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07/09/2020 États limites ultime et en service — Wikipédia

États limites ultime et en service


Les pièces — éléments de mécanismes ou de structures — sont soumises à des sollicitations : efforts
extérieurs, vibrations, dilatation… Elles sont en général dimensionnées selon deux critères :

l'état limite ultime, ou ELU (en anglais, ultimate limit state, ULS), qui consiste à vérifier qu'elles
ne subissent pas de déformation irréversible sous la charge, et a fortiori qu'elles ne présentent
pas de dégradation ;
l'état limite en service, ou ELS (serviceability limit state, SLS), qui consiste à vérifier que leur
déformation élastique reste compatible avec le fonctionnement.

Sommaire
Déformations élastique et plastique
Cas des sollicitations simples
Traction ou extension
Compression
Flambement
Flexion
Cisaillement simple
Torsion
Cas des sollicitations composées
Flexion + torsion
Flexion + extension ou compression
Torsion + cisaillement
Voir aussi
Bibliographie
Articles connexes

Déformations élastique et plastique


Considérons une pièce faite d'un matériau ductile. Lorsque l'on augmente progressivement la charge,
la pièce passe par trois étapes successives :

la déformation élastique : c’est la déformation non permanente que subit un matériau sous un
certain chargement; la pièce reprend sa forme initiale dès que cesse cette contrainte ;
la déformation plastique, permanente : le matériau a atteint la limite d'élasticité et la pièce ne
reprend pas sa forme initiale ;
la dégradation, prélude de la rupture.

Si la pièce est faite d'un matériau fragile, comme un verre, une céramique, un béton, un acier trempé,
une fonte non ductile, … alors elle reste dans le domaine élastique jusqu'à la rupture. Dans ce cas, la
validation à l'ELU est un critère de résistance à la rupture.

Cas des sollicitations simples


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Cas des sollicitations simples
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Pour un même matériau, cette résistance à la déformation dépend du type de sollicitation ou de


fatigue qu’il subit. Nous nous référons ici à la théorie des poutres.

Traction ou extension

Lorsqu’une pièce est sollicitée à l’extension par une force F, on


calcule sa contrainte normale σ (lettre grecque « sigma ») :

La validation à l'ELU consiste à vérifier que cette contrainte est


inférieure ou au plus égale à la résistance pratique à l’extension
Rpe :

σ ≤ Rpe

La résistance pratique à l'extension est définie :

dans le cas d'un matériau ductile, à partir de la limite


d'élasticité : Rpe = Re/s ;
Les câbles de cette grue sont
dans le cas d'un matériau fragile, à partir de la résistance à
soumis à de la traction.
la traction : Rpe = Rm/s.

où s est le coefficient de sécurité.

Sous l'effet de la traction, la pièce, de longueur initiale l0 s'allonge qu'une quantité ΔL vérifiant la loi
de Hooke :

σ = E×ε avec ε = ΔL/L0

où E est le module de Young du matériau, et ε est l'allongement relatif. La vérification à l'ELS consiste
à vérifier que la longueur finale

est compatible avec le fonctionnement.

Par ailleurs, sa dimension transverse a0 (largeur, épaisseur, rayon) diminue d'une quantité Δa
vérifiant :

Cet amincissement augmente le jeu et peut provoquer un desserrage si la pièce est sertie. La
validation à l'ELS consiste donc également à vérifier que l'ajustement final est fonctionnel.

Compression

Comme pour l’extension, une pièce courte comprimée doit avoir une contrainte de compression
inférieure à la résistance pratique à la compression du matériau
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inférieure à la résistance pratique à la compression du matériau.

σ ≤ Rpc
avec Rpc = Rec/s ou Rmc/s. Pour un certain nombre de matériaux
isotropes, les limites d'élasticité en traction et en compression
sont égales :

Rec = Re
Rmc = Rm

Ce n'est pas le cas pour les bétons et les fontes.

La déformation se fait comme pour la traction ; la longueur


diminue d'une quantité ΔL tandis que la dimension transverse
augment d'une quantité Δa, selon les mêmes équations que
précédemment (seules changent les signes des grandeurs). La
validation à l'ELS consiste à vérifier que ces variations ne nuisent
pas à la fonction de la pièce.

Un pylone travaille essentiellement


Flambement
en compression.

La charge critique de flambage, ou flambement, F est la charge


pour laquelle la pièce présente un risque d'instabilité en
compression : au lieu de simplement se raccourcir et de s'élargir, elle peut se courber. L'expression de
cette charge critique est donnée par la formule d'Euler :

E est le module de Young du matériau ;


I est le moment quadratique de la poutre ;
lk est la longueur de flambement de la poutre, ou élancement.

Si le flambage est évité, la pièce est simplement en compression. La validation à l'ELS est donc celui
de la compression.

Flexion

Dans une pièce soumise à de la flexion, la matière est soumise à


de la traction/compression. La contrainte normale maximale
vaut

avec :
Lame de scie déformée en flexion.

Mf max : moment de flexion maximal (N·m) ;


Wél : module de flexion de la section du matériau (m3).

Le module de flexion est calculé à partir du moment quadratique autour de l'axe de flexion, par
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Le module de flexion est calculé à partir du moment quadratique autour de l axe de flexion, par
exemple IGz, et la distance maximale par rapport à la fibre neutre selon l'axe perpendiculaire, Vy :

La validation à l'ELU consiste à vérifier que

σmax ≤ Rpe

Sous la charge, la pièce se déforme transversalement. Il faut donc évaluer le débattement maximal,
appelé « flèche » ƒ. Dans les cas simples, l'évaluation de la flèche peut se faire à partir de formulaires
(voir par exemple Wikibooks : Formulaire des poutres simples - Déformée), ou bien par un calcul
intégral.

La validation à l'ELS consiste à vérifier que la flèche ne dépasse pas une valeur donnée. Dans le cas
d'un axe, la flèche doit être inférieure au jeu pour ne pas provoquer de serrage. En génie civil, la
flèche admissible dépend de la longueur L de la poutre, par exemple elle vaut :

L/150 (soit 1/150 de la portée L) pour les parties d'ouvrage en console n'ayant pas à supporter
couramment une circulation (auvents, débords de toiture), pour les tubes d'une structure
supportant un poste électrique HTB (norme de l'entreprise publique française RTE) ;
L/200 pour les pièces supportant directement des éléments de couverture (chevrons, liteaux), la
charpente d'une structure supportant un poste électrique HTB (RTE)
L/250 pour une poutre, dalle ou console soumise à des charges quasi permanentes (clause
7.4.1.4 de l'Eurocode 2. Béton armé) ;
L/300 pour une solive supportant un plancher, les pannes, les pièces supportant directement
des matériaux verriers, les consoles supportant une circulation (montage ou entretien), les
poteaux avec ponts roulants, les poteaux avec remplissage en maçonnerie prenant appui sur le
poteau, les poteaux destinés à recevoir un vitrage sur plus de la moitié de leur hauteur, les
éléments fléchis reposant sur deux ou plusieurs appuis, et ne supportant pas d'éléments de
remplissage ;
L/400 pour les ouvrages fléchis autres que les consoles, et supportant une circulation (montage
ou entretien) ou un remplissage ;
L/500 pour un linteau de menuiserie ;
L/600 pour un pont forestier neuf acier-bois (Ministère des ressources naturelles, Québec) ;

Lorsque que la poutre subie une déformation irréversible et que par conséquent la matière entre dans
le domaine plastique, on fait appel à la notion de rotule plastique afin de déterminer le comportement
de la structure.

Cisaillement simple

Le cisaillement simple est une situation où deux forces opposées s'appliquent en étant légèrement
décalées. La contrainte de cisaillement, ou cission, est notée τ (lettre grecque « tau ») et vaut

F est l'effort tranchant, en newtons (N) ;


S est l'aire de la section cisaillée, en millimètres carrés (mm2).
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Il importe de dénombrer les sections cisaillées : dans le cas d'un


axe en porte-à-faux, il n'y a qu'une seule section cisaillée, S est
donc l'aire de la section droite. Mais pour un axe en chape,
l'effort se répartit sur plusieurs tronçons, il y a au total deux
sections cisaillées, donc S vaut deux fois l'aire de la section droite.

La validation à l'ELU consiste à vérifier que

τ ≤ Rpg

La résistance pratique au glissement, Rpg, est définie à partir de


la résistance élastique au glissement Reg :

Rpg = Reg/s.

Pour les métaux, la résistance élastique au glissement est reliée à


la limite d'élasticité : Rupture d'un axe en porte-à-faux ou
en chape.
0,5×Re ≤ Reg ≤ 0,8×Re.

Sous l'effet du couple de forces, la poutre subit localement une


déviation. L'angle de déviation, γ (lettre grecque « gamma »), est
relié à la contrainte par le module de cisaillement G du matériau :

τ = G×γ

où τ et G sont en mégapascals et γ est en radians. Les deux


tronçons de la pièce se décalent d'une valeur v valant :

v = Δx×tan γ ≈ Δx×γ. Déformation dans le cas d'un


cisaillement simple
la valeur Δx étant l'écartement entre les points d'application des
forces.

La validation à l'ELS consiste à vérifier que cette déformation est compatible avec la fonction de la
pièce.

Torsion

Dans une pièce soumise à de la torsion, la matière se déforme en cisaillement. La contrainte de


cisaillement maximale, ou cission maximale, vaut :

avec

Mt : le moment de torsion (mm·N) ;

C : module de torsion de la section du matériau (mm3).

Dans le cas d'une poutre de section fermée circulaire, le module de torison se calcule à partir du
moment quadratique IG et du rayon v :
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La validation à l'ELU consiste à vérifier que l'on ne dépasse pas la résistance pratique au glissement
Rpg

τmax ≤ Rpg.

La torsion crée la rotation d'une extrémité par rapport à l'autre


extrémité autour de l'axe. L'angle de rotation relatif est noté α
(lettre grecque « alpha »). Pour un moment Mt donné, plus la
pièce est longue, plus α est important. On définit un angle de
torsion unitaire θ (lettre grecque « thêta ») en radians par
millimètre (rad/mm), qui vérifie l'équation

Mt = G×θ×IG
Rotation des sections sous l'effet du
moment de torsion.
où G est le module de cisaillement du matériau. L'angle total de
rotation vaut

α = L×θ

où L est la longueur de la pièce, soit

La validation à l'ELS consiste à vérifier que cette rotation est compatible avec le fonctionnement de
l'ensemble.

Cas des sollicitations composées

Flexion + torsion

Lorsqu’un arbre de transmission subit à la fois une torsion et une flexion, sa matière subit à la fois de
la contrainte normale et de la contrainte de cisaillement.

On définit un moment de flexion idéal M, qui est le moment générant un risque de rupture équivalent
au moment de flexion réel Mf et au moment de torsion Mt :

Puis on calcule une contrainte normale équivalente comme en flexion :

La validation à l'ELU consiste à vérifier que

σeqv ≤ Rpe.

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Cette méthode n'est valable que pour les pièces de section cylindrique fermée.

La validation à l'ELS consiste à déterminer séparément les déformations à la flexion et à la torsion


(principe de superposition pour les petites déformations).

Flexion + extension ou compression

La flexion et l'extension/compression créent de la contrainte normale. On peut donc calculer la


contrainte maximale comme étant la somme

de la contrainte normale due à la traction/compression, σN = F/S, et


de la contrainte maximale de flexion, σf = Mf max/Wél

σmax = σN + σf

et la validation à l'ELU consiste à vérifier que

σmax ≤ Rpe.

La validation à l'ELS consiste à appliquer indépendamment la déformation en traction-compression


et en flexion.

Torsion + cisaillement

La torsion comme le cisaillement simple créent de la contrainte de cisaillement τ. La contrainte


résultante est simplement la somme des deux contraintes calculées indépendamment :

τc = F/S
τt = Mt/C
τ = τc + τt

La validation à l'ELU consiste à vérifier que

τ ≤ Rpg.

Voir aussi

Bibliographie

Normes

Eurocode 2
Eurocode 3
Codap
Codeti
Règles de calcul et de conception des charpentes en bois : règles C.B 71 (norme P21-701),
Afnor
EC5

Articles connexes
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Module d'inertie

Méthode contrainte-résistance

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