Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
marocains
Surprenants entrepreneurs
marocains
« Bravo c’est une bonne idée ce livre, surtout en cette période. C’est un grand
message à la jeunesse marocaine, déjà qu’on utilise beaucoup les proverbes et les
exemples des gens qui ont accompli. Je souhaite bonne chance à toute l’équipe et
bonne continuation. »
Elhachmi E., 27 ans, Technico-commercial
«La réussite ne s’achète pas, il faut croire dans tout ce que l’on fait, il faut être
passionné et il faut donner le meilleur de nous-mêmes pour réussir. La preuve c’est
que toutes les personnes interviewées dans ce livre ont pu réaliser leurs objectifs
malgré leurs différents parcours. Ce livre permettra à beaucoup de personnes de se
remettre en question, de surpasser leurs limites et de sortir leurs zones de confort. »
Wafaa J., 26 ans, Directrice Générale
« Très bon livre, Bon courage ».
Hamid, 25 ans, Responsable Technique
« J’ai beaucoup appris de cet ouvrage à travers les exemples de grands hommes
qui ont beaucoup souffert avant de pouvoir réussir. C’est une bouffée d’air et ça
donne plus de volonté pour continuer à se battre. »
Younes N., 25 ans, Infographiste
« J’ai plein d’idées dans ma tête que je voudrais réaliser après avoir lu cet
ouvrage. »
Youssef E., 47 ans, Consultant Hôtelier
11
V ous avez entre les mains un ouvrage pour le moins atypique. Mohamed Elmanjra
et Karim Amor ont mené un travail original. Comment expliquer au plus grand
nombre et aux jeunes générations au Maroc qu’il y a des règles pour réussir dans une
période de mutations sociétales et de multiplication des difficultés ? J’ai eu souvent à
rencontrer des personnes hautement instruites qui cherchaient à me convaincre que
l’on ne peut réussir dans notre environnement que par « piston », par chance ou par
accident. Evidemment, comme partout ailleurs, un enfant « de riches » a forcément
plus d’avantages matériels et de confort. L’enfant d’un intellectuel bénéficie à priori
d’un contexte favorable à l’éveil et l’apprentissage. Mais l’un ou l’autre ont-ils la
volonté de se réaliser ? Ont-ils conscience de leurs aptitudes personnelles, de leurs
capacités, de leurs fois, de leurs rages d’avancer et de se construire en bâtissant leurs
propres projets ?
Comment partager les concepts gagnants et les valeurs solides avec les lecteurs sans
faire un ouvrage qui soit une réplique fade et sans personnalité à la riche littérature
internationale ? Nos deux auteurs ont réussi un pari exceptionnel : démontrer les
méthodes qui mènent à la réussite dans la réalité marocaine. Ils ont rencontré des
personnalités marocaines de différents domaines, de différents milieux sociaux, qui
ont des parcours exceptionnels et les ont amené à partager leurs expériences avec
vous.
Vous verrez que ces personnalités n’ont à priori rien de commun. Ce qui lie
un champion olympique, un chef d’entreprises et un pilote de chasse emprisonné
pendant 25 années, c’est le choix que fait chacun de se dire qu’il est « condamné à
réussir » à sa façon et dans son univers.
Ces méthodes et règles qui mènent à la réussite doivent s’appliquer à tous ceux qui
aspirent à réussir. On peut se demander en toute légitimité si elles sont applicables
13
15
17
Nos parents aussi, issus du même moule, se contentent souvent d’imposer des
décisions, parce que c’est comme ça et pas autrement!
La religion dont la lecture peut être simplifiée et réductrice pourrait nous enjoindre
à livrer notre vie au destin, et à respecter la volonté divine de notre condition.
Mais connaissez-vous un dieu qui veuille que l’être humain subisse toute sa
vie, la pauvreté sous toutes ses formes? Allah est miséricordieux dans la religion
musulmane. Quatre-vingt-dix-neuf Attributs tentent de qualifier la seule puissance
qui soit au-dessus de tout qualificatif: Dieu. Cette fatalité n’existe donc que dans les
esprits paresseux et résignés.
Le vocabulaire commun qui soutient notre langage de tous les jours n’est pas en
reste. Prenez le dictionnaire, il existe plus de mots négatifs que de mots positifs. Plus
encore, entre notre naissance et 18 ans, les expressions négatives ou celles qui d’une
manière ou d’une autre pourraient nous limiter, sont prononcées plus de 23 fois que
celles qui nous encouragent.
Vous convenez donc volontiers que les personnes avec lesquelles nous sommes en
contact depuis la naissance ont des influences fortes sur notre vie future. Il en est de
même pour les événements auxquels nous assistons et qui peuvent marquer à tout
jamais notre existence.
Comment les personnes que nous avons interviewées ont-elles pu survivre dans
cette jungle de mots, d’événements et de rencontres qui sculptent notre avenir?
Comment ont- elles tordu le cou aux a priori? Comment ont-elles grimpé au sommet
de leurs rêves malgré les obstacles qui structurent notre société?
Elles ont rencontré des « jardiniers à la main verte » qui ont fertilisé leurs
expériences et leur ont permis de prendre conscience que le premier responsable de
leur vie, c’est d’abord « eux-mêmes ».
Prenons une situation extrême afin que chacun d’entre nous sente qu’à son niveau,
tout est possible, quand on prend résolument la responsabilité de sa propre vie.
L’officier Ahmed Marzouki a passé plus de 18 ans et trois mois au bagne de
Tazmamart, suite aux tragiques événements de juillet 1971 à Skhirat. Il raconte
son calvaire vécu dans un confinement total, dans l’obscurité et sans pouvoir
communiquer avec les autres détenus. « Imaginez que vous prenez quelqu’un, vous
le mettez dans un cachot noir et c’est fini.» C’est comme cela qu’il décrit sa longue
et éprouvante nuit qui a duré plus de 18 ans.
Mais qu’a donc à voir Ahmed Marzouki avec la réussite au Maroc nous direz-
vous ? Il n’a pas brillé par des réalisations transcendantes, n’a pas accompli une
18
19
20
« Il fallait tourner notre réalité en dérision. Parfois il fallait le faire pour
continuer à lutter. L’humour est capital sinon on ajoute à cette triste réalité
beaucoup d’amertume et de pessimisme et on est fini! »
Ahmed Marzouki
De nos entretiens avec Ahmed Marzouki, nous avons tous les deux été
impressionnés par son extraordinaire sens de l’humour. Comment un homme qui a
passé le tiers de sa vie coupé de tout, peut-il encore garder le sourire?
La réalité des faits était dans son cas implacable, il était mort vivant dans un
cercueil de béton, loin de tout, considéré comme décédé par anticipation. Son
interprétation à lui de la réalité était toute autre et il savait qu’il allait s’en sortir.
A chaque fois qu’il se réveillait, il fallait trouver la force pour tenir des heures, des
jours, des mois et même des années. Le temps n’avait plus d’importance et de toute
façon, il n’avait plus les moyens de le mesurer.
Les personnes à succès trouvent toujours une interprétation des événements
favorables au service de leurs objectifs. La religion, leurs imaginations et la force
de leurs passions diluent leurs douleurs, écrasent leurs peines et renforcent leurs
tempéraments. Ils voient plus loin que la situation dans laquelle ils se trouvent.
Imaginez-vous au volant d’une voiture de rallye? Au détour d’un virage votre
véhicule dérape. Que faites-vous pour rétablir votre trajectoire et assurer une sortie
de virage performante? Les plus grands conducteurs s’accordent à dire qu’il faut
orienter les roues du bolide dans le sens opposé, c’est-à-dire sur la trajectoire du
virage suivant tout en regardant vers où on veut aller, plutôt que la situation dans
laquelle on se trouve à ce moment-là.
« Il se peut que vous maudissiez une situation alors qu’elle se révélera
meilleure pour vous. »
(Sourate Al Baquara, Ayat 214, Hizb 4, Le Coran)
Les références à une interprétation utile de la réalité sont partout, mais allons
nous chercher systématiquement ces adages lorsque nous sommes « en situation ».
Les personnes à succès ont intégré cet axiome comme faisant partie de leurs codes
génétiques. Elles en font une habitude et certaines d’entre-elles vont même jusqu’à
en jouer.
Comme le raconte Marzouki en se rappelant des moments phares de son enfance :
« Jeune écolier, lorsque le professeur Serghini me disait de passer au tableau, toute la
classe rigolait. Les élèves n’en revenaient pas. Comment se fait-il qu’un « blédard »
21
écrit comme cela? Il fallait que je prenne ma revanche! Alors j’ai commencé à
travailler et à bosser pour arriver au niveau de ces gens-là. C’était extrêmement
difficile mais quand même, ça en valait la peine. »
Avez-vous déjà entendu quelqu’un dire : « Il a réussi parce qu’il a eu de la
chance! ». Pour les personnes interviewées dans ce livre, la chance est faite pour les
joueurs de casino, car la chance sourit aux esprits préparés.
Comme l’histoire drôle où on raconte qu’un homme se plaignait tous les soirs à sa
femme: « Chérie, je n’ai pas de chance, je n’ai pas encore gagné au loto aujourd’hui ».
Au bout de quelques mois, sa femme, excédée par les plaintes quotidiennes de son
mari, fini par lui répondre: « Tu te plains tous les soirs de ne pas gagner au loto.
Mais si tu veux gagner, joue au moins! ».
Pour les personnes à succès, la chance ne fait pas partie de leurs outils. Ceci ne
veut pas dire qu’elle n’existe pas. Ils considèrent la chance seulement comme un
événement à exploiter pour aller plus vite ou pour aller plus loin encore. Cette
attitude ne les empêche pas de l’apprécier pleinement lorsqu’elle se présente.
Plus encore, ces hommes et ces femmes utilisent les événements difficiles de
leurs vies comme une chance pour leurs avenirs et des leçons pour servir leurs
destins. Comme le dit dans la citation ci-dessous, l’éminent professeur universitaire
Mahdi Saadi-Elmandjra mondialement connu pour ses travaux auprès des grandes
instances internationales comme l’Unesco, le Club De Rome et les Nations Unies :
chaque événement contient en lui les graines qui nous permettront de réaliser notre
potentiel.
« J’ai eu deux écoles: la prison et la radio-télévision. »
Mahdi Saadi-Elmandjra
Amine Benkirane, promoteur de la plus grande chaîne de distribution de meubles
au Maroc (Kitea) disait à propos de ses études en arabe alors que ses frères et sœurs
bénéficiaient d’une scolarité à la mission française: « C’est une très grande richesse
aujourd’hui et heureusement que je suis passé par ça, ça m’a donné une très grande
force de pouvoir ». « Demain, tu me mets à Khmiss Zmamra, je m’en sortirai. »
Lorsque l’on parle d’une personne en disant que celle-ci est « comme cela ».
Cela explique que celle-ci agit de manière constante au point que ses interlocuteurs
intègrent son comportement comme une donnée de base inaltérable.
Jamal Chaqroun, jeune homme d’affaires approchant la cinquantaine, nous
regarde avec ses yeux bleus perçant de sincérité et de transparence. Il pourrait avoir 35
ans et aurait pu remplacer le fils de l’acteur américain Paul Newman dans n’importe
22
quel film. Ses parents, tous les deux artistes et comédiens, lui ont donné très jeune le
goût à la lecture et à la curiosité pour tout. Par ses lectures et discussions passionnées
avec sa famille, il se fait sa propre opinion sur la vie, sur ce qu’il veut et de quelle
manière il veut y arriver.
La femme de sa vie, Meriem Bensalah Chaqroun, lui présente « un jardinier » qui
continuera de cultiver en lui le sens de l’engagement et de la réussite par le travail :
son beau-père, feu El Hadj Abdelkader Bensalah, un des plus grands industriels du
Maroc. Quelques années plus tard, à la mort de son père, cette « grande dame »
prendra au côté de son frère Mohamed Bensalah, les rênes du groupe familial en
gardant la famille soudée et en respectant les valeurs qui ont été instaurées par son
père. Elle accomplira cette tâche pleine de responsabilités à travers de lourds efforts et
sacrifices personnels ainsi qu’une volonté de réussir inégalée. Pourtant menant à bien
sa mission, elle ne se laissera jamais se complaire dans la médiocrité et l’inaction ou
oublier d’assumer pleinement son rôle d’épouse et de mère de famille. De plus, elle
réussira en 2006 à être classée par le prestigieux magazine américain Forbes comme
l’une des vingt-cinq femmes d’affaires arabes les plus actives.
Jamal démarre sa collaboration à l’âge de vingt quatre ans avec feu El Hadj
Abdelkader, devenant ainsi rapidement son bras droit. Ses journées professionnelles
connaissent un rythme effréné avec plus de quatorze heures de travail par jour. A
travers son travail acharné, Jamal Chaqroun renforce encore plus ses convictions ainsi
que l’attitude à adopter pour réussir en affaires. Pour lui, il est donc nécessaire d’être
à l’écoute des autres, rester humble en toutes circonstances et surtout énormément
travailler.
Jamal Chaqroun est un jeune homme d’affaire talentueux, qui a toujours été
curieux de tout, s’est appliqué à lire et à se documenter pour avoir une idée plus large
de la vie que celle limitée aux métiers qu’il pratique et doté d’un sens de l’écoute
aigu, qu’il a allégrement cultivé avec son beau-père, feu Abdelkader Bensalah, un
des plus grands visionnaires en affaires du Maroc de l’époque de feu le roi Hassan II.
A la mort de son mentor, Jamal quitte le groupe familial pour en laisser
naturellement le commandement aux héritiers, il monte sa propre entreprise GD
Holding en 1995 qui devient en moins de dix ans un des groupes diversifiés les plus
prometteurs du pays.
Jamal a toujours reconnu que son succès était d’abord dû à un travail d’équipe; et
quelle équipe puisque Jamal a été à la tête d’une entreprise de plusieurs milliers de
personnes qu’il a ensuite revendu à une multinationale.
23
Dans son discours et au cours des différentes discussions que nous avons eu avec
lui, le mot «nous» apparaît fréquemment. En tant qu’homme responsable et engagé,
il reconnaît lui-même les effets malheureux de certaines de ses décisions. En réalité,
tout commence par lui, mais rien n’est à propos de lui.
« La volonté fait que chaque personne réussit. »
Jamal Chaqroun
Au fur et à mesure de nos existences, nous développons des réactions à l’égard
de ceux qui nous entourent, nos parents, nos professeurs, nos frères et sœurs, nos
conjoints, nos collègues de travail, etc. Nous devenons, petit à petit, un ensemble de
réflexes conditionnés qui agissent et nourrissent notre volonté.
Imaginez le résultat après que ce processus se soit reproduit plusieurs centaines
de fois pendant notre existence. Bingo!! Nous y allons tout naturellement, parce
que non seulement nous avons appris à le faire, mais nous avons répété ces réactions
encore et encore jusqu’à ce qu’elles soient devenues... une partie de nous.
Mais si nous sommes susceptibles d’être hypnotisés malgré nous parce qu’étant des
êtres humains, nous réagissons comme des êtres humains, c’est-à-dire avec une dose
d’improvisation voire d’imperfection, avec des états d’âmes, des bobos de l’esprit ou
des bobos qui viennent nous saper le moral de temps en temps. Comment dans de
telles conditions pouvons-nous surmonter des réactions que nous serions susceptibles
d’avoir et qui nous éloigneraient de nos objectifs?
La réponse est simple parce qu’elle est contenue dans la question. Nous avons
constaté qu’en fait la réponse dépendait de la question, car le plus important est avant
tout les questions que l’on se pose. Mais de quelles questions s’agit-il?
Quand El Hadj Miloud chaâbi, enfant, s’est fait « attraper » dans le train pour
n’avoir pas payé son ticket, il s’est dit que cela ne devait plus jamais lui arriver. Il aurait
pu en rester là, mais cette réflexion a accentué sa motivation pour ne plus jamais se
faire attraper en se disant : « Comment dois-je mener ma vie pour que ce genre de
mésaventure ne m’arrive plus jamais? ». Sa vie, il l’a bien menée en développant un
conglomérat qui emploie aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers de personnes
au Maroc et en Afrique dans les domaines de l’industrie, de l’immobilier et de la
distribution.
Quand le professeur Harouchi a été estomaqué par l’état de délabrement avancé
du hangar mis à sa disposition pour servir d’hôpital, il ne s’est pas découragé.
Plutôt que de se plaindre d’être confronté à une mission impossible, il s’est plutôt
24
25
Le monde a vécu durant l’année 2008 la pire crise économique jamais connue.
Cela voulait-il dire que tout allait s’écrouler et que le monde entier allait sombrer
dans le chaos? Non!
Tout comme les crises économiques précédentes, le monde s’adapte à une nouvelle
forme de commerce. Les Etats s’unissent pour mettre en place des mesures d’aides
et de régulations. Les entreprises se restructurent douloureusement pour voir
émerger une nouvelle race d’entrepreneurs, de produits, de modes de consommation
qui n’auraient jamais vu le jour autrement. Doit-on blâmer les événements qui
surviennent? Certes, une accalmie en douceur, après l’euphorie des années 2006 et
2007, aurait été préférable à cette explosion de scandales à répétition, à ces faillites
retentissantes et à ces millions de personnes sans ressources. C’est cette capacité
de résistance et de résilience des hommes qui est la plus forte; capacité qui est
développée à travers de bonnes réponses obtenues découlant des bonnes questions
que l’on a pris la peine de se poser.
Les personnes qui réussissent au Maroc n’ont pas besoin de l’accord des autres
pour poursuivre leurs idéaux. Elles ont l’audace de prendre des initiatives en dehors
des pressions sociales. Elles sont plus occupées à faire ce qu’elles aiment plutôt qu’être
aimées par les autres. Ces gens-là ne sont guère hantés par aucune de leurs défaites,
par aucun de leurs échecs et ne cherchent jamais un « bouc émissaire » pour se
consoler de ne pas avoir agi autrement. Lorsque l’objectif est atteint, ils se félicitent
et se congratulent en imputant souvent les délicieuses nouvelles à leurs équipes.
Lorsqu’un échec vient ralentir momentanément leurs parcours, ils en endossent
pleinement la responsabilité.
26
Il nous accueille très chaleureusement dans une petite villa très discrète à Hay Riad
à Rabat. Nous nous installons dans un petit salon. Très vite, nous sommes frappés
par le nombre de livres. Des livres dans un bureau qu’on aperçoit, des livres dans une
bibliothèque à côté, des livres qui commencent à envahir le salon. Bref, des livres,
des livres et encore des livres.
Immédiatement et dès les premières questions, on sent une passion exceptionnelle
qui se dégage de cet homme à la vie et à la carrière internationale époustouflantes.
Pour lui, chaque document, chaque événement et chaque moment de son long
parcours professionnel et personnel sont répertoriés comme témoins de moments
précieux, plein de passions, de joies, de bonheurs, de triomphes et malheureusement
dans certains cas, plein de douleurs et de tragédies.
27
Des listes sont compilées et documentées des différents déplacements depuis son
plus jeune âge en passant par ses voyages dans plus de cent pays dans le monde dans
les différentes fonctions qu’il a occupées, que ce soit en tant que premier directeur
de la Radiodiffusion-Télévision Marocaine, Directeur Adjoint de L’Unesco, Recteur
de l’Université Mohammed V à Rabat, Consultant Spécial de l’ONU ou membre
du très select et prestigieux organisme de prospective « Club De Rome ». De plus,
des albums photos retracent son histoire et son vécu, depuis son enfance dans un
Maroc en quête de son indépendance politique, en passant par les photos de ses
nouveaux petits enfants.
Quand on visite son site Internet, on voit se dérouler une liste qui n’en finit pas
avec toutes ses publications dans les revues spécialisées, ses livres publiés ou la liste
des conférences qu’il a animées. Même les DVD piratés, que l’on retrouve au marché
aux puces (Derb Ghallef ), de certaines de ses conférences attestent de ses présences
excessivement passionnées lorsqu’il prend la parole pour défendre des idéaux et des
principes qui lui sont très chers et pour lesquels, il a toute sa vie combattu, à savoir
le droit au respect et à la dignité humaine pour tout un chacun.
Tout compte dans sa vie et tout nourrit ce désir que le professeur Mahdi Saadi-
Elmandjra a de vivre intensément les choses, avec l’ultime conviction que tout
événement dans la vie est précieux, qu’il a son poids et son importance et qu’il doit
être vécu pleinement, c’est-à-dire vécu avec « Passion ».
Cette passion pour la vie va être très vite et constamment confirmée pour les
descriptions des différentes étapes de la vie du Professeur Mahdi Saadi-Elmandjra.
« Croire en ses idées, croire en soi. La passion, on la nourrit en la laissant
vous nourrir. C’est vrai que quand on va jusqu’au bout avec passion il y a ce
« push » qui vous fait avancer. Les gens voient ce que l’on fait par conviction,
mais je peux vous assurer que ce qu’il faut pour arriver, c’est de sentir le bonheur
du dépassement de soi. Moi quand je ne tremble pas, je ne suis pas à l’aise. »
Mahdi Saadi-Elmandjra
Ce qui est intéressant, c’est que l’on retrouve ce trait de caractère de la passion chez
pratiquement toutes les personnes que l’on a rencontrées. Que ce soit Moulay Hafid
Elalamy qui estime que dans la vie on ne va nulle part sans passion, passion pour
la vie et la réussite qui a été très tôt remarquée par ses professeurs et avec laquelle il
s’est retrouvé dès ses premières années universitaires à enseigner à la même université
où il était étudiant. Ou que ce soit Mme Meriem Bensalah Chaqroun qui est
constamment poussée par une passion qui prend la forme d’une rage de construire,
28
29
avec nous les éléments clés de son parcours très enrichissant à travers une entrevue
époustouflante. On ressort ébloui par l’humilité, l’intégrité et la simplicité de cet
homme.
C’est un grand homme qui a été nourri toute sa vie par la passion des choses bien
faites. Surtout qu’il décrit qu’il avait l’habitude d’« avaler » la façon de faire des
personnes qui l’intéressaient pour qu’il apprenne le maximum.
« C’est dans les Bazars que j’ai forgé mon éducation et même la langue
française je l’ai apprise dans les Bazars. »
Larbi Sekkat
Ayant quitté l’école très jeune pour subvenir aux besoins de sa famille, Larbi
Sekkat est envoyé en Suède par son employeur, le propriétaire d’un bazar où il
travaillait, pour faire du commerce. Arrivé dans ce pays et malgré son jeune âge,
il utilise son aisance pour les langues étrangères et arrive rapidement à monter un
commerce et s’intégrer parfaitement dans ce monde différent et étrange au sien. Plus
tard, il retourne au Maroc pour se lancer dans d’autres aventures qui feront de lui
l’un des pionniers de l’agriculture moderne au Maroc, n’hésitant pas à faire venir
les plus grands experts agronomes pour apprendre les techniques et les méthodes
d’agricultures les plus avancées. Il se lance aussi dans l’aventure du textile, ouvrant
plusieurs unités de production et instaurant un nouveau style de management. Il sera
le premier textilien à mettre de la musique dans ses usines et être fier de s’asseoir à
table dans la cantine avec les ouvriers.
« Atteindre l’objectif est une passion »
Anas Sefrioui
De même que pour Anas Sefrioui, sa passion c’est d’abord atteindre ses objectifs.
Avec une attitude comme celle-ci le travail devient un plaisir et donc les possibilités
d’accomplir sont énormes. On rajoute à cela une superbe capacité de travail qui fait
que pour lui passion et travail sont entremêlés.
Anas Sefrioui est un des plus grands promoteurs immobiliers du Maroc. Sa
réussite, il la doit à l’inspiration de son père, mais aussi et surtout à un désir sans faille
de réussir tout ce qu’il entreprend. Comme il raconte: « Mon tout premier terrain,
je l’ai acheté dans la douleur, celle qui vous prend aux tripes parce que vous êtes peut-
être le seul qui pense que ça va marcher, et que vous y mettez tout ce que vous avez.»
Il savait que l’achat de ce terrain a été pour lui un vrai parcours du combattant, mais
il savait aussi que ce terrain allait lui permettre de faire sa première affaire importante.
30
« J’ai une philosophie que je voudrais laisser à mes enfants qui est celle
d’accomplir. A mon avis, le fait d’accomplir soi-même est plus important, car
même si tu as des pouvoirs à faire accomplir cela par quelqu’un d’autre et ce n’est
pas toi qui le fais, ce n’est pas la même chose. Il me semble que la chose la plus
importante c’est d’arriver à un résultat. Ce n’est pas le travail qui me motive,
c’est le fait d’accomplir. »
Amine Benkirane
On le connaît comme goal et ensuite comme entraîneur de football. On l’a suivi
du Wydad de Casablanca à Majorque en Espagne. On le connaît pour son intégrité,
pour sa discipline, pour son sérieux et pour sa rigueur. On le connaît pour nous avoir
tous fait vibrer lors de la coupe du Monde de Football de Mexico en 1986 en tant
que gardien de but de l’équipe nationale marocaine de football. On le connaît aussi
pour avoir mené l’équipe nationale marocaine de football à la finale de la Coupe
d’Afrique Des Nations en 2004.
Badou Ezzaki, connu sous le nom de Zaki, est avant tout quelqu’un qui sait
exactement ce qu’il fait et où il met les pieds. Né le 2 avril 1959 à Sidi Kacem,
il débute son parcours professionnel dans cette ville, passant brièvement par la
ville de Salé, où il intègre en 1976 le Club de l’AS Salé, avant de venir s’installer
à Casablanca en 1978 pour rejoindre les rangs du prestigieux club casablancais le
Wydad.
Ses prix, ses récompenses et ses distinctions seraient trop longs à énumérer dans ces
pages, citons au passage, entre autres, que le prix du Ballon D’Or Africain en 1986,
Meilleur Joueur Etranger dans la Ligua Espagnole en 1987 et meilleur gardien de
but dans la Ligua Espagnole en 1989, 1990 et 1991. La Confédération Africaine de
Football ira même plus loin dans son éloge sur Zaki, faisant de lui le meilleur gardien
de but africain du 20e siècle.
Reconnu pour ses qualités en tant que personne disciplinée et rigoureuse, il sera
vite sélectionné comme Capitaine de l’équipe de Majorca et Capitaine de l’Equipe
Nationale Marocaine de football.
Pieds sur terre, comme il le dit, il sait qu’il doit commencer par le début: observer,
monter progressivement la barre de son exigence envers lui-même et continuer
toujours à améliorer ses ambitions. Même une fois que sa carrière se développe à
l’international, il continue de garder la tête sur les épaules et de faire des efforts pour
se surpasser. De même que son sens de l’anticipation et la clarté de ses objectifs ont
été sans aucun doute des facteurs déterminants pour sa réussite.
31
« Je me bats jusqu’à la dernière minute pour mes idées, ma conviction, mes
passions ; ne pas lâcher le morceau, c’est-à-dire donner le maximum jusqu’à
la fin, l’engagement, la responsabilité, ça me rattache à tous mes « drivers »,
c’est comme ça. Moi, je me dis que ce qui me pousse c’est la passion, il y a une
vraie passion, donc j’ai ce qu’il me faut, personnellement, matériellement,
mais c’est cette passion qui m’oxygène et qui m’alimente tous les jours. »
Meriem Bensalah Chaqroun
32
« Il y avait un entraîneur qui me disait : si tu t’entraînes très dur, le jour
de l’examen ça sera trois fois moins difficile, si tu ne t’entraînes pas, si tu ne te
donnes pas les moyens à l’entraînement, l’examen sera infranchissable; donc
fais-toi mal à l’entraînement et tu verras le jour du match, le jour de l’examen,
que ce sera juste une simple formalité. »
Abdelatif Benazzi
33
permanent et constant. Pour Benazzi, la réussite c’est d’abord être plus exigeant
envers soi-même que les autres ne le sont envers nous.
« Je faisais plus qu’il ne fallait en m’entraînant tous les jours et ce pendant
deux heures. Ainsi les quatre-vingts minutes de match étaient pour moi comme
un entraînement, c’était facile. »
Abdelatif Benazzi
Pour Benazzi, il faut se donner les moyens pour apprendre même quand on ne
gagne pas; c’est ce qui fait que l’on réussit à long terme. L’impossible n’existe pas
pour lui. Il ne cherche pas la facilité. Il cherche aussi à fréquenter les meilleurs, car
il estime qu’au contact des sages on devient sage, au contact des intelligents, on
devient intelligent, au contact des meilleurs on devient meilleur. Donc pour lui, ce
n’est pas de la prétention ou le fait de copier des autres, mais plutôt d’apprendre et
de s’enrichir de leurs parcours et de leurs expériences.
Ce qui est aussi important pour Benazzi, c’est que le travail et le suivi individuel
sont les bases de toute réussite. Pour lui, chaque personne a son adversaire en elle.
Il ne faut pas s’attarder ou se vanter, mais se dire que l’on sera à la hauteur quelques
soient les événements qui ont lieu. Donc dès le départ il est nécessaire d’aller sur le
terrain. Il ne faut jamais, comme il insiste et le répète, se considérer champion, car à
ce moment-là, on va tout perdre. Pour Benazzi, il faut laisser les autres témoigner de
nos mérites et de nos réalisations. Gagner son propre combat, c’est se conditionner
et ne jamais s’enflammer, tout en acceptant le principe que la réussite passe par un
grand effort et de gros sacrifices personnels.
Tout ce conditionnement mental et ces efforts de travail sur soi-même sont des
ingrédients essentiels de la réussite que l’on a pu observer lors de nos entretiens.
Par exemple, on peut citer le cas de Jamal Chaqroun qui, avant l’âge de 18 ans, a lu
presque 300 livres et continue ses lectures avec une moyenne annuelle d’une centaine
de livres. Pour lui, ses lectures, qui constituent son auto-éducation permanente, lui
permettent de s’oxygéner l’esprit, d’être constamment à l’affût de nouvelles idées,
de nouvelles tendances et surtout de découvrir de nouvelles opportunités. Pour la
petite anecdote, Jamal dort en moyenne entre 4 et 5 heures par jour. Cette capacité
de si peu dormir tout en étant en bonne santé physique lui permet d’aller encore
plus loin dans son éducation et son développement permanent.
« Le conditionnement physique est un des facteurs de résistance. »
Ali Najab
34
De toutes les personnes que nous avons eu le privilège de rencontrer dans le cadre
de nos recherches, deux personnes méritent une mention spéciale pour leur courage
et la difficulté des épreuves qu’elles ont endurées. A travers les entretiens avec eux,
nous en sommes sortis plus grands de les avoir écoutés et plus petits devant des gens
d’un si grand humanisme et courage.
Le premier d’entre eux se nomme Capitaine Ali Najab. Né le 20 Décembre 1943 à
Maghraoua tout près de Bou Iblan au cœur du Moyen Atlas, Ali Najab fit ses études
primaires puis s’envola pour Casablanca où il obtient son diplôme du baccalauréat.
Le métier de pilote de chasse le passionne. Il s’engage dans l’armée de l’air le
premier novembre 1965. Il est tout de suite envoyé aux Etats-Unis pour faire pilote
de transport à Randolph Air Force Base au Texas. Il en sort major de sa promotion
avec Félicitation du Training Air Command.
A son retour au Maroc, le Commandement l’envoie à l’Ecole Militaire de l’Air
française. Il en sort avec un diplôme et le grade de lieutenant. Suite à quoi il est
choisi pour être pilote instructeur à Aulnat en France. Au cours de sa formation ses
instructeurs décèlent en lui des qualités de pilote de chasse et le recommandent pour
faire l’Ecole de Chasse Française à Tours.
De retour au Maroc, il est affecté à la 2ème Base Aérienne des Forces Royales
Air à Meknès où il assume plusieurs responsabilités: Commandant d’Escadrille
Opérationnelle, Commandant d’Escadrille de Reconnaissance Photos et Officier
de Sécurité des Vols Base. Il est aussi désigné par l’Etat Major Général pour assurer
de temps en temps la fonction d’Aide de Camp à l’époque de Son Altesse Royale le
Prince Héritier Sidi Mohammed.
En 1976, le Capitaine Ali Najab est muté au Sahara comme chef de détachement
des avions F-5 et quelques mois plus tard chef des Moyens Opérationnels Base. Il
prend part aux opérations en effectuant plus de 120 missions opérationnelles. Il est
décoré de la médaille de guerre et obtient une lettre de Félicitation de la Part du Chef
d’Etat Major Avancé de la Zone Sud.
Sa carrière va prendre un tournant tragique. Au cours d’une mission aérienne
de reconnaissance en 1978, son avion est abattu par un missile antiaérien. Il sera
emprisonné pendant vingt-cinq ans où il connaîtra avec ses compagnons torture,
humiliation et toutes sortes de traitements inhumains. C’est ainsi qu’il décrit avec
beaucoup d’émotions ses premières heures de captivité :
« Au moment de l’éjection de mon avion, j’ai eu des problèmes de séparation avec
le siège éjectable dont je devais me séparer et en même temps ouvrir le parachute
manuellement. Sitôt arrivé au sol, j’ai marché pendant 35 minutes dans la direction
35
d’une unité amie qui se trouvait non loin de là, à environ 10 kilomètres. A un
moment donné, il y avait des balles qui sifflaient à ma droite et à ma gauche. Je me
suis retourné et j’ai vu trois jeeps arriver sur moi à toute allure. J’ai très vite compris
que c’était le Polisario. Je me demande encore à ce jour pourquoi je n’ai pas levé les
bras. On me posera d’ailleurs la même question plus tard : « Pourquoi tu n’as pas levé
les bras ? On a failli te tuer ». Je leur ai tout simplement dit que c’était parce que je
n’avais pas d’armes. Donc dès que ces trois jeeps sont arrivées, six de leurs soldats ont
sauté sur moi. Alors ce fut l’enfer. Ils ont commencé à me rouer de coups partout.
Puis ils m’ont ficelé pour ainsi dire: les mains attachées derrière le dos et les pieds
aussi et ils m’ont jeté à quatre dans un véhicule Land-Rover et curieusement sur mon
siège d’avion qu’ils ont aussi récupéré. J’ai continué à recevoir des coups et puis je
ne me souviens plus de rien. J’ai repris connaissance le lendemain tard dans l’après-
midi. Je me rappelle très bien du soleil qui se couchait quand ils m’ont capturé,
c’était presque le crépuscule. Ils m’ont alors enlevé les cordes et ont commencé à
m’interroger.»
Cette captivité du capitaine Ali qui a duré un quart de siècle dans les conditions
les plus rudes que même l’imagination ne peut concevoir. Habiter dans un trou
dans le désert, vivre les aléas climatiques d’un endroit difficile et supporter la chaleur
intenable la journée et le froid glacial le soir.
« Vous savez ce que ce sont ces trous. Au départ, on les a creusés pour faire
des briques pour construire des murs. Ces trous étaient soit de forme circulaire
avec des diamètres de 3 ou 4 mètres ou de forme rectangulaire avec 6 mètres
de longueur, 3 de diamètre et 2 mètres de profondeur. Quand c’était de grands
trous c’était pour y mettre 140 à 150 prisonniers entassés les uns sur les autres.
Pour dormir, quand cela était possible, on se couchait sur des morceaux de
carton, lorsque l’on en trouvait, avec deux petites couvertures minces que l’on
utilisait pour faire un peu d’ombre la journée et se couvrir le soir.»
Ali Najab
Malgré toutes ces difficultés et les rudes conditions de sa captivité, ce brave et
courageux capitaine continuait à se conditionner mentalement et surtout, à ne pas
perdre son humanisme. Il savait qu’au milieu de cet enfer, au milieu des difficultés
qu’il rencontrait, il fallait impérativement continuer à s’accrocher, ne pas perdre
espoir et maintenir sa dignité humaine.
36
−− (Najab): Ecoutez. C’est la quantité d’avenir qu’il faut investir dans le présent.
Notre sort est entre les mains de ces gens-là. Ce geste peut le pousser à réfléchir
et peut-être le convaincra à reconsidérer ses opinions sur nous. »
Capitaine Ali savait aussi que le conditionnement mental était un facteur clé pour
la réussite de son défi, à savoir sa survie et la survie de ses camarades. C’est ainsi qu’un
jour il raconte comment un camarade rigolait quand on lui ramenait des lentilles
dans un plat pour dix personnes avec des cuillères ou plutôt des moitiés de cuillères.
C’est alors que Ali Najab se tourne vers lui et lui répond: « Avec l’imagination on
peut tout surmonter. Imaginez qu’en ce moment même au lieu des lentilles, vous
êtes devant un couscous ou un bon tagine. Avec l’imagination vous pouvez tout faire
passer.» Il termine ce récit en mentionnant que tous les camarades ont ri pendant
un moment avant de revenir à la réalité.
37
38
39
40
• Un objectif commence par un rêve et c’est la personne qui dirige son rêve.
• Avoir des objectifs clairs fera que toutes les énergies et tous les efforts sont
focalisés sur la bonne direction, c’est-à-dire vers la réalisation des objectifs.
• Quoi que la personne rêve, pense ou sente elle provoque. (Principe de la Loi
d’Attraction).
Quant à notre réveil le matin, nous décidons de nous laver le visage, il y a de fortes
chances pour que nous allions automatiquement à l’endroit le plus approprié pour
cela, à savoir la salle de bain. Cet acte qui peut paraître banal est d’une importance
cruciale parce qu’il explique la différence entre ceux qui appliquent cette évidence
dans tous les actes de leurs vies et qui arrivent à destination et d’autres qui rêvent de
faire plein de choses mais qui n’y arrivent jamais. Savent-ils seulement traduire leurs
rêves en buts concrets qu’ils ont envie d’atteindre?
Badou Ezzaki donne le ton et toute sa vie sera une succession d’étapes au service
de ce but. Sur ce chemin qu’il s’est tracé lui-même, il va petit à petit le dessiner pour
atteindre son but.
Ce natif de la région de Sidi Kacem, a perdu son père, un passionné de foot, à
l’âge de cinq ans. Pendant leurs parties de foot, son regretté père lui disait sans arrêt:
«Toi, tu seras gardien de but.»
41
Depuis cette période, Zaki s’est définitivement approprié cet objectif et n’a
cessé de le poursuivre depuis. Son père lui a-t-il soufflé son but ? Peut-être. Zaki
avait conscience de son don et de ce qu’il pouvait lui apporter dans sa vie. Un but
tellement puissant qu’il a été surpris dès l’âge de 15 ans de se voir proposer une
carrière au prestigieux club de football casablancais le Wydad.
Les objectifs sont les enfants de nos rêves. Qui ne rêve pas? Eveillés ou endormis,
nous sommes des rêveurs permanents. De ces rêves naissent les idées et les histoires
des plus belles success-story.
Le professeur Mahdi Saadi-Elmandjra explique comment concilier une vision
et l’environnement lorsqu’il déclare: « Etablir une relation entre vous et une autre
personne sans atteindre sa personnalité et en respectant sa vision des choses ».
Il explique ainsi à travers le contexte de l’école que les idées transmises par ses
professeurs étaient toujours prises en considération, mais que sa vision à lui, du
monde et de ses objectifs de vie, étaient encore plus forts. «Je vous assure qu’après
cette école-là, j’ai été admis à la prestigieuse Harvard University aux USA et dans
d’autres grandes écoles. Mais le comble, c’est d’être admis à l’université Harvard et
de ne pas y aller ». Mahdi Saadi-Elmandjra a très bien compris que la clarté de nos
buts nous donne une force immense.
Un des exemples les plus criards de ce qu’un objectif peut donner comme ailes est
certainement celui de Hicham El Guerrouj.
« Il y a une personne qui m’a inspiré comme elle a inspiré des milliers de
Marocains, c’est le champion de course de demi-fond Said Aouita. Comme
je dormais avec mes frères et sœurs, je décorais la chambre avec les photos
d’Aouita.»
Hicham El Guerrouj
C’était en 1988 au moment où Hicham a vu Said Aouita gagner la course du 3000
mètres, que sa vie a basculé de celle d’un simple écolier de la région de Berkane à
celle d’un professionnel de la course de fond.
« Si je ratais le sport, c’était fini pour moi. Tous les jours, c’était un défi.
Aller avec un objectif et rentrer avec un objectif. Mon grand objectif est de ne
jamais rentrer sans médailles. »
Hicham El Guerrouj
42
Sans plan défini et précis les résultats sont dispersés et dilués. Les objectifs
paraissent alors inatteignables en donnant la sensation amère de l’échec. Le moral
est alors au plus bas et la spirale de l’échec dans tout, pointe le bout de son nez
43
en rappelant qu’il « Faut être comme tout le monde », à savoir être à la merci de
n’importe quel événement qui pourrait expliquer le manque de motivation.
« Quand j’ai une idée en tête, je cogite et si je sens qu’elle est bonne, je
me fixe un objectif, et j’y vais. »
Anas Sefrioui
Anas Sefrioui, grand promoteur immobilier du Maroc, se donne rapidement
comme nouvel objectif encore plus ambitieux, celui de permettre à un plus grand
nombre de Marocains d’avoir accès au logement. La suite, la plupart d’entre nous la
connaissent: un parcours exemplaire qui a hissé la société d’Anas Sefrioui, Addoha,
au statut du plus puissant institutionnel de l’immobilier du pays.
Un objectif peut quelquefois paraître égoïste : «Je veux arriver à ceci ou à cela».
Dans cette équation, les autres ont peu de place dans la démarche, mais faut-il avoir
le consentement de tous pour y arriver ? Ou bien, comme cela est souvent le cas, la
précision du but est tellement claire qu’elle accélère sa réalisation parce que celui
qui porte le projet dans sa tête et dans son cœur prend tous les risques au service de
son idée.
Le premier terrain qu’Anas Sefrioui a acheté était situé au quartier El Oulfa
à Casablanca où il avait ramassé tout ce qu’il avait de disponible en ressources
financières. Plusieurs personnes essayaient de l’en dissuader, y compris des membres
de sa famille; alors qu’il y croyait dur comme fer et rien ne pouvait lui faire changer
d’avis, encore moins un autre promoteur qui avait des vues sur le même terrain.
Déterminé et convaincu, tout se mettait en place comme par enchantement.
Ainsi il réalisa alors une magnifique plus-value dans la valorisation de ce terrain. Sa
carrière dans le monde de l’immobilier décolla et commença à prendre la tournure
dont il rêvait.
Aujourd’hui, Anas Sefrioui est devenu au Maroc le numéro un de l’immobilier
et peut être considéré comme l’un des plus grands promoteurs dans le domaine
du logement social. Ses réalisations qui se succèdent de jour en jour ne font que le
confirmer. Lorsqu’il parle de son activité et de ce qu’il a accompli, on ressent bien
que ses objectifs sont ancrés dans sa tête à tout instant et que le scénario de son
développement y est également gravé.
Tout est pensé, réfléchi, minutieusement positionné pour garantir l’intégrité
de sa stratégie, c’est-à-dire vérifier que certaines de ses idées ne sont pas en conflit
avec sa vocation de départ. Rien n’est fait au hasard. Cependant, avoir des idées,
44
les clarifier et les organiser pour qu’elles aient un sens ne suffit pas. Le secret de cet
homme c’est de ne jamais hésiter à exécuter immédiatement une tâche qui peut
être exécutée le jour même ou même au moment où l’idée surgit, après que celle-ci
ait été positionnée dans l’ensemble. Pour Anas Sefrioui, tout doit être orienté vers
l’exécution et les résultats. De plus, il ne se pose plus de questions après avoir pris
une décision. Il trace puis exécute, convaincu que c’est ce qu’il faut faire et persuadé
que Dieu l’accompagne.
Avez-vous déjà entendu parler de la «Loi de l’Attraction». Les physiciens les plus
renommés de ce monde vous diront que cette loi est aussi puissante que la loi de la
gravité qui explique pourquoi une pomme, comme tout autre objet sur terre, tombe
toujours dans le même sens, c’est-à-dire du haut vers le bas.
La Loi de l’Attraction stipule que toute pensée précise et forte provoque chez la
personne un sentiment, une émotion et une sensation tellement puissants que cette
pensée génère des vibrations, autour de la personne, qui attirent les événements
au service de cette pensée. Les pensées précises peuvent donc devenir des choses
concrètes. C’est ce que l’on appelle communément la chance et le résultat de cette
loi est que l’on attire vers nous ce à quoi on pense le plus souvent.
En analysant un peu ce processus et en essayant de comprendre, on remarque que
parfois ce dont on a besoin apparaît dans la vie comme par enchantement, que l’on
tombe dessus comme si on l’avait commandé ou que l’on reçoit un coup de téléphone
au sujet de la chose à laquelle on pensait.
Avez-vous déjà pensé à quelqu’un que vous n’aviez pas vu ou ne connaissiez pas
mais auquel précisément vous y pensiez très fortement? Peut-être avez-vous rencontré
un ou une amie, quelqu’un qui partage votre vie en y pensant très fortement.
Toutes ces expériences prouvent l’existence d’une loi qui attire les choses vers votre
vie. Mais attention, ça n’est pas forcément des bonnes choses, ça peut être aussi des
choses qui, sur le moment, sont désagréables.
Avez-vous par exemple entendu parler de personnes qui se trouvent toujours aux
prises avec de mauvaises relations et qui ne cessent de se plaindre qu’elles attirent
toujours le même genre de personnes? Cette loi se vérifie tout le temps, tout comme
la loi de la gravité.
Cette loi peut être définie de différentes manières. Dans le cas d’Anas Sefrioui
comme dans celui des personnes interviewées dans ce livre, elle s’impose clairement.
Ces personnes attirent dans leur vie toutes les choses auxquelles ils accordent de
l’attention, de l’énergie et de l’intérêt, que ces choses soient positives ou négatives.
45
Ces personnes attirent dans leur vie tout ce sur quoi elles se concentrent. Quand elles
se concentrent sur le positif, elles attirent le positif et lorsqu’elles se concentrent sur
une carence, un manque ou le négatif, c’est exactement ce qu’elles obtiennent. Ces
personnes sont sans cesse en état de création. Elles créent leur réalité chaque jour et à
chaque instant. Elles créent leur future avec chacune de leurs pensées, consciemment
ou inconsciemment. Elles ne peuvent pas arrêter ce processus parce que la création ne
s’arrête jamais. La Loi de l’Attraction fonctionne de façon continue à leur avantage.
Elle fonctionne pour vous, maintenant et encore maintenant et de nouveau
maintenant, etc. Elle est là tout le temps. Comprendre comment cette loi fonctionne
c’est tirer un des principaux enseignements de ce livre. Pour changer sa vie, pour
prendre en charge la création d’un futur extraordinaire, alors il faut bien comprendre
le rôle et la puissance de cette loi: La Loi de l’Attraction.
Laisser la vie nous porter est dangereux. Créer son chemin est un droit et un don
de Dieu. Tout ce qui se ressemble s’attire.
« Les grandes personnes qui ont réussi ne se lamentent jamais sur le passé.
Gagné ou perdu, saute et va de l’avant. »
Ahmed Jamai
Quand il nous reçoit dans son bureau, M. Ahmed Jamai nous surprend rapidement
par sa vivacité d’esprit et la clarté de ses idées. Pourtant peu de choses prédisposaient
cet homme à un brillant parcours professionnel à travers la construction d’un
conglomérat dans les domaines de l’immobilier, de l’industrie textile et de
l’agriculture.
Né en 1949, Ahmed Jamai commence à travailler dans une société de textile dès
l’âge de 11 ans. Le mot clé pour lui était la nécessité d’apprendre, apprendre et
encore apprendre jusqu’à parfaitement maîtriser son domaine. Cette obsession pour
la maîtrise du domaine qui en fait pour lui un ingrédient essentiel pour la réussite.
Ainsi après cinq ans d’apprentissage, il ouvre dès le jeune âge de seize ans sa propre
société de textile.
« Le secret de la réussite c’est de faire les choses que l’on connaît et que l’on
maitrise. Celui qui fait les choses qu’il ne connaît pas est sûr d’échouer. »
Ahmed Jamai
L’autre qualité qui se dégage très rapidement de notre rencontre avec lui, c’est sa
46
47
---------------------------------------------------------------------------------------------------------
« Je suis comme un fer. C’est à force de travailler qu’on arrive. Il faut rester
modeste, toujours modeste et avoir la foi en Dieu…Comme un fer, qui a été mis
au rouge, ensuite il durcit, remis au rouge et ensuite il redurcit. »
Hadj Miloud chaâbi
« La vie offre des chances et des opportunités à saisir. La vie offre une ou deux
opportunités pas plus. Je suis sûr et certain que c’est pour cela que vous voyez
des gens qui réussissent et d’autres non. Il ne faut jamais laisser échapper une
opportunité qui se présente. »
Ahmed Marzouki
49
On raconte l’histoire d’un responsable d’usine qui avait un problème avec une
machine. Il fait appel à un grand spécialiste qui se ballade dans l’usine et observe.
Il observe et observe. Il se dirige directement vers un gros conduit de vapeur sur
lequel il frappe avec un marteau. Tout se met alors à bien fonctionner. Ce spécialiste
envoie ensuite sa facture au responsable d’usine pour un montant de 40.000 Dhs.
Le responsable d’usine le rappelle et lui explique que ce montant est exorbitant vu
qu’il n’a travaillé qu’un court instant et n’a fait que frapper avec un marteau. Le
spécialiste explique alors qu’il a facturé 1 Dh pour le coup de marteau et 39.999
Dhs pour savoir où frapper!
On a observé chez les personnes que l’on a rencontrées dans le cadre de nos
recherches que souvent le public développe une image simpliste de leurs succès
et réussites. On oublie les efforts énormes et les sacrifices insurmontables que ces
personnes ont dû accomplir et qui précèdent leurs triomphes.
Quand Anas Sefrioui fait tout pour ne jamais reporter une action au lendemain.
Quand on sait qu’il travaille 14 heures par jour, on n’est pas surpris des résultats
atteints, surtout quand on sait qu’il couple cette capacité de travail phénoménale
avec l’utilisation de beaucoup de bon sens.
« Il y a le succès interne avec soi-même et le succès tel qu’il est visible à
l’externe. La différence c’est que le succès interne on le vit toute sa vie. »
Mahdi Saadi-Elmandjra
Jamal Chaqroun venait d’intégrer l’entreprise de son beau-père, feu Abdelkader
Bensalah . Il savait qu’il devait travailler dur. Mais dur est un terme subjectif, ce
qui est dur pour une personne peut ne pas l’être pour une autre. Ainsi il raconte
que pour lui des journées de quatorze heures de travail étaient et continuent d’être
monnaie courante.
« La chance et le hasard sont aujourd’hui des notions mesurables. Reste
aussi que pour réussir, il faut du courage. »
Ali Najab
Le moteur pour l’action, la performance et cette capacité à s’adapter, on la trouve
entre autres chez Moulay Hafid Elalamy. Ce natif de Marrakech, qui malgré le fait de
perdre très jeune son père, ne s’accable pas sur son sort. Au contraire, cet événement
fait naître en lui une certaine rage d’entreprendre, d’accomplir et de réussir. Pour
Moulay Hafid Elalamy, perdre un père très jeune, c’est courir derrière un miroir qui
n’est jamais rattrapable. On a envie de plaire à ce père qui nous a tellement émerveillé,
50
pour lequel on a un sentiment très fort et on le fait à l’infini. C’est peut-être un des
éléments moteurs internes d’un individu.
Moulay Hafid Elalamy motive toute sa démarche professionnelle par une volonté
d’être le meilleur, beaucoup de travail, des objectifs précis et une idée claire sur ce
qui doit être fait et comment cela devrait être fait.
Pour lui, une étape n’est pas faite pour y arriver et s’asseoir, mais plutôt pour être
franchie. Une fois l’étape franchie, on doit en redéfinir d’autres. C’est en prenant
des coups que l’on apprend. Il ne faut surtout pas, comme il l’explique, faire comme
ceux qui dès qu’ils arrivent à atteindre leur premier objectif se disent : « Voilà, on
allume nos cigares et on s’installe ! »
« Beaucoup de gens qui réussissent et qui vont entreprendre ont des rituels
en quelque sorte, des programmes à accomplir de façon à ce que, défi ou pas,
problème ou pas, crise ou pas, ils continuent d’avancer à l’opposé des personnes
qui ont des variations d’énergies. »
Mohamed Berrada
On a observé chez nos interlocuteurs leurs étonnements et leurs surprises face aux
gens qui ont tendance à sous-estimer l’effort et le travail nécessaires pour l’atteinte
des objectifs. C’est erroné et naïf de croire que l’on réussit du premier coup, sans
épreuves difficiles et que la chance y ait pour beaucoup. Ce que l’on oublie souvent,
c’est combien d’actions nos interlocuteurs ont entrepris et les efforts et sacrifices
endurés pour s’accrocher dans la réalisation de leurs objectifs.
« Les causes de la réussite sont, en premier lieu, un échec très tôt et une
réussite très tôt. »
Mahdi Saadi-Elmanjdra
Hadj Miloud chaâbi est l’exemple même d’une personne qui a su être en mesure de
surmonter les échecs momentanés et qui a compris que tout chemin vers la réussite
est rempli de moments de reculs temporaires.
El Hadj a bien mal démarré très tôt dans la vie et « c’est peut-être tant mieux »
nous dit-il aujourd’hui. Comme l’a évoqué avec beaucoup de panache le professeur
Saadi-El Mandjra, un des secrets de la réussite consiste à connaître très tôt dans sa
vie un échec et une réussite. El Hadj a vécu cette situation quand déjà tout petit,
son père, berger, lui imposait de surveiller les moutons pour son grand malheur et
malgré ses bons résultats scolaires. Un jour, alors qu’il s’était endormi, un mouton
51
se perdit. N’osant pas affronter son père par peur de se faire réprimander par celui-ci
parce qu’il était sévère en termes d’éducation, il s’enfuit chez de la famille proche à
Sidi Mokhtar, un village situé entre Marrakech et Essaouira.
Quand il est accueilli, il exprime son désir de faire du commerce. Donc il demande
à ses hôtes de l’argent pour se lancer dans le commerce et faire des petites transactions.
« Ils ont commencé à rire et s’exclamèrent que même les adultes ne réussiraient pas
alors que lui n’est encore qu’un gamin !». Il n’arrivait pas à supporter ces paroles.
Puis sa mère s’est rendue compte qu’il ne mangeait pas et l’a interrogé sur la cause:
il lui répond qu’il voulait qu’on lui donne l’opportunité d’essayer.
Ainsi avec une modique somme d’argent que l’on lui a prêtée, il a commencé à
vendre dans les Souks, sauf qu’à chaque lieu ou à chaque transaction, il perdait de
l’argent, et ce, pendant deux années. Mais pour lui ces échecs étaient un moyen de
tester sa foi, son degré de croyance et sa patience. C’est ainsi qu’il raconte comment,
une fois, il a été influencé par des gens et s’est retrouvé à acheter l’équivalent d’un
camion rempli de tomates pour ensuite le transporter à Marrakech pendant le mois
d’août. Subissant les effets de la chaleur, il se met alors à attendre la remontée des
prix suite à leur effondrement. Malheureusement pour lui, tout son stock de tomates
finit par pourrir. A ce moment-là, il se rend compte qu’il n’avait même plus l’argent
pour subvenir à sa faim.
On sent que ces échecs ont forgé et renforcé sa carapace. Chaque fois qu’il allait
dans un travail ou qu’il entreprenait quelque chose dès son jeune âge, c’était échec sur
échec. Il a su ainsi utiliser les échecs comme des leviers pour son succès plus tard. Il a
aussi bien compris que l’apprentissage est un cheminement pour réaliser des choses.
« Fais un choix et plonge dedans. »
Amine Benkirane
Amine Benkirane est né en 1963. Il poursuit ses études secondaires au Lycée
Moulay Driss à Casablanca où il décroche son Baccalauréat en 1981. La même année,
il part au Canada pour entamer son parcours universitaire. De retour au Maroc en
1987, il débute sa carrière professionnelle au sein de la famille en travaillant avec son
beau-père dans le domaine de l’immobilier et de l’hôtellerie, et ce, jusqu’en 1992.
Très tôt et ayant utilisé son bon sens, il prend note du manque d’offres de produits
structurés dans le mobilier et l’équipement de la maison. Il décide alors de se lancer
dans ce domaine en créant sa propre chaîne de grandes surfaces dédiées aux produits
d’ameublement Kitéa en 1992.
52
Ainsi, il réalise très vite que la décision de faire est plus importante que les besoins
du moment. Il raconte qu’au début de sa carrière, chaque fois qu’il visitait les foires et
les expositions d’ameublement à l’étranger, il se conditionnait mentalement. Il nous
évoque son dynamisme à travers ces descriptions: « Je partais toujours avec la même
motivation en me disant qu’il y a quelque chose à l’intérieur qui va me servir. Cela
me motivait à aller chercher, encore chercher et fouiner. Je rentrais avec beaucoup
de produits qui pouvaient servir les consommateurs marocains ». Il prenait la peine
de réfléchir par rapport à ses décisions et observait énormément pour apprendre au
maximum.
Pour lui, on peut avoir la meilleure idée, le meilleur plan ; si aucune mesure n’est
prise, cette idée ou ce plan n’a aucune valeur ou utilité. De plus, il estime que le
travail n’est qu’une résultante : c’est une réflexion par objectifs. Le travail c’est le
travail. C’est le résultat qui représente tout pour lui, comme il l’explique ci-dessous:
« Si je décide de monter au sommet de la montagne, peu importe les moyens et
le chemin nécessaires. L’essentiel c’est d’y arriver. Il y a des personnes qui éprouvent
le plaisir de monter à pied pour croire qu’ils ont fait plus, mais le travail c’est la
force par la distance. Ce qui est important c’est l’accomplissement et la notion que
le travail n’est qu’un moyen. C’est comme prendre un stylo ou un ordinateur pour
écrire, l’important c’est d’écrire. La chose importante à retenir et que je voudrais
souligner, c’est la constante dans la façon de vivre qui doit être développée chez une
personne. Chez l’entrepreneur, ce qui doit être développé c’est la capacité à gérer les
gens, à les motiver, à les comprendre et à anticiper leurs besoins, tout en les guidant
vers la bonne direction.»
« On ne peut pas gagner tous les jours, des fois il faut perdre. On ne peut pas
gagner tout le temps, mais il faut accepter la défaite pour gagner par la suite.
On n’a rien par hasard et moi je ne crois pas au hasard. »
Mohamed Berrada
Quand on demande à Meriem Bensalah Chaqroun quels conseils donnerait-elle
aux jeunes qui démarrent dans leurs vies professionnelles, elle répond qu’il faut se
désinhiber de ses complexes. Elle insiste sur le principe que l’on est dans un monde
où tout est possible. Chaque jour une personne réussit dans n’importe quel domaine
sauf que l’on n’y prête pas toujours attention. Meriem Bensalah insiste aussi sur le
fait qu’un grand nombre de personnes réussissent honnêtement, sur le mérite de
leurs durs labeurs, leurs dynamismes et leurs volontés.
53
On sent une Meriem Bensalah parfaitement congruente avec ses propres idées
quand on sait à quel point les différentes responsabilités lui imposent une exigence
envers elle-même. Ces mêmes responsabilités qui font qu’elle sait qu’elle ne pourra
jamais flancher et qu’elle doit continuer à se battre et à s’accrocher. Malgré tous les
contacts, toutes les connaissances, malgré sa situation, malgré le pouvoir que lui
confère sa position, elle reste solide, elle reste égale à elle-même et elle avance.
« La réussite dans la vie n’est pas un cadeau offert sur un plateau d’argent.
L’adage populaire qui assimile la réussite au croisement de trois choses : le
travail, le talent et la chance, pour ne pas dire le hasard, est aujourd’hui une
idée devenue obsolète. »
Ali Najab
Pour Larbi Sekkat, c’est ce souci de la perfection, de réfléchir en dehors des sentiers
battus, d’aller chercher des solutions, d’aller observer ce que font les autres et d’être
un précurseur dans son domaine, qui le pousse à agir. Pour lui les moyens ne sont
jamais un problème parce qu’il trouve la façon de trouver les moyens. Même avec
un niveau d’éducation très faible, il arrive à apprendre et maîtriser plusieurs langues.
« La chance et le hasard sont aujourd’hui des notions mesurables. Reste
qu’aussi pour réussir, il faut du courage. »
Ali Najab
L’un des grands de l’histoire du football national reste sans aucun doute Badou
Zaki. C’est comme cela qu’il raconte comment il a intégré l’équipe nationale et la
fameuse épopée de la Coupe du Monde de 1986 :
« En fait c’est une question de volonté et à chaque niveau un objectif, c’est-à-dire
que quand j’étais cadet, je voulais être le meilleur et c’est pour cela que je travaillais
dur pour y arriver. Après trois mois passés au club de football du WAC de Casablanca,
l’équipe nationale m’intègre au sein du groupe pour représenter le Maroc alors que
j’étais jeune et qu’il y avait des anciens joueurs avant moi avec plus d’expériences.
Imaginez que durant un match contre le Togo, je me retrouve comme remplaçant
du gardien de but Raad. Le comble c’est qu’à l’époque, je sautais les murs pour
voir ce gardien de but jouer et je recevais des coups de matraques de chez la police
pour cela. Ce n’est pas évident. Donc il y avait quand même chez moi une certaine
timidité, car après ce match contre le Togo, je ne voulais pas regarder Raad ou me
mettre à ses côtés ; je ne voulais guère me retrouver face à face avec lui. Donc pour
continuer, il y avait des étapes pour arriver à l’équipe nationale. Au début, je voulais
54
gagner la récompense du Ballon d’Or. C’était un de mes objectifs. Après 1983, 1984
rien de spécial. Mais en 1986, il y avait les qualifications de la Coupe d’Afrique et de
la Coupe du Monde. Donc je devais travailler dur et dessiner le chemin à parcourir
pour aboutir à mon but. Le secret de la réussite c’est le travail et le dur travail sans
attendre la récompense. Imaginez qu’en 12 matches, je n’encaisse qu’un seul but.
Ainsi j’étais parmi les gens destinés à gagner la récompense du Ballon d’Or, suite à
cela je me retrouve parmi les 8 premiers. Mais j’avais l’objectif de réussir. Donc je me
suis dit que l’occasion se présente, celle de la Coupe d’Afrique, pour me distinguer
avec tous les médias présents. Les autres prétendants au prestigieux Ballon d’Or,
Aziz Bouderbala et Roger Mila, ont levé la barre très haut et tout le monde parlait
de ces deux-là. C’était un peu difficile pour un gardien de but face à deux buteurs
très talentueux. Et voilà que la Coupe du Monde arrive et c’est là où je me surpasse
grâce à mon conditionnement physique et mon habilité. Il fallait que je sois le plus
fort en termes de résultats. C’était une chose formidable et tout le monde parlait
du gardien de but du Maroc. »
« C’est le fait d’avoir une stratégie, une volonté et une confiance en soi que
de réussir. Il faut toujours se dire qu’il y a de l’espoir. »
Badou Ezzaki
Badou Ezzaki a donc très tôt compris quels étaient les éléments qui font la réussite
d’une personne. En plus d’un travail acharné et de beaucoup de discipline, il a
compris qu’il fallait commencer avec ce que l’on a et construire pour obtenir ce que
l’on veut atteindre. Il a aussi réalisé que tant que l’on ne prend pas de décisions et
que l’on ne passe pas à l’action, rien de positif ne peut arriver.
« Moi, au début de ma carrière, j’ai fait des sacrifices. Je sortais de chez moi
à 6H30 du matin pour arriver au complexe Moulay Rachid. Habitant en face
des rails du train, la traversée à pieds se faisait difficilement et nécessitait de
l’habileté. Le trajet vers le complexe sportif nécessitait trois heures de marche
le matin et de même pour le retour. Mon père me donnait 10 Dirhams. Si je
gaspillais un Dirham, je savais alors que j’allais continuer à pieds sachant
qu’il n’y a pas de transport…Il n’y a pas une athlète au monde qui se réveille à
5 heures du matin avec 3 heures de route et sans moyens ! »
Laila El Garaa
Cela se passe au sein d’une famille de la banlieue Ain Atig de Rabat dans une
famille très modeste de six enfants comme il en existe tant d’autres. Mais cette famille
55
a une certaine particularité. Quatre parmi six enfants naissent avec une condition
génétique qui arrête leur croissance physique très tôt. Le plus grand de ces enfants
ne dépasse pas à l’âge adulte la taille de 1 mètre 40.
Malgré ces handicaps, les parents, personnes extrêmement dignes et braves,
toujours avec un sourire aux lèvres, ne laissent pas la fatalité les accabler sur leur sort.
Ces parents font le choix de pousser et d’encourager leurs enfants à s’adonner aux
sports. Car pour des enfants comme eux, survivre dans ce monde n’est pas chose
aisée, où un simple déplacement à l’épicier du coin valait à ces enfants les regards des
uns et les moqueries et les plaisanteries de mauvais goût des autres.
D’abord, il y a Laila, 33 ans, championne du monde et championne olympique
du lancer de poids. Ensuite, il y a Najat, âgée de 27 ans, qui détient le record du
lancer du disque en 2006 et médaillée de bronze aux Jeux Paralympiques de Beijing
en 2008. Il y a aussi Mohamed, la trentaine, classé 3e aux Championnat du Monde
en 2006 dans le lancer de Javelot et Malika, un peu du même âge, aussi championne
du monde dans la même discipline.
C’est surprenant que ce petit espace, de moins de 50 mètres carrés, soit le domicile
qui regroupe une densité record du nombre de champions du monde de la même
famille. Qu’est-ce qui prédispose une famille comme cela à générer autant de
champions mondiaux et olympiques.
Pour la championne aînée, Laila El Garaa, la vie a fait qu’elle est née avec un
handicap physique, mais cela n’a pas suffi à l’arrêter. La vie a fait qu’elle habite dans
un quartier populaire, à trois heures de marche à pied de l’infrastructure sportive
la plus proche et cela non plus n’a pas suffi à l’arrêter. La vie a continué à lui mettre
des obstacles sur son chemin à travers des rails de train placés à côté de son domicile
et cela également n’a pas suffi à l’arrêter. Car malgré son handicap, elle se considère
physiquement capable comme toute autre personne et malgré ses contraintes
environnementales elle se sent mentalement à la hauteur d’y arriver. Convaincue et
résignée, elle refuse de baisser les bras. Malgré toutes ces difficultés, elle parvient à se
hisser sur les plus hautes marches des podiums olympiques et mondiaux. Elle s’était
promise que si elle n’obtenait pas de médailles aux jeux olympiques de Beijing en
2008, elle n’oserait pas retourner au Maroc.
Elle a refusé d’écouter la nature qui lui rappelait constamment qu’elle était une
personne handicapée. Pour se conditionner encore plus et se pousser encore plus
haut, elle s’entraînait avec des gens sans handicap physique. Malgré ses 1m37 de
taille, on avait affaire à une très grande championne qui se bat pour l’honneur de
56
son pays. Devant elle, on ne peut que se sentir tout petit face à un courage et une
détermination aussi exceptionnels.
Quant à Najat sa sœur, son cas est encore plus édifiant. Son médecin croyant
bien faire, lui prescrit la veille de la compétition un médicament pour la relaxer.
Le lendemain, le jour de la compétition, le médicament continuait toujours à faire
effet. Elle n’arrivait même pas à se tenir debout tellement elle était sous l’emprise du
médicament, à tel point que sa concurrente, une tunisienne, lui jette de l’eau glacée
sur le visage pour la réveiller. Najat arrive quand même à décrocher, dans cet état
physique, une médaille de bronze aux jeux olympiques de Beijing en 2008.
57
59
« Une chose est sûre, tous les matins je me dis que je veux être la meilleure,
m’améliorer à tous les niveaux, être moins méchante, moins égoïste et gommer
les petites imperfections. »
Choumicha Chafaï
Choumicha est une «Passionaria» parce que sa passion n’est pas seulement
« la cuisine », c’est aussi et surtout communiquer aux gens « l’amour et l’art de
la cuisine ». C’est de permettre, dans chaque foyer, à chaque femme de développer
ses talents pour le plaisir de toute la famille et pour sublimer encore plus son rôle de
maîtresse de maison pour le bonheur des invités.
Choumicha est née à Sidi Kacem. Très vite après ses études, Choumicha travaille
dans une société de production, se marie et s’installe dans sa nouvelle vie où elle se
donne corps et âme à son travail. La société de production produisait des émissions
sur l’art culinaire. Qu’à cela ne tienne, elle en fera sa spécialité. C’est au côté de M.
Bargach à qui elle voue un immense respect et une grande estime, qu’elle fait ses
premières armes. Son objectif était d’apprendre, apprendre et encore apprendre.
Lorsqu’elle rencontre Hamid Zerouali, réalisateur à la chaîne de télévision
marocaine 2M, sa vie prend un autre tournant. On lui propose en 2000 d’animer, à
elle seule, une émission culinaire. Ce sera le début d’une carrière fulgurante qui fera
d’elle une invité privilégiée dans grand nombre de foyers marocains, maghrébins et
étrangers, à travers sa célèbre émission « Ch’hiwate Choumicha ». S’en suivront un
grand nombre de livres, revues, sites, entrevues et émissions télévisées, que ce soit en
français ou en arabe. Elle ira même jusqu’à avoir son émission dans la célèbre chaîne
française de cuisine « Cuisine.tv. ».
« J’absorbais tout ce qui me passait autour. »
Choumicha Chafaï
Cette passion, elle en a fait une vraie mission de vie. Aujourd’hui, Choumicha
possède son propre studio d’enregistrement sur la route d’El Jadida, dans une maison
dont elle a pensé les moindres recoins et qui est devenue un véritable outil de travail.
Au milieu du studio de tournage, trône une cuisine entièrement équipée où elle
reçoit régulièrement ses téléspectateurs à travers le petit écran. Attenant, un véritable
laboratoire de recherche dans lequel Choumicha, accompagnée d’une équipe qu’elle
a elle-même formé à ses méthodes, elle développe les recettes qui, une fois stabilisées,
seront partagées pour le bien du palais de chacun d’entre nous.
61
62
La cuisine marocaine lui a toujours plu. Elle vient d’une famille traditionnelle
marocaine où elle est élevée par sa grand-mère, une femme à poigne et à la personnalité
très affirmée, qui lui apprend non seulement les rudiments de la cuisine, mais aussi la
notion du travail et le labeur comme tremplin nécessaire pour s’affirmer dans la vie.
Dès le départ, Choumicha s’est donc adaptée à son travail pour se donner toutes
les chances d’exceller dans son métier. Le destin a fortement contribué au reste,
affirme-t-elle. Cette forme d’adaptation de la passion au travail est un des principes
fondamentaux du succès.
Choumicha n’avait pas prévu que la cuisine soit la composante principale de sa
vie, elle se voyait plutôt femme au foyer. Elle s’est adaptée, a eu la curiosité d’écouter
ses maîtres, à avoir toujours l’esprit alerte pour intégrer toute nouvelle information
susceptible de la soutenir pour être encore plus performante dans sa manière à elle
d’expliquer la cuisine.
Ainsi, les hommes et femmes à succès ont d’abord un système de référence interne,
une sorte de boussole, un GPS, qui leur permet d’évaluer à tout moment et sans
ambiguïté si leurs démarches convergent vers les standards qu’ils se sont fixés pour
eux-mêmes et qui ne rentrent pas en conflit avec leurs valeurs intrinsèques. Ils
s’encouragent et se motivent à l’image d’un athlète professionnel comme Hicham El
Gerrouj dont la chute lors du « 1500 m » de la finale des jeux olympiques lui servira
de levier de motivation pour gagner lors des jeux olympiques suivants.
« Ce sont les courses qui font la grandeur de la personne, si j’avais gagné
celle d’Atlanta, ça n’a pas de sens. Si j’arrive à Athènes sans l’historique
d’Atlanta et de Sydney, ça n’a pas de sens non plus. Il fallait un événement et
l’événement c’était la chute. On ne m’a pas poussé, je n’étais juste pas encore
assez expérimenté ! »
Hicham el Guerrouj
Durant quatre ans, c’est le souvenir de cette injustice du sort, de l’« humiliation
de cette défaite, de l’« incompréhension et la colère » qu’il a ressenti lors de la chute.
Cette colère, c’est d’abord à lui-même qu’il l’adresse.
Tous les jours, très jeune, Hicham observe les réactions de sa famille et de ses amis,
non seulement par rapport à ses efforts, mais aussi par rapport à ses progrès et à ses
résultats. Grâce à son « GPS interne», Hicham remet en question ses fréquentations
de quartier qui pourraient, parce qu’elles ne contribuaient pas au développement
de quelque chose de motivant et d’utile, retarder son ascension vers le sommet et la
gloire de l’athlétisme. Repère ultime, et non des moindres, remporter une médaille
63
aux Jeux Olympiques. Sacrément osé pour un adolescent! Plus encore, son repère
n’était pas seulement de gagner une médaille, mais c’était surtout de ne pas rentrer
au Maroc sans deux médailles.
Voilà, le décor d’une réussite annoncée est planté et tous les ingrédients sont là.
Tout cela ne suffit pas à Hicham pour se démarquer, il pratique son autoévaluation
tous les jours, à chacun de ses entraînements, rigoureusement, inlassablement et
presque religieusement.
Tout comme Choumicha, El Guerrouj et les autres, l’être humain a besoin de
repères dans sa vie et tout au long de son évolution. Il ne s’agit pas là d’un seul
objectif de vie, mais de tous les objectifs dans toutes les parties de la vie.
Les sentiments négatifs peuvent aussi être de précieux repères parce qu’ils doivent
nous faire réagir à une situation critique. On se trouve donc dans l’obligation
de réfléchir et de se poser des questions comme : « Pourquoi est-ce que cela
m’arrive-t-il à moi? », « Encore, c’est toujours la même chose ! ».
Nos invités du succès ont eu quelquefois à se poser le style de questions
mentionnées précédemment. Mais ce qui fait la particularité et la force de ces
personnes, c’est un autre type de questions posées : « D’accord, la situation est
comme ceci ou comme cela; mais comment pourrais-je exploiter cet événement
malheureux au service de mon but? Qu’y a-t-il de bon là-dedans? Peut-être devrais-je
mieux m’organiser, être plus présent ou prendre en charge plus en main tel ou tel
autre aspect de ma vie ?
« Je leur disais que pour nous défendre en prison contre l’ennemi, nous
devions rester unis, disciplinés, respecter la hiérarchie dans les rapports entre
nous et surtout avoir un comportement de militaire vis à vis de l’ennemi. »
Ali Najab
Le Capitaine Ali Najab a vécu plus de 25 années de sa vie dans des trous dans les
camps de prisonniers de Tindouf. « Prisonnier de guerre » dans le conflit qui oppose
le Maroc au Polisario, il aurait pu passer toutes ces années à en vouloir à la chance
ou aux autres qui l’ont oublié. En fait, y a-t-il beaucoup de personnes qui peuvent
avoir connu pire drame que cela ?
Pourtant, le Capitaine Ali Najab a très vite fait une évaluation de la situation
dans laquelle il se trouvait au tout début de sa capture. Non content d’être obligé
d’abandonner son avion, un mirage F1, au moment de son éjection qu’il pilotait
mieux que personne, il s’est immédiatement aperçu que son siège éjectable et son
parachute étaient coincés. Sacré début pour une aventure qui devait plus d’un quart
de siècle.
64
Ali s’est-il apitoyé sur son sort? Absolument pas. Après quelques interrogatoires
musclés du Polisario, ce capitaine est jeté dans le « trou » et la première réaction
est de se conditionner mentalement, de se rappeler qu’il est prisonnier et surtout
qu’il ne sait pas pour combien de temps. Il mémorisait ses réponses aux questions de
ses gardes lors des interrogatoires pour éviter de se contredire. Il voyait la situation
telle qu’elle était, ni meilleure, ni pire. Il lui fallait absolument une raison pour
transformer cet enfer extérieur en levier intérieur.
Au lieu de se dire : « ça y est, ma vie prend fin, je dois trouver un moyen de
mourir vite parce que personne ne viendra me chercher! », il s’est plutôt dit qu’il
était le plus gradé des prisonniers et qu’il fallait soutenir les autres pour qu’ils ne
« craquent » pas.
Le capitaine Ali a reprogrammé son « GPS interne » sur une nouvelle destination :
la destination du soutien permanent et quotidien de ses compatriotes co-détenus.
C’est devenu son sacerdoce et sa raison d’être parce qu’il ne se voyait pas vivre sans
« exister ».
« C’est bien de refaire un peu cet exercice, pour voir effectivement, le
point de départ et le point d’arrivée, comme un marathon. Nous sommes des
marathoniens. »
Mohamed Benamour
Évidemment, une des façons les plus intéressantes serait de pratiquer ce que les
anglo-saxons appellent « le feed-back » (ou système de rétrocontrôle) pour évaluer
le chemin parcouru et les retours d’informations sur les expériences vécues.
Quand nos invités s’aperçoivent et constatent que leurs manières d’approcher
leurs buts ne fonctionnent pas, c’est simple, ils changent leurs stratégies. Quand
ils trouvent qu’ils s’éloignent encore plus, ils redéfinissent leurs approches une fois
de plus jusqu’à ce qu’ils réalisent objectivement qu’ils sont sur la bonne direction.
Cet exercice est extraordinairement puissant à partir du moment où le but est
clair, que chaque écueil est une occasion d’évaluer sa position objectivement et en
cas d’avancée significative, de l’évaluer humblement.
Lors de nos différentes conférences auprès des étudiants des plus prestigieuses
écoles de commerce du Maroc, la question nous a été posée de savoir que faire si
au bout d’un certain nombre de fois non définies, le but continue de s’éloigner? La
réponse n’est pas aussi simple car le contexte doit être pris en considération. Mais
nos invités ont tous une caractéristique commune qui nous rapproche de la réponse.
Ils ont cette foi inébranlable qui les anime à chacun des moments de leur vie. Est-ce
un fatalisme aveugle?
65
Certainement pas, comme nous l’avons constaté dans le premier chapitre, chacun
d’eux est responsable de sa vie parce que, s’il est vrai qu’ils n’ont pas totalement le
pouvoir sur le cours des événements; ils ont un pouvoir total et inconditionnel sur
leurs interprétations de ces mêmes événements. Utiliser les faits à leurs avantages et
non contre eux, dépend totalement d’eux-mêmes.
Essayez donc de demander à l’officier Ahmed Marzouki ou au capitaine Ali Najab
s’ils s’apitoyaient sur leurs sorts au plus fort des sévices et de la torture qu’ils ont
subi pendant leurs incarcérations. Vous serez étonnés par la profondeur de leurs
sourires qui vous criera qu’ils comprennent la pertinence de votre question mais que
la réaction d’en vouloir au monde entier dans une situation pareille n’aurait servi
en rien leurs objectifs qui étaient de s’en sortir et d’aider les autres à tenir le coup.
Tenir, pour pouvoir partager leurs histoires avec le plus de personnes possible, pour
que chacun d’entre nous puisse profiter de leurs expériences à son profit.
Beaucoup d’entre nous évoluent dans leurs vies au gré de ce que le destin a choisi
pour eux. Néanmoins, il y a une différence fondamentale entre un être porté par la
vie et un être qui dirige sa vie. C’est là toute la différence entre une personne qui
« réussit » sa vie pleinement et une autre qui « subit » la vie.
A travers les histoires de ceux qui ont réussi au Maroc, on constate que bien que
notre société évolue vers le sens de la modernité, la foi en la capacité de l’être humain
à accomplir des choses merveilleuses est un ingrédient fondamental à la réussite.
Ce pouvoir spirituel puissant qui aide ceux qui s’aident, demeure intemporel et
cette foi reste un pilier de l’épanouissement pour tous ceux qui triomphent. Il est
indispensable de toujours garder en tête, comme cela a été prouvé à maintes reprises à
travers les récits des personnes interviewées dans le livre, que s’adapter à des contextes
et à des situations difficiles, c’est d’abord de ne jamais renoncer.
66
Les accidents de parcours, les malaises, les obstacles de la vie et les échecs sont
autant d’occasions de faire le point sur la situation et de se rappeler la destination
pour chacun d’entre-nous. Faut-il garder le cap et confirmer la route? Probablement.
Faut-il plutôt changer de destination, de but? Pas forcément. La plupart des gens qui
réussissent restent focalisés sur leurs objectifs initiaux, quels que soient les problèmes
qu’ils rencontrent. Atteindre l’objectif n’est pour eux qu’une question de temps.
67
« Le succès est la permission d’aller sur la victoire une fois, deux fois, trois
fois. »
Abdelatif Benazzi
« Il y a une notion essentielle dans la réussite : une réussite ne peut pas se
faire seulement dans la facilité. »
Moulay Hafid Elalamy
69
70
71
autres lui rappellent cela en le charriant de temps en temps sur sa corpulence. Faut-
il penser qu’il faut d’abord maigrir, ensuite courir, dribler et plaquer? Absolument
pas. Benazzi fait de son physique un avantage au service de sa passion: le Rugby.
Il sait qu’il peut devenir quelqu’un qui compte dans cette discipline. Il passe des
moments difficiles, éprouvants, décevants, mais il est convaincu que cela passera et
que les beaux jours reviendront. Les échecs ne sont pour lui que des événements.
Il est conscient qu’à force de travailler sur lui-même pour résister et de persévérer
dans sa discipline, il obtiendra un résultat qui l’emmènera vers une nouvelle étape.
Les échecs ne comptent plus, c’est l’attitude de ce champion face à ses échecs qui
comptera.
Un jour, Abdelatif a insisté pour assister, coûte que coûte, à un match de rugby
entre la France et le Maroc. Il remarque rapidement un joueur petit et trapu qui pour
lui n’avait pas les caractéristiques d’un joueur classique. Ce joueur qui s’appelait
Philippe s’accrochait à chacune des actions du match comme si sa vie en dépendait.
A la fin du match, Abdelatif s’arrange pour rencontrer Philippe pour lui faire part
de son admiration de sa rage de gagner, son jeu dynamique qui consiste à courir,
plonger, s’agripper, éviter, voire pousser les autres pour se frayer sa place avec une
force exceptionnelle. C’est alors que cette personne déclare à Abdelatif que seule la
personne elle-même peut créer sa réussite dans sa propre vie. Cette même personne
rajoute que pour réussir dans la vie, il faut beaucoup de courage, de détermination
et de force, non seulement de son corps mais aussi de son esprit.
Ces mots de Philippe resteront à jamais gravés dans la mémoire de Abdelatif. La
vie pour lui devient comme un match de rugby où un joueur traverse de nombreux
obstacles et partage avec d’autres joueurs ce ballon sacré pour lui faire atteindre le
but à l’autre bout du terrain. Ce but, c’est un succès de plus, une étape de plus dans
l’accomplissement de soi.
Abdelatif accueille avec bonheur ce premier, et sans doute son plus précieux
discours sur le succès, celui d’adopter une attitude de gagnant comme son mentor
Philipe. Le symbole de cette rencontre, c’est une chaussette de Philippe que Benazzi
conserve encore précieusement aujourd’hui. Il est convaincu qu’à présent on peut
devenir ce à quoi on pense le plus souvent. C’est juste une question d’attitude.
C’est une sorte de « climat mental » qui va l’accompagner dès le départ. S’il fait
beau, alors il sera au top. Si en revanche, il crée un nuage au dessus de sa tête, alors
ce nuage va l’accompagner partout, tout le temps, avec des averses et des orages que
cela provoquera en lui. De qui dépend ce choix? De lui et uniquement de lui. De
plus, la patience sera son plus fidèle compagnon de route.
72
73
entre le court, le moyen et le long terme. Chaque période a son importance dans le
schéma global.
Quel que soit le moment vécu, ces personnes à succès ne perdent jamais de vue
leurs ultimes objectifs et les gardent toujours bien ancrés dans leurs têtes. L’utilité
de la stratégie est également d’évaluer quel chemin doivent-ils emprunter.
L’engagement total est nécessaire pour un succès total. Meriem Bensalah,
Abdelatif Benazzi, Hicham El Guerrouj et Hadj Miloud chaâbi ainsi que tous les
autres sans aucune exception, respirent, pratiquent, s’endorment et se réveillent
avec l’engagement total. Cet engagement total consiste en la mobilisation et la
concentration de moyens en se focalisant sur l’objectif escompté avec une implication
totale de la personne. Toute dispersion vers différentes directions ne peut que
dissoudre l’impact de ces actions.
Mobiliser? Oui, ils ne peuvent mobiliser que ce qu’ils ont déjà. La magie est
que toute personne a cet engagement total en elle. Mais alors qu’est-ce qui fait
que ces personnes à succès peuvent mobiliser quasiment et instantanément cet
élément crucial, à savoir l’engagement total ? Cela peut paraître excessif comme
comportement à avoir mais l’engagement total n’est pas un comportement extrême,
c’est tout le contraire, c’est une manière optimale de gérer son énergie. S’il y a un
mot à retenir de cet ouvrage, c’est bien le mot « Energie ».
« Il y a de l’énergie dans chaque être humain. Il suffit tout simplement de
la chercher. »
Ahmed Marzouki
Tout est un et tout est énergie. Les plus grands scientifiques de la planète
s’accordent à dire que nous évoluons dans un champ magnétique et que tout est
constitué d’énergie: notre corps, la table sur laquelle nous vous écrivons ces mots et
la première pierre que vous trouverez sur votre chemin. Tout est énergie.
Les plus éminents chercheurs en physique quantique sont aujourd’hui arrivés à
la conclusion que notre terre, notre système solaire et tous les astres que l’homme a
pu découvrir par sa curiosité maladive et saine en même temps ne sont qu’énergie.
La pensée elle-même est une énergie.
Nous avons constaté que chacun de nos interlocuteurs a une capacité à se mobiliser
au profit de son succès. Ces hommes et ces femmes ont une énergie, une flamme
qui les anime au service de leurs buts. C’est comme si ces personnes-là avaient un
tunnel dans lequel tous leurs efforts et énergies sont canalisés pour leur permettre
d’atteindre leurs objectifs.
74
Est-ce que cette énergie est physique, mentale ou spirituelle? En fait, elle prend les
trois formes à la fois. Tout en simplifiant ces concepts pour mieux les comprendre,
l’énergie physique est très présente et primordiale chez les sportifs, car c’est une
énergie qui est liée au mouvement et à l’effort physique. Cela ne veut pas dire que l’on
va demander à Anas Sefrioui de courir 1500 mètres entre les étages du siège de son
groupe en quelques minutes, tout comme on ne demandera pas à Aicha Echenna de
« tacler à la rugbymen » tous les hommes qui ont abandonné ces mères célibataires
à leurs sorts.
Sur un autre registre, elle se traduit la plupart du temps par une hygiène de vie qui
pousse par exemple Miloud chaâbi à se rendre tous les matins à partir de 6h sur le
parcours de golf de Dar Essalam pour accomplir religieusement ses 18 trous, et ce,
quel que soit le temps qu’il fait. Cette énergie physique est également le résultat de la
relation directe entre la passion, la vision et les actions de chacun de nos interviewés.
Moulay Hafid Elalamy est fortement conscient que son physique joue à son
avantage. Elancé, svelte, à la démarche élégante, il est à son bureau dès 7h30 du matin
et jongle entre les dossiers de la veille sur lesquels des décisions doivent être prises,
les parapheurs à signer, les nouvelles stratégies ou tactiques envisagées, ainsi que les
nombreuses réunions avec ses tops managers pour se tenir informé des évolutions
des différents indicateurs financiers de son conglomérat Saham. La journée se
poursuit ensuite par des rendez-vous et des réunions dans le cadre d’autres fonctions
caritatives et à but associatif qui ont un impact global sur le pays en général.
Cette énergie physique qu’on peut assimiler à celle d’un marathonien est la même
que celle qui anime Meriem Bensalah qui, du matin jusqu’à tard le soir, se partage
entre l’éducation de ses enfants dont elle en fait une priorité, sa responsabilité
au sein du groupe Holmarcom dont elle est un des principaux piliers avec son
frère Mohamed, une vie de couple harmonieuse avec Jamal Chaqroun, son mari et
« coach », et ses multiples engagements caritatifs.
Le deuxième type d’énergie est l’énergie mentale, elle se trouve au confluent entre
l’énergie physique et l’énergie spirituelle. Cette énergie est le lien direct entre la
pensée et les émotions. Elle développe la motivation et par conséquent l’engagement
total. Comme cela a été constaté précédemment, les femmes et les hommes à succès
commencent par construire leurs rêves dans leurs imaginations. Ils reproduisent
ensuite mentalement les différentes étapes de ce rêve dans leurs têtes avant de passer à
l’exécution. Cette forme de répétition de la pièce de théâtre de leurs vies est une étape
clé dans le contrôle de leur engagement. L’évolution progressive vers l’obtention
de leurs résultats sur des périodes allant de quelques jours à quelques années, est la
conséquence d’un processus mental au quotidien.
75
« Tous les jours, mes objectifs sont dans mon subconscient, orientés vers un
point où je focalise et je concentre mes énergies. »
Moulay Hafid Elalamy
Il existe plusieurs accélérateurs de cette énergie mentale: la clarté et la cohérence
des objectifs en sont un. Moulay Hafid l’a bien exprimé. Pour nos invités, la peur
est saine parce qu’elle permet de réfléchir et d’agir plus vite. On se trouve dans un
processus où des événements inattendus ou des échecs nous obligent à marquer
une pause, à analyser la situation et à se remettre en question pour transformer une
expérience négative en leçon. Ce processus permet donc de prendre chaque situation
et de l’utiliser à son avantage.
La nécessité de développer l’énergie mentale n’a jamais été aussi bien exprimée
que par Anas Sefrioui. Pour lui, ce qui alimente cette énergie c’est le « bon sens ».
Il a réussi à se construire un mental d’acier en toutes circonstances, en s’inspirant
de ce que son père lui avait appris. Ce « bon sens » consiste, selon Anas Sefrioui,
à ne pas s’embarrasser du superflu, à aller directement à l’essentiel et à développer
fortement son sens de l’observation et de l’écoute. D’ailleurs, ce sens de l’observation
va l’amener à découvrir un slogan, lors de l’un de ses nombreux voyages en Europe,
qui fera le succès fulgurant de son groupe Addoha : « Achetez un appartement au
prix du loyer ». Voila comment, en s’alimentant des idées qui servent un objectif,
on donne un coup d’accélérateur à son mental qui devient alors une fantastique
source d’inspiration.
La dernière énergie est l’énergie suprême c’est-à-dire l’énergie spirituelle, elle
englobe toutes les autres. Elle donne la force physique nécessaire à l’accomplissement
de tout objectif, elle confère un mental d’acier et donne la rage de gagner. Enfin, elle
donne cette plénitude pour se sentir utile, donc « vivant ».
Adil Douiri, doté d’une intelligence aussi impressionnante que sa compétence,
ce qui ne va pas toujours de pair pour d’autres personnes, a démontré que le succès
est une destination qu’on atteint à force de persévérer.
Qu’est-ce qui le pousse à courir et à accomplir encore plus? Sont-ce les défis
multiples dans des différents domaines? Sont-ce les études universitaires qu’il a
réussies brillamment? Est-ce la carrière de financier dans les entreprises les plus
prestigieuses du monde? Est-ce l’entreprenariat où il crée la première banque
d’affaires à un moment décisif de l’histoire économique du Maroc? Est-ce le service
pour sa patrie à travers une révolution des mentalités qu’il a installée au Ministère
du Tourisme en tant que ministre ?
76
Ce qui le pousse à courir, c’est que depuis son jeune âge, son père, grand politicien
de la première heure, lui a inculqué la notion de « standards très élevés » au service
d’une mission dont on en fait un sacerdoce ; c’est-à-dire que tout devient une cause
dont l’aboutissement est la paix de l’esprit.
Cette énergie spirituelle ressort régulièrement dans son discours, comme celle
d’un missionnaire qui serait envoyé sur terre pour accomplir sa mission avant de
repartir comme tout le monde. Adil n’envisage pas l’échec, il se doit d’être bon, la
notion de standard est une constante pour lui. Il doit réussir dans ce qu’il entreprend,
c’est une obligation personnelle qu’il se fixe sans arrêt.
« Quand il fallait travailler, mon effort était absolu. C’était la guerre! »
Adil Douiri
Pour Anas, tout comme pour Adil et les autres, on ne peut réussir sans acharnement
au travail. L’échec, s’il existe, devient une raison supplémentaire de travailler encore
plus fort, de persévérer et de ne jamais abandonner.
S’accrocher, s’accrocher, et encore s’accrocher, quel que soit le domaine, quelle que
soit la fonction, quelle que soit la responsabilité, il n’y a pas d’autre comportement,
pas d’autres alternatives. Aucun de nos invités ne parie uniquement sur la chance
pour atteindre ses objectifs.
Pour beaucoup d’entres eux, si Dieu est là pour guider, le travail est le principal
carburant de la réussite. Ils sont tous conscients à travers cet adage populaire que le
seul lieu où la réussite arrive avant le travail...c’est dans le dictionnaire !
« Lorsque je rentre du bureau avant 22 heures, ma femme pense que je suis
malade. »
Anas Sefrioui
Ces personnes que nous avons interviewées, font toutes preuve d’un engagement
hors pair envers leurs missions, quelles qu’elles soient. Mais à leur milieu, un sahraoui
au parcours atypique ressort du lot.
Il se retrouve à l’âge de 27 ans, présentant un discours devant les sommités du
monde. Il débat alors avec aisance sur la position du Maroc face aux problèmes du
Sahara et impose ses idées avec certitude et conviction. Ce jeune sahraoui, connu
aujourd’hui sous le nom de « Cheikh Maa El Ainine Mohamed Taquioullah » nous
relate son parcours avec humilité et gratitude.
77
78
Le second point, est la conviction. Toute réussite doit être renforcée par la
conviction du fait que c’est un élément important dans la construction de l’identité
de chaque individu. Cette conviction doit être accompagnée de relations fortes
d’amitié et d’engagement, parce que si la personne n’a pas un engagement sincère
envers l’autre, en aucun cas elle ne recevra pareil.
Le troisième élément est la spécialisation. Un jeune qui n’a pas d’expériences ne
peut pas se lancer dans plusieurs choses en même temps. Il ne faut jamais avoir peur
de l’avenir. Agir d’abord, ensuite rectifier s’il y a nécessité, et tout faire avec passion.
« Je suis une personne qui n’a pas peur. Cette notion n’est pas présente dans
ma tête. Je n’ai pas peur de mourir, ni de l’échec, car cela est en étroite relation
avec ma foi en Dieu. Moi je ne suis pas fataliste, ma vie repose sur la foi de
Dieu. »
Cheikh Maa El Ainine Mohamed Taquioullah
79
« Le sport a changé mes habitudes et m’a appris beaucoup de choses. Le sport
peut servir les jeunes et leur ouvrir des portes. On trouve dans le sport les valeurs
du dépassement de soi, du respect de l’adversaire et du partage. Bien que l’on
puisse trouver ces valeurs ailleurs, dans le sport on les retrouve différemment. »
Hicham El Guerrouj
« Ce sont les valeurs qui nous poussent à montrer le meilleur de nous-mêmes.
L’effort fourni est une valeur que l’on retrouve dans la religion, en particulier
dans l’Islam mais aussi dans le protestantisme.»
Adil Douiri
Adil Douiri est un bon exemple représentatif d’une qualité de notre vie compatible
avec la qualité de ses standards. Le système de valeurs devient alors la référence
absolue. Les repères de ces précieuses valeurs, il les retrouvera dans tout ce qui
constitue pour lui un point qui peut servir son objectif d’excellence.
Pour Adil Douiri, le travail, l’effort et le sérieux sont des valeurs qui, certaines,
sont toutes questions de perception et de réglage dans la sobriété. Il y a du réglage
dans le culte du travail, la récompense du travail. Le fait de réussir nécessite la mise
en place de système qui récompense le mérite. Adil Douiri est convaincu que le plus
81
important à atteindre pour l’être humain c’est l’harmonie, c’est la paix avec soi-même,
c’est avoir la satisfaction, le sentiment d’être en paix avec ses valeurs et d’avoir suivi
le chemin qui n’est pas en contradiction ou en décalage avec les principes et règles
auxquelles on tient.
« Le succès et la réussite, c’est être en paix avec soi-même. Ce n’est pas
quantitatif. Cela ne se mesure pas à l’actif de la personne ou à l’accumulation
du patrimoine. Cela ne se mesure pas à la reconnaissance par ses terres ou au
prestige, ou à la reconnaissance dans une société dans un milieu donné. »
Adil Douiri
Il est clair que parmi toutes les personnes que nous avons eu le plaisir de rencontrer,
une se distingue particulièrement du lot par son combat pour défendre ses valeurs,
ses principes et par son incroyable dévotion pour le bien des autres. Au moment
de notre entrevue avec elle, nous avions en face de nous une personne avec plus
de 50 actions caritatives à son actif. Aicha Ech-Chenna demeure, par son labeur
infatigable en faveur des déshérités au Maroc, un symbole du travail social et une
icône incontournable pour toute femme délaissée.
Dès ses premières années de jeunesse, elle se donne comme vocation le caritatif.
Née en 1941 à Casablanca, son père décède très tôt dans sa vie laissant sa mère veuve
à l’âge de 20 ans. Le nouvel époux de sa mère en 1948, un notable de la ville de
Marrakech, s’avère au début être d’un grand support dans sa vie. En 1953, à l’âge de
12 ans, Aicha est contrainte d’arrêter ses études à cause des événements politiques
au Maroc.
Aicha Ech-Chenna est vite consciente du sacrifice que d’autres personnes ont fait
pour elle. En premier lieu sa mère qui met fin à sa relation de couple pour permettre
à sa fille de poursuivre ses études suite au désaccord avec son mari qui refusait qu’elle
poursuive sa scolarité au-delà de ses 12 ans. Ensuite son chef de service Dr Omar
Belkziz qui lui offre en 1966 la possibilité de faire le pèlerinage à la Mecque.
Dans le cadre professionnel, Aicha occupe pendant dix-huit ans le poste
d’animatrice d’Education Sanitaire et Sociale à la Préfecture Médicale de
Casablanca, après avoir obtenu son diplôme d’infirmière en 1960. En 1985, elle
fonde l’association Solidarité Féminine, ce qui lui vaut de recevoir en 1995 le prix
des droits de l’Homme en France. L’année suivante, elle publie son livre Miséria, un
livre émouvant qui raconte une vingtaine d’histoires de victimes, petites bonnes et
enfants abandonnés. Une autre publication verra le jour en 2005, « Grossesses de
la Honte » qui obtiendra les prix « Elizabeth Norgall », « Aicha des Gazelles »
et « Solidarité ».
82
83
aux autres. Avec la mission d’aider son pays et le support moral de sa femme, il se
jette littéralement dans ce défi.
Il raconte comment il a commencé avec un « hangar », bâtiment vide, dans un
état désolant qui devait servir d’hôpital. Il a commencé à nettoyer lui-même avec de
l’eau de javel. Il se retrouve à demander à l’hôpital de Paris de lui envoyer des sachets
en plastique et des matériaux pour équiper. Il s’était donné comme vocation de faire
de son service hospitalier un lieu pour les plus démunis mais avec toutes les qualités
de service des standards internationaux. Sa vocation l’obligeait à prendre soin des
enfants en situation critique qui nécessitaient des traitements. C’est comme cela
qu’il a été le premier à démontrer dans le domaine médical au Maroc qu’à partir de
rien on peut inventer quelque chose par la solidarité.
« Le respect des autres vient de l’éducation. Nous arrivons tous d’horizons
plus ou moins différents dans un pays où nous avons tant de richesses. C’est
cette diversité - arabes, berbères et juifs - qui crée cette richesse. Je crois que dans
une société comme la nôtre, dans un mode sociétal dans lequel on vit, cette
forme de respect pour la plupart est très importante. »
Meriem Bensalah Chaqroun
Avoir un système de valeurs est une chose essentielle comme l’indique Benazzi
quand il fait référence au Rugby avec ses valeurs de partages et de communion. Pour
lui, il faut passer le message d’intégrité, de travail, de force et de volonté, car à un
moment donné on peut douter de soi-même. Mais le secret c’est de surpasser ses
propres sentiments et émotions.
« On a grandi dans une ambiance assez particulière où la hiérarchie sociale
n’avait pas de valeurs. Par contre, la valeur des gens était fondamentale. »
Moulay Hafid Elalamy
C’est donc important d’être toujours en cohérence avec ses valeurs et ses principes,
car comme on a pu le voir, ne pas prendre la peine d’identifier ses valeurs et ses
principes, risque de mener une personne qui a beaucoup accompli et qui a surmonté
un grand nombre d’obstacles à réaliser qu’elle est arrivée en haut d’un sommet mais
qu’elle s’est trompée de sommet.
On ne peut terminer ce chapitre sur les valeurs sans se souvenir de cette très
poignante déclaration du capitaine Ali Najab :
84
« En un mot, avoir du courage même s’il faut le réinventer. Il ne faut pas que
les jeunes acceptent que les valeurs soient soumises à la fluctuation. Il ne faut pas
que la valeur « esprit » soit comme la valeur « or » ou « prix » soumise à la
fluctuation de l’offre et de la demande de la bourse. Bien sûr que nous devons
nous adapter à la mondialisation mais on ne doit pas oublier l’essentiel qui a
fait du Maroc un pays ancestral, qui a résisté à toutes les intempéries durant
des siècles et des siècles. Beaucoup de pays dans la région ont été colonisés sauf le
Maroc. Le Maroc est un grand pays. Il lui faut de Grands Hommes porteurs de
valeurs: l’amour de la patrie, l’esprit de solidarité sociale, l’amour du travail
bien fait, l’esprit de participation, l’esprit d’entreprise, l’espoir en l’avenir, et
surtout agir avec un esprit citoyen. Pour finir il faut que les jeunes réalisent
qu’ils ont une dette envers ceux qui ont donné quelque chose pour ce pays. »
Ali Najab
Comme le dit l’histoire que l’on raconte aux enfants, du petit poucet qui, pour
retrouver son chemin en se dirigeant vers la forêt a semé des petit pois qui lui ont
permis de revenir sur ses pas. Ainsi lorsque la situation le demande, tout comme
le petit poucet, les géants du succès savent que pour retrouver leurs routes, il faut
revenir aux choses fondamentales de la vie de chacun : c’est-à-dire nos valeurs.
« Le succès n’est pas un état de nature, c’est un état de culture ».
Abdelali Benamour
Les valeurs sont subjectives et varient selon les différentes cultures. Elles sont
« matérialisées » par des normes. Les valeurs représentent des manières d’être
et d’agir qu’une personne reconnaît comme idéales lui permettant d’orienter ses
actions dans une société, en fixant des buts pour les atteindre. Ainsi, la famille, les
traditions, le travail, l’égalité, la fraternité, la liberté, la morale, l’éthique, la fidélité,
le respect, la justice, la force, la joie, l’argent, le pouvoir, l’amour, la persévérance, la
détermination, l’entraide, le partage, l’écoute, la communication, l’engagement, la
confiance, l’intégrité, la loyauté, le courage, l’honnêteté, l’équité, la responsabilité
constituent des exemples qui donnent aux individus les moyens de juger leurs actes
et de se construire une éthique personnelle.
Pour M. Abdelali Benamour, on ne peut réaliser ses objectifs sans avoir pris la peine
d’identifier son système de valeurs. Né le 10 septembre 1941, M. Benamour poursuit
des études de Doctorat d’Etat en Sciences Economique (Paris Sorbonne 1968) après
une licence en 1964 dans la même discipline. Se dotant d’une bonne vision et d’un
système clair de valeurs, M. Benamour s’engage dans la voie de l’éducation très tôt en
85
86
« Moi, je ne suis pas un extrémiste, mais au moins, il faut compter sur Dieu,
car il ne faut pas, il ne faut pas, il ne faut pas et j’insiste trois fois sur cela, faire
quoi que ce soit si Dieu ne veut pas.... Pour réussir, il faut avoir la rage, la rage
de gagner et la foi pour réussir. »
El Hadj Miloud Chaabi
87
Mohamed Benamour est un diamant brut taillé par une éducation exemplaire
érigée comme priorité absolue.
« A propos de l’éducation, nous l’avons toujours répété et dit : Avec peu
d’instruction, mais beaucoup d’éducation, tu seras le citoyen du monde.»
Mohamed Benamour
Dès son plus jeune âge, Mohamed Benamour baigne dans une double culture: celle
de ses grands-parents, grands Oulémas de notre pays, et celle de son père, brillant
homme d’affaires dans le textile et l’immobilier. Mais il y a pour lui un socle dont il
est convaincu, c’est celui d’être guidé dans chacun de ses actes par la puissance divine.
Très jeune, il accompagnait régulièrement son grand-père à la mosquée. Il pratique
l’Islam dans sa philosophie la plus modérée et probablement la plus profonde. Le
don de soi est chez Monsieur Benamour une seconde nature, un comportement
incontournable et indiscutable. « Dieu merci » est son expression favorite et comme
un réflexe permanent, elle ponctue ses explications et ses réponses.
« C’est la spiritualité qui m’a animé. Je n’étais pas un pratiquant ou
un endoctriné religieux, mais j’étais quelqu’un dont la religion est plus faite
de respect et de tolérance.»
Mohamed Benamour
La religion est le socle, la base, le point de référence des hommes et femmes à
succès que nous avons eu le plaisir de rencontrer. Non pas celle de l’intolérance à des
dogmes qu’on pourrait qualifier d’extrémistes, mais celle du respect du choix de vie
des autres et de leurs opinions politiques ou idéologiques. Lors de chacune de leurs
interventions, la référence à la religion est là, immuable, incontournable, comme un
fil conducteur auquel chacun s’accroche pour avancer, sans pour autant qu’ils soient
aliénés ou que cela ne les exonère de prendre leurs destinées en main.
Dans cet esprit, Mohamed Benamour utilise à bon escient le fatalisme, qui permet,
comme nous l’avons déjà remarqué, d’atténuer les douleurs et les souffrances, mais
aussi et surtout, de planifier sa route vers le succès.
Mohamed Benamour sait qu’il est responsable de sa vie et qu’il la construit lui-
même sa réussite. Son père était toujours prompt à lui donner de précieux conseils
en lui inculquant très jeune cette notion de responsabilité.
88
« Mon père m’a inculqué l’esprit de tolérance. C’est l’ouverture, c’est l’esprit
de curiosité et aussi la volonté d’aller toujours de l’avant. »
Mohamed Benamour
La fatalité est un atout qui peut être dangereux quand il constitue la principale
raison de l’échec d’une personne. Des déclarations de type « je n’ai pas réussi mes
examens...c’était écrit ! » ou « j’ai perdu ce marché car c’est le destin », « je n’y
arriverais jamais...c’est écrit ». Autant de grenades que nous nous lançons à nous-
mêmes, ce qui bloque toute initiative personnelle parce que nous mettons tout sur
le dos du fatalisme.
Fort heureusement, Mohamed Benamour utilise les précieux conseils de son père
et ne se départit jamais de ses principes qui l’ont tant soutenus dans les périodes
difficiles de sa vie. Au moment où tout s’écroule autour de lui et où son salut, il le
trouve dans une foi en Dieu inébranlable et accrochée à un sens des responsabilités
sur ses propres actions, mais aussi sur son inaction.
« Mon père me disait qu’il valait mieux être un homme révolté qu’un
homme résigné, qu’il ne faut jamais admettre la fatalité, qu’il faut toujours se
battre et aller de l’avant en essayant de trouver des solutions d’adaptation à
toute nouvelle situation. »
Mohamed Benamour
Les femmes et les hommes à succès que nous avons étudiés ont en commun cet
extraordinaire « fatalisme réaliste », qui leur permet à la fois de surmonter une
douleur et d’assumer l’entière responsabilité de leurs actions. Ces personnes-là
voient chacune des situations comme elles sont, sans exagérer les problèmes ou les
diminuer non plus.
Chacun d’entre nous a une destinée. Nous ne pouvons pas, simplement par
nos actions, changer les données de notre vie. Ce que nous pouvons faire, c’est de
toujours donner le meilleur de nous-mêmes, pour atteindre les objectifs que nous
nous sommes fixés. Les hommes qui connaissent le succès l’ont fait depuis des temps
immémoriaux.
Si on ne peut pas échapper à un événement, on peut toujours exploiter cet
événement à notre profit. Mohamed Benamour et tous les autres pensent que tout
se passe pour une raison et acceptent l’événement en tant que tel, c’est-à-dire qu’ils
sont conscients que cet événement va, d’une manière ou d’une autre, à un moment
ou à un autre, servir leurs intérêts.
89
90
contribuer à améliorer nos vies. Les vies des femmes comme Meriem, Choumicha,
Aicha Ech-Chenna, les sœurs El Garaa, Laila Marrakchi et bien d’autres encore,
montrent que si une personne a une volonté et une détermination, qu’elle croit
dur comme fer que même si le chemin de la réussite est pavé d’obstacles, son esprit
optimiste et constructif lui fera vivre de belles aventures pendant son voyage vers
ses objectifs. Ceci est un bel exemple pour toutes les femmes du Maroc qui veulent,
malgré le poids d’une société où la réussite est traditionnellement le monopole des
hommes, réaliser quelque chose d’extraordinaire dans leur vie.
Toutes les femmes du Maroc sont capables, par leur travail sans relâche, leur ténacité
et la confiance qu’elles ont en elles-mêmes, de se réaliser, tant professionnellement
que personnellement. De leur vie, nous pouvons percevoir à quel point chacune
d’entre elles peut parvenir à quelque chose d’important pour notre société, tant par
son accomplissement, que par l’exemple qu’elles inspirent aux autres femmes.
Les femmes sont dans toute religion le pilier de la famille. La réussite en dehors de
la maison et de la famille n’a jamais été une priorité, jusqu’à ce que de plus en plus,
elles revendiquent, à juste titre, leurs droits à la réussite aux yeux de tous. Beaucoup
de femmes hésitent encore à sortir de leurs maisons et à affronter le monde pour
réaliser quelque chose pour elles-mêmes.
Aicha Ech-Chenna, Meriem Bensalah , Choumicha, les soeurs El Garaa et
Laila Marrakchi ne sont pas différentes des autres femmes. Elles ont simplement
décidé de sortir du moule qui les fige dans un rôle, celui de maîtresse de maison ou
d’épouse, pour se fondre dans celui d’une femme capable d’évoluer dans la société
dans toutes ses dimensions. Elles n’ont jamais senti de réticence à rentrer dans des
environnements exclusivement masculins, parce que dans leurs têtes, la différence de
sexe, ne justifie pas la différence de chances de réussite et de compétences.
Toujours dans le registre exclusivement féminin, chaque fois que l’occasion de
servir leurs objectifs s’est présentée, y compris dans leurs échecs, les femmes ont su
saisir, utiliser et exploiter les événements et circonstances.
Les opportunités sont partout, à tous les instants, elles peuvent se manifester.
Quelle est donc la différence entre ceux qui disent qu’ils en ont et ceux qui estiment
qu’ils ont « la poisse »? On peut dire que la persistance et la persévérance sont au
service de leurs objectifs. Ces femmes ont adopté la bonne attitude en saisissant
chaque opportunité que la vie leur a donnée et chaque occasion qu’elles ont pu
percevoir.
Les femmes représentent plus de 50% de la population. Si seulement 10% de ces
femmes décidaient d’entreprendre un rêve, qu’elles ont toujours eu sans pouvoir le
91
92
Ça n’est pas, encore une fois, d’un optimisme aveugle qu’il s’agit, mais bien de
la faculté qu’a El Hadj Miloud de croire très fort dans ses idées et ses actions et en
même temps, de s’en remettre au destin que Dieu aura décidé pour lui.
Dieu est une donnée de plus en plus centrale dans la vie d’El Hadj Miloud.
Aujourd’hui, « au Nom du Tout Puissant », la plupart de ses opérations dans les
affaires respectent les principes de la religion musulmane. Ses hypermarchés ne
vendent pas d’alcool et les hôtels qu’il gère n’en servent pas non plus. Il consent
directement des prêts, sans intérêt, à ses clients du logement social, etc.
El Hadj a gardé depuis son plus jeune âge, un attachement viscéral au destin et
à la volonté divine qu’il rappelle chaque fois qu’il en a l’occasion. Hadj Miloud a
toujours su qu’il allait réussir et cela n’était qu’une question de temps. Ses échecs ne
lui font pas baisser les bras, bien au contraire, il s’accroche et persévère encore plus.
Il voulait réussir et être riche pour pouvoir faire du bien autour de lui. C’est
exactement ce qu’il a fait. Le plus extraordinaire dans cette histoire est que quand
vous discutez aujourd’hui avec El Hadj Miloud, il vous confie avec une sincère
humilité que Dieu a tracé son destin pour lui et qu’il a exécuté ce pourquoi il est
destiné par la volonté divine.
El Hadj semble être une personne sensible et attentionnée aux besoins de ceux
qui le rencontrent. L’idée de pouvoir donner un logement décent à ceux qui sont
le plus dans le besoin a justifié son extraordinaire parcours dans l’immobilier social
au Maroc.
El Hadj est préparé pour affronter le pire et pour en sortir meilleur. Il a cette
extraordinaire capacité de résilience à des événements forts, qui dans certains cas,
auraient pu le ruiner. Malgré cela, il utilise ces événements pour se recharger, se
ressourcer et se motiver, pour pouvoir poursuivre sa « mission ».
« Je suis comme un fer, c’est à force de travailler qu’on arrive à quelque chose,
il faut rester modeste, toujours modeste et avoir la foi en Dieu! »
El Hadj Miloud Chaabi
93
Un proverbe anglais dit que les grands hommes ne font pas des choses différentes
mais qu’ils font les choses différemment. Y a-t-il de la place pour la créativité au
Maroc? Oui et mille fois oui. Savez vous de combien de cellules nous disposons dans
notre cerveau? 100 000? 1 000 000? 100 000 000? En fait nous disposons de 50 000
000 000 de cellules toutes interconnectées entre elles. Les différentes combinaisons
simultanées que ces cellules peuvent créer sont tellement nombreuses que leurs
chiffres ne pourraient pas être contenus dans ce livre. Savez-vous aussi quelle est la
proportion du potentiel du cerveau qu’un individu normal utilise dans toute sa vie?
8%. Nous n’utilisons que 8% de notre cerveau pour gérer toutes les dimensions de
notre vie!
Ces deux constats sont édifiants. Le premier nous rassure sur les infinies
possibilités de notre cerveau, alors que le deuxième nous renseigne sur notre potentiel
d’intelligence inexploité. Nos invités du succès ont-ils la même capacité de créativité
que ceux qui ont brillamment réussi à travers le monde? Non seulement ils ont
définitivement cette capacité mais toute personne possède aussi cette capacité
extraordinaire de créer, d’inventer et d’innover, quel que soit le domaine dans lequel
elle évolue.
95
Les femmes et les hommes à succès au Maroc n’ont pas seulement des idées
différentes de la plupart des autres personnes, mais aussi des approches différentes
de la vie elle-même. Chaque problème est pour eux l’occasion d’offrir de nouvelles
solutions à leur vie. Ils nourrissent des réflexions dont la perspective est différente
voire opposée à ce que la plupart des gens font.
Si nous avions tous les mêmes idées pour résoudre les mêmes problèmes, rien
ne nous distinguerait les uns des autres et les innovations seraient absentes de
notre vie. C’est précisément parce que certains ont pensé à ce à quoi d’autres n’ont
pas pensé, qu’ils sont sortis du lot, pour exprimer au commun des mortels, que
leurs solutions sont les meilleures du moment et que les gens les récompensent en
acceptant d’acheter leurs produits et services ou d’adhérer activement à leurs causes.
« Pourquoi ailleurs et pas ici ?»
Mohamed Berrada
Il est rédacteur en chef, romancier et traducteur. Ses yeux pétillent de cette
extraordinaire danse entre une intelligence vive et une humilité de tous les instants.
Mohamed Berrada, patron et créateur de Sapress, deuxième société de distribution
de journaux au Maroc est dès son plus jeune âge, passionné par le basket. Pour lui,
le sport, n’importe quel sport, est capital. Le cerveau est oxygéné, le corps tonifié et
les toxines éliminées.
Très jeune, Mohamed Berrada sait que la meilleure manière de doper sa créativité
était d’être curieux de tout et d’apprendre en se formant. Pour lui, le sport l’a
beaucoup aidé et l’a surtout aidé à beaucoup apprendre.
L’activité sportive est donc un des piliers de la créativité de Mohamed Berrada. Il a
retiré énormément d’avantages du sport lui-même. Aujourd’hui encore, il reconnaît
que l’activité sportive est primordiale dans sa vie et qu’il ne peut pas concevoir
d’évoluer et d’avancer en âge sans avoir un soutien qui va garantir une régularité
dans l’exercice de sa passion et de son travail.
La natation, le basket-ball ou la gymnastique sont ses alliés favoris. Le basket-ball
lui a longtemps tenu compagnie et occupe jusqu’à présent une place particulière
puisqu’il a eu le plaisir de remporter le championnat national et a même été capitaine
de l’équipe nationale de basket-ball. Le sport est pour lui comme une religion qu’il
faut pratiquer avec discipline et don de soi.
Mohamed Berrada a eu l’occasion, très jeune, d’être un des premiers professeurs à
enseigner l’arabe dans un lycée de jeunes filles. Cette expérience très intéressante lui
96
97
dont il a besoin sans avoir à aller de magasin en magasin pour compléter ses achats.
Le secteur de la grande distribution est le meilleur exemple de ce «one stop shop».
Ainsi, dans les hypermarchés, ces énormes espaces de vente qui atteignent plusieurs
milliers de mètres carrés, cohabitent tout ce dont une famille a besoin : des produits
alimentaires à l’électroménager, en passant par les produits textiles, le linge, les
produits de nettoyage et autres. Aujourd’hui, se côtoient dans le même espace :
produits alimentaires, habits, meubles de jardins, cosmétiques, voitures, agences de
voyage, services bancaires, etc.
Un autre type de « guichet unique » est celui des CRI (Centre Régional
d’Investissement) mis en place par le gouvernement marocain dans différentes villes
du royaume. Ces CRI permettent à toute personne d’entreprendre, en un seul et
unique lieu, toutes les démarches administratives et de mettre en place une entreprise
en quelques jours, au lieu de plusieurs mois comme cela était le cas auparavant.
S’inspirant donc du concept de ces «guichets uniques», Anas Sefrioui dédie
tout le rez-de-chaussée de son siège social d’Addoha à Casablanca à tous les services
concernés et nécessaires pour la réalisation d’une vente immobilière: des agences
bancaires qui accordent le prêt à un futur propriétaire, un service de la conservation
foncière qui permet à chacun d’obtenir son certificat de propriété, un service pour
la perception des taxes et impôts, etc. Cette brillante idée a valu à Anas Sefrioui un
immense succès et une très forte notoriété.
Cette notion d’«imitation créative» trouve son sens même dans notre
comportement de tous les jours. Prenez les phénomènes de mode par exemple:
chaque fois qu’une tendance vestimentaire apparaît, l’ensemble de la communauté
du vêtement correspondant à la cible marketing, s’engouffre dans un tourbillon de
modèles plus ou moins proches de celui qui a déclenché l’engouement des premiers
clients. Ce phénomène a une portée psychologique redoutable puisque le client
lui-même se plaît à acheter ces vêtements ou objets « tendance » pour imiter les
personnes au style desquelles il se reconnaît. Chacun d’entre nous n’a-t-il pas,
étant adolescents, imité ses acteurs ou chanteurs favoris, jusqu’au moindre de leurs
mimiques, devant le miroir de sa salle de bain?
Cette idée du modèle est très utilisée par nos invités dans l’exercice de leurs
métiers. Ils appellent affectueusement cela « les meilleures pratiques ». La séquence
de réussite est la suivante:
• Fixer un objectif précis.
• Analyser les stratégies et comportements de ceux qui ont déjà réussi dans votre
secteur et adapter leurs méthodes à vos propres spécificités.
98
Où est la créativité dans tout cela pourrait-on dire? Certains diraient qu’une
invention n’est que le prolongement de quelque chose qui existe déjà! D’autres
diront, en citant un célèbre photographe, qu’il n’y a pas de nouvelles idées, mais
seulement de nouveaux arrangements.
« Il faut entreprendre, passer des stages, écrire des histoires et écrire des projets
qui verront peut-être le jour. Il faut, en tout cas, rester dans une dynamique
qui permet non seulement d’apprendre, mais aussi d’être créatif. »
Laila Marrakchi
−− Bonjour, vous allez bien, lui demande-t-on ?
−− « Oui, vous avez une caméra? » répondit-elle. C’est le monde à l’envers! La
jeune femme qui est à l’autre bout de Skype (logiciel informatique qui permet à
deux internautes ou plus de se parler et de se voir via Internet) n’est autre que
la réalisatrice du film Marock, Laila Marrakchi. La voix douce, posée et teintée
d’une pointe de timidité, elle accompagne le sourire de son visage par un sourire
dans sa voix.
Né en 1975 d’une famille bourgeoise de Casablanca, Laila Marrakchi reconnaît
sans gêne qu’elle n’a jamais manqué de rien. Très jeune, elle est attirée par l’image
et profite du fait que son oncle, distributeur de films, lui ouvre la porte de toutes les
salles obscures de ses partenaires. En fait, sa passion du cinéma vient avec la pratique.
Laila s’aperçoit très tôt qu’elle est irrésistiblement attirée par l’image, mais elle ne
sait pas encore comment elle va apprivoiser son intérêt à l’avenir. Comme elle le
dit : « Très tôt, j’ai eu un rapport avec l’image, c’était quelque chose de magique,
un rituel qui se passait le dimanche. J’allais au cinéma et à l’époque il y avait pas mal
de salles à Casablanca. »
Laila a toujours voulu faire les choses différemment parce qu’elle recherche
en permanence des choses nouvelles, encore inexplorées. Alors que tous ses amis
choisissaient de suivre des cursus de formations classiques de type ingénieur ou
médecin, Laila s’inscrit dans une école qui la rapproche de son pôle d’intérêt
principal à savoir l’audiovisuel. Elle poursuit alors ses études dans une école de
cinéma à Paris. C’est alors que les événements s’enchaînent rapidement les uns après
les autres.
99
Durant ses formations et ses stages, elle fait plus ample connaissance avec ce
milieu. Elle rencontre des professionnels du métier qui vont très vite s’apercevoir que
ce « petit bout de fille » a une forte rage, un amour profond et un sincère respect
pour ce métier. Cela ne lui facilite pas la vie pour autant car le métier du cinéma est
difficile et il faut se battre pour que ses idées soient entendues voire adoptées puis
réalisées.
Laila écrit alors son premier court métrage qu’elle soumet au Centre
cinématographique marocain et rencontre dans la foulée un coproducteur français.
Elle découvre que le milieu dans lequel elle évolue est difficile voire même injuste.
Combien d’auteurs pourtant très talentueux n’ont pas pu voir leurs œuvres se réaliser.
Laila sait qu’elle va y arriver car elle est passionnée par sa vocation et convaincue de
sa mission, celle de faire passer beaucoup de messages forts à travers ses films. Plus la
situation devient difficile, plus sa rage augmente, une rage qui défie sa peur de l’échec
et qui dope sa créativité.
« C’est d’abord par sa personnalité, par sa rage et par sa passion que l’on
y arrive, mais aussi par son travail et sa créativité. »
Laila Marrakchi
Elle réalise le film Marock. Le succès est immédiat parce que le film crée la
polémique. Laila s’emploie allègrement à dénoncer l’hypocrisie d’une société
marocaine qui cherche désespérément son identité sans jamais vraiment la trouver.
Sa créativité à elle, elle la trouve dans la contradiction et dans la lutte contre les
apriorismes. Elle cherche à révéler une réalité que tout le monde regarde mais que
personne ne voit réellement.
Elle sait que sa raison d’être passe également par le fait de dénoncer les hypocrisies
de toutes sortes qui touchent le monde qui l’entoure : « En général, j’aime un peu
dénoncer les choses et le film Marock a été pour moi une opportunité de mettre en
avant des problèmes de société, problèmes que peu de personnes osent aborder ».
Être créatif n’est pas seulement créer quelque chose de toute pièce, c’est aussi
comme nous l’avons vu plus haut, imiter intelligemment. C’est une composante
fondamentale qui fait partie du trait de caractère de tous nos invités.
« J’ai toujours été un homme d’utopie, car pour moi, toute utopie est
réalisable. »
Noureddine Ayouch
100
On aurait pu parler de lui dans tous les différents chapitres de ce livre, parce que
Noureddine Ayouch renferme en lui toutes les caractéristiques de ces hommes dont
les comportements forgent le respect et qui s’engagement pleinement dans toutes
les actions qu’ils entreprennent. La créativité reste le carburant principal de ses
passions. Les passions, Noureddine Ayouch en a eu plein dans sa vie, chacune plus
énorme que l’autre.
Né en 1945 dans la ville de Fès, Noureddine Ayouch est reconnu comme le « Roi
de la Pub» au Maroc. Sa contribution aux couches populaires est son sacerdoce.
Ainsi c’est le précurseur dans le domaine du micro crédit à travers la fondation
Zakoura (Octrois de crédits aux personnes défavorisées, pour qui la banque classique
n’est pas une alternative, afin de créer des toutes petites entreprises.
Directeur de l’un des plus grands et des plus prestigieux groupes de communication
et d’événementiel au Maroc, Noureddine Ayouch est tombé dans la potion de la
créativité étant petit. Plus loin encore, Noureddine porte dans son code génétique,
les traces profondes d’un comportement iconoclaste pour tout. Il n’est pas marginal,
bien au contraire, sa magie à lui, c’est de pénétrer les entrailles de la société marocaine
par la porte de l’humilité et de la simplicité et une fois dans la place, il révèle avec
finesse ses insuffisances. Il associe ensuite le plus de personnes possible autour de
la problématique, puis trace avec ces personnes les contours d’un programme de
« remise en forme pour le bien commun ».
Cette politique de « Cheval de Troie » est souvent très efficace parce qu’elle révèle
à notre société des fléaux de la manière qu’elle ne puisse pas les ignorer. Grandement
influencé par son père, il est généreux de tout et avec tous. Généreux de son attention,
de son temps, de ses sentiments, de ses coups de gueule salutaires, de son argent,
de son affection et surtout de son amour sincère qu’il offre délicatement. Il l’offre
comme le font les autochtones des îles du Pacifique quand à votre arrivée, ils déposent
délicatement un collier de fleurs fraîchement coupées autour de votre cou. Si vous
retrouvez régulièrement Ayouch, il vous gratifiera chaque fois de fleurs nouvelles,
d’une pensée, d’un mot, de quelque chose qui vous interpellera.
Noureddine s’insurge contre la jalousie des Marocains entre eux quand il dit :
« Je ne comprends pas toujours pourquoi les Marocains n’aiment pas
beaucoup les gens qui réussissent. »
Noureddine Ayouch
La vie est pour lui une éternelle quête d’amélioration. De plus, on ne peut pas
s’améliorer sans sortir de sa zone de confort pour chercher des réponses dans des
territoires encore inexplorés par une personne.
101
102
• La peur est une attente, tout simplement une douleur d’anticipation, qui n’a rien
à voir avec la réalité.
• Nous devons reconnaître la peur pour pouvoir la gérer.
• Sur notre route vers la réalisation de nos objectifs, nous devons accepter qu’il
existe de nombreux moments où nous serons dans l’inconnu, c’est-à-dire, en
dehors de notre zone de confort.
Ahmed Marzouki raconte comment le plus dur dans sa vie fut lorsqu’il a fallu
fournir un effort surhumain pour redresser la situation le jour où il a été jeté dans
une cellule et que l’on a fermé derrière lui les portes du bagne de Tazmamart. C’est
ainsi qu’avec un groupe de camarades, il établit un programme car il a vite compris
qu’il était en face d’une réalité accablante. Il fallait soit accepter la réalité telle qu’elle
se présente ou bien il n’y avait pas d’autres alternatives, c’est ça la situation dans
laquelle il s’est trouvé.
105
Ayant eu l’impression d’avoir été jeté dans un puits, ses amis et lui ont dû fournir
un effort colossal face au choc terrible auquel ils faisaient face. Même quand lui
et ses compagnons se retrouvaient les yeux fermés et les mains lacées, ils gardaient
toujours l’espoir.
Après deux années d’emprisonnement dans la prison de Kénitra, il est transféré
avec plusieurs de ses compagnons vers le bagne de Tazmamart. Embarqué dans un
avion militaire, Marzouki se souvient comment dix minutes après le décollage, les
yeux bandés, un policier lui dit et à ses compagnons : « Préparez-vous, on va vous
jeter par-dessus bord ». Ils étaient tellement angoissés et terrifiés. Ressentant une
fatigue et un épuisement physique extrêmes, ils ne demandaient qu’à être jetés
par-dessus bord pour apaiser cette souffrance. C’était terrible. Il n’y a pas pire que
l’attente, comme l’attente d’un condamné à mort.
On retrouve aussi cette résilience, cette capacité à s’adapter, à ne pas laisser la peur
paralyser, tout en faisant face à la réalité du moment, aussi chez Larbi Sekkat quand il
dit que pour lui la peur, il ne la connaît pas, car il est convaincu qu’à la base, chaque
problème a sa solution.
Chez pratiquement toutes les personnes que l’on a rencontrées dans le cadre
de ce livre, la peur est toujours une appréhension et un élément avec lequel il faut
composer. A aucun moment nous n’avons senti que la peur pour ces personnes était
un élément bloquant ou paralysant. De plus, on est conscient en écoutant avidement
ces gens, que notre premier adversaire c’est nous-mêmes et que c’est souvent une
certaine appréhension de ce qui peut arriver qui nous empêche de nous réaliser
pleinement.
« Ce fut aussi une victoire d’abord sur moi-même avant d’être une victoire
sur l’ennemi. »
Ali Najab
Pour Ali Najab, les épreuves de tortures en tant que prisonnier de guerre lui ont
fait vite comprendre que son conditionnement mental était l’un des éléments-clé
de sa survie, comme il le décrit :
« On m’attache les mains derrière le dos avec des menottes serrées au maximum,
on m’attache les pieds aussi avec des menottes et on me fait passer à tabac très
sérieusement. L’enquête a durée un mois et 15 jours. Ils revenaient souvent à la
charge avec les mêmes questions. Pour ne pas tomber dans leur piège, je mémorisais
pendant mes moments de répit, les réponses que je leur donnais de façon à ce qu’ils
ne s’aperçoivent pas que je leur mentais. Ainsi, ils n’ont pas décelé de contradictions
dans mes réponses. Cette épreuve fut la première de plusieurs autres épreuves de
106
torture physique que j’ai subies durant mes 25 années de captivité en tant que
prisonnier de guerre à l’instar de quelques 2300 autres camarades pilotes et de
l’armée de terre. Ce fut pour moi une expérience très éprouvante et terrible. Cette
épreuve fut mon premier examen devant une telle adversité. »
Se conditionner mentalement c’est aussi comprendre que l’on va souvent se
trouver à naviguer hors de sa zone de confort, avec un maximum d’inconnues et très
peu de garanties, mais avec la conviction profonde que la réussite n’est en aucun cas
remise en question, mais que c’est seulement la méthode et le chemin à suivre pour
y parvenir qui sont discutables.
« La peur génère le doute. Il faut transformer la peur en courage. Le premier
adversaire c’est nous-mêmes. »
Abdelatif Benazzi
On demandait un jour à une grande thérapeute quel était à son avis l’instinct
le plus fort chez l’être humain. Elle répondit que c’est l’instinct de s’accrocher à
ce qui est familier. On n’a donc pas été surpris de constater que bon nombre de
personnes que l’on a rencontrées dans le cadre de ce travail de recherche, ont compris
que pour réussir il faut sortir de sa zone de confort, accepter de momentanément
quitter ses territoires familiers et aller de l’avant vers de grands accomplissements,
car l’incertitude et l’inconnu sont des composantes du quotidien et de la vie.
Pour Anas Sefrioui, il considère que dans la vie il ne faut pas avoir peur, il faut
foncer. Alors que pour Mohamed Berrada, la peur c’est tout ce qui est imprévu. Il
estime qu’il faut donc penser aux imprévus et penser à l’impossible, car pour lui la
peur n’est souvent qu’une crainte.
Quant à Mohamed Benamour, il a aussi compris qu’il fallait mieux être un révolté
qu’un homme résigné. Il ne faut jamais admettre la fatalité, qui d’ailleurs n’existe
pas chez lui. Il faut toujours se battre. Il faut toujours trouver des solutions car, par
définition, l’intelligence c’est, d’abord et avant tout, la faculté d’adaptation à toute
nouvelle situation. M. Benamour estime que si on n’est pas capable de s’adapter aux
différents imprévus de la vie, cela veut dire que nous avons pratiquement baissé les
bras.
« La personne qui commence une chose par la peur, c’est foutu pour elle, c’est
l’échec garanti. Elle n’a qu’à avoir la foi en Dieu et réunir les ingrédients du
projet pour le monter. C’est comme un Tajine, si on n’a pas tous les ingrédients
pour le préparer, le plat ne sera pas réussi. »
Najat Aatabou
107
Qu’ est-ce qui prédisposait une jeune fille berbère de famille très traditionnelle
et pudique de la ville de Khémisset dans le Moyen-Atlas à se retrouver la star d’un
concert dans la prestigieuse salle de spectacle l’«Olympia» à Paris à l’age de 24 ans
et quelques années plus tard faire salle comble dans les grandes capitales mondiales
comme New York, Amsterdam, Montréal, Madrid, Rome pour ne citer que quelques
unes de ces villes.
Dés son jeune âge, Najat se retrouve confrontée à la réalité des milieux ruraux
très traditionnels où malheureusement la femme ne jouit d’aucun statut, respect ou
considération. Comme elle le raconte avec amertume, dans son milieu, les femmes se
contentaient de manger les restes des repas des hommes, de s’occuper de leurs foyers
sans aucune reconnaissance et de s’effacer complètement devant l’autorité et toutes
les exigences de l’homme.
Cette injustice envers les femmes pousse Najat à s’engager et à militer pour le
respect et le droit des femmes. Comme elle ne pouvait exprimer ouvertement ses
idées, elle utilise sa plume comme témoin des abus que les femmes subissaient.
« Je voulais être avocate, c’était mon objectif, car je voulais défendre les
femmes, défendre leurs intérêts, défendre leurs positions et leurs droits. Tout
cela provoquait en moi ce sentiment d’injustice. »
Najat Aatabou
A 16 ans, elle envisage de poursuivre ses études pour devenir avocate et ainsi
accomplir sa mission, celle de militer pour la femme. Mais le destin l’orientera à
accomplir sa mission autrement.
En effet, Najat était dotée d’une voix prodigieuse. Par peur de représailles, cette
rebelle chantait par pur plaisir, en cachette, lors d’activités scolaires, car pour sa
famille, le chant est considéré comme un péché et une catastrophe. Un jour, sa
meilleure amie la supplie pour chanter dans une cérémonie familiale. Najat décline
cette requête. Son amie insiste. Ne pouvant refuser cette requête face aux demandes
répétées de son amie, elle cède et décide donc - en toute discrétion et sans l’accord de
sa famille - d’aller chanter lors de ce mariage. Elle justifiera à ses parents son absence
par la préparation de ses examens.
Sa prestation lors de ce mariage va précipiter le destin de Najat Aatabou et
bouleverser le cours de sa vie, mettant fin définitivement à son projet de devenir
avocate. Les événements vont alors prendre une tournure dramatique et tragique.
En effet, ce qu’elle ignorait, c’est que sa présence dans ce mariage était belle et bien
planifiée avec l’objectif d’enregistrer sa voix à son insu.
108
109
« Je pensais aux autres, je pensais à des solutions aux problèmes des autres,
c’est une solidarité agissante qui est ancrée en moi. »
Mohamed Benamour
Malgré ses 79 ans, Othmane Benjelloun a une vision sur les vingt, quarante et
cinquante ans à venir et nous en parle comme s’il allait participer au futur lointain
de son groupe. Cette projection vers le futur occulte son âge, son lieu géographique
et les circonstances dans lesquelles cette vision s’accomplira, parce qu’il ne s’agit pas
de lui, mais de projets qui le transcendent dans une optique où l’espace et le temps
deviennent secondaires. La vision est prioritaire.
En définitif, avoir un but audacieux et plus grand, c’est de préparer sa succession
tous les jours. L’héritage c’est la cause que les personnes à succès au Maroc s’efforcent
de défendre, de construire et de raffiner. Ce legs est un patrimoine précieux qui peut
revêtir différentes formes. Il peut s’agir de biens matériels, de legs d’une structure
ou d’une organisation; mais ce sera surtout le legs d’une vision et d’une orientation
dont il s’agit.
111
112
à se réaliser. Ces objectifs aussi sont plus grands qu’eux-mêmes. Leurs croyances
sont à la fois leurs forces et leurs faiblesses. C’est leurs choix de comportements qui
déterminent s’ils servent ou desservent leurs causes.
En changeant le monde, ils changent eux-mêmes. Quand bien même leurs
influences seraient modestes sur le moment, c’est à travers ces petits pas mis bout à
bout qu’ils ont un véritable impact.
Ces personnes à succès avouent toutes que lorsqu’elles restent fidèles à ce qui
compte pour elles, la magie se produit et les choses se passent mieux et plus vite
que ce qu’elles auraient pu prévoir. Les femmes et les hommes à succès au Maroc
reconnaissent qu’ils ne contrôlent pas tous les événements mais qu’au moins ils ont
l’audace de penser qu’avec l’aide de Dieu, ils construisent leurs vies pour une bonne
raison.
Cela n’est pas tant le fait de savoir comment procéder pour réussir, que de croire,
au plus profond d’eux-mêmes, qu’il faut le faire. Leur raison d’être vient en premier,
la méthode en second. Car l’essence de tout cela, et de tous ces comportements, c’est
le sens.
Mohamed Benamour est, comme nous l’avons vu, un homme qui a choisi
de s’épanouir dans le tourisme dès la fin de ses études. S’il a parfaitement réussi
en possédant deux des plus prestigieux hôtels du Maroc, il a avant tout une
caractéristique qui décuple son plaisir de traverser la vie, car il veut par son apport,
contribuer à l’amélioration de la société marocaine et rechercher des défis sur lesquels
beaucoup se retrouveront.
« A l’école primaire, lorsque l’on nous demandait ce que l’on souhaiterait
devenir une fois grand? Moi, je répondais ministre. Parce que dans mon esprit
d’enfant, le ministre devait répondre à toutes les sollicitations du monde et
résoudre tous les problèmes. »
Mohamed Benamour
En marge de ses activités, Mohamed Benamour s’est beaucoup impliqué au sein
de la CGEM (le patronat marocain) où il a fortement dynamisé la fédération du
tourisme dont il a été président. Ainsi, il estime que si l’on ne donne pas de sens à
notre vie, nous ne pouvons utiliser pleinement nos capacités et nos possibilités.
Mohamed Benamour regroupe ensuite autour de lui une équipe d’amis compétents
car il ne sait pas s’allier à des gens qui ne contribueraient pas à construire un modèle
dans la sérénité et la bonne humeur, pour créer le plus grand concept touristique
113
que le Maroc ait jamais connu « Le Plan Azur », véritable vision, stratégie et plan
d’action complet du développement du tourisme au Maroc.
Plus tard, Benamour s’impliquera dans d’autres projets, à savoir la création du
CDS (Conseil pour le Développement Social) qui est un comité de réflexion sur
l’avenir du Maroc. Il y invite des femmes et des hommes de talents qui vont ensemble,
réfléchir à comment accélérer le processus de développement social et sociétal du
Maroc en accord avec les stratégies royales et les politiques gouvernementales.
Pourquoi monsieur Benamour fait-il tout cela? Parce qu’à l’image de nos invités,
il a la rage de contribuer à quelque chose de plus grand que lui. Dieu lui a donné
l’immense opportunité de pouvoir apporter à la société, grâce à son éducation, grâce
à sa réussite personnelle et surtout grâce à sa créativité, des éclairages nouveaux, utiles
et concrets pour l’intérêt de la communauté.
Cette caractéristique du don de soi au delà de l’intérêt personnel est un formidable
tremplin vers le succès à condition de le faire de manière désintéressée et tournée
vers les autres.
Les objectifs des personnes qui réussissent au Maroc sont clairs. Au départ, ces
objectifs sont orientés vers un rêve qui sert leur intérêt personnel. Mais au fur et
à mesure, la raison suprême, celle dont ils ne parlent pas explicitement, apparaît
clairement et transcende littéralement les simples besoins alimentaires.
Cette évolution, vers un idéal plus grand, est souvent due à une éducation qui vous
encourage à vous tourner vers les autres comme c’est le cas de Mohamed Benamour.
« Mon obsession était de permettre de loger le plus grand nombre. »
Anas Sefrioui
Callé fermement dans le fauteuil du salon de son bureau, Anas, la cinquantaine à
peine, nous donne un aperçu de ce qui occupait son esprit pendant que ses équipes
mettaient en place sa vision, celle de devenir le numéro un du logement social. Nous
avions l’impression que plus le succès de ses promotions étaient rapides, plus Anas
était convaincu que sa mission sur terre était claire: aider le plus de gens à avoir un
logement à soi.
Cette mission, de la bouche de Anas, est presque divine, lui qui lors de l’achat
de son premier terrain dans le quartier d’Oulfa, s’est saigné aux quatre veines pour
pouvoir boucler le financement et était accompagné à chaque instant par une peur
d’échouer, mais rassuré cependant par le sentiment que Dieu ne l’abandonnerait
jamais parce qu’il était de bonne foi et qu’il voulait faire du bien autour de lui.
114
La raison d’être sur terre, le sens que les gens à succès au Maroc donnent à leurs
vies, peut également venir d’observations douloureuses d’une réalité qui dérange,
qui bouscule et qui interpelle.
Noureddine Ayouch est de ceux qui vivent en observant le monde qui les entoure
avec un sens critique qui les amènent fatalement à se poser des questions sur la société
et à essayer d’y répondre de la manière la plus constructive possible.
A une période cruciale de sa vie professionnelle en 1986, il crée le magazine
« Kalima » (traduction: parole) dans un contexte social et politique où la liberté
de presse n’est pas ce que l’on lui connaît aujourd’hui et où il ne fallait rien remettre
en question et encore moins aborder les thèmes et problèmes de la société. Pour l’un
des membres du comité de rédaction, l’éminent psychiatre Professeur Moussaoui,
tous les tabous de la société que personne n’osait aborder à l’époque y passent: droits
de la femme, situations du travail des enfants, prostitution, sexe, corruption, etc.
« Kalima » subit, numéro après numéro, censure et convocations musclées à
la police. Malgré ce contexte difficile où le conformisme rapporte et la remise en
question dérange, Noureddine Ayouch reste convaincu que certains comportements
et attitudes qui font reculer la société marocaine doivent être dénoncés et que le
magazine « Kalima » a sa place dans le paysage de la presse marocaine.
Autant « Kalima » est un succès en termes de mise à jour des problèmes de la
société marocaine et de sa notoriété, le magazine s’avère, en raison des nombreuses
censures et de la pression envers les annonceurs, être un gouffre financier pour son
fondateur Noureddine Ayouch. A plusieurs occasions, il se trouve à deux doigts
d’être personnellement emprisonné pour ce que le magazine aborde comme sujets
qui dérangent. Il finit quand même par en garder un bon souvenir, car pour lui il
payait pour réaliser un rêve, celui de créer cette revue qui « dérange, bouscule et
perturbe les mentalités ». Ce rêve de voir une société plus juste passait par ce projet
de magazine, un rêve qui était plus fort et surtout plus grand que lui.
« La revue Kalima était une expérience géniale, qui était magnifique.
Maintenant, quand j’y pense, je me dis oh mon dieu, le travail que j’ai fait ! »
Noureddine Ayouch
Aicha Ech-Chenna est un peu la mère Thérésa du Maroc. Mère Thérésa était une
bonne sœur chrétienne dans les quartiers bourgeois de Calcutta. Tout allait bien pour
elle lorsqu’un jour après une violente émeute dans un bidonville voisin, un homme
ensanglanté vint mourir dans ses bras. Ce jour-là, sa vie a basculé et elle ne cessera
jusqu’à sa mort de dénoncer les inégalités d’une société indienne rétrograde, injuste
115
116
117
118
119
120
Nous nous retrouvons autour d’un thé un samedi après-midi pour discuter de ce
parcours, de ces rencontres et de tous ces entretiens qui se sont déroulés à travers ces
différentes années. On réalise l’importance de ce que nous avons collecté comme
informations suite aux rencontres avec des personnes aux parcours passionnants.
On décide alors de se questionner mutuellement pour recueillir les idées de l’un et
de l’autre.
En effet, tout au long de ce livre, notre travail de recherche a consisté à écouter
ces hommes et femmes aux parcours et aux contributions exceptionnels et à analyser
leurs attitudes et comportements face aux défis et à l’adversité. Notre rôle s’est limité
à celui d’observer, d’analyser et de rapprocher nos constats avec nos connaissances
du potentiel humain. Faisons ensemble une brève synthèse en reprenant les éléments
qui nous ont personnellement marqués. Pour continuer dans la foulée des entretiens,
nous avons opté pour une discussion entre nous, comme format pour le dernier
chapitre du livre.
En faisant le point sur cette merveilleuse aventure que nous venons de vivre pour
réaliser cet ouvrage, la première question que nous nous posons, par rapport à tous
les entretiens que nous avons eus dans le cadre de la recherche de ce livre, est de
connaître comment les lecteurs devraient utiliser toutes les informations, anecdotes,
citations, histoires et vécus, qui y sont racontés ? Si on devait le résumer en quelques
lignes ou en quelques concepts-clés, qu’est-ce que l’on pourrait dire aux lecteurs?
Qu’est-ce que nos lecteurs devraient en retenir essentiellement?
La première chose que le livre évoque à travers les différents chapitres est la prise
de responsabilité, la clarté dans les objectifs, la discipline dans la démarche, le travail,
la persévérance et l’utilisation des échecs comme un levier et non pas comme une
fatalité. Il est aussi nécessaire de s’ouvrir aux autres et de se poser les bonnes questions.
C’est-à-dire des questions constamment orientées vers la réalisation de nos objectifs.
121
Chacune de ces trois questions est importante. La première parce qu’elle va vous
permettre de déterminer votre direction dans la vie. La deuxième parce qu’elle vous
aidera à sélectionner les gens qui vont vous accompagner dans ce processus. La
troisième étant cruciale, va vous permettre de déterminer en quoi ce voyage va vous
transformer.
C’est comme quand vous achetez un objet, vous ne l’achetez pas pour l’objet
lui-même mais vous l’achetez pour son utilité et ce qu’il vous apportera. Quand
on achète une belle voiture Mercedes, bien sûr on l’achète pour ses performances
mécaniques et ses composantes de sécurité. On l’achète aussi pour se sentir important
et bien quand on la conduit. Sinon tout le monde achèterait une petite voiture.
Les vraies raisons de la réussite de tous les gens, de toutes ces personnes qui ont
entrepris, c’est essentiellement comment elles se sentent pendant ce processus.
N’oublions pas que, comme l’ont dit plusieurs auteurs, le bonheur, qui est
l’aboutissement du succès, ce n’est pas une destination, c’est avant tout une manière
de voyager, un processus permanent et continu.
Dans ce livre, nous avons vu des gens qui ont des parcours différents, c’est vrai que
cela serait intéressant pour le lecteur de puiser dans chacune des expériences et vécus
de ces personnes et de prendre un élément de leurs parcours pour voir comment ce
parcours peut les inspirer. Il y a toujours des gens qui veulent accomplir mais qui se
disent que c’est impossible.
Le premier élément-clé que vous pouvez garder en tête après la lecture de cet
ouvrage, c’est d’abord d’avoir la clarté dans vos objectifs. Sans cette clarté, que ce
soit dans votre vie personnelle ou professionnelle, vous serez perdus. Le deuxième
élément-clé est de se tracer une trajectoire sans ambiguïté et de développer au fur et à
mesure la discipline de la suivre, d’y rester et de s’y accrocher, parce qu’effectivement
rien n’est facile. D’ailleurs comme nous l’avons constaté dans les parcours de ces
122
123
Ce livre est en fait une succession de comportements qui, mis bout à bout, fait
le succès de ces hommes et ces femmes et fera le succès de tout un chacun, de tout
Marocain qui a envie d’adopter ces comportements. En réalité, en adoptant les
attitudes que nous avons révélées dans cet ouvrage, tout lecteur aura la possibilité
d’y arriver quasiment à coup sûr.
C’est vrai qu’au départ, il peut paraître difficile à chacun d’entre vous de dire
oui, mais de vous inventer tout un ensemble d’excuses et de justificatifs comme:
tout ça, ils l’ont fait certes, mais ce n’était pas au même moment, ce n’était pas au
monde d’aujourd’hui, etc., c’est un peu «désactiver» l’«antivirus» vital, contre
les petites «morts» partielles, de son moral sans raison. La réalité est que le monde
d’aujourd’hui avec tous ses outils existants (Internet, téléphonie mobile, satellite,
Google, Facebook, etc.) vous connectent avec le monde entier en une fraction de
seconde, ce monde qui devient votre terrain de jeu. Ce monde représente aujourd’hui
plus d’opportunités qu’à n’importe quel autre moment dans l’histoire.
Ce livre était pour nous un défi. Celui d’aider, d’encourager et de montrer à
chaque Marocaine et Marocain qu’il est possible de réussir et d’accomplir des choses
extraordinaires. Nous espérons que, tout comme nous, vous avez ressenti à quel
point par leur authenticité, leur transparence et leur ouverture d’esprit, nos invités,
hommes et femmes, d’âges différents, de parcours différents, d’origines différentes,
d’ambitions différentes, ont remis en question tous les mythes qui entouraient la
réussite au Maroc.
Le travail, l’effort, la passion, la volonté, l’éducation, la clarté dans les objectifs et
la discipline ne sont que des ingrédients parmi tant d’autres pour réussir dans sa vie.
Ce livre est le début d’une aventure que l’on espère partager avec vous. On
voudrait vous aider, vous assister, vous encadrer, vous coacher pour vous permettre
d’accomplir et de réaliser le meilleur dans votre vie.
Notre objectif est que vous réussissiez. Seul vous, pouvez décider. Vous êtes le
maître de votre destin. Au moins dans quelques années vous aurez l’occasion de
dire: « j’ai eu l’opportunité, je l’ai saisie et elle m’a permis d’accomplir beaucoup ».
Sachez que tout vient de vous et tout est fait par vous. Si nous avons pu par ce
livre, en toute modestie, vous inspirer, c’est tout simplement parce que nous sommes
des concitoyens, tant locaux que mondiaux, «révélateurs» du talent qui existe déjà
à l’intérieur de chacun et chacune d’entre vous.
124
Situation familiale
Né le 10 septembre 1941, marié et père de quatre enfants
Formation
Etudes secondaires : Collège Moulay Idriss, Baccalauréat en 1961
1961-1964 : Licence En Sciences Economiques à Fès et Rabat
1964-1966 : Diplôme d’Etudes Supérieures En Sciences Economiques à Paris
(Panthéon)
1966-1968 : Doctorat d’Etat En Sciences Economiques à Paris Sorbonne
Expérience professionnelle
1966-2001 : Professeur à l’Université Mohammed V (Rabat) et à l’Université
Hassan II (Casablanca)
1971-1976 : Directeur de l’Institut Sup. de Commerce et d’Administration des
Entreprises (ISCAE)
1976-1981 : Député USFP de Casablanca
1976-1992 : Conseiller municipal à la Commune de Mâarif puis de Aïn Chock -
Casablanca
1981-1988 : Codirecteur d’une entreprise industrielle
1994-2003 : Administrateur – Bank Al Maghrib
1999-2005 : Membre de la COSEF
1995-2002 : Président de l’Association « Alternatives »
Depuis 2002 : Président Fondateur de l’Association « Alternatives »
1988-2008 : Président Directeur Général de l’Institut des Hautes Etudes de
Management (HEM)
Membre du Conseil Consultatif des Droits de l’Homme
Membre du Conseil Supérieur de l’Enseignement
Août 2008 : Président du Conseil de la Concurrence
Publications
Intermédiation financière et développement économique du Maroc (1968)
La comptabilité nationale marocaine (1971)
Les mécanismes fondamentaux de l’activité économique (1983)
Le Maroc Interpellé (1993)
Espérance et Volonté (Novembre 2004)
Repenser l’Ecole (Février 2007)
Articles dans des revues et journaux nationaux
129
ABDERRAHIM HAROUCHI
130
131
ADIL DOUIRI
132
133
AICHA ECH-CHENNA
134
135
136
137
ANAS SEFRIOUI
Le moins que l’on puisse dire est que la promotion immobilière est plus qu’une
activité professionnelle pour Anas Sefrioui. C’est une passion qui a démarré à la
fin des années 80 avec la création de Douja Promotion Groupe Addoha. Depuis, la
société qui gérait de petits projets immobiliers à Casablanca a grandi pour devenir
le leader marocain, tous segments confondus. A ceci une seule explication : le travail
acharné de cet homme d’affaires marocain qui allie à merveille entre flair des bonnes
affaires, prise de risques et parfaite connaissance du microcosme économique et
financier national.
Issu d’une grande famille fassie, M. Anas Sefrioui a vu le jour en 1957 à Fès. Ses
premières armes, il les a faites aux côtés de son père, Haj Abdessalam Sefrioui avant
de décider, à la fin des années 70, de mener sa propre expérience dans les affaires en
jetant son dévolu sur le secteur de la fabrication et la transformation de papier avec la
création de plusieurs unités industrielles à Casablanca, Tanger, Fès et Agadir. Après
avoir mis en place les fondements nécessaires à un développement pérenne de ses
entreprises, M. Sefrioui a procédé à l’ouverture du capital de ses sociétés à travers
une association avec Frantschach, un des leaders mondiaux du secteur.
La suite de cette carrière prolifique se fait sous le signe de la diversification.
Ainsi, M. Sefrioui se lance, en partenariat avec des investisseurs jordaniens, dans
la fabrication de carbonate à travers une unité de production à Casablanca dont
une partie du capital a été cédée en 2004 au Groupe international Omya. Et après
l’industrie, c’est aux activités maritimes que M. Sefrioui s’intéresse à travers la
compagnie de navigation Lasry Maroc, détenue à parts égales avec le groupe Worms.
Mais la plus grande fierté d’Anas Sefrioui demeure son groupe de promotion
immobilière qui détient quelque 40 % de parts de marché national (hors auto-
construction). Introduit avec succès à la bourse de Casablanca, le groupe développe
65 programmes immobiliers dans 14 villes du royaume sous la coupole de trois
marques : Addoha, spécialiste du logement économique et moyen standing, Prestigia
et Excelia, développeurs de programmes immobiliers de luxe et autres resorts
touristiques. Et c’est à titre qu’il mène le projet de la station balnéaire Mediterrania-
Saïdia, inaugurée en juin 2009 par SM le Roi Mohammed VI.
Fidèle à son sens aigu des affaires, M. Anas Sefrioui lance en 2008 un projet
titanesque de construction de deux cimenteries, à Ben Ahmed et Béni Mellal, d’une
capacité totale de 3,2 millions de tonnes. Coût de l’investissement : 5 milliards de
dirhams. La cimenterie de Ben Ahmed est opérationnelle depuis avril 2010 et celle
138
139
BADOU EZZAKI
140
Chafaï Choumicha (1972 à had kourt, Sidi Kacem, Maroc) est une animatrice
d’émissions culinaires à la télévision marocaine.
Véritable star au Maroc, Choumicha est aujourd’hui l’un des visages de la
télévision les plus connus au Maroc. Pourtant rien ne lui prédisait un tel essor à
ses débuts dans le paysage audiovisuel marocain. C’est sa rencontre avec Hamid
Zerouali, réalisateur à 2M qui a tout bousculé. Celui-ci lui a alors proposé, avec Rajae
Hassani, productrice, de présenter une émission gastronomique. Cette émission,
qu’elle débute en 2000, lui vaudra un énorme succès dans les cuisines et les foyers
maghrebins et marocains en particulier.
Choumicha anime aujourd’hui deux émissions culinaires sur la chaîne TV
marocaine 2M. La première s’intitulant Ch’hiwate Choumicha est une quotidienne
diffusée du lundi à vendredi à 12 h 25 (heure marocaine) dans laquelle Choumicha
présente des recettes diverses et variées à ses téléspectateurs. La seconde, Ch’hiwate
Bladi, diffusée tous les samedis à 13 h 45 vous invite à un voyage gastronomique à
travers les régions marocaines. Dans cette émission, à l’aide d’un habitant de la région
visitée, elle fait découvrir les mets et spécialités de la région.
A côté de ses activités télévisuelles, Choumicha publie plusieurs livres de cuisine,
en arabe et en français qui remportent eux aussi énormément de succès.
Elle a également lancé un magazine bimestriel intitulé Saveurs et Cuisine du
Maroc entièrement dédié à la cuisine marocaine.
Depuis peu elle anime un magazine sur la chaîne française « cuisine.tv » intitulé
La Cuisine de Choumicha en langues française et arabe.
141
HICHAM EL GUERROUJ
142
143
JAMAL CHAQROUN
Né en 1961.
Il obtient son baccalauréat au Lycée Descartes en 1979, avec des notes
«suffisamment honorables» pour lui permettre d’intégrer, après un passage par la
faculté d’ASSAS (Paris II), l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris.
De son adolescence, il garde un excellent souvenir. Il a grandi dans un
environnement familial «fortement épris de culture et de curiosité intellectuelle»,
dira-t-il. Mais il ne précisera pas que sa mère est la célèbre comédienne Amina
Rachid, ni que son père - Abdallah Chaqroun - a dirigé la RTM.
En 1984, à l’âge de 23 ans, il est déjà titulaire du diplôme de l’une des plus
prestigieuses écoles de commerce françaises. Il ne s’arrêtera pas en si bon chemin et
décide de poursuivre ses études aux Etats-Unis. Il s’envole alors pour le Texas, et entre
à l’Université de Dallas, où il lui faudra trois ans pour obtenir un MBA (Master of
Business Administration) en management international et finance. Son séjour dans
« le pays de l’Oncle Sam » le marquera profondément et lui donnera envie de se
lancer le plus vite possible dans les affaires. Après avoir achevé ses études en 1986, il
ne songe pas à rester aux Etats-Unis. C’est le Maroc qui l’attire.
De retour au pays, à 24 ans, il intègre le groupe Holmarcom, dont le président n’est
autre que son beau-père, Feu Abdelkader Bensalah. De ce lien de parenté, il ne pipera
pas mot. Ce dernier lui confie d’abord la direction des filiales, avant de mettre entre
ses mains la destinée de tout le groupe. Holmarcom doit beaucoup à Jamal Chaqroun
et à sa belle-famille. Avec feu Abdelkader Bensalah (décédé en 1993), il entreprend
un travail de réorganisation pour faire du groupe un ensemble industriel moderne.
Ce dernier est constitué d’une quarantaine d’entreprises parmi lesquelles Orbonor,
Céréales, le Comptoir de l’Electroménager, le Comptoir de l’Industrie, Atlanta, le
Carton, Otis-Maroc et Les Frigos de la Mamora. Quand Jamal Chaqroun s’en va
pour créer GD Holding, ce sont sa femme Meriem et son frère Hassan Bensalah qui
poursuivront le travail de modernisation lancé par leur défunt père.
Après neuf ans, il quitte Holmarcom et crée en 1995 sa propre entreprise: GD
Holding (General Development Holding). Il a alors 35 ans. Ceux qui le connaissent
de près disent qu’il sentait que le moment était venu de passer la relève à son beau-
frère, après son retour de France. En sept ans, GD Holding a grandi. Aujourd’hui, ce
groupe compte une douzaine d’entreprises et emploie pas moins de 2.000 personnes.
Il est présent dans les services aux entreprises, les nouvelles technologies, le montage
industriel, la gestion de la logistique, le négoce international et l’immobilier.
144
145
MAHDI SAADI-ELMANDJRA
Né en 1933 à Rabat
1944 - 1948 : Lycée Lyautey, Casablanca
1948 – 1950: Putney School, Vermont, U.S.A
1950 - 1954 Licence en Biologie et en Sciences Politiques à L’Université Cornell,
Ithaca, New York
1954 - 1957 : Doctorat (Ph.D. éco.) à la London School of Economics (Université
de Londres)
1958 : Enseignant à l’Université Mohamed V à Rabat
1958 - 1959 : Conseiller de la Mission Permanente du Maroc auprès des Nations
Unies à new York
1959 – 1960 : Directeur Général de la Radiodiffusion Télévision Marocaine
1961 - 1963 : Chef de la Division de l’Afrique (UNESCO)
1963 - 1966 : Directeur du Cabinet du Directeur général de l’UNESCO
1966 - 1969 : Sous-Directeur Général à l’UNESCO pour les sciences sociales,
sciences humaines et culture
1971 - 1976 : Président de la Fédération Mondiale des Etudes du Futur
1975 - 1976 : Conseiller spécial auprès du Directeur général
1976 - 1979 : Professeur à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et
Sociales, Université Mohamed V, Rabat
1980 : Secrétaire général adjoint du Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD), Coordonnateur de la Conférence sur la coopération
technique entre les pays africains. (Nairobi)
1980 - 1981 : Consultant spécial de l’ONU au cours de l’Année internationale des
handicapés
1981 : Le Prix de la Vie Economique (France)
1981 : Professeur, Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales,
Université Mohammed V, Rabat
1981 - 1987 : Conseiller spécial du Directeur général du Bureau intergouvernemental
pour l’informatique ICI
1984 - La Grande Médaille de l’Académie Française d’Architecture
1985 - Ordre des Arts et Lettres (France)
1986 - Ordre du Soleil Levant ( Japon).
1990 - 1991 : Conseiller du Secrétaire général des Nations Unies sur les programmes
du système des Nations Unies contre l’abus des drogues
1995 - La Médaille de la Paix de l’Académie Internationale d’Albert Einstein et le
Prix de la Fédération Mondiale des Etudes sur le Futur
146
147
148
149
MILOUD CHAABI
150
151
MOHAMED BERRADA
152
153
Moulay Hafid Elalamy est né à Marrakech en 1960. Issu d’une famille bourgeoise.
Son grand-père vendait des voitures et son père dirigeait une agence locale de la
banque du Maroc. Lorsque ce dernier meurt, Moulay Hafid Elalamy était âgé de 10
ans, il eut dès son plus jeune âge à prendre des responsabilités afin de gérer avec sa
mère le patrimoine de la famille.
Mais n’abandonnant pas ses études pour autant, Moulay Hafid Elalamy eut
son bac au lycée français Victor Hugo où il pratiquait plusieurs sports et où il se
distingua dans le hand-ball. Après avoir obtenu son bac, il part pour le Canada afin
d’y effectuer ses études supérieures en informatique par alternance. Dès la première
année, il montre une certaine prédisposition dans certaines matières, c’est alors que
l’année suivante il dépose sa candidature pour l’enseigner.
Après avoir décroché son diplôme, il intègre le ministère des finances du Québec.
Il se réoriente rapidement dans les assurances où il gravit les échelons un à un jusqu’à
devenir vice-président du groupe Solidarité-Unique. C’est lors d’une rencontre avec
Robert Assaraf (directeur général du Groupe ONA) au Maroc en 1989, qu’il lui
présente son président Fouad Filali. Il lui propose de diriger la filiale la Compagnie
africaine d’assurance (CAA). Il accepte et rentre à Casablanca.
En 1994, fort de cet exploit, Fouad Filali lui propose le secrétariat général
de l’ONA. Grâce à lui, l’ONA parvient à consolider les comptes et réorganise
plusieurs pôles, recentre les activités du groupe sur certains métiers à fort potentiel
et restructure entièrement les ressources humaines. Mais après avoir valorisé l’ONA
à la bourse de Casablanca, Moulay Hafid Elalamy se résout à partir car le recrutement
de Gilles Denistry en tant que directeur général ne lui convenait pas. Pour ne pas
le laisser s’échapper, Filali lui propose 10% de la CAA, mais Elalamy la décline car
il désire son indépendance. Il n’a pas quitté l’ONA que le cabinet de courtage de
la place lui propose une association. Ne voulant pas le perdre Filali lui propose une
participation à AGMA. Il ne refusera pas cette dernière offre.
Aux commandes d’AGMA, il assainit le portefeuille puis développe le courtage,
rachète deux cabinets (le SIA puis Lahlou-Tazi). Il introduit la société en bourse.
Grâce à l’argent réalisé au sein d’AGMA, il décide de créer son propre Groupe
Saham (télécoms, centre d’appels, assurance, immobilier, distribution).
Il devient le patron des patrons à la tête de la puissante Confédération générale
des entreprises du Maroc et ce durant la période 2006 - 2009.
154
155
ce crédit, qui peut aller de 1000 à 5000 dirhams, aux femmes seulement. Une garantie
pour leur avenir, les hommes y regardent à deux fois avant de leur manquer de respect
ou de tenter de freiner leur indépendance. Ce crédit leur a permis d’accéder à un
nouveau statut puisqu’elles perçoivent un salaire, ont créé leur propre entreprise et
qu’elles peuvent donc couvrir des dépenses familiales. Une garantie aussi pour les
enfants, et les fillettes tout particulièrement. Les femmes remboursent toujours leur
crédit, le taux de recouvrement frôle les 100 %. En fait: “la femme pense plus que
l’homme à son foyer, son conjoint et ses enfants”. La Fondation Zakoura, en voulant
aider les démunis à gagner dignement leur vie, a créé une structure qui est elle-même
créatrice d’emplois. Plus de 360 personnes sont employées dans le micro-crédit.
156
157
LARBI SEKKAT
158
159
160
Najat Aatabou fait partie de ces artistes qui ont la capacité de transformer une
salle de concert en volcan. Elle chante le chaâbi, la musique populaire du Maroc.
Originaire d’un petit village, cette femme du Moyen-Atlas n’était pas destinée à
chanter mais à devenir avocate lorsqu’un enregistrement pirate de sa voix la révéla
au grand public marocain avec ce titre emblématique : “J’en ai marre”, une chanson
tirée d’une histoire vraie, sur la tristesse des femmes et les complications de la vie
amoureuse. Najat est aujourd’hui une des figures les plus emblématiques de la
chanson populaire marocaine... Elle chante tour à tour en arabe et en berbère (zayan).
Tout en ayant banni le lamento-loukoum de son répertoire, elle chante les thèmes
de l’infidélité, de l’inégalité et du mensonge de sa voix haut perchée et profonde.
Au Maroc, la Berbère Najat Aatabou, grande star de la chanson populaire chaâbi
au royaume de Mohammed VI, tient une sorte de courrier du cœur, s’inspirant « des
lettres, très nombreuses, que je reçois des femmes qui m’écoutent puis me racontent
leurs problèmes. Et je les résous en chantant », confie-t-elle.
Et quelles sont les douleurs des femmes marocaines ?
- « Comme partout, des blessures d’amour, des maris infidèles, des foyers
parallèles, des mensonges ... »
Comment cette infatigable joueuse de mots, alignant des strophes (en arabe,
parfois en tamazight, l’une des trois langues berbères du Maroc) comme une rappeuse
du Bronx, traduit-elle ces blessures ordinaires ?
- « Eh bien, par exemple, j’ai une chanson, Soueret (Ces clés sont à qui ?). La
femme prend le trousseau du mari, et passe en revue les clés les unes après les autres, la
porte d’entrée, le garage, le bureau, et l’une ne correspond à rien... », explique-t-elle.
Femmes trompées, jalouses, jamais soumises, telles sont celles qui peuplent
l’univers des chansons écrites par Najat Aatabou, qui fustige « l’homme qui ment
toujours », inventant travail et réunion, ou celui qui abandonne son épouse enceinte
en prétextant que l’enfant n’est pas de lui. Au passage, elle s’en prend aux maîtresses,
et cela fait un tube, Choufi Ghirou (Cherches-en un autre). Du groupe légendaire,
Nass-el-Ghiwan, elle dit simplement : « Eux, ils font de la chanson engagée ».
Chapeau à large bord, maquillage impeccable, manteau à motifs panthère, Najat
Aatabou promène des allures de star, légitimement. Enceinte, la « lionne de l’Atlas »
a momentanément abandonné ses tailleurs-pantalons de cuir noir, au profit d’une
robe de velours cernée de perles. A quelques jours d’un retour à l’Olympia, où elle
161
avait fait ses débuts français en 1984, Najat Aatabou revient sur un parcours qui l’a
menée de sa ville natale de Khemisset, dans le Moyen Atlas, au triomphe. En 1981,
Najat Aatabou chante dans un mariage une chanson inspirée d’une histoire vraie :
une de ses amies part en voyage, et à son retour son fiancé est mort. « J’en ai marre,
j’en ai marre », psalmodie la jeune femme.
Dans l’assemblée, un joyeux bootlegger enregistre secrètement la voix vibrante
de Najat Aatabou. Quelques semaines plus tard, alerté par la radio et les cassettes
pirates, le petit peuple marocain fredonne la chanson de cette inconnue dont on
ignore le visage, le nom, l’identité. Najat entend sa voix par hasard en faisant ses
courses. Sa famille aussi. « Je n’étais pas contente », dit-elle aujourd’hui. « Je voulais
faire des études, devenir avocate, mais... mektoub. Je suis tombée malade, clouée au
lit. J’étais terrorisée par la réaction de mes frères. Chanter, pour une femme, était
synonyme de mauvaise vie». Najat se réfugie à Casablanca, et signe un contrat avec
les éditions musicales Hassania. Bannie pendant plus de trois ans par sa famille, elle
en fait une chanson : Ma mère qu’est-ce que j’ai fait ? Excuse-moi, c’est le destin qui
nous a séparées, qu’elle vient de reprendre en duo avec Neneh Cherry. Najat Aatabou
n’est pas à proprement parler une chikha, chanteuse traditionnelle à la parole libre,
à l’instar des chikhates du Moyen Atlas. Celles-ci incarnent une tradition paysanne
où le rythme est donné par le bendir et la mélodie appuyée par le luth (lotar), tandis
que Najat Aatabou en provoque le dévoiement urbain, synthétiseur et électrification
en conséquence. (source : www.greatsong.net)
162
• Né le 25 mai 1949.
• Commence à travailler dans une société de textile à l’âge de 11 ans.
• Cinq ans après, à l’âge de seize ans, il monte sa propre société de textile.
• Dès 1968, il développe dans ses usines la capacité de faire du tissu pour le
commercialiser à l’extérieur de ses propres magasins.
• En 1968, il monte une usine de tricotage à Taza.
• En parallèle (1968), il se lance dans l’immobilier et commence à investir en
acquérant du foncier.
• En 1972, il ouvre un comptoir d’exportation en France pour ses produits et les
produits d’autres fabricants.
• En 1995, quand feu le roi Hassan II parle de la nécessité de construire 200.000
logements par an, son groupe Jamai était déjà prêt à se lancer dans cette
opportunité.
LAILA MARRAKCHI
Laila marrakchi (Casablanca, 10 décembre 1975) est titulaire d’un DEA en études
cinématographiques et audiovisuelles.
Elle assiste la mise en scène de divers films et passe à la réalisation de son premier
court métrage en 2000 avec « L’Horizon perdu ». Deux documentaires, plus loin,
« Femmes en royaume chérifien » et « Derrière les portes du hammam » en 2001.
Et puis un autre court métrage présenté au Festival international du film francophone
à Namur en 2002 : « Deux cents dirhams ».
Son premier long métrage « Marock » est produit en 2004 et figure dans la
section « Un certain regard » au Festival de Cannes en 2005. Il sort dans les
salles en février 2006. Elle y dépeint la jeunesse dorée de Casablanca, aux mœurs
occidentalisées, mais confrontée aux préjugés de la société traditionnelle, quand un
premier amour rapproche une jeune musulmane d’un jeune juif.
163
164
3. Accomplir un grand travail sur soi. Etre très exigeant envers soi-même.
Etre sans cesse en train de s’améliorer 33
• Un grand travail doit être fait sur soi-même.
• Chercher constamment à s’améliorer.
• Etre redevable et exigeant envers soi-même.
165
9. Les evénements arrivent pour une raison. Utiliser les événements à notre
avantage. 87
• Les choses arrivent pour une raison.
• Il faut être réaliste tout en étant optimiste.
• Dans des situations difficiles, ils relativisent et prennent la chose avec légèreté.
• La chance est quelque chose que l’on travaille et que l’on utilise. La chance n’est
pas une fatalité.
166
12. Avoir des objectifs supérieurs et qui nous surpassent (patriotisme, bien-être
pour les autres, etc.). 111
• La nécessité de contribuer est plus importante pour réussir que de laisser un
héritage.
• Il y a des personnes qui servent une raison d’être plus grande qu’eux-mêmes.
• Les réalisations qui se prolongent sur une longue durée nous obligent
constamment à nous montrer reconnaissants.
• Contribution à la communauté.
167