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Wastburg

guide de la cité

Benjamin Breton - Benbreton@laposte.net - 20210126/332/173634/44004


Wastburg
guide de la cité
terre d’exil
camp
de réfugiés Félicitations  ! Vous voilà désormais garde de Wastburg.
Vous allez quitter notre école et enfin découvrir votre patrie
d’adoption. Ce livret d’accueil, rédigé dans l’intention de vous

bourrer le familiariser,
mou
vous attend.
vous sera précieux au regard de la tâche difficile qui
impossible
enverra droit Notre belle cité, depuis que la Collapsence l’a libérée il y a
dans le mur plusieurs décennies du joug de coutumes anarchiques et dé-
suètes, vit des heures glorieuses mais difficiles. Lorsque tout est
possible, les aspirations les plus nobles côtoient les envies les
viles, et plus qu’à toute autre époque, pour que la cité garde gagner
faire du fric plus
le dos droit, son épine dorsale, la Garde, doit demeurer solide.
de l’argent
Et c’est à vous, fiers défenseurs de nos lois justes et équitables, seulement
pour les riches
qu’il revient d’incarner les principes moraux les plus altiers
mal payés pour montrer au quotidien un comportement exemplaire qui
toujours
saura inspirer nos concitoyens qui se laissent parfois malheu-
reusement entraîner dans les chemins de traverse de l’illégalité.
Certes, vous n’êtes pas nés en nos murs. Certains esprits cha-
grins n’auront de cesse de vous le rappeler. Mais si vous n’êtes
pas Wastburgiens par le sang, vous l’êtes d’une manière toute
comme tu viens aussi noble  : par le cœur. Car pour vous, Wastburg n’est pas
de le faire un lieu de vie par dépit, c’est un choix, un coup de foudre, une

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histoire d’amour qui ne fait que commencer et qui saura grandir
au soleil de notre paix civile. et finira avec des pleurs et une grossesse non
Vous apprendrez à apprécier les subtilités du noble caractère désirée
pou
combrienencdoere wastburgien. Car notre cité peut s’enorgueillir de donner sa de cochon
temps ? chance à tout un chacun, vous en êtes la preuve vivante. En re-
tour, vos concitoyens sauront respecter votre parole et vos actes pas dans
mon quartier
parles-en aux en vous prouvant, si besoin est, que cette cité est reconnaissante en tous cas
Loritains, tiens envers ceux qui se mettent au service des principes cardinaux
que sont la vertu, la justice et l’intégrité. j’offre 10 gelders à celui qui peut
me les montrer,
Et tandis que vous arpenterez les rues en admirant la majesté ces trois-là
sans orgueil de notre cité franche, gardez à l’esprit les mots su-
blimes d’un des fondateurs de Wastburg, le maester Tygael qui, Il y avait déjà
maesters
écrivant à sa vieille mère, lui exprimait ses aspirations en posant des t Wast-
avan
en terre la première pierre de la plus vieille bâtisse de la cité : burg ?
« Puisse l’isle de Wastburg devenir un havre coupé des vilénies de
ce vilain monde. »
pari tenu sans doute un
Je fais ici le pari que d’ici peu, vous vous sentirez ici chez vous bordel loritain,
et que les qualités évidentes de nos bonnes gens auront déteint déjà à l’époque
sur vous le plus naturellement du monde, faisant de vous non
plus ces hommes déracinés, mais de solides gardes wastburgiens
au cœur fidèle.
ut pas ente ndre
ce qu’il ne fa Échevin Vriess
Premières impressions de Wastburg
Chacun perçoit notre cité aux multiples facettes d’une façon
différente, et ses habitants ont tous une relation unique avec elle,
comme nous le montrent Kraeje et Raaf.

Wastburg selon Kraeje


Aborder Wastburg du sud par la mer, c’est découvrir l’im-
mense port, dont les quais et les docks animés occupent toute et surtout
la façade maritime de la cité. Derrière, vous n’apercevez que des ses boxons
entrepôts, la forme imposante des salines, le gueulard de l’an-
tique (et pourtant neuf ) four à chaux, vous donnant l’impression
que Wastburg n’est qu’un immense site industriel enserrant une
petite bute d’habitations.
En descendant le Puerk depuis le nord, vous discernez les
canaux de la Pointe de l’Étrave autour desquels le fleuve se
c’est quoi, ça ? sépare en deux bras, et, au-dessus, la cité montant doucement en
une canopée d’ardoise, dont émerge à mi-hauteur de la colline,
la forme imposante de l’ancienne citadelle de la Purge. Même
surtout branlante
faible, le relief préserve la cité des trop gros dommages causés
par les crues de la fonte des neiges. si tu vis à l’étage
En arrivant par la route depuis l’une des deux berges, vous em-
brassez du regard les pontons, les maisons sur pilotis, l’incessante
activité des flottilles de barges, de péniches et de barques. Le
passage à gué étant impossible, il vous faut emprunter le superbe
pont de pierre depuis le Waelmstat ou celui du côté loritain
(dont les travaux de construction devraient prendre fin l’année
prochaine), ou louer une barque.
Ahaha
Quel que soit le côté par lequel vous abordez Wastburg, vous
ne pouvez manquer, surplombant la cité, la forme élancée de la
Tour des majeers. Oubliez-ça J’ai pourta
Bien que plusieurs fois assiégée (mais jamais conquise !), Was- entendu parlernt
d’une ou deu
tburg n’a jamais eu à s’entourer de murailles pour se sentir proté-
fois où la citxé
aurait été
occupée
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Faut plutôt
voir ça comme
gée. La cité est donc ouverte directement sur le fleuve et la mer une fille qui en
a marre de se
sans donner cette impression d’enfermement caractéristique des faire violer et
cités moins confiantes en leur résistance. qui décide de
Vous serez étonné, peut-être déçu, par le manque flagrant de se faire payer
pour écarter les
verdure et d’espaces ouverts. En effet, la population de Wastburg jambes
C’est ivrsèraie grandit et l’espace vital est limité par la nature insulaire de la
que la jumstice cité. Rares sont donc les places publiques ou les jardins privatifs
et l’in
passentonmaieuxun
car toute surface constructible est nécessairement utilisée pour le
quand jardin bien commun des Wastburgiens.
bout de Les rues qui s’entortillent dans tous les sens autour de cet axe
central qu’est la Tour des majeers pourraient donner l’impres-
sion qu’il n’y a aucune logique architecturale dans le treillis de
venelles qui irrigue la cité. Rien n’est moins faux. Il revient à
chaque maester de coordonner une occupation au sol harmo-
nieuse qui respecte les chartes établies et qui soit en adéquation
avec les usages du quartier. Et la coutume du quartier veut très souvent que le
Le garde qui patrouille pour la première fois aura du mal à maester palpe
de l’or avant
Non mais
percevoir une frontière tangible entre les quartiers. C’est nor- de prendre une
ils sont payés mal : Wastburg met de l’avant une logique du « vivre ensemble » décision en ta
pour écrire qui s’affranchit des différences séparant habituellement les faveur
des menteries habitants des grandes cités. Dans notre cité, le débardeur et le
pareilles ?
bourgeois participent au même titre à la vie de quartier. Ils n’ont
Mais bi
et ils meann gesûntr,
donc pas à vivre dans des parties différentes de la cité. C’est
pourquoi les maisons sont accolées les unes aux autres  : elles
participent ainsi à cette joyeuse promiscuité qui tisse du liant
ensemble, en
plus
social entre les voisins.
Et fait que tu deviens dingue à force de vivre l’un dessus l’autre
Apprenez parsecœ ur, c’est
Wastburg selon Raaf peu t- êtr e le ul pas sage
du livre où ils se sont
À première vue, rien ne distingue Wastburg des cités wael- brusquement mis
miennes du continent : des échoppes bruyantes, des rues puantes, à dire des choses
des places aux pavés défoncés, des bâtiments publics plus de
vraies !
toute première jeunesse. Mais il suffit d’y traîner un peu pour

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voir la différence. Les fenêtres murées, l’absence de jardins et
de parcs, les rues étroites, les maisons collées les unes aux autres
comme des mendigots en hiver : tout ça étouffe. Si vous tournez
de jour, vous maudirez la cohue et le bruit, et vous finirez la jour-
née les pieds broyés et les oreilles en feu. Si vous tournez de nuit,
vous pesterez contre l’obscurité et vous sursauterez au moindre
bruit bizarre.
Pas besoin d’apprendre le nom des rues, il suffit de vous laisser
guider au pif, littéralement. La rue des poissonniers ne pue pas
pareil selon qu’on est dans le haut de la rue (qui vend des pois-
sons d’eau douce nourris à la vase) ou dans le bas (qui vend des
fruits de mer douteux). Vous sentez à la fois des remugles mâ-
tinés de vinaigre et un vieux relent d’urine ? C’est que vous êtes
entre l’apothicaire Gurmt, qui oblige ses clients à se badigeonner
tout le corps de vin aigre pour chasser la maladie, et chez Deart,
qui met lui-même en tonneau sa mixture composée de pisse et
de cendres avant de la fourguer aux paysans waelmiens en ap-
pelant ça un fertilisant. Ne faites pas comme les maesters qui
cocottent le parfum, et vous ne serez jamais perdus à Wastburg.
Et puis on dit la cité, la cité, mais concrètement, ça va être
quoi votre Wastburg ? Quelques rues emmêlées qui se prennent
pour un quartier, tout au plus. Vous pensez sincèrement qu’une
fois votre ronde terminée vous aurez encore les arpions en état
pour marcher jusqu’à l’Étrave vous enfiler un godet ? Non, vous
apprendrez à vivre dans votre coin de la cité, et les rares fois où
vous sortirez ça sera pour courir la gueuse, et encore, vous finirez
par vous rabattre sur le gibier local quand vous aurez compris
qu’elles sont toutes les mêmes quel que soit le quartier.

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Patrouiller dans Wastburg
Vous userez plus d’une paire de bottes à battre la semelle à
travers la cité avant de prétendre la connaitre seulement un peu.
Ces descriptions quartier par quartier vous seront précieuses du-
rant vos premières patrouilles, et même après.

Le quartier de la Tour
Qui découvre la cité en arpentant son quartier le plus cé-
Plus
maintenant lèbre ne peut que s’extasier. Finement ciselé, dominé par sa
mythique tour, il forme le cœur de la cité. Même si la magie a
déserté les lieux, les bâtiments voisins de la Tour expriment la
nostalgie patinée d’une belle époque. Anciens lieux de résidence
Elle n’est des majeers, ces hautes maisons richement ornées incarnent en-
pas partie, elle
a juste changé core aujourd’hui la mainmise que ce quartier central garde sur
de souteneur les affaires de Wastburg. Je parie que le
burgamester
de l’époque leur a promis de les
Histoire du quartier exemptervraide taxes. C’est ça, la
e magie du lieu
Les raisons qui ont poussé les majeers à sélectionner ce haut-
lieu pour ancrer leur pouvoir tant magique que politique restent
largement méconnues. Le taudis que le quartier était à l’origine
a laissé place à la construction la plus étonnante qui soit. La
science des majeers a permis d’ériger une structure d’une solidité
jamais dépassée depuis, surclassant aisément en robustesse tous
les châteaux waelmiens et ce qui ose prétendre au titre d’archi-
tecture en Loritanie. Avouons que nous serions d’ailleurs bien
en peine de relancer un tel chantier de nos jours pour reproduire
cet inébranlable symbole de la majesté wastburgienne.
Y’a qu’à voir le temps que ça leur prend pour
Habitants
construire le pont loritain, hein
Évidemment, les majeers ne sont plus les occupants de cet
écrin depuis la Collapsence. Le quartier est désormais le refuge

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des fortunes de la cité et l’or est dorénavant la plus puissante des
magies. Peu intéressées par le pouvoir politique, ces familles was-
tburgiennes sont pourtant à l’origine de l’excellente vitalité éco-
nomique de la cité puisqu’elles brassent des affaires et assurent
Ah, parce que
c’était pas le ainsi la prospérité de tous. Mais elles s’acquittent de cette tâche
cas avant ? avec une discrétion honorable, ne montrant que rarement leur
Si ra
veut dirree m«en ent
réussite et préférant rester à l’écart. Pour ne point s’imposer aux
autres, elles préfèrent même se marier entre elles.
permanence »,
alors oui
Lieux notables
La Tour des majeers  : que dire sur la Tour qui n’ait pas
déjà été chanté dans les tavernes  ? Elle était là hier, elle est là
aujourd’hui et elle sera là demain. En tant que nouveau Was-
Oups
tburgien, elle est votre nouveau phare et la preuve éclatante de
l’ingéniosité locale et de la grandeur de la cité. Si seulement on
pouvait y pénétrer… Beaucoup disent la même chose de ta sœur
Les hautes maisons  : elles ont chacune une notoriété un
peu étrange. L’une a déjà vu six de ses propriétaires se suicider.
Une autre ne donne naissance qu’à des filles. Une dernière pos-
sède une salle de bal qui réunit annuellement la fine fleur du
quartier. Quiconque passe devant ces demeures d’exception ne
peut que fantasmer sur ce que renferment leurs façades majes-
tueuses. Et en tant que garde, vous n’aurez aucune raison d’y
pénétrer puisque les crimes du quartier ne sont jamais le fait des
respectables membres des hautes familles. Faut reconnaître que ce n’est
pas eux qu’on retrouve à la Purge
Évènements
Lorsque chaque année une famille différente invite les autres
maisons, rien n’est trop beau pour rendre hommage à la bonne
fortune de celles et ceux qui vivent à l’ombre de la Tour. Si vous
n’êtes pas nés dans la bonne maison ou que vous ne servez pas Ah tiens,
une des familles établies là, vous n’assisterez jamais à ces fêtes. enfin une ce
vérité dat.ns
livre

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À l’inverse, vous ne trouverez jamais un membre de bonne fa-
mille parmi les fous qui tentent d’escalader la Tour. Chaque an-
née, il se trouve un imbécile pour croire à un nouvel outil ou une
technique de grimpe, mais l’exercice se termine immanquable-
ment par sa chute. Paradoxalement, les plus mauvais grimpeurs
tombent de moins haut et s’en sortent donc mieux. Mais ils s’en-
têtent souvent et finissent par atteindre des hauteurs mortelles.
Bon, ben bonne nouvelle : y’a plus de danger
Implantation locale de la Garde
Douillettement installée dans de charmants locaux ingénieu-
sement placés entre deux grandes maisons, la garde du quartier
de la Tour ne possède malheureusement pas assez d’espace vi-
tal pour avoir ses propres geôles. Les gardes du quartier doivent
donc accompagner leur coupable dans les cellules des quartiers
voisins. Et négocier avec les gardoches car ils se font chèrement payer,
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le maester et l’éche- les cons
C’est que
la solde vin du quartier ne sont jamais issus des grandes maisons du
est quand quartier : trop accaparées par la conduite du grand commerce, les
même ridicule
comparée aux familles du quartier n’ont pas le temps de s’impliquer. Par contre,
marges qu’ils les gardes du quartier bénéficient de moyens conséquents car les
font sur
notre dos grandes familles ne comptent pas leurs gelders quand vient le
moment de soutenir la loi dans ses efforts quotidiens. Surtout
enfermer unpocourncurfairere
ou faire pression sunt
Crimes & Délits un fournisseur r
La Tour n’attire malheureusement pas que les honnêtes gens.
Parmi ceux qui y viennent voir se trouve beaucoup de délin-
C’est encore
quants en quête de bourses aisées à dérober ou de visiteurs trop vrai avec le
ébahis par le prodige architectural pour se méfier des arnaqueurs. champ de
Les grandes maisons sont parfois les cibles des monte-en-l’air
ruines actuel
décidés à braver les rumeurs sur les anciennes demeures des ma-
jeers. Par souci de ne pas surcharger la Garde, les familles du
quartier prennent soin d’équiper leur personnel de maison de

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Et on les en remercie
gourdins pour dispenser une justice aussi juste que rapide. Dès
lors, les gardes peuvent sans arrière-pensée se concentrer sur les
seuls délits qui comptent : ceux de la rue.

Le Port
Du chenal encombré en permanence de bateaux de toutes
tailles aux docks grouillant de dockers, de camelots, de mar-
chands, et de porteurs, le port de Wastburg est un permanent
tourbillon industrieux. Ce n’est pas un quartier résidentiel  : il
d’activités pas n’est que quais, docks, arsenaux, entrepôts, bassins de radoub,
toutes légales marchés à la criée et boutiques d’artisans vivant de la mer. La
frénésie diurne contraste ainsi fortement avec le désert que de- Y’a quand
vient le port à la nuit tombée, quand ne résonnent que les chants même un beau
lot de miséreux
de marins beuglés depuis les bouges restés ouverts. qui dorm
ils peuvenentt enlàtroù
Histoire du quartier deux marées e
Profiter de l’anse de Wastburg, qui forme un port naturel entre
Je ne les deux branches du fleuve, a été l’une des principales motiva-
m’en lasse tions des colons waelmiens qui cherchaient un endroit où établir
pas de
celle-là la cité qui abriterait leur idéal de justice et de liberté. Le port
est ainsi l’un des plus vieux sites de la cité, mais cela ne se voit
guère : la concurrence pousse les armateurs à agrandir sans cesse
leurs docks, les marchands à étendre leurs entrepôts, et il n’est
que les bâtiments publics à qui l’on donne le temps de vieillir.
n ruine
tomber e
Habitants
Dans la journée, le port est fréquenté par des gens de toutes
conditions sociales et de toutes cultures. Pour avancer entre les
étals et sous les échafaudages branlants, n’hésitez à donner de
l’épaule et du coude. Les insultes y fusent en waelmien, bernois,
ghonois, pargon, ou dans les innombrables dialectes des îles du
Cap Sûr. Très rarement en loritain, nos voisins préférant la fa-
ont-ils eu le choix ?

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cilité du commerce fluvial aux risques du commerce maritime.
On a coutume de dire que le port est le seul lieu de Wastburg publicité
où l’on puisse échapper à sa condition initiale. Aussi, que l’acces- mensongère
sion à la richesse soit une possibilité ou un fantasme, elle draine

bon marché durant la journée des travailleurs de toute la cité. Ils se heurtent
aux corporations qui ont la mainmise sur l’activité portuaire  :
dockers, radoubeurs, charpentiers, cordiers, voiliers, veillent fa-
rouchement à la défense collective de leurs intérêts. Mon conseil : ne laisse
jamais
La nuit, les Wastburgiens regagnent leurs quartiers, et le port cordiè une
re te
n’est plus habité que par les équipages des bateaux amarrés. Les passer la corde
rues désertées sont particulièrement dangereuses, les passants au cou
détroussés ayant de bonne chance de finir à la baille. ou gardes

Lieux notables
La jetée du Pogne : certains érudits prétendent que le véri-
table nom de cette digue est la jetée du Ponant. La vérité a dispa-
ru avec les majeers qui en entretenaient le fanal. De la construc-
tion titanesque à l’entrée du chenal, bâtie sur le modèle de la
Tour des majeers qu’elle annonçait, il n’est pas facile de discerner
grand-chose sous l’amoncellement d’épaves  : quelques années
après la Collapsence, le fanal, qui avait continué à briller, implosa
en attirant à lui tous les bateaux qui croisaient l’extrémité de la Faut avouer
digue à ce moment-là. Les matériaux ont été si bien compactés que le bois
commence à
qu’il a été impossible de dégager les épaves, et les Wastburgiens, être tout ver-
pragmatiques, se sont accommodés de la sculpture géante de ba- moulu, on se
demande si ça
teaux agglomérés qui surplombe l’entrée du chenal. ne va pas finir
Les quais : même si la rade de Wastburg est large, il a fal- par se casser
lu, avec le développement de la cité, augmenter le nombre de
la gueule
mouillages et permettre aux navires de plus gros tonnage de venir
décharger leurs cargaisons directement à quai. Mais ce développe-
ment s’est fait de la façon la plus anarchique qui soit. Aujourd’hui,
rien de surprenant à Wastburg
entre les quais privés des plus gros armateurs, les quais flottants
plus ou moins temporaires, les tronçons de quai inachevés ou ef-

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fondrés, les bassins asséchés, ou les vestiges de rempart du port, les
quais forment un dédale de pierres sur la mer donnant l’impres-
sion qu’on pourrait traverser la rade jusqu’à l’île de la Quarantaine
à pied. Si votre travail vous amène jusqu’aux quais, faites-vous ac-
compagner d’un habitué pour pouvoir vous y retrouver. Et surtout, payez-le au
retour, jamais d’avance
La Navale : cet imposant bâtiment sur pilotis aux fenêtres
toutes tournées vers l’océan témoigne de l’ambition de l’un des
précédents burgmaesters de faire de Wastburg une puissance
maritime en formant aux arcanes de la mer la fine fleur de la
bourgeoisie. Les maesters lui ayant rappelé la primauté des à coups de
dague dans le
affaires de politique intérieure, l’école, qui forme des pilotes dos
portuaires et des officiers de marine, a végété et n’a jamais occupé
plus d’un quart du bâtiment. Celui-ci n’est cependant pas resté
inoccupé : la Navale tient aujourd’hui tout à la fois le rôle d’hôtel
de ville, de salle de ventes, de bourse, de chambre de commerce,
et même de consulats pour certaines des nations étrangères. La
cour intérieure accueille le commerce de cargaisons précieuses,
et le Cercle des officiers est un club huppé dont les tables sont
très prisées. pour le déjeuner : aucun bourgeois ne serait assez fou pour
Ça veut dire traverser le port le soir pour aller y souper
qu’un garde Implantation locale de la Garde
inventif saura
percevoir as-
sez de taxes La Garde portuaire, en plus des compétences habituelles de
pour vivre police, a également celles de douane et de garde-côte. La dif-
grassement ficulté des situations rencontrées, où il faut souvent démêler
dettes, créances et langues étrangères, est encore compliquée par
le nombre d’intérêts et de corporations en présence. Ces raisons
expliquent pourquoi ne sont affectés à la Garde portuaire que les
plus expérimentés et les mieux intégrés des gardes de Wastburg. et qu’ils soient
Le rôle important de la Garde portuaire est mis en valeur par exclusivement
waelmiens
le local prestigieux qu’elle occupe, la Capitainerie, l’un des bâ-
timents les plus anciens du port et le seul à n’avoir jamais été
entretenu. On le dit même antérieur à la Purge !
défiguré par des latrines
échafaudages Il suffit de vislaiterconses
fi r ma tion
pou r en avo i r

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Crimes & Délits
L’alternance de la vie diurne et nocturne se reflète dans les ac-
tivités illicites du quartier. Le jour, les gardes ont affaire à du vol
à la tire sur le marché, des agressions de marins ou de passagers
l’esprit étrangers, des bagarres entre équipages. Cependant, le délit-roi
wastburgien
ne manque du port, c’est l’arnaque, le nouvel arrivant ignorant souvent la
jamais d’ingé- signification des curieux tatouages de ses interlocuteurs.
niosité quand il
s’agit d’alléger La nuit, le port devient le domaine des contrebandiers, des tra-
quelqu’un de ses fiquants, des cambrioleurs d’entrepôt et des détrousseurs à l’affût
gelders de matelots ivres. On ne se risque dans la rue, quelle que soit la
légalité de son activité, qu’en groupe et armé, en se méfiant au-
tant des ruffians que des honnêtes gens : il n’est pas rare que les
milices privées engagées pour surveiller les entrepôts des riches
marchands pratiquent la défense préventive quand elles voient
surgir des inconnus en pleine nuit.

Le quartier du Pont
Même pour les plus blasés des esprits, la découverte du ma-
gnifique ouvrage d’art reliant Wastburg au Waelmstat est de na-
ture à couper le souffle. Ses arches délicates, son tablier élancé,
ses puissantes poternes, forment une harmonie de lignes et de
courbes qui régalent l’œil et rappellent à l’esprit combien les liens
entre Wastburgiens et Waelmiens sont forts. solides comme une chaîne
d’esclave, même
La rive ouest de Wastburg est en permanence le siège d’une
intense activité  : entre les arches du pont, péniches, canots et
barques forment un ballet d’une densité telle que, parfois, c’est
à peine si l’on aperçoit les eaux du Puerk. Sur le pont lui-même,
se croisent du lever au coucher du soleil des flots interrompus
de personnes, de charrettes et d’attelages. Enfin, le quartier de
Wastburg, que le pont dessert, résonne de la même vitalité.

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Histoire du quartier
Même du temps où le pont de Wastburg était en bois et sus-
ceptible d’être détruit à chaque crue, le quartier témoignait,
par son intense activité, des relations privilégiées de notre ci-
té-franche avec sa nation tutélaire. Alors que la rive est périclitait
mollement, le quartier ouest, par son dynamisme économique,
alimentait à lui tout seul le développement de Wastburg. Au-
jourd’hui, le pont, mais aussi les halles, le port fluvial ou les sa-
lines, nous rappellent à tous d’où vient la prospérité de Wastburg.
où va
Habitants
Comment, en visitant le quartier du pont, pourrait-on dire les
Wastburgiens tristes ou austères ? La vérité apparaît, évidente :
alors que l’esprit loritain fuit l’effort et recherche le loisir, l’âme
le profit
waelmienne s’épanouit dans le travail. Il suffit d’écouter les dis- facile
et le cussions spirituelles entre cochers, les marchandages bonhommes
langage de entre commerçants pour comprendre que l’âme de Wastburg est
charretier
des enfants là, dans le travail et la mise en commun des ressources nécessaire
à la vie citadine. S’intégrer à Wastburg n’est pas si difficile dès lors
qu’on l’a compris.
a les gelders
Lieux notables
Les Halles : impossible de les manquer  : après la poterne
côté Wastburg, une longue rampe permet d’accéder à des halles
couvertes desservies également sur le fleuve par des pontons aux-
quels viennent s’amarrer les péniches pour décharger. Ici bat le
cœur économique de Wastburg, encore plus qu’au port  : diffi-
cile de faire vivre une cité avec des bois précieux ou des épices
exotiques. Aux halles, on achète de la viande, des légumes, des
fruits... Il est normal qu’un endroit aussi important soit surveillé
au mieux, et la présence simultanée de gardes du pont, de gardes
et concurrente

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tripler fluviaux et de gardes de la cité, permet d’assurer une sécurité sans
le coût faille. Un enfant pourrait y faire ses emplettes avec des pièces d’or
de la
“protection” et revenir chez lui avec le juste compte de monnaie. Je propose à l’auteur d’y
Le port fluvial : entre le pont et les salines courent tout le envoyer son
gamin, pour
long du quartier des débarcadères en bois ou en pierre. Cet as- voir
semblage hétéroclite est dû au fait, qu’à Wastburg, les pontons
sont privés et exploités par des intermédiaires, les koopmans, qui
se disputent les péniches. Pour ce faire, ils font valoir la sécurité
de leur ponton en pierre et le coût et la rapidité de leur trans-
surtout leur
efficacité bordement. Certains koopmans coordonnent des régiments de
pour obtenir dockers tandis que d’autres exploitent en famille un petit quai
toutes les
autorisations de bois vermoulu.
nécessaires Les salines : à l’extrémité sud du quartier, là où les eaux du
à coups de fleuve rejoignent la mer, se dresse un impressionnant bâtiment,
pot-de-vin
témoin de la première denrée que les Wastburgiens commer-
cèrent : le sel. Les salines de Wastburg, qui exploitent l’eau sau-
mâtre de l’estuaire du Puerk et non de la vulgaire eau de mer,
produisent un sel réputé à la fois pour la conservation et pour la
cuisine. C’est dans ces quatre grandes bernes toujours fumantes
que travaillent nombre d’hommes du quartier. Ces sauniers
fabriquent, selon des procédés sur lesquels les maîtres-sauniers
ce dont
n’ont jamais permis que les majeers se penchent, le sel qui fit tout le
beaucoup à la fois pour la réputation de Wastburg et pour son monde se
félicite
autonomie. aujourd’hui
Évènements
Une à deux fois par an, selon un rythme connu seulement des
astronomes, se produit un phénomène de grande marée appelé
le Clapet. La mer se retire alors totalement de l’estuaire et le
Puerk devient un mince filet d’eau. Ce phénomène permet aux
habitants du quartier de coloniser la grève par des installations à ne pas
d’autant plus audacieuses qu’elles sont forcément éphémères.
manquer !
Tentes bariolées, roulottes peintes, cabanes branlantes... Pendant

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l’odeur, seul inconvénient
deux jours, tous le quartier vit les pieds dans le sable et la vase à
manger des fruits de mer frits, et s’extasiant devant les construc-
tions fantasques élevées comme pour défier la marée montante.
Aaah les
encornets Quand celle-ci revient, c’est sous la forme d’une vague immense
farcis capable de remonter le Puerk sur plusieurs dizaines de lieues -
en charriant les épaves de la foire du Clapet et de péniches mal
amarrées.

Implantation locale de Garde


Trois corps différents de gardes opèrent dans le quartier : les et rackettent
les paysans
gardes du pont sont chargés de la surveillance du pont ; les gardes
les pontards fluviaux patrouillent sur le fleuve ; enfin, la police du quartier est
et rackettent assurée par le détachement habituel de la Garde. Bien que cette lesquimaraîchersrackette
les péniches division claire des compétences ait permis qu’à ce jour, aucun
cas de concurrence interne ne se soit produit, deux mesures ont
été prises pour améliorer encore davantage la coordination. Tout
d’abord, tous trois partagent les mêmes locaux, l’ancienne maison
du niveleur chargé à l’époque du pont en bois de mesurer tous les
matins la hauteur du fleuve pour prévenir les crues. Ensuite, un
rang a été créé pour relayer auprès des prévôts de chaque corps
compliquer les ordres de l’échevin : la viguerie. Ces trois viguiers partagent
la hiérarchie le même bureau, ce qui leur permet d’avoir une parfaite connais-
de se surveiller mutuellement
sance des préoccupations des autres corps de garde du district.

Crimes & Délits


c’était Si la Garde ne consacrait pas autant d’effort à la sécurité du
pas le cœur poumon de la cité, la circulation d’autant de biens et d’argent
de la cité attirerait tous les délits habituels  : vols à la tire, pickpockets,
tout à
l’heure ?
d’ par
escroqueries, mais aussi bandes organisées, extorsions... Mais,
grâce à la vigilance de nos trois corps de garde, très peu d’in- autres que
les gardes
fractions sont commises, et celles qui le sont sont immédiate-
ment appréhendées. Le seul véritable souci de nos représentants enterrées dans
la procédure ou
disputées entre
les juridictions
17
dans ce quartier vient de l’irruption des dockers loritains, qui ont
chassé les dockers waelmiens vers le port où le travail est plus dur
et moins rémunérateur. Ces dockers loritains font souvent pres-
sion sur les armateurs et les koopmans pour être payés de façon
indécente. Bien que répréhensible, cela n’aurait rien d’illicite si
les dockers - qui préfèrent être appelés débardeurs - s’en tenaient
seulement à la grève.

Le quartier de la Purge
Si de jour le quartier de la Purge donne l’illusion d’être comme
n’importe quel autre quartier, avec ses matrones revenant du mar-
ché et ses artisans façonnant le génie wastburgien de leurs outils,
à la nuit tombée les ruelles accueillent une sombre Cour des mi-
racles qui a pris le district sous sa coupe. Tout le contingent de
mendigots et de coupe-jarrets de la cité s’y donne rendez-vous
pour porter atteinte à la bonne moralité. Heureusement pour
nous, cette ribambelle de malandrins n’est fédérée par aucun
chef et se divise donc en d’incessantes querelles intestines qui
r…
Pas si sû provoquent des vendettas sans fin facilitant grandement notre
travail.

Histoire du quartier
Ces venelles ont toujours été le siège d’une criminalité ram-
pante. Aussi quand la cité est devenue assez grosse pour se doter
d’une prison, les autorités de l’époque ont trouvé naturel de la
placer au cœur du quartier le plus notoirement amoral en s’ac-
riches
cordant sur le fait que c’était là que les honnêtes gens seraient
le moins incommodés. Et il semblait logique que le criminel né
dans ces rues sans probité et ayant grandi à la marge du bon sens
finisse son parcours criminel enfermé dans le quartier même qui
l’a vu stagner dans la médiocrité.

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Habitants
Évidemment, tous les habitants du quartier ne sont pas des
pigeons
scélérats. Il existe des personnes vertueuses qui tentent malgré
tout de vivre des vies décentes dans cet environnement corrompu
par les mauvaises habitudes loritaines. Mais elles sont souvent
obligées de se taire pour éviter les représailles, ce qui veut dire
que le garde éclairé ne doit attendre aucune assistance dans ces
rues.
Pour le reste, il y a assez peu de différences entre les déchets
qui vivent dans et autour de la Purge, et ce n’est qu’une question
de temps avant que l’un n’en sorte et que l’autre n’y entre. Le tatouage étant
la seule différence
entre eux et un
Lieux notables purgeard
La Purge : bien que le bâtiment ne soit plus dans sa prime
jeunesse, il incarne chez le citoyen tenté par le crime une me-
nace tangible qui le garde dans le droit chemin. Les murs de la
Purge protègent la populace des criminels les plus notoirement
crapuleux et permet dans de nombreux cas de réformer les ca-
ractères les plus réfractaires à la loi. On a vu plus d’un prisonnier
forcené s’attendrir lors de son séjour et finir par entendre raison,
rappelant ainsi aux gardes qu’il est possible de faire changer les
hommes. C’est confirmé : ce n’est pas l’un des nôtres qui a écrit ce truc
Pour les gardes, la Purge est une mutation avantageuse et res-
pectée qui est souvent une récompense offerte de bon cœur par
ses supérieurs à un garde méritant et prometteur. C’est pourquoi
le surnom de purgeard est porté avec fierté par ceux qui ont la
chance de pouvoir s’en enorgueillir. C’est marrant, par chez nous c’est plutôt
une menace.
Chez le barbier Brûle-poils  : quand un prisonnier a la J’ai dû mal
chance de pouvoir sortir de la Purge de son vivant, il est de tra- comprendre
dition qu’il passe dès sa sortie chez le barbier qui officie au pied
de la prison. Les poils et cheveux coupés lors de cette tonte salu-
taire sont rituellement brûlés par le barbier (sous les hourras des
Mais ne vous avisez pas de passer sous sa
lame si vous êtes un gardoche

19
acolytes de l’ex-prisonnier) qui symbolise ainsi le retour à une vie
nouvelle... jusqu’à ce qu’il retourne à la Purge pour un autre délit.

Évènements
Les traditions festives ne sont pas la grande spécialité du
quartier. Certes, la nuit, tous les bouges s’agitent d’une activité
frénétique qui s’étire jusqu’au petit matin, mais l’homme respec-
table qui ne vit pas des fruits du crime a lui peu d’occasions de
célébrer publiquement.
Seule commémoration réellement populaire du quartier, le
Tintouin est une journée particulière où tous ont le droit dire,
mais surtout de hurler, ce qui leur passe par la tête. C’est une
parole libérée qui permet de dire tout le mal que l’on pense de
son voisin ou d’exprimer sa rage contre les prix pratiqués par
tel commerçant. Le tout sans crainte de représailles, si ce n’est
que l’objet de votre colère vociférera des ignominies tout aussi Mouais, y’en
a plusieurs qui
franches et accusatrices sur votre compte. en viennent aux
Il est bien évidemment interdit à un garde de se servir des ac- mains le len-
cusations portées ce jour-là pour mener des enquêtes. demain, quand
Par contre, ça aide même
Implantation locale de la Garde
Très occupée par la gestion de la Purge, la Garde est, il est
vrai, moins présente dans les rues du quartier, faute d’effectif
suffisant. D’où sans doute la mauvaise réputation des lieux qui
passent pour un secteur permissif. Mais à choisir, vaut-il mieux
que les gardes fassent la chasse aux petits délits ou qu’ils tiennent
les assassins bien enfermés ? Poser la question, c’est y répondre.
Et puis, le monde criminel possède sa propre justice : même ces
crapules ont un semblant de moral, après tout. Qu’un tueur se
mette à occire des innocents sans raison et il sera dénoncé ou
puni par d’autres canailles. Du jam ais vu en 15 ans de
métier

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Crimes & Délits
Soyons honnêtes avec nous-mêmes : si les Loritains ont bel et
bien importé le crime à Wastburg, en revanche c’est bel et bien
l’esprit waelmien qui l’a érigé en système organisé. Et c’est de ce
quartier que partent les consignes et que tombent les sentences
de mort. Un ordre est donné dans l’arrière-salle d’une taverne
puis voyage de complice en comparse jusqu’à l’autre bout de la
cité. Une fois le crime commis, le butin ou la preuve du méfait
remonte la hiérarchie criminelle pour revenir au quartier de la
Purge. Au quotidien, cette nuée de vauriens vit son existence
parasitaire faite de petits méfaits. Mais quand un voleur dévalise
un détrousseur, est-ce vraiment un crime ? Pas chez moi

Le quartier de l’Étrave et les Flamands


En descendant depuis la Purge jusqu’aux ruines de la tour
de l’Étrave, vous atteindrez en bordure de fleuve des rues qu’a
priori rien ne distingue du reste de Wastburg : façades austères,
toits d’ardoise, portes en chêne. Mais les côtés donnant sur le Ça dégouline
Puerk présentent un aspect totalement différent  : les balcons, de mièvrerie
qui se la pète,
les corniches, les sculptures, les ornementations en pierre et en heureusement
ferronnerie forment un ensemble exubérant, unique à Wastburg. qu’on est
Au-delà de l’Étrave, la cité semble vouloir gagner le plus loin épargné depuis
la rue
possible sur le fleuve avec de riches villas construites sur pilotis,
séparées entre elles par des canaux. Gagner sur le fleuve, ou retranchés de
la cité ? Ils veulent bien de notre pognon,
mais pas de nous !
Histoire du quartier
Alors même que Wastburg n’était encore qu’un village cô-
tier, le port maritime et les marais salants permettaient déjà
r , le
Profiutxeumétier à certains de ses habitants de vivre dans le confort. Les plus
plus mvieonde – à favorisés décidèrent alors de se faire construire des résidences
du astburg secondaires à l’autre extrémité de l’île, loin du bruit des docks et des
W

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Le plan de la cité de Wastburg

Le gars à qui on a confié la confection de ce guide


m’a l’air ussi doué que ceux qui l’ont écrit... Allez savoir
pourquoi il a décidé de caser ça ici, en plein milieu !
Bon, au pi
votre poche,re,çavou s pouvez jours détacher le plan et
peut toujourstouêtr e utile (enfin, si le ziguele fo urrer dans
est plus doué que la fine équ qui
ipe qui a oeuvré à ce guide)l’a établi
Le reste, vous pouvez le
lecture pour les rats. Ou vousbalance r à l’égout, ça fera de
en servir pour...Oui, bah vousla
‘l’avez vu venir, celle-là.
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L'équipement standard du gardoche
Y en a qu appellent ça le
pot-de-chi am
Le casque
demandez pas brpoe,urmqueoi...
La capeline

Une rumeusorn teodnaeucer


veut que é de
vienne duatioprn,ociéd
fa ures tannirée-
br i c n sp
des meilleloritaines.
ries La cuirasse
part
Tu pagrlaerds,oclahepslun’en
, des queue
verront jad’umneais !la
L insigne
Soi-disant le etsymdebollae
de l’autorité doche.
probité du garmon
Ben voyons,
cochon !

Les gants
Utile pour serrer la pogne La jupe de lattes
d’un collègue qui aurait eu on en
un accident avec sa jupe de Ca, en ureneva..nc.Ehte on se
latte. a tous quoi ça
demandà epabirten àà provoquer
sert (tupides accidents en
de s d’envies trop pres-
cas santes)

Les bottes

, c e ll e s - là, q, uca’nedst La matraque


u
He fournies s agne
ellesopsognrtandes, al’voedceudre du La meilleuree. coEllmp
du gardo (et elle tte
ch e es
tr avec cu-
trouss,urouqui on lesit al’hryégiène fiable, fidèle
garsées (et il avaaremment) refilera pas launfrtruéqcuehonten-s
pér uteuse, app teux si tu u trop)
do un pe
t
 : c’esmanufactures.
Malgré luiqu
pas moité ! i l’a i Les années passant, ce hameau de luxe se retrouva
ajou malgré lui incorporé à Wastburg. Un alinéa dans la loi sur la taxe sur on se
les fenêtres exemptant du comptage les façades au-dessus de l’eau, on demande
com
construit désormais, pour en profiter, sur les hauts-fonds en amontest ament il
rrivé là
de l’Étrave, sur des pilotis posés sur des sols de plus en plus profonds.

Habitants
Vous ne verrez pas beaucoup de riches notables dans les
rues du quartier, qui ne sont utilisées que par la valetaille et les
commis – et les gardes, bien sûr. Le comble du chic, pour les
bourgeois, est de ne se déplacer que par les canaux pour se
rendre visite les uns aux autres. Car les habitants de l’Étrave ne
et si se mêlent que rarement aux autres Wastburgiens  : ils sont les
vous les
écoutez ils descendants des familles qui ont créé Wastburg. Ils n’ont que
vous diront mépris pour ceux qu’ils appellent les parvenus des Hautes-Mai-
qu’ils ont vu sons, dont, en général, ils ne partagent pas les idées politiques.
naître et
mourir les Bien que commerçants également, leurs origines portuaires les
majeers ont rendu sensibles aux influences extérieures, et ils n’imaginent Qu’est-ce que
pas que Wastburg puisse vivre en autarcie. les riches aiment
encore moins que
les pauvres ? Les
Lieux notables autres riches !
Les Flamands  : c’est sous ce terme que les Wastburgiens
désignent les palais lacustres de l’Étrave, en raison de leurs pilo-
tis mais aussi de la présence de nombre de ces échassiers sur ces c’est plus joli
hauts-fonds. Toutes ne sont pas identiques, loin de là. Les plus que des rats
ou des pigeons,
anciennes villas, en général plus sobrement décorées, sont celles mais ça remplit la
qui se trouvent en bordure du fleuve, et les plus proches de la même fonction :
terre. Elles arborent sur leurs frontons les symboles du métier à
aucune
l’origine de la fortune familiale, et se démarquent également par
leur matériau : une pierre blanche provenant de la vieille tour de
guet démantelée. Les plus récentes sont les plus éloignées de la
terre ferme, et rivalisent entre elles d’audace et d’extravagance.

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La Coopérative maritime : parmi tous ces palais richement
décorés, un bâtiment détonne, aussi sobre côté terre que côté
fleuve. Il s’agit de la Coopérative maritime, la plus ancienne
banque wastburgienne, une vénérable institution destinée à l’ori-
gine à financer collectivement l’armement de navires, mais qui a
depuis longtemps diversifié ses activités dans tous les commerces
pratiqués à Wastburg. La “Comar” est une banque d’affaires et Croquer
d’investissement : elle ne prête pas pour les besoins privés et ne à tous les
obtenir un fait pas de change. Il se dit que dans ses livres de comptes se râteliers, ça
simple entretien s’appelle
de courtoisie cache le véritable secret de la longévité et de l’indépendance de
avec un sous- Wastburg : les dettes souveraines des États voisins. S’il n’y avait que ça…
fifre demande
plus de réseau
que n’en ont Évènements
la plupart des
échevins Vous ne verrez pas beaucoup d’animation dans les rues et les
canaux de l’Étrave, où les habitants vivent de façon très recluse.
Depuis que des concurrents ont été malmenés par les valets d’un
notable pour avoir emprunté un canal privé, l’Avironnaise fait
même un large crochet pour éviter les Flamands.

Implantation locale de la Garde


L’échevin du quartier de l’Étrave commande également aux
gardes la charge de la collecte d’impôts. Tous, gardes réguliers
et collecteurs d’impôts, sont affectés à l’Hostel des impôts. Mais
avec en-
parce qu’il ne pouvait, symboliquement, en être autrement, celui-ci thousiasme,
est le bâtiment le plus vétuste de tout Wastburg, une contrainte même.
Surtout en
que les gardes de l’Étrave comprennent et acceptent parfaitement. hiver
Bien qu’il ne s’agisse d’un problème mineur sans conséquences
sérieuses, il faut signaler dans ces pages la question de la juridic- qu’il dit :
tion dont relèvent les canaux : celle-ci est en effet contestée par c’est pas lui
les gardes de la Fluviale comme ceux de l’Étrave. Il est dommage qui risque de se
faire caillasser
que des désaccords existent entre nos fiers défenseurs de l’ordre, s’il met un pied
mais il faut ramener les choses à leurs justes proportions : cette en dehors de la
ligne

28
question n’a jamais soulevé que quelques échanges de propos
lestes après le service. Des barques coulées, des membres cassés,
des
gardes passés par-dessus bord, ça ne compte pas ?
Crimes & Délits
Le principal problème du quartier de l’Étrave est semblable à
celui de la Tour des majeers : le fléau contre lequel les gardes ont
à lutter est le cambriolage. Sauf qu’ici, l’élément des monte-en-
l’air est plus souvent l’eau. Monte-en-l’eau ! Ils ont fait exprès ?

Quartier du centre Ooooh… Qui oserait ?


On a pu dire Wastburg triste, sévère, voire sinistre. Certes, les
façades aveugles, les toits d’ardoise, les immeubles sombres ac-
colés les uns aux autres, les rues étroites, composent un paysage
austère. Mais l’esprit artistique des Wastburgiens ne s’expose Les flaques
de vomi et
pas : il s’observe dans des détails, comme les enseignes sculptées les tripes de
des échoppes ou les margelles gravées des nombreuses fontaines. chien forment
aussi des jolis
Et surtout, plus qu’une cité à voir, Wastburg est une cité à en- dessins sur la
tendre, et les bâtiments sont moins intéressants à regarder que le chaussée
théâtre de la vie qui se joue tous les jours dans ses rues, gratuite-
ment. Que serait Wastburg sans les Wastburgiens ? Un bon début

Histoire du quartier
Constitué à l’origine des faubourgs des zones industrielles,
commerçantes et résidentielles qui un jour formeraient Wast-
burg, ce quartier a crû à mesure que la main-d’œuvre indispen-
sable aux autres districts venait s’y installer. Aujourd’hui il repré- « Loin de
sente tellement Wastburg que ce sont les autres quartiers qui en tout, près du
reste » disent
sont devenus les faubourgs. Il est à noter que ce quartier central les locaux
n’a jamais reçu de nom. Il est le seul qui n’ait pas de fonction
(comme le port) ou de bâtiment particulier (comme la Purge).
Pour en parler, les Wastburgiens disent pragmatiquement «  la
ville » ou « en ville ». Et plus haut on vantait l’art wastburgien…

29
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Habitants
La culture wastburgienne, celle qui a su garder le meilleur des
origines waelmiennes et des influences cosmopolites reçues, ne
s’exprime nulle part mieux que dans ce quartier. C’est ici, dans le
Wastburg populaire, que se trouve l’âme de la cité, des délicieuses
odeurs de choux aux délicates nuances de brun et de gris des vê-
tements. Tous les corps de métier et toutes les couches sociales
sont représentés «  en ville  ». C’est dans ce quartier qu’on peut
entendre le plus authentique des accents wastburgiens, si recon-
naissable à sa prononciation épaisse qui traîne sur les voyelles.
Surtout après l’heure de l’apéro
Lieux notables
Les rues : la rue wastburgienne ne se raconte pas, elle se vit
Surtout avec vos cinq sens qui seront continuellement sollicités. Votre
l’odorat fonction de garde vous amènera à découvrir toutes les facettes
de cet entrelacs de venelles, mais vous aurez des difficultés, de
prime abord, pour vous orienter. Les rues sont moins des axes de
circulation que des espaces laissés entre les immeubles, et elles
peuvent se révéler tortueuses. Elles n’ont pas toutes un nom, ou
pas le même du début à la fin, en dehors des plus célèbre comme
la rue de la Bouche ou la Vanne. Pour vous repérer, le plus fa-
cile est de vous servir des très nombreuses fontaines : facilement
identifiables, elles servent de points de repères à toutes et tous,
même celles qui ne donnent plus d’eau depuis longtemps.
Les places : l’urbanisme wastburgien n’existant pour ainsi
dire pas, les places ne sont pas nombreuses et donnent plus l’im-
pression d’être des endroits où l’on a oublié de construire que des
espaces aménagés.
Parmi les places célèbres, on peut citer la place de la Basoche.
Le fameux théâtre tribunal de Wastburg, qui la domine, lui
donne sa fonction : elle est pour moitié lieu central de l’activité
judiciaire de la cité, pour moitié consacrée aux bateleurs et aux

30
spectacles de rue. Exécutions publiques et spectacles de rue s’y
succèdent, sans qu’il soit toujours facile de les distinguer.
La place de la Tourmentiere, où se finissent les porchaisons, est
également connue pour être le siège de notre édile. Vous remar-
querez une simple maison de ville sobre et fonctionnelle : c’est
autant l’expression du caractère modeste de notre burgmaester,
Ou plus
que de sa volonté de consacrer toutes les ressources de la cité au simplement :
bien-être de ses habitants plutôt qu’au confort de ses dirigeants. c’est un pingre
Les bâtiments  : outre le théâtre tribunal, vous trouverez
également dans ce quartier le collège de médecine, que, pour les
aspects de médecine légale dont il s’occupe, vous serez certaine-
ment amenés à fréquenter. Les médecins qui y sont formés tra-
vaillent ensuite aux Écuries, l’hôpital municipal aménagé dans
les écuries que Wastburg avait fait construire à une époque où un
échevin avait imaginé qu’une Garde à cheval serait plus efficace
pour le maintien de l’ordre. Si quelqu’un vous dit qu’il va « se
faire poser des
fers » ou « se faire bouchonner », ce sont dans
chaque cas des euphémismes pour
Évènements indiquer qu’il doit recevoir des soins.
La porchaison, cette fête où tout le monde essaye de capturer
des cochons graisseux par une belle journée de pluie et de boue
est évidemment l’événement le plus important dans cette partie
de la cité, le premier venu sera capable de vous en expliquer les
règlements et les bienfaits. En tant que nouveau Wastburgiens,
il vous sera certainement donné de participer à cette fascinante
fête populaire. Lorsque ce sera le cas, rappelez-vous que, tout
cauteleux et incivique qu’il puisse parfois être, le Wastburgien
déteste la tricherie lors d’une porchaison plus que toute autre
chose.

Implantation locale de la Garde


La garde du quartier est dirigée comme partout ailleurs par un
échevin, mais son importance, puisqu’il représente à lui tout seul

31
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plus de la moitié de la population de la cité, fait que le nombre
de prévôts y est plus important que partout ailleurs. Il a déjà
été question à plusieurs reprises de le scinder en plusieurs enti-
tés administratives, mais ces suggestions n’ont jamais été suivies
d’effet. Ca augmenterait directement le nombre de maesters, et il
faudrait diviser le gâteau en plus de parts…
Crimes & Délits
La taille du quartier, la diversité de ses habitants, et la créati-
vité wastburgienne en matière d’activité illicite, font que tous les
types de crimes et délits possibles y sont commis, et certains y
ont même été inventés.

Le quartier loritain
Hélas, Wastburg n’est pas toujours à son avantage. Linge qui
pend aux fenêtres en été, fêtes bruyantes le soir, traditions aussi
ostentatoires qu’incompréhensibles… tous les sens sont agressés
quand on se retrouve malgré soi dans le quartier loritain. Et puis
il y a ce laisser-aller généralisé, cette nonchalance toute loritaine
qui transforme en un rien de temps une honnête maison wael- Comme on
dit chez nous
mienne en affreux taudis. Mais c’est dans la nature de ces gens, il « Mieux vaut
faut apprendre à composer avec leurs travers. avoir un poil dans
la main qu’un
Mais pour peu que vous ayez des goûts cosmopolites, vous Loritain pour
trouverez sans doute un certain charme dans cet entrelacement voisin »
de rue sans nom, ces vêtements aux couleurs criardes et ces
odeurs étranges qui sortent de leurs marmites. Et puis, il parait
qu’on s’habitue à tout. Sauf à payer l’impôt.
Ça, on s’y fait jamais
Histoire du quartier
Ce coin de la cité a toujours plus penché du côté loritain que
waelmien, en raison de sa proximité avec ce vieux royaume. Mais
au départ, c’était une enclave bien plus circonscrite, quelques bâ-
timents typiques qui donnaient un charme exotique et décalé à

32
Wastburg. Le problème a commencé quand les Loritains ont
migré en masse jusqu’à notre cité. Ils ont grignoté l’espace, ache-
tant (à bon prix, reconnaissons-le) des demeures limitrophes qui
ont progressivement fait grandir la tache loritaine sur la carte
wastburgienne. Ils avancent bâtiment après bâtiment à mesure
que la valeur marchande des lieux baisse dramatiquement en rai-
son du voisinage. Notez que vivre à côté des Loritains est la seule solu-
tion pour acheter une bicoque abordable à Wastburg
Habitants Pas certain qu’ils aiment ça, en fait
Les mofkens, car c’est ainsi que l’on nomme affectueusement
les Loritains, sont des voisins pour le moins étranges qui ne
s’intègrent pas, c’est un fait. Certains se rasent la tête pour des
raisons méconnues, d’autres pratiquent des chants difficilement
reproductibles avec des cordes vocales waelmiennes, un dernier
peint sa maison au plus fort de l’hiver avec les restants de pein-
ture d’un quelconque bateau. Et bien malin celui qui peut pré-
tendre comprendre cette peuplade qui semble prendre un malin
plaisir à se contredire. Ils ont tout du caractère du chat : à trop
les fréquenter, on finit invariablement par se demander qui est
le maître de qui. Heureusement pour nous, les Loritaines n’ont
qu’un petit par portée
Lieux notables
Le pont vers la Loritanie  : inspiré par le solide pont de
pierre qui relie Wastburg au Waelmstat, le pont qui mènera
bientôt vers la Loritanie sera à l’image des liens qui unissent
payant
ces deux peuples  : solides et durables. Financé par des dons
volontaires de la communauté loritaine, il permettra de consoli-
Volontai
avec une daregu=e der les échanges économiques et culturels entre la cité et ses voi-
sur la gorge sins. Le chantier est encore un peu chaotique pour le moment,
mais nul doute que grâce à la générosité des Loritains, ce pont
sera prochainement une fierté partagée entre tous les Wastbur-
giens, quelle que soit leur origine.

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Le lavoir  : ancien lieu de rencontres des femmes wal-
miennes, ce lavoir n’est étrangement plus utilisé pour laver du
linge depuis que les Loritains ont pris possession du quartier. Il
n’est pas rare de voir un habitant du quartier y rester allongé des
heures à la surface de l’eau, en train de faire la planche, comme
s’il dormait en flottant. Considèrent-ils l’eau du lavoir comme
curative ? Si vous leur posez la question, ils feront semblant de
ne pas comprendre ou vous nourriront de menteries éhontées.

Évènements
Le plus remarquable dans les fêtes loritaines, c’est leur non-ré-
gularité. C’est en vain que vous attendrez logiquement qu’une
célébration revienne à la même période que la précédente. Et
ne soyez pas surpris s’ils fêtent deux fois de suite le même ri-
tuel : ils ne suivent pas le même calendrier que nous. Mais plus
que la fréquence, c’est la nature même des cérémonies qui laisse
pantois. C’est à croire que pour ces gens-là, tout n’est qu’un cha-
rivari ayant pour but de se moquer de l’honnête homme. C’est
au mieux une aimable perte de temps et au pire une vaste blague
orchestrée par eux pour vous faire tourner en bourrique.
Mon conseil : si c’est loritain, passe ton chemin
Implantation locale de la Garde
Naturellement dirigée par des prévôts et un échevin wael-
miens, les gardes de ce quartier sont en grande partie loritains.
Mais par un curieux illogisme local, ces gardes ne sont ni sélec-
tionnés par le recruteur de la Garde ni encore moins formés par
l’instructeur de la cité. Il semblerait (car tout ce qui est loritain
ne peut être que spéculation) que les jeunes Loritains doivent
tous offrir une année de leur vie au service de la Garde (mais ce
passage obligatoire peut être fractionné en plusieurs périodes).
Ce qui est un casse-tête sans fin pour l’échevin qui doit compo-
ser avec des effectifs variables et non formés. Encore faut-il que

Mais heureusement
gratuits
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ces gardes comprennent les ordres et les suivent, ce qui est tout
sauf une évidence.
Bonne nouvelle : les gardes waelmiens qui sont affectés dans
ce quartier de la cité gagnent deux fois plus d’ancienneté que les
autres. Et ils se font des cheveux blancs, merci

Crimes & Délits


Il n’est pas offensant d’affirmer que la grande majorité des vices
présents à Wastburg ont des racines loritaines. Vol, violence, Et donc un
tronc, des
fraude  : c’est comme si leur morale était étrangère à la nôtre. branches et un
Le garde de faction dans le quartier en verra donc de toutes les feuillage très
couleurs, l’ingéniosité criminelle des habitants n’ayant pas de li- waelmiens
mite. Ils se parjurent sans vergogne, ont une définition très floue
de la propriété et point de honte quand leurs filles font le trot-
toir. Et pire qu’un Loritain qui s’entête à ne pas reconnaître sa
culpabilité, il y a le Loritain qui s’accuse lui-même, de sa propre
initiative : c’est à coup sûr une entourloupe. Mais pour peu que
vous mettiez en doute leur bonne foi, ils s’agrippent alors à un
Mais une
enquête vite sens de l’honneur complètement déplacé qui leur tient lieu de
bouclée défense ultime. Ils appellent alors à la rescousse leurs frères et
leurs cousins, et c’est le début des ennuis pour l’honnête garde
qui essayait juste de faire son travail en faisant respecter les lois
équitables de la cité. Au final, les Loritains se sentent tellement
au-dessus du bon droit qu’il est bien normal que le garde finisse
par ne respecter aucune loi quand il traite avec cette population.

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Vivre à Wastburg
Comment aborder le quotidien dans notre belle cité.

Se nourrir
draine
La gastronomie wastburgienne donne le meilleur du terroir
waelmien et des richesses de la mer et du fleuve. Agissant comme
un immense chaudron, la cité cuisine tout ce qui lui passe entre
les mains. Les femmes de Wastburg trouvent toujours le moyen
d’accommoder une pièce de viande ou un poisson étrange, en
particulier grâce aux nombreuses épices loritaines qui per-
mettent de faire passer n’importe quel arrière-goût.
Vendeur ambulant, auberge accueillante ou citadin offrant le
couvert : l’honnête travailleur trouve toujours le moyen de man-
ger à sa faim dans les rues de la cité. Le port est également un
Au pire, il peut grand pourvoyeur de produits frais grâce à la Grand’Halle qui
manger liquide offre tout un éventail de poissons et crustacés. Le marché se
tient chaque jour dans un quartier différent de la cité. Et d’odeurs suspectes
S’il est aisé de trouver toutes sortes d’animaux vivants, en re-
vanche taureaux et vaches sont abattus en terre waelmienne pour
éviter que la Loritanie ne profite des efforts séculaires de sélec-
tion que les éleveurs ont fait pour produire les plus belles bêtes
du pays. La viande loritaine est notoirement connue pour être à
l’image de son peuple : décevante. Je connais des Loritains prêts à payer cher
pour obtenir un couple de bêtes vivantes
Se loger
C’est sans doute la chose la plus difficile, ne nous le cachons
pas. Il faut vous attendre à devoir vivre petitement et sans doute
partager votre chambrette avec un collègue. L’idéal est de trouver
Ah, l’amour… un confrère qui travaille de jour pendant que vous faites la nuit
afin de n’avoir à payer que le prix d’un lit pour deux. Si vous
finissez par trouver femme en mariant un beau brin de fille du

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coin, vous devrez également apprendre à apprécier ses parents
Avec un
car vous passerez autant de temps avec eux qu’avec elle. peu de pot,
Faites comme tout le monde : tenez-vous au courant des dé- vous n’aurez
pas à dormir
cès dans le quartier pour discuter rapidement avec le proprié- dans le même
taire d’un logement fraîchement libéré. Après tout, vous êtes un lit que vos
garde, vous devriez être dans les premiers à savoir ce genre de beaux-parents
choses. D’ailleurs, méfiez-vous des successions  : la perspective
d’hériter d’un logement indépendant est très souvent la source
de nombreuses violences entre descendants.
Quand elle
Renseigner vous à la capitainerie : il est à l’occasion possible n’est pas
de louer un hamac sur un bateau à quai. Il faut être toutefois directement
responsable
capable de cohabiter avec cette étrange race que sont les marins. du décès du
défunt
S’amuser
De nombreux établissements vous permettent de passer du
bon temps à Wastburg.
Du vin cuit à la gnôle en passant par la terrible bouscote, il est
impossible de mourir de soif dans cette cité. Apprenez toutefois à
vous méfier des liqueurs distillées par tout un chacun dans une cui-
sine : il est des alambics qui provoquent plus qu’une simple gueule
de bois.
Les filles ne manquent pas, mais là encore, méfiance : le plus
sûr moyen d’attraper le mal et de se retrouver avec la chignole
qui gratte, c’est encore de batifoler avec une Loritaine. Exigez la
propreté et la fraîcheur waelmienne. Et surtout, ne faites pas le nigaud :
Si vous misez de l’or sur un jeu de dés, mettez-vous bien payez à la
fin, sinon vous
d’accord sur le règlement avant de débuter la partie  : Wast- vous retrou-
burg possède ses propres variantes de règles, vous pourriez être verez avec la
culotte sur les
très surpris par les pratiques locales qui vont parfois à l’en- chevilles et l’air
contre des jeux tels qu’ils sont pratiqués en dehors de la cité. bête
De même, rappelez-vous que la chance du débutant n’existe
pas  : si c’est votre première partie et que vous gagnez, vous
êtes le pigeon.

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Il existe également un vaste éventail de fêtes et festivals qui
égayent la rue à diverses occasions :
La Vignarde, où les vignerons fêtent la fin des vendanges en Il est pré-
férable d’être
remplissant de vin un très large baquet dans lequel ils se baignent dans les pre-
nus. Ce qui se passe sous la surface, composée de grains de raisin miers à se
baigner, le vin a
qui flottent, est indescriptible. encore bon goût
La Lancure, un jeu où deux individus se lancent un œuf à ce moment
qu’ils doivent briser sur un troisième joueur qui essaye lui de
des festivités
rester propre. Mais si l’œuf se brise au sol, les deux lanceurs ont
perdu. Les tricheurs utilisent un œuf dur. Les pauvres utilisent une pierre et se
En soirée, le théâtre de Wastburg fait la part belle aux ré- font mal
pliques bien senties et aux quiproquos finement troussés. On
s’y moque subtilement des maesters par des allusions délicieu-
sement voilées qui frisent l’incorrection. Et pour le bonheur des
spectateurs, la cité abrite non pas une mais bien deux troupes qui
rivalisent de cabotinage pour s’attirer les grâces du public. Les
comédiens ne sont pas tendre les uns avec les autres, les deux
dramaturges s’attaquant l’un l’autre à même le texte : il se passe
ou que le texte
toujours quelque chose de tapageur sur cette scène. Et quand les de la nouvelle pièce
deux compagnies sont lasses de se chamailler, elles laissent place de l’une a été
brûlé par l’autre,
à des spectacles tout en jeux d’ombre et silhouettes mystérieuses comme ça s’est
qui mettent en scène des histoires très osées et très explicites, déjà vu
Dans le pour le plus grand bonheur de tous.
temps, on Et c’est finalement dans la rue que le badaud sera le plus plai-
disait que le
burgmaes- samment amusé par une véritable armée de bateleurs qui anime
ter était là chaque coin de rue, qui avec un ours intelligent, qui avec d’agiles
chaque soir,
déguisé dans contorsions ou d’adroites jongleries. Attention : pour de nom-
la foule breux amuseurs, le plus gros de la recette n’est pas collecté en
faisant circuler un chapeau dans le public mais bien en piochant Qui serlé
ait
vit e vo
directement dans la poche des spectateurs tandis qu’ils sont es-
baudis par la prouesse d’un homme fort ou la jambe légère d’une
funambule.

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Wastburg autrement
Anecdotes, coutumes, bâtiments  : tout respire l’histoire
à Wastburg.

Slapen
Vous entendrez dans les fêtes ou les tavernes un groupe
d’instruments traditionnels que l’on doit au célèbre artisan
wastburgien Slapen. Ce luthier immigré du Waelmstat, pour
survivre, avait décidé de démarcher la communauté loritaine. Il
s’est retrouvé avec des instruments inconnus sur son établi, et la
rencontre de la culture loritaine, de la lutherie waelmienne et des L’artisan a
matériaux locaux a produit ces instruments typiques, symboles connu une fin
malheureuse :
du métissage de notre cité : le caldestron, un petit tambourin à il a épousé une
double peau ; la beauvoise, une flûte à nez dont le tuyau de ré- Loritaine et est
sonance souple est enroulé autour du musicien ; et le pfelm, une
devenu dingue en
essayant en vain
guitare à manche courbée. Le succès permit à Slapen de fonder de composer de
un atelier renommé. la musique pour
son ensemble
d’instruments.
La nuit des fourchettes
Ce n’est pas une histoire que les gens de la rue connaissent.
C’est plutôt le genre de choses qui se raconte dans les salles de
garde, à la minuit, quand une vieille lampe peine à repousser les
ténèbres. L’histoire, c’est qu’il y a quelques années, on a retrouvé
sept gardes assassinés. L’un était dans son lit, l’autre faisait sa
ronde, un autre surveillait les geôles… Ils ne travaillaient même
pas dans le même quartier, ils étaient éparpillés dans toute la
cité. Et ces meurtres ont tous eu lieu la même nuit, laissant à
penser que c’était l’acte d’un assassin très preste ou d’une équipe
bien préparée. Et l’autre chose étrange, qui a donné son nom à
cette nuit des plus spéciales, c’est qu’ils ont tous été tués avec
une fourchette, laissée plantée bien en évidence dans le corps de

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la victime. Enfoncée dans l’oreille, dans le cou, dans un œil ou
dans le cœur… Toutes les fourchettes étaient identiques, avec un
poinçon gravé sur le manche représentant une tête de cochon
couronnée. L’enquête n’a démontré ni mobile apparent ni lien
entre les victimes (en dehors de leur profession), mais bien du
monde se demande si ça ne cache pas une escroquerie de taille
lors de la porchaison. Trichaient-ils ou bien étaient-ils sur le point
de dévoiler
que la porchaison n’est qu’une gigantesque diversion ?
Le four à chaux de Wastburg
À mi-chemin entre le port et la place de la Tourmentière, vous
pouvez discerner au milieu d’un bloc de maisons une haute struc-
ture cylindrique : cette curiosité est ce qui reste à voir de l’ancien
four à chaux de Wastburg. À l’époque où l’on construisait encore
beaucoup, les maçons de la cité ont imaginé économiser sur les
coûts de construction en produisant leur propre chaux. Il y avait
ce qu’il fallait de calcaire sous ce qui n’était pas encore le quar-
tier loritain, et les eaux du Puerk auraient permis d’éteindre la
chaux vive produite par le four. Celui-ci construit, on s’attaquait
à peine à l’excavation de la carrière quand un ouvrier qui donnait
de la pioche fut pulvérisé en lumière. Les majeers descendirent
en catastrophe de leur tour et condamnèrent le lieu, mais rien
n’a jamais été expliqué. Le four à chaux est resté tel quel depuis,
sans jamais avoir fonctionné, et le transport de la chaux éteinte a
profité aux bateliers. Des maisons sont venues d’accoler au four,
et les Loritains, après la Déglingue, ont construit sur les lieux de
l’accident.
avaient payé
Et si c’était euxpouquir dés
les ma jee rs ouder
l’ouvrier ? Le Roi d’un jour
On ne se rappelle plus s’il a débarqué par bateau ou s’il a tra-
versé le pont (qui devait être encore en bois, à l’époque), mais
la mémoire collective de Wastburg se souvient de ce Waelmien
hautain qui a posé un pied dans la cité en brandissant un édit

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dûment marqué du sceau royal et proclamant qu’il était désor-
mais le seigneur légitime de la place. Tout le monde a ri en cape
en entendant ses revendications, et par raillerie, tous ont instinc-
tivement joué le jeu en lui donnant du votre altesse et en faisant
mille courbettes devant l’importun qui était enchanté de l’ac-
cueil de son bon peuple. Il a festoyé, on l’a acclamé, il a écouté les
doléances, on l’a installé dans la plus luxueuse des chambres de la
cité. Et le lendemain matin, la farce ne faisait plus rire personne,
alors on l’a renvoyé chez lui après l’avoir dépouillé de son or et
des ses vêtement et l’avoir recouvert de défécations animales. Et
depuis on sait au Waelmstat que les Wastburgiens peuvent jouer
des tours vraiment pendables aux imbéciles qui ont le tort de
leur déplaire. La question est : qu’est
devenu l’édit royal ?
La statue du Cheval embarqué
La statue de la fontaine du Cheval embarqué a longtemps in-
trigué. Que signifie ce cheval géant dressé crachant de l’eau sur
une coque de navire qui sert de bassin à la fontaine ? Est-ce une
allégorie ? Le rappel d’une fois où on aurait fait grimper un che-
val dans une barque ? Ou, comme certains érudits du continent
l’ont écrit, la seule trace d’un sentiment religieux à Wastburg ?
La réponse, typiquement wastburgienne, est connue depuis peu.
On a redécouvert d’anciennes archives, dont celles d’une déci-
sion de justice concernant le fameux monument. Un maester
avait choisi d’étaler sa réussite en construisant une fontaine or-
née d’une glorieuse statue de bronze. Un concours de sculpture
fut lancé, mais son organisateur accepta les pots de vin de deux
ateliers concurrents, et deux œuvres furent réalisées et livrées le
même jour : un majestueux cheval et un fier galion. Chaque ate-
lier voulait installer sa statue pour en réclamer le paiement, et
une guerre de positions commença. Une nuit, une échauffourée
particulièrement violente se solda par la mort d’un apprenti, et
la justice fut saisie. Pour couper la poire en deux, le juge ordonna

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alors que les deux statues soient fusionnées et que chacune des
parties reçoivent la moitié de la somme convenue. La solution
convenait à tout le monde  : le bateau fut démâté pour fixer à
l’intérieur le cheval, et l’hybride fut fixé sur la fontaine pour le
résultat que vous pouvez admirer aujourd’hui.

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Conseils au garde débutant
Wastburg peut sembler intimidant pour un nouvel arrivant
plus habitué à un mode de vie campagnard. Et il est vrai que la
vie dans notre cité est bouillonnante, ce qui permet à certains

Il parle des petits malins de profiter de cette effervescence pour vivre une
gardoches, vie de facilité et d’excès. Aussi la question que doit se poser le
là ? garde nouvellement nommé en poste est la suivante : comment
faire pour que la loi soit respectée ? Il faut être malheureusement
réaliste : vous ne pourrez pas arrêter tous les chapardeurs. Mais
l’expérience vous apprendra à faire la part entre le bon grain et
l’ivraie wastburgienne. Aussi vous trouverez dans ce chapitre
des conseils concrets sur votre métier de garde que nous avons
collectez pour vous au cours de nos innombrables enquêtes et
missions spéciales.

Types de délinquance fréquente


On peut résumer les crimes en deux grandes catégories : le vol
et la violence (et dans le pire des cas, le vol avec violence). Par
vol, nous n’entendons pas seulement le chapardage sur les étals
ou les petites mains qui viennent chercher l’or directement dans
vos poches. Partir d’une taverne sans payer, entrer par ruse dans
le théâtre, se faire trompeusement passer pour un collecteur des
impôts, mentir sur la cargaison que l’on transporte, rogner des
gelders avec une lime, pénétrer nuitamment chez autrui… tout
ça c’est du vol. Et ça occupe la grande partie de la vie du garde
Et nous harceler car s’il y a bien un domaine où les Wastburgiens ne manquent
d’impôts ?
pas d’ingéniosité, c’est bien la resquille. Le garde averti devra
apprendre à ne pas perdre trop de temps avec les vols, surtout
s’il est impossible de trouver des témoins de bonne moralité ca- De même il est
pables d’attester de la propriété des biens. stupide de gas-
piller une journée
Par violence, on parle aussi bien des menaces à peine voilées entière sur le vol
que du tabassage en règle ou le meurtre le plus sordide. Mais là d’un objet qui
vaut moins que la
solde journalière de
deux gardoches.
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encore, il s’agit de réagir de manière appropriée. Dans de nom-
breux cas, les coups ou blessures reçus par un citoyen qui n’a
pas la conscience tranquille agiront comme une leçon bien plus
efficace qu’une amende ou un passage en cellule. Mais dès que
le sang coule, il est sans doute temps pour le garde d’intervenir.
Enfin
Dans le doute, immobilisez tout le monde. On ne sait jamais qui
les moins,
a commencé et qui a tort, aussi il est préférable de mettre tout agressifs
le monde en cellule et de laisser décanter. Au pire, la victime
Pas dans s’en tire avec quelques heures d’enfermement, ce qui est de loin
la même
cellule, par préférable à une erreur de jugement qui permet au coupable de
contre. s’en sortir. Là encore, pensez-y à deux fois avant de demander au
juge de se prononcer sur la moindre agression : à moins que la
victime (et souvent, le mot est bien exagéré) n’ait eu besoin de
voir un médicastre, il est bien rare que l’affaire vaille la peine de
prendre une ampleur juridique. Évidemment, quand il y a mort Exigez une
d’homme, c’est une tout autre affaire. amende d’un gelder
pour chaque bleu
et de trois gelders
Arnaques courantes par estafilade,
cela suffit am-
Les litiges les plus courants concernent de faux élixirs censé- plement.
ment miraculeux qui ne sont en fait que de la tisane relevée avec
un alcool fort. Plusieurs marchands qui vendent leurs produits
au poids ont une balance modifiée ou des poids non réglemen-
taires. De même, certains annoncent leur prix à la toise ou au pi-
chet, mais ces mesures n’ont pas la même définition au Waelms-
tat et en Loritanie, d’où de fréquentes et houleuses altercations.
Évidemment, ne vous laissez pas duper : aucune autre monnaie
n’est acceptée à Wastburg si ce n’est le gelder. Toute autre pièce
est fausse ou loritaine. Et contrairement à ce que pensent cer-
tains de vos confrères, les gardes n’ont pas autorité pour per-
cevoir les taxes et impôts. Par contre, ils peuvent encaisser des
Mais il n’y a amendes si elles n’excèdent pas 10 gelders. La loi qui imposait
pas de limite
sur le nombre une amende d’un gelder par mot prononcé à quiconque parlait
d’amendes par Loritain en public n’est plus appliquée.
citoyen

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Bandes notables
Il est vital que le garde apprenne a rapidement identifier l’ap-
partenance d’un individu à une bande afin d’éviter de se frotter à
un gibier trop gros ou trop nombreux.
La Braillarde est connue pour l’habitude qu’ont ses
membres de faire diversion en hurlant à tue-tête des chansons
de salle de garde pendant que l’un d’eux commet son crime en
toute impunité.
La bande à Betalen élève des rats en cage qu’elle libère dans
les bâtisses qu’elle souhaite dévaliser. Les habitants paniquent et
laissent le champ libre à un petit groupe qui agit vite mais bien
en mettant à sac la maison en quelques instants.
La Grimpaille regroupe d’anciens marins dont le bateau est
bloqué depuis longtemps à quai car la succession de son arma-
teur est contestée. Ils se sont reconvertis comme monte-en-l’air
et se font une fierté de ne jamais mettre un pied à terre.
Comme leur nom l’indique, les Chignoleux jouent du
vilebrequin pour affaiblir de solides serrures ou même pour
couler de petites péniches qui ne veulent pas donner quelques
gelders pour éviter les ennuis.
L’Oiselier possède une bande étonnante : une armée de pies
dressées pour récupérer tout ce qui brille. Elles sont assez té-
méraires, n’hésitant pas à pénétrer par une fenêtre ouverte pour
fouiller. On cite même le cas d’une pie ayant attrapé dans son
bec un gelder qui avait été lancé en l’air pour tirer à pile ou face.
C’est vrai, j’y étais.
À notre connaissance, il n’y a pas de bande organisée loritaine
car ils sont incapables de travailler de concert, même pour des
projets criminels.

Faux, archi-faux.

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Les auteurs
Ce livre est dû à la collaboration de deux célèbres vétérans de
C’est dire la Garde : le patrouilleur Raaf a travaillé dans tous les services
si personne de la Garde et arpenté toutes les rues de Wastburg avant de se
ne devait consacrer à la formation des recrues. Le prévôt Kraeje a long-
pouvoir le
blairer temps été l’adjoint émérite de l’échevin Vriess avant de devenir Et n’a
assesseur de justice. À eux deux, ils cumulent près de cinquante donc jamais
été dans la
pour paoslper années d’expérience qu’ils partagent gracieusement dans ce livret rue
plus gr de référence qui aidera le jeune garde dans sa découverte de no-
tre glorieuse cité et de ses particularismes.

Quant à moi, j’ai quinze ans gdenesbouti que et je peux vous assurerla
que si vous appliquez cesle consi à la lettre, vous resterez de
bleusail toute votre courte vie.

Qui d’autre en
Ce livre appartient à la Garde de Wastburg. voudrait ?
Si vous le trouvez, merci de le rapporter
à l’échevinat de la Tourmentière.
en règles pour
Pour un votal badessbiagene public

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