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A l’instar de divers pays dans le monde et suite aux enseignements de la doctrine monétariste, l’objectif fondamental

assigné à la politique monétaire du Maroc depuis les décennies 1980 est celui de garantir la stabilité des prix, en
l’occurrence, et comme prévu dans ces statuts, cette mission était attribuée à Bank Al-Maghrib, selon les dispositions de
l’article 6 Dahir n° 1-19-82 du 17 chaoual 1440 (21 juin 2019) portant promulgation de la loi n° 40-17 portant le nouveau
statut de Bank Al-Maghrib « La Banque définit et conduit, en toute transparence, la politique monétaire dans le cadre
de la politique économique et financière du Gouvernement. L’objectif principal de la Banque est de maintenir la
stabilité des prix. La Banque définit l’objectif de stabilité des prix et conduit la politique monétaire. ».

Conformément à ces dispositions, Bank Al-Maghrib vise, à partir de la conduite de la politique monétaire, à assurer la
stabilité des prix afin de préserver le pouvoir d’achat des citoyens et d’assurer les conditions propices pour
l’investissement et la croissance, de plus, pour mieux gérer ces nouvelles attributions et pour éviter tout conflit
d’intérêts, ce statut confère la pleine Independence et autonomie à la banque centrale en matière de la conduite de la
politique monétaire.

1.1.1.1 Objectifs intermédiaires de la politique monétaire


Pour réaliser cet objectif, Banque Al-Maghrib utilise un arsenal opérationnel sous le nom « Instruments de la politique
monétaire », afin de contrôler la principale contrepartie de la masse monétaire, les crédits bancaires, toutefois,
l’absence d’une relation directe entre l’objectif prioritaire et les instruments de la politique monétaire, a incité les
autorités à créer et instaurer des objectifs intermédiaires, cependant, le choix de ces objectifs n’est pas effectué d’une
façon arbitraire, il s’agit également de choisir des variables qui sont capables de remplir trois critères de sélection.

Tout d’abord la banque de premier rang doit être capable d’avoir une influence sur cette variable pour qu’elle soit
considérée comme un objectif intermédiaire, en outre cette variable doit avoir un lien direct et causale avec l’objectif
final et finalement elle doit être mesurable rapidement et à une fréquence relativement élevée.
D’une façon générale, la sélection d’une variable pour jouer le rôle d’un objectif intermédiaire est largement influencée
par le niveau de développement de l’organisation économique et financière d’un pays, son degré d’ouverture à
l’extérieur et sa taille, cependant, deux principales variables continuent d’être utilisées d’une manière individuelle ou
combinée, il s’agit également du taux de change et des agrégats monétaires, d’ailleurs, le Maroc adopte un seul objectif
intermédiaire à savoir l’agrégat monétaire.

Il est évident que l’intérêt ultime pour les autorités monétaires, réside dans le fait d’injecter dans l’économie juste la
quantité adéquate de la monnaie qui ne doit être ni trop faible ni trop abondante, mais pour le faire il faut être capable
de mesurer et connaitre la quantité exacte de la monnaie en circulation et distinguer entre ce qui est monnaie et pas,
cependant et contrairement aux expectations, c’est une tâche qui n’est pas du tout facile à accomplir suite au nombre
massif d’actifs présents, d’acteurs d’échanges et de transactions réalisées, une telle condition a obligé les autorités à
créer des agrégats monétaires qui doivent être disponibles et fiables dans la mesure où ils sont rapidement observable,
cohérents en regroupant en sous-ensembles des actifs monétaire présentant une certaine homogénéité et
représentatives ça veut dire son aptitude à refléter en mieux la capacité global et potentiel de dépense de secteur
détenteur de la monnaie.

Après plusieurs reformulations de ces agrégats monétaires suite au caractère instable de la frontière tracée entre actifs
monétaires et non monétaires et qui peut à tout moment changer par le développement des innovations financières ou
par la mutation de comportement des agentes non financières, les autorités ont mis en place en juin 2010, la dernière
forme de ces indicateurs statistiques qui s’emboitent les uns dans les autres et qu’ils sont classés en degré décroissant
de liquidité, il y a trois agrégats (M1, M2, M3), M1 fait référence à la masse monétaire au sens étroit du terme, il
regroupe également l’ensemble des actifs les plus liquides qui peuvent satisfaire la fonction de moyen de paiement
immédiat,M2 regroupe M1 en addition d’autres actifs supplémentaires et M3 représente la masse monétaire au sens
large du terme, il regroupe M2 en addition des actifs les moins liquides.

En effet les agrégats monétaires se présentent comme suit :

M1 = monnaie fiduciaire + monnaie scripturale M2 = M1 + placement à vue

M3 = M2 + autres actifs monétaires

Suite au nombre très important des qualités que détiennent ces indicateurs monétaires, et inspirée par les
recommandations de la théorie monétariste, Bank Al-Maghrib a opté pour une politique monétaire basé sur l’adoption
de l’agrégat M3 comme un objectif intermédiaire, ce choix peut être expliqué également par la capacité de cet agrégat à
remplir avec efficacité les trois critères de choix, premièrement cet indicateur est très influençable par les décisions de
la politique monétaire dans la mesure où la banque centrale cherche principalement, à partir de ces divers instruments
à contrôler la masse monétaire en circulation, de même, les qualités que présentent les agrégats monétaires et surtout
ceux relatifs à la disponibilité et la fiabilité, permettent à cet
indicateur de remplir la deuxième condition d’un bon agrégat monétaire, de plus, cette variable
dispose d’un lien direct et causal avec l’objectif final de stabilité des prix puisque l’excès de la
création monétaire peut créer des effets inflationnistes qui se manifestent plus souvent par une
hausse du niveau général des prix, tandis que toute réduction de la masse monétaire en circulation
(destruction de la monnaie) se traduit, toutes choses étant égales par ailleurs, par une baisse de
niveau général de prix, à cet égard, on peut conclure que le simple contrôle peut aboutir à
l’accomplissement de l’objectif final de stabilité des prix.

En guise de conclusion, l’intérêt de cet objectif intermédiaire est de combler le vide existant entre
l’objectif final et les instruments de la politique monétaire, puisqu’une politique fondée sur
l’existence d’un lien direct entre les moyens et les fins reste très aléatoire, d’ailleurs, le choix des
autorités monétaires au Maroc a tombé finalement sur un indicateur unique, l’agrégat monétaire, en
raison principalement de leur capacité de remplir simultanément toutes les qualités que doit avoir un
bon objectif intermédiaire.

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