique des pôles lorsque quer au stator
la tension de ligne baisse de 20 % pendant 10 s . La
c) la réactance synchrone par phase, si sa valeur à 60 Hz
vitesse de rotation est-elle affectée?
est de 10 S2
37-21 On désire faire tourner le moteur de 3000 kW d) la puissance nominale que le moteur peut dévelop-
de la Fig . 37-4a à une vitesse de 10 r/min en appliquant per à cette vitesse
une fréquence et une tension appropriées sur le stator. e) le couple nominal du moteur à cette vitesse

Figure 37-19
Pose d'un enroulement imbriqué dans le stator à 112 encoches d'une machine synchrone triphasée de 1150 kW, 5250V,
428,6 r/min (14 pôles), 50 Hz (gracieuseté de ABB) .
38
Moteurs monophasés

De tous les moteurs à courant alternatif, le moteur La Fig . 38-2 montre les principales étapes de la cons-
monophasé est celui qui nous est le plus familier, car il truction d'un stator à 4 pôles . Les 36 encoches sont
est utilisé dans les appareils ne requérant qu'une faible d'abord isolées avec des feuilles isolantes, puis l'en-
puissance, comme les machines-outils portatives et les roulement principal est installé (Fig . 38-2a, 38-2b) .
appareils électro-ménagers . D'une façon générale, on Ensuite, l'enroulement auxiliaire est installé par des-
doit l'utiliser dans les installations où l'on ne dispose sus l'enroulement principal de façon à le chevaucher
pas de courant triphasé . (Fig . 38-2c) .
Il existe une grande variété de moteurs monophasés
adaptés à une multitude d'applications . Leur principe
de fonctionnement est plus compliqué que celui des
moteurs polyphasés . Nous étudierons dans ce chapitre
quelques types importants, et plus particulièrement le
moteur asynchrone monophasé que l'on rencontre le
plus souvent .

38 .1 Construction d'un moteur asynchrone


monophasé
Le moteur asynchrone monophasé se compose essen-
tiellement d'un rotor à cage d'écureuil semblable à celui
des moteurs triphasés, et d'un stator (Fig . 38-1) . Le
stator porte un enroulement principal bobiné de façon
à former des pôles dont le nombre détermine la vitesse
de la machine . Il porte aussi un enroulement auxiliaire
qui fonctionne seulement durant la brève période de
Figure 38-1
démarrage. L'enroulement auxiliaire a le même nom- Vue en coupe d'un moteur monophasé de 5 hp, 1725 r/min,
bre de pôles que l'enroulement principal . 60 Hz, à démarrage par condensateur (gracieuseté de Goule .
660

MOTEURS MONOPHASÉS 661

Chaque pôle de l'enroulement principal est composé lieu de chaque pôle, et les encoches partiellement rem-
de 4 bobines concentriques, raccordées en série (Fig . plies de chaque côté de celle-ci, servent à loger l'en-
38-3a) . Les pôles adjacents sont connectés afin de créer roulement auxiliaire . Cet enroulement ne possède que
des pôles contraires N,S . L'encoche vide située au mi- deux bobines concentriques par pôle (Fig . 38-3b) .

Figure 38-2a
Stator d'un moteur monophasé de 1/4 hp (187 W) . Les 36 encoches sont isolées par des feuilles de papier robuste qui
empêchent tout contact électrique entre le noyau et les enroulements . Le rotor à cage d'écureuil est semblable à celui d'un
moteur triphasé (gracieuseté de Lab-Volt) .

Figure 38-2b Figure 38-2c


Les quatre pôles de l'enroulement principal sont enfilés dans Les quatre pôles de l'enroulement auxiliaire chevauchent
les encoches et connectés en série . ceux de l'enroulement principal (gracieuseté de Lab-Volt) .



662 ÉLECTROTECHNIQUE

un pas polaire ou
< (180'), 10 20 25 30 spires de fil n° 16
ns = vitesse synchrone du moteur [r/min]
f = fréquence de la source [Hz]

0888
p = nombre de pôles
Le rotor tourne à une vitesse légèrement inférieure à la
vitesse synchrone . Pour les moteurs à puissance frac-
tionnaire (moins de 1 hp) le glissement à pleine charge
est généralement compris entre 3 % et 5 % .

Exemple 38-1
(a) Un moteur monophasé à 4 pôles . 60 H7 possède un
glissement de 3 .5 % à pleine charge . Calculer sa vi-
tesse de rotation .

Solution
La vitesse synchrone est :

120 f 120 x 60
ns =
p 4
= 1800 r/min

90°-x, La vitesse est donnée par l'équation 33-2 :


centre de centre de
l'enroulement l'enroulement n = ns (l - s)
principal auxiliaire
(b) = 1800 (1 - 0,035)
= 1737 r/min
Figure 38-3
a . Les 4 bobines concentriques constituant chaque pôle de
ce moteur monophasé à 4 pôles possèdent respectivement
10, 20, 25 et 30 spires de fil n° 16 .
b . Les deux bobines concentriques constituant chaque pôle
de l'enroulement auxiliaire possèdent chacune 25 spires de
fil n° 22 .

La Fig . 38-4 montre le stator d'un moteur bipolaire .


L'enroulement principal et le plus petit enroulement
auxiliaire sont disposés à 90° l'un de l'autre . La raison
de cet agencement sera expliquée plus loin .

38 .2 Vitesse synchrone
Tout comme pour les moteurs polyphasés, la vitesse
synchrone d'un moteur asynchrone monophasé est
exprimée par la formule : Figure 38-4
Stator d'un moteur bipolaire montrant les enroulements
principal et auxiliaire . Le contact branché en série avec
120 f l'enroulement auxiliaire s'ouvre lorsque l'interrupteur
ns = (38-1) centrifuge, monté sur l'arbre, atteint environ 75 % de la vitesse
p synchrone du moteur.

MOTEURS MONOPHASÉS 663

38.3 Couple en fonction de la vitesse une FMM produisant un flux or. C'est l'action combi-
née de ces flux 0s et Or qui donne naissance au champ
La Fig . 38-5 représente schématiquement le rotor et
tournant . En effet, ces flux n'atteignent pas leurs va-
l'enroulement principal d'un moteur asynchrone mo-
leurs maximales en même temps et comme ils sont
nophasé à deux pôles . Supposons que le rotor soit au
repos . Quand une tension monophasée est appliquée à
l'enroulement du stator, un flux 0s y prend naissance .
Ce flux est alternatif, donc variable, mais il ne produit
pas de champ tournant . Des courants alternatifs sont
induits dans les conducteurs du rotor par la variation
de ce flux . Lorsque le rotor est stationnaire, tous les
conducteurs sont soumis à l'action d'une force élec-
tromagnétique F car ils sont parcourus par un courant
et placés dans un champ . Cependant, le couple résul-
tant est nul car les forces en regard l'une de l'autre
sont respectivement égales mais agissent en sens con-
1[ l
Figure 38-5
120 V, 60 Hz
source à c .a .

traires . Le moteur ne peut donc pas démarrer. Sens des courants et des forces agissant sur le rotor lorsqu'il
est au repos .
Si maintenant le moteur est lancé à la main dans un
sens ou dans l'autre, on constate que le rotor produit
un couple qui fait accélérer le moteur dans le sens du
lancement . Le moteur atteint rapidement une vitesse
légèrement inférieure à la vitesse synchrone et s'y
maintient . La Fig . 38-6 montre la courbe du couple en
fonction de la vitesse lorsque l'enroulement principal
est alimenté . Bien que le couple de démarrage soit nul,
le moteur produit un couple de plus en plus puissant à
mesure qu'il s'approche de la vitesse synchrone . Le
couple atteint sa valeur maximale à environ 80 % de la
vitesse synchrone, après quoi il redevient nul .
Figure 38-6
38.4 Principe de fonctionnement Caractéristique du couple en fonction de la vitesse d'un
La théorie du fonctionnement du moteur asynchrone moteur monophasé lorsque seul l'enroulement principal est
monophasé assez complexe et nous en donnons ci-après excité .

une version simplifiée . Les sections 38 .19 à 38 .21 en


fin de chapitre explique la théorie des champs tour-
nants ainsi que le circuit équivalent du moteur mono-
phasé .
Aussitôt que le moteur tourne, un champ tournant prend
naissance ; ce champ résulte de l'action combinée de la
FMM du stator et de la FMM produite par le courant
circulant alors dans le rotor .
En se rapportant à la Fig . 38-7, on voit qu'au moment
où le moteur commence à tourner, une tension est in-
duite dans chacun des conducteurs des sections abc et
adc du rotor parce qu'ils coupent les lignes de force Figure 38-7
du flux 0s produit par la FMM du stator . Étant donné Lorsque le rotor tourne, le flux os provenant du stator est
que tous les conducteurs sont court-circuités dans une coupé par les barres du rotor, ce qui engendre des courants
cage d'écureuil, il s'ensuit que des courants de circu- Ir . Ces courants produisent un flux Or, en quadrature avec le
flux os , produisant ainsi un champ tournant .
lation Ir traversent les conducteurs de la cage et créent

664 ÉLECTROTECHNIQUE

décalés de 90° dans l'espace, ils produisent un champ


tournant comme celui d'un moteur diphasé .

38 .5 Démarrage par phase auxiliaire


Le fonctionnement du moteur que nous venons d'étu-
dier est satisfaisant une fois qu'il est en marche, mais
le fait qu'il ne démarre pas seul constitue un grave in-
convénient . C'est pourquoi on place sur le stator un
enroulement auxiliaire qui rend possible le démarrage
du moteur . Comme on l'a vu, cet enroulement possède
le même nombre de pôles que l'enroulement princi-
pal, mais ses pôles sont décalés dans l'espace de 90°
électriques par rapport aux pôles de l'enroulement prin-
cipal (Fig . 38-8) . L'enroulement auxiliaire est généra-
lement débranché au moyen d'un interrupteur centri- partie fixe de
fuge qui s'ouvre dès que la vitesse du moteur atteint l'interrupteur
centrifuge
approximativement 75 % de sa vitesse nominale (Fig .
38-9) .
Quand l'enroulement principal et l'enroulement auxi- Figure 38-8
liaire sont raccordés en parallèle à une source de ten- Courants et flux pendant le démarrage d'un moteur
sion alternative, l'enroulement principal produit un flux monophasé . Les enroulements principal et auxiliaire
produisent ensemble un champ tournant .
Os et l'enroulement auxiliaire, un flux oa . Si ces deux
flux sont déphasés l'un par rapport à l'autre, il en ré-
sulte un champ tournant . On obtient un champ tour-
nant parfait quand Os et Oa sont égaux et déphasés de
avec l'enroulement auxiliaire . Selon le couple de dé-
90° . Dans ces conditions, le couple de démarrage at-
marrage désiré, cette impédance peut être une résis-
teint sa valeur maximale et le moteur fonctionne en
tance, une inductance ou une capacitance . Le choix de
moteur diphasé . Cependant, comme on le verra plus
l'impédance branchée en série avec l'enroulement auxi-
loin, le déphasage est généralement inférieur à la va-
liaire distingue les divers types de moteurs monopha-
leur idéale de 90° .
sés disponibles sur le marché. Il arrive souvent que l'im-
Dès que le démarrage est effectué et que l'enroulement pédance soit incorporée dans le bobinage même de l'en-
auxiliaire est mis hors tension, le champ tournant se roulement auxiliaire .
maintient, comme dans le cas d'un moteur lancé à la
main . Le couple de démarrage à rotor bloqué est donné 38 .6 Moteur à phase auxiliaire résistive
par l'expression : Dans le moteur à phase auxiliaire résistive (Fig . 38-
10), l'enroulement principal comporte un nombre con-
T = k Ials sin a (38-2) sidérable de spires de gros fil . Sa réactance inductive
est donc élevée et sa résistance est faible ; le courant IS
ou
qui y circule est donc fortement en retard sur la ten-
T = couple de démarrage [N .m] sion E. D'autre part, l'enroulement auxiliaire compte
Ia = courant dans l'enroulement auxiliaire [A] un nombre moindre de spires de fil fin . Sa résistance
I,= courant dans l'enroulement principal [A] est donc plus élevée et sa réactance inductive plus fai-
a = angle de déphasage entre I S et Ia [°] ble que pour l'enroulement principal ; le courant Ia qui
k = constante, dépendant de la construction du parcourt l'enroulement auxiliaire est presque en phase
moteur avec la tension E de la source.
Afin de produire un déphasage entre I S et Ia (donc en- Sur le diagramme vectoriel de la Fig . 38-10, on remar-
tre Os et oa), on doit ajouter une impédance en série que que les courants IS et Ia , ainsi que les flux corres-


MOTEURS MONOPHASÉS 665

Figure 38-9
À gauche : position de l'interrupteur centrifuge au repos .
Dans cette position, le contact stationnaire en série
avec l'enroulement auxiliaire est fermé .
À droite : position de l'interrupteur centrifuge après le
déclenchement . La force centrifuge agissant sur les
masselottes rectangulaires exerce une pression contre
les ressorts . Lorsque la force atteint une valeur critique,
les ressorts sont comprimés et le mouvement axial du
collier en plastique déplace le contact mobile, ce qui
provoque l'ouverture de l'interrupteur .

pondants, sont bien déphasés . Ces deux flux peuvent ment élevée . Son échauffement est donc rapide . Pour
donc produire le champ tournant nécessaire au démar- que sa température n'atteigne pas une valeur dange-
rage du moteur. Le courant de démarrage IT tiré de la reuse, il faut que l'interrupteur centrifuge le mette hors
ligne est égal à la somme vectorielle des courants I s et circuit en 1 ou 2 secondes ; si la période d'accélération
Ia. Sa valeur est de 6 à 7 fois celle du courant nominal dure plus de 5 secondes, on risque de brûler l'enroule-
du moteur . ment auxiliaire, à moins que le moteur soit protégé par
En raison de la faible section du conducteur, la densité un relais thermique . Ce type de moteur ne convient
de courant dans l'enroulement auxiliaire est extrême- donc pas à des démarrages fréquents .

interrupteur
Exemple 38-2
centrifuge Soit un moteur à phase auxiliaire résistive de 1/4 hp
(187 W), 1725 r/min, 115 V, 60 Hz . Lors d'un essai
enroulement auxiliaire
à rotor bloqué, effectué à tension réduite, on obtient
70 spires/pôle
fil #22 les lectures suivantes :
enroulement enroulement
principal auxiliaire
tension appliquée E =23V E =23V
a a s
courant = 1,5 A
enroulement principal
120 spires/pôle puissance active = 60W =30 W
fil #16
Calculer :
a) l'angle de déphasage (x entre I, et h
b) le courant de ligne à rotor bloqué, sous une ten-
sion de 115 V
E
Solution
Calculons d'abord le déphasage entre I, et E, pour l'en-
roulement principal .
a) Puissance apparente :

S,=EI, =23x4 = 92 VA
Figure 38-10
Moteur monophasé à phase auxiliaire résistive .





666 ÉLECTROTECHNIQUE

Facteur de puissance : S = \l p 2 + Q 2

P.
co s S
= ' = 60
- = 0,652 = V 90 2 + 86,7 2 = 125 VA
SS 92
Le courant de démarrage à 23 V est donc :
donc, OS = arccos 0,652 = 49,3°

IS est en retard de 49,3° sur E 1(23 v) = S _ 125 = 5,43 A


E 23
Calculons maintenant le déphasage entre I a et E pour
Comme le courant est proportionnel à la tension, on en
l'enroulement auxiliaire . La puissance apparente est :
déduit le courant de démarrage à 115 V :
Sa = EIa = 23 x 1,5 = 34,5 VA 115 V_
I, = 5,43 A x 27,2 A
Facteur de puissance: 23 V

30 Exemple 38-3
cos = Pa = = 0,870
ça L'enroulement auxiliaire d' un moteur à phase auxi-
Sa 34,5
liaire réaistive (Fi`= . 38-3) est composé de lil no 22
donc, °a = arccos 0,870 = 29,5° en cuivre . On laisse le moteur fonctionner pendant
quelques heure, . puis on J'arrête et on constate que
fa est en retard de 29,5° sur E la température de ses enroulements est de 70 ° C .
On fait repartir le moteur avant qu'il ait le temps de
L'angle entre IS et Ia est donc :
refroidir. Le courant de démarrage dans l'enroule-
a = 0, - oa = 49,3° - 29,5° = 19,8° ment auxiliaire est de 16 A . Pendant comhien de
temps cet enroulement petit-il étre alimenté .,,achant
b) Afin de déterminer le courant dans la ligne, nous que sa température ne doit pas dépasser 150 ('
calculons d'abord les valeurs de P et Q absorbées res-
pectivement par les deux enroulements, afin d'en dé- Solution
duire la puissance apparente totale S . On calcule d'abord le 122t permissible en utilisant l'équa-
tion (10-5) :
Puissance active totale :

P = P S +P a = 60+30 = 90W 2 a z 234 + 0m


I t = 11,5 x 10 A 1og 10 éq . 10-5
Puissances réactives QS et Q a des enroulements : 234 + 00

On a : A = 0,324 mm` (Appendice, Tableau A-4)


Qs
00 = 70°C et 0,,, = 150 °C
= ~ 92 2 - 602 = 69,7 var
2 2
d'où
Qa = a - Pa
4 (234 + 150)
1 2t = 11,5 x 10 x 0,3242 logea
= ~ 34,5 2 - 30 2 = 17,0 var 234 + 70

Puissance réactive totale absorbée par le moteur : = 1225 A2 s


Comme le courant de démarrage est de 16 A, le temps
Q = Qs + Qa maximal est:
= 69,7 +17,0 = 86,7 var
t _ 1225 1225 = 1225
= = 4,8s
Puissance apparente totale : 2
12 16 256

MOTEURS MONOPHASÉS 667

38 .7 Moteur à démarrage par condensateur à phase auxiliaire résistive . Le couple de démarrage


Le moteur à démarrage par condensateur (Fig . 38-11) est donc plus fort (éq . 38-2), ce qui diminue la durée
ressemble au moteur à démarrage par phase auxiliaire du démarrage, ainsi que le temps t a pendant lequel l'en-
résistive . Cependant, son enroulement auxiliaire a pra- roulement auxiliaire demeure en circuit . De plus .
tiquement autant de spires mais de fil plus petit que comme le courant Ia est plus petit, le facteur d'échauf-
l'enroulement principal . De plus, un condensateur est fement 12 test beaucoup plus faible que pour le moteur
connecté en série avec l'enroulement auxiliaire . Un à phase auxiliaire résistive . Son enroulement auxiliaire
interrupteur centrifuge met la phase auxiliaire hors cir- chauffe donc moins . On se souviendra (chapitre 10,
cuit lorsque la vitesse atteint environ 75 % de la vi- section 10-17) que lorsqu'un courant circule pendant
tesse nominale . une courte période, c'est le facteur Izt qui détermine
l'échauffement d'un conducteur .
La réactance capacitive du condensateur est choisie de
façon que le courant Ia dans la phase auxiliaire soit Le moteur à démarrage par condensateur offre donc le
déphasé en avance sur la tension appliquée E. Le cou- double avantage de produire un plus grand couple de
rant dans la phase principale est évidemment en retard démarrage et de tirer un plus petit courant de démar-
sur la tension (Fig . 38-11) . On réussit ainsi à obtenir rage . Ce courant IT représente seulement 4 ou 5 fois le
un déphasage a entre les courants I a et IS (donc entre courant de pleine charge . Le démarrage peut donc se
les fluxr aet OS) plus grand que dans le cas du moteur faire dans des conditions plus difficiles qu'avec le
moteur à phase auxiliaire résistive.
Seules les caractéristiques de démarrage de ce moteur
interrupteur sont supérieures à celles du moteur à phase auxiliaire
centrifuge C
résistive ; en marche normale, les deux types de mo-
teurs ont exactement les mêmes caractéristiques car seul
enroulement auxiliaire l'enroulement principal du stator reste actif .
100 spires/pôle
fil #22 L'emploi très répandu des moteurs à démarrage par
condensateur (Fig . 38-14) est dû au perfectionnement
des condensateurs électrolytiques à c .a . peu coûteux et
offrant de fortes capacitances pour de faibles encom-
brements . Bien que ces condensateurs ne puissent pas
C s rester continuellement sous tension, ils conviennent très
enroulement principal bien à un usage intermittent . Avant l'apparition de ces
120 spires/pôle condensateurs, on avait recours aux moteurs à répul-
fil #16
sion-induction (à collecteur) dans les applications re-
quérant un fort couple de démarrage .

38 .8 Caractéristiques en charge des


moteurs asynchrones
Le rendement et le facteur de puissance des moteurs
asynchrones monophasés à puissance fractionnaire est
habituellement bas . Ainsi, à pleine charge, un moteur
de 186 W (1/4 hp) a un rendement et un facteur de
puissance de l'ordre de 60 % .
En raison du courant d'excitation élevé, le courant à
vide est compris entre 70 % et 90 % du courant de
pleine charge. Par conséquent, même pour la marche à
Figure 38-11
vide, ces moteurs atteignent un échauffement se rap-
Moteur à démarrage par condensateur. prochant de la moitié de celui à pleine charge .


668 ÉLECTROTECHNIQUE

1370
N •m r/min
10
9 5N•m

'-.
h 8
m
n
oU. 6

T 4 3,4 N •m
2,8 N •m
o
pleine charge
2 1760 r/min
i .

00
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 r/min
vitesse n

Figure 38-12
Courbes du couple en fonction de la vitesse d'un moteur monophasé à démarrage par condensateur ; capacité : 250 W, 115 V,
60 Hz, isolation classe 105 °C, CEMA classe N .

Le tableau 38-1 donne les caractéristiques d'un D'où provient cette vibration? Elle résulte du fait qu'un
moteur asynchrone monophasé à démarrage par con- moteur monophasé reçoit une puissance électrique
densateur, ayant une capacité de 250 W (1/3 hp), pulsative alors qu'il débite une puissance mécanique
1760 r/min, 115 V, 60 Hz . De plus, on donne à la Fig . constante . Considérons le moteur de 250 W dont les
38-12, les courbes du couple en fonction de la vitesse caractéristiques sont données au tableau 38-1 . Le cou-
pour ce même moteur . On constate que pendant la pé- rant de pleine charge est de 5,3 A et comme le FP est
riode d'accélération, l'enroulement principal et l'en-
roulement auxiliaire produisent ensemble un couple très TABLEAU 38-1 CARACTÉRISTIQUES D'UN MOTEUR
élevé comparativement au couple nominal de la ma- MONOPHASÉ À DÉMARRAGE PAR
chine. Par conséquent, à moins que l'inertie de la charge CONDENSATEUR
soit très élevée, le moteur atteint sa vitesse nominale
en une fraction de seconde . 250 W, 1760 r/min, 115 V, 60 Hz

Lorsque le rotor atteint une vitesse de 1370 r/min, l'in- isolation classe 105 °C, CEMA classe N
terrupteur centrifuge s'ouvre et le moteur tombe subi- Pleine charge À vide
tement sur la caractéristique couple-vitesse de l'enrou-
Tension 115V Tension 115V
lement principal seul . Le couple diminue subitement
de 9,5 N-m à 2,8 N •m , mais le moteur continue à accé- Puissance 250 W Courant 4,0 A
lérer jusqu'à une vitesse de 1760 r/min, correspondant Courant 5,3 A Pertes 105 W
à la vitesse de pleine charge . FP 64% Au démarrage
Rendement 63,9% Tension 115V
38.9 Vibration des moteurs monophasés
Vitesse 1760 r/min Courant Is 23 A
Si l'on met la main sur le stator d'un moteur mono-
phasé en marche, on sent des vibrations rapides même Couple 1,35 N-m Courant Ia 19 A

lorsque le moteur tourne à vide . Ces vibrations n'exis- Au décrochage Courant IT 29 A


tent pas dans le cas des moteurs diphasés et triphasés Couple 3,4 N-m Couple 6 N-m
et, par conséquent, ces machines sont moins bruyan- Vitesse 1600 r/min Condensateur 320 pF
tes .
Courant 13 A

MOTEURS MONOPHASÉS 669

de 64 %, il est déphasé de 50° en arrière de la tension . p = 1223 sin 80° sin (80° - 50°)
La puissance apparente est
= 1223 x 0,985 x 0,5 = 602 W
S=EI=115Vx5,3A=610 VA
et la puissance active est En choisissant des angles entre 0° et 360°, on décou-
vre que la puissance instantanée oscille entre une va-
P=SxFP=610x0,64=390W leur crête de + 1000 W et une valeur minimale de
Bien que le moteur absorbe 390 W, il ne débite qu'une -218 W, passant périodiquement par des valeurs nul-
puissance mécanique de 250 W . La différence est due les . La valeur moyenne de cette puissance, soit 390 W,
aux pertes dans le moteur. correspond à la puissance absorbée par le moteur. Lors-
Cette information donne une vue globale du fonction- que la puissance est positive, le moteur reçoit de l'éner-
gie; lorsqu'elle est négative, le moteur renvoie de l'éner-
nement du moteur. Afin d'expliquer la source des vi-
gie dans le réseau. Par contre, la puissance mécanique
brations, il faut examiner la puissance instantanée li-
débitée par le moteur dépend de la charge ; or, celle-ci
vrée à la machine . Pour ce faire, traçons sur un même
demeure constante et reste égale à 250 W .
graphique les ondes de la tension E et du courant I,
puis calculons la puissance électrique instantanée p Il est évident que le moteur ralentit pendant les pério-
fournie au moteur (Fig . 38-13) . Ainsi, la tension et le des où la puissance électrique est négative ou nulle .
courant sont: Par contre, il accélère lorsque la puissance électrique
qu'il reçoit est supérieure à la somme des pertes et de
E = 115 1 sin 0 = 163 sin 0 la puissance mécanique (250 W) . Ces périodes d'ac-
I = 5,3 i sin (0- 50°) = 7,5 sin (0- 50°) célération coïncident avec les sommets de la courbe de
puissance instantanée . Remarquer que les périodes
La puissance instantanée est égale au produit EI, soit : d'accélération/décélération se répètent 2 fois par cy-
p = 163 sin 6 x 7,5 sin (0 - 50°) cle, soit tous les 1/120e de seconde sur un réseau à
60 Hz . Il en résulte des vibrations du stator et du rotor
= 1223 sin 0 sin (0 - 50°) à une fréquence double de celle du réseau électrique .
Par exemple, lorsque 0= 80° on obtient :

1
120 s
+1000 W

163 V
puissance
a ~, mécanique ~/
- 250 kW
El
w - P = 390 W
= P active absorbée
i
i
i
0
1 0 360 degrés
mangle 0
--218 W i
Ee ff = 115 V Ecrête = 163 V \
1 15 V
Ieff = 5,3 A Icrête = 7,5 A \~ ! 500
1 cycle ~
5,3 A

Figure 38-13
Puissance électrique instantanée P absorbée par un moteur lorsqu'il débite une puissance mécanique constante de 250 W .


670 ÉLECTROTECHNIQUE

Les vibrations du stator sont transmises au support rage par condensateur car il ne comporte pas d'inter-
auquel il est fixé et peuvent parfois créer des bruits rupteur centrifuge . Son couple de démarrage est géné-
inacceptables . Pour éviter cela, on intercale, entre les ralement faible .
deux flasques du moteur et son support, un anneau en
Le moteur agit comme un véritable moteur diphasé
caoutchouc qui assure un isolement mécanique (Fig .
seulement lorsqu'il fonctionne à pleine charge . Dans
38-14) . Pour les mêmes raisons, on doit parfois inter-
ces circonstances, les flux rp a et 0s créés par les deux
caler un anneau de caoutchouc entre l'arbre du moteur
enroulements sont égaux et déphasés de 90° . Par con-
et la charge qu'il entraîne (un ventilateur, par exem-
séquent, pour ce type de moteur, la vibration qui ca-
ple) .
ractérise les moteurs monophasés est éliminée lorsqu'il
Les moteurs triphasés ne vibrent pas car, comme on fonctionne à pleine charge . Cependant, la vibration
l'a vu au chapitre 26, section 26 .14, la puissance ins- réapparaît aux faibles charges .
tantanée totale qu'ils reçoivent des trois phases est cons-
tante .

38.10 Moteur à condensateur permanent


Ec +,
Le moteur à condensateur permanent est essentielle-
ment un moteur diphasé ; il comporte un enroulement E
auxiliaire en série avec un condensateur à papier im-
prégné d'huile (Fig . 38-15) . La phase auxiliaire, aussi
bien que la phase principale, reste alimentée par la
source tant que le moteur est en marche . On emploie
ce moteur particulièrement silencieux dans les hôpi-
taux, les studios radiophoniques, etc ., pour entraîner S C
des charges constantes . Son facteur de puissance est
très bon et sa construction mécanique est plus simple
que celle des moteurs à phase auxiliaire et à démar-

Figure 38-14 Figure 38-15


Moteur à démarrage par condensateur, à suspension anti- Schéma d'un moteur de 30 W, 1720 r/min, 120 V, 60 Hz à
vibratoire . Le condensateur électrolytique est monté sur le condensateur permanent . Le diagramme vectoriel représente
bâti du moteur (gracieuseté de Crompton Parkinson) . les conditions à pleine charge .

MOTEURS MONOPHASÉS 671

En raison de son faible couple de démarrage, on ren- enroulements sont identiques . Lorsque le commutateur
contre ce type de moteur seulement dans les puissan- est en position 1 la tension de la ligne apparaît aux
ces de 500 W ou moins . Il existe cependant des mo- bornes de l'enroulement A et le condensateur est en
teurs possédant deux condensateurs : un condensateur série avec l'enroulement B . Dès que le commutateur
électrolytique et un autre imprégné d'huile . Le con- bascule en position 2, le moteur ralentit, arrête, puis
densateur électrolytique possède une grande retourne à pleine vitesse dans le sens opposé .
capacitance, assurant ainsi un fort couple de démar-
38 .12 Moteur à bagues de court-circuit
rage . Dès que le moteur atteint 75 % de sa vitesse syn-
(«Shaded-pole motor»)
chrone, le condensateur électrolytique est débranché .
Alors le condensateur à l'huile, de plus faible Le moteur à bagues de court-circuit (Fig . 38-17 et
38-18) est très répandu dans les puissances inférieures
capacitance, demeure seul en permanence en série avec
l'enroulement «auxiliaire» . On construit ce genre de à 50 W car il ne contient pas de phase auxiliaire con-
moteur particulièrement silencieux et à rendement su- ventionnelle . Dans ce petit moteur monophasé à cage,
l'enroulement auxiliaire est constitué d'une seule spire
périeur, pour des puissances allant jusqu'à 15 kW
(20 hp) . de cuivre en court-circuit - en forme de bague - dispo-
sée autour d'une portion de chaque pôle saillant . Cette
38.11 Inversion du sens de rotation spire entoure une partie $2 du champ alternatif 0 1 créé
Pour inverser le sens de rotation des moteurs mono- par l'enroulement principal, de sorte qu'un courant al-
phasés discutés jusqu'ici on doit intervertir les bornes ternatif est induit dans la bague . Ce courant produit un
de l'enroulement principal ou de l'enroulement auxi- flux 0, qui est déphasé en arrière des flux 02 et 0, Ce
liaire . déphasage des flux 4a et 0s produit un champ tournant
suffisant pour assurer le démarrage . Même si le couple
Cependant, si le moteur contient un interrupteur cen-
de démarrage, le rendement et le FP sont faibles, la
trifuge, on ne peut pas changer la rotation lorsque le
simplicité du bobinage et l'absence d'interrupteur cen-
moteur est en marche . Si l'on intervertit les bornes de
trifuge donnent à ce type de moteur un avantage mar-
l'enroulement principal, le moteur continuera à tour-
qué. Le sens de rotation de ce moteur ne peut être
ner dans le même sens .
changé ; il est imposé par la position des bagues .
Dans le cas du moteur à condensateur permanent, on
peut inverser le sens de rotation parce que les deux
enroulements sont toujours en service . Ainsi, un sim-
ple commutateur à 2 pôles permet de changer la rota-
tion (Fig . 38-16) . Dans ce type de moteur, les deux

1 X
O

Y
Figure 38-16 Figure 38-17
Moteur réversible à condensateur permanent . Construction d'un moteur à bagues de court-circuit .


672 ÉLECTROTECHNIQUE

Le tableau 38-2 donne les caractéristiques d'un mo- Solution


teur à bagues de court-circuit développant une puis- Le rendement à pleine charge est :
sance mécanique de 6 W.
P2
Exemple 38-4 11 = x 100 = 6 W x 100 = 28,6 %
P, 21 W
Calculer le rendement et le glissement p Bine
charge du moteur décrit dans le tableau 38-2 . Le glissement est :

us - n 3600 - 2900
TABLEAU 38-2 S = _
CARACTÉRISTIQUES D'UN MOTEUR
u 3600
À BAGUES DE COURT-CIRCUIT DE s

6W,115V,60HZ 0,194 = 19,4 %


À vide
courant 0,26 A 38 .13 Moteur série
puissance absorbée 15 W Le moteur série monophasé est du type à collecteur. À
vitesse 3550 r/min
l'exception du circuit magnétique qui est entièrement
Au démarrage lamellé pour réduire les pertes par courants de Fou-
courant 0,35 A cault, il est identique au moteur série à courant continu
puissance absorbée 24 W (section 28 .10) . Il peut fonctionner indifféremment en
couple 10 mN •m courant alternatif ou en courant continu ; c'est pour-
En charge quoi on lui donne souvent le nom de moteur universel .
courant nominal 0,33 A Quand une tension alternative est appliquée aux bor-
puissance absorbée 21 W nes du moteur série, le même courant circule dans l'in-
vitesse nominale 2900 r/min
duit et dans les pôles du moteur. Le courant d'induit de
couple nominal 19 mN •m
même que le flux produit par les pôles changent donc
puissance mécanique 6W
vitesse de décrochage de sens périodiquement et simultanément . Par consé-
2600 r/min
couple de décrochage 21 mN •m quent, le couple produit dans le rotor agit toujours dans
le même sens (Fig . 38-19) . Ce moteur ne produit pas
de champ tournant ; son principe de fonctionnement est
le même que celui du moteur série à courant continu et
il possède les mêmes caractéristiques de base .

Figure 38-18 Figure 38-19


Moteur à bagues de court-circuit ayant une capacité de Schéma d'un moteur série à courant alternatif . La cons-
5 millihorsepower, 115 V, 60 Hz, 2900 r/min (gracieuseté de truction est typique d'un moteur à puissance fractionnaire
Gould) . tournant à haute vitesse .

MOTEURS MONOPHASÉS 673

Le principal avantage des moteurs série à puissance 38.14 Moteur à répulsion-induction


fractionnaire réside dans leur vitesse élevée . Ils con- Le moteur à répulsion-induction est un moteur à col-
viennent donc à l'entraînement des aspirateurs domes- lecteur offrant, à la fois, le fort couple de démarrage
tiques et aux petites machines-outils . À vide, ces mo- du moteur série et la vitesse quasi constante du moteur
teurs atteignent des vitesses de l'ordre de 10 000 à asynchrone . À cause de son coût élevé, il est remplacé
15 000 r/min ; la vitesse chute en flèche lorsque le mo- maintenant par le moteur à démarrage par condensa-
teur est chargé . teur, si bien qu'aujourd'hui on rencontre rarement ce
À cause de sa vitesse élevée et, par conséquent, de son type de moteur.
faible couple, ce type de moteur est moins volumineux
38 .15 Moteur à hystérésis
et moins lourd que les autres types de moteurs mono-
phasés de même puissance . Cet avantage est exploité Dans certaines applications, comme dans les horloges,
dans les outils portatifs où le poids et l'encombrement le moteur doit tourner à la vitesse synchrone . Le mo-
sont particulièrement importants . teur à hystérésis offre alors un choix intéressant .
Pour comprendre le fonctionnement de ce type de
La Fig . 38-20 donne les graphiques de la vitesse, du
moteur, considérons la Fig . 38-21 . Un rotor sta-
courant et du rendement d'un moteur série de faible
tionnaire est entouré de deux aimants permanents N, S
puissance .
que l'on peut faire tourner dans le sens horaire . Ils re-
On utilisait autrefois, pour l'entraînement de locomo- présentent le champ tournant provenant du stator d'un
tives électriques, des moteurs série monophasés moteur quelconque .
de quelques centaines de kilowatts fonctionnant à une Le rotor est composé d'un matériau magnétique en
fréquence de 16 2/3 Hz . La mise en marche en était céramique possédant une grande force coercitive,
rapide car, aux faibles vitesses, le couple était élevé ; comme celle d'un aimant permanent (section 15 .5) . Sa
sur terrain plat, ils pouvaient atteindre une grande résistance élevée empêche la circulation des courants
vitesse . de Foucault; par conséquent, il est impossible pour ce
moteur de fonctionner comme moteur asynchrone .
Les pôles N, S produisent un flux qui traverse le rotor .
Par conséquent, lorsque les pôles tournent, ils réorien-
r/min tent continuellement les domaines magnétiques à l'in-
14 000 térieur du rotor. Il est évident que chacun des domai-
nes subira un cycle complet d'aimantation chaque fois
12 000 que les aimants exécutent un tour . Il s'ensuit que des
pertes par hystérésis sont produites dans le rotor, et ces
10 000 50 pertes sont proportionnelles à la surface de la courbe
.. rendement
mA d'hystérésis (section 15 .14) . Les pertes sont dissipées

r~
• 8000 40 400 sous forme de chaleur dans le rotor.

e
6000 E 300
' courant
4000 200

2000 id AFUMalo
p 100
s
I -- couple nominal
0 0
0 10 20 30 40
couple mN m
rotation

Figure 38-20 Figure 38-21


Courbes de la vitesse, du courant et du rendement en fonc- Deux pôles N,S qui tournent autour d'un rotor en ferrite
tion du couple d'un moteur série universel de 1/100 hp, possédant une grande force coercitive, exercent un couple
8000 r/min, 115 V, 60 Hz . constant sur ce rotor. C'est le principe du moteur à hystérésis .

674 ÉLECTROTECHNIQUE

Supposons que les pertes par hystérésis soient de W H


joules par tour et que les aimants tournent à une vitesse
de n tours par minute. L'énergie dissipée dans le rotor
en une minute est donc nWH joules . Ceci équivaut à
une puissance (dissipée sous forme de chaleur) de :
P H = nWH /60 [watts]
Cependant, la puissance dissipée dans le rotor peut seu-
lement provenir de la puissance mécanique déployée
par les aimants tournants . Or, cette puissance est don-
née par l'expression :
P = nT/9,55 éq . 3-5
où T = couple requis pour entraîner les aimants .
Figure 38-22
Comme P = P H , on obtient : Caractéristiques du couple en fonction de la vitesse : (a) d'un
moteur à hystérésis, et (b) d'un moteur asynchrone triphasé .
nT/9,55 = nWH /60
d'où
Comme la fréquence des grands réseaux de distribu-
Wh tion est très stable, les moteurs à hystérésis sont utili-
T = (38-3) sés dans les horloges et les minuteries de précision (Fig .
6,28 38-23) .
où Ces moteurs sont aussi employés dans les dispositifs à
T = couple exercé sur le rotor [N .m] grande inertie, comme les platines tourne-disque, où
Wh = énergie dissipée par hystérésis, par tour [J/r] une vitesse constante est requise . Comme on le verra
6,28 = constante [valeur exacte = 2,r] plus loin, l'inertie peut empêcher les autres moteurs
synchrones comme les moteurs à réluctance d'attein-
L'équation 38-3 révèle une propriété remarquable du dre le synchronisme car leur rotor doit subitement s'ac-
moteur à hystérésis : le couple requis pour entraîner les crocher au champ tournant . Le moteur à hystérésis
aimants N, S est constant, et indépendant de la vitesse n'impose pas cette transition brusque, parce qu'il dé-
de rotation . Ce couple est évidemment égal au couple veloppe un couple constant jusqu'à la vitesse syn-
exercé sur le rotor. Donc, que les aimants exécutent un chrone . De plus, on peut éviter toute vibration en utili-
tour/heure ou 1800 tours/minute, le couple exercé sur sant un stator à condensateur permanent .
le rotor reste le même . De plus, un couple se manifeste
même lorsque les aimants N, S sont stationnaires par
rapport au rotor. Il suffit que l'axe des pôles rémanents
du rotor soit décalé par rapport à l'axe des pôles N, S
(Fig . 38-21) .
C'est cette propriété fondamentale qui distingue les
moteurs à hystérésis des autres types de moteurs .
En pratique, le champ tournant est créé par un stator
triphasé ou par un stator monophasé muni d'un enrou-
lement auxiliaire . Comme l'indique la Fig . 38-22, le
couple reste pratiquement égal au couple de démar-
rage jusqu'à la vitesse synchrone . Le processus d'ac-
célération est donc bien différent de celui d'un moteur
asynchrone à cage d'écureuil, dont le couple tend vers
Figure 38-23
zéro à mesure que la vitesse s'approche de la vitesse Moteur à hystérésis pour horloge, composé d'une seule
synchrone . bobine produisant 32 pôles qui font tourner un rotor en ferrite .





MOTEURS MONOPHASÉS 675

Exemple 38-5
Un moteur i hysterésis utilisé dans une horloge pos-
sède 32 pôles . Les pertes par hy stérésis dans le ro-
tor sont de 0 .8 J par tour . calculer :
a) le couple d'accrochage et de décrocha e
O
O
b) la puissance maximale développée par le moteur O
O
et les pertes dans le rotor lorsqu'il tourne la vi-

O
tesse synchrone
O O O
Solution
a) Les couples d'accrochage et de décrochage d'un
Figure 38-24
moteur à hystérésis sont à peu près égaux : Rotor à cage d'écureuil utilisé dans un moteur à réluctance
variable .
T = Wh = 0,8 J
6,28 6,28
le moteur à réluctance variable a l'avantage de coûter
= 0,127 N •m moins cher que tout autre type de moteur synchrone .
b) Vitesse synchrone : Pour les puissances plus importantes, il s'adapte bien
aux systèmes d'entraînement à fréquence variable .
120 f 120 x 60 Dans ce genre d'entraînement, l'inertie ne crée pas de
n5 =
p 32 problème car le rotor demeure toujours en synchro-
nisme avec le champ tournant . C'est ainsi que l'on
= 225 r/min
construit les moteurs à réluctance variable atteignant
Puissance maximale : plusieurs centaines de kilowatts .

38 .17 Choix des moteurs monophasés


nT 225 x 0,127
p En raison de son bas prix, le moteur asynchrone à phase
9,55 9,55
auxiliaire résistive est le moteur monophasé le plus
3 W (ou 3/746 = 4 millihorsepower) utilisé . On ne l'emploie, cependant, que dans les ap-
plications qui requièrent un couple de démarrage moyen
c) Lorsque le moteur tourne à la vitesse synchrone, les
et où les démarrages sont peu fréquents . Il est surtout
pertes dans le rotor sont nulles parce que les domaines
utilisé pour des puissances comprises entre 60 W et
magnétiques ne se renversent plus .
250 W(= 1/12 hp à 1/3 hp) . On utilise ce type de mo-
38 .16 Moteur synchrone à réluctance teur pour entraîner des ventilateurs, des pompes cen-
variable trifuges, des machines à laver, des brûleurs, de petites
On peut construire un moteur synchrone à réluctance machines-outils telles que les tours, les meules, etc .
variable en meulant un rotor à cage d'écureuil pour Le moteur à démarrage par condensateur est utilisé dans
former des pôles saillants . Le nombre de pôles ainsi les applications qui nécessitent un fort couple de dé-
formés doit être égal au nombre de pôles du stator . La marrage ou lorsque la charge possède une grande iner-
Fig . 38-24 montre un rotor ayant 4 pôles saillants . tie. Il est construit pour des puissances allant de 120 W
Le moteur à réluctance variable démarre comme un à 15 kW(= 1/6 hp à 20 hp) . Il peut entraîner un com-
simple moteur à induction mais, lorsqu'il s'approche presseur, un gros ventilateur, une pompe à pistons, etc .
de la vitesse synchrone, les pôles saillants s'accrochent Enfin, on trouve sur le marché un grand choix de mo-
au champ tournant . Il en résulte que le moteur tourne à teurs synchrones monophasés . Ils sont généralement
la vitesse synchrone . Les couples d'accrochage et de de faible puissance (10 W ou moins) et servent à en-
décrochage sont plutôt faibles, et le moteur ne peut traîner des horloges ou des minuteries . Leur mise en
pas porter à la vitesse synchrone une charge possédant marche est souvent assurée par un stator à bagues de
une inertie appréciable. En dépit de cet inconvénient, court-circuit .

676 ÉLECTROTECHNIQUE

38.18 Systèmes d'entraînement synchro Le principe de fonctionnement de cette commande


Dans certains types de commandes à distance, on doit synchro s'explique comme suit . Supposons que le ré-
manipuler un dispositif, comme une vanne ou un rhéos- cepteur et le transmetteur soient identiques et que les
tat. Si le dispositif est situé à un ou deux mètres de rotors occupent la même position . Lorsqu'on les ex-
distance, un simple arbre flexible permet de résoudre cite, les rotors se comportent comme les primaires de
ce problème . Cependant, si le rhéostat se trouve à transformateurs, induisant des tensions dans les trois
100 m, cette solution n'est pas pratique . Dans ces cir- enroulements de chacun des stators . Les tensions in-
constances, on peut utiliser un arbre «électrique» pour duites dans les trois enroulements du transmetteur n'ont
relier le rhéostat au bouton de commande . Comment pas la même valeur car les enroulements sont décalés
réalise-t-on ce type de commande? de 120° . De plus, contrairement à une machine alimen-
tée en triphasé, ces tensions ne sont pas déphasées de
Considérons deux moteurs triphasés à rotor bobiné dont
120°, mais elles sont toutes en phase avec la tension E
les stators sont connectées en parallèle (Fig . 38-25) .
de la source . Il est de même pour les tensions induites
On remarque que deux des trois phases des rotors sont
dans le stator du récepteur .
aussi raccordées en parallèle, et branchées à une source
de tension monophasée . Lorsque les deux rotors occupent la même position par
rapport à leur stator respectif, les tensions induites dans
Ce système possède une caractéristique remarquable :
les deux stators (considérées phase par phase) sont
si les rotors sont libres de tourner, le rotor d'une ma-
égales et en phase . Les tensions de chaque phase étant
chine suit automatiquement le mouvement de l'autre .
parfaitement équilibrées, les courants dans les lignes
Par exemple, si on fait tourner le rotor A de 17° dans le
a, b, c sont nuls . Toutefois, les rotors tirent un faible
sens horaire, le rotor B tournera de 17° dans le même
courant d'excitation Io qui produit le flux .
sens . Ce système permet donc de contrôler le rhéostat
à distance . Si l'on fait tourner le rotor du transmetteur de quel-
ques degrés, les tensions induites dans le stator chan-
Pour réaliser ce système, deux moteurs miniatures à
gent ; par conséquent, des courants Ia, Ib, le commen-
rotor bobiné sont requis . L'essieu du premier (le trans-
cent à circuler entre les deux stators . Ces courants exer-
metteur) est couplé à la poignée de commande, et le
cent un couple qui tend à aligner les rotors . Comme le
second (le récepteur) est couplé au rhéostat . Un câble
rotor du récepteur est libre de tourner, il s'alignera avec
à cinq conducteurs (a, b, c, 1, 2) constitue «l'arbre élec-
celui du transmetteur. Dès que les deux rotors sont par-
trique» reliant le transmetteur et le récepteur .

--i Ia

récepteur

Figure 38-25
Composants d'un système synchro .

MOTEURS MONOPHASÉS 677

faitement alignés, les tensions induites dans les stators


se rééquilibrent (phase par phase) et les courants Ia, Ib,
II disparaissent.
Certains synchros servent à indiquer seulement la po-
sition d'une antenne, d'un canon ou d'un robot . Dans
ce cas, le couple à exercer est très faible . Les transmet-
teurs et récepteurs sont alors construits avec une grande
précision afin que la position du dispositif soit fidèle-
ment reproduite dans la salle de commande .
Figure 38-26
CIRCUIT ÉQUIVALENT D'UN MOTEUR Circuit équivalent d'une phase d'un moteur asynchrone
MONOPHASÉ À CAGE triphasé rapporté au primaire (stator) .

Dans le chapitre 35 nous avons développé le circuit


équivalent pour une phase d'un moteur asynchrone tri-
phasé (Fig . 35-5) . Nous reproduisons ce circuit à la
Fig . 38-26 . Nous utiliserons ce modèle triphasé pour
développer le circuit équivalent d'un moteur mono-
phasé .

38 .19 Répartition de la FMM


Afin d'améliorer le couple de démarrage, le rendement,
le facteur de puissance et le niveau de bruit d'un mo-
teur monophasé, la force magnétomotrice (FMM) pro-
duite par chaque pôle du stator doit être répartie
sinusoïdalement. Pour cette raison, on utilise un nom-
bre de spires différent (10, 20, 25 et 30 spires) dans
les quatre bobines concentriques montrées à la Fig .
38-3a .
Examinons la FMM créée par un des quatre pôles lors- Figure 38-27
qu'il porte un courant, disons, de 2 A . Le tableau 38-3 Répartition de la force magnétomotrice sous un pôle lorsque
le courant est de 2 A .
montre la répartition de la FMM produite par le pôle
compris entre les encoches 1 et 9, soit la largeur d'un
pas polaire . Par exemple, la bobine de 25 spires logée
dans les encoches 2 et 8 (Fig . 38-27) produit entre ces
TABLEAU 38-3 FMM POLAIRE
encoches une FMM de 25 x 2 A = 50 A (ou 50 ampè-
res-tours) . De la même façon, la bobine de 10 spires pas spires FMM
placée dans les encoches 4 et 6 produit entre ces enco-
1 -9 30 2x30=60A
ches une FMM de 10 x 2 A = 20 A .
2-8 25 2x25=50A
On constate que la FMM totale créée au milieu du pôle 3-8 20 2x20=40A
est de 60 + 50 + 40 + 20 = 170 A, et qu'elle décroît par
4-6 10 2x10=20A
échelons de chaque côté du centre .
Nous avons superposé sur cette figure une FMM Le courant circulant dans les quatre bobines varie
«idéale» continue dont la distribution est parfaitement sinusoïdalement à une fréquence de 60 Hz . Par consé-
sinusoïdale . On observe que la FMM en escalier suit quent, la FMM varie dans les mêmes proportions .
d'assez près la courbe continue, si bien qu'on peut la Par exemple, lorsque la valeur instantanée du courant
remplacer par une FMM sinusoïdale sans introduire est de 0,4 A, la répartition de la FMM demeure sinu-
une erreur significative . soïdale, mais sa valeur maximale au centre de chaque

678 ÉLECTROTECHNIQUE

pôle sera de 0,4 A x 85 spires = 34 A . Un instant plus M=170A


tard, lorsque le courant change de sens pour prendre fmm pulsatoire
une valeur, disons, de -1,2 A, la FMM s'inverse aussi,
M=85A
devenant -1,2 A x 85 spires =-102 A . Les pôles adja- fmm (+) 2
cents génèrent la même FMM mais de polarité magné-
tique contraire .
Le courant alternatif crée donc une FMM pulsatoire, -90°60 30 0 30 60+90°
répartie sinusoïdalement le long des pôles, et dont l'am- t=0
plitude varie sinusoïdalement avec le temps . Contrai-
rement à la FMM d'un moteur triphasé, la FMM d'un
moteur monophasé ne tourne pas, mais demeure fixe
et son amplitude est pulsatoire .
fmm(_)
38.20 FMM tournantes dans un moteur
monophasé
On peut prouver qu'un champ stationnaire mais
pulsatoire ayant une FMM crête de M ampères, peut
être remplacé par deux champs qui tournent en sens
contraire à la vitesse synchrone . L'amplitude des
85A
champs tournants est constante et égale à M/2 ampè- 85A 85A
res . >fmm(+)

Par exemple, le champ pulsatoire de la Fig . 38-27 qui


atteint des valeurs crêtes de ± 170 A, peut être rem- -90, 0 +90'
placé par deux champs de 85 A tournant en sens in- t=1
verse à 1800 r/min . Les champs tournants sont eux aussi 6f
répartis sinusoïdalement dans l'espace . Au fur et à
mesure que les champs tournants occupent une posi- 85 A 85A
tion nouvelle, la somme de leurs FMM à un endroit fmm(_ -s--'
donné est précisément égale à la FMM du champ B OA
pulsatoire à cet endroit, à cet instant . Cela apparaît clai-
-90° + i0-
rement sur la Fig . 38-28 . Elle montre une portion des
champs tournants (fmm( +) et fmm(_)) se déplacant res- t=1,
pectivement à gauche et à droite du champ pulsatoire
stationnaire . Figure 38-28
Une FMM pulsatoire ayant une valeur crête de 170 A, peut
Les champs fmm(+) et fmm(_) produisent le même ef-
être représentée par deux champs tournant en sens contraire
fet sur le rotor que le champ tournant d'un moteur tri- et dont la FMM crête est de 85 A . La figure montre le champ
phasé . Par convention, le champ fmm( + ) se déplace dans pulsatoire et les deux champs à quatre instants successifs .
le même sens que le rotor . Pour cette raison, on l'ap-
pelle champ direct. L' autre champ fmm(_) porte le nom
de champ inverse. On peut donc s'attendre que le cir- On s'inspire du circuit équivalent d'un moteur triphasé
cuit équivalent d'un moteur monophasé ressemble à pour présenter le circuit équivalent pour la fmm( + )
celui d'un moteur triphasé . Toutefois, comme le champ (Fig. 38-29a) . De même, le circuit équivalent pour la
fmm(_) tourne en sens contraire, son effet sur le rotor fmm(_) est donné à la Fig . 38-29b. Pour le moment on
sera différent . En particulier, si le glissement est s par ne se préoccupera pas de la signification précise des
rapport au champ fmm(+), il sera (2 - s) par rapport au paramètres r1 , r2, x 1 , x 2, etc . Mentionnons seulement
du champ fmm(_) . qu'ils sont associés aux résistances et réactances du
rotor et du stator.

MOTEURS MONOPHASÉS 679

Le circuit de la Fig . 38-30 se réduit alors à celui de


la Fig . 38-31 . Le moteur se comporte comme un sim-
ple transformateur où le secondaire est mis en court-
circuit. Le circuit révèle que les paramètres r 1 , x1 , etc .,
r2 représentent les éléments physiques suivants :
s
2r, = résistance du stator
2r2 = résistance du rotor rapportée au stator
2jx 1
= réactance de fuite du stator
2jx,= réactance de fuite du rotor rapportée au sta-
(a) tor
2Rm = résistance correspondant aux pertes dans le
fer et par friction et aération
2IXm = réactance magnétisante
(En pratique, on suppose que x 1 = x2 )
r2
2-s r1 x1 4 X2
1
I I
Ia(+) i
-
I( +~
1
(b) r2
Rm
s
Figure 38-29

T
a . Circuit équivalent pour le champ tournant direct .
b . Circuit équivalent pour le champ tournant inverse .

Comment peut-on réunir ces deux circuits pour en faire


un seul, représentant fidèlement le moteur asynchrone
monophasé? C'est ce que nous révélera la section sui-
vante . r2
2-s
38 .21 Déduction du circuit équivalent du
moteur monophasé
Premièrement, on sait que les fmm (+) et fmm r_) créées
par le stator ont chacune la même amplitude . Par con-
Figure 38-30
séquent, les courants I i(+) et I l( - ) circulant dans le sta-
Circuit équivalent d'un moteur asynchrone monophasé .
tor sont identiques, ce qui veut dire qu'on peut raccor-
der les deux circuits de la Fig . 38-29 en série .
2 r1 2x1 2 x2
1
Deuxièmement, la tension E(,) est associée avec le
champ tournant direct, tandis que E (_) est associée avec
le champ inverse . La somme de ces tensions doit né-
cessairement égaler la tension E appliquée au bornes
du stator. Il s'ensuit que le circuit équivalent du mo-
teur monophasé est tel que le montre la Fig . 38-30 .
Supposons maintenant que le rotor soit bloqué . Cela
nous permet de comprendre la signification des diffé- 2
rentes résistances et inductances du circuit . Le glisse- Figure 38-31
ment est alors égal à 1 et les circuits pour les champs Circuit équivalent d'un moteur monophasé lorsque le rotor
direct et inverse deviennent identiques . est bloqué .



680 ÉLECTROTECHNIQUE

Cette analyse indique que les impédances montrées aux j 1,5 4 j 1,5
1
Fig . 38-29 et 38-31 sont égales à la moitié des gran- ~-1
deurs réelles . Par exemple, si la résistance du stator est
réellement 10 ohms, la valeur de r i est
2 _ 2
r i =(1/2)X10 = 5 £2 0 300
s ,0417
= 48
Il en est de même pour les autres impédances du cir-
cuit équivalent .
120 V
I
T
Exemple 38-6 30 1 j 1,5 5 j 1,5
Un essai sur un moteur monophasé à cage de 1 /4 hp,
120 V. 60 Hz . 1725 r/min donne les résultats sui- I I (-) 1 I(-)
vants :
2 __2
2-s 1,958
Essai à rotor bloqué j 30 300
= 1,02
résistance du stator : 2
T
résistance du rotor rapportée au stator : 4 Q
réactance de fuite du rotor et du stator rapportée au
T
stator : 6 £2
Figure 38-32
Essai à vide
Voir exemple 38-6 .
résistance correspondant aux pertes dans le fer et
par friction et aération : 600 12
réactance magnétisante : 6012 Z(+) = 1 + j 1,5 + 1
Tracer le circuit équivalent et calculer la puissance 1 1 1
+ +
mécanique, le rendement et le facteur de puissance j 30 300 48 + j 1,5
du moteur lorsqu'il tourne à 1725 r/rnin . = 1 + j 1,5 + 13,89 + j 19,53
Solution = 14,89 + j 21,03 = 25,77L54,7°
Le circuit équivalent (Fig . 38-32) montre que les va-
leurs des impédances listées ci-dessus ont été systé- L'impédance Z(_) comprise entre les points 3 et 2 pour
matiquement divisées par deux . Ainsi, le champ tournant inverse est :

tri =2 £2 donc rt =1S2


ZO = 1+j 1,5+ 1
2r2 =4S2 donc rt =2S2 1 1 1
+ +
2 (x, + x2 ) = 6 £2 donc (x 1 + x2) = 3 £2 j 30 300 1,02 + j 1,5
En supposant que x t = x 2, on obtient : = 1 + j 1,5 + 0,93 + j 1,45
xt = x2 = 1,5 S2 = 1,93 + j 2,95 = 3,52 L56,8 -
de même, 2 X,,, = 60 S2, donc X,,, = 30 S2
Courant dans le stator:
et 2 R,,, = 600 S2, donc R,,, = 300 S2
E 120
Le glissement est : I = _
(Z(+) + Z(_ ) ) (16,82 + j 23,98)
s = (1800 - 1725)/1800 = 0,0417
120
Trouvons d'abord l'impédance Z( + ) du circuit compris = 4,097 2-54,95 0
entre les points 1 et 3 pour le champ tournant direct : 29,29 L54,95°








MOTEURS MONOPHASÉS 681

Tension E(+) entre les points 1, 3 : Le couple net est donc :


E(+) = I Z(+)
Tnet = T(+) - TO = 1,064 - 0,082
= 4,097 Z- 54,95<x 25,77 Z 54,7 0 = 0,982 N-m
• 105,6 2- 0,25° et la puissance mécanique est :
Tension E(_) entre les points 3, 2 :
I, = nT = 1725 x 0,982
= 177 W
EO = I Z(_) 9,55 9,55
= 4,097 1 - 54,95° x 3,52 256,8° 177
soit P = = 0,24 hp
= 14,42 Z1,85° 746
Courant I( +) Puissance active fournie au stator = EI cos 0
P = 120 x 4,097 cos 54,95 = 282,3 W
I (13,89 + j 19,53)
Facteur de puissance = cos 54,95 = 0,57 = 57 %
+) 48 + j 1,5 48 + j 1,5
177
4,097 Z- 54,95 0 x 23,96 254,58° Rendement = = 0,627 = 62,7 %
282
48,02 Z1,79 -
38.22 Résumé
• 2,044 Z- 2,16°
Dans ce chapitre nous avons vu qu'il existe une grande
Courant I(_) :
variété de moteurs monophasés . Ces moteurs sont uti-
lisés pour des applications de petite puissance.
_ IZ32 1 (0,93 + j 1,45)
1(
Le type le plus répandu est le moteur asynchrone . Le
) 1,02 + j 1,5 1,02 + j 1,5
stator de ce type de moteur comporte un enroulement
4,097 2- 54,95° x 1,72 257,32° principal et un enroulement auxiliaire comportant cha-
1,81 255,78° cun le même nombre de pôles . Le rotor est constitué
d'une cage d'écureuil . C'est l'action combinée de l'en-
• 3,89 Z- 53,4° roulement principal et de l'enroulement auxiliaire qui,
Puissance P(+) fournie au rotor : lorsqu'ils sont parcourus par des courants déphasés,
permet de produire un champ tournant et un couple de
P(+) = I(+)2 x 48 = 2,044 2 x 48 = 200,5 W démarrage. Tout comme le moteur asynchrone triphasé,
le moteur asynchrone monophasé tourne à une vitesse
Couple T(+) :
légèrement inférieure à la vitesse synchrone . Cette vi-
9,55 P(+) tesse est déterminée par le nombre de pôles et la fré-
9,55 x 200,5
quence d'alimentation . Selon le type de moteur, l'en-
us 1800 roulement auxiliaire peut être utilisé seulement pour
= 1,064 N •m assurer le démarrage (moteur à phase auxiliaire
résistive, moteur à démarrage par condensateur) ou
Puissance P(_) fournie au rotor : pour éliminer les vibrations en régime continu (mo-
teur à condensateur permanent) . Dans le cas du mo-
P(_) = IO2 X 1,02 = 3,89 2 x 1,02 = 15,4 W teur à bague de court-circuit, la phase auxiliaire com-
porte une seule spire en court-circuit .
Couple T(_) :
Il existe aussi d'autres types de moteurs monophasés .
9,55 P () _ 9,55 x 15,4 Le moteur série tourne à haute vitesse . Il contient un
TO - -
us 1800 collecteur comme un moteur série à courant continu .
Le moteur à hystérésis et le moteur à réluctance va-
= 0,082 N-m riable sont des moteurs synchrones .

682 ÉLECTROTECHNIQUE

Enfin, nous avons vu que le circuit équivalent du mo- d) ventilateur de 10 W


teur asynchrone monophasé est semblable à celui du e) pompe à eau centrifuge de 250 W
moteur triphasé, mais qu'il est plus compliqué . Pour f) ventilateur pour hôpital de 186 W
introduire ce circuit nous avons expliqué comment la
g) minuterie
FMM stationnaire pulsative produite par un enroule-
ment monophasé est équivalente à deux FMM d'am- Niveau intermédiaire
plitude constante tournant à la vitesse synchrone mais
en sens inverses . Il en résulte un circuit équivalent com- 38-9 Le moteur de la Fig . 38-10 ales caractéristiques
prenant deux circuits semblables branchés en série, suivantes :
représentant chacun l'effet du champ direct et du champ résistance réactance
inverse . enroulement principal 4,0£2 7,5£2
enroulement auxiliaire 7,5 S2 4,0 S2
tension d'alimentation 119 V
PROBLÈMES - CHAPITRE 38
Calculer:
Niveau pratique
a) le déphasage entre les courants Ia et IS
38-1 Un moteur asynchrone monophasé à 6 pôles est
alimenté par une source de 60 Hz . Quelle est sa vitesse b) le courant I T tiré de la ligne
synchrone? c) le FP du moteur au démarrage

38-2 Pourquoi un moteur asynchrone monophasé 38-10 En se référant à la Fig . 38-12, quel serait l'ef-
doit-il porter un enroulement auxiliaire? Cet enroule- fet sur le comportement du moteur si l'interrupteur
ment peut-il être continuellement sous tension? Expli- ouvrait à 800 r/min au lieu de 1370 r/min?
quer. 38-11 En se référant à la Fig . 38-12, on suppose que
Comment peut-on changer le sens de rotation d'un la charge exerce un couple constant de 3 N .m . Le mo-
moteur monophasé à phase auxiliaire résistive? teur n'atteindra jamais sa vitesse normale . Expliquer
pourquoi et décrire ce qui se produira .
38-3 Quelle est la différence principale entre un mo-
teur monophasé à phase auxiliaire résistive et un mo- 38-12 Le moteur de la Fig . 38-15 fonctionne à pleine
teur à démarrage par condensateur? Quels sont les avan- charge . Calculer:
tages de l'un par rapport à l'autre? a) le courant I T
38-4 Expliquer brièvement le principe de fonction- b) le FP du moteur
nement d'un moteur à bagues de court-circuit . c) Est-ce que les deux enroulements fournissent la
même énergie au rotor?
38-5 Donner les avantages du moteur série mono-
phasé. 38-13 Pour le moteur de 6 W, 115 V décrit dans le
tableau 38-2, calculer :
38-6 Pourquoi les moteurs monophasés sont-ils do-
tés d'une suspension antivibratoire, alors que les mo- a) le rendement à pleine charge
teurs triphasés ne le sont pas? b) le FP à pleine charge
c) le pourcentage du courant d'excitation par rapport
38-7 Quel est le principal avantage du moteur à con-
au courant de pleine charge
densateur permanent?
38-14 En se référant aux courbes de la Fig . 38-12,
38-8 Parmi les moteurs décrits dans ce chapitre, les- calculer :
quels conviendraient le mieux aux appareils suivants :
a) le couple de démarrage lorsque les enroulements
a) perceuse portative de 186 W auxiliaire et principal sont en circuit
b) compresseur d'air de 560 W b) le couple de démarrage développé lorsque l'enrou-
c) aspirateur lement principal seulement est en circuit

MOTEURS MONOPHASÉS 683

c) le couple développé à 800 r/min si l'enroulement 38-17 Le moteur ayant les caractéristiques données
principal seulement est en circuit à la Fig . 38-12 entraîne une essoreuse ayant un mo-
Comment les couples seront-ils affectés si la tension ment d'inertie de 2 kg .m2 . Un engrenage placé entre
d'alimentation diminue de 115 V à 100 V? l'arbre du moteur et l'essoreuse effectue une réduction
de vitesse dans un rapport de 2 à 1 . Pendant combien
Niveau avancé de temps l'enroulement auxiliaire sera-t-il en service
si, en plus de l'inertie, le moteur doit vaincre un cou-
38-15 En se référant au tableau 38-1, calculer :
ple constant de 1,3 N .m?
a) la tension aux bornes du condensateur lorsque le ro-
38-18 Un moteur monophasé entraîne à 1760 r/min
tor est bloqué
une charge dont le moment d'inertie est de 0,5 kg-m 2 .
b) le déphasage entre Ia et Is Afin de provoquer un arrêt plus rapide, on fait circuler
38-16 Le moteur ayant les caractéristiques données un courant continu de 5 A dans l'enroulement prin-
à la Fig . 38-12 possède un rotor ayant un diamètre de cipal .
82 mm et une longueur axiale de 32 mm . a) Quelle est la chaleur dégagée dans le rotor pendant
a) Quel est le moment d'inertie approximatif du ro- l'arrêt?
tor? b) Est-ce que la quantité de chaleur dégagée par le ro-
b) Sachant que le moteur démarre à vide, calculer le tor dépend de la valeur du courant continu?
temps approximatif requis pour passer de zéro à 38-19 Dans le problème 38-18, le moteur s'arrête en
200 r/min? de 1000 à 1200 r/min? de zéro à 2 secondes lorsque le courant continu est de 5 A . Cal-
1600 r/min? Note : Utiliser l'équation (1-14) . culer le temps d'arrêt pour un courant de 2,5 A .
39
Moteurs pas à pas

Les moteurs pas à pas sont des moteurs spéciaux utili- présenterons aussi les systèmes d'entraînement qui ali-
sés pour commander avec une grande précision le dé- mentent ces moteurs .
placement et la position d'un objet . Comme leur nom Enfin, à cause de la documentation considérable écrite
l'indique, ces moteurs tournent par incréments discrets . en anglais sur les moteurs pas à pas, nous donnerons la
Chaque incrément de rotation est provoqué par une version anglaise de quelques termes rencontrés fré-
impulsion de courant fournie à l'un des enroulements quemment.
du stator.
39 .1 Moteur pas à pas élémentaire
Selon sa construction, un moteur pas à pas peut avan-
cer de 90°, 45°, 18°, ou d'une fraction de degré seule- Nous montrons à la Fig . 39-1 un moteur pas à pas très
ment par impulsion . En faisant varier la fréquence des simple . Il est composé d'un stator ayant trois pôles
impulsions, on peut faire tourner le moteur très lente- saillants, et d'un rotor bipolaire en fer doux . En mani-
ment, d'un pas à la fois, ou rapidement à des vitesses pulant les trois commutateurs A, B, C, on peut raccor-
aussi élevées que 4000 r/min . der les enroulements, à tour de rôle, à une source à
courant continu .
Le comportement d'un moteur pas à pas dépend beau-
coup de la source d'alimentation qui génère les impul-
sions . Ces impulsions sont généralement initiées par
un microprocesseur ou par un ordinateur. Les impul-
sions «horaires» (+) et «anti-horaires» (-) sont comp-
tées et enregistrées par l'ordinateur . Par conséquent,
on connaît à tout moment le nombre exact de tours
exécutés par le moteur. Le moteur pas à pas constitue
donc un dispositif de positionnement de grande préci-
sion . C'est pourquoi on l'utilise dans les machines
outils, les traceurs x-y, les machines à écrire, les plati-
nes de magnétophones et les imprimantes .
Nous expliquerons dans ce chapitre le principe de fonc-
tionnement des principaux types de moteurs pas à pas, Figure 39-1
ainsi que leurs propriétés et leurs limitations . Nous Moteur pas à pas simple ; chaque pas correspond à un
déplacement de 60° .
684

MOTEURS PAS À PAS 685

Lorsque les commutateurs sont ouverts, le rotor peut et freine ainsi son élan . Le rotor s'arrête et accélère
occuper n'importe quelle position . Cependant, si l'on dans le sens inverse pour dépasser à nouveau la ligne
ferme le commutateur A, le champ magnétique pro- médiane du pôle 2 et ainsi de suite .
duit par le pôle 1 attirera le rotor, de sorte qu'il s'ali-
Le rotor oscillera donc comme un pendule de part et
gnera dans la position indiquée à la Fig . 39-1 . Si, en-
d'autre de la ligne médiane du pôle 2 . À cause du frot-
suite, on ouvre le commutateur A, tout en fermant le
tement sur les paliers, l'amplitude des oscillations dé-
commutateur B, le rotor s'alignera avec le pôle 2 . Le
croît graduellement . Le graphique de la Fig . 39-2 mon-
rotor tournera donc de 60° dans le sens anti-horaire .
tre la position angulaire du rotor en fonction du temps .
Ensuite, en ouvrant le commutateur B tout en fermant
Ainsi, le rotor démarre à 0° et atteint le centre du pôle
le commutateur C, le rotor tournera d'un angle addi-
2 (60°) après un intervalle de 2 ms . Il dépasse de 30°
tionnel de 60°, pour s'aligner avec le pôle 3 .
la ligne médiane, avant de s'arrêter momentanément
On peut ainsi faire tourner le rotor par incréments de (à 3 ms) . Le rotor se met alors à tourner dans le sens
60° en fermant et en ouvrant les commutateurs dans la inverse, et traverse de nouveau la ligne médiane à
séquence A,B,C,A,B,C, Pour inverser le sens de t = 4 ms .
rotation il suffit d'appliquer la séquence contraire, soit Les oscillations subsistent pendant quelques cycles,
A,C,B,A,C,B, Pour maintenir le rotor à sa dernière mais diminuent graduellement en amplitude jusqu'à
position, on doit garder le dernier commutateur de la l'arrêt complet à t = 10 ms .
séquence en position fermée . Cela empêche le rotor de
se déplacer sous l'influence d'un couple extérieur . Tant
que le couple extérieur ne dépasse pas le couple stati-
que («holding torque») du moteur, le rotor demeure position angulaire
bloqué.
80
Le couple statique correspond au couple de décrochage 30 vitesse
lorsque l'enroulement porte le courant nominal .
4
0
0 2 p'.S' ,r8,,1 4. . 1S . . .18 ms
s.
Le nombre de pôles du stator d'un moteur pas à pas est temps
toujours différent du nombre de pôles du rotor . Cette Figure 39-2
particularité distingue les moteurs pas à pas de tous les En se déplaçant du pôle 1 au pôle 2, le rotor oscille de part et
autres types de moteurs . C'est précisément cette diffé- d'autre de la position finale de 60° avant de s'immobiliser . La
vitesse devient nulle chaque fois que le rotor passe par un
rence dans le nombre de pôles qui permet à ces mo-
maximum de dépassement .
teurs d'avancer d'un pas à la fois .
Lorsque le rotor tourne d'une position donnée à la po-
sition suivante, son mouvement est influencé par les Le graphique en pointillé montre la vitesse du rotor en
forces de frottement et d'inertie . Examinons mainte- fonction du temps . On pourrait la donner en tours par
nant la nature de ces forces . seconde, mais dans le cas des moteurs pas à pas, il est
plus commode de l'exprimer en degrés par seconde .
39 .2 Effet de l'inertie On constate ainsi que la vitesse est momentanément
Supposons que le moteur fonctionne à vide, et que le nulle à t = 3 ms, 5 ms, 7 ms, et devient nulle en perma-
frottement sur les paliers soit faible . Le rotor est d'abord nence lorsque t excède 10 ms . Elle passe par un maxi-
devant le pôle 1, ce qui correspond à la position angu- mum chaque fois que le rotor traverse la ligne médiane
laire de 0° (Fig . 39-1) . Dès que le commutateur A du pôle 2 . Il est clair que le temps requis pour stabili-
s'ouvre et que le commutateur B se ferme, le rotor ac- ser le rotor est relativement long, comparé au temps
célère vers le pôle 2 . Sa vitesse augmente rapidement requis pour passer du pôle 1 au pôle 2 .
et il a tôt fait d'atteindre le centre du pôle 2, où il de- Sans faire aucun autre changement, augmentons l'iner-
vrait s arreter. Cependant, le rotor tourne maintenant a tie du rotor en y ajoutant un volant . On découvre que
une vitesse considérable, de sorte que, en raison de son la période des oscillations et leur amplitude augmen-
inertie, il dépasse la ligne médiane . Le champ magné- tent (Fig . 39-3) . Ainsi, la figure révèle que le temps
tique du pôle 2 attire alors le rotor dans le sens inverse requis pour atteindre la position de 60° a augmenté de

686 ÉLECTROTECHNIQUE

2 ms à 4 ms . De plus, l'amplitude des oscillations a


position angulaire
augmenté et le rotor prend plus de temps pour attein-
dre l'état de repos (18 ms au lieu de 10 ms) . 60

On peut amortir les oscillations en augmentant le frot- 30 -vitesse


4 •.,a , ~ -
tement. Ainsi, on peut freiner les oscillations de la Fig . 0
0 2 6 10 12 14 16 18 ms
39-3 de sorte qu'il ne se produise plus qu'un seul dé- temps
passement, comme l'indique la Fig . 39-4 . En pratique,
cet amortissement est réalisé à l'aide d'un frein vis- Figure 39-2 (reprise)
En se déplaçant du pôle 1 au pôle 2, le rotor oscille de part et
queux qui utilise un fluide tel que de l'air ou de l'huile d'autre de la position finale de 60° avant de s'immobiliser . La
pour ralentir le rotor. Un amortissement visqueux pro- vitesse devient nulle chaque fois que le rotor passe par un
duit un couple de freinage proportionnel à la vitesse ; maximum de dépassement .
par conséquent son influence est nulle lorsque le rotor
est au repos .
deg ∎∎ .' position angulaire ∎∎∎
39 .3 Effet d'une charge mécanique N 90
Retournons à la condition représentée par la Fig . 39-2
adt
. ~

> m 60
où le rotor possède une inertie et un frottement vis- 30
queux faibles . Si, maintenant, le rotor entraîne une
ii

o "dit mon . . ∎
charge mécanique, la courbe du déplacement aura l'al- 10 12 14 16 18 ms
lure montrée à la Fig. 39-5 . Comme on pouvait le pré- - temps
voir, le temps requis pour atteindre le centre du pôle 2
Figure 39-3
a augmenté (de 2 ms à 4 ms) . De plus, le dépassement Mêmes conditions que dans la Fig . 39-2, sauf que l'inertie
est moindre et les oscillations s'amortissent plus rapi- est plus grande . Le dépassement est plus grand et le rotor
dement . prend plus de temps avant de s'arrêter .

C'est dire qu'une charge mécanique ou une grande iner- deg


tie augmentent la durée d'un pas . Donc, pour effectuer 90
un pas rapide, qui se stabilise rapidement, on doit (1)
60
minimiser l'inertie totale du rotor et de sa charge et (2)
30
amortir les oscillations au moyen d'un frein visqueux .
o
On peut aussi réduire la durée d'un pas en augmentant
le courant dans les enroulements . Toutefois, l'échauf- temps
fement dû aux pertes Joule limite le courant admissi- Figure 39-4
ble . Mêmes conditions que dans la Fig . 39-3, sauf qu'un
amortissement visqueux est ajouté .
Revenons à la Fig . 39-1 et excitons les enroulements à
tour de rôle, afin que le rotor tourne à un rythme cons-
tant. La Fig . 39-6 montre les impulsions de courant Ia , deg

Ib, Ic, de même que la position et la vitesse instanta- 90


position angulaire
N

m m
nées du rotor. On suppose que le rotor et sa charge 60

OFF
m
possèdent une certaine inertie .
11
30

On observe que la vitesse du rotor est nulle au début et 0


2 4 6 8 10 12 14 16 18 ms
à la fin de chaque pas . Comme la durée d'un pas est de - temps
8 ms, il s'ensuit que la vitesse de rotation correspond à
Figure 39-5
1/0,008 = 125 pas par seconde . Mêmes conditions que dans la Fig . 39-2, sauf que le rotor
entraîne une charge mécanique .


MOTEURS PAS À PAS 687

courant 10 A
ta
10A
lb
le

l
i
deg

r
240

180

120

60 période
1 » - stabilisa t
6 ms
0 8 16 24 ms
temps
Figure 39-6
vpaàl Graphique montrant les impulsions de
~..!u!~..:: :~ courant, la position angulaire et la vitesse du
o
0 8 16 24 ms rotor durant les 4 premiers pas . Trois pas
-. temps (24 ms) constituent un demi-tour.

Le temps requis pour exécuter 6 pas, soit un tour com- courant se succèdent trop rapidement, le rotor ne peut
plet est donc : plus les suivre avec précision, et on «perd» des pas par
t = 6 - 125 = 0,048 s rapport à ceux enregistrés par l'ordinateur. Dans ces
conditions, le moteur ne remplit plus sa fonction pre-
La vitesse de rotation moyenne est donc :
mière qui est d'établir une corrélation parfaite entre
la position instantanée du rotor et le nombre net (+ et
n = 60 = 1250 r/min -) d'impulsions .
0,048
Afin de rester en synchronisme avec les impulsions,
Le moteur avance de façon saccadée, tout en s'arrêtant
le rotor doit s'arrêter avant d'avancer à la position
momentanément à la fin de chaque pas avant d'entre-
suivante . En se référant au graphique de la Fig . 39-6,
prendre le pas suivant . Un moteur pas à pas ne tourne
on constate que les impulsions se suivent à des inter-
pas à vitesse uniforme comme un moteur convention- valles de 8 ms . Cependant, la période de transition
nel .
d'une position à la position suivante ne dure que
39.4 Couple en fonction du courant 6 ms . Cela veut dire que l'intervalle entre les impul-
Le couple développé par un moteur pas à pas dépend sions pourrait être aussi court que 6 ms - mais pas
du courant . La Fig . 39-7 montre la relation couple-cou- moins . Par conséquent, en ce qui concerne le moteur
rant d'un moteur typique . Ainsi, lorsque le courant est
de 8 A, le couple est de 3 N •m . Nm
5-
Noter que le couple développé n'est pas constant, mais
dépend de la position du rotor . Le couple montré à la a 4-
Fig. 39-7 est le couple maximal que le moteur peut
3
exercer lors de son passage d'une position à la posi- C
a
V
tion suivante . Ce couple porte le nom de couple dyna- w 2- I

mique maximal («pull-over torque») . courant nominal


8
Lorsque le rotor cesse de tourner, on doit faire circuler I
un courant de maintien dans la dernière bobine alimen-
2 4 6 8 10 12 14 16 A
tée, afin de le maintenir à sa dernière position .
- . courant
39 .5 Mode de rotation pas à pas
Lorsque le moteur tourne pas à pas, l'expérience dé- Figure 39-7
Couple dynamique maximal en fonction du courant pour un
montre qu'il existe une limite supérieure à la fréquence
moteur pas à pas ; dimensions du moteur : diamètre extérieur :
des impulsions . En effet, lorsque les impulsions de 86 mm ; longueur axiale : 94 mm ; poids : 2,36 kg .


688 ÉLECTROTECHNIQUE

et sa charge implicite dans la Fig . 39-6, un taux maxi- 39.6 Mode de rotation en survitesse
mal de 1/0,006 = 167 impulsions par seconde serait Un moteur pas à pas peut tourner à une vitesse uni-
permissible . forme, sans s'arrêter après chaque pas . Lorsqu'il tourne
Si l'on se rappelle les explications de la section 39 .2, de cette manière, on dit qu'il fonctionne en mode de
on comprend que le nombre maximal de pas par se- survitesse («slewing») . Puisque le moteur tourne à une
conde dépend du couple exercé par la charge et de vitesse constante, le phénomène de l'inertie ne se ma-
l'inertie du système . Plus le couple et l'inertie sont nifeste plus . Par conséquent, pour un taux d'impulsions
grands, plus le nombre de pas permissible par seconde donné, le moteur peut développer un couple plus grand,
doit être réduit . Il existe donc une fréquence limite de sans perdre le synchronisme . En survitesse, un moteur
démarrage qui dépend du couple résistant et de l'iner- pas à pas se comporte en effet comme un moteur syn-
tie de la charge . Dans la Fig . 39-6 elle est de 167 im- chrone conventionnel, sauf que la tension d'alimenta-
pulsions par seconde . tion n'est pas sinusoïdale .
Cette rotation saccadée constitue le mode de fonction- La courbe 3 (Fig . 39-8) donne le couple en fonction de
nement habituel d'un moteur pas à pas . On l'appelle la vitesse en mode de survitesse . On remarque que le
parfois le mode de «démarrage sans erreur» . Cepen- moteur produit un couple de 2,2 N •m lorsqu'il tourne à
dant, pour les besoins de ce livre, nous l'appellerons 500 pas par seconde, soit un couple supérieur au cou-
simplement le mode normal . En mode normal, la ca- ple correspondant de la courbe 1 (mode normal) .
ractéristique couple-vitesse, ou couple en fonction du La Fig . 39-9 montre encore plus clairement la distinc-
nombre de pas par seconde, correspond à la courbe 1 tion entre le mode normal et le mode de survitesse .
de la Fig . 39-8 . Cette courbe indique que lorsque le Dans les deux cas, le moteur exécute 250 pas par se-
couple exercé par la charge est de 1,4 N •m, la vitesse conde . Il effectue donc 1 pas toutes les 4 ms . Lorsque
de rotation maximale correspond à 500 pas par seconde . le moteur fonctionne en survitesse, l'angle (position
Cependant, lorsque la même charge possède une iner- du rotor) augmente uniformément avec le temps . Par
tie importante (courbe 2), le taux maximal permissible conséquent, la pente de la courbe OA est constante (Fig .
décroît à 400 pas par seconde . 39-9a) . La vitesse instantanée est donc constante (Fig .
39-9b) .

.∎magnum
∎∎ _ ~
Ba /,∎
modede
survitesse

~~,∎∎ ∎∎
N '
C. F/
3
o (a)
V •~

200 400 500 600 800 sps


(b)
m
N
d mammun
a a z∎∎∎
Y- pas par seconde

Figure 39-8
Graphique du couple dynamique maximal en fonction de la Figure 39-9
vitesse pour les modes normal et de survitesse d'un moteur a . Position angulaire instantanée en fonction du temps
pas à pas . Chaque pas correspond à une avance de 1,8° . lorsqu'un moteur pas à pas fonctionne en mode normal et en
Courbe 1 : Mode normal du moteur seul ; mode de survitesse . Le nombre d'impulsions est le même
Courbe 2 : Mode normal avec ajout d'une inertie de 2 kg cm 2 ; dans les deux cas .
Courbe 3 : Mode de survitesse . Dans ce mode, l'inertie n'a b . Vitesse instantanée en fonction du temps pour les deux
pas d'effet . modes .
MOTEURS PAS À PAS 689

Par contre, en mode normal, la vitesse instantanée va-


rie constamment entre une valeur maximale et une va-
leur nulle . La valeur moyenne de cette vitesse corres-
pond à la vitesse en mode de survitesse .

39 .7 Accélération et décélération
progressive («ramping»)
Lorsqu'un moteur pas à pas fonctionne en mode nor-
mal, on peut changer instantanément le nombre d'im-
pulsions par seconde, sans perdre le synchronisme en-
tre les impulsions et la position angulaire du rotor . Il
est possible, par exemple, de faire passer subitement la
fréquence des impulsions de 25 à 373 pas par seconde .
Cette variation brusque est permise car le rotor s'ar-
rête à la fin de chaque impulsion . Cependant, lorsque
le moteur fonctionne en mode de survitesse, on ne peut
pas passer instantanément d'une vitesse nulle à une
vitesse, disons, de 5000 pas par seconde . De la même Figure 39-10
façon, un moteur tournant en survitesse à 5000 pas par Moteur pas à pas à aimant permanent . Chaque pas
seconde ne peut pas s'arrêter brusquement à l'intérieur correspond à un déplacement de 30° .
d'un seul pas .
Pour augmenter ou diminuer la vitesse en mode de Les moteurs à aimant permanent sont semblables aux
survitesse, il faut en effet prévoir une accélération et moteurs à réluctance variable, sauf que le rotor pos-
une décélération progressives du rotor. Durant ces pé- sède des pôles N, S aimantés . La Fig . 39-10 montre un
riodes d'accélération et de décélération, la position ins- moteur à aimant permanent possédant 4 pôles sur le
tantanée du rotor doit toujours correspondre au nom- stator et 6 pôles aimantés sur le rotor . À cause des
bre d'impulsions fourni aux enroulements . Habituel- aimants permanents, le rotor demeure bloqué à sa der-
lement, le changement de vitesse est effectué en une nière position lorsque le bloc d'alimentation cesse de
fraction de seconde . Il est généré par la source qui ali- fournir des impulsions .
mente le moteur. Le programme d'accélération et de
Les bobines A1, A2 du stator sont connectées en série,
décélération assure un contrôle précis du nombre d'im-
de même que les bobines B1, B2 . En partant de la po-
pulsions et de la position correspondante de la charge .
sition indiquée sur la figure, le rotor tourne de 30° lors-
39 .8 Types de moteurs pas à pas que les bobines B sont excitées . Le sens de rotation
dépend de la direction du courant . Par exemple, si le
Il existe 3 types principaux de moteurs pas à pas :
courant dans les bobines B1 et B2 produit respective-
- moteurs à réluctance variable ment des pôles N et S, le rotor tournera dans le sens
- moteurs à aimant permanent anti-horaire . Les moteurs à aimant permanent sont tou-
- moteurs hybrides jours utilisés lorsque le couple à développer est impor-
tant .
Les moteurs à réluctance variable sont du type illustré
à la Fig . 39-1 . Cependant, le stator possède souvent 4 Les moteurs du type hybride possèdent deux armatu-
pôles (au lieu de 3) et des encoches sont taillées dans res identiques en fer doux, montées sur le même arbre .
la face des pôles afin de produire une série de dents . Ces deux armatures sont décalées l'une par rapport à
Le rotor est également denté, chaque dent correspon- l'autre afin que leurs pôles saillants se chevauchent .
dant à un pôle saillant miniature . Le nombre de dents On montre à la Fig . 39-1 la deux armatures à 5 pôles
(pôles) du rotor et du stator détermine l'avance angu- placées à l'intérieur d'un stator commun à 4 pôles . Cet
laire d'un pas . Les pas de 18°, 15°, 7,5°, 5°, et 1,8° arrangement donne au moteur l'apparence d'un mo-
sont les plus répandus . teur à réluctance variable . Cependant, un aimant per-


690 ÉLECTROTECHNIQUE

I 1-«--- stator
Al

aimant

A AP

armature 1 r armature 2

I I
(b) A2
1 1

Figure 39-11
a . Moteur hybride composé d'un stator à 4 pôles et de deux armatures à 5 pôles, montées sur le même arbre .
Les pôles saillants des armatures ont respectivement une polarité N et une polarité S . Chaque pas équivaut à
un déplacement de 18° .
b . Vue de côté du moteur, montrant l'aimant permanent AP entre les deux armatures en fer doux . Les pôles du
stator chevauchent les deux armatures .

marient AP est coincé entre les armatures (Fig . 39-11 b) .


L' aimant produit une FMM axiale, avec le résultat que
tous les pôles de l'armature 1 sont des pôles N, alors
que ceux de l'armature 2 sont des pôles S .

Les bobines A1, A2 du stator sont raccordées en série,


de même que les bobines B 1, B2 . Comme dans le cas
du moteur à aimant permanent, le moteur demeure à
sa dernière position lorsque le courant dans les bobi-
nes est nul . En alimentant les bobines B, le rotor tour-
nera de 18° pour s'aligner avec les pôles B du stator.
détail d'une
Le sens de rotation dépend encore de la direction du amlnation de
courant circulant dans les bobines . pole saillant airnant à
Ylnténeur
La Fig . 39-12 montre un moteur hybride de construc- d'une dent

tion spéciale avec des aimants permanents enfouis dans


les encoches du stator, en plus de l'aimant permanent
empilr-rnen
, des
du rotor. La Fig . 39-13 montre une vue éclatée d'un lare suL ens
du stator
moteur hybride .

La Fig . 39-14a montre encore un autre type de moteur


hybride dont la vue en coupe est illustrée à la Fig . 39-
l4b . Les Fig . 39-14c et 39-14d donnent respectivement
les spécifications et les courbes du couple en fonction Figure 39-12
de la vitesse de ce moteur. Noter que la courbe de dé- Détails de construction d'un moteur hybride optimisé . Des
crochage («pull-out») correspond au mode de petits aimants permanents montés à l'intérieur des encoches
du stator produisent un champ magnétique qui s'ajoute à celui
survitesse tandis que la courbe d'accrochage («pull-
créé par l'aimant permanent du rotor (gracieuseté de Pacifie
in») correspond au mode normal . Scientific, Motor and Control Division) .

MOTEURS PAS À PAS 691

Figure 39-13
Vue éclatée d'un moteur hybride. Le rotor comprend 2 armatures en fer doux ayant chacune 50 pôles
saillants . Les 8 pôles principaux du stator sont dentés de façon à créer 5 pôles saillants par pôle .
Diamètre extérieur du moteur : 56 mm ; longueur axiale : 38 mm ; poids : 0,18 kg (gracieuseté de Pacific
Scientific, Motor and Control Division, Rockford, IL .) .

Figure 39-14a Figure 39-14b


Vue extérieure d'un moteur hybride . Les enroulements sont Vue en coupe du moteur .
du type bipolaire, fonctionnant à une tension nominale de
5 V. Diamètre extérieur du moteur : 42 mm ; longueur axiale :
22 mm ; poids : 144 g (gracieuseté de AIRPAX © Corporate) .

692 ÉLECTROTECHNIQUE

Specifications
L82401 L82402
Ordering Part No . (Add Suffix)
Unipolar Bipo ar
SuffixDesignation -Pl -P2 -P1 -P2
DC Operating Voltage 5 12 5 12
Res. per Winding i2 9 .1 524 91 52.4
d . per W nding mH 7 .5 468 14 .3 77 .9
Holding Torque mNm/oz- n 73 .4/10 .4 87 .5/12 .4
Rotor Moment of Inertia g • m 2 12 .5 x 10-4
DetentTorque mNm/oz-in 9 2/1 3
Step Angle 7.5°
Step Angle Tolerance .5°
S eps per Rev. 48
Max Operating Temp 100°C
AmbientTemp Range
Operating -20°C to 70° C
Storage - 40° C to 85°C
BearingType Bronze sleeve
insul tion Res. at 500Vdc 100 megohms max
Dielectric Withstanding Voltage 650 50 VRMS 60 Hz for 1 to 2 seconds
Weight g/oz 144/5 .1
ead Wires 26 AWG
'Measured with 2 phases energized .

Figure 39-14c
Tableau extrait du catalogue donnant les spécifications du moteur pas à pas illustré à la Fig . 39-14a . Le
fabricant offre un moteur unipolaire ou bipolaire, fonctionnant à 5 V ou à 12V. Le «detent torque» correspond
au couple requis pour faire tourner le rotor lorsque les enroulements du stator ne sont pas alimentés
(gracieuseté de AIRPAX© Corporate) .

UNIPOLAR BIPOLAR

TORQUE vs SPEED TORQUE vs SPEED


L82401 L/R 2 PHASE DRIVE L62402 L/R 2 PHASE DRIVE
70 .0 9.91 70 .0 9 .91

60.0 8.50 60 .0 8 .50

50.0 7.08 50 .0 708


Ê É
2
E 40.0 5 .66 = 40 .0 566
Z
PULL OU7
O Ô PULL OUT
O
X30.0 4 .25 p 30.0 425
F
PULL IN
PULL IN
20 .0 2 .83 20.0 2 .83

10.0 1,42 100 142

0 0 0 0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 0 50 100 150 200 250 300 350 400
SPEED (PPS) SPEED (PPS)

NOTE : The above curves are typical .

Figure 39-14d
Courbes du couple en fonction de la vitesse du moteur de la Fig . 39-14a (gracieuseté de AIRPAX© Corporate) .
La courbe de décrochage («pull-out») correspond au mode de survitesse .
La courbe d'accrochage («pull-in») correspond au mode de démarrage sans erreur, ou mode normal .


MOTEURS PAS À PAS 693

39 .9 Enroulements et systèmes d'excitation


E
Les enroulements du stator d'un moteur pas à pas sont
+ -~ T 1- +
de type bipolaire ou unipolaire. De plus, chacun de
ces types d'enroulement peut être alimenté par diffé- A1 A2
rents modes d'excitation .
Enroulements bipolaires . Dans un stator à 4 pôles,
l'enroulement bipolaire comprend deux groupes de
bobines A1, A2 et B1, B2 (Fig . 39-15) .
Le courant Ia circulant dans le groupe A change de di-
rection périodiquement, de même que le courant Ib cir-
culant dans le groupe B . Une source à courant continu
sert à alimenter les bobines, mais comme les courants -> lb

Ia , Ib doivent changer de sens, un système de commu-


Figure 39-15
tation s'impose . Les commutateurs sont représentés par Diagramme schématique montrant le raccordement des
les contacts Q1 à Q8 . Les commutateurs utilisés en bobines A1, A2 et 131, B2 à la source E. Les commutateurs
pratique sont des transistors car ils permettent d'initier Q1 à Q8 représentent l'action des transistors . Afin de simplifier
le diagramme, la source est montrée deux fois .
et de bloquer le courant à des instants bien précis .
Grâce à ces commutateurs, on peut exciter les bobi-
TABLEAU 39-1 EXCITATION ONDULÉE, ROTATION HORAIRE
nes, en séquence, de trois manières différentes :
Étape 1 2 3 4 1
(1) excitation ondulée («wave drive»)
(2) excitation standard («normal drive») Q1 Q2 F - - - F

(3) excitation à demi-pas («half-step drive») Q5 Q6 - F - -

Excitation ondulée . Lorsqu'on utilise l'excitation Q3 Q4 - F


ondulée, seulement un groupe de bobines (A1, A2 ou Q7 Q8 - - - F
B1, B2) est alimenté à la fois . La commutation don-
nant une rotation horaire est donnée dans le tableau (a)
39-1 ; les impulsions de courant Ia , Ib correspondantes
sont montrées à la Fig . 39-16 . Remarquer sur la Fig .
39-16c comment le flux créé par I a et Ib tourne de 90° Ia V%%%7/ P
Pl
à chaque étape .
Excitation standard . Lorsqu'on utilise l'excitation
standard, les deux groupes de bobines sont alimentés Ib
en même temps . La commutation donnant une rota-
tion horaire est donnée dans le tableau 39-2 ; les impul-
sions de courant Ia , Ib qui en résultent sont montrées à
étape ( 1
la Fig . 39-17b . Noter qu'à chaque étape le flux résul- 1 1
tant se trouve à mi-chemin entre les pôles . Cependant,
chaque pas correspond encore à un incrément de 90° . (b)
L' excitation standard a l'avantage de produire un cou-
Figure 39-16
ple légèrement supérieur à celui de l'excitation ondu- a . Tableau donnant la séquence d'opération des commu-
lée. tateurs pour l'excitation ondulée d'un stator à 4 pôles .
F indique un interrupteur fermé .
b . Impulsions de courant, résultant de l'action des commu-
tateurs .





69 4 ÉLECTROTECHNIQUE

(c)

étape 1 étape 2 étape 3 étape 4

Figure 39-16c
Excitation ondulée . Orientation du flux à chaque étape, lors d'un cycle complet des impulsions
de courant.

TABLEAU 39-2 EXCITATION STANDARD, ROTATION HORAIRE


Étape 1 2 3 4 1

Q1 Q2 F - - F F i„olOMM Ieelo,
Q5 06 F F - - F

Q3 Q4 - F F - -

Q7 Q8 - - F F -
étape I 1 I 2 3

u N u u
(c) -,/C ~~C IN] ~ES ~~,C
n n
étape 1
n n étape 2 étape 3 étape 4

Figure 39-17
a . Tableau donnant la séquence d'opération des commutateurs pour l'excitation standard d'un stator à 4 pôles .
b . Impulsions de courant, résultant de l'action des commutateurs .
c . Orientation du flux à chaque étape, lors d'un cycle complet des impulsions de courant .

Excitation à demi-pas . L'excitation à demi-pas est une ment de 45° par étape . Le principal avantage de l'exci-
combinaison des excitations ondulée et standard . La tation à demi-pas est qu'il améliore la résolution de la
commutation donnant une rotation horaire est donnée position . De plus, ce mode d'excitation diminue le pro-
dans le tableau 39-3 ; les impulsions de courant Ia, Ib blème de résonance dont nous discuterons plus loin .
sont montrées à la FiZ, . 39-18b . Le flux tourne seule-




MOTEURS PAS À PAS 695

TABLEAU 39-3 EXCITATION À DEMI-PAS, ROTATION HORAIRE

Étape 1 2 3 4 5 6 7 8 1

Q1 Q2 F F F F
(a)
Q5 Q6 - F F F

Q3 Q4 F F F

Q7 Q8 - F F F

(b)
Pr

étape 1 1 1 2 3 4 5
1 1 1 1 6 1 1 8 1 1 1

• u u u
C C --s ,,/ C I1 ~~C
• n n n
(c) étape 1 étape 2 étape 3 étape 4

• u u N1

étape 5
n
étape 6
n
étape 7
n étape 8

Figure 39-18
a . Tableau donnant la séquence d'opération des commutateurs pour l'excitation à demi-pas d'un stator à 4 pôles .
b . Impulsions de courant, résultant de l'action des commutateurs .
c . Orientation du flux à chaque étape, lors d'un cycle complet des impulsions de courant .


696 ÉLECTROTECHNIQUE

Enroulement unipolaire. La technique de l'enroule- unipolaire possède l'avantage de réduire le nombre de


ment unipolaire* consiste à utiliser deux bobines par commutateurs (transistors) de 8 à 4, et d'améliorer
pôle au lieu d'une seule (Fig . 39-19a) . Le premier un peu le temps de réponse . La Fig . 39-19b donne le
groupe de bobines A1, A2 produit un flux dans le diagramme schématique des enroulements et la sé-
sens inverse du deuxième groupe lA, 2A . Il en résulte quence de commutation utilisant le mode ondulé . Le
un flux alternatif lorsque les deux groupes sont alimen- flux tourne exactement de la même façon que dans la
tés à tour de rôle par la même source . L'enroulement Fig . 39-16 .

Q1 Al Iai A2

Q2 1A 'a2 2A

Q3 B1 Ib1 B2

_Ib2
Q4 1B 2B

(a) (b)

Ia1 ___L!'? ~ C!% i/L_


TABLEAU 39-4 EXCITATION ONDULÉE, ROTATION HORAIRE
Ia2 Étape 1 2 3 4 1

Ib1 r/!~Ti 1 Q1
03
F
-
-
F
- - F

02 - - F - -
Ib2
Q4 - - - F -

étape 11 I 2 1 3 I 4 I 1 I

(c)

Figure 39-19
a . Emplacement des bobines dans un moteur unipolaire .
b . Diagramme schématique des enroulements, des commutateurs, et de la source pour un moteur unipolaire .
c . Tableau donnant la séquence d'opération des commutateurs pour une excitation ondulée .

Le choix du terme unipolaire peut sembler bizarre pour dé-


signer un enroulement à deux bobines . Il se réfère au fait
que le courant circule toujours dans le même sens et qu'une
bobine crée toujours un pôle de même polarité (N ou S) .

MOTEURS PAS À PAS 697

39.10 Fonctionnement à haute vitesse La forme de cette impulsion s'explique comme suit .
Jusqu'à présent, nous avons supposé que lorsqu'une Lorsque le transistor entre en conduction, le courant i i
impulsion est appliquée à un enroulement du stator, le atteint sa valeur de régime permanent IN = E/R après
courant monte immédiatement à sa valeur finale I N et environ 3T secondes . Ensuite, lorsque le transistor
tombe immédiatement à zéro à la fin . En pratique, à coupe le courant de ligne, un courant transitoire i2 con-
cause de l'inductance des enroulements, les impulsions tinue à circuler dans la bobine et la diode pendant en-
de courant n'ont pas cette forme idéale montrée à la viron 3T secondes (Fig . 39-20c) . En comparant cette
Fig . 39-20a. Si un enroulement possède une inductance impulsion de courant avec l'impulsion idéale, on cons-
L et une résistance R, sa constante de temps (section tate deux faits importants :
19 .6) est donnée par : 1 . Étant donné que le courant n'atteint pas immédiate-
ment sa valeur finale lorsque le transistor commence
T = L secondes éq . 19-7 à conduire, le couple développé par le moteur est
R
plus petit que le couple normal . Par conséquent, le
Supposons que la bobine soit branchée à une source de rotor n'accélère pas aussi rapidement qu'on l'aurait
tension continue E par l'entremise d'un transistor souhaité .
Q1(Fig . 39-20b) . Le transistor permet d'établir et d'in-
2 . Lorsque le transistor cesse de conduire, un courant
terrompre le courant dans la bobine . Une diode D, rac-
i 2 continue à circuler dans la boucle formée par la
cordée aux bornes de l'enroulement, protège le tran-
diode et la bobine . Par conséquent, la durée effec-
sistor contre les surtensions apparaissant à ses bornes,
tive de l'impulsion est Tp + 3T au lieu de Tp .
lorsqu'il coupe le courant (Fig . 39-20c) . L'amorce et
la coupure du courant dans la bobine donnent la forme Comme la durée de l'impulsion est prolongée, on ne
montrée à la Fig . 39-20d . peut plus alimenter la bobine suivante aussi rapidement .

i=0

J temps
TP

Figure 39-20a
Impulsion de courant idéale .

ip=0
f-

t,TP

Figure 39-20c
Lorsque le transistor coupe le courant de la source, un courant
transitoire circule dans la bobine et la diode .

O-_t<Tp

Figure 39-20b
Circuit de commutation typique composé d'un transistor et
d'une bobine R, L raccordés à une source à c .c . La diode
protège le transistor contre les surtensions lors de l'inter- Figure 39-20d
ruption du courant . Impulsion de courant réelle dans la bobine .

698 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 39-20e
Forme d'onde de la plus courte impulsion de courant ayant
une valeur crête égale à IN .

L'impulsion la plus rapide pouvant encore atteindre le


courant nominal IN ne peut donc avoir une durée infé-
rieure à 6T (Fig . 39-20e) . Pour les moteurs pas à pas la (a)
valeur de T se situe entre 1 ms et 8 ms . Par conséquent,
la durée d'une impulsion ne peut être inférieure à
6T = 6 x 1 ms = 6 ms, ce qui correspond à une fré-
quence de 1/0,006 = 166 pas par seconde . Comme ce
taux d'impulsions constitue une vitesse plutôt lente,
on a recours à diverses techniques pour l'améliorer .
(b)
39.11 Méthodes pour réduire la constante U -. temps Tp
de temps
Figure 39-21
Une façon d'augmenter le nombre de pas par seconde a . Circuit permettant d'augmenter le taux de croissance et
est de réduire la constante de temps T . On peut réaliser de décroissance d'une impulsion de courant.
cet objectif en ajoutant une résistance extérieure bran- b . Impulsion de courant résultante . Comparer avec la Fig .
chée en série avec les enroulements du moteur, tout 39-20d .
en augmentant la tension d'alimentation afin de con-
server le même courant nominal . La Fig . 39-21 mon- 39 .12 Système d'excitation à deux niveaux
tre un tel arrangement . La résistance extérieure vaut de tension («bilevel drive»)
4 fois la résistance de l'enroulement ; par conséquent, Le système d'entraînement à deux niveaux de tension
la constante de temps diminue par un facteur 5 (de LIR permet une croissance et une décroissance rapide du
à L/(5R) . Cependant, la tension de la source doit être courant sans avoir recours à une résistance externe . On
augmentée de E à 5E volts . Le nombre maximal de pas peut comprendre son principe de fonctionnement en
par seconde augmente donc par un facteur 5, ce qui suivant les diagrammes de la Fig . 39-22 . Le système
permet d'atteindre des vitesses de l'ordre de 1000 pas comprend, en plus de l'enroulement que l'on désire
par seconde . Les seuls inconvénients de cette solution alimenter, deux commutateurs QI, Q2, une source de
astucieuse sont les suivants : basse tension El, une source de haute tension E2 et deux
1 . Le bloc d'alimentation devient plus coûteux parce diodes Dl, D2 . L'enroulement possède une résistance
R et une inductance L. Analysons la séquence des opé-
qu'il doit fournir une puissance 5 fois plus élevée
rations :
(la tension étant 5 E au lieu de E) ;
2 . Les résistances externes dissipent beaucoup de cha- Figure 39-22a. Les commutateurs Q1, Q2 étant ouverts,
leur, ce qui diminue le rendement du système . Ce aucun courant ne circule dans l'enroulement .
faible rendement est sans conséquence lorsqu'il Figure 39-22b . On ferme les deux commutateurs, ce
s'agit d'entraîner un moteur de quelques watts . Ce- qui applique la tension El + E2 aux bornes de l'enrou-
pendant, cette dissipation de puissance devient inac- lement. Le courant il, initialement nul, augmente à un
ceptable pour entraîner des moteurs rapides de l'or- taux donné par :
dre de 100 W, ou si la source est une batterie d'ac-
cumulateurs . On a alors recours à d'autres métho- E, + E2 = L Ai,
des . At

MOTEURS PAS À PAS 699

D2 D2

Q2 Q2

Figure 39-22a Figure 39-22b


Montage d'un système d'excitation à deux niveaux de tension . Lorsque les commutateurs Q1 et Q2 sont fermés, le courant
Les transistors sont représentés par les commutateurs Q1, augmente rapidement à cause de la haute tension El + E2 .
Q2 .

soit
Étant donné que E2 est une tension élevée par rapport
Ai ] E, + E2 à E l , le taux de décroissance de i2 est à peu près le
At L même que le taux de croissance de i l . Lorsque i 2 at-
teint une valeur nulle, les diodes empêchent toute cir-
Comme la tension E2 est élevée, il s'ensuit que le cou- culation dans le sens inverse, de sorte que le circuit
rant augmente très rapidement . reprend l'état donné à la Fig . 39-22a .
Figure 39-22c . Lorsque i i a atteint sa valeur nominale
IN, on ouvre QI . La diode D l permet au courant I N de
continuer à circuler, car il est alimenté maintenant par
la source Et . On choisit la valeur de E 1 de façon que :

El = RIN + chute dans la diode D1

Par conséquent, le courant IN demeure constant aussi


longtemps que Q2 est fermé .

Figure 39-22d . On ouvre Q2, de sorte que le courant D2


IN tend à tomber à zéro . Cependant, la décroissance
rapide du courant induit une tension élevée aux bornes
de la bobine ayant la polarité -, + indiquée . Cette ten-
sion induite excède la tension E2 , si bien que la diode
D2 s'amorcent instantanément . D'autre part, la pré-
sence des diodes D1, D2 a pour effet de brancher la
bobine aux bornes de la source E2 . Le courant i2 dé-
Q2
croît alors à un taux donné par
4i 2 - E2 Figure 39-22c
Louverture de Q1 force le courant à suivre le chemin alimenté
At L par la basse tension E, .





700 ÉLECTROTECHNIQUE

Solution
Le courant nominal étant de 10 A, la tension aux bor-
nes de l'enroulement en régime permanent est :
Eb = RIN = 0,3 S2 x 10 A = 3 V
En se référant à la Fig. 39-22e, et sachant que la chute
de tension dans la diode D1 est de 1 V, il s'ensuit que :
D2 Et = Eb +1V = 3V+1V =4V
Le courant doit atteindre sa valeur nominale (10 A) en
0,4 ms . Donc, le taux de croissance est :

Ai t _ 10 A = 25 000 A/s
At 0,4 ms

Q2 D'autre part

Figure 39-22d
Ai t Et + E2
Louverture de Q2 force le courant à suivre le chemin alimenté
At L
par la haute tension -E 2 . Par conséquent, le courant décroît
rapidement jusqu'à zéro . donc
E2 = 4 + E2
25 000 = 4 +
2,4 mH 0,0024
E2 = 25 000 x 0,0024 - 4

d'où E2 = 56 V
%à 1 s'ouvre Q2 s'ouvre Q1, 02
Qi 02 À la fin de l'impulsion, le courant décroît de 10 A à
ouverts ouverts
01,02 01,02 0 A, sous l'influence de E2 seulement . On a donc
se ferment se referment d'après la Fig . 39-22d :
Figure 39-22e
Forme d'onde du courant dans l'enroulement . Ai e - E 2 - chutes dans D1 et D2
At L
Il en résulte une impulsion de courant qui a la forme -56-1-1 -58
indiquée à la Fig . 39-22e .
0,0024 0,0024
Exemple 39-1 _ -24 167 A/s
L'enroulement d'un moteur pas à pas possède une
inductance de 2 .4 mH et une résistance de 0,312 . Le Comme le courant décroît de 10 A à zéro durant cet
courant nominal est de 10 A . On désire créer une intervalle, il s'ensuit que:
impulsion de courant avant une durée de 5 ans et
10
dont le temps de croissance et de décroissance du At = Aie _- = 0,41 ms
courant est d'environ 0 .4 ms . En utilisant le circuit -24167 -24167
de la Fig . 39-22, calculer les valeurs de E l et de E? .
On supposera que la chute de tension moyenne aux La forme du courant impulsionnel est donnée à la Fig .
bornes des diodes en conduction est de 1 V . 39-23 .

MOTEURS PAS À PAS 701

par exemple, entre 7000 et 8000 pas par seconde . On


peut traverser cette région instable sans perdre la syn-
chronisation en accélérant le rotor dans le mode
t = 0,40 ms t = 5 ms
survitesse . Après l'avoir franchie, le moteur peut tour-
, Q1 s'ouvre 02 s'ouvre ' 01, 02
Q1 Q2 ner à toute vitesse comprise, par exemple, entre 8000
ouverts
ouverts et 15 000 pas par seconde .
Q1, 02 se ferment t = 5,41 ms Q1, Q2
t=0 se referment
39 .14 Moteurs pas à pas et entraînements
linéaires
Figure 39-23
Voir exemple 39-1 . La plupart des moteurs pas à pas sont couplés à une vis
sans fin qui permet de transformer la rotation en un
mouvement de translation de haute précision . Suppo-
D'autre méthodes électroniques, encore plus sophisti- sons, par exemple, qu'un moteur tournant à 20 pas par
quées, sont utilisées pour commander des moteurs pas tour soit couplé à une vis sans fin ayant 5 filets par
à pas . Quelques-uns de ces systèmes d'excitation sont centimètre . Pour obtenir un déplacement d'un centi-
montrés à la Fig . 39-24, avec les moteurs associés . mètre, le moteur doit donc exécuter 20 x 5 = 100 pas .
Par conséquent, chaque pas correspond à un déplace-
39 .13 Instabilité et résonance ment de 0,01 cm ou 0,1 mm . Cela veut dire que l'on
Lorsqu'un moteur pas à pas tourne en mode de peut ajuster la position d'une machine outil, d'un tra-
survitesse, il arrive que sa vitesse devienne instable . ceur x-y, etc ., avec une précision d'un dixième de mil-
Le rotor tourne alors de façon aléatoire ou il se met limètre sur la totalité de la course . Cette grande préci-
simplement à vibrer sur place . Cette instabilité, sou- sion obtenue sans asservissement («feedback») cons-
vent appelée résonance, se manifeste dans une certaine titue la principale qualité des moteurs pas à pas dans
plage de vitesses . La région d'instabilité peut se situer, les systèmes de commande .

Figure 39-24
Systèmes d'excitation et moteurs pas à pas typiques (gracieuseté de Pacific Scientific, Motorand Control Division) .

702 ÉLECTROTECHNIQUE

39.15 Résumé tante de temps d'établissement du courant, on peut


Dans ce chapitre nous avons vu que les moteurs pas à augmenter la résistance en série avec les enroulements
pas sont conçus pour tourner par incréments discrets, et la tension d'alimentation . Pour éviter les pertes oc-
d'une fraction de tour à la fois, lorsqu'ils sont alimen- casionnées par cette méthode on a aussi recours à une
tés par une série d'impulsions . Ils comprennent un sta- alimentation à deux niveaux de tension, combinée avec
tor à pôles saillants munis d'enroulements et d'un ro- des interrupteurs à transistors et des diodes .
tor également à pôles saillants, en fer doux ou à aimants
permanents et comportant un nombre de pôles diffé-
rent du stator. À chaque impulsion appliquée à un en-
roulement du stator, le rotor tourne d'un angle cons- PROBLÈMES - CHAPITRE 39
tant dont la valeur dépend du nombre de pôles du sta-
Niveau pratique
tor et du nombre de pôles du rotor.
39-1 Quelle est la principale utilité des moteurs pas
Selon la construction du rotor, on distingue trois types
à pas?
principaux de moteurs pas à pas : les moteurs à réluc-
tance, les moteurs à aimants permanents et les mo- 39-2 Expliquer la différence entre les moteurs pas à
teurs hybrides . Les moteurs hybrides comportent deux pas à réluctance variable et à aimant permanent .
armatures de fer doux à pôles saillants, enserrant un
39-3 Décrire la construction d'un moteur pas à pas
aimant permanent axial qui crée une alternance de pô-
hybride .
les N et S .
Les enroulements du stator sont de type bipolaire (une 39-4 Un moteur pas à pas avance de 2,5° par pas .
bobine par pôle créant un pôle N ou S selon le sens du Combien d'impulsions sont requises pour effectuer
courant) ou unipolaire (deux bobines par pôle créant 8 tours?
chacune un pôle qui a toujours la même polarité) . Ils 39-5 Expliquer ce que signifie: excitation normale,
sont excités à tour de rôle par une source de tension excitation ondulée et excitation à demi-pas .
continue, à travers des commutateurs électroniques,
généralement des transistors . L'excitation peut être de Niveau intermédiaire
type ondulée (un seul groupe de bobines alimentées à 39-6 On remplace le rotor bipolaire de la Fig. 39-1
la fois), de type standard (deux groupes de bobines par un rotor à 4 pôles . Calculer le nouvel angle de rota-
alimentées en même temps) ou de type demi-pas (com- tion par impulsion .
binaison des deux modes précédents) .
39-7 Pourquoi, dans un moteur pas à pas, utilise-t-
En mode de rotation normal (pas à pas), à cause de
on un amortissement visqueux?
l'inertie du rotor, le déplacement du rotor produit par
chaque impulsion prend un certain temps . Dans ce 39-8 Lorsqu'un moteur accélère progressivement ou
mode, il existe donc une limite supérieure à la fréquence lorsqu'il tourne en mode de survitesse, chaque impul-
des impulsions que l'on peut appliquer au stator. Si sion correspond à un angle précis de rotation .
l'on continue à augmenter la fréquence des impulsions, Vrai ou faux?
le moteur fonctionne en survitesse, sans s'arrêter à
chaque pas, mais tout en gardant le synchronisme avec 39-9 Le moteur de la Fig . 39-10 est entraîné par une
les impulsions . série d'impulsions dont la durée est de 20 ms . En com-
bien de temps le moteur fait-il un tour complet?
Enfin nous avons vu que l'inductance des enroulements
du stator limite le temps de montée et de descente des 39-10 Un moteur pas à pas avance de 1,8° par pas . Il
impulsions de courant, ce qui a pour effet de réduire le entraîne une vis sans fin ayant 20 filets par centimètre .
couple développé et la fréquence maximale des impul- Calculer le déplacement linéaire lorsque le moteur est
sions qu'on peut appliquer. Afin de réduire la cons- pulsé 7 fois .

MOTEURS PAS À PAS 703

39-11 Un moteur pas à pas avance de 7,5° par pas . 39-16 Comment expliquer qu'un moteur pas à pas
Le couple en fonction de la vitesse est donnée à la Fig . puisse produire un couple plus élevé en mode de
39-8 . Calculer la puissance développée par le moteur survitesse qu'en mode normal?
lorsqu'il tourne dans le mode de survitesse :
39-17 Un moteur puissant à aimant permanent pos-
a) à 500 pas par seconde sède les spécifications suivantes :
b) à 200 pas par seconde type d'enroulement : bipolaire
39-12 Le moteur de la Fig. 39-14 possède un enrou- courant nominal : 13 A
lement unipolaire, et il fonctionne en mode de démar-
résistance de l'enroulement : 60 mQ2
rage sans erreur à raison de 150 pas par seconde . Cal-
inductance de l'enroulement : 0,77mH
culer :
couple à 50 pas par seconde : 8 N•m
a) le couple maximal que le moteur peut développer
nombre de pas par tour : 200
b) la puissance en millihorsepower
inertie du rotor : 0,7 x 10-3 k g - M2
c) l'énergie mécanique qu'il produit pendant 3 secon-
diamètre extérieur du moteur : 106,7 mm
des (en joules)
longueur axiale du moteur : 177,8 mm
39-13 En se référant à la Fig . 39-14d, calculer la vi-
poids du moteur : 9 kg
tesse maximale du moteur unipolaire lorsqu'il fonc-
tionne en mode de survitesse . Le moteur est entraîné par une source électronique de
65 V, et produit un couple de 2,2 N •m à une vitesse de
Niveau avancé 10 000 pas par seconde . Calculer:
39-14 a) En se référant aux propriétés du moteur pas a) la vitesse [r/min] et la puissance [hp] du moteur lors-
à pas indiquées à la Fig . 39-14c, calculer la constante qu'il fonctionne à 10 000 pas par seconde
de temps de l'enroulement bipolaire dont la tension
b) la constante de temps des enroulements
nominale est de 12 V.
c) le temps requis [µs] pour que le courant dans un
b) Si l'on utilise une source de 12 V, en combien de enroulement atteigne 13 A lorsqu'il est alimenté par
temps approximativement le courant dans l'enrou- une tension de 65 V
lement atteindra-t-il sa valeur finale?
c) Calculer la valeur finale du courant .
39-15 Les deux armatures d'un moteur hybride pos-
sèdent chacune 50 dents (pôles) . Calculer :
a) l'angle entre deux dents successives d'une armature
b) l'angle entre la dent d'une armature et la dent sui-
vante de l'autre armature
c) l'angle de rotation exécuté par impulsion de cou-
rant
PARTIE III
SYSTEMES D'ENTRAINEMENT
ET
ÉLECTRON QUE DE PUISSANCE
40
Commande industrielle
des moteurs

La commande industrielle désigne, dans son sens le 40 .1 Dispositifs de commande


plus large, l'ensemble des méthodes qui permettent de Tout circuit de commande comprend quelques com-
contrôler les performances d'un appareil électrique, posants de base raccordés entre eux de façon à assurer
d'une machine ou d'un système . Appliquée aux mo- le contrôle désiré du moteur. Leurs dimensions peu-
teurs, la commande industrielle contrôle le démarrage, vent varier selon la grosseur du moteur à commander,
l'accélération, le sens de rotation, la vitesse, la décélé- mais leur principe de fonctionnement reste le même .
ration et l'arrêt des parties tournantes . Avec seulement une dizaine de dispositifs de base, on
Nous avons déjà vu au chapitre 28 quelques principes réalise des montages de commande très complexes . En
de la commande des moteurs à courant continu . voici les principaux composants :

Dans ce chapitre, nous étudierons la commande élec- 1. Sectionneurs


trique (mais non électronique) des moteurs à courant 2. Disjoncteurs manuels
alternatif. Nous nous bornerons à l'étude des circuits 3. Commutateurs à cames
élémentaires, car les montages industriels sont souvent 4. Boutons-poussoirs
trop élaborés pour permettre une présentation simple 5. Relais de commande
et des explications faciles . Toutefois, les principes de 6. Contacteurs magnétiques
base que nous examinerons s'appliquent à tout système 7. Relais thermiques
de commande, quelle que soit sa complexité . 8. Lampes témoins
Ensuite, nous donnerons un aperçu des automates pro- 9. Interrupteurs spéciaux (ex . : interrupteurs de fin
grammables avec leurs applications . Depuis les années de course)
1980, ces dispositifs de commande ont connu un essor 10 . Détecteurs de proximité
remarquable, de sorte qu'une connaissance de ces ap- 11 . Résistances, réactances, condensateurs et trans-
pareils est devenue indispensable pour le technicien et formateurs .
l'ingénieur industriel .
On donne, au tableau 40-1 une description de ces com-
posants ; le tableau 40-2 indique les symboles utilisés .
706

COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 707

TABLEAU 40-1 COMPOSANTS DE BASE POUR CIRCUITS DE COMMANDE

Sectionneurs
Les sectionneurs (Fig . 40-1) isolent le circuit d'un
moteur de celui de la source . Ils doivent pouvoir sup-
porter indéfiniment le courant nominal ainsi que les
courants de court-circuit pendant de courtes périodes .
Ils comportent des contacts à couteaux et des fusibles .

Figure 40-1
Sectionneur à fusibles triphasé, 600 V, 30 A (gracieuseté de
Square D) .

Disjoncteurs manuels
Les disjoncteurs manuels (Fig . 40-2) sont conçus pour
ouvrir et fermer manuellement le circuit d'un moteur
et pour ouvrir le circuit automatiquement si le courant
dépasse une limite prédéterminée . On peut réenclencher
le disjoncteur après une ouverture anormale . Souvent,
on utilise le disjoncteur manuel au lieu d'un section-
neur.

Figure 40-2
Disjoncteur triphasé, 600 V, 100 A (gracieuseté de Square
D) .

Commutateurs à cames
Les commutateurs à cames (Fig. 40-3) comprennent
une série de contacts fixes et autant de contacts mobi-
les actionnés par la rotation manuelle d'un arbre à ca-
mes . On les utilise pour la commande manuelle des
moteurs de grues, calandres, pompes, etc .

Figure 40-3
Commutateur à cames triphasé, 230 V, 2 kW, montage en
saillie (gracieuseté de Klockner-Moeller) .


708 ÉLECTROTECHNIQUE

TABLEAU 40-1 COMPOSANTS DE BASE POUR CIRCUITS DE COMMANDE

Boutons-poussoirs
Les boutons-poussoirs (Fig . 40-4) sont des commuta-
teurs actionnés par une pression du doigt, et qui ouvrent
ou ferment deux ou plusieurs contacts . Habituellement,
un ressort ramène le bouton-poussoir à sa position nor-
male dès que la pression est enlevée .

Figure 40-4
Bouton-poussoir «marche» avec contacts NO et NF capable
d'interrompre 1 million de fois un courant de 6 A (gracieuseté
de Siemens) .

Relais de commande
Les relais de commande (Fig . 40-5) sont des interrup-
teurs électromagnétiques qui ouvrent ou ferment leurs
contacts lorsqu'on excite leur bobine de maintien . On
les utilise surtout dans les circuits de faible puissance.
Dans cette classe se trouvent les relais temporisés dont
les contacts sont actionnés un certain temps après la
fermeture (ou après l'ouverture) du circuit de leur bo-
bine de maintien .

Figure 40-5
Relais de commande (gracieuseté de Potter and Brumfield) .

Relais thermiques
Les relais thermiques (Fig. 40-6) sont des dispositifs
de protection dont les contacts s'ouvrent (ou se fer-
ment) lorsque la chaleur créée par le passage d'un cou-
rant dépasse une limite prédéterminée . Leur fonction-
nement est temporisé, car la température ne peut pas
suivre instantanément les variations du courant .

Figure 40-6
Relais thermique à fixation par broches ; plage de réglage
6 A à 10 A (gracieuseté de Klockner-Moeller) .

COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS

TABLEAU 40-1 COMPOSANTS DE BASE POUR CIRCUITS DE COMMANDE

Contacteurs magnétiques
Les contacteurs magnétiques (Fig . 40-7) sont de gros
relais destinés à ouvrir et à fermer un circuit de puis-
sance. Une bobine de maintien sert à ouvrir et à fermer
les contacts . On utilise les contacteurs dans la com-
mande des moteurs dont la puissance est comprise en-
tre 0,5 kW et plusieurs centaines de kilowatts . Comme
pour les moteurs, la grosseur et les dimensions princi-
pales des contacteurs sont standardisées par les orga-
nismes de normalisation .

Figure 40-7
Contacteur triphasé pour moteur asynchrone de 75 hp, 575 V,
60 Hz . Au moment de l'alimentation, la bobine de maintien à
120 V absorbe une puissance de 345 VA ; la puissance
diminue à 29 VA lorsque le contacteur est fermé . Le temps
de fermeture varie de 20 ms à 50 ms et le temps d'ouverture
varie de 5 ms à 30 ms .
La durée de vie mécanique représente 10 millions d'opé-
rations, et les contacts doivent être remplacés après 1 million
de cycles de fermeture et d'ouverture .
Le relais thermique, monté en dessous du contacteur, est
ajustable de 16 A à 80 A . Il est compensé de sorte
que la variation de la température ambiante ne fait pas
varier le seuil de déclenchement . Dimensions du contacteur
complet - hauteur : 194 mm ; largeur : 123 mm ; profondeur :
140 mm (gracieuseté de Siemens) .

Lampes témoins
Les lampes témoins (Fig . 40-8) servent à indiquer l'état
d'un composant dans un système de commande .

Figure 40-8
Lampe témoin à 120 V (gracieuseté de Siemens) .


710 ÉLECTROTECHNIQUE

TABLEAU 40-1 COMPOSANTS DE BASE POUR CIRCUITS DE COMMANDE

Interrupteurs spéciaux
Les interrupteurs de fin de course (Fig . 40-9a) servent
à ouvrir ou à fermer un contact selon la position d'une
pièce mécanique . De la même façon, certains interrup-
teurs spéciaux sont actionnés par une pression, une tem-
pérature, un niveau de liquide (Fig . 40-9b) ou un sens
de rotation .

(a) (b)

Figure 40-9
a . Interrupteur de fin de course, un contact NF, levier à galet,
10 millions d'opérations ; fidélité : 0,5 mm (gracieuseté de
Square D) .
b . Interrupteur à flotteur (gracieuseté de Square D) .

Détecteurs de proximité
Les détecteurs de proximité (Fig . 40-10) sont des dis-
positifs scellés qui peuvent détecter des objets sans y
toucher . Leur durée de vie est indépendante du nom-
bre d'opérations qu'ils effectuent. Ils sont connectés à
une source externe d'alimentation, ce qui leur permet
de générer un champ magnétique alternatif au moyen
d'un oscillateur interne . Lorsqu'un objet métallique
s'approche à quelques millimètres du détecteur, le
champ magnétique diminue, ce qui fait augmenter un
courant de commande à c .c . Ce dernier est alors utilisé
pour activer un deuxième dispositif comme, par exem-
ple, un relais ou un automate programmable . Des dé-
tecteurs de proximité capacitifs, basés sur le même prin-
cipe, mais créant un champ électrique, sont capables
Figure 40-10
de détecter des objets non métalliques, y compris les Détecteur de proximité surveillant la charge d'un convoyeur
liquides . (gracieuseté de Télémécanique, Groupe Schneider) .


COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 71 I

40 .2 Contacts normalement ouverts et Solution


normalement fermés a) À l'instant où la bobine est alimentée, l'appel de
Les diagrammes de commande montrent les divers or- courant initial est :
ganes à l'état de repos, c'est-à-dire lorsqu'ils ne sont
pas alimentés (électriquement) ou actionnés (mécani- I = S = 2970
= 24,75 A
quement) . Dans cet état, certains contacts sont ouverts E 120
alors que d'autres sont fermés . On les appelle, respec-
tivement, contacts normalement ouverts (NO) et con- b) En régime permanent le courant d'excitation est :
tacts normalement fermés (NF) . Ils sont désignés par
I = S = 212
les symboles suivants : = 1,77 A
E 120
contact normalement fermé
c) En régime permanent, la puissance requise pour ac-
contact normalement ouvert -1 H tionner la bobine de maintien est de 212 VA . La puis-
Ordinairement, on dessine les contacts de puissance sance maximale que le contacteur peut commander est :
avec des traits gras et les contacts de commande avec
des traits fins . S = EIF = 460 X270xF3

40 .3 Courant d'excitation d'une bobine de = 215 120 VA


maintien Le rapport de ces puissances est :
Lorsqu'un contacteur est à l'état de repos, le circuit
magnétique possède un entrefer qui est très long par puissance commandée _ 215 120
= 1015
rapport à l'entrefer du contacteur à l'état fermé . Il s'en- puissance de commande 212
suit que la réactance inductive de la bobine de main-
tien est beaucoup plus faible lorsque le contacteur est Un contacteur agit donc comme un amplificateur de
ouvert que quand il est fermé . Comme la bobine est puissance, en ce sens que la puissance commandée est
alimentée par une source de tension alternative, il en bien supérieure à la puissance de commande.
résulte un appel de courant important à l'instant où la 40.4 Diagrammes de commande
bobine est excitée . Lorsque le contacteur se ferme, le
On peut représenter un système de commande de qua-
courant diminue jusqu'à sa valeur nominale en l'es-
tre façons :
pace d'un ou deux cycles . Cet appel de courant initial
impose des conditions difficiles aux petits contacts qui 1 . le diagramme synoptique
servent à alimenter la bobine . 2 . le diagramme unifilaire
3 . le diagramme schématique
Exemple 40-1
tin contacteur triphasé de classe NEMA 5 aune ca- 4 . le diagramme des connexions
pacité de 270 A sous une tension de 460 V. La bo- La méthode de représentation dépend de l'usage qu'on
bine de maintien de 120 V absorbe, dans la position désire en faire . Les Fig . 40-11 à 40-14, décrivant le
ouverte, une puissance apparente de 2970 VA, alors même système de commande d'un moteur triphasé,
que la puissance est de 212 VA seulement dans la fournissent un exemple d'utilisation de chacun de ces
position fermée . Calculer : diagrammes .
L'appel de courant au moment où la bobine est Le diagramme synoptique (Fig . 40-11) comprend un
excitée groupe de rectangles représentant chacun un dispositif
b) Le courant d'excitation en régime permanent de commande et comprenant une courte description
c ) Le rapport de la puissance commandée à la puis- de sa fonction . On réunit les rectangles par des flèches
pour indiquer la direction de la puissance électrique .
sance de commande

712 ÉLECTROTECHNIQUE

lampe témoin
(moteur en marche)

600 V sectionneur contacteur relais moteur à cage


3 phases avec fusible magnétique thermique d'écureuil

boutons-poussoirs
marche-arrêt

Figure 40-11
Diagramme synoptique («block diagram») .

Le diagramme unifiliare (Fig . 40-12) est semblable au principal inconvénient est l'appel considérable de cou-
diagramme synoptique sauf que les composants sont rant au démarrage: 5 à 6 fois le courant de pleine charge .
représentés par leur symbole plutôt que par des rectan- Sur les réseaux de distribution à 240 V et moins, ce
gles . Les symboles donnent une idée de la nature des procédé de démarrage est limité aux moteurs de faible
composants, de sorte que le diagramme unifilaire ré- puissance (quelques dizaines de kilowatts), car l'appel
vèle plus d'information . Une seule ligne relie les di- de courant important a pour effet de faire baisser brus-
vers composants, quel que soit le nombre de conduc- quement la tension et de gêner les usagers sur la même
teurs réellement utilisés . ligne . Pour des variations subites de tensions supérieu-
Le diagramme schématique (Fig . 40-13) montre tou- res à 3 %, la variation de l'intensité lumineuse des lam-
tes les connexions électriques entre les composants sans pes à incandescence devient excessive .
respecter leurs positions respectives, ni la disposition Dans le cas des grandes installations industrielles, on
de leurs bornes . Ce genre de diagramme est indispen- peut parfois utiliser le démarrage direct, même pour
sable quand on doit localiser un défaut dans un circuit des moteurs dont la puissance dépasse 1000 hp . Il faut
de commande, ou quand il faut connaître son fonction- alors s'assurer que les fusibles ou les disjoncteurs de
nement en détail . Afin de distinguer le circuit de puis- protection peuvent supporter le courant intense de dé-
sance du circuit de commande, on les représente res- marrage pendant le temps nécessaire à l'accélération
pectivement avec des traits gras et des traits fins . du moteur . Il faut aussi que cette accélération ne soit
Le diagramme des connexions (Fig . 40-14) montre les pas trop rapide afin de limiter le choc mécanique subi
connexions entre les composants en tenant compte de par les parties tournantes .
la disposition physique des bornes et parfois de la cou- On intercale ordinairement un sectionneur et des fusi-
leur des fils . On utilise ces diagrammes lors de l'ins- bles entre la ligne d'alimentation et le démarreur . Ces
tallation ou quand il faut identifier les fils pour locali- composants peuvent être montés dans le coffret du dé-
ser une panne, par exemple . marreur .
40 .5 Procédés de démarrage On est amené à choisir des fusibles dont le courant
Les procédés de démarrage des moteurs asynchrones nominal vaut environ 3,5 fois le courant de pleine
à cage sont : charge du moteur. Ces fusibles ne conviennent donc
pas à la protection des moteurs contre les surcharges
1 . le démarrage direct
dangereuses . Les fusibles protègent le moteur et la li-
2 . le démarrage à tension réduite
gne d'alimentation contre les surintensités résultant
Le choix de la méthode de démarrage dépend des ca- d'un démarrage trop lent ou d'un court-circuit dans le
ractéristiques du réseau d'alimentation et de la nature moteur ou dans le démarreur lui-même . Le calibre des
de la charge entraînée par le moteur . fusibles doit être choisi de façon à respecter les exi-
Comme avantages du démarrage direct, mentionnons gences du Code de l'électricité .
sa simplicité et son coût d'installation peu élevé . Son

COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS /13

600 V
3 ph
O o~
sectionneur fusible
0
bobine de
maintient
j B1 PB2
L lampe témoin

bouton-poussoir

Figure 40-12
Diagramme unifilaire («one-fine diagram») .

S
1-1

t0

Figure 40-13
Diagramme schématique («schematic diagram») .

600 V 3 ph

o o
L1 L2 L3 L1 L2 L3

sectionneur démarreur moteur

T1 o
B1 B2 B3
T2 o O
T30

boutons-poussoirs

8
Figure 40-14
Diagrammme des connexions («wiring diagram») .

714 ÉLECTROTECHNIQUE

On distingue deux types de démarreurs : les démarreurs démarrage et le courant nominal sans surchauffer . La
manuels et les démarreurs magnétiques . bobine de maintien du contacteur est représentée par
le symbole OA . Lorsqu'elle est mise sous tension, elle
40 .6 Démarreurs manuels provoque la fermeture des contacts A et Ax ;
Les démarreurs manuels (Fig. 40-15) se présentent sous
b) un relais thermique triphasé qui protège le moteur
la forme d'un coffret comprenant un interrupteur tri-
contre les surcharges . Le relais comprend trois éléments
polaire à commande manuelle et deux ou trois relais à
chauffants montés respectivement en série avec cha-
protection thermique contre les surcharges . Ils convien-
cun des fils de la ligne d'alimentation, et un contact T
nent aux moteurs de faible puissance (7 kW ou moins)
normalement fermé.
sous des tensions de 120 V à 600 V . La pleine tension
est appliquée sur la machine, ce qui assure un démar- Le calibre du relais doit être choisi de façon à obtenir
rage rapide . une protection convenable contre les surcharges per-
sistantes, même peu élevées . Le déclenchement (ouver-
Les éléments thermiques doivent être choisis de façon
à déclencher l'ouverture du disjoncteur si le courant
dans une des phases dépasse la valeur nominale .

40.7 Démarreurs magnétiques


Lorsque l'on désire commander un moteur à partir d'un
endroit éloigné ou lorsque sa puissance dépasse envi-
ron 7 kW, on doit utiliser un contacteur magnétique .
Ces démarreurs magnétiques peuvent être commandés
à distance par boutons-poussoirs, car ils comportent
un contacteur qui ouvre ou ferme le circuit d'alimen-
tation du moteur.
La Fig . 40-16a montre un démarreur magnétique et un
poste de commande, tandis que la Fig. 40-16b donne
le schéma d'installation . Il comporte les parties princi-
pales suivantes :
a) un contacteur A possédant trois contacts principaux
A et un contact auxiliaire A, Les contacts A doivent
être suffisamment gros pour supporter le courant de

Figure 40-16a
Figure 40-15 Démarreur magnétique triphasé pour puissance maximale
Démarreurs manuels pour moteurs monophasés de 0,75 kW ; de 22 kW, 600 V avec son poste de commande à distance
a) montage en saillie ; b) montage encastré ; c) boîtier à comprenant les boutons-poussoirs marche-arrêt et une lampe
l'épreuve de l'eau (gracieuseté de Siemens) . témoin (gracieuseté de Klockner-Moeller) .

COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 715

lui

marche

arrêt

Figure 40-16b
Diagramme schématique d'un démarreur magnétique pour moteur triphasé .

ture de T) se fait après un temps d'autant plus court position normale, mais la bobine demeure alimentée
que le courant de surcharge est plus grand . La courbe grâce au contact A X qui est maintenant fermé .
de la Fig . 40-17 donne les temps de déclenchement
Pour arrêter le moteur, on appuie sur le bouton
d'un relais thermique en fonction des multiples du cou-
«arrêt», ce qui ouvre le circuit de la bobine . Dans le
rant nominal . Ainsi, à pleine charge (multiple 1) le re-
cas d'une surcharge, l'ouverture du contact T produit
lais ne s'ouvre pas, alors qu'il s'ouvre au bout de qua- le même effet.
rante secondes lorsque le courant atteint deux fois sa
valeur nominale, et cinq secondes seulement s'il at-
teint six fois sa valeur nominale .
min
Pour toute application particulière, on doit s'en tenir 120
aux recommandations du constructeur et du code de 60
l'électricité pour le choix du relais thermique de pro-
30
tection . On ne doit jamais court-circuiter ce relais .
Le relais thermique est muni d'un bouton de 6
réenclenchement («reset») qui permet de refermer le â
E 2
contact T après son ouverture à la suite d'une sur-
1 min
charge . On recommande toutefois d'attendre quelques
40s
minutes avant d'appuyer sur le bouton de réenclenche- 20
ment afin que le relais thermique puisse se refroidir ; 10
c) un poste de commande à boutons-poussoirs 5
«marche-arrêt», qui peut être éloigné du démarreur . 2
Lorsque les contacts sont dans la position indiquée à 1
la Fig . 40-16b, la bobine et le moteur sont hors ten- 1 1,1 1,5 2 4 6 10
- multiples du courant de réglage
sion .
Pour démarrer le moteur, on ferme d'abord le section- Figure 40-17
neur et l'on appuie sur le bouton «marche» . La bobine Courbe de déclenchement donnant le temps d'ouverture du
A est aussitôt alimentée, les contacts A et A X se fer- relais thermique T en fonction du courant de surcharge . Le
délai est mesuré à partir des conditions à froid . Si le moteur
ment et la pleine tension apparaît aux bornes du mo- fonctionne déjà à pleine charge, les délais d'ouverture sont
teur. Si l'on relâche le bouton «marche», il revient à sa raccourcis d'environ 30 % .






IE
716 ÉLECTROTECHNIQUE

TABLEAU 40-2 SYMBOLES GRAPHIQUES POUR DIAGRAMMES ÉLECTRIQUES*

1 0 .
1 32
15 ou ou
2
T 33

16 }( ou * ou
34 bi ou
e
4 35
17 e ou V ou e
5 - >-
APPLICATION
6 -» 18 H * F- ou -Wv-
36
71
19 -

8 -J - 20 e~_ H 37

9 1 ou ou 21

T 1 38
22 ~ô * mettre une lettre appropriée
10 ou r ou 23 'C ou
39 1 )
24 ---j
11 ô 25 l-ou - i1-

12 = ou -1 j-

13 o ---o 0~

o o10
14
0 0-10

1 . borne; jonction 2 . croisement de conducteurs 3 . conducteurs raccordés 4. trois conducteurs


5. fiche, réceptacle 6 . connexion débrochable 7 . mise à la terre; parafoudre 8 . sectionneur
9. contact normalement ouvert (N .O .) 10. contact normalement fermé (N .F .)
. interrupteur a bouton-poussoir N .O. et N .F . 12. disjoncteur
13 . interrupteur à bascule 1 pôle 1 direction ; 1 pôle 2 directions 14 . interrupteur à bascule 2 pôles, 2 directions
15. fusible 16 . dispositif de déclenchement thermique 17 . bobine de maintien 18. résistance
19. enroulement, inductance ou réactance 20. condensateur ; condensateur polarisé (électrolytique)
21 . transformateur 22 . transformateur de courant 23 . transformateur de potentiel
24. source à courant continu (symbole général) 25 . pile 26 . enroulement shunt
27 . enroulement série ; enroulement de commutation ou de compensation
28 . moteur ; génératrice (symboles généraux) 29. moteur à c .c . ; génératrice à c .c . (symboles généraux)
30. moteur à c.a . ; génératrice à c.a. (symboles généraux)
32 . moteur triphasé à cage d'écureuil ; moteur triphasé à rotor bobiné 33 . moteur synchrone, alternateur
34 . diode 35 . thyristor 36 . disjoncteur débrochable à déclenchement magnétique
37. moteur shunté c .c. avec un enroulement de commutation ; génératrice à c .c . avec inducteur à aimant permanent
38 . relais magnétique possédant un contact N .O . et un contact N .F . 39 . lampe témoin

Symboles tirés de la publication «IEEE Standard and American National Standard Graphic Symbols
for Electrical and Electronics Diagramsv publiée par The Institute of Electrical and Electronics
Engineers, Inc ., New York, N .Y. 10017 . On utilise les mêmes symboles au Canada .

COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 717

Dans certaines installations, il arrive que le relais ther- lement spécial pour le circuit de commande, tout en
mique commande l'arrêt du moteur une ou deux fois réduisant le danger de choc électrique pour les opéra-
par semaine, sans cause apparente . Cette condition se teurs (voir les Fig . 40-19a et 40-19b) .
présente lorsque la température ambiante de l'air en-
La Fig . 40-20 illustre un démarreur à moyenne tension
tourant le démarreur est trop élevée. On peut remédier
pour le démarrage direct d'un moteur asynchrone de
à cette situation en changeant le démarreur de place ou
2500 hp, 4160 V, 3 phases, 60 Hz . Le compartiment
en remplaçant le relais par un autre d'un calibre supé-
rieur. Cependant, tout remplacement doit être fait avec
précaution pour maintenir une protection adéquate du
moteur. Il existe des relais thermiques qui sont com-
pensés pour les variations de la température ambiante .
La Fig . 40-18 montre un démarreur combiné, compre-
nant un sectionneur et le démarreur proprement dit.
Lorsque la tension d'alimentation dépasse 600 V, on
utilise un transformateur abaisseur de tension pour ali-
menter le circuit de commande . Par exemple, si la ten-
sion est de 4 kV, on utiliserait un petit transformateur
ayant un rapport de 4 kV/120 V ; on évite ainsi un iso-

(a)

arrêt marche
600 V

(b)

Figure 40-19
a . Démarreur magnétique combiné pour moteur triphasé de
75 kW, 600 V, 60 Hz . Le disjoncteur manuel est actionné par
le levier extérieur . Le contacteur est monté en bas à gauche .
Figure 40-18 Le petit transformateur visible en bas à droite abaisse la
Démarreur magnétique triphasé combiné pour puissance tension du circuit de commande de 600 V à 120 V. Un système
maximale de 110 kW, 600 V. Le levier sert à actionner le de verrouillage mécanique empêche l'ouverture du coffret si
disjoncteur; des boutons marche-arrêt sont encastrés dans le disjoncteur est fermé (gracieuseté de Square D) .
le couvercle en polycarbonate transparent (gracieuseté de b . Circuit de commande du démarreur utilisant un trans-
Klockner-Moeller) . formateur.

718 ÉLECTROTECHNIQUE

métallique renferme trois fusibles et un disjoncteur tri-


phasé à vide . Le disjoncteur peut démarrer 250 000
fois à pleine charge avant qu'un entretien soit recom-
mandé . La bobine de maintien tire un courant initial
de 21,7 A, qui tombe à 0,4 A en régime permanent .
Les temps de fermeture et d'ouverture des contacts
principaux sont respectivement de 65 ms et 130 ms .
La Fig . 40-21 montre un démarreur spécial pour mo-
teur à cage .

40.8 Marche par à-coups («jogging»)


On doit parfois faire avancer un moteur par petits coups
(«jogging») afin d'ajuster la position d'une pièce mé-
canique . On alimente alors le moteur pendant une frac-
tion de seconde, de sorte qu'il n'atteint jamais sa vi-
tesse nominale . Pour réaliser ce mode de commande,
on ajoute au circuit habituel un bouton-poussoir J à
contact double, comme l'indique la Fig . 40-22 . Cet ar-
rangement permet la commande marche-arrêt habi-
tuelle du moteur, tout en permettant le «jogging» . Figure 40-21
Démarreur spécial pour moteur à cage de 40 hp, 460 V, 60 Hz
Ce mode d'opération impose des conditions très dures
ayant une capacité de court-circuit de 42 kA, sous 460 V . Il
comprend des ajustements thermique et magnétique .
Dimensions hors-tout : hauteur: 243 mm ; largeur : 90 mm ;
profondeur: 179 mm (gracieuseté de Télémécanique, Groupe
Schneider) .

aux contacts de puissance, car ils doivent couper un


courant environ 6 fois plus intense que le courant no-
minal du moteur. On estime que chaque à-coup cor-
respond à 30 ouvertures normales, de sorte qu'un con-
tacteur pouvant normalement exécuter 3 millions
d'ouvertures peut seulement en réaliser 100 000 en
marche par à-coups . Il faut éviter une répétition trop
rapide du cycle d'ouverture/fermeture, car cela risque
de faire fondre la surface des contacts principaux ou
même de les souder ensemble . Mentionnons ici qu'un
contacteur possède une durée de vie mécanique cor-
respondant à une vingtaine de millions de cycles

/ /
O
Figure 40-20
Démarreur triphasé de 5 kV pour moteur asynchrone de o /
2500 hp . Pour fins de sécurité, les circuits à basse tension et
à moyenne tension sont totalement isolés l'un de l'autre . Le
boîtier a une hauteur de 2286 mm, une largeur de 610 mm et Figure 40-22
une profondeur de 813 mm . Le tout pèse 499 kg (gracieuseté Circuit de commande permettant le démarrage normal et le
de Square D, Groupe Schneider) . démarrage par à-coups .


COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 719

d'ouverture/fermeture alors que les contacts électriques soit impossible d'alimenter les bobines A et B en même
doivent être changés après 3 millions d'opérations nor- temps . Toutefois, il se peut qu'un défaut mécanique
males . empêche un des contacts (A ou B) de s'ouvrir lorsque
40 .9 Inversion du sens de rotation la bobine de maintien n'est plus alimentée . Dans ce
cas, on produirait un court-circuit franc sur la ligne .
Certains moteurs doivent fonctionner dans les deux sens
Pour éviter cela, on place entre les deux contacteurs
comme, par exemple, les moteurs d'ascenseur. On peut
un système de verrouillage mécanique à bascule les
inverser le sens de rotation en changeant la séquence
empêchant de se fermer en même temps .
des phases des trois lignes alimentant le moteur . Pour
ce faire, on utilise deux contacteurs magnétiques A et Le bouton-poussoir U muni d'un gros bouton rouge
B (Fig . 40-23a) et un commutateur manuel à trois po- sert à arrêter le moteur en cas d'urgence . Il est en effet
sitions (Fig . 40-23b) . beaucoup plus rapide pour un opérateur d'appuyer sur
le gros bouton (Fig . 40-23c) que de tourner le commu-
Lorsqu'on change le sens de rotation, on doit passer
tateur à sa position neutre .
par la position neutre (0) du commutateur de sorte qu'il

L1
O •o

L2
o- sectionneur • o

L3
0- • o

marche avant

marche arrière

Figure 40-23a
Schéma élémentaire d'un démarreur permettant deux sens de rotation .

Figure 40-23b
Commutateur à cames à 3 positions (gracieuseté de Figure 40-23c
Siemens) . Bouton d'arrêt d'urgence (gracieuseté de Square D) .


720 ÉLECTROTECHNIQUE

40 .10 Freinage par inversion 3 . Les contacts auxiliaires normalement fermés AX2 et
BX2 constituent un deuxième système de ver-
On a déjà vu à la section 34 .7 qu'on peut freiner un
moteur asynchrone rapidement en changeant le sens rouillage . C'est une autre mesure de sécurité : on ne
de rotation de son champ tournant, soit en permutant peut pas alimenter la bobine B lorsque A est ali-
deux fils de ligne . Au moment où le moteur commence mentée, et vice versa .
à tourner dans le sens inverse, un détecteur de sens de Il existe plusieurs types de détecteurs de rotation . La
rotation doit ouvrir le circuit de la source pour que la Fig . 40-25a montre un détecteur à induction qui fonc-
machine demeure immobile . Le circuit de la Fig . 40- tionne sur le principe du moteur asynchrone . Il est com-
24 montre les éléments requis pour réaliser ce freinage posé d'un rotor à aimant permanent N-S à l'intérieur
par inversion . d'un anneau en bronze pouvant pivoter entre deux
points de support . Lorsque le rotor tourne, l'aimant in-
1 . Les boutons-poussoirs A et B commandant respec-
duit un courant dans l'anneau, ce qui provoque son en-
tivement la marche et l'arrêt ont chacun un contact
traînement . L'anneau est muni d'un contact mobile L .
normalement ouvert (A X1 et B Xl ) et un contact nor-
de sorte que le mouvement horaire ou antihoraire du
malement fermé (A X2 et B XZ ) . Les deux contacts
rotor ferme les contacts F-L ou R-L (Fig . 40-24) .
normalement fermés constituent un système de ver-
rouillage électrique . Il assure que la fermeture La Fig . 40-25b montre un autre détecteur qui utilise la
du circuit alimentant la bobine A est précédée force centrifuge créée par la rotation .
par l'ouverture du circuit de la bobine B, et vice La Fig . 40-26 illustre une application des dispositifs
versa . de commande .
2 . Le contact F-L du détecteur de vitesse nulle est nor-
40 .11 Démarrage à tension réduite
malement ouvert, mais il se ferme dès que le mo-
teur tourne dans le bon sens . Cela prépare le circuit Plusieurs procédés industriels requièrent un démarrage
pour le freinage éventuel du moteur . lent afin d'atteindre graduellement le régime de fonc-

L1
O • c

L2
0___ sectionneur

L3

A B
marche arrêt x2
1 ,. o-
1ï ~2j 7 y8
Ax 1 détecteur de
vitesse nulle
1 Ax2
0 4 oL
5L 16 o o
Bx1 R F i
T
o- o
Figure 40-24
Schéma élémentaire d'un démarreur permettant le freinage par inversion .

COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 721

tionnement normal . C'est le cas des machines à papier en intercalant des résistances (ou des réactances) en
et des machines à textile, par exemple. série avec les fils de ligne, ou en utilisant un autotrans-
Dans d'autres cas, on ne peut pas brancher un moteur formateur . Dans ces cas, on doit se rappeler que :
directement sur la ligne, car le courant de démarrage 1 . le courant de démarrage est proportionnel à la ten-
risque de causer une chute de tension inacceptable, non sion aux bornes du moteur : si l'on réduit la tension
seulement pour l'usager, mais aussi pour les abonnés de moitié, le courant de démarrage diminue de moi-
raccordés sur le même réseau . tié ;
Dans ces circonstances, il faut limiter le couple de dé- 2 . le couple de démarrage est proportionnel au carré
marrage ou le courant de démarrage en réduisant la de la tension aux bornes du moteur : si l'on réduit la
tension aux bornes du moteur. Cette réduction se fait tension de moitié, le couple est réduit par quatre .

(a) (b)

Figure 40-25
Interrupteurs/détecteurs de vitesse nulle : (a) type à induction ; (b) type centrifuge (gracieuseté de Hubbel) .

Figure 40-26
Ce pont roulant à électro-aimants pouvant transporter des tôles de plusieurs tonnes est commandé par des petits boutons-
poussoirs et des commutateurs à cames (gracieuseté de Lacheroy, Chambre syndicale de la sidérurgie française) .

722 ÉLECTROTECHNIQUE

2 T2
sectionneur
B
3 T T3

40 .12 Démarrage par résistances


Le démarrage par résistances consiste à intercaler trois
résistances en série avec les trois phases du moteur
pendant la période de démarrage (Fig . 40-27a) . En ap-
puyant sur le bouton marche, le contacteur A ferme
d'abord et lorsque le moteur a atteint une vitesse pro-
che de la vitesse synchrone, un deuxième contacteur B
RT
court-circuite les trois résistances . Cette méthode per-
met un démarrage en douceur, car la chute de tension
0
dans les résistances, élevée au début (à cause du fort
courant), diminue à mesure que la vitesse augmente . Figure 40-27a
Par conséquent, la tension aux bornes du moteur croît Schéma élémentaire et circuit de commande illustrant le
avec sa vitesse, de sorte que le choc est réduit lors de démarrage par résistance .
l'application de la pleine tension (fermeture du con-
tacteur B) . Néanmoins, le glissement du moteur doit
être assez faible au moment de la fermeture, sinon le
choc peut être considérable . Habituellement, les résis-
tances sont court-circuitées automatiquement, après un
délai ajusté par un relais temporisé .
o
Le diagramme schématique (Fig . 40-27a) comprend
les éléments suivants : RT
RA
A, B - contacteurs principaux ; RA
RT - relais temporisé dont le contact RT ferme le
circuit de la bobine B après un délai .
RT
Dès qu'on appuie sur le bouton marche, les bobines A O
et RT sont alimentées, ce qui provoque la fermeture
des contacts principaux A et du contact auxiliaire A x. Figure 40-27b
Le contact RT ferme quelques secondes plus tard, ce Même circuit de commande avec relais auxiliaire RA .
qui provoque la fermeture du contacteur B .
Lorsque les contacteurs A et B sont très gros, les cou-
rants initiaux d'excitation des bobines risquent d'en- les courants d'excitation des bobines A et B alors que
dommager les contacts du bouton-poussoir marche . les contacts du bouton-poussoir servent seulement à
Dans ce cas, il est préférable d'ajouter un relais auxi- alimenter les bobines RA et RT . Le principe de fonc-
liaire dont les contacts sont plus robustes . Ainsi, dans tionnement du circuit ne présente aucune difficulté de
la Fig . 40-27b, le contact du relais auxiliaire RA porte compréhension .

COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 723

PÀR
300

m
â

li
200
ü

i 100

40
0
0 400 800 1200 16001800 r/min
vitesse

A 1
600

C
(0
7
0 400 2

i 200

0
0 400 800 1200 16001800
vitesse r/min
Figure 40-28 Figure 40-29
Démarreur triphasé à résistances insérées dans le primaire . Courbes du couple et du courant en fonction de la vitesse :
Capacité 37,5 kW, 600 V (gracieuseté de Siemens) . moteur triphasé, 100 kW, 575 V, 1765 r/min . Courbes (1) :
raccordement direct sur la ligne ; courbes (2) : avec résistances
insérées dans le primaire .

La Fig . 40-28 montre la construction d'un démarreur à Exemple 40-2


tension réduite . Un moteur asynchrone triphasé de 150 kW, 460 V,
La Fig . 40-29 montre les courbes (1) du couple et du 352t) r/min, (,U Hz a un courant de démarrage de
courant en fonction de la vitesse lorsqu'on applique la 1400 A et un couple de démarrage de 600 N •tn . Trois
pleine tension à un moteur triphasé de 100 kW, 575 V, résistances sont hranchécs en senne avec le stator afin
1765 r/min . Sur la même figure, on a tracé les courbes de réduire la tension à ses bornes ia 0 .65 p.ti . Calcu-
(2) correspondantes lorsqu'une résistance est interca- ler :
lée dans chacun des trois fils de ligne . La valeur de
La puissance apparente absorbée par le moteur
cette résistance est telle que la tension au moment du
s'il était branché directement sur le réseau, le
démarrage est réduite à 65 % de la tension nominale,
rotor étant bloqué
soit 374 V.
bj I .n puissance apparente tirée du réseau lorsque
Étant donné que cette réduction de tension diminue les résistances sont en circuit, le rotor étant blo-
le couple de démarrage à environ 40 % du couple de (tué
pleine tension, le moteur doit démarrer à vide ou avec
c) Le couple de démarrage développé par le nio-
une faible charge . Lorsque la vitesse atteint environ
teur
1700 r/min, les résistances sont court-circuitées. Le
couple et le courant suivent alors les courbes (1) .




724 ÉLECTROTECHNIQUE

SL = 725 kVA S m = 471 kVA

SL = 725 kVA Sm = 471 kVA P L = 575 kW P m = 165 kW


rotor rotor
0-
Q L = 441 kvar Q m = 441 kvar
bloqué bloqué
460 V résistances 299 V 460 V résistances 299 V
1 III
910 A 910 A 910 A 910 A

Figure 40-30 Figure 40-31


Voir exemple 40-2 . Voir exemple 40-3 .

Solution SL = 725 kVA


a) La puissance apparente absorbée par le moteur à La puissance active absorbée par le moteur est:
pleine tension est:
Pm = Sm cos 9 = 471 x 0,35 = 165 kW
S = EI ~_
3 = 460 x 1400 x ~_
3 = 1115 kVA
d'où la puissance réactive absorbée par le moteur :
b) À 0,65 p .u . la tension aux bornes du moteur est :
2 2
E = 0,65 x 460 V = 299 V Qm = Sm - Pm = ~ 471 2 - 1652 = 441 kvar
Le courant du moteur diminue proportionnellement Les éléments résistifs en série peuvent seulement ab-
avec la tension . Par conséquent,
sorber une puissance active du réseau . Il en résulte que
I = 0,65 x 1400 A = 910A la puissance réactive tirée du réseau doit être égale à
Dans ces conditions, la puissance apparente absorbée celle absorbée par le moteur :
par le moteur est: QL = 441 kvar

Sm = EI ~ 3 = 299 x 910 x ~_
3 = 471 kVA La puissance active tirée du réseau est :

La puissance tirée du réseau est : 2


PL = ~SL - QL = ~ 725 - 441 2 = 575 kW
SL = EI l3 = 460 x 910 x U = 725 kVA Par conséquent, la puissance active absorbée par les
trois éléments résistifs est :
c) Le couple varie avec le carré de la tension :
PR = PL - Pm = 575 - 165 = 410 kW
T = (0,65) 2 x 600 N •m = 254 N •m
La puissance active par élément est :
La Fig . 40-30 montre les tensions, les courants et les
puissances mises enjeu . P = PR -3 = 410=3 = 137 kW

Exemple 40-3 Puisque le courant dans chaque résistance est de 910 A


(voir exemple 40-2), la valeur de chacune est donnée
Dans l'exemple 40-2, le facteur de puissance du mo-
par :
teur à rotor bloqué est de 0 .35 . Calculer la résis-
tance et la puissance dégagée par les éléments P=RI2
résistifs connectés en série avec le moteur. 2
137 000 = R x 910
Solution
d'où R = 0,165 Q
Nous trouverons la solution à ce problème en utilisant
la méthode des puissances . Chaque élément doit donc avoir une résistance de
En se servant des résultats de l'exemple 40-2, la puis- 0,165 £2 et une capacité thermique à court terme de
sance apparente absorbée par le moteur est : 137 kW.
Cet exemple illustre de nouveau la simplicité de la
S m = 471 kVA
méthode des puissances . Les résultats sont résumés à
et la puissance apparente tirée du réseau est : la Fig . 40-31 .

COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 725

40 .13 Démarrage par autotransformateurs


Pour un couple donné, le démarrage par autotransfor-
mateurs tire moins de courant du réseau que le démar-
rage par résistances ; l'inconvénient est que les
autotransformateurs coûtent plus cher que les résistan-
ces .
Habituellement, les autotransformateurs possèdent des
prises à 80 %, 65 % et 50 % de la tension nominale .
Les couples de démarrage sont donc réduits respecti-
vement à 64 %, 42 % et 25 % du couple de démarrage
à pleine tension. Les courants correspondants tirés du
réseau sont également réduits à 64 %, 42 % et 25 % du
courant de démarrage à pleine tension .
La Fig . 40-32 montre un démarreur typique, et la Fig .
40-33 en donne le circuit simplifié. Il est composé de
deux autotransformateurs raccordés en triangle ouvert
(section 32 .5) et utilisant une prise à 65 % . Dans le
circuit de commande, un relais temporisé RT possède
trois contacts RT dont l'un se ferme instantanément
lorsque la bobine RT est alimentée . Les deux autres
contacts RT fonctionnent après un délai qui dépend de
l'ajustement du relais . Les contacteurs A et B sont
Figure 40-32
munis d'un système de verrouillage à bascule pour Démarreur avec autotransformateur pour moteur triphasé,
éviter qu'ils puissent se fermer en même temps . 100 kW, 600 V avec prises à 65 % (gracieuseté de Square D) .

L1
O

L2
O sectionneur

L3
O • •o

RT

/
RT A ~ verrouillage mécanique
à bascule

Figure 40-33
Diagramme schématique d'un démarreur par autotransformateur.



726 ÉLECTROTECHNIQUE

En appuyant sur le bouton marche, le contacteur A se


ferme et la tension réduite est appliquée aux bornes du
200
moteur. Quelques secondes plus tard, par l'action de
retardement du relais RT, le contacteur A s'ouvre et le
contacteur B se ferme . Au moment du transfert à la
pleine tension, le moteur est momentanément débran-
ché du réseau et, à l'instant où les contacts B se fer-
ment, l'appel transitoire de courant peut être aussi élevé
que le courant de démarrage à pleine tension . Ce phé- 0
0 400 800 1200 16001800
nomène transitoire abîme les contacts et produit un choc vitesse r/min
mécanique lors du transfert . Pour cette raison, on uti-
lise parfois un circuit plus élaboré qui évite de débran-
cher le moteur du réseau. A
600
On donne à la Fig . 40-34 les courbes (3) du couple et
du courant en fonction de la vitesse lors du démarrage
d'un moteur de 100 kW, 575V, 1765 r/min . Il s'agit du ___________ 2 (résistances)
même moteur utilisé pour illustrer le démarrage par ô 400
o
résistances . Pour fins de comparaison, nous avons re-
produit les courbes (2) du couple et du courant de dé- î 3
marrage obtenues pour le démarrage par résistances . 200
(autotransformateur)
On note que lors du démarrage les couples (2) et (3)
sont presque identiques . Cependant, passé environ 90 %
00
de la vitesse synchrone (1600 r/min), le démarrage par 400 800 1200 16001800
vitesse r/min
résistances donne un meilleur couple, car la tension
aux bornes du moteur est alors supérieure à la tension Figure 40-34
initiale (65 %) . Par contre, le courant tiré du réseau est Courbes du couple et du courant obtenus respectivement
avec trois résistances insérées dans le primaire (courbes 2)
toujours nettement plus faible avec le démarrage par
et un autotransformateur (courbes 3) . Dans chaque cas, la
autotransformateurs . tension aux bornes du moteur est limitée à 65 % de la pleine
tension .
Comme les autotransformateurs (et les résistances) ne
sont en circuit que pour une courte période, on les cons-
truit en utilisant un minimum de matériel afin de réali-
ser une économie d'espace et de coût . Solution
a) Lorsque le moteur fonctionne à une tension de
Exemple 40-4
0,65 p .u ., on a déjà vu que :
Un moteur asynchrone triphasé de 150 kW . 460 V,
3520 r/min possède un couple de démarrage de E = 299 V I =910A Sm = 471 kVA
600 N-m et un courant de démarrage de 1400 A b) La puissance apparente S L tirée du réseau est la même
(même moteur que dans l'exemple 40-2) . Lors du
que celle absorbée par le moteur parce que les puissan-
d émarrage, on utilise les prises de 65 4 sur deux
ces active et réactive absorbées par l'autotransformateur
autotransformateurs raccordés eu triangle ouvert . sont négligeables . Par conséquent :
Calculer :
SL =Sm =471kVA
a) la puissance apparente absorbée par le moteur
b) la puissance apparente tirée du réseau c) Le courant tiré du réseau est:
c) le courant tiré du réseau
SL 471 000
I= _
E13 460 x 1,73
= 592 A


COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 727

SL = 471 kVA Sm = 471 kVA I 1


-0 - rotor L1 o
bloqué
460 V 299 V I
0 2
L2 o
592 A 910 A
autotransformateur I 3
L3 o
Figure 40-35
Voir exemple 40-4 . I 4

Noter que ce courant est seulement 65 % de celui tiré


I 5
du réseau avec le démarreur à résistances . C'est le prin-
cipal avantage du démarrage par autotransformateur .
Les résultats sont résumés à la Fig . 40-35 . I 6

40 .14 Autres méthodes de démarrage Figure 40-36


Il existe plusieurs autres méthodes pour démarrer les Démarrage à enroulement partiel .
moteurs asynchrones . Quelques-unes demandent un
changement dans le raccordement des enroulements
du stator comme, par exemple, le démarrage à enroule- cées en série avec le rotor . Le nombre d'étapes dépend
ment partiel . de la grosseur du moteur et de la nature de la charge.
Le démarrage le plus doux s'obtient en remplaçant les
On utilise cette méthode pour démarrer les gros mo-
résistances par trois électrodes mobiles trempant dans
teurs dont le bobinage est constitué de deux enroule-
un bain d'eau salée .
ments triphasés identiques, raccordés en parallèle . Lors
du démarrage, on utilise un seul enroulement . Il en ré- Aujourd'hui, on utilise de plus en plus les démarreurs
sulte que l'impédance est plus élevée et le courant de à semi-conducteurs dans lesquels les contacts mobiles
démarrage plus petit que si les deux enroulements sont remplacés par des interrupteurs électroniques . Ils
étaient en service. Lorsque le moteur a atteint une cer- sont absolument silencieux et les contacts ne s'abîment
taine vitesse, le deuxième enroulement est branché en jamais . Ces démarreurs sont décrits au chapitre 44 .
parallèle, ce qui permet au moteur de développer sa 40 .15 Commutateurs à cames
pleine puissance .
Certains systèmes de commande requièrent la sur-
La Fig . 40-36 montre comment deux contacteurs assu- veillance constante d'un opérateur . C'est le cas, par
rent le démarrage à enroulement partiel . Les contacts exemple, des grues où un opérateur doit ajuster les vi-
A ferment en premier, alimentant l'enroulement 1, 2, tesses de montée et de descente ainsi que la hauteur de
3, puis les contacts B du deuxième contacteur alimen- la charge au niveau désiré. Ce genre d'opération s'ef-
tent l'enroulement 4, 5, 6 . fectue en utilisant des commutateurs à cames .
Il existe d'autres façons de réaliser le démarrage à en- Ils sont composés d'une poignée qu'on peut tourner à
roulement partiel ; parfois les enroulements sont con- différentes positions fixes, d'une série de cames de
çus spécialement pour favoriser un démarrage optimal . formes variées montées sur un arbre et d'une paire de
Le démarrage en étoile-triangle est une autre manière contacts associés à chaque came .
de démarrer un moteur. Dans ce cas, les 6 bornes de La Fig . 40-37a montre un commutateur à 3 positions
l'enroulement triphasé sont amenées à la boîte des con- identifiées arrêt, avant et arrière . À chaque position
nexions . Les enroulements sont connectés en étoile au de la poignée, certains contacts sont fermés et d'autres
démarrage et en triangle en marche normale . Cette sont ouverts . Cette information est donnée dans un ta-
méthode donne le même résultat qu'un démarrage par bleau, habituellement collé sur le boîtier du commuta-
autotransformateur sur une prise de 1/ 3 = 0,58 p .u . teur. Dans ce tableau, les X correspondent à un contact
Dans le cas des moteurs à rotor bobiné, on court-circuite fermé et les cases vides à un contact ouvert . À la posi-
en une ou deux étapes les résistances extérieures pla- tion avant, par exemple, on constate que les contacts
728 ÉLECTROTECHNIQUE

a rière avant

6
(a)

Figure 40-38
contact 1
Diagramme schématique d'un commutateur à cames

0 \
permettant la commande d'un moteur triphasé dans les deux
sens de rotation .
arrière/ avant

O au lecteur le soin d'analyser le cheminement des cou-


(b)
rants lorsque la poignée occupe chacune des trois po-
came montrée dans la position «arrêt» sitions possibles .
On fabrique des commutateurs pouvant porter quel-
contact ma che
ar et
marche ques centaines d'ampères, mais, pour les grandes puis-
avan a e e
sances, on préfère utiliser des contacteurs . Dans ce cas .
1 X le commutateur à cames commande seulement les bo-
2 X bines de maintien des contacteurs .
3 X
4 X 40.16 Systèmes d'entraînements spéciaux
5 X X Nous venons de voir les divers équipements utilisés
pour le démarrage et l'arrêt des moteurs asynchrones .
Figure 40-37 Ces systèmes d'entraînement fonctionnent à vitesse
État d'un commutateur à cames . constante et en boucle ouverte, en ce sens qu'on n'uti-
lise aucun système asservi pour commander la vitesse .
2, 4 et 5 sont fermés et que les contacts 1 et 3 sont Ces systèmes simples représentent la majorité des ins-
ouverts . Si le levier est tourné à la position arrêt, tous tallations motorisées, d'où leur importance.
les contacts sont ouverts . La Fig . 40-37b montre la Cependant, il existe des applications industrielles où
forme de la came qui commande l'ouverture et la fer- un moteur doit fonctionner à des vitesses et des cou-
meture du contact 1 . ples variables, parfois dans les deux sens de rotation .
On peut utiliser ces commutateurs pour commander Dans ces circonstances, on peut se référer aux sections
directement des moteurs asynchrones triphasés de pe- 28 .21 à 28 .23, chapitre 28, et aux sections 35.11 à 35 .20 .
tite puissance. Le diagramme schématique de la Fig . chapitre 35, qui décrivent les principes fondamentaux
40-38 indique la façon de raccorder un commutateur à des entraînements électriques . Nous recommandons au
cames pour obtenir un fonctionnement du moteur dans lecteur de relire ces sections, le cas échéant .
les deux sens . L'état des contacts (ouvert ou fermé) est Nous étudierons aux chapitres 43 et 44 les entraîne-
indiqué directement sur le schéma des connexions . Par ments électroniques des moteurs à courant continu et à
exemple, lors de la marche avant, les trois X indiquent courant alternatif.
que les contacts 2, 4, et 5 sont fermés . Enfin, enfin, on utilise fréquemment les automates pro-
La ligne triphasée et le moteur sont raccordés aux bor- grammables pour faciliter la commande de plusieurs
nes L et T appropriées et on remarque que quatre cava- moteurs qui doivent fonctionner ensemble sur une li-
liers 10, 11, 12, 13 sont requis pour effectuer les bon- gne de production . Leur principe de fonctionnement
nes connexions à l'intérieur du commutateur . On laisse est expliqué dans les sections qui suivent .

COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 725

AUTOMATES PROGRAMMABLES

40 .17 Introduction Aujourd'hui, grâce à l'évolution de l'électronique et


Dans toute la panoplie d'appareils utilisés pour com- de l'informatique, sa performance et ses capacités sont
mander les automatismes et les procédés de fabrica- impressionnantes . Tout en continuant à remplacer les
tion, l'automate programmable industriel (API)* oc- relais de commande, l'API peut maintenant effectuer
cupe une place très importante . des opérations mathématiques, contrôler et régulariser
La création du premier API remonte à la fin des années des procédés industriels (température, débit), com-
60 . L'industrie automobile en est la principale instiga- mander la vitesse et le positionnement des moteurs,
trice et la première utilisatrice . Jusqu'alors, la com- etc .
mande des automatismes industriels était réalisée à De plus, les API peuvent communiquer entre eux, ainsi
l'aide d'armoires de commande à relais . Les chan- qu'avec un ordinateur hôte . Ce dernier peut faire la
gements annuels de modèle de voiture impliquaient des collecte de données, modifier les paramètres d'opéra-
modifications fréquentes des chaînes de montage et de tion des API et même modifier leur programme .
leurs armoires de commande . Comme ces dernières On retrouve sur le marché des API pouvant recevoir
étaient complexes, leurs modifications étaient diffici- plus de 30 000 entrées et sorties . Ces API remplacent
les et comportaient un risque élevé d'erreur de bran- facilement plus de 10 000 relais de commande . Bien
chement. L'industie automobile a donc amené la créa- que ce ne soit pas une pratique courante, il serait donc
tion d'un appareil programmable capable de rempla- possible de commander le fonctionnement d'une usine
cer les armoires de commande . complète à l'aide d'un seul API .
Ce fut alors le début d'une grande aventure pour plu- Dans les sections qui suivent, nous expliquerons
sieurs compagnies . Les ordinateurs qui étaient princi- d'abord le principe de base d'un automate program-
palement utilisés pour faire de la comptabilité furent mable, en utilisant un modèle très simple. Ensuite, nous
modifiés afin de répondre aux exigences de la com- traiterons plus en détail de la composition et de la cons-
mande industrielle . truction d'un API .
Petit à petit, la technique s'améliora et gagna plus
d'adeptes . Il a fallu cependant attendre une bonne dé- 40 .19 Les éléments d'un système de
commande
cennie avant que le concept soit introduit de façon
systématique dans l'industrie . Lors de l'étude des circuits de commande au début de
ce chapitre, nous avons vu que quelques boutons-pous-
Aujourd'hui, l'API est le principal système de com-
soirs et contacts auxiliaires de faible puissance pou-
mande utilisé dans l'industrie . On dénombre environ
vaient actionner des gros contacteurs pour démarrer
45 fabricants qui ensemble offrent plus de 200 modè-
des moteurs . Les diagrammes schématiques des Fig .
les .
40-16, 40-24 et 40-27 se ressemblent . Ils contiennent
40 .18 Capacités des automates tous des boutons-poussoirs, des contacts auxiliaires et
programmables industriels des contacteurs . Si l'on fait exception du nombre de
Lors de sa création, les capacités de l'API se limitaient dispositifs utilisés, on constate que la différence fon-
au remplacement des relais de commande industriels . damentale entre les trois circuits de commande réside
Évidemment, il offrait déjà des avantages aux utilisa- dans la façon dont les différents dispositifs sont rac-
teurs . Il prenait moins de place que les armoires de cordés .
commandes conventionnelles et consommait moins Imaginons donc une «boîte noire» à l'intérieur de la-
d'énergie . Il était programmable et était muni d'indi- quelle on peut réaliser diverses liaisons entre, d'une
cateurs d'état, facilitant la vérification de son bon fonc- part, les dispositifs de commande (boutons-poussoirs,
tionnement et l'identification des problèmes . contacts auxiliaires) et d'autre part, les dispositifs com-
mandés (bobines de contacteurs, lampes témoins) . Cette
En anglais: PLC (programmable logic controller) . approche donne pour la Fig . 40-24 le montage illustré


730 ÉLECTROTECHNIQUE

dispositifs de dispositifs
bornes d'entrée bornes de sortie
commande commandés

A B

~ o-- ~ o-
-o1 o- -o o-
marche arrêt

J
boîte des connexions

L
o

R -o o- F

Figure 40-39
Dans un système de commande, les dispositifs de commande et les dispositifs commandés demeurent essentiellement
les mêmes . On modifie le système en changeant les connexions entre ces divers dispositifs .

à la Fig . 40-39 . Les dispositifs de commande sont rac- 4 . Une unité de programmation, dotée d'un affichage
cordés aux bornes d'entrée de la boîte des connexions . et d'un clavier pour programmer l'UCT . L'unité de
De même, les dispositifs commandés (bobines de main- programmation (ou console de programmation) per-
tien A et B) sont branchés aux bornes de sortie . met de choisir les différents types de relais et de
Supposons que la boîte de connexions soit un ordina- contacts que l'UCT doit simuler, ainsi que la façon
teur. Bien que ce dernier consomme très peu d'éner- de relier ces composants .
gie, il est capable de simuler les connexions requises, 5 . Un bloc d'alimentation qui fournit la puissance re-
de même que l'action des contacts et des bobines de quise par l'UCT, par l'unité de programmation et
relais . par les modules d'entrée et de sortie .
Cela ouvre des possibilités énormes car il devient alors
possible de créer des milliers de contacts et de bobi-
bl c
nes, dans la mesure où la mémoire de l'ordinateur est
d alimentation
suffisante . Le système de commande peut donc pren-
dre la forme montrée à la Fig . 40-40 . Le système com-
prend 5 parties : UCT
module unité module
dispositifs dispositifs
1 . Une unité centrale de traitement (UCT), soit un or- d'entrée d entrée centrale de
de sortie
dinateur pouvant simuler les contacts et les bobi- de sortie
traitement J
nes de relais requis, ainsi que les interconnexions .
2 . Un module d'entrée qui sert d'interface entre les dis-
positifs de commande et l'unité centrale de traite- unite de
ment. programmation
3 . Un module de sortie qui sert d'interface entre les
dispositifs commandés et l'unité centrale de traite- Figure 40-40
ment . Les cinq parties d'un automate programmable .

COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 731

L'ensemble de ces cinq parties constitue un automate Les numéros de référence des modules de sortie et d'en-
programmable . Lorsqu'il est affecté à un système de trée sont des «adresses» établies par le fabricant de
commande industrielle, on le nomme automate pro- l'API ; nous verrons bientôt leur utilité .
grammable industriel (abréviation API) . Afin d'illustrer les capacités et les fonctions de l'unité
Voyons maintenant la construction et le rôle des qua- centrale de traitement de notre exemple, nous pouvons
tre premiers éléments de ce système . Pour fins d'ex- supposer qu'elle contient un important «stock» de con-
plications, nous choisirons un API extrêmement sim- tacts et de bobines de relais . Ce stock de «pièces vir-
ple ne comprenant que 3 bornes d'entrée et 4 bornes tuelles» est conservé dans ce qu'on appelle la mémoire
de sortie (Fig . 40-41) . de l'UCT . Le modèle simple présenté à la Fig . 40-41
Le module d'entrée possède 3 bornes El, E2, E3 ainsi contient dans sa mémoire les composants suivants :
qu'une borne commune CE. Les dispositifs de com- (a) les bobines de relais associées aux 4 contacts du
mande (appelés dispositifs d'entrée) sont raccordés module de sortie. Ces bobines portent les mêmes
d'une part individuellement à une borne (El, E2 ou numéros 111, 112, 113 et 114 que les contacts qu'el-
E3), et d'autre part à une source d'alimentation à c.c . les actionnent . Comme il n'y a que 4 sorties, le nom-
de 24 V, elle-même reliée à la borne CE . Un rectangle, bre de ces bobines est limité à 4 .
identifié par un numéro de référence, est associé à cha-
(b) les bobines de relais internes . Ces bobines de
que borne . Par exemple, le numéro 102 est associé à la relais fonctionnent exclusivement à l'intérieur de
borne E2 .
l'UCT; elles ne figurent pas dans le module d'en-
Pour comprendre le fonctionnement de l'API il est utile trée ni dans le module de sortie .
d'assimiler chaque rectangle à une bobine de relais Nous supposons que le stock comprend 50 bobines
activée par le dispositif d'entrée qui lui est associé . Par de relais internes conventionnels, portant les numé-
exemple, dans notre modèle, la «bobine» 102 est nor- ros de référence 701 à 750 . En plus, la mémoire con-
malement activée, alors que les «bobines» 101 et 103 tient 10 bobines de relais temporisés, portant les
ne le sont pas . numéros 901 à 910. Les délais associés sont déter-
La Fig. 40-41 montre aussi le module de sortie . Il pos- minés lors de la programmation .
sède 4 bornes SI, S2, S3, S4 ainsi qu'une borne com- (c) un nombre presque illimité de contacts associés
mune CS . Deux bobines de contacteurs A, B et une à n'importe quelle bobine de relais mentionnée ci-
lampe témoin sont connectées entre trois de ces bor- dessus . Ces contacts portent le même numéro de
nes et une source à c .a . de 120 V. Les 4 bornes sont référence que la bobine de relais qui les actionne .
associées à 4 contacts normalement ouverts, portant Selon les exigences du système de commande, pour
chacun un numéro de référence . Ainsi, la borne S 1 est chaque bobine, on peut sortir de la mémoire autant
associée au contact 111, alors que la borne S4 est asso- de contacts que l'on désire.
ciée au contact 114 .

module module
d'entrée UNITÉ CENTRALE DE TRAITEMENT de sortie

E1 ( BOBINES DE RELAIS (-)


-o o o 1H CONTACTS
(i) pour relais de sortie (4) (i) pour relais de sortie
E2 (ii) pour relais internes (ii) pour relais internes
102F- conventionnels (50) conventionnels
(iii) pour relais internes (iii) pour relais internes

o
E3
1103H
temporisés (10) temporisés
(iv) pour relais d'entrée
<RT> (nombre illimité)
Hi i CE
-1 i- ou - 4~-
24 V

Figure 40-41
Lunité centrale de traitement contient dans sa mémoire un «stock» de fonctions telles que des bobines de relais,
contacts, compteurs, etc .



732 ÉLECTROTECHNIQUE

Afin «d'alimenter» les bobines de relais, l'unité cen- Remarquer que ces deux derniers composants n'exis-
trale de traitement simule aussi une source d'ali- tent pas vraiment . Ce sont plutôt des éléments virtuels
mentation, représentée par les deux traits verticaux (+) simulés par l'ordinateur. Lorsque la bobine 112 est
et (-) . «excitée», un relais réel est actionné pour fermer le
Nous présentons maintenant cinq exemples très sim- contact réel 112 . Par conséquent, la lampe réelle L2
ples illustrant le principe de fonctionnement de ce est alimentée par la source réelle de 120V .
modèle d'automate programmable . Exemple 2 (Fig . 40-43) . Le bouton-poussoir BPI doit
alimenter la lampe L2, mais cette fois la lampe doit
40 .20 Exemples d'utilisation d'un automate
s'éteindre lorsqu'on appuie sur le bouton .
programmable
Procédure :
Exemple 1 (Fig . 40-42) . Un bouton-poussoir BPI doit
allumer et éteindre une lampe témoin L2 . 1 . Le montage est identique à celui de l'exemple 1 sauf
que l'opérateur de la console de programmation
Procédure :
doit choisir un «contact» 101 qui est normalement
1 . Puisque BPI est branché sur la borne El, la «bo- fermé . Par conséquent, la «bobine» 112 est normale-
bine» 101 est alimentée lorsqu'on appuie sur le bou- ment alimentée, et le contact réel 112 est normalement
ton-poussoir. fermé .
2 . Comme la lampe L2 est branchée sur la borne S2, il Ce changement peut se faire en moins d'une minute
faut actionner le contact 112 pour la faire allumer. en manipulant quelques touches du clavier . Il suffit
3 . En vertu de (1), l'opérateur de la console de pro- d'effacer le contact NO et de programmer un contact
grammation doit choisir dans le stock de composants NF.
en mémoire un contact normalement ouvert (NO) por- Exemple 3 (Fig . 40-44) . Le bouton-poussoir doit ali-
tant le numéro 101 . De la même façon, en vertu de (2), menter trois lampes L1, L2, L3 de sorte que L1 et L2
il doit choisir la bobine de relais de sortie numéro 112 . s'allument et que L3 s'éteigne lorsqu'on appuie sur le
Cette programmation se fait à l'aide des touches ap- bouton .
propriées sur la console de programmation . Finalement, Procédure :
toujours à l'aide de la console, l'opérateur doit pro-
1 . Comme on doit alimenter 3 lampes branchées aux
grammer les connexions entre le contact 101, la bo-
sorties S1, S2, S3, l'opérateur de la console de pro-
bine 112 et les barres (+) (-) montrées à la Fig . 40-42 .
grammation doit sélectionner les trois bobines de re-
Lorsqu'on appuie sur le bouton BP1, la «bobine» 101 lais de sortie correspondantes, soient les bobines 111 .
est alimentée par la source externe de 24 V . Le «con- 112, 113 .
tact» 101 se ferme, ce qui alimente la «bobine» 112 .

module (+) module module


d'entrée -~ de sortie de sortie
101 112 112

E3
o 103H
UCT UCT

14I V CE

Figure 40-42 Figure 40-43


Le contact 101, la bobine de relais 112 et le raccordement Ce montage est semblable à celui de la Fig . 40-42 sauf qu'on
de ces deux composants sont programmés . Le rectangle 101 a programmé un contact NF au lieu d'un contact NO .
simule une bobine de relais .


COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 733

S1

9levi
-

Figure 40-44 Figure 40-45


En programmant des contacts et des bobines de relais Les dispositifs d'entrée et de sortie se comportent de la même
additionnels, on peut construire un système de commande manière qu'à la Fig . 40-44, mais le circuit est programmé de
plus complexe . façon différente . Dans ce cas-ci, on fait appel à un relais
interne (715) .

2 . La «bobine» d'entrée 101 doit donc posséder trois Procédure :


contacts 101, dont deux sont NO et un est NF . L'opé- l . Dans ce cas, l'opérateur doit ajouter un relais tem-
rateur doit programmer les connexions indiquées sur porisé pour allumer L1 . Le reste du montage demeure
le «circuit» entre les barres (+) (-) de la Fig . 40-44 . le même.
On constate que l'on peut ajouter des contacts, aug- 2 . L'opérateur sélectionne dans la mémoire de l'UCT
menter le nombre de relais et modifier les connexions, la bobine de relais portant le numéro de référence
en appuyant tout simplement sur quelques touches de RT907 . Il y ajoute le contact normalement ouvert por-
la console de programmation . On n'a jamais besoin de tant le numéro 907, et programme les connexions indi-
dénuder un fil ou de fixer un relais . Noter que les con- quées sur le circuit de la Fig . 40-46. Enfin, il programme
tacts 111, 112, 113 sont des composants réels, de même le délai requis de 5 secondes .
que la source de 120 V et les trois lampes .
Lorsqu'on appuie sur le bouton BP1, le «contact» 101
Exemple 4 (Fig . 40-45) . Le fonctionnement de BPI et se ferme, ce qui alimente la «bobine» du relais 715 .
des lampes doit être identique à celui de la Fig . 40-44, Aussitôt, les deux «contacts» 715 (NO) se ferment et
mais l'API doit faire appel à un relais interne (715) le contact 715 (NF) s'ouvre . Par conséquent, la lampe
pour alimenter les «bobines» des relais 111, 112 et 113 . L2 s'allume immédiatement alors que la lampe L3
Procédure:

1 . Parmi les 50 relais internes disponibles, l'opérateur


de la console choisit celui portant le numéro 715 . De
plus, il sélectionne trois contacts associés, dont deux
sont NO et un est NF. 715 RT907
2 . Ensuite, il programme les connexions indiquées sur -il (5 s
le circuit de la Fig . 40-45 . 907
Hl C 1 ~-
On constate de nouveau que ce changement de relais 715
-Ill -ii (1 '~--
et de contacts fait seulement intervenir l'ordinateur . Les
pièces tangibles demeurent inchangées . CE CS
24 V
715
\ 13 120 V
Exemple 5 (Fig . 40-46) . On désire le même mode de
Figure 40-46
fonctionnement que dans l'exemple 4, sauf que la lampe
Montage utilisant un relais temporisé interne . Le délai de ce
L1 doit s'allumer 5 secondes après la fermeture du relais est programmé, tout comme le reste du circuit compris
bouton-poussoir. entre les barres (+) (-) .

734 ÉLECTROTECHNIQUE

s'éteint . La «bobine» RT907 est alimentée mais son L'UCT exécute séquentiellement les tâches suivantes :
«contact» 907 se ferme seulement après 5 s . Donc, la
a) interrogation des modules d'entrée et mémorisation
lampe Ll s'allume après un délai de 5 s .
de l'état des dispositifs qui leur sont raccordés .
40 .21 Parties d'un automate programmable b) exécution du programme de l'utilisateur . Pendant
industriel ce travail, l' UCT décide, en fonction du programme et
Tous les API comportent (a) une unité centrale de trai- de l'état des entrées mémorisées, quelles sorties seront
tement (UCT) ; (b) une console ou unité de program- activées ou désactivées . Ses décisions sont inscrites au
mation ; (c) un module d'entrée et (d) un module de fur et à mesure de l'exécution du programme dans la
sortie (Fig . 40-40) . Dans les cinq exemples précédents, mémoire réservée à cette fin .
nous avons illustré le rôle de chacune de ces parties .
c) transmission des résultats mémorisés aux modules
Nous décrivons maintenant, dans les sections qui sui-
de sorties . C'est lors de cette étape que les modules de
vent, leur construction ainsi que leur mode de fonc-
sortie activent ou désactivent les dispositifs qui leur
tionnement.
sont raccordés .
40 .22 L'unité centrale de traitement Le cycle d'opération qui consiste à prendre la lecture
L'unité centrale de traitement est le cerveau de l'API . de l'état des entrées, exécuter le programme de l'utili-
C'est un circuit complexe, comprenant un ou plusieurs sateur et affecter les résultats aux modules de sortie .
microprocesseurs . Sans entrer dans les détails de sa s'appelle la scrutation* .
construction et de son opération, nous décrirons briè- Quand l'API est en marche, il exécute continuellement
vement sa mémoire et l'utilisation qu'il en fait . des scrutations . Le temps requis pour exécuter une
Il existe deux types de mémoire . Le premier est la scrutation complète varie en fonction de la rapidité de
mémoire non volatile, ce qui signifie que son contenu l'API et de la longueur du programme de l'utilisateur .
ne peut être ni effacé, ni modifié . Le second est la mé- En général, il est de l'ordre de quelques millisecondes .
moire volatile, ce qui signifie que son contenu est faci-
40 .23 Console de programmation
lement et rapidement modifiable .
La console de programmation sert, comme son nom
La mémoire non volatile contient toutes les instruc-
l'indique, à programmer l'API. Mais son rôle ne s'ar-
tions nécessaires à la gestion de l'API . Ces instruc-
rête pas là . Elle permet aussi de visualiser ou de modi-
tions sont utilisées pour interroger les modules d'en-
fier l'état des entrées et des sorties de l'API, ainsi que
trée et connaître l'état du procédé, transmettre les or-
la valeur de certains paramètres . Elle sert aussi d'outil
dres aux modules de sortie, interpréter et exécuter les
de vérification et de diagnostic pour l'API . Finalement.
instructions qui parviennent de la console de pro-
on l'utilise pour sauvegarder les programmes sur des
grammation, exécuter le programme de l'utilisateur,
supports magnétiques ou optique (disquette, CD), et
etc .
pour récupérer ces programmes à partir de ces mêmes
C'est dans cette mémoire que le fabricant installe la supports .
gamme de fonctions exécutables par l'API . En plus
Bien que la console de programmation joue plusieurs
des fonctions de type relais, comme la fonction bo-
rôles, sa présence n'est pas requise lors de l'opération
bine, la fonction contact, etc ., l'API offre une gamme
automatique de l'API . Il est donc possible de la dé-
d'au moins 30 autres fonctions . Citons, par exemple,
brancher et de la remiser.
les fonctions de comptage, de commutateur à cames et
de registres . En somme, la mémoire non volatile éta- La console de programmation est constituée d'un petit
blit tous les paramètres d'opération de l'API . Son con- boîtier muni d'un clavier et d'un affichage simples . Elle
tenu est défini par le fabricant et ne peut être ni effacé peut aussi prendre la forme d'un ordinateur avec écran
ni modifié par l'utilisateur . cathodique et clavier, auquel on a ajouté des touches
spéciales . Comme elle est utilisée dans l'industrie, elle
La mémoire volatile de l'API est divisée en plusieurs
est portative et robuste (Fig . 40-47, 40-48, 40-52) .
sections . Trois d'entre elles servent à mémoriser les
informations suivantes : (1) l'état des entrées, (2) l'état
des sorties et (3) le programme de l'utilisateur. * En anglais : «scanning» .
COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 735

CONSOLE DE
PROGRAMMATION

Figure 40-47 Figure 40-48


Cet automate programmable industriel a été adapté à des Console de programmation portative montrant les touches
fins didactiques . Lopérateur tient en main la console de de programmation . Le petit écran situé au-dessus du clavier
programmation qui interagit avec les deux parties de l'API permet de visualiser les contacts, les bobines de relais, les
montées sur le tableau vertical . La partie supérieure contient délais, etc ., au fur et à mesure de leur programmation en
l'unité centrale de traitement, le bloc d'alimentation et des affichant les numéros de référence associés à ces
modules d'entrée et de sortie . La partie inférieure est composants . La console sert aussi à vérifier l'état des
simplement une extension de la première, offrant des modules dispositifs d'entrée et de sortie . Par conséquent, elle constitue
E/S additionnels . Cet API dispose de 10 points d'entrée et un outil de programmation et de diagnostic (gracieuseté de
de 6 points de sortie (gracieuseté de Lab-Volt) . Lab-Volt) .

Les modules d'entrée/sortie magée si elle était exposée à des signaux excédant cette
40 .24
gamme de tension . Ainsi, tous les échanges entre l'UCT
Les modules d'entrée et les modules de sortie (dési- et le procédé commandé par l'API se font via les mo-
gnés par l'abréviation E/S) sont des interfaces entre le dules d'E/S .
procédé commandé et l' UCT.
Chaque module d'entrée et de sortie peut être raccordé
Cette fonction d'interface est primordiale . En effet, à plusieurs dispositifs . On parle alors de la densité ou
l'unité centrale de traitement n'accepte et ne génère du nombre de «points» d'entrée ou de sortie . Les mo-
que des signaux à basse tension (0 et 5 V c .c .) . Elle est dules d'E/S disponibles sur le marché ont 4, 8, 16 ou
aussi très sensible et pourrait facilement être endom- 32 points, ceux à 16 points étant les plus utilisés .

736 ÉLECTROTECHNIQUE

filtrage isolation isolation


conversion électrique électrique
/ \ -i / \
m
indication V vers M indication
d'état
l'UCT
de
l'UCT
C d'état

E
E E
filtrage isolation _ O isolation circuit de
Q
conversion électrique électrique - puissance

Figure 40-49 Figure 40-50


Composants du module d'entrée . Composants du module de sortie .

40 .25 Structure des modules d'entrée module est conçu, son impédance est généralement
Tous les modules d'entrée ont une architecture qui comprise entre 5 kQ2 et 12 kS2 . Le courant nécessaire
ressemble à celle montrée à la Fig . 40-49 . On y re- pour activer une entrée est d'environ 10 mA . Ce faible
trouve, outre le terminal de branchement, une section courant permet une économie sur la robustesse des dis-
de filtrage et de conversion, un indicateur d'état, une positifs d'entrée et sur le coût du câblage .
isolation électrique et une section de communication . Noter que l'utilisateur doit fournir l'alimentation des
Mise à part la section de communication, cette struc- dispositifs d'entrée . On utilise différentes tensions (soit
ture (filtrage-état-isolation) est reproduite autant de fois 24 V à 120 V c .a . ou 10 V à 100 V c .c .) . Les modules
que le module a de points d'entrée . d'entrée abaissent la tension de ces signaux à un ni-
Afin d'éviter les fausses activations de l'entrée, la sec- veau acceptable par l'UCT.
tion de filtrage et de conversion élimine les bruits,
40 .26 Structure des modules de sortie
comme ceux dus à la tension induite ou aux rebonds
de contacts . Elle abaisse la tension qui apparaît aux Tous les modules de sortie, quel que soit leur type, sont
bornes d'entrée et, au besoin, redresse les signaux à construits selon la même architecture (Fig . 40-50) . Les
courant alternatif. sous-ensembles constituant ces modules sont : la sec-
tion de communication, l'isolation électrique, l'indi-
L'indicateur d'état consiste en un témoin lumineux qui
cateur d'état et le circuit de puissance . Mise à part la
s'allume ou s'éteint en fonction du signal reçu à cha-
section de communication, la structure est reproduite
cune des bornes d'entrée. Il facilite grandement la vé-
autant de fois que le module a de points de sortie .
rification du bon fonctionnement des dispositifs d'en-
trée et de leur raccordement. La section de communication reçoit les ordres trans-
mis par l'UCT et les mémorise jusqu'à ce qu'elle en
L'isolation électrique protège l'UCT contre les bruits
reçoive d'autres . En effet, l'UCT n'est pas constam-
électriques, fréquents dans l'industrie . Dans la majo-
ment en communication avec chaque module . Elle com-
rité des cas, cette protection est assurée par des cou-
munique avec eux de façon séquentielle . Le temps
pleurs optiques où les signaux électriques sont rem-
écoulé entre deux scrutations successives avec le même
placés par des signaux lumineux . Ces signaux lumi-
module varie de 15 ms à 2 ms (60 à 500 communica-
neux ne sont pas affectés par les perturbations de
tions par seconde) .
champs électrique et magnétique . Les dispositifs de
couplage résistent à des pointes de tension de 1500 Les sections d'isolation électrique et d'indication d'état
volts . Tout en transmettant les signaux, ils isolent com- jouent des rôles semblables à celles des modules d'en-
plètement les circuits sensibles de l'API de ceux qui trée, soit : protéger les circuits sensibles de l'API con-
sont directement en contact avec les bornes d'entrée. tre les pointes de tension induites, et afficher à l'aide
d'un témoin lumineux l'état de la sortie afin d'aider à
La section de communication quant à elle regroupe tous
la vérification du bon fonctionnement de cette dernière .
les états de chacun des circuits d'entrée du module et
les transmet à l'UCT . Finalement, le circuit de puissance amplifie le signal
venant de l'UCT afin de pouvoir commander
Une caractéristique importante des modules d'entrée
est leur impédance . Selon la tension pour laquelle le adéquatement le dispositif de sortie qui lui est raccordé-

COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 737

Comme on l'a vu, chaque point de sortie agit comme 40 .27 Modularité des automates
un interrupteur. Il applique ou enlève la tension au dis- programmables industriels
positif qui lui est raccordé . Une caractéristique importante de l'API est sa modu-
Remarquer que l'utilisateur doit fournir l'alimentation larité . Ainsi, l'UCT, les modules d'entrée et ceux de
pour actionner les dispositifs commandés . sortie sont montés dans des boîtiers individuels (Fig .
40-51) .
Bien que les modules de sortie soient destinés à com-
mander des dispositifs industriels, leur capacité est li- La modularité confère à l'API un avantage indéniable
mitée . La majorité d'entre eux supportent un courant sur les systèmes de commandes à relais . Si, lors d'une
maximum allant de 0,5 A à 2 A par point de sortie . Si panne, on soupçonne qu'un module est défectueux, il
un dispositif nécessite un courant supérieur à la capa- suffit de le remplacer par un module identique et de
cité des modules, on utilisera un relais intermédiaire réalimenter l'API . Si tout rentre dans l'ordre, le pro-
(voir le relais B à la Fig . 40-53) . Il est aussi recom- blème est résolu .
mandé d'installer des fusibles, afin de protéger les équi- Le seul module qui implique une opération supplémen-
pements contre la surintensité d'un courant acciden- taire lors de son remplacement est celui qui contient la
telle . mémoire de l'API . Il faut alors récupérer le programme,
Les pointes de tensions accélèrent l'usure des modu- préalablement sauvegardé, à l'aide de la console de
les de sortie, et peuvent provoquer leur bris . Afin d'évi- programmation . Cette opération équivaut à changer
ter ces ennuis, il est recommandé d'installer des filtres toute une armoire de commande à relais . Pourtant, elle
atténuateurs ou des écrêteurs lorsque le dispositif de se fait en quelques minutes .
sortie génère des surtensions transitoires .

Figure 40-51
Automate programmable modulaire comportant 5 modules muni de 4 commutateurs sert à communiquer avec un
d'E/S . En plus de simuler des circuits de relais, il permet la ordinateur central qui gère le procédé industriel . Cet API est
commande des systèmes asservis . LUCT est contenue dans programmable en plusieurs langages dont le diagramme en
la partie de droite portant la marque de commerce . Le module échelle et le Grafcet (gracieuseté d'Omron Canada Inc.) .

738 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 40-52
Photo montrant divers modèles d'automates et de consoles de programmation . En progressant dans le sens horaire à partir
de 11 heures on remarque :
1) Terminal universel pouvant fonctionner en langage à diagramme en échelle, en littéral et en Grafcet, totalement mixables :
2) Automate modulaire à 2048 E/S tout ou rien . Les E/S son reliées par fibre optique ou connexion électrique ;
3) Terminal d'exploitation pour la lecture, la modulation et le diagnostic des variables autorisées des automates programmables ;
4) Terminal de réglage : terminal de poche pour la lecture et la modification des variables autorisées ;
5) Automate modulaire à 2048 E/S tout ou rien, plus des coupleurs permettant le comptage, le positionnement et le traitement
de signaux analogiques (gracieuseté de Télémécanique Canada Ltée) .

Un autre avantage de la modularité de l'API est sa ca- 3000 mètres) . Chaque îlot est alors équipé d'un bloc
pacité de s'adapter aux besoins de l'utilisateur . Ainsi, d'alimentation et d'un module de communication . Un
il est possible d'ajouter des modules d'E/S au fur et à câble, torsadé, coaxial, ou en fibres optiques relie les
mesure que les besoins le justifient . Seule la capacité îlots à l' UCT.
de l'API limite le nombre maximum de modules
40 .29 Circuits conventionnels et circuits
d'E/S utilisables .
d'automate programmable
40 .28 Les entrées et sorties à distance Il est maintenant clair que l'on peut utiliser un auto-
Nous venons de voir que l'utilisateur peut configurer mate programmable à la place d'un circuit de com-
l'API selon ses besoins . La modularité des API permet mande conventionnel . On doit alors se rappeler que
aussi de placer les modules d'E/S dans des enceintes chaque entrée de l'API se comporte comme une bo-
séparées de celles contenant l'UCT . On parle alors bine de relais dont les contacts sont simulés par le pro-
d' E/S à distance. gramme.
Les modules d'E/S sont alors regroupés en îlots . Ces Exemple 6 . La Fig . 40-53 représente l'application d'un
îlots peuvent être placés assez loin de l'UCT (jusqu'à automate programmable à la commande marche/arrêt

COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 739

1
module
de sortie

102 101 111


0
IHHI

102 -1 H

103

103 112

11

Figure 40-53
Emploi d'un automate programmable pour réaliser la commande du démarreur magnétique illustré à la Fig . 40-16b .

d'un moteur. La version conventionnelle de ce démar- Comme on peut le constater, des économies sont réali-
reur magnétique est montrée à la Fig . 40-16b . sées dans les dispositifs d'entrée et de sortie : les bou-
Remarquer que le contact d'arrêt (102) est programmé tons-poussoirs marche et arrêt n'ont qu'un seul con-
NO . En effet, comme le bouton-poussoir branché sur tact ; de même, les contacteurs A et B n'ont qu'un con-
l'entrée 102 est NF, l'entrée 102 est activée, ce qui tact auxiliaire.
entraîne la fermeture du contact NO 102 .
40.30 Règle de sécurité
Noter aussi que nous avons dû ajouter un relais auxi- L'utilisation d'un API permet d'inverser l'action des
liaire B . Les contacts de ce relais sont suffisamment contacts branchés au module d'entrée : un contact réel
robustes pour porter le courant d'excitation de la bo- NO branché sur une entrée d'API peut être programmé
bine du contacteur A . en contact NF dans le programme de l'utilisateur (voir
Exemple 7 . Nous réalisons le circuit de commande de exemples 1 et 2, section 40 .20) . Cette liberté offerte à
la Fig . 40-24 à l'aide d'un automate programmable . l'utilisateur doit s'exercer avec prudence, surtout en
Le montage est représenté à la Fig . 40-54 . ce qui a trait au choix du type de contact (NO ou NF)
des dispositifs d'entrée . On doit toujours respecter la
Seuls les contacts NO du bouton-poussoir marche et
règle de sécurité suivante :
les contacts NF du bouton-poussoir arrêt sont bran-
chés sur les entrées de l'API. Le verrouillage mécani-
Tout contact associé à un dispositif servant à ini-
que de sécurité des boutons marche et arrêt de la Fig . tier une action doit être de type NO ; inversement,
40-24 est maintenant assuré par les contacts NO 102 tout contact associé à un dispositif servant à ar-
de l'échelon 1 et NF 101 de l'échelon 3 . rêter une action doit être de type NF.
Seuls les contacts NO (AX , et B x1 ) des contacteurs A
et B sont branchés respectivement sur les entrées 103 Si cette règle de sécurité n'est pas respectée, un bris
et 104 de l'API . Les contacts NC (A X2 et B X2) ne sont dans les câbles reliant les dispositifs d'entrée à l'API
plus nécessaires . Les contacts NO 103 et NO 104 des pourrait entraîner le démarrage d'actions indues, ou
échelons 2 et 4 servent au verrouillage . Les contacts l'impossibilité d'arrêter les actions en cours .
NF 104 et NF 103 des échelons 1 et 3 constituent un
40 .31 La programmation
système de verrouillage de sécurité .
Programmer un API, c'est écrire dans sa mémoire la
Comme mesure de sécurité additionnelle, les contacts description du travail qu'il aura à accomplir .
NF 112 et NF 111 des échelons 1 et 3 ont été program-
més . Ceci permet d'éviter le danger potentiel que re- Dès sa création, une attention particulière a été portée
présente un bris dans le raccordement des contacts Ax i à la méthode de programmation . Le devis technique
et Bxi .



740 ÉLECTROTECHNIQUE

stipulait que le système devait être facilement et rapi- Fig . 40-54 montre un tel diagramme . De chaque côté
dement programmable et reprogrammable chez l'uti- de l'UCT, on note la présence de deux traits verticaux
lisateur. L'API a donc été conçu avec le souci d'en faire représentant l'alimentation (borne «vivante» et neutre
un outil simple à utiliser . Ainsi, aucune formation en ou borne positive et commun) . Entre ces deux traits,
informatique n'est requise pour programmer un API . sont dessinés les circuits électriques qui activent les
bobines des relais de commande ou des démarreurs .
40.32 Les langages de programmation
Chacun des circuits représente un échelon, d'où l'ex-
Le terme langage de programmation désigne l'ensem- pression «diagramme en échelle» .
ble des symboles utilisés, et la façon dont ils doivent
La programmation par diagramme en échelle consiste
être agencés afin de programmer l'API . Parmi les lan-
à dessiner à l'écran de la console de programmation le
gages utilisés, les trois principaux sont : (1) le dia-
circuit de commande désiré . Pour ce faire, on déplace
gramme en échelle, (2) le langage booléen et (3) le
le curseur à l'endroit voulu et on appuie sur une touche
Grafcet. Chacun d'eux comporte des avantages et des
de sélection de fonction pour faire apparaître, à l'en-
inconvénients, que nous tenterons d'illustrer dans la
droit indiqué, un contact NO ou NF, une bobine de
section qui suit .
relais interne ou de sortie, etc . Une fois la fonction
40.33 Le diagramme en échelle choisie, il suffit de taper son numéro de référence . Puis
Parmi tous les langages de programmation, le dia- on répète les mêmes opérations pour le reste du circuit
gramme en échelle est le plus facile . C'est d'ailleurs le de commande .
langage que nous avons utilisé tout au long de cet ex- La majorité des API utilisant le diagramme en échelle
posé . comme langage de programmation peuvent être reliés
Son nom vient d'une méthode de représentation gra- à une imprimante. On peut ainsi imprimer le diagramme
phique utilisée pour décrire les circuits à relais des ar- en échelle, ce qui s'avère un outil pratique de vérifica-
moires de commande . Ces derniers sont souvent pré- tion du programme .
sentés sous la forme d'un diagramme en échelle . La

module module
unité centrale de traitement
marche d'entrée de sortie

-1 E1 (+) (-)
-o o o 10
arrêt 2
E2

Ax1 E3
---j 103
Bxl
E4
---l Î o [104--

E5
o 105 L- 4
R F

--III 0
CE
24 V

Figure 40-54
Emploi d'un automate programmable pour réaliser le système de commande de démarrage et de freinage par inversion
illustré à la Fig . 40-24 .

COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 741

40 .34 Le langage booléen De plus, l'API consomme beaucoup moins d'énergie,


Le nom de ce langage de programmation vient du fait et son fonctionnement est silencieux .
qu'il s'inspire de l'algèbre de Boole . Cette algèbre est L'API est beaucoup plus fiable que l'armoire de com-
un outil mathématique utilisé pour résoudre des pro- mande à relais . L'absence de pièces mobiles à l'inté-
blèmes de logique . Il fut inventé au milieu du 19e siè- rieur de l'API est un facteur important expliquant cette
cle, par le mathématicien britannique George Boole . fiabilité . Les relais de l'armoire de commande com-
Un inconvénient du langage booléen et des consoles portent plusieurs pièces en mouvement qui finissent
de programmation qui l'utilisent est la difficulté de lec- par s'user. Les contacts des relais peuvent s'oxyder ou
ture . Il est facile d'écrire un programme en langage se souder, provoquant ainsi des commandes erronées .
booléen à partir d'un diagramme en échelle. Par con- De plus, la fermeture et l'ouverture des contacts des
tre, il est assez pénible de relire un programme en lan- relais, bien que rapides, nécessitent un certain temps .
gage booléen et de reconstituer le diagramme en échelle Il n'est pas sûr que ce temps reste le même d'un relais
équivalent . à l'autre, surtout lorsque ces derniers sont usés . Dans
certaines applications où la séquence de fermeture des
40 .35 Le Grafcet
contacts est importante pour la bonne marche du pro-
Le mot GRAFCET est l'acronyme de l'expression: cédé, ceci peut causer des erreurs de séquence . Comme
GRAphe de Commande Étape-Transition* . Il repré- ces erreurs sont aléatoires, elles sont très difficiles à
sente le fruit des recherches visant à créer une méthode diagnostiquer. Étant donné son mode de fonctionne-
d'étude rigoureuse des automatismes, et facilement ment, l'API élimine ce problème .
applicable dans l'industrie . C'est un outil très efficace
Toute armoire de commande à relais est assemblée à la
de diagnostic des programmes de l'API et de tout
main . Des centaines, et même des milliers de fils doi-
l'automatisme .
vent être branchés entre les contacts et les bobines de
40 .36 Avantages et inconvénients des relais, ce qui implique un très grand risque d'erreur .
automates programmables Ces erreurs sont très difficiles à repérer . Lorsqu'on uti-
Les raisons qui expliquent la popularité croissante des lise un API, il suffit essentiellement de «dessiner» le
API sont nombreuses . Nous indiquons ici les principa- diagramme en échelle, tel que conçu . Là encore, s'il se
les . glisse une erreur, la console de programmation dispose
de fonctions utilitaires permettant de la retracer et de
L'API est flexible . Comme il est programmable, la
la corriger rapidement .
modification de sa tâche est facile . Par contre, avec les
systèmes de commande à relais réels, toute modifica- Finalement, le coût d'achat et d'installation d'un API
tion implique l'ajout ou le retrait de relais et la modifi- est inférieur à celui d'une armoire de commande à re-
cation des raccordements . Cette opération comporte un lais, dès que l'API remplace une trentaine de relais de
risque élevé d'erreurs de branchement . commande . Cette économie croît évidemment avec
l'ampleur du système.
La flexibilité de l'API est telle que lorsqu'un procédé
Parmi les inconvénients de l'utilisation des API, citons
n'est plus requis, on peut le démonter et le réinstaller
que leur mode de fonctionnement entraîne parfois des
pour commander un autre procédé complètement dif-
problèmes du type aléas de séquence . Ainsi, il se peut
férent. Ceci serait impossible avec une armoire de com-
que l'ordre dans lequel on écrit le programme influence
mande à relais .
le comportement de la commande .
L'API est beaucoup moins encombrant que l'armoire
Finalement, mentionnons que, d'une marque d'API à
de commande à relais qu'il remplace . Par exemple, une l'autre, une même fonction n'a pas nécessairement le
unité centrale de traitement d'environ 0,1 mètre cube même effet, ou ne produit pas exactement les mêmes
remplace des centaines de relais de commande et tout
résultats . Cet inconvénient vient du fait que les fabri-
le câblage qui relie leurs contacts . cants n'ont pas encore établi de standards communs .
Ainsi, chaque fois que l'on change de marque d'API,

En anglais: Sequential Function Chart (SFC)



742 ÉLECTROTECHNIQUE

il est important de consulter le manuel de programma- commande très sophistiqués . Durant la période de tran-
tion, afin de s'assurer du comportement des différen- sition, il a fallu intégrer la nouvelle technologie avec
tes fonctions . Ces différences ne sont pas énormes, mais l'ancienne, car il était impensable de modifier d'un seul
elles impliquent parfois de légères modifications dans coup toutes les anciennes procédures .
le circuit de commande programmé .
Le processus d'arrimage consiste à décharger d'un ba-
teau un produit en vrac comme du sel, du charbon ou
MODERNISATION D'UNE INDUSTRIE
un minerai comme de l'alumine . L'alumine (A12 0 3 )
GRÂCE AUX API
est une poudre blanche et légère qui sert à fabriquer de
Depuis l'introduction des automates programmables l'aluminium au moyen d'un procédé électrolytique .
industriels (API), les industries manufacturières et de Lorsqu'un bateau chargé d'alumine arrive au port, le
service ont subi d'énormes transformations . Comment produit doit être transbordé jusqu'à des wagons, en vue
cette transition de l'ancienne technologie vers la nou- de l'envoyer par train jusqu'aux usines de fabrication
velle a-t-elle pu s'effectuer? d'aluminium. Lors de l'opération d'arrimage, on doit
donc aspirer la poudre d'alumine du bateau, la trans-
Pour répondre à cette question, nous prendrons l'exem- porter par convoyeur et la souffler dans des wagons
ple d'une grande entreprise portuaire d'arrimage qui a cylindriques . L'alumine étant extraite des cales à un
changé le mode de transbordement de l'un de ses pro- rythme d'environ 700 tonnes à l'heure, chaque wagon
duits en installant de l'équipement et un système de se remplit en moins de 10 minutes .

Figure 40-55
Cette photo montre une des connexions entre deux convoyeurs utilisés pour charger et décharger les navires dans le port de
Québec . La longueur totale de ces deux convoyeurs est de plus d'un kilomètre (gracieuseté de la Compagnie dArrimage de
Québec Ltée) .

COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 743

40 .37 Planification du changement comment la main-d'oeuvre allait réagir face à cette


Lorsque l'entreprise a décidé de moderniser le procédé nouvelle technologie .
d'arrimage de l'alumine, un petit groupe d'experts a Une fois l'étude terminée, l'entreprise a commencé la
été mis sur pied afin de déterminer les méthodes à uti- transformation graduelle du procédé d'arrimage . Il a
liser et comment automatiser le processus . Il a fallu ainsi fallu installer de nouveaux équipements entraî-
plus d'un an pour compléter cette étude d'envergure . nés par des centaines de moteurs dont les puissances
Avant de produire son rapport, le groupe d'experts a pouvaient varier entre une fraction de hp et 1500 hp .
dû, entre autres, obtenir l'avis de bureaux d'ingénieurs- De plus, il fallait coordonner le fonctionnement nor-
conseils, visiter des ports où le procédé d'arrimage avait mal de tous ces moteurs à partir d'un poste de com-
déjà été automatisé, calculer les coûts et déterminer mande central . Comme ces moteurs se trouvaient sou-

Figure 40-56
Des moteurs triphasés de 500 hp, 4160 V, 3600 r/min actionnent les pompes qui siphonnent la poudre d'alumine des bateaux
et la soufflent vers les wagons . La photo montre :
(1) une valve pneumatique, (2) un détecteur de température des enroulements du moteur et (3) un détecteur de vibrations
(gracieuseté de la Compagnie d'Arrimage de Québec Ltée)

744 ÉLECTROTECHNIQUE

vent à des centaines de mètres les uns des autres, la 40 .38 Le personnel apprend à maîtriser
communication de leur état représentait déjà un pre- les API
mier défi . Ainsi, il fallait en tout temps communiquer Comment a-t-on fait pour installer les nouveaux équi-
la vitesse, le courant absorbé, le déséquilibre des pha- pements et qui s'en est chargé? Soulignons tout d'abord
ses, la température des paliers, la température des en- que les techniciens se sont adaptés rapidement à la nou-
roulements, la vibration, etc . Si, par exemple, un des velle technologie . Les communications verbales avec
moteurs de 500 hp commençait à vibrer, ce système de les représentants des firmes fournissant les API et les
surveillance devait permettre de corriger la situation dispositifs à fibre optique ont permis aux techniciens
rapidement afin d'éviter d'endommager les paliers ou plus âgés de comprendre le langage de l'Internet, de
les structures . l'Ethernet, et autres protocoles de communication . En
De plus, il fallait en tout temps maintenir au niveau parallèle avec la modernisation graduelle de l'équipe-
désiré le débit de poudre d'alumine passant dans des ment et des systèmes de commande, on a donc assisté
tuyaux de 0,5 m de diamètre . Ce débit est contrôlé par à une transformation semblable au niveau humain . Les
des valves actionnées par des servo-moteurs et utili- connaissances acquises depuis des années se sont gra-
sant un système de commande de position . duellement enrichies au contact des nouvelles techno-
logies .
De toute évidence, l'automatisation d'un tel procédé
industriel ne pouvait se réaliser qu'avec des ordina- La plupart des ouvriers étaient heureux d'apprendre
teurs . Mais, durant la transition, il fallait bien que l'équi- ces nouveaux concepts, mais certains craignaient de
pement ancien continue à fonctionner comme aupara- ne pas pouvoir comprendre la nouvelle technologie .
vant, y compris les relais traditionnels, le câblage, les Cependant, le temps et le contact journalier avec les
interrupteurs de fin de course, les boutons-poussoirs, nouveaux équipements sont vite venus à bout de ces
etc . Il a donc fallu marier temporairement la nouvelle réticences . Au fur et à mesure que la transition se pour-
technologie et l'ancienne . Les ordinateurs devaient suivait, le langage devenait plus familier et les tâches
commander une nouvelle section alors que les opéra- plus routinières . Les ordinateurs se montraient moins
teurs humains continuaient à faire fonctionner une sec- menaçants lorsque le technicien aux cheveux gris réa-
tion ancienne. De plus, il a fallu intégrer l'ancien câ- lisait qu'il faisait maintenant partie d'une équipe "high-
blage avec le nouveau en utilisant des câbles coaxiaux tech" . Il savait maintenant comment utiliser le clavier,
et des liens à fibres optiques . Il a donc fallu installer comment interpréter les informations affichées à
des dispositifs spéciaux agissant comme interfaces l'écran, quoi faire lorsqu'une alarme se mettait à son-
entre ces différents systèmes de communication . ner, et comment transmettre ces informations à ses
collègues (Fig . 40-57) .
Qui plus est, tous ces changements devaient se faire
Par ailleurs, les jeunes techniciens qui venaient d'être
non pas dans un laboratoire, mais sur un chantier où
embauchés ont eu l'avantage de travailler avec des col-
des grues géantes et des moteurs puissants risquaient
lègues cumulant de nombreuses années d'expérience
de provoquer des dégâts importants à la moindre er-
dans un autre domaine . Les échanges techniques ont
reur. Durant la transition, il ne fallait donc pas négliger
favorisé le renforcement des liens de camaraderie en-
la fiabilité du fonctionnement de l'équipement ni la
tre anciens et nouveaux .
sécurité du personnel .
Autre point à prendre en considération : l'impact de 40 .39 Liaisons entre les API
cette nouvelle technologie sur l'emploi et les habitu- L' entreprise d'arrimage est contrôlée par une quinzaine
des de travail des ouvriers . En effet, la modernisation d'automates programmables . Quelques API sont inter-
et l'automatisation du processus d'arrimage rendaient connectés par un réseau de communication afin de coor-
plusieurs tâches caduques . Pour maintenir de bonnes donner les opérations . D'autres API commandent des
relations de travail, il a donc fallu remplacer les tâches tâches isolées qui n'exigent pas une intégration avec le
devenues désuètes par des travaux plus intéressants et reste du système . Cependant, on étudie actuellement
moins routiniers . La migration vers la nouvelle tech- la possibilité de centraliser tous les API, le but étant de
nologie a donc dû se faire à un rythme compatible avec contrôler l'appel de puissance électrique maximale
le maintien des bonnes relations de travail . exigée par l'entreprise . En effet, le coût de l'énergie
COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 745

Figure 40-57
Centre de commande et de surveillance des produits en vrac . l'affichage de l'état des API sont centralisés à cet endroit (gra-
Les réseaux de communication, le contrôle des caméras et cieuseté de la Compagnie d Arrimage de Québec Ltée) .

électrique consommée peut être réduit de façon signi- travaillé en collaboration avec les représentants des fa-
ficative en évitant que les gros moteurs fonctionnent bricants d'API . Les API ont été programmés en utili-
en même temps . En échelonnant la mise en marche de sant des langages comme le GRAFCET, et plus récem-
ces moteurs, on peut ainsi réduire le coût mensuel de ment les schémas blocs ou «Function Block Diagrams»
l'électricité de plusieurs milliers de dollars . (FBD) . Pour un programmeur expérimenté, l'utilisa-
L'entreprise d'arrimage couvre un territoire de plus de tion des schémas blocs est souvent plus efficace que le
50 hectares . L'utilisation de caméras de surveillance diagramme en échelle.
joue donc un rôle important pour assurer la sécurité du Lors de la conception d'une nouvelle méthode de com-
personnel et de l'équipement . mande (disons, d'une grue), le programmeur doit si-
muler le fonctionnement de la grue afin de déceler des
40 .40 Programmation des API
failles éventuelles dans son programme . Cette phase
Naturellement, il a fallu implanter la commande du préliminaire de simulation est très importante car elle
procédé industriel sur ordinateur . On a donc embau- permet au programmeur de vérifier la sécurité et la fia-
ché des spécialistes pour programmer les techniques bilité du système . Enfin, lorsque le programme est mis
de commande et les incorporer dans la mémoire des à l'épreuve pour la première fois, une équipe techni-
automates programmables . Cette tâche a été confiée à que surveille de près le déroulement du procédé afin
de nouveaux diplômés des écoles techniques qui ont
746 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 40-58 Figure 40-59


Ce panneau de commande des moteurs triphasés à 600 V Ce démarreur triphasé comprend un disjoncteur et un con-
est équipé de dispositifs Powerlogic®, qui permettent d'ob- tacteur. Il contient en plus un système de protection contre
server la tension, le courant, les puissances active et réac- les surcharges mécaniques, l'échauffement excessif des
tive, les formes d'ondes, etc . La technologie Powerlogic, per- enroulements, le déséquilibre des tensions et des courants .
met en outre la communication avec Internet (gracieuseté Il permet de surveiller le facteur de puissance, le temps de
de Schneider Electric) . démarrage, le courant de démarrage et les défauts de mise
à la terre . Toutes ces informations sont transmises par câble
coaxial ou par fibre optique à un API, en utilisant le protocole
de s'assurer que le tout fonctionne tel que prévu . À Modbus (gracieuseté de Schneider Electric) .
cette fin, des boutons-poussoirs d'urgence sont instal-
lés aux points stratégiques afin d'interrompre une acti-
vité qui aurait été mal programmée . En conclusion, l'installation d'un système de com-
Les panneaux de commande des moteurs contiennent mande moderne basé sur les API a réduit le coût de
les contacteurs usuels utilisés pour démarrer et arrêter l'arrimage . En même temps, ces nouvelles technolo-
les moteurs . Ces panneaux contiennent aussi des dis- gies ont stimulé le personnel et créé des emplois plus
positifs de surveillance qui vérifient en permanence la agréables .
condition du moteur . Ces informations sont transmi- Les photos présentées dans ce texte et leurs légendes
ses à l'API concerné par fibre optique . Un seul brin de (Fig . 40-56 à 40-62) donnent une vision globale de ce
fibre optique permet de véhiculer toute l'information programme typique de la modernisation d'une indus-
provenant du moteur (Fig. 40-60) . trie.

COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 747

L'API n'est donc plus simplement un dispositif ingé-


nieux qui remplace les relais électromécaniques . Il est
devenu un des maillons de la chaîne de production et
de commercialisation qui s'intègre dans le réseau
Internet .

40 .42 Résumé
Dans ce chapitre, nous avons vu qu'avec une dizaine
de dispositifs de base, on peut réaliser des systèmes de
commande allant du simple démarreur de moteur aux
contrôleurs de procédés industriels les plus comple-
xes . Certains de ces dispositifs, comme les section-
neurs, disjoncteurs, contacteurs, relais thermiques, ré-

Figure 40-60
Cette boîte de jonction facilite l'interconnexion des divers
câbles de commande (gracieuseté de Schneider Electric)

40 .41 Évolution vers une entreprise


virtuelle
Nous venons de voir comment les API ont permis
d'automatiser un procédé industriel . Mais la tendance
à l'automatisation ne s'arrête pas là . En effet, l'Internet
permet maintenant d'automatiser également les tran-
sactions commerciales . L'Internet met en communica-
tion tous les secteurs concernés depuis la fabrication
jusqu'à l'utilisation d'un produit, incluant l'achat des
matières premières et la vente du produit fini, et peut
même communiquer directement avec les API équipés
des ports de communication requis . Pour permettre Figure 40-61
cette intégration, de grands efforts sont déployés afin Cet automate programmable de marque Quantume, com-
de normaliser les modes de communication entre les prend quatre parties . De gauche à droite : (1) le module des
différents secteurs . Le but ultime est de créer un envi- entrées/sorties, (2) l'unité centrale de traitement, (3) le bloc
d'alimentation et (4) un serveur web qui établit une connexion
ronnement où le commerce électronique («e-business») avec l'Internet à raison de 100 Mb/s (gracieuseté de Schnei-
remplacera toutes les transactions sur papier . der Electric) .
748 ÉLECTROTECHNIQUE

sistances, par autotransformateurs, par enroulement


partiel ou en étoile-triangle) . Ces démarreurs sont par-
fois associés à des systèmes de commande permettant
le démarrage par à-coups, le freinage, et l'inversion
du sens de rotation .
Les armoires de commande à relais traditionnelles sont
maintenant remplacées par des automates programma-
bles industriels (API) . L'API est en effet beaucoup plus
flexible car il est programmable . Le coeur de ces API
est un ordinateur ou unité centrale de traitement qui
simule les contacts et relais de bobines requis pour réa-
liser les différentes fonctions de commande . Cette unité
centrale est interfacée avec un module d'entrée qui lui
transmet les états des différents contacts de boutons-
poussoirs, interrupteurs spéciaux et contacteurs . Un
module de sortie transmet les ordres de l'unité cen-
trale aux bobines des contacteurs à l'aide d'une ali-
mentation et de contacts de sortie . Les fonctions de
commande de l'unité centrale sont inscrites dans la
mémoire de l'API au moyen d'une console de program-
mation, en utilisant un langage tel que le diagramme
en échelle, le langage booléen ou le Grafcet.

PROBLÈMES - CHAPITRE 40
Figure 40-62
Niveau pratique
Cet API appartient à la famille Momentum® . En plus des en-
trées et sorties habituelles, il possède aussi un port de com- 40-1 Nommer 4 types de diagrammes de commande
munication permettant la réception et l'émission de messa-
ges sur le réseau Internet (gracieuseté de SchneiderElectric) .
et donner la distinction entre ces différents types .
40-2 Sans consulter le texte, décrire le fonction-
nement du démarreur illustré à la Fig . 40-16b et don-
sistances, transformateurs sont introduits directement ner la raison d'être de chacun des composants .
dans le circuit de puissance pour interrompre, mesurer
40-3 Donner les symboles pour un contact NO et NF.
ou modifier le courant de l'appareil commandé .
40-4 Identifier tous les composants de la Fig . 40-24
D'autres dispositifs sont utilisés dans le circuit de com-
mande à basse tension. Ces composants comprennent en se référant aux dispositifs illustrés au tableau 40-1 .
les boutons-poussoirs, les interrupteurs spéciaux, les À quel endroit du montage le contact T et la bobine A
lampes témoins, les relais de commande pouvant com- sont-ils situés?
porter plusieurs contacts qui sont normalement ouverts 40-5 Les boutons-poussoirs A et B de la Fig . 40-24
ou normalement fermés et qui peuvent être tempori- ne peuvent être actionnés en même temps, car ils se
sés . Ils sont interconnectés de façon à réaliser «l'intel- verrouillent mutuellement . De plus, en appuyant sur
ligence» du système de commande et les fonctions de un bouton, l'autre revient automatiquement à sa posi-
signalisation . tion normale . Quel est l'avantage de ce système de
Nous avons appris comment fonctionnent les systèmes verrouillage?
de commande les plus courants . Différents types de 40-6 Dans la Fig . 40-13, si l'on enlevait le contact A
démarreurs permettent le démarrage des moteurs asyn-
en parallèle avec le bouton «marche», comment le fonc-
chrones à pleine tension ou à tension réduite (par ré-
tionnement du démarreur serait-il affecté?


COMMANDE INDUSTRIELLE DES MOTEURS 749

40-7 Un court-circuit violent se produit à l'intérieur b) Qu'arrive-t-il ensuite lorsque l'on appuie mo-
du moteur M de la Fig . 40-13 . Quel dispositif provo- mentanément sur le bouton arrêt?
quera l'ouverture du circuit? c) Qu'arrivera-t-il si, au départ, on appuie en même
40-8 Un court-circuit se produit entre quelques spi- temps sur les boutons marche et arrêt?
res d'une phase à l'intérieur du moteur de la Fig . 40-17 a) Expliquer le fonctionnement du circuit de
40-13 . Le courant dans une des lignes augmente à la Fig. 40-27a lorsqu'on appuie sur le bouton «mar-
130 % de sa valeur normale . Quel dispositif provoquera che», sachant que le relais RT est ajusté pour donner
l'arrêt du moteur : les fusibles ou le relais thermique? un délai de 10 s .
40-9 Dans quels cas doit-on prévoir un démarrage à b) Ensuite, lorsque le moteur est en marche, expliquer
tension réduite? ce qui se produit lorsqu'on appuie sur le bouton «ar-
40-10 Énumérer les parties d'un automate program- rêt» sachant que le contact RT s'ouvre aussitôt que la
mable . bobine RT n'est plus excitée .

40-11 Quel rôle jouent les modules d'entrée/sortie 40-18 Sur la Fig . 40-29, calculer :
dans un API? a) le couple maximal des courbes 1 et 2
40-12 Énumérer quatre avantages de l'emploi d'un b) le couple lorsque le courant du stator est de 400 A,
les résistances étant en circuit
API .
40-19 Dans la Fig . 40-33, expliquer de façon séquen-
Niveau intermédiaire
tielle ce qui se produit lorsqu'on appuie momentané-
40-13 Un relais thermique possédant la caractéris- ment sur le bouton «marche» sachant que le relais RT
tique donnée à la Fig . 40-17 doit protéger un moteur a un délai de 5 s . Montrer, par des schémas successifs,
asynchrone de 30 kW, 575 V, 720 r/min, dont le cou- les connexions du circuit depuis le départ du moteur
rant nominal est de 40 A . Le relais est ajusté à 40 A . jusqu'au moment où il atteint la vitesse de régime per-
Après combien de temps ouvre-t-il le circuit si le mo- manent .
teur porte un courant :
Niveau avancé
a) de 60 A b) de 240 A
40-20 Un moteur asynchrone triphasé de 100 kW,
40-14 a) Dans la Fig . 40-22, montrer que le moteur
575 V possède les caractéristiques données par les cour-
démarre et continue à tourner normalement dès que bes 1 de la Fig . 40-29 . Le courant de pleine charge est
l'on appuie momentanément sur le bouton «marche» . de 130 A et le relais thermique est ajusté à cette valeur.
b) Montrer que si l'on actionne le bouton J, le moteur La courbe du relais suit celle de la Fig . 40-17 . Calcu-
tournera seulement pendant que l'on appuie sur ce ler :
bouton . a) le temps d'ouverture du relais si le courant est de
40-15 Un contacteur de moteur asynchrone peut exé- 260 A dès le départ
cuter 3 x 10 6 ouvertures «normales» avant que l'on b) le temps d'ouverture si le courant est de 260 A, le
doive remplacer ses contacts . Si un opérateur fait mar- moteur ayant fonctionné à pleine charge (130 A)
cher un moteur par à-coups à un taux d'un départ et depuis au moins une heure
d'un arrêt par minute, après combien de jours ouvra- 40-21 Un moteur alimente une charge qui varie brus-
bles faudra-t-il prévoir remplacer les contacts si l'opé-
quement et périodiquement de sorte que le courant varie
rateur travaille huit heures par jour?
de 50 A à 150 A . Le courant de 150 A circule pendant
40-16 a) En se référant à la Fig . 40-24 et en suppo- 140 s, puis le courant baisse à 50 A pendant 80 s. Du
sant que le moteur est à l'arrêt, expliquer le fonction- point de vue échauffement, quel est le courant efficace
nement du circuit lorsqu'on appuie momentanément porté par le moteur?
sur le bouton-poussoir «marche» .

750 ÉLECTROTECHNIQUE

40-22 Dans le problème 40-20, on excite le moteur étape 5 - décélération de 800 r/min jusqu'à zéro en
par à-coups de sorte que sa vitesse ne dépasse jamais inversant les connexions de l'enroulement basse vi-
200 r/min . Calculer le nombre d'à-coups que l'on peut tesse (fonctionnement comme frein)
exécuter avant que les relais thermiques s'ouvrent .
Dessiner un schéma du système de commande pou-
Chaque période d'excitation de 4 s est suivie d'une
vant exécuter automatiquement les changements de
période d'arrêt de 21 s .
connexions à partir du moment où l'on appuie sur le
40-23 Le courant d'induit d'un moteur à c .c . de bouton de départ.
800 kW varie selon la courbe donnée à la Fig . 28-35 .
Un cycle complet commence avec un courant de
1250 A et se termine avec un courant de 1100 A . Cal-
culer la valeur du courant efficace circulant dans le
moteur.

40-24 Les essoreuses montrées à la Fig . 40-63 sont


entraînées par des moteurs à deux vitesses (1500 r/min
et 750 r/min) . Le schéma des enroulements est donné
à la Fig . 40-64 . Le fonctionnement des essoreuses est
conçu comme suit :

étape 1 - accélération de 0 à 700 r/min pendant 5 s,


utilisant l'enroulement basse vitesse
étape 2 - accélération de 700 à 1480 r/min pen-
dant 10 s, utilisant l'enroulement haute vitesse (a)
étape 3 - marche normale à 1480 r/min pendant 30 s
étape 4 - décélération de 1480 à 800 r/min, utili-
sant l'enroulement basse vitesse (fonctionnement en
génératrice asynchrone)

(b)

Figure 40-64
Figure 40-63
a . Connexions d'un moteur triphasé donnant 4 pôles (haute
Batterie de cinq essoreuses centrifuges installées à Marle-
vitesse) .
sur-Serre, France . Les moteurs fonctionnent dans les
b . Connexions du même moteur donnant 8 pôles (basse
quadrants 1 et 4 avec récupération de l'énergie lors du
vitesse) .
freinage (gracieuseté de Photo Fives-Cail-Babcock) .
Le moteur développe la même puissance aux deux vitesses .


41
Les harmoniques

Il arrive souvent que les tensions et les courants d'un 2e harmonique : 40 Hz (2 x 20 Hz)
circuit n'aient pas une forme d'onde sinusoïdale . Ainsi, 5e harmonique : 100 Hz (5 x 20 Hz)
la Fig . 41-1 montre un courant alternatif qui est forte- 19e harmonique : 380 Hz (19 x 20 Hz)
ment déformé . Cette distorsion peut être causée par la
saturation du flux dans le noyau d'un transformateur,
par la commutation des thyristors dans un système d'en-

moll
i e il
traînement électronique, ou par toute autre charge non

∎M
A
linéaire . +100


Les tensions distorsionnées affectent la qualité de la
puissance offerte par le fournisseur d'électricité . Elles
+50
affectent aussi la performance de plusieurs appareils
1
électroniques . Pour ces raisons, une connaissance des
harmoniques et de leurs effets est devenue essentielle . 0

41 .1 Composition d'une onde distorsionnée


-50
On peut décomposer une onde périodique distorsionnée

Y
en une série d'ondes sinusoïdales . Inversement, on peut
créer une onde périodique distorsionnée, en faisant la -100
somme de plusieurs ondes sinusoïdales de fréquences
et d'amplitudes différentes .
0 60 120 180 240 300 360 420
Considérons un groupe d'ondes sinusoïdales dont la
fréquence la plus basse est fet dont les autres fréquen- Figure 41-1
ces sont des multiples entiers de f. L'onde sinusoïdale Forme d'onde déformée d'un courant à 60 Hz ayant une
ayant la fréquence f s'appelle la fondamentale alors valeur efficace de 62,5 A à 60 Hz, circulant dans un système
d'entraînement électronique . Londe contient les harmoniques
que les autres ondes sont appelées harmoniques . Ainsi, suivants :
un groupe d'ondes sinusoïdales ayant des fréquences fondamentale (60 Hz) = 59 A
de 20, 40, 100 et 380 Hz possède les composantes sui- 5e harmonique (300 Hz) = 15,6 A
7e harmonique (420 Hz) = 10,3 A
vantes :
Les harmoniques supérieurs à 420 Hz sont aussi présents,
Fondamentale : 20 Hz (la plus basse fréquence) mais leur amplitude est faible (gracieuseté d'Électro-Mécanik) .
751


752 ÉLECTROTECHNIQUE

Afin de comprendre comment un harmonique peut pro- raccordant en série les sources de tension listées dans
duire une distorsion, considérons deux sources de ten- le tableau 41-1 . On constate qu'une onde carrée est
sion e i et e 2 raccordées en série (Fig . 41-2a) . La ten- composée d'une onde fondamentale et d'un nombre
sion e 1 a une valeur crête de 100 V et une fréquence de infini d'harmoniques . Les harmoniques de haute fré-
60 Hz . La tension e 2 a une valeur crête de 20 V et une quence ont une faible amplitude ; par conséquent, ils
fréquence de 180 Hz. Il s'ensuit que e l est la fonda- sont habituellement négligeables . Toutefois, ce sont ces
mentale et e2 le troisième harmonique . Les deux for- composantes qui produisent ensemble les côtés raides
mes d'onde sont parfaitement sinusoïdales et on sup- et les coins pointus de l'onde .
pose qu'elles passent par zéro en même temps (Fig . Même si, en pratique, on ne crée pas des ondes carrées
41-2b) . par addition d'ondes sinusoïdales, cet exemple démon-
Comme les sources sont en série, la tension e 3 aux bor- tre qu'on peut générer n'importe quelle forme d'onde
nes a, b est égale à la somme des tensions instantanées périodique avec une fondamentale et des harmoniques
produites par chaque source . On constate que la ten- appropriés .
sion e3 a une forme d'onde aplatie . La somme d'une Inversement, on peut analyser une onde déformée et
tension fondamentale et d'une tension harmonique pro- déterminer mathématiquement la valeur de la fonda-
duit donc une forme d'onde non sinusoïdale dont le mentale et des harmoniques (voir, par exemple, la lé-
niveau de distorsion dépend de l'amplitude relative de gende de la Fig . 41-1) . Nous verrons plus loin com-
l'harmonique . ment faire ce calcul .
On peut, en utilisant ce procédé, créer une tension ou En général, les harmoniques de tension et de courant
un courant périodique ayant n'importe quelle forme sont nuisibles, mais dans certains montages ils sont iné-
d'onde. Il suffit d'ajouter à la composante fondamen- vitables . Les harmoniques sont créés par des charges
tale un certain nombre d'harmoniques . Par exemple, non linéaires telles que les arcs électriques et les cir-
on peut créer une tension alternative carrée ayant une cuits magnétiques saturables . Ils sont aussi générés par
valeur crête de 100 V et une fréquence de 50 Hz en les redresseurs et les onduleurs utilisant l'électronique
de puissance .

0
Dans les circuits à courant alternatif, la tension fonda-
mentale et le courant fondamental produisent ensem-
180 Hz
ble une puissance apparente fondamentale . Cette der-

0
(a) nière comprend la puissance active et réactive qui fait
tourner un moteur, ou qui fait allumer une lampe . De
60 Hz

TABLEAU 41-1 HARMONIQUES DANS UNE ONDE


CARRÉE DE 100 V, 50 Hz

harmonique amplitude fréquence amplitude


volts (crête) Hz relative

fondamentale 127,3 50 1
3e 42,44 150 1 /3
5e 25,46 250 1/5
7e 18,19 350 1 /7

lu,
9e 14,15 450 1 /9

Figure 41-2 127e 1,00 6350 1/127


a . Deux sources sinusoïdales de 60 Hz et 180 Hz raccordées
en série, n ième 127,3/n 50 n 1/n
b . La tension e 3 résultante est distorsionnée .



LES HARMONIQUES 753

même, le produit d'une tension harmonique et du cou- où


rant harmonique correspondant donne une puissance
E = valeur efficace de la tension déformée
apparente harmonique . La composante active de cette
EF = valeur efficace de la fondamentale
puissance harmonique ne produit aucun travail utile et
EH = valeur efficace de l'ensemble des harmoniques
elle est généralement dissipée sous forme de chaleur .
Par contre, le produit d'une tension sinusoïdale de fré-
quence donnée et du courant sinusoïdal d'une autre EH
fréquence donne une puissance moyenne nulle . Ainsi, 20 V, 300 Hz
le produit d'une tension de 120 V à 60 Hz et d'un cou- 60°
rant de 20 A à 180 Hz donne une puissance moyenne
nulle* . 100 V 60 Hz EF

41 .2 Harmoniques et diagrammes (a)


vectoriels
On peut représenter une tension distorsionnée au moyen v
d'un diagramme vectoriel . Il suffit d'indiquer la fré- 120
quence, l'amplitude et la valeur initiale de chacune de 100
ses composantes . Par exemple, le diagramme vectoriel oQ, 80
de la Fig . 41-3a indique : 60
40
1) une tension fondamentale EF de 100 V crête, 60 Hz
20
avec un angle initial 0° ; ce vecteur tourne à raison de
o
60 tours par seconde dans le sens antihoraire .
-20
2) un 5e harmonique E H de 20 V crête, 300 Hz, avec un -40
angle initial de 60° ; ce vecteur tourne 5 fois plus vite -60
que la fondamentale . -80
-100
La forme d'onde distorsionnée composée de la fonda-
-120
mentale et l'harmonique s'exprime par l'équation :
Figure 41-3
E = 100 sin 0 + 20 sin (5 0 + 60°) a . Une onde distorsionnée peut être représentée par des
vecteurs tournant à des vitesses différentes . Leur position
où 0 = 360 ft = 360 x 60 x t éq . 23-1
angulaire initiale affecte aussi la forme d'onde .
(angles en degrés) b . Forme d'onde de la tension générée par les vecteurs .

La forme d'onde durant un cycle est montrée à la Fig .


41-3b.
En plus de l'amplitude et de la fréquence, la forme
d'onde dépend aussi de l'angle initial des composan-
tes harmoniques . Par exemple, si l'angle initial du vec-
teur à 300 Hz est de 180° au lieu de 60°, l'onde résul- 4 40
tante a la forme montrée à la Fig . 41-4 .

41 .3 Valeurs efficaces d'une onde


distorsionnée
La valeur efficace d'une tension distorsionnée est don-
née par la formule

E_ NEF +EH (41-1)


Figure 41-4
À moins d'indication contraire, les valeurs des tensions et Forme d'onde de la tension lorsque l'angle initial du 5e
courants sont des valeurs efficaces ou rms . harmonique est de 180° .





754 ÉLECTROTECHNIQUE

La valeur efficace EH d'un ensemble d'harmoniques


est donnée par la formule E = 1/EF + EE

100 = ,\ 902 + E 2
EH = 1/ Ez +E3 + . . . . + En (41-2)
d'où EH = V 1002 _ 902 = 43,6 V
où E2 , E3 , E4, . . . E„ sont respectivement les valeurs
efficaces du 2e 3e 4e nième harmonique . La valeur efficace de l'ensemble des harmoniques est
donc de 43,6 V.
À partir des formules 41-1 et 41-2 , on obtient la for-
mule : 41 .4 Facteur crête et facteur de distorsion
(THD)
E _ 3 . . . . +En
EF +E22 +E+ (41-3) Dans l'industrie, la distorsion d'une tension ou d'un
courant est décrite par deux indices, soit le facteur crête
Des formules analogues s'appliquent à un courant
et le facteur de distorsion .
distorsionné .
Par définition, le facteur crête d'une tension («crest
Exemple 41-1 factor») est égal à la valeur crête de la tension, divisée
Calculer la valeur efficace de la tension i , -, de la 1 a
par sa valeur efficace (rms) .
41-2 .

Solution tension crête


facteur crête = (41-4)
La valeur efficace de la fondamentale est : tension efficace
EF = 0,707 e t crête = 0,707 X 100 = 70,7 V
Pour une tension sinusoïdale (qui n'a évidemment
La valeur efficace du 3e harmonique est : aucune distorsion), le facteur crête a une valeur de
E3 = 0,707 e2 crête = 0,707 x 20 = 14,1 V ~2 = 1,41 . Une onde ayant un facteur crête inférieur à
1,4 sera plutôt aplatie . Par contre, si le facteur crête est
La valeur efficace de l'onde déformée est donc :
supérieur à 1,4 l'onde sera plutôt pointue .
E = \IEF2 + EH = 70,7 2 + 14,1 2 Par définition, lefacteur de distorsion («total harmonie
distorsion (THD)») d'un courant ou d'une tension est
= 15200 = 72,1 V
égal à la valeur efficace de l'ensemble des harmoni-
ques, divisé par la valeur efficace de la fondamentale .
Exemple 41-2
Une onde carrée a une amplitude de 100 V . En utili- Dans le cas d'un courant distorsionné le THD est donné
sant le tableau 41-1, calculer : par l'expression :

a) la valeur efficace de l'onde carrée


lit
facteur de distorsion (THD) =- (41-5)
b) la valeur efficace de la composante fondamen-
tale IF

e) la valeur efficace de l'ensemble des harmoniques Pour une tension, le THD est donné par une formule
analogue:
Solution
a) La valeur efficace de l'onde carrée est évidemment EH
facteur de distorsion (THD) = (41-6)
100 V. EF
b) La valeur efficace de la fondamentale est :
EF = 0,707 EC7ëte = 0,707 X 127,3 = 90 V Il s'ensuit que les tensions et les courants sinusoïdaux
ont un facteur de distorsion nul .
c) En utilisant la formule 41-1 on obtient :




LES HARMONIQUES 755

Exemple 41-3 Exemple 41-4


Le courant distorsionné de la Fig . 41-1 a une valeur La Fig . 41-5 montre une source de tension E distor-
efficace de 62 .5 A . Sachant que la composante fon- sionnée, composée d'une tension fondamentale de
damentale est de 59 A . calculer : 100 V, 60 Hz et d'un 5e harmonique de 51 V, 300 Hz .
La source alimente une résistance de 24 £2 en série
la yalew_ ellicace IH de l'ensemble des harmoni-
avec une inductance de 18,6 mH . À 60 Hz . cette
ques
dernière a une réactance de :
b) le facteur de distorsion . en pour cent
Xr,,, = 2rtfL n x 60 x 0,0186 = 7 52
c) la valeur efficace de l'ensemble des harmoniques
supérieurs au 7e Cependant . à 300 Hz . l'inductance présente une réac-
d) la valeur crête du 7e harmonique tance qui est 5 fois plus grande, soit :
X~ r „ = 5 x 7 52 = 35 52
Solution
Comme la fondamentale et le 5e harmonique agis-
a) La valeur efficace (ou rms) de l'ensemble des cou- sent indépendamment l'un de l'autre, on peut tracer
rants harmoniques est : deux circuits séparés pour calculer les courants et
les puissances respectifs (Fig . 41-6 et 41-7) . Noter
IH = V IZ - IF éq . 41-1 que la source de tension ignorée est simplement rem-
placée par un court-circuit . Pour les calculs a 60 Hz,
= V62,5 2 -59 2 = 20,6 A
la source (le 300 Hz est donc remplacée par un court-
b) Le facteur de distorsion est : circuit .

THD = IH éq . 41-5
IF

20,6
0,349 = 34,9 %
59

c) D'après les données de la Fig . 41-1, la valeur effi-


cace des harmoniques > 7e est :

2 2 2
I> 7H IH - IS -h éq . 41-2

=1~ 20,62 - 15,6 2 - 10,3 2


Figure 41-5
= 1f 74,9 = 8,7 A Source de tension distorsionnée alimentant un circuit RL .

d) La valeur crête du 7e harmonique est:


= 10,312 = 14,6 A Dans la Fig . 41-6, l'impédance du circuit à 60 Hz est :
crête
2
41 .5 Harmoniques et circuits z(i) =V242+7 = 25 £2
Il est important de comprendre le comportement d'un Le courant fondamental est donc :
circuit en présence d'harmoniques . Dans les circuits
linéaires composés de résistances, inductances, trans- 100
I = E60 = =4A
formateurs et capacitances, les divers harmoniques de Z60 25
tension et de courant agissent indépendamment les uns
Puissance active dissipée dans la résistance :
des autres . L' exemple qui suit illustre le comportement
d'un circuit linéaire en présence d'harmoniques . P,, =Rh 2 =24x42 =384W

756 ÉLECTROTECHNIQUE

1,2 A

384 W 34,6 W
24 Q2 24 S2
100 V 51 V
60 Hz 300 Hz

7 Q2 35 SQ

Figure 41-6 Figure 41-7


Impédances et courant pour la composante fondamentale . Impédances et courant pour la composante 5e harmonique .

Puissance réactive absorbée par la réactance : Le courant harmonique est déphasé en arrière de la ten-
sion harmonique d'un angle :
Q60 =X60 16) 2 =7x42 =112 var
X300
Puissance apparente: 0300 = atan = atan 35 = 55,6°
R 24
S60 = E GO I60 = 100 x 4 = 400 VA Nous pouvons maintenant combiner les tensions et
Facteur de puissance : courants à la fondamentale et au 5e harmonique, comme
suit :
FP60 = P60
= 384 = 0,96 ou 96 %
Courant efficace circulant dans le montage :
S60 400
Le courant fondamental est déphasé en arrière de la I =1~ 42 + 1,2 2 = 4,18 A
tension fondamentale d'un angle : Tension à 60 Hz aux bornes de la résistance :
960 = arccos 0,96 = 16,3 ° = 24 x 4 = 96 V
ER60 = R I60
Analysons maintenant la Fig . 41-7 concernant le 5e Tension à 300 Hz aux bornes de la résistance :
harmonique . En procédant de la même manière, mais
avec la source de 60 Hz en court-circuit, on trouve les EK300 = R 1300 = 24 x 1,2 = 28,8 V
résultats suivants :
Tension efficace aux bornes de la résistance :
Impédance du circuit à 300 Hz :
2 2
ER ='VER 60 + ER 300 = V96 2 + 28,8 2 = 100,2 V
Z300 =1~ 242 +352 = 42,4 S2
Tension efficace E de la source :
Courant harmonique :
51 E =1~ E 0 + E 30 0 = 100 2 + 51 2 = 112,2 V
- E3oo -
1300 = 1,2 A
Z300 42,4 Le courant de 4,18 A et la tension de 112,2 V (Fig . 41-
8) sont les valeurs qui seraient mesurées par des instru-
Puissance active harmonique dissipée dans la résistance :
ments indiquant la valeur efficace («true rms») . La puis-
2
P300 = R 1300 2 = 24 x 1,2 = 34,6 W sance totale dissipée dans la résistance est :
Ptotale =P 3 + P300 = 384 + 34,6 = 418,6 W

LES HARMONIQUES 757

1 Par contre, le facteur de puissance «traditionnel» est


donné par cos 0, soit le cosinus de l'angle entre le cou-
4,18 418,6 W rant fondamental et la tension fondamentale . En pré-
sence des harmoniques, ce facteur de puissance tradi-
24 S2
tionnel s'appelle facteur de puissance de déplacement .

FP de déplacement = cos 0 (41-8)

18,6 mH Dans notre exemple, le facteur de puissance de dépla-


cement est donc égal à cos 16,3° = 0,96 .
Lorsqu'il n'y a pas de distorsion, le facteur de puis-
sance total, le facteur de puissance de déplacement et
Figure 41-8 le facteur de puissance traditionnel ont la même va-
Tension et courant efficaces dus aux composantes leur .
fondamentale et harmonique .
41 .7 Charges non linéaires
Cette puissance est aussi la puissance active totale four-
Considérons une tension sinusoïdale E connectée à une
nie par la source . C'est la puissance qu'indiquerait un
charge non linéaire (Fig . 41-9) . La charge peut être une
wattmètre s'il était branché dans le circuit .
réactance saturable, une résistance non linéaire, un re-
dresseur comportant une ou plusieurs diodes, ou un
41 .6 FP total et FP de déplacement
montage à interrupteurs mécaniques ou électroniques
Le concept de facteur de puissance, exposé dans la sec- qui se ferment et s'ouvrent périodiquement . À cause
tion 25 .6, chapitre 25, doit être élargi lorsqu'on traite de la non-linéarité, le courant I ne sera pas sinusoïdal .
des tensions et courants déformés . On fait alors inter- Il contient donc une composante fondamentale I F et
venir la notion de facteur de puissance total et de fac- des harmoniques IH . La composante fondamentale est
teur de puissance de déplacement . produite par la tension E, mais les composantes har-
La puissance apparente totale est donnée par le pro- moniques sont générées par la charge elle-même . Il est
duit de la tension efficace et du courant efficace . En se évident que ces harmoniques de courant circulent dans
référant à la Fig . 41-8, la source E, en même temps qu'ils parcourent la charge .
En ce qui concerne la composante fondamentale du
Stotale = Erms de la source x Irms de la source
courant, elle peut être en avance, en retard, ou en phase
= 112,2 x 4,18 = 469 VA avec la tension E. C'est dire qu'on peut associer une
Le facteur de puissance total est donné par le rapport puissance active et une puissance réactive traditionnel-
de la puissance active totale et de la puissance appa- les à ce montage non linéaire . Par contre, le produit de
rente totale, soit : la tension fondamentale E et de l'un des harmoniques
de courant quelconque ne donne aucune puissance ac-
tive, ni aucune puissance réactive .
P totale
F Ptotal = (41-7)
Stotale
'F
Ainsi, comme la puissance active totale dans notre
exemple est de 418,6 W, on obtient
charge
non linéaire
P totale
FPtotal =
S totale
Figure 41-9
418,6 W
= 0,893 ou 89,3 % Une source sinusoïdale alimentant une charge non linéaire
469 VA produit un courant fondamental et la charge engendre des
courants harmoniques .


758 ÉLECTROTECHNIQUE

41 .8 Génération des harmoniques ses bornes est nulle lorsqu'il est fermé . Il ne consomme
Le processus de génération des harmoniques est assez donc aucune énergie .
remarquable . Considérons, par exemple, le circuit de Si on décompose le courant haché, on peut démontrer
la Fig . 41-10 dans lequel une source de tension sinu- qu'il contient, en plus des harmoniques, une compo-
soïdale de 1000 V, 60 Hz est raccordée à un interrup- sante fondamentale IF de 59,3 A à 60 Hz, déphasée de
teur en série avec une résistance de 10 S2 . L'interrup- 32,5° en arrière de la tension (Fig . 41-11) . Sa valeur
teur s'ouvre et se ferme périodiquement, en synchro- crête est de 59,3 I2 = 84 A .
nisme avec la fréquence de 60 Hz . La Fig . 41-10b
Comme le courant fondamental I F se trouve à 32,5° en
montre que l'interrupteur est fermé durant la dernière
arrière de la tension de source, il s'ensuit que le fac-
moitié de chaque alternance . Nous supposons un in-
teur de puissance de déplacement est cos 32,5° _
terrupteur idéal qui ne produit pas d'étincelles et qui
84,3 % . Par conséquent, on obtient les résultats sui-
fonctionne sans pertes .
vants :
Si l'interrupteur était toujours fermé, la tension aux
Puissance apparente fondamentale fournie par la
bornes de la résistance serait sinusoïdale et le courant
source :
serait de 1000 V/10 Q = 100 A . La puissance dissipée
en chaleur serait donc : S = EI = 1000 V x 59,3 A = 59,3 kVA

P = Rie = 10 x 100'= 100 kW Puissance active fondamentale fournie par la source :


Mais comme l'interrupteur est ouvert la moitié du P=SxFP=59,3x0,843 =50 kW
temps, la puissance dissipée ne sera que 100 kW/2 = Puissance réactive fondamentale fournie par la source :
50 kW. Il s'ensuit que le courant haché a une valeur
efficace de 70,7 A, car 10 Q x (70,7 A) 2 = 50 kW. Q =59,32 - 502 = 31,9 kvar
L'interrupteur ne chauffe pas parce que le courant est Cela démontre qu'une puissance réactive peut être mise
nul lorsque l'interrupteur est ouvert, et que la tension à en jeu, même en l'absence d'un champ magnétique .
Cela constitue un phénomène de grande importance .
En ce qui concerne la résistance de 10 S2, la puissance
active fondamentale P2 est :

1000 V
10 SQ
60 Hz

(a)

E1P

m 50
• s

0
0 ,30 60 90 120150180 210 240 270 300 330 360

-50
-500
-100
-1000
Figure 41-10 -150
a . Une charge résistive en série avec un interrupteur absorbe
une puissance réactive lorsque le courant est retardé par -200 -1500
l'action de l'interrupteur.
b . Tension sinusoïdale aux bornes de la source et forme Figure 41-11
d'onde du courant haché circulant dans la source et la Le courant haché contient une composante fondamentale à
résistance R . La tension aux bornes de la résistance a la 60 Hz, ayant une valeur crête de 84 A, et déphasée de 32,5°
même forme d'onde tronquée que le courant . en arrière de la tension .


LES HARMONIQUES 759

P2 = RI2 = 10 S2 x 59,3 2 = 35,2 kW sances actives harmoniques . La série comprend tous


les harmoniques impairs .
La résistance ne consomme aucune puissance réactive
fondamentale . Puisqu'on connaît les puissances fondamentales (ac-
tive et réactive) associées à l'interrupteur, on peut le
Étant donné que la source débite une puissance active
représenter par une résistance Ri en série avec une réac-
de 50 kW et que la résistance n'absorbe que 35,2 kW
tance inductive Xi (Fig . 41-13a) . Ainsi,
(à la fréquence fondamentale), il s'ensuit que l'inter-
rupteur doit absorber (50 - 35,2) = 14,8 kW. Ri = P 1 II2 = 14,8 x 1000 /59,3 2 = 4,21 S2
De plus, comme la source débite une puissance réac- Xi = QIF = 31,9 x 1000 /59,3 2 = 9,07 S2
tive de 31,9 kvar et que la résistance n'en absorbe En ce qui concerne les composantes fondamentales
aucune, il s'ensuit que c'est l'interrupteur qui doit l'ab- (60 Hz), le modèle de la Fig . 41-13a représente fidèle-
sorber. ment la situation . Toutefois, la «résistance» Ri simule
On vient de constater que l'interrupteur absorbe une la puissance active absorbée qui est aussitôt convertie
puissance active fondamentale de 14,8 kW . Mais s'il en puissance active harmonique .
absorbe 14,8 kW, il faut bien qu'il en débite autant, car La valeur efficace de l'ensemble des courants harmo-
autrement il deviendra rapidement très chaud . Or, cet niques est donnée par
interrupteur idéal ne chauffe pas . Où va donc cette puis-
sance active fondamentale? La réponse est qu'elle est IH = ~ 70,7 2 - 59,3 2 = 38,5 A
aussitôt convertie en puissance active harmonique de La tension harmonique développée aux bornes de la
même valeur. Cette puissance harmonique P H de
résistance de 10 S2 a donc une valeur de 10 S2 x 38,5 A
14,8 kW générée par l'interrupteur est absorbée par la
= 385 V efficace . Pour les harmoniques, l'interrupteur
résistance de 10 S2 . Le flux de ces puissances est illus-
peut donc être assimilé à une source de tension de 385 V
tré à la Fig . 41-12 . Ainsi, la puissance active P débitée
(Fig . 41-13b) . La puissance harmonique générée par
par la source se partage en deux parties P l et P2 absor-
cette source 385 V x 38,5 A = 14,8 kW provient de la
bées respectivement par l'interrupteur et la résistance
puissance fondamentale transformée par l'interrupteur.
de 10 S2 .
On constate que la somme de la puissance fondamen-
tale P2 de 35,2 kW et de la puissance harmonique P H
de 14,8 kW donne bien la puissance de 50 kW dissi-
pée dans la résistance .
Il est maintenant évident que l'interrupteur agit comme 1000 V
100
60 Hz
un convertisseur de fréquence . Il convertit la puissance
active fondamentale qu'il reçoit en une série de puis-

Figure 41-13a
Circuit équivalent pour les composantes fondamentales .

Q ~ interrupteur
:
31,9 kvar
31,9 kvar Pl 14,8 kW
EF
P2
1 kV ---------------------- ----------- 10
Q
P 35,2 kW 10 Q
50 kW

Figure 41-12
Circuit montrant le flux des puissances actives et réactives Figure 41-13b
fondamentales et la puissance harmonique P H . Circuit équivalent pour les composantes harmoniques .


760 ÉLECTROTECHNIQUE

Correction du facteur de puissance tension 1500

Regardons de nouveau le courant haché qui circule dans


la source . Il a une valeur efficace de 70,7 A et sa com- 1000

posante fondamentale est de 59,3 A . La valeur efficace I condensateur


de l'ensemble des harmoniques est de 38,5 A . 500

Étant donné que l'interrupteur absorbe une puissance 180 240 270,-'330 360
0
réactive de 31,9 kvar, il semble raisonnable d'utiliser
~
un condensateur pour fournir cette puissance . Bran-
- 500
chons donc un condensateur de 31,9 kvar en parallèle
-100
avec la source (Fig . 41-14) . La source n'aura plus qu'à
-1000
fournir une puissance active de 50 kW, soit un courant -150
fondamental de 50 A, en phase avec la tension de -1500
-200
1000 V. Mais la présence du condensateur, qui tire un
courant sinusoïdal de 31,9 kvar/1000 V = 31,9 A, ne Figure 41-15
Forme d'onde du courant dans la source lorsque le
change en rien la tension entre les bornes 1 et 2 . Par condensateur (Fig . 41-14) est dans le circuit .
conséquent, le courant haché circulant dans l'interrup-
teur et la résistance de 10 S2 demeure inchangé . De
plus, la composante harmonique de 38,5 A continue à 41 .9 Génération d'une puissance réactive
circuler dans la source car celle-ci paraît comme un Dans la section précédente nous avons montré qu'un
court-circuit pour tous les harmoniques . Il s'ensuit que dispositif non linéaire comme un interrupteur peut ab-
le courant efficace circulant dans la source sera sorber de la puissance réactive . Selon la relation entre
I = x(502 + 38,5 2 ) = 63,1 A . Donc, l'ajout du conden- la tension fondamentale et le courant fondamental, une
sateur diminue le courant dans la source de 70,7 A (Fig . charge non linéaire peut aussi générer de la puissance
41-10) à 63,1 A (Fig . 41-14) . La forme d'onde de ce réactive . Considérons le circuit de la Fig. 41-16 . Ce
courant est la somme instantanée du courant haché cir- circuit est identique à celui de la Fig . 41-10, sauf que
culant dans la résistance et du courant sinusoïdal tiré
par le condensateur (Fig . 41-15) . La valeur crête de ce
dernier est de 31,9 ~2 = 45 A .
L'exemple que nous venons d'étudier démontre la na-
ture et l'origine des harmoniques et de la puissance
réactive dans les circuits non linéaires . Ces notions nous
seront utiles lors de l'étude des charges hautement non
linéaires que sont les convertisseurs électroniques .

63,1 A 1 70,7 A
3

31,9 A
interrupteur
1000 V synchrone R 10 52
60 Hz
IF =50AT IF =59,3A
sE

IH E
2
38,5 A IH = 38,5 A
Figure 41-16
a . Un interrupteur en série avec une charge résistive débite
Figure 41-14 une puissance réactive lorsque la circulation du courant est
Un condensateur peut fournir la puissance réactive absorbée avancée par l'action de l'interrupteur.
par l'interrupteur. b . Forme d'onde du courant dans le circuit.



LES HARMONIQUES 761

l'interrupteur est maintenant fermé durant la première gées presque instantanément. Nous verrons plus tard
moitié de chaque alternance, au lieu de la dernière . le fonctionnement de ces charges réactives, obtenues
La composante fondamentale du courant est de nou- par la commutation «d'interrupteurs» électroniques .
veau de 59,3 A, mais elle est déphasée de 32,5° en
avance sur la tension (Fig . 41-17), au lieu de 32,5° en EFFET DES HARMONIQUES
arrière . Il s'ensuit que la source de 1000 V débite une
puissance de 50 kW en même temps qu'elle absorbe Maintenant que nous connaissons la nature des har-
une puissance réactive de 31,9 kvar . Cette puissance moniques, on peut se demander quel est leur effet dans
réactive provient nécessairement de l'interrupteur . En les montages pratiques . Pour fins de démonstration,
ce qui concerne les composantes à la fréquence fonda- nous présentons les exemples qui suivent .
mentale, on peut représenter le circuit par celui de la 41 .10 Courant harmonique dans un
Fig . 41-18a. L'interrupteur se comporte comme une condensateur
résistance en série avec un condensateur, même si ce
Lorsqu'un condensateur porte un courant distorsionné,
«condensateur» ne produit absolument aucun champ
la tension à ses bornes n'a pas la même forme d'onde
électrostatique . Comme dans la Fig . 41-13, la résis- que celle du courant. Ceci est dû au fait que le conden-
tance de 4,21 S2 représente l'élément qui absorbe la
sateur ne présente pas la même réactance à la fréquence
puissance active de 14,8 kW à 60 Hz laquelle est aus-
fondamentale et aux harmoniques . Les pertes dans le
sitôt convertie en puissances actives harmoniques .
condensateur sont aussi affectées par la présence des
Le diagrammme vectoriel des tensions et des courants harmoniques . Ces pertes ont leur origine dans le dié-
fondamentaux est donné à la Fig . 41-18b. lectrique qui sépare les plaques métalliques . En pre-
Le fait qu'un dispositif non linéaire, tel un interrup- mière approximation, on peut considérer que les per-
teur, puisse absorber ou générer de la puissance réac- tes sont proportionnelles (1) à la fréquence, et (2) au
tive ouvre des possibilités très intéressantes . En effet, carré de la tension correspondante aux bornes du con-
ces «condensateurs» et «inductances» artificiels ne pè- densateur.
sent presque rien, et n'emmagasinent aucune énergie .
Comme aucune énergie n'est emmagasinée, les puis- interrupteur

H
sances réactives dans un montage peuvent être chan-

4,21 SQ 9,07 S2
-1500
tension 1000 V
59,3 A 100
60 Hz
150 141 A
2
courant haché
a 100
courant (a)
E
m fondamental
50
0oo
180 270 300 , 380
0

-500 1000 V

-1000

(b)
-1500
Figure 41-18
Fgure 41-17 a . Circuit équivalent pour les composantes fondamentales
Le courant haché contient une composante fondamentale à de la Fig . 41-16 .
60 Hz ayant une valeur crête de 84 A et déphasée de 32,5° b . Diagramme vectoriel pour les tensions et courants
en avance sur la tension . fondamentaux .

762 ÉLECTROTECHNIQUE

Exemple 41-5 Les pertes dues au 5e harmonique sont calculées en se


Un condensateur de 442 gE 600 V, 60 Hz a des per- basant sur les pertes à 60 Hz . En considérant que les
tes nominales de 20 W lorsque la tension à ses bor- pertes sont proportionnelles à la fréquence et au carré
nes est sinusoïdale . Il est installé dans une usine où de la tension, on trouve :
il porte simultanément un courant fondamental de Pertes à 600 V, 60 Hz = 20 W, donc les pertes à 96 V,
100 A, 60 Hz et un courant harmonique de 80 A, 300 Hz, sont :
300 Hz . La composante harmonique du courant est
déphasée de 25` en avance sur la fondamentale . Puis- 300Hz x (96V12
=20Wx _26W
P300 Hz 'I
que la valeur crête est v2 fois la valeur rms, l'onde 60 Hz 600 V
de courant distorsionnée est décrite par l'équation :
Les pertes totales du condensateur sont donc 20 W +
1 = 100 v2 sin 0+ 80 V2 sin (50+25°) 2,6 W = 22,6 W . La présence du courant harmonique
Calculer : fait augmenter les pertes de 13 % .

a) la valeur efficace du courant dans le condensa- La Fig . 41-19 montre la forme d'onde du courant et de
teur . e t son facteur de distorsion la tension aux bornes du condensateur.
b) la valeur efficace de la tension à ses bornes, et
son facteur de distorsion
c) les pertes totales approximatives C
O
Solution C

a) Valeur efficace du courant distorsionné :


I = x(1002 + 802) = 128 A
THD du courant = 80 A/100 A = 80 %
b) Réactance du condensateur à 60 Hz :
X60 = 1/2ifC = 10 6/(2 n x 60 x 442) = 6 S2
La réactance à 300 Hz est donc :
X300 = (60 Hz/300 Hz) x 6 S2 = 1,2 il
Figure 41-19
Tension aux bornes du condensateur pour la compo- Courant distorsionné dans un condensateur et tension
sante fondamentale à 60 Hz : résultante à ses bornes . Voir exemple 41-5 .
E = I X60 = 100 x 6 = 600 V
Tension aux bornes pour la composante harmonique à L'équation de la tension E est déduite de celle du cou-
300 Hz : rant I, en se rappelant que les tensions fondamentale et
harmonique sont respectivement de 90° en arrière des
E=IX300=80x 1,2=96V
courants correspondants :
Tension efficace résultante aux bornes du condensa-
teur: E = 600 'i2 sin (0- 90°) + 96 i2 sin (56 + 25° - 90°)

E = i(600 2 + 96 2 ) = 608 V d'où E = 600 ~2 sin (0- 90°) + 96 i12 sin (50- 65°)

THD de la tension = 96/600 = 16 % On observe que la forme d'onde de la tension est moins
déformée que celle du courant, comme prévu par le
On constate que le THD de la tension est bien infé-
calcul des THD de la tension et du courant .
rieur au THD du courant.
c) Comme on peut traiter l'effet des courants indépen- 41 .11 Courants harmoniques dans un
damment l'un de l'autre, on peut calculer les pertes conducteur
associées respectivement à la composante fondamen- Un courant harmonique qui circule dans un conduc-
tale et à la composante harmonique . teur entraîne une augmentation des pertes et une aug-
mentation de la température du conducteur .


LES HARMONIQUES 763

Exemple 41-6 Exemple 41-7


Un câble en cuivre, de grosseur n° 4 AWG . a une Une tension distorsionnée est appliquée aux bornes
longueur Lie -'S 111 et pos,ède une résistance de 25,7 d'une bobine de 1 200 spires . La tension comprend
fS2 lorsqu'il porte un courant de 100 A, 60 Hi . Sa une composante fondamentale de 150 V, 60 Hz, et
température est alors de h0 °C lorsque la tempéra- une composante 3e harmonique de 120 V, 180 Hz .
ture ambiante est de 25 ''C . L'harmonique est déphasé de 135° en arrière de la
À la suite de l'installation d'un système d'entraîne- fondamentale . Les deux tensions sont alors décrites
ment électronique . le câble est appelé à porter, en par les équations :
plus du courant fondamental. Un courant 7e harino- E = l50I2 sin 0 = 212 sin 0
nique de 50 A . 420 Hz . On désire connaître : EH = l20/2 ,,in t . 1. 170 sin ( 3 0- 1)5 1
a) les nouvelles pertes et la nouvelle température On désire connaître :
approyimatiy c du câble
b) la valeur etticace du courant (iistorsionné a) la forme d'onde et la saleur efficace de la ten-
sion aux bornes de la bobine
Solution b) la forme d'onde du flux et sa valeur crête
a) Les pertes Joule dues au courant fondamental de
100 A étaient initialement : Solution
a) La forme d'onde de la tension aux bornes de la bo-
PF = RIF 2 = 0,0257 x 1002 = 257 W
bine est montrée à la Fig . 41-20a . On constate qu'elle
En supposant que la résistance du câble demeure la est fortement distorsionnée . Sa valeur efficace est :
même lorsqu'il porte, en plus, le courant harmonique,
E=V(150 2 +120 2)=192V
les pertes occasionnées par celui-ci seront
b) Comme dans les exemples précédents, les tensions
PH = RIH2 = 0,0257 x 50 2 = 64 W
respectives agissent indépendamment les unes des
Les pertes totales sont 257 + 64 = 321 W, ce qui repré- autres . Par conséquent, on peut déterminer le flux as-
sente une augmentation de 25 % par rapport à 257 W . socié à chacune en utilisant l'équation 30-3 . Le flux
Par conséquent, l'échauffement du câble augmentera fondamental a donc une valeur maximale de :
d'environ 25 % . Comme l'échauffement précédent était
de (80 - 25) = 55 °C, le nouvel échauffement sera en- E
060 max = (30-3)
viron 1,25 x 55 = 69 °C . Il s'ensuit que la température 4,44 f N
du câble montera à environ 25 + 69 = 94 °C .
150
b) La valeur efficace du courant distorsionné est de - = 469 µWb
4,44 x 60 x 1200
I(100 2 + 50 2 ) = 112 A
Le flux est sinusoïdal, et comme nous l'avons déjà
41 .12 Tension harmonique et flux dans une montré à la Fig . 30-1, il est déphasé de 90° en arrière
bobine de la tension . L' équation du flux fondamental est donc :
Nous avons vu à la section 30 .1, chapitre 30, que le OF = 469 sin (0- 90°) (en µWb)
flux crête Omax dans une bobine est donné par l'ex-
De la même façon, on trouve que la valeur maximale
pression :
du 3e harmonique du flux est donnée par :
Omax = E éq . 30-3 E
4,44 f N 0180 max = (30-3)
4,44 f N
où E est la tension sinusoïdale efficace appliquée, f la
fréquence et N le nombre de spires de la bobine . Qu'ad- 120
= 125 µWb
vient-il lorsque la tension appliquée est déformée? Pour 4,44 x 180 x 1200
répondre à la question considérons l'exemple suivant .

764 ÉLECTROTECHNIQUE

Ce flux est aussi déphasé de 90° en arrière de la ten- les dans le fer sont alors égales à la somme des pertes
sion harmonique . Son équation est : créées par le flux fondamental et le flux harmonique .

OH
= 125 sin (30 - 135° - 90°) = 125 sin (30 - 225°) 41 .13 Courants harmoniques dans une
Le flux total à l'intérieur de la bobine est égal à la ligne triphasée avec neutre
somme instantanée des deux flux (Fig . 41-20b) . Il at- Dans un contexte industriel, les lampes à décharges
teint une valeur crête de 495 tWb . On remarque que telles que les lampes fluorescentes et les lampes à
sa forme d'onde est bien différente de celle de la ten- halogène, sont des dispositifs monophasés qui sont
sion . De plus, la forme d'onde du flux est moins souvent raccordés entre les lignes triphasées et le neu-
distorsionnée . Ceci est dû au fait que pour une tension tre . Il en est de même pour les ordinateurs et d'autres
efficace donnée, l'amplitude du flux diminue avec la appareils électroniques . Or, ces appareils monophasés
fréquence . tirent un courant non sinusoïdal qui contient souvent
S'il existait un noyau de fer à l'intérieur de la bobine, un 3e harmonique. Lorsque les charges sur les trois
il chaufferait à cause de l'hystérésis et des courants de lignes sont équilibrées, les composantes fondamenta-
Foucault. En première approximation, les pertes tota- les du courant s'annulent dans le neutre, car leur somme
vectorielle est nulle, comme nous l'avons vu à la sec-
V
tion 26 .3 . Il en est de même pour tous les harmoniques
500 impairs, sauf ceux qui sont des multiples de trois . Mal-
C 400 heureusement, les 3e, 9e, 15e, etc., harmoniques s'ad-
o
C ditionnent dans le neutre, de sorte que ces composan-
300
tes y sont respectivement trois fois plus grandes que
200
dans les lignes .
100
La Fig . 41-21 montre la forme d'onde du courant cir-
0
0 60 120 180 240 300 360 420 culant dans une des trois lignes à 347/600 V alimen-
-100
tant les luminaires d'un chantier maritime . Les cou-
-200 rants dans les deux autres lignes sont semblables, mais
-300 déphasés de 120° . Le courant efficace est de 113 A
-400 dans les lignes, et celui dans le neutre est de 45 A . En
(a)
-500

gWb A
200
500
400 m 150
x 5
-'
w 300 ° 100
200 50
100 120 ,240 A 360 A 480 À,600 A
A
0 r
0 x300 q V 420 x 540 x660 '
0 -50
-100
-200 -100
-300 -150
-400
-200
-500

Figure 41-20 Figure 41-21


a . Tension distorsionnée aux bornes d'une bobine . Courant distorsionné de 113 A efficace et composante 3e
b . Flux magnétique résultant et ses composantes . Voir harmonique de 15 A efficace circulant dans un conducteur
exemple 41-7 . d'une ligne triphasée .

LES HARMONIQUES 765

analysant l'onde de la Fig . 41-21, on trouve qu'elle Exemple 41-8


contient les composantes suivantes : La Fig . 41-22 montre une usine alimentée par un
fondamentale à 60 Hz : 112A transformateur T, dont le rapport de transformation
est a :1 . La réactance XT constitue la réactance de
3e harmonique : 15 A
fuite du transformateur, rapportée au secondaire .
5e harmonique : 6,6 A L'usine contient quelques charges non linéaires, de
7e harmonique : 2,4 A sorte qu'un courant harmonique ' H est engendré . Un
banc de condensateurs variable X (- sert à corriger le
Le calcul du facteur de distorsion donne :
facteur de puissance . La valeur de X( correspond à

2 la
celle à 60 Hz .
1 15 2 +6,6 2 +2 ,4 2
THD = = 0,148 = 14,8 %
112

Il est facile de comprendre pourquoi les courants de 3e


harmonique s'additionnent dans le neutre . En se réfé- charge
rant à la Fig . 41-21, nous avons mis en évidence l'onde (usine)
du 3e harmonique circulant dans une des lignes . Par
rapport à l'onde distorsionnée, on constate que l'onde 0
harmonique se répète à tous les 120° . Comme les cou-
rants distorsionnés dans les trois lignes sont eux-mê-
Figure 41-22
mes déphasés de 120°, il s'ensuit que les trois courants Source à moyenne tension et transformateur alimentant une
de 3e harmonique sont en phase . Par conséquent, ils usine contenant des charges non linéaires .
s'additionnent dans le fil neutre .
Dans certains cas, le 3e harmonique est tellement im- La ligne à moyenne tension E s qui alimente le primaire
portant que le fil neutre peut surchauffer, et des mesu- du transformateur possède une impédance X s (incluant
res spéciales s'imposent pour le réduire . le réseau en amont) . La puissance de court-circuit de la
ligne est donnée par la formule :
Une façon d'empêcher la propagation du 3e harmoni-
que est d'interposer, entre la source et la charge, un
transformateur connecté en triangle-étoile . Dans ce cas, EsZ
puissance de court-circuit = (41-9)
du côté primaire (connexion en triangle), le 3e harmo- Xs
nique ne peut pas circuler dans les lignes, car le fil
neutre est absent . Cependant, un courant de 3e harmo- En rapportant les éléments du primaire au secondaire
nique circulera toujours dans les enroulements connec- du transformateur, on obtient le circuit équivalent de la
tés en étoile, de même que ceux connectés en triangle . Fig . 41-23 . La procédure à suivre pour cette transfor-

a
Le transformateur agit alors en quelque sorte comme mation a été expliquée à la section 30 .10 .
un filtre, pour les harmoniques multiples de 3 . Mal-
heureusement, les autres harmoniques (5e, 7e, 1 le, 13e,
etc .,) circulant dans les lignes secondaires continue-
ront à se propager dans les lignes primaires .

41 .14 Harmoniques et résonance charge


Les harmoniques créés par les charges non linéaires
comme les convertisseurs électroniques, peuvent en- la
gendrer des conditions de résonance . Afin de compren-
dre le phénomène, nous utiliserons d'abord un modèle
monophasé, pour ensuite considérer un exemple tri- Figure 41-23
C\rcu\t de \a F\g . 41-22 avec \es é\éments rapportés au
phasé . secondaire du transformateur .



766 ÉLECTROTECHNIQUE

a
Quelle est la nature de ce circuit vu par le courant har-
monique IH ? Tout d'abord, la tension fondamentale
E sla devient un simple court-circuit . Ensuite, en com-
binant X T et XsIaz en une seule réactance, on obtient
IL XS
une réactance inductive X LH (Fig . 41-24) . La valeur de 1c~
a a
cette réactance augmentera proportionnellement avec
l'ordre H de l'harmonique, c'est-à-dire avec la fré-
quence . Par contre, la réactance capacitive XCH des con-
densateurs diminuera proportionnellement avec la fré- Figure 41-25
quence . On remarque en outre que X LH est effective- Courants et tensions harmoniques au primaire et au
ment en parallèle avec XCH . Comme cette dernière est secondaire du transformateur .
variable et que la fréquence de l'harmonique I H peut
prendre des valeurs diverses, il est évident qu'une con-
dition de résonance parallèle peut se produire pour au pacité de fournir de la puissance facturable . Enfin, la
moins un des harmoniques . pollution harmonique pourrait perturber les systèmes
électroniques des clients voisins et produire de l'inter-
férence sur les lignes téléphoniques .
Afin de saisir l'importance de la résonance, nous pré-
XLH
sentons au tableau 41-2 quelques rapports XCH/XLH au
voisinage de la résonance et les rapports IcIIH et IL/IH
correspondants . On remarque que même une résonance
charge
XCH EH partielle peut générer des courants très importants . Par
exemple, lorsque le rapport XcH/XLH est de 0,9 le cou-
rant dans les condensateurs est 10 fois plus grand que
IH , et celui dans le transformateur est 9 fois plus grand .
Ainsi, l'amplification d'un courant I H de 30 A produira
Figure 41-24
Circuit vu par les courants harmoniques I H . un courant I c de 300 A, et un courant IL de 270 A,
situation dont il y a lieu de s'inquiéter .

TABLEAU 41-2 AMPLIFICATION DU COURANT


Dans ces circonstances, le courant l e dans les conden- HARMONIQUE IH
sateurs, de même que le courant IL dans le secondaire
XCH/XLH IC/IH ILJIH
du transformateur, peuvent devenir plusieurs fois plus
grand que le courant I H . Par conséquent, il y a un ris- 0,7 3,33 2,33
que de surchauffe des condensateurs et des enroule- 0,8 5 4
ments primaire et secondaire du transformateur. De 0,9 10 9
plus, on sait que, lors d'une résonance parallèle, l'im- 0,95 20 19
1 > 20 > 20
pédance devient très grande . Par conséquent, la ten-
1,05 20 21
sion harmonique EH , qui est le produit du courant IH et 1,1 10 11
de l'impédance parallèle, peut atteindre des valeurs très 1,2 5 6
élevées, ce qui engendrera une distorsion anormale de 1,3 3,33 4,33
la tension dans l'usine . Enfin, le courant harmonique
IL circulant dans le secondaire du transformateur, sera Pour mieux saisir l'ampleur du problème dans un con-
réfléchi dans le primaire, et dès lors dans le réseau du texte industriel, nous présentons l'exemple suivant. Il
fournisseur d'électricité (Fig . 41-25) . Cette condition est représentatif des milliers d'installations qui contien-
risque d'être inacceptable car elle augmente les pertes nent des entraînements électroniques et d'autres char-
dans le réseau, en même temps qu'elle diminue sa ca- ges qui produisent des harmoniques .



LES HARMONIQUES 767

Exemple 41-9 140 MVA 163 kVA 200 kVA


160 kW 160 kW
Une usine, construite cil 1970, est alimentée par un 4,5 S2 23,4 m12 33,6 kvar 120 kvar
1
transformateur triphasé de 1000 kVA . 25 kV/600 V,
10,9 A 15 kV 453 A 556 A
ayant une impédance de 6 .5 (4 • Afin de corriger le
facteur de puissance, quatre condensateurs tripha- 360 V charge
360 V
11
sés de 60 kvar sont branchés et débranchés indivi-
duellement . selon le besoin, à l'entrée électrique . 6 ~T T T
En 1990, après installation de quelques systèmes 442 0F, 6 S2, 60 A, 21,6 kvar
d'entraînement électroniques, on a constaté une dé-
formation de la tension triphasée . La distorsion était Figure 41-27
Circuit équivalent d'une phase, pour les composantes
particulièrement marquée lorsque les quatre conden-
fondamentales .
sateurs étaient en circuit, la charge en aval étant de
600 kVA à un FP de 80 7c . De plus . le courant dans
les condensateurs était beaucoup plus grand que la
normale .
Afin d'analyser cette condition anormale, on a re- Analyse des composantes à 60 Hz
levé les lectures et les informations suivantes (Fig .
Avant de se préoccuper des harmoniques, on fait
41-26) :
d'abord les calculs concernant les composantes à 60 Hz .
I . Nombre de condensateurs en circuit : 4 La Fig . 41-27 montre les conditions pour une phase .
Puissance nominale triphasée de chaque conden- 10 . Puissance apparente absorbée par la charge :
sateur : 60 kvar
S = 600/3 = 200 kVA
3 . Capacitance de chaque condensateur (liane à neu-
11 . Puissance active absorbée par la charge :
tre) : 442 1tF
4 . Tension ligne à neutre : 360 V P = 480/3 = 160 kW
5 . Puissance apparente de la charge : 600 kVA 12 . Puissance réactive absorbée par la charge :
6 . Puissance active de la charge : 480 kW Q = 360/3 = 120 kvar
7 . Puissance réactive de la charge : 360 kvar 13 . Réactance capacitive d'un condensateur :
8 . Courants harmoniques I n `générés par la char`=e :
6
5r harmonique : 90 A Xc = 1 = 10
= 6 S2 éq . 22-6
7C harmonique : 60A 2nfC 2it x 60 x 442
I 1 e harmonique : 25 A
14 . Réactance capacitive des quatre condensateurs :
Puissance de court-circuit de la ligne d'alimen-
tation à 25 kV, 3 phases : 140 MVA Xc = 6 S2/4 = 1,5 S2
15 . Puissance réactive générée par les quatre conden-
sateurs :
25 kV 600 V
charge
Qc = E Z = 360 2 = 86,4 kvar
Xc 1,5
1000 kVA 600 kVA
3 ph 480 kW 16 . Puissance réactive fournie par le transformateur :
Z = 6,5 % 360 kvar
T T T T FP = 80 % QT = 120 kvar - 86,4 kvar = 33,6 kvar
4 x 60 kvar
Figure 41-26 17 . Puissance active fournie par le transformateur :
Diagramme unifilaire d'une usine, avec ses condensateurs
de correction du facteur de puissance . Voir exemple 41-8 . PT = 160 kW






768 ÉLECTROTECHNIQUE

18 . Puissance apparente fournie par le transformateur :


ST = i(1602 + 33,6 2) = 163 kVA
19 . Courant fondamental au secondaire du transforma-
teur : IT = STIE = 163 000/360 = 453 A
20. Tension ligne à neutre au primaire du transfor-
mateur: ETP = 360 x (25 kV/600 V) = 15 kV
21 . Courant fondamental au primaire du transforma-
teur : ILF = 454 (600/25 000) = 10,9 A Figure 41-28
Circuit équivalent d'une phase, pour les harmoniques .
22 . Impédance de la ligne de distribution à 25 kV :
2
E nominale _ 25 0002 teurs . La capacitance de ceux-ci peut varier de zéro
Xs =
puissance de court-circuit 140 x 106 jusqu'à 1768 µF par étapes de 442 µF . Calculons la
fréquence de résonance pour les différentes combinai-
= 4,5 S2 sons possibles, en utilisant la formule
23 . Impédance de la ligne de distribution rapportée au 1
secondaire du transformateur : résonance éq. 24-12
27111 LC
Xsla2 = 4,5 S2 (600/25 000) 2 = 2,6 mû2
ou
24 . Impédance du transformateur vue du côté secon- L = inductance du circuit [H]
daire (voir section 30 .15) : C = capacitance du circuit [F]
XT = 6,5 % x (6002/1000 kVA) = 23,4 mût Lorsque C = 442 µF, la fréquence de résonance est :
Cette impédance représente la réactance de fuite du
1
transformateur . Frésonancé éq. 24-12
27t~LC
Ceci complète la première partie de l'analyse (voir Fig .
41-27) .
1 = 911 Hz
Examinons maintenant l'impact des harmoniques . 21V69 x le x 442 x 1e
Analyse des composantes harmoniques Ensuite, lorsque C prend successivement les valeurs
de 884 µF, 1326 µF et 1768 µF, on obtient les fréquen-
25 . Inductance de fuite du transformateur :
ces de résonance correspondantes de 644 Hz, 526 Hz
XT = 0,0234 et 456 Hz .
Lr = = 62 .tH
271f 21z x 60 La fréquence de résonance de 456 Hz est assez près de
celle du 7e harmonique (420 Hz) . De même, la fré-
26 . Inductance de la ligne de distribution rapportée
quence de 644 Hz est très près de celle du 1le harmo-
au secondaire du transformateur:
nique (660 Hz) . Ceci risque d'avoir des conséquences
néfastes .
Xs /a 2 0,0026
LL = = = 7µ.H Considérons le cas où les quatre condensateurs sont en
2itf 2Tt x 60
circuit, comme l'indique la Fig . 41-29 . Le 7e harmoni-
27 . Inductance totale du transformateur et de la ligne que présente alors un danger potentiel . À la fréquence
de distribution: de 420 Hz, les réactances associées au transformateur
Ltotale = 62 + 7 = 69 µH et à la ligne de distribution donnent une réactance in-
ductive de 27 x 420 x 69 µH = 182 mû . À cette fré-
La Fig . 41-28 démontre que l'inductance de 69 µH se quence, la réactance capacitive des condensateurs est
trouve effectivement en parallèle avec les condensa- de 1/(27t x 420 x 1768µF) = 214 mQ2 .





LES HARMONIQUES 769

182 mit 401 A 60 A tant de i(401 2 + 453 2 ) = 605 A, et le primaire porte


aussi un courant proportionnellement plus grand .
i 18 mit 164 mit
En ce qui concerne les quatre condensateurs, ils por-
7,2 V 341 A
1768 µF 73 V charge tent chacun un courant harmonique de 341/4 = 85 A,
214 mit valeur supérieure au courant fondamental de 60 A . Le
T courant efficace total dans chacun des condensateurs
est donc i(85 2 + 602 ) = 104 A . Les condensateurs sur-
Figure 41-29 chaufferont . S'ils sont protégés par des fusibles de 90 A,
Circuit équivalent d'une phase, pour le 7e harmonique . Noter ceux-ci sauteront probablement après un certain délai .
les courants importants dans le transformateur et les Cela nécessite une maintenance, et entraîne des sou-
condensateurs .
cis, surtout si on n'est pas sensibilisé au problème des
harmoniques .
L'impédance de ces deux réactances en parallèle est Enfin, la tension harmonique de 73 V aux bornes
donnée par : des condensateurs s'ajoute à la tension fondamentale
ligne à neutre de 360 V. Cela donne une THD de
182 x 214 73 V/360 V = 20,3 % . La tension rms entre ligne et
Zparallèle = = 1217 mS2 = 1,22
214- 182 neutre ne sera plus 360 V, mais plutôt i(3602 + 73 2) =
367 V. Bien que cette augmentation de la tension rms
Le 7e harmonique de 60 A produira donc une tension
de 360 V à 367 V ne paraisse pas importante, la dis-
de 60 A x 1,22 S2 = 73 V aux bornes des condensa-
torsion de 20,3 % se répand partout dans l'usine . Elle
teurs, de même qu'à travers les deux inductances en
risque d'affecter le bon fonctionnement de certains ap-
série .
pareils critiques comme les ordinateurs et les systè-
Le courant porté par les quatre condensateurs est alors mes d'entraînement électroniques .
de 73 V/214 mQ2 = 341 A, tandis que celui porté par le
La distorsion de 73 V n'est pas réfléchie au primaire
secondaire du transformateur est de 73 V/182 mS2 =
du transformateur dans le rapport de transformation .
401 A . Le 7e harmonique de 60 A est donc amplifié de
Pour calculer la tension harmonique apparaissant au
401/60 = 6,7 fois dans les condensateurs et dans le trans-
primaire, on observe que la tension aux bornes de l'im-
formateur, à cause de la résonance parallèle (Fig . 41-
pédance de 18 mS2 est 401 A x 18 mS2 = 7,2 V (Fig . 41-
29) .
29) . Du côté primaire, la véritable tension harmonique
Le courant harmonique est réfléchi au primaire du trans- entre la ligne et le neutre est donc :
formateur selon le rapport de transformation, soit
E420 Hz, = 7,2 V x (25 000/600) = 300 V
401 A x (600/25 000) = 9,6 A . Ce courant harmonique
est presque aussi grand que le courant fondamental de Cette distorsion est négligeable par rapport à la tension
10,9 A que nous avons calculé précédemment . Le cou- ligne à neutre de 25 kV/I3 = 14,4 kV . Toutefois, la
rant efficace dans la ligne à 25 kV est donc distorsion du courant dans la ligne à 25 kV demeure
1= x(10,9 2 + 9,6 2 ) = 14,5 A toujours inacceptable .
Cette situation est très nuisible pour le fournisseur Nous avons seulement examiné l'effet du 7e harmoni-
d'électricité, car le 7e harmonique circulera partout sur que . Une étude complète exigerait que chaque harmo-
le réseau . En plus de faire chauffer inutilement les con- nique soit considéré . La méthodologie que nous avons
ducteurs, il diminue la capacité rentable de la ligne . adoptée ici demeure la même, mais les calculs sont plus
Par surcroît, il risque de créer de l'interférence télé- longs .
phonique par induction . La qualité de l'énergie four- Une situation semblable risque de se produire lorsque
nie par la compagnie d'électricité est ainsi compromise . deux des condensateurs sont en service . Dans ce cas, à
Des remarques semblables s'appliquent au transforma- cause du phénomène de résonance, c'est le 1 le harmo-
teur qui alimente l'usine . Le secondaire porte un cou- nique qui pourrait créer des problèmes .




770 ÉLECTROTECHNIQUE

Étant donné que les moteurs asynchrones représentent de court-circuit Scc à l'entrée de l'usine, comme suit :
une impédance inductive pour les harmoniques, et que
cette charge fluctue au cours de la journée selon le nom- EZ
Xc =
bre de moteurs en service, il est évident que des réso- Q
nances aléatoires peuvent survenir, ce qui complique
encore le problème . Pour cette raison, on recommande E2
et XL =
souvent l'installation de filtres harmoniques qui offrent Scc
un chemin non dommageable pour la circulation des
courants harmoniques . En somme, puisqu'on ne peut En substituant ces expressions dans l'équation 41-10,
pas supprimer les harmoniques, on peut les canaliser on obtient:
dans des chemins où ils ne peuvent pas nuire . Nous
examinons brièvement ce genre de filtre dans la sec-
tion 41 .15 . h= (41-11)

Formule utile concernant la résonance


Nous développons maintenant une formule permettant où
d'évaluer l'ordre de l'harmonique qui risque de provo- h = ordre de l'harmonique produisant la réso-
quer une résonance parallèle . En se référant à la Fig . nance parallèle
41-23, la réactance X L correspond à l'impédance de Scc = puissance de court-circuit en amont des con-
court-circuit à l'entrée, disons, d'une usine, au secon- densateurs [kVAI
daire du transformateur d'alimentation . La réactance Q= puissance réactive des condensateurs en ser-
Xc correspond à l'impédance totale des condensateurs vice [kvar]
en service à un moment donné . Les valeurs de XL et Xc L'expérience démontre que si h > 15, le danger d'une
sont basées sur la fréquence du réseau, soit la fréquence résonance parallèle est minime . Par contre, si h < 8,
fondamentale . une analyse détaillée de la résonance s'impose .
Supposons que l'usine génère un harmonique d'ordre
41 .15 Filtres harmoniques
h (Fig . 41-23 et 41-24) . Il s'ensuit que XLH = h XL et
XCH = Xc/h . Il y aura résonance lorsque XLH = XCH . On Dans les réseaux triphasés comprenant des charges non
peut donc écrire : linéaires, l'harmonique principal est en général le 5e .
Une façon simple d'éviter les problèmes de résonance
XLH = consiste à ajouter une inductance en série avec chaque
XCH
condensateur, de sorte que l'ensemble LC soit synto-
c
hXL = X nisé au 5e harmonique . Dans ces circonstances, le cir-
h cuit série offre une impédance très faible au courant de
5e harmonique, de sorte qu'il passe par le circuit LC
2 Xc plutôt que dans le reste du réseau .
soit h =
XL En ce qui concerne les harmoniques supérieurs au 5e,
l'ensemble LC offre une impédance qui est toujours
d'où
inductive . Par conséquent, il est dorénavant impossi-
Xc ble de créer une résonance quelconque avec l'induc-
h = (41-10)
V XL tance du transformateur d'alimentation . L'exemple
suivant, basé sur l'exemple 41-9, montre comment ce
Cependant, on peut exprimer Xc et XL en termes de filtre de blocage («blocking filter») évite le problème
puissance réactive Q des condensateurs et de puissance de la résonance .

LES HARMONIQUES 771

Exemple 41-10
La Fig . 41-30 montre les inductances requises, bran- tension 5e H
=0V
chées en série avec chacun des condensateurs de
442 tF . Elles sont calculées de la façon suivante : charge

1 . Réactance de chaque condensateur au 5e harmo-


nique (300 Hz) = 1,2 12
Figure 41-31
Réactance désirée des inductances à 300 Hz = Circuit équivalent d'une phase, pour le 5e harmonique, lorsque
1,2 S2 les bobines de résonance sont installées .
3 . Inductance requise L = X1 /2 = 1 .2/(27c x 300) =
637 tH
90 A passe entièrement dans la branche LC réso-
nante, car son impédance série est effectivement
163 kVA 200 kVA
-160 kW - 160 kW
nulle . Par conséquent, le 5e harmonique dans le
23,4 mû 33 kvar 637 pH, 120 kvar transformateur est maintenant zéro . Chaque conden-
4,5 n 0,24 4
sateur porte un courant harmonique de 90 A/4 =
10,9 A 22,5 A .
360 V
S) 360 V charge 7 . Pour le 7e harmonique, en se basant sur les valeurs
données à la Fig . 41-31, l'impédance des bobines
62,5 A
T T T devient 0,3 S2 x (7/5) = 0,42 £2 tandis que celle des
442 pF, 6 4, 60 A condensateurs devient 0,3 S2 x (5/7) = 0,214 S2 . L'im-
Figure 41-30 pédance LC série pour le 7e harmonique, avec les
Circuit équivalent d'une phase, pour les composantes quatre condensateurs en circuit, est donc
fondamentales, lorsque les bobines de résonance sont
installées en série avec les condensateurs . XL = 0,42 - 0,214 = 0,206 S2
= 206 mQ2 (Fig . 41-32)
Calculons maintenant le comportement du circuit
en ce qui concerne les tensions et les courants à 182 mû
tension 7e H
60 Hz =5,8V
4 . Réactance des bobines à 60 Hz
31,9 28,1 A charge
X60 = 2 nfL = 2it x 60 x 637 x 10 -6 = 0,24 S2
0,214Q 206 mû
T
5 . L'impédance LC série à 60 Hz est 6 S2 - 0,24 S2 =
5,76 Q . Le courant fondamental dans chaque con- Figure 41-32
densateur est donc I = 360V /5,76 S2 = 62,5 A . Circuit équivalent d'une phase, pour le 7e harmonique, lorsque
les bobines de résonance sont installées .
En se référant à la Fig . 41-30, on peut démontrer
que le secondaire du transformateur débite 160 kW
et 33 kvar, donnant de nouveau 163 kVA et 453 A, 8 . Le courant 7e harmonique de 60 A se partage entre
par phase. Nous concluons que l'ajout des bobines les impédances de 182 mQ2 et 206 mQ. Il s'ensuit
n'a pas affecté sensiblement le comportement du que le courant dans les quatre condensateurs est de
circuit en ce qui regarde les puissances à 60 Hz . 60 A x 182/(182 + 206) = 28,1 A . Cela représente
Cependant, le courant fondamental dans les conden- une diminution énorme par rapport au courant pré-
sateurs est légèrement plus grand qu'auparavant . cédent de 341 A (Fig . 41-29) . Le courant dans le
Examinons maintenant le comportement des harmo- transformateur a aussi chuté de 401 A à 31,9 A .
niques. On constate que les condensateurs agissent simultané-
6 Pour le 5e harmonique, avec les quatre condensa-
. ment comme correcteurs du facteur de puissance et
teurs en service, on obtient le montage équivalent comme éléments de filtres . Dans certains montages .
illustré à la Fig . 41-31 . Le courant harmonique de les circuits LC sont conçus pour résonner à une fré-

772 ÉLECTROTECHNIQUE

quence légèrement inférieure au 5e harmonique . Ainsi, 13

sur un réseau à 60 Hz, la fréquence choisie serait de A3


l'ordre de 4,7 x 60 Hz 280 Hz . La raison est qu'en
vieillissant, la capacitance des condensateurs diminue,
I2
ce qui a pour effet d'augmenter la fréquence de réso-
A2
nance . En choisissant un multiple de 4,7 au lieu de 5,
on s'assure que la fréquence de résonance ne sera ja- XS
mais supérieure au 5e harmonique . PCC

Lorsqu'on installe des filtres harmoniques du genre il- IF =Il +I2+ 13+ 14 1l
lustré à la Fig . 41-30, il est utile de vérifier, de temps à IH
. Al
autre, l'intensité des courants harmoniques qu'ils por- I,
tent . Supposons, par exemple, qu'on vienne d'installer
14
une charge non linéaire additionnelle dans une usine . (a) . A4
Les harmoniques qu'elle génère suivront les chemins
les plus faciles, donc ils passeront par les filtres . Les
courants harmoniques accrus risquent d'endommager
les condensateurs ou de faire sauter leurs fusibles de
protection . Dans ce cas, on doit installer des filtres sup-
plémentaires afin de porter les courants accrus, ou bien
A4
envisager d'autres solutions .
Enfin, lorsque la correction du facteur de puissance
exige l'installation d'un banc de condensateurs de quel-
ques milliers de kvars, on utilise des filtres syntonisés, (b)
non seulement au 5e harmonique, mais aussi au 7e, au
Figure 41-33
11e, et même au 13e harmonique . Le but principal est a . Point de raccordement commun PCC ;
toujours de minimiser les courants harmoniques circu- b . Tensions harmoniques créées au PCC à cause des
lant dans le réseau du fournisseur de l'électricité, et courants hamoniques provenant de la charge Al .
d'éviter les phénomènes de résonance et de distorsion
à l'intérieur de l'établissement .
lement de «point of common coupling»)* . La Fig . 41-
41 .16 Harmoniques dans les réseaux 33b montre une phase du système triphasé .
publics L'impédance Xs du réseau en amont du PCC dépend
Nous avons vu que les harmoniques générés par les de la tension nominale du réseau et de la puissance de
charges non linéaires à l'intérieur d'une usine peuvent court-circuit au PCC . La formule, tirée de l'équation
être injectés dans le réseau du fournisseur d'électri- 41-9, est :
cité . Ils y produisent alors une distorsion de la tension
qui affecte la qualité du service pour tous les clients Es
branchés sur le même réseau . Afin de comprendre le Xs = (41-12)
phénomène, considérons le diagramme unifilaire de la sec
Fig . 41-33a. Il montre la source de tension Es du four-
nisseur alimentant un groupe de clients par l'entremise
d'une artère ayant une réactance X s . L'artère aboutit à
un point commun de couplage PCC (abréviation éga-

Par définition, le PCC est le point situé sur le réseau d'ali-


mentation électrique public le plus proche électriquement
de l'installation d'un consommateur particulier, et auquel
d'autres installations de consommateurs sont ou peuvent
être raccordées .


LES HARMONIQUES 773

où Exemple 41-11
SC, = puissance de court-circuit de l'artère [MVAI L'usine A l de la Fig . 41 -33a absorbe une puissance
Es = tension nominale ligne à ligne de l'artère apparente de 4600 PVA d'un réseau triphasé à 25 kV .
[kV] Des charges non linéaires situées dans l'usine pro-
Xs = réactance de l'artère, par phase [S2] duisent des murants au 5` et au 29 e haintonique .
Supposons que parmi les clients de la Fig . 41-33a, il Par rapport au Courant Fond .u~~ental I l , le 5' harmo-
nique a une valeur relative de 0,08 p .u . (S `,(-) et le
existe une grande usine AI . Supposons aussi que cette
29` harmonique a une saleur relative de 0,016 p . u .
usine tire un courant fondamental I l mais que, en rai-
son de ses charges non linéaires, elle injecte en même (1,6 L'artère alimentant le PCC possède une
temps un courant harmonique IH dans le réseau . Les puissance de court-circuit de 97 MVA . Calculer :
autres clients tirent des courants fondamentaux 12, I3, a) la réactance X de l'artère
14 , mais leurs courants harmoniques sont négligeables . b) la valeur des courants de 5` et de 29' harmoni-
L'artère porte donc l'ensemble IF des courants fonda- que
mentaux (IF =I t + 12 + 13 + 14) plus le courant harmoni-
c) les valeurs des tensions harmoniques ligne ài li-
que IH.
gne au PCC
Le courant fondamental IF produit une chute de ten- d) les valeurs relatives (les tensions harmoniques au
sion le long de l'artère égale à IFXS . De même, le cou- PCC
rant IH produit une chute de tension EH = IH hXs où h
e) la distorsion totale (THD) au PCC
est l'ordre de l'harmonique . Ainsi, dans le cas d'un 7 e
harmonique, la valeur de h est 7 . Solution
On constate que pour un harmonique d'ordre h élevé, a) En se référant à la Fig . 41-33, on trouve :
la chute de tension harmonique peut être considéra-
Réactance de l'artère:
ble .
Xs = Es 2/SCC = 25 0002/(97 x 106) = 6,44 S2
Comme la tension nominale Es du fournisseur ne con-
tient aucun harmonique, il s'ensuit que la tension har- b) Courant fondamental tiré par l'usine AI :
monique EH apparaît au point de raccordement PCC .
Donc, le courant harmonique IH généré par l'usine A1 I _ s _ 4600 x 103
= 106,2 A
affecte la qualité de la tension fournie aux autres usa- r Es 1~ 25 00013
gers branchés au PCC . La distorsion de la tension pour-
rait affecter le fonctionnement de leurs appareils élec- 5e harmonique du courant :
troniques . Il est donc important de limiter l'amplitude 15 = 0,08 x 106,2 = 8,50 A
des courants harmoniques injectées dans le réseau . En
29e harmonique du courant :
général, on cherche à limiter le THD de la tension au
PCC à un maximum de 3 %* . 129 = 0,016 x 106,2 = 1,70 A
c) 5e harmonique de la tension, ligne à ligne :

E5 = 15 hXs 13
= 8,50 x 5 x 6,44 x 13 = 474V

29e harmonique de la tension, ligne à ligne :

E,q = 129 hXs 13


La norme ANSI/IEEE n° 519-1992 intitulée «IEEE
Recommended Practices and Requirements for Harmonic = 1,70 x 29 x 6,44 x 13 = 550 V
Control in Electrical Power Systems» constitue un guide
relativement aux courants harmoniques maximaux qu'un
client peut injecter dans une ligne d'alimentation . Ce do-
cument de 100 pages donne aussi un aperçu général des
problèmes liés aux harmoniques sur un réseau .


774 ÉLECTROTECHNIQUE

d) Valeur relative de E5 : 41 .17 Courants harmoniques dans les


transformateurs: facteur K
E5 (p .u .) = 474/25 000 = 0,019 = 1,9 %
Dans un transformateur, les lignes du flux de fuite trans-
Valeur relative de E29 :
percent les spires du primaire et du secondaire (Fig .
E29 (p .u .) = 550/25 000 = 0,022 = 2,2 % 41-34) . Par conséquent, ces lignes de flux induisent
Noter que, même si le 29e harmonique de courant est des faibles tensions à l'intérieur des spires elles-mê-
quatre fois inférieur au 5e harmonique, la distorsion mes et, par suite, génèrent des courants de Foucault
attribuable à la tension du 29e harmonique est supé- dans le cuivre . Ce phénomène produit des pertes sup-
rieure à celle due au 5e harmonique . plémentaires dans les spires, qui s'ajoutent aux pertes
Joule dues à leur résistance . L'échauffement produit
e) Distorsion totale de la tension au PCC :
par ces pertes parasites («stray losses») est particuliè-
THD =V0,0192 +0,022 2 = 0,029 = 2,9 % rement important lorsque les enroulements portent des
courants distorsionnés . Ces courants produisent des flux
Formule donnant la distorsion relative de fuite harmoniques lesquels induisent des tensions
Au lieu de faire le calcul étape par étape comme on harmoniques dans les spires . Malheureusement, pour
vient de le faire, on peut calculer directement la distor- une densité de flux donnée, chaque tension harmoni-
sion relative d'une tension harmonique en particulier que d'ordre h est h fois supérieure à celle qui serait
en utilisant la formule suivante : induite à la fréquence fondamentale . Les courants de
Foucault correspondants sont donc h fois plus grands .
Par conséquent, les pertes de chaleur augmentent avec
EH (P
.) = kh
.U S (41-13) le carré de l'ordre h de l'harmonique .
S cc
Supposons, par exemple, qu'un courant fondamental
où de 40 A circulant dans le primaire d'un transformateur
EH (p .u .) = EH/ES = valeur relative de l'harmonique produise un flux de fuite qui engendre des pertes para-
de tension par rapport à la tension nomi- sites de 4 W. Un courant de 7e harmonique de même
nale du réseau valeur produirait alors des pertes parasites de 7 2 x 4 W
k = IH/IF = valeur relative d'un courant har- = 196 W. On constate que la distorsion du courant a
monique I H en particulier par rapport au des effets néfastes sur les pertes parasites et, par con-
courant fondamental IF séquent, sur l'échauffement du transformateur.
h = ordre de l'harmonique de courant I H La Fig . 41-34 montre une courte section d'un enroule-
S = appel maximal de puissance apparente de ment portant un courant sinusoïdal I F dont la fréquence
la charge [VA] correspond à celle de la source, soit de 60 Hz ou 50 Hz .
Scc = puissance de court-circuit au point com- Une portion OF du flux de fuite transperce la spire, et
mun de raccordement [VA] induit dans celle-ci un courant de Foucault i FS (F pour
fondamental, S pour spire) . L'ensemble de ces courants
En se référant à l'exemple 41-11, pour le 29e har-
iFS engendre des pertes supplémentaires le long de l'en-
monique on a k = 0,016, h = 29, S = 4600 kvar,
roulement .
Scc = 97 Mvar . Si l'on substitue ces valeurs dans l'équa-
tion 41-13, on obtient :

E29 (p .u .) = kh S
Scc
éq.41-13

4600 x 103
= 0,016 x 29 x 0
IF FS IF
97 x 10 6
= 0,022 = 2,2 %
Figure 41-34
La réponse correspond à la valeur calculée dans l'exem- Le flux de fuite à la fréquence fondamentale induit des
ple 41-11 . courants de Foucault i FS dans la spire .




LES HARMONIQUES 775

Supposons que la résistance à courant continu de l'en- Le flux de fuite comprend des lignes OF de fréquence
roulement soit de Ro ohms . Les pertes Joule sont donc fondamentale et des lignes OH de fréquences harmoni-
RQ IF2 . Disons que les pertes parasites dues au courant ques . Ces lignes de flux engendrent respectivement les
iFS représentent une fraction g des pertes Joule ROIF2 . courants de Foucault iFS et i HS . Les pertes parasites to-
Selon la grosseur du transformateur, la valeur de g peut tales sont alors égales à la somme des pertes indivi-
être comprise entre 2 % et 15 % . Les pertes totales à la duelles dues aux différentes composantes du courant
fréquence fondamentale sont alors données par l'ex- IT . On estime que les pertes parasites individuelles sont
pression : proportionnelles au carré des courants respectifs et au
carré de l'ordre h de l'harmonique . On peut donc écrire :
Pertes totales(F ) = pertes Joule(F ) + pertes parasites (F )
Pertes parasites dues à la fondamentale = gR o IF2 x 1 2
=Pj+gPJ =ROI; +gRO IF2 2
Pertes parasites dues au 2e harmonique = gR 0122 X 22
soit
Pertes parasites dues au 3e harmonique = gR 013 2 X 32
Pertes totales = RO I; (1 + g) (41-14) Pertes parasites dues au 4e harmonique = gR OI42 x 42
. . . . et ainsi de suite .
Exemple 41-12
Le primaire d'un transformateur porte un courant Les pertes parasites totales sont donc données par :
sinusoïdal IF de 85 A . La résistance à c .c . de l'en-
roulement est de 0,04 1-2 . Les pertes parasites à la Pparasites = gRo (I F2 + 22122 + 3213 2 + 42 14 2 + . . .+ h2 1h2)

fréquence fondamentale représentent 9 % des per-


tes Joule . Calculer les pertes Joule, les pertes para- Par ailleurs, on a vu que les pertes Joule sont données
sites et les pertes totales . par PJ = RO IT2 .

Solution Désignons par gK, le rapport Ppa`as"es soit :


Pi
Pertes Joule : Pj = RO IF 2 = 0,04 X 85 2 = 289 W
g&
g=9%=0,09 (IF+22 Iz +32 I3 +42 I2 + .. . . +h 211)
gK =
Pertes parasites dues aux courants de Foucault : RoIT
gPJ = 0,09 x 289 = 26 W On obtient alors :
Pertes totales = 289 + 26 = 315 W
I2 + 2 2Iz + 3 2I3 + 42 I2 + . . . . + h z Ih
La Fig . 41-35 montre la même portion de l'enroule- K = (41-16)
2
ment lorsqu'il porte un courant distorsionné composé IT
d'un courant fondamental IF et de plusieurs harmoni-
Les pertes totales dues à la fondamentale et à l'ensem-
ques de valeur efficace 12, 13, 14, . . . Ih. Le courant
ble des harmoniques est donc :
distorsionné a une valeur efficace I T.
Pertes totales = RQIT 2 (1 + gK) = PJ (1 + gK) (41-16a)
On peut donc écrire Ii = Ii + II + I1 + . . . + II
ou
Il s'ensuit que les pertes Joule sont données par
IT = courant efficace porté par l'enroulement [A]
Pi = R OIT 2 (41-15) Ro = résistance à c .c . de l'enroulement [S2]
0F g = rapport des pertes parasites/pertes Joule à la
fréquence fondamentale
K = facteur d'échauffement dû aux pertes parasites
Dans cette expression, le facteur K représente l'effet
IT \
~

iHSW, » iFS IT multiplicateur sur les pertes parasites causées par les
harmoniques . Le facteur K est une caractéristique du
courant distorsionné . Lorsque le courant est parfaite-
Figure 41-35 ment sinusoïdal, la valeur de K = 1 . Dans l'évaluation
Les flux de fuites harmoniques induisent des courants de
Foucault i HS . du facteur K, on peut négliger l'effet des harmoniques


776 ÉLECTROTECHNIQUE

supérieurs au 3le . Ainsi, en tenant compte de cette li- c) Pertes Joule :


mite, le facteur K d'une onde carrée (tableau 41-1) est
PJ = 587,8 x 0,003 = 1037 W
de 13 .
On peut exprimer la formule (41-16) sous la forme d) Pertes parasites :
condensée en exprimant les harmoniques en p .u . :
Pparasites = gKPJ = 4 % x 6,06 x 1037 = 251 W
K = Eh2Ih (P .U .) (41-17) Pertes totales :

où Ptotale = 1037 + 251 = 1288 W


K = facteur d'échauffement dû aux pertes para- e) Les plus grandes pertes Joule sont produites par la
sites composante fondamentale de 520 A . Les pertes sont :
h = ordre des harmoniques (pour la fondamen-
tale, h = 1) PJ (fondamentale) = R 0 )' = 0,003 x 520 2
Ih(p .u .) = valeurs relatives des harmoniques par rap- = 811 W
port au courant efficace IT
f) Les plus grandes pertes parasites sont produites par
Exemple 41-13 le 23e harmonique car il contribue pour la majeure par-
Le primaire d'un transformateur porte un courant tie (3,382) au facteur K . Sa contribution est :
distorsionné dont les composantes sont :
K23 3,382 = 140 W

courant fondamental : 520 A Pparasites (h = 23) = 251 X = 251 X
K 6,06
3e harmonique : 270A
Noter que dans cet exemple, les pertes parasites cons-
23c harmonique : 47 A tituent 251 W/1288 W = 19,5 % des pertes totales . Cet
La résistance à c .c . de l'enroulement est de 3 m12 exemple démontre que lorsqu'un transformateur est
et, à la fréquence fondamentale, les pertes parasites appelé à porter des courants distorsionnés, on ne peut
représentent 4 % des pertes par effet Joule . Déter- plus considérer seulement les pertes Joule dans le cal-
miner : cul d'échauffement des bobinages . De plus, les pertes
a) la valeur efficace du courant parasites ne sont pas réparties uniformément le long
d'un enroulement mais peuvent être concentrées à des
h) la valeur du facteur K
endroits particuliers . Il y a donc risque de surchauffer
c) les pertes Joule dans le primaire certaines parties de l'enroulement. Ces points chauds
d) les pertes parasites dans le primaire, ainsi que peuvent diminuer de façon significative la durée de vie
les pertes totales du transformateur . On construit aujourd'hui des trans-
e) la composante du courant I qui produit les plus formateurs dont le facteur K admissible est spécifié* .
grandes pertes Joule
f) la composante du courant I, qui produit les plus ANALYSE HARMONIQUE
grandes pertes parasites
41 .18 Procédure pour analyser une onde
Solution périodique
a) Valeur efficace du courant: Nous avons vu que les harmoniques jouent un rôle
I, = ~ 520' + 270 2 + 472 = 587,8 A important dans les installations électriques . Pour les
mesurer, on a recours à des instruments spécialisés .
2 Nous présentons maintenant une méthode permettant
IF + 32 I + 23 2 , 2
b) facteur K = éq . 41-16
I2T La norme ANSI/IEEE C57 .110-1986 intitulée «IEEE
2x Recommended Practice For Establishing Transformer
5202 +32 x 2702 +23 472 Capability When Supplying Nonsinusoidal Load Currents»
587,8 2 fournit des renseignements à ce sujet . La norme UL 1561
est à l'origine du nom «K-factor» .
= 0,7826 + 1,899 + 3,382 = 6,06


LES HARMONIQUES 777

d'évaluer le contenu harmonique de n'importe quelle TABLEAU 41-3 ANALYSE HARMONIQUE


onde périodique au moyen d'une simple calculatrice* . harmonique H = D =
Voici la procédure à suivre :
[1] [2] [3] [4]
1) Dans l'onde distorsionnée que vous désirez analy- 0 A A sin H9 A cos H6
ser, déterminez l'ordre H de l'harmonique cherché .
0 x X X
Si c'est le 7e harmonique, H = 7 . Si vous cherchez
x x X X
la composante fondamentale, H = 1 .
2) Multipliez l'ordre H par 10 . Le nombre obtenu 10 H
indique le nombre minimal de lectures requises, par
x x x x
cycle, pour assurer une précision de l'ordre de ± 5 % .
Dans le cas d'un 7e harmonique, 10 H = 70 ; l'inter- somme So somme S 1 somme S2
valle D approximatif entre les lectures est donc D =
360°/70 = 5,14° . Afin de faciliter la tâche, on arron- Ao = S 0 D/360 X = S 1 D/180 Y = S2 D/180
dit cet intervalle à 5° .
9) Calculez la somme S i des valeurs inscrites dans la
3) Préparez un tableau de 4 colonnes et de plusieurs colonne [3], en excluant celle correspondant à
rangées, semblable au tableau 41-3 . Les croix x re- 0 = 360° . Ensuite, calculez la valeur X obtenue par
présentent des chiffres que vous inscrirez dans le l'équation suivante :
tableau .
X = S i D/180 (41-18)
4) Dans la colonne [1] portant le symbole 0, inscrivez
les angles de zéro à 360°, par intervalles de D . Dans 10) Calculez la somme S 2 des valeurs inscrites dans la
le cas où D = 5°, la colonne contiendra les chiffres colonne [4], en excluant celle correspondant à
0, 5, 10, 15 . . . jusqu'à 360. Ils représentent les an- 0 = 360° . Ensuite, calculez la valeur Y obtenue par
gles en degrés de l'onde distorsionnée, durant un l'équation suivante :
cycle . Y =S 2 D/l80 (41-19)
5) Choisissez, sur l'onde, un point de départ . Il est pra-
11) L' amplitude crête AH de la composante harmoni-
tique (quoique pas nécessaire) de choisir l'instant
que recherchée est alors donnée par :
où la valeur de l'onde passe par zéro . Ce point de
départ correspond toujours à 0° dans la colonne [1] .
AH =1X 2 +Y 2 (41-20)
6) Dans la colonne [2], inscrivez les amplitudes A de
l'onde distorsionnée correspondant à chacun des 12) La position angulaire a de cet harmonique, par
angles 0listés dans la colonne [1] . rapport au point de départ (0= 0°), est donnée par :
7) Dans la colonne [3], calculez pour chaque rangée le
produit de A x sin (HO) . Supposons, par exemple, a = atan Y/X (41-21)
que 0= 235°, A = 49, et H = 7 . Pour cette rangée on De plus, la règle suivante s'applique pour le cal-
obtiendra :
cul de a:
A sin (HO) = 49 x sin (7 x 235°) Si la valeur de X est négative, il faut ajouter 180'
= 49 sin 1645° = - 20,7 à l'angle obtenu.

8) Dans la colonne [4], calculez pour chaque rangée le 13) La composante harmonique recherchée est alors
produit A x cos (HO) . Par exemple, si 0= 235°, A = décrite par la formule :
49, et H = 7, on obtiendra A cos (HO) = 49 x cos (7
H ième harmonique = A H sin (HO + a) (41-22)
x 235°) = 49 x cos 1645° = - 44,4 .
Sa valeur efficace est égale à A H /i2 .
14) Dans certains cas, l'onde périodique contient une
composante continue A 0 , en plus des composan-
" La méthode de calcul présentée ici est basée sur l'analyse tes alternatives . Pour la trouver, prenez la somme
de Fourier.




778 ÉLECTROTECHNIQUE

So des valeurs inscrites dans la colonne [2], en ex- La somme S i de la colonne [3] donne 175,9 . Par con-
cluant celle correspondant à 8 = 360° . Ensuite, séquent, on obtient
trouvez la valeur de A o où X = S1D/180 = 175,9 x (30°)/180 = 29,3
Ao = S o D/360 (41-23) De même, on obtient dans la colonne [4] une somme
S 2 de - 43,5 ce qui donne
Les calculs précédents peuvent se faire manuelle-
ment, mais la tâche est simplifiée lorsqu'on utilise Y = S 2 D/180 = - 43,5 x (30°)/180 = - 7,3
un ordinateur.
TABLEAU 41-4 ANALYSE HARMONIQUE
Exemple 41-14 harmonique H = 1 D = 30°
La Fig . 41-36 montre une onde périodique dont la [1] [2] [3] [4]
forme est assez spéciale . L'alternance positive est 8 A A sin H6 A cos H6
triangulaire, tandis que l'alternance négative est rec-
0 0 0 0
tangulaire . Calculer :
30 7,5 3,75 6,5
a) l'amplitude et l'an e de la composante fonda- 60 15 13 7,5
mentale 90 22,5 22,5 0
h) l'amplitude e l'angle du 4° harmonique 120 30 26 -15
150 37,5 18,75 -32,5
180 0 0 0
40 210 0 0 0
240 - 20 17,3 10
240° 320°
270 - 40 40 0
0 160° 360°
300 - 40 34,6 -20
-40 330 0 0 0
360 0
Figure 41-36
Analyse d'une forme d'onde distorsionnée . S 1 = 175,9 S 2 =-43,5

Solution X = S 1 D/180 = 29,3 Y =S 2 D/180 = -7,3


a) Puisque nous cherchons la composante fondamen-
tale, il faut prendre sur l'onde distorsionnée au moins En appliquant les équations 41-20 et 41-21, on obtient
10 H =10 x 1 = 10 lectures des amplitudes . C'est dire l'amplitude crête et l'angle a de la fondamentale :
que la valeur de l'intervalle D doit être environ
D = 360°/10 = 36° . Choisissons un intervalle D = 30°,
A1 = VX2 + Y 2 = V 29,32 + (- 7,3 ) 2 = 30,2
ce qui donnera une précision encore meilleure . Il faut
donc prélever 360/30 = 12 lectures pour un cycle . -7,3)
a = atan = atan
On remarque que la valeur de l'onde change brusque- X
IY~ 29,3
ment à 160°, 240° et 320° . Il est alors recommandé de = atan (-0,249) _ -14°
prendre comme amplitude la moyenne des valeurs
maximales et minimales à ces instants . Ainsi à 160°, La composante fondamentale s'exprime donc par
la valeur moyenne est (40 + 0)/2 = + 20 . De la même l'équation :
façon, la valeur moyenne à 240° et à 320° est de -20 . H 1 = A 1 sin (H8 + (x) = 30,2 sin (0 - 14°)
Le tableau 41-4 contient les quatre colonnes mention- La valeur efficace de la fondamentale est
nées auparavant . Dans la colonne [1] sont inscrits les
30,2/I2 = 21,4
angles de 0° à 360° par intervalles de 30° . En suivant
l'onde, on note les amplitudes A correspondant à cha- La Fig . 41-37 montre la fondamentale superposée sur
cun des angles, puis on les inscrit dans la colonne [2] . l'onde originale .
Ensuite, on fait les calculs requis pour remplir les co- b) Cherchons maintenant l'expression du quatrième
lonnes [3] et [4] . harmonique. Dans ce cas, il faut prendre sur l'onde



LES HARMONIQUES 779

déformée au moins 10 H = 10 x 4 = 40 lectures des nant 40 rangées . Dans ce cas, la somme S 1 de la co-
amplitudes . C'est dire, que la valeur de l'intervalle D lonne [3] donne -29,11 et celle de la colonne [4] donne
doit être environ 360°/40 = 9° . S 2 =- 101,96 . Il s'ensuit que
Le tableau 41-5 affiche encore quatre colonnes, comme X = S 1 D/180 =-29,11 x (9°)/180 =-1,46
on l'a fait pour le tableau 41-4, mais il contient mainte- Y = S 2D/180 =-101,97 x (9°)/180 =-5,10
TABLEAU 41-5 ANALYSE HARMONIQUE L'amplitude crête du 4e harmonique est donc :
harmonique H = 4 D = 9°
[3] [4]
A4 = VX2 + Y2 = ~(- 1,46) 2 + (- 5,1) 2 = 5,30
[1l [2]
9 A A sin H6 A cos HO et l'angle a est :
0 0 0 0
9 2,25 1,32 1,82 -5,10)
a = atan = atan = atan 3,49 = 74°
18 4,5 4,28 1,39 X
~YI -1,46
27 6,75 6,42 -2,09 Cependant, comme X est négatif, il faut ajouter 180° à
36 9,0 5,29 -7,28
l'angle de 74° . Par conséquent, l'angle réel est a = 74
45 11,25 0 -11,25
54 13,5 -7,94 -10,92 + 180 = 254° .
63 15,75 -14,98 -4,87 Le 4e harmonique s'exprime donc par l'équation
72 18,0 -17,12 5,56
H4 = 5,3 sin (40 + 254°)
81 20,25 -11,9 16,38
90 22,5 0 22,50 La Fig . 41-37 montre l'harmonique superposé à l'onde
99 24,75 14,55 20,02 originale et à l'onde fondamentale .
108 27,0 25,68 8,34
En répétant le même exercice, on peut trouver les ex-
117 29,25 27,82 -9,04
-25,48 pressions des harmoniques 2 à 12 . Elles sont données
126 31,5 18,52
135 33,75 0 -33,75 dans le tableau 41-6 .
144 36,0 -21,16 -29,12
153 38,25 -36,38 -11,82
162 0 0 0
171 0 0 0 40-
180 0 0 0 30-
189 0 0 0
198 0 0 0 20-
207 0 0 0 4e harmonique
10-
216 0 0 0 1> 200 5,30 360
225 0 0 0 0
234 0 0 0
-10-
243 -40 38,04 12,36
252 -40 38,04 -12,36 -20-
261 -40 23,51 -32,36
-30-
270 -40 0 -40,0
279 -40 -23,51 -32,36 -40-
288 -40 -38,04 -12,36
297 -40 -38,04 12,36 Figure 41-37
306 -40 -23,51 32,36 Composante fondamentale de l'onde de la Fig . 41-36, et
315 -40 0 40,0 composante 4e harmonique .
324 0 0 0
333 0 0 0
342 0 0 0
351 0 0 0
360 0
S1 =-29,11 S 2 =-101,97

780 ÉLECTROTECHNIQUE

41 .19 Résumé
TABLEAU 41-6 COMPOSANTES HARMONIQUES Dans ce chapitre, nous avons vu que toute onde pério-
Fondamentale 30,2 sin (8 - 14°) dique distorsionnée et de fréquence f est équivalente à
une somme d'ondes sinusoïdales dont les fréquences
2e H 7,7 sin (20 + 100°)
sont des multiples de f . La composante de fréquence
3e H 7,4 sin (30 + 119°) 1 f est la composante fondamentale . Les composantes

4e H 5,3 sin (40 + 254°) d'ordre 2f, 3f, . . . . nf , sont les composantes harmoni-
ques d'ordre 2, 3, . . . . n .
5e H 4,1 sin (50 + 110°)
On a vu comment calculer la valeur efficace d'une onde
6e H 4,6 sin (60 + 239°)
contenant des harmoniques . Pour mesurer le degré de
7e H 2,1 sin (70 + 269°) distorsion, on peut aussi calculer son facteur crête et
8e H 3,3 sin (80 - 8°) son facteur de distorsion ou THD . Pour une charge
fonctionnant en présence d'harmoniques, on définit
9e H 1,4 sin (90 + 184°)
deux types de facteurs de puissance : le facteur de puis-
10e H 3,0 sin (100 -1 °) sance de déplacement est en fait le facteur de puis-
11eH 1,5 sin (110 + 97°) sance «traditionnel» associé à la tension fondamen-
tale et au courant fondamental ; le facteur de puissance
12e H 1,9 sin (120 + 117 0 )
total inclut les harmoniques .

La somme de la fondamentale et des douze premiers Les harmoniques sont créés par des charges et des cir-
harmoniques est illustrée graphiquement à la Fig . 41- cuits non linéaires . Les convertisseurs utilisant l'élec-
38 . On constate que la forme d'onde obtenue reconsti- tronique de puissance produisent des courants hachés
tue assez bien la forme d'onde originale, même si le et constituent une des principales sources d'harmoni-
nombre d'harmoniques utilisé est assez restreint . ques sur les réseaux . Nous avons vu comment un con-
vertisseur transforme une partie de la puissance active
fondamentale en puissance active harmonique . Nous
avons aussi appris que cette transformation est accom-
pagnée d'une consommation (parfois d'une génération)
60 de puissance réactive .
Les harmoniques générés par les charges non linéaires
40 se propagent sur tout le réseau et ils peuvent même
être amplifiés par l'effet de résonance à certaines fré-
quences . Les tensions et courants harmoniques aux dif-
férents points du réseau peuvent êtres calculés de fa-
çon indépendante . On a vu comment l'utilisation de

40 80
v v l N
120 160 200 240 280 320 360 400
filtres permet à la fois de réduire les harmoniques et
d'améliorer le facteur de puissance .
Nous avons vu aussi que dans les transformateurs,
les courants de Foucault produits par les harmoniques
-40 causent un échauffement des bobinages qui s'ajoute à
celui produit par effet Joule . Les pertes dues aux har-
-60 moniques sont calculées au moyen du facteur K.
Enfn, nous avons présenté une méthode de calcul sim-
ple qui permet d'évaluer avec une assez bonne préci-
Figure 41-38
Forme d'onde de la Fig . 41-36 obtenue en additionnant la sion les harmoniques contenus dans une forme d'onde
fondamentale et les 12 premiers harmoniques . périodique quelconque .

LES HARMONIQUES 781

PROBLÈMES - CHAPITRE 41 Niveau intermédiaire


Niveau pratique 41-8 Une tension de 4300 V possède un facteur de
41-1 Un courant déformé de 60 Hz contient un 5e distorsion THD de 26 % . Calculer la valeur efficace
harmonique de 20 A et une fondamentale de 30 A (va- a) de la fondamentale
leurs efficaces) . Calculer : b) de l'ensemble des harmoniques
a) la valeur efficace du courant déformé 41-9 Une source de tension de 60 Hz contient une
b) la fréquence de la fondamentale composante fondamentale de 730 V et un 5e harmoni-
c) la fréquence de l'harmonique que de 108 V. La source est appliquée à une induc-
tance de 5 mH en série avec une résistance de 10 S2 .
41-2 Une tension à 60 Hz ayant une valeur efficace
Calculer la valeur efficace des courants et tensions sui-
de 485 V contient plusieurs harmoniques . La compo-
sante fondamentale a une valeur efficace de 481 V . vants :
Calculez la valeur efficace de l'ensemble des harmo- a) courant fondamental
niques . b) courant 5e harmonique
41-3 Dans le problème 41-2, quel est le facteur de c) courant dans le circuit
distorsion (THD) en pour cent? d) tension aux bornes de la résistance
e) tension aux bornes de l'inductance
41-4 Un courant est composé d'une fondamentale de
960 A, d'un 5e harmonique de 156 A et d'un 7e harmo- 41-10 Un câble triphasé portant un courant
nique de 235 A . Calculer: distorsionné de 830 A contient un 7e harmonique de
a) la valeur efficace du courant 60 A . La résistance du câble est de 2 m£1 . Si on sup-
b) le facteur de distorsion, en pour cent prime la circulation de la composante harmonique, de
combien la puissance dégagée en chaleur par le câble
41-5 Dans le problème 41-4, le courant circule dans diminuera-t-elle?
une résistance de 2 S2 . Calculer la puissance totale dis-
41-11 Soit une onde alternative rectangulaire ayant
sipée et la puissance associée
une amplitude de 100 V. En utilisant la méthodologie
a) au courant fondamental décrite dans la section 41 .18, déterminez l'amplitude
b) au 5e harmonique crête de la fondamentale . Prenez des intervalles D de
c) au 7e harmonique 30° . Comparez cette valeur avec la valeur exacte don-
née par le tableau 41-1 .
41-6 Une tension sinusoïdale de 480V alimente une
charge non linéaire . Le courant de 85 A contient une 41-12 L' onde triangulaire de la Fig . 41-39 aune va-
composante fondamentale de 74 A qui est déphasée de leur crête de 100 V. Déterminer la valeur efficace ap-
32° en retard sur la tension . Calculer : proximative de la composante fondamentale .
a) le facteur de puissance de déplacement
b) la puissance active fournie par la source
c) le facteur de puissance total
À& 270° _
41-7 Un câble triphasé à 4 fils alimente des luminai-
res à halogène branchés ligne à neutre . Le courant dans
les lignes a une valeur efficace de 320 A, dont 47 A
sont dus à un 3e harmonique . Quelle est la valeur du Figure 41-39
courant circulant dans le neutre? Voir problème 41-12 .




782 ÉLECTROTECHNIQUE

Niveau avancé 41-16 Une ligne triphasée à 24 kV alimentant un édi-


fice commercial possède une puissance de court-cir-
41-13 Dans la Fig . 41-40, utiliser la méthodologie
cuit de 60 MVA . Calculer:
de la section 41 .18 pour déterminer la valeur crête de :
a) la fondamentale a) la réactance de la ligne, par phase
b) le 3e harmonique b) le courant par phase si un court-circuit se produit à
l'entrée de l'édifice, en amont du poste de transfor-
c) le 5e harmonique
mation
41-17 Dans la Fig . 41-42, le courant rectangulaire
possède une valeur crête de 100 A . Il est nul pendant
des intervalles de 36° .
50
a) Calculer la valeur efficace de la fondamentale .
b) Montrer que le 5e harmonique est effectivement nul .

-50 -

-100 - A
100
0 90 180 270 360

Figure 41-40
Voir problème 41-13 . 180 360°
0
18 90' 162'
41-14 Dans la Fig . 41-41, déterminer la valeur crête
de :
a) la fondamentale -100
b) le 3e harmonique
c) le 5e harmonique Figure 41-42
Voir problème 41-17 .

A
100
41-18 Une tension déformée est représentée par
l'équation suivante :
0 E = 850 sin 18 000 t + 340 sin (126 000 t - 30°)
Calculer :
a) la fréquence de la fondamentale et de l'harmonique
-100 b) la valeur efficace de la fondamentale et de l'harmo-
nique
0 90 180 270 360
Figure 41-41 c) la valeur efficace de la tension déformée
Voir problème 41-14 . d) la valeur instantanée de la tension lorsque t = 1 ms
e) Dessiner les vecteurs et tracer la forme d'onde de la
41-15 Dans le problème 41-13, déterminer : tension déformée .
a) la valeur efficace du courant 41-19 Une charge non linéaire en série avec un cir-
b) la valeur efficace de la fondamentale cuit LC génère les harmoniques de courant suivants
lorsqu'elle est alimentée par une source à 50 Hz :
c) la valeur efficace de l'ensemble des harmoniques
d) le facteur de distorsion THD 5e :20A 7e : 4A 9A 13e :8A
'le :

LES HARMONIQUES 783

Ces courants circulent dans un circuit qui contient une 41-21 La Fig . 41-43 montre une tension périodique
inductance de 1,3 mH en parallèle avec un condensa- sinusoïdale à simple alternance dont la valeur crête est
teur de 40 MF . Calculer : de 100 V. En utilisant des intervalles de 6°, détermi-
ner :
a) la valeur des tensions harmoniques respectives pro-
duites aux bornes de l'inductance a) l'amplitude et l'angle de phase de la composante
b) la valeur efficace de l'ensemble des tensions har- fondamentale
moniques b) la composante continue
c) le courant efficace circulant dans le condensateur c) la valeur efficace de la tension
41-20 Dans la Fig . 41-11, déterminez l'amplitude et d) la valeur efficace de l'ensemble des harmoniques
l'angle de phase de la composante fondamentale de
l'onde de courant haché . Utiliser des intervalles de 6° .

0 90° 180° 360°

Figure 41-43
Voir problème 41-21 .

Figure 41-44 Figure 41-45


Cet instrument portatif, le «Scopemeter», incorpore un Cet instrument portatif, le «Power Harmonics Analyzer»,
oscilloscope, un multimètre et un enregistreur de données . permet de mesurer la distorsion totale (THD) d'une tension
Il sert au dépannage des systèmes de commande de toutes ou d'un courant, y compris le contenu harmonique jusqu'au
sortes, y compris les systèmes d'entraînement électronique 31 e harmonique . On peut aussi mesurer la puissance active
à vitesse variable (gracieuseté de Fluke Electronics Canada et apparente d'un réseau triphasé et son facteur de puissance .
Inc.) . Il calcule aussi le facteur Kd'un courant (gracieuseté de Fluke
Electronics Canada Inc.) .
42
i
Electronique de puissance

Dans le domaine des grandes puissances, les monta- («gate turn-off thyristor»), prennent une place impor-
ges et les systèmes de commande électroniques pren- tante dans des convertisseurs de toutes sortes . Comme
nent de plus en plus d'importance . Il est donc indis- ces deux nouveaux types de valves peuvent aussi bien
pensable d'en connaître au moins les principes de base . couper la conduction que l'amorcer, l'IGBT et le GTO
Évidemment, il ne nous est pas possible de traiter de remplacent graduellement les thyristors dans les ap-
tous les aspects d'un sujet aussi vaste dans un seul cha- plications où l'on devait autrefois faire appel à la com-
pitre. Notre but est plutôt d'expliquer, à l'aide de cir- mutation forcée .
cuits simples, les règles fondamentales qui gouvernent
le fonctionnement des circuits de l'électronique de 42 .1 Différence de potentiel entre les
puissance . bornes des éléments de base
Pour l'étude des circuits d'électronique de puissance,
Nous limiterons notre exposé à l'utilisation des deux
le concept de niveau de potentiel est très utile, c'est
composants de base que l'on retrouve dans tous les
pourquoi nous recommandons au lecteur de consulter
systèmes de commande et de conversion du courant
la section 7 .10 avant de poursuivre la lecture de ce cha-
alternatif en courant continu (et vice versa) : la valve
pitre.
non contrôlée et la valve contrôlée . Nous verrons que
ces deux dispositifs sont essentiellement des interrup- Les sources idéales de tension à c .a . et à c .c . imposent
teurs ultra-rapides de puissance dont l'ouverture et la des niveaux de potentiel «rigides» car rien de ce qui se
fermeture sont contrôlées de façon très précise . Il ne produit dans le circuit extérieur ne peut affecter leur
faudrait cependant pas en conclure que ces composants, tension . Examinons maintenant les règles concernant
ainsi que les circuits dans lesquels ils sont utilisés, sont le niveau de potentiel aux bornes des éléments passifs
simplistes . Disons plutôt qu'on peut les comprendre utilisés le plus souvent dans les montages électroni-
sans posséder une connaissance approfondie de la théo- ques, à savoir : les interrupteurs, les résistances, les
rie et de la construction des semiconducteurs électro- bobines et les condensateurs .
niques . 1 . Cas d'un interrupteur . Lorsqu'un interrupteur est
Deux des composants les plus répandus sont la diode ouvert (Fig . 42-1), la tension entre ses bornes 1 et 2
qui est une valve non contrôlée et le thyristor qui de- dépend exclusivement des éléments extérieurs . Par con-
meure une des valves contrôlées les plus importantes . tre, lorsque l'interrupteur est fermé, les niveaux de po-
Deux autres valves contrôlées, le transistor IGBT tentiel des deux bornes sont nécessairement les mê-
(«insulated gate bipolar transistor») et le thyristor GTO mes . Ainsi, le niveau de la borne 1 rejoint celui de la
784


ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 785

4 . Cas d'un condensateur (capacitance) . Les bor-


-o nes d'un condensateur (Fig . 42-4), sont au même ni-
veau seulement lorsqu'il est déchargé . La tension en-
Figure 42-1 tre les bornes demeure constante pendant tout inter-
Différence de potentiel aux bornes d'un interrupteur . valle où le courant I est nul .

borne 2 immédiatement après la fermeture et, si le ni-


veau de la borne 2 est connu, le niveau de la borne 1
l'est aussi . Nous verrons l'application de cette règle c
dans les circuits contenant des diodes, des thyristors,
et des IGBT car ces composants se comportent comme Figure 42-4
Différence de potentiel aux bornes d'un condensateur .
des interrupteurs .
2. Cas d'une résistance. Lorsque le courant circulant
dans une résistance est nul, ses bornes sont nécessaire-
5 . Conditions initiales . Citons une dernière règle : à
ment au même potentiel car la chute de potentiel RI est
moins d'indication contraire, nous supposons que :
nulle (Fig . 42-2) . Donc, si le niveau de potentiel de
l'une des bornes est imposé, le niveau de l'autre borne 1 . tous les courants initiaux dans un circuit sont nuls ;
doit le suivre . Par contre, lorsque la résistance porte un 2 . tous les condensateurs sont initialement déchargés .
courant I, la différence de potentiel RI produit une dif-
Ces hypothèses de départ permettent d'analyser le com-
férence de niveau correspondante . Par exemple, si
portement d'un circuit à partir de l'instant où la ten-
le courant circule dans le sens indiqué sur la Fig . 42-2,
sion est appliquée .
le niveau de la borne 3 est au-dessus du niveau de la
borne 4 . 42.2 La diode
La diode est une valve électronique possédant deux
I bornes appelées anode (A) et cathode (K) (Fig . 42-5).
,"'° Bien que la diode ne possède aucune partie mobile,
_4 R
elle agit effectivement comme un interrupteur automa-
tique ultra-rapide dont les contacts s'ouvrent et se fer-
Figure 42-2
ment selon les règles suivantes :
Différence de potentiel aux bornes d'une résistance .
Règle 1 . Lorsqu'elle n'est soumise à aucune tension,
la diode se comporte comme un interrupteur dont les
contacts sont ouverts (Fig . 42-Sa) ; le circuit entre les
3 . Cas d'une bobine (inductance) . Les bornes d'une bornes A et K (anode et cathode) est donc ouvert .
inductance sont au même niveau seulement pendant
Règle 2 . Si l'on applique une tension E 1 aux bornes de
les intervalles où le courant I ne varie pas . Lorsque le
la diode de sorte que l'anode devienne légèrement po-
courant varie, la différence de niveau est imposée par
sitive par rapport à la cathode (Fig . 42-5b), il s'établit
l'équation E = L 4I/4t . Par exemple, si le courant croît
immédiatement un court-circuit entre les bornes A et
pendant qu'il circule dans le sens indiqué sur la Fig .
K. La diode agit alors comme un interrupteur dont les
42-3, le niveau de la borne 5 est au-dessus du niveau
contacts sont fermés (Fig . 42-Sc) et un courant I com-
de la borne 6 .
mence aussitôt à circuler de l'anode vers la cathode .
En pratique, la tension requise pour déclencher la fer-
I meture est de l'ordre de 1 volt seulement .
5 6
L Pendant la conduction, il subsiste une faible chute de
tension e o entre les bornes A et K mais, comme celle-
Figure 42-3 ci demeure toujours inférieure à 1,5 V, on peut la né-
Différence de potentiel aux bornes d'une inductance . gliger dans la plupart des circuits électroniques . C'est


786 ÉLECTROTECHNIQUE

la faible valeur de cette chute de tension qui permet fonctionnement des circuits à diodes et à thyristors, et
d'assimiler la diode à un interrupteur fermé lorsqu'elle même de ceux à transistors .
conduit.
Symbole de la diode . Le symbole de la diode (Fig .
Règle 3 . Aussi longtemps que le courant circule, la 42-5) comprend une flèche qui indique le sens du cou-
diode agit comme un interrupteur fermé . Par ailleurs, rant conventionnel lorsque la diode conduit .
dès que le courant cesse de circuler (ne serait-ce que
pour 10 µs), la diode reprend son état initial et elle se 42.3 Caractéristiques principales d'une
comporte à nouveau comme un interrupteur ouvert (Fig . diode
42-5d) . Elle ne recommencera à conduire que si l'on Tension inverse de crête . Il existe une limite à la ten-
polarise à nouveau l'anode positivement par rapport à sion inverse que peut supporter une diode . Cette ten-
la cathode (règle 2) . sion inverse de crête est généralement comprise entre
50 V et 2000 V, selon la construction de la diode . Si
Règle 4 . Lorsqu'on applique une tension aux bornes
l'on dépasse cette limite, la diode commence à con-
de la diode de sorte que l'anode soit négative par rap-
duire dans le sens inverse et, dans la majorité des cas,
port à la cathode, la diode continue à agir comme un
elle est aussitôt détruite.
interrupteur ouvert . On dit alors qu'elle est polarisée
dans le sens inverse (Fig . 42-5e) . Courant moyen nominal . Il existe de la même façon
une limite au courant moyen qu'une diode peut sup-
En résumé : une diode se comporte comme un inter-
porter lorsqu'elle conduit . Ce courant moyen nominal
rupteur automatique dont les contacts se ferment dès
dépend de la construction de la diode et du radiateur
que l'anode devient légèrement positive par rapport à
sur lequel elle est montée . Le courant peut être de l'or-
la cathode, et dont les contacts s'ouvrent dès que le
dre d'une centaine de milliampères pour les petites dio-
courant qu'elle porte devient nul . Il peut sembler ba-
des et il peut atteindre 3000 A pour les diodes de grande
nal de préciser qu'une diode arrête de conduire lors-
puissance .
que le courant devient nul . Cependant, cette règle est
d'une importance capitale pour la compréhension du Température maximale . En plus des limitations sur la
tension inverse et le courant moyen, la diode est sou-
mise à des limites de températures que l'on ne doit
jamais dépasser. En règle générale, les diodes au sili-
rE`= 10~ cium peuvent fonctionner dans une gamme de tempé-
(a) A~ K règle 1 ratures allant de -50 °C à +200 °C . Comme les dimen-
sions de la diode sont faibles comparativement à la
puissance dissipée, sa température peut augmenter très
E~
rapidement lorsqu'elle porte des courants supérieurs
(b) A~-K au courant nominal . Habituellement, on monte la diode
règle 2 sur un radiateur métallique afin de faciliter la dissipa-
tion de la chaleur. Ces radiateurs jouent un rôle extrê-
(C) A +'I 1 K mement important; en effet, sans radiateur, il faudrait
réduire le courant à la moitié ou au tiers de sa valeur
r
nominale pour maintenir une température acceptable .
Le tableau 42-1 donne les caractéristiques de quatre
(d) A -->+- K ~~-- règle 3
diodes industrielles .
1=0

CIRCUITS UTILISANT DES DIODES


(e) 0-- règle 4
Les applications de la diode sont très variées . Les quel-
ques circuits qui suivent illustrent les propriétés de la
Figure 42-5 diode tout en permettant d'appliquer, pour la première
Propriétés d'une diode . fois, le concept des niveaux de potentiel .


ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 787

42.4 Chargeur d'accumulateur avec résis- c) Durant l'intervalle t, à t2, un courant I circule dans
tance le circuit . Ce courant est donné par I = E 43/1 S2 .
Le circuit simple de la Fig . 42-6a, représente le schéma Le courant atteint une valeur maximale de 40 A lors-
d'un chargeur d'accumulateur. que E43 = +40 V. Aussi longtemps que le courant cir-
Le transformateur T, branché au primaire à une source cule, la diode agit comme un interrupteur fermé .
à c .a . de 120 V, fournit au secondaire une tension alter- d) À l'instant t 2 le courant redevient nul et la diode
native ayant une valeur crête de 100 V . Un accumula- «ouvre» aussitôt le circuit (règle 3) .
teur de 60 V, une résistance de 1 S2 et une diode D sont
e) Durant l'intervalle t2 à t4 , le point 2 reste toujours
raccordés en série aux bornes du secondaire .
négatif par rapport à 3 . Comme le point 4 suit le point
Afin d'expliquer le fonctionnement de ce circuit, choi- 3 (chute de tension nulle dans la résistance), la tension
sissons la borne 1 comme borne de référence . Le po- inverse aux bornes de la diode atteint une valeur maxi-
tentiel de cette borne est donc représenté par une ligne male de 160 V à l'instant t3 . Enfin, à partir de t4 le
droite horizontale (Fig . 42-6b) . Le niveau de potentiel même cycle se répète .
de la borne 2 est situé tantôt au-dessus, tantôt au-des-
Ce montage produit un courant pulsatif circulant tou-
sous du niveau 1 selon que la borne 2 est positive ou
jours dans le même sens, soit celui indiqué par la flè-
négative par rapport à 1 . Enfin, le niveau de la borne 3
che du symbole de la diode . Comme le courant entre
est imposé par l'accumulateur et il est situé 60 V au-
toujours par la borne positive de l'accumulateur, ce
dessus du niveau de la borne 1 .
dernier reçoit de l'énergie (pulsative) et il se charge
Analyse du circuit : progressivement . On peut démontrer que la valeur
a) Durant l'intervalle 0 à t i , l'anode 2 est négative par moyenne du courant est 7,75 A . La puissance à c .c.
rapport à la cathode 4 de sorte que la diode ne conduit fournie à l'accumulateur est donc 7,75 A x 60 V =
pas (règle 4) . Le courant I dans la résistance étant nul, 465 W.
la borne 4 est au même niveau que la borne 3 .
42 .5 Chargeur d'accumulateur avec
b) À l'instant t,, le point 2 devient positif par rapport à inductance
4, ce qui amorce la conduction de la diode (règle 2) . Dans le chargeur de la Fig . 42-6, le courant est limité
Dorénavant, la diode agit comme un interrupteur dont par la résistance R . Il en résulte une perte de puissance
les contacts sont fermés . Les points 2 et 4 sont au même considérable dans la résistance, donc un mauvais ren-
niveau . dement. On peut contourner ce problème en limitant

o
o / o \ o

(a)

Figure 42-6
a . Chargeur d'accumulateur avec résistance .
b . Courant et tensions dans le circuit .




788 ÉLECTROTECHNIQUE

.r
T 3, 3 H
o
120 V 100 V
60 Hz (crête)
o 60V -

(a)

Figure 42-7
a . Chargeur d'accumulateur avec inductance .
b . Courant et tensions dans le circuit .

le courant avec une inductance (Fig . 42-7a) . Analy- Cet exemple est intéressant car il démontre l'utilisa-
sons le fonctionnement de ce circuit . tion d'une inductance comme récepteur et comme
source d'énergie électrique . Durant l'intervalle t t à t2 ,
a) Comme dans l'exemple précédent, la diode com-
l'inductance emmagasine de l'énergie et durant l'in-
mence à conduire à l'instant t i où le point 2 devient
tervalle t2 à t 3 , elle la restitue au circuit . L'inductance
positif par rapport à 4 . À partir de cet instant, la ten-
joue, en quelque sorte, le même rôle qu'un volant dans
sion E23 apparaît aux bornes de l'inductance et le cou-
un système mécanique : alors que le volant emmaga-
rant augmente graduellement, atteignant une valeur
sine de l'énergie mécanique lorsque la vitesse aug-
maximale donnée par l'équation 19-10, chapitre 19 :
mente, l'inductance emmagasine de l'énergie électri-
que lorsque le courant augmente . De la même façon,
= A (+) (42-1) tout comme un volant tend à maintenir une vitesse cons-
Imax
L tante, l'inductance tend à maintenir un courant cons-
tant.
ou
A(+) = surface hachurée entre t i et t2, en volts- Exemple 42-1
secondes [V .s]
Dans la Fi?
. 42-7, l'inductance L est (le 3,3 mH .
L = inductance de la bobine, en henrys [H]
Calculer le courant lua .xiinal, sachant que la (ré-
Contrairement à ce qui se produisait dans le circuit avec quence est de 60 Hz .
résistance, le courant à l'instant t2 , au lieu d'être nul,
atteint sa valeur crête (comparer les Figs . 42-6b et 42- Solution
7b) . Pour calculer le courant crête, il faut connaître la va-
leur de la surface A(+) . Nous pouvons utiliser le calcul
b) Durant l'intervalle t2 à t3 , le courant décroît, puis
intégral, mais une méthode graphique est plus simple .
s'annule à l'instant t3 , c'est-à-dire dès que la surface
En se référant à la Fig . 42-8, nous avons retracé la ten-
A ( _) est égale à la surface A(+) . Pendant ce temps, le
sion en utilisant du papier graphique . Le cycle de 360°
point 4 suit toujours le point 2 .
(ou 1/60 s) est subdivisé en 24 parties égales, dont cha-
c) Dès que le courant cesse de circuler, la diode «ouvre» cune représente un intervalle de :
le circuit et la borne 4 remonte brusquement au niveau
3, pour y demeurer jusqu'à l'instant t4 où le cycle re- At = 1 X 1 s = 1 s = 0,694 ms
commence . 24 60 1440


ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 789

TABLEAU 42-1 CARACTÉRISTIQUES DE QUELQUES


V O A(+) DIODES*
+100
19 carreaux
paramètre Type de diode
et unité GER4007 1N3673 1N3295 ABB**
Io A 1 12 100 4700
eo V 0,8 0,6 0,6 1,34
Icr A 30 240 1600 73 000
E2 V 1000 1000 1000 5000
12 mA 0,05 0,6 4,5 400
T1 °C 175 200 200 150
d mm 3,8 11 25 140
1 mm 4,6 32 54 35
Figure 42-8
Voir exemple 42-1 .
Légende
10 courant continu moyen
L'intervalle des ordonnées équivaut à 10 V, de sorte
que chaque carreau représente une surface de : e0 chute de tension moyenne correspondant au
courant Io
10 V x 0,694 ms = 6,94 mV •s
I, courant de crête admissible pendant un
Comme la surface A(+) comprend environ 19 carreaux, cycle seulement
A( +) = 19 x 6,94 = 132 mV •s E2 tension inverse de crête
Le courant maximal est donc : 12 courant inverse correspondant à la tension E2
T1 température maximale de la jonction (à
I _ A (+) _ 132 mV •s l'intérieur de la diode)
= 40 A
L 3,3 mH d diamètre
Avec cette inductance, le courant maximal est limité à 1 longueur axiale
la même valeur qu'avec la résistance de 1 52 en série
avec la batterie.
Cependant, l'inductance a l'avantage de consommer
des pertes minimes car sa résistance est faible . Par con-
séquent, la conversion de la puissance alternative en GER 4007

puissance continue est très efficace.

42 .6 Redresseur en pont monophasé


Le circuit de la Fig . 42-9a, appelé redresseur en pont, 1N3673 5SDD 50N5500
permet d'obtenir dans la charge R un courant circulant
toujours dans le même sens quelles que soient les po-
larités des bornes 1 et 2 de la source. Lorsque la ten-
sion sinusoïdale E12 est positive, le courant passe par
les diodes A I et A2 . Lorsque les polarités de la source * Tiré des données de la Compagnie Générale Électrique du
sont inversées, le courant passe par les diodes B i et B 2 . Canada Ltée (GER4007,1 N3673, 1 N3295)
La tension E34 aux bornes de la charge est donc consti- " Tiré des données de ABB (diode 5SDD 50N5500)

790 ÉLECTROTECHNIQUE

tension crête = E,,,


Ed 0,90 E
Id = _ (42-3)
R R

42.7 Filtres
Les circuits redresseurs étudiés jusqu'à maintenant
produisent une tension et un courant continus et pulsa-
tifs . Ces formes d'ondes peuvent ne pas être accepta-
bles pour certains types de charge. Dans ce cas, on doit
interposer un filtre entre la source et la charge . Le but
du filtre est de régulariser le débit d'énergie fournie à
(a) la charge tout comme un volant régularise le débit
d'énergie mécanique . Le filtre doit donc absorber de
l'énergie pendant que la tension ou le courant augmente
et la restituer lorsque la tension ou le courant diminue .
Le filtre tend ainsi à maintenir la tension ou le courant
constant dans la charge .
Les filtres les plus communs utilisent a) des in-
ductances et b) des condensateurs .
a) Les inductances peuvent stocker de l'énergie dans
leur champ magnétique . Elles servent surtout à main-
tenir un courant constant, c'est pourquoi on les bran-
che en série avec la charge (Fig . 42-10) .

tension crête = E,„

Figure 42-9
a . Montage d'un redresseur en pont monophasé . (a)
b . Courants et tensions dans le circuit .

tuée d'une série de demi-sinusoïdes toutes positives et


variant entre zéro et la valeur E„i de la tension de source .
La valeur moyenne Ed de la tension redressée est don-
née par l'équation :

Ed = 0,90 E (42-2)

ou
Ed = tension à c.c. d'un redresseur monophasé en
pont [V]
E = tension efficace de la source [V]
0,90 = constante [valeur exacte = 2 F2/n]
(b)
Lorsque la charge est une résistance R, le courant a la
Figure 42-10
même forme d'onde que la tension et sa valeur moyenne
a . Filtrage par inductance de lissage .
Id est donnée par l'expression : b . Courants, tensions et échange d'énergie .


ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 791

b) Les condensateurs peuvent emmagasiner de l'éner- La variation crête à crête AId du courant est alors
gie dans leur champ électrique . Ils servent surtout à
AId = A (_) IL = 0,11 EdILf
maintenir une tension constante, de sorte qu'on les
branche en parallèle avec la charge . ce qui démontre la formule 42-4 .
La tension et le courant dans une charge sont d'autant On utilise le redresseur en pont pour alimenter en c .c .
plus constants que l'énergie emmagasinée dans le fil- des inducteurs de moteurs, des relais, des électro-
tre est plus grande . aimants et bien d'autres dispositifs magnétiques . Dans
La Fig . 42-10 montre une inductance L, appelée in- la plupart des cas, l'inductance de ces appareils est
ductance de lissage, raccordée en série avec la charge . suffisante pour produire son propre filtrage . En d'autres
On constate que le courant I est beaucoup plus cons- mots, même si la tension aux bornes d'une bobine est
tant que celui obtenu avec le montage de la Fig . 42-9 . fortement pulsative, le courant continu résultant ne pos-
La tension entre les bornes 3 et 4 est encore pulsative sède qu'une faible ondulation .
et conserve la même forme, mais celle entre les bornes
Exemple 42-2
5 et 4 de la charge est très constante .
On désire construire une source à c .c . de 13_5 V, 20A
On démontre ci-dessous que AId, l'ondulation crête à en utilisant tin redresseur en pont monophasé et un
crête du courant moyen Id, est donnée par l'expres- filtre inductif . L'ondulation crête à crête du courant
sion : continu doit être inférieure à 4 % . Sachant que la
0,11 Ed source a une fréquence de 60 Hz, calculer :
AId = (42-4)
Lf a) la tension à c .a . requise
b) l'inductance requise
c) l'énergie emmagasinée dans l'inductance
ondulation crête à crête de Id [A]
courant continu du redresseur [A] Solution
Ed = tension continue du redresseur [V] a) On déduit la tension alternative requise au moyen
L = inductance du filtre [H] de l'équation 42-2 :
.f = fréquence de la source d'alimentation [Hz]
0,11 = constante tenant compte des unités Ed = 0,90 E
On peut développer cette formule à partir des connais- 135 = 0,90 E
sances apprises à la section 19 .10, chapitre 19 . En
d'où E = 150 V
se référant à la Fig . 42-1Ob, puisque la tension Ed =
0,9 E, il s'ensuit que : b) L' ondulation Ald crête à crête = 4 % x 20 A = 0,8 A .
Ed = 0,9 (Em/1J2) = 0,636 Em La valeur de l'inductance est obtenue en utilisant
L'angle 01 correspond donc à : l'équation 42-4 :

01 = arcsin 0,636 = 39,5° 0,11 Ed


L =
Par conséquent, l'angle a= 2 x 39,5 = 79°
f AId
Sachant que la fréquence est f, un angle de 79° corres-
pond à un intervalle de temps : 0,11 x 135
= 0,31 H
At = ( 1/x(79°/360°) = 0,22/f secondes 60x0,8
Le nombre de volts-secondes associés au triangle A (_) c) L'énergie stockée dans l'inductance est :
est donné par
2
A (_) = At Edl2 = 0,11 EdIf WL = 1 Lh = 1 -x0,31 x20 =62J
2 2

792 ÉLECTROTECHNIQUE

42.8 Redresseur triphasé à 3 pulsations amorcée dans la diode D 2 et celle-ci commence à por-
Le redresseur triphasé le plus simple est composé de ter le courant Id . En même temps, la conduction cesse
trois diodes raccordées aux secondaires d'un transfor- dans la diode D l et le point K suit maintenant le niveau
mateur triphasé dont les enroulements sont connectés de 2 .
en étoile (Fig . 42-11) . Ce redresseur présente certains L'angle 180° constitue la prochaine étape critique car
inconvénients pratiques, mais sa simplicité constitue c'est à cet instant que la borne 3 devient positive par
pour nous un avantage pédagogique . rapport à K . Le courant Id de la charge est alors
1 . Tension aux bornes de la charge . Choisissons le commuté de la diode D2 à la diode D3 . Le point K suit
neutre N comme borne de référence et supposons que donc à tour de rôle les sommets des ondes 1, 2, 3, et
les tensions triphasées E1N, E2N, E3N de valeur crête chaque diode conduit le courant pendant 120° .
E,,, se succèdent selon les courbes de la Fig . 42-12 (sé- La tension E KN varie entre Em et 0,5 Em , alors qu'elle
quence directe 1, 2, 3 des phases) . Les niveaux des variait entre 0 et Em pour le redresseur monophasé en
bornes N, 1, 2, 3 sont donc imposés par la source et pont. Cela représente donc une réduction de 50 % de
rien ne peut les déranger. On supposera que la charge l'ondulation . On peut prouver que la tension moyenne
est branchée en série avec une grosse inductance de aux bornes de la charge est donnée par l'équation :
lissage L, de sorte que le courant Id demeure essentiel-
lement constant . Ed = 0,675 E (42-5)
Au départ, avant que les tensions soient appliquées, K où
est au même niveau que N car le courant de charge Id Ed = tension moyenne du redresseur triphasé à
est nul . trois pulsations [V]
E = tension efficace ligne à ligne [V]
À partir de t = 0, le potentiel du point 1 devient brus-
0,675 = constante [valeur exacte = 3/(n I2)]
quement positif (+E,,,) par rapport à K, ce qui amorce
la conduction dans la diode D t . Le courant i i augmente L'intervalle compris entre les crêtes de EKN est de 120° ;
rapidement et il atteint une valeur Id limitée par la ré- par conséquent, la fréquence de l'ondulation est trois
sistance de charge R . Pendant ce temps, K suit le ni- fois celle de la source, ce qui en facilite le filtrage .
veau de 1 car la diode D l conduit .
2 . Période de commutation . Nous avons supposé que
Les points K et 1 (maintenant «collés» ensemble) ap- le transfert de la conduction d'une diode à l'autre s'ef-
prochent alors de l'angle critique 60° . En effet, passé fectuait instantanément mais, en pratique, les deux dio-
cet angle, la borne 2 devient positive par rapport à 1, des se partagent le courant Id pendant une courte pé-
donc positive par rapport à K . La conduction est donc riode . Ainsi, à partir de l'angle 60° le courant dans la

2
za
1l
o
o
N

Figure 42-11
Redresseur triphasé à 3 pulsations .

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 793

L emmagasine de l'énergie
L restitue de l'énergie
0

e au /~ I I
60
e. . ~
180
© ~
300
,

Figure 42-12
Courants, tensions et échange d'énergie dans le redresseur de la Fig . 42-11 .

diode D 1 décroît, alors que le courant dans la diode D 2 rant continu . Par exemple, si l'on utilise le redresseur
augmente . C'est seulement après une période de l'or- de la Fig . 42-11 pour alimenter une charge à c .c . de
dre d'une milliseconde que la diode D 2 porte tout le 100 kW, on doit installer un transformateur triphasé
courant Id et que la diode D1 cesse de conduire . dont la puissance intrinsèque est de 134 kVA . On dit
alors que le facteur d'utilisation du transformateur est
On appelle période de commutation la période pen-
de 100 kW/134 kVA = 0,746 ou 75 % .
dant laquelle le courant de charge passe graduellement
d'une diode à l'autre. La durée de la période de com- De plus, les courants saccadés aux secondaires sont
mutation dépend de la réactance de fuite du transfor- réfléchis dans les lignes triphasées alimentant le pri-
mateur: plus elle est grande, plus la période de com- maire du transformateur. Les sauts d'amplitude des
mutation est longue . Pour nos besoins, nous néglige- courants IA , IB , le (Fig. 42-11) produisent des change-
rons la période de commutation et nous supposerons ments brusques du champ magnétique entourant ces
que le transfert du courant Id se fait instantanément lignes, de sorte qu'il y a risque de produire des interfé-
comme l'indique la Fig . 42-12 . Il n'en demeure pas rences avec les lignes téléphoniques voisines . Enfin,
moins que la période de commutation joue un rôle comme les enroulements secondaires portent un cou-
important dans le fonctionnement d'un redresseur* . rant continu, les courants de ligne contiennent des har-
moniques pairs en plus des harmoniques impairs .
3 . Courant de ligne . Le courant Id est porté successi-
vement par les trois diodes . Les courants respectifs i l , À cause de ces inconvénients, on cherche à construire
i2 , i 3 circulent aussi dans les enroulements secondaires des redresseurs dont les courants de ligne changent plus
du transformateur. Ces courants sont de forme rectan- graduellement, et dont les enroulements de transfor-
gulaire, ce qui est bien différent des courants sinusoï- mateur portent des courants pour des périodes plus lon-
daux que nous avons rencontrés jusqu'à présent . De gues que le tiers du temps . On construit alors des re-
plus, ils ne circulent que pendant le tiers du temps dans dresseurs en pont alimentés par des transformateurs
chaque enroulement . Il s'ensuit que la capacité en kVA triphasés . Ces redresseurs améliorent le facteur d'uti-
du transformateur n'est pas entièrement utilisable pour lisation du transformateur, diminuent les harmoniques
débiter une puissance équivalente en kilowatts à cou- et réduisent les interférences avec les lignes de com-
munication .
* Le processus de commutation est expliqué en détail à la
section 42 .33 .


794 ÉLECTROTECHNIQUE

Exemple 42-3
Le redresseLir de la Fi 1-11 est alimenté par une 30 A
source triphasée A, B, C dont la tension ligne à li- EIN

gne est de 240 V . Les enroulements primaires et se- 100 V

condaires du transformateur possèdent le même


nombre de spires . Le courant redressé / d a une va-
leur de 30 A . Déterminer :
a) la forme d'onde du courant i1 et sa valeur eflï-
cace
w
b) la forme d'onde du courant et sa valeur effi-
cace 30 A 13
c) la puissance intrinsèque du transformateur et son E3N -
facteur d'utilisation
d) la forme d'onde du courant II sa valeur elti-
cane

Solution
a) Les courants i,, i2, i 3 dans les diodes ont une valeur
crête de 30 A et circulent respectivement durant 120° 20A
(Fig . 42-13a) . Le courant i1 a une valeur moyenne de
0
30 A x (120°/360°) = 10 A . C'est dire que l'enroule- -10
ment secondaire 1N porte un courant continu de 10 A
0 120 240 360 480 600 720 840 960
en même temps qu'il porte une composante alterna-
tive . Il en est de même pour les autres enroulements +20A'
secondaires . La valeur efficace de il est :
0
0 -10
(30 A)' x 1 = 17,32 A
360°
+20A-
b) Comme le rapport de transformation est de 1 :1, le
courant i a dans l'enroulement primaire a la même am- 0
plitude crête à crête que il, soit 30 A . Cependant, i a ne -10

contient pas de composante continue car le primaire (b)


est connecté à une source à c .a . Il faut donc que la va-
leur moyenne de l a soit nulle . Par conséquent, il fluc-
tue entre +20 A et -10 A (Fig . 42-13b) . IA = la - l e

Valeur efficace de ia : +30 A

AN 57,7 V -
2
(20A) x 120° + (-10 A) 2 x 240° 0
ia (eff) = In
360° 120 240 360 480 600 720 840 900

= 14,14 A -30 A U U 1
O
c) Puissance associée à l'enroulement secondaire 1N :
Ps = EtNil(eff) = 240 X 17,32 = 4157 VA Figure 42-13
a . Formes d'ondes des courants dans le montage de la Fig .
Puissance associée à l'enroulement primaire AB : 42-11 (voir exemple 42-3) .
b . Courants dans les enroulements primaires .
Pp = EAB ia(eft) = 240 X 14,14 = 3394 VA
c . Courant dans la phase A .

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 795

A
source
triphasée B
C

Figure 42-14
Redresseur triphasé en pont avec inductance de lissage .

Puissance intrinsèque du transformateur : Choisissons comme point de référence le point neutre


ST = (4157 + 3394)/2 x 3 phases = 11,3 kVA N des lignes secondaires 1, 2, 3 du transformateur . Les
bornes 1, 2 et 3 suivent donc les niveaux sinusoïdaux
Tension efficace ligne à ligne au secondaire :
décrits à la Fig . 42-15 . Il est facile de montrer que la
ES=240'3=416V borne K suit toujours le niveau de la borne 1, 2 ou 3 le
Composante continue de la tension : plus positif, tandis que la borne A suit le niveau de la
Ed = 0,675E = 0,675 x 416 = 281 V borne 1, 2 ou 3 le plus négatif . Ainsi, entre 120° et
180°, on voit que le niveau de la borne 2 est le plus
Puissance à c .c :
positif et que celui de la borne 1 est le plus négatif. Par
Pd = Ed Id = 281 x 30 = 8,43 kW conséquent, K est au niveau 2 car la diode D3 conduit
Facteur d'utilisation du transformateur : et A est au niveau 1 car la diode D4 conduit . Comme à
Pd /ST = 8,43 kW/11,3 kVA = 0,746 = 75 % la Fig . 42-12, les diodes conduisent chacune à tour de
rôle, pendant 120° . On constate que deux diodes sont
d) Le courant dans la phase A est IA = ia - i, En se toujours en conduction . Les courants dans les diodes
référant à la Fig . 42-13c, on constate que IA possède sont respectivement i l à i 6 .
une forme «bizarre», en ce sens que la partie positive
de IA arrive au début du cycle de la tension E AN alors On remarquera aussi que la numérotation utilisée pour
que la partie négative arrive vers la fin* . Comme les les diodes correspond à l'ordre dans lequel les diodes
deux alternances positive et négative ne sont pas sy- entrent en conduction . Avec cette numérotation, les
métriques, IA contient des harmoniques pairs (2e, 4e, diodes s'allument et s'éteignent dans l'ordre Dl, D2,
8e, 10e etc .) en plus des harmoniques impairs . D3, . . . D6 . Nous utiliserons aussi cette numérotation
pour les ponts de 6 thyristors .
42 .9 Redresseur en pont triphasé
Les courants de ligne Ia , Ib, II fournis par le transfor-
Le redresseur en pont triphasé est identique au redres- mateur sont donnés par la loi de Kirchhoff :
seur en pont monophasé sauf qu'il possède deux dio-
I, = il - i4 Ib I c = i5 - i z
des supplémentaires raccordées à la troisième phase = i3 _'6
(Fig . 42-14) . Ce redresseur est aussi connu sous le nom Ce sont des courants alternatifs, de forme rectangu-
de pont de Graëtz . laire, déphasés de 120° l'un par rapport à l'autre . Ils ne
contiennent pas de composant à c .c . Ils circulent pen-
dant 2/3 du temps dans les enroulements secondaires
Les formes d'onde dans la Fig . 42-13 négligent la présence respectifs . Il en résulte que le facteur d'utilisation
du courant d'excitation du transformateur, lequel peut être
du transformateur monte à 95 %, de sorte qu'une
très élevé . En effet, le noyau se sature à cause de la com-
posante continue du courant circulant dans les enroule- charge à c .c . de 100 kW nécessite un transformateur
ments secondaires . de 100/0,95 = 105 kVA seulement.



796 ÉLECTROTECHNIQUE

Id
Z, 3
I I 1 il 11
0

Id
1 2 1
2
1
0

+Id

Ia 0
Id

Ib
f l

Figure 42-15
Tensions et courants dans le redresseur de la Fig . 42-14 .

En ce qui concerne la tension EKA, il est plus facile demeure au niveau zéro . La tension EKA fluctue entre
d'observer sa forme en choisissant la borne A comme 1,414 E et 1,225 E, où E est la tension efficace ligne à
point de référence. ligne* .
Ainsi, dans la Fig . 42-16, on montre les tensions de La tension inverse maximale aux bornes d'une diode
ligne E 12, E23 , E31 (et E21 , E32, E 13 ) plutôt que les ten- est égale à la tension crête ligne à ligne, soit EI2 volts .
sions ligne à neutre . Le niveau de K suit les sommets
des tensions sinusoïdales, alors que le potentiel de A * E-~2 = 1,414E E~ 2 cos 30° = 1,225 E


ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 797

La tension à c .c . vaut le double de celle obtenue avec montrer que l'ondulation AId du courant Id est donnée
le redresseur triphasé à 3 pulsations, soit : par la formule:
0,0030 Ed
Ed = 1,35 E (42-6) AId = (42-7)
Lf
où ou
Ed = tension moyenne du redresseur triphasé en AId = ondulation crête à crête de Id [A]
pont [V] Ed = tension continue du redresseur [V]
E = tension efficace, ligne à ligne [V] L = inductance du filtre [H]
1,35 = constante [valeur exacte = 3i2/7t] f = fréquence de la source d'alimentation [Hz]
0,0030 = constante tenant compte des unités
Noter que l'ondulation crête à crête de la tension est
seulement La Fig . 42-16 montre que l'inductance emmagasine
de l'énergie pendant l'intervalle où la tension EKA ex-
1,414 E- 1,225E = 0,189 E cède la tension moyenne Ed . Cette énergie est aussitôt
et que la fréquence de celle-ci est 6 fois celle du ré- retournée au système durant le bref intervalle où EKA
seau . Il en résulte que le filtrage est beaucoup plus fa- est inférieure à Ed .
cile que dans le cas d'un redresseur en pont mono- Le redresseur triphasé en pont est à la base de la con-
phasé . ception classique des installations électroniques de
En se référant à la Fig . 42-16 et en suivant la même moyenne et de grande puissance . Par conséquent, il
méthodologie que dans la section 42-6, on peut dé- est utile d'analyser son fonctionnement en détail .

L emmagasine de l'énergie
L restitue de l'énergie

13
Ed
1,35 E 1,414 E
1,225 E

60 120 180 240 300 360 , 420

Figure 42-16
Autre manière de présenter la forme d'onde EKA , en utilisant les tensions entre les lignes .
Noter la phase de E2N par rapport aux tensions ligne à ligne .




798 ÉLECTROTECHNIQUE

Imaginons, par exemple, que les six diodes soient pla-


cées dans une boîte alimentée par trois lignes à c .a .
Deux bornes de sortie K, A sont raccordées à la charge
0-60°
R (Fig . 42-17) . Les diodes agissent comme des com-
mutateurs qui raccordent ces bornes successivement
aux lignes à c .a. Les liaisons peuvent se faire de 6 fa-
çons distinctes, montrées sur la figure . Chaque ligne (a)
pointillée représente une diode en conduction . Les in-
tervalles successifs de 60° correspondent à ceux de la
Fig . 42-15 . Par exemple, durant l'intervalle de 240° à
300°, les diodes D5 et D6 conduisent . 60° - 120°
Il en résulte que la tension de sortie EKA est effecti-
vement composée de segments des tensions entre les
lignes à c . a . Pour cette raison nous avons tracé à la Fig . (b)
42-16 les tensions ligne à ligne au lieu des tensions
ligne à neutre .
Étant donné que la chute de tension dans les diodes est
faible, on peut supposer que chaque ligne pointillée 120 ° -180 °
représente une connexion sans perte . La puissance à
c .c . absorbée par la charge est donc égale à la puis-
sance active fournie par la source triphasée .
(c)
Exemple 42-4
Un redresseur en pont triphasé doit alimenter une o
charge de 360 kW, 240V c .c . Une source triphasée
de 600 V, 60 Hz, étant disponible, calculer : 180° -240 °
Id
a) le rapport de transformation du transformateur
b) le courant moyen circulant dans chaque diode
c) la tension inverse maximale aux bornes des dio- (d)
des
d) l'ondulation crête à crête de en pourcentage o
de la tension redressée
240 ° - 300 °
Solution Id

a) Tension ligne à ligne au secondaire du transforma-


teur : (e)

E = Ed _ 240
= 178 V éq.42-6
1,35 1,35
Un transformateur triphasé de 600 V/178 V sera satis-
faisant . Les enroulements primaires et secondaires peu-
vent être raccordés indifféremment en étoile ou en trian-
gle .
(t)
Courant continu tiré par la charge :
Figure 42-17
Pd 360 kW Séquence de conduction des diodes dans un redresseur
Id = _ = 1500 A
triphasé en pont .
Ed 240 V



ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 799

b) Courant moyen porté par chaque diode b) La présence de l'inductance n'affecte pas la forme
d'onde de EK,,, car celle-ci est toujours composée de
I = Id = 1500 segments de la tension triphasée entre les lignes .
c .c . = 500 A
3 3
42.10 Courant efficace, courant
Courant crête porté par chaque diode : fondamental et harmoniques
Icrête = 1500 A On a vu à la Fig . 42-15 que dans les lignes triphasées
le courant alternatif a une forme pulsative rectangu-
c) Tension inverse maximale aux bornes de chaque laire dont la durée est de 120° . L'amplitude est égale
diode : au courant de charge Id .

Einverse = E 12 = 178 x 1,414 Examinons de près le courant Ib circulant dans la ligne


2 et la tension ligne à neutre E 2N correspondante . La
= 252 V Fig . 42-18 montre que le courant est disposé symétri-
d) La tension EK, fluctue entre 1,225 E et 1,414E (voir quement par rapport à cette tension sinusoïdale . En
Fig . 42-16), soit entre : d'autres mots, le centre de l'alternance positive de cou-
rant coïncide avec la crête positive de la tension . Par
EKAmin = 1,225 X 178 = 218 V conséquent, Ib et E2N sont en phase .
La valeur efficace I de ce courant alternatif est donnée
et EKAmax = 1,414 x 178 = 252 V
par:
Ondulation crête à crête :
I Z x 180° = Iâ x 120°
Eondulation = 252 - 218 = 34 V
Ondulation en pourcentage : 120
d'où I = / Id = 0,816Id
V 180
34 V
x 100 = 14,2 %
240 V On a donc :
Fréquence de l'ondulation : I = 0,816Id (42-8)
fondulation = 6 x 60 Hz = 360 Hz ou
I = valeur efficace du courant dans la ligne tri-
Exemple 42-5
phasée [A]
a) Dans l'exemple 42-4, calculer la valeur de l'in-
Id = courant continu absorbé par la charge [A]
ductance de lissage sachant que l'ondulation crête à
crête du courant ne doit pas dépasser 5 °k . 0,816 = coefficient [valeur exacte = ~ 2/3 1
b) La forme d'onde de EKA est-elle améliorée par la
présence de l'inductance?

Solution
a) On aAId=5 %x1500A=75A
De l'équation 42-7, on obtient :

0,0030 E d
L =
f AId

- 0,0030 x 240 = 160 x 1e = 160µH


60 x 75 Figure 42-18
Formes d'onde du courant Ib et de la tension E 2N dans la
phase 2 de la Fig . 42-14 .




800 ÉLECTROTECHNIQUE

Comme le courant I n'est pas sinusoïdal, il est com- LE THYRISTOR


posé d'un courant fondamental IF et d'harmoniques IH
(section 41 .1) . Quelle est donc la valeur efficace I F de Nous avons vu que la diode permet de redresser le cou-
cette composante fondamentale? On raisonne comme rant alternatif en courant continu . Rappelons que la
suit : conduction débute au moment où l'anode devient po-
sitive par rapport à la cathode et qu'elle cesse dès que
La puissance à c .c . fournie à la charge est :
le courant dans la diode devient nul . Le début et l'arrêt
de la conduction dépendent donc exclusivement des
Pd = Ed Ld
tensions et des courants imposés par les composants
Comme les courants et les tensions des trois phases extérieurs à la diode .
sont en phase, le pont n'absorbe aucune puissance réac-
tive . Par conséquent, la puissance apparente doit cor- Le thyristor, par contre, est une valve dont on peut com-
mander la conduction . Comme la diode, il possède une
respondre à la puissance active à c .a . soit
anode et une cathode, mais il possède, en plus, une
Pc .a. = E IF 13 éq . 8-9 troisième électrode appelée gâchette (Fig . 42-19) . La
Comme les diodes sont idéales, elles ne dissipent gâchette permet de retarder l'amorce de la conduction .
aucune puissance; on peut donc écrire :
A
Pc .a . = Pd anode
gâchette
E IF 1 _
3 = Ed Id G
cathode
= 1,35E Id K
d'où l'on tire:
Figure 42-19
Symbole d'un thyristor.
IF = 0,78Id (42-9)

En combinant les équations 42-8 et 42-9, on obtient :


42 .11 Propriétés du thyristor
IF = 0,9551 (42-10) Lorsque l'anode est positive par rapport à la cathode,
on peut permettre ou interdire l'amorçage de la
À cause de la présence des harmoniques, la valeur effi-
conduction selon la polarité de la tension appliquée
cace du courant fondamental I F est légèrement infé-
entre la gâchette et la cathode . Afin d'alléger les expli-
rieure au courant efficace I . Sa fréquence est égale à
cations qui suivent, nous adopterons les deux conven-
celle de la source .
tions suivantes :
La valeur eficace des composantes harmoniques du
1 . lorsque l'anode sera positive par rapport à la cathode,
courant de ligne est :
nous dirons simplement: l'anode est positive
I.
=1~ h -(0,955 1) = 0,2971 2 . lorsque la gâchette sera positive par rapport à la ca-
thode, nous dirons simplement: la gâchette est po-
ce qui correspond à un THD de : sitive

= 0,2971 Si l'on raccorde la gâchette à la cathode (Fig . 42-20),


THD = IH = 0,31 ou 31 %
IF 0,9551 le thyristor ne conduit pas, même si l'anode est posi-
tive par rapport à la cathode . On dit alors que le thyris-
Cela complète notre exposé du pont de Graëtz à dio- tor est bloqué . Par contre, si l'on applique une tension
des . Nous passons maintenant à l'étude des divers con- positive EG de quelques volts sur la gâchette (Fig . 42-
vertisseurs utilisant des valves contrôlées . 21), le thyristor se comporte exactement comme une
diode ordinaire .
* valeur exacte : IF = (3/7z) I

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 801

Pour amorcer la conduction, deux conditions sont né- En somme, le fonctionnement d'un thyristor est iden-
cessaires : tique à celui d'une diode, excepté que la gâchette per-
met de retarder le début de la conduction à un instant
1 . l'anode doit être positive
précis . Cette légère différence constitue un avantage
2. un courant IG doit entrer dans la gâchette pendant énorme car elle permet non seulement de convertir une
quelques microsecondes . En pratique, on réalise puissance alternative en puissance à c .c . variable, mais
cette condition en appliquant sur la gâchette une aussi de réaliser l'opération inverse : convertir une puis-
impulsion EG positive (Fig . 42-22) sance continue en puissance alternative. C'est grâce à
Une fois la conduction amorcée, la gâchette perd tout la mise au point de thyristors fiables (et d'autres val-
contrôle et la conduction ne cesse que lorsque le cou- ves contrôlables) que l'on assiste aujourd'hui à une
rant anodique redevient nul, après quoi la gâchette re- transformation fondamentale dans la commande des
prend son pouvoir de commande . grandes puissances .
Le tableau 42-2 donne les caractéristiques de quelques
thyristors . La Fig . 42-23 en donne quelques exemples .

i= O TABLEAU 42-2 CARACTÉRISTIQUES DE QUELQUES


Gf
1 THYRISTORS
paramètre puissance des thyristors
la conduction
est empêchée et unité basse moyenne haute très haute
I, A 8 110 1200 7970
Figure 42-20
Lorsque la gâchette est raccordée à la cathode, le thyristor Icr A 60 1500 10 000 75 000
ne conduit pas .
E2 V 500 1200 1200 2800
Ep V -10 -5 -20 -10
EG V 2,5 1,25 1,5 2,6

r
A
IG mA 50 50 50 400
G TT °C 105 125 125 125
d mm 11 27 58 140
K
I-
l mm 33 62 27 35
EG
Légende
Figure 42-21
Lorsque la gâchette est légèrement positive, le thyristor peut
i
l - courant efficace maximal pendant la con-
duction
conduire . Lanode doit être positive .
Icr - courant de crête admissible pendant un
cycle seulement
E2 - tension inverse de crête
A E p - tension inverse de crête sur la gâchette
IG EG - tension positive sur la gâchette pour amorçer
la conduction
1,3 - courant de gâchette correspondant à la
K
tension EG
la conduction Ti - température maximale de la jonction (à
s'amorce l'intérieur même du thyristor)
Figure 42-22
d - diamètre
Une impulsion positive de courte durée appliquée à la
gâchette amorce la conduction . Lanode doit être positive . l - longueur

802 ÉLECTROTECHNIQUE

(b)

(a) (c)

Figure 42-23
Quelques thyristors de moyenne et de grande capacité :
a . Courant moyen : 50 A ; tension : 400 V ; longueur sans vis : 31 mm ; diamètre : 17 mm .
b . Courant moyen : 285 A ; tension : 1200 V ; longueur sans vis : 244 mm ; diamètre : 37 mm .
c . Courant moyen : 1000 A ; tension : 1200 V ; distance entre les deux faces : 27 mm ; diamètre : 73 mm (gracieuseté de International
Rectifier) .
Note : Le thyristor ABB 5STP 45N2800 dont les paramètres sont fournis dans la 4e colonne du tableau 42-2 a le même type de
boîtier (c) (diamètre : 140 mm, distance entre les deux faces : 25 mm) .

42 .12 Principe d'amorçage Ces impulsions peuvent provenir d'un dispositif de


Sur la Fig . 42-24a, une source E l à c .a . est raccordée commande ou d'un microprocesseur . Ce dernier pour-
en série avec une résistance et un thyristor . La gâchette rait, par exemple, contrôler la température, la puissance,
G est soumise à un signal E s constitué d'une série d'im- le courant, etc ., dans un circuit, en envoyant des im-


pulsions brèves et suffisamment positives pour pou- pulsions EG à des instants appropriés . Dans le cas de la
voir déclencher la conduction . Fig . 42-24b, nous avons supposé que le signal Es est

(a)
O
Es
k :EG
(b)

Figure 42-24
a . Retard progressif de l'angle d'amorçage d'un thyristor .
b . Forme d'onde résultante du courant .

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 803

constitué d'une série d'impulsions positives arrivant sance fournie à la charge (puissance commandée) . Le
aux angles d'amorçage 0 1 , 02, 03 , et 04 . Analysons, à rapport entre ces deux puissances est de l'ordre de
l'aide d'un tableau, le comportement du circuit . 1 million ou plus ; une faible puissance de 1 W peut
donc contrôler une puissance de 1000 kW .
Cette figure et les explications qui l'accompagnent
montrent qu'il est possible de commander le courant Évidemment, un thyristor n'a pas le pouvoir magique
dans la résistance en retardant plus ou moins l'arrivée de transformer un watt en un mégawatt . La grande puis-
des impulsions EG par rapport au début de chaque al- sance provient d'une source appropriée, le thyristor ne
ternance positive . Si les impulsions arrivent au début servant qu'à contrôler la puissance débitée . Donc, de
d'une alternance positive, la conduction dure pendant la même façon qu'une légère poussée sur l'accéléra-
180° et le thyristor se comporte comme une diode or- teur d'une automobile produit un bond de puissance
dinaire . Par contre, si l'angle d'amorçage est retardé, mécanique, la faible injection de puissance à la gâchette
disons de 150°, le courant circule seulement pendant d'un thyristor provoque une augmentation énorme de
30° par cycle . la puissance électrique .

EXPLICATION DU FONCTIONNEMENT DU 42.14 Principe de blocage


CIRCUIT DE LA FIG . 42-24 Tout comme la diode, le thyristor se bloque seulement
lorsque son courant anodique devient nul. Ce courant
0 à 01 l'amorçage est empêché car la tension sur la peut s'annuler de façon naturelle, ou on peut le forcer
gâchette est nulle à devenir nul .
angle 01 la conduction s'amorce car la gâchette de- Nous avons vu que dans le circuit de la Fig . 42-24, le
vient subitement positive courant anodique devient tout naturellement nul à la
0 1 à 180° la conduction subsiste même si la tension fin de chaque alternance positive . Le blocage du thy-
sur la gâchette est redevenue nulle ristor qui en résulte permet à la gâchette de reprendre
le contrôle et d'amorcer la conduction pendant le cy-
angle 180° le courant s'annule naturellement ; par
cle suivant .
conséquent, la conduction cesse et la gâchette re-
prend le contrôle La situation est bien différente lorsque la source est à
courant continu . Dans ce cas, le courant anodique ne
180° à 360° la conduction est interdite car l'anode
passe plus par zéro et on doit alors utiliser des métho-
est négative . Le fait que la gâchette soit momenta-
des spéciales pour imposer le blocage . Considérons le
nément positive à l'angle 0, ne change rien
circuit de la Fig . 42-25 montrant une résistance ali-
360 ° à 540° la conduction s'amorce à l'angle 03 et mentée par une source à c .c . à travers un thyristor. Si
s'arrête de nouveau lorsque le courant devient nul .
Comme l'impulsion sur la gâchette arrive plus tard
que lors de la première alternance positive, le cou-
rant I circule moins longtemps
720° à 900° la conduction s'amorce à l'angle 0 4
mais, cette fois, le courant est très faible à cause du
grand retard de l'impulsion

42 .13 Puissance de commande


Lorsqu'on applique une impulsion EG sur la gâchette,
cette dernière tire un certain courant . On doit donc four-
nir une puissance à la gâchette pour amorcer la
conduction . Comme les impulsions ne durent que quel-
ques microsecondes, il s'ensuit que la puissance Figure 42-25
moyenne fournie à la gâchette (puissance de com- Thyristor en série avec une résistance, alimentés par une
mande) est très faible, si on la compare avec la puis- source à c .c .

804 ÉLECTROTECHNIQUE

l'on applique une impulsion positive sur la gâchette,


il s'établit un courant Il qui se maintient de façon per-
manente . On peut alors arrêter la conduction dans le
thyristor de trois manières :
1 . réduire la tension E à zéro TH1
2 . ouvrir le circuit avec un interrupteur électro-méca-
nique
3 . obliger le courant dans le thyristor à prendre une
valeur nulle pendant une courte période
C'est la troisième méthode qui retiendra notre atten- Figure 42-27
La décharge d'un condensateur est un moyen efficace pour
tion . bloquer un thyristor .
Dans le circuit de la Fig . 42-26, la conduction dans la
résistance et le thyristor est déjà commencée et on cher-
che à l'arrêter. Pour ce faire, on utilise une source de
courant C débitant un courant 1 2 , branchée en paral-
lèle avec le thyristor . À mesure que l'on augmente le densateur chargé avec les polarités indiquées se décharge
courant 12 (courant de commutation), le courant net subitement lorsqu'on amorce le thyristor TH2 . Le cou-
(Il -I2 ) traversant le thyristor diminue, sans pour autant rant de décharge 12 vient annuler le courant Il dans le
affecter le courant Il circulant dans la résistance . Dès thyristor TH1, ce qui provoque son blocage immédiat .
que 12 = I1 , le courant dans le thyristor devient nul et Cette méthode de blocage «forcé» est utilisée dans plu-
celui-ci agit dorénavant comme un interrupteur ouvert . sieurs onduleurs autonomes qui doivent générer leur
On a donc réussi à bloquer le thyristor en déviant le propre fréquence (voir section 42 .20) .
Dans le cas des montages triphasés, la commutation du
courant d'un thyristor à l'autre (ou d'une diode à l'autre)
est assurée naturellement par les trois tensions alterna-
tives qui provoquent la circulation de courants de com-
mutation, semblables au courant 1 2 . Le processus de la
commutation naturelle est expliqué à la section 42 .33 .

CIRCUITS DE BASE UTILISANT


DES THYRISTORS
e
Les applications des thyristors sont très variées . Cepen-
Figure 42-26 dant, en électronique de puissance, on peut distinguer 7
Une source de courant produit un courant de commutation
circuits de base (tableau 42-3) qui comprennent au
12 pour forcer le blocage du thyristor .
moins 90% des applications industrielles .
Afin de simplifier l'explication du fonctionnement de
courant Ii par le chemin ACK. En pratique, cette dé-
ces circuits, nous n'utiliserons que des sources mono-
viation (ou commutation) est souvent effectuée par un phasées bien qu'en pratique, on emploie presque tou-
deuxième thyristor faisant partie du circuit . jours des sources à c .a. triphasées . Cette simplification
Le courant de commutation 12 peut être obtenu de plu- nous a paru indispensable pour dégager les grands prin-
sieurs façons . Par exemple, dans la Fig . 42-27, un con- cipes mis enjeu .
TSAE
circuits de base

1 . Redresseur contrôlé
alimentant une charge
passive

2 . Redresseur contrôlé
alimentant une charge
active

3 . Onduleur non auto-


nome alimentant une
charge active

4 . Contacteur électroni-
que ; gradateur

5. Cycloconvertisseur

6 . Onduleur autonome

7 . Hacheur

42 .15
teur
applications

galvanoplastie
soudure à l'arc
électrolyse

commande de moteurs
à courant continu
chargeur d'accumula-

conversion de puis-
sance alternative en
puissance continue pour
ligne de transport

conversion de puis-
sance continue en puis-
sance alternative
freinage de moteurs à
courant continu

commande de l'éclai-
rage
soudure par point
commande de vitesse
des moteurs à c .a .

génération de basses
fréquences
entraînement des mo-
teurs synchrones à bas-
se vitesse

commande des moteurs


à courant alternatif
sources à c .a . portatives

conversion de puis-
sance continue en puis-
sance continue ou alter-
native
sources à c .c . portatives

Circuit 1 - Redresseur contrôlé


alimentant une charge passive
Par définition, une charge passive ne contient aucune
source d'énergie . La plus simple des charges passives
est une résistance .
ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE

Exemples d'application des thyristors .


805

Train électrique alimenté par une ligne à c .c . de 1500 V.


Des hacheurs permettent de faire varier la vitesse des
moteurs .
Valve de grande puissance composée de plusieurs
thyristors pour usage dans un compensateur statique de
138 kV, -25/+200 Mvar .
Usine à papier utilisant un système d'entraînement à vitesse
variable pour moteurs triphasés (gracieuseté de ABB) .


806 ÉLECTROTECHNIQUE

Le montage de la Fig . 42-28 représente une source sance réactive Q* . Le rapport Q/P augmente avec l'an-
monophasée ayant une tension crête E,,, et alimentant gle de retard . Lorsque la conduction débute à 0°, la
une résistance à travers un thyristor . Les impulsions source fournit seulement de la puissance active .
appliquées sur la gâchette sont synchronisées avec la
42 .16 Circuit 2 - Redresseur contrôlé
fréquence de la source et, dans notre exemple, on sup-
alimentant une charge active
pose un angle de retard à l'amorçage de 90° . Il s'en-
suit que la conduction s'amorce chaque fois que la ten- Dans le circuit de la Fig . 42-29, une source à c .a . de
sion sur l'anode atteint un maximum positif . tension crête E n alimente une charge à c .c . déve-
loppant une tension Ed . La charge, représentée ici par
D'après les explications données à la section 42 .12, il un accumulateur, reçoit de l'énergie car le courant I
est évident que le courant circule pendant un intervalle entre par la borne positive . Une bobine de lissage ayant
de 90° . En réduisant l'angle de retard, on peut aug- une inductance L sert à limiter le courant à une valeur
menter la période de conduction, mais jamais au-delà maximale ne dépassant pas la capacité du thyristor .
de 180° .
Si le thyristor était remplacé par une diode, la
On observe que, pour un angle de retard de 90°, le cou- conduction débuterait à l'angle 60 , mais dans notre
rant est «déphasé» en arrière de la tension car il circule exemple, la conduction s'amorce après un retard de a
seulement durant les 90 derniers degrés du cycle . Ce degrés .
déphasage produit les mêmes effets qu'une charge in-
ductive et il s'ensuit que la source doit fournir non seu-
lement une puissance active P, mais aussi une puis-

(a)

(a)

Em

. .. - . . . . ...., ~. .
180 360 450
borne ( choisie
comme référence
V/

Es

borne choisie
(b) comme référence

Figure 42-28 - circuit 1 Figure 42-29 - circuit 2


a . Redresseur à thyristor avec charge résistive . a . Redresseur à thyristor avec charge active .
b . Formes d'ondes des tensions et des courants . La tension b . Formes d'ondes des tensions et des courants .
E s agit sur la gâchette .
Ce phénomène a déjà été expliqué à la section 41 .8 .

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 807

Le courant atteint sa valeur maximale à l'angle 0, où une application encore plus importante dans la com-
l'aire A(+) est maximale . Ce courant est donné par mande des moteurs à c .c . Dans ce cas, les éléments L
l'équation (19-10) : et Ed représentent respectivement l'inductance de l'in-
duit et la force contre-électromotrice développée dans
celui-ci . En agissant sur l'angle de retard à l'amorçage
a, on peut faire varier la vitesse et la puissance du
moteur. Le rendement demeure élevé à toutes les vi-
Durant toute la période de conduction, le point K suit tesses, car les pertes dans le thyristor sont faibles .
le point A . Le courant redevient nul à l'angle 03, où
l'aire A(_) est égale à l'aire A (+) . Lorsque la conduc- 42 .17 Circuit 3 -Onduleur non autonome
tion cesse, le niveau de K rejoint aussitôt le niveau de Un onduleur sert à convertir une puissance continue
2 jusqu'à la prochaine impulsion sur la gâchette . No- en puissance alternative . Il existe deux grandes caté-
ter que le comportement du circuit est presque identi- gories d'onduleurs :
que à celui utilisant une diode (section 42 .5) .
1 . les onduleurs autonomes (ou oscillateurs) qui génè-
Comme pour le circuit 1 étudié à la section 42 .15, le rent leur propre fréquence et leur propre tension al-
courant est déphasé en arrière de la tension ; il s'ensuit ternative. Dans ces onduleurs la commutation est
que la source à c.a. doit encore fournir une puissance forcée .
active P et une puissance réactive Q . 2 . les onduleurs non autonomes dont la fréquence et la
Si l'on réduit l'angle de retard a, la surface A(+) aug- tension alternative sont imposées par le réseau qu'ils
mente, de même que le courant I . On peut donc faire alimentent . Dans ces onduleurs la commutation est
varier la puissance active fournie à la charge entre une naturelle . Elle est naturelle en ce sens que ce sont
valeur maximale (correspondant à a = 0) et une valeur les tensions alternatives du réseau qui effectuent le
nulle (correspondant à a = ai ) . transfert du courant d'un thyristor à l'autre .
Du point de vue pratique, ce montage peut servir Nous commencerons notre étude par un onduleur mo-
comme chargeur d'accumulateur . Cependant, il trouve nophasé non autonome à simple alternance .

Figure 42-30
Ce moteur de 4200 kW, 45,86 r/min entraîne un treuil d'extraction dans une mine de charbon
en Allemagne . Il est commandé par thyristors (gracieuseté de ABB) .


808 ÉLECTROTECHNIQUE

Le circuit de cet onduleur est identique à celui du re-


dresseur sauf que la polarité de l'accumulateur est in-
versée (Fig . 42-3 la) . Comme le courant I peut seule-
ment circuler dans le sens indiqué, il s'ensuit que la
(a)
source à c .c. débite de l'énergie lorsque le thyristor
conduit . D'autre part, cette énergie doit être absorbée
par le réseau à c.a., car la bobine de lissage et le thyris-
o tor ne consomment pas d'énergie . Il en résulte une con-
version de puissance continue en puissance alternative .
0 La Fig . 42-3 lb montre les niveaux des points A, K, 1
0
et 2 . Supposons d'abord que la tension sur la gâchette
soit nulle de sorte que la conduction est empêchée . Dans
À& /1I1Mb~ À&~ /\
ce cas, K demeure au même potentiel que 2 . On s'aper-
A1 çoit alors que l'on peut amorcer la conduction à n'im-
© , A
porte quel moment sauf durant le bref intervalle où A
est négatif par rapport à K . C'est dire que l'on peut
initier la conduction, soit avant l'angle 00, soit après
l'angle 03 . Il deviendra bientôt clair que la gâchette
doit être amorcée avant 00 .
Supposons maintenant que la conduction soit initiée
à l'angle 01 . Le point K saute brusquement du niveau
2 au niveau A et l'inductance de lissage accumule
des volts-secondes jusqu'à l'angle 00 . Par conséquent,
le courant atteint sa valeur maximale à l'angle 00
où la surface A 1 est maximale . Passé ce sommet, il com-
mence à décroître et redevient nul à l'angle 0 2 où
A2 =A I .
En régime permanent, le courant est encore déphasé
en arrière de la tension et on en conclut que l'onduleur
tire du réseau à c .a. une puissance réactive Q. Dans un
onduleur, les puissances active et réactive sont donc
dirigées en sens contraires (voir Fig . 42-31 a) .
Pour augmenter la puissance active fournie au réseau,
il suffit d'avancer l'angle d'amorçage 01 . Cependant,
Ààbbmm on ne doit pas l'avancer trop loin . En effet, l'aire A 2
1 0 270 3 0 4 0 5 0
augmente avec l'aire A 1 , mais l'aire A 2 a une valeur
A
limite donnée par le segment de la sinusoïde sous-tendu
par la ligne pointillée 2 (Fig . 42-3 lb) . Si l'angle d'amor-
A çage est avancé à 0 1 ' de sorte que A 1 dépasse cette li-
mite, le courant ne sera pas revenu à zéro à l'angle 03
(c) (Fig . 42-31c) . Passé cet angle critique, le courant aug-
mentera de nouveau, sous l'influence de la grande aire
A 3 comprise entre 03 et 04 . C'est le phénomène de la
Figure 42-31 - circuit 3
a . Onduleur à commutation naturelle .
reconduction . Le courant devient de plus en plus fort,
b . Formes d'ondes des tensions et des courants . provoquant en quelques millisecondes l'ouverture des
c . Phénomène de reconduction . disjoncteurs protégeant le circuit .
Lorsque les surfaces A sont exprimées en volts-secon-
des et l'inductance en henrys, les courants Io, 13 et 14


ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 809

aux angles 0(), 03 et 04 sont donnés par les expressions


suivantes :

A1
Io =
L
A1-A2
4 =
L
A1-A2+A3
14 =
L

42 .18 Circuit 4 - Contacteur électronique


et gradateur
Le contacteur électronique est composé de deux thy-
ristors montés en antiparallèle afin de permettre la
conduction dans les deux sens . Le circuit de la Fig . 42-
32 permet d'alimenter une résistance R à partir d'une
source à c .a . Les impulsions G1 et G2 sont synchroni- Figure 42-33
Contacteur monophasé composé de deux thyristors montés
sées avec la fréquence du réseau et, selon l'angle de en antiparallèle entre deux barres omnibus . En régime
retard a, on peut faire circuler un courant alternatif permanent, il a une capacité de 1200 A sous une tension de
plus ou moins intense dans la charge . Toutefois, le re- 2000 V. En régime intermittent (facteur de service de 10
pour la soudure par point), le contacteur peut débiter 2140 A
pendant 20 cycles . Les thyristors sont refroidis à l'eau, à
raison de 4,5 L/min . Largeur : 175 mm ; longueur : 278 mm ;
hauteur : 114 mm (gracieuseté de International Rectifier) .

tard exige une puissance réactive du réseau, même lors-


que la charge est résistive .
Un avantage important de ce contacteur est qu'il per-
met d'amorcer et d'arrêter la conduction à des instants
précis à un demi-cycle près (Fig . 42-33) . De plus, con-
trairement à un contacteur magnétique, il est absolu-
ment silencieux et ses «contacts» ne s'abîment pas .
/ / I\\\ Par contre, la montée brutale du courant au moment de
180 FÀF/ l'amorçage peut être dommageable pour les thyristors .
\ I/
Pour pallier à cela, on doit ajouter une petite induc-
tance en série avec la résistance, lorsque l'inductance
180+a 360+a propre du circuit ne suffit pas .
Es
K Lorsque le contacteur est employé pour commander
l'intensité du courant circulant, par exemple, dans une
ES lampe à incandescence, il porte le nom de gradateur .

G) 42 .19 Circuit 5 - Cycloconvertisseur


Le cycloconvertisseur permet de générer des puis-
Figure 42-32 - circuit 4 sances alternatives de basse fréquence à partir d'un
a. Gradateur ou contacteur électronique . réseau à c .a . Nous pourrions encore montrer le fonc-
b . Formes d'ondes des tensions et des courants .
tionnement du cycloconvertisseur en utilisant une

810 ÉLECTROTECHNIQUE

c 1 cycle e- 150

F T e-
1,5 cycles de la
source (540° )
0

impulsions
V V V V
sur les gâchettes

(b)
G 1 G2 G3 Gt G4 G5 G6 G4 Gi G2 G3 G i G4 G5

Figure 42-34 - circuit 5


a . Cycloconvertisseur alimenté par un réseau triphasé .
b . Forme d'onde de la tension alternative à basse fréquence .

source monophasée comme nous l'avons fait pour les d'un système triphasé, sans déséquilibrer les courants
quatre circuits précédents, mais cette fois, nous utili- dans les trois lignes .
serons plutôt une source triphasée comme c'est le cas
42.20 Circuit 6 - Onduleur autonome
pour les montages industriels .
L' onduleur autonome à thyristors transforme une puis-
Dans le circuit de la Fig . 42-34a, trois groupes de thy-
sance à c .c . pour alimenter à c .a . une charge indivi-
ristors A et B montés en antiparallèle alimentent une
duelle comme un moteur ou un four à induction . Il
charge R. Pendant un intervalle T (Fig . 42-34b), on blo-
existe une grande variété d'onduleurs autonomes à thy-
que les thyristors B 1 B 2 B 3 et l'on applique des impul-
ristors, mais ils utilisent tous le principe de la com-
sions positives aux gâchettes des thyristors A 1 A2 A3
mutation forcée . Comme on l'a expliqué à la section
afin qu'ils conduisent comme des diodes . Pendant cet
42 .14, cette méthode de commutation consiste à pro-
intervalle, la borne 4 est positive par rapport à N . En-
voquer le blocage des thyristors par la décharge d'un
suite, on bloque les thyristors A pendant un même in-
condensateur ou par tout autre moyen convenable .
tervalle de temps T, tout en permettant aux thyristors B
de conduire. La borne 4 est alors négative par rapport L'onduleur autonome simple de la Fig . 42-35 contient
à la borne N . La tension aux bornes de la charge est les composants suivants :
donc une tension alternative de période 2T . 1 . source de tension continue E
On comprendra alors qu'en alternant les impulsions 2. thyristors TH1 et TH2
selon une séquence appropriée, il est possible de pro- 3 . inductance de lissage L
longer la durée d'un cycle aussi longtemps que désiré,
ce qui permet de générer des fréquences extrêmement
basses . Dans le cas de la Fig . 42-34b, la durée de T
correspond à (150° + 2 x 120° + 150°) = 540°, soit 1,5
cycles de la fréquence d'alimentation . Lorsque cette
fréquence est de 60 Hz, la période de l'onde spéciale
sera de 2 x 1,5 cycles x 1/60 s = 0,05 s, ce qui corres-
pond à une fréquence de 1/0,05 = 20 Hz . La forme
d'onde est aplatie et ondulée . Toutefois, dans les
cycloconvertisseurs de grande puissance il existe des
moyens pour la rendre plus sinusoïdale .
Les basses fréquences générées par le cycloconvertis-
seur permettent de commander des moteurs synchro-
nes tournant à très basse vitesse (Fig . 42-33) . Le
cycloconvertisseur possède une autre application : il Figure 42-35 - circuit 6
permet d'alimenter une charge monophasée à partir Onduleur autonome .



ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 81 I

4 . condensateur de commutation C
5 . transformateur possédant deux primaires T,, T 2 et
un secondaire T 3
6 . charge R
7 . système de commande extérieur venant exciter les
gâchettes G1 et G2 à tour de rôle
Supposons qu'au départ TH1 conduise et que TH2 soit
bloqué (Fig . 42-36a) . Un courant I l circule donc dans
l'enroulement T,, et le condensateur est chargé avec
les polarités indiquées . Cet état subsiste jusqu'à l'ins-
tant où l'on applique une impulsion positive sur la gâ-
chette G2, amorçant la conduction dans TH2 .
L + 0
Dès que TH2 passe en conduction, le niveau du point 4
rejoint le niveau du point 1 . En même temps, le con-
densateur commence à se décharger, et il s'établit dans
TH 1 un courant de commutation le de sens contraire à
I l (Fig . 42-36b) . Ce courant l e croît très rapidement, et
dès que le = Ii , le courant dans TH1 devient nul et
celui-ci se comporte maintenant comme un interrup-
teur ouvert (Fig . 42-36c) . Enfin, pendant cette période
de commutation, un courant 12 s'établit dans l'enrou-
lement T2 .
Le thyristor TH1 étant bloqué, le condensateur se re-
charge rapidement à travers l'enroulement T 1 , de sorte
que la borne 3 devient positive par rapport à la borne 4 .
Lorsque l'impulsion suivante amorce la conduction de
TH1, le niveau du point 3 descend immédiatement au
point 1, le condensateur se décharge de nouveau, de
sorte qu'on revient à la condition de départ (Fig . 42-
36a) .
Les impulsions appliquées alternativement aux gâchet-
tes transfèrent donc la conduction d'un thyristor à
l'autre, grâce à la présence du condensateur .
Lorsque THI conduit, le courant I i circulant dans le
primaire induit un courant Ia dans le secondaire (Fig .
42-36a) . Compte tenu des marques de polarité des en-
roulements T i et T3 , le courant Ia doit circuler dans
le sens indiqué. De la même façon, lorsque TH2 con-
duit (Fig . 42-36c), le courant 12 engendre dans le se-
condaire un courant Ib égal à la , mais circulant en sens 0-
contraire . La charge R est donc traversée par un cou-
rant alternatif . 0----
L'inductance de lissage L tend à garder un courant cons- ta
tant dans le circuit. Les courants I, et 12 sont donc égaux 0
et de forme rectangulaire (Fig . 42-36d) . Le courant al- Ib
ternatif circulant dans la charge R est aussi rectangu-
Figure 42-36 - circuit 6
laire, de même que la tension à ses bornes . Étapes de fonctionnement d'un onduleur autonome .

812 ÉLECTROTECHNIQUE

Pour faire varier la fréquence de l'onduleur, il suffit de que seule une analyse minutieuse permet d'en com-
changer la fréquence des signaux appliqués sur les gâ- prendre le fonctionnement détaillé . Pour cette raison,
chettes . On peut alors obtenir une fréquence comprise nous garderons les formes d'ondes aussi simples que
entre quelques hertz et 4 ou 5 kHz, selon les propriétés possible afin de mettre l'accent sur les aspects fonda-
du transformateur et des thyristors . mentaux du fonctionnement .
Il est important de noter qu'un onduleur autonome peut Les convertisseurs triphasés contrôlés en pont possè-
fournir une puissance active et une puissance réactive dent 6 thyristors raccordés au secondaire d'un trans-
à une charge . Par contre, un onduleur non autonome formateur triphasé (Fig . 42-37) . Le circuit est identi-
absorbe toujours de la puissance réactive du réseau que à celui du redresseur tout diodes déjà étudié (Fig .
auquel il est raccordé . 42-14) . La numérotation des thyristors et des courants
correspond à l'ordre d'allumage des thyristors .
42.21 Circuit 7 - Hacheur
Comme on peut initier la conduction à tout moment
Le hacheur est un convertisseur pouvant transporter une
approprié, les thyristors permettent de faire varier la
puissance à c .c. d'une tension à c .c . supérieure EH à
tension continue lorsque le convertisseur fonctionne
une tension à c .c . inférieure EL , ou vice versa.
comme redresseur . De plus, en remplaçant la charge
Un hacheur peut aussi convertir une puissance conti- par une source à c .c ., le convertisseur peut aussi fonc-
nue en une puissance alternative dont la forme d'onde tionner comme onduleur.
de la tension peut être rectangulaire, sinusoïdale, ou
Ce sont ces deux modes de fonctionnement que nous
de toute autre forme désirée .
allons maintenant analyser.
Un thyristor à commutation forcée peut être utilisé pour
réaliser un hacheur, mais on lui préfère généralement 42 .23 Principe de fonctionnement en mode
le GTO et l'IGBT. En effet, avec ces deux valves, le redresseur contrôlé
bloquage du courant ne requiert pas de circuit auxi- La Fig . 42-38 permet de comprendre le principe de
liaire ; il est réalisé simplement en agissant directement fonctionnement du convertisseur contrôlé lorsqu'il
sur la gâchette . fonctionne comme redresseur. Les thyristors, placés,
disons, dans une boîte, raccordent à tour de rôle les
À cause de l'importance des hacheurs et de leur flexi-
bornes à courant continu K, A aux bornes triphasées 1,
bilité, nous leur consacrons les sections 42 .36 à 42 .59.
2, 3 . La charge est représentée par une résistance R, et
Ceci termine notre revue sommaire des sept circuits la bobine de lissage L possède une inductance «infi-
de base . nie» de sorte que le courant Id demeure parfaitement
lissé, sans aucune ondulation .
CONVERTISSEUR TRIPHASÉ CONTROLÉ
À l'instant décrit par la Fig . 42-38a, les thyristors Q1
À THYRISTORS
et Q6 conduisent, de sorte que les bornes K et 1 sont
momentanément reliées, ainsi que les bornes A et 2 .
Le convertisseur triphasé contrôlé en pont est un re-
Un courant Id circule alors dans les lignes à c .a . 1 et 2 .
dresseur/onduleur utilisé très fréquemment en électro-
nique de puissance . À cause de son importance, ce con- Un demi-cycle plus tard (Fig . 42-38b), nous avons
vertisseur à thyristors sera étudié en détail dans les sec- choisi l'intervalle où le thyristor Q3 (entre les bornes
tions 42 .22 à 42 .35 qui suivent . Il comprend les ver- K et 2) et le thyristor Q4 (entre les bornes A et 1) con-
sions triphasées des circuits 1, 2, 3 que nous venons duisent .
de couvrir en abrégé . On observe que le courant continu Id circule encore
dans les lignes à c .a . 1 et 2 . Cependant, la figure 42-
42 .22 Convertisseur triphasé en pont 38b indique que le courant dans ces lignes a changé de
En pratique, les formes d'ondes d'un convertisseur sens . Par conséquent, il s'agit d'un véritable courant
contrôlé sont complexes . Même les montages simples alternatif ayant une amplitude Id . De plus, il est évi-
produisent des tensions et des courants déchiquetés et dent que le courant dans une ligne quelconque est nul
saccadés qui s'influencent les uns les autres, de sorte pendant un bref intervalle . Ainsi, le courant dans la
ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE

Figure 42-37
Redresseur triphasé contrôlé en pont utilisant des thyristors .

ligne 3 est nul durant les deux intervalles représentés


sur les Figs . 42-38a et 42-38b.
La commutation séquentielle que nous venons de dé-
crire est semblable à celle du redresseur tout diodes
expliquée à la Fig . 42-17 . Il y a, cependant, une diffé-
rence importante . On peut faire en sorte que les thyris-
tors conduisent à des moments précis sur le cycle de
tension . Ainsi, on peut amorcer la conduction lorsque
la tension momentanée entre les lignes à c .a . est haute
ou basse . Si la tension est basse, la tension redressée
(a) EKA sera basse . Par contre, si les thyristors conduisent
lorsque la tension alternative entre deux lignes est pro-
che de la valeur crête, la tension redressée sera élevée .
En effet, la tension EKA est effectivement composée
d'une série de courts segments de 60° prélevés sur les
tensions ligne-ligne . La valeur moyenne de E KA donne
la valeur de la tension continue Ed .
Noter que le courant Id circule lorsque K est positif par
(b) rapport à A . Il le faut, car la ligne triphasée fournit de
la puissance à la charge .
Figure 42-38 Enfin, on peut assimiler la tension Ed à une force élec-
Convertisseur fonctionnant en mode redresseur (voir Fig . 42-
37) . Connexions entre le réseau à c .a . et la charge à c .c .
tromotrice qui fait circuler un courant Id dans la charge
a . lorsque Q1, Q6 conduisent ; R.
b . lorsque Q3, Q4 conduisent un demi-cycle plus tard .

814 ÉLECTROTECHNIQUE

42 .24 Principe de fonctionnement en mode


onduleur O
ai
Id
Nous avons vu comment le convertisseur fonctionne ligne
triphasée
en mode redresseur . Comment peut-il fonctionner en
mode onduleur? Il faut d'abord satisfaire à trois condi-
tions :
(a)
Premièrement, on doit disposer d'une source de cou-
rant continu constant Id . On peut la réaliser en raccor-
dant une inductance de lissage en série avec une ten-
sion continue (Fig . 42-39) . O
Id
Deuxièmement, le convertisseur doit être branché à une
source triphasée capable de maintenir une tension si-
nusoïdale, même en présence d'un courant de ligne
fortement distorsionné . Habituellement, la tension tri-
phasée provient d'un réseau puissant . (b)

Troisièmement, afin de réaliser le transfert de puissance Figure 42-39


Convertisseur fonctionnant en mode onduleur (voir Fig . 42-
au réseau triphasé, l'amorçage des thyristors doit être
42) . Connexions entre le réseau à c .a . et la source à c .c.
synchronisé avec la tension alternative . Il s'ensuit que a . lorsque 01, Q6 conduisent ;
le déclenchement des gâchettes doit être parfaitement b . lorsque Q3, Q4 conduisent un demi-cycle plus tard .
synchronisé avec la fréquence du réseau .
On peut comprendre le fonctionnement de l'onduleur
en se référant à la Fig . 42-39 . Les thyristors en de sorte que l'état des deux convertisseurs est identi-
conduction sont les mêmes que ceux de la Fig . 42-38, que . Du côté des bornes K, A, le courant Id doit circu-
ler dans le même sens qu'auparavant car les thyristors
conduisent dans un sens seulement . D'autre part, la
source à c .c . doit être agencée de telle sorte que le cou-
rant sorte par la borne positive . Donc, pour débiter de
l'énergie, il faut que la borne (+) de Eo soit connectée
à la borne A du convertisseur.
Du côté c.a., la ligne triphasée est simplement raccor-
dée aux bornes 1, 2, 3 .
Le réseau triphasé reçoit de la puissance car le courant
Id entre toujours par une borne c .a . qui est momenta-
nément positive . Il en résulte que la polarité momenta-
née des lignes à c .a. sur la Fig . 42-39 est l'inverse de
celle de la Fig . 42-38 .
La forme d'onde du courant est la même dans les deux
figures ; ce sont seulement les tensions instantanées des
lignes qui sont différentes .
Si la source de tension continue Eo est basse, on doit
amorcer les thyristors lorsque les tensions instantanées
à c .a . sont relativement basses . Par contre, si la tension
Assortiment de radiateurs (en arrière-plan), diodes et à c .c . est élevée, on doit les amorcer lorsque les ten-
thyristors (gracieuseté de ABB) . sions alternatives sont proches de leur sommet .

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 815

Notons un dernier point important. En mode onduleur part, les thyristors Q5 et Q6 conduisent, portant un
la tension entre les bornes K et A est encore composée courant Id (Fig . 42-4la) . Ensuite, à 0° (00) on amorce
de segments de la tension alternative entre les lignes . le thyristor Q1 par une impulsion g 1 . La commutation
Par conséquent, EKA est une tension ondulatoire, dont se produit et QI commence à conduire, portant le cou-
la valeur moyenne est Ed . En régime permanent, cette rant qui circulait auparavant dans Q5 .
tension continue est égale à E0 car la chute de tension À 60° on amorce le thyristor Q2, ce qui transfère le
continue dans l'inductance de lissage est négligeable . courant Id de Q6 à Q2 . Ce processus de commutation
Ainsi, en plus de maintenir Id constant, l'inductance se poursuit indéfiniment et, comme dans le cas du con-
agit comme tampon entre la tension fluctuante EKA et vertisseur tout diodes (Fig . 42-16), le point K suit le
la tension constante E0 . sommet des tensions . Les thyristors portent des numé-
Enfin, lorsque le convertisseur fonctionne comme ros correspondant à la séquence des impulsions d' amor-
onduleur, on peut assimiler à une force contre-électro- çage . Deux thyristors conduisent à la fois ; les paires
motrice la tension Ed qu'il engendre . conductrices étant respectivement QI-Q2, Q2-Q3, Q3-
Q4, et ainsi de suite . Donc, en se référant aux Fig. 42-
Nous verrons dans les sections qui suivent les formes
40 et 42-41 on peut facilement identifier les thyristors
d'ondes des tensions produites .
qui conduisent à un instant donné .
42 .25 Convertisseur triphasé contrôlé Le convertisseur agit comme redresseur et la valeur
alimentant une charge active
moyenne de la tension entre les bornes K et A est don-
Le convertisseur triphasé contrôlé de la Fig . 42-40 ali- née par l'équation 42-6 : Ed = 1,35 E.
mente une charge active . Celle-ci est composée d'une
Comme la chute de tension continue dans l'inductance
source de tension continue E0 , et d'une résistance R,
est négligeable, la tension entre les points 4 et A est
connectées en série avec une inductance de lissage L .
aussi 1,35 E. Par conséquent, le courant Id est donné
Les gâchettes des thyristors Q1 à Q6 sont amorcées
par :
successivement à des intervalles de 60° . On suppose
que le convertisseur fonctionne déjà depuis quelque E d - E0
Id = (42-11)
temps de sorte que les conditions sont stables . Au dé-
R

ligne
triphasée

Figure 42-40
Redresseur triphasé en pont alimentant une charge active à courant continu .


816 ÉLECTROTECHNIQUE

Pour obtenir la tension redressée de la Fig . 42-41 a, il mentation conventionnel, le courant changerait sim-
faut contrôler avec grande précision l'amorçage de plement de sens lorsque Ed deviendrait inférieur à E o .
chaque thyristor. Par exemple, si gl arrive un peu avant Toutefois, dans un convertisseur, cela est impossible
l'angle 00 , la conduction ne peut pas s'amorcer car du fait que les thyristors bloquent tout courant inverse .
l'anode 1 est encore négative . Par contre, si gl arrive
après 0, Q5 et Q6 continuent à conduire jusqu'à ce Exemple 42-6
que g 1 déclenche . Dans la pratique, les signaux de com- Le convertisseur triphasé contrôlé de la Fig . 42-40
mande répétés et d'une durée suffisante assurent que est branché à une source triphasée de 480 V, 60 Hz .
la commutation se fasse aux moments indiqués . La charge est constituée d'une tension de 500 V
ayant une résistance interne de 2 52 . Calculer la puis-
42.26 Commutation retardée - mode sance fournie à la charge lorsque l'angle de retard à
redresseur l'amorçage est : a) de 15 b) de 75' .
Augmentons maintenant de 15° l'angle de retard à
l'amorçage (Fig . 42-41b) . Le courant 'd ' au lieu d'être Solution
transféré de Q5 à Q 1 à l'angle 00 , continuera à circu- a) Lorsque a = 15°, la f.é .m . générée par le redresseur
ler dans Q5 jusqu'à ce que l'impulsion gl déclenche est :
la conduction du thyristor Q1 . La commutation se fait
Ed = 1,35E cos a
et le point K passe brusquement du potentiel de la li-
gne 3 à celui de la ligne 1 . Une commutation sembla- = 1,35 x 480 x cos 15°
ble se répète dans chacun des autres thyristors qui en- = 626 V
trent en conduction, l'un après l'autre, à des interval-
les de 60 degrés . Il en résulte la forme d'onde en dents La chute de tension continue dans l'inductance de lis-
de scie EKA montrée sur la Fig . 42-41b. sage étant négligeable, la chute de tension aux bornes
de la résistance interne de 2 £2 est :
Le niveau de K suit le sommet des ondes sinusoïdales,
mais la valeur moyenne de la tension E KA est évidem- E = Ed - E0 = 626 - 500
ment inférieure à sa valeur précédente . On peut prou- = 126 V
ver que la valeur moyenne est donnée par l'expres-
sion : Le courant de charge est donc :

E 126 V
Ed = 1,35E cos a (42-12) Id =-= = 63A
R 2,52,

Ed = tension continue produite par un convertis- La puissance fournie à la charge est :
seur triphasé en pont [V] Pd = Ed Id = 626 x 63
E = tension rms entre les lignes triphasées [V]
a = l'angle de retard à l'amorçage [°] = 39,4 kW
1,35 = constante [valeur exacte = 3 J2/7c] De cette puissance, une portion RIZ est perdue par ef-
fet Joule :
L'équation 42-12 révèle que Ed diminue à mesure que
a augmente . La Fig . 42-41e montre la forme d'onde RI2 =2x63 2 =7,9kW
de EKA pour a = 75° . On constate que l'ondulation b) Lorsque a = 75°, la tension générée par le conver-
dans EKA augmente à mesure que la valeur moyenne tisseur est :
diminue .
Ed = 1,35E cos a
Le retard de l'amorçage n'affecte pas la durée de
= 1,35 x 480 x cos 75°
conduction ; chaque thyristor conduit toujours pendant
120° . De plus, le courant demeure constant et sans = 167,7 V
ondulation, grâce à la présence de la grande inductance Étant donné que Ed < E0 , le courant dans le montage
de lissage . est nul, de même que la puissance* .
Noter que s'il fallait que Ed devienne inférieur à E 0 , le
courant cesserait de circuler . Dans un système d'ali- " En pratique, il subsiste un faible courant positif intermit-
tent, dont l'analyse dépasse le cadre de notre étude .




ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 817

01 02 03 04 05 Q6 01
allume allume allume allume allume allume allume
Figure 42-41 a
Q5, Q6 06,01 Q1, 02 02, Q3 Q3, Q4-- -Q4, 05 Q5, Q6- a=0°
conduisent conduisent conduisent conduisent conduisent conduisent conduisent
1,414 E © 0
v v v v
1,225 E
Eis
®E ~~
1,35 E

(a) 60 120 180 240 300 360 420 480 540

4 44
J Jl, J J\ J J

9 • •9•g

Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 Q6 Q1
allume allume allume allume allume allume allume
Figure 42-41 b
a= 15 ° Oo i 1 t 1 1 1 1 a = 15°
Q5,, Q6 . ~-Q6, Q1 +-Q1, Q2-1-Q2 Q3-->i-Q3,
, Q4 Q4, Q5~fQ5, Q6-I
1
conduisent 1 conduisent 1 conduisent conduisent conduisent conduisent conduisent
1 1 i i 1 1

1,414E

(b)
60 120, 80 240 300 360 420 480 540
g2 g3 g4

Q1 02 03 Q4 05 Q6 Q1
00 allume allume allume allume allume allume allume
Figure 42-41c
Q5, Q6 -a= 75 °--.-Q6, Q1 Q1, Q2-'Q2, 03- Q3, Q4 -Q4, Q5- --Q5, Q6- a = 75°
conduisent conduisent conduisent conduisent conduisen conduisent conduisen
1,414 E © ~~ •
A

(C)
O ---0,349E MÀ M& À_-~-I_-_~
120 180 240 300 360 420 480 540
- 0,366 E
-0

Figure 42-41
Formes d'ondes et valeurs de E KA [cas (a), (b), (c)] lorsque l'angle de retard à l'amorçage est
respectivement 0°, 15°, 75° .



818 ÉLECTROTECHNIQUE

42.27 Commutation retardée - mode Le convertisseur passe graduellement du mode redres-


onduleur seur au mode onduleur et vice versa, sans qu'il soit
L'équation 42-12 indique que la tension Ed devient nécessaire de changer les connexions . Il suffit de chan-
négative lorsque l'angle d'amorçage est retardé de plus ger la polarité de Eo et d'ajuster l'angle d'amorçage a .
de 90° . 42 .28 Plage de commutation
Cela ne produit pas de courant négatif car, comme on Lorsque le convertisseur contrôlé agit comme redres-
vient de le dire, les thyristors ne conduisent pas dans le seur, l'angle de retard à l'amorçage est rarement infé-
sens inverse. Par conséquent, le courant est simplement rieur à 15° . Autrement, les fluctuations normales de la
nul . On peut, cependant, imposer la circulation d'un tension à c .a . pourraient provoquer un amorçage in-
courant en raccordant aux bornes du convertisseur une tempestif, produisant une discontinuité dans les ten-
source de tension continue Eo de valeur et de polarité sion et courant redressés .
appropriées (Fig . 42-42) . Afin qu'un courant puisse
s'établir, la tension Eo doit être légèrement supérieure Lorsque le convertisseur fonctionne comme onduleur,
à la tension Ed . Le courant de charge est alors donné l'angle de retard à l'amorçage est limité à une valeur
maximale d'environ 165° . Si l'on dépasse ce seuil, on
par:
risque de provoquer le phénomène de reconduction,
Eo - Ed mentionné précédemment . Dans ces conditions, les
Id =
R courants augmentent rapidement, provoquant en quel-
ques cycles l'ouverture des dispositifs de protection .
Comme le courant sort par la borne positive de E0, le
débit en puissance continue est P = Eo Id . La Fig . 42-44 montre, pour un thyristor quelconque, la
plage de fonctionnement des impulsions de commande,
Une partie de cette puissance est dissipée en chaleur de même que la zone d'amorçage non permise . Ce gra-
dans la résistance R et, hormis les pertes dans les val-
phique correspond plus spécialement au cas du thyris-
ves, le reste est transmis aux lignes 1, 2, 3 et ensuite au tor QI illustré sur la Fig . 42-42 . Les autres thyristors
secondaire du transformateur triphasé (pas montré) . En ont des zones de fonctionnement semblables, sauf
soustrayant les pertes dans celui-ci, on obtient la puis-
qu'elles englobent des périodes différentes .
sance nette fournie au réseau triphasé .
Le convertisseur est devenu un onduleur, capable de 42 .29 Circuit équivalent d'un convertisseur
convertir une puissance continue en puissance alterna- On peut assimiler un convertisseur à un groupe mo-
tive triphasée . teur-générateur dont la tension continue engendrée Ed
varie selon l'angle de retard à l'amorçage . Cependant,
Les Fig . 42-43a et 42-43b montrent les formes d'on-
ce «groupe électrogène» a des propriétés spéciales :
des de E1 lorsque la commutation est retardée de 105°
et 135°, respectivement . La valeur moyenne de la • le courant continu circule dans une direction seule-
f .c .é .m . Ed est toujours donnée par l'équation 42-12 . ment
• l'ondulation de tension augmente lorsque la tension
continue diminue
• contrairement à un groupe moteur-générateur, les
systèmes continu et alternatif ne sont pas isolés élec-
triquement .
L'analogie est illustrée par le circuit de la Fig . 42-45,
dans lequel :
• Eea représente la tension triphasée
• Ed est la tension continue générée par le convertis-
seur
• ee est l'ondulation générée par le convertisseur (prin-
cipalement les 6e et 12e harmoniques)
Figure 42-42 • D est une diode indiquant que le courant circule dans
Convertisseur triphasé en pont fonctionnant comme onduleur . un sens seulement





ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 819

Q2 Q3 Q4 Q5 06 ai
Bc allume
01 allume allume allume allume allume allume

Q5, 06 a= 105° Q6, 01 Q1, Q2 -' -Q2, 03 03, 04 -Q4, Q5-.Q5, 06


conduisent conduisen conduisent conduisent conduisent conduisent conduisent

e e 2

(a) .&O 60 120 180 y 240 300 360 420 480 540 v
W

Q1 Q2 Q3 04 Q5 06 Q1
Bo allume allume allume allume allume allume allume

Q5, Q6 a= 135 ° Q6, Q1 01, Q2 Q2, 03 Q3, Q4 04, Q5 Q5, Q6


conduisent conduisent conduisent conduisent conduisent conduisent conduisent


(b)
w
w
--
60 120
E
0,955 E
180 240 300 360 420 480 540

_,

Figure 42-43
Séquence des signaux sur les gâchettes et formes d'ondes lorsque l'angle d'amorçage est retardé (a) de 105° ; (b) de 135° .

un cycle
zone zone
zone d' amorçage • le trait pointillé entre E ca et Ed indique l'échange de
d'amorçage d'amorçage f
non permise permise non permise puissance active entre les systèmes continu et alter-
a= 15° a = 90 ° a= 165 ° natif
o edresseur onduleur • IF = courant fondamental
• IH = courants harmoniques

signaux de
commande

-1

réseau
triphasé
. .. . .. . .. .. . .. . .
0
Figure 42-44 Figure 42-45
Zones d'amorçage permise et non permise de 01 . Circuit équivalent d'un convertisseur.


82O ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 42-46 Figure 42-47


Circuit équivalent d'un convertisseur lorsqu'il fonctionne Circuit équivalent d'un convertisseur lorsqu'il fonctionne
comme redresseur. comme onduleur.

Nous montrons à la Fig . 42-46 le comportement du Q6 Q1


01 02 03 Q4 Q5
circuit équivalent lorsque le convertisseur fonctionne 0° allume allume allume allume allume allume allume
comme redresseur. La Fig. 42-47 montre le circuit lors- a=
Q5, 66' 45° . 01 Q2 Q2 Q3 Q3, Q4 Q4, Q5 Q5, Q6 Q6,
qu'il fonctionne comme onduleur . Dans les deux cas, conduisen
la tension alternative e, générée par le convertisseur ~2E
apparaît surtout aux bornes de l'inductance de lissage l

L . Par conséquent, l'ondulation dans le courant Id est à ~~- .


négligeable . 1 k , 1 1 I°1 1 ekvqÀ
Analysons maintenant les courants qui circulent dans . 0,955 E . .
ce convertisseur. 120 180 240 300 360 420
YÉQ à
42.30 Courants dans un convertisseur
triphasé en pont
• .••••.
La Fig . 42-48 montre les tensions et les courants lors-
que le convertisseur contrôlé fonctionne comme redres- Id
seur avec un angle de retard de 45° . Les courants il, i2, i5 1 I l3 I i5 1
0
i3, i4, i5 et i6 dans les thyristors respectifs circulent cha-
cun durant 120° . De plus, leur amplitude est constante Id
et égale au courant Id . 141 16 1 12 1 i4 1 i6
o 00 45° - 1 60° -
Cela tient pour tout angle d'amorçage compris entre
+Id Ia
0° et 180° .
o
Par conséquent, les formes d'ondes des courants dans -Id
un convertisseur contrôlé sont identiques à celles d'un
simple redresseur triphasé tout diodes (Fig . 42-15) . La
seule différence est que les courants sont retardés d'un
angle a .
Il en résulte que pour un courant continu Id donné, les le
courants alternatifs Ia, Ib, II dans les lignes triphasées 0
conservent les mêmes formes d'ondes et les mêmes
valeurs efficaces . Or, la valeur efficace est donnée par
l'équation 42-8 : Figure 42-48
Formes d'ondes des tensions et des courants lorsque l'angle
I = 0,816Id éq . 42-8 d'amorçage est retardé de 45° .

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 821

Le courant porté par les lignes triphasées a donc une ou


valeur efficace proportionnelle au courant continu . Le FP = facteur de puissance du convertisseur
courant efficace n'est pas affecté par l'angle d'amor- a = angle de retard à l'amorçage [°]
çage . Q = puissance réactive absorbée par le convertis-
Le courant tiré du réseau est loin d'être sinusoïdal ; c'est seur [var]
pourquoi on a besoin d'un réseau puissant, capable de P = puissance à c .c . du convertisseur (positive
maintenir une tension sinusoïdale en présence de ces pour un redresseur, négative pour un
onduleur) [W]
courants distorsionnés . En pratique (section 41 .14), on
ajoute des filtres LC en dérivation aux bornes c .a . du Comme le facteur de puissance dépend du simple dé-
convertisseur pour court-circuiter les principaux har- placement des courants par rapport aux tensions ligne
moniques . Cela permet de maintenir une forme d'onde à neutre (et non pas de la création d'un champ magné-
de courant acceptable sur les lignes triphasées, et de tique), on l'appelle souvent facteur de puissance de
diminuer l'induction de fréquences gênantes dans les déplacement (voir section 41 .6, chapitre 41) .
circuits de communications .
Exemple 42-7
42.31 Facteur de puissance Un convertisseur triphasé à thyristors (Fil . 42-40)
On se souvient que dans le cas d'un redresseur triphasé alimente un moteur à C .C . Sachant que le moteur
tout diodes les courants dans les lignes 1, 2, 3 sont absorbe 39 .4 kW« et que l'ang=le d'amorçage est de
centrés sur les crêtes des tensions ligne à neutre (Fig . 1 , calculer :
42-18) . Par exemple, le courant Ib est centré sur l'al-
a) le facteur (le puissance de déplacement
ternance positive E2N . C'est dire que Ib est en phase
avec E2N . Il existe pour les deux autres phases la même h) la puissance réactive absorbée par le convertis-
relation entre les tensions ligne à neutre et les courants seur
de ligne respectifs . Les tensions et les courants sont
encore «en phase» au primaire du transformateur et
Solution
sur le réseau triphasé qui l'alimente . a) Le facteur de puissance de déplacement est :

Comme les courants sont en phase avec les tensions, le FP = cos (x = cos 15° = 0,966 ou 96,6 %
facteur de puissance est de 100 % . Par conséquent, un
b) La puissance active fournie au convertisseur est égale
redresseur triphasé tout diodes ne tire aucune puissance
à la puissance à courant continu . Donc,
réactive du réseau . Il est évident que les mêmes remar-
ques s'appliquent au redresseur tout thyristors lorsque P = Ed Id = 39,4 kW
l'angle d'amorçage est nul.
La puissance réactive est :
En se référant maintenant à la Fig. 42-48, on constate
que les courants sont tous décalés de 45° vers la droite . Q = P tan a = 39,4 tan 15° = 10,6 kvar
Par conséquent, ils se trouvent 45° en retard sur leurs
tensions respectives . Le facteur de puissance est donc : Exemple 42-8
FP = cos 45° = 0,707 ou 70,7 % Une source à c .c . de 16 kV possédant une résistance
interne de 1 S2 fournit un courant de 900 A à un
Comme le facteur de puissance est en retard, le con-
onduleur triphasé en pont de Graët, (Fig
. 42-41» .
vertisseur doit absorber une puissance réactive du ré-
L'onduleur rem oie la puissance à un réseau triphasé
seau auquel il est raccordé . De plus, cette puissance
de. 12 kV 60 Hz Calculer :
réactive est absorbée aussi bien en mode onduleur qu'en
mode redresseur. Donc, le facteur de puissance et la a) le courant moyen porté par chaque thyristor
puissance réactive sont donnés par : bl la tension continue générée par le convertisseur
l'angle (le retard à l'amorçage
FP = cos a (42-13)
d) la valeur efficace des courants dans les lignes tri-
phasées
Q = P tan a (42-14) et la puissance réactive absorbée Par Londuleur




822 ÉLECTROTECHNIQUE

Le signe (-) indique que l'onduleur débite de la puis-


sance active . La puissance réactive associée à
l'onduleur est :

Q = P tan a
_ -13,6 tan 158,8
= 5,27 Mvar
Comme Q est positive (+), l'onduleur absorbe cette
puissance réactive . En pratique, la puissance réactive
est supérieure à la valeur ainsi calculée parce que la
commutation ne se fait pas instantanément . Nous dis-
Figure 42-49 cutons ce phénomène dans les sections qui suivent .
Voir exemple 42-8 .
42 .32 Période de commutation
Nous avons déjà mentionné (section 42.8), que le trans-
Solution fert de courant d'une diode à la diode suivante ne peut
a) Chaque thyristor porte le courant Id pendant le tiers pas se faire instantanément. En effet, pour toute valve,
du temps . Le courant moyen est donc : le processus de commutation prend un certain temps .
Ainsi, en se référant à la Fig . 42-48, la commutation de
900
I = Id = = 300 A Q 1 à Q3 et de Q3 à Q5 ne se fait pas instantanément
3 3 (Fig . 42-50a) mais plutôt comme le montre la Fig . 42-
b) D'après la loi de Kirchhoff (section 8 .1, chapitre 8) 50b.
et en se référant à la Fig . 42-49 on peut écrire :
-Ed+RId-Eo =O
soit : a
45° i1 15

Ed = - Eo +RId
(a)
=-16000V+1 S2x900A
=-15100V < 120° 120° >

c) L'angle de retard à l'amorçage a est donné par : < Q1 Q3 _ F Q5


conduit conduit conduit
Ed = 1,35 E cos a
-15 100 = 1,35 x 12 000 x cos a
cos a = -0,932 a
45° i
d'où a = 158,8°
(b)
d) La valeur efficace des courants dans les lignes tri-
phasées est : u u

1 = 0,816Id éq .41-8
= 0,816 x 900 = 734 A
e) La puissance continue fournie à l'onduleur est : Figure 42-50
a . Exemple de commutation instantanée dans un redresseur
P = Ed Id = - 15 100 x 900 lorsque a= 45° (voir Fig . 42-48) .
b . Mêmes conditions, mais en tenant compte d'un angle de
_ -13,6 MW commutation u de 30° .


ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 823

Le transfert du courant Id d'un thyristor au thyristor Xf = 27rJLf


suivant s'effectue donc durant un court intervalle an- Les tensions E IN , E2N, E3N engendrées dans les secon-
gulaire u, appelé angle de commutation ou angle d'em- daires par le flux mutuel du transformateur, sont dé-
piètement . La valeur de u augmente avec Id ; à pleine phasées de 120° (Fig . 42-51 et 42-52) . Seules les bor-
charge il est entre 20° et 30° . Pour de faibles charges, nes A, B, C, K et N sont accessibles .
il peut être de seulement 5° (à une fréquence de 50 Hz
L'inductance de lissage L en série avec la charge as-
ou 60 Hz) .
sure un courant Id constant et sans ondulation . Au dé-
À cause de la période de commutation, le courant dans part, à 0°, nous supposons que Id est fourni par la phase
un thyristor circule pendant (120 + u) degrés au lieu de A, de sorte que IA = Id . Quelques instants plus tard la
120° seulement . commutation débute, ce qui transfère le courant de
Le phénomène de commutation retarde la montée du charge à la phase B . Nous décrivons maintenant la suite
courant lorsqu'un thyristor est amorcé . Il retarde aussi des événements, étape par étape .
la coupure du courant dans celui-ci . À cause de ces 1 . Entre 0° et 60°, le courant Id circule seulement dans
délais, l'angle de retard à l'amorçage effectif est supé- la phase A . Puisque IA = Id = courant constant, la ten-
rieur à la valeur a. Cela a pour effet de réduire davan- sion aux bornes de l'inductance L A est nulle . Par con-
tage le facteur de puissance du convertisseur dans tous séquent, les points A et 1 sont au même potentiel (Fig .
ses modes de fonctionnement . 42-51) .
42 .33 Commutation naturelle 2 . Comme les diodes sont idéales, le point K est au
Comme on l'a vu, la commutation prend un certain même potentiel que A . On a donc EKN = E1N .
temps . Pour expliquer ce phénomène, nous utiliserons 3 . À 60°, la tension E 2N est en train de dépasser la ten-
un simple redresseur à diodes à 3 pulsations, sembla- sion EKN ; la diode D2 est donc sur le point de conduire
ble à celui illustré à la Fig . 42-11 . (Fig . 42-52) .
Supposons que le transformateur possède pour chaque
phase une réactance de fuite Xf, rapportée au secon-
daire . Nous montrons seulement les enroulements se-
condaires AN, BN, CN, placés côte à côte comme l'in-
dique la Fig . 42-5 1 . Les inductances de fuite LA , L B ,
Lc des trois phases sont rapportées au secondaire et
nous supposons que leur valeur est de Lf henrys . On a affl
-,
donc : wlkW N L1I A/~l
60 120 180' 240 300', 3E 0

la vrw ~~~w~~
mur
El N E2

~_1 5M
Id
I

Ak9 MÀ
9
..- 9 3K
1,96 R
0 60 1201 1180 240 1300 3E 0

Figure 42-52
Figure 42-51 Forme d'onde de la tension EKN et des courants de diodes,
Redresseur en pont à 3 pulsations alimentant une charge . lorsque l'inductance de fuite des transformateurs est
Seuls les secondaires du transformateur sont représentés . prise en considération . Langle de commutation u est de 60° .


824 ÉLECTROTECHNIQUE

4 . Dès que l'angle devient supérieur à 60°, le potentiel valeur de A(+) à un instant donné tt est égale à l'aire
du point B (anode de D2) dépasse le potentiel du point comprise entre les courbes E2N et E IN (Fig . 42-54) .
K (cathode de D2) . La diode D2 se met donc à con- Comme cette aire augmente avec le temps, le courant
duire . Cependant, la diode D l n'arrête pas de conduire IT devient de plus en plus grand et finit par atteindre la
à cet instant (comme nous l'avons toujours supposé) valeur Id .
car l'inductance L A s'oppose à tout changement brus- C'est donc le courant de court-circuit IT qui force le
que du courant I A . transfert du courant de charge d'une diode à la diode
5 . Il s'ensuit que les diodes D1 et D2 conduisent si- suivante .
multanément. Par conséquent, les bornes A et B sont Comme le transfert se produit «naturellement», sans
effectivement court-circuitées . Cette situation est re- faire appel à un condensateur ou un circuit spécial, la
présentée à la Fig . 42-53 . Il se produit donc un courant commutation est dite naturelle .
de court-circuit IT engendré par la tension E21 . La va-
leur de IT est limitée seulement par les inductances L A On constate que la période de commutation est d'autant
et LB en série . Au fur et à mesure que I T croît dans la plus longue que l'inductance de fuite Lf du transfor-
diode D2, il diminue d'autant le courant IA circulant mateur est grande. Cette période augmente aussi avec
dans la diode D1 car le courant Id est constant . Lors- le courant de charge Id.
que IT atteint la valeur Id, le courant IA devient nul . Il s'agit ici d'un redresseur à diodes en pont à 3 pulsa-
C'est à ce moment que la diode D1 cesse de conduire tions . Le même phénomène se produit avec un redres-
et que la période de commutation prend fin . Doréna- seur contrôlé à thyristors, à 6 pulsations . On peut dé-
vant, c'est la diode D2 qui porte le courant de charge . montrer que la période de commutation est donnée par
La valeur instantanée du courant IT est donnée par l'ex- l'expression :
pression :
Xf Id ~
u = arccos cos a - - a (42-15)
IT - A(+) E
2 Lf

où A(+) est le nombre de volts-secondes accumulés


par la tension E21 depuis le début du court-circuit . La nanan n

y ; :n
∎ ER
Ioan MnIn
N
1 120 1 180 240

Id VA •• km 1n NIF
mal K71n ÂM
un -
..-
nnn
n
Figure 42-53 Figure 42-54
Lorsque D2 s'amorce, un court-circuit s'établit entre les Pendant la période de commutation de Dl à D2, le courant
bornes A et B . de court-circuit est proportionnel aux volts-secondes A (+)
accumulés par E12 .







ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 825

où Réactance de fuite rapportée au secondaire :


u = angle de commutation [°]
a = angle de retard à l'amorçage [°] Xf = 12 % x Z., = 0,12 x 12,5
Xf = réactance effective de l'artère triphasée ali- = 1,5 S2
mentant le convertisseur [S2]
Inductance de fuite :
Id = courant continu de la charge [A]
E = tension ligne à ligne de l'artère [V]
Xf 1,5
= 0,00398 H
La période de commutation d'un redresseur en pont à Lf =

27tf 271 x 60
6 pulsations est la même que celle du redresseur à 3
pulsations . De plus, l'équation (42-17) s'applique éga- = 4 mH
lement aux onduleurs à 3 et à 6 pulsations . b) Angle de commutation lorsque le convertisseur fonc-
Durant la période de commutation, la tension E est KN
tionne en redresseur avec a= 30° :
égale à la valeur moyenne des tensions induites E et t N

E On obtient donc la forme d'onde E montrée en f Id


2N .
1~
KN

trait gras sur la Fig . 42-52 . Il est évident que la com- u = arccos cos a - X - a éq . 42-15
mutation a pour effet de réduire la tension continue E
aux bornes de la charge .
= arccos cos 30° - 1,5 x 70 x 1_ - 30°
La forme d'onde des courants I , I et l est montrée à
A B e 1224
la Fig . 42-52 . Afin de bien mettre le phénomène en • arccos (0,866 - 0,121 - 30°
évidence, nous avons supposé une période de commu- • arccos (0,745) - 30°
tation u particulièrement longue, soit 60° . En pratique, • 41,9° - 30° = 11,9°
à une fréquence de 50 Hz ou 60 Hz, l'angle de com-
mutation est plutôt compris entre 10° et 30° . c) Lorsque le convertisseur fonctionne en onduleur avec
a = 150°, la période de commutation est :
Exemple 42-9
Trois transformateurs numophasés de 40 kVA con-
nectés selon la Fia . 42-37, alimentent un conver- f Id ~
u = arccos cos a - X - a éq .42-15
tisseur triphasé en pont r6 pulsations) . La tension E
liane à ligne au secondaire est (le 1224 V, 60 Hz et
les transfornrttcurs possèdent une impédance de arccos cos 150° - 1,5 x 70 x F2 - 150°
12'x . Le courant continu 1 est de 70,-\ . Calculer :
(j
1224
arccos (- 0,866 - 0,121 - 150°
l'induetance de fuite de nan formateur,
arccos (- 0,987 - 150-
b) l'angle de coinnunation lorsque le convertisseur
170,8' - 150° = 20 .8°
fonctionne en redresseur avec a= 300 .
c) I' angle de commutation lorsque le convertisseur
Noter que la période de commutation est plus longue
fonctionne en onduleur avec a= 150° quand le convertisseur fonctionne en onduleur.
Solution 42 .34 Angle de marge
a) Tension ligne à neutre au secondaire : Lorsqu'un convertisseur fonctionne comme onduleur
ELL - 1224 idéal, on a vu qu'il est essentiel que la conduction soit
E LN = = 707 V amorcée avant a = 180° . Comme le courant circule
Y Y
durant 120°, la conduction doit cesser avant que ne soit
Impédance de base au secondaire du transformateur : atteint l'angle de 180° + 120° = 300° . S'il fallait que la
2
conduction outrepasse le 300°, il y aurait reconduction,
_ En 707 2 provoquant une montée rapide du courant dans le thy-
Zny éq. 30-17 ristor qui aurait manqué de s'éteindre, suivie par
S„ 40 000
l'ouverture des dispositifs de protection .
12,5 S2


826 ÉLECTROTECHNIQUE

En pratique, on doit laisser une marge entre la fin de la


/3 = 180-a (42-16)
conduction et l'angle critique de 300° . Cet angle de
marge y (« extinction angle») permet au thyristor de
Aussi, comme /33 = u + yl , on a en général :
reprendre ses propriétés de blocage avant que son anode
redevienne positive par rapport à la cathode . En géné-
ral, la valeur de y (gamma) est comprise entre 15° et 0 = u+Y (42-17a)
20° . La Fig . 42-55 montre, pour le thyristor Q1, la si-
et
gnification de son angle de marge y .
a+u+y=180° (42-17b)
Dans le cas d'un onduleur, le moment de l'allumage
est souvent défini par un angle d'avance /3, plutôt que
Pour résumer, la Fig . 42-55 illustre pour le thyristor
par l'angle de retard a. Cet angle d'avance est mesuré
Q1 la signification des divers angles que nous venons
par rapport à l'instant où a = 180°, soit le retard théo-
de mentionner:
rique maximal admissible pour un onduleur . En se ré-
férant à la Fig. 42-55, on constate que pour le thyristor a, = angle de retard à l'amorçage
QI, l'angle d'avance /3, correspond bien à l'instant d'al- /3, = angle d'avance à l'amorçage
lumage . La relation entre a et /3 est donnée par l'ex- y1 = angle de marge
pression : u = angle de commutation ou d'empiètement

01 02 Q3 04 05
allume allume allume allume allume

Q5, 16 a= 135 ° Q6, Q1 Q1, Q2 02, Q3 Q3, Q4


condu sent conduisent conduisent conduisent conduisent

/60 ,120 \ ,180 240, 300, 360,,


d
0,955 E

-*. ° 4- --~Q6,F ~iQ1 ,


101 1 1021 I031
I I _ p3
-~I u I<- 1 __~1 u 1<--
1

Figure 42-55
Forme d'onde du courant i 1 dans le thyristor 01 pour un angle d'amorçage a 1 de 135° . Langle de marge y1 permet à
Q1 de rétablir ses propriétés de blocage avant que l'angle critique de 300° ne soit atteint . À 300°, l'anode de 01
devient positive . La figure montre les relations entre ces angles .

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 827

42 .35 Encoches de commutation 42 .36 Thyristor et GTO - caractéristiques


En se référant à la Fig . 42-53, on constate que lors de Les caractéristiques du thyristor conventionnel à l'état
la période de commutation, la tension entre les bornes passant et à l'état bloqué sont illustrées à la Fig . 42-
A et B du convertisseur est égale à la chute de tension 56a . Ainsi, à l'état bloqué, lorsque le courant d'anode
dans les diodes Dl et D2 . Cette tension EAB est de l'or- IAK est nul, le thyristor peut suppporter des tensions
dre de 2 ou 3 volts seulement, ce qui équivaut prati- EAK positives et négatives, jusqu'aux limites indiquées
quement à un court-circuit franc . Ces court-circuits par les bandes hachurées (± 4 kV) . Durant l'état pas-
produisent des «encoches» dans les belles formes d'on- sant, lorsque le courant IAK circule, la figure montre
des sinuoïdales apparaissant entre les bornes A, B, C que la tension EAK est d'environ 2 V. La limite supé-
parce que la tension tombe subitement à zéro . La lar- rieure du courant anodique (3 kA) est aussi indiquée
geur des encoches («notches») correspond à l'angle par une bande hachurée . Ces limites très approximati-
de commutation. ves indiquent les valeurs maximales de tension et de
Ces court-circuits momentanés sont réfléchis au pri- courant que les thyristors peuvent supporter. Toutefois,
maire du transformateur, de sorte que la qualité de la la plupart des thyristors sont conçus pour fonctionner
tension sur tout le réseau peut être affectée . Afin de à des tensions et courants bien inférieurs aux limites
réduire l'amplitude des encoches au point de raccor- indiquées .
dement commun PCC, on branche habituellement des Hormis leur aptitude à interrompre le courant d'anode
réactances en série avec le primaire du transformateur en injectant un courant dans la gâchette, les GTO res-
alimentant le convertisseur. Cela équivaut à augmen- semblent beaucoup aux thyristors . La Fig . 42-56b
ter la réactance de l'artère, laquelle, paradoxalement, montre qu'à l'état bloqué les GTO peuvent résister aux
augmente l'angle de commutation u , donc la largeur
des encoches .

HACHEURS CONTINU-CONTINU
IAK § ;2V
Jusqu'ici nous avons étudié les circuits contrôlés par 3 kA
thyristors . Nous avons vu que la conduction cesse seu- thyristor A j IAK
lement lorsque le courant d'anode devient nul . Bien état passant
fmax ° 2 kHz
qu'il soit possible de bloquer le courant en ajoutant G_/
GK
courant de
des composants spéciaux (comme décrit à la section état bloqué ` maintient I
42 .14), cette solution est encombrante et coûteuse . De thyristor
-4 kV EAK 4 kV
plus, la commutation des thyristors est limitée à des
fréquences maximales d'environ 2 kHz . (a)
Afin de surmonter ces problèmes, on a développé des
semiconducteurs de puissance dont la conduction peut
IAK' y3V
être initiée ou bloquée en appliquant une tension ap-
propriée sur la gâchette . Il s'agit des thyristors GTO,
GTO A IAK
et des transistors BJT, MOSFET et IGBT* . Ces semi-
état passant
conducteurs se comportant comme des interrupteurs fmax ° 500 H
courant de G
électroniques à haute vitesse permettent de construire
maintient K
des convertisseurs continu-continu et continu-alterna- IG
tif extrêmement flexibles . Décrivons maintenant les EAK 4 kV
GTO
principales propriétés de ces semiconducteurs .
(b)

Ces dénominations correspondent aux abréviations suivan- Figure 42-56


tes: GTO «gate turn-off», BJT «bipolar junction transistor», Propriétés et limites d'opération des thyristors et des GTO .
MOSFET «metal oxide field effect transistor», IGBT
«insulated gate bipolar transistor» .




828 ÉLECTROTECHNIQUE

tensions EAK positives, mais non pas aux tensions né- le ~3V
gatives* . À l'état passant, la chute de tension est envi- 600 A
ron 3 V, par rapport à 2 V pour les thyristors . Comme
dans le cas d'un thyristor, la conduction est initiée en BJT état passant IC
i
injectant un courant positif dans la gâchette . Afin de fmax ° 20 kHz CJ
état B
maintenir la conduction dans le GTO, le courant bloqué
IB
d'anode ne doit pas baisser en dessous d'un seuil ap- aia, ~ niir E
pelé courant de maintien . ECE 1 kV
Le courant d'anode est bloqué en injectant un courant
négatif substantiel dans la gâchette pendant quelques
microsecondes . Afin d'assurer le blocage, le courant Figure 42-57
Propriétés et limites approximatives des BJT.
injecté dans la gâchette doit être environ le tiers du
courant circulant dans l'anode .
Les GTO sont donc des commutateurs de grande puis- 42 .38 Le MOSFET - caractéristiques
sance, pouvant commander des courants de quelques Le MOSFET de puissance est un semiconducteur à trois
milliers d'ampères sous des tensions allant jusqu'à bornes qui s'appellent drain D, source S et grille G
4000 V. (Fig . 42-58) . Le drain est l'anode alors que la source
est la cathode . L'état de ce transistor dépend de la ten-
42 .37 Le BJT - caractéristiques
sion appliquée sur la grille . Le courant ID dans le drain
Le transistor BJT à jonction bipolaire est nommé ainsi
est amorçé en appliquant une tension EGS positive d'en-
car la conduction est due au déplacement des électrons
viron 12 V entre la grille et la source . La conduction
et des trous à l'intérieur du transistor . L e BJT possède
cesse dès qu'on diminue EGS en dessous d'environ 1 V.
trois bornes appelées respectivement collecteur C,
émetteur E et base B (Fig . 42-57) . Le courant IC circu- Le courant dans la grille est extrêmement petit ; par
lant du collecteur à l'émetteur est initié et soutenu en conséquent, une très faible puissance est requise pour
faisant circuler un faible courant IB dans la base . Lors- amorçer et désamorçer la conduction . Les caractéristi-
que le BJT est utilisé comme interrupteur, le courant ques du MOSFET à l'état passant et à l'état bloqué
dans la base doit être suffisament élevé pour que le sont illustrées à la Fig . 42-58 . Les valeurs maximales
BJT reste à l'état saturé. Par exemple, pour faire cir- de EDS et de ID sont aussi indiquées .
culer un courant IC de 100 A entre le collecteur et Le MOSFET ne peut pas tolérer des tensions EDS né-
l'émetteur, le courant dans la base doit être de l'ordre gatives . Afin de répondre à cette exigence, on y incor-
de 1 A . Lors de la conduction, la tension entre le col- pore une diode, comme indiqué sur son symbole . Les
lecteur et l'émetteur est généralement de 2 V à 3 V . La MOSFET de puissance peuvent porter des courants de
conduction cesse dès que le courant dans la base est quelques centaines d'ampères sous des tensions d'envi-
interrompu . ron 500 V. Lors de la conduction, à l'état saturé, la chute
Les caractéristiques des BJT à l'état passant et à l'état de tension EDS est comprise entre 2 V et 5 V.
bloqué sont montrées à la Fig . 42-57 . Les limites ap-
proximatives de la tension collecteur-émetteur ECE et
du courant de collecteur l e sont aussi indiquées . Ainsi,
les BJT peuvent supporter des courants de quelques
centaines d'ampères sous des tensions ECE de 1000 V.
Cependant, ils ne peuvent pas tolérer des tensions ECE
négatives .

Il existe des GTO spéciaux pouvant supporter des tensions Figure 42-58
négatives . Propriétés et limites approximatives des MOSFET .



ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 829

42 .39 L'IGBT - caractéristiques recours à une approche bien différente . Le montage


L'IGBT est un transistor dont la conduction est amorçée utilisé porte le nom de hacheur pour des raisons qui
et désamorçée en appliquant une tension appropriée deviendront bientôt évidentes .
sur la gâchette (la base) . Comme dans un transistor Les hacheurs sont utilisés dans les locomotives, les
conventionnel, les trois bornes sont nommées collec- métros et les autobus électriques, et plus généralement
teur C, émetteur E et base B . Les caractéristiques à partout où l'on a besoin d'un convertisseur de puis-
l'état passant et à l'état bloqué sont montrées à la Fig . sance continue-continue .
42-59 . Les valeurs limites de la tension E CE et du cou-
Nous verrons aussi que les hacheurs peuvent transfor-
rant le dans le collecteur sont aussi indiquées .
mer une tension continue en une tension alternative
Les IGBT peuvent supporter des courants l e bien su- dont la fréquence et la forme d'onde sont quelconques .
périeurs aux courants ID des MOSFET . Par conséquent, En fait, les convertisseurs utilisant le principe du
ils peuvent commander des puissances plus importan- hacheur sont employés partout . C'est pourquoi ils mé-
tes . ritent une attention toute particulière .
Comparés aux GTO, les BIT, MOSFET et IGBT peu-
42.41 Hacheur continu-continu à deux
vent initier et interrompre la circulation du courant quadrants
d'anode avec une plus grande rapidité . Cela permet à
Pour comprendre le principe du hacheur, considérons
ces semiconducteurs de fonctionner à des fréquences
deux interrupteurs mécaniques S 1 et S2 connectés aux
beaucoup plus élevées . Il en résulte une diminution de
bornes d'une source à c .c . EH (Fig . 42-60a) . Les inter-
la grosseur, du poids et du coût des appareils utilisant
rupteurs s'ouvrent et se ferment périodiquement, à tour
ces valves . Les fréquences maximales typiques sont
de rôle, de sorte que lorsque S 1 est fermé, S2 est ouvert
indiquées dans les Fig . 42-56 à 42-59 .
et vice versa . Les bornes 1 et 2 sont destinées à ali-
menter une charge .
Supposons que la période d'un cycle d'ouverture et de
fermeture soit T et qu'un des interrupteurs soit toujours
fermé durant un intervalle Ta . Le rapport cyclique D
(«duty cycle») de l'interrupteur est défini comme le
rapport TaIT du temps de fermeture et de la durée d'un
cycle . La fréquence ff de commutation est égale à lIT.
On peut donc écrire :

a
D = T = fcTa (42-18)
T
Figure 42-59
Propriétés et limites approximatives des IGBT . où
D = rapport cyclique de l'interrupteur
42.40 Applications du hacheur Ta = temps de fermeture de l'interrupteur [s]
T = période d'un cycle d'ouverture et de ferme-
Dans certaines applications industrielles, on doit trans-
ture de l'interrupteur [s]
former une tension c .c . quelconque en une tension c .c .
f~ = fréquence de commutation [Hz]
supérieure ou inférieure . Par exemple, sur un réseau
de distribution ferroviaire à c.c ., une caténaire à 4000 V Par exemple, si S1 est fermé durant un intervalle T a ,
alimente les moteurs de traction à 300 V à l'intérieur son rapport cyclique sera D S1 =TaIT . 11 s'ensuit que le
des trains . Dans d'autres applications, un accumula- rapport cyclique de S2 sera :
teur à 12 V doit alimenter un instrument à c .c . fonc-
tionnant à une tension de 120 V. T - Ta Ta
DSZ = = 1-
Avec une tension alternative, un simple transformateur T T
permet de changer la tension d'un niveau à un autre .
soit DSZ =1-D (42-19)
Mais dans le cas d'une tension continue, on doit avoir


830 ÉLECTROTECHNIQUE

Lorsque S 1 est fermé, la borne 1 est au niveau du


point 3 ; la tension de sortie E 12 est donc égale à EH .
Ensuite, lorsque S 1 est ouvert et S2 est fermé, E12 = 0 .
La tension E12 fluctue donc entre EH et zéro pendant
des intervalles respectifs Ta et Tb où Tb = (T- Ta ) (Fig .
42-60b) . Par conséquent, la tension moyenne EL entre
les bornes 1, 2 est donnée par l'expression
T
T1
EL = - EH
T

soit
EL = D EH (42-20)
Figure 42-60a
La valeur moyenne EL correspond à la composante Hacheur continu-continu à 2 quadrants .
continue* de la tension entre les bornes 1, 2 . C'est la
tension qu'indiquerait un voltmètre à c .c .
En programmant la durée de fermeture des interrup-
teurs, tout en gardant T constant, on peut faire varier D
EH E12
de zéro à 1 . Par conséquent, la tension moyenne EL
variera de zéro à EH . Voilà une des propriétés impor-
tantes du hacheur. EL
EL
Puisque la tension E 12 fluctue, elle contient une com-
0 -
posante alternative . Cette composante est égale à la Ta Tb temps
différence entre la valeur instantanée de E12 et la va-
T >-
leur moyenne EL . La composante alternative a donc
une forme d'onde rectangulaire . La partie positive de
l'onde a une amplitude EH - EL et sa durée est Ta . Quant Figure 42-60b
à la partie négative, elle a une amplitude EL et sa durée Tension instantanée E12 et valeur moyenne E L.
est Tb = (T - Ta) (Fig . 42-60b) . L' onde alternative est
donc composée d'une tension fondamentale de fré-
quence ff = 1/T, et d'harmoniques de 2f, 3f, etc .
Solution
Exemple 42-10 a) Période T = 1/fe = 1/250 = 0,004 s = 4 ms
Le hacheur de la Fig . 42-60a fonctionne à une fi -é- b) Le rapport cyclique requis est donné par la formule
quence de 250 Hz et la tension de la source E H est 42-20 :
de 320 V. On désire générer une tension continue de D = EL /EH = 48 V/320 V = 0,15
48 V entre les bornes I, 2 . Calculer :
c) La durée de fermeture de S1 est :
a période Tdu cycle de fermeture/ouverture des
Ta =DT=0,15x4 ras =0,6ms
interrupteurs
d) La tension maximale entre les bornes 1 et 2 est de
b) le rapport cyclique requis
320 V durant un intervalle de 0,6 ms . La tension
c) la durée de fermeture de l'interrupteur S1
minimale est zéro pendant 3,4 ms, soit la durée de
d) la tension maximale et minimale entre les bor- fermeture de l'interrupteur S2 .
nes I et 2
En examinant la Fig . 42-60a, on constate que le circuit
situé à gauche des bornes 1 et 2 n'est jamais ouvert.
" Noter que les termes tension moyenne, tension continue Par exemple, si le courant I de la charge entre par la
et tension à c .c . sont des synonymes . De même, le terme borne 1, il peut ressortir par la borne 2, soit en passant
puissance continue signifie puissance à c .c.


ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 831

par S2 (lorsque S2 est fermé) soit en passant par S 1 et


la source EH (lorsque S2 est ouvert) . Puisqu'un des in-
terrupteurs est toujours fermé, il est clair que le cou-
rant I peut toujours circuler, peu importe sa direction .
Par conséquent, la puissance continue peut circuler dans
les deux sens : elle peut sortir ou entrer par les bornes
1, 2 . Cela constitue une autre propriété importante du
hacheur.
Supposons que l'on désire utiliser la source EH pour
alimenter une charge active comme un accumulateur .
Celui-ci a une tension Ed et possède une très faible
résistance interne R (Fig . 42-6 1) . Sachant que E l 2 fluc- 2
tue tandis que Ed est constante, il est essentiel d'instal- Figure 42-61
ler un élément tampon entre le hacheur et sa charge, Installation d'une inductance de lissage entre la source et la
car autrement, vu la faible valeur de R, on obiendrait charge .
des courants énormes . On pourrait ajouter une résis-
tance en série avec R, mais cela entraînerait des pertes
Joule supplémentaires qui réduiraient le rendement du
hacheur. La meilleure solution est d'installer une in-
ductance de lissage L comme l'indique la figure . L'in- C'est dire que la source EH est effectivement devenue
ductance a l'avantage de s'opposer à la circulation d'un une charge . La puissance circule maintenant de la ten-
courant alternatif alors qu'elle n'offre aucune opposi- sion inférieure Ed vers la tension supérieure EH .
tion au passage du courant continu . Cela confirme que le hacheur de la Fig . 42-61 peut
Supposons que la tension EH soit fixe et que le rapport transporter une puissance à c .c . dans les deux sens -
cyclique D soit variable . La tension c .c . EL entre les de la tension supérieure vers la tension inférieure ou
bornes 1 et 2 peut alors prendre toute valeur comprise vice versa. Comme le courant IL peut changer de sens
entre zéro et EH . alors que la polarité de la tension E 12 demeure fixe, le
hacheur est appelé hacheur à deux quadrants . Les deux
Si on ajuste D de sorte que EL soit exactement égale à
quadrants sont les deux zones du plan E-I situées au-
Ed, aucun courant continu ne circulera, et il n'y aura
dessus de l'axe I honrizontal .
aucun transfert de puissance entre la source EH et
l'accumulateur. Mais si EL est supérieure à Ed, un cou- Exemple 42-11
rant continu IL circulera dans le sens indiqué à la Fig . Le hacheur de la Fie . -12-61 est branché sur une
42-61 . Sa valeur est donnée par : source EH à 320 V et il fonctionne à une fréquence
IL = (EL - Ed)IR (42-21) de 250 Hz . La sortie est connectée à l'induit d'un
La puissance continue ELIL sortant des bornes 1 et 2 moteur à c .c . dont la résistance K = 412 et la 1.c .é .m .
est absorbée par l'accumulateur . Comme elle provient Ed est de 1-40 V . On désire faire circuler un courant
de la source EH , la puissance est transportée de la ten- de 3 A dans l'induit . Calculer :
sion supérieure EH à la tension inférieure Ed . a) la tension E,, requise et la valeur (le D
Par contre, si l'on diminue le rapport cyclique de sorte b) la durée de fermeture de S2
que EL soit plus petite que Ed, un courant continu IL c) la nous elle valeur de D si on veut freiner le mo-
circulera dans le sens inverse . Sa valeur est donnée par : teur en lui faisant débiter un courant (le 3 A
IL = (Ed - EL)/R
Solution
Il en résulte que les bornes 1 et 2 absorbent mainte-
a) La chute de tension dans la résistance de l'induit
nant une puissance continue ELIL. Comme les inter-
est :
rupteurs ne consomment aucune énergie, cette puis-
sance est nécessairement absorbée par la source EH . RI= 4S2x3A=12V


832 ÉLECTROTECHNIQUE

Par conséquent, EL = 140 + 12 = 152 V. On a donc Ce rapport est semblable au rapport de transformation
D = EL/EH = 152/320 = 0,475 d'un transformateur dont le rapport des spires primaire/
secondaire serait égal à D .
b) La fermeture de S2 correspond à l'ouverture de S 1,
soit pendant T - Ta . Comme T = 1/250 Hz = 4 ms : La puissance continue P L fournie à la résistance est :

Ta = DT = 0,475 X 4 ms = 1,9 ms PL = ELIL


il en résulte que S2 est fermé durant un intervalle de Celle-ci est nécessairement égale à la puissance conti-
T-Ta=(4-1,9)=2,1 ms nue PH = EHIH débitée par la source . On peut donc
écrire :
c) Pour freiner le moteur, il faut inverser le sens du
courant. Par conséquent, EL doit être inférieure à Ed . EHIH = ELIL
La chute de tension dans la résistance R est :
RI =4S2x3A=12V
d'où IH = EL =D (42-23)
Il s'ensuit que EL = 140 V -12 V = 128 V . La valeur de IL EH
D requise est donc D = EL /EH = 128/320 = 0,40 .
On constate que le rapport des courants continus à l'en-
On peut donc changer le sens du courant et, par consé- trée et à la sortie du hacheur est encore similaire à celui
quent, la direction de la puissance, en changeant sim- d'un transformateur conventionnel .
plement la valeur de D de 0,475 à 0,40 .
Enfin, la résistance apparente RH vue à l'entrée du
42 .42 Le hacheur vu comme un hacheur entre les bornes 3 et 2 est donnée par RH =
transformateur à c .c . EH/IH . On peut donc écrire :
La Fig . 42-62 montre un hacheur alimenté par une
source à c .c . EH. Il alimente une charge de résistance EH ELID EL RL
Rx =
RL à travers une inductance de lissage L . Les courants IH DIL D 2 IL D2
du côté charge IL et du côté source IH sont tous deux
des courants continus .
RL
L' équation 42-20 nous a montré que le rapport des ten- d'où RH = (42-24)
sions à l'entrée et la sortie du hacheur est donné par : D2

EL Donc, tout comme dans un transformateur convention-


=D (42-22) nel, la résistance au «secondaire» du hacheur est réflé-
EH
chie au «primaire» dans le rapport 1/D2 . Le rapport
cyclique joue donc un rôle analogue au rapport du nom-
bre de spires N I /N 2 .
f
On remarque que la fréquence f du hacheur n'apparaît
pas dans ces équations . Toutefois, en pratique, sa va-
si leur est choisie de sorte que la réactance inductive 27tf~L
soit au moins 10 fois la valeur de RL . Dans ces condi-
tions, le courant alternatif circulant dans la résistance
est une faible fraction de la composante continue I L.
En d'autres mots, l'ondulation dans IL sera relative-
S2
ment faible. Nous en discutons dans la section suivante .

42 .43 Ondulation du courant continu


Soit un dispositif électrique F (accumulateur, moteur à
Figure 42-62 c .c ., résistance, etc .,) connecté en série avec une in-
Le hacheur agit comme un transformateur à c .c . ductance L aux bornes 1, 2 d'un hacheur (Fig . 42-63) .

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 833

EH(1 - D)D
H (42-25a)
S1

puisque EL = DEH, on peut aussi écrire :

IL, AI EL(1 -D)


AIL - (42-25b)
S2 EL fA
ou
2 AIL =ondulation crête à crête du courant I L [A]
Figure 42-63 EH = tension continue supérieure du hacheur [V]
Le courant IL contient une ondulation AI .
EL =tension continue inférieure du hacheur [V]
D =rapport cyclique du hacheur
Supposons que la tension continue E42 aux bornes de F f, =fréquence de commutation [Hz]
soit constante et sans ondulation . Comme la compo- L = inductance de l'inducteur [H]
sante continue de la tension aux bornes de l'inductance
La croissance AIL durant l'intervalle où S 1 est fermé
est nécessairement nulle, il s'ensuit que E42 = EL = va-
est suivie par une décroissance de même valeur durant
leur moyenne de E 12 .
l'intervalle où S1 est ouvert . Le courant IL subit donc
La tension E12 fluctue entre EH et zéro . La tension ins- une ondulation dont la valeur crête à crête est donnée
tantanée E 14 aux bornes de l'inductance dépend donc par les formules (42-25a) ou (42-25b) . Ces formules
de l'état des interrupteurs . Par exemple, lorsque S1 est indiquent que l'ondulation sera d'autant plus faible que
fermé, E14 = EH - EL durant un intervalle Ta = DT. En- les valeurs de L et ff sont élevées . De plus, pour une
suite, lorsque S 1 est ouvert, E 14 = - EL durant un inter- source de tension EH donnée, la formule (42-25a) ré-
valle T- Ta . vèle que l'ondulation est maximale lorsque D = 0,5 .
Comme l'inductance est soumise à une tension varia- 42 .44 Courant IH débité par la source
ble, le courant qu'elle porte varie aussi . La variation
AIL est donnée par le nombre de volts-secondes accu- Jusqu'à présent, nous nous sommes intéressés au cou-
mulés (ou perdus) durant un intervalle, divisé par la rant IL. On a vu que si l'inductance de lissage et la
valeur de l'inductance . Lorsque S1 est fermé l'induc- fréquence du hacheur sont élevées, ce courant s'ap-
proche d'un courant continu parfait.
tance accumule des volts-secondes ; on peut donc écrire :
volts-secondes accumulés = (EH - EL ) x Ta Regardons maintenant la forme d'onde du courant I H
circulant dans la source EH . La composante continue a
Par conséquent, on obtient :
une valeur moyenne I H = DIL, mais la valeur instanta-
née du courant est nulle lorsque l'interrupteur S1 est
(EH - EL)Ta ouvert et égale à IL lorsque S1 est fermé . C'est dire
AIL =
L que le courant circulant dans EH est composé d'une
(EH - DEH ) Ta série d'impulsions d'amplitude I L et de durée Ta.
Une source idéale E H comme celle de la Fig . 42-63
L
peut fournir ces fortes impulsions de courte durée . Mais
EH (1 -D)DT comme les sources réelles possèdent toujours une ré-
L sistance interne, la tension EH entre les bornes 3 et 2
du hacheur ne demeurera pas constante comme nous
Sachant que T= 1/ff, ooù f, est la fréquence de commu- l'avons supposé jusqu'à maintenant .
tation, on obtient l'expression suivante :



834 ÉLECTROTECHNIQUE

Pour rémédier à cette situation, on branche un gros


condensateur C à l'entrée du hacheur (Fig . 42-64a) . R
3
Ce condensateur peut fournir (ou absorber) les fortes
impulsions de courant I L sans que la tension à ses bor-
nes change de façon appréciable . Il s'ensuit que le cou- si

i
rant IHI fourni (ou absorbé) par la source E s fluctue
très peu . Puisque le courant moyen dans le condensa-
teur est nul, la valeur moyenne IHI est égale à la valeur
moyenne IH .
S2
Donc, en résumé, pour améliorer les formes d'ondes,
on installe une inductance en série avec la sortie d'un
hacheur et un condensateur en parallèle avec l'entrée .
(a)
La Fig. 42-64b montre la forme d'onde du courant I L ,
de même que sa valeur moyenne lorsque la puissance
est transportée de EH vers EL . La période d'un cycle
est T et l'ondulation du courant est AIL .
La Fig . 42-64c montre la forme d'onde du courant I H, IL
de même que sa valeur moyenne . On constate que
chaque impulsion a une durée T a .
Enfin la Fig . 42-64d montre le courant IHt . Il possède -> temps
la même valeur moyenne que IH . Étant donné que la
tension aux bornes du condensateur demeure presque
constante, il s'ensuit que EH ne fluctue presque pas .

Exemple 42-12
On donne l'information suivante pour le hacheur
de la Fi, . -12-65 .
E[,= 100V E(1 =30V R= 2 L=10mH (c)
fréquence de commutation :,/
: kHz
IHI instantanné IHI moyen
rapport cycl ique de S 1 : D=M
Calculer : ,HI I
a) la valeur et la direction du courant continu I L 0
(d) temps
b) l'ondulation crête li crête du courant I,
c) la valeur et la direction du courant continu I H Figure 42-64
d) la puissance continue fournie ou absorbée par E F , Formes d'ondes des courants dans un hacheur.

Solution b) L' ondulation crête à crête du courant IL est donnée


a) En se référant à la Fig . 42-65, la valeur moyenne E L par l'équation 42-25a :
est :
EL = DEH = 0,2 x 100 V = 20 V EH (1 - D)D
AIL = éq. 42-25a
Puisque la tension Ed (30 V) est supérieure à EL, le fL
courant continu I L sortira de la borne 5 ; sa valeur 100 (1 - 0,2) 0,2
moyenne est = 0,8 A
2000 x 0,01
IL = ( 30 V - 20 V)/2 S2=5A

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 835

D = 0,2 fc = 2 kHz
IH

S1

10mH 2S2
100V E
1 R

EL

2
Figure 42-65 Figure 42-66
Voir exemple 42-12 . Voir exemple 42-12 .

Par conséquent, le courant continu de IL = 5 A fluctue Par conséquent, durant cet intervalle, le courant IL aug-
entre 4,6 A et 5,4 A . mente par un incrément :
c) Le courant moyen IH = D IL = 0,2 x 5 A = 1 A AIL = 8000 IV-s/10 mH = 0,8 A
La direction de IH est telle que le montre la Fig . 42-65 Regardons maintenant ce qui se passe lorsque S1 est
car la «charge» Ed débite de la puissance . fermé et que IL est encore égal à 5 A (Fig . 42-67) . En
d) La «source» EH absorbe une puissance continue de parcourant la boucle dans le sens horaire, on obtient :
PH =100Vx1A=100W -100V+E 14 -5Ax2S2 +30V=0
Afin de bien saisir le comportement du circuit, procé- d'où la tension aux bornes de l'inductance :
dons maintenant à une analyse plus détaillée . E41 =-80V
La durée d'un cycle est : La borne 4 est maintentant négative par rapport à
T = 1/f,f = 1/2000 = 500 .ts la borne 1 . Cela signifie que le courant IL est en train
S 1 est fermé durant un temps T a : de décroître . Les volts-secondes «déchargés» durant
cet intervalle de 100 ts sont de 80 V x 100 ts =
Ta = DT = 0,2 x 500µs = 100 µs 8000 .V .s .
Par conséquent, S2 est fermé durant un temps Tb : La décroissance du courant est donc :
Tb=T-Ta =500-100=400µs AIL = 8000 gV •s /10 mH = 0,8 A
Afin de déterminer l'ondulation dans le courant IL, exa-
minons d'abord la condition lorsque S2 est fermé (Fig .
42-66) . Supposons que IL a momentanément une va-
leur de 5 A . La tension E41 aux bornes de l'inductance
S1 i
est obtenue en appliquant la loi de Kirchhoff à la bou- fermé
cle fermée, soit: + (100µs) 1

i
2 S2
-30V+5Ax2S2+E41 =0 100 V EH 1
d'où E41 = + 20 V . Cela signifie que la borne 4 est (+)
S2
par rapport à la borne 1 . Sachant que IL entre par la ouvert
borne 4, il s'ensuit que le courant est en train de croî- (100µs)
tre . L'inductance accumule des volts-secondes et pen- 1 > '
dant les 400 Ets où S2 est fermé, la «charge magnéti- 2
que» totalise :
Figure 42-67
20 V x 400 gs = 8000 tV •s Voir exemple 42-12 .



836 ÉLECTROTECHNIQUE

On observe que la décroissance AIL lorsque S 1 est fermé L'énergie provient de la source Ed parce que la source
est la même que sa croissance lorsque S 1 était ouvert. EH est débranchée durant cet intervalle .
Par conséquent, le courant IL fluctue entre 5,4 A et 4,6 A
Un instant plus tard, lorsque l'interrupteur S 1 est fermé
comme on l'avait prévu (Fig . 42-68a) . La Fig . 42-68b
(Fig . 42-67), la tension aux bornes de l'inductance est
montre la forme d'onde du courant I H . Noter qu'il est
de 80 V, mais le courant moyen est toujours de 5 A .
composé d'une série d'impulsions de courte durée .
Comme la borne 1 est (+) par rapport à 4, il s'ensuit
La puissance à c .c . s'écoule de Ed vers la source EH que l'inductance débite de l'énergie . La quantité débi-
même si la tension EH est plus élevée. tée durant cet l'intervalle est :
Signalons ici le rôle joué par l'inductance L . De prime W= E14 IL At = 80 V x 5 A x 100 ps = 40 mJ
abord, elle agit comme filtre, car elle supprime le cou-
Donc, l'inductance absorbe de l'énergie provenant de
rant alternatif qui serait créé par la forte tension alter-
la source à basse tension (Ed) pour la restituer à la source
native entre les bornes 1 et 2 . Mais elle sert aussi à
haute tension (EH ) . Comme l'inductance transporte
transporter de l'énergie entre les sources Ed et EH .
40 mJ à raison de 2000 fois par seconde, cela repré-
Par exemple, à la Fig . 42-66, la tension aux bornes de sente une puissance de :
l'inductance est de 20 V et le courant est de 5 A . Comme
la borne 4 est (+) par rapport à la borne 1, il est évident P = 40 mJ x 2000/s = 80 W
que l'inductance absorbe de l'énergie . La quantité Donc, sur la puissance totale de 100 W absorbée par la
d'énergie absorbée est donnée par source EH , 80 W sont attribuables à l'action de l'induc-
W = E14 IL At = 20 V x 5 A x 400 ps = 40 mJ tance . Le reste (20 W) représente un transfert direct de
E42 à EH lorsque S1 est fermé et S2 ouvert .

L' inductance joue donc un rôle primordial dans le fonc-


IL instantanné IL moyen
tionnement d'un hacheur.

42 .45 Hacheur électronique


continu-continu
i
1 S1 fermé Les hacheurs à interrupteurs mécaniques traités jus-
fermé-
qu'ici permettent aux courants IL et IH de circuler dans
4001 1 500 les deux sens . En pratique on utilise plutôt des valves
N! / électroniques, qui peuvent seulement conduire dans un
o temps ps sens . Afin d'obtenir une conduction bi-directionnelle,
(a) on ajoute des diodes Dl, D2 tête-bêche avec les valves
Q1 et Q2 (Fig . 42-69) . Les symboles utilisés pour ces
A valves portent une flèche indiquant le sens de la
5,4
conduction permise . Par exemple, lorsque le courant
IL entre par la borne 1, il peut ressortir par la borne 2,
4,6
soit en traversant la diode D 1 et la source EH , soit en
IH passant par Q2, si Q2 est fermé . De la même façon, si
H moyen le courant sort par la borne 1, il peut suivre le chemin
via la diode D2, ou passer par QI et EH , pour autant
1,0
que Q1 soit fermé .
0
400 \ 500
-> temps µs Dans cette figure, l'ensemble de Q1 et Dl se comporte
de la même façon que l'interrupteur mécanique S 1 . De
(b)
même, Q2 et D2 se comportent comme l'interrupteur
Figure 42-68
mécanique S2 . Par conséquent, la Fig . 42-69 représente
a . Distinction entre I L instantané et I L moyen . l'essentiel d'un hacheur électronique à deux quadrants .
b . Distinction entre IH instantané et IH moyen . Si l'on applique une tension EH entre les bornes 3 et 2,

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 831

3 Ainsi, dans un hacheur dévolteur (Fig . 42-70) on éli-


mine la valve Q2 et la diode Dl car aucun courant ne
circule dans ces deux composants . Pour les mêmes rai-
sons, on élimine les valves QI et D2 dans le hacheur
survolteur (Fig . 42-71) .
. 0l On s'aperçoit que les hacheurs survolteur et dévolteur
sont de simples cas particuliers du hacheur à deux qua-
À D2 EL drants, sauf qu'ils n'exploitent qu'un seul quadrant dans
le plan E-I.

a- 02 42 .47 Hacheur à 4 quadrants


Le hacheur à 2 quadrants peut seulement alimenter des
Figure 42-69
charges dont la polarité est fixe . Ainsi, dans la Fig . 42-
Hacheur électronique à 2 quadrants .
69, la borne 1 est toujours (+) par rapport à la borne 2 .

le hacheur produira une tension moyenne EL entre les


bornes 1 et 2 . La relation entre les tensions est encore
donnée par la formule EL = DEH où D est le rapport
cyclique de QI .
Q1 et Q2 ne doivent jamais se fermer en même temps
car le court-circuit sur E H détruirait aussitôt ces val-
ves . Donc, les deux valves doivent rester ouvertes pour
une brève période, appelée temps mort. Durant cet in-
tervalle, le courant de la charge passe par une des deux
diodes .
La puissance continue peut encore s'écouler de la haute Figure 42-70
tension à la basse tension ou vice versa . Comme dans Hacheur dévolteur: la puissance circule toujours de la tension
supérieure vers la tension inférieure .
le cas du hacheur mécanique, sa direction dépend des
tensions mises enjeu et du rapport cyclique D .
Le hacheur à deux quadrants de la Fig . 42-69 constitue
l'élément de base de tous les convertisseurs électroni-
ques utilisant les IGBT, les MOSFET et les GTO .

42 .46 Hacheurs dévolteur et survolteur


Dans certaines applications, il arrive qu'une source de
tension supérieure doive toujours alimenter une charge
dont la tension est inférieure . Dans ce cas, on utilise
un hacheur dévolteur . Par contre, si une source à ten-
sion inférieure doit toujours alimenter une charge dont
la tension est supérieure, on utilise un hacheur survol-
teur. Dans les deux cas, on pourrait utiliser le hacheur
à 2 quadrants de la Fig . 42-69 . Cependant, comme le
courant n'a pas besoin de changer de sens (les charges
Figure 42-71
ne deviennent jamais des sources), on peut faire des Hacheur survolteur : la puissance circule toujours de la tension
économies sur le nombre de valves utilisées . inférieure vers la tension supérieure .

838 ÉLECTROTECHNIQUE

On contourne cette limitation en utilisant un hacheur à La polarité de la tension ELL est donc positive ou néga-
4 quadrants . Il est composé de deux hacheurs conven- tive selon la valeur de D.
tionnels à 2 quadrants fonctionnant à la même fré-
De plus, si un dispositif (charge ou source) est branché
quence (Fig . 42-72) . Les valves QI, Q2 du hacheur A
entre les bornes A et B, le courant I L peut en tout temps
s'ouvrent et se ferment à tour de rôle, de même que les
circuler de A vers B ou de B vers A . Le hacheur peut
valves Q3 et Q4 du hacheur B . Cependant, la séquence
donc fonctionner dans les 4 quadrants du plan E-I .
d'ouverture et de fermeture est arrangée de sorte que
QI et Q4 s'ouvrent et se ferment en même temps . De Les tensions instantanées EA2 et EB2 oscillent cons-
la même façon, les valves Q2 et Q3 s'ouvrent et se tamment entre zéro et +EH . La Fig . 42-73 montre ces
ferment en même temps . Par conséquent, comme le deux tensions, ainsi que la tension EAB , lorsque D = 0,5 .
rapport cyclique de QI et Q4 est D, il s'ensuit que ce- Noter que dans ce cas la valeur moyenne ELL = 0 . La
lui de Q2 et Q3 est (1-D) . Fig . 42-74 montre les mêmes formes d'onde lorsque
D = 0,8 . La valeur de ELL est maintenant 0,6 EH .
Quelle est la tension résultante entre les bornes de sor-
tie A et B? La tension moyenne entre les bornes A et 2 La tension instantanée E AB oscille continuellement
est : entre +EH et - EH . Afin d'éliminer les composantes al-
EL(A) = DEH ternatives, on introduit un filtre entre les bornes A, B et
la charge . Par conséquent, seule la composante conti-
La tension moyenne entre les bornes B et 2 est :
nue ELL subsiste aux bornes de la charge .
EL(B) = (1 - D)EH Considérons, par exemple, le diagramme bloc d'un
La tension moyenne ELL entre les bornes A et B est hacheur à 4 quadrants qui alimente une charge passive
donc la différence entre EL(A) et ELBE , soit R (Fig . 42-75) . Comme nous l'avons vu, on peut faire
varier l'amplitude et la polarité de ELL en faisant varier
ELL = EL(A) - EL(B) le rapport cyclique D . On suppose que la fréquence fc
=DEH - (1 - D)EH est de quelques kilohertz . L'inductance L et le conden-
d'où sateur C agissent comme filtres, de sorte que le cou-
rant continu IL circulant dans la résistance a une ondu-
ELL = EH (2D -1) (42-26) lation négligeable . Comme la fréquence est élevée, l'in-
ductance et le condensateur requis sont de faibles va-
L'équation 42-26 indique que la tension moyenne est leurs, donc peu coûteux .
nulle lorsque D = 0,5 . De plus, la tension ELL varie
linéairement avec D, devenant +EH lorsque D = 1 et En négligeant les pertes dans les valves (de même que
- EH lorsque D = 0 . la faible puissance associée aux signaux de commande
ff et D), les courants et tensions continus doivent se
conformer à l'équation d'équilibre des puissances, soit
EHIH = ELLIL .
La Fig . 42-76 montre le hacheur connecté à une élé-
ment actif Ed qui peut absorber ou débiter une puis-
- D) sance continue. Au besoin, la polarité de Ed pourrait
même être l'inverse de celle indiquée . Dans toutes ces
conditions, on peut forcer la puissance continue à cir-
culer de EH vers Ed ou vice versa . Il suffit d'imposer la
valeur de D appropriée . Ce convertisseur continu-con-
tinu à 4 quadrants est donc très flexible .
Comme dans le cas du hacheur à 2 quadrants, l'induc-
tance L joue un rôle très important . Elle absorbe l'éner-
Figure 42-72 gie à une première tension (haute ou basse) pour la ren-
Convertisseur continu-continu à 4 quadrants . voyer à une deuxième tension (basse ou haute) . L'in-

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE

+EH

+EH

Figure 42-75
Convertisseur continu-continu à 4 quadrants branché sur une
+EH charge passive .

-EH

10 15 20 µs

Figure 42-73
Tensions lorsque D = 0,5 . La tension moyenne E L est nulle .

Figure 42-76
Ea, Convertisseur continu-continu à 4 quadrants branché sur une
+EH charge active ou sur une source Ed

0
ductancee effectue ce transfert d'énergie automatique-
ment, dans un sens ou dans l'autre, selon la valeur du
rapport cyclique alors en vigueur.
+EH
42.48 Pertes dues à la commutation
o
Toutes les valves comme les GTO, MOSFET et IGBT
ont des pertes qui affectent leur rendement et leur
ELL = 0,6 EH
échauffement. Ces valves fonctionnent toutes à peu près
+EH de la même façon . La Fig . 42-77a montre l'anode A, la
0
cathode K et la gâchette G d'une valve . Afin de facili-
ter la commutation et pour réduire les pertes, un circuit
-EH amortisseur («snubber») est branché aux bornes de la
0 5 10 15 20 25 µs valve . Il comprend des éléments R, L, C et parfois des
semi-conducteurs auxiliaires . L'amortisseur limite
Figure 42-74 l'amplitude et le taux de variation de la tension anodi-
Tensions lorsque D = 0,8 . La tension EL = 0,6 E H . que EAK , de même que l'amplitude et le taux de varia-
tion du courant anodique I.




840 ÉLECTROTECHNIQUE

Le processus de commutation comprend quatre étapes La somme des intervalles T l + T2 + T3 + T4 correspond


de très courte durée (Fig . 42-77b) : à la période T d'un cycle complet, laquelle est égale à
1 . Temps d'allumage T t («turn-on time») : pendant cet 1/f . L'intervalle T2 correspond à Ta = DT.
intervalle, le courant dans la valve augmente rapide- La Fig . 42-77c indique la puissance instantanée dissi-
ment tandis que la tension à ses bornes décroît rapide- pée dans la valve lors d'un cycle complet de commuta-
ment à partir de sa valeur de régime ET tion . Durant les intervalles T l et T3 , la tension aux bor-
2 . Temps de régime stable T 2 («on-state time») : le cou- nes de la valve est considérable, bien supérieure à celle
rant a atteint sa valeur de régime I T , et la tension Eo aux de 2 V à 3 V obtenue durant l'intervalle T 2 . Par consé-
bornes de la valve est comprise entre 2 et 3 volts quent, durant ces périodes, on a des pointes de puis-
sance dissipée extrêmement élevées - parfois d'une cen-
3 . Temps de coupure T3 («turn-off time») : le courant taine de kilowatts . Ainsi, durant la période T 1 , le pro-
dans la valve décroît rapidement vers zéro alors que la duit de la tension instantanée EAK et du courant instan-
tension à ses bornes augmente rapidement vers ET tané I donne la puissance crête P m . En première ap-
4 . Temps de repos T4 («off-state time») : la courant dans proximation, sa valeur est de ET/2 x IT/2 = ETIT/4 watts .
la valve est nul, mais la tension anodique est revenue à La valeur crête est à peu près la même durant l'inter-
sa valeur de régime valle T3 . La puissance dissipée durant la période T2 est
constante et égale à EQIT watts . Enfin, la puissance dis-
sipée durant l'intervalle T 4 est nulle car le courant est
snubber T t = temps d'allumage nul .
T2 = temps de régime stable Durant un cycle de commutation, l'énergie totale dis-
~G
T3 = temps de coupure sipée dans la valve est égale à la surface comprise sous
A K la courbe de puissance . D'une façon très approxima-
T4 = temps de repos
tive elle est donnée par :
D = rapport cyclique = Ta

s
valve
(a) ETIT
énergie/cycle = Tt +EoITT2 + ET IT T3
4x2 4x2

ET (nous supposons que durant les intervalles T t et T2 la


EAK I courbe de puissance a une forme à peu près triangu-

ïî laire) . La puissance moyenne P, dissipée dans la valve


est donc :
- o
énergie/cycle
PC =
T
(b) T IT Tt Z + Er IT T3
= E + Eo IT T
8 T T 8 T
-- Pm
E O IT Sachant que T = 1/f, et que T2 = DT, et en substituant
ces données dans l'expression ci-dessus on obtient :
T4 T2 T3 T4 T2 T3
T ETIT ETIT T3 fc
P~ = Tlfc + Eo ITD +
(c)
8 8
Figure 42-77 = ET'T(T
a . Valve et son circuit amortisseur («snubber») . t +T3 )fc +DE,IT
b . Étapes durant un cycle de commutation . 8
c . Puissance instantanée dissipée dans la valve .


ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 841

soit
127 V
+ 100 -
tel' IT
PC = (T, + T3 ) fc + DE. IT (42-29)
8 EAB 0

L' équation 42-29 révèle les facteurs qui déterminent la


-100-
puissance dissipée dans une valve et, par conséquent,
son échauffement . Comme prévu, la dissipation aug-
mente avec la fréquence de commutation fc et avec le Figure 42-78a
rapport cyclique D . L'équation indique aussi que la dis- Forme d'onde carrée générée par un convertisseur.
sipation est réduite si les temps d'allumage T i et de
coupure T3 sont courts . Voilà un des avantages offerts
par les MOSFET et les IGBT: leurs périodes de com-
mutation T l et T3 se mesurent en nanosecondes, ce qui 3 A
permet l'emploi de fréquences bien supérieures à cel-
les admissibles pour les GTO .
En plus des pertes anodiques, on ne doit pas négliger convertisseur
les pertes associées aux snubbers et aux gâchettes, bien à 4 quadrants EAB charge
qu'elles soient plus faibles .

CONVERTISSEURS CONTINU-ALTERNATIF
2 B
Nous venons d'étudier les hacheurs continu-continu à
4 quadrants . Dans les sections qui suivent, nous utili-
serons le même hacheur pour réaliser un convertisseur
Figure 42-78b
continu-alternatif. Nous distinguerons deux types de Convertisseur continu-alternatif monophasé . Les valeurs de
convertisseurs : ceux qui génèrent une onde alternative D et de fc sont variables .
carrée et ceux qui produisent une onde quelconque au
moyen de la modulation de la largeur d'impulsion . La
modulation de la largeur d'impulsion est connue sous
Lorsque D = 0,5, l'onde carrée contient une compo-
les acronymes MLI ou PWM («pulse-width modula-
sante sinusoïdale fondamentale dont la tension crête
tion») .
est égale à 1,27 EH . La valeur efficace de la fondamen-
42.49 Convertisseur continu-alternatif à tale est donc 1,27 EH/"2 = 0,90 EH. Si l'on raccorde
onde carrée une charge entre les bornes A et B (Fig . 42-78b), la
En se référant au hacheur à 4 quadrants (Fig . 42-72), puissance continue tirée de la source EH sera transfor-
on a vu que la tension moyenne ELL est nulle lorsque mée en puissance alternative . Cependant, comme la
D = 0,5 (Fig . 42-73) . Cependant, la tension instanta- tension alternative est carrée, le courant alternatif ris-
née EAB fluctue symétriquement entre + EH et -EH à un que de contenir plusieurs harmoniques importants, se-
rythme qui dépend de la fréquence de commutation . lon la nature de la charge (résistive, inductive, etc .) .
Par conséquent, le convertisseur est capable de trans-
42.50 Convertisseur continu-continu à
former une tension continue en une tension alternative
modulation de la largeur d'impulsion
carrée . La fréquence peut avoir toute valeur comprise (MLI)
entre quelques cycles par heure à plusieurs dizaines de
Lors de l'étude du hacheur continu-continu à 4 qua-
kilohertz . Bien que la fréquence soit variable, l'ampli-
drants, nous avons découvert que la tension moyenne
tude de l'onde est imposée par la tension continue EH .
générée est donnée par
Par exemple, si EH = 100 V, EAB oscillera toujours en-
tre +100 V et-100 V (Fig . 42-78a) . ELL = EH (2D - 1) éq . 42-26

842 ÉLECTROTECHNIQUE

Considérons le hacheur de la Fig . 42-79a qui fonc-


tionnne à une fréquence constante fc de quelques kilo-
hertz . Supposons que le rapport cyclique soit ajusté à
D = 0,8 . La valeur moyenne de ELL est donc
ELL = EH (2 x 0,8 - 1) = 0,6 EH

Cette valeur moyenne est «noyée» dans la tension de


sortie EAB , laquelle fluctue continuellement entre +EH
et -EH (Fig . 42-79b) . Noter que les impulsions positi-
ves sont plus larges que les impulsions négatives . En
utilisant le filtre LC, on élimine la composante à haute
fréquence fc, et on ne retient que la tension continue
ELL entre les bornes L1 et L2 .
Si l'on ajuste D = 0,5, la durée des impulsions positi- (a)
ves devient égale à celle des impulsions négatives . Il
s'ensuit que la tension moyenne ELL est nulle, et reste 1
toujours «noyée» dans la tension alternative Ed (Fig . 0,8 fc
EAB EAB
42-79c) . fc
+ EH + EH
Enfin, lorsque D = 0,2, la durée des impulsions positi- ELL = O,6EH
ves est inférieure à celle des impulsions négatives . Par o 0
conséquent, la tension moyenne ELL est négative, et sa
valeur est -0,6 EH .
- -EH
Donc, en faisant varier la largeur des impulsions posi- (b) D=0,8 ELL = + 0,6 EH
tives et négatives, on peut obtenir, entre les bornes L i
et L2 , n'importe quelle tension continue comprise en-
1
tre -EH et +EH . Cette technique permettant de faire fc
varier la tension continue à la sortie d'un hacheur s'ap- EAB 0,5
y
+ EH fc
pelle la modulation de la largeur d'impulsion (MLI) .

42 .51 Création de formes d'ondes


ELL = 0 0 0
alternatives quelconques
En se référant de nouveau à la Fig . 42-79, faisons va- - EH - -EH
rier la valeur de D périodiquement, en le changeant
(C) D=0,5 ELL = O
subitement de D = 0,8 à D = 0,2, à une fréquence f bien
inférieure à la fréquence de commutation f, . Par con-
séquent, la tension de sortie ELL fluctuera continuelle- 1
ment entre +0,6 EH et -0,6 EH (Fig . 42-80) . La tension 0,2 .f c
EAB EAB
filtrée entre les bornes L I, L2 aura donc une forme rec- + EH fc
i
. + EH
tangulaire de fréquence f. Bien que la tension EH soit
fixe, l'amplitude de l'onde carrée peut être ajustée à
0 0
volonté, en faisant simplement varier D . Pour générer
ELL = -0, 6EH
des ondes carrées d'amplitude variable, la modulation -
- EH -EH
de la largeur d'impulsion offre donc un avantage mar-
(d) D=0,2 ELL = - 0,6 EH
qué sur la méthodologie illustrée à la Fig . 42-78 .
Supposons, par exemple, que EH = 100 V et fo = 8 kHz . Figure 42-79
Si l'on fait fluctuer D entre 0,65 et 0,35, à une fré- Convertisseur continu-alternatif utilisant le principe de la MLI
quence f de 73 Hz, l'onde carrée résultante aura une pour générer une tension moyenne ELL .
amplitude de 100 V x (2 x 0,65 - 1) = 30 V et une

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 843

1
0,8
f
0,8 D e
0,2
D 0
0,2
0 V

V ~EAB
+EH
EAB
+ EH 0,6 EH
ELL
0,6 EH 0--
ELL 0

-0,6 EH

-0,6 EH - EH
-EH .- . .---
Figure 42-81
Commande de l'amplitude, de la fréquence et de la phase
Figure 42-80 de E LL en faisant varier D .
Commande de l'amplitude et de la fréquence de ELL en faisant
varier D. - ------ - ----- - -
0,8 -
D

fréquence de 73 Hz . La seule restriction est que la fré- 0,2


0
quence f, doit être au moins 8 fois la fréquence d'opé-
ration f. Plus la fréquence fc est élevée, plus elle est
facile à filtrer car le filtre est moins encombrant et moins
coûteux .
Le rapport f~/f s'appelle rapport de modulation de fré-
quence («frequency modulation ratio») et il est dési-
gné par le symbole mf . La fréquence de commutation
ELL
f, s'appelle aussi fréquence de découpage («carrier
frequency») .
L'onde carrée de la Fig . 42-81 est identique à celle de EH
la Fig . 42-80, sauf qu'elle est déphasée d'un angle 0
vers la droite . On réalise ce déphasage simplement en
Figure 42-82
retardant le changement du rapport cyclique D . Commande de la forme d'onde de ELL en faisant varier D .
Considérons maintenant la Fig . 42-82 où le rapport
cyclique varie graduellement entre 0,8 et 0,2 en sui-
Une autre propriété importante du hacheur c .c . - c .a .
vant un trajet triangulaire . Cela génère une tension
est qu'il permet de transporter la puissance du côté con-
ELL, triangulaire qui varie graduellement entre +0,6 EH
tinu au côté alternatif et vice versa, peu importe la forme
et -0,6 EH.
d'onde générée . Cette propriété découle du fait que le
Ce convertisseur à 4 quadrants constitue donc un géné- courant IL peut changer de sens instantanément, peu
rateur d'une flexibilité extraordinaire car il peut géné- importe la polarité de la tension entre les bornes A et B
rer une tension alternative de forme quelconque . La (Fig . 42-79a) . De plus, l'impédance de sortie est très
fréquence, la phase, l'amplitude et la forme d'onde sont faible car les bornes A et B sont toujours effectivement
contrôlables en modifiant simplement le signal du rap- branchées aux bornes de la source EH . Or, celle-ci pos-
port cyclique D . sède toujours une faible impédance interne .



844 ÉLECTROTECHNIQUE

42.52 Convertisseur continu-alternatif à ou


u
onde sinusoïdale D(t) rapport cyclique en fonction du temps
Considérons le hacheur de la Fig . 42-83 alimenté par ELL(t) tension désirée en fonction du temps [V]
une source E H et dont la fréquence de découpage f, EH tension de la source à c .c . [V]
correspond à une période T . Si l'on fait varier le rap-
Connaissant E H (dont la valeur est fixe) et la valeur
port cyclique en fonction du temps selon une formule
désirée de ELL (t), on peut programmer la valeur de D
D( t), on obtiendra entre les bornes A et B une tension
en fonction du temps . Par exemple, supposons que l'on
composée d'une série d'impulsions modulées en lar-
geur. Chaque intervalle T contient une tension moyenne désire générer une tension sinusoïdale donnée par l'ex-
pression
ELL(t) donnée par:
ELL(t) = En, sin (360 ft + 9)
ELL(t) = EH (2D(t) - 1) éq . 42-26
D'après la formule 42-30, le signal D (t) est :
La tension E AB contient donc une séquence de tensions
moyennes, noyées dans les impulsions successives dont
Em
la fréquence est f, Un des buts du filtre L est d'élimi- D (t) 0,5(1 + sin(360 f t + 0) (42-31)
ner les composantes de fréquence f, afin de récupérer EH
entre les bornes L1 et L2 seulement la séquence des
tensions moyennes ELL(t) . La séquence de ces valeurs Le rapport E,/EH s'appelle rapport de modulation
moyennes constitue la tension utile générée par le si- d'amplitude («amplitude modulation ratio»), et il est
gnal D( t) . désigné par le symbole in . On peut donc écrire :

Donc, connaissant la nature du signal D( t ), il est facile


D (t) = 0,5 (1 + m sin(360 f t + 6 » (42-32)
d'en déduire la tension de sortie ELL(t) en utilisant
l'équation 42-26 .

On peut maintenant se demander quelle doit être la
D(t) = rapport cyclique du hacheur à 4 quadrants
nature du signal D( t) ? On obtient la réponse en isolant
M = modulation d'amplitude (= E,,/EH) où Em est
D( t) dans l'équation 42-26, comme suit :
la tension crête de l'onde sinusoïdale, et EH
la tension de la source à c .c .
ELL(`) f = fréquence de la tension sinusoïdale
D (t) = 0,5 I1 + (42-30)
I EH t = temps [s]
8 = angle de déphasage [°]

Exemple 42-13
Une source à c .c . de 200 V alimente un hacheur à
4 quadrants qui fonctionne à une fréquence de dé-
coupage de 9 kHz . On désire générer une tension
efficace sinusoïdale de 120 V . 97 Hz, déphasée de
35° en retard . Déterminer:
a) le rapport de modulation d'amplitude ni
b) le rapport f,lf
e) l'expression du rapport cyclique D (t) en fonction
du temps

Solution
Figure 42-83 a) Tension crête Em :
Utilisation d'un convertisseur à 4 quadrants pour générer une Em =1202=170 V
forme d'onde arbitraire ELL(t )





ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 84-7

Valeur de m : 100 V 100 V


m = E,,,/EH = 170 V/200 V = 0,85 86,6 V ---- ---- 86,6 V
b) Valeur de m f:
m f = fcl f = 9000/97 = 92,78
50 V - __50V
c) L'expression de D(t) est donc :

D(t) = 0,5 ( 1 + m sin (360 ft + O» éq. 42-32

= 0,5 (1 + 0.85 sin (360 x 97 t + 35°»


0 30 60 90 120 150 180
42 .53 Génération d'une tension sinusoïdale 1 ms
Afin de mieux saisir le fonctionnement d'un hacheur
A B C D E F G
fonctionnant en MLI, nous décrivons maintenant la
séquence des ouvertures et fermetures des valves pour I< 6000 ps
un cas particulier . En voici les spécifications :
Figure 42-84
type d'onde ELL(t) sinusoïdale Alternance positive d'une onde de fréquence 83,3 Hz
tension crête désirée 100 V subdivisée en périodes T de 1 ms .
fréquence désirée f 83,33 Hz
fréquence de découpage fc 1000 Hz
tension EH de la source 200 V
D = 0,5 (1 + ELLH`~- éq . 42-30
type de hacheur 4 quadrants
E
Les valves fonctionnent de façon conventionnelle : QI
et Q4 se ferment et s'ouvrent ensemble en même temps = 0,5 1 + 0 = 0,5
que Q2 et Q3 s'ouvrent et se ferment ensemble (voir 200 ,
Fig . 42-72) .
Cela veut dire que pendant cet intervalle, les impul-
À 83,33 Hz, la durée d'un cycle est : sions positive et négative de 200 V ont chacune une
Ts = l/f = 1/83,33 = 0,012 s = 12 000 µs durée de 0,5 x 1000 ps = 500 µs . Q1 et Q4 se ferment
durant 500 µs, et s'ouvrent pendant 500 µs . Simulta-
Cette période correspond à 360° .
nément, lorsque QI et Q4 sont fermés, Q2 et Q3 sont
La période de la fréquence de découpage est ouverts et vice versa .
T= 1/f, = 1/1000 = 1 ms = 1000 µs Intervalle B . La tension moyenne ELL durant cet in-
Il se produit donc 12 cycles de la fréquence de décou- tervalle est de +50 V (Fig . 42-84) . La valeur de D re-
page pendant un cycle de la tension désirée . Par consé- quise est :
quent, la durée T équivaut à un intervalle angulaire de
ELL(t) + 50
360°/12 = 30° . D= 0,5 (1 + = 0,5 (1 0,625
EH 200
La Fig . 42-84 montre l'alternance positive de l'onde
sinusoïdale . Les intervalles de 30° sont identifiés par L'impulsion de +200 V a une durée T a de :
les lettres A à G inclusivement . Les intervalles pour
Ta = 0,625 x 1000µs = 625 µs
l'alternance négative (non montrée) portent les lettres
H à L. La durée de l'impulsion négative (-200 V) est donc :
Tb = T- Ta = (1000 - 625) = 375 µs
Intervalle A . On remarque que la tension moyenne ELL
durant l'intervalle A est nulle . La valeur de D est : C'est dire que Q1 et Q4 se ferment durant 625 µs, et
s'ouvrent pendant 375 µs .

846 ÉLECTROTECHNIQUE

En procédant ainsi, on calcule la valeur de D pour cha- Aire (-) = EH Tb = 200 V x 375 las = 0,075 V •s
cun des intervalles durant un cycle complet . Le tableau L'aire nette est donc 0,125 - 0,075 = 0,050 V-s
42-4 indique les diverses valeurs obtenues . ELL (t) cor-
On constate que l'aire du segment B de l'onde sinusoï-
respond à la tension obtenue entre les bornes L I et L2
dale (Fig . 42-84) est bien :
pendant chaque intervalle.
Aire = ELL (t)T = 50 V x 1 ms = 0,050 V •s
On constate que chaque intervalle de 30° est constitué
d'une impulsion positive de 200 V suivie d'une impul- On en conclut que l'aire comprise au-dessous de l'al-
sion négative de 200 V. La Fig . 42-85 montre ces im- ternance positive (Fig . 42-84) est égale à la somme des
pulsions (+) et (-) pour chaque intervalle . Bien que la aires des 7 impulsions positives moins celle des 6 im-
période T de la fréquence de découpage soit fixe à pulsions négatives de la Fig . 42-85 . Des remarques
1000 las, les largeurs T a et Tb des impulsions varient semblables s'appliquent à l'alternance sinusoïdale né-
continuellement afin de créer la tension moyenne ELL(t) gative .
requise durant un cycle de fc . Cet aspect des volts-secondes nous sera particulière-
ment utile lorsqu'on discutera des champs magnéti-
TABLEAU 42-4 CRÉATION D'UNE TENSION MLI
ques associés aux tensions MLI .
angle ELL(t) D Q1, Q4 Q2, Q3
42 .55 MLI à commutation bipolaire et
fermés fermés unipolaire

[deg] La Fig . 42-86 montre une deuxième façon de générer


[V] - Ta [lis] Tb [lis] Tc
une tension sinusoïdale par la technique de la forme
0 0 0,5 500 500 A MLI . L'alternance positive est composée uniquement
30 50 0,625 625 375 B d'impulsions positives et l'alternance négative com-
prend uniquement des impulsions négatives . Dans ce
60 86,6 0,716 716 284 C
cas, la somme des aires des cinq impulsions positives
90 100 0,75 750 250 D est égale à la surface en dessous de l'alternance sinu-
120 86,6 0,716 716 284 E soïdale positive . Il en est de même pour l'alternance
150 50 0,625 625 375 F négative.
180 0 0,5 500 500 G Afin de générer uniquement des impulsions positives
durant l'alternance positive, il suffit que les valves Q1
210 -50 0,375 375 625 H
et Q2 s'ouvrent et se ferment comme d'habitude mais
240 -86,6 0,284 284 716 1 que Q4 demeure fermée et Q3 demeure ouverte (Fig .
270 -100 0,250 250 750 1 42-72) . Ensuite, durant l'alternance négative, Q3 et Q4
300 -86,6 0,284 284 716 1 sont commutées de la façon habituelle alors que Q1
demeure ouverte et Q2 fermée . La méthode de com-
330 -50 0,375 375 625 K
mutation que nous venons de décrire (Fig . 42-86) cons-
360 0 0,5 500 500 L titue le mode unipolaire car les impulsions restent de
la même polarité tant que le signe de la tension sinu-
42 .54 Tensions MLI et volts-secondes soïdale reste le même . Par contre, la méthode de com-
La technique MLI est telle que durant chaque inter- mutation utilisée à la Fig . 42-85 est un mode bipolaire
valle A, B, C, etc ., les volts-secondes EH Ta de l'impul- car chaque impulsion (+) est suivie d'une impulsion
sion positive moins les volts-secondes EH Tb de l'im- (-) et vice versa . On peut donc programmer la com-
pulsion négative sont égaux aux volts-secondes ELL(t)T mutation du hacheur de différentes manières .
de la tension désirée . Les volts-secondes sont égaux On pourrait croire que la tension sinusoïdale «noyée»
aux aires respectives des impulsions . Par exemple, du- dans les impulsions des Fig . 42-85 et 42-86 est forte-
rant l'intervalle B, l'aire de l'impulsion (+) est : ment distorsionnée . Cependant, lorsque la composante
Aire (+) = EH Ta = 200 V x 625 µs = 0,125 V • s à 1000 Hz est supprimée par un filtre, la tension résul-
L'aire de l'impulsion (-) est : tante est très sinusoïdale . En fait, l'harmonique le plus
bas est celui de 1000 Hz, qui est 12 fois supérieur à la



ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 847

+200

-200 - u
~ A B C D E F ~ G H ~ I J K ~ L A

Figure 42-85
Cette série d'impulsions MLI de mode bipolaire contient une
composante sinusoïdale de 100 V crête .
Figure 42-87

fc
Hacheur à 2 quadrants avec sa charge .
200 -

F T= 1
100

210 240 270 300 330 360


0 30 60 90 120 150 186 •,

Figure 42-86
Cette série d'impulsions MLI de mode unipolaire contient
aussi une composante sinusoïdale de 100 V crête .
(a)
pày
0 1
6jj 4 5
1
fréquence fondamentale de 83,33 Hz .
Une fréquence de découpage supérieure à 1 kHz don-
nerait une forme d'onde sinusoïdale encore meilleure
et exigerait des filtres moins encombrants . Par contre,
elle augmenterait les pertes Joule dans les valves .
(b)
42 .56 Réalisation graphique de la MLI
pour convertisseur à 2 quadrants temps [s]
Dans la section 42-53 nous avons produit, par de sim- Figure 42-88
ples calculs, une tension MLI contenant une tension a . Transformation d'une onde de tension en une série
sinusoïdale de 100 V crête, à 60 Hz . d'impulsions MLI (hacheur à 2 quadrants) .
b . Tension MLI de la tension originale .
On peut aussi programmer l'ouverture et la fermeture
des valves en utilisant une méthode graphique . Pour
expliquer cette façon de produire une tension MLI,
considérons d'abord un hacheur à deux quadrants avec Pour ce faire, on trace à partir de l'origine une onde
triangulaire isocèle de hauteur EH et de période T. La
sa charge (Fig . 42-87) .
fréquence de découpage est donc fc = lIT. L' onde trian-
Supposons que la tension désirée EL(t) possède la forme gulaire coupera donc l'onde EL(t) à différents points .
ondulatoire montrée à la Fig . 42-88a. La tension du On applique alors la règle suivante :
hacheur est EH et la période de commutation est T. Nous
QI est fermée lorsque le niveau de EL(t) est au-dessus
désirons transformer EL(t) en une série d'impulsions
de l'onde triangulaire ; elle est ouverte lorsque EL(t) est
ayant une amplitude fixe EH, une période fixe T, et,
pour chaque intervalle, une durée appropriée Ta.
au-dessous .

848 ÉLECTROTECHNIQUE

Donc, dans la Fig . 42-88a, QI est fermée (et Q2 est 42 .57 Réalisation graphique de la MLI pour
ouverte) durant les intervalles 0-1, 2-3, 4-5, 6-7, et ainsi convertisseur à 4 quadrants (mode
de suite . La tension MLI qui en résulte est montrée à la bipolaire)
Fig . 42-88b . Il suffit de la filtrer pour retrouver la ten- Comme dans le cas d'un convertisseur à 2 quadrants,
sion originale EL (t) . on peut utiliser une méthode graphique pour program-
La Fig . 42-88a constitue donc un abaque qui permet mer l'ouverture et la fermeture des valves Q1, Q2, Q3
de programmer l'algorithme de commande du hacheur . et Q4 d'un hacheur à 4 quadrants . Le hacheur est ali-
Cet algorithme détermine l'ouverture et la fermeture menté par une source EH (Fig . 42-90) .
des valves générant la tension MLI de la Fig . 42-88b . La tension ELL(t) aux bornes de la charge possède la
L'aide triagulaire utilisée pour le découpage de la ten- forme ondulatoire montrée à la Fig . 42-91 . Nous dési-
sion MLI est nommée porteuse ("carrier") . rons la transformer en une série d'impulsions ayant une
Habituellement, la période T de la porteuse est beau- amplitude de ± EH et une période fixe T .
coup plus courte que celle montrée. Par conséquent, Pour ce faire, on superpose sur l'onde ELL(t) une onde
les changements de EL(t) au cours d'une période seront triangulaire isocèle (porteuse) dont l'amplitude est EH
plus petits . En effet, une plus haute fréquence f c signi- et la période est T (Fig . 42-91) . Cette onde coupera
fie qu'on sélectionne un plus grand nombre de points donc l'onde ELL(t) à différents points . On applique alors
sur EL( t) . Par conséquent, cela améliore la fidélité de la les règles suivantes :
tension EL( t) noyée dans la MLI .
a) Q1 et Q4 sont fermées lorsque le niveau de ELL(t)
La programmation graphique peut s'adapter à un mon- est au-dessus de l'onde triangulaire
tage pratique en créant un signal réduit Es de la ten-
b) Q2 et Q3 sont fermées lorsque ELL (t) est au-dessous
sion EL(t) et un signal réduit E T de l'onde triangulaire
de l'onde triangulaire
(Fig . 42-89) . Un comparateur électronique détecte les
points de croisement des deux signaux et dès lors pro- La Fig . 42-91 constitue un abaque de programmation
duit le signal D (t) requis . Celui-ci est appliqué aux gâ- qui établit la séquence d'ouverture et de fermeture des
chettes des valves et il en résulte une tension MLI en- valves .
tre les bornes 1 et 2 du hacheur . L'inductance L, et au Comme d'habitude, les valves QI et Q2 s'ouvrent et
besoin un condensateur C, filtrent la tension MLI pour se ferment à tour de rôle, de même que les valves Q3 et
donner la tension EL(t) désirée. Q4 . Il est facile de voir que la règle (a) produit une im-
pulsion positive EAB = + EH alors que la règle (b) pro-
duit une impulsion négative EAB = -EH (Fig . 42-92) .

--»> t
Figure 42-90
Figure 42-89 Convertisseur continu-alternatif à 4 quadrants avec filtre et
Génération d'une tension MLI et filtrage par L et C . charge .

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 849

+E H -
1

AÀdmLb.

E LL( t )

-EH

H TC
H
Figure 42-91
Une porteuse triangulaire est utilisée pour découper une onde
de tension en une série d'impulsions MLI bipolaires (hacheur
à 4 quadrants) .

Les impulsions positives durent un temps Ta alors que


les impulsions négatives durent un temps Tb . La somme
Ta + Tb = T = 1/f, La tension MLI qui en résulte est
montrée à la Fig . 42-92 . Il suffit de la filtrer pour re-
trouver la tension originale E LL(t) .
On constate que chaque impulsion (+) est suivie d'une
impulsion (-) et vice versa . Il s'agit donc d'une com-
mutation par mode MLI bipolaire .
Comme dans le cas d'un hacheur à 2 quadrants (Fig .
42-89), on peut réaliser avec un hacheur à 4 quadrants
un montage pratique pour produire la tension MLI . Il
Figure 42-92
suffit de créer un signal réduit E s de la tension ELL(t) et Transformation d'une onde de tension en une série
un signal réduit E T de l'onde triangulaire . Un d'impulsions MLI bipolaires (hacheur à 4 quadrants) .
comparateur électronique détecte les points de croise-
ment des deux signaux et dès lors produit le signal D( t)
requis pour déclencher ou éteindre les valves à l'inté-
rieur du hacheur . Les valves génèrent la tension MLI un changement du signal Es . Le hacheur à 4 quadrants
entre les bornes A et B (Fig . 42-90) . L'inductance L, et devient en fait une génératrice universelle dont la ten-
au besoin un condensateur C, filtrent la tension MLI sion peut être commandée presque instantanément. La
pour produire aux bornes de la charge la tension tension peut être continue ou alternative, sinusoïdale
ELL(t)désirée . ou distorsionnée selon le besoin . De plus, son impé-
dance interne est très faible du fait que la source EH
En utilisant une fréquence de découpage élevée, on peut
possède une faible impédance .
réduire la grosseur de l'inductance et du condensateur,
ce qui diminue leur coût. Mais il en découle un autre Nous avons donc entre les mains un appareil absolu-
avantage . Lorsque L et C sont petits, l'énergie qu'ils ment remarquable qui ouvre de nouveaux horizons .
emmagasinent est faible. Cela permet des changements Nous en verrons des applications dans les chapitres qui
extrêmement rapides de la tension ELL(t) en réponse à suivent .


850 ÉLECTROTECHNIQUE

42 .58 Réalisation graphique de la MLI pour +EH


convertisseur à 4 quadrants (mode
unipolaire)
La succession alternée des tensions positive et néga- \1 _/
tive qui caractérise le mode MLI bipolaire (Fig . 42- 180"
92) produit un grand nombre d'harmoniques à haute
fréquence . Pour cette raison on utilise souvent un pro-
-EH
gramme de commutation unipolaire qui génère des
impulsions moins saccadées . Afin d'expliquer cette
Figure 42-93
programmation, utilisons de nouveau l'onde ELL(t) de Abaque de programmation pour générer une onde MLI
la Fig . 42-91 . unipolaire .
Pour créer l'abaque de programmation, on trace main-
tenant une deuxième onde -ELL(t), image de l'onde EH
originale, mais de polarité contraire (Fig . 42-93) . En-
EAY
suite, on superpose sur les deux ondes une porteuse
triangulaire isocèle d'amplitude EH et de période T.
Cette onde coupera donc les ondes ELL(t) et -ELL(t) à
différents points . On applique alors les règles suivan- 00
90 180 270
tes :
Figure 42-94a
a) QI est fermée lorsque le niveau de ELL(t) est au- Tension MLI entre les bornes A et Y.
dessus de l'onde triangulaire
b) Q3 est fermée lorsque -ELL(t) est au-dessus de l'onde EH
triangulaire
Comme d'habitude, les valves QI et Q2 s'ouvrent et EBY
se ferment à tour de rôle, de même que les valves Q3 et T-
Q4 .
Ces deux règles produisent respectivement les impul- 0
0 90 180 270
sions EAY et EBY (Fig . 42-94a et 42-94b) .
Figure 42-94b
La tension instantanée entre les points A et B est don- Tension MLI entre les bornes B et Y.
née par EAB = EAY -EBY ; on obtient donc l'onde MLI
de la Fig . 42-94c . Noter que les impulsions sont posi-
tives ou négatives selon que la tension désirée ELL(t)
+EH- r
est positive ou négative . Il s'agit donc bien d'une com-
mutation par mode MLI unipolaire . Il suffit de filtrer EAB
les impulsions pour retrouver l'onde originale . ELL(t)

42 .59 Convertisseur continu-triphasé I II II 1 IIi 270


Il existe plusieurs sortes de convertisseurs triphasés 90 180'-
capables de convertir une puissance continue en puis-
sance alternative, et vice versa. La Fig . 42-95a montre
un convertisseur triphasé à MLI comprenant trois
hacheurs à deux quadrants alimentés par une source -EH - dU
de tension continue EH . Les tensions EAY, EBY, Ecy entre Figure 42-94c
les bornes A, B, C et le point commun Y sont des ten- Tension MLI unipolaire entre les bornes A et B . La composante
sions MLI mutuellement déphasées de 120° . Nous dé- fondamentale ELL(t) est noyée dans l'onde MLI .
crivons maintenant la programmation et le fonction-
nement de ce convertisseur.


ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 851

Afin de transformer les tensions sinusoïdales en trois


tensions MLI, on applique les règles suivantes :
a) Q1 est fermée lorsque le niveau de EAY est au-des-
sus de l'onde triangulaire
b) Q3 est fermée lorsque le niveau de E BY est au-des-
sus de l'onde triangulaire
c) Q5 est fermée lorsque le niveau de Ecy est au-des-
sus de l'onde triangulaire
Comme d'habitude, les deux valves de chaque bran-
che du convertisseur s'ouvrent et se ferment à tour de
rôle .
Les trois branches produisent alors des tensions mo-
dulées semblables mais déphasées de 120° . Par exem-
ple, les branches A et B produisent les impulsions
EAB

EAN EBN ECN

b&Àà*kÀà*kÀàk
90 180 270 360

(b)
EBC Figure 42-96
Composantes fondamentales des tensions entre les lignes
Figure 42-95 et le neutre de la charge .
a . Convertisseur continu-triphasé utilisant 3 hacheurs .
b . Diagramme vectoriel des composantes alternatives
fondamentales .

Supposons que l'on désire produire une source de ten-


EA EB ECY
sion sinusoïdale triphasée dont la valeur efficace entre
les lignes A, B et C est E volts (Fig . 42-95) . Il s'ensuit
que la tension ligne à neutre est E/V3 et sa valeur crête
est E,,, = /2 (E/V3), soit Em = 0,8165 E volts .
Les composantes fondamentales de la tension entre les
bornes A, B, C et le neutre N de la charge ont les for-
mes d'ondes sinusoïdales illustrées à la Fig . 42-96 . Afin
de créer l'abaque de programmation, ces ondes dési-
rées sont reproduites dans le graphique de la Fig . 42-
97 où elles oscillent autour de la tension médiane
EH/2 . On constate que l'amplitude E n ne doit pas dé-
passer EH/2 faute de quoi les formes d'ondes sinusoï-
Figure 42-97
dales seront écrêtées . On superpose sur ces ondes si- Abaque de programmation pour créer une tension MLI
nusoïdales une seule porteuse triangulaire isocèle . triphasée . Les tensions sinusoïdales E Ay , EBy et EcY
Celle-ci a une hauteur EH et une période T comme l'in- représentent les composantes fondamentales plus la
composante continue EH/2 .
dique la Fig . 42-97 .



852 ÉLECTROTECHNIQUE

EAY (MLI) et EBy (MLI) (Fig . 42-98a et 98b) . Celles-


ci contiennent une composante continue égale à EH/2 .
+EH
Toutefois, comme les tensions ligne à ligne sont éga-
les à la différence entre les tensions ligne à Y, cette
composante s'annule . Par conséquent, les tensions en-
tre les lignes A, B et C sont strictement alternatives
(Fig . 42-99a et 99b) . De plus, on constate qu'elles sont
180 270
du type MLI unipolaire .
00 90 360 450
Comme le neutre N de la charge est flottant, on peut
démontrer que les tensions instantanées entre les li-
gnes et le neutre sont données par les expressions :

EAN =1 (EAB + EAC ) (42-33a)


1 -EH
(a)
EBN = 31 (EBA +EBC ) (42-33b)
+EH -
1
ECw = 3 (ECA + ECB ) (42-33c)
EBC
Par exemple, en appliquant l'équation 42-33b aux on-
des EAB et EBC de la Fig . 42-99, on obtient la forme
d'onde MLI entre la borne B et le neutre N (Fig . 42- 360 450
0
99c) . On constate qu'elle est bien différente de celle 0 90 180 270
entre la borne B et le point commun Y (Fig . 42-98b) .

EAy (MLI)
EH 01
-EH
(b)

+EH
2 -
2
3 EH
0
0 90 180 270 360 450 1
(a) 3 EH
90 360 450
E By (MLI)
180 270
EH

EH
-EH (C)
2

0
0 90 180 270 360 450 Figure 42-99
(b) a . Impulsions MLI entre les lignes A et B et composante
fondamentale de la tension .
Figure 42-98 b . Impulsions MLI entre les lignes B et C et composante
a . Impulsions MLI entre la borne A et le point Y et tension EAY fondamentale de la tension .
après filtrage . c . Impulsions MLI entre la ligne B et le neutre N de la charge
b . Impulsions MLI entre la borne B et le point Y et tension (Fig . 42-95a) . L'onde sinusoïdale est la composante
EBy après filtrage . fondamentale noyée dans la tension MLI .

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 853

La Fig . 42-100 est un diagramme bloc du convertis- ELN = 245/'3 = 141,5 V


seur continu-triphasé et sa charge . Les inductances L
Tension crête ligne à neutre :
filtrent la fréquence de découpage, et restituent les ten-
sions désirées entre les bornes L1, L2 et L3 . En, =ELN '2=141,5x'2=200V

Exemple 42-14 b) Comme la fréquence de découpage est de 540 Hz,


On désire générer une tension triphasée de 245 V, la période de l'onde triangulaire est T = 1/540 =
60 Hz en utilisant le convertisseur de la Fig . 42- I00 . 1852 µs . Relativement à la fréquence désirée de 60 Hz,
La tension EH de la source est de 500 V, et on utilise la période T correspond à un intervalle angulaire de :
une fréquence de découpage f, de 540 Hz . Détermi- 360° x 60 Hz/540 Hz = 40°
ner :
c) L'abaque de programmation est montré à la Fig . 42-
a) la valeur crête de la tension fondamentale entre 101 . Il comprend l'information suivante :
la borne LI et le neutre N de la charge
(i) La tension de la source est de 500 V
b) la période T(le l'onde triangulaire et l'intervalle
angulaire correspondant, en degrés (ii) La tension médiane est de 500 V/2 = 250 V
c) l'abaque de programmation (iii) Les tensions ligne à neutre dont l'amplitude est
d) la forme (l'onde de la tension MLI entre les bor- de 200 V oscillent autour de la tension médiane ;
nes A et Y durant un cycle la période d'un cycle est de 360° .
e) la forme d'onde des tensions MLI entre les bor- (iv) L'onde triangulaire a une hauteur EH = 500 V
nes A-Y. B-Y et C-Y d) On veut transformer la tension EAY en une tension
f) la forme d'onde des tensions MLI entre les bor- MLI dont l'amplitude est de 500 V. On se souvient de
nes A-B, B-C et C-A la règle : lorsque EAY (sinusoïdale) est au-dessus de
l'onde triangulaire, la valve Q 1 est fermée et la tension
Solution EAY (MLI) = + 500 V ; autrement EAY (MLI) = 0 . La
a) Tension efficace ligne à neutre : tension MLI entre la borne A et le point Y a donc la
forme indiquée à la Fig . 42-102b.
e) Les trois premières ondes de la Fig . 42-103 mon-
trent les tensions MLI entre les bornes A-Y, B-Y et
C-Y.

V EAY EBY ECY


500

400

300

200

100

80 160 240 320 400


degrés

Figure 42-101
Figure 42-100 Abaque de programmation . Les tensions EAY , EBY et Ecy sont
Génération d'une tension MLI triphasée et filtrage par L pour les composantes fondamentales des tensions désirées plus
alimenter une charge . la composante continue de 250 V (voir exemple 42-14) .




854 ÉLECTROTECHNIQUE

f) Les trois ondes suivantes montrent les tensions MLI sions entre les lignes L1, L2, L3 (Fig . 42-100) ne se-
entre les lignes A-B, B-C et C-A . Ces tensions ligne à ront pas hachées, mais auront une forme d'onde pres-
ligne sont obtenues en soustrayant les tensions ligne à que sinusoïdale.
neutre respectives . Ainsi, E AB = EAY - EBY.
Notons que le convertisseur triphasé de la Fig . 42-100
Grâce au filtrage effectué par les inductances L les ten- peut débiter ou recevoir une puissance active (watts) à
V EAy (sinusoïdale)
EAy (MLI)
500
V
500 -
400
400 -
300
300
200
200 -
100
100 -

1 1 1 0
80 160 240 320 400 0 80 160 240 320 360 400
degrés degrés
(a) (b)
Fig . 42-102
a . Londe EAY est égale à la tension EAN désirée plus la composante continue de 250 V.
b. Les impulsions EAY contiennent une composante sinusoïdale plus la composante continue de 250 V (voir
exemple 42-14) .

0° 120° 240° 360°

500 V T

EAY 0 V

500 V
EBY
0V

500 V
ECY
0V

500 V
phase AB
0V

-500 V

phase BC 500 V

0V

-500 V

500 V
phase CA
0v

-500 V
Figure 42-103
Tensions triphasées produites par trois hacheurs à 2 quadrants branchés sur un réseau à c .c . de 500 V. Les
trois premières ondes sont des tensions MLI entre les lignes A, B, C et le point Y . Les trois tensions suivantes
sont les tensions MLI ligne à ligne EAB , EBC, ECA (voir exemple 42-14) .

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 855

la fréquence fondamentale f . Il peut aussi débiter ou où m est le rapport de modulation d'amplitude com-
recevoir une puissance réactive (vars) à la fréquence pris entre 0 et 1 car E m ne peut pas excéder E H/2 .
fondamentale . Par conséquent, en ce qui concerne les
Remplaçons le terme 360 ft par l'angle /3 . On sait que
bornes de sortie L1, L2, L3, le convertisseur se com-
les rapports cycliques changent périodiquement en
porte exactement comme un alternateur triphasé, étu-
parfait synchronisme avec la fréquence de découpage .
dié au chapitre 16 . Sa «réactance synchrone» X s est
égale à 2itfL, où f est la fréquence fondamentale et L La durée T d'une période de découpage correspond à
un intervalle angulaire de :
est l'inductance des filtres. La charge dans la Fig . 42-
100 peut être active ou passive ; elle pourrait même être W=360 flfe (42-36)
une source triphasée . Mais dans ce dernier cas, il fau-
Par conséquent, pour calculer les valeurs successives
drait que la source E H soit en mesure d'absorber la
des rapports cycliques, il suffit de choisir les angles /3
puissance active .
qui sont des multiples entiers de y .
Ce convertisseur statique peut générer une tension si- Après avoir remplacé le terme 360 ft par l'angle /3, on
nusoïdale dont l'amplitude, la phase et la fréquence
obtient les expressions suivantes pour les tensions EL(t)
sont variables à volonté . De plus, son impédance X s
entre les lignes A, B, C et le point Y:
est très basse . Ces propriétés le rendent extrêmement
utile dans plusieurs applications comme nous le ver- EAY=D 1EH =0,5EH [1+msin/3]
rons dans le chapitre 44 traitant des entraînements c .a . EBY = D2 EH = 0,5 EH [1 + m sin (/3 - 120°)]
à vitesse variable .
Ecy = D 3 EH = 0,5 EH [1 + m sin (/3 - 240°)]
42 .60 Convertisseur triphasé : MLI par
On constate que les tensions possèdent une composante
calcul de trois rapports cycliques
à c .c . de 0,5 EH . Pour les tensions ligne à ligne, ces
Revenons à la Fig . 42-95a qui montre le convertisseur composantes continues s'annulent, comme les calculs
continu-triphasé à MLI . Au lieu d'utiliser un abaque suivants l'indiquent :
et une seule onde triangulaire pour générer les tensions
triphasées comme on l'a fait dans la section 42 .59, on EAB = EAY - EBY
peut employer une autre méthode de programmation . = 0,5 [EH m sin (/3 + 30°] (42-37a)
Cette méthode consiste à calculer les valeurs successi-
ves des rapports cycliques D 1 , D2 , D 3 des trois bras du EBC = EBY -Ecy
hacheur . = 0,51[EH m sin (P-90'] (42-37b)
Supposons que l'on désire des tensions sinusoïdales
entre les lignes et le neutre de fréquence f et de valeur ECA = ECY - EAY
crête Em et que la période de la fréquence de décou- = 0,51[EH m sin (/3- 210°] (42-37c)
page fe soit T. Le rapport cyclique de chaque hacheur
La tension efficace ligne à ligne est donc :
est programmé de sorte que les tensions EAY, EBY, Ecy
soient mutuellement déphasées de 120° . Pour ce faire, Eligne = (0,5 3 EH m)/ 2
on impose aux rapports cycliques D des variations dans
le temps données par les expressions suivantes : soit Eligne = 0,612 m E H (42-38)
D l = 0,5 [1 + m sin 360ft] (42-34a) ou
D 2 = 0,5 [1 + m sin (360ft- 120°)] (42-34b) Eligne = tension efficace triphasée ligne à ligne [V]
D3 = 0,5 [1 + m sin (360ft - 240°)] (42-34c) m = modulation en amplitude (= 2E IE H )
Em = valeur crête de la tension ligne à neutre [V]
Ces expressions sont semblables à l'éq . 42-32 et les
symboles ont la même signification . Cependant, dans EH = tension continue de la source [V]
le cas actuel d'un hacheur à deux quadrants, le rapport 0,612 = coefficient [valeur exacte= (3/8)]
de mdulation d'amplitude m est donné par : En faisant varier le paramètre m on peut donner aux
tensions de ligne toute amplitude comprise entre zéro
m=2 (42-35) et 0,612 E H . La fréquence désirée f est variable à vo-
EH
H lonté pour autant que f < f l10 .






856 ÉLECTROTECHNIQUE

Le diagramme vectoriel des tensions ligne à ligne et


ligne à neutre est montré à la Fig . 42-95b.
La Fig . 42-104 montre un diagramme bloc du conver-
tisseur continu-triphasé .
En général, à cause de sa simplicité, on préfère géné-
rer la MLI à partir de l'abaque et d'une seule onde trian-
gulaire. Cette méthode de la porteuse offre un autre
avantage : pour une fréquence de découpage f, don-
née, la fréquence à filtrer est le double de celle obte-
nue par calcul des trois rapports cycliques D t , D2 , D3 .

Exemple 42-15
On désire générer une tension triphasée de 245 V, Dl D2 D3
60 Hz en utilisant le convertisseur de la Fig . 42-104 .
La tension EH de la source est de 500 V, et on utilise f,m,t
une fréquence de découpage de 540 Hz . Déter-
miner :
Figure 42-104
a) la valeur de la modulation en amplitude m Convertisseur continu-triphasé avec sa charge . Voir exemple
42-15 .
h) la valeur crête E,,, de la tension ligne à neutre
c) la période Tdes impulsions en secondes, et l'in-
tervalle angulaire correspon(lant . en degrés
d) les valeurs de D, . D,, et D ; pour un angle /3= 80°
e) les valeurs de E A1; et de E .AB pour un angle
/3 = 80° D2 = 0,5 [1 + m sin (360 ft - 120] éq . 42-34b
= 0,5 [1 + 0,8 sin (80 - 120)]
Solution
= 0,243
a) Modulation d'amplitude :
D3 = 0,5 [1 + m sin (360 ft - 240] éq . 42-34c
Ehigne = 0,612 m EH éq . 42-38
= 0,5 [1 + 0,8 sin (80 - 240)]
soit 245 = 0,612 m x 500
= 0,363
d'où m = 0,80
b) Comme E,,, = 0,5 m EH (éq . 42-35), on obtient : e) Valeurs de EAY et EAB :

Em = 0,5 x 0,80 x 500 V = 200 V EAY = D, EH éq . 42-20

c) La fréquence de découpage est de 540 Hz, donc = 0,894 x 500


T= 1/540 = 1852 µs . L'intervalle angulaire corres- = 447 V
pondant est:
EAB = 0,5Y E H m sin (/3 + 30°) éq . 42-37a
yp= 360 0 flfc = 360 x 60/540 = 40° éq . 42-36
= 0,5) x 500 x 0,80 x sin (80 + 30°)
d) Valeurs de D,, D2 , et D 3 lorsque /3= 80° :
= 326 V
D l = 0,5 [1 + m sin 360 ft] éq . 42-34a
Le tableau 42-5 montre les rapports cycliques et les
= 0,5 [1 + 0,8 sin 80] tensions pour diverses valeurs de /3 . Noter que les an-
= 0,894 gles /3 sont tous des multiples entiers de W (40°) .

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 857

TABLEAU 42-5 RAPPORTS CYCLIQUES ET TENSIONS INSTANTANÉES (VOIR EXEMPLE 42-15)

fi Dl D2 D3 EAY EBY ECY EAB EBC ECA


0 0,500 0,154 0,846 250 77 423 173 -346 173
40 0,757 0,106 0,637 379 53 318 326 -265 -60
80 0,894 0,243 0,363 447 121 182 326 -60 -265
120 0,846 0,500 0,154 423 250 77 173 173 -346
400 0,757 0,106 0,637 379 53 318 326 -265 -60
600 0,154 0,846 0,500 77 423 250 -346 173 173
800 0,894 0,243 0,363 447 121 182 326 -60 -265
1480 0,757 0,106 0,637 379 53 318 326 -265 -60

CONVERTISSEURS À TROIS NIVEAUX une charge résistive de 2 £2 . Les tensions E A2 et EB2


générées par les bras A et B du convertisseur sont cons-
Les convertisseurs de tension continu-alternatif que tituées d'impulsions identiques possédant deux niveaux
nous venons d'étudier sont tous constitués de cellules (0 et EH), mais déphasées de 180° . Il en résulte, entre
de base parfois appelées « bras » et comportant deux les bornes A et B, une tension rectangulaire EAB dont
valves . Qu'il s'agisse d'un convertisseur à onde carrée l'amplitude est de 1000 V Si la fréquence est de 100 Hz,
ou à MLI, la tension générée par un bras possède deux la tension EAB aux bornes de la charge aura la forme
niveaux : la tension zéro et la tension imposée par la donnée à la Fig . 42-105b . Cette tension contient, en
source c .c . C'est pourquoi on regroupe parfois ces con- plus de la tension fondamentale, des tensions harmo-
vertisseurs dans une catégorie appelée convertisseurs niques . Comme la charge est résistive, il s'ensuit que
à deux niveaux. La tension générée par ce type de con- le courant alternatif IL aura aussi une forme d'onde
vertisseur contient, en plus de la tension fondamentale rectangulaire dont l'amplitude est de 1000 V/2 S2 =
recherchée, des harmoniques qui doivent être filtrés . 500 A . Les durées d'ouverture et de fermeture des val-
De plus, nous avons vu que, dans le cas d'un conver- ves Q1, Q2, Q3 et Q4 sont égales . Par conséquent, le
tisseur à onde carrée, l'amplitude de la tension fonda- courant moyen qu'elles portent est de 250 A . De plus,
mentale est imposée par la tension continue . lorsque les valves sont ouvertes, la tension inverse à
Pour permettre de contrôler la tension fondamentale
générée par les convertisseurs à onde carrée et pour
réduire les harmoniques produits par les convertisseurs
à MLI, on a inventé le convertisseur à trois niveaux.
Dans les sections qui suivent, nous décrivons le fonc-
tionnement du convertisseur à trois niveaux et nous
présentons ses avantages par rapport au convertisseur - D)
à deux niveaux .

42 .61 Convertisseur monophasé à deux


niveaux en pont
Nous avons vu que l'on peut utiliser un convertisseur à
4 quadrants (Fig . 42-72) pour générer une tension al-
ternative à onde carrée (Fig . 42-73) . Il suffit que le rap-
port cyclique soit fixé à 0,5 et que la fréquence soit
ajustée à la valeur désirée .
Figure 42-105a
La Fig . 42-105a montre un convertisseur semblable, Convertisseur à deux niveaux en pont (convertisseur à 4
alimenté par une source EH de 1000 V et connecté à quadrants) ;


858 ÉLECTROTECHNIQUE

+E H
EA2

l a
+EH le 252

Figure 42-106a
ai Convertisseur à deux niveaux en demi-pont .
+1 kV

-1 kV

10 15 20 ms

42-105b
Forme d'ondes des tensions générées . La tension de sortie
EAB est rectangulaire de fréquence 100 Hz 2 S2

leurs bornes est de 1000 V . Nous venons ainsi d'établir


la capacité requise des valves : courant moyen = 250 A,
Figure 42-106b
tension inverse = 1000 V. Convertisseur à deux niveaux utilisant un interrupteur méca-
Le convertisseur de la Fig . 42-105a est souvent nommé nique .
convertisseur en pont. On appelle alors demi-pont cha-
cun des deux bras du convertisseur, soit les sections A
.
et B . EAM
+1 kV
42.62 Convertisseur monophasé à deux
niveaux en demi-pont
Considérons maintenant le convertisseur en demi-pont -1 kV
montré à la Fig . 42-106a. Ce convertisseur utilise en-
core la même cellule de base à deux valves, mais, cette 5 10 15 20 ms
fois, la source de tension continue EH est de 2000 V au
Figure 42-106c
lieu de 1000 V. De plus, la source c .c . comporte une
Forme d'onde rectangulaire produite par un convertisseur à
prise médiane M . La tension de sortie est recueillie deux niveaux .
entre les bornes A et M . Comme d'habitude, les deux
valves sont fermées en alternance et de façon complé- Lorsque Q1 est fermé et Q2 ouvert, l'interrupteur mé-
mentaire, si bien que ce montage est équivalent à celui canique est effectivement en position (1) et la tension
de la Fig . 42-106b utilisant un interrupteur mécanique EAM est positive et égale à +E H/2, soit + 1000 V. De
à deux positions . même, lorsque Q1 est ouvert et Q2 fermé, l'interrup-

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 859

teur est en position (2) et la tension E AM est négative et


égale à -EH/2 . Ce convertisseur générant une tension
comportant deux niveaux ( +EH/2 et -EH/2) fait donc
encore partie de la catégorie des convertisseurs à deux
niveaux .
Si le rapport cyclique est D = 0,5 et si la fréquence est
de 100 Hz, on obtient entre les bornes A et M une ten-
sion alternative rectangulaire comme l'indique la Fig .
2Q
42-106c . Cette tension alternative est identique à celle
de la Fig . 42-105b . Par conséquent, le courant alterna-
tif circulant dans la charge de 2 S2 a une amplitude de
500 A . Il s'ensuit que le courant moyen porté par les
valves est encore de 250 A . Figure 42-107
Le convertisseur en demi-pont de la Fig . 42-106a gé- Un filtre LC diminue les harmoniques aux bornes de la charge
nère donc la même forme d'onde que le convertisseur
en pont de la Fig . 42-105a . Comme le convertisseur en Un filtre LC (Fig . 42-107) supprime les harmoniques,
demi-pont ne possède que deux valves, il semble offrir si bien que la tension E BM fournie à la charge est une
un avantage marqué sur le convertisseur en pont . Ce- tension pratiquement sinusoïdale . .
pendant, bien que les valves portent toutes un courant
moyen de 250 A, la tension inverse aux bornes des
42.63 Convertisseur à trois niveaux
valves du convertisseur en demi-pont est de 2000 V, Imaginons maintenant que l'on remplace l'interrupteur
soit le double de celle apparaissant aux bornes des val- de la Fig . 42-106b par un interrupteur à trois positions
ves du convertisseur en pont . Par conséquent, si les comme l'indique la Fig . 42-108a . Au départ, l'inter-
valves (IGBT ou GTO) sont limitées à une tension in- rupteur est à la position M ; la tension de sortie E AM est
verse de 1 kV, il faudra en utiliser deux en série pour donc nulle . Lorsque l'interrupteur passe par les posi-
chaque valve montrée à la Fig . 42-106a. Il en résulte tions successives 1, M, 2, M, 1, . . . on obtient une ten-
que le convertisseur en demi-pont aura besoin de 4 val- sion qui comporte maintenant trois niveaux
ves, tout comme le convertisseur en pont . +EH /2, 0 et-EH/2 . Si l'on contrôle les instants de com-
mutation de façon à obtenir une forme d'onde symé-
Le convertisseur en demi-pont peut fonctionner dans
trique (comme sur la Fig. 42-108b), on obtient une ten-
les quatre quadrants . C'est dire qu'il permet au cou-
sion rectangulaire ne contenant encore que des harmo-
rant de charge IA de circuler dans un sens ou dans
niques impairs . Cependant, l'ajout du niveau zéro nous
l'autre, en même temps qu'il offre une polarité + ou -
permet une flexibilité supplémentaire . En contrôlant
de la tension EAM aux bornes de la charge (Fig . 42-
la durée a de chaque alternance positive et négative il
106a) . Cette tension contient une composante fonda-
est maintenant possible de contrôler l'amplitude de la
mentale El et des harmoniques impairs . L'amplitude
tension fondamentale E l . Cette dernière est donnée
(soit la valeur crête) de la fondamentale est imposée
par l'équation
par la tension continue E H appliquée au demi-pont . Sa
6
valeur est donnée par l'équation El = 0,637 EH sin (42-40)
2
El = 0,637EH (42-39) où
où El = amplitude de la tension fondamentale
El = amplitude de la tension fondamentale générée [V]
générée [V] EH = tension continue totale [V]
EH = tension continue totale [V] 6 = durée des alternances positive et négative
0,637 = constante [valeur exacte = 2ht] [degrés] (0 6 180°)
0,637 = constante [valeur exacte = 2ht]
860 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 42-108a
Convertisseur à trois niveaux utilisant un interrupteur méca-
nique . (a)

COMMANDE
État
Q1 Q2 Q3 Q4
1 1 0 0
0 0 1 1 0
0 1 1
(b)

Figure 42-109
a . Convertisseur à trois niveaux utilisant des valves électro-
42-108b niques et des diodes ;
Forme d'onde produite par un convertisseur à trois niveaux . b . Tableau de commande des valves .

42.64 Réalisation d'un convertisseur à trois b) De même, lorsque Q3 et Q4 sont fermées alors que
niveaux QI et Q2 sont ouvertes, la borne A est négative (EAM =
Comment peut-on réaliser un convertisseur à trois ni- -EH /2) .
veaux à l'aide de valves électroniques (IGBT ou GTO c) Pour obtenir l'état 0, on ferme Q2 et Q3 et on ouvre
et diodes)? QI et Q4 . Si le courant IA circule dans le sens indiqué
La Fig . 42-109 montre un convertisseur c .c-c.a. mono- sur la Fig . 42-109, ce courant est transféré instantané-
phasé à trois niveaux alimentant une charge à travers ment à la diode D5 à travers Q2, ce qui a pour effet de
une inductance de commutation L et un condensateur relier la sortie A au point milieu M et de produire une
C. Ce convertisseur comporte quatre valves contrôlées tension zéro . Par contre, si le courant circule en sens
(Q1 à Q4) et quatre diodes antiparallèles (Dl à D4) de inverse, c'est la diode D6 et la valve Q3 qui condui-
façon à permettre une conduction bidirectionnelle du sent pour produire l'état 0 . Le rôle des diodes D5 et
courant IA . De plus, deux diodes supplémentaires D5 D6 est donc d'attacher ou de «clamper» la sortie A au
et D6 sont reliées au point milieu M . Nous allons voir point M pour produire l'état zéro .
que ce circuit réalise la même fonction que celui de la Les combinaisons des commandes à envoyer aux qua-
Fig . 42-108a. tre valves pour obtenir les trois états du convertisseur
Désignons par +, 0, et - les trois états correspondant sont résumées dans le tableau de la Fig . 42-109b . On
aux niveaux de tension +EH/2, 0, et -EH/2 . Ces trois remarque que les commandes envoyées aux valves Q1
états sont obtenus en commandant les quatre valves de et Q3 sont complémentaires, c'est-à-dire que QI est
la façon suivante : fermée lorsque Q3 est ouverte et vice versa . De même,
a) Lorsque Q1 et Q2 sont fermées alors que Q3 et Q4 les commandes envoyées aux valves Q2 et Q4 sont
sont ouvertes, la borne A est positive (EAM = + EH /2) . complémentaires .





ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 861

42 .65 Commande de la tension générée La distorsion harmonique THD augmente sensiblement


par un convertisseur à trois niveaux lorsque l'angle a est inférieur à 90° . Pour cette raison,
à onde carrée on limite habituellement la commande de la tension
Lorsque EH = 2000 V, l'amplitude des impulsions po- alternative à des valeurs comprises entre 100 % et70 %
sitive et négative est de + 1000 V et -1000 V, peu im- de la tension maximale . Par conséquent, dans la prati-
porte que le convertisseur fonctionne à deux ou à trois que, pour une tension EH = 2000 V, l'amplitude de la
niveaux . Avec un convertisseur à deux niveaux l'am- composante fondamentale est limitée à des valeurs
plitude de la fondamentale est imposée comprises entre 1274 V et 70 % de 1274 V soit 892 V .
E l = 0,637EH = 0,637 x 2000 = 1274 V éq . 42-39 42 .66 Réduction des harmoniques générés
par un convertisseur à trois niveaux
Par contre, avec un convertisseur à trois niveaux, nous
avons vu qu'il est possible de contrôler l'amplitude de Dans certaines applications, on exploite la flexibilité
la tension fondamentale . Il suffit d'ajuster la durée a du convertisseur à trois niveaux pour ajouter des enco-
pendant laquelle la tension est maintenue à ± 1000 V ches supplémentaires dans les ondes rectangulaires, ce
à chaque demi cycle . qui permet d'éliminer certains harmoniques . Par exem-
ple, si l'on ajoute sur chaque impulsion positive et né-
Il est possible d'obtenir, par exemple, une tension fon-
gative une paire d'encoches supplémentaires disposées
damentale dont l'amplitude est de 800 V. L'angle re-
symétriquement par rapport au centre, on peut annuler
quis est fourni par l'équation (42-40) :
deux harmoniques tout en imposant la valeur de la com-
posante fondamentale .
E l = 0,637 EH sin 6 éq. 42-40
2 La Fig . 42-111 montre une telle forme d'onde dont
800 = 0,637 x 2000 x sin 6 chaque alternance est composée de trois impulsions .
2 Pour cette forme d'onde, l'amplitude de la fondamen-
800 = 1274 x sin 6 tale est encore ajustée à 800 V et, de plus, les harmoni-
2 ques 5 et 7 sont annulés . Dans ce cas particulier, la
sin 6 = 0,6279 largeur de l'impulsion centrale est de 66° et celle des
2 impulsions latérales est de 7° ; la largeur des encoches
est de 13° .
d'où a = 78°
42.67 Convertisseur triphasé à trois
niveaux
78'

2
Pour obtenir un convertisseur continu-triphasé on uti-
+1000 - 6=-+ =+1000 V lise trois bras de convertisseurs à trois niveaux comme
800 - E t =800 V
l'indique la Fig . 42-112. On remarquera que le neutre
N de la charge n'est pas relié au point milieu M de
c l'alimentation à c .c .
s
fn
0,

Ç 180, La Fig. 42-113 permet de comparer les formes d'onde
obtenues avec un convertisseur triphasé à trois niveaux
800- -- '
-1000- EH = -1000 V sans encoches (Fig . 42-113a) et un convertisseur à trois
2 niveaux avec encoches (Fig . 42-113b) . Les deux con-
vertisseurs sont alimentés par une source c .c . de 2000 V
Figure 42-110
Forme d'onde rectangulaire et sa composante fondamentale avec point milieu .
de 800 V générées par un convertisseur à trois niveaux . La
Les deux premières formes d'onde EAM et EBM sont
tension continue EH est de 2000 V.
les tensions obtenues respectivement entre les points
A et B et le point milieu M de la source c .c (Fig . 42-
La Fig . 42-110 montre la forme d'onde composée d'im-
112) . Les convertisseurs produisent tous deux des ten-
pulsions rectangulaires de largeur 78 degrés et dont la
sions EAM , EBM dont la fondamentale a une amplitude
fondamentale a une amplitude de 800 V . Cette tension
de 800 V. Les tensions EAM et EBM de la Fig . 42-113a
équivaut à une valeur efficace de 800/1f = 566 V.


862 ÉLECTROTECHNIQUE

66° > 7° ~ 7°
+ EH
+1000-
2
+800-
1

= 800 V

180°

180°

-800
-1000 EH ----
2 13°
13°

Figure 42-111
Forme d'onde à trois impulsions par alternance générée par un convertisseur à trois ni-
veaux . Les harmoniques de rangs 5 et 7 sont ainsi éliminés . La fondamentale possède
une amplitude de 800 V.

Dl

D2
à
M
B C
D3 Q3 À& D3

D4 D6 Q4 & D4

charge B
charge A charge C

Figure 42-112
Convertisseur continu-triphasé à trois niveaux .

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 863

sont constituées d'une seule impulsion par alternance . tives sont identiques, seuls les harmoniques impairs
Par contre, les tensions de la Fig . 42-113b contiennent sont présents . De plus, comme les harmoniques multi-
trois impulsions par alternance . Ces tensions sont iden- ples de trois (harmoniques 3, 9, 15, 21, . . .) sont en
tiques à celle de la Fig . 42-111 (tension fondamentale phase dans les tensions EAM et EBM , ceux-ci disparais-
= 800 V, et harmoniques 5 et 7 éliminés) . sent dans la tension ligne-ligne EAB . Le convertisseur
à trois impulsions par alternance étant programmé pour
La troisième forme d'onde de la Fig . 42-113 montre,
éliminer les harmoniques 5 et 7, les premiers harmoni-
pour chaque convertisseur, la tension ligne-ligne EAB
ques qu'il génère sont donc les harmoniques 11 et 13
correspondant à la différence EAB = EAM - EBM .
(respectivement 18 % et 15 % de la fondamentale) .
La quatrième trace de la Fig . 42-113 montre les har- Ceux-ci sont beaucoup plus faciles à filtrer que les har-
moniques contenus dans la tension ligne-ligne . Dans moniques de bas rang 5 et 7 de la Fig . 42-113a .
les deux cas, comme les alternances positives et néga-

I 1

(b)
(a)

Figure 42-113
Comparaison des tensions obtenues avec deux convertisseurs continu-triphasé à trois niveaux.
Tension continue EH = 2000 V .
a . Convertisseur à trois niveaux : amplitude fondamentale EAM = E BM = 800 V ;
b . Convertisseur à trois niveaux : amplitude fondamentale E AM = EBM = 800 V, harmoniques de rang
5 et 7 éliminés .


864 ÉLECTROTECHNIQUE

Les convertisseurs qui génèrent des ondes carrées (Fig . 3 . Les états de Q3 et QI sont complémentaires :
42-113a) sont surtout utilisés dans les convertisseurs à Q3 est fermée lorsque QI est ouverte, et vice-
GTO de grande puissance (de quelques dizaines à quel- versa .
ques centaines de MVA) . En effet, en raison des pertes 4 . Les états de Q4 et Q2 sont complémentaires
de commutation relativement importantes des GTO, on Q4 est fermée lorsque Q2 est ouverte, et vice-
ne peut utiliser la MLI . On limite alors la fréquence de versa .verglas .
commutation en générant des ondes carrées . On éli- Ces quatre règles sont conformes au tableau de la
mine les harmoniques de bas rang (5, 7, 11, 13, . . .), en Fig . 42-109 . Elles impliquent que seulement deux val-
combinant plusieurs convertisseurs à GTO dont les ves peuvent être fermées en même temps : QI et Q2
impulsions sont déphasées les unes des autres, et en (état +), Q2 et Q3 (état 0) ou Q3 et Q4 (état -) . La
ajoutant des transformateurs d'interconnexion . Fig . 42-114 montre l'état momentané des valves QI à
42 .68 Convertisseur à trois niveaux à MLI Q4 (1 = valve fermée ; 0 = valve ouverte) .
La technique de la MLI que nous avons expliquée à la La sixième trace de la Fig . 42-114 montre la tension
section 42 .57 pour les convertisseurs à deux niveaux réelle EAM obtenue entre la sortie A et le point milieu
en pont est aussi fréquemment utilisée avec les con- M de la source c .c . Lorsque Q1 et Q2 sont fermées,
vertisseurs à trois niveaux . Nous expliquons ci-après EAM = + 1000 V. Lorsque Q3 et Q4 sont fermée EAM
la méthode employée pour produire une forme d'onde =-1000 V. Pour les autres combinaisons EAM = 0 V.
MLI contenant une onde sinusoïdale . 42.69 Convertisseur continu-triphasé à MLI
La Fig . 42-114 dévoile la méthode utilisée pour un bras à trois niveaux
de convertisseur à trois niveaux . Le premier graphe
Pour générer une tension triphasée avec le convertis-
montre la tension sinusoïdale que l'on veut générer
seur continu-triphasé à trois niveaux de la Fig . 42-112,
ainsi que deux ondes triangulaires, appelées porteu-
on compare les deux porteuses triangulaires avec trois
ses. En effet, comme il faut maintenant commander
signaux sinusoïdaux déphasés de 120 degrés . Ce con-
quatre valves (Fig. 42-109) au lieu de deux, on utilise
vertisseur triphasé est constitué de trois demi-ponts à
deux porteuses triangulaires : une porteuse «positive»
3 niveaux, générant chacun une tension fondamentale
variant entre le niveau zéro et la tension +EH/2 et une
dont l'amplitude (valeur crête) est donnée par
porteuse « négative » variant entre le niveau zéro et la
tension - EH/2 . Sur le premier graphe, nous avons sup-
El = m x EH (42-41)
posé EH/2 = 1 V. Cette tension représente la valeur 2
réduite de la tension EH/2 réelle (1000 V) . Puisque Par conséquent, la tension efficace générée par un demi-
nous utilisons la MLI, l'amplitude maximale de l'onde pont est
sinusoïdale réduite que l'on peut générer est de 1 V.
E = El = m x EH
Cette tension maximale correspond à un facteur de
modulation m = 1 . Dans notre cas, nous avons plutôt 2~2
supposé un facteur de modulation m = 0,8 (amplitude
La tension ligne-ligne est donc
de l'onde sinusoïdale réduite = 0,8 V) .
EH F3
Pour générer les impulsions de commande envoyées Eligne = E x F= m X
aux valves Q 1 à Q4, on compare la tension sinusoïdale 2 2
réduite avec les deux porteuses et on applique les rè- Eligne = 0,612 m EH (42-42)
gles suivantes où
1 . On ferme les valves Q 1 et Q2 lorsque la tension
Eligne = tension efficace triphasée ligne à ligne [VI
sinusoïdale devient supérieure à la porteuse po- m = facteur de modulation
sitive et on ouvre seulement Q 1 lorsque la ten- EH = tension continue totale de la source [V]
sion devient inférieure.
0,612 = constante [valeur exacte = V 3/8 ]
2 . On ferme les valve Q3 et Q4 lorsque la tension
sinusoïdale devient inférieure à la porteuse né- La tension de ligne générée par un pont à trois niveaux
gative et on ouvre seulement Q4 lorsque la ten- est donc donnée par la même formule que pour le pont
sion devient supérieure . à deux niveaux (formule (42-38)) .

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 865

1 1
1

degrés (s)

Figure 42-114
Génération d'une tension EAM à trois niveaux par la technique de la MLI .
Tension c.c . E H = 2000 V (± 1000 V) ; EH réduite = ± 1 V ; facteur de modulation m = 0,8 .

La Fig . 42-115 permet de comparer les formes d'onde On montre sur chaque figure les tensions ligne à neu-
et les harmoniques générés par un convertisseur con- tre EAN et ligne-à-ligne EAB aux bornes de la charge .
tinu-triphasé à deux niveaux (Fig . 42-115a) et à trois Les figures donnent aussi l'amplitude des harmoniques
niveaux (Fig . 42-115b) . Dans les deux cas nous avons de la tension de ligne dans la gamme 0 à 5400 Hz (jus-
supposé une tension H = 2000 V et un facteur de mo-
E
qu'à l'harmonique 90) . Afin de faciliter la comparai-
dulation m = 0,8 . Nous avons aussi supposé une fré- son on a conservé la même échelle pour les formes
quence de découpage (fréquence de l'onde porteuse) d'onde et les harmoniques . La hauteur des raies repré-
fe = 1080 Hz, soit 18 fois la fréquence de la tension sente l'amplitude des harmoniques exprimés en pour-
désirée à 60 Hz . centage de la tension fondamentale (979 V) .
Dans les deux cas, la tension de ligne contient une fon- On remarque que les harmoniques sont groupés de fa-
damentale dont la valeur efficace est donnée par çon symétrique au voisinage de la fréquence de dé-
coupage et des multiples de celle-ci, soit autour des
Eh,gne = 0,612 m x EH (éq . 42-38 et 42-42) harmoniques 18, 36, 54, 72 . . .
soit Si l'on compare la Fig . 42-115a et la Fig . 42-115b, on
Eligne
= 0,612 x 0,8 x 2000 = 979 V note que les harmoniques ont une amplitude beaucoup


866 ÉLECTROTECHNIQUE

20 50 9(1
rdqu8 no .
Figure 42-115a
Tensions et harmoniques générés par un convertisseur continu-triphasé (60 Hz) à deux niveaux ;
fondamentale EAB = 979 V efficace .

plus faible avec le pont à trois niveaux . Pour le conver- 42.70 Résumé
tisseur à deux niveaux, les raies dominantes sont d'am- Ce chapitre constitue une référence pour les systèmes
plitude 28 % et 39 % respectivement aux harmoniques utilisant l'électronique de puissance . Nous y avons
18 ±2 et 36 ± 1 . Avec le convertisseur à trois niveaux exposé les principes fondamentaux et les circuits de
les raies dominantes sont d'amplitude 11 % et 13 %, base . Vu l'importance croissante des technologies à
respectivement aux harmoniques 18 ± 4 et base d'électronique de puissance dans les entraînements
36 ±l . de moteurs et dans le transport d'énergie électrique, en
La méthode que nous avons utilisée pour générer les courant continu et en courant alternatif, nous y avons
tensions MLI porte le nom de MLI «sinus-triangle» consacré trois autres chapitres .
car elle consiste à comparer une porteuse triangulaire Les composants de base de ces circuits sont les valves
avec l'onde sinusoïdale à générer . Pour les convertis- à semi-conducteurs qui se comportent essentiellement
seurs triphasés, il existe plusieurs autres techniques comme des interrupteurs ultra-rapides . La valve la plus
pour générer les tensions requises . L' explication de ces simple est la diode . C'est un interrupteur qui conduit
techniques spécialisées sort du cadre de ce manuel . le courant dans un seul sens (de l'anode à la cathode)

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 867

20 30 40 50
hatmonr-que no .
Figure 42-115b
Tensions et harmoniques générés par un convertisseur continu-triphasé (60 Hz) à trois niveaux ;
fondamentale EAB = 979 V efficace .

et dont la fermeture et l'ouverture sont commandées tes, retardées d'un angle a par rapport à la tension po-
par la tension et le courant imposés par le circuit ex- sitive apparaissant entre l'anode et la cathode . Cet an-
terne . Le thyristor a des caractéristiques semblables à gle d'amorçage a détermine également la puissance
la diode, mais sa conduction peut être retardée en en- réactive absorbée par le convertisseur . On a vu aussi
voyant une impulsion appropriée sur la gâchette . Le que la commutation du courant d'une valve à une autre
transistor IGBT, le thyristor GTO, le MOSFET et le n'est pas instantanée . L'angle de commutation dépend
transistor BJT procurent encore plus de flexibilité que de la valeur du courant continu et de l'inductance du
le thyristor car ces valves permettent, en plus, de con- circuit alternatif.
trôler l'interruption du courant d'anode . Les GTO, IGBT, MOSFET et transistors BJT sont uti-
Les diodes et les thyristors sont utilisés dans différents lisés dans d'autres types de convertisseurs continu-con-
types de convertisseurs utilisant des montages en ponts tinu ou continu-alternatif appelés hacheurs . Les
monophasés ou triphasés . Les redresseurs contrôlés à hacheurs permettent de transformer une tension conti-
thyristors et les onduleurs permettent de transporter de nue en une autre tension continue de plus basse valeur
l'énergie d'un réseau alternatif vers un réseau à cou- (hacheur dévolteur) ou de plus haute valeur (hacheur
rant continu et vice versa . Dans ces circuits, la tension survolteur) . Dans les hacheurs à deux et quatre qua-
continue est commandée par les impulsions de gâchet- drants les valves commandées sont branchées en pa-


868 ÉLECTROTECHNIQUE

rallèle avec des diodes pour réaliser des interrupteurs 42-4 Expliquer ce que signifient les termes suivants :
bidirectionnels . Les impulsions d'allumage qui varient anode hacheur
à une fréquence de quelques kilohertz sont appliquées cathode harmonique
à des paires de valves de façon à commander leur ouver- commutation inductance de lissage
ture et leur fermeture . Les largeurs respectives des deux commutation naturelle onduleur
impulsions déterminent le rapport cyclique D . Les contacteur électronique onduleur non autonome
hacheurs permettent aussi de générer une tension de convertisseur période de commutation
forme quelconque en utilisant la technique de la mo- cycloconvertisseur redresseur
dulation de la largeur d'impulsion (MLI) . Cette tech- FP de déplacement tension inverse
nique consiste à découper la tension continue à une filtre redresseur en pont
certaine fréquence et à faire varier le rapport cyclique . gâchette tension inverse de crête
Les convertisseurs MLI sont donc très flexibles car, à
partir d'une simple tension continue, ils permettent de 42-5 Quelles sont les limites de température maxi-
générer des tensions alternatives monophasées ou tri- males (approximatives) des diodes au silicium et des
phasées dont on peut contrôler à volonté l'amplitude, thysistors?
la fréquence et la phase . 42-6 Expliquer le fonctionnement d'un redresseur
Le convertisseur à deux niveaux comporte deux valves triphasé à trois pulsations .
à commutation forcée avec diodes antiparallèles . C'est 42-7 Le transformateur triphasé montré à la Fig . 42-
la topologie la plus répandue . À partir d'une tension 11 produit une tension secondaire de 2,4 kV, ligne à
continue, ce type de convertisseur permet de générer ligne . Le courant de charge I d est de 600 A. Calculer:
deux tensions par rapport la borne (-) de la source . Le
convertisseur à trois niveaux est plus complexe . Cha- a) la tension continue aux bornes de la charge
que bras comprend quatre valves avec diodes b) le courant moyen circulant dans les diodes
antiparallèles . plus deux diodes de neutre . Cette topo- c) le courant maximal circulant dans les diodes
logie permet de générer trois tensions, dont une est zéro, 42-8 Le transformateur triphasé montré à la Fig . 42-
par rapport au point milieu de la source à c .c . L'ajout 14 produit une tension secondaire de 2,4 kV, ligne à
de ce niveau zéro a deux avantages lorsque ce conver- ligne . Le courant de charge I d est de 600 A .
tisseur génère une onde rectangulaire : 1) il permet de Calculer :
faire varier la tension fondamentale de l'onde rectan-
gulaire en contrôlant la durée de la tension zéro, et 2) a) la tension continue aux bornes de la charge R
l'introduction d'encoches supplémentaires dans la ten- b) le courant moyen circulant dans chaque diode
sion rectangulaire permet d'éliminer certains harmo- 42-9 Une source à c .a . de 600V, 60 Hz est appliquée
niques . Lorsque le convertisseur à trois niveaux génère au redresseur en pont monophasé montré à la Fig . 42-
une tension MLI, il produit moins d'harmoniques que 10a. La charge correspond à une résistance R de 30 S2 .
le convertisseur à deux niveaux . Calculer :
a) la tension continue E34
b) la tension continue E54
PROBLÈMES - CHAPITRE 42 c) le courant de charge I
Niveau pratique d) le courant moyen dans les diodes
e) la puissance active fournie par la source
42-1 Résumer les propriétés de base d'une diode .
42-2 Résumer les propriétés de base d'un thyristor . 42-10 Le hacheur montré à la Fig . 42-62 est alimenté
42-3 Lorsqu'une diode ou un thyristor conduit un par une source EH de 3000 V. Le hacheur fonctionne à
courant, quelle est la chute de tension approximative une fréquence de 50 Hz et la période de conduction Ta
entre l'anode et la cathode? est de 1 ms . Calculer:

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 869

a) la tension continue aux bornes de la charge est un moteur à courant continu pouvant être repré-
b) la valeur moyenne du courant I H lorsque la charge senté par une résistance R de 2 S2 . La tension de la
est une résistance de 2 £2 source A, B, C triphasée est de 600 V et une grande
42-11 Dans le problème 42-10 on double la période inductance L est placée en série avec le moteur. Calcu-
de conduction Ta . Calculer la nouvelle puissance ab- ler :
sorbée par la résistance de 2 S2 . a) la tension moyenne aux bornes du moteur
Niveau intermédiaire b) la tension inverse maximale apparaissant aux bor-
nes des diodes
42-12 Un courant continu de 60 A circule dans une
c) le courant continu tiré par le moteur
diode 1N3295 (tableau 42-1) . Calculer la chaleur dé-
d) le courant moyen circulant dans chaque diode
gagée par la diode en watts .
e) Parmi les diodes données au tableau 42-1, laquelle
42-13 On se propose d'utiliser une diode 1N3295 doit-on choisir et combien faut-il en monter en sé-
dans un montage semblable à celui de la Fig . 42-6a, rie par phase?
mais où la tension de la batterie est de 400 V.
42-18 Le redresseur à 6 pulsations de la Fig . 42-14
a) Calculer la tension efficace maximale que l'on peut
comprend un transformateur triphasé ayant un rapport
admettre au secondaire du transformateur T sans ris-
de transformation de 600 V/415 V ligne à ligne . La
quer le claquage de la diode (sa tension inverse de
charge est un moteur à courant continu pouvant être
crête est de 1000 V) .
représenté par une résistance R de 2 S2 . La tension de
b) Pendant combien de degrés la diode conduit-elle la source A, B, C est de 600 V et une grande induc-
dans ces conditions? tance L est placée en série avec le moteur . Calculer :
42-14 Si, dans la Fig . 42-6, on intervertissait la diode, a) la tension moyenne Ed aux bornes du moteur
est-ce que la puissance à c .c . de la batterie serait con- b) la tension inverse maximale apparaissant aux bor-
vertie en puissance à c .a .? Expliquer ce qui se passe- nes des diodes
rait alors .
c) le courant continu tiré par le moteur
42-15 Le secondaire d'un transformateur donnant d) le courant moyen circulant dans chaque diode
une tension de 120 V efficace, 60 Hz, alimente un re- e) Parmi les diodes données au tableau 42-1, laquelle
dresseur en pont monophasé dont la résistance de doit-on choisir et combien faut-il en monter en sé-
charge R est de 10 S2 (Fig . 42-9a) . Calculer le courant rie par phase?
continu circulant dans la charge et la tension inverse
maximale apparaissant aux bornes des diodes . 42-19 Le cycloconvertisseur de la Fig . 42-34 est ali-
menté par une source triphasée à 60 Hz . Quel inter-
42-16 Le secondaire d'un transformateur donnant valle de temps doit s'écouler entre l'amorçage des gâ-
une tension de 120 V efficace, 60 Hz, alimente un re- chettes Gi et G 4 si l'on désire obtenir une fréquence de
dresseur en pont monophasé dont la résistance de 4 Hz? Tracer la forme d'onde de la tension aux bornes
charge R est de 10 S2 . Afin d'obtenir un courant con- de la charge R .
tinu plus constant, on place une inductance de lissage
en série avec la résistance (Fig . 42-1Oa) . Calculer : 42-20 Le transformateur triphasé montré à la Fig . 42-
14 produit une tension secondaire de 2,4 kV, ligne à
a) la valeur de l'inductance, en henrys, si l'on désire ligne . Le courant de charge Id est de 600 A .
limiter l'ondulation de crête à crête du courant à 5% Calculer :
de sa valeur moyenne
a) la puissance fournie à la charge R
b) l'énergie que cette inductance doit emmagasiner
b) la puissance dissipée par les 6 diodes, sachant que
42-17 Le redresseur à 3 pulsations de la Fig . 42-11 la chute de tension moyenne durant la conduction
comprend trois transformateurs monophasés ayant un est de 0,6 V
rapport de transformation de 600 V/240 V . La charge c) le rendement du redresseur

870 ÉLECTROTECHNIQUE

42-21 a) Dans la Fig . 42-2, le courant est de - 6 A . 42-25 Le convertisseur triphasé en pont montré à la
Quelle est la polarité de E 34 ? Fig . 42-37 est alimenté par un transformateur dont la
b) Dans la Fig . 42-3, le courant est de + 6 A et E65 est tension ligne à ligne au secondaire est de 208 V. Cal-
négative . Est-ce que le courant est en train de croî- culer:
tre ou de décroître? a) la tension continue aux bornes de la charge lorsque
42-22 Le redresseur en pont de la Fig . 42-10a est l'angle d'amorçage est de 90°
raccordé à une source monophasée de 120 V, 60 Hz . b) l'angle de retard à l'amorçage requis pour générer
La charge étant une résistance de 3 Q, calculer : une tension de 60 V en mode redresseur
a) le courant continu I 42-26 Le gradateur montré à la Fig . 42-32 fait varier
b) la tension aux bornes des diodes la puissance fournie à un élément chauffant de 15 S2 .
La source est de 600 V, 60 Hz et l'angle d'amorçage
c) l'énergie que l'inductance doit emmagasiner afin que
est de 0° . Calculer:
l'ondulation crête à crête du courant continu soit li-
mitée à 5 % a) le courant efficace dans la résistance
d) l'ondulation crête à crête de la tension aux bornes b) la puissance fournie à l'élément
de l'inductance c) la valeur efficace des harmoniques de courant
42-23 En se référant à la Fig . 42-14, le redresseur d) le facteur de puissance de déplacement
est alimenté par une source triphasée 1, 2, 3 de 240 V, e) la puissance réactive fournie par la source
60 Hz et il débite un courant continu de 750 A . Calcu- Niveau avancé
ler :
42-27 Le gradateur de la Fig . 42-32 fait varier la
a) la tension continue produite par le redresseur
puissance fournie à un élément chauffant de 15 S2 . La
b) la puissance active fournie par la source source est de 600 V, 60 Hz et l'angle d'amorçage a est
c) le courant crête dans les diodes ajusté à 120° . On constate que le courant efficace di-
minue à 17,68 A, et que la composante fondamentale
d) la durée de la conduction dans chaque diode (ms)
est IF = 12,34 A . Calculer :
e) la valeur efficace des courants au secondaire du trans-
a) la valeur efficace de l'ensemble des harmoniques
formateur
de courant
f) la puissance réactive absorbée par le convertisseur
b) la puissance dissipée dans l'élément
g) l'ondulation crête à crête de la tension aux bornes 42-28 Le redresseur triphasé en pont (Fig . 42-14)
de l'inductance fournit un courant continu de 1000 A sous une tension
42-24 Le hacheur dévolteur de la Fig . 42-70 est ali- de 250 V L'inductance L diminue l'ondulation du cou-
menté par une source EH de 2000 V . Il est raccordé à rant . Cette inductance permet aussi de limiter la crois-
l'induit d'un moteur à c .c. dont la résistance est 0,025 S2 sance du courant en cas de court-circuit aux bornes de
et la force contre-électromotrice est de 50 V . Le cou- la charge, ce qui permet aux disjoncteurs d'ouvrir avant
rant d'induit est de 400 A . Sachant que la période de que le courant ne devienne trop grand . En supposant
conduction Ta est de 100 µs, calculer: un courant initial de 1000 A, calculer la valeur mini-
male de L afin que le courant de court-circuit n'excède
a) la puissance fournie à la charge
pas 3000 A après 50 ms .
b) la puissance tirée de la source
c) le courant IH tiré de la source 42-29 Une diode ayant une tension de crête inverse
de 600 V est utilisée dans un chargeur de batterie, sem-
d) la valeur crête du courant IH
blable à celui montré à la Fig . 42-6a. La résistance est
e) la fréquence d'opération du hacheur de 10 S2 et la tension de la batterie d'accumulateurs est
f) la résistance apparente aux bornes de la source de de 120 V Calculer :
2000 V
a) la tension efficace maximale admissible au secon-
g) Tracer les formes d'ondes de I H , IL et du courant
daire du transformateur, pour que la diode ne soit
dans la diode .
pas endommagée

ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE 871

b) la période de conduction en degrés électriques lors- a) Évaluer le nombre de carreaux compris dans la sur-
que la tension efficace au secondaire est de 300 V face A(+) .
c) le courant crête dans la diode dans ces conditions b) À combien de volts-secondes cette surface corres-
pond-elle si la fréquence est de 60 Hz?
42-30 Le cycloconvertisseur de la Fig . 42-34 est ali-
menté par une source à 60 Hz et on désire produire une c) Calculer la valeur crête du courant obtenu avec une
fréquence de 12 Hz . Calculer l'intervalle de temps qui inductance de 3,3 mH .
s'écoule entre l'allumage des gâchettes G, et G4 . Tra- d) Le courant s'annule lorsque A () = A(,) . À quel an-
cer la forme d'onde de la tension aux bornes de la ré- gle approximatif cela se produit-il?
sistance . 42-35 a) Calculer le nombre de volts-secondes com-
pris dans la surface positive de la Fig . 42-12, sachant
42-31 En se référant à la Fig . 42-16 on note que lors-
que la fréquence est de 60 Hz et que E n = 1000 V.
que l'inductance L restitue de l'énergie, l'aire A (-) est
presque triangulaire . b) L' inductance L des Fig. 42-11 et 42-12 est de 0,5 H .
De combien le courant augmente-t-il pendant que l'in-
a) Calculer la surface de A (+) en volts-secondes, sa-
ductance emmagasine de l'énergie?
chant que la source produit une tension efficace de
2000 V à 60 Hz . c) De combien le courant diminue-t-il pendant que l'in-
ductance restitue de l'énergie?
b) On désire limiter l'ondulation du courant à une va-
leur crête à crête de 7 A . Calculer la valeur de l'induc- 42-36 L'induit d'un moteur à c .c . produit une force
tance requise . contre-électromotrice Ed de 100 V lorsqu'il est ali-
menté par une source à c .a . en série avec un thyristor
42-32 Un convertisseur triphasé à 6 pulsations est
(Fig . 42-29) . La tension alternative a une valeur crête
utilisé comme onduleur (Fig . 42-42) . Le côté c .c . est
de 200 V, 60 Hz et la conduction débute à 0 1 = 90° .
branché à une batterie de 120 V ayant une résistance
L'induit possède une inductance L de 20 mH et sa ré-
interne R = 10 m £2 . Le côté c .a . est raccordé à un ré-
sistance est négligeable . Calculer :
seau triphasé de 120 V, 60 Hz . La batterie débite un
courant de 500 A . Calculer : a) la surface A(+)
b) la valeur crête du courant I
a) l'angle de retard à l'amorçage requis
c) l'angle 03 où le courant s'annule
b) la puissance active fournie au réseau
42-37 La conduction d'un onduleur est initiée à un
c) la puissance réactive absorbée par l'onduleur
angle /3 = 40° . La période de commutation étant de
42-33 Dans la Fig . 42-7, le courant Icircule pendant 15°, calculer :
165° et atteint une valeur crête de 40 A . Sa fréquence
a) l'angle de retard à l'amorçage a
est de 60 Hz .
b) l'angle de marge y
a) Si l'on double l'inductance, quelle sera la valeur
42-38 L'onduleur de la Fig . 42-42 est alimenté par
crête du courant et pendant combien de degrés cir-
trois transformateurs monophasés de 1000 kVA ayant
culera-t-il?
une impédance de 8 % . La tension ligne à ligne au se-
b) Si l'on double la fréquence, quelle sera la valeur condaire est de 600 V. Le courant continu Id est de
crête du courant et pendant combien de degrés cir- 2000 A, et la conduction est initiée à un angle (3 = 36° .
culera-t-il? Calculer:
c) Si la tension de la batterie est diminuée à 50 V, com- a) l'angle d' empiètement u
ment la valeur crête et la durée de conduction se-
ront-elles affectées? b) l'angle de marge g

d) Si la batterie produit une tension nulle, pendant com- c) la valeur minimale de b si l'angle de marge ne doit
bien de degrés le courant circulera-t-il? pas être inférieur à 15°

42-34 Dans la Fig . 42-8, la tension de l'accumula- 42-39 En se référant à la Fig . 42-71, un hacheur sur-
teur est de 50 V au lieu de 60 V . volteur transporte de l'énergie d'une source Ed de 80 V
à une charge E H de 200 V. La valve Q2 est fermée pen-

872 ÉLECTROTECHNIQUE

dant 30 ms au rythme de 10 fermetures par seconde . a) IL = +10 A, Ql est fermé et Q2 est ouvert
L'inductance a une valeur de 40 mH et la résistance R
b) IL = + 10 A, Q 1 est ouvert et Q2 est fermé
est négligeable. Sachant que le courant initial est nul,
calculer : c) IL = + 10 A, QI et Q2 sont ouverts
a) le courant crête IL fourni par la source d) IL = - 10 A, Q 1 et Q2 sont ouverts
b) le temps de conduction de la diode 42-45 Dans la Fig . 42-70, le courant IL est croissant .
c) l'énergie transportée par cycle
a) Quelle est la polarité de la borne 1 par rapport à la
d) la puissance fournie à la charge borne 4?
42-40 En se référant à la Fig . 42-13c, calculer : b) Est-ce que l'inductance absorbe ou débite de l'éner-
gie?
a) la valeur efficace du courant I A
c) Est-ce que QI est ouvert ou fermé à ce moment?
b) la valeur efficace de la composante fondamentale
42-46 Dans la Fig . 42-71 la valve Q2 est fermée .
c) la valeur efficace du deuxième harmonique
d) le facteur de distorsion a) Est-ce que le courant I L croît ou décroît?
b) Quelle est le signe de la tension E 14 ?
42-41 En se référant à la Fig . 42-62 on a EH = 300 V,
42-47 Dans la Fig . 42-71, EH = 60 V, Ed = 15 V,
EL = 42 V, L = 0,2 H, RL = 3 £2 et la fréquence de
R = 2 S2, E14 = + 50 V Calculer :
commutation est de 250 Hz . Calculer :
a) la valeur instantanée de IL à ce moment
a) la durée d'un cycle
b) la puissance débitée par la source Ed
b) la valeur du rapport cyclique
c) la puissance dissipée dans la résistance
c) la tension crête à crête aux bornes de l'inductance L
d) la puissance fournie par l'inductance
d) l'ondulation crête à crête du courant IL
e) la puissance absorbée par EH
e) la valeur moyenne de IL
f) la valeur moyenne de I H 42-48 Soit le hacheur sans filtre de la Fig . 42-72, où
EH = 800 V et la charge résistive entre les bornes A et
42-42 En se référant à la Fig . 42-64, le courant IL B de 24 S2 . Sachant que la fréquence de commutation
fluctue entre 8 A et 20 A, et la période T = 3 ms . Sa- est de 5 kHz et que le rapport cyclique est D = 0,2,
chant que E42 = 45 V, E32 = 120 V, et RI, = 2 S2, calcu- calculer:
ler :
a) la tension moyenne ELL
a) la valeur du rapport cyclique b) le courant moyen IL
b) la valeur de Ta c) le courant maximal positif et sa durée de conduc-
c) la valeur de l'inductance L tion
d) la valeur moyenne de IL d) le courant maximal négatif et sa durée de conduc-
e) la valeur moyenne de IH tion
f) la valeur moyenne de III , e) la puissance totale fournie à la charge
g) la valeur de ES 42-49 Dans le problème 42-48, si on installe un fil-
tre entre les bornes A, B et la charge de 24 0, calculer :
42-43 Dans la Fig . 42-64a, on sait que, à un instant
particulier, IH = 20 A et IHl = 5,25 A . Sachant que C = a) le courant maximal positif circulant dans la résis-
6000 µF, calculer le taux de variation de la tension EH. tance
b) le courant maximal négatif dans la résistance
42-44 Dans la Fig . 42-69 on a EH = 12 V. Lorsque
c) la puissance totale fournie à la résistance
Dl ou D2 conduisent, la chute de tension à leurs bor-
d) la puissance continue fournie à la résistance
nes est de 1,5 V. Par contre, lorsque QI ou Q2 condui-
sent, la chute de tension est de 2 V. Calculer la valeur
de la tension E12 lorsque :
43
Entraînement électronique
des moteurs à courant continu

La rapidité, la fiabilité et la diminution du coût des cherche à expliquer de manière simple les principes
semi-conducteurs ont provoqué une évolution remar- fondamentaux des entraînements électroniques des
quable de la commande des moteurs à courant con- machines à courant continu .
tinu . Dans ce chapitre, nous examinerons les principes 43 .1 Entraînement limité au quadrant 1
fondamentaux de ces systèmes de commande . Deux
Notre étude débute avec un entraînement à vitesse va-
grandes catégories de systèmes d'entraînement seront
riable d'un moteur shunt à courant continu . L'excita-
étudiées :
tion est constante et on fait varier la vitesse en chan-
1) les systèmes alimentés par une source à c .a . geant la tension aux bornes de l'induit . Un convertis-
2) les systèmes alimentés par une source à c .c . seur triphasé en pont composé de thyristors alimente
l'induit (Fig . 43-1) . Le champ est alimenté par un re-
Les redresseurs et les onduleurs à thyristors font partie dresseur en pont monophasé . Une inductance de lis-
de la première catégorie . Les convertisseurs utilisant sage L assure une ondulation négligeable pour le cou-
les IGBT et GTO font partie de la deuxième . À ce pro- rant d'induit. Dans plusieurs cas, la self-inductance La
pos, nous recommandons au lecteur de revoir le chapi- de l'induit effectue un lissage suffisant, de sorte que
tre 28 sur les moteurs à courant continu, de même que l'inductance extérieure n'est pas nécessaire . On sup-
les sections 28 .21 à 28 .23 sur les entraînements élec- pose qu'au départ l'induit est au repos et que l'inter-
triques . rupteur S est ouvert.
Pour décrire les diverses méthodes de commande, nous L'unité de commande et d'allumage reçoit de l'exté-
étudierons principalement le comportement des circuits rieur les mesures de la vitesse, du courant, du couple,
de puissance . Les nombreuses techniques ingénieuses etc . Ces signaux proviennent des capteurs montés sur
utilisées pour générer et commander les impulsions le moteur et dans le circuit de puissance qui l'alimente .
d'amorçage ne sont donc pas couvertes ici . En effet, De plus, on peut imposer à l'unité de commande les
ces techniques constituent à elles seules un vaste sujet valeurs désirées du couple et de la vitesse . L'unité de
comprenant les circuits logiques, les circuits intégrés, commande compare constamment les valeurs réelles
ainsi que les méthodes de commande numériques par mesurées par des capteurs avec les valeurs désirées
microprocesseurs . (consignes), et génère automatiquement les impulsions
Néanmoins, l'omission de ce sujet important ne dimi- d'allumage aux gâchettes, de sorte que l'écart entre
nue pas pour autant la pertinence de ce chapitre, qui les valeurs désirées et obtenues soit aussi faible que
873


874 ÉLECTROTECHNIQUE

seuils limites

courant vitesse min/max


max max etc.

J
couple désiré couple réel
.i
unité de
valeurs vitesse désirée valeurs
commande ~~- vitesse réelle
désirées réelles
autres valeurs - et d' allumage k- autres valeurs réelles i
désirées

La If

source
triphasée
lk

o o
source
monophasée
Figure 43-1
Commande du couple et de la vitesse d'un moteur shunt à c .c . en utilisant un redresseur en pont composé de
thyristors .

possible . Des seuils limites sont aussi incorporés afin courant ont priorité sur les commandes manuelles
que le moteur ne dépasse jamais les valeurs admissi- erronées .
bles de courant, de tension et de vitesse .
4 . Lors du démarrage, la tension continue est néces-
Avant de démarrer le moteur, les impulsions aux gâ- sairement faible, de sorte que l'angle de retard a
chettes sont retardées d'un angle a = 90° afin que la doit être grand . Par conséquent, le convertisseur ab-
tension de sortie Ed soit nulle . Ensuite, on ferme l'in- sorbe une puissance réactive considérable car le fac-
terrupteur S et on augmente Ed en diminuant graduel- teur de puissance de déplacement est alors très fai-
lement l'angle de retard à l'amorçage (Fig . 43-1) . Un ble . Comme l'appel de la puissance réactive varie à
courant d'induit Id commence à circuler et le moteur mesure que le moteur accélère, il n'est pas facile de
accélère graduellement . Durant cette période de démar- corriger le facteur de puissance lors du démarrage .
rage, le système de commande ajuste automatiquement
l'angle a, de sorte que le courant Id ne dépasse jamais, Lorsque le moteur atteint sa vitesse nominale, l'angle
disons, une valeur de 1,5 p .u . de retard à l'amorçage a est habituellement compris
entre 15° et 20° . La tension Ed du convertisseur est
Quatre observations importantes méritent notre atten- légèrement supérieure à la f .c .é .m . Eo de l'induit, la
tion durant cette période de démarrage : différence étant égale à la chute de tension R aid dans le
1 . Aucune résistance de démarrage n'est requise ; par circuit de l'induit . La tension du convertisseur est don-
conséquent, les pertes Joule sont nulles sauf dans née par :
l'induit même .
2 . Les pertes dans les thyristors sont négligeables ; donc Ed = 1,35E cos a éq. 42-12
toute la puissance active tirée du réseau à c .a. sert à Pour réduire la vitesse, on doit diminuer la valeur de
entraîner la charge . Ed jusqu'à une valeur inférieure à la tension induite
3 . Un opérateur inattentif ne réussirait pas à démarrer Eo. Si la tension Ed était produite par une génératrice,
le moteur trop rapidement car les seuils limites de


ENTRAÎNEMENT ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT CONTINU 875

comme dans un système Ward-Leonard, le courant d'in-


valeurs désirées -~i unité de valeurs
duit circulerait immédiatement dans le sens inverse, I
commande I~-- mesurées
seuils limites -lec d'allumage
forçant la vitesse à chuter à la nouvelle valeur désirée
(voir section 28 .5) . Malheureusement, dans la Fig . 43-
1 le courant Id ne peut pas changer de sens car les thy-
a = 27`
ristors se bloquent dès que le courant devient nul . Tant 3 phases E 2500 A
que le courant est nul, le moteur fonctionne en roue (a) 208 V 1L -
c>-i- Ed = 250 V
libre et sa vitesse décroît à un taux qui dépend exclusi- 60 Hz
vement de son inertie et du couple résistant de la charge . 0-
560 kW
redresseur 1200 r/min
Durant cette période de débrayage, la tension induite
Et, diminue progressivement et lorsqu'elle atteint une
valeur légèrement inférieure à la nouvelle valeur Ed, le
courant d'induit recommence à circuler. Dès lors, le
courant Id et le couple augmentent rapidement et le
moteur continue à tourner à la vitesse inférieure dési-
rée .

À basse vitesse, le rendement demeure élevé car les


redresseur
pertes dans les thyristors sont minimes . Cependant,
l'ondulation de tension générée par le convertisseur est Figure 43-2
a. Tensions et courants d'un moteur de 560 kW fonctionnant
plus grande qu'à la tension nominale car l'angle a est
à pleine charge .
plus grand (section 42 .29) . Par conséquent, l'ondula- b . Conditions de fonctionnement lorsque le moteur tourne à
tion du courant Id peut être considérable, ce qui fait 400 r/min dans le quadrant 1 . Voir exemple 43-1 .
croître les pertes dans le cuivre et dans le fer de l'in-
duit. N'oublions pas, non plus, que la puissance réac- Solution
tive absorbée par le convertisseur augmente lorsque la
a) À pleine charge, le convertisseur doit développer
commutation est ainsi retardée . Par exemple, lorsque
une tension de 250 V ; on peut donc écrire :
a = 45°, le convertisseur absorbe du réseau triphasé
une puissance réactive aussi importante que la puis-
Ed = 1,35E cos a éq. 42-12
sance active .
250 = 1,35 x 208 x cos a
Pour arrêter le moteur, on retarde les impulsions de
cos a = 0,89
90°, de sorte que Ed soit zéro . Selon le frottement et
l'inertie des parties tournantes, la période de décéléra- d'où a = 27°
tion peut s'étirer sur plusieurs minutes .
b) À pleine charge, la chute R aid dans l'induit est :
Exemple 43-1
R aid = 0,004 x 2500 = 10 V
Un moteur à c .c . de 560 kW (750 hp), 250 V .
1200 r/min est alimenté à partir d'an réseau triphasé La f .c .é.m . de l'induit à 1200 r/min est:
à 208 V par un convertisseur triphasé en pont utili-
Eo = Ed -Raid = 250 - 10
sant des thvristors (Fig . 43-2a) . L'induit possède une
résistance de 4 mit et son courant nominal est de = 240 V
2500 A . Calculer :
Afin de développer le couple nominal à 400 r/min,
l'anale de retard à l'amorçage ay requis lorsque le courant dans l'induit doit demeurer à 2500 A . À
le moteur fonctionne à pleine charge 400 r/min la f.c .é.m . E0 est:
h) l'angle d'allumage a requis afin que le moteur
400 r/min
développe son couple nominal à une vitesse de E0 = x 240 V = 80 V
400 r/min 1200 r/min


876 ÉLECTROTECHNIQUE

La tension aux bornes de l'induit est :

Ed = Eo + RJd = 80+10 source


triphasée
= 90V
Le convertisseur doit donc générer 90 V. L'angle d'al-
lumage a requis est donné par :
Figure 43-3
Freinage par récupération d'énergie en inversant le champ .
Ed = 1,35E cos a
90 = 1,35 x 208 cos a
cuit afin que le moteur puisse fonctionner temporaire-
d'où a = 71 ° (voir Fig . 43-2b)
ment en générateur. En commandant le débit du géné-
rateur, on peut alors contrôler le taux de décroissance
Exemple 43-2 de la vitesse . Dans plusieurs cas, on a recours au frei-
En se référant à l'exemple 43-1, calculer la puis- nage dynamique en utilisant une résistance extérieure
sance réactive absorbée par le convertisseur (section 28 .16) .
lorsque le moteur développe son couple nominal à
Une autre solution, plus coûteuse, consiste à faire fonc-
400 r/min .
tionner le convertisseur en onduleur, ce qui permet de
Solution renvoyer la puissance du générateur dans le réseau . Ce
freinage par récupération d'énergie a l'avantage de ne
Les conditions de charge sont données à la Fig . 43-2b.
pas dissiper l'énergie cinétique simplement en chaleur
La puissance à c .c . absorbée par le moteur est :
lorsque la vitesse diminue . De plus, le débit de la gé-
P = Ed Id = 90 x 2500 nératrice peut être contrôlé avec précision, ce qui per-
met d'obtenir le taux de décroissance désiré pour la
= 225 kW
vitesse .
Si l'on néglige les pertes dans le convertisseur, la puis-
Pour que le convertisseur fonctionne en onduleur, on
sance active tirée du réseau est aussi de 225 kW .
doit inverser la polarité de Ed, comme indiqué à la Fig .
La puissance réactive requise est donnée par : 43-3 . Par conséquent, on doit aussi inverser la polarité
de Eo . De plus, pour permettre la circulation d'un cou-
Q = P tan a = 225 tan 71 ° éq . 42-14 rant de freinage Id, on doit ajuster Ed à une valeur lé-
= 653 kvar gèrement inférieure à Eo .
Cet exemple montre que lorsque l'angle de retard à Ces changements ne sont pas aussi simples qu'on pour-
l'amorçage est élevé, la puissance réactive tirée de la rait le croire . On peut changer la polarité de Ed quasi
source triphasée excède la puissance active . On pour- instantanément en retardant les impulsions aux gâchet-
rait réduire l'appel de puissance réactive en installant tes au delà de 90° . Cependant, pour changer la polarité
entre le réseau et le convertisseur un transformateur de Eo, on doit intervertir, soit les bornes de l'induit,
triphasé à prises variables . Ainsi, à basse vitesse, on soit les bornes du champ . Cette inversion exige de
peut améliorer le facteur de puissance en réduisant la l'équipement supplémentaire, soit des contacteurs et
tension triphasée à une valeur appropriée . Idéalement, les circuits de commande associés . Enfin, une fois le
la tension au secondaire du transformateur doit être freinage terminé on doit intervertir à nouveau les con-
ajustée de sorte que l'angle a soit compris entre 15° et nexions afin que la machine puisse reprendre son rôle
20° . de moteur.
Nous verrons aux sections 43 .8 et 43 .9 d'autres mé- En prenant ces exigences en considération, listons donc
thodes permettant de réduire la puissance réactive . les étapes à suivre pour inverser les connexions du
champ shunt.
43.2 Entraînement dans les quadrants 1 et
4 par inversion du champ Étape 1 : Retarder les impulsions aux gâchettes de près
Il est parfois inacceptable qu'un moteur fonctionne en de 180° afin que la tension Ed devienne assez grande
roue libre pour passer à une vitesse inférieure . Pour et négative . En quelques millisecondes, les thyristors
améliorer le temps de réponse on doit modifier le cir- se bloquent et le courant Id dans l'induit devient nul .


ENTRAÎNEMENT ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT CONTINU 877

Étape 2 : Intervertir les connexions du champ le plus


vite possible afin de changer la polarité de Eo . À cause
source
de la grande constante de temps du champ shunt cette
triphasée
inversion peut prendre 1 ou 2 secondes . Durant cet in-
tervalle le courant Id est toujours nul .
Étape 3 : Réduire l'angle a afin que Ed devienne infé- Figure 43-4
rieure à Eo ce qui permet la circulation d'un courant Freinage par récupération d'énergie en inversant l'induit .
Id . Le moteur agit alors comme génératrice, et renvoie
sa puissance au réseau à c .a (Fig . 43-3) . La vitesse dé-
croît rapidement jusqu'à la valeur désirée . nul . Bien que cela limite l'usure, les contacts utilisés
pour les grosses machines doivent néanmoins être
Pour que la machine fonctionne à nouveau en moteur,
dimensionnés pour supporter des courants de quelques
on doit ensuite effectuer les étapes suivantes :
milliers d'ampères .
Étapes 4 : Répéter l'étape 1 .
La constante de temps de l'induit est beaucoup plus
Étapes 5 : Répéter l'étape 2. petite que celle du champ shunt; par conséquent, on
Étapes 6 : Réduire l'angle d'amorçage a pour que Ed peut inverser le courant d'induit en environ 150 ms,
devienne positive et légèrement supérieure à Eo, ce qui soit un temps 10 fois plus court que celui exigé par
provoque la circulation du courant d'induit . La machine l'inversion du courant dans le champ . Les étapes à sui-
fonctionne alors à nouveau en moteur et le convertis- vre sont semblables à celles données pour l'inversion
seur en redresseur. du champ shunt .

43 .3 Entraînement dans les quadrants 1 et 43 .4 Entraînement dans les quadrants 1 et


4 par inversion de l'induit 4 utilisant deux convertisseurs
Dans certains entraînements industriels, le long délai Lorsque la commande de vitesse doit être particu-
imposé par l'inversion du champ est inacceptable . Dans lièrement rapide, on utilise deux convertisseurs con-
ce cas, on intervertit les connexions de l'induit . Cela nectés en antiparallèle (Fig . 43-5) . Les deux convertis-
exige l'installation de contacteurs capables de porter seurs sont connectés aux bornes de l'induit, mais un
le fort courant d'induit (Fig . 43-4) . Le système de com- seul fonctionne à la fois . L' autre convertisseur demeure
mande est conçu de sorte que les contacteurs s'ouvrent en attente, prêt à intervenir à tout instant lorsque la
et se ferment seulement lorsque le courant d'induit est puissance absorbée ou fournie par l'induit doit être in-

valeurs I unité de unité de


commande
valeurs
-4 commande
valeurs
réelles
'~~t d'allumage (1)j~~ désirées L d'allumage (2)j~- réelles
T

zzmll
2 1 gâchettes G 1 à G 6
>- n gâchettes G 7 à G 72
al a2 L
3 4

a
transformateur
o

mm mm
source
triphasée o

G io

convertisseur 1 convertisseur 2

Figure 43-5
Commande dans les quadrants 1 et 4 utilisant deux convertisseurs en antiparallèle .

878 ÉLECTROTECHNIQUE

a ai

convertisseur 1 convertisseur 2 convertisseur 1 convertisseur 2

Figure 43-6a Figure 43-6b


Fonctionnement dans le quadrant 1 : le convertisseur 1 Fonctionnement dans le quadrant 4 : le convertisseur 2
fonctionne en redresseur, le convertisseur 2 est bloqué . fonctionne en onduleur, le convertisseur 1 est bloqué .

versée . On élimine ainsi la nécessité d'intervertir les tant . Durant cet intervalle, l'unité de commande 1 con-
connexions de l'induit ou du champ . Le temps requis tinue à générer les impulsions pour le convertisseur 1
pour transférer la puissance d'un convertisseur à l'autre (même si elles sont bloquées), et l'angle d'amorçage
est de l'ordre de 10 ms . La fiabilité de ce système est al suit o 2 . On veut, en effet, s'assurer qu'en tout temps
excellente et l'entretien est réduit . En revanche, le coût Ed 1 sera égal à Ed 2 si on permettait aux impulsions d'at-
en est plus élevé et l'unité de commande et d'allumage teindre les gâchettes (Gl à G6) .
est plus complexe .
Lorsque le moteur fonctionne dans les quadrants 1 et
Comme l'un des convertisseurs est toujours prêt à pren- 4, son sens de rotation ne change pas . Dans ce cas, le
dre la place de l'autre, les tensions Ed générées par convertisseur 1 fonctionne toujours en redresseur et le
chacun d'eux doivent être voisines de celle de l'induit . convertisseur 2 en onduleur.
Par exemple, dans la Fig . 43-6a, du fait que Edi est
légèrement supérieure à Eo , le convertisseur 1 fonc- 43.5 Entraînement avec courant de
circulation
tionne en redresseur et fournit de l'énergie au moteur .
Durant cette période, les impulsions du convertisseur Dans certains entraînements industriels, la vitesse doit
2 sont bloquées de sorte qu'il demeure inactif. Toute- être commandée avec précision même lorsque le cou-
fois, l'unité de commande et d'allumage de ce dernier ple est faible . Or, un faible couple implique un faible
continue à générer les impulsions dont le délai a 2 est
tel que Ed2 serait égal à Edl si les impulsions étaient
transmises aux gâchettes (G7 à G12, Fig . 43-5) .
Pour réduire la vitesse, on retarde d'abord les impul-
sions a1 du convertisseur 1 et dès que le courant d'in-
duit devient nul, on les bloque . Simultanément, on dé-
bloque les impulsions du convertisseur 2 pour le ren-
dre actif et le faire fonctionner en onduleur . Ensuite,
on diminue l'angle d'amorçage a 2 afin que Ed 2 de-
vienne légèrement inférieure à Eo , ce qui permet au
courant inverse Id2 de circuler (Fig. 43-6b) .
Ce courant produit un couple dans le sens inverse, et la
vitesse tombe rapidement . Pendant la décélération, la
valeur de a2 s'ajuste automatiquement de telle sorte
Figure 43-7
que Ed2 suive la valeur décroissante de Eo . Dans cer-
Dans une aciérie moderne, la vitesse et le couple doivent
tains systèmes d'entraînement, la valeur de a 2 est con- être commandés dans les 4 quadrants (gracieuseté de
trôlée de façon à maintenir un courant de freinage cons- Siemens) .


ENTRAÎNEMENT ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT CONTINU 879

convertisseur 1 convertisseur 2
L2
Figure 43-8
Commande d'un moteur shunt avec deux convertisseurs utilisant la méthode du courant de circulation . Linductance
extérieure L comprend l'inductance La de l'induit .

courant d'induit. Malheureusement, dans ces conditions à inverser le courant dans l'induit presque instantané-
le courant d'induit fourni par les convertisseurs devient ment . Il suffit en effet pour inverser le courant I d'une
discontinu . En effet, comme l'inductance L en série légère variation de Idl et Id2-
avec l'induit n'est pas infinie, elle ne parvient plus à À cause de ces avantages, ce système constitue le haut
lisser le courant. Il s'ensuit que le couple et la vitesse de gamme des systèmes d'entraînement des moteurs à
deviennent irréguliers et saccadés et il est difficile de courant continu . C'est également le plus cher, surtout
les commander avec précision . à cause des inductances L1, L1 supplémentaires qui li-
Afin de contourner ce problème, on utilise deux con- mitent la circulation des courants alternatifs, et aussi
vertisseurs qui fonctionnent simultanément au lieu d'un parce que les deux convertisseurs sont souvent alimen-
seul à la fois . Ils sont connectés en antiparallèle aux tés à partir de deux sources c .a . isolées . Un montage
bornes de l'induit (Fig . 43-8) . Lorsqu'un convertisseur typique est composé d'un transformateur triphasé dont
fonctionne en redresseur, l'autre fonctionne en onduleur le primaire est en triangle et les deux secondaires sont
et vice versa . Le courant circulant dans l'induit est la connectés en étoile (Fig . 43-8) . D'autres types de trans-
différence entre les courants circulant dans les deux formateurs et d'agencements sont aussi utilisés pour
convertisseurs . Dans ce montage, les courants circu- optimiser la performance, réduire le coût, améliorer la
lent toujours durant 120° dans les thyristors, même fiabilité, ou limiter les courants de court-circuit .
lorsque le courant d'induit est nul . Noter que les tensions Ed l et Ed 2 sont presque identi-
Comme les deux convertisseurs sont toujours en ser- ques, car les chutes de tension dans L 1 et L2 sont très
vice, le délai pour passer du mode moteur au mode faibles . Noter aussi qu'une légère variation de a1 pro-
générateur et vice versa est très court . On réussit ainsi voque une légère variation de E dl , mais un très grand


880 ÉLECTROTECHNIQUE

changement dans Idl et Id2 . C'est pourquoi les valeurs tionnant en onduleur est donc :
de a l et a2 doivent être commandées non seulement
a2 = 180° - 22,2°
par la vitesse désirée mais aussi par les courants circu-
lant dans les convertisseurs respectifs . • 157,8°

Exemple 43-3 d) La puissance réactive absorbée par le convertisseur


La tension aux bornes de l'induit du moteur illustré 1 est :
à la Fig . 43-8 est de 450 V et le courant dans l'in-
Q1 = P 1 tan a 1
duit est de 1500 A . Le convertisseur 1 fournit un
courant Id ] de 1800 A, tandis que le convertisseur 2 • 810 tan 22,2° = 331 kvar
absorbe un courant 1,12 de 300 A . La tension tripha- Le réseau à c .a. reçoit une puissance P 2 de 135 kW.
sée alimentant les convertisseurs est de 360 V. Cal-
Par conséquent, P2 est négative, de sorte que la puis-
culer : sance réactive absorbée par le convertisseur 2 est :
a) la puissance associée à chaque convertisseur
b) la puissance active tirée du réseau à c .a . Q2 = P2 tan a2
c) les angles d'amorçage des convertisseurs _ (- 135) tan 157,8° = 55 kvar
d) la puissance réactive tirée du réseau, ainsi que le La puissance réactive totale tirée du réseau est donc :
facteur de puissance
e) la puissance absorbée par le moteur Q=Qi+Q2
= 331 + 55 = 386 kvar
Solution
La puissance apparente tirée du réseau est alors :
a) La puissance fournie par le convertisseur 1 est :
+ QI
Pl = Edl Id, = 450 x 1800 S = 1~ P2 = 675 2 +386 2
= 810 kW = 778 kVA
La puissance absorbée par le convertisseur 2 (fonc- Le facteur de puissance de déplacement est :
tionnant en onduleur) est:
P 675
P2 = Ed2 Id2 = 450 x 300 FP =- =
S 778
= 135 kW
• 0,868 = 86,8 %
b) En ce qui concerne le transformateur, les enroule-
ments secondaires 1, 2, 3 fournissent 810 kW, tandis e) La puissance absorbée par le moteur correspond à la
que les secondaires 7, 8, 9 reçoivent 135 kW. Donc, la puissance nette fournie par le réseau, soit :
puissance active tirée du réseau est : Pm =P 1 -P2 =810 kW-135 kW =675 kW
P=P1 -P2 = 810-135
43 .6 Entraînement électronique dans les
= 675 kW quadrants 1 et 2
c) L'angle d'amorçage du convertisseur 1 fonctionnant Jusqu'ici nous avons étudié les systèmes d'entraî-
en redresseur est donnée par : nement fonctionnant dans les quadrants 1 et 4 où la
vitesse est toujours positive, et où seulement le couple
Edl = 1,35 E cos a1 peut changer de sens . Cependant, il existe des charges
450 = 1,35 x 360 cos a 1 qui doivent tourner dans les deux sens mais qui impo-
sent toujours un couple positif . Les ascenseurs et les
d'où ai = 22,2°
grues sont dans cette catégorie car la force de gravité
Les tensions moyennes Ed l et Ed 2 sont nécessairement agit toujours dans le même sens, que la charge monte
égales car les chutes de tension dans Lt et L2 sont né- ou descende . Ces entraînements fonctionnent dans les
gligeables . L' angle d'amorçage du convertisseur 2 fonc- quadrants 1 et 2 .
ENTRAÎNEMENT ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT CONTINU 881

source source
triphasée triphasée
T
A
2 1

3 4

Figure 43-9 Figure 43-10


Monte-charge en train de lever une charge . Monte-charge en train de descendre une charge .

Considérons un monte-charge entraîné par un moteur Exemple 43-4


shunt dont l'excitation est constante (Fig . 43-9) . L'in-
Un entraînement industriel doit produire la carac-
duit est connecté à un convertisseur triphasé en pont .
téristique Couple/% itessc donnée à la Fig
. 43-1 I . Pour
Lorsque la charge monte, le moteur absorbe de la puis-
ce luire . on utilise tin moteur shunt à courant con-
sance et le convertisseur fonctionne nécessairement en
tinu alimenté par deux Convertisseurs branchés en
redresseur. La vitesse de montée dépend de la tension
antiparallèle et lonen uurtnt à tour (le réle .
Ed générée par le convertisseur. Le courant d'induit
Déterminer le mode de fonctionnement (redresseur
dépend du poids de la charge .
ou onduleur) de chaque comertissCur au cours de la
Lorsque la charge descend, le moteur tourne dans le
période d opération de 26 secondes et indiquer la
sens inverse, ce qui change la polarité de E0. Cepen-
polarité de la tension d'induit . Le couple ci la vi-
dant, en descendant, la charge fournit de la puissance
tesse sont considérés comme positifs lorsqu' i Is agis-
au moteur, qui peut donc fonctionner en génératrice .
sent dans le sens horaire .
Afin de renvoyer cette puissance au réseau à c .a ., le
convertisseur doit fonctionner en onduleur. Pour ce Solution
faire, il suffit de retarder l'allumage des gâchettes au On peut décomposer l'analyse d'un entraînement en
delà de 90°, et d'ajuster Ed afin d'obtenir le courant subdivisant les courbes couple/vitesse de façon à faire
d'induit désiré (Fig . 43-10) . ressortir le fonctionnement dans les 4 quadrants . Pour
On peut donc faire monter et descendre une charge at- ce faire, on doit identifier les instants où le couple ou
tirée par la gravité, sans changer les connexions . Ce- la vitesse passent par zéro . Ces instants indiquent la
pendant, lorsque le monte-charge est à vide, il ne peut transition d'un quadrant à un autre . En se référant à la
redescendre seul car l'action de la gravité est insuffi- Fig . 43-11, le couple ou la vitesse passent par zéro à
sante . Dans ce cas, le moteur doit imposer la descente, t = 2, 8, 15, 21 et 25 s .
ce qui nécessite que les connexions du champ ou de
l'induit soient interverties .

43 .7 Fonctionnement dans les 4 quadrants


On peut réaliser un système d'entraînement pouvant
fonctionner dans les 4 quadrants en utilisant un seul
convertisseur . Cependant, on doit alors permuter les
connexions de l'induit ou du champ shunt . Pour éviter
ce problème on utilise plutôt deux convertisseurs con-
nectés en antiparallèle . Dans ce cas, les convertisseurs
fonctionnent à tour de rôle en redresseur ou en onduleur,
ou simultanément, comme on vient de l'expliquer . Les
systèmes d'entraînement illustrés dans les Fig . 43-5 et
43-8 peuvent donc fonctionner dans les 4 quadrants .
Figure 43-11
L'exemple suivant décrit un entraînement industriel Couple et vitesse en fonction du temps d'un entraînement
fonctionnant dans les 4 quadrants . industriel (voir exemple 43-4) .

882 ÉLECTROTECHNIQUE

quadrant 1 4 3 2 dresseur ou onduleur) est imposé par le mode de fonc-


machine moteur générateur moteur gén . tionnement de la machine (moteur ou générateur) .
convertisseur 1 2 2 1
redresseur onduleur redresseur ondu-
Par exemple, durant l'intervalle de 21 s à 25 s, il est
leur évident que la machine fonctionne en génératrice . Par
1200 - conséquent, un des deux convertisseurs fonctionne en
800 - onduleur . Mais lequel? Pour le trouver, on doit exami-
400 - vitesse ner la polarité de la tension d'induit . Comme la vitesse
o
16 18 2 0 est négative, la polarité de E o est négative, comme l'in-
I I I~ I
2 4 6 8•, 10 12 14 ' 22 24 26 s dique la Fig . 43-13b . Comme la machine fonctionne
-400 -
couple
-> temps , en génératrice, le courant d'induit I l sort par la borne
-800 - --------------
positive . Seul le convertisseur 1 peut accepter ce sens
-1200- de courant ; par conséquent, c'est lui qui est en état de
fonctionnement .
Figure 43-12
Identification des quadrants d'opération (exemple 43-4) . Un raisonnement similaire, permet de déterminer le
mode de fonctionnement de chaque convertisseur dans
les 3 autres intervalles . Les résultats sont affichés dans
On trace donc 5 lignes verticales passant à travers ces le tableau 43-1 ; nous encourageons le lecteur à les vé-
points, délimitant 4 intervalles distincts (Fig . 43-12) . rifier .
Ensuite, on détermine le signe (+) (-) du couple et de
TABLEAU 43-1 ANALYSE D'UN ENTRAÎNEMENT
la vitesse durant chaque intervalle, ce qui permet
d'identifier le quadrant de fonctionnement . Par exem- mode de fonctionnement
ple, durant l'intervalle compris entre 2 s et 8 s, le cou- intervalle convertisseur 1 convertisseur 2
ple et la vitesse sont positifs . Il s'ensuit que le moteur
2 s à8 s redresseur bloqué
fonctionne dans le quadrant 1 . Par contre, durant l'in-
tervalle de 21 s à 25 s, la vitesse est négative et le cou- 8 s à 15 s bloqué onduleur
ple est positif, ce qui indique que le système fonctionne 15 s à 21 s bloqué redresseur
dans le quadrant 2 . 21 s à 25 s onduleur bloqué
Connaissant le quadrant de fonctionnement de la ma-
chine on peut dire si elle fonctionne en moteur ou en 43.8 Redresseur en pont avec diode de
génératrice . Enfin, en supposant qu'une vitesse de ro- roue libre
tation positive corresponde à une tension d'induit «po- Lors du démarrage d'un moteur à courant continu, la
sitive» (Fig . 43-13a) on peut déterminer le sens du cou- tension initiale fournie par le redresseur doit être fai-
rant circulant dans l'induit . Le sens de ce courant indi- ble afin de limiter le courant . Par conséquent, l'angle
que alors lequel des deux convertisseurs est en opéra- d'allumage a des thyristors est voisin de 90°, ce qui
tion . Le mode de fonctionnement du convertisseur (re- implique que le facteur de puissance est très faible .

un convertisseur 1 convertisseur 2

Figure 43-13b
Figure 43-13a Courants et tensions durant l'intervalle de 21 s à 25 s. Voir
Polarités lorsque la vitesse est positive . Voir exemple 43-4 . exemple 43-4 .


ENTRAÎNEMENT ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT CONTINU 883

source
triphasée

Figure 43-14
Un redresseur en pont avec diode de roue libre diminue l'appel de puissance réactive aux basses vitesses .

On peut améliorer le facteur de puissance et réduire


1
l'appel de puissance réactive en plaçant une diode D o FP = cos I30 + a ' (43-2)
aux bornes de sortie du redresseur en pont (Fig . 43- 1 2
14) . Cette diode, appelée diode de roue libre, court-
Noter que pour ce type de redresseur, l'angle de retard
circuite la partie négative de la tension apparaissant
à l'amorçage a peut varier de 0° à 120° . Entre 0° et
entre les bornes K et A . Durant cet intervalle, le cou-
60°, il se comporte comme un redresseur convention-
rant dans l'induit continue à circuler car il passe alors
nel et les équations 42-12, 42-13 et 42-14 s'appliquent,
par la diode . Cependant, lorsque la diode conduit, le
soit :
courant dans les trois lignes triphasées est momenta-
nément interrompu . Par conséquent, les formes d'onde Ed = 1,35 E cos a éq . 42-12
des courants l a , Ib le ne sont plus les mêmes que celles FP = cos a éq . 42-13
d'un convertisseur conventionnel .
Q = P tan (x éq . 42-14
Lorsque l'angle d'amorçage a est compris entre 60 et
120 degrés, la tension c .c . Ed développée par ce re- Exemple 43-5
dresseur à diode de roue libre est donnée par l'expres- On doit démarrer un moteur de 100 hp . 240 V dont
sion : le courant nominal d'induit est de 320 A . La résis-
tance de l'induit est de 25 mS2 et la tension de la
Ed = 1,35E(1-cos(120-a)) (43-1) source triphasée est de 184 V . Sachant que le mo-
teur doit développer son couple nominal à rotor blo-

qué, calculer les puissances active et réactive tirées
Ed tension continue à la sortie du redresseur [V] du réseau lorsque le convertisseur fonctionne :
E = tension ligne à ligne du réseau triphasé [V]
a = angle d'amorçage (compris entre 60° et a) en redresseur triphasé conventionnel
120°) [°] b) en redresseur triphasé avec diode de roue libre
1,35 = constante [valeur exacte = 3 J2/,r]
Solution
Le facteur de puissance de déplacement est donné par
a) Afin de produire le couple nominal, le courant d'in-
l'expression :
duit doit être de 320 A . La tension aux bornes de l'in-





884 ÉLECTROTECHNIQUE

ai Q2 03 Q4 Q5 06 Q1
allume allume allume allume allume allume allume

1,414 E
1,225 E

60 120 .,,180 240 300 ,' 360 420 480 540

r r
Figure 43-15
Formes d'onde des tensions et du courant dans la phase 1 lorsque l'induit est bloqué . Le convertisseur en
pont est du type conventionnel et le moteur développe son couple nominal . La valeur moyenne de l'onde de
tension en traits gras est de 8 V (voir exemple 43-5a) .

duit lorsqu'il est bloqué est simplement égale à la chute Noter que la puissance réactive est 31 fois plus grande
de tension R aid . Par conséquent, le convertisseur doit que la puissance active . Par conséquent, le facteur de
produire une tension : puissance est très faible; il est donné par :

Ed =R aid = 320Ax25m2 = 8 V FP = cos a = cos 88,15° éq . 42-13


L'angle d'amorçage requis est donné par : 0,032 = 3,2 %

Ed = 1,35E cos a éq . 42-12 On montre à la Fig . 43-15 la forme d'onde des ten-
8 = 1,35 x 184 cos a sions et du courant dans la phase 1 de ce redresseur
conventionnel . Les tensions et courants des phases 2 et
d'où a = 88,15° 3 sont semblables, sauf qu'ils sont mutuellement dé-
La puissance active débitée par le redresseur est égale phasés de 120° . Le courant circulant dans l'induit a
à celle fournie à l'induit, soit : une valeur constante de 320 A .
b) Lorsque la diode de roue libre est installée aux bor-
P=Ed Id = 8Vx320A
nes du convertisseur (Fig . 43-14), il faut que la tension
= 2560 W = 2,56 kW aux bornes de l'induit soit encore de 8 V L'angle d'al-
La puissance réactive tirée du réseau par le convertis- lumage requis est donné par :
seur est donc : Ed = 1,35 E (1 - cos (120 - a)) éq . 43-1
Q = P tan a éq . 42-14 8 = 1,35 x 184 (1 - cos (120 - a))
= 2,56 tan 88,15 d'où a = 105,4°
= 79,3 kvar






ENTRAÎNEMENT ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT CONTINU 885

ai Q2 Q3 Q4 05 06 Q1
allume allume allume allume allume allume allume

-Q5, 06 06, ai ai, Q2 ' -Q2, 03- --Q3, Q4 Q4, Q5 05, Q6-
6, conduisent conduisent conduisent conduisent conduisent conduisent conduisent
1,414 E ©
1,225 E

E32 ®®®®

. . 9~YAYAYAYAYAYAYÀ
N

60 120 180 240 300 ... 360 420 480 540


.g4

••4
9 ~9 ^96 g1
Kg

• 4444
60° 82,7°
$e 320 A
Od

14,6° a U L Ia

180° 180°

Figure 43-16
Formes d'onde des tensions et du courant dans la phase 1 lorsque la diode de roue libre est installée . La valeur moyenne
de l'onde de tension en traits gras est encore de 8 V (voir exemple 43-5b) .

La puissance active absorbée par l'induit est la même Il s'ensuit que la puissance réactive est :
que précédemment, soit 2,56 kW . Le facteur de puis-
sance est : Q = ~ S ' -P ' = ~20,2 -2,56 2
= 20,0 kvar
a
FP = cos; 30 + ' éq . 43-2 Cet exemple démontre que la diode diminue par un fac-
1 2l teur 4 l'appel de puissance réactive, soit de 79,3 kvar à
105,4 20 kvar.
cos (30 +
1 2 La Fig . 43-16 montre la forme d'onde des tensions et
= 0,127 = 12,7 % du courant Ia dans la phase 1 . Le courant dans l'induit
demeure constant à 320 A . En plus des harmoniques
Par conséquent, la puissance apparente tirée du réseau impairs, les courants circulant dans les lignes tripha-
est : sées contiennent des harmoniques pairs .
Noter que ce convertisseur ne peut pas fonctionner
FP=P comme onduleur lorsque la diode est en circuit .
S
43 .9 Redresseur mixte
2,56
0,127 = Le redresseur en pont mixte est identique au redres-
S
seur avec diode de roue libre, sauf que les trois thyris-
donc s = 20,2 kVA tors reliés à un des côtés de la ligne à c .c . sont rempla-


886 ÉLECTROTECHNIQUE

source
triphasée

Figure 43-17a
Redresseur mixte composé de 3 thyristors, 3 diodes et une diode de roue libre .

05 Q1 Q3 Q5 Q1
allume allume allume allume allume

Do 03 Q5 ai
Q5 Do Qt Do Do
E32 DB D2 D3 D6 D2
© 8
o

F
1,414 E i

Le
Àà
1,225 E

I ®~®® E3 E12

Miw 44 &44444
60 120 180 240 300 ; 360 420 480 540

4& 4 '

140,7°

159,3° 4
20,7°

320 A -
/l

= 229,7° 320 A

Figure 43-17b
Redresseur mixte avec diode de roue libre : formes d'onde des tensions et du courant dans la phase 1 lorsque
l'angle d'allumage est de 159° . La valeur moyenne de l'onde en traits gras égale 0,0435 E .

cés par trois diodes (Fig . 43-17a) . Ce convertisseur a est donnée par l'expression :
des propriétés semblables à celles du convertisseur avec
diode de roue libre, en ce sens qu'il diminue l'appel de Ed = 0,675 E (1 + cos a) (43-3)
puissance réactive lorsque la tension Ed est relative-
ment faible . L'angle d'amorçage peut varier de 60° à dans laquelle les symboles ont la même signification
180° ; la tension continue produite par le convertisseur que précédemment. Le facteur de puissance corres-





ENTRAÎNEMENT ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT CONTINU 88 -

pondant est donné par: On constate que le redresseur mixte diminue encore
davantage la quantité de puissance réactive . Les for-
mes d'ondes des tensions et du courant circulant dans
FP = cos a (43-4)
2 la phase 1 sont montrées à la Fig . 43-17b. Le courant Ia
contient les harmoniques pairs et impairs .
Noter que lorsque l'angle d'amorçage est compris en- Noter que le redresseur mixte ne peut pas fonctionner
tre 0° et 60°, le redresseur mixte se comporte comme comme onduleur.
un redresseur conventionnel . Dans cette plage d'opé-
ration les équations 42-12, 42-13, 42-14 s'appliquent . 43 .10 Hacheurs et machines à c .c .
Nous avons déjà pris connaissance des propriétés fon-
Exemple 43-6 damentales des hacheurs (voir sections 42 .36 à 42 .47,
On se propose de démarrer le moteur de 100 hp, chapitre 42) . Nous présentons maintenant les princi-
240 V de l'exemple 43-5 cri utilisant un convertis- pes généraux régissant leur fonctionnement lorsqu'ils
seur mixte . Le courant nominal d'induit est de sont utilisés pour l'entraînement des moteurs à c .c .
320 _A . La résistance de I induit est de 25 mt2 et la
tension de la source triphasée est de 184 V . Sachant Les hacheurs sont utilisés dans les locomotives, les
que le moteur doit développer son couple nominal à métros et les autobus électriques, et plus généralement
rotor Moqué . calculer l * anggle d an orçage et la puis- partout où l'on a besoin d'un convertisseur pour en-
sance réactive tirer du réseau . traîner une machine à c .c. Nous débutons notre étude
avec un exemple qui permettra de revoir les caractéris-
Solution tiques du hacheur dévolteur.

Lors du démarrage, la tension aux bornes de l'induit Exemple 43-6a


est encore de 8 V. L'angle d'amorçage est donné par : Ln moteur série à c .e . e t alimenté par un hacheur
Ed éq. 43-3 dévolteurcomposé d'un 1G11'I' et d'une diode (le roue
= 0,675 E (1 + cos a)
libre . Le hacheur tirs son énergie d'une source à c .c .
8 = 0,675 x 184 (1 + cos a) de 600 V (Fie . 43-l St, L'in(luctance L du moteur
d'où a = 159,3° est (le 24 mH et le hacheur fonctionne à une fré-
quence de 200 Hz . Sachant que le moteur absorbe
et le facteur de puissance est :
un courant de 200 A, et que la tension continue à
ses bornes est de 120 V, calculer :
FP = cos (a12) éq . 43-4
a) le courant continu tiré de la source de 600 ti'
=cos 159,3 °
= 0,18 = 18 % b) le courant continu circulant dans la diode
2
e) le rapport cyclique du hacheur
Comme la puissance active absorbée par l'induit est d) l'ondulation crête à crête du courant d'induit
encore de 2,56 kW, on obtient la puissance apparente :

FP=P
S
2,56
0,18 =
S
donc s = 14,2 kVA
La puissance réactive est alors :

Q = V S 2 -P 2 = 1 14,2 2 - 2,56 2
Figure 43-18
= 14,0 kvar Hacheur dévolteur : circuit de l'exemple 43-6a .






888 ÉLECTROTECHNIQUE

Solution
a) Puissance continue fournie à l'induit :
rt ----
Pd = 120 V x 200 A = 24000W
t-

I I

La puissance fournie par la source est donc de 24 kW . i i IL moyen


190 A
Courant continu tiré de la source : 1 i 1

Ta F Tb
I Pd = 24 000 W
= 40 A i 4ms i
ms i1 4ms
ms
H
ms I
= EH 600 V 1

b) En se référant à la Fig . 43-18, le courant continu


Figure 43-19a
circulant dans la diode est : Forme d'onde du courant I L dans l'induit . Voir exemple 43-6 .
ID = IL - IH = 200 - 40
= 160 A
c) Le rapport cyclique D est donné par :
190 A

Eo =EL =DEH I,

120 = D x 600
donc D = 0,2
40 A
Période T d'un cycle :
ms
1 =1200 =5ms
4ms 4ms 1 ms
T= Figure 43-19b
fc Forme d'onde du courant I H fourni par la source .

Il s'ensuit que le IGBT conduit durant un intervalle : 210 A


Ta = DT= 0,2 x 5ms = 1 ms 190 A
Par conséquent, la diode de roue libre conduit durant :
Tb=(5ms-1ras) =4ms
d) Tension aux bornes de l'inductance pendant l'inter- ID instantané ID moyen
valle Ta :
eL = EH - EL = 600 - 120
= 480 V 4ms 1 ms 4ms 1 ms
Pendant cet intervalle, l'inductance accumule des volts- Figure 43-19c
secondes, soit : Forme d'onde du courant I D dans la diode .
A( +) = 480 V x 1 ms = 480 mV .s
On peut donc écrire : valeurs moyennes des courants respectifs sont indiquées
par des traits pointillés . Par exemple, la valeur moyenne
- A(+) = 480 V-s
= 20 A éq. 19-10 du courant IH est de 40 A mais ce courant fluctue con-
L 0,024 H tinuellement del 90 A à 210 A et zéro .
L'ondulation crête à crête du courant d'induit est donc 43.11 Application des hacheurs aux
de 20 A . Par conséquent, le courant dans l'induit fluc- systèmes de traction
tue entre (200 + 10) = 210 A et (200 - 10) = 190 A . Les trains et les autobus électriques ont été conçus à
Les formes d'ondes de IL, IH et de ID sont montrées l'origine pour fonctionner à courant continu, principa-
aux Fig . 43-19a à 43-19c . Remarquer les impulsions lement à cause des propriétés particulières du moteur
de courant IH très brusques fournies par la source . Les série . De nos jours, on modifie ces véhicules afin de
ENTRAÎNEMENT ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT CONTINU 889

profiter des avantages offerts par les semi-conducteurs


de puissance comme les IGBT, les GTO et les thyris-
tors . Les suspensions caténaires existantes continuent
à fonctionner à c .c . et, dans plusieurs cas, les moteurs
série sont encore utilisés . Pour modifier ces systèmes
de traction, on a recours à des hacheurs électroniques
de grande puissance . Ces hacheurs sont installés sur le
véhicule même où ils peuvent alimenter des moteurs
de plusieurs centaines de kilowatts . Afin de mieux ap-
précier la supériorité des nouveaux systèmes de trac-
tion, commençons par revoir brièvement les défauts
inhérents à l'ancienne méthode d'alimentation . En voici Figure 43-20
un exemple . Moteur série d'un autobus alimenté par un hacheur dévolteur .
Un train comportant deux moteurs à courant continu
est démarré en raccordant les deux moteurs en série
avec une résistance extérieure . Au fur et à mesure que
le train accélère, la résistance est mise en court-circuit . Lorsque le moteur démarre, la tension EL requise est
Les moteurs sont ensuite mis en parallèle, et l'ensem- très faible ; par conséquent, le rapport cyclique D doit
ble est raccordé en série avec une deuxième résistance . être très petit. Par contre, lorsque le moteur fonctionne
Enfin, cette dernière résistance est mise en court-cir- en régime normal, la valeur de D peut s'approcher de
cuit lorsque le train a atteint son régime permanent . 1 . Étant donné que D = TaIT = fc Ta , où fc est la fré-
Lors de la période d'accélération, l'action des com- quence de découpage du hacheur, on constate que l'on
mutateurs mécaniques court-circuitant la résistance de peut faire varier D en modifiant Ta ou fc, ou bien les
démarrage produit des petits à-coups qui se répètent deux .
lors de la décélération . En plus de gêner le confort des Par exemple, au début du démarrage, Ta est maintenu à
passagers, ces secousses produisent un glissement sur sa valeur minimale, disons de 20 µs, et on augmente
les rails qui nuit à l'efficacité de la traction . graduellement la fréquence fc de 50 Hz à 500 Hz . Par
Le hacheur électronique élimine ces problèmes car il conséquent, D augmente d'une valeur minimale de
permet en tout temps un fonctionnement doux et con- fc Ta = (50 Hz x 20 µs) = 0,001 pour atteindre D =
tinu . Nous étudions maintenant quelques hacheurs sim- (500 Hz x = 20 µs) = 0,01 . Cela veut dire que l'on peut
ples adaptés à l'alimentation des moteurs série à cou- faire varier la tension appliquée au moteur au départ
rant continu. entre des valeurs aussi faibles que un millième de la
La Fig . 43-20 montre l'induit et le champ série d'un tension de la caténaire, et un centième de celle-ci .
moteur à c .c . connectés aux bornes d'un hacheur Ensuite, afin d'augmenter EL davantage, on maintient
dévolteur. La tension E S de la source est recueillie sur la fréquence constante à 500 Hz et on fait croître le
deux fils d'une suspension caténaire . L'inductance L l temps Ta . Par exemple, en augmentant Ta de 20 µs à
et le condensateur C l agissent comme filtre pour évi- 1600 µs, on peut atteindre une tension E L de :
ter que les fortes impulsions du courant IH ne viennent
perturber la tension de la ligne d'alimentation . Le rôle EL = DEH éq . 42-20
du condensateur C l est de fournir ces impulsions de
courant . L'inductance L l permet de garder l'ondula- = Ta EH = fcTaEH éq. 42-18
tion du courant I dans la ligne à une valeur acceptable . T

En ce qui concerne le moteur, l'inductance totale L de = 500 x 1600 x 10 6 EH


l'induit et du champ série suffit à stocker l'énergie re- = 0,8EH
quise durant un cycle du hacheur . Par conséquent,
aucune inductance additionnelle n'est requise . La ré- soit 80 % de la tension de la caténaire .
sistance R correspond à la somme de la résistance de La fréquence et le rapport cyclique choisis dépendent
l'induit et du champ série . des caractéristiques des semi-conducteurs utilisés .





890 ÉLECTROTECHNIQUE

/d = 61,7 A
Exemple 43-7 E 12 =324V

Un autocar alimenté par une caténaire de 720 V est Ld


propulsé par un moteur série à c .c . de 150 hp, 600 V,
1500 r/min (Fig . 43-21a) . Le courant nominal du /41 À Q À
'2 _ YY 1-
v
moteur est de 200 A et la résistance totale R de l'in- edresseur A
4
C 150 m4
240 V E2=324V
duit et du champ série est de 0,1 12 . 3-ph 500µF
80 A
Eo =238V
Un hacheur dont la fréquence varie de 50 Hz à l a )( Q4 A
ECB = 250 V
)(C2 *

1600 Hz commande le couple et la vitesse du mo-


teur . Sachant que le temps de conduction Ta du
2
hacheur est fixé à 0,6 ms, calculer :
Figure 43-21a
a) la fréquence du hacheur et le courant I tiré de la
Voir exemple 43-7 .
caténaire lorsque le moteur est à l'arrêt . tout en ti-
rant un courant de démarrage de 240 A
b) la forme d'onde du courant I H à l'entrée du
b) La forme d'onde de IH est montrée à la Fig . 43-21b .
hacheur
On constate que le courant circule durant 0,6 ms et
c) la valeur du condensateur C H afin que l'ondula- demeure à zéro pendant 17,4 ms .
tion de EH ne dépasse pas 40 V . crête à crête
c) Supposons que la tension aux bornes du condensa-
Solution teur soit de 740 V à l'instant où le courant I H com-
a) En se référant à la Fig . 43-21 a, la chute RIL dans mence à circuler . Comme on permet une diminution
l'induit est: AEH de 40 V durant l'intervalle At où IH circule, et que
I, = 240 A - 8 = 232 A, on peut écrire :
RIL = 0,1 x 240 = 24 V

Comme le moteur est à l'arrêt, la f .c.é .m . El, est nulle ; AEH


le = CH éq . 21-6
par conséquent, EL = 24 V et EH = 720 V. Le rapport At
cyclique est donnée par:
40
EL = DEH éq . 42-20 soit 232 = CH
0,0006
24 = D x 720
d'où D = 0,0333 d'où CH = 3480 µF

T
Comme
D = a = fcTa T=Ta +Tb IH
éq . 42-18
T 18 ms
-L -240A
Ta = 0,6 ms = 0,6 ms
on obtient T = 18 ms Ta
D 0,0333
1000
d'où fc = 1 = = 55,55 Hz
Figure 43-21 b
T 18 Impulsions du courant lH tiré de la source de 720 V lorsque
le moteur est arrêté . Voir exemple 43-7 .
Le courant moyen tiré de la caténaire est :
740 V
P 24 V x 240 A
I = IH = _ 700 V
EH 720 V E H instantané i

d'où I = 8 A 0,6 ms- - H 17,4 ms

Noter que lors du démarrage, le courant tiré de la caté-


naire (8 A) est très faible comparativement à celui cir- Figure 43-21c
culant dans le moteur (240 A) . Ondulation de la tension EH . Voir exemple 43-7 .




ENTRAÎNEMENT ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT CONTINU 891

Exemple 43-8 43.12 Entraînement d'un moteur shunt


En se référant au montage décrit à l'exemple 43-7, utilisant un convertisseur c .c . - c .c .
calculer les valeurs de la fréquence du hacheur et du Dans la section 42 .47 nous avions étudié les propriétés
courant tiré de la caténaire lorsque le moteur fonc- générales du convertisseur continu-continu à 4 qua-
tionne à sa puissance et sa vitesse nominales . Négli- drants . Ce type de convertisseur est parfaitement adapté
ger l'ondulation des tensions . aux entraînements des moteurs à courant continu . Con-
sidérons la Fig . 43-23 où une tension triphasée est con-
Solution vertie en tension continue au moyen d'un redresseur à
En régime normal, la tension aux bornes du moteur est
de 600 V (Fig . 43-22a) ; on a donc :

EL = D EH = Ex fc Ta éq. 42-18

600 = 720 f c x 0,6 x 10 3


d'où f c = 1389 Hz
redres-
1 = 1 seur

et T = = 0,00072 s 240 V
fc 1429 3-ph

= 0,72 ms (Fig . 43-22b)

Courant tiré de la caténaire : 2

I_ P _ 600 V x 200 A Figure 43-23


Moteur commandé par un convertisseur continu-continu à 4
Eç 720 V quadrants .
= 167 A

caténaire
diodes à 6 pulsations . La sortie du redresseur est rac-
cordée à un convertisseur à 4 quadrants à travers un
filtre Ld , C. Le convertisseur est composé des IGBT
QI, Q2, Q3, Q4 et de leurs diodes associées . Les bor-
nes de sortie A et B du convertisseur sont connectées à
l'induit d'un moteur à c .c . Le circuit de l'induit com-
prend sa résistance Ra , son inductance L a et la f.c .é .m.
E0 . Le champ shunt est excité par une source séparée
(non montrée) .
Figure 43-22a Pour une charge motrice donnée et à cause de la pré-
Conditions lorsque le moteur fonctionne à vitesse et couple
sence de Ld, on peut considérer que le courant continu
nominaux . Voir exemple 43-8 .
Id fourni par le redresseur est constant .
.~ IH Afin d'analyser le comportement du système, on pour-
0,72 msIF
1- 200 A rait utiliser des équations symboliques, mais une pré-
sentation généralisée et strictement algébrique risque
0,6 F
ms d'être aride . Nous utiliserons plutôt deux exemples nu-
mériques . Le premier dévoile le comportement du sys-
-HI 4- 0,12 ms tème lorsque le moteur fonctionne à pleine charge . Le
Figure 43-22b deuxième examine le comportement lorsque le moteur
Courant IH à l'entrée du hacheur . Voir exemple 43-8. subit un freinage dynamique .



892 ÉLECTROTECHNIQUE

2
Figure 43-24a
Voir exemple 43-9 .

Exemple 43-9 Ed = 1,35 E éq . 42-6


Un moteur à c .c . de 25 hp, 250 V, 900 r/min est rac- =1,35x240V
cordé à un convertisseur continu-continu à quatre
= 324 V
quadrants fonctionnant à une fréquencefc de 2 kHz .
Le convertisseur est alimenté par un redresseur tou- Cette tension apparaît aussi entre les bornes 1 et 2 à
tes diodes à 6 pulsations, branché à une source tri- l'entrée du convertisseur car la chute de tension conti-
phasée (le 240 V, 60 Hz (Fig . 43-24a nue dans Ld est nulle .
Une inductance de lissage L d agit comme filtre à la Afin de générer la tension nominale de 250 V aux bor-
sortie du redresseur. Le condensateur de 500 pF sert nes A, B de l'induit (Fig . 43-24a), le rapport cyclique
à la fois comme deuxième filtre mais surtout pour D doit être ajusté selon la formule :
maintenir une tension «rigide» à l'entrée du conver-
ELL = EH (2D - 1) éq. 42-26
tisseur.
La résistance R, de l'induit et son inductance L, ont soit 250 = 324 (2D - 1)
respectivement des valeurs de 150 mQ2 et 4 mH . Le d'où D = 0,886
courant d'induit nominal est de 80 A . Nous dési-
b) Puisque le moteur fonctionne à pleine charge, l'in-
rons connaître :
duit tire le courant nominal, soit 80 A .
la valeur (lu rapport cyclique afin que la tension La puissance fournie au moteur est :
nominale de 250 V soit appliquée au moteur
P=250V X80A=20000W
b) la valeur du courent 1,1 fourni par le redresseur
triphasé En négligeant les pertes dans le convertisseur, et en se
c) les périodes de conduction des quatre valves rappelant que la tension du redresseur triphasé est de
324 V, il s'ensuit que Id est donné par :
d) les formes d'ondes ainsi que l'ondulation crête à
crête de la tension E 12 aux bornes du condensa- 324 Id = 20 000
teur et du courant I, dans l'induit soit Id = 61,7 A
Solution Ce courant demeure constant parce que la charge du
a) Le redresseur triphasé produit entre les bornes 3 et 2 moteur ne varie pas et que l'inductance L d supprime
une tension Ed donnée par: les fluctuations .





ENTRAÎNEMENT ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT CONTINU 893

La chute de tension dans la résistance de l'induit est : Après cette étape, les valves Q1 et Q4 s'ouvrent pen-
R aIa =0,15S2x80A=12V dant 57 µs . Bien que Q2 et Q3 soient alors fermées
(Fig . 43-24c), elles ne peuvent pas porter le courant de
La f.c .é.m. à 900 r/min est donc : l'induit car il circule dans le sens opposé à celui per-
Eo =250-12=238 V mis par ces valves . Toutefois, à cause de l'inductance
c) La fréquence du convertisseur est de 2 kHz ; la pé- de 4 mH, le courant d'induit continuera à circuler . En
riode d'un cycle est donc : effet, celle-ci s'oppose à tout changement brusque du
courant Ia en développant une tension appropriée entre
T= llf, = 1/2000 = 5 x 10-6 s = 500 µs
ses bornes . Cette tension développée par l'inductance
Les périodes de conduction Ta et de non-conduction Tb a pour effet de polariser instantanément les diodes D2
de QI et Q4 sont : et D3 dans le sens passant dès que QI et Q4 s'ouvrent .
Ta = DT = 0,886 x 500µs = 443 gs Par conséquent, le courant I a circulera pendant 57 ts
Tb=500-443=57µs en passant par les diodes D2 et D3 . Le courant I i (= Ia)
se dirige maintenant vers la borne 1, soit l'inverse de
Les périodes de conduction et de non-conduction de sa direction dans la Fig . 43-24b .
Q2 et Q3 sont l'inverse de celles de QI et Q4 .
Comme le courant Id provenant du redresseur triphasé
d) Lorsque Q1 et Q4 conduisent, le courant d'induit Ia demeure inchangé, le courant 1 2 dans le condensateur a
suit le chemin montré à la Fig . 43-24b . Cette condition une valeur de (80 + 61,7) = 141,7 A . Ce courant élevé
se maintient pendant 443 .is et le courant I1 (= I, = charge le condensateur et l'augmentation AE de la ten-
80 A) circule dans le sens indiqué . sion est donnée par :
Toutefois, comme le redresseur ne fournit que 61,7 A,
il faut que la différence (80 - 61,7) = 18,3 A soit four- At
AE = I éq . 21-6
nie par le condensateur. Donc, celui-ci se décharge, ce C
qui provoque une diminution de la tension à ses bor-
nes . La chute AE durant cet intervalle est donnée par : 141,7x57x10 6

At
500 x le
AE = I éq. 21-6 = 16V
C
Comme prévu, on trouve que l'augmentation de E12
18,3 x 443 x10 6
durant l'intervalle de 57 ps est exactement égale à la
500 x 10' diminution durant l'intervalle de 443 µs . L'ondulation
=16V crête à crête de E12 est donc de 16 V. Par conséquent, la

Id=61,7A Il
=80A EAC - 324 - 250 - 74 V
ECB = + 250 V
Ld

12 4 4
18,3 A mH C mH C 150
mS2 +
238 V

C
500 µF ~
Ia =80A
(443 µs)
80 A--------------------------
r
2

Figure 43-24b Figure 43-24c


Circuit lorsque Q1 et Q4 conduisent pendant 443 µs . Pendant Circuit lorsque D2 et D3 conduisent pendant 57 µs . Pendant
ce temps, le courant Ia croît et EAC = 74 V. ce temps, le courant I a décroît et EAC = -574 V .





894 ÉLECTROTECHNIQUE

tension entre les points 1 et 2 fluctue entre (324 + 8) = La Fig . 43-24d montre les formes d'onde des courants
332 V et (324 - 8) = 316 V. Cette faible fluctuation de Ia et Il et des tensions EAB et E12 .
2,5 % n'affecte pas le bon fonctionnement du moteur .
Signalons le rôle crucial du condensateur dans le cir- B = 250 V
Ea$
cuit . S'il n'était pas présent, la circulation normale de ,`
+324 V
fa serait empêchée durant les intervalles de 57 ts et - 1- ---1
443 µs .
Calculons maintenant la tension EAC aux bornes de l'in- Eab
ductance La . En se référant à la Fig . 43-24b, on peut la
443 ps
calculer en appliquant la loi de Kirchhoff à la boucle
A-C-B-2-1-A : -324 V

EAC +EcB +EB2 +E21 +E1A =0 57ps


EAc + 250 + 0 - 324 + 0 = 0
donc EAc = 74 V 84 A
80 A
Comme cette tension subsiste pendant 443 µs, l'induc- 76 A
tance accumule les volts-secondes :
74 V x 443µs = 32 782 ltV .s
L'augmentation du courant dans l'induit est donc :

= 32 782 x 1e
AIa = A éq19-10
La 0,004
84 A
= 8,2 A, disons 8 A 76 A

Considérons maintenant la Fig . 43-24c . La tension EAC


Il
aux bornes de l'inductance est obtenue en parcourant
la boucle A-C-B-1-2-A :
EAC +ECB +EB1 +E 12 +E2A =0
EAc + 250 + 0 + 324 + 0 = 0
donc EAc = - 574 V
-76 A
Cette tension élevée est provoquée par la décroissance -84 A
très rapide du courant circulant dans l'induit . La dé-
croissance durant cet intervalle de 57 µs est donnée
par : 332 V
316 V
AIa - A - (- 574) x 57 x 10-6
éq . 19-10
E12
La 0,004
_ - 8,18 A, disons - 8 A
On constate que, comme prévu, la décroissance est
exactement égale à la croissance durant l'intervalle pré- -w temps
cédent de 443 µs . Par conséquent, le courant Ia
Figure 43-24d
dans l'induit fluctue entre Ia = ( 80 + 4) = 84 A et Formes d'onde des tensions et courants dans l'exemple
Ia = ( 80 - 4) = 76 A 43-9 .

ENTRAÎNEMENT ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT CONTINU 895

Exemple 43-10 Quelle est la valeur de la tension EH entre les bornes 1


Examinons maintenant le freinage dynamique du et 2 du convertisseur? Nous raisonnons comme suit :
moteur de l'exemple précédent . On suppose que (i) À cause de l'inertie, la vitesse demeurera essen-
l'inertie du moteur et de sa charge est appréciable, tiellement constante à 900 r/min durant au moins
de sorte qu'il continue à tourner à 900 r/min pen- une centaine de cycles de la fréquence f, du con-
dant une fraction de seconde après que le freinage vertisseur.
soit appliqué . (ii) La puissance débitée par le générateur est néces-
Lors du freinage, le système de commande coupe la sairement égale à celle absorbée par la résistance
connexion entre le convertisseur et le redresseur tri- de freinage de 20 S2 . On peut donc écrire :
phasé et branche aussitôt une résistance de freinage 2
R F de 20 S2 entre les bornes 1 et 2 (Fig . 43-25) . 2
P = 229 V x 60 A = Ei
En supposant qu'un couple de freinage de 0,75 p .u . 20 Q
soit suffisant, le courant dans l'induit doit être li- d'où E 12 = 524 V
mité à 0,75 x 80 A = 60 A . La fréquence du conver-
tisseur demeure inchangée à 2 kHz . Nous désirons Cette tension est beaucoup plus grande que la tension
connaître : précédente de 324 V. Elle risque de dépasser les ten-
sions admissibles des valves à l'intérieur du convertis-
a) la tension moyenne aux bornes de la résistance
seur. On constate que plus la résistance R F de freinage
de freinage
est élevée, plus la tension E12 sera grande .
b j la valeur du rapport cyclique requis et les pério-
Le courant moyen dans la résistance est :
des (le conduction des quatre valves
IR = 524 V/20 Q = 26,2 A, disons 26 A
c) l'ondulation crête à crête de la tension E1_ aux
b) Connaissant les tensions à l'entrée et à la sortie du
bornes de la résistance de freinage
convertisseur, on peut calculer le rapport cyclique re-
Solution quis :
a) Étant donné que le moteur tourne à 900 r/min lors- ELL = EH(2D -1) éq . 42-26
que le freinage est appliqué, la tension Eo demeure à soit 229 = 524 (2D - 1)
238 V. Cependant, le moteur doit maintenant fonction-
d'où D = 0,72
ner comme générateur . Par conséquent, le courant de
60 A doit sortir par la borne (+), comme le montre la Les intervalles de conduction et de non-conduction des
Fig . 43-25 . valves Q2 et Q3 sont donc :
La chute de tension aux bornes de la résistance de l'in- Ta = DT = 0,72 x 500 i s = 360 µs
duit est 0,15 S2 x 60 A = 9 V
Tb = 500 - 360 = 140 .s
La tension continue entre les bornes A et B est donc
(238 - 9) = 229 V. Cela correspond à la valeur moyenne c) Lorsque Q2 et Q3 conduisent, le courant dans l'in-
de la tension ELL du convertisseur. duit suit le chemin indiqué à la Fig . 43-26 . Cela se fait
durant 140 µs ; pendant ce temps le courant I l (= 60 A)
sort de la borne 1 . Comme le courant dans la résis-
E tance est encore 26 A, il s'ensuit que le condensateur
doit fournir pendant cet intervalle un courant de
(60 + 26) = 86 A . Le condensateur se décharge et la
tension à ses bornes diminue de :
20 S2
RF
At
AE = I éq . 21-6
C
86 x 140 x 10 -6
2
Figure 43-25 500 x 10-6
Freinage dynamique . Voir exemple 43-10 . = 24 V



896 ÉLECTROTECHNIQUE

1 Il en faisant varier la valeur de D durant le freinage, il est


possible de maintenir le courant de freinage à 60 A pres-
IR 60 A
que jusqu'à l'arrêt du moteur . En utilisant un système
26 A 1 86 A 4 150 +
mH C mit r 03 de commande approprié, on peut faire varier D auto-
20 Q2 matiquement .
RF c'
B
500 - 60 A 238 V 43.13 Introduction aux moteurs sans balais
µF (140 µs)
;Q2 Il existe des systèmes d'entraînement électroniques qui
utilisent des moteurs à c .c . dont la construction est bien
différente de celle des machines à courant continu con-
Figure 43-26 ventionnelles . Dans ces moteurs, le collecteur est rem-
Durant 140 µs, le courant d'induit passe par 02 et Q3 .
placé par un convertisseur électronique, semblable au
convertisseur en pont que nous avons déjà étudié . Le
Ensuite, lorsque Q2 et Q3 s'ouvrent et que Q1, Q4 se moteur à c .c . qui en résulte a plutôt l'apparence d'une
ferment, le courant est obligé de passer par les diodes machine à courant alternatif. Nous examinons mainte-
D 1 et D4 (Fig . 43-27) . Pendant cette période de 360 µs, nant la nature de ces machines à courant continu «sans
un courant de (60 - 26) = 34 A vient charger le con- balais» («brushless de motor») .
densateur . Il en résulte une augmentation AE de la ten- Considérons un moteur bipolaire à c .c . dont l'induit
sion E12 : contient 3 bobines indépendantes A, B, C espacées les
unes des autres de 120° (Fig . 43-28) . Les extrémités de
= IOt chaque bobine sont raccordées aux lames diamétrale-
DE éq.21-6
C ment opposées d'un collecteur à 6 lames . Deux balais
étroits sont branchés à une source de courant, qui, par
34 x 360 x l0 6
définition, fournit un courant constant . Un aimant per-
500 x le manent N, S crée le champ magnétique .
= 24 V Lorsque l'induit occupe la position montrée sur la fi-
gure, le courant circule dans la bobine A et le couple
Ainsi, l'augmentation de la tension durant l'intervalle
résultant fait tourner l'induit dans le sens ami-horaire .
de 360 µs est exactement égale à la diminution pen-
En tournant, le contact avec la bobine A est interrompu,
dant les 140 µs du reste du cycle de commutation . La
mais il s'établit aussitôt un contact avec la bobine C
tension E12 aux bornes du condensateur et de la résis-
qui suit. Les conducteurs situés en regard du pôle N
tance RF fluctue donc entre (524 + 12) = 536 V et (524
portent donc toujours un courant qui entre dans la page,
-12)=512V.
alors que ceux situés en regard du pôle S portent un
L'énergie dissipée dans la résistance de freinage pro- courant dirigé vers le lecteur . Le couple du moteur est
voque une diminution progressive de la vitesse du mo- donc constant ; il est donné par l'expression :
teur et de la tension entre les bornes B et C . Cependant,
T = kIB (43-5)

IR T = couple du moteur [N .m]
D1 1 = courant dans les conducteurs [A]
26 A A 4 150 B = densité de flux du champ magnétique [T]
C mO2
20 Q2 k = constante qui dépend du nombre de spires
RF

500 < par bobine et des dimensions de la machine
60 A 238 V
µF D4
60 A (360 µs) ~ 04 Le courant I et la densité de flux B étant constants, il
s'ensuit que le couple est constant, quelle que soit la
2 vitesse de rotation . On peut toutefois faire varier le
Figure 43-27 couple exercé par le moteur en changeant le courant I .
Durant 360 µs, le courant d'induit passe par D1 et D4 .


ENTRAÎNEMENT ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT CONTINU 897

rotation trée à la Fig . 43-30. Chaque bobine est raccordée à deux


bagues qui sont branchées à 4 interrupteurs stationnai-
res par l'entremise de deux balais . Les interrupteurs
sont connectés à la source de courant .

1 •- 180° -H
Il
1-1
60°

Figure 43-28
Moteur à courant continu spécial alimenté par une source de
courant .
r3

Comme chaque lame a une largeur de 60°, il s'ensuit


que le courant circulant dans les bobines est composé
d'impulsions dont la largeur est de 60° . De plus, le cou-
rant porté par une bobine change de sens chaque fois 0 60 120 180 240 300 360
0 60 120 180 240
que celle-ci complète un demi-tour.
Figure 43-29
La Fig . 43-29 montre que les courants alternatifs cir- Forme d'onde des courants circulant dans les enroulements
culant dans les trois bobines sont mutuellement dépha- de l'induit . Les courants sont alternatifs et déphasés de 120° .
sés de 120° . Par conséquent, l'induit se comporte
comme s'il était alimenté par une source triphasée . La
seule différence est la forme rectangulaire plutôt que bobine bobine bobine
A B C
sinusoïdale du courant . Au fond, le collecteur agit
comme un commutateur mécanique transformant le
courant continu de la source en courant alternatif dans
les bobines . La fréquence est donnée par :

n
f = (43-6)
60
où n est la vitesse de rotation en tours par minute . La
fréquence du courant est imposée par la vitesse ; plus la 11 13 15 17
machine tourne vite, plus la fréquence augmente . C'est
dire que le collecteur «génère» en tout temps une fré-
quence qui provoque l'apparition d'un couple . 14 12 18 16
/1J`
source de
43 .14 Remplacement du collecteur courant
Sachant que le collecteur est simplement un dispositif
Figure 43-30
qui provoque la circulation d'un courant alternatif dans
On peut remplacer le collecteur par un groupe de contacts
les bobines, on peut imaginer d'autres méthodes réali- stationnaires raccordés aux bobines par l'entremise de
sant la même fonction . Une de ces méthodes est mon- bagues et de balais .

898 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 43-31
Circuit montrant la façon de permuter le courant dans la
bobine A .

Figure 43-32
Linduit de la Fig . 43-30 est devenu stator tandis que les pôles
Les interrupteurs ouvrent et ferment leurs contacts en N, S sont montés sur le rotor. Les valves électroniques
synchronisme avec la position de la bobine . Ainsi, les remplacent les interrupteurs électromécaniques .
contacts 7 et 8 sont fermés durant l'intervalle de 60°
où le côté 1 de la bobine A se trouve devant le pôle N
(Fig . 43-31) . Ensuite, les contacts s'ouvrent pendant 2) Si on déplace les balais contre la direction de rota-
120°, après quoi les contacts 9 et 10 se ferment pen- tion (Fig . 43-28) le courant circulera plus tôt dans
dant 60° . Les bobines B et C sont alimentées de la même les bobines . Il sera donc en avance sur la tension
manière (Fig . 43-30), mais à des moments différents . alternative induite dans chaque bobine . On obtient
On constate que l'ensemble des interrupteurs agit exactement le même effet en avançant l'angle
comme un onduleur, en ce sens qu'il convertit le cou- d'amorçage dans les valves . Dans ces conditions, la
rant continu en courant alternatif. machine fournit de la puissance réactive aux grou-
Cet arrangement est plus complexe qu'un collecteur, pes de valves, en même temps qu'elle en soutire de
bien qu'il produise exactement le même résultat . Ce- la puissance active .
pendant, on peut simplifier le montage en utilisant un 3) Si on déplace les balais de 180°, le courant dans
induit stationnaire et un champ N, S qui tourne . On chaque bobine circule dans le sens opposé à celui
élimine du même coup les 6 bagues . Enfin, on rem- montré à la Fig . 43-28 . Cependant, la tension in-
place chaque interrupteur par une valve électronique, duite dans les bobines dépend seulement de leur
tel un IGBT (Fig . 43-32) . Les 12 valves sont amorcées position et de la vitesse de rotation . Par conséquent,
successivement par des impulsions qui sont synchro- la machine devient une génératrice, renvoyant de
nisées avec la position instantanée du rotor. l'énergie à la source de courant . On obtient le même
La machine de la Fig . 43-32 diffère tellement de celle résultat en allumant les valves 180° plus tard . Le
de la Fig . 43-28 que l'on peut difficilement imaginer groupe de valves agit alors comme redresseur .
qu'elles possèdent les mêmes caractéristiques . Et pour-
43.15 Moteur synchrone fonctionnant en
tant elles sont identiques . Par exemple : machine à c .c .
1) Si l'on augmente le courant dans l'induit, ou le flux Le stator et le rotor du moteur de la Fig . 43-32 sont
provenant des pôles, le couple augmente, de même semblables à ceux d'un moteur synchrone . Néanmoins,
que la vitesse . le moteur fonctionne comme une machine à c .c . dont
ENTRAÎNEMENT ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT CONTINU 899

F- vitesse désirée
unité de commande
seuils et d'allumage vitesse, courant, tension,
limites position du rotor, etc., réels

Figure 43-33 Figure 43-34


Moteur à courant continu sans balais alimenté par une source Ce moteur à c .c . est équivalent au montage de la Fig . 43-33 .
de courant .

le collecteur et les balais sont remplacés par les valves ce cas, le signal d'entrée de l'unité de commande ne
à semi-conducteurs . Les courants i,, i z, i 3 circulent du- dépendrait plus de la position du rotor, ni de sa vitesse .
rant des intervalles de 60° . En pratique, on double la Comme tout moteur synchrone branché sur un réseau
période de conduction à 120° en raccordant les enrou- triphasé, il tournerait à une vitesse constante imposée
lements en étoile et en les alimentant avec un «collec- par la fréquence des impulsions de gâchettes . Il déve-
teur» qui est essentiellement un onduleur triphasé en lopperait un couple maximal égal au couple de décro-
pont (Fig . 43-33) . On constate que cela diminue de chage . Il serait, de plus, sujet aux oscillations et à l'ins-
moitié le nombre de valves requises . tabilité .
Il est intéressant de constater que l'on pourrait rem- Par contre, le moteur synchrone autopiloté ne peut ja-
placer ce système d'entraînement par le moteur à c .c . mais décrocher ; lorsque le couple résistant augmente,
de la Fig . 43-34 . Les enroulements sont raccordés en sa vitesse diminue simplement . L'unité de commande
étoile et les 3 extrémités sont soudées à un collecteur à peut ramener la vitesse à sa valeur originale en aug-
3 lames . Les tensions et les courants sont identiques mentant le courant fourni au stator.
dans les deux figures* .
Il est maintenant clair que le comportement de la ma-
Noter que dans la Fig . 43-33, l'amorçage des gâchettes chine comme moteur synchrone conventionnel ou
dépend toujours de la position du rotor. Pour cette rai- comme moteur synchrone autopiloté dépend de la
son on dit que le moteur synchrone est autopiloté. manière dont les gâchettes sont amorcées . Si la fré-
quence d'amorçage est constante, la machine se com-
43 .16 Distinction entre un moteur
porte comme un moteur synchrone conventionnel . Par
synchrone et un moteur synchrone
autopiloté contre, si la fréquence des impulsions est asservie à la
position du rotor, la machine (et son convertisseur) se
La machine de la Fig . 43-33 fonctionnerait comme un
comportent comme un moteur à c .c . sans balais** .
moteur synchrone conventionnel si on appliquait aux
gâchettes des impulsions de fréquence constante . Dans
"" Le lecteur qui connaît la théorie de la rétroaction consta-
tera que la distinction fondamentale entre les deux machi-
Dans la mesure où l'on néglige la self-inductance des bo- nes est que l'une fonctionne en boucle ouverte alors que
bines . l'autre fonctionne en boucle fermée .

900 ÉLECTROTECHNIQUE

43 .17 Application d'un moteur à c .c . sans qu'elles sont alimentées . Il en résulte deux pôles sud
balais conséquents (S e) . Les mêmes remarques s'appliquent
La Fig . 43-35 montre une application pratique du mo- aux bobines B-B ; lorsqu'elles sont alimentées, elles
teur à c .c . sans balais . Ce ventilateur fonctionne à une créent deux pôles N à la place des pôles S c . Les pôles
tension continue de 12 V et ne débite qu'une puissance qui restent deviennent à leur tour des pôles S c .
de 1 W. Ce moteur «high-tech» utilise les principes Le rotor, composé de quatre aimants permanents N S
que nous venons d'étudier . N S, tourne dans le sens horaire . Un capteur H, à effet
Le moteur est composé d'un rotor à aimants perma- Hall, détecte la présence des pôles N et S lorsque le
nents qui tourne autour d'un induit stationnaire (Fig . rotor tourne . Si le capteur se trouve en dessous d'un
43-36) . L'induit, ou stator, comprend 4 pôles saillants pôle N, le capteur génère un signal qui déclenche le
portant deux groupes de bobines A-A et B-B identi- transistor alimentant les bobines A, A . L'attraction en-
ques. Les bobines A-A et B-B sont excitées à tour de tre les pôles opposés du rotor et du stator produit alors
rôle par deux transistors . Il s'agit donc d'un moteur à un couple dans le sens horaire .
c .c . sans balais qui est, en réalité, un moteur synchrone Par contre, lorsque le capteur se trouve momentané-
diphasé autopiloté . ment en dessous d'un pôle S du rotor, il provoque
Les bobines A-A sont connectées de sorte que leurs l'ouverture du premier transistor et la fermeture du
FMM s'opposent, produisant ainsi deux pôles N lors- deuxième . Cela excite les bobines B, B en même temps

Figure 43-35
Ce ventilateur miniature est entraîné par un moteur à c .c . sans balais dont la capacité est de 1 W, 12 V, 2500 r/min . La roue à
7 pales, à gauche, contient un aimant permanent en forme d'anneau . L'anneau comprend 4 pôles, produisant le champ
tournant . Linduit stationnaire, à la droite, comprend 4 bobines qui sont alimentées par un convertisseur électronique . La
commutation du convertisseur est commandé par un capteur mesurant la position du rotor . Le tout se comporte comme un
moteur à c .c . dont une paire de balais glisse sur un collecteur à 4 lames .

ENTRAÎNEMENT ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT CONTINU 901

+12V

Figure 43-36
Construction d'un moteur sans balais de 1 W, 12 V . Linduit est
o 6 12 ms
stationnaire . À ce moment les bobines A, A sont alimentées (b)
grâce au signal émis par le capteur à effet Hall H .
Figure 43-37
a) Convertisseur alimentant le moteur sans balais de la Fig .
43-35 .
b) Formes d'onde des tensions et courants dans les enrou-
qu'il désalimente les bobines A, A . Le couple agit en- lements .
core dans le sens horaire .
En raison de ces impulsions successives fournies aux
bobines, la rotation du moteur est soutenue . Le capteur Ce petit ventilateur sert à refroidir les composants d'un
est un détecteur de position du rotor ; par conséquent, ordinateur. L'utilisation d'un moteur sans balais offre
la fréquence des signaux qu'il génère correspond tou- alors plusieurs avantages . Premièrement, il ne requiert
jours à la vitesse de rotation . aucun entretien, même après des milliers d'heures
d'opération. Deuxièmement, comme il ne comporte pas
La Fig . 43-37a montre le convertisseur qui génère les de balais, il ne produit aucune poussière carbonée qui
impulsions diphasées . Il est composé des transistors Q 1 pourrait contaminer les composants avoisinants . Troi-
et Q2 qui servent de commutateurs . La base de QI sièmement, il est moins bruyant, mécaniquement et
reçoit les signaux du capteur H . Celui-ci produit un électriquement, qu'un moteur à c .c . conventionnel . Fi-
signal d'environ + 2 V lorsqu'il est sous l'influence nalement, sa fiabilité assure que les composants vitaux
d'un pôle N, mais une tension nulle en présence d'un de l'ordinateur ne seront jamais endommagés par man-
pôle S . Les condensateurs de 2,21.tF absorbent l'éner- que d'un refroidissement adéquat.
gie inductive libérée lorsque le courant dans les bobi-
nes est coupé. Dans le chapitre suivant, nous rencontrerons des mo-
teurs à c .c . sans balais utilisant le même principe de
La Fig . 43-37b montre la forme d'onde des courants fonctionnement mais dont la puissance atteint plusieurs
dans les bobines . Le cycle de 12 ms correspond à une milliers de kilowatts . Ces machines sont toujours rac-
fréquence de 1000/12 = 83,3 Hz . La vitesse correspon- cordées à une source triphasée de grande puissance .
dante est donc : Pour cette raison, nous avons jugé qu'il était plus ap-
n = 120 f/p = 120 x 83,3/4 = 2500 r/min proprié de les étudier dans le chapitre sur les entraîne-
ments à courant alternatif .

902 ÉLECTROTECHNIQUE

43.18 Résumé contrôler les moteurs série avec une grande souplesse
Dans ce chapitre décrivant les divers types d'entraîne- lors de l'accélération et de la décélération . Les deux
ment de moteurs à courant continu, nous avons appli- principaux paramètres caractérisant ces hacheurs sont
qué les principes d'électronique de puissance appris lafréquence de découpage de la tension c .c . appliquée
au chapitre précédent. Pour contrôler la vitesse des au moteur (comprise entre quelques centaines de hertz
moteurs c .c . lorsque leur charge impose des conditions et quelque kilohertz) et le rapport cyclique . Nous avons
de couple changeantes, les entraînements utilisent des analysé le fonctionnement détaillé d'un hacheur
convertisseurs qui contrôlent la tension appliquée à l'in- dévolteur et d'un hacheur à quatre quadrants . Nous
duit . Ces convertisseurs sont pilotés par des systèmes avons vu comment, à partir des principes exposés au
de commande qui génèrent automatiquement les im- chapitre précédent, on peut calculer les valeurs moyen-
pulsions appliquées aux différentes valves à partir des nes des tensions et courants continus ainsi que leurs
mesures de vitesse, courant, . . . . et des valeurs de consi- formes d'onde .
gne . Enfin, nous avons appris comment fonctionne le mo-
On utilise deux grandes catégories de convertisseurs : teur c.c. sans balais . Dans cette machine qui s'appa-
1) les redresseurs et onduleurs à diodes et thyristors rente en fait à une machine c .a . synchrone, le collec-
alimentés par une source c .a . et 2) les hacheurs à GTO, teur et les balais sont remplacés par un convertisseur
IGBT ou autres valves à commutation forcée, alimen- en pont dont les impulsions d'allumage sont synchro-
tés par une source c .c . nisées avec la position du rotor. Pour cette raison on
Les convertisseurs alimentés en c .a . utilisent le pont à l'appelle aussi machine synchrone autopilotée .
six thyristors . Le convertisseur le plus simple est com-
posé d'un seul pont, mais son fonctionnement est li-
mité au premier quadrant (couple et vitesse positifs) . PROBLÈMES - CHAPITRE 43
Pour freiner le moteur, il faut inverser le couple . On
réalise un tel entraînement fonctionnant dans les qua- Niveau pratique
drants 1 et 4 en connectant deux convertisseurs en 43-1 Dans quels quadrants une machine à c .c . opère-
antiparallèle : l'un fonctionne en redresseur et l'autre t-elle lorsqu'elle fonctionne :
fonctionne en onduleur pendant les périodes de frei-
a) en moteur
nage .
b) en générateur
Dans l'entraînement à courant de circulation les deux
convertisseurs fonctionnent simultanément, l'un en 43-2 Une machine à c .c . tourne dans le sens anti-ho-
redresseur et l'autre en onduleur, ce qui permet un raire lorsqu'elle fonctionne dans le quadrant 3 . Déve-
meilleur contrôle de la vitesse à faible couple . L'utili- loppe-t-elle un couple horaire ou anti-horaire?
sation de deux convertisseurs permet en fait de faire
fonctionner le moteur dans les quatre quadrants, sans 43-3 Une machine bipolaire à c .c . tourne à
5460 r/min . Calculer la fréquence de la tension induite
inverser le champ. Dans ce mode de fonctionnement
les angles d'allumage des deux convertisseurs sont tels dans les bobines de l'induit .
qu'ils fonctionnent à tour de rôle en redresseur ou en 43-4 En se référant à la Fig . 43-1, le convertisseur
onduleur . est branché à une source triphasée de 480 V, 60 Hz et
On a vu aussi que l'utilisation d'une diode de roue li- l'angle de retard à l'amorçage est ajusté à 15° . L'inter-
bre permet de réduire la consommation de puissance rupteur S est fermé et le courant dans l'induit est de
réactive d'un redresseur pour les angles d'allumage 270 A . Calculer :
voisins de 90 degrés (tension faible) . Dans le redres- a) la tension continue aux bornes de l'induit
seur mixte, on remplace trois des thyristors par trois b) la puissance absorbée par l'induit
diodes, ce qui permet de réduire encore davantage la
c) le courant moyen dans chaque thyristor
puissance réactive et le coût du convertisseur.
d) la puissance mécanique développée, sachant que
Les hacheurs sont utilisés fréquemment dans les sys-
l'induit a une résistance R a de 0,07 S2
tèmes de traction alimentés en c .c. où ils permettent de

ENTRAÎNEMENT ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT CONTINU 903

43-5 Expliquer pourquoi dans la Fig . 43-1 on doit c) Est-ce que l'inductance de lissage L absorbe de la
intervertir le champ ou l'induit du moteur afin que le puissance réactive de la ligne à c .a .?
convertisseur puisse renvoyer de la puissance au ré-
43-11 En se référant à la Fig. 43-5, un ampèremètre
seau à c .a .
raccordé en série avec la ligne 1 donne une lecture de
43-6 Comparer le comportement du système d'en- 280 A . De plus, un instrument indicateur du facteur de
traînement de la Fig. 43-5 avec celui de la Fig . 43-8 . puissance donne une lecture de 0,83 . Calculer:
43-7 a) Que veut dire le terme «machine à courant a) la valeur du courant continu 1d
continu sans balais»? Décrire la construction et le prin- b) l'angle de retard à l'amorçage si le convertisseur 1
cipe de fonctionnement de ce type de machine . fonctionne seul comme onduleur
b) Décrire la construction d'un redresseur mixte en 43-12 Le moteur de levage de la Fig . 43-9 monte une
pont . Quels sont ses avantages par rapport à un redres- charge de 2260 kg à une vitesse de 120 m/min . La ré-
seur en pont contrôlé conventionnel? sistance de l'induit est de 0,1 £2 et le courant Id est de
Niveau intermédiaire 150 A . Calculer la valeur des tensions Eo et Ed .

43-8 L'inducteur shunt du moteur montré à la Fig . 43-13 Dans le problème 43-12, la même charge des-
43-1 fonctionne à une tension de 180 V, et tire un cou- cend à une vitesse constante de 30 m/min . Calculer :
rant de 2 A . Calculer : a) la valeur et le sens du courant circulant dans l'in-
a) la valeur efficace de la tension à 60 Hz que l'on doit duit
appliquer aux bornes du redresseur en pont mono- b) la valeur de Eo et sa polarité
phasé c) la valeur de Ed et sa polarité
b) la tension crête aux bornes de l'inducteur d) Dans quel sens la puissance circule-t-elle dans la
c) Est-ce que l'ondulation du courant circulant dans ligne triphasée?
l'inducteur est forte? Expliquer .
43-14 Dans le problème 43-12, si la charge est main-
d) Tracer la forme d'onde du courant circulant dans la tenue immobile, calculer :
ligne monophasée et calculer sa valeur efficace .
a) la valeur de Eo
43-9 Un moteur à c .c . possédant un champ à aimants b) la valeur de Id
permanents possède une capacité de 10 hp, 240 V,
c) la valeur et la polarité de Ed
1800 r/min . L'induit a une résistance de 0,4 S2 et son
courant nominal est de 35 A . Le moteur est alimenté 43-15 Sachant que la tension du réseau triphasé est
par un convertisseur en pont à thyristors, qui tire son de 240 V, 60 Hz, calculer l'angle de retard requis :
énergie d'une source triphasée de 208 V, 60 Hz . Sa-
a) dans le problème 43-13
chant que le moteur fonctionne à pleine charge, calcu-
ler : b) dans le problème 43-14

a) l'angle de retard à l'amorçage requis afin que la ten- 43-16 a) En se référant à la Fig . 43-20, on donne les
sion nominale apparaisse aux bornes de l'induit informations suivantes :
b) la puissance réactive absorbée par le convertisseur EH =700V IL =180A EL =600V
c) la valeur efficace du courant circulant dans les li- Calculer a) la valeur moyenne et la valeur maximale
gnes triphasées du courant circulant dans la diode
d) la tension Eo induite à 900 r/min
b) la tension de crête inverse aux bornes de la diode
43-10 On veut démarrer à tension réduite le moteur
43-17 Un hacheur à un quadrant fonctionnant à une
décrit au problème 43-9 . Le courant de démarrage étant
fréquence de 800 Hz et branché sur une ligne à c .c . de
limité à 60 A, calculer :
600 V alimente un moteur série . Le courant continu
a) l'angle d'amorçage requis
tiré de la ligne est de 80 A . Sachant que la durée des
b) la puissance réactive absorbée par le redresseur impulsions est de 400 µs, calculer :


904 ÉLECTROTECHNIQUE

a) la tension aux bornes de l'induit 43-20 En se référant à la Fig . 43-8, la f .c .é .m . Eo a la


b) le courant d'induit polarité indiquée lorsque l'induit tourne dans le sens
c) Tracer la forme d'onde du courant circulant dans la horaire . De plus, la machine fonctionne dans le qua-
diode de roue libre . drant 1 et tourne dans le sens horaire lorsque le cou-
rant d'induit I circule dans le sens indiqué .
Niveau avancé Déterminer le mode de fonctionnement des convertis-
43-18 L'interrupteur mécanique de la Fig . 43-38a seurs 1 et 2 lorsque la machine opère :
transporte de l'énergie d'une source E s de 400 V à une
a) dans le quadrant 2
charge dont la tension Eo est de 100 V. L'inductance
b) dans le quadrant 3
est de 5 H . L'interrupteur se ferme pendant T l = 2 s et
s'ouvre pendant T- Tl = 10 s . Calculer : c) dans le quadrant 4
a) la valeur crête du courant dans l'inductance d) Dans chaque cas, faire un dessin montrant la direc-
tion réelle du courant et la polarité associée de Eo .
b) l'énergie, en joules, transportée à la charge par cy-
cle 43-21 En se référant à la Fig . 43-21, si le hacheur
c) la puissance moyenne fournie à la charge fonctionne à une fréquence de 857 Hz, calculer :

d) Tracer la forme d'onde du courant I, en fonction du a) la durée Ta


temps et la comparer avec celle de la Fig . 43-38b b) le courant moyen I dans l'inductance LH
c) le courant moyen fourni par le condensateur lors-
que le hacheur est fermé
d) la valeur approximative du condensateur C H [µF]
afin que la tension à ses bornes ne chute pas de plus
de 50 V à chaque impulsion de courant I H .

43-22 Une diode de roue libre est ajoutée à un re-


dresseur triphasé en pont contrôlé (Fig . 43-14) . La ten-
Figure 43-38a
sion du réseau est de 240 V et la charge est constituée
Voir problème 43-18 .
d'un induit ayant une résistance de 0,4 S2 . Le courant
nominal de l'induit est de 40 A . Calculer :
a) la tension requise afin que le courant dans l'induit
soit de 60 A, l'induit étant au repos
b) l'angle de retard à l'amorçage requis pour atteindre
cette condition
cycle c) la puissance réactive absorbée par le convertisseur
.- T, T2 répété
43-23 En se référant aux Fig . 43-17a et 43-17b, on
T sait que la puissance apparente est de 14,2 kVA et la
Figure 43-38b tension de la source triphasée est de 184 V . Calculer :
Forme d'onde du courant I l de la Fig . 43-38a .
a) la valeur efficace du courant fondamental
b) la valeur efficace du courant montré à la Fig . 43-
43-19 Dans le problème 43-18 l'interrupteur se ferme
17b
durant 2 s et s'ouvre pendant 2 s de façon répétée . Cal-
culer la valeur du courant : c) la valeur efficace de l'ensemble des harmoniques
d) la valeur efficace du 2e harmonique (suggestion :
a) après 2 s b) après 4 s
utiliser la méthode décrite au chapitre 41, section
c) après 6 s d) après 8 s
41-18) .
e) Dans ce montage idéal, peut-on empêcher la mon-
tée continuelle du courant si l'interrupteur reste
fermé?

ENTRAÎNEMENT ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT CONTINU 905

43-24 Le hacheur de la Fig . 43-39 fonctionne à une 43-25 Un moteur shunt à c .c . a une capacité de
fréquence de 75 Hz et la durée de conduction T a est de 19 kW, 1200 r/min, 230 V À pleine charge, le courant
200 .ts . Sachant que la résistance de la charge est de d'induit est de 90 A . La résistance et l'inductance de
36 mQ2, calculer la résistance apparente aux bornes de l'induit sont respectivement de 0,1 £2 et 15 mH . Le
la source . moteur est alimenté par une source de tension de 400 V .
L'ondulation du courant crête à crête doit être limitée
à 10A .
a) Calculer la période de fermeture Ta et la fréquence
S1 f, du hacheur afin que le courant moyen de démar-
rage soit de 90 A .
b) La période Ta étant la même que celle trouvée dans
la partie (a), déterminer l'ondulation du courant et
la fréquence du hacheur afin que le moteur tire un
S2 courant moyen de 60 A, la f .c .é .m . étant de 120 V .

Figure 43-39
Voir problème 43-24 .
44
Commande électronique des
moteurs à courant alternatif

Nous avons vu au chapitre 43 que la commande élec- 4) À cause du collecteur, la tension des machines à c .c .
tronique des moteurs à courant continu permet d'obte- est limitée à environ 1500 V. Par contre, la tension
nir une bonne performance et un rendement élevé . Ces des machines à c .a . peut atteindre plusieurs milliers
systèmes de commande peuvent fonctionner dans les 4 de volts, ce qui permet, pour les grosses puissances,
quadrants, ce qui est souvent requis par les procédés une diminution importante du courant
industriels .
5) La puissance des machines à c .a . peut dépasser
Les mêmes remarques s'appliquent à la commande 50 000 kW, alors que celle des machines à c .c . est
électronique des moteurs à courant alternatif . Ainsi, les limitée à 2000 kW environ
moteurs synchrones, asynchrones et à rotor bobiné se
prêtent bien à la commande électronique . Toutefois, le 6) La vitesse des moteurs à c .a . peut atteindre
mode de contrôle de ces moteurs est très différent de 100 000 r/min tandis que celle des moteurs à c .c.,
celui des moteurs à courant continu . Alors que l'on à cause de la commutation, est limitée à environ
commande les moteurs à c .c . en faisant varier la ten- 3000 r/min
sion et le courant, la commande des moteurs à c .a . se Dans ce chapitre, nous étudierons les systèmes d'en-
réalise en faisant varier la tension et la fréquence . traînement des moteurs triphasés . Cependant, avant
Étant donné la bonne performance des systèmes d'en- d'entreprendre cette étude, nous recommandons au lec-
traînement des machines à c .c ., on peut se demander teur de réviser les principes fondamentaux couverts
pourquoi on emploie aussi les machines à courant al- dans les chapitres 40, 42 et 43, de même que les sec-
ternatif. En voici les principales raisons : tions 35 .11 à 35 .21 qui expliquent le comportement du
moteur asynchrone alimenté par une fréquence varia-
1) Les machines à c . a. n'ont pas de collecteur ; par con- ble.
séquent, elles nécessitent moins d'entretien
2) Pour une puissance et une vitesse données, les ma- 44 .1 Types d'entraînements à courant
chines à c .a. sont moins chères et moins lourdes que alternatif
celles à c .c . Il existe plusieurs systèmes d'entraînement à vitesse
3) Les machines à c .a . sont plus robustes et travaillent variable, mais la plupart peuvent être regroupés dans
mieux dans un environnement difficile une des cinq catégories suivantes :
906



COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 907

1 . Variateur de vitesse utilisant un redresseur et un directement la fréquence du réseau à la fréquence


onduleur à commutation naturelle . Ces systèmes désirée . On l'utilise pour entraîner les moteurs syn-
d'entraînement redressent la tension alternative du chrones et asynchrones à cage d'écureuil (Fig . 44-
réseau et, au moyen de l'onduleur, retransforment 3) . Le cycloconvertisseur est constitué de thyristors .
la tension continue en tension alternative à fréquence 3. Variateur de vitesse utilisant un gradateur . Ce sys-
variable . La boucle intermédiaire à c .c . reliant le tème à commutation naturelle permet de comman-
redresseur et l'onduleur peut agir comme source de der la vitesse de certaines charges de faible et de
courant ou source de tension . On l'utilise pour les moyenne puissance (Fig . 44-4) . Il sert aussi au dé-
moteurs synchrones autopilotés et pour les moteurs marrage des moteurs asynchrones allant de 1 kW
à bagues fonctionnant dans le mode cascade jusqu'à 2000 kW . Le gradateur est constitué de thy-
hyposynchrone . Le redresseur et l'onduleur sont ristors .
constitués de thyristors (Fig . 44-1 et 44-2) . 4. Variateur de vitesse utilisant un redresseur et un
2. Variateur de vitesse utilisant un cycloconvertis- onduleur autonome à onde rectangulaire . Ce sys-
seur. Ce système à commutation naturelle, convertit tème à commutation forcée impose une onde rec-
tangulaire de tension ou de courant sur un moteur

ce
redresseur
onduleur à
réseau - redresseu liaison mmutation onduleur
triphasé - à c .c . aturelle

courant approprié t fréquence appropriée


seuils unité de commandes vitesse désirée unité de commande
limites et d'allumage et d'allumage
valeurs réelles
E, I, n, T, etc .

Figure 44-1 Figure 44-3


Système d'entraînement à vitesse variable pour moteur Système d'entraînement à vitesse variable utilisant un
synchrone autopiloté (voir section 44 .2) . cycloconvertisseur (voir sections 44 .4 et 44 .5) .

réseau redresseur
triphasé tout diodes

liaison
à c .c .

onduleur à réseau -
commutation gradateur
triphasé
naturelle

tension appropriée tension appropriée n


vitesse désirée
seuils unité de commande seuils unité de commande
vitesse désirée
limites et d'allumage limites et d'allumage
`valeurs réelles
E, I, n, T, etc .

Figure 44-2 Figure 44-4


Système d'entraînement à vitesse variable pour moteur à rotor Système d'entraînement à vitesse variable utilisant un
bobiné (voir section 44 .6) . gradateur (voir section 44 .7) .




908 ÉLECTROTECHNIQUE

synchrone ou asynchrone (Fig . 44-5 et 44-6) . Il est VARIATEURS DE VITESSE À


constitué d'IGBT, de MOSFET ou de GTO . COMMUTATION NATURELLE
5. Variateur de vitesse utilisant un redresseur et un
onduleur autonome à MLI . Ce système à commu- 44 .2 Moteur synchrone alimenté par une
tation forcée utilise la modulation de largeur d'im- source de courant
pulsions (MLI) . L'onduleur génère une tension si- Dans le chapitre 43, sections 43 .13 à 43 .16, nous avons
nusoïdale ou de toute autre forme désirée . Le sys- vu que la combinaison d'un moteur synchrone
tème est surtout utilisé pour les moteurs asynchro- autopiloté et d'un convertisseur à thyristors fonction-
nes devant fonctionner dans une large gamme de nait effectivement comme un moteur à c .c . sans balais .
vitesses ou dont le couple et la vitesse doivent chan- Pourtant, les grosses machines synchrones sont consi-
ger très rapidement (Fig . 44-7) . Il est constitué dérées comme des machines à c .a. Donc, selon le point
d'IGBT, de MOSFET, parfois de GTO . de vue, la combinaison moteur synchrone autopiloté/
convertisseur peut être considérée comme une machine
à c .a. ou une machine à c.c. sans balais . Dans ce chapi-
tre nous la traitons comme une machine à courant al-
onduleur
réseau - liaison autonome ternatif .
triphasé redresseur à c .c . de courant La Fig . 44-8 montre un système d'entraînement utili-
courant approprié fréquence appropriée sant un moteur synchrone autopiloté . Le système com-
prend deux convertisseurs raccordés entre le réseau tri-
seuils unité de commande < vitesse désirée
limites et d'allumage phasé à 60 Hz et le moteur synchrone . Le convertis-
valeurs réelles seur 1 fonctionne en redresseur et fournit de la puis-
E, I, n, T, etc .
sance à c .c . au convertisseur 2 . Ce dernier se comporte
Figure 44-5
Système d'entraînement à vitesse variable utilisant un comme un onduleur non autonome dont la tension al-
redresseur et un onduleur autonome de courant (voir section ternative et la fréquence sont établies par le moteur.
44 .11) . Une inductance de lissage L diminue les ondulations
du courant Id circulant dans la boucle intermédiaire
(«dc link») . La valeur du courant est commandée par
onduleur
réseau - edresseu autonome le convertisseur 1, qui se comporte comme une source
triphasé - de tension de courant . Un redresseur en pont (convertisseur 3) four-
nit l'excitation pour le champ tournant .
tension appropriée ni fréquence appropriée
Le convertisseur 2 est un onduleur à commutation na-
seuils unité de commande vitesse désirée
limites et d'allumage turelle . La tension triphasée ES apparaissant à ses bor-
valeurs réelles
E, I, n, T, etc. nes est générée par le flux tournant à l'intérieur de la
machine . Ce flux dépend du courant d'excitation If et
Figure 44-6 du courant IS circulant dans le stator. En général, le
Système d'entraînement à vitesse variable utilisant un
redresseur et un onduleur autonome de tension (voir section flux est maintenu constant ; par conséquent, la tension
44 .12) . ES est sensiblement proportionnelle à la vitesse de ro-
tation .
réseau - redresseur onduleur Les gâchettes du convertisseur 1 sont alimentées à la
autonome fréquence du réseau (60 Hz) tandis que celles du con-
triphasé -tout diodes à c .c . T de tension
vertisseur 2 sont amorcées par des impulsions corres-
tension appropriée , fréquence
appropriée pondant à la position et à la vitesse de rotation du mo-
seuils unité de commande vitesse désirée teur.
limites et d'allumage valeurs réelles En ce qui concerne le système de commande, l'infor-
E, I, n, T, etc . mation recueillie par divers capteurs est analysée par
Figure 44-7 l'unité de commande et d'allumage . L'unité de com-
Système d'entraînement à vitesse variable utilisant un
redresseur et un onduleur autonome à modulation de largeur mande reçoit les signaux donnant la vitesse de rotation
d'impulsion (voir section 44 .14) . désirée, la vitesse réelle, la position instantanée du ro-

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 909

convertisseur 1 L convertisseur 2 convertisseur 3

réseau ° E
triphasé o
L
+ _ZZ If
F

60 Hz

y a2
facteur de puissance
approprié
courant approprié
vitesse désirée
nité de commande E
seuils ` et d'allumage vitesse, courant, tension, couple,
limites position du rotor, etc ., réels

Figure 44-8
Diagramme schématique d'un redresseur et d'un onduleur à commutation naturelle alimentant un moteur synchrone .

tor, la tension aux bornes du stator, le courant dans le


stator, le courant d'excitation, le couple, etc . Selon Comme le réseau à 60 Hz fournit de la puissance au
l'écart entre les valeurs désirées et les valeurs mesu- système, le convertisseur 1 fonctionne en redresseur ;
rées, l'unité de commande et d'allumage réagit et cor- l'angle at est donc inférieur à 90° . Par conséquent,
rige la situation en envoyant les impulsions appropriées cos a1 est positif et E t est positive .
aux gâchettes . Les tensions Et et E2 sont pratiquement égales, l'écart
Les impulsions envoyées au convertisseur 2 sont com- étant dû à la faible chute RId dans l'inductance de lis-
mandées par la position du rotor, grâce à des capteurs sage .
montés sur le stator près de l'entrefer . D'autres métho- Le système de commande ajuste l'angle d'amorçage
des utilisent des capteurs de position montés en bout a l pour que les courants Id et I S soient suffisants pour
d'arbre . Pour une charge donnée on augmente la vi-
produire le couple désiré. Les courants I s circulant dans
tesse du moteur en augmentant le courant I s , ce qui le stator sont composés de pulsations de 120°, comme
exige une augmentation du courant continu Id . Cela se l'indique la Fig . 44-9 . Ces courants triphasés saccadés
réalise en augmentant la tension continue El ou en bais- produisent une FMM qui tourne par à-coups autour de
sant la tension continue E2 . l'induit . Cela produit un couple pulsatif, mais les pul-
La tension ES aux bornes du stator génère dans le cir- sations de vitesse sont amorties par l'inertie du rotor,
cuit intermédiaire une tension continue E2 donnée par : sauf lorsque la vitesse est très basse .
E2 = 1,35 E s cos a2 éq. 42-12
Puisque le convertisseur 2 fonctionne en onduleur et
fournit de la puissance au moteur, l'angle a2 est supé-
rieur à 90°, donc cos a2 est négatif. Il s'ensuit que la
polarité de E2 est négative, ce qui veut dire que la borne
x est positive par rapport à la borne y .
La tension EL du réseau triphasé et la tension E t du
convertisseur 1 sont reliées par une expression sem- Figure 44-9
blable : Formes d'onde du courant et de la tension du moteur syn-
chrone . La composante fondamentale IF du courant est en
E l = 1,35 EL cos a,
avance sur la tension .

910 ÉLECTROTECHNIQUE

Aux bornes du moteur, les tensions ligne à ligne (E s) Exemple 44-1


et ligne à neutre (ELN) sont essentiellement sinusoïda- Un moteur synchrone triphasé avant une puissance
les. La composante fondamentale du courant I, dans le nominale de 200 kW . 480 V. 60 Hz . 450 r/min, est
stator doit être légèrement en avance sur la tension li- alimenté par un système d'entr -ainement semblable
gne à neutre ELN , car le moteur doit fournir la puis- à celui (le la Fig . 44-8 . La source triphasée est de
sance réactive absorbée par le convertisseur 2 (Fig . 44- 600 V . 60 Hz .
9) . Rappelons que la composante fondamentale IF et le Le moteur fonctionne en survitesse à 535 r/min . La
courant continu Id sont reliés par l'expression : tension etficace à ses bornes est de 511 V et il tire
IF = 0,78Id éq. 42-9 un courant l, efficace de 239 A à un facteur de puis-
sance de 95 '11î . Le rendement du moteur est de 93
On peut réduire la vitesse du moteur en utilisant le frei- nuis on néglige les pertes dans les convertisseurs .
nage par récupération de l'énergie . Pour ce faire, on Calculer :
diminue l'angle d'amorçage du convertisseur 2 à envi-
a) la fréquence appliquée au stator
ron 15° pour qu'il fonctionne en redresseur . Simulta-
nément, on augmente l'angle d'amorçage du conver- h) la composante fondamentale du courant stato-
tisseur 1 à environ 165° afin qu'il passe en mode rique 1,
onduleur. Durant cette période, les polarités des ten- e) le courant Continu ht dans le circuit intermédiaire
sions E2 et E l s'inversent, mais le courant Id circule d) l'angle de retard à l'amorça e (,,
toujours dans le même sens . La machine synchrone et
e) la tension continue F_1 clans le circuit intermé-
le convertisseur 2 fonctionnent alors ensemble comme
diaire
une génératrice à c .c . sans balais .
l'angle de retard à l'amorçage a i
Le démarrage du moteur présente un problème, car la
tension E, aux bornes du moteur est nulle lorsqu'il est g) la puissance réactive fournie au convertisseur 1
arrêté . Par conséquent, il n'y a pas de tension pour as- h) la puissance mécanique développée par le mo-
surer la commutation naturelle du convertisseur 2 . Pour teur
contourner cette difficulté, le convertisseur 1 est amorcé
par des impulsions de courant circulant successivement Solution
dans les phases ab, bc et ca du stator. Ces impulsions a) La fréquence appliquée au stator est proportionnelle
successives produisent des pôles N, S sur le stator qui à la vitesse . Comme sa vitesse nominale est de
sont toujours un peu en avance sur les pôles opposés 450 r/min à une fréquence de 60 Hz, on obtient :
du rotor. Le rotor accélère et, lorsqu'il a atteint envi-
ron 10 % de la vitesse nominale, le convertisseur 2 peut 535 r/min
f = x 60 Hz = 71,3 Hz
passer à la commutation naturelle . 450 r/min
La même méthode est utilisée pour freiner le moteur b) Composante fondamentale du courant dans le sta-
lorsque sa vitesse est voisine de zéro . tor :
La commande de vitesse des moteurs synchrones à IF = 0,955 1, éq .42-10
l'aide d'un circuit intermédiaire à source de courant = 0,955 x 239 = 228 A
s'applique à une vaste gamme de puissances allant de
1 kW à plusieurs mégawatts . Les moteurs synchrones c) Courant continu Id :
à aimants permanents utilisés dans l'industrie textile IF
et les énormes moteurs synchrones sans balais action- 1d = éq. 42-9
nant les pompes dans les centrales nucléaires en sont 0,78
deux exemples . Certaines centrales à réserve pompée 228 = 292 A
(chapitre 45) utilisent aussi cette méthode d'entraîne- 0,78
ment pour démarrer les machines synchrones et les
synchroniser avec le réseau . d) Angle de retard à l'amorçage a2 :

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 911

Le convertisseur 2 fonctionne en onduleur, donc : convertisseur convertisseur


(A+) (A-) a L
a2 = - arccos FP = - arccos 0,95
= 180° - 18,2° = 161,8°
source 3 Q1
! ! ! !~ !
e) Tension continue E2 : triphasée 2 -
à60Hz
E2 = 1,35Es cosa2 éq .42-12 EL volts

= 1,35 x 511 x cos 161,8°


Q4 ! . ! ! ! !.
= - 655 V
b
Comme la chute de tension dans l'inductance L est Figure 44-10
négligeable, on a Deux convertisseurs triphasés peuvent ensemble générer une
tension alternative sinusoïdale entre les bornes a et b .
E l = - E2 = 655 V
f) Angle de retard à l'amorçage a, :
60 Hz dont la tension efficace est EL . La charge mono-
Le convertisseur 1 fonctionne en redresseur, donc :
phasée entre les bornes a et b est composée d'une ré-
Et = 1,35EL cosai éq. 42-12 sistance R en série avec une inductance L .
655 = 1,35 x 600 x cosa, Supposons que le convertisseur A(-) soit bloqué (en
appliquant une tension négative sur ses gâchettes) et
d'où al = arccos 0,808 = 36,0°
que le convertisseur A(+) soit en marche . En faisant
g) Puissance active fournie par le convertisseur 1 : varier l'angle de retard à l'amorçage a, on peut faire
varier la tension continue entre les bornes a et b selon
P = Ei Id = 655 x 292 = 191 260 W = 191 kW
la formule 42-12 :
FP de déplacement du convertisseur 1 :
Ed = 1,35E cos a éq . 42-12
FP = cos al = cos 36,0° = 0,809
donc Eab = 1,35 EL cos a
Puissance apparente absorbée par le convertisseur 1 :
La tension E ab peut donc prendre toute valeur positive
S = 191 kW/0,809 = 236 kVA comprise entre zéro et un maximum de 1,35 E L volts .
On pourrait, par exemple, générer l'alternance positive
Puissance réactive absorbée par le convertisseur 1 :
d'une onde sinusoïdale à basse fréquence en faisant
,~1S2 p2 varier graduellement l'angle a de 90° à 0° et revenir à
Q = -
90° .
= 1~ 2362 - 191 2 = 139 kvar
Il en est de même pour le convertisseur A(-) . Il suffit
h) Puissance mécanique développée par le moteur : de bloquer le convertisseur A(+) et d'appliquer les im-
pulsions appropriées sur les gâchettes des thyristors Q7
P,ll = 191 kW x0,93=178 kW =240hp
à QI 2 . L' alternance sinusoïdale E ab sera alors négative
44.3 Cycloconvertisseur à 6 pulsations à cause du sens des thyristors .
Nous avons présenté à la section 42 .19, le principe de Les deux convertisseurs peuvent donc ensemble géné-
fonctionnement d'un cycloconvertisseur à 3 pulsations . rer une suite d'alternances positives et négatives . Il en
Nous analysons maintenant un modèle plus réaliste à résulte une tension E ab alternative dont on peut contrô-
6 pulsations . ler l'amplitude et la fréquence .
La Fig . 44-10 montre un cycloconvertisseur composé Notons, cependant, que la tension n'aura pas une belle
de deux convertisseurs conventionnels à 6 pulsations forme d'onde sinusoïdale . Elle sera plutôt déchiquetée
A(+) et A(-) montés en antiparallèle . Les convertis- car elle est composée d'une série de segments prélevés
seurs sont alimentés par une source triphasée 1, 2, 3 à sur les tensions alternatives entre les bornes 1, 2 et 3

912 ÉLECTROTECHNIQUE

(voir Fig. 44-12) . Cette onde hachée superposée à la En se référant à la phase A, le cycloconvertisseur est
composante sinusoïdale Eab possède une composante composé de deux convertisseurs triphasés, A(+) et
fondamentale de fréquence 6 x 60 Hz = 360 Hz, plus A(-), alimentés chacun par la même ligne 1, 2, 3 à
des harmoniques . Grâce à l'inductance L de la charge 60 Hz . Le convertisseur A(+) génère l'alternance po-
qui agit alors comme filtre, le courant Ia sera assez si- sitive de la tension basse fréquence, tandis que le con-
nusoïdal. vertisseur A(-) génère l'alternance négative . Il en ré-
sulte une onde à basse fréquence composée de seg-
D'après le sens des thyristors, le courant porté par le
ments de la tension apparaissant entre les lignes 1, 2
convertisseur A(+) peut seulement circuler de la borne
et 3 . En prenant soin de bien contrôler la séquence des
a vers la borne b dans la charge . Pour la même raison,
angles d'amorçage on peut obtenir une forme d'onde
le courant du convertisseur A(-) peut seulement circu-
quasi sinusoïdale (Fig . 44-12) . Cependant, afin de ré-
ler de la borne b vers la borne a .
duire l'appel de puissance réactive du réseau à 60 Hz,
Lorsque les convertisseurs fournissent de la puissance on génère plutôt des formes d'onde trapézoïdales, ayant
à la charge ils fonctionnent en redresseurs . Cependant, une forme aplatie (Fig . 44-13) .
il arrive parfois qu'une charge active fournisse de la
Le cycloconvertisseur, aussi bien que le redresseur en
puissance aux convertisseurs . Ces convertisseurs fonc-
pont fournissant le courant d'excitation If fonctionnent
tionnent alors en onduleurs, et renvoient de l'énergie à
en sources de courant . Les courants dans le stator et
la source à 60 Hz .
dans le rotor sont commandés afin de maintenir un flux
Pour alimenter une charge en courant alternatif, les constant dans l'entrefer. De plus, les impulsions en-
convertisseurs doivent fonctionner à tour de rôle ; ja- voyées aux gâchettes et le courant d'excitation sont
mais en même temps . Donc, au moment où le courant continuellement ajustés afin que le moteur fonctionne
passe par zéro, on agit sur les gâchettes de sorte que à un facteur de puissance de 100 % . Cependant, même
durant un bref temps mort les deux convertisseurs soient si le FP est de 100 % du côté basse fréquence (I a en
bloqués . phase avec EaN ), le cycloconvertisseur tire quand même
Pour une fréquence de réseau de 60 Hz, la fréquence une puissance réactive du réseau à 60 Hz . En effet,
générée par le cycloconvertisseur peut varier de zéro à durant une partie substantielle de chaque cycle à basse
un maximum d'environ 25 Hz . On peut maintenir un fréquence l'angle d'amorçage est sensiblement supé-
excellent contrôle sur la forme d'onde de la tension à rieur à zéro degré . Le facteur de puissance maximal est
basse fréquence en commandant par ordinateur les de l'ordre de 85 % lorsque le moteur fonctionne à pleine
impulsions fournies aux gâchettes des thyristors . La charge .
commutation étant naturelle, on peut utiliser des con- Dans le cas de la Fig . 44-12, l'amplitude de la tension
vertisseurs à thyristors . basse fréquence est la même que celle des lignes 1, 2,
3 . Dans ce cas, la tension efficace ligne à neutre à basse
Les cycloconvertisseurs peuvent alimenter toutes sor-
fréquence est la même que la tension ligne à ligne à
tes de charges : monophasées, triphasées, passives, ac-
60 Hz . La période d'un cycle est de 1/6 s ; la fréquence
tives, résistives ou inductives allant de quelques kilo-
est donc 1/10 de celle du réseau, soit 6 Hz .
watts à plusieurs mégawatts . Les sections suivantes
décrivent leur application à la commande des moteurs On peut comprendre le processus d'amorçage en re-
synchrones et asynchrones . gardant la Fig . 44-13 . Dans ce cas, la fréquence géné-
rée est de 20 Hz . Les tensions E 12 , E23 , E31 , etc ., entre
44 .4 Moteur synchrone alimenté par un les lignes à 60 Hz ainsi que la séquence d'amorçage
cycloconvertisseur des thyristors Q1 à Q12 sont indiquées . Bien que la
La Fig . 44-11 montre trois cycloconvertisseurs alimen- forme d'onde résultante soit déchiquetée, elle suit la
tant les trois phases du stator d'un moteur synchrone . forme générale d'une onde sinusoïdale (montrée en
Comme les enroulements ne sont pas isolés les uns des pointillé) . Les angles de retard à l'amorçage ne sont
autres, il faut les alimenter par trois sources indépen- pas espacés également, donc un allumage commandé
dantes, formées par les trois secondaires du transfor- par ordinateur s'impose .
mateur montré sur la figure .


COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 913

réseau triphasé

S2

secondaire 1 secondaire 2 secondaire 3

primaire

phase A phase B phase C

moiii
04 01 013 025
vitesse

'u
désirée
seuils (+ M. -1 -M B(+ NÉON secondaire

main main main


C( 1
limites facteur de
puissance muon momm m1

a
approprié
unité de
commande W
IL
et ,012 ,R 024 B()
1
036
d'allumage IL -1
1n C(

tension
08
MR MR
appropriée

vitesse, neutre
tension,
courant, a c
position
du rotor,
unite de
etc ., IL
commande
réels
courant e
f d allumage
A d'excitation
/ ~-
approprié
excitation du champ
entrées

Figure 44-11
Cycloconvertisseur alimentant un moteur synchrone autopiloté . Le moteur fonctionne à un facteur de puissance de 100 % .
Les formes d'onde typiques de la tension sont montrées sur les Figs . 44-12, 44-13 et 44-14 .




914 ÉLECTROTECHNIQUE

60 Hz
E E12 E12 E12 E 12 E12 E 12 E12 E12

i ~lit
Il
~ ~
~fur ,
ij
~
Vif q l'
wVV
zone morte zone morte
A(+) en opération - A(-) en opération

T=1/6s

Figure 44-12
La tension EaN est composée de segments de la tension apparaissant entre les lignes triphasées . La charge, dont
le FP est de 100 %, est alimentée à une fréquence de 6 Hz .

Si on applique cette tension de 20 Hz au moteur syn- Des systèmes d'entraînement encore plus puissants
chrone de la Fig . 44-11, le courant résultant sera assez (28 MW) sont utilisés pour propulser certains gros na-
sinusoïdal . En effet, l'inductance des enroulements at- vires (Fig . 44-16) .
ténuera les harmoniques de courant engendrés par les
44 .5 Moteur asynchrone alimenté par un
fortes dents de scie de l'onde de tension .
cycloconvertisseur
On a déjà expliqué que, pour réduire la vitesse, on doit
La Fig . 44-17 montre un moteur triphasé à cage d'écu-
diminuer la tension et la fréquence dans les mêmes pro-
reuil alimenté par un cycloconvertisseur triphasé .
portions . Ainsi, sur la Fig . 44-14, où la fréquence est
Comme dans le cas du moteur synchrone, celui-ci est
diminuée de moitié à 10 Hz, l'amplitude de la tension
composé de trois groupes de convertisseurs alimentant
est également réduite de moitié . On obtient cette ré-
chacun une phase du moteur . Les trois enroulements
duction en retardant davantage l'amorçage des thyris-
du moteur sont isolés afin que les trois groupes puis-
tors . Il en résulte une forme d'onde encore plus déchi-
sent fonctionner indépendamment l'un de l'autre . Ils
quetée qu'auparavant . Toutefois, le courant dans les
ne sont donc pas connectés en étoile ou en triangle .
enroulements demeure encore assez sinusoïdal . Par
contre, l'augmentation du retard à l'amorçage impose On commande la vitesse du moteur selon le principe
un facteur de puissance encore plus bas du côté du ré- décrit à la section 44 .3 . On applique les impulsions
seau à 60 Hz . appropriées aux gâchettes des thyristors, afin de faire
varier simultanément la fréquence et la tension . Par
Nous venons de décrire le fonctionnement de la phase
exemple, sur un réseau à 60 Hz la fréquence peut chan-
A ; les mêmes remarques s'appliquent aux phases B et
ger de zéro à 25 Hz, de sorte que l'on peut régler la
C (Fig . 44-11) . Les impulsions fournies aux gâchettes
vitesse d'un moteur à 2 pôles entre zéro et 1500 r/min .
sont simplement retardées afin que les courants Ia , Ib,
I, soient mutuellement déphasés de 120° . Ce système d'entraînement donne de bonnes caracté-
ristiques couple/vitesse dans les 4 quadrants . Le mo-
La Fig . 44-15 montre un imposant moteur synchrone
teur peut accélérer, arrêter, changer de sens de rotation
de 6400 kW entraîné par un cycloconvertisseur triphasé .
et freiner avec récupération de l'énergie sans que l'on
La vitesse est variable de zéro à 15 r/min . Cette basse
soit obligé de changer les connexions . On peut utiliser
vitesse permet d'éviter l'utilisation d'un réducteur de
des moteurs standards à 60 Hz . Pour maintenir un flux
vitesse . On arrête le moteur en modifiant l'angle
constant dans le moteur, on doit faire varier la tension
d'amorçage de façon à passer en mode de freinage ré-
d'alimentation en proportion avec la fréquence . Les
génératif .



COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 915

056 1 2 3 4 5 6 1 1112 7 8 9 10 11 12 7 5 6 1 2 i« séquence d'allumage des thyristors

î
E32 E12 E13 E23 E21 E31 E32 E 12 E13 E12 E12 60 Hz

imymIMIMIMIl

4 zone morte zone morte


?

A(+) en opération A(-) en opération A(+) en opération

T= 1/20 s

Figure 44-13
Forme d'onde de la tension E aN générée par le cycloconvertisseur lorsque le facteur de puissance de la charge est
100% . La fréquence de 20 Hz est obtenue à partir d'un réseau triphasé à 60 Hz .

056 1 2 3 4 5 6 1 2 3 4 5 6 8 9 10 11 12 7 8 F- séquence d'allumage des thyristors

E 12 MINI,I! E12 E12 ~ ~ ~ ~ ~ E12

zone morte zone morte


A(+) en opération A(-) en opération

T/2 = 1/20 s

Figure 44-14
Forme d'onde de la tension EaN lorsque la fréquence est 10 Hz et que la tension est réduite de 50 % .
916 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 44-15a
Stator d'un moteur synchrone triphasé à 44 pôles de 6400 kW, Figure 44-15b
15 r/min, 5,5 Hz, 80 °C, utilisé pour l'entraînement d'un tube Les 44 pôles du rotor sont fixés directement sur le tube du
broyeur dans une cimenterie . Ce stator est alimenté par un broyeur, ce qui permet d'éviter un accouplement par engre-
cycloconvertisseur électronique dont la fréquence est variable nages . Les deux bagues visibles à droite amènent le courant
de 0 à 5,5 Hz . La basse fréquence d'alimentation permet à continu aux enroulements (gracieuseté dABB) .
cette machine de démarrer directement en moteur synchrone .
Alésage du stator : 8000 mm ; longueur du fer actif : 950 mm ;
encoches : 456 (gracieuseté dABB) .

Figure 44-15c
Vue du tube broyeur en fonctionnement dans une cimenterie
du Havre, France . Le tube contient 425 tonnes de boulets en
acier et 75 tonnes de matière à traiter . Le stator du moteur
visible en arrière-plan est protégé par une enveloppe de tôle
et le refroidissement du moteur est assuré par une circulation
forcée de 40 000 m3 d'air par heure (gracieuseté dABB) .
COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 9 17

Figure 44-16
Ce navire de 70 367 tonnes est propulsé par deux moteurs Le nombre d'alternateurs en service varie selon la charge .
synchrones triphasés de 14 MW, 1000 V alimentés par Lors de l'entrée en service d'un alternateur, la synchronisation
4 cycloconvertisseurs . Les moteurs à 14 pôles sont se fait automatiquement .
directement couplés à deux arbres dont la vitesse couvre la La tension triphasée à 6600 V générée par les alternateurs
gamme de 50 r/min à 140 r/min . Chaque moteur possède est abaissée à 1500 V au moyen de transformateurs . Les
deux enroulements triphasés qui peuvent fonctionner secondaires sont raccordés aux deux cycloconvertisseurs qui
séparément ou ensemble . Chaque enroulement de 7 MVA alimentent les deux moteurs de propulsion .
est alimenté par un cycloconvertisseur à 36 thyristors . Une unité de commande contrôle le courant d'excitation des
Le champ à courant continu des moteurs est alimenté par un moteurs et les courants statoriques provenant des
redresseur de 400 kW, qui à son tour est alimenté par un cycloconvertisseurs . De plus, elle commande la vitesse des
réseau à c .a. de 450 V. moteurs, la synchronisation des hélices, surveille les
La centrale électrique est composé de six alternateurs surcharges, etc .
triphasés entraînés par six moteurs diesel . Quatre de ces Ce navire de croisière ultramoderne a une longueur de
unités ont une puissance nominale de 10 260 kVA, 6600 V, 260,6 m, une largeur de 31,5 m . Sa vitesse de croisière est
60 Hz, facteur de puissance de 75 %, en avance . Elles sont de 19,5 nceuds (36 km/h) . Il a une capacité de 2040 passagers
entraînées à 512 r/min par quatre moteurs diesel à 12 et 920 membres d'équipage (gracieuseté de Carnival Cruise
cylindres . Les deux autres alternateurs ont une puissance de Lines) .
6820 kVA .


918 ÉLECTROTECHNIQUE

3o
source 2
3 phases 1

I1I° MM MM
Q4 Q1

I
seuils vitesse
limites désirée Q
convertisseur

mm mm
3 m pour
t courant
fréquence 05 positif
appropriée C
o
o
unité de J-L
commande
07
et
d'allumage
J-L 9) convertisseur
012 Q9 N
pour
tension
appropriée
r courant
08 Q11 négatif
C
o
o
cycloconvertisseur phase B cycloconvertisseur
vitesse, phase A phase C
glissement, I
tension,
courant,
etc .,
réels

Figure 44-17
Cycloconvertisseur triphasé alimentant un moteur à cage d'écureuil .

courbes du couple en fonction de la vitesse sont donc dresseur et fournit une puissance à la phase A . Inverse-
semblables à celles montrées à la Fig . 44-18 . Comme ment, lorsque Ea4 est négative, le convertisseur fonc-
on peut faire varier la fréquence à volonté, on utilise tionne en onduleur et soutire une puissance de la phase
seulement la partie verticale des courbes, soit celle com- A pour la renvoyer au réseau .
prise entre les couples de décrochage + Td et - Td . De la même façon, un courant Ia négatif peut seule-
On peut comprendre le fonctionnement du cyclocon- ment provenir du convertisseur A(-) . Lorsque celui-ci
vertisseur en se référant à la phase A (Fig . 44-17) . Lors- fonctionne comme redresseur, Ea4 est négative, et du-
que le convertisseur A(+) conduit, il peut seulement rant cet intervalle le convertisseur fournit de la puis-
porter un courant Ia positif dont le sens est imposé par sance à l'enroulement . Au contraire, lorsque Ea4 est
la polarité de ses thyristors . Toutefois, ce convertisseur positive, le convertisseur A(-) fonctionne en onduleur
peut fonctionner en redresseur ou onduleur . Ainsi, lors- et renvoie dans le réseau la puissance provenant de l'en-
que Ea4 est positive, le convertisseur fonctionne en re- roulement .




COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 919


N .m 230 V, 15 Hz 460 V, 30 Hz successifs des deux convertisseurs en redresseur/
∎∎∎ 160 ∎„'C w.∎∎∎∎ onduleur. À cause de la puissance réactive absorbée par
120 ; \'//// le moteur, le courant I a est en retard de 30° sur la ten-
sion Ea4 . Par conséquent, le convertisseur A(+) fonc-
.~ ~ ' 3 =%tr i

/~1
tionne en redresseur durant l'intervalle de 30° à 180° et
∎Y~ ∎/Y∎/Iiu∎∎/YI\////
en onduleur entre 180° et 210° .
Les convertisseurs des phases B et C fonctionnent de la
∎∎∎/ •/∎∎//
600 300 0 300 600 1200 1500 1800 r/min même manière, sauf que les thyristors respectifs sont
YYYeYYYYY . , . YYYYii •Y Y allumés 120° et 240° plus tard . À 6 Hz, par exemple,
YYt CYY~~YYYUYYYY un retard de 120° correspond à un délai de

Ot = 1x 1 = 1x 1 = 55,5 ms
f 360° 6 360
/ami Les courbes lisses de tension et de courant montrées à
la Fig . 44-19 sont en réalité des sinusoïdes dentées con-
tenant, en plus de la fondamentale, des tensions et cou-
Figure 44-18
rants harmoniques (Fig . 44-12) . Cette distortion har-
Courbes typiques du couple en fonction de la vitesse d'un
moteur bipolaire à cage d'écureuil lorsque le flux est maintenu monique crée un échauffement du moteur d'environ
constant . La commande est conçue de telle sorte que le point 10 °C supérieur à l'échauffement normal. Une ventila-
de fonctionnement reste sur la partie verticale de la courbe . tion indépendante est parfois requise, surtout lorsque
le moteur tourne à basse vitesse .
Le cycloconvertisseur peut fournir la puissance réac-
Noter qu'un seul convertisseur fonctionne à la fois .
tive absorbée par le moteur asynchrone . Cependant, une
Ainsi, lorsque le convertisseur A(+) est en service, le
puissance réactive encore plus grande est tirée du ré-
convertisseur A(-) est bloqué, et vice versa .
seau ; le facteur de puissance de ce système d'entraîne-
La Fig . 44-19 montre les modes de fonctionnement ment est donc plutôt bas .

∎ ffl Ea4

:: :._∎
main a
30 90 180 210 330 .i 3 0 '

convertisseur A(+) redresseur bloqué redresseur

convertisseur A(-) ,,,,,,,,,bloqué redresseur ond . Pr bloqué


,,,,,,,,,,,,,

Figure 44-19
Fonctionnement des convertisseurs A(+) et A(-) en redresseur et en onduleur lorsque le courant est en retard sur la
tension . La figure montre les ondes fondamentales de la tension et du courant .



920 ÉLECTROTECHNIQUE

Exemple 44-2 Cette tension correspond à la tension fondamentale


Un moteur asynchrone triphasé à cage d'écureuil a maximale générée par le convertisseurA(+) . Elle est
une puissance nominale de 25 hp, 1760 r/min, 480 V. donnée par l'expression :
60 Hz . À pleine charge, les trois enroulements à
Ea4 crête = 1,35 E cos a éq . 42-12
480 V tirent chacun un courant de 18 A . Le moteur
est alimenté par un cycloconvertisseur raccordé se- 164 = 1,35 x 208 x cos a
lon le circuit de la Fig . 44-17 . Le système est bran-
donc cos a = 0,584
ché sur un réseau triphasé de 208 V, 60 Hz et les
d'où a = 54,3°
impulsions appliquées aux gâchettes génèrent une
fréquence (le 14,5 Hz . Calculer la valeur approxi- 44 .6 Commande de vitesse d'un moteur à
mative (le : rotor bobiné
a) la tension efficace aux bornes des enroulements Dans la section 33 .16, chapitre 33, nous avons appris
que l'on peut faire varier la vitesse d'un moteur à rotor
b) la vitesse de rotation à vide
bobiné en branchant un rhéostat triphasé aux bornes
c) l'angle d' amorça`=e requis au moment où la ten-
du rotor . Une autre approche consiste à brancher un
aux borSinE, nes de l'enroulement A atteint sa
redresseur triphasé aux bornes et à utiliser une seule
valeur crête positive
résistance variable à la sortie . La performance du mo-
Solution teur est alors la même qu'avec un rhéostat triphasé .
Cependant, cette méthode a toujours l'inconvénient de
a) La tension efficace aux bornes des enroulements doit
nécessiter une intervention mécanique pour faire va-
être abaissée proportionnellement à la fréquence,
rier la vitesse .
donc :
Au lieu de dissiper la puissance du rotor dans une ré-
14,5 Hz
Ee = x 480 V = 116 V sistance, on pourrait s'en servir pour charger une bat-
60 Hz terie d'accumulateurs (Fig . 44-20) . Supposons que la
b) Sur un réseau à 60 Hz, la vitesse nominale à pleine tension Eb de la batterie soit variable de zéro à une
charge est de 1760 drain . Le moteur possède donc valeur maximale quelconque . Comment le moteur se
4 pôles et sa vitesse synchrone est de 1800 r/min . comportera-t-il dans ces conditions?
La vitesse à vide à 14,5 Hz est : Que le moteur soit chargé ou non, la tension approxi-
mative aux bornes du rotor est donnée par:
n 14,5 Hz
= x 1800 r/min = 435 r/min
E = sEco éq. 33-4
60 Hz
c) Tension crête de l'onde fondamentale à 14,5 Hz : où s est le glissement et Eco la tension aux bornes du
rotor à circuit ouvert, le rotor étant bloqué .
Ea4 crête = 116 'J2 = 164 V

réseau
triphasé

Figure 44-20
On peut faire varier la vitesse en changeant la tension d'une batterie d'accumulateurs . Par la même occasion, on charge cette
batterie, ce qui permet de récupérer l'énergie qui autrement serait perdue en chaleur .


COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 921

D'autre part, la tension Ed produite par le redresseur à L'onduleur à commutation naturelle est raccordé à un
diodes est : transformateur T. Ce dernier a un rapport de transfor-
mation tel que la valeur efficace de ET soit environ 80 %
Ed = 1,35 E éq . 42-6
de Eb. Il en résulte que l'angle de retard à l'amorçage
Comme la chute RId dans l'inductance de lissage est a sera assez près de la limite admissible de 165°, ce
négligeable, il s'ensuit que Ed = Eb . En combinant les qui diminue l'appel de puissance réactive de l'onduleur .
équations 33-4 et 42-6, on obtient : Les tensions Eb et ET sont reliées par l'équation :
Eb = 1,35 ET cos a éq . 42-12
Eb
s= (441) En combinant les équations 42-12 et 44-1, on obtient :
1,35 Ego Eb 1,35 ET cos a
s=
Comme Ego est une grandeur constante, l'équation 1,35 Eco 1,35 E,o
44-1 révèle que le glissement dépend exclusivement
ET cos a
de la tension Eb de la batterie . Par conséquent, on pour- d'où s = (44-2)
rait faire varier la vitesse du moteur en faisant varier la Ec
,
tension Eb . Donc, au bénéfice de faire varier la vitesse L'équation 44-2 indique que l'on peut faire varier le
du moteur vient s'ajouter la possibilité de récupérer de glissement du moteur, donc sa vitesse, en agissant sur
l'énergie . l'angle de retard a et sur la tension ET du transforma-
En pratique, on remplace la batterie par un onduleur teur. En pratique, la tension est ajustée à la valeur dési-
qui retourne la puissance au réseau (Fig . 44-21) . rée au moyen de prises .

redresseur onduleur

I,

IL tension appropriée

E vitesse désirée
unité de commande
seuils ` et d'allumage vitesse, glissement,
limites courant, tension, etc .,
réels

Figure 44-21
Commande de la vitesse d'un moteur à rotor bobiné utilisant un redresseur, un onduleur non autonome et
un transformateur à prises variables .



922 ÉLECTROTECHNIQUE

Le courant rotorique IR est rectangulaire . Il est consti-


tué d'alternances positives et négatives de 120° (Fig .
44-22) . La composante fondamentale est en phase avec t
Id
la tension ligne à neutre EAN . Par conséquent, la charge
V 210
aux bornes du rotor possède un facteur de puissance
de 100 % . Noter que la fréquence de ce courant est 0 30 60 90 120 150 180 degrés
égale à la fréquence de glissement, donc bien inférieure angle
à celle du réseau .
Cette méthode de commande de la vitesse est appellée
cascade hyposynchrone . Elle est économique car le Figure 44-22
a . Courant IR dans le rotor de la Fig . 44-21 .
redresseur et l'onduleur doivent porter seulement la b . Formes d'ondes du courant et de la tension du rotor .
puissance correspondant aux «pertes» Per dans le cir-
cuit du rotor. Cette puissance est sensiblement infé-
rieure à celle fournie au stator. Par exemple, si la vi-
tesse minimale exigée correspond à un glissement de
20 %, la puissance associée aux convertisseurs est seu-
lement 20 % de la puissance absorbée par le stator. Les
convertisseurs sont donc plus petits que s'ils étaient
placés dans le circuit du stator, où il faudrait comman-
der la pleine puissance . La Fig . 44-23 montre une ap-
plication importante de cette méthode de commande
de la vitesse .

Exemple 44-3
Un moteur à rotor bobiné de 3000 hp, 4160 V,
900 r/min, 60 Hz . entraîne une pompe centrifuge à
vitesse variable . Lorsque le moteur est raccordé à
un réseau triphasé de 4160 V, la tension entre les
Figure 44-23
bagues à circuit ouvert (rotor bloqué) est de 1800 V. l'approvisionnement en eau potable de la ville de Stuttgart,
Un transformateur triphasé de 4160 V/480 V est con- Allemagne, est assuré par un pipeline de 1,6 m de diamètre
necté aux bornes Lie l'onduleur (Fig . 44-24) . Le et 110 km de long, alimenté par les eaux du lac de Constance
moteur doit développer 800 kW à une vitesse de dans les Alpes . La pompe visible en arrière-plan est actionnée
700 r/min . Calculer : par un moteur à rotor bobiné de 3300 kW, 425 à 595 r/min,
5 kV, 50 Hz . La vitesse variable du moteur permet de régler
a) la puissance débitée par le rotor le débit en eau selon les besoins de la ville .
Le refroidissement du moteur blindé est assuré par un
b) la tension E entre les bagues ainsi que la tension échangeur de chaleur air/eau utilisant l'eau froide du lac à
Ed dans le circuit intermédiaire à c .c . 5 °C . Pendant le démarrage, on utilise un rhéostat liquide,
après quoi le rotor est branché aux onduleurs (situés contre
le courant continu 1,1 et la valeur efficace du cou- le mur) qui réinjectent l'énergie de glissement dans le réseau
rant dans le rotor (gracieuseté de Siemens) .
d) l'angle de retard à l'amorçage (le l'onduleur
e) le courant efficace au primaire et au secondaire
du transformateur La puissance mécanique P,,, est 800 kW ; on a donc :

Solution Pm = Pr (1 - s) éq . 33-8
a) Le glissement est : 800 = Pr (1 - 0,222)

S = ns - n = 900 - 700 = 0,222 d'où la puissance transportée du stator au rotor :


ns 900 Pr = 1028 kW



COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 923

1
3 phase
2
4160 V -

la
60 Hz 3

redresseur onduleur
40 A

cq4illâ.
stator
IR
rotor 344 A
A 4160 V

zz
480 V

L
transformateur
2240 kW, 4160 V 8 pôles
E co = 1800 V
a = 146,4°

Figure 44-24
Voir exemple 44-3 .

Si l'on néglige les pertes Joule dans le rotor, la puis- Comme la tension Eb de l'onduleur est négative, soit
sance électrique débitée par le rotor est : Eb = - 540 V, on a :

Pir =SPr - 540 = 1,35 x 480 cos a


= 0,222 x 1028 d'où a = 146,4°
= 228 kW e) Le courant dans les lignes à 480 V a une forme rec-
tangulaire. Son amplitude est de 422 A et sa valeur ef-
Le redresseur, l'onduleur et le transformateur trans-
ficace est donnée par :
portent donc une puissance active de 228 kW, qui est
retournée au réseau . I = 0,816 Id = 0,816 x 422
b) Tension approximative aux bornes du rotor : = 344 A
E = sEco = 0,222 x 1800 V = 400 V Courant efficace IZ au primaire du transformateur :
Tension continue à la sortie du redresseur :
480 V
Ed = 1,35 E = 1,35 x 400 = 540 V 12 _ x 344 A
4160 V
c) Courant continu dans le circuit intermédiaire : = 40 A

Pir _ 228 000 44 .7 Entraînement à vitesse variable


Id = - = 422A
Ed 540 utilisant un gradateur
Valeur efficace du courant dans le rotor : On peut faire varier la vitesse d'un moteur à cage d'écu-
reuil en faisant simplement varier la tension à ses bor-
IR = 0,816 Id = 0,816 x 422 éq. 42-8
nes . Cette méthode de commande de la vitesse s'avère
= 344 A utile lorsque la charge exerce un couple qui varie sen-
d) L'angle d'amorçage de l'onduleur est donné par : siblement avec le carré de la vitesse, comme, par exem-
ple, un ventilateur ou une pompe centrifuge .
Eb = 1,35 ET cos a

924 ÉLECTROTECHNIQUE

Supposons que le stator soit raccordé à un autotrans- Le couple résistant d'un ventilateur varie à peu près
formateur triphasé à tension variable (Fig . 44-25a) . À avec le carré de la vitesse* . Cette caractéristique est
la tension nominale, la caractéristique du couple en représentée par la courbe (3) que nous avons superpo-
fonction de la vitesse du moteur est donnée par la sée sur les courbes T-n du moteur. L'intersection des
courbe (1) de la Fig . 44-25b . Lorsqu'on applique la courbes (1) et (3) montre qu'à pleine tension le venti-
moitié de la tension nominale, on obtient la courbe (2) . lateur tourne à 90 % de la vitesse synchrone . Pour cette
En effet, comme le couple varie avec le carré de la condition de pleine charge, le courant I a est en retard
tension, les couples sont partout réduits par un facteur sur la tension de 0 degrés (Fig . 44-26) . D'autre part,
4 . Ainsi, la figure montre que le couple de décrochage lorsque la tension est réduite de moitié, le nouveau point
chute de 184 % à 46 % . d'opération est donné par l'intersection des courbes
(2) et (3) . On constate alors que le ventilateur ne tourne
plus qu'à 60 % de la vitesse synchrone . Ainsi, en fai-
Il sant varier la tension, on peut ajuster la vitesse à la
valeur désirée .
2 0---- T
Remplaçons l'autotransformateur variable par un
30 gradateur triphasé composé de 3 groupes de thyristors
autotransformateur raccordés en antiparallèle (Fig . 44-27) . À la section
à tension variable 42 .18, chapitre 42, nous avons déjà discuté du prin-
cipe de fonctionnement d'un gradateur.
Figure 44-25a
Un autotransformateur à prises variables permet de faire
Supposons que l'angle de retard à l'amorçage a soit
varier la vitesse d'un moteur asynchrone . ajusté afin qu'il soit égal à l'angle 0 indiqué à la Fig .
44-26 . Dans ces circonstances (Fig . 44-28a), les alter-
nances de courant IA 1 et IA2 donnent ensemble la même
forme d'onde que celle de I a . Le circuit réagit en effet,
200
comme si le gradateur n'était pas présent .
175 Pour abaisser la tension, il suffit d'augmenter l'angle
d'amorçage a. Par exemple, lorsque les impulsions sont
150
(1) retardées de 145° (Fig . 44-28b), la tension efficace aux
â 125 bornes du moteur est environ 20% de la tension nomi-
coi 100
75
50
(2)
25
0
0 20 40 60 80 100
vitesse T
vitesse
synchrone

Figure 44-25b 0H
Courbes du couple en fonction de la vitesse d'un moteur
asynchrone . La courbe (1) est obtenue à la tension nominale ;
la courbe (2) est obtenue à 50 % de la tension nominale . La
courbe (3) montre la caractéristique couple/vitesse d'un
ventilateur.

Les moteurs conçus pour entraîner ces types de charges


sont souvent appelés moteurs à couple variable («variable Figure 44-26
torque motor») . Formes d'ondes de la tension EAN et du courant Ia .
COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 925

02

Figure 44-28a
Formes d'ondes de la tension ligne à neutre et du courant
vitesse, courant, tension,
dans le moteur lorsqu'il est alimenté par un autotrans-
position du rotor, etc ., réels
formateur . Le courant est en retard de edegrés sur la tension .

Figure 44-27
Diagramme schématique d'un gradateur alimentant un moteur
asynchrone triphasé .

nale . Les formes d'ondes de la tension EAN et des cou-


rants IAl et IA2 sont très déformées, ce qui augmente
les pertes dans le moteur, comparativement à celles
obtenues avec un autotransformateur. De plus, au fur
et à mesure que l'angle de retard augmente, le facteur
de puissance se détériore .
À cause des pertes Joule et du bas facteur de puissance,
cette méthode de commande de vitesse est praticable
seulement pour les moteurs dont la puissance est infé-
rieure à 20 hp . En plus des ventilateurs et des pompes,
les treuils sont bien adaptés à ce genre de contrôle car Figure 44-28b
leur cycle de fonctionnement intermittent permet un Formes d'ondes approximatives de la tension et du courant
dans le moteur lorsque l'angle d'allumage a est retardé d'un
refroidissement durant les périodes d'arrêt .
angle supérieur à 9 degrés .
44.8 Démarreurs à semi-conducteurs pour
moteurs asynchrones
gros moteur pourrait incommoder tous les clients bran-
Dans plusieurs applications industrielles un moteur
asynchrone ne doit pas démarrer trop rapidement . Par chés sur la même artère .
exemple, dans le cas d'un convoyeur, le démarrage doit Dans toutes ces applications le gradateur statique de la
être assez doux pour ne pas faire basculer la marchan- Fig . 44-27 peut assurer le démarrage et l'arrêt doux et
dise à transporter. Dans d'autres cas, une pompe cen- contrôlé du moteur. Il suffit d'appliquer des impulsions
trifuge ne doit pas démarrer trop rapidement car une appropriées aux gâchettes des thyristors durant ces in-
«obstruction» comme un coude ou une valve pourrait tervalles . En général, le démarrage est programmé afin
causer un violent coup de bélier . Ces coups peuvent que la tension initiale aux bornes du moteur augmente
arracher les supports, voire même faire éclater les rapidement (mais pas brusquement) jusqu'au moment
tuyaux . Enfin, dans d'autres cas, la chute de tension où le moteur commence à tourner. Ensuite, on augmente
occasionnée par le démarrage direct sur la ligne d'un la tension linéairement jusqu'à la tension nominale .

926

0
1,0

Emin

1,0

1,0
ÉLECTROTECHNIQUE

départ

départ
brusque
démarrage
doux

démarrage t, en marche

démarrage doux
avec
«kickstart»

démarrage ti en marche

démarrage
direct sur
la ligne
(a)

(b)

(c)
Certains programmes de démarrage appliquent pendant
une ou deux secondes la pleine tension aux bornes du
moteur . Cela a pour but de créer un coup de départ pour
vaincre le frottement sec . Dans d'autres programmes,
le courant de démarrage est automatiquement limité à
3 ou 4 fois le courant nominal .
L'arrêt contrôlé d'un moteur est parfois aussi impor-
tant que son démarrage . Par exemple, lorsqu'on débran-
che un moteur, il s'arrêtera peut-être trop rapidement .
Dans ce cas, l'arrêt prolongé offert par certains démar-
reurs constitue un avantage . Pendant la rampe de
décéleration, la tension aux bornes du moteur diminue
graduellement jusqu'à l'arrêt complet .
On présente à la Fig 44-29 quelque-unes des options
de démarrage et d'arrêt disponibles sur le marché . Par
exemple, la Fig . 44-29d montre la tension E aux bor-
nes du moteur en fonction du temps lors du démarrage
et de l'arrêt d'une machine à imprimer . Le démarrage
en «S» assure un départ très doux suivi d'une accéléra-
tion modérée et une transition graduelle vers la marche
en régime permanent . Lors de l'arrêt, la rampe de dé-
célération assure un ralentissement graduel sans coup
brusque .
Un autre avantage des démarreurs à semi-conducteurs
0 est leur fiabilité et l'absence totale de bruit . Contraire-
en marche ment aux disjoncteurs conventionnels, ils ne font pas
de bang de fermeture et d'ouverture . Enfin, dans le cas
1,0
d'une grande usine, on n'a plus besoin de programme
d'entretien pour remplacer les contacts usés .
La Fig . 44-30 montre deux types de démarreurs à semi-
Emin conducteurs . On peut programmer sur le chantier le
genre de démarrage et d'arrêt désiré .
arrêt ~,
Lorsqu'un gros moteur a atteint sa vitesse de régime,
o I
démarrage en on utilise parfois un contacteur pour court-circuiter les
marche thyristors . Cela élimine les pertes causées par la chute
4,0 de tension entre l'anode et la cathode . On estime que
courant de les pertes totales pour les trois phases sont d'environ
démarrage 3,5 W par ampère . Ainsi, dans un démarreur de moteur
limité de 600 hp qui tire un courant de 520 A, les thyristors
(e) dissipent 3,5 x 520 = 1820 W. Si l'on n'utilise pas de
l'0- contacteur de court-circuit, il faut ajouter une ventila-
tion forcée pour dissiper la chaleur .
démarrage en marche Les démarreurs à semi-conducteurs sont disponibles
pour les moteurs de un kilowatt à quelques milliers de
Figure 44-29 kilowatts . Ils offrent une alternative intéressante au
Cinq programmes de démarrage et d'arrêt doux d'un moteur démarrage par résistances ou autotransformateurs . Le
asynchrone utilisant un démarreur à semi-conducteurs . remplacement des anciens démarreurs conventionnels

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 927

source onduleur
à c .c . autonome
C
EF = tension ligne à ligne
cos 0 = facteur de puissance

i ~ EdId = / 3 EFIF cos 9


fréq . D

Figure 44-31
Caractéristiques fondamentales d'un onduleur autonome .

vent à l'alimentation en courant continu, les trois autres


constituent la sortie triphasée . Cette représentation sim-
ple permet de nous concentrer sur les caractéristiques
fondamentales des onduleurs autonomes :
Figure 44-30 1 . Les pertes dans l'onduleur sont relativement faibles ;
Démarreur à semi-conducteurs pour moteur de 5 hp, 460 V, par conséquent, on peut supposer que la puissance à
60 Hz . Le temps de démarrage est ajustable de 5 s à 50 s ;
couple de départ ajustable de 0-75 % ; courant de démarrage c .c . à l'entrée est égale à la puissance active tripha-
ajustable de 75 % à 400 % ; durée du «kickstart» variable de sée à la sortie . En se référant à la Fig . 44-31, on peut
0-1,5 s . En arrière plan un démarreur de 40 hp, 460 V donc écrire :
(gracieuseté de Baldor Electric Company) .

constitue un marché important pour les démarreurs à


Edld = V EF IF cos 0 (44-3)

semi-conducteurs .
ou
Ed = tension continue à l'entrée de l'onduleur
VARIATEURS DE VITESSE UTILISANT DES
Id = courant continu [A]
ONDULEURS AUTONOMES
EF = composante fondamentale de la tension al-
ternative entre les lignes triphasées [V]
44 .9 Note concernant les onduleurs
IF = composante fondamentale du courant alter-
autonomes
natif, par phase [A]
Nous venons d'étudier la commande des machines à
cos 9 = facteur de puissance de la charge
c .a . utilisant les convertisseurs de fréquence dont la
commutation est naturelle . Nous abordons maintenant 2 . L'onduleur peut générer ou absorber de la puissance
les variateurs de vitesse utilisant les onduleurs autono- réactive ; celle-ci est imposée par la nature de la
mes dont la commutation est forcée . Avant d'entrepren- charge
dre cette section nous recommandons au lecteur de ra- 3 . La puissance réactive générée ou absorbée par
fraîchir ses connaissances sur les principes de fonc- l'onduleur n'exige, en moyenne, aucune puissance
tionnement des onduleurs autonomes en se référant aux de la source à c .c .
sections 42 .20, 42 .49 et 42 .52 . 4 . La fréquence des impulsions fournies aux gâchettes
Par définition, un onduleur autonome convertit une détermine la fréquence d'opération de l'onduleur
puissance continue en puissance alternative . Il peut 5 . Les valves à l'intérieur de l'onduleur relient les bor-
aussi faire la conversion inverse, mais il fonctionne alors nes à c .c . aux bornes à c .a . dans une séquence con-
en redresseur à commutation forcée . trôlée . Comme la chute de tension dans les valves
À cause de la variété des circuits de commutation, nous est négligeable, il s'ensuit que :
montrons d'abord l'onduleur autonome comme un sim- (i) lorsque l'onduleur est alimenté par une source
ple dispositif à 5 bornes (Fig . 44-3 1) . Deux bornes ser- de tension Ed, l'amplitude de la tension alternative


928 ÉLECTROTECHNIQUE

entre les lignes à c .a . est soit nulle, soit ± Ed que les IGBT et les MOSFET . La commutation se fait
(ii) lorsque l'onduleur est alimenté par une source beaucoup plus rapidement de sorte qu'on peut attein-
de courant Id, le courant dans chaque ligne à c.a. est dre des fréquences de 4, 8, 10 et même 16 kHz .
soit nul, soit ± Id Un onduleur autonome est toujours alimenté par une
source à c .c . Habituellement, on l'obtient en redres-
On peut regrouper les onduleurs autonomes en deux
sant la tension du fournisseur d'électricité . La sortie
catégories : ceux qui génèrent une onde rectangulaire
et ceux qui produisent une onde à modulation de lar- c .c . du redresseur est reliée à l'entrée c .c . de l'onduleur
par un circuit intermédiaire . On utilise deux types de
geur d'impulsion (MLI) . Nous débutons l'étude avec
circuits : la liaison à source de courant (Fig . 44-32a) et
les onduleurs à ondes rectangulaires
la liaison à source de tension (Fig . 44-34a) . La source
44 .10 Onduleurs autonomes à ondes en question est le redresseur qui agit comme source de
rectangulaires courant ou comme source de tension selon la nature du
On peut utiliser des thyristors pour construire un signal envoyé à ses gâchettes . L'onduleur est alors ap-
onduleur à commutation forcée mais, pour ce faire, on pelé onduleur de courant ou onduleur de tension . La
doit avoir recours à des artifices . On doit ainsi ajouter à construction d'un onduleur de courant diffère de celle
chaque thyristor un ensemble de condensateurs, indue- d'un onduleur de tension .
tances, diodes et thyristors auxiliaires . Le but de ces Lorsqu'il fonctionne comme source de courant (Fig .
composants est de forcer les thyristors de puissance à 44-32a), le redresseur fournit un courant constant à
conduire à des instants où normalement ils ne condui- l'onduleur ; celui-ci distribue le courant successivement
raient pas, et de forcer leur blocage avant les instants aux trois phases alimentant le moteur . Dans le circuit
«naturels» d'extinction . intermédiaire, une inductance de lissage aide à mainte-
La construction d'un onduleur de grande puissance est nir le courant Id constant, tout en réduisant son ondula-
rendue plus facile avec les thyristors GTO. Toutefois, tion . Par contre, lorsqu'il fonctionne en source de ten-
ce type d'onduleur peut fonctionner à des fréquences sion (Fig . 44-34a), le redresseur fournit une tension
de seulement quelques centaines de hertz . constante à l'onduleur ; celui-ci applique la tension à
tour de rôle aux trois phases du moteur . Dans ce cas un
Les onduleurs à onde rectangulaire simples et extrê-
condensateur à l'entrée de l'onduleur aide à maintenir
mement rapides sont construits avec des transistors tels
une tension constante .

convertisseur 2
convertisseur 1

moteur à cage

courant
approprié - vitesse désirée
unité de commande
et d'allumage vitesse, glissement,
courant, tension, etc ., réels

Figure 44-32a
Diagramme schématique d'un redresseur et d'un onduleur de courant alimentant un moteur à cage d'écureuil .

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 929

Le freinage par récupération de l'énergie est réalisé en


diminuant la fréquence des impulsions fournies à
l'onduleur. Comme on l'a expliqué à la section 40 .21,
le moteur fonctionne alors en génératrice asynchrone,
et débite son énergie dans l'onduleur. Cela inverse la
polarité de E2 . En même temps le circuit de commande
retarde de près de 180° les impulsions appliquées aux
jure 44-32b gâchettes du convertisseur 1, ce qui inverse la polarité
armes d'ondes du courant et de la tension ligne à neutre du
)teur .
de E, . Comme le courant dans le circuit de liaison cir-
cule toujours dans le même sens, l'onduleur renvoie de
la puissance au convertisseur 1 . Celui-ci devient alors
un onduleur à commutation naturelle, renvoyant la puis-
sance au réseau triphasé . Le nouveau déphasage entre
I, et EAN est montré à la Fig . 44-32c . Remarquer l'in-
version de la polarité EAN par rapport à la direction du
courant . Noter que durant la période de freinage le con-
vertisseur 2 continue à fournir la puissance réactive
exigée par le moteur asynchrone, maintenant devenu
générateur.
jure 44-32c
rmes d'ondes du courant et de la tension ligne à neutre Il est facile de changer le sens de rotation en changeant
sque le moteur fonctionne en générateur asynchrone . la séquence des impulsions fournies au convertisseur
2 . Ce système d'entraînement permet donc au moteur
de fonctionner dans les 4 quadrants du plan Tin sans
gnalons que les termes «courant constant» et «ten-
changer de connexions . Les charges de grande inertie
)n constante» réfèrent à une condition donnée de la
peuvent être accélérées ou décélérées rapidement . Pour
arge . Si la vitesse ou le couple du moteur varient,
ce faire, il suffit que le système de commande limite le
mine il se doit, le courant constant (ou la tension
couple du moteur à une valeur inférieure au couple de
nstante) varie en conséquence .
décrochage durant la période de transition .
G .11 Onduleur à onde rectangulaire Au chapitre 35, section 35 .12, nous avons vu que lors-
alimenté par une source de courant que le flux dans un moteur asynchrone est maintenu
onduleur de la Fig . 44-32a est alimenté par une source constant, le courant statorique est directement relié à
courant . Ce type d'entraînement est employé lors- la vitesse de glissement n g . Le système de commande
'il s'agit d'alimenter un moteur individuel . La com- exploite cette relation et, à cette fin, maintient un flux
itation de l'onduleur produit dans chaque phase du constant à toutes les vitesses en agissant sur les gâ-
)teur un courant alternatif de forme rectangulaire dont chettes du convertisseur 1 et de l'onduleur 2 . Il s'en-
durée est de 120° (Fig . 44-32b) . Cependant, grâce à suit que les tensions El et E2 (Fig . 44-32a) doivent
Distribution de l'enroulement imbriqué dans plusieurs monter et descendre avec la fréquence afin que le rap-
coches, ce courant produit dans le moteur une distri- port volts/hertz demeure constant. Une réduction de
tion de flux qui est presque sinusoïdale . Par consé- vitesse exige donc que les impulsions envoyées au con-
ent, la tension induite entre les bornes A, B, C du vertisseur 1 soient retardées . Malheureusement, ce re-
)teur est presque sinusoïdale en dépit de la forme tard augmente la puissance réactive tirée du réseau . Il
)nde rectangulaire du courant . en résulte un mauvais facteur de puissance lorsque le
Fig . 44-32b montre le courant Ia dans la phase A et moteur développe son couple nominal à basse vitesse.
tension ligne à neutre EAN correspondante . L'angle En pratique, la vitesse du moteur est variable dans une
déphasage 9 dépend du facteur de puissance du plage de 10 :1 . La puissance du moteur est générale-
)teur et non pas de la commutation de l'onduleur. ment comprise entre 15 kW et 600 kW. La Fig . 44-33
instant t l coïncide avec l'allumage de la valve con- montre la construction d'un variateur de vitesse à cou-
ctée à la phase A. rant constant.


930 ÉLECTROTECHNIQUE

Ii1III iI - Ililll IIIIIL .


~1 oif-=1~I I' =IIC111=

Figure 44-33
Système d'entraînement à vitesse variable utilisant un redresseur et un onduleur de courant à commmutation
forcée . Le système est conçu pour alimenter un moteur asynchrone triphasé conventionnel de 500 hp, 460 V,
1780 r/min, 60Hz . La fréquence est variable de zéro à 72 Hz . À pleine charge, le rendement du système est de
95 % . Le moteur peut fonctionner dans les 4 quadrants (gracieuseté de Robicon Corporation) .




COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 931

Exemple 44-4 IF = 0,9551 éq . 42-10


Un moteur asynchronee triphasé de 50 hp, 440 V, = 0,955 x 78 = 74,5 A
1 165 r/min, 60 Hz tire un courant efficace de 78 A,
à pleine charge . Il est commandé par un système Courant continu Id :
redresseur/onduleur de courant (Fig . 44-32a) . Le
Id = IF = 74,5
rendement du moteur est de et celui de = 95,5 A éq . 42-9
0,78 0,78
l'on(Iuleur. de 94 U . Calculer :
a) la puissance à c .c . absorbée par le convertisseur 2 c) Valeur moyenne de E t (et de E2 ) :

b) le courant continu I,, P2


43 100W = 451 V
Et = -
_
c) la tension E générée par le convertisseur I Id 95,5 A

Solution 44 .12 Onduleur autonome alimenté par une


a) Puissance active absorbée par le moteur : source de tension
Dans certaines applications industrielles, comme, par
Pm = 50 hp x 746 exemple, les usines de textiles, on doit commander si-
P = = 40,5 kW
0,92 multanément la vitesse de plusieurs moteurs . Afin de
Ti
fonctionner à la même tension et à la même fréquence
Puissance absorbée par le convertisseur 2 : les moteurs sont branchés sur une même ligne alimen-
tée par un seul onduleur. Dans ces conditions, le sys-
P 40,5 kW
Pz = _ = 43,1 kW tème d'entraînement du type redresseur/onduleur de
il 0,94 courant ne convient pas car il tend à fournir un courant
constant à l'ensemble des machines, indépendamment
b) À pleine charge, le courant efficace I a est de 78 A .
de leurs charges mécaniques respectives . Pour cette
Comme la forme d'onde est rectangulaire et qu'elle est
raison, on doit alors utiliser un onduleur autonome ali-
composée d'alternances de 120°, la composante fon-
menté par une source de tension (Fig . 44-34a) .
damentale I F a une valeur :

convertisseur 2

onduleur
réseau autonome
triphasé El c E2 de
tension

moteur à cage

JL tension appropriée il fréquence


appropriée

vitesse désirée
nité de commande
seuils ` et d'allumage vitesse, glissement,
limites i courant, tension, etc ., réels

Figure 44-34a
Diagramme schématique d'un redresseur et d'un onduleur de tension alimentant un moteur à cage d'écureuil .

932 ÉLECTROTECHNIQUE

C EAB

T2
E

~ . ... ... ... ... . ..

Forme d'onde de la tension ligne à ligne du moteur . intervalles de 60°


con- T1 T3 T5 T7 T9 Tu
tacts T2 T4 T6 T8 T10 T12
1 X X X X X X
Le redresseur triphasé produit une tension El . Le filtre 2 X X X X X X
LC réduit l'ondulation du courant continu Id et main- 3 X X X X X X
tient une tension «solide» à l'entrée de l'onduleur . La 4 X X X X X X
commutation de l'onduleur autonome produit aux bor- 5 X X X X X X
nes du moteur une tension alternative de forme rectan- 6 X X X X X
gulaire . La durée de chaque alternance est de 120° (Fig . (b)
44-34b) .
T1 T2 T3 T4 T5 I T6 : T7 : T8 T9 IT10';T11';T12
I

Afin de maintenir un flux constant dans le moteur (ou


les moteurs) on fait varier l'amplitude de la tension al- 2f Ed
71
ternative en proportion avec la fréquence . Comme la
tension crête Eab à c .a. est égale à la tension continue
r EAB

E2, la tension E l produite par le redresseur doit aug- hl À


menter et diminuer avec la fréquence .
Il est possible d'appliquer le freinage par récupération
d'énergie en diminuant la fréquence de l'onduleur . Le
courant Id change alors de sens car le moteur fonctionne
en génératrice asynchrone . Contrairement à un onduleur
de courant, la tension E 2 ne change pas de polarité.
Comme le convertisseur 1 bloque tout courant Id néga-
tif, un troisième convertisseur (non représenté sur la
figure) doit être raccordé en antiparallèle avec le con-
vertisseur 1 si on veut bénéficier du freinage par récu-
pération de l'énergie . Ce troisième convertisseur fonc-
tionne alors en onduleur à commutation naturelle, et

Figure 44-35
a . Trois commutateurs mécaniques peuvent produire aux
bornes du moteur la même tension que l'onduleur de tension .
b . Tableau montrant l'action des commutateurs .
c . Formes d'ondes des tensions triphasées aux bornes du
moteur .
d . Formes d'ondes des tensions entre les lignes et le neutre
du moteur. (d)

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 933

durant cette période le convertisseur 1 est bloqué . Cet ce dernier cas, on peut maintenir le synchronisme d'un
équipement supplémentaire implique que les systèmes groupe de moteurs tout en faisant varier leur vitesse .
d'entraînement à source de tension sont plus coûteux En pratique, la vitesse est variable dans un rapport de 1
que ceux à source de courant . Dans plusieurs applica- à 10 . Les moteurs ont une capacité typique comprise
tions, on utilise simplement une résistance entre les entre 1 kW et 600 kW.
bornes 4 et 5 pour freiner le moteur . Étant donné que l'on doit diminuer la tension E t du
L'action de l'onduleur peut être simulée par les trois convertisseur 1 lorsque la vitesse diminue (Fig . 44-34a),
commutateurs de la Fig . 44-35a. Ce schéma illustre l'appel de puissance réactive tirée du réseau triphasé
encore que les valves à l'intérieur de l'onduleur fonc- peut être considérable . Pour cette raison, on utilise par-
tionnent essentiellement comme des interrupteurs à fois un redresseur mixte avec diode de roue libre . On
haute vitesse . La séquence d'ouverture et de fermeture se souviendra (section 43 .9) que l'emploi de ce genre
des contacts est donnée dans le tableau : un x indique de redresseur diminue l'appel de puissance réactive
un contact fermé ; une case vide, un contact ouvert . lorsque la tension à c .c . est faible .
Chaque interrupteur reste donc dans la même position
Une autre solution consiste à interposer un hacheur c .c .-
pendant une période de 180° . Le tableau montre que la
c .c . entre le redresseur et l'onduleur (Fig . 44-36) . Dans
commutation se fait en 6 étapes, après quoi le cycle
ce cas, on utilise un redresseur tout diodes, ce qui as-
recommence. Les tensions alternatives ligne à ligne qui
sure un facteur de puissance du réseau presque uni-
en résultent sont montrées à la Fig . 44-35c .
taire . C'est le hacheur qui fournit alors la tension va-
La Fig. 44-35d montre aussi la forme d'onde des ten- riable à l'onduleur. Cet arrangement est particulière-
sions entre les lignes et le neutre flottant du moteur . ment utile lorsque plusieurs onduleurs autonomes sont
Les valeurs crêtes des tensions fondamentales sont in- alimentés par un bus commun .
diquées en fonction de la tension continue Ed qui ali-
mente le convertisseur . Par exemple, dans la Fig . 44- 44 .13 Variateur de vitesse pour moteur à
35d, la valeur crête de la tension fondamentale est égale cage de 5 hp
à (2/it)Ed. Afin de consolider nos connaissances, considérons un
Les formes d'ondes sont distorsionnées ; par consé- variateur de vitesse alimentant un moteur à cage d'écu-
quent, elles contiennent des harmoniques . Dans le cas reuil (Fig . 44-37) . Dans l'exemple qui suit nous analy-
des Fig . 44-35e et 44-35d, l'amplitude des harmoni- serons son comportement .
ques décroît en fonction de leur ordre . Ainsi, les am- Rappelons que les flèches associées aux valves Q1 à
plitudes du 5e et du 7e harmonique sont respectivement Q6 indiquent le sens de la conduction permise lorsque
1/5 et 1/7 de celle de la fondamentale . les valves respectives sont fermées (voir section 42 .45) .
Ce système d'entraînement permet de faire varier la Les valves, même fermées, possèdent une directivité
vitesse de plusieurs moteurs simultanément . Il peut ali- qui ne permet pas de conduire un courant dans le sens
menter des moteurs asynchrones ou synchrones . Dans inverse de la flèche .

onduleur
réseau - redresseur liaison hacheur liaison autonome
triphasé - tout diodes à c .c . T à c .c .
T de tension

tension appropriée ?n T fréquence appropriée


seuils unité de commande vitesse désirée
limites et d'allumage valeurs réelles
E, I. n, etc .

Figure 44-36
Un hacheur interposé entre un redresseur tout diodes et l'onduleur permet de
faire varier la tension c .c . aux bornes de l'onduleur . Cette technique assure un
bon facteur de puissance du côté du réseau .



934 ÉLECTROTECHNIQUE

Solution
Nous raisonnons alors comme suit :

Composante fondamentale
1) En ce qui concerne les composantes fondamentales
des tensions et courants à 60 Hz, le circuit de la Fig .
44-38 s'applique .

2) Tension efficace du moteur ligne à neutre :

EAN = 254 V

EAN crête = 254 J2 = 359 V

3) Tension Ed de la source à c .c . :

D'après la Fig . 44-35d, on a :

2/7t Ed = 359

d'où Ed = 564 V

4) La séquence d'ouverture et de fermeture des IGBT


(Fig . 44-39) suit le programme de la Fig . 44-35b .
Dans une même branche du convertisseur, les valves
Figure 44-37 s'ouvrent et se ferment alternativement pendant 180° .
Onduleur autonome à source de tension fournissant une Un angle de 360° correspond à un cycle dont la durée
tension alternative rectangulaire .
est de 1/60 s . Il en résulte les formes d'ondes illustrées
à la Fig . 44-40 .

Exemple 44-5 5) La composante fondamentale du courant est de


Un variateur de vitesse à onde rectangulaire alimente 6,28 A, soit une valeur crête de 6,28J2 = 8,9 A
un moteur de 5 hp, 1753 r/min, 440 V, 60 Hz . Ce 6) Le facteur de puissance de déplacement est égal au
moteur a été présenté à la section 35 .7, chapitre FP du moteur, soit 88,1 %
et son circuit équivalent à pleine charge est repro-
Composantes harmoniques
duit à la Fig . 44-38 . Le moteur tourne à 1753 r/min,
tire un courant fondamental de 6,28 A et exerce un Examinons maintenant l'effet du 5e harmonique .
couple de 20,5 N-m . Son rendement est de 89,6 % 7) La tension efficace ligne à neutre du 5e harmonique
et le facteur de puissance est de 88,1 7e : le courant est 1/5 de la tension fondamentale ; on a donc :
est donc en retard sur la tension d'un angle de arccos
EAN(5) = 254/5 =50,8 V ; fréquence 300 Hz
0,881 = 28° .

On désire analyser le comportement du moteur et


du variateur lorsque le moteur fonctionne à pleine
charge à 60 Hz . En particulier, nous voulons déter-
miner :

• la tension continue Ed requise


• le facteur de puissance de déplacement
• la valeur du 5° harmonique du courant
• le couple dû au 5° harmonique
• le courant efficace à pleine charge N

• le comportement du variateur durant un cycle et, Figure 44-38


en particulier, les périodes de conduction des IGBT Circuit équivalent à pleine charge d'un moteur asynchrone
triphasé de 5 hp, 1753 r/min, 440 V, 60 Hz ; rendement 89,6 %,
de la branche alimentant la phase A
FP. 88,1 %, couple 20,5 N .m . Voir exemple 44-5 .




COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 935

Z,

'p(5) - 1(5) - / r, x \
1,77A 1,65A 1,50 3052
Q1

Q2
54
Q3

Q4 N
Figure 44-41
Circuit équivalent du moteur pour le 5e harmonique . Voir
Q5
exemple 44-5 .

Q6 il s'ensuit que la vitesse de glissement n g du 5e harmo-


nique est de 9000 + 1753 = 10 753 r/min . Le glisse-
ment s est :
0 120 240 360 480 600 720
--> degrés s = nglns = 10 753/9000 = 1,19

Figure 44-39
En ce qui concerne le 5e harmonique, le moteur agit
Séquence d'ouverture et de fermeture des valves . Une barre comme frein (glissement > 1) . La résistance rotorique
noire indique une valve fermée . de 1,2 52/s (Fig . 44-40) a donc une valeur de
1,2 S2/s = 1,2 Q/1,19 = 1,0 S2
10) La fréquence dans le rotor est :
f
,, Ed = 564 V ,, ,,
f2 = sf éq . 33-3

r
0 --- , = 1,19 x 300 = 357 Hz
360° '
r
Cette fréquence élevée fait augmenter la résistance
\ À \
rotorique r2 de 5 ou 6 fois, à cause de l'effet pellicu-
laire . Supposons qu'elle augmente de 5 fois, ce qui
donne à l'élément r 2/s une valeur de (5 x 1,2)/1,19 =
0
5 S2 . En inscrivant cette valeur dans le circuit équiva-
lent de la Fig. 44-41, on obtient, après calculs, les cou-
rants de 5e harmonique suivants :
1 1(5) = 1,65 A Ip(5) = 1,77 A
Figure 44-40
Tensions ligne à ligne et ligne à neutre . Voir exemple 44-5 . 11) Puissance totale fournie au rotor par le 5e harmoni-
que :

Pi(5) = 3rI1(5) = 3 x 5 x 1,65 = 40,8 W


8) Comme la fréquence est 5 fois celle de 60 Hz, les Celle-ci est une perte Joule dissipée en chaleur .
réactances inductives de la Fig . 44-38 se multiplient 12) La puissance fournie au rotor permet de calculer le
par 5 . On obtient donc le circuit équivalent de la Fig . couple de freinage . Sa valeur est:
44-41 .
9) À 60 Hz, la vitesse synchrone est de 1800 r/min ; à 9,55Pr
T = éq. 33-9
300 Hz elle est donc de 5 x 1800 = 9000 r/min . Cepen- nS
dant, le champ magnétique dû au 5e harmonique tourne
9,55 x 40,8
dans le sens inverse de celui créé par la fondamentale . = 0,04 N.m
Comme le moteur tourne à une vitesse de 1753 r/min, 9000



9 36 ÉLECTROTECHNIQUE

Puisque le couple nominal à pleine charge est de


20,5 N •m, le freinage exercé par le 5e harmonique est
absolument négligeable . Par contre, les variations du
couple instantanné sont substantielles . On peut en ef- Q1 D1 X
fet montrer que l'ajout d'un 5e harmonique dans la ten- A
sion appliquée au stator produit, en plus du couple de Ed = 564 V
freinage constant de 0,04 N •m, un couple oscillatoire
Q2 J D2 -
en 6e harmonique . Le courant de 5e harmonique dans
le rotor correspond à 1,65 A comparativement au cou-
rant fondamental de 5,31 A. Donc, en première approxi-
mation, le couple vibratoire crête est de 1,65/5,31 x 20,5 Y
(a)
= 6,4 N •m . La fréquence de vibration est de 6 x 60 Hz
= 360 Hz. À cette fréquence, le couple vibratoire sera
peu perceptible car il sera amorti par l'inertie du rotor . V EAN
13) Le courant efficace total tiré par le moteur dû à la 376 ' i-- - i---- -----
8,9 A
fondamentale et au 5e harmonique est : 188 ---- --------- r
0
Ip(total) = p + 1Z p(5)
-188 88° 268°
= 1i 6,282 + 1,772 = 6,52 A
-376
Ce courant est environ 3,5 % supérieur au courant no- Q2 01 01 01 Q2 Q2 Q2 01
minal de 6,28 A à 60 Hz . Il s'ensuit que les pertes Joule 60 120 180 240 300 360 420 48(
dans le stator augmentent . Pour les 3 phases l'augmen- degrés
tation est de : (b)
P(5) = 3 x 1p2 (5) X r1 Figure 44-42
a . Une branche de l'onduleur (voir exemple 44-5) .
= 3 x 1,652 x 1,5 = 12,3 W b . Tension ligne à neutre du moteur et composante
fondamentale du courant !a .
Une analyse plus complète indurerait l'effet des har-
moniques supérieurs au 5e . Toutefois, les calculs que en retard sur la tension . Suivons les événements durant
nous venons de faire mettent en évidence les facteurs un cycle, soit de 0° à 360° .
qui entrent en jeu . Il est clair que la présence des har- 14) 0° à 60° : la est (-), EAN est (-) et Q2 est fermé .
moniques augmente les pertes dans le rotor et le stator . Comme la tension et le courant sont négatifs, l'enrou-
Par conséquent, le rendement diminue et la tempéra- lement reçoit de l'énergie de la source . Le courant étant
ture du moteur augmente . négatif, il doit passer par Q2 ou D1 (Fig . 44-42a) . Il
Comportement du variateur prend le chemin Q2 car la diode ne peut pas conduire
lorsque son anode est négative par rapport à la cathode .
Examinons maintenant le comportement du variateur
durant un cycle complet de commutation . 15) 60° à 88° : 1, est (-), EAN est (+) et Q I est fermé .
La Fig . 44-42a montre la branche qui alimente l'en- L'enroulement renvoie de l'énergie à la source . Le cou-
roulement AN du moteur où N est le neutre . La bran- rant négatif ne pouvant pas passer par Q1 (à cause de
che comprend les valves Q1 et Q2 et les diodes D1 et la directivité de cette dernière), il faut qu'il passe par
D2 . Lorsque le courant Ia est positif, il circule de la D1 . S'il ne passait pas par D1 il serait coupé, ce qui
borne A vers le neutre . La Fig . 44-42b montre la ten- induirait une haute tension due à l'inductance de l'en-
sion en échelons EAN et indique laquelle des valves Q1 roulement . Cette tension provoquerait aussitôt la
et Q2 est fermée . Elle montre aussi la composante fon- conduction de Dl, ce qui se produit dans le cas actuel .
damentale la du courant . Le courant est déphasé de 28° 16) à 88° : le courant devient nul, donc la conduction
de Dl cesse .

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 937

17) 88° à 240° : Ia est (+), EAN est (+) et Q1 est fermé . tude constante, suivies par une série d'impulsions sem-
Q1 conduit et la source fournit de l'énergie à l'enrou- blables mais de signe contraire (Fig . 44-44a) . La lar-
lement . geur de ces impulsions et les intervalles qui les sépa-
18) 240° à 268° : la est (+), EAN est (-) et Q2 est fermé . rent sont ajustés de sorte que la composante fondamen-
Cependant, à cause de sa directivité, Q2 ne peut pas tale se rapproche d'une sinusoïde* .
conduire un courant Ia positif, donc ce dernier doit pas- En augmentant le nombre d'impulsions par alternance,
ser par D2 . La source reçoit de l'énergie. on peut produire des fréquences aussi basses que dé-
19) 268° à 420° : Ia est (-), EAN est (-) et Q2 est fermé . siré . Ainsi, pour réduire de moitié la fréquence fonda-
Le courant passe par Q2 et la source fournit de l'éner- mentale de l'onde montrée à la Fig . 44-44a, on aug-
gie à l'enroulement. mente le nombre d'impulsions par alternance de 5 à 10
(Fig . 44-44b) . Cependant, pour maintenir un flux cons-
VARIATEURS DE VITESSE À MLI tant dans le moteur, il faut réduire de moitié la largeur
des impulsions . Le nombre de volts-secondes par al-
44 .14 Principe du variateur de vitesse à ternance demeure alors le même . On peut ainsi com-
MLI mander la valeur et la fréquence de la tension alterna-
Revenons brièvement sur le principe de la modulation tive à partir d'une source de tension à c .c . constante .
de largeur d'impulsion (MLI), déjà exposé au chapitre Parfois, la largeur des impulsions et l'intervalle qui les
42 . Pour ce faire, considérons l'onduleur de tension de sépare sont conçus pour éliminer les harmoniques de
la Fig . 44-43 . Un redresseur en pont (1) produit une basse fréquence, tels que les 3e, 5e et 7e harmoniques .
tension constante E l dont la valeur filtrée E2 apparaît à Les harmoniques supérieurs, tels que les 17e, 19e, etc .,
l'entrée de l'onduleur. Grâce aux signaux émis par ont moins d'importance car ils sont amortis électrique-
l'unité de commande et d'allumage, l'onduleur génère ment et mécaniquement . L' onduleur MLI produit donc
une série d'impulsions de tension positives d'ampli- des courants à faible distorsion .

Id convertisseur (2)
redresseur (1) onduleur (3)

onduleur
autonome
B
C -_ 2 modulation
de largeur
d'impulsions
C

moteur à cage
zzizz
À
tension appropriée fréquence appropriée

IL IL
freinage
< vitesse désirée
unité de commande
seuils ` et d'allumage vitesse, glissement,
limites courant, tension, etc ., réels

Figure 44-43
Diagramme schématique d'un redresseur et d'un onduleur à
modulation par largeur d'impulsion alimentant un moteur à Dans la Fig . 44-44, les impulsions ont toutes la même lar-
cage . geur. En pratique, on a vu au chapitre 42 que celles situées
au milieu de chaque alternance de l'onde sinusoïdale sont
plus larges que celles situées aux deux extrémités .

938 ÉLECTROTECHNIQUE

La commande de l'onduleur MLI est effectuée par or-


dinateur. Le logiciel associé tient compte de l'ampli-
(a) tude et de la fréquence de la tension appliquée au mo-
teur, du couple qu'il développe, etc ., et ajuste la lar-
geur et le nombre d'impulsions en conséquence . On
(b)
utilise ce genre d'entraînement pour commander les
moteurs asynchrones dont la puissance est comprise
entre 1 kW et plusieurs centaines de kilowatts . Le rap-
port des vitesses max/min peut être aussi élevé que de
(c) 1000 à 1 .

Figure 44-44 La Fig . 44-45 montre une application industrielle d'un


a . Forme d'onde de la tension produite par l'onduleur MLI : variateur de vitesse MLI . Dans ce genre d'application,
tension efficace 400 V, fréquence 60 Hz . on employait autrefois des machines à courant continu
b . Forme d'onde donnant une tension efficace de 200 V,
commandées selon la méthode Ward Leonard (section
30 Hz .
c . Forme d'onde donnant une tension efficace de 200 V à 28 .5) .
60 Hz .
(Dans ces trois figures, la valeur crête des impulsions est de
650 V.)

Dans certains cas, on désire réduire la valeur efficace


de la tension, tout en conservant la même fréquence .
On y arrive en réduisant la largeur des impulsions en
proportion avec la diminution désirée . Par exemple, la
largeur des impulsions montrées à la Fig . 44-44c est la
moitié de celles de la Fig . 44-44a ; il en résulte une ten-
sion réduite de moitié, mais de même fréquence . Cela
convient lorsqu'un moteur asynchrone fonctionne à
vide pendant de longues périodes ; la réduction de la
tension diminue le flux et, par conséquent, les pertes
fer et le niveau du bruit.
Comme on l'a vu, un simple redresseur tout diodes suffit
à alimenter l'onduleur MLI, ce qui assure un facteur
de puissance élevé du côté du réseau à 60 Hz .
On peut freiner le moteur par récupération d'énergie .
Durant cet intervalle, le courant Id change de sens mais
la polarité de E2 demeure la même . Par conséquent,
pour renvoyer la puissance au réseau (Fig . 44-43), on
doit ajouter un onduleur à commutation naturelle (3)
branché en antiparallèle avec le redresseur . Lorsque Figure 44-45a
Cet excavateur ayant une capacité de 24 m3 est utilisé dans
l'onduleur (3) fonctionne, le redresseur (1) se bloque une mine de charbon aux États-Unis . Il est alimenté par une
automatiquement . ligne triphasée à 4160 V, 60 Hz . Un transformateur réduit la
tension à 570 V pour alimenter un redresseur tout diodes .
On peut aussi utiliser le freinage dynamique en intro- Celui-ci produit une tension continue de 750 V qui alimente 4
duisant aux moments désirés une résistance en paral- onduleurs à modulation de largeur d'impulsion de 750 kVA .
lèle avec le condensateur C (Fig . 44-43) . Ce mode de Ces onduleurs entraînent cinq moteurs ayant des puissances
freinage est plus simple et moins coûteux que le frei- comprises entre 250 kW et 895 kW . Le plus gros moteur
(895 kW) est alimenté par deux onduleurs raccordés en
nage par récupération de l'énergie . parallèle (gracieuseté de Siemens) .

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 939

Figure 44-46
Onduleur autonome à source de tension fournissant une
tension alternative à MLI .

la tension moyenne entre la borne A et le point Y soit


Figure 44-45b égale à Ed/2 . La largeur des impulsions est modulée de
Onduleur à modulation de largeur d'impulsion possédant une sorte que le niveau du point A oscille au-dessus et en
capacité de 750 kVA, 0 à 75 Hz . Quatre de ces unités sont
utilisées pour alimenter les cinq moteurs de l'excavateur
dessous de cette tension médiane, décrivant ainsi une
montré à la Fig .44-45a (gracieuseté de Siemens) . onde sinusoïdale dont la valeur crête est Em (Fig . 44-
47) . Pour simplifier, les impulsions MLI ne sont pas
montrées sur la figure .
L'onde EAY est obtenue en faisant varier périodique-
44 .15 Tensions générées par un variateur ment le rapport cyclique D . Par exemple, lorsque la
de vitesse MLI tension EAY atteint sa valeur maximale de Ed/2 + Em ,
Le variateur de vitesse à onde rectangulaire illustré à la le rapport cyclique est donné par :
Fig . 44-37 peut aussi générer des ondes MLI . Il suffit
E J2 + Em
de programmer l'allumage des valves QI à Q6 de fa- éq. 42-20
D max =
çon appropriée . Nous avons déjà vu le principe de fonc- Ed
tionnement du convertisseur MLI triphasé (sections
42 .55 à 42 .60) . Révisons brièvement son comporte- De même, lorsque la tension atteint sa valeur minimale
ment . de EAY =Ed/2 - Em , le rapport cyclique correspondant
est:
Considérons la branche de la phase A du convertisseur
(Fig. 44-46) . Cette branche constitue un simple hacheur Ec(2 - Em
à deux quadrants . La tension continue étant Ed, la com- Dmin = éq. 42-20
mutation des valves Q 1 et Q2 est programmée afin que Ed






940 ÉLECTROTECHNIQUE

Un examen de la Fig . 44-47 révèle que l'amplitude Em posante alternative apparaît entre les lignes . Comme
ne peut pas dépasser Ed/2 sans écrêter l'onde sinusoï- dans tout système triphasé, la tension crête ligne à li-
dale. Nous nous bornerons à l'étude des tensions MLI gne est égale à Em 3, soit 3 f ois la tension crête de la
non écrêtées . composante alternative entre une ligne et le point Y.

Exemple 44-6
Le convertisseur triphasé de la Fig . 44-46 est ali-
menté par une source de tension continue Ed = 700 V.
On désire générer une tension E Ay dont la compo-
sante alternative a une valeur crête de 280 V. Calcu-
ler la valeur du rapport cyclique D lorsque :
a) la tension E,,y est à sa valeur maximale
b) la tension E,vy est à sa valeur minimale
c) la composante alternative a une valeur momen-
tanée de - 40 V

Solution Figure 44-47


a) En se référant à la Fig . 44-48 on observe que la ten- Tension EAy désirée .
sion maximale EAY est de (700/2) + 280 = 630 V
Rapport cyclique :
V
D = 630 - éq . 42-20 700
0,90
700 r_o
N
c
b) Tension minimale E AY = ( 700/2) - 280 = 70 V
350
o 40 V
Rapport cyclique : 630 V
70 V
310 V
D= 70
= 0,10
700 180 t 360 540
c) Valeur momentanée EAY = 350 - 40 = 310 V --> degrés

Rapport cyclique : Figure 44-48


Voir exemple 44-6 .
D - 310
= 0,443
700
Dans un convertisseur triphasé les tensions EAY, EBY et
Ecy sont identiques mais déphasées de 120° (Fig. 44-
49) . ô
Les tensions ligne à ligne sont données par les expres- E
sions : 2

EAB = EAY - EBY

EBc = EBY - EcY


180 360 540
ECA = EcY - EAY degrés
Comme les tensions ligne à ligne sont égales à la diffé-
rence entre les tensions ligne àY, la composante conti- Figure 44-49
nue Ed/2 disparaît . Par conséquent, seulement la com- Tensions triphasées désirées .

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 941

Exemple 44-7 série d'impulsions de largeur modulée pour chacune


Un moteur triphasé fonctionnant à 208 V . 60 Hz doit des phases A, B et C . Noter que la même porteuse est
être alimenté par un variateur de vitesse MI-1 . Cal- utilisée pour le découpage des trois phases .
culer la valeur minimale de la tension continue re- La durée d'un cycle des tensions triphasées correspond
quise sans provoquer l'écrêtement de la tension al- à 360° . On remarque que dans la Fig . 44-50 la porteuse
ternative . exécute 5 cycles durant cette période . Le multiple ff/f
est donc de 5 et, comme il s'agit d'un nombre entier, la
Solution fréquence de découpage est synchronisée .
Tension alternative ligne à ligne = 208 V efficace

Tension crête ligne à ligne = 208 2 = 294 V


44 .17 Variateur de vitesse MLI pour moteur
asynchrone de 5 hp
Tension crête ligne àY :
À la section 44 .13 nous avons utilisé un moteur tri-
E,n = 294/ 3 = 170 V phasé de 5 hp pour étudier le comportement d'un va-
Tension continue minimale requise : riateur de vitesse à onde rectangulaire . Dans l'exemple
suivant, nous utiliserons le même moteur pour étudier
Ed = 2 x 170 V = 340 V
le comportement d'un variateur de vitesse MLI .
44.16 MLI synchronisée
Exemple 44-8
Nous avons vu à la section 42 .56 comment on peut
On désire utiliser un variateur d vitesse MLI
découper une tension continue Ed en une série d'im-
pour commander un moteur de 5 hp . 440 V. 60 Hz,
pulsions qui contiennent la tension fondamentale dési-
1753 r/min . La vitesse du moteur doit couvrir la
rée . Il suffit d'utiliser un signal triangulaire (porteuse)
plage de 51)0 r/min à 1500 r/min . Le couple est main-
de hauteur Ed dont la fréquence de découpage fc est
tenu à sa valeur nominale .
suffisamment élevée pour reproduire fidèlement la ten-
sion désirée . Dans le cas d'une tension sinusoïdale de Considérons d'abord le cas où le moteur fonctionne
fréquence f , si le rapport f ,l f est un multiple entier, on à une vitesse synchrone de 1500 r/min : la fréquence
dit que la fréquence de découpage est synchronisée . d'alimentation est donc de 50 Hz .
Habituellement, on utilise un découpage synchronisé En se référant à la Fi ,-, . 44-46, déterminer :
lorsque le rapport f ,/f est inférieur à 10 . L' expérience
a) la tension continue Ed requise
montre qu'il est alors avantageux de choisir un multi-
ple impair comme 5, 7, ou 9 . b) les formes d'ondes des impulsions MLi

La Fig . 44-50 montre une porteuse triangulaire super- c) les harmoniques de tension d'ordre 9 et moins
posée sur les trois tensions désirées EAY , EBY et Ecy . générés par le variateur
L'onde coupe les tensions à différents points et, en sui-
vant la règle décrite à la section 42 .58, on obtient une
Solution
a) Tension continue Ed

1) Tension efficace ligne à neutre du moteur à 60 Hz,


1753 r/min :

EAN = 440/ 3 = 254 V

2) Tension efficace ligne à neutre requise à 50 Hz :

EAN = ( 50/60) x 254 V = 212 V


EAN crête = 212 2 = 300 V

3) Tension continue Ed minimale :

Ed = 2 x 300 V = 600 V
Pour laisser une marge de manoeuvre, choisissons une
Figure 44-50
Découpage des tensions par une onde triangulaire . tension Ed de 750 V.



942 ÉLECTROTECHNIQUE

b) Formes d'ondes des impulsions MLI analyse harmonique démontre que la distorsion de la
4) Utilisons une fréquence de découpage synchronisée tension fondamentale est appréciable lorsque la fré-
de 250 Hz . Habituellement, la fréquence serait beau- quence de découpage est un faible multiple de la fon-
coup plus élevée ; nous employons 250 Hz afin de mieux damentale désirée . En pratique, pour éliminer les har-
illustrer la tension produite par la MLI . moniques inférieurs au 1 le, on utilise des programmes
de découpage plus sophistiqués que ceux basés sur de
Le découpage synchronisé nécessite la porteuse trian-
simples triangles .
gulaire montrée à la Fig . 44-51 . On remarque que les
composantes sinusoïdales de 300 V crête fluctuent au- Dès que le rapport f/f est supérieur à 10 les harmoni-
dessus et en dessous de la tension médiane de 375 V . ques proches de la fondamentale disparaissent et on
On constate que les tensions EAY, EBY et EAY sont cou- n'a plus besoin de synchroniser la fréquence de dé-
pées par l'onde triangulaire, mais pas aux mêmes ins- coupage . L'exemple qui suit en fait la preuve .
tants .
5) La Fig . 44-52a montre le découpage de la tension
EAY par la porteuse . Il en résulte 5 impulsions par cy- c
cle de fondamentale . La largeur des impulsions varie
300
mais leur amplitude est fixe à 750 V. Comme les ten-
sions EBY et EAY sont découpées de la même façon mais
pas aux mêmes instants, il s'ensuit que les impulsions
générées pour les trois phases seront déphasées, mais
elles ne seront pas identiques . La Fig . 44-52b montre
le découpage de la tension EBY .
6) La Fig . 44-53 montre les impulsions de la tension
ligne à ligne EAB = EAY - EBY . On constate que le nom- Figure 44-51
Voir exemple 44-8 .
bre d'impulsions par cycle a doublé à 10 . Les impul-
sions contiennent la tension fondamentale dont la va-
leur crête est de 300 3 = 520 V . 800
7) La Fig . 44-54 montre la forme d'onde de la tension c
o 600
EBc = EBY -Ecy . Elle diffère légèrement de celle de
EAB . 400

c) Contenu harmonique 200

8) Une analyse harmonique utilisant la méthodologie 0


décrite à la section 41-18 donne pour la tension EAB 45 90 135 180 225 270 315 360
- degrés
les résultats affichés au tableau 44-1 .
Figure 44-52a
On constate que le 5e harmonique est négligeable mais Voir exemple 44-8 .
que les 3e, 7e et 9e harmoniques sont présents . Cette

800
TABLEAU 44-1 HARMONIQUES LIGNE À LIGNE

ordre de
l'harmonique
tension crête
[V]
fréquence
[Hz]
o 600
N
C mi À
. 400

fondamentale 520 50 200


3e 146 150 0 i ~1j1kTATJ1e
5e 5 250 90 180 270 360
- degrés
7e 139 350 Figure 44-52b
9e 209 450 Impulsions EBY (voir exemple 44-8) .

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 943

800 - EAB Solution


600 On suivra un raisonnement semblable à celui de l'exem-
0
400 ple 44-8 .
°-,
a) Tension et fréquence fondamentales

1) Tension efficace ligne à neutre du moteur à 60 Hz,


1753 r/min :
EAN = 440/3 = 254 V
-600 2) Vitesse synchrone à 60 Hz = 1800 r/min
-800 3) Fréquence requise lorsque n s = 587 r/min :
Figure 44-53 f = (587/1800) x 60 Hz = 19,57 Hz
Impulsions EAB (voir exemple 44-8) .
4) Tension ligne à neutre à 19,57 Hz :
EAN = (19,57/60) x 254 V
800
= 82,85 V (efficace)
oO
600
400
1 EAN crête = 82,8512 = 117 V

C EBC
La tension de 117 V correspond à la tension crête En ,
200
I, II générée par le variateur de vitesse (Fig . 44-50) .
II,
90 ,' 360 450
0
-200
l', 540 5) Le rapport f,/f = 250/19,57 = 12,77 . Le variateur de
180degr2s01 61 vitesse fonctionne donc dans le mode non synchronisé .
-400
-600 b) Forme d'onde des impulsions

-800 6) La Fig . 44-55a montre le découpage de la tension


E AY par la porteuse de 250 Hz . Il en résulte environ 13
Figure 44-54 impulsions par cycle . La largeur des impulsions varie
Impulsions EBC (voir exemple 44-8) . mais leur amplitude est fixe à 750 V . Les impulsions
ont toutes une largeur appréciable du fait que le rap-
port cyclique D fluctue beaucoup moins que dans
l'exemple prcédent. D varie de part et d'autre de 0,5
entre une valeur maximale de :
Exemple 44-9 Dmax = ( 375 + 117)/750 = 0,656
Dans l'exemple 44-8 on a spécifié que le moteur de et une valeur minimale de :
5 hp doit pouvoir fonctionner à une vitesse aussi
basse que 500 r/min . La fréquence de découpage de Drain = ( 375 - 117)/750 = 0,344
250 Hz . la tension continue de 750 V et le flux dans 800-
le moteur demeurent les mêmes . On désire analyser
le comportement du variateur lorsque 111 fréquence 600-
de découpage n'est plus synchronisée, et que la vi-
tesse synchrone est réglée à 587 r/min . Déterminer, 400-
en particulier:
200
a) la tension et la lr (Iuence que le variateur doit
générer
1
450
h) la forme d'onde des impulsions ligne à ligne
c> le contenu harmonique de la tension ligne à li- Figure 44-55a
gne Impulsions EAY (voir exemple 44-9) .



944 ÉLECTROTECHNIQUE

7) La Fig . 44-55b montre le découpage de la tension c) Contenu harmonique


EBY par la porteuse . Les impulsions sont semblables à 10) Une analyse harmonique de la tension EAB donne
celles de la Fig . 44-55a. les valeurs affichées au tableau 44-2 .
8) La Fig . 44-56a montre les impulsions de la tension On remarque que les harmoniques sont négligeables
ligne à ligne EAB = EAY - EBY . On remarquera que les comparés à la composante fondamentale . Cela confirme
impulsions sont beaucoup plus étroites que celles des que lorsque le rapport f~/f est supérieur à 10 le pro-
Fig . 44-55a et 44-55b . Les impulsions EAB contiennent blème des harmoniques de basse fréquence disparaît .
la tension fondamentale dont la valeur crête est de On n'a donc plus besoin de synchroniser la fréquence
117 3 = 203 V. de découpage avec celle de la tension désirée . Les pre-
9) Les impulsions entre les lignes B-C sont semblables miers harmoniques non négligeables ont une fréquence
à celles de la Fig . 44-56a, sauf qu'elles sont déphasées de 2ff ± f, soit de 2 x 250 ± 19,57 = 519,57 Hz et
de 120° (Fig . 44-56b) . 480,43 Hz .
La Fig . 44-57 montre un variateur de vitesse monté
800 directement sur le moteur afin d'en faire un système
0 totalement intégré .
.N
600
c TABLEAU 44-2 HARMONIQUES LIGNE À LIGNE

ordre de tension crête fréquence


200 l'harmonique [V] [Hz]

fondamentale 203 19,57


90 180 270 360 450
- degrés 3e 0 58,7
Figure 44-55b 5e 2 97,9
Impulsions E BY . Voir exemple 44-9 .
7e 2 137
9e 1 176
EAB
800 - 24,55 176 480,43
600 -
400 - 26,55 179 519,57
200- 270
0
-200-0 90 180 360 450 44.18 Variateur de vitesse pour trains et
-400 - autobus
-600 - Il existe des centaines d'applications où l'on doit com-
-800 - mander la vitesse et le couple d'un moteur asynchrone .
Figure 44-56a Nous examinons maintenant le cas de la traction élec-
Impulsions EAB . Voir exemple 44-9 . trique car cette application requiert une gamme parti-
culièrement large de couple et de vitesse. Elle utilise
aussi le freinage dynamique et la récupération d'éner-
EBC
800 gie .
600
400 La traction électrique présente aussi un intérêt du fait
200 que les caténaires sont souvent monophasées et fonc-
90 360 450
tionnent à des tensions allant de 5 kV jusqu'à 25 kV .
180 270
-2000 Par conséquent, pour limiter la chute de tension sur la
-400- ligne, le facteur de puissance du véhicule doit être pro-
-600-
-800 che de 100 % . De plus, pour réduire la réactance de la
caténaire, la fréquence doit être relativement basse
Figure 44-56b
Impulsions EBC . Voir exemple 44-9. (60 Hz et moins) . Enfin, le courant dans la caténaire
COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 945

Figure 44-57
Ce moteur de 3 hp, 460 V incorpore un variateur de vitesse . À couple constant, la vitesse est variable de
180 r/min à 1800 r/min . Entre 1800 r/min et 3600 r/min le moteur fonctionne à puissance constante . La
fréquence de découpage est variable de 1125 Hz à 18 kHz (gracieuseté de Baldor Electric Company) .

doit être exempt d'harmoniques afin d'éviter l'interfé- laire au lieu d'une tension MLI, comme on l'a déjà
rence avec les lignes téléphoniques avoisinantes . expliqué à la section 44 .12 . L'avantage de cette mé-
Nous verrons que le convertisseur MLI monophasé offre thode est que, pour une tension continue Ed donnée, la
un moyen élégant de satisfaire ces exigences sans né- composante fondamentale est environ 27 % plus éle-
cessiter des filtres encombrants ni des condensateurs vée que celle d'une onde MLL Bien que les 5e et 7e
harmoniques de tension soient alors relativement im-
pour relever le facteur de puissance .
portants, les harmoniques de courant sont amortis par
Les moteurs de traction sont relativement gros ; par l'inductance des enroulements du moteur. Par contre,
conséquent, on utilise souvent des valves GTO dans en dessous de 60 Hz, les harmoniques de courant de-
les convertisseurs associés . La fréquence de découpage viennent excessifs et on doit utiliser le mode MLI .
des GTO est habituellement limitée à une valeur maxi-
male de l'ordre de 300 Hz* . Cette fréquence relative- La MLI peut être synchronisée ou non. Nous avons vu
ment basse exige une attention particulière lorsqu'on que la synchronisation est recommandée lorsque la fré-
quence de découpage est inférieure à 10 fois la fré-
utilise le mode MLI . Au-dessus de 60 Hz, le convertis-
seur est programmé pour fournir une tension rectangu- quence désirée . Par exemple, si la fréquence de décou-
page maximale est limitée à 300 Hz, elle doit être syn-
chronisée avec la fréquence désirée dès que celle-ci dé-
Certains GTO peuvent fonctionner à une fréquence de passe 300 Hz/10 = 30 Hz . Une fréquence désirée f de
800 Hz .

946 ÉLECTROTECHNIQUE

43,67 Hz exige donc une fréquence de découpage f, = tive triphasée pour alimenter le moteur de traction (8) .
43,67 x 5 = 218,35 Hz exactement . (À 43,67 Hz, le Le condensateur (6) maintient une tension stable à l'en-
multiple 5 est le plus grand multiple impair qui ne dé- trée de l'onduleur.
passe pas la limite admissible de 300 Hz du GTO .)
Pour des raisons de sécurité on ajoute aussi une résis-
Lorsque la fréquence désirée est inférieure à 30 Hz, on tance de freinage (4) commandée par un IGBT .
utilise le mode MLI non synchronisé . Dans ces circons- En plus du courant continu Id, le convertisseur mono-
tances, la fréquence de découpage est maintenue à la phasé (3) injecte dans le circuit intermédiaire un cou-
fréquence maximale du GTO, soit 300 Hz . Les princi- rant à 120 Hz, soit deux fois la fréquence de la caté-
paux harmoniques générés sont alors groupés autour naire. Un filtre (5) composé d'une inductance L 2 en
des multiples de 300 Hz . Nous décrivons ces divers série avec un condensateur C 2 et syntonisé à 120 Hz
modes de fonctionnement dans les sections suivantes . court-circuite cet harmonique . Par conséquent, l'ondu-
lation de la tension Ed est réduite de beaucoup .
44.19 Composants principaux d'un
système de traction Au moment du branchement du système sur le réseau,
La Fig . 44 .58 montre de façon très simplifiée les com- un disjoncteur (11) et une résistance (12) limitent l'ap-
posants principaux d'un système de traction à bord d'un pel de courant dû à la présence des condensateurs C i et
autocar. La caténaire (9) à 15 kV, 60 Hz fournit la puis- C2 . Le disjoncteur (13) se ferme dès que les condensa-
sance monophasée à un transformateur (1) qui réduit teurs sont chargés .
la tension à 424 V. Cette tension alimente un convertis- La réactance inductive (2) agit comme filtre pour la
seur MLI monophasé (3) à IGBT qui produit dans le fréquence de découpage f c et les harmoniques générés
circuit intermédiaire une tension continue Ed de 750 V par le convertisseur (3) . Le filtre sert en même temps
Ce convertisseur, comme nous le verrons plus loin, per- comme liaison réactive entre, d'une part, la tension EAB
met de plus de renvoyer la puissance vers le réseau à 60 Hz induite aux bornes du transformateur et, d'autre
pendant les périodes de freinage. L' onduleur (7) à GTO part, la tension sinusoïdale fondamentale ECD générée
transforme la puissance continue en puissance alterna- par le convertisseur. En réglant l'amplitude et la phase

transformateur ~7 convertisseur MLI


02 inductance ® moteur
03 convertisseur MLI O caténaire
® résistance de freinage 10 pantographe
et hacheur 11 interrupteur
~5 filtre (120 Hz) 10 résistance
© condensateur 13 interrupteur

Figure 44-58
Diagramme schématique du système d'entraînement d'un autocar .










COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 947

de ECD, on peut commander les puissances active et puissance


couple constant
réactive circulant entre le transformateur (1) et le con- constante
vertisseur (3) . Cela constitue une application impor- onde
Hz MLI non MLI
tante du montage que nous avons étudié au chapitre synchronisée synchronisée rectangulaire
320
25, section 25 .13 . En pratique, la valeur de la réactance 300 ------- - - - -----
x correspond à l'inductance de fuite du transformateur, 280- - - - - - ----------
rapportée au secondaire .
240- 210 Hz
En ce qui concerne le moteur de traction, il possède les
- ----------- - -- - ----------
caractéristiques suivantes :
i
type de moteur asynchrone, triphasé
nombre de pôles 4 120-
100
puissance nominale 160 kW 80- 1 1 1

tension nominale 585 V +---- - 1

40-
fréquence nominale 60 Hz
vitesse de base 1800 r/min
20 30 40 60 800 100
plage de vitesse 0 à 3000 r/min fréquence f Hz
température classe H Figure 44-59
ventilation à air 12 m3/min Méthodes de génération des fréquences fondamentales
comprises entre 1 Hz et 100 Hz en utilisant une fréquence
masse 520 kg de découpage variable de 200 Hz à 300 Hz .

44.20 Modes d'opération du convertisseur


triphasé
de découpage en proportion . Le découpage effectué
On peut suivre le fonctionnement du convertisseur (7)
par microprocesseur permet d'éliminer les harmoniques
en se référant à la Fig . 44-59 . Il comprend 4 modes
d'ordre 9 et moins . Les fréquences ff et f suivent donc
d'opération . Les GTO sont limités, disons, à une fré-
la ligne droite 5 de la Fig . 44-59 . Lorsqu'on atteint la
quence maximale de 300 Hz . Nous présumons que dans
limite inférieure ff = 200 Hz, la fréquence fondamen-
le mode MLI la fréquence de découpage sera réglable
tale est de 200/5 = 40 Hz . La tension efficace corres-
entre 200 Hz et 300 Hz . Le minimum dépend des cou-
pondante est alors de (40/60) x 585 = 390 V .
rants harmoniques admissibles . La fréquence maximale
de 300 Hz est imposée par les pertes de commutation Pour générer des fréquences inférieures à 40 Hz, on
admissibles dans les GTO . saute alors à un rapport mf = f~lf = 7, ce qui correspond
à une nouvelle ligne d'opération 7 . Sur cette ligne, la
Lorsque le moteur fonctionne entre 1800 r/min et
fréquence de découpage débute à 7 x 40 = 280 Hz,
3000 r/min, la fréquence correspondante varie de 60 Hz
juste en dessous de la limite de 300 Hz . À mesure que
à 100 Hz . Dans cette plage d'opération, le convertis-
la fréquence fondamentale décroît vers 30 Hz, la fré-
seur génère des ondes rectangulaires dont l'amplitude
quence de découpage varie en conséquence tout en
est maintenue constante à 750 V. En se basant sur
demeurant égale à 7 fois f. Lorsque le seuil de 30 Hz
l'équation 42-9, la valeur efficace de la composante
est atteint, le moteur tourne à une vitesse d'environ
fondamentale de tension est donc :
900 r/min et la fréquence de découpage est de 7 x 30 Hz
EF = 0,78 Ed = 0,78 x 750 = 585 V = 210 Hz .
Lorsque la fréquence est inférieure à 60 Hz on initie le Lorsque la vitesse est inférieure à 900 r/min, on effec-
mode MLI et on réduit la tension en proportion . On tue la transition au mode MLI non synchronisé . On uti-
fonctionne alors dans le mode volts/hertz constant . lise alors la fréquence maximale (300 Hz) du GTO . La
Compte tenu que la fréquence de commutation du GTO relation entre la fréquence de découpage et la fréquence
ne doit pas dépasser 300 Hz, il s'ensuit que le rapport fondamentale reste dorénavant sur une ligne droite ho-
ff/f doit être égal à 300 Hz/60 Hz = 5 . Au fur et à me- rizontale (Fig 44-59) . La tension fondamentale géné-
sure que la fréquence diminue, on réduit la fréquence rée est toujours sinusoïdale .
948 ÉLECTROTECHNIQUE

La Fig. 44-60 montre les formes d'ondes de la tension


+ 750 V
ligne à ligne EAB pour les 4 modes d'opération que
nous venons de décrire . Ainsi, la Fig . 44-60a montre la
forme d'onde rectangulaire lorsque la fréquence est de
100 Hz . Noter que la valeur crête de l'onde fondamen-
EAB tale est supérieure à la tension continue de 750 V.
- 750 V La Fig . 44-60b montre la forme d'onde à 47 Hz, cor-
respondant à une vitesse synchrone de 1410 r/min . La
(a) fondamentale : 100 Hz, 585 V rms, 3000 r/min
composante fondamentale est alors de (47/60) x 585 V
fc = 100 Hz
= 458 V. La fréquence de découpage est de 235 Hz,
soit 5 fois la fréquence fondamentale .
+750 V
La Fig . 44-60c montre la forme d'onde à 35 Hz ; la MLI
est synchronisée à 7 x 35 = 245 Hz.
Enfin, la Fig . 44-60d montre la forme d'onde lorsque
la fréquence est de 11 Hz. Dans ce cas, la fréquence f c
EAB
est de 300 Hz et la MLI n'est plus synchronisée . La
- 750 V tension fondamentale est (11/60) x 585 V = 107 V .

(b) fondamentale : 47 Hz, 458 V rms, 1410 r/min 44 .21 Fonctionnement du convertisseur
monophasé
fc = 235 Hz
Dans le chapitre 42, section 42 .52, nous avons vu qu'un
+ 750 V convertisseur MLI pouvait générer une onde sinusoï-
dale de n'importe quelle fréquence, amplitude et phase .
Cela permet de commander le flux des puissances ac-
tive et réactive entre le secondaire du transformateur et
le convertisseur (3) de la Fig . 44-58 . Le circuit du con-
EAB vertisseur, du circuit intermédiaire et du transforma-
- 750 V teur est repris à la Fig . 44-61 . La réactance x repré-
sente la réactance de fuite du transformateur rapportée
(c) fondamentale : 35 Hz, 341 V rms, 1050 r/min
au secondaire .
fc = 245 Hz
Examinons les tensions de la Fig . 44-61 . Du côté se-
+750 V
condaire du transformateur, la tension EAB est cons-

11
tante car sa fréquence et son amplitude sont imposées
142 V
par la caténaire . Par contre, l'amplitude et la phase de
la tension ECD aux bornes du convertisseur sont régla-

-
bles .
EAB
750 V

(d) fondamentale : 11 Hz, 107 V rms, 330 r/min circuit


inter-
fc = 300 Hz médiaire

Figure 44-60
Formes d'ondes des tensions ligne à ligne pour quatre modes
d'opération de la Fig . 44-59 .
a . Mode à onde rectangulaire : 100 Hz, 3000 r/min . Figure 44-61
b . MLI synchronisée : 47 Hz ; mf = 5 ; 1410 r/min . La valeur et la direction de la puissance P sont commandées
c . MLI synchronisée : 35 Hz ; mf = 7 ; 1050 r/min . en ajustant l'amplitude et le déphasage de la tension EC D
d . MLI non synchronisée : 11 Hz ; mf = 27,27 ; 330 r/min . générée par le convertisseur .

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 949

EAB

Figure 44-62a Figure 44-62b


En mode moteur, la puissance active circule du transformateur Lors du freinage, la puissance active circule du convertisseur
vers le convertisseur . vers le transformateur .

Supposons que la puissance active circule du transfor- teur ECD . Par conséquent, le facteur de puissance du
mateur vers le convertisseur et que l'on désire imposer convertisseur est encore de 100 % .
un facteur de puissance au convertisseur de 100 % . Cela La fréquence de découpage du convertisseur IGBT (3)
veut dire que la tension EAB doit être en avance sur la peut être de plusieurs kilohertz . Par conséquent, les
tension ECD et que, de plus, le courant I doit être en composantes harmoniques du courant I sont effective-
phase avec ECD (Fig . 44-62a) . La puissance active est ment bloquées par la réactance x . Son impédance har-
alors donnée par l'expression : monique est environ 2f c/f fois plus grande que celle
de la fondamentale .
EAB ECD
p _ sin 01 éq.16-8 La Fig . 44-63a montre les formes d'ondes des tensions
X
et du courant du convertisseur monophasé lorsqu'il ab-
On constate qu'en réglant la tension E CD et l'angle 01 sorbe de l'énergie de la caténaire . Le convertisseur gé-
on peut imposer la valeur et le sens de la puissance . nère une tension ECD (MLI) dont la composante fonda-
mentale ECD a une valeur efficace de 424 V à 60 Hz .
Lorsque le véhicule descend une côte, le freinage est
La fréquence de découpage est de 660 Hz . Le courant I
obtenu en faisant fonctionner le moteur en génératrice
est sinusoïdal et sa valeur efficace est de 212 A . Il est
asynchrone . La puissance renvoyée au circuit intermé-
en phase avec la tension ECD de sorte que le convertis-
diaire est alors transportée au transformateur par l'en-
seur absorbe de la puissance active à un facteur de puis-
tremise du convertisseur (3) . Pour inverser la puissance,
sance de 100 % .
on règle l'angle 02 de sorte que ECD soit en avance sur
EAB (Fig . 44-62b) . De plus, l'angle et la valeur de ECD On observe que la tension ECD (MLI) est composée
sont ajustés pour que le courant I s'aligne avec le vec- d'impulsions dont l'amplitude est de 750 V, ce qui cor-

o
N
c
m
!i

Figure 44-63a
vo
Formes d'ondes de la tension hachée aux bornes C et D du convertisseur, de la composante fondamentale
de cette tension et du courant I .




950 ÉLECTROTECHNIQUE

V, A
800 ECD (MLI)

e c 600 Id (MLI)
400
o 300 A
200 /
1
o h a,~
0 90 180 i 360 450
-200 w degrés
-400 <
1/120s
-600

-800

Figure 44-63b
Formes d'ondes de la tension hachée aux bornes C et D du convertisseur, et du courant haché et
redressé Id (MLI) fourni au circuit intermédiaire .

respond à la tension continue entre les bornes E et F . CONTRÔLE VECTORIEL


La composante sinusoïdale de cette tension pulsée pos-
sède une valeur crête de 424 2 = 600 V. Le courant I a 44 .22 Commande dynamique rapide des
une valeur crête de 212 2 = 300 A . Le convertisseur moteurs asynchrones
découpe et redresse ce courant, créant ainsi une série
d'impulsions Id (MLI) qui entrent dans le circuit inter- Lorsqu'on utilise un variateur de vitesse MLI pour com-
médiaire (Fig . 44-63b) . On constate que la forme d'onde mander un compresseur ou un ventilateur, le change-
déchiquetée se répète tous les 1/120e de seconde . Elle ment de vitesse se fait plutôt lentement et, une fois la
contient donc une composante à 120 Hz . Celle-ci est vitesse réglée, le moteur fonctionne essentiellement à
court-circuitée par le filtre L 2 C2 . Sans ce filtre synto- vitesse constante . Dans ces circonstances, le moteur se
nisé à 120 Hz, il faudrait installer un très gros conden- comporte comme une machine asynchrone convention-
sateur pour lisser la tension . nelle, sauf que la fréquence appliquée pour obtenir la
vitesse désirée peut être de 43,7 Hz au lieu de 60 Hz .
La puissance active fondamentale du côté c .a. est:
Les composantes fondamentales des courants et ten-
P = ECDI = 424 x 212 = 89,9 kW sions MLI sont sinusoïdales et le circuit équivalent ha-
Du côté c .c . la valeur moyenne des impulsions du cou- bituel suffit pour décrire le comportement du moteur,
rant continu Id est donc : même lorsque sa vitesse est en train de changer .
Id = PIEd = 89 900/750 = 120 A Cependant, dans certaines applications le moteur doit
On peut prouver que du côté c .a . entre les bornes C et accélérer, décélérer et changer de sens de rotation rapi-
D du convertisseur, la fréquence des harmoniques prin- dement selon un programme quelconque . Dans d'autres
cipaux est donnée par l' expression fH = 2f, ± f Dans le applications, on désire maintenir une vitesse constante
cas présent, on obtient fil = 2 x 660 ± 60 = 1380 Hz et alors que la charge impose des couples aléatoires ou
1260 Hz . Ces harmoniques sont respectivement à 23 et des chocs de courte durée qui se mesurent en milli-
21 fois la fréquence fondamentale . secondes .

La Fig . 44-64 montre un train électrique qui utilise un Dans toutes ces applications, il faut commander les
système de conversion semblable mais beaucoup plus tensions et les courants de façon spéciale afin de main-
puissant que celui que nous venons de décrire. tenir une vitesse constante ou produire le couple dé-
COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 951

Figure 44-64
Ce train électrique est alimenté par une caténaire Le train a une longueur de 140 m, une masse de 343 t et
monophasée de 11 kV, 25 Hz . La tension alternative est peut atteindre une vitesse de 277 km/h .
abaissée par un transformateur et redressée par un Lorsque le train prend un virage les wagons s'inclinent
convertisseur MLI pour donner une tension continue de par rapport à la verticale, ce qui diminue le temps de
2400 V au circuit intermédiaire . Les thyristors GTO transit tout en assurant le confort des passagers . Des
produisent une tension triphasée (0 à 1870 V) à une essais effectués dans le corridor nord-est des Etats-Unis
fréquence comprise entre 0 et 120 Hz . Ils alimentent ont été parrainés par Amtrack, par SJ (Swedish State
quatre moteurs triphasés de 815 kW . Railways), par ABB, et appuyé par la Federal Railroad
Administration (gracieuseté dABB Traction Inc .) .

siré . Les simples ondes sinusoïdales et la règle des volts/ les formes d'ondes changent d'un instant à l'autre . Tou-
Hz constants ne suffisent plus lorsque l'on désire une tefois, durant ces moments de transition, le flux doit
réponse rapide aux conditions imposées . conserver sa valeur nominale .
Le comportement du moteur ne peut alors être décrit C'est la commutation rapide des IGBT fonctionnant à
que par des équations spéciales . Ces équations sont des fréquences de plusieurs kilohertz, de pair avec un
beaucoup plus complexes que celles du circuit équiva- ordinateur à haute vitesse, qui rend possible ce con-
lent conventionnel . Pendant ces périodes transitoires, trôle dynamique rapide . Pour des raisons qui devien-
les tensions et les courants ne sont plus sinusoïdaux et dront évidentes plus loin, on appelle ce type de con-

952 ÉLECTROTECHNIQUE

trôle «contrôle vectoriel» mais d'autres termes, sou- 1) l'ensemble des courants instantanés circulant dans
vent des noms de commerce, sont aussi utilisés . les trois enroulements du stator produit une seule force
Le mot «vectoriel» réfère à des vecteurs dont la posi- magnétomotrice Fs
tion change dans l'espace . Il ne faut pas les confondre 2) l'amplitude et l'orientation de Fs dépend des cou-
avec les vecteurs ou phaseurs traditionnels utilisés pour rants instantanés
résoudre les circuits électriques . 3) le taux de changement de Fs dépend du taux de chan-
Le contrôle vectoriel peut prendre plusieurs formes, gement des courants instantanés
mais certains principes de base sont communs à tout 4) l'amplitude et l'orientation de la FMM du stator sont
contrôle vectoriel ; nous les décrivons dans les sections représentées par le vecteur spatial Fs
qui suivent . Les courants instantanés circulant dans les 12 barres
44.23 Principe du contrôle vectoriel du rotor possèdent aussi diverses valeurs et leur sens
est indiqué par des croix et des points . L'ensemble de
Lorsqu'un moteur asynchrone triphasé fonctionne en
ces courants produit une force magnétomotrice FR qui
régime normal, on peut utiliser un modèle équilibré
est orientée dans l'espace comme indiqué sur la Fig .
représentant n'importe laquelle des trois phases . De
44-65 . Remarquons que les directions de FR et Fs sont
cette manière on arrive à un circuit équivalent et quel-
pratiquement opposées, de sorte qu'elles tendent à s'an-
ques équations simples qui décrivent bien le compor-
nuler. Cependant, le diagramme vectoriel spatial de la
tement du moteur. Les tensions et courants triphasés
Fig . 44-66 montre que la somme vectorielle de ces
ont des formes d'ondes sinusoïdales, décalées de 120°,
FMM donne une force magnétomotrice résultante FF .
et la fréquence est constante .
C'est cette FMM qui produit le très important flux
Ce modèle simple ne tient plus lorsque le moteur doit mutuel 0 dans l'entrefer.
développer des couples et des vitesses qui changent
L' orientation spatiale de F1 est aussi montrée sur la Fig .
rapidement . On doit alors traiter les courants et ten-
44-65 . Le flux 0 dans l'entrefer est indiqué par les pe-
sions du rotor et du stator sur une base instantanée .
tites flèches .
Pour bien comprendre le contrôle vectoriel, examinons
d'abord les forces magnétomotrices et le flux dans un On constate que les courants du rotor se trouvent dans
moteur triphasé qui fonctionne à pleine charge sans le flux 0 ; par conséquent, les barres du rotor sont sou-
perturbations . mises à une force . Celle-ci produit un couple anti-ho-
raire qui est donné par l'expression :
44.24 Forces magnétomotrices spatiales
La Fig . 44-65 montre le stator et le rotor d'un moteur T = kFR 0 sin yf (44-4)
triphasé bipolaire à cage d'écureuil lorsqu'il fonctionne
sous charge . Le moteur tourne dans le sens anti-ho- où
raire . Le stator contient 12 encoches dans lesquelles T = couple développé par le rotor [N •m]
sont répartis les trois enroulements des trois phases . FR = force magnétomotrice du rotor [A]
Chaque encoche contient le même nombre de spires, 0 = flux mutuel dans l'entrefer [Wb]
mais comme les courants instantanés dans les trois [°]
tli = angle entre FR et le flux 0
phases ne sont pas égaux, le courant net ou courant k = constante qui dépend de la construction du
effectif par encoche varie d'une encoche à l'autre . Le moteur
sens de ces courants est indiqué par des points et des
L' équation 44-4 révèle que pour une FMM FR donnée,
croix. On constate que les courants dans les encoches
le couple est maximal lorsque (1) l'angle tVest proche
8 à 12 sortent de la page alors qu'ils entrent dans la
de 90° et que (2) le flux 0 possède sa valeur nominale .
page dans les encoches 2 à 6 . Le courant effectif dans
Le système de contrôle vectoriel est conçu pour attein-
les encoches 1 et 7 est nul .
dre ces deux objectifs à tout instant et aussi vite que
L' ensemble des courants statoriques produit une force possible .
magnétomotrice Fs qui est orientée dans l'axe des en-
Quelle est la position des vecteurs spatiaux un quart de
coches 1-7 . On note quatre faits importants :
cycle plus tard? Si la fréquence est de 20 Hz, cela cor-

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 953

respond à un intervalle de 1/80 s ou 12,5 ms . Les cou- 1) la somme vectorielle de Fs et FR doit donner une
rants instantanés dans les trois phases du stator auront FMM résultante F, produisant le flux nominal dans
changé, y compris ceux dans le rotor. Cependant, l'entrefer
comme le couple est constant, ils produiront les mê- 2) l'angle tji entre FR et F~ doit être proche de 90°
mes FMM, sauf que celles-ci seront décalées de 90°
par rapport à leur position précédente (comparer les 3) le couple T ne doit pas excéder le couple de décro-
Fig . 44-65 et 44-67) . chage nominal du moteur
4) pendant de brèves périodes, la grandeur de Fs peut
44 .25 Principe et mode d'opération du excéder la FMM correspondant au courant nominal du
contrôle vectoriel
stator. Cela permet au moteur de développer un couple
En se référant de nouveau à la Fig . 44-65, si l'on désire supérieur au couple nominal . Par contre, à long terme,
changer le mode de fonctionnement du moteur en fai- la valeur de Fs doit correspondre au courant nominal
sant varier soit le couple soit la vitesse, il faut respecter du stator, ou moins .
les exigences suivantes :

Figure 44-65
Courants instantanés dans le stator et le rotor du moteur
bipolaire .

0
(b)

Figure 44-67
Figure 44-66 a . Orientation spatiale des vecteurs lorsque t = 12,5 ms .
Vecteurs spatiaux et orientation du flux dans l'entrefer . b . Courants instantanés circulant dans le stator et le rotor .




954 ÉLECTROTECHNIQUE

44.26 Orientation des FMM en régime Le diagramme vectoriel révèle que l'angle entre I m et
permanent 12 est de 87,6° (Fig . 44-69b) . Cet angle temporel cor-
Avant de présenter le comportement du moteur en ré- respond précisément à l'angle spatial 1V entre Fo et FR
gime transitoire, nous illustrerons d'abord les forces que nous avons introduit dans la Fig . 44-65 . Cet angle
magnétomotrices Fs , FR et FF, lorsqu'il fonctionne à est donné par l'expression :
pleine charge et qu'il est alimenté par des tensions si-
nusoïdales . Pour ce faire, considérons le circuit équi- t~ = 90° - arctan xr2
2 (44-5)
valent du moteur asynchrone de la Fig . 44-68 . Le cou-
rant Ii du stator comprend deux composantes, I n, et 12 . On peut donc écrire :
Le courant Im produit la FMM Fo qui crée le flux mu-
tuel 0 dans l'entrefer . C'est le même flux que celui de
la Fig . 44-65 .
ty = 90° - arctan s 2
r2
x éq .44-5

Le courant 12 réflète le courant qui circule dans le ro- 0,025 x 2 f2


tor ; il produit la FMM FR . Il correspond au courant qui = 90° - arctan
produit le couple du moteur. 1,2 S2
Les flux 01 et 02, associés à x 1 et x 2 , sont respective- = 90° - 2,4° = 87,6°
ment les flux de fuite du stator et du rotor.
On constate qu'à pleine charge, lorsque le glissement s
Comme toujours, la puissance dissipée dans la résis- est petit, l'angle y/ s'ajuste automatiquement à une va-
tance r2/s représente la puissance active P r transmise leur très proche de la valeur désirée de 90° .
par induction du stator au rotor .
L'orientation spatiale de FR et Fo est montrée aux Fig .
Quelle information peut-on tirer de ce circuit dans le 44-69c et 44-69d.
cas d'un moteur commercial? Considérons le circuit
Le moteur triphasé développe un couple total :
équivalent d'un moteur commercial triphasé de 5 hp,
460 V, 60 Hz, 3510 r/min (Fig . 44-69a) . Ses paramè-
9,55 P r
tres à 60 Hz sont : T = x3 éq . 33 .9
r1 =1,5n x 1 =3 £2 ns
r2 = 1,2 S2 x 2 = 2 S2 9,55 x 5,2 2 x 48
= x 3 = 10,3 N-m
xm = 131 S2 ns = 3600 drain
3600
Lorsque le moteur fonctionne à pleine charge, sa vi-
tesse est de 3510 r/min . Cela correspond à un glisse- Considérons maintenant le cas où le moteur est à l'ar-
ment s de (3600 - 3510)/3600 = 0,025 . Il s'ensuit que rêt et où on le démarre en appliquant la pleine tension
r2/s = 1,2/0,025 = 48 S2 . Après avoir résolu le circuit on au stator (Fig . 44-70a) . Le glissement est égal à 1 et la
trouve les courants suivants : solution du circuit donne les courants indiqués sur la
figure :
I 1 = 5,6 A I 2 = 5,2 A I m = 1,9 A
Il =46,7A 12 =46A Im =0,83A
On remarque que 12 est de 46 A, soit 8 fois le courant
de pleine charge, ce qui devrait donner un très fort cou-
ple de démarrage . Malheureusement, 12 produit une
FMM FR qui est déphasée de ty= 31° par rapport à la
r2 FMM FF (Fig . 44-70b) . Cet angle est loin de l'angle de
s 90° désiré. De plus, le courant magnétisant 'm de 0,83 A
(Fig . 44-70a) est beaucoup plus petit que sa valeur no-
minale de 1,9 A . Par conséquent, la valeur de Fo est
seulement 0,83/1,9 = 44 % de sa valeur nominale .
L'orientation de FR et Fo est illustrée aux Fig . 44-70c
Figure 44-68 et 44-70d . Le couple de démarrage dans ces conditions
Circuit équivalent d'une phase d'un moteur asynchrone
triphasé en régime permanent . est donc loin d'être optimal .
COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 955

18,1° I52A F

(b)
FR

(b)

(c)

265 V
60 Hz

Figure 44-69
a . Circuit équivalent d'un moteur triphasé de 5 hp, 460 V,
60 Hz, 3510 r/min, à pleine charge . Figure 44-70
b . Diagramme vectoriel temporel montrant les phaseurs FR a . Circuit équivalent du moteur de 5 hp lorsque le rotor est
et Fq . bloqué et que la pleine tension est appliquée à ses bornes .
c . Diagramme vectoriel spatial montrant l'orientation de FR b . Diagramme vectoriel temporel de F R et FF .
et F~ . c . Diagramme vectoriel spatial montrant l'orientation de FR
d . Vecteurs spatiaux à pleine charge . et F, .
d . Vecteurs spatiaux au démarrage .

956 ÉLECTROTECHNIQUE

44.27 Induction des courants dans le rotor


Voyons maintenant comment, dans l'optique d'une com- 10A
mande vectorielle, on peut rapidement contrôler les IA
courants et optimiser le couple qui en résulte . Les cou-
i
rants dans le rotor sont induits par les courants circu- 1 ms y
lant dans le stator . L'induction des courants rotoriques
se produit comme dans un transformateur dont le se-
condaire est en court-circuit . Considérons un moteur
avec les hypothèses suivantes :
1) chaque phase du stator possède 36 spires, soit 72
conducteurs
2) le rotor possède 12 barres, donc 4 conducteurs par
phase
Le rapport de transformation est donc 72/4 = 18
Figure 44-71
3) afin de simplifier le schéma, la phase A du stator Un courant IA croissant induit dans le rotor un courant I RA
ainsi que les barres du rotor sont représentées par croissant .
deux bobines vues en coupe (Fig . 44-71)
4) un courant IA circule dans la phase A et, à partir de
IA = 0, il augmente dans le sens positif à un taux de 44.28 Production d'un couple instantané
10 A/ms
La Fig . 44-72 est une version simplifiée de la Fig . 44-
Puisque IA augmente (Fig . 44-71), il crée un flux Y A
69 où le moteur de 5 hp fonctionne à pleine charge à
qui tend à croître . Cependant, selon la loi de Lenz, il en 3510 r/min . On y montre seulement une bobine sur le
résulte un courant IR, induit dans le rotor, et qui s'op- stator et une sur le rotor. À chaque instant ces deux
pose à la croissance de ce flux . Les courants dans le bobines équivalentes produisent les mêmes forces
rotor et le stator circulent donc dans le sens indiqué par magnétomotrices que les trois enroulements du stator
les croix et les points sur la figure. et les 12 conducteurs du rotor.
Comme le rapport de transformation est de 18, le cou- Le courant instantané Isl circulant dans la bobine du
rant dans le rotor augmente à raison de 18 x 10 A/ms = stator crée la même FMM Fs que les courants instanta-
180 A/ms . Cela démontre que l'on peut en quelques nés circulant dans les trois phases . De la même façon,
millisecondes induire un courant très important dans le courant IR, dans la bobine du rotor représente l'en-
le rotor. semble des courants instantanés circulant dans les bar-
Si l'on fait circuler le courant IA dans le sens inverse, res . Il produit la force magnétomotrice R . La valeur et
F

tout en l'augmentant à un taux de 10 A/ms, les cou- l'orientation de Fs , FR et FF sont les mêmes que celles
rants instantanés seront les mêmes, mais leur direction produites par les courants sinusoïdaux de la Fig . 44-
sera l'inverse de celle indiquée à la Fig . 44-71 . 69 . Le flux 0 possède sa valeur nominale et le couple
On constate que l'on peut induire dans le rotor des cou- du rotor (10,3 N.m) agit dans le sens anti-horaire .
rants dans une direction ou dans l'autre en faisant va- Au moment où le rotor occupe la position montrée à la
rier les courants dans le stator. Fig . 44-72, et où il tourne dans le sens anti-horaire,
Étant donné que le stator comporte trois phases dans supposons que l'on désire inverser le couple en quel-
lesquelles on peut faire varier à volonté les amplitudes ques millisecondes .
et les taux de croissance des trois courants, il s'ensuit En premier lieu, considérons le flux ¢. Celui-ci ne peut
que l'on peut induire à volonté les courants désirés dans pas changer rapidement car le rotor est en court-cir-
le rotor. Comme nous le verrons bientôt, c'est sur ce cuit. En effet, en vertu de la loi de Lenz, tout change-
principe que repose la réponse rapide du contrôle vec- ment de 0 sera opposé par des courants qui se mettront
toriel . à circuler dans les barres . Le flux est, pour ainsi dire,

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 957

Figure 44-73
Pendant la période transitoire d'inversion du couple, le flux 0
Figure 44-72 reste constant (comparer avec la Fig . 44-72) . Le courant IR2
Cette figure simplifiée est une réplique de la Fig . 44-69 . Le engendre un couple horaire . Le courant IR3 ne produit aucun
couple du rotor agit dans le sens anti-horaire . couple car sa FMM est alignée avec le flux 0 .

«emprisonné» par les barres du rotor . La constante de représentée par la Fig . 44-73, le flux reste sensiblement
temps rotorique associée à la décroissance du flux est égal à la valeur qu'il avait avant d'appliquer le courant
généralement de quelques centaines de millisecondes . 42- Si l'on compare les Fig . 44-72 et 44-73 montrant
les forces produites sur le rotor, respectivement avant
Pour produire le couple désiré on doit induire dans le
et après le changement des courants statoriques, on
rotor un courant IR2 produisant une FMM FR2 orientée
constate qu'on a réussi à inverser le couple . Cette in-
(idéalement) à 90° par rapport au flux 0 (Fig . 44-73) .
version, qui requiert une période de 2 à 10 ms assure
De cette manière, pour un IR2 donné, on s'assure que le
un temps de réponse aussi bon que celui obtenu avec
couple sera maximal . Pour induire IR2 , il faut que le
les meilleurs systèmes utilisant des moteurs à c .c .
courant 4Ï2 dans le stator augmente à un taux approprié
pour que IR2 produise le couple désiré . La valeur ins- Durant les millisecondes qui suivent, la position du rotor
tantanée de IS2 représente l'effet combiné des trois cou- change, et si on désire maintenir le couple inverse, les
rants instantanés du stator imposés par l'unité de com- courants statoriques appropriés seront imposés par
mande . l'unité de commande . Le rotor ralentira et si le couple
On constate que durant le bref intervalle de temps de la inverse est toujours maintenu, le rotor s'arrêtera pour
Fig . 44-73, les FMM F S2 et FR2 sont en opposition et ensuite commencer à tourner dans le sens inverse . Au
sont orientées selon la verticale . Comme expliqué à la cours de cette période transitoire le courant IR3 décroît
et les forces magnétomotrices FS et FR seront progres-
section 44 .27 et indiqué sur la Fig . 44-71, la compo-
sivement réorientées par l'unité de commande de fa-
sante FF semble donc nulle . Toutefois, le flux 0 origi-
nal subsiste en grande partie car sa diminution engen- çon à créer la FMM FF requise .
dre immédiatement dans le rotor un courant IR3 qui s'op- Noter que nous aurions pu augmenter le couple dans le
pose à cette décroissance (Fig . 44-73) . C'est justement sens anti-horaire en faisant circuler un courant I S2 dans
la FMM produite par ce courant IR3 qui, pendant la pé- le sens inverse de celui de la Fig . 44-73 . En somme, en
riode transitoire d'inversion du couple, continue de imposant le taux de variation du courant IS2 on peut en
maintenir un flux 0 constant et orienté horizontalement quelques millisecondes faire changer le couple dans
vers la droite . Sur la Fig . 44-73, le flux 0 est donc créé un sens ou l'autre. En pratique, les variateurs de vi-
essentiellement par IR3 car les FMM créées par IS2 et tesse à commande vectorielle peuvent répondre en 2 ms
IR2 s'annulent. à 10 ms . Ils sont aussi performants que les variateurs
Donc, pendant la courte période transitoire de 2 à 10 ms utilisant un moteur à courant continu .
958 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 44-74
Vue de l'intérieur d'un boîtier contenant un
variateur de vitesse à contrôle vectoriel pour un
moteur triphasé de 15 hp à 600 V.
1) inductance triphasée de ligne de 18 A ;
2) variateur de vitesse ;
3) transformateur de contrôle 600 V/120 V ;
4) sectionneur à fusibles de 30 A ;
5) modules de communication pour automate
programmable ; 6) relais de contrôle
(gracieuseté de Rockwell Automation et Lumen) .

Fig . 44-76
Des scies à ruban de trois étages de haut coupent les billes
1 de bois en longueur . En même temps, les chûtes de bois
sont déchiquetées en petits morceaux . Il s'agit d'une
Figure 44-75 application spéciale de la commande vectorielle de moteurs .
Variateurs de vitesse triphasé à 600 V de type à contrôle En effet, si le couple et la vitesse n'étaient pas commandés
vectoriel : avec grande précision, les morceaux déchiquetés ne seraient
(1) à (5) : 1 hp, 10 hp, 50 hp, 75 hp, 200 hp (gracieuseté de pas acceptables pour les moulins des usines papetières
Rockwell Automation et Lumen) . (gracieuseté de Rockwell Automation et Lumen) .

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 959

Les Fig. 44-74 et 44-75 montrent des variateurs de vi- Lorsque le moteur est en marche normale, les capteurs
tesse à contrôle vectoriel et la Fig . 44-76 en montre mesurent les valeurs instantanées des courants et des
une application . tensions aux bornes du stator . Ces informations sont
transmises à l'ordinateur à l'intérieur du variateur. Ce-
Le lecteur a sans doute noté que l'on a placé l'accent
lui-ci calcule les valeurs de la vitesse*, du couple, de
sur la commande du courant dans les enroulements du
Fs , FR, F~ etc ., et les compare avec les valeurs dési-
stator. Les tensions générées par le convertisseur MLI
rées . L' écart entre les valeurs mesurées et désirées sert
doivent avoir les formes d'ondes appropriées pour pro-
à corriger le couple ou la vitesse .
duire les courants statoriques désirés . En particulier, il
ne faut pas que ces tensions soient écrêtées par une Puisqu'un ordinateur est déjà installé dans le variateur
tension continue insuffisante du circuit intermédiaire . de vitesse, on y incorpore d'autres options de contrôle .
Celles-ci permettent de contrôler l'accélération, la mise
44 .29 Commande vectorielle de n et T des sous tension sans perturbation d'un moteur qui tourne
moteurs asynchrones
déjà, d'éviter les résonances critiques, etc . Le varia-
Le contrôle vectoriel d'un moteur à cage d'écureuil teur de vitesse sert aussi comme démarreur program-
présente un défi technologique d'envergure . Première- mable par l'usager.
ment, il est impossible de mesurer la force magné-
Les concepteurs du contrôle vectoriel ont conçu un
tomotrice FR du rotor. Deuxièment, pour mesurer l'am-
système très sophistiqué et performant . Sachant que les
plitude et l'orientation de FF produisant le flux il fau-
vecteurs spatiaux peuvent changer d'un instant à l'autre,
drait placer des capteurs dans l'entrefer, ce qui n'est
on réalise que c'est la commutation rapide des IGBT,
pas pratique . Finalement, la seule FMM facile à mesu-
de pair avec un ordinateur capable d'effectuer des cal-
rer est celle produite par le stator. On peut calculer F s
culs rapides en temps réel, qui a permis de mettre au
en observant les valeurs instantanées des courants dans
point les variateurs de vitesse à commande vectorielle
les trois phases .
(voir Fig . 44-77 et 44-78) .
La détection de la vitesse crée un autre problème car
Le contrôle vectoriel est donc rendu possible grâce à
elle nécessite l'ajout d'un encodeur sur l'arbre . Cela
plusieurs dispositifs sophistiqués : capteurs, ordinateurs,
n'est pas facile pour des moteurs qui sont déjà installés
comparateurs, microprocesseurs, en plus du convertis-
ou dont les arbres ne sont pas accessibles .
seur.
Afin de contourner ces difficultés, on procède comme
suit . Lorsque le variateur de vitesse est installé, on dé-
termine d'abord les paramètres du moteur en le faisant
marcher pendant une ou deux minutes . Durant cette
période d'essai, l'ordinateur installé à l'intérieur du
variateur évalue les paramètres, soit la résistance r l du
stator, la résistance r 2 du rotor, les réactances de fuite
x i et x2 du stator et du rotor, et la réactance magnétisante
X m (voir Fig . 44-68) . L'essai comprend aussi une pé-
riode d'accélération durant laquelle l'inertie des par-
ties tournantes est évaluée .
Habituellement, la lecture des paramètres se fait une
seule fois, mais dans certains cas les paramètres sont
réévalués automatiquement lorsque le moteur est en
Figure 44-77
marche . Cela permet un meilleur contrôle car les résis- Ce moteur à contrôle vectoriel MLI contient un encodeur
tances du rotor et du stator varient avec la température . optique qui permet de mesurer la position exacte du rotor
à tout instant . Les encodeurs standards génèrent 1024
impulsions par tour . Moteur à ventilation forcée : puissance
nominale : 10 hp, 230 V, 3 phases, 60 Hz, vitesse de
base 1800 r/min . La vitesse est variable de zéro jusqu'à
" Lorsque le moteur doit tourner avec grande précision à seu- 4500 r/min . La fréquence de découpage peut être ajustée à
lement quelques tours par minute, ou s'il faut commander 2,5 kHz ou 8 kHz (gracieuseté de Baldor Electric Company) .
sa position, un encodeur est essentiel .

960 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 44-78
Vue intérieure d'une unité de commande vectorielle montrant vitesse et le couple du moteur . Ainsi, le couple peut être
la complexité du circuit . Il comprend des IGBT, amplificateurs, programmé en fonction de la vitesse et de la position du rotor .
filtres, comparateurs, et une foule d'autres composants sous La régulation de la vitesse est ajustable à 0,01 % et le sens
le contrôle d'un microprocesseur . Linformation provenant de du couple peut être inversé en 1 ms. Le moteur tourne sans
l'encodeur est traitée par les instructions du module de vibration jusqu'à une vitesse nulle (gracieuseté de Baldor
commande qui permet de faire varier à volonté la position, la Electric Company) .

44 .30 Fréquence de découpage* la tension d'alimentation. Bien que ces surtensions ne


Les variateurs de vitesse utilisent diverses fréquences durent qu'une fraction de microseconde elles accom-
de découpage allant de 1 kHz à 16 kHz . Dans plusieurs pagnent chaque impulsion . De plus, elles sont concen-
cas on peut sélectionner la fréquence au chantier afin trées sur les premières spires proches des bornes du
de répondre à des besoins spécifiques . Par exemple, moteur. L'isolation entourant ces spires est donc parti-
dans un environnement silencieux, le bruit généré dans culièrement vulnérable . Lorsque le moteur est situé à
la plage de 1 kHz à 3 kHz est particulièrement gênant . une distance de plus de 50 m du variateur de vitesse,
On choisit alors des fréquences inaudibles de 10 kHz on recommande d'ajouter un filtre afin de limiter les
et plus . Cependant, à ces hautes fréquences, les pertes surtensions .
accrues dans les semiconducteurs diminuent la puis-
sance du variateur de vitesse . COMMANDE DIRECTE DU COUPLE

La montée ultra-rapide des impulsions MLI crée un


problème pour l'isolation des enroulements à l'inté- 44 .31 Introduction
rieur des moteurs . Ces montées et descentes se mesu- Parmi toutes les méthodes utilisées pour commander
rent en nanosecondes . Il en résulte des phénomènes de les moteurs asynchrones, la commande directe du cou-
réflexion d'ondes le long du câble reliant le variateur ple occupe une place importante . Cette technique con-
de vitesse au moteur. Cela peut faire augmenter la ten- siste à commander le couple et le flux statorique de
sion aux bornes du moteur à des valeurs supérieures à façon à maintenir ces deux grandeurs à l'intérieur d'une
bande prédéterminée . Cette méthode de commande qui
" La fréquence de découpage est aussi appelée fréquence contraint une grandeur à suivre une consigne comprise
porteuse .

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 961

entre une limite supérieure et une limite inférieure porte


le nom de commande par hystérésis . La commande
directe du couple désignée dans la documentation an-
glaise par «direct torque control» ou DTC consiste en
fait à commander le couple et le flux statorique du mo-
teur.
Avant de présenter la méthode de commande, voyons
comment on peut mesurer les deux grandeurs que l'on
veut contrôler, soit le couple et le flux statorique . Con-
sidérons le circuit de la Fig . 44-79a montrant une phase
d'un moteur asynchrone triphasé alimenté par une
source de tension sinusoïdale . On y reconnaît la résis-
tance r 1 du stator, le flux de fuite 01 du stator, le flux
mutuel On, le flux de fuite 02 du rotor et la résistance
r2 /s qui absorbe la puissance active Pr fournie au rotor.
Le flux total Os accroché par le stator est égal à la somme
vectorielle de 01 et 0.
Le couple total dû aux trois phases est donné par l'équa-
tion :

9,55 P r
TM = x 3 éq .33-9
ns
Figure 44-79
La puissance Pr absorbée entre les points 4 et N est a . Circuit équivalent d'une phase d'un moteur asynchrone
donnée par Pr = E4NI2. Cette puissance active corres- triphasé .
b . Diagramme vectoriel des grandeurs au stator.
pond aussi à la puissance traversant le stator entre les
points 2 et N car les éléments x 1 , xm, x2 n'absorbent
aucune puissance active . On peut donc écrire :

Les deux équations 33-9 et 44-6 permettent de déter-


Pr = E2N Il cos Os (44-6)
miner le couple du moteur lorsqu'on connaît la tension
où E2N, le courant Il et le déphasage Os entre les deux .
Connaissant E 2N, on peut aussi déterminer la grandeur
Pr = puissance active fournie au stator, par phase relative du flux Os (valeurs en p .u .) .
[W]
E2N = tension induite par le flux Os accroché par le Lorsque la tension E et le courant Il ne sont pas sinu-
stator [V] soïdaux, on peut encore en déduire les valeurs du cou-
I l = courant du stator [A] ple et du flux en appliquant les mêmes principes .
8s = angle entre E2N et I l [°] Dans les explications qui suivent nous négligerons la
résistance r 1 du stator.
La tension E2N n'est pas accessible, mais il est facile
de la déduire en mesurant la tension El N aux bornes du 44 .32 Commande du flux et du couple par
stator et en tenant compte de la chute de tension r1 I1 . hystérésis
Noter que le flux Os est proportionnel à la tension E2N La Fig . 44-80 montre un moteur asynchrone triphasé
et qu'il est 90° en retard sur celle-ci . Le diagramme alimenté par un convertisseur conventionnel qui est
vectoriel (Fig . 44-79b) met en évidence les vecteurs branché à une source de tension continue Ed . L'ouver-
des courants et tensions du stator, y compris la chute ture et la fermeture des interrupteurs suit un programme
de tension dans la résistance r 1 . spécial . Contrairement à la méthode MLI, la fréquence

962 ÉLECTROTECHNIQUE

de découpage n'est pas constante, mais dépend des La valeur nominale de O s correspond à la valeur
valeurs instantanées du couple T M développé par le moyenne de OA et OB . Cependant, lorsque le moteur
moteur et du flux Os du stator. fonctionne à faible charge on n'a pas besoin de main-
Le flux désiré Os peut avoir toute valeur comprise en- tenir le flux à son niveau nominal . On diminue donc le
tre une valeur supérieure OA et une valeur inférieure flux afin de réduire les pertes fer . Pour ce faire, on
O B . Plus la bande de tolérance est étroite, plus le flux
baisse les seuils de OA et OB, sans changer la largeur de
sera contrôlé avec précision. la bande de tolérance .

Lorsque Os descend en dessous de OB, un signal logi- 44.33 Commande de la vitesse


que transmis au convertisseur indique lesquels des in- La commande de la vitesse se fait par l'entremise du
terrupteurs doivent changer d'état de façon à augmen- couple T M. Ainsi, lorsque la vitesse est plus basse que
ter le flux. De même, lorsque Os passe au-dessus de WA, la valeur de consigne, le circuit de commande rehausse
le signal logique indique lesquels des interrupteurs doi- les seuils TA et TB . Par conséquent, le couple T M déve-
vent changer d'état de façon à baisser le flux . Enfin, loppé par le moteur se retrouve subitement en dessous
lorsque Os se maintient à l'intérieur de la bande de de TB et le système réagit de façon à augmenter le cou-
tolérance, l'état momentané des interrupteurs demeure ple . Donc le moteur accélère . Lorsque la vitesse at-
inchangé - en autant que le couple T M possède aussi teint la valeur désirée, le couple T M fluctue entre les
la valeur désirée . Dans cet exercise d' ajustment, le flux nouveaux seuils TA et TB . Simultanément, les inter-
oscille continuellement et rapidement entre les limites rupteurs font osciller le flux entre OA et `YB .
OA etOB .
44 .34 Production du champ magnétique
Les mêmes remarques s'appliquent au couple T M qui
dans un moteur biphasé
doit se maintenir entre les seuils T A et TB (Fig . 44-80) .
Par exemple, lorsque le couple TM développé par le Lorsqu'on dispose d'une source de tension continue
Ed, on peut se demander comment on produit le champ
moteur passe sous le seuil T B , le convertisseur reçoit
un signal logique pour changer l'état des interrupteurs tournant dans un moteur triphasé . Afin de simplifier
les explications, nous utiliserons un moteur biphasé
afin d'augmenter TM . Inversement, lorsque T M est su-
périeur à TA , le signal logique fait changer l'état des
interrupteurs afin de baisser TM . Comme dans le cas IY
du flux, le couple TM oscille continuellement et rapi- O yi
1
dement entre les seuils T A et TB .

10 spires
offl X

ox EY

TM

t Ix
o Y2

Figure 44-80 x 2 O<


Convertisseur triphasé dont la position instantanée des
interrupteurs est déterminée par l'état du flux Os du stator et Figure 44-81
du couple TM développé par le moteur . Le flux peut avoir Diagramme schématique d'un moteur asynchrone biphasé .
toute valeur comprise entre OA et OB . Le couple peut avoir La valeur et la direction des flux Ox et c,, dépendent des volts-
toute valeur comprise entre T A et TB . secondes appliqués aux deux enroulements .

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 963

au lieu d'un moteur triphasé* . De plus, nous utilise- x 2 , le flux Ox commence à changer. Le taux de varia-
rons des valeurs numériques afin de rendre le modèle tion est donné par la loi de Faraday :
plus concret. On peut donc représenter les enroule-
ments statoriques par deux phases X et Y disposées en A¢x =
Ex éq . 18-2
quadrature (Fig . 44-81) . Chaque pôle contient 10 spi- At N
res ; le nombre de spires entre les bornes x t et x2 est
donc de 20 . Il en est de même pour les spires entre les Dans notre cas, E x = Ed = 200 V et N = 20 spires . Il
bornes y l et y2 . Les enroulements produisent respecti- s'ensuit que A ox IAt = 200 V/20 spires = 10 Wb/s, ce
vement des flux Ox et Oy . Supposons que le flux nomi- qui équivaut à 10 mWb/ms .
nal soit de 25 mWb . Lorsque la tension Ex est nulle (bornes en court-cir-
Les enroulements X et Y sont raccordés à une source à cuit), le flux ox ne varie pas ; il demeure à la valeur
c .c . de 200 V par l'entremise d'un convertisseur com- qu'il avait au moment du court-circuit.
prenant 4 interrupteurs (Fig . 44-82) . En ce qui concerne Les mêmes remarques s'appliquent à l'enroulement Y .
la phase X, il existe 4 façons de faire les connexions Lorsque Ey = + 200 V, la borne y i est positive par rap-
aux bornes + et - de la source . On obtient alors 4 com- port à y 2 . Cela signifie que le flux $v change à un taux
binaisons pour les polarités des bornes x t et x2: (+ -), de + 10 mWb/ms et tend à se diriger vers le haut . Par
(- +), (+ et (- ) . Lorsque les polarités sont identi-
+) contre, lorsque Ey = - 200 V, le flux $v varie à un taux
ques, les bornes sont en court-circuit ; la tension Ex est de - 10 mWb/ms . Donc il tend à se diriger vers le bas .
alors zéro . Il existe donc en fait 3 façons distinctes de
faire les connexions . Noter que le circuit de l'enroule- Exemple 44-10
ment X n'est jamais ouvert . Par conséquent, si l'en- À un instant donné le flux (ax est de + 15 mWb. Le
roulement porte un courant Ix , celui-ci ne sera jamais signe + indique qu'il est orienté vers la droite . Le
interrompu lors d'une commutation . flux 0y = - 8 mWh . Le signe - indique qu'il est
orienté vers le bas . Subitement, les enroulements
Les mêmes remarques s'appliquent à l'enroulement Y.
X etY sont raccordés selon la Fig . 44-83 . Détermi-
Il existe donc 3 x 3 = 9 combinaisons distinctes pour
ner :
raccorder les deux enroulements aux bornes (+) et (-)
de la source Ed . Ces combinaisons permettent de faire a) la valeur initiale du flux résultant et son orien-
varier à volonté la valeur et le sens des flux Ox et y O~ .
tation dans l'espace
Par exemple, supposons que le flux Ox dans la Fig . 44- b) la valeur du flux Os et son orientation 2 .2 ms plus
81 se dirige vers la droite et qu'il soit en train d'aug- tard
menter. D'après la loi de Lenz (section 18 .7, chapitre
18), la borne x t sera positive par rapport à x 2 . Par con- Solution
séquent, Ex sera positive . Réciproquement, lorsque Ex a) Comme les enroulements X et Y sont disposés à 90°
est positive, le flux tend à augmenter vers la droite . En dans l'espace, l'orientation initiale des flux est telle que
effet, dès qu'une tension existe entre les bornes x t et le montre la Fig . 44-84a . Il s'ensuit que le flux résul-
tant Os est donné par :

= -8 mWb
Ox =+15 mWb
2 Y
E y

Ey

Figure 44-82
Quatre interrupteurs offrent 9 combinaisons de raccordement
des enroulements X et Y à la source à c .c . À tout instant au
moins un des deux enroulements est en court-circuit . Figure 44-83
Voir exemple 44-10 .
La production du champ tournant dans un moteur triphasé
est présentée à la section 44 .40 .


964 ÉLECTROTECHNIQUE

Flux Os résultant:
os =~ox+OY
17 mWb
0s = V ox+o
_ 15' + (- 8)2 =

7)z + (- 8)2 = 10,6 mWb


Son orientation est :
Son orientation est :
Ov
0Y = arctan -8 = - 28° a5 = arctan = arctan -8 = - 131 0
as = arctan 7
15 ox
Ox
On constate que durant l'intervalle de 2,2 ms le flux
b) Comme x t est négative par rapport à x 2 (Fig . 44-83), spatial s'est déplacé d'un angle de - 28° à - 131° . Il a
il s'ensuit que Ex = - 200 V. Le flux ox change donc à donc tourné de 103° dans le sens horaire . Cela démon-
raison de - 10 mWb/ms . Il a donc tendance à s'orien- tre que l'on peut créer un champ tournant en fermant et
ter vers la gauche . Par contre, puisque Ey = 0, le flux en ouvrant les interrupteurs de façon appropriée .
Oy ne variera pas, demeurant à - 8 mWb . Notons aussi que les changements de flux ne sont pas
Changement du flux O durant 2,2 ms : affectés par la circulation d'un courant quelconque dans
2,2 ms x - 10 mWb/s = - 22 mWb les enroulements . En effet, comme leur résistance est
négligée, le changement des flux Ox et dépend uni-
Nouveau flux Ox (Fig . 44-8lb) : quement des volts-secondes appliqués aux bornes des
+ 15 mWb - 22 mWb = - 7 mWb enroulements respectifs .
Pendant cette période de 2,2 ms, le flux Ox a donc gra- 44 .35 Production d'un champ tournant
duellement diminué jusqu'a zéro, puis s'est inversé
Nous présentons maintenant une façon simple de pro-
pour atteindre - 7 mWb . Le signe - indique qu'il est
duire un champ tournant dans le moteur biphasé de la
maintenant dirigé vers la gauche.
Fig . 44-81 . Pour ce faire, exécutons les commutations
décrites dans les 6 étapes ci-dessous . La Fig . 44-85 per-
met de suivre les valeurs successives des flux Ox et .

10 ms 5 ms

(a) ------- -------

2,5 ms
22,5 ms

-8 mWb

`YY
0s = 10,6 mWb
15 ms 20 ms
(b)
Figure 44-85
Figure 44-84 Ce diagramme carré montre la valeur et l'orientation du flux
o
a . Position initiale du flux s . Os à différents moments . Il permet aussi d'observer les
o
b . Position finale de x (voir exemple 44-10) . composantes Ox et O .
COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 965

Étape 1 (0<t<2,5 ms) : Ex = + 200 V; Ey = 0 Le flux Oy se dirige vers le haut à raison de 10 mWb/
Supposons que le flux initial dans le moteur soit nul, ms . Comme sa valeur initiale est de - 25 mWb, il at-
de sorte que Ox = 0,y = 0 . On ferme alors les interrup- teint 0 mWb après un intervalle de 2,5 ms . On cons-
teurs afin que Ex = + 200 V et Ey = 0 . Le flux Ox tate que le flux Os a exécuté un tour complet .
commence à augmenter vers la droite à raison de Les valeurs instantanées de Ex , Ey , Ox et $v sont tra-
10 mWb/ms . Il atteindra sa valeur nominale de cées à la Fig . 44-86 . Cette figure montre que les for-
25 mWb après un intervalle de 2,5 ms . Comme on ne mes d'onde des flux sont trapézoïdales alors que cel-
veut pas que Ox augmente davantage, on court-circuite les des tensions sont rectangulaires .
les bornes x l et x 2 à la fin de cette étape .
Le graphique de la Fig . 44-85 est particulièrement utile
Étape 2 (2,5 <t<5 ms) : Ex = 0 ; Ey = + 200 V car il permet de suivre la valeur et la position spatiale
Les bornes x l et x 2 étant en court-circuit, on ferme les du flux résultant Os . Par exemple, à l'instant t = 6 ms
interrupteurs de sorte que Ey = + 200 V. Le flux ~, où Ox = + 15 mWb et oy = + 25 mWb, le flux résultant

initialement nul, commence à croître en se dirigeant est :


vers le haut . La tension est appliquée jusqu'au mo-
0S = ' 4'X + 4'Y
ment où Oy atteint la valeur nominale de 25 mWb. Le
2
temps requis est donné par : _ 115 2 +25 = 29,1 mWb
Ot = 25 mWb/(10 mWb/ms) = 2,5 ms Le flux spatial est orienté à un angle donné par arctan
Comme le flux Oy ne doit pas dépasser 25 mWb, on 25/15, soit à 59° par rapport à sa position horizontale
court-circuite les bornes y l et y2 afin que Ey = 0 à la initiale.
fin de cette étape .
Étape 3 (5 <t< 10 ms) : Ex = - 200 V ; E y = 0
Durant cette étape, on applique une tension Ex néga-
tive aux bornes de l'enroulement X . Par conséquent,
le flux Ox cherche à s'orienter vers la gauche à un taux
de 10 mWb/ms . La valeur initiale de Ox étant de (a)
25 mWb, le flux Ox deviendra nul après un intervalle
de 2,5 ms .
Si l'on maintient les interrupteurs dans le même état,
le flux ¢x continue à se diriger vers la gauche. Il at- (b)
teindra la valeur nominale de - 25 mWb après un autre
intervalle de 2,5 ms . À ce moment, on court-circuite
les bornes x l et x2 afin que Ox cesse de changer.
Étape 4 (10 < t < 15 ras) : E x = 0 ; Ey - 200 V O
On applique maintenant une tension Ey = - 200 V aux
bornes de l'enroulement Y. Par conséquent, le flux Or
tend à s'orienter vers le bas à un taux de 10 mWb/ms .
Après 5 ms, le flux O y _- 25 mWb et on court-circuite (d)
les bornes y l et Y2 .
Étape 5 (15 < t <20 ms) : Ex = + 200 V; Ey = 0
Le flux Ox augmente en se dirigeant vers la droite . Lors-
qu'il atteint + 25 mWb, les bornes x l et x2 sont mises
en court-circuit afin que le flux n'augmente plus . Figure 44-86
Variations des flux Ox et w produites par l'application
Étape 6 (20 < t < 22,5 ms) : Ex = 0 ; Ey = + 200 V successive d'une tension de ± 200 V aux bornes des
enroulements .



966 ÉLECTROTECHNIQUE

On constate que le flux tourne dans le sens ami-ho- Supposons que le flux initial soit Os = 25 mWb et qu'il
raire et qu'il fait un tour en 20 ms . Cela correspond à soit orienté vers la droite . À partir de ce point 1 on
une vitesse de rotation de 1/20 ms = 50 tours par se- maintient Ox constant et on applique une tension EY =
conde ou 3000 r/min . + 200 V à l'enroulement Y. Comme on l'a déjà expli-
qué, cela fait augmenter le flux y vers le haut . Dès
Il reste une situation troublante : le flux nominal est de
que le flux résultant Os est égal à 28 mWb (point 2 sur
25 mWb mais on constate que dans les quatre coins
le cercle extérieur), on réduit EY à zéro .
du carré de la Fig . 44-85 le flux résultant Os atteint
une valeur de 25 2 = 35 mWb . Cela dépasse le flux Ensuite, on applique Ex = - 200 V, ce qui diminue la
nominal de 40 % et on doit y remédier . C'est précisé- composante Ox sans affecter y . Arrivé au point 3 sur
ment un des buts de la commande par hystérésis . le cercle intérieur où Os = 25 mWb, on réduit Ex à
zéro . Alors, on applique E y = + 200 V ce qui fait mon-
44.36 Commande du champ tournant par ter le flux au point 4, après quoi on fait Ey = 0 . De
hystérésis nouveau on applique Ex = - 200 V, ce qui déplace le
On peut obtenir un flux tournant plus uniforme en lui flux vers la gauche . Rendu au point 5, où Os = 25 mWb,
imposant des limites supérieure et inférieure . Cela né- on met Ex =0 .
cessite un changement dans la programmation des in-
En procédant ainsi entre les limites imposées par les
terrupteurs . Supposons, par exemple, que l'on désire
deux cercles, on obtient un flux Os rotatif qui passe
limiter le flux Os à des valeurs comprises entre 1 p .u .
par les points 1, 2, 3 . . . . 6, 7, 8, etc. Le point 7 frôle le
et 1,12 p .u ., soit entre 25 mWb et 28 mWb . On trace
cercle intérieur donc on n'a pas besoin de changer l'état
alors deux cercles ayant respectivement des rayons cor-
respondant à 25 mWb et 28 mWb (Fig . 44-87) .
mWb
+25 ' ' ----

7x 0

-25

+25 ----

YY 0

-25
--------- - ----------
+200
-------EX
Ex o

-200 - ---h- ---h---- -'r- u


+200

EY0

-200 -

0 5 10 15 20
Figure 44-87 temps ms
Le contrôle par hystérésis contraint le flux Os à demeurer
entre les limites de 25 mWb et 28 mWb . Les lignes Figure 44-88
horizontales et verticales indiquent le trajet suivi par le flux Forme d'onde des flux Ox et Ov accrochés par les enrou-
lors d'un tour . La valeur et l'orientation du flux sont données lements X et Y. Les tensions E x et E Y sont à l'origine de ces
à tout instant par la position et l'amplitude du vecteur o s . flux .

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 967

des interrupteurs à ce moment. Il en résulte 20 com- augmentera de 3000 r/min à 4500 r/min . Cependant,
mutations par tour comparativement à 4 dans la Fig . en pratique, la tension Ed est maintenue à une valeur
44-86 . L'amplitude du flux se maintient à 26,5 mWb constante .
± 6 %. Une autre manière d'augmenter la vitesse est de dimi-
Sachant que le rayon du cercle intérieur correspond à nuer le flux Os . Cela équivaut à réduire le diamètre des
25 mWb, et que le flux Os se déplace à raison de cercles limiteurs, tout en gardant la tension à 200 V .
10 mWb/ms, il est facile de calculer la valeur et l'orien- Par exemple, en réduisant les diamètres de moitié, cela
tation du flux à n'importe quel instant sur son parcours . diminue de moitié la hauteur et la profondeur de cha-
que «marche» . Par conséquent, les volts-secondes re-
La Fig . 44-88 montre les formes d'ondes des flux Ox
et $v ainsi que celles de Ex et Ey . Le lecteur devra les quis pour exécuter un tour diminuent de moitié . Dans
le cas de la Fig . 44-87, la vitesse de rotation double-
comparer avec celles de la Fig . 44-86 .
rait de 3000 r/min à 6000 r/min .
On peut réduire l'écart entre les flux supérieur et infé-
Il existe une troisième méthode pour commander la
rieur en réduisant davantage la bande de tolérance . Par
vitesse de rotation du flux . Elle consiste à introduire
exemple, en choisissant les limites de Os entre 1 p .u .
des intervalles «zéros» durant lesquels les tensions Ex
et 1,06 p.u ., on obtient une précision de ± 3 % . Cepen-
et E y sont simultanément nulles (enroulements en
dant, cela nécessitera 44 commutations par tour, soit
court-circuit) . Pendant ces intervalles, le flux Os reste
44/20 ms = 2200 commutations par seconde .
figé dans l'espace . Cela augmente le temps requis pour
44 .37 Commande de la vitesse de rotation exécuter un tour. Par exemple, en se référant à la Fig .
Noter que le nombre accru de commutations ne change 44-87, si l'on introduit durant un tour 40 zéros de 2
pas le temps requis pour exécuter un tour complet . Pour millisecondes, le temps requis pour faire un tour com-
autant que le flux minimal reste à 25 mWb, la durée plet sera de 20 ms + 40 x 2 ms = 100 ms . Cela corres-
d'un tour demeure toujours égale à 20 ms . Par consé- pond a une vitesse de rotation moyenne de 10 tours
quent, la vitesse moyenne de rotation du flux est tou- par seconde ou 600 r/min .
jours de 3000 r/min . De façon générale, la vitesse de Noter que lorsque les tensions Ex et Ey sont simulta-
rotation n R est donnée par l'expression : nément nulles, le flux O est momentanément station-
naire dans l'espace . Cependant, dès que le court-cir-
k Ed cuit est enlevé, le flux se déplace à nouveau à une vi-
nR = (44-7) tesse de 3000 r/min . Donc, le flux avance et arrête par
Os à-coups, la vitesse fluctuant subitement et continuel-
ou lement entre 3000 r/min et zéro .

n R = vitesse de rotation du flux Os [r/min] Comme nous l'expliquerons dans la section suivante,
Ed = tension continue de la source [V] les enroulements sont court-circuités aux instants où
os = flux par pôle [Wb] le couple TM est supérieur au couple TA. Cela veut dire
k = constante qui dépend de la construction du que les zéros sont créés par le processus même de
moteur l'hystérésis .

D'après cette expression, il existe deux façons de chan- 44 .38 Logique de programmation des
ger la vitesse : changer la tension continue Ed ou chan- interrupteurs
ger la valeur du flux Os . Sachant que l'on doit maintenir le flux et le couple à
l'intérieur de leurs limites respectives, comment doit-
Pour augmenter la vitesse, on peut augmenter la ten-
on programmer les commutations afin de réaliser cet
sion Ed au-delà de 200 V . Puisque le flux est gardé à
objectif?
l'intérieur des cercles de la Fig . 44-87, chaque étape
prendra moins de temps . En effet, la hauteur et la pro- Supposons que le flux Os ait momentanément la va-
fondeur des «marches» correspond à un nombre pré- leur et la position indiquées par le flux Os, et qu'il
cis de volts-secondes . Donc, si l'on augmente la ten- tourne dans le sens anti-horaire à 3000 r/min (Fig . 44-
sion, disons, de 200 V à 300 V, la vitesse de rotation 89) . De plus, supposons que le rotor tourne dans le



968 ÉLECTROTECHNIQUE

même sens mais à une vitesse constante de 600 r/min .


On désire toujours conserver une amplitude de flux
comprise entre 25 mWb et 28 mWb .
Comme la valeur de o s , est inférieure à 25 mWb, on
doit alimenter les enroulements X etY afin qu'il attei-
gne la bande désirée . Sachant qu'on n'alimente jamais
plus d'un enroulement à la fois, on a les 5 choix sui-
vants
1) Appliquer une tension de + 200 V à l'enroulement
X . Cela fera déplacer le flux vers la droite .
2) Appliquer une tension de - 200 V à l'enroulement
X . Cela fera déplacer le flux vers la gauche .
3) Appliquer une tension de + 200 V à l'enroulement
Y. Cela fera déplacer le flux vers le haut .
4) Appliquer une tension de - 200 V à l'enroulement
Y(-)
Y. Cela fera déplacer le flux vers le bas . 4
5) Appliquer une tension nulle aux deux enroulements, Figure 44-89
en les mettant en court-circuit . Il existe cinq choix de commutation pour chaque position du
flux Os .
De ces choix, il est évident que les options 2 et 4 sont
à rejeter car le flux s'éloignerait davantage de la va-
rotation
leur désirée . L'option 5 est aussi à rejeter car elle fige
le flux à sa valeur actuelle . Il nous reste donc les op- 1
,X(+) 3
tions 1 et 3 . C'est alors qu'intervient la question du
Y(+)
couple TM .
Os2 .h Asie'
En se référant à la Fig . 44-90, si l'on choisit l'option ' OS2a 1 T
1, le flux Os ,, tout en augmentant vers Osia, se déplace `» X(+)
dans le sens horaire, soit contre le sens de rotation du ~oS1a

rotor. Cela a pour effet d'appliquer un couple de frei-


nage au rotor* . Donc cette option est à prendre si le
couple TM est à ce moment supérieur à T A .
Par contre, si l'on choisit l'option 3, le flux O s ,, tout
en augmentant vers 4slb, se déplace dans le sens de
rotation du rotor. Comme le flux tourne beaucoup plus
vite que le rotor, cela a pour effet d'appliquer un cou-
ple d'accélération sur le rotor . Donc cette option est à Figure 44-90
prendre si TM est à ce moment inférieur à TB . Le choix des interrupteurs dépend de l'état du flux Os et du
couple TM .
Enfin, si le couple TM est déjà entre les limites T A et
TB , on choisira l'option 3 car elle produit un couple
De ces choix, les options 2 et 3 sont rejetées car le flux
dans le même sens que la rotation du rotor .
s'éloigne davantage de la valeur désirée . L'option 5
Considérons maintenant le cas du flux Ose (Fig . 44- est aussi à rejeter car elle fige le flux à sa valeur ac-
89) . Comme il est supérieur à 25 mWb, on doit ali- tuelle . Il nous reste donc les choix 1 et 4 .
menter les enroulements X etY afin qu'il descende à
En se référant à la Fig . 44-90, si l'on choisit l'option
l'intérieur de la bande désirée . On a les mêmes choix
1, le flux 0S2, tout en diminuant vers.1, 0s2 se déplace
que précédément .
dans le sens horaire, soit contre le sens de rotation du
Le phénomène de la création du couple est expliqué dans rotor . Cela produit un couple de freinage sur le rotor.
les sections 33 .2, 33 .7 et 33 .8 du chapitre 33 .

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 969

Donc cette option est à retenir si le couple T M est à ce


moment supérieur à TA .
Par contre, si l'on choisit 4, le flux 052, tout en dimi-
nuant vers Os2b, se déplace dans le sens de rotation du
rotor. Cela produira un couple d'accélération sur le ------- -- - -- - -- - ----------- -
rotor. Donc cette option est à retenir si le couple TM
est à ce moment inférieur à TB .
Il nous reste une dernière possibilité: celle où le flux
0S3 est déjà dans la zone désirée (Fig . 44-89) . Nous
avons toujours les cinq choix pour alimenter les en-
roulements .
Si le couple TM est inférieur à TE , il faut augmenter le
couple en utilisant l'option 1 . Le flux 0S3 se déplace
alors vers 0s3a tout en diminuant légèrement en am-
plitude (Fig . 44-90) . 1 ~. t l .f. t2
t2

Par contre, si à ce moment le couple TM est supérieur à (b)


TB , on choisira l'option 2 car 0S3 se déplace vers Os3b . Figure 44-91
Il se produit alors un couple de freinage très fort car le a . Tension et courant induits dans les barres du rotor.
flux coupe les barres du rotor à une vitesse de 3000 + b . Couple T M développé par le moteur et limite supérieure T A
et inférieure TB .
600 = 3600 r/min.
Cependant, on peut aussi choisir l'option 5 . Dans ce
cas, le flux demeure figé sur place . Comme le moteur = 2400 r/min. Cette vitesse de glissement est très éle-
continue à tourner à 600 r/min, il s'exercera encore un vée de sorte qu'une tension ER appréciable est induite
couple de freinage sur le rotor. Cette technique a l'avan- dans les barres (Fig . 44-91a) . Cette tension engendre
tage sur l'option 2 de diminuer le nombre de commu- un courant rotorique IR qui croît très rapidement . Son
tations par seconde . taux de croissance est déterminé surtout par la tension
ER et l'inductance de fuite des enroulements du rotor
En résumé, on constate que la programmation des in-
et du stator. Comme le courant IR se trouve dans le
terrupteurs dépend entièrement des valeurs instanta-
champ magnétique du stator, il en résulte une force
nées du flux Os et du couple TM par rapport à leurs
croissante F sur les barres du rotor selon l'expression
limites supérieures et inférieures respectives .
F = BlI (section 16 .2) . Il se produit donc un couple
44.39 Vitesse de glissement instantanée et rotorique TM qui croît aussi très rapidement (Fig . 44-
production du couple 91b) . Donc, après un intervalle I l , le couple TM atteint
Afin de mieux saisir la nature du couple TM , suppo- le seuil TA et les interrupteurs court-circuitent les en-
sons que le moteur biphasé soit alimenté par une source roulements X et Y
à 200 V et que le flux Os se maintienne à l'intérieur Cela fige le flux dans l'espace de sorte qu'il cesse de
des limites OA et OB . Nous sommes dans la situation tourner. Cependant, le moteur, emporté par son iner-
0S3 illustrée à la Fig . 44-90 . Le flux tourne donc à une tie, continue à tourner à 600 r/min . La vitesse de glis-
vitesse anti-horaire de 3000 r/min, sauf quand les en- sement est donc de - 600 r/min ; elle induit dans les
roulements sont en court-circuit où il demeure figé . barres du rotor une tension négative qui est 4 fois plus
Supposons de plus que le rotor tourne à 600 r/min dans faible que la tension ER durant l'intervalle Il . Par con-
le même sens que le flux . séquent, le courant rotorique diminue à un taux qui est
À l'instant t = 0 (Fig . 44-9 1), le couple TM est inférieur le quart du taux de croissance précédent . Le couple
à TB , de sorte que les interrupteurs appliquent une ten- TM décroit au même taux, comme le montre la Fig .
sion sur les enroulements . Le flux commence immé- 44-9 lb . Après un intervalle t 2 le couple atteint le seuil
diatement à tourner à une vitesse de 3000 r/min . Il TB . Par conséquent, l'état des interrupteurs change, la
coupe les barres du rotor à une vitesse de 3000 - 600 tension de 200 V est de nouveau appliquée sur les en-

970 ÉLECTROTECHNIQUE

roulements et le flux reprend sa vitesse de 3000 r/min .


La vitesse de glissement est de nouveau 2400 r/min,
le couple accélérateur augmente en flèche et le cycle os
se répète . La somme des temps tt et t2 est de l'ordre de combinaison A(+)
quelques millisecondes . Rappelons que les intervalles
t2 correspondent aux instants «zéros» où le flux ne
change pas (enroulements x et y en court-circuit) .
On constate que le flux 0s avance et arrête de façon
saccadée de sorte que sa vitesse moyenneest bien in-
férieure à la vitesse instantanée de 3000 r/min . En fait,
la vitesse moyenne est légèrement supérieure à la vi-
tesse de rotation du rotor. combinaison B(-)

44 .40 Commande des moteurs triphasés


Dans un moteur triphasé les enroulements du stator
sont connectés en étoile et décalés à 120° . Par consé-
quent, si l'on utilise un convertisseur à 6 pas, comme
celui présenté à la Fig . 44-80, il existe 6 combinaisons
d'interrupteur pour alimenter les trois enroulements .
Ces combinaisons connectent les bornes (+) et (-) de combinaison C(+)
la source aux enroulements A, B, et C de 6 façons dif-
férentes (Fig . 44-92a) . Une septième combinaison met
les trois enroulements en court-circuit .
Ainsi, pour la combinaison A(+), l'enroulement A est
connecté à la borne (+) et les enroulements B et C sont
connectés à la borne (-) . Il en résulte un flux 0s qui est
orienté vers la droite . Par contre, pour la combinaison
A(-), l'enroulement A est connecté à la borne (-) et
les enroulements B et C sont connectés à la borne (+) .
Le flux 0s s'oriente alors vers la gauche . De même,
pour la combinaison B(-), l'enroulement B est con-
necté à la borne (-) et les enroulements A et C sont
connectés à la borne (+) . Le flux r est alors incliné à
un angle de 60° . combinaison B(+)
Supposons que le flux statorique dans un moteur tri-
phasé ne doive pas dépasser le cercle en pointillé (Fig .
44-92b) . Pour chacune des combinaisons A(+), A(-),
B(+), B(-), C(+), C(-), le flux s'oriente selon l'une
des 6 directions indiquées par les flèches au centre de
la figure . Pour compléter un tour, il faut exécuter un
minimum de six commutations .
Par exemple, supposons que le flux initial soit repré- combinaison C(-)
senté par le vecteur 0-1 . En utilisant la combinaison
C(+), le flux se déplacera selon le trajet 1-2 . Arrivé au
point 2, on utilisera la combinaison A(-) . Ensuite, ar-
rivé au point 3, on utilisera la combinaison B(+), et
ainsi de suite . Le flux spatial d'un moteur triphasé
0,
Figure 44-92a
suit donc un trajet hexagonal au lieu du trajet carré Combinaisons des connexions des enroulements d'un moteur
d'un moteur biphasé . Le rapport entre le flux supé- triphasé et orientation correspondante du flux spatial Os .

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 971

Figure 44-92b Figure 44-93


Trajet suivi par le flux dans un convertisseur triphasé à 6 Trajet suivi par le flux Os dans un convertisseur triphasé
pas . Lamplitude et la position instantanées du flux sont lorsque l'amplitude est contrainte à rester entre des limites
indiquées par le vecteur Os . Les 6 flèches indiquent les 6 de 1,0 p .u . et 1,1 p .u . Les points noirs représentent les
directions dans lesquelles le flux peut se déplacer . périodes zéros .

rieur et le flux inférieur est alors donné par la géomé- Comme dans le cas du moteur biphasé, le nombre de
trie de l'hexagone, soit 2/ 3 = 1,155 . Six comm uta- points d'arrêt dépend des signaux provenant du con-
tions correspondent donc à une bande de tolérance de trôle du couple . Chaque arrêt correspond à l'instant
0,155 p .u . où le couple TM dépasse le seuil TA . Il est clair que le
nombre de zéros augmentera partout lorsque le moteur
Comme dans le cas du moteur biphasé, le contrôle par
tourne à basse vitesse .
hystérésis permet de reserrer la bande de tolérance, ce
qui augmente le nombre de commutations par tour . Par Afin de comprendre le processus de commutation d'un
exemple, en réduisant la bande à 0,1 p .u ., cela équi- moteur triphasé, considérons le cas où le rotor et le
vaut à un écart de ± 5 % par rapport au flux Os moyen . flux Os tournent dans le sens anti-horaire (Fig . 44-94) .
Cependant, le nombre de commutations augmente à Les enroulements sont alimentés par un convertisseur
18 (Fig . 44-93) . Si le temps requis pour faire un tour pouvant occuper 7 positions distinctes (Fig . 44-80) .
est, disons, de 15 ms, cela équivaut à une fréquence de Six combinaisons correspondent aux enroulements ali-
découpage moyenne de 18 /0,015 = 1200 Hz . Comme mentés plus une combinaison avec tous les enroule-
la fréquence de découpage n'est pas fixe, le bruit acous- ments en court-circuit .
tique est moins perceptible . Supposons que le flux momentané Os , (Fig. 44-74) soit
Le trajet de la Fig . 44-93 est parsemé de points d'ar- inférieur au flux minimal OB . Pour rectifier la situa-
rêt ; ces points correspondent aux intervalles zéros où tion, on peut donc brancher les enroulements à la
les trois enroulements sont mis en court-circuit . Cha- source à c .c . de sept façons différentes . Ainsi, l'option
que point représente un intervalle qui varie d'une frac- A(+) produit un flux qui se déplace vers la droite alors
tion de milliseconde à quelques millisecondes . Ainsi, que l'option C(+) produit un flux qui se déplace à un
les nombreux points entre 60° et 180° indiquent que angle de 120° par rapport à l'horizontale . L'option 0
la vitesse moyenne du flux est assez lente durant cet produit un flux qui demeure figé dans l'espace car les
intervalle . Par contre, entre 180° et 300°, le flux tourne trois enroulements sont alors en court-circuit .
plus vite et sa vitesse moyenne est maximale entre 300°
En se rappelant des remarques faites dans le cas du
et + 420° où les «zéros» sont absents .
moteur biphasé, les options A(-), B(+) et 0 sont reje-


972 ÉLECTROTECHNIQUE

rotation tées, mais les options A(+), B(-), C(+), et C(-) sont
plausibles . Le choix dépend de l'état momentané du
couple T M . Si TM < TB , on choisira l'option C(+) car
elle produit un déplacement marqué du flux dans le
sens de rotation, donc un couple fort . Par contre, si
TM > TA , on choisira l'option C(-) . Enfin si TM est à
l'intérieur de T A et TB , on choisira l'option B(-) plutôt
que l'option A(+) car, tout en augmentant le flux, elle
donne un léger couple dans le sens de rotation du mo-
teur.

44 .41 Système de commande par


hystérésis
Comme dans tout système de commande sophistiqué,
le variateur de vitesse (Fig . 44-95) repose sur un mo-
dèle virtuel du moteur commandé . Les caractéristiques
Figure 44-94
du moteur virtuel sont définies lors de l'installation
Lorsque Os, est inférieur à OB, on peut augmenter le flux en du variateur de vitesse . Lors d'une série d'essais pré-
choisissant une des options A(+), B(-), C(+) ou C(-) . liminaires, le contrôleur détermine en quelques minu-
tes les caractéristiques du moteur réel, y compris son
inertie . Le moteur virtuel devient donc le «sosie» du
moteur réel. En lui fournissant l'information sur les

réseau
A B C

I I I

couple désiré
redresseur
contrôle
du couple

Hcouple
p requis

couple sélecteur
>
actuel état du couple
vitesse vitesse TM sélection
actuelle désirée de la convertisseur moteur
n commutation (onduleur) réel
optimale
flux état du flux
désire
état des Ed
flux I, YI
interrupteurs
actuel
i i
os
contrôle
du flux
os flux actuel
TM couple actuel moteur
n vitesse actuelle virtuel
I
_j 1

Figure 44-95
Système de commande du couple par hystérésis d'un moteur asynchrone . Ce schéma simplifié illustre les
principes fondamentaux du système .
COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 973

courants statoriques Il et 12 , la tension continue Ed et de vitesse, courant. . ., et des valeurs de consigne . On


l'état des interrupteurs (Fig . 44-80) il calcule aussitôt utilise deux grandes catégories de variateurs de vitesse :
le couple, la vitesse et le flux Os du moteur réel . Cette 1) les variateurs de vitesse à commutation naturelle
technique du moteur virtuel permet donc d'éviter l'ins- utilisant des diodes et des thyristors, et 2) les varia-
tallation de capteurs de vitesse, de couple et de flux . teurs de vitesse utilisant des onduleurs autonomes à
La Fig . 44-95 présente un schéma simplifié du sys- base de valves à commutation forcée .
tème de commande . Le redresseur tout diodes est ali- Dans la catégorie des convertisseurs à commutation
menté par le réseau et la tension redressée Ed alimente naturelle, nous avons vu l'utilisation d'un redresseur
le convertisseur . On peut comprendre le fonctionne- et d'un onduleur en cascade pour alimenter un moteur
ment général du système en suivant les signaux d'en- synchrone autopiloté. Le redresseur produit une ten-
trée et de sortie des différents blocs . Notamment, la sion continue qui est transformée par l'onduleur en
boîte sélecteur émet les signaux logiques au conver- tension alternative à fréquence variable . La boucle de
tisseur indiquant, à tout instant, lesquels des interrup- tension reliant le redresseur et l'onduleur peut agir
teurs doivent être fermés . comme source de tension ou source de courant . Le
Notons que l'on peut commander le couple ou la vi- même montage, lorsqu'il est utilisé dans le rotor d'un
tesse du moteur mais seulement une des deux gran- moteur asynchrone est appelé cascade hyposynchrone .
deurs à la fois . La relation entre ces deux grandeurs Il permet de contrôler la vitesse et de retourner l'éner-
est en effet imposée par la charge . Le sélecteur montré gie rotorique au réseau .
à gauche de la Fig . 44-95 permet de choisir soit la com- Une autre catégorie de convertisseur est le cyclocon-
mande de couple soit la commande de vitesse . vertisseur utilisé pour contrôler la vitesse d'un mo-
Les Fig . 44-96a et 44-96b montre les composants d'un teur synchrone ou asynchrone . Il utilise pour chaque
variateur de vitesse à commande directe du couple. phase du stator deux convertisseurs à thyristors pour
synthétiser des ondes de tension à basse fréquence (de
La commande du couple par hystérésis est utilisée dans
zéro à 25 Hz) à partir de la tension à 60 Hz du réseau .
un grand nombre d'applications . Elle permet de com-
mander la vitesse ou le couple à partir de très basses Lorsque le couple imposé par la charge d'un moteur
vitesses jusqu'en régime de survitesse . La réponse à asynchrone varie sensiblement avec le carré de la vi-
un changement de couple est particulièrement rapide . tesse, on peut commander la vitesse en faisant simple-
Par conséquent, on peut maintenir une vitesse cons- ment varier la tension appliquée au stator à l'aide d'un
tante même lorsque la charge impose des chocs méca- gradateur . Le gradateur utilise deux thyristors en
niques importants . antiparallèle dans chaque phase . Il est aussi utilisé
comme démarreur statique pour remplacer les disjonc-
La Fig . 44-97 montre une application spéciale de la
teurs conventionnels et contrôler le démarrage et l'ar-
commande directe du couple .
rêt des moteurs asynchrones .
44 .42 Résumé Les onduleurs autonomes utilisent des ponts de valves
Les moteurs à c .a . tendent à remplacer les moteurs à à commutation forcée (GTO, IGBT ou MOSFET en
c .c . dans les entraînements à vitesse et à couple varia- parallèle avec des diodes) . On distingue les onduleurs
bles en raison de la simplicité de leur construction, de générant des ondes de tension ou courant rectangulai-
la disponibilité des valves électroniques à commuta- res et ceux générant des tensions à modulation de lar-
tion forcée et du développement de techniques de com- geur d'impulsion (MLI) . Pour les variateurs à onde rec-
mandes ingénieuses . Ce chapitre sur les entraînements tangulaire, un onduleur est alimenté par une source de
de moteurs à c.a est donc particulièrement important . tension ou de courant continu variable (redresseur à
On y met en application les principes d'électronique thyristors ou groupe redresseur à diodes/hacheur) . Cha-
de puissance appris au chapitre 42 . Les variateurs de cun des six interrupteurs de l'onduleur autonome con-
vitesse à c .a. utilisent des convertisseurs qui contrô- duit pendant 180 degrés et les périodes de conductions
lent la tension et lafréquence appliquées au stator. Ces sont déphasées de 60 degrés .
convertisseurs sont pilotés par des systèmes de com- Les variateurs utilisant des onduleurs à MLI sont ali-
mande qui génèrent automatiquement les impulsions mentés par une source de tension constante . Les six
appliquées aux différentes valves à partir des mesures interrupteurs commutent à une fréquence de décou-


974 ÉLECTROTECHNIQUE

platine de
composants
IGBT
micro-
console
amovible
processeur
au traitement
numérique
(DSP)

fibres optiques
connexions pour une meil-
à fibres leure immu-
optiques nité au bruit

Figure 44-96a 6 entrées


Cette micro-console amovible fait partie du logiques pro-
variateur de vitesse à commande directe du grammables
couple . Elle fournit les informations sur les
valeurs réelles de la vitesse, du couple, du
courant, etc ., en 10 langues, aux choix . Elle Figure 44-96b
enregistre aussi les cinq derniers défauts Variateur de vitesse à commande directe du couple . Puissance : 60 hp ;
survenus avec horodatage (gracieuseté tension : 600 V, 3-phases ; fréquence d'entrée : 48 à 63 Hz ; hauteur : 715 mm ;
d'ABB) . largeur : 306 mm ; profondeur : 432 mm ; poids : 50 kg (gracieuseté dABB) .

Figure 44w-97
Dans cette enrouleuse, le couple moteur est maîtrisé avec grande précision sans
retour codeur et avec moteur asynchrone standard . Une application de la commande
directe du couple (gracieuseté d'ABB) .

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 975

page de quelques kilohertz. En programmant le rap- PROBLÈMES - CHAPITRE 44


port cyclique des six interrupteurs on génère trois ten- Niveau pratique
sions hachées contenant la fondamentale d'amplitude
44-1 Nommer trois types d'entraînement pour les
et de fréquence désirées . Ces tensions qui contiennent
moteurs à cage d'écureuil .
des harmoniques au voisinage des multiples de la fré-
quence de découpage sont appliquées directement au 44-2 Pourquoi dans le montage de la Fig . 44-17 a-t-
moteur où elles produisent des courants assez sinusoï- on besoin de deux convertisseurs pour chaque enroule-
daux . Dans certaines applications comme dans les sys- ment?
tèmes de traction, requérant une grande gamme de vi-
44-3 Un moteur triphasé conventionnel à cage d'écu-
tesses, donc de fréquences, on utilise à la fois le mode
reuil possédant 16 pôles fonctionne à une tension no-
à onde rectangulaire et le mode MLI. Les ondes rec-
tangulaires sont utilisées pour générer les fréquences minale de 460 V, 60 Hz . On veut le faire tourner à une
supérieures à environ 50 Hz, à tension constante . Le vitesse de 225 r/min tout en maintenant le même flux
mode MLI synchronisé est utilisé aux fréquences in- dans l'entrefer. Calculer les valeurs de la tension et de
termédiaires pour réduire les harmoniques et le mode la fréquence à appliquer au stator .
MLI non synchronisé est utilisé pour générer les très 44-4 Le moteur à ventilateur montré à la Fig . 44-25a
basses fréquences . possède 4 pôles . Sa puissance nominale est de 2 hp,
Deux techniques de commande utilisées avec les va- 440 V, 60 Hz et la courbe du couple en fonction de la
riateurs de vitesse à MLI ont été développées pour as- vitesse est donnée à la Fig . 44-25b . Calculer :
surer une réponse rapide à un changement de couple a) la vitesse à pleine charge
ou de vitesse : le contrôle vectoriel et la commande b) le couple à pleine charge
directe du couple par hystérésis . Ces deux techniques
de commande permettent ainsi d'obtenir avec un mo- 44-5 Un moteur triphasé à cage d'écureuil possédant
teur asynchrone une réponse dynamique comparable 6 pôles est alimenté par un cycloconvertisseur. Sachant
à celle obtenue avec un moteur à c .c . que ce dernier est branché sur un réseau triphasé à
60 Hz, déterminer la vitesse maximale approximative
Le contrôle vectoriel consiste à générer les tensions
que l'on peut obtenir.
MLI requises de façon à maintenir en tout temps un
flux constant dans l'entrefer et à obtenir un décalage 44-6 Expliquer la différence fondamentale entre un
aussi proche que possible de 90 degrés entre les vec- onduleur à commutation naturelle et un onduleur auto-
teurs d'espace du flux et de la force magnétomotrice nome.
des courants rotoriques, assurant ainsi un couple maxi-
44-7 Un onduleur non autonome peut alimenter un
mum . La commande directe du couple utilise une me-
moteur synchrone mais non pas un moteur à cage d'écu-
sure des courants statoriques et un modèle virtuel du
reuil . Expliquer.
moteur pour évaluer le couple, le flux accroché par le
stator et la vitesse. En agissant sur l'état des interrup- 44-8 Comparer l'agencement physique des conver-
teurs de l'onduleur, le système de commande contraint tisseurs en pont pour une phase du cycloconvertisseur
le couple et le flux à rester à l'intérieur d'une bande de la Fig . 44-17, avec l'agencement du redresseur en
située de part et d'autre d'une valeur de consigne . Ce pont illustré à la Fig . 44-43 . Y a-t-il une différence?
contrôle par hystérésis produit une fréquence de dé-
44-9 Un gros moteur à cage d'écureuil doit toujours
coupage variable d'autant plus grande que la bande de
tourner uniformément à une très basse vitesse . Quel
tolérance est faible .
type d'entraînement électronique peut convenir dans
ce cas?

Niveau intermédiaire

44-10 Le moteur asynchrone montré à la Fig . 44-17


possède 6 pôles et tourne à vide à une vitesse de
160 r/min. La tension aux bornes des enroulements est
de 42 V. Calculer :

976 ÉLECTROTECHNIQUE

a) la fréquence générée par le cycloconvertisseur couple en fonction de la vitesse sont montrées à la Fig .
b) la tension efficace minimale de la source à 60 Hz 44-25b . Le moteur étant couplé au ventilateur, calculer
les pertes Joule dans le rotor lorsque :
44-11 Lorsque le moteur du problème 44-10 fonc-
a) le moteur fonctionne à la tension nominale
tionne à pleine charge (la fréquence demeurant la
même) son facteur de puissance est de 80 % . Calculer : b) la tension aux bornes du stator est réduite à 230 V
c) Le rotor est-il plus chaud en (a) ou en (b)?
a) le temps durant lequel le convertisseur 1 fonctionne
en redresseur (ms) 44-18 Dans le problème 44-17 calculer la tension que
b) le temps durant lequel il fonctionne en onduleur l'on doit appliquer au stator afin d'obtenir une vitesse
de 810 r/min .
44-12 Le moteur et le ventilateur montrés à la Fig .
44-25a ont les propriétés indiquées à la Fig . 44-25b. 44-19 Un moteur triphasé à rotor bobiné de 30 hp,
La vitesse synchrone est 1200 r/min, la tension nomi- 208 V, 3500 r/min, 60 Hz donne une tension de 250 V
nale est 240 V et le couple nominal est 8 N •m . Calcu- entre les bagues du rotor, à circuit ouvert lorsqu'il est
ler : alimenté à tension nominale . On désire limiter le cou-
ple de démarrage à 40 N •m afin que le courant de dé-
a) le couple, la vitesse et la puissance en horsepower
marrage ne soit pas excessif . Un redresseur triphasé en
lorsque la tension est de 240 V
pont composé de 6 diodes est branché aux bagues . Un
b) le couple, la vitesse et la puissance lorsque la ten-
rhéostat monophasé est connecté aux bornes de sortie
sion baisse à 120 V
du redresseur . Calculer :
44-13 En se référant à la Fig . 44-32a, la tension et le a) la vitesse synchrone du moteur
courant dans le circuit de liaison sont respectivement
b) la puissance dissipée dans le circuit du rotor lors-
de 250 V et 60 A . La tension du réseau est 240 V, 60 Hz .
que ce dernier est bloqué
Sachant que le moteur a un rendement de 82 %, calcu-
ler: c) la tension continue approximative aux bornes du
rhéostat
a) la puissance mécanique approximative développée
d) la résistance approximative du rhéostat et la puis-
par le moteur [kW]
sance qu'il doit pouvoir dissiper
b) l'angle d'amorçage du convertisseur
c) la puissance réactive tirée par le convertisseur 1 44-20 Dans le problème 44-19, on remplace le rhéos-
tat par un hacheur dévolteur alimentant une résistance
44-14 Pourquoi est-il plus facile de récupérer l'éner- fixe de 0,2 S2 . Sachant que la fréquence du hacheur est
gie cinétique avec un système d'entraînement à cou- de 500 Hz, calculer la durée Ta de conduction pour
rant constant qu'avec un entraînement à tension cons- obtenir le même couple .
tante?
Niveau avancé
44-15 En se référant à la Fig . 44-24, calculer :
44-21 Le moteur à cage d'écureuil montré à la Fig .
a) le courant moyen dans chaque diode
44-17 a les caractéristiques nominales suivantes : 50 hp,
b) le courant crête dans chaque diode 460 V, 1100 r/min, 60 Hz . La tension du réseau tri-
c) la tension inverse aux bornes des diodes phasé est de 208 V. Le moteur doit tourner à une vi-
d) la fréquence du courant rotorique Ir tesse de 200 r/min, tout en développant son couple de
pleine charge.
44-16 Dans la Fig . 44-43, la tension E2 demeure cons-
tante, mais dans la Fig . 44-34a elle varie proportion- a) Calculer les valeurs approximatives de la tension et
nellement à la fréquence générée par le convertisseur de la fréquence que l'on doit appliquer au stator
2 . Expliquer. b) Sachant que le courant I a a une valeur efficace de
60 A, calculer la valeur crête du courant circulant
44-17 Le moteur/ventilateur de la Fig . 44-25a a
dans les thyristors
les caractéristiques nominales suivantes : 1/4 hp,
1620 r/min, 460 V, 3 phases . Les caractéristiques du
COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 977

Figure 44-98
La formation du personnel technique représente un pas Un ordinateur effectue les calculs en temps réel, ce qui
important dans la création d'emplois . Comme ailleurs, la permet d'observer le couple en fonction de la vitesse et
présence des ordinateurs s'étend dans le secteur des d'autres caractéristiques du système d'entraînement .
machines électriques et des forts courants . Les résultats de l'essai peuvent être tracés et imprimés .
a . Photo en haut à gauche: Cette console modulaire utilise c . Photo en bas, à droite : La simulation est devenue
des moteurs synchrone, asynchrone et à c .c . de 200 W une façon populaire de faire des expériences sans avoir
pour l'enseignement des entraînements électroniques . Les recours à des appareils réels . Le programme de
raccordements entre les composants sont faits au moyen simulation démontré ici permet de sortir les «modules»
de fils et les mesures se font en utilisant des instruments de «l'inventaire», de les «pousser» dans la «console»,
conventionnels . Létudiant peut observer le comportement de les raccorder avec des «fils» et d'effectuer le
réel de la machine lorsque le couple, l'inertie, une «couplage mécanique» . Les modules virtuels sont des
surcharge momentanée, etc ., sont imposés . répliques exactes des modules réels montrés dans la
b . Photo en haut à droite : Dans un programme d'ensei- photo de gauche . Les caractéristiques statiques et
gnement plus avancé, un module d'acquisition de données dynamiques des machines sont stockées dans
sert à mesurer les tensions, courants, puissances active l'ordinateur. Létudiant peut ainsi observer le fonc-
et réactive, et les harmoniques . Une fois accessibles et tionnement statique et dynamique d'un système
visibles, les harmoniques perdent leur aspect mystérieux d'entraînement comme s'il travaillait sur des machines
et deviennent une source d'intérêt . et convertisseurs réels (gracieuseté de Lab-Volt Ltée) .

978 ÉLECTROTECHNIQUE

44-22 L'onduleur autonome de la Fig . 44-32a four- b) la tension continue entre les balais
nit un courant alternatif ayant une valeur efficace de c) la fréquence de la tension induite dans chaque bo-
26 A . Calculer la valeur du courant continu dans le cir- bine
cuit intermédiaire. d) la fréquence du courant dans chaque bobine
44-23 Un moteur triphasé à cage de 50 hp, e) la puissance développée par le moteur
1750 r/min, 200 V, 60 Hz est alimenté par un onduleur f) le couple exercé par le moteur
autonome à courant constant (Fig . 44-32a) . Calculer
les valeurs approximatives de la tension et de la fré- 44-26 En se référant à la Fig . 44-35, la tension Ed est
de 900 V et l'onduleur génère une fréquence de 105 Hz .
quence afin que le moteur développe son couple nomi-
nal à une vitesse de 400 r/min . On suppose que le flux Calculer:
dans le moteur demeure à sa valeur nominale . a) la tension crête entre les lignes A et B
b) la tension crête de la composante fondamentale en-
44-24 Un moteur à courant continu de 50 hp fait tour-
tre les lignes A et B
ner une pompe centrifuge à une vitesse variant entre
18 000 et 30 000 r/min . Pour éviter les problèmes de c) la tension efficace de la composante fondamentale
commutation à haute vitesse des moteurs à collecteur entre une ligne et le neutre à l'intérieur du moteur
conventionnel, on décide d'employer un moteur sans d) la durée en millisecondes des impulsions positives
collecteur . Celui-ci est alimenté par deux convertisseurs de ECA
en utilisant le montage de la Fig . 44-8 . On choisit
44-27 Un démarreur à semi-conducteurs est utilisé
un moteur synchrone triphasé bipolaire de 50 hp,
avec un moteur triphasé de 250 hp, 1160 r/min, 460 V,
30 000 r/min, 460 V, ayant un rendement de 92 % .
60 Hz . Le courant de pleine charge est de 280 A .
Lorsque le moteur développe sa puissance nominale,
a) Combien de thyristors y a-t-il dans le boîtier?
l'angle de retard du convertisseur 2 est de 155° . La
tension du réseau triphasé étant de 575 V, calculer : b) Calculer les pertes approximatives occasionnées par
les thyristors .
a) la fréquence d'opération du convertisseur 2
c) Sachant que le moteur fonctionne jour et nuit et que
b) la tension du circuit de liaison à c .c .
le coût de l'énergie électrique est de 6e/kW .h, cal-
c) l'angle d'allumage du convertisseur 1
culez le coût des pertes durant une année si les thy-
d) le courant dans le circuit de liaison à c .c . ristors ne sont pas mis en court-circuit par un con-
e) la fréquence fondamentale de la tension E l tacteur.
f) la fréquence fondamentale de la tension E 2
44-28 On donne les informations suivantes sur le con-
g) le facteur de puissance vu par le réseau à 60 Hz vertisseur MLI de la Fig . 44-61 :
h) la valeur efficace de Is ECU = 120 VL 20° ; 1 = 400 AL 20° ; EH = 200 V. En
i) Montrer la direction des puissances active et réac- négligeant les pertes dans le convertisseur, calculer :
tive dans les convertisseurs
a) la valeur moyenne de Id
44-25 On donne les informations suivantes concer- b) la valeur crête de Id
nant le moteur spécial montré à la Fig . 43-28, chapitre
43 :
44-29 Dans la Fig . 44-58, l'interrupteur 13 étant
fermé, on donne les informations suivantes :
diamètre de l'induit : 100 mm
EAB = 440 V Z 0° ; ECD = 450 V Z - 10° ; réactance de
longueur de l'induit: 50 mm
fuite du transformateur x = 0,65 S2 ; Ed = 800 V. Calcu-
nombre de spires par bobine : 200 ler:
vitesse de rotation : 840 r/min
a) la valeur de I i et son angle de phase
densité de flux dans l'entrefer : 0,5 T b) la puissance active débitée par le transformateur
courant d'induit : 5 A
c) la valeur de Id
Calculer :
a) la tension induite dans chaque bobine

COMMANDE ÉLECTRONIQUE DES MOTEURS À COURANT ALTERNATIF 979

44-30 Dans la Fig . 44-58, l'interrupteur 13 étant b) la composante continue de EAY


fermé, on donne les informations suivantes c) la composante alternative efficace de EAY
EAB = 440 V L 0° ; EcD = 450 V Z + 10° ; x = 0,65 £2 ; d) la valeur de Id
Ed = 800 V. Calculer:
44-32 Le courant Id redressé de la Fig . 44-63 con-
a) la valeur de Il et son angle de phase tient un deuxième harmonique (120 Hz) dont la valeur
b) la puissance active débitée par le transformateur efficace est de 176 A . Le filtre de la Fig . 44-58 a une
c) la valeur de Id inductance L2 de 9,5 mH et une résistance de 0,12 £2 .
Calculer :
44-31 Le moteur asynchrone de la Fig . 44-46 est ali-
menté par un variateur de vitesse MLI . Il doit fonc- a) la capacitance du condensateur C2 afin que le filtre
tionner sous une tension ligne à ligne de 260 V, 54 Hz . court-circuite le 2e harmonique
Dans ces conditions, il tire un courant triphasé de 48 A b) la tension crête à crête de 2e harmonique entre les
à un facteur de puissance de 84 % . La tension Ed est de bornes E et D du circuit intermédiaire
720 V. Calculer : c) la tension efficace aux bornes de L2
a) la tension EAN de crête d) la tension crête aux bornes de C2

Figure 44-99
La fabrication du papier journal exige un contrôle extrêmement précis de la vitesse et du couple exercé par les dizaines de
moteurs électriques qui entraînent les machines à papier . Les moteurs triphasés installés dans cette machine de la firme
Haindl, à Schongau, Allemagne, sont commandés par un système entièrement numérique . (gracieuseté de ABB)
PARTIE N
RÉSEAUX ÉLECTRIQUES
45
Production de
l'énergie électrique

Maintenant que nous connaissons les principaux ap- 45 .1 Appel de puissance d'un réseau
pareils et machines électriques, nous sommes en me- La puissance demandée par l'ensemble des clients d'un
sure d'étudier leur agencement sur un grand réseau . réseau subit de grandes fluctuations selon l'heure de la
Un réseau est constitué par l'ensemble des appareils journée et selon les saisons . Le graphique de la Fig.
destinés à la production, au transport, à la distribution 45-1 montre des variations quotidiennes et saisonniè-
et à l'utilisation de l'électricité depuis la centrale de res typiques pour un réseau . On constate sur ce graphi-
génération jusqu'aux maisons de campagne les plus que que l'appel de puissance maximal pendant l'hiver
éloignées . Dans les trois chapitres qui suivent, nous (15 GW) peut être plus du double de l'appel minimal
étudierons donc : pendant l'été (6 GW) .
- la production de l'énergie électrique (chapitre 45) La Fig . 45-2 montre, pour le même réseau, la variation
- le transport de l'énergie électrique (chapitre 46) horaire de l'appel de puissance pour une journée d'hi-
- la distribution de l'énergie électrique (chapitre 47) ver et pour une journée d'été . On remarque dans cet

GW
15-

+ 1 jours

H-1 jour-1
ÉTÉ HIVER PRINTEMPS
3-

0
temps mois

Figure 45-1
Fluctuations typiques de l'appel de puissance durant une année .
983

984 ÉLECTROTECHNIQUE

exemple que la pointe de 15 GW en hiver se produit teurs diesel, des turbines à gaz, des moteurs à air com-
vers 17 h, car c'est à ce moment que les lumières sont primé ou des turbines hydrauliques à réserve pompée .
allumées dans toutes les maisons et que plusieurs usi- Remarquons que la période de mise en route est de
nes sont encore en marche . Par contre, le creux de la quatre à huit heures pour les centrales thermiques et de
demande arrive aux petites heures du matin . quelques jours pour les centrales nucléaires . Il n'est
donc pas économique d'utiliser ces centrales pour four-
Si l'on ramène les appels de puissance journaliers à
une base annuelle, on obtient le graphique de la Fig . nir la puissance de pointe .
Quant aux considérations énergétiques, la Fig . 45-3
révèle que les centrales de base de 6 GW fournissent
58 % de l'énergie annuelle du réseau . Par contre, les

mAmal guL centrales de pointe de 3 GW donnent seulement 1,3 %


de l'énergie totale . L'énergie provenant des centrales
de pointe coûte donc beaucoup plus cher que celle des
centrales de base, c'est pourquoi les compagnies d'élec-
tricité encouragent les usagers à limiter leur charge de
pointe .

45 .2 Emplacement des centrales -


transport de l'énergie primaire
L'emplacement des centrales de génération, des lignes
de transport et des postes de transformation demande
toujours une analyse détaillée pour arriver à une solu-
Figure 45-2
Fluctuation de l'appel de puissance durant une journée .
tion acceptable et économique . Parfois, on peut placer
une centrale à côté de la source d'énergie primaire et
utiliser des lignes pour transporter l'énergie électrique .
45-3 . Par exemple, cette figure indique qu'un appel de
Quand cela n'est pas pratique ou économique, on doit
puissance de 9 GW existe pendant 70 % du temps, tan- transporter la matière première (charbon, mazout) par
dis qu'un appel de 12 GW ne se produit que 15 % du
bateau, train, pipeline, etc ., jusqu'à la centrale . Les
temps . On s'aperçoit qu'une puissance de base de
centrales peuvent donc être plus ou moins éloignées
6 GW est requise en tout temps, qu'une puissance in-
de l'usager.
termédiaire additionelle de 6 GW est requise pendant
au moins 15 % du temps et qu'une puissance de pointe
de 3 GW n'est requise que pendant une courte période .
Ces fluctuations de l'appel de puissance obligent les
GW
compagnies d'électricité à prévoir trois classes de cen- 15
trales de génération : 1,3 % de l'énergie annuelle
puissance de pointe
(3 GW)

a) les centrales de base de grande puissance qui débi-


tent leur pleine capacité en tout temps . Les centra-
les nucléaires sont particulièrement aptes à remplir
ce rôle
b) les centrales intermédiaires de puissance moyenne
qui peuvent réagir rapidement aux fluctuations de
la demande . C'est le cas des centrales hydrauliques
dont le débit est facilement contrôlable
c) les centrales de pointe de puissance moyenne qui
ne débitent leur pleine capacité que pendant de cour-
tes périodes
Figure 45-3
Les centrales de pointe doivent être mises en marche Appel de puissance en fonction de son temps d'utilisation
dans un délai très court ; elles utilisent donc des mo- annuel .


PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 985

La Fig . 45-4 montre quelques-unes des contraintes qui succesivement dans ce chapitre la production hydrau-
empêchent de construire les lignes en utilisant le che- lique, thermique, nucléaire, et éolienne . La fin du cha-
min le plus court . À cause de ces obstacles, les lignes pitre est consacrée aux diverses sources de petite puis-
de transport doivent se faufiler à travers le paysage pour sance situées près des centres de consommation et re-
relier les centrales à l'usager. groupées sous le nom de "production décentralisée" .

45.3 Types de centrales 45 .4 Commande de la puissance et de la


Il existe trois principaux types de centrales pour pro- fréquence - cas d'une centrale isolée
duire de l'énergie électrique : Nous avons mentionné à plusieurs reprises que la puis-
sance consommée par un réseau doit être fournie ins-
a) les centrales hydrauliques tantanément par les alternateurs, car on ne peut pas
b) les centrales thermiques emmagasiner l'énergie électrique . Afin de compren-
c) les centrales nucléaires dre les éléments essentiels de la commande de la puis-
Bien qu'on commence à exploiter le vent, les marées sance, considérons une centrale hydraulique unique
et l'énergie rayonnante du soleil, ces sources d'éner- alimentant une charge R 1 (Fig . 45-5) . L'eau disponible
gie ne représenteront, pour les années à venir, qu'une derrière un barrage fait tourner une turbine qui entraîne
petite partie de l'énergie totale dont nous aurons be- un alternateur .
soin . Tout semble indiquer qu'au niveau mondial nous La puissance P T développée par la turbine dépend es-
continuerons à exploiter les ressources fossiles (char- sentiellement de l'ouverture des vannes ; plus l'ouver-
bon, gaz naturel) et nucléaires . Nous présentons ture est grande, plus la puissance développée est grande .

SOURCE D'ÉNERGIE PRIMAIRE ET MODE DE TRANSPORT OBSTACLES USAGER

chute ////// ligne de transport


d'eau La Grande

fleuve Saint-Laurent Beauharnois


fil de
l'eau
région aride
Ellior Lake _ .

raffinerie

Figure 45-4
Extraction, transport et transformation de l'énergie primaire en énergie électrique . Les lignes de transport, reliant les centrales
de production G aux usagers, doivent contourner divers obstacles . Dans cette figure, les symboles G H , G N , G T signifient
respectivement centrale hydraulique, centrale nucléaire et centrale thermique .

986 ÉLECTROTECHNIQUE

PC . L'ouverture des vannes est contrôlée automatique-


ment par un régulateur de vitesse qui utilise l'indica-
tion fournie par un tachymètre .

barrage
Ces régulateurs de vitesse sont extrêmement sensibles ;
chaudière ils peuvent déceler des variations de vitesse de seule-
ment 0,02 % . Par exemple, lorsque la vitesse passe de
1800 r/min à 1799,64 r/min, ces régulateurs commen-
cent à agir sur le mécanisme des vannes . Lorsque la
vanne
charge augmente subitement, la vitesse diminue mo-
mentanément, mais le régulateur ramène aussitôt la
vitesse à sa valeur originale . Il en est de même lorsque
PT turbine
hydraulique
l'appel de puissance diminue subitement ; la vitesse
V
augmente brièvement, pour revenir à sa valeur normale .
Évidemment, toute variation de la vitesse de rotation
alternateur provoque la même variation de la fréquence du réseau .
La variation de fréquence, tout comme la variation de
PC
v ligne
vitesse, est donc un excellent indicateur de la stabilité
d'un réseau . Le réseau est stable lorsque sa fréquence
demeure constante .
Les régulateurs de vitesse des centrales thermiques et
nucléaires (Fig . 45-5) fonctionnent de la même ma-
Figure 45-5 nière sauf que l'ouverture et la fermeture des soupapes
Deux réseaux indépendants .
à vapeur doivent être accompagnées par une variation
correspondante du taux de combustion. Ainsi, dans une
Cette puissance est transmise intégralement au rotor chaudière à charbon, on doit réduire le feu lorsque l'on
de l'alternateur . ferme les vannes, autrement on risque de faire éclater
D'autre part, la puissance P C débitée par l'alternateur les chaudières .
dépend exclusivement de l'appel de puissance imposé
45 .5 Commande de la puissance et de la
par la charge . Lorsque la puissance mécanique PT four-
fréquence - cas de plusieurs centrales
nie au rotor est égale à la puissance électrique P C débi- reliées
tée par le stator, l'alternateur est en équilibre et sa vi-
Considérons les deux centrales de la Fig . 45-5 . Elles
tesse demeure constante . On dit alors que le réseau est
peuvent évidemment alimenter leurs réseaux respec-
stable .
tifs R I et R2 . Les fréquences peuvent alors être diffé-
Cependant, on a vu que l'appel de puissance varie con- rentes et une perturbation sur un réseau n'affecte pas
tinuellement, de sorte que PC est tantôt plus grande, les autres . Cependant, on a avantage à relier les réseaux
tantôt plus petite que P T . Si PC est plus grande que PT , par des lignes d'interconnexion (Fig. 45-6) et ceci pour
la vitesse du groupe électrogène (turbine et alternateur) répondre à trois exigences : 1) la stabilité du réseau ; 2)
commence à diminuer. Par contre, si P C est inférieure la continuité du service ; 3) l'économie .
à PT , la vitesse commence à augmenter et, si l'écart
1 . Stabilité . Les réseaux interconnectés forment un
entre les deux puissances est grand, le groupe électro-
ensemble qui est plus puissant que les réseaux indivi-
gène risque même de s'emballer.
duels . Il s'ensuit que ce grand réseau peut mieux sup-
Le changement de la vitesse du groupe électrogène est porter les perturbations qu'une centrale seule ; donc, il
donc un excellent indicateur de l'équilibre entre P T et est plus stable . Par exemple, si la charge augmente su-
PC et, dès lors, de la stabilité du réseau . Lorsque la bitement sur le réseau R i , un transfert d'énergie se pro-
vitesse diminue, on doit ouvrir les vannes davantage et duit immédiatement sur les lignes d'interconnexion de
lorsque la vitesse augmente, on doit réduire l'ouver- sorte que la charge accrue est supportée par les trois
ture, toujours afin de maintenir l'équilibre entre P T et centrales au lieu d'une seule .

PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 987

al
0

Figure 45-6
Trois réseaux reliés par des lignes d'interconnexion .

2 . Continuité de service . De la même manière, si une d'électricité desservant les États du Connecticut, du
centrale tombe en panne, ou si l'on doit la débrancher Rhode Island, du Maine et du New Hampshire ; il com-
pour y faire de l'entretien, sa clientèle peut être ali- mande en même temps les échanges d'énergie entre
mentée temporairement par les deux autres centrales . cet énorme réseau et ceux de New York et de l'est du
L'énergie ainsi transportée sur les lignes d'intercon- Canada .
nexion est facturée, s'il y a lieu, à la région qui en bé-
Bien que les réseaux ainsi reliés doivent nécessairement
néficie .
fonctionner à la même fréquence, on peut quand même
3 . Économie . Lorsque les réseaux sont reliés, on peut répartir la charge entre les centrales selon un pro-
répartir la charge entre les trois centrales afin que le gramme déterminé . Par exemple, si une centrale doit
coût de fonctionnement global soit minimal . Par exem- porter une charge accrue, il suffit d'agir sur son régu-
ple, durant la nuit, au lieu de faire fonctionner toutes lateur de vitesse afin que les vannes s'ouvrent davan-
les centrales à 30 % de leur capacité, on peut arrêter tage . Le surplus ainsi fourni par une centrale diminue
une centrale complètement et permettre aux autres de d'autant la puissance totale débitée par les autres cen-
porter toute la charge . De cette manière, on réduit à trales .
«zéro» le coût de fonctionnement d'une des centrales
et on augmente le rendement des deux autres, car elles 45 .6 Conditions lors d'une panne
débitent alors une puissance voisine de leur puissance Une panne majeure sur un réseau crée un état d'ur-
nominale . gence et on doit réagir aussitôt afin que la perturbation
Les compagnies d'électricité ont donc tout avantage à n'atteigne pas d'autres réseaux . La perte d'une grosse
grouper leurs ressources à l'aide de lignes d'intercon- charge, la perte d'une grosse génératrice et l'ouverture
nexion . Le centre de conduite du réseau répartit la inattendue d'une ligne d'interconnexion constituent des
charge totale entre les diverses centrales et compagnies, pannes majeures .
souvent à l'aide d'un ordinateur . Ce bureau est égale- Lorsque l'on perd une charge importante, la vitesse
ment chargé de prévoir les variations de la demande des turbines augmente et la fréquence croît partout sur
quotidienne et saisonnière et de veiller continuellement le réseau . De la même façon, lorsque l'on perd une
à la bonne marche et à la stabilité de l'ensemble du génératrice, la vitesse des turbines et la fréquence du
réseau (Fig . 45-7) . réseau diminuent très vite, parfois à un rythme de 5 Hz
par seconde . Dans ces circonstances, il n'y a pas de
Le New England Power Exchange (NEPEX), par exem-
temps à perdre et si les moyens conventionnels ne suf-
ple, coordonne les ressources de treize compagnies

988 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 45-7
Le centre de conduite de la firme Preussenelektra, en Allemagne, suit le comportement du réseau constitué de plus de
20 centrales de génération d'électricité . (gracieuseté de ABB)

fisent pas à ramener la fréquence à 60 Hz, on doit im- simplement en ouvrant et en refermant un circuit rapi-
médiatement délester le réseau d'une ou de plusieurs dement .
grosses charges . Ainsi, des relais sensibles à la fré-
quence ouvrent des lignes prédéterminées à mesure que 45 .7 La fréquence et les horloges
la fréquence diminue . Par exemple, on peut débran- À mesure que la charge d'un réseau varie, la fréquence
cher 15 % de la charge du réseau lorsque la fréquence subit des fluctuations momentanées, mais les régula-
baisse à 59,3 Hz, en débrancher encore 15 % lorsque teurs de vitesse la ramènent toujours à 60 Hz . À cause
la fréquence atteint 58,9 Hz et, enfin, couper une der- des fluctuations, il arrive que l'on perde ou que l'on
nière tranche de 30 % lorsque la fréquence tombe à gagne quelques cycles au cours de la journée . Lorsque
58 Hz . Ce délestage doit se faire en moins d'une se- la perte (ou le gain) accumulé atteint environ 180 cy-
conde pour permettre de «sauver» les charges jugées cles (3 secondes sur un réseau à 60 Hz), on corrige
les plus importantes . Quant aux clients débranchés, le l'écart résultant en faisant tourner tous les alternateurs
problème est grave, car une remise en service prend du soit un peu plus lentement, soit un peu plus vite . Cette
temps et crée des problèmes sérieux dans tous les sec- correction se fait de manière concertée, généralement
teurs : ascenseurs arrêtés à mi-chemin, fours à arc qui selon les instructions du centre de conduite du réseau .
se refroidissent, papier en production qui se déchire, En agissant ainsi, on est sûr que le réseau à 60 Hz four-
feux de signalisation qui s'éteignent, etc . Pour ces rai- nit exactement 5 184 000 cycles pendant une période
sons, on a tout intérêt à maintenir un service ininter- de vingt-quatre heures . Les horloges électriques bran-
rompu . chées sur le réseau donnent donc une indication très
fiable .
On s'est aperçu que la majorité des défauts sont dûs à
des courts-circuits de courte durée . Ils sont souvent
causés par la foudre, la pluie ou les surtensions aléa- CENTRALES HYDRAULIQUES
toires créées par l'ouverture et la fermeture des dis-
joncteurs . Ces phénomènes produisent la plupart du La province de Québec est admirablement bien pour-
temps un court-circuit entre deux phases ou entre une vue en ressources hydrauliques . La plus grande partie
phase et la terre . Les courts-circuits triphasés sont ra- de son énergie électrique provient des centrales hydro-
res . Or, lorsqu'on ouvre une ligne en court-circuit, l'arc électriques par l'exploitation des chutes d'eau .
s'éteint aussitôt, si bien qu'on peut la refermer immé- Les centrales hydro-électriques convertissent l'énergie
diatement sans que l'arc reprenne . On peut donc sou- de l'eau en mouvement en énergie électrique . L'éner-
vent éviter qu'une région tombe en panne permanente, gie provenant de la chute d'une masse d'eau est tout


PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 989

6
d'abord transformée dans une turbine hydraulique en t _ 6400 x 10
énergie mécanique . Cette turbine entraîne un alterna- = 4,67 x 106 s
1370
teur dans lequel l'énergie mécanique est transformée
en énergie électrique . = 1298 h = 54 jours
Remarquer que ce débit (1370 m3/s) représente envi-
45.8 Puissance disponible ron 100 fois la consommation en eau de la ville de
D'une façon générale, la puissance que l'on peut tirer Montréal .
d'une chute dépend non seulement de la hauteur de la
45 .9 Types de centrales hydrauliques
chute, mais aussi du débit du cours d'eau . Le choix de
Suivant la hauteur de chute, on distingue :
l'emplacement d'une centrale hydro-électrique dépend
donc de ces deux facteurs . 1) les centrales de haute chute
La puissance disponible est donnée par l'équation : 2) les centrales de moyenne chute
3) les centrales de basse chute
P = 9,8 qh (45-1)
Les centrales de haute chute ont des hauteurs de chute
• = puissance hydraulique, en kilowatts [kW] supérieures à 300 m; elles utilisent des turbines Pelton .
• = débit en mètres cubes par seconde [m 3/s] Ces centrales se trouvent dans les Alpes et dans d'autres
h = hauteur de la chute, en mètres [m] régions très montagneuses (Fig . 45-8) . La capacité du
9,8 = coefficient tenant compte des unités réservoir est relativement faible .
À cause des pertes, la puissance mécanique que l'on
peut recueillir sur l'arbre de la turbine est inférieure à
la puissance fournie par l'eau . Cependant, le rende-
ment des turbines hydrauliques est élevé : de l'ordre de
80 à 94 % pour les grosses unités . Dans les alterna-
teurs, la transformation de la puissance se fait à un ren-
dement de 97 à 98,5 % .

Exemple 45-1
À Churchill Falls_ les chutes ont une hauteur de
324 ni et un débit moyen de 1370 m'/s . Le réservoir
comprend une série de lacs avant une superficie de
6400 km' . C :dculer :
a) la puissance hydraulique disponible
b) le temps (en jour ;) pendant lequel cette puissance
sera disponible an ant que le niveau du réservoir
baisse d'un mètre

Solution
a) La puissance hydraulique est :

P = 9,8 qh
• 9,8 x 1370 x 324
• 4 350 000 kW
• 4350 MW
b) Une baisse de niveau de 1 m correspond à un écou- Figure 45-8
lement de 6400 x 106 m3 d'eau . Comme le débit est de La centrale de Pragnères (France), située dans les Pyrénées,
1370 m3/s, le temps requis pour écouler ce volume est alimentée par un chute de 1294 m . Elle comprend 2
alternateurs de 80 MW (gracieuseté de Michel Brigaud,
d'eau vaut :
E . D. F) .

990 ÉLECTROTECHNIQUE

Les centrales de moyenne chute ont des hauteurs com-


prises entre 30 m et 300 m ; elles utilisent des turbines
Francis (Fig . 45-9) . Ces centrales sont alimentées par
l'eau retenue derrière un barrage construit dans le lit
d'une rivière de région montagneuse . Elles compor-
tent un réservoir de grande capacité (centrale Manic 5,
hauteur de chute 155 m, puissance de 1528 MW, Fig .
45-10) .
Les centrales de basse chute, ou centrales au fil de l'eau,
ont des hauteurs de chute inférieures à 30 m ; elles uti-
lisent des turbines Kaplan ou Francis . Ces centrales
sont établies sur les fleuves ou les rivières à fort débit
(centrale Beauharnois, sur le Saint-Laurent, hauteur de
chute 25 m, puissance de 1575 MW, Fig . 45-11) .
Au Québec, toutes les centrales importantes appartien- Figure 45-10
nent à ces deux dernières catégories . Le barrage Daniel-Johnson (Manic 5) forme un immense
réservoir de 2000 km 2 . En plus d'alimenter une centrale, ce
Les ouvrages d'aménagement, la vitesse et le type des barrage permet de régulariser le débit de la rivière
turbines et des alternateurs varient suivant la hauteur Manicouagan qui alimente en outre 3 autres barrages situés
de chute et le débit du cours d'eau . en aval . La capacité de la centrale est de 1528 MW et la
hauteur de la chute est de 155 mètres .

Figure 45-11
La centrale de Beauharnois (hauteur de chute 24 m) utilise
Figure 45-9 l'énergie du fleuve Saint-Laurent pour faire tourner 26
Turbine hydraulique de type Francis, 620 MW, en cours alternateurs triphasés de 50 MVA, 13,2 kV, 75 r/min, 60 Hz,
d'installation à la centrale de Grand Coulée, sur la rivière F.P. 80 % . Dix autres alternateurs de 65 MVA 94,7 r/min
Columbia, dans l'État de Washington, E .-U . Cette turbine est complètent l'installation dont la puissance varie entre
semblable à celles installées à Churchill Falls (gracieuseté 1575 MW et 1000 MW selon le débit d'eau (gracieuseté
de Les Ateliers d'ingénierie Dominion) . d'Hydro-Québec) .

PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 991

45.10 Parties principales d'une centrale


hydraulique
Une centrale hydro-électrique comporte essentielle-
ment :
1. le barrage de retenue et le déversoir
2. la conduite d'amenée
3. la conduite d'échappement
4. l'usine proprement dite
La Fig . 45-12 représente une vue en coupe d'une cen-
trale hydro-électrique dont l'usine est contiguë au bar-
rage . Figure 45-13
Vue générale de l'aménagement de la centrale Manic 2 . La
1 . Barrage. Les barrages de retenue sont établis en tra-
hauteur de la chute est de 70 m et la centrale comprend 8
vers du lit des rivières ; ils servent à concentrer les chu- alternateurs triphasés de 122 MVA, 13,8 kV, 120 r/min, 60 Hz,
tes près des usines et à former des réservoirs d'emma- F.P. 90 %. En hiver, la puissance de chaque alternateur peut
gasinage . On peut ainsi créer des réserves d'eau pour être portée à 141 MVA car l'air de refroidissement est alors
plus frais . On distingue au centre du barrage les huit conduites
compenser l'insuffisance de débit pendant les pério-
forcées recouvertes de béton armé et, à gauche, le déversoir
des de sécheresse et assurer à l'usine une alimentation utilisé lors des crues du printemps (gracieuseté d'Hydro-
en eau plus uniforme. Québec) .

Les barrages peuvent être en béton, en enrochement


ou en terre . Les barrages du type poids sont les plus La charge d'un réseau varie considérablement au cours
utilisés ; ils s'opposent à la poussée des eaux par leur d'une journée ; elle est très faible la nuit . Il en résulte
masse même . que, durant la période des fortes crues du printemps, le
Les déversoirs (ou évacuateurs de crue), installés près débit d'une rivière ne peut être entièrement employé
des barrages sont destinés à laisser passer l'eau lors- pour produire de l'énergie à certaines heures du jour,
que son niveau dépasse une certaine hauteur . Ils per- car la demande est trop basse . Si le bassin d'emmaga-
mettent d'évacuer sans dégâts les débits considérables sinage du barrage est insuffisant, ou encore à peu près
résultant de la fonte des neiges ou provoqués par des inexistant (cas des centrales au fil de l'eau), on est
pluies de longue durée (Fig . 45-13) . obligé de laisser passer l'eau par-dessus le déversoir,
sans l'utiliser.

salle des poste de hauteur de


machines transformation la chute

Figure 45-12
Vue en coupe d'une centrale hydro-électrique de moyenne chute .

992 ÉLECTROTECHNIQUE

2 . Conduite d'amenée . La conduite d'amenée con-


duit l'eau du barrage jusqu'aux turbines . À l'extérieur
de l'usine, elle est constituée par un canal, un tunnel
ou un tuyau . La partie intérieure, appelée conduite for-
cée, est en béton, en acier ou en fonte . On dispose, à
l'entrée de la conduite forcée, des vannes qui permet-
tent de contrôler l'admission de l'eau .
À la sortie de la conduite forcée des aménagements à
moyenne et à basse chute, l'eau arrive dans la chambre
de mise en charge d'où elle est distribuée aux différen-
tes turbines . Une couronne fixe (bâche spirale) entoure
chaque turbine et assure une répartition uniforme de
l'eau sur son pourtour (Fig . 45-14) . Une série de por- Figure 45-14
tes, ou vannes mobiles (Fig . 45-15), disposées autour Bâche spirale dirigeant l'eau autour d'une turbine de 483 MW,
de Churchill Falls, Labrador (gracieuseté de Marine
de la turbine permettent de régler l'admission de l'eau
Industries) .
dans celle-ci . Ces vannes sont actionnées par des vé-
rins hydrauliques commandés par le régulateur de vi-
tesse .
3 . Conduite d'échappement . Après être passée dans
les turbines, l'eau retourne dans la rivière par la con-
duite d'échappement. La conduite d'échappement com-
porte une cheminée de succion et un canal de fuite qui
peut être le lit même de la rivière .
4. Salle de commande . Les appareils de commande
et de contrôle sont groupés ensemble dans une salle
d'où le personnel peut surveiller la marche des grou-
pes générateurs .
Les appareils de signalisation et les appareils de com-
mande à distance de l'excitatrice, du régulateur de vi-
Figure 45-15
tesse et du disjoncteur de chaque groupe générateur À l'intérieur de la bâche, une série d'aubes directrices
sont montés sur un pupitre . orientables commandent la quantité d'eau admise à la turbine
(gracieuseté de Marine Industries) .
Les instruments de mesures, indicateurs et enregistreurs
(voltmètres, ampèremètres, wattmètres, varmètres,
wattheuremètres, fréquencemètres, synchronoscopes, Cependant, on peut envisager une deuxième solution :
etc .), les régulateurs de tension ainsi que les relais de elle consiste à installer une centrale de base de 130 MW
protection et les différents systèmes d'alarme sont réu- et une centrale de pointe spéciale de 30 MW. Cette
nis dans des armoires et panneaux de commande . centrale de pointe aura la propriété, non seulement de
débiter de l'énergie électrique, mais aussi d'en rece-
45 .11 Centrales à réserve pompée voir . Pendant les périodes creuses (identifiées par un
On a vu que la variation de l'appel de puissance d'un signe (-) sur la Fig . 45-17), la centrale de pointe reçoit
réseau nécessite l'installation de centrales de pointe . et emmagasine de l'énergie de la centrale de base . En-
Considérons un réseau simple dont l'appel de puissance suite, lors des heures de pointe (identifiées par un si-
varie entre 100 MW et 160 MW selon la courbe de la gne (+)) la centrale de pointe restitue au réseau l'éner-
Fig . 45-16 . On pourrait installer une centrale hydau- gie qu'elle avait emmagasinée .
lique ou thermique de base de 100 MW et une centrale Ce système possède plusieurs avantages : 1) on peut
de pointe de 60 MW utilisant une turbine à gaz . utiliser une plus grande centrale de base, ce qui aug-
PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 993

MW
160

100

0
temps

Figure 45-16
Centrale de base et centrale de pointe conventionnelle
alimentant une charge maximale de 160 MW.

Figure 45-18
La centrale à réserve pompée de Raccoon Mountain,
Tennessee, pompe l'eau du lac Nickajack et la renvoie dans
un réservoir de 214 hectares situé au sommet de la montagne,
300 m plus haut. Les quatre alternateurs/pompes peuvent
débiter chacun une puissance maximale de 425 MVA durant
temps les heures de pointe . On peut renverser le rôle pompe/
alternateur de ces machines en quelques minutes
(gracieuseté de Tennessee Valley Authority) .
Figure 45-17
Centrale de base et centrale à réserve pompée alimentant
une charge maximale de 160 MW .

mente le rendement et 2) la capacité de la centrale de


pointe est réduite de beaucoup, ce qui diminue son coût .
Ces quantités énormes d'énergie ne peuvent être em- 3
magasinées que par des méthodes mécaniques . C'est
ainsi qu'on emploie des centrales à réserve pompée .
Pendant les heures de pointe, ces centrales fonction-
1 - enveloppe
nent comme des centrales hydrauliques classiques, uti- 2 - stator
lisant l'énergie de l'eau qui s'écoule d'un réservoir 3 - rotor
4 - pôles saillants
supérieur dans un réservoir inférieur (Fig . 45-18) . Pen- 5 - palier-guide
6 - palier de butée
dant les périodes creuses, le processus est renversé. Les 7-vérins hydrauli'r o
alternateurs fonctionnent alors comme des moteurs 8 - aubes dire' ~cc .
9 - turbine-Pr c, r-
synchrones et entraînent les turbines qui deviennent 10 - cheminée ar - .1, 1 ~c
d'énormes pompes prenant l'eau dans le réservoir in-
férieur pour la renvoyer dans le réservoir supérieur .
Le cycle se répète une ou deux fois par jour, selon la 10
nature du réseau et de la charge . Les machines ont une
puissance comprise entre 50 MW et 500 MW et elles Figure 45-19
doivent être réversibles, car on doit changer le sens de Vue en coupe de l'alternateur/pompe installé à Raccoon
rotation lorsque la turbine fonctionne comme pompe Mountain . Caractéristiques comme alternateur : 425 MVA,
23 kV, F.P 90 %, 300 r/min, 60 Hz . Caractéristiques comme
(Fig . 45-19) . Le démarrage de ces gros moteurs syn- moteur synchrone : 400 MW, F.P . 100 %, 300 r/min
chrones impose une forte charge sur la ligne d' alimen- (gracieuseté de Allis-Chalmers) .

994 ÉLECTROTECHNIQUE

tation et l'on utilise parfois des méthodes spéciales pour substances se combinent pour former une nouvelle
éviter une surcharge excessive . substance . Ainsi, la combinaison d'un atome de sodium
Les centrales à réserve pompée complètent bien les (Na) et d'un atome de chlore (Cl) donne une molécule
centrales nucléaires qui atteignent leur rendement maxi- de sel de table (NaC1) . Certaines réactions chimiques,
mal lorsqu'elles fonctionnent à débit constant . notamment celles impliquant des atomes d'oxygène,
produisent non seulement une nouvelle substance, mais
dégagent, en même temps, de l'énergie sous forme de
CENTRALES THERMIQUES
chaleur. Dans certaines réactions, la chaleur dégagée
Les centrales thermiques produisent l'électricité à par- est tellement grande que l'augmentation de tempéra-
tir de la chaleur qui se dégage de la combustion du ture qui en résulte porte les éléments à l'incandescence
charbon, du mazout ou du gaz naturel. La plupart ont et produit ce qu'on appelle un feu . Ce type de réaction
une capacité comprise entre 200 MW et 2000 MW afin est une réaction de combustion .
de réaliser les économies d'une grosse installation . Il L'oxygène de l'air réagit vivement avec les atomes de
suffit de visiter une telle centrale pour se rendre compte carbone (C), d'hydrogène (H), de soufre (S) et toutes
de sa complexité et de ses dimensions imposantes . On les substances contenant ces atomes, ce qui explique
la trouve souvent près d'une rivière ou d'un lac, car la combustion du charbon, du bois, du mazout et du
d'énormes quantités d'eau sont requises pour refroidir gaz naturel .
et condenser la vapeur sortant des turbines . Comme
45.13 Les éléments combustibles
dans la plupart des pays modernes les ressources hy-
drauliques sont déjà exploitées, on doit se fier sur les L'union des atomes d'oxygène avec les atomes de car-
centrales thermiques pour produire l'énergie électri- bone, d'hydrogène, de soufre, etc ., se fait dans des
que supplémentaire requise, parallèlement à la crois- proportions précises et connues . La chaleur dégagée
sance des centrales nucléaires . et les nouvelles substances créées peuvent donc être
déterminées d'avance lorsque l'on connaît la nature
45 .12 La combustion du combustible . Le tableau 45-1 en donne les détails .
Lors d'une réaction chimique, les molécules de deux Ainsi, la combustion complète de 1 kg de carbone

TABLEAU 45-1 COMBUSTIBLES ET PRODUITS DE COMBUSTION

Type Masse Masse Chaleur Produits Masse Volume


d'oxygène dégagée* de la d'air d'air**
requise combustion requise requis

(kg) (kg) MJ (kg) (m3)

carbone 1 kg 2,67 33,8 C02 11,5 9,6

hydrogène 1 kg 8 120* H2O 34,5 28,8

soufre 1 kg 1 9,3 S02 4,3 3,6

méthane CH4 1 kg 4 50* C02 + H 2 O 17,2 14,3

éthane C 2 H 6 1 kg 3,73 47,5* CO2 + H 2 O 16,1 13,4

propane C 3 H 8 1 kg 3,64 46,5* C02 + H 2 O 15,6 13

Énergie disponible après avoir soustrait la chaleur latente de vaporisation de l'eau, laquelle
n'est pas récupérable dans la chaudière .
" À une température de 20 °C et une pression atmosphérique normale de 101 kPa .


PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 995

nécessite 2,67 kg d'oxygène et il en résulte 33,8 MJ 45 .15 Organisation d'une centrale


de chaleur. La réaction produit du gaz carbonique, gaz thermique
non toxique qui est le même que celui qu'on expire La Fig . 45-20 montre les parties principales d'une cen-
des poumons . Comme l'air sec contient 23,2 % d'oxy- trale thermique identifiées comme suit :
1 . Immense chaudière construite en hauteur dans la-
quelle on brûle le combustible . La chaleur est ab-
TABLEAU 45-2 COMPOSITION DU CHARBON sorbée par l'eau circulant dans une série de tubes S i
ET DU PÉTROLE qui entourent les flammes . La circulation est forcée
par la pompe P 1 .
pourcentage pourcentage 2. Ballon, ou réservoir, contenant de l'eau et de la
ÉLÉMENT dans le charbon dans le pétrole vapeur à haute pression . Il constitue à la fois le
min . max . huile légère mazout point de départ de la vapeur vers les turbines et le
récepteur de l'eau d'alimentation de retour . La
carbone 55 85 85,5 85 vapeur se dirige vers la turbine haute pression (HP)
hydrogène 2 5 13,5 10,5 en passant par un surchauffeur S 2 . Ce dernier, formé
soufre 1 4 1 4
d'une série de tubes entourant le feu, provoque
une forte augmentation de la température de la va-
autres 42 6 - 0,5
peur (200 °C environ) . Cela assure une vapeur qui
est absolument sèche et donne un meilleur rende-
MJ/kg 21 35 45 42
ment thermique .
3 . Turbine haute pression (HP) qui permet une pre-
mière expansion de la vapeur durant laquelle
gène par unité de masse, il faut multiplier la masse
une partie de l'énergie thermique est convertie en
d'oxygène par 4,3 pour obtenir la masse d'air (11,5 kg)
énergie mécanique . La pression et la température à
requise pour la combustion complète de 1 kg de car-
la sortie de la turbine HP sont donc plus basses
bone .
qu'à l'entrée . Afin d'augmenter le rendement
À partir des valeurs données dans le tableau 45-1, on thermique et pour éviter une condensation préma-
peut calculer la valeur calorifique de n'importe quel turée de la vapeur, on la fait passer par un réchauf-
combustible dont on connaît la composition . Les ta- feur S3 composé d'une troisième série de tubes .
bleaux 45-2 et 45-3 donnent une idée de l'énergie dé-
gagée par divers types de charbon, de pétrole et de gaz .
TABLEAU 45-3 COMPOSITION DES GAZ
Par exemple, lorsqu'on prend le charbon dont la com-
NATURELS
position est affichée sur la colonne gauche du tableau
45-2, on obtient :
contenu en pourcentage
énergie = 55 % x 33,8 + 2 % x 120+ 1 %x9,3+ ÉLÉMENT échantillon A échantillon B
42 % x 0 = 21 MJ/kg
45 .14 Produits de la combustion méthane CH 4 63 96

Le gaz carbonique C0 2 n'a pas d'effet néfaste direct éthane C 2 H 5 3 0,1


sur l'environnement*, mais le dioxyde de soufre S0 2 propane C3H8 2 0
crée des substances qui irritent les voies respiratoires . azote N2 28 1
Les particules poussiéreuses sont une autre source de autres 4 2,9
pollution qu'on essaie d'enrayer . La combustion du gaz
naturel produit seulement de l'eau et du C0 2, c'est pour- MJ/kg 33,8 48
quoi on utilise ce gaz lorsqu'il faut à tout prix éviter la
pollution.

* Le C0 2 peut cependant donner un effet de serre.



996 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 45-20
Éléments d'une centrale thermique .

4 . Turbine moyenne pression (MP) semblable à la tur- 8 . Pompe d'alimentation P 3 qui refoule l'eau d'ali-
bine HP sauf qu'elle est plus grosse pour permettre mentation contre la forte pression régnant à l'inté-
à la vapeur de se détendre davantage . rieur du ballon (2) et complète ainsi le cycle ther-
5 Turbine basse pression (BP) à double carter qui en-
. mique .
lève le reste de l'énergie thermique disponible dans 9 . Brûleurs provoquant la combustion du gaz, du ma-
la vapeur, permettant à cette dernière de se détendre zout ou du charbon pulvérisé projeté à l'intérieur
dans un vide presque complet à l'intérieur du de la chaudière .
condenseur. Avant d'être projeté dans la chaudière, le charbon
6 . Condenseur qui provoque la condensation de la va- est réduit en poudre . De la même façon, l'huile
peur, grâce à la circulation d'eau froide venant de lourde est préchauffée et soufflée en jet vaporisé
l'extérieur et circulant dans des tubes S4. Une pompe afin d'augmenter sa surface de contact avec l'air
d'extraction P2 enlève l'eau tiède condensée et la environnant .
pousse à travers le réchauffeur (7) vers la pompe P 3
10 . Ventilateur soufflant l'air requis pour la combustion
alimentant la chaudière .
(Fig . 45-21) .
7 . Réchauffeur . Dans cet échangeur de chaleur, une par-
11 . Ventilateur aspirant les gaz brûlés qui s'échappent
tie de la vapeur qui est passée par la turbine HP ré-
par la cheminée .
chauffe l'eau d'alimentation, après quoi, la vapeur
se condense aussi dans le condenseur . Les analyses En pratique, une centrale contient bien d'autres appa-
thermodynamiques prouvent que le rendement ainsi reils et accessoires essentiels pour assurer un bon ren-
obtenu est meilleur que si la vapeur dérivée dans le dement et des conditions sécuritaires . Ainsi, des van-
réchauffeur allait aux turbines MP et BP en passant nes de réglage permettent de contrôler l'admission de
par le réchauffeur S 3 . la vapeur dans les turbines, un système d'épuration

PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 997

maintient la propreté de l'eau d'alimentation, des pom-


pes gardent les paliers en bon état de lubrification, etc .
Cependant, les composants que nous venons de décrire
suffisent à expliquer le fonctionnement et les problè-
mes de base d'une centrale thermique (Fig . 45-22) .

45.16 Turbines
Les turbines HP, MP et BP contiennent une série
d'aubes disposées autour d'une roue solidaire de l'ar-
bre (Fig. 45-23) . La vapeur déviée par ces aubes crée
ainsi un couple mécanique puissant . Les aubes sont
faites d'un acier particulièrement dur pour résister à la
haute température et aux forces centrifuges intenses .
Bien que les turbines soient généralement couplées
ensemble pour entraîner un seul alternateur, dans cer-
taines centrales de grande puissance la turbine HP en-
traîne un alternateur tandis que les turbines MP et BP
sont couplées pour entraîner un deuxième alternateur
de même puissance .

45 .17 Condenseur
Environ la moitié de la chaleur dégagée dans la
chaudière doit être extraite de la vapeur qui arrive au
condenseur (Fig . 45-24) . Il faut donc d'énormes quan-
Figure 45-21
Ce ventilateur alimente en air une chaudière de la centrale tités d'eau pour refroidir celui-ci . L'eau venant d'une
thermique de Martin's Creek, Pennsylvanie . Débit : source extérieure circule à travers les tubes du
455 m 3/s ; différence de pression : 5,8 kPA . Il est entraîné par condenseur qui agit effectivement comme échangeur
un moteur d'induction triphasé de 4290 kW, 890 r/min de chaleur. La température de l'eau de refroidissement
(gracieuseté de Novenco Inc .) .
augmente de 5 °C à 10 °C lors de son passage à travers

Figure 45-22
La centrale thermique de Tracy, Québec, comprend 4 turbo-alternateurs de 150 MW, tournant à 3600 r/min .
Hauteur de chaque chaudière : 55 m ; consommation en mazout des 16 brûleurs ; 41 m 3 /min . Leau de
refroidissement utilisée pour les condenseurs provient du fleuve Saint-Laurent ; débit total : 1700 m 3/min
(gracieuseté d'Hydro-Québec) .
998 ÉLECTROTECHNIQUE

45.18 Tours de refroidissement


Si la centrale est située dans une région aride ou éloi-
gnée d'un lac ou d'une rivière, on doit quand même
trouver un moyen pour refroidir le condenseur . On uti-
lise alors le phénomène d'évaporation pour obtenir le
refroidissement requis . Par exemple, lorsque l'eau
s'évapore de la surface d'un lac, ce dernier perd une
quantité de chaleur importante. Des expériences ont
démontré qu'une quantité de chaleur de 2,4 MJ est
perdue pour chaque kilogramme d'eau évaporée, de
sorte que l'eau du lac se refroidit . Le même refroidis-
sement se produit pour toute masse d'eau qui s'éva-
pore .
Considérons, par exemple, un réservoir contenant
Figure 45-23 100 kg d'eau, à une température quelconque . Si l'on
Turbine basse pression . À la vitesse nominale de 1800 r/min, en fait évaporer 1 kg seulement, la température des
les ailettes (aubes) les plus longues (2,7 m de rayon) exercent
sur l'arbre rotorique une force centrifuge de plusieurs 99 kg qui restent baisse de 5 °C . La température de
centaines de tonnes (gracieuseté de ABB) . l'eau baisse donc de 5 °C chaque fois que l'on fait éva-
porer 1 % de sa masse .
Comment peut-on provoquer l'évaporation? Il suffit de
le condenseur. L'eau provenant de la condensation de
présenter une surface d'eau aussi grande que possible
la vapeur a une température comprise entre 27 °C et
à l'air environnant . La meilleure façon de le faire est
33 °C ; la température de l'eau de refroidissement est
de fractionner la masse d'eau en gouttelettes (au moyen
de quelques degrés plus basse .
d'un arrosoir) et de souffler de l'air à travers la pluie
La présence du condenseur est essentielle afin de maxi- ainsi crée .
miser le rendement des turbines .
Dans les centrales thermiques et nuclèaires, l'évapora-
tion de l'eau est assurée par d'énormes tours de refroi-
dissement (Fig . 45-25) . Elles évaporent environ 2 %
de l'eau de refroidissement requise, si bien que cette
perte doit être compensée par une source souterraine,
un ruisseau ou un petit lac.
45 .19 Pompe d'alimentation en eau
La pompe d'alimentation en eau prend la vapeur con-
densée du condenseur et la renvoie dans le ballon de la
chaudière . Dans une centrale moderne, la puissance
de la pompe est environ 1 % de celle débitée par la
génératrice . Bien que cela semble représenter une perte
importante, on doit réaliser qu'elle sert à augmenter la
pression de l'eau . L'énergie est donc récupérée lors de
son passage (sous forme de vapeur) à travers les turbi-
nes, de sorte que la perte est effectivement nulle .
Figure 45-24 45.20 Diagramme énergétique d'une
Condenseur de 220 MW installé à Houston, Texas . centrale thermique
Remarquer la grosseur des tuyaux d'entrée et de sortie
conduisant l'eau de refroidissement . Le condenseur joue un Les centrales thermiques modernes se ressemblent
rôle tout aussi important que la chaudière dans les centrales beaucoup et la plupart fonctionnent à une température
thermiques et nucléaires (gracieuseté de Foster Wheeler de 550 °C et une pression de 16,5 MPa ; elles donnent
Energy Corporation) .

PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 999

Figure 45-25
Tour de refroidissement de la centrale nucléaire Trojan de
Portland, Oregon, dont la puissance est de 1280 MVA, F.P.
88 % . Autres caractéristiques :
hauteur : 152 m
diamètre à la base : 117 m
diamètre au sommet: 76 m
débit d'eau : 27 m 3/s
perte d'eau par évaporation : 0,7 m 3/s
La température de l'eau diminue lors de son passage à travers
la tour (gracieuseté de Portland General Electric Company) .

un rendement global de l'ordre de 40 % . Les quantités puissance électrique 480 MW


d'énergie, les débits de vapeur, etc ., ne changent pas consommation de charbon 40 kg/s
beaucoup, même pour des températures et des pres- consommation d'air 400 kg/s
sions différentes . Cela nous a permis de tracer le schéma
puissance de la chaudière 1 200 MW
de répartition de l'énergie pour un modèle réduit ayant
une puissance calorifique de 30 MW et un débit élec- débit de vapeur 320 kg/s
trique de 12 MW, soit un rendement global de 40 % eau de refroidissement 14 400 kg/s
(Fig . 45-26) . (avec At = 10 °C) ou 14,4 m 3/s
Par exemple, une centrale de 480 MW (40 fois plus Si l'on doit installer une tour de refroidissement, elle
puissante que notre modèle) aurait les caractéristiques doit évaporer une quantité d'eau égale à :
approximatives suivantes :
2 % x 14,4 = 0,288 m 3/s

Wsi fuite

n
3 MW vapeur : 550'C ; 16,5 MPa (absolue)
puissance
8 kg/s électrique
turbine alternateur

chaudière
30 MW 12 MW
27 MW
15 MW
OMW 360 kg/s eau de refroidissement
brûleurs

M 1u'1 I
8 kg/s
2
t2 - t, , 10 ° C

chaleur
perdue
charbon air eau condensée : 30 °C ; 15 MW
1 kg/sti 10 kg/s, 8 m 3/s 0,005 MPa (absolue)

Figure 45-26
Modèle réduit d'une centrale thermique de 12 MW .

1000 ÉLECTROTECHNIQUE

CENTRALES NUCLÉAIRES
TABLEAU 45-4 COMPOSITION ATOMIQUE
Les centrales nucléaires produisent l'électricité à par- DE QUELQUES ÉLÉMENTS
tir de la chaleur libérée par une réaction nucléaire . Ce
phénomène est provoqué par la division du noyau d'un ÉLÉMENT symbole protons électrons neutrons
atome, procédé qu'on appelle fission nucléaire . Remar-
quons qu'une réaction chimique telle que la combus- hydrogène H 1 1 0
tion du charbon produit un simple regroupement des deutérium 2H 1 1 1
atomes sans que leurs noyaux soient affectés . tritium 3H 1 1 2
Une centrale nucléaire est identique à une centrale ther- eau légère H 2O 10 10 8
mique, sauf que la chaudière brûlant le combustible eau lourde 2 H 20 10 10 10
fossile est remplacée par un réacteur contenant le com-
uranium 235 235U 92 92 143
bustible nucléaire en fission . Une telle centrale com-
uranium 238 238 U 92 92 146
prend donc une turbine à vapeur, un alternateur, un
condenseur, etc ., comme dans une centrale thermique carbone c 6 6 6
conventionnelle . Le rendement global est semblable
(entre 30 % et 40 %) et l'on doit encore prévoir un
système de refroidissement important, ce qui néces- électrons), mais un nombre différent de neutrons . L'ura-
site un emplacement près d'un cours d'eau ou la cons- nium 238 est très répandu alors que l'uranium 235 est
truction d'une tour de refroidissement . À cause de ces
rare . En effet, les gisement naturels d'uranium (U 3 08)
similitudes, nous nous limiterons à l'étude du principe
contiennent 99,3 % d'atomes 238 U comparativement à
de fonctionnement et des caractéristiques du réacteur
0,7 % de l'isotope 235U.
lui-même .
L'uranium 235 et l'eau lourde méritent notre attention,
45.21 Composition du noyau atomique car ils sont tous deux essentiels au fonctionnement de
Au chapitre 2, section 2 .11, nous avons vu que le noyau certains réacteurs que nous décrirons plus loin .
d'un atome est composé de protons et de neutrons . Il
45.22 Énergie libérée par la fission
existe des éléments qui, à tout point de vue, sont iden-
atomique
tiques, sauf qu'ils contiennent un ou quelques neutrons
Lorsque le noyau d'un atome subit la fission, il se sé-
en surplus, par rapport au nombre habituel . Le tableau
45-4 donne la composition atomique de quelques-uns pare en deux . La masse totale des deux atomes ainsi
formés est habituellement différente de celle de l'atome
de ces éléments, appelés isotopes.
original. S'il y a une diminution de la masse, une quan-
On s'aperçoit qu'il existe trois sortes d'atomes d'hy- tité d'énergie est libérée. Sa valeur est donnée par la
drogène qui se distinguent par la composition de leurs formule d'Einstein :
noyaux . Il y a d'abord l'hydrogène ordinaire dont le
noyau contient 1 proton et 0 neutron . Ensuite, il y a 2
E = mc (45-2)
deux isotopes rares : le deutérium et le tritium dont les
noyaux contiennent respectivement 1 et 2 neutrons, en où
plus du proton habituel . E = énergie libérée, en joules [J]
m = diminution de masse, en kilogrammes [kg]
Lorsque deux atomes d'hydrogène s'unissent à un
c = vitesse de la lumière [3 x 10 8 m/s]
atome d'oxygène, on obtient de l'eau ordinaire (H 2 O),
appelée eau légère . D'autre part, lorsque deux atomes La quantité d'énergie libérée est énorme, car une di-
de deutérium s'unissent à un atome d'oxygène, on ob- minution de 1 g seulement donne une énergie de
tient une molécule d'eau lourde (2 H2O) . L'eau de mer 9 x 10 13 joules, soit l'équivalent énergétique d'environ
contient de l'eau lourde dans une proportion de 1 kg trois mille tonnes de charbon .
d'eau lourde pour 7000 kg d'eau légère . Lors de la fission de l'atome d'uranium 235 U, il se pro-
De la même façon, il existe deux sortes d'atomes d'ura- duit précisément une légère diminution de masse . Par
nium, 238U et 235U, contenant chacun 92 protons (et 92 ailleurs, comme l'uranium 235 est fissile alors que

PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1001

l'uranium 238 ne l'est pas, on a construit de grandes 45.24 Réaction en chaîne


usines pour augmenter la proportion d'uranium 235 Comment provoque-t-on la fission d'un atome d'ura-
dans le combustible (fuel enrichi) utilisé dans certains nium? Une méthode consiste à bombarder son noyau
réacteurs . avec des neutrons en mouvement . Le neutron est un
45 .23 Source de l'uranium excellent projectile car il ne subit aucune force de ré-
pulsion à mesure qu'il s'approche du noyau et, si sa
L'uranium utilisé dans les réacteurs nucléaires trouve
vitesse n'est pas trop grande, les chances d'une colli-
son origine dans les mines d'uranium . Le minerai brut
sion sont excellentes . Si l'impact est suffisamment in-
contient la substance U 3 0 8 (3 atomes d'uranium, 8 ato-
tense, le noyau se scinde en deux et la diminution de
mes d'oxygène) contenant à son tour des atomes 238U
masse qui en résulte libère de l'énergie . Ainsi, la fis-
et 235 U dans le rapport de 1398 à 10 . Pour usage dans
sion d'un atome 235U dégage une énergie de 218 MeV,
un réacteur nucléaire, on doit transformer cette subs-
principalement sous forme de chaleur . La fission (qui
tance en dioxyde d'uranuim (U0 2) . Celui-ci est com-
est une réaction très violente) s'accompagne d'un autre
posé de molécules 238U0 2 et 235 U0 2 , encore dans le phénomène important : l'éjection, à haute vitesse, de 2
rapport de 1398 à 10 . On l'appelle dioxyde d'uranium ou 3 neutrons . Ces neutrons, à leur tour, peuvent entrer
naturel parce que le rapport des molécules fissiles est
en collision avec d'autres noyaux voisins, de sorte qu'il
le même que celui du minerai original . se produit une réaction en chaîne pouvant provoquer
Certains réacteurs sont conçus pour utiliser un mélange un énorme dégagement de chaleur.
enrichi où le rapport de 238 UO2 sur 235UO2 est plutôt
C'est d'après ce principe qu'explosent les bombes ato-
de 1398 à 50 au lieu du rapport naturel de 1398 à 10 . miques . Il suffit d'une sphère de U0 2 , type 235U ne
Au cours du processus d'enrichissement, de grandes
pesant que 300 g (masse critique) pour produire une
quantités de 238 UO 2 sont dérivées comme produit se- réaction en chaîne explosive . Bien que les gisements
condaire que l'on doit entreposer. Nous verrons que ce naturels de U0 2 (type 238 U) libèrent aussi des neutrons
produit trouve une application dans les réacteurs sur-
occasionnels, leur vitesse est trop élevée, et la concen-
régénérateurs . La Fig . 45-27 montre, de façon très sim-
tration de la matière fissile est trop faible, pour amor-
plifiée, le procédé d'enrichissement . cer une réaction en chaîne .

10 parties 235 U3 0 8 10 parties 235 U 02 50 parties 235U02

1398 parties 238 U 3 0 8 1398 parties 238U02

r' r 5592
rrr r parties
procédé enrichissement 238U02
chimique
r

minerai typique d'une


mine d'uranium

U308 naturel U02 naturel (=0,7 %) U02 enrichi (=3,6 % )


(combustible pour réacteur (combustible pour réacteur
à eau lourde) à eau légère)

Figure 45-27
Étapes dans la fabrication du combustible nucléaire pour usage dans les réacteurs à eau
légère et à eau lourde . Ce schéma très simplifié montre que le processus d'enrichissement du
dioxyde d'uranium crée comme produit secondaire de grandes quantités de 238 U02 .

1002 ÉLECTROTECHNIQUE

Dans un réacteur nucléaire, on doit ralentir les neu- 1 . Réacteur à eau pressurisée . («Pressure Water
trons afin d'augmenter leurs chances de frapper les Reactor») . Dans ces réacteurs, le caloporteur est de
noyaux d'uranium . À cette fin, on répartit les masses l'eau gardée à haute pression afin de l'empêcher de
d'oxyde d'uranium à l'intérieur d'un modérateur . Le bouillir . On peut utiliser soit de l'eau ordinaire, comme
modérateur peut être de l'eau ordinaire, de l'eau lourde, dans les réacteurs à eau légère, soit de l'eau lourde
du graphite, ou toute autre substance ayant la propriété comme dans les réacteurs CANDU* .
de ralentir les neutrons sans pour autant les absorber . 2 . Réacteur à eau bouillante . («Boiling Water
En choisissant une distribution et une géométrie ap- Reactor») . Dans ces réacteurs, le caloporteur est de
propriées, on réussit à freiner ces neutrons de façon à l'eau ordinaire en ébullition . On élimine ainsi l'échan-
ce qu'ils aient la vitesse requise pour produire d'autres geur de chaleur : la vapeur créée fait tourner directe-
fissions . C'est alors que la réaction en chaîne s'amorce : ment les turbines . Cependant, comme dans tout réac-
on dit que le réacteur a atteint le seuil critique . teur à eau légère, on doit utiliser de l'oxyde d'uranium
Dès que la réaction en chaîne est amorcée, la tempéra- enrichi ayant une concentration d'environ 3 % en 235U .
ture de l'uranium monte en flèche et, afin de la main- 3 . Réacteur à gaz à haute température . («High
tenir à une valeur acceptable, on doit faire circuler un Temperature Gas Reactor») . Dans ces réacteurs, on uti-
liquide ou un gaz à travers le réacteur pour en extraire lise un gaz inerte, tel que l'hélium, comme caloporteur .
la chaleur. Ce caloporteur peut être de l'eau lourde, de Comme la température est très élevée (750 °C), on uti-
l'eau ordinaire, du sodium liquide (Na) ou un gaz lise le graphite comme modérateur . La vapeur créée
comme l'hélium ou le gaz carbonique . La chaleur est dans l'échangeur de chaleur est aussi chaude que celle
alors transportée à un échangeur de chaleur qui trans- provenant d'une centrale thermique conventionnelle de
fère l'énergie thermique à une chaudière à vapeur ali- sorte qu'on atteint, avec ces réacteurs, des rendements
mentant les turbines . globaux de l'ordre de 40 % .
La Fig . 45-28 montre les parties principales d'une cen- 4 . Réacteur surrégénérateur . («Fast Breeder
trale nucléaire . Reactor») . Dans ces réacteurs, on élimine le modéra-
45 .25 Types de réacteurs teur, ce qui permet aux neutrons de bombarder à haute
Il existe plusieurs types de réacteurs ; en voici les prin- CANDU : Canada Deutérium Uranium, développé par la
cipaux : Commission d'énergie atomique du Canada . Ce type de
réacteur est décrit à la section 45 .26 .

caloporteur

pompe de circulation pompe d'alimentation

Figure 45-28
Parties principales d'une centrale nucléaire .

PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1003

vitesse un combustible tel que le dioxyde d'uranium un diamètre de 8 m et une longueur de 8,25 m traver-
238 U02 . Il se produit alors un dégagement de chaleur sée par 390 canaux (Fig . 45-31, 45-32) . Chaque canal
et, de plus, une transformation de l'uranium . renferme douze éléments combustibles cylindriques
L' uranium transformé peut à son tour agir comme com- contenant 22,2 kg de U0 2 . Un élément dégage en
bustible . Le principe de fonctionnement de ce type réac- moyenne une chaleur de 372,5 kW et, comme il y a
teur est expliqué à la section 45 .28 . Ce genre de réac- 4680 éléments en tout, le réacteur libère une puissance
teur présente un certain intérêt car les réacteurs tradi- thermique totale de 1740 MW .
tionnels ne récupèrent que 2 % de l'énergie disponible Douze pompes de 1100 kW font circuler l'eau lourde
dans le dioxyde d'uranium . qui extrait la chaleur du réacteur . Les échangeurs de
chaleur créent la vapeur nécessaire pour entraîner les
45 .26 Exemple de réacteur à eau lourde : turbines . À la sortie des turbines, le condenseur est re-
réacteur CANDU froidi par de l'eau venant du lac Ontario .
Les réacteurs CANDU utilisent l'eau lourde comme Les éléments combustibles insérés à une extrémité de
modérateur et comme caloporteur. Ils se distinguent la cuve sont retirés par l'autre extrémité après un sé-
de tous les autres réacteurs du fait qu'ils utilisent le jour de 19 mois dans les canaux . Comme l'alimenta-
dioxyde d'uranium naturel . Une des plus grosses ins- tion se fait de façon continue, on retire en moyenne
tallations de ce genre se trouve à Pickering, à quelques neuf éléments par jour . On prend évidemment toutes
kilomètres à l'est de Toronto (Fig . 45-29, 45-30) . La les précautions contre la radioactivité et la possibilité
centrale comprend quatre réacteurs alimentant 48 chau- d'une panne, si improbable soit-elle . Ainsi, on peut
dières à vapeur qui font tourner quatre turbines . Cha- manipuler les éléments combustibles sans danger avant
que turbine est accouplée à un alternateur triphasé de de les insérer dans les canaux, mais ils sont très ra-
540 MW, 24 kV, 60 Hz, 1800 r/min . dioactifs lorsqu'on les retire ; on prévoit alors des
moyens spéciaux pour les transporter et les entreposer
Chaque réacteur comprend une cuve horizontale ayant
en lieu sûr.

2- salle des machines


3- poste de transformation
4- réservoir à vide
5- entrée de l'eau de refroidissement
6- sortie de l'eau de refroidissement
7- service de maintenance
8- administration

Figure 45-29
Centrale nucléaire de Pickering, Ontario (gracieuseté de Ontario Hydro/Société d'énergie atomique du Canada) .


1004 ÉLECTROTECHNIQUE

soupape
vapeur d'eau
de sécurité
814 kg/s 252 ° C 4,1 MPa 540 MW
24 kV
60 Hz
T
6 échangeurs 6 échangeurs
de chaleur de chaleur 12 °C
0 22 °C
eau de refroidissement
171 ° C eau ordinaire F du lac Ontario
16 pompes de 1100 kW 2,4 t/s
dont 4 en réserve M

249 °C 9,94 MPa


\..
eau lourde 8,8 MPa pompe
7,7 t/s 294 °C réchauffeur
il 1 d'alimentation
1
vaa
machine
machine de
de chargement chargement
MI M W'
12 éléments
combustibles eau lourde
1 ri
M caloporteur M vapeur d'eau
eau lourde
® modérateur eau de refroidissement

Figure 45-30
Diagramme schématique simplifié illustrant les composants d'une unité de génération de la centrale
nucléaire CANDU à Pickering (gracieuseté de Société d'énergie atomique du Canada) .

1 - entrée du liquide caloporteur (eau lourde) à 249 °C


venant des pompes de circulation
2 - sortie de l'eau lourde à 293 °C vers les échangeurs
de chaleur
3 -canaux
4 - réservoir
5 - 18 tiges de contrôle en cobalt
6 - 11 tiges de sécurité

Figure 45-31
Vue en coupe d'une cuve d'un réacteur CANDU contenant
de l'eau lourde et traversée par 390 canaux (gracieuseté de
Ontario Hydro/Société d'énergie atomique du Canada) .

PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1005

1 - barre de U02 , diamètre : 14,33 mm


2 - tubes en zircalloy, longueur : 495 mm
3 - support des 28 tubes, diamètre : 102 mm
4 - paroi du canal
5 - caloporteur
6 - modérateur
7 - neutrons

Figure 45-32
Élément combustible contenant 22,2 kg de U0 2 , réparti dans
28 tubes, prêt à être inséré dans un canal (gracieuseté
d'Ontario Hydro/Société d'énergie atomique du Canada) .

45 .27 Exemple de réacteur à eau légère réacteur alimentant une chaudière à vapeur qui fait tour-
Les réacteurs utilisant de l'eau ordinaire comme mo- ner une turbine . Cette turbine est accouplée à une
dérateur sont semblables à ceux utilisant de l'eau génératrice triphasée de 600 MW, 19 kV, 60 Hz,
lourde, sauf que le combustible utilisé est le dioxyde 1800 r/min .
d'uranium enrichi contenant entre 3 % et 4 % d'ura- Le réacteur comprend une cuve verticale ayant un dia-
nium 235, le reste étant le dioxyde d'uranium 238 . Cela mètre extérieur de 4,5 m et une hauteur de 12,5 m . Les
permet de construire des cuves de plus petites dimen- murs en acier (d'une épaisseur de 27 cm) sont traver-
sions pour une quantité d'énergie donnée . Par contre, sés par 157 canaux pouvant recevoir autant d'éléments
on doit arrêter le réacteur une fois par an afin de rem- combustibles . Ces derniers ont une longueur de 3 m et
placer les éléments épuisés . La chaleur, créée surtout contiennent chacun 477 kg de U0 2 (Fig. 45-34) . La
par la fission de l'uranium 235, est transportée à une réaction nucléaire est contrôlée par l'insertion de 45
chaudière à vapeur par un caloporteur tel que l'eau or- barres composées d'argent (80 %), d'indium (15 %) et
dinaire, le sodium liquide ou un gaz comme le C0 2 . de cadmium (5 %) . Ces barres plongées dans le modé-
La centrale atomique de la Connecticut Yankee Atomic rateur ont la propriété d'absorber les neutrons : plus elles
Power Company à Haddam possède un réacteur à eau sont enfoncées profondément dans le réacteur, plus el-
légère (Fig . 45-33) . Cette centrale comprend un les ralentissent la réaction .
1006 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 45-33
Centrale nucléaire à eau légère (gracieuseté de Connecticut
Yankee Atomic Power Company) .

Le tableau 45-5 donne les caractéristiques de deux cen-


trales nucléaires fonctionnant respectivement à eau
lourde et à eau légère .

45 .28 Principe du réacteur surrégénérateur


Le réacteur surrégénérateur diffère des autres réacteurs
parce qu'il peut extraire davantage d'énergie du com-
bustible nucléaire . Il est composé d'un noyau central Figure 45-34
contenant du plutonium fissile 239 ( 239Pu) . Ce noyau Élément combustible contenant 477 kg de U0 2 enrichi, prêt
à être inséré dans un des 157 canaux verticaux de la cuve
est entouré d'une enveloppe de substances contenant
(gracieuseté de Connecticut Yankee Atomic Power
de l'uranium non fissile 238 ( 238U) . Il n'y a pas de Company) .
modérateur ; par conséquent, les neutrons à haute vi-
tesse générés par le 239Pu dans le noyau viennent bom-
barder les atomes d'uranium 238 U. Cela produit deux
nucléaire est alors placé dans le noyau central du réac-
effets importants :
teur pour générer de la chaleur et pour créer encore
a) La chaleur intense dégagée par le noyau sert à créer d'autre combustible dans une enveloppe renouvelée,
de la vapeur pour entraîner une turbine à vapeur contenant de l'uranium 238 .
b) Dans l'enveloppe, quelques-uns des atomes de 238U Théoriquement, il est possible de répéter ce procédé
captent les neutrons éjectés du noyau, ce qui trans- jusqu'à ce qu'environ 80 % de l'énergie contenue dans
forme ces atomes en plutonium fissile 239Pu . En l'uranium soit utilisée . Cela représente une grande amé-
d'autres mots, les atomes passifs d'uranium 238 sont lioration sur les réacteurs conventionnels qui réussis-
transformés en atomes fissiles de plutonium 239 sent à extraire seulement 2 % de l'énergie disponible .
Il en résulte que l'enveloppe de 238U non fissile est gra- Le réacteur surrégénérateur est utilisable comme com-
duellement transformée en 239 Pu fissile et en déchets . plément aux réacteurs à eau légère . En effet, de gran-
Les matériaux de l'enveloppe sont enlevés périodique- des quantités de 238 U sont obtenues lors du procédé
ment, et raffinés dans des usines spéciales pour recou- d'enrichissement. Ce matériau improductif (présente-
vrer les substances contenant le 239Pu . Ce combustible ment stocké en lieu sûr) peut alors être utilisé dans l'en-













PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1007

Notons que les réacteurs surrégénérateurs utilisent le


TABLEAU 45-5 RÉACTEURS TYPIQUES À EAU
sodium liquide comme caloporteur.
LÉGÈRE ET À EAU LOURDE

réacteur à réacteur à 45 .29 Réaction nucléaire par fusion


eau légère eau lourde Tout comme la fission d'un noyau lourd provoque une
diminution de masse, la fusion de deux noyaux légers
cuve
pour former un seul noyau occasionne une diminution
diamètre extérieur 4,5m 8m
semblable . Ainsi, une grande quantité d'énergie est li-
longueur 12,5 m 8,25 m
bérée lorsqu'un atome de deutérium 2H fusionne avec
épaisseur du métal 274 mm 25,4 mm
un atome de tritium 3H . Cependant, à cause de la forte
masse à vide 416 tonnes 604 tonnes
répulsion électrique qui s'exerce entre ces deux noyaux
position verticale horizontale
(de même polarité), on réussit à provoquer leur fusion
nombre de canaux 157 390
seulement lorsqu'ils s'approchent à des vitesses énor-
combustible mes, correspondant à une température de plusieurs
type U02 enrichi U0 2 naturel millions de degrés . Si la concentration d'atomes est
235 U ( °/a) 3,3 0,7 suffisante et si leur vitesse est assez élevée, il se pro-
masse totale 75 tonnes 104 tonnes duit une réaction en chaîne . Mentionnons, en passant,
modérateur que le soleil produit son énergie par un processus sem-
type eau légère eau lourde blable .
volume 13,3 m 3 242 m 3 On réussit ainsi à produire des explosions et c'est sur
caloporteur ce principe que repose la bombe à hydrogène (bombe
type eau légère eau lourde H) . Cependant, on se heurte à de grandes difficultés
volume 249 m 3 130 m 3 pour contrôler cette réaction de fusion et l'exploiter
débit total 12,8 t/s 7,73 t/s dans un réacteur nucléaire commercial . En effet, on
température à l'entrée 285 °C 249 °C n'a pas encore réussi à cerner des particules qui se dé-
température à la sortie 306 °C 294 °C placent à ces vitesses effarantes sans, en même temps,
pression relative 14,8 MPa 8,8 MPa leur faire perdre leur énergie . Des recherches intensi-
pompes de circulation 4 12 ves se poursuivent pour résoudre ce problème, car si
puissance totale l'on réussit à domestiquer la fusion nucléaire, ce pour-
des pompes 12 MW 14 MW rait bien être la fin des problèmes de sources d'éner-
gie . L'hydrogène est en effet la matière première la plus
puissance thermique
répandue sur terre .
évacuée par le
caloporteur 1825 MW 1661 MW
PARCS D'ÉOLIENNES
échangeur de chaleur (chaudière à vapeur)
température de la vapeur 261 °C 252 °C L'énergie que l'on peut extraire du vent et transformer
pression 4,75 MPa 4,1 MPa en électricité constitue un supplément intéressant à
débit 972 kg/s 814 kg/s l'énergie de base fournie par les centrales thermiques
température de l'eau et hydrauliques . Les sections suivantes décrivent les
d'alimentation 220 °C 171 °C propriétés du vent ainsi que les technologies utilisées
puissance électrique pour la génération d'électricité à partir de l'énergie éo-
alternateur triphasé 600 MW 540 MW lienne.
1800 r/min, 60 Hz 667 MVA 635 MVA
45 .30 Propriétés du vent
À cause de la masse et de la vitesse de l'air en mouve-
veloppe d'un réacteur surrégénérateur. En captant les
ment, le vent possède une énergie cinétique . Considé-
neutrons rapides, ce matériau est transformé comme
rons par exemple un mètre cube d'air se déplaçant à
on l'a vu précédemment, jusqu'à épuisement quasi to-
une vitesse de 10 m/s . Comme un mètre cube d'air pos-
tal de l'énergie atomique qu'il contient .


1008 ÉLECTROTECHNIQUE

sède une masse d'environ 1,2 kg, l'énergie cinétique duit aucune pollution . Cependant, pour exploiter cette
emmagasinée est énergie, on doit prendre en compte les contraintes sui-
vantes
Ek = 1 /2 niv 2 éq.1-6
1) La vitesse du vent peut fluctuer de ± 25 % sur
102
= 1/2 x 1,2 x = 60 J une période de quelques minutes .
Si l'on réussit à ralentir cette masse d'air à l'aide d'un 2) La direction du vent n'est pas constante ; par con-
dispositif quelconque et à l'amener à l'arrêt complet, séquent, on doit continuellement réorienter la
on pourra récupérer cette énergie cinétique . C'est jus- turbine pour qu'elle reste face au vent, de façon
tement le rôle d'une turbine éolienne de capter cette à optimiser la puissance disponible .
énergie mécanique . Cette énergie est transformée en 3) La régularité du vent en direction et en vitesse
énergie électrique par la génératrice couplée à l'arbre dépend du site . Pour déterminer les meilleurs
de la turbine . gisements éoliens, on doit procéder à des rele-
vés de vitesse et de direction des vents sur une
Considérons maintenant une surface verticale de 1 m 2 ,
traversée par un vent soufflant à 10 m/s . Cette surface période d'au moins un an .
est traversée par un volume d'air de 10 m 3 à chaque 4) Lorsque la puissance du vent excède la puis-
seconde . Par conséquent, la puissance disponible par sance de l'éolienne, on doit agir pour limiter la
mètre carré de surface, perpendiculaire au vent est : puissance mécanique de la turbine et la puis-
sance électrique de la génératrice .
P = 60 J/m3 x 10 m3/s = 600 Es = 600 W
5) Lors de vents violents, on doit réduire le pas
Si l'on généralise ce raisonnement on arrive à la for- des hélices de la turbine ou même arrêter com-
mule suivante qui donne la puissance approximative plètement l'éolienne afin d'éviter d'endomma-
du vent en fonction de sa vitesse ger la turbine et la tour qui la supporte .
P = 0,6 v3 (45-3) 6) En raison de leur grande hauteur, les pales de la
OU . turbine constituent une cible naturelle pour la
foudre.
P = puissance par mètre carré faisant
face au vent [W/m 2] 7) Pendant l'hiver, on doit surveiller l'accumula-
tion de neige et de verglas .
v = vitesse du vent [m/s]
8) Pour exploiter la puissance générée par un parc
L'équation 45-3 suppose que le dispositif utilisé pour d'éoliennes, celui-ci doit être raccordé à un ré-
exploiter cette énergie éolienne réussit à stopper conti- seau électrique existant suffisamment « fort »
nuellement le vent. En pratique, une turbine éolienne pour maintenir une tension et une fréquence
ne peut pas arrêter complètement le vent, si bien que la constantes .
puissance maximale que l'on peut extraire du vent est Dans les paragraphes qui suivent nous limiterons no-
d'environ 30 % à 40 % de la puissance donnée par tre propos aux éoliennes à axe horizontal dont l'hélice
l'équation 45-3 . est composée de trois pales et dont la puissance nomi-
Afin de donner une idée de la vitesse et de la puissance nale est comprise entre 100 kW et 1,5 MW . Cepen-
de différents types de vents, on peut établir la classifi- dant, la puissance de certaines éoliennes peut atteindre
cation grossière suivante 5 MW. Les éoliennes sont généralement regroupées sur
vent léger, brise 3 m/s 16 W/m2 un même site pour constituer ce que l'on appelle un
parc d'éoliennes pouvant comprendre jusqu'à une cen-
vent modéré 7 m/s 0,2 kW/m 2
vent fort 12 m/s 1,0 kW/m 2 taine d'unités .
tempête 18 m/s 3,5 kW/m 2 Pour extraire le maximum d'énergie du vent, la vitesse
ouragan >32 m/s >20 kW/m 2 de rotation de la turbine doit être dans un rapport spé-
Les vitesses de vent utilisables par les éoliennes sont cifique avec la vitesse du vent . Comme règle de base,
comprises entre 5 m/s et 15 m/s . mentionnons que la vitesse de l'extrémité des pales doit
être comprise entre 4 et 8 fois la vitesse du vent . Comme
L' énergie éolienne ne coûte absolument rien et ne pro- le vent utilisable peut varier dans une large gamme


PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1009

(5 m/s à 15 m/s), la vitesse de rotation de la turbine vitesse de l'extrémité des pales 70 .4


devrait idéalement être variable . Cependant, nous ver- = 4,7
vitesse du vent 15
rons que le type de technologie utilisé pour la généra-
tion de l'électricité impose parfois une vitesse de rota- 45 .31 Technologies de production d'électri-
tion constante . cité à partir de l'énergie éolienne
Cinq méthodes sont utilisées pour produire de l'élec-
Exemple 45-2 tricité à partir du vent
Une turbine éolienne de 400 kW à 3 pales est con- 1) Turbine entraînant une génératrice à c.c. (Fig .
çue pour I'ournir sa puissance nominale pour un vent 45-35)
de 15 m/s . Les pales ont une longueur de 14 m et la
2) Turbine entraînant une génératrice asynchrone
vitesse nominale de la turbine est de 48 r/min .
à vitesse constante (Fig . 45-36)
Calculer : 3) Turbine entraînant une génératrice asynchrone
la surface balayée par les pales à vitesse variable (Fig . 45-37)
b) la puissance du vent disponible pour actionner 4) Turbine entraînant une génératrice asynchrone
la turbine à double alimentation à vitesse variable (Fig .
le rapport . en ` , entre la puissance électrique 45-38)
et la puissance du vent 5) Turbine entraînant une génératrice synchrone à
la vitesse (le l'extrémité des pales aimants permanents à vitesse variable (Fig . 45-
39)
e rapport entre la vitesse de l'extrémité des
pales et la vitesse du vent Dans les sections qui suivent, nous présentons les prin-
cipes de base utilisés dans ces cinq technologies .
Solution 45 .32 Turbine éolienne entraînant une
a) Surface balayée par les pales : génératrice à c .c .
La Fig . 45-35 montre les pales (1) de la turbine cou-
A = ttr2 = yt x 142 = 616 m2
plée à la génératrice à c .c (4) à travers une boîte de
b) Puissance du vent disponible par mètre carré vitesses (3) . La génératrice et la boîte de vitesses sont
logées dans une nacelle supportée par une tour (2) . La
P = 0,6 v3 éq . 45-3 boîte de vitesses augmente la vitesse de la turbine par
= 0,6 x 153 = 2025 W/m 2 un facteur de 20 à 30, ce qui permet d'utiliser une gé-
Puissance disponible pour faire tourner la turbine nératrice commerciale à haute vitesse, donc de dimen-
sions réduites .
P = 2025 x 616 = 1 247 400 W = 1247 kW
L'énergie produite par la génératrice est stockée dans
puissance de sortie 400 kW une batterie (5) qui régularise la tension et fournit une
c)
puissance disponible dans le vent 1247 kW alimentation stable à la charge à c .c . (6), même lors-
0,3208 = 32 % que le vent tombe . Ce type d'éolienne qui a générale-
ment une puissance limitée à quelques kilowatts est
d) Circonférence du cercle décrit par l'extrémité des utilisée dans les régions éloignées où l'électricité n'est
pales : pas disponible . Elle permet d'alimenter, par exemple,
C=27tr=2xit x14m=88m quelques lampes de 12 volts et un téléviseur branché
sur un convertisseur c .c ./c .a .
Vitesse de l'extrémité des pales :
v=Cxr/min=88x48 45.33 Turbine éolienne entraînant une
= 4224 m/min génératrice asynchrone à vitesse
= 70,4 m/s ou 253 km/h constante
e) D'où le rapport La Fig . 45-36 montre une grande turbine éolienne (1)
entraînant une génératrice asynchrone à cage d'écu-

loto ÉLECTROTECHNIQUE

la puissance est fournie au réseau à un facteur de puis-


sance pratiquement unitaire. La puissance transmise
au réseau est la puissance mécanique P T développée
par la turbine moins les pertes dans la boîte de vites-
ses, la génératrice et le transformateur . La puissance
de la machine asynchrone est généralement comprise
entre 100 kW et 800 kW.
Dans certains types de génératrices asynchrones, le sta-
tor comprend deux enroulements ayant chacun un nom-
bre de pôles différent . Lorsque le vent souffle à haute
vitesse, on utilise l'enroulement ayant le plus petit nom-
Fig . 45-35 bre de pôles, correspondant à la plus haute vitesse syn-
Turbine éolienne entraînant une petite génératrice à c .c . chrone . Inversement, pour les vents faibles, on utilise
l'enroulement ayant le plus grand nombre de pôles . Le
changement d'enroulement est effectué par un inter-
reuil (4) à travers une boîte de vitesses (3) . Le stator de
rupteur de transfert automatique, programmé pour op-
la machine asynchrone est branché au réseau d'élec-
timiser la puissance extraite du vent .
tricité public (7) à travers un transformateur (6) qui
augmente la tension . Comme la fréquence de la ten- Le principe de fonctionnement de la génératrice asyn-
sion appliquée au stator est imposée (50 Hz ou 60 Hz), chrone est décrit dans les sections 34-15 (chapitre 34)
le flux magnétique créé par le stator tourne à vitesse et 35-9 (chapitre 35) .
constante . Le faible glissement requis pour que la ma-
45 .34 Turbine éolienne entraînant une
chine fonctionne en génératrice implique que le rotor
génératrice asynchrone à vitesse
tourne à une vitesse légèrement supérieure à la vitesse
variable
synchrone .
La Fig . 45-37 est semblable à la Fig . 45-36, sauf que le
La turbine tourne donc à une vitesse pratiquement cons- stator de la machine asynchrone à cage d'écureuil est
tante . Comme la vitesse de la turbine n'est pas tou- relié à un convertisseur (5) qui impose une fréquence
jours adaptée à la vitesse du vent, cela implique qu'on variable. On peut donc maintenant faire varier à vo-
ne peut pas toujours extraire la puissance maximale du lonté la vitesse synchrone de la génératrice . La vitesse
vent . du vent est constamment mesurée par un anémomètre
La puissance réactive absorbée par la génératrice est et, lorsque celle-ci varie, on change la fréquence du
fournie par un banc de condensateurs (5), si bien que convertisseur de façon à extraire le maximum d'éner-

f, ES EG

O T

PT PT

0 ® TTT moins
les O
pertes

Fig . 45-36
Turbine éolienne entraînant une génératrice asynchrone à vent . Cette technologie ne peut pas extraire la puissance
travers une boîte de vitesses . La vitesse de la génératrice maximale disponible pour toutes les vitesses du vent .
reste pratiquement constante, quelle que soit la vitesse du

PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE

EL Ec
1

(-)
PT convertisseur convertisseur PT
J 1 2 moins
les pertes

Fig . 45-37
Turbine éolienne couplée à une génératrice asynchrone à vers un convertisseur à fréquence variable, ce qui permet
vitesse variable . La génératrice est reliée au réseau à tra- d'extraire en tout temps la puissance maximale du vent .

gie du vent . La génération à fréquence variable permet Quant au rotor, il est raccordé au réseau à travers deux
en effet de faire fonctionner la turbine à la vitesse opti- convertisseurs (5) et (6) . Le convertisseur (6) transforme
male permettant de développer la plus grande puissance la tension Es en une tension c .c . Ed . Dans ce convertis-
mécanique pour une vitesse de vent donnée . seur, la puissance peut circuler dans les deux direc-
tions, du lien c.c. vers le réseau et vice-versa . Le con-
Le convertisseur (5) transforme en c .c . la puissance P T
vertisseur (5) branché au rotor transforme la tension
à fréquence variable qu'il reçoit de la génératrice . En
Ed en une tension c .a . dont l'amplitude, la fréquence,
même temps, il fournit la puissance réactive Q absor-
la phase et la séquence des phases sont ajustables . La
bée par la génératrice . Le lien à c .c . entre les convertis-
puissance dans ce convertisseur (5) peut aussi circuler
seurs (5) et (6) transporte la puissance active P T qui est
dans les deux directions . Les convertisseurs (5) et (6)
alors convertie en puissance triphasée par le convertis-
utilisent tous deux la technique de la MLI pour pro-
seur (6) avant d'être envoyée dans le réseau . On re-
duire une tension c.a . sinusoïdale à partir de la tension
marquera que chaque convertisseur doit transporter la
c .c . E d .
totalité de la puissance produite par la génératrice . Les
deux convertisseurs utilisent la technique de la modu- La machine est donc alimentée par deux sources de
lation de la largeur d'impulsion (MLI) pour produire tension ES et ER . Le principe de fonctionnement de la
une tension c .a . sinusoïdale, tout en minimisant les génératrice asynchrone à double alimentation a été dé-
courants harmoniques injectés dans le réseau . crit au chapitre 34 . On encourage le lecteur à revoir les
sections 34-19 à 34-22 afin de bien comprendre le prin-
45.35 Turbine éolienne entraînant une cipe de fonctionnement de cette machine . Rappelons
génératrice asynchrone à double
brièvement que pour une tension statorique f imposée,
alimentation
la fréquence f2 et la séquence des phases de la tension
La Fig . 45-38 montre une turbine éolienne entraînant ER appliquée au rotor détermine la vitesse de fonction-
une génératrice asynchrone à rotor bobiné (4) à tra- nement de la machine . Comme la fréquence statorique
vers une boîte de vitesses (3) . Ce type de machine, est fixe, la fréquence f2 impose la vitesse de rotation du
dont le stator et le rotor sont tous deux raccordés au rotor. Cela permet, en faisant varier f2 de faire tourner
réseau, est appelé aussi machine asynchrone à double la turbine à une vitesse optimale et ainsi d'extraire le
alimentation . Un transformateur (7) abaisse la tension maximum de puissance du vent . Les valeurs optimales
du réseau à un niveau compatible avec la machine . de la fréquence f2 et de la tension ER produites par le
Le stator de la machine à rotor bobiné est raccordé di- convertisseur (5) sont déterminées par le système de
rectement au réseau dont la tension Es a une fréquence commande . Ce dernier utilise comme variable d'entrée
de 50 Hz ou 60 Hz . la vitesse du vent mesurée par un anémomètre .



1012 ÉLECTROTECHNIQUE

1
> P
e

O
EG
T

Es
I (-)
PR convertisseur convertisseur fi PT
1 2 moins
les
pertes
Fig . 45-38
Turbine éolienne couplée à une génératrice asynchrone à seulement une partie de la puissance totale générée par l'éo-
double alimentation . Les convertisseurs 1 et 2 transforment lienne .

Par vent modéré, le rotor tourne à une vitesse inférieure Lorsque le rotor tourne à vitesse sous-synchrone, le
à la vitesse synchrone (vitesse sous-synchrone) . Par stator fournit toujours de la puissance au réseau . Par
contre, lorsque la vitesse du vent augmente, le rotor contre, le rotor absorbe de la puissance du réseau
accélère, pour tourner à une vitesse qui peut excéder la comme l'indique la Fig . 34-26 (section 34 .22) . Dans
vitesse synchrone (vitesse hyper-synchrone) . La valeur ce cas, la puissance nette fournie au réseau est la diffé-
des vitesses sous-synchrone et hyper-synchrone est rence de ces deux puissances .
donnée par les équations 34-3a et 34-3b . Le montage de la Fig . 45-38 possède un avantage par
Vitesse sous-synchrone : rapport à celui de la Fig . 45-37 : seule une partie de la
n = 120 (f _ puissance totale PT transite par les deux convertisseurs .
f2)

éq . 34-3a
Par exemple, on peut démontrer que, pour une vitesse
p
de rotation hyper-synchrone n excédant de 50 % la vi-
(tension ER en séquence directe) tesse synchrone n s (n = 1,5 ns ; f2 = 0,5j), la puissance
Vitesse hyper-synchrone P R transitant par le rotor et les deux convertisseurs est
n = 120 seulement 67 % de la puissance totale P T fournie au
+ 2)
(f

éq . 34-3b
réseau. Les convertisseurs sont donc moins coûteux.
f

p
Par contre, la construction d'une machine à rotor bo-
(tension ER est en séquence inverse)
biné est plus complexe que celle d'une machine à cage

d'écureuil et les bagues et balais exigent une certaine
n = vitesse du rotor [r/min]
maintenance .
f = fréquence appliquée au stator [Hz]
f2 = fréquence appliquée au rotor [Hz] 45 .36 Turbine éolienne et génératrice à
p = nombre de pôles du stator et du rotor aimants permanents à couplage
direct
La puissance mécanique développée par la turbine est
convertie en puissance électrique par la génératrice . La Fig. 45-39 montre une turbine éolienne couplée di-
Lorsque la génératrice tourne à vitesse hyper-syn- rectement à une génératrice synchrone à aimants per-
chrone, le stator et le rotor fournissent tous deux de la manents (3) . Les convertisseurs (4) et (5), ainsi que le
puissance au réseau comme l'indique la Fig . 34-27 (sec- transformateur (6), sont raccordés de la même façon
tion 34 .22) . La puissance fournie au réseau est donc la que dans la Fig . 45-37 .
somme de ces deux puissances .

PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1013

0
EL
(+)
.fi Es EG

(-) i
PT convertisseur convertisseur PT
1 2 moins
les
pertes

Fig . 45-39
Turbine éolienne couplée à une génératrice synchrone à tesses, permet d'éviter les dégâts éventuels au système d'en-
aimants permanents . Le couplage direct, sans boîte de vi- grenages à la suite des coups de vent brusques .

La vitesse de rotation optimale de la turbine détermine trice à aimants permanents ne requiert pas de bagues
la fréquence d'alimentation f i de la génératrice syn- ni de balais et les pertes Joules dans le rotor sont nul-
chrone . Cette fréquence est produite par le convertis- les . Globalement, même si la machine est plus grosse,
seur (4) . On remarque que les deux convertisseurs doi- les avantages de ce montage en font la technologie éo-
vent transformer toute la puissance produite par la tur- lienne préférée pour générer les plus grandes puissan-
bine . Par conséquent, ces convertisseurs sont plus gros ces (2 MW à 5 MW) .
que ceux utilisés avec une génératrice asynchrone à
double alimentation . 45 .37 Exemples de parcs éoliens
Les exemples qui suivent illustrent différentes tech-
L'entraînement direct permet d'éviter la boîte de vi-
nologies d'éoliennes .
tesses . Cependant, comme la vitesse de rotation est très
basse, de l'ordre de 50 r/min, l'alternateur doit être 1 . Parc Le Nordais
beaucoup plus gros que s'il était conçu pour fonction- La Fig . 45-40a montre onze des 57 éoliennes instal-
ner, par exemple, à 1200 rlmin . Par ailleurs, la généra- lées en Gaspésie, près de Matane, au Québec . Chaque

Figure 45-40a
Une partie du parc Le Nordais situé à Matane, Québec . Il fonctionne aussi bien durant les grands
froids d'hiver qu'en été .






1014 ÉLECTROTECHNIQUE

éolienne a une puissance nominale de 750 kW. La gé-


nératrice est une machine asynchrone générant une ten-
sion triphasée de 690 V, 60 Hz et possédant deux en-
roulements : un à 6 pôles dont la vitesse synchrone
est de 1200 r/min, et un autre à 4 pôles dont la vitesse
synchrone est de 1800 r/min . Celle-ci développe une
puissance de 200 kW à 1200 r/min et de 750 kW à
1800 r/min . Chaque éolienne est raccordée au réseau
haute tension à 230 kV d'Hydro-Québec par un trans-
formateur de 750 kVA, 690 V/230 kV installé au pied
de la tour supportant la nacelle .
La Figure 45-40b montre une de ces éoliennes et son
hélice à 3 pales, construite par la firme NEG Micon du
Danemark . La tour en acier de 55 m possède une base
dont le diamètre est de 4,5 m . Une porte scellée donne
accès à l'intérieur et à la nacelle installée au sommet
de la tour (Fig . 45-40c) . La table 45-6 fournit d'autres
informations sur cette éolienne .

TABLEAU 45-6 SPÉCIFICATIONS SUR LES ÉOLIENNES


DU PARC LE NORDAIS

vitesse moyenne du vent dans la région 28 km/h


vitesse du vent produisant 200 kW 15 km/h
vitesse du vent produisant 750 kW 51 km/h
vitesse maximale du vent tolérée
et provoquant l'arrêt de l'éolienne 85 km/h
hauteur de la tour 55 m
longueur des pales 14 m
longueur de la nacelle 8,5 m
masse d'une pale 3t
masse de la nacelle 19,5 t
masse de la génératrice 5t
masse totale de l'éolienne 75 t
rapport de la boîte de vitesses 1 :80
basse vitesse des pales (6 pôles) 15 r/min
haute vitesse des pales (4 pôles) 22,5 r/min
Figure 45-40b
La nacelle installée en haut de la tour de 55 m s'oriente auto-
2. Stateline Wind Energy Center matiquement pour toujours faire face au vent . Elle est proté-
Le parc éolien Stateline Wind Energy Center est situé gée par un parafoudre et elle est chauffée en hiver .
au nord-ouest des États Unis entre les états de Washing-
ton et de l'Oregon . Ce parc comprend 399 éoliennes
ayant chacune une puissance de 660 kW (Fig . 45-41) .
Les tours ont une hauteur de 50 m et les pales balaient 15 m/s et, durant les tempêtes, les pales cessent de tour-
une surface dont le diamètre est de 47 m. La vitesse de ner lorsque la vitesse du vent excède 25 m/s .
rotation nominale est de 28,5 r/min . Le pas des pales La génératrice asynchrone possède un rotor bobiné
s'ajuste automatiquement selon la vitesse du vent . branché à trois résistances variables dont la valeur est
La vitesse minimale du vent pour la mise en marche commandée par un convertisseur électronique . Le con-
de l'éolienne est de 4 m/s, la vitesse nominale est de vertisseur et les résistances sont montés sur le rotor

PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1015

même, ce qui permet d'éviter l'emploi de bagues et de


balais . La commande du convertisseur tournant est
effectuée au moyen d'un signal optique transmis à tra-
vers l'entrefer.
Cette technologie développée par le fabricant Vestas
est commercialisée sous le nom d' Optislip ® . La tech-
nologie Optislip est avantageuse lors des violentes bour-
rasques de vent car elle permet de réduire le choc mé-
canique sur la structure de l'éolienne . En effet, la com-
mande du convertisseur permet de faire varier rapide-
ment les résistances branchées en série avec le rotor et,
par conséquent, la vitesse des pales et du rotor . C'est
Figure 45-40c cette augmentation rapide de vitesse pendant les coups
La base de la tour a un diamètre de 4,5 m . La porte donne
de vent qui permet de réduire les contraintes mécani-
accès à l'intérieur et à la nacelle . Remarquer, en arrière plan,
le transformateur qui raccorde l'éolienne au réseau à 230 ques . De plus, la période d'accélération donne le temps
kV. Le raccordement est fait au moyen d'un câble triphasé requis pour ajuster le pas des pales à la vitesse accrue
souterrain de 230 kV.

Figure 45-41
Ce parc impressionnant du Stateline Wind Energy Center technologie Optislip°, la vitesse peut monter jusqu'à 1980
comprend 399 éoliennes . Les génératrices asynchrones de r/min lors des bourrasques de vent . On arrête les turbines
660 kW, 690 V, 60 Hz fonctionnent habituellement à des vi- lorsque la vitesse du vent excède 25 m/s . (gracieuseté de
tesses comprises entre 1800 r/min et 1818 r/min . Grâce à la Vestas Wind Systems AIS)

1016 ÉLECTROTECHNIQUE

du vent. Une fois le pas ajusté à la valeur désirée, les 3 . Éoliennes de Nakskov
résistances en série avec le rotor retombent à zéro, ce Trois éoliennes Vestas de modèle V90-3 .0 ayant cha-
qui assure à nouveau un bon rendement . Les résistan- cune une puissance nominale de 3 MW sont installées
ces rotoriques provoquent donc des pertes minimes car dans la ville de Nakskov au Danemark . La turbine en-
celles-ci ne dissipent de la puissance que pendant les traîne une génératrice asynchrone à double alimenta-
coups de vent . tion de 3 MW, 1500 r/min, 50 Hz (Fig . 45-42) . La tour

Figure 45-42
Cette turbine éolienne de 3 MW entraîne une génératrice à 4 pôles, à double alimentation, munie de bagues et de balais . La
vitesse synchrone est de 1500 r/min . Le convertisseur branché au rotor permet de faire fonctionner la génératrice asynchrone
à des vitesses sous-sychrones ou hyper-synchrones . La nacelle pèse 65 t et le rotor à 3 pales pèse 38 t . (gracieuseté de
Vestas Wind Systems AIS) .

PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1017

Figure 45-44
Puissance électrique en fonction de la vitesse du vent pour la turbine de 3 MW montrée à la Fig . 45-42 la puissance s'écrête
automatiquement lorsque la vitesse du vent dépasse 15 m/s afin déviter le surchargement de la génératrice (gracieuseté de
Vesta wind systems AIS) .

a une hauteur de 75 m et les pales ont une longueur de assurer la protection de l'équipement, la puissance est
44 m . La vitesse de rotation, comprise entre 9 r/min et limitée à 3 MW lorsque la vitesse du vent excède
19 r/min, est optimisée en fonction de la vitesse du 17,5 m/s .
vent . La puissance nominale est obtenue à 16,1 r/min, 4. Éoliennes installées en mer
ce qui correspond à une vitesse de vent de 15 m/s . Les
Les installations d'éoliennes en mer, éloignées de la
éoliennes sont mises en marche lorsque le vent souffle
côte (installations « offshore »), trouvent leur applica-
à 4 m/s et les pales arrêtent de tourner lorsque le vent
tion lorsque les conditions du vent sont favorables, sur-
excède 25 m/s .
tout dans les régions à forte population où il est diffi-
La Fig . 45-43 montre la puissance débitée en fonction cile de trouver des sites terrestres . Le complexe éolien
de la vitesse du vent . Noter que lorsque la vitesse aug- de Middelgrunden situé à 2 km de Copenhague au
mente de 5 m/s à 12,5 m/s (facteur de 2,5) la puis- Danemark en est un exemple . Il comprend vingt éo-
sance augmente de 250 kW à 2500 kW (facteur 10) . liennes de 2 MW chacune, fabriquées par la firme Bo-
La puissance augmente donc très rapidement avec la nus Energy (Fig . 45-44) .
vitesse du vent . Pour des raisons de sécurité et pour

1018 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 45-44
Une installation d'éoliennes en mer de 40 MW près de Copenhague au Danemark (photo BONUS Energy A/s) .

PRODUCTION DÉCENTRALISÉE Comme ces sources de petite puissance sont toujours


installées près des centres de consommation, elles sont
45.38 Émergence de la production décen- regroupées sous l'appellation de production décentra-
tralisée lisée . On considère généralement que la production
Dans un réseau électrique, les sources d'énergie sont décentralisée englobe toutes les sources de puissance
généralement centralisées à certains sites comme les inférieures à 10 MW. La disponibilité de ces ressour-
centrales hydrauliques, thermiques, et nucléaires pré- ces près des centres de consommation évite les pertes
sentées dans les sections 45 .1 à 45 .28 . À cause de la dues au transport de l'énergie électrique et facilite la
disponibilité des ressources, et afin réduire les coûts gestion de l'énergie dans les zones en expansion ra-
de construction et de production en dollars par kilo- pide .
watt ($/kW), les puissances installées excédent Le tableau 45-7 liste les principales technologies utili-
500 MW dans la plupart de ces installations . sées actuellement et qui pourraient connaître un essor
Plusieurs technologies de production d'électricité en dans les prochaines années
petite puissance, qui étaient encore au stade expéri- Les technologies listées dans les trois premières co-
mental il y a quelques années, sont maintenant dispo- lonnes utilisent des combustibles fossiles comme le gaz
nibles . Les progrès réalisés en terme de coût, de rende- naturel ou le diesel . Elles peuvent aussi utiliser des
ment et, dans certains cas, de réduction des émissions gaz produits à partir de la biomasse (décomposition de
polluantes, permettent d'envisager leur application pour déchets, combustion de déchets de bois, de riz, de can-
un usage commercial ou industriel . nes à sucre, . . .) . La technologie des éoliennes utilise le

PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1019

TABLEAU 45-7 PRINCIPALES TECHNOLOGIES UTILISÉES POUR LA PRODUCTION DÉCENTRALISÉE

Technologie Moteurs à pistons Petites turbines micro-turbine Éoliennes


diezel-gaz à gaz

Puissance électrique 100 kW-7 MW 1- 100 MW 30 kW-250 kW 400 kW-2,5 MW

Rendement électrique 30-42% 25-40% 22-32%

Rendement global 70-80% 65-80% 60-82%


avec cogénération

Facteur d'utilisation 85-90% 85-90% 85-90% 15-36%

vent, une source d'énergie gratuite et renouvelable . être utilisées comme génératrices d'urgence en cas de
Dans le cas des technologies brûlant un combustible, panne sur le réseau .
le rendement est évidemment une caractéristique pri-
mordiale qui détermine la rentabilité de l'installation . 45 .39 Cogénération
Par contre, dans le cas des éoliennes, on s'intéresse Pour les technologies qui utilisent un combustible fos-
plutôt au facteur d'utilisation car la puissance dispo- sile (moteur à pistons, turbine à gaz, microturbine), le
nible varie beaucoup selon la vitesse du vent . Rappe- rendement électrique indiqué dans le tableau 45-7 re-
lons que le facteur d'utilisation représente le rapport présente la portion de l'énergie contenue dans le com-
entre l'énergie totale produite au cours d'une année et bustible qui peut être convertie en énergie électrique .
l'énergie que l'on pourrait théoriquement obtenir si Ces rendements sont plus faibles que celui qu'on ob-
l'installation fonctionnait continuellement à sa puis- tient d'une grosse centrale de plusieurs centaines de
sance nominale . Finalement, mentionnons deux autres mégawatts (rendement d'environ 40 % dans le cas
technologies qui sont actuellement en plein dévelop- d'une centrale thermique conventionnelle) . Cependant,
pement : 1) les piles à combustibles qui consomment si l'on installe un échangeur de chaleur à la sortie des
de l'hydrogène produit par traitement d'un combusti- gaz d'échappement, on peut récupérer une bonne par-
ble fossile et 2) et les cellules photovoltaïques qui trans- tie de la chaleur qui, autrement, serait gaspillée . Cette
forment l'énergie solaire en énergie électrique . chaleur peut être utilisée pour chauffer de l'eau ou pro-
duire de la vapeur. La vapeur peut servir pour le chauf-
Les groupes électrogènes à moteurs à pistons ou à tur- fage de locaux ou pour faire fonctionner certains pro-
bines à gaz sont deux technologies assez répandues et cédés industriels . Cette technique de production simul-
utilisant des génératrices synchrones conventionnelles . tanée d'électricité et de récupération de la chaleur à
Les autres technologies sont largement tributaires des partir d'une seule source d'énergie porte le nom de
progrès réalisés par l'électronique de puissance . cogénération .
La production décentralisée en est encore à ses débuts, Lorsqu'on fait brûler un combustible afin de produire
mais elle pourrait influencer la conception des réseaux de la chaleur, le rendement est près de 90 % . En effet,
de distribution d'énergie . En effet, une industrie ou un l'énergie calorifique contenue dans le combustible est
commerce peut maintenant produire de l'électricité transmise avec de faibles pertes à l'eau chaude ou à la
pour ses propres besoins et, si les tarifs sont avanta- vapeur que l'on désire produire . Par conséquent, la
geux, peut vendre l'excédent à la compagnie d'électri- cogénération permet d'augmenter le rendement global
cité . De plus, les technologies à combustion peuvent à des valeurs aussi élevées que 75 % . La production

1020 ÉLECTROTECHNIQUE

décentralisée à partir de combustibles fossiles devient gaz


d'échappement
donc intéressante si on l'associe à la cogénération .

45 .40 Technologies utilisées pour la géné-


ration décentralisée
1) Moteurs à pistons, diesel ou au gaz naturel
Les groupes électrogènes utilisant un moteur à piston,
alimentés au diesel ou au gaz naturel, sont utilisés de-
puis longtemps comme systèmes d'urgence . Dans les
plus grosses installations, ils sont utilisés aussi pour la
production des mégawatts électriques de base et de
pointe . Lorsqu'ils sont couplés à une unité de
cogénération, le rendement global élevé qui en résulte
permet d'envisager leur fonctionnement en continu . Ces
groupes qui peuvent atteindre une puissance de 7 MW
constituent à l'heure actuelle la forme la plus répan-
due de production décentralisée . On estime même que,
au niveau mondial, la puissance électrique totale géné-
rée par des moteurs à pistons excède 10 GW.

2) Petites turbines à gaz


La turbine à gaz est un moteur semblable à celui uti- Centrale de Pratt & Whitney
lisé pour la propulsion des avions . Ce type de turbine,
couplée à un alternateur, est utilisé depuis longtemps Figure 45-45
Puissances thermiques et électrique produites par la cen-
dans les centrales de pointe pour générer des puissan-
trale à gaz de Pratt & Whitney.
ces allant jusqu'à 250 MW. Plus récemment, dans ce
qu'on appelle les turbines à cycle combiné, la turbine
à gaz entraînant un premier alternateur est associée à
une chaudière à vapeur qui récupère la chaleur des gaz d'environ 26,5 % . De plus, les gaz d'échappement per-
de combustion . Cette chaudière alimente à son tour une mettent de récupérer une puissance thermique de
turbine à vapeur qui entraîne un deuxième alternateur . 3,3 MW (Fig . 45-45). Cela donne à l'ensemble de l'ins-
Cet arrangement permet d'atteindre des rendements tallation un rendement global de 75 % . La consom-
électriques de plus de 55 % . mation de gaz naturel est de 640 m 3/h (débit ramené à
Les petites turbines à gaz fonctionnant au gaz naturel une pression et une température normalisées de 101 kPa
trouvent aussi une application dans la production dé- et 0 °C) .
centralisée . Cependant, au lieu d'utiliser la chaleur des 3) Microturbines
gaz d'échappement pour produire de l'électricité
La technologie des microturbines est en grande partie
comme dans une centrale à cycle combiné, on utilise
dérivée des turbocompresseurs, utilisés depuis long-
plutôt une chaudière de récupération pour produire de
temps pour augmenter la puissance des moteurs die-
la chaleur. Ces turbines à gaz avec cogénération sont
sel . Les microturbines exploitent aussi la technologie
utilisées dans certaines industries ou institutions . Le
des turbines à gaz entraînant les génératrices auxiliai-
groupe turbine/alternateur fournit alors une partie des
res à bord des avions . Les microturbines utilisent une
besoins en électricité du site et produit de la vapeur
turbine à gaz tournant à très haute vitesse (36 000 à
pour le fonctionnement de certains procédés ou le
96 000 r/min) et entraînant un alternateur à aimants
chauffage de locaux .
permanents, généralement couplé sur le même arbre .
Par exemple, une turbine à gaz installée à l'usine de Un convertiseur c .a.-c .c .-c .a est utilisé pour convertir
Pratt & Whitney à Longueuil (Québec) produit une à 50 Hz ou 60 Hz la tension de 600 Hz à 1600 Hz
puissance électrique de 1,8 MW avec un rendement générée par l'alternateur.

PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1021

gaz
d'échappement

0 kW 40 kW 60 °C
I
eau tiède
122 kW
56 °C 1

C eau chaude 117 Umin, 71 °C

gaz chauds n
162 kW 275-310 °C
----------------
air -~
222 kW LC
gaz
naturel 0 650 kPa , 60 kW
17 kg/h
2
240 kPa

Figure 45-46
Schéma de la microturbine et de son système de cogénération . Lensemble fournit une puissance électrique de 60 kW et une
puissance thermique de 122 kW.

À cause de leur grande vitesse, la turbine et l'alterna- d'heures en continu, sans entretien . Les microturbines
teur développent un couple relativement petit pour une peuvent aussi être utilisées comme génératrices d'ur-
puissance donnée . Par conséquent, la turbine et l'alter- gence en cas de panne sur le réseau. Nous décrivons
nateur d'une microturbine ont des dimensions beau- plus en détail à la section 45 .41 une application typi-
coup plus faibles qu'une machine conventionnelle de que d'une microturbine de 60 kW faisant partie d'un
même puissance (voir section 29 .13) . Par exemple, un système de cogénération .
alternateur de 100 kW tournant à 70 000 r/min pos- 4) Éoliennes
sède un stator dont le diamètre extérieur est seulement
La technologie des éoliennes est décrite dans ce chapi-
de 135 mm et dont la longueur axiale est de 160 mm* .
tre, dans les sections 45 .30 à 45 .37 . On a vu que les
Cela correspond sensiblement aux dimensions d'un
éoliennes peuvent être utilisées à grande échelle pour
moteur triphasé de 2 kW tournant à 1800 r/min . En
constituer des parcs de plusieurs centaines de mé-
raison de ses dimensions réduites, le groupe turbine/
gawatts . Utilisées de façon isolée d'un grand réseau,
alternateur d'une microturbine coûte moins cher et
elles pourraient constituer dans l'avenir un apport à la
prend moins de place qu'un groupe électrogène con-
production décentralisée .
ventionnel utilisant un moteur diesel .

Les microturbines peuvent brûler une grande variété 45 .41 Exemple de microturbine avec
de combustibles : gaz naturel, propane, gas-oil, kéro- cogénération
sène, ainsi que les gaz résiduels à la sortie des puits de L'exemple qui suit décrit une installation de
pétrole . Les hautes températures de combustion mini- microturbine avec cogénération dans un complexe com-
misent les émissions de gaz polluants tels que les oxy- prenant des salles de spectacles et un musée . Cette
des d'azote et le monoxyde de carbone . Elles ont la microturbine de 60 kW, fonctionnant au gaz naturel, a
capacité de pouvoir fonctionner plusieurs milliers été installée pour fournir une partie des besoins en éner-
gie électrique et thermique de la Place des Arts et du
musée d'art contemporain à Montréal . Le schéma de
Loss calculation and thermal analysis of a high speed
generator par O . Aglén, KTH The Royal Institute of la Fig . 45-46 illustre les principaux composants du sys-
Technology, Dept . of Electrical Engineering, SE 100 44, tème .
Stockholm .

1022 ÉLECTROTECHNIQUE

Évacuation des gaz


de combustion

Sortie d'eau Prise d'air

Entrée d'eau

Système
d'acquisition
Compresseur
Copeland

Pompe à eau

Compteur à gaz
naturel

Figure 45-47
Installation de la microturbine et de son équipement de cogénération à Place des Arts à Montréal . La microturbine de marque
Capstone alimentée au gaz naturel peut fournir 60 kW de puissance électrique . Elle est couplée à un échangeur de chaleur
Mariah de type "120/60" qui récupère une puissance thermique de 122 kW. (gracieuseté de Place des Arts, Hydro-Québec et
Gaz Métropolitain)

La pression maximale de distribution du gaz naturel à La tension à haute fréquence est redressée par un con-
l'intérieur du bâtiment est de 240 kPa (pression abso- vertisseur à IGBT à quatre quadrants (4) qui produit
lue) . Un compresseur (1) est utilisé pour augmenter une tension c .c et maintient un facteur de puissance
celle-ci à 650 kPa avant l'injection du combustible dans unitaire à l'alternateur . La tension c .c . est filtrée par le
la chambre de combustion de la microturbine . La tur- condensateur du lien à courant continu et régulée à
bine à gaz (2) brûlant le gaz naturel entraîne un alter- 760 V. Cette tension c.c alimente à son tour un onduleur
nateur (3) à très haute vitesse (96 000 r/min à la puis- à IGBT (5) qui produit une tension de 480 V à 60 Hz
sance nominale) . L'alternateur et la turbine sont mon- synchronisée avec la tension du réseau . L'onduleur est
tés sur le même arbre . L'ensemble est supporté par des un convertisseur à six IGBT, utilisant la MLI avec une
roulements à coussins d'air assurant ainsi un minimum fréquence de découpage de 15 kHz . La tension de sor-
de frottement . Selon la température et la pression de tie contient donc, en plus de la fondamentale à 480 V,
l'air ambiant, le système de commande ajuste la vi- des harmoniques au voisinage des multiples de 15 kHz .
tesse de rotation entre 45000 r/min et 96 000 r/min lors- Ceux-ci sont filtrés par des filtres LC (6) .
que la puissance électrique de sortie varie de 0 à 60 kW .
La puissance disponible à la sortie (maximum 60 kW)
L' alternateur est du type à aimants permanents et pos-
est injectée dans le réseau à 600 V (8) à travers un trans-
sède deux pôles . Selon la puissance générée, la fré-
formateur de couplage de 75 kVA, 480/600V (7) . La
quence générée varie donc entre 750 Hz et 1600 Hz .
commande de l'onduleur de sortie permet de contrôler

PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1023

le facteur de puissance qui est normalement ajusté à On a vu que pour assurer la stabilité, garantir une bonne
une valeur unitaire . En cas de panne sur le réseau, la continuité de service et exploiter les centrales de façon
microturbine pourrait fonctionner en mode autonome économique on a avantage à interconnecter les diver-
pour alimenter une charge de 60 kW et maintenir la ses centrales d'un réseau à travers les lignes de trans-
tension de sortie à 600 V . port. Lorsque la puissance consommée par les charges
Les gaz d'échappement sont envoyés dans un échan- est égale à la puissance fournie par les centrales, la vi-
geur de chaleur air-eau (9) . L'eau chaude produite sert tesse des machines, et par conséquent la fréquence, de-
à la déshumidification de l'air du musée dont les be- meurent constantes . On dit alors que le réseau est sta-
ble . La stabilité du réseau est assurée par plusieurs auto-
soins en chaleur sont importants même en été . La
microturbine peut fournir, en plus de 60 kW d'électri- matismes : les régulateurs de vitesse qui contrôlent auto-
cité, une puissance thermique de 122 kW . À la puis- matiquement l'ouverture des vannes de turbines, les
relais de protection qui éliminent les défauts en quel-
sance nominale, le rendement électrique est de 27 % et
le rendement thermique est de 55%, ce qui donne un ques cycles en commandant l'ouverture et la
rendement global de 82 % . refermeture des disjoncteurs de ligne, et les relais sen-
sibles à la fréquence qui commandent le délestage de
La photo de la Fig . 45-47 illustre les principaux com- certaines charges lorsque le réseau devient instable .
posants de l'installation .
Les centrales hydrauliques comprennent un barrage
45 .42 Résumé qui crée la hauteur de chute et emmagasine l'eau, une
Dans ce chapitre consacré à la production de l'énergie conduite forcée amenant l'eau aux turbines qui entraî-
électrique, nous avons présenté les différents types de nent les alternateurs et une conduite d'échappement
centrales utilisées pour générer l'électricité dans les qui retourne l'eau à la rivière . Selon la hauteur de chute,
grands réseaux . Selon le type d'énergie primaire utili- les centrales hydrauliques utilisent différents types de
sée, on distingue les centrales hydrauliques utilisant turbines .
la force motrice de l'eau, les centrales thermiques qui Les centrales thermiques comprennent essentiellement
brûlent des combustibles fossiles comme le charbon, une chaudière où la réaction de combustion libère
le pétrole ou le gaz naturel, les centrales nucléaires l'énergie thermique du combustible, un ballon où l'eau
qui tirent leur énergie de la fission de l'uranium, et les est chauffée et transformée en vapeur à haute pression,
parcs éoliens qui exploitent l'énergie du vent . une série de trois turbines (haute, moyenne et basse
La puissance consommée dans un réseau suit des cy- pression) qui entraînent l'alternateur, et un condenseur
cles journaliers et saisonniers . C'est ainsi que l'appel où la vapeur est refroidie par une alimentation d'eau
de puissance fluctue au-dessus d'une puissance cons- froide (lac ou rivière) ou une tour de refroidissement .
tante appelée puissance de base qui représente la plus L'eau condensée est réacheminée au ballon par des
grande partie de l'énergie annuelle consommée . La pompes en passant par le réchauffeur . Le cycle thermi-
puissance requise pour combler la plus grande partie que ainsi subi par l'eau permet d'atteindre un rende-
de l'énergie en excès de la puissance de base constitue ment de l'ordre de 40 % .
la puissance intermédiaire . Enfin, la puissance requise Les centrales nucléaires comprennent la plupart des
pendant de très courtes périodes de temps et contri- éléments d'une centrale thermique . La chaudière
buant à seulement quelques pour cent de l'énergie an- est remplacée par le réacteur où la fission des atomes
nuelle constitue la puissance de pointe . Les grosses cen- d'uranium 235 libère l'énergie nucléaire . La chaleur
trales thermiques et nucléaires dont le temps de mise est extraite du réacteur et transportée par un caloporteur
en marche est de quelques heures à quelques jours sont (eau lourde, eau légère, sodium liquide ou gaz) vers un
utilisées comme centrales de base . Par contre, les peti- échangeur de chaleur qui produit la vapeur alimentant
tes centrales dont la mise en service est rapide comme la turbine . À l'intérieur du réacteur, le modérateur con-
les turbines à gaz ou les centrales hydrauliques à ré- trôle la réaction en chaîne en ralentissant les neutrons .
serve pompée sont utilisées comme centrales de pointe . Il existe différents types de réacteurs, dépendant du mo-
Au Québec, les centrales hydrauliques sont utilisées à dérateur et du caloporteur utilisés . Nous avons présenté
la fois comme centrales de base et centrales intermé- les principales caractéristiques d'un réacteur à eau
diaires . lourde utilisant de l'uranium naturel (réacteur CANDU)

1024 ÉLECTROTECHNIQUE

et d'un réacteur à eau bouillante utilisant de l'uranium PROBLEMES - CHAPITRE 45


enrichi . Les réacteurs surrégénateurs à sodium liquide Niveau pratique
permettent d'extraire davantage d'énergie de l'uranium .
Ils transforment de l'uranium 238 non fissile en pluto- 45-1 Expliquer la différence entre une centrale de
nium 239 qui est réutilisé comme combustible dans le pointe et une centrale de base .
réacteur . 45-2 Expliquer pourquoi les centrales nucléaires ne
Les parcs d'éoliennes transforment l'énergie cinétique conviennent pas pour fournir l'énergie de pointe d'un
du vent en énergie électrique . Les éoliennes utilisent réseau.
en général une turbine à axe horizontal, à trois pales, 45-3 En se référant à la Fig . 45-4, on envisage deux
installée au sommet d'un tour et entraînant une géné- possibilités : 1) transporter le charbon d'une mine jus-
ratrice . La technologie la plus simple utilise une géné- qu'à une centrale thermique et 2) installer la centrale
ratrice asynchrone à cage d'écureuil à vitesse cons- thermique directement sur le site de la mine . Quels sont
tante couplée directement au réseau . Ce type de ma- les facteurs déterminants dans le choix de l'une de ces
chine requiert l'installation de bancs de condensateurs deux méthodes de transport d'énergie?
pour fournir la puissance réactive consommée par la 45-4 Quel est l'indicateur principal qui témoigne de
génératrice. Les autres technologies plus évoluées font la stabilité (ou de l'instabilité) d'un réseau?
appel à des convertisseurs . L'utilisation de convertis-
seurs associés à une machine asynchrone ou à une 45-5 Quels sont les avantages découlant de l'inter-
machine synchrone à aimants a deux avantages : 1) elle connexion de plusieurs centrales?
permet le fonctionnement de l'éolienne à vitesse varia- 45-6 Décrire les conditions pouvant provoquer une
ble, ce qui permet d'optimiser le rendement de la tur- panne d'électricité sur un réseau . Quelles mesures doit-
bine et de diminuer les contraintes mécaniques sur la on prendre pour éviter que la panne s'étende à tout le
structure, et 2) les convertisseurs à commutation for- réseau?
cée peuvent fournir la puissance réactive consommée 45-7 À la centrale de Beauharnois près de Montréal,
par la machine . le fleuve Saint-Laurent a un débit de 5000 m3/s . Sa-
Nous avons présenté les principales technologies à vi- chant que la hauteur de la chute est de 24 m, calculer la
tesse variable . La génératrice asynchrone à cage et la puissance hydraulique disponible pour faire tourner les
génératrice synchrone à aimants sont reliées au réseau turbines .
à travers deux convertisseurs interconnectés par un lien
c .c . et effectuant le changement de fréquence. Ces deux 45-8 En Afrique, le fleuve Zaïre a un débit annuel
convertisseurs doivent être dimensionnés pour trans- constant de 1300 km3 . On se propose d'aménager une
porter la totalité de la puissance générée . La généra- série de centrales dans la région d'Inga où l'on peut
trice asynchrone à double alimentation utilise une créer une chute de 100 m . Calculer la puissance totale
machine à rotor bobiné et un groupe de deux conver- que l'on peut exploiter, en mégawatts . Comparer avec
tisseurs branchés entre le rotor et le réseau . Ces con- la puissance du complexe La Grande (l 3 500 MW) .
vertisseurs sont plus petits car ils ne transportent qu'une 45-9 Expliquer le principe de fonctionnement d'une
partie de la puissance générée . centrale thermique ; d'une centrale hydraulique ; d'une
On regroupe sous le nom de production décentralisée centrale nucléaire .
les sources de petite puissance installées près des cen- 45-10 Expliquer la différence entre une centrale nu-
tres de consommation . Nous avons présenté les princi- cléaire à eau lourde et une centrale à eau légère .
pales technologies utilisées actuellement, soit : les grou-
pes électrogènes entraînés par des moteurs à piston, Niveau intermédiaire
les petites turbines à gaz, les microturbines et les éo-
45-11 En se référant à la Fig . 45-3, calculer l'énergie
liennes . Lorsque cela est possible, les technologies de
annuelle en TWh consommée par le réseau .
production utilisant un combustible fossile sont asso-
ciées à une unité de cogénération . La chaleur ainsi ré- 45-12 Pendant combien de temps un alternateur de
cupérée dans les gaz de combustion permet d'augmen- 1500 MW doit-il fonctionner pour débiter une quantité
ter le rendement global à des valeurs aussi élevées que d'énergie équivalente à celle d'une bombe atomique
de 20 kilotonnes? (Voir tableau A-1 en appendice .)
80% .

PRODUCTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1025

45-13 L'appel de puissance d'une municipalité varie 45-21 Quelle est la quantité d'énergie thermique (en
entre 60 MW et 110 MW au cours d'une journée . La mégajoules) que l'on peut extraire de l'élément com-
puissance moyenne journalière est de 80 MW . Pour bustible illustré à la Fig . 45-32? Quelle est la masse de
produire cette énergie, on envisage deux possibilités : charbon requise pour libérer la même quantité d'éner-
gie? (Utiliser 30 MJ/kg comme valeur calorifique du
a) installer une centrale de base et une centrale de charbon proposé .)
pointe à réserve pompée, ou
Niveau avancé
b) installer une centrale de base et une centrale à mo-
teur diesel 45-22 On brûle 5 kg de carbone . Déterminer :
Donner les capacités des centrales de base et de pointe a) la masse d'air requise
requises dans chaque cas . b) la chaleur libérée
45-14 Quel est le débit d'eau requis pour alimenter 45-23 Un échantillon de charbon est composé des
les alternateurs de la centrale de Pragnères (Fig . 45- substances suivantes :
8)? carbone : 70 % soufre : 2 %
45-15 Expliquer le principe des tours de refroidisse- hydrogène : 3 % autres : 25 %
ment. Calculer :
45-16 Une centrale thermique fonctionnant au char- a) la quantité de chaleur libérée lorsqu'on brûle une
bon débite une puissance électrique de 720 MW . Cal- tonne de ce charbon, en supposant une combustion
culer à l'aide de la figure 45-26 : complète
a) la masse de charbon requise, en tonnes par jour b) la masse d'air minimale requise
b) la masse des gaz s'échappant des cheminées, en ton- c) la quantité approximative d'énergie électrique que
nes par jour l'on peut produire par tonne
c) la quantité d'eau de refroidissement requise, en 45-24 En se référant à la Fig . 45-30, on observe que
m3/s, si l'on permet un échauffement de 10 °C l'eau lourde subit une diminution de température de
294 °C à 249 °C lors de son passage dans les douze
45-17 Dans le problème 45-16, si l'on opte pour une échangeurs de chaleur. Sachant que les pompes font
tour de refroidissement, quelle est la quantité d'eau circuler 7,7 t/s d'eau lourde provenant de chaque réac-
requise, en m3/s? Cette eau est-elle récupérable? teur, calculer la puissance fournie aux échangeurs .
45-18 Expliquer la signification des mots suivants : (Chaleur spécifique de l'eau lourde = 4560 J/kg .)
modérateur, neutron, fission, fusion, CANDU, 45-25 Un alternateur/pompe de 400 MVA est amené
caloporteur. à sa vitesse synchrone de 200 r/min à l'aide d'un mo-
45-19 Nommer les quatre principaux types de réac- teur à rotor bobiné ayant une puissance nominale de
teurs nucléaires utilisés dans la production de l'électri- 10 MW, 212 r/min . Pendant la période d'accélération,
cité . le moteur développe son couple nominal .
45-20 Quelles sont les valeurs approximatives de la a) Calculer le couple nominal du moteur à rotor bo-
température et de la pression de la vapeur alimentant biné .
les turbines des centrales thermiques? Sachant que le b) Sachant que le moment d'inertie total de l'alterna-
rendement d'une centrale augmente avec la tempéra- teur et de la turbine est de 6000 t •m z, calculer
ture, pourquoi n'utilise-t-on pas des températures en- le temps requis pour accélérer l'ensemble de 0 à
core plus élevées? 200 r/min .
46
Transport de l'énergie
électrique

Habituellement, le transport de l'énergie électrique ne 3 . Fournir une fréquence stable dont les variations n'ex-
suscite pas le même intérêt que sa production et son cèdent pas ± 0,1 Hz .
utilisation, de sorte qu'on a souvent tendance à négli- 4 . Fournir l'énergie à un prix acceptable .
ger l'étude de ce sujet important . Pourtant, les inves-
5 . Maintenir des normes de sécurité rigoureuses .
tissements humains et matériels affectés au transport
6 . Veiller à la protection de l'environnement .
dépassent largement les investissements consacrés au
secteur de la production . Nous avons tracé à la Fig . 46-1, le schéma élémentaire
On sait que le transport de l'énergie électrique se fait d'un réseau électrique servant à transporter l'énergie .
sur des conducteurs tels que les lignes aériennes, les Il est composé de deux centrales de production G1 et
câbles souterrains ou le simple fil de raccordement G2, de quelques postes de transformation, d'un poste
sortant d'un téléviseur . Malgré leur simplicité appa- d'interconnexion et, enfin, de charges commerciales,
rente, ces conducteurs cachent des propriétés impor- résidentielles et industrielles . L'énergie est transportée
tantes qui influent grandement sur le transport de l'éner- sur des lignes à très haute tension (THT), à haute ten-
gie électrique . Dans ce chapitre, nous étudierons ces sion (HT), à moyenne tension (MT) et à basse tension
divers facteurs pour tous les types de lignes : haute ten- (BT) selon une échelle de tensions recommandées par
sion, basse tension, grande puissance, faible puissance, divers organismes de normalisation et dont les valeurs
aériennes et souterraines . sont données dans le tableau 46-1 .

46 .1 Organisation d'un réseau de transport Les compagnies d'électricité divisent leur réseaux en
d'énergie trois grandes catégories : 1) le réseau de transport ; 2)
le réseau de répartition ; et 3) le réseau de distribution .
Pour que l'énergie électrique soit utilisable, le réseau
de transport et de distribution doit satisfaire les exi- Le réseau de transport (115 kV à 765 kV) comprend
gences suivantes : les centrales, ainsi que les lignes et les postes de trans-
formation issus de celles-ci .
1 . Assurer au client la puissance dont il a besoin .
2 . Fournir une tension stable dont les variations n'ex- Le réseau de répartition (115 kV à 315 kV) comprend
cèdent pas ± 10 % de la tension nominale . les lignes de transport et les postes de transformation
1026



TRANSPORT DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1027

PRODUCTION
1< Y[< TRANSPORT c DISTRIBUTION ri
moyenne
I I très haute tension haute tension moyenne tension basse tension I
tension
I I

1
I
l' ~I
I I I I I
5 kV IM

0
monophase
a à
345 kV 230 kV 69 kV
600 V C
R1r1

centrales postes de postes postes de postes de résidences


transformation d'interconnexion transformation transformation commerces
petite industrie

Figure 46-1
Organisation d'un réseau électrique .

intermédiaires entre le réseau de transport et le réseau haute tension (HT) ; 4) lignes de transport à très haute
de distribution . tension (THT) .
Le réseau de distribution comprend les lignes et les 1 . Lignes de distribution BT : ce sont les lignes et la
postes de transformation servant à alimenter les clients . filerie installées à l'intérieur des édifices, usines et
Ce réseau est composé de deux parties : le réseau de maisons pour alimenter les moteurs, cuisinières, lam-
distribution à moyenne tension (2,4 kV à 69 kV) et le pes, etc . Le tableau électrique d'entrée constitue la
réseau de distribution à basse tension (120 V à 600 V) . source, et les lignes sont habituellement des câbles ou
des barres omnibus fonctionnant à des tensions infé-
Les postes de transformation servent à augmenter ou à
rieures à 600 V.
abaisser la tension et à régulariser celle-ci au moyen
de compensateurs statiques, de réactances capacitives Dans certaines régions métropolitaines, on utilise un
ou inductives et de transformateurs à prises variables . réseau maillé comprenant une grille de câbles souter-
Ils contiennent aussi les disjoncteurs, fusibles et para- rains fonctionnant à 600 V ou moins . Ce réseau maillé
foudres destinés à protéger les appareils et le réseau . assure un service impeccable, car le bris d'un ou même
de plusieurs câbles n'interrompt pas la distribution de
Les postes d'interconnexion servent à relier le réseau
courant aux clients . Cependant, aujourd'hui, on pré-
avec d'autres réseaux afin d'augmenter la stabilité de
fère employer un réseau de distribution radial à
l'ensemble et de permettre des échanges d'énergie .
moyenne tension dans les grandes villes .
46 .2 Types de lignes 2 . Lignes de distribution MT : ce sont des lignes qui
Le genre de ligne utilisée est imposé par les facteurs relient les clients aux postes de transformation princi-
suivants : paux de la compagnie d'électricité . Leur tension est
comprise entre 2,4 kV et 69 kV.
1. puissance active à transporter
3 . Lignes de transport HT : ce sont les lignes reliant
2. distance de transport
les postes de transformation principaux aux centrales
3. coût
de génération . Elles sont constituées de fils aériens ou
4. esthétique, encombrement et facilité d'installation de câbles souterrains fonctionnant à des tensions gé-
Nous distinguons quatre types de lignes : 1) lignes de néralement inférieures à 230 kV Dans cette catégorie,
distribution à basse tension (BT) ; 2) lignes de distribu- on trouve aussi les lignes servant à échanger de l'éner-
tion à moyenne tension (MT) ; 3) lignes de transport à gie entre deux grands réseaux et à augmenter la stabi-
lité de l'ensemble .

1028 ÉLECTROTECHNIQUE

4. Lignes de transport THT : ce sont les lignes qui re-


lient les centrales hydrauliques éloignées aux centres
d'utilisation . On les place dans une catégorie distincte
à cause de leurs propriétés spéciales . Ces lignes peu-
vent atteindre des longueurs de 1000 km et elles fonc-
tionnent à des tensions allant jusqu'à 765 kV. Les li-
gnes à courant continu à haute tension sont également
incluses dans ce groupe. On donnera dans le chapitre
49 un aperçu du transport à courant continu .

46 .3 Tensions normalisées (c)


Afin de réduire le coût de l'appareillage de distribu-
tion et pour faciliter sa protection, on a établi certaines o)

normes concernant les tensions des lignes de transport .


Ces normes, données dans le tableau 46-1, reflètent la Figure 46-2
a . Grandeur nature d'un conducteur aluminium-acier (ACSR)
variété des tensions présentement en vigueur en Amé-
de calibre 1033,5 kcmil, composé d'un noyau de 7 brins
rique du Nord . Les tensions identifiées par des chiffres d'acier ayant un diamètre de 2,21 mm . La partie en aluminium
gras sont celles utilisées de préférence . Sauf indica- est composée de 42 brins de 3,99 mm répartis sur 3 couches
tion contraire, toutes les tensions sont triphasées . pour donner un conducteur dont le diamètre hors-tout est de
30,56 mm .
b . Lors de la fabrication, le conducteur est enroulé sur un
RÉALISATION PRATIQUE D'UNE LIGNE AÉRIENNE tambour ayant un diamètre extérieur de 1730 mm, une largeur
de 1130 mm, et un diamètre intérieur de 710 mm . Le tout
46 .4 Composants d'une ligne loge une longueur de câble de 1,86 km, pesant 3,1 tonnes .
c . Le manchon compressible en aluminium servant à relier
Une ligne de transport se compose de conducteurs, deux conducteurs ACSR de 1033,5 kcmil a une longueur de
d'isolateurs et de supports . 760 mm, un diamètre extérieur de 54 mm et pèse 3,2 kg .

1 . Conducteurs . Les conducteurs des lignes aérien-


nes à haute tension sont toujours nus . On emploie pres-
que exclusivement des câbles en cuivre et des câbles
en aluminium avec âme en acier (ACSR «Aluminum 2 . Isolateurs. Les isolateurs servent à supporter et à
cable steel reinforced») ; ces derniers sont généralement amarrer les conducteurs et à les isoler entre eux et de
les plus économiques (Fig . 46-2) . la terre . Ils sont presque toujours en porcelaine .
Les joints entre conducteurs doivent posséder une ré- Au point de vue électrique, les isolateurs doivent offrir
sistance faible . Ces joints sont ordinairement faits par une grande résistance d'isolement afin qu'ils ne soient
compression d'un manchon de jonction . ni contournés en surface, ni perforés à travers leur masse
par les tensions élevées qu'ils ont à supporter norma-
Tout comme les plaques d'un condensateur, les con-
lement . Afin d'augmenter leur distance de
ducteurs d'une ligne de transport restent chargés après
contournement, on leur donne une forme de jupe . Au
avoir été mis sous tension . C'est pourquoi, après avoir
point de vue mécanique, ils doivent être assez résis-
isolé du réseau une ligne à haute tension, on doit tou-
tants pour supporter les forces énormes dues au poids
jours prendre soin de relier solidement chacun de ses
et à la tension mécanique des conducteurs .
conducteurs à la terre afin de les décharger. Sinon, la
charge qui reste prisonnière sur les conducteurs main- Les isolateurs sont de deux types principaux : rigides
tient des tensions dangereuses pour le personnel d'en- et à chaîne (Fig . 46-3a et 46-3b) . La partie supérieure
tretien . des isolateurs rigides sur laquelle est fixé le conduc-
teur est constituée d'une ou de plusieurs jupes en por-
Une autre raison de cette mise à la terre est de court-
celaine . Une tige vissée à l'intérieur des isolateurs per-
circuiter les tensions qui peuvent être induites dans une
met de les fixer à un support .
ligne en réparation lorsqu'elle longe une autre ligne
qui, elle, est alimentée . Le couplage inductif et capacitif Pour des tensions supérieures à 70 kV, on emploie tou-
entre les deux lignes peut induire une tension très éle- jours des chaînes d'isolateurs constituées d'un certain
vée dans la ligne ouverte . nombre d'éléments en porcelaine réunis par des piè-

TRANSPORT DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1029

(a)

(b)

Figure 46-3a,b
a . Vue en coupe d'un isolateur rigide à 69 kV . Tension de Figure 46-3c
tenue aux ondes de choc: 270 kV; tension de rupture à 60 Hz Monteur de ligne travaillant sur une ligne vivante à 735 kV . Il
par temps humide : 125 kV (gracieuseté de Canadian Ohio porte une tenue conductrice spéciale afin que son corps ne
Brass Company Ltd) . soit pas soumis à des différences de potentiel trop
b . Vue en coupe d'un élément d'isolateur à chaîne . Diamètre : importantes . Dans cette position, son potentiel par rapport à
254 mm ; tension de tenue aux ondes de choc : 125 kV ; tension la terre est de l'ordre de 200 kV (gracieuseté d'Hydro-
de rupture à 60 Hz par temps humide : 50 kV. Québec) .

ces métalliques . Le nombre d'éléments varie avec la créosote ou de certains sels métalliques pour le préser-
tension : pour une tension de 110 kV, on en admet de ver contre la pourriture . Pour les lignes à très haute
4 à 7, pour une tension de 230 kV, de 13 à 16 . La Fig . tension, on emploie toujours des pylônes métalliques .
46-3c montre les isolateurs composés de quatre chaî- Ils sont constitués de fers cornière boulonnés (Fig .
nes de 35 éléments, utilisés sur une ligne à 735 kV . 46-6) .
3 . Supports . Les supports maintiennent les conduc- La distance entre les fils conducteurs doit être suffi-
teurs à une hauteur convenable au-dessus du sol par sante pour empêcher leur contact, même sous l'action
l'intermédiaire de traverses ou bras . d'un vent violent . L'écartement entre les fils doit être
Pour les lignes de moins de 70 kV, on peut employer d'autant plus grand que la distance entre les pylônes
comme supports de simples poteaux en bois ; pour des est plus grande et que la tension de la ligne est plus
tensions supérieures, le bois n'est utilisé que sous forme élevée . Par exemple, l'écartement entre les phases est
de portiques (Fig . 46-4) . Le bois est souvent injecté de habituellement de 12 m sur les lignes à 735 kV


1030 ÉLECTROTECHNIQUE

TABLEAU 46-1 TENSIONS NORMALISÉES DES RÉSEAUX


(valeurs en gras préférées)

classe tension nominale du réseau

3 fils 4 fils

basse tension 120/240


(monophasé)
120/208
B .T . 480 277/480
600 347/600

moyenne tension 2400


4160
4800
M .T . 6900
13 800 7200/12470
23 000 7620/ 13 200
34 500 7970/13 800
46 000 14 400/24 940
69 000 19 920/34 500

haute tension 115 000


138 000
H .T . 161 000
230 000

très haute tension 345 000


Figure 46-4
500 000
Support en portique de deux lignes triphasées de 138 kV . Le
T .H .T . 735 000 poteau de gauche supporte en plus une ligne à moyenne
765 000 tension .

Approuvé le 4 septembre 1975 par le Conseil des normes du


IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) . Voir
aussi ANSI C84-1 a-1973 et C92 .2-1974

portée
-- flèche

Figure 46-6
Pendant l'hiver, les pylônes doivent supporter le poids des
Figure 46-5 conducteurs et la glace qui s'y accumule (gracieuseté
Flèche et portée d'une ligne . d'Hydro-Québec) .

TRANSPORT DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1031

46 .5 Construction d'une ligne du même coup la puissance qu'elle peut transporter .


Une fois que la section des conducteurs, la hauteur des Nous en discuterons plus loin à la section 46 .21 .
poteaux et la distance entre les poteaux (portée) ont 46 .8 Pollution
été déterminées, on peut procéder à la pose des con-
La poussière, les acides, le sel et les autres polluants
ducteurs . Un fil supporté et tendu entre deux poteaux
qu'on retrouve dans l'atmosphère se déposent sur les
(Fig. 46-5) n'est pas horizontal ; il prend plutôt une
isolateurs et diminuent leurs propriétés isolantes . Cette
forme courbée . La distance verticale entre la droite qui
pollution des isolateurs risque de produire des courts-
joint les deux points de support et le point le plus bas
circuits pendant les orages ou lors de surtensions mo-
d'un fil porte le nom de flèche . Plus le fil est tendu,
mentanées . L'interruption du service et la nécessité de
plus la flèche est courte .
nettoyer ou de remplacer les isolateurs sont donc un
Avant d'entreprendre la construction d'une ligne, il souci constant créé par la pollution .
importe d'en faire le calcul mécanique pour détermi-
ner la flèche et la tension mécanique admissibles . En- 46 .9 Fils de garde
tre autres choses, on doit tenir compte de la tempéra- On remarquera, sur la Fig . 46-6, que deux conducteurs
ture régnant au moment de la pose . D'une part, la flè- non isolés sont disposés au sommet des pylônes de la
che ne doit pas être trop longue à ce moment, car autre- ligne. Ces conducteurs, appelés fils de garde, servent à
ment, le fil s'allongera durant les chaleurs d'été et la intercepter la foudre avant que la décharge n'atteigne
distance entre son point le plus bas et le sol ne sera les conducteurs sous tension de la ligne . Ils ne portent
plus suffisante au point de vue sécuritaire . D'autre part, normalement aucun courant ; pour cette raison, ils sont
la tension mécanique ne doit pas être trop grande, car ordinairement en acier. On les relie solidement à la terre
autrement, le fil peut se contracter pendant les froids à chaque pylône .
d'hiver et devenir dangereusement tendu . De plus, le
L'effet de la foudre sur une ligne est expliqué au cha-
vent et le verglas (Fig . 46-6) peuvent créer des efforts
pitre 20, section 20 .16 .
supplémentaires qui risquent d'entraîner sa rupture .
46 .10 Mise à la terre des pylônes
46 .6 Lignes galopantes
On relie les pylônes des lignes de transport à des pri-
Lorsqu'une couche de verglas se dépose sur une ligne
ses de terre exécutées avec grande précaution afin de
en présence de vent, la ligne se met à osciller . Si les
leur assurer une faible résistance . En effet, si la foudre
conditions sont favorables, ces oscillations peuvent
frappe un pylône, il ne faut pas que la chute de tension
devenir très grandes ; on dit alors que la ligne se met à
provoquée par le courant dans la prise de terre dépasse
«galoper» . Ce phénomène peut produire des courts-
la tension de contournement des isolateurs .
circuits entre les phases ou la rupture des conducteurs .
Pour éviter ces problèmes, on pose parfois sur les con- Considérons une ligne triphasée à 69 kV dont les iso-
ducteurs des amortisseurs qui empêchent les oscilla- lateurs ont une tension de tenue à l'onde de choc (BIL)
tions de se développer . de 350 kV. Elle est représentée schématiquement avec
son disjoncteur à la Fig . 46-7 . Imaginons que la résis-
46 .7 Effet couronne - interférences tance de chacune des prises de terre des pylônes soit
radiophoniques de 20 £2 . En régime normal, la tension entre les con-
Les très hautes tensions électriques créent des déchar- ducteurs de la ligne et le sol est de 69 kV/ 3 = 40 kV
ges importantes autour des conducteurs (effet cou- et aucun courant ne circule dans les prises de terre . Si
ronne) . Ces décharges produisent des pertes le long de la foudre frappait l'un des pylônes, en libérant un cou-
la ligne et, de plus, elles possèdent un spectre de fré- rant soudain, disons, de 20 kA, la chute de tension dans
quences radiophoniques qui brouille la réception sur la prise de terre atteindrait :
les postes de radio et les téléviseurs situés dans le voi-
sinage de la ligne. Pour réduire l'effet couronne, on E = 20 000 A x 20 S2 = 400 000 V
diminue le champ électrique créé par les conducteurs La tension entre le pylône et le sol étant alors de 400 kV,
en grossissant leur diamètre ou en les arrangeant en la tension des conducteurs par rapport au sol attein-
faisceaux de deux, trois ou quatre conducteurs par phase drait momentanément
(voir Fig . 20-14, chapitre 20) . Comme cet arrangement
diminue aussi l'inductance de la ligne, on augmente 40 kV + 400 kV = 440 kV
1032 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 46-7
Surtension créée par un courant de foudre circulant dans la résistance de terre .

Comme cette tension est supérieure au BIL de 350 kV, de transport doit posséder les caractéristiques de base
elle provoquerait immédiatement un arc de suivantes :
contournement aux bornes des isolateurs . Cela met- a) la tension doit demeurer assez constante sur toute la
trait les trois lignes en court-circuit entre elles et à la longueur de la ligne et pour toutes les charges com-
terre . Le courant de court-circuit résultant entraînerait prises entre zéro et la charge nominale
l'ouverture du disjoncteur de protection et la mise hors
b) les pertes doivent être faibles afin que la ligne pos-
service de la ligne . Vu le grand nombre d'abonnés af-
sède un bon rendement
fectés par les interruptions sur une ligne de transport,
c) les pertes Joule ne doivent pas faire surchauffer les
on assure une meilleure continuité de service en dimi-
conducteurs
nuant la résistance de la prise de terre . Dans l'exemple
précédent, si la résistance de la prise de terre des pylô- Si la ligne ne peut d'elle-même répondre à ces exigen-
nes avait été limitée à 3 S2 seulement, l'augmentation ces, on doit alors ajouter de l'équipement supplémen-
de tension aux bornes de l'isolateur n'aurait pas dé- taire afin de réaliser toutes ces conditions .
passé :
46 .11 Circuit équivalent d'une ligne
E=20000Ax3S2=60000V Malgré leur grande diversité, les lignes possèdent des
et elle n'aurait pas provoqué d'arc à travers les isola- propriétés électriques communes . En effet, toute ligne
teurs . possède une résistance, une réactance inductive et une
réactance capacitive. Ces impédances sont réparties
Remarquer que des courants de foudre d'une intensité uniformément sur toute la longueur de la ligne si bien
de 20 kA sont relativement fréquents, même s'ils ne qu'on peut représenter la ligne par une série de sec-
durent que quelques microsecondes . tions R, L, C identiques (Fig . 46-8) . Chaque section
représente un tronçon de ligne d'une longueur donnée
PROPRIÉTÉS ÉLECTRIQUES (1 km, par exemple) et les éléments r, xL , x c représen-
DES LIGNES DE TRANSPORT tent les impédances correspondantes pour cette lon-
Le rôlefondamental d'une ligne est de transporter une gueur.
puissance active . Si elle doit également transporter une On peut simplifier le circuit de la Fig . 46-8 en addi-
puissance réactive, celle-ci doit être faible par rapport tionnant les résistances individuelles pour former une
à la puissance active, à moins que la distance de trans- résistance totale R . De la même façon, on obtient une
port ne soit courte . En plus de ces exigences, une ligne réactance inductive totale XL et une réactance capacitive

TRANSPORT DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1033

4 5 7
c
o O
N N

Figure 46-8
Limpédance d'une ligne de transport est composée d'une série de sections identiques .

totale Xc (en dérivation) . On partage Xc en deux élé- Si l'une de ces puissances est négligeable par rapport à
ments de valeurs 2 Xc localisés aux deux extrémités de la puissance active P transportée, on peut négliger l'élé-
la ligne . Le circuit équivalent de la Fig . 46-9 donne ment de circuit correspondant . Par exemple, les lignes
une bonne représentation d'une ligne à 60 Hz lorsque à 600 V sont toujours courtes de sorte que X c est très
la longueur est inférieure à 250 km . Noter que R et XL élevée . Par conséquent, E 21Xc devient négligeable, ce
augmentent avec la longueur de la ligne, tandis que X c qui permet de représenter ces lignes par le circuit de la
diminue avec celle-ci . Fig . 46-11 .
Dans le cas des lignes triphasées, le circuit équivalent Par contre, une ligne à 735 kV, comme celle qui relie
ne représente qu'une seule phase . Le courant I est ce- Churchill Falls à Sept-Îles, peut être représentée par le
lui circulant dans un fil de ligne et la tension E est celle circuit de la Fig . 46-12, car les pertes par effet Joule
existant entre une ligne et le neutre (terre) . sont relativement faibles alors que les puissances Q L
et Qc ne le sont pas .

Figure 46-9
Circuit équivalent d'une ligne à 60 Hz dont la longueur ne
dépasse pas 250 km .

46 .12 Simplification du circuit équivalent Figure 46-10


Puissances associées à une ligne de transport et sa charge .
Parfois, on peut simplifier le circuit davantage en éli-
minant un, deux ou tous les éléments de la Fig . 46-9 .
La validité de cette simplification dépend de l'impor-
tance relative des puissances P J, QL, Qc associées à
chacun des éléments par rapport à la puissance active
P fournie à la charge .
En se référant à la Fig . 46-10, ces puissances sont :
P = puissance active absorbée par la charge
PJ = Riz, puissance active dissipée dans la ligne
par effet Joule
QL = XLiz, puissance réactive absorbée par la
ligne
Figure 46-11
Qc = E21XX , puissance réactive générée par la La puissance réactive capacitive d'une ligne à 600 V est
ligne négligeable par rapport aux autres puissances .

1034 ÉLECTROTECHNIQUE

grosseur du conducteur ; c'est pourquoi on ne peut pas


en fournir une valeur moyenne . Le tableau 46-3 donne
la résistance par kilomètre et la capacité en ampères de
X X quelques conducteurs aériens en cuivre et en alumi-
nium-acier (ACSR), d'après les spécifications du fa-
bricant.

Figure 46-12 Exemple 46-1


Les pertes Joule dans une ligne à 735 kV sont négligeables
Une ligne triphasée à 230 kV avant une longueur de
par rapport aux autres puissances .
50 km est composée de trois conducteurs nus en alu-
minium-acier avant une section de 1000 kcmil . La
46.13 Valeurs des impédances de ligne ligne transporte une puissance de 300 MW (Fig . 46-
Afin de donner l'ordre de grandeur des réactances in- 13) . Déternminer :
ductives et capacitives, on présente au tableau 46-2 les
a) le circuit équivalent «exact» de la ligne
valeurs approximatives de XL et xc pour les lignes pra-
h) la valeur des puissances active et réactive
tiques fonctionnant à 60 Hz . Noter que la réactance
capacitive des câbles souterrains est plusieurs fois plus c) le circuit équivalent approximatif
petite que celle des lignes aériennes, et que leur réac-
tance inductive est aussi plus petite .
50 km
Chose surprenante, les valeurs x L et xc par kilomètre 300
sont à peu près constantes pour toutes les lignes aé- MW
riennes, indépendamment de leur tension ou de la puis- 1000 kcmil
sance qu'elles transportent.
Figure 46-13
Cependant, la résistance par kilomètre dépend de la Voir exemple 46-1 .

TABLEAU 46-2 RÉACTANCES DES LIGNES À MOYENNE TABLEAU 46-3 RÉSISTANCE ETAMPACITÉ DE QUELQUES
TENSION, 60 Hz (ordre de grandeur) CONDUCTEURS AÉRIEN NUS

réactance réactance grosseur du résistance courant


type de ligne inductive capacitive conducteur par conducteur admissible
4/km (x C) S2 . km à 75 °C à l'air libre*
(XL)
AWG section cuivre ACSR cuivre ACSR
ligne aérienne 0,5 300 000
ou kcmil mm 2 S2/km S2,/km A A
câble monoconducteur 0,06 8000 4 21,1 0 1 1,7 180 140
seul à gaine métallique à à
1 42,4 0,50 0,90 270 200
0,1 20 000
3/0 85 0 5 0,47 420 300
300 kcmil 152 0,14 0,22 600 500
600 kcmil 304 0,072 0,11 950 750
câble triphasé composé 0,1 8000 1000 kcmil 507 0,045 0,065 1300 1050
de 3 câbles monoconduc- à à
La colonne donnant le courant admissible à l'air libre
teurs à gaine métallique 0,35 20 000
représente des valeurs maximales que l'on peut utiliser
sans risquer d'affaiblir (par échauffement) la résistance
mécanique du conducteur . En pratique, et afin d'augmen-
ter le rendement, on utilise parfois des courants de l'ordre
de 25 % du courant admissible seulement .


TRANSPORT DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1035

Solution Puissance réactive générée par une phase de la ligne :


a) Tension de ligne = 230 kV
Tension de ligne à neutre E = 230/'13 = 133 kV E2 1330002
Qc =
Puissance active par phase P = 300/3 = 100 MW c =X 6000
Courant de ligne I = 100 MW/133 kV = 750 A = 3 Mvar (3 % de P)
D'après les tableaux 46-2 et 46-3, on trouve les impé-
dances approximatives suivantes : c) En tenant compte des valeurs relatives de ces puis-
sances, on peut négliger la résistance et la capacitance
r = 0,065 Q/km XL = 0,5 S2/km de la ligne . Le circuit équivalent approximatif est donc
Xc = 300 000 Q-km composé d'une simple réactance inductive de 25 S2 (Fig .
d'où on obtient les valeurs suivantes, par phase : 46-14b) .

Résistance de la ligne: 46.14 Variation de la tension et puissance


maximale transportable
R = 0,065 X 50 = 3,25 £2
La régulation de la tension et la puissance maximale
Réactance inductive de la ligne :
qu'une ligne peut transporter sont deux de ses plus
XL = 0,5 x 50 = 25 S2 importantes caractéristiques . En effet, la tension d'une
Réactance capacitive de la ligne : ligne doit demeurer assez constante à mesure que la
puissance active consommée par la charge varie . Ordi-
300 000 nairement, la variation de la tension de zéro à pleine
Xo = = 6000 S2
50 charge ne doit pas dépasser 5 % de la tension nomi-
nale, bien qu'on puisse tolérer parfois une régulation
La réactance capacitive à placer à chaque extrémité est
allant jusqu'à 10 % . On s'intéresse également à la puis-
donc :
sance maximale qu'une ligne peut transporter afin de
2Xc = 12 000 S2 connaître ses possibilités lors de surcharges temporai-
Le circuit équivalent «exact» est donné à la Fig . 46- res . Afin de connaître la variation de la tension et d'éta-
14a. blir la puissance maximale transportable par une ligne,
nous étudierons successivement le comportement de
25 t2 3,25 S2 25 S2
quatre types de lignes :
750 A
1 . ligne résistive
12 kn 12 k&t
2 . ligne inductive
3 . ligne inductive avec compensation
4 . ligne inductive reliant deux grands réseaux
(a) (b)
Dans cette analyse nous considérons que la ligne tri-
Figure 46-14
a. Circuit équivalent d'une phase de la ligne . phasée est équilibrée . Par conséquent, nous ne traitons
b. Circuit équivalent approximatif. qu'une seule phase .

46 .15 Ligne résistive


b) Puissance active transportée par phase :
Une ligne possédant une résistance R, par phase, ali-
P=100MW
mente une charge résistive consommant une puissance
Pertes par effet Joule : variable Pc (Fig . 46-15a) . La tension Es de la source
est constante . On suppose une charge résistive, car on
PJ = RI Z = 3,25 x 750 2
s'intéresse seulement à la puissance active transportée
= 1,83 MW (1,83 % de P) par la ligne . À mesure que la charge augmente, la ten-
Puissance réactive absorbée par la ligne : sion ER à ses bornes diminue progressivement ; des
calculs très simples permettent d'obtenir la courbe ER
QL = XLI 2 = 25 x 750 2 en fonction de PC (Fig . 46-15b) . Cette courbe révèle
= 14,1 Mvar (14,1 % de P) l'information suivante :


1036 ÉLECTROTECHNIQUE

Solution
a) La puissance maximale transportable à la charge est :
(a)
P = Es - 10000 2 = 2,5 MW
4R 4x10
k ligne 'd
b) lorsque ER = 9,5 kV, la chute dans la ligne est :

Es - ER = 10 kV - 9,5 kV
= 0,5 kV = 500 V
Le courant dans la ligne est donc :

(b) I = Es - ER = 500 V
= 50A
R 10 £2
La puissance fournie à la charge est alors :

P = ER I = 9,5 kV x 50 A
= 475 kW = 0,475 MW
Figure 46-15 Remarquer que cette puissance représente bien 19 %
a . Charge résistive alimentée par une ligne résistive .
b . Courbe caractéristique d'une ligne résistive . de la puissance maximale prédite par la courbe .

46.16 Ligne inductive


a) Il existe une limite supérieure Pmax à la puissance Considérons maintenant une ligne dont la résistance
active que la ligne peut transporter. On atteint ce est négligeable, mais qui possède une réactance induc-
maximum lorsque la résistance de la charge est égale tive XL (Fig . 46-16a) . Comme dans le cas d'une ligne
à celle de la ligne . Il s'ensuit que E R = 0,5 E s . On résistive, la tension ER diminue à mesure que la charge
peut prouver que: augmente, mais la courbe de régulation a une allure
différente . Si l'on fait varier la charge résistive, on ob-
Es
2
tient la courbe ER en fonction de PC de la Fig . 46-16b .
Patax _ (46-1) On remarque les points suivants :
4 R
a) Il existe encore une limite supérieure à la puissance
b) Si l'on permet une régulation maximale de 5 % que la ligne peut transmettre à la charge . On atteint ce
(ER = 0,95 E s), la ligne peut transporter une puis- maximum lorsque la résistance de la charge est égale à
sance P C qui représente seulement 19 % de la puis- la réactance de la ligne . Dans ces circonstances, on a :
sance maximale . La ligne pourrait transporter une
puissance plus grande que PC , mais la tension cor- ER = 0,707 Es
respondante serait alors trop basse (Fig . 46-15) . On peut prouver que :
c) La source doit fournir la puissance P C absorbée par
la charge plus les pertes Ris dans la ligne . Es
P. = (46-2)
2 XL
Exemple 46-2
Une ligne monophasée ayant une résistance de 10 S2 Pour une même impédance, une ligne réactive peut
transmet la puissance d'une source dont la tension donc transporter deux fois plus de puissance active
est de 10 kV. Calculer : qu'une ligne résistive (comparer Pmax = Es 2l2XL et
a) la puissance maximale que la ligne peut trans- Pmax = E st/4 R) .
porter à la charge b) Si l'on permet une régulation de 5 %, la ligne peut
b) la puissance transmise à la charge lorsque la ten- transporter une puissance P C valant 60 % de la puis-
sion à ses bornes est de 9 .5 kV sance maximale Pmax . Pour une même charge, une li-



TRANSPORT DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1037

(a) (a)

1 •E ligne -'i
Es
1
Note : pour chaque
valeur de PC on doit
ER
ajuster XC
en conséquence

(b) (b)
T
Pmax = ES 2 / X L

60 100 50 100%
PC PC

Figure 46-16 Figure 46-17


a . Charge résistive alimentée par une ligne inductive . a . Charge résistive alimentée par une ligne inductive
b . Courbe caractéristique d'une ligne inductive . compensée .
b . Courbe caractéristique d'une ligne inductive compensée .

gne inductive donne donc une meilleure régulation donc I = 312 A


qu'une ligne résistive .
La puissance à la charge est :
c) La source Es doit fournir non seulement la puis-
sance active P C consommée par la charge, mais aussi Pc = ER I = 9,5 kV x 312 A
la puissance réactive XL 12 absorbée par la ligne .
= 2964 kW = 3 MW
Exemple 46-3 Elle représente bien 60 % de la puissance maximale
Une ligne monophasée ayant une réactance induc- prédite par la courbe .
tive de 10 £2 relie une charge résistive à une source
de 10 kV Calculer :
46 .17 Ligne inductive avec compensation
Lorsqu'une ligne est inductive, on peut à la fois amé-
a) la puissance maximale que l'on peut fournir à la liorer la régulation et augmenter la puissance
charge transportable en ajoutant une capacitance X c appro-
h) la puissance à la charge lorsque la tension à ses priée aux bornes de la charge (Fig . 46-17a) . Si l'on fait
bornes est de 9,5 kV varierXc à mesure que la puissance active PC augmente,
on peut maintenir une tension ER constante (et égale à
Solution Es ) aux bornes de la charge . Il suffit d'ajuster la valeur
a) La puissance maximale à la charge est : de X5 afin que la puissance réactive Est/Xc fournie par
les condensateurs soit égale à la moitié de la puissance
P = Es = 10000 2 réactive XL I2 absorbée par la ligne .
= 5 MW
2 XL 2 x 10 Cependant, on constate qu'il y a encore une limite à la
b) En se référant à la Fig . 46-16a, on peut écrire : puissance active que la ligne peut transporter à la
charge . Une analyse détaillée montre (Fig . 46-17b) que
ES = (I XL) 2 + ER
l'on peut garder une tension constante (trait horizontal
100002 = ( I x 10) 2 + 9500 2 1-2) jusqu'à une limite où P = E s t/XL , après quoi, la


1038 ÉLECTROTECHNIQUE

tension décroît en suivant le trait incliné 2-0* . On re-


marque les points suivants :
a) La régulation est parfaite (ER = ES) et la tension de-
meure constante jusqu'à la limite où

EzS RÉGION S RÉGION R


Pmax = (46-3)
XL (a)

On peut donc transporter à la charge une puissance P C


qui est égale à la capacité maximale Pmax de la ligne .
b) En comparant cette courbe avec celle de la ligne
inductive sans compensation, on constate que la ligne
compensée peut transporter le double de la puissance, Figure 46-18
tout en maintenant une tension constante . Les conden- Ligne inductive reliant deux grands réseaux .
a . ES en avance sur ER ;
sateurs sont donc très utiles sur une ligne inductive .
b . Es en retard sur E R,
c) La capacitance Xc fournit la moitié de la puissance
réactive absorbée par la ligne, l'autre moitié provenant
de la source ES . Au besoin, on peut ajouter une b) La tension E s est déphasée d'un angle 0 en avance
deuxième capacitance XX , de même valeur, au début sur ER (Fig . 46-18a) . La région S fournit alors de l'éner-
de la ligne (Fig . 46-17a) . Dans ces circonstances, la gie à la région R et on trouve, d'après les relations vec-
source débite seulement une puissance active P C ; la torielles, que la puissance active transportée est don-
puissance réactive absorbée par la ligne est fournie par née par l'équation (voir section 25 .11, chapitre 25) :
les condensateurs aux deux extrémités .
z
46.18 Ligne inductive reliant deux réseaux P = E sin 0 (4b-4)
XL
Les gros centres d'utilisation d'énergie électrique sont
toujours interconnectés par une ou plusieurs lignes de où
transport. Ces interconnexions améliorent la stabilité P = puissance active transportée par phase [W]
du réseau et lui permettent de mieux supporter les per- E = tension de ligne à neutre [V]
turbations causées par les courts-circuits et les autres XL = réactance inductive par phase [S2]
pannes. De plus, les interconnexions permettent des 0 = angle de déphasage entre les tensions entre
échanges de puissance entre les compagnies d'électri- les deux extrémités de la ligne [°]
cité d'un même pays ou de pays voisins .
De cette équation on déduit l'équation suivante qui est
Pour ces lignes, les tensions aux deux extrémités de- particulièrement utile lorsqu'on traite les grandes puis-
meurent constantes . Elles sont déterminées par les be- sances triphasées :
soins des deux régions desservies qui agissent chacune
comme des réseaux infinis indépendants . La Fig . 46-
EL
18 donne le circuit équivalent d'une ligne inductive PT = sin 6 (46-5)
reliant deux régions S et R dont les tensions Es et ER XL
aux deux extrémités sont constantes, et possèdent cha-

cune la même valeur E . En ce qui concerne l'échange
de puissance active, on peut distinguer trois possibili- P T = puissance active totale transportée par une
tés : ligne triphasée, en mégawatts [MW]
EL = tension ligne à ligne, en kilovolts [kV]
a) Les tensions E s et ER sont en phase . Dans ce cas, le
XL = réactance inductive par phase [S2]
courant dans la ligne est nul et aucune puissance n'est
0 = angle de déphasage entre les tensions entre
transportée .
les deux extrémités de la ligne [°]
" La valeur de Xc est constante et égale à XL dans la partie
inclinée de la courbe.

TRANSPORT DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1039

puissance augmente (6= 0 ° à 90°)


Es 1k
~
puissancediminue (0=90° à 180°) I
ER
I

T
I
Es = E R = E Pmax = E 2/XL

I
00 100%
_ P
Figure 46-19
Caractéristiques d'une ligne reliant deux grands réseaux .

La Fig . 46-19 montre la courbe de la puissance active pas des valeurs relatives des tension Es et ER (elles
en fonction de l'angle de déphasage. On constate que sont égales), mais seulement du déphasage entre
la puissance transportée augmente progressivement elles . On a déjà prévu ce phénomène à la section 25 .11,
pour atteindre une valeur maximale Ez/XL lorsque le chapitre 25 .
déphasage 0 entre les deux réseaux est de 90° .
46 .19 Récapitulation de la puissance
En effet, tout comme pour les autres lignes que nous transportée
venons d'étudier, une ligne reliant deux réseaux im-
En résumé, il existe toujours une limite à la puissance
pose aussi une limite à la puissance maximale que l'on
qu'une ligne peut transporter . Cette puissance maxi-
peut transporter. Cette limite est la même que celle
male est proportionnelle au carré de la tension et in-
d'une ligne inductive compensée . Bien que l'on puisse
versement proportionnelle à l'impédance de la ligne .
théoriquement transporter une puissance lorsque l'an-
gle 0 est supérieur à 90°, on évite cette condition, car
elle correspond à un point d'opération instable . Lors-
que l'angle 0 est voisin de 90° ou plus, les deux ré-
gions sont sur le point de décrocher et les disjoncteurs
de ligne s'apprêtent à ouvrir le circuit .
Remarquer que la chute de tension Ex dans la ligne
peut être considérable, même si les tensions Es et ER
aux deux extrémités sont égales . En se référant à la
Fig . 46-18a, il est évident que la chute de tension Ex
est d'autant plus grande que le déphasage entre Es et
ER est plus grand .

c) La tension Es est déphasée d'un angle 0 en arrière


de ER (Fig . 46-18b) . La puissance active est encore
donnée par l'équation 46-4, mais, cette fois, elle cir-
cule de la région R vers la région S . La courbe de la
puissance en fonction de l'angle de déphasage 0 est
Figure 46-20
identique à celle de la Fig . 46-19 et, en ce qui concerne Ces deux lignes triphasées à 735 kV en parallèle transportent
la stabilité, les mêmes remarques s'appliquent . chacune 2000 MW vers la région de Montréal . Chaque phase
Si l'on compare les Fig . 46-18a et 46-18b, on constate est composée de 4 conducteurs en faisceaux dont les
dimensions sont données à la Fig . 20-14 . La portée moyenne
que le sens de circulation de la puissance ne dépend des pylônes est de 480 m (gracieuseté d'Hydro-Québec .



1040 ÉLECTROTECHNIQUE

enk
qI, on
puissance transportable
kV
P- pour une régulation
10
10 S2 de 5

E 2,5 MW 0,475 MW
0 ,
10 kV
7,5

ER

5,0
1 P 10 MW 10 MW

2,5 10MW 10MW

0 P 8MW 8MW
0 2,5 5,0 7,5 10
_ P MW

Figure 46-21
Comparaison des courbes de régulation en fonction de la puissance active transportée à la charge .

La Fig . 46-21 permet de comparer les puissances et les ou

tensions pour les quatre types de lignes que l'on vient EL = tension de ligne à ligne [kV]
d'étudier. Chaque ligne possède une impédance de P = puissance à transporter sur les 3 phases [MW]
10 S2 et la source fournit une tension Es de 10 kV. Si l = distance de transport [km]
l'on tolère une régulation maximale de 5 %, les puis- k = facteur approximatif qui dépend de la régu-
sances que l'on peut transporter sont limitées aux va- lation permise et du type de ligne
leurs indiquées dans la figure . Pour une régulation de 5 %, on a
De plus, comme les lignes possèdent toujours une cer- k = 3 pour une ligne sans compensation
taine résistance, nous avons tracé, à titre d'intérêt, la k = 2 pour une ligne avec compensation
courbe correspondant à une ligne compensée ayant une
La formule 46-6 fournit seulement un ordre de gran-
réactance de 9,8 S2 et une résistance de 2 S2 . La courbe
deur de la tension E L , car la valeur finalement choisie
(5), tracée en pointillé, indique alors que la puissance
dépend de facteurs économiques et d'autres considé-
maximale tombe à 8 MW, comparativement à 10 MW
rations . En général, la tension adoptée est comprise
pour une ligne ne possédant aucune résistance .
entre 0,5 EL et 1,5 EL .
46 .20 Choix de la tension de ligne
Exemple 46-4
On a vu que la puissance P qu'une ligne peut transpor-
On doit transporter une puissance de 10 MW sur
ter pour une régulation donnée est proportionnelle au
une distance de 20 km . La ligne n'étant pas com-
rapport EL /Z où EL est la tension de ligne à ligne et Z, pensée, déterminer :
son impédance. Puisque cette impédance est propor-
a) la tension de la ligne et une grosseur de fil ap-
tionnelle à la distance à franchir, on en déduit que la
propriée, sachant que l'on permet une régulation
tension d'utilisation E est donnée par une expression
de 5 5%(
de la forme :
b) la régulation de la ligne lorsque le facteur de puis-
EL = k 1f Pl (46-6) sance de la charge est de 1,0
C) les pertes dans la ligne



TRANSPORT DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1041

Solution
a) D'après la formule (46-6) :

EL =3IPl

= 310x20
= 42,4 kV
Toute tension comprise entre :

0,5 x 42,4 kV (= 21 kV) et


1,5 x 42,4 kV (= 64 kV)
serait acceptable . Utilisons une tension normalisée de
Figure 46-22
34,5 kV ligne à ligne, soit 19,9 kV ligne à neutre . Voir exemple 46-5 .
Le courant dans la ligne est alors :

I _ P _ 10 x 106 c) Les pertes Joule dans la ligne triphasée sont :


= 167 A
1 EL ,2 2
1 x 34 500 PJ = 3p = 3 x 4,4 x 167 = 368 135 W

D'après le tableau 46-3, choisissons un conducteur = 368 kW


ACSR no 1 (ampacité 200 A, r = 0,9 Q/km) . Par rapport à la puissance active transportée, le pour-
Résistance de chaque ligne = 20 x 0,9 = 18 £2 centage des pertes Joule est :
Chute RI dans une ligne = 18 x 167 = 3006 V pertes Joule = 368 kW
% chute = 3006/19 900 = 0,15 = 15 % x 100 = 3,7 %
P 10 000 kW
Comme la chute résistive seule (sans tenir compte de
la chute réactive) est trois fois plus grande que celle 46 .21 Méthodes pour augmenter la
permise, on doit augmenter la grosseur du conducteur puissance transportable
d'au moins trois fois . On utilisera une grosseur de Les lignes à haute tension sont surtout inductives et
300 kcmil. Bien que du point de vue de l'échauffement elles possèdent une réactance d'environ 0,5 S2/km . Cela
ce conducteur soit plusieurs fois plus gros que néces- crée des problèmes quand on doit transporter des puis-
saire, il donne à la fois l'avantage d'une meilleure ré- sances importantes sur de longues distances .
gulation et d'un meilleur rendement . Supposons, par exemple, que l'on doive transporter
b) Calculons maintenant la régulation pour une une puissance de 4000 MW sur une distance de
charge résistive en tenant compte de la résistance 300 km. La réactance de la ligne vaut
(0,22 Q/km) et de la réactance (0,5 £A m) de cette 300 km x 0,5 S2/km = 150 Q par phase
ligne :
Comme la plus haute tension pratique est de l'ordre
Tension aux bornes de la charge = 19 900 V de 750 kV, la ligne peut transporter une puissance maxi-
Résistance de chaque ligne = 20 x 0,22 = 4,4 S2 male de :
Chute RI dans une ligne = 4,4 x 167 = 735 V
Réactance de chaque ligne = 20 x 0,5 = 10 b2 EL = (750 kV) 2
Ps =
Chute XI dans une ligne = 10 x 167 = 1670 V XL 150
En traçant le diagramme vectoriel pour une phase (Fig . = 3750 MW
46-22), on trouve que la tension E s de la source est de Comme on doit conserver une marge de sécurité, la
20 700 V, d'où la régulation : puissance transportable est en réalité de l'ordre de
(20 700 - 19 900) _ 2000 MW. Puisque cette puissance est insuffisante, une
800
= 0,040 ou 4,0 % première solution est d'employer deux lignes en paral-
19 900 19 900 lèle, l'une à côté de l'autre . Noter qu'il est inutile de
On satisfait donc la régulation maximale de 5 % . doubler la grosseur des conducteurs, car c'est la réac-


1042 ÉLECTROTECHNIQUE

tance et non pas la résistance des fils qui détermine la


0,011852 76,852 3052 vers le
puissance maximale . Pour des puissances élevées, on
voit parfois trois et même quatre lignes triphasées qui I 1
poste Arnaud
suivent le même trajet à travers le paysage (Fig . 46- Churchill 230 km
poste
20) . En plus d'augmenter les coûts, cette méthode pose Montagnais
de graves problèmes d'expropriation de terrains . C'est 'nominal = 2300 A
pourquoi on a parfois recours à d'autres méthodes pour Enominal = 735 kV
augmenter la puissance maximale d'une ligne . En ef-
fet, lorsqu'on ne peut plus augmenter la tension de li- Figure 46-23
gne, on essaie de diminuer sa réactance XL . Schéma unifilaire d'une des trois lignes triphasées à 735 kV
entre les postes Churchill et Montagnais .
Conducteurs en faisceaux
Une première méthode consiste à utiliser des conduc-
teurs en faisceaux (Fig . 20-14), ce qui réduit la réac-
tance d'environ 40 %, soit de 0,5 S2 /km à 0,3 S2/km et 2300 A 88,4 p F
permet ainsi une augmentation de 67 % de la puissance
transportable .
Compensation série ZnO
Une deuxième méthode pour réduire la réactance con-
siste à brancher un condensateur X , en série avec cha-
250 kV
cune des trois phases . Avec cet arrangement, la réac-
tance effective de la ligne est égale à X L - X,s et la
puissance maximale transportable devient : D 1,7 mH

EL2 ZnO
Pmax - (46-7)
(XL - XCS )
éclateur 7,552 16,9 kV
La compensation série est aussi employée pour régu-
Figure 46-24
lariser la tension sur les lignes à moyenne tension lors-
Circuit simplifié de la compensation série installée au poste
que la charge subit des variations brusques . Montagnais . Le varistor à oxyde de zinc (ZnO) limite la tension
Lors d'un court-circuit sur la ligne, la tension aux bor- à 250 kV. Il est composé de 60 colonnes en parallèle .
nes du condensateur peut dépasser le seuil admissible .
Afin de limiter la surtension, on installe un varistor en
parallèle avec le condensateur . Par mesure de sécurité tué 230 km plus loin . La compensation série de cette
supplémentaire, on ajoute un éclateur en parallèle avec
ligne est installée au poste Montagnais . La Fig . 46-24
l'ensemble . Lorsque l'éclateur est amorçé, il court- montre que la compensation série est composée d'un
circuite le condensateur et le varistor . Ensuite, le cou-
banc de condensateurs de 88,4 µF (X, de 30 S2), d'un
rant important est détecté par les relais de protection
varistor ZnO à 250 kV, d'un éclateur et d'un disjonc-
qui font ouvrir les disjoncteurs à chaque extrémité de
teur de contournement D . Une inductance de 1,7 mH
la ligne .
limite le taux de croissance du courant provenant du
Sur le réseau d'Hydro-Québec la plupart des lignes à condensateur lorsque le disjoncteur se ferme . Le cou-
735 kV sont dotées d'une compensation série . L'impé- rant de décharge est amorti par une résistance de 7,5 S2
dance réduite de ces lignes augmente la stabilité du en série avec un varistor de 16,9 kV.
réseau . Le disjoncteur D permet de contourner le tout et de
Le schéma de la Fig . 46-23 montre le diagramme mettre la compensation hors service . L' ouverture de ce
unifilaire d'une des trois lignes triphasées à 735 kV disjoncteur permet aussi de remettre la compensation
reliant la centrale à Churchill au poste Montagnais si- en service lorsque la ligne est en charge.

TRANSPORT DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1043

L'impédance de la ligne Churchill-Montagnais est de rant trop élevé ou s'il absorbe trop d'énergie, il risque
76,8 £2, il en résulte que sa réactance effective est de d'être détruit . Pour cette raison on a recours à une
76,8 £2 - 30 £2 = 46,8 S2 . deuxième protection sous la forme de l'éclateur . Ce-
Le courant nominal par phase à pleine charge est de lui-ci est amorçé dès que le courant dans le varistor
2300 A ; par conséquent, la tension efficace aux bornes atteint 15 kA, ou lorsqu'il a absorbé une énergie de
du condensateur est de 2300 A x 30 L2 = 69 kV, soit 21 MJ . Parallèlement, au moment où on amorce
une valeur crête de 69 I2 = 98 kV. l'éclateur, on donne un ordre de fermeture au disjonc-
teur D qui vient ainsi éteindre l'arc dans l'éclateur .
Lors d'un court-circuit phase-terre sur la ligne, la ten-
sion crête aux bornes du condensateur peut excéder La Fig . 46-25 montre l'installation physique d'un banc
500 kV, soit 5 fois la tension crête normale . Le varistor de compensation série . Comme le tout fonctionne à une
ZnO écrête la tension à environ 250 kV . Cependant, lui tension de 424 kV par rapport à la terre, la plate-forme
aussi a des limites . En effet, si le varistor porte un cou- est supportée à 15 m du sol par des isolateurs .

Figure 46-25
Vue de la compensation série montée sur sa plate-forme . l'éclateur ; (5) boîtier contenant les circuits de détection et
On distingue : (1) colonnes de varistors ; (2) condensateurs ; logiciels de commande . Les autres composants ne sont pas
(3) inductance de 1,7 mH ; (4) compartiment entourant visibles (gracieuseté d'Hydro-Québec) .






1044 ÉLECTROTECHNIQUE

46 .22 Transport de l'énergie à très haute 192 4


tension X
I I
Le transport de l'énergie électrique à très haute ten- .1XC1 XC21_
Es =
sion crée des problèmes particuliers qui nécessitent ER = 595 kV

1
424 kV 1667 0 667 0 I
l'installation d'énormes appareils de compensation I I
I I i
pour maintenir une tension constante et pour garantir
la stabilité. Parmi ces appareils, citons les compensa- -ligne 600 km-H
teurs statiques, les compensateurs synchrones, les réac- Figure 46-26
tances inductives shunt, et les réactances capacitives Une surtension excessive apparaît à l'extrémité ouverte d'une
shunt et série . Leur capacité se mesure toujours en ligne à THT.
mégavars et elle est généralement variable afin que la
puissance réactive absorbée par les inductances, ou
192 4
débitée par les capacitances, puisse suivre les exigen-
ces du réseau .
Afin d'apprécier l'ordre de grandeur des puissances Es =
requises et pour mieux comprendre la raison d'être de 424 kV

ces appareils, considérons une ligne triphasée fonction-


nant à 735 kV, 60 Hz ayant une longueur de 600 km et 4- ligne 600 km -~I
dont les réactances inductive et capacitive sont respec-
Figure 46-27
tivement La réactance shunt absorbe la puissance réactive générée
par XC2 , ce qui réduit la tension de 600 kV à 424 kV.
xL = 0,32 Q/km, et xC = 200 kQ .km
On a donc :
Tension Es de la source par phase (ligne à neutre) : table et on doit la réduire en branchant une réactance
Es 735 inductive shunt XL2 ayant une impédance égale à celle
= = 424 kV de XC2 à l'extrémité de la ligne (Fig . 46-27) . La réso-
nance parallèle qui résulte de cet arrangement ramène
Réactance inductive par phase XL : la tension ER à 424 kV car la puissance réactive géné-
XL = xL 1 = 0,32 Q/km x 600 km = 192 S2 rée par XC2 (424 2/667 = 270 Mvar) est entièrement ab-
Réactance capacitive par phase : sorbée par la réactance XL2 . Cette dernière doit donc
avoir une capacité de 270 Mvar par phase .
XC _ _ 200
kS2 km = 333,3 Q Malgré cette énorme compensation inductive, il reste
l 600 km
encore une puissance réactive de 270 Mvar générée
La réactance capacitive à placer à chaque extrémité de par Xcl qui doit être absorbée par l'alternateur G . Or,
la ligne est: on a vu au chapitre 36, section 36.13 qu'une charge
XCI = XC2 = 2 x 333,3 S2 = 667 S2 capacitive crée une surtension aux bornes d'un alter-
nateur, à moins que l'on réduise le courant d'excita-
Le circuit équivalent par phase est donné à la Fig . 46-
tion. Comme cette solution n'est pas recommandée,
26 .
on doit installer une deuxième réactance inductive de
1 . Fonctionnement à vide . Lorsque la charge est nulle, 270 Mvar (par phase) près du poste de génération . Sur
le circuit formé par XL en série avec XC2 produit une les lignes très longues, on installe souvent une série de
résonance partielle et la tension ER monte à : réactances inductives afin de répartir la compensation
tout le long de la ligne (Fig . 46-28 et 46-29) .
_ Es XC2 = 424 x 667
ER = 595 kV Ces réactances (fixes ou variables) sont formées d'une
XC2 - XL 667 -192
grosse bobine placée à l'intérieur d'une cuve et bai-
soit une augmentation de 40 % par rapport à la tension gnant dans l'huile . Le champ magnétique traverse un
nominale de 424 kV Une telle surtension est inaccep- noyau de fer entrecoupé par une série d'entrefers . Il se

TRANSPORT DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1045

tagnais et Arnaud occupent chacun une superficie de


plusieurs hectares . L'équipement installé comprend des
disjoncteurs, sectionneurs, parafoudres, mises à la terre,
instruments, relais de protection et un système de télé-
commande sophistiqué . Noter que les trois lignes tri-
phasées sont raccordées en parallèle à chaque poste .
Par conséquent, si lors d'une panne une ligne est cou-
pée entre deux postes, les deux autres peuvent conti-
nuer à porter la charge entière .

2 . Fonctionnement en charge, impédance caracté-


ristique . Revenons à la ligne non compensée de la Fig .
46-26 et chargeons-la progressivement avec une puis-
sance active P (Fig . 46-30) . La tension ER diminue pro-
gressivement à partir de sa valeur initiale de 595 kV et,
pour une charge ayant une impédance particulière Z o,
Figure 46-28 la tension ER devient égale à la tension Es de la source.
Ces trois réactances inductives monophasées de 110 Mvar Cette impédance particulière s'appelle impédance ca-
chacune, installées au poste de Lévis, servent à compenser
ractéristique Zo de la ligne* . Pour la plupart des lignes
la capacitance des lignes à 735 kV entre Manicouagan et
Montréal (gracieuseté d'Hydro-Québec) . de transport aériennes, elle correspond à une résistance
d'environ 400 S2 par phase . Cependant, pour les lignes
en faisceaux à 735 kV, elle est de 253 S2 par phase . Sa
développe alors des forces d'attraction très intenses, valeur est indépendante de la longueur de la ligne et de
oscillant entre zéro et quelques dizaines de kilonewtons la fréquence du réseau . Dans notre cas, la charge ca-
à une fréquence de 120 Hz sur un réseau à 60 Hz . On ractéristique correspond donc à une puissance de :
doit donc bien serrer les tôles du noyau et les autres
EZ = 3 x (424 kV)2
parties métalliques pour réduire ces vibrations et limi- P = 3 x = 2132 MW
ter le vrombissement qui en découle. Za 253

La Fig . 46-29 montre une portion du réseau de trans- Lorsqu'une ligne transporte une puissance correspon-
port entre la centrale Churchill Falls au Labrador et le dant à sa charge caractéristique, la puissance réactive
poste Arnaud, près de Sept-Îles . La puissance de générée par la capacitance de la ligne est égale à celle
5400 MW est transitée sur trois lignes triphasées à absorbée par son inductance . La ligne se compense
735 kV . Les réactances inductives de 165 Mvar sont alors d'elle-même .
branchées et débranchées selon le besoin pour mainte-
nir une tension constante sur les lignes . Les postes Mon-

205 km 220 km 490 km

vers d'autres
r centrales et
postes en
.,, direction de
Montréal

Figure 46-30
Figure 46-29 Impédance caractéristique d'une ligne .
Portion du réseau de transport d'Hydro-Québec partant de
la centrale à Churchill Falls . Chacune des réactances
montrées sur la figure représente un banc de 165 Mvar,
composé de trois réactances shunts monophasées de Désignée aussi par l'abréviation SIL («surge impedance
55 Mvar. loading») .



1046 ÉLECTROTECHNIQUE

Si l'on charge la ligne davantage, on peut maintenir la ces circonstances, on doit utiliser des méthodes spé-
tension ER à 424 kV en ajoutant des capacitances à ciales pour que la ligne ajoutée transporte la charge
l'extrémité de la ligne . Cependant, pour notre ligne de voulue .
600 km, la puissance maximale est toujours limitée à : Considérons, par exemple, deux régions A et B de
2 2
grande puissance qui sont déjà interconnectées par une
(424 kV) grille de lignes quelconques (Fig . 46-32) . Les tensions
P = 3 x Es = 3 x = 2809 MW
XL 192 respectives Ea et Eb sont égales, soit E a = Eb = E s où Es
est la tension efficace du réseau. Cependant, suppo-
Inversement, lorsque la charge est inférieure à la charge sons que Ea soit déphasée d'un angle 0 en avance sur
caractéristique, on doit ajouter une réactance induc- Eb .
tive au bout de la ligne afin de maintenir une tension Si l'on décide de relier les deux régions par une ligne
constante . supplémentaire de réactance X L, la puissance active P
Comme la charge varie au cours d'une journée, on doit se dirigera automatiquement de A vers B, car la ten-
brancher et débrancher des inductances et des
capacitances selon le besoin. On peut effectuer cette
compensation par des inductances et des capacitances
variables .
Un des appareils adaptés à cette fonction est le com-
pensateur synchrone . Celui-ci agit en effet comme con-
densateur ou comme inductance selon qu'il est surex-
cité ou sous-excité (sections 37 .9 et 37 .10) . Cependant,
les thyristors et GTO de grande puissance ont permis
le développement des compensateurs statiques . Ces
compensateurs statiques sont composés essentiellement
d'une inductance variable en parallèle avec une
capacitance . Comme les compensateurs synchrones, les
compensateurs statiques produisent ou absorbent de la
puissance réactive, mais ils donnent une réponse beau- Figure 46-31
coup plus rapide. Par conséquent, ils sont mieux adap- Compensateur statique pour une ligne à haute tension
(gracieuseté de General Electric) .
tés lorsqu'on doit maintenir une tension constante du-
rant une perturbation subite . On fait varier la puissance
réactive inductive en changeant l'angle de retard à
l'amorçage des thyristors connectés en série avec des
inductances . Dans certains types de compensateurs sta-
tiques, ces inductances sont constituées par les réac-
tances de fuite d'un transformateur, comme l'indique
la Fig . 31-23 . La Fig. 46-31 montre un compensateur
statique de grande taille .
Les compensateurs statiques utilisant des thyristors grille d'interconnexions
ainsi que les compensateurs à GTO (STATCOM) sont • •'
décrits dans le chapitre 50 .
Ea
46 .23 Échanges de puissance a Eb
Sur les réseaux interconnectés, on installe parfois une
ligne de transport additionnelle afin de satisfaire les Figure 46-32
Les régions A et B sont reliées par une grille d'intercon-
besoins d'énergie d'une région en croissance . Dans
nexions, et la tension E a est en avance sur Eb . En ajoutant
d'autres cas, on a recours à une ligne supplémentaire une ligne supplémentaire, la puissance transportée par celle-
pour améliorer la stabilité générale du réseau . Dans ci circulera obligatoirement de A vers B .

TRANSPORT DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1047

sion Ea est en avance sur la tension Eb . De plus, la va- Solution


leur de la puissance transitée est imposée par l'angle 0 a) La puissance transportée est
et par la réactance XL, soit :
E2
Es2 PT = sin
L 0 éq . 46-5
P = sin B XL
XL
PT _ (100 kV)2
Habituellement, le sens et la valeur de cette puissance sin 11 ° = 95 MW
ne correspondent pas à ce que l'on souhaite . Par exem- 20
ple, si l'on désire transporter de l'énergie de la région Comme la tension Eb est en avance sur la tension Ea ,
B à la région A, l'installation d'une simple ligne ne cette puissance circule de B vers A .
convient pas car, comme on vient de le dire, la puis-
sance cherche à circuler dans le sens contraire . b) Installons l'autotransformateur déphaseur T près de
la région A (Fig . 46-34) de sorte que la tension Ed soit
Cependant, on peut forcer un échange d'énergie dans
déphasée par rapport à la tension Ea. Calculons le dé-
un sens ou dans l'autre en modifiant l'angle de dé- phasage a entre les extrémités de la ligne (Ed et Eb)
phasage . Il suffit de placer un autotransformateur
pour qu'elle transporte 70 MW. On peut écrire :
déphaseur à une extrémité de la ligne ; en faisant varier
l'angle de déphasage de ce transformateur, on peut E2
commander à volonté l'échange de puissance active PT = L sin 0 éq . 45-5
XL
entre les deux régions . L'autotransformateur à dé-
phasage variable est décrit au chapitre 32, section 32 .11 . 100
70 = z sin a
Exemple 46-5 20
La Fig . 46-33 montre les tensions et l'angle de dé- soit sin a = 0,14 d'où a = 80
phasage de deux régions A et B . La tension Eb est
en avance sur E., de 11', et les deux tensions ont une Pour que la puissance de 70 MW circule de A vers B,
valeur de 100 kV. La ligne reliant les deux régions a il faut que Ed soit 8° en avance sur Eb (Fig . 46-34) . En
une réactance Xi , = 20 Q . se référant au diagramme vectoriel, on constate que Ed
est alors 19° en avance sur Ea . L'autotransformateur
En l'absence d'un autotransformateur déphaseur.
déphaseur T doit donc produire un déphasage de 19°
déterminer la puissance transportée par la ligne,
entre le primaire et le secondaire . On peut placer
ainsi que son sens de circulation .
l'autotransformateur à l'une des deux extrémités de la
h) Calculer le déphasage de l' autotransformateur re- ligne et même, au besoin, l'insérer à n'importe quel
quis afin que la ligne transporte de A vers B une endroit entre les deux.
puissance active de 70 MW.

100kVL 100 kV+ 100 kV 1+ 1 1'

Ea =100kV20 X= 20n +1°


Eb=100kV L1 20 n

autotransformateur
grille d'interconnexions ,
~~
grille d'interconnexions
ion
s
Ed

Eb g0 Eb

11° 11' JE a
Ea
Figure 46-33 Figure 46-34
La puissance circule naturellement de B vers A (voir exemple Un autotransformateur déphaseur oblige la puissance à
46-5) . circuler de A vers B (voir exemple 46-5) .



1048 ÉLECTROTECHNIQUE

On peut de la même façon forcer un échange de puis-


sance réactive entre deux grands réseaux . Dans ces
circonstances, au lieu de faire varier le déphasage, on
change le niveau de la tension au moyen d'un
autotransformateur survolteur/dévolteur . On retiendra
que la puissance réactive tend à circuler de la tension
la plus élevée à celle qui est la moins élevée .
Citons une application pratique des autotransformateurs
déphaseurs . Afin de faciliter l'échange de puissance
entre l'État du Connecticut et Long Island, New York,
on a installé six câbles sous-marins d'une longueur de
19 km entre les postes de Norwalk et Northport (Fig .
46-35) . Comme les deux postes étaient déjà reliés par
une grille de lignes terrestres, on a installé à Northport
un autotransformateur déphaseur pour assurer le trans- Figure 46-35
port de 300 MW sous une tension de 138 kV. Ses pri- Six câbles sous-marins monophasés relient le Connecticut
ses réglables permettent un déphasage maximal de à Long Island . La construction de ces câbles est montrée à
la Fig . 10-15 .
± 25° . D'autre part, à Norwalk, on a installé un
autotransformateur survolteur/dévolteur de 300 MVA
dont les prises réglables permettent de faire varier le 1,1 t2 1,3 e
niveau de la tension de ± 10 %, sans déphasage . En 1 3
faisant varier le déphasage et le niveau de la tension à 630 A
chacune des extrémités, on peut ainsi contrôler les 80 kV 750 S2 750 n
échanges de puissance active et réactive entre les deux
postes dans un sens ou dans l'autre .
2 b 04

46 .24 Puissances d'une ligne souterraine


Figure 46-36
Considérons de nouveau la ligne sous-marine de la Fig . Circuit équivalent de chaque câble sous-marin .
46-35 . Chacun des six câbles monophasés possède une
résistance de 1,3 S2, une réactance inductive de 1,1 Q
et une réactance capacitive de 375 S2 . Cette dernière
La puissance réactive absorbée est:
peut être représentée par deux réactances de 750 S2
branchées à chaque extrémité du câble . Le courant de QL = I 2 XL = 6302 x 1,1
pleine charge est de 630 A et la tension ligne à neutre
= 0,437 Mvar
est de 80 kV. Le circuit équivalent pour un seul câble
est montré à la Fig . 46-36 . En supposant que le cou- Les pertes Joule sont :
rant de 630 A soit en phase avec la tension de 80 kV, la 2 2
puissance active transportée par un câble est : PJ = 1 R = 630 x 1,3
= 0,516 MW
P = EI = 80 kV x 630 A
= 50,4 MW puissance puissance
par câble (6 câbles)
La puissance réactive générée est :
Pertes Joule Pj 0,516 3,1 MW
2 2
= E 80000 Puissance réactive générée Qc 17,1 102 Mvar
QC X2 = x 2
Xc 750 Puissance réactive absorbée QL 0,437 2,6 Mvar
= 17,1 Mvar Puissance active transportée P 50,4 302,4 MW

TRANSPORT DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1049

Cet exemple montre que la capacitance d'une ligne de Nous avons aussi étudié les propriétés électriques des
transport formée de câbles dépasse de beaucoup l'im- lignes de transport . Chaque phase d'une ligne peut
portance de sa résistance et de son inductance . Une être représentée par un circuit équivalent comprenant
telle ligne agit comme une énorme capacitance, con- une résistance et une inductance série et par deux
trairement à une ligne aérienne qui agit surtout comme capacitances shunt . Les réactances inductive et
une inductance . C'est précisément la grande capa- capacitive par kilomètre sont assez constantes, quel
citance des câbles qui limite leur utilisation pour le que soit le niveau de tension . La puissance active trans-
transport de l'énergie sur de grandes distances . Cepen- portée sur une ligne est donnée par une formule sim-
dant, cet inconvénient disparaît lorsque les câbles trans- ple . Elle dépend de la tension d'exploitation de la li-
portent l'énergie en courant continu, car, dans ce cas, gne, de sa réactance inductive et du déphasage angu-
la capacitance n'intervient plus . laire des tensions aux deux extrémités . La puissance
Le transport de l'énergie à courant continu est traité au réactive nette générée ou absorbée par une ligne dé-
chapitre 49 . pend de la puissance active transportée . À vide, la li-
gne est capacitive . Par contre, lorsque la charge atteint
46 .25 Résumé une valeur égale à l'impédance caractéristique de la
Dans ce chapitre consacré au transport de l'énergie ligne, la puissance réactive nette est nulle car toute la
électrique, nous avons vu qu'un réseau utilise, en plus puissance réactive générée par les capacitances shunt
des lignes de transport, différents équipements regrou- est absorbée par l'inductance série .
pés dans les postes de transformation et d'intercon- Pour augmenter la puissance transportable sur une li-
nexion. Ces équipements comprennent les transforma- gne et pour améliorer la stabilité du réseau, on utilise
teurs, disjoncteurs, sectionneurs, inductances shunt, des équipements de compensation qui contrôlent la
condensateurs série, appareils de compensation, para- puissance réactive de la ligne . Les inductances shunt,
foudres, appareils de mesure, systèmes de protection, les compensateurs synchrones et les compensateurs sta-
etc . tiques augmentent la puissance transportable en régu-
Les tensions nominales de ces appareils sont normali- larisant la tension. Les condensateurs série diminuent
sées . Pour le transport et la distribution depuis les cen- la réactance inductive de la ligne et, de ce fait, aug-
trales jusqu'aux clients, la tension est abaissée en pa- mentent la puissance transportable . On utilise aussi des
liers successifs : la très haute tension (THT), de 765 kV transformateurs déphaseurs qui augmentent ou dimi-
à 345 kV, la haute tension (HT), de 230 kV à 115 kV, la nuent le déphasage angulaire des tensions aux deux ex-
moyenne tension (MT), de 69 kV à 2,4 kV, et finale- trémités de la ligne et permettent ainsi de contrôler les
ment, la basse tension (BT), de 600V à 120 V Selon le échanges de puissance entre deux régions .
rôle et la tension d'exploitation des lignes et des équi- Enfin, les câbles souterrains ou sous-marins ont une
pements de postes, on distingue alors trois types de ré- grande capacitance shunt, ce qui implique que, en cou-
seau : le réseau de transport (HT ou THT), le réseau rant alternatif, la puissance réactive qu'ils génèrent est
de répartition (FÎT) et le réseau de distribution (MT et plusieurs dizaines de fois supérieure à celle d'une li-
BT) . gne aérienne . C'est la difficulté de compenser cette puis-
Les lignes de transport aériennes sont constituées de sance réactive qui limite leur utilisation en courant al-
conducteurs en aluminium (ACSR), d'isolateurs et de ternatif sur de grandes distances .
supports (pylônes en acier ou portiques de bois) . Sur
les lignes THT on utilise généralement, pour chaque
phase, des conducteurs en faisceaux afin de diminuer PROBLÈMES - CHAPITRE 46
les pertes d'énergie et les interférences radiophoniques
Niveau pratique
dues à l'effet couronne . Des fils de garde en acier pro-
tègent la ligne contre la foudre . De plus, afin d'éviter 46-1 Les tensions normalisées sont groupées en qua-
les surtensions résultant des courants de décharge de tre grandes classes . Nommer ces classes et indiquer
foudre, chaque pylône est solidement mis à la terre . les tensions limites de chacune .

1 05 0 ÉLECTROTECHNIQUE

46-2 Expliquer ce qu'on entend par : 46-11 Une ligne de transport monophasée ayant une
- isolateur à chaîne longueur de 10 km, possède une résistance R de 5 £2
(Fig . 46-15a) . Elle est alimentée par une source Es de
- fil de garde
600 V et la charge résistive varie entre 100 S2 et 1 S2 .
- effet couronne Quelles sont la tension ER aux bornes de la charge et
- flèche d'une ligne la puissance PC fournie à celle-ci lorsque la résistance
- ligne galopante est de 100 S2? 50 S2? 25 Q? 10 S2? 5 £2? 2 Q? 1 S2?
- réactance d'une ligne Tracer la courbe de ER en fonction de Pc.
46-3 Pourquoi les pylônes d'une ligne de transport 46-12 Une ligne de transport monophasée ayant une
doivent-ils être solidement mis à la terre? longueur de 10 km, possède une réactance inductive
de 5 S2 (Fig . 46-16a) . Elle est alimentée par une source
46-4 Les lignes à 735 kV entre Churchill Falls et
Es de 600 V et la charge résistive varie entre 100 S2 et
Montréal possèdent une longueur de 1200 km . La dif-
1 S2 . Quelles sont la tension ER aux bornes de la charge
férence de tension entre les deux extrémités de chaque
et la puissance P C fournie à celle-ci lorsque la résis-
ligne est-elle appréciable?
tance est de 100 S2? 50 Q? 25 S2? 10 £2? 5 S2? 2 Q?
46-5 Dans certaines régions, on remarque parfois 1 S2? Tracer la courbe de ER en fonction de PC.
deux lignes triphasées identiques installées côte à côte
et supportées par des pylônes distincts . Pourrait-on rem- 46-13 Dans le problème 46-11, quel est le déphasage
placer ces deux lignes par une seule en doublant la gros- entre les tensions ER et Es ?
seur des conducteurs? Expliquer. 46-14 Dans le problème 46-12, quel est le déphasage
46-6 Comment se fait-il qu'on n'utilise pas plus sou- entre les tensions ER et Es lorsque R = 10 £2 ?
vent des câbles souterrains au lieu des lignes aériennes 46-15 Une ligne de transport monophasée ayant une
entre les centrales de production et les centres d'utili- longueur de 10 km et possédant une réactance induc-
sation? tive de 5 S2 est alimentée par une source Es de 600 V.
46-7 Dans le problème 46-4, la portée des lignes est a) Quelle est la tension ER à l'autre extrémité de la
de 480 m . Combien de pylônes a-t-il fallu installer sur ligne lorsqu'on y branche une réactance capacitive
chaque ligne entre Churchill Falls et Montréal? de 100 S2? 50 S2? 24 Q? 10 52?
b) Calculer, pour chaque cas, le déphasage entre les
46-8 On vient de mettre hors tension une ligne à
13,2 kV ayant une longueur de 20 km . Un monteur de tensions ER et Es .
ligne pourrait subir un choc électrique fatal s'il ne re- 46-16 La ligne du problème 46-15 possède une ré-
liait pas la ligne à la terre avant d'y toucher . Expliquer sistance de 5 S2 (au lieu d'une réactance de 5 S2) .
pourquoi . a) Quelle est la tension ER à l'extrémité de la ligne
lorsqu'on y branche une réactance capacitive de
Niveau intermédiaire
100 Q? 50 S2? 25 S2? 10 Q?
46-9 Chaque phase des lignes à 735 kV montrées à b) Calculer le déphasage entre les tensions ER et Es
la Fig . 46-20 porte un courant de 2000 A . Sachant que lorsque Xc = 25 S2 .
la résistance d'un seul des 4 conducteurs du faisceau
c) Avec une ligne purement résistive, peut-on augmen-
est de 0,046 S2/km, calculer :
ter la tension aux bornes de la charge en utilisant un
a) la puissance transportée par chaque ligne condensateur?
b) la perte de puissance par effet Joule entre Churchill 46-17 Pour la Fig . 46-17a, on donne l'information
Falls et Montréal (distance 1200 km) suivante :
c) le pourcentage des pertes par effet Joule
- tension ER aux bornes de la charge : 600 V
46-10 Quel est le courant admissible dans un con- -résistance de la charge : 10 f2
ducteur ACSR de 600 MCM à l'air libre? Pourquoi un - réactance inductive X L de la ligne : 5 S2
conducteur en cuivre ayant la même section peut-il
- réactance capacitive de compensation X c: 10 S2
porter un courant 25 % plus grand?

TRANSPORT DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1051

La réactance Xc représentée en pointillé étant hors cir- au bout de la ligne triphasée est nulle (ligne ouverte) .
cuit, calculer : En se référant au schéma de la Fig . 46-37, représentant
a) le courant I dans la ligne l'une des trois branches du circuit triphasé, calculer :
b) la puissance réactive fournie par le condensateur a) les valeurs de Es , R, X L et Xc , par phase
c) la puissance réactive absorbée par la ligne b) la tension entre les conducteurs à la source
d) la puissance réactive fournie par la source c) la tension entre les conducteurs à la «charge» (ex-
e) la puissance apparente fournie par la source trémité ouverte)
f) la tension Es de la source d) la puissance réactive totale reçue par la source
g) le déphasage entre Es et ER e) le courant Is tiré de la source, par phase
h) la tension ER et la puissance P C si la tension Es était f) les pertes Joule totales dans la ligne
de 600 V
46-18 Répéter les calculs du problème 46-17 avec
une réactance capacitive de 40 £2 . La compensation est-
elle meilleure que dans le problème 46-17?
46-19 En se référant à la Fig . 46-8, chaque section
du circuit représente une longueur de 1 km, dont les
impédances sont :
xL = 0,5 £2 r = 0,25 £2 x, = 300 kS2
Figure 46-37 .
Calculer les valeurs de XL, R et XX si l'on réduit ce
circuit à celui montré à la Fig . 46-9 .
46-20 Dans la Fig . 46-36, sachant que le courant de
630 A est en phase avec la tension E12 de 80 kV, calcu- 46-23 a) Si, dans le problème 46-22, on néglige la
ler la valeur de E34 . résistance et la capacitance de la ligne, quelle puis-
sance active maximale peut-elle transporter? Quelle est
Niveau avancé alors la tension ligne à ligne aux bornes de la charge?
46-21 Une ligne triphasée de 230 kV ayant une réac- b) Est-ce que la capacitance de la ligne tend à aug-
tance de 40 S2 par phase relie deux régions éloignées menter ou à diminuer la puissance calculée en (a)?
de 80 km . Le déphasage entre les tensions aux deux c) Est-ce que la résistance de la ligne tend à augmen-
extrémités de la ligne est de 20° . Calculer : ter ou à diminuer la puissance calculée en (a)?
a) la puissance active transportée 46-24 Dans le problème 46-22, on branche au bout
b) le courant dans les fils de ligne de la ligne une charge composée de trois éléments
c) la puissance réactive absorbée par la ligne résistifs de 300 S2 raccordés en étoile . En négligeant la
résistance et la capacitance de la ligne, calculer :
d) la puissance réactive fournie à la ligne par chaque
région a) le courant de la source, par phase
46-22 Une ligne triphasée aérienne à 115 kV ayant b) la tension ligne à ligne aux bornes de la charge
une longueur de 200 km est composée de trois con- c) l'angle de déphasage entre les tensions aux deux ex-
ducteurs de 600 kcmil, type ACSR . La charge placée trémités de la ligne

47
Distribution de
l'énergie électrique

Nous avons mentionné au chapitre 46 qu'un réseau la génération à la haute tension nécessaire pour assu-
comporte, en plus des lignes de transport à haute ten- rer un transport économique de l'énergie .
sion, des postes d'interconnexion et des postes de trans- La tension élevée utilisée pour le transport doit être de
formation qui alimentent des lignes à moyenne tension . nouveau abaissée dans d'autres postes de transforma-
En Amérique du Nord, la tension de ces lignes est gé- tion situés près des grands centres de consommation .
néralement comprise entre 2,4 kV et 69 kV . Celles-ci L'appareillage électrique utilisé dans ces postes est
alimentent à leur tour des circuits de distribution à basse semblable à celui qui est utilisé dans les postes de trans-
tension de 120 V à 600 V . formation à la sortie des centrales .
Dans ce chapitre, nous étudierons donc successive- 47 .1 Appareillage d'un poste de
ment : transformation
- les postes de transformation et d'interconnexion à La plupart des postes de transformation, y compris ceux
haute tension (HT) et à moyenne tension (MT) affectés au réseau de transport, comprennent les appa-
- les lignes de distribution à moyenne tension reils principaux suivants :
- les systèmes de distribution à basse tension (BT) - disjoncteurs - sectionneurs de mise à
- l'installation électrique à l'intérieur des bâtiments - sectionneurs terre
- interrupteurs à cornes - transformateurs
Notre étude est nécessairement limitée car tout un li- - parafoudres - transformateurs de
vre ne suffirait pas à décrire tous les points importants - réactances d'artère tension et de courant
touchant un réseau de distribution . Toutefois, nous
Dans les descriptions qui suivent, on traitera des prin-
présenterons une vue d'ensemble des caractéristiques
cipes de base de ces appareils et, pour les situer con-
et des problèmes rencontrés dans ce type de réseau .
crètement, on indiquera leur position dans un poste
typique (section 47 .8) .
POSTES DE TRANSFORMATION ET
D'INTERCONNEXION HT ET MT 47 .2 Disjoncteurs
Le disjoncteur est un appareil qui peut interrompre des
À la sortie des centrales génératrices, des postes de courants importants, qu'il s'agisse du courant normal
transformation élèvent la moyenne tension utilisée pour ou des courants de défaut . Il peut donc être utilisé
1053

1054 ÉLECTROTECHNIQUE

comme un gros interrupteur, commandé sur place par


un bouton-poussoir ou télécommandé . De plus, le dis-
joncteur ouvre un circuit automatiquement dès que le
courant qui le traverse dépasse une valeur prédétermi-
née . Quand il sert à interrompre les forts courants de
court-circuit, il joue le même rôle qu'un fusible, mais
il a un fonctionnement plus sûr et on n'a pas besoin de
le remplacer après chaque interruption .
Les disjoncteurs les plus répandus sont:
1 . les disjoncteurs à l'huile
2 . les disjoncteurs à air comprimé
3 . les disjoncteurs au SF6
4 . les disjoncteurs à vide
La plaque signalétique d'un disjoncteur indique le cou-
rant nominal de régime permanent, le courant de rup-
Figure 47-1
ture (courant maximal que le disjoncteur peut inter-
Commande de l'ouverture d'un disjoncteur.
rompre), la tension nominale et le temps d'ouverture
en cycles* . Grâce à un soufflage énergique et à une
désionisation rapide de l'arc, on réussit à ouvrir le cir-
cuit dans un temps compris entre trois et huit cycles
1 . Les disjoncteurs à l'huile se composent essentiel-
sur un réseau à 60 Hz . Une coupure rapide permet de
lement d'une cuve contenant de l'huile isolante (Fig .
réduire les dommages aux lignes et à l'équipement et,
47-2), de bornes d'entrée en porcelaine à l'extrémité
ce qui est tout aussi important, elle empêche que le
desquelles se trouvent les contacts fixes, et d'un con-
réseau devienne instable .
tact mobile actionné par le déplacement d'une tige iso-
L'ouverture du disjoncteur peut être commandée di- lante . Le courant d'une phase pénètre par l'une des
rectement par le passage du courant à interrompre dans bornes d'entrée, traverse le premier contact fixe, le
une bobine de déclenchement ou, plus fréquemment, contact mobile, le second contact fixe et sort par la
par l'intermédiaire d'un relais . deuxième borne . Ces bornes s'appellent traversées .
Ce relais est essentiellement un dispositif qui peut dé- Lors d'une surcharge, la bobine de déclenchement li-
celer des conditions anormales sur un réseau . Par exem- bère un ressort puissant qui, en se détendant, entraîne
ple, à la Fig . 47-1, la bobine du relais est alimentée par la tige isolante et provoque l'ouverture des contacts .
le courant secondaire d'un transformateur de courant
Au moment de la séparation des contacts, un arc s'éta-
monté en série avec l'un des conducteurs de la ligne à
blit et volatilise l'huile qui l'entoure . La pression des
protéger. Si le courant dans la ligne dépasse une valeur
gaz ainsi produits agite énergiquement l'huile . De
déterminée, le courant secondaire qui parcourt la bo-
l'huile froide vient alors refroidir l'arc et l'éteindre .
bine du relais provoque la fermeture des contacts C i et
C 2 . La fermeture de ces contacts complète le circuit Dans les disjoncteurs modernes de grande puissance
d'alimentation de la bobine de déclenchement . Celle- (Fig . 47-3, 47-4), l'arc se produit dans une chambre
ci provoque alors l'ouverture des trois contacts princi- d'explosion où la grande pression résultant de la vapo-
paux ainsi que les autres opérations nécessaires à l'ex- risation de l'huile est utilisée pour former un puissant
tinction de l'arc . jet d'huile. Ce jet d'huile est ensuite dirigé sur l'arc
même pour l'éteindre . Dans d'autres dispositifs, l'arc
est dévié et allongé par l'action du champ magnétique
On ne donne plus la capacité de rupture en MVA, mais plu- qu'il produit et il est ensuite fractionné par une série
tôt le courant de rupture sous tension maximale . Le cou- de plaques isolantes .
rant de rupture est généralement compris entre 10 et 20
fois le courant de régime permanent .
DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1055

Figure 47-3
Disjoncteur à l'huile triphasé ayant une capacité de 1200 A
Figure 47-2
sous une tension de 115 kV. Il peut interrompre un courant
Vue en coupe d'un disjoncteur à l'huile . Le schéma montre
de défaut de 50 kA en 3 cycles sur un réseau à 60 Hz . Autres
4 des 6 bornes ; l'élément chauffant maintient la température
caractéristiques : tension de tenue aux ondes de choc : 550 kV;
de l'huile à une valeur appropriée durant les périodes froides
hauteur : 3660 mm ; diamètre : 3050 mm ; masse : 21 t
(gracieuseté de la Cie Générale Électrique) .
(gracieuseté de la Cie Générale Électrique) .

Figure 47-4
Disjoncteur à faible volume d'huile installé dans un poste à
420 kV, 50 Hz . Courant nominal : 2000 A ; courant de coupure
nominal : 25 kA ; nombre de modules en série : 4 ; hauteur
(support non compris) : 5400 mm ; longueur : 6200 mm .
(gracieuseté de ABB)

1056 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 47-6
Vue en coupe d'un module de disjoncteur à air comprimé .
Lorsque le disjoncteur se déclenche, la tige est poussée vers
le haut, ce qui sépare les contacts fixes et les contacts
mobiles . Larc intense est immédiatement entraîné et éteint
par un jet d'air sortant par l'orifice . La résistance sert à amortir
les surtensions lors de l'ouverture du disjoncteur (gracieuseté
de la Cie Générale Électrique) .

Figure 47-5
Disjoncteur à air comprimé installé dans le poste de
transformation d'une usine à Montréal . Sa capacité nominale
est de 2000 A sous une tension de 362 kV . Il peut interrompre
un courant de défaut de 40 kA en 3 cycles sur un réseau à
60 Hz . Le disjoncteur comprend 3 modules identiques montés 3 . Les disjoncteurs au gaz SF 6 sont utilisés lorsqu'il
en série, chaque module ayant une tension nominale de
121 kV. Le réservoir d'air comprimé est visible à gauche . faut réduire les dimensions du disjoncteur comme, par
Autres caractéristiques : tension de tenue aux ondes de choc : exemple, dans les postes intérieurs des centres-villes .
1300 kV ; hauteur : 5640 mm ; longueur hors tout : 9150 mm Ces disjoncteurs blindés (Fig . 47-7) permettent une
(gracieuseté de la Cie Générale Électrique) . grande économie d'espace tout en étant plus silencieux
que les disjoncteurs à air comprimé .
4 . Les disjoncteurs à vide (Fig . 47-8) fonctionnent
sur un principe différent de celui des autres disjonc-
2 . Les disjoncteurs à air comprimé provoquent l'ex- teurs car l'absence d'un gaz évite le problème d'ioni-
tinction de l'arc en soufflant de l'air à vitesse superso- sation lors de l'ouverture des contacts . Ces disjonc-
nique entre les contacts qui se séparent . L'air est con- teurs sont scellés hermétiquement de sorte qu'ils n'oc-
servé dans des réservoirs à une pression de l'ordre de casionnent aucun problème de contamination ni de
3 MPa, grâce à un compresseur situé dans le poste de bruit . Leur tension de rupture est limitée à une valeur
transformation . L'ouverture de ces disjoncteurs peut de 30 kV environ . Pour des tensions plus élevées, on
se faire dans un délai compris entre 3 et 6 cycles sous monte plusieurs modules en série .
une tension de 362 kV et un courant de court-circuit
47 .3 Interrupteurs à cornes
de 40 kA . Le bruit produit lors de l'ouverture néces-
site parfois des mesures d'insonorisation dans les ré- Les interrupteurs à cornes (Fig . 47-9, 47-10, 47-11)
gions résidentielles . La Fig . 47-5 montre un disjonc- sont des appareils qui peuvent couper les faibles cou-
teur triphasé à air comprimé. Chaque phase est com- rants capacitifs des lignes de transport ou les courants
posée de 3 modules de contacts raccordés en série . La d'excitation des transformateurs, mais qui ne peuvent
Fig . 47-6 montre une vue en coupe d'un module . pas interrompre les courants de charge normaux .

DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1057

Figure 47-7
Groupe de 15 disjoncteurs monophasés blindés, au SF6,
installés dans un poste souterrain à Zurich, Suisse .
courant nominal : 1600 A ;
courant de coupure : 34 kA ;
pression en fonctionnement normal : 265 kPa ;
pression lors de l'extinction de l'arc : 1250 kPa.
La construction blindée évite tout danger de contact avec les
parties sous tension et l'isolation au SF 6 permet d'obtenir un
volume d'installation 16 fois plus faible qu'avec des dis-
joncteurs conventionnels . Le gaz SF 6 est filtré en circuit fermé
après chaque ouverture du disjoncteur (gracieuseté de ABB) .

Figure 47-8
Disjoncteur à vide triphasé ayant une capacité nominale de
1200 A sous une tension de 25,8 kV . Il peut interrompre un
courant de défaut de 25 kA en 3 cycles sur un rése ià60lHz
Autres caractéristiques : tension deterweamc
125 kV; hauteur : 2515 met - MàB
la Cie Générale É c*4m


1058 ÉLECTROTECHNIQUE

(a) (b)
Figure 47-9
Un pôle d'un interrupteur à cornes triphasé (a) dans la position ouverte ; (b) dans la position fermée .
Capacité : 27 kV, 600 A (gracieuseté de Dominion Cutout Ltée) .

Figure 47-10
Un pôle d'un interrupteur à cornes triphasé de 735 kV, 3000 A tenue aux ondes de choc : 2200 kV; courant admissible
(a) dans la position ouverte ; (b) dans la position fermée . pendant 10 cycles : 120 kA ; hauteur (en position fermée) :
On peut actionner l'interrupteur manuellement en tournant 12 400 mm ; largeur: 7560 mm ; masse : 3 t (gracieuseté de
une roue ou par l'intermédiaire du coffret motorisé situé juste Les Appareillages Électriques Kearney) .
en dessous de la roue . Autres caractéristiques : tension de

DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1059

Figure 47-12
Sectionneur à perche ayant une capacité de 2000 A, 15 kV
et une tension de tenue aux ondes de choc de 95 kV
(gracieuseté de Dominion Cutout Ltée) .

Figure 47-11
L'arc qui s'allonge entre les cornes d'un interrupteur
coupant le courant d'excitation d'un transformateur THT
produit suffisamment de lumière pour permettre la prise de
cette photo de nuit au poste de Lévis (gracieuseté
d'Hydro-Québec) .

Ils comprennent une lame mobile et une mâchoire fixe


montées sur des isolateurs et, en plus, deux cornes qui
se séparent seulement après l'ouverture des contacts
principaux (Fig . 47-9) . L'arc de rupture s'établit alors
entre les cornes et s'élève, sous l'action combinée du
courant d'air chaud et du champ magnétique qu'il pro-
duit, jusqu'à son extinction . Ces cornes s'érodent gra- Figure 47-13
duellement, mais elles sont facilement remplaçables . Sectionneur de 10 kA, 1 kV pour usage intérieur .

47 .4 Sectionneurs
Contrairement aux interrupteurs à cornes, les section- 47 .5 Sectionneurs de mise à la terre
neurs (Fig . 47-12 à 47-17) ne sont doués d'aucun pou-
Les sectionneurs de mise à la terre (Fig . 47-17) sont
voir de coupure . Ils ne permettent d'ouvrir un circuit
des interrupteurs de sécurité qui isolent un circuit et
qu'en l'absence de tout courant. Ils servent à réparer et
qui, grâce à leur mise à la terre, empêchent l'appari-
à isoler, par exemple, les lignes et les disjoncteurs des
tion de toute tension sur une ligne pendant les répara-
autres parties du réseau .
tions .
La Fig . 47-12 montre un sectionneur de 2000 A à 15 kV
Ce sectionneur est commandé par une perche ; il est 47 .6 Parafoudres
muni d'un dispositif de verrouillage qui l'empêche de Les parafoudres sont des appareils destinés à limiter
s'ouvrir sous l'action des forces électromagnétiques les surtensions imposées aux transformateurs, instru-
intenses produites par les courants de court-circuit. ments et machines électriques par la foudre et par les
1060 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 47-14
Sectionneur de 46 kV, 600 A à ouverture latérale (gracieuseté
de Kearney) .

Figure 47-16
Comme tout appareil électrique, les sectionneurs nécessitent
un entretien périodique . Pendant ce temps il faut dériver le
courant dans des lignes d'interconnexion auxiliaires à
l'intérieur du poste . On voit ici un pôle d'un sectionneur
triphasé de 345 kV, 2000 A en cours de vérification
(gracieuseté dHydro-Québec) .

Figure 47-15
La lame d'un sectionneur à ouverture verticale est serrée
entre deux contacts fixes par deux ressorts puissants . Lors Figure 47-17
de l'ouverture, la lame se dégage des contacts fixes dans un Sectionneur triphasé de mise à la terre installé dans un poste
mouvement de rotation ; lors de la fermeture, le mouvement à 115 kV en Colombie-Britannique . La ligne est sous tension
inverse produit un frottement qui nettoie les surfaces, assurant et les trois lames de mise à la terre sont en position horizontale
ainsi un excellent contact (gracieuseté de Kearney) . ouverte (gracieuseté de Kearney) .

DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1061

conducteur HT
manoeuvres de commutation . La partie supérieure du
parafoudre est reliée à un des fils de la ligne à protéger
et la partie inférieure est connectée au sol par une mise
à la terre de faible résistance, généralement de moins
d'un ohm .
La Fig . 47-18 montre une vue en coupe d'un parafou-
dre au carbure de silicium .
Celui-ci est constitué d'un tube en porcelaine isolante
dans lequel sont montés en série des éclateurs et un
empilage de disques . Un ressort maintient l'ensemble
sous pression . Les éclateurs sont constitués de deux
électrodes séparées par une mince couche d'air . Les
disques sont formés d'un mélange de matières cérami-
ques et de carbure de silicium (ils sont connus sous
diverses marques de commerce : thyrite, autovalve, etc .) .
Cette substance a la propriété d'offrir une résistance
qui varie inversement avec la tension qui lui est appli-
quée : sa résistance est d'autant plus faible que la ten-
mise à la terre -
sion est plus élevée (voir section 10 .33) . Lorsque la
tension entre le fil de ligne et le sol est normale, la Figure 47-18
couche d'air entre les électrodes des éclateurs s'op- Vue en coupe d'un parafoudre au carbure de silicium utilisé
sur les lignes à moyenne tension .
pose à tout passage du courant . Lorsque la tension sur
la ligne dépasse une certaine valeur, un arc s'amorce
dans les éclateurs et relie effectivement la ligne à la 100
terre à travers la série de disques qui ne présentent alors 80 -
qu'une faible résistance . La charge électrique accumu- c
lée sur la ligne s'écoule dans le sol . Dès que la dé- o
U
60
40 - eau@
charge est terminée, les disques présentent à nouveau 20 -
une résistance élevée, l'arc s'éteint et la tension rede- 0
vient normale. 0 16 20 28 36 40 ps
temps
La Fig . 47-19 montre la courbe caractéristique d'un
parafoudre destiné à protéger une ligne à 34,5 kV (li- kV
gne à ligne) . 100
----------------------------
Maintenant, on utilise surtout les parafoudres à oxyde
80 ---------------
de zinc, parfois nommés parafoudres à oxyde de métal
(Fig . 47-20) . Ils sont composés d'une série de pastilles
60
à résistance non linéaire empilées dans un tube en por-
celaine . L'absence d'éclateurs et d'autres dispositifs
40-
auxiliaires, ainsi que leur caractéristique E-I beaucoup
plus plate que celle des éléments au carbure de sili-
20-
cium donnent un avantage marqué à ce genre de para-
foudre sur ceux décrits précédemment . Toutefois, il est
0
important que la température, de même que la tension 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 kA
en régime permanent, ne dépassent pas le seuil admis- -courant crête
sible du parafoudre . Figure 47-19
Caractéristique d'un parafoudre au carbure de silicium ayant
une tension nominale de 30 kV efficace (42,4 kV crête) utilisé
sur une ligne MT à 34,5 kV.


1062 ÉLECTROTECHNIQUE

Non seulement les parafoudres offrent-ils une protec-


tion contre les surtensions, ils permettent aussi de ré-
duire la tension de tenue aux ondes de choc de tous les
appareils installés dans les postes de transformation .
Sur les réseaux HT et THT, on réalise ainsi des écono-
mies considérables sur le coût de l'appareillage (voir . .. . .. .. .. . ... . .. .. .. .. . .. .. .. .. .. . ... . .. .. .. .. .. . .. .. .. .. . ... . ... . .. .. .. .. .. . ... . .. .. .. .. .. . ... . .
section 20 .17) .

(a)

(b)
défaut

Figure 47-21
a . Transformateur triphasé alimentant 8 artères dans un poste
de transformation .
b . En l'absence de réactance d'artère, un court-circuit sur
une artère risque de détruire le disjoncteur et d'endommager
l'artère .
Figure 47-20
Vue montrant deux des trois parafoudres protégeant un
transformateur THT de 765 kV (gracieuseté de General
Electric) .
Analysons ce montage :
1 . Le courant nominal au secondaire du transforma-
47 .7 Réactances
teur est :
1 . Réactances d'artères . Dans un poste de transfor-
6
mation, il arrive souvent qu'un groupe de transforma- S 69 x 10
i = = = 1600 A
teurs branchés sur une ligne à haute tension alimentent
EV 24900x)
des barres omnibus à moyenne tension . À leur tour, les
barres omnibus alimentent plusieurs artères (lignes 2 . Comme il y a 8 artères, chacune peut fournir à sa
d'alimentation ou «feeders») qui desservent la région charge un courant nominal de
environnante . La Fig . 47-21 montre un transformateur
1600A=8=200A
triphasé de 69 MVA, 220 kV/24,9 kV, ayant une impé-
dance de 9,5 %, qui alimente une barre omnibus tri- 3 . Il s'ensuit que chaque artère doit être protégée par
phasée à 24,9 kV . Cette dernière sert de source pour un disjoncteur de 200 A, ayant habituellement un pou-
alimenter 8 artères triphasées identiques . voir de coupure de 4000 A .


DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1063

4 . Comme l'impédance du transformateur est de 9,5 %,


il peut fournir, lors d'un court-circuit, un courant de :

'nominal 1600
'court-circuit =
Z (p .u .) 0,095
= 16 842 A
5 . Il se pose alors un problème, car si un court-circuit
se produit près du poste - par exemple, sur l'artère no 2
(Fig. 47-21b) - celui-ci et son disjoncteur doivent subi-
tement porter 16,8 kA, soit un courant 80 fois plus grand
que le courant normal . Comme son courant de rupture
est seulement 4000 A, le disjoncteur sera détruit en es-
sayant d'ouvrir le circuit . De plus, l'artère risque de
brûler sur toute sa longueur et il se produira une vérita-
ble explosion au point de défaut.
6 . Afin d'éviter ce danger, on place une réactance en
série avec chaque phase de l'artère . Cette réactance d'ar-
tère doit limiter le courant de défaut à une valeur infé-
rieure au courant de rupture du disjoncteur . Toutefois,
son impédance doit être assez faible pour éviter une
chute de tension excessive en charge normale .
Dans cet exemple, pour limiter le courant de court-cir-
Figure 47-22
cuit à 4000 A, la valeur de la réactance par phase doit
Trois réactances de 2,2 52, 500 A montées en série avec une
être : ligne triphasée de 120 kV, 60 Hz, au poste Notre-Dame, à
Montréal . Elles sont isolées de la terre et un parafoudre est
XL = ELN = 24 900/3 branché en parallèle avec chacune (gracieuseté d'Hydro-
= 3,6 S2
Québec) .
I 4000
Étant donné que la fréquence est de 60 Hz, l'induc-
tance de chacune des trois réactances est :

L = XL = 3,6
= 0,0095 H
27c f 2n x 60
= 9,5 mH
2 . Transformateur de mise à la terre . Sur un réseau
triphasé à trois fils il est parfois nécessaire d'ajouter un
fil neutre ce qui le convertit en réseau triphasé à 4 fils .
Dans ce cas, on utilise un transformateur triphasé de
mise à la terre . C'est essentiellement un autotransfor-
mateur triphasé dont les enroulements sont raccordés
en zigzag selon le schéma de la Fig . 47-23 .
Si l'on branche une charge monophasée entre une li-
gne et la terre (neutre), le courant I se divise en trois
courants égaux I/3 dans les enroulements . Comme ces mise à la terre
courants restent égaux, le point neutre N ne se déplace
pas et les tensions ligne à neutre sur chaque phase res-
Figure 47-23
tent équilibrées, comme dans le cas d'un réseau à 4 fils . Transformateur de mise à la terre, appelé aussi transfor-
En pratique, on répartit les charges monophasées aussi mateur zigzag, servant à créer un réseau triphasé à 4 fils .

1064 ÉLECTROTECHNIQUE

également que possible entre les trois lignes et la terre, Le poste est alimenté par trois lignes différentes à
si bien que le courant I circulant dans le neutre n'est 220 kV (Fig . 47-25) . Il comprend six transformateurs
généralement qu'un courant monophasé résiduel as- triphasés de 36/48/60 MVA, 220 kV/24,9 kV raccor-
sez faible . dés en étoile-triangle . Les primaires des transforma-
teurs sont munis de commutateurs de prises allant jus-
47 .8 Exemple de poste de transformation - qu'à ± 15 % et dont le réglage se fait automatiquement
le poste La Suète*
en charge .
La Fig . 47-24 montre les éléments principaux d'un
Du côté MT, le neutre est obtenu au moyen d'un trans-
poste de transformation desservant une ville importante
formateur zigzag de mise à la terre, ce qui permet d'ali-
de la banlieue de Québec . Ce poste transforme une
menter des charges monophasées à une tension de
haute tension (HT) de 220 kV à une moyenne tension
24,9 kV/J3 = 14,4 kV.
(MT) de 24,9 kV pour alimenter le réseau de distribu-
tion MT de la ville de Sainte-Foy . Ce poste et son ré- Du côté HT, on utilise des disjoncteurs à faible volume
seau contiennent la plupart des éléments présents dans d'huile dont le pouvoir de coupure est de 32 kA. Du
un système de distribution urbaine . Ils peuvent donc côté MT, les disjoncteurs sont à bain d'huile et leur
nous servir d'exemple . pouvoir de coupure est de 25 kA.

* Référence: Alimentation en énergie électrique des grandes


Enfin, chacune des artères triphasées est protégée par
agglomérations du Québec (Canada), de CIRED, 1975, par un disjoncteur de 400 A dont le pouvoir de coupure est
Marc Méthé, ing ., Hydro-Québec . de 12 kA .

Figure 47-24
Vue aérienne du poste de transformation La Suète . Les lignes (6), les disjoncteurs MT (7), les réactances d'artères (8), pour
HT à 220 kV (1) entrent du côté droit et passent à travers aboutir à 36 artères aériennes et souterraines qui transportent
des sectionneurs (2) et des disjoncteurs HT (3) pour alimenter l'énergie vers la ville de Sainte-Foy (9) . Seulement 4 des 6
les primaires des transformateurs (4) . Les secondaires des transformateurs prévus étaient installés lorsque la photo a
transformateurs alimentent un ensemble (5) de lignes MT à été prise (gracieuseté d'Hydro-Québec) .
24,9 kV qui traversent les transformateurs de mise à la terre

DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1065

CHARLESBOURG

parafoudre
ai--.
220 kV
QUÉBEC 2
220 kV
CHAUDIÈRE
220 kV
2 transformateur de courant

sectionneur HT 3 _4 sectionneur de mise à la terre

sectionneur HT ~5 /30
( p
disjoncteur HT lignes d'interconnexion
6
32 kA auxiliaire HT

sectionneur HT 7

sectionneur HTI (l
motorisé 8 34\..

parafoudre 10 1 sectionneur
de mise à
la terre
TRANSFORMATEURSÎ4
36/48/60 MVA, 60 HzA 012
220 kV/24 ,9 kV
transformateur de mise à la terre st 3.. .p . 'IF- u
parafoudre
disjoncteur MT 25 kA p 14
sectionneur MT 15

f ligne
d'interconnexion
auxiliaire MT

y U~ •~oAd

~ 2~2
~o $
PQ

23 29
ARTÈRES 24,9 KV VERS LA VILLE DE SAINTE-FOY

Figure 47-25
Diagramme schématique du poste La Suète .
1066 ÉLECTROTECHNIQUE

3 7 11

4 8 12

DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1 067

La Fig . 47-26 (photos 1 à 12) montre les divers équi- sont entièrement souterraines, les autres sont aérien-
pements à l'intérieur du poste . nes ou aéro-souterraines .
Ce poste occupe une superficie de 235 m x 170 m et il Les artères souterraines sont des assemblages de trois
est complètement automatique . Certaines manoeuvres câbles monophasés à conducteur d'aluminium isolé au
peuvent se faire par télécommande à partir d'un centre polyéthylène réticulé . Chaque câble est partiellement
de conduite du réseau . Ainsi, avant d'envoyer les dé- recouvert par de petits fils de cuivre étamé formant le
panneurs sur les lieux, on peut essayer de refermer un neutre concentrique . Ces câbles sont presque toujours
disjoncteur de ligne qui s'est verrouillé après plusieurs installés en conduits bétonnés ; ils sont parfois simple-
tentatives de réenclenchement automatique . Le poste ment enfouis le long des lignes de propriété pour ali-
alimente un territoire d'environ 5 km de rayon où l'on menter des groupes de résidences . Les câbles souter-
trouve en grand nombre des maisons unifamiliales et rains défectueux peuvent être relevés en tout temps par
des immeubles d'habitation, ainsi que des centres com- des câbles de secours .
merciaux, des édifices à bureaux, un campus universi- Les artères aériennes à 24,9 kV sont supportées par
taire et de petites industries . des poteaux de bois qui soutiennent également les cir-
47 .9 La Suète - Distribution MT cuits BT et les câbles téléphoniques . Ces artères sont
généralement constituées d'un tronc principal et d'un
L' arrangement MT du poste La Suète prévoit 36 artè-
grand nombre de dérivations triphasées et monopha-
res triphasées à 24,9 kV (30 actives, 6 de secours) ayant
sées (Fig . 47-27) .
une capacité nominale de 17,3 MVA chacune, ce qui
correspond à un courant de 400 A . Chaque artère est En zone urbaine, la valeur de la tension 24,9 kV est
munie de trois réactances qui limitent à 12 kA les cou- maintenue dans des limites acceptables par la com-
rants de défaut à la terre . Quelques-unes de ces artères mande automatique des prises des transformateurs au

Figure 47-26
Cette séquence de photos illustrant les composants
essentiels du poste La Suète permet de suivre le
cheminement de l'énergie électrique depuis l'arrivée des
lignes aériennes HT à 220 kV jusqu'au départ des artères
souterrainnes à 24,9 kV .
1 - Lignes triphasées à 220 kV alimentant le poste .
2 - La ligne traverse 3 transformateurs de courant (à
gauche) et elle est protégée par trois parafoudres (à
droite) .
3 - Trois sectionneurs de 220 kV placés en amont des
disjoncteurs .
4 - Disjoncteur à faible volume d'huile, 220 kV, composé
de trois modules en série permettant d'ouvrir la ligne
sous charge .
5 - Groupe de transformateurs triphasés dévolteurs de
220 kV/24,9 kV, 60 MVA .
6 - Ligne triphasée à 24,9 kV sortant d'un des transfor-
mateurs et arrivant à la section MT du poste .
7 -Transformateur de mise à la terre avec son disjoncteur
à bain d'huile ayant un pouvoir de coupure de 25 kA .
8 - Réactances d'artère .
9 - Disjoncteur triphasé à bain d'huile ayant un pouvoir de
coupure de 12 kA .
10- 11 - Départ d'une artère souterraine triphasée,
14,4/24,9 kV, 400 A, vers la ville de Sainte-Foy .
12- Chacun des supports d'acier est solidement mis à la
terre par des conducteurs nus en cuivre, afin de limiter
les surtensions produites sur l'appareillage lors des Figure 47-27
orages et autres perturbations . Artère aérienne MT à 24,9 kV/14,4 kV à Sainte-Foy .

1068 ÉLECTROTECHNIQUE

poste même . En périphérie, sur des embranchements


particulièrement longs, il arrive parfois que des mesu-
res correctives doivent être prises ; on installe alors des
condensateurs ou des autotransformateurs à réglage
autonome (Fig . 47-28) .
Presque tout le travail d'entretien peut maintenant se
faire sous tension grâce à l'usage de perches et de ca-
mions à nacelle .

Figure 47-29
Artères souterraines MT de 12,47 kV (ligne à ligne) posées
dans des conduits en béton et débouchant dans un poste
souterrain . Celui-ci contient deux transformateurs
monophasés de 250 kVA, 7200 V/120-240 V et un
transformateur triphasé de 112,5 kVA, 12 470 V/600 V.

puits et de joints . On estime que dans une ville comme


Montréal, il y a environ 14 000 puits d'accès compor-
tant plus de 150 000 joints .
De plus, le réseau comprend un grand nombre de pos-
tes souterrains (Fig . 47-29) contenant des transforma-
teurs MTBT, des sectionneurs, des disjoncteurs et un
système de mise à la terre par le système d'aqueduc .
Les câbles et les appareils doivent être strictement étan-
ches et à l'épreuve de l'eau, car tout réseau souterrain
Figure 47-28 est sujet à des inondations occasionnelles .
Cet autotransformateur monophasé à réglage autonome
maintient une tension stable sur une ligne rurale (gracieuseté 47 .11 Sainte-Foy - Distribution BT
de General Electric) . Deux tensions normalisées sont disponibles sur le ré-
seau à basse tension de la région de Sainte-Foy :

47 .10 Réseau souterrain de centre-ville 1 . 120/240 V monophasé avec point neutre à la terre ;
Au centre des grandes villes, il existe un vaste réseau 2 . 600/347 V triphasé étoile avec point neutre à la terre .
souterrain MT, fonctionnant à des tensions allant de La première convient avant tout aux installations do-
4 kV à 25 kV. Ce réseau nécessite un grand nombre de miciliaires et pour des puissances monophasées allant
puits d'accès, principalement pour effectuer des joints jusqu'à 150 kVA . La seconde est destinée aux indus-
et des points de branchement . La longueur d'un câble tries, grands immeubles, centres commerciaux, etc .,
souterrain est d'environ 400 m et l'on ne peut pas le dont la puissance est généralement inférieure à
tirer, sans risquer de l'endommager, sur une distance 2000 kVA, bien qu'elle dépasse parfois ce niveau et
excédant 100 m . Il faut donc prévoir une multitude de puisse même atteindre 5000 kVA .

DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1069

Pour le service monophasé, on utilise des transforma- protection reposent sur ces statistiques et sur le fait que
teurs de 14 400/120-240 V. Pour l'alimentation tripha- l'on doit assurer aux clients une continuité de service
sée, on emploie généralement 3 transformateurs mo- acceptable .
nophasés de 14 400/347 V . Les transformateurs desti-
47 .12 Coordination de la protection
nés au service monophasé ont une puissance comprise
entre 10 kVA et 167 kVA et on les accroche habituelle- Lors d'un court-circuit, le courant monte en flèche non
ment aux poteaux . Ils ont une seule borne haute ten- seulement près du point avarié, mais sur toutes les li-
sion raccordée à un côté de l'enroulement primaire ; gnes qui mènent, directement ou indirectement, au
l'autre extrémité de l'enroulement est raccordée inté- court-circuit . Afin d'éviter que ce courant ne provoque
rieurement à la cuve et cette dernière est raccordée au l'ouverture simultanée de tous les dispositifs de pro-
fil neutre qui est lui-même raccordé à une électrode de tection associés, on doit coordonner la protection. Une
terre . bonne coordination doit faire ouvrir seulement les dis-
positifs situés le plus près du court-circuit et laisser
Les transformateurs de distribution normalisés n'ont intact le reste du réseau . À cette fin, on ajuste le cou-
pas de prises et les branchements BT aériens ne com- rant de déclenchement et le temps d'ouverture de cha-
prennent aucun dispositif de protection . Ils sont proté- cun de ces dispositifs afin de protéger la ligne et l'ap-
gés au primaire par un coupe-circuit et un parafoudre pareillage associé, tout en restreignant au strict mini-
(voir Fig. 47-32) . Cela termitle notre survol du réseau mum le nombre de clients affectés par la panne .
La Suète/Sainte-Foy.
Considérons, par exemple, le réseau de la Fig . 47-30
LIGNES DE DISTRIBUTION MT composé d'une ligne principale (sortant d'un poste)
qui alimente plusieurs lignes dérivées . On installe un
Toute ligne aérienne est sujette à des courts-circuits dispositif de protection P en amont de chaque ligne de
causés par divers facteurs : branches cassées, glace, sorte que, si une panne survient sur une ligne, celle-ci,
équipement défectueux, fils conducteurs qui se tou- et celle-ci seulement, puisse être débranchée du réseau .
chent, etc . Les études statistiques démontrent qu'au Ainsi, un court-circuit au point 1 doit provoquer
moins 85 % de ces courts-circuits sont temporaires et l'ouverture de P t , mais non pas de P2 . De la même
ne durent qu'une fraction de seconde . Les mêmes étu- façon, un court-circuit au point 2 doit faire ouvrir P 3 ,
des révèlent que 70 % des courts-circuits se font entre mais non pas P4 , et ainsi de suite . Comme l'ouverture
un fil de ligne et la terre et que les courts-circuits im- d'un circuit avarié se fait en quelques cycles seulement,
pliquant les trois phases sont rares . Les méthodes de la coordination entre les divers dispositifs de protée-

poste de transformation

Figure 47-30
Sur un réseau MT, l'ouverture des dispositifs de protection
doit être coordonnée afin de restreindre au minimum le
nombre de clients affectés lors d'une panne de court-circuit .

1070 ÉLECTROTECHNIQUE

tion nécessite des délais différentiels qui se mesurent tensités (Fig . 47-32) . Leur construction est telle que,
en millisecondes . On doit donc connaître avec une lorsque le fusible a brûlé, le porte-fusible bascule vers
bonne précision l'intensité des courants de défaut pos- le bas, indiquant ainsi la présence d'un défaut en aval .
sibles, de même que les caractéristiques des fusibles et Dans certains types de coupe-circuit à haut pouvoir de
des disjoncteurs afin de coordonner leur action par rap- coupure, le fil fusible est tendu par un ressort et placé
port au temps . dans un tube de porcelaine ou de verre rempli d'acide
Les principaux dispositifs de protection pour les lignes borique, d'huile ou de tétrachlorure de carbone .
MT sont : L'élément fusible doit évidemment être remplacé après
1) les coupe-circuits à expulsion dirigée chaque interruption, ce qui entraîne souvent un arrêt
prolongé .
2) les disjoncteurs à réenclenchement automatique
3) les autosectionneurs Afin d'assurer une bonne coordination, les caractéris-
tiques de rupture courant/temps sont soigneusement
47.13 Coupe-circuit à expulsion dirigée
choisies pour chaque coupe-circuit et l'on ne doit ja-
Un coupe-circuit à expulsion dirigée est un fusible mais remplacer un élément brûlé par un autre de cali-
monté sur un poteau et que l'on peut débrancher avec bre différent .
une perche de ligne . Il est isolé du sol par un isolateur
double (Fig . 47-31) . Ces fusibles sont peu coûteux et La Fig . 10-27, chapitre 10, montre la caractéristique
typique d'un fusible de coupe-circuit dont le courant
on les utilise surtout pour protéger les transformateurs
et les embranchements monophasés contre les surin- nominal est de 100 A .

Figure 47-32
Coupe-circuit et parafoudre protégeant le primaire d'un
Figure 47-31 transformateur monophasé de 25 kVA, 14,4 kV/120-240 V .
Monteur de ligne en train de remplacer le fusible d'un coupe- Le fil sous tension de 14,4 kV est au sommet du poteau et la
circuit protégeant un transformateur de distribution . Le portion du conducteur située au coin droit de la figure est le
parafoudre à oxyde de zinc est raccordé en parallèle avec le neutre de retour . Les conducteurs torsadés amènent la
primaire (gracieuseté d'Hydro-Québec) . tension 120 V/240 V à une résidence .

DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1071

47 .14 Disjoncteur à réenclenchement


automatique («recloser»)
Le disjoncteur à réenclenchement automatique ou
«recloser» ouvre le circuit lors de l'apparition d'un
défaut et le referme de nouveau après un délai compris
entre une fraction de seconde et quelques secondes .
La séquence d'ouverture et de refermeture se répète
deux ou trois fois selon l'ajustement des dispositifs de
commande internes . Si le court-circuit ne disparaît pas
après deux ou trois tentatives de refermeture, le recloser
ouvre le circuit en permanence et une équipe de répa-
ration doit aller sur les lieux pour le réarmer.
Les reclosers à 24,9 kV peuvent interrompre des cou-
rants de défaut aussi élevés que 12 000 A . Ces appa-
reils sont disponibles en versions monophasée et tri-
phasée et on peut les accrocher à un poteau (Fig . 47-
33) . D'autres sont installés dans le poste de transfor-
mation pour protéger une artère principale . Ils sont to-
talement autonomes puisqu'ils utilisent, pour leur fonc-
tionnement et leur réarmement, l'énergie fournie par
le réseau ou emmagasinée dans des ressorts .
Figure 47-33
47 .15 Autosectionneur («sectionalizer») Trois disjoncteurs à réenclenchement automatique protégeant
Lorsqu'une ligne d'alimentation comprend plusieurs une artère triphasée .
dispositifs de protection, il est souvent difficile d'at-
teindre une coordination acceptable basée seulement abonnés C et D . Cela permet au recloser de refermer la
sur le temps de fusion des coupe-circuits . On utilise ligne une dernière fois et d'assurer ainsi le service aux
alors un autosectionneur dont l'ouverture dépend du abonnés A et B situés en amont de l'autosectionneur .
nombre d'opérations successives d'un recloser situé en Comme tout sectionneur, l' autosectionneur ne peut pas
amont. interrompre des courants, de sorte que son ouverture
Considérons, par exemple, un recloser R et un doit se faire pendant l'intervalle où le recloser est lui-
autosectionneur S protégeant une ligne d'alimentation même ouvert .
importante (Fig . 47-34) . Si un défaut se produit au point Les autosectionneurs sont disponibles en versions
F, le recloser ouvre et referme le circuit selon une sé- monophasée et triphasée . Ils possèdent plusieurs avan-
quence prédéterminée . Un dispositif logé à l'intérieur tages sur les coupe-circuits : on peut les refermer sans
de l' autosectionneur compte le nombre d'interruptions danger sur un circuit en défaut et ils n'entraînent pas
et, avant que la séquence ne soit terminée, l' autosec- les retards dus au remplacement d'un élément fusible
tionneur ouvre ses propres contacts et débranche les de calibre approprié .

0
disjoncteur i recloser autosectionneur
F

0 O O
poste de
transformation J

Figure 47-34
Protection par autosectionneur . Dans plusieurs cas, le recloser est installé au poste de transformation,
en remplacement du disjoncteur de ligne .

1072 ÉLECTROTECHNIQUE
t

47 .16 Résumé de la protection MT Dans cette section, nous étudierons donc l'organisa-
Les schémas de protection pour les circuits MT aé- tion de la distribution BT.
riens sont caractérisés par la multiplicité des points de
47 .17 Systèmes de distribution BT
sectionnement automatique et par l'emploi, sur les li-
Les systèmes de distribution BT les plus couramment
gnes, d'appareils autonomes de sectionnement et de
employés au Canada sont :
réenclenchement . Au poste de transformation, les dis-
joncteurs de ligne sont munis de relais de réenclen- a) les systèmes monophasés à 120 V à deux fils ou à
chement et leur action peut être coordonnée avec celle 120/240 V à trois fils ;
de reclosers et d'autosectionneurs de ligne . b) les systèmes triphasés à 600 V à trois fils, à
La gamme des appareils disponibles permet de résou- 600/347 V à quatre fils ou à 208/120 V à quatre fils .
dre de façon satisfaisante tous les problèmes de pro- Aux États-Unis, on utilise les mêmes tensions et, en
tection qu'on rencontre sur les réseaux aériens, grâce plus, les réseaux triphasés à 480 V à trois fils et à
à des arrangements coordonnés tels que : 480/277 V à quatre fils .
1) disjoncteur - fusible En Europe et dans d'autres pays du monde, les réseaux
triphasés à 380/220 V (50 Hz) sont très répandus . Mal-
2) disjoncteur - fusible - fusible
gré ces différences entre les choix de tensions norma-
3) disjoncteur - recloser - fusible
lisées, les principes de base expliqués plus loin s'ap-
4) disjoncteur - recloser - autosectionneur pliquent à tous les systèmes BT.
5) disjoncteur - autosectionneur - recloser -
Système monophasé 120 V à deux fils
autosectionneur - fusible, etc .
Ce système présente l'avantage de la simplicité . On
Dans les centres de grande densité de charge, les li- l'emploie seulement pour de faibles charges d'éclai-
gnes sont relativement courtes, donc sujettes à une pro- rage et d'autres petits appareils à basse consommation .
babilité d'avaries relativement faible. On se contente
Système monophasé 120/240 V à trois fils
alors de les diviser en trois ou quatre tronçons au moyen
de coupe-circuit unipolaires manoeuvrés par perche . Pour des puissances plus importantes, le système 120 V
L'usage de reclosers ou d'autosectionneurs n'est alors à deux fils exige l'emploi de conducteurs de grande
pas nécessaire . section . De plus, son rayon d'action est limité par la
chute de tension . Pour diminuer l'intensité du courant
Par contre, en périphérie des zones urbaines, une ligne
et, par suite, la section des conducteurs, on a été amené
à 24,9 kV peut atteindre, avec ses embranchements
à augmenter la tension à 240 V. On a donc imaginé le
principaux, une longueur considérable : elle est expo-
système 120/240 V à trois fils (Fig . 47-35) .
sée à une plus grande probabilité de défaut . Afin d'as-
surer une continuité de service acceptable, on sectionne Ce système est très répandu . Le réseau à basse tension
le circuit au moyen de reclosers et d'autosectionneurs est alimenté par un transformateur à secondaire dou-
selon l'un ou l'autre des arrangements énumérés ci- ble . Le fil commun, appelé fil neutre, est toujours mis
dessus . solidement à la terre . Lorsque les fils sous tension A et
B sont chargés également, le courant dans le fil neutre
SYSTÈMES DE DISTRIBUTION BT est nul . Lorsque les fils A et B sont chargés inégale-
ment, le fil neutre est parcouru par un courant égal à la
On a vu que l'énergie électrique est livrée au client à
différence des courants dans les fils sous tension. On
partir des postes de transformation en passant par les s'arrange, autant que possible, pour que les deux fils
circuits MT, les transformateurs de distribution et, en- sous tension soient chargés également.
fin, les circuits BT .
L'avantage d'un tel système est:
Les transformateurs de distribution sont situés dans le
voisinage de groupes d'abonnés et ils abaissent la ten- 1) de limiter la tension entre une ligne sous tension et
sion à une valeur appropriée aux appareils domesti- la terre à une valeur qui n'est pas trop dangereuse ;
ques et industriels . De chacun de ces transformateurs 2) de permettre simultanément l'alimentation de char-
partent des conducteurs BT (appelés branchements du ges d'éclairage en 120 V et de charges de force mo-
distributeur) qui amènent finalement l'énergie électri- trice ou de chauffage en 240 V. Les lampes à incan-
que chez les abonnés . descence, les petits moteurs de puissance fraction-

DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1073

Figure 47-35
Distribution monophasée à trois fils, 240 V/120 V.

paire et la plupart des appareils électroménagers sont IA =i l + i3 = (6 +0 j) + (5 +0 j)=11L0°


alimentés en 120 V, alors que les cuisinières électri-
IB = i2 + i3 = (3,3 - 4,4j) + (5 + O j) = 8,3 - 4,4 j
ques et les chauffe-eau sont alimentés en 240 V .
= 9,39 Z-27,9 -
On ne doit jamais placer de fusible dans le fil neutre,
car la rupture du fil neutre entraîne le déséquilibre des IN = il -i2 = (6+Oj)-(3,3-4,4j)=2,7+4,4j
tensions : la tension totale de 240 V se partagerait en = 5,16 L58,5°
deux parties proportionnelles aux résistances de cha-
b. La puissance active totale Ptotale fournie par la ligne
cun des circuits . Le côté le moins chargé, donc de ré-
sistance plus élevée, serait soumis à une tension trop à 14 400 V est égale à la somme des puissances actives
élevée, pouvant atteindre, à la limite, une valeur de des charges au secondaire du transformateur :
240 V. Ptotaie = 720 + 1200 + 120 V x 3,3 A = 2316 W

Exemple 47-1 La puissance réactive totale Qtotale fournie par la ligne


à 14 400 V est égale à la somme des puissances réacti-
Dans la Fig. 47-35 les charges 1, 2 et 3 absorbent
ves des charges au secondaire du transformateur:
les puissances suivantes :
Qtotale = 120 V x 4,4 A = 528 var
Charge 1 : 720 W
Charge 2 : 660 VA à un /'P de 60 2316 2 + 528 2 = 2375 VA
Stotale =
Charge 3 : 1200 W
Courant au primaire = 2375 VA/14 400 V
Déterminer:
= 0,165 A = 165 mA
a) la valeur (les courants / A , /B . et I N
b) le courant dans la ligne MT et le facteur de puis- FP = 2316 W/2375 VA = 0,975 = 97,5 %
sance Système triphasé 208/120 V à quatre fils
La puissance active totale Ptotale fournie par la ligne Lorsque l'on raccorde trois transformateurs de distri-
à 14 400 V est écale à la somme des puissances ac- bution monophasés en triangle-étoile, on obtient au
tive des charges au secondaire du transformateur . secondaire un système triphasé à quatre fils (Fig . 47-
36) .
Solution
Ce système est employé dans les immeubles commer-
a . i l = 720W/120V=6A=6+Oj
ciaux, car il donne une source triphasée de 208 V ligne
i2 = 660 VA/1 20 V = 5,5 A à ligne assez élevée pour l'alimentation de moteurs tri-
8 = arccos 0 .6 = 53,13° phasés tout en offrant trois tensions monophasées de
ip = 5,5 cos 0=5,5 x 0,6 = 3,3 A 120 V ligne à neutre pour l'éclairage .
iq = 5,5 sin 0 = 5,5 x 0,8 = 4,4 A Les circuits d'éclairage, ainsi que les prises de courant
donc à 120 V, sont répartis aussi également que possible entre
i2 = 3,3 - 4,4j les trois phases . Quand ces charges monophasées sont
bien équilibrées, le courant dans le fil neutre est très
i 3 = 1200W/120V=5A=5+Oj
faible .

1074 ÉLECTROTECHNIQUE

W.M~
transformateur
de distribution
secondaire à 120 V
a

_n ∎
2 8V
2
208 V

120 V
120 V
*zozo

Figure 47-36
Système de distribution triphasé à 4 fils, 208 V/120 V. charges triphasées

Système triphasé 600 V à trois fils tricité . Il ne nous est pas possible d'étudier ici tous les
Certaines installations de force motrice sont branchées systèmes de mise à la terre ; nous nous limiterons à quel-
sur un réseau secondaire indépendant de celui desser- ques cas importants .
vant les installations d'éclairage. On se rappellera que La plupart des installations BT sont mises à la terre,
les démarrages fréquents de moteurs donnent lieu à des généralement en raccordant un conducteur à un tuyau
variations de tension répétées qui seraient gênantes pour de distribution d'eau . Lorsqu'un système d'aqueduc
les circuits d'éclairage . La distribution triphasée de n'est pas disponible, une ou plusieurs tiges métalliques
600 V à trois fils est très courante pour l'alimentation enfoncées dans le sol peuvent servir de mise à la terre .
des installations de force motrice (Fig . 47-37) . La résistance de la mise à la terre doit être inférieure à
Système triphasé 600/347 V à quatre fils 25 ~ 2 . Cette exigence du Code canadien de l'électricité
Dans les grands immeubles et les centres industriels et est relativement facile à satisfaire avec la présence d'un
commerciaux au Canada, on utilise une distribution système d'aqueduc ; dans une région rurale sa réalisa-
600/347 V à quatre fils, car elle permet l'alimentation tion est plus difficile . La mise à la terre offre divers
de la force motrice à 600 V et des lampes fluorescentes avantages, mais sur les réseaux BT, son but principal
à 347 V. Pour les prises de courant à 120 V, on installe est de réduire le danger du choc électrique .
les transformateurs monophasés requis . L'agencement 47 .19 Choc électrique
est semblable à celui de la Fig . 47-36 .
La présence d'une tension entraîne toujours la possibi-
47 .18 Mise à la terre (MALT) des lité de prendre un choc électrique . Il est assez difficile
installations électriques de préciser la limite des tensions dangereuses, car le
La mise à la terre des installations électriques est l'une danger dépend surtout de l'intensité et de la durée du
des questions les moins bien comprises des techniques courant traversant le corps humain . Or, son intensité
de l'électricité ; pourtant, elle constitue un moyen très est déterminée par la résistance de contact et la résis-
efficace de prévenir certains accidents causés par l'élec- tance du corps .

transformateur
de distribution

600 V

600 V

Figure 47-37
Système de distribution triphasé à 3 fils, 600 V.

DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1075

On admet généralement que toute intensité de courant 47.20 Mise à la terre des systèmes de
inférieure à 10 mA n'est pas à craindre ; entre 10 mA et distribution à 120 V et à 120/240 V
20 mA, l'intensité est dangereuse, car la personne ne Les circuits individuels de distribution secondaire sont
peut plus lâcher prise ; enfin, elle peut être mortelle au- alimentés par des transformateurs de distribution bran-
dessus de 50 mA . chés à une ligne de moyenne tension dont l'un des con-
La résistance du corps humain (prise entre les deux ducteurs, le neutre, est mis à la terre (Fig . 47-38) . Sup-
mains ou une main et une jambe) est de l'ordre de 500 S2 posons que la tension primaire soit de 14,4 kV .
à 1000 S2 . La résistance de contact est beaucoup plus Si aucun des conducteurs du circuit secondaire n'est
élevée et joue un très grand rôle . En effet, la résistance mis à la terre, il semble, à première vue, qu'une per-
de contact de la peau d'une main sèche peut être supé- sonne puisse toucher l'un de ces deux conducteurs sans
rieure à 50 000 S2 de sorte que le contact momentané subir de choc, car le circuit de retour par la terre est
avec des fils sous une tension aussi grande que 500 V ouvert (Fig . 47-38a) . Cependant, tel n'est pas le cas .
(500 V = 50 000 S2 = 10 mA) peut ne pas entraîner la
D'abord, il existe un couplage capacitif entre le pri-
mort. Par contre, la résistance de contact d'une main
maire et le secondaire du transformateur qui peut don-
humide peut avoir une valeur à peu près nulle, de sorte
ner une tension très élevée entre chaque ligne secon-
que toute tension alternative plus grande que 25 V
daire et le sol . Cette tension peut atteindre 20 % ou
(25 V - 500 £2 = 50 mA) peut être mortelle quand une
40 % de la tension primaire. Si une personne touche
personne se trouve en bon contact avec des conduc-
l'une des bornes secondaires, le courant capacitif 1 c
teurs sous cette tension (pieds ou mains humides) .
Le courant alternatif provoque des contractions mus-
culaires qui empêchent le sujet de lâcher prise . Le cou- 14 400 V
rant est plus dangereux lorsque son trajet à travers le source
corps passe dans la région du coeur . Son passage pro- neutre
fusible
voque la paralysie et, s'il est prolongé, la fibrillation et

0 1
l'arrêt du cceur. Dans ce dernier cas, l' électrocuté a des 120 V
chances d'être ranimé par la respiration artificielle .
ON
{ 120 V
Les études statistiques
ont prouvé que le courant I pou- 02
C2
vant entraîner la mort dépend du courant et du temps -+
d'application, selon l'équation empirique* suivante : boîtier 5000 V
métallique
(a) sol
(47-1)

14 400 V
ou source
I = courant traversant le corps, en milliampères neutre1
t = durée du choc, en secondes (t compris entre
8 ms et 5 s)
116 = constante empirique, fonction de la proba-
bilité de mort

Un courant de 116 mA circulant pendant 1 seconde a- C2

seulement peut donc entraîner la mort . En effet, on es- boîtier


métallique
time que si une personne subit un choc électrique cor-
(b) Rterre sol
respondant à cette équation, elle a une chance sur 10
d'en mourir.
Figure 47-38
Dalziel, C .F. : Reevaluation of Lethal Electric Currents IEEE a . Les capacitances distribuées C l et C2 font apparaître une
Transactions on Industry and General Applications, vol 1 GA- haute tension entre les bornes du secondaire et le sol .
4, no 5, pages 467 à 475 . b . Le courant capacitif peut donner un choc .
1076 ÉLECTROTECHNIQUE

source
source
fusible
r
1
I fusible
- -----------
1 120 V

Figure 47-38c
c . Un défaut produit une très haute tension sur le réseau à Figure 47-39
120 V. Un défaut reliant la ligne sous tension de 14,4 kV avec le
réseau de 120 V provoque la circulation d'un courant de court-
circuit, pour autant que le fil neutre N soit mis à la terre .
qui traverse alors son corps (Fig . 47-38b) peut être dan-
gereux* .
Allons plus loin et supposons qu'un fil à haute tension Quand la prise de terre a une très faible résistance Rtene,
vienne accidentellement en contact avec l'un des con- la tension alternative entre les conducteurs et le sol se
ducteurs à 120 V (Fig . 47-38c) . Cette condition peut maintient momentanément à une valeur un peu supé-
survenir lors d'un défaut d'isolement entre les enrou- rieure à 120 V Par contre, si la résistance de la prise de
lements du transformateur ou si une branche ou un autre terre est élevée, la chute de tension produite par le pas-
objet relie momentanément les fils à haute tension et à sage du courant de court-circuit devient importante ; la
basse tension . Dans ces conditions, il se produit une tension du fil de terre N lui-même, par rapport au sol,
surtension de 14 400 V entre les conducteurs secon- peut atteindre une valeur dangereuse . Par exemple, si
daires et la terre, provoquant la rupture immédiate de la résistance de la mise à la terre est de 10 £2, un cou-
l'isolement BT . La rupture se ferait aléatoirement au rant de défaut de 300 A produira une tension de l'ordre
point d'isolement le plus faible, soit à l'intérieur même de 3000 V sur les conducteurs 1, 2 et N par rapport au
d'une maison ou d'une usine . Le courant de court-cir- sol . Cette surtension ne durera qu'une fraction de se-
cuit intense qui s'ensuit constituerait un grave danger conde, soit le temps requis pour ouvrir le dispositif de
d'incendie . On constate donc qu'un tel circuit de dis- protection en amont du court-circuit .
tribution secondaire sans mise à la terre serait extrê-
mement dangereux dans certaines conditions anorma- 47 .21 Mise à la terre de l'équipement
les . électrique
Le consommateur d'électricité est constamment en
Si, au contraire, le conducteur N du circuit secondaire
contact avec de l'équipement électrique de toute sorte,
est mis à la terre, le contact accidentel des conducteurs
depuis les appareils électroménagers et les outils por-
à haute et à basse tension produit un court-circuit franc
tatifs, jusqu'aux moteurs électriques et aux armoires
à un endroit bien défini ; le chemin du courant de dé-
de commande . Or, on vient de constater que les ten-
faut est indiqué en pointillé sur la Fig . 47-39 . Ce cou-
sions et courants associés à ces équipements dépas-
rant intense provoquera la fusion du coupe-circuit au
sent de beaucoup ce que peut tolérer le corps humain.
primaire du transformateur, mettant ainsi le circuit hors
Par conséquent, on doit prendre des précautions spé-
tension .
ciales pour que l'on puisse les toucher sans danger .
Afin de comprendre les principales caractéristiques de
Dans certains transformateurs, on interpose entre le pri-
la mise à la terre d'un système de distribution moderne,
maire et le secondaire une feuille métallique que l'on rac-
corde à la terre . Cette feuille agit comme un écran, élimi-
commençons avec un simple circuit monophasé, coin-
nant le couplage capacitif entre les deux enroulements .


DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1077

L IL
r - -
I 1120 V ligne
fusible I sous tension 2" M bâti
I I interrupteur
I ouvert Re

1120 V
I L N L
(
I ligne neutre I I F
L_-- RJ
coffret de connexion
connexion
branchement enveloppe métallique coffret de
branchement enveloppe
métallique

Figure 47-40 Figure 47-41


Une enveloppe métallique sans mise à la terre présente un De prime abord, il peut sembler que le raccordement des
danger de choc électrique . parties métalliques au neutre soit sécuritaire .

posé d'une source de 120 V raccordée à un moteur M même potentiel que le fil neutre, le danger de choc est
(Fig . 47-40) . Le neutre est mis à la terre au coffret de enrayé .
branchement, soit à l'entrée électrique de l'immeuble . Toutefois, cette solution présente encore un danger dans
Supposons que le moteur fasse partie d'un appareil élec- l'éventualité où le fil neutre deviendrait ouvert, soit
troménager, comme un lave-vaisselle, et que le bâti du par accident, soit à cause d'une installation fautive . Par
moteur soit connecté à l'enveloppe métallique, ce der- exemple, supposons que l'interrupteur du lave-vaisselle
nier n'étant pas mis à la terre . Dans ces conditions, soit branché en série avec le fil neutre, plutôt qu'en
une personne peut toucher l'enveloppe métallique sans série avec le fil sous tension . On pourrait toujours faire
recevoir de choc électrique, sous réserve que l'appa- partir et arrêter l'appareil, mais une personne en con-
reil ne soit pas défectueux . Comme l'enveloppe n'est tact avec l'enveloppe métallique risque de prendre un
pas raccordée au circuit électrique, elle «flotte» sim- choc lorsque l'interrupteur est ouvert (Fig . 47-42) . En
plement et son potentiel par rapport au sol est nul . effet, lorsque l'isolation entre les enroulements et le
bâti devient défectueuse, le potentiel du bâti du mo-
Supposons, maintenant, que l'isolation entre un enrou-
teur et de l'enveloppe métallique monte à celui du fil
lement et le bâti du moteur devienne défectueuse de
sous tension .
sorte que la résistance Re chute de plusieurs mégohms
à quelques centaines d'ohms seulement . Le potentiel interrupteur
de l'enveloppe pourrait alors monter à 120 V. Par con- IL = IF ouvert
séquent, lorsqu'une personne touche l'enveloppe mé- I
I fusible
tallique, la résistance du corps Rb offre un chemin qui I
mène à la terre, comme le montre la Fig . 47-40 . I
Le courant de fuite IF traversant le corps de la personne 1 120V
1
risque d'être dangereusement élevé . Par conséquent, I I ligne neutre
ce montage n'est pas sécuritaire . L _ _ J

Pour remédier à cela, on peut raccorder l'enveloppe


métallique au fil neutre (Fig. 47-41) . Dans ce cas, il se
produit un nouveau courant de fuite I F qui emprunte le
chemin suivant : de l'enroulement du moteur ---> au bâti,
Figure 47-42
-* à l'enveloppe métallique -* et retour par le fil neu- Lorsque le raccordement de la ligne neutre est fautif, un
tre. Cependant, comme l'enveloppe métallique est au danger de choc électrique se présente de nouveau .




1078 ÉLECTROTECHNIQUE

2 1
1 120 V ligne
I sous tension M bâti 9 9
I interrupteur
Re
I fermé
I ligne neutre N Q-i
G
1 'FI
mise à la terre G
connexion
coffret de
enveloppe
branchement
mise à métallique =
la terre

Figure 47-43
Un fil de mise à la terre connecté à l'enveloppe métallique
donne un système plus sécuritaire .

Afin d'éviter ce danger de choc, on installe un troi- G


sième fil, appelé fil de mise à la terre . Il est connecté en
permanence entre l'enveloppe métallique et le point de Figure 47-44
mise à la terre au coffret de branchement (Fig . 47-43) . Le bâti métallique des appareils électriques doit toujours être
mis à la terre .
Avec cet agencement, le fil neutre ne doit jamais être
raccordé aux parties métalliques (comme le bâti du
moteur ou l'enveloppe extérieure), sauf dans les cas
exceptionnels permis par le Code canadien d'électri- 47 .22 Disjoncteur différentiel de courant de
cité . fuite
Le fil de mise à la terre peut être un conducteur nu ; s'il La méthode de mise à la terre que nous venons de dé-
est recouvert d'un isolant, la couleur normalisée de crire est généralement satisfaisante, mais dans certains
celui-ci doit être verte . cas on exige des mesures encore plus sécuritaires . Par
La plupart des prises de courant monophasées sont exemple, supposons qu'une personne touche le con-
ainsi dotées de trois contacts : un contact sous tension, ducteur sous tension en mettant le doigt à l'intérieur
un contact neutre et un contact de mise à la terre (Fig . d'une douille de lampe (Fig . 47-45) . Bien que l'enve-
47-44) . Il en résulte que les appareils électroménagers loppe métallique soit mise à la terre, la personne rece-
et les outils portatifs sont munis d'un câble d'alimen- vra un choc électrique désagréable . Supposons même
tation et d'une fiche à 3 conducteurs . Cependant, les qu'un grille-pain tombe dans une piscine . Les éléments
dispositifs possédant une enveloppe tout plastique sont chauffants et les contacts sous tension produiront un
exclus de cette exigence ; ils sont alimentés par un câ- courant de fuite dangereux circulant partout dans l'eau,
ble à deux conducteurs comprenant le fil sous tension même si le bâti du grille-pain est mis à la terre .
et le fil neutre . Des dispositifs ont été développés pour interrompre la
En résumé, tous les appareils ayant un bâti métallique source de tension dès que de tels accidents se produi-
comme les cuisinières, les chauffe-eau, les fers à re- sent . Ces disjoncteurs différentiels peuvent ouvrir le
passer, etc ., doivent posséder une prise de terre . Il en circuit en 25 ms lorsque le courant de fuite dépasse
est de même pour les bâtis des moteurs, machines, etc ., 5 mA . Quel est le principe de fonctionnement de ce
installés dans les usines . Il en résulte que tous les bâtis, type de disjoncteur?
boîtes et enveloppes métalliques sont reliés ensemble La Fig . 47-45 montre une personne touchant acciden-
par un ou plusieurs conducteurs . On dit alors que les tellement au contact sous tension d'une douille de
bâtis sont «mis à la masse» . Cette «masse» est elle lampe . Le courant IL dans la ligne sous tension peut
même reliée à la terre par un ou plusieurs conducteurs alors retourner de trois manières au point neutre du
de mise à la terre . coffret de branchement. Ainsi, il peut retourner par le

DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1079

Dans les conditions normales, le courant de fuite est


inférieur à 1 µA, de sorte que la différence de courant
(IL - IN) est négligeable . Mais si IF augmente, pour
ligne sous tension quelque raison que ce soit, la différence (IL - IN) peut
1L être décelée . C'est précisément le rôle du disjoncteur
différentiel de détecter cette différence et d'ouvrir le
IN circuit dès qu'elle dépasse les limites prescrites .
mise à la terre ' f
enveloppe La Fig 47-46 montre un moteur M branché à une prise
'G ~ de courant qui est alimentée par une source à 120 V . La
prise de courant contient un disjoncteur différentiel
composé d'un disjoncteur D et un petit transformateur
Figure 47-45 de courant toroïdal.
Si une personne vient directement en contact avec le Le transformateur entoure le fil sous tension et le fil
conducteur sous tension, le fil de mise à la terre ne donne
pas de protection .
neutre, comme l'indique la Fig . 47-46 . Le secondaire
est raccordé au disjoncteur D très sensible, connecté
en série avec la ligne de 120 V . Le disjoncteur com-
fil neutre (IN), ce qui est normal pour un courant de prend un amplificateur électronique qui augmente la
charge . Selon les circonstances, une partie peut aussi puissance du signal EF , ce qui fait déclencher un petit
retourner par le fil de mise à la terre (I G) et une autre électropongeur lequel, à son tour, provoque l'ouverture
partie par le sol (I s) . La somme des courants IG et Is du disjoncteur . Celui-ci s'ouvre dès qu'une faible ten-
constitue le courant de fuite, IF . On peut donc écrire : sion EF apparaît aux bornes du secondaire .

IL = IN + IG + IS = IN + IF (47-2) Dans les conditions normales, le courant I L dans le fil


sous tension est exactement égal au courant I N circu-
d'où IF = IL - IN (47-3) lant dans le neutre . Par conséquent, le courant résul-
tant circulant à l'intérieur du noyau toroïdal est nul ; le
Le courant de fuite est donc égal à la différence entre flux est donc nul, de même que la tension E F aux bor-
les courants circulant respectivement dans la ligne sous nes du secondaire . Le disjoncteur D demeure donc
tension et le neutre . fermé .

Figure 47-46
Composition d'une prise de courant incorporant un disjoncteur différentiel . Celui-ci ouvre le
circuit lorsque le courant de fuite I F dépasse 5 mA .


1080 ÉLECTROTECHNIQUE

Supposons maintenant qu'un courant de fuite I F (dû à


la somme des fuites Is et IG) circule du fil sous tension 1 branchement du
distributeur
au sol . Alors, le courant net à l'intérieur du tore n'est o
plus zéro mais égal à IF . Cela produit un flux dans le branchement du
2 consommateur
noyau engendrant une tension E F qui actionne le dis-
joncteur. Comme on doit détecter un courant I F aussi
coffret de
faible que 5 mA, le noyau du transformateur doit avoir branchement
une excellente perméabilité . À cette fin, on utilise sou- mise a la terre

vent un matériau magnétique dont la perméabilité re-


lative est habituellement de 40 000 à une densité de appareillage
flux de 4 mT. de mesure

INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES À
L'INTÉRIEUR DES BÂTIMENTS
panneau artère panneau
L'installation électrique à l'intérieur des bâtiments secondaire I
constitue la dernière étape permettant de livrer l'éner-
L -J
gie électrique aux consommateurs . Toute installation,
I
grande ou petite, doit se conformer à certaines exigen- 6 circuits de dérivation
ces de base . Ces exigences concernent :
appareillage utilitaire
1 . La sécurité :
(avec ses organes de commande
a) protection contre le choc électrique ; et de protection)
b) protection contre le bris mécanique des conduc-
teurs ;
c) protection contre les surcharges ; Figure 47-47
Éléments principaux d'une installation électrique .
d) protection contre les dangers présentés par cer-
tains emplacements .
2 . La chute de tension dans les conducteurs : elle ne
doit pas dépasser 1 ou 2 % de la tension ligne à neu-
tre .
3 . La durée de vie des conducteurs : elle doit être de
et les explications qui suivent aideront à comprendre
l'ordre de 50 ans ou plus .
le rôle de chacune .
4 . L'économie : on cherche à réduire le coût de l'appa-
1 . Branchement du distributeur . Le branchement du
reillage de distribution tout en se conformant aux
distributeur est l'ensemble des conducteurs (aériens ou
exigences précédentes .
souterrains) posés par le distributeur d'électricité en-
Les normes d'installation et de sécurité sont régies par tre ses fils principaux et le branchement du consom-
le Code de l'électricité* et toute installation doit être mateur.
approuvée par un inspecteur autorisé avant d'être mise
sous tension . 2 . Branchement du consommateur . Le branchement
du consommateur est toute la partie de l'installation
47 .23 Éléments principaux d'une du consommateur comprise entre le coffret de bran-
installation électrique chement et les conducteurs du distributeur d'électri-
On distingue sept parties principales dans une installa- cité . Il inclut donc isolateurs, supports, canalisations,
tion électrique . Le schéma synoptique de la Fig . 47-47 etc .

Publié par le ministère du Travail et de la Main-d'ceuvre, ce


code est basé sur le Code canadien de l'électricité de la
CSA .

DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1081

3 . Coffret de branchement . Le coffret de branche- souvent des câbles recouverts d'une gaine métallique
ment est une boîte ou une armoire en métal, construite que l'on peut installer sans protection supplémentaire .
de façon à pouvoir être mise sous clef ou scellée, con- Pour les circuits de dérivation à courant élevé (600 A à
tenant les fusibles et l'interrupteur de branchement ou 6000 A), on utilise des barres omnibus qui sont enfer-
un disjoncteur. Sa construction permet de manipuler mées dans une canalisation métallique . Comme on a
l'interrupteur ou le disjoncteur de l'extérieur de la boîte . accès aux barres sur toute leur longueur, cette méthode
4 . Appareillage de mesure . L'appareillage de mesure de distribution «à fiches» est particulièrement utile lors-
comprend les transformateurs de courant et de poten- que l'on prévoit des sorties à divers points du parcours .
tiel et les instruments de mesure utilisés conjointement Tous les circuits de dérivation contiennent un conduc-
avec ceux-ci, tels que voltmètres, ampèremètres, teur servant de mise à la terre . C'est ainsi que les câ-
kilowattheuremètres, etc. bles sous gaine non métallique utilisés dans les mai-
5 . Panneau . Le panneau comprend un groupement de sons renferment un conducteur nu en plus de ceux ser-
barres de connexions, de dispositifs de protection con- vant à transporter l'énergie . Ce conducteur nu est rac-
tre les surcharges et d'appareils de coupure, installés cordé au panneau de distribution et à chaque boîte
dans un coffret pour former un tout . On peut y installer métallique de sortie . Le panneau de distribution est lui-
d'autres appareillages, tels que transformateurs, con- même raccordé à une électrode de terre .
densateurs, etc . Le panneau contient des disjoncteurs Dans les installations commerciales et industrielles, la
ou des fusibles permettant d'alimenter et de protéger gaine métallique recouvrant le câble (ou la canalisa-
les conducteurs des circuits de dérivation . Le calibre tion métallique qui protège les conducteurs) sert de
des disjoncteurs ou des fusibles dépend donc de la gros- conducteur de mise à la terre . À cause du rôle sécuritaire
seur du conducteur du circuit de dérivation selon les de ces conducteurs de mise à la masse, on doit leur
normes du Code . accorder une attention prioritaire .
Certains centres de distribution alimentés à 600 V pos- À ce propos, un conducteur de mise à la terre est direc-
sèdent une section (ou panneau) contenant un trans- tement raccordé à la terre . Un conducteur de mise à la
formateur de 600 V/120-240 V pour l'éclairage et l'ali- masse relie les enveloppes métalliques, bâtis métalli-
mentation des prises de courant. ques, les uns aux autres . Tout conducteur de mise à la
Dans les grandes installations, on utilise des panneaux masse est ultimement relié à au moins un conducteur
de distribution secondaires, disséminés dans le bâti- de mise à la terre .
ment et alimentés par une artère provenant du panneau Tous les circuits de dérivation aboutissent à une ou plu-
principal. Ils permettent une économie de fil et facili- sieurs boîtes de sortie . Ces boîtes contiennent des dis-
tent le débranchement en cas de panne locale . Certains positifs tels qu'interrupteurs, prises de courant, douilles
panneaux secondaires alimentés à 600 V contiennent de lampes, démarreurs magnétiques, thermostats, etc .,
des transformateurs pour fournir une tension locale de servant à alimenter l'appareillage d'utilisation .
120/240 V . Cette méthode permet de réduire la gros-
7 . Appareillage utilitaire . Selon la définition du Code,
seur du fil d'alimentation tout en améliorant la régula-
l'appareillage utilitaire est celui qui utilise de l'électri-
tion - avantages importants lorsque le panneau secon-
cité à des fins mécaniques, chimiques ou pour le chauf-
daire est loin du panneau principal .
fage, l'éclairage et autres usages semblables .
6 . Circuits de dérivation . Un circuit de dérivation est
un circuit situé au-delà des derniers dispositifs de pro- L' appareillage de commande associé à cet équipement
tection à maximum d'intensité . Lorsque les circuits sont contient des fusibles ou d'autres dispositifs pour le pro-
cachés derrière les murs, comme dans les maisons, on téger. On doit, de plus, installer des interrupteurs en
peut utiliser des conducteurs sous gaine non métalli- avant de chaque appareil de commande .
que . Par contre, lorsque les conducteurs sont fixés en Enfin, dans une installation électrique, on ne doit ja-
surface, on doit les protéger par une canalisation ap- mais oublier l'importance des joints . L'enchaînement
propriée : conduit métallique, moulure, etc . On emploie des conducteurs partant d'un panneau principal jus-


1082 ÉLECTROTECHNIQUE

qu'à l'appareil utilitaire comprend des centaines de


joints soudés, comprimés, boulonnés, torsadés, etc . On
doit leur apporter un soin tout particulier, car chacun
de ces joints constitue un point de faiblesse, réel ou
potentiel . Un mauvais joint implique un mauvais con-
tact, donc une résistance élevée qui peut produire un
échauffement local très dangereux, même pour les cou-
rants normaux . Des détecteurs d'ondes infrarouges peu-
vent déceler les points chauds et ainsi détecter les mau-
vais contacts . Un entretien périodique des points de
contact principaux est donc à conseiller.
i
47 .24 Appareillage dans une maison
La Fig . 47-48 montre l'appareillage principal utilisé
dans l'entrée électrique d'une maison . Le coffret de
branchement (Fig . 47-49) comprend un sectionneur
bipolaire et deux fusibles placés chacun en série avec
00
les fils de ligne sous tension . Le neutre n'est jamais
ouvert, car il doit en tout temps être mis à la terre .
Le panneau de distribution (Fig . 47-50) contient une
série de disjoncteurs ou de fusibles permettant d'ali- vers l'appareillage d'utilisation
menter et de protéger les circuits de dérivation à 120 V
et à 120/240 V. Les câbles qui en émanent aboutissent Figure 47-48
dans des boîtes de sorties rectangulaires ou octogona- Appareillage principal installé dans l'entrée électrique d'une
les (Fig . 47-51) . maison .

47 .25 Commutateurs à trois et à quatre


directions
Dans certains cas, il est utile de pouvoir commander
une lampe à partir de deux ou trois endroits différents .
C'est alors qu'on a recours aux commutateurs à trois
et à quatre directions . Un commutateur à trois direc-
tions est un interrupteur bipolaire à trois bornes pou-
vant établir un contact entre une borne commune et
une des deux autres bornes .
En raccordant deux commutateurs et une lampe selon le
schéma de la Fig . 47-52, on peut allumer et éteindre la
lampe à partir de deux endroits différents A et B .
Pour commander une lampe à partir de trois endroits
ou plus, on doit utiliser un commutateur à quatre di-
rections à chacun de ces endroits . Ce commutateur
est un interrupteur bipolaire pouvant relier quatre bor-
nes en ligne directe ou en ligne croisée . La Fig . 47-53
montre comment on peut commander une lampe à par-
tir de cinq endroits différents . Ce montage requiert 2
commutateurs à trois directions et 3 commutateurs
à quatre directions . Dans la position indiquée sur la
figure, la lampe est allumée, mais il suffit d'actionner Figure 47-49
un des cinq commutateurs pour l'éteindre . Coffret de branchement (gracieuseté de Square D) .

DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1083

Figure 47-50
Panneau de distribution et l'un de ses disjoncteurs (gracieuseté de Square D) .

Figure 47-51
Exemples de boîtes de sortie métalliques (gracieuseté de Temco) .






1084 ÉLECTROTECHNIQUE

boite de sortie A boîte de sortie B lampe

noir
oi I~ I I •
vers le panneau L \J(
de distribution terrer a conducteur de mise à la masse I o I
blanc,_ conducteur neutre (blanc)

commutateur A commutateur B
câble à 4 conducteurs 3 conducteurs
~ 111 o llll o 111
panneau

Figure 47-52
Commande d'une lampe à partir de 2 endroits (montage va-et-vient) .

lampe

1
vers le panneau
o ; L I1 . ... .., o : L i o.. IL1
.
L ô, I¢{I o • .I
I L __;
de distribution terrëL

L_--j t__J L-- I [---j L__~


neutre (blanc)

A C D E B
3 conducteurs
o o --01, 00-- Il ///
panneau câble à _
U
commutateur 4 conducteurs

Figure 47-53
Commande d'une lampe à partir de plusieurs endroits (montage cage d'escalier) .

47 .26 Installations commerciales et teur. Les Fig . 47-54 et 47-55 donnent une idée de la
industrielles variété des agencements de telles installations .
Les installations commerciales et industrielles sont très
47 .27 Alimentation d'un moteur
variées, mais les principes généraux mentionnés à la
section 47 .20 s'appliquent toujours . Le coffret de bran- Afin d'illustrer la méthode de branchement des mo-
chement et le panneau de distribution montés sur un teurs, considérons un panneau secondaire alimentant
mur de maison sont remplacés par des structures en quatre moteurs triphasés de 15 kW, 575 V (Fig . 47-
acier fixées debout sur le plancher de l'usine . Le pan- 56) . Le panneau contient cinq sectionneurs manuels
neau de distribution principal comprend souvent plu- (ou interrupteurs d'isolement) . Le sectionneur princi-
sieurs sections, chacune étant protégée par un disjonc- pal S 1 permet de couper l'alimentation des autres sec-
DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1085

Figure 47-54 Figure 47-55


Transformateur d'alimentation et panneau de distribution à Panneau de distribution et compartiment de disjoncteur
l'intérieur d'un hôtel . débrochable à faible volume d'huile .

=artère du panneau
3C#1 sectionneur de 60 A
principal

S6 fusible 40 A

A 0 3 C #8
I
fusible 100 A

moteur No 2
0 3 f2

fusible
e
démarreur
départ
arrêt
50 A

moteur No 3
E e e5

moteur No 4 aucun fusible 15 kW


E J
575 V

Figure 47-56
Installation pour alimenter et protéger un groupe de 4 moteurs de 15 kW, 575 V .

tionneurs du panneau et de protéger l'artère par des Enfin, le sectionneur S 7 permet d'isoler le moteur sans
fusibles lorsque le courant dans celle-ci devient exces- déranger le reste du circuit . Les sectionneurs S 6 , S 7. le
sif . De la même façon, le sectionneur S 2 permet de pro- démarreur et le poste de boutons-poussoirs départ-ar-
téger et d'isoler le circuit de dérivation allant au sec- rêt doivent être situés assez près du moteur pour que
tionneur S 6 . Ce dernier permet d'isoler le démarreur l'opérateur puisse en observer le comportement las
du moteur lors des réparations ; il est souvent intégré du démarrage et de l'arrêt . Le schéma met en évidence
dans la boîte de démarrage . En outre, le démarreur doit personnel
la grande attention que l'on porte à la sécurité du
contenir les dispositifs de protection décrits au chapi- et à la protection des conducteurs et de la ma-
tre 40 . chinerie .

1086 ÉLECTROTECHNIQUE

47 .29 Résumé l'électricité. Ces exigences concernent la sécurité, les


Dans ce chapitre consacré à la distribution de l'éner- chutes de tension admissibles et la durée de vie des
gie électrique, nous nous sommes familiarisés avec les conducteurs .
équipements des réseaux à moyenne tension (2,4 kV à
69 kV) et à basse tension (120 V à 600V) utilisés pour
PROBLÈMES - CHAPITRE 47
acheminer l'énergie aux consommateurs depuis les pos-
tes de transformation . Sur le réseau MT, en plus des Niveau pratique
lignes ou artères aériennes et souterraines, ces équipe- 47-1 Expliquer la différence entre un disjoncteur et
ments comprennent des transformateurs, disjoncteurs, un sectionneur.
sectionneurs, interrupteurs à cornes, parafoudres, réac-
47-2 Nommer quatre types de disjoncteurs et décrire
tances d'artère, sectionneurs de mise à la terre, fusi-
leur fonctionnement.
bles, transformateurs de mise à la terre, etc . Nous avons
illustré l'utilisation de la plupart de ces équipements 47-3 Le sectionneur de la Fig . 47-13 peut dissiper
avec un poste représentatif . une puissance maximale de 200 W. Calculer la résis-
tance de contact maximale permise .
Nous avons vu comment l'utilisation de fusibles, dis-
joncteurs à réenclenchement automatique et autosec- 47-4 Quelle est l'utilité des sectionneurs de mise à la
tionneurs permet de coordonner la protection des dif- terre?
férentes artères contre les court-circuits tout en limi- 47-5 Décrire les composants principaux d'un poste
tant le nombre de clients affectés par les perturbations . de transformation .
Au Canada, la distribution à basse tension est effec- 47-6 La résistance de mise à la terre d'un poste de
tuée par le système monophasé (120/240 V à trois transformation à 230 kV est de 0,35 £2 . Calculer l'élé-
fils) pour les faibles charges résidentielles ou le sys- vation de potentiel créée par la circulation d'un cou-
tème triphasé à quatre fils (208/120 V ou 600/347 V) ou rant de foudre de 50 kA .
à trois fils (600V) pour les charges industrielles ou com- 47-7 À quoi servent les appareils suivants :
merciales .
- coupe-circuit à expulsion dirigée
Nous avons expliqué l'importance de la mise à la terre - disjoncteur à réenclenchement automatique
des appareils électriques pour protéger les utilisateurs
- coffret de branchement
contre le risque d'électrocution . Unfil de mise à la terre,
- panneau de distribution
différent du fil de neutre, doit relier les bâtis métalli-
ques de tous les appareils, de façon à provoquer l'ouver- - commutateur à trois directions
ture des fusibles ou des disjoncteurs en cas de contact Niveau intermédiaire
accidentel de l'enveloppe métallique avec un fil vivant .
Dans certains endroits particulièrement dangereux, on 47-8 En régime normal, le parafoudre illustré à la Fig .
a aussi recours à des disjoncteurs différentiels qui dé- 47-19 doit supporter la tension apparaissant entre une
tectent des courants de fuite de quelques milliampères . ligne et le neutre (terre) du réseau à 34,5 kV. Calculer:

Enfin, nous avons présenté les équipements utilisés dans a) la tension efficace entre la ligne et la terre
les installations électriques à l'intérieur des bâtiments . b) la tension crête entre la ligne et la terre
Ces équipements comprennent, à partir du réseau : le c) le courant I circulant dans le parafoudre dans ces
branchement du distributeur le branchement du con- circonstances
sommateur, le coffret de branchement, l'appareillage 47-9 Dans le problème 47-8, une onde de choc de
de mesure et le panneau de distribution . Ce panneau 80 kV arrive au parafoudre branché entre une ligne et
contient une série de disjoncteurs ou de fusibles qui la terre . Calculer :
protègent les différents circuits qui alimentent finale-
a) le courant dans le parafoudre
ment les appareils . Les installations électriques sont
soumises à plusieurs exigences régies par le Code de b) la puissance et l'énergie dissipées dans le parafou-
dre si le choc dure 5 gs
DISTRIBUTION DE L'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE 1087

CHARLES PROTEUS STEINMETZ


Charles Proteus Steinmetz (1865-1923), un des ingénieurs sur les lignes de transport sont encore utilisées aujourd'hui
électriciens les plus célèbres, a établi les notions de base (gracieuseté de Burndy Library) .
concernant les réseaux à courant alternatif . Ses analyses

47-10 Identifier les composants montrés à la Fig . 47- 47-13 La ligne à H .T. de Charlesbourg alimentant le
26 sur le diagramme schématique de la Fig . 47-25 . poste La Suète possède une longueur de 12 km .
47-11 On doit faire des réparations sur le disjonc- a) Quelle est l'impédance approximative de cette li-
teur 6 de la Fig . 47-25, tout en gardant les trois lignes gne, par phase?
à 220 kV en service . Quels sectionneurs doit-on gar- b) Si un court-circuit entre une ligne et la terre se pro-
der ouverts? duit à l'intérieur du poste La Suète, quel courant
maximal le disjoncteur 6 doit-il interrompre? Le dis-
47-12 On désire changer l'huile du transformateur
joncteur possède-t-il la capacité de rupture requise?
de puissance situé à l'extrême gauche de la Fig . 47-25
sans ouvrir les disjoncteurs à 220 kV . Quels section- 47-14 Les réactances d'artère (8) montrées à la Fig .
neurs et quels disjoncteurs doit-on ouvrir et dans quel 47-26 limitent le courant de défaut à une valeur maxi-
ordre? male de 12 kA dans les artères à 24,9 kV . Calculer la
réactance et l'inductance de chaque bobine .


1088 ÉLECTROTECHNIQUE

47-15 Dans la Fig. 47-35, trois charges résistives 1, a) Tracer le circuit équivalent d'une artère ayant une
2, 3 absorbent des puissances respectives de 1200 W, longueur de 5 km .
2400 W et 3600 W. Calculer les courants dans les con- b) En l'absence des réactances d'artère, quel serait le
ducteurs A et B, dans le neutre et dans la ligne 14,4 kV . courant de défaut, par phase, si un court-circuit tri-
47-16 Dans la Fig . 47-37, les deux moteurs absor- phasé se produisait en bout de ligne? Le disjonc-
bent une puissance apparente de 420 kVA . Calculer le teur possède-t-il la capacité de rupture requise pour
courant circulant dans la ligne à 24,9 kV . interrompre ce courant de défaut?
47-17 Dans la Fig . 47-37, un voltmètre sensible in- c) La réactance d'artère est-elle nécessaire?
dique une tension approximative de 300 V entre les 47-22 Dans la Fig. 47-35, les charges ont les carac-
lignes à 600 V et la terre, même si le secondaire n'est téristiques suivantes :
pas mis à la terre . Comment expliquer ce phénomène?
charge 1 : 6 kW, FP = 100 %
47-18 Une personne prend un choc électrique entre
charge 2 : 4,8 kW, FP = 80 % arrière
les deux mains sur une ligne à 120 V et elle ne réussit
pas à lâcher prise . Sa résistance entre les deux mains charge 3 : 18 kVA, FP = 70 % arrière
étant de 5 kQ2, dans quel délai faut-il venir à son se- calculer :
%.
cours pour éviter le risque de mort?
a) les courants dans les conducteurs A, B, le neutre et
47-19 Présenter l'équation (47-1) sous forme de dans la ligne à 14,4 kV
courbe (I vs t) pour des courants compris entre 2 A et
b) Quel est le FP du côté MT?
10 mA et hachurer la «région mortelle» . Dès lors, in-
diquer si les conditions suivantes sont à craindre : 47-23 Dans la Fig . 47-36, les charges ont les carac-
a) 500 mA pendant 10 ms téristiques suivantes :
b) 50 mA pendant 1 s charges monophasées : 30 kW chacune
moteur ML 50 kVA, FP = 85 % arrière
c) 75 mA pendant 5 s
moteur M2 : 160 kVA, FP = 80 % arrière
47-20 Faire un schéma de l'entrée électrique d'une
maison . Calculer :
a) les courants dans les enroulements secondaires du
Niveau avancé
transformateur
47-21 Les trois conducteurs en aluminium (11) for- b) les courants dans les lignes 1, 2 et 3 ainsi que le FP
mant l'artère à 24,9 kV montrée à la Fig . 47-26 ont du côté primaire
chacun une section de 500 kcmil. Le câble possède les
impédances suivantes par phase :
résistance - 0,13 S2/km
réactance inductive - 0,1 S2/km
réactance capacitive - 3000 S2 •km
48
Coût de l'électricité tarification

En 1997, les compagnies d'électricité de l'Amérique 48 .1 Tarification basée sur l'énergie


du Nord ont fourni un total d'environ 3338 TWh d'éner- Le coût de l'électricité dépend d'abord de la quantité
gie électrique à leur clientèle industrielle, commerciale d'énergie consommée, en kW .h . Cependant, un client
et résidentielle . La répartition de cette énergie entre ces doit toujours payer un montant minimum (redevance
groupes de clients est donnée dans le tableau 48-1 . d'abonnement) car, même s'il ne consomme rien, le
La production, le transport et la distribution de l'élec- raccordement au réseau représente pour la compagnie
tricité entraînent des coûts importants que l'on peut di- d'électricité des frais qu'elle doit récupérer . Le ser-
viser en deux catégories principales - les frais courants vice ainsi rendu est amorti progressivement à mesure
et les frais fixes . que la consommation augmente, ce qui permet d'ap-
Les frais fixes (ou de capitalisation) comprennent le pliquer un taux décroissant . Ainsi, le tarif petite puis-
coût d'amortissement des barrages, alternateurs, dis- sance peut commencer à 8¢ par kWh pour les 12 000
joncteurs, transformateurs, lignes de transport et de tout premiers kW-h, et tomber à 3,5e par kW •h pour le reste
autre équipement utilisé à la production et à la distri- de l'énergie consommée . Le même principe s'appli-
bution de l'énergie électrique . que aux moyens et aux gros usagers d'énergie électri-
Les, frais courants représentent les salaires du person-
que.
nel, les frais d'administration et d'entretien, le coût du 48.2 Tarification basée sur l'appel de
combustible servant à produire l'électricité et toute autre puissance
dépense quotidienne ou hebdomadaire .
Le coût mensuel de l'électricité fournie à un gros con-
Le coût de l'électricité dépend donc de ces deux types sommateur ne dépend pas seulement du nombre de
de frais et, afin d'en faire une facturation équitable pour kW .h consommés, mais également de l'appel de puis-
leur clients, les compagnies d'électricité ont établi une sance, en kilowatts .
tarification basée sur les trois critères suivants :
L'appel de puissance est la valeur moyenne de la puis-
1 . l'énergie consommée, en kilowattheures sance absorbée par un client pendant un intervalle de
2 . l'appel de puissance active, en kilowatts temps donné, généralement 15 minutes . L'appel de
3 . l'appel de puissance apparente, en kilovoltampères puissance active (parfois appelé «la demande») joue
1089

1090 ÉLECTROTECHNIQUE

TABLEAU 48-1 CONSOMMATION D'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE EN AMÉRIQUE DU NORD*

type nombre consommation consommation mensuelle


d'abonnement d'abonnements annuelle totale par abonnement
TW •h kW •h

industriel 619 000 1130 152 000


commercial 14 880 000 1022 5 720
résidentiel 117 800 000 1186 839

Ces statistiques pour l'année 1997 ont été extrapolées à partir des données du Edison Electric Institute . On
estime que la croissance annuelle de la consommation est de l'ordre de 2 % .

un rôle important sur la tarification, car il est directe- 48 .3 Indicateur d'appel de puissance
ment rattaché au coût de l'équipement installé (postes Pour mesurer l'appel de puissance, le distributeur
de transformation lignes de distribution, etc .,) du dis- d'électricité installe un indicateur d'appel de puissance
tributeur d'électricité . (ou compteur à demande) dans la plupart des indus-
Considérons, par exemple, deux usines A et B alimen- tries et commerces (Fig . 48-2) .
tées respectivement par des lignes à moyenne tension Afin d'enregistrer l'appel maximum de puissance, le
et des transformateurs T A et TB , (Fig . 48-1) . L'usine A compteur à demande porte deux aiguilles : une première
fonctionnant à pleine charge, jour et nuit, samedi et aiguille, dont la déviation est proportionnelle à la va-
dimanche, absorbe une puissance active constante de leur moyenne de la puissance pendant une quinzaine
1000 kW. À la fin du mois (720 h), elle aura consommé de minutes, pousse une seconde aiguille indicatrice du
maximum . Quand la puissance baisse, la première
1000 kW x 720 h = 720 000 kW .h d'énergie
aiguille descend vers zéro alors que la seconde reste
L'usine B consomme la même quantité d'énergie, mais dans la position correspondant à l'appel maximum de
selon un régime différent . D'abord, elle ne fonctionne puissance . À la fin du mois, la personne qui relève les
pas en fin de semaine et, pendant les jours ouvrables, compteurs note la valeur indiquée par la seconde
son appel de puissance subit des fluctuations compri- aiguille avant de la ramener à zéro .
ses entre zéro et 3000 kW, atteignant parfois une crête
Un tel compteur installé dans l'usine A indiquerait un
de 4000 kW lors du démarrage de gros moteurs .
appel maximum de 1000 kW, tandis que celui installé
La capacité en kVA du transformateur et de la ligne de dans l'usine B indiquerait 3000 kW . Remarquons que
distribution qui alimentent l'usine B doit donc être très la durée de la puissance crête de 4000 kW est telle-
supérieure à celle de l'usine A . Le distributeur d'élec- ment courte que la puissance moyenne pendant la pé-
tricité est alors appelé à investir un capital plus élevé riode d'échantillonnage de quinze minutes demeure in-
pour l'alimentation de l'usine B ; il est donc raisonna- férieure à 3000 kW . Pour cette raison, la puissance
ble que cette dernière paie son énergie plus cher . moindre de 3000 kW l'emporte sur l'appel momen-
Il est avantageux, aussi bien pour le consommateur que tané de 4000 kW.
pour le producteur, d'exploiter l'énergie à un taux aussi L'échantillonnage de l'appel de puissance peut se faire
constant que possible . Plus la puissance est régulière, durant un intervalle de 15 ou de 30 minutes . Dans le
plus le coût de l'énergie est bas . cas d'un gros consommateur d'énergie, comme une
municipalité, la durée de l'intervalle peut être aussi lon-

COÛT DE L'ÉLECTRICITÉ -TARIFICATION 1091

démarrage consommation : 720 000 kWh


TA kW
de moteur appel de puissance maximal = 1000 kW
P I
∎ .' .' . . 1 000
∎ . . .' .∎
t 0
usine A 0 7 14 21 28 30 jour
temps
kW consommation : 720 000 kW -h
4000 appel de puissance maximal = 3000 kW
P 3000
444444 2000 1
1000
J v \...-J ~ V
0
usine B 0 14 21 28 30 jour
- temps

Figure 48-1
Comparaison entre deux usines dont l'appel de puissance est différent .

gue que 60 minutes . La Fig . 48-3 montre un indicateur gie plus cher. Le client a donc intérêt à ce que sa charge
d'appel de puissance qui imprime les valeurs prélevées . ne dépasse pas cette valeur . On utilise parfois un sys-
Le fichier sert aux fins de diagnostic, d'analyse et de tème d'alarme qui fonctionne dès que la charge s'ap-
facturation . proche de la puissance souscrite . Dans cette dernière
Pour une usine, l'appel maximum de puissance est gé- condition, on peut débrancher les appareils qui ne sont
néralement fixé d'avance par contrat avec le distribu- pas absolument essentiels . Cette manoeuvre peut être
teur d'électricité . Si cette puissance souscrite est dé- effectuée automatiquement par un stabilisateur de
passée au cours du mois, le client doit payer son éner- charge qui branche et débranche les charges afin de

Figure 48-3
Figure 48-2 Compteur à demande qui imprime durant chaque intervalle
Compteur servant à enregistrer la consommation en kW . h et l'appel de puissance enregistré chez un gros consommateur
l'appel de puissance maximal (gracieuseté de Sangamo) . d'électricité (gracieuseté de General Electric) .



1092 ÉLECTROTECHNIQUE

maintenir une puissance constante (Fig . 48-4) . L'éco-


nomie réalisée par l'installation d'un tel appareil peut
facilement atteindre quelques milliers de dollars par
mois pour une industrie de moyenne puissance .
La Fig . 48-5 montre une application typique d'un sta-
bilisateur de charge .

Exemple 48-1
Le graphique de la Fig . 48-6 représente la puissance
active absorbée par une usine entre 7 :00 et 9 :00 . Le
compteur à demande enregistre l'appel de puissance
durant un intervalle de 30 minutes . À 7 :00 la pre-
mière aiguille indique 2 MW tandis que l'aiguille
indicatrice de maximum indique 3 MW . Calculer la
lecture du compteur- aux heures suivantes :
a) 7 :30 e) 8 :30
b) 8 :00 d) 9 :00

Solution Figure 48-4


Stabilisateur de charge automatique servant à débrancher
a) Selon le graphique, la puissance entre 7 :00 et 7 :30 les charges non essentielles pendant les périodes de crête .
est de 2 MW. Ce modèle peut contrôler par ordinateur jusqu'à 96 charges
(gracieuseté de GenTec) .
Par conséquent, à 7 :30 l'aiguille 1 indique toujours
2 MW et l'aiguille 2 demeure collée à 3 MW .
b) La puissance moyenne Pd entre 7 :30 et 8 :00 est don-
née par l'énergie divisée par le temps :

Pd = (7 MW x 5 min + 2 MW x 5 min + 4 MW
x 20 min)/30 min = 4,17 MW
Durant cet intervalle de 30 minutes, l'aiguille 1 monte
graduellement de 2 MW (à 7 :30) à 4,17 MW (à 8 :00)
poussant l'aiguille 2 à 4,17 MW. Donc, à 8 :00 les deux
aiguilles indiquent 4,17 MW. Noter que l'appel de puis-
sance est bien inférieur à la puissance de crête de 7 MW
qui a eu lieu durant cet intervalle .
c) L'appel de puissance entre 8 :00 et 8 :30 est :
Pd=(7x5+8x5+4x5+3x5+5x5
+ 1 x 5)/30 = 4,67 MW
Figure 48-5
Donc, à 8 :30 les deux aiguilles indiquent 4,67 MW . Ces deux édifices situés dans la ville de Québec n'utilisent
que de l'électricité comme source d'énergie . Superficie de
d) L'appel de puissance entre 8 :30 et 9 :00 est:
chaque édifice : 15 220 m 2 ; volume : 53 200 m 3 . Les diverses
charges sont commandées par un stabilisateur de charge
Pd=(l x 5 + 12 x 5 + 1 x 20)/30 = 2,83 MW
qui débranche l'eau chaude, les éléments chauffants, etc .,
Durant cette période, l'aiguille 1 descend de 4,67 MW pendant les heures de pointe . La charge totale raccordée
par bâtisse est de 2400 kW, dont 1480 kW sont affectés au
à 2,83 MW, mais l'aiguille 2 reste à 4,67 MW, donnant
chauffage . Le stabilisateur limite l'appel de puissance
ainsi l'appel de puissance maximal enregistré depuis maximale à 980 kW en hiver et à 700 kW en été (gracieuseté
le début du mois . de GenTec) .


COÛT DE L'ÉLECTRICITÉ -TARIFICATION 1093

MW
son énergie électrique plus cher quand le facteur de
puissance de sa charge est trop bas .
10 Soient deux usines X et Y consommant la même quan-
8 tité d'énergie par mois et ayant le même appel maxi-
J
6
mum de puissance active . Le FP de l'usine X est 100 %,
celui de l'usine Y, 50 % (Fig . 48-7) .
4
La quantité d'énergie (kW .h) et l'appel de puissance
2
1
(kW) sont les mêmes dans les deux cas ; les indications
0 105 120 min des wattheuremètres et des compteurs à demande se-
0 15 30 45 60 75 90
7 :00 8:00 9 :00 ront donc identiques à la f n du mois . À première vue,
temps il semble que les deux consommateurs devront payer
Figure 48-6 le même prix pour leur énergie ; mais il faut tenir compte
Graphique de la puissance active absorbée par une usine de la puissance apparente de chacune des usines .
(voir exemple 48-1) .
La puissance apparente fournie à l'usine X est :

48.4 Tarification basée sur la puissance 1000


s =P = = 1000 kVA
apparente FP 1,0
Un grand nombre d'appareils à courant alternatif tels
La puissance apparente fournie à l'usine Y est :
que les moteurs d'induction et les convertisseurs élec-
troniques fonctionnent à un facteur de puissance infé- 1000
S = = = 2000 kVA
rieur à 100 % . Donc, en plus de la puissance active
P

FP 0,5
qu'ils absorbent, ces appareils tirent une certaine puis-
sance réactive de la source . Le facteur de puissance est Comme le courant de ligne est proportionnel à la puis-
d'autant plus bas qué la puissance réactive est plus sance apparente, l'usine Y tire un courant qui est le
grande par rapport à la puissance active . double de celui requis par l'usine X .
Nous avons vu qu'un client doit payer un supplément La section des conducteurs alimentant l'usine Y devra
si sa charge dépasse la puissance active souscrite . Nous donc être deux fois plus grande que celle des conduc-
allons illustrer par un exemple pourquoi il doit payer teurs alimentant l'usine X . De plus, la capacité en kVA

PS kW,kVA
T P's
1000 kW 1000 kVA
∎uuIu∎ 1000 10el

01
usine X 0 14 21 28 30 jour
temps

2000 kVA
1000 kW
kW, kVA
S 2000 kVA
ÀÀIÀAà P ,S 2000
p 1000 kW
1 1000
0
usine Y 0 14 21 28 30 jour
temps

Figure 48-7
Un bas facteur de puissance nécessite de la part du distributeur d'électricité un appareillage plus gros .

1094 ÉLECTROTECHNIQUE

du réseau fournissant l'énergie à l'usineY doit être deux Les condensateurs industriels destinés à la correction
fois plus grande que celle de la première . du FP sont fabriqués en unités monophasées et tripha-
La compagnie d'électricité doit donc investir un capi- sées ; leur capacité est exprimée en kvar (la capacitance
tal plus important pour alimenter l'usine Y Il est donc n'est ordinairement pas indiquée) .
logique que l'usine Y paie son énergie plus cher que 48 .5 Tarification basée sur la catégorie de
l'usine X, même si sa consommation en kW .h est la client
même. Ceci explique pourquoi la compagnie d'électri-
Les modes de tarification des compagnies d'électricité
cité impose un tarif spécial quand le facteur de puis-
sont très souples et variés de sorte qu'on peut seule-
sance est bas .
ment donner un aperçu du sujet . La plupart d'entre el-
Afin d'établir le facteur de puissance, le distributeur les séparent leur clientèle en catégories, selon leur ap-
d'électricité installe un indicateur de puissance appa- pel de puissance . En général, on distingue les quatre
rente maximal . Celui-ci fonctionne sur le même prin- catégories suivantes :
cipe que l'indicateur de puissance active, excepté qu'il
1 . Puissance domestique - correspondant aux besoins
enregistre la puissance apparente maximale durant des
des maisons et logements privés .
intervalles de 15 secondes . Le rapport des indications
affichées par les deux instruments donne le facteur de 2. Petite puissance - puissance à facturer minimale in-
puissance moyen au cours de la période de factura- férieure à 100 kW .
tion . 3. Moyennepuissance - puissance à facturer minimale
Les compagnies d'électricité exigent, en général, que d'au moins 100 kW mais inférieure à 5000 kW .
le facteur de puissance des clients commerciaux et in- 4 . Grande puissance - puissance à facturer minimale
dustriels soit d'au moins 90 %, sans quoi ils doivent de 5000 kW ou plus .
payer un supplément. Quand le FP est bas, il est ordi-
Le tableau 48-2 donne un aperçu sommaire du tarif qui
nairement plus avantageux pour le client de l'amélio-
s'applique à chacune de ces catégories . Les exemples
rer que de payer les frais supplémentaires . Bien sou-
qui suivent montrent comment on calcule le montant
vent, il n'est pas pratique de relever le FP individuel
de chacune des machines qui constituent la charge de la facture .
d'une usine . On peut alors améliorer le FP global en 48 .6 Facture d'un abonné régulier
installant des condensateurs à l'entrée de l'usine . Ces
condensateurs fournissent la puissance réactive absor- Exemple 48-2
bée par la charge . Un abonné d'une maison privée consomme 950 kW-Il
pendant le mois de juin . Calculer le montant total de
la facture en se basant sur le mode de tarification
indiqué au tableau 48-2 .

Solution
1) Redevance d'abonnement : 30 jours à 39e = 11,70 $
2) Les 30 premiers kW-h par jour représentent :
30 kW-h x 30 jours = 900 kWh à 4,74¢ = 42,66 $
3) Le reste de l'énergie consommée est:
(950 - 900) = 50 kWh à 5,97e = 2,99 $
Montant de la facture 57,35 $
Noter que ceci représente un coût moyen de 5735/950
Figure 48-8 = 6,04e/kW .h . On n'installe pas de compteurs à de-
Maison tout à l'électricité de 15 pièces située dans la ville de mande dans les domiciles ; les frais fixes du distribu-
Québec . Consommation maximale en hiver (janvier) :
teur d'électricité sont compris dans la tarification
9400 kW .h ; consommation minimale en été (juillet) :
2100 kW .h . d'énergie.

COÛT DE L'ÉLECTRICITÉ -TARIFICATION 1095

TABLEAU 48-2 TYPES DE TARIFS DES DISTRIBUTEURS D'ÉLECTRICITÉ

Tarifs généraux - petite puissance Tarifs domestiques


Le tarif général mensuel suivant, appelé G, s'applique Le tarif domestique mensuel suivant, appelé D, s'ap-
aux abonnements dont la puissance à facturer mini- plique aux abonnements domestiques :
male est inférieure à 100 kW .
- 39 e de redevance d'abonnement, par jour
- 11,67 $ de redevance d'abonnement plus
plus - 4,740 le kilowattheure pour les 30 premiers
13,59 $ le kilowatt de puissance à facturer excédant kilowatttheures par jour
40 kilowatts - 5,97(p le kilowattheure pour le reste de l'énergie con-
plus sommée
7,41 0 le kilowattheure pour les 11 700 premiers
kilowattheures
plus
Note : les tarifs en vigueur au Québec en date du
3,74 0 le kilowattheure pour le reste de l'énergie con-
mois d'avril 2004 sont partout environ 4,5 % plus
sommée
élevés que ceux affichés dans ce tableau .
Le montant mensuel minimal de la facture est de
35,01 $ lorsque l'électricité livrée est polyphasée .

Tarifs généraux - moyenne puissance


Le tarif général mensuel suivant, appelé M, s'applique
aux abonnements de moyenne puissance .
- 11,97 $ le kilowatt de puissance à facturer Tarifs généraux - grande puissance
plus
- 3,72 e le kilowattheure pour les 210 000 premiers Le tarif général mensuel suivant, appelé L, s'applique
kilowattheures aux abonnements annuels de grande puissance .

plus - 10,95 $ le kilowatt de puissance à facturer

- 2,42 e le kilowattheure pour le reste de l'énergie plus


consommée - 2,42 e le kilowattheure
La puissance souscrite au tarif M ne doit pas être infé- La puissance souscrite au tarif L ne doit pas être infé-
rieure à 100 kW. rieure à 5000 kW.
La puissance à facturer correspond à la puissance La puissance à facturer correspond à la puissance
maximale appelée au cours de la période de consom- maximale appelée au cours de la période de consom-
mation visée, mais ne peut être inférieure à la puis- mation visée, mais ne peut être inférieure à la puis-
sance souscrite, laquelle devient la puissance à factu- sance souscrite, laquelle devient la puissance à factu-
rer minimale . rer minimale .
La puissance maximale appelée correspond à la plus La puissance maximale appelée correspond à la plus
élevée des valeurs suivantes : élevée des valeurs suivantes :
a) le plus grand appel de puissance réelle (active) ; a) le plus grand appel de puissance réelle (active) ;
ou ou
b) 90 % du plus grand appel de puissance apparente b) 95 % du plus grand appel de puissance apparente
en kilovoltampères . en kilovoltampères .

Les tarifs donnés dans ce tableau servent seulement à illustrer la méthode de facturation utilisée par les distri-
buteurs d'électricité . Informations tirées du Règlement tarifaire d'Hydro-Québec, 1998.

1096 ÉLECTROTECHNIQUE

TABLEAU 48-3 CONSOMMATION MENSUELLE DES APPAREILS ÉLECTROMÉNAGERS

(consommation mensuelle moyenne d'une famille de cinq personnes)

appareil énergie appareil énergie


kW .h kW .h

chauffe-eau (7000 litres/mois) 500 machine à laver 10


congélateur 100 cafetière 9
cuisinière 100 chaîne stéréophonique 9
éclairage 100 radio 7
sécheuse 70 tondeuse à gazon 7
lave-vaisselle 30 aspirateur 4
bouilloire 20 grille-pain 4
fer à repasser 12 horloge 2

Pour fins de renseignements, on donne au tableau 48-3 Noter que la puissance à facturer relativement élevée
la consommation mensuelle moyenne des appareils impose à ce client un coût moyen du kW-h deux fois
types trouvés dans une maison . plus élevé que celui du premier client . Il pourra réduire
sa facture en débranchant certaines charges non essen-
48 .7 Facture d'un abonné de moyenne
tielles aux heures de pointe.
puissance
48 .8 Détermination de la puissance à
Exemple 48-3 facturer
Une usine classée dans la catégorie de moyenne La puissance à facturer est la plus élevée des puissan-
puissance fonctionne 7 jours par semaine, jour et ces suivantes :
nuit, et consomme 260 000 kW .h . Sachant que la
a) la puissance souscrite
puissance à facturer est de 400 kW, calculer le mon-
tant de la facture . b) l'appel maximal de puissance active
c) l'appel maximal de puissance apparente multiplié
Solution par le facteur de puissance exigé
1) 400 kW x 11,97 $/kW = 4 788 $ Pour les clients classés dans la catégorie petite et
2) 210 000 kW-h à 3,72¢ =7812$ moyenne puissance, le facteur de puissance exigé est
3) reste de l'énergie = de 90 % ; pour les clients classés dans la catégorie grande
(260 000 - 210 000) puissance, il est de 95 % . La section suivante montre
= 50 000 kWh à 2,42e =1210$ l'application de ces contraintes dans le calcul de la fac-
ture .
Total 13 810 $
Coût moyen = 13 810/260 000 = 5,31e/kW-h 48.9 Facture d'un abonné de grande
puissance
À titre de comparaison, considérons l'usine suivante
qui consomme également 260 000 kWh, mais dont la Exemple 48-4
puissance à facturer est de 2000 kW.
Une usine à papier consomme pendant un mois
1) 2000 kW x 11,97 $/kW = 23 940 $ un total de 1 1 628 000 kW •h . Un premier compteur
2) 210 000 kW-h à 3,720 = 7812$ à demande enregistre un appel maximal de puis-
3) 260 000 - 210 000 = 50 000 kW-h sance active de 16 (100 kW . Un deuxième compteur
50 000 kW-h à 2,42e =1210$ à demande indique un appel maximal de puissance
apparente de 20 000 kVA . La puissance souscrite
Total 32 762 $
est de 18 000 kW. Calculer le montant (le la fac-
Coût moyen = 32 762/260 000 = 12,6e/kW .h ture .


COÛT DE L'ÉLECTRICITÉ -TARIFICATION 1097

sance . En effet, d'après les indications des deux comp-


teurs à demande, le facteur de puissance aux heures de
pointe est environ :
16 000 kW/20 000 kVA = 0,8 ou 80 %
La correction (ou amélioration) du facteur de puissance
s'impose lorsque les frais supplémentaires du coût
d'électricité dépassent le coût d'achat et d'installation
des condensateurs appropriés . Les sections qui suivent
montrent deux applications pratiques de l'installation
de condensateurs .
Figure 48-9
Usine tout à l'électricité pour la fabrication d'équipement 48 .10 Correction globale du FP d'une usine
didactique ; superficie : 1300 m 2 . Cette usine comprend un
système de chauffage par treillis métallique logé dans le
Exemple 48-5
plancher de béton . Un tabilisateur de charge branche et
débranche les éléments chauffants (charges non prioritaires) Une usine absorbe une puissance apparente de
selon le niveau d'activité des machines servant à la production 300 kVA à un FP de 65 (h: (arrière) . Calculer la ca-
(charges prioritaires) . On maintient ainsi un appel de puis- pacité en kvar du groupe de condensateurs à bran-
sance qui ne dépasse pas la valeur maximale préétablie .
Consommation annuelle : 375 000 kW .h ; appel de puissance
cher à l'entrée de l'installation, afin de ramener le
maximal en hiver : 92 kW ; puissance maximale en été : 87 kW FP :
(gracieuseté de Lab-Volt) .
a) à 100 % b) à 90 9 arrière

Solution
a) Puissance apparente absorbée par l'usine :
Solution S = 300 kVA
Comme la puissance souscrite est supérieure à Puissance active absorbée par l'usine :
5 000 kW, le client est classé dans la catégorie grande
P = S x FP = 300 x 65 % = 195 kW éq. 25-6
puissance .
Puissance réactive absorbée par l'usine :
95 % du plus grand appel de puissance apparente donne
une puissance de : Q = VS 2 - P Z = ~ 3002 - 195 2 éq . 25-5
0,95 x 20 000 19 000 kW = 228 kvar
Cette puissance est plus élevée que l'appel maximal Si l'on désire ramener le FP à 100 %, il faut compen-
de puissance active (16 000 kW) et que la puissance ser toute la puissance réactive absorbée par la charge .
souscrite (18 000 kW) ; elle constitue donc la puissance La capacité des condensateurs sera donc de 228 kvar.
à facturer. On a donc : La Fig . 48-10a montre les puissances circulant dans le
1) 19 000 kW à 10,95 $ 208050$
2) puissance consommée : 0 kvar P ~ 195 kW s
= 11 628 000 kWh e 300 kVA
P 195 kW Q 228 kvar

1T
11 628 000 à 2,42e 281396$
Total 489 446 $ 228 kvar
Une facture mensuelle de près d'un demi-million de Q
dollars peut paraître élevée, mais mentionnons que Q

l'électricité ne contribue au coût du produit fini qu'à Figure 48-10a


hauteur de 2 % environ . Puissances circulant dans le réseau lorsque le facteur de
puissance de l'usine est corrigé à 100 % . Noter que les
Dans ce cas-ci, il y a lieu d'étudier la possibilité d'ajou- instruments de mesure sont installés en amont des
ter des condensateurs pour corriger le facteur de puis- condensateurs (voir exemple 48-2) .



1098 ÉLECTROTECHNIQUE

P~195 kW On constate que si l'on se contente de ramener le FP à


s
P 195 kW S e 300 kVA 90 % seulement, la capacité et le coût des condensa-
1217 kVA teurs à installer sont réduits de 42 % .
Q > kvar Q E 228 kvar

nnu . 48 .11 Cas d'un four à induction

133 kvar Exemple 48-6


Q
Q
T Un tour à induction de 600 kW alimenté par un trans-
formateur de 4 kV/800 V fonctionne à un facteur de
Figure 48-1 Ob
Puissances circulant dans le réseau lorsque le facteur de
puissance de 60 Çc (Fig . 48-11 ) .
puissance est corrigé à 90 % . Calculer le courant dans la liene à 4000 V .
b) On se propose d'installer au primaire du trans-
réseau après que la batterie des condensateurs ait été formateur une batterie de condensateurs de
installée . 500 kvar . Calculer le FP global et le nouveau cou-
rant circulant dans la ligne .
Noter que cette méthode de correction s'applique aussi
bien aux circuits triphasés qu'aux circuits monopha- Solution
sés .
a) Puissance active fournie au four :
b) L'usine consomme toujours la même puissance ac-
P = 600 kW
tive, car la puissance mécanique et thermique qu'elle
absorbe ne change pas . Si le FP devient 90 %, une fois Puissance apparente :
corrigé, la puissance apparente tirée de la ligne par l'en- = P = 600
semble de l'usine et des condensateurs sera donc : s = 1000 kVA
FP 0,6
P = 195
s = = 216,7 kVA Courant dans la ligne de 4 kV :
FP 0,90
I = 1000 kVA
La nouvelle puissance réactive tirée de la ligne sera : = 250 A
4 kV
Q = ~ 216,7 2 - 195 2 = 95 kvar Puissance réactive:
Étant donné que, d'une part, l'usine a toujours besoin
Q =
d'une puissance réactive de 228 kvar et que, d'autre ~S S2-p2= V 10002 - 600'
part, la ligne ne doit fournir que 95 kvar, la différence = 800 kvar
doit provenir des condensateurs . La capacité de ces
condensateurs est (228 - 95) = 133 kvar (Fig . 48-10b) . b) Puissance réactive absorbée par le four :

Qouur = 800 kvar

600 kW 4 kV

creuset

Figure 48-11
Linstallation d'un groupe de condensateurs de 500 kvar diminue le courant de ligne de 250 A à 168 A .


COÛT DE L'ÉLECTRICITÉ -TARIFICATION 1099

Figure 48-12
En 1998, l'île de Montréal, avec 908 343 abonnements, Abonnements domestiques : 834 935 ; général et institutionnel :
consommait 26 335 GW h d'énergie électrique. Appel de 67 234 ; industriel : 6174 (gracieuseté d'Hydro-Québec et du
puissance maximal en hiver : 6695 MW ; en été : 3591 MW. service des relations publiques, Ville de Montréal) .

Puissance réactive fournie par les condensateurs : se traduit par une réduction du courant de ligne de
250 A à 167 A, soit une baisse de 33 % . Il s'ensuit que
Qc = 500 kvar les pertes de puissance et la chute de tension sur la
Puissance réactive fournie par la ligne : ligne d'alimentation sont grandement réduites . De plus,
le facteur de puissance passe de 60 % à 89 %, d'où une
QL = Qfour- QC = 800 - 500 diminution du coût de l'électricité .
= 300 kvar
48.12 Compteur d'énergie ou
La puissance active fournie par la ligne demeure in- wattheuremètre
changée à 600 kW.
Nous avons déjà mentionné que l'unité SI d'énergie
La puissance apparente fournie par la ligne est donc : électrique est le joule . Cependant, on utilise depuis
2 nombre d'années une autre unité pour mesurer la quan-
Stagne = ~P' + QL = ~ 600 2 + 300
tité d'énergie consommée dans les industries et les
= 671 kVA maisons . Il s'agit du kilowattheure (kW .h) valant exac-
Nouveau courant dans la ligne : tement 3600 J .
Les compteurs qui mesurent l'énergie électrique in-
I _ S _ 671 000
= 168 A dustrielle et résidentielle sont les wattheuremètres ; ils
E 4 000 sont conçus pour multiplier la puissance consommée
Nouveau FP de la ligne : par le temps . Le compte mensuel des abonnés d'élec-
tricité est basé sur le nombre de kilowattheures con-
FP = P = 600 = 0,89 = 89 % sommés durant le mois ; les appareils qui enregistrent
S 671 cette consommation sont donc très précis . Les
On peut constater que l'installation des condensateurs wattheuremètres à induction (Fig . 48-13) sont prati-
i 00 ÉLECTROTECHNIQUE

48 .13 Fonctionnement du wattheuremètre


On peut comprendre le fonctionnement d'un
wattheuremètre en se référant à la Fig . 48-15 . Nous
supposons que la source monophasée G alimente une
charge résistive . La tension E est appliquée sur la bo-
bine de potentiel, et le courant I passe dans la bobine
de courant . Ce courant de ligne produit un flux alter-
natif OC qui traverse le disque en aluminium, induisant
dans celui-ci une tension et, par conséquent, un cou-
rant de Foucault IF . D'autre part, la bobine de potentiel
Bp produit un flux alternatif Op qui vient croiser le cou-
rant IF . Le disque est donc soumis à un couple qui est
d'autant plus grand que le flux Op et le courant IF sont
grands . Puisque ces deux grandeurs dépendent respec-
tivement de la tension E et du courant I de la ligne, le
couple est proportionnel au produit EL Donc, le cou-
ple est proportionnel à la puissance active transportée
Figure 48-13
dans le circuit . Ce couple provoque une accélération
Wattheuremètre à induction monophasé en usage sur un
réseau de 120 V/240 V ; Kh = 7,2 (gracieuseté de General du disque qui se met à tourner de plus en plus vite .
Electric) . Quelle vitesse atteindra-t-il? Pour répondre à cette ques-
tion on doit considérer l'effet de l'aimant permanent
quement les seuls compteurs du genre utilisés sur les sur le système.
circuits à courant alternatif. Le compteur monophasé Le déplacement du disque entre les pôles de l'aimant
possède quatre bornes, deux pour la tension et deux donne naissance à un couple de freinage dont la valeur
pour le courant qui circule dans le circuit . est proportionnelle à la vitesse du disque . Ce phéno-
La Fig . 48-14 montre les parties principales d'un tel mène est identique à celui expliqué à la section 33 .2 .
wattheuremètre : une bobine de potentiel B p en fil fin Le disque cesse donc d'accélérer et la vitesse devient
connectée aux bornes 1, 2 ; une bobine de courant B c stable lorsque le couple de freinage équilibre le couple
connectée aux bornes 3, 4 ; un disque D en aluminium moteur. C'est dire que la vitesse du disque, en tours
pouvant tourner autour d'un axe vertical ; un aimant par minute, est proportionnelle au couple moteur, donc
permanent A ; un mécanisme d'enregistrement qui sert proportionnelle à la puissance active tirée par la charge .
de compte-tours . Quand le compteur est posé dans une Le nombre de tours du disque est, par conséquent, pro-
ligne monophasée, le disque est soumis à un couple portionnel à l'énergie en wattheures absorbée par la
moteur qui l'entraîne . charge .

bobine de
potentiel B p
partie arrière
du disque D
f+i

Figure 48-14
Vue explosée des composants d'un wattheuremètre (gracieuseté de General Electric) .

COÛT DE L'ÉLECTRICITÉ -TARIFICATION 1101

E~
2
10 .11_~ O
IP

charge

4
O
Figure 48-15
Fonctionnement d'un wattheuremètre à induction .

Le couple moyen agissant sur le disque est nul lorsque un compteur en faisant le produit du nombre de tours
la tension E et le courant I sont déphasés de 90° . C'est du disque par la constante Kh .
dire que si on remplace la charge résistive par une
charge inductive ou capacitive, le disque ne tournera Exemple 48-7
pas . Le wattheuremètre enregistre donc seulement Un wattheuremètre a une constante Kh de 3,0 . Le
l'énergie active, c'est-à-dire les watts multipliés par disque fait 17 tours en 2 minutes . Calculer :
les heures . a) l'énergie consommée par la charge pendant cette
48.14 Interprétation de la plaque période
signalétique, lecture du compteur b) la puissance fournie a la charge
En plus du nom du fabricant, la plaque signalétique
Solution
d'un wattheuremètre indique la tension nominale de
service, le courant nominal, la fréquence nominale et a) Chaque tour du disque correspond à une énergie de
la valeur de la constante Kh du compteur . 3,0 Wh . L'énergie consommée durant les 2 minutes
est donc :
On appelle constante Kh, la quantité d'énergie en watt-
heures qui traverse le compteur à chaque tour du dis- énergie = Kh x nombre de tours
que. On peut calculer la quantité d'énergie traversant = 3,0 x 17 = 51 Wh
b) Puisque cette énergie est absorbée en 2 min ou
1/30 h, la puissance de la charge est :
B c
I, = énergi e _ 51 Wh
= 1530 W
temps 1/30 h
Cet exemple illustre comment un wattheuremètre peut
servir de wattmètre pour déterminer la valeur moyenne
de la puissance dans un circuit.
Le wattheuremètre est pourvu de quatre cadrans munis
de chiffres et d'un cinquième cadran («test dial») ser-
Figure 48-16 vant à la vérification du compteur . Le wattheure étant
Cadran d'un wattheuremètre : lecture 1-5-9-0 . une très petite unité, les cadrans sont gradués en

1102 ÉLECTROTECHNIQUE

kilowattheures . D'après le sens de progression des chif- La Fig . 48-18 montre un wattheuremètre électronique
fres (Fig . 48-16), on voit que les aiguilles A et C tour- dont la précision est supérieure à celle d'un watt-
nent dans le sens anti-horaire tandis que les aiguilles heuremètre conventionnel .
des cadrans B et D tournent dans le sens horaire . Pour
relever l'indication d'un compteur, on lit de gauche à 48 .16 Résumé
droite les chiffres indiqués par les aiguilles, en prenant Dans ce chapitre, nous avons appris quels sont les fac-
toujours le plus petit des deux chiffres entre lesquels teurs influençant le coût de l'électricité et quelles sont
chaque aiguille se trouve . Comme exemple, nous li- les règles utilisées par les compagnies d'électricité pour
sons sur la Fig . 48-16, 1-5-9-0, soit 1590 kW .h . facturer leurs clients .

Certains compteurs modernes donnent l'indication di- Nous avons vu que le coût de l'électricité dépend de
rectement en chiffres, comme l'indicateur de kilomé- trois facteurs : 1) l'énergie consommée en kilowatt-
heures, 2) l'appel de puissance active en kilowatts et
trage d'une automobile .
3) l'appel de puissance apparente en kVA . L'énergie
48.15 Mesure de l'énergie triphasée consommée est mesurée par un compteur d'énergie
La mesure de l'énergie consommée par une charge tri- ou wattheuremètre . Nous avons exposé le principe de
phasée (système à 3 fils) peut se faire au moyen de
deux wattheuremètres monophasés, tout comme la
puissance en triphasé peut se mesurer au moyen de deux
wattmètres . Les deux wattheuremètres sont générale-
ment combinés en un seul instrument ayant deux dis-
ques solidaires d'un même arbre, mais ayant un seul
mécanisme enregistreur (Fig . 48-17) . Les bobines de
courant et de potentiel sont montées de la même façon
que celles des deux wattmètres de la Fig . 26-20 .

Figure 48-18
Wattheuremètre électronique de haute précision . Cet appareil,
à affichage numérique, indique la quantité d'énergie livrée
dans les deux directions sur une ligne de transport . Sa
précision de 0,2 % se compare favorablement avec la
précision maximale de 0,5 % des wattheuremètres à disques .
Figure 48-17 On l'utilise sur les réseaux de très grande puissance où la
Wattheuremètre pour réseau triphasé à 3 fils (gracieuseté consommation mensuelle est de 10 GW h et plus (gracieuseté
de la Cie Générale Électrique) . de Siemens) .

COÛT DE L'ÉLECTRICITÉ -TARIFICATION 1103

fonctionnement du compteur le plus utilisé : le 48-3 a) Pourquoi une pénalité est-elle imposée à une
wattheuremètre à induction . usine dont le facteur de puissance est inférieur à 90 %?
L'appel de puissance active est mesuré par un comp- b) Comment peut-on améliorer le FP?
teur à demande . C'est un wattmètre qui mémorise la
Niveau intermédiaire
valeur moyenne de la puissance active durant un inter-
valle donné . La valeur maximale de cette puissance 48-4 En utilisant le tarif petite puissance du tableau
pendant la période de facturation, généralement un 48-2, calculer le coût de l'électricité pour le mois de
mois, constitue la demande, ou l'appel maximum de janvier consommée par l'usine de la Fig . 48-9 sachant
puissance active . L'appel maximum de puissance ap- que la puissance à facturer est de 92 kW et que l'éner-
parente est enregistré de la même façon . gie consommée est de 55 600 kW .h .
Selon l'importance de la charge, le distributeur d'élec- 48-5 Si dans le problème 48-4 on enlevait le stabili-
tricité applique généralement un des quatre tarifs sui- sateur de charge, la puissance à facturer augmenterait
vants : domestique, petite puissance, moyenne puis- à 160 kW, sans que la consommation d'énergie soit
sance ou grande puissance . Pour les clients domesti- affectée . Calculer le nouveau coût de l'électricité en
ques le tarif ne tient compte que de l'énergie consom- utilisant le tarif de moyenne puissance (plus de
mée et d'une redevance d'abonnement . Pour les com- 100 kW) .
merces et les industries, le tarif tient compte de l'éner-
48-6 En se basant sur les données de la Fig . 48-12 et
gie consommée et de l'appel maximum de puissance .
sachant que le territoire comprend 1,73 million d'habi-
Cette puissance maximale est la plus élevée de la puis-
tants, estimer la quantité d'énergie électrique consom-
sance active appelée et de 90 % ou 95 % de la puis-
mée annuellement par une ville de 300 000 habitants
sance apparente appelée .
en Amérique du Nord?
Les tarifs pour les petites, moyennes et grandes puis-
sances indiquent donc que, pour réduire sa facture 48-7 Un moteur absorbe d'une ligne triphasée une
d'électricité, un client a tout avantage à augmenter le puissance de 75 kW à un FP de 72 % arrière .
facteur de puissance de sa charge à une valeur aussi a) Calculer les puissances apparente et réactive absor-
proche que possible de 100 % . Nous avons vu com- bées par le moteur .
ment calculer les bancs de condensateurs à brancher à b) À quoi sert la puissance réactive?
l'entrée d'une usine pour fournir la puissance réactive
absorbée par la charge et ainsi relever le facteur de 48-8 Un condensateur de 20 kvar est raccordé en
puissance . Il est également avantageux, lorsque cela parallèle avec le moteur du problème 48-7 . Calculer :
est possible, de réduire l'appel de puissance active en a) les nouvelles puissances active et réactive fournies
débranchant les charges non prioritaires lors des pé- par la ligne
riodes de pointe . Ces manceuvres peuvent être effec- b) le FP de l'ensemble
tuées automatiquement par un stabilisateur de charge .
48-9 Une usine absorbe une puissance active de
160 kW à un FP moyen de 55 % arrière . Calculer la
capacité en kvar des condensateurs nécessaires pour
PROBLÈMES - CHAPITRE 48 porter le FP à 100 % .
Niveau pratique 48-10 Dans le problème 48-9, on veut porter le FP à
48-1 Que signifient les termes : appel de puissance, 90 % arrière . Calculer la nouvelle capacité requise des
appel maximal de puissance, facteur de puissance, ren- condensateurs .
dement, puissance apparente, puissance active, puis- 48-11 Une usine tire un courant de 120 A d'une li-
sance réactive, énergie? gne triphasée à 2300 V .
48-2 En utilisant le tarif domestique du tableau 48- a) Calculer le FP sachant que la puissance active ab-
2, évaluer le coût de l'électricité consommée au mois sorbée est de 300 kW (supposer une charge résistive-
de janvier par la maison de la Fig . 48-8 . inductive) .

1104 ÉLECTROTECHNIQUE

b) Calculer le nouveau FP si trois condensateurs de c) la puissance du transformateur, en kVA


60 kvar, 2,3 kV sont branchés en triangle à l'entrée d) Les condensateurs occupent-ils un volume plus
de l'usine? grand que lorsqu'ils sont installés au primaire du
48-12 Trois condensateurs de 100 µF, 600 V sont transformateur?
branchés en triangle sur une ligne triphasée à 600 V, 48-19 On désire utiliser deux wattheuremètres ayant
60 Hz . Quelle est la capacité du groupe en kvar? une tension maximale de 120 V et un courant maximal
de 5 A pour mesurer l'énergie transportée par une li-
48-13 On désire connaître la puissance tirée par un
gne triphasée de 2,4 kV . Pour réduire la tension et le
chauffe-eau . Pour ce faire, on coupe toutes les char-
courant allant aux wattheuremètres, on utilise un trans-
ges, sauf le chauffe-eau . On trouve alors que le disque
formateur de potentiel et un transformateur de courant
du wattheuremètre a exécuté 10 tours complets en une
dont les rapports de transformation sont respectivement
minute . La valeur de la constante Kh inscrite sur le
2400 V/120 V et 75 A/5 A . On constate que l'un des
compteur est 3,0 . Calculer la puissance consommée
deux disques exécute 30 tours en une minute et l'autre
par le chauffe-eau . Sachant que la tension d'alimenta-
12 (dans le même sens) . Sachant que Kh = 1,0, calcu-
tion est de 216 V, calculer le courant .
ler :
48-14 Un wattheuremètre pour usage domiciliaire a a) l'énergie fournie à la charge pendant une minute
une précision de 0,7 % . Quelle est l'erreur maximale
b) le FP de la charge (voir section 26 .13)
possible s'il enregistre une consommation mensuelle
de 800 kW-h? 48-20 Le disque de la Fig . 48-15 tourne à une vi-
tesse de 10 r/min lorsque la charge est de 10 kW. Si
Niveau avancé l'on place un condensateur de 5 kvar en parallèle avec
48-15 En se basant sur les données du tableau 48-1, la charge, quelle sera la nouvelle vitesse de rotation du
estimer quelle sera la consommation totale annuelle disque?
d'énergie électrique en Amérique du Nord en l'an 2005 .
48-21 a) Le flux créé par l'aimant permanent de la
48-16 Un moteur tire une puissance apparente de Fig . 48-15 perd 0,5 % de sa valeur sur une période de
20 kVA à un FP de 60 % arrière . Un groupe de lampes 10 ans . Quel est l'effet sur la vitesse de rotation du
d'une puissance totale de 25 kW (FP = 100 %) est disque? Comment sera affectée la précision du comp-
branché sur la même ligne d'alimentation que le mo- teur?
teur . Calculer la puissance apparente et le FP de l'en- b) La résistance de la bobine B change avec la tempé-
semble . rature . Cela affectera-t-il la vitesse de rotation du dis-
48-17 Dans l'exemple de la section 48 .11, calculer : que si la charge active demeure constante?

a) la capacitance totale du groupe de condensateurs, 48-22 Une usine absorbe une puissance active va-
en microfarads riant selon la courbe montrée à la Fig . 48-6 . L'indica-
b) le volume approximatif occupé par les condensateurs teur d'appel de puissance est conçu pour enregistrer la
(réf: Fig . 21-10) puissance moyenne consommée pendant un intervalle
c) la puissance du transformateur, en kVA de 15 minutes . Calculer l'appel de puissance active
enregistré par le compteur pendant les intervalles sui-
48-18 Dans l'exemple de la section 48 .11, on se pro- vants :
pose d'installer une batterie de condensateurs de
a) 0 à 15 min
500 kvar au secondaire du transformateur . Calculer :
b) 15 à 30 min
a) la capacitance du groupe, en microfarads
c) 30 à 45 min
b) le courant au primaire et au secondaire du transfor-
d) 60 à 75 min
mateur

COÛT DE L'ÉLECTRICITÉ -TARIFICATION 1 105

e) 90 à 105 min i) Est-ce la puissance crête ou l'appel maximal de puis-


f) Quelle est la puissance crête absorbée par l'usine? sance qui sert aux besoins de la facturation?
g) Quel est l'appel maximal de puissance pendant la j) Quel serait l'appel maximal de puissance si l'on rem-
période de deux heures? plaçait le compteur à demande par un autre ayant
h) Calculer l'énergie (en kWh) absorbée par l'usine une période d'intégration de 10 min?
pendant cette période?

Figure 48-19
Composants d'un wattheuremètre électronique de grande en présence d'harmoniques . Lintervalle de mesure de la
précision . Il est piloté .par un micro-ordinateur lisant et demande est réglable à 15, 20, 30, ou 60 minutes . Il offre de
convertissant les signaux triphasés de tension et de courant plus un intervalle exponentiel ayant une constante de temps
plusieurs centaines de fois par seconde . Il mesure l'énergie de 6,5 min (gracieuseté Générale Électrique du Canada lnc.) .
(kWh) et les demandes réelles (kW) et réactives (kvar), même
49
Transport de l'énergie
à courant continu

Le développement des puissants convertisseurs à haute 2. On peut transporter le courant continu sur de gran-
tension a rendu possible le transport de l'énergie élec- des distances en utilisant des câbles souterrains . Nous
trique à courant continu. Dans ce chapitre, nous expo- avons vu que la capacitance des câbles limite le trans-
sons les principes de base et les applications de ce mode port à c .a . à des distances de quelques dizaines de kilo-
de transport utilisé en Amérique du Nord et dans le mètres (section 46 .24) . Au-delà de cette limite, la puis-
reste du monde . Cependant, avant d'entreprendre ce sance réactive générée par le câble excède même sa
chapitre, nous conseillons au lecteur de réviser les prin- propre capacité ampérique . Comme la capacitance n'in-
cipes de l'électronique de puissance exposés au chapi- tervient pas lorsque la tension est continue, il n'existe,
tre 42. en théorie, aucune limite à la longueur des lignes et
des câbles transportant l'énergie en c .c . En particulier,
49.1 Particularités du transport à c .c. on peut utiliser un câble souterrain pour transporter
Quels sont donc les avantages du transport à c .c . par l'énergie à l'intérieur des grandes villes . Contrairement
rapport au transport à c .a .? Ils sont exposés dans les six aux lignes aériennes, les câbles souterrains sont invisi-
paragraphes qui suivent : bles et à l'abri de la pollution ; de plus, ils permettent
d'éviter le problème des droits de passage .
1 . La commande de la puissance à c .c . peut se faire
beaucoup plus rapidement . Par exemple, on peut, en 3 . Nous avons vu que dans un système à c .a ., on ne
moins d'une seconde, inverser des puissances de plu- peut relier deux réseaux que s'ils fonctionnent à la
sieurs centaines de mégawatts . La rapidité des systè- même fréquence . De plus, l'échange de puissance est
mes de commande permet aussi de limiter les courants imposé par la réactance de la ligne et le déphasage des
de court-circuit à des valeurs bien inférieures à celles tensions entre les deux extrémités (section 45 .23) . Par
rencontrées sur un réseau à c .a . Enfin, cette réponse contre, la fréquence, la réactance et le déphasage n'in-
rapide permet d'utiliser une ligne à c .c . pour alimenter terviennent pas dans le transport à c .c . Seules la résis-
et stabiliser un réseau à courant alternatif . Lorsque le tance de la ligne et la différence des tensions entre les
réseau à c .a . est sur le point de devenir instable (à la deux extrémités déterminent la puissance transitée .
suite d'une perturbation), on peut moduler la puissance 4 . Les lignes aériennes à c .c . peuvent concurrencer les
à c .c . de façon à amortir les oscillations . lignes à c .a . lorsque la distance de transport est supé-
1107

1108 ÉLECTROTECHNIQUE

convertisseur 1 convertisseur 2
.. . . .. .. .. .. .. .. .. . . .. . . .. . . .. . . .. . . .. . . .. . . . . . .. . . .. . . .. .. .. .. .. . Li L2
.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . .
réseau 1 o
o
I1

o 0
tension
ligne à
ligne
. . . .. . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . . .. . . .. . . . . . .. . . .. . . .. .. .. .. .. .. .. . .. .. ... . ... . ... . .. .. ... . ... . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ... . ... . ... .
angle d'amorçage a i (ou a) angle d'amorçage a2 (ou /3)

Figure 49-1
Diagramme schématique d'une ligne de transport à courant continu reliant deux réseaux triphasés . Les inductances
de lissage L1 , L2 et les filtres Foc servent à réduire les ondulations de la tension Ed et du courant Id .

rieure à quelques centaines de kilomètres . Pour une Pond en Nouvelle-Angleterre, comporte un poste de
puissance donnée, la largeur requise pour le corridor dérivation au Québec (voir section 49-20) .
est moindre, et l'expérience a démontré que le nom-
49 .2 Principe fondamental d'un système de
bre de pannes dues à la foudre est réduit . Par consé- transport à c .c .
quent, on utilise aujourd'hui des lignes à c .c . pour trans-
Un système de transport à c .c. utilise une ligne à c .c .
porter jusqu'aux centres d'utilisation la puissance gé-
pour relier deux réseaux à c .a . La Fig . 49-1 montre les
nérée par une centrale lointaine, située, par exemple,
parties essentielles du système . Le convertisseur 1 est
près d'une chute d'eau ou d'une mine de charbon .
un redresseur en pont triphasé, convertissant la puis-
5. En revanche, il existe des convertisseurs «dos à dos» sance alternative du réseau 1 en puissance continue .
qui relient deux réseaux à c .a. par une ligne dont la Celle-ci est transportée sur une ligne composée de deux
longueur n'excède guère une dizaine de mètres . Ces conducteurs et reconvertie en puissance alternative par
convertisseurs permettent un échange de puissance le convertisseur 2, fonctionnant en onduleur . L'onduleur
entre les deux réseaux, tout en permettant à chacun de est du type à commutation naturelle . Les propriétés du
fonctionner à sa propre fréquence et à sa propre ten- redresseur et de l'onduleur ont déjà été étudiées au
sion. Les perturbations apparaissant sur un réseau ne chapitre 42 . Les deux réseaux peuvent fonctionner à
viennent donc pas déstabiliser l'autre . De plus, la va- des fréquences différentes, sans affecter le transfert de
leur et la direction de la puissance peuvent être chan- puissance .
gées en quelques millisecondes . Des inductances de lissage L I , L2 et des filtres F cc sont
6. Contrairement à une ligne à c .a ., il est difficile de ajoutés, afin de réduire l'ondulation des tensions de
dériver des embranchements permettant de soutirer ou ligne Ed i et Ed 2 . Sans ces filtres et ces inductances de
injecter de l'énergie le long d'une ligne à c .c . En géné- lissage, les tensions saccadées E1 G et E2G produiraient
ral, les lignes à c .c . relient un centre de production à dans la ligne des courants harmoniques excessifs .
un seul centre d'utilisation . Les convertisseurs Afin de supporter la haute tension imposée par la li-
sont installés aux deux extrémités, mais il n'existe gne de transport et le réseau à c.a., chaque thyristor
aucun autre convertisseur entre les deux . Cependant, montré sur la figure est en réalité composé de plu-
les progrès réalisés dans les systèmes de commande sieurs thyristors connectés en série . Cet ensemble de
utilisant les communications entre les postes éloignés thyristors est appelé valve . Par exemple, une valve à
permettent maintenant de construire des liaisons 50 kV peut être composée de 50 thyristors raccordés
«multiterminales» . Par exemple, la ligne à c .c. reliant en série . Les thyristors formant une branche du con-
le poste Radisson, situé à la Baie James, au poste Sandy vertisseur sont allumés simultanément par fibre opti-




TRANSPORT DE L'ÉNERGIE À COURANT CONTINU 1 109

Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 Q6 Q1
allume allume allume allume allume allume allume
a = 15° 00 ti-Q6, Q1 t t t t t t
1
Q1 ,,,
Q2 M Q2 Q3---i-Q3 , Q4-ils-Q4 G5-1-05 , Q6-1
Q5, 06
~f

conduisent i conduisent ~ conduisent conduisent i conduisent conduisent conduisent E, G


1,414E,

60 120, 180 , 240 300 360 420 480 40


G2 G3 G

444444444
Figure 49-2
Forme d'onde de la tension E lG du redresseur pour un angle de retard à l'amorçage a= 15° .

ea

~i I I i'i ~i
P
30° E2G

rÀ &~e*,z M
MeÀ ,,, -
'Lez
Li 36 MiL

w e ,Ir4 ,À
V(60V2
4,81F54
4& 4 L*,
bil M,1+
19r ,1*,,
6.À ,L*,
~16Wri
W M I9M
À ri,L#,À
I9M
W ÀIr
W 1M, bwÀ bw
I9
ï
conduisent conduisent conduisent conduisent conduisent conduisent conduisent
Q5, Q6 a = 150° Q6, Q1 Q1, Q2 02,03 Q3, Q4 Q4 Q5 Q5,06

60 Q1 02 03 Q4 Q5 06 Q1
allume allume allume allume allume allume allume

Figure 49-3
Forme d'onde de la tension E 2G de l'onduleur pour un angle d'avance à l'amorçage /3 = 30° .

que, de sorte que la valve se comporte comme un «su- sorte que le convertisseur 1 fonctionne en onduleur et
per-thyristor» . le convertisseur 2 en redresseur. Le changement des
Les tensions Ed 1 et Ed2 apparaissant aux deux extré- angles d'amorçage inverse la polarité des conducteurs,
mités de la ligne diffèrent seulement par la faible chute mais la direction du courant demeure la même . On se
de tension RI dans les conducteurs de ligne. souviendra en effet que le sens des courants est imposé
par les thyristors qui bloquent tout courant en sens in-
On peut inverser la direction de la puissance en faisant
verse .
varier les angles de retard à l'amorçage a 1 et a2 de




1110 ÉLECTROTECHNIQUE

49.3 Relations entre tension, courant et Afin de minimiser l'appel de puissance réactive, on
puissance cherche à réduire au minimum les valeurs de a et de /3 .
Cependant, à pleine charge, en tenant compte de l'an-
La forme d'onde de la tension E 1G (côté redresseur) est
montrée à la Fig . 49-2 . De même, la forme d'onde de gle de commutation et d'autres facteurs, la valeur mi-
E2G (côté onduleur) est montrée à la Fig . 49-3 . Nous nimale effective de a est d'environ 25° alors que celle
avons supposé pour le redresseur et l'onduleur des an- de /3 est d'environ 35°* .
gles de retard à l'amorçage de a r = 15° et a2 = 150 0 ,
Exemple 49-1
respectivement .
Une ligne de transport à c .c . fonctionnant a une ten-
Lors de l'étude des systèmes de transport à c .c ., on sion nominale de 150 kV porte un courant de 400 A .
désigne l'angle a r simplement par le symbole a . De On fournit les valeurs suivantes pour les réseaux à
plus, par convention, l'angle de retard a2 est plutôt c .a . et pour la ligne de transport :
considéré comme un angle d'avance /3 par rapport au
point de croisement 9 o de deux ondes de tension suc- 125 kV E- = kV
cessives . Ainsi, au lieu de spécifier a2 = 150° (comme = 60,3 Hz 59,8 Hz
nous l'avons toujours fait pour les onduleurs) on le résistance de la ligne a c .c . : R = 5 i2
désigne plutôt par l'angle d'avance /3 = 30° (Fig . 49- angle effectif d'amorçage du redresseur : a= 25 ° .
3) . La relation entre a2 et /3 a déjà été signalée à la
Calculer :
section 42-34, soit :
la tension hE, du redresseur
/3 = 180 - a2 éq . 42-16
b) la tension Ed , de I'On(-Iuleur
Les relations entre la tension, le courant et la puissance c) l'angle d'amorçage 3
d'un système de transport à c .c . sont les mêmes que
(1) la puissance débitée par le redresseur
celles de tout circuit comportant des convertisseurs . En
e) la puissance réactive absorbée par l'onduleur
se référant à la Fig . 49-1, on peut écrire les expressions
suivantes : f) les courants / 1 , I, circulant dans les réseaux 1
et 2
Ed , = 1,35 E, cos a (49-1)
Ed2 = 1,35 E2 cos /3 (49-2) Solution
a) La tension générée par le redresseur est :
Pt = Edl Id (49-3)
Ed , = 1,35 E l cos a
P2 = Ed2 Id (49-4)
= 1,35 x 125 X cos 25
Il = 12 = 0,816 Id (49-5)
= 152,9 kV
QI = Pl tan a (49-6)
b) La tension aux bornes de l'onduleur est égale à Ed ,
Q2 = P2 tan /3 (49-7) moins la chute de tension RI dans la ligne . Donc :

Ed2 = Ed, - RI
Pr puissance débitée par le redresseur [W]
P2 • puissance fournie à l'onduleur [W] = 152,9 kV - 5 x 400
Ed , tension continue du redresseur [V] = 150,9 kV
Ed2 tension continue de l'onduleur [V]
Id courant continu circulant dans la ligne [A]
Il, 12 valeurs efficaces des courants dans les lignes
1 et 2, respectivement [A] Les angles effectifs a* et /3*` dépendent :
E 1 , E2 valeurs efficaces des tensions ligne à ligne 1 . des angles d'allumage réel a et /3
des réseaux 1 et 2 [V] 2 . de l'angle de commutation u
3 . de l'angle d'extinction y
Q1,Q2 puissances réactives absorbées par les con-
La relation approximative entre ces grandeurs est donnée par :
vertisseurs 1 et 2 [var] cos a` = 1 /2 (cos a + cos (a +,u»
a • angle de retard du redresseur [°] cos /3* = 1 /2 (cos /3 + cos (/3 - µ))
• angle d'avance de l'onduleur [°] e=y+u



TRANSPORT DE L'ÉNERGIE À COURANT CONTINU IIII

Figure 49-4
Tensions, courants et puissances dans un système de transport à c .c . (voir exemple 49-1) .

c) L'angle /3 est donné par:

Ed2= 1,35 E 2 cos /3


150,9 kV = 1,35 x 132 cos /3
d'où /3=32,1°
d) Puissance débitée par le redresseur :

P l = Edl Id = 152,9 x 400


= 61,2 MW
e) Puissance absorbée par l'onduleur :

P2 = Ed2 Id = 150,9 x 400


= 60,4 MW
Puissance réactive absorbée par l'onduleur :

Q2 = P2 tan /3
• 60,4 tan 32,1
• 37,9 Mvar
f) Valeur efficace des courants :

Il = 12 = 0,816 II
• 0,816 x 400
• 326 A
La Fig . 49-4 illustre ces résultats .
49 .4 Fluctuations de la puissance Figure 49-A
Les gâchettes sont commandées par un signal lumineux qui
Afin de stabiliser le transport de la puissance, le re- est acheminé par un tube de fibres optiques jusqu'aux circuits
dresseur et l'onduleur doivent être dotés de caractéris- à haute tension de l'onduleur (gracieuseté de Manitoba
tiques E-I spéciales . Ces caractéristiques sont réalisées Hydro) .


1112 ÉLECTROTECHNIQUE

convertisseur 1 convertisseur 2

redresseur Id
onduleur
réseau 1 réseau 2

~
El Edi Ed2 E2

Figure 49-5
Un faible changement de Edt ou Ed2 provoque un changement important du courant Id .

par la commande automatique, effectuée le plus sou- automatiquement les angles a et /3 de façon à empê-
vent par ordinateur, des impulsions fournies aux gâ- cher les fluctuations de puissance .
chettes . On réalise mieux l'importance des systèmes
de contrôle de la tension et du courant en étudiant le Exemple 49-2
comportement naturel de la ligne lorsque ces systèmes Dans l'exemple 49-1, la tension du réseau 2 monte
de régulation sont absents . subitement de 132 kV à 134 kV . Calculer la nou-
velle valeur de la puissance transportée, en suppo-
La Fig . 49-5 montre une ligne à c .c . ayant une résis-
sant que tous les autres paramètres demeurent in-
tance R . Les convertisseurs produisent respectivement
changés .
des tensions Ed t et Ed2 , de sorte que le courant Id est
donné par: Solution
La tension continue générée par l'onduleur est :
Id = (Ed' -Ed2) (49-8)
R Ed2 = 1,35 E 2 cos 03

= 1,35 x 134 x cos 32,1


La résistance de la ligne est toujours faible ; par consé-
quent, une légère différence entre Ed t et Ed 2 suffit pour = 153,2 kV
faire circuler le courant de pleine charge dans la ligne .
Comme la tension Ed 1 (152,9 kV) devient inférieure à
Une petite variation de Ed, ou Ed2 peut donc provo-
Ed2 , le courant a tendance à circuler dans le sens in-
quer un très gros changement de Id. Par exemple, si
verse . Étant donné que les thyristors bloquent le cou-
Ed t augmente de 2 ou 3 %, le courant peut doubler . Par
rant inverse, le courant est interrompu . Par conséquent,
contre, si Ed2 augmente de 2 ou 3 %, le courant peut la puissance transportée tombe de 60,4 MW à zéro .
tomber à zéro .
Cet exemple montre bien qu'un léger changement des
Malheureusement, Ed l et Ed2 sont exposés à des fluc- tensions alternatives produit une très grosse variation
tuations imprévisibles parce que les tensions à c .a., E l de puissance . Voyons maintenant le principe utilisé pour
et E2 peuvent fluctuer. Comme les convertisseurs ré- contourner ce problème .
pondent presque instantanément à ces fluctuations, le
courant Id pourrait varier brusquement, ce qui produi- 49.5 Caractéristiques E-I des
rait de grandes fluctuations de puissance entre les deux convertisseurs
réseaux . Ces fluctuations sont inacceptables car elles En pratique, la commande des gâchettes du redresseur
tendent à déstabiliser les réseaux à c .a . et à provoquer est conçue pour donner la courbe E-I montrée à la Fig .
l'allumage aléatoire des thyristors . Les systèmes de 49-6a. Pour une tension à c .a . El constante et un angle
commande du redressseur et de l'onduleur contrôlent a constant et égale à sa valeur amen , la tension Ed l de-



TRANSPORT DE L'ÉNERGIE À COURANT CONTINU 1113

meure constante jusqu'à ce que Id atteigne la valeur de


consigne IR . Passé ce point, Ed t diminue rapidement,
comme l'indique la courbe . L'angle de retard à l'amor-
çage augmente alors automatiquement et rapidement
de sorte que Edt tombe subitement à zéro . Si un court-
circuit se produit aux bornes du redresseur, le courant
Id résultant est donc limité à la valeur I R .
La caractéristique E-I' de l'onduleur est conçue pour
donner la courbe montrée à la Fig. 49-6b . La tension
c .a. E2 étant constante, la tension Ed2 se maintient à
une valeur nulle (ou négative) jusqu'à ce que Id attei-
gne la valeur de consigne I o . Par conséquent, entre zéro
et Io , l'angle d'allumage /3 est supérieur à 90° . Dès Figure 49-6a
que le courant atteint la valeur de consigne I o , l'angle Caractéristique Ea du redresseur .
/3 diminue automatiquement et reste égal à une valeur
minimale Nmin de l'ordre de 30° .
Dans les conditions de fonctionnement normales, la
tension Ed2 de l'onduleur est maintenue légèrement
inférieure à la tension Ed l du redresseur. De plus, la
consigne Io est inférieure à la consigne IR .
Lorsque l'on superpose les courbes (Fig . 49-7) l'effet
de ces contraintes devient clair. La tension Ed et le cou-
rant Id de la ligne à c .c . correspondent au point d'inter-
section des courbes . Il est évident que le courant de
ligne Id est égal au courant IR , imposé par le redres-
seur, tandis que la tension de ligne Ed est égale à la
tension Ed2 générée par l'onduleur .
La différence 4Ientre IR et Io s'appelle marge de cou- to Id

rant . Sa valeur est d'environ 10 % du courant nominal Figure 49-6b


de la ligne. Caractéristique E-I de l'onduleur.
Lorsque le redresseur fonctionne avec un angle amie
constant (partie horizontale de la caractéristique E-I)
l'angle de commutation produit une chûte de tension
LtEd qui augmente avec le courant Id . Cela modifie la chute àEd
caractéristique E-I du redresseur, comme l'indique le
trait en pointillé de la Fig . 49-7 . Toutefois, dans les
conditions normales, cela ne change pas le point de
fonctionnement du s~stème . La puissance fournie à
l'onduleur est donc égale à Ed2 IR-

49 .6 Contrôle de la puissance
Pour faire varier la puissance transportée, on doit agir
sur le courant Id imposé par le redresseur . Cela revient
à modifier simultanément les caractéristiques E-I du
redresseur et de l'onduleur . Les tensions Ed l et Ed 2 sont
maintenues constantes, mais les courants de consigne
IR et Io sont changés simultanément de telle sorte que
Figure 49-7
la marge de courant demeure la même . Par exemple, la Point d'opération de la ligne de transport en régime normal .

1114 ÉLECTROTECHNIQUE

Fig . 49-8 montre ces nouvelles caractéristiques lors-


que le courant Id est inférieur à celui de la Fig . 49-7 .
Cet ajustement des systèmes de commande équivaut à
déplacer les deux caractéristiques ensemble, vers la
gauche ou vers la droite, afin de faire varier le courant
Id et, dès lors, la puissance transitée .
Noter que la tension Ed de la ligne est déterminée par
la tension Ed2 de l'onduleur . Par contre, le courant Id
dépend du courant IR , établi par le redresseur. En
somme, l'onduleur agit comme une source tension alors
que le redresseur détermine la valeur du courant .
L'objectif de contrôler ces caractéristiques E-1 est d'em-
Figure 49-8
pêcher des fluctuations importantes de la puissance lors- Point d'opération de la ligne de transport à 20 % de la charge
que les tensions à c .a . subissent des fluctuations nor- nominale .
males . Un autre objectif est de limiter le courant lors
d'un court-circuit sur la ligne à c .c . Nous expliquons
maintenant le comportement du système pour ces deux
types de perturbation .

49 .7 Effet des fluctuations de tension


En se référant de nouveau à la Fig . 49-7, la tension de
la ligne est Ed = Ed 1 et le courant est Id = IR . Si la ten-
sion c .a . du réseau 1 augmente subitement, la valeur de
Ed l monte en proportion, mais cela n'a aucun effet sur Ai
IR , ni sur Ed2 . Par conséquent, la tension et le courant
dans la ligne à c .c. demeurent inchangés .
Par contre, si la tension c .a . E2 du réseau 2 baisse, la
tension Ed2 baisse en proportion . Le courant de ligne
Figure 49-9
n'est pas affecté, mais comme Ed2 est plus faible, la Effet sur le point d'opération d'une diminution subite de la
puissance transportée sera plus faible . Cependant, le tension alternative E1 .
pourcentage de changement ne peut pas excéder le pour-
centage de changement de E2.
Le contrôle des caractéristiques E-I empêche donc les
Supposons maintenant qu'une contingence très sévère fluctuations de puissance excessives sur la ligne à c .c .,
se produise sur le réseau 1 de sorte que la tension Edl tout en limitant les courants de court-circuit.
diminue de beaucoup . Il en résulte un nouveau point
d'opération montré sur la Fig . 49-9 . Le courant chute 49 .8 Inversion de la puissance
de IR à Io, en même temps que la tension tombe de Ed2 On peut changer la direction de la puissance en chan-
à Ed t . Comme la marge de courant est habituellement geant les angles d'allumage, de sorte que le redresseur
de l'ordre de 0,1 p .u ., le courant ne diminue pas exces- fonctionne en onduleur et vice versa . C'est encore en
sivement . Par conséquent, la puissance transportée agissant sur les caractéristiques E-1 qu'on effectue cette
change, mais pas de façon drastique . Dès que la pertur- inversion .
bation disparaît, les conditions normales reprennent,
Les caractéristiques E-1 que nous avons montrées à la
et les caractéristiques E-I retournent à celles montrées
Fig . 49-7 représentent une partie seulement des carac-
à la Fig . 49-7 .
téristiques réelles . Ces dernières sont tracées en entier
Un court-circuit sur la ligne à c .c . constitue une des à la Fig . 49-10 . On constate que le point d'opération
pires contingences . Dans ce cas, le redresseur fournit demeure le même . Cependant, la caractéristique du
un courant maximal IR alors que l'onduleur tire, pen- convertisseur 1 montre que lorsque le courant dépasse
dant quelques instants, un courant maximal Io . la consigne IR, l'angle d'amorçage est retardé, de sorte

TRANSPORT DE L'ÉNERGIE À COURANT CONTINU 1115

que le convertisseur fonctionne en onduleur . De même,


la caractéristique du convertisseur 2 indique que celui- mode redresseur
ci fonctionne en redresseur lorsque le courant est infé-
rieur à Io . Noter aussi que la valeur absolue de la ten-
sion redresseur Ed 1 est toujours supérieure à la tension
I
onduleur Ed2.
Pour inverser le sens de la puissance, il suffit de dépla-
cer la caractéristique du convertisseur 1 légèrement vers
la gauche . La Fig . 49-11 montre alors que le point
d'opération change ; la tension Ed devient négative, alors
que le courant Id reste toujours positif.
Ces caractéristiques spéciales offrent donc, en plus des
Figure 49-10
avantages déjà énumérés, la capacité de changer quasi
Caractéristiques E-I complètes pour les convertisseurs 1 et 2 .
instantanément le sens de circulation de la puissance . La puissance circule du convertisseur 1 au convertisseur 2 .

49 .9 Ligne bipolaire
La plupart des lignes à c .c . sont du type bipolaire . Elles
sont composées d'une ligne positive ou «pôle positif» mode redresseur
et d'une ligne négative ou «pôle négatif» avec une mise
à la terre commune (Fig . 49-12) . Un convertisseur est
installé à l'extrémité de chacune des lignes, et les cou-
Io
rants respectifs Id l , Id 2 circulent comme le montre la
figure . Les convertisseurs 1 et 3 sont des redresseurs,
alors que les convertisseurs 2 et 4 sont des onduleurs .
La puissance transportée par chaque ligne circule du
A
réseau 1 au réseau 2 . Le courant IdT dans la terre est
mode redresseur mode onduleur
égal à la différence des courants circulant dans les deux ---------------------
convertisseur 2
pôles, soit:
IdT = Idl - Id2 Figure 49-11
Un léger déplacement de la caractéristique du convertisseur
Habituellement, ce courant de terre est de quelques 1 inverse le sens de la puissance .
ampères seulement car le système de commande main-

convertisseur 1 pôle positif convertisseur 2


Ida

+Ed

réseau 1 ai = 25° IdT /32 = 35° réseau 2


^'% E2
E1
convertisseur 3 convertisseur 4

Id2

t
a3 = 25° - Ed pôle négatif /34 = 35°

Figure 49-12
Diagramme synoptique d'une ligne de transport bipolaire reliant les réseaux 1 et 2 .

1116 ÉLECTROTECHNIQUE

O
03

Figure 49-13
Diagramme schématiqe montrant les composants importants d'un système de transport à c .c .

tient les courants de ligne à peu près égaux . La ligne 49.11 Inductances et filtres du côté c .c .
bipolaire offre trois avantages : Des harmoniques de tension sont créés du côté c .c . des
1 . En régime normal, le courant dans le sol est faible . convertisseurs (section 42 .29) . Ils donnent lieu à des
Par conséquent, la corrosion des tuyaux et des structu- harmoniques de courant d'ordre 6 et 12 qui, en l'ab-
res métalliques souterrains est minimisée ; sence de filtrage, pourraient produire de l'interférence
2 . les pylônes portent deux conducteurs au lieu d'un téléphonique . Les filtres sont composés de deux induc-
seul ; cela permet de doubler la puissance transportée, tances de lissage L et de filtres shunt F eC . Les filtres
pour un coût supplémentaire relativement peu élevé ; shunts sont composés de deux circuits LC série, res-
3 . si l'on doit mettre une des lignes hors service, l'autre pectivement accordés au 6e et au 12e harmonique afin
peut continuer à transiter sa pleine puissance, et four- de court-circuiter ces tensions à la terre .
nir à la charge la moitié de la puissance habituelle . Les inductances de lissage L servent aussi à empêcher
une montée trop rapide du courant en cas de court-cir-
49.10 Composants d'une ligne de transport
cuit sur la ligne . Cela permet aux convertisseurs de pren-
à c .c .
dre le contrôle du courant avant que celui-ci ne devienne
Un système de transport à courant continu comprend trop grand .
plusieurs composants additionnels qui assurent son bon
fonctionnement . En se référant à la Fig . 49-13, on re- 49.12 Transformateurs de convertisseur
marque les composants principaux, soit : Le rôle du transformateur T, du côté redresseur est
1. les inductances de lissage L d'abaisser ou élever la tension EL , du réseau à la ten-
2. les filtres harmoniques du côté c .c . (Fc .c .) sion E l requise par le redresseur . Ces transformateurs
triphasés sont raccordés en étoile-étoile ou en étoile
3. les filtres harmoniques du côté c .a . (Fc.a .)
triangle . Un enroulement tertiaire est parfois ajouté pour
4. les transformateurs (T) raccorder la source de puissance réactive (Q I ) .
5. les sources de puissances réactives (Q)
Nous avons vu que la tension à c .c . Eat demeure prati-
6. les électrodes de mise à la terre (MALT) . quement constante, à partir de zéro jusqu'à la pleine
7. une liaison par micro-ondes ou fibre optique entre charge . De plus, afin de réduire l'appel de puissance
les postes de conversion réactive, on cherche à réduire au minimum l'angle d'al-
Le rôle de ces divers composants est expliqué dans les lumage a et à le garder assez constant . Il s'ensuit que
sections qui suivent . la tension El doit demeurer essentiellement constante .

TRANSPORT DE L'ÉNERGIE À COURANT CONTINU 1 1 17

11, 13 et plus . Ces harmoniques résultent de la forme


d'onde rectangulaire du courant (sections 42 .10 et
42 .32) . Pour limiter les interférences téléphoniques, on
doit empêcher que ces courants pénètrent dans les li-
gnes triphasées . À cette fin, on installe des filtres Fc .a.
entre les lignes et la terre . Sur un réseau à 60 Hz cha-
que filtre est composé de circuits résonnants série, ac-
cordés respectivement à 300, 420, 660 et 780 Hz .
Comme ces filtres sont effectivement capacitifs à une
fréquence de 60 Hz, ils fournissent en même temps
une partie de la puissance réactive absorbée par le con-
vertisseur.

49 .15 Liaison de communication


Afin de commander les convertisseurs situés aux deux
extrémités de la ligne, on doit prévoir une liaison par
Figure 49-14
télécommunications très fiable . Par exemple, pour
Trois transformateurs monophasés, 230 kV/127 kV/17 kV,
ayant une capacité totale de 323 MVA alimentent l'onduleur maintenir la marge de courant AI (Fig . 49-7), l'onduleur
à 150 kV, 1800 A montré à la Fig . 49-15 (gracieuseté de situé à une extrémité de la ligne doit «connaître» à tout
Manitoba Hydro) . instant la consigne de courant IR affichée au poste re-
dresseur. Cette information est transmise continuel-
lement entre les deux postes, généralement par micro-
Cela présente un problème car la tension E L , fluctue ondes ou fibre optique .
au cours de la journée . Par conséquent, les transforma-
teurs doivent posséder des prises réglables en charge 49 .16 Électrode de mise à la terre
afin de maintenir une tension E l plus ou moins cons- L' électrode de mise à la terre mérite une attention par-
tante . Un mécanisme automatique fait varier les prises ticulière car la présence d'un courant continu circulant
lorsque la tension EL , change pendant une période ap- dans la terre produit de la corrosion . Pour cette raison,
préciable. Pour des fluctuations de courte durée, l'an- l'électrode est toujours placée à quelques kilomètres
gle a est contrôlé de façon à maintenir la tension Ed à du poste de conversion . Le conducteur de mise à la
la valeur désirée . terre est soit un câble blindé, soit une ligne aérienne
supportée par des poteaux .
Les mêmes remarques s'appliquent aux transfor-
mateurs T 2 qui alimentent l'onduleur. On apporte un soin particulier à la construction de
l'électrode afin de réduire la résistance de mise à la
49 .13 Source de puissance réactive terre . Cette résistance devient importante lorsque la li-
La puissance réactive absorbée par les convertisseurs gne fonctionne temporairement en mode monopolaire .
peut être fournie par les réseaux c .a . auxquels les con- Dans ce cas, le courant circulant dans le sol peut être
vertisseurs sont raccordés . En pratique, on utilise une de l'ordre de 1000 à 2000 A . La chaleur créée pourrait
source locale comme un compensateur statique ou un assécher le sol, ce qui provoquerait une augmentation
compensateur synchrone (section 37 .10) . Comme la progressive de la résistance . Les meilleurs sites de mise
puissance active transportée varie au cours de la jour- à la terre utilisent une masse d'eau, comme la mer.
née, on doit ajuster la puissance réactive en consé-
quence. Parfois, la puissance réactive est fournie entiè- 49 .17 Exemple d'un convertisseur
monopolaire
rement par des bancs de condensateurs et par des fil-
tres c .a. décrits dans la section qui suit . La Fig . 49-15 montre le circuit simplifié d'un poste
onduleur utilisant des valves à vapeur de mercure .
49 .14 Filtres harmoniques du côté c .a . Depuis 1980, on a cessé de fabriquer des convertis-
Les convertisseurs en pont triphasés produisent du côté seurs utilisant des valves à vapeur de mercure . Ces
c .a . des harmoniques de courant impairs d'ordre 5, 7, convertisseurs sont maintenant équipés de valves à
1118 ÉLECTROTECHNIQUE

groupe de 3 transformateurs monophasés


323 MVA, 230 kV/127 kV/17 kV
1, ~~ 12

Figure 49-15
Circuit simplifié d'un onduleur à 150 kV, 1800 A, 60 Hz alimenté par une ligne monopolaire .
Les composants sont illustrés aux Fig . 49-15 à 49-19 .

thyristors . Toutefois, les principes de fonctionnement


et l'emploi des transformateurs, filtres, etc ., demeu-
rent les mêmes . La ligne monopolaire à courant con-
tinu fonctionne à 150 kV, et le poste envoie la puis-
sance dans un réseau triphasé à 230 kV, 60 Hz . Deux
réactances de lissage, possédant chacune une induc-
tance de 0,5 H, sont branchées en série avec la ligne à
c .c . Deux filtres court-circuitent les tensions de 6e et
12e harmonique . Les résistances de 9 S2 et 12 S2 dimi-
nuent la sensibilité des filtres aux légères variations de
la fréquence fondamentale (60 Hz) .
Trois transformateurs monophasés raccordés en étoile-
étoile avec enroulement tertiaire sont branchés du côté
c .a . de l'onduleur. Un compensateur synchrone de
150 Mvar raccordé à l'enroulement tertiaire fournit la
puissance réactive .
Des filtres Fea offrent un chemin de faible impédance
aux courants de 5e, 7e, 1 le et 13e harmonique afin qu'ils
ne polluent pas le réseau triphasé à 230 kV .
Les Fig . 49-16 à 49-19 donnent un aperçu de la taille
de ces composants et de l'immense superficie du poste .

49 .18 Poste de conversion à 12 pulsations


Dans une ligne monopolaire ou bipolaire, chaque Figure 49-16
Partie d'un onduleur triphasé en pont de 270 MW, 150 kV
pôle (ligne) est alimenté par deux convertisseurs
monté sur isolateurs . Ces valves à vapeur de mercure ont
en pont raccordés en série . Par exemple, la ligne été remplacées depuis par des thyristors (gracieuseté de
monopolaire de la Fig . 49-20 montre comment deux Manitoba Hydro) .
TRANSPORT DE L'ÉNERGIE À COURANT CONTINU 1119

Figure 49-17
Le poste Dorsey à Winnipeg transforme le courant continu Chaque filtre est branché entre une ligne et la terre, la
en courant alternatif au moyen d'onduleurs électroniques . différence de potentiel étant de 132,8 kV, 60 Hz .
Cette transformation produit une fréquence fondamentale de Le filtre que l'on voit au premier plan est constitué d'un
60 Hz, mais elle génère aussi des harmoniques que l'on doit groupement R,L,C série comprenant une résistance (1) de
empêcher de se répandre sur le réseau . On bloque ces 2 Sà en série avec 7 groupes de condensateurs (2) ayant une
harmoniques en les court-circuitant à la terre à travers des capacitance totale de 0,938 uF et une inductance (3) de
circuits résonnants série . 44,4 mH . Linductance possède une grosse borne en
Les douze circuits résonnants (filtres) montrés ci-dessus porcelaine et un réservoir d'huile (4) . Lautre borne de la
remplissent un champ complet au poste de transformation . bobine est raccordée à la terre . Ce filtre résonne à une
Arrangés symétriquement en groupes de 3, les filtres fréquence de 780 Hz (gracieuseté de GEC Switchgear
résonnent respectivement au 5e, 7e, 1 le et 13e harmonique . Limited, England) .

Figure 49-18 Figure 49-19


Vue des deux inductances de lissage de 0,5 H raccordées Vue partielle du système de réfrigération utilisé pour refroidir
en série avec la ligne à 450 kV . La grande distance séparant les onduleurs (gracieuseté de Manitoba Hydro) .
les inductances permet de loger les filtres à 360 Hz et à
720 Hz (gracieuseté de Manitoba Hydro) .


1120 ÉLECTROTECHNIQUE

T1
180
3

filtres
Fca

T2

180
3p

230 kV
source
triphasée
Figure 49-20
Diagramme schématique d'un pôle d'un poste convertisseur harmonique de tension . Les filtres Fca court-circuitent les 11 e
à 400 kV. Il comprend deux convertisseurs de 200 kV et 13e harmoniques de courant générés du côté c .a . et
connectés en série du côté c .c . Les convertisseurs en pont fournissent une partie de la puissance réactive absorbée par
sont alimentés par des tensions triphasées qui sont le convertisseur. Le compensateur statique fournit le reste
déphasées de 30° . Le filtre F cc court-circuite le 12e de la puissance réactive .

convertisseurs à 200 kV sont raccordés pour générer


une tension à 400 kV. Les côtés c.c. sont branchés en
série, tandis que les côtés c .a . sont effectivement con-
nectés en parallèle sur la barre triphasée à 230 kV . Re-
marquer qu'avec cette connexion série, le convertis-
seur 1 et le secondaire du transformateur T1 fonction-
nent à un potentiel de 200 kV par rapport à la terre . On
doit donc prévoir une isolation spéciale pouvant résis-
ter à cette tension à c .c . superposée à la tension alter-
native de 180 kV. Dl convertisseur 1

Les enroulements à 180 kV du transformateur T2 sont


raccordés en étoile-triangle, tandis que ceux du trans-
formateur Tl sont connectés en étoile-étoile . Ces con-
valve 1 valve 2 valve 3
nexions produisent un déphasage de 30° entre les ten- quadruple quadruple quadruple
sions aux secondaires de Tl et de T2 . Par conséquent,
les thyristors des deux convertisseurs ne s'amorcent pas
en même temps mais avec un décalage de 30°, ce qui Figure 49-21
Diagramme schématique d'un onduleur à 12 pulsations,
produit un total de 12 pulsations de courant déphasées
montrant les deux convertisseurs en pont et les rac-
de 30° . Un tel groupement de deux convertisseurs est cordements aux lignes à c .a . et à c .c . Les trois valves
appelé convertisseur à 12 pulsations . quadruples alimentent un pôle de la ligne à courant continue .
TRANSPORT DE L'ÉNERGIE À COURANT CONTINU 1121

Ce déphasage de 30° a pour effet d'opposer les 5e et 7e


harmoniques de courant produits respectivement par
les deux convertisseurs : Ces deux harmoniques n'ap-
paraissent donc pas sur les lignes à 230 KV .
Ce déphasage élimine, de la même façon, le 6e harmo-
nique du côté c .c . Il en résulte une réduction impor-
tante dans l'investissement et l'espace requis pour lo-
ger les filtres Fc .c. et Fc .a. .
La Fig . 49-21 montre un convertisseur à 12 pulsations
composé de 3 groupes de 4 valves . Ces groupes de 4
valves sont appelés valves quadruples . Les bornes Y et
D sont raccordées respectivement aux secondaires con-
nectés en étoile et en triangle . La tension continue ap-
paraît entre les bornes 2 et 4 . Les Fig . 49-24, 49-26 et
49-31 montrent la taille imposante de ces valves qua-
Figure 49-22
druples . Ce poste de conversion dos à dos situé à Eel River, relie le
réseau du Québec à celui du Nouveau-Brunswick . Le
49 .19 Types d'installations redresseur et l'onduleur sont logés dans le bâtiment au centre
Le transport d'énergie 'à c .c . est utilisé partout dans le de la photo . Ce poste était le premier à utiliser les thyristors
pour ce genre d'application (gracieuseté de New Brunswick
monde . Les installations suivantes donnent un aperçu
Electric Power Commission) .
de l'évolution des différents systèmes et des problè-
mes qu'ils ont permis de résoudre .
1 . Schenectady. D'un intérêt historique, une ligne à
30 kV, 5,25 MW, ayant une longueur de 27 km fut ins- transporte 1440 MW sur une distance de 1370 km. La
tallée en 1936 entre Mechanicville et Schenectady dans puissance peut circuler dans les deux sens, selon les
l'État de New York . Ce système utilisait des convertis- besoins énergétiques des régions nord-ouest et sud-
seurs à vapeur de mettcure. La ligne réunissait un ré- ouest . La ligne permet aussi de stabiliser le réseau tri-
seau à 60 Hz à un autre fonctionnant à 40 Hz . phasé reliant ces deux régions .
2. Gotland . La première ligne pratique fut installée en 5 . Eel River. Le poste de conversion dos à dos d'Eel
Suède en 1954. Cette liaison à c .c . constituée d'un câ- River constitue une liaison asynchrone entre les réseaux
ble sous-marin ayant une longueur de 96 km, transpor- à 230 kV du Québec et du Nouveau-Brunswick (Fig .
tait la puissance du continent à l'île de Gotland située 49-22) . Bien que ces deux réseaux fonctionnent à une
au milieu de la mer Baltique . Le câble mono-conduc- fréquence nominale de 60 Hz, il n'est pas possible de
teur transportait 20 MW à une tension de 100 kV . Le les relier directement sans affecter leur stabilité . Dans
courant de retour passait par la terre . cette liaison à c .c ., la «ligne de transport» n'a que quel-
3 . Traversée sous la Manche . En 1961 une ligne bi- ques mètres de longueur, soit la distance séparant le
polaire sous-marine reliait la France et l'Angleterre . redresseur de l'onduleur. La puissance de 320 MW peut
Deux câbles fonctionnant respectivement à + 100 kV circuler dans les deux sens .
et - 100 kV furent posés côte à côte dans le fond de la 6 . Nelson River. La puissance provenant de la centrale
Manche . La puissance transportée était de 160 MW . hydro-électrique située sur la rivière Nelson à 890 km
L'échange de puissance était économique car le déca- au nord de Winnipeg est transportée à ± 450 kV sur
lage horaire entre les deux pays produisait des appels deux lignes bipolaires . Chaque ligne bipolaire trans-
de puissance maximale à des heures différentes . De porte à Winnipeg une puissance de 1620 MW où elle
plus, cette liaison permettait à la France d'exporter ses est convertie pour alimenter le réseau triphasé à 230 kV.
excédents d'énergie au printemps . Les études ont démontré que pour une telle distance, il
4 . Pacific Intertie . En 1970 une ligne de transport bi- était légèrement plus économique d'utiliser le courant
polaire à ± 400 kV fut installée entre Dallas, en Ore- continu plutôt que le courant alternatif (Fig . 49-15 à
gon, et Los Angeles, en Californie . La ligne aérienne 49-19) .


1122 ÉLECTROTECHNIQUE

poste Coal Creek poste Dickinson


702 km (436 milles)
North Dakota Minnesota

pôle 1
onduleur TD

500 MW

Om D -fi
10,3 km 20 km

©m
954 MCM 954 MCM 345 kV
Gdl = Gd2 = _ D y réseau
0,029 S2 0,11 S2

500 MW
230 kV
réseau
pôle 2 292/321
onduleur MVA

Figure 49-23
Diagramme schématique du système de transport à c .c . 1 pF, empêchent le 12e harmonique de tension de se propager
reliant le poste de Coal Creek, au North Dakota, au poste sur les lignes à c .c .
Dickinson au Minnesota . La ligne bipolaire de ±400 kV Chaque ligne est composée de 2 conducteurs de 1590 kcmil .
transporte 1000 MW sur un distance de 702 km . La tension Les électrodes de mise à la terre sont situées à 10,3 km et à
des deux alternateurs de 500 MW est transformée à 230 kV 20 km de leur poste respectif . En régime normal, le courant
et convertie en c .c . par l'entremise de transformateurs circulant dans la terre est maintenu en deçà de 20 A .
convertisseurs à prises variables TCC . Les deux salles de Cependant, lorsqu'une ligne est temporairement mise hors
conversion contiennent chacune des redresseurs à 12 service, ce courant peut atteindre 1375 A . Le poste onduleur
pulsations . transporte la puissance jusqu'à un réseau de 345 kV, 60 Hz
Les inductances de lissage de 0,4 H sont en série avec les et les transformateurs convertisseurs TD régularisent la
conducteurs de mise à la terre, ce qui diminue le problème tension aux bornes de l'onduleur . Les deux postes
d'isolation . Les filtres F., composés chacun d'une inductance fonctionnent automatiquement, les signaux de commande
de 49,8 mH en série avec une batterie de condensateurs de venant d'un centre de conduite situé au Minnesota .

Figure 49-24 Figure 49-25


Vue du convertisseur à 12 pulsations lors de son installation Vue aérienne du poste de Coal Creek montrant les deux salles
dans une des deux salles de conversion au poste de Coal de conversion produisant respectivement les tensions de
Creek . Il alimente la ligne (+) du système à 400 kV +400 kV et -400 kV . Le poste contient les disjoncteurs, les
(gracieuseté de United Power Corporation) . transformateurs et les filtres (gracieuseté de United Power
Association) .

TRANSPORT DE L'ÉNERGIE À COURANT CONTINU 1 123

7 . ProjetCU . La puissance générée par une centrale prolongée . La Fig . 49-25 donne une vue aérienne du
thermique située à côté d'une mine de charbon, près de poste redresseur.
Underwood, au North Nebraska, est convertie en cou- 8 . Interconnexion de Châteauguay . Ce poste de type
rant continu et transportée vers l'est sur une distance dos à dos situé près de Montréal peut transporter
de 700 km . Elle est reconvertie en puissance alterna- 1000 MW entre le réseau Hydro-Québec et celui de
tive dans un poste situé près de Minneapolis, au Min- New York Power Authority (Fig . 49-26) . La liaison à
nesota (Fig. 49-23) . courant continu permet d'éviter que les variations de
La ligne bipolaire fonctionne à ± 400 kV et transporte fréquence et de déphasage d'un réseau ne viennent per-
1000 MW à 1250 A . Un conducteur métallique de re- turber l'autre . Les thyristors sont refroidis avec de l'eau
tour, connecté à la terre, permet d'utiliser une seule déionisée qui, à son tour, est refroidie par un échan-
ligne si l'autre est mise hors service durant une période geur de chaleur eau/glycol/air .

Figure 49-26
Vue de deux convertisseurs à 12 pulsations de 500 MW, Chaque valve quadruple comprend 420 thyristors ; hauteur :
140 kV, 3600 A du poste de Châteauguay . Celui de droite 12 m ; longueur: 6,9 m ; largeur : 2,7 m . La salle a 18 m de
fonctionne en redresseur ; celui de gauche, en onduleur . haut et 17,5 m de large (gracieuseté d'Hydro-Québec) .


1124 ÉLECTROTECHNIQUE

49 .20 Ligne multiterminale de la Baie électriques LG2 et LG2A est transformée en puissance
James à la Nouvelle-Angleterre continue par deux convertisseurs-redresseurs situés au
La ligne c .c . multiterminale d'Hydro-Québec, relie le poste Radisson . Les deux autres convertisseurs de
Nicolet et Sandy Pond peuvent fonctionner comme
poste de Radisson, situé dans le complexe de la Baie
James, au poste de Sandy Pond, près de Boston . Elle onduleurs ou comme redresseurs, selon les exigences
du réseau . Le système de télécommande reliant les trois
représente une première mondiale en matière de trans-
postes joue donc un rôle crucial dans la conduite ins-
port d'énergie . C'est, en effet, la première fois que l'on
relie plus de deux postes sur une ligne de transport à tantanée de l'échange des puissances .
courant continu aussi importante d'où l'appellation de Le principe de fonctionnement de la ligne multi-termi-
"ligne multiterminale" (Fig . 49-27) . Cette ligne bipo- nale est semblable à celui des autres systèmes à c .c .
laire fonctionnant à ± 450 kV transporte une puissance que nous venons d'étudier . Elle possède, toutefois, plu-
de 2000 MW sur une distance de 1513 km . Le courant sieurs particularités qui méritent notre attention . Nous
par ligne est donc : fournissons donc des renseignements sur les postes
Radisson et Sandy Pond et les caractéristiques de la
2000 x 106 = 2220 A ligne qui les relie .
Id _ -
2 x 450 000 Le poste Radisson est immense . En plus du vaste es-
La Fig . 49-28 montre l'emplacement des postes inter- pace requis pour les deux convertisseurs, les filtres, les
transformateurs et disjoncteurs associés, le poste sert
médiaires de Nicolet, des Cantons et Comerford, et la
de centre de manoeuvre et de transformation pour quel-
Fig . 49-29 donne le diagramme synoptique du système.
ques 10 000 MW générés par les centrales de la région
La puissance à c .a. générée par les centrales hydro- de la Baie James .

Figure 49-27 Figure 49-28


Vue d'un pylône rigide et d'un pylône haubané supportant Trajet suivi par la ligne multiterminale d'Hydro-Québec reliant
les pôles positif et négatif à ± 450 kV de la ligne multiterminale les postes Radisson, Nicolet, des Cantons, Comerford et
(gracieuseté d'Hydro-Québec) . Sandy Pond (gracieuseté d'Hydro-Québec) .

TRANSPORT DE L'ÉNERGIE À COURANT CONTINU 1 125

RADISSON NICOLET DES CANTONS COMERFORD SANDY POND


315 kV 230 kV 345 kV

Figure 49-29
Diagramme synoptique du système à c .c . montrant le raccordement des cinq postes sur la ligne .

La Fig . 49-30 montre les éléments principaux du poste harmonique mais ils servent à filtrer les harmoniques
de conversion . Un réseau à 315 kV alimente deux grou- d'ordre 23 et 25 . De même, les filtres 36e/48e H, ac-
pes de 3 transformateurs monophasés raccordés en cordés à la fois aux 36e et 48e harmoniques, offrent
étoile-étoile-triangle qui fournissent la puissance à une basse impédance aux 35e, 37e, 47e et 49e harmoni-
deux convertisseurs à 12 pulsations . Chaque transfor- ques . La configuration de ces filtres et leurs valeurs R,
mateur a une puissance nominale de 404 MVA . L'en- L, C sont données à la Fig . 49-32 .
roulement primaire de 182 kV est branché entre la li-
Les filtres ont en même temps un rôle de générateurs
gne et le neutre du réseau de 315 kV . Les enroulements
de puissance réactive pour le réseau à 60 Hz . Ainsi,
A et Y ont respectivement une tension nominale de
chacun des filtres branchés entre une ligne et la terre
190 kV et 110 kV (voir aussi la Fig . 49-35) .
génère une puissance de 16,33 Mvar par phase à 60 Hz
Les convertisseurs alimentent respectivement les pôles (Fig . 49-30) . Les filtres sont regroupés comme c'est
positif et négatif de la ligne bipolaire . La Fig . 49-31 indiqué sur la figure. Ainsi, le groupe F1 est composé
montre deux des trois valves quadruples suspendues de 9 filtres monophasés . Chaque groupe représente
dans la salle des valves du pôle positif. donc une puissance réactive de 9 x 16,33 = 147 Mvar
que l'on peut brancher ou débrancher au moyen d'un
Bien que le rendement des convertisseurs soit supé-
disjoncteur.
rieur à 99 %, la chaleur dégagée par les 2160 thyristors
est impressionnante . Comme la chute de tension à l'état Les 4 disjoncteurs associés aux 4 groupes de filtres FI
passant est de 1,56 V, chaque thyristor dissipe une puis- permettent d'augmenter la puissance réactive par éta-
sance de 1,56 V X 2220 A/3 = 1,15 kW. De l'eau dis- pes de 147 Mvar jusqu'à un total de 588 Mvar. Des
tillée et déionisée circulant dans les thyristors agit remarques semblables s'appliquent aux filtres F2 . L'en-
comme caloporteur . semble des filtres c .a., y compris les deux groupes de
condensateurs de 176 Mvar, peut donc générer un to-
Les filtres du côté c .a . offrent un chemin de faible im-
tal de 6 x 147 + 2 x 176 = 1234 Mvar. En faisant varier
pédance pour les harmoniques impairs de courant,
le nombre de groupes en service, on réussit donc à
notamment ceux d'ordre 3, 11, 13, 23, 25, 35, 37, 47,
fournir la puissance réactive absorbée par les conver-
et 49. Les filtres désignés 24e H sont accordés au 24e
tisseurs .



1126 ÉLECTROTECHNIQUE

4 groupes F1 de 147 Mvar 2 groupes F2 de 147 Mvar


2 groupes
FILTRES 3 H 11/13 H 36/48 H 11/13 H 24 H 36/48 H de 176 Mvar

T T T T T
TT TT TTT
TTT x2
T
réseau triphasé d b
315 kV 60 Hz

1 y

404 MVA
182/190/110 kV
monophasé

90 thyristors 360 thyristors


7

3 valves quadruples
300 mH 300 mH
47 mH 47 mH
filtre 6/12 H filtre 6/12 H

97,2 mH 0,65 µF --)F- 42 km -~~- 0,65 µF 97,2 mH


3,2 µF 3,2 µF
1,550
18,8 mH 18,8 mH
0,56 52 _mue
-i
filtre 24 H filtre 24 H
0,65 µF 0,65 µF
75052 750 S2
0
NN PÔLE (-) PÔLE (+) N
N N
N N
-450 V +450 V

O O
• o 4 conducteurs 4 conducteurs o o
• o de 1355 kcmil de 1355 kcmil o o

Figure 49-30
Diagramme schématique du poste Radisson montrant les principaux composants .
Le schéma du poste Sandy Pond est similaire .
TRANSPORT DE L'ÉNERGIE À COURANT CONTINU 1 127

Du côté courant continu, les filtres court-circuitent les La mise à la terre est située à 42 km du poste Radis son .
6e, 12e et 24e harmoniques de tension. Noter que les Elle a une résistance de 0,56 S2 et la ligne de mise à la
composants du filtre 6e/12e H offrent simultanément terre y ajoute une résistance supplémentaire de 1,55 £2 .
une basse impédance pour les 6e et 12e harmoniques .
Le courant continu de 2220 A circulant dans chaque
En plus de filtrer les harmoniques pairs, les inductan-
pôle est porté par un faisceau de 4 conducteurs, iden-
ces de lissage de 300 mH limitent le taux de croissance
tique à celui montré à la Fig . 20-14b, chapitre 20 . À
des courants de court-circuit .

Figure 49-31
Vue de la salle des valves du pôle positif au poste Radisson, versent le mur de droite sont les bornes secondaires des
montrant deux des trois valves quadruples suspendues transformateurs de conversion (gracieuseté d'Hydro-
au plafond . Les 6 grosses bornes en porcelaine qui tra- Québec) .


1128 ÉLECTROTECHNIQUE

1,31 µF

37,25 mH 3,08 mH
10,48µF
1
7552 47,22µF 811 4 9,1 mH 3052 15,68µF
671 mH
TI

3e H 11 8/13e H 24e H 36e/48e H

Figure 49-32
Configuration des filtres utilisés du côté c .a . au poste Radisson .

60 °C, la résistance d'un pôle entre Radisson et Sandy


Pond est de 15,9 S2 . Le poste de Sandy Pond est très
similaire à celui de Radisson .
La Fig . 49-34 et le tableau 49-3 donnent les détails et
les caractéristiques de la ligne bipolaire entre les pos-
tes Radisson et Nicolet. On constate qu'elle possède
des inductances et des capacitances importantes, de
sorte que l'énergie emmagasinée dans les champs ma-
gnétique et électrique est considérable . Si un court-cir-
cuit se produit entre un pôle et la terre, cette énergie
tend à alimenter et soutenir l'arc au point de défaut . Il
s'ensuit un court-circuit prolongé pouvant compromet-
tre la stabilité des postes, tout en produisant des dégâts
considérables . Pour éviter cela, les convertisseurs de
Radisson agissent brièvement comme onduleurs lors
d'un court-circuit . Ils soutirent l'énergie électromagné-
tique emmagasinée dans la ligne et la renvoient au ré- Figure 49-33
seau de 315 kV. De cette manière, on réussit à éliminer Vue aérienne du poste Radisson . Les deux bâtiments logent
respectivement les convertisseurs à + 450 kV et à - 450 kV
un court-circuit en moins de 30 ms . Lors d'un court-
(gracieuseté d'Hydro-Québec) .
circuit, le courant augmente généralement jusqu'à une
valeur de l'ordre de 2 p .u .
Le tableau 49-1 donne la fiche technique des conver- Le tableau 49-2 donne la fiche technique du poste
tisseurs de Radisson . Sandy Pond .








TRANSPORT DE L'ÉNERGIE À COURANT CONTINU 1 129

TABLEAU 49-1 CONVERTISSEURS DU POSTE TABLEAU 49-2 CONVERTISSEURS DU POSTE


RADISSON SANDY POND

site à 16 km de la centrale La Grande 2 site à 25 km de Boston


tension d'alimentation 315 kV, 60 Hz, 3 phases tension d'alimentation 345 kV, 60 Hz, 3 phases
TRANSFORMATEURS TRANSFORMATEURS
nombre 6 nombre 6
puissance 404 MVA, monophasé puissance 353 MVA, monophasé
tension primaire 182 kV (pour branchement tension primaire 199 kV (branchement
en étoile) en étoile)
tension secondaire 1 110 kV (pour branchement tension secondaire 1 108 kV (branchement
en étoile) en étoile)
tension secondaire 2 190 kV ( pour branchement tension secondaire 2 187 kV (branchement
en triangle) en triangle)
prises au primaire 23 prises par pas de 1,25 prises au primaire 21 prises par pas de 1,25
plage des prises 182 kV ±13,75 plage des prises 199 kV + 17,5 % - 7,5
réactance de fuite par phase, réactance de fuite par phase,
rapportée au secondaire 7,16 ohm rapportée au secondaire 7,28 ohm
CONVERTISSEURS pôle 1 pôle 2 CONVERTISSEURS pôle 1 pôle 2
nombre 2 nombre 1 1
nombre de pulsations 12 12 nombre de pulsations 12 12
puissance à c .c . 1125 MW 1125 MW puissance à c .c 900 M W 900 M W
puissance à c .c . total 2250 MW puissance à c .c . totale 1800 MW
tension d'alimentation 190 kV (Y) 190 kV (Y) tension d'alimentation 187 kV (Y) 187 kV (Y)
190 kV (A) 190 kV (A) 187 kV (A) 187 kV (A)
tension continue + 450 kV - 450 kV tension continue + 425 kV - 425 kV
courant + 2220 A - 2220 A courant + 2000 A - 2000 A
tension aux bornes des tension aux bornes des
thyristors à l'état passant 1,56 V thyristors à l'état passant 1,56 V
angle de retard à l'amorçage 17° à 21' angle d'extinction 18° à 21 °
marge de courant 10% marge de courant 10
FILTRES (côté c .a .) nombre Q à 60 Hz FILTRES (côté c.a .) nombre Q à 60 Hz
3e H 4 x 3 196 Mvar 3e H 2 x3 175 Mvar
11e/13e H 6 x 3 294 Mvar 11 e/13e H 4x3 221 Mvar
24e H 6x3 294 Mvar 24e/36e H 4x3 300 Mvar
36e/48e H 2 x3 98 Mvar condensateur 6 x 3 924 Mvar
condensateur 2 x3 352 Mvar total 1620 Mvar
total 1234 Mvar
FILTRES (côté c .c .) nombre/pôle
FILTRES (côté c .c .) nombre/pôle inductance de lissage 1 150 mH
inductance de lissage 1 300 mH inductance de lissage 1 300 mH
6e/1 2e H 1 2e/9e H + 12e H + 6e/24e H 1
24 8 H 1 + 14e/36e H + 12e/48e H 1
+ passe-haut 1

1130 ÉLECTROTECHNIQUE

TABLEAU 49-3 LIGNE BIPOLAIRE ENTRE LES POSTES


RADISSON ET NICOLET

DONNÉES MÉCANIQUES pôle 1 pôle 2


longueur 1020 km 1020 km
nombre de faisceaux 1 1
conducteurs par faisceau 4 4
grosseur d'un conducteur 1354 kcmil
type de conducteur aluminium/acier
composition 48 brins AI + 7 brins Fe
câble de garde 1 1
composition acier galvanisé diam 12,7 mm
nombre de pylônes 1780
hauteur des pylônes 48 m
emprise au sol 60 m
distance entre les pôles 11 m
hauteur d'un pôle au pylône 33,5 m
hauteur minimale d'un pôle
entre pylônes 13,5 m
CARACTÉRISTIQUES ÉLECTRIQUES
résistance 11,252 11,252
Figure 49-34 inductance 811 mH 811 mH
Circuit de la ligne bipolaire de 1022 km reliant les postes capacitance au sol 9,91 pF 9,91 µF
Radisson et Nicolet . Chaque ligne possède une résistance 2,38 gF
de 11,2 S2 et une inductance de 811 mH . Leur capacitance capacitance entre les pôles
ligne-terre est de 9,91 .tF, et ligne-ligne de 2,38 µF. Les capacitance des filtres :
condensateurs situés aux deux extrémités de la ligne font au poste Radisson 1,3 gF 1,3 gF
partie du système de filtrage local . au poste Nicolet 1,95µF 1,95µF

MLI APPLIQUÉE AU TRANSPORT un réseau d'alimentation existant . Lorsque cette solu-


D'ÉNERGIE À COURANT CONTINU tion n'est pas possible, on peut installer un groupe élec-
trogène pour générer l'électricité sur place . Cette solu-
49 .21 Transport d'énergie à c .c . aux sites tion est dispendieuse car il faut assurer l'entretien et
isolés transporter le carburant au site .
On a vu que le transport de l'énergie à courant continu Dans certains cas, une ligne aérienne est exclue parce
se fait habituellement entre deux réseaux forts alimen- qu'on ne peut pas obtenir les droits de passage . On pro-
tés tous deux par des génératrices synchrones de grande pose alors l'enfouissement d'un câble à c . a . souterrain .
capacité . Les tensions alternatives sont stables, et les Cependant, lorsque le câble atteint une longueur de
convertisseurs aux deux extrémités de la ligne à c .c . quelques kilomètres sa capacitance empêche le trans-
peuvent tirer de la puissance réactive des réseaux aux- port efficace de l'énergie à courant alternatif (voir sec-
quels ils sont branchés . Cela permet la commutation tion 46 .24) . Par contre, les câbles se prêtent bien aux
naturelle des thyristors . transport en courant continu car les contraintes de puis-
Il existe, cependant, un grand nombre de sites isolés sance réactive disparaissent .
qui ont besoin d'électricité mais qui n'ont pas de géné- Les convertisseurs autonomes utilisant des IGBT et la
rateurs synchrones . Dans ce cas, on peut fournir l'éner- commutation MLI offrent une solution intéressante à
gie en utilisant une ligne aérienne à c .a. branchée sur ce genre de problème . Nous avons vu, en effet, à la
TRANSPORT DE L'ÉNERGIE À COURANT CONTINU 1131

Figure 49-35
Transformateur monophasé de 404 MVA, 182 kV/190 kV/ verticale, située en arrière-plan, est la borne d'entrée du
110 kV, 60 Hz, servant à alimenter deux phases du primaire à 182 kV ; la deuxième borne de mise à la terre n'est
convertisseur de +450 kV au poste Radisson . Les quatre pas visible dans cette photo .
traversées horizontales sont les sorties des deux Des transformateurs monophasés de construction semblable
enroulements secondaires de 190 kV et 110 kV . La traversée sont installés au poste Sandy Pond (gracieuseté de ABB) .

section 42 .59, que les convertisseurs MLI fonctionnent Pour bien comprendre cette nouvelle façon de trans-
effectivement comme des génératrices statiques à cou- porter l'énergie à c.c., nous recommandons au lecteur
rant alternatif. Ils peuvent fournir ou absorber de la de revoir les sections 42 .50 à 42 .59, traitant des con-
puissance réactive et leur tension est contrôlable . De vertisseurs . La section 42 .50 explique la commutation
plus, la puissance active peut circuler dans les deux MLI et son application dans les convertisseurs mono-
sens, du côté c .a . au côté c .c . du convertisseur et vice phasés . La section 42 .59 explique le principe du con-
versa . Enfin, la fréquence et la phase de ces «généra- vertisseur MLI triphasé . Nous utiliserons ce convertis-
trices» statiques sont ajustables, et la capacité de court- seur pour expliquer cette nouvelle méthode de trans-
circuit est limitée électronique ment . port de l'énergie.

1 132 ÉLECTROTECHNIQUE

49.22 Composition d'une génératrice IGBT/diode représente en fait des dizaines de semi-
statique à MLI conducteurs semblables raccordés en série . Les tensions
La Fig . 49-36 montre les éléments principaux d'une triphasées apparaissent entre les bornes d, e et f.
génératrice statique triphasée . Cette génératrice com- La tension apparaissant entre les bornes a et N est une
prend (1) un convertisseur autonome à six IGBT et six onde MLI dont l'amplitude fluctue rapidement entre
diodes ; (2) deux condensateurs C 1 connectés en série ; + Ed et - Ed à la fréquence de découpage fc . L'onde
(3) trois inductances L 1 et (4) trois circuits résonants contient deux composantes : (1) la tension fondamen-
L2 , C2 , R 2 . Il est important de remarquer que cette gé- tale ligne à neutre EaN de fréquence f et (2) des harmo-
nératrice statique peut non seulement convertir la puis- niques . En pratique, nous nous intéressons seulement
sance continue en puissance alternative triphasée mais aux tensions ligne à ligne . Lorsque le rapport fc/f est
elle peut aussi faire la transformation inverse . Lorsque impaire et multiple de 3, les harmoniques principaux
le convertisseur fonctionne en redresseur, la «machine» des tensions ligne à ligne possèdent les fréquences fHl
agit donc comme génératrice à courant continu à partir =fc + 2f etfH2 =fc - 2f
d'un réseau triphasé . Alternativement, lorsque le con-
Comme dans un hacheur, les inductances L1 absorbent
vertisseur fonctionne en onduleur, il agit comme géné-
et débitent de l'énergie, ce qui permet de transformer
ratrice à courant alternatif à partir d'une source de ten-
la puissance continue en puissance alternative et vice
sion continue .
versa (voir section 42 .44) . Ces inductances servent aussi
Les bornes x et y du convertisseur sont branchées à à réduire les courants harmoniques circulant dans les
une source de tension continue E H . Les condensateurs lignes triphasées . À la fréquence fondamentale, elles
C 1 entre les lignes à c .c . et le neutre N diminuent les présentent une réactance x donnée par x = 2rtfL1 .
fluctuations de la tension continue . En même temps,
Les filtres L 2, C2 court-circuitent les tensions harmo-
ils portent les courants alternatifs associés à la puis-
niques entre les lignes d, e, f et le neutre N . La résis-
sance réactive absorbée ou débitée par le côté triphasé
tance R2 établit la largeur de bande du filtre, ainsi que
du convertisseur.
le niveau de distorsion de la tension entre les bornes d,
On peut considérer que la tension EH est formée de e et f.
deux tensions Ed en série, où Ed = EH/2 . Lorsque la
tension Ed est de plusieurs kilovolts, chaque groupe 49.23 Vue d'ensemble du système de
transport
La Fig . 49-37a donne une vue d'ensemble du système
de transport à c .c . Il comprend un réseau triphasé, un
câble à c .c . qui relie le convertisseur 1 au convertisseur
2 du site éloigné, et la charge .
Le convertisseur 1 est branché sur le réseau triphasé
par l'entremise de trois réactances x qui correspondent
aux inductances L 1 mentionnées précédemment . Les
bornes 7 et 8 sont raccordées au câble à c .c . L'autre
extrémité du câble est connectée aux bornes 9 et 10 du
convertisseur 2 . Celui-ci alimente la charge par l'en-
tremise de trois réactances x qui sont de même nature
que celles associées au convertisseur 1 . Afin de sim-
plifier le circuit, les filtres harmoniques L2 , C 2 , R2 ne
sont pas montrés . Ils sont branchés entre les bornes 1,
2, 3 et le neutre et entre les bornes d, e, f et le neutre .
Le convertisseur 2 génère une tension fondamentale
Figure 49-36
Composition d'une génératrice statique triphasée alimentée
triphasée entre les bornes a, b et c . Cependant, il est
par une source à c.c . plus facile de suivre son fonctionnement en observant

TRANSPORT DE L'ÉNERGIE À COURANT CONTINU 1133

réseau
triphasé
1 2 3

(a)

E4
El N E4N Sin B1
P1 =
X

(c) (b)
Figure 49-37
a . Vue d'ensemble d'un système de transport à c.c . utilisant des convertisseurs MLI .
b . Diagramme vectoriel au site .
c . Diagramme vectoriel côté réseau .

le courant et la tension d'une seule phase . Choisissons active de la puissance absorbée par la charge . La puis-
donc la phase A, et supposons que le courant Ia soit de sance totale transportée est donc 3 x P . Comme la ten-
ea degrés en retard sur la tension EdN . Comme la chute sion continue est EH, le courant continu Id circulant
de tension dans la réactance x est jxIa, la tension géné- dans le câble est :
rée par le convertisseur est donnée par le vecteur EaN =
Id = 3PIEH
EdN + jxIa (Fig . 49-37b) . On note que EaN est en avance
sur EdN de 9b degrés . La puissance active P circule donc Quel est le rapport entre la tension alternative ligne à
du convertisseur vers la charge et sa valeur est donnée ligne Eab et la tension continue EH? Pour assurer une
par l'expression bien connue : forme d'onde sinusoïdale, la valeur crête de la tension
ligne à neutre EaN ne doit jamais dépasser EH/2 . Sup-
E`N sin 0b
P = EaN éq . 25-13 posons que EaN crête 80 % de EH/2 . Dans ces cir-
X constances, on peut facilement démontrer que la ten-
La puissance active, par phase, est aussi donnée par sion EH est environ deux fois la tension efficace ligne à
l'expression : ligne du convertisseur . On peut donc écrire :
P = EdN 'a cos ea
EH = 2 ELL (49-9)
Le câble à c .c . transporte seulement la composante


1134 ÉLECTROTECHNIQUE

où sion du câble . Cette augmentation est détectée par le


système de commande du convertisseur 1 . Le signal
EH = tension continue ligne à ligne [kV]
correcteur produit alors une diminution immédiate de
ELL = tension efficace à c .a . ligne à ligne [kV]
l'angle 01 . Par conséquent, la puissance à c .a. absorbée
Négligeons pour le moment les pertes dans les conver- par le convertisseur 1 diminue, ce qui diminue la puis-
tisseurs et dans le câble à c .c . En régime permanent, la sance continue fournie au câble . Dès qu'elle est égale
puissance active 3 P tirée du réseau par le convertis- à la puissance continue absorbée par le convertisseur
seur 1 est nécessairement égale à celle tirée par la charge 2, la tension du câble reprend une valeur proche de sa
au site isolé . Choisissons la phase 1 du réseau, et sup- valeur nominale .
posons que E l N soit en avance sur E4N de 01 degrés . La
Contrairement au transport conventionnel de l'énergie
puissance P est alors donnée par l'expression suivante :
à c .c . utilisant des thyristors, la commande de puissance
E1N E4N
ne requiert pas d'échange d'information entre les deux
P = sin 01 (49-10) convertisseurs (voir la section 49 .15) .
X
De plus, on n'a pas besoin de filtres volumineux et coû-
La valeur et la phase de la tension E 1N sont imposées
teux car sur un réseau de 50 Hz ou 60 Hz, la fréquence
par le réseau . De plus, la valeur de x est fixe car la
des harmoniques principaux est de l'ordre de 40 fois la
fréquence fondamentale est constante . Afin d'obtenir
fréquence fondamentale . Un seul filtre L 2, C 2 , R 2 suffit
la valeur P imposée par la charge, il faut que la tension
pour supprimer ces harmoniques . Rappelons que pour
E4N et l'angle 01 soient ajustés à des valeurs appro-
le transport à c .c . conventionnel on avait besoin de gros
priées . Quelles valeurs doit-on choisir?
filtres pour absorber les 5e, 7e, 1 le et 13e harmoniques
Une option intéressante consiste à régler l'amplitude (Fig . 49-17) .
et la phase de E4N afin que le courant I l soit en phase
Les convertisseurs à MLI offrent donc plusieurs avan-
avec la tension E 1N (Fig . 49-37c) . Dans ces circons-
tages sur ceux à thyristors utilisant la commutation na-
tances, le convertisseur ne tire aucune puissance réac-
turelle . Lorsqu'on y ajoute l'avantage d'un câble en-
tive du réseau . Cette possibilité de faire fonctionner le
foui dans le sol, à l'abri des intempéries et exempt des
redresseur à facteur de puissance unitaire constitue un
droits de passage, les convertisseurs MLI deviennent
autre avantage des convertisseurs MLI . Le système de
encore plus attrayants . Mentionnons toutefois que la
commande du convertisseur 1 doit donc agir de sorte
puissance des IGBT n'atteint pas encore celle des thy-
que l'angle 0 1 et la tension E4N aient les valeurs requi-
ristors .
ses pour atteindre ces objectifs .
Une première mondiale de ce système de transport à
49 .24 Commande de la puissance active c .c ., connu sous la marque de commerce «HVDC
La puissance active totale absorbée par le convertis- LIGHT», a été installé en 1999 sur l'île de Gotland, en
seur 1 est commandée par la tension continue EH aux Suède . Il transporte sur une distance de 70 km une puis-
bornes du câble . Pour faciliter les explications, négli- sance de 50 MW provenant d'un parc d'éoliennes, jus-
geons encore les pertes dans les convertisseurs et dans qu'au centre-ville de Visby. Deux câbles fonctionnant
le câble . respectivement à + 80 kV et - 80 kV (EH = 160 kV)
ont été enfouis directement dans le sol à l'aide d'une
En régime permanent, la puissance active de la charge
charrue tirée par un tracteur . Les convertisseurs MLI
est constante et la puissance soutirée du câble entre les
branchés à chaque extrémité génèrent une tension tri-
bornes 9 et 10 est égale à la puissance absorbée par le
phasée à 80 kV, 50 Hz .
câble entre les bornes 7 et 8 (Fig . 49-37a) . Par consé-
quent, la tension EH demeure stable . 49 .25 Exemple de système c .c . à MLI
Cependant, si la charge alimentée par le convertisseur alimentant un site éloigné
2 diminue alors que l'angle 0 1 et la tension E4N demeu- À titre d'exemple, la Fig . 49-38a montre un système
rent inchangés, la puissance fournie au câble devient de transport à c .c . utilisant des génératrices statiques .
supérieure à celle qui en est soutirée . L'écart entre ces Il comprend un réseau qui alimente une charge située
deux puissances charge davantage les condensateurs, 40 km plus loin . Le câble souterrain fonctionne à une
ce qui provoque une augmentation très rapide de la ten- tension de 70 kV (+ 35 kV, - 35 kV) et sa résistance est

TRANSPORT DE L'ÉNERGIE À COURANT CONTINU 1135

de 6,8 S2. La tension alternative aux deux extrémités 2 . Courant I a tiré par la charge :
est de 34,5 kV, 60 Hz, 3 phases .
= S = 24 x 10 6
Au site, la charge tire une puissance totale de 24 MVA la = 401,6 A
à un facteur de puissance de 75 % . La puissance active E ~_
3 34 500
totale (3P) est donc de 0,75 x 24 = 18 MW. La puis- 3 . Déphasage entre Ia et la tension ligne à neutre EdN
sance réactive totale est : Ba = arccos 0,75 = 41,4 °
Q = I(242 - 18 2) = 15,9 Mvar 4 . Réactance à 60 Hz des inductances L i de 20 mH :
Les valeurs des divers composants sont indiquées sur x=2ifL 1 =2 rx60x20x10-3 =7,5452
la Fig . 49-38a . On indique aussi les tensions et les cou- 5 . Tension ligne à neutre du convertisseur 2 :
rants lorsque le site tire sa charge maximale . Pour arri-
E,, = 19 920 + j x 7,54 x 401,6L-41,4°
ver aux valeurs indiquées sur le schéma, on a fait le
raisonnement suivant : = 21 923 + j 2271 = 22 040L5,9°
la. Tension ligne à ligne aux bornes de la charge : (voir le diagramme vectoriel Fig . 49-38b)
Ede = 34 500 V 6 . Tension triphasée ligne à ligne aux bornes du con-
vertisseur 2 :
lb. Tension ligne à neutre aux bornes de la charge :
Eab = 22 040 \13 = 38 175 V
EdN = 34 500/ 3 = 19 920 V
7 . Puissance continue absorbée par le convertisseur 2 :
réseau 3P=18x10 6 W
34,5 kV
60 Hz

6,65°

E4N
(c) (b)

Figure 49-38
a . Exemple de système de transport à c .c . utilisant des convertisseurs MLI .
b . Diagramme vectoriel au site .
c . Diagramme vectoriel côté réseau .


1136 ÉLECTROTECHNIQUE

8a . Tension du câble à c .c . entre le bornes 9 et 10 : 70000 -

EH =70000V 60000 -

8b . Tension continue ligne à neutre : E4N 50000- 28 360 V


Ed = E9N = 70 000/2 = 35 000 V 1 40000- .!

9 . Courant continu tiré par le convertisseur 2 : 30000 -


Id = 3PIEH = 18 x 106 / 70 000 = 257,1 A ,
20000 -
10. Résistance du câble à c .c . :
10000 -
R = 6,8 S2
o
l la . Tension continue aux bornes du convertisseur 1 : 0 90 180 270 360

E78 = 70 000 + 6,8 x 257,1 = 71 748 V > degrés


Figure 49-39
1 lb . Tension continue ligne à neutre :
Forme d'onde de la tension MLI entre les bornes 4 et N du
E7 N = 71 748/2 = 35 874 V convertisseur 1 . La fréquence de découpage est de 2340 Hz .
12a . Tension triphasée ligne à ligne du réseau : La composante sinusoïdale a une fréquence de 60 Hz et une
amplitude de 28 360 V .
E 12 =34500V
12b . Tension ligne à neutre du réseau :
en modulation de fréquence mf = f lf = 39, la fréquence
E 1N = 34 500/i3 = 19 920 V de découpage sera :
13 . Puissance à c .c . débitée par le convertisseur 1 : f, = 39 x 60 Hz = 2340 Hz
P = 257,1 A x 71 748 V = 18,4 MW Le circuit L2, C2 sera donc syntonisé à cette fréquence .
14 . Puissance active totale absorbée par le convertis- En fait, les principaux harmoniques ligne à ligne se-
seur 1 : ront :
P = 18,4 MW fHl = (2340 + 2 x 60) = 2460 Hz
15 . Pour minimiser la puissance apparente tirée de la fH2 = (2340 - 2 x 60) = 2220 Hz
source, on ajuste la phase des tensions aux bornes 4, 5
Ces fréquences harmoniques sont très rapprochées de
et 6 du convertisseur 1 de sorte que le facteur de puis-
la fréquence de découpage de 2340 Hz .
sance aux bornes 1, 2 et 3 soit de 100 % .
22 . La Fig . 49-39 montre la forme d'onde de la tension
16 . Courant fourni par le réseau MLI entre la borne 4 et le neutre du convertisseur 1 . La
composante fondamentale a une valeur crête de
I = S = 18,4 x 106
= 307,9 A 20 055 i2 = 28 360V. Les formes d'ondes fondamen-
I E1 34 500 tales entre les bornes 5, 6 et le neutre sont semblables,
17 . Tension aux bornes des réactances de 7,54 S2 en mais déphasées de 120° .
amont du convertisseur 1 : 23 . La forme d'onde entre la borne a et le neutre du
E 14 = 7,54 x 307,9 = 2322 V convertisseur 2 est semblable à celle de la Fig . 49-39
18 . Tension ligne à neutre aux bornes du convertis- sauf que l'amplitude de la composante fondamentale
seur 1 : est de 22 040 '12 = 31 169 V .
E4N = 19 920 - j 2322 = 20 055 V L- 6,65° 24 . Noter que les tensions entre les bornes 1, 2 et 3 ne
(voir le diagramme vectoriel Fig . 49-38c) sont pas syntonisées avec celles entre les bornes d, e
19 . Le déphasage entre la tension EIN du réseau et la et f .
tension E4N générée par le convertisseur 1 est donc : 49 .26 Résumé
0 1 = 6,65° La mise au point de thyristors de grande puissance et
20 . Tension triphasée ligne à ligne entre les bornes 4, 5 de systèmes de commandes sophistiqués a permis le
et 6 du convertisseur 1 : développement du transport d'énergie à courant con-
ELL = 20 055 i3 = 34 735 V tinu . Cette méthode de transport est plus avantageuse
21 . Le circuit résonant série L 2, C2 est syntonisé à la que le transport sur des lignes à c .a . lorsqu'il faut trans-
fréquence de découpage f, Si l'on choisit un rapport porter de grandes puissances (plusieurs centaines de

TRANSPORT DE L'ÉNERGIE À COURANT CONTINU 1 137

mégawatts) sur une grande distance . On utilise la même court-circuit, l'onduleur passe momentanément en com-
méthodologie lorsqu'il faut interconnecter deux réseaux mande de courant et impose un courant dont la valeur
à c .a . fonctionnant à des fréquences différentes ou deux est inférieure à la consigne de courant du redresseur .
réseaux de même fréquence mais non synchrones . La différence entre ces deux courants est le courant de
marge .
En plus de la ligne c .c . et des deux convertisseurs (un
redresseur et un onduleur), un système de transport à Mentionnons enfin l'introduction récente du transport
courant continu comprend essentiellement les transfor- à courant continu utilisant des convertisseurs à IGBT
mateurs de convertisseurs avec changeurs de prise qui et la commutation MLI . Contrairement aux systèmes
alimentent les convertisseurs à 6 ou 12 impulsions, les conventionnels à thyristors, ce système c .c . ne requiert
sources de puissance réactive, les filtres et les systè- pas l'installation de filtres coûteux, de transformateurs,
mes de commande qui s'échangent de l'information à ni de sources de puissance réactive . De plus, en se ser-
travers un lien de communication . Les changeurs de vant de câbles enfouis dans le sol on évite les problè-
prises permettent de compenser les fluctuations de ten- mes de droits de passage et les intempéries .
sion des réseaux c .a . et de limiter la consommation de
puissance réactive en limitant les angles d'allumage a.
La puissance réactive consommée par les deux conver- PROBLÈMES - CHAPITRE 49
tisseurs peut être fournie par des compensateurs syn-
Niveau pratique
chrones ou statiques, ou par des bancs de condensa-
teurs et de filtres manoeuvrables . Du côté c.a., les fil- 49-1 Donner trois avantages du transport d'énergie
tres shunt empêchent les harmoniques impairs de se à courant continu .
répandre sur le réseau . De même, du côté c.c., les in- 49-2 Nommer les composants principaux d'un sys-
ductances de lissage et les filtres shunt bloquent les tème de transport à courant continu .
harmoniques pairs .
49-3 Nommer les principaux harmoniques qui ap-
Généralement le système de transport à c .c . est bipo- paraissent
laire (pôle + et pôle -), ce qui évite la circulation de
a) du côté c .a . d'un convertisseur à 6 pulsations
courant dans la terre . En cas de panne de l'un des deux
b) du côté c .c .
pôles, le système est conçu pour fonctionner temporai-
rement en mode monopolaire . Le courant de retour re- 49-4 Quelle est l'utilité des inductances de lissage
vient alors par les électrodes de mise à la terre et cir- dans une ligne de transport à c .c.?
cule dans la terre ou dans un conducteur de neutre . Nous 49-5 Une ligne monopolaire à 50 kV porte un cou-
avons illustré les interconnexions à c .c . à l'aide de plu- rant de 600 A . Le poste comporte un convertisseur en
sieurs exemples pratiques . La plupart des systèmes pont triphasé qui fonctionne en redresseur avec un an-
transportent l'énergie entre deux postes . Cependant, il gle d'amorçage de 25° . Calculer :
existe maintenant des systèmes multiterminaux qui per-
a) la valeur approximative de la tension ligne à ligne
mettent de soutirer ou d'injecter de l'énergie le long de
au secondaire du transformateur convertisseur
la ligne à c .c . La ligne à trois terminaux reliant le com-
b) la valeur efficace du courant au secondaire
plexe La Grande du réseau d' Hydro-Québec et la Nou-
velle-Angleterre en est un exemple . 49-6 La ligne bipolaire de la Fig . 49-12 fonctionne à
une tension de 150 kV . Les courants continus dans les
La puissance transportée sur la ligne à c .c . dépend de
la résistance de la ligne et des tensions c .c . générées deux lignes sont de 600 et 400 A . Calculer :
par le redresseur et l'onduleur . L'angle d'allumage des a) la puissance transitée entre les réseaux à c .a .
thyristors est commandé de façon à produire pour les b) le courant circulant dans la terre
deux convertisseurs des caractéristiques tension-cou-
rant qui garantissent un point de fonctionnement sta- 49-7 La ligne de transport montrée à la Fig . 49-5 a
ble, indépendant des fluctuations de tension sur les ré- une résistance de 10 S2 . Le redresseur génère une ten-
seaux c .a . Normalement, le redresseur contrôle le cou- sion de 102 kV, tandis que l'onduleur développe une
rant alors que l'onduleur contrôle la tension . Cepen- f .c .é .m . de 96 kV.
dant, lorsque la tension c .a . au redresseur diminue de a) Calculer le courant continu circulant dans la ligne
façon importante, comme, par exemple, pendant un et la puissance transmise au réseau 2 .

1 1 3 8 ÉLECTROTECHNIQUE

b) Si les gâchettes de l'onduleur sont amorcées plus b) la résistance de la ligne à une température de 20 °C
tôt dans le cycle, est-ce que le courant augmente ou c) les pertes Joule dans la ligne
diminue? Expliquer . d) la tension continue aux bornes du poste onduleur
c) Les gâchettes sont amorcées de telle sorte que la e) le rendement de la ligne (négliger les pertes dues à
tension de l'onduleur augmente à 110 kV . Que de- l'effet couronne et aux courants de fuite)
vient le courant Id?
Niveau avancé
49-8 Un système de télécommunication fait partie
de tout réseau de transport à c .c . Expliquer pourquoi . 49-15 En se référant à la Fig . 49-15, calculer :
a) la fréquence de résonance des deux filtres à c .c .
49-9 Pourquoi installe-t-on des compensateurs syn-
chrones (ou statiques) à chaque extrémité d'un sys- b) la valeur de l'impédance série des deux filtres agit
tème de transport à c .c .? à la fréquence de résonance
c) la tension continue aux bornes des condensateurs
Niveau intermédiaire
49-16 Dans le problème 49-15, le 6e harmonique a
49-10 Les convertisseurs en pont montrés sur la Fig .
une valeur efficace de 20 kV. Calculer :
49-1 produisent une tension de 50 kV et le courant il
est de 1200 A. Pour un angle d'amorçage de 20°, cal- a) la valeur approximative du courant de 6e har-
culer : monique
a) le courant moyen porté par une valve b) la tension de 6e harmonique aux bornes de l'induc-
tance de 0,5 H
b) la tension de crête inverse aux bornes des valves
c) la tension de 6e harmonique à l'entrée du deuxième
49-11 En se référant à la section 49 .19, partie 4, cal- filtre de 0,5 H
culer le courant Id approximatif par pôle du Pacifie
49-17 Sachant que la tension de la ligne bipolaire
Intertie et estimer la puissance réactive totale absor-
de la Fig . 49-34 est de ± 450 kV, et que le courant
bée par le poste redresseur. Prendre a = 25° .
circulant dans les lignes est de 2250 A, calculer l'éner-
49-12 L'électrode de mise à la terre se trouve à 15 km gie emmagasinée :
d'un poste bipolaire . Sa résistance est de 0,5 £2 et les a) dans le champ magnétique de la ligne
courants dans les pôles positif et négatif sont respecti- b) dans le champ électrique entre les lignes et le sol
vement de 1700 A et 1400 A . Calculer la puissance
c) dans le champ électrique entre les lignes
dissipée dans l'électrode .
d) dans les condensateurs situés aux deux extrémités
49-13 En se référant à la Fig . 49-13, on sait que de la ligne
Ed = 450 kV et Id = 1800 A . Les inductances L ont
49-18 En se référant à la Fig . 49-32, calculer l'im-
chacune une inductance de 0,5 H . Un court-circuit se
pédance du filtre 11/13 à une fréquence :
produit sur la ligne à c .c . près du poste redresseur . Cal-
culer la valeur du courant de court-circuit après 5 ms, a) de 660 Hz
en supposant que l'angle de retard à l'amorçage de- b) de 780 Hz
meure inchangé . 49-19 En se référant au tableau 49-1 et à l'équation
49-14 La ligne de transport à c .c . montrée à la Fig . 42-15 calculer la période de commutation du conver-
49-20 est composée d'un faisceau de deux conduc- tisseur, lorsque l'angle de retard à l'amorçage est de
teurs du type ACSR . Chaque conducteur est formé de 21°, et le courant de la charge de 2250 A .
72 brins d'aluminium (diamètre 4,064 mm) et d'une 49-20 En se référant au tableau 49-2 et à l'équation
âme d'acier de 7 brins (diamètre 2,71 mm) . Les deux 42-15 calculer la valeur de 03, si l'on désire maintenir
conducteurs portent un courant de 1800 A sur une dis- un angle y de 23° lorsque le courant circulant dans
tance de 885 km. La tension au poste redresseur est de l'onduleur est de 2000 A .
450 kV. Calculer :
a) l'aire effective du faisceau de deux conducteurs (né-
gliger l'âme d'acier)
50
Contrôleurs
statiques de réseaux

L'évolution de l'électronique de puissance a commencé peut déstabiliser un grand réseau en moins d'une se-
à engendrer des changements majeurs sur les réseaux conde . Par conséquent, des disjoncteurs doivent
de transport et de distribution . s'ouvrir rapidement afin de limiter les dégâts .
À l'exception de quelques appareils utilisant l'électro- Aujourd'hui, on envisage l'emploi de lignes «actives»,
nique de puissance (disjoncteurs, transformateurs à pri- en ce sens qu'elles peuvent réagir presque instantané-
ses variables et compensateurs statiques à thyristors), ment à une contingence, et contrecarrer une situation
les réseaux de transport et de distribution comportaient potentiellement dangereuse . Cette réaction rapide
jusqu'à récemment des appareillages passifs . Par est rendue possible grâce aux thyristors et GTO qui
ailleurs, le maillage des lignes exige de plus en plus le peuvent contrôler des courants de quelques milliers
contrôle des puissances transitées . La complexité des d'ampères sous des tensions de quelques milliers de
réseaux exige aussi des marges de sécurité accrues afin volts . Nous avons vu au chapitre 49 que ces interrup-
que les perturbations locales ne provoquent pas des teurs électroniques sont déjà utilisés dans les réseaux
instabilités qui pourraient se répandre sur tout le ré- à courant continu fonctionnant à des centaines de kilo-
seau . volts .
Alors que l'appel de puissance continue à croître, il Dans ce chapitre, nous étudierons les contrôleurs à
devient de plus en plus difficile d'obtenir des droits de semi-conducteurs qui ont été développés spécialement
passage pour construire de nouvelles lignes de trans- pour les réseaux à courant alternatif .
port et de distribution . Pour ces raisons, les compa- Nous débutons avec les contrôleurs pour lignes de
gnies d'électricité cherchent à augmenter la puissance transport, souvent regroupés sous la rubrique FACTS
que peuvent transporter les lignes existantes, sans pour («Flexible AC Transmission Systems») . Le programme
autant compromettre leur fiabilité et leur stabilité . Idéa- FACTS a été lancé par l'Electric Power Research
lement, on aimerait les charger à la limite de la capa- Institute (EPRI) de Palo Alto, Californie, en collabo-
cité thermique des conducteurs, et utiliser toutes les ration avec des fabricants d'équipements et des com-
lignes pour porter la charge électrique . pagnies d'électricité .
Un des problèmes majeurs est qu'une contingence Ensuite, nous couvrirons les contrôleurs statiques uti-
(court-circuit, ouverture intempestive d'une artère, etc .) lisés sur les réseaux de distribution .
1139


1140 ÉLECTROTECHNIQUE

CONTRÔLEURS POUR RÉSEAUX primaires sont raccordés en étoile alors que les secon-
DE TRANSPORT daires à 16 kV sont en triangle . Les enroulements du
transformateur sont représentés par des rectangles noirs .
Nous examinerons successivement les appareillages
suivants utilisés sur les réseaux de transport : La Fig . 50-2 montre en détail la branche AB de la charge
réactive triphasée branchée au secondaire du transfor-
a) Compensateur statique à thyristors (SVC, «static var mateur de couplage . Cette branche est composée d'une
compensator»)
inductance et de deux condensateurs . L'inductance L
b) Capacitance série commandée par thyristors (TCSC, de 18,3 mH est connectée en série avec deux thyristors
«thyristor controlled series capacitor») en anti-parallèle . En faisant varier l'angle de retard à
c) Compensateur statique synchrone à commutation l'amorçage a de 90° à 180°, on peut faire varier le cou-
forcée (STATCOM, «static synchronous compensa- rant inductif de 2319 A à zéro . Nous expliquerons plus
tor») loin le fonctionnement de ce montage .
d) Contrôleur de puissance universel (UPFC, «unified Le condensateur CI de 312 µF est connecté en série
power flow controller») avec deux thyristors et un circuit d'amortissement com-
e) Convertisseur de fréquence statique posé d'une inductance de 1,2 mH en parallèle avec
une résistance de 20 S2 . Contrairement à la branche
50-1 Le compensateur statique (SVC)
inductive où le courant peut être ajusté de façon conti-
Nous avons vu que l'on peut augmenter ou diminuer la nue entre zéro et sa valeur nominale, les branches
tension d'une ligne de transport en y branchant un con- capacitives sont commandées en «tout ou rien» . Selon
densateur ou une inductance shunt pour générer ou que les thyristors conduisent ou non, le courant
absorber de la puissance réactive (voir section 46 .22) . capacitif est de 1882 A ou zéro . Un circuit identique
Cette manoeuvre peut se faire automatiquement en uti- contenant un condensateur C 2 permet de doubler la
lisant un compensateur statique . Pour expliquer son puissance capacitive.
fonctionnement, nous utiliserons des valeurs numéri-
ques représentatives de compensateurs statiques ins- Exemple 50-1
tallés sur les réseaux de grande puissance . Sachant que l'inductance L de la Fig . 50-2 est de
Le compensateur statique est constitué d'un transfor- 18,3 mH et que la tension est de 16 kV . 60 Hz, cal-
mateur abaisseur de tension connecté à une inductance culer la valeur du courant efficace maximal et de la
variable L et un condensateur C (Fig . 50-1) . Ces char- puissance réactive totale .
ges réactives sont respectivement branchées et débran-
Solution
chées par des «contacteurs» SL et Sc composés de thy-
ristors tête-bêche . Sur ce réseau à 735 kV, 60 Hz, les Réactance inductive de L :
X L = 2lcfL=21rx 60x 18,3x 10-3 =6,952
ligne à 735 kV
ci
A1
B1

16 kV C

Figure 50-1
Circuit d'un compensateur statique comportant des inductances variables et des condensateurs manœuvrables .




CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1 14 1

Courant efficace maximal (a = 90°) : 50 .2 Caractéristique V-I d'un compensateur


E = 16 000 V statique
IL = = 2319 A
XL 6,952 Supposons que les condensateurs soient débranchés
et que la tension au secondaire du transformateur soit
Puissance réactive par phase : de 16 kV. Ajustons l'angle a des thyristors comman-
dant la branche inductive à 90°, de façon à obtenir la
Q=XLIL = 6,9x2319
pleine conduction . Le courant dans les inductances est
= 37,1 Mvar, par phase alors à sa valeur maximale, soit 2319 A et la puissance
Puissance réactive inductive des 3 phases : réactive totale est de 111 Mvar. Bien que la tension
nominale soit de 16 kV, celle-ci peut fluctuer considé-
Q totale = 3 x 37,1 = 111 Mvar
rablement lors d'une contingence de réseau . La droite
Exemple 50-2 L (Fig . 50-3) montre la relation entre la tension E AB et
La capacitance C i de la Fi`v est de 312 11F. le courant IL. Par exemple, si la tension baisse à 12 kV,
Calculer la valeur du courant capacitif et de la puis- le courant décroît à
suice réactive totale . I12kv = ( 12 kV/16 kV) x 2319 A = 1739 A
Le courant a baissé de 25 % mais la puissance a chuté
Solution
à 12 kV x 1739 A x 3 = 62,6 Mvar . Cela représente
Réactance capacitive :
une diminution de 43,6 % par rapport à sa valeur no-
1 minale de 111 Mvar . Il est évident qu'une diminution
Xc = = 106
de la tension réduit de beaucoup la puissance réactive
2nfC 27rx 60 x 312
que le compensateur peut absorber.
= 8,5 52
Lorsque l'inductance est débranchée et que les deux
Courant capacitif:
condensateurs sont en service, le courant total par phase
16 000 V
le = E = = 1882 A sous une tension de 16 kV est de 2 x 1882 A =- 3764 A .
xc 8,5 S2 La coutume est d'apposer un signe (-) à ce courant
Puissance réactive par phase : capacitif pour le distinguer du courant inductif . La re-
lation entre le courant et la tension est alors une nou-
Q = X c I 2 = 8,5 x 18822 velle droite, désignée C (Fig . 50-3) . Les droites L et C
- 30,1 Mvar, par phase forment ensemble une «courbe en V» qui correspond
aux limites inductive et capacitive du compensateur
Puissance réactive capacitive des 3 phases : statique . À la tension nominale, elle s'étend de - 3764 A
Q totale = 3 x (- 30,1) = - 90 Mvar à + 2319 A .

20 20
Q Q
il il

16 kV
À& TH1

Oà I
L 312µF 312µF
2319 A
18,3 mH
1882 A ~ 1882 A
le -3764 A 0 + 2319 A
o courant

Figure 50-2 Figure 50-3


Schéma détaillé d'une branche . Courbe en V du compensateur statique .


1142 ÉLECTROTECHNIQUE

Au voisinage de la tension nominale, le compensateur


doit pouvoir tirer un courant réactif compris entre
+ 2319 A et - 3764 A . On réalise cette variation en
jouant sur le nombre de condensateurs en service et en
faisant varier le courant inductif entre zéro et + 2319 A .
On utilise les combinaisons suivantes :
a) L seule en service :
courant réglable de zéro à + 2319 A
b) L et Ci en service :
courant réglable de - 1882 A à + 437A
c) L et CI, C2 en service : -3764 A 0 +2319 A
courant
courant réglable de - 3764 A à - 1445 A
Figure 50-4
Les trois plages d'opération sont illustrées à la Fig . Plage de fonctionnement du compensateur statique .
50-4 . On notera que les plages de fonctionnement se
recouvrent . Ce chevauchement est requis pour assurer
une transition stable lors des manoeuvres des branches
capacitives . Noter aussi que la largeur des plages di-
minue en proportion avec la tension du réseau .

50 .3 Fonctionnement de l'inductance
commandée par thyristors
On peut faire varier le courant dans l'inductance L en
ajustant l'angle de retard a entre 90° et 180° . La Fig .
50-5 montre la forme d'onde du courant pulsé lorsque
a = 150° . La valeur du courant instantané est donnée
par la formule :
IL(t) =A/L éq . 19-10
où A est le nombre de volts-secondes appliqués aux
bornes de l'inductance L depuis le début de la con- Figure 50-5
Formes d'ondes de la tension et du courant circulant dans
duction. Le nombre de volts-secondes atteint un maxi- l'inductance lorsque la conduction est amorcée à 150° .
mum à 180° car, passé cet angle, la tension EAB appli-
quée devient négative .
Durée de l'intervalle de 150° à 180° :
Exemple 50-3
En se référant à la Fig . 50-5, l'angle (le retard a = At = 300 x s = 1,39 ms
150°, l'inductance L = 18,3 mH et la tension effi- 360° 60
cace est de 16 kV, 60 Hz . Calculer la valets- crête Comme la surface A est un triangle presque parfait, le
approximative du courant . nombre de volts-secondes est donné par :
Solution
A= 11314Vx1,39x10 3 = 7,86 Vs
Valeur crête de la tension : 2
Em =16 000 2 = 22 627 V Courant crête Ip dans l'inductance :
Tension à 150° : 7,86 = 430 A
Ip = A =
E150° = El, sin 150° = 22 627 x 0,5 = 11 314 V L 18,3 x 10-'





CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1 143

50 .4 Composante efficace du courant On constate que le courant fondamental diminue à


fondamental mesure que l'angle d'amorçage augmente au-delà de
La valeur exacte du courant crête est donnée par l'ex- 90° . C'est comme si la réactance inductive de l'induc-
pression : tance augmentait avec a. En fait, la réactance effective
x(eff) = EIIF est donnée par l'expression :

Ip (1 + cos a) (50-1)
= 2 L 27cfL
xle~ (50-2b)
2 _ a + sin 2a)
où 90 tt I
IP
= courant crête dans l'inductance [A]
• = tension efficace appliquée à l'inductance [V] où les symboles ont la même signification que précé-
a = angle d'amorçage [°] demment .
f = fréquence du réseau [Hz]
• = valeur de l'inductance [H] Exemple 50-4
En se référant à la Fig . 50-5, l'angle de retard (f =
Si l'on applique cette expression à l'exemple 50-3, on
150° . l'inductance L = 18 .3 rnH et la tension effi-
obtient :
cace est de 16 kV. 60 Hz . Calculer :

L
Ip = E (1 + cos a) éq . 50-1 a) la valeur du courant fondamental dans l'indue-
tance

= 16 000 ~2 h) la puissance réactive totale absorbée par le


(1 + cos 150°)
compensateur statique
21rx 60x18,3x10-3
= 439 A c) la valeur effective de la réactance

On constate que la valeur approximative du courant Solution


crête (430 A) que nous avons calculée est très proche a . Courant fondamental :
de sa valeur exacte .
= E 2 a + sin 2a
Le courant pulsé comprend une composante fondamen- IF éq . 50-2a
21cfL 90 n
tale et des harmoniques, et en particulier un 3e harmo-
sin (2 x 150)
nique . Celui-ci circule dans le triangle formé par les = 16 000 (2- 150 +
éléments L, C de la Fig . 50-1 . Par conséquent, le 3e 21r x 60 x O,0l83 ` 90 1
harmonique ainsi que tous les harmoniques multiples 2319 (2 - 1,667 + (- 0,866) = 133 A
de 3 n'apparaissent pas dans les enroulements du trans- 1 n
formateur, ni sur le réseau . b . Puissance réactive totale :
C'est la composante fondamentale du courant pulsé qui
Q = 3EI = 3 x 16 000 x 126
est de première importance. Elle est donnée par l'ex-
pression : = 6,05 Mvar
c . Réactance effective :
= E 2 _ a + sin 2a
IF (50-2a) = 2,rfL
2tcfL 90 7t
x(eft) éq . 50-2b
2 _ a + sin 2a
ou 90 Ir
IF = courant efficace fondamental [A] 2,r x 60 x 0,0183 6,9
• = tension efficace appliquée à l'inductance [V] 2 - 150 + sin 300 2 - 1,667 - 0,275
a = angle d'amorçage [90° < a < 180°] 90
f = fréquence du réseau [Hz] = 120 S2
• = valeur de l'inductance [H]




1144 ÉLECTROTECHNIQUE

Lorsque a = 150°, la réactance effective de l'induc- jX -j Xe -j Xe

tance est 17 fois supérieure à sa réactance intrinsèque


(6,90) . J xa 7 xa
>r >r
50 .5 Système de commande et temps de I
A4 14
réponse du convertisseur statique
01 Q2
Le compensateur statique SVC permet de stabiliser très
rapidement la tension de réseau à la valeur de consi- Figure 50-6a
gne . Le système de commande lit en permanence la Une phase d'une ligne triphasée avec compensation série
TCSC .
tension mesurée au primaire du transformateur de cou-
plage (Fig . 50-1) . Cette tension est comparée avec la
valeur de consigne . Si la tension change à la suite d'une
la Fig . 50-6a où une ligne possédant une réactance X
manceuvre ou d'une instabilité de réseau, l'erreur est
relie deux régions A et B . Deux condensateurs, possé-
détectée parle système de commande . Celui-ci réajuste
dant une réactance x, sont connectés en série avec la
automatiquement la puissance réactive absorbée ou
ligne . Chaque condensateur peut aussi être connecté
générée, en sélectionnant le nombre approprié de con-
en parallèle avec une réactance inductive xa au moyen
densateurs à mettre en service et l'angle a de l'induc-
d'une valve Q . Celle-ci est composée de deux thyris-
tance .
tors tête-bêche. La valeur de Xa est conçue pour être
Comparativement à un compensateur synchrone rota- sensiblement inférieure à la réactance capacitive x e .
tif (section 37 .10), la réponse du compensateur stati-
Lorsque les valves QI et Q2 sont bloquées, seuls les
que est au moins cent fois plus rapide . La vitesse de
condensateurs sont en série avec la ligne, de sorte que
réponse est due à l'action rapide des thyristors .
sa réactance effective est :
50.6 Capacitance série commandée par
Xeff = X-2x, (50-4a)
thyristors (TCSC)
Dans le chapitre 46, section 46 .21, nous avons vu que Par contre, si Q1 est amorçée de sorte qu'elle con-
l'on peut augmenter la puissance transitée par une li- duise en tout temps, xa sera en parallèle avec x, L'im-
gne triphasée en y ajoutant une capacitance fixe en sé- pédance entre les points 1 et 2 devient inductive ; elle a
rie avec chaque phase. Ceci a pour effet de réduire la comme valeur xp = jxex a /(xe - xa) ( voir Fig . 50-6b) .
réactance inductive de la ligne . La puissance active to- La réactance effective de la ligne est alors égale à la
tale transportée entre deux régions A et B est donnée somme des impédances montrées sur la figure, soit :
par l'expression :
Xcxa
Xeff = X + - Xe (50-4b)
xe - xa
P = EA EB sin 8 (50-3)
Xeff Comme les valves QI et Q2 peuvent être amorcées
indépendamment, la réactance effective peut aussi
ou
prendre la valeur:
P = puissance active totale transportée [MW]
EA = tension ligne à ligne à l'extrémité A de la li- Xeff = X+2x`xa (50-4c)
gne [kV] Xe - .ra
EB = tension ligne à ligne à l'extrémité B de la li-
Le TCSC peut donc produire trois valeurs distinctes
gne [kV]
de Xe ff . Par conséquent, pour un angle de déphasage 8
Xeff = réactance effective de la ligne, par phase [S2]
donné entre les deux régions, la puissance P peut aussi
8 = angle entre les tensions aux deux extrémités
avoir trois valeurs distinctes . Le changement d'une
de la ligne [°]
puissance à l'autre se fait presque instantanément car
Cette équation découle de l'expression développée à l'amorçage des valves s'effectue en moins d'un demi-
la section 25 .11 . cycle . Ce changement ultra-rapide de la puissance
Le TCSC permet de faire varier la puissance P en agis- constitue un avantage lorsqu'on doit maintenir la sta-
sant sur la valeur de Xeff . Considérons, par exemple, bilité de l'une ou l'autre des deux régions .





CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1 14 5

xe xa
A IX 1 JXe-xa 2 -axe B
o

Qi Q2
fermé ouvert
Figure 50-6b
Impédance lorsque la ligne est compensée partiellement .
110 km S = 4° à 17° 1000 kcmil
ACSR limite thermique 1050 A
Exemple 50-5 Figure 50-7
Ligne de transport entre deux régions A et B (voir exemple
Une ligne de transport triphasée à 230 kV . 60 Hz .
50-5) .
relie deux régions puissantes A et B . La ligne a une
longueur de 110 km et son impédance est de 54 S2
par phase (Fig . 50-7) . La section des conducteurs
est de 1000 kemil et pour des considérations ther-
miques, leur ampacité est limitée à 1050 A .
Les tensions des deux régions varient au hasard
entre 215 kV et 246 kV . De plus, le déphasage S
entre les deux régions varie au hasard entre 4° et
l7' . Cependant, la tension de la région A est tou- Figure 50-8
jours en avance sur celle de la région B . Par consé- Ligne de transport avec TCSC à quatre modules de conden-
quent, la puissance active se dirige toujours de la sateurs/inductances commandés par thyristors .
région A vers la région B (voir section 25 .11) .
La ligne sert principalement à exporter de la puis- Solution
sance de la région A vers la région B et constitue a) Réactance inductive xp lorsque xe est en parallèle
une source importante de revenus . Elle devrait donc avec Xa (Fig . 50-8) :
en tout temps transporter sa puissance maximale,
xexa = 12 x 1,71
sans toutefois dépasser la limite thermique . xP = = 2 S2
xe -xa 12-1,71
Afin d'atteindre ces objectifs, un TCSC composé
de quatre condensateurs de 12 S2 est raccordé en b) La puissance maximale que la ligne peut transpor-
série avec la ligne . Chaque condensateur peut être ter dépend de sa tension nominale (230 kV) et du cou-
branché en parallèle avec une réactance inductive rant maximal (1050 A) .
de 1,71 12 au moyen d'une valve Q (Fig . 50-8) .
En pratique, des varistors à oxyde de zinc et un dis- Pnominal = EI
joncteur font partie du montage afin de protéger les = 230 000 x 1050 x 13
condensateurs contre des surtensions . Ces disposi- = 418 MW
tifs ne sont pas montrés sur la figure . c) Dans la mesure du possible, la ligne doit transpor-
Calculer : ter la puissance nominale lorsque EA = 218 kV, EB =
a) l'impédance offerte par un des modules conden- 237 kV et S = 15° . À partir de ces données on peut
sateur/inductance lorsque sa valve conduit calculer la valeur de Xeg :
h) la puissance maximale que la ligne peut trans-
porter P = EA EB sin ô éq . 50-3
c) Sachant que l'on désire transporter la plus grande Xeff

puissance admissible, quelle doit être la configura-


tion des unités (nombre de valves QI . Q2, etc ., en 418 = 218 x 237 sin 15°
Xeff
service) lorsque la tension de la région A est de
218 kV et que celle de la région B est de 237 kV, 218 x 237 sin 15° = 32 S2
d'où
l'angle entre les deux étant de 15° . Xeff = 418








1146 ÉLECTROTECHNIQUE

X xe xe xp xp
a compris entre 90° et 180°, comme dans le cas de
A 54 52 1212 1252 252 252 B l'inductance contrôlée d'un compensateur statique . Ce
237 kV mode de contrôle continu («vernier control»), permet
218 kV - I = 1058 A
~0° 1 >P=393MW -15° de faire varier la réactance effective entre sa valeur in-
trinsèque x a (conduction amorcée à 90°), et une valeur
(a) beaucoup plus élevée lorsque la conduction est amor-
cée, disons, à 150° .
i
1058 A Ce contrôleur TCSC continu permet donc de faire va-
10° EA rier l'impédance effective de la ligne graduellement et
218/J
15° sur une gamme très large .
En se référant à la Fig . 50-8, supposons que l'angle
d'amorçage soit retardé de sorte que la réactance ef-
237/ fective de x(e fO soit de 4 S2 au lieu de 1,71 £2 . La com-
(b) EB
binaison LC donne alors une réactance inductive xp de
Figure 50-9 6 S2 . En effet :
Configuration du circuit et diagramme vectoriel pour une
x C
condition particulière (voir exemple 50-5) . (eff)
C

xp
xe - x(eff)

12 x
Par tâtonnement, on trouve que la configuration opti- 4 = + 6 S2 (inductive)
male pour obtenir une impédance d'environ 32 S2 cor- 12-4
respond à celle de la Fig . 50-9a . On s'aperçoit que
Par contre, si la conduction est retardée davantage, la
deux valves Q3 et Q4 conduisent alors que les deux
réactance effective de xa peut monter jusqu' à 36 S2 . Dans
autres sont ouvertes . La réactance de la ligne est alors :
ces circonstances, la combinaison LC donne une réac-
Xeff=5 452-24 S2 + 4 S2 = 34 S2 tance capacitive xp de 18 S2, comme suit :
La puissance transportée est donc :
xj(eff)
xp
éq . 50-1 xe -x(eff)
P = EA EB sin ô
Xeff - 12 x 36 - _ 18 S2 (capacitive)
218 x 237 12-36
= sin 15° = 393 MW
34
Le contrôleur TCSC continu offre donc un avantage
Cette puissance est assez proche de la puissance maxi- marqué sur la compensation série TCSC «convention-
male de 418 MW. Le diagramme vectoriel correspon- nelle», où les thyristors conduisent en tout ou rien .
dant à cette condition est montré à la Fig . 50-9b .
Toutefois, au fur et à mesure que la conduction est re-
Cet exemple montre qu'en amorçant un nombre appro- tardée, la réactance effective x( eJ s'approche de celle
prié de valves, la ligne peut transporter en tout temps du condensateur (12 S2) . Cette condition de résonance
une puissance voisine de sa puissance nominale . parallèle est à craindre car elle crée une impédance x p
En effet, la valeur de Xeff peut passer, par étapes de qui est «infinie» . La tension aux bornes du condensa-
14 £2, de teur et de l'inductance devient alors excessive . En aug-
mentant l'angle d'amorçage, on doit sauter par-dessus
Xeff=5452 -4 x 1252=6 S2
cette plage critique, proche de la résonance . Une fois
a
cette plage franchie, l'impédance x p devient capacitive .
Xeff=5452+4x252=6252
La commande TCSC continue est très avantageuse lors-
50 .7 TCSC à contrôle continu qu'une des régions devient instable . Dans ces circons-
Au lieu de faire conduire les valves Q de la Fig . 50-8 tances, les oscillations de puissance engendrées sur la
en mode discret, soit en tout ou rien, supposons que ligne peuvent être amorties en modulant la conduction
celles-ci soient déclenchées à des angles d'amorçage des thyristors . La commande quasi instantanée des thy-

CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1147

ristors, effectuée par ordinateur, permet de stabiliser diale . Elle est branchée en série avec une ligne triphasé
très rapidement le réseau. à 500 kV, 60 Hz de la Bonneville Power Administra-
La Fig . 50-10a montre un compensateur TCSC installé tion. Chaque phase comprend six modules TCSC iden-
au poste C .J . Slatt dans l'État de l'Oregon, aux États- tiques, protégés individuellement par des varistors à
Unis . Cette installation constitue une première mon- oxyde de métal (Fig . 50-1Ob) . Le compensateur pos-
sède les caractéristiques suivantes :

Figure 50-10a
Vue d'ensemble de la compensation série TCSC au poste thyristors sont dans les cabinets situés à gauche .
C .J . Slatt au nord de l'Oregon, aux États-Unis . Les La compensation série TCSC fait partie du programme
sectionneurs sont à droite et les disjoncteurs de contour- «Flexible AC Transmission System» (FACTS) . Ce projet a
nement sont à gauche . Les condensateurs, les réactances été développé par l'Electric Power Research Institute (EPRI),
et les valves à thyristors sont montés sur des plates-formes en collaboration avec la Bonneville Power Administration, et
isolées de la terre . Sur chaque plate-forme, les condensateurs la General Electric Company (gracieuseté de EPRI) .
se trouvent à droite, les réactances sont au milieu, et les

sectionneur de
contournement I
vers Buckley vers Slatt

disjoncteur de contournement

Figure 50-1 Ob
Diagramme schématique d'une phase du système TCSC, installé en série avec la ligne à 500 kV (gracieuseté de la
General Electric Company) .


1148 ÉLECTROTECHNIQUE

1) Tension nominale du système (ligne à ligne) : 500 kV utilisent plutôt des GTO qui ont des courants et ten-
sions de fonctionnement plus élevés que les IGBT (en-
2) Courant nominal de la ligne : 2900 A
viron 6 kV, 5 kA) . Toutefois, la fréquence de fonction-
3) Compensation triphasée nominale : 202 Mvar nement des GTO est limitée à quelques centaines de
4) Réactance capacitive, par phase (valves ouvertes) : hertz . Par conséquent, on préfère générer une onde rec-
8 b2 tangulaire, comme celle utilisée pour entraîner les gros
5) Réactance capacitive effective maximale, par phase moteurs à c .a .
(conduction des valves retardée) : 24 £2 Le convertisseur STATCOM dans sa forme la plus sim-
6) Réactance inductive effective, par phase (conduction ple est représenté à la Fig . 50-11 a . Il s'agit essentielle-
totale des valves) : 1,22 S2 ment d'un convertisseur à six pas, décrit dans la sec-
7) La TCSC est conçue pour résister aux surcharges tion 44 .12 . Il produit les ondes rectangulaires montrées
suivantes : à la Fig . 50-1 lb .
courant de surcharge durant 30 min : 4350 A
courant de surcharge durant 10 s : 20,3 kA
courant de défaut crête dans une valve : 60 kA

50 .8 Compensateur statique synchrone


(STATCOM)
La section 46 .22, chapitre 46, nous a montré que l'on
peut contrôler la tension à l'extrémité d'une ligne de
transport au moyen d'un compensateur . Le compensa-
teur fournit ou absorbe de la puissance réactive afin
que la tension demeure constante . Traditionnellement,
ces compensateurs étaient des machines rotatives (Fig .
37-11), ou des compensateurs statiques à thyristors
(SVC) contrôlant de gros condensateurs et de grosses
EA2
inductances (Fig . 46-31 et 50-1) .
0-
Aujourd'hui, il est possible de remplacer ces appareils
par un convertisseur statique, qui ne contient que des EB2
0
GTO, un condensateur alimenté à c .c ., et un groupe de
transformateurs . Les condensateurs et les inductances Ec2
habituels sont totalement absents . 0--

Ce compensateur statique synchrone, ou STATCOM,


2 ~3 E
possède plusieurs avantages sur les compensateurs con- 1,10 EH =r=te-EH
EAB n
ventionnels . Premièrement, il réagit plus vite, pouvant
o--
répondre en moins d'un cycle à des variations de la
tension . Deuxièmement, lorsque la tension est basse, il
1,10 EH --,---E
peut produire plus de puissance réactive . Or, c'est pré- H
cisément à ce moment que l'on a besoin d'une puis- EBC 0 l Il

sance réactive considérable pour empêcher que la ten-


sion chute davantage . 1,10 EH
EH -EH
Nous avons étudié les convertisseurs dans la section ECA
0 ~-
42 .49, et une version triphasée du type MLI (modula-
tion de la largeur d'impulsion) est décrite à la section
(b)
42 .59 . Ces convertisseurs c .c ./c .a . fonctionnent à des
fréquences de découpage de quelques kilohertz et uti- Figure 50-11
Convertisseur et formes d'ondes pour un compensateur
lisent des IGBT. Les convertisseurs de grande puissance
statique pouvant générer ou absorber une puissance réactive .

CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1 149

Les tensions rectangulaires entre les lignes A, B et C Pour saisir le fonctionnement du circuit, considérons
contiennent une composante fondamentale dont la va- la phase A du convertisseur (Fig . 50-12) . Comme ce-
leur crête est égale à (2'3/zt)EH = 1,10 E H , où EH est la lui-ci doit seulement générer ou absorber de la puis-
tension à c .c . à l'entrée du convertisseur. Il s'ensuit sance réactive, le courant IA doit être en avance ou en
que la tension efficace ligne à ligne est 1,1OEH/I2 = retard de 90° sur la tension E An . Pour ce faire, il faut
0,78 EH . La tension efficace ligne à neutre est donc ajuster l'angle de EAn afin qu'elle soit en phase avec
0,78 EH/'3 = 0,45 EH. On a donc : EUn. Examinons maintenant trois cas spécifiques .

ELN = 0,45 EH (50-5) 1) Si EAn = Eu, (Fig . 50-13a), le courant IA est nul,
Comme les tensions ligne à ligne sont rectangulaires, donc la compensation est nulle .
elles contiennent les 5e et 7e harmoniques, et d'autres 2) Si EAn est inférieure à Eu , un courant IA circulera
harmoniques impairs, multiples de la fréquence fonda- dans la réactance x. Ce courant sera 90° en retard sur
mentale de 60 Hz . Les harmoniques multiples de 3 sont EUn (Fig . 50-13b) . Sa valeur est donnée par :
absents .
Eun - EAn
La Fig . 50-12 montre le diagramme schématique d'un IA = (50-6)
STATCOM . L'installation comprend une ligne tripha- x
sée à haute tension X, Y, Z, un transformateur triphasé Le compensateur absorbe alors de la puissance réac-
idéal T, trois réactances x, un convertisseur triphasé, tive de la ligne de transport . La puissance réactive de la
un condensateur C et une source de tension à c .c . EH . phase A équivaut à IAEAf var et les deux autres phases
L'amplitude de la tension à c .a . entre les bornes A, B, en absorbent autant . Le compensateur se comporte donc
et C est commandée en faisant varier E H , tandis que comme une immense inductance, même si aucune bo-
l'angle est commandé par le déclenchement approprié bine n'est présente et aucun champ magnétique n'est
des impulsions g 1, g2, g3 appliquées aux gâchettes des produit .
GTO . 3) Si EAn est supérieure à Eu,, le courant IA sera 90°
L'angle de la tension fondamentale entre les bornes A, en avance sur EUn (Fig . 50-13c) . Sa valeur est encore
B et C est ajustable à n'importe quelle valeur comprise donnée par l'équation 50-6, sauf que IA est maintenant
entre zéro et 360° . Par contre, les tensions entre les négatif. Par conséquent, le convertisseur fournit de la
bornes U, V et W au secondaire du transformateur de- puissance réactive à la ligne de transport . Le convertis-
meurent essentiellement constantes . Elles reflètent les seur se comporte comme un immense condensateur,
tensions entre les lignes X, Y et Z de la ligne de trans-
port . Eun
IA =O
(a) EAn
XYZ

EAn Eun

(b)

Eun EAn

f, E32 (c)
Figure 50-12 Figure 50-13
Principe de fonctionnement d'un compensateur statique Le déphasage entre Eu „ et I (+ 90° ou - 90°) dépend de la
synchrone . valeur de EAn .

1150 ÉLECTROTECHNIQUE

même s'il n'y a pas de plaques électrostatiques et aucun valeur EH supérieure à la valeur EHO correspondant au
champ électrique . courant IA nul .
Le transformateur T possède toujours une certaine réac- Puis le système de commande ramène la tension géné-
tance de fuite . En pratique, la réactance x de la Fig . 50- rée par l'onduleur en phase avec la tension réseau .
12 est la réactance de fuite du transformateur . Le trans- Comme la tension de l'onduleur est maintenant plus
formateur joue donc un double rôle : il transforme la grande que la tension du réseau, le STATCOM génère
tension et offre la réactance requise par la compensa- de la puissance réactive . Inversement, pour absorber
tion . de la puissance réactive, le système de commande dé-
chargera le condensateur à un tension inférieure à EHO
Examinons maintenant la source EH à c .c . et la capa-
en faisant circuler temporairement une puissance ac-
citance C associée . Nous avons déjà appris que ce genre
tive de l'onduleur vers le réseau .
de convertisseur peut transporter de la puissance active
dans les deux sens - soit du côté c.c. au côté c .a. et vice Exemple 50-6
versa. Dans le cas du compensateur STATCOM, cette
On donne les informations suivantes sur le compen-
propriété est d'une grande utilité .
sateur STATCOM de la Fig . 50-12 . Il génère une
Supposons que l'angle du convertisseur soit retardé, tension fondamentale entre les lignes A, B et C qui
de sorte que la tension EA„ soient légèrement en retard varie de 4 kV à 6 kV . Le courant nominal par phase
sur la tension EU„ - disons de 1° . Cela provoquera la est de 2000 A . La tension de 230 kV entre les 1 ignes
circulation d'une puissance active de la ligne de trans- X, Y et Z est réduite à 4 .8 kV par un transformateur
port vers le compensateur. Une partie de cette puis- T. La réactance de fuite du transformateur rappor-
sance sera absorbée par les pertes dans le compensa- tée au secondaire est de 0,2 S2 . Le banc de conden-
teur mais le reste sera fourni au bloc d'alimentation à sateurs C possède une capacitance de 500 pF . Cal-
C .C . culer :
Par contre, si l'angle est ajusté de sorte que EA„ soit a) la tension ligne à ligne que le compensateur doit
légèrement en avance sur Eu,,, une puissance active générer afin qu'il débite un total de 6 .4 Mvar à la
circulera du convertisseur vers la ligne de transport . ligne de transport
Cette puissance active peut seulement provenir du bloc
b) la tension à c .e . aux bornes du condensateur dans
d'alimentation EH, qui doit maintenant fournir de la
ces circonstances
puissance au convertisseur .
Il est clair qu'en ajustant la phase de la tension générée Solution
par le convertisseur à une valeur appropriée, le courant a) Considérons la phase A du convertisseur. Comme le
tiré du bloc d'alimentation EH peut être rendu nul . Il système est équilibré, les deux autres phases agiront
suffit d'ajuster les angles des phases A, B, et C afin de la même façon .
qu'ils soient légèrement en retard sur les tensions cor-
La tension ligne à ligne au secondaire du transforma-
respondantes U, V et W -juste assez pour fournir les
teur est imposée : 4800 V. Il s'ensuit que le courant I A
pertes dans le convertisseur .
requis pour obtenir 6,4 Mvar est :
On peut donc éliminer le bloc d'alimentation en poin-
tillé (Fig . 50-12), laissant au condensateur le soin de IA = Q = 6 400 000 = 770 A
maintenir la tension EH requise . Avec un système de Eue, F 480O F3
commande approprié, cette tension augmentera ou bais-
Chute de tension aux bornes de la réactance de fuite x :
sera de sorte que la tension entre les bornes A, B, et C
ait précisément la valeur requise pour générer la puis- Ex = Ix = 770 x 0,2 = 154V
sance réactive désirée . Par exemple, si l'on désire pro- Tension ligne à neutre Eue :
duire de la puissance réactive, le système de commande
déphasera temporairement la tension générée par Eu „ = 4800/i3 = 2771 V
l'onduleur de quelques degrés en arrière de la tension Pour que le compensateur débite une puissance réac-
de réseau, de façon à faire circuler une puissance ac- tive, il faut que EA„ soit supérieure à EU „ de 154 V:
tive dans l'onduleur et charger le condensateur à une

CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1151

EA „ = 2771 + 154 = 2925 V mais les tensions respectives sont décalées . Ces ten-
Tension ligne à ligne du convertisseur: sions sont appliquées à des enroulements basse ten-
sion d'un groupe de transformateurs . Du côté haute
EAB = 2925'3 = 5066 V
tension, les enroulements sont raccordés en série de
b) Tension à c .c . requise aux bornes du condensateur :
façon à annuler des harmoniques, tout en additionnant
EH = ELN/0,45 = 2925 V/0,45 = 6500 V éq . 50-5 les composantes fondamentales (50 Hz ou 60 Hz) . Il
en résulte une tension presque sinusoïdale et contenant
50 .9 Élimination des harmoniques
seulement de faibles harmoniques à haute fréquence .
Les ondes rectangulaires générées par le convertisseur
La haute impédance offerte à ces harmoniques par la
simple de la Fig . 50-11 produiraient des courants har-
réactance de fuite des transformateurs assure que les
moniques considérables dans la ligne de transport, ce
courants harmoniques correspondants seront faibles* .
qui ne serait pas tolérable . Pour cette raison, lorsque la
Les Fig . 50-14a et 50-14b montrent une installation
puissance enjeu est de plusieurs dizaines ou centaines
composée d'un compensateur STATCOM de
de mégavars, on utilise plusieurs convertisseurs tripha-
± 100 Mvar, raccordé à une ligne de transport tripha-
sés au lieu d'un seul .
sée à 161 kV. Il contient huit convertisseurs, dont les
Chaque convertisseur génère une tension rectangulaire,

Liquid.to .air Heat Exchangers


up ~mp
N1~° Au%

-r -r -rr

Pumping Power Electronics Room `


Station
r-~ r---n d m N w
Disconnect Support
(7,62) Auxiliary v o Switch Structure
Equipment Room â'
Ç Ç ç
U
25,00
o o 0 0
au o F u o
O o O

(14,63) OC BUS Capacitors Magnotic Main Translormor


48,00 Intortaco
D
BOggB000~OgBOBBBOgg00000000g0~0g
Restroom Roont
W
> N
L C
U
Controt O O O
(4,80)
15,75
Room c7 u u
Dimensions en pieds (mètres)
n

(5,029)
16,50
(27,7) 91

Figure 50-14a
Disposition physique des composants du compensateur statique synchrone (STATCOM) installé dans le poste Sullivan de la
Tennessee Valley Authority (TVA) près de Johnson City au Tennessee . Ce projet est le résultat d'une collaboration entre
l'Electric Power Research Institute (EPRI), la TVA et le Westinghouse Science and Technology Center (gracieuseté de la
Westinghouse Electric Corporation) .

" Nous décrivons ici le principe utilisé pour éliminer les har-
moniques dans les compensateurs de grande puissance .
En pratique, on fait des raccordements spéciaux entre les
enroulements des transformateurs, et les formes d'onde
des tensions générées peuvent différer des simples ondes
rectangulaires .


1 152 ÉLECTROTECHNIQUE

Figure 50-14b
Cette photo montre un des huit convertisseurs utilisés dans le tension de 4,5 kV et ayant un courant de coupure de 4000 A
poste Sullivan pour contrôler la puissance réactive d'une ligne sont connectés en série pour former chaque branche du
à 161 kV. Le convertisseur a une puissance nominale de convertisseur. Le poste de conversion couvre une superficie
12,5 Mvar et il est alimenté par une source à c .c . de 7600 V de 16 m par 30 m (gracieuseté de la Westing-house Electric
maintenue par un condensateur. La tension triphasée générée Corporation) .
a une valeur de 5,1 kV, 60 Hz . Cinq GTO, fonctionnant à une

tensions sont déphasées afin de réduire les harmoni-


ques de tension et de courant du côté haute tension des
a X b
transformateurs . A B
t
50 .10 Contrôleur de puissance universel
EA EB
(UPFC)
Le contrôleur UPFC («Unified Power Flow Control- --------------------------------
ler») permet de commander à la fois la puissance ac-
tive et la puissance réactive transportées sur une ligne . EA
Pour expliquer son fonctionnement et sa raison d'être,
considérons deux régions A et B qui sont tellement puis-
santes que leurs tensions et leurs angles respectifs ne EB
s'influencent pas . C'est dire qu'en régime normal, ce Figure 50-15
qui se passe sur la région A n'affecte pas la région B, et Ligne de transport reliant deux régions puissantes . EA et EB
vice versa (Fig. 50-15) . sont égales et en phase.

CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1153

Supposons que les tensions ligne à neutre EA et EB


soient égales et en phase . Dans ces conditions, si les
régions sont réunies par une ligne ayant une impédance
X, le courant de ligne sera nul car la différence de po-
tentiel entre les deux extrémités est zéro . Il n'y aura
donc pas d'échange de puissance active ou réactive entre
les deux régions .
Cela est regrettable parce qu'une région dispose peut-
être d'un surplus de puissance qui serait bénéfique pour (a)
l'autre . Ou encore, une perturbation dans la région A
serait moins néfaste si la région B pouvait lui venir en
aide . Durant ces moments critiques, une réponse im-
médiate s'impose . Les puissances actives et réactives
appropriées doivent être transitées rapidement sur la
ligne .
Afin d'atteindre ces objectifs, supposons que l'on dis-
pose d'une source de tension Ec branchée en série avec
la ligne et dont la valeur et l'angle sont variables . Une
façon de faire est d'intercaler un convertisseur c .c ./
c .a . du côté de la région A, comme le montre la Fig .
50-16a . La tension résultante ET en amont de la réac- (b)
tance X est alors égale à la somme vectorielle de EA et
Ec , au lieu de la valeur originale EA. Si l'angle entre Figure 50-16
Introduction d'un compensateur en série avec la ligne
ET et EB est alors de 8degrés, il s'ensuit qu'une puis-
sance active sera transportée sur la ligne . Cette puis-
sance est donnée par :
n'est débitée ni absorbée par le convertisseur. Cepen-
dant, le convertisseur fournit une puissance réactive
P = ET EB sin ô (50-7)
X égale à Qc = Ec I var. Cela correspond précisément à la
puissance réactive absorbée par la réactance X de la
Le diagramme vectoriel (Fig . 50-16b) montre les con-
ligne .
ditions lorsque Ec est en avance sur EA et EB d'un an-
gle 0. Il s'ensuit que ET sera en avance sur EB d'un an- En ce qui concerne les régions A et B, si l'angle de Ec
gle 8. Si l'on fait varier l'angle 0 de la tension Ec gé- est ajusté afin que 0 = 90°, la région A débitera une
nérée par le convertisseur tout en gardant l'amplitude puissance active P = EA I à un facteur de puissance
de Ec constante, l'extrémité de Ec décrira un cercle . unitaire . Par contre, si 0 = 270°, une puissance active
L' extrémité du vecteur ET suivra ce cercle en pointillé . de même valeur circulera de la région B vers la région
Par conséquent, l'angle 8 changera progressivement A. Étant donné que EA est bien supérieure à Ec, il s'en-
d'une valeur maximale positive à une valeur maximale suit que la puissance active P transportée est beaucoup
négative en passant par une valeur nulle . Ainsi, selon plus grande que la puissance réactive Q c fournie par le
l'équation 50-7, la puissance active portée par la ligne convertisseur.
peut être positive ou négative, ce qui revient à dire De la même façon, lorsque 0 est ajusté à 0° ou à 180°,
qu'elle peut circuler dans les deux sens . De plus, on on peut forcer la circulation d'une puissance réactive
peut faire varier la puissance en faisant varier l'ampli- importante de la région A vers la région B et vice versa .
tude de Ec . Supposons maintenant que EA et EB soient toujours en
Notons que, lorsque EA et EB sont égales et en phase phase mais que EB soit supérieure à EA (Fig . 50-17a et
(Fig . 50-16b), le vecteur I sera toujours en retard sur le 17b) . Le vecteur Ec pivote encore autour de l'extré-
vecteur Ec de 90° . De plus, sa valeur est donnée par I = mité du vecteur EA en décrivant ainsi un cercle . La chute
EcIX. Dans ces circonstances, aucune puissance active de tension dans la ligne est jIX = ET - EB et le courant

1154 ÉLECTROTECHNIQUE

(a)

Figure 50-18
Schéma d'un contrôleur de puissance universel (UPFC),

(b)
link») (Fig . 50-18) . Le convertisseur 1 redresse la puis-
Figure 50-17 sance à c .a . provenant du transformateur T, et l'envoie
Relations vectorielles lorsque EA et E B sont en phase mais
inégales .
au circuit de liaison à c .c . De là le convertisseur 2 la
retransforme en puissance à c .a. et l'injecte dans la li-
gne de transport sous la tension Ec . L'ensemble des
I se trouve à 90° en arrière de celle-ci . Par conséquent, deux convertisseurs porte le nom d'UPFC («unified
dans le cas de la Fig . 50-17b, I sera en avance sur EA et power flow controller») .
EB de 0 degrés . On peut écrire les équations suivantes :
L'UPFC peut imposer la valeur et la direction de la
Puissance active débitée par la région A : puissance active transportée sur la ligne . Par exemple,
dans la Fig . 50-18, lorsque la puissance PC du conver-
PA = EA I cos9 (50-8a)
tisseur 2 change de sens, la puissance du convertisseur
Puissance active reçue par la région B : 1 change aussi de sens . Selon le besoin, et à l'intérieur
de leurs limites, les convertisseurs 1 et 2 peuvent donc
PB = EB I cos9 (50-8b)
imposer la circulation de n'importe quelle puissance,
La puissance active P C débitée par le convertisseur est active ou réactive, entre les deux régions . Pour ce faire,
la différence entre P A et PB , soit: il suffit de contrôler l'amplitude et l'angle de la ten-
sion Ec.
Po = EcI cos (0 - 0) (50-8c)
Mais ce n'est pas tout . En plus de pouvoir fournir ou
Donc, la région A fournit une puissance P A , le conver-
absorber de la puissance active de la ligne de transport,
tisseur débite une puissance active P C , et la somme
le convertisseur 1 peut simultanément absorber ou dé-
des deux est égale à la puissance P B absorbée par la
biter de la puissance réactive selon les besoins de la
région B .
région A. Le convertisseur 1 peut donc aussi agir comme
Comme le convertisseur fournit de la puissance active un compensateur STATCOM .
au système, il doit en absorber autant de l'accumula-
On constate que l'UPFC de la Fig . 50-18 est un con-
teur. À moins d'être très gros, celui-ci se déchargera
trôleur de puissance extrêmement flexible . Étant donné
rapidement . Donc, au lieu d'utiliser un accumulateur,
qu'il peut commander le flux de puissance sur la ligne,
on pourrait le remplacer par un redresseur qui tire son
il produit le même effet qu'un transformateur à dé-
énergie de la région A .
phasage variable (voir section 32 .11) . Cependant, lors
Cette solution élégante demande l'installation de deux d'un changement sur les réseaux, l'UPFC peut réagir
convertisseurs connectés par une liaison à c .c . («dc en quelques millisecondes, alors que le transformateur


CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1 155

prend des secondes pour changer de prises . À cause de


sa réponse ultra-rapide, qui dépend uniquement de la
vitesse de commutation des GTO, ce contrôleur peut
réagir efficacement à n'importe quelle contingence .

Exemple 50-7
Un 1PFC est installé sur une li`anc triphasé à ?30 kV,
60 H/ . selon le schéma de la I i . 50-18 . ()n donne
l'inl~)rnlation suivante :
Figure 50-19
Tension E A ligne à neutre : 138 kV/ 0° Voir exemple 50-7.
Tension E B ligne à neutre: 131 kVZ 10°
Réactance X de . la ligne : 63 S2
La tension E c de l' UPFC est réglable de zéro à36 kV, Exemple 50-8
et de /,éro à 360° . En se référant aux données de l'exemple 50-7, on
Calculer la valeur et l'angle de pour que la puis- désire fournir au réseau B une puissance réactive
sance active transportée de B vers A soit de 81 MW, maximale et aucune puissance active . Calculer la
par phase . Le /acteur de puissance au poste A doit valeur et l'angle de la tension Ee requis . ainsi que l a
être maintenu à 100 puissance Q totale transmise .

Solution Solution
En se référant à la Fig . 50-19, on constate que le vec- Afin que la région B reçoive une puissance réactive et
teur E B est en avance sur EA de 10° . Le vecteur Ec peut aucune puissance active, il faut que les tensions ET et
avoir toute valeur et toute orientation à l'intérieur du EB soient en phase et que le courant I soit 90° en retard
cercle en pointillé dont le rayon est de 36 kV. Par con- sur la tension E B (Fig . 50-20) . En parcourant la boucle
séquent, on peut obtenir tout vecteur E T (ET = EA + Ec ) de la Fig . 50-18 dans le sens horaire, on obtient :
dont l'extrémité tombe à l'intérieur du cercle . -EA -E c +jXI+EB = 0
Comme le facteur de puissance au poste A est de 100 % Cependant, on constate que le vecteur jXI est mainte-
et que la puissance circule de B vers A, le courant I est nant en phase avec la tension EB . Comme la somme
donné par : vectorielle ET = EB +jXI ne peut pas dépasser le cercle
I = PIEA = - 81 x 106 /138 000 = - 587 A en pointillé, on peut écrire selon la loi des sinus pour le
triangle de la Fig . 50-20 :
Le courant est donc déphasé de 180° par rapport à la
tension EA . En suivant la boucle de la Fig . 50-18 dans 36 _ 138
le sens horaire, on obtient: sin 10 sin 0
-EA -Ec +jXI+EB = 0

-138-Ec +j63x(-587)x10 3 +131/10°=0


E =131 kv
- 138 - Ec - j 37 +129 + j 22,75 = 0 36 kV .
Y= 51,7 ° I,
-9-Ec -j14,25=0
122,5°
d'où Ec = - 9 - j 14,25
= 16,92-122,5 -
On doit donc ajuster la valeur de E c à 16,9 kV, et sa
Figure 50-20
phase à - 122,5° . Voir exemple 50-8 .
Le diagramme vectoriel est montré à la Fig . 50-19 .




1156 ÉLECTROTECHNIQUE

d'où /3 = 41,7° connecté à la ligne d'alimentation . Les deux enroule-


ments suivants (secondaires à 1190 V) sont respective-
Il s'ensuit que l'angle y= 10 + 41,7 = 51,7°
ment raccordés en étoile et en triangle . Ils servent à
On doit donc ajuster la tension Ec à 36 kV, et sa phase alimenter les deux convertisseurs (5) . Le quatrième
à 51,7° (Fig . 50-20) . enroulement, connecté en triangle, est branché aux fil-
Le complément de l'angle t'est : tres harmoniques (3) .

A = 180 - 51,7 = 128,3° (3) Les filtres, syntonisés en résonance série, offrent
un chemin à basse impédance aux courants harmoni-
La valeur de ET est donnée par : ques générés par les convertisseurs . Les fréquences
harmoniques principales sont le l le (550 Hz) et le 13e
ET _ 36
(650 Hz), suivis par des harmoniques impairs supé-
sin 128,3 sin 10 rieurs . Les mêmes filtres servent à fournir la puissance
réactive absorbée par les convertisseurs .
d'où ET = 163 kV
(4) Artères triphasées alimentant les convertisseurs à 6
La valeur de IX est donnée par : pulsations .
IX = ET - EB = 163 - 131 = 32 kV (5) Deux convertisseurs triphasés à thyristors en pont
Le courant I = 32 000 V/63 f = 508 A et à 6 pulsations, raccordés en série, avec mise à la terre
au point milieu . Les deux convertisseurs produisent
La puissance réactive transportée à la région B est donc : ensemble une tension à 12 pulsations . Ces convertis-
Q = 3 EBI = 3 x 131 000 X 508 = 200 Mvar seurs sont conçus pour permettre une circulation de
puissance active dans les deux sens ; c'est pourquoi ils
50.11 Convertisseur statique de fréquence contiennent des thyristors connectés tête-bêche . Cela
Les convertisseurs de fréquence existent depuis long- permet de retourner de l'énergie au réseau à 150 kV
temps, principalement pour alimenter à basse fréquence lorsque l'ensemble des trains génère de la puissance
les systèmes ferroviaires électriques . À l'époque, il a active lors du freinage . La commutation des convertis-
fallu employer une basse fréquence afin de réduire la seurs est naturelle et la puissance à c .c . est transportée
réactance inductive et, par conséquent, la chute de ten- à l'artère de liaison, entre les barres omnibus 1 et 2 .
sion le long des caténaires . Une autre raison était d'as- Caractéristiques des thyristors : tension crête répétitive :
surer la commutation satisfaisante des moteurs série à 4400 V; courant moyen : 1650 A .
c .a . utilisés pour la traction des locomotives . (6) Inductance de lissage pour diminuer l'ondulation
Ces convertisseurs de fréquence étaient composés de du courant continu . La tension entre les barres 1 et 2
machines rotatives . Nous en avons montré un exemple est de 2650 V.
au chapitre 37, Fig . 37-2 . Aujourd'hui, la disponibilité (7) Disjoncteur à c .c. qui s'ouvre lors d'un raté de com-
de thyristors de grande puissance permet une conver- mutation sur l'un des convertisseurs (5) . Cela peut ar-
sion de fréquence complètement statique . La Fig . 50- river lorsque les convertisseurs fonctionnent en
21 montre le diagramme schématique d'un convertis- onduleurs (puissance active renvoyée au réseau à
seur de fréquence statique de 20 MW qui transforme 150 kV) .
une tension triphasée à 150 kV, 50 Hz en tension mo-
(8) Filtre harmonique de 33 1/3 Hz, soit le double de la
nophasée à 66 kV, 16 2/3 Hz . Le convertisseur est ins-
fréquence de 16 2/3 Hz . Le filtre offre un chemin de
tallé au poste de conversion de Giubiasco, au sud des
court-circuit pour le deuxième harmonique de courant,
Alpes, en Suisse . Il comprend les composants suivants :
ce qui diminue l'ondulation de la tension entre les bar-
(1) Ligne de transport triphasée à 150 kV, 50 Hz, qui res 1 et 2 . Le filtre est beaucoup plus efficace que ne le
fournit la puissance au poste de conversion . Un dis- serait un condensateur (voir section 44 .21, chapitre 44) .
joncteur permet de débrancher la ligne .
(9) Condensateur à l'entrée de chaque module de con-
(2) Un transformateur spécial possédant quatre enrou- version c .c ./c .a . Il assure que l'onduleur (10) fonctionne
lements triphasés . Le primaire, raccordé en étoile, est en source de tension .

CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1157

Figure 50-21
Schéma unifilaire d'un poste de conversion statique de la
fréquence, de 50 Hz à 16 2/3 Hz (diagramme adapté d'un
circuit publié dans la Revue ABB, en mai 1995) .

1158 ÉLECTROTECHNIQUE

ter une tension en série avec la ligne en se servant d'un


UPFC . Ce dernier peut commander la puissance active
et réactive transportées par la ligne .
Des contrôleurs semblables existent pour améliorer la
qualité de l'onde sur les réseaux de distribution . Dans
ces réseaux, les perturbations telles que les baisses su-
bites de tension, les surtensions momentanées, la dis-
torsion harmonique et les pannes aléatoires peuvent
toucher les clients (Fig . 50-23) . Le tableau 50-1 donne
une liste des perturbations qui affectent la qualité de
l'onde et de la puissance électrique .
Certaines perturbations trouvent leur origine chez les
clients, d'autres chez le fournisseur d'électricité, et
Figure 50-22 d'autres sont imputables aux deux. Par exemple, un
Convertisseur à GTO installé dans le poste de conversion arbre qui touche une ligne à 24 kV produit une pertur-
Giubiasco, en Suisse, à 16 2/3 Hz . Les modules sont refroidis
bation attribuable au fournisseur d'électricité . Par con-
à l'eau (gracieuseté de ABB) .
tre, un four à arc qui provoque des changements de
courant aléatoires et violents peut distorsionner la ten-
(10) Convertisseurs monophasés, refroidis à l'eau . La sion alimentant la fonderie, de même que celle des
fréquence de découpage des GTO est de 50 Hz . Par clients voisins . Cette pollution de tension provient d'un
conséquent, le facteur de modulation de fréquence m f client, mais un autre client branché sur le même ré-
= 50/16,66 = 3 . Caractéristiques des GTO : tension crête seau, en voyant son éclairage fluctuer, pourrait être porté
répétitive : 4500 V ; courant de crête : 3000 A (voir Fig . à blâmer le fournisseur. Comme plusieurs clients sont
50-22) . branchés sur un point commun de connexion (PCC), il
(11), (12) Les 12 modules sont raccordés aux primai- est souvent impossible d'identifier de façon certaine
res de six transformateurs (11) . Les enroulements se- l'origine d'une perturbation .
condaires sont connectés en série, produisant ainsi la Ceci dit, le client et le fournisseur souhaitent tous deux
tension monophasée de 66 kV, 16 2/3 Hz (12) . une qualité de tension fiable et sans distorsion .
L'allumage des modules se fait de façon séquentielle, Dans certains cas, les consommateurs installent leur
de sorte que les douze tensions générées soient déca- propres sources d'énergie ininterruptibles ou UPS
lées les unes par rapport aux autres de 30°, soit 1/l2e («uninterruptible power supply») alimentées par des
de cycle d'une période de 16 2/3 Hz . Comme les en- accumulateurs . Ces sources d'énergie auxiliaires se
roulements secondaires sont connectés en série, la plu- mettent en service automatiquement pour prendre la
part des harmoniques sont éliminés entre les bornes 3 relève du réseau en moins d'un cycle . Elles assurent
et 4 . La forme d'onde résultante à 66 kV est donc une ainsi une alimentation de qualité aux équipements élec-
sinusoïde presque parfaite . À pleine charge, à un fac- troniques sensibles (Fig . 50-24a et 24b) . Dans le cas
teur de puissance unitaire, la distorsion est inférieure à des salles d'opération des hôpitaux et des pistes d'at-
0,35% . terrissage des aéroports, les interruptions de l'électri-
cité sont inacceptables . Les UPS comprennent alors des
CONVERTISSEURS STATIQUES POUR génératrices diesel-électrique et des accumulateurs pour
RÉSEAUX DE DISTRIBUTION assurer la sécurité totale lors d'une panne prolongée .
Des études ont révélé que certains clients préfèrent que
50 .12 Perturbations et qualité de l'onde le fournisseur s'occupe de la qualité de l'onde, plutôt
Nous avons vu que l'on peut commander la tension que de le faire eux-mêmes . Cependant, les opinions à
d'une ligne de transport en utilisant des compensateurs ce sujet évoluent continuellement, particulièrement
synchrones statiques (STATCOM) . Ces unités sont con- dans le contexte de la déréglementation des compagnies
nectées en parallèle avec la ligne . On peut aussi injec- d'électricité . Par exemple, la solution coûtant le moins








CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1 159

A distorsion aléatoire interruption momentanée


V
4000-
10000
N
3000- \
2000 5000
C
ô 1000- m
1680 040 degré
0 R i i C 00
N
o 200 400 600 1000
1860 2220 2400
-1000- 1500
ms
C -5000
-2000-
J

-3000-
-10000
-4000-
-15000
(a) (d)

creux et gonflement de tension soustension temporaire


V
15000- V
10000
c 10000- o 8000
C
m 6000
N
5000- c 4000
p
C
2000
0 ô
0 100 200 300 400 500 600 700 800 c 0
0
millisecondes 2000
5000 -
-4000
-10000 - -6000
-8000
-15000 - (b) -10000
(e)

tension transitoire V distorsion 7e harmonique, THD 14


V 15000
d
0 15000-
'm 10000
C
c 10000- .m
c 5000
5000-
C) degré C
C N
o
0
o 530 710 1070 1250 0 180 360 540 720
C 350 890
4) -5000 - -5000
10000-
-10000
-- 15000- (c)
-15000
(f)

Figure 50-23
Perturbations observées sur les lignes de transport et de distribution .



1160 ÉLECTROTECHNIQUE

TABLEAU 50-1 PERTURBATIONS SUR LES RÉSEAUX DE DISTRIBUTION

durée de la origine de la compensation

nature de la perturbation perturbation perturbation requise

i) bas facteur de puissance heures C shunt


ii) gonflements et creux de tension cycles C F shunt ou série

iii) papillotement («flicker») cycles C shunt


iv) harmoniques (courant) heures C shunt

v) harmoniques (tension) heures C F série

vi) distorsion aléatoire (tension) heures C F shunt ou série

vii) tensions transitoires cycles C F shunt ou série

viii) courants de court-ciruit cycles C F série

ix) régulation de la tension heures F shunt ou série


x) interruption de la puissance cycles F sh ou série + SSB*

xi) interruption de la puissance secondes F sh ou série + SSB*

xii) interruption de la puissance heures F shunt +SSTS#


client (C) fournisseur (F)
* disjoncteur à semi-conducteurs # interrupteur de transfert rapide

«solid state breaker (SSB)» «solid state transfer switch (SSTS)»

disjoncteur
statique de
contournement

cher comprendrait peut-être les services d'une tierce
7t
partie. Celle-ci s'occuperait des problèmes de pollu-
tion sur le réseau, soit pour le compte du fournisseur,
soit pour celui des clients industriels et commerciaux . redresseur onduleur
entrée sortie
n
Les changements institutionnels qui sont en train de se
fournisseur disjoncteur charge
I
faire affecteront à la fois la solution envisagée et le choix d'électricité - batterie critique
des produits utilisés pour améliorer la qualité de l'éner-
gie électrique .
T
Figure 50-24a
À cette fin, les manufacturiers, les instituts de recherche Ce schéma unifilaire très simplifié montre les éléments de
et les universités, en collaboration avec les fournisseurs base d'un UPS «on line» . La tension de la compagnie d'élec-
tricité est redressée et la sortie du redresseur est branchée
d'électricité, développent actuellement des convertis-
aux bornes d'un accumulateur . Ce dernier sert de source
seurs MLI dont la puissance varie de quelques kilo- d'énergie de réserve et fournit une tension à c .c . parfaite à
watts à plusieurs mégawatts . Ces convertisseurs MLI l'onduleur à IGBT.
fonctionnent de la même façon que ceux étudiés au cha- Londuleur génère une tension sinusoïdale à 60 Hz . Cette
tension est régularisée pour alimenter une charge critique,
pitres 43 et 44, traitant des systèmes d'entraînement
tel un ordinateur . Si une perturbation se produit sur le réseau,
des moteurs électriques . Nous suggérons au lecteur de l'onduleur continue à fonctionner, généralement durant
se reporter à ces chapitres pour revoir les propriétés de plusieurs minutes, en tirant son énergie de l'accumulateur .
ces convertisseurs . S'il fallait qu'un des composants du UPS devienne défec-
tueux, l'interrupteur statique branchera la charge aussitôt à
la ligne du fournisseur d'électricité .
CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX

les à 60 Hz, plutôt que des ondes rectangulaires . Par


conséquent, on peut les installer directement dans un
réseau de distribution, en ayant recours seulement à
des petits filtres harmoniques de quelques kilohertz .
Enfin, voici une autre application du convertisseur MLI .
Certaines formes d'ondes distorsionnées produites par
les procédés industriels contiennent des harmoniques
aléatoires de courant et de tension qui n'ont aucun rap-
port avec la fréquence du réseau . Un filtre LC conven-
tionnel est donc inutile . Cependant, un convertisseur
MLI est capable d'éliminer ces distorsions aléatoires
en générant des tensions et des courants qui s'oppo-
sent aux distorsions mêmes . Le convertisseur agit alors
comme filtre actif. Les signaux appliqués sur les gâ-
chettes sont dérivés d'un circuit de commande où la
forme d'onde du courant (ou de la tension) est compa-
rée avec la forme d'onde désirée . La différence instan-
tanée entre ces deux signaux, soit le signal «correc-
teur», déclenche les gâchettes et élimine la distorsion
Figure 50-24b
Cet UPS triphasé a une capacité de 18 kVA, 120/208 V, 60 Hz . (Fig . 50-25) .
Il peut alimenter des charges dont le facteur de puissance
Les harmoniques présents sur un réseau à 60 Hz sont
varie de 0,7 en retard à 0,7 en avance . Le THD est inférieur
à 5 %, même lorsque les charges sont non linéaires . Le habituellement des multiples de 60 Hz et leur ampli-
rendement à pleine charge est environ 90 % . Le faible niveau tude diminue avec la fréquence . En général, la distor-
de bruit et les dimensions réduites de cet équipement sont sion est jugée acceptable lorsque les harmoniques d'or-
attribuables à la fréquence élevée (- 16 kHz) de l'onde por-
dre 13 et moins sont supprimés .
teuse de l'onduleur à IGBT.
Si la puissance du fournisseur est interrompue, ou si elle ne Lorsqu'un convertisseur MLI fonctionne comme filtre
correspond pas au niveau de qualité requis, l'accumulateur
actif sur un réseau à 60 Hz et que le 13e harmonique
interne fournit aussitôt la puissance requise à l'onduleur . La
période d'urgence peut durer jusqu'à 10 minutes, sans que doit être négligeable, il faut que la fréquence de décou-
la puissance fournie à la charge soit interrompue (gracieuseté page soit au moins 10 fois plus élevée . C'est dire que
de Square D/Schneider) . la fréquence de découpage fe doit être environ 10 x
780 Hz = 7800 Hz, soit 8 kHz . Les IGBT sont aptes à
50 .13
Pourquoi utiliser des convertisseurs fonctionner à ces fréquences .
MLI ?
Les convertisseurs utilisant la modulation de la largeur
d'impulsion (MLI) sont très flexibles . Rappelons, en

I ~ 3 ph, 60 Hz sortie

T convertisseur - +
EH
effet, qu'ils peuvent générer une tension de n'importe
T onde porteuse
quelle forme, de n'importe quelle fréquence, et de n'im-
porte quelle phase, simplement en appliquant un signal signaux
correcteurs
approprié aux gâchettes d'un groupe d'IGBT . Cette pro- d'allumage
priété est particulièrement utile lorsque le réseau de consignes t_ tension ou courant
distribution contient des harmoniques de tension et de limites -' processeur sinusoïdal désiré
courant . On peut, au moyen d'un convertisseur MLI, autres -~ de signaux
tension ou
réduire ces harmoniques au minimum, ou bien les dé- entrées courant mesuré
vier dans des chemins où ils ne seront pas nuisibles .
Figure 50-25
Une autre raison justifiant l'emploi des convertisseurs Principe utilisé pour générer une tension ou un courant
MLI est qu'ils peuvent générer des tensions sinuso da- triphasé exempt de distorsion .


1 1 62 ÉLECTROTECHNIQUE

50 .14 Réseau de distribution tension MLI qui contient une tension fondamentale e a
Afin d'illustrer les applications générales des compen- à 60 Hz. Nous supposons que les courants et les ten-
sateurs shunt et série, nous présentons à la Fig . 50-26 sions harmoniques sont négligeables . La tension eb à
le schéma unifilaire d'un réseau de distribution triphasé l'entrée du parc industriel est sinusoïdale sauf pour
à 13,2 kV. Le réseau est composé d'une artère radiale quelques harmoniques mineurs que le compensateur
de 16 km et de ses branchements . L' artère provient d'un n'a pas pu éliminer . La forme d'onde de eb demeure
poste de transformation où elle est protégée par un dis- donc excellente, grâce à la présence du compensateur .
joncteur à réenclenchement automatique («recloser»), Un disjoncteur SSB, à semi-conducteurs, permet de
décrit à la section 47 .14 . L' artère et ses branchements brancher ou de débrancher le parc industriel en moins
alimentent un secteur manufacturier, un secteur rési- d'un cycle . Nous examinerons son application plus loin .
dentiel, un centre de machines-outils et un parc indus- Regardons maintenant le centre de machines-outils . Un
triel . De plus, on prévoit l'installation d'une fonderie, compensateur série SC2 est installé à l'entrée de ser-
équipée de fours à arc, dans un avenir rapproché . vice . Le compensateur est raccordé en série avec la li-
Chaque section de l'artère et ses branchements ont une gne, mais isolé de celle-ci par un transformateur T2 .
longueur de quelques kilomètres . Les réactances induc- La réactance de fuite xa du transformateur, la tension
tives sont désignées par les symboles x 1 , x2 , . . . x7 . Nous eb au primaire et la tension e a générée par le convertis-
négligeons la composante résistive des lignes . seur portent les mêmes symboles que dans le cas du
Regardons d'abord le parc industriel . Un compensa- compensateur shunt SC 1 . Cependant, leurs valeurs res-
teur shunt est connecté à l'entrée électrique . Il est com- pectives sont bien différentes .
posé d'un transformateur T1, d'un convertisseur SC1, Examinons enfin l'installation prévue pour la fonde-
d'une source de puissance à c .c . EH , et d'un condensa- rie . Elle crée un problème à cause de la présence des
teur C . Le transformateur possède une réactance de fuite fours à arc . Ces fours produisent des sauts aléatoires
xa , référée au secondaire . Le convertisseur génère une de courants, lesquels engendrent des fluctuations de

secteur
résidentiel

centre
manufacturier
O •_ __( ~'~® - -?> centre de
machines-outils
3 km - eb

6 km T2
x conv
I, _ série
LLJ ~ _+
--- x5 e
neutre SC2 C l' T EH2

poste de transformation
transformateur +
recloser xl 4 km
O
x2 x3
~~O
parc
3km 5km 8km
indus-
SSB triel
xa
fonderie ±1~L
EH1 C SC1 ea T1
eb
conv
neutre shunt neutre

Figure 50-26
Schéma unifilaire d'un réseau de distribution montrant cinq secteurs d'activité : centre manufacturier,
secteur résidentiel, centre de machines-outils, parc industriel et fonderie .

CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1 163

tension à l'entrée de la fonderie . Nous verrons que le compensateur MLI de type shunt . Il porte le nom de
compensateur shunt est en mesure de corriger ce pro- DSTATCOM, ce qui correspond à l'abréviation de «dis-
blème . tribution static compensator» .
Ayant pris connaissance du réseau et de ses clients, étu- 50 .16 Le compensateur shunt : principe de
dions maintenant le rôle joué par les compensateurs fonctionnement
shunt et série . Le circuit de la Fig . 50-28a montre le compensateur
50 .15 Compensateurs et analyse du circuit shunt en amont du parc industriel. Le circuit est équi-
valent au système de la Fig . 50-26, sauf que le réseau
Le convertisseur MLI utilisé dans les compensateurs
situé à gauche du point 6 a été remplacé par une réac-
shunt et série est similaire à celui décrit dans les sec-
tance équivalente xeq et une tension équivalente Eeq .
tions 42 .50 et 42 .59 . Nous supposons un convertisseur
Cette simplification est possible grâce au théorème de
triphasé fonctionnant à une fréquence de découpage f,
Thévenin . La tension équivalente Eeq comprend la com-
de 6 kHz . Afin de simplifier les explications, nous ne
posante fondamentale e e à 60 Hz et une tension ed qui
considérons qu'une seule phase (Fig . 50-27a) . Le sym-
représente toutes les tensions aléatoires et les tensions
bole de la Fig . 50 .27b montre le compensateur sous
harmoniques qui existent en amont du point 6 (Fig . 50-
une forme encore plus simple . Grâce à l'accumulateur
28b) .
et au système de commande, le compensateur devient
une source de tension ea variable, qui peut absorber ou La Fig . 50-28b est donc une réplique de la Fig . 50-28a,
débiter de l'énergie. sauf que le compensateur est remplacé par son sym-
bole et que le parc industriel est représenté par une im-
Afin de comprendre l'impact du compensateur sur un
pédance Z. Le disjoncteur SSB est fermé .
réseau de distribution, simplifions d'abord le circuit de
la Fig . 50-26 . Cela est relativement facile, en dépit de
la multiplicité des branchements du réseau et des per-
SSB
turbations qui s'y produisent. Lorsque le réseau con-
tient des transformateurs, il est préférable d'utiliser le
xeq 1 © > r
parc
système p .u . car cela permet de réduire le système à un
indus-
niveau de tension unique . Les transformateurs «dispa-
triel
raissent» et le circuit résultant se visualise plus facile- Xa
ment, tout en devenant plus facile à résoudre . Nous
supposerons donc que les transformateurs ont tous un SC1 ea
rapport de transformation de 1 :1 et que la tension de
base est égale à la tension nominale du compensateur . shunt
neutre N
Le choix d'une
compensation shunt ou série dépend de
plusieurs facteurs dont nous discuterons dans les sec- (a)
tions qui suivent . Nous commençons l'étude avec le

EH -
ea =

convertisseur

(b)
Figure 50-27
Circuit équivalent et symbole d'un convertisseur statique. La Figure 50-28
réserve d'énergie (optionelle) est représentée par un Circuit équivalent du compensateur shunt associé au parc
accumulateur. industriel .



1164 ÉLECTROTECHNIQUE

Le compensateur shunt peut servir à des fins multiples :


1) régulariser la tension
2) fournir de l'énergie lors d'une interruption momen-
tanée
3) éliminer la distorsion de tension
4) corriger le facteur de puissance
5) agir comme filtre actif
Étudions maintenant ces cinq modes d'opération .
1 . Régulation de la tension (a)

Un des buts du compensateur shunt est de maintenir


une tension eb constante à l'entrée du parc industriel,
en dépit d'une tension ec variable et d'une charge in-
dustrielle qui fluctue . Négligeons d'abord la tension
aléatoire ed. Le compensateur tend à garder eb cons-
tante en agissant sur la tension e a (Fig . 50-29a) . Il uti-
lise le principe suivant .
(b)
En faisant varier ea , le courant i a du compensateur chan-
gera. Cela fait varier i, qui, à son tour, fait varier la Figure 50-29
chute de tension x,i c dans la réactance x, Donc, en a . Régulation de la tension au moyen d'un convertisseur
faisant varier la chute x~i, à l'intérieur de certaines li- statique shunt .
b . En faisant varier l'amplitude et la phase de la tension e a ,
mites, le compensateur peut maintenir eb constante on peut faire tourner le vecteur ic de 360° .
même si e c fluctue . Dans les explications qui suivent,
nous présentons les équations pertinentes et les dia-
grammes vectoriels associés . Donc, en effectuant des changements relativement mi-
On obtient une première équation en appliquant la loi neurs à l'amplitude et la phase de ea, on peut faire tour-
de Kirchhoff à la boucle située à droite du circuit de la ner le vecteur i a( max ) de zéro à 360° . Cette observation
Fig. 50-29a: nous conduit à une deuxième équation de Kirchhoff,
- e a -jia xa + e b = 0 pour la boucle située à gauche du circuit de la Fig . 50-
29a :
soit ji a xa = e b - ea
-ec +jic xc +eb = 0
j (e a - eb)
d'où la - (50-9) d'où ec = eb + ji,~ x(
xa
de plus, i c = t a + lb
Comme la valeur de eb doit demeurer constante, nous
choisissons ce phaseur comme vecteur de référence nous pouvons donc écrire :
(Fig . 50-29b) . La valeur de x a est fixe et l'amplitude de
ia peut varier de zéro jusqu'à la valeur nominale ia(max) e o = ( eb + J lbxc) + J l axc (50-10)
du compensateur. = vecteur OM + ji ar
Au fur et à mesure que l'amplitude et la phase de ea En se référant à la Fig. 50-30a, l'angle 0entre eb et ib
varient, on constate que l'amplitude et la phase de ia est déterminé par le facteur de puissance du parc in-
changent, conformément à l'équation 50-9 . En parti- dustriel . Par conséquent, pour une charge donnée, le
culier, si l'on fait varier l'amplitude et la phase de ea vecteur OM (= eb + jib x c ) est fixe. Le vecteur e, est la
tout en gardant ia à sa valeur nominale ia(max), on cons- somme du vecteur OM et du vecteur jiaxC . Mais nous
tate que l'extrémité du vecteur j xaia(max) décrit un cer- venons de voir que le vecteur ia peut être orienté sur
cle dont le centre correspond à l'extrémité du vecteur une plage de 360° et qu'il peut avoir toute valeur com-
eb (Fig . 50-29b) .

CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1 165

xc ra(max) ,

ib

Figure 50-30a Figure 50-30b


Diagramme vectoriel montrant la tension e c de la source et Diagramme vectoriel montrant les limites de la régulation
la tension régulée eb . permise avec une charge donnée et un compensateur sans
stockage d'énergie .

prise entre zéro et ia(max) . Il s'ensuit que le lieu du la plage de contrôle disponible pour la régulation de
vecteur jxcia(max) décrit aussi un cercle, ayant comme eb . Par conséquent, si la tension e c augmente ou dimi-
centre le point M . Pour le courant nominal ia(max), l'ex- nue de façon importante, le compensateur ne sera pas
trémité du vecteur e c suit le cercle, comme le montre capable de maintenir la tension eb constante . Il est donc
la Fig . 50-30a . difficile de régulariser la tension d'une ligne à faible
impédance au moyen d'un compensateur shunt . Nous
Comme i a peut avoir toute valeur comprise entre zéro
verrons plus loin que ce problème se règle en utilisant
et ia(max), il s'ensuit que l'extrémité de ec peut se trou-
un compensateur série .
ver à n'importe quel endroit à l'intérieur du cercle .
Donc, en autant que l'extrémité de ec soit à l'intérieur Exemple 50-9
du cercle, le compensateur shunt est capable de main-
Une usine alimentée par une ligne triphasée à 6930 V
tenir la tension eb constante . En ce qui concerne la
absorbe une puissance de 30 MVA à un FP (le 94, % .
puissance fournie à la charge Z, l'angle entre e c et eb
La ligne possède une réactance de 0,24 £2 . Un com-
n'entre pas en ligne de compte .
pensateur statique MLI ayant une impédance de
Cherchons maintenant les valeurs maximale et mini- 0, I S2 et pouvant débiter un courant de 1 200 A sert
male de e c qui permettront au compensateur de main- à stabiliser la tension .
tenir la tension eb constante . Nous imposons cepen- a) Le compensateur étant absent . calculer la tension
dant une contrainte importante : afin d'éviter de stoc- du réseau requise afin que la tension à l'usine
ker de l'énergie, la régulation devrait se faire sans ti-
soit de 6930 V.
rer une puissance active du compensateur . En se réfé-
rant à la Fig . 50-29a, cela veut dire que ia doit être en h) Lorsque le compensateur est en marche, calculer
quadrature avec e a . Selon l'équation 50-9, il en dé- les limites de tension e admissibles afin que la ten-
coule que la tension ea générée par le compensateur sion à l'usine demeure à 6930V .
doit être en phase avec la tension eb . La Fig . 50-30b
Solution
illustre les relations vectorielles (vecteurs pleins) lors-
a) Pour résoudre ce problème, nous prenons une seule
que ea est supérieure à eb .
phase . Le circuit équivalent est montré à la Fig . 50-31 .
On constate que pour une charge donnée imposant eb, Lorsque le compensateur est hors circuit on obtient
ib et 0, la valeur minimale de e c correspond au vecteur les résultats suivants :
plein OP et la valeur maximale correspond au vecteur
Tension ligne à neutre de la charge :
en pointillé OQ . Ceci donne une plage de contrôle in-
téressante, mais elle dépend de la valeur de la réac- eb = 6930/ 3 = 4000 V = 4 kV
tance xc de la ligne . Si la ligne possède une faible réac- Puissance apparente par phase :
tance, le diamètre du cercle sera petit, ce qui diminue
S = 30 MVA/3 = 10 MVA





1166 ÉLECTROTECHNIQUE

0,24 S2 lb Cette chute s'ajoute à la chute ii,x c comme l'indique la


2500 A
Fig . 50-33 .
La tension ec minimale de la source est donc :

eb e c = eb +ixj c
4 kV
Z
= 4000 + j 0,24 x (ib + ia)
= 4000 + j 0,24 x (2349 - j 855 + j 1200)
= 4000 + j 0,24 x (2349 + j 345)
= 4000 + j 564 - 83
Figure 50-31 = 3917 + j 564 = 3957L8,19°
Voir exemple 50-9 .
Lorsque ia est encore de 1200 A mais de 90° en retard
sur e a, on obtient le diagramme vectoriel de la Fig . 50-
Angle de retard de ib sur eb: 34 . La chute de tension iaxc de 288 V s'ajoute encore à
9 = arccos 0,94 = 20° la chute ibxc mais dans le sens contraire de celle de la
Fig . 50-33 .
Courant par phase :

__ S __ 10 x 106
= 2500 A
b E 4000
d'où ib = 2500L-20° 20°
= 2349 - j 855

Chute de tension dans la ligne due à ib :


Figure 50-32
jxcib = j 0,24 (2349 - j 855) Compensateur hors service (voir exemple 50-9) .
= 205 + j 564
Tension e c de la source :

e c = e b + ixi b
• 4000 + (205 + j 564)
• 4205 + j 564
• 4243L 7,64°
La tension de la source doit être de 4243 V pour obte-
nir 4000 V à l'usine . Le diagramme vectoriel est mon-
tré à la Fig . 50-32 . Noter la position du vecteur OM Figure 50-33
mentionné précédement. Courant i a en avance sur e a de 90° .

b) Lorsque le compensateur est en service, la tension


ea doit être en quadrature avec le courant ia afin que la
puissance active du compensateur soit nulle . Pour ce
faire, ea doit être en phase avec eb. Le compensateur
peut débiter un courant maximal ia de 1200 A . Lorsque
i a est 90° en avance sur e a on obtient les résultats sui-
vants :
Chute de tension dans x c due à i a :
Figure 50-34
iaxc = j 1200 x j 0,24 = - 288 V Courant i a en retard sur e a de 90° .

CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1 167

La tension e c maximale de la source est maintenant : bablement eu le temps de disparaître . Donc, lorsque le
recloser se referme, le réseau reprend son état normal .
e c = eb + jxclc Le système de commande du SSB détecte cette condi-
= 4000 + j 0,24 x (ib + Q tion stable, donc le disjoncteur SSB se referme . Le com-
• 4000 + j 0,24 x (2349 -i 855 - j 1200) pensateur reprend son état habituel et l'accumulateur
• 4000 + j 0,24 x (2349 - j 2055) se recharge .
• 4000 + j 564 + 493 Par exemple, supposons que le parc représente une
• 4493 + j 564 = 452827,15 0 charge de 8 MW . Durant l'interruption, le convertis-
seur doit donc fournir une énergie de :
Le compensateur peut donc maintenir la tension de
E=8MWx0,5s=4MW •s =4MJ
l'usine à 4000 V lorsque la tension e c fluctue entre un
minimum de 3957 V et un maximum de 4528 V Cette énergie peut être stockée facilement à l'intérieur
2 . Interruption momentanée d'un compensateur. Dans certaines applications, on peut
Le parc industriel représente une charge de plusieurs même emmagasiner des énergies pouvant atteindre
mégawatts . Le contrat avec le fournisseur d'électricité 100 mi .
pourrait stipuler que la puissance ne sera jamais inter- La Fig . 50-35b montre le diagramme vectoriel des ten-
rompue pour une perturbation de réseau de durée infé- sions et du courant durant la courte période où le com-
rieure à 10 secondes . Cette perturbation pourrait être pensateur alimente le parc . Le compensateur maintient
provoquée par un court-circuit momentané sur une ar- la tension eb à sa valeur nominale ; par conséquent, il
tère, une ouverture momentanée d'une ligne d'alimen- doit générer une tension égale à e a . L'angle 0 corres-
tation ou une oscillation de courte durée . Durant ces pond au facteur de puissance du parc au moment où la
moments critiques, le compensateur shunt, branché en perturbation a eu lieu . Durant cet intervalle, il est évi-
permanence à l'entrée électrique du parc, peut fournir dent que ia = ib .
l'énergie totale pendant la durée de la perturbation .
Cette application du compensateur shunt requiert évi-
demment un stockage d'énergie .
Pour ce faire, afin d'isoler le parc du réseau perturbé,
l'artère alimentant le parc doit être débranchée du ré-
seau par un disjoncteur extrêmement rapide . Le dis-
joncteur à semi-conducteurs SSB, composé de thyris-
tors raccordés tête-bêche, remplit ce rôle (Fig . 50-26 et
50-35) .
Supposons qu'une branche d'arbre produise un court-
circuit momentané sur l'artère principale . Après un délai
de deux ou trois cycles cela provoquera l'ouverture du (a)
recloser au poste de transformation (Fig . 50-26) . Ce-
pendant, pendant les quelques cycles requis pour
l'ouverture, le court-circuit produira une décroissance
rapide de la tension du réseau . Un capteur associé au
disjoncteur SSB détecte cette diminution, provoquant
son ouverture en moins d'un demi-cycle . Dès que le
SSB est ouvert, l'accumulateur commence à fournir de
l'énergie au compensateur, qui la convertit immédiate-
ment en puissance à 60 Hz . Le transfert du réseau au (b)
compensateur se fait en moins d'un cycle .
Figure 50-35
Le recloser demeure ouvert durant un intervalle, disons, Comportement d'un compensateur shunt pendant une inter-
de 30 cycles (0,5 s) durant lequel le court-circuit a pro- ruption momentanée de la puissance .

1 1 68 ÉLECTROTECHNIQUE

3 . Distorsions de tension densateurs pour améliorer le facteur de puissance . Au


En ce qui concerne la distorsion de la tension à l'entrée moment où un condensateur est branché sur le réseau,
du parc, la Fig. 50-28b montre qu'il existe une tension il se produit, pendant une courte période, une tension
harmonique ed sur le réseau . En négligeant la tension transitoire dont la fréquence est de l'ordre de 1000 Hz .
e, à 60 Hz, examinons le comportement du compensa- Cette tension est superposée à la tension à 60 Hz (voir
teur face à cette tension (Fig . 50-36) . À cause de la Fig . 50-23c) . Au fur et à mesure que l'onde se propage
fréquence harmonique, les impédances sont plus éle- le long de l'artère, son amplitude diminue mais, ren-
vées que celles à 60 Hz ; nous les indiquons par les sym- due à l'entrée du parc, elle peut encore être gênante .
boles xcd et Xad. Avec une fréquence de découpage de 6 kHz, le com-
pensateur peut largement supprimer cette onde transi-
Le système de commande du compensateur agit de fa-
toire de 1000 Hz .
çon à éliminer la tension harmonique ebd aux bornes
de la charge ; par conséquent, ebd est essentiellement 4. Correction du facteur de puissance
nulle . Il s'ensuit que le courant harmonique ibd dans la Le compensateur shunt peut aussi servir à relever le
charge est aussi nul . Le courant harmonique id circule facteur de puissance du parc industriel . Pour ce faire,
donc seulement dans la «source» ed et dans le compen- la tension e a est arrangée de sorte que le courant ia soit
sateur. En se référant au circuit de la Fig . 50-36, on en retard de 90° sur la tension eb (Fig . 50-37) . Le com-
peut écrire les équations suivantes pour les deux bou- pensateur agit alors comme un condensateur aux bor-
cles : nes de la charge Z. On suppose que le compensateur a
-e d +jidxcd +ebd = 0 (50-11) des pertes représentées par la résistance ra . En par-
courant la boucle de droite du circuit, on peut écrire
-e ad-jidxad+ebd = 0 (50-12) l'équation :
puisque ebd est nulle, on obtient -e a +i ar a +ji xxa +eb = 0
e ad = - Xad X ed (50-13) d'où e a = ji axa +iara +eb (50-14)
Xcd
Le diagramme vectoriel correspondant est montré à
Supposons que Xad soit supérieure à xcd . Donc, pour
la Fig . 50-37b . Notons que e a est plus grande que eb
empêcher qu'une tension harmonique n'apparaisse au
et qu'elle est légèrement en retard sur celle-ci . Il s'en-
bornes de la charge, le compensateur doit générer une
tension harmonique ea d supérieure à la tension harmo-
nique ed du réseau et opposée à celle-ci . xcd
Une analyse semblable s'applique aux tensions transi-
toires produites sur le réseau . Par exemple, le secteur
manufacturier (Fig . 50-26) est muni d'un banc de con-

(a)

(b)
Figure 50-36
Comportement d'un compensateur shunt lorsque la source Figure 50-37
contient une tension distorsionnée . Correction du facteur de puissance .



CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1 169

suit que le réseau de distribution reçoit une puissance


réactive Q = ebia en même temps qu'il fournit au com-
pensateur une puissance active P = eai a cos 0.
Dans ces conditions, la batterie fournissant la puissance
à c .c . n'est pas nécessaire. En contrôlant ea afin qu'elle
soit légèrement en retard sur eb, le condensateur à c .c .
demeure chargé à la tension requise . Le fonctionne-
ment est alors semblable à celui du convertisseur
STATCOM (section 50 .8) .
(a)
5 . Charge non linéaire et filtre actif
Examinons maintenant l'installation de la future fon-
derie . Elle constitue une charge non linéaire Z parce
que les fours à arc tirent un courant extrêmement va-
riable, surtout au départ (Fig . 50-38a) . Par conséquent,
la chute de tension le long de l'artère d'alimentation
est non linéaire, ce qui provoque une tension distor-
sionée à l'entrée de la fonderie . Le courant fluctue de
façon tellement aléatoire qu'il est impossible d'expri-
mer les tensions en termes d'harmoniques traditionels .
Cependant, la chute de tension instantanée est toujours
égale à l'inductance L de la ligne multipliée par le taux
de variation du courant . Par exemple, si la réactance de
(b)
l'artère à 60 Hz est de 11 £2, son inductance L est :

L = XL = 11
= 0,029 H
2,rf 211 x 60
La tension instantanée eb(inst) à l'entrée de la fonderie
est donc donnée par l'expression :

Ai b
- ec(inst) + L + eb(inst) = 0
At

Alb
soit eb(inst) = ec(inst) - L (50-15)
Ot
La Fig . 50-38b montre la tension eb et le courant ib à (c)
l'entrée de l'usine avant que des mesures correctives Figure 50-38
ne soient appliquées . Le courant saccadé a une valeur Circuit équivalent de la fonderie . Tensions et courants, avant
efficace d'environ 2300 A, alors que la tension atteint l'installation du compensateur shunt .
des sommets de 12 kV La Fig. 50-38c montre le même a . Circuit équivalent de la source et de la fonderie .
b. Tension eb et courant ib à la fonderie .
courant et la composante fondamentale de la tension
c . Courant ib et composante fondamentale de la tension e c .
e . au point 2 en amont de l'artère . La tension réelle à
ce point commun de connexion sera polluée, à cause
du courant distorsionné . Le degré de pollution dépend Donc, en plus d'améliorer la forme d'onde de la ten-
de l'impédance du réseau en amont du point 2 . Si l'im- sion à l'entrée de la fonderie, il est important d'amé-
pédance est importante (réseau faible), la forme d'onde liorer la forme d'onde du courant circulant dans l'ar-
de ec sera inacceptable pour les clients avoisinants . tère .

1170 ÉLECTROTECHNIQUE

neutre

courant processeur courant


de ib
désiré signaux actuel
fonderie
signaux
correcteurs
Xa
I
T
EH3 C SC3 e a T3
I
conv
shunt neutre

Figure 50-39
Compensateur shunt installé à l'entrée de la fonderie .

La Fig . 50-39 montre le circuit comprenant la fonde- sateur (environ 800 A efficace) et la puissance instan-
rie, le compensateur shunt SC3, le transformateur T3 tanée . On observe que cette puissance fluctue entre
et l'artère d'alimentation . Un transformateur de cou- des valeur positives et négatives, atteignant parfois des
rant CT détecte le courant instantané i, circulant dans crêtes de 10 MW. Cependant, la puissance moyenne
l'artère ; ce signal est fourni au processeur qui con- durant un intervalle de quelques cycles est faible .
trôle l'allumage des gâchettes du compensateur . Le
Les exemples qui précèdent nous ont montré que le
processeur compare le courant distorsionné i, avec le
compensateur shunt est en mesure de répondre à une
courant instantané désiré et génère les impulsions re-
gamme de perturbations électriques, assurant ainsi au
quises pour corriger la forme d'onde de i, Par consé-
client une excellente qualité de tension et de puissance .
quent, celui-ci devient presque sinusoïdal . La chute
Cependant, le fait d'améliorer la qualité de l'onde à
de tension le long de l'artère est donc sinusoïdale, de
un endroit donné ne veut pas dire que tout le monde
même que la tension à l'entrée de la fonderie . Cepen-
en bénéficie . Par exemple, une perturbation créée dans
dant, le courant fourni à la fonderie est toujours
le secteur manufacturier sera ressentie dans le secteur
distorsionné car la charge est non linéaire . Cela veut
résidentiel, en dépit du fait qu'elle aura été éliminée à
dire que le courant i a fourni par le compensateur shunt
l'entrée du parc industriel . Donc, l'installation d'un
est en réalité la composante distorsionnée du courant
compensateur pour corriger un problème local doit tou-
tiré par l'usine . Le compensateur agit alors comme un
jours tenir compte de son impact ailleurs sur le réseau .
filtre actif.
La Fig . 50-40a montre la tension et, à l'entrée de l'usine 50 .17 Le compensateur série : principe de
ainsi que le courant sinusoïdal i, circulant dans l'ar- fonctionnement
tère pour un intervalle de 5 cycles, soit environ 80 ms . Le compensateur série est semblable au compensateur
La Fig . 50-40b montre la même tension et le courant shunt ; la principale différence est qu'il est connecté
distorsionné ib fourni à la fonderie . Enfin, la Fig . 50- en série avec l'artère au lieu d'être en parallèle . Ainsi,
40c montre le courant saccadé fourni par le compen- dans la Fig . 50-26, en tenant compte du transforma-


CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1171

V, A
10000-

Figure 50-41
(a)
Circuit simplifié d'une phase avec compensateur série .

par l'impédance Z, le compensateur par la tension ea


et l'artère par la réactance x, La source comprend une
tension e c sinusoïdale mais variable, et la tension de
distorsion par ed .
Examinons le comportement du compensateur, premiè-
rement comme régulateur de tension, et deuxièmement
comme dispositif éliminant la distorsion aux bornes
-10000- de la charge . Le principe est simple : il suffit que le
(b)
compensateur génère une tension e a de sorte que la
kW, A tension eb aux bornes de la charge soit constante et
10000- sinusoïdale .
1. Régulation de la tension
6000- I La Fig . 50-42a montre une source de tension variable
211110
e, à 60 Hz qui alimente une charge Z. La tension de
0 V"0 .I . l ~, ,1 charge eb est maintenue constante par le compensa-
,1 .
`I
-2000 720 1080 teur série qui génère une tension appropriée e a . La
valeur de e a est ajustable de zéro jusqu'à sa valeur
-6000 nominale ea(max) . De plus, son angle est ajustable de
1 zéro à 360° . La charge tire un courant constant ib . On
-10000
(c)
peut donc écrire l'équation suivante :

Figure 50-40 -e c +ji bxc +ea +e b = 0


Tensions, courants et puissance du convertisseur, après
installation du compensateur shunt . donc e c = eb + j i bxc + ea (50-16)
a . Tension e b à l'entrée de la fonderie et courant i c dans
l'artère . = vecteur OM + e a
b. Tension e b et courant i b tiré par la fonderie .
c . Courant et puissance fournis par le compensateur . Le diagramme vectoriel de la Fig . 50-42b montre les
phaseurs lorsque la tension du compensateur est gar-
dée à sa valeur nominale ea(max). L'angle 0 entre ib et
eb correspond au facteur de puissance de la charge .
teur T2, le compensateur SC2 est effectivement inter-
Comme eb est fixe, et comme on peut faire varier l'an-
posé entre l'artère et le centre de machines-outils .
gle de e a à volonté, il s'ensuit que l'extrémité du vec-
La Fig . 50-41 montre le circuit équivalent de cette par- teur ea(max) décrira un cercle dont le centre est à l'ex-
tie du réseau de distribution . Le centre est représenté trémité du vecteur OM .

1172 ÉLECTROTECHNIQUE

Dans ces circonstances, le vecteur ec de la source suit


le contour du cercle et on constate que son amplitude
peut changer d'une valeur minimale OQ à une valeur
maximale OP (Fig . 50-42c) .
Toutefois, comme l'amplitude et l'angle de ea sont va-
riables, le vecteur e c peut occuper n'importe quelle
position à l'intérieur du cercle . On choisira la position
la plus convenable . Ainsi, lorsque la tension de la source
varie entre OP et OQ, le vecteur e a s'aligne avec la
ligne PQ, son point de départ étant toujours le point M . (a)
Cette situation exige que le compensateur soit en me-
sure de débiter ou d'absorber une puissance active car
les phaseurs ea et ib ne sont pas en quadrature .
Par exemple, dans la Fig . 50-42c, le compensateur doit
absorber une puissance active du réseau lorsque la ten-
sion de la source correspond au vecteur OP, car une
composante du courant ib est alors en phase avec la
tension e a. De la même façon, le compensateur doit
débiter une puissance active lorsque la tension de la
source correspond au vecteur OQ . En effet, dans ce cas
une composante de ib est déphasée de 180° par rapport
(b)
au vecteur - ea .
Si ces conditions ne durent que quelques secondes, l'ac-
cumulateur sera en mesure d'absorber ou de fournir la
puissance requise . Donc, à court terme, le compensa-
teur peut maintenir la tension eb constante, en autant
que la tension de la source soit comprise entre OP et
OQ. Noter que l'angle entre e . et eb n'a pas d'impor-
tance car le seul objectif est de maintenir eb constante .
On peut régulariser la tension eb à long terme sans que
le compensateur soit obligé de fournir ou d'absorber (c)
une puissance active . Cela exige que le vecteur ea soit P
toujours en quadrature avec le courant de la charge ib
(Fig . 50-42a) . Dans ce cas, l'extrémité du vecteur e,
doit suivre la ligne PQ montrée à la Fig . 50-42d . Cette
ligne est perpendiculaire au courant ib. La grandeur de
e c peut alors varier de OP à OQ en passant par OM, ce
qui représente une plage sensiblement inférieure à celle
de la Fig . 50-42c . Le vecteur e a est aligné avec la ligne
PQ et son origine est encore le point M .
Contrairement à un compensateur shunt, le compensa- (d)
teur série permet de régulariser la tension eb, même
quand l'impédance de l'artère est très faible . Selon les Figure 50-42
statistiques, les chutes de tension de courte durée re- a. Régulation de la tension avec un compensateur série .
b. Diagramme vectoriel lors de la régulation de la tension .
présentent environ 90 % des perturbations sur un ré-
c . Compensation pour contrer un creux («sag») et un gon-
seau de distribution . Habituellement, les trois phases flement («swell») de la tension .
ne subissent pas les mêmes perturbations . Par exem- d . Limites de la régulation lorsque le compensateur fonc-
ple, un court-circuit phase-terre produira des tensions tionne sans réserve d'énergie .

CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1 173

déséquilibrées sur les trois phases . Pour cette raison, le vant générer 25 %,50 %,75 %, et parfois jusqu'à 100 %
compensateur utilise trois convertisseurs MLI indépen- de la tension nominale .
dants de façon à maintenir trois tensions équilibrées à Le compensateur série constitue un moyen relativement
l'entrée de l'usine. peu coûteux pour résoudre le problème des surtensions
La puissance du compensateur dépend de l'ampleur et sous-tensions de courte durée . De ce point de vue, le
prévue pour la chute de tension et du courant nominal compensateur série est souvent préférable au système
par phase . L'énergie à stocker dépend de la puissance composé d'un compensateur shunt et d'un disjoncteur
et de la durée prévues pour la perturbation . Considé- SSB .
rons, par exemple, une artère triphasée à 480 V, 60 Hz La Fig. 50-43 montre un compensateur de 2 MVA qui
qui alimente une charge de 600 kVA . Supposons que le peut fonctionner en mode shunt ou série .
pire cas prévu soit une chute de tension de 15 % sur les
La Fig . 50-44 montre un disjoncteur à semi-conduc-
trois phases qui dure pendant 1,5 seconde . Le compen-
teurs de 13,8 kVA .
sateur série doit donc générer une tension efficace de
15 % x 480 V/ 3 = 41,6 V durant la perturbation, tout 2 . Limitation du courant de court-circuit
en portant le courant de pleine charge . Par conséquent, Dans certaines applications, le compensateur série est
la puissance nominale du compensateur triphasé sera : conçu pour limiter le courant de court-circuit dans une
artère dont l'impédance est particulièrement faible . Le
P= 15 %x600kVA=90kVA
temps de réponse du compensateur est tellement ra-
En supposant un facteur de puissance de 100 %, l'éner- pide qu'il peut immédiatement introduire une tension
gie à stocker est: ea en opposition avec celle de la source . Par conséquent,
durant quelques cycles, l'amplitude du courant de dé-
W = 90 kW X1,5s=135kWs=135kJ
faut sera limitée à une valeur inférieure à sa valeur nor-
La puissance du compensateur, de même que l'énergie male . Cela permet au disjoncteur principal, dont la ca-
emmagasinée dans son accumulateur, sont modestes . pacité de court-circuit est limitée, d'ouvrir le circuit
En pratique, on construit des compensateurs série pou- sans risque de s'endommager .

Figure 50-43
Ce convertisseur de ± 2 MVA peut être reconfiguré pour en faire un compensateur shunt ou série
(DSTATCOM OU DVR) (gracieuseté de la Westinghouse Electric Corporation) .


1174 ÉLECTROTECHNIQUE

Dans ce cas, la puissance fluctuera entre

4000 x 4000 sin 7°


p = = 1,3 MW
1,5
et
P = 4000 x 4000 sin (- 13°) _ - 2,4 MW
1,5

On constate que la valeur et même la direction de la


puissance changent.
Si l'on désire transiter une puissance constante dans
une direction seulement il faut ajouter un transforma-
teur à déphasage variable, selon le principe expliqué
au chapitre 46, section 46 .23 . Mais si la ligne supplé-
mentaire est courte, la réactance XL sera faible, ce qui
présente un autre problème . En effet, l'ajout de la li-
gne supplémentaire augmente la puissance de court-
circuit des deux régions . Donc, si un court-circuit se
produit dans une des régions, un courant très intense
circulera sur la ligne d'interconnexion . Celui-ci s'ajou-
Figure 50-44 tera aux courants de court-circuit locaux, de sorte que
Ce disjoncteur SSB triphasé de 13,8 kVA à semi-conducteurs le courant de court-circuit total risque de dépasser la
contient des GTO et des thyristors . Les GTO ont une capacité capacité de rupture des disjoncteurs . On devra donc
de 600 A alors que les thyristors peuvent porter un courant de
changer les disjoncteurs existants pour d'autres ayant
8000 A (gracieuseté de la Westinghouse Electric Corporation) .
la capacité requise . Ce changement peut coûter très cher .

50 .19 Régulateur de puissance interphase


On peut transporter une puissance constante tout en
RÉGULATEUR DE PUISSANCE INTERPHASE
évitant les forts courants de court-circuit en utilisant
un réglateur de puissance interphase (RPI) . Pour com-
50.18 Transfert de puissance entre deux
prendre le principe de fonctionnement de cet appareil
régions
innovateur, considérons d'abord la Fig . 50-45 . Elle
Nous avons vu que l'on doit parfois ajouter une ligne montre deux régions reliées par une ligne d'impédance
supplémentaire entre deux régions puissantes pour négligeable mais qui comprend des réactances série
transporter une certaine quantité de puissance active .
capacitives Xc . La puissance active transportée par cette
La puissance transitée est donnée par l'équation bien
connue :
Pc
El E2 sin S
P = éq . 25-13 XC l

XL O O
I(
dans laquelle P est la puissance active par phase, E t et XC
E2 sont les tensions ligne à neutre des deux régions, XL B
région 1 ô région 2
est la réactance inductive de la ligne et S est l'angle
I(
entre El et E2 . Nous avions développé cette équation à C
ô
la section 25 .11, chapitre 25 . Rappelons que la puis- I(
l
sance se dirige toujours de la région dont la tension est
I
en avance vers celle dont la tension est en retard. - N
Malheureusement, lorsque l'angle S fluctue, la puis-
Figure 50-45
sance P fluctue . Par exemple, supposons que E l = E2 = Circulation de la puissance active P c lorsque la tension de la
4 kV, XL = 1,5 S2 et que S fluctue entre + 7° et - 13° . région 1 est en avance sur celle de la région 2 .

CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1 175

ligne capacitive est donnée par une expression sembla- phasée de quelques kilomètres . Le RPI est composé
ble à l'équation 25-13, soit : d'un transformateur triphasé et d'un groupe de réac-
tances XL et Xc raccordées comme c'est indiqué sur la
El E2 sin S
P = (50-17) figure .
Xc
Les trois transformateurs dont les enroulements sont
Les symboles ont la même signification que précédem- schématisés par des barres noires ont un rapport de
ment, mais la puissance circule de la région dont la transformation de 1 :1 . Les marques de polarités indi-
tension est en retard vers celle dont la tension est en quent que les tensions ERN, ESN et ETN sont déphasées
avance . de 180° par rapport aux tensions imposées EAN, EBN et
La Figure 50-46 montre une région 1 dont les phases ECN . Le diagramme vectoriel de la Fig . 50-47 montre
A, B et C sont connectées aux phases X, Y et Z d'une ces relations . Les tensions ligne à neutre ont toutes une
région 2 par l'entremise d'un RPI et d'une ligne tri- valeur efficace E l .

Figure 50-46
Deux régions réunies par un RPI et une ligne .

ECN ESN
EZN

EBN ETN EYN

EAN = El
L E RN = E, 1-180° EXN = E2 1 -6

E BN = El 1-120° EsN = El 1+60° EYN = E2 I-S - 120°


ECN = E1 -240° ETN = El 1-60° EZN = E2 1-S - 240°
Figure 50-47
Diagramme vectoriel des tensions de la Fig . 50-46 . La région 2 est en retard d'un angle ô par
rapport à la région 1 .



1176 ÉLECTROTECHNIQUE

Les réactances XL et Xc possèdent la même impédance, change que de ± 3 % par rapport à sa valeur médiane .
que nous désignons par le symbole XRPI . Cette impé- Les mêmes remarques s'appliquent aux lignes Y et Z .
dance est bien supérieure à la réactance de la ligne C'est dire que le RPI de la Fig . 50-46 permet de trans-
reliant les deux réseaux, de sorte qu'on peut négliger porter une puissance active qui demeurera presque
cette dernière . constante sans qu'il soit nécessaire d'effectuer un chan-
Le diagramme vectoriel indique que les trois tensions gement de prises ou d'autres manoeuvres . C'est une
caractéristique remarquable . Qui plus est, cette carac-
EXN , EYN et EZN de la région 2 ont une valeur efficace
téristique est obtenue au moyen de composants pas-
E2 . Elles sont déphasées de 8 degrés en arrière des
sifs et ne fait pas appel à l'électronique de puissance .
tensions EAN, EBN et ECN du réseau 1 . En ne considé-
rant qu'une seule phase, on constate que la ligne X est Le RPI est donc un appareil robuste et relativement
peu coûteux* .
branchée aux lignes S et T . Par conséquent, on doit
tenir compte de la puissance active transitée par les Un autre avantage du RPI est que l'ajout d'une ligne
lignes S et T à la ligne X . On observe que la tension supplémentaire avec RPI n'augmente pas la puissance
ESN est en avance sur EXN d'un angle de (60° + 6) . De de court-circuit des régions . Par conséquent, on n'a
plus, la tension ETN est en retard sur EXN de (60° - &) . pas besoin de remplacer les disjoncteurs existants par
La puissance active PL transportée entre les bornes S des disjoncteurs de plus grande capacité . Pour les mê-
et X est donc : mes raisons, une perturbation sur une des régions n'a
pas d'effet significatif sur l'autre . En fait, peu importe
ESN EXN sin (60° + &) la nature de la perturbation sur une des régions, les
PL =
XL courants portés par une ligne munie d'un RPI ne se-
EI E2 sin (60° + &) ront jamais supérieurs aux courants de pleine charge .
(50-18a)
XRPI Pour changer la direction de la puissance transitée il
suffit d'intervertir les réactances X L et Xc . Cette opé-
De la même façon, la puissance active Pc transportée
ration peut se faire au moyen de sectionneurs . Pour
entre les bornes T et X est :
changer la puissance transportée il faut changer la va-
ETN EXN sin (60° - &) leur de XRPI .
PC =
Xc En résumé, le RPI est un appareil remarquable car sans
= El E2 sin (60° - &) commutation et sans thyristors, il maintient un flux de
(50-18b) puissance essentiellement constant entre deux régions
XRPI même lorsque l'angle de déphasage fluctue de ± 20° .
La puissance totale P T portée par la ligne X est donc : De plus, le courant de court-circuit ne peut excéder le
courant de pleine charge du RPI .
PT = PL + PC
El E2 sin (60° + 3) El E2 sin (60° - 6) Le principe du RPI est exploité dans d'autres applica-
tions où les valeurs et l'agencement des réactances in-
XRPI XRPI
ductives et capacitives sont différents . Ces applications
2E I E2 sin 60° cos &
spéciales, bien que très intéressantes, dépassent le ca-
XRPI dre de ce livre.
d'où 50 .20 Résumé
El E2 cos 8 Nous avons vu que les compensateurs de type série et
PT = ï (50-19) shunt ainsi que les disjoncteurs statiques permettent
XRPI
une commande quasi instantanée de la puissance cir-
culant dans les lignes de transport et les réseaux de
L'équation 50-19 révèle que pour des valeurs données
distribution . Dans chaque cas, cela est rendu possible
de El , E2 et XRPI, la puissance totale transportée par la
ligne X par phase varie selon le cosinus de l'angle 8.
Comme on l'a vu, la valeur de &peut fluctuer, mais sur Le RPI a été développé par le CITEQ (Centre d'innovation
une plage aussi élevée que ± 20°, la puissance ne sur le transport d'énergie du Québec) .

CONTRÔLEURS STATIQUES DE RÉSEAUX 1177

grâce à la réponse rapide des convertisseurs . Quelques- ment de tension («voltage swell»), creux de tension
uns de ces convertisseurs sont aussi en mesure de con- («voltage sag») ; d) UPS .
trôler la forme d'onde des tensions et des courants . Dans
Niveau intermédiaire
ce cas, les convertisseurs agissent comme des filtres
actifs . Des convertisseurs de plusieurs mégawatts sont 50-10 Un câble porte un courant fondamental de
aussi utilisés comme convertisseurs de fréquence . 870 A à 60 Hz et un 5e harmonique de 124 A . Calculer
la valeur efficace du courant qu'indiquerait un ampère-
Ces nouveaux équipements de haute puissance auront
mètre .
un impact majeur sur la gestion de la puissance et sur
la qualité de l'onde livrée aux clients . De plus, ils per- 50-11 Dans le problème 50-10, calculer la plus
mettront d'améliorer la stabilité des réseaux en contrô- grande valeur possible du courant crête .
lant rapidemment les perturbations . Enfin, ils offriront
50-12 En se référant à la Fig . 50-8, calculer la
la possibilité d'utiliser, à leur pleine capacité, les équi-
capacitance des condensateurs et l'inductance des in-
pements et les lignes de transport existants .
ducteurs sachant que la fréquence est de 60 Hz.
50-13 Dans la Fig . 50-11, calculer la valeur crête de
la tension fondamentale ligne à neutre si la tension aux
bornes du condensateur est de 3400 V .
PROBLÈMES - CHAPITRE 50
50-14 En se référant au compensateur série de la Fig .
Niveau pratique
50-17, on sait que EA = 6,9 kV, EB = 7,4 kV, X = 1,2 S2
50-1 Quelle est la différence principale entre un thy- et que les deux tensions sont en phase . Le compensa-
ristor et un GTO? teur peut développer une tension maximale de 1,5 kV,
et son courant nominal est de 800 A . Déterminer :
50-2 Pourquoi ne peut-on pas utiliser un GTO dans
un convertisseur MLI dont la fréquence de découpage a) la puissance active maximale que la région A peut
est de 8 kHz? fournir à la région B, par phase
50-3 Un conducteur portant un courant de 60 Hz con- b) la tension Ec que le compensateur doit alors géné-
tient aussi un 23e harmonique . Quelle est la fréquence rer
de l'harmonique ?
50-15 Expliquer le principe de fonctionnement d'un
50-4 Un interrupteur à semi-conducteurs composé de UPFC .
deux thyristors tête-bêche porte un courant efficace de
50-16 Dans la Fig. 50-21, calculer le courant qui cir-
684 A, 60 Hz . Calculer la valeur crête du courant cir-
cule dans la ligne de transport à 150 kV lorsque le con-
culant dans un des thyristors .
vertisseur débite sa puissance nominale monophasée
50-5 Nommer quatre types de perturbations qui peu- de 20 MW à 66 kV. Le rendement global du convertis-
vent affecter un réseau . seur est de 97 % et le facteur de puissance de la ligne à
150 kV est de 0,96 .
50-6 Un convertisseur triphasé à 6 pulsations est ali-
menté par une source à c .c . de 2400 V. Calculer la va- 50-17 Une charge de 6700 kW est raccordée à un
leur efficace (approx .) de la tension ligne à ligne . compensateur shunt qui est alimenté par un accu-
mulateur fonctionnant à 240 V . Si l'énergie stockée est
50-7 Dans le problème 50-4, calculer le temps maxi-
de 40 MJ, calculer la capacité minimale en ampères-
mal requis pour interrompre le courant .
heure de l'accumulateur .
50-8 Expliquer le principe de fonctionnement d'un
50-18 Dans le problème 50-17, lors d'une interrup-
TCSC à contrôle continu .
tion momentanée, pendant combien de secondes l'ac-
50-9 Expliquer ce que veulent dire les termes sui- cumulateur peut-il fournir la puissance requise à la
vants : a) surtension de manoeuvre («switching surge») ; charge, avant que sa tension commence à baisser rapi-
b) soustension temporaire («brown-out») ; c) gonfle- dement?

1178 ÉLECTROTECHNIQUE

Niveau avancé a) le courant de ligne et la tension que le compensa-


teur doit développer lorsque la tension de la source est
50-19 En se référant à la Fig . 50-41, nous désirons
maintenir une tension triphasée de 24 kV ligne à ligne de 26 kV
à l'entrée d'une usine qui absorbe 7,2 MW à un fac- b) la puissance nominale du compensateur
teur de puissance de 100 % . L'artère d'alimentation a c) Si la tension de l'artère diminue momentanément,
une réactance de 5 S2 par phase, et l'on sait que la ten- quelle valeur minimale peut-elle atteindre avant que le
sion de la source peut fluctuer entre 24,5 kV et 26 kV . compensateur ne soit plus capable de maintenir la ten-
Le convertisseur ne peut pas absorber ni débiter une sion de sortie à 24 kV?
puissance active à long terme . Calculer :
APPENDICES

A-1 CONVERSION DES UNITÉS DE MESURE


A-2 PROPRIÉTÉS DES MATÉRIAUX ISOLANTS
A-3 PROPRIÉTÉS DES CONDUCTEURS (ET ISOLANTS) USUELS
A-4 PROPRIÉTÉS DES CONDUCTEURS RONDS EN CUIVRE
A-5 LA MACHINE ASYNCHRONE : RELATIONS FONDAMENTALES

1179

1 180 ÉLECTROTECHNIQUE

TABLEAU A-1 CONVERSION DES UNITÉS DE MESURE

Lorsqu'on circule dans le sens de la flèche, on mul- 7 kW-h = 7 x 3,6 x 1000 x 1000 J
tiplie par le chiffre associé ; = 25,2 x 10 6 J = 25,2 MJ
lorsqu'on circule dans le sens contraire, on divise .
Exemple 1-17

Les exemples suivants illustrent la méthode . Convertir 777 calories en kilowattheures .


Exemple 1-16
Solution
Convertir 7 kilowattheures en joules . En utilisant la même charte, on doit traverser 4 flè-
ches, dont 3 dans le sens opposé à la flèche . On obtient
Solution
donc :
En se reportant à la charte intitulée ÉNERGIE, on doit
traverser 3 flèches afin de passer de kilowattheure à 777 calories = 777 x 4,184 - 1000 _ 1000 = 3,6
4
joule ; en appliquant la règle, on obtient : = 9,03 x 10- kW .h

DENSITÉ DE FLUX
CHAMP MAGNÉTIQUE
oersted De I tesl a
TI
f 2,02 10
ampère-tour par pouce I 79,6 kilogauss I
; 3 9,37 1000
I ampère par mètre A/m
I 106 `gauss
I
6,45
ligne par pouce carré
15,5
CHARGE
microtesla MT I
I
I ampère-heure A •h I
3600
Icoulomb C

ÉCOULEMENT
1018
mètre cube par second e 3/s I
Iattacoulomb BC I 35,3
6,24 pied cube par seconde I
I charge sur un électron I 1000 + 6,23
(gallon (CAN) par seconde
I
4,55
CONDUCTANCE décimètre cube par seconde d 3/s i

Isiemens S I 1
+1 I litre par seconde i
I mho I

Chartes de conversion reproduites avec permission ; copyright© 1972, 1988, 2000, LES ENTREPRISES SPÉRIKA LTÉE








APPENDICE A-1 1 181

ÉNERGIE FORCE MAGNÉTOMOTRICE MASSE VOLUMIQUE

Ikilotonne TNT I I ampère A I I livre par pouce cube


I
I j 1 27,68
1,167 .10 6
Iampère-tour I I tonne par mètre cube t/m3 I
,4 1,257 1

Ikilowattheure ~ Igilbert I gramme par cm3 I


3,6 1

Imégajoule MJ 1000 kilogramme par litre


j 62,4
IBritish thermal unit Btu I
I
1000 livre par pied cube I
j j 1,055 16,02
Ikilojoule kJ I Ikilogramme par mètre cube kg/m3 I
1000
Icalorie I
4,184
Ijoule J I PRESSION ET CONTRAINTE

LONGUEUR I kgf/mm 2 I
Inewton-mètre I I 9,81
j1 I mille
mégapascal MPa I
1,609
Iwatt-seconde I Ikilomètre km I
10
I 1000
bar I
6,24 xI 10 t8 , 1,02
mètre m I
1000 kgf/cm2 I
3,28
Iélectronvolt eV
I Ipied I 2 (psi) I
lbf/po
12
I pouce I 6,89
kPa
I kilopascal I
2,54
ÉNERGIE MASSIQUE f 7,5
IBtu par livre I I centimètre crn 1
1000 I millimètre de mercure (0°C) I
10+
j 2,326 I
kJ/kg I
I millimètre MM
Pa
Ikilojoule par kilogramme 39,37 I pascal I

106 Imil (0,001 pouce) I


par mètre carré
I newton
I

Inanomètre nm I
FORCE 10

I I angstrom
Ikilogramme-force kgf PUISSANCE

1
mégawatt MW
livre-force Ibf 9,806 I I
4,448
10100 I Btu par seconde I
(newton NI
1,055

I kilowatt kW I
1,34
horsepower HP I
FLUX MAGNÉTIQUE MASSE
1000
Iweber Wb I Imégagramme mg I calorie par seconde I
1
j
4,184
10 6 tonne tI
1 1000 + 1,102
I watt
1
W I

microweber iWbl tonne (2000 livres) I joule par seconde I


100 907
1
maxwell I kilogramme kg I
I I newton-mètre par seconde I
1000
+1 .205
i 2
I ligne de force I I livre lb I
pied-livre-force par minute I
22,6
milliwatt mW I
I

Chartes de conversion reproduites avec permission ; copyright© 1972, 1988, 2000, LES ENTREPRISES SPÉRIKA LTÉE




1182 ÉLECTROTECHNIQUE

RÉSISTIVITÉ SUPERFICIE VITESSE

1 mètre par seconde m/s I


1 exaohm-mètre Exnt-m I mille carré
2,59 2,237
10 18 kilomètre carré k 21 mille par heure I

j 100 j 1,467
I ohm-mètre S2-m hectare ( I 100 Ipied par seconde I
100 1 2,47
8 '
ohm-centimètre acre kilomètre par heure
I I
4047 27,8
109 Imicrohm-centimètre I I centimètre par seconde cm/s I
1 metre carré
6,015 10,76 1,97
ohm-circular mil par pied I pied carré I Ipied par minute
I
1,662 10 4 ; 144
I nanohm-mètre nt2 .m I pouce carre I
6,4516
centimètre carré cm 2 1
VOLUME
100
I millimètre carré m2 1
I mètre cube m3 1
1,97 1,308
MCM kcmil 1 verge cube I
TEMPÉRATURE
27

I degrés Celsius °C I 10 8 I mil carré 1 1 000 pied cube


1,273 j 1000 j6,23
I
X11,8 +273 circular mil cmil galion (CAN)
507 1,201
I C/F I (kelvins KI micromètre carré µm 2 1
gallon (E .U.) 4,546
3,785
1
+32 décimètre cube dm 3 1

litre
Idegrés Fahrenheit - Fi
1000 61,02
pouce cube I
Exemple
16,4
1
100 °C = 100 +273 = 373 kelvins I centimètre cube cm3 1
68 °F = (68 - 32) - 1,8 = 20 °C
I millilitre 1

MASSE ET FORCE D'ATTRACTION TERRESTRE

MASSE FORCE D'ATTRACTION TERRESTRE


kilogramme (masse) kilogramme (force)
I

Chartes de conversion reproduites avec permission ; copyright© 1972, 1988, 2000, LES ENTREPRISES SPÉRIKA LTÉE

APPENDICE A-2 1183

TABLEAU A-2 PROPRIÉTÉS DES MATÉRIAUX ISOLANTS

propriétés électriques propriétés thermiques propriétés


mécaniques

ISOLANT rigidité constante température conductivité masse notes


diélectrique diélectrique d'opération thermique volumique

MV/m OU kV/mm W/(m-°C)

air sec 3 2000 0,024 1,29


azote (N2) 3,5 0,024 1,25 gaz à
hexafluorure de 30 0,014 6,6 0 °C
soufre (SF6) à 400 kPa 101 kPa
hydrogène 0,17 0,09
oxygène 0,025 1,43

amiante solide 1600 2000


laine d'amiante 1600 400
askarelEt , pyranol'~® 12 120 1560 liquide synthétique

caoutchouc 12 à 20 65 0,14 950


époxy 20 3,3 130 0,3 1600 à2000
huile minérale 10 110 0,16 860
mica 40 à240 500 à 1000 0,36 2800
mylarAA 400 150 - 1380 un polyester
nylon 16 150 0,3 1140 un polyamide
oxyde de 1400 2,4 - une poudre
magnésium (MgO)
papier imprégné 14 120 0,17 1100
polyamide 40 3,7 100 à 180 1100
polycarbonate 25 3,0 130 0,2 1200
polyéthylène 40 2 .3 90 0,4 930
chlorure de 50 3,7 70 0, 8 1390
polyvinyle (PVC)
polyimide 200 3 .8 180 à 400 1100
polyuréthane 35 3,6 90 0,35 1210
porcelaine 6 1300 1,0 2400
silicone 10 250 0,3 1800 à2800
teflon 20 260 0,24 2200
verre 100 600 1,0 2500

1 184 ÉLECTROTECHNIQUE

TABLEAU A-3 PROPRIÉTÉS DES CONDUCTEURS (ET ISOLANTS) USUELS

propriétés électriques propriétés mécaniques propriétés thermiques


matériaux [symbole]
résistivité c ff masse limite contrainte chaleur conductivité température
p volumique élastique de rupture massique thermique de fusion

composition ni2 m nSO m MPa MPa J/(kg °C) W/(m-°C)


à 0°C a 20 `C ( 1

aluminium [AI] 26,0 28,3 4,39 2703 21 62 960 218 660

argent [Ag] 15,0 16,2 4,11 10 500 230 408 960

constantan 500 500 -0,03 8900 410 22,6 1190


54%Cu, 45%Ni, 1%Mn

cuivre [Cu] 15,88 17,24 4,27 8890 35 220 380 394 1083

fer [Fe] 88,1 101 7,34 7900 131 290 420 79,4 1535

graphite/carbone [C] 8000 à 30 000 -0,03 -- 2500 710 3600

laiton 60,2 62,0 5 8300 124 370 370 143 960


70%Cu . 30%Zn

manganine 482 482 ± 0,015 8410 20 1020


84%Cu, 4%Ni, 12%Mn

mercure [Hg] 951 968 0,91 13 600 140 - 39

molybdène [Mo 49,6 52,9 10 200 690 246 138 2620

monel 418 434 1,97 8800 530 690 530 25 1360


30%Cu, 69% Ni, 1 %Fe

nichrome 1080 1082 0,11 8400 690 430 11,2 1400


80%Ni, 29%Cr

nickel [Ni] 78,4 85,4 4 47 8900 200 500 460 90 1455

or [Au] 22,7 24,4 3,65 19 300 69 130 296 1063

platine [Pt] 98 106 21 400 131 71 1773

plomb [Pb] 203 220 4,19 11 300 15 130 35 327

tungstène [W] 49,6 55,1 5,5 19 300 3376 140 20 3410

zinc [Zn 55,3 59,7 7100 70 380 110 420

eau pure [H 2 0] 2,5 1000 4180 0,58


x 10 14
air 1,29 994 0,024

hydrogène [H] 0,09 14 200 0,17



APPENDICE A-4 1185

TABLEAU A-4 PROPRIÉTÉS DES CONDUCTEURS RONDS EN CUIVRE

Numéro Diamètre mS2/m


Section ou
de jauge gou
du fil nu 52/km
AWG/ kg/km
B&S mm mil cmil 25°C 105°C

250 MCM 12,7 500 126,6 250 000 0,138 0,181 1126
4/0 11 .7 460 107,4 212 000 0,164 0,214 953
2/0 9,27 365 67,4 133 000 0,261 0,341 600
1/0 8,26 325 53,5 105 600 0,328 0,429 475
7,35 289 42 .4 87 700 0,415 0,542 377
6,54 258 33,6 66 400 0,522 0,683 300
5,83 229 26,6 52 600 0,659 0,862 237
5,18 204 21,1 41 600 0,833 1,09 187
4,62 182 16,8 33 120 5 1,37 149
4,11 162 13,30 26 240 1,32 1,73 118
3,66 144 10,5 20 740 7 2,19 93,4
3,25 128 8,30 16 380 2,12 2 .90 73,8
2,89 114 6,59 13 000 2,67 3,48 58,6
2,59 102 5,27 10 400 3,35 4,36 46,9
2,30 90,7 4,17 8 230 4,23 5,54 37,1
12 2,05 80,8 3,31 6 530 5,31 6,95 29,5
1,83 72,0 2,63 5 180 6,69 8,76 25,4
1,63 64 .1 2,08 4110 8,43 11,0 1 5
1,45 57,1 1,65 3 260 1 ,6 13,9 14,7
1,29 50,8 1,31 2 580 1 4 17,6 11,6
1,15 45,3 1,04 2060 ,9 22,1 9,24
18 1,02 40,3 0,821 1 620 21,4 27,9 7,31
0,91 35,9 0 .654 1 290 26,9 35,1 5,80
0,81 32,0 0,517 1 020 33,8 443 4,61
21 0,72 2 ,5 0,411 8 2 42,6 5 8 3,66
0,64 25,3 0,324 6 0 54,1 70,9 2,89
0,57 22,6 0,259 5 1 67,9 88,9 2,31
0 1 20,1 0,205 404 8 0 1 2 8
0,45 17,9 0,162 320 108 142 1,44
0,40 15 .9 0,128 253 137 179 1 14
27 0,36 14,2 0,102 202 172 225 0,908
0 .32 12 .6 0,080 159 218 286 0,716
0,29 11,3 0 .065 128 272 354 0,576
30 0,25 1 0 0,0507 100 348 456 0,451
0,23 8,9 0,0401 79,2 440 574 0,357
0,20 8,0 0,0324 64,0 541 709 0,289
33 0,18 7,1 0,0255 50,4 689 902 0,228
0,16 6,3 0,0201 39,7 873 1140 0,179
0,14 5,6 0,0159 31,4 1110 1450 0,141
36 0,13 5,0 0,0127 25,0 1390 1810 0,113
37 0 .11 4,5 0,0103 20,3 1710 2230 0,091
0,10 4,0 0,0081 16,0 2170 2840 0,072
39 0,09 3,5 0 .0062 12,3 2820 3690 0,055
40 0,08 31 0,0049 9,6 3610 4720 0,043

A5
La machine asynchrone :
relations fondamentales

Cet appendice constitue un complément au chapitre 35 le flux de fuite of, . La chute de tension x 1lp est tou-
sur le moteur asynchrone . Nous y développons les for- jours faible par rapport à la tension E l ; par conséquent,
mules de base qui décrivent le comportement de la Ev est presque égale à Et . Cela nous permet de dépla-
machine lorsqu'on fait varier la tension et la fréquence . cer la branche d'excitation en amont de la réactance x 1 ,
La Fig . A5-1 montre le circuit équivalent d'une phase soit entre les bornes 2 et N (Fig. A5-2) . De plus, on
d'un moteur asynchrone . Elle correspond à la Fig . 35- élimine la résistance Rf car son effet est négligeable
sur la performance du moteur .
5, chapitre 35 . Les réactances de fuite x l et x2 sont
associées aux flux de fuite off, et 0f2 . La réactance mu- Ces modifications influencent légèrement le compor-
tuelle Xm est associée au flux mutuel 0m, lequel est tement du moteur, mais elles mettent en évidence ses
créé par le courant magnétisant Im . caractéristiques principales . Ainsi, on peut combiner
les réactances x 1 et x 2 en une seule réactance de fuite x .
La tension Ev entre les points 2 et N est égale à la
Celle-ci correspond essentiellement à la réactance de
somme des tensions induites par le flux mutuel Om et
fuite du moteur, rapportée au stator .
Au lieu de résoudre le circuit à partir de la source Es ,
nous étudierons plutôt le circuit situé à droite de la ten-
Off 0f2 sion Ev . L' amplitude de la tension Ev sera contrôlée en
ajustant la tension E s de la source pour compenser la
faible chute de tension r1 lp .
Le glissement traditionnel s est égal à (n s - n)/n s =
ng/ns , où ng est la vitesse de glissement . On peut donc
remplacer la «résistance de puissance» r 2/s par
r2 r2 r2ns
s ng/ns ng

Cette façon de représenter la résistance de puissance


Figure A5-1 est montré à la Fig . A5-2 .
Circuit équivalent d'un moteur à rotor bobiné où tous les
éléments sont rapportés au primaire (stator) . Procédons maintenant à l'analyse de ce circuit .
1186

APPENDICE A-5 1187

Figure A5-2 Figure A5-3


Déplacement de la branche d'excitation et élimination de la Circuit équivalent lors du décrochage .
résistance Rf .

A5 .1 Flux mutuel dans le moteur résistive de x ohms. En désignant la vitesse de glisse-


Tout comme dans un transformateur, la relation entre ment lors du décrochage par le symbole n g d, on peut
la tension appliquée et le flux mutuel dans un moteur écrire :
est donnée par l'équation r_ r,ns
=x
Ev = 4,44 fN0m (A5-1) S A„d

Ev = tension par phase, en aval de r l [V] r2 ns
f = fréquence [Hz] soit n ed _ (A5-3)
X
N = nombre de spires effectives, par phase
0m flux mutuel par pôle [Wb] ou

4,44 = constante (valeur exacte= n 2) ngd = vitesse de glissement lors du décrochage


[r/min]
En réarrangeant les termes on obtient
ns = vitesse svnchum [dmin]

Ev r2 = résistance équivalde du rotor rapportée au


1
(A5-2) stator [0]
0m 4,44 N f x = réactance de fütinK eur rapportée au sta-
L' équation A5-2 indique que le flux mutuel dépend du tor [S2]
rapport (EvIf) . Tant et aussi longtemps que ce rapport Examinons de plus près la cation de ngd lorsque
est gardé fixe, le flux mutuel demeurera constant . Ce- la tension et la fréquence mot On se souvient que
pendant, on peut diminuer le flux en réduisant Ev /f,
soit en baissant la tension Ev, soit en augmentant la 131f
's = éq . 33-1
fréquence f . En général, il est préférable de maintenir P
le rapport égal à EsN/fN , où EsN et fN sont respective- et que
ment la tension et la fréquence nominale du moteur . Le z = 2zfL éq . 22-7
rapport Ev / f s'exprime en volts par hertz. Comme nous
le verrons plus loin, ce rapport sert à exprimer les ca- où L est l'inductance de fiînedemoteur rapportée au
ractéristiques du moteur asynchrone . stator . On peut donc écs

A5.2 Décrochage : vitesse de glissement 'f


Un moteur asynchrone décroche lorsque le couple at-
r,n, 1
ng d = _
teint sa valeur maximale . Pour une tension Ev donnée, X
cette condition se produit lorsque la résistance r 2/s (ou
soit
r2nslng ) atteint une valeur numérique égale à la réac-
tance de fuite x . La Fig . A5-3 montre le circuit du mo-
teur dans ces circonstances . On constate que la résis- (A5-4)
tance de puissance (r2/s) possède alors une valeur



1188 ÉLECTROTECHNIQUE

L'équation A5-4 révèle que pour une machine asyn- on trouve que l'impédance Zd de la branche 2-3-N est :
chrone donnée, la vitesse de glissement n g d est une
constante . Elle dépend uniquement de la résistance r2 Zd=Vx 2 +x 2 =x ~2
du rotor, de l'inductance de fuite L et du nombre de
Le courant I, lors du décrochage a donc une valeur Id
pôles p . Notamment, n g d est indépendante de la ten-
donnée par
sion et de la fréquence appliquées au stator . C'est un
résultat assez remarquable . La constance de ngd nous Id = Ev /Zd
incite à la choisir comme vitesse de référence .
Ev
La vitesse nd lors du décrochage est donnée par soit Id = (A5-5)
x~_
2
nd = n s - ngd
Si l'on exprime Id en fonction des paramètres du mo-
où ns est la vitesse synchrone alors en vigueur . teur on obtient :
Exemple A5-1
Un moteLlr asy nchrone de 4 piles possède une réac- Id = Ev éq . A5-5
xF
tance de fuite de 6,4 S2 lorsqu'il est alimenté à une
fréquence de 50 Hz . Sachant que la résistance . du Ev
rotor rapportée ati stator est de 1,2 t2 . calculer : 2tcfL 1 _
2
a) la vitesse de glissement lors du décrochage soit
b) la vitesse de rotation lors du décruch ire lorsque
le moteur est alimenté par une source de 217 V à (A5-6)
34 Hz

Solution Lorsqu'on connaît Ev , L et f, on peut facilement calcu-


a) Vitesse de glissement lors du décrochage : ler la valeur du courant de décrochage Id . Il n'y a pas
de restriction sur les valeurs de Ev et f, sauf que, pour
19,1 r2 éviter la saturation, le flux mutuel ne doit pas dépasser
= eq. A54 n gd
sa valeur nominale .
pL
19,1
= x 1,2 Rappelons que le courant Id représente le courant
= 281 r/min
6,4 rotorique ramené au stator. Le courant total tiré par le
4 x
2,r x 50 moteur est supérieur à Id car il comprend le courant de
magnétisation I,,, .
b) Vitesse synchrone à une fréquence de 34 Hz :
A5.4 Décrochage : valeur du couple Td
120f eq. 33-1 La puissance Pr fournie au rotor lors du décrochage
us =
p (Fig . A5-3) est donnée par :
120 x 34 = 1020 r/min 2
4 Pr =ld x

Vitesse de rotation lors du décrochage sous une ten- Donc, pour une phase, le couple Td lors du décrochage
sion de 217 V, 34 Hz : est donné par :

nd = ns - ngd
9,55P r
T = éq . 33-9
= 1020 - 281 = 739 r/min lis
A5 .3 Décrochage : valeur du courant donc
rotorique Id
En se référant à la Fig . A5-3, où la résistance de puis- 9,55 Ià x
Td =
sance possède toujours une valeur résistive de x ohms, ns



APPENDICE A-5 1 189

Sachant que glissement s = (n s - n)/n, pour décrire la vitesse du


Ev moteur. Enfin, on prenait comme autres bases le cou-
éq . A5-5 ple nominal TN et le courant nominal IN du moteur.
xF
on obtient Cependant, maintenant que l'on peut faire varier la fré-
quence et la tension, il est préférable de prendre comme
2
base, non pas la vitesse synchrone n, mais plutôt la
9,55 Ev X
vitesse de glissement n gd lors du décrochage . De plus,
xF
• = au lieu de choisir le couple nominal comme base de
ns référence, on utilise le couple de décrochage Td . Enfin,
d'où on utilise le courant de décrochage Id comme courant
de référence .
= 4,77 E~
(A5-7) En effet, en choisissant ngd, Td, et Id comme bases de
ns x référence, on simplifie de beaucoup le calcul des vites-
On peut exprimer Td en fonction des paramètres du ses, des couples et des courants sous charge .
moteur, comme suit : Dans cette optique, nous définissons un nouveau para-
• mètre, appelé facteur de glissement g . Il est égal au
4,77 E~ rapport de la vitesse de glissement ng sous charge et de
• = éq. A5-7 la vitesse de glissement du décrochage ngd . On peut
ns x
donc écrire :
4,77 EE
(120 fl ng - ns - n
I (2#L) g= = (A5-9)
p J n gd ns - nd
soit, pour une phase :
où les symboles ont la signification habituelle .
T - 6,33 x 10-3 p I,Ev )2
'

d (A5-8a) Exemple A5-2
L tf
Un moteur à 6 pôles alimenté par une source a
63,3 Hz décroche à une vitesse nd de 1030 r/min .
Dans le cas d'un moteur triphasé, le couple de décro-
Lorsque le moteur fonctionne sous charge à une fré-
chage total est trois fois plus grand, soit :
quence de 71 .4 Hz, on constate que sa vitesse est de
1373 r/min . Calculer le facteur de glissement g .
0,019 x p
Td3 = (A5-8b)
L f l2
I Ev Solution
Vitesse de glissement n g d lors du décrochage:
On constate que le couple de décrochage demeure cons-
tant pour autant que le rapport Ev /f soit constant . Donc, ngd = ns - nd
tout comme dans le cas du courant de décrochage, le
= 120 x 63,3 - 1030
couple de décrochage reste constant lorsque le flux mu-
6
tuel est maintenu constant .
= 1266 - 1030 = 236 r/min
A5.5 Facteur de glissement g et choix des Vitesse de glissement ng sous charge :
grandeurs de base
Dans les années précédant l'arrivée des variateurs de ng = n s - n
vitesse, la fréquence appliquée aux moteurs asynchro-
= 120 x 71,4 -1373
nes était fixe, soit généralement 60 Hz ou 50 Hz . 6
Comme la vitesse synchrone n s était constante, elle = 1428 - 1373 = 55 r/min
servait de base de référence. De plus, on misait sur le





1190 ÉLECTROTECHNIQUE

Le facteur de glissement sous charge est donc : alors


Ev g
9
55 n9 - = 0,233
Il = (A5-12)
n gd 236 xN 1+g 2

Mais on se souvient que le courant de décrochage Id


A5 .6 Courant I. en fonction de g
est donné par :
On a vu (Fig. A5-2) que l'on peut exprimer la résis-
tance de puissance sous la forme r2 n s /n g . D'autre part,
Id = Ev éq . A5-5
lors du décrochage
x12
r2 ns = n gd x éq . A5-3
En combinant les équations A5-5 et A5-12 on obtient :
et le facteur de glissement g est donné par :
g = n g ln gd éq . A5-9 (A5-13a)
En combinant ces deux expressions on obtient le ré-
sultat : On peut donc exprimer le courant I l en fonction du
courant Id et du facteur de glissement g .
rzns x
(A5-10) La valeur normalisée de I l est donnée par l'expression
ng g

On peut donc exprimer la résistance de puissance en


(A5-13b)
fonction de la réactance de fuite x et du facteur de glis-
sement g . Cela est mis en évidence dans le circuit de la
Fig. A5-4 . Notez que g peut prendre n'importe quelle Cette expression est illustrée graphiquement à la Fig .
valeur, positive ou négative . A5-5 .
L'impédance de la branche 2-3-N est donnée par :
Exemple A5-3
1.e courant de décrochage I, i d'un moteur asynchrone
Z =' est de 359 A et la \ itesse de glissement n , d est de
g 115 r%min . Le tluz mutuel clamt constant, c ilculer le
courant rotorique lorsque la vitesse de glissement
(A5-11) /I est de 4 : r/min .
V
g
Solution
Le courant I l dans le rotor est donc :
Le facteur de glissement est :
Il = EvIZ
g = ng - 45
- = 0,391
ngd 115

on peut donc écrire :

Il
éq . A5-13b
Id

il 2(0,391) 2
359 1 + (0 .391) 2
Figure A5-4 d'où Il = 185 A
Circuit équivalent lorsque le facteur de glissement g (au lieu
du glissements) est utilisé comme paramètre variable .


APPENDICE A-5 1 19 1

1,400

.)
.U
(P

Ago
1,200

1,000
Il
Id
0,800
et
T
Td
0,600

0,400

0,200

0,000
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5

S = ng/ngd .)
.U
(P
Figure A5-5
Courbes normalisées montrant la relation entre le couple relatif T/Td et le courant relatif Il/Id, en fonction
du facteur de glissement n g/n gd .

A5.7 Couple T en fonction de g ple de décrochage Td et du facteur de glissement g :


En se référant de nouveau à la Fig . A5-4, la puissance
fournie au rotor est donnée par : T = Td' 2g (A5-15a)
11 + g2

P r = I1 La valeur normalisée de Test donnée par l'expression


(g

Le couple T est donc : T _g 2


(A5-15b)
g2
Td 1 +
T _ 9,55 Pr = 9,55
2
ns ns lxl
g L'équation A5-15b nous permet de tracer la courbe du
couple relatif T/Td en fonction du glissement relatif g
En utilisant la formule A5-12 on obtient : (= ng/ngd) . Cela donne le deuxième graphique de la
Fig . A5-5 .
T = 9,55 Fv g
(A5-14) Les graphiques de TITd et Il /Id en fonction de g sont
ns x(1+g2 ) universels en ce sens qu'ils s'appliquent à n'importe
Ensuite, en combinant les équations A5-14 et A5-7 on quel moteur asynchrone polyphasé . En effet, dès que
obtient une expression du couple Ten fonction du cou- l'on connaît le couple de décrochage Td, le courant de




1192 ÉLECTROTECHNIQUE

décrochage Id et la vitesse de glissement n gd, on peut sont respectivement la tension nominale ligne à neutre
déterminer le couple T, le courant I l et la vitesse de et la fréquence nominale du moteur . Cela assurera que
glissement n g, pour n'importe quelle condition de fonc- le flux mutuel ne dépassera pas la limite admissible .
tionnement du moteur. 3) En utilisant les données du problème et en appli-
quant les équations (A5-9), (A5-13b) et (A5-15b), dé-
A5 .8 Relation linéaire entre T et n 9
terminer les valeurs du facteur de glissement g, du cou-
En regardant la Fig . A5-5, on observe que le graphique rant I, du couple T et de la vitesse de glissement n g .
T/Td vs g est presque une droite entre l'origine et le
point donné par T/Td = 0,6 et g = 1/3 . Il s'ensuit que 4) Pour une vitesse donnée, soit pour un facteur de glis-
dans cette région linéaire, T/Td = 1,8 g . Dans un sys- sement ng, les valeurs du courant I et du couple T peu-
tème à vitesse variable, la région comprise entre g = 0 vent aussi être obtenues graphiquement à partir des
et g = 1/3 correspond sensiblement à la plage de fonc- courbes de la Fig . A5-5 . Inversement, on peut détermi-
tionnement normal . Par conséquent, la relation entre le ner g et donc la vitesse pour un couple T donné .
couple T et la vitesse de glissement ng peut être expri- A5.10 Liste des symboles
mée par la formule approximative :
Aux fins de référence rapide, nous donnons ici la liste
des symboles utilisés dans cet appendice .
T = 1,8 gT d
T = couple développé par le moteur triphasé, par
( 4,77 E, phase [N m]
= 1,8 1 n9
n gd ns x Td couple de décrochage, par phase [N m]
~ 1
p = nombre de pôles sur le moteur
2
L inductance de fuite du stator plus celle du
n E rotor, rapportée au stator [H]
( g
= 8,59
rznslx ns x f fréquence appliquée au stator [Hz]
fN fréquence nominale du moteur [Hz]
Le couple s'exprime donc comme suit en fonction des X réactance de fuite du moteur, rapportée au
paramètres du moteur : stator [S2] (x = 2itfL)
r, résistance du stator [f1]
z 2 r2 résistance du rotor rapportée au stator [S2]
(Ev p ng courant tiré de la source [A]
T= 596 x 106 (A5-16) IP
f I x r2 Il courant tiré par le rotor, rapporté au stator [A]
1m courant magnétisant [A]
La formule A5-16 est valable pour tout moteur asyn- Id courant de décrochage [A]
chrone pour autant que le glissement n g <_ 1/3 ngd, ou ES tension ligne à neutre aux bornes du stator
encore que T 5 0,6 Td . ESN tension nominale du moteur ligne à neutre
De plus, il n'y a aucune restriction sur les valeurs de Ev tension ligne à neutre, en aval de r, [V]
Ev , r2 , n s ou ng , sauf que le flux mutuel ne doit pas El tension ligne à neutre, induite dans le stator
dépasser sa valeur nominale pour éviter la saturation . par le flux mutuel On, [ V]
N = nombre de spires effectives sur le stator, par
A5 .9 Résumé phase
Dans cet appendice, nous avons développé plusieurs Om flux mutuel par pôle [Wb]
équations qui sont représentées par les deux graphi- n s - vitesse synchrone [r/min]
ques de la Fig . A5-5 . Afin de consolider le tout et pour n vitesse de rotation du moteur [r/min]
résoudre un problème quelconque, nous suggérons la nd vitesse de décrochage [r/min]
procédure suivante : n g = vitesse de glissement [r/min]
1) À partir des données du problème, déterminer les ng d = vitesse de glissement lors du décrochage

valeurs de ngd, Id et Td, en utilisant les équations (A5- [r/min]


4), (A5-6) et (A5-8) . g = ng/ngd
2) Vérifier que le rapport Ev/f EsN/fN, où ESN et fN
RÉPONSES AUX PROBLÈMES
NOTE : Les réponses données ci-après ont été arrondies pour donner une précision
dé e 2 %. Les réponses précédées du symbole ~ ont une précision de ± 5

Chapitre 1 Chapitre 8
2) 3,0 x 103; 4,3 x 106; 3,0 x 10- 4; 7,52 x 10-7 ; 5) 392 N la) -E1+RI=0; 1b) El +RI=0 ; le) El +RI=0;
6) 2,94 kJ ; 7) 7840 W; 10,5 hp; 8) 90,9%; 5 kW; 9) 60 N •m ; ld)-E1+E2+RI=0 ; 2)+8A; 5a)-5A; 5b)-13A;
10) 25,2 kW; 12) 2374 hp ; 15) 62,1 % ; 16) 2238 W ; 1,81 kg; 5c) + 9 A ; 6a) + 5 A; 6b) + 4 A ; 6c) + 0,897 A ; 6d) + 9,17 A;
45,4 L; 1 .21 ha; 186,8 N ; 15,14 L ; 1,52 m; 7,62 cm ; 17) 94,2 GJ; 7a)I1=+14,6A ;12=+2,3A;13=-16,9 A;
18) 10,5 t; 19) 48 TJ; 20) oui; plus élevée; 21) 2,7 kW; 7b) I1= -2 A; 12=-8A;13=+10 A; 8a)11=+14,6A ;13=-16,9 A ;
22) 53 kW; 23) 11,1 kW; 24) 117 m3/min ; 25) 0,05°C ; 8b) I1=-2A;13=+10 A;
26) 13,9°C ; 27) 66°C ; 28) 52 070 Btu ; 7,6 h; 29) 1,067 ; 0,8; 0,73; 9) R1 = 73,2 4 ; R2 = 68,2 4; R3 = 37,2 52 ; R4 = 21,452 ;
30) 7,5 m ; 31a) 25 m 2; 31b) 4 p.u. x 9 p .u . ; 31c) 36 p .u . 10) 10 n; 11) 0,574 A; 12a) 10 mû ; 12b) 15 625 W; 13) 1 A; 4 A, 28 V;
32a) 4047 m2; 32b) 63,6 m ; 32c) 1,0 acre ; 33a) 62,5 A; 14) 2,375 A; 15) 8 0 ; 16) 6 A; mêmes valeurs; 17) 1 A ; 18) 42 V;
33b) 3,84 U ; 34a) 2 p .u . ; 34b) 2 p .u . ; 35a) 3,5 p.u.; 35b) 3,13 kW 20) 2880 W ; 400 Q

Chapitre 2 Chapitre 9
10a) 82 protons; 10b) 82 électrons ; 10c) 125 neutrons 11) 1 an ; 12) 64 ans ; 13) 560 V 14a) 300 kV; 14b) 75 kV;
14c) 5 kV; 15) 14,3 mm
Chapitre 3
13) 4 kV; 14) 200 mA; 15) 2 Q ; 16) 8 n; 17) 24 A ; 18) 2,4 A ; Chapitre 10
19) 28 V; 20) 120 V; 21) 2,4 kV; 22) 13,1 A; 23) 254 V; 24) 10 kit 13) 10 400 cmil ; 1020 cmil; 14) # 9 ; 15) # 10 ; 16) 1,77 Q;
17) 253,2 mm 2; 18) oui ; - 25% plus grand ; 19) #6 ;
Chapitre 4 24) 200 kW ; 125 MW; 25b) 750 000 A2-s; 27) 295,8 cmil ;
6) 0,5 A; 7) 7,5 A; 9) 90 W; 1 Oa) 4 A; 30 52; 28) 7,39 km; 21,3 kg ; 29) 4,8 cmil; 1,6 cmil ; 30) 35,7 Q;
1Ob) 3,5 A; 367,5 W; 1,32 MJ ; 11 a) 10 W; 11b) 1000 W ; 12) 5 V; 31) 1,33 û; 19,2 kW 32) 3,42 0 ; 33) 0,172 N ; 1,08 N ;
13) 6,6 kW; 10 hp ; 14) 141,4 V 34) 2,22 MW; 13,2 MW; 10,3 MW ; 35a) 2259 W; 35b) 20 W;
35c) 2239 W; 36) 123 A; 37) 199,6 S2 ;
Chapitre 5
38) 37,4 kN ; 8405 Ibf; 39)86°C; 40) 100 4 ; 41 a) 2,81 mm ;
1) 107 Q; 2) 20 Q; 4) 0 V, 40 V; 7) 8 ; 8) 11,25 W ; 9) 0,476 A; 5,67 W;
41 b) 51,5 kW; 42) 424 A; 43) 8,47 m/h ; 44) 78,9 kW ; 45) 22,1 Umin ;
10) 90 V; 450 W; 11) 12 0 ; 12,5 A; 12) 40 V; 10 A ; 8 A; 13) 13,04 4;
47) 731'C- 48) 32 ; 49) 2400°C ; 0,75 A ; 50a) 334 MJ; 50b) 30,4 MJ ;
14) 81,25 V; 39,06 W; 15) 17,5 Q; 16) 8,25 kV; 17) 9 V; 72 V; 27 V;
51) 428 A ; 52) 12,7 kA ; 53) 10,3 kA ; 54) 340°C ; 55) 5,4 mV
36 A; 27 A; 9 A; 8 A ; 1 A; 18) 24 V; 96 V; 72 V; 192 V

Chapitre 6 Chapitre 11
6) 37,5 A ; 30 h; 300 A; 7) 12,88 V; 8) plomb : 70; NiCd : 120;
8) 10 mA; 9a) 2,5 Q ; 9b) 2 mit ; 10) 7490 Q ;
11) 2,85 Mit; 2,85 W; 12) 20 W; 4 mW; 13) 500 NA ; 14a) 120 V; 9) oui ; 1,28; 10) 1,5 û ; 11) 4 piles en série; 12) 12 piles
(3 groupes de 4 en série) ; 13) 1200 L; 14a) 510 kJ ;
14b) 40 V; 90 V; 15) 119,9 V; 16) 40 V et 80 V; 18) ± 0,3 V; ± 3,2% ;
19) non, erreur = ± 8% ;
14b) 23,6 A •h 14c) 23,6 h; 15) 1,67 an ;
16) 420 kJ/kg ; 1940 kJ/dm3; 18) de 180 kg à 310 kg ;
Chapitre 7 ; ;
19a) 156 A•h 1,3 A•h 19b) 0,32 mû; 20) 5670 kg ; 70 piles; 175 A;
2a) E13 = + 60 V; 2b) E23 = -140 V; 3a) E16 = + 80 V; 21a) 72 m3; 21b) 83 groupements en parallèle de 141 piles en
3b) E25 = - 80 V; 3c) E25 = 0 V; 3d) E24 = 0 V; 3e) E14 = + 200 V; série; 22a) 36% ; - 320 V; - 700 A
4)+20V;0V;-30V;+30V; 5)+10A;O A ; -10A;O A;
6) + 2 V/s ; 0 V/s; -5 V/s; + 6 V/s ; - 1 V/s ;
Chapitre 12 Aucune réponse
7) + 1 A/s; 0 A/s ; -2 A/s; 0 A/s, + 1 A/s; 8a) - 9,14 V/s ; Chapitre 13
8b) -4,57 V/s; 8c) - 2,28 V/s ; 9a) +0,57 V/s; 9b) + 1,7 V/s ; 4) sud; 5) 1250 A; 6) 1 est positif; 7) répulsion ; attraction si
9c) + 1,7 V/s ; 1 Oa) + 5 V/s; 1 Ob) - 30 V/s ; 1 Oc) + 10 V/s; on inverse les bornes; 8a) A : 1000 A; _B : 400 A;
11 a) 0 V/s ; 11 b) - 314 V/s; 11 c) + 272 V/s 8b) A : 12,5 W; 8 : 17,5 W ; 8c) B; 8d) répulsion;
10) 250 spires fil # 9 ; oui; 11 a) 9,1 mT; 11b) 3,2 mT,• 13) 17,5 m ;
14) 12,69 Us ; 15a) 50,4 kA; 15b) 327 V; 15c) 785 kW

1193

1194 ÉLECTROTECHNIQUE

Chapitre 14 Chapitre 21
9) 0,2 m2 ; 10) 1,2 T; 11) 3000; 12) 2000 A; 13a) 1 kA/m; 5) 25 s ; 6) 40 V; 8a) 88,5 nF; 8b) 248 nF; 9a) 4 µF ;
13b) 2 kA/m ; 13c) 1120 kA/m ; 14a) 1120; 512 ; 14b) 1120; 560 ; 9b) 800 V; 200 V; 10) 2,4 A; oui; l l a) 5µF ; l l b) 79µF ;
14c) 320 ; 160; 15) 2400 A; 16) 1,6 T; 160 µWb ; 17) 70 µWb ; 11 c) série : 840 V; parallèle : 600 V; 12) 56,9 kJ/m 3; 13)144000;
18) 0,625 µWb; 19) 250 000; 2500 ; 25 ; 19b) 0,61 T; 20) 18 A; 15a) 600 s ; 15b) 420 s ; 15c) 90 J ; 16)64 ; 17a) 6,57µF;
21) 42 A ; 22) 70 A ; 23a) 4800 ; 23b) 1,0 ; 24) 3360 A ; 25) 9,3 A ; 17b) 80 kV; 24,5 kJ; 18) 0,825 x 2,525 m ; 19a) 16,7 MS2;
26a) 170,8 kA; 26b) 2512 A; 0,7 T; 26c) 11 kA; 26d) 184,3 kA; 19b) 25 W ; 20) 30 gC; 21a) 80 kV; 21b) 0,24 J ; 22) 52,5 nF ;
26e) 70,9 A; 27a) 525,5 kA total; 202 A ; 27b) oui ; 1,6 T; 23)-1,8µF
27c) 50,6 kW; 28a) 10 A; 28b) 0,628 m ; 28c) 15,92 A/m ;
28d) 19,9 µT; 28e) 20 µT; 29) 0,47 T Chapitre 22
10)84,9 V; 11) 14,1 A; 12) 417 S2 ; 14) 5 4 ; 2,5 4; 15) 3183 4 ;
Chapitre 15 16a) 53 4 ; 16b) 1,19 A; 16c) 0 W; 16d) 74,8 var; 17) 0,146 A;
2) 0 kA/m; 100 kA/m ; 200 kA/m ; 5) 600 A; 7) 7,2 J ; 16 var; 18a) 150 kvar ; 18b) 10,42 A ; 18c) 1382 S2; 18d) 1,92µF ;
8) 52 000 T •A /m ; 3,1 J; 11) 216 W; 12) 0,1 mJ/mm3 ; 18e) 398 J ; 18f) 150 kW ; 19) 3,18 mH ; 20a) 259 A;
13a) 1,1 T; 2,75 mWb ; 13b) 6000 A ; 14a) 200 cm2 ; 14b) 1280 A; 20b) 4,33 H ; 291 kJ ; 21) + 433 W; + 500 W; + 433 W; 0 W; - 500 W;
14c) 640 cm3 ; 15a) 57,6 N; 115,2 N ; 15b) sud 0 W; + 500 W; (+) indique que le condensateur absorbe de
l'énergie ; 22a) 0,25 Hz ; 22b) 1000 W; 22c) 2000 J ; 22d) 500 W;
Chapitre 16
22e) 70,7 V; 22f) 70,7 V; 23) 0,125 Hz ; 1000 W ; 4000 J ; 500 W ;
5) vers le haut; 6) nord à gauche ; 7) vers le lecteur;
70,7 V; 70,7 V; 24) 83,3 Hz ; 1000 W; 9 J ; 750 W; 86,6 V; 86,6 V;
8) vers le bas; vers le haut; 9) horaire; horaire ; 10) 1000 N ;
25) 37 700 A/s à t = 0 s ; 27a) 0,269 µF; 7,0 A; 27b) 483 kvar;
11) 12 N ; 90 N •m; 12) 1,08 N ; 4800 N; 13) 150 N ; 14) même sens ;
27c) 97,6 kV; 28) 1281 J lorsque la tension est max.; 29a) 58 Q;
16) 9,42 N ; 17a) 4,87 x 10-
4 mm 2 (#50); 17b) 705 A ; 17c) 0,284 T;
29b) 2,9 kV ; 29c) 385 J; 30a) 1257 4 ; 30b) 3771 S2; 31) 44,8 4 ;
17d) 4,1 iN•m
32a) 84,3 pH ; 32b) 31,8 mQ; 32c) 44,5 V; 33a) 5,84 mH ;
Chapitre 17 33b) 70 spires; 33c) 250 mm2 ; 33d) 17,8 mm ; 33e) 22,7 mS2
1) 1 Wb ; 9) 30 V; non ; 11) 20 V; 13) 20 Hz ; 50 ms;
Chapitre 23
14) 3600 r/min; 15a) 480 V; 15b) 120 V; 15c) 480 V ; 16) négative;
1a) 100 mm; 1b) 60 r/s; 1c) 16,67 ms ; 2a) 40 mm ; 2b) 4 r/s ;
17) négative; 18) 419 V
2c) 250 ms ; 3a) 30 mm ; 3b) 5000 r/s ; 3c) 0,2 ms;
Chapitre 18 4) antihoraire ; 5a) quelconque ; 5b) 20 ms ; 5c) 5 ms ; 1,67 ms;
4) 1,8 V; 5a) 1590 V; 5b) 9750 V; 6a) 0,68 T; 6b) 0,8 V,- 111 µs; 150 ms ; 6a) 5 mm = 1 mA ; 6b) 90° ; 1,8° ; 36 000° ;
9) négative; 10) négative; 11) négative; 12) positive 7a) Ea: 90° ; 72°; Eb : 3510°; 2808°; 7b) Ea 18° en avant de Eb ; Ea
18° en arrière de Eb ; 9a) 17 A à + 28°; 9b) 17 A à + 152° ;
Chapitre 19 9c) 17 A à - 28°; 9d) 17A à - 152° ; 1 Oa) 17,3 A à - 30° ;
5) 4 H ; 6) 0 A; 10 A ; 7) -15 V; 9) 100 V; 1 Oa) 540 V; 10b) 26,5 A à + 19° ; 10c) 26,5 A à - 161 ° ; 10d) 17,3 A à + 150° ;
1 Ob) 54 J; 11 a) 324 kJ ; 11 b) 24 V; 11 c) 4,5 s; l l a) 5,66 V à+ 45°; l l b) 16,5 V à+ 76° ; l l c) 46,8 V à+ 160° ;
12a) 1 V; 5 V; 10 V; 12b) 11 V; 7 V; 2 V; 12c) 1 W; 25 W; 100 W; l l d) 16 V à- 90° ; 12) 15 A à 0° ; 8 A à+ 90° ; 13) 10,9 A à 106° en
12d) 11 W; 35 W; 20 W; 13a) 200 V; 13b) 240 V; 14) 300 52 ; arrière de I5 ; 14b) + 8 A; 0 A; - 4 A; 15b) 0 A; + 15 A; - 15 A ;
15) 52,8 mH ; 16) 30 V; 17) 0,6 A; 48 A; 361 A ; 21,6 kA; 16b) - 9,33 A ; 8,66 A ; 5 A; 16c) - 8,66 A ; - 5A ; + 8,66 A;
18) 0,594 A ; 25,83 A ; 34,29 A; 34,29 A; 19) 10 H, 20 H; 17a) 90° en arrière ; 17b) 60 ° en avant ; 17c) 150° en arrière ;
20) 72,9 mH; 21) 80,8 mH ; 22) 69,8 mH ; 23b) - 4 V; 2 V; 18a) 120° en arrière ; 18b) 120° en avant ; 18c) 120° en avant;
24a) - 1,15 A ; - 0,7 A; 24b) - 9,4 A; 25b) 36 A; 0 A ; 23,6 A; 19b) à 6 ms: E12 = + 654 V ; E23 = + 141 V; E31 = - 795 V;
27a) 800 V; 27b) 1600 V; 27c) 0,4 H ; 27d) 0,8 H ; 28a) 114 µs ; à 100 ms : E12 = 0; E23 = - 735 V; E31 = + 735 V;
28b) 75,4 A ; 50,9 kV; 28c) 17,7 kV; 29) 50 V; 30) 10 V; à 27 min : E12 = 0 ; E23 = - 735 V; E31 = + 735 V; 20) 50 Hz;
31 a) 3,16 H ; 31 b) 12,6 H; 63 s ; 32a) 119 H; 32b) 118 H ; 382 s; 21 a) 15 à 210' ; 21 b) - 13 - j 7,5; 22a) 17 Z -61,9° ; 22b) 8 + j 15 ;
34) 80,4 pH 23a) 50 Hz ; 23b) 601 V; 24a) 106 V; 24b) 75 V; 25a) 180 à 120° ;
25b) - 90 + j 155,9; 26a) 845 à 261,6° ; 26b) 5 à 126,8°
Chapitre 20
6a) 25 mJ ; 6b) 25 kW; 6c) 25 mJ ; 7) 8 µJ ; 8a) 80 mJ ; 120 mJ ; Chapitre 24
8b) 40 mJ ; 9a) 286 V; 9b) non ; 10a) 1 MV/m; 1 Ob) 3 µN ; vers A; 3) Figure 24-26: 5 A ; 2A; 5,38 A à - 21,8°; Figure 24-27 : 6 A; 4 A ;
11) 30 kV; charge trop faible; 12a) 0,32 pN ; 12b) 0,08 pN ; 7,21 A à + 33,7° ; Figure 24-28 : 6 A ; 4 A ; 2 A à - 90°; Figure 24-29:
13a) voir Fig. 20-17; 13b) 1300 kV; 650 kV; 14) 556 kWh ; 6 A ; 2 A; 4 A; 6,32 A à + 18,4° ; 4) 10 4 ; 5) 18,6 4 ; 16,6 S2; 60 S2 ; 1912 ;
15a) 360 m ; 15b) 14,64 km; 15c) 225 A; 16) 8 x 10-13 kg; 7,9 pN; 6a) 25 4 ; 5 £2 ; 37 S2 ; 6b) 4 A ; 2 A; 4 A; 6c) Figure 24-30 : 28 V, 96 V;
17a) 310 pN ; 17b) 39,5 fois; 18a) 1,2 MV/m; 18b) 1,48 MV/m; Figure 24-31 : 80 V; 90 V; Ficiure 24-32 : 140V; 48 V;
18c) 0,987 MV/m ; 18d) non; 18e) 4865 V 7a) voir 24-5 ; 7b) voir 24-3 ; 8a) 60 A ; 8b) 0,8 A ; 9a) Fiqure 24-33 :

RÉPONSES AUX PROBLÈMES 1 195

174,9 V; 313,8 V; 5,83 A; Figure 24-34:30 V; 50 V; 2 A; 1,05 A ; Chapitre 28


Figure 24-35:125 V; 75 V; 3,125 A ; 9b) Figure 24-33 :-13,9' ; 9a) 221 V; 9b) 13,8 kW ; 9c) 540 W ; 9d) 13,26 kW ; 17,8 hp;
Figure 24-34: + 71,6°; Figure 24-35: - 53,1'; Figure 24-36: 0,33 A; 10a) 1533 A ; 10b) 1,85 52; 12a) rentre dans la page ; 12b) 2 vers 1 ;
1 Oa) 2 A; 178 V; 1 Ob) 2,98 A; 26,3 V; 1 Oc) 0,27A ; 239 V; 12c) le couple est inversé, la f .c.é.m . demeure la même;
10d) 0 A ; 240 V; 11) 78,2 mH ; 12) 2,91 A ; 291 V; 13a) R et C ; 13a) 2925 A ; 13b) 2400 A; 14) 144 V; 9,58 V; 15a) 94% ; 11,4 kW;
13b) 85,4 Q à -69,4°; 14) 5,38 A à - 21,8° ; 15) 2,5 A à - 90°; 15b) 8,2 m52; 223 V; 15c) 9,88 A ; 15d) 3,9 A ; 16a) 150 kW; 825 kW;
16c) 3,125 A à 96,9°; 2,5 A à -120°; 1,875 A à 150° ; 1020 kW; 66 kW; 16b) 44,6 kN •m; 55 kN•m ; 30,3 kN •m ; 39,3 kN-m ;
E13 = 125 V à 6,9° ; E32 = 75 V à -120° ; 17a) 5 - j 5 ; 17b) 5 + j 5; 16c) - 2,5 s ; 16d) 7% ; 16e) 7,7 kWh; -12 cents ;
17c) 10 52 ; 17d) résistive ; 17e) 10 A à 0° ; 17a) 0,48 52 (induit compris) ; 17b) 30 kW; 1,9 kW ; 0 kW;
18) 14,14 A à - 45° ; 10 A à 0° ; 10 A à - 90° ; E34 = 100 V à - 90° ; 18a) 0.96 S2; 18b) 45 kW; 8,4 kW ; 0 kW; 18c) 75,9 kW ; 9 fois;
19a) 10 52; 19b) 10 A à 0° ; 19c) 100 V à + 90° ; 19d) 270° ; 20) 4 encoches /pôle ; 6 bobines ; 21) non ; 22a) 17,8 kg •m 2;
20) 720 Hz ; 12e harmonique 22b) 140 kJ ; 22c) 70 kJ ; 23a) 16,7 MJ ; 23b) 73 s;
28) 180 r/min ; 50 kW ; 29) Ri = 0,4 Q; R2 = 0,2 52 ; R3 = 0,1 S2 ;
Chapitre 25
R4 = 0,05 52; 400 r/min ; 600 r/min ; 700 r/min ; 750 r/min ; 775 r/min
2)100 kvar capacitif ; 5) 0% ; 0%; 100% ; 6)130 kVA ; 92,3% en avant ;
7a) 320 kW ; 7b) 240 kvar ; 8a) 1200 W; 8b) 500 var ; 8c) 1300 VA ; Chapitre 29
8d) 92,3% arrière; 9a) 3842 var ; 9b) 5000 var ; 9c) 768 W; 7) 132 kW, 550A; 8) 17,0 kW; 9) 1181 A; 10a) 92°C ;
9d) 1388 VA ; 9e) 55,3% avant ; 1Oa) 0; 1Ob) 100% ; 11 a) 2 kW; 1Ob) 80°C; 1Oc) non; 12) 82,9% ; 13) 10,4 kW; 14 hp;
11b) 0 ; 12a) 12,6 kvar; 12b) 27,1 kVA ; 12c) 88,6% ; 13) 900 var; 14) 155°C ; 145°C; 129°C ; 15a) 138,7 °C ; 15b) 107,6 °C; 15c) non ;
14a) 28 kW; 14b) 31,8 kVA ; 14c) 88,2% arrière ; 15) 51,4 4; 16) 133°C ; 17a) 2,28 A/mm2 ; 17b) 13,5 W/kg ; 18)58,7 W/kg;
16) 833 A; 17a) 10 kvar; 17b) 28 kW ; 17c) 70,1 A ; 18a) 339 A ; 19a) 60 Hz ; 19b) 421 W ; 20) - 26 kW; 21 a) 70°C; 21 b) 90°C ;
18b) 109,1 kV; 18c) 8,7 + j 26,1 ; 18d) Eposte est 3,7° en avance sur 21c) - 320 W; 22) 765 h ; 23a) 68%
Echarge ; 19) Z = 35,6 S2 ; I est 24,9° en arrière de E;
20) 25,6 kW ; 100,8 kvar; 104 kVA ; 21 a) A_ : absorbe 62,7 W et gé- Chapitre 30
nère 374,8 var; 21 b) B : génère 120,9 W et absorbe 146,6 var ; 11) 120 V; 12) 60 kV; 13a) 110,4 V; 13b) 22,1 A ; 13c) 0,353 A;
21c) 57,8 W; 21d) 227,4 var 14) 2420 W; 11 A; 22 A ; 15) 50 A; 1250 A; 16a) 2 A; 16b) 2,83 A ;
16c) 1414 A; 16d) 0,90 mWb ; 17) 471,3 A ; 0,3 mWb ;
Chapitre 26 18a) 360 V; 30 A; 18 A; 18b) 10,8 kW; 18c) 10,8 kW; 18d) 33,3 52 ;
1) 4157 V; 2a) E ., : + 100; 0; - 50; - 50; + 86,6; 19) 1,88 mWb ; 21 a) 144 V; 21b) 2,25 mWb; 22a) 0 V; 22b) 520 V;
2c) Eb2 : - 50 ; + 86,6; + 100; - 50; - 86,6 ; 3) oui ; 4a) 358 V; 26a) 72 4 ; 26b) 0,1152 S2; 26c) 937,5 A; 23,4 kA ; 27a) 126,4 V;
4b) 23,9 A; 4c) 25,6 kW; 5a) 694 A; 5b) 13,2 kV; 5c) 9,16 MW; 27b) 5,22 A; 94,9 A; 28a) 470 kW; 28b) 470 kW; 99,1 % ;
5d) 27,5 MW ; 6a) A - C - B ; 7) 26 kVA ; 8) 120 V phase-phase ; 29) ONAF; 32) 9 mWb ; 34a) 84,1 4; 34b) 3% ; 34c) 0,0234 Q;
11 a) 12,9 kW ; 11 b) 6,49 kW ; 12) monophasée ; 13) 41,6 A ; 34d) 3% ; 34e) 977 W; 34f) R = 0,013 p.u .; X = 0,0275 p .u . ;
14a) 16052 ; 14b) 48052; 15) 0,9 S2 ; 16) 8 4; 17a) 90% ; 35a) 1,9 52 ; 36,6 52; 35b) 435,6 S2 ; 35c) 8,42% ; 36) 99,2% ;
17b) 62,4 kVA; 17c) 37,3 kvar ; 17d) 80,1 % ; 37) - 780 MVA
18a) 14,6 kW; 7,78 kvar; 16,5 kVA ; 18b) 270 V; 19a) X - Z - Y;
20a) 6096 VA ; 20b) 82% arrière; 21 a) 21,3 kW; 21b) 18,1 kW; Chapitre 31
21 c) 63,9 kW h; 23a) 5 A; 23b) 19,9 kvar; 5a) 300; 5b) 5 fois; 6a) 1 A ; 6b) 29 A; 7a) 1300 kVA;
24) lampe raccordée à Z ; 25) 20 kW; 26a) 18 A; 26b) 130 A; 7b) raccorder H2 et Xi ; 9a) 91,7 kVA; 9b) raccorder H2 et X2;
26c) 72,2 A; 27) 18,3 A; 28) Ean = + 100 V; Eb n = - 50 V; 10) 12,4 mA ; 11) 0,776 A ; 12a) 104,8 kvar; 12b) 115,8 µF ;
E cn =-50V;Ea b=+150V;Eb c =OV;Eca =-150V; 12c) 116,7 A; 13) 756 V; 14a) 2 A; 14b) 240 V; 14c) 0,75 ;
29) Ean = + 86,6 V; Ebn = 0 V; E cn = - 86,6 V; Ea b = + 86,6 V; 14d) 1,50 mWb; 14c) 0,374 mWb ; 15a) 0,1 A ; 15b) 12 V;
Eb c = + 86,6 V; Eca = - 173,2 V; 30) R = 5,76 S2 ; XL = 7,68 4; 15c) 0,6 ; 16a) primaire : H1, X2; secondaire : H1, H2;
31 a) 15,6%; 31 b) 88,4 A 16b) 72 kVA ; 17a) 0,45 V; 17b) 2,25 mV; 17c) 250 A/5A ;
18a) 2,98 A ; 18b) 38 kW ; 19,86 kvar; 18c) 27,6°;
Chapitre 27 19a) même connexion que dans le problème 31-16 ;
3c) vrai; 3d) 46; 11 a) 103 V; 11b) 288 W; 11c) 10,4 N •m ; 19b) 25 kVA ; 20a) rapport min = 2 ; rapport max = 6; 20b) 4;
12a) E augmente de 20% ; 12b) E change de polarité; 20c) 6 A au primaire; 1 A au secondaire
12c) E augmente de moins de 10% ; 12d) E o change de polarité;
13a) 5000 A; 13b) 7800 A; 14) 2 A ; 15) El = 7 V; E8 = 0 V;
16) 10 V; 0 V; 17) 276,5 V ; 18a) 12 ; 18b) 150 A;
19) 70,6 mWb ; 20) 2,53 ms ; 21a) E34 est (-) ; 21b) 35 est négatif
par rapport à 34; 22a) 291,6 V; 22b) 0,436 T; 22c) 0,53 ms

1196 ÉLECTROTECHNIQUE

Chapitre 32 22b) + 0,2 en moteur ; - 0,2 en génératrice; 23a) classe D;


2a) 21 A ; 433 A ; 2b) 21 A; 250 A ; 3a) 1506 A ; 3b) 65 kA; 23b) même température ; 24) la méthode utilisant le courant
4) 30,6 kA; 2,18 kA; 5a) 1278 A; 5b) oui, le courant ne devrait continu ; 25a) 794 kg ; 63,5 kg-m 2; 25b) 810 r/min ; 353 N •m ;
pas excéder 1050 A; 6a) triangle-triangle; 25c) 950 N-m ; 25d) 950 - 890 - 830 - 740 - 565 - 353 N •m ;
6b) lignes : 577 A; 48 A ; enroulements : 333 A ; 27,8 A ; 7a) 1890 V; ;
26a) 920 N•m 26b) 1,3 s; 26c) 11,3 kJ ; 26d) 101 kJ ; 26e) 7,3 s ;
7b) 236 kVA ; 8a) non ; 8b) 433 kVA ; 9a) E12 = 346 V; E23 = 600 V; 27a) 133 r/min ; 27b) 11 ; 27c) - 340 A ; 27d) 50 t; 27e) 728 MJ ;
E31 = 346 V; 10e) 1867 A ; 1 Ob) 800 A; 1067 A ; 27f) 39 min ; 27g) 91 kW.h ; 28a) 40 kW ; 28b) 2,1 4 ; 28c) - 40 kW;
11) 529 V; 19° en avance ; 12) 346 V; 30° ; 13a) 50A; 50 A; 29a) 140 Hz; 29b) 54 kW ; 29c) 24 kvar; 29d) 65,6 A ;
13b) 52 kVA ; 14) IS = 16,7 A ; IC = 83,3 A; 15a) 180 V; 15b) 5 A; 29e) 100 HP; 29f) pertes dans le fer beaucoup plus élevées
15c) 5 A ; 16a) 345 kV; 16b) 378 kV; 17) 18,8 MVA (environ 5 fois) ; pertes dans le cuivre plus faibles ; 30a) 8 km/h ;
30b) 733 kPa; 30c) - 440 A (FP= 90%; rendement = 97%)
Chapitre 33 30d) 28 kW; 31 a) 53 kN'm; 31 b) 0,292 ; 3330 kW ; 31 c) 2360 kW;
10a) 360 r/min ; 10b) non; 11) 20 ; 12) 900 A ; 150 A; - 45 A ; 31 d) 970 kW; 31 e) 657 V ; 17,5 Hz ; 31f) 852 A
15a) 600 r/min ; 15b) 564 r/min ; 16a) 3 V; 45 Hz;
16b) 0,67 V; 10 Hz ; 16c) 1 V; 15 Hz ; 17a) 15 A; 90 A ; - 6 A; Chapitre 35
17b) 882 r/min ; 812 N'm; 18) 97,3 A; 19a) 120 V; 30 Hz ; 2a) 7,2 kN •m ; 2b) ;
114 kN •m 3a) 12 ; 3b) 6,9 mH ;
19b) 60 V; 15 Hz; 19c) 960 V; 240 Hz ; 20a) - 8,66 A; + 8,66 A ; 0 A; 4) 5 hp: 7,33 V/Hz ; 5000 hp: 115 V/Hz 5a) 50 A ; 50 N •m ;
20b) phase A: 86,6 A; phase B: 86,6 A ; phase C : 0 A; ;
5b) 50 A ; 50 N •m 5c) 71,4 A; 71,4 N •m 5d) 57,1 A; - 57,1 N
•m
20c) oui ; 21) 3; encoche 1 à encoche 8 ; 22a) 23,56 m/s; 5e) 28,6 A; 28,6 N •m 6) lorsque r2 double, ngd double
22b) 3,3 V; 22c) 196,3 mm ; 23a) 87,9% ; 23b) 2300 kW ; 7a) 6,67 Hz; 7b) 68 A; 8a) 37,73 Hz ; 8b) 1062 r/min;
;
23c) 34,5 kW; 23d) 2250 kW; 30,2 kN •m 96% ; 24a) augmente; 9a) 5,049 Q ; 9b) 810,9 r/min ; 9c) 45,4 A; 9d) 331 N •m 10e) oui ; ;
24b) diminue ; 24c) diminue ; 24d) diminue; 24e) augmente ; ; ;
10b) -365 N•m 10c) 35,8 N •m 11) 26,7 52 ; 202 52 ;
24f) augmente; 26) 1500 A; 75 N ; 27) 20 N ; 28) 38 kW; 12a) ri = 0,412 ; r2 = 0,5 Q ; x = 1,48 il ; 12b) 267 N •m ;
29a) 4,49 mit ; 68,9 m4; 29b) 1067 V; 40 Hz; 16 V; 0,6 Hz ; ; ;
13) 14 N •m 35,5 N •m 14a) 265,6 V; 14b) 4,43 V/Hz;
29c) 1035 kvar; 29d) 2067 W; 29e) 50 kW; 29f) 599,92 r/min ; ;
14c) 1,61 mWb ; 15a) 85,6 N •m 15b) 1440 r/min; 15c) 1450 r/min
30a) 18,6 Mvar; 30b) 670 kW; 30c) 1498 kW ; 30d) 0 ; ;
au lieu de 1440r/min ; 66,9 N •m au lieu de 85,6 N •m 15d) 224,5 V;
;
30e) 23,8 kN•m 31 a) 0,34 0; - 1900 kW 31b) - 390 A ; ;
66,8 N •m 16a) 160 S2 ; 16b) 102,3 A ; 16c) 1712,6 r/min;
32) 265 mm; 33a) inchangé ; 33b) 1786 r/min (voir pages 510,511) ; ;
16d) 29,1 kN •m 17a) 9,48 kN; 1773 kW; 2377 hp;
33d) augmente légèrement ; 33f) augmente de 48% ; 17b) 96,4 % ; 93,5 % ; 17c) 491 A; 18a) 86 Hz; 18b) 8,03 Q ; 103 D ;
33g) augmente de 22% ; 33h) augmente de 48% ; 18c) 4,63 A; 18d) 2220 r/min
33i) augmente légèrement ; 33j) augmente de 22% ;
Chapitre 36
33k) augmente de plus de 22% ; 34a) réduire le nombre de
3) 20 ; 4) augmente ; 6) 12 ; 7) 4; 9a) 50 Hz; 7,5 kV;
spires de 4 fois; 34b) augmenter de 4 fois la grosseur des
9b) 0,25 Hz; 37,5 V; 12a) 150 A; 12b) 50 A; 13) 2400 V;
conducteurs ; 34c) inchangé
14b) 9 - 90 - 661 - 720 - 692 - 450 - 243 - 0 kW par phase ;
Chapitre 34 14c) 6 0 ; 15a) 126 MW; 15c) 3500 A ; 31' en avance sur Eb ;
2) 20 000 h; 3) fort couple de démarrage non nécessaire, 15d) capacitive; 16) 271 MW, 8,23 kA; 17a) 145 Q ; 17b) 192 Q ;
glissement élevé, donc rendement faible ; 17c) 144 i2 ; 17d) 24052 ; 17e) 10 A ; 17f) 1750 V; 17g) 3031 V;
5) non; moteur gros, cher, bas rendement et FP ; 17h) 52,5 kW; 17i) 5,1 kW ; 17j) 57,6 kW; 171) 36,91 ; 18) 807 mm ;
7) oui, si la charge n'est pas trop forte ; 8a) antiexplosif; 19a) 7,3 MW; 19b) 23 °C ; 20) 0,41 T; 21) 907 MJ ; 048 MJ ;
8b) étanche aux éclaboussures ; 22) 0,46 Q ; 23a) 2,7° ; 23b) 218 mm ; 24) l'alternateur reçoit
8c) blindé avec ventilateur extérieur; 9 (1) abrité, classe B ; 42 Mvar; 25a) 24,1 MN-m; 25b) 217,9 r/min ; 65,4 Hz ;
9 (2) blindé avec ventilateur extérieur, classe B ; 26) 26,8°; 483°; 27a) 17,2 kV; 27b) - 350 A; 28) 0,23 s
9 (3) abrité, classe D; 9 (4) blindé avec ventilateur extérieur,
Chapitre 37
classe D; 9 (5) blindé, classe B; 9 (6) abrité, classe B ;
6a) 318 A; 6b) 3 S2; 7) 500 r/min; 8b) non ; 8c) la charge
9 (7) (8) abrité, classe C; (Note: les solutions données ici sont
mécanique ; 9) 1800 kW; 11) sous-excité ; 12a) 2217 kVA;
sujettes à modification dans les applications spéciales) ;
12b) 90% ; 12c) 957 kvar; 12d) 32; 13a) augmente;
11) courant au stator augmente légèrement ; FP plus faible ;
13b) diminue ; 13c) inchangée ; 13d) angle de décalage
rendement légèrement plus faible ; glissement diminue d'environ
augmente; 13e) débite ; 14a) 36,9° ; 14b) 2160 kW ; 14c) aucune ;
36% ; température augmente légèrement ;
14d) 100 % ; 15a) 300 A ; 0°; 15b) 2160 kvar; 16a) stable;
12) tous les couples sont réduits à 1/7 de leur valeur nominale ;
16b) augmente; 16c) moteur fournit Q; 16d) (X diminue;
le moteur ne peut pas entraîner la charge ;
17a) 3333 kVA; 17b) 279 A ; 17c) 5,8 kV; 17d) 1,43°;
14a) - 1200 kg; - $15 800 ; 14b) - 170 kg ; - $1780; 15a) 2,25 kW;
17e) 1450 kvar; 17f) 6950 kW; 18a) 4,72 kV; 18b) 1,78° ;
15b) 56 ; 18) - 450 V; 1740 r/min ; 19a) il peut débiter sa pleine
puissance sans surchauffer; 19b) courant d'excitation élevé . FP
;
19a) 9,75 kN•m 19b) 588 A; 20) 1,7° ; non ; 21 a) 3 Hz; 21b) 345 V;
21c) 0,5 S2; 21d) 150 kW; 21e) 143 kN •m
bas ; pertes élevées dans le fer; 22a) 3 - 2 - 1 - 0 (-1) ;

RÉPONSES AUX PROBLÈMES 1197

Chapitre 38 32c) 57,1 kvar; 33a) 20 A; 33b) 20 A ; 33c) > 40 A; 33d) 180° ;
1) 1200 r/min ; 8a) série; 8b) démarrage par condensateur ; 34a) 25,5 carreaux ; 34b) 177 mV •s; 34c) 53,6 A;
8c) série; 8d) à bagues de court-circuit ; 8e) à phase auxiliaire 34d) 220° ; 35a) 0,391 V •s ; 35b) 0,78 A ; 35c) 0,78 A;
résistive; 8f) à condensateur permanent ; 8g) synchrone ; 36a) 0,176 V •s; 36b) 8,8 A ; 36c) 200° ; 37a) 140° ; 37b) 25° ;
9a) 33,8°; 9b) 26,8 A ; 9c) 70,7% ; 12a) 0,58 A; 38a) 4,7° ; 38b) 31,3° ; 38c) 19,7° ; 39a) 60 A; 39b) 20 ms ;
12b) 86,6% ; 12c) oui ; 13a) 28,6% ; 13b) 55,3%; 13c) 79% ; 39c) 72 J ; 39d) 720 W ; 40a) 24,5 A ; 40b) 20,25 A ; 40c) 10,1 A ;
14a) 6 N •m ; 14b) 0 ; 14c) 1,35 N •m ; 14d) diminuent à 75,6% de 40d) 68% ; 41a) 4 ms; 41b) 0,14; 41c) 300 V; 41d) 0,72 A ;
leurs valeurs originales; 15a) 157,5 V ; 15b) 93,2° ; 41e) 14 A; 41f) 1,96 A ; 42a) 0,375 ; 42b) 1,125 ms; 42c) 7 mH;
16a) 1,1 x 10-3 kg-m2 ; 16b) 4,1 ms ; 2,3 ms; - 30 ms ; 17) - 11 s; 42d) 14 A ; 42e) 5,25 A ; 42f) 5,25 A; 42g) 130,5 V ; 43) 2458 V/s;
18a) 8,5 kJ; 18b) non ; 19) 8 s 44a) 10 V; 44b) - 1,5 V; 44c) - 1,5 V; 44d) 13,5 V;
45a) E14 positive ; 45b) absorbe de l'énergie ; 45c) 01 fermé ;
Chapitre 39 46a) I croît; 46b) E14 est négative; 47a) + 2,5 A ; 47b) 37,5 W;
4) 1152; 6) 30° ; 8) vrai; 9) 240 ms ; 10) 0,00175 cm; 47c) 12,5 W ; 47d) 125 W; 47e) 150 W ; 48a) - 480 V; 48b) 20 A;
lia) 144 W; 11b) 78,5 W ; 12a) 30 mN •m ; 12b) 0,79 mhp; 48c) 33,3 A durant 40 µs; 48d) 33,3 A durant 160 µs ;
12c) 1,77 J ; 13) 437,5 r/min ; 14a) 1,5 ms ; 14b) 4,5 ms ; 48e) 26,7 kW ; 49a) 0 A ; 49b) 20 A ; 49c) 9600 W; 49d) 9600 W
14c) 0,23 A; 15a)7,2' ; 15b)3,6' ; 15c)1,8' ; 16) Le moteur tourne
essentiellement à vitesse constante, donc l'effet de l'inertie Chapitre 43
n'intervient pas ; 17a) 3000 r/min ; 0,93 hp ; 17b) 13 ms; 2) horaire; 3) 91 Hz; 4a) 626 V; 4b) 169 kW ; 4c) 90 A ; 4d) 220 hp ;
17c) 154µs 8a) 200 V; 8b) 283 V; 8d) 2 A ; 9a) 31,3° ; 9b) 5,1 kvar ; 9c) 28,6A;
9d) 113 V; 10a)85,1'; 10b) 16,8 kvar; 10c) non ; lia) 343 A ;
Chapitre 40 ; 12)295V-,310V,- 13a) 150 A ; 13b) 73,8 V; 13c) 58,8 V;
11b)146'
7) le fusible; 8) le relais thermique ; 13a) 2 min ; 13b) 5 s; 13d) puissance renvoyée au réseau triphasé ; 14a) 0 V; 14b) 150 A ;
15) 208 jours ; 18a) 1,5 kN •m ; 675 N •m ; 18b) 270 N •m ; 20a) 40 s ; 14c) 15 V; 15a)100,5' ; 15b)87,3% 16a) 25,7 A ; 180 A; 16b) 700 V;
20b) 28 s; 21) 123 A; 22) 2 seulement; 23) 1260 A 17a) 192 V; 17b) 250 A; 18a) 120 A; 18b) 48 kJ ; 18c) 4 kW;
19a) 120 A; 19b) 80 A; 19c) 200 A; 19d) 160 A; 20a) convertisseur
Chapitre 41
1 agit en onduleur, convertisseur 2 en redresseur ;
1a) 36,0 A ; 1b) 60 Hz; 1c) 300 Hz; 2) 62,2 V; 3) 12,9 % ;
20b) même réponse que (20a) ; 21a) 32,4 µs ; 21b) 5,6 A;
4a) 1000 A ; 4b) 29,4 % ; 5a) 1843 kW; 5b) 48,7 kW; 5c) 110 kW;
21 c) 194,4 A; 22a) 24 V; 22b) 97,8° ; 22c) 7340 var; 23a) 44,6 A;
6a) 84,8 % ; 6b) 30,1 kW; 6c) 73,8 % ; 7) 141 A; 8a) 4163 V;
23b) 108,5 A ; 23c) 98,9 A ; 23d) 44,1 A ; 24) 160 Q ;
8b) 1082 V; 9a) 71,7 A; 9b) 7,86 A; 9c) 72,1 A ; 9d) 721 A;
25a) 384 µs ; 58,6 Hz ; 25b) ± 3,5 A ; 822 Hz
9e) 154,1 V; 10) 21 W ; 11) 1244 V; 12)58,6 ; 13a) 95,42 A;
13b) - 0 A; 13c) 18,73 A; 14a) 110 A; 14b) 0 A; 14c) 21,55 A ; Chapitre 44
15a) 70,7 A; 15b) 67,5 A ; 15c) 21,1 A ; 15d) 31,4 % ; 16a) 9,6 Q ; 3) 230 V; 30 Hz; 4a) 1620 r/min ; 4b) 8,78 N •m ; 5) 600 r/min;
16b) 1443 A; 17a) 85,6 A; 17b) 15 = 0 ; 1 3 = 24,7 A ; 10a) 8 Hz ; 10b) 42 V; lia) 49,7 ms ; iib) 12,8 ms ; 12a) 8 N •m ;
18a) 50 Hz ; 350 Hz ; 18b) 601 V; 240 V; 18c) 647 V; 18d) 601 V; 1080 r/min; 1,2 hp ; 12b) 3,5 N•m; 720 r/min; 0,35 hp; 13a) 16,5 hp;
19a) E5 = 46,8 V; E 7 = 15,3 V; E11 = 107 V; E13 = 323 V; 19b) 344 V; 13b) 39,5°; 13c) 12,4 kvar; 15a) 141 A; 15b) 422 A ; 15c) 566 V; 15d)
19c) 55,1 A; 20) 83,5 A crête; - 32,4° ; 21 a) 35,36 V; 0° ; 13,3 Hz ; 17a) 20,7 W; 17b) 36,3 W ; 18) 195 V; 19a) 3600 r/min;
21b) 31,8 V; 21c) 50 V; 21d) 15,4 V 19b) 15 kW; 19c) 337 V; 19d) 7,6 S2; 15 kW; 20) 325 µs ; 21 a) 115 V;
15 Hz ; 21 b) 85 A; 22) 31,8 A; 23) 50 V; 15 Hz ; 24a) 500 Hz ;
Chapitre 42
24b) - 563 V; 24c) 43,5° ; 24d) 77 A ; 24e) 360 Hz ;
7a) 1620 V; 7b) 200 A ; 7c) 600 A; 8a) 3240 V; 8b) 200 A ;
24f) 3000 Hz; 24g) 72,5% ; 24h) 56,1 A ; 25a) 44 V; 25b) 44 V;
9a) 540 V; 9b) 540 V; 9c) 18 A; 9d) 9 A; 9e) 9720 W ;
25c) 14 Hz; 25d) 14 Hz ; 25e) 220 W; 25f) 2,5 N •m ; 26a) 900 V;
10a) 150 V; 1Ob) 3,75 A ; 11) 45 kW ; 12) 36 W; 13a) 424 V;
26b) 992 V; 26c) 405 V; 26d) 3,17 ms ; 27a) 6; 27b) 980 W;
13b) 96,4° ; 14) non; 15) 10,8 A ; 170 V; 16a) 19,5 J ; 16b) 0,33 H ;
27c) 515 $; 28a) 240 A; 28b) 566 A; 29a) 120,3 L+ 2,3° ;
17a) 280 V; 17b) 588 V; 17c) 140 A; 17d) 46,7 A; 17e) 1 N3295;
29b) 52,9 kW; 29c) 66,1 A 30a) 120,3 z 177,7° ; 30b) - 52,9 kW
1 suffit; 18a) 560 V; 18b) 587 V; 18c) 280 A; 18d) 93 A ;
30c) - 66,1 A; 31 a) 212 V ; 31 b) 360 V; 31 c) 150 V; 31 d) 25,2 A;
18e) 1 N3295; 1 suffit ; 19) 125 ms pour créer les alternances ;
32a) 185 µF; 32b) 59,7 V; 32c) 1260 V; 32d) 2532 V
20a) 1944 kW; 20b) 0,72 kW; 20c) 99,96%
21 a) E 34 est négative ; 21 b) le courant croit ; 22a) 28 A ; Chapitre 45
22b) 170 V; 22c) 43,1 J ; 22d) 170 V; 23a) 324 V; 23b) 243 kW; 7) 1176 MW; 8) 40 400 MW; 3 fois; 11) 90,6 TWh; 12) 15,6 h ;
23c) 750A ; 23d) 5,55 ms; 23e) 612 A; 23f) 0 var ; 23g) 45,4 V; 13a) 80 MW de base et 30 MW à réserve pompée ;
24a) 24 kW; 24b) 24 kW ; 24c) 12 A ; 24d) 400 A; 24e) 300 Hz; 13b) 60 MW de base et 50 MW de pointe ; 14) 12,6 m 3/s ;
24f) 166,7 Q ; 24g) 2000 V; 25a) 0 V; 25b) 77,7° ; 26a) 40 A; 16a) 5180 t ; 16b) 57 000 t/d; 16c) 21,6 m 3/s ; 17) 0,43 m 3/s ; non;
26b) 24 kW ; 26c) aucun harmonique ; 26d) 100 % ; 26e) 0 var; 20) 550 °C ; 16,5 MPa; les matériaux ne résisteraient pas ;
28) 6,25 mH ; 29a) 339 V; 29b) 147° ; 29c) 30,4 A; 21) 18,6 x 106 MJ (ou 18,6 TJ); 620 t ; 22a) 57,5 kg; 22b) 169 MJ;
30) 2 impulsions de 150° et 5 impulsions de 120° par demi-cycle ; 23a) - 27 GJ ; 23b) - 9 t ; 23c) - 11 GJ ; 24) 1580 MW;
31a) 0,147 V •s; 31b) 21 mH; 32a) 135,2° ; 32b) 57,5 kW; 25a) 450 kN-m ; 25b) 4,7 min

1198 ÉLECTROTECHNIQUE

Chapitre 46 Chapitre 48
6) puissance réactive capacitive trop grande ; 7) - 2500; 2) 561,77 $; 4) 3227,18 $; 5) 3983,52 $ ; 6) - 4,5 TWh Plusieurs
9a) 2546 MW; 9b) 166 MW ; 9c) 6,4% ; 10) 750 A; villes de cette taille ne consommeront que 2 TWh en raison
11) lorsque R = 25 Qon a E R = 500 V; PC = 10 kW; du climat ou du niveau d'industrialisation ;
12) lorsque R = 25 Q on a E R = 588 V; PC = 13,8 kW; 7a) 104 kVA; 72 kvar; 8a) 75 kW; 52 kvar; 8b) 82% ; 9) 243 kvar;
13) aucun déphasage ; 14) ES est en avance sur ER de 26,5° ; 10) 166 kvar; lia) 62,7% arrière ; llb) 84,2% arrière ;
15a) lorsque Xc = 25 Q, E R = 750 V; 12)40,7 kvar ; 13) 1800 W; 8,3 A; 14) 5,6 kWh; 15) - 3911 TWh ;
15b) ER est toujours en phase avec E S ; 16) 40,3 kVA; 91,8% arrière ; l7a) 82,9 NF; 17b) - 0,1 m 3;
l 6a) lorsque R = 25 Q on a E R = 588 V déphasé 11,3° 17c) 1 MVA ; 18a) 2072 µF; 18b) 168 A ; 838 A ; 18c) 671 kVA;
en arrière de E S ; 16c) non ; 17a) 85 A ; 17b) 36 kvar; 17c) 36 kvar; 18d) à peu près pareil; 19a) 12,6 kWh; 19b) 756 kW; 80,4% ;
17d) 0 ; 17e) 36 kVA; 17f) 424 V; 17g) 45°; 17h) 850 V; 72 kW; 20) 10 r/min ; 21a) la vitesse augmente de 0,5% ; les indications
18a) 61,8 A; 18b) 9 kvar; 18c) 19 kvar; 18d) 10 kvar; 18e) 37,4 kVA; seront 0,5% trop hautes ; 21b) non; 22a) 2 MW; 22b) 2 MW;
18f) 605 V; 18g) 30° ; 18h) 595 V ; 35,4 kW; 19) X L = 4 Q; R = 2 Q ; 22c) 4,33 MW; 22d) 6,33 MW ; 22e) 4,66 MW; 22f) 12 MW;
2 XC = 75 kQ ; 20) 79,18 kV; 21 a) 452 M W; 21 b) 1153 A; 22g) 6,33 MW; 22h) 6567 kWh ; 22j) 7,5 MW
21 c) 160 Mvar; 21 d) 80 Mvar; 22a) ES = 66,4 kV; 22 Q ; 100 Q ;
3000 Q ; 22b) 115 kV; 22c) 119 kV; 22d) 9 Mvar; 22e) 45 A;
Chapitre 49
5a) - 41 kV; 5b) - 490 A; 6a) 150 MW; 6b) 200 A;
22f) 34,6 kW; 23a) 66 MW; 81,3 kV; 23b) augmenter ;
7a) 600 A; 57,6 MW; 7b) le courant augmente car Ed2 diminue ;
23c) diminuer; 4a) 210 A; 24b) 109 kV; 24c) 18,4°
7c) le courant devient nul ; l0a) 400 A ; 10b) - 56 kV;
Chapitre 47 11) 1800 A ; 671 Mvar; 12) 45 kW; 13) 4050 A ; 14a) 1868 mm 2;
3) 2 µQ ; 6) 17,5 kV; 8a) 19,9 kV ; 8b) 28,2 kV; 8c) nul ; 9a) 12 kA; 14b) 13,4 Q ; 14c) 43,4 MW ; 14d) 426 kV; 14e) 94,6% ;
9b) 960 MW; 4800 J ; 11) 5 et 7 ; 12 (1) ouvrir disjoncteur No 14 15a) 360 Hz ; 720 Hz; 15b) 9 Q; 12 Q; 15c) 150 kV; i6a) 17,7 A ;
(2) ouvrir sectionneurs No 15 et No 8 ; (3) fermer sectionneur 16b) 20 kV; 16c) 159 V; 17a) 4,1 MJ ; 17b) 2,0 MJ ; 17c) 0,96 MJ ;
No 11 ; 13a) 6 Q ; 13b) 21 kA; oui; leur capacité est de 32 kA; 17d) 0,66 MJ; 18a) 8,3 - j 6,0; 18b) 10 + j 1,2;
14) 1,2 Q; 3,2 mH ; 15) 25 A ; 35 A; 10 A; 0,5 A; 16) 9,7 A ; 19) 14,5° ; 20) 36,5°
17) couplage capacitif entre les conducteurs vivants et la terre ;
18) 23 s ; 19a) non ; 19b) non ; 19c) oui ; 21 b) 17,5 kA; non (12 kA) ;
Chapitre 50
2) Les pertes GTO seraient excessives; 3) 1380 Hz; 4) 967 A;
21c) oui ; 22a) 115,6 A; 124,6 A, 31,6 A; 2 A; 22b) 81,8% arrière ;
6) 1867 V; 7) 8,3 ms ; 10) 879 A ; 11) 1406 A ; 12) 221 µF ; 4,54 mH ;
23a) 799 A; 23b) 69,2 A; 90,5%
13) 2159 V; 14a) 5,52 MW; 14b) 1082 V; 16) 82,7 A ; 17) 46,3 A •h ;
18) 6 s ; 19a) 173 A; 4909 V; 19b) 2,55 Mvar; 19c) 24 kV

INDEX 1199

INDEX

-A- construction, 619, 623 API (voir automates programmables)


couple d'un, 633 Appel de puissance, 983, 1089
Abrité (moteur), 556, 559 diagramme vectoriel, 629, 633 Arc électrique, 205, 238, 259
ACEP (accumulateur à électrolyte polymère), excitation d'un, 621 sur une ligne, 1032
144 fréquence d'un, 617, 985-988, dans un disjoncteur, 1054
Accrochage, grosseur d'un, 622 Arsonval (mouvement d'), 162
des moteurs synchrones, 645 impédance de base, 626, 638 artère, 1062
du flux, 230 marche en parallèle d'un, 631 réactance d'une, 1062
Accumulateur, 132, 139-144 (voir aussi pile) montage en étoile d'un, 358, 618 Askarel, 103
ACEP, 144 puissance débitée par un, 635 Asynchrone (moteur), 524
capacité d'un, 135 rapport de court-circuit, 627 Atome, 27, 32, 1000
construction d'un, 138, 139, 142 réactance synchrone, 625 Attraction magnétique, 150
entretien d'un, 141 réactance transitoire, 637 Automates programmables, 729-748
spéciaux, 143 régulation de tension, 630 diagramme en échelle, 740
tableau d', 134 rendement d'un, 622 langage booléen, 741
Acier sur un réseau infini, 632 modules d'entrée et de sortie, 730, 735,
pertes dans l', 195, 423, 425 synchronisation d'un, 631 736
propriétés magnétiques de l', 176, 177, vitesse d'un, 617 programmation de, 734, 745
192 Aluminium, 107, 742 règle de sécurité, 739, 745
ACNOR (voir CSA) atome d', 28 unité centrale de traitement, 730, 734
ACSR («aluminum cable steel reinforced»), propriétés de l', 131 unité de programmation, 730, 734
107, 1028, 1034 American Wire Gauge (jauge AWG), 107,108 Autotransformateur, 479, 509, 512
Active (puissance), 334 Amiante, 99,103 de démarrage, 725
Addition de courants, 84 Amorçage d'un thyristor, 802 à déphasage variable, 515, 1047
de tensions, 81 Amortisseur (enroulement), 619 puissance intrinsèque d'un, 510, 511
de vecteurs, 303 Ampère, 1, 38 survolteur, 509
Aimant permanent, 156, 189 Ampère-heure, 135 variable, 486
à terre rare, 156, 190 Ampèremètre à c .a ., 284, 286 Autopiloté (moteur synchrone), 908-914
calcul d'un, 192 à c .c, 38, 62 Autosectionneur, 1071
courbe B-H, 189, 190, 195 Ampère-tour, 162, 478 AWG (voir American Wire Gauge)
pôles d'un, 150 Analogie
propriétés d'un, 149 circuits électriques et hydrauliques, 38 -B-
Aimantation circuits électriques et magnétiques, 178
Bagues, 216, 526, 617
courbe d', 175 Angle
Balais, 216, 379, 422
par influence, 153 d'amorçage, 803, 806, 808, 818, 823,
décalage des, 385
rémanente, 156 1110
Barrage, 990
Aimant temporaire, 149 d'avance$, 826, 1110
Base (d'un système), 22, 23
Alimentation à découpage, 499 de commutation u, 822, 824, 826
Batterie, 132
Allongement, 112 de marge y, 826, 1110
d'accumulateurs, 132,143
Alnico, 156,189 d'empiètement (voir angle de commuta-
de piles, 136,137
Alternateur diphasé, 356 tion)
Berceau anti-vibratoire, 670
Alternateur élémentaire, 213, 215 de retard à l'amorçage, 824
BIL, 261
Alternateur triphasé, 616 électrique, 294, 544, 635, 648, 664
BJT («bipolar junction transistor»), 828
caractéristiques en charge, 628, 633 gamma y(voir angle de marge)
Bloc d'alimentation, 499
circuit équivalent, 625 d'extinction (voir angle de marge)
à découpage, 499
commande de la puissance, 636 Anode, 785, 800
Blocage, 803
constante d'inertie H, 636 Anti-explosif (moteur), 557

1199

1200 ÉLECTROTECHNIQUE

Bobine (forces sur une), 204 génération d'harmoniques, 757, 759 Compensateur statique, 488, 1046,
Boussole, 150 génération de puissance réactive, 760 1140-1144
Bouton-poussoir, 708, 713, 717 Cheval-vapeur, 5 pour réseaux de distribution, 1161-1170
Branchement Choc électrique, 1074 Compensateur statique synchrone (voir
du distributeur, 1080 Chute d'eau (puissance d'une), 989 STATCOM)
d'un moteur, 1085 Chute de tension, 46 Compensation série, 1042-1043
British thermal unit (Btu), 21 Circuit électrique à c .a ., 280, 316 commandée par thyristors, 1144-1147
Browne & Sharpe (jauge B & S), 107 capacitif, 285 Compteur à demande, 1090
Btu (voir British thermal unit) de dérivation, 1081 Condensateur(s), 264, 266
inductif, 288 capacitance d'un, 264, 276, 277
mixte, 319 charge et décharge d'un, 239, 270, 274
- C- en parallèle, 299, 317, 321 construction d'un, 268
résistif, 281 court-circuit d'un, 276
Câble, 113, 115-118, 161, 1034, 1048 résonnant, 322-324 dimensions d'un, 266, 270
Cage d'écureuil, 525, 527 en série, 318, 319 électrolytique, 269
Caloporteur, 1002 solution par calcul vectoriel, 325-330, énergie dans un, 268
Calorie, 21 350-353 à l'huile, 268
CANDU, 1003 solution par la méthode des puissances, loi fondamentale de, 273
Capacitance, 264 342-345, 366-367, 724 normes de, 275
d'une ligne, 276, 1034, 1044 Circuit électrique à c .c ., 51 à papier, 268
formules de, 265, 276, 277 composé, 57 en parallèle, 267
unité de, 264 parallèle, 53, 56 à plastique métallisé, 268
Capacité (voir capacitance) en série, 267
série, 51
Carbure de silicium, 1061 Circuit magnétique, 170 Condenseur, 996-997
Cathode, 785, 800 composé, 181 Conductance, 57
Celsius (degrés), 2, 16 parallèle, 180 Conducteur(s), 29, 96, 107-109, 112, 119,
Cellule photo-volta que, 37 1028
propriétés d'un, 171
CEMA (Canadian Electrical Manufacturer's capacité thermique d'un), 114
série, 179
Association), 556 coefficient de température des, 111
solution d'un, 178-182
Centrales, 985 Circuit triphasé, courant admissible dans un, 114
emplacement de, 986 force sur un, 199-202
en étoile, 359, 361
hydraulique, 988 en triangle, 362 formes des, 106, 107
nucléaire, 1000 isolement d'un, 114
équilibré, 361
à réserve pompée, 991 puissance dans un, 363 jauge des, 107, 108
thermique, 992, 999 propriétés des, 108, 112, 131
Circular mil, 107
CGS (système d'unités), 183 Claquage, 100, 266 propriétés mécaniques, 112
Chaleur, 15-20 Cobalt, 156, 177 résistance d'un, 109
Champ coercitif, 188 Code canadien de l'électricité, 114, 1080 résistivité des, 110
Champ électrique, 223, 255, 260 tableau des, 108, 131
Coefficient de couplage, 493
Champ magnétique, 150, 158, 175, 223 Coefficient de surcharge, 564 tension induite dans un, 208-211
d'une bobine, 162 Coefficient de température des conducteurs, Conduction thermique, 19, 104
d'un conducteur, 160 111,131 Conductivité thermique, 19, 103, 104
sens du, 151, 159, 163 Conduite d'amenée, 992
Coffret de branchement, 1081
terrestre, 153 Cogénération, 1019 Conduite d'échappement, 992
Champ tournant, 527-530 Conjugué (d'un vecteur), 309, 350
Collecteur, 216, 379, 423
production d'un, 964 Combustion, 8, 994 Console de programmation (voir automates
commande par hystérésis, 966 Commande directe du couple, 960 programmables)
Charge, définition d'une, 48 orientation du flux, 970-971 Consommation d'énergie électrique, 1090,
Charge commande par hystérésis, 972 1096, 1099
d'un accumulateur, 140, 787, 788 variateur de vitesse, 973 Constantan, 131
d'un condensateur, 250, 271 Constante diélectrique, 265, 266
vitesse de rotation, 967
distribution électrique d'une, 254 Commande électronique Constante de temps, 235, 271, 411
électrique, 35, 48 Constante magnétique, 175
des moteurs à c .a ., 906
équilibrée, 361 des moteurs à c .c ., 873 Contact
industriel, 365 Commutateur, 166, 707, 875 normalement fermé, 711
négative, 28, 29 à cames, 707, 727 normalement ouvert, 711
passive, 806 à trois et à quatre directions, 1082 résistance de, 126
positive, 28, 29 Commutation, 382, 391 Contacteur magnétique, 709
sur un électron, 28 Commutation naturelle, 807, 823 bobine de maintien, 711
transfert de, 252, 253 Commutation (période de) 792, 822 courant d'excitation, 711
Charge non linéaire, 757 Commutation (pertes dues à la), 839-841 Contacteur électronique, 809
absorption de puissance réactive, 759, Compensateur synchrone, 652 Contrainte de rupture, 113
760

INDEX 1201

Contrôle vectoriel de moteurs asynchrones, sens conventionnel d'un, 31 des connexions, 713
952 vitesse d'un, 30 schématique, 713, 715
Contrôleur de puissance universel (voir Courant d'excitation, 377, 452, 463 synoptique, 712
UPFC) Courants de Foucault, 424, 425 unifilaire, 713
Contrôleurs statiques Courant magnétisant, 436, 492, 534 Diagramme vectoriel, 302, 306
FACTS,

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