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Gilbert Raharizatovo nous a quittés.

Il a écrit longuement sur Ravalomanana "pour ceux qui le connaissent pas assez" en décembre
2018.
En ce jour de sa disparition et en hommage à cet illustre "monsieur", je compile ci-dessous ses
textes, glanés sur sa page...
« ON N'EST PAS PRÉSIDENT PAR HASARD » by Harisoa Gilbert Raharizatovo
ON PEUT NE PAS AIMER RAVALOMANANA MAIS FORCEMENT ON L'ADMIRE. ON
N'EST PAS PRÉSIDENT PAR HASARD.
(J’écris pour ceux qui ne le connaissent pas assez)
PREMIÈRE PARTIE
Ravalomanana Marc est issu d'une famille paysanne de Vakiniadiana. Le Vakiniadiana étant la
dénomination d'une large région mal définie géographiquement mais qui est constituée dans son
ensemble par l'ancienne sous-préfecture de Manjakandriana traversée du nord au sud par la rivière
de Iadiana mais qui s'étend un peu vers l'Ouest pour atteindre la limite d'Ambatolampikely et l'Est
d'Ambohimalaza. Cette géographie est très importante pour comprendre la trajectoire bien sûr très
personnelle de Ravalomanana mais qu'on le veuille ou non comporte aussi des traces indélébiles
du déterminisme géographique.
Le Vakiniadiana est un no man's Land en zones limitrophes entre l'Imerina et le Bezanozano avant
les conquêtes d'unification de l'Imerina par le Grand Roi Andrianampoinimerina. Ces zones sont
habitées par des nobles et par des populations qui ne supportent pas la guerre incessante entre les
quatre fils d'Andriamasinavalona. Ce sont donc des populations insoumises, très indépendantes et
devenues par la force des choses des guerriers. On trouve dans chacun des fils de Vakiniadiana
des telles traces de l'Histoire.
Puis cette région est connue par son milieu naturel ingrat. Il n'y a que des latérites et les activités
agricoles ne peuvent se faire que dans des points d'eau en vallée étroite; Pour survivre ou pour se
développer les Vakiniadiana n'ont pas trop de choix soit ils vont ailleurs se débrouiller et ils sont
devenus des marchands ambulants qui sont partout présents dans tous les marchés de toute l’Île et
deviennent par la suite des grands transporteurs ou grossistes en PPN, soit ils se sacrifient pour
envoyer leurs enfants à l'école qui n'ont d'autre choix que de réussir dans leurs études. Le taux de
scolarisation dans le Vakiniadiana était déjà le plus élevé dans toute l’île au seuil de
l'indépendance avec 60%. Cette région est devenue l'un des réservoirs d'intellectuels de la Grande
Île. Bref ils sont devenus par la force de choses très battantes dans tout ce qu'ils font.
Ravalomanana n'échappe pas à cette règle. C'est cela qui explique ce positivisme et cette volonté
incessante de se surpasser chez Ravalomanana Marc. Pour Marc Ravalomanana, si tu es bloqué
quelque part pour une raison ou pour une autre, c'est par ce que tu n'es pas un homme. Un homme
doit croire à ce qu'il fait et la réussite est une obligation. L'échec n'est pas la fin de parcours mais
un simple accident de parcours ou tu te relèves encore plus fort et plus grand et tu continues
jusqu'à la réussite finale. Pour devenir ainsi, Ravalomanana s'est géré lui-même.
Les Vakiniadiana sont très attachés à la terre. Avaradoha, Ampasampito, Ankadindramamy,
Mahazo sont presque un Vakiniadiana Town. En pleine capitale, ils arrivent encore à reproduire
dans leur cour leur ancienne vie. Vous ne pouvez pas vous tromper quand vous trouvez des
chouchoutes, des bananiers dans une cour quelconque vous serez à 90% chez un vakiniadiana.
Marc Ravalomanana a même translaté son monde paysan jusqu'au palais d'Etat d'Iavoloha. Un
vakiniadiana ne peut se passer ni de rizière, ni des vaches laitières. On a cette culture
foncièrement paysanne. Le « Manao ahoana avy ianareo » est typiquement du terroir.
UN GESTIONNAIRE HORS NORME
Quelques témoignages importants :
Chaque matin, il descend de sa voiture juste devant la barrière à l'entrée. Ravalomanana entre
dans le poste des gardes et contrôle le cahier de quart pour voir en détail ce qui y sont écrits par
les gardiens de nuit. Puis il se dirige à pied vers les camions et monte dans les cabines pour voir
l'intérieur puis il discute avec les mécaniciens de service et les oriente pour les achats des pièces
détachées. Selon les témoignages d'un ancien chef mécanicien, Ravalomanana connaît en détail et
chaque pièce détachée et son prix et le quincaillier de la capitale qui en dispose. Camion par
camion, il entre ensuite dans son bureau après avoir salué tout le monde. Aucun détail
d'information de la société n'échappe au PDG.
Un jour, une des machines à Sambaina Manjakandriana avait été en panne. Le contremaître l'a
appelé pour l'informer de la situation alors qu'il était en Europe. Il s'est renseigné très vite de la
partie de la machine en défaillance puis a indiqué avec précision ce qu'il faut faire. Il a donné
ordre au mécanicien d'ouvrir l'armoire métallique dans l'atelier et de prendre la pièce détachée qui
est juste au coin à droite dans l'étagère le plus haute.
A Andranomanelatra, aucune machine ne doit pas fonctionner tant que le PDG ne maîtrise pas
encore l'ensemble du fonctionnement avec les étapes des fabrications de chaque produit. Les
ingénieurs étrangers ont du mal à comprendre ce patron d'une immense société qui veut tout
étudier, tout comprendre et tout maîtriser. Il passe des heures à travailler dans les usines auprès
des ouvriers et des ingénieurs. Il contrôle personnellement le laboratoire de contrôle de qualité des
produits. Il est le dernier à quitter l'usine et c'est vers 11H du soir.
DEUXIÈME PARTIE
L’ANCÊTRE DE TIKO : La transformation des produits laitiers était déjà une tradition dans la
famille de Ravalomanana. Sa mère qui présidait l'association des femmes chrétiennes et qui
enseigne en même temps l'Ecriture Sainte aux enfants au temple protestant d'Imerikasina était une
femme très dynamique dans les œuvres sociales. Elle dispensait des séances d'éducation ménagère
aux femmes .Elle lisait beaucoup les périodiques protestantes qui contenaient à chaque parution
des articles relatifs à la vie familiale. C'est par les biais de ces périodiques qu'elle a découvert
quelques techniques importantes et d'une façon artisanale de transformation des produits laitiers.
Elle ne manquait pas de transmettre à ses enfants ses connaissances et c'est de cette façon que le
jeune Marc, encore en classe de cinquième à l'Ecole Régionale d'Ambatomanga s'intéressait déjà à
ce que sa mère lui a appris. Il s'orientait particulièrement vers la fabrication de l'Yaourt. Sa future
épouse, Lalao Ravalomanana, était son condisciple en classe de seconde. Ils ont terminé ensemble
leurs études et ont une passion commune dans la transformation des produits laitiers.
C'est de cette façon que l'ancêtre de Tiko est créé à Manjakaray au rez-de-chaussée d'une maison
habitée par la famille de la jeune Lalao avec qui il s'est marié plus tard et qui est devenue pour
Marc Ravalomanana "le vrai compagnon de route important" dans sa marche de step by step vers
la mise en place de l'Empire Tiko. Pour la petite histoire, Ntsoa Randriamifidimanana était le
chauffeur le jour du mariage de Marc et Lalao Ravalomanana.
A Manjakaray, tout était artisanal. Le charbon de bois, les fata-pera et les grandes marmites
prenaient encore la place des machines. Par contre, toutes les chaînes de production sont soumises
à des contrôles très stricts. Un ouvrier témoigne que tout est strictement propre et tout est
strictement contrôlé par le Patron. Le couple travaille sans répit auprès des ouvriers et ne se
repose que lorsque tous les marchands ambulants et les ouvriers livreurs sont partis. Manjakaray
s'apparentait déjà à une usine qui fonctionnait à merveille. Les demandes ne font que croître au fil
des mois et le décollage est parfait. Le couple voyait déjà grand devant lui. Le contour de l'empire
se dessine. Le nom du Patron Marc faisait déjà le tour des grandes sociétés clientes et des
détaillants.
Le couple pensait par la suite à investir sérieusement dans les machines. C'est ainsi que se créait
l'usine encore semi-industrielle de Bel Air. Fini les charbons de bois et les grosses marmites et
place aux chaudières et aux fabrications automatiques de l'Yaourt. Des produits nouveaux
apparaissent après un stage très fructueux de Ravalomanana en Europe et en 1983 alors que
Madagascar était en pleine crise économique quatre produits sortaient de l'usine : il s'agit de
fromage, du lait UHT en brique, de l'Yaourt et des beurres. Les produits concurrencent déjà les
produits d'importation et les consommateurs ont du mal à croire que ce sont des produits fabriqués
à Madagascar. Les emballages font connaître d'un seul coup d’œil que les produits sont de haut de
gamme.
L'Usine de Sambaina Manjakandriana a déjà l'allure d'une véritable industrie de grande envergure.
TIKO EST NÉ. C'est Marc Ravalomanana lui-même qui a dessiné la marque de couleur bleue
verte bien agencée, symbole de la réussite du jeune paysan qui venait de se hisser sur la
plateforme de l'Histoire économique de la Grande Ile.
Marc Ravalomanana entrait dans l'Histoire nationale. Il a démocratisé les produits de luxe jamais
imaginé à devenir un jour une consommation courante de tout un peuple. Les beurres, les
fromages étaient des produits de luxe réservés seulement auparavant à la classe aisée. Avec Tiko,
chaque coin de rues est peuplé des vendeurs des pains beurrés qui se vendent par tranche. Ne
parlons plus des complexes industriels d'Andranomanelatra mais c'est l'ascension de l'homme qui
est le plus intéressant. Seulement pour vous laisser imaginer le poids de cet homme d'affaires
d'exception dans le paysage économique malagasy, je vous cite mes phrases en parlant de
Ravalomanana dans mon livre MADAGASCAR 2002 GENESE ET SILENCES D'UNE CRISE
"Certes, on a l'habitude de voir des Milliardaires issus des milieux ruraux mais ils opèrent surtout
dans les domaines de commerce en gros, de collecte des produits locaux et du transport. Des
histoires de réussite pareille sont nombreuses à Madagascar. Mais le cas de Ravalomanana est
particulier parce qu'il a commencé dans l'industrie, un domaine presque réservé à une classe
sociale particulière.
La surprise du public se transforme rapidement en une admiration quand un jeune paysan
collecteur de lait avec sa bicyclette et ses deux bidons devient un véritable mythe. L'homme a tout
simplement séduit. La force de l'image est inouïe. L'Histoire de Ravalomanana est ensuite montée
de toute pièce par une vaste mise en scène populaire où s'entremêlent la force et le pathétique, le
réel et la fiction, la pauvreté et la richesse, le rien et le tout, la précarité et l'expansion.
Parmi ces mythes, le fameux chiffre 77. Marc Ravalomanana n'est pas bavard quand il s'agit de
son histoire individuelle. Sa réussite n'est connue que par une petite minorité très proche du
couple. Il fallait faire des véritables investigations pour percer le secret de cet homme hors de
commun. Il n'y a rien ni de secret ni de sens mythique dans ce chiffre. La première voiture et le
vrai démarrage de la société vers l'expansion sont acquis cette 'année 1977. La plaque
minéralogique de cette voiture se termine par 77 pour se souvenir de cette année faste pour la vie
de la société. C'est devenu un chiffre fétiche comme pour tout le monde qui en disposait quelque
part sans l'avouer à qui que ce soit. On n'est pas Président par hasard.
TROISIÈME PARTIE
Ravalomanana est une personnalité complexe très difficile à connaître. La logique et le paradoxe
dans la vie de cette personnalité d'exception sont très difficiles à détecter. Il faut l'identifier
toujours dans son milieu naturel pour le découvrir et le décrire dans sa juste valeur en tant surtout
qu’homme public. Ravalomanana a toujours gardé en lui et très jalousement l'aspect paysan de sa
vie mais inconsciemment et volontairement aussi, il est entré dans un monde qui n'est pas pour lui
son naturel et cela a fabriqué en lui une double personnalité tantôt contradictoire et tantôt
complémentaire. D'autre part le monde extérieur à son écoumène a fabriqué une image de
Ravalomanana à sa façon. C'est dans cet amalgame d'images réelles et fictives à la fois que nous
découvrons Ravalomanana dans ses gestes, ses langages, ses fonctionnements. Son rapport trop
étriqué avec la religion intrigue les gens.
RAVALOMANANA MARC ET LA RELIGION PROTESTANTE ou TOUT COURT
RAVALOMANANA MARC ET LE CHRISTIANISME
Tout ce qu'on connaît de Ravalomanana est son élection à Mahajanga au poste de Président du
SLK au sein de l'église réformée FJKM en Août 1999 lors du Zaikaben'ny Sampana Laika
Kristiana et puis son arrivée au poste du Vice-Président du FJKM lors du Synoda Lehibe de
Tuléar en 2000. Par contre l'énigme pour le public reste l'imbrication étroite de la société TIKO
avec la religion chrétienne. Tous les jours à 7H30 un culte est célébré dans l'enceinte même de la
société et la présence dans cette cérémonie religieuse habituelle fait partie de la discipline à
observer strictement. La célèbre phrase de l'Apôtre St Marc "Aza matahotra, minoa fotsiny ihany"
est affichée partout. Le palais d'Etat aussi disposait d'une chapelle. Pour les uns, une foi profonde
et pour les autres une exagération qui frise l’intolérance vis-à-vis des autres.
Revenons vers la personne créatrice d'entreprise et d'empire. Cette imbrication étroite presque une
fusion n'est pas l'œuvre personnelle de Ravalomanana et on se trompe énormément si on compare
Ravalomanana à Neale Donald Walsch dans sa fameuse "Conversation avec Dieu" mondialement
connue. Un charpentier de la famille originaire d'Antsahamaina, un petit village de la commune
d'Alarobia Ambatomanga qui a eu la possibilité de côtoyer en permanence la famille raconte que
la vie chrétienne est une tradition familiale et ce verset de l'Evangile de Saint Marc est affiché
partout dans la maison de telle sorte qu'on n'oublie jamais d'écrire cette phrase en haut d'un
calendrier à chaque nouvel an. Une vie chrétienne bien enracinée certes mais peut-être aussi une
phrase qui constitue pour la famille un leitmotiv. Quand on approfondit les recherches, bien avant
la naissance du jeune cadet de la fratrie, cette phrase trônait déjà partout dans la maison et c'est
toujours la mère de la famille qui est à l'origine. C'est cette phrase qui a bâti dans la famille le
prénom de celui qui va devenir plus tard Marc Ravalomanana dans toutes ses dimensions.
Un autre volet qui se rapproche du profil actuel de Ravalomanana est ce caractère libéral du
protestantisme. Cela se comprend très vite à l'image des pionniers blancs Irlandais, le WASP
(white anglo-saxon protestant) qui ont bâti la Nation américaine pour devenir le symbole de la
puissance du capitalisme. L'explication est simple, l'âme protestante croit fermement que la
réussite dans la vie est une marque de la bénédiction divine. Cela pousse à travailler dur, vite et
bien et dans le seul objectif de réussir et d'avoir la satisfaction personnelle d'être aimé de Dieu.
Ravalomanana a cette âme et fibre très protestantes dans son corps et ses phrases ne diffèrent pas
du tout de ce qu'on vient de mentionne. Pour être dans la vraie peau d'un chrétien, il ne fait pas
des demi-mesures. Il a appris la théologie et a engagé un professeur de la Faculté de Théologie
d'Ambatonakanga pour ce faire durant des années. Ravalomanana est devenu aussi un Mpitoriteny
très connu dans le monde FJKM. A part ses relations dans la haute sphère FJKM, il s'est entouré
des pasteurs très connus : Rabemanahaka et Rabe François entre autres.
On ne devient pas Président par hasard.
QUATRIÈME PARTIE
LA TRÈS FORTE PERSONNALITÉ DE RAVALOMANANA :
Ravalomanana semble être atypique. Généralement, les gens des hautes terres centrales où le
climat est qualifié de climat tropical d'altitude très proche des climats tempérés européens
devraient être des gens au tempérament calme mais très dynamiques et très entreprenants. Cela
friserait quelquefois l'hypocrisie car ils sont très réservés et ne vont jamais vers une collusion
frontale. Ils ne savent pas trop dire « non ». S'ils veulent dire non dans le geste, ils disent « oui...
mais » par la bouche. Ravalomanana est différent : langage direct sans aucun détour et non quand
c'est non!
Je vous promène de nouveau dans l'Histoire de Vakiniadiana pour comprendre ce fonctionnement.
Avant Le Grand Roi Andrianampoinimerina, le Vakiniadiana est composé des plusieurs petits
villages dirigés par des roitelets indépendants les uns des autres et qui ont fait entre eux des
velirano ou pacte de non-agression et de coexistence pacifique. Ces villages ont gardé leur aspect
de Tananan'Andriana et de guerriers. Dans la vallée encaissée de l'Iadiana, ce groupe de villages a
pris le nom d'Antevavala ; Ambohimasina en amont, Ankadimanga qui est le village de
Ramiangaly, Ankadivavala, Miadanandriana, Andraodo, Antanetibe dont le conseiller spécial
d'Andrianampoinimerina Andriatsilavo est originaire, Antsahamaina, Ambohitrandriana,
Masinandriana, Imerikasinina qui est dirigé par un puissant roitelet Andrianafovaratra et vers
l'Est, Anerindrano, Ambohitrony, Ambatomanga, Miadanandriana Morokay où était née
Ranavalona III, Fanongoavana une des plus importants sites archéologiques relatant l'Histoire des
grandes migrations, Ambohitrandriamanitra, Imerikanjaka. Vers le nord Sadabe, Koloina où était
né le Roi Andrianampoinimerina. Les relations sont horizontales et amicales. L'absence de
hiérarchie façonnait un comportement très indépendant des individus et qui les obligent aussi à
être en permanence sur la défensive et affirmer une personnalité sûre d'elle.
Le IALAHY de Vakiniadiana ne doit pas être dans ce chapitre de forte personnalité qui frise
l'insolence pour les gens de l’extérieur. Ce Ialahy est un code de communication de proximité
dans les relations horizontales. Si un Vakiniadiana s'adresse à vous avec "IANAO" c'est par ce
que vous êtes étrangers ou c'est la confiance qui n'est pas au beau fixe. Ilaity ou lety est
exactement dans le même chapitre. Bizarrement les enfants, garçons ou filles, ne gênent pas leur
père s'ils disent "Ialahy ry Dada" ou "lety Dada é". Ça n'a rien d'insolence mais d'une extrême
proximité. C'est vrai, dans un milieu qui n'a pas l'habitude de vivre ces ambiances familiales cela
crée un problème mais très chauvins comme ils sont, ces vakiniadiana imposent leur culture et
cela a bien marché que même Andrianampoinimerina, très soumis à la règle de bienséance du
palais royal, avait adopté ce Ialahy de Vakiniadiana. Ce n'est pas pour froisser les autres mais au
contraire pour lui signifier qu'on se traite amicalement dans notre interlocution. Cela est adopté
dans les langages de tous les jours des quelques villes de quelques régions et se mélangent
majestueusement avec les dialectes locaux où ces marchands ambulants sont présents.
Bizarrement le VAKINAKARATRA, le VAKINIMANANARA, les Pays des grands lacs de
Mantasoa et de Tsiazompaniry, les Régions de Mandriadrano partagent ces presque mêmes
histoires que le Vakiniadiana. Leur point très commun est le fait d'être des populations éprises
d'indépendances dans ces zones tampon entre le royaume d'Antananarivo d'antan et les royaumes
périphériques comme le Royaume Betsileo, Royaume Sakalava ou le Bezanozano et les
Betsimisaraka. Ce n'est pas étonnant du tout qu'ils restent depuis toujours les fiefs de
Ravalomanana et s'identifient en majorité à lui.
CINQUIÈME ET DERNIÈRE PARTIE
RAVALOMANANA EST-IL EN MAUVAIS TERME AVEC LA FRANCE ET LES
FRANÇAIS C'est un point d'interrogation qui entoure à la fois la vie privée et publique de cet
homme d'affaires d'envergure, ancien Président de la République et candidat à l'élection
présidentielle de 2018.
Les partenaires de l'empire Tiko sont scandinaves, allemands ou britanniques ou Sud-Africains.
Les quelques 250 véhicules de l'empire sont des marques allemandes, asiatiques, britanniques ou
américaines. Les brands Tiko portent les noms de « Ice Cream, School Milk, Feed Mill, Tiko Oil
Product » ou encore « Madagascar Broadcasting System ». Tout est autre que français et ça ne se
passe pas inaperçu. Au sommet de l'Etat, Ravalomanana était entouré des experts internationaux à
majorité des pays anglophones et s'il existe quelques noms français, ce sont des gens à double
nationalité. Citons ces anglophones comme Michael Sarris, ancien de la Banque mondiale devenu
le pilier important de Madagascar Action Plan. Nadine Nata qui est le patron du vaste projet
Rapid Result Initiative. Avant de venir rejoindre le Président Ravalomanana, il était dans le
cabinet Schaffer au Liban. Le Conseiller Spécial du Président en matière de politique
international, l'allemand le Docteur Einsslin. Puis une autre Conseillère juridique la franco-
norvégienne Eva Joly. Un autre Norvégien encore Peter Langseth dans les affaires juridiques de la
Présidence. Le français Michel Prévost est doublé du canadien Roger Christen à la tête des Pôles
intégrés de Croissance. Le nombre imposant des gens de nationalité autre que française est très
révélateur. Ravalomanana préférait étudier la langue anglaise et il parle couramment anglais et ne
maîtrise pas assez la langue de Molière. L'exemple qui revient chaque fois est l'anecdote sur « la
pont ou le pont, tatezana daholo zany lesy a! », Ravalomanana secoue la vieille habitude et la
culture d'une ancienne colonie française sans gêne et sans complexe.
Après ses études à l'école primaire au Collège Vinet d'Ambohimalaza, il a intégré l'Ecole
Régionale d'Ambatomanga. Déjà en classe de cinquième, il conseillait ses amis de classe à
travailler sérieusement l’anglais qui est une langue internationale s'ils veulent aller loin. Le
français disait-il n'est valable que jusqu'à l'aéroport et seulement en France. C'était plus tard une
vérité pour lui car ses stages et formations se déroulaient toujours dans des pays où on parle
l'anglais.
En pleine crise de 2002, il galvanisait ses 100.000 partisans de la place de 13 mai par une phrase
en anglais adressée à quelques journalistes internationaux : « We are very happy to meet you here
in this mystic place » et c'était l'hystérie générale. On faisait courir les informations selon
lesquelles Marc Ravalomanana est l'homme des pays anglophones, allemands et américains. La
France se méfiait de cet homme et ne l'a jamais reconnu que lorsque sa deuxième investiture a
définitivement tourné la page de Didier Ratsiraka et a même dépêché en catastrophe le Ministre
De Villepin pour remettre une aide financière conséquente. La France, disait-on, était derrière les
événements qui ont chassé Ravalomanana du pouvoir. L'ambassadeur Jean Marc Châtaigner avait
hébergé à l'époque Rajoelina pour le protéger contre les chasses à l'homme des forces de l'ordre.
L'homme a même fait fléchir la France dans sa politique trop envahissante à Madagascar et était
obligée de négocier.
Il est le troisième Président de la République à recevoir un Chef d'Etat français en la personne de
Jacques Chirac après Tsiranana avec De Gaulle, Ratsiraka avec Mitterand. Les observateurs sont
unanimes pour dire que Ravalomanana, malgré sa position quelquefois rigide vis-à-vis de la
politique internationale française à Madagascar, est tout de même l'interlocuteur valable que cette
ancienne puissance coloniale voulait voir en face. Le temps de marionnette des réseaux
francafrique est révolu. Ravalomanana n'est ni amer vis-à-vis des français ni francophobe mais
seulement il veut se traiter d'égal à égal comme deux vrais partenaires souverains dans les
relations bilatérales. D'ailleurs tel qu'on le connaît, vous ne mettez jamais vos pieds dans sa
platebande. N'est-il pas issu d'un peuple épris de liberté, jaloux de son indépendance.
By Gilbert Raharizatovo

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