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Phonétique

– contenu théorique 2

Eléments de prosodie

Limites d’une transcription phonétique : une même séquence sonore peut
correspondre à deux transcriptions graphiques, comme p.ex. [legaʁsɔ̃ desine] = les gares
sont dessinées / les garçons dessinaient
è qu’est-ce qui les différencie ? la prosodie

Domaines de la prosodie :
o phrasing (groupements)
o accentuation
o intonation.

Terminologie américaine : phonétique segmentale (les phones = éléments
segmentaux) vs. phonétique suprasegmentale/prosodique (rythme, accent,
intonation) => les marques prosodiques s’ajoutent aux éléments segmentaux / aux
phones.

1. La syllabe (ouverte vs. fermée)
Unités de la phonétique segmentale et suprasegmentale = les groupements
syllabiques
La syllabe est toujours constituée d’une voyelle (noyau audible obligatoire), sauf dans
certaines interjections comme chtt ! pstt ! (voir d’autres langues avec un noyau
syllabique consonantique : russe vlk, tchèque Brn).
Syllabation ouverte vs. syllabation fermée :
- syllabe ouverte : syllabe qui finit en voyelle, cf. passage d’air libre/ouvert
p.ex. Marie ira à Paris et à Lyon. [*ma-Ri-i-Ra-a-*pa-Ri-e-a-*ljɔ̃ ] => toutes les
syllabes sont ouvertes
- syllabe fermée : syllabe qui finit en consonne ou semi-voyelle, cf. passage d’air
fermé ou presque fermé
p.ex. Il sort par une porte sur l’autre cour. [il-sɔR-paR-yn-pɔRt-syR-lotR-kuR] =>
toutes les syllabes sont fermées
Différences entre les langues selon le type de syllabation : français vs. langues
germaniques :
- le français privilégie la syllabation ouverte (d’où l’impression de sonorité, langue
plus ‘chantante’) ; p.ex. Si je l’ai pas regardé c’est à cause de Jean. [si + ʒle + pɑ + Rə
+ gaR + de + sε + ta + koz + də + ʒɑ̃ ] => généralisation de la syllabation ouverte
- les langues germaniques privilégient la syllabation fermée ; p.ex. en anglais : If I
didn’t look at him it’s because of John. => généralisation de la syllabation fermée.

2. Types d’accentuation
L’accentuation : mise en relief d’une syllabe dans une séquence sonore.
Les deux paramètres de l’accentuation : la durée et l’intensité ; la syllabe accentuée est
plus longue et généralement plus forte qu’une syllabe inaccentuée.

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L’accentuation est différente en français et en roumain :
- en français, l’accentuation a une valeur démarcative => accentuation
sémantique : délimiter les groupes de la séquence sonore, facilitant ainsi le
décodage des unités de sens => accent de groupe ; accentuation oxytonique, sur
la voyelle de la dernière syllabe prononcée ; p.ex. la petite, la jolie, la jolie petite,
la jolie petite maison. Oui, demain je partirai vers cinq heures s’il fait beau.
- dans certaines langues (roumain, italien, espagnol, anglais), l’accentuation a une
valeur distinctive : distinguer deux unités lexicales différentes => accent lexical ;
- exemples roumains : veselă vs. veselă ; copii vs. copii ;
- exemples italiens : ancora (encore) vs. ancora (ancre) ;
- exemples espagnols : canto (indicatif présent) vs. canto (indicatif passé simple) ;
- exemples anglais : permit (Verbe) vs. permit (Nom), import vs. import ;

En plus de l’accent (obligatoire) de groupe, le français connaît une accentuation
expressive, permettant d’insister sur un mot ou d’exprimer ses émotions => accent
d’insistance (habituellement, sur la première syllabe d’un mot). Exemples : On ne dit
pas la garçon, mais le garçon. C’est fantastique. C’est super beau. Ne touche à aucun des
objets. Des échanges humains, commerciaux...

3. Groupe rythmique et groupe de souffle
- Groupe rythmique ou groupe accentuel = séquence sonore terminée par une syllabe
accentuée ; un groupe rythmique correspond généralement à un syntagme (unité
syntaxique et sémantique) ; p.ex. les enfants, les petits enfants, les enfants intelligents, les
enfants de Marie. Les frontières entre les groupes rythmiques sont notées par des barres
verticales | ou par des flèches (montantes ou descendantes, selon l’intonation) : Oui, |
demain | je partirai | vers cinq heures | s’il fait beau. ||
- Groupe de souffle ou groupe respiratoire = séquence sonore délimitée par l’arrêt de
la voix (pause audible), nécessaire à la respiration ou à la reprise de souffle ; longueur
variable à travers les locuteurs, en fonction du débit de chaque personne (débit rapide
vs. débit normal vs. débit lent). Les frontières entre les groupes de souffle sont notées
par deux barres verticales || ou par des dièses #. La frontière de groupe de souffle est
généralement en finale de phrase : Oui, | demain | je partirai | vers cinq heures | s’il fait
beau. || Au programme (|) de la soirée ||, il y a (|) une émission (|) intéressante | sur le
monde (|) des animaux. ||

Pauses souvent nécessaires pour lever une ambiguïté :
Le pape # a mangé. vs. Le papa # mangeait.
Le tiroir # est ouvert. vs. Le tiroir est # tout vert.
Les gares # sont dessinées. vs. Les garçons # dessinaient.

4. Intonation
Quand on parle, la voix monte ou descend => mélodie de la phrase, définie par deux
aspects : la forme des courbes mélodiques (montée ou descente) et les niveaux de
hauteur où elles se situent (ces niveaux mélodiques sont souvent représentés comme un
système à 5 niveaux, similaire à la notation musicale). On insiste ici plutôt sur le premier
aspect, à savoir les courbes mélodiques (= les contours mélodiques).

L’intonation = mouvement mélodique ascendant (montant) ou descendant, qui projette
la syllabe finale accentuée d’un groupe vers le haut ou vers le bas. Chaque groupe

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rythmique se caractérise donc par une courbe mélodique particulière. L’intonation
ascendante est marquée par une flèche ascendante, tandis que l’intonation descendante
est notée par une flèche descendante. P.ex. Elle est rentrée ?ì vs. Elle est rentrée.î

Contours mélodiques : simples (montants ou descendants) ou complexes (montant-
descendant) => nombre limité des contours de base. P.ex. – Vous partez ?ì - Oui.î - Je
vaisì avec vous.î - Dépêchez-vous.îî

Rôle significatif / fonction linguistique de l’intonation : l’intonation contribue à la
signification des énoncés.
-- identification des contenus de message associés aux types de phrase (assertion,
question totale vs. partielle, injonction, exclamation). P.ex. Elle est rentrée ?ì =>
question vs. Elle est rentrée.î => assertion
-- expressivité (multiples variations de sens : joie, surprise, satisfaction, doute,
tristesse, déception, colère, etc.)

L’intonation à travers les différents types de phrase :
• la phrase déclarative : contour descendant si la phrase est courte (un seul
groupe rythmique : Il est triste.î) ou bien contour complexe montant –
descendant si la phrase est plus longue : Vous ne ditesì rien.î Il a ditì qu’il
viendraitì si on l’invitaitì très solennellement.î
• la phrase interrogative :
- interrogative totale (sans mot interrogatif) : contour montant en fin de phrase
(Vous ne dites rien ?ì Tu pars ?ì Tu ne pars pas ?ì Est-ce que tu pars ?ì )
- interrogative partielle (avec mot intterogatif) : intonation dépendant de la
place du mot intterogatif, en début ou en fin de phrase (Quandì pars-tu ?
Quandì est-ce que tu pars ? // Tu pars quand ?ì)
• la phrase impérative : forte descente de la voix sur la dernière syllabe (Vous ne
dites rien ! îî Dépêchez-vous.îî)
• la phrase exclamative : le contour a généralement une forme en cloche, ayant
souvent un accent d’insistance (Queìc’est joli !î Quelleì misère !î Commeì elle
est moche !î).

D’autres exemples montrant l’importance de l’intonation :
(1) a. Le frère de Pierre viendra demain ?
b. Le frère de Pierre viendra demain.
(2) a. Il est parti ?
b. Il est parti.
(3) a. Il est arrivé, votre ami, tout à l’heure.
b. Il est arrivé, votre ami, tout à l’heure ?
(4) a. Votre ami, tout à l’heure, il est arrivé.
b. Votre ami, tout à l’heure, il est arrivé ?
(5) Il y avait des Anglais, des Allemands, des Turcs, des Arabes, des Portugais, des
Américains.


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