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Cotonou
Bénin - 2001
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Comment Augmenter les Salaires et les Maintenir au Niveau du Coût de la Vie, Par, ATTOLOU Léontine
1. Introduction............................................................................................................3
2. Essai de compréhension du sujet ..........................................................................5
3. Comment augmenter les salaires?.........................................................................5
1. Introduction
La problématique du niveau des salaires dans les pays africains en général considérés pour la plupart
comme des pays en voie de développement, et en particulier dans les pays dont les économies ont été
durement éprouvées et qui de ce fait se retrouvent sous programme d'ajustement structurel, a toujours suscité
beaucoup de débats passionnés , de remous, de polémiques et cela sans que jusqu'à ce jour il n’ait été
possible de trouver une approche de solution qui pourrait faire le consensus ou l'unanimité, ou tout au moins,
servir de référence pour les réflexions en cours çà et là.
Je n’ai donc nullement la prétention de vouloir trancher une question aussi complexe et aussi
sensible que celle-ci, mais je voudrais tout simplement livrer à votre attention quelques éléments de réflexion
pour alimenter les discussions.
Plan propose
• Quelques définitions ;
• Essai de compréhension du sujet ;
• Illustration : le cas du Bénin ;
• Recentrage du thème ;
• Recommandation.
Quelques définitions
Salaire : « Rémunération du travail effectué par une personne pour le compte d'une autre, en vertu
d'un contrat de travail. »
Placé dans le contexte de la Fonction Publique, il s'agit du salaire indiciaire de l'agent déterminé par son
niveau de qualification et son ancienneté de service
Coût de la vie: « Valeur estimée des biens et des services, fondée sur la comparaison des revenus,
pendant une période donnée. »
Des travaux d’évaluation ont révélé qu'il existe un indicateur permettant de mesurer le coût de la vie
dans un pays ou dans une zone géographique donnée et en une période donnée.
Il est supposé mesurer la dépense indispensable pour un individu afin de lui assurer le minimum vital.
Le coût de la vie est apprécié par rapport au SMIG qui est supposé procurer à l'ouvrier le minimum vital.
Pour ce faire, il sera défini comme un ensemble de biens et services (panier) dans certaines quantités
indispensables à la survie de l'ouvrier. Il convient de mentionner que la composition du panier peut varier
d'une période à l'autre, suivant la nature des biens et services retenus d'une part, et les quantités d'autre part.
Il est ensuite calculé un indice des prix de ce panier/indice des prix à la consommation.
Les difficultés suscitées par la détermination du panier de biens minimum pour la survie font que cet
indicateur est rarement calculé par la plupart des pays.
Signification du SMIG :
« C'est le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti ». Actuellement il est fixé à 25.000 F CFA
dans le secteur privé.
N.B. : L’indice le plus faible à la Fonction Publique est de 100 de la valeur du point indiciaire = 2425
• L'inflation qui est la hausse des prix enregistrée sur de nombreux articles. Elle est mesurée par
l'indice des prix à la consommation, c'est-à-dire par la hausse des prix enregistrée au cours d’une
période déterminée, pour des articles de consommation identiques.
• Les modifications des habitudes de consommation (consommation d'articles différents, d'articles
nouveaux, plus chers ou de meilleure qualité.)
Budget : « Ensemble des comptes prévisionnels et annuels des ressources et des charges de l'Etat, des
collectivités et Etablissements publics ».
Contraintes budgétaires : « Le budget est par principe équilibré en recettes et en dépenses, ce qui
veut dire que toute dépense additionnelle prévue doit avoir en contre partie des recettes escomptées ».
Economie : « L'art de réduire les dépenses dans la gestion de ses biens, de ses revenus ». « C'est aussi
l'ensemble des activités d'une collectivité humaine relatives à la production, la distribution et la
consommation des richesses ».
Développement : « Ensemble des différents stades par lesquels passe un organisme, un être vivant,
pour atteindre sa maturité, sa croissance ». « Action d'évoluer, de progresser son résultat ».
Exigence : « Ce qu'une personne réclame à une autre. Ce qui est commandé par quelque chose,
nécessité, obligation ».
Exigence de développement économique : Il suppose que soient respectés les grands équilibres
macroéconomiques que l'on apprécie à travers certains agrégats (PIB, PNB, taux de croissance, taux
d'endettement, masse salariale, recettes totales, dépenses totales ratio significatifs etc.)
Cet exercice s'est fait par la recherche des groupes de mots significatifs dans le thème à savoir :
En général dans la fonction publique (et même dans le secteur privé), le travailleur voit son salaire
augmenté dans les cas suivants :
Ce qui signifie que l'augmentation du salaire de l'agent est une conséquence de la progression de sa
carrière. Or. de quoi s'agit-il ici ?
Il s'agit d'augmenter les salaires en vue de les maintenir au niveau du coût de la vie.
Autrement dit, il s'agit d'une indexation des salaires qui n a rien à voir avec le rendement ou les
performances du travailleur. Il s'agit donc de créer une chaîne continue de dépenses additionnelles, car ne
l'oublions pas, le salaire une fois payé à l'agent devient un droit acquis et ne peut donc plus être diminué tant
que le bénéficiaire n'a pas commis une faute qui lui vaut une telle sanction ou qu'en cas de difficultés
économiques particulières. Mais a-t-on prévu et peut-on d'ailleurs prévoir l'indispensable contrepartie en
recettes sans laquelle, il serait illusoire de vouloir exécuter un budget ?
En effet, un budget doit être équilibré en recettes et en dépenses et tel que le sujet est libellé, il est
question de créer à chaque fois des richesses nouvelles à partager.
Et à supposer même que la possibilité de créer ces richesses existe, n'est-ce pas un comportement
négateur de tout développement que de consacrer toutes ses recettes au paiement des salaires et à plus forte
raison pour des pays en voie de développement et sous programme d'ajustement structurel ?
• Le 20 janvier 1973 : déblocage de 50% des rémunérations correspondant aux avancements prononcés
du 1er octobre 1966 au 31 décembre 1972.
• Le 16 janvier 1976 : déblocage de 50% et ce pour compter du 1er janvier 1976, des rémunérations
correspondant aux avancements acquis du 1er janvier 1973 au 31 décembre 1975.
• Le 07 janvier 1977 : déblocage total des rémunérations correspondant aux avancements jusqu'au 31
décembre 1976 ; il prend effet pour compter du 1er janvier 1977.
• La Loi Fondamentale du 26 août 1977 Elle dispose en son article 127 : « les citoyens de la
République Populaire du Bénin ont droit au travail qui est un devoir et un honneur. L'État s'appuie sur
le développement planifié de l’économie nationale pour assurer progressivement le plein-emploi, pour
améliorer les conditions de travail et les salaires afin d'assurer aux citoyens la jouissance de ce droit. »
L'Etat s'engageait ainsi à assurer le plein-emploi aux béninois. Des structures de formations
professionnalisées ont été créées à tous les niveaux. Ce fut l'ère des recrutements systématiques de tous les
diplômés.
L'ordonnance N' 79-31 du 04 juin 19 79 portant Statut Général des APE et les textes subséquents.
La masse salariale, jusque-là gérée avec prudence et qui évoluait en dent de scie, connaîtra une
augmentation sensible consolidée par l'ordonnance N'79-31 du 04 juin 1979 portant Statut Général des
Agents Permanents de l'État qui en a élargi le champ d'application d'une part, et d'autre part la mise en
vigueur des décrets N'80-34 et 80-35 du 11 février 1980 qui portent respectivement sur :
• le déblocage total et définitif des avantages financiers correspondant aux avancements des agents
permanents de l'État et des personnels militaires des Forces Armées Populaires du Bénin pour
compter du 1er janvier 1980.
• la revalorisation du point d'indice pour compter du 1er octobre 1980. Celui-ci passe de 1900 à 2100.
Comme l'on pouvait s'en douter, les conséquences néfastes de ces innombrables mesures prises sur un
fond de crise à peine voilée ne se feront pas attendre puisque leur octroi n'avait pas tenu compte de la santé
des finances publiques et n'était sous-tendu par aucune politique d'accroissement de recettes.
Par ailleurs, l'extension du rôle de l'État dans l'économie s'est soldée par un échec du fait des lourdes
charges de fonctionnement des entreprises publiques accentuée par la mauvaise gestion et le pillage. Le
secteur bancaire en a inévitablement pris un coup.
Une crise économique profonde était imminente et il a fallu prendre des mesures urgentes. Ainsi par
exemple, l'élaboration du décret N'81-444 du 29 décembre 1981 portant modalités de paiement des charges
nouvelles résultant de l'application des statuts généraux des agents civils et militaires a permis de bloquer
dans une proportion de 50%, le gain d indice obtenu après le reclassement dans les statuts particuliers du 17
octobre 1981, par les agents en service à cette date.
Mais l'ampleur de la crise a fini par entraîner notre pays dans des programmes successifs de
redressement économique appelés Programme d'Ajustement Structurel (PAS) qui commandaient des mesures
plus énergiques (cf tableau joint).
De plus le blocage du paiement de l'effet financier des avancements des agents de l'Etat pour compter
du janvier 1987 a entraîné un retard cyclique dans la situation salariale de ceux-ci. Ainsi, en 1992 les salaires
acquis au 31 décembre 1986 a été débloqué en 1994 celui de 1988 et ainsi de suite. En 2001 les agents de
l'État sont mandatés à leur salaire indiciaire de 1996.
Dans un tel contexte où cinq (05) années de retard restent à rattraper, il apparaît donc utopique de
chercher à augmenter les salaires et mieux à les indexer sur le du coût de la vie.
Le plus urgent est d'abord de procéder à la mise à jour de la situation salariale des agents en leur
payant leur salaire indiciaire réel intégral.
En effet, les avancements d'échelons donneront droit à des gains d'indice très fables donc maîtrisables
et la récompense du mérite, loin d'être capitalisée dans le salaire indiciaire de l'agent, se traduira sous la
forme d'une prime ponctuelle dont ni l'octroi ni le montant ne sont garanties.
De plus l'enveloppe financière devant servir à payer ladite prime sera déterminée chaque année
compte tenu des disponibilités budgétaires.
Mais si cette réforme convient parfaitement à des pays sous programme d'ajustement structurel, il n'en
demeure pas moins qu'il laisse subsister quelques doutes quant à l'affectivité de son pouvoir motivant :
Dans tous les cas et comme l'avaient souligné d'éminents intervenants qui m'ont précédée, si les
facteurs subjectifs et les pesanteurs sociologiques qui font obstacle à une appréciation objective du mérite
perdurent, quid de l'avenir de cette réforme ?
Recentrage du sujet
Le développement ci-dessus nous permet donc de conclure que si l'indexation des salaires est un
exercice banal pour les pays du Nord qui se trouvent à une étape souhaitable de développement, aucun pays
africain, fut-il des plus riches, ne saurait avoir une telle prétention.
Il m'a donc paru nécessaire de ramener les choses à leur juste mesure en tenant compte de l'intitulé du
Panel qui est: "Motivation et rémunération dans la Fonction Publique".
"Comment garantir au fonctionnaire un salaire minimum décent et le motiver de manière à ce que par
ses performances individuelles, il contribue à l'amélioration de celles de l'Administration qui
deviendrait de ce fait un socle pour un développement durable de l'économie" ?
6. Recommandations
Actions à mener
• La maîtrise des effectifs de la Fonction Publique et de la masse salariale et donc une garantir de
paiement des salaires (dépenses de souveraineté) ;
• La consolidation et la pérennisation de la gestion informatisée du fichier des Agents de l'Etat ;
• L'instauration d'une gestion prévisionnelle et l'élaboration des plans d'effectifs ;
• Le contrôle et l'amélioration des performances des régies financières (impôts, Douanes, Trésor ) ;
• La lutte contre la fraude et la mauvaise gestion pour une répartition plus équitable du revenu national;
• La nécessité d'opérer des choix prioritaires en matière de dépenses et de partager les sacrifices
(salaires politiques exorbitants).
Créer d'autres sources de richesse par exemple en consolidant les structures de promotion de
l'initiative privée et de financement des activités génératrices de revenus.
En cas de besoin, créer des taxes nouvelles (par exemple dans le contexte de la décentralisation)
,Poursuivre la réforme du système éducatif dans le sens de la valorisation des instituts et écoles
d'enseignement technique et professionnel et l'émergence d'un leadership entrepreneurial. Il faudrait saluer à
cet égard la volonté politique qui s'est traduite dans la création d'un ministère pour gérer ces domaines.
Motiver
la richesse d'une entreprise réside dans la qualité et la motivation de ses ressources humaines.
Actions à mener sur les ressources humaines, les emplois et les structures afin de restaurer la place de la
ressource humaine qui doit être en amont, en aval et au cœur de tout processus de développement :
A cet égard, la contractualisation des emplois de bas niveau aux faibles revenus et les niveaux de
rémunération ne peuvent jamais permettre à leurs occupants d'avoir un minimum social vital pourrait être
envisagée.(Proposition de suppression de la catégorie
E de la grille indiciaire au cours des travaux de refonte des textes au Bénin).
7. Conclusion
Le système de fonction publique de carrière devenu inadapté dans un contexte de mondialisation qui
commande des prestations de qualité aux usagers/clients, l'efficacité et la compétitivité pourrait être
abandonné pour un système de fonction publique d'emploi qui suppose la résolution de tous les préalables
déjà évoqués (Facteurs limitant pour l'appréciation du mérite) et la disponibilité des moyens requis pour
atteindre les objectifs assignés. Ainsi, le travailleur pourra être payé selon le niveau du coût de la vie,
puisque l'Administration, projetée sur l'orbite de la performance serait devenue un socle pour un
développement durable de l'économie.
Gel des recrutements Ces mesures ont été prises dans le cadre de la
loi des finances - gestion 1987
Blocage de l'effet financier de
tous les avancements ;
Suppression de l'indemnité de
résidence soit 10% du
traitement indiciaire brut ; 1987
Réduction de 50% de salaires
des agents en stage pour toute la
durée du stage ;
Elimination de toute mesure
pouvant entraîner une
augmentation de la masse
salariale
Le contrôle physique des agents 1992 Il a permis de rayer 249 agents « fantômes »
La mise à la retraite des ayants 1990/ Cette mesure a permis d'admettre à la retraite
droit 1994/1995 normale 4.607 agents
La réduction du portefeuille de
l'Etat
La restructuration de
l'administration publique : les
audits
45000 70 000 F
40000 60 000 F
35000
50 000 F
30000
25000 40 000 F
20000 30 000 F
15000
20 000 F
10000
5000 10 000 F
0 -F
Effectif
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
M. salariale