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Surprenants entrepreneurs

marocains

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© La Croisée Des Chemins, Casablanca, 2012
Immeuble Oued-Dahab - 1, rue Essanâani, Bourgogne
20050 Casablanca - Maroc
ISBN : 978-9954-1-0426-2
Dépôt légal : 2012MO/2899
courriel : editions.lacroisee@yahoo.fr
www.lacroiseedeschemins.ma

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Mohamed Elmanjra et Karim Amor

Surprenants entrepreneurs
marocains

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« Une confiance légitimement fondée, qui n’a rien de gratuit, ni de prétentieux, une
confiance positive, issue de notre foi dans les capacités de notre pays, dans le génie de ses
enfants et dans notre patrimoine civilisationnel séculaire. Cette confiance se nourrit
en permanence du bilan concret des réalisations qui s’accomplissent au quotidien, à
travers les différentes régions du Royaume. »

Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, Discours Anniversaire de la Révolution du


Roi et du Peuple, Tétouan, 20 Août 2006.

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A Yasmina, Ines, Lina, Yassine, Kamil, Rayan et Fatim-Zohra qui nous subliment.
A nos parents qui nous donnent la vie.
A nos frères et sœurs qui nous accompagnent.
A nos collègues de travail qui nous assistent.
A tous les Marocains qui aspirent.
A tous nos invités qui inspirent.
A Nada qui nous a accompagné.
A ce pays qui nous attire.

A la mémoire de feu Professeur Abderrahim Harouchi, qui nous a quitté quelques


temps après nos entretiens.
Au bon rétablissement de Mahdi Saadi-Elmandrja et de Larbi Sekkat.

Casablanca le 15 octobre 2012

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TEMOIGNAGES
Ces témoignages ont été recueillis lors d’une enquête réalisée auprès d’un
échantillon représentatif de la population marocaine, après lecture du manuscrit.
En voici quelques exemples :

« Bravo c’est une bonne idée ce livre, surtout en cette période. C’est un grand
message à la jeunesse marocaine, déjà qu’on utilise beaucoup les proverbes et les
exemples des gens qui ont accompli. Je souhaite bonne chance à toute l’équipe et
bonne continuation. »
Elhachmi E., 27 ans, Technico-commercial
«La réussite ne s’achète pas, il faut croire dans tout ce que l’on fait, il faut être
passionné et il faut donner le meilleur de nous-mêmes pour réussir. La preuve c’est
que toutes les personnes interviewées dans ce livre ont pu réaliser leurs objectifs
malgré leurs différents parcours. Ce livre permettra à beaucoup de personnes de se
remettre en question, de surpasser leurs limites et de sortir leurs zones de confort. »
Wafaa J., 26 ans, Directrice Générale
«  Très bon livre, Bon courage ».
Hamid, 25 ans, Responsable Technique
«  J’ai beaucoup appris de cet ouvrage à travers les exemples de grands hommes
qui ont beaucoup souffert avant de pouvoir réussir. C’est une bouffée d’air et ça
donne plus de volonté pour continuer à se battre. »
Younes N., 25 ans, Infographiste
«  J’ai plein d’idées dans ma tête que je voudrais réaliser après avoir lu cet
ouvrage. »
Youssef E., 47 ans, Consultant Hôtelier

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« Après avoir lu le livre, il n’est jamais trop tard, il faut persévérer. Il y a eu
beaucoup d’exemples comme celui d’El Guerrouj et d’autres. J’ai appris beaucoup
de choses et il faut s’accrocher à ses rêves jusqu’au bout et ne pas baisser les bras. »
Ayoub N., 20 ans, Etudiant en 2ème année Médecine
« Concernant l’ouvrage, je dirais que c’est intéressant de le lire. Cela reflète les
témoignages de certaines personnes qui ont réussi au Maroc. Je conseille à chaque
Marocain et Marocaine de le lire, d’essayer de voir ce qui va et ce qui ne va pas et le
prendre comme modèle des personnes qui ont réussi et de se dire que si eux ils ont
réussi, moi aussi je peux réussir. J’espère que les personnes qui vont le lire auront le
plaisir que j’ai eu en le lisant. »
Houda A., 22 ans, Etudiante en Commerce et Gestion
« C’est un livre qui va faire beaucoup de bruit au Maroc. C’est un ouvrage
qui parle de la réussite et c’est le bon moment pour changer les habitudes et les
mentalités. Il n’y a aucune raison au Maroc de ne pas réussir, il faut de la persévérance,
de la patience et de la volonté. »
Othman H., 30 ans, Jeune Entrepreneur
«  Un livre qui nous permettra à nous tous un grand pas évolutif culturel et
on espère que ce message touchera le plus grand nombre de Marocains et de
Marocaines. »
Oatman A., 34 ans, Directeur Commercial.

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Liste des personnes interviewées

Nom et Prénom Age Origine Domaine Activité


1 Mahdi Saadi-Elmandjra 77 Fès Sciences Politiques et Prospectives
2 Meriem Bensalah Chaqroun 48 Berkane Industrie
3 Ahmed Jamai 63 Fès Industrie et Promotion Immobilière
4 Feu Professeur A. Harouchi 66 Fès Médecine
5 Ahmed Marzouki 63 Région Rif  Armée (ex-détenu)
6 Adil Douiri 47 Rabat Gouvernement / Finance
7 Anas Sefrioui 53 Fès Immobilier
8 Moulay Hafid Elalamy 50 Marrakech Assurances / Affaires
9 Larbi Sekkat 85 El Jadida Textile / Agriculture
10 Hicham El Guerrouj 36 Berkane Sports
Rugby (Capitaine de l’Equipe de
11 Abdelatif Benazzi 41 Oujda
France)
12 Amine Benkirane 47 Fès Distribution
Moyen- Aviation millitaire (ex-détenu de
13 Ali Najab 67
Atlas  guerre)
14 Mohamed Berrada 69 Oujda Publication et Distribution de Presse
15 Miloud Chaabi 81 Essaouira Immobilier
16 Othmane Benjelloun 79 Fès Finance
17 Jamal Chaqroun 49 Rabat Industrie
18 Laila Marrakchi 35 Casablanca Cinéma
19 Badou Ezzaki 51 Sidi Kacem Football (entraîneur)
20 Aicha Ech-Chenna 50 Casablanca Caritatif
21 Abdelali Benamour 69 Fès Education / Enseignement
22 Choumicha Chafaï 38 Sidi Kacem Arts Culinaires
23 Mohamed Benamour 65  Fès Hôtellerie et Tourisme
24 Laila El Garaa 33 Benslimane Handisports
25 Noureddine Ayouch 65 Fès Publicité, Caritatif
26 Najat Aatabou 50 Khémisset Chanson populaire
Mohamed Cheikh Maa El
27 58 Laayoune Politique
Ainine Taquioullah

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PREFACE

V ous avez entre les mains un ouvrage pour le moins atypique. Mohamed Elmanjra
et Karim Amor ont mené un travail original. Comment expliquer au plus grand
nombre et aux jeunes générations au Maroc qu’il y a des règles pour réussir dans une
période de mutations sociétales et de multiplication des difficultés ? J’ai eu souvent à
rencontrer des personnes hautement instruites qui cherchaient à me convaincre que
l’on ne peut réussir dans notre environnement que par « piston », par chance ou par
accident. Evidemment, comme partout ailleurs, un enfant « de riches » a forcément
plus d’avantages matériels et de confort. L’enfant d’un intellectuel bénéficie à priori
d’un contexte favorable à l’éveil et l’apprentissage. Mais l’un ou l’autre ont-ils la
volonté de se réaliser ? Ont-ils conscience de leurs aptitudes personnelles, de leurs
capacités, de leurs fois, de leurs rages d’avancer et de se construire en bâtissant leurs
propres projets ?
Comment partager les concepts gagnants et les valeurs solides avec les lecteurs sans
faire un ouvrage qui soit une réplique fade et sans personnalité à la riche littérature
internationale ? Nos deux auteurs ont réussi un pari exceptionnel : démontrer les
méthodes qui mènent à la réussite dans la réalité marocaine. Ils ont rencontré des
personnalités marocaines de différents domaines, de différents milieux sociaux, qui
ont des parcours exceptionnels et les ont amené à partager leurs expériences avec
vous.
Vous verrez que ces personnalités n’ont à priori rien de commun. Ce qui lie
un champion olympique, un chef d’entreprises et un pilote de chasse emprisonné
pendant 25 années, c’est le choix que fait chacun de se dire qu’il est « condamné à
réussir » à sa façon et dans son univers.
Ces méthodes et règles qui mènent à la réussite doivent s’appliquer à tous ceux qui
aspirent à réussir. On peut se demander en toute légitimité si elles sont applicables

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aux réalités marocaines et à nos spécificités culturelles. Et c’est justement ce que les
auteurs de cet ouvrage ont tenté de faire grâce à un travail et une réflexion adaptés
à notre pays et notre environnement. Avec tous ces témoignages et ces illustrations
concrètes, c’est un outil au service de ceux qui veulent connaître et appliquer ces
méthodes. Au fil des chapitres vous remarquerez qu’il s’agit bien de notre identité
marocaine; il tient tout autant compte de notre foi, de nos croyances, de notre
organisation sociale et humaine.
Je retrouve dans ce livre « Surprenants entrepreneurs marocains  », des Marocains
qui ont souhaité la réussite et qui l’ont désiré.
J’ai admis il y a fort longtemps que l’une des particularités d’une économie
en émergence ou d’un pays en transition comme le nôtre, c’est la dialectique des
opportunités. Je la résume en disant simplement que le potentiel des opportunités n’a
d’égal que l’ampleur de l’hostilité de l’environnement de l’entrepreneur au sens large.
Mohamed Elmanjra et Karim Amor nous montrent à travers des démonstrations
implacables que chacun est à même de convertir les menaces en opportunités.
Voici un hymne à ceux qui croient en leurs capacités et en leur avenir au Maroc.
Cet ouvrage lève le voile sur les conditions de réussite ; on part souvent des résultats
d’un parcours pour porter un jugement et on n’imagine pas les chemins sillonnés,
les contraintes levées et les complexités démystifiées. Les enseignements sont fort
nombreux… à commencer par croire en son potentiel et en la capacité de chacun à
agir pour façonner son propre avenir, et réaliser ainsi une partie de ses rêves.

Thami Ghorfi, Président Groupe ESCA.


Casablanca, Octobre 2012.

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Chapitre 1

Chaque personne est maîtresse de son destin

• Notre culture, éducation et habitudes nous conditionnent pour compter sur


des facteurs externes de notre vie, alors qu’il faut apprendre à assumer la
responsabilité des événements dans sa vie.
• Les événements surviennent; la personne doit ressortir le meilleur de ces
événements et les utiliser à son avantage.
• On peut travailler sa chance et on peut la favoriser.

« Le verre est tombé »!


« Le sommeil m’a trahi »!
« Le bus s’est enfui à mon insu »!
(Expressions parlées au Maroc)
Combien d’entre nous peuvent certifier qu’ils n’ont jamais employé ces
magnifiques excuses dans leurs conversations !
L’éducation nous joue aussi quelques tours, parce qu’au Maroc, le système issu de
l’école voulue par Charlemagne, nous construit une tête bien pleine plutôt qu’une
tête bien faite. Ce « bachotage », apprentissage « par cœur », nous éloigne encore
plus d’une indépendance d’esprit qui nous ferait réfléchir autrement.
Nos instituteurs et professeurs, eux-mêmes issus du même système, ne sont donc
pas toujours bien lotis pour gérer cette « confiance en soi » nécessaire pour tout
échange ouvert, qui respecte nos différences. L’école, avec son système de contrôles
et d’examens, pourrait se résumer à « devine ce que le professeur pense ».

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Nos parents aussi, issus du même moule, se contentent souvent d’imposer des
décisions, parce que c’est comme ça et pas autrement!
La religion dont la lecture peut être simplifiée et réductrice pourrait nous enjoindre
à livrer notre vie au destin, et à respecter la volonté divine de notre condition.
Mais connaissez-vous un dieu qui veuille que l’être humain subisse toute sa
vie, la pauvreté sous toutes ses formes? Allah est miséricordieux dans la religion
musulmane. Quatre-vingt-dix-neuf Attributs tentent de qualifier la seule puissance
qui soit au-dessus de tout qualificatif: Dieu. Cette fatalité n’existe donc que dans les
esprits paresseux et résignés.
Le vocabulaire commun qui soutient notre langage de tous les jours n’est pas en
reste. Prenez le dictionnaire, il existe plus de mots négatifs que de mots positifs. Plus
encore, entre notre naissance et 18 ans, les expressions négatives ou celles qui d’une
manière ou d’une autre pourraient nous limiter, sont prononcées plus de 23 fois que
celles qui nous encouragent.
Vous convenez donc volontiers que les personnes avec lesquelles nous sommes en
contact depuis la naissance ont des influences fortes sur notre vie future. Il en est de
même pour les événements auxquels nous assistons et qui peuvent marquer à tout
jamais notre existence.
Comment les personnes que nous avons interviewées ont-elles pu survivre dans
cette jungle de mots, d’événements et de rencontres qui sculptent notre avenir?
Comment ont- elles tordu le cou aux a priori? Comment ont-elles grimpé au sommet
de leurs rêves malgré les obstacles qui structurent notre société?
Elles ont rencontré des « jardiniers à la main verte » qui ont fertilisé leurs
expériences et leur ont permis de prendre conscience que le premier responsable de
leur vie, c’est d’abord « eux-mêmes ».
Prenons une situation extrême afin que chacun d’entre nous sente qu’à son niveau,
tout est possible, quand on prend résolument la responsabilité de sa propre vie.
L’officier Ahmed Marzouki a passé plus de 18 ans et trois mois au bagne de
Tazmamart, suite aux tragiques événements de juillet 1971 à Skhirat. Il raconte
son calvaire vécu dans un confinement total, dans l’obscurité et sans pouvoir
communiquer avec les autres détenus. « Imaginez que vous prenez quelqu’un, vous
le mettez dans un cachot noir et c’est fini.» C’est comme cela qu’il décrit sa longue
et éprouvante nuit qui a duré plus de 18 ans.
Mais qu’a donc à voir Ahmed Marzouki avec la réussite au Maroc nous direz-
vous ? Il n’a pas brillé par des réalisations transcendantes, n’a pas accompli une

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Chaque personne est maîtresse de son destin

mission au service de la société, n’a pas réussi en affaires....alors?? Et bien Ahmed


Marzouki a tout à voir avec la réussite, même que c’est d’une réussite suprême dont il
s’agit. Vous verrez à la lecture de ce livre que vous n’êtes pas au bout de vos surprises.
L’enfance de Ahmed Marzouki n’est pas particulièrement dorée quand il raconte:
« Lorsque je parle de mon enfance, vraiment j’étais soumis à un programme infernal.
J’étais amené à parcourir 7 kilomètres pour me rendre à l’école du village. Imaginez
7 kilomètres pour un enfant qui doit traverser une rivière, chose qui n’était pas
évidente, surtout en hiver. La rivière était rude et il fallait donc la traverser en ne
comptant que sur nous-mêmes. »
Cet officier a eu « plusieurs jardiniers ». Son père, un Imam lauréat de l’Université
El Karaouine de la ville de Fès, l’a beaucoup inspiré et lui a donné cette extraordinaire
maîtrise de la langue arabe par un apprentissage constant des vers du poète arabe Al
Motanabbi et des versets coraniques.
La littérature, ce petit enfant du Douar l’a abordée depuis tout petit. Ça deviendra
pour lui une échappatoire remarquable lors de son incarcération. Sa mère qui
régentait la maison, était une femme extrêmement exigeante et comme son père
voyageait souvent, Ahmed était pris en main par son oncle, qui assurait la relève
lorsque son père était loin de la maison. Cet homme très dur a imprimé chez son
neveu une discipline de fer. « La discipline, c’est que dès l’aube, on allait à la mosquée
tous les jours à telle heure et on rentrait à telle heure….ma mère nous donnait des
ordres à travers son regard ».
« Rien n’est impossible quand on y croit et qu’on a la volonté d’y accéder ».
Abderrahim Harouchi
C’est en ces termes que le professeur Abderrahim Harouchi, premier médecin
et chirurgien pédiatrique au Maroc dans les années soixante, a ouvert le bal de ces
hommes et ces femmes pour lesquels la réussite commence par soi. Cette réussite
qui se construit de l’intérieur de chacun et dont le résultat, celui que l’on observera
tout au long de ce livre, n’en est que le résidu.
Abderrahim Harouchi s’est forgé un système de valeurs solide, qui accompagne
son quotidien depuis tout jeune. Ses études terminées, il choisit de revenir au Maroc
pour gérer le premier département pédiatrique du Maroc, un service qui n’existait
pas encore.
Des jours et des nuits à mains nues, en faisant appel aux proches, aux amis et aux
amis des amis, avec qui, brique par brique, le professeur Harrouchi crée et donne

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vie à un embryon de service pédiatrique à l’hôpital Ibn Rochd de Casablanca, qui


deviendra très vite le premier centre de soin aux enfants et bientôt une référence
nationale, voire internationale.
Il savait que sa mission était de construire ce service de pédiatrie et que rien ne
pouvait l’en empêcher, même pas ses quelques moments de dépit quand la moindre
petite chose se complique fortement.
La carrière fulgurante de ce médecin, spécialiste, professeur, chercheur et expert en
sciences humaines et en pédagogie, ministre et mari attentionné, est une répétition
de challenges toujours gérés avec cet extraordinaire flegme britannique dont la
nonchalance apparente est proportionnelle à son mental d’acier.
Son secret? Cultiver la notion de justice dans tout.
« Le milieu familial où j’ai grandi est important. C’est un tunnel de base
concentré de valeurs. »
Adil Douiri
Adil Douiri, «Quadra du parti politique l’Istiqlal », dans la droite lignée du
parcours politique de son père, fut d’abord le précurseur de la finance au Maroc par
la création de la première banque d’affaires Casablanca Finance Group (CFG) en
1992. Il devient membre du groupe de réflexion constitué par feu le Roi Hassan II
puis ensuite ministre du tourisme de 2002 à 2007 sous le gouvernement du Premier
Ministre M. Driss Jettou. Pourtant ce brillant polytechnicien reconnaît le rôle crucial
de la famille et particulièrement celui de son père dans sa manière de voir la vie. Très
tôt, Adil a intégré la notion d’excellence dans tout ce qu’il décide d’entreprendre.
« L’excellence ou rien du tout, il n’y a pas de place pour «l’à-peu-près». »
Adil Douiri
Adil s’impose d’être à la hauteur du conditionnement qu’il a cultivé grâce au
rapport avec ses parents. Pour lui la réussite est une profession de foi, une évidence
incontournable pour laquelle il faut se donner les moyens, par le travail, parfois
même de manière acharnée. Adil est en croisade permanente et son attitude de totale
décontraction apparente est soutenue par un inébranlable esprit guerrier. Adil se met
en guerre pour respecter les standards qu’il s’est construit dont l’objectif est d’être
en paix et en harmonie avec son système de valeurs.

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« Il fallait tourner notre réalité en dérision. Parfois il fallait le faire pour
continuer à lutter. L’humour est capital sinon on ajoute à cette triste réalité
beaucoup d’amertume et de pessimisme et on est fini! »
Ahmed Marzouki
De nos entretiens avec Ahmed Marzouki, nous avons tous les deux été
impressionnés par son extraordinaire sens de l’humour. Comment un homme qui a
passé le tiers de sa vie coupé de tout, peut-il encore garder le sourire?
La réalité des faits était dans son cas implacable, il était mort vivant dans un
cercueil de béton, loin de tout, considéré comme décédé par anticipation. Son
interprétation à lui de la réalité était toute autre et il savait qu’il allait s’en sortir.
A chaque fois qu’il se réveillait, il fallait trouver la force pour tenir des heures, des
jours, des mois et même des années. Le temps n’avait plus d’importance et de toute
façon, il n’avait plus les moyens de le mesurer.
Les personnes à succès trouvent toujours une interprétation des événements
favorables au service de leurs objectifs. La religion, leurs imaginations et la force
de leurs passions diluent leurs douleurs, écrasent leurs peines et renforcent leurs
tempéraments. Ils voient plus loin que la situation dans laquelle ils se trouvent.
Imaginez-vous au volant d’une voiture de rallye? Au détour d’un virage votre
véhicule dérape. Que faites-vous pour rétablir votre trajectoire et assurer une sortie
de virage performante? Les plus grands conducteurs s’accordent à dire qu’il faut
orienter les roues du bolide dans le sens opposé, c’est-à-dire sur la trajectoire du
virage suivant tout en regardant vers où on veut aller, plutôt que la situation dans
laquelle on se trouve à ce moment-là.
« Il se peut que vous maudissiez une situation alors qu’elle se révélera
meilleure pour vous. »
(Sourate Al Baquara, Ayat 214, Hizb 4, Le Coran)
Les références à une interprétation utile de la réalité sont partout, mais allons
nous chercher systématiquement ces adages lorsque nous sommes « en situation ».
Les personnes à succès ont intégré cet axiome comme faisant partie de leurs codes
génétiques. Elles en font une habitude et certaines d’entre-elles vont même jusqu’à
en jouer.
Comme le raconte Marzouki en se rappelant des moments phares de son enfance :
« Jeune écolier, lorsque le professeur Serghini me disait de passer au tableau, toute la
classe rigolait. Les élèves n’en revenaient pas. Comment se fait-il qu’un « blédard »

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écrit comme cela? Il fallait que je prenne ma revanche! Alors j’ai commencé à
travailler et à bosser pour arriver au niveau de ces gens-là. C’était extrêmement
difficile mais quand même, ça en valait la peine. »
Avez-vous déjà entendu quelqu’un dire : « Il a réussi parce qu’il a eu de la
chance! ». Pour les personnes interviewées dans ce livre, la chance est faite pour les
joueurs de casino, car la chance sourit aux esprits préparés.
Comme l’histoire drôle où on raconte qu’un homme se plaignait tous les soirs à sa
femme: « Chérie, je n’ai pas de chance, je n’ai pas encore gagné au loto aujourd’hui ».
Au bout de quelques mois, sa femme, excédée par les plaintes quotidiennes de son
mari, fini par lui répondre: « Tu te plains tous les soirs de ne pas gagner au loto.
Mais si tu veux gagner, joue au moins! ».
Pour les personnes à succès, la chance ne fait pas partie de leurs outils. Ceci ne
veut pas dire qu’elle n’existe pas. Ils considèrent la chance seulement comme un
événement à exploiter pour aller plus vite ou pour aller plus loin encore. Cette
attitude ne les empêche pas de l’apprécier pleinement lorsqu’elle se présente.
Plus encore, ces hommes et ces femmes utilisent les événements difficiles de
leurs vies comme une chance pour leurs avenirs et des leçons pour servir leurs
destins. Comme le dit dans la citation ci-dessous, l’éminent professeur universitaire
Mahdi Saadi-Elmandjra mondialement connu pour ses travaux auprès des grandes
instances internationales comme l’Unesco, le Club De Rome et les Nations Unies :
chaque événement contient en lui les graines qui nous permettront de réaliser notre
potentiel.
« J’ai eu deux écoles: la prison et la radio-télévision. »
Mahdi Saadi-Elmandjra
Amine Benkirane, promoteur de la plus grande chaîne de distribution de meubles
au Maroc (Kitea) disait à propos de ses études en arabe alors que ses frères et sœurs
bénéficiaient d’une scolarité à la mission française: « C’est une très grande richesse
aujourd’hui et heureusement que je suis passé par ça, ça m’a donné une très grande
force de pouvoir ». « Demain, tu me mets à Khmiss Zmamra, je m’en sortirai. »
Lorsque l’on parle d’une personne en disant que celle-ci est « comme cela ».
Cela explique que celle-ci agit de manière constante au point que ses interlocuteurs
intègrent son comportement comme une donnée de base inaltérable.
Jamal Chaqroun, jeune homme d’affaires approchant la cinquantaine, nous
regarde avec ses yeux bleus perçant de sincérité et de transparence. Il pourrait avoir 35
ans et aurait pu remplacer le fils de l’acteur américain Paul Newman dans n’importe

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Chaque personne est maîtresse de son destin

quel film. Ses parents, tous les deux artistes et comédiens, lui ont donné très jeune le
goût à la lecture et à la curiosité pour tout. Par ses lectures et discussions passionnées
avec sa famille, il se fait sa propre opinion sur la vie, sur ce qu’il veut et de quelle
manière il veut y arriver.
La femme de sa vie, Meriem Bensalah Chaqroun, lui présente « un jardinier » qui
continuera de cultiver en lui le sens de l’engagement et de la réussite par le travail :
son beau-père, feu El Hadj Abdelkader Bensalah, un des plus grands industriels du
Maroc. Quelques années plus tard, à la mort de son père, cette « grande dame »
prendra au côté de son frère Mohamed Bensalah, les rênes du groupe familial en
gardant la famille soudée et en respectant les valeurs qui ont été instaurées par son
père. Elle accomplira cette tâche pleine de responsabilités à travers de lourds efforts et
sacrifices personnels ainsi qu’une volonté de réussir inégalée. Pourtant menant à bien
sa mission, elle ne se laissera jamais se complaire dans la médiocrité et l’inaction ou
oublier d’assumer pleinement son rôle d’épouse et de mère de famille. De plus, elle
réussira en 2006 à être classée par le prestigieux magazine américain Forbes comme
l’une des vingt-cinq femmes d’affaires arabes les plus actives.
Jamal démarre sa collaboration à l’âge de vingt quatre ans avec feu El Hadj
Abdelkader, devenant ainsi rapidement son bras droit. Ses journées professionnelles
connaissent un rythme effréné avec plus de quatorze heures de travail par jour. A
travers son travail acharné, Jamal Chaqroun renforce encore plus ses convictions ainsi
que l’attitude à adopter pour réussir en affaires. Pour lui, il est donc nécessaire d’être
à l’écoute des autres, rester humble en toutes circonstances et surtout énormément
travailler.
Jamal Chaqroun est un jeune homme d’affaire talentueux, qui a toujours été
curieux de tout, s’est appliqué à lire et à se documenter pour avoir une idée plus large
de la vie que celle limitée aux métiers qu’il pratique et doté d’un sens de l’écoute
aigu, qu’il a allégrement cultivé avec son beau-père, feu Abdelkader Bensalah, un
des plus grands visionnaires en affaires du Maroc de l’époque de feu le roi Hassan II.
A la mort de son mentor, Jamal quitte le groupe familial pour en laisser
naturellement le commandement aux héritiers, il monte sa propre entreprise GD
Holding en 1995 qui devient en moins de dix ans un des groupes diversifiés les plus
prometteurs du pays.
Jamal a toujours reconnu que son succès était d’abord dû à un travail d’équipe; et
quelle équipe puisque Jamal a été à la tête d’une entreprise de plusieurs milliers de
personnes qu’il a ensuite revendu à une multinationale.

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Surprenants entrepreneurs marocains

Dans son discours et au cours des différentes discussions que nous avons eu avec
lui, le mot «nous» apparaît fréquemment. En tant qu’homme responsable et engagé,
il reconnaît lui-même les effets malheureux de certaines de ses décisions. En réalité,
tout commence par lui, mais rien n’est à propos de lui.
« La volonté fait que chaque personne réussit. »
Jamal Chaqroun
Au fur et à mesure de nos existences, nous développons des réactions à l’égard
de ceux qui nous entourent, nos parents, nos professeurs, nos frères et sœurs, nos
conjoints, nos collègues de travail, etc. Nous devenons, petit à petit, un ensemble de
réflexes conditionnés qui agissent et nourrissent notre volonté.
Imaginez le résultat après que ce processus se soit reproduit plusieurs centaines
de fois pendant notre existence. Bingo!! Nous y allons tout naturellement, parce
que non seulement nous avons appris à le faire, mais nous avons répété ces réactions
encore et encore jusqu’à ce qu’elles soient devenues... une partie de nous.
Mais si nous sommes susceptibles d’être hypnotisés malgré nous parce qu’étant des
êtres humains, nous réagissons comme des êtres humains, c’est-à-dire avec une dose
d’improvisation voire d’imperfection, avec des états d’âmes, des bobos de l’esprit ou
des bobos qui viennent nous saper le moral de temps en temps. Comment dans de
telles conditions pouvons-nous surmonter des réactions que nous serions susceptibles
d’avoir et qui nous éloigneraient de nos objectifs?
La réponse est simple parce qu’elle est contenue dans la question. Nous avons
constaté qu’en fait la réponse dépendait de la question, car le plus important est avant
tout les questions que l’on se pose. Mais de quelles questions s’agit-il?
Quand El Hadj Miloud chaâbi, enfant, s’est fait « attraper » dans le train pour
n’avoir pas payé son ticket, il s’est dit que cela ne devait plus jamais lui arriver. Il aurait
pu en rester là, mais cette réflexion a accentué sa motivation pour ne plus jamais se
faire attraper en se disant : « Comment dois-je mener ma vie pour que ce genre de
mésaventure ne m’arrive plus jamais? ». Sa vie, il l’a bien menée en développant un
conglomérat qui emploie aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers de personnes
au Maroc et en Afrique dans les domaines de l’industrie, de l’immobilier et de la
distribution.
Quand le professeur Harouchi a été estomaqué par l’état de délabrement avancé
du hangar mis à sa disposition pour servir d’hôpital, il ne s’est pas découragé.
Plutôt que de se plaindre d’être confronté à une mission impossible, il s’est plutôt

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Chaque personne est maîtresse de son destin

dit : « Comment pourrais-je regrouper une équipe de bénévoles pour m’aider à


construire un service de chirurgie pédiatrique digne des meilleurs hôpitaux du
monde? ». Par cette question qui paraît anodine, non seulement il s’est ouvert
un monde de possibilités, mais il s’est également fixé un standard qu’il a souhaité
atteindre. L’avenir lui a donné raison.
« Les gamins de mon âge allaient à la plage, alors que moi je travaillais
pendant les trois mois de vacances. En rentrant chez moi le soir, je courrais en
portant les mêmes habits. »
Hicham El Guerrouj
On ne peut pas parler des grands du sport au Maroc, sans parler de lui. Lorsque
Hicham El Guerrouj, natif - en 1974 - de la région de Berkane, double champion
olympique et quadruple champion du monde, chute brutalement lors de la finale
de l’épreuve du 1500 mètres aux jeux olympiques d’Atlanta en 1996, arrivant à la
douzième place, il prend entière responsabilité de ses actes. A aucun moment il
ne met cette défaite sur le dos du temps, d’une flaque d’eau ou d’un concurrent
malveillant. Par contre, il se remet en question en se disant comment pourrait-il
utiliser cet événement tragique comme leçon pour l’avenir?
En 2000 aux jeux olympiques de Sidney, la malédiction continue lorsqu’il termine
deuxième, ne se contente pas de cette « maigre victoire » et se promet de revenir à
la charge quatre ans plus tard. Aux jeux olympiques d’Athènes en 2004, il termine
sa carrière olympique en apothéose à travers, non pas une médaille d’or, mais plutôt
deux médailles, dans l’épreuve du 1500 mètres et celle du 5000 mètres. Un doublé
olympique qui n’a jamais été réalisé depuis les jeux olympiques de Paris en 1924.
Ce champion exceptionnel réalisa ainsi la promesse faite à ses parents lorsque, très
jeune, il quitta sa ville de Berkane pour aller s’installer à Rabat en leur déclarant que
ce ne sera pas une, mais deux médailles olympiques qu’il ramènera avec lui!
S’il y a des éléments que nous souhaiterions que vous reteniez de nos travaux de
recherche, le constat qui suit en est probablement l’un des plus importants. Les femmes
et les hommes qui ont réussi au Maroc se différencient de ceux qui passent leurs temps
à se plaindre, à blâmer ou à trouver des excuses par leurs extraordinaires capacités à
s’entraîner, à se poser des questions constructives à chaque étape de leurs vies.
Il faut comprendre que toutes réactions à des événements, que ceux-ci soient
dépendants ou indépendants de votre volonté et quelles que soient leurs natures,
doivent être volontaires, mises au service de vos intérêts, de vos valeurs et de vos
objectifs.

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Surprenants entrepreneurs marocains

Le monde a vécu durant l’année 2008 la pire crise économique jamais connue.
Cela voulait-il dire que tout allait s’écrouler et que le monde entier allait sombrer
dans le chaos? Non!
Tout comme les crises économiques précédentes, le monde s’adapte à une nouvelle
forme de commerce. Les Etats s’unissent pour mettre en place des mesures d’aides
et de régulations. Les entreprises se restructurent douloureusement pour voir
émerger une nouvelle race d’entrepreneurs, de produits, de modes de consommation
qui n’auraient jamais vu le jour autrement. Doit-on blâmer les événements qui
surviennent? Certes, une accalmie en douceur, après l’euphorie des années 2006 et
2007, aurait été préférable à cette explosion de scandales à répétition, à ces faillites
retentissantes et à ces millions de personnes sans ressources. C’est cette capacité
de résistance et de résilience des hommes qui est la plus forte; capacité qui est
développée à travers de bonnes réponses obtenues découlant des bonnes questions
que l’on a pris la peine de se poser.
Les personnes qui réussissent au Maroc n’ont pas besoin de l’accord des autres
pour poursuivre leurs idéaux. Elles ont l’audace de prendre des initiatives en dehors
des pressions sociales. Elles sont plus occupées à faire ce qu’elles aiment plutôt qu’être
aimées par les autres. Ces gens-là ne sont guère hantés par aucune de leurs défaites,
par aucun de leurs échecs et ne cherchent jamais un « bouc émissaire » pour se
consoler de ne pas avoir agi autrement. Lorsque l’objectif est atteint, ils se félicitent
et se congratulent en imputant souvent les délicieuses nouvelles à leurs équipes.
Lorsqu’un échec vient ralentir momentanément leurs parcours, ils en endossent
pleinement la responsabilité.

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Chapitre 2
Ce que l’on veut : la passion

• La personne doit être extrêmement claire et précise sur ce qu’elle veut.


• La passion est le meilleur carburant pour rester dans le chemin de
l’accomplissement et réaliser de grandes choses.
• La flamme de la passion doit être constamment allumée.

« On n’appréhende pas l’avenir, on ne le prédit pas. On travaille avec des


tendances, si vous ne savez pas d’où vous venez, vous n’allez pas savoir où vous
irez. »
Mahdi Saadi-Elmandjra

Il nous accueille très chaleureusement dans une petite villa très discrète à Hay Riad
à Rabat. Nous nous installons dans un petit salon. Très vite, nous sommes frappés
par le nombre de livres. Des livres dans un bureau qu’on aperçoit, des livres dans une
bibliothèque à côté, des livres qui commencent à envahir le salon. Bref, des livres,
des livres et encore des livres.
Immédiatement et dès les premières questions, on sent une passion exceptionnelle
qui se dégage de cet homme à la vie et à la carrière internationale époustouflantes.
Pour lui, chaque document, chaque événement et chaque moment de son long
parcours professionnel et personnel sont répertoriés comme témoins de moments
précieux, plein de passions, de joies, de bonheurs, de triomphes et malheureusement
dans certains cas, plein de douleurs et de tragédies.

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Surprenants entrepreneurs marocains

Des listes sont compilées et documentées des différents déplacements depuis son
plus jeune âge en passant par ses voyages dans plus de cent pays dans le monde dans
les différentes fonctions qu’il a occupées, que ce soit en tant que premier directeur
de la Radiodiffusion-Télévision Marocaine, Directeur Adjoint de L’Unesco, Recteur
de l’Université Mohammed V à Rabat, Consultant Spécial de l’ONU ou membre
du très select et prestigieux organisme de prospective « Club De Rome ». De plus,
des albums photos retracent son histoire et son vécu, depuis son enfance dans un
Maroc en quête de son indépendance politique, en passant par les photos de ses
nouveaux petits enfants.
Quand on visite son site Internet, on voit se dérouler une liste qui n’en finit pas
avec toutes ses publications dans les revues spécialisées, ses livres publiés ou la liste
des conférences qu’il a animées. Même les DVD piratés, que l’on retrouve au marché
aux puces (Derb Ghallef ), de certaines de ses conférences attestent de ses présences
excessivement passionnées lorsqu’il prend la parole pour défendre des idéaux et des
principes qui lui sont très chers et pour lesquels, il a toute sa vie combattu, à savoir
le droit au respect et à la dignité humaine pour tout un chacun.
Tout compte dans sa vie et tout nourrit ce désir que le professeur Mahdi Saadi-
Elmandjra a de vivre intensément les choses, avec l’ultime conviction que tout
événement dans la vie est précieux, qu’il a son poids et son importance et qu’il doit
être vécu pleinement, c’est-à-dire vécu avec « Passion ».
Cette passion pour la vie va être très vite et constamment confirmée pour les
descriptions des différentes étapes de la vie du Professeur Mahdi Saadi-Elmandjra.
« Croire en ses idées, croire en soi. La passion, on la nourrit en la laissant
vous nourrir. C’est vrai que quand on va jusqu’au bout avec passion il y a ce
« push » qui vous fait avancer. Les gens voient ce que l’on fait par conviction,
mais je peux vous assurer que ce qu’il faut pour arriver, c’est de sentir le bonheur
du dépassement de soi. Moi quand je ne tremble pas, je ne suis pas à l’aise. » 
Mahdi Saadi-Elmandjra
Ce qui est intéressant, c’est que l’on retrouve ce trait de caractère de la passion chez
pratiquement toutes les personnes que l’on a rencontrées. Que ce soit Moulay Hafid
Elalamy qui estime que dans la vie on ne va nulle part sans passion, passion pour
la vie et la réussite qui a été très tôt remarquée par ses professeurs et avec laquelle il
s’est retrouvé dès ses premières années universitaires à enseigner à la même université
où il était étudiant. Ou que ce soit Mme Meriem Bensalah Chaqroun qui est
constamment poussée par une passion qui prend la forme d’une rage de construire,

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Ce que l’on veut : la passion

de développer et de contribuer ; et qui en sa présence, on sent qu’elle sait ce qu’elle


doit faire et comment elle doit agir. Tout ceci avec une humilité et une discrétion
impressionnantes.
« L’objectif est de faire quelque chose dans sa vie pour qu’elle ait un sens.»
Moulay Hafid Elalamy
Natif de la région de Marrakech et issu d’une famille bourgeoise, Moulay Hafid
Elalamy se trouve confronté à l’âge de dix ans à des responsabilités avant l’âge
suite au décès de son père, banquier au sein de la Banque du Maroc. Il est forcé
de « grandir » vite et d’assumer le rôle de l’«homme » de la famille auprès de sa
mère pour préserver le patrimoine familial. Cette perte tragique et soudaine de son
père déclenche en lui une rage de survie pour laquelle il n’a jamais vraiment eu le
choix. Il va exceller dans tout ce qu’il entreprend. Il commence d’abord par faire
de brillantes études universitaires au Canada, pour ensuite intégrer le Ministère
Des Finances de la Province du Québec à l’âge de 22 ans. De retour au Maroc, il
intègre le prestigieux groupe ONA en collaborant directement avec son président
en 1989. Quelques années plus tard, il fonde son propre groupe Saham qui opère
dans l’assurance, la distribution, les centres d’appels téléphoniques, les services et
l’immobilier. Dans la foulée, il est plébiscité par ses pairs et accède à la présidence de
la CGEM (Confédération Générale Des Entreprises Du Maroc). Il contribue aussi
dans le domaine caritatif à travers ses efforts au sein de l’Association Lala Salma de
Lutte contre le Cancer (ALSC).
« J’ai toujours tout fait avec passion. »
Larbi Sekkat
Pour Larbi Sekkat qui attribue fortement sa réussite professionnelle à une passion
caractérisée par une volonté hors du commun et un désir constant de chercher la
perfection. D’ailleurs malgré son état de santé et son âge avancé, on sent derrière
l’homme qui nous parle humblement et doucement, une énorme force de caractère
et une passion inébranlable.
Quand il nous reçoit au sein de son domicile en la présence de son élégante épouse
Mme Leila Sekkat, on déduit très vite le rôle et l’importance primordiale qu’a joués
cette grande dame dans la réussite de son mari. D’ailleurs tout au long de notre
entretien, elle sera d’une grande assistance en éclairant certains événements qui
ont fait la grandeur du parcours de son conjoint. Malgré son âge avancé et son état
de fatigue, Larbi Sekkat nous fera quand même l’honneur et le plaisir de partager

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Surprenants entrepreneurs marocains

avec nous les éléments clés de son parcours très enrichissant à travers une entrevue
époustouflante. On ressort ébloui par l’humilité, l’intégrité et la simplicité de cet
homme.
C’est un grand homme qui a été nourri toute sa vie par la passion des choses bien
faites. Surtout qu’il décrit qu’il avait l’habitude d’« avaler » la façon de faire des
personnes qui l’intéressaient pour qu’il apprenne le maximum.
« C’est dans les Bazars que j’ai forgé mon éducation et même la langue
française je l’ai apprise dans les Bazars. »
Larbi Sekkat
Ayant quitté l’école très jeune pour subvenir aux besoins de sa famille, Larbi
Sekkat est envoyé en Suède par son employeur, le propriétaire d’un bazar où il
travaillait, pour faire du commerce. Arrivé dans ce pays et malgré son jeune âge,
il utilise son aisance pour les langues étrangères et arrive rapidement à monter un
commerce et s’intégrer parfaitement dans ce monde différent et étrange au sien. Plus
tard, il retourne au Maroc pour se lancer dans d’autres aventures qui feront de lui
l’un des pionniers de l’agriculture moderne au Maroc, n’hésitant pas à faire venir
les plus grands experts agronomes pour apprendre les techniques et les méthodes
d’agricultures les plus avancées. Il se lance aussi dans l’aventure du textile, ouvrant
plusieurs unités de production et instaurant un nouveau style de management. Il sera
le premier textilien à mettre de la musique dans ses usines et être fier de s’asseoir à
table dans la cantine avec les ouvriers.
« Atteindre l’objectif est une passion »
Anas Sefrioui
De même que pour Anas Sefrioui, sa passion c’est d’abord atteindre ses objectifs.
Avec une attitude comme celle-ci le travail devient un plaisir et donc les possibilités
d’accomplir sont énormes. On rajoute à cela une superbe capacité de travail qui fait
que pour lui passion et travail sont entremêlés.
Anas Sefrioui est un des plus grands promoteurs immobiliers du Maroc. Sa
réussite, il la doit à l’inspiration de son père, mais aussi et surtout à un désir sans faille
de réussir tout ce qu’il entreprend. Comme il raconte: « Mon tout premier terrain,
je l’ai acheté dans la douleur, celle qui vous prend aux tripes parce que vous êtes peut-
être le seul qui pense que ça va marcher, et que vous y mettez tout ce que vous avez.»
Il savait que l’achat de ce terrain a été pour lui un vrai parcours du combattant, mais
il savait aussi que ce terrain allait lui permettre de faire sa première affaire importante.

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Ce que l’on veut : la passion

« J’ai une philosophie que je voudrais laisser à mes enfants qui est celle
d’accomplir. A mon avis, le fait d’accomplir soi-même est plus important, car
même si tu as des pouvoirs à faire accomplir cela par quelqu’un d’autre et ce n’est
pas toi qui le fais, ce n’est pas la même chose. Il me semble que la chose la plus
importante c’est d’arriver à un résultat. Ce n’est pas le travail qui me motive,
c’est le fait d’accomplir. »
Amine Benkirane
On le connaît comme goal et ensuite comme entraîneur de football. On l’a suivi
du Wydad de Casablanca à Majorque en Espagne. On le connaît pour son intégrité,
pour sa discipline, pour son sérieux et pour sa rigueur. On le connaît pour nous avoir
tous fait vibrer lors de la coupe du Monde de Football de Mexico en 1986 en tant
que gardien de but de l’équipe nationale marocaine de football. On le connaît aussi
pour avoir mené l’équipe nationale marocaine de football à la finale de la Coupe
d’Afrique Des Nations en 2004.
Badou Ezzaki, connu sous le nom de Zaki, est avant tout quelqu’un qui sait
exactement ce qu’il fait et où il met les pieds. Né le 2 avril 1959 à Sidi Kacem,
il débute son parcours professionnel dans cette ville, passant brièvement par la
ville de Salé, où il intègre en 1976 le Club de l’AS Salé, avant de venir s’installer
à Casablanca en 1978 pour rejoindre les rangs du prestigieux club casablancais le
Wydad.
Ses prix, ses récompenses et ses distinctions seraient trop longs à énumérer dans ces
pages, citons au passage, entre autres, que le prix du Ballon D’Or Africain en 1986,
Meilleur Joueur Etranger dans la Ligua Espagnole en 1987 et meilleur gardien de
but dans la Ligua Espagnole en 1989, 1990 et 1991. La Confédération Africaine de
Football ira même plus loin dans son éloge sur Zaki, faisant de lui le meilleur gardien
de but africain du 20e siècle.
Reconnu pour ses qualités en tant que personne disciplinée et rigoureuse, il sera
vite sélectionné comme Capitaine de l’équipe de Majorca et Capitaine de l’Equipe
Nationale Marocaine de football.
Pieds sur terre, comme il le dit, il sait qu’il doit commencer par le début: observer,
monter progressivement la barre de son exigence envers lui-même et continuer
toujours à améliorer ses ambitions. Même une fois que sa carrière se développe à
l’international, il continue de garder la tête sur les épaules et de faire des efforts pour
se surpasser. De même que son sens de l’anticipation et la clarté de ses objectifs ont
été sans aucun doute des facteurs déterminants pour sa réussite.

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Surprenants entrepreneurs marocains

« Le secret de la réussite, c’est le travail et le dur travail, sans attendre la


récompense. »
Badou Ezzaki
Très peu de joueurs de football au Maroc peuvent prétendre avoir une statue à leur
effigie dans la ville où ils ont joué dans un club sportif en Europe.
« Si les gens me voient aujourd’hui tel que je suis, ils vont me jalouser,
mais s’ils savaient ce que j’ai enduré pour arriver à cela, ils vont dire oui, oui,
c’est vrai, ce n’est pas facile. Je devais travailler et montrer le meilleur de moi-
même, car il faut faire des sacrifices, un mode de vie très dur, etc. C’est en fait
devenir un robot. »
Badou Ezzaki
En recherchant différents articles sur lui, on apprend qu’un journaliste américain
a estimé que Hicham El Guerrouj est la meilleure chose qui soit arrivée au Maroc
après le couscous.
Mais El Guerrouj a dû se battre et surtout se conditionner mentalement. D’abord
le sport l’a inspiré au point qu’il considère qu’il est né pour courir et que courir
c’est avant tout pour le plaisir. Avec une vision très claire, chaque jour et chaque
entraînement sont des plaisirs qui, avec la course, donnent naissance à un grand
amour, « comme avec une femme », comme il aime si bien le dire. Il trouve sur les
terrains de compétition un espace et un univers où il peut s’exprimer. Tout cela avec
une détermination hors du commun.
« Je suis né pour courir. »
Hicham El Guerrouj

« Je me bats jusqu’à la dernière minute pour mes idées, ma conviction, mes
passions ; ne pas lâcher le morceau, c’est-à-dire donner le maximum jusqu’à
la fin, l’engagement, la responsabilité, ça me rattache à tous mes « drivers »,
c’est comme ça. Moi, je me dis que ce qui me pousse c’est la passion, il y a une
vraie passion, donc j’ai ce qu’il me faut, personnellement, matériellement,
mais c’est cette passion qui m’oxygène et qui m’alimente tous les jours. »
Meriem Bensalah Chaqroun

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Chapitre 3
Accomplir un grand travail sur soi. Être très exigeant
envers soi-même. Être sans cesse en train de s’améliorer

• Un grand travail doit être fait sur soi-même.


• Chercher constamment à s’améliorer.
• Être redevable et exigeant envers soi-même.


« Il y avait un entraîneur qui me disait : si tu t’entraînes très dur, le jour
de l’examen ça sera trois fois moins difficile, si tu ne t’entraînes pas, si tu ne te
donnes pas les moyens à l’entraînement, l’examen sera infranchissable; donc
fais-toi mal à l’entraînement et tu verras le jour du match, le jour de l’examen,
que ce sera juste une simple formalité. »
Abdelatif Benazzi

Natif de l’Oriental au Maroc, très tôt, il se sent un penchant pour le rugby au vu


de son physique imposant. Il excelle, très vite, de compétition en compétition pour
attendre le summum de son champ d’activité. Comme si jouer pour le Quinze de
France (l’équipe nationale française de rugby) n’était pas un défi assez insurmontable,
il parvient à se hisser encore plus haut en devenant le capitaine de cette équipe et à
être décoré par le président de la République française.
Comment un rural de la région d’Oujda se retrouve à diriger une équipe aussi
prestigieuse et à affronter les meilleures équipes du monde dans les plus grandes
compétitions de rugby?
La réponse à cette question est à la fois très simple et très complexe. Très simple,
car cela nécessite une volonté de fer. Très complexe, car cela exige un travail sur soi

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Surprenants entrepreneurs marocains

permanent et constant. Pour Benazzi, la réussite c’est d’abord être plus exigeant
envers soi-même que les autres ne le sont envers nous.
« Je faisais plus qu’il ne fallait en m’entraînant tous les jours et ce pendant
deux heures. Ainsi les quatre-vingts minutes de match étaient pour moi comme
un entraînement, c’était facile. »
Abdelatif Benazzi
Pour Benazzi, il faut se donner les moyens pour apprendre même quand on ne
gagne pas; c’est ce qui fait que l’on réussit à long terme. L’impossible n’existe pas
pour lui. Il ne cherche pas la facilité. Il cherche aussi à fréquenter les meilleurs, car
il estime qu’au contact des sages on devient sage, au contact des intelligents, on
devient intelligent, au contact des meilleurs on devient meilleur. Donc pour lui, ce
n’est pas de la prétention ou le fait de copier des autres, mais plutôt d’apprendre et
de s’enrichir de leurs parcours et de leurs expériences.
Ce qui est aussi important pour Benazzi, c’est que le travail et le suivi individuel
sont les bases de toute réussite. Pour lui, chaque personne a son adversaire en elle.
Il ne faut pas s’attarder ou se vanter, mais se dire que l’on sera à la hauteur quelques
soient les événements qui ont lieu. Donc dès le départ il est nécessaire d’aller sur le
terrain. Il ne faut jamais, comme il insiste et le répète, se considérer champion, car à
ce moment-là, on va tout perdre. Pour Benazzi, il faut laisser les autres témoigner de
nos mérites et de nos réalisations. Gagner son propre combat, c’est se conditionner
et ne jamais s’enflammer, tout en acceptant le principe que la réussite passe par un
grand effort et de gros sacrifices personnels.
Tout ce conditionnement mental et ces efforts de travail sur soi-même sont des
ingrédients essentiels de la réussite que l’on a pu observer lors de nos entretiens.
Par exemple, on peut citer le cas de Jamal Chaqroun qui, avant l’âge de 18 ans, a lu
presque 300 livres et continue ses lectures avec une moyenne annuelle d’une centaine
de livres. Pour lui, ses lectures, qui constituent son auto-éducation permanente, lui
permettent de s’oxygéner l’esprit, d’être constamment à l’affût de nouvelles idées,
de nouvelles tendances et surtout de découvrir de nouvelles opportunités. Pour la
petite anecdote, Jamal dort en moyenne entre 4 et 5 heures par jour. Cette capacité
de si peu dormir tout en étant en bonne santé physique lui permet d’aller encore
plus loin dans son éducation et son développement permanent.
« Le conditionnement physique est un des facteurs de résistance. »
Ali Najab

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Accomplir un grand travail sur soi

De toutes les personnes que nous avons eu le privilège de rencontrer dans le cadre
de nos recherches, deux personnes méritent une mention spéciale pour leur courage
et la difficulté des épreuves qu’elles ont endurées. A travers les entretiens avec eux,
nous en sommes sortis plus grands de les avoir écoutés et plus petits devant des gens
d’un si grand humanisme et courage.
Le premier d’entre eux se nomme Capitaine Ali Najab. Né le 20 Décembre 1943 à
Maghraoua tout près de Bou Iblan au cœur du Moyen Atlas, Ali Najab fit ses études
primaires puis s’envola pour Casablanca où il obtient son diplôme du baccalauréat.
Le métier de pilote de chasse le passionne. Il s’engage dans l’armée de l’air le
premier novembre 1965. Il est tout de suite envoyé aux Etats-Unis pour faire pilote
de transport à Randolph Air Force Base au Texas. Il en sort major de sa promotion
avec Félicitation du Training Air Command.
A son retour au Maroc, le Commandement l’envoie à l’Ecole Militaire de l’Air
française. Il en sort avec un diplôme et le grade de lieutenant. Suite à quoi il est
choisi pour être pilote instructeur à Aulnat en France. Au cours de sa formation ses
instructeurs décèlent en lui des qualités de pilote de chasse et le recommandent pour
faire l’Ecole de Chasse Française à Tours.
De retour au Maroc, il est affecté à la 2ème Base Aérienne des Forces Royales
Air à Meknès où il assume plusieurs responsabilités: Commandant d’Escadrille
Opérationnelle, Commandant d’Escadrille de Reconnaissance Photos et Officier
de Sécurité des Vols Base. Il est aussi désigné par l’Etat Major Général pour assurer
de temps en temps la fonction d’Aide de Camp à l’époque de Son Altesse Royale le
Prince Héritier Sidi Mohammed.
En 1976, le Capitaine Ali Najab est muté au Sahara comme chef de détachement
des avions F-5 et quelques mois plus tard chef des Moyens Opérationnels Base. Il
prend part aux opérations en effectuant plus de 120 missions opérationnelles. Il est
décoré de la médaille de guerre et obtient une lettre de Félicitation de la Part du Chef
d’Etat Major Avancé de la Zone Sud.
Sa carrière va prendre un tournant tragique. Au cours d’une mission aérienne
de reconnaissance en 1978, son avion est abattu par un missile antiaérien. Il sera
emprisonné pendant vingt-cinq ans où il connaîtra avec ses compagnons torture,
humiliation et toutes sortes de traitements inhumains. C’est ainsi qu’il décrit avec
beaucoup d’émotions ses premières heures de captivité :
« Au moment de l’éjection de mon avion, j’ai eu des problèmes de séparation avec
le siège éjectable dont je devais me séparer et en même temps ouvrir le parachute
manuellement. Sitôt arrivé au sol, j’ai marché pendant 35 minutes dans la direction

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Surprenants entrepreneurs marocains

d’une unité amie qui se trouvait non loin de là, à environ 10 kilomètres. A un
moment donné, il y avait des balles qui sifflaient à ma droite et à ma gauche. Je me
suis retourné et j’ai vu trois jeeps arriver sur moi à toute allure. J’ai très vite compris
que c’était le Polisario. Je me demande encore à ce jour pourquoi je n’ai pas levé les
bras. On me posera d’ailleurs la même question plus tard : « Pourquoi tu n’as pas levé
les bras ? On a failli te tuer ». Je leur ai tout simplement dit que c’était parce que je
n’avais pas d’armes. Donc dès que ces trois jeeps sont arrivées, six de leurs soldats ont
sauté sur moi. Alors ce fut l’enfer. Ils ont commencé à me rouer de coups partout.
Puis ils m’ont ficelé pour ainsi dire: les mains attachées derrière le dos et les pieds
aussi et ils m’ont jeté à quatre dans un véhicule Land-Rover et curieusement sur mon
siège d’avion qu’ils ont aussi récupéré. J’ai continué à recevoir des coups et puis je
ne me souviens plus de rien. J’ai repris connaissance le lendemain tard dans l’après-
midi. Je me rappelle très bien du soleil qui se couchait quand ils m’ont capturé,
c’était presque le crépuscule. Ils m’ont alors enlevé les cordes et ont commencé à
m’interroger.»

Cette captivité du capitaine Ali qui a duré un quart de siècle dans les conditions
les plus rudes que même l’imagination ne peut concevoir. Habiter dans un trou
dans le désert, vivre les aléas climatiques d’un endroit difficile et supporter la chaleur
intenable la journée et le froid glacial le soir.
« Vous savez ce que ce sont ces trous. Au départ, on les a creusés pour faire
des briques pour construire des murs. Ces trous étaient soit de forme circulaire
avec des diamètres de 3 ou 4 mètres ou de forme rectangulaire avec 6 mètres
de longueur, 3 de diamètre et 2 mètres de profondeur. Quand c’était de grands
trous c’était pour y mettre 140 à 150 prisonniers entassés les uns sur les autres.
Pour dormir, quand cela était possible, on se couchait sur des morceaux de
carton, lorsque l’on en trouvait, avec deux petites couvertures minces que l’on
utilisait pour faire un peu d’ombre la journée et se couvrir le soir.»
Ali Najab
Malgré toutes ces difficultés et les rudes conditions de sa captivité, ce brave et
courageux capitaine continuait à se conditionner mentalement et surtout, à ne pas
perdre son humanisme. Il savait qu’au milieu de cet enfer, au milieu des difficultés
qu’il rencontrait, il fallait impérativement continuer à s’accrocher, ne pas perdre
espoir et maintenir sa dignité humaine.

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Accomplir un grand travail sur soi

C’est ainsi qu’il raconte un geste fort de générosité :


« Quand j’ai commencé à avoir plus de contact avec la Croix Rouge, cela
commençait à aller mieux. Toutes les maladies étaient déjà installées chez les
prisonniers. À partir de là, et malgré le grand soutien des colis de la Croix Rouge,
seulement 1 sur 3 nous parvenait. Un jour, je ne sais pas comment on est tombé
sur une orange. Un prisonnier l’a donné à un officier. Cet officier rentre et nous
dis : « j’ai une orange », on lui répond qu’il faut la donner à un malade. Il me dit :
« non, car ce n’est pas comme ça que l’on va faire ». Il propose de la partager en 42
parts, et ce, pour marquer l’esprit de solidarité, pour que cela serve de leçon pour
tout le monde. Ici tout se partage et tout appartient à tout le monde. Alors, quand
j’ai reçu les premiers colis, je me suis dit, la part du lion doit aller aux soldats malades,
donc leurs parts d’abord. Même si cela ne leur fait pas grand chose, cela doit au moins
leur faire plaisir. Un jour, un gardien qui est venu me voir me dit :

−− (Gardien): Najab tu as reçu un joli colis, où est ma part ?


−− (Najab): Ta part, est-ce que tu la demandes en tant que gardien ou en tant que
personne ?
−− (Gardien): Je te la demande en tant que personne, pas plus !

Ainsi je lui ai donné un caleçon et un sous-vêtement alors que mes camarades me


l’ont reproché. C’est là où je leur ai dit :

−− (Najab): Ecoutez. C’est la quantité d’avenir qu’il faut investir dans le présent.
Notre sort est entre les mains de ces gens-là. Ce geste peut le pousser à réfléchir
et peut-être le convaincra à reconsidérer ses opinions sur nous. »

Capitaine Ali savait aussi que le conditionnement mental était un facteur clé pour
la réussite de son défi, à savoir sa survie et la survie de ses camarades. C’est ainsi qu’un
jour il raconte comment un camarade rigolait quand on lui ramenait des lentilles
dans un plat pour dix personnes avec des cuillères ou plutôt des moitiés de cuillères.
C’est alors que Ali Najab se tourne vers lui et lui répond: « Avec l’imagination on
peut tout surmonter. Imaginez qu’en ce moment même au lieu des lentilles, vous
êtes devant un couscous ou un bon tagine. Avec l’imagination vous pouvez tout faire
passer.» Il termine ce récit en mentionnant que tous les camarades ont ri pendant
un moment avant de revenir à la réalité.

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Surprenants entrepreneurs marocains

« Comment une personne qui, après une année de sa sortie du bagne de


Tazmamart peut, passer son baccalauréat, alors qu’il était épuisé et malade? »
Ahmed Marzouki
Le deuxième se nomme Ahmed Marzouki. Il passe plus de 18 ans dans le bagne de
Tazmamart et la première des choses qu’il entreprend immédiatement en retrouvant
sa liberté consiste à faire un grand travail sur lui-même à travers la reprise de ses
études et la publication de son célèbre livre « Tazmamart Cellule 10 », ouvrage à
grand succès qui relate son parcours carcéral.
« Dans ma tête je me disais toujours qu’il fallait tenir et il ne faut jamais
flancher. Il ne faut jamais se considérer battu. Tant qu’il y a de la vie, il y a
de l’espoir. J’étais sûr et certain que je devais survivre le maximum de jours
possible. »
Ahmed Marzouki
Pour Marzouki, ceux qui ont pu survivre à cet enfer et ce calvaire atroce sont les
campagnards dont la majorité écrasante avait reçu une éducation très sévère et avait
vécu dans des conditions très très dures.
« Il y a des niveaux en termes intellectuels, pas dans le sens éducation, mais
dans le sens force de caractère. C’est intéressant de voir chaque personne à un
certain niveau et pour passer au niveau supérieur, il y a du travail sur soi. »
Amine Benkirane
Beaucoup de personnes qui ont partagé avec nous leurs vécus, à travers leurs
échecs et leurs réussites, ont très vite compris que pour accomplir il faut plus que
de la volonté, il faut aussi l’énergie nécessaire pour accompagner et entretenir cette
volonté. Cette énergie on la dérive principalement à travers des activités physiques
qui nous permettent de nous ressourcer.
Ainsi pour Mohamed Berrada, qui a bâti un mastodonte de l’édition et de la
presse au Maroc, et qui explique la nécessité du sport et son impact fondamental
sur la réussite professionnelle de la personne: « Sur le plan physique, le sport aide
puisqu’il permet d’éliminer, de transpirer, de boire beaucoup d’eau afin de renouveler
beaucoup de choses dans le corps. Le sport, ça vous prive de vous diriger vers d’autres
préoccupations néfastes ». Comme le dit l’adage : « Un esprit sain dans un corps
sain. »

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Accomplir un grand travail sur soi

Né en 1941 à Oujda, père de deux enfants et titulaire du Diplôme des Hautes


Etudes Marocaines, il a commencé à enseigner au Lycée Français de jeune filles à
Oujda, puis part à Casablanca et intègre le monde de la presse par la porte de la
diffusion et de la distribution. Il commencera par se former à ce métier difficile,
encore balbutiant au Maroc, par des séjours en France, notamment auprès des
N.M.P.P et chez des journaux de provinces traditionnels tels le Dauphiné Libéré.
Au sein de Sochepress (Société Chérifienne de Presse), à l’époque filiale marocaine
de Hachette et des N.M.P.P, il gravira tous les échelons jusqu’à en devenir le
directeur commercial apprécié pour sa rigueur et ses convictions professionnelles
par sa direction générale, ses collègues et surtout des différents éditeurs marocains
arabophones comme francophones. Il quittera cette société pour s’en aller fonder sa
propre entreprise en 1977 : Sapress. Il s’agissait pour ce militant passionné et patriote
de mettre en place une structure qui soit authentiquement et fondamentalement
marocaine, pour briser un monopole de fait anachronique et en contradiction totale
avec le libéralisme et l’ouverture économique de son pays.
Il n’a cessé de se montrer actif tant au Maroc qu’à l’étranger, en travaillant à
organiser la profession, avec rationalité et ferveur. C’est ainsi qu’avec les éditeurs
marocains, de manière pragmatique et soutenue, il a mené en permanence des actions
au long cours pour imposer ses ambitions et ses idéaux visant la promotion de la
lecture et de la presse au Maroc.
Mohamed Berrada a très bien compris que l’impact du sport dépasse l’apport
physique car il permet aussi de développer l’esprit d’équipe et la compétitivité.
Les différentes feintes au Basket-Ball, comme il aime le dire, ont un côté élégant
et développent chez la personne la capacité d’apprendre à planifier, atteindre ses
objectifs et de se concentrer. On voit aussi que Berrada est quelqu’un de discipliné
qui valorise la régularité et la continuité.
Ce n’est donc pas surprenant que malgré ses 69 ans, il se lève toujours à 5h du
matin, arrive à 6h30 au travail et que depuis 30 ans son poids n’a pas varié. Il plaisante
même quand il dit que depuis 1977, son poids est toujours de 77 kilogrammes.
D’ailleurs malgré ses intenses activités professionnelles, il trouve le temps, entre
autres, de courir un jour par semaine pendant une heure et demie, de faire de la
musculation tous les dimanches, de la natation tous les samedis et bien entendu du
basket les autres jours de la semaine. C’est ce que l’on peut appeler de la discipline
et de la rigueur!

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Surprenants entrepreneurs marocains

Ce besoin de rigueur, de discipline et de conditionnement physique pour se


donner l’énergie de pouvoir accomplir et atteindre ses objectifs, est une constante
que l’on a fortement observée et constatée à maintes reprises.
El Hadj Miloud chaâbi se lève à 5h du matin : « Toujours 5 heures du matin! »
comme il le répète pour ensuite commencer à jouer son golf très tôt, souvent
démarrant son parcours dans le noir. Cette régularité acquise très tôt lui a inculqué
une discipline et une rigueur exceptionnelles. De même pour Jamal Chaqroun qui se
lève aussi toujours à 5 heures du matin, fait son heure de sport, pour être au bureau
à 6h30.

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Chapitre 4
Mettre en place des objectifs précis

• Un objectif commence par un rêve et c’est la personne qui dirige son rêve.
• Avoir des objectifs clairs fera que toutes les énergies et tous les efforts sont
focalisés sur la bonne direction, c’est-à-dire vers la réalisation des objectifs.
• Quoi que la personne rêve, pense ou sente elle provoque. (Principe de la Loi
d’Attraction).

« Je vais dessiner le chemin à parcourir pour atteindre mon but. »


Badou Ezzaki

Quant à notre réveil le matin, nous décidons de nous laver le visage, il y a de fortes
chances pour que nous allions automatiquement à l’endroit le plus approprié pour
cela, à savoir la salle de bain. Cet acte qui peut paraître banal est d’une importance
cruciale parce qu’il explique la différence entre ceux qui appliquent cette évidence
dans tous les actes de leurs vies et qui arrivent à destination et d’autres qui rêvent de
faire plein de choses mais qui n’y arrivent jamais. Savent-ils seulement traduire leurs
rêves en buts concrets qu’ils ont envie d’atteindre?
Badou Ezzaki donne le ton et toute sa vie sera une succession d’étapes au service
de ce but. Sur ce chemin qu’il s’est tracé lui-même, il va petit à petit le dessiner pour
atteindre son but.
Ce natif de la région de Sidi Kacem, a perdu son père, un passionné de foot, à
l’âge de cinq ans. Pendant leurs parties de foot, son regretté père lui disait sans arrêt:
«Toi, tu seras gardien de but.»

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Surprenants entrepreneurs marocains

Depuis cette période, Zaki s’est définitivement approprié cet objectif et n’a
cessé de le poursuivre depuis. Son père lui a-t-il soufflé son but ? Peut-être. Zaki
avait conscience de son don et de ce qu’il pouvait lui apporter dans sa vie. Un but
tellement puissant qu’il a été surpris dès l’âge de 15 ans de se voir proposer une
carrière au prestigieux club de football casablancais le Wydad.
Les objectifs sont les enfants de nos rêves. Qui ne rêve pas? Eveillés ou endormis,
nous sommes des rêveurs permanents. De ces rêves naissent les idées et les histoires
des plus belles success-story.
Le professeur Mahdi Saadi-Elmandjra explique comment concilier une vision
et l’environnement lorsqu’il déclare: « Etablir une relation entre vous et une autre
personne sans atteindre sa personnalité et en respectant sa vision des choses ».
Il explique ainsi à travers le contexte de l’école que les idées transmises par ses
professeurs étaient toujours prises en considération, mais que sa vision à lui, du
monde et de ses objectifs de vie, étaient encore plus forts. «Je vous assure qu’après
cette école-là, j’ai été admis à la prestigieuse Harvard University aux USA et dans
d’autres grandes écoles. Mais le comble, c’est d’être admis à l’université Harvard et
de ne pas y aller ». Mahdi Saadi-Elmandjra a très bien compris que la clarté de nos
buts nous donne une force immense.
Un des exemples les plus criards de ce qu’un objectif peut donner comme ailes est
certainement celui de Hicham El Guerrouj.
« Il y a une personne qui m’a inspiré comme elle a inspiré des milliers de
Marocains, c’est le champion de course de demi-fond Said Aouita. Comme
je dormais avec mes frères et sœurs, je décorais la chambre avec les photos
d’Aouita.»
Hicham El Guerrouj
C’était en 1988 au moment où Hicham a vu Said Aouita gagner la course du 3000
mètres, que sa vie a basculé de celle d’un simple écolier de la région de Berkane à
celle d’un professionnel de la course de fond.
« Si je ratais le sport, c’était fini pour moi. Tous les jours, c’était un défi.
Aller avec un objectif et rentrer avec un objectif. Mon grand objectif est de ne
jamais rentrer sans médailles. »
Hicham El Guerrouj

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Mettre en place des objectifs précis

Le monde entier connaît le résultat de la capacité de Hicham de se fixer des


objectifs qui sont incontournables dès lors qu’il les exprime clairement dans sa tête.
Même sa chute en plein effort aux jeux olympiques d’Atlanta était dévastatrice en
soi, un cauchemar, une formidable occasion et une opportunité de se fixer un nouvel
objectif, celui de remporter les jeux olympiques suivants, coûte que coûte. La suite,
nous la connaissons tous. Des milliards de personnes à travers le monde ont vu un
Hicham en état de grâce, les larmes aux yeux, embrassant un drapeau rouge à étoile
verte, celui de son pays le Maroc. Tous les téléspectateurs étaient là à vivre en direct
la résurrection de ce génie des stades, une des victoires les plus extraordinaires de
toute l’histoire de l’athlétisme.
Comme on le dit souvent, si on échoue à planifier alors on planifiera d’échouer.
Sans perdre de vue que l’absence de stratégie est la première cause d’échec.
Moulay Hafid Elalamy est un magnat de la finance avisé pour qui la stratégie et
la planification sont une des clés de son succès. Il rentre du Canada où il avait la
confiance de son président dans une des plus prestigieuses compagnies d’assurance
à la demande de Fouad Filali alors président du groupe ONA.
Il aborde ensuite une carrière marocaine fulgurante, enchaînant rachats de sociétés,
introductions en bourses d’un portefeuille d’assurance et création de son propre
groupe d’assurances dans le cadre de la holding Saham. Les télécoms, l’hôtellerie
et la distribution font partie des nombreux secteurs où de nombreuses affaires sont
passées au crible par ses équipes pour en évaluer tout le potentiel.
« Ce sont des plans dans ma tête. Je me dis dans cinq ans, je serais là et je me
fixe un objectif, parfois ambitieux, mais pas débile. »
Moulay Hafid Elalamy
Les personnes à succès savent que sans plans pour leur vie, elles sont sur le chemin
où la résistance sera la moins forte mais seront fatalement contraintes d’évoluer avec
le courant et sans destination particulière en tête. Par contre, le fait d’avoir un plan
précis pour leur vie leur permettra de prendre des milliers de décisions, bonnes ou
mauvaises, qui, les unes après les autres, les emmèneront vers le succès. Ayant parfaite
clairvoyance des objectifs et résultats à accomplir, ces personnes arrivent à identifier
facilement les actions qui les rapprochent de leurs buts et celles qui les en éloignent.

Sans plan défini et précis les résultats sont dispersés et dilués. Les objectifs
paraissent alors inatteignables en donnant la sensation amère de l’échec. Le moral
est alors au plus bas et la spirale de l’échec dans tout, pointe le bout de son nez

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Surprenants entrepreneurs marocains

en rappelant qu’il « Faut être comme tout le monde », à savoir être à la merci de
n’importe quel événement qui pourrait expliquer le manque de motivation.
« Quand j’ai une idée en tête, je cogite et si je sens qu’elle est bonne, je 
me fixe un objectif, et j’y vais. »
Anas Sefrioui
Anas Sefrioui, grand promoteur immobilier du Maroc, se donne rapidement
comme nouvel objectif encore plus ambitieux, celui de permettre à un plus grand
nombre de Marocains d’avoir accès au logement. La suite, la plupart d’entre nous la
connaissent: un parcours exemplaire qui a hissé la société d’Anas Sefrioui, Addoha,
au statut du plus puissant institutionnel de l’immobilier du pays.
Un objectif peut quelquefois paraître égoïste : «Je veux arriver à ceci ou à cela».
Dans cette équation, les autres ont peu de place dans la démarche, mais faut-il avoir
le consentement de tous pour y arriver ? Ou bien, comme cela est souvent le cas, la
précision du but est tellement claire qu’elle accélère sa réalisation parce que celui
qui porte le projet dans sa tête et dans son cœur prend tous les risques au service de
son idée.
Le premier terrain qu’Anas Sefrioui a acheté était situé au quartier El Oulfa
à Casablanca où il avait ramassé tout ce qu’il avait de disponible en ressources
financières. Plusieurs personnes essayaient de l’en dissuader, y compris des membres
de sa famille; alors qu’il y croyait dur comme fer et rien ne pouvait lui faire changer
d’avis, encore moins un autre promoteur qui avait des vues sur le même terrain.
Déterminé et convaincu, tout se mettait en place comme par enchantement.
Ainsi il réalisa alors une magnifique plus-value dans la valorisation de ce terrain. Sa
carrière dans le monde de l’immobilier décolla et commença à prendre la tournure
dont il rêvait.
Aujourd’hui, Anas Sefrioui est devenu au Maroc le numéro un de l’immobilier
et peut être considéré comme l’un des plus grands promoteurs dans le domaine
du logement social. Ses réalisations qui se succèdent de jour en jour ne font que le
confirmer. Lorsqu’il parle de son activité et de ce qu’il a accompli, on ressent bien
que ses objectifs sont ancrés dans sa tête à tout instant et que le scénario de son
développement y est également gravé.
Tout est pensé, réfléchi, minutieusement positionné pour garantir l’intégrité
de sa stratégie, c’est-à-dire vérifier que certaines de ses idées ne sont pas en conflit
avec sa vocation de départ. Rien n’est fait au hasard. Cependant, avoir des idées,

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Mettre en place des objectifs précis

les clarifier et les organiser pour qu’elles aient un sens ne suffit pas. Le secret de cet
homme c’est de ne jamais hésiter à exécuter immédiatement une tâche qui peut
être exécutée le jour même ou même au moment où l’idée surgit, après que celle-ci
ait été positionnée dans l’ensemble. Pour Anas Sefrioui, tout doit être orienté vers
l’exécution et les résultats. De plus, il ne se pose plus de questions après avoir pris
une décision. Il trace puis exécute, convaincu que c’est ce qu’il faut faire et persuadé
que Dieu l’accompagne.
Avez-vous déjà entendu parler de la «Loi de l’Attraction». Les physiciens les plus
renommés de ce monde vous diront que cette loi est aussi puissante que la loi de la
gravité qui explique pourquoi une pomme, comme tout autre objet sur terre, tombe
toujours dans le même sens, c’est-à-dire du haut vers le bas.
La Loi de l’Attraction stipule que toute pensée précise et forte provoque chez la
personne un sentiment, une émotion et une sensation tellement puissants que cette
pensée génère des vibrations, autour de la personne, qui attirent les événements
au service de cette pensée. Les pensées précises peuvent donc devenir des choses
concrètes. C’est ce que l’on appelle communément la chance et le résultat de cette
loi est que l’on attire vers nous ce à quoi on pense le plus souvent.
En analysant un peu ce processus et en essayant de comprendre, on remarque que
parfois ce dont on a besoin apparaît dans la vie comme par enchantement, que l’on
tombe dessus comme si on l’avait commandé ou que l’on reçoit un coup de téléphone
au sujet de la chose à laquelle on pensait.
Avez-vous déjà pensé à quelqu’un que vous n’aviez pas vu ou ne connaissiez pas
mais auquel précisément vous y pensiez très fortement? Peut-être avez-vous rencontré
un ou une amie, quelqu’un qui partage votre vie en y pensant très fortement.
Toutes ces expériences prouvent l’existence d’une loi qui attire les choses vers votre
vie. Mais attention, ça n’est pas forcément des bonnes choses, ça peut être aussi des
choses qui, sur le moment, sont désagréables.
Avez-vous par exemple entendu parler de personnes qui se trouvent toujours aux
prises avec de mauvaises relations et qui ne cessent de se plaindre qu’elles attirent
toujours le même genre de personnes? Cette loi se vérifie tout le temps, tout comme
la loi de la gravité.
Cette loi peut être définie de différentes manières. Dans le cas d’Anas Sefrioui
comme dans celui des personnes interviewées dans ce livre, elle s’impose clairement.
Ces personnes attirent dans leur vie toutes les choses auxquelles ils accordent de
l’attention, de l’énergie et de l’intérêt, que ces choses soient positives ou négatives.

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Surprenants entrepreneurs marocains

Ces personnes attirent dans leur vie tout ce sur quoi elles se concentrent. Quand elles
se concentrent sur le positif, elles attirent le positif et lorsqu’elles se concentrent sur
une carence, un manque ou le négatif, c’est exactement ce qu’elles obtiennent. Ces
personnes sont sans cesse en état de création. Elles créent leur réalité chaque jour et à
chaque instant. Elles créent leur future avec chacune de leurs pensées, consciemment
ou inconsciemment. Elles ne peuvent pas arrêter ce processus parce que la création ne
s’arrête jamais. La Loi de l’Attraction fonctionne de façon continue à leur avantage.
Elle fonctionne pour vous, maintenant et encore maintenant et de nouveau
maintenant, etc. Elle est là tout le temps. Comprendre comment cette loi fonctionne
c’est tirer un des principaux enseignements de ce livre. Pour changer sa vie, pour
prendre en charge la création d’un futur extraordinaire, alors il faut bien comprendre
le rôle et la puissance de cette loi: La Loi de l’Attraction.
Laisser la vie nous porter est dangereux. Créer son chemin est un droit et un don
de Dieu. Tout ce qui se ressemble s’attire.
« Les grandes personnes qui ont réussi ne se lamentent jamais sur le passé.
Gagné ou perdu, saute et va de l’avant. »
Ahmed Jamai
Quand il nous reçoit dans son bureau, M. Ahmed Jamai nous surprend rapidement
par sa vivacité d’esprit et la clarté de ses idées. Pourtant peu de choses prédisposaient
cet homme à un brillant parcours professionnel à travers la construction d’un
conglomérat dans les domaines de l’immobilier, de l’industrie textile et de
l’agriculture.
Né en 1949, Ahmed Jamai commence à travailler dans une société de textile dès
l’âge de 11 ans. Le mot clé pour lui était la nécessité d’apprendre, apprendre et
encore apprendre jusqu’à parfaitement maîtriser son domaine. Cette obsession pour
la maîtrise du domaine qui en fait pour lui un ingrédient essentiel pour la réussite.
Ainsi après cinq ans d’apprentissage, il ouvre dès le jeune âge de seize ans sa propre
société de textile.
« Le secret de la réussite c’est de faire les choses que l’on connaît et que l’on
maitrise. Celui qui fait les choses qu’il ne connaît pas est sûr d’échouer. »
Ahmed Jamai

L’autre qualité qui se dégage très rapidement de notre rencontre avec lui, c’est sa

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Mettre en place des objectifs précis

capacité et sa conviction de planifier, d’essayer d’anticiper au maximum pour tout


faire et éviter de ne pas savoir où on met les pieds.
« On fait toujours des planifications sur 20 ans – 25 ans. Les gens lisent
les journaux le jour, moi je les lis la veille au soir avant de dormir pour que je
puisse planifier et me préparer pour le lendemain. Celui qui ne planifie pas et
qui ne fait pas ses prévisions est voué à l’échec. »
Ahmed Jamai
Il nous raconte comment, quand feu le roi Hassan II lance en 1995 les grands
chantiers du logement social avec les objectifs de la construction de 200.000
logements par an, son groupe était déjà prêt. Déjà prêt, car cela faisait une vingtaine
d’années que le groupe d’Ahmed Jamai investissait dans l’immobilier à travers
l’acquisition de terrains dans différentes villes et régions du Maroc, et ce, dès 1968.
Pour lui, une personne ambitieuse doit toujours voir devant, jamais derrière. De
plus, il insiste quand il dit qu’il ne faut voir que les bonnes choses et ne pas voir
les mauvaises choses. La réussite, pour lui, c’est ne voir que les bonnes choses et
continuer à aller de l’avant.
Pour Ahmed Jamai, il ne faut jamais se contenter de peu. Il savait où il allait
sans jamais se donner la prétention « d’être arrivé ». Son combat constant l’a
même amené à ouvrir en 1972 un comptoir d’exportation en France pour la
commercialisation de ses produits et les produits d’autres fabricants.
« Pour un Marocain, aller s’installer en France, monter une affaire en
France et réussir en France, c’était pas du tout facile. »
Ahmed Jamai
« Rien ne me fait peur. Vraiment rien du tout. C’est ma force, Dieu merci. »
Ahmed Jamai

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Chapitre 5

Passer à l’action et travailler dur


• On peut avoir la meilleure idée, le meilleur plan, si aucune mesure n’est prise,
c’est seulement une idée ou un plan.
• Pour passer à l’action, il faudra beaucoup de discipline.
• Être en mesure de surmonter les échecs momentanés. Tout chemin de la réussite
est rempli de moments de reculs temporaires.

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« Je suis comme un fer. C’est à force de travailler qu’on arrive. Il faut rester
modeste, toujours modeste et avoir la foi en Dieu…Comme un fer, qui a été mis
au rouge, ensuite il durcit, remis au rouge et ensuite il redurcit. »
Hadj Miloud chaâbi

« La réalité est 1+1 = 2. C’est le travail. »


Larbi Sekkat

« La vie offre des chances et des opportunités à saisir. La vie offre une ou deux
opportunités pas plus. Je suis sûr et certain que c’est pour cela que vous voyez
des gens qui réussissent et d’autres non. Il ne faut jamais laisser échapper une
opportunité qui se présente. »
Ahmed Marzouki

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Surprenants entrepreneurs marocains

On raconte l’histoire d’un responsable d’usine qui avait un problème avec une
machine. Il fait appel à un grand spécialiste qui se ballade dans l’usine et observe.
Il observe et observe. Il se dirige directement vers un gros conduit de vapeur sur
lequel il frappe avec un marteau. Tout se met alors à bien fonctionner. Ce spécialiste
envoie ensuite sa facture au responsable d’usine pour un montant de 40.000 Dhs.
Le responsable d’usine le rappelle et lui explique que ce montant est exorbitant vu
qu’il n’a travaillé qu’un court instant et n’a fait que frapper avec un marteau. Le
spécialiste explique alors qu’il a facturé 1 Dh pour le coup de marteau et 39.999
Dhs pour savoir où frapper!
On a observé chez les personnes que l’on a rencontrées dans le cadre de nos
recherches que souvent le public développe une image simpliste de leurs succès
et réussites. On oublie les efforts énormes et les sacrifices insurmontables que ces
personnes ont dû accomplir et qui précèdent leurs triomphes.
Quand Anas Sefrioui fait tout pour ne jamais reporter une action au lendemain.
Quand on sait qu’il travaille 14 heures par jour, on n’est pas surpris des résultats
atteints, surtout quand on sait qu’il couple cette capacité de travail phénoménale
avec l’utilisation de beaucoup de bon sens.
« Il y a le succès interne avec soi-même et le succès tel qu’il est visible à
l’externe. La différence c’est que le succès interne on le vit toute sa vie. »
Mahdi Saadi-Elmandjra
Jamal Chaqroun venait d’intégrer l’entreprise de son beau-père, feu Abdelkader
Bensalah . Il savait qu’il devait travailler dur. Mais dur est un terme subjectif, ce
qui est dur pour une personne peut ne pas l’être pour une autre. Ainsi il raconte
que pour lui des journées de quatorze heures de travail étaient et continuent d’être
monnaie courante.
« La chance et le hasard sont aujourd’hui des notions mesurables. Reste
aussi que pour réussir, il faut du courage. »
Ali Najab
Le moteur pour l’action, la performance et cette capacité à s’adapter, on la trouve
entre autres chez Moulay Hafid Elalamy. Ce natif de Marrakech, qui malgré le fait de
perdre très jeune son père, ne s’accable pas sur son sort. Au contraire, cet événement
fait naître en lui une certaine rage d’entreprendre, d’accomplir et de réussir. Pour
Moulay Hafid Elalamy, perdre un père très jeune, c’est courir derrière un miroir qui
n’est jamais rattrapable. On a envie de plaire à ce père qui nous a tellement émerveillé,

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Passer à l’action et travailler dur

pour lequel on a un sentiment très fort et on le fait à l’infini. C’est peut-être un des
éléments moteurs internes d’un individu.
Moulay Hafid Elalamy motive toute sa démarche professionnelle par une volonté
d’être le meilleur, beaucoup de travail, des objectifs précis et une idée claire sur ce
qui doit être fait et comment cela devrait être fait.
Pour lui, une étape n’est pas faite pour y arriver et s’asseoir, mais plutôt pour être
franchie. Une fois l’étape franchie, on doit en redéfinir d’autres. C’est en prenant
des coups que l’on apprend. Il ne faut surtout pas, comme il l’explique, faire comme
ceux qui dès qu’ils arrivent à atteindre leur premier objectif se disent : « Voilà, on
allume nos cigares et on s’installe ! »
« Beaucoup de gens qui réussissent et qui vont entreprendre ont des rituels
en quelque sorte, des programmes à accomplir de façon à ce que, défi ou pas,
problème ou pas, crise ou pas, ils continuent d’avancer à l’opposé des personnes
qui ont des variations d’énergies. »
Mohamed Berrada
On a observé chez nos interlocuteurs leurs étonnements et leurs surprises face aux
gens qui ont tendance à sous-estimer l’effort et le travail nécessaires pour l’atteinte
des objectifs. C’est erroné et naïf de croire que l’on réussit du premier coup, sans
épreuves difficiles et que la chance y ait pour beaucoup. Ce que l’on oublie souvent,
c’est combien d’actions nos interlocuteurs ont entrepris et les efforts et sacrifices
endurés pour s’accrocher dans la réalisation de leurs objectifs.
« Les causes de la réussite sont, en premier lieu, un échec très tôt et une
réussite très tôt. »
Mahdi Saadi-Elmanjdra
Hadj Miloud chaâbi est l’exemple même d’une personne qui a su être en mesure de
surmonter les échecs momentanés et qui a compris que tout chemin vers la réussite
est rempli de moments de reculs temporaires.
El Hadj a bien mal démarré très tôt dans la vie et « c’est peut-être tant mieux »
nous dit-il aujourd’hui. Comme l’a évoqué avec beaucoup de panache le professeur
Saadi-El Mandjra, un des secrets de la réussite consiste à connaître très tôt dans sa
vie un échec et une réussite. El Hadj a vécu cette situation quand déjà tout petit,
son père, berger, lui imposait de surveiller les moutons pour son grand malheur et
malgré ses bons résultats scolaires. Un jour, alors qu’il s’était endormi, un mouton

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se perdit. N’osant pas affronter son père par peur de se faire réprimander par celui-ci
parce qu’il était sévère en termes d’éducation, il s’enfuit chez de la famille proche à
Sidi Mokhtar, un village situé entre Marrakech et Essaouira.
Quand il est accueilli, il exprime son désir de faire du commerce. Donc il demande
à ses hôtes de l’argent pour se lancer dans le commerce et faire des petites transactions.
« Ils ont commencé à rire et s’exclamèrent que même les adultes ne réussiraient pas
alors que lui n’est encore qu’un gamin !». Il n’arrivait pas à supporter ces paroles.
Puis sa mère s’est rendue compte qu’il ne mangeait pas et l’a interrogé sur la cause:
il lui répond qu’il voulait qu’on lui donne l’opportunité d’essayer.
Ainsi avec une modique somme d’argent que l’on lui a prêtée, il a commencé à
vendre dans les Souks, sauf qu’à chaque lieu ou à chaque transaction, il perdait de
l’argent, et ce, pendant deux années. Mais pour lui ces échecs étaient un moyen de
tester sa foi, son degré de croyance et sa patience. C’est ainsi qu’il raconte comment,
une fois, il a été influencé par des gens et s’est retrouvé à acheter l’équivalent d’un
camion rempli de tomates pour ensuite le transporter à Marrakech pendant le mois
d’août. Subissant les effets de la chaleur, il se met alors à attendre la remontée des
prix suite à leur effondrement. Malheureusement pour lui, tout son stock de tomates
finit par pourrir. A ce moment-là, il se rend compte qu’il n’avait même plus l’argent
pour subvenir à sa faim.
On sent que ces échecs ont forgé et renforcé sa carapace. Chaque fois qu’il allait
dans un travail ou qu’il entreprenait quelque chose dès son jeune âge, c’était échec sur
échec. Il a su ainsi utiliser les échecs comme des leviers pour son succès plus tard. Il a
aussi bien compris que l’apprentissage est un cheminement pour réaliser des choses.
« Fais un choix et plonge dedans. »
Amine Benkirane
Amine Benkirane est né en 1963. Il poursuit ses études secondaires au Lycée
Moulay Driss à Casablanca où il décroche son Baccalauréat en 1981. La même année,
il part au Canada pour entamer son parcours universitaire. De retour au Maroc en
1987, il débute sa carrière professionnelle au sein de la famille en travaillant avec son
beau-père dans le domaine de l’immobilier et de l’hôtellerie, et ce, jusqu’en 1992.
Très tôt et ayant utilisé son bon sens, il prend note du manque d’offres de produits
structurés dans le mobilier et l’équipement de la maison. Il décide alors de se lancer
dans ce domaine en créant sa propre chaîne de grandes surfaces dédiées aux produits
d’ameublement Kitéa en 1992.

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Ainsi, il réalise très vite que la décision de faire est plus importante que les besoins
du moment. Il raconte qu’au début de sa carrière, chaque fois qu’il visitait les foires et
les expositions d’ameublement à l’étranger, il se conditionnait mentalement. Il nous
évoque son dynamisme à travers ces descriptions: « Je partais toujours avec la même
motivation en me disant qu’il y a quelque chose à l’intérieur qui va me servir. Cela
me motivait à aller chercher, encore chercher et fouiner. Je rentrais avec beaucoup
de produits qui pouvaient servir les consommateurs marocains ». Il prenait la peine
de réfléchir par rapport à ses décisions et observait énormément pour apprendre au
maximum.
Pour lui, on peut avoir la meilleure idée, le meilleur plan ; si aucune mesure n’est
prise, cette idée ou ce plan n’a aucune valeur ou utilité. De plus, il estime que le
travail n’est qu’une résultante : c’est une réflexion par objectifs. Le travail c’est le
travail. C’est le résultat qui représente tout pour lui, comme il l’explique ci-dessous:
« Si je décide de monter au sommet de la montagne, peu importe les moyens et
le chemin nécessaires. L’essentiel c’est d’y arriver. Il y a des personnes qui éprouvent
le plaisir de monter à pied pour croire qu’ils ont fait plus, mais le travail c’est la
force par la distance. Ce qui est important c’est l’accomplissement et la notion que
le travail n’est qu’un moyen. C’est comme prendre un stylo ou un ordinateur pour
écrire, l’important c’est d’écrire. La chose importante à retenir et que je voudrais
souligner, c’est la constante dans la façon de vivre qui doit être développée chez une
personne. Chez l’entrepreneur, ce qui doit être développé c’est la capacité à gérer les
gens, à les motiver, à les comprendre et à anticiper leurs besoins, tout en les guidant
vers la bonne direction.»
« On ne peut pas gagner tous les jours, des fois il faut perdre. On ne peut pas
gagner tout le temps, mais il faut accepter la défaite pour gagner par la suite.
On n’a rien par hasard et moi je ne crois pas au hasard. »
Mohamed Berrada
Quand on demande à Meriem Bensalah Chaqroun quels conseils donnerait-elle
aux jeunes qui démarrent dans leurs vies professionnelles, elle répond qu’il faut se
désinhiber de ses complexes. Elle insiste sur le principe que l’on est dans un monde
où tout est possible. Chaque jour une personne réussit dans n’importe quel domaine
sauf que l’on n’y prête pas toujours attention. Meriem Bensalah insiste aussi sur le
fait qu’un grand nombre de personnes réussissent honnêtement, sur le mérite de
leurs durs labeurs, leurs dynamismes et leurs volontés.

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Surprenants entrepreneurs marocains

On sent une Meriem Bensalah parfaitement congruente avec ses propres idées
quand on sait à quel point les différentes responsabilités lui imposent une exigence
envers elle-même. Ces mêmes responsabilités qui font qu’elle sait qu’elle ne pourra
jamais flancher et qu’elle doit continuer à se battre et à s’accrocher. Malgré tous les
contacts, toutes les connaissances, malgré sa situation, malgré le pouvoir que lui
confère sa position, elle reste solide, elle reste égale à elle-même et elle avance.
« La réussite dans la vie n’est pas un cadeau offert sur un plateau d’argent.
L’adage populaire qui assimile la réussite au croisement de trois choses : le
travail, le talent et la chance, pour ne pas dire le hasard, est aujourd’hui une
idée devenue obsolète. »
Ali Najab
Pour Larbi Sekkat, c’est ce souci de la perfection, de réfléchir en dehors des sentiers
battus, d’aller chercher des solutions, d’aller observer ce que font les autres et d’être
un précurseur dans son domaine, qui le pousse à agir. Pour lui les moyens ne sont
jamais un problème parce qu’il trouve la façon de trouver les moyens. Même avec
un niveau d’éducation très faible, il arrive à apprendre et maîtriser plusieurs langues.
« La chance et le hasard sont aujourd’hui des notions mesurables. Reste
qu’aussi pour réussir, il faut du courage. »
Ali Najab
L’un des grands de l’histoire du football national reste sans aucun doute Badou
Zaki. C’est comme cela qu’il raconte comment il a intégré l’équipe nationale et la
fameuse épopée de la Coupe du Monde de 1986 :
« En fait c’est une question de volonté et à chaque niveau un objectif, c’est-à-dire
que quand j’étais cadet, je voulais être le meilleur et c’est pour cela que je travaillais
dur pour y arriver. Après trois mois passés au club de football du WAC de Casablanca,
l’équipe nationale m’intègre au sein du groupe pour représenter le Maroc alors que
j’étais jeune et qu’il y avait des anciens joueurs avant moi avec plus d’expériences.
Imaginez que durant un match contre le Togo, je me retrouve comme remplaçant
du gardien de but Raad. Le comble c’est qu’à l’époque, je sautais les murs pour
voir ce gardien de but jouer et je recevais des coups de matraques de chez la police
pour cela. Ce n’est pas évident. Donc il y avait quand même chez moi une certaine
timidité, car après ce match contre le Togo, je ne voulais pas regarder Raad ou me
mettre à ses côtés ; je ne voulais guère me retrouver face à face avec lui. Donc pour
continuer, il y avait des étapes pour arriver à l’équipe nationale. Au début, je voulais

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gagner la récompense du Ballon d’Or. C’était un de mes objectifs. Après 1983, 1984
rien de spécial. Mais en 1986, il y avait les qualifications de la Coupe d’Afrique et de
la Coupe du Monde. Donc je devais travailler dur et dessiner le chemin à parcourir
pour aboutir à mon but. Le secret de la réussite c’est le travail et le dur travail sans
attendre la récompense. Imaginez qu’en 12 matches, je n’encaisse qu’un seul but.
Ainsi j’étais parmi les gens destinés à gagner la récompense du Ballon d’Or, suite à
cela je me retrouve parmi les 8 premiers. Mais j’avais l’objectif de réussir. Donc je me
suis dit que l’occasion se présente, celle de la Coupe d’Afrique, pour me distinguer
avec tous les médias présents. Les autres prétendants au prestigieux Ballon d’Or,
Aziz Bouderbala et Roger Mila, ont levé la barre très haut et tout le monde parlait
de ces deux-là. C’était un peu difficile pour un gardien de but face à deux buteurs
très talentueux. Et voilà que la Coupe du Monde arrive et c’est là où je me surpasse
grâce à mon conditionnement physique et mon habilité. Il fallait que je sois le plus
fort en termes de résultats. C’était une chose formidable et tout le monde parlait
du gardien de but du Maroc. »
« C’est le fait d’avoir une stratégie, une volonté et une confiance en soi que
de réussir. Il faut toujours se dire qu’il y a de l’espoir. »
Badou Ezzaki
Badou Ezzaki a donc très tôt compris quels étaient les éléments qui font la réussite
d’une personne. En plus d’un travail acharné et de beaucoup de discipline, il a
compris qu’il fallait commencer avec ce que l’on a et construire pour obtenir ce que
l’on veut atteindre. Il a aussi réalisé que tant que l’on ne prend pas de décisions et
que l’on ne passe pas à l’action, rien de positif ne peut arriver.
« Moi, au début de ma carrière, j’ai fait des sacrifices. Je sortais de chez moi
à 6H30 du matin pour arriver au complexe Moulay Rachid. Habitant en face
des rails du train, la traversée à pieds se faisait difficilement et nécessitait de
l’habileté. Le trajet vers le complexe sportif nécessitait trois heures de marche
le matin et de même pour le retour. Mon père me donnait 10 Dirhams. Si je
gaspillais un Dirham, je savais alors que j’allais continuer à pieds sachant
qu’il n’y a pas de transport…Il n’y a pas une athlète au monde qui se réveille à
5 heures du matin avec 3 heures de route et sans moyens ! »
Laila El Garaa
Cela se passe au sein d’une famille de la banlieue Ain Atig de Rabat dans une
famille très modeste de six enfants comme il en existe tant d’autres. Mais cette famille

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a une certaine particularité. Quatre parmi six enfants naissent avec une condition
génétique qui arrête leur croissance physique très tôt. Le plus grand de ces enfants
ne dépasse pas à l’âge adulte la taille de 1 mètre 40.
Malgré ces handicaps, les parents, personnes extrêmement dignes et braves,
toujours avec un sourire aux lèvres, ne laissent pas la fatalité les accabler sur leur sort.
Ces parents font le choix de pousser et d’encourager leurs enfants à s’adonner aux
sports. Car pour des enfants comme eux, survivre dans ce monde n’est pas chose
aisée, où un simple déplacement à l’épicier du coin valait à ces enfants les regards des
uns et les moqueries et les plaisanteries de mauvais goût des autres.
D’abord, il y a Laila, 33 ans, championne du monde et championne olympique
du lancer de poids. Ensuite, il y a Najat, âgée de 27 ans, qui détient le record du
lancer du disque en 2006 et médaillée de bronze aux Jeux Paralympiques de Beijing
en 2008. Il y a aussi Mohamed, la trentaine, classé 3e aux Championnat du Monde
en 2006 dans le lancer de Javelot et Malika, un peu du même âge, aussi championne
du monde dans la même discipline.

C’est surprenant que ce petit espace, de moins de 50 mètres carrés, soit le domicile
qui regroupe une densité record du nombre de champions du monde de la même
famille. Qu’est-ce qui prédispose une famille comme cela à générer autant de
champions mondiaux et olympiques.
Pour la championne aînée, Laila El Garaa, la vie a fait qu’elle est née avec un
handicap physique, mais cela n’a pas suffi à l’arrêter. La vie a fait qu’elle habite dans
un quartier populaire, à trois heures de marche à pied de l’infrastructure sportive
la plus proche et cela non plus n’a pas suffi à l’arrêter. La vie a continué à lui mettre
des obstacles sur son chemin à travers des rails de train placés à côté de son domicile
et cela également n’a pas suffi à l’arrêter. Car malgré son handicap, elle se considère
physiquement capable comme toute autre personne et malgré ses contraintes
environnementales elle se sent mentalement à la hauteur d’y arriver. Convaincue et
résignée, elle refuse de baisser les bras. Malgré toutes ces difficultés, elle parvient à se
hisser sur les plus hautes marches des podiums olympiques et mondiaux. Elle s’était
promise que si elle n’obtenait pas de médailles aux jeux olympiques de Beijing en
2008, elle n’oserait pas retourner au Maroc.
Elle a refusé d’écouter la nature qui lui rappelait constamment qu’elle était une
personne handicapée. Pour se conditionner encore plus et se pousser encore plus
haut, elle s’entraînait avec des gens sans handicap physique. Malgré ses 1m37 de
taille, on avait affaire à une très grande championne qui se bat pour l’honneur de

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son pays. Devant elle, on ne peut que se sentir tout petit face à un courage et une
détermination aussi exceptionnels.
Quant à Najat sa sœur, son cas est encore plus édifiant. Son médecin croyant
bien faire, lui prescrit la veille de la compétition un médicament pour la relaxer.
Le lendemain, le jour de la compétition, le médicament continuait toujours à faire
effet. Elle n’arrivait même pas à se tenir debout tellement elle était sous l’emprise du
médicament, à tel point que sa concurrente, une tunisienne, lui jette de l’eau glacée
sur le visage pour la réveiller. Najat arrive quand même à décrocher, dans cet état
physique, une médaille de bronze aux jeux olympiques de Beijing en 2008.

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Chapitre 6
Faire régulièrement des évaluations. S’adapter
constamment aux contraintes externes

• Etre constamment en train d’évaluer où on en est ? Quelles sont les options ?


Notre position actuelle par rapport aux objectifs ?
• Nécessité de se réévaluer et de se réadapter pendant tout le trajet.
• On doit apprendre à faire preuve de souplesse dans les différentes options et
difficultés des défis qui nous attendent.
• La confiance en soi-même aide la personne à voir les choses comme elles sont,
mais pas pire que ce qu’elles sont.

« J’arrivais à avaler la façon de faire de quelqu’un. »


Larbi Sekkat
« Pour réussir, il faut connaître dans sa vie un échec très tôt et une réussite
très tôt. »
Mahdi Saadi-Elmanjdra
Un compteur pour la vitesse, une boussole pour l’orientation, un GPS pour la
position. Imaginez-vous au volant d’une voiture, pourriez-vous savoir à quelle vitesse
vous allez si le compteur ne fonctionnait pas? Comment pourriez-vous déterminer
dans quelle direction vous allez, dans une ville que vous n’avez jamais visitée, si les
panneaux de signalisation n’étaient pas là pour vous aider? Aujourd’hui, il existe
même un appareil qui peut nous donner ces deux indications à la fois avec une
précision au centimètre près : le GPS.

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Surprenants entrepreneurs marocains

Mahdi Saadi-Elmandjra, un de nos plus éminents politologues répond à des


milliers de courriers électroniques tous les jours sur son blog Internet qui traite de
différents sujets, qu’ils soient politiques, économiques ou sociétaux. Professeur Saadi-
Elmandjra est un iconoclaste, c’est-à-dire qu’il se trouvera toujours là où on l’attend
le moins : campé sur des positions crues et réalistes qui vont à l’encontre souvent
des évaluations ternes et des positions conciliantes de la plupart des analystes sur la
société marocaine.
Ses propos sur la situation que vit le Maroc ne sont pas tendres, parce qu’il veut
que notre société marocaine se prenne en charge, surtout à travers les jeunes qui
constituent le gros de ses fans. Comment Mahdi Saadi-Elmandjra conçoit-il qu’une
personne doive évoluer vers le succès?
« Pour moi, la réussite est un défi avec soi-même. Ce n’est pas que la
personne n’attache pas d’importance à ce que pense les autres, mais qu’elle vise
quelque chose et interprète la réussite par rapport à ses propres termes. »
Mahdi Saadi-Elmandjra
Tout est dit. Ce professeur a son propre GPS interne qui détermine pour lui où
il en est par rapport à ses objectifs. Ses repères, il les a principalement à travers ses
deux principales écoles de vie à lui: la prison, qu’il a connu en tant que combattant
pour l’indépendance du Maroc et la radiotélévision en tant que Directeur nommé
par Feu le Roi Mohammed V.
Pourtant professeur Saadi-Elmandjra aurait pu également utiliser le référentiel
de ses études et de sa vie aux Etats-Unis. Non, il garde un référentiel marocain pour
évaluer sa situation aujourd’hui. Son système de référence, il se l’est créé très jeune,
vers l’âge de 11 ans en nourrissant des ambitions ultranationalistes. Ses mêmes
ambitions, sa franchise et son intolérance de l’injustice, vont lui valoir d’être mis en
prison très tôt à l’âge de 15 ans pendant deux semaines.
Mahdi Saadi-Elmandjra sait qu’il est sur le bon chemin quand ses positions
suscitent des réactions de grande admiration ou de grande gêne et d’inconfort chez
les personnes qu’il rencontre. Il est conscient que d’une manière ou d’une autre, son
rôle est de toucher les émotions des gens pour qu’ils réagissent à un sujet par des
actes qui vont faire avancer la société marocaine. Il a aussi ce don d’orateur et cette
extraordinaire faculté de raconter une histoire d’une manière tellement détaillée
et vivante que nous avons l’impression de l’avoir vécue nous-mêmes. En réalité,
professeur Saadi-Elmandjra fait vivre aux autres plusieurs vies pour qu’ils aient
l’occasion de corriger leurs approches et de les encourager à faire de même par un
discours structuré et argumenté qu’il leur aura expliqué au préalable.

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Faire régulièrement des évaluations

« Une chose est sûre, tous les matins je me dis que je veux être la meilleure,
m’améliorer à tous les niveaux, être moins méchante, moins égoïste et gommer
les petites imperfections. »
Choumicha Chafaï
Choumicha est une «Passionaria» parce que sa passion n’est pas seulement
« la cuisine », c’est aussi et surtout communiquer aux gens « l’amour et l’art de
la cuisine ». C’est de permettre, dans chaque foyer, à chaque femme de développer
ses talents pour le plaisir de toute la famille et pour sublimer encore plus son rôle de
maîtresse de maison pour le bonheur des invités.
Choumicha est née à Sidi Kacem. Très vite après ses études, Choumicha travaille
dans une société de production, se marie et s’installe dans sa nouvelle vie où elle se
donne corps et âme à son travail. La société de production produisait des émissions
sur l’art culinaire. Qu’à cela ne tienne, elle en fera sa spécialité. C’est au côté de M.
Bargach à qui elle voue un immense respect et une grande estime, qu’elle fait ses
premières armes. Son objectif était d’apprendre, apprendre et encore apprendre.
Lorsqu’elle rencontre Hamid Zerouali, réalisateur à la chaîne de télévision
marocaine 2M, sa vie prend un autre tournant. On lui propose en 2000 d’animer, à
elle seule, une émission culinaire. Ce sera le début d’une carrière fulgurante qui fera
d’elle une invité privilégiée dans grand nombre de foyers marocains, maghrébins et
étrangers, à travers sa célèbre émission « Ch’hiwate Choumicha ». S’en suivront un
grand nombre de livres, revues, sites, entrevues et émissions télévisées, que ce soit en
français ou en arabe. Elle ira même jusqu’à avoir son émission dans la célèbre chaîne
française de cuisine « Cuisine.tv. ».
« J’absorbais tout ce qui me passait autour. »
Choumicha Chafaï
Cette passion, elle en a fait une vraie mission de vie. Aujourd’hui, Choumicha
possède son propre studio d’enregistrement sur la route d’El Jadida, dans une maison
dont elle a pensé les moindres recoins et qui est devenue un véritable outil de travail.
Au milieu du studio de tournage, trône une cuisine entièrement équipée où elle
reçoit régulièrement ses téléspectateurs à travers le petit écran. Attenant, un véritable
laboratoire de recherche dans lequel Choumicha, accompagnée d’une équipe qu’elle
a elle-même formé à ses méthodes, elle développe les recettes qui, une fois stabilisées,
seront partagées pour le bien du palais de chacun d’entre nous.

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Surprenants entrepreneurs marocains

Choumicha ne s’embarrasse pas du « salamalek » des stars. C’est une femme


simple, bien dans ses « baskets », le tout saupoudré d’un charme naturel. Elle
pourrait être votre meilleure amie, votre conseillère, votre coach, votre soeur, toutes
les dimensions d’une femme de son époque sont bien présentes chez elle.
Chacune de ses expériences, même petite, est une occasion pour elle de faire une
évaluation de son comportement dont l’objectif immédiat est de s’améliorer. Son
succès auprès de millions de téléspectateurs, elle le doit en grande partie à son souci
de savoir où elle en est pour pouvoir s’améliorer constamment.
Cette démarche n’est pas innée et peut être intégrée au quotidien. Les résultats
que chaque individu obtiendra seront spectaculaires.
Choumicha ne prévoit pas ses réactions aux événements qui se présentent. En
revanche elle pratique son autoévaluation, c’est-à-dire son évaluation à elle et
constamment par elle-même. Le plus intéressant est que cette attitude s’accompagne
chez tous nos invités d’une acceptation d’un destin dont seul Dieu connaît l’issue.
C’est le «  paradoxe universel » des gagnants. D’un côté, ils contrôlent et
surveillent les événements qu’ils évaluent d’une manière sincère et objective. D’un
autre côté, ils s’abandonnent à la volonté de Dieu qui les guidera là où il décidera.
Cet autocontrôle sous le commandement de la puissance divine est un exercice
qui a besoin de toute votre attention, et surtout que vous soyez vigilants à ne pas
abandonner votre sort d’une manière aveugle et irresponsable. Ne dit-on pas souvent
« Aide-toi et Dieu t’aidera? »
Cette équation magique explique le succès de Choumicha qui garde les pieds dans
la foi et les traditions familiales tout en s’appuyant sur de vraies valeurs que sont la
fraternité et l’amitié. En parallèle et simultanément, elle lève la tête vers les étoiles
pour réfléchir à de nouveaux projets ainsi qu’à l’avenir.
Choumicha est une des présentatrices les plus connues du monde de la télévision.
Pourtant, au départ, rien ne la prédestinait à ce type de carrière.
«  Il y a un proverbe arabe qui dit: Tajri riah bima la tachtahi assoufoune
(les vents ne soufflent pas toujours dans la direction que les bateaux souhaitent
prendre). C’est extraordinaire lorsqu’on comprend le sens, c’est-à-dire que
quand le bateau navigue et que tout à coup le vent change la direction du
bateau, il faut alors s’adapter aux imprévus. »
Choumicha Chafaï

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Faire régulièrement des évaluations

La cuisine marocaine lui a toujours plu. Elle vient d’une famille traditionnelle
marocaine où elle est élevée par sa grand-mère, une femme à poigne et à la personnalité
très affirmée, qui lui apprend non seulement les rudiments de la cuisine, mais aussi la
notion du travail et le labeur comme tremplin nécessaire pour s’affirmer dans la vie.
Dès le départ, Choumicha s’est donc adaptée à son travail pour se donner toutes
les chances d’exceller dans son métier. Le destin a fortement contribué au reste,
affirme-t-elle. Cette forme d’adaptation de la passion au travail est un des principes
fondamentaux du succès.
Choumicha n’avait pas prévu que la cuisine soit la composante principale de sa
vie, elle se voyait plutôt femme au foyer. Elle s’est adaptée, a eu la curiosité d’écouter
ses maîtres, à avoir toujours l’esprit alerte pour intégrer toute nouvelle information
susceptible de la soutenir pour être encore plus performante dans sa manière à elle
d’expliquer la cuisine.
Ainsi, les hommes et femmes à succès ont d’abord un système de référence interne,
une sorte de boussole, un GPS, qui leur permet d’évaluer à tout moment et sans
ambiguïté si leurs démarches convergent vers les standards qu’ils se sont fixés pour
eux-mêmes et qui ne rentrent pas en conflit avec leurs valeurs intrinsèques. Ils
s’encouragent et se motivent à l’image d’un athlète professionnel comme Hicham El
Gerrouj dont la chute lors du « 1500 m » de la finale des jeux olympiques lui servira
de levier de motivation pour gagner lors des jeux olympiques suivants.
« Ce sont les courses qui font la grandeur de la personne, si j’avais gagné
celle d’Atlanta, ça n’a pas de sens. Si j’arrive à Athènes sans l’historique
d’Atlanta et de Sydney, ça n’a pas de sens non plus. Il fallait un événement et
l’événement c’était la chute. On ne m’a pas poussé, je n’étais juste pas encore
assez expérimenté ! »
Hicham el Guerrouj
Durant quatre ans, c’est le souvenir de cette injustice du sort, de l’« humiliation
de cette défaite, de l’« incompréhension et la colère » qu’il a ressenti lors de la chute.
Cette colère, c’est d’abord à lui-même qu’il l’adresse.
Tous les jours, très jeune, Hicham observe les réactions de sa famille et de ses amis,
non seulement par rapport à ses efforts, mais aussi par rapport à ses progrès et à ses
résultats. Grâce à son « GPS interne», Hicham remet en question ses fréquentations
de quartier qui pourraient, parce qu’elles ne contribuaient pas au développement
de quelque chose de motivant et d’utile, retarder son ascension vers le sommet et la
gloire de l’athlétisme. Repère ultime, et non des moindres, remporter une médaille

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Surprenants entrepreneurs marocains

aux Jeux Olympiques. Sacrément osé pour un adolescent! Plus encore, son repère
n’était pas seulement de gagner une médaille, mais c’était surtout de ne pas rentrer
au Maroc sans deux médailles.
Voilà, le décor d’une réussite annoncée est planté et tous les ingrédients sont là.
Tout cela ne suffit pas à Hicham pour se démarquer, il pratique son autoévaluation
tous les jours, à chacun de ses entraînements, rigoureusement, inlassablement et
presque religieusement.
Tout comme Choumicha, El Guerrouj et les autres, l’être humain a besoin de
repères dans sa vie et tout au long de son évolution. Il ne s’agit pas là d’un seul
objectif de vie, mais de tous les objectifs dans toutes les parties de la vie.
Les sentiments négatifs peuvent aussi être de précieux repères parce qu’ils doivent
nous faire réagir à une situation critique. On se trouve donc dans l’obligation
de réfléchir et de se poser des questions comme : « Pourquoi est-ce que cela
m’arrive-t-il à moi? », « Encore, c’est toujours la même chose ! ».
Nos invités du succès ont eu quelquefois à se poser le style de questions
mentionnées précédemment. Mais ce qui fait la particularité et la force de ces
personnes, c’est un autre type de questions posées : « D’accord, la situation est
comme ceci ou comme cela; mais comment pourrais-je exploiter cet événement
malheureux au service de mon but? Qu’y a-t-il de bon là-dedans? Peut-être devrais-je
mieux m’organiser, être plus présent ou prendre en charge plus en main tel ou tel
autre aspect de ma vie ?
« Je leur disais que pour nous défendre en prison contre l’ennemi, nous
devions rester unis, disciplinés, respecter la hiérarchie dans les rapports entre
nous et surtout avoir un comportement de militaire vis à vis de l’ennemi. »
Ali Najab
Le Capitaine Ali Najab a vécu plus de 25 années de sa vie dans des trous dans les
camps de prisonniers de Tindouf. « Prisonnier de guerre » dans le conflit qui oppose
le Maroc au Polisario, il aurait pu passer toutes ces années à en vouloir à la chance
ou aux autres qui l’ont oublié. En fait, y a-t-il beaucoup de personnes qui peuvent
avoir connu pire drame que cela ?
Pourtant, le Capitaine Ali Najab a très vite fait une évaluation de la situation
dans laquelle il se trouvait au tout début de sa capture. Non content d’être obligé
d’abandonner son avion, un mirage F1, au moment de son éjection qu’il pilotait
mieux que personne, il s’est immédiatement aperçu que son siège éjectable et son
parachute étaient coincés. Sacré début pour une aventure qui devait plus d’un quart
de siècle.

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Faire régulièrement des évaluations

Ali s’est-il apitoyé sur son sort? Absolument pas. Après quelques interrogatoires
musclés du Polisario, ce capitaine est jeté dans le « trou » et la première réaction
est de se conditionner mentalement, de se rappeler qu’il est prisonnier et surtout
qu’il ne sait pas pour combien de temps. Il mémorisait ses réponses aux questions de
ses gardes lors des interrogatoires pour éviter de se contredire. Il voyait la situation
telle qu’elle était, ni meilleure, ni pire. Il lui fallait absolument une raison pour
transformer cet enfer extérieur en levier intérieur.
Au lieu de se dire : « ça y est, ma vie prend fin, je dois trouver un moyen de
mourir vite parce que personne ne viendra me chercher! », il s’est plutôt dit qu’il
était le plus gradé des prisonniers et qu’il fallait soutenir les autres pour qu’ils ne
« craquent » pas.
Le capitaine Ali a reprogrammé son « GPS interne » sur une nouvelle destination :
la destination du soutien permanent et quotidien de ses compatriotes co-détenus.
C’est devenu son sacerdoce et sa raison d’être parce qu’il ne se voyait pas vivre sans
« exister ».
« C’est bien de refaire un peu cet exercice, pour voir effectivement, le
point de départ et le point d’arrivée, comme un marathon. Nous sommes des
marathoniens. »
Mohamed Benamour
Évidemment, une des façons les plus intéressantes serait de pratiquer ce que les
anglo-saxons appellent « le feed-back » (ou système de rétrocontrôle) pour évaluer
le chemin parcouru et les retours d’informations sur les expériences vécues.
Quand nos invités s’aperçoivent et constatent que leurs manières d’approcher
leurs buts ne fonctionnent pas, c’est simple, ils changent leurs stratégies. Quand
ils trouvent qu’ils s’éloignent encore plus, ils redéfinissent leurs approches une fois
de plus jusqu’à ce qu’ils réalisent objectivement qu’ils sont sur la bonne direction.
Cet exercice est extraordinairement puissant à partir du moment où le but est
clair, que chaque écueil est une occasion d’évaluer sa position objectivement et en
cas d’avancée significative, de l’évaluer humblement.
Lors de nos différentes conférences auprès des étudiants des plus prestigieuses
écoles de commerce du Maroc, la question nous a été posée de savoir que faire si
au bout d’un certain nombre de fois non définies, le but continue de s’éloigner? La
réponse n’est pas aussi simple car le contexte doit être pris en considération. Mais
nos invités ont tous une caractéristique commune qui nous rapproche de la réponse.
Ils ont cette foi inébranlable qui les anime à chacun des moments de leur vie. Est-ce
un fatalisme aveugle?

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Surprenants entrepreneurs marocains

Certainement pas, comme nous l’avons constaté dans le premier chapitre, chacun
d’eux est responsable de sa vie parce que, s’il est vrai qu’ils n’ont pas totalement le
pouvoir sur le cours des événements; ils ont un pouvoir total et inconditionnel sur
leurs interprétations de ces mêmes événements. Utiliser les faits à leurs avantages et
non contre eux, dépend totalement d’eux-mêmes.
Essayez donc de demander à l’officier Ahmed Marzouki ou au capitaine Ali Najab
s’ils s’apitoyaient sur leurs sorts au plus fort des sévices et de la torture qu’ils ont
subi pendant leurs incarcérations. Vous serez étonnés par la profondeur de leurs
sourires qui vous criera qu’ils comprennent la pertinence de votre question mais que
la réaction d’en vouloir au monde entier dans une situation pareille n’aurait servi
en rien leurs objectifs qui étaient de s’en sortir et d’aider les autres à tenir le coup.
Tenir, pour pouvoir partager leurs histoires avec le plus de personnes possible, pour
que chacun d’entre nous puisse profiter de leurs expériences à son profit.
Beaucoup d’entre nous évoluent dans leurs vies au gré de ce que le destin a choisi
pour eux. Néanmoins, il y a une différence fondamentale entre un être porté par la
vie et un être qui dirige sa vie. C’est là toute la différence entre une personne qui
« réussit » sa vie pleinement et une autre qui « subit » la vie.
A travers les histoires de ceux qui ont réussi au Maroc, on constate que bien que
notre société évolue vers le sens de la modernité, la foi en la capacité de l’être humain
à accomplir des choses merveilleuses est un ingrédient fondamental à la réussite.
Ce pouvoir spirituel puissant qui aide ceux qui s’aident, demeure intemporel et
cette foi reste un pilier de l’épanouissement pour tous ceux qui triomphent. Il est
indispensable de toujours garder en tête, comme cela a été prouvé à maintes reprises à
travers les récits des personnes interviewées dans le livre, que s’adapter à des contextes
et à des situations difficiles, c’est d’abord de ne jamais renoncer.

Tout ne se passe pas forcément comme on veut et si on ne revient pas à ce que


l’on a de plus viscéral dans notre vie, c’est-à-dire un système de valeur qu’on s’est
forgé au service de sa passion, alors on est perdu: pas de boussole, pas de « GPS »,
encore moins de petit pois.
Le destin est la seule chose dans la vie que nos invités ne maîtrisent pas. Par contre,
ce qu’ils maîtrisent, ce sont leurs réactions et leurs adaptations par rapport au destin.
Une manière encore plus puissante de connaître la réussite, c’est plutôt que d’adapter
notre passion à notre vie comme c’est le cas de Choumicha, c’est d’adapter notre
vie à notre passion.

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Faire régulièrement des évaluations

Les accidents de parcours, les malaises, les obstacles de la vie et les échecs sont
autant d’occasions de faire le point sur la situation et de se rappeler la destination
pour chacun d’entre-nous. Faut-il garder le cap et confirmer la route? Probablement.
Faut-il plutôt changer de destination, de but? Pas forcément. La plupart des gens qui
réussissent restent focalisés sur leurs objectifs initiaux, quels que soient les problèmes
qu’ils rencontrent. Atteindre l’objectif n’est pour eux qu’une question de temps.

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Chapitre 7
Être très patient. S’engager pleinement dans ses choix

• La route du succès exige de la patience.


• Elle exige aussi la persévérance.

« Le succès est la permission d’aller sur la victoire une fois, deux fois, trois
fois. »
Abdelatif Benazzi

« Il y a une notion essentielle dans la réussite : une réussite ne peut pas se
faire seulement dans la facilité. »
Moulay Hafid Elalamy

L’observation des caractéristiques et de l’évolution du monde, nous apportent de


précieux éclairages sur la manière dont, par analogie, nous pouvons mener notre vie
pour qu’elle nous révèle encore plus de saveur.
Un des métaux les plus précieux et les plus solides est le diamant. Les femmes en
ont pris conscience très tôt. De ce fait, chacun s’accorde à dire qu’il est exclusivement
scientifique et ont partagé leurs découvertes avec les hommes. Ainsi, bien avant qu’il
ne soit utilisé dans l’industrie, les plus grandes dynasties ont toujours considéré le
diamant, comme une manière précieuse et élégante d’offrir leurs richesses immenses
à des femmes dont la beauté était tout aussi immense.

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Surprenants entrepreneurs marocains

Savez-vous comment un diamant se forme? En deux mots le diamant n’est au


départ qu’un vulgaire dérivé d’oxyde de carbone (charbon). Le diamant se forme
progressivement au fur et à mesure, après des milliers d’années, quand, par une
pression colossale de deux couches tectoniques, les particules d’oxyde de carbone
agglomérées changent de couleur pour prendre celle qui, une fois polie, a la brillance
et la transparence du cristal.
Ce phénomène est rare et long parce qu’il nécessite la conjonction de plusieurs
caractéristiques simultanées. Le résultat est extraordinaire et on comprend à quel
point, le diamant est prisé à travers le monde entier. La relation avec la réussite au
Maroc est simple et se résume à ces mots : « Pas de pression, pas de diamant ! ».
Quand vous repasserez en revue les secrets qui ont permis à ces invités reconnus
comme ayant réussi dans le domaine qu’ils ont choisi, vous pourrez, à tous les coups,
appliquer cette maxime: « Pas de pression, pas de diamant!».
Gagner, gagner et gagner. Dans la bouche de la plupart des gens cela signifie arriver
le premier, souvent au mépris de ceux que vous dépassez. La vérité est qu’être un
gagnant n’est pas un résultat, c’est une attitude et un comportement.
Qu’est-ce qu’une attitude de gagnant? Nous décidons de notre attitude lorsque
nous nous réveillons le matin et nous nous préparons pour une nouvelle journée et
ce, tous les jours de notre vie. Nous récoltons le résultat de cette attitude, bonne ou
mauvaise.
Abdelatif Benazzi est incontestablement devenu le plus grand joueur de rugby
de sa génération, non seulement auprès des Marocains, mais aussi et surtout à
l’échelle du monde entier. La crème du rugby mondial fait constamment son éloge,
que ce soit depuis les salons feutrés du Club des Barbarians à Paris, jusqu’à ceux de
la Présidence de la République française en passant par les déclarations d’anciens
joueurs Anglais, Français, Ecossais et Néo-Zélandais. De plus, tout le monde est
d’accord sur son comportement tant sur le terrain que dans les vestiaires des stades
et dans la vie quotidienne.
Mais ce que peu de gens savent, c’est que Benazzi est une grande icône d’un
des rares sports qui garde toujours ses lettres de noblesse. Le rugby a des codes
extrêmement stricts, c’est un sport dont la violence sur le terrain est proportionnelle
à l’attitude d’éthique que se doit d’adopter chacun des joueurs.
« Le rugby est très noble, car on se maîtrise quand l’autre te provoque et la
noblesse est un partage collectif et une acceptation de différence dans un temps
réduit. »
Abdelatif Benazzi

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Être très patient

Les plus grands chefs d’entreprises du monde soutiennent ce sport qu’ils


considèrent comme l’exemple de ce qui doit être réintroduit dans d’autres sports
qui ont souvent vendus leurs âmes aux manipulateurs et autres bookmakers.
Abdelatif est un des meilleurs joueurs que la France et le Maroc aient jamais eu.
Enfant, Abdelatif était un gamin dont déjà le poids dépassait largement le poids
moyen des enfants de son âge. En effet à 15 ans, il pesait 120 kilogrammes.
Abdelatif a le sport dans le sang et il le sait. Il le ressent comme quelque chose qui
l’attire d’une manière irrésistible. Tous les sports sont susceptibles d’accrocher son
attention jusqu’à l’empêcher de dormir. Le football, c’est son préféré, mais les refus
répétitifs des équipes locales le ramènent à la dure réalité parce qu’il est définitivement
« hors gabarit » c’est-à-dire trop lourd et costaud. Il regardait ses copains jouer.
Ses copains étaient frêles et agiles pendant que lui était sur le bord du terrain à se
demander comment pourrait-il réaliser son rêve, celui d’atteindre l’excellence dans
un sport qui le passionne.
Après des années d’entraînements et de matchs éprouvants, il réussit à intégrer
l’équipe du Maroc. Il aurait pu en rester là, mais Abdelatif exprimait son potentiel
et sa rage de vaincre chaque jour un peu plus. Il sera repéré par un sélectionneur
français qui a vu en lui un des principaux piliers de l’équipe nationale française. Puis
il vole de victoires en victoires: trois coupes du monde et deux grands tournois du
grand chelem. Abdelatif garde toujours une humilité proportionnelle à son talent.
Il respire en vainqueur, marche en vainqueur, sourit en vainqueur. Toute défaite est
pour lui une occasion de se remettre en question juste avant la prochaine victoire.
Persévérant? Certainement plus que les autres. Sa passion est le meilleur allié de ses
victoires. Son esprit est attaché à ce sport noble et à sa personnalité. Il raffine celle-ci
tous les jours et à toutes les occasions. Il reproduit les choses qui fonctionnent bien
et abandonne celles qui l’empêchent d’atteindre ses objectifs. Il cultive son énergie
au quotidien, l’entretient et la développe pour qu’elle lui permette de démultiplier
ses succès. Son désir d’accomplir tous les jours un peu plus se traduit par une
amélioration continue et perpétuelle, qui le porte toujours plus loin.
Abdelatif croit dur comme fer en ses propres capacités. Dieu n’est pas en reste, il
est le compagnon de tous ces instants de vie, même les pires. La foi dans ses objectifs
et l’accompagnement de Dieu sont de précieux atouts qui lui permettent d’accélérer
la transformation de ses idées et de ses stratégies dans le monde réel.
Tout est dans la « tête ». Pour réussir, il doit élargir son horizon de possibilités
tout en rapprochant ces possibilités au domaine où sa passion peut se réaliser. Devrait-
il croire les autres? Certainement pas. Dès le début, il est en surpoids, il le sait et les

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Surprenants entrepreneurs marocains

autres lui rappellent cela en le charriant de temps en temps sur sa corpulence. Faut-
il penser qu’il faut d’abord maigrir, ensuite courir, dribler et plaquer? Absolument
pas. Benazzi fait de son physique un avantage au service de sa passion: le Rugby.
Il sait qu’il peut devenir quelqu’un qui compte dans cette discipline. Il passe des
moments difficiles, éprouvants, décevants, mais il est convaincu que cela passera et
que les beaux jours reviendront. Les échecs ne sont pour lui que des événements.
Il est conscient qu’à force de travailler sur lui-même pour résister et de persévérer
dans sa discipline, il obtiendra un résultat qui l’emmènera vers une nouvelle étape.
Les échecs ne comptent plus, c’est l’attitude de ce champion face à ses échecs qui
comptera.
Un jour, Abdelatif a insisté pour assister, coûte que coûte, à un match de rugby
entre la France et le Maroc. Il remarque rapidement un joueur petit et trapu qui pour
lui n’avait pas les caractéristiques d’un joueur classique. Ce joueur qui s’appelait
Philippe s’accrochait à chacune des actions du match comme si sa vie en dépendait.
A la fin du match, Abdelatif s’arrange pour rencontrer Philippe pour lui faire part
de son admiration de sa rage de gagner, son jeu dynamique qui consiste à courir,
plonger, s’agripper, éviter, voire pousser les autres pour se frayer sa place avec une
force exceptionnelle. C’est alors que cette personne déclare à Abdelatif que seule la
personne elle-même peut créer sa réussite dans sa propre vie. Cette même personne
rajoute que pour réussir dans la vie, il faut beaucoup de courage, de détermination
et de force, non seulement de son corps mais aussi de son esprit.
Ces mots de Philippe resteront à jamais gravés dans la mémoire de Abdelatif. La
vie pour lui devient comme un match de rugby où un joueur traverse de nombreux
obstacles et partage avec d’autres joueurs ce ballon sacré pour lui faire atteindre le
but à l’autre bout du terrain. Ce but, c’est un succès de plus, une étape de plus dans
l’accomplissement de soi.
Abdelatif accueille avec bonheur ce premier, et sans doute son plus précieux
discours sur le succès, celui d’adopter une attitude de gagnant comme son mentor
Philipe. Le symbole de cette rencontre, c’est une chaussette de Philippe que Benazzi
conserve encore précieusement aujourd’hui. Il est convaincu qu’à présent on peut
devenir ce à quoi on pense le plus souvent. C’est juste une question d’attitude.
C’est une sorte de « climat mental » qui va l’accompagner dès le départ. S’il fait
beau, alors il sera au top. Si en revanche, il crée un nuage au dessus de sa tête, alors
ce nuage va l’accompagner partout, tout le temps, avec des averses et des orages que
cela provoquera en lui. De qui dépend ce choix? De lui et uniquement de lui. De
plus, la patience sera son plus fidèle compagnon de route.

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Être très patient

Abdelatif sait que chaque victoire suppose un comportement adéquat, un


conditionnement de soi qui élimine toute possibilité d’échec. Il faut lutter contre
l’adversité, la victoire sera toujours au rendez-vous s’il garde le cap, focalisé sur son
objectif ultime. Il faut simplement savoir être patient avec soi-même, surtout avec
les événements qui surviennent y compris ceux qui sont en dehors de notre contrôle.
On vit dans un monde que l’on décrit par des mots quel que soit l’événement
qui nous arrive. Certains mots, que l’on choisit arbitrairement, ont une grande
signification pour nous. Des mots comme « amour », « bonheur », « succès »,
« joie » etc, génèrent des sensations magnifiques que nous recherchons tous.
Mais il y a un mot qui les contrôle tous, un mot qui décrit la condition qui nous
amènera toutes ces sensations ou qui nous empêchera d’obtenir chacun d’entre eux.
C’est probablement un des mots les plus importants dans toutes les langues de la
planète. Si on vous demandait de sélectionner un mot qui influencerait votre vie
plus que n’importe quel autre, seriez-vous capable de choisir le bon mot? C’est un
terme magique qui ressort dans toutes les conversations des femmes et hommes de
succès que nous avons étudiés: le mot « ATTITUDE ».
Tout au long du parcours de nos invités, ce mot est omniprésent. Quand leurs
attitudes sont bonnes, ils obtiennent de bons résultats, quand leurs attitudes sont
excellentes, ils excellent. Quand leurs attitudes sont... « bof » ce qui signifie qu’ils
considèrent qu’ils sont dans une situation qui n’est ni bonne, ni mauvaise, alors ils
continueront à vivre dans leurs mondes qui sont juste « bof ».
Un grand penseur américain disait que tout échec porte en lui les germes d’un
avantage d’égale ou de supérieure importance. Ainsi comme pour tous les grands
que nous avons rencontrés, la situation d’échec permet de prendre du recul, de
considérer l’échec comme un événement passager et surtout se positionner comme
un spectateur à l’extérieur du contexte. Cette position permet de retrouver son calme
et d’analyser une situation sans se dévaluer soi-même. Cette pratique est celle des
plus éminents spécialistes de la méditation.
Ce recul permet de ne pas remettre en cause sa propre conviction, celle de réussir
ce que l’on entreprend, de planifier et d’exécuter soigneusement son plan pour avoir
le résultat escompté. La stratégie et le plan qui en découlent sont les piliers sans
lesquels toute réussite ne sera qu’un mirage.
Basé sur des éléments pratiques, nos invités ont tous nourri, alimenté et raffiné
une stratégie pour leurs différents objectifs. Ils ont toujours cru en leurs capacités
et à la nécessité de travailler leurs plans d’une manière concentrée et disciplinée. Ils
savent qu’ils deviendront ce qu’ils croient pouvoir devenir. Ils font bien la différence

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Surprenants entrepreneurs marocains

entre le court, le moyen et le long terme. Chaque période a son importance dans le
schéma global.
Quel que soit le moment vécu, ces personnes à succès ne perdent jamais de vue
leurs ultimes objectifs et les gardent toujours bien ancrés dans leurs têtes. L’utilité
de la stratégie est également d’évaluer quel chemin doivent-ils emprunter.
L’engagement total est nécessaire pour un succès total. Meriem Bensalah,
Abdelatif Benazzi, Hicham El Guerrouj et Hadj Miloud chaâbi ainsi que tous les
autres sans aucune exception, respirent, pratiquent, s’endorment et se réveillent
avec l’engagement total. Cet engagement total consiste en la mobilisation et la
concentration de moyens en se focalisant sur l’objectif escompté avec une implication
totale de la personne. Toute dispersion vers différentes directions ne peut que
dissoudre l’impact de ces actions.
Mobiliser? Oui, ils ne peuvent mobiliser que ce qu’ils ont déjà. La magie est
que toute personne a cet engagement total en elle. Mais alors qu’est-ce qui fait
que ces personnes à succès peuvent mobiliser quasiment et instantanément cet
élément crucial, à savoir l’engagement total ? Cela peut paraître excessif comme
comportement à avoir mais l’engagement total n’est pas un comportement extrême,
c’est tout le contraire, c’est une manière optimale de gérer son énergie. S’il y a un
mot à retenir de cet ouvrage, c’est bien le mot « Energie ».
« Il y a de l’énergie dans chaque être humain. Il suffit tout simplement de
la chercher. »
Ahmed Marzouki
Tout est un et tout est énergie. Les plus grands scientifiques de la planète
s’accordent à dire que nous évoluons dans un champ magnétique et que tout est
constitué d’énergie: notre corps, la table sur laquelle nous vous écrivons ces mots et
la première pierre que vous trouverez sur votre chemin. Tout est énergie.
Les plus éminents chercheurs en physique quantique sont aujourd’hui arrivés à
la conclusion que notre terre, notre système solaire et tous les astres que l’homme a
pu découvrir par sa curiosité maladive et saine en même temps ne sont qu’énergie.
La pensée elle-même est une énergie.
Nous avons constaté que chacun de nos interlocuteurs a une capacité à se mobiliser
au profit de son succès. Ces hommes et ces femmes ont une énergie, une flamme
qui les anime au service de leurs buts. C’est comme si ces personnes-là avaient un
tunnel dans lequel tous leurs efforts et énergies sont canalisés pour leur permettre
d’atteindre leurs objectifs.

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Être très patient

Est-ce que cette énergie est physique, mentale ou spirituelle? En fait, elle prend les
trois formes à la fois. Tout en simplifiant ces concepts pour mieux les comprendre,
l’énergie physique est très présente et primordiale chez les sportifs, car c’est une
énergie qui est liée au mouvement et à l’effort physique. Cela ne veut pas dire que l’on
va demander à Anas Sefrioui de courir 1500 mètres entre les étages du siège de son
groupe en quelques minutes, tout comme on ne demandera pas à Aicha Echenna de
« tacler à la rugbymen » tous les hommes qui ont abandonné ces mères célibataires
à leurs sorts.
Sur un autre registre, elle se traduit la plupart du temps par une hygiène de vie qui
pousse par exemple Miloud chaâbi à se rendre tous les matins à partir de 6h sur le
parcours de golf de Dar Essalam pour accomplir religieusement ses 18 trous, et ce,
quel que soit le temps qu’il fait. Cette énergie physique est également le résultat de la
relation directe entre la passion, la vision et les actions de chacun de nos interviewés.
Moulay Hafid Elalamy est fortement conscient que son physique joue à son
avantage. Elancé, svelte, à la démarche élégante, il est à son bureau dès 7h30 du matin
et jongle entre les dossiers de la veille sur lesquels des décisions doivent être prises,
les parapheurs à signer, les nouvelles stratégies ou tactiques envisagées, ainsi que les
nombreuses réunions avec ses tops managers pour se tenir informé des évolutions
des différents indicateurs financiers de son conglomérat Saham. La journée se
poursuit ensuite par des rendez-vous et des réunions dans le cadre d’autres fonctions
caritatives et à but associatif qui ont un impact global sur le pays en général.
Cette énergie physique qu’on peut assimiler à celle d’un marathonien est la même
que celle qui anime Meriem Bensalah qui, du matin jusqu’à tard le soir, se partage
entre l’éducation de ses enfants dont elle en fait une priorité, sa responsabilité
au sein du groupe Holmarcom dont elle est un des principaux piliers avec son
frère Mohamed, une vie de couple harmonieuse avec Jamal Chaqroun, son mari et
« coach », et ses multiples engagements caritatifs.
Le deuxième type d’énergie est l’énergie mentale, elle se trouve au confluent entre
l’énergie physique et l’énergie spirituelle. Cette énergie est le lien direct entre la
pensée et les émotions. Elle développe la motivation et par conséquent l’engagement
total. Comme cela a été constaté précédemment, les femmes et les hommes à succès
commencent par construire leurs rêves dans leurs imaginations. Ils reproduisent
ensuite mentalement les différentes étapes de ce rêve dans leurs têtes avant de passer à
l’exécution. Cette forme de répétition de la pièce de théâtre de leurs vies est une étape
clé dans le contrôle de leur engagement. L’évolution progressive vers l’obtention
de leurs résultats sur des périodes allant de quelques jours à quelques années, est la
conséquence d’un processus mental au quotidien.

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Surprenants entrepreneurs marocains

« Tous les jours, mes objectifs sont dans mon subconscient, orientés vers un
point où je focalise et je concentre mes énergies. »
Moulay Hafid Elalamy
Il existe plusieurs accélérateurs de cette énergie mentale: la clarté et la cohérence
des objectifs en sont un. Moulay Hafid l’a bien exprimé. Pour nos invités, la peur
est saine parce qu’elle permet de réfléchir et d’agir plus vite. On se trouve dans un
processus où des événements inattendus ou des échecs nous obligent à marquer
une pause, à analyser la situation et à se remettre en question pour transformer une
expérience négative en leçon. Ce processus permet donc de prendre chaque situation
et de l’utiliser à son avantage.
La nécessité de développer l’énergie mentale n’a jamais été aussi bien exprimée
que par Anas Sefrioui. Pour lui, ce qui alimente cette énergie c’est le « bon sens ».
Il a réussi à se construire un mental d’acier en toutes circonstances, en s’inspirant
de ce que son père lui avait appris. Ce « bon sens » consiste, selon Anas Sefrioui,
à ne pas s’embarrasser du superflu, à aller directement à l’essentiel et à développer
fortement son sens de l’observation et de l’écoute. D’ailleurs, ce sens de l’observation
va l’amener à découvrir un slogan, lors de l’un de ses nombreux voyages en Europe,
qui fera le succès fulgurant de son groupe Addoha : « Achetez un appartement au
prix du loyer ». Voila comment, en s’alimentant des idées qui servent un objectif,
on donne un coup d’accélérateur à son mental qui devient alors une fantastique
source d’inspiration.
La dernière énergie est l’énergie suprême c’est-à-dire l’énergie spirituelle, elle
englobe toutes les autres. Elle donne la force physique nécessaire à l’accomplissement
de tout objectif, elle confère un mental d’acier et donne la rage de gagner. Enfin, elle
donne cette plénitude pour se sentir utile, donc « vivant ».
Adil Douiri, doté d’une intelligence aussi impressionnante que sa compétence,
ce qui ne va pas toujours de pair pour d’autres personnes, a démontré que le succès
est une destination qu’on atteint à force de persévérer.
Qu’est-ce qui le pousse à courir et à accomplir encore plus? Sont-ce les défis
multiples dans des différents domaines? Sont-ce les études universitaires qu’il a
réussies brillamment? Est-ce la carrière de financier dans les entreprises les plus
prestigieuses du monde? Est-ce l’entreprenariat où il crée la première banque
d’affaires à un moment décisif de l’histoire économique du Maroc? Est-ce le service
pour sa patrie à travers une révolution des mentalités qu’il a installée au Ministère
du Tourisme en tant que ministre ?

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Être très patient

Ce qui le pousse à courir, c’est que depuis son jeune âge, son père, grand politicien
de la première heure, lui a inculqué la notion de « standards très élevés » au service
d’une mission dont on en fait un sacerdoce ; c’est-à-dire que tout devient une cause
dont l’aboutissement est la paix de l’esprit.
Cette énergie spirituelle ressort régulièrement dans son discours, comme celle
d’un missionnaire qui serait envoyé sur terre pour accomplir sa mission avant de
repartir comme tout le monde. Adil n’envisage pas l’échec, il se doit d’être bon, la
notion de standard est une constante pour lui. Il doit réussir dans ce qu’il entreprend,
c’est une obligation personnelle qu’il se fixe sans arrêt.
« Quand il fallait travailler, mon effort était absolu. C’était la guerre! »
Adil Douiri
Pour Anas, tout comme pour Adil et les autres, on ne peut réussir sans acharnement
au travail. L’échec, s’il existe, devient une raison supplémentaire de travailler encore
plus fort, de persévérer et de ne jamais abandonner.
S’accrocher, s’accrocher, et encore s’accrocher, quel que soit le domaine, quelle que
soit la fonction, quelle que soit la responsabilité, il n’y a pas d’autre comportement,
pas d’autres alternatives. Aucun de nos invités ne parie uniquement sur la chance
pour atteindre ses objectifs.
Pour beaucoup d’entres eux, si Dieu est là pour guider, le travail est le principal
carburant de la réussite. Ils sont tous conscients à travers cet adage populaire que le
seul lieu où la réussite arrive avant le travail...c’est dans le dictionnaire !
« Lorsque je rentre du bureau avant 22 heures, ma femme pense que je suis
malade. »
Anas Sefrioui
Ces personnes que nous avons interviewées, font toutes preuve d’un engagement
hors pair envers leurs missions, quelles qu’elles soient. Mais à leur milieu, un sahraoui
au parcours atypique ressort du lot.
Il se retrouve à l’âge de 27 ans, présentant un discours devant les sommités du
monde. Il débat alors avec aisance sur la position du Maroc face aux problèmes du
Sahara et impose ses idées avec certitude et conviction. Ce jeune sahraoui, connu
aujourd’hui sous le nom de « Cheikh Maa El Ainine Mohamed Taquioullah » nous
relate son parcours avec humilité et gratitude.

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Surprenants entrepreneurs marocains

Ayant obtenu un Baccalauréat série Sciences Mathématiques à Las Palmas, il


s’oriente vers le droit en poursuivant ses études au Maroc jusqu’à l’obtention de
plusieurs Doctorats, le plus récent en Droit Privé en 2009.
Assoiffé de savoir et d’études, ce brillant sahraoui fait ses premiers pas en 1984
dans l’enseignement, en tant que professeur à la Faculté de Droit à Rabat, à l’Ecole
d’Administration Publique, puis professeur à l’Institut Supérieure du Journalisme
entre 1985-1987.
Mais sa carrière académique prend un tournant inattendu. Poussé par ses proches
et ses concitoyens à faire carrière dans le domaine politique, il relève ce défi et
parvient à occuper plusieurs fonctions prestigieuses dès son plus jeune âge : Député
et Vice-Président de la Chambre des Représentants au Parlement durant la période
1977-1993, Membre du Conseil Constitutionnel (1994–2004), Membre du Conseil
Spécial de Sa Majesté le Roi pour les Affaires Sahariennes, Porte-parole des Députés
des Provinces Sahariennes à la 4ème Commission de l’Organisation des Nations
Unies au sujet du dossier du Sahara. Il fut aussi Président des délégations officielles
marocaines chargées de défendre le dossier du Sahara marocain dans les pays suivants:
Burkina Faso, Niger, Cameroun, Congo Brazzaville, Mali, Togo, Zaïre en 1983, etc.
Membre du Conseil Constitutionnel, Professeur, Chercheur, écrivain, ce personnage
politique fut décoré Chevalier de l’ordre du trône, par feu Sa Majesté le roi Hassan II,
en personne.
Issu d’une famille où l’échange, la responsabilité et l’engagement sont omniprésents
dans leur référentiel, ce Sahraoui à la détermination ferme et à la volonté puissante,
apprend et cultive un sens de relationnel qui lui servira 20 ans après devant les géants
du Monde. Pour ce grand homme à l’engagement fort, tout individu à en lui une
énergie et une capacité à être maître de son destin et à être le créateur de sa propre
réussite.
Il nous dévoile ses secrets qui s’accordent parfaitement avec ceux des hommes à
succès que l’on a eu l’occasion d’interviewer. Pour lui, le principal point est l’écoute.
En fait, il ne suffit pas d’écouter avec ses oreilles, mais aussi avec ses yeux et son cœur,
car en face de la personne que l’on écoute, il faut lui témoigner et lui faire ressentir
le même niveau d’engagement face à ses problèmes et discussions de façon à ce que
la réciprocité soit automatique et du coup la personne adhère à la même vision.
« L’être humain tel que Dieu l’a créé est égoïste par nature. Si tu arrives
à trouver cet égoïsme et le transformer en engagement, dans cette relation, il
faut être certain que vous allez recevoir la même chose. Tous les deux vous allez
évoluer, c’est sûr. Donc c’est une devise très forte dans mes relations. »
Cheikh Maa El Ainine Mohamed Taquioullah

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Être très patient

Le second point, est la conviction. Toute réussite doit être renforcée par la
conviction du fait que c’est un élément important dans la construction de l’identité
de chaque individu. Cette conviction doit être accompagnée de relations fortes
d’amitié et d’engagement, parce que si la personne n’a pas un engagement sincère
envers l’autre, en aucun cas elle ne recevra pareil.
Le troisième élément est la spécialisation. Un jeune qui n’a pas d’expériences ne
peut pas se lancer dans plusieurs choses en même temps. Il ne faut jamais avoir peur
de l’avenir. Agir d’abord, ensuite rectifier s’il y a nécessité, et tout faire avec passion.
« Je suis une personne qui n’a pas peur. Cette notion n’est pas présente dans
ma tête. Je n’ai pas peur de mourir, ni de l’échec, car cela est en étroite relation
avec ma foi en Dieu. Moi je ne suis pas fataliste, ma vie repose sur la foi de
Dieu. »
Cheikh Maa El Ainine Mohamed Taquioullah

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Chapitre 8
Adopter un système de valeurs clair

• On a tous besoin d’un système de valeurs qui nous permettra de choisir.


• Un système de valeurs claires nous permet de mieux décider en évitant les
dilemmes moraux et les conflits internes.

« Le sport a changé mes habitudes et m’a appris beaucoup de choses. Le sport
peut servir les jeunes et leur ouvrir des portes. On trouve dans le sport les valeurs
du dépassement de soi, du respect de l’adversaire et du partage. Bien que l’on
puisse trouver ces valeurs ailleurs, dans le sport on les retrouve différemment. »
Hicham El Guerrouj

« Ce sont les valeurs qui nous poussent à montrer le meilleur de nous-mêmes.
L’effort fourni est une valeur que l’on retrouve dans la religion, en particulier
dans l’Islam mais aussi dans le protestantisme.»
Adil Douiri
Adil Douiri est un bon exemple représentatif d’une qualité de notre vie compatible
avec la qualité de ses standards. Le système de valeurs devient alors la référence
absolue. Les repères de ces précieuses valeurs, il les retrouvera dans tout ce qui
constitue pour lui un point qui peut servir son objectif d’excellence.
Pour Adil Douiri, le travail, l’effort et le sérieux sont des valeurs qui, certaines,
sont toutes questions de perception et de réglage dans la sobriété. Il y a du réglage
dans le culte du travail, la récompense du travail. Le fait de réussir nécessite la mise
en place de système qui récompense le mérite. Adil Douiri est convaincu que le plus

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Surprenants entrepreneurs marocains

important à atteindre pour l’être humain c’est l’harmonie, c’est la paix avec soi-même,
c’est avoir la satisfaction, le sentiment d’être en paix avec ses valeurs et d’avoir suivi
le chemin qui n’est pas en contradiction ou en décalage avec les principes et règles
auxquelles on tient.
« Le succès et la réussite, c’est être en paix avec soi-même. Ce n’est pas
quantitatif. Cela ne se mesure pas à l’actif de la personne ou à l’accumulation
du patrimoine. Cela ne se mesure pas à la reconnaissance par ses terres ou au
prestige, ou à la reconnaissance dans une société dans un milieu donné. »
Adil Douiri
Il est clair que parmi toutes les personnes que nous avons eu le plaisir de rencontrer,
une se distingue particulièrement du lot par son combat pour défendre ses valeurs,
ses principes et par son incroyable dévotion pour le bien des autres. Au moment
de notre entrevue avec elle, nous avions en face de nous une personne avec plus
de 50 actions caritatives à son actif. Aicha Ech-Chenna demeure, par son labeur
infatigable en faveur des déshérités au Maroc, un symbole du travail social et une
icône incontournable pour toute femme délaissée. 
Dès ses premières années de jeunesse, elle se donne comme vocation le caritatif.
Née en 1941 à Casablanca, son père décède très tôt dans sa vie laissant sa mère veuve
à l’âge de 20 ans. Le nouvel époux de sa mère en 1948, un notable de la ville de
Marrakech, s’avère au début être d’un grand support dans sa vie. En 1953, à l’âge de
12 ans, Aicha est contrainte d’arrêter ses études à cause des événements politiques
au Maroc.
Aicha Ech-Chenna est vite consciente du sacrifice que d’autres personnes ont fait
pour elle. En premier lieu sa mère qui met fin à sa relation de couple pour permettre
à sa fille de poursuivre ses études suite au désaccord avec son mari qui refusait qu’elle
poursuive sa scolarité au-delà de ses 12 ans. Ensuite son chef de service Dr Omar
Belkziz qui lui offre en 1966 la possibilité de faire le pèlerinage à la Mecque.
Dans le cadre professionnel, Aicha occupe pendant dix-huit ans le poste
d’animatrice d’Education Sanitaire et Sociale à la Préfecture Médicale de
Casablanca, après avoir obtenu son diplôme d’infirmière en 1960. En 1985, elle
fonde l’association Solidarité Féminine, ce qui lui vaut de recevoir en 1995 le prix
des droits de l’Homme en France. L’année suivante, elle publie son livre Miséria, un
livre émouvant qui raconte une vingtaine d’histoires de victimes, petites bonnes et
enfants abandonnés. Une autre publication verra le jour en 2005, « Grossesses de
la Honte » qui obtiendra les prix « Elizabeth Norgall », « Aicha des Gazelles »
et « Solidarité ».

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Adopter un système de valeurs clair

D’action caritative en action, de combat pour la justice en combat, sa carrière


prend un tournant mondial quand elle devient le 4 novembre 2009 à Minneapolis
aux USA, à travers son obtention du prestigieux Prix Opus décerné chaque année
à des personnes ayant accompli un travail social extraordinaire, la première femme
arabe et musulmane à remporter ce prix. Ce prix lui permet de recevoir le montant
d’un million de dollars, somme qu’elle reverse immédiatement à son association
« Solidarité Féminine ».
Dans son combat pour l’exclusion sociale, elle se bat pour les droits des femmes,
des enfants abandonnés et pour la prévention de la tuberculose. Elle est aussi
connue pour son travail précurseur et visionnaire pour la mise en place du planning
familial au Maroc. Ses actions sont reconnues dans plusieurs pays où elle est invitée
à présenter ses réalisations.
Sa défense pour des causes très sensibles et taboues dans la société, à savoir les
mères célibataires et les enfants abandonnés, lui vaut des injures et des accusations
d’« incitation à la débauche ». Convaincue de la justesse de son combat et la noblesse
de sa mission en parfaite cohérence avec ses valeurs et principes, cette « Mère Térésa
du Maroc » s’acharne au détriment de ces critiques et se bat bravement pour gagner
ce combat. Rien ne l’ébranle dans la réalisation de sa mission.
Donner pour le plaisir de donner sans attendre rien en retour. Donner et oublier, le
devoir de l’abnégation. Apprécier les « coucous du bon Dieu ». Rendre à la société
ce qu’elle lui a donné. Tels sont les valeurs qui animent la vie et la passion de cette
dame unique au parcours exceptionnel.
« C’est là où les valeurs prennent place, car il y a des gens qui créent les
conditions de réussir et d’autres qui attendent que la réussite vienne à eux. »
Professeur Harrouchi
Comme pour Aicha Ech-Chenna, le professeur Harrouchi est une personne avec
un système de valeurs très congruent avec son comportement et ses réalisations dans
la vie. On ressent chez lui un référentiel de valeurs très prononcé pour lequel il se
bat corps et âme afin de maintenir cette égalité et cette justice qu’il a dans la tête
pour justement pouvoir fonctionner. Pour lui, ses valeurs d’altruisme, de respect et
de sagesse ont marqué son enfance.
Après avoir terminé ses études de médecine en France dans les années soixante,
il devient l’un des premiers médecins au Maroc après l’indépendance, diplômé en
Chirurgie pédiatrique, domaine qui n’existait pas à l’époque au Maroc. Il a dû se
battre pendant deux années pour faire connaître cette spécialité et donner l’espoir

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Surprenants entrepreneurs marocains

aux autres. Avec la mission d’aider son pays et le support moral de sa femme, il se
jette littéralement dans ce défi.
Il raconte comment il a commencé avec un « hangar », bâtiment vide, dans un
état désolant qui devait servir d’hôpital. Il a commencé à nettoyer lui-même avec de
l’eau de javel. Il se retrouve à demander à l’hôpital de Paris de lui envoyer des sachets
en plastique et des matériaux pour équiper. Il s’était donné comme vocation de faire
de son service hospitalier un lieu pour les plus démunis mais avec toutes les qualités
de service des standards internationaux. Sa vocation l’obligeait à prendre soin des
enfants en situation critique qui nécessitaient des traitements. C’est comme cela
qu’il a été le premier à démontrer dans le domaine médical au Maroc qu’à partir de
rien on peut inventer quelque chose par la solidarité.
« Le respect des autres vient de l’éducation. Nous arrivons tous d’horizons
plus ou moins différents dans un pays où nous avons tant de richesses. C’est
cette diversité - arabes, berbères et juifs - qui crée cette richesse. Je crois que dans
une société comme la nôtre, dans un mode sociétal dans lequel on vit, cette
forme de respect pour la plupart est très importante. »
Meriem Bensalah Chaqroun
Avoir un système de valeurs est une chose essentielle comme l’indique Benazzi
quand il fait référence au Rugby avec ses valeurs de partages et de communion. Pour
lui, il faut passer le message d’intégrité, de travail, de force et de volonté, car à un
moment donné on peut douter de soi-même. Mais le secret c’est de surpasser ses
propres sentiments et émotions.
« On a grandi dans une ambiance assez particulière où la hiérarchie sociale
n’avait pas de valeurs. Par contre, la valeur des gens était fondamentale. »
Moulay Hafid Elalamy
C’est donc important d’être toujours en cohérence avec ses valeurs et ses principes,
car comme on a pu le voir, ne pas prendre la peine d’identifier ses valeurs et ses
principes, risque de mener une personne qui a beaucoup accompli et qui a surmonté
un grand nombre d’obstacles à réaliser qu’elle est arrivée en haut d’un sommet mais
qu’elle s’est trompée de sommet.
On ne peut terminer ce chapitre sur les valeurs sans se souvenir de cette très
poignante déclaration du capitaine Ali Najab :

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Adopter un système de valeurs clair

« En un mot, avoir du courage même s’il faut le réinventer. Il ne faut pas que
les jeunes acceptent que les valeurs soient soumises à la fluctuation. Il ne faut pas
que la valeur « esprit » soit comme la valeur « or » ou « prix » soumise à la
fluctuation de l’offre et de la demande de la bourse. Bien sûr que nous devons
nous adapter à la mondialisation mais on ne doit pas oublier l’essentiel qui a
fait du Maroc un pays ancestral, qui a résisté à toutes les intempéries durant
des siècles et des siècles. Beaucoup de pays dans la région ont été colonisés sauf le
Maroc. Le Maroc est un grand pays. Il lui faut de Grands Hommes porteurs de
valeurs: l’amour de la patrie, l’esprit de solidarité sociale, l’amour du travail
bien fait, l’esprit de participation, l’esprit d’entreprise, l’espoir en l’avenir, et
surtout agir avec un esprit citoyen. Pour finir il faut que les jeunes réalisent
qu’ils ont une dette envers ceux qui ont donné quelque chose pour ce pays. »
Ali Najab
Comme le dit l’histoire que l’on raconte aux enfants, du petit poucet qui, pour
retrouver son chemin en se dirigeant vers la forêt a semé des petit pois qui lui ont
permis de revenir sur ses pas. Ainsi lorsque la situation le demande, tout comme
le petit poucet, les géants du succès savent que pour retrouver leurs routes, il faut
revenir aux choses fondamentales de la vie de chacun : c’est-à-dire nos valeurs.
« Le succès n’est pas un état de nature, c’est un état de culture ».
Abdelali Benamour
Les valeurs sont subjectives et varient selon les différentes cultures. Elles sont
« matérialisées » par des normes. Les valeurs représentent des manières d’être
et d’agir qu’une personne reconnaît comme idéales lui permettant d’orienter ses
actions dans une société, en fixant des buts pour les atteindre. Ainsi, la famille, les
traditions, le travail, l’égalité, la fraternité, la liberté, la morale, l’éthique, la fidélité,
le respect, la justice, la force, la joie, l’argent, le pouvoir, l’amour, la persévérance, la
détermination, l’entraide, le partage, l’écoute, la communication, l’engagement, la
confiance, l’intégrité, la loyauté, le courage, l’honnêteté, l’équité, la responsabilité
constituent des exemples qui donnent aux individus les moyens de juger leurs actes
et de se construire une éthique personnelle.
Pour M. Abdelali Benamour, on ne peut réaliser ses objectifs sans avoir pris la peine
d’identifier son système de valeurs. Né le 10 septembre 1941, M. Benamour poursuit
des études de Doctorat d’Etat en Sciences Economique (Paris Sorbonne 1968) après
une licence en 1964 dans la même discipline. Se dotant d’une bonne vision et d’un
système clair de valeurs, M. Benamour s’engage dans la voie de l’éducation très tôt en

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Surprenants entrepreneurs marocains

occupant plusieurs fonctions dans ce domaine en tant que professeur à l’université


Mohammed V et l’Université Hassan II. Son passage en tant que Directeur au
prestigieux Institut Supérieur de Commerce et d’Administrations (ISCAE) de
1971 à 76 n’a fait que renforcer ses convictions de base pour sa passion en phase
avec ses valeurs de partage, de tolérance, d’ouverture d’esprit et de développement
intellectuel.
Aussi, soucieux du développement de son pays, ce grand homme s’est lancé en
parallèle dans la politique en tant que conseiller municipal et aussi député du parti
politique de gauche l’USFP à la circonscription de Casablanca de 1976 à 1981. De
plus, en 2009, il est nommé par Sa Majesté Le Roi Mohammed VI à la Présidence
du Conseil de la Concurrence.
« Parfois les relations aussi positives, aussi amoureuses aussi fortes sur le
plan personnel, si elles ne sont pas accompagnées d’une compréhension sur les
autres plans, peuvent bloquer la personne. »
Abdelali Benamour
Son projet de réaliser son rêve prend une forme réelle puisqu’il va accoucher de
son bébé tant désiré, à savoir la première grande école de haut niveau de commerce
et de gestion privée au Maroc (H.E.M.) en 1988, pour mettre sur le marché des
compétences équivalentes à celles à l’étranger avec des méthodes et des outils
d’enseignement pour pousser le Maroc à aller de l’avant.
Son système de valeurs est le cadre qui donne sens à sa vie pour être cohérent avec
les valeurs en quoi il croyait dans son chemin vers la réussite.
Pour M. Benamour faire la différence, aider, agir et faire quelque chose pour
les autres sont ses valeurs maîtresses qui alimente sa « rage » pour la réussite au
quotidien dans son combat de faire de ce pays ce qu’il doit devenir.

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Chapitre 9
Les événements arrivent pour une raison. Utiliser les
événements à son avantage

• Les choses arrivent pour une raison.


• Il faut être réaliste tout en étant optimiste.
• Dans des situations difficiles, ils relativisent et prennent la chose avec légèreté.
• La chance est quelque chose que l’on travaille et que l’on utilise. La chance n’est
pas une fatalité.

« Moi, je ne suis pas un extrémiste, mais au moins, il faut compter sur Dieu,
car il ne faut pas, il ne faut pas, il ne faut pas et j’insiste trois fois sur cela, faire
quoi que ce soit si Dieu ne veut pas.... Pour réussir, il faut avoir la rage, la rage
de gagner et la foi pour réussir. »
El Hadj Miloud Chaabi

« Maktab » (traduisible par le « destin » ou « c’était écrit »). Combien de


fois avons-nous entendu cette expression et bien plus souvent dans les moments
difficiles ? Combien de douleurs ont été apaisées par la prononciation de ce mot
magique: « Maktab » ? Décès, accidents, obstacles, toutes les situations trouvent
leurs justifications ultimes par le seul repère: « le destin » !
Les situations difficiles n’ont certainement pas l’exclusivité de ce mot parce que les
femmes et hommes à succès sont à l’unanimité convaincues que Dieu les accompagne
durant tous les moments de leur vie et qu’ils contribuent pour beaucoup à leurs
évolutions.

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Surprenants entrepreneurs marocains

Mohamed Benamour est un diamant brut taillé par une éducation exemplaire
érigée comme priorité absolue.
« A propos de l’éducation, nous l’avons toujours répété et dit : Avec peu
d’instruction, mais beaucoup d’éducation, tu seras le citoyen du monde.»
Mohamed Benamour
Dès son plus jeune âge, Mohamed Benamour baigne dans une double culture: celle
de ses grands-parents, grands Oulémas de notre pays, et celle de son père, brillant
homme d’affaires dans le textile et l’immobilier. Mais il y a pour lui un socle dont il
est convaincu, c’est celui d’être guidé dans chacun de ses actes par la puissance divine.
Très jeune, il accompagnait régulièrement son grand-père à la mosquée. Il pratique
l’Islam dans sa philosophie la plus modérée et probablement la plus profonde. Le
don de soi est chez Monsieur Benamour une seconde nature, un comportement
incontournable et indiscutable. « Dieu merci » est son expression favorite et comme
un réflexe permanent, elle ponctue ses explications et ses réponses.
« C’est la spiritualité qui m’a animé. Je n’étais pas un pratiquant ou
un endoctriné religieux, mais j’étais quelqu’un dont la religion est plus faite
de respect et de tolérance.»
Mohamed Benamour
La religion est le socle, la base, le point de référence des hommes et femmes à
succès que nous avons eu le plaisir de rencontrer. Non pas celle de l’intolérance à des
dogmes qu’on pourrait qualifier d’extrémistes, mais celle du respect du choix de vie
des autres et de leurs opinions politiques ou idéologiques. Lors de chacune de leurs
interventions, la référence à la religion est là, immuable, incontournable, comme un
fil conducteur auquel chacun s’accroche pour avancer, sans pour autant qu’ils soient
aliénés ou que cela ne les exonère de prendre leurs destinées en main.
Dans cet esprit, Mohamed Benamour utilise à bon escient le fatalisme, qui permet,
comme nous l’avons déjà remarqué, d’atténuer les douleurs et les souffrances, mais
aussi et surtout, de planifier sa route vers le succès.
Mohamed Benamour sait qu’il est responsable de sa vie et qu’il la construit lui-
même sa réussite. Son père était toujours prompt à lui donner de précieux conseils
en lui inculquant très jeune cette notion de responsabilité.

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Les événements arrivent pour une raison

« Mon père m’a inculqué l’esprit de tolérance. C’est l’ouverture, c’est l’esprit
de curiosité et aussi la volonté d’aller toujours de l’avant. »
Mohamed Benamour
La fatalité est un atout qui peut être dangereux quand il constitue la principale
raison de l’échec d’une personne. Des déclarations de type « je n’ai pas réussi mes
examens...c’était écrit ! » ou « j’ai perdu ce marché car c’est le destin », « je n’y
arriverais jamais...c’est écrit ». Autant de grenades que nous nous lançons à nous-
mêmes, ce qui bloque toute initiative personnelle parce que nous mettons tout sur
le dos du fatalisme.
Fort heureusement, Mohamed Benamour utilise les précieux conseils de son père
et ne se départit jamais de ses principes qui l’ont tant soutenus dans les périodes
difficiles de sa vie. Au moment où tout s’écroule autour de lui et où son salut, il le
trouve dans une foi en Dieu inébranlable et accrochée à un sens des responsabilités
sur ses propres actions, mais aussi sur son inaction.
« Mon père me disait qu’il valait mieux être un homme révolté qu’un
homme résigné, qu’il ne faut jamais admettre la fatalité, qu’il faut toujours se
battre et aller de l’avant en essayant de trouver des solutions d’adaptation à
toute nouvelle situation. »
Mohamed Benamour
Les femmes et les hommes à succès que nous avons étudiés ont en commun cet
extraordinaire « fatalisme réaliste », qui leur permet à la fois de surmonter une
douleur et d’assumer l’entière responsabilité de leurs actions. Ces personnes-là
voient chacune des situations comme elles sont, sans exagérer les problèmes ou les
diminuer non plus.
Chacun d’entre nous a une destinée. Nous ne pouvons pas, simplement par
nos actions, changer les données de notre vie. Ce que nous pouvons faire, c’est de
toujours donner le meilleur de nous-mêmes, pour atteindre les objectifs que nous
nous sommes fixés. Les hommes qui connaissent le succès l’ont fait depuis des temps
immémoriaux.
Si on ne peut pas échapper à un événement, on peut toujours exploiter cet
événement à notre profit. Mohamed Benamour et tous les autres pensent que tout
se passe pour une raison et acceptent l’événement en tant que tel, c’est-à-dire qu’ils
sont conscients que cet événement va, d’une manière ou d’une autre, à un moment
ou à un autre, servir leurs intérêts.

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Surprenants entrepreneurs marocains

Meriem Bensalah traverse sa vie avec un optimisme réaliste et responsable qui


apporte une autre dimension au destin. Elle construit sa vie autour de principes
d’éthique et d’intégrité. Ces mêmes principes s’ils devaient êtres galvaudés,
aboutiraient fatalement à se fragiliser et donc fragiliser son avenir.
« Quand tu te limites, quand tu fais des choses « pas très nettes », tu dois
faire profil bas. Tu ne peux plus faire ce que tu veux et tu deviens fragile. »
Meriem Bensalah Chaqroun
Meriem a conscience que Dieu existe et que certains événements sont inévitables,
mais qu’une ligne de conduite basée sur le respect des valeurs les plus élémentaires est
un véhicule qui vous accompagnera vers la destination choisie. Meriem sait qu’elle
construit sa vie et contribue à son destin parce qu’elle reste responsable de ses actes
en toutes circonstances.
Meriem a de l’optimisme pour tout ce qu’elle entreprend. Elle trouve les leviers
supplémentaires de son mental positif à travers sa très forte implication dans
l’associatif. Elle aime partager le travail avec les autres et le déléguer. L’organisation
du Festival de la Musique de Casablanca est une formidable aventure qui lui a permis
de se fixer des objectifs encore plus ambitieux pour l’année en cours par rapport à
l’année précédente.
Madame Bensalah est droite dans ses bottes et bien dans ses baskets parce qu’elle
s’impose la rigueur pour mener ses projets et la souplesse de s’amuser en permanence,
même si elle ne l’exprime pas toujours ouvertement.
« C’est une façon de m’auto-motiver, je participe beaucoup à l’associatif.
J’aime ma ville et tous les ingrédients sont mis en place pour que tous les
Marocains soient fiers de leur ville, Casablanca. »
Meriem Bensalah Chaqroun
Meriem est fière, fière du nom qu’elle porte, non seulement par sa descendance,
mais aussi par celui de son mari, Jamal Chaqroun qui fait inévitablement parti de nos
invités du succès. Jamal la pousse, la motive et la challenge en permanence pour que
cet esprit positif qui l’anime soit aiguisé en permanence parce qu’elle est consciente
que rien n’est acquis.
Nos invités nous ont appris que le succès n’était pas une destination mais plutôt
une manière de voyager. On peut avoir autant de plaisir à voyager à dos de mulet que
dans une Ferrari. L’important est de savoir ouvrir les yeux pour découvrir tous les
événements, positifs ou négatifs, qui vont par l’orientation que nous leur donnerons,

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Les événements arrivent pour une raison

contribuer à améliorer nos vies. Les vies des femmes comme Meriem, Choumicha,
Aicha Ech-Chenna, les sœurs El Garaa, Laila Marrakchi et bien d’autres encore,
montrent que si une personne a une volonté et une détermination, qu’elle croit
dur comme fer que même si le chemin de la réussite est pavé d’obstacles, son esprit
optimiste et constructif lui fera vivre de belles aventures pendant son voyage vers
ses objectifs. Ceci est un bel exemple pour toutes les femmes du Maroc qui veulent,
malgré le poids d’une société où la réussite est traditionnellement le monopole des
hommes, réaliser quelque chose d’extraordinaire dans leur vie.
Toutes les femmes du Maroc sont capables, par leur travail sans relâche, leur ténacité
et la confiance qu’elles ont en elles-mêmes, de se réaliser, tant professionnellement
que personnellement. De leur vie, nous pouvons percevoir à quel point chacune
d’entre elles peut parvenir à quelque chose d’important pour notre société, tant par
son accomplissement, que par l’exemple qu’elles inspirent aux autres femmes.
Les femmes sont dans toute religion le pilier de la famille. La réussite en dehors de
la maison et de la famille n’a jamais été une priorité, jusqu’à ce que de plus en plus,
elles revendiquent, à juste titre, leurs droits à la réussite aux yeux de tous. Beaucoup
de femmes hésitent encore à sortir de leurs maisons et à affronter le monde pour
réaliser quelque chose pour elles-mêmes.
Aicha Ech-Chenna, Meriem Bensalah , Choumicha, les soeurs El Garaa et
Laila Marrakchi ne sont pas différentes des autres femmes. Elles ont simplement
décidé de sortir du moule qui les fige dans un rôle, celui de maîtresse de maison ou
d’épouse, pour se fondre dans celui d’une femme capable d’évoluer dans la société
dans toutes ses dimensions. Elles n’ont jamais senti de réticence à rentrer dans des
environnements exclusivement masculins, parce que dans leurs têtes, la différence de
sexe, ne justifie pas la différence de chances de réussite et de compétences.
Toujours dans le registre exclusivement féminin, chaque fois que l’occasion de
servir leurs objectifs s’est présentée, y compris dans leurs échecs, les femmes ont su
saisir, utiliser et exploiter les événements et circonstances.
Les opportunités sont partout, à tous les instants, elles peuvent se manifester.
Quelle est donc la différence entre ceux qui disent qu’ils en ont et ceux qui estiment
qu’ils ont « la poisse »? On peut dire que la persistance et la persévérance sont au
service de leurs objectifs. Ces femmes ont adopté la bonne attitude en saisissant
chaque opportunité que la vie leur a donnée et chaque occasion qu’elles ont pu
percevoir.
Les femmes représentent plus de 50% de la population. Si seulement 10% de ces
femmes décidaient d’entreprendre un rêve, qu’elles ont toujours eu sans pouvoir le

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Surprenants entrepreneurs marocains

réaliser, le Maroc tout entier profiterait de ce bouleversement salutaire au profit de


tous. Imaginez un instant que 50% des femmes doivent rester chez elles, sans pouvoir
accéder ou contribuer au monde extérieur, cela étoufferait le potentiel de croissance
du Maroc de 50%, voire beaucoup plus.
Tout justifie de prendre les femmes interviewées dans ce livre et de parler de leurs
expériences au service du Maroc d’aujourd’hui, et celui de demain. Toutes les femmes
et tous les hommes peuvent briser les chaînes de leurs zones de confort, de médiocrité
et entamer leur voyage vers un accomplissement personnel qui les fera grandir et qui
les poussera à accomplir encore plus.
Il appartient donc à chacun d’entre nous, où qu’il soit, quel que soit son niveau
social ou l’endroit où il habite d’imiter intelligemment ces attitudes gagnantes. C’est
un formidable accélérateur de performance que de pouvoir suivre l’exemple de ces
femmes qui font la fierté du Maroc d’aujourd’hui.
Nous avons évoqué plus haut que tout un chacun, peut avoir de la chance. Cette
chance dont nous parlons est intimement liée au destin. Le destin est une chose
qu’aucun de nous ne peut éviter dans sa vie. Le destin fait partie des données et des
événements inévitables dans la vie. Cependant, l’erreur à ne pas faire est de considérer
le destin comme une excuse et un prétexte à nos échecs et à nos incompétences. Le
destin est avant tout un compagnon de route vers le succès. Il vous accompagne, vous
conseille, vous lance des défis et vous teste. Mais c’est une donnée qui est là, présente,
quelles que soient les circonstances.
Comment peut-on alors augmenter nos chances d’avoir un destin qui joue en
notre faveur? Tous nos invités nous l’ont démontré: en replaçant les événements de
notre vie en perspective par rapport à nos objectifs. En d’autres termes, cela veut dire
que chaque fois qu’un événement arrive, il doit, soit être utilisé au service d’un but
soit constituer une leçon de ce qui doit être fait différemment à l’avenir.
« Pour réussir dans la vie, il faut avoir confiance en soi et être optimiste. »
El Hadj Miloud Chaabi
Hadj Miloud Chaabi, est un « Self-made-man » connu et reconnu dans
notre pays. Si pour la plupart des gens, il incarne la réussite en affaires, cela n’est
certainement pas uniquement la raison qui nous a poussé à le solliciter pour ce livre.
Ayant démarré de rien, les multiples embûches que le destin a mis sur sa route, lui
ont non seulement servi de leçons, mais elles lui ont surtout permis de prendre des
résolutions fermes pour sa vie. Etant très croyant, El Hadj considère que son parcours
a été béni par le destin.

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Les événements arrivent pour une raison

Ça n’est pas, encore une fois, d’un optimisme aveugle qu’il s’agit, mais bien de
la faculté qu’a El Hadj Miloud de croire très fort dans ses idées et ses actions et en
même temps, de s’en remettre au destin que Dieu aura décidé pour lui.
Dieu est une donnée de plus en plus centrale dans la vie d’El Hadj Miloud.
Aujourd’hui, « au Nom du Tout Puissant », la plupart de ses opérations dans les
affaires respectent les principes de la religion musulmane. Ses hypermarchés ne
vendent pas d’alcool et les hôtels qu’il gère n’en servent pas non plus. Il consent
directement des prêts, sans intérêt, à ses clients du logement social, etc.
El Hadj a gardé depuis son plus jeune âge, un attachement viscéral au destin et
à la volonté divine qu’il rappelle chaque fois qu’il en a l’occasion. Hadj Miloud a
toujours su qu’il allait réussir et cela n’était qu’une question de temps. Ses échecs ne
lui font pas baisser les bras, bien au contraire, il s’accroche et persévère encore plus.
Il voulait réussir et être riche pour pouvoir faire du bien autour de lui. C’est
exactement ce qu’il a fait. Le plus extraordinaire dans cette histoire est que quand
vous discutez aujourd’hui avec El Hadj Miloud, il vous confie avec une sincère
humilité que Dieu a tracé son destin pour lui et qu’il a exécuté ce pourquoi il est
destiné par la volonté divine.
El Hadj semble être une personne sensible et attentionnée aux besoins de ceux
qui le rencontrent. L’idée de pouvoir donner un logement décent à ceux qui sont
le plus dans le besoin a justifié son extraordinaire parcours dans l’immobilier social
au Maroc.
El Hadj est préparé pour affronter le pire et pour en sortir meilleur. Il a cette
extraordinaire capacité de résilience à des événements forts, qui dans certains cas,
auraient pu le ruiner. Malgré cela, il utilise ces événements pour se recharger, se
ressourcer et se motiver, pour pouvoir poursuivre sa « mission ».
« Je suis comme un fer, c’est à force de travailler qu’on arrive à quelque chose,
il faut rester modeste, toujours modeste et avoir la foi en Dieu! »
El Hadj Miloud Chaabi

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Chapitre 10
Développer sa créativité pour apprendre à élargir son
champ de possibilités

• Apprendre à remettre en question les événements pour constamment réinventer


son monde et ses possibilités.
• Se référer à d’autres champs d’activité dans la réalisation des objectifs pour
renforcer la créativité.
• S’enrichir des expériences des autres.

Un proverbe anglais dit que les grands hommes ne font pas des choses différentes
mais qu’ils font les choses différemment. Y a-t-il de la place pour la créativité au
Maroc? Oui et mille fois oui. Savez vous de combien de cellules nous disposons dans
notre cerveau? 100 000? 1 000 000? 100 000 000? En fait nous disposons de 50 000
000 000 de cellules toutes interconnectées entre elles. Les différentes combinaisons
simultanées que ces cellules peuvent créer sont tellement nombreuses que leurs
chiffres ne pourraient pas être contenus dans ce livre. Savez-vous aussi quelle est la
proportion du potentiel du cerveau qu’un individu normal utilise dans toute sa vie?
8%. Nous n’utilisons que 8% de notre cerveau pour gérer toutes les dimensions de
notre vie!
Ces deux constats sont édifiants. Le premier nous rassure sur les infinies
possibilités de notre cerveau, alors que le deuxième nous renseigne sur notre potentiel
d’intelligence inexploité. Nos invités du succès ont-ils la même capacité de créativité
que ceux qui ont brillamment réussi à travers le monde? Non seulement ils ont
définitivement cette capacité mais toute personne possède aussi cette capacité
extraordinaire de créer, d’inventer et d’innover, quel que soit le domaine dans lequel
elle évolue.

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Surprenants entrepreneurs marocains

Les femmes et les hommes à succès au Maroc n’ont pas seulement des idées
différentes de la plupart des autres personnes, mais aussi des approches différentes
de la vie elle-même. Chaque problème est pour eux l’occasion d’offrir de nouvelles
solutions à leur vie. Ils nourrissent des réflexions dont la perspective est différente
voire opposée à ce que la plupart des gens font.
Si nous avions tous les mêmes idées pour résoudre les mêmes problèmes, rien
ne nous distinguerait les uns des autres et les innovations seraient absentes de
notre vie. C’est précisément parce que certains ont pensé à ce à quoi d’autres n’ont
pas pensé, qu’ils sont sortis du lot, pour exprimer au commun des mortels, que
leurs solutions sont les meilleures du moment et que les gens les récompensent en
acceptant d’acheter leurs produits et services ou d’adhérer activement à leurs causes.
« Pourquoi ailleurs et pas ici ?»
Mohamed Berrada
Il est rédacteur en chef, romancier et traducteur. Ses yeux pétillent de cette
extraordinaire danse entre une intelligence vive et une humilité de tous les instants.
Mohamed Berrada, patron et créateur de Sapress, deuxième société de distribution
de journaux au Maroc est dès son plus jeune âge, passionné par le basket. Pour lui,
le sport, n’importe quel sport, est capital. Le cerveau est oxygéné, le corps tonifié et
les toxines éliminées.
Très jeune, Mohamed Berrada sait que la meilleure manière de doper sa créativité
était d’être curieux de tout et d’apprendre en se formant. Pour lui, le sport l’a
beaucoup aidé et l’a surtout aidé à beaucoup apprendre.
L’activité sportive est donc un des piliers de la créativité de Mohamed Berrada. Il a
retiré énormément d’avantages du sport lui-même. Aujourd’hui encore, il reconnaît
que l’activité sportive est primordiale dans sa vie et qu’il ne peut pas concevoir
d’évoluer et d’avancer en âge sans avoir un soutien qui va garantir une régularité
dans l’exercice de sa passion et de son travail.
La natation, le basket-ball ou la gymnastique sont ses alliés favoris. Le basket-ball
lui a longtemps tenu compagnie et occupe jusqu’à présent une place particulière
puisqu’il a eu le plaisir de remporter le championnat national et a même été capitaine
de l’équipe nationale de basket-ball. Le sport est pour lui comme une religion qu’il
faut pratiquer avec discipline et don de soi.
Mohamed Berrada a eu l’occasion, très jeune, d’être un des premiers professeurs à
enseigner l’arabe dans un lycée de jeunes filles. Cette expérience très intéressante lui

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Développer sa créativité

a permis de découvrir les sensibilités féminines et d’essayer de mieux comprendre ce


qui différencie l’homme de la femme.
Il porte la créativité jusqu’à dans la méthode. Ainsi à l’époque, alors que
l’enseignement classique de la langue arabe passe par les auteurs classiques, il décide
alors de travailler à contre-pied. Etant amoureux de la langue arabe, il voulait
absolument rendre l’enseignement de cette langue plus passionnant, chose qu’il
fait en introduisant des auteurs modernes comme Nizar Quabbani, qui n’était pas
très connu à l’époque, Ahmed Chawki, Khalil Jibrane et d’autres encore.
Après chaque match de basket-ball, il accomplissait son rituel, celui de prendre
un livre et de nourrir son esprit de tous les mots qu’il découvrait. Comme il n’avait
pas particulièrement envie de sortir, Mohamed Berrada puisait cette énergie dans la
lecture. Pour lui, la créativité n’a pas de limites, elle ne doit pas se limiter au service
de l’art ou du design. Elle doit transcender tous les secteurs pour affecter tous les
aspects de la vie. Elle est comme un muscle et se renforce au fur et à mesure qu’on
la pratique.
Les hommes et femmes à succès exercent leur créativité jusque dans les plus petites
décisions de leur vie. Anas Sefrioui, PDG du groupe Addoha, révèle un des secrets
de sa réussite:
« J’ai les yeux grand ouverts et j’observe ce qui se passe dans d’autres
domaines et j’adapte les idées les plus intéressantes dans les miennes. »
Anas Sefrioui
Anas Sefrioui a depuis son très jeune âge développé une curiosité naturelle qui
l’encourage à observer les personnes, les événements, les gens et de se poser la question
suivante: « Comment est-ce que je peux utiliser telle idée, tel comportement, tel
objet pour mes projets immobiliers ?» Ainsi deux des plus grands succès du groupe
Addoha viennent du sens aigu d’observation de son président.
Le premier succès est l’utilisation du célèbre slogan « ‘chra btamane lkra »
(traduction : l’achat pour le prix de la location). Anas avait vu une affiche sur une
agence bancaire avec la même mention : « Achetez au prix du loyer ».
Le deuxième succès et qui a constitué un redoutable accélérateur de vente auprès
du grand public est le concept du « guichet unique » que le groupe Addoha a adopté
dans le cadre de la commercialisation des ses logements sociaux.
Ce concept est inspiré des guichets uniques appelés en Anglais « one stop shop »
(traduction : un seul arrêt). Il s’agit d’un endroit où le client peut trouver tout ce

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Surprenants entrepreneurs marocains

dont il a besoin sans avoir à aller de magasin en magasin pour compléter ses achats.
Le secteur de la grande distribution est le meilleur exemple de ce «one stop shop».
Ainsi, dans les hypermarchés, ces énormes espaces de vente qui atteignent plusieurs
milliers de mètres carrés, cohabitent tout ce dont une famille a besoin : des produits
alimentaires à l’électroménager, en passant par les produits textiles, le linge, les
produits de nettoyage et autres. Aujourd’hui, se côtoient dans le même espace :
produits alimentaires, habits, meubles de jardins, cosmétiques, voitures, agences de
voyage, services bancaires, etc.
Un autre type de « guichet unique » est celui des CRI (Centre Régional
d’Investissement) mis en place par le gouvernement marocain dans différentes villes
du royaume. Ces CRI permettent à toute personne d’entreprendre, en un seul et
unique lieu, toutes les démarches administratives et de mettre en place une entreprise
en quelques jours, au lieu de plusieurs mois comme cela était le cas auparavant.
S’inspirant donc du concept de ces «guichets uniques», Anas Sefrioui dédie
tout le rez-de-chaussée de son siège social d’Addoha à Casablanca à tous les services
concernés et nécessaires pour la réalisation d’une vente immobilière: des agences
bancaires qui accordent le prêt à un futur propriétaire, un service de la conservation
foncière qui permet à chacun d’obtenir son certificat de propriété, un service pour
la perception des taxes et impôts, etc. Cette brillante idée a valu à Anas Sefrioui un
immense succès et une très forte notoriété.
Cette notion d’«imitation créative» trouve son sens même dans notre
comportement de tous les jours. Prenez les phénomènes de mode par exemple:
chaque fois qu’une tendance vestimentaire apparaît, l’ensemble de la communauté
du vêtement correspondant à la cible marketing, s’engouffre dans un tourbillon de
modèles plus ou moins proches de celui qui a déclenché l’engouement des premiers
clients. Ce phénomène a une portée psychologique redoutable puisque le client
lui-même se plaît à acheter ces vêtements ou objets « tendance » pour imiter les
personnes au style desquelles il se reconnaît. Chacun d’entre nous n’a-t-il pas,
étant adolescents, imité ses acteurs ou chanteurs favoris, jusqu’au moindre de leurs
mimiques, devant le miroir de sa salle de bain?
Cette idée du modèle est très utilisée par nos invités dans l’exercice de leurs
métiers. Ils appellent affectueusement cela « les meilleures pratiques ». La séquence
de réussite est la suivante:
• Fixer un objectif précis.
• Analyser les stratégies et comportements de ceux qui ont déjà réussi dans votre
secteur et adapter leurs méthodes à vos propres spécificités.

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Développer sa créativité

• Envisager aussi d’emprunter les idées d’autres secteurs et de les adapter au


vôtre.
• Evaluer les résultats à toutes les étapes.

Où est la créativité dans tout cela pourrait-on dire? Certains diraient qu’une
invention n’est que le prolongement de quelque chose qui existe déjà! D’autres
diront, en citant un célèbre photographe, qu’il n’y a pas de nouvelles idées, mais
seulement de nouveaux arrangements.
« Il faut entreprendre, passer des stages, écrire des histoires et écrire des projets
qui verront peut-être le jour. Il faut, en tout cas, rester dans une dynamique
qui permet non seulement d’apprendre, mais aussi d’être créatif. »
Laila Marrakchi
−− Bonjour, vous allez bien, lui demande-t-on ?
−− « Oui, vous avez une caméra? » répondit-elle. C’est le monde à l’envers! La
jeune femme qui est à l’autre bout de Skype (logiciel informatique qui permet à
deux internautes ou plus de se parler et de se voir via Internet) n’est autre que
la réalisatrice du film Marock, Laila Marrakchi. La voix douce, posée et teintée
d’une pointe de timidité, elle accompagne le sourire de son visage par un sourire
dans sa voix.
Né en 1975 d’une famille bourgeoise de Casablanca, Laila Marrakchi reconnaît
sans gêne qu’elle n’a jamais manqué de rien. Très jeune, elle est attirée par l’image
et profite du fait que son oncle, distributeur de films, lui ouvre la porte de toutes les
salles obscures de ses partenaires. En fait, sa passion du cinéma vient avec la pratique.
Laila s’aperçoit très tôt qu’elle est irrésistiblement attirée par l’image, mais elle ne
sait pas encore comment elle va apprivoiser son intérêt à l’avenir. Comme elle le
dit : « Très tôt, j’ai eu un rapport avec l’image, c’était quelque chose de magique,
un rituel qui se passait le dimanche. J’allais au cinéma et à l’époque il y avait pas mal
de salles à Casablanca. »
Laila a toujours voulu faire les choses différemment parce qu’elle recherche
en permanence des choses nouvelles, encore inexplorées. Alors que tous ses amis
choisissaient de suivre des cursus de formations classiques de type ingénieur ou
médecin, Laila s’inscrit dans une école qui la rapproche de son pôle d’intérêt
principal à savoir l’audiovisuel. Elle poursuit alors ses études dans une école de
cinéma à Paris. C’est alors que les événements s’enchaînent rapidement les uns après
les autres.

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Surprenants entrepreneurs marocains

Durant ses formations et ses stages, elle fait plus ample connaissance avec ce
milieu. Elle rencontre des professionnels du métier qui vont très vite s’apercevoir que
ce « petit bout de fille » a une forte rage, un amour profond et un sincère respect
pour ce métier. Cela ne lui facilite pas la vie pour autant car le métier du cinéma est
difficile et il faut se battre pour que ses idées soient entendues voire adoptées puis
réalisées.
Laila écrit alors son premier court métrage qu’elle soumet au Centre
cinématographique marocain et rencontre dans la foulée un coproducteur français.
Elle découvre que le milieu dans lequel elle évolue est difficile voire même injuste.
Combien d’auteurs pourtant très talentueux n’ont pas pu voir leurs œuvres se réaliser.
Laila sait qu’elle va y arriver car elle est passionnée par sa vocation et convaincue de
sa mission, celle de faire passer beaucoup de messages forts à travers ses films. Plus la
situation devient difficile, plus sa rage augmente, une rage qui défie sa peur de l’échec
et qui dope sa créativité.
« C’est d’abord par sa personnalité, par sa rage et par sa passion que l’on
y arrive, mais aussi par son travail et sa créativité. »
Laila Marrakchi
Elle réalise le film Marock. Le succès est immédiat parce que le film crée la
polémique. Laila s’emploie allègrement à dénoncer l’hypocrisie d’une société
marocaine qui cherche désespérément son identité sans jamais vraiment la trouver.
Sa créativité à elle, elle la trouve dans la contradiction et dans la lutte contre les
apriorismes. Elle cherche à révéler une réalité que tout le monde regarde mais que
personne ne voit réellement.
Elle sait que sa raison d’être passe également par le fait de dénoncer les hypocrisies
de toutes sortes qui touchent le monde qui l’entoure : « En général, j’aime un peu
dénoncer les choses et le film Marock a été pour moi une opportunité de mettre en
avant des problèmes de société, problèmes que peu de personnes osent aborder ».
Être créatif n’est pas seulement créer quelque chose de toute pièce, c’est aussi
comme nous l’avons vu plus haut, imiter intelligemment. C’est une composante
fondamentale qui fait partie du trait de caractère de tous nos invités.
« J’ai toujours été un homme d’utopie, car pour moi, toute utopie est
réalisable. »
Noureddine Ayouch

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Développer sa créativité

On aurait pu parler de lui dans tous les différents chapitres de ce livre, parce que
Noureddine Ayouch renferme en lui toutes les caractéristiques de ces hommes dont
les comportements forgent le respect et qui s’engagement pleinement dans toutes
les actions qu’ils entreprennent. La créativité reste le carburant principal de ses
passions. Les passions, Noureddine Ayouch en a eu plein dans sa vie, chacune plus
énorme que l’autre.
Né en 1945 dans la ville de Fès, Noureddine Ayouch est reconnu comme le « Roi
de la Pub» au Maroc. Sa contribution aux couches populaires est son sacerdoce.
Ainsi c’est le précurseur dans le domaine du micro crédit à travers la fondation
Zakoura (Octrois de crédits aux personnes défavorisées, pour qui la banque classique
n’est pas une alternative, afin de créer des toutes petites entreprises.
Directeur de l’un des plus grands et des plus prestigieux groupes de communication
et d’événementiel au Maroc, Noureddine Ayouch est tombé dans la potion de la
créativité étant petit. Plus loin encore, Noureddine porte dans son code génétique,
les traces profondes d’un comportement iconoclaste pour tout. Il n’est pas marginal,
bien au contraire, sa magie à lui, c’est de pénétrer les entrailles de la société marocaine
par la porte de l’humilité et de la simplicité et une fois dans la place, il révèle avec
finesse ses insuffisances. Il associe ensuite le plus de personnes possible autour de
la problématique, puis trace avec ces personnes les contours d’un programme de
« remise en forme pour le bien commun ».
Cette politique de « Cheval de Troie » est souvent très efficace parce qu’elle révèle
à notre société des fléaux de la manière qu’elle ne puisse pas les ignorer. Grandement
influencé par son père, il est généreux de tout et avec tous. Généreux de son attention,
de son temps, de ses sentiments, de ses coups de gueule salutaires, de son argent,
de son affection et surtout de son amour sincère qu’il offre délicatement. Il l’offre
comme le font les autochtones des îles du Pacifique quand à votre arrivée, ils déposent
délicatement un collier de fleurs fraîchement coupées autour de votre cou. Si vous
retrouvez régulièrement Ayouch, il vous gratifiera chaque fois de fleurs nouvelles,
d’une pensée, d’un mot, de quelque chose qui vous interpellera.
Noureddine s’insurge contre la jalousie des Marocains entre eux quand il dit :
« Je ne comprends pas toujours pourquoi les Marocains n’aiment pas
beaucoup les gens qui réussissent. »
Noureddine Ayouch
La vie est pour lui une éternelle quête d’amélioration. De plus, on ne peut pas
s’améliorer sans sortir de sa zone de confort pour chercher des réponses dans des
territoires encore inexplorés par une personne.

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Surprenants entrepreneurs marocains

Ayouch note que beaucoup de gens observent le monde et se demandent


« pourquoi? », lui, il imagine un monde qui n’existe pas et se dit « pourquoi pas? ».
Pour Noureddine, la créativité est à la portée de tous, mais elle dépend pour une
grande part d’un préalable incontournable qui est celui de l’éducation. Chaque
Marocaine, chaque Marocain doit y avoir accès, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Son plus récent projet de société consiste en l’accès à tous à la formation au Maroc.
Ce type de formation n’est autre qu’un gage de créativité qui va bouleverser les
mentalités au service d’un Maroc nouveau, plus ambitieux et dont les forces vives
seraient capable de rivaliser avec les pays les plus avancés. La formation est faite pour
comprendre la vie plus vite.
Sa créativité à lui, il a eu l’immense chance de la nourrir très jeune, en observant
le comportement à la fois humble et curieux de son père, ainsi que la créativité sans
limites de sa mère dont la manière de s’habiller et sa fascination pour les chants
d’Oum Keltoum resteront à jamais gravés dans la mémoire de Noureddine.
Noureddine étudie les sciences sociales et s’abreuve de théâtre, de spectacles
qu’il monte pour mieux se réaliser. Il côtoie des gens qui subliment son sens
critique. Etudiant en France, il travaille dans un tas de petits boulots comme postier,
enquêteur, coursier, coiffeur, jardinier, enseignant, etc. A chaque fois, Noureddine
en tire le meilleur pour le mettre au service des autres. Une année après son retour
au Maroc, il crée son agence de publicité Shem’s en 1972 pour affirmer sa différence
et aider les autres à exprimer la leur.
« Comme je suis un éternel insatisfait, j’ai besoin tout le temps de créer. En
roulant en voiture, je peux trouver une idée. »
Noureddine Ayouch
Ayouch est aussi conscient que l’on peut inventer tout seul, mais que l’on crée et
on innove à plusieurs. Comme toutes les personnes rencontrées dans ce livre, il ne
faut pas hésiter à participer à vos recherches créatives.
Il est parfaitement à l’aise à vouloir refaire le monde, naviguer à contre-courant
avec des idées novatrices, remettre en question les idées existantes et briser les
concepts préconçus et les modes de vie existants. Il est convaincu et conscient que
pour réussir, il ne faut pas se laisser « infecter » par les personnes et les mauvaises
habitudes, tout en réinventant notre monde et ses possibilités infinies. Tout cela dans
un contexte où l’on doit s’enrichir de l’expérience et des vécus des autres.

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Chapitre 11
Maîtriser sa peur et oser sortir de sa zone de confort

• La peur est une attente, tout simplement une douleur d’anticipation, qui n’a rien
à voir avec la réalité.
• Nous devons reconnaître la peur pour pouvoir la gérer.
• Sur notre route vers la réalisation de nos objectifs, nous devons accepter qu’il
existe de nombreux moments où nous serons dans l’inconnu, c’est-à-dire, en
dehors de notre zone de confort.

« Moi rien ne me fait peur sincèrement, mais j’ai peur de moi-même.


Le matin je me lève avec des objectifs et j’ai peur de ne pas pouvoir tenir
un engagement. Je lève la barre très haut. J’ai peur de perdre ma mère et
mes proches. Mais toutes ces peurs sont positives car elles me poussent à bien
travailler. »
Meriem Bensalah Chaqroun

Ahmed Marzouki raconte comment le plus dur dans sa vie fut lorsqu’il a fallu
fournir un effort surhumain pour redresser la situation le jour où il a été jeté dans
une cellule et que l’on a fermé derrière lui les portes du bagne de Tazmamart. C’est
ainsi qu’avec un groupe de camarades, il établit un programme car il a vite compris
qu’il était en face d’une réalité accablante. Il fallait soit accepter la réalité telle qu’elle
se présente ou bien il n’y avait pas d’autres alternatives, c’est ça la situation dans
laquelle il s’est trouvé.

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Surprenants entrepreneurs marocains

Ayant eu l’impression d’avoir été jeté dans un puits, ses amis et lui ont dû fournir
un effort colossal face au choc terrible auquel ils faisaient face. Même quand lui
et ses compagnons se retrouvaient les yeux fermés et les mains lacées, ils gardaient
toujours l’espoir.
Après deux années d’emprisonnement dans la prison de Kénitra, il est transféré
avec plusieurs de ses compagnons vers le bagne de Tazmamart. Embarqué dans un
avion militaire, Marzouki se souvient comment dix minutes après le décollage, les
yeux bandés, un policier lui dit et à ses compagnons : « Préparez-vous, on va vous
jeter par-dessus bord ». Ils étaient tellement angoissés et terrifiés. Ressentant une
fatigue et un épuisement physique extrêmes, ils ne demandaient qu’à être jetés
par-dessus bord pour apaiser cette souffrance. C’était terrible. Il n’y a pas pire que
l’attente, comme l’attente d’un condamné à mort.
On retrouve aussi cette résilience, cette capacité à s’adapter, à ne pas laisser la peur
paralyser, tout en faisant face à la réalité du moment, aussi chez Larbi Sekkat quand il
dit que pour lui la peur, il ne la connaît pas, car il est convaincu qu’à la base, chaque
problème a sa solution.
Chez pratiquement toutes les personnes que l’on a rencontrées dans le cadre
de ce livre, la peur est toujours une appréhension et un élément avec lequel il faut
composer. A aucun moment nous n’avons senti que la peur pour ces personnes était
un élément bloquant ou paralysant. De plus, on est conscient en écoutant avidement
ces gens, que notre premier adversaire c’est nous-mêmes et que c’est souvent une
certaine appréhension de ce qui peut arriver qui nous empêche de nous réaliser
pleinement.
« Ce fut aussi une victoire d’abord sur moi-même avant d’être une victoire
sur l’ennemi. »
Ali Najab
Pour Ali Najab, les épreuves de tortures en tant que prisonnier de guerre lui ont
fait vite comprendre que son conditionnement mental était l’un des éléments-clé
de sa survie, comme il le décrit :
« On m’attache les mains derrière le dos avec des menottes serrées au maximum,
on m’attache les pieds aussi avec des menottes et on me fait passer à tabac très
sérieusement. L’enquête a durée un mois et 15 jours. Ils revenaient souvent à la
charge avec les mêmes questions. Pour ne pas tomber dans leur piège, je mémorisais
pendant mes moments de répit, les réponses que je leur donnais de façon à ce qu’ils
ne s’aperçoivent pas que je leur mentais. Ainsi, ils n’ont pas décelé de contradictions
dans mes réponses. Cette épreuve fut la première de plusieurs autres épreuves de

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Maîtriser sa peur

torture physique que j’ai subies durant mes 25 années de captivité en tant que
prisonnier de guerre à l’instar de quelques 2300 autres camarades pilotes et de
l’armée de terre. Ce fut pour moi une expérience très éprouvante et terrible. Cette
épreuve fut mon premier examen devant une telle adversité. »
Se conditionner mentalement c’est aussi comprendre que l’on va souvent se
trouver à naviguer hors de sa zone de confort, avec un maximum d’inconnues et très
peu de garanties, mais avec la conviction profonde que la réussite n’est en aucun cas
remise en question, mais que c’est seulement la méthode et le chemin à suivre pour
y parvenir qui sont discutables.
« La peur génère le doute. Il faut transformer la peur en courage. Le premier
adversaire c’est nous-mêmes. »
Abdelatif Benazzi
On demandait un jour à une grande thérapeute quel était à son avis l’instinct
le plus fort chez l’être humain. Elle répondit que c’est l’instinct de s’accrocher à
ce qui est familier. On n’a donc pas été surpris de constater que bon nombre de
personnes que l’on a rencontrées dans le cadre de ce travail de recherche, ont compris
que pour réussir il faut sortir de sa zone de confort, accepter de momentanément
quitter ses territoires familiers et aller de l’avant vers de grands accomplissements,
car l’incertitude et l’inconnu sont des composantes du quotidien et de la vie.
Pour Anas Sefrioui, il considère que dans la vie il ne faut pas avoir peur, il faut
foncer. Alors que pour Mohamed Berrada, la peur c’est tout ce qui est imprévu. Il
estime qu’il faut donc penser aux imprévus et penser à l’impossible, car pour lui la
peur n’est souvent qu’une crainte.
Quant à Mohamed Benamour, il a aussi compris qu’il fallait mieux être un révolté
qu’un homme résigné. Il ne faut jamais admettre la fatalité, qui d’ailleurs n’existe
pas chez lui. Il faut toujours se battre. Il faut toujours trouver des solutions car, par
définition, l’intelligence c’est, d’abord et avant tout, la faculté d’adaptation à toute
nouvelle situation. M. Benamour estime que si on n’est pas capable de s’adapter aux
différents imprévus de la vie, cela veut dire que nous avons pratiquement baissé les
bras.
« La personne qui commence une chose par la peur, c’est foutu pour elle, c’est
l’échec garanti. Elle n’a qu’à avoir la foi en Dieu et réunir les ingrédients du
projet pour le monter. C’est comme un Tajine, si on n’a pas tous les ingrédients
pour le préparer, le plat ne sera pas réussi. »
Najat Aatabou

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Surprenants entrepreneurs marocains

Qu’ est-ce qui prédisposait une jeune fille berbère de famille très traditionnelle
et pudique de la ville de Khémisset dans le Moyen-Atlas à se retrouver la star d’un
concert dans la prestigieuse salle de spectacle l’«Olympia» à Paris à l’age de 24 ans
et quelques années plus tard faire salle comble dans les grandes capitales mondiales
comme New York, Amsterdam, Montréal, Madrid, Rome pour ne citer que quelques
unes de ces villes.
Dés son jeune âge, Najat se retrouve confrontée à la réalité des milieux ruraux
très traditionnels où malheureusement la femme ne jouit d’aucun statut, respect ou
considération. Comme elle le raconte avec amertume, dans son milieu, les femmes se
contentaient de manger les restes des repas des hommes, de s’occuper de leurs foyers
sans aucune reconnaissance et de s’effacer complètement devant l’autorité et toutes
les exigences de l’homme.
Cette injustice envers les femmes pousse Najat à s’engager et à militer pour le
respect et le droit des femmes. Comme elle ne pouvait exprimer ouvertement ses
idées, elle utilise sa plume comme témoin des abus que les femmes subissaient.
« Je voulais être avocate, c’était mon objectif, car je voulais défendre les
femmes, défendre leurs intérêts, défendre leurs positions et leurs droits. Tout
cela provoquait en moi ce sentiment d’injustice. »
Najat Aatabou
A 16 ans, elle envisage de poursuivre ses études pour devenir avocate et ainsi
accomplir sa mission, celle de militer pour la femme. Mais le destin l’orientera à
accomplir sa mission autrement.
En effet, Najat était dotée d’une voix prodigieuse. Par peur de représailles, cette
rebelle chantait par pur plaisir, en cachette, lors d’activités scolaires, car pour sa
famille, le chant est considéré comme un péché et une catastrophe. Un jour, sa
meilleure amie la supplie pour chanter dans une cérémonie familiale. Najat décline
cette requête. Son amie insiste. Ne pouvant refuser cette requête face aux demandes
répétées de son amie, elle cède et décide donc - en toute discrétion et sans l’accord de
sa famille - d’aller chanter lors de ce mariage. Elle justifiera à ses parents son absence
par la préparation de ses examens.
Sa prestation lors de ce mariage va précipiter le destin de Najat Aatabou et
bouleverser le cours de sa vie, mettant fin définitivement à son projet de devenir
avocate. Les événements vont alors prendre une tournure dramatique et tragique.
En effet, ce qu’elle ignorait, c’est que sa présence dans ce mariage était belle et bien
planifiée avec l’objectif d’enregistrer sa voix à son insu.

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Maîtriser sa peur

Une semaine après, elle entend accidentellement sa voix en provenance d’un


marchand de cassettes audio. Ainsi elle raconte : « J’ai senti la terre trembler».
C’était ma voix et mon frère m’a dit : « Oh quelle belle voix ! ». J’allais mourir de
peur et j’ai trouvé comme prétexte un mal au ventre pour rentrer à la maison. Je me
suis éloignée progressivement du chemin de mon frère et je suis revenue seule chez le
marchand de cassettes. Je lui ai alors demandé d’où venait cette cassette. C’est là que
je découvre la trahison de ma copine. A chaque fois qu’un voisin écoutait la cassette,
je le suppliais d’arrêter de peur que ma famille ne la découvre. Malheureusement
comme Khémisset est une petite ville, le bruit s’est vite répandu et tout le monde a
su que c’était Najat Aatabou qui chantait dans cette cassette. »
Lorsque son frère découvre par un ami à lui que c’est sa sœur qui chantait dans
cette cassette, il dévoile toute la vérité à sa famille. Toute la famille se réunit pour
décider du sort de Najat, qui est la mort. Sa mère prend la peine de l’avertir. Son
frère ramène un grand couteau pour l’égorger. Comme elle était ceinture marron
de taekwondo, elle parvient à se défendre et évite le pire. C’est alors qu’elle s’enfuit,
sans argent, sans bagages, ne connaissant personne et ne sachant pas où aller.
« Pendant trois ans, j’étais une fugitive. Je m’accrochais et affrontais mon
destin et ma solitude, loin de ma famille et sans repères »
Najat Aatabou
Ayant été propulsée malgré elle vers le monde du chant et de la musique, elle s’y
implique à fond et s’acharne au travail. Elle concilie son désir de défendre la position
des femmes avec l’écriture de chansons qui dénoncent ces abus dont elle a aussi été
victime.
« Je ne pense jamais à la peur. Je n’ai pas le trac quand je chante, d’ailleurs
je ne l’ai jamais senti. Pour moi, les gens qui viennent me voir en concert sont
comme des gens de ma famille. Je me sens en confiance avec eux et je veux leur
faire plaisir. Au départ dans ma tête j’élimine ce point-là, celui de la peur, de
façon à ce que ce soit une donnée de base. »
Najat Aatabou

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Chapitre 12
Avoir des objectifs supérieurs et qui nous surpassent
(patriotisme, bien-être pour les autres, etc.)

• La nécessité de contribuer est plus importante pour réussir que de laisser un


héritage.
• Il y a des personnes qui servent une raison d’être plus grande qu’eux-mêmes.
• La réalisation qui se prolonge sur une longue durée nous oblige constamment à
nous montrer reconnaissant.
• Contribution à la communauté.

« Je pensais aux autres, je pensais à des solutions aux problèmes des autres,
c’est une solidarité agissante qui est ancrée en moi. »
Mohamed Benamour
Malgré ses 79 ans, Othmane Benjelloun a une vision sur les vingt, quarante et
cinquante ans à venir et nous en parle comme s’il allait participer au futur lointain
de son groupe. Cette projection vers le futur occulte son âge, son lieu géographique
et les circonstances dans lesquelles cette vision s’accomplira, parce qu’il ne s’agit pas
de lui, mais de projets qui le transcendent dans une optique où l’espace et le temps
deviennent secondaires. La vision est prioritaire.
En définitif, avoir un but audacieux et plus grand, c’est de préparer sa succession
tous les jours. L’héritage c’est la cause que les personnes à succès au Maroc s’efforcent
de défendre, de construire et de raffiner. Ce legs est un patrimoine précieux qui peut
revêtir différentes formes. Il peut s’agir de biens matériels, de legs d’une structure
ou d’une organisation; mais ce sera surtout le legs d’une vision et d’une orientation
dont il s’agit.

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Tout au long de leur vie, un petit chuchotement d’encouragement dit à tous


ces hommes et femmes à succès qu’il faut préparer le terrain pour les générations
futures. Leurs manières de se comporter avec les autres durant ce voyage sont
aussi importantes que le voyage lui-même parce qu’il s’agit d’accompagner ceux
qui perpétueront les valeurs et la tradition du projet. La plupart du temps, leurs
comportements seront sanctionnés par des critiques. Ceci représente une raison
supplémentaire qui les force à exploiter leurs potentiels, suivre leurs rêves et servir
le monde. Dans la durée, ils ne sont pas immunisés contre la peur mais ils avancent
quand même. C’est la voie la plus courte pour se dépasser.
En acceptant leurs douleurs, nos invités gagnent quelque chose d’encore plus fort
que le simple fait d’apprendre de leurs erreurs ou d’aiguiser leurs résistances. Ils se
découvrent une faculté de sublimer leurs causes sans pressions, sans empressements,
parce que s’ils ne peuvent pas atteindre un objectif qui se construit dans la durée,
d’autres le feront après eux.
Ils gèrent leurs peurs d’aujourd’hui de sorte qu’elles ne pénalisent pas l’avenir,
surtout si cet avenir est géré par d’autres. Souvent, ils vont assouplir leurs positions
vis-à-vis d’une personne, parce que seule la cause compte et que les tracas quotidiens
ne contribuent qu’à alimenter les rancoeurs et ralentir la dynamique. Ils ne « classent
pas l’affaire » pour autant, mais profitent de chaque minute qui leur est offerte pour
orienter encore mieux leurs boussoles vers l’avenir. En lâchant prise, ils observent
encore mieux la portée et l’importance du projet qu’ils mettent en absolue priorité,
purement et simplement.
Quand Hicham El Guerrouj s’entraîne pour offrir au monde entier des victoires
inoubliables qui marqueront son temps et les générations à venir, chaque millième
de seconde compte. Lorsque Noureddine Ayouch se réunit avec ses collaborateurs
de la fondation Zakoura pour l’éducation, chaque petit Marocain qui bénéficie de
la formation compte. Pour Anas Sefrioui, chaque logement supplémentaire mis à la
disposition des Marocains compte. Pour Aicha Ech-Chenna, chaque enfant sauvé
compte. Pour Ahmed Marzouki et Ali Najab, chaque jour de captivité survécu
compte.
Nos invités ne se contentent pas seulement d’avoir des objectifs plus grands qu’eux,
ils mesurent en permanence la distance parcourue et évaluent la performance de leurs
attitudes au quotidien. Tous les jours, par leurs comportements, ils appliquent la règle
de l’absence d’ego, de l’humilité et de la simplicité. Leurs attitudes avec leurs familles,
leurs amis, leurs collaborateurs et les gens qu’ils rencontrent, impriment la trace de
leurs différences, parce qu’ils se fixent des objectifs audacieux pour aider les autres

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Avoir des objectifs supérieurs

à se réaliser. Ces objectifs aussi sont plus grands qu’eux-mêmes. Leurs croyances
sont à la fois leurs forces et leurs faiblesses. C’est leurs choix de comportements qui
déterminent s’ils servent ou desservent leurs causes.
En changeant le monde, ils changent eux-mêmes. Quand bien même leurs
influences seraient modestes sur le moment, c’est à travers ces petits pas mis bout à
bout qu’ils ont un véritable impact.
Ces personnes à succès avouent toutes que lorsqu’elles restent fidèles à ce qui
compte pour elles, la magie se produit et les choses se passent mieux et plus vite
que ce qu’elles auraient pu prévoir. Les femmes et les hommes à succès au Maroc
reconnaissent qu’ils ne contrôlent pas tous les événements mais qu’au moins ils ont
l’audace de penser qu’avec l’aide de Dieu, ils construisent leurs vies pour une bonne
raison.
Cela n’est pas tant le fait de savoir comment procéder pour réussir, que de croire,
au plus profond d’eux-mêmes, qu’il faut le faire. Leur raison d’être vient en premier,
la méthode en second. Car l’essence de tout cela, et de tous ces comportements, c’est
le sens.
Mohamed Benamour est, comme nous l’avons vu, un homme qui a choisi
de s’épanouir dans le tourisme dès la fin de ses études. S’il a parfaitement réussi
en possédant deux des plus prestigieux hôtels du Maroc, il a avant tout une
caractéristique qui décuple son plaisir de traverser la vie, car il veut par son apport,
contribuer à l’amélioration de la société marocaine et rechercher des défis sur lesquels
beaucoup se retrouveront.
« A l’école primaire, lorsque l’on nous demandait ce que l’on souhaiterait
devenir une fois grand? Moi, je répondais ministre. Parce que dans mon esprit
d’enfant, le ministre devait répondre à toutes les sollicitations du monde et
résoudre tous les problèmes. »
Mohamed Benamour
En marge de ses activités, Mohamed Benamour s’est beaucoup impliqué au sein
de la CGEM (le patronat marocain) où il a fortement dynamisé la fédération du
tourisme dont il a été président. Ainsi, il estime que si l’on ne donne pas de sens à
notre vie, nous ne pouvons utiliser pleinement nos capacités et nos possibilités.
Mohamed Benamour regroupe ensuite autour de lui une équipe d’amis compétents
car il ne sait pas s’allier à des gens qui ne contribueraient pas à construire un modèle
dans la sérénité et la bonne humeur, pour créer le plus grand concept touristique

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que le Maroc ait jamais connu « Le Plan Azur », véritable vision, stratégie et plan
d’action complet du développement du tourisme au Maroc.
Plus tard, Benamour s’impliquera dans d’autres projets, à savoir la création du
CDS (Conseil pour le Développement Social) qui est un comité de réflexion sur
l’avenir du Maroc. Il y invite des femmes et des hommes de talents qui vont ensemble,
réfléchir à comment accélérer le processus de développement social et sociétal du
Maroc en accord avec les stratégies royales et les politiques gouvernementales.
Pourquoi monsieur Benamour fait-il tout cela? Parce qu’à l’image de nos invités,
il a la rage de contribuer à quelque chose de plus grand que lui. Dieu lui a donné
l’immense opportunité de pouvoir apporter à la société, grâce à son éducation, grâce
à sa réussite personnelle et surtout grâce à sa créativité, des éclairages nouveaux, utiles
et concrets pour l’intérêt de la communauté.
Cette caractéristique du don de soi au delà de l’intérêt personnel est un formidable
tremplin vers le succès à condition de le faire de manière désintéressée et tournée
vers les autres.
Les objectifs des personnes qui réussissent au Maroc sont clairs. Au départ, ces
objectifs sont orientés vers un rêve qui sert leur intérêt personnel. Mais au fur et
à mesure, la raison suprême, celle dont ils ne parlent pas explicitement, apparaît
clairement et transcende littéralement les simples besoins alimentaires.
Cette évolution, vers un idéal plus grand, est souvent due à une éducation qui vous
encourage à vous tourner vers les autres comme c’est le cas de Mohamed Benamour.
« Mon obsession était de permettre de loger le plus grand nombre. »
Anas Sefrioui
Callé fermement dans le fauteuil du salon de son bureau, Anas, la cinquantaine à
peine, nous donne un aperçu de ce qui occupait son esprit pendant que ses équipes
mettaient en place sa vision, celle de devenir le numéro un du logement social. Nous
avions l’impression que plus le succès de ses promotions étaient rapides, plus Anas
était convaincu que sa mission sur terre était claire: aider le plus de gens à avoir un
logement à soi.
Cette mission, de la bouche de Anas, est presque divine, lui qui lors de l’achat
de son premier terrain dans le quartier d’Oulfa, s’est saigné aux quatre veines pour
pouvoir boucler le financement et était accompagné à chaque instant par une peur
d’échouer, mais rassuré cependant par le sentiment que Dieu ne l’abandonnerait
jamais parce qu’il était de bonne foi et qu’il voulait faire du bien autour de lui.

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Avoir des objectifs supérieurs

La raison d’être sur terre, le sens que les gens à succès au Maroc donnent à leurs
vies, peut également venir d’observations douloureuses d’une réalité qui dérange,
qui bouscule et qui interpelle.
Noureddine Ayouch est de ceux qui vivent en observant le monde qui les entoure
avec un sens critique qui les amènent fatalement à se poser des questions sur la société
et à essayer d’y répondre de la manière la plus constructive possible.
A une période cruciale de sa vie professionnelle en 1986, il crée le magazine
« Kalima » (traduction: parole) dans un contexte social et politique où la liberté
de presse n’est pas ce que l’on lui connaît aujourd’hui et où il ne fallait rien remettre
en question et encore moins aborder les thèmes et problèmes de la société. Pour l’un
des membres du comité de rédaction, l’éminent psychiatre Professeur Moussaoui,
tous les tabous de la société que personne n’osait aborder à l’époque y passent: droits
de la femme, situations du travail des enfants, prostitution, sexe, corruption, etc.
« Kalima » subit, numéro après numéro, censure et convocations musclées à
la police. Malgré ce contexte difficile où le conformisme rapporte et la remise en
question dérange, Noureddine Ayouch reste convaincu que certains comportements
et attitudes qui font reculer la société marocaine doivent être dénoncés et que le
magazine « Kalima » a sa place dans le paysage de la presse marocaine.
Autant « Kalima » est un succès en termes de mise à jour des problèmes de la
société marocaine et de sa notoriété, le magazine s’avère, en raison des nombreuses
censures et de la pression envers les annonceurs, être un gouffre financier pour son
fondateur Noureddine Ayouch. A plusieurs occasions, il se trouve à deux doigts
d’être personnellement emprisonné pour ce que le magazine aborde comme sujets
qui dérangent. Il finit quand même par en garder un bon souvenir, car pour lui il
payait pour réaliser un rêve, celui de créer cette revue qui « dérange, bouscule et
perturbe les mentalités ». Ce rêve de voir une société plus juste passait par ce projet
de magazine, un rêve qui était plus fort et surtout plus grand que lui.
« La revue Kalima était une expérience géniale, qui était magnifique.
Maintenant, quand j’y pense, je me dis oh mon dieu, le travail que j’ai fait ! »
Noureddine Ayouch
Aicha Ech-Chenna est un peu la mère Thérésa du Maroc. Mère Thérésa était une
bonne sœur chrétienne dans les quartiers bourgeois de Calcutta. Tout allait bien pour
elle lorsqu’un jour après une violente émeute dans un bidonville voisin, un homme
ensanglanté vint mourir dans ses bras. Ce jour-là, sa vie a basculé et elle ne cessera
jusqu’à sa mort de dénoncer les inégalités d’une société indienne rétrograde, injuste

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et raciste, notamment vis-à-vis de la caste des intouchables, groupe de personnes qui


injustement sont devenues de véritables pestiférées à peine dignes de respirer.
Aicha Ech-Chenna, présidente de l’Association des Jeunes Mères Célibataires a
peu d’égard pour les titres pompeux qui vous mettent dans une case et inspirent le
respect par le titre. Comme Mère Thérésa, c’est une femme simple et dont le niveau
d’engagement pour réparer les abus et injustices humains est aussi profond.
« C’est un travail de longue haleine, c’est une abnégation et c’est une
mission. Une fois que l’on commence, on n’a plus le droit de faire marche
arrière. Je ne peux pas vous dire ce qui m’arrive des fois où je suis vraiment
dépassée. »
Aicha Ech-Chenna
Déjà toute petite, Aicha apprend la notion de ce que c’est que faire du bien:
« le plaisir de rendre les bienfaits que Dieu vous a donnés ». Elle fait partie de ces
personnes qui portent en elles la notion du bien, même quand elles s’endorment.
Mais le déclic qui fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui vient de sa souffrance en
voyant des petits enfants abandonnés par leurs mères, dans des poubelles, mourir
au bout de quelques jours. C’était pour elle insoutenable et c’est pourtant cette
douleur qui soutient ce combat qu’elle mène jusqu’au jour d’aujourd’hui. Dans sa
tête, elle continue de recevoir des coups qui viennent au fur et à mesure: voir des
bébés abandonnés et d’autres mourir dans des poubelles !
Elle va s’employer à accompagner et à rassurer les femmes célibataires de tous
bords, consoler les femmes de ménages violées, conforter les prisonnières, conseiller
les veuves, et aider les divorcées. La violence des scènes que Aicha a vécue, entre les
mensonges de femmes rongées par la honte d’avoir été violées et celles qui n’ont pas
d’autres choix pour les raisons qu’elles ne révéleront jamais, est le carburant principal
de cette « sainte ».
Elle portera sa voix jusqu’à l’oreille des instances internationales pour que son
écho soit profond afin qu’il touche toutes les femmes de la planète et qu’il pénètre
la conscience des politiques afin que des lois puissent apporter des réponses durables
à une partie du problème.
Elle sait qu’elle est aujourd’hui une icône admirée de tous, mais à quel prix? Toute
son énergie vient de l’espoir né du désespoir. Cela peut paraître paradoxal, mais la
violence d’un problème est proportionnelle à la force que Aicha puisera dans son
for intérieur pour le régler: c’est la puissance divine.

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Avoir des objectifs supérieurs

Comment feu le roi Hassan II a-t-il réussi en novembre 1975 à mobiliser


350.000 Marocains pour les encourager à se rendre dans le désert pour revendiquer
l’appartenance du Sahara au Royaume du Maroc? La réponse est simple : en érigeant
un problème politique de territorialité en une cause nationale dans laquelle chacun
d’entre nous se reconnaîtra, en créant une cause qui transcenderait l’intérêt de
chacun et qui défendrait le bien de tous.
Sa Majesté Le Roi Mohammed VI aura eu à son tour le mérite d’avoir la vision
de mettre en place un programme très ambitieux et intégré pour la lutte contre la
pauvreté et la précarité au Maroc. Ce projet intitulé « INDH » (Initiative Nationale
pour le Développement Humain) est un projet marocain d’envergure nationale
visant à élever le niveau de la société.
Suite à son discours en date du 18 mai 2005, l’INDH voit le jour en s’articulant
autour de trois axes principaux: la réduction des déficits sociaux dans les communes
rurales les plus démunies (santé, éducation, alphabétisation, eau, etc.), la promotion
des activités génératrices de revenus stables et d’emplois, ainsi que l’aide aux
personnes en grande vulnérabilité ou à besoins spécifiques.
La force de cette initiative royale repose sur une stratégie dont les objectifs
transcendent tous les citoyens marocains et en laquelle tout un chacun y trouve une
raison et une logique d’y être partie prenante.
Cette approche, facile et compréhensible est la même pour les femmes et les
hommes qui connaissent le succès au Maroc. Leurs approches débutent d’abord par
un discours intérieur (ce que ces personnes se disent constamment à elles-mêmes)
mobilisateur. Ensuite, elles ont besoin de partager leurs idées avec leurs proches. A
cette étape, gare aux individus «toxiques» qui s’empressent de décourager parce
qu’en cas de réussite, le fossé de médiocrité se creusera entre ces gens «toxiques»
et le porteur du projet.
Une fois l’idée révélée, elles obtiennent un feedback censé les sensibiliser pour
apporter une correction relative à l’évolution et la trajectoire du projet. Ensuite,
elles en parlent aux personnes considérées aptes à accompagner ce projet et c’est
précisément à ce moment que tout se joue.
Le discours, les arguments, les gestes, la voix, toutes les parties du corps des
personnes qui réussissent doivent parler à l’unisson, parce qu’elles sont alimentées
par la passion du projet et par une grande focalisation vers l’objectif. On pourrait
dire que ces personnes sont en «état de grâce» et qu’à ce stade, plus rien n’arrête
leurs ascensions vers le sommet.

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Surprenants entrepreneurs marocains

Les professeurs Harouchi et Saadi-Elmandjra sont incontestablement deux


intellectuels de renommée internationale. Lorsque l’on discute avec chacun d’entre
eux, on a le sentiment d’être important parce qu’ils vous mettent en valeur par leurs
approches humble et discrète. Même leurs « coups de gueule » sont emprunts de
modestie parce cela n’est jamais à propos d’eux. C’est peut-être par eux, mais c’est
immensément plus grand qu’eux.
Il en va de même pour Amine Benkirane ou Hadj Miloud Chaabi dans le domaine
de l’entreprenariat qui attribuent leurs réussites à des circonstances qui leur ont
été favorables, à des équipes compétentes et motivées, à une famille soudée et
compréhensive à l’égard des engagements et à un emploi du temps surchargé.
L’ego est absent de l’esprit de tous ceux que nous avons interviewés parce qu’il
n’y a pas de place pour ces « arrivistes du succès » qui finissent par être brûlés par
le soleil de leurs propres vanités.
La modestie est le passeport pour l’humilité. Ils assument complètement leurs
réussites. Le fait qu’ils aient accepté de partager leurs secrets avec nous est une
preuve supplémentaire du rôle qu’ils ont en tant qu’exemples pour les générations
présentes et futures.
Othmane Benjelloun, «OB», comme l’appellent affectueusement ses
collaborateurs est le président du groupe Finance.com, qui détient des participations
stratégiques dans des domaines comme la banque (BMCE Bank, Médicapital Bank),
l’assurance (RMA Watania), les télécoms (Méditel) et dans d’autres secteurs comme
les nouvelles technologies (Finatech), la communication (Atcom), la distribution
(Hanouty) ou l’immobilier. Certains de ces noms sont certainement familiers. Le
point commun de tous ces noms est cette vision internationale d’un homme rare,
qui s’exprime avec une grande humilité, en toute décontraction sur sa réussite et sur
ses projets.
Le comble de l’humilité est que nous avions rendez-vous pour parler d’une
problématique spécifique (rien à voir avec ce livre) et évidemment la discussion a
bifurqué vers notre projet de livre. L’air de rien, OB s’est prêté au jeu des questions-
réponses sans qu’aucune interview officielle n’ait été prévue et avec une grande
humilité. Sa réussite aurait pu lui conférer un ego disproportionné et il n’en est rien
en ce qui concerne sa personne. En revanche, lorsqu’il évoque ses stratégies africaines
voire mondiales, il est très précis sur sa politique de conquêtes et veut, dit-il, qu’en
tant que groupe marocain, il puisse imprimer profondément son empreinte sur tout
le continent africain dans les dix prochaines années.

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Avoir des objectifs supérieurs

« Non seulement l’Afrique, mais le monde entier est à notre portée.»


Otmane Benjelloun
Sa modestie et son humilité sont encore plus profondes lorsqu’on lui a posé la
question: «Monsieur Benjelloun, quel est le secret principal de votre succès?». Il
répond: «Je m’amuse en travaillant et je travaille en m’amusant».
Oui, cela peut sembler facile d’avoir ce genre d’attitude après que tous ses
besoins primaires aient été assouvis. Mais on aurait pu rencontrer un homme au
comportement hautain et condescendant qui nous aurait raconté des exploits qui
n’auraient pas pu avoir lieu sans lui.
M. Benjelloun a créé avec son épouse la fondation « Médrassat point com »
qui permet à des milliers d’écoliers des campagnes lointaines, laissés pour compte
initialement, de se rendre dans une école propre et bien équipée tous les matins et
de suivre un cursus performant, qui les fera rentrer de plain-pied dans les subtilités
du 21ème siècle.
« Ma fierté est de voir le drapeau marocain se hisser. Je voulais réussir,
devenir championne du monde, championne olympique et voir le roi. »
Laila El Garaa
Le patriotisme de cette famille El Garaa impressionne et confirme que ces gens à succès
sont souvent poussés par une «cause», un «patriotisme» ou un «objectif supérieur»
qui les transcendent et qui leur permettent de développer des motivations internes
hors normes. Dans le cas de la famille El Garaa c’est aller jusqu’à contrer les contraintes
physiques que la nature leur a imposées sous forme d’handicaps physiques. Pourtant
beaucoup de personnes normalement et physiquement constituées passent leurs vies
à « se créer des handicaps dans leurs têtes » et se privent de réaliser le potentiel que
la nature leur a donné et qui dort en eux.
Pour la petite anecdote, pendant les jeux olympiques de 2008, les deux sœurs se
blessent durant les entraînements. Leila avec une douleur atroce aux pieds réussit
quand même à décrocher la médaille de bronze. Il faut aussi savoir que Leila avait
juré que sans médaille, « sans monter sur le podium », comme elle le dit si bien,
elle ne méritait pas de revenir au Maroc. Fière de son pays, Leila a toujours refusé
les différentes propositions de citoyenneté qui lui ont été faites.
Un autre champion olympique, Hicham El Guerrouj, a aussi bien cerné
l’importance d’avoir un « objectif supérieur » dont la réalisation a une portée
beaucoup plus grande que l’objectif en soi :

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Surprenants entrepreneurs marocains

« Je rentre du Canada d’un séminaire, je regardais un DVD où on pose des


questions à des gens très fortunés. A un moment donné, on demande à une personne
de décrire l’élément déclencheur de la réussite. Il répond que c’est le fait de passer de
quelqu’un qui dans sa vie d’avant gagnait de l’argent, à une personne qui maintenant
veut donner un sens à sa vie. A partir du moment où j’ai arrêté de gagner l’argent
pour l’argent et que j’ai commencé à gagner en donnant du sens à ma vie, j’ai
quadruplé ma réussite. C’est-à-dire que je ne sortais pas le matin pour l’argent, mais
pour un but beaucoup plus noble qui fait que comme cela j’ai gagné de l’argent
beaucoup plus vite. Ce qui n’était pas forcément mon objectif initial. »

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Conclusion

Nous nous retrouvons autour d’un thé un samedi après-midi pour discuter de ce
parcours, de ces rencontres et de tous ces entretiens qui se sont déroulés à travers ces
différentes années. On réalise l’importance de ce que nous avons collecté comme
informations suite aux rencontres avec des personnes aux parcours passionnants.
On décide alors de se questionner mutuellement pour recueillir les idées de l’un et
de l’autre.
En effet, tout au long de ce livre, notre travail de recherche a consisté à écouter
ces hommes et femmes aux parcours et aux contributions exceptionnels et à analyser
leurs attitudes et comportements face aux défis et à l’adversité. Notre rôle s’est limité
à celui d’observer, d’analyser et de rapprocher nos constats avec nos connaissances
du potentiel humain. Faisons ensemble une brève synthèse en reprenant les éléments
qui nous ont personnellement marqués. Pour continuer dans la foulée des entretiens,
nous avons opté pour une discussion entre nous, comme format pour le dernier
chapitre du livre.
En faisant le point sur cette merveilleuse aventure que nous venons de vivre pour
réaliser cet ouvrage, la première question que nous nous posons, par rapport à tous
les entretiens que nous avons eus dans le cadre de la recherche de ce livre, est de
connaître comment les lecteurs devraient utiliser toutes les informations, anecdotes,
citations, histoires et vécus, qui y sont racontés ? Si on devait le résumer en quelques
lignes ou en quelques concepts-clés, qu’est-ce que l’on pourrait dire aux lecteurs?
Qu’est-ce que nos lecteurs devraient en retenir essentiellement?
La première chose que le livre évoque à travers les différents chapitres est la prise
de responsabilité, la clarté dans les objectifs, la discipline dans la démarche, le travail,
la persévérance et l’utilisation des échecs comme un levier et non pas comme une
fatalité. Il est aussi nécessaire de s’ouvrir aux autres et de se poser les bonnes questions.
C’est-à-dire des questions constamment orientées vers la réalisation de nos objectifs.

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Surprenants entrepreneurs marocains

On a probablement tous envie de réussir, quels que soient nos ambitions ou


nos désirs, professionnels soient-ils ou personnels. Le livre se résume aux réponses
précises aux trois questions suivantes :

« Où est-ce que j’ai envie d’aller?»


«Avec qui ai-je envie d’effectuer ce voyage à différentes étapes de ma vie?»
«Quelle est la personne que je veux devenir dans le processus?»

Chacune de ces trois questions est importante. La première parce qu’elle va vous
permettre de déterminer votre direction dans la vie. La deuxième parce qu’elle vous
aidera à sélectionner les gens qui vont vous accompagner dans ce processus. La
troisième étant cruciale, va vous permettre de déterminer en quoi ce voyage va vous
transformer.
C’est comme quand vous achetez un objet, vous ne l’achetez pas pour l’objet
lui-même mais vous l’achetez pour son utilité et ce qu’il vous apportera. Quand
on achète une belle voiture Mercedes, bien sûr on l’achète pour ses performances
mécaniques et ses composantes de sécurité. On l’achète aussi pour se sentir important
et bien quand on la conduit. Sinon tout le monde achèterait une petite voiture.
Les vraies raisons de la réussite de tous les gens, de toutes ces personnes qui ont
entrepris, c’est essentiellement comment elles se sentent pendant ce processus.
N’oublions pas que, comme l’ont dit plusieurs auteurs, le bonheur, qui est
l’aboutissement du succès, ce n’est pas une destination, c’est avant tout une manière
de voyager, un processus permanent et continu.
Dans ce livre, nous avons vu des gens qui ont des parcours différents, c’est vrai que
cela serait intéressant pour le lecteur de puiser dans chacune des expériences et vécus
de ces personnes et de prendre un élément de leurs parcours pour voir comment ce
parcours peut les inspirer. Il y a toujours des gens qui veulent accomplir mais qui se
disent que c’est impossible.
Le premier élément-clé que vous pouvez garder en tête après la lecture de cet
ouvrage, c’est d’abord d’avoir la clarté dans vos objectifs. Sans cette clarté, que ce
soit dans votre vie personnelle ou professionnelle, vous serez perdus. Le deuxième
élément-clé est de se tracer une trajectoire sans ambiguïté et de développer au fur et à
mesure la discipline de la suivre, d’y rester et de s’y accrocher, parce qu’effectivement
rien n’est facile. D’ailleurs comme nous l’avons constaté dans les parcours de ces

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gens-là, ils ont tous eu d’énormes obstacles pour accomplir leurs objectifs. Enfin, le
troisième élément-clé est d’agir, agir et encore agir; et surtout s’accrocher, persévérer
et donner le meilleur de soi-même. Souvent ces personnes que l’on a interviewées
et qui ont réussi des choses extraordinaires dans leurs projets, ce sont des gens qui
ont accepté de naviguer longtemps dans le brouillard, de passer par des moments
difficiles, de s’accrocher alors que d’autres personnes au même moment ont décidé
de lâcher prise.
Ajoutons aussi que dans le cadre du projet du livre, il y a de cela un peu plus de
quatre ans, on s’était fixé comme objectif de démontrer aux Marocains que tout un
chacun peut réussir ce qu’il entreprend quelle que soit son ambition dans n’importe
quel domaine (le sport, les loisirs, le social, l’art, les affaires, etc.) et qu’au Maroc on
pouvait aussi réussir grâce à la persévérance et au travail assidu. On estime que l’on
a réussi notre mission car à travers le parcours des gens que l’on a vus, nous avons eu
maintes preuves qu’il est possible de réussir au Maroc malgré les contraintes et les
difficultés que l’on peut rencontrer. Il n’est pas nécessaire d’être une personne qui est
bien née ou qui a de la chance mais qu’avec beaucoup de travail et de persévérance,
on peut y arriver.
Souvent au quotidien, vous rencontrez des gens qui ont beaucoup d’ambitions
mais malheureusement elles ne sont pas prêtes à payer le prix de leurs efforts. Il faut
donc savoir que pour réussir, il y a un prix à payer, il y a des sacrifices à faire, il y a
une patience à avoir jusqu’à l’obtention du résultat souhaité. Ce trait de caractère,
la patience, beaucoup de patience, se retrouve chez toutes les personnes que l’on a
interviewées dans ce livre.
Nous espérons que chacun de vous va retrouver dans les expériences et les vécus
de ces personnes des éléments semblables à votre parcours et ceci pourra vous
faciliter votre identification avec ces personnes. Vous vous sentirez plus proches pour
pouvoir réaliser des choses aussi intéressantes et importantes. De plus, vous allez vous
retrouver à les mimer comme on le ferait en mimant un acteur que l’on admire. Vous
allez, par exemple, vous dire: « Si un tel l’a fait, moi aussi je peux le faire. » Car après
tout, les gens que l’on a interviewés sont toutes des personnes « ordinaires » et qui
ont réalisé des choses « extraordinaires ».
A ceux d’entre vous qui se disent : « Moi, je veux vivre ma vie et non celle des
autres !», nous répondons qu’en réalité, toute invention n’est que le prolongement
de quelque chose qui existe déjà. On peut forger sa propre personnalité mais elle sera
toujours l’accumulation de qualités qu’on aime retrouver chez les autres.

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Surprenants entrepreneurs marocains

Ce livre est en fait une succession de comportements qui, mis bout à bout, fait
le succès de ces hommes et ces femmes et fera le succès de tout un chacun, de tout
Marocain qui a envie d’adopter ces comportements. En réalité, en adoptant les
attitudes que nous avons révélées dans cet ouvrage, tout lecteur aura la possibilité
d’y arriver quasiment à coup sûr.
C’est vrai qu’au départ, il peut paraître difficile à chacun d’entre vous de dire
oui, mais de vous inventer tout un ensemble d’excuses et de justificatifs comme:
tout ça, ils l’ont fait certes, mais ce n’était pas au même moment, ce n’était pas au
monde d’aujourd’hui, etc., c’est un peu «désactiver» l’«antivirus» vital, contre
les petites «morts» partielles, de son moral sans raison. La réalité est que le monde
d’aujourd’hui avec tous ses outils existants (Internet, téléphonie mobile, satellite,
Google, Facebook, etc.) vous connectent avec le monde entier en une fraction de
seconde, ce monde qui devient votre terrain de jeu. Ce monde représente aujourd’hui
plus d’opportunités qu’à n’importe quel autre moment dans l’histoire.
Ce livre était pour nous un défi. Celui d’aider, d’encourager et de montrer à
chaque Marocaine et Marocain qu’il est possible de réussir et d’accomplir des choses
extraordinaires. Nous espérons que, tout comme nous, vous avez ressenti à quel
point par leur authenticité, leur transparence et leur ouverture d’esprit, nos invités,
hommes et femmes, d’âges différents, de parcours différents, d’origines différentes,
d’ambitions différentes, ont remis en question tous les mythes qui entouraient la
réussite au Maroc.
Le travail, l’effort, la passion, la volonté, l’éducation, la clarté dans les objectifs et
la discipline ne sont que des ingrédients parmi tant d’autres pour réussir dans sa vie.
Ce livre est le début d’une aventure que l’on espère partager avec vous. On
voudrait vous aider, vous assister, vous encadrer, vous coacher pour vous permettre
d’accomplir et de réaliser le meilleur dans votre vie.
Notre objectif est que vous réussissiez. Seul vous, pouvez décider. Vous êtes le
maître de votre destin. Au moins dans quelques années vous aurez l’occasion de
dire: « j’ai eu l’opportunité, je l’ai saisie et elle m’a permis d’accomplir beaucoup ».
Sachez que tout vient de vous et tout est fait par vous. Si nous avons pu par ce
livre, en toute modestie, vous inspirer, c’est tout simplement parce que nous sommes
des concitoyens, tant locaux que mondiaux, «révélateurs» du talent qui existe déjà
à l’intérieur de chacun et chacune d’entre vous.

Merci et très bon succès.

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BIOGRAPHIES

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ABDELALI BENAMOUR

Situation familiale
Né le 10 septembre 1941, marié et père de quatre enfants
Formation
Etudes secondaires : Collège Moulay Idriss, Baccalauréat en 1961
1961-1964 : Licence En Sciences Economiques à Fès et Rabat
1964-1966 : Diplôme d’Etudes Supérieures En Sciences Economiques à Paris
(Panthéon)
1966-1968 : Doctorat d’Etat En Sciences Economiques à Paris Sorbonne
Expérience professionnelle
1966-2001 : Professeur à l’Université Mohammed V (Rabat) et à l’Université
Hassan II (Casablanca)
1971-1976 : Directeur de l’Institut Sup. de Commerce et d’Administration des
Entreprises (ISCAE)
1976-1981 : Député USFP de Casablanca
1976-1992 : Conseiller municipal à la Commune de Mâarif puis de Aïn Chock -
Casablanca
1981-1988 : Codirecteur d’une entreprise industrielle
1994-2003 : Administrateur – Bank Al Maghrib
1999-2005 : Membre de la COSEF
1995-2002 : Président de l’Association « Alternatives »
Depuis 2002 : Président Fondateur de l’Association « Alternatives »
1988-2008 : Président Directeur Général de l’Institut des Hautes Etudes de
Management (HEM)
Membre du Conseil Consultatif des Droits de l’Homme
Membre du Conseil Supérieur de l’Enseignement
Août 2008 : Président du Conseil de la Concurrence
Publications
Intermédiation financière et développement économique du Maroc (1968)
La comptabilité nationale marocaine (1971)
Les mécanismes fondamentaux de l’activité économique (1983)
Le Maroc Interpellé (1993)
Espérance et Volonté (Novembre 2004)
Repenser l’Ecole (Février 2007)
Articles dans des revues et journaux nationaux

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ABDELATIF BENAZZI

1969 : Naissance à Oujda au Maroc.


1983 : Lanceur de poids et de disque à l’Union Sportive d’Oujda
1985 : Sélectionné en équipe junior marocaine
1987 : Meilleur joueur du Maroc
1988 : Rejoint le club de Cahors en france.
1988 - 1989 : Meilleur marqueur d’essais du championnat
1989 : Rejoint le meilleur club français « Agen ».
1990 : Sélectionné pour jouer dans l’équipe nationale marocaine par Jacques
Fouroux.
1991 : Participe à la Coupe du Monde
1993 : Sélectionné pour une tournée en Afrique du Sud. (Sur le plan sportif, ce
voyage est un échec pour lui (pour cause de blessure au genou, il ne joue aucun
des tests-matchs). Sur le plan personnel, il découvre les ghettos, les townships et
rencontre Nelson Mandela)
1994 : Fait partie de la tournée de l’équipe de France en Nouvelle-Zélande.
Double victoire consécutive face aux All-Blacks, performance unique dans
l’histoire de l’équipe de France.
1994 : Participe à « l’essai du bout du monde » lors du deuxième test-match,
Benazzi est repéré à l’international. On lui propose de venir jouer en Australie.
1995 : participe à la 3ème Coupe du Monde organisée en Afrique du Sud.
Novembre 1996 : nommé capitaine de l’équipe de France par la volonté du
président de la Fédération.
1996 : Nommé au Haut Conseil à l’Intégration par Jacques Chirac. Il va y passer
trois ans sous la direction de Simone Weil.
Janvier 1998 : Se blesse gravement à un genou (plus d’un an pour revenir)
1999 : Sélectionné « in-extremis » pour sa troisième Coupe du Monde.
Mars 2000 : Chevalier de la Légion d’honneur des mains de Martine Aubry.
Le 20 mars 2000 : Reçu à l’Elysée lors de la première visite en France du roi
Mohammed VI.
Mai 2003 : Raccroche définitivement les crampons à l’âge de trente-quatre ans.
2005 : Co-écrit avec le journaliste sportif Richard Escot l’ouvrage Benazzi, une vie à
l’essai, éd. Flammarion, préfacé par Nelson Mandela. Michel Gardère lui a consacré
un livre intitulé Abdelatif Benazzi - l’homme aux trois patries : la France, le Maroc,
le rugby, éd. La Table Ronde, 1995.
2007 : Publication de “XV leçons pour coacher votre équipe et réussir dans vos
entreprise”, aux éditions Maxima.

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68 sélections en équipe de France entre 1990 et 2001
• Tournois des cinq/six nations disputés : 1991, 1993, 1994, 1995, 1996, 1997,
2000, 2001
• Grand chelem : 1997, en tant que capitaine
• Vainqueur du tournoi des cinq nations : 1993
• Vainqueur de la Coupe Latine : 1997
• 2 sélections en équipe du Maroc
• Vice-champion du monde en 1999

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Surprenants entrepreneurs marocains

ABDERRAHIM HAROUCHI

Né en janvier 1944 à Casablanca et décédé en août 2011. Après des études


primaires et secondaires à Casablanca, il part pour la France en 1962 pour
y entreprendre des études médicales. Ces dernières achevées, Abderrahim
Harouchi s’engage dans la carrière hospitalo-universitaire en se présentant en
1969 au concours d’internat des hôpitaux en France et sera le 4ème Marocain
à porter le titre d’interne des Hôpitaux de Paris. Très vite, il s’oriente vers
la chirurgie pédiatrique, compte tenu des besoins du Maroc dans cette jeune
spécialité, et sera Chef de clinique – Assistant à l’Hôpital Necker-Enfants
malades (service du Pr Pellerin), puis professeur agrégé des universités.
En novembre 1975, à l’ouverture de la Faculté de Médecine de Casablanca,
il abandonne une carrière toute tracée à Paris pour se mettre au service de
la médecine marocaine. Il va dès lors développer la chirurgie pédiatrique à
Casablanca et former un grand nombre de chirurgiens pédiatres marocains. De
1976 à 1998, il dirige le service de Chirurgie pédiatrique d’abord à l’Hôpital
Averroès, puis à l’Hôpital d’Enfants de Casablanca, où plus de 40 000 enfants
ont été soignés.
Enseignant chercheur à l’université Hassan II de Casablanca, A. Harouchi
est nommé doyen de la Faculté de médecine en 1985, fonction qu’il exercera
jusqu’en 1992. Son intérêt pour la pédagogie moderne le conduit à la Maîtrise
de Pédagogie universitaire des Sciences de la santé en 1992 à l’Université
Paris 13. Abderrahim Harouchi écrira 4 ouvrages de chirurgie pédiatrique qui
sont devenus des supports de base pour la formation aussi bien au Maroc qu’à
l’étranger, et publiera plus de 50 articles scientifiques.
En août 1992, A. Harouchi est nommé ministre de la Santé dans le
gouvernement de M. Karim Lamrani. Il ne ménagera aucun effort pour
améliorer la qualité des soins, le fonctionnement des hôpitaux et l’accès
aux soins de la population, en améliorant le mode de gouvernance et la
productivité du système de santé. Le renforcement de programmes de santé,
tels que la vaccination, la planification familiale, la lutte contre les maladies
transmissibles, l’éducation sanitaire etc., se traduira par une amélioration nette
des indicateurs de santé du pays
En juin 2004, il est de nouveau appelé à rejoindre le gouvernement de
M. Driss Jettou comme Ministre du Développement social, de la Famille et de

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la Solidarité. Il prendra aussi une part active à la mise en œuvre de l’Initiative
Nationale pour le Développement Humain (INDH) lancée par Sa Majesté le
Roi en mai 2005.
A côté de son combat en faveur de la santé des enfants et de la qualité
de l’enseignement, A. Harouchi fonde, en 1996 avec M. Omar Aziman,
l’association AFAK pour le Civisme et le Développement. Celle-ci s’engage en
particulier dans des programmes radiophoniques nationaux pour la promotion
du civisme, de la citoyenneté et de la protection de l’environnement. Il est
également membre fondateur du Collectif Démocratie et Modernité, membre
du conseil d’administration de l’association Al Amana pour le micro-crédit,
membre de la fondation BMCE Bank pour l’Education et l’Environnement,
l’Union Marocaine pour la Qualité etc.
Il a été également Membre du Conseil Consultatif des Droits de l’Homme.
A. Harouchi a reçu de multiples distinctions dont le Prix Bourguiba de
Médecine en 1988, le prix Aventis pour la recherche médicale en 1998 et la
médaille du Cinquantenaire de la Société Française de Chirurgie Pédiatrique
en 2009. Il est décoré du Wissam Alaouite du Trône de l’ordre de Chevalier.

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Surprenants entrepreneurs marocains

ADIL DOUIRI

1963 – Naissance à Rabat


1980 - Obtention de Baccalauréat Série Scientifique (mathématiques et physique)
avec mention
1981-1982 - Classe préparatoire de Mathématiques Supérieures et Mathématiques
Spéciales au Lycée Saint-Louis à Paris
1985 - Diplôme d’Ingénieur Civil de l’Ecole Ponts & Chaussées à Paris
1986 - 1992 - Chargé de la gestion des investissements de la banque BNP Paribas
et de ses clients aux États-Unis (bourse de New York et capital-risque)
1987 - 1991 - Elu deux fois meilleur gérant de portefeuille américain à Paris par la
presse spécialisée
1992 - Promoteur et co-fondateur avec Amyn Alami du projet de création de la
1ère banque d’affaires au Maroc, Casablanca Finance Group ; devenu aujourd’hui
CFG Group, une institution financière dont la majorité du capital est entre les
mains de ses salariés.
1992 - Conception et rédaction des lois régissant les différents marchés financiers
marocains, ainsi que dans la mise en place des institutions nouvelles qui s’en
sont suivies (nouvelle bourse de Casablanca, conseil déontologique des valeurs
mobilières)
1996 – 1999 - Membre du groupe de réflexion auprès de feu Hassan II
1999 – 2001 - Président de la fondation Académia
2000 - Président du conseil de surveillance de CFG Groupe
2000 - 2010 - Concepteur rédacteur de la stratégie nationale de développement
économique
2002 - Concepteur rédacteur du futur cadre réglementaire régissant le capital
risque
2002 - Concepteur rédacteur de la contribution de la CGEM aux priorités de la
politique économique et industrielle pour le prochain gouvernement
2002 – 2007 - Ministre du tourisme sous le gouvernement du Premier Ministre
Driss Jettou.
2008 - Elu président de l’Alliance des économistes Istiqlaliens, lors de l’assemblée
constitutive

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AHMED MARZOUKI

1947 : Naissance à Bouajoul, petit douar situé à quelques kilomètres de Rhafsai,


province de Taounate
1960 : Certificat d’études primaires à l’école de Rhafsai
1965 : Certificat d’études secondaires au Lycée Poeymireau de Meknès
1966 : Stage d’une année à l’Ecole d’Horticulture de Meknès
1967 : Admission à l’Académie Royale Militaire de Meknès
1969 : Sortie de l’ARM avec le grade de sous-lieutenant et affectation à l’Ecole
Militaire Royale d’Ahermoumou en tant qu’instructeur
10 juillet 1971 : Evénements tragiques au Palais Royal de Skhirat
Fin février 1972 : Condamnation à 5 ans de prison par le tribunal militaire de
Kénitra
Août 71 – septembre 72 : Incarcération à la prison militaire de Kénitra
Septembre 72 - août 73 : Incarcération à la prison civile de Kénitra
7 août 1973 - 15 septembre 1991: Incarcération au bagne de Tazmamart
23 octobre 1991 : Libération
1993 : Baccalauréat (lettres modernes)
1998 : Licence en droit privé (faculté Mohammed V de Rabat)
1998 : Mariage
1999 : Naissance de Yassine
2000 : Naissance de Taha
2001 : Publication en co-édition du livre-témoignage : « Tazmamart cellule 10 » 
2006 : Naissance de Jihane
2008 : Traduction en arabe du livre « présumés coupables » de Khalid Jamai

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Surprenants entrepreneurs marocains

AICHA ECH-CHENNA

Parler de l’action sociale féminine au Maroc impose un regard de grandeur vers


une femme qui a tant œuvré et qui œuvre toujours pour la femme marocaine, non
par souci de propagande, mais par souci pour cette femme qui demeure, jusqu’à
maintenant, victime de tous les maux de la société.
Aicha Ech-Chenna est la femme marocaine par excellence, avec ses soucis, ses
peines, sa conscience et son espoir. Depuis qu’elle a débuté le bénévolat, pour la
première fois, pour l’Éducation Sanitaire, avec la ligue de Protection de l’enfance et
le service d’Éducation Sanitaire (Préfecture médicale de Casablanca), elle ne cesse
de prendre à son cœur des problèmes sociaux qu’elle s’est donné pour objectif de
résoudre surtout en faveur de la femme.
Elle commence ses activités à la Ligue de Lutte contre la Tuberculose, puis pour
le planning familial, dont elle fut, au Maroc, l’une des pionnières.
En 1972, elle Anime la première émission télévisée de l’Éducation Sanitaire
à la télévision de Casablanca et fait ses débuts à l’Union Nationale Des Femmes
Marocaines à Casablanca. En 1985, elle fonde L’association Solidarité féminine
pour aider les mères seules, démunies et chargées d’enfants en bas âge, à se prendre
en charge par leur propre effort.
En 1995, l’association Reçoit le prix des Droits de l’Homme de la République
française à Paris.
Aicha Ech-Chenna est née en 1941 dans la nouvelle médina de Casablanca, elle a
passé toute son enfance à Marrakech pour revenir à Casablanca en 1953 où elle poursuit
ses études à l’Ecole française Foch et Lycée Joffre. En 1960, elle rejoint l’Ecole d’Etat
d’Infirmerie où elle obtient un diplôme d’Etat. De 1962 à 1980 elle occupe le poste
d’animatrice d’Education Sanitaire et sociale à la préfecture médicale de Casablanca.
Pour sensibiliser l’opinion, Aicha Ech-Chenna écrit Miseria, un livre
émouvant qui raconte une ving taine d’histoires de victimes (petites
bonnes ou enfants abandonnés) et qui a marqué l’opinion marocaine.
Aicha Ech-Chenna demeure, par son labeur infatigable en faveur des déshérités au
Maroc, un symbole du travail social et une icône incontournable pour toute femme
délaissée. 

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ALI NAJAB

Né le 20 Décembre 1943 à Maghraoua tout près de Bou Iblan au cœur du Moyen


Atlas, Ali Najab fit ses études primaires et le collège à Taza puis s’envole pour
Casablanca et s’inscrit au Lycée Al Khawarizmi où il obtient le Baccalauréat français
Maths et Technique. Le métier de pilote de chasse le passionne. Il s’engage dans
l’armée de l’air le premier novembre 1965. Il est tout de suite envoyé aux Etats-Unis
pour faire pilote de transport à Randolph Air Force Base au Texas. Il en sort major
de sa promotion avec Félicitation du Training Air Command.
A son retour au Maroc le Commandement l’envoie à l’Ecole Militaire de l’Air
française. Il en sort avec un Diplôme et le grade de lieutenant. Suite à quoi il est
choisi pour être pilote instructeur à Aulnat en France. Au cours de sa formation’ ses
instructeurs décèlent en lui des qualités de pilote de chasse et le recommande pour
faire l’Ecole de Chasse Française à Tours.
De retour au Maroc il est affecté à la 2ème Base Aérienne des Forces Royales
Air à Meknès où il assume plusieurs responsabilités: Commandant d’Escadrille
Opérationnelle, Commandant d’Escadrille de Reconnaissance photos et Officier
de Sécurité des Vols Base. Il est aussi désigné par l’Etat Major Général pour assurer
de temps en temps, la fonction d’Aide de Camp de Son Altesse Royale le Prince
Héritier Sidi Mohammed ( Mohammed VI aujourd’hui).
En 1976, le Capitaine Ali Najab est muté au Sahara comme chef de détachement
des avions F-5 et, quelques mois plus tard, chef des Moyens Opérationnels Base. Il
prend part aux opérations en effectuant plus de 120 missions opérationnelles. Il est
décoré de la médaille de guerre et obtient une lettre de Félicitation de la Part du
Chef d’Etat Major Avancé de la Zone Sud. Mais sa carrière va prendre un tournant
tragique : en 1978, au cours d’une mission aérienne commandée de reconnaissance,
son avion est abattu par un missile antiaérien. Il fut capturé par l’ennemi et emmené
à Tindouf en Algérie. Les services de sécurité de l’armée algérienne lui font subir
un interrogatoire musclé. Il passera 25 ans en captivité où il connaîtra avec ses
compagnons torture, humiliation et toutes sortes de traitements inhumains.
Le Capitaine Najab est libéré le premier Septembre 2003 mais affaibli et malade.
Les retrouvailles de la famille et les soins dont il est entouré de la part de sa femme
et de tous les siens ne suffiront pas pour lui faire oublier le calvaire qu’il a vécu
aux mains de l’ennemi à Tindouf en Algérie. Au contraire ce calvaire lui servira
incessament, depuis son retour, de leitmotiv pour continuer son engagement pour

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Surprenants entrepreneurs marocains

la cause nationale et en même temps militer pour la libération de ses camarades


encore détenus à Tindouf. Pour cela, il fonde l’Association Marocaine des ex-
Prisonniers de Guerre de l’Intégrité Territoriale. Accompagné de sa femme, il se
rend à Genève en Suisse où il est reçu par le CICR qui l’écoute avec une attention
particulière. Il donne des conférences de presse où il dénonce les violations
flagrantes des Conventions de Genève par l’Algérie et le Polisario dans le traitement
des prisonniers marocains à Tindouf. Ensuite, avec cinq de ses camarades ex-
prisonniers de guerre comme lui, il forme un groupe qui va se rendre aux USA
(Sénat) où il rencontre le Sénateur Mc Cain, d’autres Congressmen et les membres
de la commission des droits de l’Homme au Département d’Etat à Washington)
pour dénoncer la torture et les traitements inhumains que l’Algérie et le Polisario
ont fait subir durant 25 ans aux prisonniers de guerre marocains. L’ex-Capitaine
A. Najab est autorisé aussi de faire le même témoignage en tant que prisonnier à la
4ème commission des Nations Unies à New York. Il se rend, pour le même but, au
Venezuela et un peu partout en Europe. Aujourd’hui, il continue de travailler avec
acharnement au sein de l’Association pour la réhabilitation et l’insertion sociale
acceptable des ex-prisonniers de guerre rapatriés de Tindouf afin qu’ils retrouvent
une vie normale. Il sait que la route est longue et difficile.

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AMINE BENKIRANE

Né le 14 Mai 1963, à Casablanca. Obtient son Baccalauréat Série « C » en 1981


au Lycée Moulay Driss 1er (Casablanca). M. Amine Benkirane est ingénieur en
mécanique (option industriel), diplômé de l’Ecole Polytechnique de Montréal et
lauréat en 1987 de HEC Montréal (Session Marketing & Finance).
En 1988, M. Benkirane a intégré un grand groupe de promotion immobilière :
« Les Jardins de la Palmeraie » en tant que Directeur Commercial. Il était en charge
du développement et de la vente de villas et appartements d’un des plus grands
complexes immobiliers et touristiques au Maroc. (200 villas et 500 appartements sur
400 hectares à Marrakech.) Ce challenge lui a valu une expérience extraordinaire,
et lui a permis de développer une rigueur commerciale, un esprit marketing et de
compétition, tout en ayant la chance de découvrir le monde des affaires au Maroc.
En 1993, M. Amine Benkirane crée KITEA et ouvre son premier point de vente
à Casablanca, au rez-de-chaussée d’un immeuble du Boulevard Route d’El Jadida.
Le Groupe KITEA, est aujourd’hui leader au Maroc dans le secteur du mobilier
moderne spécialisé dans la vente de meubles en Kit. Le réseau compte aujourd’hui
23 points de vente sur 17 villes.
Filiales du Groupe KITEA :
K shop : Crée en 2004, 19 points de vente sur 14 villes au Maroc
Réseau de magasins spécialisés dans la décoration, cadeaux et art de la table.
KITEA Géant : Crée en 2007, 3 points de vente sur Casablanca, Marrakech et
Oujda.
K Media : Crée en 2008, 1 point de vente (Electroménager - Multimédia -
Images et Son)
KITEA Export : Réseau de revendeurs agrées sur plusieurs pays : Sénégal, Mali,
Burkina Fasso, Mauritanie, Niger, Gabon, Cameroun, Libye…
M. Amine Benkirane est également administrateur de plusieurs autres sociétés, Co-
fondateur de L’AMCR (Association Marocaine du Commerce en Réseau), lauréat
du Prix « créateur d’entreprise » décerné par le journal L’EXPRESS international
n°2628 en Novembre 2001, Membre du Jury SUPERBRANDS Maroc en 2005.

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Surprenants entrepreneurs marocains

ANAS SEFRIOUI

Le moins que l’on puisse dire est que la promotion immobilière est plus qu’une
activité professionnelle pour Anas Sefrioui. C’est une passion qui a démarré à la
fin des années 80 avec la création de Douja Promotion Groupe Addoha. Depuis, la
société qui gérait de petits projets immobiliers à Casablanca a grandi pour devenir
le leader marocain, tous segments confondus. A ceci une seule explication : le travail
acharné de cet homme d’affaires marocain qui allie à merveille entre flair des bonnes
affaires, prise de risques et parfaite connaissance du microcosme économique et
financier national.
Issu d’une grande famille fassie, M. Anas Sefrioui a vu le jour en 1957 à Fès. Ses
premières armes, il les a faites aux côtés de son père, Haj Abdessalam Sefrioui avant
de décider, à la fin des années 70, de mener sa propre expérience dans les affaires en
jetant son dévolu sur le secteur de la fabrication et la transformation de papier avec la
création de plusieurs unités industrielles à Casablanca, Tanger, Fès et Agadir. Après
avoir mis en place les fondements nécessaires à un développement pérenne de ses
entreprises, M. Sefrioui a procédé à l’ouverture du capital de ses sociétés à travers
une association avec Frantschach, un des leaders mondiaux du secteur.
La suite de cette carrière prolifique se fait sous le signe de la diversification.
Ainsi, M. Sefrioui se lance, en partenariat avec des investisseurs jordaniens, dans
la fabrication de carbonate à travers une unité de production à Casablanca dont
une partie du capital a été cédée en 2004 au Groupe international Omya. Et après
l’industrie, c’est aux activités maritimes que M. Sefrioui s’intéresse à travers la
compagnie de navigation Lasry Maroc, détenue à parts égales avec le groupe Worms.
Mais la plus grande fierté d’Anas Sefrioui demeure son groupe de promotion
immobilière qui détient quelque 40 % de parts de marché national (hors auto-
construction). Introduit avec succès à la bourse de Casablanca, le groupe développe
65 programmes immobiliers dans 14 villes du royaume sous la coupole de trois
marques : Addoha, spécialiste du logement économique et moyen standing, Prestigia
et Excelia, développeurs de programmes immobiliers de luxe et autres resorts
touristiques. Et c’est à titre qu’il mène le projet de la station balnéaire Mediterrania-
Saïdia, inaugurée en juin 2009 par SM le Roi Mohammed VI.
Fidèle à son sens aigu des affaires, M. Anas Sefrioui lance en 2008 un projet
titanesque de construction de deux cimenteries, à Ben Ahmed et Béni Mellal, d’une
capacité totale de 3,2 millions de tonnes. Coût de l’investissement : 5 milliards de
dirhams. La cimenterie de Ben Ahmed est opérationnelle depuis avril 2010 et celle

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de Béni Mellal a démarré sa production en début d’année 2011. Sa réussite dans
l’industrie cimentière pousse M. Sefrioui a lorgner le continent africain. Aussi lance-
t-il au dernier trimestre de cette même année un ambitieux programme de création
d’unités cimentière dans cinq pays africains.
En plus de ses activités économiques et financières, M. Sefrioui est également très
actif dans le domaine social. C’est ainsi qu’en mai 2011, il lance la Fondation Addoha
qui ambitionne de créer et gérer des centres de formations professionnelles aux
métiers du bâtiment. Son objectif est de permettre à 5000 jeunes à l’horizon 2016
de disposer d’une formation de qualité et de s’assurer une insertion dans la vie active.
Le Président du Groupe Addoha est aussi membre du comité de soutien de
la Fondation Mohammed V pour la solidarité, présidée par Sa Majesté le Roi
Mohammed VI.

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Surprenants entrepreneurs marocains

BADOU EZZAKI

1959 :Naissance le 2 avril à Sidi Kacem


1976-1978 : Joueur au AS Salé
1978-1986 : Joueur au Wydad de Casablanca
1979 : Vainqueur de la Coupe Mohammed V
1979 et 1981 : Vainqueur de la Coupe du Trône
1981 : Meilleur sportif marocain devant Saïd Aouita
1984 – 1992 : Capitaine de l’équipe nationale du Maroc de football
1980 - 1986 et 1988 : Demi-finaliste de la Coupe d’Afrique des nations
1979 et 1986 : Champion du Maroc
1986 : Huitième de finaliste de la Coupe du Monde à Mexico
1986 : Ballon d’or africain, Meilleur footballeur marocain
1986 - 1987 : Meilleur joueur étranger dans la Liga espagnole
1986 - 1991 : Capitaine de l’équipe de Mallorca
1986-1992 : Joueur au RCD Mallorca
1988 - 1991 : Meilleur gardien de but dans la Liga espagnole
1991 : Finaliste de la coupe du roi d’Espagne (Copa del Rey)
1992-1993 : Joueur au FUS de Rabat
1993-1994 : Entraîneur du FUS de Rabat
1993 - 1994 : Demi-finaliste de la Coupe du Trône avec le FUS Rabat.
1995-1996 : Entraîneur du Wydad de Casablanca
1996-1996 : Entraîneur Sporting de Salé
1996-1998 : Entraîneur du Chabab Mohammédia, Quart de finale de la Coupe de
la CAF
1998-2000 : Entraîneur du Wydad de Casablanca
1999 : Vainqueur de la Coupe du Trône, Finaliste de la Coupe de la CAF.
2000-2001 : Entraîneur du Kawkab de Marrakech
2001-2002 : Entraîneur du Maghreb de Fès
2002-2005 : Entraîneur de l’équipe nationale marocaine de football
2004 : Finaliste de la Coupe d’Afrique des nations.
2005 : Meilleur entraîneur arabe de l’année
2006-2007 : Entraîneur du Kawkab de Marrakech
2008 : Entraîneur du Wydad de Casablanca
2012 : Entraîneur du Wydad de Casablanca

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CHOUMICHA CHAFAÏ

Chafaï Choumicha (1972 à had kourt, Sidi Kacem, Maroc) est une animatrice
d’émissions culinaires à la télévision marocaine.
Véritable star au Maroc, Choumicha est aujourd’hui l’un des visages de la
télévision les plus connus au Maroc. Pourtant rien ne lui prédisait un tel essor à
ses débuts dans le paysage audiovisuel marocain. C’est sa rencontre avec Hamid
Zerouali, réalisateur à 2M qui a tout bousculé. Celui-ci lui a alors proposé, avec Rajae
Hassani, productrice, de présenter une émission gastronomique. Cette émission,
qu’elle débute en 2000, lui vaudra un énorme succès dans les cuisines et les foyers
maghrebins et marocains en particulier.
Choumicha anime aujourd’hui deux émissions culinaires sur la chaîne TV
marocaine 2M. La première s’intitulant Ch’hiwate Choumicha est une quotidienne
diffusée du lundi à vendredi à 12 h 25 (heure marocaine) dans laquelle Choumicha
présente des recettes diverses et variées à ses téléspectateurs. La seconde, Ch’hiwate
Bladi, diffusée tous les samedis à 13 h 45 vous invite à un voyage gastronomique à
travers les régions marocaines. Dans cette émission, à l’aide d’un habitant de la région
visitée, elle fait découvrir les mets et spécialités de la région.
A côté de ses activités télévisuelles, Choumicha publie plusieurs livres de cuisine,
en arabe et en français qui remportent eux aussi énormément de succès.
Elle a également lancé un magazine bimestriel intitulé Saveurs et Cuisine du
Maroc entièrement dédié à la cuisine marocaine.
Depuis peu elle anime un magazine sur la chaîne française « cuisine.tv » intitulé
La Cuisine de Choumicha en langues française et arabe.

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Surprenants entrepreneurs marocains

HICHAM EL GUERROUJ

Hicham El Guerrouj né le 14 septembre 1974 à Berkane, est un athlète marocain


considéré comme l’un des plus grands coureurs de demi-fond de tous les temps.
Double champion olympique et quadruple champion du monde, il est l’actuel
détenteur des records du monde du 1 500 m (3 m 26 s 00), du Mile (3 m 43 s 13)
et du 2 000 m (4 m 44 s 79).
Hicham El Guerrouj a rejoint l’Institut National d’Athlétisme de Rabat en 1990,
à l’âge de 16 ans. Il a débuté sa carrière internationale en 1994 et s’est tout de suite
imposé parmi les meilleurs coureurs de demi-fond, finissant deuxième du 1 500
mètres des mondiaux de Göteborg en 1995.
Aux Jeux olympiques d’Atlanta, il échoua en finale du 1 500 m à la 12e place en
raison d’une chute à un tour de l’arrivée - alors qu’il était dans le sillage du triple
champion du monde, Noureddine Morceli, qui venait d’accélérer en tête - l’incident
suscitera une certaine controverse, d’aucuns supposèrent que l’Algérien aurait
volontairement fait chuter son adversaire.
Il remporta cependant, toujours sur 1 500 m, 4 titres aux championnats du monde
de 1997 à 2003. Le 14 juillet 1998 à Rome, il bat le record du monde détenu par
Morceli. Son temps de 3 min 26 s 00 est aujourd’hui encore invaincu.
Aux Jeux olympiques de Sydney, il est le grand favori du 1 500 m. Il craque dans
la dernière ligne droite et est une nouvelle fois battu, cette fois par le Kenyan Noah
Ngeny.
En 2003, aux championnats du monde de Paris Saint-Denis, il s’aligna également
sur 5 000 m et remporta une médaille d’argent.
Les Jeux olympiques d’Athènes sont sa dernière chance de remporter l’or
olympique et d’entrer dans l’histoire comme le plus grand « miler » de tous les
temps. Pourtant le début de saison laisse planer certains doutes : des problèmes
respiratoires ont perturbé sa préparation. De plus, à sa rentrée, il est nettement battu
lors du Golden Gala de Rome. Puis lors du Weltklasse Zürich, ultime répétition avant
les jeux, il est à nouveau battu par Bernard Lagat.
Lors de la finale olympique, la malédiction semble opérer de nouveau : Bernard
Lagat le dépasse et semble partir pour remporter la médaille d’or. Toutefois, Hicham
s’accroche, revient centimètres par centimètres, pour finalement remporter l’or
olympique.

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Quatre jours plus tard, il s’aligne sur le 5 000 mètres. L’Ethiopien et recordman du
monde Kenenisa Bekele est le grand favori. Mais les coureurs de fond ne durcissent
pas la course. Cela lui permet de terminer les derniers 400 mètres en moins de 53
secondes et de battre facilement Bekele et Eliud Kipchoge. Il renouvelle ainsi l’exploit
du grand Paavo Nurmi qui avait, lui aussi, réussi le même exploit de remporter les
deux titres olympiques du 1 500 et du 5 000 mètres lors des Jeux olympiques de Paris
en 1924. Après son doublé au Jeux olympiques d’Athènes, Hicham El Guerrouj a
été décoré du « Cordon de Commandeur » par le Roi du Maroc Mohammed VI,
le 7 septembre 2004.
En 2004, il est nommé membre du CIO et est élu meilleur sportif de l’année 2004
au Maroc, ce pour la neuvième fois, la huitième d’affilée. Le 22 mai 2006 il a annoncé
qu’il mettait un terme à sa carrière.

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Surprenants entrepreneurs marocains

JAMAL CHAQROUN

Né en 1961.
Il obtient son baccalauréat au Lycée Descartes en 1979, avec des notes
«suffisamment honorables» pour lui permettre d’intégrer, après un passage par la
faculté d’ASSAS (Paris II), l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris.
De son adolescence, il garde un excellent souvenir. Il a grandi dans un
environnement familial «fortement épris de culture et de curiosité intellectuelle»,
dira-t-il. Mais il ne précisera pas que sa mère est la célèbre comédienne Amina
Rachid, ni que son père - Abdallah Chaqroun - a dirigé la RTM.
En 1984, à l’âge de 23 ans, il est déjà titulaire du diplôme de l’une des plus
prestigieuses écoles de commerce françaises. Il ne s’arrêtera pas en si bon chemin et
décide de poursuivre ses études aux Etats-Unis. Il s’envole alors pour le Texas, et entre
à l’Université de Dallas, où il lui faudra trois ans pour obtenir un MBA (Master of
Business Administration) en management international et finance. Son séjour dans
« le pays de l’Oncle Sam » le marquera profondément et lui donnera envie de se
lancer le plus vite possible dans les affaires. Après avoir achevé ses études en 1986, il
ne songe pas à rester aux Etats-Unis. C’est le Maroc qui l’attire.
De retour au pays, à 24 ans, il intègre le groupe Holmarcom, dont le président n’est
autre que son beau-père, Feu Abdelkader Bensalah. De ce lien de parenté, il ne pipera
pas mot. Ce dernier lui confie d’abord la direction des filiales, avant de mettre entre
ses mains la destinée de tout le groupe. Holmarcom doit beaucoup à Jamal Chaqroun
et à sa belle-famille. Avec feu Abdelkader Bensalah (décédé en 1993), il entreprend
un travail de réorganisation pour faire du groupe un ensemble industriel moderne.
Ce dernier est constitué d’une quarantaine d’entreprises parmi lesquelles Orbonor,
Céréales, le Comptoir de l’Electroménager, le Comptoir de l’Industrie, Atlanta, le
Carton, Otis-Maroc et Les Frigos de la Mamora. Quand Jamal Chaqroun s’en va
pour créer GD Holding, ce sont sa femme Meriem et son frère Hassan Bensalah qui
poursuivront le travail de modernisation lancé par leur défunt père.
Après neuf ans, il quitte Holmarcom et crée en 1995 sa propre entreprise: GD
Holding (General Development Holding). Il a alors 35 ans. Ceux qui le connaissent
de près disent qu’il sentait que le moment était venu de passer la relève à son beau-
frère, après son retour de France. En sept ans, GD Holding a grandi. Aujourd’hui, ce
groupe compte une douzaine d’entreprises et emploie pas moins de 2.000 personnes.
Il est présent dans les services aux entreprises, les nouvelles technologies, le montage
industriel, la gestion de la logistique, le négoce international et l’immobilier.

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LAILA EL GARAA

Athlète handicapée, Laila El Garaa est championne et recordwoman de monde


du lancer du poids dans la catégorie des F40, ce qui lui a valu d’être décorée par S.M.
le Roi Mohammed VI, en 2004.
Ayant récemment battu le record du monde dans cette discipline en Hollande,
Leila a gagné de nombreux championnats, en France, en Irlande, en Angleterre, en
Grèce, etc.
Née en 1977, à Benslimane, Leila rêvait toute petite de monter sur les podiums
et de saluer le public à l’instar de ses héros nationaux: Nezha Bidouane et Nawal El
Moutawakil. Férue de sport, mais handicapée par sa «petite» taille (1,37 m), elle
s’inscrit dans une salle de sport et décide de devenir championne. Elle s’entraîne
deux fois par jour, sept jours sur sept. Lorsqu’au début des années quatre-vingt,
est organisée la première compétition au Maroc pour personnes handicapées, le
Royaume figure parmi les plus performants en handisport, grâce notamment à Leila.
Parmi les nombreuses réalisations de Laila El Garaa, on peut, entre autres, citer :
• 2008, Jeux Paralympiques de Pékin, (F40), Médaille de Bronze  en Disque
(26.86m)
• 2007, Coupe du Monde d’Athlétisme  du 11 au 14 mai 2007 en Angleterre,
Premiere Place au lancer de Poids (7,49 m)
• 2006, Coupe du Monde d’Athletisme du 1er au 7  juin à Manchester, Angleterre,
(F40), Médaille d’Or au Lancer de Poids.
• 2006, Championnat du Monde d’Athlétisme du 2 au 10 septembre, Hollande,
Record du monde avec 7,66m.

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Surprenants entrepreneurs marocains

MAHDI SAADI-ELMANDJRA

Né en 1933 à Rabat
1944 - 1948 : Lycée Lyautey, Casablanca
1948 – 1950: Putney School, Vermont, U.S.A
1950 - 1954 Licence en Biologie et en Sciences Politiques à L’Université Cornell,
Ithaca, New York
1954 - 1957 : Doctorat (Ph.D. éco.) à la London School of Economics (Université
de Londres)
1958 : Enseignant à l’Université Mohamed V à Rabat
1958 - 1959 : Conseiller de la Mission Permanente du Maroc auprès des Nations
Unies à new York
1959 – 1960 : Directeur Général de la Radiodiffusion Télévision Marocaine
1961 - 1963 : Chef de la Division de l’Afrique (UNESCO)
1963 - 1966 : Directeur du Cabinet du Directeur général de l’UNESCO
1966 - 1969 : Sous-Directeur Général à l’UNESCO pour les sciences sociales,
sciences humaines et culture
1971 - 1976 : Président de la Fédération Mondiale des Etudes du Futur
1975 - 1976 : Conseiller spécial auprès du Directeur général
1976 - 1979 : Professeur à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et
Sociales, Université Mohamed V, Rabat
1980 : Secrétaire général adjoint du Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD), Coordonnateur de la Conférence sur la coopération
technique entre les pays africains. (Nairobi)
1980 - 1981 : Consultant spécial de l’ONU au cours de l’Année internationale des
handicapés
1981 : Le Prix de la Vie Economique (France)
1981 : Professeur, Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales,
Université Mohammed V, Rabat
1981 - 1987 : Conseiller spécial du Directeur général du Bureau intergouvernemental
pour l’informatique ICI
1984 - La Grande Médaille de l’Académie Française d’Architecture
1985 - Ordre des Arts et Lettres (France)
1986 - Ordre du Soleil Levant ( Japon).
1990 - 1991 : Conseiller du Secrétaire général des Nations Unies sur les programmes
du système des Nations Unies contre l’abus des drogues
1995 - La Médaille de la Paix de l’Académie Internationale d’Albert Einstein et le
Prix de la Fédération Mondiale des Etudes sur le Futur

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1998 : Professeur invité, Institut de la culture orientale, Université de Tokyo
Parmi ses publications :
1973:«The United Nations System: An Analysis »
1979 : « On ne finit pas d’apprendre » (Rapport au Club de Rome, traduit en 12
langues),
1988 : « Maghreb et Francophonie »
1991 : « Première Guerre Civilisationnelle »
1992 : « Rétrospective des Futurs »
1993 : « Nord-Sud, Prélude à l’ère Postcoloniale »
1996 : « Al Quds, symbole et mémoire »
1996 : « Dialogue de la communication »
1996 : « La Décolonisation Culturelle, Défi Majeur du 21ème siècle »
1997 : « Massar Fikr » (cheminement d’une pensée)
1999 : « Déglobalisation de la Globalisation »
2001 : « Intifadates »
2003 : « Humiliation à l’ère du méga-impérialisme »
2004 : « Lhana »

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Surprenants entrepreneurs marocains

MERIEM BENSALAH CHAQROUN

C’est à une dame qu’est revenue la lourde tâche d’organiser le festival de


Casablanca. Une mission dont elle s’est acquittée avec brio. Meriem Bensalah
Chaqroun, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, s’est investie corps et âme dans la réussite
de cette première édition. Une façon à elle de remercier la ville qui l’a vue naître et
grandir.
Quand elle a été contactée, il y a un an, par les autorités locales, elle n’a pas hésité
un seul moment. Elle qui n’aime pas être sous les feux de la rampe, elle le sera durant
les huit jours du festival. Peu importe : c’est pour la bonne cause. Et elle ne l’a pas
regretté. Lors de la soirée d’ouverture, le 16 juillet 2005, au siège de la Wilaya du
Grand Casablanca, sourire aux lèvres et yeux brillants, Meriem Bensalah Chaqroun
reçoit les félicitations. Sans retenue, elle affiche la victoire de son équipe. Une équipe
essentiellement féminine. Car, comme elle aime à le répéter, un bon gestionnaire,
c’est celui qui sait s’entourer d’autres bons gestionnaires. Et, en matière de gestion,
Meriem Bensalah Chaqroun n’a rien à apprendre.
Depuis qu’elle a intégré en 1990 «les eaux minérales Oulmès», filiale Holmarcom,
munie d’un Master en finance obtenu à l’Université Dallas, aux Etats-Unis, et d’une
expérience de deux ans dans une institution bancaire, elle a donné à cette entreprise
une image dynamique, moderne et solidaire. C’est avec ce même esprit qu’elle s’est
engagée à gérer le festival de Casablanca.
Durant les mois de la préparation de cette manifestation, la présidente du festival
a instauré deux mots d’ordre : la transparence et la rigueur. Au sein de son équipe,
on parle d’elle comme d’une femme prévoyante et curieuse. Rien ne lui échappe.
Elle vérifie les moindres détails. On lui reconnaît aussi une grande qualité : l’écoute.
Elle est réceptive à toutes les idées. Il suffit de la convaincre par une argumentation
logique et explicite. Car, elle cherche à comprendre tout et ne rechigne pas à poser
des questions, au point d’en devenir agaçante. C’est son caractère. Et, ce n’est pas à
quarante ans qu’elle le changera.
D’une grande générosité, Meriem Bensalah Chaqroun, en plus de travailler
bénévolement à l’Association «Forum Casablanca», organisatrice du festival, a
mis tous les moyens dont elle dispose pour le bon déroulement de cet événement
culturel. Malgré ses allures de femme dure qu’elle cultive en arborant un style strict,
cheveux tirés en arrière, maquillage discret et habits sobres, elle est d’une sensibilité
à fleur de peau.

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Elle passe du rire aux larmes. Et des larmes, Meriem Bensalah Chaqroun en a
versées quand elle a vu des milliers de spectateurs investir les rues de la métropole
pour faire la fête. «Le festival m’a réconcilié avec le genre humain», confie-t-elle.
C’est une expérience humaine exceptionnelle.
Avec ses trois enfants, deux filles, âgées de 15 ans et 12 ans, et un garçon de 6
ans, Meriem Bensalah Chaqroun n’a pas résisté à l’appel des rythmes endiablés du
Mâalem Hamid El Kasri. Sur la place El Hank, ce dimanche 17 juillet 2005, on l’a
vue applaudir et danser. Une autre manière d’exprimer son amour pour sa ville.

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Surprenants entrepreneurs marocains

MILOUD CHAABI

Pionnier de l’immobilier dès 1948, il est le fondateur de Ynna Holding. Il


était affilié au Parti du Progrès et du Socialisme (sans jamais épouser l’idée du
communisme) avec lequel, il a été élu député de la ville d’Essaouira aux Élections
Parlementaires de 2007 au Maroc.
Il fut longtemps l’«extraterrestre» du capitalisme marocain : self made man dans
un univers d’héritiers, «âroubi» dans un monde fassi. Aujourd’hui, l’ancien berger
n’est plus une brebis galeuse.
“La saga Chaabi a commencé à Kénitra, juste après l’indépendance. Il y a construit
une mosquée flanquée d’un haut-parleur de 200 décibels pour l’appel à la prière. Il
mettait le son à fond lors de la prière du fajr pour faire fuir les Français et racheter
leurs maisons”, peut-on lire sur un site Internet. La réalité dépasse cette fable inventée
de toutes pièces. C’est celle d’un berger qui a décroché la lune.
Né en 1930 à Chaâba, petit patelin miséreux sur les hauteurs d’Essaouira, Miloud
est le cadet de huit enfants. Il est issu d’une famille de paysans qui tire le diable par
la queue. A tel point qu’un de ses petits frères est “mort de faim”, affirme L’haj. Sa
famille est si pauvre qu’elle accepte de marier une de ses filles à un cousin “très moche
contre une dot de 16 brebis”. Agé alors de 12 ans, Miloud se voit confier la garde du
précieux troupeau. Un jour, assoupi sous un arbre, il est réveillé en sursaut par les
voisins venus l’avertir qu’un loup a pénétré dans la bergerie et a dévoré une brebis.
“Mon père était un homme très fort. J’ai décidé de m’enfuir plutôt qu’affronter sa
colère”, raconte-t-il.
Nous sommes au lendemain de la seconde guerre mondiale. Le jeune paysan erre
de village en village, survit en travaillant dans les souks de la région de Marrakech
et de Salé, avant d’atterrir à Kénitra où il devient maçon. En 1948, âgé d’à peine 18
ans, Miloud Chaabi crée sa première affaire, une modeste entreprise de construction
qui emploie deux personnes. À force de travail, l’homme gravit les échelons pour se
lancer dans la promotion immobilière dans les années 50. “J’ai acheté des terrains,
puis construit des maisons que je vendais 5000 dirhams à l’époque”, se souvient-il.
Pierre angulaire de la réussite de L’haj Miloud, cette première société existe toujours,
noyée dans le magma qu’est Ynna Holding, un empire multiforme qui brasse 10
milliards de dirhams de chiffre d’affaires par an. Un joli pied de nez à un destin tout
tracé, qui aurait dû confiner le berger Miloud à son douar natal. “J’aurais tout aussi
bien pu me retrouver simple ‘khemmas’”, dit celui qui est devenu un des puissants
incontournables du capitalisme marocain. Une réussite éclatante que ses pairs ont
bien dû accepter, malgré le franc-parler et le côté “blédard” de l’homme, qui a ainsi
bousculé la reproduction programmée des élites marocaines.

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MOHAMED BENAMOUR

Diplômé de l’Ecole Nationale de Commerce de Paris, et titulaire du diplôme


d’Etudes Supérieures du Tourisme (C.E.S.T.) Sorbonne Paris. M. Mohamed
Benamour a occupé le poste de représentant général de Royal Air Maroc, pour les
Etats-Unis et le Canada et a lancé la première ligne transatlantique.
Parmi ses distinctions et fonctions, on peut en outre citer :

• Président du Groupe Hôtelier et Touristique « KTI – Palaces et Traditions ».


• Président Fondateur de la Fédération du Tourisme.
• Initiateur du Contrat-Programme du Tourisme, il est signataire avec le
Gouvernement de l’Accord Cadre, le 10 janvier 2001 à Marrakech et de l’Accord
d’Application, le 29 Octobre 2001 à Agadir, sous la présidence effective de Sa
Majesté le Roi Mohammed VI.
• Décoré en 2001 par Sa Majesté le Roi Mohammed VI du Wissam de Récompense
Nationale de l’Ordre d’Officier.
• Artisan de la Vision 2010, il est co-auteur du livre : La Voie Royale, Le Modèle
Marocain dans la Nouvelle Economie du Tourisme, qui retrace les principales
étapes de la conception et la mise en œuvre de la Vision 2010, depuis son
initiation par le Discours Royal de Marrakech Janvier 2001. l’ouvrage multiplie
les éclairages sur les enjeux, les stratégies, les méthodes, ainsi que sur les réformes
et les hommes qui les ont conduites en totale synergie, secteurs public et privé
réunis.
• Membre du Conseil d’Administration de Bank Al Maghrib
• Membre du Conseil d’Administration de la CGEM

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Surprenants entrepreneurs marocains

MOHAMED BERRADA

Né en 1941 à Oujda, père de deux enfants et titulaire du Diplôme des Hautes


Etudes Marocaines, il a commencé à enseigner au Lycée Français de jeunes filles
à Oujda, puis part à Casablanca et intègre le monde de la presse par la porte de la
diffusion et de la distribution. Il commencera par se former à ce métier difficile,
encore balbutiant au Maroc, par des séjours en France, notamment auprès des
N.M.P.P. et chez des journaux de provinces traditionnels tels le Dauphiné Libéré.
Au sein de Sochepress (Société Chérifienne de Presse), à l’époque filiale marocaine
de Hachette et des N.M.P.P, il gravira tous les échelons jusqu’à en devenir le
directeur commercial apprécié, pour sa rigueur et ses convictions professionnelles
par sa direction générale, ses collègues et surtout les différents éditeurs marocains
arabophones comme francophones. Il quittera cette société pour s’en aller fonder sa
propre entreprise en 1977, Sapress. Il s’agissait pour ce militant passionné et patriote,
de mettre en place une structure qui soit authentiquement et fondamentalement
marocaine, pour briser un monopole de fait anachronique et en contradiction totale
avec le libéralisme et l’ouverture économique de son pays.
Mohamed Berrada n’a cessé de se montrer actif tant au Maroc qu’à l’étranger, en
travaillant à organiser la profession, avec rationalité et ferveur. C’est ainsi qu’avec les
éditeurs marocains, de manière pragmatique et soutenue, il a mené en permanence
des actions au long cours pour imposer ses ambitions et ses idéaux visant la promotion
de la lecture et de presse au Maroc.
Avec une passion, qui ne se relâche à aucun instant, Mohamed Berrada s’est
impliqué aussi dans les organismes mondiaux tels l’Union Arabe des Distributeurs,
Distripress, l’IFRA, l’U.J.P.L.F. devenue l’U.P.F. et autres instances actives dans les
arts graphiques, l’imprimerie, la presse, le livre, bref tout ce qui touche directement
ou indirectement à la lecture. Il a été désigné à la présidence de l’Union Arabe
des Distributeurs pour un mandat de trois ans, sur la base d’un programme de
rénovation et de modernisation de cette organisation panarabe, regroupant plus de
150 entreprises d’édition et de distribution des journaux, publications et livres dans
l’ensemble des pays arabes.
Pour ne pas perdre la main, Mohamed Berrada a pris l’habitude de faire du
terrain en s’impliquant physiquement dans toutes les opérations de manutention,
de mise en paquets et d’achèvement ainsi que routage et autres techniques de
distribution. Il s’est également impliqué directement dans la modernisation de
plusieurs sites d’impression, en collaboration avec les constructeurs et les éditeurs;

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et de nombreuses imprimeries actuellement installées au Maroc, lui reconnaissent
la finalisation de leurs projets.
Ce lève-tôt qui entame ses journées à partir de 6h du matin, a su rallier les
impératifs de ses responsabilités à la pratique de son sport favori, le Basket Ball. Il a
d’ailleurs pratiqué ce sport dès son jeune âge dans ses clubs et devint Président de la
Fédération Royale Marocaine de Basket Ball.
Mohamed Berrada a obtenu en 2003 le « Grand Prix National de la Presse »
décerné à l’occasion de la journée nationale de l’information. Il a été décoré en 2004
par Sa Majesté Le Roi Mohammed VI de la médaille du «Wissam du Mérite »,
en guise de reconnaissance aux services rendus avec courage et abnégation pour le
rayonnement de la presse et de la culture dans son pays.
Mohamed Berrada a publié plusieurs articles et analyses concernant l’édition et
la presse au Maroc ainsi que deux ouvrages sortis en français et en arabe en 2003
intitulés : « la presse écrite au Maroc ».

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Surprenants entrepreneurs marocains

MOULAY HAFID ELALAMY

Moulay Hafid Elalamy est né à Marrakech en 1960. Issu d’une famille bourgeoise.
Son grand-père vendait des voitures et son père dirigeait une agence locale de la
banque du Maroc. Lorsque ce dernier meurt, Moulay Hafid Elalamy était âgé de 10
ans, il eut dès son plus jeune âge à prendre des responsabilités afin de gérer avec sa
mère le patrimoine de la famille.
Mais n’abandonnant pas ses études pour autant, Moulay Hafid Elalamy eut
son bac au lycée français Victor Hugo où il pratiquait plusieurs sports et où il se
distingua dans le hand-ball. Après avoir obtenu son bac, il part pour le Canada afin
d’y effectuer ses études supérieures en informatique par alternance. Dès la première
année, il montre une certaine prédisposition dans certaines matières, c’est alors que
l’année suivante il dépose sa candidature pour l’enseigner.
Après avoir décroché son diplôme, il intègre le ministère des finances du Québec.
Il se réoriente rapidement dans les assurances où il gravit les échelons un à un jusqu’à
devenir vice-président du groupe Solidarité-Unique. C’est lors d’une rencontre avec
Robert Assaraf (directeur général du Groupe ONA) au Maroc en 1989, qu’il lui
présente son président Fouad Filali. Il lui propose de diriger la filiale la Compagnie
africaine d’assurance (CAA). Il accepte et rentre à Casablanca.
En 1994, fort de cet exploit, Fouad Filali lui propose le secrétariat général
de l’ONA. Grâce à lui, l’ONA parvient à consolider les comptes et réorganise
plusieurs pôles, recentre les activités du groupe sur certains métiers à fort potentiel
et restructure entièrement les ressources humaines. Mais après avoir valorisé l’ONA
à la bourse de Casablanca, Moulay Hafid Elalamy se résout à partir car le recrutement
de Gilles Denistry en tant que directeur général ne lui convenait pas. Pour ne pas
le laisser s’échapper, Filali lui propose 10% de la CAA, mais Elalamy la décline car
il désire son indépendance. Il n’a pas quitté l’ONA que le cabinet de courtage de
la place lui propose une association. Ne voulant pas le perdre Filali lui propose une
participation à AGMA. Il ne refusera pas cette dernière offre.
Aux commandes d’AGMA, il assainit le portefeuille puis développe le courtage,
rachète deux cabinets (le SIA puis Lahlou-Tazi). Il introduit la société en bourse.
Grâce à l’argent réalisé au sein d’AGMA, il décide de créer son propre Groupe
Saham (télécoms, centre d’appels, assurance, immobilier, distribution).
Il devient le patron des patrons à la tête de la puissante Confédération générale
des entreprises du Maroc et ce durant la période 2006 - 2009.

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NOUREDDINE AYOUCH

Noureddine Ayouch est né à Fés en 1945 d’un père promoteur immobilier et


grossiste en fruits et légumes et d’une mère férue de théâtre et de cinéma. le bac
en poche, il vient à Paris en 1962 et fréquente assidûment le milieu du théâtre. En
1965, il crée un spectacle sur la poésie arabe, puis s’inscrit à l’université du théâtre
des nations (théâtre de ka ville), qui propose des cours en journée et des pièces du
monde entier en soirée.
En 1968, il entreprend un cursus plus classique et s’inscrit en licence de
sociologie. A la même époque il se marie et devient père d’un petit garçon : Nabil,
qui est aujourd’hui cinéaste. En 1971, il rentre au Maroc et crée un théâtre social à
Casablanca.
En 1972, il crée la société « Shem’s » qui devient en quelques années l’une des
premières agences de publicité du pays. La “pub” en est à ses premiers balbutiements
et la télé est encore en noir et blanc. Shem’s innove, bouscule, et l’homme qui la
dirige effectue avec le même mordant et la même audace son office de directeur de
presse puisqu’il est le créateur de la revue mensuelle Kalima (lancée en 1986) dont
le ton faisant scandale est froidement abattue par la censure.
Ces multiples activités n’ont en rien empêché Shem’s Publicité de devenir l’agence
la plus en pointe du Maroc, elle ne sera rejointe par d’autres agences, du point de vue
de la qualité et de la créativité, que quelques années plus tard.
En marquant l’imaginaire collectif marocain, en introduisant l’audace, l’humour
et le deuxième degré, Shem’s Publicité a acquis ses lettres de noblesse sur la scène
internationale, collectionnant les trophées les plus prestigieux: Golden Award de
Montreux en 2002, 5 médailles d’or et quatre d’argent au Mondial de la publicité
francophone. Shem’s Publicité s’est ouverte vers l’extérieur, a signé, en 1992, un
accord de partenariat exclusif avec le réseau LINTAS et a adopté le nom Shem’s
Lintas.
En 1989, lancement d’une deuxième agence de publicité “Alif ”.
En 1990, création de Public’s , qui est une agence de relations publiques.
En 1993, création d’une agence de communication “Archipel”.
En 1995, naissance de” Zakoura”, la plus importante institution de microcrédits
du continent. Cette ONG d’un type nouveau permettait de s’engager sur le terrain
dans le Maroc profond avec l’institution du micro-crédit. Zakoura, dès sa deuxième
année d’activité, s’aperçoit qu’il est plus judicieux et surtout plus efficace de consentir

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Surprenants entrepreneurs marocains

ce crédit, qui peut aller de 1000 à 5000 dirhams, aux femmes seulement. Une garantie
pour leur avenir, les hommes y regardent à deux fois avant de leur manquer de respect
ou de tenter de freiner leur indépendance. Ce crédit leur a permis d’accéder à un
nouveau statut puisqu’elles perçoivent un salaire, ont créé leur propre entreprise et
qu’elles peuvent donc couvrir des dépenses familiales. Une garantie aussi pour les
enfants, et les fillettes tout particulièrement. Les femmes remboursent toujours leur
crédit, le taux de recouvrement frôle les 100 %. En fait: “la femme pense plus que
l’homme à son foyer, son conjoint et ses enfants”. La Fondation Zakoura, en voulant
aider les démunis à gagner dignement leur vie, a créé une structure qui est elle-même
créatrice d’emplois. Plus de 360 personnes sont employées dans le micro-crédit.

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OTHMANE BENJELLOUN

Othmane Benjelloun, né en 1932, est le premier banquier du Maroc, il est le


PDG de la BMCE Bank (Banque Marocaine du Commerce Extérieur), depuis sa
privatisation en 1995, et président du Holding Finance.com. Il détient une des plus
grosses fortunes du Maroc.
Homme d’affaires reconnu, au plan national, particulièrement dans le domaine
de la finance, il est un polytechnicien ayant fait ses études à Lausanne (Suisse).
Othmane Benjelloun est Président Directeur Général de la Banque Marocaine du
Commerce Extérieur, BMCE Bank - depuis sa privatisation en 1995 - et Président du
Holding Finance.com, holding opérant dans 4 secteurs : bancaire et para-bancaire -
dont le pivot est BMCE Bank -, l’assurance - incluant la compagnie RMA Watanya -,
les télécoms, médias et technologies, et l’industrie. Othmane Benjelloun siège au
sein de plusieurs Conseils d’Administration.
Il est Président de Meditelecom, premier opérateur privé de la téléphonie mobile
au Maroc, depuis janvier 2005.
En outre, M. Benjelloun préside le Groupement Professionnel des Banques du
Maroc. Il est également Conseiller au Center for Strategic International Studies de
Washington D.C. - centre de géopolitique internationale - présidé par le Dr. Henry
Kissinger.
M. Benjelloun a été nommé Chancelier de l’Université Al Akhawayn d’Ifrane
par feu Sa Majesté le Roi Hassan II et ce, de 1998 à janvier 2004. Le Conseil
d’Administration qu’il présidait, s’étant fixé comme ambition de hisser l’Université
au niveau de l’élite des académies internationales, prônant des valeurs d’excellence
et de mérite. Il fut récemment honoré de devenir « Fellow » de King’s College of
London.
Dans le domaine de la Responsabilité Sociale d’Entreprise, M. Benjelloun est
l’instigateur de la Fondation BMCE Bank, à laquelle il a assigné deux priorités
essentielles : l’éducation, particulièrement la lutte contre l’analphabétisme, avec le
Programme Medersat.com de construction et de gestion d’écoles communautaires
rurales à travers le Royaume, et la protection de l’environnement.
Othmane Benjelloun a été nommé Officier de l’Ordre du Trône du Royaume du
Maroc et Commandeur de l’Etoile Polaire du Royaume de Suède. Il fut également
décoré de la Médaille de Commandeur dans l’Ordre National du Lion de la
République du Sénégal et récemment de l’illustre « Ecomienda de Numero de la
Orden de Isabel la Catolica » du Royaume d’Espagne.
M. Benjelloun est marié au Dr Leila Mezian, médecin ophtalmologiste, et est
père de deux enfants.

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Surprenants entrepreneurs marocains

LARBI SEKKAT

• Natif, en 1924 d’ ElJadida, et fils d’un commerçant.


• Son père décéde alors qu’il n’a que trois ans et que toute la famille est installée
à Fès avec sa sœur.
• En 1936, à l’âge de douze ans, il part s’installer avec sa mère et sa sœur à
Casablanca.
• Il travaille à gauche et à droite en occupant différents emplois pour aider à
subvenir aux besoins de sa petite famille.
• Il intègre un grand bazar où il travaille en tant que commerçant.
• Il travaille avec le grand commerçant Tahar Soussan avec qui il rentre en tant
qu’associé à l’âge de 16 ans.
• A 18 ans, il part à Paris, il travaille dans la maroquinerie qu’il commercialise en
France à travers les foires et les salons et expositions.
• Quelques années plus tard, il part à Stockholm, il reste quatre années en
Suède avec beaucoup de succès en termes de commercialisation des produits
de l’artisanat marocain.
• Il retourne à Paris, continue son activité dans l’artisanat et commence dans la
bonneterie qu’il exporte vers le Maroc.
• Il s’implique dans le militantisme du Maroc en aidant les partisans marocains qui
militent pour l’indépendance du pays, que ce soient les étudiants ou les leaders
historiques de l’indépendance du Maroc, qu’il rencontre durant leurs visites en
Europe et à qui il apporte un grand soutien financier.
• En 1956, à l’indépendance du Maroc, il rentre au pays avec toutes ses économies
pour développer l’industrie textile.
• Il démarre différentes usines dont notamment une spécialisée dans le tissu-
éponge.
• En 1958, il rencontre sa charmante épouse : Mme Leila Sekkat.
• En 1970, Il se lance aussi dans le domaine agricole en développant de grandes
fermes avec les techniques les plus modernes et les plus évoluées.
• Il occupera parallèlement le poste de Président du Conseil Municipal de
Casablanca durant la fin des années 70.
• Il prend sa retraite des affaires pour se consacrer plus à sa famille en 2002.

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MAA EL AININE MOHAMED TAQUIOULLAH

• Membre du Conseil Constitutionnel, Professeur, Chercheur


• Baccalauréat sciences Mathématiques ( Las Palmas Université de la LAGUNA
1974.)
• Licence en droit (Faculté de droit, Université Mohammed V Rabat 1982.)
• Diplôme d’études supérieures en droit du travail, Rabat 1983.
• Diplôme d’études supérieures en droit civil, Rabat 1984.
• Doctorat en droit Comparé (Faculté de droit, Rabat 1987.)
• Doctorat d’Etat en droit privé, Rabat 2009.
• Professeur à la Faculté de Droit Rabat depuis 1984.
• Professeur à L’Ecole d’Administration Publique Rabat (1984.)
• Professeur à l’Institut Supérieure du Journalisme Rabat (1985-1987.)
• Député et Vice-Président de la chambre des Représentants (Parlement) 1977-
1993.
• Membre du Conseil Constitutionnel (1994 – 2004).
• Membre du Conseil Spécial de Sa Majesté le Roi Pour les Affaires Sahariennes.
• Porte-Parole des Députés des Provinces Sahariennes à la 4ème Commission de
l’Organisation des Nations Unies (dossier Sahara).
• Membre de la délégation officielle marocaine aux conférences de diverses
organisations internationales, aux niveaux arabe, africain, européen des non- alignés
et international notamment.
• La Conférence européenne (Parlement européen 1981).
• La Conférences des Pays non-alignés, (Colombo, (Ceylan) 1976.)
• L’Union Parlementaire International, Lisbonne (1977), Bonn (1978) Prague
(1979) Oslo (1981).
• Conférence Parlementaire Africaine Monrovia (1982).
• Conférence des Maîtres africains et des chefs d’Etat africains (OUA) à Nairobi,
Monrovia, Khartoum, Libreville, Dakar.
• Président des délégations officielles marocaines chargées de défendre le dossier
du Sahara marocaine dans les pays suivants: Burkina faso, Niger, Cameroun,
Congo Brazzaville, Mali, Togo, Zaïre (1983).
• Animation de nombreuses conférences sur divers thèmes notamment:
Développement des Relations Interafricaines et Arabo-africaines, Situation de
la jeunesse mondiale et ses répercussions sur la jeunesse marocaine, Evolution
de la cause nationale (provinces sahariennes).
• Publication d’un article « Le Front Polisario entre l’intégration et l’illusion ».

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Surprenants entrepreneurs marocains

• Publication d’un article « La Responsabilité du Capitaine, en droit Comparé ».


• Président de l’Association pour le Dialogue des Civilisations et l’Echange
Culturel.
• Président fondateur du Forum Mondial Solidarité Humaine – Avenir (04/2010)
• Secrétaire Général de l’Association des Philosophes et des Chercheurs des Pays
Arabo-Africaines (Casablanca 1984)
• Décoré en tant que «Chevalier de l’ordre du trône», par Sa Majesté le roi
Hassan II, en personne.

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NAJAT AATABOU

Najat Aatabou fait partie de ces artistes qui ont la capacité de transformer une
salle de concert en volcan. Elle chante le chaâbi, la musique populaire du Maroc.
Originaire d’un petit village, cette femme du Moyen-Atlas n’était pas destinée à
chanter mais à devenir avocate lorsqu’un enregistrement pirate de sa voix la révéla
au grand public marocain avec ce titre emblématique : “J’en ai marre”, une chanson
tirée d’une histoire vraie, sur la tristesse des femmes et les complications de la vie
amoureuse. Najat est aujourd’hui une des figures les plus emblématiques de la
chanson populaire marocaine... Elle chante tour à tour en arabe et en berbère (zayan).
Tout en ayant banni le lamento-loukoum de son répertoire, elle chante les thèmes
de l’infidélité, de l’inégalité et du mensonge de sa voix haut perchée et profonde.
Au Maroc, la Berbère Najat Aatabou, grande star de la chanson populaire chaâbi
au royaume de Mohammed VI, tient une sorte de courrier du cœur, s’inspirant « des
lettres, très nombreuses, que je reçois des femmes qui m’écoutent puis me racontent
leurs problèmes. Et je les résous en chantant », confie-t-elle.
Et quelles sont les douleurs des femmes marocaines ?
- « Comme partout, des blessures d’amour, des maris infidèles, des foyers
parallèles, des mensonges ... »
Comment cette infatigable joueuse de mots, alignant des strophes (en arabe,
parfois en tamazight, l’une des trois langues berbères du Maroc) comme une rappeuse
du Bronx, traduit-elle ces blessures ordinaires ?
- « Eh bien, par exemple, j’ai une chanson, Soueret (Ces clés sont à qui ?). La
femme prend le trousseau du mari, et passe en revue les clés les unes après les autres, la
porte d’entrée, le garage, le bureau, et l’une ne correspond à rien... », explique-t-elle.
Femmes trompées, jalouses, jamais soumises, telles sont celles qui peuplent
l’univers des chansons écrites par Najat Aatabou, qui fustige « l’homme qui ment
toujours », inventant travail et réunion, ou celui qui abandonne son épouse enceinte
en prétextant que l’enfant n’est pas de lui. Au passage, elle s’en prend aux maîtresses,
et cela fait un tube, Choufi Ghirou (Cherches-en un autre). Du groupe légendaire,
Nass-el-Ghiwan, elle dit simplement : « Eux, ils font de la chanson engagée ».
Chapeau à large bord, maquillage impeccable, manteau à motifs panthère, Najat
Aatabou promène des allures de star, légitimement. Enceinte, la « lionne de l’Atlas »
a momentanément abandonné ses tailleurs-pantalons de cuir noir, au profit d’une
robe de velours cernée de perles. A quelques jours d’un retour à l’Olympia, où elle

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Surprenants entrepreneurs marocains

avait fait ses débuts français en 1984, Najat Aatabou revient sur un parcours qui l’a
menée de sa ville natale de Khemisset, dans le Moyen Atlas, au triomphe. En 1981,
Najat Aatabou chante dans un mariage une chanson inspirée d’une histoire vraie :
une de ses amies part en voyage, et à son retour son fiancé est mort. « J’en ai marre,
j’en ai marre », psalmodie la jeune femme.
Dans l’assemblée, un joyeux bootlegger enregistre secrètement la voix vibrante
de Najat Aatabou. Quelques semaines plus tard, alerté par la radio et les cassettes
pirates, le petit peuple marocain fredonne la chanson de cette inconnue dont on
ignore le visage, le nom, l’identité. Najat entend sa voix par hasard en faisant ses
courses. Sa famille aussi. « Je n’étais pas contente », dit-elle aujourd’hui. « Je voulais
faire des études, devenir avocate, mais... mektoub. Je suis tombée malade, clouée au
lit. J’étais terrorisée par la réaction de mes frères. Chanter, pour une femme, était
synonyme de mauvaise vie». Najat se réfugie à Casablanca, et signe un contrat avec
les éditions musicales Hassania. Bannie pendant plus de trois ans par sa famille, elle
en fait une chanson : Ma mère qu’est-ce que j’ai fait ? Excuse-moi, c’est le destin qui
nous a séparées, qu’elle vient de reprendre en duo avec Neneh Cherry. Najat Aatabou
n’est pas à proprement parler une chikha, chanteuse traditionnelle à la parole libre,
à l’instar des chikhates du Moyen Atlas. Celles-ci incarnent une tradition paysanne
où le rythme est donné par le bendir et la mélodie appuyée par le luth (lotar), tandis
que Najat Aatabou en provoque le dévoiement urbain, synthétiseur et électrification
en conséquence. (source : www.greatsong.net)

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AHMED JAMAI

• Né le 25 mai 1949.
• Commence à travailler dans une société de textile à l’âge de 11 ans.
• Cinq ans après, à l’âge de seize ans, il monte sa propre société de textile.
• Dès 1968, il développe dans ses usines la capacité de faire du tissu pour le
commercialiser à l’extérieur de ses propres magasins.
• En 1968, il monte une usine de tricotage à Taza.
• En parallèle (1968), il se lance dans l’immobilier et commence à investir en
acquérant du foncier.
• En 1972, il ouvre un comptoir d’exportation en France pour ses produits et les
produits d’autres fabricants.
• En 1995, quand feu le roi Hassan II parle de la nécessité de construire 200.000
logements par an, son groupe Jamai était déjà prêt à se lancer dans cette
opportunité.

LAILA MARRAKCHI

Laila marrakchi (Casablanca, 10 décembre 1975) est titulaire d’un DEA en études
cinématographiques et audiovisuelles.
Elle assiste la mise en scène de divers films et passe à la réalisation de son premier
court métrage en 2000 avec « L’Horizon perdu ». Deux documentaires, plus loin,
« Femmes en royaume chérifien » et « Derrière les portes du hammam » en 2001.
Et puis un autre court métrage présenté au Festival international du film francophone
à Namur en 2002 : « Deux cents dirhams ».
Son premier long métrage « Marock » est produit en 2004 et figure dans la
section « Un certain regard » au Festival de Cannes en 2005. Il sort dans les
salles en février 2006. Elle y dépeint la jeunesse dorée de Casablanca, aux mœurs
occidentalisées, mais confrontée aux préjugés de la société traditionnelle, quand un
premier amour rapproche une jeune musulmane d’un jeune juif.

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Surprenants entrepreneurs marocains

Ingénieur de formation et titulaire d’un MBA en Finance à Boston,


Mohamed Elmanjra a développé une expertise dans les domaines de
la réussite et du développement de la performance humaine à travers
ses différentes formations : la PNL avec son créateur Richard Bandler,
le succès avec Tony Robbins et la nutrition sportive avec John Berardi.
Il a fondé plusieurs sociétés dans le conseil et la distribution au Maroc
et au Canada. Il a publié plusieurs articles et a animé plusieurs
séminaires et conférences au Maroc, notamment à L’ESCA et à
l’étranger. M. Elmanjra a participé à différentes compétitions sportives
comme le Marathon de Montréal. Il est marié et père de plusieurs
enfants.
Passionné par le potentiel humain, Karim Amor a étudié dans des
écoles de commerce françaises, des universités américaines réputées
ainsi que les académies de Leadership de Antony Robbins et Deepak
Chopra. Fondateur de Jet Group, il est également l’inventeur du
concept du logement citoyen au Maroc et dans les pays d’Afrique.
M. Amor est marié et père de trois enfants.

Mohamed Elmanjra Karim Amor


maxitoys@maxitoys.ma karimamor.jet@gmail.com

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Table des matières
1. Chaque personne est maîtresse de son destin 17
• Notre culture, éducation et habitudes nous conditionnent pour compter sur
des facteurs externes de notre vie, alors qu’il faut apprendre à assumer la
responsabilité des événements dans sa vie.
• Les événements surviennent; la personne doit ressortir le meilleur de ces
événements et les utiliser à son avantage.
• On peut travailler sa chance et on peut la favoriser.

2. Ce que l’on veut : la passion 27


• La personne doit être extrêmement claire et précise sur ce qu’elle veut.
• La passion est le meilleur carburant pour rester dans le chemin de l’accomplisse-
ment et réaliser de grandes choses.
• La flamme de la passion doit être constamment allumée.

3. Accomplir un grand travail sur soi. Etre très exigeant envers soi-même.
Etre sans cesse en train de s’améliorer 33
• Un grand travail doit être fait sur soi-même.
• Chercher constamment à s’améliorer.
• Etre redevable et exigeant envers soi-même.

4. Mettre en place des objectifs précis 41


• Un objectif commence par un rêve et c’est la personne qui dirige son rêve.
• Avoir des objectifs clairs fera que toutes les énergies et tous les efforts sont
focalisés sur la bonne direction, c’est-à-dire vers la réalisation des objectifs.
• Quoi que la personne rêve, pense ou sente elle provoque. (Principe de la Loi
d’Attraction).

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5.Passer à l’action et travailler dur. 49
• On peut avoir la meilleure idée, le meilleur plan, si aucune mesure n’est prise,
c’est seulement une idée ou un plan.
• Pour passer à l’action, il faudra beaucoup de discipline.
• Être en mesure de surmonter les échecs momentanés. Tout chemin de la réussite
est rempli de moments de reculs temporaires.
6. Faire régulièrement des évaluations. S’adapter constamment aux contraintes
externes. 59
• Etre constamment en train d’évaluer où on en est ? Quelles sont les options ?
Notre position actuelle par rapport aux objectifs ?
• Nécessité de se réévaluer et de se réadapter pendant tout le trajet.
• On doit apprendre à faire preuve de souplesse dans les différentes options et
difficultés des défis qui nous attendent.
• La confiance en soi-même aide la personne à voir les choses comme elles sont,
mais pas pire que ce qu’elles sont.

7. Etre très patient. S’engager pleinement dans ses choix. 69


• La route du succès exige de la patience.
• Elle exige aussi la persévérance.

8. Adopter un système de valeurs clair. 81


• On a tous besoin d’un système de valeurs qui nous permettra de choisir.
• Un système de valeurs claires nous permet de mieux décider en évitant les
dilemmes moraux et les conflits internes.

9. Les evénements arrivent pour une raison. Utiliser les événements à notre
avantage. 87
• Les choses arrivent pour une raison.
• Il faut être réaliste tout en étant optimiste.
• Dans des situations difficiles, ils relativisent et prennent la chose avec légèreté.
• La chance est quelque chose que l’on travaille et que l’on utilise. La chance n’est
pas une fatalité.

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10. Développer sa créativité pour apprendre à élargir son champ de possibilités. 95
• Apprendre à remettre en question les événements pour constamment réinventer
son monde et ses possibilités.
• Se référer à d’autres champs d’activité dans la réalisation des objectifs pour
renforcer la créativité.
• S’enrichir des expériences des autres.

11. Maîtriser sa peur et oser sortir de sa zone de confort. 105


• La peur est une attente, tout simplement une douleur d’anticipation, qui n’a rien
à voir avec la réalité.
• Nous devons reconnaître la peur pour pouvoir la gérer.
• Sur notre route vers la réalisation de nos objectifs, nous devons accepter qu’il
existe de nombreux moments où nous serons dans l’inconnu, c’est-à-dire, en
dehors de notre zone de confort.

12. Avoir des objectifs supérieurs et qui nous surpassent (patriotisme, bien-être
pour les autres, etc.). 111
• La nécessité de contribuer est plus importante pour réussir que de laisser un
héritage.
• Il y a des personnes qui servent une raison d’être plus grande qu’eux-mêmes.
• Les réalisations qui se prolongent sur une longue durée nous obligent
constamment à nous montrer reconnaissants.
• Contribution à la communauté.

13. Conclusion. 121

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Achevé d’imprimer en 2013
Afrique - Orient

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