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02|2019 La RSE et le développement durable : états et perspectives

Handicap et travail au Maroc : quelles réalités

pour quels leviers d’action ?
Handicap and work in Morocco: what realities for what
levers of action?

Par
Yasmina BENNIS BENNANI,
Professeure ès Sciences de Gestion
Equipe de Recherche DEGG,
Laboratoire de Recherche GECIAS,
FSJES Aïn Chock – Université Hassan II de
Casablanca
yasbenn@gmail.com
Et
Adil CHERKAOUI,
Professeur ès Sciences de Gestion
Equipe de Recherche DEGG,
Laboratoire de Recherche GECIAS,
FSJES Aïn Chock – Université Hassan II de
Casablanca
Cherkaoui.adil.casa@gmail.com

Les contenus de la revue ISSM sont mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Pas
d’utilisation commerciale – Pas de modification (CC BY-NC-ND).
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Résumé

Le handicap est une donne imprévisible pour chacun et chacune d’entre nous. Tous les ans,
des milliers d’individus, petits et grands, rentrent involontairement dans cette catégorie. Au
Maroc, c’est le plus souvent la famille qui se charge de faire vivre les handicapés. Mais
nombre de ces personnes handicapées, selon leur catégorie d’handicap, désirent être
autonomes, avoir un emploi, travailler dans une entreprise, avoir un salaire, une protection
sociale en plus de leur protection médicale, charge souvent lourde et de longue durée.
Au Maroc, le taux de chômage des personnes en situation de handicap est cinq fois plus élevé
que celui des non-handicapés. Le handicap est un facteur discriminant à l’embauche, malgré
les lois. Tout comme l’accès à la scolarisation, l’accès à l’emploi des personnes en situation
de handicap est très limité. Cette recherche se donne comme ambition de faire un bilan de la
situation des personnes handicapées au Maroc à travers des travaux du HCP, du Ministère de
la Solidarité et de la Famille mais également des expériences d’organismes privés et publics.
Tous commencent plus ou moins à chercher des solutions pour intégrer cette population non
privilégiée dans le monde du travail, en adaptant le travail à la situation de l’homme ou de la
femme handicapés.
Les DRH sont mis à contribution par solidarité, mais également et surtout pour faire respecter
la loi. Les actes de solidarité se structurent, ne se limitent pas à donner de l’argent, mais
réfléchissent au moyen d’accompagner dans le travail ces citoyens comme les autres.

Mots clés : Handicap, travail, emploi, entreprise, GRH socialement responsable.

Abstract

The Handicap is an unpredictable deal for each and every one of us. Each year, thousands of
people, young and old, unwittingly fall into this category. In Morocco, it is most often the
family who takes care of the disabled. But many of these disabled people, depending on their
handicap category, want to be independent, have a job, work in a company, have a salary,
social protection in addition to their medical protection, often heavy and long-term.
In Morocco, the unemployment rate of people with handicap is five times higher than that of
non-disabled people. The Handicap is a discriminating factor in hiring, despite the laws. Like
access to education, access to employment for people with disabilities is very limited. This
research aims to take stock of the situation of people with handicap in Morocco through the
work of the HCP, the Ministry of Solidarity and the Family but also the experiences of private
and public organizations. All of them are more or less starting to look for solutions to
integrate this unprivileged population into the world of work, by adapting the work to the
situation of men or women with handicap.
The HRDs are called upon out of solidarity, but also and above all to enforce the law. Acts of
solidarity are structured, are not limited to giving money, but reflect on how to support these
citizens and others in the work.

Keywords : Handicap, work, employment, business, socially responsible HRM..

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1. Introduction

Après un accident de la route, un accident du travail ou simplement un accident de la vie, un

grand nombre de personnes se retrouvent handicapées. Ainsi, au Maroc, aujourd’hui, sur les
quelques 600.000 bébés qui viennent au monde par an, plus de 10.000 meurent à la naissance
et près de 25.000 sont handicapés à vie.

De plus, il y a de nombreuses maladies, acquises durant l’enfance comme l’angine qui, mal
soignée, entraine des pathologies cardiaques invalidantes (tels que RAA); le Gouvernement
marocain a établi un rapport de la situation (« Enquête Nationale sur le Handicap » – 2005,
complété par l’enquête HCP 2014), rapports dans lesquels nous apprenons que les accidents
de la vie, évitables pour certains, génétiques 1 pour d’autres, engendrent de nombreux
handicaps plus ou moins lourds, nécessitant des frais, le plus souvent à la charge exclusive des
familles.

Dans un autre domaine, sur nos routes, à cause d’accidents de la circulation, il y a

annuellement entre 3500 et 4500 tués, environ 9500 blessés graves et 12 500 handicapés à vie.
(La Vie Eco, 24/07/2012). Le recueil des statistiques2 des accidents corporels de la circulation
routière 2016 confirme que les tendances ne changent pas malheureusement.

Les accidents de circulation routière sont les plus importants (19,5% des sources de
handicap). Suivent les accidents du travail qui pour 14,2% sont sources de situations de
handicap. On constate, sur ce type d’accidents, une énorme différence entre hommes et
femmes, puisqu’ils concernent 20% des causes accidentelles chez les hommes, contre
seulement 3% pour les femmes; celles-ci, par contre, rencontrent des situations de handicap
lors d’accouchements (22,8%), de violences familiales ou autres, en tout pour 44%3.

La population masculine est plus touchée par le handicap que la population féminine. Les
garçons de moins de 16 ans représentent 9,4 % de l'ensemble de la population en situation de
handicap, contre 6,1 % pour les filles ; et c’est une tendance qui se confirme jusqu'à 40 ans.

1
Le mariage entre cousins persiste au Maroc, avec un taux national de consanguinité de plus de 15 %, (30% dans
le rural) avec risques accrus de maladies génétiques héréditaires. Ces situations handicapent toute la famille et
alourdissent le budget de ces ménages le plus souvent très modestes. Autre exemple, la Trisomie 21 ou syndrome
de Down ; cette anomalie, qui touche une naissance sur 700 au Maroc, est encore trop souvent synonyme
d'exclusion scolaire et sociale ; mais les personnes qui en sont atteintes sont de plus en plus souvent automnes et
visibles dans la société, selon un responsable d’association (2017).
2
Recueil des statistiques des accidents corporels de la circulation routière.
www.equipement.gov.ma/...Maroc/.../Recueil%20des%20accidents%20de%202016%20.. .Source : Ministère de
l'Equipement, du Transport, de la Logistique et de l'Eau. Direction des Routes. Royaume du Maroc. 2016.
3
Enquête nationale sur le Handicap (avril 2005) complété par le guide HCP : les incapacités et le handicap au
Maroc (2014) – téléchargeable sur www.hcp.ma

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L’explication est dans une plus grande fréquence des accidents de la route, de travail et des
traumatismes dus aux violences chez les jeunes adultes de sexe masculin (selon les
responsables de l’Enquête nationale de 2005, qui a conduit à un plan d’action pour 2006-
2015). Il faut noter qu’au Maroc, un ménage sur quatre compte parmi ses membres un
handicapé.

A l’occasion de la journée internationale des personnes handicapées, le Haut-Commissariat au

Plan rappelle que le nombre de personnes en situation d’handicap s’élevait en 2014 à
1.703.424 personnes, soit un taux de 5,1% au niveau national4. La moyenne internationale se
situe plutôt entre 6 et 10% selon les pays ; pour les responsables de l’AMH5, notre pays serait
en réalité plus proche des 10%.

Les handicaps6comprennent des déficiences physiques, mentales ou sensorielles telles que la

cécité, la surdité, une mobilité restreinte ou un déficit intellectuel ou constitutif. Certaines
personnes sont atteintes de plusieurs formes de handicap et un grand nombre d’individus,
sinon la plupart d’entre eux, seront touchés à un moment ou un autre d’un handicap dû à une
blessure physique, à la maladie (dont le diabète) ou à la vieillesse ; le terme « incapacité »
s’applique à tout déficit physique (y compris lumbagos, sciatiques et autre maux de dos), mais
aussi mental ou sensoriel qui limite la capacité d’accomplir des tâches quotidiennes et qui est
causé ou aggravé par des conditions sociales ou environnementales (Convention relative aux
droits des personnes handicapées – ONU) 7 . La situation de handicap n’est donc pas la
déficience, mais l’ensemble des limitations que cette déficience génère.

Celles et ceux qui ont la malchance de vivre avec un handicap sont pratiquement mis au ban
de la société. Les statistiques illustrent largement l'exclusion quasi systématique et dans

4
Une deuxième enquête nationale sur le handicap indique un taux de prévalence du handicap au niveau national
de 6,8%, ce qui équivaut à 2,264,672 personnes en 2014.
5
Amicale Marocaine des Handicapés, association à but non lucratif situé près de Casablanca.
6
Le handicap est «la restriction des activités et/ou participation sociale d’une personne, de façon permanente ou
temporaire, stable ou évolutive, due à une déficience ayant entraîné une ou plusieurs altérations des fonctions
physiques, sensorielles, mentales, isolées ou associées, et une limitation des aptitudes fonctionnelles. Les
facteurs personnels et environnementaux peuvent constituer des obstacles ou des facilitateurs aux activités et/ou
à la participation sociale de la personne ». Céline PERROTEY
7
La définition du handicap retenue pour l’enquête nationale (HCP) est : « Le handicap est la restriction des
activités et/ou de la participation sociale d’une personne, de façon permanente ou temporaire, stable ou
évolutive, due à une déficience ayant entraîné une ou plusieurs altérations des fonctions physiques, sensorielles,
mentales, isolées ou associées, et une limitation des aptitudes fonctionnelles. Les facteurs personnels et
environnementaux peuvent constituer des obstacles ou des facilitateurs aux activités et/ou à la participation
sociale de la personne ».

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l'indifférence générale, des handicapés de toute activité sociale : 72% sont sans instruction,
88% sans emploi, sans parler de l'absence de couverture sociale (Seules 12% des personnes
en situation de handicap sont affiliées à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, à une
assurance ou à une mutuelle) ; le même problème8 concerne l’accessibilité aux lieux publics
malgré de sérieux efforts entrepris entre 2005 et 2018.

Or la Constitution, les lois nationales et internationales, les règlements, tous les textes se sont
engagés clairement : l’instruction et l’emploi sont un DROIT POUR TOUS. Tout citoyen a
droit au travail. L’insertion des handicapés dans le marché de l’emploi est un droit garanti par
la loi : l’article 17 de la loi n°07-92 relative à la protection sociale des personnes handicapées
stipule que «aucun citoyen ne peut, pour cause d’un handicap dont il est atteint, être privé de
l’obtention d’un emploi dans le secteur public ou privé... » ; la loi marocaine exige un quota
de 7% dans le secteur public. Dans le privé, aucun quota n’est fixé.

Nous constatons une sérieuse distorsion entre les textes et la réalité ? Pourquoi des citoyens
qui ont besoin d’un revenu pour vivre sont-ils écartés de la course à l’emploi ? Quels sont les
problèmes qu’ils rencontrent notamment sur le marché du travail ? Quelles sont les solutions
qui pourraient se présenter à eux ? Quelles solutions les entreprises pourraient-elles adopter
pour rendre compatibles cette responsabilité sociale de recruter des handicapés, et l’exigence
de compétitivité et de performance demandés pour les entreprises modernes ?

Notre objectif est de poser le problème et d’examiner certaines solutions déjà trouvées ailleurs
dans le cadre d’un management responsable. Après avoir dressé un petit bilan et distingué les
problèmes rencontrés par les handicapés en recherche d’emploi dans une 1ère partie, nous
examinerons quelques solutions positives apportées dans la perspective de favoriser
davantage l’intégration de nos concitoyens handicapés.

2. Handicap et emploi en entreprise, un bilan très mitigé

Dans toutes les sociétés, dans pratiquement tous les pays, très peu de personnes handicapées
ont un emploi rémunéré. En fait, parfois jusqu’à 80% des personnes handicapées en âge de
travailler sont au chômage. La majorité des autres sont sous-employées ou n’auront jamais
accès au marché du travail. Trop souvent, les personnes handicapées dépendent de la charité

8
« Population en situation de handicap au Maroc : profil démographique et socio-économique » - Direction de la
Statistique – Haut-Commissariat au Plan - 2005 + Note d’information du Haut-Commissariat au Plan à
l’occasion de la journée internationale des personnes handicapées –3 décembre 2017 sur www.hcp.ma

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ou de l’assistance sociale pour vivre, et non d’un véritable emploi. L’absence d’opportunités
et les attitudes négatives, dans la société en général, et dans les entreprises en particulier, sont
les principales raisons qui expliquent la très faible proportion de personnes handicapées au
sein de la main-d’œuvre.

2.1. Etat des lieux :

Si l’on admet le chiffre moyen de 10% d’handicapés dans le monde, une personne sur dix est
handicapée à travers le monde, soit 650 millions de personnes. Et 470 millions d’entre elles
sont en âge de travailler. Selon l’OIT (Organisation Internationale du Travail), dans le monde
du travail, les handicapés sont confrontés à différents types de discriminations (taux de
chômage élevés, préjugés quant à leur productivité et difficultés d’accès à l’environnement de
travail).

D’après une étude menée en 2003 par une université américaine (Rutgers), les personnes
physiquement ou mentalement handicapées continuent à être largement sous-représentées sur
le marché du travail américain. Un tiers des employeurs interrogés déclaraient que les
personnes handicapées ne pourraient s’acquitter convenablement des tâches requises. La
deuxième raison la plus souvent avancée pour ne pas engager des handicapés est la crainte de
devoir procéder à des aménagements coûteux. Or l’exclusion sociale des handicapés du
monde du travail représente un manque à gagner annuel, estimé à quelque 1 500 milliards de
dollars américains.

En Europe, la situation diffère d’un pays à l’autre, les pays scandinaves étant les plus avancés
dans ce domaine. En France, qui comptait 9,6 millions d’handicapés en 2009, seuls 1,8
million de personnes bénéficient d’une reconnaissance administrative de leur handicap (80 %
des situations de handicap ne sont pas visibles (surdité, épilepsie, maladie évolutive).
L’obligation d’emploi des 6% de personnes handicapées dans les entreprises de plus (+) de 20
salariés date du 10 juillet 1987. Elle a été réaffirmée par la loi de février 2005. Dans la réalité,
le taux d’emploi réel de travailleurs handicapés en 2009 dans le secteur privé sans accord
spécifique travailleurs handicapés est de 2,7 % ; dans la fonction publique, il est de 4.2%.
Malgré des évolutions notamment au sein de la fonction publique (5% dans la fonction
publique hospitalière), les entreprises françaises9sont encore loin des 6 % imposés par la loi

9
Dans le secteur privé, 54% des salariés handicapés sont ouvriers (contre 31% pour les salariés en général) et
20% occupent des postes de cadres supérieurs, de professions intermédiaires ou de techniciens (contre 43%).
- 90 % sont en CDI

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sur le handicap de 2005. Mais n’oublions pas qu’en France, il a fallu attendre plusieurs siècles
pour que soit votée la loi du 10 juillet 1987, loi favorisant l’accès des travailleurs en situation
de handicap à l’emploi dans les entreprises d’au moins vingt salariés. Et rappelons que
jusqu’en 1980, aucun Français de moins d’un mètre quarante (1,40 m) ne pouvait intégrer la
fonction publique.

Sur le continent Africain, on comptait en 2004 quelque 80 millions de personnes vivant avec
un handicap, soit 10% de la population de chaque pays. 10% pour un pays quand un pays a 60
millions d’habitants, c’est bien 6 millions de personnes vivant avec un handicap10.

La grande question est : comment concilier intégration et chômage en ces temps de crise,
celle-ci devenant quasi-structurelle pour certains pays ? La question du handicap soulève des
questions d’ordre existentiel, social, technique et culturel, eu égard à la stigmatisation dont
sont parfois victimes les personnes vivant avec un handicap. Le rôle de la Famille est
fondamental en Afrique, et c’est vers la formation que se tournent les modestes espoirs : une
personne handicapée bien formée est respectée (dans certaines régions, ils sont même vus
comme puits de science, bibliothèques vivantes, maitrisant l’histoire et les histoires, témoins,
...).

Au Maroc, c’est avec le recensement de 1994 qu’un volet spécial a été consacré aux
personnes handicapées. Lors des recensements de 1994, de 2004 puis celui de 2014, la
définition d’une personne handicapée11 est similaire à celle adoptée au niveau international :
c’est « toute personne désavantagée par rapport à une personne normale dans l’exercice

- 44 % ont une ancienneté d’au moins 10 ans dans l’entreprise

- 41 % des travailleurs handicapés en emploi ont plus de 50 ans, contre 24 % dans l’ensemble de la population.
Source : DARES- nov 2011.
10
« L’intégration des personnes ayant un handicap dans le monde du travail en Afrique Noire » de Adrien
DIAKIODI – p.53 in Handicap et société africaine : culture et pratiques de Patrick DEVLIEGER et Lambert
NIEME
11
Afin de mesurer ces différentes dimensions et évaluer le handicap au Maroc, il a été demandé, à travers le
RGPH 2014 et sous recommandations du « Washington Group », pour tous les individus recensés, de préciser
leur degré de difficulté à réaliser les activités de la vie quotidienne suivantes :
- Voir (même en portant des lunettes) ;
- Entendre (même en utilisant un appareil) ;
- Marcher ou monter l’escalier ;
- Se rappeler ou se concentrer ;
- Prendre soin de soi ;
- Communiquer dans sa langue habituelle.
Pour chacun de ces six domaines, quatre degrés de difficulté sont proposés : Sans difficulté, légère difficulté,
grande difficulté et incapacité totale. Les personnes qui souffrent d’une maladie chronique, si cette maladie ne
les empêche pas à réaliser leurs activités quotidiennes de manière régulière, même en prenant des médicaments
en permanence, sont considérées sans difficulté dans le domaine concerné.(les incapacités et handicap au Maroc
– HCP 2014).

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d’une activité suite à une déficience ou à une incapacité physique ou mentale ». (HCP)

Or, la dernière enquête en date du Haut-commissariat au Plan (HCP)12 démontre que le taux
brut d’activité des handicapés est 2 fois moins élevé que celui enregistré pour les non-
handicapés, et ce, avec des taux de 16,8% pour les premiers et 36,3% pour les seconds. Parmi
l’ensemble des handicapés, seulement 13,1% sont actifs occupés, dont 8,1% des hommes et
5% des femmes. Le 5 février 2018, le Haut-Commissariat au Plan a publié une note à
l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées : au Maroc, 71,5% des
personnes en situation de handicap sont analphabètes et plus de 9 personnes à incapacité
totale sur 10 sont inactives (94%). Rien n’a changé.

Selon le dernier rapport du Conseil Economique et Social (juillet 2012) et d’après les chiffres
publiés par le Haut-Commissariat au Plan en 2009, le « taux d’activité brut des personnes
handicapées qui était de 13,1% serait doublement moins élevé que celui des non-handicapés
qui, lui, était à 30,3% ».
Le chômage des handicapés est essentiellement de première insertion puisque c’est chez les
jeunes actifs que l’on rencontre les taux de chômage les plus élevés (p. 56). Le chômage des
femmes est supérieur à celui des hommes, quel que soit le groupe d’âges (soit 10 points de
différence !) ; parmi les handicapés, les hommes ont deux fois plus de chances d’avoir un
emploi que les femmes (OIT, 2015).
Et enfin, nous apprenons que la structure des actifs handicapés au Maroc est ventilée ainsi:
salariés à 45% - indépendant à 40% - employeur à 2,5% (2005).

Moteur sensoriel mental Maladie

Sexe
chronique ensemble
Masculin 32,0 33,2 7,5 20,8 24,3

Féminin 9,2 9,3 2,8 5,4

7,0

Ensemble 22,9 22,9 6,0 12,5

16,8
Taux brut d’activité selon le sexe et le type d’activité– Maroc – HCP 2014

12
Soulignons l’excellente étude minutieuse faite par le Haut-Commissariat au Plan en 2014
(https://www.hcp.ma/file/195602/) qui détaille les différentes situations rencontrées en handicap.

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Le pourcentage de 40% d’indépendants nous interpelle et constatons qu’aux Etats-Unis, des

milliers de personnes handicapées réussissent comme chefs d’entreprise, d’après le ministère
du Travail américain. Le recensement de 1990 a révélé un pourcentage plus élevé de
personnes handicapées travaillant en indépendants ou ayant l’expérience de la gestion d’une
petite entreprise (12,2 pour cent) que de personnes sans handicap (7,8%)13.

2.2. De nombreux problèmes subsistent malgré quelques efforts durant les dernières
années

Beaucoup de ces problèmes ont été soulevés lors de l’une des dernières campagnes de l’AMH
qui a décidé de choquer l’opinion publique pour réveiller les consciences, devant
l’indifférence des pouvoirs publics et privés face à la mal-vie des handicapés.

Ces problèmes sont :

- problèmes d’accessibilité dans les moyens de transports, dans les bâtiments (publics et
privés), dans la circulation (trottoirs), les habitations inadaptées, dans le cadre du
tourisme14, etc...
- problèmes pour les formations, depuis les petites classes jusqu’aux universités,
(accessibilité et matériel pédagogique non adapté). En 2004, le taux d’analphabétisme
pour les enfants de 10 ans = 42% pour les non handicapés et 71% chez les handicapés.
En s’intéressant au niveau d’éducation, on constate que 71,5% (281.582 personnes)
des personnes ayant au moins une incapacité totale n’ont aucun niveau scolaire (36,5%
chez les personnes n’ayant aucune incapacité totale) ; ce sont surtout les femmes ayant
au moins une incapacité totale qui souffrent d’analphabétisme. (note d’information du
HCP – 3/12/2017).
- problèmes sur les lieux de travail : en dehors de problèmes d’accessibilité, il y a
parfois rejet par les employeurs et les collègues ; les handicapés sont exclus de
beaucoup d’activités professionnelles, par manque de temps, de considération, ... ; des
cadres ne veulent tout simplement « pas perdre de temps ».
- mauvaise prise en charge des handicaps qui sont différents (le Ministère dresse une
liste des typologies d’handicaps : handicap physique avec handicap moteur et
handicap chronique + handicap sensoriel + handicap mental).

13
Source : http://www.nadhar.ma/
14
Lire « Tourisme et handicap : le tourisme adapté ou les loisirs touristiques des personnes déficientes »
Reichheld, Frederick F – édition L’Harmattan (2011)

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Taux brut d’activité

36,3%
des non handicapés

Taux brut d’activité

16,8%
des handicapés 
 selon le type de moteur = 22,9% sensoriel = 22,9%
handicap mental = 6% chronique = 12,5%
Source : « Population en situation de handicap au Maroc: profil démographique et socio-économique » -
Direction de la Statistique – HCP-Maroc (2004)

12,2 % des personnes handicapées 15 qui ont entre 15 à 60 ans sont sans emploi alors que
seulement 32,7% sont considérées comme totalement inaptes au travail pour des raisons
médicales.

Les dispositions juridiques et règlementaires relatives au handicap au Maroc se sont

améliorées mais nous constatons des carences :

- pauvreté des infrastructures et pénurie en ressources humaines pour s’occuper de ce

secteur, que ce soit en personnel médical, paramédical et éducatif spécialisé + rareté
des structures d’accueil et cadres spécialisés assurant la prise en charge +
centralisation des structures dans les grandes villes
- l’absence de couverture sociale : cette population exposée à la pauvreté est encore plus
vulnérable en l’absence de dispositifs spécifiques de couverture sociale ; le coût de la
santé est très élevé avec des besoins en prestations spécialisées, appareillage,
rééducation, ... et pour des prises en charge de longue durée (rappel : seuls 12% de
l’échantillon est affilié à la Sécurité sociale, à une assurance ou mutuelle).

Les problèmes sont énormes, les ressources sont faibles. Depuis quelques années, il y a une
ferme intention par les pouvoirs publics marocains de réagir : ainsi, le représentant du Maroc
à l’ONU a estimé que l’exclusion sociale ne se limitait pas aux handicapés mais touchait aussi
les membres de leurs familles et leurs communautés. « L’accès à l’emploi, à l’éducation et
aux soins de santé demeure un objectif primordial, permettant de réduire la pauvreté parmi

15
Etude Association cœur Maroc

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les personnes handicapées en leur garantissant un revenu décent et une participation active
dans le développement économique et social, en tant qu’acteurs et bénéficiaires ».

Au niveau des droits économiques et sociaux des personnes en situation de handicap 16, il y a
création du Fonds d'appui à la Cohésion Sociale qui contribue à mettre à disposition les
appareils nécessaires afin d’assurer une assistance technique, la promotion de l'insertion
professionnelle, des activités génératrices de revenus et l'amélioration des conditions
d'éducation des enfants. Ainsi, les provisions financières du Fonds sont passées de 55 à 111
millions de dirhams entre 2015 et 2016.

Concernant la mobilité, une étude de l’existant a été réalisée sur l’accessibilité des moyens de
transport et deux cadres de référence ont été élaborés le premier sur les normes techniques
relatives à l’accessibilité dans les moyens de transport et le deuxième à propos des
caractéristiques à insérer dans les cahiers de charges relatifs à la gestion des moyens de
transport. (source : Note du 17/12/2017 - HCP).

La dynamique que connait la société civile17 dans le domaine du handicap est prouvé par le
nombre d'associations qui a augmenté à environ 1 000 associations au niveau national,
organisées en 35 réseaux associatifs. (Délégation interministérielle aux Droits de l’Homme –
août 2017)

Notre conviction et notre vœu, c’est que les handicapés trouvent leur place dans les
entreprisespourassurerleurautonomieetleurintégrationdanslasociété. Sans éducation, les

16
A l’occasion de la journée internationale des personnes handicapées 3 décembre 2017, la réaction
gouvernementale : malgré les efforts visant à améliorer la situation des personnes en situation de handicap au
sein de la société, Mme la Ministre rappelle les défis qui restent à relever dans cette voie de développement : la
consolidation de l'arsenal juridique, le renforcement des capacités et de l’expertise et la convergence des
politiques publiques. Il s’avère difficile de changer la perception négative des individus envers les personnes en
situation de handicap, cela nécessite un grand travail afin de changer les clichés et les idées préconçues.
(www.hcp.ma)
17
Les statistiques disponibles indiquent un taux de scolarisation d'enfants handicapés âgés de 6 à 17 ans de
49,5%, équivalant à 85 000 enfants, soit une augmentation de 15,5% par rapport aux résultats de la première
enquête nationale sur le handicap, réalisée en 2004. Les réalisations dans ce domaine ont été renforcées par la
construction de 700 classes intégrées au profit de 8 000 élèves et la publication d’une décision ministérielle en
mai 2017 qui a pour objectif de prendre les dispositifs nécessaires pour adapter les examens diplômants aux
élèves en situation de handicap dans les écoles primaires et secondaires.Au niveau du Supérieur, rendons
hommage aux dames d’une ONG privée qui, en association avec les professeurs bénévoles, se chargent de venir
en soutien pour les handicapés visuels (FSJES AC).

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personnes handicapées ne peuvent espérer accéder au marché de l'emploi et ainsi, cotiser. Et il

est compliqué pour les Marocains handicapés de cotiser en raison du fort taux de chômage qui
touche cette catégorie de la population. Une difficulté à décrocher un emploi qui trouve ses
racines sur les bancs des écoles marocaines : 70% des Marocains handicapés n'ont pas accès à
l'école.

Pour la responsable d’une association de la société civile, améliorer la situation sociale des
handicapés est également une question de développement durable. "C'est quelque chose qu'on
ne peut pas imaginer si 25% des familles marocaines ont à leur charge une personne
handicapée. C'est un chiffre énorme. Les femmes sont parfois obligées d'arrêter de travailler
pour s'occuper de leur enfant, ou alors elles ne peuvent pas accéder à une promotion, elles
sont dans l'incapacité de s'impliquer dans leur travail" ; cela rejoint ce que nous énoncions
plus haut : le handicap ne touche pas qu’un individu, mais tout un ménage.

Mais pour cela, un certain état d’esprit et une certaine adaptation sont nécessaires, conditions
qui ont été remplies par certaines entreprises exemplaires. Et nous en trouvons de plus en
plus. Nous voulons dans la partie suivante établir des expériences en faveur des handicapés,
au Maroc et à l’étranger, pour favoriser l’intégration dans le monde du travail de cette partie
de la population formée de citoyennes et citoyens en situation de handicap. Le rôle des
Responsables en Ressources Humaines y est fondamental.

3. EMPLOI DES HANDICAPES ET GRH : ce qui peut ou doit être fait

3.1. Formation, solidarité, aménagements...

Le but est de renforcer l’empowerment des personnes en situation de handicap.

L’empowerment est un terme anglais, intraduisible en français, désignant le mouvement visant
à renforcer le statut social et la capacité de décision des personnes (handicapées, dans ce cas).
Les efforts ainsi entrepris portent sur quatre aspects : l’autonomie, la compétence, la valeur
personnelle attribuée au rôle social exercé et l’influence de celui-ci sur le destin individuel.

L’éducation est fondamentale dès le plus jeune âge, mais l’apprentissage l’est tout autant dans
notre contexte marocain. Le lien entre niveau d’instruction et accès à l’emploi, démontre
que plus le 1er est élevé plus le 2e augmente. Ainsi, si 12% seulement des personnes
handicapées sans instruction sont actives, le taux brut d’activité se situe autour de 25% pour
les personnes ayant les niveaux d’instruction préscolaire, fondamental I et II et passe à 39%

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pour les personnes handicapées ayant un niveau d’études secondaire et à plus de 53% pour
celles de niveau supérieur.

Les organismes en charge des handicapés au Maroc sont le Ministère de la santé, le Ministère
de la famille et des handicapés, la Fondation Mohamed V pour la solidarité. Le secteur privé
et mutualiste est formé de 30 médecins pour la médecine physique et la réadaptation, tous
dans le privé. Les associations pour personnes handicapées sont au nombre de 1000 ONG en
2017, présentes auprès des familles de tous les milieux, notamment défavorisés, pour faciliter
l’accès aux soins. La plus active et la plus connue est l’AMH Amicale Marocaine des
Handicapés créée en 1992, qui fait de l’insertion professionnelle l’une de ses missions
principales.

Le Maroc possède quelques structures de base ; reste le problème rencontré au niveau des
entreprises, pour notre problématique d’employabilité, d’accès à l’emploi et d’accueil dans
l’entreprise.

Une étude américaine précédemment citée a montré que certains employeurs déclaraient que
les personnes handicapées ne pourraient s’acquitter convenablement des tâches requises. La
deuxième raison la plus souvent avancée pour ne pas engager des handicapés est la crainte de
devoir procéder à des aménagements coûteux. Selon une enquête américaine menée auprès
d’employeurs en 2003, le coût de ces aménagements ne dépassait pas 500 dollars ; 73 pour
cent des employeurs rapportaient qu’aucun aménagement n’avait été nécessaire pour leurs
employés. Les entreprises rapportent que les personnes handicapées ont un meilleur taux de
maintien de l’emploi, ce qui réduit le coût élevé du renouvellement des effectifs, (d’après une
étude américaine de 2002). D’autres enquêtes américaines révèlent qu’au bout d’une année de
travail, le taux de maintien des personnes handicapées est de 85 pour cent. Nous manquons au
Maroc d’études de ce genre. Nous ne disposons que d’interviews éparses. Pour synthétiser,
nous savons que :

- La plupart des entreprises hésitent à embaucher des TH travailleurs handicapés (voir

l’ampleur de leurs difficultés d’insertion professionnelle dans les chiffres du chômage,
Etude du Ministère)
- les employeurs ne perçoivent en eux (les TH) que les manques et les déficiences, ils
ont des attitudes condescendantes ; les responsables d’entreprises redoutent de ne pas
toujours contrôler leurs décisions en matière de gestion du personnel, ignorent et

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redoutent les difficultés liées aux types de déficiences, qui risquent de déstabiliser les
équipes de travail et entravent de fait, les relations de la personne en situation de
handicap (PH) avec la direction, ainsi que les difficultés liées aux déficiences
intellectuelles qui ne permettent pas d’acquérir, dans les délais impartis, les
compétences que requiert un nouveau poste de travail. Enfin, il convient de
mentionner certaines exigences de la vie sociale et professionnelle, comme la rigueur,
la ponctualité, la mobilité, la nourriture, le logement, ...qui sont des facteurs
d’incertitude pour les responsables d’entreprise.

Ces difficultés font obstacle à l’insertion professionnelle, voire provoquent la rupture du

contrat de travail. Afin d’y remédier, des solutions ont été trouvées

- en France, certaines organisations se proposent d’accompagner les PH (personnes en

situation de handicap) dans leur démarche d’intégration. Cet accompagnement est
individualisé, c’est-à-dire adapté aux besoins spécifiques de chacune d’elles ; ces
organisations ont un rôle de médiateur entre la PH et sa famille d’un côté, l’entreprise
de l’autre.
- Les Entreprises Adaptées ou EA (anciennement appelées "ateliers protégés") sont des
entreprises à part entière et sont régies par le Code du travail (France, Belgique). Elles
permettent à des travailleurs handicapés d’exercer une activité professionnelle salariée
dans des conditions adaptées à leurs besoins (loi du 11/02/2005). Cette nouvelle
dénomination inscrit l’ex-atelier protégé dans le monde de l’entreprise ordinaire, et
non plus dans les établissements de travail protégé (avec les établissements ou services
d’aide par le travail). Les EA et les centres de distribution de travail à domicile
(CDTD) ont pour objectifs d’organiser une activité professionnelle salariée pour des
travailleurs handicapés à l’efficience réduite et de favoriser leur projet professionnel
au sein de leur structure ou vers d’autres entreprises. Ces structures peuvent recruter
des travailleurs valides dans la limite de 20% de leur effectif, et sont créées par les
collectivités ou organismes publics ou privés, notamment commerciaux.

Signalons enfin que l’accompagnement est une méthode de formation qui s’utilise surtout
pour faciliter l’évolution professionnelle de l’encadrement qui acquiert ainsi une certaine
expérience, et lui permet d’évoluer dans sa carrière. Ainsi, tous y gagnent dans ce système
solidaire. Les expériences suivantes nous permettent de mieux comprendre cette institution de
l’accompagnement.

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3.2. Des perspectives envisageables après expériences d’entreprises et d’ONG

Les méthodes citées supposent l’engagement de la Direction respectueuse de la diversité dans

leur entreprise. Le rôle du dirigeant (la dirigeante) est fondamental. Ce type de dirigeant
privilégie généralement les aspects suivants : opportunités égales, traitement et recrutement
équitables et conformes aux réglementations en vigueur. Les recherches indiquent que ces
entreprises et organisations sont dirigées par des patrons qui accordent de l’importance aux
bonnes pratiques et le diffusent.

3.2.1 – Cas de SPIE NUCLEAIRE

Dans cette entreprise européenne, les programmes, même s’ils s’inscrivent dans des process
rodés, sont conçus en fonction de chaque cas particulier. Ainsi, dans cette entreprise, un
salarié, ancien chef de projet, ayant perdu une partie de ses capacités mentales suite un
accident de vie (mémoire et langage affectés) s’est vu affecter un parcours spécifique
d’intégration lors de son retour à l’emploi. Sous le contrôle du responsable administratif RH
et du référent handicap de l’entreprise, une réunion de toutes les personnes impliquées dans le
programme de réinsertion (= le tuteur, le directeur de projet, son futur N+2, le médecin du
travail, référent handicap, le responsable RH en charge du recrutement ainsi que deux
personnes qui suivent le salarié au niveau médical en dehors de l’entreprise) a lieu pour
vérifier la faisabilité du projet. L’équipe a tenu compte de la fatigabilité et de la lenteur du
salarié handicapé mais aussi de sa grande motivation. Même s’il parait lourd au début, le
processus, une fois mis en place, suit son cours facilement. Beaucoup de motivation et de
solidarité sont nécessaires.

3.2.2 – Cas de OPEN

Open est une SSII (Société de services en ingénierie informatique) dont le projet d’entreprise
est porté par la direction générale, avec un mot d’ordre : l’engagement de tous ses salariés sur
le sujet du handicap. Pour que la mission du tuteur — qui est aussi le manager du travailleur
handicapé —se déroule au mieux, on sensibilise l’équipe lors d’une formation d’une journée à
la façon d’aborder le handicap et d’organiser la journée de travail et le poste de travail.

Pour augmenter l’employabilité, le programme d’intégration du salarié handicapé s’articule

autour de trois axes : le tutorat, la formation, l’aménagement du temps et du poste de
travail.

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En amont, le responsable opérationnel de chaque région, le référent RH et le tuteur analysent

la situation particulière du salarié handicapé. Ils voient ainsi quels sont ses besoins de
formation, car dans ces métiers du SSII, des mises à niveau très régulières sont nécessaires,
selon le directeur recrutement et diversité d’OPEN. La formation est un axe de réflexion
majeur pour adapter les profils handicapés aux évolutions technologiques. Et, phénomène
fondamental, l’intégration se fait en douceur, avec un environnement souple, ouvert, non
campé sur des préjugés, avec une sensibilisation régulière de toutes les équipes par le biais de
films, d’ateliers spéciaux, de formations spécifiques (le DRH et un tuteur ont ainsi appris le
langage des signes pour mieux intégrer une personne sourde). Les collaborateurs et les clients
sont fortement impliqués dans la cause grâce à la communication.

3.2.3 – Cas de BRETAGNE ATELIERS–

Son slogan : « La réussite du salarié handicapé au service de votre performance »

Créée en 1975, « l’entreprise adaptée Bretagne-Ateliers » fonctionne sous statut associatif.

Elle emploie 600 salariés dont 440 travailleurs handicapés sur 3 sites de production.
Entreprise de l’économie sociale et solidaire, elle est reconnue d’intérêt général. Bretagne
Ateliers, dont la mission est de donner de l’emploi en entreprise à des personnes handicapées,
assure les mêmes prestations que toute autre entreprise en termes de qualité, coût et délais. «
La fidélité de ses clients reste la meilleure preuve de ses compétences ». Fournisseurs de
services industriels et tertiaires, l’entreprise maîtrise de nombreux savoir-faire en câblage,
montage industriel, montage automobile, usinage, métallerie, reprographie, dématérialisation
de documents...Ses clients sont dans le secteur automobile, dans le ferroviaire avec Alstom,
dans l’aéronautique,....Fort de sa maîtrise du montage industriel et des flux logistiques,
Bretagne Ateliers a déjà conclu de nouveaux accords avec Alstomet SNCF et tente d’étoffer
son offre en développant des nouvelles activités pour le secteur tertiaire, en particulier la
dématérialisation de documents et l’impression numérique auprès des banques, assurances,
collectivités et service de l’Etat (voir site)
Inscrite dans le secteur concurrentiel, gérée avec le souci de la compétitivité et la satisfaction
du client, l’EA Bretagne Ateliers porte un projet social et industriel collectif.
Le Directeur Général de cette EA revendique un engagement différent : "Notre projet
économique sert la vocation sociale du groupe et notre management place l’Homme au cœur
de son organisation grâce au travail de la DRH, Direction des Richesses Humaines. Son
management social est fondé sur l’écoute, l’accompagnement individuel et le management

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participatif (basé sur l’implication des salariés)

L’Entreprise Adaptée Bretagne-Ateliers s’appuie sur son expérience terrain et propose
également diverses formations et interventions pour aider d’autres entreprises à intégrer des
personnes handicapées dans leurs effectifs, dans le cadre de l’amélioration continue. Cet
organisme18 vise à aider à démystifier le handicap dans l’entreprise.

3.2.4 – Le soutien à l’association ANAÏS par la BMCI : La Fondation BMCI apporte

depuis quelques années son soutien à l’association ANAIS19 notamment pour la création de «
l’Espace Anaïs ».
En 2011, la Fondation BMCI a participé à la création de l’atelier « Blanchisserie » au sein de
l’Espace Anaïs. Logée au sein du service d’apprentissages, d’insertion et de formation
adaptée, qui vise à préparer les jeunes à une vie d’adulte en milieu ordinaire ou protégé, en
tenant compte des spécificités de leur handicap, de leur niveau d’acquisition scolaire ainsi que
de leurs aptitudes à une formation professionnelle, il s’agit d’une salle de 60 m² équipée en
matériel professionnel et semi professionnel. Ce sont au total 15 jeunes âgés de 14 à 20 ans
souffrant d’handicap mental qui bénéficient de cette formation et qui assurent la production
interne d’Anaïs, en traitant le linge des résidents des autres ateliers et services. Une
production externe (entreprises, hôtels, traiteurs…) est également prévue prochainement.
Ces différentes expériences nous montrent qu’il est possible de concilier recherche de
performance pour l’entreprise en adéquation avec responsabilité sociale dans ce cadre du
handicap. Il est impossible de penser développement économique en laissant une partie de la
population sur le côté de la route, sachant que le handicap peut survenir à tout moment et
concerne toutes les familles à un moment de leur vie.

3.2.5 – L’association20« Handicap Maroc »

Cette association organise un Forum d’emploi (le prochain est pour Octobre 2018 à
Casablanca), mettant en relation handicapés demandeur(e)s d’emploi et entreprises recrutant

18
Sur http://www.bretagne-ateliers.com/, une vidéo documentaire sur l’approche de la DRH
19
ANAÏS : Association Nationale pour l’Avenir des Inadaptés Scolaires. Créée en 1991, cette association lutte
pour la prise en charge psychopédagogique des personnes souffrant d’un handicap mental léger ou moyen, en
particulier les trisomiques 21, en vue de favoriser leur intégration sociale, scolaire et professionnelle. Le projet
de l’Espace Anaïs est un centre de 7 000 m2 situé à Bouskoura, dédié à la prise en charge et à l’autonomisation
des personnes en situation de handicap mental. Cet espace, qui accueillera au minimum 250 personnes
handicapées est constitué d’un centre de formation et d’apprentissage spécialisé, d’un centre d’aide par le travail
et d’un centre d’hébergement et d’aide à domicile.
20
http://www.handicapmaroc.com

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les PSH (quinze grandes entreprises de la place). Cette initiative a été une bouffée d’oxygène
pour certains jeunes chômeurs. Il est souhaitable de multiplier ces initiatives qui ont le mérite
d’être une forme de communication claire. La demande se situe dans le rural et l’urbain.

CONCLUSION

Aménager les postes des travailleurs handicapés est rarement la priorité des employeurs.
Plaque pour langage braille, écran plus grand, siège ergonomique, bureau ajustable... en plus
de l’ascenseur élargi et des pentes aménagées. Il est de la responsabilité de l'employeur qui
recrute ou maintient une personne en situation de handicap de s'assurer que la personne peut
travailler dans des conditions de sécurité et de santé optimales. La politique de recrutement de
personnes handicapées passe aussi par une sensibilisation à la thématique du handicap, dans la
clarté. Les hésitations et les craintes des entreprises concernent d’abord le risque
d’absentéisme, les arrêts maladie, leur répétition sur de longues périodes. Ce qui implique
clairement pour l’entreprise une notion de manque de fiabilité et de productivité du salarié
handicapé. Une communication franche, sans fausse gêne, ne peut qu’être bénéfique pour les
deux parties pour expliquer précisément l’état du handicap et les solutions proposées des deux
côtés.

Dans ce sens, le Conseil Economique et Social préconisait dans son rapport la mise en place
d’une base de données nationale spécifique au Handicap, l’actualisation des enquêtes portant
sur la question du handicap, et leur inclusion dans les études et les recherches des organes
institutionnels, des instituts de recherche et des universités. Le HCP l’a suivi, les universités
ont opéré quelques changements architecturaux, quelques entreprises ont réagi dans
l’humanité et commence à récolter les fruits de leurs efforts.

A l’heure actuelle, le texte de loi 62-09 relatif au renforcement des droits des personnes en
situation de handicap est ambitieux ; prescrit une série de mesures incitatives visant à
favoriser l’employabilité des personnes qui souffrent d’un quelconque handicap
« Son approche transversale constitue sa force, mais aussi sa faiblesse car elle exige un travail
important de pilotage et de mise en œuvre, ce qui bloque cette loi au stade de projet », selon
une responsable d’association de soutien aux handicapés. Il reste à procéder à l’instauration
d’un quota dans le privé, comme c’est déjà le cas dans le public.

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L'Etat va-t-il prendre en charge ces personnes ou celles-ci resteront-elles pour le restant de
leur vie un lourd fardeau pour leurs familles ? L’Etat compte sur le Privé qui compte sur l’Etat
; un partage de responsabilités entre les deux serait plus judicieux. Dans le cadre de la
politique de régionalisation, nous recommandons une prise en charge plus rapprochée ...Mais
notre opinion est que l’entreprise reste la clef de l'intégration des salariés handicapés. Nous
militons pour un travail décent pour les personnes handicapées, pour leur permettre une
certaine autonomie et intégration dans la société, notamment pour celles et ceux parmi les
handicapés qui peuvent travailler, dans le cadre d’un poste adapté à leur situation.

- L’accès au Savoir et à la formation pour tous les handicapés doit être une priorité pour
l’Etat : le lien entre niveau d’instruction et accès à l’emploi démontre la forte
corrélation positive. (cf. partie 2.2.1)
- il faut promouvoir le tourisme adapté ou tourisme accessible, c’est une conquête
d’espaces pour les personnes handicapées et c’est une source d’opportunités pour
notre tourisme (Le tourisme classique qui suppose un déplacement d’une certaine
distance et durée semble être peu compatible avec la notion de mobilité réduite ; le
tourisme pour des personnes handicapées se heurte à des obstacles matériels et
symboliques ; ce n’est que récemment, grâce à des associations et organismes
spécialisés, que la conquête des espaces touristiques s’est ouvert à une importante
tranche des personnes handicapées.)
- une communication claire sur les aides disponibles pour les handicapés doit être faite,
comme par exemple mettre à leur disposition une liste d’entreprises prêtes à les
embaucher avec ou sans adaptation.
- L’intégration d’un salarié handicapé s’articule principalement autour du tutorat, de la
formation et de la sensibilisation des équipes. L’entreprise s’engageant socialement
doit être prête à offrir des formations à ses salariés volontaires et prêts à s’engager
dans cette voie.

En conclusion, l’entreprise est tiraillée entre ses exigences de performance économique et

financière d’une part et ses obligations sociales d’autre part ; la prise en charge du handicap
par l’entreprise pose encore problème pour beaucoup d’entreprises, mais l’exemple des
grandes entreprises et PME citées devraient inciter les responsables d’autres organismes à
agir. L’entreprise citoyenne ne doit pas se contenter de satisfaire aux seuls minima légaux,
mais elle doit mener une politique plus ambitieuse, dans une volonté de respect de tous ces
hommes et ces femmes qui forment la population, c’est à dire de tous les citoyens. L’emploi

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pour tous, notamment et peut-être surtout pour les handicapés, est un véritable projet de vie.

Les techniques de management sont là pour construire le collectif et lui permettre de

fonctionner, pas de créer des fractures entre l’entreprise et les individus. Le management doit
permettre un fonctionnement créateur de valeur et une personne handicapée peut être source
de valeur, tout comme une personne valide.

Bibliographie Sélective

- AUTISSIER David, BENSEBAA Faouzi, BOUDIER Fabienne «Atlas du

Management, les meilleures pratiques et tendances pour actualiser vos compétences »
- la RSE (p. 306) – éditions Eyrolles (2007)

- BRUNET Thierry – VINOGRADOFF Gabriel « Dictionnaire de l’emploi et des
ressources humaines » - éd. Hatier (2001)
- C.E.S Rapport du Conseil économique et social : «Respect des droits et inclusion des
personnes en situation de handicap» - (juillet 2012) – Rabat

- DEVLIEGER Patrick & NIEME Lambert « Handicap et société africaine: culture et
pratiques » - Edition l’Harmattan (2012) -162 p.
- EBERSOLD Serge « Le temps des servitudes : la famille à l'épreuve du handicap » -
Edition 2005
- Forum Association Femmes pour le dire, femmes pour agir « Femme,
création, handicap »: Forum du 11 décembre 2007 à la Cité des sciences et de
l'industrie de La Villette, Paris Association (France) (2007 Paris)
- GARDOU Charles, Dir « Connaître le handicap, reconnaître la personne » (2003) -
252 p. Accéder à la citoyenneté (THOLLET p.76) – S’intégrer par la profession
(PORTALIER p. 173) - Faciliter le passage de la formation au travail (PORTALIER
p.184)

- H.C.P « Population en situation de handicap au Maroc: profil démographique et socio-
économique » - Direction de la Statistique – Haut-Commissariat au Plan – Royaume
du Maroc – 86 p. (2009) (rapport synthèse par Mlle Aïcha MOURCHID)

- PIOT Maudy, dir « Handicap, estime de soi, regard des autres » - colloque 5/03/2011
- PUJOL Marie-Dominique « Ressources Humaines, la boîte à outils de l’entrepreneur »
- éditions Organisation (2000) – 226p. – l’accompagnement p.88.
- REICHHELD Frederick F. « Tourisme et handicap : le tourisme adapté ou les loisirs
touristiques des personnes déficientes » – édition L’Harmattan (2011)

- Secrétariat d’Etat chargé de la Famille, de l’Enfance et des Personnes Handicapées «
Enquête nationale sur le Handicap » - document de synthèse (avril 2005) – Royaume
du Maroc, avec le soutien de l’Union Européenne.
- THOMAS David « Apologie de la diversité » in le Management des Hommes –
collection Harvard Business Review (2000) – 296p.
- ZRIBI Gérard & POUPEE-FONTAINE Dominique « Dictionnaire du handicap » -
édition Presses de EHESP 7ème édition (2011) - 345p.

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- « Pauvreté et facteurs d'exclusion sociale »: recueil des contributions, sous la direction

de BALAFREJ Amina (2005)
- Article de SERGHINI Latéfa « Une figure de l'exclusion : le handicap » Editeur
pub.2005

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