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TOME VII
PARIS. — IMPRIMERIE DE J-.-B. GROS ET DONNAUD
RUE CASSETTE, 9
LA FRANCE
PROTESTANTE
OU
OUVRAGE PRÉCÉDÉ
TOME VII
L'ESCALE — MUTONIS
PARIS
JOËL CHERBULIEZ, LIBRAIRE-EDITEUR
10, RUE DE LA MONNAIE, 10
GENÈVE, MÊME MAISON
1857
LA FRANCE
PROTESTANTE.
L.
L'ESCALE (JOSEPH-JUSTE DE), les Scaliger n'en ont pas besoin. Bien
ou della Scala, plus connu sous le que favorable a la réforme des abus de
nom de SCALIGER, que son père avait l'Eglise et « à demi luthérien », au té-
déjà illustré, naquit à Agen, dans la nuit moignage de son fils, Jules-César
du 4 au 5 août 1540, et mourut à Leyde, Scaliger n'appartient pas à la France
le 21 janvier 1609. protestante. Nous n'avons donc à nous
La famille de L'Escale était origi- occuper que de Joseph, le seul de ses
naire de l'Italie supérieure. Jules-Cé- nombreux enfants qui paraisse avoir
sar, le père de notre Joseph, est le embrassé les doctrines évangéliques (1 )
premier qui vint se fixer en France; il et le seul aussi qui sut dignement por-
faisait remonter son origine aux prin- ter son nom, en y ajoutant un nouveau
ces souverains de Vérone, et par eux à lustre.
Alain, le vainqueur d'Attila. De bons Joseph Scaliger était le dixième de
esprits ne répugnaient pas à admettre quinze enfants, dix filles et cinq gar-
cette descendance. Et en effet l'Italie çons, que son père eut de son mariage
n'a-t-elle pas été assez bouleversée par avec Andiette de Roques-Lobéjac. A
les révolutions pour faire monter les uns l'âge de 11 ans, il fut envoyé avec ses
et descendre les autres? Quoi qu'il en deux plus jeunes frères, Léonard et
soit de celte haute naissance, contestée
(1) Cependant l'éloge que Du Bartas fait de
et disputée avec tant d'acharnement de son frère aîné, Sylve, « que la Gascogne ho-
part et d'autre, nous ferons remarquer nore, » pourrait faire supposer qu'il était
que c'est aux yeux de la postérité le aussi protestant. On lit dans le Scaligerana :
moindre des titres de gloire des Scali- « Sylvius fuit doctus ; habitabat propè Bartas ;
erat negligens ; nihil scripsit ; liberos non re-
ger. Laissons les hochets aux enfants, liquit, etc. »
T. vu. 1856 1
LES -
Jean-Constant, au gymnase de Bor-
deaux, où professaient les célèbres
Muret et Buchanan (leur aîné, Sylve,
2 - LES
admiration pour lui lui faisait un devoir
de ne pas dégénérer. Il se rendit à Pa-
ris dans l'intention de suivre un cours
de grec, et s'adressa à Adrien Turnèbe.
les y avait précédés). Il y passa trois
années, sans que rien fit pressentir Mais la marche lente et méthodique du
ses étonnantes facultés. Une épidémie savant professeur, bonne pour des es-
ayant éclaté à Bordeaux, Scaliger rap- prits vulgaires, ne pouvait convenir à
pela ses fils auprès de lui, et depuis, un esprit aussi vif, à une intelligence
Joseph continua a travailler sous sa aussi prompte. Il renonça bientôt à ses
direction. Les hommes de lettres et les leçons, et, se renfermant dans son ca-
savants sont rarement de bons péda- binet, il s'appliqua à lire Homère, tout
gogues; comme ils ne s'appartiennent seul, à l'aide d'une traduction latine.
pas, ils ne sauraient se vouer aux au- En vingt-et-un jours, il eut achevé la
tres. Scaliger, à qui du reste l'âge et lecture de son auteur. Après deux an-
les maladies rendaient la tâche encore nées d'études poursuivies avec cette
,
possédait à fond toute la lit-
plus difficile, ne se montra ni plus dé- ardeur, il
voué ni plus habile. Dans le plan d'é- térature grecque , poètes, orateurs et
tudes qu'il adopta, si tant est qu'il en historiens, et il avait acquis une con-
eût adopté un, le jeune homme avait naissance parfaite de la langue sans le
tout à faire ; il fallait qu'il fût bien heu- secours d'aucun dictionnaire et sans
reusement doué pour retirer quelque autre grammaire que celle qu'il avait
fruit de ce genre d'éducation. Cepen- dressée pour son usage. Le suecès
dant son esprit d'analyse, aidé de sa l'encouragea à employer la même mé-
prodigieuse mémoire, suppléa à ce qui thode pour l'étude des langues sémi-
manquait a la méthode paternelle. A tiques. On conserve à la bibliothèque
force de copier les poésies latines de de Göttingue, sous le titre de Thésau-
son père, il finit par devenir lui-même rus lingues arabicoe [un à cum Supel-
poète, c'est-à-dire qu'il apprit assez lectile universa librorum orientali-
bien la facture du vers pour compo- bus linguis scriptorum], le msc. au-
ser, dès l'âge de 16 ans, une tragédie tographe d'un dictionnaire arabe qu'il
d'OEdipe qui lui valut des encourage- s'était composé et qui doit avoir servi
ments, et dont il se souvenait encore de base à celui de Rapheling. La Bi-
avec satisfaction dans un âge plus mûr, bliothèque nat. de Paris possède aussi
lien qu'il ne l'eût pas jugée digne de un Vocabulaire latin, par ordre alpha-
voir le jour. Outre ce labeur de copiste, bétique, entièrement écrit de sa main.
qui lui était imposé, le jeune homme, Il acquit ainsi la connaissance de treize
était tenu do faire chaquejour une nar- langues, tant anciennes que modernes.
ration latine sur un sujet à son choix. C'est ce que confirme Du Bartas:
C'était là le sérieux de ses travaux. On Scaliger, merveille de nostre âge,
comprend que ces exercices, sous un Le Soleil des sçavants, qui parle éloquemment
maître tel que son père, durent au L'Hébrieu, Grégeois, Romain, Hespagnol,
moins contribuer à lui former le style ; [Alemant,
François, Italien, Nubien, Art ique,
et, en effet, il en profita si bien que. Syriaque, Persan, Anglois et Cnaldaïque,
pour la pureté, la correction, l'élé- Et qui, chaméléon, transfigurer se peut,
0 riche, ô souple esprit! en tel autheur qu'il
gance, l'élève finit par surpasser le [veut :
maître. Mais on conviendra que ce n' é- Digne fils du grand Jule : et digne frère encore
tait ni le plus sûr ni le plus prompt De Sylve son aisné, que la Gascogne honore.
moyen de s'instruire. Pendant les quatre années qu'il con-
Tellesfurentles occupations du jeune sacra à Paris à ses études littéraires,
Scaliger, tant que vécut son père ; il Scaliger subit l'influence des idées nou-
entrait dans sa dix-neuvième année velles; il se rapprocha des Protestants
lorsqu'il le perdit (21 oct 1558). Son et suivit leurs assemblées religieuses.
LES — 3 LES
—
Il nous apprend que ce fut M. de Bu- sonne en qualité de secrétaire, et après
zanval (1), le frère du diplomate, « qui son retour en France, cet emploi étant
le mena au prêche durant les premiers devenu une sinécure, Scaliger se serait
troubles. » En 1562, il fut catéchisé acquitté envers lui en dirigeant l'édu-
« par M. de Chandieu jeune homme cation de ses fils. Le mot de contu-
et Mathieu Viret, » mais, à ce qu'il bernium dont il se sert dans sa Lettre
avoue, il n'était pas encore « bien in- sur l'antiquité de sa famille, ferait sup-
formé et assuré.» poser des rapports plus intimes que
L'aunée suivante, il entra dans la ceux de pédagogue ou de secrétaire,
maison de Louis Chastaigner, sieur de des relations d'égal à égal. « Ab anno
La Roche-Pozay, en Poitou; à quel ti- 1563, ex quq in tontubernio generosi
tre? on l'ignore; peut-être en qualité Ludovici Castanei Rupipozaei esse
de précepteur de ses enfants , comme coepi, écrit-il, adhanc usque diem, nul-
l'admettent M. Weiss, dans la Biogr. lum tempus mihi aut a peregrinationi-
univ., et M. Jacob Bernays dans sa sa- bus aut ab animi perturbationibus va-
vante notice sur Scaliger (en allem., cuum fuisse memini. » Quoi qu'il eu
Berlin, 1853, in-8°), ou plutôt à titre soit, Scaliger passa une grande partie
d'ami, comme le suppose M. Ch. Ni- de sa vie, et la partie la mieux em-
sard, dans son Triumvirat littéraire au ployée pour ses travaux littéraires, au
XVIe siècle. Non que nous pensionsavec sein de cette famille hospitalière,, ce
ce dernier écrivain que Scaliger fût qui lui fait dire que, depuis la mort de
trop fier pour devenir le précepteur son père, il vécut de charités (eleemo-
des fils d'un simple particulier, lui qui sinis). Dans une lettre datée de Rome,
ne l'était pas trop pour en accepter les 1596, Henri-Louis Chastaigner, entré
libéralités; mais parce qu'à l'époque dans les ordres,' lui écrivait : « Le grand
où il devint le commensal de Louis de respect que je vous porte, et le désir
La Roche-Pozay, les enfants de ce der- que j'ay de vous rendre quelque tesmoi-
nier (8 garçons, venus tout de suite, gnage de la souvenance que j'ay de vos
dit Scaliger comme s'il les avait vus bienfaits en mon endroict, m'ont fait
naître, et 3 filles) devaient être bien demander permission de vous escrire
jeunes (si toutefois ils étaient nés), ceste cy, tant pour vous rendre conte
pour avoir besoin d'un précepteur, de mondict silence, que pour vous as-
puisque, en 1594,c'est-à-dire plus de seurer comme, lorsque cessera le sus-
trente ans après, nous voyons encore dictempeschement [c'est-à-dire lorsque
Henri de La Roche-Pozay sur les bancs la brebis sera rentrée dans le bercail,
de l'école (2). On pourrait admettre que car la profession ecclésiastique lui dé-
Louis de La Roche-Pozay, à la veille fendait « estroictement la communica-
d'être envoyé en ambassade à Rome
(supposé que ce fait ne soit pas con- tianias, regis Henrici III desideriis apud Gre-
trouvé) (3), attacha Scaliger à sa per- gorium XIII et alios principes gloriosissimo
functo. » Nous soupçonnonsdonc les biogra-
(1) Il ne persévéra pasdans ses croyances. phes de Scaliger d'avoir commis un anachro-
(2) M. Filleau, dans ses généalogies des nisme. En tout cas, M. Bernays se trompe lors-
familles du poitou, le fait naître à Rome, le qu'il dit que ce fut le fils aîné de la famille
6 sept. 1577. qui fut nommé ambassadeur à Rome ; en 1565,
(3) M. Filleau, dans sa généalogie de la ce fils n'était vraisemblablement pas né. Voir
famille, ne par le pas de cette ambassade. le Scaligerana, au mot La Roche-Pozay. Pour
Selon lui, Louis de La Roche-Pozay accom- ce qui est de Niéron, il commet encore une
pagna le duc d'Anjou en Pologne, et revint plus grosse faute,lorsqu'il avance que Scaliger
en France avec ce prince, qui le chargea s'attacha à Louis Chastaigner, « qui fut depuis
« d'aller en son nom rendre au pape l'obé- évêque de Poitiers. » Voir dans les Epistres
dience filiale. » II fut rappelé en 1581, après frapçoises a Jos. de La Scala une lettre datée
avoir séjourné environ cinq années à Rome. de Fontainebleau,1608, où Henri-Louis Chas-
Scaliger, dans son épitaphe de ce seigneur, taigner marque à son ancien précopieur que,
ne fait pas non plus mention d'une ambassade depuis un au, le roi lui a donné la réserve de
antérieure ; « Multis legationibus pro chris- pet évêché.
LES — 4 — LES
lion de ceux qui sont hors de l'Eglise struire. Le docte Muret se montra bien-
catholique, apostolique, romaine,»] veillant pour lui et le mit en rapport
je feray en sorte, avec l'ayde de Dieu, avec une foule de savants. Cependant
que vous me recognoisterez le plus la reconnaissance de Scaliger ne tint
respectueux de vos vertus et le plus pas contre une petite malice que Muret
recognoissant disciple que vous ayez s'imagina de lui jouer pour mater un
jamais eu. » Quelques années plus tard, peu son amour-propre. Scaliger s'était
en 1607, il se plaignait de ce que, sur vanté de discerner à la première vue les
l'exemplaire de l'Eusèbe, dont Scaliger styles des divers âges littéraires de
lui avait fait hommage, il n'avait pas l'antiquité. Muret voulut en faire l'é-
écrit » au bout de son nom alumno — preuve, et lui faisant tenir quelques,
car c'est une qualité, dit-il , que je vers de sa façon, il les lui donna pour
tiendray toute ma vie aussi chère que un fragment inédit du vieux poète co-
celle que je prends de votre très-hum- mique Trabéa. Scaliger y fut pris, il
ble, etc. » Il ne saurait donc y avoir alla même jusqu'à désigner la pièce
de doute que Scaliger a eu pour élève d'où ces vers étaient tirés. Sa mortifi-
Henri de La Roche-Pozay; il nous ap- cation fut grande lorsqu'on lui prouva
prend même qu'il lut avec lui tout Ti- son erreur. Il n'était pas homme à par-
bulle. C'est du reste ce que confirme donner. On sait le trait sanglant qu'il
de Thou dans ses Mémoires . Après avoir lança au pauvre Muret :
dit que personne n'était plus éloigné
Scaliger de l'esprit de prosélytisme, Qui rigidse flammas evaserat antè Tolosae
que Rumetus [Muretus]fumos vendidit ille mihi.
il ajoute: «Louis, seigneur d'Abin,
de l'illustre maison Châteigner, qui Avant de quitter l'Italie, Scaliger
s'est acquitté avec tant d'honneur de eut la fantaisie de visiter la capitale de
l'ambassade de Rome, Jean, seigneur ses États, Vérone. Mais dans la crainte
da La Rocheposai, et [Henri-] Louis, que les usurpateurs de sa principauté
évêque de Poitiers, ses fils, en sont ne lui fissent un mauvais parti, il eut
des témoins irréprochables. Instruits soin de changer de nom. « Si les Vé-
l'un et l'autre dans la maison paternelle nitiens me tenaient, disait-il naïvement,
par cet homme célèbre (le dernier par- ils me coudraient dans un sac. » A la
ticulièrement ayant demeuré long- faveur de son déguisement, il échappa
temps [un an] avec lui en Hollande), aux sbires et il put retremper tout à
s'ils sont sortis de ses mains plus sa- son aise son orgueil dynastique aux
vans, ils n'en ont pas été moins atta- tombeaux de ses pères. Il rapporta de
chés à la religion de leurs ancêtres. » sou voyage un recueil d'inscriptions
Ce fut dans sa retraite du Poitou, qu'il augmenta par la suite, et dont il
qu'il écrivit son premier ouvrage, ses fit présent à Gruter. Ce dernier en fit
Commentaires sur Varron, oeuvre d'un usage dans le Thesaurus, inscriptio-
jeune homme qui lui attira quelques num qu'il publia à Heidelberg, en 1602,
ennemis, mais où l'on remarquait déjà et pour lequel Scaliger ne dédaigna
l'étonnantesagacité du philologue et du pas de composer l'Index : travail in-
critique. En 1565, il accompagna à grat qui lui prit près d'une année en-
Rome Louis de La Roche-Pozay. Loin tière. Les notes et les corrections qui
dé le ramener dans le giron du catho- se lisent à la suite de l'Index sont aussi
licisme, l'aspect des moeurs de la ville de lui.
sainte lui enleva ses derniers scrupu- A son retour d'Italie, il alla visiter
les. Ce fut pendant son séjour à Rome l'Angleterre et l'Ecosse (1); puis il
qu'il entendit sa dernière messe. Il passa (1) Probablement avec son patron. Hen-
eu Italie la plus grande partie des an- ri Châtaigner, dans une de ses lettres, nous
nées 1565 et ,1556, recherchant avec apprend que Scaliger accompagna son porc
avidité toutes les occasions de s'in- en tous voyages, hormis depuis qu'il avoit
commencé a tirer sur l'aage.
LES — 5 — LES
revint dans le Poitou, où il reprit ses Son séjour à l'université de Valence
travaux. Mais nos dissensions reli- fut encore marqué par la liaison qu'il
gieuses ne tardèrent pas à troubler son y contracta avec le célèbre de Thou,
repos. Il paraîtrait même qu'il prit une liaison qui dura jusqu'à la fin de sa vie.
part active à la troisième guerre de re- Nous rapporterons l'éloge que de Thou
ligion(1569). Quamdiu fui in militiâ, fait de son ami dans ses Mémoires.
dit-il dans une lettre à P. Pithou, sous « Ce fut à Valence que commença son
la date de 1571. A la suite de nos amitié pour Joseph Scaliger, venu ex-
troubles civils, il perdit la plus grande près dans celte ville avec Louis de
partie de ce qui lui restait de son pa- Monjosieu et George Du Bourg, pour
trimoine, et plusieurs de ses amis pé- voir Cujas, qui l'en avoit prié. Cette
rirent dans les combats. Alors, dé- amitié, née dans la conversation, s'aug-
goûté de la vie et presque aussi de la menta toujours, et se conserva depuis,
science, il se rendit à Valence auprès ou par lettres, ou par un commerce
de Cujas (1570) : « Veni ex illâ [Agen] plus étroit, pendant trente-huit ans
Valentiam, écrivait-il à Pilhou, hoc sans interruption. Il ne pouvoit cacher
est ex turbulentissimis fluctibus in sa joie, quand des esprits d'un carac-
tranquillissimum omnium virtutum et tère aussi violent que malin lui repro-
humanarum literarum portant, Jac. choient cette liaison. Il se faisoit hon-
Cujacium, qui me ex illâ navi jam nau- neur en public de leurs médisances. Le
seantem omnibonorum studiorum gus- souvenir d'un commerce si doux, si
tu refecit, languentemque recreavit et honnête et si savant lui étoit si cher,
jam propè deploratum, imo et mihi qu'il disoit souvent que si Dieu lui en
meisque rebus omnibus diffidentem, ad donnoit le choix, il étoit tout prêt de le
lucem iterum revocavit. » Cujas ayant racheter aux dépens des mêmes repro-
donc relevé son courage, l'engagea à ches, des mêmes traverses et des mêmes
se livrer à l'étude du droit romain. outrages que leur haine injuste lui
L'élève fit en peu de temps de tels avoit attirés; que c'étoit là toute la
progrès, que le maître lui proposa de réponse qu'il avoit à faire à leurs in-
devenir son collègue. Mais Scaliger dignes calomnies. » Un homme qui
n'entendait pas renoncer à ses chères inspirait de tels sentiments d'amitié,
études pour se perdre dans le labyrin- ne devait pas être un égoïste, comme
the de ce qu'il appelait la chicanerie. on l'en a accusé.
La riche collection de mss. du savant Ce fut à la recommandation de Cujas
jurisconsultelui fut d'un grand secours. que l'évêque de Valence, Montluc, in-
Cujas lui-même prenait un vif intérêt à vita Scaliger à l'accompagner en Po-
ses travaux philologiques. Ce fut, dit- logne en qualité de secrétaire. Il lui
on, à sa sollicitation — car la chasteté avait donné rendez-vous à Strasbourg.
n'était pas la vertu du siècle, — qu'il Arrivé dans cette ville, Scaliger y ap-
publia les Catalectes et les Priapées. prit le massacre de la Saint-Barthélémy,
Une admiration réciproque cimenta leur et il s'empressa de retourner en Suisse.
amitié, qui résista aux vicissitudes du De son côté, l'évêque de Valence, dont
temps, et aux susceptibilités de l'a- la catholicité était plus que suspecte,
mour-propre. Doctissimus J. Scaliger courut les plus grands dangers dans
a quo pudet dissentire, écrivait Cujas son voyage. Arrêté à Verdun par un
dans ses Paratitles sur le Digeste, et de ses confrères ecclésiastiques qui
dans une. lettre à Loisel, peu après la convoitait son évêché et qui espérait
perte de son fils, en 1581, « J'ai céans se débarrasser de lui à petit bruit, il
M. de La Scala, de qui la douce com- ne fut remis en liberté que sur un
pagnie m'a tiré du sépulchre où j'étois ordre exprès de la Cour. Son désap-
misérablement tombé et m'a essuyé pointement fut grand lorsqu'il ne
une partie de mes piteuses larmes. » trouva plus personne au rendez-vous
LES -6- LES
(Voy. BAZIN). Au retour de son am- Il y fut reçu habitant, le 8 sept. 1572.
bassade, il écrivit à Scaliger : « M. de Au rapport de l'historien du Dau-
l'Escale, le ait Henry Estienne, que phiné Chorier, Scaliger se serait
je vis à Francfort à mon voyage de trouvé , à Valence (1) lors de la Saint-
Pologne, ne vous aura pas célé, comme Barthélémy, et cette opinion serait con-
je croy, le regret que j'avois que je ne firmée par de Thou ( Voy. GROULART),
fusse venu à temps pour vous trouver si l'on devait ajouter foi aux révéla-
à Strasbourg, et rejectois toute la tions du Thuana (on se défie naturelle-
faulte sur ce que j'avois esté retenu ment des gens qui écoutent aux portes).
prisonnier à Verdun, et sur la timidité et Nous-même, nous avons suivi cette
précipitation de l'abbé de Sainct-Ruffy version dans nos articles CUJAS et
[neveu de l'évêque, Voy. LEBEY] qui BONNEFOI. Mais la lettre de l'évêque
vous avoit contrainct de vous en re- de Valence, dont nous avons rapporté
tourner, ainsi que bien amplement m'a- un fragment, prouve jusqu'à l'évidence
voit fait entendre M. Sturme, qui me que Chorier a commis une erreur.
donna telle asseurance de vostre bonne Scaliger était à Lausanne le 24 août
volonté que je vous en suis et seray (Voy. le Scaligerana), et c'est de cette
tousjours obligé. » Dans cette lettre ville qu'ignorant les événements de
(12 sept. 1574), Montluc se plaint Paris, il se mit en route pour Stras-
d'un pamphlet, publié sous le nom sup- bourg. M. Ch. Nisard, sans doute pour
posé de Furmster, où on l'accusait concilier les deux versions, admet que
d'avoir trempé dans les massacres de Scaliger , immédiatement après son
la Saint-Barthélémy, Ses plaintes arrivée à Genève, en serait reparti pour
pourraient faire croire qu'il soupçon- retourner à Valence. « Cette ville, dit-
nait Scaliger ou un de ses amis d'en il, était alors en proie à une agitation
être l'auteur. Il n'en était rien; on sait extraordinaire; les passions religieuses
que c'était l'oeuvre de Donean. Scali- y étaient frémissantes ; Ennemond
ger dédia à Montluc son travail sur Bonnefoy, savant professeur de droit
Festus comme un témoignage d'estime et calviniste, avait dû s'y soustraire
qui devait dissiper tous ses soupçons : par la fuite. Scaliger, arrivant au plus
il n'était pas homme à dissimuler ses fort de cette effervescence, fit comme
sentiments : il avait appris dès l'en- Bonnefoy et regagna Genève en toute
fance à détester le mensonge. Son hor- hâte. » Ce moyen terme ne nous semble
reur de Médicis et de ses dignes, fils pas admissible. Le signal des massacres
lui arracha un cri de guerre, bien plu- dans le Midi venait de partir de Lyon,
tôt qu'un cri de douleur. Th. de Bèze dans la nuit du 28 au 29 août; le Rhône,
lui-même jugea imprudent de mettre teint de sang, en avait porté la nouvelle
au jour les vers acerbes, qu'il écrivit sur à Valence ; les coeurs les plus fermes
la mort de Coligny. Plus de trente étaient dans l'abattement, et certes ce
ans après l'événement, en 1606, son n'est pas le moment que Scaliger. eût
Indignation était encore tellement fré- choisi pour rentrer en France. On n'a-
missante dans son coeur d'honnête bandonne pas le port, quand la tempête
homme, qu'ayant composé l'épitaphe est déchaînée.
de l'amiral, à la demande de fille, Désirant le fixer parmi eux, les Ge-
sa
la princesse d'Orange, on fut forcé de névois lui offrirent une chaire de phi-
l'accommoder à la prudence du siècle. losophie. Après quelques hésitations,
Après son départ précipité de Stras- il accepta. M. Weiss et M. Nisard pré-
bourg, Scaliger se réfugia à Genève. tendent à tort qu'il maintint son premier
Quare metu dejectus, obsitus luctu,
refus. M. Bernays admet, au contraire,
Atratus, exspes, in tuum sinum fugi, qu'il professa pendant un an à l'acadé-
Geneva, quae me patriae exulem terrae (1) D'après Heinsius, dans
Blanda atque amica caritate fovisti. son Oraison fu-
nèbre, il se trouvait à Paris.
LES — 7
— LES
mie de Genève, et il apporte à l'appui faire dire des choses qu'ils n'avaient
de son opinion une foule de fort bonnes point dites. C'est ce que remarque
raisons. Le document que nous allons Bayle : « Sa profonde littérature était
citer, lèvera tous les doutes. D'après cause qu'il voyait mille rapports entre
les Registres de la Compagnie des pas- les pensées d'un auteur et quelque point
teurs (Reg. A), Scaliger fut élu pro- rare de l'antiquité : de sorte qu'il s'i-
fesseur le 31 Octobre 1572 et il ne maginait que son auteur avait fait quel-
demanda et n'obtint son congé ,
qu'en que allusion à ce point d'antiquité, et
septembre 1574(1). Il occupa donc sa sur ce pied-là; il corrigeait un passage.
chaire l'espace de vingt-deux mois. Si l'on n'aime mieux s'imaginer que
Pendant ce tems, il lut à ses élèves l'envie d'éclaircir un mystère d'érudi-
l'Organon d'Aristote et le De finibus tion inconnu aux autres critiques,
bonorum de Cicéron. Il allait aborder l'engageait à supposer qu'il se trouvait*
la physique « lorsque Dieu l'appela à dans tel ou tel passage. Quoi qu'il en
de plus grandes choses, » car il n'était soit, les commentaires qui viennent de
pas propre « à caqueter en chaire et lui sont pleins de conjectures hardies,
pédanter. » ingénieuses et fort savantes; mais il
Scaliger retourna dans la famille de n'est guère apparent que les auteurs
son Mécènes, au château d'Abain. Le aient songé à tout ce qu'il leur fait
temps de son exil n'avait pas été perdu. dire, » Cette critique est sans douta
Sa publication d'Ausonne date de cette fondée, mais elle a le tort d'être trop
époque; son Festus suivit de près ; les générale. Ces abus de pouvoir étaient
Elégiaques, enfin, vinrent clore cette inévitables. Le même reproche a été
brillante série de travaux philologiques. adressé à chaque meilleur critique du
Sur tous ces ouvrages, les âges de bar- XVIe siècle, à Lambin, à Turnèbe, à
barie avaient laissé leur empreinte. Le Juste-Lipse, à Henri Estienne, à Cu-
mérite éminent de Scaliger comme jas, etc. Au jugement de M. Weiss,
scoliaste a été dignement apprécié par Scaliger « malgré ses fautes nombreu-
tous les hommes compétents, non seu- ses, n'en reste pas moins l'un de nos
lement de son siècle, mais des siècles premiers philologues ; aussi savant
suivants; protestants ou catholiques, latiniste que Juste-Lipse, il lui était
amis ou ennemis, tous ont admiré la bien supérieur dans la connaissance
sagacité de son esprit et l'étendue de du grec, et Ruhneken le regarde
son savoir. Le grand Saumaise lui- comme le chef et le maître de cette
même, un autre Scaliger, a écrit « que suite nombreuse d'illustres critiques
les siècles futurs ne produiraientjamais dont les talents ont brillé d'un si grand
son semblable et que, dans les siècles éclat en Hollande, au XVIIe siècle. »
passés, personne ne l'avait égalé. » Il Bientôt Scaliger passa à un autre
savait rétablir lés textes les plus cor- ordre de travaux. Aucune science ne
rompus; les auteurs renaissaient sur lui était étrangère, et s'il ne tenait pas
sa plume; mais il lui arriva souvent de toujours le premier rang, au moins
leur prêter son propre génie et de leur n'était-il pas déplacé parmi ceux qui le
tenaient. Nous ne parlerons pas de la
(1) Sénebier, du reste, avait déjà men- pointe qu'il fit sur les terres de Mes-
tionné le fait; selon lui, il sollicita son
congé à l'occasion de la mort de sa mère. sieurs de la Faculté (1578), et qui
Rien n'autorise à admettre que Scaliger ait souleva les susceptibilités de plusieurs
de nouveau professé à Genève, en 1578, vieux docteurs qui ne comprenaient
comme pourraient le faire croire deux lettres
de Gifanius, que Burmann, dans son Sylloge pas qu'un simple grammairien pût leur
epistolarum, suppose à tort avoir été écrites en remontrer sur leur art. Nous passe-
cette année, car il y est parlé de Bonnefoi rons de suite à ses travaux sur l'astro-
comme étant encore en vie, et en 1578 ce ju- nomie et la connaissance des temps.
risconsulte était mort depuis 4 ans (8 févr.
1574). Son édition du poète Manilius (1579)
LES -8- LES
lui ouvrit une nouvelle carrière de Il donna lieu à une sorte d'armistice
gloire, en même temps qu'un nouveau entre Scaliger et ses critiques, pendant
champ de combats. Sa réputation était lequel, tout le monde parut d'accord
telle que plus d'un petit savant pen- pour admirer son oeuvre et l'en laisser
sait se grandir en provoquant ses at- jouir lui-même en repos. » Mais comme
taques. Quant à lui, bien convaincu de. nous l'avons dit, cette trêve fut courte,
sa supériorité, il n'entendait pas que elle dura le temps de préparer les ar-
l'on portât la main sur sa couronne, mes. Inutile de dire que le livre fut mis
et même ses amis devaient user de à l'Index.
toute sorte de ménagements pour ne Après ce suprême effort d'érudition,
pas froisser son orgueil; plusieurs Scaliger parut se reposer. Il continua
d'entre eux restèrent parmi les blessés à vivre au sein de la famille de Louis d'A-
et entre autres Du Ion, savant estima- bain, ne s'en éloignant que pour faire
ble, qui eut la hardiesse de donner, de temps en temps de courtes excur-
après lui, une nouvelle édition de Ma- sions. En 1583, il était à Nérac, où il
nilius. Dans ce savant ouvrage, Scali- fut reçu en audience par le roi de Na-
ger n'avait pas tant, en vue de rétablirle varre; l'année suivante, nous le voyons
texte de son auteur, que de faire con- à Paris; enfin, en 1586, il fit un voyage
naître l'état de la science astronomique en Provence. Les dernières années
chez les Anciens. A l'apparition de ce qu'il passa en France furent troublées
livre, ce fut au tour des mathématiciens par nos dissensions civiles. Sans être
de jeter les hauts cris. Chacune des fanatique et intolérant, il était très-zélé
publications de Scaliger soulevait une' pour sa religion, et c'était plus qu'il
tempête. Cependant, loin de le détour- n'en fallait pour être en butte à la haine.
ner de ses travaux , le bruit semblait Dans ces malheureux temps, il n'y a-
l'exciter. On était encore au fort de la vait d'asile nulle part, pas même dans
mêlée, lorsqu'il fit paraître le plus sa- le for intérieur. Les Titans avaient es-
vant de ses savants ouvrages, son li- caladé le Ciel, et l'homme s'était mis à
vre sur la Réforme des temps (1583) (1). la place de Dieu.
Ses ennemis les Jésuites ne se contin- Après avoir perdu Juste-Lipse, qui
rent plus; il y eut dans leur camp des venait de faire sa paix avec les enfants
larmes de rage. Scaliger avait dédié de Loyola et de rentrer en grâce, les
son livre au président de Harlay, chargé curateurs de l'académie de Leyde je-
de mettre en vigueur le calendrier gré- tèrent les yeux sur Scaliger pour le
gorien; le président ne le remercia remplacer. Les Etats-Généraux et le
même pas. Il y avait sans doute dans prince Maurice se joignirent à eux pour
la critique qu'il faisait de la réforme l'en solliciter. On savait sa répugnance
grégorienne un peu de passion hugue- à accepter des fonctions publiques. On
notte, mais, ce défaut à part, son livre mit tout en oeuvre pour en triompher,
était un chef-d'oeuvre d'érudition; il on le prit habilement par ses défauts,
laissait bien loin derrière lui les travaux oh s'adressa tour à tour à son orgueil
des Béroalde, des Mercator, et de tous de patricien, à sa vanité de savant. Un
ceux qui avaient écrit sur la chronolo- jeune professeur, Gérard Tuning, lui
gie. Sa connaissance des sources orien- fut député (oct. 1591), chargé de let-
tales lui avait ouvert une mine à tres et de dépêches. Il avait pour mis-
peu
près inconnue avant lui. « Le succès sion de se rendre auprès de Henri IV,
de ce livre fut immense, dit M. Nisard. alors occupé au siége de Rouen, afin
d'obtenir son consentement. A cette
(1) Ce travail de géant lui prit moins de époque de régénération, les hommes
trois années : Opus, dit-il, in Biturigibus in- de la trempe de Scaliger ne s'apparte-
stitutum [en 1581, il était à Bourges auprès
de Cujas], in Lemovicibus affectum, in Pic- naient pas, ils étaient comme la pro-
tonibus ad exitum perduxi. priété de l'Etat. Henri, qui avait
peu de
LES — 9 — LES
penchant pour les savants, fut charmé fusa, non qu'il s'estimât « trop prince
de pouvoir obliger, à si peu de frais, lui-même pour demeurer à la cour à
ses bons amis les Hollandais; il écri- titre de domestique d'un prince, »
vit à Scaliger pour le presser, en son mais parce qu'il mettait son indépen-
nom, d'accepter les offres des Etats- dance au-dessus des honneurs et des
Généraux. Muni d'un sauf-conduit (3 richesses, et comme il le dit lui-même,
déc.), le docteur Tuning se rendit parce qu'il « ne voulait point être
au château de Preuilly, en Touraine, courtisan; il honorait les Grands, mais
où résidait alors notre savant. Mais é- il n'aimait point les grandeurs. » Au
tant tombé en route entre les mains surplus, si cette raison n'avait pas été
d'un parti de Ligueurs, il fut entière- suffisante, une autre considération très-
ment dévalisé. Arrivé au terme de son importante eût pu le décider à un re-
voyage, il ne put faire connaître que fus. Catherine de La Trémoille était
verbalement le contenu de ses dépê- encore sous le coup d'une accusation
ches (1). Scaliger fut très flatté de infamante (Voy. II, p. 472 et suiv. ),
l'honneur qu'on lui faisait; mais il ne et Scaliger n'était pas homme à croire
se croyait pas propre à l'enseignement que la noblesse lavât le crime.
public, et il résista à toutes les instan- Les Hollandais, de leur côté, ne. se
ces; il écrivit dans ce sens au prince découragèrent pas. Une correspon-
Maurice (20 janv. 1592) sans engager dance s'était établie entre le docteur
toutefois l'avenir. Tuning et Scaliger. On faisait jouer
Sur ces entrefaites, quelques amis toutes les mines pour vaincre sa résis-
qui voyaient avec peine que la France tance ; on allait au-devant de tous ses
perdit le plus beau fleuron de sa cou- désirs ; on prévoyait toutes ses répu-
ronne littéraire, et de ce nombre le sage gnances. Jamais affaire d'État ne fut
Du Plessis-Mornay, firent une tenta- conduite avec plus d'habileté et de
tive auprès de Scaliger pour le retenir. persévérance. Heureux les pays où la
A leur instigation, et avec l'agrément possession d'un savant est disputée
de Henri IV, la princesse de Condé, avec plus d'ardeur que la possession
Catherine de La Trémoille, le pressa d'un territoire ! A la fin, on ne lui de-
de se charger de l'éducation de son manda plus que d'aller se fixer à Leyde,
fils, alors âgé de 4 ans ! (2). « Ne refu- en le dispensant de toutes les charges
sez donc, je vous prie, lui écrivait la du professorat. On lui faisait la posi-
princesse, de servir au Roy mon sei- tion la plus honorable en même temps
gneur en ceste occasion, lequel je sçay que la plus indépendante. Il devait
avoir ceste volonté, et d'obliger toute marcher de pair avec le recteur. Tant
ceste France à vous. Pour mon parti- de bienveillance surmonta enfin ses
culier, j'estimeray atteindre au comble dernières hésitations; il accepta. Hen-
de ma plus grande félicité si je puisse ri IV lui écrivit pour l'en féliciter. Il se
acquérir ce thrésor à mon fils ; faisant mit en route dans l'été de 1593, em-
peu d'estat de toutes les grandeurs du menant avec lui le jeune Chastai-
monde si elles ne sont accompagnées gner (1), et alla s'embarquer à Dieppe.
de la vertu. » Et la princesse terminait
(1) Le père du jeune homme, qui était au
en se disant sa très-affectionnée et obli- camp d'Auzances avec son fils aîné Jean,
gée amye. Tout autre que Scaliger eût écrivit k Scaliger (21 juin) pour s'excuser de
peut-être accepté des offres aussi flat- ne pouvoir lui aller dire adieu, " et vous as-
teuses que brillantes ; pour lui, il re- seurer, lui dit-il, de la puissance qu'avez sur
moy, qui ne fera jamais que moy et les miens
ne nous resentions de tant de faveur que nous
(1) Elles sont reproduites, avec la réponse avons receu et recevons ordinairement de
de Scaliger, à la suite de ses Epistoloe. vous, et que ne désirions vous en rendre toutes
(2) Sa lettre n'est pas datée ; on la trouve nos vies perpétuel service. » Et dans une lettre
parmi les Epistres françoises à Joseph de La précédente, du 23 mai : « Le plus grand heur,
Scala, lui disait-il, que je pourray jamais avoir en
LES - 10 — LES
de ce siècle) lui fit rompre avec quel-
Le roi avait donné ordre aux gouver-
neurs des villes par où il passerait, de ques-uns de ses amis. Mais il n'était
le faire escorter, de crainte qu'il ne rien moins qu'égoïste dans son com-
tombât entre les mains des Ligueurs merce avec eux, il se mettait volontiers
qui tenaient encore la campagne. à leur service, il leur communiquait
Dans les premiers temps de son séjour avec libéralité le fruit de ses travaux.
à Leyde, Scaliger éprouva un dérange- Casaubon nous apprend que Scaliger
ment dans sa santé qui lui fit craindre était consulté comme un oracle, et que
de ne pouvoir s'acclimater ; ses forces si l'on réunissait tout ce que ses amis
déclinaient sensiblement ; la mélanco- lui doivent, on en pourrait composer
lie s'emparait de lui. Mais après ce un gros volume. Il leur dispensait li-
premier tribut payé à un ciel étranger, berali manu quicquid magno sudore
dans un âge où l'on rompt difficilement quoesiverat. Et ce qui doublait le prix
le cours de ses habitudes, il retrouva du service, c'est qu'il paraissait l'ac-
son assiette, et renonça bientôt à toute cepter plutôt que le rendre. Il admet-
pensée de retour. Les relations qu'il tait aussi la contradiction, mais il y
noua avec les personnages les plus voulait des formes, et il ne souffrait
considérables du pays, avec l'infor- pas que l'on chantât victoire quand il
tuné Barneveldt, avec notre ambassa- arrivait qu'on le prît en faute, c'est-à-
deur Choart de Buzanval , contri- dire qu'il n'entendait pas que l'on se
buèrent à adoucir son exil. La famille grandît à ses dépens. Il conserva jus-
de Dousa était comme la sienne. La qu'à la fin de sa vie tous ceux de ses
veuve du prince Guillaume, Louise amis qui étaient dignes de ce nom.
de Coligny, l'entourait de prévenan- Pour faire naître une amitié telle que
ces (1). Le prince Maurice le traitait celle de Casaubon, il ne fallait certes
avec bonté et respect. « Maurice n'est pas avoirle coeur sec. Ces deux savants
point glorieux, lui font dire les frères ne se virent jamais, et cependant ja-
Vassan, je ne le vay saluer que deux mais il n'y eut entre eux le plus léger
ou trois fois l'année; il n'y prend plus refroidissement. Ils s'aimaient autant
garde et ne s'en soucie pas ; s'il étoit qu'ils s'estimaient. Un jour qu'à force
comme les autres, il m'y faudroit aller d'économie, Casaubon était parvenu à
souvent. Quand je vay à la Haye, son mettre de côté de quoi faire le voyage
Exc. me fait toujours asseoir à table de la Hollande, et faisait espérer sa vi-
auprès de lui, même devant ses cou- site à son ami, il faut voir avec quelle
sins. » sollicitudeScaliger caressait cette douce
On a accusé Scaliger de sécheresse pensée ! On eût dit un père qui attend
de coeur. Cette accusation ne nous pa- son fils.
rait pas fondée. Il est bien vrai que son Bien qu'il ne professât pas, son sé-
amour-propre (qui était excessif chez jour à Leyde ne fut pas sans influence
lui comme chez la plupart des savants sur les études. Une foule de jeunes
ce monde est que nous puissions passer notre gens, attirés par sa présence, y accou-
vieillesse ensemble. » Ce voeu ne fut pas exau- raient de toutes les parties de l'Europe.
ce : il mourut bientôt après, le 29 sept. 1595, Il les accueillait avec bienveillance, et
à l'âge de 60 ans. plusieurs jeunes savants, tels que Hein-
(1 ) Huet raconte une petite anecdote qui
fait voir dans quels termes Scaliger était avec sius, furent formés par lui. Sa première
cette princesse. Jacq. de Cahaignes, recteur publication en Hollande ne fut pas heu-
de l'université de Caen, avait profité du
départ de son parent, Estienne. de Cahaignes, reuse ; elle eûtpu jeter quelque décon-
qui se rendait a l'académie de Leyde, pour sidération sur l'auteur de la Réforme
envoyer a Scaliger « une bourse en broderie des temps. Il s'imagina avoir trouvé
d'or. » Au moment où le jeune homme s'ac- la solution du problème de la quadra-
quittait de sa commission, la princesse sur-
vint, et, comme elle admirait le travail, ture du cercle, cette pierre philosophale
Scaliger la pria de l'accepter. des mathématiciens, et fit paraître
ses
LES -
Eléments de cyclométrie, qu'il dédia aux
11 — LES
tré, écrivait-il à Scaliger, vous vouloir
curateurs de l'académie et aux bourg- gratifier de la pension de deux mille
mestres de la ville. Il se croyait bien livres, demourant en ce pays, ou de
sûr de son triomphe. En même temps, trois mille si retournez en France et
et comme pour faire la partie plus belle semble qu'elle désire plus le dernier. "
aux rieurs, il eut la malheureuse idée Trois fois l'ambassadeur revint à la
de publier sa lettre à Dousa sur l'Anti- charge, et trois fois Scaliger, qui n'é-
quité de sa race. Quoique écrite avec tait pas homme à trafiquer de sa con-
une certaine candeur, et par un homme science, repoussa ses avances. Chaque
convaincu, cette lettre allait lui attirer jour, notre savant en voyant le mal-
toute sorte d'outrages. Il y eut dans le heureux état de la France, s'applaudis-
camp ennemi des tressaillements de sait davantage de la résolution qu'il
joie. Mais il se passa quelque temps avait prise. «Malheureuse France, ex-
avant que le gros de l'orage éclatât. posée aux outrages de tant de fripons !
On se contenta d'abord d'escarmoucher. écrivait-il à Casaubon. Là, pisces minu-
Le Savant mathématicien Viète, qui fut tos magnus [Henri IV?] comest; là, les
un des tenants, alla jusqu'à menacer magistrats s'engraissent du sang des
maître Joseph de L'Escale, docteur malheureux, et ce qui, à mon seus, sera
en grammaire, d'un procès en diffama- encore plus pernicieux, c'est que mal-
tion. Scaliger se tut. Etait-ce mépris gré le grand éclat que jette la vérité,
de la part de Viète? non; car après le les ténèbres du mensonge tiennent dans
combat, il eut la sincérité d'exprimer l'ombre les hommes sages et clair-
devant Casaubon toute son admiration voyants. Nulle part ailleurs on ne voit
pour son adversaire. « Quicquid hujus autant de moines et de prestolets. Cha-
sit, tanta me illius portentosissimi in- que jour, dans notre Aquitaine, dans
genii incessit admiratio, ut auctores la Narbonaise, semultiplientdes essaims
rerum mathematicarum , prasertim de Loyolites, et, ce qui n'est pas dou-
gracos, solum Scaligerum perfectè pu- teux, ou ils seront bientôt réintégrés
tem intelligere. » Puis il ajouta : « Plu- dans leur ancien nid de Paris, ou ils
ris se Scaligerum vel errantem facere, y rentreront de force. Sans tous ces
quàm multos y.avop6oùvTaç.» Cependant inconvénients auxquels est exposé tout
les Jésuites fouissaient leurs mines. honnête homme en France, et nulle
Une de leurs armes familières fut tou- part ailleurs-qu'en France, je me serais
jours la calomnie : petit péché que la retiré depuis longtemps avec mes Mu-
fin justifie. Ils répandirent le bruit que ses dans mon camp d'Aquitaine, et à
Scaliger n'attendait plus que l'occasion défaut d'autres avantages, j'aurais au
pour faire sa paix avec décence. On en moins celui d'y dresser mon grabat-
administrait la preuve. En 1604, le mé- dans ce coin où mon vieux et vénérable
decin Vertunien (1 ) lui faisait savoir « la père, que l'Aquitaine fut indigne de pos-
jactance que faisoit le Père Cotton de séder, a composé tant d'ouvrages (1).»
le gagner par vaines promesses et at- Notre savant ne tarda pas à se rele-
tirer à Paris pour le faire révolter, ainsi ver honorablement de sa chute. Indé-
que lui avoient appris Messieurs Du pendamment de quelques publications
Plessis-Momay, de La Noue, St-Ger- moins importantes, Publius Syrus, As-
main, député des églises près du Roy, (1) Mêmes regrets sur le triste état de la
et d'Aubigny, qui le prièrent... de l'en France dans une lettre du 15 juin 1603, dont
advertir, et que c'estoit la crainte qu'a- L'Estoile rapporte un fragment : « Somme
voyent les Jésuites que son Eusèbe toute, il ne faut que mal faire en France pour
avoir du bien ; mais faire du bien pour avoir
descouvrît le pot aux roses. » L'am- du bien, je crois qu'il y a longtemps que la
bassadeurJeannin fut même chargé d'y coustume en est perdue. Qui a jamais veu un
mettre la main. «Sa Majesté a mons- siècle si corrompu ? changemens si inopinez,
aveuglemens si incroyables ! Il n'y a remède :
(1) Aussi appelé Saint-Vertunien Omne in praecipiti vitium ctetit. »
LES 12 LES
— —
trampsychus,Apulée, il donna, à quel- la bouche ; quand la colère l'empor-
années de distance, de nouvelles tait, il en parlait le langage. C'était
ques
éditions, considérablement améliorées, dans les moeurs du temps (1). A la fin,
de ses trois principaux ouvrages, la Ré- sentant leur impuissance sur le terrain
forme des tems, Manilius et Catulle. Eu de la science, les' Jésuites prirent un
même temps, il recueillait de tous côtés biais et se jetèrent sur sa vie privée.
des matériaux pour une édition de la Sur ce terrain-là, la calomnie avait au
Chronique d'Eusèbe. On sait que l'on moins ses coudées franches. On est
ne possède de cet ouvrage que la tra- toujours dans lemédisance.vrai aux yeux de ceux
duction latine qui en a été donnée par qui aiment la En 1605,
saint Jérôme. Scaliger faisait peu de cas parut l'Amphitheatrum honoris du jé-
de ce saint et des Pères en général; les suite Scribani, sceleratissime doctus
Protestants eux-mêmes étaient scanda- et doctissimè sceleratus, comme le
lisés du sans-façon avec lequel il en qualifiait un jour un honneste homme
parlait. « Je ne me ferois jamais chré- devant L'Estoile. Voici le jugement
tien à lire les Pères, disait-il, ils ont qu'en porte M. Nisard : «Aussi vio-
beaucoup de fadaises.» Il travaillait à lent que licencieux, l'Amphitheatrum
cet ouvrage avec l'ardeur d'un jeune honoris, dans une société réglée, eût
homme qui a à conquérir sa place au dû faire chasser l'auteur du pays,
soleil. A force de veilles, il avait perdu comme Archiloque le fut jadis de plu-
le sommeil. Il avait en main sept ou sieurs villes de la Grèce, et la lecture
huit manuscrits d'Eusèbe, et il en sol- en être interdite comme on interdit à
licitait encore auprès de ses amis. « La Sparte la lecture des iambes du sati-
plupart de ces manuscrits se contredi- rique grec. On est pénétré de dégoût
sant, dit M. Nisard, le seul fait de les à l'aspect de cet amas d'ordures et de
collationner et de les mettre d'accord turpitudes, fruits d'une imagination en
exigeait une force de volonté secondée délire, et qui se dédommage, en se
d'une intelligence telle, que Scaliger prostituant, de la compression que le
était sans comparaison le seul en état respect des voeux monastiques a im-
de l'exécuter. » Avant même que sou posée à la matière et aux sens ; on est
ouvrage eût été achevé, ses ennemis révolté du zèle que déploie l'auteur
l'attaquaient déjà. L'impression, à son à les extraire des sources les plus im-
grand déplaisir, marcha avec une ex- pures, grecques ou latines, de l'art
trême lenteur. Les curateurs de l'Aca- avec lequel il les rassemble, de la com-
démie avaient dû s'en mêler pour for- plaisance avec laquelle il en salit son
cer un imprimeur à se charger de ce papier ; on frémit d'horreur en lisant
travail. Il le fit de mauvaise grâce ; au les calomnies atroces qu'il déverse sur
bout de deux ans, cette impression n'é- les têtes les plus honorées, catholiques
tait encore guère avancée, lorsque ou protestantes, et généralement sur
Scaliger, impatienté, prit le parti de tout ce qui n'était pas ami des Jésui-
recourir à d'autres presses. Pendant tes. » Scaliger avait cetheur de figurer
ce temps, lapetite guerre se continuait, parmi ces derniers au premier rang.
avec ses ruses et ses embûches. Le Aussi ne fut-il pas ménagé par le jé-
jésuite Serarius resta sur le terrain à suite. Un pamphlétaire non moins
suite d'une escarmouche. David Paré odieux, non moins forcené, Scioppius,
lui-même, un des amis de Scaliger, descendit bientôt, après dans l'arène,
pour avoir osé contester quelques armé de son Scaliger hypobolimaeus
points de chronologie, n'obtint pas ['r7togo).ip.aïo;, faux, supposé]. Ce mi-
grâce à ses yeux. Ses ripostes étaient
des coups de massue, heureux lorsqu'il (1) La mode ne s'en est pas perdue dans
n'y ajoutait pas de grossières injures. les siècles suivants.Voltaire a plus d'un trait
Les gros mots lui venaient facilement à de ressemblance avec Scaliger. Le génie doit-
il toujours avoir ses faiblesse» ?
LES — 13 — LES
sérable avait été autrefois un des fa- Ces attaquei, auxquelles Scaliger
natiques de Scaliger, qu'il trouvait était trop sensible, troublèrentles der-
«plus semblable aux dieux qu'aux nières années de sa vie et hâtèrent
hommes ; » mais s'étant, par calcul peut-être sa fin. Il eut le tort de ré-
plutôt que par conviction, réconcilié pondre à Scioppius, c'était lui faire
avec Rome, il éprouva le besoin de trop d'honneur. Il aurait dû imiter de
donner des gages à ses nouveaux al- Thou, que ce furieux avait également
liés. « Avec assez de talent pour aspi- attaqué, ou laisser le soin de sa dé-
rer à un rangdistinguéparmi les doctes fense à ses amis. Déjà Heinsius avait
de sa communion, il ne paraît pas, dit relevé le gant. Mais les deux Satires
M. Nisard, qu'il eut assez decontinence de ce jeune champion avaient paru à
pour s'accommoder de l'austérité de Scaliger des armes trop courtoises
leurs moeurs. Ambitieux d'ailleurs et pour un pareil adversaire et il prit la
dévoré d'envie, il pensa qu'avec plus plume. Ce fut au milieu de ces luttes
de moyens de contenter son ambition, et de ces dégoûts, que Henri IV, à
il trouverait dans la communion ro- l'instigation du P. Cotton, renouvela
maine plus de facilité pour attaquer les ses instances auprès de Scaliger. pour
hommes de lettres protestants qui lui l'attirer à Paris. Mais Scaliger était
faisaient ombrage, étant assuré d'ail- trop clairvoyant et trop attachera sa
leurs que les catholiques fermeraient religion pour tomber dans le piége;
les yeux sur sa basse envie, pourvu Henri IV n'était plus un mystère pour
qu'il se signalât par un zèle vigoureux personne, on savait où il allait. Il re-
contre les ennemis de l'autorité du fusa donc toutes les avances de son
Saint-Siége. » ambassadeur Jeannin, qui insistait en
Scioppius ne se contenta pas de lui offrant de l'emmener passer l'hiver
contester à Scaliger sa naissance eu à Paris et de le loger commodément.
rapportant la fable imaginée par le «Et suis certain, lui disait-il, que n'en
professeur de Padoue, Niphus, qui le sortirez point qu'avec contentement du
faisait descendre d'un maître d'école roy. " Il craignait que « l'air humide »
de Vérone, nommé Burdon; il dénigre de la Hollande n'empêchât son réta-
ses moeurs, il l'accuse d'athéisme; blissement (1). Le mal fit en peu de
mais à l'appui de ses accusations d'im- temps des progrès rapides. Une hy-
moralité et d'impiété, il n'apporte au- dropisie se déclara. Scaliger ne se fit
cune ombre de preuve, et la vie entière pas illusion sur son état; il se prépara
de Scaliger le dément. Nous ne cite- à mourir avec la résignation du chré-
rons que cette phrase de ce livre in- tien. Il plaisantait sur son mal, tant
fâme ; elle suffira pour nous faire juger était grande la sérénité de son esprit,
ce que vaut le livre et ce que valait et se comparaît, à causé de l'énormité
l'auteur. «Tu signales aux bons les de son ventre, à Diogène dans son ton-
périls de l'Inquisition : qu'appelles-tu neau. Heinsius l'assista dans ses der-
les bons? ceux qui te ressemblent, niers moments avec une sollicitude
c'est-à-dire les athées comme toi, les filiale (2). «Daniel, mon fils, voici la
hérétiques comme toi, les fauteurs
toi des sciences occultes ? Ah (1) « Scaliger, rapporte L'Estoisle, ne vou-
comme !
lut jamais recevoir de luy une bourse, dans
si l'Inquisition vous tenait tous tant laquelle il y avoit mil écus. »
que vous êtes, quelle occasion pour (2) Outre sa lettre à Casaubon,où il entre
moi de te dire ton fait, sans intermé- dans de longs détails sur la maladie et les
Le derniers moments de son protecteur, il publia
diaire et sans truchement !
» coeur In obitum Jos. Scal. Orationes duae, 1609,
se soulève en entendant hurler ces ap- in-4° (dédiées à l'ambass. Jeannin), qu'il fit
pétits de bêtes féroces. Et cepeudant, précéder d'un portrait de Scaliger. Le second
parmi les juges de l'Inquisition, que de de ces discours est adressé aux curateurs de
l'académie et aux bourgmestres, au sujet du
Scioppius ! monument qu'ils avaient voté à Scaliger.
LES 14 LES
— —
fin, lui dit-il un jour. Je puis à peine de sa vie, il s'occupa plus particuliè-
endurer ce que je souffre. Mon corps rement à prendre des copies de mss.
est épuisé par la maladie et par l'habi- orientaux pour en faire hommage à
tude du lit. Mais mon esprit conserve l'académie. Il fut enterré sans aucune
toute sa force. Si mes ennemis me pompe, comme il l'avait ordonné, dans
voyaient, ils attribueraient mes souf- l'église française de Sainte-Marie. Il
frances à la vengeance divine. Tu sais demanda qu'on mît sur sa tombe :
ce qu'ils ont déjà publié sur moi. Tu Jos. Scal., M. Caes. a Burden fil.,
être mon témoin. Poursuis comme resurrectionem hîc expectat. Hein-
peux
tu as commencé. Et fais cela afin de sius et Baudius prononcèrent, tous
défendre religieusement la mémoire deux, son oraison funèbre dans la
de celui qui t'aime tant. Mais Dieu salle de la Faculté de théologie, le
aussi t'aime, sans doute. Et il t'aimera, premier, de suite après l'enterrement,
aussi longtemps que tu reconnaîtras le 25 janvier, et le second le lendemain.
avoir reçu tes dons de lui; ils auront Les curateurs de l'académie et les
d'autant plus de prix que tu l'en glo- bourgmestres lui votèrent une inscrip-
rifieras moins. Fuis la présomption et tion : AEternse memoriae viri qui in-
l'orgueil. Garde-loi autant que possible victo anitno contra Fortunam adsur-
de l'ambition ; et surtout garde-toi de gens, ac jus suum sibi persequens,
rien faire par calcul contre le voeu de ta imperium majoribus ereptum, ingenio
conscience. Tout ce qui est en toi est excelso, labore indefesso, eruditione
de Dieu. Téxvov <?;).£, oi/ôpzQa [Cher iuusitatâ, in litterariâ Republicâ quasi
fils, nous nous en allons]. Ton Scali- fataliter recuperavit. En effet, Scaliger
ger a vécu, pour toi. » Il expira le tint le sceptre de la critique littéraire,
21 janvier 1609, dans sa soixante-neu- d'un consentementà peu près unanime.
vième année. Il n'avait jamais été ma- Au jugement de Bayle, il avait une
rié. Par son testament, fait en 1607 érudition extraordinaire, l'esprit élevé,
(un premier, en latin, datait de 1601), pénétrant, vaste ; en un mot c'était un
il institua sa soeur (une autre de ses prodige et un miracle de nature. S'il
soeurs avait pris le voile) héritière du eût été modeste, dit-il, il eût été le
peu de biens qu'il possédait encore à plus heureux et le plus glorieux de
Agen, et il laissa en souvenir quel- tous les savants ; mais il avait une si
ques bagatelles (quisquiliae) à ses amis. grande opinion de son mérite qu'il
Quod [U.VYJU.O<IUVOV] dit-il, amorem croyait que les autres hommes n'é-
,
meum magis quam divitias testari po- taient rien en comparaison de lui.
test. Il ordonna que ses papiers fus- Heinsius nous apprend que Scaliger
sent déposés dans la Bibl. de l'acadé- avait une belle tête; seulement, ses
mie, avec défense de publier ceux de tempes étaient profondément affaissées,
ses écrits auxquels il n'avait pas mis la défaut dont il aimait à plaisanter. Ses
dernière main. Il légua à Heinsius ses yeux étaient vifs et pénétrants. Dans
Additions et Corrections pour une nou- sa vieillesse, il laissa croître sa barbe,
velle édition du livre De emendatione et portait les cheveux ras. Sa taille
temporum, du Manilius, et des Élégia- était médiocre, mais bien prise.
ques latins, et à Fr. Gomar celles pour M. Bernays a reproduit son portrait (1)
la Chronique d'Eusèbe. Il légua, en en tête de sa notice, d'après l'original
outre, à la Bibliothèque de l'académie, qui se trouve dans la salle du sénat à'
que dirigeait Heinsius, une foule de Leyde. Il était extrêmement sobre. Son
mss. grecs, hébraïques, chaldéens, sy- application à l'étude était telle qu'on l'a
riaques, arabes, éthiopiens, persans,
arméniens. Dans les derniers temps (1) On le trouve aussi,mais représenté dans
toute la force de l'âge, parmi les Icones
A la suite se trouvent une foule de pièces virorum illustrium, etc., de J.-J. Boissard
devers, en grec et en latin,
en son honneur. (T. III, notice par Lonicerus).
LES — 48 — LES
vu souvent passer des journées entières venant qu'il fût [catholique et voulût
dans son cabinet sans manger. Il était venir à la cour du Saint-Père, il lui of-
ennemi de toute flatterie, sincère, iras- froit son amitié et la participation de
cible, mais se laissant apaiser. Il aimait tout ce qu'il possédoit au monde. Le
peu de personnes, et il en admirait en- cardinal Du Perron le place aussi par-
core moins ; mais ceux-là, il les admi- mi les plus grands hommes que la
rait avec passion. Il avait un grand at- France a produits; mais, selon lui, il
tachement pour ses amis, et nulmieux n'était pas aussi excellent que son
que lui ne s'acquitta des devoirs de père : celui-ci avait plus d'esprit que
l'amitié. Pour ce qui est de sa pro- d'étude, et celui-là plus d'étude et de
bité, sa piété, sa chasteté, sa tempé- travail que d'esprit. Enfin, au senti-
rance, son mépris de l'adversité, dont ment de Casaubon, Scaliger fut une
il se vengea toujours parla noblesse des plus éclatantes lumières de son
et la grandeur de ses sentiments, il siècle et un des plus savants hommes
n'eut pas son pareil. Jamais mortel ne qui aient été au monde. Son savoir
fut célébré par un tel concert de était si vaste et si profond qu'il semble
louanges. Le même Heinsius le traite que Dieu ait voulu montrer en lui
d'abîme d'érudition, de mer de science, jusqu'où peut atteindre la force de l'es-
de perpétuel dictateur des lettres, de prit humain.
dernier effort de la nature, d'enfant Nous terminerons cette notice en
divin d'un père divin. Vossius l'appelle rapportant quelques vers de l'épitaphe
le prince de la critique ; Lipse, le so- que lui consacra Hugo Grotius :
leil de la France, dont la lumière
éclairera tant que les lettres seront en Unica lux saecli, genitoris gloria, nemo
Quem puerum, nemo credidit esse senem :
honneur (1) ; Buxtorf, un héros in- Tamsibi par semper quant cunctis celsior unus,
comparable; Meursius, un second Et qui se totum debuit ipse sibi,
Varron; André Schott, l'oeil de l'Eu- Exsuperans famâ quos aequatadeptus sanguine reges,
avis,
Sceptrigeris majus nomen
rope et la merveille des lettres ; Flo- Hic jacet ille capax immensi Scaliger aevi,
rimond de Raemond, le Mercure des Nec sibi mors unquam plus licuisse putet.
,
langues et des sciences ; Hallam le Quid querimur raptum ? mens est quâ vivitur:
[annos
savant le plus extraordinaire qui ait Ille tot exegit mente, quoi orbis habet.
jamais existé. Baudius reconnaît qu'il
n'a jamais eu de rivai dans la critique. NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
Selon Baillet, qui cependant ne le mé-
nage pas, il est visible que Dieu en a I. Conjectanea in M. Terentium
voulu faire un miracle plutôt qu'un Varronem de linguâ latinâ, Paris.,
exemple. Le P. Boulanger trouve qu'il Rob. Stephanus, 1565, in-8°; dédié à
n'y aurait point eu de plus grand génie Louis Chastaigner de La Roche-Pozay.
que lui dans le monde depuis Varron — Scaliger n'avait que vingt ans lors-
et Jules-César, s'il avait eu des opi- qu'il écrivit ce livre. Dans les éditions
nions plus saines louchant la religion. postérieures, il lui conserva son carac-
Enfin, Christ. Coler prétend qu'il n'y tère primitif, comme souvenir d'un âge
a point, eu de plus grand philosophe où il était encore, selon son expression,
que Scaliger depuis Aristote, point de « fou comme un jeune lièvre. » Ce tra-
plus grand poète depuis Virgile, ni de vail, revu et augm. d'un appendice, a
Elus grand médecin depuis Hippocrate, été inséré par Henri Estienne dans
Le fameux cardinal Baronius lui faisait son édit. des OEuvres de Varron, 1573,
écrire par Henri de La Roche-Pozay, in-8°, avec des Notes inédites du
qu'il faisoit tel estat de ses vertus qu'a- même Scaliger sur le traité De re rus-
ticâ. On y trouve les vers de Muret avec
(1) « Ille unus est, dit-il dans la même les réflexions de Scaliger; ils ont dis-
lettre, quem miramur, quem oemulamur: imo,
ne mentiar, cui invidemus.» paru daus l'édit. de 1581. Dans l'édit.
LES
LES — 16 —
bipontine, l'appendice a été fondu dans Il paraît que Scaliger n'entreprit ces
le corps de l'ouvrage, contre le voeu de commentaires qu'à la sollicitation de
l'auteur, qui ne voulait pas que le tra- Cujas. Homme de moeurs pures, il lui
vail d'un âge plus mûr vînt se mêler à répugnait de manier ces ordures. « On
l'oeuvre de sa jeunesse. Au jugement sent, à la lecture de ses notes, continue
de M. Ch. Nisard, il y a dans ce tra- M. Nisard, qu'un lien solide enchaîne
vail « un prodigieux talent de correc- sa plume, et ce lien c'est la pudeur.
tion grammaticale et de restitution, S'il rencontre un de ces mots qui ne
opérées sur un des textes de l'antiquité se peuvent écrire qu'en rougissant, il
les plus corrompus, et de façon, au té- n'en dit que ce qu'il en faut dire, froi-
moignage même de Scioppius, à rendre dement, sans s'amuser à ces détails
Varron lisible et intelligible aux en- d'ordures, à ces digressions cyniques
fants eux-mêmes. » qu'on remarque dans les notes de Sciop-
pius sur les mêmes poésies. »
II. AÏKO*PONOZ TOT XAAKIAEQS
'Alziâ-jàçn.LycophronisChalcidensis IV. Nota (p. 177 à p. 179) in Ho-
Alexandraesive Cassandrae versiones merivitam ex Herodoto et in Matro-
duoe; una ad verbum a Gulelmo Can- nis Parodiarum fragmentum (Athen.
tcro : altera carmine (en vers iambi- IV. p. 134), à la suite du "Opipou y.al
ques) expressaper Josephum Scali- 'Hai68ou àyoW, Homeri et Hesiodi cer-
gerum, Julii f.; Annotationes, etc., tamen ; nunc primum luce donatum,
BasileaB, 1566, in-4°. — Cette traduc- etc. [Genevae,] Henric. Stephanus,
tion de Scaliger centum locis emenda- 1573, in-8°.
tior a été publiée par Jean Meursius V. In Empedoclis et aliorum car-
dans son édit. du poème de Lycophron, mina Notoe (p. 216 à p. 219) à la suite
Leyde, Louis Elzévir, 1597, in-8°. du Houic-iç çi).ôo-flço;, Poesis philo-
III. Publii Virgilii Maronis Appen- sophica, etc., [Gen.]Henr. Stephanus,
dix, cum supplementomultorum an- 1573, in-8°
tehac nunquam excusorum Poematum VI. Ausonianarum Lectionum li-
veterum poetarum. Jos. Scaligeri in bri duo, Ludg., Ant. Gryphius, 1574,
tandem Appendicem Commentariiet in-8°; dédié à Elie Vinet; réimpr. l'année
Castigationes, Lugd., 1572 [1573, suivante : D. Magni Ausonii burdiga-
ap. Guill. Rovillium, d'après M. Ber- lensis, viri consularis, Augustorum
nays], pp. 548, in-8°; dédié au célè- proeceptoris, Opera in meliorem or-
bre Cujas. Il y a plusieurs éditions de dinem digesta; Recognita sunt a Jos.
ce recueil; nous ne citerons que celle Scaligero, J. Coesaris f., et infinitis
qu'en a donnée Fréd. Lindenbruch, à locis emendata. Ejusd. Jos.Scaligeri
Leyde, chez Franç. Rapheling, 1595, Ausonianarum lectionum libri duo
in-8°, où les Commentaires ont été ad Eliam Vinetum santonem : in
augm. en beaucoup d'endroits.—« On qnibus Castigationum rationes red-
ne comprendrait pas, dit avec raison duntur et difficiliores loci Ausoniani
M. Ch. Nisard, que. des hommes graves explicantur, Ludg., 1575, pp. X et
comme Scaligerse fussent voués à cette 343, in-12; Burdigalae, 1590, in-4°.
sale besogne [l'annotation des Priapées — Dans une lettre datée de 1606,
et des Catalectes attribués à Virgile], Scaliger écrivait à Freher : Nihil animo
si l'on n'admettait que les savants de meo gratius facere potes quam purgare
la Renaissance, auxquels ressortissait errores, qui juveniles Ausonianas Lec-
tout ce qui avait le sceau de l'Antiquité, tiones nostras magis, deshonestare
ne se fussent appliqués à des recher- quam ornare possunt.
ches de ce genre qu'avec la même dis- VII. Sophoclis Ajax Lorarius stylo
position d'esprit qu'ont les médecins tragico a Jos. Scaligero, Julii f.,
les plus honnêtes, quand ils traitent des translatus. Ejusd. Epigrammata
malades dont ils détestent les moeurs.» quaedam tum groeca tum latina cum
LES — 17 — LES
aliquot ex groeco translatis, s. l., disparu qu'en partie dans la seconde.
1574, in-8°. — A la suite, avec une Mais malgré ces fautes, le lecteur, dit-
nouvelle pagination, 70 pp. se trou- il, n'hésitera pas à accorder à ce travail
vent des poésies latines de J.-César la supériorité sur tout ce que Scaliger
Scaliger. Les frères Vassan font dire à avait produit précédemment. Scaliger
Scaliger : « 0 que Muret a mesdit de avait laissé des notes pour une nouvelle
mon Ajax Lorarius ! il. s'en est tant édition auctior et castigatior. On
mocqué! c'estoit [pourtant] un grand ignore ce qu'elles sont devenues.
homme, il faut bien qu'il y ait veu XI. Hippocratis Coi de capitis
quelque chose que je n'y ai pas veu. » vulneribus liber latinitate donatus
Quelle débonnaireté de la part de Sca- a Franc. Vertuniano ; Ejusd. Com-
liger ! mentarius in eundem. Ejusd. Hip-
VIII. Mercurii Trismegisti Piman- pocratis textus groecus a Jos. Scali-
dras utrâque lingud, restitutus, D. gero castigatus cum ipsius Scaligeri
Francisez Flussatis Candalloe in- castigationum suarum explicatione,
dustrie, Burdigalae, Sim. Millangius, Lutet., Rob Stephanus, 1578, in-8°.
1574, pet. in-fol., 70 pp. non pag. ; XII. Nicolai Vincentii [J. Scaliger,]
dédié à l'empereur Maximilien. — Ou- pictaviensis chirurgi, Epistola ad
vrage auquel Scaliger a eu part, d'a- Steph. Naudinum bersuriensem; Ad
près M. Bernays. dictata Jo.Martini in librum Hippo-
IX. M. Verrii Flacci Quoeextant; Et cratis De vulneribus capitis, Colon.,
Sext. Pompeii Festi de Verborum si- Sebast. Faucheras, 1578, in-8°, 102
gnificatione libri XX. Jos. Scaligeri, pp.nonpag.— Jean Martin répondit en
Jul.-Coesaris f., in eosdemlibros Cas- déchirant le voile dont s'était couvert
tigationes, recognitoe et auctoe, Lutet., Scaliger Ad Jos. Scaligeri ac Franc.
Mamert. Patissonius, 1576, in-8°. La Vertuniani Pseudo-Vinceutiorumepis-
première édit. avait paru en 1575. tolam, Paris., 1578, in-8°.
Les Notes de Scaliger ont leur propre XIII. M. Manilii Astronomicwn
pagination. — Au jugement de Juste- libri quinque; Jos. Scaligerus recen-
Lipse, rien de plus divin que ces notes. suit ac pristino ordini suo restituit.
X. Catulli, Tibulli, Propertii Ejusd. Scaligeri Commentarius in
nova editio; Jos. Scaliger recensnit. eosdem libros et castigationumexpli-
Ejusd. in eosdem Castigationum cationes, Lutet., Mam. Patissonius,
liber, Lutet., Mam. Patisson., 1577, 1579, in-8°, Lugd. Batav., Christ.
in-8°; Antverpiae, 1582, in-8°, et Raphelingius, 1600, in-4°; 3e édit.,
dans l'édit. des Elégiaques, donnée» par les soins de Boecler, Nunc primum
par Jean Dousa fils, Leyde, 1592, in- e codice Scaligeri, quem suâ manu
16; nouv. édit. revue et augm. par ad tertiam editionem proeparaverat
Scaliger, In bibl. Commeliniano, 1600, plurimisque accessionibus suarum
in-8°; Paris., 1604, in-fol.; dédié à Cl. curarum locupletaverat, post longas
Dupuy, conseiller au parlement de Pa- moras latebrasquein lucempublicam
ris.— « Ces notes étranges, ditM. Ch. cum auctario tam nobili restitutoe,
Nisard, firent une égale sensation en etc., Argentorati, 1655, in-4°.— Dédié
deçà et au delà des Alpes. Scaliger s'y à Henri III, qui, en récompense, accorda
montre en effet tel qu'il a toujours été à l'auteur une pension de 2,000 livres,
depuis, c'est-à-dire savant et ingénieux — pour mémoire. Il n'en toucha jamais
à désespérer les plus habiles, mais le sou. C'était le sort commun des
aussi téméraire, pédant, arrogant, libéralités de ce prince. « On ne niera
comme personne ne l'avait encore été pas, dit Scaliger dans ses Prolégo-
avant lui.» Au jugement de M. Bernays, mènes, que nous n'ayons ressoudé les
la première édit. de celte publication membres de ce poète disloqué , et
était pleine de fautes, et elles n'ont réintégré tant de passages, corrigé
vu. 2
LES — 18 — LES'
tant de milliers de fautes, qu'autant plus cavalièrement un petit écolier ? Il
les souillures de Manilius inspiraient est vrai que Scaliger avait lui-même
de dégoût aux lecteurs, autant l'éclat donné le ton à l'évêque d'Avranches.
et la grâce que je lui ai, rendus les in- DuJon ayant pris au sérieux ses faux airs
viteront à l'aimer, à le lire, à le com- de modestie, s'attira les plus grossières
prendre. Le premier livre , surtout, injures, en donnant, en 1590, une
celui qui traite de la Sphère, est éclairci édition de Manilius où il le contredisait
de telle sorte que de pauvres écoliers sur plusieurs points.
XIV. Epistola advenus barbarum,
peuvent l'entendre; si enrichi de notes,
que tout lecteur studieux saisira faci- ineptum et indoctum poema Insulani
lement la doctrine du poète, et se sen- [Franc, de Lisle] patroni clientis
tira lui-même le courage d'y ajouter Lucani, Lutet., Patisson, 1582,in-8°;
dès commentaires plus étendus que les in-4°, d'après M. Renouard.— De Lisle
miens. Je l'engage à l'entreprendre, avait osé rédarguer Scaliger, dans un
ayant trop la conscience de la faiblesse poème latin, afin de venger le poète
de mes forces pour avouer que j'aie fait Lucain de ses injustes attaques.
autre chose que lui montrer le Chemin, XV. Opus novum de Emendationt
et non pas que je l'y aie introduit: » — Temporum in octo libros tributunt.
«La vérité est, ajoute M. Nisard, que le — Stoici : Xpôvoç ÈortV È7tàv6p6toat;
travail de Scaliger sur Manilius est im- npaye-ârav xai Trjpvistç. TdttànUS : uap*
mense. Ce n'est pas l'oeuvre d'un oîç àauvapvïitéç t<rriv ï) TÛV xpôvûv
grammairien qui s'amuse à peser dés àvaYpaçii, itapà TOÛTOIÇ OÙ5Ita rfn ÎSTO-
mots..; il indique rapidement ces cor- piaç à),ïi8eûeiv SûvaTat, LUteliÉ; Mamert
rections secondaires, et pénétrant au Patisson, 1583, in-fol. pp. 432, sans
fond des choses, il examine la phy- les pièces prélim. et l'Index; deux
sique et les erreurs dont elle était la pièces de vers de Florent Chrestien,
source dans le temps de Manilius; il l'une en latin et l'autre en grec. Nouv.
oppose à ces erreurs des opinions plus édit. tellem. corr. et augm. ut novum
saines, les unes ingénieuses et contes- [opus] videri possit. Item veterum
tables, les autres vraies et passées Groecorum fragmenta selecta, quibus
depuis à l'état de faits démontrés; il loci aliquot obscnrissiini Chronolo-
témoigne par ses jugements sur l'as- gies sacroe et Bibliorum illustrantur,
tronomie et la chronologie des anciens, cum notis ejusd. Scaligeri, Ludg.
qu'il a marché à pas de géant dans Batav., Franc. Raphelingius, 1598,
cette double carrière, etc. » Huet n'é- in-fol., pp. 752, sans les pièces prélim.
tait pas du sentiment de M. Nisard. «Je et les Index ; plus LIV pp. de fragm.
n'ai écrit sur Manile, lit-on dans le Dernière édit. revue d'après le msc. de
Huetiana, que pour faire voir que, dans l'auteur, magnâque accessione auc-
ses trois éditions de ce poète, Scaliger tius, Coloniae Allobrogum, 1629, in-
a entassé fautes sur fautes, et ignorances fol., LII.— 784 —LIX. pp.— Nous
sur ignorances. Il a très superficielle- rapporterons lé jugement du savant
ment entendu la matière qui y est trai- Hallam, que nous empruntons à la
tée, il a presque toujours pris de travers traductionde M. Borghers. « La chro-
le sens du poète, et la plupart de ses nologie comme science avait été jus-
restitutions, dont il s'applaudit et se qu'alors tout-à-fait inconnue : on avait
sait si bon gré, sont des corruptions écrit toute l'histoire ancienne dans un
plutôt que des corrections. Il en avance esprit servile et sans aucune critique;
plusieurs dans la première édition com- on copiait les dates, comme tout le
me des oracles, et après en avoir re- le reste, d'après les autorités qu'on
connu l'absurdité, il les rétracte dans la avait immédiatement sous les yeux, sans
seconde, pour en proposer d'autres plus s'inquiéter beaucoup de concilier les
impertinentes. » Pourrait-on traiter différences, ni d'indiquer les principes
LES —19— LES
sur lesquels devait s'établir là compu- le P. Patau l'avoue, oh n'avait rien
tation des temps: Scaliger comprit qu'il tenté de semblable. On ne voyait rien
était indispensable d'examiner les sys- que dé très confus et de très incertain.
tèmes astronomiques des anciens Cela étant, quand Scaliger se seroit
calendriers, systèmes qui ne sont pas trompé eu beaucoup de choses, il
toujours expliqués d'une manière très seroit toujours très-louable d'avoir
claire par les auteurs grecs et romains. montré, du moins en général, de quelle
Ce travail, indépendamment de beau- manière il faut s'y prendre pour faire
coup d'attention et de sagacité, exigeait une Chronologie complète et métho-
une immense érudition orientale aussi dique. La seconde chose à louer, c'est
bien que classique, que lui seul possé- que Scaligerayant une très-grande con-
dait en Europe. Son ouvrage De emen- noissance des langues orientales, aussi
datione temporum est, dans la pre- bien que de la grecque et de la latine,
mière édition, divisé en huit livres. et une prodigieuse lecture dé toute
Le premier est relatif à l'annus minor sorte d'auteurs, il a ramassé tout ce
eqnatilis, ainsi qu'il l'appelle, c'est- qu'il à pu trouver dans les auteurs de
à-dire à l'année de 360 jours, adoptée l'Orient et de l'Occident, qui pouvoit
par quelques peuples de l'Orient et servir à établir des principes assurés
fondée, selon lui, sur l'ârinée lunaire de chronologie, et à fixer le temps
naturelle, avant qu'on eût une juste auquel divers événements remarquables
idée de la durée exacte d'une lunaison. sont arrivés. Quand de cet amas éton-
Le second livre traité de l'année lunaire nant de matériaux, tirés de toute sorte
vraie et de quelques autres divisions d'auteurs, Scaliger n'aurait pas fait un
qui s'y rattachent; le troisième, de édifice régulier, on ne pourroit pas dis-
la grande année égale (annus major convenir qu'on ne lui eût une très grande
equatilis) ou année de 365 jours; et obligation de les avoir ramassés.La troi-
le quatrième, des calculs plus exacts sième chose qui mérite d'être louée,
de la période solaire. Dans les cinquième c'est l'invention de la période Julienne,
et sixième livres, l'auteur arrive aux qui est d'une si grande utilité, que le
époques particulières et fixe une foule P. Petau, qui parle si mal de Scaliger,
de dates importantes dans l'histoire ne peut s'empêcher de la louer en plu-
profane et sacrée. Les septième et sieurs endroits. Ces trois choses au-
huitième sont consacrés à l'examen raient dû obliger le P. Petau à parler
des modes de supputation et des ères plus honnêtement de Scaliger, qu'il ne
adoptées par différents peuples... Sca- loue qu'en qualité de grammairien ou
liger, dans tout le cours de cet ouvrage, dé critique. Le P. Petau, lit-on dans
est clair, concis, renfermé dans son une lettre de Guy Patin (lett. Il, édit. de
sujet; il parait montrer [posséder] aussi La Haye, 1715) « a fait deux volumes
une connaissance fort étendue de l'as- in-fol. pour réfuter Joseph Scaliger,
tronomie physique, quoiqu'il n'ait contre lequel il a vomi des charetées
pas été bon mathématicien, et que d'injures, bien qu'il fût mort vingt ans
son rejet absolu du Calendrier grégo- auparavant. Vous souvenez-vous de ce
rien ait fait peu d'honneur à son im- que dit Pline dans là Préface de son
partialité. » — Au jugement de l'édi- Histoire naturelle, qu'il n'y a que les
teur des OEuvres du P. Petau, impr. lutins qui combattent avec les morts. »
à Amsterdam, il y a trois choses à louer Au témoignage de Montucla, le calen-
dans Scaliger. La première, c'est que drier que Scaliger prétendait substituer
le premier il ait entrepris de donner au grégorien n'était précisément que
une Chronologie complète, ou au celui de Lilius, que Grégoire avait com-
moins des principes assurés pour ran- muniqué à tous les princes catholiques,
ger l'histoire en un ordre exact et et qu'il avait mal entendu. «C'est pour-
fondé
sur des règles. Avant lui, comme quoi, continue-t-il, Clavius le réfuta
LES — 20 —
LES
avec avantage, et ce fut le sujet d'une ligerâ et Jul. Ces. Scaligero, Lugd.
vive altercation entre l'un et l'autre. » Bat., Franc. Raphelengius, 1594, in-4°,
123, sans la dédic. au jeune Dousa.
Mais, selon M. Bernays, les critiques pp.
de Scaliger sur l'année Liliane sont ap- XIX. HAPOIMIAI EMMETPOI. Pro-
prouvées de nos jours par tous les verbiales Groecorum versus. Jos.
compétents. Just. Scaliger, Jul. Coesaris f., pri-
nommes
XVI. Yvonis Villiomari aremorici - dem collegit, composait, digessit,
[Jos. Scaliger] in Locos controverses Lutetiae, Federic Morel., 1594, in-8°,
Roberti Titii Animadversorum liber. pp. 20.— La première édition, qui pa-
Ad nobiliss. virumAndream Oessen- rut à Paris, 1593, in-4°, ne contenait
tum Quinpentonii et Burentelli do- que le texte grec; la seconde, que nous
minum, Moecenatem suuwm, Lutetiae, indiquons, est accompagnée d'une ver-
Mam. Patissonius, 1586, in-8°; Jér. sion latine en. vers par Scaliger. Ces
Commelin, 1597, pp. 201, sans les proverbes ont été réimpr. et augm.
Index, in-8°. — Réponse aux attaques dans les Opuscula diversa.
que Robert Titius avait dirigées contre XX. HippolytiepiscopiCanonpas-
son édition des Elégiaques latins. — chalis cum Jos. Scaligeri commenta-
On cite, en outre, sous le même nom rio; Excerpta ex computo groeco
supposé Epistola in Fabium Pauli- Isaaci Argyri de correctione Pascha-
num utinensem, 1587, in-8°. tis; Jos. Scaligeri Elenchus et casti-
XVII. Cyclomttrica elementa duo, gatio anni Gregoriani, Lugd. Bat.,
Ludg. Bat., Francisc. Raphelengius, Franc. Raphelengius, 1595, in-4°,pp.
1594, in-fol. ; dédié aux Etats de v et 78; dédié au célèbre Barneveldt.
Hollande. D'après M. Nisard, une pre- Le canon paschal se trouvait déjà
—
mière édition aurait paru en 1592. — dans le N° XV, mais sans commen-
Faisant suite à cet ouvr., avec une pa- taire.
gination différente, Mesolabinm, mais XXI. Publii Syri Mimi selectoe
publ. en même temps et dédié aux Sententim [p. 4-27]; Dionysii Cato-
curateurs de l'académie et aux bourg- nis Disticha de moribus, cum versione
mestres de Leyde. Parut encore dans groecâ Planudis paribus vèrsibus
la même année [d'après d'autres en [p, 29-63]; Sententioe Publiants to-
1595], et chez le même libraire : Ap- tidem versibus groecis, et quoedam
pendix ad Cyclomttrica sua: in Catonis disticha groecè a Jos. Scali-
quâ asseritur Quadratio circuli con- gero reddita, cum notis ejusdem
tra oblatrationes quorumdam, et [p. 64-80], Lugd. Bat., 1598, in-8°.
castigantur quoedam errata in de- — Une nouvelle traduct. grecque de
monstrationibus Cyclometricis, in- Scaliger parut, d'après un de ses mss.
fol.— « Scaliger, lisons-nous dans autographes, dans une édit. de Sénè-
Montucla, fut réfuté par Clavius, par que, Publ. Syrus, etc. donnée à Leyde,
Viète, par Adrianus Romanus, par Christ- 1727, in-8°.
man, etc., qui firent voir, chacun à sa XXII. Astrampsychi Oneirocriti-
manière, que la grandeur qu'il assi- con a J. Scaligero digestum et cas-
gnoit à la circonférence du cercle étoit tigatum, publ. comme Appendice aux
seulement un peu moindre que le po- Oracula metrica a Joh. Opsopoeo
lygone inscrit de 192 côtés; ce qui collecta, Parisiis, 1599, in-8°.
étant absurde, montroit le faux du XXIII.L.Apnleii madaurensis Ope-
raisonnement. » ra omnia quoe exstant. In quibuspost
XVIII. Epistola de vetustate et omnes omnium editiones hoc proes-
splendore gentis Scaligeroe et Jul. titum est, utjamdemim auctor ipse
Coesaris Scaligeri Vita. Jul. Coesaris ope cod. mss. auctus locis infinitis,
Scaligeri Oratio in Indu filioli Au- interpolatus, et genuino nitori suo
decti. Item Testimonia de Gente Sca- restitutus prodeat, per Bon. Vulca-
LES — 21 — LES
nium brugensem[Jos. Scaliger],apud colligipotuerwtvt,antehac non édite.
Christ. Raphelengium, 1600, in-12, Opéra ac studio Jos.Justi Scaligeri,
pp. 464, sans les pièces limin. Julii Coesaris a Burden filii. Ejusd.
XXIV.Elenchus Trihoeresii Nicolai Jos. Scaligeri Notoe et castigationes
Serarii; ejus in ipsum Scaligerum in latinam Hieronymi interpreta-
animadversionesconfutatoe: ejusdem tiomm et groeca Eusebii. Ejusd.
delirium fanaticum et impudentissi- Jos. Scaligeri Isagogicorum chrono-
mum mendacium, quo Essenos mona- logie Canonum libri très ad Eusebii
chos christianos fuisse contenait, Chronica et doctrinam de tempori-
validissimis argumentis elusum, Fra- bus admodumnecessarii, Lugd. Bat.,
nekerae, 1605.— On trouve réuni dans 1606, in-fol. — Dans une lettre à
le même volume, mais avec une pagin. Casaubon, Scaliger se plaint des nom-
différente : J. Drusi de tribus sectis breuses fautes typographiques de cette
Judoeorum libri quatuor, qui Apolo- édition « quorum segestantaest, ut non
giam continent libelli de Hasidoeis; solum eorumme pudeat, sed etiamquic-
ejusd. Spicilegium Trihoeresii Nico- quid operaî posuerim, ejus me poeni-
lai Serarii.— Au jugement de Casau- teat. » Une édition plus correcte parut
bon, il y a une telle science dans ce à Amst.^, 1658, in-fol., par les soins
livre contre Serarius, que si tous les (HAlex. Morus quifit usage des Remar-
ennemis de Scaliger mettaient en com- ques et Additions que Scaliger avait
mun leurs efforts, ils ne pourraient en préparées pour une seconde édition, et
produire un semblable. y mit une préface où il défend l'auteur
XXV. Opuscula diversa groeca et contre les attaques de ses critiques. —
latina, partim nunquam hactenus « Thésaurus re et nomine, » au juge-
edita, partim ab auctore recensita ment de Casaubon. Selon M. Ch; Ni-
et aucta; cum notis in aliquot vete^ sard, nulle part on ne rencontre à un
ves scriptores, Paris., Hadrian. Beys, plus haut degré que dans cette publi-
1605, in-8°. — On y trouve : 1 ° Dio- cation la sagacité habituelle du gram-
nysii Catonis groeca metaphrasis, p. mairien consommé, sa critique pro-
1 -37, Notoe in eundem, fonde et judicieuse, sa science en
p. 39-83 ; •—
2° De vèrsibus Ennii et aliorum a chronologie, et surtout une aussi vaste
Gaza conversis in libro Ciceronis de érudition dans les littératures orien-
Senectute, p. 84-92;—3° Publii Sy- tales. Au jugement d'Ellies Dupin, les
ri selectoe Sententioe groecè expresse, Notes et Animadyersions de Scaliger
p. 93-119 ; Notoe in easdem, p. 120- sur la Chronique d'Eusèbe « surpas-
124, déjà cit. N'XXI;—4° S-rpuimteùç sent en ce genre tout ce qu'on peut
«apo.iu.iu5v Èu.p.Éi:ptûv recens digestus et imaginer, tant il y a de justesse et d'é-
auclus, p. 125-174; —5° 'Ao-.-rpau.iW- rudition. Sivous joignez à cet ouvrage,
-/_ou 'OvEipoy.piuxèv, p. 175-178, déjà continue-t-il, son livre de Emenda-
cité N° XXII;—6° Poésies sur la mort tioue temporum et les Canons isagogi-
de Claude Dupuy, de Christ, et Jean ques à la Chronologie, vousaureztout
de Thou, p. 179-200. ce qu'il y a de plus sublime et de plus
XXVI. Thésaurus temporum. Et^ exact dans la chronologie des anciens
sebii Pamphili, Coesareoe Palestine" temps, dont Scaliger doit être consi-
episcopi, Chronicorum 'Canonwm, déré non-seulement comme le restau-
omnimodoe. historioe liiri'^duo, in- ; rateur, mais comme l'auteur. » M. Ber-
terprète Hieronymo, ex fide vetus- nays, dans sa Notice (p. 90 etsuiv.),
tissim.codicum castigati.Item, Auc- donne une savante aualyse du travail
tores omnes derelicta ab Eusebio et de Scaliger; nous regrettons que son
Hieronymo continuantes. Ejusd'. étendue ne nous permette pas de la
Eusebii utriusque partis Chronico- reproduire.
rum Canonum reliquioe grecoe, quoe XXVII. CoesarisCommentarii[Ley-
LES 22 — LES
—
de] Raphelengius, 1606.— «Prodiit annotatiunculis, quibus nonnidla %n
Ac-
ante paucosannos Lugduni Batavorum rudiorum gratiam illustrantur.
Coesaris editio, quam scimus, écrit Ca- cessit his accurata Burdonum fabu-
saubon dans la Préface qu'il joignit le confutatio, Lugd.'Batav., Joann.
aux Opuscules de Scaliger, licet frons Palius, 1609, in-12. Les deux satires
libri dissimulet, pumice critico niagni sont de Heinsius. L'opuscule de Sca-
illius censoris fuisse expolitam. » liger va de p. 159 à p. 441. La pre-
XXVIII. Florilegium Epigramma- mière édit. est de Leyde, 1608, in-12,
tum Martialis.J.Scaligervertit g re- sous le nom de J..R. (Janus Rulger-
ce adIsaacCasaubonnm,LxiieL,'Roh. sius), ba'tavus, juris studiosus.antehac
Stephanus, 1607, in-8°.— Adcalcem, XXXII. Opuscula varia,
Excudehat Joann. Janonus {Jannon, non édita, Paris., Hadrianus Beys,
plus tard impr. à Sedan) in typogr. 1610, in-4?; nouv. édit. augm. déplus,
Rob. Stephani. — «. Quoique les vers pièces déjà publiées et de quelques-
grecs de Jos. Scaliger ayent passé en unes inédites, entre autres de lettres à
général pour excellens, et qu'en par- Gruter et autres, Francof., Jacob Fis-
ticulier les Epigrammes choisies qu'il cher, 1612, in-8°. —Ouvrage pos-
a traduites du latin de Martial, sem- thume. Intéressante Préface de Ca-
blent ne céder en rien, soit pour la saubon adressée à de Thou. On trouve
beauté de la diction, soit pour le tour dans le recueil de Paris : 1 ° Animad-
des vers, à tout ce que l'anthologie a versiones in Melchio.ris Guillandini
de meilleur, je vais pourtant faire voir, Commentarium in Tria C. Plinii de
écrit La Monnoye, que dans ces mêmes Papyro capita libri XIII; — 2° Dia-.
epigrammes, tant vantées par Casaubon. triba de Decimis in lege Dei, dédié à
et par Scriverius, qui en ont procuré Charles de Harlay. (1) ; — 3° Notitia
les éditions, il se trouve dei grosses Gaïlie- Item, super Appellationibus
fautes de quantité, des barbarismes,des locorum aliquot et gentium apud
solécismes, et d'autres méprises dont Cesarem Notoe ; — 4° Diatribe de
Scaliger lui-même, et les deux éditeurs Europeorum linguis; item, de ho-
desonFlorilegiumMartialis,s'ilsétoient diemis Francorum; nec non de va-
tous trois en vie, ne pourroient discon- ria litterarum aliquot pronuntia-
venir. » Suivent six pages de remar- tione; —5° De Thesi quâdam chro-
ques critiques. Mais nous demanderons nologicâ judicium;— 6" Expositio
à La Monnoye si l'on ne trouve pas Numismalis argentei Constantini
aussi de grosses fautes de quantité. imp. Byzantini, adress. àFreher; —
dans les meilleurspoètes de l'antiquité; 7° Orpheipoetoe vetustiss. Initia sive
et que serait-ce, s'ils étaient modernes! Hymni sacri ad Muséum, vèrsibus
XXIX. lambi gnomici nunc pri- antiquis latine expressi (2) ;— 8° in
mùmediti aD?i. Heinsio,Lagà. Bat.,-
Haestens, 1607, in-8°. (1) Réimpr. dans les Critici Sacri, Amst.,
XXX. Elenchus utriusqne Oratio- 1698, in-fol., ainsi que Noloe in N. T. qui
nis ChronologicoeD. Davidis Parei : avaient paru a Genève, chez Pierre de La Ro-
vière, 1619, in-4% et accompagnaient un K. T.
quarum secunda operis catci addha: grec. Selon le P. Simon, ces Notes de Scaliger
prior verb Commentants auctoris « sont en si petit nombre et même si peu
inHoseàm Heidelbergoe excusispr-o- considérables, qu'elles ne méritoïent pas de
lui faire trouver place parmi les commenta-
stat, Lugd. Bat,,H.L.ab Haestens, im- teurs critiques. II y en a très peu, dit-il, qui
pensis L. Elzevirii, 1607, in-4°, pp. soient dignes de ce savant homme qui ne
103, plus 42 ff. nonpag. s'étoit pas appliqué a cette étude. » On cite
XXXI. Satire duoe, Hercules tuam encore de Scaliger : Animadversionesin Bezoe
N. T., insér. dans les Âcta litteraria de
fidem sive Munsterus hypobolimoeus Schurzfleisch, YVilemb.,1714, in-8-.
quartb jam editus ac emendatior, et (21 Cette traduction en vers ne lui coûta
Virgula divina. Cum brevioribus que cinq jours de travail; elle fut réimp.,avec
des améliorations, dans le K° XXXV; pui6
LES — 23 — LES
JEschyli Prometheum a FI. Chris-, traduites soit en grec, soit en latin, la
tiano conversum Prologus;—9" Se- réimp. des N" VII, XIX, XXI, XXVIII,
lecta epigrammata eGrecorumFlo- XXIX. Scaliger ne se croyait pas poète;
rilegio latine versa;-^- 10" Poemata il faisait très peu de cas de ses poé-
quoedam et epigrammata ; -^- 11 ° In sies, qui, pour la plupart, lui furent
Q. Annei Senecoe tragoedias ani- arrachées par les importunilés de ses
madversiones; -— 12° Asinii Corner amis. Lususipse. juvéniles suos, aut
lii Gaïli Elegia et epigrammata tria, senilis insomniaesolatium appellitabat.
cum Animadversionibus, dédié à Cl. Il écrivait envers grecs ou latins avec
Dupuy;^-13° Epistole ad diversos; une facilité extraordinaire.
— 14° Discours de la jonction des XXXVI. Dere nummariâ disserta-
mers, du dessèchement des marais tio, liber posthumus ex Bibl. acad.
et de la réparation des rivières pour Lugd. Batav., Leidoe, Raphelengius,
les rendre navigables ; — 15° Dis- 1616, in-8°, pp. 112, sans la dédie'
cours sur quelques particularitez de et l'Index ; réimp. dans le Thés, an-
la milice romaine, déd. à M. de Thou; tiq. groecarum de Gronovius (T. IX).
-T-16° Lettres touchant Vexplication XXXVII. Diatribe critica, qu'à,
de quelques médailles. —Après l'im- Theod.Marcilii Commentarius No-
pression du volume, il vint encore en toeque in Epigrammata de Coesaris
main à Casaubon quelques Psaumes Amphitheatro et Venationibus or-
de David trad. en grec. Il promet de dine expnnguntv.r, autorque pluri-
les publier à lapremière occasion, car, bus locis illustratur, dans l'édit. de
dit-îl, ilsmériteraientlapremièreplace. Martial par Scriverius, Lugd. Bat.,
XXXIII. De equinoctiorum antici- Joann. Maire, 1619, in-12, p. 139-166.
patione diatriba, nuncprimùm édi- XXXVIII. Epistoloe omnes que re-
ta, Paris., Jérôme Drouart, 1613, periripotuerunt, nunc primùm col-
in-4", pp. 96. — Publié par Jean Rut- lecte ac édite. Ceterisprefixaest ea
gers, qui le dédia à Pierre Dupuy. que est de Génie ScaUgerâ in qua.
XXXIV. Ji^ni,LLr seu Pro- de autoris vitâ, et sub finem Danie-
lis Heinsiide morte ejus altéra, Ludg.-
verbiorum arabicorum Centurie duo Bat., ex off. Bonav. et AbrahamiElze-
ab anonymo quodam arabe'collecte virii, 1627, xn ff. et 887 pp. in-8" ;
et explicatoe cum interpretatione réimpr. l'ann. suivante à Francfort.—
latinâ et scholiis Jos. Scaligeri et Public, attribuée à Heinsius. Trois an-
Thomoe Erpenii, Leidoe, 1614, in-4°, nées auparavant avaient paru Epistres
p. 126. — Ce fut sur la demande de françaises des personnages illustres
Casaubon que Scaliger entreprit ce et doctesà M. Jos.-Juste de LaScala,
travail. Il mit, dit-on, moins de temps mises en lumière par Jaq. de Rêves,
à traduire et à commenter ce livre que à. Harderwyck, chez la vefve de Tho-
d'autres n'en auraient mis à le lire. Et mas Henry, pour Henry Laurens, li-
cependant il y étala tant de savoir, que braire à Amst., 1624, in-8°. — Colo-
lorsque Casaubon compara son propre nnes publia dans ses Opuscules une
travail avec celui de Scaliger, il faillit clef de l'un et de l'autre recueils. On
tomber dans le découragement. trouve en outre de Scaliger : 1 ° Cinq
XXXV. Jos. Scaligeri Poemata lettres àLipsius, dans le SyllogeEpis-
omnia, ex museio Pétri Scriverii, tolarum de Burmann; — 2° Deux let-
Leidae,. 1615, in-12.
— Divisé en tres à Ranzow, une à Saumaise, deux
trois parties, chacune avec sa pagina- à Scipio GenliliSjdans les Epistoloe Gu-
tion propre. On y trouve, outre une dii; — 3° Quatre lettres à Sibrandus
foule de pièces inédites, originales ou Lubbertus, dans les Epistolaî illust. vi-
par Eschenbach dans son édit. des OEuvres rorum, de Gabbema, Harlingae Frisio -
d'Orphée, Ùtrecht, 1689, in-i2. rum, i 669, in-12 ; — 4° Une lettre à
LES 24 — LES
—
Joulert, les de Sén ebier et le Catal. de la Bibl. nat. : A °
Laur. dans OEuvres ce
dernier, Lugd., 1582, in-fol., vol. Il, Agathie Epigrammata, latine versa
Jos. Scaligero et Jano Dousa, à- la
p. 312; —.5° Une lettre à Riltershu- a
d'Agathias de Imperio
sius, danslesEpistoloe inédits LX clar. suite de l'ouvr.
virorum, de Hummel, Norimb., 1777, et rébus gestis Justiniani iinp., Lugd.
in-8°;:— 6° Deux billets en franc, à Batav., 1594, in-4°; — 2° Theocriti
Bongars, dans les Epistorloe Bongarsii Idyllia et epigrammata; Moschi,
etLingelshemii, Argent., 1669, in-12; Bionis, Simmii que extant: groecè
7° Huit lettres franc. àDalechamp, et latine, cum Annotationibns Jos.
—
à Lyon, et une latine à DésiréHérctud, Scaligeri et Is. Casauboni, Heidelb.,
à Sedan, reprod., d'après de la Jérôme Commelin, 1596, in-8°; 1604,
un msc.
Bibl. de Leyde, à la suite de l'ouv. de in-4° dans une nouv. édit. des Idylli-
M. J. Bernays. La plupart des grandes ques grecs, donuée par Heinsius; —
collections de mss. contiennent des 3° Tumulus et Elogia Claudii Pu-
lettres de Jos. Scaliger. Nous citerons, teani, autoribns{Pa,pirio Massone et
danslevol. SS1,Collect. Dupuy, plus, Jos. Scaligero, Paris., 1607, in-4°;—
lettres à d'Emery et à de Thou, et T. 4° Scaion inurbemRomam.Fis.ncoL,
7LX.ll, Collect. Boulliau, copie de trois ,1609, in-4°, satire détachée de ses au-
lettres écrites de Leyde ausieur'deCcs- tres poésies et imprimée plus, fois sé-
telfranc [Guill. Le Nautonnier]. Le parément;—5° ConjectaneainNonni
Muséum Britann. en conserve un grand Dionysiaca, ad editionem Plantini et
nombre. Voir les Catal. des collect. Wecheli, et reprod. à la suite des Ob-
Harley et Burney : cette dernière pos- servations sur le même ouvr. par Pe-
sède, entre autres, un recueil de 85 trus Cunoeus, Lugd. Bat., 1610, in-8°;
lettres adressées à.Casauhon de 1595 à — 6° De arte critica diatriba, mine
.
1608.On y trouve aussi la réponse au- primùm édita ex musoeo Joach. Mor-
tographe de Scaliger aux curateurs de sii, Lugd. Bat., 1619, in-4°;— 7° Lo-
l'acad. de Leyde, xn kal. feb. 1592, et ti cujusd. Galeni difficillimi expli-
deux lettres de Henri IV à lui adressées. catio, à la suite du précédent;— 8° De-
Toutes ces lettres ne sont pas égale- fensio J. Buxtorfii adv. Lud. Cap-
ment importantes; la plupart même pellum, et Exercitatio brevis ad obs-
n'ont qu'un faible intérêt littéraire. curum Zaharis locnm illuslrandum,
D'après son Catal. des mss.-latins, la à la suite de la diatribe de Cappel De
Bibl.uat. possède de Scaliger :1° Varie veris et antiquis Ebroeorum litteris adv.
lectioviesinlsocratisPanathenaïcum, Buxtorfium, Anist., 1645, in-12 ; —
et Notoe et emendationes in Plautum, 9° Leges Attice cum commentario,
msc, écrit en 1644, qui avait appartenu ouvr. laissé parmi ses papiers et qu'il
à Dupuy; — 2° le Vocabulaire latin jugeait digue d'êtrepublié;—10'Nole
dont nous avons parlé plus haut; on in Plinii historiam naturalem, Ul-
trouve ùh fin nonnulla deplantarum trajecti, 1669, in-8° ; -- 11 ° Note in
proprietatibns, nec non et veterum Euripidem, Cantabridg., 1694, in-
po'ètarum fragmenta.—Le Catal. des fol.; —12° Annotationes in Ireneum
mss. de la Bibl. Harléienne indique : contra hereses,Oxomaî, 1702,in-fol.;
VScholia in Euripidem;— 2° Casti- 13° Note in Suetonium^ltis.]:,1703,
gationes in Strabonem, in Antonini in-4°;
transformationes, in Theophrastum — 14° Emendationes in vete-
res glossas verborum juris, Ultraj.,
et Atheneum.—'Et le Catal. de la Col- 1733,in-fol.—On trouve, en outre,de
lect. Burney : Animadv. in quoedam Scaliger une foule de pièces de vers,
Pétri Molinei scripta, avec quelques tant en grec qu'en, latin, parmi, les
autres petites pièces, etc. pièces liminaires des ouvrages publiés
A celte lisle des ouvr. de Jos. Scali- de son temps.
ger, nous ajouterons, d'après Nicéron, Au rapport de Guy Patin, Scaliger
LES -
25 — LES
avait composé unlivreDe insolubilibus nal, n'a rien pour justifier son crime
Scripture et une Géographie de la de lèse-majesté envers là mémoire
Sainte Écriture, qu'il aurait détruits. de Scaliger. Après la conversion au
Son trailé De Asse, dont il est question catholicisme des frères Nicolas et
daus le Scaligerana,a sans doute éprou- Jean Vassan (ce dernier même se fit
vé le même sort. moine), leur journal tomba entre les
Nous compléterons celte notice par mains des frères Dupuy, grands ama-
quelques détails sur le Scaligerana, teurs de ces sortes de raretés. Le
quoique ce soit faire injure à Scaliger conseiller Claude Sarrau en prit
que de placer parmi ses écrits un livre une copie,'et, à sa mort, son fils Isaac
qu'on devrait plutôt attribuer à la ma- fit présent du msc. de son père à un de
lignité de ses ennemis. Fussent-ils ses amis, d'où il passa entre les
toujours sincères,lesfrèresPassa» (1), mains ie.Jean Daillé, le fils, qui, dans
auteurs de la principale partie de ce la copie qu'il en fit, substitua l'ordre al-
livre, ont indignement abusé de l'hos- phabétique à l'ordre chronologique.
pitalité, qu'ils avaient reçue à la fa- C'est dans cet état qu'il vint à la con-
veur de la recommandation de leur naissance de Vossius. Ce journal al-
oncle Pierre Pithou; ils se sont lait de 1603 à 1606, temps du séjour
insinués, comme des espions, dans des frères Vassan auprès de Scaliger.
l'intimité du vieillard pour surpren- Il est écrit moitié en latin, moitié en
dre ses faiblesses et le trahir. Or, français. Du temps de Guy Patin, en
quelle confiance peuvent inspirer des 1666, le msc. autographe se trouvait à
révélations qui portent le cachet de la la Bibl. royale. Quant à François Ver-
trahison? Au surplus, fussent-ils véri- tunien, de Poitiers, que Scaliger con-
diques en tout, la justification de Sca- nut dans la famille du sieur d'Abâin,
liger serait encore possible : quel est dont il était médecin, et qui est auteur
le grand homme, quel est le sage qui du premier Scaligerana, ses révélations
ne dépose pas quelquefois sa grandeur, sont moins hasardées, moins brutales,
sa sagesse au seuil de sa porte et ne qu'on nous permette ce mot. Son
reprenne" dans son intérieur nos fai- journal, entièrement écrit en latin,
blesses humaines ? Le juge n'est pas embrasse une période de près de vingt
toujours sur son tribunal, ni le pasteur années, de 1574 à 1593. A sa mort, '
dans sa chaire. Un savant ne converse cetécrit resta enfoui parmi ses papiers,
pas toujours avec la postérité. Il y a jusqu'à ce qu'en 1669, un avocat de
des repos, des relâches dans la vie. Poitiers, nommé de Sigogne, le fit
La corde de l'arc se romprait, si elle tenir à Tannegui Le Fèvre,k Saumur.
élait toujours tendue. Luther tenant ses En voici les titres : 1 ° Scaligerana
propos de table, n'en est pas moins Lu- [secunda] sive Excerpta ex ore Jos.
ther ; Henri IV marchant à quatre pat- Scaligeri, per F. F. P. P. [fratres
tes n'en est pas moins le vainqueur Pilhoei], Genevas, ap. Petr. Colume-
d'Ivry. C'est une marque, non pas sium, 1666, édit. fautive et mutilée;
de notre admiration, mais de notre les Remarques mises à la fin sont de
petitesse que de rechercher les actions Paul Colomies ; 2e édit. auctior et
des grands hommes jusque dans les emendatior, Hagoe Corn., 1666, in-
plus vulgaires détails de leur vie. 8°i; edit. altéra, ad verum exemplar
.Toutefois, les frères Vassan ont leur restituta, etc., Colonioe [Rouen?]
jeunesse pour excuse; mais IsaacVos- 1667, in-12; celle dernière édit. est
sius, le premier éditeur de leur jour- due à Jean Daillé, qui n'ayant pu
empêcher l'édit. subreptice de La Haye,
(1) Ils étaient fils d'un sieur Vassan, sei- voulut au moins que le livre parût
gneur de Remi-Mesnil, et de Venelle Pilhou, dans son intégrité ; dans la préface, il
morte sur la fin de 1604 a Genève, où elle
s'était retirée après la Saint-Barthélémy. est fait mention de celte édit. de La
LES
Haye qui venait de paraître sous le
- - 26 LES
son goût le portât vers cette carrière,
titre Scaligeriana : la date de 1668 mais tel était le voeu de ses parents. De
que quelques bibliogr. lui assignent là, il alla en Allemagne et fréquenta
est donc fausse, — 2° Prima Scalige- pendant quelque temps l'université de
rana nusquam antehaç édita [cum Marbourg, où il s'appliqua plus parti-
praef. et notis Tanaquilli Fabri], Gro- culièrement à la philosophie, H paraît
ningoe [Saumur?] ap.Petr. Smithaeum, que sa véritable vocation ne s'était pas
1669 ; Ullraj., ap. Petr. Elzevirium, encore révélée à lui, Le désir de con-
1670, in-8°; Cologne [Amst.], chez naître Mélanchthon le conduisit en-
les Huguetans, 1695, in-12, — Le suite à Wiltemberg. Ce fut sans doute
second et le premier ont été confondus,. à la persuasion de ce digne théologien
plutôt que réunis, dans l'édit. suivan- qu'il adopta les doctrines de la Réforr
te: Scaligerana,ouBonsmots,Rencon- me. On ne pouvait choisir un meilleur
tres agréables , et Remarques judi- parrain. En 1550, il visita Francfort,
cieuses etsçavantes de Jos. Scaliger, Strasbourg, la Suisse, Lyon, et se ren-
avec des notes de M. Le Fèvre et de dit à Montpellier pour y étudier la mé-
M. de Colomiès, le tout disposé par decine. Il se mit en pension chez le cé-
ordre alphab. en cette nouv. édit., lèbre Rondelet,qui le dirigea dans ses
Cologne [Amst.], 1695, in-12, tandis études. L'élève se montra digne du
que dans l'édit. de Des Maizeaux, la maître. « Assiduus ac sedulus Ronde-
meilleure de toutes, ils ont été placés letii, cui unicè carus et acceptas erat,
à la suife l'un de l'autre. audilor, ex ore docentis aççepit Jlfe-
LESCHERPIÈItE (SAMUEL DE), thodum curandorum morborumpar-
sieur de LA RIVIÈRE, ministre de Rouen ticularium, quam posteà typis vulga-
el chapelain de Catherine de Bourbon, yit Laur. Joubertus. » Si le panégy-
en 1603, fut député par la Normandie riste de L'Escluse, Vorstius, ne com-
aux Synodes nationaux de 1607 et de met pas une erreur, ce serait un livre
1614, et à l'Assemblée politique de de plus a ajouter à la liste que nous
Saumur, en 1611, où il né joua d'ail- avons donnée des publications deLaur.
leurs aucun rôle important. 11 a publié Joubert. En effet, ce savant médecin
à Quévilly, en 1621, la Confession de se trouvait à l'université de Montpellier
foi faictepar Daniel, fils d'Alexan- en même temps que L'Escluse, et çomT
dre, juif," lors de son baptême qui me lui, il s'était mis en pension chez
fut le 12 d'avril 1621, avec une let- le professeur Rondelet.
tre adressée a ceux de sa nation, le Lorsque L'Escluse eutpris,en1555,
tout trad. du syriaque de. Vautheur le grade de licencié, il retourna dans
en alemandpar lui-même et de Fa- sa patrie, et y demeura jusqu'en 1560,
lemand en françgis par le sieur de, occupé du soin de ses premières pu-
La Rivière.' blications. H se rendit ensuite à Paris,
L'ESCLUSE (CHARLES DE), en. la= où il passa deux années. Nos dissen-
tin ÇLUSIUS, savant botaniste, né à Arr sions religieuses l'en ayant éloigné, il
ras, en 1526 (le 1S fév., d'après Valère se retira à Louvain; puis il visita Augs-
André), de Michel de L'Escluse, seir bourg, et l'année, suivante, en 1564,
gneur de Watènes, conseiller à la il entreprit un voyage en Espagne et
cour provinciale de l'Artois, et mort à en Portugal, dans le but surtoutd'étu-
Leyde, le 4 avril 1609, dans sa 84cme dier la flore de ces contrées. Il par-
année. couruttout le pays jusqu'à Cadix. Près
Après avoir reçu sa première instruc- de Gibraltar, une chute de cheval fail-
tion à Gand, L'Escluse fut envoyé à lit lui coûter la vie; il eut la jambe
Louvain, en 1546, pour y continuer cassée. Ce fut vraisemblablement pen-
ses études. Il suivit pendant deux ans dant les loisirs forcés de sa convales-
les cours delaFaculté de droit,no,n que cence, qu'il traduisit de l'espagnol en
LES 27 LES
latin plusieurs ouvrages de botanique, fut pour lui une bien cruelle privation
qu'il publia à son retour dans sa patrie. de devoir renoncer à ses excursions
Il rapporta de son voyage une riche botaniques. Une compensation lui était
collection de plantes, dont il donna bien due. Les curateurs de l'Académie
plus tard la description. En 1571, il de Leyde la lui offrirent, en 1593, en
passa par Paris et alla-s'embarquer à le nommant à la chaire de botanique
Calais pour se rendre en Angleterre. deleurun'tversité. Il accepta cetteplace,
Deux ans après son retour sur le conti- qu'il remplit jusqu'à sa mort. Il fut af-
nent, l'empereurMaximilien II l'appela fligé, dans les dernières années de sa
à Vienne pour lui confier la direction vie, de diverses infirmités; cependant
de ses jardins, et l'admit au nombre, il conserva jusqu'à la fin la sérénité
des familiers de sa Cour. L'Escluse de son caractère. Heinsius le place avec
remplit cetle place pendant près de 14 son ami Joseph Scaliger, mort peu de.
•
ans, sous ce prince et sous sou succes- jours avant lui, au nombre des plus sa-
seur; de temps en temps, on lui per- vants hommes de son temps. L'Escluse
mettait de faire des voyages d'instruc- était pieux, charitable, bienveillant,
tion. Ce fut ainsi qu'il parcourut l'Au- modeste, -d'une- grande simplicité de
triche et la Hongrie, et qu'il visita pour moeurs. « Vir paucis conferendus, dit
la seconde fois l'Angleterre, où il fut son panégyriste, vitâinnocenlissimus,
bien accueilli par sir Philippe Sidney ingenio florentissimus, proposilosanc-
et par le Gélèbre navigateur Francis tissimus, et, utverbp dicam,prisci mo-
Drake, qui lui donnèrent l'un et l'autre ris et oevi. » Il vécut célibataire. Il était
beaucoup de renseignements sur les généreux,nullementintéressé; quoique
productions des pays qu'ils avaientvisi- l'aîné de la famille, il renonça, en faveur
lés. A la fin, fatigué de la vie des cours, de son frère cadet, à la seigneurie de
aulicoe vite pertesns, il renonça à sa Walènes. Il avaitune foule d'amis.Vers
place et vint se fixer, en 1587, à Franc- la fin de ses jours, il concentra plus
fort-sur-le Mein, où il vécut environ particulièrement son affection sur Jo-
six années dans la plus complète soli- seph Scaliger et Vincent Pinelli. Leur
tude, ne voyant que le landgrave de mort hâta la sienne, Nous emprunte-
Hesse, Guillaume, qui l'aimait et qui rons l'appréciation suivante à M. Duvau
lui faisait une petite pension. Les bio- (Biogr. univ.), qui nous semble résu-
graphes de L'Escluse ne nous disent mer parfaitement les services que L'Es-
pas d'où lui venait cette humeur noire. cluse a rendus à la science. «Une cor-
Il est vrai qu'au milieu de ses plantes, respondance immense, une mémoire
sa solitude devait être douce : prodigieuse, la connaissance des lan-
gues anciennes et de la plupart des
Hic ver purpureum : varios hicfiumina çircum modernes, une rare sagacité, enfin une
Fundit humusDores: hic candidapopulusantro grande ardeur pour le travail, même
Imminet, tenta; texunt umbracula viles.
dans ses dernières années, tels furent
Tout ce qu'il pouvait désirer, la na- les moyens de succès de L'Escluse. La
ture le lui prodiguait, à lui qui, en dé- botanique venait de prendre un nouvel
couvrant une fleur nouvelle, éprouvait essor. Les descriptions et les figures de
autant de joie que s'il eût rencontré un Dodonée et de Lobel, surtout celles de
riche trésor, nonminus, dit-il, gaudio L'Escluse lui-même, éclairaient et fa-
afficiebar, quàmsiingentem thesau- cilitaient la science; Matthioleet Da-
rwmreperissem. Cependant nos joies lechamp avaienl ouvert.la roule à Gas-
sont toujours mêlées de quelques lar- par Bauhin; Gessner avait fait sentir
mes.Les fatigues de ses voyages avaient la nécessité de tirer de la fleur et du
fortement altéré sa santé. 11 fut à la fin fruit les caractères distinctifs des plan-
affecté d'une luxation de la hanche qui tes; Césalpin avait donné le premier
l'obligea à se servir de béquilles. Ce modèle d'irue méthode naturelle. L'E-
LES -28 LES
cluse ne paraltpas avoir senti le mérite pion l'Africain, trad. du latin
de
d'une découverte aussi importante... Donat Acciaïoli, Paris, Vascosan, compléter
Mais il se montra vraiment supérieur 1562, in-8°. —Servant à
descriptions elles le 6° vol. des OEuvres de Plutarque de
dans ses : sont remar-
quables par une exactitude, une préci- la même édition ; réimpr. plus, fois,
sion, une élégance et.une méthode qui et entre autres dans l'édit. des Vies des
n'ont point été surpassées par les mo- hommes illustres grecs et romains, de
dernes, excepté pour quelques détails Simon Goulart.
de la fleuret du fruit, auxquels on n'ac- IV. Aromatum et Simplicium ali-
cordait encore que fort peu d'impor- quot medicamentorwm apud Indos
tance. Elles contiennent souvent, sur nascentium historia, primùm qui-
les noms employés par les anciens bo- dem lusitanicâ linguâ per dialogos
tanistes, des discussions intéressantes conscripta a D. Garcia ab Horto
qui ont servi à éclairer cette partie de [Orta], proregis Indiemedico, dein-
la botanique. On y trouve aussi les dè latino sermone in epitomen con-
noms des plantes dans les langues vi- tracta, eticonibus ad vivum expres-
vantes, et surtout ce qui à rapport 8 sis locupletioribusque annotatiuncu-
leur emploi dans la médecine, les arts lis illustrata a Carolo Clusio,Anlv.,
et l'économie domestique. Enfin elles 1567, 1574, 1579, in-8°.
sont accompagnées de figures bonnes V. Simplicium medicamentorum
pour le temps; Dodonée et Lobel en ex novo orbe delatorum, quorum in
ont empruntéun grand nombre. » Ou- medicinâ usus est, historia, hispa-
tre le grec et le latin, L'Escluse pos- nico sermone a D. Nicolao Monarde,
sédait à fond l'espagnol, l'italien et med. hispalensi, descripta, Latio
l'allemand. Hélait versé dans l'histoire deindè donata, et annotationibus
et dans la géographie. Plumier lui a iconibusque affaire depictis illus-
consacré, sous le nom de Clusia, un trata a Carolo Clusio, atrebate,
genre de plantes de la famille des Antv., 1574 et 1579, in-8°. —Lors-
gultifères qui comprend des arbres que Monardes eut publié le 3° livre
, de cet ouvrage, L'Escluse le traduisit
et des lianes, vivant le plus souvent en
parasites sur d'autres arbres, dans les également et le fit paraître à Anvers,
îles des Antilles. 1582, in-8°.
VI. Christ, a Costa,medicietchi-
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. rurgi, aromatum et medicamento-
I. Histoire desplantes, enlaquelle rum in Orientait Itidiâ nascentium
est contenue la description entière liber; plurimùm lucis afferens Us
des herbes, leurs espèces, formes, que a doctore Garcia de Orta in
-,
noms, tempérament, vertus et opé- hoc génère scripta sunt; Caroli Clu-
rations, par Rambert Dodoens, mé- sii operâ ex hispanico sermone lati-
decin de la ville de Matines, trad.\de nus factus, in epitomen contractus,
bas allemandenfrançoisparCharles et quibusdam notis illustratus,
de L'Escluse, Anvers, Christ. Plantin, Anlv., 1574 et 1582, in-8°.
1557, in-fol. VII. Rariorum aliquot stirpium
II. Antidotarium florentinum per Hispanias observatarum histo-
sive de exaciâ componendorum me-, ria, libris duobns expressa, Antv.,
dicamentornm ratione libri très, ex 1576, in-8°, avec 230 fig.
groecorum, arabnm et recentiorum VIII. Caroli Clusii aliquot Notoe
medicorum scriptis a medicis flo- in Garde Aromatum historiam;
rentinis collecti, et a Carolo Clusio ejusd. Descriptiones nonnullarum
ex italico sermone lalinifacti,kuU. stirpium et aliarum exoticarum ve-
1561, in-8°. rnm, que a generoso viro Francisco
III. Les Vies d'Annibal et de Sci- Dralie, équité anglo, et his observa-
LES 29 — LES
te sunt, qui eum in longâ illâ navi- auctoreloanne Pona, pharmacopoeo
gaiione, qua proximis annis %ni- (trad. de l'ital. en latin, par Clusius).
verstim orbem circumivit, comitati —Au jugement de M. Duvau, on peut
sunt; et quorwmdam peregrinorum regarder le petit traité de L'Escluse sur
fructuum, quos Londini ab amicis les champignons comme la première
accepit, Antv., 1582, in-8°. monographie de ces plantes qui mérite
IX. Rariorum aliquot stirpium d'être citée. Il les divise en bons et en
per Pannoniam, Austriam, et vici- mauvais. C'est à L'Escluse que l'on
nas quasdam provincias observata- doit la première description exacte de
rumhistoria, quatuor libris expres- la pomme de terre, sous le nom
sa, Antv., 1583, in-8°, avec 358 fig. ù'arachidna Theophrasti, forte pa-
X. Pétri Bellonii [Belon], ceno- pas Peruanorum, accompagnée d'une
mani, plurimarum singularium et figure complète de la plante (2e part.,
memorabiliumreruminGroecia,Asiâ, p.LXXIX); elle était depuis longtemps
JEgypto, Judoeâ, Arabïâ, aliisque ex- cultivée en Italie. On en ignorait l'o-
ieris provinciis ab ipso conspecta- rigine.
yum, tribus libris expresse; accedit XIII. Nicolai 'Monardi libri très,
ejusdem de neglectâ stirpium cul- magna medicine sécréta et varia
turâ,atqueearumcognitio?ielibellus, expérimenta continentes a Car.
,
etc. Carolus Clusius è gallico latinum Clusio Latio donati, Ludg. Batav.,
faciebat, Antv., 15S9, in-8°; réimp. 1601,in-8°.—Ces trois livres traitent :
avec le N° XIV. 1 ° De lapide Bezaar et herbâ scor-
XI. Garcioe ab Horto, Christ, a zonerâ;— 2° De ferro et ejusfacul-
Costa etNicolaiMonardis Aromatum tatibus ; — 3° De nive et ejus com-
et simplicium medicamentorum apud modis.
Indos nascentium historia, ex lusi- XIV. Exoticonm libri decem, qni-
tanico et hispanico sermone latine bus animalinm, plantarum, aro-
in epitomen contracta, et annqtatio- matum, aliorumque peregrinorum
nibus iïlustrata a Carolo Clusio; fructuum historié describuntur
,
cum figuris, Antv., 1593, in-S°.— [Antv.] ex off. Planlin. Raphelengii,
Réimpression des N"III, IV et V, avec 1605, in-fol., cum figg.; dédié aux
des augmentations. Etats de Hollande ; titre historié ; plu-
XII. Caroli Clusii, atrebatis, sieurs pièces de vers en grec et en la-
Impp. Coess. Augg. Maximiliani II, tin, à la louange de l'auteur, et, entre
Rudolphi II, aule quondamfamilia- autres, parle médecin Fédéric Jamot,
ris, Rariorum plantarum historia, probablement un réfugié. — Le plus
Antv., ex off.Plantin. ,1601. in-fol. ;div. important des ouvrages de L'Escluse.
en deux part., l'une cotée en chiffres Les six premiers livres sont imprimés
romains, et l'autre eu chiffres arabes ; pour la première fois. On y trouve, en
avec1135 figg.; frontispice historié.— outre, les N" IV, V, VI, X, XIII, revus
Les deux ouvr. indiqués sous lesN"VH avec soin et enrichis de nouvellesscho-
etIX ont été refondus dans celui-ci, qui lies ; plus, un supplément aux Exo-
est divisé en VI livres, suivis d'un ap- tiques, contenant la description de
pendice.Onytrouveen outre: 1 " Ejusd. divers objets d'histoire naturelle, et -
Commentariolum de fungis ; — finalement un Appendice à l'Histoire
2° Honorii Beïli med. aliquot ad des plantes.
Clusium Epistole (sur la flore de l'île XV. Caroli Clusii, atrebatis, Cure
de Crète) ; — 3° Thobie Roelsii med. posteriores , seu plurimarum non
Epistola de 'certis quibusd. plantis antè cognitarum aut descriptarum
(le manioc, l'igname et quelques es- stirpium, peregrinorumque aliquot
pèces de palmiers);—4°Montis Bal- animalinm novoe descriptiones; ac-
di, agro veronensi, descripiio, cessit, seorsim MU Everardi Vors-
LES - 30 —
François, baron
LES
de Savignac, il s'est
tii de ejusd. Caroli Clusii vitâ et à
Ëpicedia illustré* dans les guerres du roi de Na-
obitu Oratio, aliorumque Castillon
[Anlv:], ex off. Plantin. Raphelehgii, varre par là belle défense de
1611 * in-fol.; Lugd. Bat., 1611, in-4\ contre Mayenne:
—L'Oraison funèbre par Vorstius avait L'armée de la Ligue attaqua cette
séparément,Lugd.Bat.;1609, 8°. petite place le 15 jùill. 1586. Les as-
paru
XVI. Gallie Belgice chorogra- siégés, sous les ordres de Savignac,
phica descripiio posthuma, Lugd. à'Allein, de Saint-Onèn et delesSéril-
Bat., 1619, in-8°. lac, défendirent vaillamment fau-
XVII. Tabula chorographica Gal- bourgs; mais chassés de posle en poste,
UoeNarbonensis, insérée par Abraham ils finirent par être rejetés dans la ville.
Orlelius dans son Theatrum Orbis Le siège fut conduit avec beaucoup
terrarum. — L'Escluse avait appris à d'habileté par Ladouze, commandeur
connaître le pays qu'il décrit, dans ses de l'ordre de Malte. A mesure qu'ils
excursions botaniques, pendant qu'il enlevaient un ouvrage , les Ligueurs
étudiait à Montpellier. ' s'y fortifiaient avec soin. Cette marche
LESCOURS (JEAN DE), ou Las- étailsûre, mais lente ; aussi ne fut-ce
.
cours, appelé aussi Lescure, seigneur qu'au bout d'un mois de siège, qu'ils
.
à Louis XIII ; mais ses remontrances que la contestation fût terminée. C'est
furent inutiles. Quelques jours après, seulement à la fin de 162D que, mal-
un nouvel édit confirma celui de juin, gré la promesse faite en son nom à
en assignant, sur le revenu du domaine, l'Assemblée politique de Loudun (Voy,
le paiement des pasteurset des collèges VI, p. 206), qui, sur les pressantes
réformés, qui se prélevait sur les biens instances de Lescun, avait pris en main
ecclésiastiques. Dès le 10 nov., les l'affaire du Béarn et demandé la révo-
Etals protestèrent à l'unanimité contre cation del'édit de main-levée,LouisXIII
cette atteinte portée aux privilèges du se crut assez fort pour briser la résis- '
Béarn, et implorèrent l'assistance de tance des Béarnais. Il fit entrer une
tous les Protestants du royaume (1). armée dans le Béarn sans éprouver la
De son côlé, le Conseil souverain re- moindre résistance de la part des ha-
fusa l'enregistrement de l'édit. La ré- bitants, surpris par cette attaque, et
sistance était légitime; car, comme le ordonna au parlement de Pau, dont
fait observer Sismondi, la principauté l'organisation fut complètement chan-
du Béarn était navarraise et non fran- gée, d'enregistrer en sa présence l'édit
çaise; elle était indépendante de la sur la restitution des biens ecclésias-
couronne de France, et elle jouissait tiques, en même temps qu'un aulre
édit du 20 oct., qui réunit la Navarre
(1) Vispalie, avocat au Conseil souverain, et Je Béarn à la couronne de France.
chargé de porter a La Rochelle la lettre de
l'assemblée d'Orthez, fut arrêté à Bordeaux. « Tout ce voyage fut un tissu de
Une copie de celte lettre, signée Du Casse, violences, ditBenoît dans son Histoire
se lit dans la Collect. Dujmy, K° 1S3. de l'édit de Nantes. On n'entendait
LES — 33 — LES
sortir de la bouche des plus modérés dépouillé de sa charge de conseiller.
que des menaces de punition exem- Cette injustice le rendit plus cher à ses
plaire, de pendre, de trancher la tête, coreligionnaires. L'assemblée de Mil-
d'abolir par tout le royaume la religion hau, qui se tint le 12 nov. sous la
réformée^ qu'ils appelaient maudite présidence de Causse, et à laquelle il
religion, de chasser tous ceux qui en assista, lui témoigna l'intérêt le plus
feraient profession, ou de leur faire sincère, et celle de La Rochelle, à la-
porter quelque marque d'infamie. Les quelle il fut député par les églises
soldais rompaient les portes des tem- béarnaises, ainsi que Rostolan, Casau-
ples, démolissaient les murailles, dé- bon, Capdeville elLoubie, lui donna la
chiraient les livres et les tableaux où plus haute marque de son estime en l'é-
les commandemens de Dieu étaient lisant président, le 25 déc. 1621, avec
écrits. Ils volaient, et frappaient à coups Rostolan pour adjoint, La Goutte et
de bâtons et d'épées les paysans qui Riffault pour secrétaires. Les premiers
venaient aumarchéàPau,présupposant jours de sa présidence se passèrent en
qu'ils étaient tous huguenots. Les gens délibérations touchant le tarif des droits
même qui portaient les couleurs du à percevoir sur les navires qui abor-
garde-des-sceaux étaient aussi furieux daient dans l'île d'Oléron, ou qui re-
que les autres. Ils forçaient les Réfor- montaient la rivière de Bordeaux, tarif
més qui leur tombaient entre les mains qui souleva des réclamations de la part
à faire le signe de la croix et.à se des ambassadeurs de Hollande et d'An-
mettre à genoux quand la procession gleterre, et qui fut maintenu néan-
passait. Les femmes n'osaient paraître moins, vu la nécessité de se procurer
dans les rues, de peur d'être poursui- des ressources pour soutenir la guerre,
vies comme des débauchées,, avec de et même élevé de 3 1/2 pour 100,
sales injures et des cris insultans. Il y «pourles personnes decontraireparli.»
en eut quelques-unes qu'on fit jurer, Le 1" janv. 1622, l'assemblée renou-
parce qu'elles étaient grosses, de faire vela le conseil de justice, qui se trouva
baptiserleurs enfantskl'égliseromaine, composé de Malleray, jGuérin et Sa-
quand elles seraient accouchées. On vary, ainsi que le conseil adjoint au
enlevait les enfants sans qu'il fût pos- maire de La Rochelle, dans lequel
sible aux pères de les recouvrer : et entrèrent Saint-Simon, La Muce,
tout cela se faisait sous les yeux du Rossel, La Grange et Casaubon. Vers
roi, sans qu'on pût obtenir même qu'il le même temps arrivèrent des lettres
.
en écoutât les plaintes.Dans le reste du de l'ambassadeur d'Angleterre, qui
pays, les soldats vivaient à discrétion, exhortait les députés à se soumettre
publiaient que le roi leur avait donné aux ordres du roi. Avant d'y répondre,
le pillage des Huguenots, chassaient l'assemblée crut nécessaire de con-
les ministres outrageaient leurs sulter le corps-de-ville, qui fut d'avis
, hommes et femmes qu'on envoyât des députés roi, s'il
femmes, menaient au «
à la messe à coups de bâton, attentaient y avoit de la seureté.» En conséquence,
à l'honneur des femmes et venaient l'ambassadeur fut prié d'obtenir des
même quelquefois aux mains avec les saufs-conduits «pour ceux qui seroient
maris qui avaient le courage de les dé- envoyez vers S. M. pour lui demander
fendre. On vit alors un essai des con- la paix et faire les submissions re-
versions forcées, dont nous avons quises. » L'assemblée vota en même
aujourd'hui devant les yeux des exem- temps une humble requête que l'am-
ples tout nouveaux. » bassadeur devait présenter au roi. Le
Lescun qui, depuis plusieurs mois, 21, elle prouva de nouveau ses dispo-
était sous le coup d'une sentence ren- sitions pacifiques en autorisant Rohan
due contre lui par le parlement de Pau, à enlamer des négociations, sous la
et qui avait dû fuir à Montauban, fut réserve, toutefois, que rien ne se con-
T. VII. °o
LES — U — LES
durait sans le consentement des dé- du tronc, resta exposée sur la porte de
putés des provinces fidèles à la Cause. Royan.
Le lendemain, elle révoqua les provi- Outre l'apologie dont nous avons
sions précédemment accordées à Châ- parlé plus haut, on a de ce martyr de
tillon, et confirma la nomination de la liberté du Béarn :
Rohan au généralat duBas-Languedoc I. Généalogie des souverains sei-
et du Vivarais ; puis elle fit écrire à gneurs de Béarn, Paris, 1616, in-4",
Parabère, qui oflrait de s'entremettre II. Requête contre le livre intitulé
pour la paix, qu'elle le remerciait de Le Moine au surveillant endormi, Pa-
sa bonne volonté. Ce fut le dernier acte ris, 1616, in-8°. — Le Moine est une
de l'assemblée de La Rochelle pendant satire violente contre les Prolestants
la présidence de Lescun, qui, le 25 publiée par un prêtre catholique sous
janvier, céda le fauteuil à La Muce, le pseudonyme de Banère.
et se joignit à l'expédition conduite III. Avis d'un gentilhomme de
par Pavas dans le Médoc, espérant Gascogne à MM- des États-Généraux
réussir à pénétrer dans le Béarn. La du royaume de Navarre et de la sou-
défaite de Favas le força à modifier veraineté de Béarn sur la main-le-
son itinéraire. Il rebroussa chemin vée des biens ecclésiastiques, entrée
pour, prendre la route de Royan à au Conseil ordinaire et cour sou-
Clairac, où il comptait rencontrer La veraine et présidence aux États et
Force ; mais il eut le malheur de tom- antres octrois obtenus par les évê-
ber, près de Cozes, dans un parti en- ques d'Oleron et de Lescar en 1617,
nemi qui le fit prisonnier, après une Paris, 1617,in-8°.
valeureuse défense. Où le trouva por- IV. Mémoiresde Jean-Paul de Les-
teur de vingt-quatre commissions tou- cun sur les oppositions auxpoursui-
tes signées de sa main, en sa qualité tes des évêques d'Oleron et de Les-
de président de l'Assemblée de La car, et les demandes faites par les
Rochelle. Il fut envoyé à Bordeaux. églises réformées, depuis le 1 " juin
En vain réclama-t-il les droits de la 1616 jusqu'au 13 avril 1617, Paris,
guerre ; en vain invoqua-t-il l'article 16-17, in-8°. —Recueil d'édits, d'ar-
de l'édit de Nantes qui attribuait aux rêts et d'autres pièces officielles.
Chambres mi-parties la connaissance V. Demandes des églises réfor-
de toutes les causes où des Hugue- mées du royaume de Navarre, Pa-
nots seraient impliqués. Le parlement ris, 1618,in-8°.
de Bordeaux qui, dès le 4 mai, re- VI. Défense contreles impostures,
çut ordre de le juger toutes affaires faussetés et calomnies publiées con-
cessantes (Fonds de Brienne,Y{°U 1 ), tre le service du roy et de la souve-
le débouta de sa demande, et le con- raineté de Bêàm et contre l'auteur
damna, comme criminel de lèse-ma- de deux libelles intitulés Le Moine
jesté, à avoir la tête tranchée, après et Là Mouche, Orthez, 1619, in-8°.
avoir souffert la question et fait amende VII. Lapersécution des églises de
honorable. En outre, sa postérité fut Béarn, Montaub., 1620, in-8°.
déclarée ignoble et tous ses biens cou- VIII. Calamité des églises de
fisqués. La sentence fut exécutée le Béarn, LaRoch., 1621, in-8°.
18 mai 1622. Lescun fut traîné au lieu Poeydavant lui attribue encore la
du supplice sur une claie avec cet Réponse du gentilhomme navarrois.
écrileau : Criminel de lèse-majesté et LESOiauiÈKES. Voy. FRANÇOIS
président de l'Assemblée de La Ro- DE BONNE.
chelle. Les commissions qu'il avait LE SEIGNEUR, nom d'une des
signées et son livre de la Persécution plus riches familles protestantes de la
des églises furent brûlés par le bour- Normandie.
reau sous ses yeux, et sa têle, séparée Adrien Le Seigneur, qui fut anobli
LES .35 LES
en 1592, laissa de son mariage avec était accusé d'avoir administré la-Gène-,
Marguerite Growlart, quatre fils, sa- à Sâint-Amand. « Avant leur morti
voir: 1° JACQUES, sieur de Vicquemare-, lit-on dans le Martyrologe, on les fit
conseiller.au parlement de Rouen, qui, languir en douleurs et opprobres ex-
resté veuf sans enfants de sa première trêmes, » et après les avoir tourmentés
femme Marie Brachon, épousa en se- de toutes les manières, on fihît'parles
condes noces Anne Le Varnier et en pendre, cM556.Nicolas DnPuis;ib
eût JACQUES et ESTHER, femme, en l'Artois, qûi-avait également déserte le
1655, de Pierre Le Fèvre, de Paris. cloître pour prêcher l'Évangile, fut
Jacques, sieur du Mesnil, fut aussi .
traité avec plus de barbarie encore. '
marié, deux fois, avec Catherine Le Après avoir été retenu longtemps pri-
Cauchois, puis avec Marie de Brion. sonnier dans la ville de Douai, il fut
Ses enfants furentJACQUES, SALOMON livré à l'abbé de Saint-Berlin, devenu
et sans doute Madelaine, qui épousa évêque; « sous lequel il estima gain de
Jean de Mazis, sieur de Tilly, et lui pourrir membre à membre en la mi-
donna une fille, Madelaine, alliée, en sère et infection extrême 3e sa prison.»
1607, à Jean Gogué-Chàlant, sieur Plusieurs autres, « desquels la mé-
de Chalesme; —- 2° JEAN, conseiller moire sera bénite à toujours en l'Église
au Grand-Conseil, que sa femme, Ma- du Seigneur, » perdirent la vie; vers
rie Brutel, rendit père d'ADRtEN, pré- le même temps, pour la cause de l'É-
sident au bureau des finances. Cet vangile; tels Matthieu de La Haye,
Adrien épousa Cécile Langlois et en marchand de drap, Pierre de La Rue,
eut NICOLAS, sieur de Bautot, égale- cirier, tous deux anciens de l'église de
ment président au bureau des finances; Valenciennes; Roland Le Bouc et
—3° DAVID, conseiller au Grand-Con- François Pattou, diacres, JeânTieuil-
seil, marié à Geneviève de La Barre ; le, notable bourgeois de la même ville.
— 4° NICOLAS, qui prit pour femme « Et qui pourroit, ajoute le Martyro-
Marie Bulteau et en eut deux fils, loge, réciter les cruautez commises
nommés NICOLAS et ADRIEN. L'aîné contre ceux qui estoyent des églises
épousa Madelaine Le Cauchois et fut réformées, non - seulement en ladite
père de JACQUES et d'ApniEN. Le cadet ville de Valenciennes, mais aussi en
se maria avec Adrienne Bonaslrê. Cambray et Chasteau en Cambresi,
Nous n'avons que peu de chose à ajouter Tournay, L'Isle, Audenarde, Gand,
à cette généalogie que nous extrayons Malines, Bruxelles, et autres villes et
d'un vol. du fonds S. Germain franc, bourgades des Païs-Bas ?
coté 676. A la révocation, un Du Mes- L'ESPAGKANDEL (MATTHIEU),
nil-Vicquemare réussit à sortir de sculpteur, de là communauté de St-
France,, et trente-deux ans plus tard, Lùc (1), né à Paris, le 16 mai 1616;
en 1717, une demoiselle de Bautot de Jean L'Espàgnandel et de Judith
fut enfermée, à l'âge de dix-huit ans, Milleville, et mort dans la même ville;
dans un couveut pour y être instruite le 28 avril 1689. On sait peu de chose
dans la religion romaine (Arch. gén., sursavie.Reçu membre de l'Académie'
TT. 261). des Beaux-Arts, le 30 mars 1665, puis
LE SEÛB. .
(JEAN), d'Àrras, martyr. réadmis le 5 mars 1672,il en fut exclu
Le Seur avait quitte le cloître pour pour cause de religion,le 10 oct.1681.
s'employer « au vray service de Dieu Henri Testelin, Jean Michelin, Sa-
et de son Église. » Malgré les défenses muel Bernard, Louis Elle-Ferdi-
de l'archevêque de Cambrai, il prê- (1) La Confrériede Saint-Luc,qul réunissait
chait avec succès l'Évangile àCâteau- en corporation les architectes, les sculpteurs,
Cambrésis, lorsqu'il fut arrêté comme les peintres, les doreurs, les enlumineurs, a-
hérétique, en même temps que Jean vait pris naissance sous Saint-Louis. Voir .Sta-
tuts (les maîtres de l'art de peinture et sculp-
Catien, autre moine défroqué, qui ture, Par., 10731, in-4°.
LES — 36 — LES
nand, Nicolas Heude, Jean Forest Samuel de Lespinay se maria, en
et Jacob d'Agard, subirent la même 1585, avec Susanne Des Roussilres
avanie. Plusieurs d'entre eux restèrent ou Des Rouxières, fille de Jean Des
fermes dans leur foi; mais L'Espa- Rouxilres et de Bonaventure Louet,
gnandel ne fut pas du nombre : lorsque dame de Briort, dont il eut deux fils,
l'édit de Nantes eut été révoqué, il fit nommés SAMUEL et JACOB de Lespinay.
sa soumission et se rangea atout ce Le cadet fonda la branche poitevine de
que l'on voulut qu'il crût. A ce prix, La Ruffelière. L'aîné, sieur du Chaf-.
on le rétablit dans ses honneurs,- le fault, fut marié deux fois : lapreniière,
1" déc. 1685. Parmi ses ouvrages, on avec Antoinette Jousseaulme, fille da
cite le retable de l'autel des Prémon- Charles, sieur de Couboureau en Poi-
trés, et celui de la chapelle de la tou, et de Constance de La Poe'ze ; la
grand'salle du Palais. ILtravailla aussi seconde, avec Françoise de La Tous-
à l'embellissementdes jardins de Ver- che. Du premier lit 'sortirent CHARLES,
sailles. On y admire encore de lui deux sieur de Monceaux, maintenu noble '
termes, Diogène et Socrate, et deux en 1668, qui abjura (Arch. E. 3386),
statues, le Flegmatique et Tigrane, et CLAUDE, femme, en 1656, de Jean
roi d'Arménie. —L'Espagnandel avait Du Pé, sieur de Liancé.; du second,
épousé Perrine Prou qui lui donna, ANNE-HYACINTHE, dont le sort est in-
entre autres enfants : MATTHIEU, né le connu.
10 oct. 1648; MARIE, née le 11 déc. I. BRANCHE DE LESPINAY. Le chef de
1651; JUDITH, née le 9 fév. 1654; cette branche, Isaac de Lespinay, n'eut
CATHERINE, baptisée le 26 nov. 1656; point d'enfants de sa première femme,
LOUISE, enterrée, le 25 mars 1663, au N. Du Plessis, dame Du Plessis eu
cimetière St-Marcel, à l'âge de 19 ans. Bretagne, En 1628, il se remaria avec
— Jean L'Espagnandel, maître me- Anne de La Vaizouzilre, fille àePaul,
nuisier, marié, en sept. 1634, avec sieur de Soudon en Anjou, et de Su-
Judith Lucot, était peut-être un des sanne de Soucelles. II en eut une fille,
frères de notre sculpteur. ANNE, qui épousa, en 1661, Claude
LESMrVAY (PIERRE DE), sieur Du Goyon, sieur de Touraude, et un fils,
CHAFFAULT, gentilhomme de la mai- ISAAC, qui prit pour femme,
en 1663,
son de Rohan, épousa, en 1563, Alié- Catherine Le Breton, fille A'Enoch
nor Du Perreau, qui lui donna huit Le Breton, sieur de Chanceaux, et de
enfants : 1 ° SAMUEL,sieur du Chaffault, Madelaine Bazin, mariage dont na-
qui suit; — 2° ISAAC, sieur de Lespi- quit une fille unique, ANNE, alliée, en
nay, qui fit souche; — 3° PIERRE, 1691, à son cousin germain Amaury-
sieur de La Limousinière ; — 4° ABI- Henri de Goyon.
GAÏL, femme, en 1584, de Jean de II. BRANCHE DE LA RUFFELIÈRE. Ja-
Baïf, sieur de Cré, et en secondes cob de Lespinay, sieur de Villaire, fut
noces, de François Louet, sieur du marié, en 1632, par Brait, ministre
Perré(1); —5° JACQUELINE, mariée, à Belleville, avec Anne de Tinguy,
en 1605 , avec Jean de Montsorbier, fille de Benjamin, sieur de Nesmy(l),
sieur de La Braillière; — 6° ANNE, et à'Anne Bertrand. Cinq enfants na-
épouse, en 1610, de Gabriel Du Bois- quirent de cetle union : 1 ° ABRAHAM,
Maineuf,sieur DuPlessis;—7°JUDITH, mort jeune ; — 2° JACOB, qui suit;
femme,'en1619, de Pierre de Porte- 3° SAMUEL, sieur de La Roche-de-Bou- —
bize, sieur du Bois-de-Soulaire, fils logne, chef d'une famille
de René, sieur de Brossay,et de Fran- sur laquelle
çoise de Biardz; — 8° SUSANNE. (1) La famille de Kesmy resta fidèle à la
religion protestante après la révocation. En
(1) Leurs descendants étaient encore si- 1701, le seigneur de Ncsmy fut enfermé
gnalés comme suspects de protestantisme en château de Nantes, et sa femme la Propa- au
1696 {Arch. E. 3382).
gation de la foi de Luçon (Arch. aE. 33521.
LES ' •- 37 LES
les généalogistes ne nous fournissent ges et de Roche-Corbon. Bientôt les
pas de renseignements, bien qu'elle sectateurs des opinions nouvelles se
aitsubsistéjusqu'en 1842; — 4° ESAÏE, multiplièrent à tel point-qu'ils ne crai-
sieur de La Pommeraye, qui prit pour gnirent point d'établir un temple. Ger-
femme Florence Joyau; 5° ANNE, bault, en manteau co.urt, allait même
—
qui fut présentée au baptême dans l'é- prêcher par les rues. Les premières
glise de Vieillevigne par Philippe-Au- hostilités contre les objets du culte car
guste de Tinguy, sieur de Launay, et tholique eurent lieu en 1552. Une
par Fleurance de La Trevinière, et qui croix de pierre et une image de la
s'allia avec Jonas de Bessay, sieur de Vierge furent renversées sur le che-
La Coutancière, dont elle était veuve min de Saint-Éloi à Beaumont-lès-
en 1684. Tours. La persécution ne servit qu'à
Jacob de Lespinay, sieur du Pré- enflammer le zèle des novateurs; mais
Nouveau et de Villaire, épousa, en l'arrivée du roi, le 5 mai 1552, calma
1665, Henriette de Goulaine, fille de la fermentation. M. Chalmel peut avoir
Gabriel de Goulaine et de Louise Le raison en ce qui concerne Gerbault;
Maislre (1). Resté veuf avant 1674, mais' pour ce qui regarde L'Espine,
il se remaria avec Jeanne Mandin; nous avons lieu de croire qu'il a pris
puis, en 1682, il'convola en troisièmes pour guides des chroniqueurs mal in-
noces, avec Olympe Gautereau, fille formés. Eh 1552, Jean de L'Espine'
de René, sieur de Saint-Mars, et de était encore catholique, et même ca-
r Marie de Roussay, qui tholique zélé, puisqu'il entreprit, à son
ne lui donna
pas d'enfants. Du premier lit sortirent passage à Château-Gonder,. de rame-
SAMUEL, sieur de La Ruffelière, qui abju- ner dans le giron de l'Église romaine
ra à la révocation, et ESAÏE; du second, Jean Rabec (Voy. ce nom), qui fut
JEAN-AUGUSTE, THÉOPHILE et AIMÉE- brûlé comme hérétique, le 24 avril
HONORÉE.—Comment rattacher à cette 1556. C'est à la suite des entrevues
famille une demoiselle de Lespinay qu'il eut avec ce martyr, qu'il sentit
qui, après avoir passé près de deux naître des doutes dans son esprit, et
années tant à La Bastille qu'aux Nou- c'est seulement le 8 sept. 1561, pen-
velles-Catholiques de Paris (Sup- dant le colloque de Poissy, qu'il fit
plém. franc. 791. 3), finit par se con- profession ouverte de la religion pro-
vertir et obtint une pension de 600 li- testante et signa la Confession de foi
vres (Arch. gén. E. 3374) ? des églises réformées. Une lettre de
L'ESPINE (JEAN DE), en latin Bèze à Calvin, datée du 12 sept. 1561,
SPINA OU Spineus, moine dominicain, ne laisse aucuu doute à cet égard :
selon de Thou, augustin ou carme, se- Eodem die [8 sept.], lui dit-il, Jo-
lon d'autres, né à fiaon, d'après Bodin, hannes a Spinâ totus noster est factus,
vers 1506, et mort pasteur à Saumur, Confessioni nostrse subscripsit seque
en 1597, et non en 1594, comme le totum Ecclesioe judicio submisit. »
-dit Bayle. Après la mort de Rabec, L'Espine
Dans son ouvrage sur la Touraine, continua sa route vers Angers, où il
M. Chalmel prétend que L'Espine et le était envoyé par ses supérieurs. Pen-
prieur des Augustins Gerbault prê- dant un an,- il y prêcha, devant un
chèrent les doctrines évaDgéliques à nombreux auditoire, la repentance et
Tours dès le commencement de l'an- la rémission des péchés par la mort de
née 1552. Les premières assemblées, Jésus-Christ ; aussi finit-il par devenir
dit-il, se tinrent dans les excavations suspect aux autres moines , et pour
qu'offrent les coteaux de Saint-Geor- échapper au bûcher, il dut se retirer à
Montargis sous la protection de Renée
(1) Cabricl de Goulaine eut doncdeuxfilles, de France. Bayle se trompe lorsqu'il
ou bien aurions- nous été induit en erreur par
les généalogistes (Voy. V, p. 327)? dit qu'il fut un des depuis s des PIP-
LES — 38 -* LES
testants au colloque de Poissy; il y foi et amis de la paix ( Voy. III, p. 347).
assista, il est vrai, et y joua même A partir de l'année 1564, il n'est
Tbh.(Voy. Il, 263), mais il n'a- plus fait mention de L'Espine pendant
un p.
vait reçu de. mandat d'aucune église. deux ans. Nous le retrouvons à Paris,
Arçère; écrivain généralement fort en 1566, disputant en présence du
exact, nous apprend, qu'après la clô- duc de Bouillon, avec deux docteurs
ture du colloque, L'Espine fut donné catholiques sur les points controver-
pasteur à l'église de Fontenay-le- sés entre les deux Églises (Voy. VI,
pour
Çomte, qu'il quitta bientôt après pour p. 233). Il était de nouveau dans cette
aller desservir celle de La Rochelle, où ville pendant la Saint-Barthélémy, à
il passa, ajoute-t-il, plusieurs années. laquelle il échappa comme par miracle.
On aurait tort de conclure de là que le Couvert de la livrée d'un domestique,
séjour de L'Esjùne daus celte ville s'y il essaya de sortir delà ville avec Ma-
prolongea aussilonglemps sans aucune delaine Briçonnet, veuve de Thi-
interruption. En 1564, il fut appelé à baut de Longnejoue, sieur d'Iverny,
Provins pour y établir le culte protes- et nièce du cardinal Guillaume Briçon-
tant conformément à l'édit de pacifica- net, dame, dit de Thou, de beaucoup
tion et auxlettres-patentes que Saint- de lecture et, d'une grande instruction.
Simon et son beau-fils Besancourt Malgré le soin qu'elle avait pris de se
ây.aient obtenues du roi, lesquelles déguiser, ainsi que sa fille Françoi-
avaient été entérinées à Provins à la fin se (1), elle fut reconnue par lés égor-
de juillet ou au commencement d'août, geurs, jetée à l'eau et assommée- par
en dépit de l'opposition' du clergé ro- des bateliers. Pendant que, les assas-
main. Montés avait été assigné aux sins s'acharnaient sûr son cadavre;
Huguenots pour lieu de'culte; mais le L'Espine réussit à se perdre dans la
fermier, à l'instigation des prêtres ca- foule, et gagna Montargis. Après la
tholiques, ayan t refusé de louer sa gran- mort de Renée de France, il se rendit
ge, le service divin dut se célébrer en à Genève (Arch.de la Comp. despas-
plein air, dans un champ appartenant teurs, Reg. A); mais, au mois de
à l'élu Barengeon. Plus de 20,0 per- juillet 1576, il fut appelé comme pas-
sonnes,, parmi lesquelles on distinguait teur à Saumur. Deux ans plus tard,
d'Êsternay, Saint-Simon et Bes.an- le Synode national de.Sainte-Foy le
çourt., fils de sa femme, à'Umbrée ou donna à l'église d'Angers, qu'il paraît
Vimbré, Du Bu.at, de La Gravelle, avoir desservie jusqu'au traité de Ne-
M™', A'Iverny, assistèrent au sermon mours (Voy. Piècesjuslif. N° XLVIil).
de L'Espine, qui prêcha à l'ombre d'un Forcé de fuir, il se retira à Saint-Jean-
noyer,, ayant devant lui une table cou- d'Angély, d'où il adressa à son trou-
verte d'un tapis et une Bible ouverte peau une Letire, datée du 25 février
sur cette table. S'il faut en croire Hat- 1586, qui a été publiée dans les Mé-
tou, dont les Mémoires vont être pu- moire; de la Ligue (T. I). L'Espine
bliés par M- Bourquelot, ii oublia les reproche aux fidèles de son église les
défenses de l'édit jusqu'à déclamer avec nombreuses apostasies qui avaient
eu
violence contre l'Église romaine, en lieu parmi eux. Ces chutes, leur dit-il,
sorte qu'il fallut lé faire sortir dé Pro- prouvent que l'homme n'est que va-
vins; mais cet écrivain montre, en nité, et que, sans l'aide de Dieu, il
circonstances,tant ne
toutes de fanatisme,
que son témoignage ne peut balancer (1) Sauvée par Marcel, cette demoiselle é-
celui d'Arcère, qui affirme que L'Es- Sancy pousa, en secondes noces, Robert de Harlay-
pine réunissait à un grand savoir beau- France.etElle devint gouvernante des enfants de
avait trois soeurs: Jeanne, femme
coup de modération, ni surtout celui du marquis de Renel, tué a la Saint-Barthé-
de l'apostat Pierre Charpentier, qui. lemy; Madelaine, épouse de Jacques de Uerily,
le range parmi les ministres de bonne baron et Marie, qui se maria avec Jean ïaveau,
de Mortemer.
LES
- 39 — LES
peut résister aux assauts de Satan. Il et plus l'en dispensast assés, on voulut
faut donc veiller et prier continuel- faire accroire qu'avant que mourir, il
lement.' Il est triste de voir des gens ,avoit changé d'opinion, et à la mort,
qui, depuis 25 ou 30 ans, faisaient pro- recogneu l'Eglise romaine pour la
fession de l'Évangile, entraînés si ai- vraie. Ce qui estait faux, mais qu'on
sément par la crainte de perdre leurs eustbien désiré faire passer pour vrai, .
biens temporels. Il est triste de voir si on eust peu ,~à cause de la grande
que les menaces des hommes ont plus doctrine de ce personnage et preud'-
de force que les menaces du Sauveur hommie, confessée mesme par ses
et ses promesses. Peut-on arriver au adversaires. »
ciel autrement que parun chemin semé L'Espine, qui passait pour un excel-
de pierres, de ronces et d'épines? La lent prédicateur, n'a pointJque—nous
vie du chrétien est une guerre per- 'sachions, publié de sermons (1) ; mais
pétuelle avec le monde. C'est dans il nous a laissé un^ielit nombre d'ou-
l'affliction que Jésus est le plus près vragesAle controverse et d'édification,
de nous; mais nous sommes des gens «
où/dit Baylo, la piété et la bonne
abrutis qui ne. recherchent que les morale paroissentavec éclat.» En voi-
plaisirs des sens,. plaisirs passagers ci la liste aussi complète que possible.
comme le monde, tandis que la Parole
de Dieu demeure éternellement (1).
I. Discours du vray sacrifice et
du vray sacrificateur; euvre mons-
x
Après l'avènement au trône de Hen- trant,par tesmoignagesde lasainc~
ri IV, L'Espine fut placé comme minis- te Escripture,lesabus de lamesse et
tre à Saumur (2). Sur la fin de sa vie, l'ignorance et superstitiondesprebs-
ses facultés intellectuelles s'étant con- tres, Lyon,1564,in-8°;trad. en angl.,
sidérablement affaiblies, le consistoire 1592, in-8°.
l'engagea à prendre sa retraite, en pro- IL Traicté consolatoire contre
mettant de lui continuer son traitement; toutes les afflictions qui adviennent
mais le zélé serviteurdu Christ ne vou- ordinairement aux fidèles Chres-
lut point y consentir, croyant de son tiens,Lyon, 1565, in-8°;trad. enlatin
devoir de mourir sur la brèche. De son par Th. Gualterus, Gen., 1591, in-8°.
" côté, le Synode national, qui se tint III. Traicté des tentations et
la même année à Saumur, lui en- moïen d'y résister, Lyon, 1566,in-8°;
voya Charnier et Dorival, dans le 1568, in-8".
vain espoir de vaincre sa résistance. IV. Actes de la dispute et confé-
L'Espine vécut encore quelques mois. rence tenue à Paris, en 1566, entre
Après avoir raconté la prétendue deux docteurs de Sorbonne [Vigor
conversion de Bèze, L'Etoile ajoute : et de Saintos] et deux ministres de
« On en fist courir autant du ministre
l'Eglise, réformée [L'Espine et Du Ro-
de Lespine, décédé en ce mesme temps sier], Strasb., 1566,in-8°; Paris, 1568,
à Saumur ; auquel, parce que l'esprit in-8".
vacilloit un peu, mesme en preschant, V. Défense et confirmation du
aïant voulu continuer sachargejusques traicté du vray sacrifice et sacrifi-
à la fin, encore que son âge de 80 ans cateur, àl'encontre des frivoles res-
ponses et argumens de M. René Be-
(1) Cette lettre signée De L'Espine et
,Le Mercier, ancien,estfaisant les fonctions noist,Gen., 1567,in-8°,âvecle N° I.
de
secrétaire. VI. L'excellence de lajustice chres-
(2) Rien ne prouve qu'il se soit depuis éloi-
gné de son église; aussi n'admettrons-nous (1) Le pasteur Vincent avait le dessein de
qu'il est l'auteur de la Remonstrance au roy, publier un sermon sur la Cène, prêché par
publiée parti.CharlesReaddansson Henri IV L'Espine à La Rochelle en 1587; y a-t-il
et datée de Houdan, 2 août 1592, que quand donné suite? Nous ne savons non plus.si l'on
on apportera a l'appui une preuve plus con- doit regarder comme un sermon l'Exhortation
vaincante qu'une signature ajoutée au bas sur Ps. XV, dont Watt mentionne une trad.
du document par une main inconnue. anglaise, n'ayant pu nous procurer cet écrit.
LES 40 — LES
—
Vinstruction allem., Hanau, 1603, in-40.— Dédié a
tienne pour et conso-
lation des enfans de Dieu, Gen,, Henri IV. publié,
1577, in-8»; trad. en angl., LoDd., Selon Jocher,L'Espine avait
en outre, un traité du Ministère de
1577, in-8°.
VII. Traicté de l'apostasie, 1583, l'Eglise etun autre des Temporiseurs,
in-12 ; trad. en anglais, Lond., 1587, qui se trouvent peut-être, ainsi qu'un
in-8°. troisième traité de la Consolation des
VIII. Dialogue de la Cène, plus un malades, signalé par Bayle , dans la
Traicté du vray sacrifice et vray sa- Troisième partie des opuscules théo-
crificateur, rev. et corr. par l'auteur, logiques de notrepasteur (Gen., 1607,
1583 in-12. —Dédié à Anne Gou- in-16)Fdont Draudius parle dans sa Bi- >
1591, in-12;. La Roch,, 1594, in-12; 1571, qui se trouvent dans \&Collect.
Gen., 1599, in-16; augm. d'un Nou- Fontanieu (Vol. 316 et 322), Dousa-
veau discours de la Tranquillité de vons rencontré, dans lecours de nos re-
l'âme, Gen., Chouet, 1613, in-12; cherches, la Réponse qu'il fit avec Du
trad. en latin, avec d'autres opuscules Rosier à la Réplique de Vigor et de
théologiques du même auteur, Gen.. Saintes (Fondsde Béthune,N. 8770),
1591, in-8"; en angl., Camb., 1592 , réponse que nous croyons inédite.
in-4°;enallem.,parHaubenreich,1610. LESTANG, famille protestante du
—Draudius en cite une édit. de Basle, Poitou, qui reconnaissait pour chef, à
1587, in-8"; c'est probablement une l'époque où les guerres de religion
faute typographique. Ces discours trai - éclatèrent, Charles de Lestang, sieur
lent de l'Avarice, l'Ambition, la Co- de RT, marié, depuis 1556, à Jeanne
lère, l'Envie, la Volupté, la Curiosité, Chauvin. Charles de Lestang est ap-
la Crainte. Ils sont dédiés à La Noue, paremment le même que le capitaine
par Simon Goulart, qui a donné l'é- Lestang, qui servit sous La Noue, en
dit. deBâle, 1588.—Style clair, sim- 1569. Il laissa cinq enfants, dont trois '
ple, naturel, qui place L'Espine au filles: LOUISE, SIBYLLE-et DAMIENNE,
nombre des bons prosateurs du xvi° et deux fils : JEAN et PHILIPPE, sieur de
siècle; connaissances étendues dans la Cibillé. La destinée de ce dernier est
littérature sacrée comme dans les let- inconnue. Jean épousa Anne de
tres profanes. ChouppesM^ de François de Choup-
XI. Traicté de la Providence de pes et de Claude de Bidôux,dontil eut:
Dieu pour le repos et contentement 1° FRANÇOIS, qui suit; 2° Louis,
des consciences fidèles, Gen., 1591, souche de la branche deVILLAINES; —
in-8°; trad. en latin, Gen.,1591, in-8°; —
3° GÉDÉON, qui fonda celle deFuRiGNY;
nouv. édit. augm. d'un Traicté de la — 4° SUSANNE; — 5° JUDITH.
vraye participation que nous avons
1 I. François de Lestang,' sieur de
à la chair et au sang de J.-Ch. La Ry, prit pour femme, en 1603, Fran-
-
qu'il avait osé parler librement du fa- Samuel Le Sueurjouit, de son temps,
meux privilège de Ja Fierté. «Il se trou- de la réputation d'Un bon poète. Nous
vait qu'aux années précédentes, dit M. ne croyons pas que l'on ait rien impri-
Floquet, des choix du chapitre parais- mé de lui, mais on conserve à la Bi-
sant critiquables, avaieut été attaqués bliothèque de Caen plusieurs pièces
-
au Conseil du roi par les héritiers des manuscrites sorties dé sa plume, cûm-
homicides; que là, avocats, gens du weAbrahamisacrificium,in-l°;Diss.
roi, s'en prenant à ce privilège, dont surplusieurs points delà grammaire
on avait si scandaleusement abusé na- grecque, in-4°; Sur la prosodie en
guère, dont on abusait encore, en con- général, in-8°; Extraits de différ'ehs
y
testantla légalité et en recherchant cu- auteurs sur les esprits , les 'voyelles
rieusement l'origine avaient fort mal et les diphthongues grecques, in-8°;
traité la légende du, dragon de saint Extraits de différens auteurs sur Va
Romain, la qualifiant defable.«Mais ce construction,la lecture et lapronon-
que les avocats catholiques Bouthillier ciation de la langue grecque, in-8",
et Sacy avaient pu sepermettreen plein Cette branche de la familleLe Sueur
Conseil, non-seulement^avec impunité, a persisté dans la profession de la re-
mais avec approbation" des juges, fut ligion protestante. Jacquès-Guillâumè-
imputéà crime au conseiller huguenot, Samuel Le Sueur, sieur de Colleville,
Le président l'interrompit durement, et fils de Guillaume Le Sueur, et A'Aniie-
bientôt après, Colleville reçut l'ordre de Esther Morin, sous-lieutenant dans le
se défaire de sa charge en faveur d'un régiment de Penthièvre, épousa, en
catholique. Cet ordre violait à ia fois 1783, dans la chapelle de l'ambassade
de Hollande, Catherine-Marie dé
(1) Le 30 sept, de la même année mourut Brossard(Élai civil de Paris.Chapelle
Également à Paris, à l'âge de 42 ans, Pierre de Hollande, N° 97). Sa soeur, Anne-
Le Sueur, sieur de Pètiville; était-ce son Sophie-Henriette-Madelaine, née à
frère?
LES — 48 — LES
Saint-Aubin, dans le pays de'Caux, et modèles en cire, dont 2 Vénus et \
à l'âge de 15 ans.le 2 mai 1781, Bacchus. Mais de tous les ouvrages de
morte,
avait été enterréedans le cimetière pro- ce maître, il ne reste plus, d'après
testant du Port-aux-Plâtres (Ibid. Walpole, que la Statue en bronze de
Port-aux-Plâtres,N°.82.) William, comte de Pembrohé, dans
LE SUEUR (HUBERT),appelé aussi la galerie de peinture à Oxford, et la
Le Soeur, Le Seur, Le Soer, excel- Statue équestre de Charles Ique l'on
lent statuaire, « du petit nombre de admire encore à Londres, sur la place
qui peuvent être dits -classiques de Charing-Cross, et qui avait été exé.-
ceux »
(1).
au jugement d'Horace Walpole, était cutée aux frais du comte Arundel
élève de Jean de Bologne, et obtint le Il ne faut pas la confondre avec celle
titre de sculpteur ordinaire du roi. Il dont nous avons parlé plus haut. C'est
passa une partie de sa vie en Angle - dit-on, la première statue équestre
terre. Il avait épousé Marie Le Seine, coulée en Angleterre; elle a été gra-
dont il eut au moins deux enfants :. un vée par W. Hollar. Ce beau bronze
fils, nommé ISAAC, qui fut enterré à faillit périr au milieu des commotions
Great St. BartholomeVs, le 29 nov. politiques. Depuis 1633, il était dé-
1630, et une fille, MARGUERITE, qui posé près de l'église de Covent-Gar-
épousa, en 1650, Etienne Valet, in- den, et attendait qu'on le mît en place,
génieur au service de Savoie, fils de lorsque survinrent les troubles civils.
Pierre Valet, brodeur et valet de Le parlement le fit vendre comme
chambre du roi, et de Marie Joly'(B.eg. vieux métal au fondeur Jean Rivet
deCharent., ann. 1650). La plupart (peut-être un réfugié), avec ordre de le
des ouvrages de Hubert Le Sueur ont détruire. Mais soit que l'artiste prévît
péri. De ce nombre "Walpole cite : qu'en raison de sa violence, la révolu-
1° Un buste de Charles!, en bronze, tion n'aurait qu'un cours très borné,
avec casque surmonté d'un dragon ; —• soit que l'amour de l'art l'emportât
2° Les statues qui décoraient la fon- chez lui sur la prudence, il enfouit
taine de Somerset-House; — 3° Six cette statue, et présenta des fragments
statues en bronze dans le palais de de bronze pourfairecroirequel'ordredu
St-Ja'mes. On doit ajouter à ces pertes parlement avait été exécuté. A la Res-
une Statue équestre de Charles I, en tauration, il s'empressa de la remettre
bronze, qui avait été placée à Roham- au jour, et vers 1678, elle fut érigée
ton, et pour laquelle l'artiste avait reçu sur le piédestal où on l'admire encore
600 liv. M. Charpentier reproduit "le aujourd'hui.
contrat dans ses Mémoires et Docu- LE SUEUR. (JEAN), ministre pro-
ments inédits, etc., Anvers, 1845. On testant et historien de l'Eglise chré-
voit danslemême ouvrage qu'en 1638, tienne, dont le nom mériterait d'être
Le Sueur s'engagea à exécuter, au mieux connu, naquit, vers 1603, à
prixde3401iv., deux statues en bronze, Clermont-en-Beauvoisis. Il fit ses
dont l'une représentant Charles I. Ce études en théologie à Sedan, comme
prince, qui savait apprécier son mérite, nous l'apprennent les Thèses sedan.
le chargea d'aller acheter des modèles où l'on en trouve deux qu'il soutint en
à Paris. 11 lui confia beaucoup de tra- 1626 et 1627, l'une De justificatione
vaux. Dans une lettre que Le Sueur etfidejustificante,VmlreDecommen-
lui adressa et où il se dit son « obéis- titio misse sacrificio. Ses études ter-
sant et indigne Praxitèle, » il sollici- minées il fut nommé pasteur à La
te le paiement de divers ouvrages : Ferté-sous-Jouarre. ,
« C'était, dit Ancil-
360 liv. pour un Mercure, qui devait
servir à la décoration d'une fontaine ; (1) Selon le même écrivain,
on attribue
30 liv. pour unbustede S. M., le front de aussi a Le Sueur le monument de la duchesse
Lenox, mats il n'est pas certain qu'il soit
ceint d'une couronne ; 9 liv. pour trois
LES — J9 — LES
Ion, un homme de bien, un vray mi- III. Histoire de l'Eglise et de
nistre, sans orgueil et sans vanité, qui l'Empire, depuis la naissance de J.-
vivoittrès bien avec son troupeau. » Ses Ch. jusqu'à- la fin du X' siècle,
collègues lui donnèrent fréquemment Gen., 1672-77, 6 vol. in-4° ou 8 vol.
des preuves de leur estime, notamment in-12; Gen., 1679-86, 8 vol. in-4°;
en 1669, où ils l'élurent vice-président nouv. édit. revue, corr.etaugm.,Amst.,
du synode de l'Isle-de-France, qui se 1730, 8 tomes en 4 vol. in-4°; conti-
tint à Charenton, le 9 mai (1), en pré- nuée par Bénédict Pictet, Gen., 1713,
sence du conseillerJacques Du Candal, 2 vol. in-4°; Amst., 1732, 3 vol. in-4°.
commissaire du roi. Tous les instants — Cette histoire est écrite avec autant
que lui laissait le consciencieux ac- de candeur que de bonne foi. Claude
complissement de ses devoirs comme la plaçait au-dessus des Centuries de
pasteur, Le Sueur les consacrait à Magdebourg et des Annales de Baro-
l'étude. Bien que confiné dans une pe- nius ; elle est au moins plus impartiale
tite ville loin des grands centres litté- et plus fidèle.
raires, il osa entreprendre une histoire Le T. XIV de la Collection Conrart
ecclésiastique dont les premiers vo- contient, enoutre, plusieurs pièces iné-
lumes reçurent un accueil très-favo- dites de Jean Le Sueur : des Eclaircis-
rable. Ses infirmités l'obligèrent mal- sementssurle Ps.CX,1,et sur Matth.
heureusement à suspendre son travail. II, 15, 23; des dissertations sur le
Il le reprit, il est vrai, en 1679, sur nom d'Elohim, sur le morceau que
l'invitation du synode de Charenton Judas reçut de Jésus, sur les Phari-
(Jacobins St-Honoré, N° 30) ; mais siens, les Esséens et les Sadduciens ;
quelque ardeur qu'il y mît, il ne put une Explication de Jacq. IV, 5-6 ;
le conduire quejusqu'auonzièmesiècle. des Remarques sur divers passages,
II mourut au mois de janv. 1681. On a et un morceau intitulé : Du Pérou, si
de lui : c'est l'Ophir dont parle l'Ecriture
I. Response à une lettre sur les sainte.
principales difficultés qui-se ren- Jean Le Sueurl aissa un fils, nommé
contrent en la généalogie de N. S. FRANÇOIS, qui suivit la carrière ecclé-
J.-Ch., Sedan, 1658, in-4°.—Datée siastique, et desservit l'église de Lisy.
du 24 oct. 1649. 11 épousa Charlotte de Vrillac (Arch.
II. Traité sur la divinité et lavérité TT. 248), dont il eut plusieurs enfants,
de l'Escripture saincte.— Ouv. saisi entre autres, une fille, CHARLOTTE-
chez les libraires de Paris, en 1685. CATHERINE, présentée au baptême, le
(1) Kous avons trouvé les actes de ce sy- Jean Des Ormeaux, min.; Clermont, Philippe
node aux ATCh; générales dans une liasse co- Tricotel et Esaïe Du Cormier, sieur de La
tée TT. 321. Claude, député par l'église de Haye ; Laon, Pierre de Beaumont et Duvay)
Paris, avec Loride-des-G-alinières et de Beau- Cliéry, J. Régnier, min.; Villers-lès-Guize,
champ, y présida. Voici les noms des députés: P. Georges, min.; Chauny, Louis Garnier et
Meaux, Philippe Vamier, min.; Senlis, M. de Jean Des Bayes; Coucy, Jean Villain, min.;
Laubéran et Philippe Muisson ; Château - Eppes, David de Proisy, anc; Prouville,
Thierry, J. Pages, min.; Lisy, F. Le Sueur; J. Severin et Louis de Brossard; Gercy,
Chalendos, P.Sacrelaire,min.; Morsan,Jérôme Abraham de Rambours, anc; Poireauville,
de Satur, min.; La Ferté-sous-Jouarre, /. Le Paul Couliez, min.; Vilry, Benj. Auguenet et
Sueur et Abdias Le Clerc; Fontainebleau, Philémon Cadet, qui fut élu secrétaire ; Châ-
Henri Drelincourl, min.; Roucy, Frémin, anc; lons, Jérémie Ourlet et Paul Mauclerc; Vassy,
Béthisy, Du Prat, min.; La Korville, J. Far- Abr. Jaquelot, min.; Aï, Pierre Trouillart,
cy, min.; Claye, David Des Polz et Isaac Co- min., élu secrétaire ;Terneuil, Daniel Coltin,
chard; Calais, Jacq. de Prez et Louis Del- min.; Chaltray, Louis de Prez et J .Couturier;
becque; Amiens, Sam. Georges et Samuel Falaise, Jacq. Rondeau, min.; Imécourt, Abel
Bridel; Boulogne, Nicolas Auberlin, min.; de Lambermont, min.; Sézanne, Jacq. d'Alle-
Oisemont, Jacq. de Vaux et Jean Vaucquer; magne, min.; Hailtz-le-Maurupt,Pierre Ver-
Saint-Quentin ,' Daniel Mettayer et Daniel chand, min.; Nettancourt, Pierre de Serval,
Lieurard; Abbeville, Phil. Chenevix et Charles min.; Espence, Pierce Le Jeune, min.; Saint-
Le Fournier, sieur de Neufville; Compiègne, Ua.ti, Detforlerie, min.
T. VI!. *
LET — -
50 LET
âgée"déjà de 21 ans, FRANÇOISE, qui
A 3 févr. 1676, par Jacques de Raquet,
sieur de Mollien, et Catherine de n'en comptaitencore que 8, et SUSANNE,
Besset, sa grahd'mère maternelle, et née en 1735.Sa seconde fille, nommée
fils, né 1677, qui est appa- JEANNE, qu'elle avail gardée auprès
un en mars
remment identique iwecLoîtis-Charles d'elle, fut mise dans le couvent des
Le Sueur, successeur, en 1715, de Ursulines de Hédé. Après trois années
Jacques Cairon dans la place de pas- de détention, sa constance ne se dé-
teur de la petite église de Thorney- mentant pas, on lui fendit la liberté, et,
Abbey. Cette église, fondée par Ezé- en 1744, on permit également à sa fille
chiel Danois, en 1652, avait été des- de sortir du monastère où elle était dé-
servie, depuis la révocation, par Du tenue, pour épouser un marchand de
Mesnil-Jemblin, ancien ministre de Caen, qui professait, comme elle, la re-
Saint-Pierre-sur-Dive, et par Cairon. ligion réformée.De toute cette famille,
Elle comptait parmi ses membres des il n'y eut donc que le fils aîné ETIENNE ,
Prévost, des Gâches, des Boyer, des né à Jersey en 1728, qui abjura. Il a-
Le Fèvre, des Flahaut, AesLe Roux, vait, été laissé par ses parents dans les
des Le Grain, etc. Louis-Charles Le îles anglaises. Deveuu grand, et après
Sueur èpoxis& Marianne de Monceaux, s'être livré à toutes sortes de débau-
et en .eut une fille présentée au bap- ches, il prit le parti de rentrer en France
tême, en 1723, par Pierre Le Sueur, et dese convertir,en1750,pouréchap-
qui fut le dernier ministre de l'église per aux poursuites de ses créanciers
française de Cantorbéry, et par Anne- (Arch. gén. TT. 343). La plupart des
Agathe Gloria, veuve du graveur conversions volontaires qui se faisaient
Etienne de Monceaux. Nous ne con- à cette époque, étaient dictées par des
naissons aucune autre particularité de motifs aussi peu honorables.
sa vie. Il ne faut pas le confondre avec La famille LeTellier avait embrassé
Louis Le Seur-de-La Prade, qui fut de bonne heure les doctrines évangé-
pasteur, àpeu près vers le même temps, liques. Dès 1563, il est fait mention
de l'église de Wapping. Ce dernier dans l'histoire de la Réforme à Dieppe
avait desservi auparavant l'église de d'un Nicolas Le Tellier, suffragant
Crispin-Street et celle duPetit-Charen- du pasteur Saint-Paul, qui fut député
ton. fondée en 1701; HenriDaubigny au Synode national de Lyon et qui se
en avait fait la dédicace, le 13 avril, réfugiaàRyeàlaSaint-Barthélemy.Un
assisté du proposant Paravisol. Peu siècle plus tard, Jean-Jacques Le Tel-
nombreuse, elle n'eut qu'une courte lier, de Saint-Lô, qui avait fait ses é-
existence. Dans les registres des bap- tudes à Sedan, où il avait soutenu, eu
têmes et des mariages qui s'y célé- 1637, une thèse De sanctis et eorum
brèrent, on remarque les noms de Cou- cultu, publiée dans les Thèses sedan.,
sin, Poitevin, Andrieu, Soret, Des- desservait l'église de Pont-Audemer.
mortiers, Morin, Charadame, etc. Il sortit de France à larévocation,ainsi
LE TELLIER(DAVID), sieurde La que plusieurs autres protestants nor-
Bodière, marchand de Vitré, passa en mands du même nom.
Angleterre, en 1728,nous ne savons si LETTES (JEAN DE), évoque de
ce fut pour cause de religion ; mais il Montauban converti.au protestantisme.
ne tarda pas à revenir en France et Fils cadet d'Antoine de Lettes et de
mourut à Vitré, eu 1739. Sa veuve, Blanche Des Prés, et frère du sire de
Marie de Gennes ou Gènes fut, dès Monlpezat, maréchal de France, Jean
l'année suivante, enfermée dans le cou- de Lettes entra jeune dans les ordres
vent des Grandes-Ursulinesde Rennes, et ne tarda pas à être pourvu d'un bé-
parce qu'aprèsla mort de son mari, elle néfice dans la collégiale de Sapiac. Vi-
avait renvoyé en Angleterre quatre de caire général en 1529, évêque de Be-
ses enfants, DAVID, né en 1730,MARIE, ziers en 1537, il fut appelé, en 1539,
LET — 51 — LET
à succéder à son oncle Jean Des Prés menuisier, Guill. Ldboral, orfèvre,
sur le siège épiscopal de Monlauban ; Antoine Gamier et Antoine Perroy^
mais il n'en Tetint pas moins l'évêché tanneurs, Claude Bretin, potier d'é-
de Beziers, qu'il permuta seulementen tain, Etienne Baulard, boucher, Jean
1543 contre l'abbaye deMoissac. Lors- et Pierre Grosperrin, Nicolas Bo-
que les opinions nouvelles se répandi- quillot et Etienne Joliot, vignerons,
rent dans son diocèse, Jean de Lettes, Antoine et Georges Lounetey, Phi-
gagné, dit-on, à la Réforme par Fran- lippe Roillot, formier, François Bou-
çois Calvet, s'en déclara le sectateur, .
chot, hôtelier, Jean Champy; pelletier,
"et, dès 1556, il Claude Chouet, Claude Chebillotte,
se maria avecArmande
de Durfort-de-Boissière veuve de Gaspard Bergier, armurier, Barthé-
,
Guillaume de Rousquet. Lebret affirme lémy Banstiche. tailleur, Jérôme Du
que le mariage était clandestin, mais Soulier, Jean Badenolle, Jean Gau-
que le secret ayant transpiré, de Lettes dot, Antoine Le Goux, Henri Paris,
fut obligé de résigner son évêché à son Louis Prost, marchands, Etienne
neveu Jacques Des Prés et son abbaye Bnillard, dit le capitaine Besançon,
de Moissac au cardinal de Guise. La ré- Léonard Maire, notaire, Nicolas Ro-
signation eut lieu en effet; cependantil billard, teinturier. La seigneurie de
est probable que le mariage de l'évêque Berne, ne pouvant refuser de sévir, fit
de Montauban servit simplement de pré- poursuivre criminellement François de
texte aux princes lorrains pour s'em- Lettes, ainsi que ses complices ; mais
parer d'un riche bénéfice; car, en1557, il est probable que ce fut pour la forme
Jean de Lettes fut nomméabbé de Lieu- seulement. Le baron d'Aubonne s'at-
Dieu. La même année, redoutant sans tira une plus fâcheuse affaire par un '
doute quelque nouvelle persécution, il meurtre qu'il commit, en 1583, sur la
prit le parti de se retirer à Genève avec personne du bailli de Morges. Il fut
sa femme et ses enfants. Le 15 mars banni temporairement du canton de
1558, il fit l'acquisition de la seigneu- Berne, et sa baronnie mise sous le sé-
ried'Aubonne, dont il disposa,'en1559, questre. A l'expiration de sa peine, il
par son testament en faveur d'Ar- rentra dans le pays de Vaud et y leva
mande de Durfort, de sa fille MARGUE- quelques troupes à la tête desquelles
RITE et de ses deux fils JACQUES, et ilallaservirdansleDauphiné, en1587.
FRANÇOIS. Ce dernier, baron d'Au- 11 y éprouva une défaite complète et
bonne, prit part, en 1575, à l'expédi- perdit son lieutenant Simonin de Mont-
tion dirigée par Beaujeu contre Besan- béliard. Quelques années plus tard, en
çon (Voy. II, p. 91). Les magistrats 1590, nous le retrouvons à Montau-
bisontins se plaignirent au sénat de ban, engagé dans un procès contre l'é-
Berne de cette violation de territoire, vêque Henri Des Prés au sujet du
en lui envoyant la liste de 42 Réfugiés, château de Beauvais, qni, faisait partie
gens de toutes professions, qui avaient de la succession de son père et dont
trempé dans l'entreprise. Voici leurs l'évêque s'était emparé. Ayant, eu une
noms d'après une copie de cette liste querelle avec un gentilhomme, qu'il
qui se conserve aux Archives de Ge- blessa en duel, il fut mis en prison, et
nève, N° 1964 : le capitaine Beaujeu, y mourut, au rapport de Lebret.
le baron d'Aubonne, les capitaines La- LEVADË (CTPRIEN), fils de Jean,
bigan et Roland, Jean Chemille'ret, Levade,de Saint-Marsan en GuieDne,et.
apothicaire, Etienne Dombelle, cou- à'Isabeau de La Salle, s'était établi à
turier, Claude Belin, Claude Béguin Lyon, où il exerçait la profession de
et Thibaut Benoît, cordonniers, Phi- chirurgien, lorsqu'il épousa Anne
lippe Champion, chirurgien, Etienne Neutte,û]\e Ae Pierre Neutte, drapier
Oudot,orièvre,Simon Ferry, Etienne à Sedan, et de Marie Lespine, du con- .
Saigé, Marc Lardier, Jean Simonin, sentement de son oncle Isaac Du Bour-.
LEV K2 — LEV
—
dieu, pasteur à Montpellier. De ce ma- vignerons de Vevey, doitsa restauration
en 1797. Il mourut à Vevey, le.2
août
riage naquit, en 1674, JACOB, qui fut
présenté au baptême par le médecin 1839.Sa îemme,Jeanne-Marie Justa-
Jacob Spon et'pat:Elisabeth Zolliko- lui avaifdonné deux fils et une fille.
mon,
fer. A la révocation de l'édit de Nan- Cette dernière nommée EMILIE-HEN-
,
tes , la famille Levade se réfugia dans RIETTE-PHILIPPINE, naquit en 1786 et
le canton de Vaud, où il nous est pos- épousa, en 1805, Louis Du Toit, de
sible de la suivre,grâce à l'obligeance Moudon,établi comme négociant à Tu-
de M. Dumont, bibliothécaire à Lau- in. Le fils cadet, CHARLES-ISAAC, né le
sanne , qui nous a envoyé sur elle les 25 août 1784 , mourut jeune et sans
renseignements les plus complets. Nous alliance,, officier au service de là com-
nous contenterons de reproduire lano- pagnie deslndes.L'aîné,Pi-ERRE-DAVID-
tice qu'il a bien voulu rédiger pour la BARTHÉLEJIT, pharmacien, né à Vevey,
France protestaute,nospropres recher- le2S mars 1781,etmortle 13 juin 1854,
ches ne nous ayant rien fourni à y ne laissa que des filles de son mariage
ajouter. avec Lydie Naegelicèlèhrè en 1806,
Jacob Levadeprilpourfemmeilfan'e- savoir : LOUISE, CAROLINE, femme de
FrançoiseBemard, quilerendit père M. PaUlBurnier, ministre à Lausanne,
de CYPRIEN-LOUIS, né à Bex, le 27 EMILIE, LTDIE, mariée au '-pasteur de
août 1707. Ce dernier vécut à Vevey, Montreux, M. Victor Guénod, CHAR-
où il pratiqua la chirurgie, m ai s il mou- LOTTE et MARY.
rut à Lausanne le 27 sept. 1783,ayant Louis Levade a publié quelques ou-
eu cinq enfants de son mariage avec vrages, dont nous ne pouvons donner
Judith Genevois, savoir : 1° MARIE-' que les titres.
ANNE-FRANÇOISE-MARGUERITE née le I. Observations et réflexions sur
14fév. 1741, femme, en 1767,, de Bu- quelques matières de médecine, Ve-
gnion, pasteur à Prilly, et morte le 5 vey, 1777, in-12.
nov. 1831 ;—2° Louis, qui suit;—3° ll.Rapport fait à la Soc.des scien-
JEAN-DAVID-PAUL-ETIENNE,qui suivra; ces physiques à Lausanne sur un
— 4° JEANNE-ÀLBERTINE , née à Lau- somnambule naturel,Ls.\xs.,ii778,8.
sanne, le 7 oct. 1752, et morte sans Iil. Dictionnaire géographique,
alliance en 1832 ;—5*MARIANNE-MIL- statistique et historique du canton
DRED, néele18janv. 1754, mariée, en de Vaud, Laus., 1824, in-8", avec
4772, àPierre-ElieBourgeois, un des cartes et planches.
bannerets de Lausanne. IV.Notes critiques sur le Diction-
I. Louis Levade naquit le 14 mars naire géographique et descriptifdu
4748. Il fit ses études en médecine et canton de Vaud [par Roger], Laus.,
prit le grade de docteur à Leyde. Il en- 4 828, in-12.
tra ensuite,en qualité.de médecin,dans On trouve, en outre, de lui dans les
la famille Orloff;mais en 1775,il quitta Feuilles du canton deVaud (Lausanne,
laRussiepour retourneraVevey. «Dans 1821-26), une Lettre sur les eaux
sa retraite, dit M. Dumont, il se livra minérales de VAlliaz, un Fragment
avec succès à la culture des sciences sur l'agriculture des anciens, et une
naturelles, tout en recueillant de nom- dissert, sur la Culture.de la vigne au
breux matériaux pour l'histoire natio- XIII' siècle.
nale.Son cabinet d'histoire naturelle et II. Frère du précédent, Jean-David-
d'antiquités était riche en minéraux de Paul-Etienne Levade a joui d'une ré-
la Suisse et de l'Allemagne,et son mé- putation qui n'est pas restée enfermée
dailler, fort bien composé, a été acquis dans les étroites limites de son pays na-
par le Musée du canton de Vaud.» C'est tal. Né à Lausanne, le 2 oct. 4750, il
à lui que la joyeuse fête,connuedepuis embrassa la carrière ecclésiastique et
deux siècles sous le nom d'Abbaye des fut appelé à exercer son ministère dans
LEV — 53 — LEV.
l'église wallonne d'Amsterdam. En XII. Rapports [XII] annuels de la
4 810, il disputa 'et obtint la chaire de Société biblique du canton de Vaud,
théologie dogmatique à l'académie de Laus., 1816-28, in-8".
Lausanne. C'est à lui que le canton de XIII. Le berger de Salisbury,trad.
Vaud doit la fondation, en 1816, de sa d'Anna Moore, Laus., 1818, in-8°.
première Sociétéhiblique.L'aménitéde XIV. Liturgie de famille, Laus.,
soncaractère,ladouceur desesmoeurs, 1823,in-8°; contref. à Valence, 1828,
lavariétéetl'étenduedesesconnaissan- in-12,etàNeuchâtel;nouv.édit.augm.,
ces faisaient rechercher sa société par Laus., 1829, iu-8°.
tous les étrangers qui,comme Gibbon et XV. Quelques réflexions sur la
Beckford, séjournèrent à Lausanne, et mort, Laus., 1825, in-8".
la bienveillance de son accueil ne con- LE VALOIS (PHILIPPE) , marquis
tribua pas médiocrement à conserver à deViLLETTE, lieutenant général des ar-
cette ville l'honorable réputation d'ho s- mes navales, né en 1632, de Benja-
pitalitê que Voltaire lui avait faite. Da- min Le Valois, sieur de Villette, et de
vid Levade mourut le 9 janv. 1834, Louise-Arthémise d'Aubigné, dame
sans avoir eu d'enfants de sa femme de Murçay, et mort à Paris, le 25 dé-
Anne-Marie Bugnion.\oici la liste de cembre 1707.
ses ouvrages : De Villette servit d'abord dans l'ar-
Ï.Lesméditationsdu doctewr Dodd mée de terre; mais n'obtenant pas un
dans saprison, trad. de l'angl., Amst. avancement aussi rapide qu'il l'espé-
[Laus.], 1780, in-8". rait, il tourna ses vues d'un autre côté
II. La suite de la vie et des opi- et entra dans la marine militaire, sans
nions de Tristam Shandy, trad. de aucune étude préalable, en sorte que
Sterne,YorcketParis, 1786,2 v. in-12. l'on peut dire avec vérité qu'il se forma
III. Sermons prononcés dans les uniquementpar la pratique. Promu, le
églises d'Amsterdamet de Lausanne, 12 mars 4 672, au grade de capitaine
Laus., 1791, in-8°. de vaisseau, il servit en second sur le
IV. Recueil de mots français déri- Fort. Deux ans après, il obtint le com-
vés de la langue grecque, et dont la
.
mandement de l'Apollon. En 4 676, il
composition donne à connaître le montait l'Assuré, sur lequel il combat-
sens, Laus., 1804, in-8°. tit à Messine et à Agosta. Lorsque
V. Lespreuves évidentes du chris- Louis XIV rappela l'escadre .de Sicile,
tianisme, trad. de W. Paley, Laus.,
-
abandonnant ainsi aux vengeances des
1806, 2 vol. in-8°. Espagnols les Messinois qui s'étaient
VI. Essai sur les moyens de per- fiés à. sa,parole, Villette fut attaché à
fectionner l'instrnciionreligieuse de l'escadre du maréchal d'Estrées, dont
la jeunesse, Laus., 1807, ia-12. la destination était les Indes occiden-
VII. Horoe Pauline, ou la vérité de tales. Madame de Maintenon, par re-
l'histoire de saint Paul, trad. de connaissance sans doute des soins ma-
W. Paley, Nismes, 1809, in-8°. ternels que sa tante avait pris de son
VIII. Diss. académique sur cette enfance \Voy. I, p. 186), avait conçu,
question : La science de la théologie en effet, l'odieux projet de lui enlever
a-t-elle fait quelquesprogrès dans le ses enfants pour les convertir; mais
dernier siècle, et si elle en.a fait, en comme elle redoutait une énergique
quoi consistent-ils? Laus., 4 810, 4°. opposition de sa part, elle s'était en-
W. Surlestemples,Lw.s.,h&Mt,k°. tendue avec Seignelay et avait fait
X. Sur les sépultures, Laus., délivrer au marquis de Villette une
4 816, in-8». commission qui devait le tenir éloigné
JÎ.Recueildeonze traités religieux de l'Europe pendant plusieurs mois.
et moraux, trad. de l'angl., Laus., Le père embarqué, il restait à prévenir
1816,in-8°. la résistance de la mère, sur le con-
LEV
EEV — 54 —
sentement de qui on ne croyait pouvoir conscience, et de l'autre, l'épaulette de
compter, bien qu'elle fût catholique; chef d'escadre qu'on lui promettait, se
on eut donc recours à une ruse qu'il décida pour l'épaulette. Le Mercure du
n'est pas besoin de qualifier. La soeur mois de janvier 4 686 eut ainsi une nou-
de la marquise de Villette, mariée à velle abjuration à enregistrer. « Ma-
Niort au président de Fontmort, l'in- dame de Caumon sa soeur, femme de
vita à venir passer quelques jours chez M. de Caumon, colonel de cavalerie,
•
elle, et la pria, à son départ, de lui convertit deuxjoursaprèslui, ajoute-
se
laisser sa fille jusqu'au lendemain, en t-il, avec M11-" de Caumon elAeMayne
prémettant de la lui ramener; mais à ses filles, par les soins du président de
peine la marquise eut-elle quitté Niort, Fontmort.» Lès Mémoires de Foucault
qu'elle se mit elle-même en route pour nous apprennent que ce Fontmort, pré-
Paris avec l'enfant. La petite fille, qui sident au bailliage,avait abjuré à Niort
se souvenait que son père l'avait me- le 20 déc. 4 685, c'est-à-dire le même
nacée, en partant, de ne la revoir ja- jour que Villette. Ce dernier, douze jours
mais , si elle changeait de religion, après sa conversion, fut promu au grade
pleura d'abord beaucoup; mais, ra- de chef d'escadre. Ce prompt avance
conte-t-ellé dans ses Mémoires, «je ment, joint à une augmentationde 4 000
trouvai le lendemain la messe du roi si écus qu'il obtint au°mois d'avril 4 688,
belle, que je consentis à me faire ca- surexcitant son.zèle de néophyte, il se
tholique, à condition que je l'enten- fit à son tour convertisseur et conver-
drois tous les jours, et que l'on me tisseur si forcené que M"°deMaintenon
garantirait du fouet. C'est là toute la dut lui en faire des reproches. Cette
controverse qu'on employa, et le seule ardeur de prosélytisme ne pouvait que
abjuration que je fis. » M°e de Mainte- l'affermir d'ailleurs dans la faveur du
non n'éprouva pas plus de peine à con- roi, qui le créa, le1"nov. 1689, lieu-
vertir les deux fils du marquis de Vil- tenant général de ses armées navales.
lette qui, dans le même'temps, avaient Villette avait eu trois enfants de
été mandés à Paris par ordTe du roi ; Marie-Anne-Hippolytede Châteâuneuf,
il lui suffit de leur faire entendre la qu'il avait épousée en 1662 : PHILIPPE,
voix de l'ambition. A son retour en comte de Murçay, mort en 1706, mes-
Europe, au mois de mars 1681, Villette tre-de-camp d'un régiment;HENRI-BEN-
trouva donc toute sa famille catholique. JAMIN, seigneur de Marmande, mort en
Il se montra indigné de la trahison de " 1692, colonel des dragons de la reine,
sa parente ; il lui écrivit des lettres et MARTHE-MARGUERITE, née en 1673,
pleines de reproches, l'accusant d'in- qui fut la célèbre comtesse de Caylus.
gratitude envers sa mère et de dureté Resté veuf, il épousa en secondes
envers lui ; cependant, après avoir noces, en 1695, Marie-Claire. Des
exhalé sa colère, il finit par s'apercevoir Champs-de-Marsilly, nouvelle ca-
que sa religion lui fermerait la carrière tholique élevée chez la Miramion, qui
qu'il suivait avec quelque éclat. De- lui donna encore trois enfants, et qui
puis 1680, les mesures prises par le roi se remaria, en 4 725, avecBolingbroke.
contre les officiers protestants deve- Le marquis de Villette a laissé des
naient de plus en plus brutales. On en Mémoires qui ont été publiés avec ceux
était arrivé à destituer sans ménage- de Coligny-SalignyparM. Monmerqué,
ments cetix que l'on ne pouvait séduire Paris, 1844, in-8n. C'est un récit de
par la perspective d'un avancement ses campagnes aussi sec et aussi peu
rapide, ou réduire par des menaces, intéressant qu'un journal de bord.
comme ce fut le cas avec Du Rivau- LE VASSEUR ( JOACHIM ), sei-
Huet, lieutenant de vaisseau depuis gneur de COIGNERS, Coignée, Cognée
1670,. et. une foule d'autres. Villette, ou Cougnée, fils d'Antoine Le Vasseur
mettant dans la balance, d'un côté, sa et d'Agnès de Renty, prit les armes
LEV — 55 — LEV
dès la première guerre civile et con- mi-mai, étant sorti de cette ville à la
duisit au Mans une troupe nombreuse tête de 200 chevaux, il tomba dans un
de ses vassaux. En passant à Saint-Ca- parti catholique de beaucoup supérieur
lais, raconte Pesche, dans sa Statisti- en nombre. Sans s'effrayer, il chargea
que de la Sarthe, il consentit, sur la de- avec vigueur l'ennemi, tua le capitaine
mande des moines, à laisser quelques- d'Herbelette et plus de cent soldats, et
uns de ses hommes dans l'abbaye pour rentra triomphant dans Angoulême. Ce
leurservir de sauvegarde; maisàpeine fut son dernier exploit. Invité à assis-
se fut-il éloigné que ces fanatiques in- ter aux noces du roi de Navarre, il fut
troduisirent dans lé couvent une bande une des victimes de la Saint-Barthé-
de Catholiques qui, à l'heure des ma- lémy.
tines, égorgèrent les religionnaires, Joachim Le Vasseur avait épousé, en
entre autres, le sieur de Lehon et son 1547, Louise de Thouars. Resté veuf,
fils, Tysard, Etienne Greffier, René il s'était remarié avec Françoise de
Ferron, les deux frères Blanchard, Ponthieux, qui ne lui donna pas d'en-
Pierre Mossu elRobert Tamblont (1). fants. Du 4" lit naquirent deux fils,
Instruit de cette odieuse trahison, Coi- nommés JACQUES et JOACHIM. L'aîné,
gners jura de la punir. En revenant sieur de Coigners, Thouars et Far-
de Normandie, avec l'amiral de Coli- got, commissaire pour l'exécution de
gny, il partit de Mortagne, se porta l'édit de Nantes dans la Bretagne, en
rapidement sur Saint-Calais força 1602, mourutsansenfantsdeson union
,
l'entrée du couvent- et fit pendre le avec Isabeau de Sainte-Maure, fille
prieur et plusieurs de ses moines à la de sa belle-mère, Françoise de Pon-
cloche qui avait donné le signal du thieux, qu'il avait épousée en 1569.
massacre. Nommé gouverneur du Ven- Le cadet, sieur d'Aillières et de Plan-
dômois par Jeanne d'Albret, en 1563, chet, prit pour femme, en 4590, Eli-
après la conclusion de la paix, Le Vas - sabeth d'Argeuses. Peut-être est-il le
seur, ne pouvant obtenir justice de la même que Le Vasseur-Cougnée, qui,
reine-mère, se chargea de venger lui- pourvu d'un office de substitut du pro-
même la.mort.de son parent La. Curée cureur-général au parlement de Paris,
(Voy. V, p. 111). 11 détruisit la bande ne fut pas reçu, en haine de sa religion
de Ronsard, curé d'Èvaillé, et fit pri- (Fonds de Brienne, N° 223). Selon
sonniers quelques-uns des meurtriers; une généalogie msc. de cette famille
mais, loin de recevoir les éloges qu'il qui se conserve à la Bibliothèque de
méritait, il fut décrété de prise de corps l'Arsenal, sous le N' H, 727, le sieur
et jeté en prison. Ce ne fut pas sans d'Aillières, mourut en 4 629, ayant eu
peine qu'on l'arracha aux serres du cinq enfants : 4° Louis, qui suit; —
parlement de Paris. 2" JEAN-ANTOINE, sieur d'Aillières,
Rien ne nous apprend si Joachim Le marié à Judith Conseil et père de JU-
Vasseur prit part à la seconde guerre DITH Le Vasseur, qui épousa, le 26
civile, mais dans la troisième, il alla janv. 4 668, Abraham Caillarâ, sieur
rejoindre Andelot et se signala au de La Monnerie, fils A'Abraham Gail-
combat de La Roche-Abeille, où il com- lard, sieur des Hayes, et de Susanne
manda un corps de cavalerie. Fait pri- Duval (Reg. de Charent.) ;—- 3° MA-
sonnier à Jarnac, il ne tarda pas à re- RIE, femme A'Antoine Drouet, sieur
couvrer la liberté, puisqu'en 1570, de Sansay; —- 4° LOUISE-MARIE, femme
nous le trouvons à Angoulême. Vers la de Thomas de Saint-Denis, sieur de
Lancisière; —5°ELISABETH, qui épou-
(1) A Saint-Calais même et dans les envi- sa Benjamin de Chartres, sieur de
rons, la bande de Ronsard égorgea, dans le Bellessart.
même temps, Gujll. et Gilles. Olivier, Richard Louis Le Vasseur, seigneur de Coi-
Faucaul, le sieur de Le Conslanéiére et sa
femme, etc. gners, fui marié deux fois. Sa pre-
LEV 56 LEV
— —
mière femme, Susanne de Malleray, sanne Du Voisin, fille de Daniel Du
le rendit père de sept enfants : 1 " JAC- Voisin, sieur de Vitenval, maréchal
marquis de Coigners, qui suit; de bataille des armées du roi et ser-
QUES, fran-
GEORGES, marquis de Thouars, gent-major général des troupes
— 2°
qui épousa une hollandaise et en eut ' çaises entretenues en Hollande, et de
CHARLES-GASPARD, colonel d'infanterie Marie de Coureillon, laquelle mourût
service des Provinces-Unies, qui veuve, en 1670, àl'âge de 54sas(Etat
au
rentra en France et abjura, le 18 déc. civil de Paris, SS.Pères,N°91), lais-
4 696 (Arch.gén.lï. 255);—3° PAUL- sant un fils, LOUIS-GASPARD, marquis
CHARLES, sieur de Fargo t et de La d'ARDENAi, qui assista, en 4 679, com-
Grimenaudière, qui alla s'établir à La . me ancien de l'église d'Aillières, au
.
,
un bénéfice, » on peut, sans, scrupule Trente, trad. de Vespagnol avec des
mettre en doute la fidélité de ses ren- remarques, Amst., 4 699, m-$?.
seignements. Au témoignage du même VIII. Histoire de Louis XÏÏI, rot
'M. Weiss, Le Vassor était un homme de France, contenant lès choses les
«
LEV — 59 — LEV
plus remarquablesarrivées enFrance de Le Vassor, faite sur le plan de l'his?
et en Europe, depuis la feinte .aboli - toire de J.-A. de Thou, comprend le
Mon de la Paulette jusqu'à la con- récit de tout ce qui s'est passé en Eu>
damnation d'un livre de Santarel, rope de remarquable durant le, règne
jésuite, Amst., P. Brunel, 1700-11 ,et de Louis XIII. L'auteur rapporte.tex-
4 750,40 tomven 20 vol., in-12; Amst. tuellement ses autorités, et à ce point
[Paris], 4757, 7 vol. in-4°; Amst., de vue, il vaut à lui seul une bibliothèT
4762, 6 vol. in-4°.—Histoire écrite que, dit Sismondi, car.son érudition est
avecpassion,maisgénéralementavecla
passion delajusticeet de la vérité.C'est
vaste.
...
Quelquesruns ont attribué à tort à
ce que remarque Sismondi. Selon lui, Le Vassor : Lés soupirs, de la France
l'auteur est toujours animé d'un senti- esclave, etc., écrit périodique qui est
ment honnête et vrai, d'un amour sin- dû à Jurieu. A l'époque de cette pu-
cère pour la liberté politique et reli- blication (4689), Le Vassor n'avait
gieuse, et pour l'humanité. Seulement pas encore quitté son ordre. : .
il lui reproche d'accepter avec trop de LE VAYR (DENIS) , de Fontenay.
estant sa résolution qu'il falloit ou suivre des conférences fréquentes avec Condé, Odet
l'Eglise romaine comme nos ancestres, ou de Châlillon, l'évêque Montluc, et d'autres
vuider le royaume avec permission de vendre personnages de la même farine; il répète la
ses biens. Quand c'est venu à la relleclion même chose dans une lettre du 25, en ajou-
des voix, le murmure n'a pas esté petit : parce tant au nombre de ces pacifiques conspira-
que les autres soutenoyent qu'en matière de teurs Jeanne d'Albret, Madame de Crussol et
telle importance, n'estoit pas la raison qu'à Madame de Roye.
l'apétit de trois voix toute la France entrast (2) Il avait, acheté cette petite propriété
en combustion...gDepUis, pour contenter les au prix de deux mille livres, depuis son élé-
uns et les autres par forme de neutralité, vation à la charge de chancelier. Plusieurs
l'on a fait publier un Edicl au mois de juillet biographes disent à tort qu'il l'avait reçue en
dernier. » don de la Couronne; M. Dufey avait en main
LHO 76 — LHO
—
L'édit d'Amboise (mars 4 563) fut nances. A qui sommes-nous redeva-
trêve. Catherine de Médicis en pro- bles de ce bien ? Non à autre qu'àMes-
une
fita pour rappeler L'Hospital. Ce fut sire Michel de L'Hospital son grand
l'authorité
par son conseil qu'elle fit déclarer et sage chancelier, qui sous leprinci-
CharleslXmajeur(17août1563) : elle du jeune roy sonmaistre fut
espérait gouverner seule à la faveur palentremeteurduprémier,instigateur,
de cette fiction. Un des premiers actes promoteur et autheur des deux autres. »
du jeune souverain fut une énergique Au jugement du chancelier d'Agues-
protestation contre le monitoire que seau, ces ordonnances de L'Hospital ont
Pie IV avait lancé contre la reine de été la source de toutes les améliora-
Navarre (Voy.l, p.42).On y reconnaît tions introduites depuis dans notre lé-
l'inspiration de L'Hospital. En même gislation. Elles ont régi la France, dit
tems, le chancelier conseilla au jeune M. Dufey, jusqu'à la promulgation des
monarque de visiter ses Etats. Le vo- ordonnances qui ont illustré le règne
yage de Bayonne fut résolu. L'Hos- de Louis XIV, et dans lesquelles on
pital fut en quelque sorte l'introduc- en retrouve toujoursl'esprit et souvent
teur du jeune roi auprès de ses sujets; la lettre. Toutefois, dans ses ordon-
il rechercha toutes les occasions de nances somptuaires, L'Hospital paya
l'instruire de ses devoirs, il lui fit tou- un large tribut à son siècle. «Si le
cher au doigt toutes les plaies de la docteur Swift, dit Condorcetdans son
France.Qui eût prévu que ce voyage, Eloge du chancelier, après avoir rap-
si plein d'utiles enseignementspour la porté quelques-unes des humiliations
royauté, aboutirait à la plus épouvan- auxquelles nos pauvres ancêtres étaien t
table catastrophe? Il suffit d'un san- assujettis, si le docteur Swift eût
guinaire conseil pour faire reparaître voulu tourner en ridicule l'esprits ré-
la nature sauvage de la mère et du fils. glementaire, il n'eût pas imaginé des
Ce voyage dura près de deux années. lois plus étranges. »
Il fut immédiatement suivi de l'assem- On ne saurait assez louer L'Hospital
blée de Moulins, où aurait dû éclater, des efforts qu'il fit pour réformer la
dit-on, la Saiut-Barthélemy conseillée justice. Il y travailla sans relâche pen-
par le duc d'Albe. Cette assemblée est dant toute la durée de son ministère.
célèbre par l'édit de Moulins. Ecoutons Mais le mal avait pénétré trop avant, il
ce qu'en dit Pasquier. «Nous avons y usa ses forces. Nous ne pouvons
veu de nostre temps un jeune roy nous empêcher de détacher quelques
Charles IX en ceste France, auquel pensées de ses belles harangues.
et l'infirmité de son bas aage du com- «Messieurs, disait-il au parlement de
mencement, et par succession de Rouen, prenez garde quand vous vien-
temps, la violence extraordinaire de drez en jugement de n'y apporter point
son naturel, ne donnoit aucun loisir de d'inimitié, ni de faveur, ni de préju-
faire des loix; toulesfois jamais roy qui dice : je voy beaucoup de juges qui
le devança ne fit tant de beaux édicts s'ingèrent et veulent estre du juge-
que luy : tesmoin celuy de l'an 1560 ment des causes de ceux à qui ils sont
aux Estats tenus dedans la ville d'Or- amis ou ennemis. Je voy, chacun jour,
léans ; l'autre qu'il fit à Roussillon l'an des hommes passionnes, ennemis ou
4 563, et le dernier à Moulins l'an amis des personnes, des sectes et fac-
4 566. Contenants ces trois édicts une tions, et jugeant pour ou contre, sans
infinité d'articles en matière de police, considérer l'équité de la cause. Vous
et beaux règlements qui passent d'un estes juges du pré ou du champ, non
long entrejet nos anciennes ordon- de la vie, non des moeurs, non'de la
religion. Vous pensez bien faire d'ad-
l'acle de vente. Lors de l'acquisition, ce n'é-
tait guère qu'un terrain inculte; L'Hospital juger la cause à celui que vous estimez
j lit construire un petit manoir, en 1562. plus homme debien ou meilleur chres-
LHO — 77 — LHO
tien ; comme s'il estoit question entre nos jours, sous un gouvernement con-
les parties lequel d'entre eux est stitutionnel, un ministre de la justice
meilleur poète, orateur, peintre, arti- s'exprimerait avec celte liberté de pa-
san, et enfin de l'art, doctrine, force, roles : nous en avons vu peu d'exem-
vaillance, ou autre quelconque suffi- ples. Mais ce que l'on a vu souvent,
sance, non de la chose qui est amenée c'est ce que L'Hospital craignait d'un
en jugement. Si ne vous sentez assez magistratconslitué parle prince : «La
forts et justes pour commander vos volonté sera bonne,disait-il, et la peur
passions et aimer vos ennemis, selon qu'il aura d'offenser leroy ou les grands
que Dieu commande, abstenez-vous gastera tout; il judgera pour le plus
de l'office de juge.» «Jamais, dit fort, et advisera ung expédient pour le
M. Gérusez, l'invasion de la politique contenter, qui ne sera justice. » Nul
dans le sanctuaire de la loi n'a été flé- plus que L'Hospital n'était ennemi de
trie avec plus de vigueur et de sim- la brigue et de l'intrigue. Il ne consul-
plicité. » Ces principes de haute mora- tait jamais que le bon droit.C'est dans
lité reviennent souvent dans les dis- cet esprit d'équité qu'il fit rendre une
cours de L'Hospital. Autrefois, disait- ordonnance(8 mars 1566) portant qu'à
il, les sujets recherchaient la justice, l'avenir les chaires qui viendraient à
mais aujourd'hui ils la fuient, tant elle vaquer dans l'université de Paris se-
est vilipendée. Ilfaut que la loi soit sur raient données au concours.
les juges, et non pas les juges sur la Ce serait ici le lieu de parler de son
loi. Le souverain lui-même vous com- excellent Traité de la Réformation
manderait de la violer, que votre de- de la Justice ; mais nous ne pourrons
voir serait de lui désobéir. Le juge en dire que quelques mots. C'est le
homme de bien fait son office envers .
plus important des écrits de L'Hospi-
Dieu et les hommes, et ne craint per- tal; malheureusement, il est resté ina-
sonne. chevé. La Bibl. nat. et la Bibl. de l'Ar-
Unedesprincipales causes de la cor- senal en possèdent des copies. M. Du-
ruption de la justice, c'était sans con- fey l'a publié dans son recueil des
tredit la vénalité des offices. L'Hospi- OEuvres du chancelier, il remplit les
tal fit tous ses efforts pour extirper le deux derniers volumes. L'Hospital
mal, en faisant revivre l'ancienne cou- prend le mot de justice dans sa plus
tume de l'élection. II rencontra de large acception. « Il l'a considérée,
nombreux adversaires, quelques-uns dit M. Dufey, comme la base de tout
de bonne foi, mais la plupart intéres- gouvernement bien organisé, comme
ses à la conservation des abus. «Ils ob- . le principal élément de bonheur, de
jectent, dit-il dans une de ses Remon- sûreté et de puissance des Etats. C'est
trances au parlement de Paris, que ez un véritable traité de haute économie
élections n'y a que pratiques et me- politique... 11 renferme les plus utiles
nées comme en celles des prélatures, leçons pour les monarques et pour les
et qu'il fault révoquer telles ordon- peuples qu'ils sont appelés à gouver-
nances, et laisser lesdicts offices en la ner. C'est partout l'expression simple,
plaine disposition du roy. Je leur res- franche et sublime du philosophe ami
ponds que tant qu'il y aura hommes, de sa patrie et de l'humanité, du véri-
il y aura pratiques, et que la voie table magistrat citoyen. » C'est peut-
d'élection, ores qu'il y ait quelques être à ce traité que se rapporte cette
abus, est,meilleure que si Sa Ma- recommandation consignée dansletes-
jesté donnoit les offices à la réquisi- tament du chancelier : « Mon gendre
tion de ceulx qui sont prez de luy, qui prendra garde que mes livres de
les vouldroient,ou y mellroient par fa- droicl civil que j'ay rédigés par mé-
veur gens indignes. Et ce faisant le roy thode, estant jeune, ne soient déchirés
seroit trompé. » C'est à peine si de etbruslez; mais que l'un de mes pe-
LHO
lits-fils des plus capables les para-
- - 78 LHO
à tesmoing et tous les anges et les -
elde ses soeurs.Aussi ces dernières fu- avec sa femme et ses enfants, et se fixa
rent-elles enlevées, l'année suivante, à Vienne. Lorsque Nemours s'approcha
avec les demoiselles de Neuville et de cette ville, il essaya de s'enfuir,
enfermées aux Nouvelles-Catholi- mais il fut pris et cruellement maltraité.
ques de Paris (Arch. gén. E. 3385). Cependant il finit par recouvrer la li-
Leur constance ne se démentant pas, berté et fut donné pour ministre à l'é-
on les transféra, en 4701, au châ- glise de Lyon, où nous le trouvons, en
teau de Saumur ( Ibid. E. 3387), où 1564, collègue du célèbre Pierre Vi-
elles eurent à subir une si dure déten- ret, de Jacques Langlois, ancien pas-
tion que l'une d'elles devint folle. Sa teur des églises de Poitiers (en 1557)
Majesté eut la charité de la faire trans- et de Lausanne, et une des premières
porter à ses frais dans une maison d'a- victimes de la Saint-Barthélémyà Lyon,
liénés ( Ibid. E. 3552 ). Une autre de David Chaillet ou Chalier, de
soeur,MARiE, quiavail épousé, en! 66i:, La Roche, dit Boulier, natif de Laune
Louis Prévost, sieur de Gagemon, en Bourgogne, qui avait desservi l'é-
n'eut pas moins à souffrir de la persé- glise de Vandoeuvre en Genevois, avant
cution. Quant au fils cadet de Théodore d'être envoyé à Lyon, en 4 562 (Arch.
L'Huillier, il portait le titre de sieur de la Comp. des pasteurs, Reg. B),
de Breville ou du Breuil, et épousa, en de Jacques Dieu, et de Jacques Aubert
1651, Marie de La Planche, fille.de (Arch. de Genève, N° 1776). Fabri
Philippe, sieur de Villiers, et de Ju- restait Lyon jusqu'à la mort de Farel,
dith de Lauberah (Reg. de Charent.). à qui il succéda dans l'église de Neu-
De ce mariage naquit un fils, nom- châtel (MSS. ,de Genève, N° 147). —
mé PHILIPPE-ALEXANDRE, qui fut assez Quelques années plus tard, eu 1580,
heureux pour se sauver en Hollande l'église de Mens avait pour ministre un
avec sa soeur. Ils habitaient l'un et nommé Fabri, qui révéla à Lesdi-
l'autre La Haye en 1686 (Arch. de guières une conspiration « des Désu-
l'église wallonne de La Haye). nis » contre sa vie ; peut-être était-il
LIBERTAT (CHRISTOPHE), dit FA- un des enfants de Libertat.
BRI, de Vienne en Dauphiné. Libertat, LIGARRAGUE (JEAN DE) , de Bris-
qui se destinait à la carrière médicale, cous en Béarn, ministre deLa Bastide-
commeuça ses études à Montpellier;. de-Clarence (1),fort estimé de Jeanne
mais la peste de 1531 l'ayant chasse (1) De Thou raconte que Liçarraguc prê-
de cette ville, il se décida à venir les chait dans l'église où les Catholiques célé-
braient leur culte, et que les deux religions
terminer à Paris. A son passageà Lyon, vivaient en parfaite harmonie. Ce trait fait
il entendit parler des succès étonnants honneur a la fois aux pasteurs et aux trou-
que la prédication de son compatriote les peaux, et il répond péremptoirement 'atomes
déclamations sur l'état d'oppression des
Farel obtenait dans la Suisse romande. Calholiqucs dans le Béarn.
LIG 88 — LIG
d'Albret, qui le délivra d'une affreuse typographiques formés à Mayence, peu
prison où il avait été jeté pour cause de temps après les leurs, il passe à l'in-
de religion, et à qui il dédia, par recon- troduction de l'imprimerie dans divers
naissance, sa traduclion duN.-T. en lan- pays. On y trouve des détails intéres-
basque. Cette traduction, dont les sants sur différents imprimeurs. ». Les
gue
exemplaires sont excessivementrares, plus récentes découvertes tendent à
fut imprimée aux frais de la reine de confirmer l'opinion de Lichtenberger.
Navarre, par Pierre Hanltin, sous ce H. Ejusd. libri Appendix, de In-
titre : Jésus Christ gure Jaunaren
.dulgentiarum litteris Nicolai VP:
Testamentw berria, La Roch., 1571, M. pro regno Cypri, impressis a.
in-8°. Le dialecte dont Liçarrague s'est M.CGCC.LIV,etc.,Ibid., 4 816,in-4°
servi est celui de la Basse-Navarre.La de 4 6 pp. — L'auteur soutient, contre
traduction, qui se fait remarquer par l'opinion de la plupart des bibliogra-
une grande fidélité, est suivie d'un Ad-
,
phes, que ces indulgences de NicolasV
vertissement à ceux qui ne savent pas ont été imprimées dès 1454.
le basque sur la manière de lire cette III. Geschichte der Erfindung der
langue et de quelques autres pièces Buchdrmherknnstznr Ehrenrettung
en langue basque. Les chapitres sont Straszburgs, etc., mit einem Vor-
précédés d'arguments et de sommaires. berichte von J. G. Schmigheuser,
Alafin du volume, on trouvetrois tables, Strasb., 1824, in-8°; traduit et publié
deux des noms et des mots hébreux et par l'auteur sous ce titre : Histoire de
grecs qui serenconlrent dans le N.-'T., l'invention de l'imprimerie, pour
avec leur explication ; la 3°, fort am- servir de défense à la ville de Stras-
ple, des matières.Ces tables sont elles- bourg contre les prétentions de Har-
mêmes suivies des Prières ecclésias- lem, etc.,Strasb. et Paris, 1825,in-8",
tiques, du Catéchisme et de la Confes- avec portraits et 8 planch. gravées en
sion de foi. Quant à l'exécution typo- bois.
graphique, ce volume est un véritable LICQUES (DAVID DE), gentilhom-
chef-d'oeuvre. On en a détaché et réim- me de Du Plessis-Mornay, qui l'avait
primé à Bayonne, en 1825, l'Evangile «nourryetfaçonnéprèsdedouzeans,»
selon St-Matthieu,mais en rajeunissant était, selon toute probabilité, &\s A'An-
le style et en l'appropriant au dialecte toine de Licques, pasteur de l'église
labourtain. réformée de Dieppe ( Voy. III, p.-227).
LÎCBTENBERGER (JEAN-FRÉ- Il avait deux frères, dont l'un remplis-
DÉRIC),professeurau gymnase de Stras- sait, en 1615, les fonctions du minis-
bourg, né dans cette ville, le 3 déc. tère sacré à Caen, et dont l'autre était,
4 743, et mort, le 6 nov. 1831. On lui à la même époque, au service du cé-
doit des travauxtrès estimables sur l'his- lèbre gouverneur de Saumur. On attri-
toire de l'invention de l'imprimerie. bue généralement à D. de Licques
1. Initia typographica, opus cele- VHistoire de la vie de messire Phi-
berr. Schoepflini Vindicias typogra- lippes de Momay, seigneur du Ples-
phicas elucubrans, nec non earum sis-Marly, contenant, outre la re-
continualionem offerens, Argenlor., lation de plusieurs évènemens nota-
1811, in-4-o.—«L'auteur, ditM.Pei- bles en V'Estât, en l'Eglise, es Cours
gnot, ne présente pas un nouveau sys- et es Armées, divers Advis politi-
tème : il développe celui qui est assez .
ques, ecclésiastiqs et militaires sur
généralement adopté maintenant, que beaucoup de mouvemens importans
les premiers essais ont été faits à Stras- de l'Europe ; soubs Henry III, Hen-
bourg et perfectionnés à Mayence. Il ry IVet Louis XIII, Leyde, Elsevier,
rejette la fable de Harlem. Après avoir 1647, in-4°. Il est certain que Lic-
parlé des travaux de Guttemherg, dé
ques a travaillé à cet ouvrage, qui n'est
Faust,deSchoeffer,ct des établissements autre chose, à proprement parler, que
LIE 89 LIE
les Mémoires de M"" de Mornay (Char- taient à pareil spectacle. Ainsi à Uzès,
lotte Arbaleste) sur lavie de son mari, les supérieures de la maison des Nou-
éclaircis, complétés par des pièces au- velles-Catholiques s'étant plaintes de
thentiques et continués depuis 1606 ; la « rébellion » de quelques jeunes
mais comme il mourut à Loudun, le filles huguenottes qui refusaient de se
30 avril 1616, et que le récit s'étend convertir, on les condamna à recevoir
jusqu'à la mort de Mornay, c'est-à- le fouet de la main de ces fausses dé-
dire jusqu'à la fin de 4 623, il est clair votes, en présence du major du régi-
que le livre n'est pas sorti tout entier ment de Vivonne et du juge de la ville.
de sa plume. Les dernières années de Il y avait huit coupables. Les noms de
la vie de l'illustre vieillard 'ont été ra-. six sont arrivés jusqu'à nous; ce soDt
contées par Jean Daillé, son ministre. ceux A'Isabeau Chamand, A'Anne
On a encore de David de Licques une Roux, de Jeanne Brade, et des trois
traduction latine de-la Réponse de filles de Martin Cardier, de Roux et
Mornay au livre de l'évêque d'Evreux de Meynier. La plus jeune avait huit
sur la conférence tenue à Fontaine- ans, la plus âgée en avait 23 !
bleau,^ Hanau, 5 607, in-4°. Nous avons tiré ce que nous venons
LIÈGE, apothicaireàSaint-Maixent de raconter de la constance de Liège,
et ancien de l'église de celte ville, d'un ouvrage anonyme intitulé Lettre
confesseur du Poitou. Seul des Pro- d'un protestant de France réfugié.à
testants de Saint-Maixent, Liège était Londres à un autreprotestant de ses
resté debout au milieu des persécutions amis réfugié à Dantsic, 1686, in-12.
qui précédèrent dans cette province la L'auteur garantit l'authenticité dès faits
révocation de l'édit de Nantes. Une qu'il rapporte,soit pour en avoir été té-
pareille résistance aux ordres du grand moin oculaire,soit pour letenirde gens
roi méritait un châtiment exemplaire. dignes de foi. Nous profiterons de celte
Le trop fameux Basville, alors inten- occasion pour donnerune idée des atro-
dant du Poitou, accabla de dragons l'o- cités qui furent commises dans le Poitou
piniâtre huguenot. Liège supporta avec pendant les dragonnades, atrocités qui
une résignation chrétienne les mauvais se renouvelèrent dans toutes les pro-
traitements des convertisseurs bottés. vinces avec des circonstances plus ou
Ceux-cis'indignantàlafindenepouvoir moins horribles, selon le génie inven-
vaincre uneaussi honorable constance, tif des bourreaux. A La Mothe-Saint-
s'imaginèrent de le suspendre lui et sa Héraye, Desrez, pour échapper à ses
femme par-dessous les aisselles, et s'a- - persécuteurs, ayant sauté du haut d'un
musèrent longtemps à faire heurter mur et s'étaDl cassé la cuisse, les dra-
l'un contre l'autre les corps de ces gons le pendirent par l'autre jambe la
deux vieillards. Ce supplice n'ayant tête en bas. A Niort, un richetanneur,
pas ébranlé leur fermeté, les dragons nommé Tristan, eut à loger plus de
nouèrent autour du cou de Liège une cent dragons en trois semaines. Il resta
serviette à chaque bout de laquelle ils ferme dans sa foi. Les dragons l'at-
suspendirent un seau plein d'eau ; tachèrent alors par les orteils, et le
puis, lorsque la strangulation força firent traîner par leurs chevaux ; ils
leur victime à tirer la langue, ils se di- lui labourèrent le corps à coups d'é-
vertirent à la lui piquer à coups d'é- peron, le placèrent nu sur un cheval
pingles. Liège finit par succomber à ce et le promenèrent en cet état par la
martyre. Cependant ses filles, entraî- ville, à la grande joie des bons Catho-
nées dans une chambre voisine, étaient liques. Dans la même ville, Boursaut.
battues de verges jusqu'au sang. Ce marchand de fer, âgé d'une soixantaine
dernier genre de supplice souriait sur- d'années, fut accusé d'avoir médit de
tout aux convertisseurs bottés ou non la Vierge, il y avait quatre ans. Il fut
bottés; les juges eux-mêmes se délec- condamné à faire amende honorable,
LIE — 90 LIE
à avoir la langue percée d'Un fer rouge après et fut enfermé à Pierre-Encise,
et à être banni -de la province (1). d'où on le transféra, en 1695, dans le
Perrot, autre marchand de Niort, fut château de Saumur (Arch. gén. E.
jeté en prison sous l'accusation d'avoir 3381). En1700, comme il était «plus
prêché dans une assemblée tenue dans opiniâtre que jamais, » on l'envoya au
le bois de Chamillard. Au bout de deux château de Nantes (Ibid. E. 3386) ;
mois il fallut le relâcher 'faute de en 4701, on le mit dans les prisons de
, mais créanciers avaient Poitiers (Ibid. E. 3387). Il paraît
preuves ; ses
profité de sa détention pour faire ven- qu'il renia une fois encore sa croyance
dre ses biens à vil prix et le réduire à et qu'une fois encore, le remords le
la misère. Dans un village des environs ramena à l'Evangile, puisqu'en 1703,
de Niort, Fontaine fut pendu par les il fut de nouveau emprisonné dans le
bras, enfumé avec du tabac, et on lui château de Saumur (Ibid. E. 3389).
brûla les doigts à la flamme d'une Le sieur de Villeneuve-Foucaud,chi-
chandelle, après quoi il fut jeté dans rurgien, fut traité avec non moins de
un cachot où il mourut de froid et de barbarie. Après avoir passé plusieurs
faim. Françoise Aubin, du même vil- mois dans les prisons de Fontenay et
lage, subit un supplice non moins atro- de La Châtèigneraye, il fut conduit,
ce. On lui broya les doigts avec des par ordre de l'intendant Foucauld, à
tenailles,on la suspendit par les aissel- l'abbaye de La Fosselière, où existait
les, on la força à aspirer des bouffées une fosse dans laquelle on jetait les
de tabac et de soufre, puis on la lia par immondices du couvent et les entrailles
les jambes à la queue d'un cheval qui la des animaux tués pour la nourriture
traîna à travers un feu de fagots- Sa des moines. On lui lia les pieds et les
constance ne se démentit pas, non mains et on le suspendit au-dessus de
plus que celle de son frère. A Moncou- ce trou infect. Après lui avoir fait subir
tant, les dragons irrités de ce que la encore d'autres tortures, on finit par
fille d'un sieur Germain, vieillard d'une l'enchaîner dans un cachot en face d'un
soixantaine d'années qu'ils torturaient, pain que sa chaîne ne lui permettait pas
l'exhortait à la persévérance, ils la d'atteindre.Dans la même prison crou-
saisirent, lui frottèrent les jambes de pit pendant plus de quinzejours sur la
graisse, en imbibèrent ses bas, les paille le sieur de La Largère, qu'on
couvrirent d'étoupes et y mirent le feu. transporta ensuite à Oléron, lorsqu'onse
Garnau fut traité à peu près de même. fut convaincu que les torturesn'ébranle-
La Moussaye le conduisit chez l'in- raienl pas sa foi.APoitiers, l'avocat/»-
tendant qui, à l'aspect de ce malheu- grand, « de qui la sage conduite, lapiété
reux mutilé, se montra ému; mais-toute et le zèle ne se pouvaient assez louer,»
la justice qu'il en fit, fut de mettre des fut séparé de toute sa famille, qui fut
garnisaires chez La Moussaye. De Ga- dispersée dans différents couvents.11fut
gemon, gentilhomme des environs de jeté lui-même dans un cachot à Mont-
Melle, dont on admirait la piété exem- morillon, cachot si bas qu'il lui était
plaire, fut ruiné par les dragons, et impossible de s'y tenir debout. On l'y
après avoir été traîné pendantquelques laissa quelques mois, puis on le trans-
mois de prison en prison, il fut enfin féra dans le couvent des Cordeliers de
jeté dans les affreux cachots du châ- Poitiers. A Roman près de Saint-
teau de Bougouin,où il eut tant à souf- Maixenl, un paysan , nommé VEcalé
frir que sa constance finitpar succomber. fut traité d'une manière plus
encore
Il se releva pourtant quelques années atroce par le curé de son village,.qui
lui fit appliquer sur le cou et les mains
(1) Encore fut-il heureux d'en être quilte pellerougie aufeu.
si bon marché. En 1663,
une Saiïïle Louise,
a le parlement de âgée de 17 ans, fut forcée d'assister à
Grenoble avait fait pendre Trouillon de Mon-
lélimart pour le même crime. cet horrible spectacle et fut ensuite
,
LIE — 91 — LIG
pendue par les pieds. Après quinze genoux, la tête nue, un flambeau ar-
jours de tortures, le père fut traîné dent à la main. Il fallut employer la
dans la prison de Saint-.Maixent ; et la violence pour exécuter cette ridicule
fille envoyée dans un couvent de Saint- sentence.. Ses ennemis espéraient que
Quentin. Rien ne pouvant vaincre sa la honte le déciderait enfin à s'éloi-
constance, on la chassa de France au gner : il n'en fut rien, et pendant neuf
bout de deux ans. On sait que les dra- années encore, Lieutaud opposa aux
gons avaient ordre de faire souffrir à persécutions une imperturbable pa-
leurs victimes toutes les douleurs que tience. Enfin, en 1669, le parlement le
l'homme peut endurer sans mourir! Ils décréta de nouveau sous prétexte de
se conformaient ordinairement à leurs récidive. Benoît ne nous apprend pas
instructions; cependant il arrivait quel- ce qu'il advint de ce nouveau procès.
quefois que, soit qu'ils fussent empor- L1GNAC, martyr. Cejeunehomme,
tés par un excès de zèle, soit qu'ils natif de Condom, avait embrassé la Ré-
eussent mal calculé les forces de leurs forme à Genève. Désirant faire parta-
patients, la victime expirait entre leurs ger à son père et à sa mère ses nou-
mains. C'est ainsi que Jacques Ryau, velles convictions, et espérant gagner
fermier des environs deTalmont, suc- quelques-uns de ses concitoyens à l'E-
comba en deux jours. 11 est vrai que les glise évangélique, il revint en France
bourreaux s'étaient surpassés. Ils lui avecun ballot de traités religieux,qu'il
avaient serréles doigts des mains avec se proposait de répandre dans sa ville
des cordes, enfoncé des épingles sous natale. Arrêté à Toulouse, en 4 553, il
les ongles, lui avaient brûlé de la pou- n'essaya pas même de dissimuler le
dre dans les oreilles, tailladéles jambes but de son voyage, et en conséquence,
et versé du sel et du vinaigre dans les il fut condamné au bûcher. Sa grande
plaies. Voilà quelques-uns des hauts jeunesse, sa constance durant le sup-
faits de nos missionnaires bottés. plice, son zèle extraordinaire pour sa
LIEUTAUD (ANTOINE), chirurgien religion émurent depitié toutlemonde,
à Aix en Provence. Lors de la peste sauf le bourreau et les juges, en sorte
,
qui sévit en cette ville en 1650, le que sa mort servit, plus que ne l'avaient
parlement ayant invitéles compagnons fait ses tentatives de propagande, les
chirurgiens à consacrer leurs soins au intérêts de la cause pour laquelle il
soulagement des malades, sous la pro- donna sa vie. '— Lignac est un de ces
messe de la maîtrise , Lieutaud , qui nombreux martyrs dont on cherche en
n'avait pu jusque-là se faire recevoir vain le nom dans le martyrologe de
maître à cause de sa religion,répondit un Crespin. Nous n'y avons pas trouvé
des premiers à cet appel et fut enfermé non plus celui de Litoy, bachelier en
dans l'infirmerie, où il tomba lui-même droit, qui, convaincu d'avoir converti
malade, en s'acquittant de ses pénibles un clerc du palais, nommé Géraud
et dangereux devoirs. Le parlement Bonnet,îxA égalementbrûléà Toulouse
tint sa promesse; mais pendant dix ans, avec son disciple.
les collègues de notre chirurgien hu- LIGONW1EK, famille protestante
guenot le tourmentèrent de toutes les de Castres, dont descendait le célèbre
manières pour le forcer à quitter la général anglais de ce nom.
ville. On finit par l'accuser.d'avoirman- Dès 1561
, nous trouvons men-
qué de respect au S. Sacrement. Sans tionné parmi les principaux habitants
tenir compte de son appela la Chambre réformés de Castres, Antoine Ligon-
de l'édit, le parlement, sur la déposi- nier, qui fut nommé, en 1567, rece-
tion d'une domestique qui l'avait volé veur des deniers publics, et revêtu, en
et contre laquelle il avait porté plainte, 1569, de la première dignité munici-
le condamna, ainsi que sa femme, à pale avec Dominique Bouffard, sieur
demander pardon au S. Sacrement, à de La Garrigue, Etienne Murattl et
LIG
LIG — 92 —
Barthélémy Nègre. Il mourut, en sans avoir été marié. Du mariage de
4 570, d'une fièvre pestilentielle qui, Louis, sieur de Monteuquet, avec Loui-
«ntre autres personnages de marque, se Du Poncet, vinrent dix enfants,
enleva le procureur du roi Melou, le dout quatre moururent en bas âge. Cinq
conseiller Cabrier et François Bouf- fils survécurent ; ils se nommaient
fard, sieur de Fiac. ABEL, JEAN-LOUIS, ANTOINE, FRANÇOIS-
La généalogie de cette famille AUGUSTE et DANIEL.
n'ayant point été dressée, que nous I. Né en 1683, Abel de Ligonnier,
sachions, il nous est impossible de dire sieur de Monteuquet, perdit son père à
si Jean Ligonnier, consul de Castres, l'âge de 13 ans. Il épousa, en 1708,
en 1584, «see Antoine Villaret, Jac- Louise Boileau-de-Castelnau, qui le
ques Boyer et Antoine Atari, était fils rendit père de six enfants. Trois mou-
d'Antoine; nous savons seulement rurent jeunes. L'aîné des survivants,
qu'il se montra bon huguenot et ma- ' CHARLES, épousa, en 1741, Jeanne-
gistrat zélé dans l'exercice de ses fonc- Marie de Poyen, qui lui donna deux
tions. C'est très vraisemblablement de fils et une fille. Le cadet, HENRI-DA-
lui que descendait Jean de Ligonnier, NIEL, fut capitaine au régiment de Tou-
né le 4 avril!578, quiacheta, en 1602, raine. Leur soeur, ANNE-LOUISE , fut
la charge de conseiller du roi, contrô- donnée en mariage, en 4 734, à Jean-
leur en la chancellerie de Montpellier, François de Saint-Jean de Turin, baron
charge qui conférait la noblesse, et très de Farac.
vraisemblablementaussi David de Li- II. Jean-Louis de Ligonuier, le cé-
gonnier, avocat à la Chambremi-partie lèbre général, naquit à Castres, le7
de Castres, et un des adversaires de nov. 4 680.11 sortit de France, non pas
Rohan, lequel mourut à Paris en1632 après la promulgation du fameux édit
(Reg. de Charent.). Selon une note de 4 724, comme on le lit dans la Bio-
qu'a bien voulu nous fournir M. Com- graphie castraise, mais en 1697. Dès
be, un des hommes le plus versés dans 1703, on levoit figurer dans l'armée
l'histoire du Castrais, Jean de Ligon- anglaise avec le grade de capitaine
nier épousa en premières noces Isa- d'infanterie; en 1704 il fut nommé
beau Du Puy, qui lui apporta en dot la ,
major. Son rare mérite lui valut dès
belle terre de Monteuquet; et en se- lors un avancement rapide.Lieutenant-
condes, Jeanne de Jouy. Du premier colonel de dragons, en 174 0, gouver-
lit sortit ABEL de Ligonnier, né le 5 neur du fort Saint-Philippe dans l'île
déc. 4 613 ; du second, JACQUES et AN- de Minorque, en 174 2, lieutenant-co-
TOINE de Ligonnier. Nous manquons de lonel de cavalerie, en 1713, colonel-
renseignements sur ces deux derniers; brigadier-général puis maréchal de
,
peut-être l'un d'eux est-il le même que camp en 1719, il fut créé en 4740,
Ligonnier de Fraisse, ancien de l'é- ,
lieutenant-général, grand-veneur d'Ir-
glise de Castres, en 1659. Quant au lande et gouverneur de Kinsale. C'est
frère aîné, Abel, qui fut confirmé daus lui qui, en 1743, lorsque George II se
sa noblesse en 1670, il pritpour femme, décida à intervenir activement dans la
en 1634, Marguerite Le Roy, fille de guerre de la succession d'Autriche, fut
Charles Le Roy, lieutenant-colonel et chargé de conduire la tête de l'armée
gouverneur de Castres. De ce mariage anglo-hanovrienne commandée par
naquirent, outre une fille, MARGUERITE, lord Stair. On sait que l'indiscipline du
qui devintlafemme A'Abel de Rotolp, duc de Grammont sauva celte armée
sieur de La Devèze, trois fils : Louis, d'une destruction presque certaine sur
qui suit ; ABEL moTt en bas âge et les bords du Mein, et procura aux An-
,
DANIEL, sieur de.Lille, qui fut tué,, en glais un triomphe inespéré. Eu récom-
1695, au siégé de Namur, capitaine de pense des services qu'il rendit dans
grenadiers au Tégiraent du Dauphin, cette occasion le roi George décora
,
LIG - 93 — LIG
Ligonnier de l'ordre du Bain sur le l'armée anglaise, s'éleva par sa bra-
champ de bataille, en même temps que voure au grade de major, et mourut,
le duc de Cumberiand, avec qui le gé- en 1767, sans postérité.
néral passa, quelque temps après, en IV. Le qualrième,François-Augus-
Angleterre, pour combattre le Pré- te, suivit, en 1710, ses frères sur la
tendant. En 1746, lit-on dans les terre étrangère. Il entra, comme cor-,
Pièces fugitives d'Aubaïs, Ligonnier nette, dans le second régiment de
commanda en chefle contingentanglais dragons, dont son frère était alors lieu-
à la bataille de Rocoux. En 1747, il tenant-colonel. Blessé à la bataille de
conlinua-à servir dans les Pays-Bas. A Dettingen, il fut créé colonel, en
la célèbre bataille de Lavffeld, il com- 1745, et alla servir en Ecosse contre
battit à la tête de la cavalerie, et se si- le Prétendant. Les services qu'il ren-
gnala par sa brillante valeur. Fait pri- dit lui méritèrent le grade de brigadier.
sonnier, il fut présenté à Louis XV qui 11 fut blessé mortellement à la bataille
accueillit avec distinction et admit à sa deFalkirk, et mourut le lendemain à
table un homme que ses intendants au- Edimbourg, laissant deux enfants, dont
raient sans aucun doute envoyé aux l'un fut lieutenant des gardes du corps
galères comme huguenot rebelle et du roi d'Angleterre.
opiniâtre s'il était tombé entré leurs V. Le dernier des cinq frères, DA-
mains ! De retour dans sa patrie adop- NIEL, sieur de Pratvieil, se convertit à
tive, en 1748, Ligonnier fut élu gou- CastrespendantleSdragohnades^rcï-.
verneur del'hôpital français(1 ), en rem- TT. 290), et entra dans l'armée fran-
placement de Jacques Gaultier, et çaise. Il mourut lieutenant de cavale-
succéda au maréchal "Wade dans le rie en 4737. Sa veuve, Susanne Alle-
poste de lieutenant-généralde l'artille- man, qui, dit-on, était née catholique,
rie. La même année il entra dans la étant tombée gravement malade quel-
,
Chambre des communes en qualité de que temps après, et ayant déclaré
représentant de la cité de Bath. Plus qu'elle voulait mourir dans la reli-
tard, il fut nommé gouverneur de Guer- gion du Christetdes apôtres, le curé
nesey. Enfin le roi d'Angleterre , qui de la paroisse s'empressa de la dé-
l'avait en estime singulière, le créa, à noncer, comme hérétique, au séné-
la fin de 1757, feld-maréchal, colonel chal de Caslres; mais elle nia le pro-
du premier régiment des gardes à pied, pos et fut mise hors de cour. Celte
vicomte Ligonnier et baron d'Ennishil- sentence exaspéra l'évêque et l'inten-
len en Irlande. Ligonnier, qui dans dant. Le substitut du procureur géné-
le cours de sa longuecarrière militaire, ral en appela au parlement de Tou-
avait assisté à 19 batailles rangées et louse. Nous ne savons comment cette
à 23 sièges sans avoir jamais reçu de affaire se termina; mais on peut s'en
blessure, mourut à Londres, le 28 avril douter à la lecture d'une lettre de
1770. En 1763, il avait obtenu le titre l'intendant Bernage annonçant d'a-
de baron, et en 1766, celui de comte vance au secrétaire d'Etat « que l'ar-
en Angleterre. Il avait pris alliance rêt que le parlement rendroit seroit
dans la famille Wellesley, et laissa une aussy avantageux à la religion que le
fille unique mariée au colonel Graham. jugement des officiers du sénéchal de
III. Le troisième fils de Louis de Li- Castres luy aurait été préjudiciable»
gonnier, Antoine, sortit de France en (Arch. M. 675).
1698 et alla rejoindre son frère en An- Nous avons dit plus haut que
gleterre. 11 prit aussi du service dans nous manquions de, renseignements
(1) On voit encore aujourd'hui dans.la sur les deux frères cadets d'Abel de
salle du Conseil de cet hôpital un portrait Ligonnier. C'est apparemment de l'un
équestre de Ligonnier en uniforme de géné-
ral. Son nom a été donné "a une des rues de ou de l'autre que descendait Louis Li-
Londres. gonnier-Du Buisson, qualifié de cou-
LIM — 94 LIM
sin du feld-maréchal dans les Pièces remarque aussi peu de philosophieque
fugitives d'Aubaïs, lequel mourut à Ge- de critique, bien accueillie néan-
nève en .1749, laissant, entre autres moins, comme le prouve la rapide
enfants, une fille mariée successive- succession de ses éditions.
ment à M. de Pismès, sieur de Saint- III.. Les Comédies de Plante, trad.
Saphorin près de Lausanne, et au che- enfranc., Amst., .1719,10 vol. in-12.
valier Shaub, diplomate suisse. La dif- —Limiers n'a trad. que 16 pièces; les
ficulté n'est pas moindre pour ratta- quatre autres, l'Amphitrion, l'Epidi-
cher à cette famille Abel Ligonnier, cus,Te Rudens et les Captifs, sont de
de Castres, qui fut inscrit, en 167-1, la traduction AeW'Dacier et de Coste.
au nombre des étudiants de l'académie Le 10"vol. contient les fragments du
de Genève, et reçu ministre « avec ap- comique latin. —Traduction peu esti-
plaudissement » au synode de Saver- mée.
dun, le 8 sept. 1678, en même temps IV. Les aventures de Télémaque,
qu'Antoine Ligonnier-de-Bonneval. nouv. édit. augm. et corrigée sur le
Ce dernier, qui était né à Castres, msc. original de l'auteur, avec des
mourut ministre à Portarlington, où il remarques pour l'intelligence de ce
desservait l'église française depuis poème allégorique, Amst., 1719, in-
4 733. Il laissa une fille unique, ANNA, 12-Les remarques ontélé réimp.(Lond.,
qui épousa, le 2S mars 4737, Jacques- 4 719, in-12) avec une Dédicace à Fré-
Louis de Vignolles. déric, petit-fils de Georges I, Ti3X Ar-
LIMIERS (HENRI-PHILIPPE), doc- mand Du Bourdieu, à qui quelques bi-
teur en droit, écrivain fécond, mais bliographes les attribuent.
sans style et sans critique, naquit en V. Abrégéchronol\del'histoirede
Hollande de parents réfugiés, et mou- . France sous les règnes de Louis XIII
rut à Utrecht en 1725. On a de lui: et de Louis XIV, pour servir de suite
I. Idée générale des études, de à celuide Mézeray,kmst,H 720, % vol.
leur
.
choix, but et règles, avec un in-12 ;Amst., C. Mortier, 1723, 2 vol.
état des bibliothèques et le plan pour in-12; 1724,in-fol,;Amst. [Trévoux],
en former une bien curieuse \et bien 1727,3 vol. in-12; 4 728, in-4° ou 3
ordonnée, Amst., Châtelain, 474 3, 3 ' vol. in-12, aug.- de la Vie de Mêzeray,
vol, in-12; réimp., Amst., 1717 et par Larroqne; 1734, 3 vol. in-12.—
1729,4 vol. in-12, avec La.science Selon le P. Lelong, cet abrégé est es-
des personnes de la cour, de l'épée'et timé pour sa sincérité.
de la robe, par Chevigny. —> Au dire VI. Histoire de Suède sous Char-
de Barbier, cet ouvrage n'est qu'une les
.
XII, Amst., 1721, 6 vol. in-12.
copie presque entière, du Traité des VII. Les Annales de la monarchie
plus belles bibliothèques de l'Europe, françoise depuis Pharamondjusqu'à
par Le Gallois, traité qui n'est lui- la majorité de Louis XV, enrichies
même qu'une traduction abrég'ée de des principales médailles qui ont
l'ouvrage du ministre J. Lomeier, De été frappées sous tous les régîtes,
Bibliothecis (2e édit., Ultraj.,1680, 8°) Amst., 1721, in-fol., selon la Biogr.
.11. Histoire de France sous le rè- univ.; 1724, in-fol.; Amst., L'Honoré,
gne de Louis XIV, où Von trouve 4725, 3 part, en 4 vol. in-fol., selon
une recherche exacte des intrigues le-P. Lelong.
de cette cour dans les principaux VIII. Histoire de l'Institut des
Etats de l'Europe, Amst., 1747, 7 sciences et des arts établi à Bolo-
vol. in-12; Amst., 1718,5 tomes en gne en 1712, Amst., 1723, in-8", a-
10 vol. in-12 ; nouv. édit. revue, cor- vec grav. — Limiers mourut mem-
rigée et augm., Amst., 1719, 12 vol. bre de cette société savante.
in-12; Amst. [Rouen], 1720, 2 vol. IX. Pierres antiques gravées
ih-4\ — Compilation prolixe, où l'on sur
lesquelles les graveurs ont mis leurs
LIN - 9b — LIN
noms, Amst., 1724, in-fol. avec figg. rent sauvées de la fureur du soldat. —
Trad. du latin de Stosch. Les Linas persistèrent dans la profes-
—
Selon Barbier, Limiers a été un des sion de la religion réformée. En 4 65,1,
rédacteurs de la Magna Bibliotheca un gentilhomme de ce nom, anGien de
ecclesiastica (Colon., 1734, in-fol.), l'église de Saint-Sever, assista à un
dont il n'a paru qu'un vol., compre- synode tenu à Castres (Arch. gén. TT.
nant la lettre A. Nous avons déjà dit 290). — Le vaillant défenseur de
ailleurs (Voy. III, p. 372) qu'il est Saint-Sever ne serait-il pas le fils de
l'auteur du Supplément à l'Atlas his- Jacques de Goudon, sieur de Linas,
tor. de Châtelain, et nous ajouterons qui fut tué en]l591, laissant sa femme,
qu'il a laissé en msc. une Histoire Marie de Bessière veuve avec un en-
du temps ou Mémoires de diverses fant?
cours sur les matières les plus im- LINDERN (FRANÇOIS-BALTHASAR
portantes de lapolitiqne,6vo\.m-&°. DE), né à Bouxweiler le 1" mars 4 682,
LINAS (N. DE), capitaine hugue- fit ses humanités dans le- collège de sa
not, connu dans l'histoire de nos guer- ville natale,puis il fut envoyé, en 1700,
res civiles par sa belle défense de à Strasbourg par son père, qui exerçait
Sainl-Sever, méchante bicoque à deux la profession d'apothicaire et le desti-
lieues de Viane, au mois de mai 1628. nait à lui succéder. Il s'appliqua donc
Sous le titre de La prise "de la ville de à l'étude de la pharmacie, pour laquelle
Sainct-Sevôr, par Monseigneur le il se sentait d'ailleurs peu.de goût.
Prince ; ensemble la trahison du sieur La mort de son père l'ayant laissé li-
de Linas, gentilhomme rebelle des bre de suivre son inclination, il partit
montagnes de Castres, gouverneur du- pour Iéna où il se mit à étudier la mé-
dit Saint-Sever, et le nombre'des re- decine. Des affaires de famille le rap-
belles bruslez, pendus et tuez, parut pelèrent en Alsace. Dès qu'il y eutmis
à Paris en 1628 un petit placard in-8°, ordre, il retourna à Strasbourg, où il
reproduit dans le Mercure français, où prit, le 8 mai 1708, le grade de doc-
l'on raconte que Linas fit- prévenir teur, et où il exerça son art avec suc-
Condé par le vicomte de Panât queson cès jusqu'à sa mort, arrivée le 25 avr.
intention était de .se soumettre, ruse 4755. Voici la liste de ses ouvrages,
à laquelle il eut recours pour gagner dont plusieurs sont encore estimés :
du temps et se renforcer ; qu'il « abu- I. Diss. inauguralis quâ theore-
sa du respect deuh à mondit seigneur mata quoedam medica misçellanea
le prince, » en déclarant qu'il se dé- sistuntur, Arg., 4708, in-40-.
fendrait jusqu'à la mort et en usant II. Osteologia parva germanico
« de rodomontades aussi impertinen- idiomate conflata, Arg., 1710, in-4 2.
tes qu'insolentes, » en sorte qu'on fut III. Hebammen-Frag-Biichlein,
forcé de l'assiéger, mais que « l'obsti- in-12.
nation endiablée » des assiégés re- IV. Tournefortius Alsaticus cis et
poussa les assaillants. Linas, en effet, transrhenanus, sive opusculum bo-
soutint trois assauts avec laplus grande tanicum ope cujus plantarum spe-
bravoure, et quand il se vit sur le point cies, gênera ac differentias,prepri-
de succomber, au lieu de se rendre, mis circa Argentoratum, locis in vi-
Venragé mit le feu à la ville et se re- cinis, cis et transRhenum spontl
tira « dans ce qu'ils appellent la cita- nascentes spatioque menstruo flo^
delle; » puis, à la faveur de la nuit, il rentes, tiro sub excursionibus bota-
gagna les montagnes. Le lendemain, nicis facïllimè dignoscere suoeque
la place était vide, continue le narra- memorioe nominibus imprimendis,
teur royaliste ; on n'y trouva que quel- exprincipiis Tournefortii, consnlere
ques hommes qui furent pendus et possit, Arg., 4728, in-8°,uvecplanc;
beaucoup de femmes ou de filles qui fu- réimp. avec des augm. sous ce titre;
LIN
LIN — 96
Hortus Alsaticusplantas inAlsatiâ tion. Nous sommes forcé de nous en
nobili inprimis circa Argentinam rapporter au témoignage de ses con-
spôntè provenientes, menstruo quo temporains, car il a fort peu écrit. Nous,
singnloe florent, ac florum colore, ne connaissons de lui qu'une Lettre
additis aliquibns iconibns, aeri ad à l'archevêque de Spalato, qui a été
vivum incisis, ut et aliis ad botani- imp. en latin et en angl., 1616,in-4°,
ces doctrinam rite addiscendamper- et sa correspondance avec Bongars,
tinentibus, in nsum botanophilorum qui a été publiée, comme nous l'avons
excursiones facientium conscripins, dit ailleurs (Voy. 11, p. 367). C'est à
Strasb., 4 747, in-S°. tort qu'on l'a regardé comme l'auteur
V. Spéculum Veneris noviter po- de la dissert. De idole hallensi, qui
litum, das ist neu ansgeputzter Ve- appartient à Denaisius.
nus-Spiegel, oder Beschreibung der L1NK. ( JÉRÉMIE-EBERHARD),juris-
meisten Venus-Kranhheiten, Strasb., consulte, né à, Strasbourg, le 4 mars
4732, in-8°; 2° édit., Strasb., 1736, 1685, fit ses éludes à l'université de
in-8°; 3° édit., Strasb., 1743, in-8°; cette ville, et après les avoir terminées,
4e édit., Strasb., 4 750, in-S°. il se mit à voyager en France et en Al-
IV. Medicinischer Passe-partout, lemagne. En 1710, il fut nommé pro-
oder Hauptschlilssel aller und jeder fesseur de poésie à Strasbourg. Quel-
Kranhheiten des menschlichen Le- ques années après, il obtint la chaire
bens, nelcher uns entdecht mie die- de morale, et en 1720, il fut pourvu
selbe bestens zu erhennen und sicher d'une place de professeur dans la Fa-
zu curiren seyn, ister Theil, Strasb., culté de droit. Il mourut, le 7 janv.
1739;— 2ier Theil, morinnen die 1743, professeur des pandectes et du
Kranhheiten der Weibes-Personen, droit public, et chanoine de Saint-
der Schwangern, der Gebahrenden, Thomas. On a de lui :
Eindbetterinneti und Saugerinnen, I. De comiiibusprincipibus, Vit.,
me auch der Kinder, beschrieben 4708.
sind, Strasb., 1741, in-8°. II. De jure principum, Argent.,
Linderu a publié, en outre, dans 1708.
l'Hist. de l'Acad. des sciences (1732) .
Ilf. De fundamento
.
voti comitia-
une Observation sur trois ventricu- lis, Argent., 1709.
les de.cochon remplis d'une substance IV. De prerogativâ linearum in
pierreuse comme du moellon, et dans successionibus. Arg., 1709, in-4°.
les Comment, litlerar. Noribergens. V. De differentiâ comiium im-
(T. VI et VII) trois observations por- perii mediatorum et immediatorum,
tant pour titres : De stupendâ con- Francof., 1710 ; Francof., 1725, in-
tractione spasmodicâ; De methodo fol.
.
1610. Lorsque les bourgeois de Col- Clée. des Granges en Pragelas, dont il
mar purent craindre que les Autri- eut JEANNE-MARIE, femme, en 1752,
chiens, après leur expulsion du pays de Jean Sarasin, syndic; — 5° Su-
de Clèves, ne pillassent leur ville, c'est SANNE-MARIE, épouse, en 1716, de
encore sur Link qu'ils jetèrent les Jacq. Nadal; — 6° JEAN - MICHEL et
yeux. Ils le nommèrent colonel, en lui JEAN-ETIENNE, jumeaux, nés le 22 déc.
donnant pour lieutenants le chef des 1702, à qui nous consacrons des ar-
corps de métier Elias Wetzel, le maire ticles.
Louis Kriegelstein, le statmeistre 1. Jean-Michel Liotard s'adonna à
Jacob Buob et Jean Eschbach. Leur l'art de la gravure. Envoyé à Paris
confiance ne fut pas trompée, et les pour y terminer son éducation .artisti-
,
gen. Lorsque les troupes deLouisXIV tant la pénurie de pasteurs était grande,
envahirent l'Allemagne, il futplusieurs le consistoire de Paris, cédant aux inr-
fois chargé par' les autorités du pays, stances du sieur de Martimont, dont
de missions auprès des généraux fran- les descendants restèrent fidèles à la
çais. En 1720, il fut nommé surinten- foi protestante jusqu'à l'époque de la
dant ecclésiastique du margraviat de révocation, ledonna pour ministre aux
Hochbergetpremier pasteur del'église Réformés de La Roche-Bernard. Pré-
d'Emmendingen; puis en 1723, il fut senté à Andelot par Bachelar, Lou-
élevé à la dignité de conseiller ecclé- veau fut installé le 10 juillet, et aussi-
siastique. Il mourut le 28 juillet 1748. tôt, il s'occupa du soin d'organiser
On a de -lui quelques traités dogmati- un consistoire, dans lequel entrèrent
ques qui paraissentêtrefort rares, puis- le sieur de Trégns, Jean de La Favè-
que- le continuateur d'Adelung, contre de, Jean Guillermot, Jean Ailaire,
sa coutume, ne donne ni le lieu d'im- appelé Allain par Taillandier, et Lau-
pression ni le millésime, preuve cer- rent Poyart, à qui succédèrent, au
taine qu'il n'a pu se les procurer. En milieu des vicissitudes des guerres-ci-
voiciles titres, d'après ce bibliographe: viles Jean Rocap, Jean Le Hebel,
,
Abhandlungen vom Ursprung des Guy on Jouin, depuis apostat, Nico-
Bb'sen; von der menschlichen Natur las de Tehillac, sieur de Beaumont,
unsers ErlBsers; vom Taufbunde ; capitaine de La Bretesche, Jean Jean-
vom ewigen Rath Goites; uber die net, châtelain de Pontchâteau, Guyon
Erl'ôsung der Menschen; vom dem Pelaud, Jean Cherotin,'Amat de La
Bund des Vaters mit dem Sohne, etc. Rose, médecin. Etienne Bernier,
NOUVEAU (JEAN) sieur de La Pierre et Claude Guillermot. Dans
,
Porte, natif de Beaugency, avait étudié les premiers jours du mois d'août,
le droit à Orléans, en 4 552, et était Louveaufut appelé à remplir un triste
entré dans le barreau de Paris. Quel- devoir, celui d'assister à ses derniers
que temps après la fameuse mercuriale, moments la pieuse épouse d'Andelot,
à la suite de laquelle Anne Du Bourg Le 10 sept., il prit part aux travaux du
fut arrêté, il partit pour l'Allemagne premier synode de laBrelagne, assem-
dvzcMaloi, qui fut depuis le ministre blé à Chateaubriand. A son retour à
de Coligny,,dans l'intention de voir de La Roche-Bernard, il y célébra pour
près les réformateurs à l'oeuvre. De re- la première fois la Cène et bénit le ma-
tour en France, Louveau se joignit aux riage de Du Hirel avec la fille aînée de
assemblées des Protestants de Beau- Ladouzan, puis il partit pour Ploër-
gency, et fut élu ancien de l'église. mel afin d'y installer Aubery comme
Soupçonné d'avoir trempé dans la con- ministre. Eu 1562, il assista au synode
juration d'Amboise, il s'enfuit à Lyon, de Rennes et fut chargé d'aller instal-
où il retrouva Malot, qu'il accompagna ler au Croisic François Baron, de Pi-
à Valence. Le culte protestant se célé- riac, que Jean Boisot avait ramené de
brant publiquement dans cette ville, Genève.
sous la protection armée de quelques La guerre ayant éclaté sur ces en-
seigneurs du voisinage (Voy. V, p. trefaites, l'exercice du culte protestant
4 37), il y participa à la Cène du 34 fut provisoirement défendu par ordre
mars 4 561 ; puis il reprit la roule de sa du duc d'Etampes. Dans une lettre que
ville natale ; mais il ne lui fut pas per- Louveau lui écrivit à celte occasion,
mis d'y vivre en paix. Averti à temps le 31 juillet 1562, lettre qui été
qu'on allait l'arrêter, il se sauva à Pa- bliée par dora Meurice dans ale T.pu- III
ris où il retrouva encore son ami Ma- de ses Mémoires pour servir à l'histoire
lot. Comme Chandieu, il se laissa per- de Bretagne, le pasteur de La Roche-
suader de se consacrer au ministère è- Bernard annonça au gpuverneur delà
vangélique, et très-peu de temps après, province qu'il s'était soumis à
ses or-
LOU 139 — LOU
dres et avait suspendu l'exercice afin l'église bretonne de La Rochelle, il la
d'éviter l'effusion du sang; mais il le desservit jusqu'en 1587, qu'il fut en-
suppliait, en même temps, de lui per- voyé, comme ministre, àFonteuay, en
mettre de rouvrir son église, ce qui é- même temps que le pasteur de Melle
tait, disait-il, d'autant plus nécessaire Du Bourg. Eu 1596, il fut appelé à
« que le royaume était infesté d'alhéis- Marchenoir. En 4 598, désirant revoir
tes, d'Epicuriens et de Libertins. » Sa une dernière fois le théâtre de ses pre-
requête ne lui fut point accordée. Il fut miers travaux apostoliques, il fit une-
même obligé, pour échapper aux pour- tournée pastorale en Bretagne afin de
suites des Catholiques, de se réfugier «visiter les ruines de Jérusalem. » 11
à Blain, sons la protection de Henri trouva la désolation plus grande encore
de Rohan, qui le choisit pour aumô- qu'il ne s'y attendait. Cependant une
nier des troupes qu'il se proposait de consolation lui était réservée : un petit
conduire au secours' du prince de nombre de fidèles avaient bravé les
Condé; mais.la conclusion de la paix persécutions et la mort pour leur foi.
précéda son départ. Après un court Parmi ces personnes qui étaient restées
séjour à La Brelesche,Louveau retour- « aussi affectionnées au service de Dieu
na dans son église. Il la quitta de nou- que possible, » Louveau cite plus par-
veau, au bout de quelques mois, pour ticulièrement M"" de Laval et de Ro-
se rendre au Synode national de Lyon, han, les. trois comtesses de Montgom-
auquel il avait été député par la Bre- . mery, M™' de La Roche-Gifard, de
tagneavec l'ancien de l'église de Nan- La Muce-Ponthus , Du Liscoët, Du
tes Pierre Gouy. Rascor, M'"" de Chamballan, de La
A la nouvelle de la Saint-Barthélé- Vigne et sa soeur Du Plessis-Cabeno,
my, Louveau se hâta de s'embarquer trois soeurs M™" de La Barbée, de La
avec toute sa famille etunpetitnombre Beuvrière et de Varennes - Tillon,
d'amis. Il réussit, à travers de grands veuves toutes trois, M°"' de La Mori- '
dangers, à gagner l'Angleterre. Il vou- •
nière, M"" de Kérolet et de Gravai,
lut essayer de s'y créer des moyens veuves aussi l'une et l'autre , M'"" de
d'existence; mais les difficultés qu'il Quentin, La Pretaye, Du Coudray-
rencontra, le décidèrent à revenir en Pepin, M"1 Dabin, Mm" de Saint-Ge-
France, pour tâcher d'y recueillir une lais de La Boulaye , Du Plessis-
,
portion de ses biens. Cette dangereuse . Mornay, de Montmartin, M"' de La
tentative lui ayant réussi, il repassa à Chabosselaye et sa fille M"' de La
Londres, d'où il alla plus tard s'éta- Touschardiïre, veuves toutes deux,
blir à Cantorbéry en qualité de maître Me"" de Branzay du Croisic, Mmc de
delangueitalienne. En 1576, leségli- Brebaudet et ses trois filles, dont le
ses de laNormandielui adressèrent vo- père était catholique, M'"* de Marti-
cation; cependant, sur les instances des mont, la plupart desquelles, dit-il, ont
sieurs de Tr-égus et de Kérolet, il re- fait honte au commun des hommes et
tira le consentement qu'il avait déjà les ont surpassés en savoir, en zèle, en
donné et retourna à LaRoche-Bernard. persévérance et en grandeur d'âme.
Lorsque la guerre éclata de nouveau, Crevai.n nous laisseignorer la date de
il brava tous les dangers et maintint <
la morl de Louveau ; il paraît qu'il ne
sans interruption l'exercice dans son vivait plus en 1604. Il avait épousé,en
église jusqu'à l'édit de Nemours, après 1563, Marguerite DesLoges,vexive de
la publication duquel il se retira à La Salbert, pasleur de l'église d'Angers,
Rochelle, où il retrouva sa fille aînée, et en avait eu, entre autres enfants, une
ainsi que son gendre Fleury, et où il fille mariée au ministre de Loudun
fut rejoint, deux mois plus tard, par le Fleury.Vm de pasteurs ont montréplus
reste de sa famille-. de dévouement à la cause de la Réfor-
Nommé, avec Thierry, ministre de me; mais comme il était extrêmement
LOU 440 LUC
— —
zélé, ilpoussait aussi la rigidité à l'ex- et morte en 1656; — 3° PAUL , né en
trême. Ainsi il n'hésita pas à frapper 4 641;—4° HECTOR, mort à l'âge de 20
d'excommunication un nommé Des Ro- ' mois en 4 645 ; —- 5° NICOLAS , qui é-
ches parce qu'il avait dansé dans une pousa , en 4 676 , Jeanne de Bennes,
,
réunion d'amis. Il semble, au reste, fille de Hugues, sieur de La Guippière,
qu'il avait particulièrement en horreur et de Jeanne de Fougières ; — 6° AN-
cette innocente récréation, car il prit TOINE, né le 10 sept. 1.64-7, qui fut pré-
la peine de traduire en français le senté au baptême dans le temple do
Traité contre la danse de Pierre Charenton, le 15 sept., par Henri de
Martyr. Cette trad. n'a pas été impri- Massue, sieur de Ruvigny, et par Char-
mée, non plus que celle qu'il avait lotte Bigot.
faite de l'Histoire de Florence par Henri de Louvigny mourut à l'âge
Machiavel. Il avait aussi composé, au de 42 ans et fut enterré dans le cime-
rapport de Crevain, un traité auquel il tière de Charenton , le 21 juill. 4 648.
avait donné ce litre bizarre : La cane Ses descendants se convertirent à la
de Montfort, etillaissa msc. un Jour- révocation à l'exception de Nicolas.
,
nal ou plutôt une Lettre historique sur Associé de Guirand et Le Duc dans la
les destinées des églises bretonnes de direction des manufactures royales du
1564 à 4604. Nivernais, il n'hésita pas à saorifier à sa
LOTJVIGKY (PAUL DE), valet de conscience sa position et sa grande
chambre de Catherine de Bourbon, fortune; mais il fut arrêté comme il es-
puis de Henri IV, exerçait la profes- sayait de sortir de France, et enfermé
sion d'orfèvre. De son mariage avec dans le château de Ham avec sa mère,
Marie Malart, qui mourut veuve en âgée de 70 ans, sa femme et sa belle-
4 654, naquirent trois filles : 1 " MARIE, mère (Arch. gén. M. 671 ). Ilfinit pour-
présentée au baptême, en 1600, par tant par recouvrer la liberté et alla
Marie de Pontalevois, laquelle épou- grossir le Refuge. Ses biens furent
sa Paul Le Goux, conseiller secrétaire donnés, en 4 688, à son frère Louvigny
du roi ; — 2° ELISABETH, femme en d'Orgemont, intendant de la marine au
,
4 626, A'OlivierBidé, sieurd'Agaury, Havre (Ibid. E. 3374).
fils du maître des requêtes Jean Bidé, LUCAS, nom du capitaine qui dé-
sieur de Holimé et de Françoise fendit Tonnay-Charentë contre Mayen-
,
Blondeau, puis de N. de La Gar- ne, en 4 577. La place était si mal for-
rie , sieur de Pommeuse mprte en , tifiéeque le général catholique pensait
,
4 659 à l'âge de 46 ans ;
, — 3° HEN- s'en emparer sans coup férir; mais Lu-
RIETTE mariée à Jean Bazin, sieur cas, « qui avoit depuis le siège de La
,
de Limeville, conseiller du roi et con- Rochelle acquis bruit et réputation au
trôleur général de la cavalerie légè- faict des armes et bien fait partout où
re , fils A'Isaac Bazin, sieur de Ches- il s'estoit trouvé, » ne voulut pas se
nay, et de Marguerite Botherean(\). ,rendre sans résistance.Battue par sept
Outre ces trois filles, Paul de Louvigny canons et deux couleuvrines, la ville
eut deux fils : 4" HENRI , né le 4 2 août dut capituler au bout de deux jours, et
4 606, et —5° JACOB, né en 4 642. La Lucas, avec sa faible garnison, se re-
destinée du dernier nous est inconnue. tira dans le château, bâti au sommet
Henri prit pour femme, en 1634, An- d'un rocher. L'artillerie ennemie enta-
toinette Bigot (Voy. II, p. 286), qui ma bientôt la muraille sur plusieurs
lui donna plusieurs enfants : 1 ° HENRI, points. Les Huguenots, qui n'avaient
né en 1633 ;—2° MARIE, née en 4 637 pas en leur possession une seule pique
pour repousser l'assaut, ne purent ré-
(1) Ces renseignements, puiséi dans les sister longtemps aux efforts des masses
Registres de Charenton, lèvent toute espèce
de doute relativement a la parenté de Jean et catholiques ; les uns furent lues, d'au-
A'Isaac Bazin (Voy. Il, p. 87). tres rendirent leurs armes, un plus
LUG — 141 — LUG
grand nombre prirent la fuite. Lucas, lant pas rester en France après la pro-
n'espérantplusdeprolongerlalutle.se scription de lareligion qu'il professait,
laissa glisser du haut du roeherle long il se mit secrètement en route, malgré
d'une corde; mais il fut pris sur les son âge avancé, et réussit à gagner
bords de la Charente et conduit devant Berlin, où il mourut, en 4 695, à l'âge
Mayenne qui ordonna de l'exécuter le de 80 ans. Dans ses Listes des persécu-
lendemain. Lucas cependant parvint à tés, Benoît cite Lugandi père etfils.Ce
s'échapper; malheureusement il ren- fils était très-vraisemblablementPaul
contra un fossé dans sa fuite etsecassa de Lugandi, avocat à Montaubân, qui
la cuisse en essayant de le franchir. fut assez heureux pour échapper aussi
Réduit à cet état pitoyable, le vaillant aux convertisseurs de Louis XIV, et
capitaine inspirait encore une telle qui se réfugia également dans le Bran-
terreur à ses ennemis que n'osant l'ap- debourg, où il remplit des postes de
procher, ils le tuèrent de loin à coups judicature. Il paraît que Paul de Lu-
de mousquet.On affirme que les chirur- gandi laissa deux fils, dont l'un, après
giens de l'armée ligueuse demandè- avoir étudié la théologie à Francfort-
rent son corps pour le disséquer et qu'ils sur-l'Oder, futappelé, en 4 693, comme
commencèrent l'opération sans atten- ministre à Battin, où il eut pour collè-
dre qu'il eût rendu le dernier soupir I gues Nicolas etF«m'«,;puis,en 4 697,à
LUCKK (JEAN-JACQUES), OU Liic- Brandebourg avec A'Etienne, sieur de'
ke, en latin Luchius, natif de Stras- Clelles, et en dernier lieu à Halle, en
bourg, joignit l'étude de l'histoire et 174 3. L'autre, nommé Joseph, suivit
de la numismatique à celle de la juris- la carrière des armes. Lieutenant dans
prudence, et forma à grands frais un le régiment de Varennes, en 4 704, il
riche médaillier, dont il a publié une s'éleva au grade de major, et mourut à
description sous le titre de Sylloge nu- Magdebourg, à l'âge de 85 ans.
mismatum quee diversi'regeset prin- kTJGARJQON, peintre, originaire
cipes ab anno 4 500 ad annum\d<)(> de la colonie française de Berne. Lu-
cndi fecerunt, Argent., 4 620, in-fol. .
gardon se forma à l'école de David,
Les menées des libraires l'empêchè- comme on le remarquepar ses premiers
rent de trouver le débit de son livre, tableaux. Mais par la suite il modifia
en sorte qu'il sévit forcé de mettre en sa manière. Cet heureux changement,
vente sa collection de médailles pour selon le biographe Nagler, se fait déjà
payer lès.frais d'impression. La reine sentir dans son grand tableau histori-
Christine ' en fit l'acquisition, et de que : La délivrance de Bonnivard de
main en main, elle arriva entre celles la prison de Chillon par les Bernois
du duc d'Orléans. On a injustement et les Genevois. En 1826, Lugardon
reproché à Lùckh d'avoir supposé des se rendit à Rome ; il y peignit plusieurs
médailles et de s'être paré des plumes grands tableaux, où il s'affranchit de
du paon en donnant comme siennes les plus en plus de sa première manière ;
explications de Bemegger, Il avait telle est la Prise d'assaut du château
aussi écrit sur les médailles du xv' de Rossberg, excellente composition ;
siècle, et rédigé une Chronique de Ri- tout ce qu'on a pu y reprendre, c'est
baupierre, où il exerçait la charge de que l'action, qui se passe au clair de
bailli. Il mourut en Ï653, à l'âge de lune, est trop éclairée. Nagler cite en-
79 ans. core parmi les bons tableaux de noire
I.ÏJGANDÏ(JEAN), docteur en droit artiste, le Criminel qiiun moine ex-
et ancien de l'église deMontauban,qui, horte à la mort; une Famille napo-
dans toutes les circonstances, au mé- litaine, peint à Rome, en 1832, l'un
pris des persécutions, témoigna un et l'autre à peu près de grandeur na-
zèle ardent pour les intérêts et la dé- turelle, et enfin Guillaume Tell, exé-
fense de l'Eglise prolestante. Ne vou- cuté en 4834,
LUN - ^42 — LUN'
guise de barricades. De ceux qui ten-
LUNS (PHILIPPE DE), jeune femme
de 23 à 24 ans, née dans le diocèse de tèrent cette dangereuse sortie, un seul
Périgùeux, et veuve du sieur de Gra- périt. Atteint d'un coup de pierre, il
veron, que son zèle pour la Réforme tomba et fut à l'instant mis en pièces,
avait fait nommer ancien de l'église de au pointde perdre toute forme humaine.
Paris, est célèbre dans l'histoire du 11 ne restait dans la maison que des
, femmes, des enfants et quelques hom-
protestantismepar le courage héroïque
avec lequel elle souffrit la mort pour mes trep âgés ou trop timides, qui n'a-
sa foi, en 1557. vaient osé suivre les autres. La popu-
Le 4 septembre, les Protestants de lace, pressentant avec le sûr instinct de
Paris, que la persécution obligeait à se la hyène, qu'elle ne trouverait plus de
cacher pour adresser à Dieu leurs priè- résistance, se mit en devoir de forcer la
res, se réunirent, au nombre de trois à porte. C'en était fait de ces infortunés,
quatre cents, dans une maison de la lorsque Martine, procureur du roi au
rue Saint-Jacques, eu face du collège Châtelet, arriva fort à propos, suivi de
Du Plessis, afin d'y célébrer la sainte commissaires et d'un grand nombre de
Cène. Une affluence de monde aussi sergents, qui continrent, avec peine,,
extraordinaire éveilla les soupçons de la multitude furieuse de voir sa proie
quelques prêtres, qui ne tardèrent pas lui échapper. Au spectacle de terreur
à se convaincre qu'il se tenait une as- et de désolation qui s'offrit à lui, lors-
semblée de Luthériens. Ils appelèrent qu'il entra dans la maison, Martine fut
le guet, ameutèrent le peuple et cernè- ému jusqu'à verser des larmes. Cepen-
rent la maison suspecte de manière dant il avait à remplir sa charge, et il
que personne ne pût échapper. A mi- se mit en devoir de dresser son pro-
nuit, le service divin terminé, les fidè- cès-verbal qui constata « qu'en atten-
les, ne se doutant de rien, voulurent dant que tous fussent assemblez, le
sortir; mais ils furent accueillis par ministre avoitprié Dieu, toute la com-
des cris de mort et assaillis à coups de pagnie ayant les genoux en terre, et
pierres.Le tumulte attira tous les habi- qu'après avoir exposé l'institution de
tants du quartier; Paris, depuis la prise la Cène (1 Cor. XI), monstre quel en
de Saint - Quentin,. vivait dans de estoit l'usage, et comment oh s'y de-
continuelles alarmes. On s'enquiert, voit présenter : après avoir aussi ex-
on s'informe, et dès que l'on apprend communiétous séditieux, désobéissans.
qu'il s'agit de Luthériens, la fureur no à leurs supérieurs, paillards, larrons,
connaît pas de bornes. Des corps de etc., leur dénonçant de ne s'approcher
garde sont placés à loules les issues de la table; qu'après toutes ces choses,
et des feux allumés pour rendre la ceux qui avoyent esté jugez capables
fuite impossible. Pendant ces prépara- de ce sacrement, s'estoyent approchez
tifs hostiles, les fidèles, enfermés dans de ladite table, et avoyent receu du
la maison, invoquent la miséricorde pain et du vin de la main des ministres,
do Dieu, s'attendant à tout moment à .
avec ces paroles : C'est la communion
être massacrés. Leur première stupeur du corps et du sang du Seigneur; que
passée, ils commencèrent pourtant à prières s'estoyent faites pour le roy
se reconnaître. Encouragés par quel- et la prospérité de son royaume, pour
ques gentilshommes, qui se trouvaient tous povres affligez, et en général pour
parmi eux.ils résolurent de se frayer par toute l'Eglise, aussi que quelques
la force un chemin. Presque tous les pseaumes s'estoyent chantez. Voilà
»
hommes parvinrentà s'échapper malgré tout ce qui s'était passé,
en effet, dans
les pierres qui tombaient sur eux comme cette assemblée,- c'estAà-dire ce qui
grêle, malgré les piques et les halle- se passe encore aujourd'hui dans les
bardes dont on les menaçait, malgré les temples protestants, les jours où l'on
charrettes qui coupaient- les rues en administre la sainte Cène
.
aux fidèles;
LUN 143 — LUN
mais la haine a-t-elle jamais reculé jours d'un franc courage et alaigre-
devant la calomnie? Les bruits les plus ment. » Son interrogatoire en fournit
absurdes se répandirent dès le lende- la preuve. Un jour que le lieulenant
main dans Paris ; uon-seulemenfc on criminel lui demanda si elle croyait à
accusa les Protestants de se livrer la présence réelle elle répondit avec
,
dans leurs réunions religieuses aux vivacité : « Eh Monsieur,
1 qui croi-
actes de la plusTévoltante immoralité, rait que cela fust le corps de celuy au-
mais on alla même jusqu'à affirmer quel toute puissance a esté donnée, et
qu'ils ne s'assemblaient que pour im- qui est eslevé par-dessus tous les cieux,
moler de petits enfants. C'est pour re- quaud les souris le mangent, et les
pousser ces atroces accusations,—qui, guenons etsinges s'en jouent et le met-
dureste,avaientdéjàélédirigéescontre tent en pièces? » Et là-déssus, elle se
les premiers Chrétiens par les Païens,— mit à raconter avec tant de grâce et
que les ministres de Paris publièrent d'enjouement une anecdote de ce genre
deux Apologies qui furent répandues arrivée dans son pays, qu'il était facile
en grand nombre, jusque dans le Lou- - de voir que ses larmes ne trahissaient
vre, et dont la plus longue a été réim- ni l'abattementni la crainte, bien qu'elle
primée dans le martyrologe de Crespin. n'ignorât pas la mort affreuse qui l'at-
Après avoir dressé son procès-ver- tendait.
bal, Martine fit lier deux à deux tous Elle avait d'ailleurs repoussé déjà
,
ceux qu'il avait trouvés dans la mai- avec autant de fermeté que ses coac-
son, hommes et femmes (ces dernières cusés Clinet et Gravelle, les efforts des
au nombre d'une centaine): puis il les docteurs de Sorbonne pour la conver-
conduisitdans lesprisons du Cbâtelet, tir et en présence de ses juges elle
, ,
à travers les injures, les menaces, les ne montra pas moins de résolution et
coups d'un peuple furieux qui rem- de présence d'esprit. Voici son inter-
plissait les rues; mais, dit Crespin, rogatoire tel qu'il fut copié sur les piè-
Dieu voulait ainsi triompher en l'op- ces mêmes déposées au greffe. —D.
probre et ignominie des siens. Arrivés Interrogée par le lieutenant particulier
au Châtelet,lesprisonniers furentplon- si elle ne vouloitpas croire à la messe.
gës dans des cachots infects et tenus R. Qu'elle vouloit seulement croire
au secret le plus rigoureux, en atten- ce qui est au V. et N. T. — D. Si elle
dant leur jugement. ne croidpas en ce qui est en la messe,
Pour plaire à la Cour, affamée de con- et mesnip-ment au sacrement de l'hos-
fiscations, et au peuple avide de bû- tie. R. Qu'elle croid aux sacremens in-
chers, les juges déployèrent une acti- stituez de Dieu; mais qu'elle n'avoit
vité très-grande. Dès le 4 7 septembre, trouvé que la messe fust instituée de
trois accusés furent amenés à la barre, lui.—D. Si elle vouloit recevoir le sa-
savoir -.Nicolas Clinet, vieillard de crement de l'hostie.R.Qu'elle ne vou-
-60 ans, instituteur de la Saintonge, loit rien faire que ce que J.-Cli. avoit
où il avait été brûlé en effigie à cause commandé.—D.Depuis quel temps elle
de son zèle à propager les doctrines s'estoit confessée au prestre.R.Qu'elle
évangéliques ; Taurin Gravelle, de ne savoit, et que tous les jours elle se
Dreux, avocat au parlement, chez qui confessoit à Dieu, comme il avoit com-
l'assemblée s'était tenue, tous deux mandé. Et ne croyoit qu'.aulre confes-
anciens de l'église de Paris,et Philippe sion fust requise etinstituée par J. -Cli.,
de Luns, que son sexe, sa jeunesse et pour ce que luiseul avoit puissance de
sa beauté rendent la plus intéressante pardonner les péchez.—D.Qu'elle sen-
des trois victimes. toit des prières adressées^ à la vierge
juges, raconte Marie et aux Saincts. R.Qu'elle ne sa-
« Venant devant les
Crespin, elle souspiroit quelquefois; voit autre oraison à faire que celle que
mais cependant elle respondoit tous- Dieu lui avoit enseignée, s'adressant à
4i4 — LUN
LUN _
lui par son fils J.-Christ, et non autre. lui falloit autre purgation.Et que pour-
Bien savoit-elle que les Saincts de Pa- tant n'estoit besoin de faire prières pour
radis sont bienheureux, mais ne leur les trespassez,et qu'ainsi'elle l'avait leu
vouloit adresser ses prières. —D. Ce au N.T. Enfin, ne rougissant pas, dans
qu'elle croyoit des images. R. Qu'elle leur absurde fanatisme,de se rendreles
ne leur vouloit porter aucunement ré- échos des bruits atroces qui couraient
vérence.—D. De qui elle avoit aprins à Paris, les juges finirent par lui deman-
çeste doclrine. R. Qu'elle avoit étudié der si dans les assemblées auxquelles
au Nouveau-Testament. ->— D. Si elle elle avait assisté,on avait coutume d'é-
faisoit distinction des viandes es jours teindreles lumières après la prédication;
de .vendredi et samedi. R. Qu'elle ne elle se contenta de répondre « qu'elle
voudrait manger de la chair en ces ne s'estoit jamais trouvée en lieu où
jours, si elle pensoit blesser la con- tel cas se fist.»
science de son prochain infirme; mais Il serait inutile de relater ici les in-
qu'elle sait bien que la Parole de Dieu terrogatoires de Clinet et de Gravelle;
commande ne faire distinction des on y retrouverait à peu près les mêmes
viandes en quelque jour que ce soit ; demandes et les mêmes réponses. Les
et qu'on pouvoit user de toutes, en lés trois martyrs, par arrêt du 27 sept., fu-
prenant avec action de grâces. Là-des- rent condamnés à être brûlés, après
sus on lui objecta que l'Eglise avoit fait avoir été préalablement appliqués à la
défense de manger de la chair à cer- question. Un nouvel assaut des doc-
tains jours.etque cequin'estoitde soy teurs deSorbonne ayant échoué contre,
péché, estoit fait péché à raison de la leur inébranlable constance, ils furent
prohibition. R. Qu'elle ne croyoit en jetés chacun dans un tombereau pour
cela à autres commaudemens et défen- être conduits au lieu du supplice. Dans
ses qu'à celles que J.-Ch. avoit faites. cet instant suprême, un prêtre s'appro-
Et quant à la puissance que le pape cha pour confesser Philippe de Luns;
s'attribueà faire ordonnances, elle n'en mais elle le repoussa en lui disant qu'elle
avoit rien trouvé au N. T. De rechef on se confesserait à Dieu qui seul pouvait
répliqua que les puissances tant ec- remetlrëles péchés. Quelques conseil-
clésiastiques que séculières ont esté lers du parlement la sollicitant de pren-
délaissées par Dieu pour gouverner son dre entre ses mains une croix de bois,
peuple. R„ Qu'elle le confessoit des pour obéir, disaient-ils, au comman-
puissances appelées séculières; mais dement de Dieu qui ordonne à chacun
en l'Eglise, elle n'avoit point leu de porter sa croix : «Messieurs,leur ré-
qu'autre eust authorité de commander pondit-elle, vous me faites bien por-
que J.-Ch. — D. Qui estoit celui ou ter ma croix, m'ayans injustement con-
celle-là qui l'avoit ainsi instruite. R. damnée, et m'envoyaDS à la mort pour
Qu'elle n'avoit autre instructeur que la querelle de noslre Seigneur Jésus-
le texte du N. T. Christ, lequel n'enlendit onquesparler
Dans un autre interrogatoire, on lui de ceste croix que vous dites. » Selon
demanda, au sujet de son mari mort un usage introduit par un raffinement
peu de temps auparavant, si elle ne de cruauté, la Cour avait ordonné dans
l'avait pas enterré en son jardin. R.Que un relentum que les condamnés au-
non; mais avoit esté emporté à l'Hos- raient la langue coupée, s'ils refusaient
tel-Dieu, pour eslre inhumé avec les de se convertir. On procéda doue à
povres,sans toutefois aucunes cérémo- celte barbare mutilation, que tous trois
nies superstitieuses.—D. S'il est re- subirentavec courage. «Laconstance
quis, pour la salvation de celui qui est de Gravelle estoit merveilleuse, lit-on
décédé de faire prières. R. Qu'elle dans le Martyrologe, elles soupirsqu'il
,
croyoit celui qui serait décédé au-Sei- jetloit sans cesse, la veuë tournée de-
gneur, eslre purgé par son sang,et ne vers le ciel, monstroyent bien l'ardeur
LUN
- 145 LUP
de son affection en priant Dieu. Clinet ' deux étudiants de l'université de Paris,
,
avoit aussi toujours la veuë en haut; qui ont rendu compte de leurs interro-
mais sembloitplus triste que les autres, gatoires dans des Lettres publiées par
'pource qu'il estoit desjà abatu de vieil- Crespin, périrent quelques jours après
lesse, et de sa nature estoit blesme et dans les flammes. Douze ou treize au-
tout deffait. La damoiselle semblait tres procès étaient déjà instruits, et les
encores les surmonter en constance, bûchers toutprêts,lorsqueles supplices
car elle n'estoit aucunement changée furent interrompus par la récusation
dévisage; mais assise dessus le tom- qu'une prisonnière fit d'un des juges,
bereau monstroit une face vermeille, créature du cardinal de Lorraine, et fi-
voire d'une excellente beauté. Elle a- nalement arrêtés par l'intervention des
voit auparavant pleuré son mari et por- Cantons réformés de la Suisse et des
té Je deuil, habillée de linges blancs à princes prolestants de l'Allemagne.
la façon du pays; mais alors elle avoit LUPÉ, nem d'une des premières
posé tous ses habillemens de vefvage familles de l'Armagnac, dent une bran-
etreprins lechaperon de velours et au- che celle de MARAVAT, embrassa les
,
tres acoustremens dejoye, commepour doctrines de la Réforme.
recevoir cest heureux triomphe et es- Le premier membre de cette famille
tre jointe à son espoux Jésus-Christ. qui se convertit au protestantisme, fut
Estans arrivez à la-place Maubert, lieu Çarbonel de Lupé, mort vers 4 574. Il
de leur mort, avec ceste constance, ils laissa plusieurs enfants de deux ma-
furent ars et bruslez : Clinet etGravelle riages. Sa seconde femme, Susanne
vifs, la damoiselle estranglée, après a-- de Rivière, l'avait rendu père de trois
voir esté flamboyée aux pieds et au fils, DANIEL, PIERRE et JOSIAS, dont la
visage. Ce triomphe fut admirable. » destinée est inconnue. Son fils aîné,
Oui, ce triomphefut admirable. C'est JEAN, sieur de Maravat, gentilhomme
la lecture de semblables drames dans ordinaire de la chambre du roi, gou-
le Martyrologe protestant, qui a arra- verneur de la vicomte de Fezensaguet
ché ce -cri d'admiration à un historien et de la ville de Mauvesin, capitaine
célèbre, 'M. Michelet, étonné de l'éner- de chevau-légers, maréchal de camp,
gie de la Réforme à son aurore : « Elle en 4 593 , maréchal des camps et ar-
ne refit pas l'idée, mais le caractère. mées du roi, en 4 596 , sénéchal du
Elle agit et souffrit, donna son sang à Rouergue, a joué un rôle important
Ilots. Ses martyrs populaires, qui cher- dans les affaires des églises. Le Haut-
chaient leur force dans la Bible, fout Languedoc le députa, en 1593, à l'As-
une seconde Bible sans le savoir, et semblée de Mantes, et en 4 604, au Sy-
combien sainte ! Le martyrologe de node national de Gergeau, qui l'envoya
Crespin est bien autrement édifiant à en Cour avec Charnier pour demander
lire que la chronique des rois de Juda. à Henri IV de ne point insister sur la
Cela dure quarante ans, âge merveil- séparation de l'Assemblée de Saumur.
leux de patience ! Nulle résistance, nul Le roi refusa de se rendre aux voeux
combat. On ne sait que mourir et bé- du Synode, cependant il autorisa la
nir. » convocation d'une nouvelle assemblée
D'autres prisonniers de la rue Saint- à Sainle-Foy.Maravat n'y assista pas ;
Jacques payèrent-également de leur vie mais, en 4 605, il fut envoyé à celle de
leur attachement à l'Évangile. Nicolas Châtellerault, qui le chargea d'aller
Le Cène (Voy. VI, p. 459) et Pierre complimenter Sully à son arrivée. En
Gabart, de Saint- Georges en Poitou, 1614, l'Armagnac le choisit une fois
furent brûlés le 2 oct. FrançoisRebe- encore pour son représentant à l'assem-
zies, jeune homme de 20 ans à peine, blée de Sainle-Foy. Selou Courcelles,
natif d'Aslafort en Condornois, et Fré- la noblesse de celte province le députa
déric Danville, d'Oleron en Béarn, aux Etals qui se réunirent,la mêmean-
T.YII. 10
LUP 446 LUP
née,à Paris. Il mourut en 4 64 8, ayant par les ceusins de sa femme Armoise
d'Astugue, — 4° N., assassiné avec
eu de son union (1577) avec Margue-
rite de Morlhon, fille de François, son frère; — 5° PERSIDE, mariée, en
sieur d'Asprières, et de Marguerite 4 643, avec Pierre de Preyssac, sieur
sur les principes, etc. On y trouve pro- posé par les directeurs de la fondation
fessées les doctrines de l'école de Leib- Stolp, et développa ses idées sur le
nitz el de "Wolf, doctrines dont Luzac critérium des principes moraux dans un
prit, peu de temps après, la défense traité sur le perfectionnement de la mo-
avec une vivacité extrême contre le mi- rale, tant par ses principes, ses motifs
nistre d'AmsterdamBoullier, dans ses et son but final que par la révélation.
Recherches sur quelques principes Ce traité n'obtint pas le prix, mais ilfut
des connaissances humaines, Gôlt, et jugé digne par les directeurs d'être
Leyde, 4 756, in-S° de 246 pp. imp. dans leurs Mémoires (T. I), où il
Ce fut vers cetle époque que s'éleva figure sous ce titre : Betoog hoeveel
entre les savants de Hollande, à l'oc- de zedekunde., zoo ten aanzien haà-
casion de l'histoire de W.agenaar, la rer gronden als beweegredenen en
grande querelle sur le véritable ca- eindoogmerhen, door de goddelyhe
ractère de Jean de Wilt. Luzac y prit openbaring,volmaahterisgeworden.
part en publiant deux brochures, qui L'année suivante, Luzac fit paraître les
peuvent, passer pour de petits volumes, .
Remarques philosophiques et politi-
l'une sous le titre de: De zugtvan den ques d'un anonyme sur l'Esprit des
Heere Raad-pensiondris Johan de lois, dont on a enrichi l'édit. des OEu-
Witt, tôt zyn vaderland en deszelfs vres de Montesquieu donnée à Amst. el
vryheid, uit zyne daaden nagespoort, Leipz., 4 765, 6 vol. in-4 2. « Plein
l'autre sous celui-ci: Het oordeel oVer d'admiration pour le génie de l'illustre
denHeereRaad-pensionarisJ.deWitt président, lit-on dans la Notice sur la
zooalsheiinhetWehje:Dezugt,enz., vie et les écrits d'Elie Luzac, par H.-
vervat is, bekragtigd, bevestigd en C. Gras, professeur de droit à Amster-
beweezen, brochures qui parurent tou- dam (Paris, 4 84 3, in-S°), il [Luzac]
tes deux à Leyde en 1757, in-8°.Deux regrettoil de le voir à chaque instant
ans après, Luzac entreprit une oeuvre séduit par l'amourd'antithèsesindignes
plus considérable : il fonda, sous le de trouver place dans un exameu sé-
titre de Nederlandsche Lettercou- rieux, et livré à une affectation, à une
rant, une gazette littéraire destinée à recherche d'esprit doublemenlcondam-
rendre compte des ouvrages nouveaux nabledansun homme aussi spirituel...
LUZ — 155 LUZ
Les Remarques de Luzac sur l'Esprit tenait pas pour satisfait; il sentait qu'il
des lois ne tendent qu'à rendre la lec- pouvait faire mieux et il ne désespérait
ture de ce bel ouvrage plus générale- pas de l'emporter sur Wolf. Il avait
ment utile, en détruisant ou en affai- conçu le plan d'un plus vaste ouvrage
blissant dit moins, dans l'esprit des où il se proposait d'examiner l'homme,
jeunes gens, l'impression que des hy- comme être raisonnable et libre,en lui-
pothèses ingénieuses et un style bril- même ; comme être sociable, dans ses
lant manquent si rarement de produi- relations avec ses semblables ; comme
re. » C'est aussi dans l'intérêt de la personne civile,dans ses rapports avec
vérité que Luzac s'attacha à combattre le souverain ; il voulait compléter son
dans deux Lettres d'un anonyme à travail par un chapitre spécial sur le
M. J.-J. Rousseau, Lond., 1766, et droit des gens. Malheureusement les
Paris, 1767, in-8°, les assertions pa- graves événemenlsquisurgirenl bientôt
radoxales de l'auteur du Contrat social après firent oublier les discussions phi-
et de. l'Emile. Il s'attaqua ensuite aux losophiques qui avaient eu tant de char-
disciples de Hutcheson l'auteur du mes pour le xviii1 siècle, et les luttes
,
système de philosophie morale qui dé- politiques dans lesquelles Luzac se jeta
rive ses principes des sentiments plus avecquelqueemportement,ledétournè-
ou moins agréables ou désagréables rent de ce grand ouvrage, dont il n'a
qui accompagnent nos actions, en éta- paru, sept ans après la morl de l'au-
blissant ainsi le sentiment moral légis- teur,que la1r" partie sous ce titre : Du
lateur de Ja volonté. Il publia contre droit naturel, civil et politique,
ce système, qui peut aisément dégé- enferme d'entretiens, Amst., 1802,
néreren un antimoralisme dangereux, 3 vol. in-8°.
Briefwisseling van Philagalhos en C'est en 1772 que Luzac commença
Philalelhes over de leervan het ze- à se prononcer entre les partis politi-
delyk gevoel, Utrecht, 177), in-8°, ques qui divisaient la Hollande; il ne se
où il fît sentir avec force combien le rangea pas du côté des novateurs. Ad-
sentiment moral est variable, arbitrai- mirateur des institutions à l'ombre
re, personnel, et incapable par consé- desquelles les sept Provinces-Unies
quent de servir de base solide à la avaient conquis leur indépendance et
morale. L'année suivante, il fit impri- fondé leur grandeur, attaché de coeur
mer une traduction française des In- et d'âme à lamaisond'Orange,ilsemit
stitutions du droit de la nature et à prêcher le retour à une forme de gou-
des gens, parWolf, avec des additions vernement qui n'était plus en harmonie
et des notes instruclivesXLeyde,1772, ni avec les idées ni avec les besoins de
2 vol. in-4", ou 6 vol. in-8°). « Il s'é- la nalion, et s'attacha avec affectation
tait surtout attaché, dit le prof. Cras, dans les Annales belgiques, recueil
à présenter des éclaircissements phi- périodique qu'il publia en hollandais de
losophiques sur la législation romaine 1772 à n76, en 15 vol. in-12 (1), à
et sur les précieux fragments des an- vanter les services des stalhouders et à
ciens jurisconsultes... Dans d'autres faire sentir le danger des révolutions.
parties de cet excellent commentaire, Son stalhoudérismélebrouillaavecses
qui contient les fruits de ses longues oncles, qui appartenaient au parti libé-
méditations et de ses éludes favorites, ral, et, en même temps, ses attaques
Luzac s'arrête à des points longtemps très-vives lui attirèrent la haine des
débattus du droit naturel, et presque patriotes, qu'il prit à tâche, en quel-
jamais il n'en termine l'examen sans que sorle, d'exaspérer, en mettant au
avoir levé les doutes et fixé l'opinion jour coup sur coup Reinier Vryaarts
du lecteur. »
Malgré les éloges unanimes que ce Ces feuilles volantes, qui ne paraissent
(-1)
pas avoir été jamais réunies en volumes, sont
savant travail lui valut, Luzac ne se devenues introuvables.
LYO 156 LYO
— —
onpariydige brieven, Devenler et qui avait fui les persécutions, et mou-
Zwoll, 4 781-84, 4 vol. in-8'; Vader- rut à La Haye, le 10 janv. 4 789.
landsche brieven, dont il ne parut que Benjamin Lyonet, pasteur de l'é-
sept numéros en 4785; De vader- glise française de Heusden, dirigea
landsche staatsbeschouivers, cah. I- lui-même la première éducation de son
IX, M&$; Lettres [X] sur les dangers fils. Doué d'une aptitude merveilleuse
de changer la constitutionprimitive pour les langues, lejeune Lyonet se
d'un gouvernement public, Lond. rendit familiers, en peu d'années, le
1792, in-8% sans parler d'un grand latin, le grec, l'hébreu, le français, et'l'an-
nombre de pamphlets mordants qui fu- l'italien, l'espagnol, l'allemand
rent publiés par lui sous le voile de glais, sans négliger les arts d'agré-
l'anonyme, de 4 7S0 à 1795.Mais ce fut ment, la musique, le dessin , la sculp-
en vain qu'il lutta avec un courage di- ture même (4)., pour lesquels il mani-
gne d'un meilleur sort. Le torrent ré- festait desdispositionsnonmoins éton-
volutionnaire emporlalaforme de gou- nantes. En un mot, sa vocation n'était
vernement qu'il essayait de défendre, pas limitée, il était propre, à tout. Son
et il eut la douleur d'assister au triom- père le destinait à la carrière qu'il par-
phe de ses ennemispolitiques. Il mou- courait lui-même. Lyonet fit donc
rut àLeydeen 4796. sa théologie, mais lorsqu'il fut arrivé
Outre les ouvrages que nous avons au terme de ses études, il y renonça
cités,ElieLuzacadonnédestrad.hollan- pour se livrer à la jurisprudence. Au
daises des Devoirs d'un prince réduits à bout d'un an passé à l'université
un seul principe, par Moreau (Leyde, d'Utrecht, il fut en état de prendre ses
1778,8°)(1)etdu livre d'Accarias de Sé- degrés. Il publia à celte occasion une
rionne. sur la Richesse de la Hollande, Dissertation académique sur le légi-
dont il avait impr. une double édition, time usage de la question ou de la
en2vol. iu-4'et5 vol.in-8°,en 1778. torture, qui passe pour un des meil-
Celte dernièrëtrad. qui vaut infiniment leurs traités sur la matière. Après avoir
mieux que l'original, tant à cause des suivi quelque temps le barreau à La
corrections importantes et des addi- Haye, il obtint auprès des Etats-Géné-
' lions considérables que Luzac y a fai- raux des Provinces-Unies l'emploi de
tes, qu'à cause des nombreuses pièces secrétaire des chiffres et de traducteur
justificatives qu'il y a jointes, répand juré pour le latin et le français. Cetle
de grandes lumières sur la statistique place lui laissant quelques loisirs, il se
et l'économie politique; elle parut à livra à l'étude de l'histoire naturelle, et
Leyde, sous le litre de tlollands ryk- forma dans ce but unrecueil de dessins
dom, 4780, 4 vol. in-8°; nouv. édit., coloriés dont on admire la rare perfec-
4 804, in-8». tion. Rien ne peut égaler l'admiration
Elie Luzac avait été marié deuxfois. dont je fus saisi en parcourant pour la
Sa première femme neluidonna qu'une première fois les deux magnifiques
fille qui épousa Le Jeune et mourut portefeuilles contenant ces dessins,
sans postérité. La seconde le rendit écrit le naturaliste Jacq. Brèz dans une
également père d'une fille, qui vécut notice sur les mss. de Lyonet, insé-
dans le célibat. rée dans le Magasin encyclopédique
LYONET (PIERRE), savant natura- (r° année, T. II). « Ce ne sont pas, à
liste, et non moins bon analomiste proprement parler, des dessins, qui
qu'excellent dessinateur et graveur, les remplissent, ce sont de véritables
naquit à Maëstricht, le 24 juill. 4707, miniatures, et des miniatures telles
d'une famille originaire de la Lorraine
(1) On conserve de lui un bas-reliefen bois
(i) Sous ce litre: Depliglcn (1er overheden sculpté, représentent Apollon et les Muses, et
of verloog over de reglwaardighcid, Leyde, qualifié de chef-d'oeuvre par le peintre Van-
1779, in-8». gool (N.OUV. Théâtre des peintres bataves).
LYO
qu'on n'a pu encore trouver jusqu'ici
- - 157 LYO
tomie devint dans ses mains un travail
aucun artiste en état de les rendre par immense; et le livre où il la décrivit,
la gravure. » les ligures où il la représenta furent
Les recherches entomologiques de ,
placés, à l'instant où ils parurent,
Lyonet lui fournirent les Remarques au
nombre des chefs-d'oeuvre les plus
dontil enrichit,.en les accompagnant de élonnanls de l'industrie humaine. »
deux planches, la traduction française Cet ouvrage intitulé : Traité ana-
de la Théologie des insectes ou dé- tomique de la chenille qui ronge le
,
monstration des perfections deDieu, bois desaule,La Haye et Amst.,1760,
dans tout cequiconcernelesinsectes, forme un volume in-4» de plus de 600
par Lesser (La Haye, 1742). Réaumur pages , avec 4 8 planches ; les exem-
jugea ce livre digne d'être réimp. à plaires qui portent la date de La Haye,
Paris, et y ajouta lui-même de nouv. 4 762, sont augmentés d'une explica-
remarques (1745,2 part. in-S^.Le cé- tion abrégée des planches et d'une
lèbre Abraham Trembley, de Genève, description de l'instrument et des outils
résidait alors à La Haye, où ilfit ses bel- dont l'auteur s'est servi pour anatomi-
les découvertes sur les polypes.Il asso- ser à la loupe et-au microscope, etc.
cia Lyonet à ses travaux.L'artisteVan- Dans sa préface (pp. xxn), l'auteur
delaar s'était chargé de graver les fi- avoue (ce qu'on a peine à croire) que
gures que dessinait Lyonet ; mais il son ouvrage « est plutôt le fruit de
arriva que, le travail marchant trop len- quelques boulades de mauvaise hu-
tement au gré de l'auteur, Lyonet eut meur, que d'un goût décidé pour l'ana-
l'idée de suppléer l'artiste. Après une tomie.» L'amour de la science et de la
leçon d'une heure, AncV io son pit- gloire ne l'aurait pas mieux inspiré.
torel put-il s'écrier; il se mit donc à « L'auteur, dit Cuvier, y fait con-
l'oeuvre, et les huit dernières planches naître toutes les parties d'un si pelit
des Mémoires pour servir à l'histoire animal, avec plus de détail et d'exac-
d'un nouveau genre de polypes d'eau titude, on peut le dire, que l'on ne con-
douce (1744), «morceaux de gravure naît celles de l'homme. Le nombre
remarquables par leur délicatesse non seul des muscles tous décrits et re-
moins que par leur exactitude» témoi- ,
présentés,est de quatre mille quarante-
gnèrent qu'il n'avait pas trop présumé un ; celui des branches de nerfs et des
de ses forces. .
rameaux des trachées est infiniment
« Une aussi heureuse tentative en- plus considérable. On y voit de plus
couragea Lyonet, dit M. Cuvierdans les viscères avec tous leurs détails ;
une intéressante notice qu'il a consa- et tout cela esl rendu par des artifices
crée à ce savant dans la Biogr. univ. de gravure si délicats, par des tailles
Il résolut d'appliquer le talent qu'il si fines, sinetles, si bien appropriées
venait de se découvrir, à perpétuer ses au tissu des substances qu'elles doivent
propres observations ; mais il voulut exprimer, que l'oeil saisit tout avec plus
qu'elles portassent sur un objet digne de facilité que s'il s'appliquait à l'objet
d'un pareil talent. Après s'être attaché même et en s'aidant du microscope.
à divers sujets sur lesquels il se Charles Bonneit. regardait ce livre
,
trouva presque toujours devancé par comme une des plus belles démonstra-
des naturalistes qui s'en occupaient en tions en fait, de' l'existence d'une
,
même temps que lui, il en choisit en- première cause. » L'ouvrage de Lyo-
fin un qu'il jugea capable de rebuter net esl, en effet, un prodige d'habileté;
toute autre patience que la sienne. Ce jamais l'industrie humaine ne pourra
fut l'anatomie d'une seule chenille, aller au-delà.
celle qui ronge le bois de saule et qui « Un trait qui
fait honneur à la sen-
est si commune en Hollande (le Pha- sibilité de Lyonet, non moins qu'à sa
Icena cossus de Linné).Mais celteana- dextérité, continue Cuvier, c'est l'ai-
.
LYO 158 LYO
— —
tenlion qu'il a de faire remarquer qu'il pour la seconde partie de mon Trailé
n'a eu besoin de sacrifier à ses obser- sur la chenille pourraient être de se-
vations qu'un très petit nombre d'indi- cours à celui qui entreprendrait de
vidus. Pour les empêcher de souffrir, mettre la dernière main à cet ouvrage
il les suffoquait dans l'esprit de vin,: que je dois laisser imparfait,j'ai cru.que
avant de les ouvrir. Ses observations ce ne serait point un travail perdu que
sont si délicates qu'elles parurent d'a- défaire paraître à la suite de mes Re-
bord incroyables, et il fut obligé, pour cherches ces essais, d'autant plus que,
se concilier la confiance dupublic,d'en malgré ce qui leur manque, les méta-
rendre témoins des hommes habiles, morphoses réelles qu'ils indiquent, et
tels qu'Albinus et Allamand. Il a même développent en partie, ne pourront que
préparé et laissé entre deux verres le frapper d'étonnement lout lecteur
système nerveux de l'animal tout en- éclairé, lorsqu'il pensera qu'elles sont
tier. Il se proposait de suivre la même effectuées par un mécanisme intérieur
chenille dans ses développements, et qui doit être d'une délicatesse et d'une
d'en faire l'anatomie dans son état de composition inconcevables, et qui
chrysalide, et dans son étal parfait ou annonce jusque dans les plus petits
de papillon ; mais un accident qui lui objets la grandeur de l'Etre infini qui
affaiblit la vue vers l'âge de soixanle y a rassemblé tarit de sujets d'admira-
ans, ne lui permit pas d'exécuter,com- tion.» Cetouvrage ne parut qu'enl 832,
plètement son projet.» La Haye et Paris, in-4° de 580 pp.avec
Cependant, quoique demeuré à l'é- l'explication des planches, au nombre
tat d'essai, il se proposait de donner de 54, par les soins de M. W. deliaan,
ce travail au public, en réunissant conservateur au musée d'hist. natur. à
dans un même volume quelques-unes Leyde. Les planches, quoique bonnes,
des observations qu'il avait faites sur sont bien loin d'être comparables à
d'autres sujets. Daus un Avertissement celles du Traité sur la chenille ; quatre
mis en tête, il exposait les raisons qui seulement sont dues au burin de Lyo-
l'avaient fait renoncer à sa première net. Plusieurs naturalistes, tels que
entreprise «quoique fort avancée.» Swammerdam,Malpighi,Réaumur,Bon-
Repassant un jour sous ses yeux ses net, deGeer, s'élaieut déjà occupé des
riches portefeuilles, « il lui vinl dans métamorphoses des insectes et avaient
l'esprit que s'il y avoit trop d'obstacles écrit sur ce sujet des choses plus ou
à vaincre pour le premier de ses plans, moins ingénieuses. Mais « il était ré-
qui étoitde publier une descriptionhis- servé à l'immortel Lyonet, dit M. Brèz,
torique des insectes qu'il avoit trouvés de nous révéler ces profondsmyslères,
en fort grand nombre aux environs de et il l'a fait avec une sagacité qui le
La Haye, il y auroit pourtant moyen met au dessus de tous les éloges.»
d'en détacher des objets pour les don- Noire savant n'était pas tellement ab-
ner au public sous le titre Recherches sorbé par ses travaux sur les insectes,
sur l'anatomie et les métamorphoses qu'il ne pût encore donner une partie
de différentes espèces d'insectes,-— de son temps à d'autres branches des
et c'est ce qui me détermina, dit-il, à sciences naturelles. La conchyliologie
former le présent ouvrage oùj'ai lâché avait pour lui beaucoup d'attraits. Dès
de faire entrer souvent du singulier et 1749, il commença une collection de.
du nouveau, sans qu'il fût pour cela le coquilles quidevint une des plus riches
fruit d'une imagination exallée, mais de l'Europe. A sa mort, elle se compo-
simplement celui de regards attentifs et sait de 1283 espèces; le catalogue en
réfléchis, portés sur les merveilles de
a été publié par Meuschen, in-8" de
la nature. 233p.Les beaux-arts avaient aussi leur
«Et comme il me parut que les divers part dans ses prédilections. Le cabinet
essais atialomiques que j'avois faits de tableaux qu'il était parvenu à for-
MAC
— 459 — MAC
mer, ne comptait pas moius de 560 de sa vie, ses moeurs furent irrépro-
pièces. Les principales sociétés sa- chables, dit le pasteur Marron dans
vantes de l'Europe s'honoraient de le une courte notice insérée dans le Ma-
compter parmi leurs membres; mais, ou gasin encyclopédique^ "année,T.III).
a regret de le dire, l'Académie des Scrupuleuxobservateur deses devoirs,
Sciences de Paris ne vit en lui que le la vertu,la religioD,la patrie eurent éga-
fils d'un hérétique expatrié,et, comme lement à pleurer sa perte. Il fut chré-
tel, elle le jugea indigne de figurer, tien de bonne foi. «Lyonet n'avait pas
soit de près soit de loin, au nombre de été marié.Il légua ses mss. à un de ses
ses élus. Cependant la Société roy. de neveux, nommé Croiset. Outre le vo-
Londres,en 4 748,la Société des scien- lume d'oeuvres mêlées qui a été publié
ces de Hollande, eu 4753, l'Académie par M. Haan, il laissa « un très-grand
royale de Rouen, en 4757, l'Académie nombre d'observations isolées sur des
roy. de Berlin, en 4 760, l'Académie feuilles volantes,» que M. Brèz pro-
imp.d'hist. natur. de Vienne,en1761, mettait, en 1795, de rédiger. Nous ne
l'Acad.imp.deS.Pétersbourg,enl762, savons s'il a donné suite à ce projet,
ne témoignèrent pas les mêmes scru- non plus qu'à celui de choisir parmi
pules, et nous pensons que si la gloire la «très-précieuse correspondance»de
de Lyonet n'en fut pas. augmentée, la Lyonet avecRéaumur,Bonnet,Le Cat,
leur n'en fut pas amoindrie. Lyonet, Trembley, etc., ce qui lui paraîtrait
comme nous l'avons vu, parvint à un mériter l'attention des savants, et d'en
âge très-avancé. «Dans tous les âges faire jouir le public.
4
- MAL)
un art si noble, ne devait point être ans, née à Loudun vers 1656, qui se
enseigné par des femmes. La religion, distingua par une persévérance admi-
on le devine, était le vrai mot de l'af- rable dans une enfant de cet âge. Les
faire. 11 avait bien commencé sur ce enlèvements d'enfants se multipliaient
chapitre,en disant qu'on prend plus de de plus en plus, et il était si difficile
mouches avec une cuillerée de miel d'obtenir justice contre les ravisseurs
qu'avec un baril de vinaigre. Mais que les pères et les mères n'osaient
quand, après cela, il alla ajouter qu'il perdre leurs enfants de vue, ni leur
était juste, raisonnable et équitable permettre la moindre liaison avec.des
que la religion catholique abaissât et catholiques. Un signe de croix, obte-
humiliât,tant qu'il était possible,ia re- nu soil par des caresses soit par de
ligion réformée;quand il cila l'exemple petits présents, passait pour la preuve
d'Abraham mettant hors de sa maison d'une inspiration divine qui appelait
sa servante Agar et son fils, sa con- l'enfant à la religion romaine. C'en
clusion, qu'il fallait défendre à ces filles était assez pour le faire mettre dans un
huguenotes de tenir écoles, ne put couvent d'où il était impossible de le
plus étonner personne; et l'arrêt [23 tirer ; ear si, par bonheur, on obtenait
janv. 1647], de tous points conforme un arrêt de restitution, il arrivait tou-
à ses désirs, étonna moins encore.Mais jours que les officiers de la justice re-
un second arrêt,rendu à dix mois de là fusaient de le faire exécuter, ou bien,
[26 juin], consommant la ruine de ces quand on se présenlaitdans le couvent,
malheureuses, vint leur défendre d'en- l'enfant avait disparu. Quelquefois
MAI 170 MAI
—
même, si les flatteries et les friandises Protestants français réfugiés à Zurich
ne suffisaient pas, on employait les (Mss. de Beme,'Risltelv.VÏÏ,y),Isa-
menaces. Tel fut le cas pour la jeune bean Maigre, femme de Charles Au-
Mahu. Elle eut le malheur de tomber, bert, procureur à Embrun, avec ses
en1663,entrelesmainsdequelquesdé- deux enfants Uranie et- Antoine; et
voles qui avaient fondé à Loudun une dans une autre liste des directeurs de
maison pour la Propagation de la foi. rhôpitalfrauçaisàLondres,c7y«sJli«i-
Comme elle résistait à toutes les ca- gre, qui fut appelé, en 4 775,à remplir
ressés et refusait, absolument de faire les fonctions de directeur de cet éta-
aucun acte de catholicisme.ces vieilles blissement de bienfaisance.
bigotes eurent la barbarie de tenir MAILLAÏV - BE - GRANDLAC
pendant trois jours lamalheureuse en- (JEAN), sieur de La Case, qui testa en
fant la bouche tournée vers un four- 4 611, laissa de sa première femme,
neau ardent, et, n'ayant rien gagné par Jacquett-e de Mostuéjouls, fille de
celte inhumanité, elles retendirent sur Guy de Mostuéjouls, gentilhomme du
des laudiers, en la menaçant d'allu- Rouergue, et de Jacquelte deCaissac,
mer du- feu solis elle el de la rôtir.On qu'il avait épousée en 1570, deux fils,
ne nous apprend pas si elle succomba nommés DAVID-SILVESTRE, sieur de
à la fin. Grandlac, et GILBERT, sieur de Passa-
JUAIGRE(ELTSÉE),sieur deLa Mot le, des. L'aîné, qui mourut vers 1667, prit
gentilhomme dauphinois, épousa, en pour femme, en 4 618, Marguerite
1608, dans l'église protestante d'Or- Garcebal, et en eut FRANÇOIS, sieur
pene,Madelaine d'Abel,û\te AeBal- de La Case, marié, en 4 654, à Fran-
thasar d'Abcl^ient de Chevalet,dont çoise Loubeyrat, et JEAN-BAPTISTE.
il eut deux fil s, AND RÉ el Louis, e( une D'un second mariage contracté, en
fille, SUSANNE, qui devint la femme de 4 598, avec Anne Des Ondes, Jean
Jacques de Maréchal, fils de Samuel Maillan eut encore deux fils. Le sort du
de Maréchal (1) et de Marguerite second, nommé AREL, sieur du Joue,
d'Eyrau-d. Resté veuf, il se remaria nous est inconnu. L'aîné, JEAN, sieur
avec Lucrèce Chais ou Chaix qui lui de La Case, devint baron de Saint-
donna encore un fils. Ce dernier, qui Sernin par son alliance (22 juin 1638)
reçut au baptême le nom de. SAMSON, avec Madelaine de Lustrac, fille de
était, en 1667, juge de la baronnie Gabriel de Lustrac et de Franc : ise
A'Or\M?ce..ll épovsaUranie d'Eyraud- de Salages. De ce mariage naquit Jean
Magalloii, fille de Jean d'Eyraud- de Maillan ou de Mailhane (c'est
Magallon et de Doucette de Pontis- ainsi que l'on orthographia plus lard
d'Ariis, dont il eut ANDRÉ, marié à son nom), qui épousa, en 1673, Ma-
Constance Vial,fille de Jacçues,sïeur rie Isarn, fille de Benoît, sieur de
de Bonneval, et de Marguerite Bouf- Varagnes. En 1686, le baron de Saint-
fer.— Après la révocation de l'édit de Seruin ne recevant aucun avancement,
Nantes, cetle famille passa, au moins malgré ses nombreux services sur terre
en parlie.danslespaysétrangers.Nous et sur mer, prit le parti de se con-
trouvons mentionnés,dans une liste de vertir avec toute sa famille. En 1689,
(1) Une autre famille protestante de ce il sollicitait unepension comme récom-
nom habitait le Poitou. A la révocalion de pense de son apostasie (Arch. qén.
l'édit de Nanies, Alexandre Maréchal, baron M. 668).
du Poiroux, refusa absolument dose convertir Nous avons déjà eu l'occasion de
et il tint bon jusqu'au mois de septembre 1699,
que le maréchal d'Eslrées recommença a lo- parler d'un Maillane, gouverneur du
ger des dragons chez .les Protestants opi- château deBeaueaire ( Voy. IV, p. 129),
niâtres. Celle nouvelle dragonnade brisa la
constance du baron, qui abjura a Fontenay,
qui n'appartenait pas à cette famille.
el rentra en possession de ses biens confis- Son nom était Hardouin de Porcelet,
qués (Supplém. franc., 4026. %). seigneur de Maillane. Antoine de
MAI 171 MAI
Crwssoi, qui estimait sa modération et de nefermerpointl'oreille à la charité,
sa prudence, l'envoya, en 1563, avec pour espérer' mieux du jugement de
Antoine Du Chemin, docteur en mé- vos frères qu'il semble que vous ne
decine, « homme de grand savoir et faites. J'y adjousle la condition de
jugement,»à Beziers où de dangereu- vostre église, foible, tendre, à peine
ses querelles avaient éclaté entre la renaissante au milieu des adversaires.
garnison et les habitants. L'expulsion Elle peut avoir des taches. Et où est
des plus turbulents rétablit la tranquil- celle qui n'en a point ? » Maillard
lité; mais cette mission coûta la vie à écoula, à ce'qu'il semble, la voix de la
Du Chemin qu'un mutin précipita de modération et de la prudence; il fit
haut du rempart, le 4 mars. taire son ressentiment et consentit
Hardouin de Porcelet, que les Juge- même très-vraisemblablement à sup-
mens de la Noblesse du Languedoc primer son livre, dont il nous a été
appellent Tannequin, testa en 4 576. Il impossible de découvrir même le titre.
avait eu trois enfants. L'aîné, PIERRE, Plusieurs pasteurs de la Picardie
fut tué à la bataille de Saint-Gilles. Le ont porté le nom de Maillard, qui est
second, JEAK, mort après 4 624, laissa assez commun dans la province. De
de sa femme Sibylle Serre, ANTOINE, 4 584 à 4 596, l'église dé Coufcelles-
sieur de Saint-Paul, marié, en 4 635, Chaussy fut desservie par Philippe
à Isdbeau Blain, et PIERRE. Maillard, qui avait succédé à Leroy.
MAILLAÏU) (CLAUDE), docteur en En 4 644, Claude Maillard alla faire
médecine et ancien de l'église d'Or- ses études à Genève : il fut placé à
léans, ayant osé critiquer publique- Clermont en Beauvoisis. En 1631,
ment la conduite de Du Moulin, son Charles Maillard, avocat à Montdi-
pasteur (Voy. IV, p. 44 9), fut dépo- dier et ancien de l'église, fut député au
sé parle synode provincial et censuré. Synode national de Charenton. Israël
Il appela de celte sentence, qui peut Maillard, né àMontdidier, «homme
paraître bien sévère, au Synode natio- de talents et de beaucoup d'esprit,»
nald,eSaint-Maixent,qui la confirma et dit le P. Daire, était sans doute son
ordonna la suppression de son livre. fils. 11 fit avec succès ses études en
Maillardirrilé semblait disposé à pous- théologie à l'académie de Sedan. En
ser les choses à l'extrême. C'est pour 1 679, nous trouvons cité comme mi-
l'apaiser que Du Plessis-Mornay lui nistre de Chauny, Daniel Maillard,
adressa, le 14 sept. 4 610, une lettre d'Âbbeville, lequel fut chassé de Fran-
pleine des conseils les plus sages : ce par la révocation, ainsi que d'autres
« Vaudroil-il point mieux, lui disait-il,
Maillard d'Amiens et de Montdidief
avoirun peu de patience; se pourvoir (Arch. gén. TT. 235). Il mourut, en
sur ce différend en un autre synode 1728, ministre de l'église française de
national, si le dernier ne vous a satis- Groningue, qu'il 'desservait depuis
fait; faire à deux fois ce qui ne s'est 4 686. En 1702, deux demoiselles
Mercier.Rive, Laire, etc., se sont atta- mina, Lond., 4742, in-4\— Selon
chés à relever les erreurs inévitables Brunet, recueil rare et recherché.
dans lesquelles est tombé l'auteur des On trouve de Maittaire dans le T. II
Annales. On trouve dans le T. VII de ,dè l'Hist. litt. de l'Europe, Epistola
la Bibl. britannique (p. 1 56-4 63) une de maledicentlâ P. Burmanni, lettre
.longue lettre de Maittaire en réponse adressée à Capperonnier, Il se dispo-
aux observations de Bernard de La sait à publier, en 1697, un Catalogue
Monnoye. Un Supplément aux Annales des mss. de l'église de Westminster,
a été publié à Vienne par Denis, 1789, lorsque son manuscrit fut détruit par
2 vol. in-4°. Quant aux Annales dePan- un accident. Quelques biographes lui
zer qui ne vont'quejusqu'en 4 536, elles attribuent à tort le Catalogue de la Bibl.
ne sauraient remplacer celles de Mait-
taire, car l'auteur,tout en profitant du. (1) Dans la liste des souscripteurs (lous
travail du bibliographe français, n'a anglais) a cet ouvrage, on trouve les noms
point fait usage desdissertations etdes de Pierre Chrestien, Pierre Dunoyer, Tbomas
Pellct, probablement issus de Réfugiés.
MAI
-
Harléienne (Lond., 4743-5, 5 vol. in-
477 — MAI
tre pasteur était-il de la môme famille,
8°); dont il a composé l'Epître dédi- ou bien d'un autre du même nom, qui
catoire. La collection d'auteurs grecs habitait Nismes et à laquelle apparte-
et latins qu'il publia chez Tonson et nait Louis Maizonnet, marchand qui
Watts, in-4 2, est très-estimée, non- fut reçu bourgeoisàGenève, le 17 fév.
seulement pour la correction des tex- 4 705?
tes, mais aussi pour les excellents in- MAJAL (MATTHIEU),pasteur du dé-
dex qu'il y a joints. Voici la liste des sert , surnommé DÉSUBAS du lieu où il
ouvrages qu'elle contient dans l'ordre était né, en 1720, exécuté à Montpel-
de leur publication : Sallusle, Térence, lier, le-4» fév. 4746.
Lucrèce, Phèdre, Paterculus, Justin, - Bien fait de sapersonne, d'une phy-
en 4713; Nouv. Testament grec, en sionomie douce et prévenante, doué
4744; Catulle, Tibulle et Properce, d'un grand mérite et d'un coeur intré-
Horace, Virgile, Ovide, Cornélius Ne- pide, ce jeune ministre.qui avait d'ail-
pos, Florus, eu 4 74 5 ; JuvénaLQuinte- leurs rendu des services réels auxé-
Curce, César, Martial, en 4746; Lu-, glises sous la croix, était adoré des
cain, en 4 749; Piaule, la Batracho- Pro testants du Vivarais.Comme ses col-
myomaehie,en 4 721 ; Tile-Live, Pline lègues, il professait un profond respect
le Jeune, en 1722; Homère,en 1723; pour l'autorité royale; il venait encore,
Anacréon, en 4725, réimp. en 4 744 ; en 1744, d'adresser à La Devèze, avec
Sophocle, en 4727; Plutarque, Apo- cinq autres pasteurs du AèsdTl,Peirot,
phtegmes des rois et des princes, gr. Coste, Viola, Loire et Migault, une
et lat.,avec notes, en 4741,iri-4'.En- lettre pour repousserles calomniesdont
fin on doit encore à Maittaire la publi- on les chargeait et protester de leur fi-
cation, en 1726, in-4", d'un Commen- délité (Arch. gén. TT. 337); mais ni
taire lai. du médecin Pierre Petit sur Louis XV ni ses ministres ne voulaient
les trois premiers livres d'Arétée de croire àla sincérité d'hommesqui,pour
Cappadoce, commentaire trouvé parmi servir Dieu, osaient braver les édits et
les papiers de Grsevius. déclarations. Le gouvernement s'ob-
MAIZOKRET (JEAN-LOUIS), pas- stinait donc à ne voir dans les assem-
teur de l'église -wallonne de Délit, a blées du désert que des actes flagrants
publié: de révolte; cependant,comme la guerre
I. La théologie de l'E. S. ou la que l'on avait à soutenir ne lui per-
science du salut, comprise clans une mettait pas de disposer de troupes as-
ample collection de passages du V.et sez nombreuses pour les réprimer, il
duN. T..La Haye, 1752, 2vol. in-8". prenait le parti « de temporiser et de
II. Histoire dupeuple d'Israël de<- dissimuler» (Arch. gén. E. 3505);il
puis la création du monde jusqu'au recommandait même la circonspection
retour de la captivité de Babylone, à ses intendants,et les exhortait «à con-
tirée de l'E. S.,Dord. et Rott.,4778- tenir le zèle dangereux des ecclésias-
79,5 vol. in-8°. tiques, des consuls et des anciens ca-
Parmi les députés des églises au Sy- tholiques» (Ibid.). Mais quand la vic-
node national deLoudun, en 4 660, fi- toire de Fontenoy remportée par un
gure un Jacob Maisonnais ou Meyzo- général protestant,, les succès obtenus
nls, avocat au parlementdeBordeaux, par les Français en Italie, ceux du
qui y représenta la Basse-Guienne et prince Edouard en Ecosse, sans parler
qui fut employécomme médiateur dans des triomphes du grand Frédéric en
les affaires A'Arbussi et de Brugères. Allemagne,eurent assuré la supériori-
A la révocation de l'édit de Nantes, il té des armes de la France il craignit
,
se convertit avec sa femme, Marie moins une insurrection, et le moment
#?w,etsestraisenfants,MAiuE,PiEn.RE, lui sembla venu de frapper un coup qui
et ELISABETH (Arch. gên. M.673).No- rabattît, comme on disait en Cour,
T. Vil, 42
MAJ 478 — MAJ
l'insolence des nouveaux convertis. rent terminé leurs préparatifs de dé-
Le 4 déc. 1745, Saint-Florentin è- fense, ils leur déclarèrent que leur de-
crività La Devèze:,«Les amendes frap- mande ne serait point accordée. Irrités
pées sur les arrondissemensprotestants de cette mauvaise foi, les amis de Dé-
ne suffisent pas pour les contenir. subas s'avancèrent vers, le bourg avec
Rien- ne peut faire plus d'impression des vociférations menaçantes ; mais ils
que le supplice d'un prédicant, él il est furent reçus à coups de fusil. Trente-
fort à désirerque vous réussissiez dans six restèrent morts sur la place, entre
les vues que vous avez pour en faire autres Guillaume Boyer, Claude, et
arrêter quelqu'un.» La Devèze mit donc Daniel Vemat,])ère et fils, Marchon,
ses espions et ses soldats en Campa- Simon Bernard, Jean-Pierre Clos,
gne, et dans la nuit du 11 au 4 2 déc, Boissi de Rias, Pierre Brian, J.-J.
Désubas fut arrêté dans le hameau du Braveis, J. Laprâ, J.-P. Lévrier, J.
Mazel près de Saint-Agrève par les Lévrier, Ponce, Jean Garai, J. Bon-
soins de Châleauneuf. Dès le lende- net, Jacq. Bourette,Isaac-Jean Tra-
main, il fut dirigé sur Vernoux sous col, Jean-Paul Rossillie, Tausson,
une escorte de 30 hommes.En passant beau-frère de Désubas, Foriel, Jacq.
près de Cunac il fut reconnu par Pranos, Gabriel Beriou, P. Valut,
,
Etienne Gourdol, zélé protestant, qui Matt. Poliac, J.-P..- Rissoan, J.-J.
entreprit de le délivrer.A la tête d'une Riou, Claudine Teron, Plus de 20.0
vingtainede paysans qu'il rassembla en furent blessés, dont la plupart mouru-
toute hâte, il courut après le détache- rent par les chemins. Tant de sang
ment , qu'il atteignît dans, le bois de. versé souleva dans tout le pays un Cri
Trousse près de Vernoux et s'appro- d'indignation. De tous côtés on vit ac-
chant de Châleauneuf, il ,lui demanda courir des bandes de montagnards,
avec instances de rendre la liberté au mais armés cetle fois, et disposés à en
ministre. L'officier refusa, elGôurdol tirer une éclatante vengeance.Les pas-
insistant.il ordonna'de faire feu sur cet. teurs etDésùbas lui-même employèrent
attroupement sans armes. Six protes- toute leur Influence pour les calmer.
tants, Gourdol, Matthieu Courtial, Cédant à leurs exhortations et à leurs
Claude Hias, Jacques Julien, Jean- prières, les paysans consentirent enfin à
Pierre Vioujat et un autre dont lenom retourner dans leurs villages'; malheu-
n'est point arrivé jusqu'à nous, furent reusement ils rencontrèrent en roule
tués ; quatre faits prisonniers, et,Dé- une troupe de dragons qui fit feu sur
subas, maltraité, blessé même d'un coup eux et en tua trois, deux frères Pierre
de baïonnette à l'épaule, fut entraîné elMalthieu Courtial, eXPierre Véron.
dans la prison de Vernoux. Trois autres, Pierre Masse, Etienne
Le bruit de cette sanglante exécu- elJedn-Pierre.de Bar furent arrêtés
tion et de la capture de leur ministre et retenus en prison pendant plusieurs
parvint rapidement à deux assemblées mois (4).
-qui précisément se tenaient dans les L'émeute était dissipée; cependant
environs^ Aussitôt, tant était grande on se hâta de conduire Désubas à Tour-
l'affection que l'on portait à Désubas, non, d'où ou le transporta dans la ci-
tout le monde, hommes .femmes, en- tadelle de Montpellier au milieu d'une
fants, se mit en route pour VernoUx formidableescorte d e quatre à cinq cents
dans l'espoir d'obtenir sa délivrance. hommes commandée par La Devèze en
Pris à i'improvisle.les magistrats vou- personne. Quelques jours après, Châ-
lurent gagner du temps, ils couru-
(1) Le 10 juin 174S, c'est-à dire plus de
rent au-devant dé l'attroupement,pro- deux a nsaprésle supplice de Majal, l'intendant
mirent aux Protestants de faire droit Le Nain til encore exécuter il Montpellier
à- leur requête ; puis, quand les habi- Jean Desjours, de Brussac, pour avoir fait
tants catholiques,unis aux soldats, eu- pariiè du rassemblement qui réclama l'e-pis-
teur.
MAJ -, 479 MAJ
teauneuf, le héros de celte glorieuse arrivé au second échelon, on l'y retint
expédition, reçut de Saint-Florentin jusqu'à ce que les livres et les papiers
une lettre pleine d'éloges: J'ai,lui di- trouvés sur lui eussent été brûlés sous
sait le secrétaire d'Etat, rendu compte ses yeux. Prenant alors congé de deux
au roi de votre conduite, et on trouve jésuites qui l'avaient accompagné jus-
que vous avez fait preuve d'autant de qu'au gibet, et repoussant un crucifix
fermeté que de capacité (Arch. gén. E. qu'ils lui présentaient, il les pria de le
3507). laisser mourir eu paix. S'il essaya d'a-
Soit que l'intendant ait éprouvé un dresser la parole au peuple, nul ne put
remords de condamner au gibet un l'entendre, le roulement des tambours
aussi héroïque jeune homme, soit que ayant étouffé sa voix; mais jusqu'à son
les prélats catholiques, assemblés pour dernier soupir, on put lire sur ses traits
la tenue des Etats, aient espéré de le tant de piété, de fermelé, de résigna-
convertir,l'inlerrogatoiredu prisonnier tion et de constance, que, Catholiques
futretardejusqu'àlafindejanvierl746. .
et Protestants, tous les spectateurs en
Désubas s'y comporta avec tant de di- furentérnusjusqu'auxlarmes.Une com-
gnité, de respect et de décence qu'il.at- plainte en 35 couplets, qui fut compo-
tendrit jusqu'à ses juges. Le Nain l'ad- sée sur son martyre par un poète jio-
jura, au nom de Dieu devant qui il allait pulaire inconnu, est restée Comme un
bientôt comparaître, de lui dire si les nionumentlouchanl des sentiments que
Proteslanls n'avaient pas une caisse sa mort excita parmi le peuple.
commune? s'ils n'avaient pas amassé Le lendemain même de l'exécution,
des armes ? s'ils n'étaient pas en cor- Saint-Florentin, étonné du retard,
respondance avec l'Angleterre? « Rien inexplicable pour lui qui connaissait à
de tout cela n'est vrai, répondit-il, les fond Le Nain, que l'intendant du Lan-
ministres ne prêchent que la patience guedoc apportait à rendre la sentence,
et la fidélité au roi. 5 — 0 Je le sais, lui écrivit qu'il attendait avec impalien-
Monsieur, » répliqua l'intendant. Mais cela nouvelle du supplice de Désubas,
celle conviction ne l'empêcha pas de qui devait, selon lui, empêcher d'au-
condamnerlepasteur du désert au der- tres ministres de se hasardera tenir des
nier supplice; il est vrai qu'en pronon^ assemblées(.4rc7t.E.3507).llfui com-
çant la. sentence, il fondit, dit-on, en plètement déçu dans son espoir; aussi,
larmes (1). l'année même,les circonslanees ayant
L'exécution eut lieu, le 1 " février, permis de disposer de plusieurs régi-
sur l'esplanade de Montpellier, en pré- ments, on les envoya dans le Langue-
sence d'une foule immense. Désubas doc, avec ordre à Le Nain de déployer
sortit de prison les jambes nues, vêtu plus de sévérité que jamais contre les
d'un simple caleçon et d'un gilet sans assemblées du désert, l'intenlion de
manches. Sa jeunesse, sa beauté et S. M. étant « de ne point souffrir la re-
surtout la sérénité qui brillait sur son ligion protestantedans ses Etals et d'ef-
visage lui gagnèrent tous les coeurs. facer absolument toute idée de tolé-
La sympathie s'accrut encore lorsqu'on rance (Arch. E. 3307).
le vit se mellre à genoux au pied delà MAJE^DIE (ANDRÉ DE), OU Ma-
polence pour adresser au Dieu de misé- gendie, ministre de l'église réforaiée
ricorde sa dernièreprière avec toute la de Sauveterre.ayantélé chargé de prê-
ferveurde la dévotion. Il monta ensuite cher devant le synode provincial qui se
d'un pas ferme l'échelle fatale, mais tint à Nay , en 1666, osa dire, crime
énorme que les Protestants devaient
1
(1) Acrnsé d'avoir rempli les fonctions de peu s'inquiéter des excommunications
vicaire de Désubas, Louis Betziat condamné du Pape; il se permit même de repro-
a une détention perpétuelle dans le fort de cher à l'Eglise romaine de souffrir dans
Krescou. Son entretien lut fixé a six sous par
Ojr (Ar ch.gén. E. 3507,. son sein des prêtresconcubinaireSjlan-
MAJ 180 MAJ
sur une liste des Huguenots de l'élec- peaux, de Rouen, passa en Hollande,
tion Â'klenton(Arch.TT. 270), etdans a la révocation del'édit dé Nantes,avec
le même temps,, Gédéon Malherbe, une foule de gens du même corps de
fils de Gédéon Malherbe, du pays de métier, Pierre Varin, Louis Thiolet<
Caux, mort à Paris en 1661, et de Ma- Jacques Dulong,P. Bourdon, Etienne
rie Gastelet, était également signalé André, Mat thieuBonnet,JeanCombe,
1
DITH, née en 4 598, femme du ministre pour femme, en 4 634, Jeanne Tha*
Louis Maupeau; — 2° GABRIEL, qui bids(\), dont il eut : 4° CATHERINE,
suit; ^r- 3" ROBEBT, qui suivra; —^ i" femme de Pierre Mussard; — 2' E-
CATHERINE, femme de François Bara- TiËNNË, qui continua la descendance ;
ban; — 5° SAMUEL, souche d'une — 3° JUDITH, femme de Pierre Pitard,
ilôuvellebranche;—6*SUSANNE,femme puis de Gabriel Mollet;
de Jacques Chapuis (1); — 7° ISAAC, qui épousa Noé Rousseau; --^5" ANNE,
"
4°MARIE,
sur qui nous aurons à revenir; ^i épouse d'Antoine Berjon ; **-- 6* JAC-
8" JEANNE, épouse dé Jacob Fabri ; — QUELINE, alliée, en 4656, à Antoine
9"JACÔB, nééii 1622 et mort en 1690, Mussard.
ne laissant de sa femme Michelle Des Etienne Mallet* né le 26 août 4 643,
Landes (2) qu'un fils, FRANÇOIS, né épousa, en 4 675, Hélène Rilliet, et
èh 1661 et mort sans postérité ; — eti 1703, Anne Chouet. Il mourut en
10°, 11% 12°, trois enfants morts sans 1736, ayant eu de sa première femme
alliance. trois enfants : 4° PIERRE, né en 1676,
Gabriel, né le 30 juin 4 600, mou- qui ne laissa pas de postérité ; — 2°
rut à l'âgé de 41 ans. Safémme, EU" JACQUES, qui suit ; -^ 3° FRANÇOISE,
sabeth Gàïlalin, qu'il avait épousée femme de David Voullaire, d'Arzil-
en 4 627, lui donna une fille et deux liers, fabricant dé soieries, reçu bour-
fils. L'aîné de ceux-ci, AIMÉ, ne lais^- geois le 24 janv. 1708.
sa pas d'enfants mâles. Le cadet, nom- Né le 6 août 1680 el mort en 1767,
mé ROBERT, naquit en 1636 et eut,de Jacques Mallet se maria, en 4708, a-
son mariage avecJfone Audard, un • vec Isabeau Rigaud, fille de Jean Ri-
fils, BENJAMIN, qui mourut.en 1731, gaud, de Crest, et A'IsàbeanGounon,
ayant été marié deux fois. Sa première Son fils, ETIENNE, né Je 4 août 1709,
femme, Louise Blondel, de Nyon, le et mort en 4 761, embrassa la carrière
rendil père dé LOUIS-BENJAMIN, et la ecclésiastique etépousa, en 1749,£pe-
seconde, Marie Raniel, lui donna A- Michée-Elisabeth Du Pan, fille du
BRADAM, né en 1716 et mort en 1767, syndic Jacob Du Pan, qui lui donna
ayant eu de son union avec Andrien- deuxfils. Lecadet, JEAN-LOUIS-ETIEN-
ne-Guinand,unfilsnomméJEAN, mort NE, né en 1753, mourut salis enfants
en 1810 à l'âge de 66 aus. en 1829. L'aîné, JACQUES* à été un
pùbliciste célèbre à la fin du siècle
(1) Antoine Chapuis, coutelier de la Cham- passé.
pagne, fut reçu bourgeois à Genève en 1556.
L'année suivante,A»liro!«e Chapuis, de Lyon, Jacques Mallet^-Du Pan naquit à Ge^
le fut avec ses fils Jean-Denis, Jean-Louis et hëveen 4749.Dès son enfance, il ma^
David.
(21 En 1556, Jacques Des Landes, lilsde (1) En 1555, Nicolas Thabuis, chirurgien
François Des Landes, de Blois, avait obtenu d'Embrun, Claude elPierreThabuis,de S.Vin-
à Genève les droits de bourgeoisie. cent en Provence, avaientété reçus bourgeois.
MAL 187 — MAL'
nifesta beaucoup d'aptitude pour l'é- tutionhelle. Il aurait voulu voir intro-
tude, mais, en même temps, un esprit duire enFrancela constitution anglaise,
indocile à la discipline de l'école. Vol- dont il croyait l'application possible,
taire, toujours disposé à encourager avec de légères modifications. Fidèle
le talent naissaDt,le fit nommer pro- à ces doctrines, il les défendit dans le
fesseur de littérature française à Cas- Mercureavecuneinflexible opiniâtreté
sêl. Mallet ne conserva cette place que et un vrai lalent,-sans ménager à Ceux
peu de temps : il ne pouvait se plier à qui ne partageaient pas ses opinions
rien de ce qui ressemblait à de la con- les expressions dures et injurieuses.
trainte. Espérant rencontrer plus d'in- Son style incorrect, inégal, mais plein
dépendance danslaprofession d'homme de vie et de chaleur, de verve et de
de Iettres,il alla trouver LinguetàLon- franchise, élail très-propre à impres^-
dres et lui proposa sa collaboration pour sionner ses lecteurs. Aussi ne tarda-
la rédaction desAnnalespolitiques.Son t-il pas à inspirer des craintes sérieu-
offre fut acceptée, mais l'incarcéra- ses au parti révolutionnaire, qui le
tion dé Linguèt à la Bastille, au mois dénonça Comme un ennemi de la li-
de sept. 1779, rompit une association .
berté. Cette accusation fut justifiée
qui n'aurait pu d'ailleurs durer long- lorsque Mallet, indigné des excès des
temps entre des hommes de leur ca- démagogues, se jetaavec emportement
ractère. Mallet resta donc chargé seul dans le parti royaliste et se mit à atta-
de la publication. Bientôt après, il eut quer avec violence la révolution elles
l'idée de transporter les Annales poli- hommes qui en avaient adopté lesprih^
tiques à Genève et de les y continuer cipes.D'un autre côléje roi Conçut pour
sous le nouveau litre de Mémoireshis- lui une si grande estime qu'en 1792,
toriques, politiques et littéraires. Son il le chargea d'une mission de con-
entreprise n'eut qu'un médiocre suc
-
fiance en Allemagne. La journée du
ces, malgré le talent du rédacteur, et 4 0 août lui ayant fermé les portes de
Linguet ayant été mis eh liberté en la France, Mallet se rendit à Genève,
1782, il Crut devoiry renoncer, de peur d'où l'approche de l'armée française
qu'on ne l'accusât d'avoir profité du lé chassa. Après un court séjour à
malheur de son ancien associé pour Bruxelles, l'invasion des Français le
s'emparer de sapropriélé.Un écrit qu'il forçant de nouveau à s'éloigner, il alla
publia,vers le même temps,sur la der- fixer sa résidence à Berne et se fit dès
nière révolution de Genève lui ayant lors l'agent actif de la diplomatie étran-
attiré l'inimitié des deux partis qui di- gère contre la République française.
visaient la république, il dut quitter sa ÎJn article qu'il publia dans la Quoti-
patrie et vint se fixer à Paris, où il é- dienne sur la conduitede Bonaparte en
taij déjà connu comme un habile pu- Italie-, irrita le jeune général, qui exi-
bliciste. Le libraire Panckouke trai- gea son bannissement de Berne. Il se-
ta avec lui de l'entreprise d'un nou- retira à Zurich, puis à Fribourg, d'où
veau journal, dont le premier numéro il passa, en 4 799, en Angleterre. Le
parut, en janv. 1784, sous le titre de climat de la Grande-Bretagne ne tarda
Journal historique et politique de Ge- pas à ruiner sa santé déjà fortement
nève. Quatre ans après, Panckouke, altérée; ilmourut de consomption, le
ayant acquis le privilège du Mercure de 4 0 mai 4 800,, laissant une femme,
France, eut l'idée d'y joindre une partie Françoise Valier, et trois enfants,
politique el chargea Mallet de la rédac- deux fils et.une fille, qui furent géné-
tion. reusement secourus dans ieurpâuvrelé
' Dans tous les écrits politiques que par le gouvernement et la nation an-
Mallet mit au jour jusqu'à l'explosion glaise. L'aîné des fils, JEAN-LOUIS, na-
des passions révolutionnaires, i) se turaliséanglais, a épousé LucyBaring,
déclaraparlisande lamonarchieconsti- puis Françoise Merivele. Si nosren-
MAL MAL
— 488 —
seignements sont exacts, il estpèrede de la dernière révolution de Genè-
trois enfants, nommés HENRI, LOUIS et ve, Gen., 4782, in-8".
CHARLES. La destinée du fils cadet, V .Supplément nécessaire à^ un ou-
HENRI, nous est inconnue. La fille,MA- vrage intitulé Le Philadelphien à Ge-
RIE-HENBIETTE-AMÉLIE,est devenue la nève [1783], in-8°.
femme du médecin Jean-Pierre Col- Vî. Journal historique et politique
ladon. deGenève, Paris, 1784-88,in-12.—
Voici le jugement porté dans-la Bio- Mallet cessa ce journal, le premier-de
.graph.univ.sur notre publiciste par un ceux publiés jusque-là en France qui
écrivain qui a eu avec lui d'étroites puisse sans désavantage soutenir la
liaisons: «Mallet-Dupanavait conservé comparaison avec les gazelles politi-
dans la société la. gravité du caractère ques de Hollande et d\Àngleterre,pour
genevois; il y joignait un amour de se charger de la partie politique du
l'indépendance et un mépris absolu Mercure français,qu'il rédigeajusqû'en
pour les.recherches de l'esprit el le 4792.
manège de la duplicité...Comme écri- VII. Remarques critiques sur les
vain, il négligeait son style pour con- persécutions de Galilée, publ. dans
server à l'expression de sa pensée le Journal encyclopéd. (4 784).
toute sa vigueur: elle était en général VIII. Lettre sur les vues d'un soli-
forte et profonde; il s'exprimait comme taire patriote, publ. dans le même
il sentait, et ses. phrases, pour être Journal. (4785).
quelquefois dures et incorrectes, n'en IX. D'un doute, sur la découverte
.
Il nous reste à donner la liste des conte moral, ins. dans le Mercure de
publications deMallet-Dù Pan. France (1785).
I. Discours de l'influence de la XI. Du péril de la balance politi-
philosophie sur les belles-lettres, que del'Europe, Lond. [Paris],1789,
Cassel, 1772, in-8". in-8°; Lond. [Varsovie], 1789, in-8°;
IL Doutes- sur l'éloquence et les trad. en angî., Lond., 4 791.
systèmes politiques, Lond., 1775, XII- Du principe des factions en
in-S». général et de celles qui divisent la
Lettre à M. Linguet sur l'idée
111. France, Paris, 1791, in-8".
avantageuse que Voltaire avait de M. XIII. Voyage.et conspiration de
Linguet, ins.dans le T.VII des Anna- deux inconnues, Paris, 1792, in-8".
les politiques. Après l'incarcération de
Linguel,Mallet continua cette dernière — Douteux.
•
XIV. Lettre sur les événements de
publication depuis leN° 72 etenfit pa- Paris, au 10 août 4 792, in-8°; trad.
raître 36 numéros, formant quatre vo- en allem., (792.
lumes,sou&ceXiireAnnalespolitiques, XV. Considérations sur la nature
civiles et littéraires duXVIII'siècle, de la révolution de France, Lond. et
pour servirde suiteà celles deM.Lin- Brux., 4793, iu-8°; trad. deux fois en
<7Mrf.Cedernier recueil fut ensuite con- allem.,Berl., 1794,elLeipz.,1794,8°.
tinué sous ce nouveau litre: Mémoires XVI. Sur l'es dangers qui mena-
historiques, politiques et littéraires cent l'Europe, Hamb.etLeipz.,1794,
sur l'état présent de l'Europe, Gen. in-80; trad. en allem., L.eipz., 1794,
[Paris],4 779-82, 5 vol.in-8°.Enfin, a- in-8"; en angl., 1794, iii-8°. —Dou-
près l'élargissement de Linguet, Mallet teux, bien que le livre porte son nom.
renonça à cette entreprise. XVII. Correspondance politique
Vf. Tableau historique etpolitique pour servir à l'histoire du républi-
MAL 189 MAL
cmisme français, Lond. [Hamb.], Jean-Daniel Navilie; — 6" JEAN né
4796, in-8". ' le 10 déc. 4 679 et mort le 23 .avril ,
qui fut ministre et mourut sans en- oct. 1605, et mourut en 1674, D'un
,
fants en 4759; JEAN-JACQUES,qui n'eut premier'mariage avec Louise Poncet,
qu'une fille, ANnRlENNE-ANGÉLiQUE,de il avait eu six enfants. Resté veuf, jl
son mariage mec Jeanne Prévost. s'était remarié avec Madelaine Ofjre-
Jacques Mallet, né à Paris, le 23 di, qui le rendit encore père d'un fils,
mai 1724, vint s'y établir de nouveau PAUL, docteur en droit et auditeur, né
comme banquier et épousa, en 4744, en 1677 et mort en 172.4, laissant de
Lçuise - Madelaine Rrcsson. Sur la sa femme, Eve Mollet,xra fils, GABRIEL,
fin de ses jours, il se retira à Chou- décédé sans enfants en 1766. Les six
gny près de Genève, où il mourut en enfants issus de son premier mariage
4 815, laissant à la tête de sa maison furent : 4° LOUISE* femme de Pierre
ses deux fils, GUILLAUME et ISAAC- Pallard;---2" SUSANNE, mariée.à Aimé
JEAN^JACQUKS, qui furent arrêlés-pen^ Clôt (1); -y- 3° MARIE, épouse de J.¬
dant la Terreur et ne recouvrèrent la Marc Tallot ; ^- 4J JACOB, qui suit; —
liberté qu'au 9 thermidor. L'aîné, né 5' SARA, femme de Jacques Jaquet ;—
en 1747, devint régent delà Banque 6° PERNETTE, alliée h-Isaac Mussard,
de France el fut créé baron par l'em- Né en 1645, JacobMallelépousa, en
pereur. Il mourut à Paris, le 14 mars 4,767, Elisabeth de Tndert, qui des-
4 826, Sa première femme, Elisabeth cendait de Jean Tudert, sieur de Ma-
Boy^de-La four, ne lui donna pas nières, reçu bourgeois en 4 608. Il
d'enfants ; mais il eut de la seconde, mourut en 4 74 %.: De ses huit enfants,
Aune-Julie Houè'l, de Caen, deux fils, six ne laissèrent pas de postérité. Sa
nommés JAMES et JULES, qui prirent fille CAMILLE épousa. René Ranc. Son
pour femmes Laure et Emilie Obtr- fils FABRICE, né le 11 mai 4 693 et
hampf. Quant à Isaac-Jean-Jacques, mort en 1798, eut de' sa femme S^
qui naquit en 1763 et mourut à Paris, sanne^MadelaineMalvesin, une .fille,
en 1815, il laissa de son union avec nommée CAMILLE-ELISABETH, qui de-
Marthe-Henriette Houè'l, de Caen, vint la femme de P,-M, Hennin, rési-
deux filles, JULIE et ANNA-AMAN^A, et dent de France à Genève,
deux fils, EDMOND .et HORACE, nés ju- VII. Frère du précèdent, Joseph
meaux, le 27 mars 4 803. Mallet naquit le 4 g oct. 164 0 et mou-
V. Frère de Robert et de Samuel, ' rut à l'âge de 66 ans. Il fut marié trois
Isaac Malletnaquil le 15 mars 4 618 et fois; Ja 1", en 1639, avec Catherine
mourut en 1674, ayant eu de son u- Goudet, qui lui donna JEANNE, femme
n.iôn.avec Elisabeth Boucher, qu'il de Pierre Favereau, puis A'Abraham
•avait épousée en 1645, trois enfants Gardelle; la 2», en 4 642, avec Rose
dont une fille, SARA, femme du notaire Genoud, dont il euldeux fils, JACQUES
Jean-^Anloine Comparet, et deux fils : et JEAN, qui ajoutèrent à leur nom cer
THÉOPHILE, né en 4 646 el mort aux In-
(1) En 1,-)76, Claude Clol, de Grasse, obtint
des, et GABRIEL, né le 4 3 juill. 1647. ,a.Genèveles droits-debourgeoisie.
MAL — 191 MAL
lui de leur mère et dont nous aurons à suit-, et 3°EVE, femme de Paul Mallet.
parler ; la 3b enfin, en 4 648, avec Eli- André, sieur de Flie, dans le pays de
sabeth Duet, qui le rendit encore père Gex, naquit le 27 mars 4 680, et fut
de quatre enfants : 4° LOUISE, femme membre du CC. Il mourut en 4 756,
de François de La Chana (4); — 2° laissant, outre deux filles, CATHERINE,
CHARLES! né le 22 déc. 4 657 et mort è])o\iseAeFrançoisLombard,elll^niE,
en 4 708, qui épousa, en 4 682, Sara femme du syndic Léonard Fatio, un
Buffe, d'une famille originairede Diep- fils nommé JEAN.. Né le 2 avril 4 74 6 et
pe, jouissant à Genève des droits de membre du CC, ce fils, qui mourut en
bourgeoisiedepuis 4 570,et qui en eut, 4789,availépousé,en4756,CA«rZflfi!«-
entre autres enfants, GÉDÉON, né le 4 3 Marie Bulini. Il en eut JEAN-LOUIS et
juill. 4692, marié, en 4718, à Marie FRANÇOIS, qui ajoutèrent au nom de
Lombard, el père de trois enfants, Mallet celui de leur mère.
lesquels allèrent s'établir en Améri- Jean-Louis Mallet-Butini, né le 22
que; — 3° HENRI, dont nous aurons à mars 4757, du CC en 4785, auditeur
parler plus tard ; — 4° MARIE, femme en 4 786, juge du tribunal de l'audien-
de Jean-Antoine Arland. ce, membre correspondant des acadé-
4 ° Jacques Mallel-Genoud, né le 4 3 mies de Lyon et de Dijon, a publié :
déc. 4 642, et mort en 4703, eut de I. Idylles pour les enfants, nouv.
sa femme Françoise de La Rive deux édit., Gen. etParis,4805, in-46.
fils nommés ANTOINE et ABRAHAM. An- II. Marcoméris ou le beau trouba-
toine, né le 20 mai 4 681 et mort.en dour .Nouveïtede chevaleriesuivie de
4751, épousa Marthe Gallatin, qui le Contes en vers,Gem.elParis, 1796,8".
rendit père de trois fils. L'aîné, JACOB, III. Poème, suivi d'un Tableau de
né le 1.4 mai 4 724, prit pour femme l'histoire de Genève et d' Odes,Gen.,
Elisabeth Anbanel et en eut cinq fil- 4796, in-8".
les : SUSANNE, femme de Louis-Ga- IV. Mélanges historiques et litté-
briel Galissard-de-Marignac, MAR- raires, Gen., 1797, in-8".
TnE-GABRIELLE MARIE-HENRIETTE V.Delà nécessitéd'uncultepublic,
, ,
MiRGUERITE-jEANNE-ELISABliTaelPER- 1797, in-8".
NETTE, et deux fils : JEAN-JACQUES, qui VI. Tableau historique des dissen-
s'établit à Flessingue, et ISAAC-JEAN- sions de la république de Genève et
JACQUER, né en 4768 et marié, en de la- perte de son indépendance,
1795, à Anne Vignier. Le second, Gen., 4803, in-8°.
PIERRE-HENRI, né en 4 735, eut de sa VII. Odes àl'usage des enfants,Gen.
femme Marie Sautter trois filles et et Paris, 1804,in-16.
un (ils, FRANÇOIS-JEAN-LOUIS, né en Galiffe ne nous donne pas l'année de
4769. Le troisième, JEAN-LOUIS, né en la mort de Jean-Louis Mallet, quiavail
1738, épousa Marie-Salomé Baur de épousé Jeanne Richardelen avait eu:
Strasbourg, et en eut : JEAN-SALOMON, 1 ° EDOUARD, officier de marine au ser-
marié, en 4797, avec une demoiselle vice d'Angleterre, mort en 1817; —
Le Fort; GABRIEL-LOUIS, né en 4773; 2* CLAUDINE-C0NSTANCE-FÉLICITÉ,ma-
EMMANUEL, el ANNE, femme d'Elie Au- riée, en 1819, à Gustave Fallot; —
dra. 3° ELIZA;—4' CHARLOTTE-IJHILIPPINE-
2" Jean Mallet-Genoud, né le 30 .SOPIHE;
.— 5°
EDOUARD-FÉLIX, né le 2
avril 4 646 et mort en .474 6, épousa, déc. 1805, qui prit en 1828, Je gradé
en 4675, Catherine Croppet, dont il de docteur en droit, après avoir sou-
eut;4"MARIE, femmedusyndic Théo- tenu une Ihèse Sûr l'usufruitpater-
dore de So/ussure; — 2° ANDRÉ, qui nel, Gen., 4S28, in-8".
Le frère cadet de Jean-Louis Mallet-
(1) Jean-Antoine de La Chana, de Lyon, Butini, nommé François, comme nous
fut reçu bourgeois, en 1631, avecscslils, Jean,
Pierre tt Jean-Antoine. l'avons dit, naquit le* 9 avril 4765. il
MAL 19a — MAL
Médard furent les provocateurs, et que comme dans une forteresse , conti-
les Protestants se contentèrent d'abord nuaient à les accabler de pierres, lors-
d'envoyerdeux des leurs—sans armes, que l'arrivée du chevalier du guet Ga-
ajoute deThou,—pour prier le curé de baston apaisa enfin le tumulte, qui du-
faire taire ses cloches; qu'ils ne purent rait depuis plus d'une demi-heure. Ju-
rien obtenir; qu'on en vint aux paroles, geant, d'après ce qui s'était passé, que
puis aux prises, et qu'il y en eut un de les Catholiques avaient été les provo-
blessé à mort. Ce malheureux se nom- cateurs, et instruit par le prévôt de la
mail Pasquot, l'autre se sauva à toutes résistance que les prêtres avait faite à
jambes. Les prêtres, continue Castel- l'autorité, Gabaston arrêta une quin-
nau, fermèrent leur église et, montant zaine de mutins et les fit conduire dans
au clocher, se mirenl à sonner le toc- les prisons de la Conciergerie, sans
siD pour émouvoir le peuple catholi- que la populace altirée par le son du
que. LaPopelinière dit aussi qu'au lieu tocsin de tous les quartiers avoisinanls
de se rendre aux représentations des fît aucune.'tentative pour les délivrer.
Protestants, ils donnèrent «plus grand Le clergé, furieux du résultalinaltendu
bransle à leurs cloches. » Impatientés d'un coup si bien monté, se promit de
à là fin, les Huguenots voulurent obte- prendre sa revanche. Dès lelendemain,
nir par la force ce qu'on avait refusé à la canaille du faubourg Saint-Marceau
leurs prières, et se précipitèrent en ameutée par lui se rua contré le Pa-
grand nombre vers l'église,ayant à leur triarche, dès que les fidèles en furent
têle le prévôt Rougeaureïlle, que le Sortis après la célébration du service
gouverneur de Paris avait chargé de divin. Elle brûla les bancs et la chaire,
veiller à la sûreté de l'assemblée. De et aurait livré aux flammes le bâtiment
leur côté, les prêtres effrayés barrica- lui-même, sans l'arrivée A'Antoine de
dèrent les porlesde l'église, et,se réfu- Clermont - d'Amboise , du capitaine
giant dans le clocher, firent pleuvoir Soucelles, de Stuart et de quelques
sur les Protestants une grêle de traits au 1res gentilshommes huguenots, qui
et de pierres dont plusieurs furent dissipèrent sans peine cette lâche po-
blessés. Pendant ce temps, le tocsin ne pulace et firent quelques prisonniers
cessait de se faire entendre, et déjà les qu'ils livrèrent au procureur du roi.
cloches deSt-Marcel et de Ste-Gene- Saisi de l'affaire, le parlement sem-
MAL 200 MAL
— —
bla oublier ses préjugés contre les Ré- de cette'assemblée. Tulta questa ciltà
formés ou voulut au moins sauver les sta con allegrezza infinita. » Dans celle
Il chargea de Pinformalion lettre, qui nous peint l'état de l'opinion
apparences.
deux commissaires, l'un catholique et à l'égard des Huguenots, Prosper de
l'autre protestant ; mais bientôt, reve- Sainte-Croix se fait l'écho d'uu faux
nant à ses sentiments d'hostilité, il, fit bruit au sujet de Malot; Aucun .écri-
mettre en liberté les prisonniers catho- vain protestant ne dit qu'il fut arrêté;
liques et arrêter Gahaston, qui, toutca- on se contenta de lui défendre de prê-
tholique qu'il était, fut condamné à mort cher, sous peine de mort, ainsi qu'à son
s'être montré partisan des Hugue- collègue (Voy. VI, p. 530). La Pope-
pour
nots , Nez-d'argent, qui fut pendu, linière, entre autres, rapporte qu'après
Condé, on se livra
comme nous l'avons dit ailleurs, Cager la prise d'Orléans par
et son fils, qui subirent le même sort à Paris à d'activés recherches pour le
avoir été témoins du tumulte. découvrir; mais il était déjà sorti de la
pour
Cette révoltante, iniquité ne se com- ville, et Comme beaucoup d'autres pro-
mit pas immédiatement; le parlement testants parisiens, il trouva un asile à
attendit que Condé fût sorti de Paris Orléans. Après la conclusion de la paix,
et que la guerre civile eût éclaté. On Coligny le choisit pour son aumônier.
lit même, dans le Journal de 1562, pu- En 1566, l'amiral le prêta pour quelque
blié par la Revue rétrospective, qu'il temps à l'église deMetz (Voy. IV, p.9).
aurait bien voulu, ainsi que le roi et la Comme il n'estpiusfaitmentiondelui,
reine, sauver la vie au moins à Gahas- depuis cette époque, dans l'histoire de
ton, mais que « le peuple estoit tant ani- nos églises, on pourrait présumer qu'il
mé contre luy que si l'on l'eust eslar- mourut vers ce temps, s'il n'était en-
gi, l'on craignoit que le peuple ne fist core qualifié de ministre de l'amiral
violence au parlemenl mesme. » Qu'il dans le Martyrologe à la date de 1569.
ait ou non cédé à la peur, le parle- Cette année-là, sa femme, Anne Chres-
ment n'en reste pas moins couvert du tien, retirée alors à Châlillon-sur-
sang de l'innocent. Loing, fut égorgée par des soldats qui,
Il est certain que Malot, qui était moyennant une bonne somme, avaient
particulièrement haï comme apostat,au- promis de la con duire en 1 ieu Sûr, après
rait subi un sort aussi rigoureux, s'il la capitulation delà ville (Voy. III, p.
n'était parvenu à échapper aux fureurs 388), et qui la tuèrent en roule pour
de la populace catholique. Voici, en s'emparer du reste de sou argent.
effet, ce que Prosper de Sainte-Croix On a quelquefois confondu Jean Ma-
écrivait le 5 avril 1562 : « Ce matin le lot, ministredel'église deParis et cha-
connétable fit armer toute l'infanterie pelain de l'amiral, avec Jean Malot ou
etune bonne troupe de cavalerie, et son Mulot (c'est ainsi que Rèze écrit son
Excellence, marchant à travers la ville, nom), chanoine de Beàune, «homme
au milieu de ces troupes, à l'improviste, docte el de grande prudhom'ie », qui
rencontra un avocat du roi, nommé embrassa aussi la Réforme, vers 1562,
Rose; il l'appela avec des paroles in- et fut donné pour pasteur à l'église
jurieuses (cou villania), et commanda protestante d'Autun (1). Lorsque les
qu'on le mît en prison. On dit qu'il a
fait traiter de même un prédicateur hu- (1) Un autre Mulot, don\ le prénom était
Pierre, après avoir passé la moitié de sa vie
guenot, qu'on appelle Rivière [Le à prêcher l'Évangile dans la'Suisse française,
Maçon, dit La Rivière]. Avec toute sa fut envoyé, en 1859, a Soubise, dont le sei-
troupe armée, il sortit de la ville et se gneur montrait alors beaucoup de zèle pour
rendit où un autre prêchait, lequel on la Héfoime.Malgré son grand âge — il avait
clors plus de soixante ans,—il déploya beau-
appelle Malho ; il le fit saisir, fit mettre doup d'activité, bravant aicc intrépidité des
le feu à la chaire, aux livres, à tous les aangers sans cesse renaissmits, et supportant
bancs, et fit mener eu prison plusieurs avec courage et allégresse les plus rudes fa-
tigues, Ce Mulot ne scrail-il pas le même que
MAL — 201 — MAL
Protestants de cette ville, au nombre point renier leur religion Hugues Y-
de 7 à 800, furent chassés de leurs thier, greffier de la ville, Jacques Re-
foyers, en 4 562, Malot fut incarcéré, ^»i«r,notaire royal, Jacq. Margueron,
ainsi que ses collègues Sébastien Ty^ sieur du Champ, Claude Doriol, mé-
ran et Michel Lignol. Quelques-uns decin, qui préférèrent s'expatrier. Une
d'entre les proscrits obtinrent, à force resta dans toute la ville que deux hu-
de sollicitations, la permission de res- guenols,Barthélemy Navetier et l'a-
ter; mais, mieux aurait valu pour eux vocat Nicolas Belin. Un honnête mar-
qu'ils eussent suivi leurs frères, car,, chand, Jacques LaCorne, mort depuis
lit-on dans le Marlyrologe, « ils furent huit jours, fut déterré et jeté à la voirie
traitez d'une estrange façon, eslans in- par sentence de l'official.AIs-sur-Thil,
juriez, batus, traînez à la messe, les à Mirebel, à Auxonne, à Dijon, partout
autres menez en prison, si on les oyoit où la Réforme avait trouvé accès, les
seulement chanter un verset d'un proscriptions, les pillages, les meur-
pseaume. » Il n'est sorte d'avanies, en tres, les exécutions se renouvelèrent.
effetjdontonnelesaccahla.Onlesforça De Dijon, plus de deux mille personnes
à faire rebaptiser leurs enfants, à re- de fous rangs furent expulsées; d'Is-
nouveler devant le curé la cérémonie sur-Thil,quatre cents. Nicolas Le Co-
de leurs mariages ; on harcela les ma- piste et une jeune fille de seize ans
lades sur leur lit de mort pour les con-furentmis à mort; près de quarante per-
traindre à abjurer; on jeta à la voirie sonnes exécutées en effigie; plus de
ceux qui moururent sans confession, 4 60 jetées dans les prisons.Nous avons
comme Nicolas VOrfèvre; on en tua parlé ailleurs (Voy.Il, p.389) des hor-
même quelques-uns, entre autres un reurs qui se commirent à Maçon.
pauvre menuisier, Philebert, coupable Selon le Martyrologe, les ministres
d'avoir travaillé secrètement daus sa d'Aulun ne furent point arrêtés, comme
chambre un jour de fête, pour donner le rapporte Bèze; mais, avertis à
du pain à sa famille; on en mutila d'au-temps qu'on venait les prendre, ils se
tres, comme La Trompette, qui eut un sauvèrent en Suisse. Cette version
bras coupé ; enfin on les surchargea nous semble la meilleure; car nous
tous d'impositions énormes, dont le retrouvons, en 4 564, un Jean Malot,
paiement fut exigé avec tant de rigueur qui fut pendu pour avoirprêché la Ré-
que l'on vit deux femmes, des meil- forme à Saint-Nicolas-du-Port,et nous
leures maisons de la ville, celles du avons tout lieu de croire qu'il s'agit de
lieutenant Massol et de son frère Jean l'ancien pasteur de l'église d'Aulun.
En tout cas, ce martyr ne peut être le
JlfassoZ, réduitesà coucher sur la paille,
leurs lils mêmes ayant été vendus. En- pasteur de Paris, qui vivait encore,
fin la maison A'Arthnsde Bourgdieu comme on l'a vu, deux ans plus tard.
fut forcée et pillée sous prétexte qu'il MALBAS (PIERRE DE), baron
s'y faisait des prêches. Dans les autres d'YoLET, en Auvergne, capitaine hu-
villes de la Bourgogne, les mêmes ac- guenot. Yolet paraît pour la première
tes de violence furent exercés sur lous fois dans les rangsjirotestants à la ba-
les Huguenots.ABeaune, par exemple, taille de Gannat, où il combattit aux
ceux qui ne réussirent pas à se sauver côtés de Poncenat. En 1572, Terride
en Suisse, au risque d'être pillés et le nomma gouverneur de Buzet, près
rançonnés en route, comme cela arriva de Toulouse.L'année suivante, lesPro-
à Robert Le Blanc, furent forcés de testanls du Midi le députèrent au roi,
signer les articles de la Sorbonne. avec Chavagnac, Philippi el Boisse,
Très-peu s'y refusèrent. On cite ce- avocat du roi de Navarre au comté de
pendant parmi ceux qui ne voulurent Foix, pour protester contre la paix
signée sous les murs de La Rochelle.
Michel Mulot dont nous avons déjà parlé
(Voy. VI, p, 340)? A son retour, Yolet assista à l'assem-
MAL 205 — MAL
—
blée de Miîhau qui le nomma membre membre de l'Acad. de Nismes. Dans la
d'une commission, composée de Mont- séance du 9 oct. 1686, il lut à ses col-
vaillant,L'Hôpital,ClansonneelPhi- lègues une trad. de quelques odes
lippi, procureur général en la cour d'Horace et Une historiette,moitié prose
des aides de Montpellier, commission et moitié vers, de sa composition. Il est
qui devait discuter avec les envoyés du à présumer qu'il avait abjuré ta re-
roi les bases d'un traité de paix. Selon ligion prolestante pendant les dra-
Aubaïs, Yolet fut créé maréchal' de gonnades. Il ne vivait plus lorsque
camp, le 9 juill. 1575, et en 1577, il l'Académie rouvrit'ses séances, le 28
fut nommé gouverneur de Lautrec La janv. 1688, après une interruption de
même année, il conduisit des troupes plus d'un an.
au secours de Montpellier. En 4 578, MALVïEUX (PAUL-LOUIS), fils de
Catherine de Bourbon lui donna le Simon Malvieux, pasteur à Erlan- •
titre de son maître d'hôtel,et,en 4 579, gen,fit ses études[en médecine à l'uni-
le roi de Navarre le chargea de faire versité de cette ville, el y soutint,
exécuter dans le Languedoc le traité Je 13 mars 4 751, une thèse, qui a
deNérac Dès lors, il n'est plus ques- été imprimée à Erlangen, la même
tion de lui,bien qu'il ait vécu jusqu'en année, sous ce litre : Propositiones
4614, à ce qu'affirment les Pièces fu- aliquot statices, in-4". Appelé comme
gitives d'Aubaïs. Il parait qu'il avait médecin à Prenzlo-w, il alla éprendre
été marié deux fois, la 4", le 4 5 juill. possession de cette place, après avoir
1572, avec GaSparde de Taillac,et la soutenu,pour le grade de docteur, une
2", en (582, avec Françoise de Sail- nouvelle thèse De metàstasï morbô-
lans, veuve A'Antoine deMonteil, sieur rum, Erl., 1753, in-4".—Le graveur
de La Monlfrelarie, Paul Mâlvieux, né à Dresde,en 1763, .
l'exécution de J'édiJ; de Nantes. ce'qui vaut mieux, dans tous les lemps,
Pendant les guerres de Rohan, il est infiuimenlde piété et de zèle, et, ce qui
fait plus d'une fois mention dans l'his- valait encore mieux à une époque de
toire de Claude Maltrait (fils probable- persécutions, une foi intrépide. Il pa-
ment de Pierre), qualifié d'intendant raît qu'à la révocation, il se retira en
des fortifications de Nismes, lequel fut Suisse ; mais lorsque les exhortations
chargé de faire exécuter, en 4 625, un et surtout l'exemple de Brousson vin-
plan de fortifications, dont il était l'au- rent faire rougir les plus zélés d'entre
teur, et s'en acquitta «avec honneur, les pasteurs réfugiés de la docilité avec
fidélité et habileté.«—-Enfin,en 4 684, laquelle ils avaient obéi aux ordres du
un avocat protestant Maltrait était gouvernement, en abandonnant leurs
MAL 203 — MAL
troupeaux, Malzac fui un des premiers Masson, qui, dit-il, malgré son âge
à prendre la résolution de rentrer en et ses infirmités, avait entrepris de
France. En 4690 ou 4694 il traversa prêcher l'Evangile sous la croix. C'est
,
Lyon, se dirigeant sur Paris. Vendu dans cette petite ville, près de laquelle
pour une somme de mille livres, il fut il était né qu'il commença à remplir
,
arrêté et enfermé, Je 14 mars 4 692(S«p- son dangereux ministère. Sa présence
plém. franc. 3854) dans le château de produisit un tel enthousiasmeparmi les
Vincennes,.d'où on le tira, le 15 mai, Protestants du pays, que,bravant tous
pouf le conduire aux îles Sainte-Mar- les périls, ils s'assemblèrent plusieurs
guerite [Arch. gén. E. 3378) ,où l'on ' fois au nombre de quelques centaines.
avait déjà envoyé trois autres minis- Saint-Quentin montra moins d'ardeur;
tres : Cardel (l), le 48 avril 4689, mais, chose presque incroyable l les
Salve, dit Valsec, le 20 mars, el Les- villageois des environs, en grande ma-
tang , le 3 mai 4 690. Quelques jours jorité catholiques,témoignèrentun em-
après, les portes de la prison d'état pressement sans égal à écouler ses in-
s'ouvrirent de nouveau pour Elisée structions. L'intrépide ministre passa
Gérant ou Giraud, qui avait été mis à par Laou, visita Ja plupart des ancien-
Vincennes, le 13 mai 1692, et en était nes églises de la Picardie, et arriva à Pa-
sorti, le 27 juin, ainsi que pour Gar- ris, après un voyage de deux mois.Des
dien Givry, dit Du Chesne, que Court marchands de Sedan l'engagèrent à al-
citecommeun des plus actifs et des plus lerprêcher dans cette ville.Comme il y
courageux parmi les pasteurs qui sui- avait habité neufans et qu'ily était par
virent les traces de Brousson. conséquent fort connu,il refusad'abord
Les travaux de ces humbles servi- de se rendre à leurs instances; cepen-
•
teurs du Christ seraient restés incon- dant le désir, dit-il. de réparer le scan-
nus, si, par un heureux hasard, quel- dale qu'il y avait.donné;quelques années
ques volumes de papiers de police ne auparavant,le décida à entreprendre ce
s'étaient trouvés transportés du cabinet .
voyage. En route, il prêcha dans tous
de La Reynie à la Bibliothèque natio- les lieux où il y avait des Protestants,
nale, où il nous a élé possible de les et partout il eut à rendre à Dieu de fer-
parcourir. Au milieu de dénonciations, ventes actions de grâces. De Sedan il
dénotes destinées à servir de guide au allaà Monthoisen Champagne; mais on
juge instructeur, de papiers sans inté- refusa de l'écouter. Il ne fut pas mieux
rêt saisis sur les prisonniers, nous avonsaccueilli à Châlons, et ne le fut guère
rencontré quelques ébauches de ser- mieux à Vitry.Il reprit alors la foute de
mons tracées d'une écriture très-fine, Paris, en passantpar Châlons où il trou-
très-serrée et très-nette par la main de va les sentiments dé ses coreligionnai-
Valsec eldeMalzac;mais de toutes ces res complètement changés àjson égard.
pièces celle qui a excité le plus vive- Dans le voisinage de Château-Thierry,
ment notre curiosité, c'est un récit très- il visita le village de Mogneau, dont la
délaillé de ce qui arriva à Gardien population,louteprotestante, avait,de-
Givry depuis son départ de Plymoulh, puis quatre ans déjà," rétabli une forme
en 1690 (il était pasteur de l'église decullepublicsousla directiondedeux
françaisedecettevilledepuiscinqans). frères nommés Eslienne, et aveclecon-
Il réussit, à travers de grands dangers, senlementtacite du lieutenant-général
à franchir la frontière et s'arrêta à La de Château-Thierry qui voulut s'en-
,
Capelle où venait de mourir le pasteur tretenir avec lui. Villeneuve lui offrit
(1) L'ordre de transfèrement, que nous un peuple «presque aussi heureux,
ayons lu dans les Registres du secrétariat aussi dévot et aussi sage» .A Nanteuil-
(Arch. gén. E. Sffih), donne raison aux mé- lès-Meaux, il tint des assemblées où
moires de la Bastille contre Renneville, a l'on compta jusqu'à six cents person-,
moins que Cardel n'ait été ramené a Paris
(Voy. III, p. 215). nés. Enfin, après une absence de deux
MAN - 204 — MAN
qu'une fille, nommée
il
mois, rentra à Paris pour son mal- dont il n'eut
heur.Arrêté et conduit àVincennes, lé CLAUDE. Le sort de Galiot est inconnu.
24 mai 1692, il en sprtil le même jour Quant à Jean, il devint trésorier géné-
être transféré îles Sainte-Mar-' ral de France dans la généralité du
pour aux
guérite. Il y gémissait encore en.4 700, Befry, et prit pour femme Marie Bris
ainsi que Géraut, Lestang et Valsec. set, qui lui donna au moins deux en-
Trois des prisonniers étaient déjà de- fants : 1 ° FRANÇOIS, médecin du roi el
fous,en 693 (Arch. E.3379); régent de la Faculté deParis, qui épou-
venus 4
les autres finirent par succomber aux sa, en 1624, Marie Muisson, fille de
tortures morales et physiques qu'ils a- Jacques Muisson, sieur du Toillon, et
vaient à endurer ; autrement les Puis- de Marie Conrart, dont il eut : FRAN-
sancesprotestantesn'auraient pas man- ÇOIS, né le 15 août 4 626, mort à l'âge
qué de réclamer leur mise en liberté, de 20 ans; MARIE, présentée au bap-
en 1713,comme elles réclamèrent celle tême, le 27 août 4 627, par son grand-
de leur compagnon d'infortune, Ma- père maternel et nar Marguerite Man-
thurin (1) qui, grâce à leur interven- dat, veuve de Jaquinot^ premier valet
tion, sortit du cachot où il était enfer- de la garde-robe du roi, et mariée, en
mé depuis vingt-cinq ans. 164-6, avec GodefroiHeuft^ûenv Ae
Nous ignorons s'il y avait quelque pa- Choisyval; PHILIPPE'et PAUL, nés ju-
renté entre le ministre Malzac elDiane meaux, le 4 juin 4 630, et CATHERINE,
de Malzac. de St-Michel-de-Dèze,veuve née en 4 635 ; — 2" GALIOT, commis-
de Pierre.Capdnr, sieur de Lavit, qui saire ordinaire des guerres, qui s'unit,
réussit à gagner les pays étrangers avec en 1646, à Marie Fauvel, veuve de
ses deux fils, HERCULE, sieur de La Charles Falaiseau, sieur du Mont et
Taillade, et N., sieur de La Tessarie, de Beauregard (Reg. de Charent.).
et avec ses deux filles, ELÉONORE et MAWBINELLI (ADÉMAR), capitoul
MARIE (Arch.1T. 236). de Toulouse, en 1561. Lorsque ses co-
MANDAT (GALIOT), sieur de La religionnaires évacuèrent l'hôtel-de-
Jonchère, trésorier d'Armagnac, secré- ville (Voy. SAUX), Mandinelli refusa
taire de Marguerite de Navarre, plus de les suivre, se confiant, disait-il, en
tard échevin de Tours et conseiller se- la droiture de ses intentions, qui n'é-
crétaire du roi, ne survécut que quel- taient que de faire exécuter les édits.
ques mois à la Saint-Barthélémy, à la- Il fut arrêté et conduit àla conciergerie
quelle il avait eu le bonheur d'échapper. par ordre du parlement qui, peu de
Il laissa trois fils nommés GALIOT, jours après, le condamna à être dégradé
,
JEAN et GEORGES, et trois filles. Geor- et à per.dre la tête.lje jour de l'exécution,
ges, lieutenant criminel au siège pré- on le tira de prison et on le conduisit à
sidial de Tours épousa Françoise l'hôtel-de-ville monté sut un méchant
d'Argouges, fille,, de Guillaume, sieur cheval et revêtu de son costume de ca-
de Vaux, et de Jeanne Massicault (2), pitoul. La dégradation s'accomplit dans
le grand auditoire, les huis ouverts.
(1) Ce Malliurin peut être soit Mathurin, On le dépouilla des insignes de sa ma-
ministre de Damasan, qui sortit du royaume gistrature, on le contraignit à faire
ri la révocation avec sa femme,Marguerite Pis
(Arcli. gén, Tr. 267), laissant en France une amende honorable, et on le Iraîna dans
petite tille de 4 à b ans [Ibid. TT, 313); soit
Gabriel Malliurin-, pasteur de l'église de La mais nous n'avons aucun doute concernant
Réolc, qui fut arrêté, en 16S3, avec Gabriel celle de Massicault. En 1602, Marc de Massi-
Augier, sieur de Massilos, sous l'accusalion cault, sieur de Beaumonl, commissaire ordi-
d'avoir tenu des assemblées contre les or- naire de l'artillerie, fit baptiser par un des
donnances (Ibid. M. 665);maisqui, plus tard, ministres protestants de Paris deux filles
passa en Hollande avec sa femme et deux jumelles, MAUELAINE et ANSE, nées de son
jeunes enfants. mariage avec Geneviève Cnillet. Elles eurent
(2) Kous n'oserions affirmer que la famille
d'Argougesait professé la religion réformée; pour marraines W"° do Rnvigny et la veuve
du sieur de Banlelu.
.
MAN
— 205 — MAN
un tombereau jusque sur la place de nombre de dix-huit, et redoutant pour'
la Dorade, où il eut la tête tranchée. le reste de sa famille un sort aussi af-
Un arrétdu Conseil le rétablit, quelques freux, il se sauva dans les bois de Ver-
mois plus tard, en sa bonne famé et sons. Les Catholiques durent donc
renommée. Deux de ses filles avaient se conlenler de brûler son château
épousé l'une Gabriel Du Bourg, l'au- et de dévaster ses propriétés. Quel-
tre Arnaud de Cavagnes, deux autres ques jours après, des paysaus de ses
victimes des haines religieuses. terres ayant rencontré Bourgarel, le
MA.1S0QLS (GASPARD DE), ou plutôt supplièrent de leur dire où s'était re-
DEMANDOLS jeune gentilhomme de tiré leur seigneur, en lui jurant de-l'al-
,
Provence, qui venait d'épouser, quelque ler chercher pour le ramener secrète-
temps auparavant, Anne de Grasse, ment dans son château en ruines.
fille du baron de Bonnes, se trouvait Trompé par leurs protestations hypo-
dans le château de son beau-père, lors- crites, Bourgarel tomba dans Je piège
qu'à la fin du mois de mai 1562, Brian- et y entraîna Mandols, qui fut massacré
çonnet, un des chefs catholiques dans par ces brigands, ainsi que ceux qui
la province, alla l'assiéger sous pré- l'accompagnaient. Bourgarel seul é-
texte que le seigneur y donnait asile à chappa aux couteaux des assassins, en
des Huguenots du voisinage, et entre emportant ses deux jeunes enfants. La
autres, auxministres Mise» et Vitalis. bélle-soeur de Mandols, qui avait été
Les assiégés capitulèrent après s'être percée de coups, en couvrant de son
défendus quelques jours; mais au mé- corps son fils, fut assez heureuse pour
pris de la foi jurée, Briançonnet les dérober son enfant à la vue des meur-
retint prisonniers. De Mandols qui triers, et, laissée pour morte sur la
,
avait été envoyé dans les prisons de place, elle guérit de ses.blessures.
Grasse, réussit à s'échapper, peu de SÏANGïKF (ROLAND), siêur de Ma-
temps après, avec sa femme, et sortit risy, ministre du saint-Evangile à Au-
du royaume, où il ne Tentra qu'à la baïs, en 1603, et poète, a laissé des
conclusion de la paix. Il testa enl 572, Méditations chrétiennes tirées du
et laissa un fils, nommé SAMUEL. Vieil et du Nouveau-Testament, et
Maître du château de Bormes, Brian- dressées en forme de quatrains,, les-
çonnet résolut de se saisir aussi de ce- quelles ont été mises au jour par le
lui de Mandols. Désirant éviter un siège pasteur Bansillon, après la mort de
qu'il était hors d'élat de soutenir, Gas- l'auteur. La 1 " édit. sortit des presses
pard de Mandols père fit partir pour la de Jacob Stoer, en 1609. L'éditeur y
Savoie tous ses serviteurs mâles et le a joint une Epitre dêdicatoire, adres-
ministre George Corneli, sous la con- sée à la baronne de Marchastel, d'Au-
duite de son frère, ne gardant auprès baïs et du Caylar, et datée d'Aïgues-
de lui que sa femme, Renée de Castel- Mortes, 20 mars 1608. Une seconde
lane-Esparron, qu'il avait épousée en édit. parut à Genève, en 1620, avec
4531, une de ses filles, âgée d'une une trad. latine par Nicolas Viret, et
douzaine d'années, sa belle-soeur, qui une longue prière en vers français
allaitait un enfant de six mois, la femme pour demander à Dieu le bon usage de
' de Michel Bourgarel, de La Garde, la lecture de la Bible. N'ayant pu nous
avec ses deux petits enfants, deux ser- procurerd'exemplaire ni de l'une ni de
vantes et deux jeunes laquais. 11 avait l'aulre de ces éditions, nous avons dû
résolu d'attendre Briançonnet, dans nousbornerà répéter ce qu'en dit l'ab-
l'espoir que, n'éprouvant aucune résis- bé Goujet.
tance, le chef catholique se contente- Au nombre des Protestants français
rait de piller son château; mais ayant qui allèrent demander un asile à la
appris que son frère avait été massacré Hesse, nous trouvons cité,en 1697,un
enroule avec tous ses compagnons, au lieutenant nommé Abraham Mangin.
MAN 206 — MAN
soit par une assemblée politique, soit «Nous quittâmes de nuit notre de-
par un synode national, choisit lui- meure, laissant les. soldats dans leur lit
même Hardi, secrétaire du roi, pour et leur abandonnant noire maison et
le remplacer, en 1626. Les églises é- tout ce qu'elle contenait. Pensant bien
prouvèrentun vif mécontentement de qu'on nous chercherait partout, nous
cette atteinte portée à leurs privilèges. nous tînmes cachés pendant dix jours
Il est assez probable que David de à Romans chez une bonne femme qui
Maniald, sieur du Peirat, natif de Bor- n'avait gardedenous trahir. Nous étant
deaux, qui mourut en 1640, à l'âge de embarqués à Londres, où nous étions
26 ans, et fut enterré au cimetière des arrivés en faisant.un long circuit par
SS. Pères (Reg. de Charent.),blz\l le l'Allemagne et laHollande, nous eûmes
fils du député général. Peut-être Mar- toules sortes de malheurs. La fièvre
guerite de Maniald, veuve de Jacob rouge se déclara sur le navire.Plusieurs
Joly, sieurdeTornac (Arch. gén. TT. des nôtres en moururent, et parmi eux
242) el Anne de Maniald, femme de noire vieille mère, Nous touchâmes les
Colomb (Ibid. TT. 287), qui figurent îles Bermudes, où le vaisseau qui nous
sur des listes de Réfugiés de la Guien- portait fut saisi. Nous y dépensâmes
re, descendaient-elles aussi de lui. tout notre argent, et ce fut à grand'-
HA\'ïGAULT (PIERRE), un de ces peine que nous nous procurâmes le
Prolestants français qui, au nombre de passage sur un autre navire. De nou-
de plusieurs milliers (1), allèrent cher- velles infortunes nous attendaient à la
cher un asile en Amérique après la ré- Caroline. Au bout de dix-huit mois,
vocation del'éditdeNantes. Manigault nous perdîmes notre frère aîné, qui fi-
mérileune mention particulière à cause nit par succomber à des fatigues si
des Mémoires que nous a laissés sa inaccoutumées ; en sorte que depuis
jeune femme Judith. Voici comment notre départ de France, nous avions
souffert tout ce qu'on peut souffrir. Je
(1) L'historien Bancroft parle en ces termes
de rétablissement des Réfugiés fiançais en tants...Partout aux Etats-Unis l'on a des mo-
Amérique : «II n'est aucune de nos colonies numents de l'émigration française. C'est le fils
qui ne leur ait fait le meilleuraccueil. Toutes d'util huguenot qui dota le pays de la salle
les sympathies religieuses de la Nouvelle-An- où les orateurs de la Nouvelle-Angleierre,
gleterre se réveillèrent en leur faveur. Plu- réunis à Boston, firent entendre les premiers
sieurs arrivèrent dans un élat de complet dé- accents de la liberté américaine. Lorsqu'on
nuement, n'ayant pu sauver que leurs per- stipulait le traité de Paris par lequel nous fû-
sonnes; mais les villes du Massacbusets se mes mis au rang des nations,le petit-fils d'un
cotisèrent libéralement pour les entretenir réfugié français (Voy. JAÏ), instruit dès son
et leur fournir des terrains a cultiver. Quel- enfance de tout ce que ses ancêtres avaient
ques-uns d'entre eux se rendirent à New- souffert, ne laissa pas endormir sa jnsie
York. Cependant il fallait un climat plus méfiance, et par sa puissante intervention,
ebaud pour les exilés du Languedoc, et la l'on porta jusqu'au Mississipi les Ironiièies
Caroline du Sud devint la principale retraite de la république. Dans l'Etat qui est à notre
des Huguenots. Ils étaient nombreux, car on frontière septentrionale, le nom du plus an-
avait beau punir de mort l'émigration, cinq cien collège rappelle la sage libéralité d'un
cent miïlePrniestantsétaient sortis de France. descendant des Iluguenqls... C'est d'eux i|ue
Lenréglise était à Charieslon.Ils s'y'rendaient descendent plusieursdes meilleures familles
chaque dimanche de tous les points de leurs de New-York, de Maryland, de la Virginie,
plantations éparses sur les rives du f.ooper. des Carolines.etc. Des scpl présidents qu'eut
On les voyait, profitant de la marée, arriver le Congrèsdurant la guerre de la révolution,
.
en famille sur de légers canots, dans un si- il n'y en eut pas moins de trois qui descendaient
lence religieux qu'interrompaient le bruit des des Huguenots et tous trois étaient des hom-
rames et le mouvement, du village florissant mes distingués (Voy. BOUDINOT, JAV et LAD?
que mouillait le confluent des deux fleuves. EEXs)...Lesenfanls des Calvinistes de France,
D'autres réfugiés s'établirent sur >a rive sud du ajoute l'historien américain,ont certes raison
Santee, dans un paysdevenu renommé pàison d'avoir en grand honneur la mémoire de leurs
aisance et par les moeurs polies de ses habi- pères.»
MAN 208 MAN
—
fus six mois sans goûter de pain, tra- maturée l'arrêta, à l'âge de 42 ans, au
vaillant d'ailleurs comme une esclave; milieu de sa carrière.
et durant trois ou quatre ans, je n'eus 9IANOEL (CHARLES DE), sieur de
jamais de quoi satisfaire complètement VÉGOBRE, né à La Salle dans les Ce-
la faim qui me dévorait. Et toutefois vennes, le 20 août 1713, était le plus
Dieu a fait de grandes choses à noire jeune des enfants A'Etienne de Manoël,
égard, en nous donnant la force de sieur deLaBlaquière, et de Dauphine
supporter ces épreuves. » Bousanquet (1). Sou père, zélé hu-
Manigaull acquit une grande fortune guenot, ne voulant pas l'exposer aux
que son fils s'empressa de mettre au séductions du clergé romain, en l'eu-
service de sa patrie d'adoption,lors de voyanldans un collège catholique,il dut
la guerre de l'indépendance. commencer l'étude du latiu sans maître.
Né à Charleston, en 1704, ce fils, Lorsqu'il y eut fait quelques progrès,
nommé GABRIEL, était un des plus ri- ses parents résolurent de le faire passer
ches commerçants des colonies d'Amé- à Genève, auprès d'une tante, M"" de
rique et jouissait de l'estime générale, Vignettes, qui s'y élait réfugiée pour
qu'il s'était conciliée par la loyauté de cause de religion. Ils pouvaient s'attirer
son caractère etlanoblesse de ses sen- des châtiments rigoureux; mais ils les
timents, à l'époque où les exigences bravèrent dans l'intérêt de l'éducation
fiscales de l'Angleterre firent éclater de leur enfant. La vieille dame ac-
l'insurrection. Trop âgé pour prendre cueillit assez mal son neveu, qui,
les armes, il voulut au moins-venir en toutefois, par l'amabilité de son carac-
aide à ses concitoyens par sa fortune, tère, ne tarda pas à gagner ses bonnes
et ilprêtagénéreusement220,000 dol- grâces.Il entra d'abord au collège, où il
lars à l'Etat de la Caroline. Plus tard obtint le prix de poésie latine ; puis, en
même, lorsque le général Prévost me- 1733, il suivit les cours de l'Académie.
naça Charleston à la tête des forces an- Sous l'habile direction deBurlamaquiét
glaises, et que la patrie en danger eut de Jean Cramer, il fil de rapides pro-
besoin des bras de tous ses enfants, grès dans l'étude de la jurisprudence.
on vit le noble vieillard partir avec son Il fut reçu avocat, le 23 août 1740, àla
petit-fils JOSEPH, âgé de 15 ansàpeine, condition «qu'il ne pourrait pas postu-
pour aller combattre les oppresseurs de ler, vu qu'il n'était pas bourgeois. » Il
l'Amérique. Il mourut deux ans plus dut donc se contenter d'ouvrir un ca-
tard, laissant à sa famille une fortune binet de consultations.
de plus de deux millions, dont il or- Sa tante étant morte en 1749, à l'âge
donna par son testament de distraire de 93 ans, de Végobre parvint à obtenir
125,000 francs eu faveur de la Société unpasseport de Saint-Florentin,elfitun
fondée à Charleston pour l'éducation voyage en Languedoc pour l'arrange-
des enfants indigents. Son fils GABRIEL ment des affaires de la succession. 11 y
l'avait précédé dans la tombe. Né à séjourna près d'un an. Au mois de nov.
Charleston, en 1731, il avait été élevé 1750,il se rendit à Lausanne pour y é-
en Angleterre, et de retour dans sa pa- nouserLouisedeVignolles-de-La-Va-
trie, en 1754, il était entré dans la lette;m$.\s aussitôtaprès la célébration
,
BLAIN, sieur DU POÊT, un des plus bra- taine, parmi lesquels on cite Je sieur
ves chefs des Huguenots du Dauphiné, de Tessières. Seslieulenanls Clîeilus,
commença à porter les armes pour la du Vivarais, Allard et Mirabel furent
cause protestante dèslapremière guerre blessés. Ce brillant fait d'armes le plaça
civile, s'il faulen croire d'Aubigné, et très-haut dans l'estime de ses coreli-
servit à Lyon sous les ordres de Son- gionnaires. En 158S, avec le concours
bise, en 1.563. Ce n'est cependant que Ae.Morges et de Vachères, il se rendit
beaucoup plus tard que son nom com- maître de L'Estelle ou L'Etoile; mais,
mence à être cité parmi ceux des capi- n'ayant pas de canon, il dut renoncer
taines protestants. Lorsque la guerre à emporter Je château de vive force
éclata après la Sainl-Barlhélemy, il après une attaque infructueuse dans
s'attacha au brave Montbrun (Voy. IV, laquelle fui tué le capitaine de Mont-
p. 462), et après la mort de cet héroïque mirail, de Nismes. Il convertit donc
guerrier, il devint un dès plus habiles le siège en blocus, défit la garnison de
lieutenants de Lesdiguières, qui, en Valence accourant au secours des as-
1585, le nomma gouverneur de Mon- siégés, et allait forcer le château à ca-
MAR 217 — MAR
pituler,lorsqueLesdiguièreslerappela, role de Dieu. Son mari était rentré de-
l'entrée de Mayenne dans le Dauphiné puis quelque temps déjà dans le giron
exigeant que les Huguenots rassem- de l'Eglise romaine.
blassent toutes leurs forces pour lui Une autre branche de cette famille,
résister. En 1590, LePoëtfit la.cam- celle de SAUZET, embrassa également
pagne contre le duc de Savoie, el prit le protestantisme. Dès 1560, nous
Condrieu d'assaut avec Gouvemet. En trouvons parmi les plus zélés propa-
4591, il suivit Lesdiguières en Pro- gateurs des doctrines évangéliques en
vence, comme colonel de la cavalerie Dauphiné, un Sauzel, que Bèze appelle
légère. Passant ensuite sous les ordres Sezet, et de Thou, Sv.zet, lequel as-
d'Ornano, il marcha au secours de sistaau conseil de guerre où Des A drets
Montmorency, gouverneur du Langue- exposa les propositions de Nemours
doc. En 1592, il prit parla la nouvelle (Voy. Il, p. 416). Il "était peut-être
campagne que Lesdiguières fit en Sa- frère de Pierre de Marcel-Blain, co-
voie pour contraindre, par cette diver- seigneur de Savasse, conseiller de la
sion, les Savoisiens à évacuer la Pro- Chambre nii-parlie établie, en 1577,
vence, et fut nommé gouverneur de dans le Dauphiné.
Cavour (Voy. II, p. 378). En 1596, il MAR.GEÏ (THOMAS), de Meaux, le
accompagna encore une fois Lesdi- premier membre protestant de cetle fa-
guières enPiovence, puis en Savoie, mille, laissa trois fils et une fille, qui,
où il se signala en diverses rencontres. après sa mort, se réfugièrent à Ge-
Ce fut sa dernière campagne. En4 601, nève. Celte' dernière épousa Thibaut
une vieille querelle s'élant ranimée Blanc (\), puis Nicolas Le Long, de
entre lui et Gouvemet, ils se battirent Meaux.LestroisfilssenommaienlFRAN-
en duel près de Crest, elLe Poëtreçut cois, PIERRE et GABRIEL ..On ne sait rien
à la gorge un coup d'épée dont" il de ce dernier, si ce n'est qu'il eut une
mourut. fille, DÉBORA, qui devint la femme de
Le Poët avait obtenu, en récompense Jacques Baccuet. Pierre fut reçu bour-
de ses services, Je litre de grand cham- geois en 1587; Galiffe ne nous apprend
bellan de Navarre et le gouvernement rien sur sa descendance. François, qui
des villes de Montélimart et de Crest. n'obtint les droits de bourgeoisiequ'en
Il n'a jamais été général de lareligion 1578, entra dans le CC en 4 583, et
en Dauphiné, comme l'appellent deux mourut, en 1594, à l'âge de 75 ans.
prétendues lettres de Calvin, datées Il avait été marié deux fois : en pre-
du 8 mai 1547 et du 8 sept. 4 561, mières noCes, avec Marguerite Coeur,
publiées, dans le siècle dernier, par et en secondes, avec Nicole Aze, de
l'abbéd'Arlïgny et reproduites derniè- Meaux, dont il n'eut pas d'enfants. Du
rement dans le T. IV du Bulletin de premier lit naquirent 1 • JEANNE, femme
l'histoire du protestantisme par M. Ju- de ClaudeMalain (2);—2°ELISABETH,
les Bonnet, qui en a parfaitement dé- mariée à Auguste Cresp, d'une fa-
montré la fausseté. Le faussaire a fait mille de Grasse admise à la bourgeoisie
preuve d'une complète ignorance,non- depuis 1559, puis à Jacques de La Mai-
seulementdu caractère de Calvin, mais sonneuve; —3° FRANÇOIS, qui suit;—
de l'histoire des Huguenots. 4" ISAAC, qui suivra; — 5" MARIE,
Louis de Marcel-Blain paraît n'avoir femme de Pierre de La Maisonneuve-
laissé qu'un fils, qùiporla aussi le nom I. François Marcet, qui précéda son
de Louis et à qui Gouvemet donna en père dans la tombe, laissa quatre en-
mariage sa fille JUSTINE, en 4 609. fants de son mariage avec Charlotte
M™ Du Poët abjura en 16)9, à ce que
nous apprend un méchant libelle inti- (1) Le 25 déc. 1556, Guillaume Blanc, du
tulé 1« Mercure réformé, par un Jacob Périgord, fut reçu bourgeois'a Genève.
(2) Claude Malain, de Dijon, fut reçu bour-
d'Horel, soi-disant ministre de la Pa- geois avec son père, Isaac-, le 19 déc. 1559.
MAR 218 MAR
— —
d'Oiseau, fille de.Gittfis d'Oiseau et Marc Marcel.nàqûifen 1,734.et. en-
AeMathurine Cupif, d'Angers, qu'il tra, à l'âge,de 36, ans," dans le cpnse,il
dés CC. Il prit, pouriemme, en. 1763,
avait épousée en 1576 : 1» JEAN, qui
suit;,—2" JACQUES, qui alla s'établir à Louise-Marguerite Nadal,Aonlil eut,
Montpellier; —. 3° MARIE; —• 4° ELI- outre deux filles., LOUISE-MARGUERITE
SABETH.
et JEANNE:LOUISE, qui épousèrent sùe-
Né en 1584, Jean Mafcet prit pour
. çesspementPierre Prévost, professeur
femme Judith de Saint-André, qui
, de philosophie, un.fils nommé ALEXAN-
DRE-JEAN-GASPARD, qui s'est acquis; au
lui donna deux fils, nommés JACQUES
et PAUL. Resté veuf, il se remaria avec commencement de ce siècle, une assez
Marguerite Varro-Chevalier, dont il grande réputation comme: médecin et
eut encore trois enfants : ANTOINE, JU- comme chimiste. ...',.
Arlànd, et Né à Genève en 1770, Alexandre
,
DITH, femme.A'Abraham
JEANNE, épouse de Gédéon dé Comhes. Marcel fut destiné par ses parenls au
Jacques, qui était né en 1621, épousa, commerce; mais au bout de deux ans
en 1645, Marguerite Argand et en d'apprentissage,s.entantde plus en pjus
eut, en 1647, un fils, nommé JEAN. qu'il neppurrait vaincre la répugnance
Du mariage de ce dernier avec Judith qu'il éprouvait pour cette profession, il
Le Maislre, ne naquit qu'une fille qui demanda et obtint la, permissipaide se
reçut au baptême je nom de RENÉE.Né vouer aux scienceSi Les troubles, poli-
deux ans après son frère, Paui se ma- tiques qui agitèrent bientôt, sa patrie
ria, la même année que lui, avec Marie déjouèrent ses nouveaux plans. Accusé
Argand-Varro, qui le rendit père de Ravoir servi dans la garde nationale,
JACQUES,et de JACOB. Né en ,1648, Jac- il n'obtînt pas sans.peine, àla. chute
ques prit pour femme, en 1687, An- de Robespierre, la faveur.de n'être puni
drienne Mallet-Deggeler, dont il eut que d'un bannissement de cinq ans. Il
ANTOINE, du CC enl 746, mort en i 764, partit donc pour la Grande-Bretagne et
sans enfant de sa femme Isabelle de semit à étudier la médecine à l'univer-
Bary-Mallet, de Baie. Né en 1659, sité d'Edimbourg,,où il prit, eu 1797;
Jacob, entra, en 4 709,.dans le conseil le grade de docteur. il alla ensuite s'é-
des CC. Il fut marié deux fois, avec tablir àLondres dans l'intention d'y
Jacqueline Gattatin-Genôyer,..puis pratiquer son art, et se fit naturaliser
avec Sîtsanne Guainier^Passavant. anglais, en 1 SOO.Deuxansaprè.s,Mar-
Il eutdu.premier Ht PAUL, qui ne laissa cet fut nommé médecin de l'hôpital de
qu'une fille, RENÉE, de son,union avec Guy. Il fut un des.fondateurs de la So-
Charlotte de B^rlhelot, et du deuxiè- ciété médico-chirurgicalede Londres.
me, deux fils :. MICHEL,,qui suit, et JA- La mort de son père, qui arriva sur ces
COB, né en 4 700, qui s'établit,» Paris, entrefaites, l'ayant rendu possesseur
et eut trois enfants: CLERMONDE-MARIE, d une forlune considérable; 11 quitta sa
JEAN-ANTOINE, n.é en 4738, et JEAN- place à l'hôpital, décidé, puisqu'il était
FRANÇOIS,.néen 4 740, de son mariage libre de suivre ses goûts, à abandon-
avec, Marie Faure-Guainier. , ner la médecine ppùr la chimie, qu'il
Michel Marcel, né,en 4.698, épousa, aimait passionnément. En,4 8,15, le dé-
en 4728, Marie Tavernier, dontileut: sir de revoir sa ville natale.le.ramena
,!,", SUSANNÉ-MARIE, femme du con- à Genève, où il fut'nommé membre du
seiller Alexandre Marcel ;—.2° MARC, conseil représentatif. On lui offrit en
qui suit; — 3° JACOB7MICHEL, né, eh même temps la chaire, de chimie.qu'il
.
1736, marié, en 1782, avec Judith accepta. Il retourna, en, Angleterre en
Bar.din; — 4° JEAN-JACQUES, qui alla ,18,21 ; mais il mourut, dès l'apnée sui-
s'établir en Amérique, et laissa de sa vante, le.22 b.ci, pendant un vuyage
fetàmeLoÙis'e-JaçqtietteCorneille,nn qu'il faisait en.Ecosse.. On a de lui:
fils nommé JEAN-GAspARb.né enl768. I. De diabète, Edinb., 1797, in-80;,
MAR
- -
tràdj en .angi.ëtîmp. 'dans le Lohdim
£fô MIR
iotvedà mem.oèr^ of'cïasp{kmï>e$'hith
meàiçaî and physïcal Journal (1799). à: 'description ofthe àppeârançes bf
^, Thèse pour le doctorat. - Ùe b'ody after deâth; Some expèri-
é.ssay, oh the cfiemicol, hik-
;. II. An 'ritents and researchës on the saline
tory and médical treaiment of'cal- 'contents ofsëa- ivà-lers ';—Géological
cùîôUs disorâejrs, Lond.,^.8J7, i'ri-8»; Transactions (1S111 ) : À çhemicàl ac-
i819,ïn-8^trad.éhïranç;;,Pàri's,i823, counl of. ait dlumin'ous. 'ch'aTybëate
in-8». — Le plus important dé ses ou- spring in the isïè ôfWi'ght; An ac-
vrages. "
pount of a sévère case of er'ythëma,
Marcet. a publié, en outre, ,beaucoup
.
not brqught pnby m'e'rçnry ; '— Pli'i-
de.dissértâtipns.dans différentsreçu èil's i'osophiç.Trànsaciions,}(1,8iKy.Expëri-
jfiëno'diqùfes :, Mém', of thé médical So- ments on the àppeàrancein the urine
ciety ofLohddn,(1805) : On. the mé- of certain substances taheninto the
dicinal use'ofthe whilë o'x'yd.ofbis- stomach; (1813), On sulphurèï of
muth;.—.Moiithly Magazine (4801); carbon ; un the intense coldprqduced
On the hospice dé la, Maternité, M by ïhé evapôration of sulphvMeï 'of
Paris; (184.4), Account of 'thé public ceirbdn; (4,8'l9), 'On thé 'spécifie gf-a-
schools 'of 'Geneva; — Edihb. médi- vity and température of seâ-watërs
cal Journal (4.805) : Account on the indifferenlpart'sofiheOcedndndin
case and dissection of a.blue girl; partïcùlar sëas;—Annals of philo'sd-
—.Ni'cVoispn's Journal (1808) Ana- phy (4813): Observations on KÏa-
;
Ws'isbf t'Ue ibaters of ihe Dèâd Seapr'oih's ànalysis of the water's o'fû'e
'andîh'e river Jordan ; imp. déjà, en Dead Sëa ; Àti easy method ofpro-
4807, dans les Transact. philos. ; A cwring an intense heàt.
chemiçal àççount of varions dropsi- Alexandre Marcel avait pour femme
càl fluids', mith remarh's çoncërning Jeanne Haldimand (1) dont il éùl :
the nature of the fllkaline matter ,
4 » FRANÇOIS, marié à Aimé-Amélie
cbntâined in thèse fluids and in the Beaumont-Lullin et père de plusieurs
sérum, of the.blood ;; imp. aussi, dèsenfants;—2°Louisi, femme d'Eugène
,1811,dans les.Medico-chjrurg.Trans- de La Rive; — 3" SOPHIE /jui devint
act.; (4 813),,Qn the congélation pf ,
lafémme d'un fils de Samuel Romilly.
mercurxj by mèans of.ether and the François Marcel, professeur de physi-
airpumpfSom'e rëmarks'o'n the usé of que à Genève, 'et iiiembrède la Société
nitr'ite bf silver for the détection of
de physique et d'histoire -naturelle de
mfiiute portions of arsenic ;
— Me-la même ville, est auteur d'iiti 'Cqïïr's
dicb-chirurgiç'al Transactions (1809):'de physique expérimentale, dans le-
An aécpùntpfttie èffeçts prbducëd by quel lés éléments te cette science sont
'àlarge'quantit'y of laudanum, takën mis à la portée 'dès commençants,
iiiternalïy, and ofthe meàns used to Gen., 4832, ih-8°; 4» édiL Paris, J.
cqnteract those effects; A.càseofhy- Cherbûliez, 1850, .in-4 2. On trouvé
'drophbbia'\ (1811),Hisidry'pfa.sin- "aussi quelques mémoires de lui dans le
gular 'nervous., or paralytiç. affec- recueil de la société dont il est mem-
îibn; (\\ï§),.Some ëx'p'eriments on bre,
the cheinUcdTnâture ofchyï'e, mith'a Pour compléter celte notice sur la
few_ observations upon chyme'; On branché aînée de la famille Marc'et, il
the médicinalprppertïës of stramo- riou's reste à parler d'Antoine, lié en
~tifmh\,(1819), Histor'y pf a.càse of 4 635, de Jean Marcet et de Margue-
n'ephrïtïs'cdlçuïosa;(\8^), Account rite Vàrrb-Cnevâlier..
ofa 'singular varïety bf'urine,whiçh Antoine Marcet épousa, en 1659
,
tjwrked blach sdqn dfter being dis-
tharged; Account of a mon rvho li- M) Cette .dame a. publié, en anglais, plu-
sieurs, ouvrages estimés, sur;.l'économie po-
Vit tek 'rfeWs àft'er having smàl- litique et lés sciences naturelles.
MAR 220 MAR
la main droite, Je força de renoncer à Les matériaux qu'il avait préparés, ont
la publication dé son Dictionnaire, àû été dispersés.
moment où il allait le' mettre soùs
'
..,,.,,.
VIL Dictionnaire historique ou
presse. On lui doit les ouvrages sui- Mémoires critiques et littéraires con-
vants : '"'' cernant la vie et l'es ouvrages de di-
T. Bibl. Bigotiana, seu Catal. li- vers personnages distingués, parti-
brorimi quoi swHmâ cura et indus- culièrement dans la république des
triâ,'ingeniique sumptu cong'ëssêre lettres, La Haye, 1758-9, 2 vol. in-
Jol-Nic: et Lud.'-Emer. :Bigo'tii? Pa- fol., publ. par les soins de J. -Nie.-Séb.
ris., 1706, in-12'.' "'' ' ' ' '"' Allamand.—L'éditeur, dans un Aver-
•
"il. Catal. de la bibl. de Jean Gi- tissement, nous apprend la stupéfaction
raùd, Paris, 1707, ih-8°. qu'il éprouva à la vue du'msc. de cet
III. Catal. librorùm bibl. D. J. ouvrage.' « Je frémis, dit-il, en le
Fdùltier, cum proefatione, seu Epi- voyant: les oracles de la Sibylle,
sy'stemdlis con-
toiHe bibliogr: a Prosp. fondus et' dispersés dans son antre,
Marchand concinndti, Paris., 1709, s'offrirent d'abord à ma mémoire.
in-8». —Le système de Marchand n'a M. Marchand, accoutumé à tirer parti
pas prévalu; mais, selon M. Weiss, il de tout, avoit pris l'habitude de faire
1
à donné lieu à des améliorations im- usage des plus petits chifons de pa-
portantes. ' '''''' pier; tout son ouvrage en étoit farci,,
; IV. Histoire critique, de l'Anti- et pour une demie feuille écrite ' de
Cotton, satire composée par César suite, il y avoit vingt petits lambeaux
de Plaix, avocat, impr. à la' suile de décousus, qui se rap.portoient les
l'Histoire admirable de don Inigo dé aux autres uns
par un nombre prodigieux
Gùipuscoa, de Ùh.Le Vier, en 4738. de renvois accumulés les lés
' Y.'Histoire delà Bible de Sixte- uns sur
autres. Je. prévis d'abord le travail im-
MAR -
22? — MAR
mense que cela me donnerait, et je ne inconnu,àeSaint-Hyacinthe, a four-
me trempai pas. » L'amitié seule put ni dés ilotes à une édition'de là Satyre.
le soutenirdans cette lâche, qui lui prit Ménippéè et a été un des principaux
plusieurs années. Ce Dictionnaire'de collaborateurs du Journal littéraire
Marchand forme uu complément né- LaHaye, 1713-37, 24 vol. in-12.""'
cessaire à celui de Bayle, et n'est pas MARCOXNAY, famille illustre et.
.
indigne de venir à la suite. Seulement, nombreuse du Poitou, qui embrassa le
on regrette que l'autour n'ait puy met- protestantisme dans la seconde moitié
tre la dernière main et surveiller lui- du xvi'siècle.
même l'impression. Le premier de celte famille qui pa-
Gn doit, en outre, à Prosper Mar- raît avoir adopté les doctrines de la
chandde bonnes éditions des ouvrages Réforme esl Làncelot,s,ïe\iT AéLzToÙT
suivants : 1 ° Cymbalnm mundi, de et de Marconnay, fils de Jacques'd'é
Bonaventure Des Périers, avec une Marconnay et de Louise de La Jàille.U
lettre critique dans laquelle on fait n'est pas vraisemblable qu'il ait abjuré
l'histoire, l'analyse el l'apologie de cet la religion romaine tant qu'il fut gen-
ouvrage, Amst., 1711, pet. in-4 2;— tilhomme du duc de Montpensier; mais
2» Lettres choisies de Bayle, avec on peut admettre qu'il professait les
des remarques, Rotterd., 4714, 3 vol. doctrinesévangéliquèsà l'époque où il
in-12; d'après M. Weiss, cetle édition servait sous Chouppes, c'est-à-dire,eh.
n'a pas été surpassée par celle de Des 1594. Quelques années auparavant, en
Maizeanx;— 3" Dictionnairehistbr. 1585, il avait épousé Catherine de
de Bayle, avec notes, Rotterd., 4 720, Chesneàu qui le rendit père de douze
4 vol .in-fol. ; l'édition la plus estimée ; enfants :1° Louis, qui continua là bran-
-r 4° Voyages de Chardin, Amst., che aînée ou de Marconnay;—21- CHAR-
4735, 4 vol. in-4»; — 5° Hist. des LES , qui fonda celle de Châteauneuf ;
révolutions de Hongrie, par l'abbé — 3° PIERRE, souche de celle de Lù-
Brenner, 1739, 2 vol. in-4" et 6 vol. gny;—4»PHILÉMON, sieur dùPontet-
in-.l 2 :—6° OEuvres de BrantÔme,an~ de-Mondevis, qui prit pour femme, en
nolées,avecLeD»cfta(, LaHaye, 4 740, 4 630, Françoise de Vasselot,el en eut
45vol.in-12;—T OEuvres de Villon, CATHERINE, mariée, en 1652, à Jean
annotées, La Haye, 1742, in-8»; — Chevalleau sieur de Boisragon; -—
,
8° Lettres, mémoires et négociations .MADELAINE,femme, en 1615,de Gà-
, iel Prévost, sieur de Charbonnières'
du C"d'Estrades, de 1663 à 1677, , ;
Lond. [LaHaye], 1743, 9 vol. in-12; — 6° MARGUËRITÉ,alliée, en 1620 , à
la première édition qui en avait paru, Jean de Pellard,sienr de LaGuesson-
était incomplète; — 9° Mémoires du nière;—7°MARIE, épouse,en 1639,de.
C"de Guiche, concernant les Provin- Jacques de Ravenel,ûe\a deLaBerau-
ces-Unies, et servant de suppl.-et de dièrè,puis,en secondes noces, en 1644,
confirm. à ceux A'Aubery Du Maurier dé Jacques de Ferrières, sieuf de
etduC'd'Estrades,Lond., Changuion, Champigny; —8°ELISABETH, femme
1744, in-12; Ulrecht, 1744, 2 vol. de Jean Regard, sieur de Cherves ;—-
ÙIT12', première édition; —- 10° Di- 9" ROSE, qui épousa, en 1630, Samuel
rections pour là conscience d'un roi, Letaut, sieur de Claveau'; —10° GA-
par Fénelon, avec un Avertissement, BRÎÈLLE;—11°ANNE,morteyers1628;
sous'le nom de Félix de Si-Germain, en 1629.
— 12°LOUISE, morte
Laïïaye, 1747, in-8" et in-12; édit. I. BRANCHE DE MARCONNAY. Louis
peu estimée, faite sur une copie défec- de Marconnay, sièurdeVilliers, se ma-
tueuse; — 11» Histoire de Fénelon; ria, en 1621, avec Marie Gourjault,
Nouvelle Histoire de Fénelon, LaHaye, fille de Jean, sieur de La Millière. H
4747, in-8». — Enfin, Prosper Mar- mourut après 1660, date de son testa-
chanda coqpéréau Chef-d'oeuvre d'un, ment. Ses enfants furent : 1° GABRIEL,
MAR
MAR — 224 —
qui suit ; — 2° Louis, qui fonda la femme lui donna encore six enfants,
branche de Mornay;—3°OLIVIER,sieur savoir: 4 »CHRisTiAN-Louis,morljeunè;
deBlanzay, qui épousa, en 1655, Ca- —V JEAN-PIERRE ;—3» CHARLES-OC-
therine.de Marconnay, sa cousine,et TAVE, conseiller d'ambassade, puis de
qui, après la révocation , se réfugia à guerre el des domaines du roi de
Berlin, où il mourut,en 1688, conseil- Prusse', marié, en 4 723, à Louise de
ler d'ambassade; — 4" CATHERINE, Convenant, fille de Gabriel, ancien
femme, en -\Gii,AeJea,ndeLaBarre, conseiller au parlement d'Orange , et
sieur du Bois-de-Luché(l);—5"ELI- A'Isabelle deBenicroix ; — 4° CHRIS-
SABETH, femme,vers 4 666,
de Gabriel TIAN-LOUIS capitaine au service de
de Laignes, sieur de La Grange, que Prusse, qui , épousa, en 4 726 , Anne-
nous trouvons encore signalé, en 1692, Marie de Baret, fille de Salomon de
comme suspect de professer la religion , Baret, lieutenant-colonel,etA'Elisa-
réformée (Arch. gén. E. 3378). beth Le Blanc ; — 5° HENRIETTE ; —
Gabriel de Marconnay sieur de La 6° N.
,
Tour, épousa,en 1649, Marie Rogier, II. BRANCHE DE CHATEAUNEUF. Char-
fillede Jean,sieur d'Iray,et de Jeanne les de Marconnay, second fils de Lance-
David. Il mouiut avant 1658, laissant lot el de Catherine de Chesneau, épou-
quatre enfanls : 1 » Louis, qui suit ; — sa, en 4 628, Elisabeth de La Voirie,
2» GABRIEL, sieur du Verger ; — 3° fille de René de La Voirie el de Su-
PIERRE, sieur de Laubouinière, ma- sanne de Pas. De ce mariage naqui-
jor au régiment de Touraiue,en 1699; rent : 1° Louis, qui suit; — 2" CHAR-
—4° LOUISE,femme en 1672, de Hen- LES, qui prit ppur femme, en 1667,
ri-Charles Fouquet, sieur de Borni- Madelaine Prévost, fille de Daniel
seau. Prévost;—3° MARGUERITE;—4° SU-
Louis Marconnay, sieur de Marcon-
.
SANNE; — 5" MARIE.
nay, suivit la carrière des armes et fit Louis de Marconnay, sieur de Château-
la campagne de 1673. En 1683, il de- neuf, eutvingt-deux enfanls de Fran-
manda un ministre au synode de Sor- çoise de Refuge, fille de Jean comle
,
ges, qui lui donna Renaud Boullier. de Couesmes,et de Susanne deMeans-
A la révocation il se réfugia en Hol- se,maiscinq seulement vécurent.Deux
,
lande avec sa femme,Marie-Elisabeth abjurèrent avec leur père à la révoca-
Gonrjault, laissant en France cinq tion, savoir: Louis et HENRIETTE. Le
enfants en bas âge,nommés LOUIS,MÀ- sort de GÉDÉON est inconnu.L'aîné des
RIE-ANNE LOUISE ; MARIE-OLIVIER et fils, SAMUEL-PHILÉMON, sieur de Châ-
,
MADELAINE.Le fils,qui élaitnéen1681, leauneuf, fut expulsé de France, en
fut mis, par ordre du roi, dans un col- 16S8, avec sa soeur MARIE, comme hu-
lège à Angers, où il était encore en guenots opiniâtres (Arch. gén. TT.
4 699,- tandis que trois de ses soeurs 316). Il se relira en Hollande. Entré,
étaient, à cetle même dale, enfermées comme lieutenant, dans un des régi-
aux Nouvelles Catholiques de Loudun ments français qui suivirentGuillaume
(Arc<>. gén. M. 673). En 4 688, Louis d'Orange eu Angleterre, il s'éleva au
de Marconnay quitta la Hollande pour grade de colonel. Il prit pour îemme,
entrer auservice de l'électeur deBran- vers 169S,.-l»KeLs Cerfqm lui don-
dehourg. Il devint maréchal de la cour na trois filles : ELISABETH,morte àWor-
du margrave Christian-Louis. Depuis cesler, en 1727; SUSANNE, mariée à
son établissement en Allemagne, sa Londres, en 1722, avec Paul de Saint-
(1) Cette famille persista aussi avec cou- Hyacinthe, sieur de Soris (4) et HEN-
rage dans la foi évaugélique. lin 1696, La RIETTE.
Barre-du Bms-de-Luclié fut signalé a l'inten-
dant du Poitou comme suspectde protestan- (1) Selon la Biogr. univ., M"e de Màrcon-
tisme (Arch. sén.E.3382).En1699, on enleva nayful enlevéepar lespirituel auteur du Chef-
ses entants à sa femme (Ibid. E. 3385). d'oeuvre d'un inconnu, Hyacinthe Cordonnier.
MAR — 225 MAR
Nous avons déjà dit que Louis de de.LaChasselaiidière,elA'Anne Gaul-
Marconnay-Châleauneufabjura. Ce ne treau, demoiselle attachée au service
fut pas toutefois sans avoir opposé une de la princesse de Tarente. Par scn
énergiquerésislance aux missionnaires testament, il déclara qu'il vculait vivre
bottés. Il se laissa ruiner par les dra- et mourir dans la religion protestante.
gons avant de consentir à signer son Il décéda le 13 oct. 1685. Sa veuve
abjuration; mais à la fin il succomba, se réfugia à Berlin, où elle mourut en
en 1688. Sa femme, au contraire, 1725, âgée de 82 ans. Son fils aîné,,
donna un bel exemple de constance. JEAN-LOUIS, abjura. Le cadet, GABRIEL-
Enfermée, en 1686, dans le couvent- PROMENAS, sortit de France avec sa
de Saint-Martin de'Loudun, elle fut mère et sa soeur, EMILIE-CHARLOTTE.
transférée, en 1687, au château de Cette dernière épousa à Berlin Jean
Loches (Arch.E. 3373); puis, la même Maxuel et mourut en 1757.
année, ramenée dans le monastère de Il est très-vraisemblableque c'est du
la Visitation à Loudun, où elle passa conseiller d'ambassade Olivier de Mar-
plusieurs années. Dans l'intervalle, connay que descendait le jurisconsulte
son mari mourut. Son « opiniâtreté » Louis-Olivier de Marconnay né à
résistant à tout, on la fit venir, en 1700, Berlin, le 8 nov. 4 733, et mort, dans
aux Nouvelles - Catholiques de Paris cette ville, legs juin 4 800. Après avoir
(Ibid. E. 3386); mais, après deux an- terminé ses études au collège français
nées d'épreuves inutiles, on l'envoya de Francfort-sur4'Oder,Louis-Olivier
aux Nouvelles-Catholiques de Luçon fut attaché à la chambre de justice de
(llid. E. 3388). Elle persista coura- Berlin. II. devint successivement con-
geusement dans sa foi jusqu'en 1702, seiller délégation, en 1763, premier
qu'elle finit par se rendre (Ibid. E. conseilleret rapp orteur au départ ement
3553). des affaires élrangères,conseillerprivé
III. BRANCHE DE LUGNY. Pierre de du directoire supérieur français, con-
Marconnay, sieur de Mareuil, troisième seiller supérieur du consistoire et in-
fils de Lancelot, épousa, en 1624, specteur du gvninase français. On a de
Marguerite Garnier, dont il eut: 1° lui:
CHARLES sieur de Pouzac, marié en I. Lettre d'un voyageur actuelle-
,
avril 1665, avec Anne de Melleville, ment à Danizig à un ami de Stral-
veuve de Louis de Jouan, sieur de sund sur la guerre qui vient de
,
Jonvillers près de Crosne (Regist. de s'allumer dans l'Empire, trad. libre
Charent.), dont ilparaît qu'il ne laissa de l'allemand, Berlin, 1756, in-8".
pas d'enfants. En 1693, le curé de IL Lettre sur le Diogène décent
Saint-Jean-de-Sauves le dénonça com- et la cause bizarre de M. de Pré-
me mauvais catholique (Arch. M. 678); montval, Berlin, 1756, in-8°. — En
— 8° Louis sieur de Beaulieu, qui collaboration avec Erman.
, III. Lettres [cinq] d'un ami de
se réfugia dans le Hanovre; — 3° CA-
THERINE, femme A'Olivier de Mar- Leyde à un ami d'Amsterdam, Ber-
connay ; — 4° LOUISE , mariée, en lin, 1757-60, 5 vol. in-8°.— Ces let-
\W~i.\Emmanueld/Outrelean,sieur tres traitent de questions politiques ou
de Beaulieu; — 5» MARGUERITE; — 6» roulent sur les événements du jour.
ELISABETH. IV. Lettre d'nnpartisan de lacour
IV. BRANCHE DE MORNAT. Le fils de Vienne à son ami de Mayence sur
puîné de Louis de Marconnay et de la paraphrase et Vamplification du
Marie Gourjault, Louis de Marconnay, mémoire de M. de Hellen et sur la
sieur de Moraay, épousa, en 1676, palinodie de cette paraphrase, Ber-
Susanne de Marin, fille de Jean, sieur lin, 1757, in-8".
V. Remercimentde Candide à M.
dit Saint-Hyacinthe, qui aura, comme prosé-
lyte, sa place dans notre ouvrage. de Voltaire, Amslerd., 1760, in-8».
.
T. Yir. 15
MAR 226 MAR
Ces ouvrages ont été publiés sous cien cordelier converti. Le lendemain,
lé voile de l'anonyme. Marconnay a Marcus demanda à capituler. Le maré-
traduit, en Outre, en français la plupart chal permit aux officiers de sortir à che-
dès écrits que la Prusse publia au su- val, aux soldats le bâton blanc à la
jet de la guerre dé Sept ans et de la main, à condition qu'ils ne porteraient
succession de Bavière.Il a été aussi un les armes de six mois. Les habitants
des rédacteurs de la Nouvelle biblio- furent mis à rançon. Tel est le seul
thèque germanique et de la Gazette laurier que Thémines cueillit durant sa
littéraire;. campagne dans le Lauraguais et l'Al-
MAUCQNNÈT (ABRAHAM), doc- bigeois.
teur en droit, né à Monthéliard, en SIAEEC (RENÉ DE), sieur de MONT-
164 7, fut précepleùr d'un jeune duc de BAROT, conseiller du roi en ses conseils
Jirunswick,et devintcouseillerdes.com- d'état et privé, capitaine de 50 hom-
tes de Barbi et bailli de Rosenburg.S'ans mes d'armes, gouverneur de Rennes,
parler d'une Généalogie der alten lieutenant du roi aux évêchés de Reu-
Bdrbischen Grafen, restée msc, d'où nes, Saint-Malo etDol, avait mérité ces
Tenzel a tiré ce qu'il a publié dans sa honneurs par les' services qu'il avait
Bibliothèque sur la famille de Barbi, rendus à Henri IV. Il était déjà gouver-
on a de Màrconnét un long poème hé- neur de Rennes, en f 589, lorsqu'une
roïque en latin, qu'il composa à l'oc- révolte des habitants, fomentée par les
casion de la mort du dernier comte évGques de Rennes et de Dol, livra, le
Auguste-Louis, et qu'il fit imprimer à 4 2 mars,.la ville à Mercoeur, malgré les
Wotfenbùttel, sous ce titre : Albis et mesures de précaution qu'il avait pri-
Sales nymphàrnm synthrenismns.il ses. Hors d'état de résister à l'émeute,
a aussi traduit du français en latin la Montbarot s'enferma dans la tour de
première partie du Traité de la Cour par la porte Mordelèse ; mais il ne put y
Eustache de Refuge, laquelle a été tenir longtemps, ne recevant de se-
imp. avec la seeonde, trad, par Joach. cours d'aucun côté. Les royalistes ne
Pasl0rius,àHalle,4664; 1684, in-12. tardèrent cependant pas à rentrer dans
MARCUS, nom donné au gouver- Rennes, et Montbarot reprit son com-
neur de Saiht-Paul-Lamiatte, en 1625, mandement. Il continua à servir contre
par le Mercure français, lequel ajoute les Ligueurs, ainsi que son fils', jusqu'à
qu'il étaitfils du capitaine hu guenot qui l'entière pacification de la Bretagne.
commandait à Nérac, lorsque cette vil- Les preuves de dévouement et de fi-
le fut assiégée par le dernier duc de délité qu'il avait données à Henri IV ne
Mayenne. Le 1 i juill. 4 625, après son le garantirent pas contre les soupçons
échec devant Castrés, Thémines sepor- du roi, lors de la conspiration deBi-
tà sur Saint-Paul qu'il investit; toute- ron. Accusé d'y avoir trempé, il fut ar-
fois il ne put empêcher les chefs pro- rêté etenfermé àla Bastille; mais,faute
testants d'y jeter du secours à la fa- de preuves, on dut le remettre en li-
veur de la nuit. De son côté, le maré- berté après une longue détention.
chal reçutj le 4 3, un renfort que lui Toutefois onnelui rendit pas son gou-
amena Ventadour. Le 4 5, l'assaut fut vernement. Il se plaignit de cette in-
donné, et les assiégeants se logèrent justice à l'Assemblée de Saumur, à la-
sur les remparts presque sans éprouver quelle il fut député par la Bretagne.
de résistance. Au lieu d'essayer de les Dans la séance du 15 juin 1614, l'as-
repousser, la garnison abandonna la semblée prit la résolution suivante à ce
ville, franchit l'Agout et se retira àLa- sujet : « Le sieur Montbarot ayant re-
miattè. Maître de Saint-Paul, Thémines présenté qu'après avoir fidellementser-
le réduisit en cendres, après l'avoir li- vy le roy es charges de gouverneur de
vré au pillage et avoir fait pendre neuf Rennes et lieutenant du roy aux éves-
bourgeois'et le ministre protestant, an- chez de Rennes, Saint-Malo et Dol,
MAR MAR
— 227
il auroit sans occasion esté constitué l'âge de 3 ans.Un de ses parents,Pier-
prisonnier en la Bastille, dent, après reMartinMeytens,peintredelaeour,re-
une lenguè détention, suivie de la dé- connaissant en lui des dispositions pour
mission contrainte de sesdites charges, la peinture,sechargea de sonéducation
il auroit esté eslargy avec très-ample artistique.Marées travailla pendant 4 4
déclaration de son innocence et pro- ans dans son atelier. Ses progrès fu-
messe de récompense; la Compagnie rentrapides.Chargé de peindre la Cour
ayantjugé que lesdites charges ne luy et les membres du conseil d'Etat, il
ont esté ostées qu'à cause de la Reli- réussit si bien daus ce travail, qu'on
gion, a résolu d'embrasser la poursuite lui proposa de le faire voyager aux frais
de ladite récompense et remplacement de l'État. Mais il aimait trop son indé-
d'autres gouvernemensou àutrement,et pendance pour accepter ; il se sentait
charge ses députés généraux de sejoin- d'ailleurs assez fort pour pouvoir se
dreàladitepoursuite (Fonds de Brien- suffire à lui-même. Le 11 janv. 1724,
ne, N° 222). » Nous ignorons ce que il quitta Stockholm pour se rendre à
cette intervention produisit; mais nous Amsterdam.Il passa neuf mois en Hol-
savons que Montbarot continua à jouir lande et gagna par ses travaux de quoi
de la confiance et de l'estime de ses poursuivre son voyage.Son frère Abra-
coreligionnaires, puisque l'Assemblée ham était alors pasteur de l'église ré-
-
de La Rochelle le proppsa, en 4 64 6, formée de Nuremberg. Il alla le visi-
pour un des commissaires chargés de ter.Pendantles dix mois qu'il resta au-
faire exécuter l'édit de pacification près de lui,il peignit un grand tableau
(Ibid., N' 223). de famille, représentant son frère, sa
Selon un msc. du Fonds Saint-Ma- femme et ses trois enfants, qui attira sur
gloire, coté 163, René de Marec ne lui l'attention des connaisseurs; Jean
laissa de son mariage avec Esther Du Kupezky reconnut en lui un émule et
Bouays, qu'une fille, nommée FRAN- lui donna son amitié. En 4 725, il se
ÇOISE, qui, après la mort de son pre- rendit à Venise, où il peignit avec suc-
mier époux, Samuel de La Chapelle, . cès en miniature et en émail, et l'année
épousa, en 4 626, Henri de Chivré. suivante, il alla à Piome. Il recherchait
MARÉES (GEORGE DE), peintre es- avec avidité toutes les occasions de
timé, né à Stockholmen 1697,etmort s'instruire. Rome lui offrit de quoi se
à Munich en 4776. Son père, chassé satisfaire, mais par malheur sa religion
de France par la révocation de l'édit de lui attira des persécutions qui le forcè-
Nantes,était allé s'établir à Brême,d'où rent à fuir précipitamment,en 1727- Il
il passa en Suède. Il obtint une place se retira à Venise, d'où il fut bientôt
dans les mines de fer deGiemo etd'Os- après appelé à Nuremberg. Ii exécuta
terby.Safemme,iV. Meytens,ln\ donna dans cette dernière ville d'excellents
sept enfants: 1 ° et 2° SIMON et SAMUEL, travaux, qui furent gravés plus tard à
tous deux orfèvres;—3° JEAN, marin ; la manière noire par le célèbre Bernard
—4°ABRAHAM,pasteur dont nous avons Vogel. En 1728, il se rendit à Augs-
parlé, ainsi que de ses fils,à notre art. bourg, et de là en 1730, à Munich
Des Ma/rets (Voy. IV, p. 257); la sup- où il abjura la , religion protestante.
position que nous avions hasardée, ne Beaucoup d'artistes sefontunereligion
se trouve donc pas confirmée ; — à eux dont il ne faut pas leur demander
5° CHARLES, qui se voua au commerce; compte. L'Imagination va par bonds
— 6' IJEORGE, à qui cette notice est et par écarts, c'est sa nature ; elle ne
plus spécialement consacrée;—7° ELI- marche posément que lorsqu'elle s'ap-
SABETH,qui épousa Du Bordieu,\nle?- puie sur le bras de la Raison.Il est as-
prèle du roi de Suède pour le russe et sez probable que ce fut l'Amour <qui
Ï9 turc. opéra la conversion de l'artiste. Sa
-George de Marées-resta, orphelin dès voix n'a pas moins d'empire sur les-
MAR 228 MAR
— —
natures sensibles, que celle de l'am- licisme, chercher la vérité serait déjà
bition et de l'intérêt qui a opéré en une hérésie; la vérité est toute trou-
France tant de prodiges. Quoi qu'il vée, il^ faut croire aveuglément tout ce
soit. Marées s'unit, 1731, avec que l'Église enseigne, et tant qu'elle
en en
Marie-Barbara Sehubbauer. Sa nou- l'enseigne, puis s'en défaire, quand
velle religion ne nuisit pas à ses suc- elle ne l'enseigné plus ; la conscience
cès; au contraire, elle lui procura une ni la raison n'ont rien à y voir. Dans
foule de commandes et il put, sans, le protestantisme, au contraire, le chré-
, s'agenouiller tien n'est plus un enfant, c'est un
scrupule de conscience,
devantses oeuvres.On lui doit une foule homme fait; ce n'est plus un esclave,
,
de tableaux, tant portraits que sujets c'est un affranchi; il n'est plus soumis
historiques,surtoutdesainteté.qui sont à Ja loi des hommes, mais à la loi de
disséminés dans les musées elles égli- Dieu.
ses de l'Italie et de l'Allemagne. La Il est bien vrai que Marguerite ne
plupart ayant été exécutés depuis la régla sa foi ni sur celle de Luther, ni
conversion de l'artiste, nous devons sur celle de Calvin. Mais'qu'importe ?
nous contenter de renvoyer au catalo- le protestantisme n'est pas là. Vous
gue qu'en donne Hirsching (4). détruiriez pièce à pièce toutes les doc-
MARGUERITE D'ORLEANS, trines de nos réformateurs, que vous
improprement appelée MARGUERITE DE n'auriez rien fait. Aucun d'eux n'a pré-
VALOIS, soeur unique de François I", tendu ni pu prétendre à l'infaillibilité;
et mère de Jeanne d'Albret, surnom- ce ne sont point nos législateurs, ce
mée le Mécènes des gens de lettres sont de modestes scoliastes des- livres
et des gens de bien, naquit à Angou- saints, etrien de plus.Le protestantisme
lême, le 4 4 avril 1492, et mourut est l'affranchissement de l'homme mo-
dans son château d'Odos en Bigorre, ral; ce n'est pas un système de doc-
,1e 21 déc. 1549. trines rigoureusement formulées qu'il
Les Catholiques et les Protestants faille, admettre à peine de damnation;
se disputent cette princesse, et les cen'estpasun cercle defer, où l'homme
uns et les autres apportent à l'appui est emprisonné par l'homme au mépris
de leurs prétentions des raisons qu'on des lois de Dieu : des opinions diver-
pourrait croire concluantes, si elles ne ses, mais consciencieuses, peuvent s'y
se balançaient pas. La vérité n'étant rencontrer sans se heurter. A ce point
donc ni avec ceux-ci, ni avec ceux-là, de vue, Marguerite était donc protes-
qui forment les deux extrêmes d'une tante ; elle le fit voir par toute sa con-
progression, il en résulte qu'elle doit duite. Attribuer à la seule bonté de
se trouver entre les deux, à une dis- son coeur tout ce qu'elle fit pour les
tance plus ou moins éloignée de l'un Huguenots jusqu'à compromettre son
ou de l'autre. Et c'est en effet ce qui a repos pour eux et provoquer les infâ-
lieu. Marguerite n'était ni catholique, mes insinuations d'un. Montmorency,
ni protestante, dans le sens strict du serait d'une naïveté incroyable. Qu'on
mot: catholique? elle ne l'était plus; nous cite d'autres exemples d'une pa-
protestante? elle ne l'était pas encore. reille bonté dansle siècle où elle vécut.
Mais elle cherchait la vérité, et c'est Renée de France n'étaitpas catholique.
en cela qu'elle se rapprochait davan- Si Marguerite avait été une fille sou-
tage du protestantisme. Dans le catho- mise de l'Église, pensez-vous que
sou
(1) Nous,ignorons s'il y avait quelque lien confesseur n'aurait pas réussi à l'ef-
de parenté entre notre famille de Marées, frayer? Bossuet, Fénelon lui-même, les
et le peintre d'histoire,Desmarets,Des Marez, meilleurs et les plus digues, n'au'rain t
de Mares ou de Mare, qui, après avoir perdu
sa place de secrétaire de l'ambassade fran- pas manqué d'attribuer ces bons mou-
çaise a Stockholm, se livra à la peinture et vements d'un coeur compatissant aux
alla se fixer en Toscane, où il mourut en 1803. suggestions de Satan. Que serait-ce
MAR — 2'29 — MAR
des Cotton et des autres? Dans notre plus tost de vous alliener de la bonne
siècle de progrès, nous ne sommes affection que vous portez à l'Esglise
plus des juges compétents pour tout de Dieu, et vous ' oster le courage de
ce qui touche aux choses de la religion, servir à Notre Seigneur Jésus, et à ses
telles que les entendaient et prati- membres, comme vous avez faict jus-
quaient nos pères (4 ). L'Église catho- ques à Ceste heure. » La chose est
lique, aussi bien que l'Église proles- donc jugée (4).
tante, a marché. On ne croit plus à la Marguerite fut élevée, sous l'oeil de
magie ni aux sorciers; les bûchers sa mère, Louise de Savoie, à la cour
sont éteints même en pays d'inquisi- de Louis XII, à qui Charles d'Angou-
tion. Qui sera juge, alors, si ce ne lême, en mourant, avait recommandé
s.ont les contemporains? Demandons sa famille (2). Ce prince s'acquitta
à la Sorbonne, si jalouse de l'ortho- religieusement de ses devoirs de tu-
doxie romaine, si Marguerite était ca- teur. Passionnée pour l'étude, Margue-
tholique; demandons à Calvin, si rite ne se contenta pas d'acquérir ces
rigide dans sa doctrine, si Marguerite talents d'apparat propres à faire briller
n'était pas protestante, et nous saurons son sexe, elle voulait tout savoir et
la vérité. Marguerite fut, au jugement tout approfondir. Ce fut ainsi qu'à la
du grand réformateur, l'instrument connaissance des langues vivantes,
dont Dieu se servit pour avancer sen elle joignit la connaissance plus rare
règne. « Je cognois les dons que No- des langues savantes, telles que le
tre Seigneur a mys en vous, lui écri- latin, le grec et même l'hébreu, et qu'à
vait le réformateur, sous la date de Ge- l'étude des belles-lettres, elle allia
nève, 28 avril 4 545 (MSS. de la Bi- l'étude plus mâle de la philosophie et
blioth. de Gen. N» 4 07), et comment il même celle de la théologie dont les
s'est servy de vous et vous a employé mystères insondables exercèrent tou-
pour l'advancement de son règne. Les- jours sur son esprit un attrait puissant.
quelles choses me donnent assez d'oc- En un mot, elle reçut une éducation
casion de vous honnorer et avoir votre toule virile, et dans un siècle où les
honneur en recommandation. Aussi, gentilshommes les plus qualifiés se
Madame, je vous prie de ne vous lais- faisaient encore un titre de leur igno-
ser point persuader par ceux qui vous rance. Dès l'âge de quinze ans, dit
enflambent contre moy, ne cherchant son panégyriste Sainte-Marthe, « l'es-
,
ni votre profit ni mon dommage; mais prit de Dieu commença à se manifester
(1) M. Génin,entre autres,faitflèche defout (4) Cette lettre a été publiée dans l'Appen-
boispour prouverson dire que Marguerite était dice de la Petite chronique de M. Crottet.—
bonne catholique; il s'accroche'a chaque plus Vers la même époque, après la paix signée
petite épave; il va même jusqu'à s'appuyer avecCharles-Q_uint(1S4-3),Marguerite écrivait
deMoréri, quelle autorité! Si la reine de Ka- a son frère dans une Epitre en vers (Suppl.
Tarre était favorable à l'hérésie, pourquoi franc. 2286, fol. 116):
protégeait-elle avec tant de chaleur, se de-
mande M. Génin, un si grand ennemi des Dieu n'a voulu permettre que vainqueur
idées de la Réforme que le cardinal Georges L'ung fust de l'aultre, afin deles contraindre
d'Armagnac? — Pourquoi ? La raison en est Après la guerre a ceste paix attaindre,
simple; c'est que lorsqu'elle le protégeait, il Car par eulx veult que la foy confirmée
n'en était pas ennemi. Il y eut dans la vie de Soit, et aussy l'Eglise réformée,
ce prélat, comme dans celle de beaucoup
Et d'une part oustées les hérésies,
d'autres, plusieurs phases ; et s'il garda son De l'aultre aussy les vaines fantaisies,
troupeau de la morsure des loups hérétiques, Et que la foy nous face en toute guise
En triumphant triumpher saincte Eglise.
comme disent les auteurs du Gallia Chris-
tiana, ce fut lorsqu'il eut rejeté, selon les Telles furent les opinions que Marguerite ne
propres expressions de Jeanne d'Albret, le cessa de professer.
saint lait dont la feue reine Marguerite i'avoil (2) Lorsque ce prince mourut, le 1 janvier
nourri. Il en fut de même du chancelier Oli- 4496, Louis d'Orléans, son cousin germain,
vier, alors chancelier d'Aleneotp. Les autres n'était encore que premier prince du sang; il
preuves de M. Génin ne sont pas plus fortes. ne parvint au trône qu'en U98.
MAR 230 MAR
—
et apparbistre en ses yeux, en sa face, conseils, et s'il n'avait pas été. si
en son marcher) en sa parole, et géné- promptement gâté par l'exercice du
ralement en toutes ses actions. » Et pouvoir absolu, il aurait plus souvent
ce qui doublait le prix de ces qualités, écouté les inspirations de son Égérie,
c'est qu'elle n'avait point la faiblesse, et eût laissé dans l'histpire une mé-
si naturelle à son sexe,' de s'en parer. moire moins entachée (1). «Ils étoieut
Elle était simple et modeste, autant conjoints, dit Sainte-Marthe, d'un si
par bienveillance que par inclination. étroit et si ferme lien d'amour frater-
Aux charmes de l'esprit, elle unissait nel, que ne de la mémoire de nos pré-
(si l'on en croit le témoignage flatteur décesseurs, ne delanostre, ônc n'en
de ses contemporains), toutes les grâ- fust ne vu, ne ouy de second. » L'a-
ces du corps et de la figure. L'éclat mitié du frère et de la soeur était si
du rang lie faisait sans doute qu'ajou- parfaite, que la médisance a cm y voir
ter à tant de perfections, On prétend plus que de l'amitié. M. Génin lui-
que Charles d'Autriche, depuis Charles- même, zélé panégyriste de Marguerite,
Quint, ayant eu l'occasion, en 4 508, a fini par se rendre, non pas à l'évi-
d'admirer Marguerite à ia cour de dence, mais aux obscurités étudiées
Louis XII, en fut tellement épris, qu'il d'une lettre quecetteprincesse écrività
la demanda en mariage. Mais M. Le- son frère, on ne sait à quelle date (2).
roux de Lincy à qui nous empruntons Sans aucun doute, il y a un fâcheux
ce fait, oublie qu'à cette date le comté mystère sous cette lettre, mais qui le
de Flandre n'était encore qu'un jeune .sondera? Pourquoi alors supposer le
enfant de 7 à 8 ans. M. Génin, de son mal ? "N'oublions- pas que tout est pur à
Côté., commet sans doute.une autre qui sont purs. On a encore prêté à
erreur, lorsqu'il avance que cette de- Marguerite d'autres amours, et tout
mande en mariage fut faite par. Ghar- aussi gratuitement, comme si la légè-
les^Qûint après être parvenu au trône reté de ses Nouvelles semblait autori-
desÈspagnes, c'est-à-dire après 1516. ser la légèreté des accusations. Mais
A cette époque, Marguerite n'était plus rien de plus.faux que de juger de la
libre; Louis XII avait disposé de sa moralité du conteur par la moralité de
main, en Punissant, par contrat du 9 son oeuvre. Les personnages les plus
octobre 1509, à Charles, dernier duc graves sont souvent les écrivains les
d'Alençon, Le coeur, dit-on, ne' fut plus légers. Les -contraires se recher-
pour rien dans Cette union,.au moins chent et s'attirent. II est bien vrai que
du côté de la princesse. On a même Brantôme, la trompette de toutes les
prétendu que le prince » homme sans médisances, comme le qualifie M. Gë-
figure, sans esprit, et sans aucun mé-
rite » était tout-à-fait.indigne d'elle; (1) « Marguerite, dit M. Kisard dans son
Hietoire delà liit. franc., a été comme le bon
niais si l'on considère les divers com- génie de son royal frère, et François t'lui
mandements dont il fut revêtu, on doit doit peut-être les plus solides de ses titres.
croire qu'il y a beaucoup d'exagération Grâce à l'amitié qu'il garda constamment à sa
dans ce jugement : on lui reconnaissait soeur, on lui fit honneur dés actions les plus
personnelles de Marguerite, et on ïut croire
au moins de la valeur. Margueritepassa qu'il approuvait tout ce qu'il ne désavouait
les premières années dfe son mariage pas. La postérité a conservé cette illusion ;
dans son duché d'Alençon. En 4516, il en faut laisser le bénéfice à. François Ie' ;
c'est du respect bien «ntendu pour la mémoire
elle parut à la cour de son frère, où de Marguerite. »
elle s'attira tous les hommages, tant (2) Dans une polémique soulevée à l'occa-
par son affabilité que par les charmes sion de cette lettre (Voir Le Semeur, journal
religieux, 44 et 21 déc. 1842). M. Lulterotli
de sa personne. François aimait à la combat avec beaucoup de sens l'interpréta-
produire; ii renvoyait souvent à elle tion qu'en a donnée M. Génin, et.il hasarde
les ambassadeurs qu'il voulait séduire. lui-même une explication qui, si elle n'est
Lui-même déférait volontiers à ses pas entièrement admissible, est au moinsplus
loyale et plus chrétienne.
MAR 231 MA.R
nin, prétend qu'en fait de galanterie Les rosiers bas, les petits oliviers
Marguerite en savait plus que son Délectent plus.que ces grands cbesnès fiers,
Et a nager en eau basse l'on treuve
pain quotidien. A son point de vue, Moins de danger qu'en celle d'ung grand
c'est évidemment un éloge qu'il en- Aussi jadis déesses adourées [fleuve.
tendait lui donner, et plus il l'enflait, D'hommes mortels, se sont énamourées :
plus il' croyait être galant ; mais s'il Le jeune Atys feut aynié de Cybelc, etc.
avait connu des faits tant soit peu Après avoir rappelé le précédent
dignes de mémoire, il se serait bien d'Alain Chartier, le poète énumère ses.
gardé de les passer sous silence. Or avantages sur des rivaux plus favori-
comme il ne dit rien, c'est qu'il ne
sés que lui des dons de la Fortune :
savait rien. Reste le champ des suppo- S'ils sont puissants, j'ay la puissance telle
sitions qui est vaste. Est-il vrai que le Que fere puys ma maistresse immortelle ;
Ce que pourtant je ne dy parvanlance
connétable de Bourbon ail soupiré pour Ky pour plustot tirer ton accointance,
Marguerite, en même temps que sa Mais seulement par une ardente envie .
-
mère, Louise de Savoie, soupirait pour Qu'ay de le faire entendre qu'en ma. vie
De rencontrer au monde me m'advint
lui? On l'a dit, mais peut-être cet Femme qui tant a mon gié me revint,
amour pour la fille n'a-t-il été imaginé Ne qui tant eust ceste puissance sienne
que pour faire tableau. Quant au sé- D'assubjectir l'oubéyssance mienne.
ducteur Bonnivet, il n'eut pas à se La déclaration était hardie. Margue-
louer de la témérité de son entre- rile ne s'en offensa pas, elle l'accepta
prise (4). Le poèteMarot aurait-il été comme un hommage flatteur venant
plus heureux ? Marguerite était femme ; du prince des poètes de son temps.
•
elle fut sans doute sensible à ses élo- Elle pensait sans doute que le génie
ges, mais il y a loin de ce senliment à égalisait les rangs. C'était un jeu^-
de l'amour, c'est tout au plus un pre- jeu dangereux, si l'on veut, — mais
mier pas. Les poètes qui sont censés elle s'y associa sans mauvaise pensée.
avoir commerce avec les Dieux, ont Du reste, on remarquera qu'à cette
toujours joui de certaines privautés, époque (1526), elle était libre de
même auprès des grands. Marot ne fut donner son- coeur à qui bon lui sem-
-
pas le seul des enfants d'Apollon de blait. Le poète encouragé par tant
son temps, qui osa soupirer pour Mar- d'indulgence, continua à se bercer
guerite. Il était entré à son service en de sa fiction. Mais tout nous porte
1518, et ce ne fut que huit ans plus à croire que ce jeu ne passa jamais
tard que sa passion se déclara. La re- les bornes de la discrétion.
connaissance y fut pour beaucoup. Les écrivains qui admettent avec
Cetle princesse venait de le retirer de tant de facilité.les accusations de ga-
l'Enfer où il gémissait. Marot l'en re- lanterie qu'on a prodiguées à Marguer
mercie dans une Epitre en vers (2), où rite, doivent se trouver bien embar-
il lui fait la déclaration suivante : rassés de concilier avec cette légèreté
de conduite les tendances de cette
Tous ces beaulx dons et mille davantaige
Sontenung corps né de hauil parentaige, princesse aux idées de la Réforme,
Et de grandeur tant droicle et bien formée. et la protection qu'elle ne cessa d'ac-
Que faiclc semble exprès pour estre aymée
D'hommes et dieux. 0 que ne suis-je prince, corder à des hommes connus pour
A celle fin que l'auldace je prinsse l'austérité de leurs moeurs.
Te présenter mon service petit, Ce fut le vénérable Le Fèvre d'E-
Qui sur honneur fonde son appélit. taples qui, un des premiers, introdui-
Mais pourquoy prince? Une montagne basse
Souvent la haulle en délices surpasse; sit Marguerite dans les voies de la Ré»
-
gner. Elle voyageaità petites jeurnées, donnée en apanage par son frère. L'aca- j
lorsqu'un avis lui parvint de hâter sa demie de Bourges lui doit en grande I
porteur, il avait donné l'ordre de se dessus de son sexe et protégea les sa- !
H 528, Dans la crainte, bien peu justi- niarry, que je ne le vis oncqueg plus
fiée, d'une alliance contre ses intérêts, couroucé; car je [nous] ne pouvons
François s'empara de cette enfant, à penser dont luy procède cete grande
peine* âgée de deux
ans, et la fit éle- hardiesse dont jamais elle ne nous a-
ver, loin des yeux et des soins de sa voit parlé. Elle s'ezcuze envers nous
mère, au Plessis-lès-Tours (1). Puis, qu'elle est plus privée de vous que de
avant même qu'elle eût atteint sa dou- " nous mesmes ; mais cette privaulté ne
zième année, il s'empressa de la ma- doit pas eugendrer une telle hardiesse,
rier au duc de Clèves, Guillaume III. sans jamais, couine j'ai sceu, s'en es-
François n'aurait pu faire peser son tre conseillée à personne, car si je sa-
autorité, avec plus de despotisme, sur vois créature qui luy eust mise telle
le dernier de ses sujets. Olhagaray opinion en la teste, j'en ferois telle
prétend que ce mariage se fit « sans desmonstracion, que vous, Monsei-
consentement de père et de mère » et gneur, connoistriez que cete folie est
cette opinion a été généralement adop- faite contre l'intention du père et de
tée. Nous l'avons suivie dans notre la mère, qui n'ont jamais eu ny n'au-
notice sur Jeanne d'Albret. Mais une ront que la vostre. » Quelle humble
lettre inédite, [publiée par M. Génin, soumission pour la soeur, pour la
prouve, contre le dire de l'historien reine, et pour la mère ! A la lecture de
du Béarn, que l'opposition à ce maria- pareilles pièces, on admire que nos
ge fut personnelle à Jeanne d'Albret. rois n'àientpas encore.été plus despo-
La jeune fille de douze ans annonçait tes et plus pervers. Là jeune Jeanne ,
ne dédaignant personne. » Elle s'affec- éprouvées coup sur coup dans sa fa-
tionnait à tout ce qu'il y a de beau dans mille vint s'ajouter aux ravages d'une
les lettres, à tout ce qu'il y a de grand affreuse maladie pour hâter la fin de
dans les sciences. Poète, elle manquait François I". Marguerite, sur son invi-
peut-être du feu sacré, mais elle avait tation, s'empressa de se rendre auprès
de l'acquis, du savoir-faire. Si nous de lui. Sa présence et ses soins sem-
.
enlevions à Mo/rot ses meilleures piè- • blèrent un moment lui rendre la vie.
Les médecins eux-mêmes se firent il-
(1) «Elle fonda, en 1538, a Paris, l'hos- lusion. Mais ce fut le dernier éclat d'un
pice des Enfants-Rouges, où sont nourris et feu qui s'éteint. A peine Marguerite
élevés des orphelins, qu'elle lit nommer les
Enftmts de-Dieu le Père. était-elle de retour dans le Béarn qu'elle
»
T. VII. 46
MAR — 242 — MAR
apprit sa mort, arrivée le 31 mars 1847. lieu d'une cour corrompue, supérieure
Ce fut pour elle un coup terrible. Elle et fidèle à ses deux maris, elle est sans
se retira dans le monastère de Tusson contredit la princesse la plus aimable
où elle passa quarante jours dans la et la femme la- plus parfaite qui soit
prière et les larmes. La religion seu- sortie de la maison royale de France.
le pouvait lui donner les forces néces- Je ne sache point détrône qu'elle n'eût
saires pour surmonter une telle dou- embelli, et point de siècle qu'elle n'eût
leur. Elle demanda aussi des consola- honoré. »
tions à la poésie, mais les grandes af- Tous les poètes du temps,— etmÈme
flictions inspirent mal les poètes : une foule de savants, nationaux ou
ét_rangers,^répandirentdes fleurs sur
O mort (disait^elle), qui le frère a dompté,
Vien donc par ta grande bonté la tombe de Marguerite. Parmi eux on
i Transpercer la soeur de ta lance. distingue trois jeunes anglaises, Anne,
Sa prière ne tarda pas à être exaucée. Marguerite et Jeanne Seymqur, « dont
Mais auparavant, la bonne Marguerite la splendeur de la naissance et la beau-
dut épuiser le calice. Il paraît que le té de l'esprit, dit de Thou, jointes à
nouveau roi n'avait pas hérité des af- une grande érudition et à la probité
fections de son père, ou au moins qu'en des nuBurs, seront toujours en véné-
rappelant Montmorency aux affaires, il ration, » composèrent en son honneur
avait cru devoir épouser ses inimitiés. un poème latin d'une centaine de dis-
Quoi qu'il en soit, Marguerite fut tiques, qui fut tourné en français, en
menacée de perdre la- modeste pen- grec et en italien « par ces grandes
sion de 24 raille livres que lui faisait lumières de notre nation, Jean Dorât,
son frère, pension si bien employée Jpachim du Bellay, Jean-Antoine de
en bonnes oeuvres, «Vous savez, Baïf, et Nicolas Denisot.» Charles de
écrivait-elle à son homme d'affaires Sainte-MarUie prononça son oraison
Isernay, qu'il me seroit impossible funèbre, qu'il publia (Paris, 4850) en
sans cela d'entretenir ma maison, et latin et en français (1).
n'ay de bien que ce qu'il m'en fault
pour passer mon année, et peut-on bien Cl) Sainte-Marthe acquitta ainsi une dette
croire que, sans nécessité, ma coutu- de reconnaissance envers Marguerite qui l'a-
vait sauvé du hûcher. «Je ne h'nirois pas,
me n'est point dé demander.» Le ma- dit OdolanlJDesnos, si je youlois donner la
riage de sa fille aveçAntoine de Bour- liste de tous ceux qu'elle arracha au sup-
bon fut. pour Marguerite un autre su- plice, et qu'elle combla de ses bienfaits : j'ea
jet de chagrin. Ce ne fut, dit-on, que indiquerai seulement quelques-uns Elle
s'intéressa pour Erasme dans l'affaire que la
contrainte qu'elle y donna son consen- Sorbonne suscita a cet illustre savant. Char-
tement. Ce mariage fut célébré a Mou- les de Ste-Marthe, échappé aux flammes de
lins, le 20 octobre <l548 L'année Grenoble, trouva un port assuré, des hon-
suivante, Marguerite rejoignit , neurs et de la fortune à Alençon. Elle ob-
son tint la liberté i'Elicnne Dolet, qui lui a dé-
frère dans la tombe, Ses obsèques fu- dié sa septième épîlr'é, etc. » A ces noms
rent célébrées dans l'église de Lescar nous ajouterons celui d'André Mélanchlhon.
« J'ai leu dans le registre secret de nosire
avec une grande pompe. «L'envie, qui parlement [de Bordeaux], dit Florimond de
assiège les princes, n'a pu, ditLemon- Roemond, qu'elle fit une instante prière, aOn
tey, nous transmettre un Seul fait dé- que la cour voulust mettre en liberté un nom-
favorable à Marguerite de Valois, Pour mé André Mélancihon accusé d'hérésie, et
prisonnier en la conciergerie du palais, dont
indiquer une tache à son caractère, il Philippe Mélancihon, disoit-elle, conseiller du
faudrait l'inventer. Etrangère aux vices duc de Saxe, l'avoit fort requise par ses let-
dé sa mère, aux folies de son frère, et tres. Cet André fut celuy qui, sous prétexte
de régenter, vint annoncer la doctrine de sou
aux travers de son temps, belle et reine parent en l'Agenois, s'estant arresté en la
sans arrogance, vertueuse sans pru- ville de Tonneins, où il sema si à propos son
derie, savante sans pédantisme, douce hérésie, conforme lors à la confession d'Aus-
bourg, qu'oncjues puis les racines n'en ont
et bonne sans faiblesse, chaste au mi-* pu estre arrachées. » plusieurs écrivains ont
MAR — 543 — MAR
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. en, l'homme par la contrariété de
I. Le miroir de l'ame pécheresse, l'esperit et de la chair,et sapaix par
.. vie spirituelle,
on quel elle recongnoist ses faultes et une Oraison à nos-
etpéchez, aussi ses grâces et bénéfi- tre seigneur Jésus Christ, • Alençon,
ces a elle faitezpar Jesu Christ son chez maistre Simon du Bois, 1533, pet.
espoùx. La Marguerite tris noble et in-4" goth. de 64 ff. non chiff.; ano-
précieuse s'est préposée a ceuloe qui nyme. Ce dialogue, poème de plus de
de bon coeur la cerchoient. AAlençon 4 2 cents vers, n'ajamais été réimprimé.
chez maistre Simon du bois, iioxxxj, La princesse Charlotte était morte en
pet. in-4* goth. de 35 ff.; Paris, 1533, 4 524.,
in-8° ; Lyon, 4 538, in-8° ; Genève, III. 'La Fable du faux cuyder,
chez Jehan Girard, 4 539, pet. in-8", contenant l'histoire des Nymphes de
et dans les différ. édit. des poésies de Dyane transmuées en saulles, Paris,
Marguerite; anonyme; trad. en anglais 4543, in-8°; anonyme; réimp. sous le
par Lady Elyzabelh, soeur de Hen- titre ^Histoire des Satyres et des
ri VIII, Lond., avril 4 548, in-8° goth. Nymphes de Dyane, dans les Poésies
Poème mystique; une foule de cita- de Marguerite. D'après La Croix du Mai-
tions bibliques. ne, c'est la traduction de la sixième
éclogue de Sannazar, intitulée Salicês
En terre gist sans clarté ne lumière
Ma chétive ame, esclave et prisonnière, et dédiée à Marguerite de France, la
Les piedz liez par sa toncupiscence nièce et la filleule de la reine de Na-
Et les deux bras par son acoustumance. varre. Ce fut à la prière de cetteprin-
M. Génin, peu familiarisé avec le cesse que Marguerite fit celte traduc-.
langage -de la dévotion mystique, croit tion- Rien n'indique au titré que ce ne
y voir à chaque ligne des allusions à soit pas une pièce originale.
une honteuse passion de la soeur pour IV. Marguerites de la Mar•guérite
le frère. Mais il se trompe. Si Margue- des princesses, très illustre royne
rite avait été coupable, peut-on croire de Navarre, Lyon, Jean de Tournes,
qu'elle eût affiché sa honte? Ce n'est 4547, 2 vol. in-8° avec quelques figg.
pas au public, mais à Dieu qu'elle se intercalées dans le texte; privilège ac-
fût confessée. Bien loin'de vouloir en cordé par le parlement-de Bordeaux, le
dire plus qu'ils ne disent, les mysti- 29 mars 4 546 avant Pasques, sur la
ques seraient désolés qu'on les prît au requeste à lui présentée par Symon
mot, et tout en se traitant, dans leurs [et non pas Jean] Silvius [Dubois], dit
éjaculations, avec le dernier mépris, de La Haye, escuîer valet de chambre
comme le rebut de l'humanité, tout en de la royne de Navarre, 'pour îceua>
disant avec Marguerite : veoir et corriger si besoin y estoit ;
Je recognois avoir fait tous les maux Epislre dédicatoire en vers adresséepar
Qnc faire on peult, et que rien je ne vaux; l'éditeur à la princesse de Navarre
Dans prologue, Marguerite dit .
ils ne s'en croient pas pour cela plus un au
mauvais que vous ou moi. Au contraire, leeteur :
leur humilité est pleine d'orgueil. Si vous lisez ceste ceuvre toute entière,
II. Dialogue en forme de vision Arrestez-vous, sans plus, a la matière :
nocturne entre très noble et excel- En excusant la rhythme et le langage,
lente princesse madame Marguerite Voyant que c'est d'une femme l'ouvrage :
>
On n'y remarque que de légères va- une nouvelle édition, sous le litre :
riantes. Marot, dans ses essais de tra- L'Heptaméron des Nouvelles de très
duction, ne nous' avait pas habitués à illustre et très excellente princesse
cette heureuse élégance de style. — Marguerite de Valois, royne de Na-
Enfin Du Verdier cite meEglogue de varre, remis en son vray ordre, con-
Marguerite qui fut imprimée à Pau, en fus auparavant en sa première im-
4 552, in-4°. pression, et dédié à très illustre et
Le msc. le plus complet que l'on très vertueuse princesse Jeanne, roy-
connaisse des poésies de Marguerite, ne de Navarre, Paris, Vincent Serte-
se trouve à là Bibl. nation, sous le N° nas, 1559 in-4°; Gilles Robinot, 1561
2286; Suppl. franc. Quelques-unsdes et 1578, in-&°; Amst., 1698, 2 vol.
poèmes imprimés, tels que le Miroir de in-8"; Berne, 1780-84, 3 vol. in-8"
l'âme pécheresse, la Coche, le Miroir avec les belles gravures de Chodoviec-,
de Jésus-Christ crucifié, y manquent ; ki. « Je ne me fusse ingéré, Madame,
mais par contre on y remarque un cer- dit Gruget dans sa dédicace, vous
tain nombre de pièces inédites dont présenter ce livre des Nouvelles de
quelques-unes ont été publiées par M. la feue Reyne vostre mère, si la pre-
Champolliou. La Bibl. de l'Arsenal pos- mière édition n'eust obmis ou celé son
sède aussi plusieurs mss, qui contien- nom, et quasi changé toute sa forme,
nent des poésies de notre princesse. tellement que plusieurs lemescognois-
Nousnous contenterons de mentionner soient : cause que pour le rendre digne
leN»B. L.F. 100.in-4°, où l'on trou- de son auteur, aussi tost qu'il fut di-
ve 4 4 épîtres ou élégies et 60 petites vulgué, je recueilly de toutes parts les
pièces, la plupart encore inédites. En- exemplaires que j'en peu recouvrer,
fin dans la Bibl. Balusiana, estindiqué escrits à la main, les vérifiant sur ma
un msc. intitulé le Pater-noster fait copie : et feis en sorte que je le rè-
en translation et dialoguespar Mar- duysy au vray ordre qu'elle l'avoit
gxierite, reine de Navarre sans dressé.»
doute la même pièce qui se ,trouve Cependant, d'après M. Leroux de
MSS. de Béthune, N" 7688. Lincy, Gruget se permit-aussi de re-
V. Histoires des Amans foriunez. loucher le style et surtout l'orthogra-
Dédiées à très illustre princesse Mm° phe un peu surannée de Marguerite; il
Marguerite de Bourbon, duchesse de substitua aux Nouvelles xi, XLIX, XLVI
Nivernais. Paris, 1558,in-4°.— Pre- des mss. d'autres nouvelles moins sa--,
mière édition de l'Heptaméron de la tiriques ; il supprima, à l'exemple de
reine de Navarre. L'éditeur Pierre Bo- Boaistuau, les passages qui lui paru-
aisluau, dit Lauhay, n'a pas.respecté rent trop hardis, et il n'osa pas rétablir
l'ordre qu'avait adopté la princesse, et les noms propres; mais à part ces quel-
des 72 nouvelles dont se composait ques taches, son édition est bonne.
son recueil, il n'en a reproduit que 67, Elle a été suivie par tous les éditeurs
en retranchantles prologues et les épi- postérieurs, seulement quelques-uns
logues qui servent à les lier entre elles. ont cru bien mériter des Lettres, en ha-
Marguerite, à l'exemple de Boccace billant l'ouvrage à la moderne, c'est-à-
qu'elle prit pour modèle, avait l'inten- dire en corrompantle style. M. Leroux
tion de remplir dix journées, à raison de Lincy ne s'est pas rendu coupable
de dix nouvelles par journée, et de don- de cette barbarie. Son édition de l'Hep-
ner à son livre le nom de Décaméron; taméron est la plus fidèle et la meil-
mais la mort ne lui laissa pas le temps leure ; en voici le titre : L'Heptamé-
d'achever. Jeanne d'Albret ayant vu ron des Nouvelles de très haute et
avec déplaisir les libertés que l'éditeur très illustre princesse Marguerite
avait prises, ce fut pour lui complaire d'Angoulême, remède Navarre, soeur
que Claude Gruget, parisien, en donna uniquede FrançoisI". Nouv. édit. pu-
MAR 247" — MAR
liée sur les mss. par la Société des bi< faicte joie de l'esprit, dont procède le
liophiles françois. Paris, 1853, 3 vol. repos et la santé du corps.» Cependant
tt-12. —A la manière dont tout le cet avis ne prévalut pas. On convint,
aonde parle de ce livre, dit M. Génin, pour passer plusagréablementletemps,
1 semble que personne
ne l'ait jamais de se réunir chaque jour à l'ombre d'un
u. Et en effet la grande réputation ormeau dans un pré du couvent où la
l'immoralité qu'on lui a faite, nous société se trouvait arrêtée par le dé-
emblebien exagérée.-Pour quiconque bordement du gavé béarnais, et de
l'est tant soit peu familiarisé avec le conter à tour de rôle des histoires de
laractèTe de Marguerite, il est impoS^ galanterie, quitte à commencer la jour-
iible de se persuader qu'elle ait jamais née par assister à l'office divin. Les
ien écrit qui fût notoirement immoral. prêtres et les moines ont Une large part
«Ce que n'ont fait Boccace, hiMar- dans ces joyeux devis, un évêque mê-
nontel, ni leurs nombreux imitateurs, me ouvre la marche. Mais nous ferons '
lit M. Génin, ce à quoi la reine de Na-> remarquer que Marguerite invente peu
rarre ne manque jamais, c'est de tirer de chose, la plupart des aventures
Je ses contes une moralité qui en est qu'elle raconte sont réellement arri-
la glose et souvent dégénère en véri- vées- Elle avait résolu d'imiter Boc-
table Sermon, en sorte que chaque his- cace (dont le Décaméron qui venait
toire n'est à vrai dire que la préface d'être traduit par son secrétaire Pierre
d'une homélie. Marguerite à un talent Le Maçon, avait eu le plus grand succès
admirable pour parler de piété à pfo- à la cour), « si ce n'est en une chose,
pos d'une aventure amoureuse. Les in- qui est de n'escrire rien qui ne soit
fidélités des femmes et des maris, les véritable ; » et c'est ce que confirme
fautes ou les crimes suggérés par la Brantôme lorsqu'il dit que sa grand'-
passion, tout cela lui sert de texte à mère la sénéchale du Poitou, dame
des réflexions graves, parfois sévères. d'honneur de la reine, savait tous les
Elle tire, de la fragilité humaine la secrets de ses nouvelles. M. Leroux de
preuve qu'il faut se défier toujours de Lincy ne porte qu'à 5 ou 6 le nombre
ses forces, et par Conséquent implorer des nouvelles empruntées à nos con-
sans cesse le secours d'en haut, sans teurs français des xm% xive et xve siè-
lequel notre sagesse d'ici bas n'est que cles. Selon Brantôme, elle composa
folie, «Il n'y a, dit-elle, de force qu'en toutes cesnoUvelles, la plupart dans sa
Dieu. » — Cette habitude de ramener lictièré, en allant par pays ; sa grand'-
tout à la piété forme le caractère essen- mère lui tenait l'écritôire. « Pour le
tieldulivre; chaque page,chaqueligne fond des récits, comme pour l'arran-
enportel'empreinte.» La dameOisille, gement , dit M. Nisard, Marguerite
« veuve pleine d'expérience «qui, com- Cherche visiblement à ressembler à
me le pilote au gouvernail, règle la Boccace. Elle y réussit en plus d'un
marche de l'action, modère, réprime, endroit, et cette ressemblance même
tempère, est une heureuse création du avec un des plus grands écrivains de
[génie de Marguerite. C'est elle-même l'Italie, n'est pas Un médiocre mérite.
[
qu'elle a mise en scène sous ce mas- Mais j'aime mieux ce que Marguerite
[que. «Mes enfants, dit la bonne dame ne doit qu'à elle-même, et qui est une
dans le Prologue, vous me demandez grâce de l'esprit français. C'est ce
une chose que je trouve fort difficille fonds de philosophie aimable et douce
de vous enseigner, un passe temps qui dans une personne qui ne s'émeut des
vous puisse délivrer de voz ennuictz ;. choses qu'avec discrétion et selon ce
car a'ïant cherché le remède toute ma qu'elles valent. *— La moralité des
vye, n'en ay jamais trouvé que ung, aventures, le jugement qu'il en faut
qui est la lecture des sainctes lectres, porter, sont indiqués par le ton même,
en la quelle se trouve la vraie et par^ dont Marguerite les raconte, et on sait
MAR —248— MAR
qu'il faut avant même tié du. xvie siècle ; on. n'en connaît
ce en penser,
que les interlocuteurs en aient donné pas d'autographe. Marguerite d'An-,
leur sentiment et que dame Oysille ait VI. Lettres de
prononcé. Quand notre aimable veuve goulême, soeur de François I"; reine.
prêche qui lui arrive trop de Navarre, publiées d'après les mss.
ne pas, ce
souvent, et qu'elle ue fait que tirer de de la Bibl. du Roi par M. F. Génin,
récits des leçons de conduite mon- Paris, Jules Renouard, 184,1, in-8:'.
ses
daine, rien de plus neuf dans les lettres M. Génin a fait précéder son volume
françaises que ces premières applica- d'une très-bonne notice sur la vie elles
tions de la morale universelle au juge- écrits de Marguerite. Ces lettres sont
ment des caractères et des actions. disséminées dans différents recueils
Rien de si délicat, de si nuancé n'avait (entre autres, Béthune, N° 8527). '
été écrit sur la fragilité de notre vertu, Nouvelleslettresde la reine de Na-
sur les illusions de nos passions, sur varre, adressées au roi François I",
l'-ardeur inconsidérée de la jeunesse, son /rèî'e,publiées d'après le msc. de la
sur l'imprudence des parents, sur les Bibl. du roi parlenïême, Ibid., 4S42,
effets des bons et des mauvais senti- in-8°.
ments. — La langue, jusque-là un peu Dans un Avertissement joint à ce vo-
monotone et lourde, se mouvant tout lume, M. Génin explique par suite de
d'une pièce, comme un chevalier sous quel abus de pouvoir il s'est trouvé
sou armure, se dégage, s'articule, de- dans l'impossibilité de faire paraître ces
vient libre et variée comme une con- nouvelles lettres (autographes, Suppl.
versation entre personnes d'humeurs franc. N° 2722) dans son premier re-
très-diverses, mais qui toutes se res- cueil.
semblent parle don d'exprimer leurs MARGTJIN (ETIENNE), négociant
pensées avec esprit. — L'Heptaméron à Troyes,première victime de la Saint-
est le premier ouvrage en prose qu'on Barlhélemy dans cette ville.
puisse lire sans le secours d'un voca- Nulle part en France, les religion-
bulaire. Les tours et les expressions naires n'étaient plus qu'à Troyes l'ob-
durables y sont déjà le cours du style ; jet de la haine populaire. Chaque fois
les choses surannées y sont l'excep- qu'ils revenaient de célébrer leur culte
tion. » Pour qui a un peu étudié le à L'Isle, dont la princesse de Condé
caractère et les écrits de Marguerite, était la dame suzeraine, ils étaient as-
on ne comprend pas que M. Nodier ait saillis et maltraités par la populace.
pu lui conteslerl'entière propriété de Un jour, fut tué à coups de pierres l'en-
cet ouvrage pour en faire honneur à fant d'un nommé Nicolas, excellent
Des'Périers. C'est.le paradoxe le plus joueur de luth, qu'on y avait porté pour
étrange qu'ait jamais imaginé un esprit le faire baptiser. Coligny se plaignit
paitadoxal, au roi de ces violences; mais'il ne put
LaBihl. nation, nepossèdepasmoins obtenir justice, etpeudejours après,
de douze mss. des Nouvelles de Mar- il tomba lui-même sous le couteau des
guerite. Nous citerons les trois sui- assassins.
vants' comme les meilleurs : Fonds A la nouvelle des massacres de Pa-
Colbert N" 7572, 1. A. texte complet, ris, qui parvint à Troyes le mardi 26
peut-être de la main du secrétaire cte la août, l'effroi des Prolestants fut donc
reine, Jean Frotté, M. Leroux de Lyn- extrême. Leur premier mouvement fut
cy l'a plus parliculièment suivi dans de fuir; mais les magistrats les en em-
son édition; —N° 7572, où le dernier pêchèrent, en plaçant des corps de garde
feuillet manque ; —N"7572, 3. 3. texte aux portes. Leur terreur redoubla, « et
complet, mais moins correct que les fuyoient les uns deçà, les autres delà, '
deux autres. Tous ces mss. selon cerchans des cachettes et lieux où ils.
,
M. Leroux, datent de la seconde moi- peussent avoir moyen d'éviter la furie
,
MAR MAR
première de leurs adversaires. » Mar-- Le 4 septembre enfin, par ordre exprès
guin étant allé demandemn asile à un du bailli, qui avait cependant reçu, dès
catholique de ses amis, tout ce qu'il la veille, la Déclaration du roi "du 28
put en obtenir, ce fut un déguisement août', portant défense de rien entré-
sous lequel il ne tarda pas à être re.- prendre sur les personnes et les biens
- connu par un
chaussetier nommé Bouc- des Réformés, tous les prisonniers fu-
quet, qui lui fendit la tête d'un coup rent égorgés dans la prison par les
d'épée. Le lendemain, le bailli Anne bourgeois qui les gardaient et qui s'é-
deVaudrey, sieur de Saint-Phal, donna taient enivrés pour se donner le cou-
ordre de rechercher de maison en mai- rage d'exécuter ce que' le bourreau
son tous les Huguenots et de les con- avait refusé de faire. Ce jour même et
duire en prison.Le prévôt Claude Ja- le suivant, tous les Protestants qui fu-
quot, qui avait professé quelque temps rent découverts, tels que la femme de
la religion réformée,niais l'avait quittée Colin le brodeur et le potier d'étain
pour ne pas nuire à son avancement, Pierre Blampignon,iweiit mis à mort
fut chargé, malgré lui, dit-on, d'exé- par la populace. Ce fut le cinq septem-
cuter le commandementde M. de Saint- bre seulement que le bailli fit publier
Phal. Le premier protestant qu'il ar- laDéclarationduroi.
rêta fut le libraire ChristopheLudot, Nous avons suivi la relation de Cres-
« lequel, bien qu'il exerçast le train pin, qui se trouve pleinement confir-
de marchandise, estoit fortbien instruit mée par le récit d'un témoin oculaire
etverséèsleltresgrecques,perso.nnage (Collect. Dupuy, N° 333), où l'on
craignant Dieu, et qui auparavant avoit trouve les noms des Protestants mas-
escbapé infinis passages dangereux. » sacrés à Troyes. L'auteur prévient que
Il saisit ensuite le cordonnier Claude. « dès tués par la ville il ne sait le nom-
La Gueule, qui fut massacré avant bre », et qu'il se contente de mention-
d'être arrivé à la prison, Thibault de ner « ceux qu'il a cogneus. » La plu-
Meures, Jean Le Jeune, procureur au part des noms cités par Crespin se re-
bailliage, Claude Gaulard, sergent trouvent' dans celte pièce manuscrite.
au Châtelet de Paris, Claude Peliton, On y lit, en outre, ceux de : Aubért
Simon ' ou Antoine de Villemor, Margerre, Guillaume Carré, drapier,
Guillaume Bourcier, Denis Marguin, Pierre Anselin, Jean Bredouille,
frère d'Etienne, et Jean Havart, mar- Guill. Boucher, le même peut-être
chands, Henri Cheunj et François que G. Brenchie, François Sobstiot,
Mauferé, orfèvres, Jean Garnier, Ni- P. Vieillart, Jacq. Lespine, P. Sa-
colas Robinet et Jean Gobin, drapiers, lonnier, P. Giffei, Regnault Lespine
Pierre Lambert, Nicolas Du Gué, et Thomas Chalon. Nouvelle preuve
François Bourgeois, Aimé Artillot, que loin d'avoir exagéré , comme on.
peintres, le petit Pierre, Pierre Le l'en a fort injustement accusé, Crespin
Goux ou Gois, Guill. Brenchie, le est très-souvent resté au-dessous de la
grand Thomas, menuisiers, Etienne vérité.
Charpentier et Nicolas Poterat, ser- MAÏUE (JEAN), ministre de l'église
ruriers, Jean Gopillot, chandelier, réformée de Lion-sur-Mer, Téfugié en
.
avec ses compagnons d'armes dans tative qu'il fit (1780) pour surprendre
Charlestovvn. Ce fut un bonheur pour Georgestown ayant échoué, notre bri-
la Caroline du Sud, puisqu'il échappa gadier général se retiradansleSnow's
ainsi à la captivité et que les patriotes Island, au confluent du Lynch's Creek
de cette province conservèrent un chef et du Pedee. De cette retraite pres-
aussi actif qu'intrépide. que impénétrable, il fondait à l'im-
Dès qu'il fut guéri, il partit pour la provistesur les.détachements ennemis
Caroline du Nord à la tête d'une tren- elles désarmait, enlevait les postes
taine d'hommes. Le fastueux général isolés, interceptait les convois, détrui-
Gates accueillit froidement cette poi- sait les magasins, et rendait les com-
gnée de gens déguenillés; le gouver- munications entre les forts tenus par
neur Rulledge seul comprit la valeur les Anglais extrêmement périlleuses et
de ces braves partisans et de leur chef. difficiles. Irrités des attaques incessan-
Il donna à Marion le brevet de briga- tes de cet insaisissable ennemi, ces
dier et l'envoya à Williamsbourg pour derniers et. leurs partisans exercèrent
organiser le mouvement insurrection- d'odieuses barbaries sur les patriotes,
nel qui venait d'y éclater. Marion prit et la guerre prit un caractère atroce.
une position avantageuse entre le Pe- On doit dire à la louange de Marion
dee et le Santêe, au milieu des maré- qu'il fit tout ce qui était en son pou-
cages et des forêts; sa troupe grossit voirpourcontenir l'esprit de vengeance
rapidement, et il se rendit bientôt re- qui animait ses soldats, et qu'il lui ar-
doutable à l'ennemi par lp vigueur et riva souvent de sauverla vieàd'ardents
la soudaineté de ses attaques. Un de ennemis de la cause qu'il défendait,
ses exploits les plus remarquables fut générosité d'autant plus admirable que
la délivrance d'un grand nombre de son neveu Gabriel, jeune homme de
prisonniers américains et la capture du graude espérance qu:il regardait com-
détachement ennemi chargé de leur me son fils, étant tombé dans une ren-
garde. Le général Conrwallis, qui ve- contré entre les mains des torys, ils
nait de battre Gates, voulut se débar- l'avaient mis à mort sur-le-champ.
rasser de ce voisinage incommode. Les succès qu'il oblint dans cette
Menacé par des forces supérieures, guerre de partisans relevèrent le cou-
Marion, qui savait allier la prudence à rage abattu des vriiigs;la consternation
la plus éclatante bravoure, crut sage causée par la prise de Charlestown et la
d'abandonner une seconde fois la pro- défaite de Gates se dissipa peu à peu.
vince. Après dix jours d'absence, il y Renforcé par l'arrivée successive d'un
reparut à la tête dé quelques partisans, certain nombre de patriotes et par la
si mal armés qu'ils avaient dû se faire jonction (14 avril 1781 ) du lieutenant-
des sabres avec des scies, et si mal colonel Lee à la tête d'un corps de
pourvus de munitions que plus d'une soldats réguliers,Marion voulut renou-
fois ils en vinrent aux prises n'ayant veler son entreprise sur Georgestown;
que trois cartouches par homme. Plu- mais elle ne réussit qu'à demi. Il fut
sieurs semaines s'écoulèrent avant que plus heureux quelques jours après. Un
Marion, malgré son activité et ses suc- coup de main hardi mit en son pouvoir
cès parvînt à réunir une centaine le fort Watson, qui assuraitla commu-
,
d'hommes sous ses ordres; ce furent nication entre Charlestown et Camden.
les violences, les cruautés des Anglais Encouragé par ce succès, il résolut de
qui recrutèrent sa troupe, et les vic- s'emparer du poste fortifié de Motte,
toires du Black Mingo et de Tarcote principal dépôt des convois qui circu-
remportées.par lui, qui lui procurèrent .
laient entre ces deux villes. Il™ Motte,
des armes et des munitions. Une teu- dans son enthousiasme patriotique, lui
Tréville el les lieutenants de Saussure et fournit les moyens d'incendier sa pro-
Bonneau furent blessés. pre demeure, et le feu obligea la gar-
MAR = 255 — MAR
-oison à se rendre à discrétion.Au mois désintéressé, tant en exécutant qu'en
de juin 1781, il réussit enfin à chasser souffrant tout ce qui pouvait servir à
les Anglais de Georgestown; au mois l'indépendance de sa patrie. » Mais
d'août, il attira le,major Frazier dans les sévères défenseurs de la bourse du
une embuscade et le battit à Parkers- peuple réclamèrent contre une pareille
Ferry, exploit qui lui valut les éloges prodigalité avec tant de force et de per-
du Congrès; le 8 sept., il prit une part sistance, que les 500 livres furent ré-
glorieuse à la mémorable bataille d'Eu- duites à 500 dollars. Un riche mariage
taw Springs;en un mot, Marion contri- qu'il contracta avec Marie Videau, é-
buaplusquepersonne.à renfermer dans pargna à Marion la mortification d'ac-
Charlestown les Anglais qui, à la fin de cepter un poste dans lequel ses ingrats
cette campagne , ne possédaient plus compatriotes ne voulaient voir qu'une
que trois villes sur le littoral des Etats- sinécure. Ce mariage resta stérile.Ma-
Unis. rion mourut, le 27 fév. 4795, dans la
Le congrès de la Caroline s'étant as- paroisse de S. John où il habitait.
semblé à Jacksonborough, le 17 janv. Un ancien compagnon d'armes de
4782, Marion s'y rendit. Rutledgelé Marion, le vénérable juge James,nous
félicitapubliquement sur son génie en- peint ce fameuxehefdepartisanscomme
" treprenant et sur sa
persévérance infa- un homme de taille moyenne, maigre,
tigable. La session close il reprit le basané,bienfaitdesapersonne,quoique
,
commandementdesabrigade,qui avait boiteux d'une jambe. Son nez aquilin,
été surprise eldéfaite en son absence. son menton saillant, son front large et
Chargé de réduire un district sur les élevé,ses yeux noirs et perçants impri-
bords du Pedee, dont les habitants re- maient à sa physionomie une expres-
fusaient d'obéir aux ordres du gouver- sion remarquable d'audace et de fer-
nement national, il les força à se sou- meté, et tout dans sa personne annon-
mettre, en usant à la fois de fermeté et çait un soldat capable de supporter les
de douceur. Peu de temps après, l'é- plus rudes fatigues et les plus dures
vacuation de Charlestonpar les Anglais privations. Ses qualités lui avaient ac-
mit un terme à la brillante carrière mi- quis une étonnaute autorité sur ses
litaire de Marion, qui rentra dans sa hommes, qui lui témoignèrent toujours
plantation de Pond Bluff, ravagée par la confiance la plus illimitée, et qui se
l'ennemi, sans renoncer pourtant à la croyaientinvinciblessous sa conduite.
vie publique.Il continua àprendrepart Celte confiance n'eut sans- doute pas
aux travaux des assemblées représen- moins de part au succès de ses entre-
tatives jusqu'en 4790, et ne résigna prises que la vigueur et le secret avec
même qu'en 4794 sa commission de lesquels il les conduisait.
brigadier général.Le 26 fév.4 783,1e sé- MARION (JACQUES DE), sieur de
nat de la Caroline du Sud lui adressa des Payra, gouverneur de Castres en4 580,
remercîments publics pour les grands fut, en 4 583, chargé de défendre
services qu'il avait rendus à sa patrie, Montréal, donXBeulaigne s'était ren-
et lui remit une médaille d'or comme du maître par le pétard, le 22 sept.,
témoignage de lareconnaissance de ses et que les Catholiques se disposaient
concitoyens. En 4784, il le nomma à assiéger. 11 repoussa toutes les atta-
commandant du fort Jackson avec un ques avec tant de vigueur qu'il donna
traitement de 600 livres sterl. Dans la à Montesquieu et à Saint-Rome le
de lui du ,
pensée des sénateurs c'était.un juste temps amener secours. Les
,
dédommagement accordé,pour les per- Ligueurs levèrent le siège; mais peu
tes que la guerre lui avait fait éprou- de jours après, Marion, allant à sa
ver, à un homme qui, comme l'a dit maison de Payra, tomba dans une em-
Rarasay, « donna dans toute sa con- buscade où il fut tué.
duite un raie exemple de patriotisme Jacques de Marion était le second.
MAR 256 MAR
fils de Jean, sieur de Bresilhac, qui peut-être celles de toute la France sur
lesta en 15S6. Ses frères se nommaient lesquelles on possède le moins de
Jean aiAntoine. Nous ne connaissons renseignements.
aucune circonstance de la vie de ce MARLAU (JEAN), natif d'Orchies,
dernier. Quant à Jean, qui testa en étudiant de l'université de Louvain et
1613, il eut de son mariage avec Gi- martyr,en 4 542. Ses études terminées,
lette de La Rivière, un fils, nommé Marlar, qui avait embrassé la Réforme,
ANTOINE, sieur de Bresilhac, lequel retourna dans sa ville natale et se mit
épousa, en 1645, Madelaine d'Esco- « à annoncer à aucuns
la vérité de la
péries et fut. père de FRANÇOIS, main- doctrine de l'Evangile; » mais ses
tenu noble avec son père en 4 674. concitoyens mirent promptement un
MARK (ANTOINE), seigneur de terme à son apostolat, en le livrant, le
Châteauneufet de Cornillon, capitaine 2 nov. 1541, au lieutenant du gou-
de galère, surnommé TRIPOLI, parce verneur de Douai. La veillé même, sa
qu'il avait été consul de France dans tante, Marguerite Boulard, qui, une
cette ville, fut un des principaux chefs des premières, avait prêté l'oreille à sa
des Huguenots dans la Provence pen- prédication, avait été arrêtée. Ils per- •
me; des Arcs de triomphe, de son in- de magnificence par les meilleurs
vention; les Hôtels des comtes Oxens- architectes du royaume, desseignez,
tiern et Gabriel de La Gardie, à mesurés et gravez par, Jean Marot,
Stockholm; la Vue de l'arc de triomphe archit. parisien, in-4°; Paris, 1764,
érigé à l'occasion du couronnement de gr. in-4°, 220 planches. Quelques-uns
Christine de Suède, sur les dessins de des dessins se trouvent dans l'un et
La Vallée, archit. de S. M. suédoise; dans l'autre recueil, mais sur des échel-
-la Vue d'un palais à construire à Man- les différentes. Mariette, ayant acquis
heim pour le prince palatin, de l'inven- la propriété des planches de Marot,
tion de Jean Marot; la Beprésentalion en fit faire un nouveau tirage qu'il
du feu dejoie dressé devant l'hôlel-de- publia sous ce titre : UArchitecture
ville pour la naissance de Louis XIV, françoise, ou Recueil des plans, élé-
en 1649; l'Illumination du portail et vations, coupes et profils des églises,
'des galeries du Louvre par les artistes palais, hôtels et maisons particu-
que le roi y loge, pour célébrer la lières de Paris, etc. 4727, in-fol.
naissance du duc de Bourgogne, en Florent Lecomte, dans son Cabinet des
4682, gravé conjointement par Jean singularités, etc., attribue à Jean Ma -
Marot et par Daniel Marot, son fils (1) ; rot les livres suivants ; nous rétablis^
l'Arrivée du dièuEsculape en Italie sous sons les titres exacts de'quelques-uns
la figure d'un serpent, invent, et grav. que nous avons tenus : 1 ° Le livre
par Daniel Marot; le Plan de la bataille de la manière de bien bâtir, par
d'Ensheim,,gagnée sur les Impériaux le sieur Le Muet, gravé par Jean
en 1674, gravé par le même; suite de Marot, in-fol. ; — 2° Le livre d'ar-
Dessins de palais, temples et basili- chitecture de Vignolle, in-12; —
ques, inventés et gravés par Jean Marot. .3° Le livre d'architecture d'André
Ces diverses gravures parurent d'a- Palladio, trad. par Le Muet, in-4" ;
:
bord enun certain nombrede livresd'ar- — 4° un-livre de Dessins de palais,
chitecture qui furent plus tard réunis arcs de triomphe , maisons , etc.,
en deux volumes que l'on désigne sous in-fol.; — 5° Le livre d'architecture
les noms du Grand et du Petit Marot, de Scamozzi, in-4°; — 6° un livre
l'un in-fol. et l'autre in-4". C'est à tort concernant l'Hôtel des Invalides ,
que l'on.attribue, ces deux recueils au in-fol. ; — 7°Le magnifique chasteau
burin du père et du fils; nous n'avons de Richelieu, en général et en parti-
remarquéla signature de Daniel sur au- culier, etc., gravé et réduit au petit-
cune des 193 planches du Grand Ma- pied par Jean Marot, archit. et gra-
rot et son nom ne se présente qu'une veur de S. M., 21 pi. gr. in-4" obi.;
fois dans le Petit Marot. Les figures .et
les paysages, seuls en sont dus au bu- — 8e environ 4 45 Vues, de moyenne
grandeur, des plus belles maisons,
rin d'autres artistes ; mais c'est là le palais, églises et lieux de plaisance
moindre de leurs mérites. Le Grand de France, avec le plan de quelques-
Marot ne porte pas de titre, on trouve unes (probablement le Petit Marot) ;
en tête une table où les planches sont — 9° environ 30 Pièces, de grandeur
attribuées, à tort, « aux sieurs Ma- considérable, gravées pour le roi de
rot, père et fils. » Quant au Petit Ma- Suède, telles que vues de palais, mai-
rot, on lit au frontispice -.Recueil des sons de plaisance, etc.;— 4 0" Recueil
plans, profils et élévations de plu- des plus beaux édifices et frontispices
sieurs palais, chastcaux, églises, sé- des églises de Paris, dédié par le li-
pultures, groies et hostels', pâtis dans braire àHenry de Harlay, gr. in-4° obi.;
Paris et aux environs avec beaucoup
— 14° un livre à'Arcs de triomphe,
de.l'invention de Marot; 4 2" suite
(1) Cette indication de Mariette est fausse. —
de Dessins d'autels etd'épitaphes, au
Jean Marot était mort, comme nous l'avons
dit d'après les Reg. de Charenton, en 1679. nombre de douze, de l'invention d'il.
MAR — 265" MAR
Pierreti;— 13° Recueil!'dpplusieurs: DaniellIâro.t<,.1) marchasu^les traces-
portfsdèsprincipaux.hostelsetmai- de son père. Il travailla sous sa direction.
sonsJ de Paris>,, ensemble le retable, et profila de son,expérience; mais- il
des plus, considérables- autels dès' resta au-dessous de lui. On,ne reconnaît';
églises; in-4" ; — 14° Douze Dessins pas.dans ses planches,cel[<h,propr.ptét.
déportesà placard;.; Dessins depor^ celle netteté, cette égalité de tailles^,
ies'dè ch'ambre, parmi lesquelles il~y.~ que-Mariette admirait,ilans les: oeuvres;:
eivaune-dù château d'.Heidelbèrg;. de.Jèan Marot; A la. révocation d.ej'édit.
—4.5°une suite de Dessins déportes, de-Nantes, il seréfugia-en Hollande,.
cheminées'et fontaines, en 4 2 plan- Guillaume d'Orange le. nomma son,
ches ; — 16*" Diverses inventions nonr- architecte. Selon M. "Weiss, il, aurait,
velles;pour'descheminées avec leurs suivi .ce prince en Angleterre, en,1688,.
ornements,, in-4*;-— 17°'Nouveaux et ne.serail retourné en.Hollande qu'a-
dèssins'd'alcôves; in-4°v—18*'un livre près sa mort, en 1702-. Il fut-chargè.-de
de Dessins' de: plafonds ;— 19' un diriger.les travaux.du château de.Loo,,
livre de Dessinsxle lambris;-— 20° un, et ceux. de. la.-Grand"salle, des Etafs'
livrede Tombeaux.et mausolées, in-4°; dé Hollande,, qui, fut construite, à La
24 "Trois livres.de Serrurerie.—L'a Haye, sur-ses dessins. Toute la déco.7
—
plupart de ces gravures ontlrouvé pla- ration du.lem.ps de Louis, XIV fut im-
ce dans le Grand ou dansle Petit Marot. portée en Hollande par, notre artiste.
Marot revit'en outre et publia le Livre Au jugement de M, Dussjeux,.Marot
nouveaudei'arl d'architecture, etc.,.de «avaitbeaucoup de génie.inventif, des-
l'archit. etiugén. du roi de Lavergne, sinait el.gravait également bien. ». Il
pet. in-fol. Au rapport de Na;gler,.les vivait.encore en.171,2, époque où.il
deux Marot travaillèrent-avec F. Chaur publia son OEuvre. Son portrait a été
veau, J. Le Pautre et.N. Cochin aux 22 gravé par J.Gole, in-fol,Outre les piè-
feuilles qui représentent l'entréesolen- ces que nous, avons, déjà, mentionnées
nelle de Louis-XIV à.Paris,. en 1,660,. plus haut on cilede Daniel Marot : 1e
Le. même biographe attribue à notre la- Seize emblèmes pour le mausolée dé
Boriëux artiste une Sainte Famille dans Marie-Thérèse, reine de France.,
un encadrement d'architecture in 4" et 1683,. d'après. A. Benoit;. — 2 La
le Pii>pos pendant la fuite, en Egypte,, grande fête que la princesse d'Or
petit in-4?, petit in-folio d'api es Hu- range donna, en. 168.6, en l'honneur
ber; mais nous soupçonnons, une mé- de l'anniversaire delà uaissance.de
prise; Jean Marot, à notre connaissan- son.époux, 2 pi.; — 3" La grande
ce, n'a. jamais traité, de sujels, histo- foire d'Amsterdam, avec les bour-
riques. geois soibs les armes, 2 pi. ; — 4° La
Jean Marot avait épousé. Charlotte grande foire de La Haye, les bour-
Galbrand- [ou Garbran}-, qui lui geois sous les. armes:saluant.leprince
donna plusieurs enfants: 1° DANIEL, et la princesse d'Orange, 2 pi.; — 5;
dont nous allons parler; '— 2" EJIMA- La Grand'salle des Etats, de Hollan-
KDEL;,— 3" ISAAC,.baptisé le.25 mars de où tant reçus les. ambassadeurs
1672; ces trois fils lui survécurent; à La Haye; — 0° Vue et perspective
— '>" JEAS, baptisé le 8 août 4 660 et du château de Yoorst, appartenant
enterré le 25 juin 4 677; — 5" MAUT comte d'Albèmnrle; — 7" Conquê-
au
GDEBITE, bapt. le 11 fév. 4 671: par- tes et victoires des Hauts. Alliés sur
rain, Jacques Rousseau, peinire ord. la France et l'Espagne, 17.02; —
du roi; enterrée le 41 mai 1676'; —r 8° les. villes, de Besançon et de.
6°' GnAitLOTTE-SusANNE, mariée., en
août 1683, avec Jacques de Bourg, (1) Fous ignorons laalate.de sn naissance.
M. Dnssirux le ilii né à Paris vers 46b0,frères
m»\t
fils db Martin de' Bourg et. de Su- les dates connues, de. Ia,nai?sance de ses
smne Forestier. et soeurs semblent le contredire.
17.
T. VU.
MAR
MAR — 266 —
Maestricht, dans un encadrement, 2 rot, "dans l'église de Wickel, en Frise
ff. ; —•' 9° Nouveau livre de des- (gravé en 1705);—le projet du tombeau
sins de portes et de cheminées, 22 du comte de Portland « qui se doit éri-
ff. in-fo.l.; — 10° Tombeau de Guil- ger à B-Oon, proche Rotlerdam. »
laume III;—H' Deux livres de Pay- AI A ttOT (CLÉMENT), le prince des
'sages;—JV Deux livres àePeintures poètes français du xvr siècle, naquit
de salles et d'escaliers ; — 13° Deux à Cahots, dans le, Quercy, vers 1495.
livres A'Appartements; — 14" OEu- Son père, Jean Marot, «poète de la
vres du sieur Daniel Marot, archi- magnifique reine Anne de Bretagne, »
tecte de Guillaume III, roy de la puis valet de chambre de François I",
Grande-Bretagne, contenant plu- était natif des environs de Caen.Au
sieurs pensées utilles aux architec- dire de M. Auger, le nom de la famille
tes peintres, sculpteurs, orfèvres, aurait été Desmarets. Après des éludes
,
jardiniers et antres, etc., Amsterd , assez négligées, le jeune.Clément fut
1712, in-fol., ,240 ff. —On trouve, à placé chez un homme de loi, pour y
peuprès, réuni dans ce recueil tout ce apprendre la pratique. Son père le des-
que Marot a fait et gravé en Hollande. tinait au palais; mais il avait négligé
« L'ornementation de Daniel Marot, dit de consulter son inclination quilepor-
M. Dussieux (Les Artistes français à lail justement du côté opposé.
l'étranger, Par., 1856. in-8 ) est d'un S'ir le printemps de sn jeunesse folle,
style très-agréable, d'une variété et Il ressemblait l'arnmlelle qui voie,
d'une élégance extrêmes, et s'applique Pui* ça, puis là : I'aaiïe le romluisnit
à tout. Les planches de l'OEuvre de Sans peu>, ne Soin, où le coeur le duisoit.
Marot nous montrent des décorations Avec de lelles dispositions, il ne
d'intérieur, des plafonds, des cliemi- devait pas faire un long chemin dans la
ries, des dessus de portes, des ara- carrière. Aussi délaissa-t-il prompte^
besques;-— des dessins d'ornements ment la compagnie de Barlhnle pour
pour faire en broderie et en. petit s'enrôler dans la bande joyeuse «des
point, pour tapisseries de meubles et Enfants sans soucy.» Il écrivait plus
dessus de tables;—des modèles de de couplets que île grosses, et «maistre
grilles, portes, clefs, balcons, rampes; Jean Griffon» ne devait pas y trouver
—des berceaux, treillages el 'parterres, son compte. Le père ne larda pas à re-
dont plusieurs ont été exi'culés aux connaître son erreur, et retirant son
jardins de Voorst. en Hollande; — fils d'entre les mains de la Chicane, il
des groupes pour pièces, d'eau, exécu- le plaça en qualité de, page auprès de
tés aussi à Voorst (gravés'en 1701); NicolasdeNeufville, seigneurde Ville-
—- des vases pour la maison royale de roy. Ce fut «par le commandement»
Loo; —un recueil d'ornements pour de ce seigneur que Marot composa
l'utilité des sculpteurs et orfèvres, son ingénieuse description du Temple
donnant des modèles demiroirs.cadrés, de Cupido ou la Quesle de Ferme-
bordures,corniches et des dessinsd'or- Amour.
févrerie de toute espèce; le carrosse Terme-Amour, la dame pure et munde
— .Oui
. .
de Guillaume III qui est très-beau (pi. long-temps a ne fut veutë en ce inonde.
415); —des modèles de chaises à Tout jeune qu'il était, il marchaildé-
porteur; —des tableaux de portes et jà de pair avec son père comme poète.
de cheminées ; — des portes cochères Parmi les poésies qu'il écrivit à celte
d'églises, des arcs de triomphe; des époque, et qui ne seraient pas<in-
—
modèles de housses en broderie et ga- dignes de son âge mûr, nous citerons
lons; :— des lambris, panneaux, che- le Dialogue de deux Lors-
minées; — des boîtes de pendules et qu'il fut sorti de amoureux.
page, son père le pro-
de montres ; le tombeau de l'illus- duisitàlàCour.LaCour,commeilledit,
—
tre Cohorn, élevé sur le dessin de Ma- fut sa maistresse d'escole.Elleluiensei-
MAR
gnale langage delà bonne société etles
267 - MAR
Cependant il était français,. et dès
moeurs de la mauvaise. François I", à qu'il avait le harnais sur"ledos, il fai-
qui il présenta ses premiers essais, sait son devoir tout comme un autre.
l'ayant pris en affection, le recom- II le montra bien à la malheureuse ba-
manda à sa soeur, la duchesse d'Alen- taille de Pavie, où il eut cet avantage
çon (1518). Les désirs du roi étaient sur son maîlre, le duc d'Alençon, qu'il
désordres pour Marguerite; elle ac- y fut blessé et fait prisonnier.
cueillit gracieusement le jeune «des-
L'a (utperré tout ouire rudement
pourveu. » Mais il se passa quelque Le bras de cil qui t'aime loyaumc-nt,
temps avant qu'il pût être couché sur
l'état de sa maison. Le poète en prit écrivait-il à la dame de ses pensées,
occasion,pour lui rappeler sa pro- Finalement avec le Kov mon maistre
De-la les monts prisonnier se vit estre
messe : Mon triste corps, navré en grand'souf-
Princesse au cueur noble et rassis, [l'ranre.
La fortune, que j'ai suivie, Quant est du cueur, long-temps y a qu'en
Par force m'a souvent assis [France
Au froid giron fie triste vie, Ton prisonnier il est sans mesprison.
De m'y seo r encor me convie, Or est le corps sorti hors de prison ;
Maisje uspons femme lasrlié) Mais quant au cueur, puisque tu es ta garde
D'estrcas.'is je n'ai plus d'envie : De sa prison, de sortir il n'a garde.
Il n'est que d'eslre bien courbé.
Ce fut sa dernière campagne. Qui
On voit par celte ballade, et nous
paya sa rançon? 11 ne nous l'apprend
pourrions multiplier les exemples, que
pas. Quant à la dame qui tenait sou
la gaieté de notre poète n'est pas tou-
coeur prisonnier, on a prétendu que ce
jours franche; elle a souvent une teinte n'était rien moins que la célèbre Diane
de mélancolie. Lorsqu'il rit, il semble de'Poitiers. Mais est-il vraisemblable
que c'est pour s'étourdir, que le valet de chambre de Marguerite
El qu'ejt pleurant tnsclic a nous faire rire. ait osé aller sur les brisées du roi? Il
Il y a dans Marot un fond de sensi- faudrait plus qu'une similitude de nom
bilité que l'on n'a pas assez remarqué ; pour nous le faire admettre. 11 n'y avait
on n'a vu en lui que « l'en fa ni sans pas que la maîtresse, du roi qui portât
souci.» On s'est attaché à quelques le nom de Diane, il n'y avait pas qu'elle
pièces badines, pour ne pas dire plus, qui pûl Cire désignée par un poêle
— petits péchés de jeunesse comme sous l'emblème mythologique de la
tout poêle en a peut-être à se repro- lune. Et notez que. le nom de Lnnaque
cher - pour diffamer ses moeurs et lui lui applique Mat olse rencontre dans une
faire une réputation de légèreté que, pièce l'aile pour être mise sous les yeux
selon nous, il ne mérite pas. En 1520, du roi, pièce dans laquelle il se plaint
il suivit la cour au camp du Drap- de l'inlidélilé et des persécutions de
d'Or; puis l'année suivante, il accom- cette dame. On agirait à peine ainsi
pagna le duc (l'Alençnn, lorsque ce avec un mari débonnaire. Quoi qu'il en
prince alla prendre le commandement soit de celle conjecture qui ne nous
.
de l'avant-garde de l'armée du Nord, semble pas heureuse, Marot servit sa
destinée à repousser l'invasion du maîtresse avec une grande assiduité ,
comte de Nassau, lieutenant de l'em- lui envoyant rondeau sur rondeau, ma-
pereur. Dans une épîlre à la duchesse drigal sur madrigal, jusqu'à ce qu'à la
d'Alençon, Marot fait la description du fin il s'aperçut que la coquette voulait
camp "d'Attigny. Dans une seconde simplement l'attacher à son char pour
lellré, en prose, écrite du Hainaut, il orner son triomphe. 11 se révolta à cette
lui donne de nouveaux détails et lui fait pensée, et se permit quelques traits
une peinture déplorable des misères de mordants qui blessèrent sensiblement
là guerre. On sent que le poète n'était la grande dame. Elle résolut de s'en
pas né pour l'affreux métier des armes. venger, et ne trouva rien de mieux
MAR M8 — MAR
yiUairger' le "lard, expression'proverbiale ' ble ignorer que Marot se trouvait déjà
' (1
employée par nos écrivains du xvi«siècle'pour sous la main dé-la justice .'11- fit parve-
dire être le coupable. « On le pressa si fort nir son mandat d'arrêté dans les, dio-
ifar'plusieurs sortes d'interrogations, lit-on
'
cèses de Paris, dé Tours et dé Blois,
t dans l'Apologie pour Hérodote, qu'on lui'fit
.confesser qui avoit mangé Ie>lard, etc.» Quel- avec injonction d'arrêter le coupable
que Rodilard convaincu de larcin aura cnri- '• de crainte qu'au grand; péril de son
"•'chi'là langue de celte métaphore. C'est sans âme, il ne décampât sans recevoir le
' .doute cette expression-mal comprise'qui a< l'ait
dire qucMa rot a.vait été emprisonnépour avoir châtiment dû à ses crimes : et qùiddn-
-
mangé dit lard en carême. bitamus ne preedictus. Marot- se ab-
ÎMAR — 0269-= MM
ssc&tet Onetcorreciime ttipuiidtîQne aà pïépareisgouéditio.iv.duflom^de.la
uiiianimoesuoejjran:deperievMm-,Miic iRose{?msi Galio^DuPré,} 'à%$i$àfâ;
-esfcquod Mos proemissis attenliswQS 1.53,1,lin^foL).
{im'j.uris subsldium 'requirimussqua- jLe, retour en;rFrance:de;;la princesse
itinusidictumiMarotper<aliq,uem:se.u -.Marguerite apporta, enfin .^a jib.prjé
,
iialiq.uos ex-servientibus veétrés, t;$i ,,à;no,lre poète:aSa. reeonnaissa,nçe^fut
ipsum reperdre polenlisii.capi-.etin- viye,nelleJuij inspira jdes.se^linignts(si
carcerari faciatis et mandelis.. Le - tendresiiqu'pn-a -voulu -y • vôir.-,pl,us
tour était b\ea. imaginé; l'inquisiteur qu'une ficlioni.poétiqqe ( l'ey.,MAR-
-Bouchary fut pris, il abandonna sa GUERITE D'ORLÉANS),Leaglel7i).u-
proie, pensant sans doute que l'évêque .fresnoy a même brodé tout un roman
'de"Ghartres allait.lui faire plus sûre- sur ce canevas,; mais il y.a,trQp,;4'art
-ment sonii'ffuire.'-Mais'il n'en futrieu. dans-.seSi suppositions pour être la
'Transféré à'Charlres,1'Marotreçulpour simple vérité.; Que Marot ait soupiré en
prison Tbôlellerie de l'Aigle, .magnifi- vers pour Marguerite, cela est un;fait
quement située , où il fut visité-et fêlé -que personne ne Gonleste ; -lcsimoeurs
par tout ce qu'ily availdeconsidérable 'du temps.ne s'y opposaient-pas;-mais
dans la ville (I). On comprend combien •quesapassiou amoureuse ait été autre
£'/?#/?• auquel il venait d'échapper, chose;qU'un jeu d'esprit,^une* fiction
dut lui paraître.odieux auprès de son -de poète c'est- ce que-nous, aurions
séjour. l'imprudence de , Ce'qui est plus certain,
nouveau Il eut '•peine à croire;
le dire, elRliadamanlhe, qui a la pré- -'c'est queUliiTgueiile avait le goût assez
tention déjuger en ,toute conscience, -sûrpour distinguerMarol de ses émules
ne le lui pardonna jamais : -en.pûésie; cela faitl'éloge desomes-
Les passe-tems et consolations p'ril- sans compromettre sau-éputuliop.
Quejereçoi par violations -Un chascun qui me fait reqneste
En la prison claire etnelle de Chartres, nD'avoir oeuvres dema façon,
Me font recors .des ténébreuses Chartres,
Du grand i-hagrin. et recueil ordel laid 'écrivait le poète,
Que je Irouvay dedans le Chastclet. Voysetout chercher en la teste
,Si nccroy pas qu'il y ait chose au mondé De Marguerite d'Alençon;
.Qui mieux ressemble un Enfer très-im-
; Je ne lais
sdixain,- ne ehanspn,
'[munde: Chant royal,ballade, n'épistre
.tJet'dy Enfer : et Enfer, puis bien dire : Qu'en sa teste elle n'enregistre
<i6i l'allez voir, encor le.voiriez pire. Fidèlement,--correct-et^seur:
-IJne vengeance-qui- se borne à ré- f Ce.sï-iamon.ipetityregistre,
,;Elle n'aura,plus, nom,ma Seur.
véler la vérité, peut être sanglante,-
:.' C'est-à-dire soeureu Ap.ollon,,commè
"mais elle n'est jamais ni méchante, ni l'était Cette.famiiiarité. du
déloyale.' Marot dévoila dans-son Enfer :'elle en effet.
"
..pnète; qui choquerait aujourd'hui; nps
quelques-unesdes plaies-sur-lesquelles déplaisait à ,-Marguerjle ;
!
jnoeurs,. ne pas
le grand chancelier de L'Hospital-es- n.on^seul.ement-telle ..lawMérailjCm;ais
r saya plus tard de porterie fer. Le reste ; l'.encourageait.
elle
' des loisirs de sa prison, il les employa
Le mariagedecette,excellefiteprjn-
',J1,),Chevard, dans son Histoire de Chartres, ocesse avgc.le roi.de Navarre ne çhan-
,.prelend queMarot/ut enfermé dans la pris.on ,-gea.r-ien à-.la position.de notre:;ppète.
•'•dé Loèus ou loéngs, et non pas de Laigle,
(dît-ili lit tête de la Satire de En saqualitedevalet.de chambre, il
comme,on en
-
l'Enferdilais M. L. Merlet,archiviste a Char- "l'accompagnait dans.ious.ses voyages
-
tres, -nous écrit pour confirmer,ci; que nous à la cour de France et danSfSes.duchés
disons : « Ce n'était pas une prison, nous -, deBerry et d'Alençon où elle faisait
^marque-t-il; mais une hôtellerie, située en à.Pii-
vlace l'iéïêehé actuel,, a -l'endroit où est con- de fréquents.séjours: Se trouvant
struit le Grand Séminaire... La pris.on habi- . ris,-en 1527,-ileut de nouveau maille
tuelle dé révêché était Loëns, qui existe en- , àçarliraveclaJusticev'mais cellëtfois
<;core aujourd'hui i^eti. sert! de magasins a .la
>
T. VII. 18
MAR 274 MAR
mais personne ne les a crus. Selon De ne plus voir vostre Royale face.
eux, une sentence de mort aurait été François 1" qui avait eu la faiblesse
portée contre Marot pour avoir débau- de ne pas le protéger contre ses enne-
ché son hôtesse, mais par la protection mis, eut, à ce qu'il paraît, la généro-
de Calvin, que l'on n'a pas coutume de sité de, respecter son exil. La bataille
nous représenter si indulgent, celle de Cérisoles s'étant donnée,le 14 avril
sentence- aurait été commuée en la 1544, Marot se rendit au camp et, fidèle
peine du fouet. A ce sujet, Bayle fait la à ses habitudes de poète de cour, il
remarque- que si un poète aussi fa- chanta le héros de la journée, le jeune
meux que Marot, et aussi haï dans la, comte d'Enghien (1). Ce fut vraisem-
communion romaine, avait élé fouetté blablement à son retour qu'il tomba
par les carrefours d'une grande ville, malade à Turin ; il mourut dans celte
toute l'Europe l'eût bientôt su. Mais ville, après une courte maladie, à l'âge
Cayet seul l'a, su et il s'est chargé d'environ cinquante ans. Son ami Lyon
de nous l'apprendre. Cependant Bayle Jamet, qui lui avait succédé comme
avance trop lorsqu'il prétend que les secrétaire auprès de Renée de France,
registres publics de Genève ne font lui fit son épitaphe ; elle fut gravée sur
aucune, mention de Marot. Seulement
son tombeau dans l'église de Saint-
nous verrons que c'est l'histoire des Jean. Ce tombeau el celte épitaphe ont.
bâtons flottants : élé détruits. Le prodigieux succès des
De loin, c'est quelque chose, et de près,
ce (1) Trois mois auparavant, il avait chanté
[n'est rien. la naissance du dis du dauphin, François,
BonivarddénoncéauConsistoirepour dans uneEclogue que Du Bellay trouve» un
avoir joué avec un prédicant d'Orléans, des meilleurs petiz ouvraiges ». dë'nolre poète.
Que pleust aux Muses, s'écrie-t-il, que nous
nia.le fait, mais.reconnut qu'il avait. eussions beaucoup de telles immitations !
MAR — 277 — MAR
ouvrages de Marot n'avait pas contri- laire, à qui celle* espèce de vers sied si
bué à l'enrichir. A celle époque, la bien.» Tous les critiques s'accordent
propriété littéraire était mal garantie; à le placer à la tête des poètes de son
il semble même que les auteurs se con- siècle. «Maître Clément, dit M. Sain-
lenlaientde recueillir la gloire de leurs te-Beuve, n'était pas un poète de gé-
oeuvres, en abandonnant les bénéfi- nie ; il n'avait pas un de tes talents vi-
ces matériels aux imprimeurs. Heu- goureux qui devancent les âges et se
reux lorsqu'ils parvenaient à attraper créent des aîles pour les franchir. Une
quelque gratification pour prix d'une causerie facile, semée par intervalles
dédicace mercenaire! Condamné à vi- de mots vifs et fins, est presque le seul
vre au jour le jour, Marot se trouvait mérile qui le distingue, le seul auquel
donc dans la plus grande gêne quand il faille, attribuer sa longue gloire, et
ses appointements de valet de chambre demander compte deson immortalité.»
venaient à lui manquer. C'est pourquoi Nous demanderons à notre tour à
—
ses biographes se seront crus autori- M. Sainte-Beuve, si parmi nos poètes
sés à dire qu'il mourut dans la misère, on comptebeaucoup de cesgénies dont
mais on n'en sait rien. Ce qui est plus il parle? les Marot même y sont très-
certain, c'est qu'il avait beaucoup d'a- rares. Marot, selon M. Géruzez, « n'a
mis, et nous avons une assez bonne pas été surpassé dans les genres où il
opinion de l'humanité pour croire que a pleinement réussi, l'épigramme, le
tous ne l'abaudonuèrent pas dans le rondeau, lcmadrigaleU'épître badine.
malheur. Il a toutle sel. et toute la grâce de l'es-
La gloire do Clément Marot n'était prit gaulois, mais il manque d'éléva-
pas de ces gloires éphémères qui meu- tion, et lorsqu'il a essayé la haute poé-
rent avec le jour qui les a vues naître, sie sur les traces d'Ovide, de Virgile,
elle a triomphé des vicissitudes des et de David, il a perdu sa naïveté sans
moeurs et du langage, etn'a nullement atteindre la noblesse.«N'est-cepas lui
souffert du grand éclat que la Poésie reprocher de n'avoir pas eu la langue
française ajeté auxvn' etauxvni" siè- de Racine à son service? Nous pen-
cle. « Le nom de Marot, au jugement sons, et ses contemporains ont pensé
de La Harpe, est la première époque comme nous, que Marot a su tirer tout
vraimen t remarquable dans l'histoire de le parti possible de la langue qui se
nolrepoésie, bien plus par le talent qui parlait de son temps. Si la noblesse y
lui est particulier, que par les progrès manque, à qui la faute ? « Ces genres
qu'il fit faire à notre versification. Ce secondaires, ajoute M. Géruzez, sont
talent est -infiniment supérieur à tout le domaine propre de Marot; il lésa
ce qui l'a précédé et même à tout ce qui consacrés et les maîtres qui l'ont suivi
l'a suivi jusqu'à Malherbe.Lanalurelui ont respecté le moule qu'il avait fa-
avait donné ce qu'on n'acquiert point : çonné, et conservé autant qu'ils l'ont
elle l'avait doué de grâce. Son style a pu la langue même qu'il avait parlée,
vraiment-du charme, et ce charme tient vocabulaire et syntaxe. L'idiome.de
à une naïveté de tournure et d'expres- Marol s'est maintenu à l'état de langue
sion, qui se joint à la délicatesse des spéciale, et il n'y en a pas qui la vaille
idées et des sentiments : personne n'a pour l'épigramme, la ballade et le ron-
mieux connu que lui, même de nos deau. Le conte même et l'épître fami -
jours, le ton qui convientà l'épigram- lière gagnent beaucoup à s'en rappro-
me, soit celle que nous appelons ainsi cher. » M. Henri Martin à fort bien
proprement, soit celle qui a pris depuis apprécié le caractère de Marot comme
le nom de madrigal, en s'appliquant à poêle. «Ce ne fut point un génie créa-
l'amour età la galanterie. Personne n'a teur, dit-il : Marot n'innova guère, ni
mieux connu le rhylhme du versa cinq dans la forme du vers, ni dans la lan-
pieds, et le vrai ton du genre épisto- gue, ni dans le ton général de la poé =
MAR 278 MAR
sie; il se servit dés instruments litté- Dans un billet en versà'Antoine Cbuil-
raires qui lui avaient été transmis et lard, sieur du Pavillon-lès-Lorris en
qui suffisaient aux besoins de son ta- Gâlinais, il lui marque, qu'à son retour
lent, et laissa à d'autres la périlleuse du païs deFerrare, passant par Çham-
entreprise d'élever la langue poétique béry, il avait trouvé au cabinet de son
au style héroïque, dont notre poésie père une épllre à lui adressée qu'il lui
était alors plus éloignée encore que fait parvenir (1). Lé sieur du Pavillon
notre prose ; mais s'il ne créa point une répondit «à son amy maistre Michel Ma-
poésie nouvelle, il porta la vieille poé- rot, fils unique du prince des poètes,
sie à toute la perfection dont elle était françois ressuscité. » Ce billet, plus
susceptible; il en résuma tous les mé- deux dizains et une Ode à la reine de
rites; il eut la chaude couleur de Vil- Navarre, sont tout ce que l'on possède
lon sans sa. grossièreté, le naturel de de Michel Marot. Ces quelques poésies
Froissart, la délicatesse de Charles parurent d'abord avec les Contredicts
d'Orléans, et le bon sens d'Alain Char- à Nostradamus par le sieur du Pavillon
tier avec bien plus de mouvement, de (Paris, 1560), et furent réimprimées
précision et de clarté, le mordant de dans diverses éditions des OEuvres de
Jean de Meung sans ses longueurs et Jean et de Clément Marot. MichelMarqt
son pédantisme. Il surpassa el absorba, prenait ces mots pour devise : Triste et
tous ses devanciers, et n'a jamais été pensif, ce qui ferait supposer qu'il
surpassé en malice naïve et piquante, n'avait pas hérité de cet esprit de douce
en grâce, en facilité; ses oeuvres sont philosophie dont maître Clément savait
restées lé modèle de la poésie légère, se faire un bouclier contre la mauvaise
et l'un des plus fidèles reflets de l'an- fortune. Aussi la devise de ce dernier
cien esprit français.» Chacun connaît était-elle plus brave que celle de son
les vers que Boileau a consacrés à no- fils : La mort n'y mord, comme pour
tre aimable poète dans son Art poéti- témoigner qu'il avait foi dans l'avenir,
que. Seulementil va trop loin lorsqu'il NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
dit que Marot « montra pour rimer des
chemins tout nouveaux. » Marot se con- I. L'Adolescence Clémentine, au-
tenta de .suivre le chemin battu, mais il trement les OEuvres de Clément Ma-
le fit de façon à faire oublier ceux rot, de Cahors en Quercy, valet de
qui y avaient passé avant lui, et à dé- chambre du Roy, composées en Veagé
sespérer ceux qui deyaient y venir à sa de son adolescence ; Avec la Com-
suite. plainctesur le trespas de feùMessire
Nous avons vu que Marot était ma- Florimond Robertet ; et plusieurs
rié. On ignore quel était le nom de autres OEuvres faictes par ledict
sa femme. 11 n'en parle nulle part ; mais. Marot depuis l'eage. de sadicte ado-
il nous apprend qu'il avait plusieurs lescence. Le tout reveu, corrigé et
enfants. L'un d'eux, MICHEL, le seul mis en bon ordre. Plus amples que
dont le nom soit connu, promettait de les premiers imprimez de ceste ny
marcher sur ses traces. Il faut qu'une autre impression, Paris, à l'enseigne
mort précoce l'aitsurpris au début de la du Faulcheur, in-12 ; privilège pour
carrière. On sait peu de chose sur son trois ans accordé àl'impr.PierreRosset.
compte. En 1534, la reine de Navarre La dédicace de Marot à tous ses frères en
le prit à son service en qualité de page ; Apollon est datée deParisxii août 1532,
ce fut pour Marot, alors en fuite, un -
avec sa devise : La Mort n'y mord. « Je
grand sujet de consolation. Serait-il en- ne scay, mes très-chers frères, leur dit
tré plus tard au service de Renée de (1) Ceci semble confirmer ce
France? On l'ignore; tout ce que l'on que nous
avons dit plus haut que Clément Marot était
sait, c'est qu'il paraît avoir été à Fer- en passage à Turin lorsqu'il y mourut. Il ne
paraît pas qu'il ait eu l'intention de quitter
rare à l'époque de la mort.de son père. la Savoie. -
MAR 279 — MAR
Marot, qui m'a plus incité à mettre ces celles qui l'avaient précédée. Elle est
miennes petites jeunesses en lumière, due aux soins intelligents du médecin
ou vos continuelles prières, ou lé des- François Mizière, qui traduisit envers
plaisir que j'ai eu d'en ouïr crier et français les petites pièces de vers latins
publier par les rues une grande partie à la louange de Marot. Dans un aver-
toute incorrecte, mal imprimée, elplus tissement l'imprimeur nous apprend
,
au profit du libraire qu'à l'honneur de que c'est à sa demande que son ami
l'auteur. » Il ne se fait pas illusion sur a bien voulu se charger de ce travail,
le peu de valeur des prémices de sa « par manière de récréation et relasche
Muse, «arbres nouveaux entés né pro- d'autres estudes plus sérieuses. » Il
duisent pas fruits de grande saveur»; ne s'est pas contenté, dit-il, de dispo-
mais il promet de publier debrief quel- ser le tout dans un meilleur ordre, « il
que chose de mieux. s'est en outre efforcé d'amplifier et
II. OEuvres de Clément Marot de esclaircir une bonne partie des petits
Cahors... augmentées de deux livres tiltres ou suscriplions de chacun poème
d'épigrammes, et d'ung grand nom- ou sujet, par l'addition qu'il y a faite
bre d'aultres oeuvres par cidevant des circonstances convenables, à sça-
non imprimés. Le tout songneuse- voir à qui, de qui, de quoy, en quel
ment par lui mesme reveu et mieulx lieu, en .quel temps, et l'occasion
ordonné, Lyon, EstienneDolet, 1538, pourquoy ils ont été escrits. »
pet. in-8", caract. goth.; chez le même, Les oeuvres de Marot ont encore été
édit. augm. et revue par l'auteur, 1542, éditées un n ombre considérable de fois ;
pet. in-8°; avec les Psaumes, 1543, nous nous contenterons de mentionner
même format. Marot disait à Dolet dans l'édition qu'en a donnée Lenglet-Du-
une Epître en prose (sous la date de fresnoy (sous le nom supposé de Gor-
Lyon, dern. juillet 1538,) mise en don de Percel), La Haye, 1731, 4 vol.
tête du livre : « Le tort que m'ont fait in-4" et 6 vol. in-12, une des plus
ceux qui par cy-devant ont imprimé complètes et la meilleure, si elle n'é-
mes OEuvres, est si grand et si outra- tait pas défigurée par une foule de
geux, cher amy Dolet, qu'il a touché fautes typographiques, et si l'éditeur,
mon honneur et mis en danger ma respectant davantage le lecteur, ne
personne. » Il se plaint de la rapacité s'était pas permis, sous le masque, des
des libraires qui mettent son bien au ' impertinences de carnaval. Après une
pillage. « J'ai planté les arbres, dit-il, élude très - consciencieuse des oeu-
ils en cueillentles fruits ; j'ai traîné la vres de Marot, il en est arrivé à n'é-
charrue, ils enserrent la moisson : et crire qu'un roman sur sa vie. Outre la
à moi n'en revient qu'un peu d'estime Notice qu'il a jointe à son édition, on y
entre les hommes, lequel encor ils trouve toutes les pièces relatives au
me veulentesteindre, m'attribuant oeu- différend deMarot avec Sagon, les poé-
vres sottes et scandaleuses. » Il rejeta sies de Jean et de Michel Marot, un re-
de cette édition « non seulement, les cueil de pièces apocryphes, attribuées
mauvaises, mais les bonnes choses » à notre poète, une table chronologique
qui n'étaient pas de lui et qu'on lui de ses oeuvres généralement bien dres-
attribuait à tort. sée, la liste des différentes éditions,-
III. Les OEuvres de Clément Ma- et finalement un glossaire. M. Auguis,
rot, revues, augm. et disposées en dans-son édition des OEuvres de Marot,
beaucoup meilleur ordre que ci-de- n'a eu qu'à copier.
vant ; plus quelques OEuvres de Mi- IV. Trente Pseaulmes de David,
chel Marot son fils, Nyort, Thomas mis en françoyspar Clément Marot,
Portau, 1596, in-16, lettr. ilaliq.— valet de chambre du Roy ( avec la
Très-bonneédition, plus complèle,plus trad. enversde l'Oraison dominicale,
fidèle, et mieux ordonnée que toutes de la Salutation angélique, du Sym-
MAR - 280 55 A R
maine. Celte lettre, véritable modèle l'un et l'autre à gagner à tout prix la
d'une discussion pleine àla fois de di- Hollande. Leur voyage à travers la
gnité et de convenance, a pourtant élé France se fit sans accident jusqu'à Mé-
imprimée. On attribue aussi à Marron, zières, où commencèrent leurs tribu-
selon Barbier, les Notés jointes à l'ou- lations.-Après avoir failli être reconnus
vrage deMirabeau, intitulé AuxBatavés dans cette ville pour dés religionnaires
sur le stathoudérat (1788,,in-8°): fugitifs et avoir échappé parleur Sang^
M. Athanase Coquerél fils, entre lés ' froid à ce danger, ils atteignirent Ma-
mains de qui ont passé en partie.lés pa- rienbourg, qui, malheureusementpour
piersde Marron, possèdesept Sermons eux, venait d'être occupée par les Fran-
de lui restés manuscrits, et une Auto- çais, Dénoncés par uh garde-chasse
biographie, dont nous avons profilé du prince de Liège, qui avait pénétré
pour cette notice. leur .secret, ils furent arrêtés, et, sur
MARTEIIiH-E (JEAN), confesseur l'ordre formel de.La Vxillière, mis en
de la foi protestante sûr les galères du jugement. Le juge du lieu les condam-
roi de France, néà Bergerac, en 1684, na aux galères perpétuelles, comme
d'une famille de marchands, Marteilhe atteints et convaincus -d'avoir voulu
ne comptait encore que seize ans, lors- sortir du royaume. La sentence devant
que la tranquillité relative dont les être confirmée par le parlement de
Protestants avaient joui tant que la Tournai, ils furent conduits dans les
guerre avait forcé le gouvernement de prisons de cette ville, où ils eurent
Louis XIV à porter toutes ses troupes d'abord beaucoup à souffrir; niais ils
sur les frontières, cessa brusquement trouvèrent.plus tard dans le gfand-vi-
après la conclusion de la paix de Rys- çaire de l'évêque, chargé de leur con-
-yvick. Les dragonnades recommencè- version un homme compatissant qui
rent, et l'ardeur des convertisseurs se fit tout ,ce qu'il put pour adoucir leur
réveilla. Parmi les ambitieux qui vou- sort, bien qu'il n'eût rien gagné sur
laient plaire à la Cour et mériter les eux par ses exhortations. Le jour ar-
bonnes grâces du roi en affectant un riva enfin où -ils durent comparaître
zèleextrêmepourla conversion des hé- devant le- parlement qui leur témoigna
rétiques, aucun peut-être ne se distin- beaucoup de sympathie et de bienveil -
gua par son animosité et sa cruauté au- lance, à tel point que, faute de preuves
tant que l'apostat C aumont-La Force, évidentes dé leur intention de sortir
qui exerça des barbaries sans nom non- de France, il lés aurait absous, si La
seulement, sur ses vassaux, mais sur Vrillière neluiavait signifié que « S. M.
les bourgeois huguenots des villes voi- prétendait qu'ils fussent condamnés
sines. Eu 1700, il se transporta à Ber- aux galères. » Pour résistera un ordre
gerac, escorté de quatre jésuites, et aussi formel, il aurait fallu posséder
suivi d'un régiment de dragons, qu'il plus de fermeté et d'indépendance,
logea chez les Protestants. Marteilhe être animé d'un plus vif amour de la
père, pour sa part, en eut 22 à héber- justice el d'une haine plus vigoureuse
ger, mais, ce ne fut pas tout: on lejeta de l'arbitraire que les.conseillers du
lui-même en prison, on enferma sa parlement de Tournai ou des autres-
fille et deux de ses fils dans des cou- parlements de France. Les juges, s'in-
vents; sa femme seule fut laissée au clinant humblement devant la volonté
logis, à la discrétion des garnisaires.. Souveraine, réformèrent donc leur ar-
A l'arrivée des dragons, Jean Mar- rêt qui était tout dressé, et confirmè-
teilhe, l'aîné des enfants, parviutà s'é- rent la sentence.Troisjours après, Mar-
chapper de la maison paternelle, et il teilhe et son ami partirent pour Lille
MAR 287 MAR
où la chaîne des galériens s'assem- neveu, de qui j'étois secrétaire. J'avois
blait. La protection d'un nouveau ca- àla vérité, dans certains temps, beau-
tholique, Lambertie, grand prévôt de coup à écrire, et j'y-étois si exact, que
Flandre, les fit sortir du cachot noir et j'y passoisles nuits entières
pour ren-
infect où, à leur arrivée à Lille, ils dre mes écritures plus tôt même que le
avaient élé plongés au milieu d'une commandant ne s'y altendoit. » La fa-
trentaine de scélérats couverts de cri- veur du capitaine le fit bien venir de
mes; ils furent placés dans une Gham- l'aumônier luUmême, dominicain in-
bre aérée el spacieuse, où ils restèrent struit et bon prédicateur, qui avait trop
quatre ou cinq mois, jouissant de tout d'esprit el d'instructionpourpartager le
le bien -être que l'on peut trouver dans fanatisme farouche des Pères de lamis-
une prison. Ce fut seulement au mois sion,ennemisplus acharnés desHugue-
de janvier 1702 qu'ils furent mis à la nols, au dire de Marteilhe, que les Jé-
chaîne qui parlait pour Dunkerque, où suites eux-mêmes.
le gouvernement avait fait venir une Cependant de nouvelles épreuves
escadre de six galères destinée à in^ attendaient le jeune confesseur. En
quiéler les côles d'Angleterre. Dès leur 1712, lorsque Dunkerque fut remis
arrivée, les deux amis furent séparés. aux Anglais, le gouvernementfrançais
La jejinesse, la douceur, la rési- se vit forcé, faute de matelots, de lais-
gnation de Marteilhe, la cause de sa ser son escadrille dans le port. Dès
condamnation, tout inspira de la pitié que la garnison anglaise apprit qu'il y
même aux comités, qui le traitèrent avait sur les galères vingt-deux forçats
toujours avec ménagement, ainsi que pour cause de religion, soldats et offi-
quatre autres Protestants enchaînés ciers, et parmi eux bon nombre de Ré-
sur la même galère. La position de ces fugiés, s'y portèrent en foule. A l'as-
infortunés s'adoucit encore, lorsque pect de leurs coreligionnaires enchaî
l'un d'eux, nomméBancilhon,mousse nés comme des brigands, ils manifes-
.d'office du capitaine Langeron-Maule- tèrent si hautementleur indignation que
vrier, eut gagné par sa probité scrupu- Langeron put craindre qu'on ne les dé-
leuse la confiance et l'amitié de son livrât de force. Il exprima ses inquié-
maîlre, au poinfcde changer complète- ludèsà lordHill, qui, faut-il le dire? lui
ment les dispositions de ce gentilhom- vint fort obligeamment en aide, eu lui
me à l'égard des Réformés. Nous ne suggérant un moyen de prévenir ce
pourrions sans nous écarter beaucoup malheur et en se prêtant delà meilleure
de notre plan suivre Marteilhe dans grâce du monde à l'exécution du plan
toutes les courses de l'escadre de ga- convenu entre eux. Dans la nuit du 1er
lères; rien de particulier d'ailleurs ue au 2 oct., on enleva les galériens pro-
lui arriva, si ce n'est, dans la campa- testants, on les transféra sur Un bateau
gne de 170S, où il fut très- gravement -pêcheur-qui, muni d'Un laisser-passer
.
blessé à l'attaque d'une frégate an- de lord Hill, sortit du port sans empê-
glaise.Sa blessure le mettant dans l'im- chement, et aborda à Calais, d'où les
possibilité de ramer, il fut choisi pour vingt^dèux confesseurs furenlconduits
remplacer l'écrivain de Langeron qui au Havre sous bonne escorte. Dès que
venait de mourir. «J'étoissans chaîne, la nouvelle de leur arrivée se répandit
nuit et jour, raeonle-141, ayant seule- dans la ville, les nouveaux convertis,
ment un anneau au pied. J'étois bien avec l'autorisation de l'intendant, ac-
couché el en repos pendant que tout le coururent en grand nombre et les com-
inonde étoit au travail delà navigation. blèrent d'élogeset de caresses. «Notre
J'étois bien nourri, honoré et respecté chambre ne désemplissoit pas, raconte
des officiers et de l'équipage, et par- Marteilhe, de personnesde tout sexe et
dessus tout, aimé et chéri du comman- detoutâgê. Nous faisions la prière soir
dant et du major des six galères, son et matin, et après avoir lu debons ser-
MAR '288 — MAR
Malgré toutes les ruses, toutes les chi-
mons que nous avions avec nous, nous
chantions des pseaumes, de sorte que canes, toutes les menées du clergé ca-
noire prison n'avoit pas mal J'air d'une tholique pour retenir sa proie, un na-
petite église. On n'entendoit que les vire, qu'ils frétèrent, les débarqua à
pleurs et les sanglots de ces bonnes Villefranched'où ils gagnèrentNicepar
geiis, qui nous venoient voir et qui ne terre. Dans cette ville, ils trouvèrent en
nous quittoient presque plus. Envolant Bonijoli, riche marchand de Nismes.
les chaînes dont nous étions chargés et qui s'y était réfugié, un-protecteur, un
notre résignation à les porter, ils se re- „ami, un frère.11 voulut leur fournir lui-
prochôient leur foiblesse et se plai- même les moyens de se rendre à Ge-
gnoient de n'avoir pas résisté jusqu'à la nève où ils furent reçus comme en tri-
mort auxmaux qu'on leur avoitfaitsouf- omphe. Tôutela population, magistrats
frir, ou aux charmes donton s'étoit servi et ministres en tête, alla à leur rencon-
pour les faire renoncer à la vraie reli- tre et les accueillitainsiquele méritaient
gion. » A Rouen, même enthousiasme, ces héros de la foi chrétienne. Cepen-
même ovation, mêmes larmes etmêmes dant Marteilhe ne s'arrêta que quelques
regrets. A Paris, Girardot-de- Chan- jours à.Genève. Il_ partit pour la Hol-
court surtout leur témoigna une. vive lande avec six de ses compagnons de
sympathie. Il leur procura, à prix d'ar- chaîne. A Berne, ils furentmagnifique-
gent, quelques soulagements dans le ment traités aux frais de la ville. A
cachot où ils furent jetés à la Tqurnelle, Francfort, les deux consistoires, l'alle-
et, à sa prière, d'ÀTgensonrecommanda mand et le français, rivalisèrent à qui
au capitaine de la chaîne, qui partit le leur prodiguerait le plus de marques de
17 déc, de les bien traiter en roule. sympathie, et voulurent les défrayer
Arrivés à Marseille, le 17 janv. 1713, jusqu'en Hollande. Quelques semaines
les vingt-deux galériens protestants, après son arrivée à Amsterdam, Mar-
en attendant le retour des galères de teilhe fut choisi par le consistoire -wal-
Dunkerque, furent mis sur la Grande- lon pour un'des députés que les Réfu-
Reale, qui servait de dépôt et où ils giés de Hollande se proposaient d'en-
trouvèrent une vingtaine de leurs core- voyer en Angleterre remercier la reine
ligionnaires. Grâce aux réclamations , Anne delà délivrance •fb.'elle avait
pro-
pressantes des ambassadeurs des Puis- curée à une partie des galériens pro-
sances protestantes, lesHuguenotsn'é- testants, et la supplier d'employer sa
taient plus traités sur les galères avec puissante intervention en faveurdeceux
la même rigueur qu'auparavant. Depuis qui n'avaient point encore obtenu la li-
quelques années déjà, on neles forçait berté. Miremont et Rochegu.de présen-
plus, sous peine de la bastonnade, à se tèrent les députés des églises -wallon-
mettre à genoux pendant la messe. Les nes à la reine, qui promit d'écrire à
infatigables effortsdu généreux Roche- LouisXIV et qui tint sa promesse, puis-
gude ne devaient pas tarder à leur ob- que, l'année suivante, au rapport deMar-
tenir la liberté. Ses prières, appuyées teilhe, les deux cents Réformés qui res-
par des lettres de tous les princes pro- taient surles galères, furent libérés. Sa
testanls, déterminèrent enfin4a reine mission remplie, Marteilhe retourna en
Anne à intervenir en leur faveur. Vers Hollande,où il vécut d'une pension que
la fin du mois de mai, l'ordre arriva à lui firent les Etats-Généraux. Il mou-
Marseille de délivrer 4 36 Protestants rut à Cuilenbourg, en 1777, dans un âge
sur les 300 qui étaient alorsaux galères, très-avancé.
à condition qu'ils sortiraient immédia- Tout ce qui précède'-est tiré de ses
tement du royaume à leurs frais, et Mémoires, qui ont été publiés par Su-'
qu'ils n'y renlreraienljamais,sous peine perville sous ce litre : Mémoires d'un
de reprendre leurs fers. Marteilhe fut protestant condamné aux galères de
du nombre de ces premiers libérés. France pour cause dereligion, écrits
MAR — 289 - MAR
par lui-même, Rott., 1757, in-8°; Rames; — 7° CHARLOTTE, femme de
nouv. édil., La Haye, 1774, in-S°; Laurent Puchot, sieur de Gerponville,
nouv. édil., augm. d'une clef des let- à qui elle donna une fille mariée dans
tres qui signifient les noms des per- la famille de Lindebeuf;
— 8° MADE-
sonnes,villes, etc., La Haye, 477S,S°. LAINE ou Michelle, femme de Jean Le
Ces Mémoires se dislinguentparun ton Marquetel, sieur de Saint-Denis-le-Gast;
de simplicité et de bonne foi quilémoi- — 9° JEANNE, alliée à Jean Le Roux,
gne de la véracité de l'auteur. sieur d'Euville;—10"autre CHARLOTTE,
MARTEL, famille normande très- épouse d'IlilaireMallet,sieur deHessei;
ancienne (quoique sa prétention de des- — 11° AORIENNE , femme de Jacques
cendre du célèbre Charles Marlel ne soit de Varigniez, sieur de Blainville; —
peut-être pas admissible) et divisée en 4 2t,FitANçoisE,abbessedeBoudeville,et
plusieurs branches longtemps avant la deux autres filles mortes sans alliance.
Réformalion. Nicolas Marlel, qui conlinuala bran-
Charles Martel, sieur de BACQUE- che aînée, ne paraît pas avoir joué de
viLLE,fils cadet d'Antoine Marlel et d'I- un rôledans nos guerres civiles. Il ne
sabeau Masse, était lieulenanl du duc laissa, de son mariage avec Jeanne Le
deBouillonen'RoTBauAie, lorsqu'il ab- Secrétain,Aame deCany et deBarville,
jura publiquement, en 1559, avec deux qu'un fils, nommé CHAULES, qui fut tué
de ses fils, la religion romaine entre à Arques, selon les Mémoires du dac
„
les muins de Enox, l'illustre réforma- d'Augoulême. Comme ce fils mourut
teur de l'Ecosse, qui desservait alors sans postérité, la seigneurie de Bac-
l'église de Dieppe. Malgré son abjura- queville passa à son oncle Antoine,
tion, Bacqueville, réglant sans doute sa qui eut de son mariage avec une fille
couduite sur celle de Bouillon,restadé- de basse exlraclion, nommée Cathe-
voué à la cause royale. Aussi, après la rine La Roche, un fils, CHAULES, ba-
capitulation de Dieppe, la reine-mère ron de Bacqueville.morl le 6 juin! 633,
ne refusa pas de lenommer gouverneur sans alliance, et cinq filles, CATHE-
de la ville,en prenant toutefois la pré- RINE, ADRIENNE, MARGUERITE, CnAt;
caution de mettre un zélé catholique LOTTE et FRANÇOISE. L'aînée seule fut
dans le château. Lorsque Catteville se mariée; elle épousa Samson de Saint-
saisit de nouveau de Dieppe pour le Germain, sieur de Juvigny.
parli prolestant (Voy. III, p. 250), crai- I. BRANCHE DE LiNnEBEur. François
gnant apparemment d'être accusé de Marlel, qui fonda celle branche, épousa,
complicité, Bacqueville demanda et ob- en 4 559, Anne de Pons, fille d'Antoine
tint la permission de se retirer dans ses de Pons, comte de Marennes, elù'Anne
terres. Dès lors, l'histoire ne fait plus de Parthenay. Il en eut : 4° ISAAC, qui
mention de lui. Il avait élé marié deux suit;—2"FRANÇOIS, souche de labran-
fois, la première avec Louise de Bal- che de Fontaine-Martel; — 3" ANNE,
sac-d'Éntraiguës, la seconde, avec femme de Loup Du Gravier, sieur de
Marie d'Yencourt ou d'Yaucourt. Du LaPlongère;—4°MARIE, alliée à Jean,
premier lit naquirent : 4* NICOLAS, qui baron d'Aulhon.
suit; — 2° ANTOINE, sieur de Vaupil- IsaacMarlel, sieur de Lindebeuf,prit
lière, puis deBacqueville,qui suivra;— pour femme sa cousine Elisabeth Pu-
3° François, sieur d'Hermanville, qui chot, dont il eul cinq enfants : 4 • GÉ-
s'attacha au duc d'Anjou, et mourutsans DÉON, comte deMareunes, marié '.[Eli-
alliance;—4° Guillaume, abbé de Sainl- sabeth de La Motte-Fouqué, et décédé
Josse-sur mer. Sa seconde femnie le à Paris, en 4 656 (Reg. de Charent.),
rendit encore père de huit enfants : ayant eu de son mariage au moins deux
5" FRANÇOIS, souche des seigneurs de fils (4), HENRI, comte de Marennes, et
Lindebeuf;—6° NICOLAS, appelé Char-
les par Moréri, qui fonda la branche de (1) Sourchcs parle dans ses Mémoires c'unt
T. VII. 49
MAR 290 MAR
— —.
CHARLES, mort, en 4 637, à l'âge de 4 6 ducagè qui s'est surtout illustré par
ans'(lbid.); belle , défense de Brouagê contre
-r- 2° SAMUEL, appelé par la
Moréri Isaac, et par une généalogie Mayenne. Il se nommait Achille Mar-
msc. de la famille Martel (FondsS.Ma^ tel, sieur de Manducagè, et avait un
^Zoi"-e,N°157)ArJcotes,barondeSaint- frère appelé Noël, avec qui il partagea,
Jur et Vandré, qui se maria avec Eli- en 1573, la succession de leur père-
sabeth Ponssard, dont il eut ANGÉLI- Manducagè s'attacha au prince dé
•
bf the british and other. protestant les des trois ouvrages suivants : May's
.
a l'usage du corps impérial des ca- Masson aiaissé en mss, une trad,
dets nobles, Berlin, 4787, in-4?; St- du poème russe. : Les jardins, par
Pélersb., 1789, 'in'-80. —Anonyme-- Sam bout sky, et une Histoire delà
II. Elmineou la fleur qui ne se fié- littérature russe. On trouve de lui,
tril jamais, Berlin, 1790, in-81'; in s. dans le-T. Ides Mém. de l'Acad. celti-
aussi dans le Journal encyclopéd. et que, des Observations sur le rapport
dans l'Esprit des journaux, el trad. en de M- Volneysuri'ouvrage dePallas,
allemand. intitulé Vocabulaire comparatif, etc.
III. Mémoires secrets sur la Russie Masson avait épousé, en 4795, la
et particulièrement sur la fin de baronne de'Rosen, d'une famille livo-
Catherine et le commencement de nienne. Nous ignorons s'il en eut des
Paul I, Ainsi.-[Paris]'., 1-800-1801, enfants.
3 vol. in-8"; nouv. édil., revue et MASSON (JEAN'}, de Civray (fils
augm. du N" VII, Paris, 1804, 4 vol. peut-être de Philippe Masson, de Ci-
in-8°; trad. en allem: et en ahgl.^ vray, qui'soulintà Saumur, sous la pré-
On a reproché à Masson de s'être li- sidence d'Amyraut, une thèse De eer-
vré à dès exagérations et d'avoir porté tiludine salulis, ins. dans les Thèses
des jugements qui se ressentent de son salin.),ilt ses éludes en théologie à l'a-
irritation cpntrele cz'ar Paul. cadémie de Genève, où il fui immatri-
IV. Lès Helvétiens en VIII chants culé en 4658. Il desservait l'église
avec des notes historiques,, Paris, de Cozes à l'époque de la révocation
1800, in-8\—«On y trouve en abon- (Arch. g en.11. 287). Chassé deFran-
dance, dit Chenier, des idées fortes, ce, il passa en Angleterre avec ses fils
-généreuses, dignes d'Un esprit mâle et JEAN, âgé de cinq ans, el SAMUEL. Ce
d'une âme élevée; on y remarqué sou- dernier, qui s'est fait connaître comme
venldu nerfetdè la franchise dans l'ex- le principal rédacleurde VHisloirecri-
pression ^quelques narrations rapides, tique de la république des lettres tant
quelques discours pleins de verve y ancienne que moderne (Ulrecht et
brillent par intervalles; niais, il faut Ainsi., 17Ï2-18, 4 5 vol. in-12) et qui
en convenir, on y désire presque tou- a écrit, dit-on, des livres de polémique
jours la douceur, l'harmonie, l'élégan- dont nous n'avons pu décou"rir. les tir-,
ce, loin ce qui fait le charme du style.» très, fut ministre de l'église anglaise
Ce poème eut peu de succès. deDordrechl, et vivait encore en 1735.
V. Ode sur l'adulation poétique, Son frère embrassa aussi la carrière ecr
1804. clésiastique. 11 lit ses études onAngle-
VI. Ode sur. la fondation de la terre, et visita les principaux Etals de
République, Paris, 4 802, in-8° et in- l'Europe afin d'accroître la somme de
4P.-— Celle ode reçut le prix depoésie. ses connaissances. Au retour de ses
Lettres d'un français à un
VII.- voyages, il se fit recevoir au saint mi-
allemand servant de réponse à M: nistère en Hollande. Il paraît qu'il re-
de Iiokebue-et de supplément aux passa ensuite en Angleterre, où, s'il
Mémoires secretssiir la Russie, Paris, faut en croire la Biogr. univ., il fut
4 802, in- 8°. ; \ " pourvu de ricliesbénéfiees.Selon Walt,
VIII. La Nouvelle Astrée ou ,
les il mourut en Hollande, el selon M.
Aventures romanesques du temps Weiss, en Angleterre, vers i750, lais-
passé, Melz, 4805, 2 vol. in-12.— sant la réputationd'unsavant distingué
Rom à h charmant, rempli de descrip- et d'un bon critique. On a de lui :
tions d'une grande vétilé. I. Jani lemplum Chrisio nascente
IX. Le Voyageur, Paris, 4 807, ï-n-S*». .,
reseratum, Roll., 1700, in-4" elin-8°.
—On y remarque quelques-beaux vers.- II. Lettres' critiques sur la diffi-
X. Mémoire statistique du dépar- culté qui se trouve entre Moïse et.
temènldeRhineiMoselle,C'ob\.,m-M. saint Etienne, relativement au nom-
MAS
-.— 315 — MÀS
bxe des descendants de Jàcob qui d'une dissérl. critique sur le Ps; CX
passèrent de Chanaan en Egypte, qu'il avait insérée dans les T, I—III de
Ulrecht, 4 705, in-8°. — Contre l'ou- l'Hist. de la répuhl. des lettres.-Selon
vrage de Th. Le Blanc, intitulé Con- lui, ce psaume népeul s'appliquer qu'à
ciliation de Moïse avec saint Etien- David. Son opinion-fui condamnée par
ne, ouvrage qui doit donc avoir eu au le synode de'Breda, tenu au mois de
moins une édil. antérieure à celle que sept., comme impie, contraire à la ré-
nous avons citée (I'OÏ/.VI, p. 456), vélation et aux déclarations expresses
d'après Moller. Le pasteur Marolles de J.-Ch. el des apôtres. Masson vou-
ayant attaqué cet écrit, Masson impri- lut se défendre- el s'attira une réponse
ma ses deux lettres avec les réponses de Martin, à qui il répliqua.par des Re-
qu'il y fit. marques apologétiques sur un libelle
III. Noies sur les inscriptions re- de M. David Martin contre l'expli-
cueillies par G.ruler, publ. dans le cation littérale du Ps. CX, ins. dans
Corpus inscriplionum édit. par Grae- .le T. VIII de l'Hist. de la république
vius"(Amsl., 1707, 2 vol. ,
in-fol.). des lellres."On trouve, en outre-, des
IV. Q. Horacii Flacci vita, Lugd. pièces sorties de sa plume dans la Bi-
Bal., 1708, in-8". blioth.raisonnée (T. XIII), et dans les
V. Ovidiivita, Amst., 1708, in-8"; Mémoires de Trévoux (1713). Enfin
réimp. dans les Ovidii Opéra, cura P. on lui attribue Chronologicus canon
Burmanni (Amst., 1727, 4 vol. in-4"). aposlolicus el Jani templum subpro-
VI. C.Pliniisecundijuniorisvita, ximisAugusti successoribusclausum,
Amst., 1709, in-8"; réimp. plusieurs, sans autre indication. ;
fois.
— Selon M. Quérard, celte Vie On ne nous apprend pas si Jean Mas-
avait déjà paru en tête des OEuvres de son fut marié.els'il laissa des enfants.
Pline, publ. parHearné à Oxf., 1703. Nous savons seulement qu'il avait un
VII. Annus solaris anliquus à va- cousin, nommé Philippe, qui était mi-
rias in Oriente ac Asiâpôptdis et ur- nistre de l'église française de Wheeler-
bibus usu civili olim usnrpaius, nunc Slreet, en 1742, c'est-à-dire b l'époque
tandem nalurali suo ordine restilu- où cette église se réunit à celle de la
ius. Appendilur spicilegium chro- Nouvelle-Patente, dont il devint ainsi
nologicorhisloricum de cyclis Chris- un des-pasteurs.
tianorum, Lond., 1712, in-fol. MAISON (PIERRE),de Bourgogne,
VIII. Exacte revue de l'Histoire martyr. On ignore par suile de quels
de M- Bayle, publ. dans l'Hist. de M. événements Pierre Masson devint un
Bayl<<, par l'abbé Du Bevesl (Amst., barbe ou pasteur des Vaudois- de Pro-
4716, in-12). — On continue à lui at- vence. Ces derniers le députèrent en
tribuer cet écrit, bien qu'il ait nié d'en Suisse el en Allemagne, avec George
être l'auteur. Morel.de Freyssinières, dans le but de
IX. Notes sur les médailles des nouer des relations avec les.réforma-
rois de la Comagène, publ..dans le teursallemands,elplusspécialemenlde
Tesoro brilaiiico de Haym (Lond., leur demander des éclaircissements au
1719-20, 2 vol. ,in-4'). sujet de certains dogmes, celui de la
.' X. Ml. Aristidis vila, publ. en tête prédestination, par exemple, que leurs
des Opéra de ce célèbre rhéteur, imp. pètes n'avaient,point admis dans leur
à Oxf., 1722, 2 vol. in-4". symbole. Les deux délégués vaudois
..XL The slaughter of the children visitèrent OEcolampadeà Bàle./?('c«r et
of Bethlehem, as an hislorical fact Capiton à Slrasbourg.Haller à Berne,
vindicaled, Lond., 1728, in-8°. — el, satisfaits des solutions qui leur fu-
Conlre Collins. rent données, ils reprirent la roule de
En 1713, Masson eut une violente leurs vallées; mais, Si leur passage à Di-
querelle avec David Martin au sujet jon, ils furent reconnus pour luthériens
MAS 316 — MAS
—
"et arrêtés, Masson scella de son sang mois s'étantécoulés sansqu'aucim vsu-
foi, le 10 sept. 1530; quanta Mo- dois eût renié sa foi, seigneurs et ma-
sa
rel, il parvint à s'échapper et regagna gistrats,ttius sans aucun doute par l'es-
la Provence, 11 rendit compte de son prit de rapine bien plus que par le zèle
dans assemblée générale, religieux, se mirent à l'envi à punir
voyage une
et déclara franchement" que, dans sa l'obstination des hérétiques en les dé-
conviction les "Vaudois. « erraient eh pouillant de leurs biens et en les jetant
,
quelques points de la foi.» Il fut donc en prison.Nulne se signala par de plus
résolu que l'on tiendrait un synode,an- révoltantes déprédations que.Ménier
quel seraient convoqués les représen- d"Oppède, qui devait acquérir un peu
tants de toutes les églises vaudoises.. plus tard une horrible célébrité. Les
Ce synode se réunit, en effet, le 4 2 choses allèrent si loin queFrançois 1"
sept. 1532,àChanforans.FarelelAn- se crut obligé de renouveler,en 1536,
toine Saunier y assistèrent au nom des sa déclaration de l'aimée précédente.
églises réformées de la Suisse (Voy. Pas Une abjuration n'eut lieu, en sorte
Y, p. 65). ; que le procureur général-, poussé à la
Les mouvementsque les Vaudois se fois par un clergé fanatique et par des
donnèrent dans cette circonstance., gens avides de spoliations, fil rendrepar
peul-êlre aussi quelques essais de pro- lè.parlement, en 4 537,un nouvel arrêt
pagande, attirèrent sur eux l'attention contre les hérétiques vaudois, L'année
du clergé romain,ella tranquillité dont suivante,François I" intervint encore,
ces hommes probes et laborieux, amis mais ce fut, celte fois, pour stimuler
de la paix et de moeurs austères, jouis- son parlement.qu'il autorisa, eu 4 539,
saient depuis longtemps sous la pro- à connaître du crime d'hérésie. Dès le
tection de quelques gentilshommes du mois d'oclobre, la Cour décréta de pri-
voisinage, du seigneur de Génial, en- se de corps cent cinquante-quatre per-
tre autres, se changea promplement en sonnes dénoncées par deux apostats.
une persécution acharn.ée.Les evêques « On conçoit,
ditM.AlexisMustondans
portèrent plainte au parlement d'Âix , sa consciencieuse Histoire des Vaudois
qui, par arrêt de 1530, ordonna de cou- du Piémçnt.on conçoit la fermentation
rir sus aux hérétiques. De son côté, le excessive que de pareilles mesures de-
pape publia une bulle pour déférer les vaient causer dans le pays.... En de
Vaudois aux juges séculiers, et Fran- pareilles circonstances une. étincelle
,
çois Ier ordonna au parlement d'an- peut amener un incendie. C'est'ce qui
nexer cette bulle, Aurapportde Gilles, arriva. » Le juge d'Apt ayant Tait con-
pèTsonnenedéployaplusd'activitédans damner au feu, comme hérétique, le
celle première persécution quejes evê- meunier Colin Palenq,âonl il convoi-
ques de Sisteron,d'Apt et de Cavaillon, tait le moulin, des jeunes gens de Mé-
qui remplirent leurs prisons d'héréti- rindol,n'écoutant que leur indignation,
ques ou prétendus tels.Poussés à bout allèrent, de nuit, dévaster le-moulin
et décidés, à repousser,là violence par confisquéauprofit du dénonciateur.In-
la force, les' Vaudois prirent les' armes struite de cet acte dejustice sommaire,
sous la conduite d'Eustache ou Taxile la Cour, qui venait, peu de jours aupa-
Marron,qni fut.depuis, en 4 545,exé- ravant, de recevoir de la part du roi un
cuté à Avignon, et délivrèrentles pri- nouvel ordre de procéder contre les hé-
sonniers; on put craindre une guerre rétiques s'assembla extraordinaire-
civile. Dans l'espoir de détourner le ment, et,àla , requête du procureur du
danger, François 1er fil publier, en juil- roi, ajourna à comparaître un certain
let 4 535,une amnistie gépérale,à con- nombre de Vaudois, dénoncés comme
dition que les hérétiques abjureraient coupables par le juge d'Apt. Obéir,
leurs erreurs dans l'espace de six mois. c'eût été se livrer aux mains de leurs
La tranquillité se rétablit; mais les six ennemis; ils n'eurent garde de le faire,
MAS 317 — MAS
en sorle que le parlement, aussitôt l'a- pects d'erreurs hérétiques, en eux dé-
journement passé, prononça contre les sistant desdits erreurs, et les abju-
conlumax un arrêt digue de figurer rant dans six mois après la publication-
à côté de celui que rendit le parlement desdiles lettres : les recollemens d.es
de Paris dans l'affaire deMeaux (Voy. tesmoins examinez et des susdites in-
Pièces justif.N* VI).Nous le reprodui- formations : autres charges, informa-
sons textuellement. tions et procès produits par ledit pro-
« Sur la demande du profit et uli- cureur général, pour faire apparoir
lilé des défauts obtenus par le procu- que notoirement tous ceux de Merin-
reur général du roy.demandeur eu cas dol lienent sectes Vaudoises et Luthé-
de crime de lèse-majesté divine et riennes, réprouvées et contraires à la
humaine, contre André Maynard, saincle foy et religion chreslieune :.
baille ne Merindol, François May- retirent et recellent plusieurs gens
nard, Jacq. Maynard, Michel May- estrangers et fugitifs, chargez et dif-
nard, Jean Pom el sa femme, un famez d'estre de telles'sectes : el iceux
nommé Facy-le-Tourneur el sa entretiennent et favorisent; qu'audit
femme, Martin Vian el' sa femme, lieu il y a eschole des erreurs et faus-
Jean Pallenq et sa femme, les enfans ses doctrines desdites sectes, gens qui
et familles des susdits manans et ha- dogmatizent lesdils erreurs et faus-
bitans dudit Merindol : Peyron Roy, ses doctrines, et libraires qui ont
Philippon Maynard, Jacq. de San- imprimé et vendent livres pleins de
gre, maistre d'eschole, habilaus du telles fausses doctrines : et aussi que
bas dudit Merindol: maistre LéonBar- ceux dudit Merindol au terroir es ro-
beroux el Claude Favyer, de Tour- ches ont basti des cavernes et spelon-
nes, un nommé Pomery, libraire, et ques, où ils retirent et cachent eux,
Marthe, sa femme naguères nonnain leurs complices et leurs biens, et se
à Nismes, Thomas Pallenq, dict du font forts : autres informations prinses
plan d'Aptj et Guillaume Le Nor^ par le juge d'Apt, pour faire apparoir
iiiànd, relirez et demeurans de nou- qu'après que Colin Pallenq, dit du
veau audit Merindol : desdits cas et plan d'Apt, comme sectateur desdites
' crimes ajournez à trois briefs jours, sectes fut ces jours passez condamné
non comparons ains defaillans : Veues el bruslé , et ses biens confisquez au
les charges et informations faites à roy ; en haine de ce plusieurs gens
la requeste dudit procureur général dudit Merindol, leurs complices et
du roy : ordonnances de prinses de adhérens en grande assemblée, comme
corps, el à faute de ce adjournemens à de six ou sept vingts hommes armez
trois briefs jours décernez contre les- de harquebuses, hallebardes, espées
dils accusez et defaillans du penul- et autres harnois, ont rompu le moulin
tiesme de juillet 4 540 : exploicls des- qui estoit audit feu Colin Pallenq et
dits adjournemens à trois briefs jours : Thomas Pallenq frères, battu et ou-
les défauts obtenus par ledit procu- tragé le musnier, et icelui menacé, et
reur général cou Ire lesdits accusez: tous autres qui s'empescheroyent des
les leUres-palentes du roy du dernier biens de ceux de leurs sectes. Le lout
de may audit an 1540, adressantes à considéré, dit a esté, que la Cour a dit
ladile Cour, pour procéder contre Vau- et déclaré, dil et déclare lesdits dé-
dois et Luthériens, et autres tenans fauts avoir esté bien obtenus. Et poul-
sectes contraires el dérogatives à la ie profit d'icelui, que tous les des-
foy et religion chreslienne : et autres susclils accusez el ajournez sont vrais
lettres-patentes dudit seigneur, du 16 defaillans et conlumax, deschcus de
de juillet 1535 el du dernier de may toutes défenses, et atlaints et convein-
1536, par lesquelles il faisoit pardon cus des cas et crimes à eux imposez,.
et grâce aux chargez, accusez et sus- de tenir, maintenir et ensuivre sectes
MAS -— 348 MAS
leurs en faisant brûler plusieurs héré- " Savoie, en 1630, à celle dé-là Lorraine;
entre autres l'instituteur Gàul- en 1633. En 1644; il leva Uii r'éginiëni
tiques,
tèr'i, d'il diocèse, de Digne, Bt Barthé- d'ihfànféri'é à la tête duquel il fit là cahi-
lémy Audàùih, ÙeBessé près de Bri- pagnè d'Italie; Créé maréchal dé carrip
gliblès: Lé pape Paul IV pensa qu'un en 4 64.5; et bèstrè-de-càmp-liéillé^
si grarlti zèle hiéritait une récompense', nâûtdurégiment Colonel-généraldelà
et en considération dès services qu'il :
cavalerie, il servit en Flandresjusqu'en.
avait rendus à.l'Eglise; il, créa; quel- 4-647;, qu'il obtint tin régiment dé,ca-
ques ànhée;s après , le bourreau 'dès valerie dé son tiéni. La même-année; il
m'alhèureuxVaudoischevalier dé Sailit-
, épou 's'ïMaïïetallemaMi fille 'clé Pierre
Jëàn-dè^Lalrau et comte Palatin-. Tallëmdnt et de Marie de RamTfouiU
MASSUE (NICOLAS nÊ),séignèurd'é M. (Règ'.,de Char'ènt), En 4648, il as-
Rèinèvâl, éutd'é son mariage a'véc H'é- sista au siégé d'Ypres, à là bataille 'de
lM% â'Àiiiy, fille d'Ah lôméd'Aillyv Léiis; à la prise de Ftirnes; on 4 64$',
:
mille riche, dont il épousa plus tard la contenant tout ce qui s'est passé de
fille. Malgré la fortune considérable plus important en Italie, sur le
que lui apporta sa femme, il ne rer- Rhin, en Pologne et dans la plupart
nonça pas à ses, habitudes laborieuses. des cours de l'Europe, Amst., 1735,
Ilse'mit à étudier la médecine sous le in-8°; trad. en italien, Amst., 4 736-
célèbre Boerhaave, et prît àLeyde le •1737, 2sol. in-8°, aveccartes etfigg,
grade de docteur, en 4729. Il alla en- VI. La vie du prince Eugène de
suite s'établir à Amsterdam,, où il ac- Savoie, Amst., 1736,.in-42'; réimp.
quit beaucoup de réputation dans avec le N° suivant, -r II ne faut pas
l'exercice de son art. Travailleur infa- confondre cet ouvrage avec celui de
tigable, il employa les heure? de li- Manvillpn.
berté que. lui laissait sa pratique, à la VII. Histoire de la dernière guerre
culture des lettres et des sciences, et des négociations pour: la paix,
ainsi qu'à l'éducation de l,a jeunesse,. avec l'a vie'dupriuce Eugène, kmst.,
Il avait ouvert un pensionnai-dontla 4,736;,3 yol.in-S";; 4 73.7,S;voI. in-{l2.
réputation s'étendit jusque dans les V1ÎI. Continuation de l'Histoire
Indes occidentales. Ce fut au milieu universelle de Bossuet. depuis 4 724
de ses occupations aussi nojnhreuses jusqu'à la fin.de 4737, Amst., 4738,
que variées que la mort vint Je sur- 4voJ. in-12; Amst. et Leips., 4 vol.
prendre, le 6 oct. 4 776, dans l£ terre in-12; Paris, 4759, 6 vcL in-12. —
de Laukeren, qu'il avait acquise de ses Le 2e vol, est la suite de Bossuet par
épargnes. La Barre, mais refondue.
Au jugement de l'abbé Bo.ulliot, IX. Essai de physique, trad. du
Massuet était un bon traducteur, mais holl. de'Muss.ehenbroeck, LeydefTr.é-
un médiocre écrivain .-Voici la liste de voux],1739, 2V|0j.in-4'.; 4754,2vol.
ses ouvrages. in-46, avecfigg: :
I. Dissert. mediça de generafione X. La vie du duc de Ripperda,
ex animalculo in ovç, Ludg. Bat,-, grand,d'Espagne, Amst., 4739, 2 v.
4 729, in-4°..--7-L'auteur adopte l'hy- in-12.
po.thèse de Leuwenhoeçk sur les ani- XI. Annalesd'Espagne.et.de Por-
malcules sp.eruiatiqu.es. tugal, Amst., L'Honoré, 4 744, 4 vol.
H. Recherches intéressantes sur jnr4° et 8 vol, in,-?-0, avec figg-
l'origine, la formation, ledèvelop.^ XII. Table générale de,s matières
pement, la -structure, etc., des dir contenues dans l'Histoire et les Mé-
verses espèces de vers à tuyau qui moires de l'Académie des sciences
infestent les vaisseaux, les digues, de Paris, depuis l'année |X56.9^ws-
etc.,dequelques-unes de,s Provinces- qi'fen 4 734 inclusivement,, Amst.,
Unies, Amsl,,Changuion,17,33, in-8*>;; P, Mortier, 4 744, in-4" et 4 vol. in 4 2.
trad- en-holl,,, Amst,,, (173,3,;in-.8,\
III. Histoire des rois de.Pologne — Mieux ordonnée et-plus complète
que celle qui a été faits ;à Paris.
et'du .gouvernement de ce royaume, XIII. Histoir.fi.de l'empereur Char-
contenant c.e,qui s'est passé soins le les VI et. des révolutions sous la
règne de Philippe-Auguste et pen- maison d'Autriche, depuis Rodolphe
dant les deux derniers intérr,èg?ies, de Hapsbour,g jusqu'à présent, avec
Amst., L'Honoré,, 4 733, 3 vol. jn-8° le différend entre la reine de Hon-
et 4 vol, in-12; nouv. -,édit. -augm., grie et le roi de Prusse sut la Silé-
Amst. 1734, 5 vol. in-42. .—-iCen'est sie, Amst., L'Honori, 4 7ji2, 2 vol,
guère qu'une compilation. in-4 2. '
,
MAS 327 — MAT
XIV. Elémens de la philosophie avaitprise à l'oeuvre de la Réforme,il
Châtelain,'4752, se
moderne, Amst., 2 mita attaquer avec violence les Luthé-
vol. in-12, avecfigg. riens, Cette honteuse palinodie ne le
XV, La science des personnes de lavapasdelout soupçon d'hérésie dans
cour, d'epée et de robe, par Çhévi- l'esprit des bigots. Il fut jeté en pri-
gny et de Limiers,, considérable- son en 4834; mais sur les réclamations
ment augm, par Massuet, Amsf., du chapitre de Paris dpntil était mem-
4752, 18 vol. in-42, avec figgi bre,François-l5rluifitrendre la liberté.
XVI. De Vamputation à lambeau, . Plus lard Masurier se lia avec. Loyola,
ou nouvelle manière d'amputer les le fameux fondateur de l'ordredes Jé-
membres, Irad. du latin deVerduin, suites. —Il ne faut pas confondre ce
Amst-, 4756, in-8°. Les savantes Martial Masurier avec Louis Masurier,
—
notes et les additions du trad. ont sin- poète dont nous connaissons quelques
gulièrement amélioré l'ouvrage. ouvrages, mais qui, originaire du Hai-
Massuet a été, de 4741-53, un des naut, n'entre pas dans notre cadré,
plus constants collaborateurs de.la . MAXHlJBM,-nom porté par plu-
Bibliothèque raisonnée des ouvrages sieurs pasteurs de la Basse-Guienne
dessavons de l'Europe (Amst., 4 728- dans la seconde moitié du xyn" siècle.
53, 5,2 vol. in-8°) ; il a fo.urni plusieurs Nous avons déjà parlé de deux d'entre
Supplémens à l'Atlas historique de eux, qyi se réfugièrent en Hollande
Gueudeville ( Amst., 4 739, 6 vol. in- (Voy.u, 204). De nouvelles recher-
fol.), et quelques dissertations criti- ches nous ont appris que Gabriel Ma-
ques aux Lettres sérieuses et badi- thurin, ancien pasleur de La Réole,
nes de La Bo/rre-de-Beaumarchais fut placé comme ministre à Arnheini
(La Haye, 1729-40, 12 vol. in-8°) ; en 4 687, et qu'il mourut pasleur de
il a .travaillé enfin avec JaucouH et l'églisefrançaisedecetteyilleen4748,
d'autres aumagnifiqueMuseum Sebaea- d'où nous croyons pouvoir conclure
num, qui a paru soit6 ce tilrp ; Loçu- qu'il n'est pas identique avec Je minis-
pletissimi rerum naturoXinm the- tre sousja croix qui, rentré en France,
sauri accurata descriptio, per uni- fut pris et plongé dans un cachot oit
.versamphysices historiam; opus ele- il passa de longues années,
ganslatinè et gallice scriptum,curâ Ce dernier est apparemment le
Alh.Seba (Amst., 4734-65, 4 vol. .même que le -pasleur Malhurin « ex-
in-fol, avec figg. ). On lui a attribué cellent homme et illustre serviteur de
aussi, mais à tort, selon le savant au- Dieu»,, comme l'appelleRou, qui com-
jeur de la Biographie ardennaise, une posa contre les Lapsi un livre où il
trad- du Manuel de Devenler sur les réMa les raisons par lesquelles ils es-
aççquchemens et l'écrit anonyine in- sayaient d'excuser leur chute. Çelivré,
titulé Anecdotes , de Russie dont l'impression a été soignée par
sous le rè-
gne de Pierre I", dit le Grand, J. Rou, a paru, anonyme, sous ce titre:
J(lAglJBIliH (MAETIAL), docteur Les feuilles de figuier <?u Vanité des
en théologie e.l prédicateur renommé, ' excuses de -Çeux qui ont. succombe
fut un des théologiens que Briçonnet souz la persécution, La Haye, Abrab.
appela à Meaux, lorsqu'il entreprit de Troyel, 4687,in-12.
reformer son diocèse. L'attention du MÀTBAS (DAÎ-IEL), professeur de
prélat avait été attirée sur Masurier par français pi d'italien à l'école noble de
Je zèle avec lequel ce dernier censurât Sora en Danemark, est auteur de ;
du haut de la chaire la dépravation des I. Proverbes, sentences et mots
moeurs du clergé. Mais Masurier ne se dorez, en français, danois,' italien et
montra pas à la hauteur de sa mission; allemand,.Copenh,, 4633, in-4 2.
il fut un des premiers à déserter sq.n II. Grammatica gallico-italica,
l)Qsle,et, pour faire publier la, part qu'il Sora, 4 642, in-8", ''
MAT
MAT — 328 —
III. Vocabuldrinm gallico-ilalico- core, en 1603, on le trouve ministre
âanicnm, H a fn., 4 643, in-8". àEmbrun.D'autrespasteurs de ce nom,
IV. Aurea sententice, Soroe, 4656, qui figurent dans la liste des ministres
in-4 6.—PeuWêlre le même recueil présentés au Synode national en 1626,
que le N°l trad. en latin, étaient vraisemblablement ses fils. —
Malras, né à Vendosme, le 3 juill. Nous ne prendrons pas sur nous d'af-
4 598 descendait, sans aucun doute, firmer que Nicolas.Matthieu, ministre
d'une ,famille protestante. II est ques- deMonteudre, réfugiée» Hollande, où
tiondansles Mémoires de Mornay d'un il mourut en 1698, après avoir des-
Malras qui était à son service en 4 623, servi pendant cinq ans une église de la
et. qui'-est peut-être identique avec un province d'Utrecht, descendait de la
maître d'hôtel du roi qui portait ce même famille.
"
nom, et qui mourut à Paris, en 4 660, La révocation de. l'édit, de Nantes
laissant de sonmariageavec Louise de chassa également de France l'avocat
Marsillac, deux filies, nommées MAR- Matthieu qui se réfugia en Suisse avec
GUERITE et MARGUERITE-CHARLOTTE, son fils aîné et quatre: filles. Son se-
lesquelles avaient élé baptisées, en cond fils, qui servait, avec le grade
4636 et 4 640, dans le temple de Cha- d'enseigne, dans le régiment do Sain-
renton ( Reg. de Char.).. tonge, resta en France, mais, sa catho-
MATTHIEU (ANTOINE), né à Lau- licité était fort suspecte. Le fils et la
sanne, en 4 690, fit ses études en théo- fille aînés du procureur Matthieu du
logie à Franeker et à Genève, et fut Gapençois, avaient aussi fui sur la
reçu ministre en Hollande. A l'âge-de terre étrangère, tandis qu'il avait,ab-
25 ans, il fut donné pour pasteur à juré lui-même avec sa femme et trois
l'église française de Francfort-sur-le- autres enfauls.
Mein, qu'il desservit jusqu'à sa mort, M ATliY(MATTHiEu),de Manosque,
arrivée Je 7 mai 4 765. Outre un recueil immatriculé à l'académie de Genève
de Sermons sur divers textes de l'E. en 1666 , remplissait, en 1685, les
S., publié à Francf., 4 766, 2 vol. fonctions de sou ministère à Beaufort
in-8% on a de lui un Catéchisme, en Provence. Forcé de quitter à la fois
qui fut longtemps en usage dans son son église et sa patrie par la révoca-
église et dans d'autres du voisinage. tion de l'édit de Nantes, il sortit de
Selon Adelung, ou plutôt son con- France avec sesdeux fils, CHARLES et
tinuateur, le père d'Antoine Matthieu PAUL, qui se firent connaître l'un et
était un réfugié de.Nismes. Différentes l'autre dans la république des lettres,
raisons nous feraient croire qu'il était le premier par un Dictionnaire géo-
plutôt originaire du Dauphiné (1). Un graphique universel, Amst., 1701;
registre des baptêmes célébrés dans 4 723, in-4", quia été longtemps re-
l'église d'Orr>ierre(Arch.génTT. 235) cherché; le second, par une Lettre sur
nous apprend que celle église- avait le mystère de la Trinité, qui souleva
pour pasteur, en 4 586, Hugues Mat- contre lui tous les orthodoxesetdonna'
thieu, à qui sa femme, Anne Abel, lieu à une vive polémiqué.
donna, cette même année, un fils, Né à Beaufort, eu 1681, Paul Malhy
nommé DAVIH, baptisé, le 2 mars, par était catéchète à l'école des pauvres
B- de La hoche. Plus tard, en 4 591, fondée à La Haye par Saurin. C'était
Hugues Matthieu reçut vocation de l'é- un homme de moeurs très-puresetd'u--
.
glise de Gap et fut remplacé à Orpierre ne grande érudition ; mais ni ses ver-
par François DuJarry. Plus tard en- tus ni son savoir ne le mirent à l'abri
des persécutions d'un dogmatisme in-
(1) Dans un rôle de Réfugiés dressé a Lau. tolérant. Ayantvoulu, et il en avait as-
sanne.cn 1740, nous trouvons une Madelaine surément le droit, essayer d'expliquer
Matthieu du Dauphiné, et Etienne Matthieu,
carJcur de laine du Vivarais. les passages de l'Ecriture où J.-Ch.
MAT 329 — MAT
est présenté comme inférieur et sou- mé etunécrivaindétalent.Néen 171 8,
mis au Père, il s'imagina lever tou- à Montfort près d'Utrecht.ilfit ses étu-
tes les difficultés en admettant trois des à l'université de Leyde, où il prit
natures en J.-Ch., la nature divine, la le grade de docteur en philosophie et
nature angélique et la nature humaine. en médecine. Eu 1740, il passa en
Il affirmait que le Père est le seul être Angleterre. Pour se faire connaître, il
infini, absolu; que le Fils et le Saint- entreprit la publication d'un journal
Esprit sontdes êtres finis,différents du littéraire,où il rendait compte des pro-
Père, el que néanmoins J.-Ch. est Dieu ductions nouvelles delà littérature an-
à cause de l'Union mystérieuse de la glaise. Cette espèce de revue, qui pa-
divinité avec sa nature angélique plus rut de 4750-55, à La Haye, sous le
parfaite que l'âme humaine. Ces idées titre de Journal britannique forme
bizarres furent condamnées par le sy- une série de dix-huit vol. in-4,2,et est
node de Campen. Malhy voulut les dé- regardée comme un des meilleursjour-
fendre et fut cité devant le synode de naux de ce genre depuis celui de Bay-
La Haye.Ayant refusé d'y comparaître, le. La Société royale des sciences de
il fut déclaré hérétique, excommunié Londres admit Malhy dans son sein,en
etdéposé, en 4730. Celterïgueur,qui 1758, et le choisit pour son secrétaire
brisaitsacarrière,lerenditsombreetrê- perpétuel, en 4 765. Selon Elôy, il fût
veur. Jordan, qui le visita pendant son aussi membre de l'Académiede Berlin.
voyage, raconte qu'il parlait très-peu, Lors de la création du Musée britanni -.
à moins qu'on ne le mit sur le chapitré que, en 4 753, il en fut nommé sous-
de ses affaires. Cependant il finit par bibliothécaire. En 4 772, il succéda au
sortir de celle espèce d'abattemenl.-qui docteur Knight dans la place de biblio-
pouvait devenir mortel. Il s'appliqua à thécaire en chef.il succomba.en 4 776,
l'élude de la médecine et passa en An- à une maladie de langueur.
gleterre.où il paraît qu'il mourut.On a Matthieu Malhy joignait à "des con-
de lui quelques ouvrages,tous publiés naissances variées et étendues beau-
à l'occasion de sa dispute avec les or- coup d'amabilité et de politesse. Les
thodoxes : I. Lettre d'un théologien étrangers étaient sûrs d'être accueillis
à un autre théologien sur le mystère parluiavecrempressementleplus cor-
delaTrinité, s. 1.,4729; réimp.avec dial. Il entretenait avec la plupart des
YApologie de la conduite et de la savants de l'Europe une correspondan-
doctrine de P. Maty, 1730, la Pro- ce très-étendue. Personne ne. mit plus
testation contre ce qui s'est passé d'ardeur et de zèle que lui à propager
dans le synode de Campen en mai l'inappréciable découverte de la vacci-
4730, les Nullitésdesprocédures des ne. Outre le Journal dont noUs avons
synodes de Campen et de La Haye, parlé, on a de lui : "
.
4734, el la Doctrine de la Trinité I. Diss. de consùetudinis efficaciâ
éclaircie, démontréepar l'Écriture incorpushumanum,Lugd.1ial.,iliO,
el défendue contre les objections de in-4°.
M. de La Chapelle et quelques autres II. Diss. deusu, Lugd. Bat., 1740,
théologiens, 4 730-4734, 3 part, en in-4°; tr. en fr., Utrecht, 47'44,in-12.
2vol. in-8"; — M. Doctrine de la III. Ode sur la rébellion en Ecos-
Trinité, 4730, 2 vol. in-4 2, première se, Amst., 1746, in-8".
édit.de la Doctrine delà Trinité éclair- IV. Essai sur-le caractèredugrand
cie, etc. On lui attribue aussi la Cer- médecin, ou Eloge critique de Boer-
titude des connaissances humaines, haave, Colog., 1747, in-8°.
ouvr. publié en 1741 el qu'il traduisit, V. Aulhenlic memoirs ofthe life
dit-on, de l'anglais. of Richard Mead,Loni., 1755, in-12.
Paul Mathy laissa un fils , nommé VI. Translation of a Discoursé on
MATTHIEU, qui fut un médecin renom- inoculation, read before thcAcadc-
MAU.
MAT — 330 —
iny of sciences at Paris, by M-deLa phical Transactions, depuis le T. ï
Condamine, Lond., 4765,'in-80.' jusqu'au T. LXSinclusivemenl,Lond.,
-
Sui>le-cb.amp que les cloches des cou- Limousin, 'se prononça pOiir lé parti
Vents seraient apportées à i'bôtel-de- protestant après la Saint-Barthélémy.
En 1574-, il se rendit maître du châ-
ville pour être fondues et converties
eîi canons, et que les couvents, qui teau de Chalucèt, où il se fortifia;
"te renfermaient que peu ou point de mais il s'ylaissa surprendre par lé sei-
môinèS, seraient loués au profit du gneur de Pèmpadoùr, en 4 590.Màu-
rOL De son côté-, le consistoire, qui mont avait épousé, en 4 589, Poule de
tendait; déjà depuis quelque temps, à . Bavenel; iillô dé Florent, sièùrdeLà
empiéter Sur l'autorité civile, et que Rivière, et de Pëiroytnèlle de Lb'nbès,
l'on avait vu, dès le moisd'oct. précé- Il testa en 4 635. Ses enfants furent :
dent, ordonner des levées d'argent, 1°FLORENT, qui suit; -— 2" CHARLES;
fiommer des capitaines de quartiers, —= 3" JEANNE, femme d'Hercule
d'Ès-
%\ prescrire d'autres mesures rentrant chiwdour, sièùr deBétli;—- 4° ANNE,
%'sséniiellement dans les attributions qui se maria, vers 1630, avec Gabriel
tie la municipalité, accueillit avec em-de Jousselin, sieur de L'Or et de La
pressement la proposition qui lui fut Valade ; 5° SUSANNE,. qui testa en
—MARTHE,
-faite, le 28 mars 1562, par Chante- 4 671 ; —?6° qui testa en 4 659.
'•'rinard au nom de l'église de Paris, Florent de Maumont, baron de Vie,
de former fine ligue défensive « con- épousa, en 1619, Louise Plaisant,
•Vrëlès adversaires. » Gefulprobable- fille de François, sieur du Bouchât,
-hlënt à son instigation que l'ordre futet d'Anne de Salagnac, daine dô Là
'donné,,1e 31 juillet, à tous les prê- Verghe, dont il eut :.1° MÈLCHIOR, qui
tres qui refuseraient de se convertir, suit; — 2° JEAN; -— 3° CHARLES, sou-
-de-Sortir de la ville. Cependant Nismes che d'une branché qui ne tarda pas à
lié joua qu'un rôle secondaire dans la redevenir catholique;—-i6 ISAAC; —
première guerre civile, et il ne paraît 5° Louis ; --
6° CHARLES ; — 7° FRAN- ,
ïpas'que Mauget y ait pris aucune part. ÇOISE -mariée,eh 1,677,à Jëàh de Béau-
Il continua à remplir paisiblement les soleil; —8°PAULÈ, femme de Philippe
fonctions de son ministère, auxquelles Evrard, sieur dû BoUebat; —- 9° ANNE-
ïl-joignilj non sans quelque opposi- JULIE ; —-10° ANNE;—1 f'LÉôNARôÉ;
Xpn, en 4563, celle de principal du — 4 2°MiltTHE.:.
Collège .dés arts, cemme successeur Mèlchior dé Maumont, lieutenant-
'de Guillaume Tu/fan. Il s'opposa de colonel du régiment d'Aubusspn, é-
lëut son pouvoir, ainsi que ses collè- pousa, en 1643, Marié de Jouhaùt,
gues du consistoire, à l'odieux mas- fille de Louis, sieur de Là Vèssière,
sacre de La Michelàde , l'historien de et dé Catherine d'Alouveau. Resté
Nismes, Germain, a là bonne foi de le veuf, il se rémaria avec Antoinette de
reconnaître. Néanmoins il put craindre Neuville. Du premier lit vinrent JO-
la vengeance des Catholiques, lors- SEPH, ISAAC, LOUIS, et trois filles; du
qu'ils redevinrent les maîtres dans la second, FRANÇOIS. Tous abjurèrent, si
ville, et il jugea prudent de s'éloigner même ils ne furent point élevés dans
avec son collègue Pineton-de-Cham- le catholicisme.
ifun: 11 ne retourna dans son église, D'autres branches de cette famille
qu'à la conclusion de là paix, en 1570. paraissent avoir aussi professé, au
-Deux ans plus tard, il assista encore moins quelque temps, le protestantis-
'au Synode national de Nismes ; mais me. Ainsi Jean de Maumont, sieur de;'
bien qu'il ait vécu au moins jusqu'en La Forest, de là branche de Pont-
<i'576, nous n'avons plus rencontré feuille, combattit dans les rangs bu-
%oh nom depuis ce synode. guènots à Cou.tras et en d'aulres;ren- -
-MAUMONT ( JACQUES ne ), sei- contres.
-
ghèurdeVic(ou Saint-Vit, selon d'au- MAUPEOU (GILLES DÉ)', sieur
.
.
il alla visiter Amsterdam Londres et Gen., 4786, in-4°.
, XX. De.tolerantiâapud Ethnicos,
Paris, puis, au bout de deux.ans d'ab-
sence environ, il retourna à Genève, diss. II, Gen., 4 790, in-4°.
où il fut nommé pasleur en 4748. A Ajoutez à ces ouvrages uneHistoù;e
la mort de son père, „il fut choisi pour ecclésiastique qui. n'a pas été impri-.
le remplacercommeprofesseur de théo- mée.
logie. Il mourut en 4 795. Outre les Du mariage d'Antoine Maurice aven,
thèses mentionnées plus haut, il a fait SopMe-Dorothée Bonnet-Du Pan na-,
imprimer : quit, Je 23 avril 4 7501,FRÉDÉRIC-GUIL-
l.Diss.exhibens defensionem bea- LAUME,maire de;Genève,.chevalierde-
toeReformations, Gen.,4735,.in-4°; la Légion d'honneur etbarpn de l'Em-,
trad. en franc., 4753,8°.-^Thôse sou- pire.
tenue sous la présidence de son père; Frédéric-GuillaumeMaurice, qui se
II. De theologosapientioe coelestis destinait à. la magistrature, étudia le
cultore, Gen., 1757, in-4?, droit. Il, devint successivement juge,
III. Deingenio philosophico.reli- membre du Grand-Conseil et adminis-
trateur de l'hôpital. En 1787, if fut
:
gionis socio, Gen., 1758, in-40..
IV. De revelationum progressu, chargé de la direction des travaux pu-
harmoniâ
.
et perfectio7ie,Gen.,Mb8, blics, et, en. 1792, il obtint un com-
in-4°. mandement dans la milice. Lorsque.
V. DeincamationeFiliiDei,Gen., Genève perdit son indépendance par
in-4°. suite de l'invasion française, Maurice
VI. De Dei sapientiâ, Gen., 4762, se retira des affaires et chercha.à ou-
in-4°. blier les. malheurs de sa.patrie en se.
VII. De Mahummede, Gen., 1762, livrant tout entier à des travaux agri-
in-fol. coles. Cependant, après le couronne-
VIII. De judaïcoegentis excidio, ment de Napoléon,il se laissa gagner^
Gen., 1763, in-fol. comme tant d'autres patriotes rigides,
IX. De Paulo ad fidem Christi ad- et accepta les fonctions de maire, qu'il
dncto, Gen., 1763, in-8°. remplitjusqu'en 1814. Elu membre du.
X. Contra polygamiam Gen., "Conseil représentatif, après que Genève,
1764, in^4°. ,
eut recouvré .sa liberté, il consenlità
XL De diluvio, Gen,, 1768,in-4". y siéger ; mais il refusad'entrer dans
XII. Depolytheismo in, S. Scrip- le Conseil d'état. Il vivait dans la re-
tnrâ profligato, Gen., 1770, in-fol. traite depuis quelques années, lors-
XIII. De musicâ in sacris, Gen., qu'il mourut, le 10 oct. 482.6,laissant,
4 771, in-4". de sa première femme, Marguerite
XDf.Solutiophilosopihicanonnul- Boissier, un fils nommé JEAN-FRÉDÉ-
larum religionis revelatoe difficul- RIC-THÉODORE, qui fut maître des re-
tatum, Gen., 1777, in-8°. quêtes en France, puis professeur à
XV. De sacro ministerio, Gen., Genève, etmembre de l'Académie des
.
4779, in-8". sciences, où il eut pour successeur, en
(1) Selon Sénebier,.H soutint la même an- 1852, François Delessert. Delà se-
née Thèses philosophie»! variic, 1732, in-4».. conde, Rose Vanière, lui naquit, un;
MAU
— 343 — MAU
autre fils appelé PIERRE-A.-GEORGES- nen-seulement pour les prêtres,.mais
PÏRAME. pour les officiers de là galère et même
Frédéric-Guillaume Maurice était pour ses compagnons de chaîne qui
agrégé à plusieurs sociétés savanles. se plurent, à l'accabler à l'envi des
Il fut un des collaborateurs de laBiblio- plus mauvais traitements. Il ne trouva
tbèque britannique et de la Bibliothè- un peu de commisération que chez les
que universelle des sciences, belles- esclaves musulmans qui ramaient Sur
lettres etarts. Il a.publié : les mêmes bancs que lui. Le capitaine
I.Nouvellesobservations botanico- de la galère, vile créafure du clergé,
mètéorologiques, Gen,, 4789, in-4°. commença par lui défendre de parler
IL Sur une manière économique à qui que ce fût, n'exceptant que les
de nourrir les ,chevaux. prêtres; puis,auboutdequelquetempSi
III. Traité des engrais, Gen., an l'éloquence des convertisseurs n'ayant
X, in-8"; 2° édit., Gen., 1806, h>8' ; obtenu aucun succès, il ordonna de le
3" édit., Gen. et Paris, .1825,. in-8°. soumettre aux plus rudes travaux. La
Nos recherches nous ont fait con- patience du confesseur ne se démentit
naître d'autres Maurice, étrangers à - pas un instant; sa douceur lui gagna
celle famille; mais aucun d'eux ne nié- la sympathie de ceux mêmes qui étaient
rite que son nom soit tiré de l'oubli, .
plus spécialement chargés de le tor-
à l'exception d'un graveur habile qui turer. Le capitaine et les prêtres ne
quitta Paris à la révocation de l'édit savaient plus à quel moyen recourir,
de Nantes (Supplém. franc. 791. 2), lorsqu'un sous-officier leur offrit de se
Il était fils de /. Maurice, graveur sur charger de cette conversion difficile,
pierres fines, qui était venu s'établir à à condition qu'on lui donnerait carie
Rouen sons le, règne de Louis XIV.Lui- blanche. La proposition fut acceptée.
même s'était fixé à Paris, oùil jouis- Dès lors les mauvais trailemens redou-
sait d'une réputation méritée.- Après blèrent; les coups, les jeûnes prolon-
sa sortie du royaume, Use relira à La gés, les travaux excessifs,-foutfut mis
Haye, où il mourut, en 4732, à l'âge en. usage ; mais la méchanceté de ce
de 80 ans. bourreau n'eut pas plus de succès
MAUISU (PIERRE),confesseur, né à que les artifices des prêtres. L'âme du.
Loisy-en-Brie, vers 1656,d'une famille .confesseur resta impassible, sa foi ré-
honorable. A la révocation de l'édit de sista à' ces barbares tortures. « Si mon
Nantes, sacrifiant sans regrets une corps souffre chaque jour, écrivait-il %
fortune considérable à ses convictions LeFèvre, mon coeur se réjouit en mon
religieuses, Mauru tenta de sortir de Sauveur jour et nuit. Cependant sa
J>
France: mais il fut arrêté à Pont-sur- constitution s'affaiblit,- son corps se
Seine, jeté dans les prisons deVesoul, couvrit d'ulcères, et au retour d'une
transféré à Besançon et condamné, le- campagne sur mer, il tomba si grave-
15 mai 4 686, aux galères perpétuelles. ment malade que ses bourreaux se dé-
Comme son- compagnon d'infortune cidèrent à l'envoyer à l'hôpital, où
Isaac Le Fèvre, il attendit dans les Mauru retrouva PhilippeBoucher, qui
prisons de Dijon le passage de la y termina,bientôt après, sa douloureuse
chaîne, à laquelle il fut accouplé avec existence. Pour lui, il eut le malheur
Philippe Boucher ou Le Boucher, un de guérir et fut renvoyé sur sa galère.
de nos plus saints confesseurs. Sur En 1695, il fut attaqué d'une con-
la galère comme pendant la route, somption qui le conduisit enfin au re-
Mauru se fit remarquer entre tous par pos de la tombe, le 12 avril. Ses com-
sa piété, son humilité, sa charité, sa pagnons de misère, qui professaient
patience, son courage, son inébranla- une grande vénération pour ce saint
ble fermeté dans la profession de sa martyr, lui avaient préparé une bière
foi; aussi devint-il un objet de haine dans laquelle ils l'avaient déjà déposé,
MAU 344 — MAU
in-8° ; 4750, 5 vol. in-4 2; Vienne, 2" vol. des Mémoires et aventures d'un
4 755, selon M. Quérard; Vienne [Avi- honnête homme* dont le 1" est de
gnon]'-, 4770, selon Meusel, 5 vol. l'abbé Prévost.
-in-4 2. XV. Cours complet delangue fran-
III. Histoire de Frédéric-Guillau- çaise, Dresde, 4754, 2 vol, in-8°. '
MAU 345 — MAU
. —
XVI. Essai sur la fausse et la vé- cunement ses goûts qui le portaient
ritable gloire, in-4". vers l'état militaire. Mais sa volonté
XVII. Histoire de Gustave-Adol- cette fois se heurta contre une velonté
phe, Amst., 1764, in-4°, avec figg., aussi ferme que la sienne, et les mau-
ou 4 vol. in-12; trad. en suédois et vais traitements dont il usa n'eurent
refondu en partie par Gjer-welljStockh., d'autre effet que de porter le jeune
4765, in-4"; enallem. avecaddit. et Jacob à fuir le toit paternel, en 1760,
correct., Breslau, 4 775-77, 2 v. in-8°. pour s'enrôler dans le régiment bauo-
XVIII. Dictionnaire des passa- vrien de Wallmoden où l'on vnulut
,
gers, franç.-allem.et allem.-franc., bien l'admettre, malgré sa frêle cen-
Leipz., 4766, in-8°. — En collabora- slilution, en qualité d'ingénieur. Il s'y
tion avec Frisch. éleva au grade d'enseigne, en 1765.
XIX. Histoire de la vie, du règne A la conclusion delà paix, le repentir
etdu détrônementd'YvahlII,Lond., de sa désobéissance sans doute décida
4766, in-12. Mauvillon à se soumettre aux désirs de
XX. Paradoxes moraux et litté- son père. 11 partit donc pour l'univer-
raires, Amst., 1769, in-8". sité de Leipzig et s'attacha,, par son
Mauvillon était un homme d'un ca- application à l'étude, à rattraper le
ractère dur et opiniâtre, dont le des- •
temps perdu ; mais une filouterie com-
potisme brutal s'exerçaitjusque sur sa mise sous ses yeux par un homme de
femme et sur son fils, Ce dernier, loi le révolta au point que, prenant en
nommé JACOB, était venu au monde à dégoût une profession que des gens
Leipzig, le 8 mars 4743. Révolté des de cette sorte déshonoraient, il aban-
mauvais traitements que sa mère avait donna la jurisprudence pour ne plus
, s'occuper
à subir, il conçut, dès son eufance, que de littérature et de phi-
une si profonde horreur pour les abus losophie. Safranchisen'ayant pas tardé
de la force qu'il ne pouvait voir oppri- à lui attirer des désagréments, il ré-
mer un être faible sans prendre aussitôt solut de s'éloigner dé Leipzig et ac-
sa défense. II fit ses premières études à cepta une place secondaire dans l'école
l'école de Saint-Thomas. Lorsque son d'Ilefeld, en 1766. Au bout de cinq
père quitta Leipzig, il le suivit à Bruns- ans, son ancien colonel Wallmeden le
"wick, et.il entra, en 1758, au Caroli- fit entrer, comme professeur des scien-
num où professaient alors Jérusalem, ces militaires, au collège Carolin de
Ebert, Gartner. Son père le destinait Cassel, et nommer en même temps in-
à l'église; mais le jeune Mauvillon génieur des ponls-et-chaussées. Mau-
avait sur quelques points de la dogma- villon donna sa démission de cette
tique des opinions trop peu ortho- dernière place en 1775, probablement
doxes pour que la carrière ecclésias- afin de pouvoir se livrer avec plus de
tique s'ouvrît devant lui. L'étude de suite à ses travaux littéraires. C'est,
la théologie conserva néanmoins un en effet, entre les années 4774 et 78,
grand charme pour lui. Il composa, période sans contredit la plus heureuse
étant encoretrès-jeune, un traité De5er de sa vie, qu'il mit au jour ses traduc-
die Trugschlilsse der christichen tions de Raynal, de Turgot, de L'A-
Religion, qu'il envoya à un libraire rioste, sans parler d'un grand nombre
d'Amslerdam pour le faire imprimer, d'arlicles qu'il inséra en divers jour-
mais qui se perdit dans la banqueroute naux. Malgré le bonheur dont il jouis-
de ce libraire. Son Système delà relir sait et ses sympathies ardentes pour
gion chrétienne n'est qu'une réminis- la cause américaine, il fut tenté, en
cence de ce premier ouvrage. 4 777, d'accepter l'offre que le général
Forcé de choisir pour son fils une Heister lui fit de l'accompagner en
:autre carrière, Mauvillon décida qu'il Amérique. Il était sur le point de se
étudierait le droit, sans consulter au- mettre en roule, lorsque le landgrave
MAU 346 — MAU
le retint dans ses états en le nommant femme et ses enfants, désintéressé à ce
capitaine dans le .corps des cadets qu'il point qu'il abandonna toute la succes-
venait d'organiser àGassel. Deux ans sion de son père à une marâtre dont il
plus tard, c'est-à-dire en 1780,1a So- n'avait pas à se louer; en même temps,
ciété des antiquaires de Cassel l'admit fier, indépendant, méprisant ceux qui
dans scn sein. sacrifiaient leur conscience à leur in-
Cependant les ennuis et les dégoûts térêt et ne craignant pas d'exprimer
qu'il ressentit bientôt après, en voyant, hautement ses sentiments à leur égard,
sans pouvoir y remédier, la mauvaise n'obéissant lui-même qu'à la sainte
direction imprimée à l'école des cadets, voix de la vérité et de la justice, ten-
décidèrent Mauvillon à quitter la Hesse. dant enfin dans toute sa conduite à réa-
Il partit pour Posldam et offrit ses ser-» liser le beau moral, Mauvillon eut de
vices au grand Frédéric, qui_ lui fit ex- rares et précieuses qualités, que la pos-
pédier le brevet de capitaine dans Je térité injuste envers lui a oubliées pour
çprps des ingénieurs prussiens; mais ne mettre en lumière que ses défauts.
sa femme témoigna tant de répugnance Ses ennemis, et ii s'en était attiré un
à s'établir en Prusse, qu'il, renonça à grand nombre par son esprit sarcasti-
son projet par ampur pour elle. Il resta que, non moins que par son enthou-
donc à Cassel jusqu'en 1785, qu'il- siasme pour la Révolution française,
fut. appelé à Brunswick comme major ont cherché dans ses écrits, avec la"
dans le corps des ingénieurs et profes- patience de la haine ou d'une curiosité
seur de lactique au Carolinum. Depuis maligne, quelques opinions-bizarres,
[longtemps. Mauvillon désirait trouver quelques pensées, fausses-pu hasarr-
«n emploi qui lui laissât le temps de dées, et l'on a négligé les trésors de
s'occuper de ses travaux littéraires et vérité qu'ils renferment. Son style est
de l'éducation de ses enfants.. La place énergique, facile, mais négligé. On
qu'on lui offrait répondait à ses voeux peut dire à son honneur --- et com-
les plus chers ; il se bâta donc de l'ac- bien il y en a peu à qui il soit possible
cepter. de rendre un pareil hommage !----qu'il
Il habitait Brunsvtick depuis quel- n'a jamais écrit une ligne qui fût con-
ques mois à. peine, lorsqu'il reçut la traire à ses principes. H est vrai, d'un
vjsile de Mirabeau, retournant de Ber- autre côté, que l'opiniâtreté de son
lin à Paris. Us se prirent l'un pour esprit ne lui a jamais permis non plus
l'autre d'une amitié qui fit époque dans de modifier aucune de ses opiaipns,
leur vie, et à laquelle Mauvillon du
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
moins resta fidèle jusqu'à sa .mort. Il
avait été promu, depuis quatre ans, au I. Versuch einer Uebersetzung der
grade de lieutenant-colonel, et chargé Briefe der Marquisin von Sévigné,
d'un cours de politique au Carolinum, mit hislor, und critischen Erlg-u-
lorsqu'il mourut d'hydropisie, le 14 terungen, Braunsw., 1765, in-\%.--r-
janv. 4 794'. Il avait épousé', en 4 772, Ce volume a seul paru.
une demoiselle Scipion d'Arolsen, IL Freundschaftliche Erinnerung
femme: de beaucoup d'esprit et d'in- an die KocMsche Sçhauspielerye-
struction, mais sans fortune, don.lileut sellschaft in Leipzig, Hamb., 1766,
plusieurs enfants.. Son .fils aîné entra in-12,
comme officier au service.de la Hol- III. Ueber - den Werth einiger
lande. teutschenDichter,Yran]LÎ.und'Leio'i.,
D'une humeur enjouée, d'un carae- '1771-72, 2 vol. in-S», —En collabo-
tèrefranç,et ouvert, mais vif et impé-- ration avec le poète Unzer.
tueux, simple dans ses goûts, aimable, IT. Philosophische undpolitisçhe
bienveillant envers,tout le monde, dé- Geschichte der Besitznngen und des
voué -à ses amis, excellent .BQ.U,Ç sa, Han dels der Europiier in beyden
MAU
-- 347 MAU
Indien, trad, de l'abbé Raynal avec genseitigen Verhâltnissen, geschil-.
des remarques,,Hannev., 4 774-78, dert,Le\ni., 4794 [4-79.0], in-80;
7 parties,,.in-8°. XVIII. Gerichtliche Verhore, und.
V. Untersuchung Uber, die Natur Aussagenden Verfasser.der, Schrift:.
nndden Ursprnng der Reichfhumer. Bahrdl. mit der eisernen Slirti, betref-.
undihrer Vertheilung; trad. de T.ur- /e«rf,Braunseh-w.,1791.,in-8\—Mau-:
gol, Lemgo, 1775, in-8°. villon croyait Zimmermann l'auteur de
VI. Sammlung von Aufsâtzen uber cet écrit où il était attaqué, de la plus
Gegenstande aus, der Staatshunst, indigne manière, Il se trompait. C'est,
Staatspirthschaft und neuesten, l'oeuvre commune de Kolzebue et de
Staatengeschichte, Leipz., 4776-77, Markard.
2 part, in-8\ XIX. Lettres du comte de.Mira-.
VII. Àriosl's wutender Roland, beau àun de ses>amis en Allemagne,
trad. de l'italien Lemgo 4 777-78, écrites durant, les années 1.786-90,
, ,
2 part., in-8". ayecunAya.ntTPropos,Braun.s-w.,4792,
Vlil. Physiokratisçhe Briefe an. in-8°; trad. en allem., 1752, in-8°.
dem Hrn Prof Dohm, Braunsw., " XX-, Von der PreussischenMonar-.
1780„in-8°. cliie unter Friederich.dem Grossen.
IX. Essai suri'influence delàpou- Unter der Leilung des Grafenvon,
dré â.canon dans l'art de la guerre Mirabeauabgefasst,undnunineiner
-
porté les charlatans, et de son beau- Lettres, dont deux, entre autres, sont
frère Acaiia. adressées à Casaubon età son fils, une
^.^Description de Ta France, Alle- Narraiio de morbo et morte Isaàci
magne, Italie et Espagne, avec le Casauboni (Mss. Burn., N° 367).
MAZ — 332 - MAZ
ûuvoisinage, même des feuimês et des bras fracassé par une balle, il dut fait
enfants. La nécessité d'escorter celte de toute la vitesse de son cheval. Da-
foule inoffensive, qui pouvait tomber niel, blessé de trois coups de feu, réus-
entre les mains des Catholiques, força "si.t aussi à. s'échapper, mais, quelques
le: chef oamisard à modifier son plan. semaines ap,i'è,s,il fut tué, et son corps,
Il descendit vers le Rhône , puis alla, porté à Vernoux,,y resta longtemps ex-
camper sur le Leiris, haute montagne posé sur la roue. --..*
Abraham trouva un asite; dans: les
d'un accès difficile. C'est là que Ro-
quelaure l'attaqua, le 8 juillet 1709, Cevennes, Loin d'être abattu par. ses
à la tête de ses six mille hommes. D.é- revers, il se mit en relation avec Cla-
daignant de profiter de l'avantage de ris elMontbonnoux, et organisa, avec
leur position, lesCamisards,au.nombre leur concours, une.nouvelle insurrec-
d'une, centaine,"se précipitèrent à la tion. Il n'attendait plus, pour relever
rencontre des soldats. Ecrasés par le l'étendard de la révolte que l'argent:
,.
nombre, ils revinrent plusieurs fois à qu'on devait lui envoyer de Genève.
la charge avec.une intrépidité sans Coste, rtiarcbandd'Uzès, le lui apporta-
égale. Just perça plusieurs rangs enne- enfin au Masde Couteau, près de cette,
mis et se saisit d'un drapeau; mais, cri- ville; mais ses démarches avaient été;
blé de blessures, il tomba sur les corps épiées. Pendant qu'ils.étaient ensem-,
de deux grenadiers dont, à défaut d'ar- ble la maison fut cernée par les mi-,
,
mes, les siennes ayanl été brisées dans quelets, le 17 oct- 4710. Abraham et.
la, lnlte,il, venait de broyer les têtes en Coste, furent tués tous deux sur. lé toit;
les; heurtant l'une contre l'autre. j5w- où ils s'étaient sauvés. Leurs têtes,
pont,qu\, selon Brueys,passait pour Je pprtées, l'une à Uzès Paulre à Ver-,
,
chef le plus habile de l'insurrection,pér npux, ,y furent brûlées publiquement.
rit dans la mêlée avec une trentaine de Ainsi périt le dernier de ces héros rus-r
ses. gens. Les autres, sous la conduite tiques qui avaient fomenté et dirigé à.
iè. Daniel s'ouvrirent,un passage et, son début l'insuj'reclipii-des' Cévenols,
sans être inquiétés dans leur retraite, II. Nous n'avons pu découvrir, quel
ils allèrent rejoindre Abraham, que degré de parenté unissait le prophète
deux blessures, reçues dans une précé- camisard au pasteur Divin,Mazel. Ge:
dente rencontre , avaient forcé de se dernier était né à Saint-Hippolyle, de.
tenir à l'écart. François.Mazel et- de Jeanne-Esther
Le lendemain, Roquelaure fit faire Olivier. 11 avait fait ses éludes à l'aca-
lès plus actives recherches pour dé- démie de Genève,où il avaitélé.immar
couvrir le prophète; mais.à:force de triculé en 4 67.0, maisiln'ayait été reçu;
marches et de contre-hiarches Abra- ministre qu'en 4681, dans un synode
, .
ham dépista l'ennemi. Après avoir ren- tenu, le 26août,.auVigàrt (Arch,, gén..
du les devoirs funèbres à ses compa- TT. 28S). A la révocatjon.de l'édit dei
gnons tués sur le Leiris,-il.-prit la route Nantes,, il se retira à Londres, où il
de Saint-Agrève- Serré de trop près mourut. On a de lui trois traductions
de ce côté et trop faible pour oser ac- ' assez médiocres :
çepter un nouveau combat' avec les I, Du gouvernementcivil, trad. de
corps nombreux qui le poursuivaient Locke, Amst., 169l,in-12; Gen., 1724,
sans lui laisser un instant de répit,, il in-12- —Quelques bibliographes ont;,
se rapprocha du, Rhône, dans l'espoir par erreur,attribué celte trad. à Coste.:
peut-être de voir arriver enfin les se- II. Essaisur la.vie de la feue reine
cours qui lui avaient été promis. Mal- d'Angleterre,,lradv,el. deBurnel, La -
heureusement, il tomba, près de Font^- Haye, 4695^ in-42;; réimp. sous ce.
réal, au milieu d'un fort détachement titre : Discours sur la vie de la feue-
de dragons, lé 19 juillet. Après une reine de la Grande-Bretagne, La
lutte acharnée, dans laquelle il eut le Haye, 474,6, in-12.
MAZ 358 MAZ
\\\:Delamortet du jugement der- hon; cependant, ses fonctions pouvant
nier, trad. de Sherlock, Amst., 4 696, ' l'obliger à s'absenter souvent, il prit
in-8°; 4712,in-8°. pour, lieulenant le brave Vignaux,
Il est évident pour nous que Jean béarnais comme lui. Caslelnaul, qui
Mazel, à quil'on doit un récit des per-, ne l'aimait pas, l'accuse d'avoir entre-
sécutions des églises de France, trad. tenu des intelligences avec les géné-
en hollandais nar Jean Guépin sous raux de Louis XIII. Son témoignage
ce titre : Deverdrukte JLerli inVran- peut être suspect; cependant il est
Ar#£, Middelb., 1761, in-8", apparte- certain que Bourgfranc éveilla des
nait à la même famille que les deux soupçons sur sa fidélité par ses efforts
précédents; mais nous ne savons si pour sauver Sauvage. Ce capitaine,
l'on doit y rattacher Pierre de Mazel, qui, au rapport du P. Daniel, avait
commandant du régiment Colonel-gé- vendu Clairae, sa ville nalale,; gagné
néral, fils de Jacques de Mazel et de qu'il avait été par les promesses de
Marguerite de Capion, qui. épousa, Luynes, voulut trahir également Mon-
en 1677, dans Péglisede Charenlon, tauban. Il se jeta donc dans la place;
Marthe Soulet, fille de Charles Sou- mais trois jours après son arrivée, les
let, avocat au parlement de Paris, et consuls furent avertis de son infâme
ieMarie Theveneau, et qui en eut, en projet par un billet qui doit avoir été
1678,un fils nomméJEAN-PIERRE (Reg. écrit parle ministre Charles. On l'ar-
de Char.).,EnA 686, sa femme fut en- rêta sur-le-champ et l'on trouva sur
fermée dans un ccuvent. lui deux lettres du confident de Luy-
MAZERES, capitaine huguenot. nes, qui le pressait d'offrir à La Force
Ce:gentilhomme béarnais s'élailformé et à d'Orval leur rétablissement dans
au.métier des armes, dansles. guerres leurs charges et leurs biens, à Bourg-
des.Pays-Bas. Plus tard, il avait Servi franc Un régiment, aux-habitants en-
avec, distinction sous le prince Thomas tière liberté de culte, s'ils se soumet-
et sous Lesdiguières, el pour le ré- taient, offres que le connétable rati-
compenser de ses services, le duc de fiait dans une autre lettre. Appliqué
Savoie lui avait donné le comté de à la question, Sauvage refusa de rien
iBouRGFRANc,dont il avait pris le nom. avouer, se contentant de dire pour sa
-Rohan, qui i'eslimait à cause de sa défenseque necrbyantpaslarésistance
bravoureetdeson expérience militaire, possible, il avait voulu sauver Montau-
l'avait mis, en!620, comme gouver- ban.Le lieutenant criminel Laviale âl-
neur _à Saint-Antonin; mais peu de lait-donc le remettre en liberté,lorsque
temps après, lorsque Montauban fut une sédition éclata, àla tête delaquelle
menacé d'un siège, il l'appela dans était, dit-on, le ministre Charnier.
..celte-ville et le. nomma maréchal de Sauvage fut exécuté avec son valet,
camp. La bonne harmonie ne régna pas comme traîtres à Dieu, aux églises et
longtemps entre notre officier de for- à la ville. Bourgfranc, quiavaittout fait
tune et d'Orval. Fier de la faveur po- pour le sauver, semontra fort irrité de
pulaire, Bourgfranc voulut se saisir du - son
supplice.-Les Catholiques,instruits
.gouvernement; mais la sagesse du de son mécontentement, voulurent en
conseil de ville et l'intervention de La profiter. Le comte de Grammont lui
Force apaisèrent un différend qui pou- demanda une entrevue secrète, mais
vait avoir les suites les plus funestes. Bourgfranc s'y refusa, et il continua, à
Il fut arrêté que d'Orval commanderait combattre avec la même valeur pour la
.dans la ville, et Bourgfranc, comme défense de Montauban. Après l'attaque
,
maréchal de camp, eu campagne. du Moustier, prévoyant que les.assail-
Dans la distribution des postes entre lants se porteraient sur Villebourbon,
les différents chefs, Bourgfranc voulut il, prit toutes les mesures nécessaires
se-charger de la défense de Villebour- pour lesbien recevoir (Voy. III,p.259).
MAZ
MAZ — 256 —
Ses prévisions se réalisèrent. Un fu- altérations; arranged for the use of
rieux assaut fut livré le 4 sept. ; il fut the congregaiionin the city of Char-
repoussé, mais Bourgfranc resta sur la. leston.
brèche, tué d'un coup.de pistolet. BlAZiÈîlES (ANnnÉ nE-), dit LA
MAZICQ (PAUL), natif de Liège, PLACE, un des apôtres de la Réforme
alla s'établir dans l'île de Rhé. où il dans la Sainlonge.ChassédeBordeaux,
fonda, dans la première moitié du xva' .
sa ville natale, à l'époque du supplice
siècle.une maison de commerce (Arch. de Cazes et de Monier, Mazières se
gén. TT. 258), qu'il laissa, en mou- relira à Paris; mais bientôt après, à, la
rant, à son fils PIERRE, né en 1642, et
.
demande de Philibert Hameîin, il' fut
marié, en 1665, à Esther Graton. envoyé dans la Saintonge. Lorsqu'il y -
ISAAC Mazicq, issu de ce mariage, quitta arriva, Hamelin venait d'être arrêté.
la France à la révocation et se retira à Mazières avec le courage inconsidéré
Amsterdam avec ce qu'il put sauver de
.
de Iajeunesse,ne craignit pasde l'aller
sa fortune. De Hollande il se rendit, à visiter en prison dans l'intention de lui
Londres, où il s'embarqua avec une adresser des paroles de consolation, et
cargaisou pour la Caroline, du Sud, chose plus étrange ! on le laissa s'éloi-
celle de toutes les provinces d'Améri- gner tranquillement. De Saintes il se
que où il s'établit le plus de Réfugiés rendit à Arvert, où. il trouva l'église
français (1); ils étaient si nombreux, plongéedans la consternation par suite
qu'ils construisirent à Charleston des de l'arrestation d'Hamelin et d'une vi-
rues entières. Au rapport de M. Ch. site pastorale, de l'évêque de Saintes.
Weiss l'une porte encore le nom de Le prélat avait fait venir en sa présence
Gabriel Guignard.llaziçq se fixa dans les.habitantssuspects.d'hérésie,et tous
cette ville et acquit dans le commerce ceux qui avaient été mandés s'étaient
une fortune immense, dont il disposa, lâchement empressés d'abjurer, à l'ex-
en partie, en faveur des institutions re- ception du procureur Jean Baudouin.
ligieuses et charitables de sa nouvelle Les exhortations, les prières du jeune
patrie. Son fils WILLIAM, protestant ministre furent impuissantes pour dis-
non moins zélé, se chargea avec Jo- siper la terreur el rassembler le trou-
seph Manigault, George Gros ou peau dispersé. Loin de l'écouter, on le
Cross et Daniel Ravenel, sur l'invita- pria de s'éloigner. Il prit donc la route
.
tion du consistoire de Charleston, de de Bordeaux,mais en passant par Pons,
traduire en anglais la liturgie des égli- il y jeta les fondements d'une église,
ses réformées de France. Celte traduc- ,
en tenant quelques assemblées,; reli-
tion a été imp., en 4836,sous ce titre : gieuses danslamaison de Vincent-Mat- •
Se rendre maître du Marché, dont les Nous ne savons s'il était le fils ou le
fortifications avaient été démolies par frère àeLouis de Méhérenc.ûeur de La
ordre de la Cour. Le 4 0 nov., jour dé Conseillère, gentilhomme de la Basse-
,1a balaillede St-Denis,Louis deMeaux, Normandie et avocat célèbre au parle-
allant rejoindre Condé els'élant arrêté ment de Rouen, qui, ayant essayé, à la
au Plessis-Marly pour rafraîchir ses révocation, de passer dans l'île de Jer-
hommes, fut pris par les Catholiques, futarrêlé, dépouillé de tout ce qu'il
sey,
conduit à Meauxet décapité devant l'é- emportait avec lui et ramené à Rouen,
glise cathédrale à la même place Où, où il souffrit de rudes épreuves, sans
que sa constance en fût ébranlée (1).
,
treize ans plus tard le 22 juin 4580,
,
soh fils SCIPION perdit aussi la tête, Il eut la douleur de se voir enlever ses.
sous l'accusation d'avoir enrôlé des trois filles, qui furent mises dans des
troupes pour s'emparer de la ville. Il couvents; cependant il réussit à les re-
fut remplacé par le capitaine Martault tirer du piège où on les avait attirées,
qui,plus heureux,atteignit à Montereau el à se sauver plus tard avec elles et sa
l'armée prolestante en marche vers la femme dans les pays étrangers. Selon
Champagne. LcTsque cette armée, for l'Histoire de la persécution de l'église
liSée par les troupes allemandes, re- de Rouen, on a imprimé les Lettres
passa près de Meaux,dé Gorelss'en dé- qu'il écrivit à sa fille aînée MARIE (2)
tacha, pour soumetlfe cette ville. ïlforça
la porte Saint-Rémi, le 5 oct., fondit '•'' Philippe de J/é/i«-nif,sîeur.deBellê;fon-
(1)
avec impétuosité dans la place; mais taitïe, né a Bayéux en 1644, eut moins de fer-
repoussé, il se cantonna dans le Mar- meté et dé (-(instance ; il abjura.
(2) Une outre Marie de Méhérenc, dé Cric-
ché, d'où il ravagea les environs jus- queville, liI|edeT;ioffl(ï5,sicurdeLaGarandé,
qu'à la paix de 4 568. et de Jeanne Meiain, entra commerai novice
fiel ;
aux PipuVelIes-Càliiôliques de Paris,
Nous ne savons si Louis de Maùlx
mais on né lui trouva pas les Qualités ié-
où dé jj/e<»,sieur deRoissé, qui Com- quises et on la renvoya dès l'année suivante.
MÉH MEH
-- 360 —
:
breux. Rome lui a fait l'honneur de IX. Jonathoe, Uzielis filiitinterpre-
l'inscrire dans son Index. tatifchaldaïca sex prophétarumHo-.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. seoe, Joè'lis, Amos, Abdioe, Jonoe et
I. Chàldaicaparaphrasis Obadioe Haggoei,latinè reddita.Va.ns.,GMo-
et Jonts, latine, cum scAoZiis, Paris., rel, 1559, in-40. —Dédié au cardinal
4550, in-4".-—Cité par Imbonati. de Lorraine.
II. TdrgumJonathanis inAggasum X. ChaldoeaJonathoeinsexprophe-
cum versione latinâ, Paris., 1551, tas interpretatio, Michoeam, Nahum,.
in-4°. — Voici le titre donné par Im- Habacuc, Sophoniam, Zàchariam
bonati: Scholia etversio adprophe- et MalacMam, latinitate nunc pri-
.
1874-, 1898,
MER
in-fol.— Peu de choses -
Jean Mercier avait épousé Marie paix, Josias Mercier rentra dans la vie
d'Allier, fille de Lubin d'Allier, avo- privée. Laissant à de plus ambitieux les
cat au parlement, el d'Antoinette de agitations delà politique, et renonçant ;
l'orthodoxie, tout eu lui ôtantsa chaire eu entre lés mains les suivants dont
« pour gain de paix entre les deux pro- la Bibliothèque de Lausanne" a fait ré-
fesseurs», lui conservèrent le titre de cemment l'acquisition.
professeur honoraire et l'autorisèrent „
VIII. Thèses theologicoe de poedo-
même à faire chaque semaine une leçon baptismo, 4 659, in-4° ( Bill, vau-
d'exégèse. II est vrai que Merlat pou- doise, 24 V).
vait avoir.gagné leur bienveillance par IX. De mundi creatione lib. V,
.
l'empressementavec lequel il avait si- Hè&O.'in-i'(Ibid. 24 T).
gné, afin de donner le bon exemple, X. De imputatione primi pecçaii
en sa qualité de recteur de l'académie, Adoe traciatus, 4 661, in-4" (Ibid.
la fameuse formule du-Consensus, le 24 V). -
9janv.4 686.Merlat finit même par être XL Catechesis christiana, 1665,
rétabli dans sa chaire de professeur,en in-fol. (Ibid. 8 D).
4700. Il abandonna alors ses fonctions XII. Expositio Epistoloe S. Pauli
pastorales pour se consacrer tout entier ad Coloss., 4 673, in-fol. (Ibid.8 C).
a l'enseignement. Il mourut le 18 nov. XIII. Clypeus septemplex, sive.
1705, à l'âge de 72 ans. Son Oraison commentarius in psalmnm seçun-
funèbre, composée en latin, par Jean- dum, 1688, in-4° (Ibid. 24 R). '
Pierre Clerc, professeur d'éloquence XIV. Institution catéchétiquepar-
et principal du collège de Lausanne, a demandes et réponses, 4696, 2 vol.
été imp. dans cette ville en 1706. in-4* (Ibid. 24 N).
Merlat a laissé un assez grand nom- XV. Catéchisme ou instruction,
bre d'opuscules, la plupart écrits en chrétienne, .4698, in^i°(lbid. 24 N).
latin, langue qu'il maniait avec un ta- XVI. Questions catéchétiques,in-i°
lent remarquable, et restés mss. jus- (Ibid. 24 N).
qu'à ce jour. Voici la liste de ceux qui XVII. La balancejuste ou réponse
entêté imprimés. à fauteur de l'Avis aux Réfugiés,
I. Réponse générale a% livre de M. in-4» (Ibid. 24 0).
Arnauld intitulé Le Renversement XVIII. Homiliarum lausannien-
de la morale de J.-Ch., Saumur, René sium tomi H, in-4° (Ibid. 24 P).
Pean, 4 676, in-4 2. Xn..Dedivinis oeconomiis lib. II,
.
II. Tract, de conversione hominis in-4° (Ibid. 24 S).
peccatoris adDeum, Lausan., 1682, XX. La recherche, du vray bon-
in-4 2. heur, in-4° (Ibid. 340 GG).
III. Traité du pouvoir absolu des XXI. Analyses varioe, in-fol. (Ibid,
souverains, pour servir d'instruc- 8 C).
tion, de consolation et d'apologie XXII. Expositio posterions Epis-
aux églises réformées de France qui toloe S. Pétri, in-fol. (Ibid. 8 C).
sont affligées, Cologne, 4 685, in-4 2. XXIII. Analyses sur divers passa-
— Anonyme. ges de VEcriture, in-fol. (Ibid. 8 D).
IV. Le moyen de discerner les es- XXIV. Expositio summariavario-
prits, ou sermon sur l Jean IV, 4, rumScripturoe locorum,m-(o\.(8 D).
Laus., 4689, in-8». XXV. Observationes criticoe in
V.Levrayetfauxpiétisme, Laus., S. S., in-4» (Ibid. 24 L).
4700, in-42. XXVI. Remarques sur le N. T.,
VI. La divinité du sort, ou ser- in-4° (Ibid. 24 M).
mon sur Prov. XVII, 33,Laus., 4702, D'autres manuscrits de Merlat. qui
in-8\ ont été heureusement sauvés de la des-
MER MER
— 338 —
tructiou, mais qui n'ont point encore Nantes, et y épousa, le 8 mars 1700,
.pris place dans, la bibliothèque de Lau- Elisabeth Vais, qui lui donna, le 25.
sanne, sont signalés par M. Gindroz avril 4703, fin fils nommé FRANÇOIS.
dans son Histoire de l'instruction pu- Reçu habitant de Lausanne, le 5 mars
blique dans le pays de Vaud (Laus., 4729, et bourgeois, le 23 déc. 4 743,
4853, in-S°), sous ces titres : Ideoe François Merle se maria, le 28 avril
proelextionumilieologicarum quas m 4743°, avec Elisabeth d'Aubigné, et,
academiâlausannensihabui,Exposi- selon un usage fort répandu en Suisse
tio Epistoloe S. Panli ad Hebroeos, etailleurs, il joignit à son nom celui
Miscellaneoe quoestiones, Analyses de de sa femme. Son fils AIMÉ-ROBERT, né
sfirnions, Discours inaugural pro- à Genève, le 9 oct. 4755,épousa à Car-
uoncéen\700,Coursdecontroverse, tigny, en 4 788, Susanne-Marie-Eli-
Expositio Epistoloe S. Pauli ad Ro- sabeth Barbezat, qui le rendit père de
manos, cap. J-IV, Dererum origine, trois fils : 4° GUILLAUME, négociant à
calamitate per peccatum et repara- New-York; —- 2° JEAN-HENRI, l'his-
tione per gratiam. Ajoutons- encore torien de la Réformation au xvi"siècle,
un Commentaire sur l'Evangile se~ à qui on nous saura gré de consacrer
lon_ S. Matthieu, et des Remarques une courte notice ; w 3» JEAN-ANDREW
sur quelques passages de Saint- Au- AMI, né le 23 août 1796, à Cologny,
gustin donnés par le marquis de qui servitdans l'armée française depuis
Thors au duc de La Rochefoucauld, 1813, passa ensuite à la Nouvelle-Or-
msc. in-4* daté de 1672i léans, où il se maria, le 24mars 4 828,
' Elie Merlat avait épousé, étant pas- avec Anaïs Philippon, mais qui habité
teuràSaintes, Marguerite Gernereau, de nouveau la France depuis 1847.
et en avait eu plusieurs enfants, entre Né à Genève en 1794, Jean-Henri
autres, une fille, nommée MARGUERITE, Merle-d'Aubigné témoigna dès son
qui s'allia avec François Daunix, enfance le désir de se vouer au service
sieur de Tasseran, elqui abjura à Sain- de Dieu. Pendant qu'il poursuivait le
tes, en 1683, entre les mains de l'évo- cours de ses études théologiques à
que Du Plessis-La Bruneliôre. L'urî'de l'aeadémie de sa ville natale, arriva à
ses fils resta en France et renia aussi Genève l'écossais Haldane, zélé calvi-
la religion réformée (Arch. gén. TT. niste, qui, scandalisé de renseignement
242). Deux autres le rejoignirent avec des professeurs et des pasteurs gene-
leur mère sur la terre étrangère; ils vois,- entreprit de ramener la ville de
habitaient Lausanne en 4720, comp- Calvin dans les voies de l'orthodoxie.
tant déjà à cette date l'un 65 et l'autre Il ouvrit, à cet effet, à l'hôtel où il était
62 ans, mais n'étant mariés ni l'un ni descendu, des conférences sur l'Epitre
l'autre. IL est très-vraisemblable que aux Romains, et il eut la joie de les
l'un d'eux est identique avec Jean, voir suivre par un certain nombre de
Merlat, qui a transcrit, en 4706, les jeunes gens; du nombre desquels était.
Analyses sur divers passages de M. Merle-d'Aubigné.
l'Ecriture sainte, d'Elie (Bibl. van- Ses études terminées, le jeune can-
doise, 24 Q), et dont on cite encore un didat partit pour l'Allemagne. A son
vol. in-4", intitulé Mathematon En- passage à Eisenach, il voulut assister à
chiridion, resté msc. Selon Leu, Elie la fête que les étudiants allemands cé-
Merlat, après la mort de sa première lébraient en l'honneur du jubilé de la
femme, convola en secondes et en troi- Réforme, el ce fut en préseuce de la
sièmes noces; mais nous ignorons s'il vieille forteresse de la Warlhourg qu'il
eut d'autres enfants. conçut l'idée d'écrire l'histoire de l'a
MERU; (JEAN-LOUIS), natifde Nis- Réformalion. Il était à Berlin depuis
mes, se réfugia à Lausanne, peu de quelques radis, lorsqu'il reçut vocation
temps-après la. révocation de l'édit de dePéglisefrançaisede Hambourg-, qu'il
MER 339 MER
desservit pendant cinq ans. Appelé, en l'historien, l'ordre, la clarté d'esprit,
4823, a Bruxelles comme chapelain du le talent de raconter, une imagination
roi Guillaume, il resta au service de ce •forte qui se représente vivement les
-prince jusqu'à la révolution de 1830, ehoses, une sévérité éclairée qui juge»
qui força la famille de Nassau à quitter une résolution d'esprit qui conclut. Son
la Belgique. Ce fut en vain que Guil- style est, coloré, -animé, parfois élo-
laume lui offrit de le suivreen Hollande quent; il sait peindre. La couleur peut
comme précepteur du prince d'Orange. paraître forcéepar place, les tours sont
M. Merle-d'Aubigné ne voulut point quelquefoisplus oratoires qu'on ne vou-
accepter une place qui l'aurait éloigné drait, les traits ne sont pas constam-
du ministère de la Parole ; il préféra ment heureux, et l'auteur ne se pré-
retourner dans sa ville natale où ses serve pas assez de la déclamation. La
amis l'invitaient avenir prendre-part à diction, en général grave et correcte,
la fondation d'une Ecole de théologie manque-de souplesse et de facile élé-
libre et orthodoxe, à la tête de laquelle gance. Elle ne descend pas toujours
il fut placé. A l'exception de quelques avec grâce à la familiarité. On peut cri-
voyages en Angleterre et en Ecosse, tiquer du néologisme, des locutions qui
où il compte beaucoup d'amis et de sentent le terroir, .des traits enfin d'un
nombreux admirateurs de son beau ta- goût hasardé. Les réflexions,,néces-
lent, il n'a plus quille Genève. Le cplr saires chez un véritable historien, sur-
lége .de New-Jersey, en 1838, l'uni- -tout chez un historien religieux, sont
versité de Berlin, eu 4 846, lui ont .trop prodiguées, ou laissent désirer
accordélelilre de docteur en théologie, plus de brièveté. A part ces taches lé-
et, en 4 856, la ville d'Edimbourg lui gères, qui même pourraient disparaî-
a conféré la bourgeoisie. Il est père de tre, il reste un' beau livre, écrit avec
deux fils et d'une fille, nés de son ma- talent et avec passion. »
riage avecla filled'un négociant suisse En regard dé ce jugement émis par
.établi à Lisbonne, qu'il épousa en un écrivain français, plaçons celui d'uu
4829. auteur américain, du docteur Baird :
« Mon intention, dit-il, n'est point de
M. Merle-d'Aubigné est beaucoup
mieux connu dans la Grande-Bretagne faire la critique de l'ouvrage de M.
et les Etals-Unis qu'en France. Le fait Merle-d'Aubigné, à quoi bon? Toulle
pourrait paraître étrange, si l'on ne monde en connaît le mérite. On peut
savait qu'il est calviniste zélé et que dire que jusqu'ici l'histoire de la Ré-
tous ses écrits ont pour but la défense formation n'avait jamais été écrite avec
du protestantisme. La réputation méri- cet incomparable talent. Les faits sont
tée dont il jouit est fondée principale- judicieusement choisis,habilementdis-
mentsur son Histoire de la Réformalion. posés, rapportés avec exactitude ; les
Dans un excellent article, où il ap- scènes se déroulent avec un art que
précie, avec une impartialité qui ne l'on pourrait appeler magique, et les
convient pas moins au critique qu'à personnages.restent constamment à la
l'historien, les services rendus par la hauteur du rôle qu'ils sont appelés à
Réforme, et l'état du Protestantisme en jouer. »
France, M. de Rémusat a porté sur cet Outre cetoùvrage capital, commencé
ouvrage remarquable à beaucoup d'é- en 1835 et dont une troisième édition
gards un jugement qui en fait valoir se publie avant même que la première
les mérites sans eu dissimuler les dé- soit terminée, M. Merle-d'Aubigné est
fauts. «M. Merle d'Aubigné, dit-il, auteur d'un assez grand nombre de
n'est pas un écrivain ordinaire. Il réu- sermons et d'opuscules plus ou moins
nit, avec les connaissances nécessaires importants, dont il suffira de donner
pour l'oeuvre qu'il a entreprise, quel- les titres.
ques-unes des meilleures qualités de I. GuilloAme Tell, tràd. en frànç^
MER 340 MER
—
de Schiller, précédé d'un Appel à ses XXIII.Dépendance et indépendan-
concitoyens, Gen., 4 848,in-8°. ce ou foi et critiqué, Gen., 4 854, 8".
II. Sermons laissés à mes audi- XXIV. L'école de théologie et ses
teurs comme souvenir de mon affec- adversaires, Gen., 4854, in-8°.
tion, Hamb., 1823, in-8V XXV.Die religioseFreiheit,Francf.,
III. Des fléaux quiont affligé quel- 4 854, in-S".
au sang dès sa jeunesse, ce partisan se juration avait été découverte par Saint-
signala par des cruautés sans nombre Hérem, qui avait pris par famine le châ-
et une insatiable cupidité. La ruse, des teau de Vassel et fait mettre à mort tous
stratagèmes hien combinés, la ténacité ceux qu'il y avait trouvés. Les Protes-
dans l'exécution et le sang-froid dans tants toutefois ne perdirent pas çôura-
.
MÊR MER
342 >-
ils résolurent d'appelerMerle à leur venger devant Dieu et devant les hom-
ge; qui péri. Je ne
574. Confiant la garde de mes, les innocents ont
secours, en 4
Malzieu à-son frère, Merle «monte à le veux point si vous faites ce qu'br-'
cheval et se rend aux fossés d'Issoire. donnerai, sans quoi vous passerez mal .
Etant sur le point de descendre un fos- votre temps. J'ai amené ici beaucoup:'
sé, entend deux messagers qui crient de gentilshommes, capitaines et soldats '.
seutinelles que Merle est en cam- qui n'ont pas butiné. Vous savez que
aux
et voit des signales de feu en ' l'honneur de vos femmes.et de vos filles
pagne,
plusieurs lieux etchâteau'xvoisins.Mer- ' a été conservé; il faut que-je recoin-;
le avec sa.troupe laisse passer ces mes- pense ces gens d'honneur qui m'ontas-'
sagers et le caporal, qui se retira à son sislé. Je désire que vous me donniez
corps de garde. A même instant ledit 50j000 livres, et
j'entends que ceux
Merle entre au fossé, fait dresser une qui se sont fendus papistes, pour éviter
,
deux pistolets, les tire, et renverse la tard (Voy. III, p. 432), et nous nous
sentinelle, de la muraille eu bas, ce qui trompons fort si les gens de bonne foi
lui facilite son entrée avec ses bons ne la trouvent pas, eu égard aux lois
capitaines : ainsi il fut bientôt maître de la guerre telles qu'on les entendait
d'Issoire, où il établit le même ordre dans ce temps, empreinte d'une singu-
qu'au Malzieu; se fait des amis parmi la lière modération , on peut même dire
noblesse voisine et quelques autres du d'une générosité digne d'éloges.
pays.nM.Imberdis, s'appuyant sur une Après- avoir réparé et augmenté les
chronique inédite qu'il appelle \e Ma- fortifications de son importante conquê-
nuscrit d'Issoire, prétend que Merle te, dont le gouvernement lui fut donné
et ses soldats^sifeouillèrent envers les par Damville, le 24 oct. 1575, Merle
prêtres de crj^ufég.'horribles. Un écri- se mit â lever des contributions sur les
vain qui se piqtl^impariialité n'aurait environs. Il prit Champoix, Saint-San-
pas dû accepter sans réserve le témoi- doux, Saint-Saturnin, Saiut-Amand-
gnage d'un ennemi déclaré des Hugue- Tallande, poussa des partis jusqu'aux
nots, surtout lorsque son témoignage portes de Clermont, défit la compagnie
n'était pas confirmé par d'autres moins de gendarmes de Saint-Hérem, enleva
suspects. M. Imberdis raconte lui-mê- à Pontgibaud une soixantaine de che-
me qu'après la prisé d'Issoire, Merle vaux qui lui servirent à monter ses plus
réunit les principaux habitants catholi- vaillants soldats, fit prisonnier le sieur
ques, qui se rendirent auprès dé lui de La Guicble qui avait osé venir le bra-
tremblant de frayeur et s'atlendant à ver sous les murs d'Issoire,. et força les
être égorgés en représailles des mas- Catholiques à lever le siège du château
sacres de Paris; mais qu'ils en furent de Malet, en 4 575.
quittes pour une contribution de guerre La paix s'étant conclue sur ces en-
fixée d'abord à 50,000 livres, el réduite trefaites, Merle dut remettre à Chava-
bientôt à 22,000.Voici le discours qu'il gnac le gouvernement d'Issoire, qui fut
metdanslabouchedececapitaine qu'il laissée aux Protestants, commeplace de
nous peint comme si féroce : «Mes- sûreté, par la Paix de Monsieur. H se
sieurs, vous savez tous les massacres retira à Uzès « avec un très^beau équi-
de Paris, Lyon Toulouse et autres page^ » mais la guerre se ralluma dès
lieux du royaume., On a fait mourir fem- l'année suivante. Après s'être de nou-
mes, enfants, vieillards. J'ai le droit veau saisi de Malzieu par escalade, il se
d'en faire autant et de même ici, pour porta sur Ambert, décidé à châtier les
MER
- 343 MER
Catholiques de celle petite ville dont la intrépidité inouïe et d'avoir opéré
sa
tyrannie s'était exercée de toutes les retraite dans un ordre admirable, sans
•
manières sur leurs concitoyens protes- se laisser entamer. Fiers d'une victoire
tants, au mépris de l'édit de pacifica- inespérée, les chefs catholiques se dé-
tion. Secondé par Du Lac el Chavagnac, cidèrent à relancer le lion dans son
il l'enleva presque sans rencontrer de tre, à la tête de deux mille fantassins et
an-
résistance* n'ayant perdu que quelques de neuf cents chevaux. Merle et Chava-
soldats et un officier, à qui il fit faire gnac n'avaient plus que 350 hommes
de magnifiques obsèques. Maître de l'a- sous leurs ordres ; mais le vaillant
ville, il fit conduire par ses gardes trente pitaine La Roche leur amena de Chau-
ca-
des principaux bourgeois sur la place desaigues un renfort de 80 soldais à
du Pontel et les taxa à quinze cents écus travers les lignes ennemies. La ville
dé rançon. Les trente Ainbertois
se ré- d'ailleurs avait été habilement fortifiée.
crièrent sur l'énormité de la somme et C'était plus qu'il né fallait pour déjouer
réclamèrent une réduction des deux toutes les attaques (Voy. III, p. 431).
tiers. Merle irrité menaça de les faire Après la levée du siège, Merle partit
fusiller s'ils ne payaient sur-le-champ; pour les Gevennes dans le but d'y ras-
mais les prisonniers, prenantcette me- sembler de nouvelles troupes el de re-
nace pourun épouvantail(4), persistè- venir défendre Issoire menacé par le
rent dans leur refus. Malgré les repré- duc d'Aleuçon. Ce projet n'ayant pu
sentations de Chavagnac et de Du Lac, s'exécuter (Voy. IIl,p.432),il se relira
l'irascible capitaine commanda donc le dans Malzieu, « d'où, lit-on dans ses
feu. Vingt-cinq furent tués ou blessés. Mémoires, il tâcha de fatiguer l'armée
Les survivants durent la vie aux prières qui assiégeoil Issoire.» Même après le
du ministre Massin. Cette exécution traité de Bergerac,il continua ses terri-
barbare, ordonnée dans un moment de bles incursions dans la Haute-Auvër- '
fureur, estla seule, à notre connaissan- gne, afin de seconder les entreprises
ce, que l'on puisse reprocher à Merle. deLavedan, etiesservicesqu'il rendit
Suffit-elle pour justifier cette réputa- lui méritèrent le titre de gentilhomme
tion de férocité que les écrivains catho- ordinaire de la chambreÂdu- roi de Na-
liques lui ont faite? varre. Dans la nuit du 9 au 10 août
Resserrés dans leur conquête par les 1578, il chercha à s'emparer de Saint-
Catholiques qui tenaient tous les châ- Flour par escalade. Son frère pénétra
teaux et les forts des environs,les chefs dans la villeavecunevingtaine d'hom-
huguenots voulurent tenler de. s'éten- mes ; mais une hrusquealtaque des ha-
dre en se saisissant d'Olliergues; mais bitants rejeta les assaillants dans les
l'expédition conduite par Montbrun, fossés.L'année suivante,Merle futplus
lieutenant de. Merle, échoua. Montbrun heureux ; parti de Maruéjols dont il
lui-même futfait prisonnieret massacré s'était saisi par surprise, il s'approcha,
parles habitants Deux attaques succes- de Meude, dans la nuit de Noël 1579,
sives dirigées par Chavagnac et Merle et,favoriséàla fois parles ténèbres et
en personne sur Marsac, où s'assem- parle vacarme des cloches, il escalada
blaient les troupes catholiques desti- les murailles sans être aperçu. «S'élant
nées à faire le siège d'Ambert, n'eurent rendus à la place au nombre de dix^
pas plus de succès. Merle ne rapporta sept, le baillif de Mendé, ayant enfin
,
Selon M. Imberdis, Merle « pilla,- in- se présenta bientôt. Chassé par ruse,
cendia et égorgea un grand nombre de il rentra dans Mende par stratagème.
Catholiques.» De Thou, qui raconte- Une partie de la garnison était compo-
avec détails la prise de Mende, ne parle
sée de ses vieux compagnons d'armes
ni d'incendie ni d'égorgements ; il se qui l'adoraient. Il lui suffit de se pré-
contente de dire que la ville fut pillée senter dans la ville pour que tous se
et les églises dévastées. Quelques mois déclarassent en sa faveur, et le roi de.
après, la noblesse catholique du Velay.j Navarre s'empressa de: l'eu nommer;
du Gévaudan, de l'Auvergne et du Vi- gouverneurpar commission du 25 juin
varais, assemblée à Chànac au nom- 1.580. .;
bre de plusieurs mille hommes, firent Merle ne conserva aucun ressenti--
sommer Merle d'évacuer, la ville, sous ment de l'espèce de trahison dont il
peine d'être passés, lui et ses gens, au avait été victime; content d'être rentré
fil de l'épée. « Merle, après avoir bien dans sa conquête, il continua à servir la
fait'boireletrompelle,luiditqu'ilnotât, Cause avec le même dévouement. En:
bien sa réponse, qui étoit que lesdits 4 580, Condé lui ayant ordonné de se
seigneursTavoientfortsouventmenacé joindre à Gondin et à Porquaires pour
de ce siège et de cette belle armée, et enlever aux Catholiques les forts qui
qu'il lui tardoit fort de les voir; mais interceptaient les communications en-
que s'ils ne tenoientparole de le venir tre les Çevennes et le Gévaudan, il
voir, qu'il les iroit voir eux.» Se con- entra en campagne sur-le-champ,mal-
fiant en leur nombre, les Catholiques gré la rigueur de la saison, traînant à
ne firent que rire de celte audacieuse sa suite, avec des difficultés énormes, :
blesse et mauvaise vue, raconte d'Au- tion, veu qu'il avoit ja esté en leur mai-
bigné, il se laissa choir dans un gre- son, et que, grâces à Dieu, son labeur
nier à foin entre le tas et la muraille, y avoit profité et y profiteroil encore.
trouva la teste cachée de ce qu'il La Cômpaignie n'a point voulu,comme
se
avait fait tomber sur lui, et fut ainsi elle ne pouvoit, juger ne décider du
trois jours, et demi, où il fust mort de droict et de l'obligation ne desdictes da-
faim sans une poule qui en ce temps mes, ne de l'église de La Rochelle, ne
* lui vint pondre trois oeufs en la main.» de M. le Prince, ne deM. de Chaslillon
C'est à cette merveilleuseaventure que et de Laval, qui aussy y prétendent sur
le même écrivain fait allusion dans ses M. Merlin, remettant' cela au synode,
Tragiques: quand Dieu vouldra qu'il s'en puisse
convoquer en France. Seulement juge
Voici, de peur d'Achas un prophète caché provisoirement M. Merlin peult
.En un lieu hors d'accès, en vain trois jours que
[cherché. beaucoup plus profiter en l'église de
Une poule le trouve et sansfaillirprend cure La Rochelle, yeu mesmenient quelque
De pondre dans sa main trois jonrssa nour-
riture. différent qui est là entre les frères, du-
quel les parties s'en rapportent el sub-
Lorsque le tumulte commença à mettent volontiers à luy.» Le choix lui
s'apaiser, Merlin se hasarda à sortir de étant ainsi laissé, Merlin se décida à
sa cachette et trouva un refuge dans suivre en France le comte dé Laval,
l'hôtel de Renée de France, qui l'em- qu'il aida puissammentàréorgâniserles
mena à Montargis. Il réussit à gagner églises de la Bretagne. Spécialeniènt
heureusement Genève, au mois de juin attaché, comme chapelain, à la per-
1573. L'année suivante, au commen- sonuedu comte.ainsi que Des Ousches,
cement de décembre, il alla rejoindre il ne laissa pas de travailler de tout son
Laval et Châtillon à Berne, où il sé- pouvoir avec Berni, de Troyes en
journa jusqu'en 1576. C'est ce que dit Champagne* et Perruquet,les pasteurs
positivement son fils dans son Diaire : titre, à l'édification de l'église de
en
« Je rovins donc à Berne où estoit en- Vitré. En 4 578, il assista, en qualité
cores mon père, ma mère, MM de La- de député des églises hretonnes, au
val et de Chaslillon, M"6 de Téligni, Synode national de Sainte-Foy (4),qui
M"° de..., l'an 4576, au commence- l'élut président (Voy. Pièces jùstif.,
ment de may.» En présence d'un té- N" XLII) etlechoisit des repré-
pourun
moignage aussi positif, nous ne nous sentants de l'Egliseproteslanlede'Fran-
expliquons pas comment il peut être colloque de Francfort, où devait se
ce au
qualifié de régent &&ns un extrait des discuter le Tiroj et de réunion mis
Registres de la Compagnie des pasteurs en
de Genève rapporté ainsi parM. Crottet: - (1 ).Nous avons trouvé dans une copie des
Jeudy 9 febv. 4 576.Le mesmejpur, Actes des synodes nationaux faite parun se-
« crétaire de Du Piessis-Mornay(Suppléa,franc.
M. Merlin,régent (1),requit que nostre 2032), les noms des députés
que ni Quiet ni
Compaignies'assemblastaveclesfrères Aymon ne donnent. Les voici. Paris : Hugues
ministres de France qui sont icy pour de Regnard,Ail Saint-Marlin ; Rouen : Michel
lui donner advis sur ce que ceux de La Mnntescol,A'û La Tour, et Philippe de Rufesse;
riantes: Oiseau (ou Loiseau); Sion : Jacg.
Rochelle le demandoyent parhomme et Guineau et de La Coharde;Le Vigean : Louis
lettres exprès, prétendant dfoict sur luy, Esnard: Ghâtellcrault:EKenK Dephon; Laval:
Merlin; Bille (?),Jacg. Marennes:
comme d'autre part, les dames de Té- .r. Chauffepié et Nicolas Bouquet;
ligny et de Laval (?), qui sont à Berne, foucauld : Georges Pacard;Pineau; La Roche-
Sainte-Foy: Jacg.
requièrentqu'il ne leur soit osté, mes- Finet; Turenne:Bertrand deLogueelGaspard
mement durant ce temps de leur afflic- Pinfagen; Montpellier : J. de La Place; Réal-
monl: Michel Béraut P. de Pons;
et Bourgogne:
Millau de Disdier, sieur de La Grand'Maison;
(1) La requête même prouve qu'il ne s'agit Turette C?): Antkoine de Moneroux et Claude
pas de Jean-Raymond, comme on pourrait de Sausseurre; Navarre: François Le Gay et
1 e croire. Nicolas de Bordenave.
MER 389 — MER
avant par l'électeur palatin Jean-Casi- église absolument dépourvue de. se-
mir (Voy. III, p. 330). Le Synode na- cours spirituels. Ses fonctions furent
tional de Vitré, auquel il fut député de remplies avec beaucoup de zèle par
nouveau, en 4583, lui déféra une se- Gilles Du Chemin, sieur du Buisson,
conde fois les honneurs de la prési- ministre fugitif de la Normandie. Mer-
dence (Voy. Pièces justif., N°XLVII). lin ne revint en France.qu'en .1590,
C'est en qualité de président qu'il signa i.avec son collègue Perruquet. Six ans
avec Matthieu FM-^euneapprobation plus tard, il assista encore au Synode
de la Confession de foi des églises des national de Saumur; mais l'affaiblisse-
Pays-Bas, que l'on trouve imp. à la fin ment graduel de sa vue, joint à d'au-
d'une version française de la Bible.à tres infirmités de la vieillesse, ne lui
l'usage des églises -wallonnes. Nous permit bientôt plus de prendre une
avops fait connaître ailleurs les matiè- part active aux affaires de l'Eglise,
res générales qui se traitèrent dans ce sans l'empêcher toutefois de continuer
synode. Quant aux matières particu- à édifier son troupeau. Il prêcha en-
lières,, concernant plus spécialement core le 4 0 juillet 4 603; mais en des-
la Discipline, nous ne voyons à rap- cendant de la chaire, il se trouva mal
peler que les suivantes : Refus de ré- et se mit au litpourneplusse relever.
tablir dans leurs charges Toxwsillant Il expira le 27, après 43 ou 45 ans de
et Laurent Bouchart, de Privas, mi- ministère, laissant de son union avec
nistres déposés; — inscription sur le Françoise de Meslay,ft\\eAe François
rôle des apostats de Julien deSande de Meslay, sieur de La Cerisaie, et
ou de La Lande, de Crosse ou La d'Antoinette de Clinchamp, un fils
Croix et de Martin, ces deux der- unique, nommé JACQUES.
niers ministres de la Normandie ; — Merlin emporta les regrets non-seu-
excommunication de Claude Mar- lement des Protestants de Vitré, mais
chand, minisire de Civray en Berry, des Catholiques modérés qui avaient
coupable d'adultère; — octroi d'un souvent rendu hommage à son équité
chapelain à Mme de La Blanchardaye, et à sa modération, en le prenant pour
dame du Bois-du-Maine; -—jugement arbitre dans leurs différends avecleurs
des contestations survenues entre Jean concitoyens réformés. Au jugement
Hérisson el Marie Du Moutier, fille d'Arcère, c'était un homme d'un grand
du ministre d'Orbec, au sujet d'une mérite. Nous avons vu en quelle es-
promesse de mariage, promesse que time il était auprès de ses coreligion-
l'on s'obstinait encore à assimiler à un naires (4). Malgré la vie si agitée que
mariage consommé; — dissolution du les persécutions lui firent, ilalrouvéle
mariage d'un prosélyte avec la nièce temps de composerquelques ouvrages.
de sa première femme, hien qu'il eût I. Sermons sur le livre d'Ester, La
été conclu avant leur conversion et Boch., 1591,in-8"; 2* édit. augm.d'un
qu'il en fût né plusieurs enfants ; — Argument sur l'hist. d'Ester, Gen.,
enfin établissement, pour les besoins 4 594, in-8°;tr.en latin,Gen.,4 593,8°.
imprévus, d'un service extraordinaire II. Job, commentariis illustratus,
au milieu de la semaine, quelques gen- methodo analytiçâ,Gen. ,4 599, in-8".
tilshommes du Poitou se plaignant de — Très-rare.
ce que les ministres, tanl le zèle s'é- III. Sainctesprières recueillies de
tait déjàattiédi,refusaientde venir prê- plusieurs passages de l'A. et du N,
cher et mêmebapliserles nouveau-nés T. pour l'instruction et consolation
dans leurs châteaux.
LorsqueHenrilII, uni aux Ligueurs, (1) On a débité sur son sujet des conles si
proscriville culteréformé, Merlin cher- deridicules que nous ne croyons pas nécessaire
cha un refuge dans l'île de Guernesey. qu'il nous y arrêter.On a prétendu,par exemple,
avait eu A'Aubignc d'un mariage secret
Son absence ne laissa pourtant pas son avec Jeanne d'Aliret.
MER
MER — 390 --
de tous les chrétiens, Gen.., 1.609, tilshommes deM.de.La Châtre, le jeu-
ïn-ISî'ColognyjChoUét, 46?f>, in-42j hëMer'llhfut m'ené àM'ohia'rgis spusla
.Gen;', S6.1:^,'j.n-46. Publié paï son protéëtion 'de''Renée' de France. -De là
—
fijs, ainsi quefe suivant." il'fù'f'cëil'duii. à'Gëfiëyë et pjacé'-au-£ôl-
'"'.'
'ÏY. 'piscôuf's:th'éologiqnes de la lëge^àps la :çlà'sse'ïde'çin'qùième"que
'
trahqiiïïlïté et'vrairepos-de l'âme. "Èh'g'àes'Roy ré'g'entaitalors, 'PÏus tard,'
père fit"'Venir ~\ !Beriie, *èt'le
'' Daps;iê.'rëçfreiiViés'lettrésfrànçàïsë_É l'en Je
Sëaîiger V" Von ' èii trouve trois de c'gmtedë Va^al aS «jpt >' *?u u "s'é charger;
1
p
Pierre'Mér)in adressées à'çet homme 'des frais' de Von"é'dUc'àli!pn,''il Yënvpy'à'
!dphi fait Connaissance |us c'ojïege' de,!Zûrich. Sur le ppint d|
célèbre, il avait
à'Génèyé'ideûxsontrelalV'V'ès'àP.w rentrer. 'en'Fràn'ce1,'' Pierre:Mérl;i.n"f,apr
de ta Place, ,petit-fils 'pfeut-ê'.lfe de pela son'enfant'de Zurich' et'le'bonfia à
IHnforJuné'présideht"de'.çë nom ('iTc'y1] spn'gràTid-pè'r'è rjui'le'rëniit'eii pepsip.n
Vtj'pH^i 2 ), qu'il' lui recommande;'là chef 'Hiijg.iiés' R:p'y, '' dévenu"fég'enVdé
'q'lid'trifeinë.' vk la.' mort de' son'àïeM,'
3° "roule sur l'âge d'Abraham. ' ' '
Jacques Merlin n'a pas joui auprès JaCque^ Merjin''".passa s'ons'ia tutelle,
. .
En"1602, il'fituh nouveau voyage en 5» 'JEAN, ' hé' lé' 4 2 nô'v. 4 ëobj — 6°
Bretagne. En 4 603, prêté à l'église de MARIE, néële 2 oèt. 1601 ;-^7° JOTITH,
Saumur qui venait dé perdre son pas-
1 née le 24 janv. '4604) et mariée, en
teur Macefer, Ibfhb'é d'un échafaudage \m%\^EtiënneGàchot\ ';' !:1
'en visitant la galerie dùLo'uvre et mort : ;'SîEiiit'iÉÏ OU'MATVMET, ministre dé
presque sur le coup, ilprofila 'de la cir- l'église réformée dèNërac, en 4 584. L'a
«côhstance pouf: aller visiter ùue der- vie 'de ce'-pastéur';ëst peu connue. Êri
nière Ms son père, à qui il eut la con- 4 584; il assista1, dit-on, àla'co'nférencé
1 1
Solàtion;.âe fermer les yeux.'Il retour- dans laquelléle roi de Navarre doit avoff
na ensuite à La Rochelle en emmenant mis'en:'délibérâtibh s'il accepterait'lés
aveclui !?â mère.Depuis cette époqtie.iî 'offresdeIiëhri:ni'('Foy;V, pà'g.-45"6);
ïifest'plus parlé dé Cet excellent pas- et l'on ajbîlle qu'il fut un' de çéux-qui
teur d'ans l'histoire des églises prôtes1 s'oppbsèfën't avec lë'plùs d'éhergie1:à
Jantes. On ignore même la date précise ràcceptatibn des propositions dUTôî'dè
ue sà'mdrt, quifloit avoir eu lieu vers France. C'est à'cette occàsibn"''qué 'je
^620r ; ' ;f'"" ;vi ;" ; '"'"''" catholique' Roqûélàure lur'auraït' de-
"-• Jacques Merlin n'a rien publié de son mandé brusquement si iihe':^aire de.
propre fonds; Le savant Arcërene'cph- psahmes à'ia huguënolle p'buvàit entrer
naiss'àit dë'lui que deux Volumësmai en confciirrënc'é:à'yècuhe';courbnrie'.Ën
nuscrilSj'qui'ontpassédela bibliothè- 4:597, Me'rrnet fût' député 'à une assern1
que de l'Oratoire dé Là R-ochellë dans Hée provinciale qui se tint, le 4 7 mai",
la'Bibliothèque de la ville. Lé premier, à Sainte-Fb'y. Là niêrné année, le 4'7
qui contient un journal exact et fidèle sept-,iîprésida'Ië synode'delàBàssè^
de sa vie, vient d'être, mis au jour par Gvjienhe qui se réuhilàMiramont, et au-
M. Grottet, sous ce titre: DioÀre-où quel assistèrent les ministres de vingt-
MER
MER — 392 —
cinq églises, savoir : Mermet.et Saint- tion du roi. En 1620 enfin, le Synode
jlillaire de Nérac, Sylvius de Saint- national d'Alais, auquel.il-fut député
Justin, Grenier• ou Granier de Vic- par la Bretagne (il était devenudans
Fezensac, La Ferrière de Puymirol, .l'intervalle chapelain de la maison de
Fréronàé Monflanquin, Boust deCas- Rohan), ayant égard à l'état où il se
telmoron, Ricotier AeGhivac,Bançons .trouvait réduit et connaissant son zèle
de Tonneins, Ferrand de La Parade, et sa piété, lui permit d'aller exercer
Fréron de Monheurt, Baduel de Cas- ,son ministère où il voudrait. C'est ap-
ïillpn," Labadie de Sainte-Foy, Da«- paremment à cette époque qu'il passa
glade des Lens (?), jfeei (appelé Za- en.Angleterre, où nous le retrouvons,
met dans les iistesd'Aymon) de Mira- en 4 634, ministre de l'égliseirançaise
mont, PéMoï de Duras, de Màyendiéu de Londres. Il vivait encore en 1641.
(Magendie?) et PM«#de.Bérgerac, Du Lipenius attribue à Mermet (évidem-
Puy de La Force, Lambert de-Saussi- ment le père) Maximi monachi.Loci
gnac, Escoffier ou Sepffier de Mussi- communes sivesermones,?a.Tis,\^89;
dan, Bessotis de Mpnpazier, Luillier de Aurel. Allob., 4 609. Il cite aussi, sous
Gavaudun, de Montbaron d'Issigeac, le même nom, Dix sermons, Gen,,
yieilbanç d'Eymet, de Rignac (aliàs 4 636,8°, qui sont plus probablement du
Ragnac) du Sigoulès. Loque fut élu .fils (4), queLelong appelle mal.à pro-
vice-président, Baduel elBertrandde pos Edmond. Ce dernier à publié; à no-
^Cûorbunse,ctèt,i\Tes(A.rch.gén.TT.3'i3). tre connaissance, Dix-huict sermons
Kn i 598,- le Synode national de Mont- sur Job, Dord., 4 632, in-8" ; Gen.,
pellier nomma Mermet membre de la 4644 in-80; Rott., 4 657, in-8°; et
.commission qu'il chargea d'examiner Vingt,.sermons sur divers lextestirez
laDiscipUneecclésiastique.C'estlader- de l'E.S., Quéviliy, 1637, in-8". De
nière fois que nous ayons rencontré son ces vingt sermons, douze roulent.sur
nom jusqu'à sa mort, arrivée en 1609. Matth. VIII, 23-26, qualresurEcclés.
«En ce temps, lit-on dans le Journal XII, 3, unsùrÈphés. V, 2, un autre sur
de L'Ëstoile, on receust la nouvelle de Ps. LV,7, un autre encore sur Matth.
la mort.de M. Marmet, ministre que le XXVI, 44 et le-derniér sur Matth.
,
roy aimoit et lequel il regretta fort; XXIV, 28. Ils donnent uneidée si fa-
aussi estoit-il et avoit tousjours esté vorable de Mermet,' que l'on a lieu de
hpn et fidel serviteur de S. M. Il mou- s'étonner que ce prédicateur soit resté
rut à Nérac : homme véhément et zélé presque inconnu. Le style.en est vif,
a la manutention et augmentation de la rapide, correct, les raisonnements bien
religion qu'il preschpit; médiocrement ' suivis, les exhortations pathétiques. Le
docte, mais bien disant, et duquel on second recueil surtout classe l'auteur
disoit qu'à son arrivée du comménee-- pârmiles meilleurs orateurs de la chaire
ment à Néracpour y prescher.(ilyafort protestante dans la première moitié du
longtemps), il n'y avoit trouvé que trois XVII0 siècle.
huguenots, et quand il en estoit sorti, MERVAUJLT (PIERRE), fils de Paul
n'y avoit laissé que trois catholiques.» Mervault,
.
pair du corps de ville et maî-
Mermet eut un fils nommé EZÉCHIEL, trede l'artillerie durant le dernier siège
.
qui suivit comme son père la carrière deLaRochelle, naquit dans cette ville,
ecclésiastique. En 1603, il desservait en 4 608, etfut destiné dès son enfance
l'église de Puch. En 161 i, il fut député au commerce. Comme,il aimait les let-
au Synode national deTpnneins; il était tres, il prit l'habitude, à l'époque de ce
alors ministre à Nérac. La même an- siège célèbre, de tenir un journal exact
née, la Basse-Guienne voulut l'envoyer
comme son mandataire aune assemblée, (1) Nous regrettons d'autant plus vivement
qui devait se tenir à Montauban ; mais, de n'avoir pu nous les. procurer qu'en tête
jl refusa de s'y rendre sans l'autorisa- doitèire
teur.
imprimée une autobiographie de l'au-
'
MER
— 393 — MES
de tout ce qui se passait d'important, siège de LaRochelle, par P.Mervault,
sous ses yeux et de tout ce qu'il enten- vochelois. A La Rochelle 4 628. On
dait raconter à son père, sans avoir dès ignore la date de la mort de Mervault;
lors l'intention de le livrer à la publi-
cité ; ce n'est que plus tard qu'il dé- on sait seulement qu'il vivait encore
se en 1668.
cida, sur les instances de ses'amis, à MESCHIN (CHARLES DE), gentil-
faire imprimer ces espèces de mémoi- homme du Poitou, descendant d'Ar-
res qui se recommandentparla sincérité mand de Meschin, capitaine de cava-
de l'auteur plus que par les qualités du lerie tué à Coutras s'établit à La
style. On y trouve un grand nombre de Rochelle où il épousa, Elisabeth Dé-
lettres officielles, le résumé de plu- sert, qui lui donna deux fils, nommés
sieurs délibérations du corps de ville, JosuÉet JÉRÉMiE.L'un et l'autre entrè-
lerécildétaillé des négociations dePU- rent dans la marine. Josué, qui prit pour
lippe Vincent en Angleterre, en un femme, en 4 667, Judith Faure, fille
mot, une foule de pièces d'un grand in- de David Faure et de Marie Bruslé,
térêt pour l'histoire du siège de 4 628. de Tonuai-Charenle, était lieutenant
Ce journal, qui commence à l'appari- de vaisseau, à l'époque des persécu-
tion de la flotte commandée Buc- tions qui précédèrent immédiatementla
par
kingham et s'étend jusqu'à la reddition révocation de l'édit de Nantes. Il se ré-
delà Rochelle, a été imp. en 1628, fugia en Angleterre. Son frère, com-
selon le P. Lelong, et trad. en angl., mandant du Sainl-Jean-Baptiste par
Lond., 4 630. Mervault lui-même parle commission du 5 juill. 1669, fut créé,
d'une édit. qu'il donna en 1644. En l'année suivante, capitaine de frégate.
voici le litre : Le Journal des choses En 1677, il obtint le commandement
mémorables qui se sont passées au dubrûlot le Fanfaron.11abjura avant la
dernier siège de La Rochelle, sans révocation etdonnades marques si for-
nom d'auteur, d'impr. ni date, in-8° de tes de la sincérité de sa conversion que
324 pp.; permission d'imprimer datée le gouvernement crut pouvoir lui con-
de La Rochelle, 28 juill. 4 644. Une fierla mission d'empêcher l'émigration
troisième édit. parut, en 4 674, sous ce des matelots qui sortaient en foule de
titre : Le journal des choses les plus l'Aunis et de la Saintonge. Il avait
mémorables qui se sont passées au épousé, en 4 670, Judith Papot, fille
dernier siégé de La Rochelle, revu, d'Antoine Papot et de Marie Lan-
corrigé et de nouveau augmenté en glois, de La Rochelle, et en avait eu,
cette dernière édit. deprès de lamoi- en 1674, un fils nommé JÉRÉMIE.
tie et d'un Catalogue de tous les mai- MESMES (JEAN DE), appelé aussi
res de La Rochelle, Rouen, Jacq. Lu- de MESMT, fils de Pierre de Mesmes,
cas, 1674, 2 part, in-4 2; pp. 693; pré- sieur de Ravignan, conseiller de rap-
tendue nouvelle édition; sous ce titre : port du royaume de Navarre, et depuis
Journal des choses mémorables adve- 4 584, premier président de la cour
nues sous le règne de Louis XIII, souveraine de Pau, et de Roquette de
sans nom delieuni d'auteur, 4 680, in- Parage, fut élu, parle synode de Sain-
42, pp. 693; trad. en angl., 4 680,in- te-Foy, commandantdel'Agénois,lors-
8°. Selon Arcère, onconservaitauxPè- que Coudé donna l'ordre aux Hugue-
res de l'Oratoire de La Rochelle un nots de se préparer à la guerre (Voy.
msc. du Journal de Mervault et d'autres I, p. 434). C'était assurément le choix
pièces du même auteur relatives aux é- le plus malheureux que l'on pût faire.
vénements antérieurs. Nous en avons Dans cette circonstance, comme dans
eu en mains une autre copie in-4" (Anc. beaucoup d'autres, les Protestants ou-
fonds franc. 4 0349) portant ce titre : blièrent que le zèle religieux, quelque
Journal des choses plus mémorables ardent qu'il soit, ne tient pas lieu de
gui ce (sic) sont passées au dernier tous les laleuts, surtout du talent mi-
MES 39-'i MES
—
litair'e, et ils payèrent cher cet oubli. de Bordeaux,.qui le condamna a perdre
lia"qualité;" en:effet;'qui"'paraît'avoir ia1tëïe,iiëh''456|; ïp'eloii M'oréri,ïlhMi-i
lùrlpùt fixé lès suffrages sur-Mèsmes', riij, sans postérité. '11/ avait.;un] frère;
è'è'lt'sotf'ëiillipuiia'smëpouflà^RËfbr- 5T^^fiA'Jdê!M'èÉmè,'s, sièiï'rd'e' Ràyi^nàài
:më:'Ën''4 562,n'ous lè'îrou'vbns à'Age-n'; qui'c'bmmannaità Moril-dé'--Marsan'pour
Godeffoide Gaumont, lé rbV dé'Navarre; 'éri'TS8Ô;' ''c'est'rkr
présidant avec
l\ardaillM, Lit 'Chapelle', Teissbùat, tiir-é1,iMoiis'àé'la':'s^rp^nsbdfe'çèlie-,villè
ipàf lès Catholiques;'fie 'Mêsmés, 'qiri
gé's'l et'd'âûlres 'gentilshtinimès refor- sJétartTetîr'é'dàns le château à la'pr;ë-
ni'és,àu: brisement"dès imageset'à'là rn'ière alarme, ibblin,tune'sdapitiilali'bn
dëslfù'cti'ôïi"dè's reliques! Ijn peu' plus nbnoràb'lë.'*Il assista''entpré:,,!ën 4S88;
fàfij; 'l'histoire'n'cjùslè mohtte'aljarît'àù àTAs'senihléè pplitiqne'de LaRochelïe
comme" représentant dës-e'glis>sr rie'ïa
n'ai't-én fréâfnV'à'ïïfl dè"iUKexpbseri°ét?a;t 'Gûferine;;C'ésîlà:dëfriiéfeft
dès Protestants de;!â Gùierihfe'La;gu'ér- a'yo'iïs rericbntré son' ' nom. ' :;" .'.'':"'"'
1
que ceux de Daillé; mais aussi par un. XI. Sermons sur la justification,
style plus négligé. Tous ses écrits sont Gen., 1639, in-12.
assez rares ; en voici la liste aussi com- XII. De la-sacrificalure de J.-Ch.
plète que possible. ou Sermons sur Héb. VIUX, Char.,
.
qui lui donna même quatre florins pour cation obtint dé brillants succès, en
Accompagné de son pa- dépit des efforts du clergé càtholiqde
son voyage.
rent Nicolas Wagner, il se retira d'â- et des Anabaptistes. A plusieurs repri-
Lord à la Petite-Pierre, d'où il gagna ses, le sénat, qui l'estimait fort; non-
Strasbourg vers la fin de 1527. Il y seulement à cause de ses talents, mais
épousa, bientôt après, Marguerite aussi à cause de ses principes de mo-
Barth, jeuneparente.de son ancien dération et de tolérance, luicontia des
prieur, avec qui il s'était fiancé avant missions importantes dans l'intérêt de
sa sortie du couvent. Dépourvu de tout l'Eglise protestante. Eh 1536, il l'en-
moyen d'existence, il se vit forcé -de voya àEisenachet à Witteinberg; en
mettre sa femme en service chez le 4 540 et 1544, à Worms et à Ralis-
pasteur Théobald Nigri et d'entrer bonnë; eh 4 544, àDôua-werl.TbUjourë
lui-même Comme apprenti chez un dévoré du désir d'apprendre; Musculus,
tisserand. Des querelless'étant élevées pendant son séjour à Àugsb.ourg, com-
.
entre soti maître et liai au sujet de l'à- mença l'étude du grec, et en peu de
nabaptisme; il fut chassé par ce fana- temps, il se mit en état de lire les Pè-
tique très-peu de temps après. Ne sa- res de l'Eglise d'Orient. Il apprit, eh
chant pas où donner de la lète, il était outre, i'àfâbe sans .maître, en s'aidant
sur le point de s'engager comme ma- d'un psautier polyglotte que son col-
houyrier pour travailler aux.fortifica- lègue Lycosthènes lui prêta. Quand on
tions de la ville, lorsque Bûcer lui songe que Musculus avait alors dépassé
vint en aide, en le prenant pour secré- la quarantaine, on se sent saisi d'une
taire. En même temps, à la recom- admiration sans bornes pour ces hom-
mandation du célèbre réformatëur,Mûs- mes du seizième siëelëj si forts, si per-
culus fut chargé, en 1527; d'aller prê- sévérants, si énergiques, qui, dans leur
cher àDorlilzheim tous, lès dimanches; amour enthousiaste pour la science,
plus tard oh trouva bon qu'il résidât. savaient triompher d'obstacles eh face
Il exerça ainsi pendant près d'un an les desquels les pygmëes de nos jours
doubles fonctions de pasteur et .d'in- s'arrêteraient consternés.
stituteur dans ce village, sans recevoir Mais ce n'est pas seulement contré
une obolë de traitement. 11 vivait donc .les difficultés que lui effraient le dé-
au sein d'une misère extrême, lorsqu'il faut d'une botine éducation classique
fut nommé à la place de diacre de là et la rareté des livres ,què Musculus
cathédrale, en 4 529. Il occupa pen- avait àluller. Il avait aussi à combattre
dant deux ans Ce poste que sa modes- la haine des ennemis de la Réforme, fet
tie l'avait porté d'abord à refuser, et il il finit par succomber. Après avoir des- .
profita dés loisirs que ses fonctions lui servi pendant près de dix-huit ans l'é-
laissaient pour suivre assidûment les glise protestante d'Augsbourg, iljugea
leçons dé Bucer el de Capiton. .Dé- prudent de s'éloigner de cette ville
sirant lire la Bible dans le texte ori- pour échapper aux dangers qui le me-
ginal, il se mit à l'éludé de l'hébreu et naçaient depuis ' l'entrée de Charles-
s'y appliqua avec une si vive ardeur Quint. Lorsque, malgré ses protesta- '
que bientôt il fut en état de compren- lions, le sénat eut accepté l'Intérim,
dre le Livre saint, les commentaires il partit secrètement, le 26 juin 4 548,
des Rabbins et les paraphrases chàl- eh recommandant à sa femme de le
daïques. suivre sans délai avec ses huit enfants.
Le sénat d'Augshourg ayant prié, Il gagna Constance, où il fut rejoint
au commencément-de l'année 1531, le par sa famille, De là il se rendit à
magistrat de Strasbourg de lui prêter Sàint-Gall, puis à Zurich, où il passa
Musculus pour quelques années et sa six mois auprès de son ami Hailer, et
demande ayant été agréée, l'ex-moine enfin à Berne, où il fut appelé, le 9
se rendit dans cette ville où sa-prédi- avril 1549, pour remplir ùneGhairede
MEU 407 MEU
—
théolegie, dont il prit possession, lé hiah de Bucer, et reproduit dans ]if
25 du même mois. Dans l'intervalle, Synopsis fèslaliuin concjp.nuiri iièé
Cràurrier avait voulu l'attirer èh Angle- d'autres poésies sorties de sa pluniê.
terre; mais ia santé chancelante de sa Comme traducteur, tout en admettant
femme et le jeune âge de ses enfants' qu'il hé possédait pas une connais-
ne lui avaient pas permis d'accepter les. sance parfaite dés langues sa'vaniës,'
offres réitérées du célèbre archevêque. à l'étude desquelles il s'était mis trè's-
Il refusa de même les vocations qui lui tard, on doit reconnaître que ses tra-
furëriladrésséesd'AugsboUrg,en1552, ductions se font remarquer en générai
et de Heidelberg, se croyant obligëpar par leur concision, leur.simpliçité, leur
la reconnaissance à ne pas quitter fidélité, et l'on doit surtout louer Mus-
une
ville où il avait trouvé l'accueil le plus culus de là candeur avec laquelle.il
bienveillant. Il continua donc à s'ac- avoue, en certains cas, son ignorance.
quitter avec zèle de ses fonctions dé Gomme théologien, Musculus, qui se
professeur de théologie jusqu'à sa rapprochait davantage dé Luther sur'le
mort, c'èst-à-dirë pendant quatorze dogme de la cohsubslàntialion, et. de"
ans. De Tfioù s'est trompé, eh disant Calvin sur celui de la prédestination
qu'il remplit aussi à Berne la charge absolue, joua, de même que son.rhàîife
de pasteur; on là lui offrit, mais il là BuCer, le rôle ingrat de conciliateur..
refusa. Nous avons dit que huit enfants Il n'hésita pas à signer, en 1536, la
étaient nés de son mariage. Nous Concorde de "Wiltettibérg ( Voy. III, p.
con-
naissons les noms desquatre de ses fils. 62) ; cependantlorsqu'il s'aperçut que
ABBÀHAM fut ministre à Berne et doyen les équivoques ne suffisaient pas pour
après Hallèr. On lui doit une Vie de rétablir la paix entre les deux commu-
son père en latin," et la publication nions protestantes, il en revint fran-
d'une partie de ses Commentaireset de chement et ouvertement à son premier"
ses traductions. Nous avons remarqué langage. Ses opinions personnelles
quelques Lettres de lui et de son frère n'ont exercé d'ailleurs aucuneinfluericé
Jean-Henri dans le vol. A. 30 des ma- sur le développement de la théologie
nuscrits de la Bibliothèque de Berne. protestante. C'est surtout par ses Com-
JÉAN-FnÉnÉhic fut pasteur de l'église mentaires qu'il a acquis des titres réels
de Metz, et JEAN-HENRI le fut à Zof- à la reconnaissance de l'Eglise,et â:
fingen. Ce dernier a publié Stabulubt l'admiration des savants. Au jugement
Augim, seu Oratio invectiva in Jac. de Richard Simon, il montre plus de
Schuelerum, Bernoe, 1652, in-4". Le respect pour l'antiquité que la plupart
quatrième, ELIE, ministre à Hprbourg, des autres commentateurs protestants,.
en Ï576, y mourut prématurément et il s'éloigne le moins possible .des'
l'année suivante. anciens interprètes. Sa méthode d'in-
Dès son enfance, Musculus avait eu terprétation était bonne; mais il n'a
là passion de là poésie et de la musi- pas eu à sa portée tous les secours né-
que. Durant les premières années qu'il cessaires, et sans être aussi peu versé
passa au couvent de Lixheim, son uni- dans la langue hébraïque que le prétend
que délassement avait été là lecture Simon, il n'était pas assez exercé dans'
des oeuvres d'Ovide, dont il avait dé- l'étude des langues savantes. Oh peut
couvert un exemplaire dans la biblio- aussi lui reprocher d'avoir mêlé trop
thèque du monastère. Il nous a laissé, de théologie à ses commentaires; mais
comme échantillons de son talent poé- on doit le louer sans réserve de s'être,'
tique, plusieurs Cantiques, qui. ont comme Calviri, attaché de préférence
été jugés dignes dé figurer dans la li- au sens historique'. Lorsqu'il rencontre
turgie de Strasbourg, à ce que nous un passage difficile, il a recours aux
apprend M. Robrich, et un petit poème Rabbins et surtout aux anciennes ver-
latin qui a été imp. en tête du TzeplKK sions pour essayer d'en pénétrer le
MEU
MEU — 408 — -
publiée en hollandais en 4 555, selon
sens; cependant le plus souvent, il se
contente de rapporter les explications JOcher, et la seconde en franc, en
des anciens commentateurs, car, dit 4557, selon Du Verdier, puis en allem.
Richard Simon, « il n'est pas de luy- à Strasbourg, par Jean Myncenius,en
même fort décisif. » On estime sur- 4 594.
tout ses Commentaires sur la Genèse, IX. In Decalogum explanatio,
les Psaumes et Ésaïe, que l'on place Basil., 4553; réimp. dans les Loci
presque au niveau de ceux de Jean communes.
X.ConimentariiinGenesim&AÛ].,
Mercier.
4554, in-fol-La dernière édit. que
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
Les Ypeaux, J. Micheau. Jeanne Micheau, Susanne Groutain, Marie Guillon, André Ja-
âgée de 72 ans, J. Migault el sa femme, Mo- main et ses filles, La Borie, La Conlie,LaMi-
reau, J.Koquet, Pain, Pillot, Dan. Renault, niére. André Langle, La Perrière, de La Rive-
fem. Renault; — 2" Cberveux: J. Allard. rie, Susanne Laurens, Isaac Lestrogon, Jean'
P. Barré, mm. J. Boni, P. Bonneau, Josué ne Madier, Isaac Mande, Et. Menuet, Louise
Casimir, P. Douzil-Fiefdelouard, J. Dumas, Menuet, J. Messeau, André Moniet, Ant. Mo-
fera. J. Goissard,P. de Lagault,Jacq.Lami, mel et sa femme, André.Morissel, Mane Pa-
G. Lelong, J.Lelong, veuve Marchand, P.Mi- pel, Marie Petit, Louise Panneau, J. Porte-
vaud, E/ieNau, J.Nau, Médard Odée, P.Pru- non, Isaac Pouvreau, P.Quintard, P Renvoi-
neau, P. Texier;—3° Civrai: Boisragon,fem. Tel, fem. L Robreau, fille Sansise, Ban. Trou-
Charnier, Meusnier, Franc. Moreau, Jacq.Mo- lé;— 9° Rom: Bernard, Catherine Bagnard,
rèau, .1. Rivaud, Rireau-Cuillelrie, avocat, Braud, Colineau, Cousin, Duranteau, Olivier
Siral. Tandron,fem. Thoreau,Vaugelade aîné, Fruehard, fem. Geberl, Lauvergnal, Le Baron,
Varonnièie; — 4° Ecbiré: Abr. Bourdeljlarie Pierre Magot, Thomas Moussel, Jonas Picot,
Brussier, Gédéon Xoudault, veuve Qzanneau, fem. Servet, Jean Sionu, Jonas Sionu, P.Ver-
Marie Rambaud; — 5*Exoudun: Dan. Ayraud, ger, Veure.
P. Brunel, Dan. Fouchier, Isaac Fraigneau, (1)L'Aunis et la Saintonge avaient été trai-
Jacq. Fraigneau, Dan. Gaillard, Michel Geof- tées par Demuin comme le Poitou par Maril-
frion, Charles Guion, P.Marsault et sa li Ile, lac. Benoît a publié aussi une liste des victi-
veuve Martineau, Paul Moiuaull, J. Morisson, mes de cette première dragonnade; la voici.
les enfants de P. Ochier, veuve Oger,Susanne
Parpais, J. Pellelreau, Méri Perrin el sa LISTE DES PROTESTANTS DE LA SAINTONGE
femme, Susanne Pervelle, J. Quille, André PERSÉCUTÉS PAR MUIK EN 1681.
Richard,Michel Roi, Dan.Sausé, Gilles Satizé, 1°Ile. de Ré. C. Ayraull, Barbol, Baudouin,
J. Sauzé, Paul Sauzé, El. Thoreau, L. Tou- Berleaud, F. Bertrand, Bouineau, Bou/onnier,
bnrd, Isaao Vandier, — 6" Lusiguan: Aumos- J. Boulet, Richard Brameri, P. Bulaud,lsdac
nier, fem. P. Bonnifel,Brian,Marie Burgeaud, Charrier, ùcChézaulx, t.osson,G. Colhonneau,
Dan. Cailli, Couche. J. Geberl, Jacq. Guilon, Isaac Du Pont, Bu Thay, Fleurisson, France,
Josué Joulain, J. Landepain,J. Lesnet, Jonas J. Gallois, Ch. Gaulereau, Grégoire Goujon,
Lesnel, J. Léveillé, Liège aîné, J. Liège, Grain,P. Jalleau, Pli/. Janvier, El. Jouncau,
Jortas Macouin, J- Morin, Jacq. Pegain, de Lofons, de La Porte, Le Cercler, Dan.Mas-
P. Poynel,Rivoud, Robin, Thoreau, Tribert;— son, Martin, Franc. Métayer, Jacq. Métayer,
T Melle: P. Audon, J Autanneau, Boulier, Richard Pollevinière, P. Proust, Nie. Rappé,
veuve l'an. Bernardin, Blanchard, Jacq. Bou- And. Ribouleau, Samson, Et. Sorrel, J. Val-
ehé,Etie Boulet, Franc. Brun, Jacg. Charde- îeau, P. Valleau, Louise Villcneau, P. Ville?
/oit,avocat, veuve Co/in, trois tilles Drouineau, ncau ; — 2" La Rochelle: Alaire, Amelot,
véuvé Du Puy-de-Ferrandrie, J. d'Empure, Androuin, Bailli,. Louis Bamilel, Baulol,
,
Olivier Fraschier, Anne Fesli, Louis Gilbert, Paul Bion, Bonnin, Bouhereau, Chaillé, Cos-
enquêteur, Abr Girard, Elie Girard, J Goi- sonneau, J Cousol, Catherine Essouan, Fon-
zet, Louis Gouet, Ch. Gourjaull, Groussard, jiereau, Marguerite Garileau, Jeanne Gautier,
Ban. Guesleau, Elisabeth Huan, Magneron, Elisabeth Gourdon, J. Gourgeaull, P Guéri,
veuve Maneeau, J. Martin, veuve Mée^Mi- Guiberl. Susanne Guileau, Journault, La Lai-
cheau frères, Jeanne Micheau, Catherine Mi- gne-Sle-Ilermine, Massiou,Mercier, J.Michau,
naud.Missandeau, P. Morin, J. Molhi/lon, J Monluuban, Moussaud, A'Olbreuse, Papin,
Anth. deNiorl, Léonore Nourri, René Richard, J. Pavillon, Jacq. Piron, Franc. Pouvteau,
René de Saint Léger, P. Servant,P. Souche, Henri de Banques,Regnard, Susanne Richard,
Jeanne Suz-et, Susanne Thomas, Georg. Tuant; Dan. Rivet, Guil. Roche, Saint-Mard, Saint-
André Viclor,Jacques Soullice, Tharai; — 3° Loca-
— 8° Niort: Jacquelte Audebrun,
T. VII. iJ
Mfè
MIG' «. 4I8-— ,
&m èfto'ié.cû'nip'tàhiëriiû't un ti'ès-'gràh'd m enïàhlssëtroûvàlëiit Slô'M'jJi'ësijtti
n-rjfnbre-a'êlèVëliLepfo'flùît 3ësoiî trà^.. 'àui'oiïT
tous réunis de liri. «,Les dra-»
va'il suffisait amplementà l?ëhtrëtieh de go.ns i ràc6fjfè-t-ilj battaient lé paye
s;i faniillé; mais de nouvelles épreuves d'un h'oUÏ à'l'autre, ët.jes jjé'rsppnes
l-'àttëhdaiëht. Sa fëm'ine mbtirut;ie .28 que leur humanité.pt leurs dispositibris
fév: «Sa',- dés suites' d'une Couche * hospitalières, rendaient suspectes aV
dâïïs' tés sëhtimëhté;ïes-plùs touchants vaient à essuyer, lotis les jours. des
d-unê piëie vjvè et sincère. A peine l'à- visites domiciliaires. C'était s'exposer
vait-il ilêposeè, dans la.,t0nibë:qû''ohlùi aux,plus grands dangers que.d'accorder
signifia la Déclaration du 14 janv.4 683,' un asile à un malheureux fugitif. Là
fanant défense à ,tout instituteur,|fp;- térreUr planait sur. tô'utés les têtes : le
tèstant §e-rëçevpir' fjë's pensionnaires, frère osait, à peine ouvrir. Sa maison à
là douleur,tjii'il .éprouvait de là perte son frère.» Dans sa détresse,.Migault
d||à fernftie; le, rendit jirësq_pelrisën- prit.lè.parti de retourner àLaïipchelle
sible.à cécp'jjip iïnpfevu. Il.së;soumit:eh pour ..tâcher'- d'y trouver les moyens
plaçant ses six pensionnaires dans des d'émigrer;.màis; dès le'lendemain de
fanfitles protestantes.de.ià^yillé>'•, mais spn, arrivée, il fut arrêté comme, sus-
y^iâ ïïi? faisait Jas; le çompie (le Bar- pect e't.jeté en prison. «On me condui-
&éiA;l'instituteur apostat, quile.fit ci- sit, rapporte-t-il, à.la tour Saint-Nico-
.
ter d.ëvaritle juge; l'accusant,- d'éluder las, ;ètrpn m'y enferma tout eh haut,
Iëëii|s(ipsïiïè|ft.à'.âQ,.lïi.âëGlafajiiopî.du foi: ilan's un petit étage qui, .avec, beaucoup
C;ëtlëafeirè.toùtefolsiVeuiàuc'unes;Ui- d autres,- s'ont dans l'épaisseur dës-'m'ù-
ie:. L'école.ne devait-elle pas disparaî- râ'illes; et, quoique, .dans çë trou, je
tre avec l'ëglisë; et lesthesurëï déplus M'eusse .'pas assez d'espace .pour m'y
...plus Violentes au gouvernement pouvoir coucher tout au lpngpour dùr-
en
n'annonçàient-elles pas la.-ruinepfo- niir; qûè; pendant trois ou quatre se-
chàin'e de l'hérésie en' FrânCe ?L'è'.çler- maines, j.en'yyissè ni.fèu ni c.hànâel'ië;
,gé.,romainpouvait patiepler_un pëU. qu'il fit.un extrême froid., et que je ne
r:...Parmi les Protestants; eux-mêmes; pusse inè promener ppurmè rëçjiàuffer
lès.:mo.ihs(clairvbyânts S'attendaient à m voir. le jour que.pa'r un petit trou;
tin'e catàstropliè. Migaïïït prit ses me- çepè'ndànt.j'y élois assez bien de toute
sures ëh, conséquence. Jl.cbhp.lia ses manière pour y pouvoir vivre deUx,
élèves,,.dispersa.sa:famille chez.quel- même plusieurs, années, attendu que
ijuesi .geritils'h.pmmes.dù ypisinàgè, et trois de mes.amis,.q.ui sont Wâ.:.Elie
resta sèùî4 Mauzé,.-.altènflàflt'iësévé-.. Hérault, Jacg. Martin etDavid Bion,
nements.';Al'âr,riyéëi,dèé ffragoris., le prènoiènl un soin particulier de.m'èn-
23..sept...4ëS^,_il.se.pta de quitter sa yo'yer. chaque jëùr ce. qui.m'éioit né-
jhaison,qui fut saccagée ;on n'y laissa cessaire.» Quelques jours', après son
que lès quatre ihurs, Pendant un mois; arrestation, il rebut là visite de sa fille
il. erra çà et làV>.|è, ëaCpirt lejbuf,. ne Jeànnelon. «Elle .m'apprit,ttconle-
voyageant .que là n uft, et ne demeurai!t t-ii.à ses enfants;.à.qui il.adresse son
jàihâis plus dé quàrarite -huit heures JournaL, elle m'apprit l'état dé.vous
dansle mê.mëlièu; Il finit par trouver tous,, et comme .Anne étoit.allée, en
linaliie chèi M.. d'Ôlbfeuse, qui le fit Poitou, Marie et Elisabeth hors de la
passer, pour son intendant; mais la maison où je les a-v-ois mises, sans que
Déclaration du 4,4 jàhv: 4 6$6 lui ëh- personne voulût ou osât les recevoir;
leya; ce dernier abri et lé jeta dans des Jean et Philémpn retournés à Ôlbreuse
angoisses d'autantpluspoignàntes,que sans oser de jour entrer dans aucune
maison. Et elle,; qui, nie parlait, ajouta
lites, iriûésigliées : Bôutcrcan, de. Brùeilha'ç, qu^à son retour, elle ne savoit à qui
Hugues- Coçheran., Simon pu .Port,. Joseph
Ecclcf,Gùiberi, Là FiJrestjminislrëïLiScïgni-
.
s'adresser; personne ne voulant aucun
nière - Pognan, Majoiij ministre, Roitlin. d'eux.» Pendant (rois semaines Mi-
MIG m MÎG
iâtiit rlïliltàùst isisûrl de à fille gi à il ayisSa.^êe Mi lëé eêràiJêgBBrii
lés.pfiefeË; malBî.kpi'èl sefl .dépkfi, lé lie sa,fùlis '(*), kli iervlêe uivliis. it, !ë
triste tableau qu'elle lui avait mis sous vendredi.suivàritj Spr&ê tin.ëerrîiëh dé
les yeux se,rèprésentantplus vivement circonstance prononcé pai- Gilbert,
à.spn imagination,. « l'affection char- Ceux d'entré eux qui avaient.eh la fai-
jielie.et naturelle» triompha, «etil eut la blesse d'abjurer firent .une ephfessioh
lâcheté d'écrire, son nom au bas d'un publique de.letirpéché etfurêntreçon-
papier qu'où., lui présenta à, signer; » cil.iés avec l'Eglise-. Migault alla s'êt.a.
après quoi, on le, mit en liberté (]). blir ensuite à. Amsterdam d'où il fut
-,
: sermons. ',-.•
SI1TOIS, nom d'une baronnie ap-
gomenis cum autographo collatis E- partenant à un gentilhomme normand,
pistola, 4766. connu dans l'histoire du protestantisme
IV. Paraboles ou Fables et mires
. .
français par le rôle considérable qu'il
MIT — 429 — MIT
a joué, de 4 620 à 4 622, à l'Assemblée l'Assemblée écrivit au roi une lettre
politique de La Rochelle. très-humble el très-soumise, en lui de-
Le 25 juin 1621, le baron de Mitois. mandant des passe-ports pour ses dé-
qui avait déjà rempli diverses missions putés. Peu de jours après, Des Isles-
à la satisfaction de l'Assemblée, fut élu Maison, l'agent de Lesdiguières, rap-
président pour un mois. On lui donna porta la réponse du maréchal, qui insis-
Clemenceau pour adjoint, Casaubon tait pour que l'Assemblée commençât
et Savary pour secrétaires. Le pre- par se séparer, en s'engageant à obte-
mier acte des députés des églises, sous nir du roi une abolition générale et des
sa présidence, fut de répondre à la Dé- passe-ports, non pas pour ses députés,
claration donnée par le roi à Niort, le mais pour les députés généraux. L'As-
47 mai, pour contraindre les Protes- semblée ne voulut rien décider avant
tants à désavouer l'Assemblée. Ils or- d'avoir consulté les églises du Midi et
donnèrent la publication, en forme de lès agents qu'elle avait envoyés enHol-
manifeste, « d'un recueil tant des vio- lande et en Angleterre. En attendant,
lences exercées contre les Protestants elle répondit à Lesdiguières qu'elle se
que de ce qui avoit esté commis contre séparerait,sile roi donnait«seuretéaux
les édicls »; ce soin pris, ils s'occupè- églises et aux personnes. » De leur
rent des moyens de soutenir la.guerre. côté, les bourgeois de La Rochelle, in-
Le manque d'argent paralysait tous formés de ce qui se passait, la firent
leurs efforts, el le plus souvent, aux supplier par Bernardeau, Tharet et
demandes pressantes des commandants La Lande, de « subsister comme elle
des places fortes, l'Assemblée en était avoit faict jusque-là en leur ville. »
réduite à répondre « qu'on n'avoit Cette tentative d'accommodement n'a-
moyen de leur fournir hommes ni pou- boutit àaucun résultat. Sur la demande
dre maintenant.» Il en résultait néces- du mairp de La Rochelle, Lescun, La
sairement que les villes où les Hugue- Tour et Guérin furent élus pour re-
nots étaient les maîtres, succombaient présenter « le général des églises, »
l'une, après l'autre. Mais ce n'était pas dans unlribunalsuprême, qui devait ju-
le seul mal contre lequel elle avait à ger en dernier ressorlles causes civiles
combattre. Il lui fallait encore prévenir et criminelles; mais, nous l'avons déjà
les divisions dans le parti, réprimer les dit, ce qui préoccupait surtout l'Assem-
trahisons, et c'était peut-être là la tâ- blée, c'étaient les moyens de se procu-
che la plus difficile; mais l'énergie ne rer de l'argent. Les mesures qu'elle
lui manqua jamais. Elle frappa sans prit, à cet effet, occupèrent les der-
ménagement ceux qui, comme Ponchat niers jours de la présidence de Mitois,
èlMoïan, députés du conseil provin- qui céda, le 25 juillet, le fauteuil à
cial de la Guienne, abusèrent de.leur Loubie.
position pour essayer de rompre l'u- II fut appelé, une seconde fois, à
nion des églises. l'occuper, le 25 avril 1622, ayant La
Mitois occupaitdepuis quelquesjours Cloche, pour adjoint, La Milletière,
le fauteuil de la présidence, lorsque de Paris, et Montmesart, pour secré-
arrivèrent des émissaires de Lesdi- taires. La question des finances do-
guières et de La Trémoille, qui en- mina encore dans les délibérations de
gagèrent, au nom de ces deux sei- l'Assembléependant celte secondepré-
gneurs, l'Assemblée à se séparer ou du sideuce de Mitois; mais il s'y joignit
moins à suspendre ses séances ei à en- des complications fort graves, la prise
voyer au roi des députés à qui ils pro- de Royan, malgré la vaillante défense
cureraient des passe-ports. Le conseil de Du Verger-Malaguet, l'arrestalion
de ville, consulté sur cette proposition, de Freton, qui faillilamenèrupe scis-
pria l'Assemblée « d'en vouloir faire sion entre l'Assemblée et les magis-
bonneconsidération.»En conséquence, trats de La Rochelle (Voy. V, p. 173),
Mi - - iàii m
i\U procès du ,de|i. lë^éliêfal.^is H
!â âiiiôiiSlallûtî,ûHifi,.iîiigài.biliîilifîf
(Vbjj Ce iipffi^aui fit éclater èiitré força.lesfiéfflolhsiiBsiélfaçiëi., bri-lës
eut ùji dângèreiiï corifjiL: .,,,.'. fâistihi; incarcérer.; tej.profiès^.suivit
Les dèseendatits du haroii -a'e.Milbis
,
.
doiic sbîi,,çpnr.sj el le paù.yre pâslpui'
cbhtinuèrëht.àprofesser la religion r$- fut condamné,, au.nïois dé juillet 4 679,
forihéeaù.mdins jûsrjù'én 4 6&&(Archi par le parlement delà Guienhp,,au ban-:
géhtJ-t. jtf.QJ* •;, ;,
,-„',..: ..... i.iSsenient et à une forte amende. Hors
MîtîtZAÏJBiN '( JÈÀN) pâsteùr de
. ,
d'état d.eipayjî.r.etdèsespéré de devoir,
,
Sainle-Foy, fut député par la Bï,|sé- ù;spi) âgé,, s'.éipigner 'de sa. famille, il
Guiëhhe au Synode national "dé Càslijës, prit le paHi;;daJb_urer.;,-!77;Â la,révo-
qiii.Ie chargea d'aller Inspecter lés é'-r cation, ..le/pasteur de Gehsaç donna le
giiseS de la Terre de-Labour. 11 vivait même exemple..de faiblesse;; mais il
onGoré en 1637.. Selon l'Index de l'ar- cessa bientôt «défaire son devoir de içà-
pliëvêqûê dé Paris, il à publié, contre tiioliqùe.>>,'()n;l'accusaihême.,en'J692,
Bellàfmin et Du.Perrori, un livre inlj- de tenir, des, assemblées,.et on le mit
tulé Tableaude VEglisérepréseniant en, jugement sur la .dénonciation, de
ses marques et son autorité, que nojis deux valets qutavaieht quille son ser-
n'avons -pi, nous procurer, Son fils vice (Arch. M. 671). Nousne.connais-
JACQUES fil ses études à.Montaubah,, sons pas.lé résultat du procès.
où il. soutint. Sous ia présidence, de -Riî'ZtËn-É (FRANÇOIS1),.ou Misère, .
belles-lettres, dont plus que personne (1) On trouve ce nom écrit de-quatre ou cinq
il contribua à ranimer le goût dans sa manières : Moisant, Mqgsânl, Moisans, Moy-
San et même Moizeit. Nous né saurions trop
ville'natale par la fondation [1652] répéter qu'on ne doit pas attacher une très-
d'une Académie, qui tint d'abord ses grande importance "a ces différences d'ortho-
séances chez lui. Il mourut en 4 674, des graphe. - - Lès
suites de l'opération de la taille, lais- (2) Ce médecin mourut relaps en
,
1731.
juges de Eontenay-le-Cbmt'cse hâtèrent,daii's
sant la rép'ùtation.d'un homme fort in- l'espoir d'une confiscation, de faire le procès
struit et.ifèé-,aimable, d'uhbonpoète et a sa mémoire ; mais ses, filles prouvèreht.leur
d'un prosateur élégant,-.Il avait pour catholicité d'une maniéré assez satisfaisante
pour que le secrétaire d'État Maurepas leur
amis les hommes les plus illustres de accordât main-levée des poursuites (Arcli.Ê.
son temps. De son mariage avec C'a- 3568).
MOI 432 MOI
— —
domi, 1670, in 8°; —H. Les origines 4 698, les filles d'un Moysan de La Ro-
de quelques.coutumes anciennes et de, che-Logerie, qui mourut, cette année-
plusieurs façons déparier triviales, là, en Hollande, étaient enfermées dans
avec un vieux manuscrit touchant le couvent.de Saint-Chaumont (E.
l'origine des chevaliers bannerets, 3553); en 1700, une demoiselle de ce
Caen, 4 672, in-4 2, ouvrage rare et cu- nom fut mise aux Nouvelles-Catholi-
rieux ; — III. Les divertissemens de ques de Paris (Ê. 3386); en 4725, les
M.D. B. [De Brieux], Caen; 4 673, in- deux fils aînés d'un La Roche-Logerie
42, recueil de lettres: et de vers fran-. furent placés par lettre de cachet au col-
cais et latins. Il a laissé aussi en mss. lège de Châlellerault .E.3411), à la de-
une trad. latine d'une partie des épi- mande de l'évêque de Poitiers; deux
grammes de l'Anthologie et un vol. de autres, âgés de 4 3 et de 14 ans, étaient
Méditations chrétiennes. au Collège de Niort, et un cinquième
Une branche de la famille Moisant dans une pension catholique à Paris
s'était établie dans le Poitou. Elle ne (Ibid. 3563); à la même époque, deux
nous est connue que par les persécu- demoiselles de Lastre, dont le frère
tions dont Pierre Moysan, sieur de La avait été élevé par les Jésuites, étaient
Roche-Logerie, elquelques-unsdesps enfermées à l'Union chrétienne de Poi-
descendants furent victimes. tiers, et leur mère, Louise Moysen-de-
La Roche-Logërie, que Foucauld La Roche-Langerie, demandaiten vain
qualifie d'un des plus entêtés religion- qu'on les lui xend\t(lbid. 3564); enfin,
naires, fut impliqué, avec lés ministres en 1735 encore, une demoiselle de La
René Melin et Pierre Pomier, dans le Roche-Logerie était élevée à l'Union
procès qui fut intenté, en 4 685, au chrétienne de Poitiers (Ibid. 3121).
consistoire de Saint-Maixent, sous pré- . M01VRE(ABRAHAH),savant mathé-
texte qu'il avait souffert des relaps dans maticien, né à Vilry en Champagne,
le temple, procès qui se termina, com- le 26 mai 1667, el mort à Londres, le
me d'ordinaire, par la ruine de l'église. 27 novembre 1754. Malgré la modicité
La sentence, rendue le 5 avril, le mit de ses moyens, le père de noire Abra-
hors de cause, ainsi que- Jean Duri- ham, qui exerçait la chirurgie à Vilry,
vault et Marie Durivault, sa fille ; ne négligea rien pour lui procurer une
mais François Constant, praticien, et bonne éducation. Dès l'âge de 11 ans,
jacquette Chartier, femme de Geor- il le relira de l'école des frères de la
ges Barraull, furent condamnés com- Doctrine chrétienne, el l'envoya à Se-
me relaps, à l'amende honorable et au dan, où il fut confié aux soins du pro-
bannissement perpétuel; eu outre, le fesseur de grec, Du Rondel. Ses pro-
mariage de Barraull fut déclaré nul et grès, ne laissèrent rien à désirer. Seu-
ses enfants bâtards, en cas qu'il y en lement ses maîtres lui reprochaient de
eût. 11 paraît qu'après la révocation, La perdre, trop de temps avec les mathéma-
Roche-Logerie réussit à passer dans tiques. Le lemps perdu aux yeux du
les pays étrangers. Dès 4 681, il avait monde est souvent le temps le mieux
envoyé en Angleterre, auprès de M™° de employé ; les plus grands génies ont
La Rente, ses pélils-enfants, GÉDÉON, lous perdu beaucoup de lemps. Moivre
GABRIEL et OLYMPE, âgés de 14, 10 et se dérobait volontiers aux jeux de son
8 ans, que leur mère réclama en 4 686 âge pour se renfermer avec son ami Le
(Arch. gén. E. 3372). Nous ignorons Gendre, le seul livre d'arithmétique
s'ils lui furent rendus ; mais nous trou- qu'il possédât. C'était une passion plus
vons dans les Registres du secrétariat forte que toutes les remontrances. A
dès preuves nombreuses que les des- la fin, il fallut y céder; mais néanmoins
cendants de La Roche-Logerie persis- ses autres études n'en souffrirent pas,
tèrent, longtemps encore après sa mort, et il devint, dit-on, un des bons huma-
à professer la religion protestante. En nistes de sa classe. 11 resta aux écoles
MOI '
— 433 — MOI
de Sedan jusqu'à leur suppression (coU découvertes. M. Moivre étoit du n'om-
lége et académie") en 1681. Envoyé bre, et il répondit vivement [dans ses
au collège de Saumur, il y fit sa philo- Animadversiones in Geo. Chenal
sophie; puis il vint suivre à Paris un Tractatum de Fluxionum methodo
cours de physique. Après un court inversa, Lond., 4 70 4, in-8°]. La répli-
voyage qu'il fit en Rourgogne avec Un que de M. Cheyne fut encore plus vive;
de ses parents, il revint trouver son mais comme celle-ci ne touchoit plus
père 'dans, la capitale où il s'était reti- aux mathématiques, et devenoit abso-
ré, el poursuivit sous le célèbre Oza- lument personnelle, M. Moivre aban-
namses études mathématiques. La ré- donna le champ de bataille à son ad-
vocation de l'édit de Nantes jeta le versaire, qui fut, dit-on, le premier à
trouble dans la vie du jeune-savant. avoir honte de son procédé et à rendre
Enfermé au prieuré de Saint-Martin, il justice à M. Moivre, lorsqu'il eut repris
ne recouvra la liberté que le 27 avril _ le
genre d'étude qui lui convenoit, et
4688 (Arch. gén. E. 3374.) Son opi- qu'il ne se crut plus son concurrent.
niâtreté, et sans doute aussi Pimpossi- Cette contestation valut à M. Moivre
hililé où il était de faire plus long- l'estime de M. Rernouilli l'aîné qui en
temps les frais de son éducation, lui prit counoissance. On assure même
valurent cette faveur. Il se relira en qu'elle eût pu lui valoir son amitié s'ils
Angleterre, et se mit à donner des le- n'avoientpas été tous deux occupés des
çons pour vivre, tout en continuant ses mêmes objets et par conséquent un peu
études. « M. Moivre, dit son panégy- rivaux. » Lors de la dispute qui s'éleva
riste (1), parcourut toute la Géométrie entre Leibnilz et Newton, au sujet de
de l'infini avec la même facilité et la la priorité de la découverte du calcul in-
même rapidité qu'il avoit parcouru la finitésimal, il fut choisi par la Société
Géométrie élémentaire, et fut bientôt royale pour un des commissaires char-
en état de figurer avec les plus illus- gés dp décider la question. Cette es-
tres mathématiciens de l'Europe. Il fut time méritée dont il jouissait parmi les
connu de M. Halley en 1692, et lia une savants du premier ordre ne fut cepen-
étroite amitié avec cet illustre astro- dant pas capable de vaincre les répu-
nome. Peu 'le temps après, il fut ami gnances que le gouvernement anglais
de Newton même, puis du célèbre M. .a éprouvées dans tous les temps à in-
Fatio ; eufiti il se trouva lié avec tout troduire des professeurs étrangers dans
ce que l'Europe comploit de mathéma- ses universités. Ce fut en vain que ses
ticiens célèbres. » Dès 1697, la Société amis sollicitèrent pour lui obtenir une
royale l'admit dans son sein. « Le mé- chaire à l'université de Cambridge. Les
rite, surtout lorsqu'il est éclatant, con- démarches deLeibnilz n'eurent pasplus
tinue le biographe, demeure, rarement de succès en Allemagne. Notre savant
sans attaques : M. Moivre ne manqua en fut donc réduit à poursuivre jus-
pas d'en essuyer. M. Cheyne, médecin qu'au bout la vie de labeurs qu'il me-
écossais, qui s'est depuis rendu fameux nait, ne pouvant donner à ses travaux
par des ouvrages d'un autre genre, pu- que le temps que lui laissaient les in-
blia, en 4 703, un traité de la méthode grates occupations de l'enseignement
inverse des fluxions, dans lequel il mal- privé. L'amitié du grand Newton adou-
traitoit plusieurs illustres mathémati- cit au moins ses dégoûts. On raconte
ciens, dont il s'attribuoit cependant les que l'illustre mathématicien venailcha-
que soir prendre Moivre dans le café où
(1) Grandjean de Fouchy, dans son Eloge il se rendait après sa journée achevée,
inséré dans lé Recueil de l'Académie des
sciences (I75i), et rédigé d'après les rensei- et qu'il l'emmenailchez lui où ils pas-
gnements que lui avait Courais un de nos ré- saient ensemble la soirée à philoso-
fugiés en Hollande, Mathy, auteur lui-même pher. Le plus important des ouvrages
d'un Mcmoiie imprimé sur la vie de notre sa- de Moivre, ses Mélanges analytiques,
vant mathématicien.
T. Vil- 38
MOI MOI
— 4M- —
ne parurent qu'aprèsla mort de son ami, attention qu'à ses calculs.—11 nepou-
c'est le recueil de ses découvertes et voit souffrir qu'on seyermît sur le su-
âè ses méthodes. .«.Si. Naudé.fameux jet de la re'li_gion des' décisions hasar-
jnathématicieii de .Berlin, auquel il en dées, TIÏ d'intlëcenlesTailler'ics. Jevous
avoit eny.oyé.un exemplaire., avec une ^prouve que je suis chrétien, répon-
leltrègUi çontenolt la 'solution de plu- dit-il à un -homme qui-croy-oit^ppa,-
sieurs' problèmes, n'eut pas /besoin reminen.tiuifaire un complimenten d,;i-
d'au Ire litre pour proposer à l'À.cadé.- sant.qiieiés mathématiciens îi'avoiënt
mle .de "Berlin de s'àssociersur-le-champ ])en dere\\u,\on,.envousjiaroloimant
untel homme, et-Il fut nommé par une la sottise que mous venez d'avancer.
pspèee d'acclamation. » Moivre n'a plus La médiocrité de sa fortune np'lui
—
rien publié depuis. Ses dernières an- a jamais permis de pensera se marier;
nées s'écoulèrent paisiblement au mi- il a laissé à ses parents le peu de bien
lieu de ses éludes et de ses travaux. qu'il -avoit amassé.» Ou lui doit :
L'étude ;des sciences -n'absorbait pas ' ï. The doctrine vf chances, or a
tcule l'activité de son esprit, ce qui metliod of calcidatingthe probabili-
n'arrive que trop souventchez les'hom- ties ofcveiits iriplay, lond., 4 716 ;
înés mé.diocres.ll goûtait les Lettres et a'ugm., 1738; augml.de\nouv.., 47&6,
se repo.sait de ses Travaux plus sérieux in-4". La première ébauche de ce tra-
flan s lie commerce des bons ailleurs de vail avait été communiquée, en 1744,
l'antiquité. Parmi les modernes, 'Mo- à la Société rpy. deLôndres sous le
îièi'eetRabelaisavaientsespréféi'enc.es; titre Demiensurà sortis. '
ïl les savait par c<Bur. Jordan, qui le IL Évaluation of annvÀlies on Vi-
fît dans son voyage en Angleterre eu ves,Lond., 1724; 1742,. 47S0, in-
i 733, remarque que notre savant était -8°;'trad. en ital.jjar leP.Fonlàna, Mi-
_çtn homme d'esprit, d'un commerce lau,4776, in-8". '--
4 692 subsista plus d'un siècle. Elle de le suivre sur Péchafaud.'il racheta
,
était encore desservie, en 1706, par sa vie par une apostasie. Cette abjura-
Molenier, qui eut pour successeurs Jo- tion obtenue en face du gibet fut un
seph de Maure (1720-40), Fauriel triomphe pour le clergé romain, qui ne
(1741 -60), J. Maillard (4 748), Da- rougit pas de la proclamer «un des pius
vid-Louis Monin , qui la quitta, en grands miracles qui se soient faits de
4 763, pour cellede Plymoulh, Martin- nos jours dans l'ordre de la grâce. » On
Guillaume Bataille (1769-91).Mple- sehâla de puhlierune Lettre de M,Mo-
nier avait épousé, en 4 704, Judith lines, dit Fléchier, à un de ses amis,
Méchinnet (4). ,
avec son abjuration, Paris, 1752, in-
Plusieurs ministres de l'Évangile ont 4 2, qui a été reproduite et réfutée avec
porté le nom de Molinier, mais aucun talent dans le Patriote français et im-
ne mérite d'être signalé spécialement.. partial. Dans cette Lettre on lui faisait
Nous rapporterons pourtant une aven- dire: «La seule lumière delà vérité m'a
ture qui arriva, en 4 621 , à Molinier, conduit au pied des autels;., .mon chan-
ministre de Foix. Etant allé présenter gement a été la suite d'une prière fer-
ses devoirs au nouveau gouverneur vente el assidueet d'un examen sérieux
La Forest, Molinier fut pris à parlie dans lequel j'ai reconnu la fausseté de
,
dans la salle même des réceptions, la religion dont j'étois le ministre, et
par le P. Villate, qui se mit à ergoter la vérité de celle que j'ai eu le bonheur
sur la pénitence et la confession auri- d'embrasser. Il faudrait sans doute que
culaire. Molinier, abasourdi, ne sut je fusse le dernier des scélérats pour
que répondre, à ce qu'affirme le Mer- avoir sacrifié mon salut éternel à quel-
cure français. Cependant, le gouver- ques jours d'une vie passagère. je ne
neur étant intervenu il consentit à ac- l'estime pas assez pour l'achelerauprix
cepter la dispute par écrit; mais, après de mon âme, etc.» Mal gré tout ce bruit,
réflexion faite, il déserla son poste et le gouvernementconservait des doutes
se retira à Pamiers. Tout son troupeau sur la sincérité de celle conversion for-
seconvértit,ajouteleMercure,etle tem- cée. Le 6 mai 1752, Saint-Florentin
ple devenant inutile fut démoli. Ce qui écrivait à Saint-Priest: «J'aiété charmé
peut justifier Molinier, c'est qu'à voir de ce que vous me marquez de là con-
l'acharnement déployé par le clergé et version du ministre Fléchier ; jusqu'à
le gouvernemenlcontrelesProtestants, présent, il y a lieu de présumer qu'elle
il était facile de prévoir qu'il n'y aurait estsincère.Cependantcomme il est déjà
aucune équité à attendre des juges de arrivé qu'un ministre du Dauphiné a
la dispute. feint de se convertir pour prévenir un
MOUNES (JEAN) , dit FLÉCHIER , arrêt de mort, l'intention du roi est
pasteur du désert. Le 18 mars 1752, qu'afin d'éprouver les dispositions de
c'est-à-dire six semaines après la cap- celui-ci, vous le jugiez et lui fassiez
ture du ministre Bénezet. Molines fut, prononcer son jugement; s'il persé-
à son tour, arrêté à Marsillargues, dans vère, vous en ferez suspendre l'exé-
la maison d'un nommé Chabran (Arch. cution, et S. M. commuera sa peiiie
gén.TT.332).Mm"deSMsm,soupçon- en celle de la prison, sauf à lui accor-
née de lui avoir donné asile, partagea, der ensuite sa grâce entière, en cas
ainsi que sa fille,sa caplivité(2).Frappe .qu'il persiste dans les mêmes senti-
de terreur par la condamnation de son ments.» Ces instructions furent ponc-
collègue et nesesenlantpasle courage tuellement suivies (1). Molines conti-
(1 ) Une autre Camille du nom de Molinier rlier- Une Lettred'un chanoine de Montpellier,
(1 )
cha également un asile en Angleterre. Elle a imprimée a la suite de la Lettre de Molines,
donné deux direrlcurs à l'hôpital français, nous donne les plus curieux détails sur la co-
/ac{Mes3fo/î'(îier,en1721,etCharlrs, cn-1756. médie qui'se joua à cette occasion. Molines,
(2) L'espion qui le trahit reçut 3000 livres qui avait fait preuve, avant el pendant son
de récompense, {Arch. gén. E. 3513). interrogatoire, d'une'grande-lâcheté,-écouta,
MOL 437 — MOL
nuant à donner « des marques de reli- courte durée. Non-seulement l'arresta-
gion et de persévérance. » S. M., per- tion des deux pasteurs du désert ne dé-
suadée « que la conviction éprouvée de cida pas leurs collègues «à prendre la
la sincérité de son retour bannirait les fuite», ainsi que l'espérait Saint-Flo-
doutes que les au 1res ministres auraient rentin; les Protestants continuèrent à
voulu faire naître et procurerait des s'assembler comme auparavant; bien
conversions aussi véritables, » et trou- plus, à peine le malheureux Molines,
vant d'ailleurs «juste de favoriser ses «ce parfait honnête homme, à qui, se-
pieux desseius»,consenlitenfin,aumois lon l'expression du chanoine et syndic
de septembre, qu'il sortîlde la citadelle Morel, ses vertus morales avaieutattiré
de Montpellier pour aller au séminaire la grâce de sa conversion », fut-il libre
deViviers'(.4rcA.#g?i.E.3513).Quant qu'il sortit secrètement du royaume, et
à MadelainePilot, veuve du capitaine se sauva en Hollande. Le consistoire
de cavalerie de Sensens, elle fut, ainsi wallon d'Amsterdam, touché de son
que sa fille, âgée d'une douzaine d'an- repentir et de ses pleurs, consentit à
nées, gardée dans les prisons de la ci- l'admettre de nouveau dans le sein de
tadelle de Montpellier. On espérait que l'Eglise protestante. Cependant, jus-
l'exemple de Molines les «ramènerait.» qu'à sa mort, le pauvre apostat ne cessa
Cet espoir paraît ne pas avoir été déçu de gémir sur sa faiblesse. « Bien jeune
au sujet de la jeune tille (1); mais la encore, vers 1778, raconte, le fils du
mère, qui passait pour la femme du mi- pasteur Châtelain d'Amsterdam, je me
nistre aposlat, resta inébranlable, et souviens d'avoir vu arriver mainte et
fut envoyée à la Tour de Constance mainte fois chez mon père M. Molines,
(Ibid.'E. 3513). s'accusanttoujours.tandisque mon père
La joie de la cour de Louis XV fut de s'efforçait toujours de lui faire compren-
dre que,par les mérites infinis de Christ,
s'ilfaut en croire le susdit chanoine, la lec- son pardon lui était sans douteaccordé...
ture de sa sentence « avec une fermeté hé- La figure de malheureux, sillonné
Il
roïque. » se confessa, reçut l'absolution et ce
demanda l'exlrëme-onclion.l*endantcetemps, de rides, portait l'empreinte du déses-
le curé de Noué-Dame avait donné ordre poir.... Son regard éteint par leslarmes,
qu'on exposât le saint-sacrement pour son attestait tout ce que son âme avait souf-
agonie; le commandant militaire avait assem-
tlé la garnison sur l'Esplanade autour de la fert ; on ne pouvait le rencontrer sans
potence, et le bourreau, « tenant la corde a se sentir ému de pitié; son attitudeex-
la main, » s'était rendu dans la prison. Enlin primait l'affaissement ; sa tête relom-
«M. l'intendant, accompagné de son subdé-
légué él du procureur du roy en robe, entra hanle de tout son poids sur sa poitrine,
dans la prison, et dit a M. Fléchier que puis- et ses mains pendantes annonçaient un
qu'il alloil mourir, il le conjuroit de lui dé- découragement profond... 11 était telle-
clarer s'il avoit encore quelque chose à dire ment absorbé lui-même qu'il ne s'a-
qui regardât le bien de l'Etal, à quoi M. Flé- en
chier ayant répondu que non, M. l'intendant percevait de quoi que ce soit ; rien ne
ajouta que pour la consolation de ses juges pouvait ledislraire de ses sombres pen-
et 1'édiBcalion du public, il souhaitoil qu'il sées; il ne pouvait oublier surtout le
déclarât dans quelle religion il vouloit mou- jeté lui nwBénezet;
rir. M. Fléchier prolesta d'une voix ferme dernier regard sur
qu'il mouroit dans la R. C. A. R., hors de et quand ilétait i-n proie à Ce souvenir,
laquelle i! n'y a point desalul ; sur-le-champ, ses sanglots redoublaient; il regrettait
JI. l'intendant lui dit : Eh bien, Monsieur, le la du martyre perdue par sa
roy vous accorde votre grâce. M -Fléchier, en couronne
lui" prenant la main, la baisa, se jetta à ses lâcheté et conquise par son ami. »
pieds, et l'a, il lit, avec son éloquence natu- MOLTZlUl (JACQUES), critique
relle, un remerciement au roy, qui lit verser célèbre et un des meilleurs poêles la*
des larmes à tous les assisians »
(1) En 17S4, elle demanda au roiledondes tins duxvi" siècle, naquitàStrasbourg,
biens de sa mère, qui avaient été conCi-qués le 6 avril 1503. Le talent avec lequel
(Arch. E.3515). On lui avait rendu la liberté il remplit, étant écolier, le rôle de Mi-
après quelques moi» fle Uétepiios (/*$. II.
ÇTHVS <lans le dialogue 4e Iwfeu in-
MOL 438 MOL
—
titulé Le Coq, lui fit donner ce surnom demumperJ. Micyllum, qitoecumquc
qui lui resta. 11 fit ses études à Heidel- rèiiqual fuêre. translata. Cum ar-
berg, à Ërfùrt, à. Witlemberg, c'est-à- gumentiset annot ai. ejusd'empassim
dire dans les meilleurs universités de adjectis, Franco!., 4 538, ih-fpl.
l'Allemagne, et .après lès avoir ache- Vill. Epigrammata groeca, Basil,;
vées, il fulnommë recteur du.gymnase 1538. —Cité par Gesner, qui n'indi-
de Francforl-sur-ie-Mein et chargé,, en que pas ie for-mat. ..,..._...
ihêmé temps, d'enseignerlé -latin et le ÎX. De re meiricà lib, III, Fran-
grec. L'a réputation qu'il acquit le fit cof., 1539, in-8-0. — Chef-d'oeuvre,
appélèr.én 4 532, à l'université de Hei- au jugement de Mélanchthon.
delberg comme professeur fie grec; \.Aritlimelhicoe logisticoe lib. Iï,
mais il ne conserva pas longtemps sa Basil., 1,539, in-8°,
.
édit. d'e/M'arlial .'.(Basil., 15à6, in-80'; in-41;,-par son fils Jules. Nous rappor-
ïig.,Ï5U,ln'-'8°). '.
,-.y%.,LiiciiiniSMiosatm^
.,.,",.. terons, comme' échantillon de sbn'ta^
lent poétique^ 'les derniers Vers-qu'il
qnts.quidemexsiaiit omnid, e\grceco composa, peu de temps avant d'expi-
scnnoneinlatinimpariimjam olim rer'.
iidivêrsis mtoriiïm, pârtim mine Fàla "vôca'nl,
monarque libens, Vajès.tis'aiaiei;
MON
— 439 — MON
Hegia siderei mo vocat a-lta poli. lébré en 1631,; avec Marie Menant (1 )
À.ttii,
.
Ch.riste, névoe qui nobisgaudid-vilio'
Réddis, et in supérâ dâs- regione l'ocum, morte en 167.8,. à l%e de 64 ans.:
Huicafieunlï'anihioeplàciduni largire- quietem; 4." MAHIE, née le 25 juill. 4 6âf;—
.Ne rijibi-sit plclium mortis inane luoe. 2? Louis,,né en 1634, sieur de Rutie-
Me liquor ille tuô sfillans è vul'nére saricio
Abluàt, hbs oestus, Ivaiic levet illé sitlm. - ville. f_ReuneviUe?_j, capitaine au fer-
ment de Champagne;.— 3° ÏSAA-C,. (jitit
On doit, en outre, à Micyllus, une suif;- — i° JACQUES, sieur dé_Gh_aveàay,
édit.
.
augm. de la Grammatica groeca qui épousa-, le 21 janv, 1682, Margue-
de Mélanchlhou (Franc!,, 1.544,. in- rite BourdiniHile de,Charles Bour-
8°),. une- édition du traité De inetris, din, sieur dePierre-BlanGhéi. conseil^
de Terèutianus Maurus (l'532), un- Ca- 1er secrétaire du roi, et de, Madeîaiii»
lendarium, et des trad- de, quelques d'Azemar; il abjura àlarévocationaveç
fragments d'Homère, qui ont été pu- sa femme,.dont il avait deux- enfants;
bliées dans les.Deliciae poetarum. ger- SUSANNE-CHARLOTTE,née en 4682___- et
manicorum. Louis, né le20 sept. 1683;;:—>°JA<f-
MONCEAU (Louis DÉ), oudeilfo»- QUELINË,, morte jeune;. —""6° SAiroia,, .
4
6S'1.ié ce mariage vinrent: 4." FRAN- tira,. enËollandê ainsi q.Ué.son;gendr.e,,
suit; ETIENNE, dont qui'fut tué- au siège de Lime ri ck. Il a-
ÇOIS, qui -^ sonffërè; 3*
2°
nous parlerons après — vait eu de sonmanigéamc.Madelaitie.
PAUL, ha en 1626 •„—4° ANNE, née.en Le Goux, céléhré en 4 658, cinq en-
1628, femme.en 4 6,67,: de Pierre Mo- fants : 1 ° SIA-RI-E, morle en naissant;,—
'«'»,mînistre à Châleâuduh;"—5"PAUL, 2° SUSANNE, qui ne vécut que deux
né ëh 1659; — 6* SUSANNE, née le 7 mois;. — 3°FRANÇOIS, né. le. 3-juill..
juin 4631 ; —7° CATHERINE, née le .4 660,capitainedans le régiment duMai-
6 ndy. 1.632;—-et probablement Théd- ae, qui se convertit.et obtint, ënl 688,
déê, ancien dé l'église dé Beaunë èh ledon des biens de son père (Arch. Ê.
Bourgogne,, en .16S0, père de deux fil- 3374).; — 4° ANNE, née eu (662 et
les nommées.ÀNNÉ et JEANNE (Arch. mariée, en 4 680, à DmidDwPlessis,,
gén.S-r.Û.^.' '_""-.'."'. sieur de'La Éerrine,, fils^deifeu Louis
" François Monginot,
I. Fils aîné de de Du Plessis, sieur de La Perrine, et de
François, docteur en médecine, naquit Susanne de Çpnrcill.on;*—T>° SUSAN-
en 1625 él marcha dignement sUr les NE,, liée en 4-664,. femme, en 4 68l.„_,dë
traces de son père.- Il à laissé sur l'u- Gédéon Mesnage, sieur, de- CAGNV, fils
sage du quihqutiia un très-bon traité, de Louis, sieur de Cagoy, elde.Murië
dont Sprengel dit dans son Hist.'del'a de Barberie-de-St-Contesi; à qui
médecine : Monginot apprécia parfai- son oncle,. MiéMl de Èarberië,. sieur
ieriieni toutes les différentes méthodes de St-Çonlest, servit de père.
par lesquelles on avait cherché à mas- II. Né en 1627etp,r.ésenté-aubaplème,
quer lé quinquina pouf lui donner la le 2Ô;riai_, par Etienne Gobélin, nyii-
formé d'un remède secret.Il veut qu'on ç\vAnddef;mi.ehMnrg^e.rMeG,obelm,
1,'àdmiiiislie pur, à la dose d'une once Elienhe Mp.ii'ginét., sieur du Plefsis:i,a
et défiiie ou deux onces, dans une in- Solle, entra dans.les finances, et devint
fusion vineuse,- préférable, selon lui, fermier génén;il;.; Lorsque les Proles;-
aux autres préparations- Cet ouvrage, larais. furent ex-cins de*:, fe_rin.es.et ga-
publié (Fahôrd sou's ce titré : De lagué- belles, malgré Çolberl, il consaçraho-
rison dés fièvres par le quinquina, ïiiement une partie de. la belle fortune
Lyon et Paris,'! 679', ih-f 2,a été réini- qu'il avait.acquise,-avenir au secours
Jfimé, tiad'.ëh latin, dans le recueil de d'un grand nombre de, commis réduits
Nigrïsoli (.Febris china chine èxpugna- à la misèreja-r Je règlement du 11 juin
ta, Ferrariae, T68'7. ih-4") él dans le 4.6R0.- Aptes que l'édit (le Nantes, eut
Zodiacùs medicp-galliciis de Nicolas été révoqué, n'ayantppinl voulu renier
de Blëgiiy (Gen., 4 68Ô-S2, ïn-4°').Oh sa religion, il.fut'exilé; il Npyon, le 29
lrpuve aussi de lui, dans.le Journal i\ov.JG8& (Arch. gén E.-337-1)* puis,
dés savans (1678), une Description le 10 déc:, en Bretagne ( l ),. Il ne tarda
d'un rein monstrueux, qui a éle trad.' pas à, se lasser de son exil. Deslemois
en angl- ei insérée d'ans le N" 168 dès de fév. 1686,. le Mercure galant put
Transacl. philosophiques. enregistrer son abjuration et celle de
Pendant les persécutions qui suivi- toute.-sa famille., Mais celte abjuration
rent la révocation de l'édit de Nantes h'était qu'une feinte En 4683, Mon-
él qui sévirent à Paris comme dans les ginot réussit à sortir duroyaumè et se
provinces,. Monginot montra beaucoup
dé fermeté et de constance, Au' mois de -' (1) Plusieurs autres Protestants de Paxis,
janv. .1686, on le jeta, à la Bastille avec outre tes aniie'us' dé, l'oslise, furent égale-
son gendre de Gàgny, et quelques ment, internés ,; comme Dttlaisë., a Binai)',
Bussiêrê, h:Dun-le-Roj-, MicKel Reou, poru-
mois après, il fut transférédans lechâ- siiîntç'ij'u do S?- lePrincôfii Ufivefi
MON 443 — MON
réfugia, en Hollande avec sa femme papauté», en sorte d'Alesme, mal-
que
(lMd3.331i).Ses biens furent confis- gré liii, se yit forcé de poursuivre la
qués au profil du roi, qui les rendit à procédure dont le parlement l'avait
ses deux enfants, Pierre et Marie (les chargé.Les interrogatoiresfurent nom-
seuls sans doute qui fussent restés en breux, mais ils n'offrent rien de parti-
France); par brevet du 30 janv. 4690 culièrement remarquable. Les deux
ac-
(Arch. E. 3376). cusés comparurent,le 4 mai, devant la
Etienne de Monginot avait épousé* Chambre de la Touraëlle, dont étaient
en 1657, Catherine Lemonàm, fille membres Jean de Guilloche (Voy. ce
d'AbrahamLemo}iom,mèàecindu duc nom),eld'autres conseillers qui,comme
de Longueville, et d'Anne Grosiête^ celui-ci, penchaient vers la Réforme
ou
Il en eut : 1° CATHERINE, née en 1658, voyaient au moins avec déplaisir l'E-
etmariée,-le4 avril 4 677,à César Caze, glise se défendre par les bûchers. 11
y
qu'elle accompagna sur la terre étran- eut donc partage, les uns ayant voté
gère en 4 685;—2° ETIENNE, né le 1 4 pour lamortlaplus cruelle, avec ques-
janv. J660; — 3° PIERRE, sieur de tion préalable, les autres pour une dé-
Vrainville, né en 4 664, qui abjura ;— tention de.quelques mois, pendant la-
4° ETIENNE, présenté au baptême, le 9 quelle on travaillerait à ramener Mon-
juillet 1C6o, Bar Jean Chenevix, maî- nier et Cazes dans le bon chemin. La
tre teinturier, et Anne Chenevix, sa Grand'Chambre, saisie du procès, se
gra.nd'mère;—5" ANNE, morte enfant; rangea unanimement à l'avis des pre-
—^"ABRAHAM, né le9 fév. 4669 mort miers. De plus, elle décréta de prise de
à l'âge de trois ans;—7" PAUL, né ie corps Alain de Ohadevillë, religieux
4 4 avril 1670; —8" MAOELAINE, née augustin, qui avait prêché le carême
en 1671, qui parvint à rejoindre ses « bien suyvant l'Evangile», el.Fran-
parents en Hollande.; — 9° JACQUES, çois Mestayer, marchand de Bor-
baptisé Je 2 fév.1673;—40°ANNE, née deaux, l'un et l'autre soupçonnés d'hé-
en 4674^ morte.jeune; — 41° MARIE, résie. L'exécution eut lieu le 7 mai,
femme,en 1684* de Pierre-Antoinede devant le Palais. Elle présenta des cir-
laucourl-d'Espmilles. constances si airoces que les specta-
flloiVlsîR (ARNAUD),jeune homme teurs, saisis d'une épouvante subite,
d'ènvjron 25 ans natif de S.iint-E.mi- s'enfuirent dans toutes les direClions;
lion-, fui constitué.prisonnier à .Bor- les gens de juslice avec les autres.
deaux, comme hérétique, le 25 avril iM{j\lli-;n (CLAEDEK nalif.de Saint-.
4.556. Quelques jours après, Jean de Amand-Talenile, martyr. Monier avait
Cazes-, de Libourne, .son plus intimé fait d'assez bonnes éludes. Après avoir
ami, ayant été amené à Bordeaux par enseigné à Issoire et à f école de Cler-
ses affaires et ayant appris son arres- mont dont il était principal, il avait dû
tation, essaya d'arrivérjustjti'àlui pour quitler l'Auvergne* «ayantinstruit la
le consoler elle fortifier; mais comme jeunesse spécialement en la crainte de
la Cour avait ordonné de saisir tous Dieu et en la cognoissance de sa sainte-
ceux qui.demanderaient à.voirMonier-, parole, et étant venu en haine et soup-
il fut arrêté lui-même et jeté dans les çon vers les ennemis d'icelle; telle -
prisons de la Conciergerie. Le conseil- rnentqu'il avoit été osléde ceste charge
ler rapporleur, J. d'Alesme, qui le con- d'enseigner. «Pendant quelque tçmps,
naissait de longue date, l'aurait fait re- il avait parcouru le pays en évangéli-
mettre sur-Je-champ en liberté, s'il sanl; mais la persécution l'avait enfin
avait consenti à accepter ses bons of- forcé de fuir el ji s'était retiré à Lau-
fices. Mais l'enthousiaste jeune hom- sanne. Plustard, revenu en France,
iî
me né voulut.point laisser supposer il s'éiait établi à Lyon où donnait
seulement qu'il eût fait ses pâques « en des leçons "à quelques enfants qu'il
idolâtrie, comme on a ac-oustumé en la instruisait ans saintes lettres. Le Mai-
MON 444 MON
— —
tyrologe loue son esprit doux, paisi- déplace en la guerre chrestieune.Lais-
ble et débonnaire, sa bonne vie et la sons tout cela aux tyrans. » Un homme
pureté de la doctrine qu'il enseignait. de cette trempe ne devait pas renier
Arrêté, le 5 juill '1551, dans le logis ses convictions, c'était impossible. Le
d'un coreligiounaire, qu'il avait fait é- 26 oct., il fut dégradé devant la cathé-
vader pour le soustraire aux poursuites drale et livré au bras séculier. Conduit
du prévôt, il fut jeté dans les prisons de dans les prisons de Roanne, il n'en fut
l'official etsoumis,dès le lendemain,à tiré que pour être brûlé vif sur la place
un long interrogatoire, dontil a rendu des Terreaux, le 30 du même mois. '
compte à ses frères en Jésus - Christ MO\JO\E (ANNE), paysanne des
dans une lettre publiée par Crespin. environs de Bergefac,martyre en 4 688.
Qu'on nous permette d'en citer un court Les persécutions qui suivirent la ré-
fragment, qui donnera à la fois une vocation de l'édit de Nantes eurent un
idée de l'exaltation de Monier el de la effet directement contraire à celui que
vigueur de son style « N'est-ce pas le gouvernement en attendait. Révoltés
une horrible et fière bataille, quand on par les atrocités qui se commettaient
en veut à soi-mesme,quand nous som- dans toute la France, un grand nom-
mes ennemis de nous-mesmes, voire bre de Réformés, dii Benoît, qui com-
les plus cruels el félons de tous ? Et mençaient à s'accoutumer aux prati-
si nous n'avons pitié de nous-mesmes, ques de l'Église romaine, se prirent à
qui en aura pitié? Ce sera ce bon Père douter qu'une religion, au nom de la-
plein de miséricorde, s'il lui plaist, qui quelle on violait ainsi toutes les lois de
necessedefairedubienà ses ennemis, l'humanité, de la justice, de la pudeur
rendant tousiours le bien pour le mal: même, pût être le véritable chemin
lequel pour l'amour de son Fils nous du salut, et comme ils ne voulaient pas
face la grâce d'avoir pitié de nous et vivre sans religion, ils se joignirent
des autres. Sus donc, mes compagnons aux Prolestants restésfidèles à leur foi,
de guerre, à l'assaut, à l'assaut : cou- pour célébrer en commun le culte
rage, soldats, courage, marchez hardi- proscrit. On vit donc de tous côtés se
ment. Ne lès craignezpoint, ils ne sont tenir des assemblées plus où moins
pas gens pour nous : car Jésus-Christ nombreuses ; il y en avait beaucoup,
noslre capitaine nous les a lous vain- ajoute le même historien, qui, étant
cus. L'espérance donc de sa victoire contraints d'aller le matin à la messe,
nous servira d'armer nostre teste. N'ou- de peur des dragons, allaient expier
blions pas nostre bouclier, qui est d'a- la nuitleur crime dans ces assemblées.
voir une foy vive, puissante el ver- Ou y chantait des psaumes, on y lisait
tueuse, pour repousser 'les coups de l'Ecriture sainte et quelques sermons,
nos ennemis. Gardons que l'espée ne on y faisait des prières. Il se passait
nous eschappe delamaiu : ce Cousteau rarement uuesemaine, surtout dansles
du Saint-Esprit tranchant de deux cos- Cevennes,où il ne s'en lintquelqu'uiie.
tez, qui est cette vive Parole de Dieu, Peu à peu le zèle s'exalta ; on voulut
laquelle perce et coeurs et âmes, et y célébrer la sainte Cène; mais où
pensées- et intentions. Rien n'arreste trouver des ministres, seuls capables,
devant elle : tout lui est descouvert : d'après la Discipline, de l'administrer?
tout tremble devant elle. Elle fait La nécessité fit passer par-dessus la
choir ses ennemis à la renverse sans Discipline. Des personnes de tout âge
les loucher. Bref, ce sera elle (comme et de tout sexe, des gens d'étude etde
dit sainctPaul) qui assommera l'Anté- métier, de simples des en-
paysans,
christ. Qu'on se gardé bien, sur peine fants même, se vouèrent aux fonctions
de la hart, de changer ses armes pour du ministère. Anne Monjoye' fut du
celles de fer. Le fer, le bras, la cheva- nombre. Elle ne savait
pas lire, elle
Jerie, ni autre forcé.humaine u'a point apprit, litdès que, grâceà &>n heureuse
MON — 445 — MON
mémoire, elle fut en état de réciter quel- député à plusieurs synodes nationaux.
ques sermons et quelques prières, elle MONTAGNAC (BLAISE DE), qui
tint des assemblées qui devinrenten peu vécut dans la première moitié du xvie
de temps si nombreuses que l'inten- siècle, eut pour enfauts : 1 ° ËUSTACHE,
dant Besons ne négligea rien pour se qui lesta en 4 584 ; — 2" RAIMOND, qui
saisir d'elle. 11 y réussit au bout de suit; — 3° MATHELIN, qui épousa, en
deux ans, el après l'avoir vainement 4586, Jeanne de Mandagout et en
sollicitée à changer de religion, il la eut JACQUES, allié, eu 4 633, avec Ma-
condamna à mort, en 4 688. La même rie Galician. Il est impossible de. con-
sentence envoya à la potence Jean fondre avec l'un de ces fils de Biaise
Gantier, dit le Grison, chez qui une de Montagnac, le capitaine Montagnac
assemblée s'était tenue, et qui fut exé- qui défendit bravement avec La Pé-
cuté malgré son abjuration ; le vigne- rouse, le château à'Alleman, seigneur
ron Jean Panezou,\e métayer Etienne d'AUières, et qui fut pendu, ainsi que
Taillada; aux galères perpétuelles, son compagnon d'armes, par les assié-
Arzac, qui avait fait la lecture dans geants, en 4 577.
une réunion religieuse, et Paye, qui Raimond de Montagnac eut deux en-
avait assisté à trois assemblées ; dans fants, une fille, JEANNE, elun fils,
un couvent, les deux demoiselles de PIERRE, qui fut père de Louis de Mon-
Redon; enfin dans la manufacture de
Bordeaux, supplice auquel on ne con- vice-président, et de Blet ; Orléans, Imberl
Durant et Du Plessis ; Gergeau , Home et Le
damnait que les plus ignobles créatu- Maislre; Dangeau, Thuysart et Le Beau ; Mer,
res, Judith Grimouil, servante de Péju et Malvaut ; Espeuilles, La Roche et
Vouillant ; Cliâteaudun, Lami et de Guicheril;
Gontier, MarieDarbel, Marie Faurcy,
Dollot, Pial , min. ; Argenlou , Salmon,
soeurd'Arzac, Anne elJeanneMarteau min. ; Aubusson , Bédé et Biennousvienne
(Arch. gén. TT. 330). Marclienoire, Garnier et de Villeneuve; La
MO.\SA.\Gl.ARD (ETIENNE UE) Chai ité, Tabu el de Lonfroy; Sully, Babaull et
Odrg ; Châtiilon-sur-Lnire,Margonne el Des
ministre de Corhigny, ayant été accusé, Hommec;Issoudun, Bedéel Pcrrol;Oucliamps,
d'avoir dit qu'à Rome on vendait la Pigeaull et Segrelin ; Romoranliii, Brun, élu
rémission des péchés, fut condamné à secrétaire, et de Souslelle ; Bourses , Gués ,
faire amende honorable; mais en ayant min.; Blois, Vignier el Morin ; Châlillon-sur-
Loing, Jurieu et Chamailiard ; Gien , Oiseau
appelé au parlement de Paris, il fut mis et de Benne, secrétaire laïc Corbigny, Mon-
hors de cour. Benoît, qui raconte cet sanglard et Séinélé ; La Chaire, Parnajon ,
étrange procès, ignorait à quelle date anc; Sancheville, Belon et Uenonville ; San-
cerre, All'ird avec deux anciens, Guichard et
il eut lieu. Nous trouvons Monsanglard Renard; Chilleurs, Vauloué , min.; Di-cise,
cilé comme ministre de Corbigny de- Falquel el de Brannais. Le synode de 1629 se
puis 1601 à 1637 (1). Il paraît avoir tint en présence de Jean de La Fonlan, sieur
de Bafour. Les églises de ChâteaudUn, Beau-
joui dans sa province d'une assez gran- gen<y, Corbigny, Orléans, Mer y furent repré-
de considération. Dans la liasse des sentées par les niêuies pasteurs et par les an-
synodes de l'Orléanais et du Berry où ciens Daniel Baignoux , J. Le Roi, Charles-
Guesdin, Barthélémy Rousselet et Jacq. t ha-
nous avons déjà puisé plus d'une fois bin, sieur de La Borde. Châtillon-sur-Loirey
(Fonds S. Germ., franc. 914.16), il dépula J. Baliauld et Salomon Bonlaillant; Lit
figure à plusieurs reprises soit com- Celle, Pial, min.; Blois, Paul Tesldrd et
Henri Dufour, docteur en médecine ; Chil-
me secrétaire, soit comme président du leurs, Home et JeanAgar. Denonvifle ou San-
synode provincial (2). Il fut, en outre, cheville n'envoyaque son pasteur Belon; Ger-
geau, l'ancien P. Bonpaillart ; Aubigny, son
(1) En 1641, cette église avait pour pasteur min. Paul Gués. Les députés de Marclienoire
un autre Etienne de Monsanglard, natif de furent Is. -Garnier et Paul de Villeneuve; ceux
Dijon, qui avait fait ses études à Genève, où de Sancene, Allardel Etienne Guichard; ceux
il avait été immatriculé en 1636. de Gien, Dan. Jamet et Charles Rousselet.
(2 II présiita les synodes tenus à Sancerre, Dang au ne fut représentée que par Thuysart,
le 28 août 1619, et à Châtillon-sur-Loing, le EspeuillesparSipé/é,et La Charité par Tabiji
22 fév. 1629. Assistèrent au premier : Bean- Enfin Cbâtillon'sur-Loing députa deux an-
gencv, Giiérin, min.; St-Amand, Jamet,
élu ciens, le bailli Claude Bernardel Ylhier Pial.
MON H6 — MON
"iagnac, conseiller au présidial deBe- garnison, ainsi que dans la tour delà
ziers. Connu aussi sous le -nom de porte des Ga.rmes; mais les Protestants,
Montaignac-Goussans, ce Louis se ré- la conduite de .deux jeunes g'eiis
sous
fugiadans-le Brandebourgà la révoca- de la ville, enlevèrent peltéto'urau'pre-
tion de l'édit de Nantes, avec son fils, mièr assaut. Animés paï le succès;, ils
le capitaine Montagnac (Arch. gén. s'emparèrent ensuite, de la tour du Co-
TT. 252). Nommé, en I6S6, conseiller lombier, près de la porte du Pejrôu, la
d'ambassade, il se fixa à Berlin.et de- plus haute et la plus forte de la ville.
vint ancien de l'église française. Maîtres ainsi des avenues de l'église
MOiVTAGWîi; (JACQUES" DE), né au •Saint-Pierre^ ils assaïiijre.nt cette es-
Puy, suivit -la carrière du barreau, où pèce de forteresse, mirent le feu aux
il fit un chemin rapide, il fut reçu, en portes, et, à travers uue grêle de pierres
4535, avocat général en la cour des el de balles. pénKirérenljusque dans la
aides de Montpellier. Lorsque la Ré- grand'salle. Désirant 'éviter l'effusion
formé fui prêchée dans celle ville, il en du sang, Montagne assembla les magis-
adopta un des premiers les principes, et trats et les principaux habitants, qui ré-
il prit une-part assez active aUx événe- solurent ,ile se pditer médiateurs entre
ments qui amenèrent dans celle.ville les deux partis. H fut convenu que l'é-
la lutte entre les deux partis. glise serait évacuée par les prêtres et
Cette lutle fui provoquée par les prê- confiée à. la garde de bourgeois des
tres catholiques qui, pendant lés mois deux religions. Soit accident, soilfana-
d'août et de septembre 1561 affectè- tisme, deux coups de feu furent tirés
,
rent de porter le pain bénit en proces- du fort pendant qu'on négociait et blés- -
sion.précédésd'uneenseignedéployée, sèrent deux des assiégeants. Rendus
d'une grande croix de bois et d'une furieux parce qu'ils regardèrentcomme
crosse , et suivis d'hommes armés de une trahison, les Protestants se ruèrent
dagUes el de sacs de cailloux sous leurs dans l'église et massacrèrent seize ou
manteaux, qui insuHaient les Protes- dix-sept Catholiques connus par leur
.
tants dans les rues , menaçaient, ceux haine Contre la Reforme, malgré les re-
devant la'maison desquels ils passaient, ' présentations de leurs chefs, qui réus-
se livraient en un mot aux plus répré- sirent .pourtant à arrêter le carnage, et
hensibles excès, encouragés par le gou- à mettre les chanoines en sûreté. Le
verneur, le juge-mage, les chanoines, rapport de tout ce qui s'était passé fut
l'évêque même; car ces hauts fonction- envoyé à la Cour par Montagne ; mais
naires ne rougirent pas de prendrepart les événements qui surgirent bientôt
à ces honteuses.orgies, en distribuant firentpromplementoublier cetjncident.
à ces gueux duvin et de l'argent. Après Il serait -difficile de dire quel rôle
aypir.supporté patiemment cesprovoca- Montagne joua dans la suite, l'histoire
tions pendant plusieurs semaines, les ne fait plus mention de lui jusqu'en
Protestants prirent leur revanche, le 1575, qu'il fut nommé président en la
24-septembre. Us se .saisirent à main cour des aides de Montpellier, dont il
armée de l'église de Notre-Dame, ap- fut aussi garde des sceaux. L'annéesui-
pelèrent lepremier consul; qui les favo- vante, le roi lui accorda des lettres de
risait, pour dresser l'inventaire des or- noblesse, et, vers le même temps, la
nements el des reliquaires et les faire reine-mèré lui donna le litre de maître
transporter à i'hûiel-de-ville, et'y cé- des requêtes de son hôtel. Il eslévident
lébrèrent leur culte le soir même. Re- qu'il n'aurait pas obtenu ces faveurs,
doutant une semblable visite, les abbés s'il s'était montré un ardent huguenot.
des couvents de Montpellier et les curés Hélait, eneflet, très modéré, si modéré
des autres églises se hâtèrent de mettre même que quelques-uns ont pu croire
en sûreté leurs trésors dans la cathédra- qu'il professait la religion romaine. Il
le de Saint-Pierre, où l'on établit une laissa un fils, nommé HENRI qui fut
,
MON
. _ H7 - MON
«onsëFlleT au prësidialdeMonTpellieret avait-r'éussiàarrêlerl'infprtunèBj'ûKS-
-épousa, eh 4 598 'Marie Gaillard, soii. P|npn répondit celle dame,
, .que
•dont il eut -ETIENNE., sieur de ;Puech- malgré son âge avancé, avait élé en-
villc. Comme :nous n'avons aucune levée «par sixarchergde la manière la
preuve queles descendants de Jacques plus'brulale, » mise sur un brancard,
de Monlagneaient persisté dans lapro- promenée par les rues .d'Orthez, toute
îession de la religion réfpimée, nous malade qu'elle était, el enfinpnilee.au
ne pousserons pas plus loin celle gé- couvenl de Notre-Dame ; que le diacre
néalogie. prétendu n'avait jamais .élé diacre,
JacqùesdeMpntagneeslauleurd'une n'ayant nul esprit et presque .imbéci-
«
Histoire de la religion et del'Etal de le» qu'aucun témoin déposait avoir
France depuis la mort de'Èenri II entendu ; ne
chez elle « ni chants ni priè-
jusqu'au commencementdes troubles res». Tout ce qu'on pouvait lui repro-
de 1560, _[Geu/| 1565, in-8-. C'est un c!ier,c'élaitd'ayoir reçu dans sa demeu-
fragment d'un ouvrage beaucoup plus re quelques huguendtles des plus opi-
èonsidérable qu'il laissa en manuscrit niâtres d'Orlhez, nommémentlafemme
sous ce litre: Histoire de l'Europe-de- du marchand de drap Brunet, la veuve
puis \Sv>9-jusqu'.en 4587! Celle his- Bazin, la .veuve Dufonrq, la Veuve
toire formait, plusieurs volumes; ma;s Fayet, la femme et la soeur île Teste-
il tf-en reste plus aujourd'hui qu'un Mu \a femme'Pruer la femme La
seul, oui se conserve à la Bib.iolhèque Bouchère,, , l'apothicaire
les filles de
iiationale ( Fonds Saint Germaine Dupont, la femme 'Maron, la femme
franç.,f." 1391). Il contienne -
14"li- Ducosso et sa fille. M"" de Laas-Mpn-
vre de l'Histoire de l'Europe , traitant tagut protestait d'ailleurs qu'elle ypu-
de l'élection du duc d'Anjou au trône laît vivre en bonne calholique.I/inlen-
de Pologne. dant ajoutait que la manière dont on
ïrtONfAGUT (M™ ne), ou plutôt en avait agi envers elle avaitparu très
de Laas-Montagut, victime delà haine violente aux anciens Catholiques même
et de la cupidité de Casaux, procureur les plus zélés ; que l'on aurait dû se
général du parlement dePau.Le 5 avril contenter de l'enfermer dans un cou-
î'68'5 l'intendant Foucaùld avait vent «sansla décréter de prise de corps
an-
noncé,avec emphase au secrétaired'Etat et la mener avec scandale, n'y ayant
chargé du gouvernementde Béarn, que rien de bien prouvé contre elle que le
dans une tournée qu'il venait de faire à deffaut d'exercice de religion». Casaux
Maslacq avec l'évêque de Lescar, il prétendit que sa conduite n'avait été
avait converti d'un seul coup 350 hu- dirigée que par l'intérêt de l'autorité
guenots, et il citait, entre autres, M"' Toyale et de la religion. Selon 'Pinon,
de Laas, soeurd'un conseiller au parle- 81 n'avait agi que par esprit d'intérêt et
ment (Arch. gén. TT.257). La conver- de haine, la Cour parait avoir partagé
sion de celle dame était si peu sincère, le sentiment de Fin tendant, car elle or-
qu'.en 4 699, leprocureur général, sans donna de suspendre le procès, qui,
égard pour les liens de parenté qui l'u- lorsque l'ordre arriva à Pau, l'était déjà
nissaient à elle, la fit arrêter sous l'ac- par le fait même de la mort de l'incul-
cusation détenir dansson logis des as- pée (Arch. gén.li. 675).
semblées religieuses, présidées par Ca- Sans prétendre établir aucune sorte
zenave, ancien diacre de l'église d'Or- de parenté entre cette dame et l'in-
thez. Lesprisons dePau étant très mal- génieur du roi de Moniaigu, et dé-
saines, le parlement lafil conduire dans terminé à cerapprochemenlpar la seule
un couvent «jusqu'à ce que S. M. eût analogie des noms , nous rapporterons
fait sçavoir ses intentions.» Le secré- ici, d'après le Mercure galant, la con-
taire d'Ëtatconsulta l'intendant Pinon, version de cet'ingénieur,militaire, qui
celui-là même qui, l'année précédente,.. avait élé employé pendant plusieurs
MON -**. 448 — MON
années à « tirer en bas-relief le plan de Green-de-Saint-Marsanltet en eut
plusieurs villes des Pays-Bas.» Quel- Louis, sieur d'Estrades, mort avant
ques mois avant la révocation de l'édit 1691, date de l'abjuration que sa veuve
de Nantes, le 8 oct. 4 684, il abjura à Marie Dëgoret, fit à.Niprt, le 16 mars
Sainl-Omer, dont il était alors occupé (Arch. du départ, de la Vienne C.
à dresser le plan. 2. 29).
MONTALEMBERT, nom d'une Robert de Montalembert, sieur de
des familles les plus considérables du Vaux^ mourut en 1621, laissant de sa
Poitou, dont deux branches, celle de ïemme,Jeannede Livenne,shen!anis:
Vaux et d'Estrades et celle deVaraize, 4 "JACQUES,qui suit; — 2" JEAN, qui ne
embrassèrent les ' doctrines évangéli- paraît pas avoir persisté dans la pro-
ques. fession de la religion réformée (1), non
plus que 3° GUT ; — 4° RENÉE,femme,
BRANCHE DE VAUX ET n'EsTRAfiES.
eu 4 64 4, de Charles deSaint-Gelais,
Jacques de Montalembert épousa, sieur de Brillai;—5° ELÉONORE, ma-
en 1506, Marguerite de Limoges, qui riée à Pierre de Chièvres; — 6° MA-
était veuve en 1559. 11 fut père de RIE, épouse, en 4 644, deCharles de
.
huit enfants dont deux au moins se Saint-Gelais, sieur de Montchaudei
convertirent au protestantisme, savoir: Jacques de Montalemberi, ' sieur de
ANDRÉ, qui fonda la branche de Vaux Vaux,' s'allia, en 4 621, avec Françoise
et d'Estrades, et RENÉ, qui joua un de Festiveau, fille à'Elie, sieur des
rôle important dans les guerres de re- Landes, conseiller au parlement de
ligion. Bordeaux; el de Marie Fouchier. Il en
I. André de Montalembert, sieur de eut : 1° PIERRE, qui suit; —2° JOËLLE,
Vaux, est peut-être le même que l'é- femme de Jacob de Queux, sieur de
(cuyer de Condé qui favorisa la fuite Saint-Hilaire; — 3° GABRIELLE, épouse
idujeune Maligny après la découverte de Noël Groussaud-de-Chapitre, sieur
île la conjuration d'Amboise (Voy. I, de Boisjoyeux ; — 4° FRANÇOISE, ma-
p. 273). Bien que l'histoire se taise sur riée à Alexandre de Saint -Martin, sieur
:son compte, on ne peut douter qu'il des Granges; — 5° MARIE, femme, en
n'ait porté les armes pour la Cause, 4 655, de Jean de Cursay, sieur de
jpuisque le parlement de Bordeaux le Villers.
comprit dans son arrêt de 1569 ; ce- Pierre de Montalembert, sieur de
pendant il montra toujours si peu de Vaux, eut dix enfants de Jeanne de
zèle que l'on n'est pas trop surpris de Sarragan,t\\ledeJean,sienrduBrevi\,
ie trouverdans le camp catholique sous et de Jeanne de Tessereau (2), savoir:
les murs de La Rochelle, en 1573. 4"PIERRE, né en 1665, lieutenant de
Rien ne prouve toutefois qu'il ait abju- vaisseau,quiabjura, et épousa, en 1695,
ré. Il mourut vers 1589. De son ma-
riage avec Jeanne de Montberon, cé- (1) Il épousa, en 1620, Charlotte Chesnel,
fille de Louis, sieur de Cers, et de Catherine
îéliré en 1559,naquirent cinq enfants: de La Tour, dont il eut Jean, colonel des mi- .
4" ROBERT, qui suit; — 2°Louis; lices de Rochel'ort, en 1682, Jean, mort sous
3° ELISABETH; — A MARIE;—5° au-
— les drapeaux avant 1672, Jean-Jacques, Ma-
rie, demoiselle de Lavaux, vivant en 1684,
tre MARIE. En secondes noces le sieur Catherine, Anne, demoiselle de Veyrat, et
de Vaux épousa, en 1571, Renée de deux autres filles, dont une fut religieuse a
Barbezières, dont il eut encore RENÉ, Perpignan.Dans une liste d'apostats pension-
sieur d'Estrades ou de Leslrade. Ce nés parLouisXIV, nous trouvons une demoi-
selle de Montalemberi, qui touchait annuel-
dernier prit pour femme Louise Geof- lement une pension de 400 livres {Arch TT.
froy-du-Breuil, qui le rendit père de 25S). Serait-ce unedeslilles de Jean de Mon-
JACQUES, sieurd'Estrades.etdeJEANNE, talembert?
femme de Jacob de La Porte-aux- (2) l.a famille de Sarragan a grossi le Be-
Loups, Jacques se maria avec Léo, fuge (Arch. TT. 347) ; elle était de La Ro-
chelle.
MON
— 449 — MON
Françoise-Angélique Poussard, des- Varaize, qui fut gouverneur de Cognac,
cendant comme lui de huguenots ; — et épousa Renée Desmier, fille de
2° CHARLES, né en 1667; — 3" Louis; Guyot, sieur du Breuil-de-Blànzac,
—4° MATTHIEU, né en4 669,garde-ma- dont il eut: 4» Gui, sieur de Coulon-
rine en 4 683, qui se convertit égale- gés, que sa femme, Madelaine Rigou,
ment; —r 5" JACOB, né en 1672, apos- rendit père d'un fils, JONAS, mort sans
tat comme ses frères, qui fut père du postérité;—-2° SIMON, sieur du Vilger,
célèbre marquis de Montalembert, l'é- vivant en 1574 ; — 3° CATHERINE, fem-
mule de Vauban; — 6° JEAN; — 7* me de Guide Lambertie, sieur de Vitré
ALEXIS, né en 4 673; —8° PAUL,né eu en Poitou, puis de François de Puy-
4676;—9° JEAN; — 4 0° FRANÇOISE. rigaud,b qui elle donna une fille,FRAN- '
II. René de Montalembert, sieur DES ÇOISE, mariée à Daniel de Preissac,
ESSARTS, acquit dans les rangs hugue- sieur de Lioncel, dont les descendants
nots la réputation d'un vaillant et ex- héritèrent des bien s de celle branche.
périmenté capitaine. Il se distingua sur- Il est très- possible que d'autres
tout au siège de Saint-Jean-d'Angély, branches de la famillede Montalembert
sous les ordres ducélèbre Piles (Voy. aient professé aussi, au moins pendant
III, p. 493), elà celui de La Rochelle, quelque temps, la religion réformée ;
où il rendit de si grands services qu'il c'est au moins ce que tendraient à faire
fut choisi par les assiégés pour un de croire les alliances que la branche aî-
leurs chefs après la retraite de La née de Vaux et celle de Monbeau, par
Noue. En 4 585, il fut placé comme exemple, contractèrent avec les familles
gouverneur à Marans, à la place de La huguenotles de La Rochefoucauld-
Saussaye-Beauregard;mais il ne vé- Montguyon, de Lestang, de Bar-
cutpas longtemps enbonne intelligen- Maussac et de Belsunce.
ce avec les habitants. A son retour Nous ne savons si un Montalembert
d'Angleterre, Condé envoya Des Bes- dont la femme fut traînée sur la claie
s'ons s'informer des.causes de ces dis- à Angoulême comme relapse,en 4 686,
sensions qui compromettaient lasûreté descendait de celte noble famille poi-
d'une ville à la possession de laquelle tevine.
il attachait beaucoup d'importance, et MOKTAND (NICOLAS nE),nom sup-
sur sonrapport, il rappela Des Essarts posé sous lequel s'est caché l'auteur
qu'il remplaça, le 4 0 avril 4 586, par d'un éctit satirique dirigé contre le
La Jarrie. René de Montalembertas- gouvernement de Henri III. Nous a-
sista à la bataille de Coulras ; en 4 589, vons déjà eu l'occasion d'en parler à
il commandait encore à Taillehourg, nos articles BARNADD et FROUMEN-
mais depuis, nous n'avons plus ren- TEAU. L'importance de cet écrit, très-
contré son nom. Sa première femme, peu connu et qui mérite de l'être, nous
Marguerite de Monlberon, qu'il avait engage à entrer dansquelques détails.
épousée en 4 559,neluiayantpas donné L'auteur est un huguenot passionné,
d'enfants, il se remaria avec Margue- peu ami des vieux préjugés et chaud
rite de Montalembert,el en eut PAUL. partisan des doctrines politiques émises
sieur Des Essarts, dont la destinée est avec tant d'autorité par Hotman et
inconnue, et MARIE, femme de Con- Hubert Languet. Très-versé dans la
stantin d'Authon, sieur de Courteil. connaissance de l'antiquité, son savoir
BRANCHE DE VARAIZE.
se trahit par d'heureuses réminiscen-
ces; mais il est diffus, il abuse de la
Frère cadet de Jacques de Monta- forme de discussion qu'il a adoptée
lembert, Jean, sieur de Coulongés, pour se perdre dans les digressions et
laissa, de son mariage avec Jeanne de les redites, il écrit à la hâte, sans pré-
La Chambre,deuxfilles et un fils,nom- paration et sans choix, et en un mot,
mé PIERRE, sieur de Goulonges et de son livre est un pamphlet qui à toute
T. VII. 29
MON 45» MON
—
l'étendue.d?un- Myre sérieuix^ sans: en noissaiw^des lettres divines et humai-
avoir la portée. Mais tel qu'il est,, il est. nes. Nimrod tient.le lieu d'un courtisan
bien supérieur pour laforme au livre favori, ou mignon de Cour, qui est en-
dèFroumenteau; il s'adressait à unpu- tièrement plongé en ses: délices:.
blic plus éclairé. Montchrestien,dans Les enfants de Noé, en quête d'un
son Traité d'Economie politique, n'a pays disposé à-recevoir la sacrée Pa-
pas dédaigné d'y faire de. larges em- role de Dieu, vont dans le royaume de
prunts. En voici le titre au long: Le France, où Nimrodj leur parent, fait
Miroir des François compris en trois sa demeurance, pour savoir de lui s'ils
livres, contenant l'estat et manie.^ y seront bien accueillis. A ce propos,
ment des affaires de France tant de la conversation s'engage:sur une; foule
la. justice que de la police, avec le de sujets théologiques, politiques ou
règlement reqùis.parles trais Estais économiques, et entre autres sur la
pour la pacification des troubles,, vie-scandaleuse d'aucuns profanes, sur
abolition des excessives tailles et ga- les fards: et distillations pratiquées et;
belles: dons gratuits et charitatifs usitées entre les damés' el damoiselles
équipolans à décimes, suppression de la Cour, et quels maux adviennent
des supernuméraires officiers, démo- des; desguisémens d'habits et:. telles
lition des citadeles, restauration transformations et farderies de: la face 1
,
49.7, sa-n& la préface: dédicatoire adres- soit foulé et grevé par les' étrangers :
sée à Lqyse: de Lorraine;, sous: la date, et comme la loi Julia le-condamne d'a-
de: Nancy, 1." oct. 1..584. voir commis: félonie contre le seigneur
Le 1," livre contient cinq dialogues. du fief [le peuple], s'il ne réprime la
LesinteiloGUleurs du premier dialogue, violence et extorsion qui: est faite au
sont Sem,. Cham,. Japhet et Nimrod. public;— et finalement sur le mariage 1
L'auteur;, dans un sommaire^ fait oou^, de kireine Elisabeth avec le duc d'An-
naître le caractère' de ses. personna- jou,, mariage autant à' craindre pour-
ges (1) : Sem représente un homme l'Angleterre que celui du roi de Navar-
craignant Dieu, et qui ne cherche autre re l'a été pour la France.
chose que l'avancement du règne de Le» deux interlocuteurs du- second
Christ. Cham tient le lieu d'un homme dialogue sont, l'un L'avocat au parle-
qui sçait beaucoup plus de bien qu'il ment, de Paris Versons, et l'autre le 1
n'en veut faire-i et qui a un ardent désir prévôt des marchands Miarcel. Ce dîaj
de. trouver quelque repos en ce mon- logue: roule: principalement sur ceux
de; mais quand il a bien rôdé: partout, qui manient les finances du roi, et qui
il.se trouve: dulout éloigné de ses des- ont tellement les mains gluantes, qu'il
seins.. Japhet joue le personnage d'un en^demeure la plus grande partie en
forthemmedebien.et qui abonne con- leurs bourses. 11 y est parlé incidem-
ment des derniers événements- politi-
(1 ) Nous conserverons le plus possible ilans
cette analyse les propres expressions de. l'au- ques et des devoirs du prince envers'ses
teur:. sujetsi Nous; rapporterons le- parallèle'
MON MON-
— 451 —
que MôntaBd trace d'un main ferme eif subjetej Uautre-leshaytkràset'est'hây
tre le roii.et lé tyran ; « La plus nota- de tous : l'un n'a recours en guerre
1
ble différence qu'il y a entre le roy et qu'en ses suhjets, l'autre ne fait guerre
le tyran,, dit-il, c'est que le roy se con- qu'à ceux-làt l'urt n'a garde;ff_r garnie
forme aux loix de nature, et le tyran son que dés siens, l'autre que des es-
.
les foule aux pieds : l'un entrelient la trangers :l'un' s'esjouitd'un itepos'as-
piété, la justice et.la foy, l'autre h'a seuré et haute tranquillité, l'autre lan-^
nyDieu, ny foy, ni loy: l'un fait tout guist en perpétuelle crainte : l'un at-
ce qu'il peuse servir au bien public et tend la vie très-heureuse, l'autre ne
tuition des subjetsy l'autre ne fait rien peut éviter le -supplice éternel : l'un
que pour son profit particulier, ven- est honnoré en sa vie,: et désiré après
geance ou plaisir : l'un s'efforce d'en- sa mort, l'autre est diffamé: en sa vie,
richir ses snbjets par tous les moyens et deschiré après sa mort.»
dont il se peut adviser, l'autre né bas- " Dans le 3" dialogue, Honorât etTu-
tit Sa maison que de la ruine d'iceux: halcaln, les deux interlocuteurs, in-
l'un venge les injures du public et par- sistent sur la reformations les usuriers,
1
donne les siennes, l'autre venge Cruel- maquignons de justice;dont ils sepro-
lement ses injures et pardonne celles mettent qu'on tirera de notables som-
d'autruy: l'un éspargne l'honneur des ' mes de deniers, distribuent ladouange
femmes pudiques, l'autre triomphe de ou le blâme aux diverses cours-de par-
leur honte : l'un prend plaisir d'estre lement, montrent les avantages et les
adverly en toute liberté et sagement inconvénients des sièges présidiaux,~ 1
repris quand il a failly, l'autre n'a rien les larcins, pilleries et concussions des
1
craint rien plus que ceux-là : l'un ne royaume, la création d'hôpitaux et de;
charge les siens que le moins qu'il greniers d'abondance pour les pauvres;
peut, et pour la nécessité publique, ils ameinent plusieurs raisons pour a-
l'autre hume le sang, ronge les os, suc- vilir le blé, le vin et toutes autres- den^
Ce la mouelle, et mange les entrailles rées et marchandises, conseillent aux
des sUbjets : l'un cherche les gens prêtres et aux moines: de prendre eh
de bien, pour les emploier aux charges mariage des femmes légitimes; et que
publiques^, l'autre n'y employé que les ceux qui pourront travailler travaillent
larrons, et plus mesehans, pour s'en de leurs mains, et que les docteurs et
servir comme d'esponges : l'un donne anciens soient employés aux universi-
les estats et offices pour obvier auxcon- tés, collèges et hôpitaux, ou bien en-
cussions et foule du peuple, l'autre les tretenus durant leUr vie du revenu du
vend le plus cher qu'il peut pour leur clergé.-
donner moyen d'affoiblir le peuple par Le quatrième dialogue met en pré-
laTCins, et puis coupper la gorge aux: sence les trois Etats du royaume. Ils
larrons, pour estfe réputé bon justi- approuvent en général tout ce qui a
cier : l'Un mesure ses moeurs et façonsi été mis: en avant dans les! dialogues
au pied des loix, l'autre faict servir lésÎ précédents; toutefois ceux du clergé
lois à ses moeurs :" l'un est aimé et a- ne trouventpas expédient qu'ils soient
dorépaf manière dô dire de touâ ses; dépossédés' de leurs revenus' jiis'qwes
MON —452- MON
après leur décès; mais ils se montrent les officiers du royaume et les officiers
très-coulants sur les autres points. du roi ; puis ils font un dénombrement
Puis ils adressent une Remontrance au des rois que les Etats ont dépossédés
Roi, où ils lui conseillent d'abolir les et indiquent les moyens de remplacer
tailles et impôts, le sollicitent de faire les rois prévaricateurs.
pratiquer la loi de Repetundis contre Bezéleel et Archimèdes,. deux bons
les financiers et tous autres officiers mathématiciens, politiques.et gens de
qui ont pris les deniers sacrés du peu- bien, devisent entré eux, dans le 2e
ple; ils traitent des abus qui se com- dialogue de ce livre, de l'utilité dés ci-
mettent au privé conseil, puis ils rap- tadelles:—Bez. Citadelles? à quoyser-
pellent le souvenir dés plus illustres vent-elles? — Arch. Pour chastier les
princes qui ont été au monde, lesquels vilains, car les maistres qui en ont esté
prenaient plaisir de faire justice à leur les premiers inventeurs les ont appel-
peuple. les Çhaslie-vilains,parmespris et con-
Le cinquième dialogueest entre Thé- tumeîie dés pauvres sujets.
— Bez.
mis elle Politique. En voici le début; Changez leurs noms, et les appeliez
on reconnaîtrales principes émis-dans le Nids de tyrans et de la tyrannie. —-
Vindicioe contra tyraunos, principes que Arch. 0 le beau nom propre que vous
les Calvinistes rigides étaient loin d'a- leur avez trouvé, c'est bien véritable-
dopter.— Th. Le roy, d'où est-il vas- ment le nid de la tyrannie, la caverne
sal?^- Pol. Du Dieu souverain.— Th. des brigands, la spelunque des lar-
De qui reçoit-il la dignité royale? rons, la guette meurtrière, la fosse des
Pol. Du peuple—Th. Peut-il faire — ce nîarchans, le cabinet des voleurs et le
que bon luy semble en un royaume?— cloaque de toutes ordures.—-Bez. Elle
Pol. Rien ne luy.est loisible, sinon ce est encores d'avantage que vous ne: di-
que les loix luy permettent.—Th.Est- tes, car c'est la mère nourrice d'inimi-
il propriétaire ou usufructuaire de son tié, crainte et rébellion, et la deffiance
royaume? —• Pol. Il ne doit avoir ny que le prince et les sujets ont l'Un de
l'usufruit ny la propriété, ains doit a- l'autre. Bref les citadelles donnent oc-
voir seulement la seule administration casion, comme j'ay dit, aux princes de
d'ieeluy. tyranniser, et aux sujets de se révol-
Après avoir établi quelles sont les ter.—En définitive, ils établissent que
justes limites de la puissance royale la plus belle forteresse des princes est
et quels sont les droits légitimes du l'amour de'leurs sujets.
peuple, nos deux interlocuteurs s'oc- Dans son IIIe livre, Montand expose
cupent de l'administration de la justi- les raisons qui l'ont mû à adopter pour
ce, et émettent, dans le cours du dé- son livre la forme de dialogues. «11
hat, quelques sages idées, telles, par reste maintenant, dit-il : dans l'argu-
exemple, que l'établissement de cham- ment, à monstrer les. preuves des prin-
bres d'arbitrés; puis ils terminent en cipaux points qui sont contenus aux
proposant un Règlement sur l'abrévia- deux premiers livres, qui seront dé-
tion des procès en première instance. duits avec une telle promptitude,, que
Le 4" dialogue du II" livre se tient les lecteurs qui liront ce traitté, co-
entre Scipion, personnage bien enten- gnoislront ouvertement où gist l'arti-
du en l'art militaire, et Milo, excellent fice des hommes, qui enchérissent, ou
commissaire des guerres. Ils s'occu- abondent les vivres et marchandises,
pent du gouvernement des républiques; et ceux qui conçoivent et engendrent
ils_ montrent que la Gaule n'était point les famines artificielles, et les moyens
sujette à la domination d'un seul; ils desquels ils usent pour sùbtilizer,avec
recherchent quelle est la puissance l'antidote et secrets contraires pour les
des Etats et quelle est celle du roi, et corriger et punir. Sera aussi veu une
établissent la différence qu'il y entre politie, si dextremeht et tien à propos
a j
MON — 453 — MON
dressée,'que si elle est observée en ce général et chef des ingénieurs de l'ar-
royaume (comme on a parfaite asseu- méeprussienne,naquitàUzès,en4660.
rance qu'elle sera), on pourra dire Montargues faisait ses études à Genève,
qu'il n'y eust jamais monarque si riche lorsque la révocation de l'édit de Nantes
ny mieux obéy et honoré en son royau- vint lui fermer le retour dans sa patrie.
me que nostre Roy, ny peuple si heu- Il entra comme ingénieur dans l'armée
reux que celui de France, pour les rai- de l'électeur de Brandebourg. Plus
sons qui seront amplement déclarées tard, il quitta le génie pour s'enrôler
en ce 3* livre, et au traitté du Palais dans le corps des Grands-Mousque-
.Royal, au quel nous avons ja mis la taires; mais il fini t par rentrer dans cette
main pour le faire voir à tous les mo- arme, et c'est avec le grade de quar-
narques et potentats de la terre qui en tier-maître général des ingénieurs prus-
auront un très-grand contentement. » siens qu'il servit dans la guerre de la
Nous ignorons si ce dernier traité a vu succession d'Espagne. D'Italie, où il
le jour. Dans les excursions que Mon- fut employé de 1705 à 4 707, il passa
tand fait dans le champ de la poésie, il en Flandres, avec le grade de lieule-
nese montre certainement pas un très- nant-colonei et chef des ingénieurs. Il
grand poète; mais la comparaison avec combattit à Malplaquet, en 4709, et
les poètes ses contemporains le gran- fut chargé de porter la nouvelle de la
dit, et on le trouve très-estimable pour victoire au roi de Prusse, qui le créa
son temps .Pour achever notre tableau, brigadier. Il continua à servir avec dis-
-nous rapporterons le fragment suivant, tinction jusqu'à la paix d'Ulrecht. De
qui nous semble propre à donner une retour à Berlin,en 4 74 4,il fut envoyé à
idée très-avantageuse du talent de l'au- Stralsund pour complimenter le roi
teur : Charles XII sur son retour de Bender.La
Mais quel bruit oy-je ici? hommes sans Dieu, guerre s'étant allumée entre la Prusse
[sans foy, et la Suède, eu 4 74 5, il dirigea, comme
Je ne m'estonne pas de vous voir contre moy major général, le siège de StralsUhd, et
Liguez a tous propos, seulement je m'estonne aida le roi de Danemark à prendreWis-
Que ceux de qui la foy comme un astre rayonne
Parmy nos sombres nnicls, se puissent tant de mar. En récompense de ce service, ce
[fois prince voulut le décorer de l'ordre de
Escarmoucher an son d'une si sainte voix; Danebrog; mais le roi dePrusse défen-
D'autant que, non sans pleurs, ils voient que
[la troupe dit à Montargues de l'accepter et lui
Qui plus le Ciel outrage, a tousjours venl en donna, comme dédommagement, l'or-
[poupe: dre de la Générosité. Après la conclu-
Qu'elle a le sceptre en main, au coffre les sion de la paix, Montargues fut chargé
[lingots,
Le diadème au front, le pourpre sur le dos: de visiter les principales places fortes
Que tout luy fait sa cour, que tout la favorise: de la Prusse, d'en augmenter les forti-
Que sous la main céleste elle est comme en fications et d'en lever les plans. En
[franchise;
Et que mesme ses biens, ses honneurs, ses 4726, sentant ses forces décliner ra-
[plaisirs pidement, il prit sa retraite et se relira
Surmontent ses desseins, devancent ses de- à Clèves.IlmourutàMaëstrichtenl 733.
[sirs.
Qu'au contraire les bons sur la mer de ce Il avait épousé Judith de Hahn, qui pro-
[monde fessait la religion romaine, et en avait
Sont sans cesse agitez et du flot et de l'onde: eu quatre enfants : 4" N., mort de la
Qu'ils ont si peu qu'Euripe en la terre repos:
Que le fléau du grand Dieu pend tousjours sur
fièvre dans la campagne de 4 74 4; —
[leur dos: 2°N.,qui quitta le service de la Prusse
Qu'ils sont lousjours suyvis de honte, perle, pour celui du Danemark; — 3° JEAN- '
[encombre, PIERRE, néàAix-la-Chapelle, en 1695,
Comme est la nuict d'humeur, et le corps de
son ombre. qui comba ttilà Malplaquet avec le grade
Paix, paix, mes bons amis, etc. d'enseigne dans le régiment d'Anhalt-
MOMARGUES(PiERREnE),major Zerbst, et qui passa ensuite dans le Da-
mm — m — - .#GSN
de Sault trouva donc le- culte protes- bout de quelques jeurs, acccmpagné
tant .établi, malgré les édils et ordon-
nances. ,Comme il n'était point « en- (1) L'autorité supérieure n'y apporta au
nemi de la Religion, » au rapport de moins aucun obstacle; au contraire, Sault
Bèze, i} sp coptenta ,de rendre compte faisait escorterles Protestants qui se rendaient
à leur temple, pour les protéger contre les in-
aujoi de l'éfet dés choses, pt engage^ sultes de ;l.a pQ_p!!!çce.
MON — 455 MON
du sapitame GriiU et de Pierre Bais- gouveraeuriieSerres, eû1B76, grand
se, ipprtenrs des erdres du prince de maître de l'artillerie du DaupMïié, en
-Condé peur qu'on se saisît de la ville 4590, et commissaire général de l'ar-
et qu'en lui envoyât des secours. tillerie dans la même province, en459<l.
Les émissaires de Coudé arrivèrent DuVillard,quiavait pris une part active,
à Lyon le 29 avril. Dès le lendemain, sincn brillante, aux entreprises de Les-
à deux heures après .minuit, les Pro- diguières fit encore Sous ses ordres
,
testants, sous la conduite des capitai- la campagne de Saveie, en 1597; mais
nes Brion, du Dauphiné, Prau, duVi- quelques années plus tard, il offrit à la
varaîs, Monségut [Montségurî],de la république de Genève ses services qui
Gascogne, Cher'verieu et Pisay, de furent acceptés. «Arrêté, lit-on dans
-Lyon, Rocolles et La Jaquiere, se les Registres du Conseil, sous la date
rendirent maîtres de la ville, presque du 4 4 juin 4 602, d'accepter l'offre que
sans eoup férir. S'il faut en croire Bè- fait M. de Lesdiguières d'enveyer ici
ze, Sault, qui u'avait pas été informé peur chef de ncs trpupes en cas de
des projets des Huguenots, se montra guerre, le sieurdeVillars,gentilhomme
irrité au point de vouloir quitter Lyon, de bon âge, vaillant capitaine et de
malgré les protestations qu'un notable moeursdociles.» Guy Allard affirmé que
négociant, Jean Darut, alla lui faire, c'est lui qui cemmanda les troupes ge-
-
en leuraem, qu'ils ne voulaient tenir nevoises dans la guerre centre la Sa-
la ville que pour le roi, et il ne con- voie, en 4 603, et qu'en récompense de
sentit à rester que sur les instances ses services, les Genevois le hommè-
des habitants catholiques, qui redou- rentgouvèmeur de Saint-Denis-d'Aos-
taient pis. Quelques jours après, le 5 te. C'est probablement après son re-
mai,an'na Des Adrets, qui attira bien- tour en France que Du Villardfuteréé
têt à lui toute l'autorité, en sorte que gouverneur de Gap, qualité queluidon-
le comte de Sault, mécontent, demanda nent les actes de l'Assemblée politi-
et obtint du roi la permission de se re- que de Grenoble (4 64 5), à laquelle il
tirer chez lui, ce qu'il fit le 30 juin, assista comme député des églises du
Le mécontentement qu'il ressentit rie Dauphiné. Allard prétend qu'il lesta en
le rejeta pas toutefois dans le parti, ca- 4628 ; il faut sans doute lire 4 618 ,
tholique. Lorsque la guerre se rallu- puisque son fils aîné lui succéda dans
ma, nous le trouvons aux eûtes de Con- le gouvernement de Gap en 4 619. De
dé. Il périt à la bataille de Saint-De- son mariage avec Catherine de Flotte,
nis, ainsi que son frère cadet Jean fille de Jean de Flotte, co-seigneur de
d'Agoult-de-Montauban,sieur de Si- Jarjaye et d'isabeau Du Puy-Mont-
André, laissant la réputation d'un sei- brun , célébré en 1876, naquirent: 4 °
gneur qui joignait à une brillante va- JOSEPH, qui suit;—2e FRANÇOIS, quifit
leur la générosité, la magnificence et souche;—3° PIERRE,sieur de La Bruyè-
le goût des belles-lettres. Sa femme, re;—4° SCIPION; —- 5° ISABEAU, femme
Jeanne de Vesc, lui donna quatre en- d'Alexandre Philibert, conseiller du
fanls, qui professèrent la religion ca- roi en ses conseils; — 6° MARGUERITE,
.
tholique. epon$e,en\%%ii,deLaurent de Thien-
Une autre branche de la famille de nés, sieur de Clelles.
Montauban, qui se subdivisa-plus tard I. Joseph de Montauban, coseigneur
en deux rameaux, resta établie dans le de Jarjaye, servit en Hollande de 1605
Dauphiné et embrassa également la re- à 4 607. En 4610, il obtint, par com-
ligion protestante ; nous voulons par- mission du 4 4 mai, le grade de capi-
ler de celle Du VILLARD ou de Villard taine dans le régiment de Sault, et en
qui reconnaissait pour chef, dans la 4 619, il remplaça son père dans le gou-
seconde moitié du xvi' siècle, Gas- vernement de la ville de Gap. 11 se con-
pard de Montauban, sieur du Villard, duisit dans cette charge avec tant de
MON — 4b6 — MON
prudence qu'il sut maintenirla bonne Suisse avec sa femme 'Françoise de
harmonie .et kipaix entre.l'es deux, re- Philibert, fille de François, sieur de
ligions.: II testa en 4.644, et laissa, de Venterol, et de Lucrèce DuPuy-Mont-
son mariage avec Diane dePierres, cé- brun, qu'il avait épousée en 1662. Ils
lébréen 4 609, cinq enfants: 1° HENRI, vivaient encore l'un et l'anlre àVevey,
capitaine de chevau-légers, excellent en 1696.
(Officier dont Gassion faisait grand cas, 3I01VTAUT, ou Montault, nom
....
qui vivait encore en 1672, mais qui d'une famille protestante dés plus il-
mourut vraisemblablement avant la ré- lustres du Béarn.
vocation de l'édit de Nantes. Son fils, Du mariage de Jean-Marc de Mon-
HENRI-LAURENT qui était passé dans
,
tant, premier baron du Béarn,avec Ma-
lespays étrangers en 1685 , rentra en delaine d'Andouins, naquirentonze en-
France au mois de décembre 1698 fants, qui presque tous embrassèrent la
et abjura (Arch. gén. TT. 3-14) ; — religion réformée, à l'époque sans
2° JACQUES;-—3°CATHERINE, femme.de douteoù Jeanne d'Albretl'introduisit
CyrnsAutard,petit-fils du vaillant ca- dans ses étals, savoir : 4" Jean-Paul, né
pitaine Bragard; — 4° DIANE, alliée à en 4530, qui était, en 1578, sous la
.
Pierre de Reynard, sieur du Serre; — tutelle de son frère puîné; --2* PHI-
5° ISABEAU; — 6° ANTOINETTE, LIPPE, sieur de Beaumont, né en 1536,
II. François de Montauban-de-Ram- chambellan du-roi de Navarre, sénéchal
baud, sieur du Villard, entra au service et gouverneur du Bigorre, qui épousa,
de l'électeurpalatin, qui le nomma gou- en \561,Jeanne de.Caumont, soeur du
verneur dé Lautern, en 1621. Quelque seigneur de Berbiguières, en Périgord,
temps après, il revint en France et s'at- puis, en secondes noces, en 4 592,
tacha à Lesdiguières, qui le chargea de Marie de Gontaut, et qui mourut sans
diverses négociations en Hollande et enfants en 4 601 ; — 3° Jacques, mort
ailleurs. Après la mort du connétable, sans postérité; —— 4° BERNARD, qui
il passa au service delà république de suit; —5°Jean, mort en 1558, dans
Venise avec le grade de mestre-de- l'expédition du duc de Guise en Italie;
camp. II était de retour dans sa patrie — 6" JEAN, décédé sans enfants, et le
en 1631, comme nous l'apprennent même peut-être que Larroque-Benac
les actes du Synode national de Cha- qui, en 1576, se rendit maître de Vie
renton, auquel il assista en qualité de et du château deLescurry, où bientôt
député des églises du Dauphiné; et il les Catholiques rentrèrent; —7°Mar-
fut chargé avec Amyraut d'aller por- guerite, religieuse; — 8'ANNE, femme
-ter au roi le cahier des plaintes. Il de Jacques de Cassagnet, sieur de
lesta en 1640. Sa femme, Susanne Beaulac;— 9° JEANNE, mariée au sei-
Pascal, soeur de Zacharie Pascal, gneur de Sus en Béarn ; — 1.0° autre
conseiller du roi.et maître ordinaire JEANNE, dite la jeune, fille d'honneur
en la chambre des comptes, qu'il avait de la reine de Navarre, morte en 1564;
épousée le 24 mars 1628, lui donna
quatre enfants : 1° SCIPION, mprlàPa- — 11" MADELAINE, dame de Ponlous.
Bernard de Montaut, baron de BENAC
ris, en 4 662, à l'âge de 32 ans (Reg. ou Beynac, sénéchal du Bigorre, en
.
de Charent.); -r- 2° FRANÇOIS,' qui 1590, est moins connu par lés services
suit; —3° PIERRE;— 4"ISABEAU. qu'il rendit aux églises,du Béarn que
François de Monlauban-Bambaud- par les maux que sa rivalité et ses que-
de-Fjotte, sieur du Villard, capitaine relles avec le duc de La Force \eur
au régiment de Gèvres, puis au régi- attirèrent. Eti 1620, Du Plessis Mor-
ment de Modène, fit toutes les cam- nay écrivait à La Trémoille : « M. de
pagnes de Flandres et d'Italie jusqu'à Benac a gaigné les montagnes. La di-
la paix de Nimègue. Lorsque l'édit de vision entre M. de La Force 'et luy a
. Nantes fut révoqué, il se réfugia en tout perdu. » Il paraît pourtant que Be-
MON '-457 MON
nac s'opposa à la vérification de l'édit fantsj. 1? CTRUS, marquis de Saint-Ge-
de main-lévée, et que ce fut la cause niès, mort jeune, ne laissant de son
pourlaquelleLouisXIIlle déposa à son mariage avec Jeanne de Caumont-La-
entrée dans la Béarn. Il est possible que Force, qu'une fille, nommée JUDITH-
cette disgrâce lui ail ouvert les yeux THÉRÈSE-SUSANNE;—2° MAXIMILIEN,
sur les inconvénientsde la religion qu'il mort à l'âge de 6 ans, en 4 632, et en-
professait; ce qui est certain, C'est que terré dans le cimetière des SS. Pères
dès 4 621, il était fort chancelant et que (Reg. de Charent.) ;—3° PniLippE,né
l'on s'attendait qu'il abjurerait dans un en 1619, qui, à l'âge de 14 ans, fut reçu
voyage qu'il fit alors à la Cour. Cette page du cardinal de Richelieu et abjura
crainte toutefois paraît n'avoir pas été peu de temps après. 11 fut créé plus
justifiée. On ignore quand il mourut. tard duc de Montault, pair et maréchal
11 avait épousé, en 1578, Tabitha de de France. Sa vie n'intéressant pas
Gabaston, fille unique de Bertrand, la France protestante, nous ajoute-
sieur de Bassillon, gouverneur de Na- rons seulement qu'il mourut en 1684,
varreins. De ce mariage naquirent : 1° et qu'il a laissé des Mémoires, imprint.
PHILIPPE, qui suit; —2° HENRI, sieur àParis en 1701,in-42; —4" JEAN, vi-
deBassilionetde Sariac; -—3"BLAISE, comte de Tosel, mort sans alliance;
mestre-de-camp du régiment de Cham- — 5° BERNARD, sieur de La Chapelle,
pagne, qui combattit, en 4 628, contre mort jeune; — 6« HENRI, sieur d'AU-
les Protestants; — 4" N., sieur de La danne,marquisde Saint-Geniès,puisde
Roque-Navailles, qui, au mois de juill. Benac, qui professait encore la religion
1622, fit assurer l'Assemblée de La réforméeen.4 663 (Arch. gén.lT.330),
Rochelle « de sa constante résolution mais qui abjura plus tard avec ses fils
au service des églises, sans que la con- et ses filles ; ces dernières obtinrent,
sidération de sa liberté [il était alors en 1682, une pension de 4 500 livres
prisonnier] le puisseesbranler de faire (Arch. TT. 252); — 7° CÉSAR, sieur
chose au préjudice de sa conscience et dePagalie, mort jeune; —8°JACQUE.
deson honneur» (Fonds deBrienne,W LiNE,morlejeune;—9°JEANNE, femme
225). L'assemblée s'employaàluipro- du marquis de Losse en Périgord;—4 0°
curer laliberté; mais la reconnaissance PAULE, femme de Louis de Loubie-
ne l'empêcha pas de servir plus tard d'Incamps;—41° MARiE.alliée auba-
contre ses coreligionnaires; il mourut ron de Banque; — 4 2° DIANE, femme
dans l'Ile de Rhé où il commandait la de René de Cordouan, marquis de
cavalerie; —5°BERNARD,sieur dePon- Langey, morte veuve le 4et janv.4 74 7 ;
tous, mort au siège de La Mothe, en —4 3" PERSIDE.prieure des religieuses
1634, commandant le régiment de Na- malthoises à Toulouse.
vailles; — 6°N., tué au siège de Saint- 3ÏOKTAUT-»ES-ISLES(1SAAC),
Jean-d'Angély;—7°jEANNE,femme du avocat de Louduu, s'était converti à la
baron de Losse, sénéchal du Bigorre; révocation, mais seulement des lèvres.
— 8° CORISANDE, femme de N. de Dur- Dès que la violence de la persécution
fort-de-Castelbajac;—9°MARGUERITE, s'était calmée, il était revenu à la reli-
morte sans alliance. gion dans laquelle il était né, et il la
Philippe de Montaut, baron, puis pratiquait en secret. Dénoncé comme
marquis de Benâc, sénéchal et gouver- relaps, il fut condamné, le 34 août
neur du Bigorre, en 4 650, duc de La- 4 691, par le présidial de Poitiers, à
vedan et pair de France par hrevet du cinq années de bannissement, 4 500
4 2 mai 4 650, servit dans les rangspro- livres d'amendé, 4 5001ivres d'aumône,
testants en 4 622; mais il mourut ca- et à l'interdicticn de ses fencticns d'a-
•
tholique, en 1654. Sa femme Judith vocat: Les gages qu'il donna de son
de Gonlaut, dame de Saint-Geniès et retour sincère au catholicisme lui mé-
de Badefol-, lui avait donné treize en- ritèrent son rappel de ban, le 24 janv.
MON
{Arch. $$&.. E. 3380).—à la
-m MON
neur de Metz„<pris sans «embrasser lui-
-ii69-4
même famille appartenaitpierre Man- même la Réforme, se montra favorable
taut, quiJt,sgs études ;à Saumur, où il aux Réformés (Voy, IV, p. 8). '
soutint, séiis h présidence de Cappel, MojsTBOflWoux, appelé mes')
une thèse Bë clericorum immwiitate Bonbonnouso, brigadier dans la bande
.etprivïlegiis, ins, dans les Thèses de Cavalier, tet dernier chef de l'in-
salm,, et qui fui chargé de desservir surrection, cévennle. Après la soumis-
l'église de La Barre en T.ouraine. sion de Cavalier et la mort de Roland,
ftlOPCrBERON (RENÉ DE), sieur de Montbonnoux, voyant Marchandât les
THOUS, second fils d'Adrien de Ment- autres chefs, camisards disposés à se
beron, barpn d'Archiac, et de Margue- soumettre, prit à -part Iiavanel, et lui
rite id'AjcJyae, servit avec distinction jurant devant Pieu qu'il m serait ja-
dans:latr.oisièmeguêrrecivile.En4569, mais assez lâche pour suivre leur
le parlement de Bordeaux le comprit exemple, il l'invita à se joindre à lui
dans son fameux arrêt. Après la perte et à continuer la lutte, jusqu'à ce qu'il
de.là bataille de Moncontour, Thors, plût au Seigneurd'accorderla délivran-
que Brantôme appelle «brave, vaillant ce à son Eglise. Boaton trouva en lui
et gentil compagnon de guerren, s'en- un ardent complice; il :se chargea de
ferma dans Cognac, résolu à s'y bien diriger, avec Claris, le mouvementin-
défendre.. Les deux compagnies d'As- surrectionnel qu'on espérait voir écla-
nières s'y jetèrent avec lui, ainsi que ter à Montpellier. Cet espoir déçu, il
quelques gentitebommes et quelques regagna les montagnes qui, depuis
capitaines provençaux qui, ayant .per- plusieurs mois, lui .servaient de retrai-
du, leurs-compagnies, avaient formé un te, toujours inébranlable dans sa réso-
corps de' volontaires sous les ordres de lution; mais il eut peu d'émulés, à pei-
Ferrier de Menerbe. Après la capitu- ne en cite-t-on quelques-uns, comme
lation de St-Jean-d'Angély, l'armée Lafont de Colognac, etBessède de La
cafàolique marcha sur Cognac, et le Sallade,qui eurent le courage de s'ex-
hérault.du roi. fut-envoyé pour sommer poser aux.mêmes privations,aux mêmes
Thors de se rendre. Le vieux capitaine dangers que lui. Après avoir échappé
prit la lettre de Sa Majesté, la baisa a- pendant six; mois auxplus actives pour-
vec le plus profond respect, et la ren- suites, Montbonnpux, trahi par unnom-
dit au liérault ;sans l'ouvrir, en protgs- mé Martin deLas Combes,faillitd'êtoe
tantqu'jl.ne savait ni lire ni écrire, et pris, le 4,3oet.4705. Une dut son sa-
que ses compagnons avaient coeur et lut qu'à son agilité et à sa présence
bras, mais point d'oreilles, La ville fut d'esprit. Moins heureux que lui, La-
promptemenl investie; mais une partie font et Bessède furent livrés par deux
de la .garnison d'Angoulême s'étant infâmes espions, Salles, du Mas de
introduite dans la place, les généraux Fournets,,qu'il ne faut pas confondre
catholiques jugèrent à propos de battre avec le chef camisard du même nom,
en retraite. Thors resta gouverneur de et Devèze, de Sauve. Conduits à Mont-
Cognac, et continua à combattre pour pellier, ils furent roués et jetés encore
la Cause, sous les ordres de Pontivy, vivants dans un bûcher, le 4 5 oct. 4 705..
jusqu'à sa mort, qui arriva très-peu de Exaspéré par ses souffrances et plus
temps après.' Gomme il ne laissa pas encore par la trahison dont il avait
d'enfants, la terre de Thors,passa' à son manqué d'être victime, Mcntbonnoux,
frère Jean'; qui épousa Gabrielle de comme Claris, jura de terrifier les
Pierre-Buffière, el en eut Junira, traîtres .11 poignarda Martin deLas Com-.
.
mariée à Jacques de Pons, marquis de bes, Salles, Bourguet, ancien camisard
La Case. vendu à Basville, et Saint-Julien,
A la même famille appartenait Mont- gentilhomme de La Nef,, qui avait dé-
beron, seigneur d'Auzance, gouver- noncé uneassemblée.Gesterriblesven-
MON
ge#w*s iépowan%^nt4'ialîpr(}les (dé-
- #9 - MQF
deuç (4 ), Le fils, Rommé REWÉ, naquit
lateurs; mais la cupidité fit ,à la fin iai- en i 578 et fut baptisé par Berni, mi-
re la crainte, «Mes traîtres redevinrent nistre de Vitré, 11 fut député, en 164 5,
aussi nombreux que j.amai;3.'Moi#pn par les églises bretennes à l'Assemblée
tputefeig, bonheur
-
nnux, ,euf ,1e de $e politique de Grenoble,De spnnninna-
soustraire à tous les dangers. 0,n igno "vec ElisabethDuBouays,àame deMes-
re la 4ate de sa mort. neuf, naquirent : 4 ° RENÉ, qui suit; ^-2°
Il a laissé des Mémoires inédits, -G&.TH*.Mm,îemmeàeJacques deSaint-
qu'Antoine Court cite dans son Histoire Germain, sieur de Fontenay ; — 3'
des Camisards., et qu'on retrouverait FRANÇOISE,.mariéeà Charles de Mitp-
sans doute dans les papiers de ce çér fant,$S.enr de Graville;-—4°ELISABETH,
lèbre pasteur du désert.
MOWTBOÏJUCHER, familjejipble
épouse de Jean de Montgommery
5° HENRIETTE, épouse de Paul Du
;^
de la Bretagne, dentune branche, celle Bouays, sieur de Mesneuf ;--J6°DÉBO-
Du BenpAfiE, embrassa le protestantis- RA, alliée à Paul de L'Isle, sieur de
me, en 4 560. L'Isle-du-Gast.
Du mariage de François de Mont- René de Montbourcher, en faveur de
bourcher, mort après 4S7S (Reg. de qui la terre duBordage fut érigée en
Charenton), avec Jeanne de Males- marquisat, en 4 656, épousa, en 4 646,
troit, naquirent quatre enfants : 4" dans l'église de Charenton, Marthe
RENÉ, qui suit; Jeanne, femme Durcot, dame de La Grève, fille d'A-
-— 2*
de Claude de Vay, sieur de La Roche- lexandre Durcot et de Marthe Pâlot.
fordièrè; nous n'avons aucune preuve En 4 662, il fut nommé commissaire
qu'elle se soit faite protestante; — 3° pour l'exécution des êdits en Bretagne.
ANNE, femme, en premières noces, de Selon le Piel, de la Noblesse, il ne
François d'Acigné, seigneur de Mon- laissa qu'un fils, RENÉ, marquis du Bor-
téjan, qui fut ttié à la bataille de Jarnac, dage, qui en 4 668, entra comme en-
et, en secondes, de, Julien de Tourne*- seigne dans le régiment de Turenne,
mine. Resté veuf, François de Mopt- et qui, eu 1674, leva une compagnie
bourcher se remariaavec Bonaventure de cavalerie à la tête de laquelle il fit
de Belouan, qui lui donna encore un la campagne de Hollande. Après la
fils, GABRIEL, sieur de Trémereuç. prise de Maëstricht, en 4 673, il passa
René de Montbourcher, sieur de en Allemagne, combattit à Sintzheiffl,
SaiDt-Gilles et du Bordage,se chargea, à Ensheim, et pbtint un régiment de
en 4 589, à la prière d'Anne d'Alègre, cavalerie qu'il commanda aux batail-
veuve de Gaiy+Paul de Coligny, de les de Mulhouse et de Tûrckheim, au
défendre Vitré contre les Ligueurs, et combat d'Altenheim, au secours de Ha-
après un siège de cinq semaines, il les guenau et de Saverne. En 4676, il
força de battre en retraite. En 1596, assista aux sièges de Condé et d'Aire. '
se rendante Pontorson pour présenter Nommé brigadier de cavalerie, par
au baptême un enfant de Mpntgom- brevet du 2.5 fév. 4677, ii continua à
mery, il faillit d'être assassiné dans un servir avec distinction ausiége dé Va-
guet-apens. JSTous ne connaissons pas Jenciennes, à la bataille de Cassel, à
d'autre particularité de sa vie. Il épousa la prise de Saint-Omer, aux sièges 4e
sa parente-Françoise deMontbourcher, Gand etd'Ypres, à la bataille de Saint-
qui le rendit père d'un fils et de deux Denis prèsdeMons,aucombatdé Min-
filles.L'aînéedecesdernières, SUSANNE, den. En .4 682, il fut employé en Al-
fut mariée deux fois, avec Charles de sace; en 4 683, en Franche-Comté ;
Champlais, sieur de Cour.cell.es, puis (1) En 4660, deux arr.êls 4e la Chambre de
avec N. de Ffanquetot, baron de l'édit, rendus a la poursuite de i'.év.êque du
Noyan. La cadette, GÛIONNE, devint la Mans, forcèrent Cahideuo. et Du Cordage à
faire enlever les litres ou ceintures funèbres
femme de Sébqstien^René de Çahh qu'ils «tv^ient lajt mettre à l'église de Laval.
MON
MON — 460
gnitéz militaires, où jusque? là sa reli-
en 4 684, en Flandres.Après la révo-
cation de l'édit de Nantes, il tenta de gion l'avoit empêché de parvenir. » 11
sortir du royaume. « Le marquis Du fut, en effet, créé maréchal de camp
Bordage, brigadier des armées du roi, par brevet du;24 août 4 688 ; mais il ne
lit-on dans les Mémoires de Sourches, jouit pas longtemps de ce grade, ayant
sous la date de janv. 4 686, se sauva été tué au siégé de Philipsbourg. Il
de France avec sa femme, ses enfants avait eu deux enfants de son mariage
et M"0 de La Moussaye, tante [soeur] avec Elisabeth Goyon: 1° HENRIETTE,
de sa femme. Cependant il perdoit née en 4 672 ; — 2° RENÉ-AMAURV ,
tous ses services et laissoit en France baptisé à Charenton en janv. 4 673,
50,000 livres de rente qui alloient être présenté par Jean Cornet, sieur de
confisquées, et il s'exposoitàmourirde Nenfvijle; il abjura au mois de juin
faim avec, toute sa famille. » Il ne fut 4686, etmouruten 4 744, dernier mâle
pasheureux dans sa fuite. Le 20 janv., de celte famille.
«on apprit, continue Sourches, que le MONTBRUN. Voy. DU PUY-
marquis Du Bordage avoit été pris avec MONTBRUN.
toute safanjille auprès de Mons et même MONTCALM (FRANÇOIS DÉ), sieur
que sa femme avoit été blessée d'un de SAINT-VERAN, de Candiac et de
coup de mousquet. On sut aussi qu'on Tournemire,capitaihede galère, épou-
les avoit menés prisonniers et séparés sa,' en 4 546, Louise de Porcelet, et
en différentes places des conquêtes du testa en 4 564. 11 est très-vraisem-
roi, soit pour leur faire leur procès , blable que sa mère, Elorette de Sar-
soit pour essayer de les convertir.» ras, qui avait gagné l'affection de la
Dangeau nous apprend, en effet, que reine de Navarre Marguerite par son
Du Bordagefut enfermé dans la cita- esprit et son savoir (Voy. I, p. 24 3),
delle de Lille, sa femme dans, celle de lui inspira des sentiments favorables
Cambrai, M11" de La Moussaye dans à la Réforme; ce qui est certain, c'est
celle de Tournay et que ses enfants qu'il en embrassa les doctrines quel-
,
furent amenés à Paris pour y être éle- ques années avant, sa mort (Voy. IV,
vés dans le catholicisme. L'abbé de p. 428), et que ses enfants suivirent,
Grancey fut chargé de laconversiondu son exemple. Ces enfants furent : 1°
,
restée veuve, lui accorda sa main. Se- menées pour semer la division entre la
lon une version assez plausible, ce se- bourgeoisie et la garnison. Si l'on de-
rait alors qu'il se serait fait appeler de- vait en croire le Mercure, Montchres-
Vateville du nom d'une terre que pos- tien, trahissant scn parti;, aurait- vendu v
femme. La vie de Montchres- la place au prix de 6,000 ii.vres,tandis
sédait sa
très-agitée. Attaqué un jour de que, au-rapport de l'historien de San-
tien fut
guet-apens par un baron de Gourville, cerrèi très-lion catholique du reste, et
fut laissé mort sur la place.Lors- par conséquent-peu suspect de parlia-
il pour 1
qu'ilfut guéri de ses blessures, il porta (1) Selon d'autres, il dédia cette tragédie a
plainte contre ses assassins, et obtint Gaston d!Orléansl
MON 464 — MON
—
lité à l'égard' des Huguenots, l'échevin par une fenêtre. Montchrétien a été ou
David Perrinet, secondé par les habi- sera mis sur la: roue, tout mort qu'il
tants catholiques et par une partie des est. Le mal de tout ceci est que celui
protestants, se serait emparé desa per- qui avoit sesmémoires,nommé Roche-
sonne et l'aurait retenu prisonnier jus- fontaine, qui avoit élé gendarme du
qu'après la signature de la capitulation comte Maurice, s'est sauvé» (f). Leca-
avec Condé, le 29 mai.Montchrestien, davre de Montchrélien,porlé entriom-
remis eu liberté, se rendit, au mois de phe à Domfront, fut condamné à être
juillet, à La Rochelle et offrit ses ser- traîné sur la claie, puis rompu, brûlé,
vices à l'Assemblée politique qui s'y et ses cendres jetées aux vents: Cette
tenait. On lui fit délivrer une centaine sentence fut exécutée le 12 oct. 1621,
de commissions pour lever des troupes au grand désappointement du parle-
dans le Maine et dans là Normandie. ment de Normandie, qui, de son côté,
Déjà il avait enrôlé, dit-on, de 5 à ayant des droits sur ce cadavre, avait or-
6,000 hommes, lorsque;Irahi par son donné qu'il serait porté à Rouen peur
hôté, il. fut attaqué à Pimproviste,, le y être mis à sa disposition.
7oct.,dausle villagedesTouraillespar On doit à Montchrestien:
le seigneur du lieu, nommé Turgpt. I. Les tragédies- d'.Anthoine de .
t$$ 1 & jpçrfc 4ç foi ,de gpar^e p)ée$èp,e. fljii s'lftimi|l_y> JIJX p|pij3 4''une snaSest^ "h&ijlp,
'" ^.'fiaviclpu \'ad^}t^re, reprès. en Qui il'un^oeil ruisselant )uj demande pa.epçf,,
4.6,0.0;"" "" ' Est digne' d'une .femme et d'une feine ausjj.
Déployés -donc sur riioy votrebénirié gracé,
'5° Aman oie la vanfté., représ. en ^adame.permettés que yosgeno'ux j'ambrasse.
$601 .11 est çurieyx de ycjr Mpnfchrpsr ASSDËBUS.
Jtién lutt,e_r avec je plus grand de nos Tu n'es donques content, paillard, de m'offen-
poètes'dramatiques,ejsputpnirde temps (sert
Tu veux, lu veux encor mon espouz,e forcer]!
jén tpmps la lutte. M/Ro.isard a déjà fait Vieux ribaut, j'enfe'ray vengeance si notoire,
avant nous, Les cri-
ce rapprochementde'cpnverts, .Que jnsques "a mille ans il en sera-mémoire.
le perfide Qu!qn me le mène pendre au gibet élevé,
mes (l'Aman sont
,
tés qui peuvent, en revenir; Du pas^- son fusil lui creva dans la main, et la
la du Sud, trafiquer blessure s'étant envenimée, il mourut
sage en mer pour
au Catay, la Chine et le Jappon. — quelques jours après, en 1570,laissant
IV. De l'exemple et des soings princi- la réputation d'un excellent comman-
paux du prince, touchant la piété, la dant d'infanterie.
charité, la censure, la milice, les fi- Son fils, que nous n'avnns trouvé
nances, les récompenses tant hono- désigné par les historiens que soUs le
raires que pécuniaires, les charges et nom de vicomte de Montclar, fut sauvé
magistratures. du massacre de la Saint-Barthélémy
On attribue en outre à Montchrestien par le comte de Villars, qui comman-
une trad. des Psaumes de David, el des dait en Guiehne. Ce fut, assure-t-on ,
travaux sur l'Histoire de Normandie, pour témoigner aucomte sa reconnais-
restés manuscrits. sance qu'il abjura et qu'il se rendit à
MONTCLAR (ANTOINEDE.),vicomte Montauban avec Paulin,afin de persua-
de Montclar, un des plus braves et dés der aux habitants de s'en remettre à la
plus expérimentés capitaines de l'armée clémence du roi. Gèraui de Lomag.ne,
huguenolte était un gentilhomme du dont la soeur Marguerite avait épousé .
,
Quercy. Il ne prit aucune part à la pre- Jean de Montclar, et qui était paT con-
mière guerre civile; mais en. 1567, il séquent allié du vicomte, s'éleva avec
marcha avec les autres Vicomtes au se- tant de force contre cette proposition
cours de Condé et combattit vaillam- ' qu'il la fit rejeter; il réussit même à rat-
ment à la bataille de Gannat, à la- tête tacher àla Cause les deux vicomtes. En
de l'infanterie du Haut-Languedoc 4 577, Montclar battit près de.Saint-
(Voy. IV, p. 4 8). Son père, qui avait Gaudens la compagnie de chevau-lé-
aussi embrassé la religion reformée et gers de Bonrepos., qui allait rejoindre
avait été laissé,selon Cathala-Couture, Villars en Armagnac ; mais quelque
pour gouverneur à Montauban, fut forcé temps après, le 13 août, il fut tué par
de quitter la ville par l'indocilité du les Ligueurs avec son beau-père. La
peuple, et se retira dans ses terres, où généalogie de cette famille n'ayant
il fut rejoint par son fils après la con- point été dressée, nous ne savons s'il
clusion de la paix de Longjumeau. laissa des enfanls, ni qui était un vi-
Laguerre s'étantralluméeenl 568,1e comte de Montclar, cité par Marturé au
vicomte de Montclar futchargé du com- nombre des chefs huguenots en 4587.
mandement d'un des régiments levés à MOKïDEOTS. (ÀBDIÀS DE), pasteur
Castres. Il participa à toutes les entre^ deFécamp fut appelé, au mois d'pct.
prises des Vicomtesjusqu'à l'arrivée de ,
4 648, à remplacer David de Caux
Montgommery, qu'il suivit dans le dans l'église de Dieppe, et il la des-
Béarn. C'est lui qui le premier avec, servit avecaulantd'activité quedezèle.
Sénégas monta à l'assaut d'Orthez. De Son grand âge et ses infirmitésl'avaient
retourdansle Languedoc, ilreçut ordre fait décharger depuis cinq ans, lorsqu'il
de Coligny de marcher avec Genlis au mourut, Ie.4'8 sept. 1638, dans sa 75"
secours des habitants de Castres, qui année, après 45 ou 50 ans de minis-
désiraient chasser les garnisons catho- tère. «C'était, ditDaval, unhommequi
liques des villes voisines et rompre un i, avait des dons excellents, ayant l'es-
blocus qui les incommodait beaucoup,% prit vif et prompt, des conceplionsbelles
_
Il mit le siège devant Saint-Félix, mais il et élevées, et, quoiqu'il fût pas des
ne
il échoua dans son entreprise, et allafj plus profonds théologiens,il était grand
rejoindre Genlis sous les murs de Laf g orateur, ne se servant que de ses seules
Bruguière. Rappelées par Coligny, les|i!méditations aide d'aucun livre ou
sans
troupes huguenottes reprirent la route®!auteur, du moins dans ses dernières an-
MON
— 469 — MON
nées. Il était excellent dans la conduite™ acette science. En 1551, il publia
.des affaires et des assemblées ecclé-i icommentaire très-estimé un
ordinaire-l sur le 10e li-
siastiques, où il présidait Ivre d'Euclide : Euclidis elementorum
.
et difficile dans
|
ment. D'un autre côté, n'avait des dé-f tïMber decimus, Petro Montaureo in-
sagréments, étant ex trêmement chagrin fiterprete. Ad JoannemBellaïum
pi-' car-
sa conversation, se 1
? dinalem, Lutetiae," Vascesanus,iu-4°,
quant promptement. 11 fallait avoir des '' : ff. 4 40, sans la préface dédie, seus
paroles fort étudiées pour traiter avec ; la date de Paris, Cal. de Juill. 1551,
lui, encore s'offeusait-il souvent, par- ff. 4 7; dans le privilège, daté de Blois,
ticulièrement quand on se servait de decimo Calend. februarii, 4 550, Mont-
termes moins propres, bien que ce fût doré est dit membre du parlement, vir
sans dessein de l'offenser. 11 s'en affli- senatorius. L'ouvrage se termine par
geait lui-même et s'en chagrinait, en une longue pièce de vers latins qui
tirant des conséquences auxquelles on donne une idée très-avantageuse du
n'avait jamais pensé, jusque là qu'à la talent poétique de l'auteur. Esprit
fin de ses jours, sa voix étant devenue grave et philosophique. Bon style.
si faible et si basse qu'il ne pouvait plus Montdoré,~ au jugement des meilleurs
être entendu du peuple, el le consis- critiques, a éclairci un grand nombre de
toire ayant député deux anciens pour difficultés. En 1562, notre savant fut
lui en faire des remontrances elle prier compris par le parlement de Paris dans
de s'efforcer de parler plus haut, afin l'arrêt qui condamna à mort un certain
qu'il pût être entendu, il en conçut un nombre de Huguenots pour crime de
tel déplaisir qu'il en fut malade et ne lèse-majesté (Voy. IV. p. 20, note).
put reposer ni sortir de sa maison trois Cet arrêt lui donne la qualité de «maî-
mois durant. Aux compagnies ecclésias- tre de la librairie du roi.» Au rapport de
tiques comme il avait l'esprit prompl Vossius, il était en effet bibliothécaire
,
et présent, et les raisons solides, ou du de S. M.
moins subtiles aussi voulait-il l'em- Lors delà seconde prise d'armes des
,
porteret que ses avis fussent suivis, et Huguenots (4 567), Montdoré, conseil-
quand il entreprenait quelqu'un, il n'é- ler au Grand-Conseil (4), se réfugia à
tait point content qu'il ne l'eût entière- Orléans, où il fit transporter sa biblio-
ment terrassé et, s'il faut ainsi dire, foulé thèque. N'étant pasen sûreté dans celte
aux pieds. Au reste il avait l'âme fort ville, il se retira à Sancerre. Il y mou-
bonne et la conscience fort tendre, et il rut bientôt après, en 1570, dans un
s'acquittait diligemmentdesacharge.il âge qui n'était pas très-avancé; le
était scrupuleux jusque-là qu'il ne vou- chagrin, selon de Thou, hâta sa fin. Sa
lait jamais dire de nouvelles, decrainle bibliothèque et ses instruments de ma-
de les dénaturer, d'y ajouter ou d'en thématiques furent pillés à la St-Bar-
diminuer.» 11 eut pour successeurJean thélemy. Cette bibliothèque était ri-
Vauquelin, que l'on appela de Pujols che surtout en ouvrages de mathéma-
en Basse-Guienne.et qui fut installé le tiques, annotés de sa main. Il était
23 nov. 4 638., grand partisan d'Aristote, et plus versé
MOWTDORÉ (PIERKE), ou Mondo- dans la philosophie que dans la juris-
ré, sieur Du Rondeau, en latin Mon- prudence. Montaigne le cite parmi les
taureus, savant mathématicien et bon meilleurs poêles latins du xvie siècle.
poète latin, natif d'Orléans, florissail « 11 me
semble aussi de la poésie, dit-
vers le milieu du xvie siècle. Il étudia il, qu'elle a eu sa vogue en nostre siè-
le droit dans les universités de l'Italie, cle; nous avons abondance de bons ar-
quoique ses goûts le portassent de pré- tisans de ce mestier là, Aurat, Bèze, Bu-
férence à l'étude des mathématiques. chanan, L'Hospital, Mont-doré, Tur-
Tout en suivant la carrière de la ma- Maître des requêtes, d'après le Thuana,
(1 )
gistrature, il ne cessa de s'adonner à conseiller, d'après de Thou.
MON
iiieVûsiv Cepéûdant Montdoré, à notre,
- 4V0 —
MON
Puis le poèteajoutait :
connaissance; n'a publié aucun recueil i. Totus fuit aureus intus,
de poésies. Lés indiscrétions de ses.a- Aureus ingenio, doctrinâ, moribus aureis... ,
fanlum illum, talemque virum si Roma lu-
mis auront pu seules faire jouir le pù- ' [lissèt,
blic de quelques pièces échappées à sa Aureus in sUnimâ starel lilontaureus arce,
muse (i); On- attribue à Montdoré une Aureus inque foroj et rostris,. lolà aureus
iàpolpgiédePeitrpt,Poltrotus Meroens, [urhe.
la meilleure pièce de vers que le fana- Une telle admiration de la part d'un
tisme aitinspiréauxHuguenotssurl'as- tel homme est la plus beliepàlme d'im-
sassinat du duc de Guisè. Le poète al- mortalité àlaquelle il soit donné de pré -
lait sans doute troploia dans cette inve- tendre. Pibrac, lit-on dans le Thuana,
cation à Dieu : supprima le vers suivant dans son édit.
At tu, summe Pàter, qui léla mànusque tuo-
des Poésies du chancelier :
[rum Exul ob assertum ver» pietatis honorem.
Dirigis, et vatum calamos, da vivere natum
CarUcn ab ObsCuro, atque oculis manibusque Le volume étant dédié à Henri 111, il
[teneri, s'agissait de ne rien, laisser passer de
Pluribus ut maneat Meraûs in ore nepolum. compromettant.
Mais si l'on met eh regard dii-meur- Montdoré laissa un fils,quede Thou
tre d'un seul le meurtre d'une Vil.l'ëélQ- connut aux universités et qui devintcon -
tièrè prise d'assaut, si l'on considère seiïler au Grand-Conseil, probablement
.
que dans cette ville ainsi- menapéës&e- ".a-la--mort.de son père. Ce fils ne serait-
trouvaient là famille, les fTèresi'-ies'à- il pas Horace de Mondoré, d'Orléans,
-mis du poète, on doit lui être indulgent. qui chercha un asile à Genève à l'a Sl-
Beaucoup qui ne, l'auraient pas dit, au- Êarlhélemp (Reg. des habitàii-s^Noiis
raient pensé de même. Montdoré ne vit ignorons si c'est de lui que descendait.
pas l'assassin dans Poltrot, mais le sau- Antoine de Mondoré, sieur.deLigne-
veur de la ville, le fauteur de la paix : rolles, fils de Lancelot,. sieur Du Ron-
Sàlvam qui prastilit'urbem, deau; etde JeanneRobinëaù,t\m épou-
Sublatoque, mbfani pacis qui soslulit, h'oste. sa à Paris,en 1665, Anne Le Gendre,
Celte pièce à d'abord élé attribuée à fille de Samuel, sieur de La Cour, et de
Adrien Turnlbé. Le Laboureur qui la Marie Tassin (Reg. de Charenton).
reproduit dans ses Additions aux Mé- MONTEIL (N.), pasteur'du désert.
moires de Castelnau, croit pouvoir la Accusé d'avoir séduit une fille nommée
restituer à Montdoré. Nourri dès doc- Claudine Monier, Monteil fut suspen-
trines de l'antiquité,il n'est pas impos- du, jusqu'à ce qu'il se.fût pleinement
sible que Montdoré ait recon nu aux peu- justifié, par un synode tenu, le 4 5 déc.
ples opprimés un droit'devieetdemort 4 723, sous laprésidence de Corteis;
sur leurs tyrans, quels qu'ils,soient. mais méprisant cette sentence, sous
La Bible même l'y autorisait. Les meil- prétexte que l'accusation était calom-
leurs publicislès du xvie siècle profes- nieuse et que Claudine Monier n'était
saient tous celle doctrine anti-chrétien- qu'une prostituée, il continua à rem-
ne, si l'on veut, mais non pas anti-re- plir ses. fonctions. Un autre synode,
ligieuse. auquel Court présida, le 8 juin 1724, .
Où ignore les particularités de sa vie. Tendit maître, èïï ih%i sëc'éffdé par'
Ayant lu les Emblèmes d'Alciat, qui Vivdns et Làmbëftié:Laville futtrâi^
étaient alors dans toute leur vogue, elle téeavéCnne rigUeur barbare et lesprê-
eut l'idée de lés imiter, en rimant dans trés ne furent pas épargnés. Là con-
le même goût des pensées morales.Elle duite dé Lângeiran dans' celle cir-
composa donc cent emblèmes par hui- c'Phst»neé à laissé une taché' sûr s'a Vie.
tains, que y. Marcorelle (1 ) imprima à Selon les Mémoires du duc dé Bouillon,
Lyon sous autantdefig.entaille-douce. il était «un dés plus cruels etirréligleux
Ce volume,- qui parut sous le titre hommes de son temps.»Sâhs: doute il
d'Emblèmes chrestiens,Lyon, J. Mar- né' faut pas âcCrJrder Une confiance illi-
corelle,4 574 ,irï-8\étàitdédiéà Jeanne 1 mitée au témoignage'dé Tûrénnë, qui'
d'Albrël. Il se termine par huit sonnets; hé lui pardonna jamais d'avoir refusé,
(adressés deux à la reine de Navarre et jusqu'en 1575, dé reconnaître son au-
sixaN-.deLaCase,gouverneurdujeune torité; mais dAubignè, qui n'avait au-
prince Henri), une épître allégorique et- cun motif de haine contre lui, recon-
1
une énigme. Le succès èh fut très- naît aUssi qu'il était plus propre «à faire
grand.On le réimp. plusieurs fois, no- combattre les gens de guerre qu'à les'
tamment à Zurich, 1583,in-4°,avec une policer», et ajoute qu'il fut accusé de
version latine,et à Francfort,.! 619,in- beaucoup dé désordres. Aprèsla prise de
8',avec des trad.en latin, en espagnol, Périgueux, Langoiran tenta une entre-
en italien, en allemand, en flamand et prise sur St-Macaire. Les échelles
en anglais. s'étant trouvées trop courtes, il dut se
MONTFERPLAIVD (GUY ou CHAR- retirer avec perte de quelques hom-
LES DE),capitaine huguenot,eonnuplus mes. Cet échec disposa sans doute lé
tard, dans l'histoire de nos guerres ci- roi de Navarre à écouterplUs favora-
viles, sous le nom du baron de LANGOI- blement les plaintes qu'on lui adressa
RAN,commandaune compagnie à la ba- «sur les rigueurs et cruautés» du gou-
taUle deVer sous les ordres de Duras,- verneur de Périgueux. 11 le destitua
tandis queson frère aîné combattit sous: en 4 577. Irrité, Langoiran fit sa paix
ceuxdeMontluc. En 1567,ilsesignala; avec les Catholiques, qui lui laissèrent
à la prise de Pont-sur-Yonne. Le par- le libre exercice de sa religion dansses
lement de Bordeaux le comprit dans ses châteaux de Mohlferrand: et dé Lan-
sanguinaires arrêts de 1562 et de 1569 goiran.
(2). En 4 572, logé dans les faubourgs MONT&O'MMERY (GABRIEL DE) ,
de Paris, il eut le bonheur d'échapper comte de Mon'tgommery, un des plus
auxégorgeurs de la Saint-Barthélémy. habiles et des plus vaillants compa-
En11-574, il marcha, avec d'autres chefs gnons d'armes de Condé et de Coligny,
était le fils aîné de Jacques dé Montr-
(4)A.la S.-Barthélémy, Jean Marcorelle, im- gommer'y, siéur dé Lorg'es dans l'Or-
primeur a Lyon, se réfugia a 6enève,oii il fui
reçu habitant le 8 sept. 1572-. Dix ans aupa- léanais. En 1545, il ebtint le ccmman-
ravant, le23 avril 'i&&%, Pierre Marcorelle, de dement des troupes envoyées par le
Milhau, y avait déjà obtenu les droits de bour- roi de France au secours de Marié de
geoisie.
(2; Dans l'un de ces arrêts , il est appelé Lorraine, reine d'Ecosse. En 15E>9,
Guy, eldans l'autre Charles.L'histoire ne (ait lors de la fameuse Mercuriale, c'est
pourtant mention que d'un seul capitaine hu- lui qui, en qualité de capitaine des gar-
guenot du nom de La'ngôîràn.
MON — -
472 MON
il êâvàlt cjù'un assaut livrerait Ro'Uën' au fil de l'épéë, sans aucun quartier,
à'ii' dië'ci'ëMtih ; niais il hésitait devant tôUt Ce qui se présenta armé oU désar-
là ïespënsâbilité tjûi pèserait sUr' lui mé. Là ville fut livrée au pillage, à
s'il exposait au pillage une des plus Peicëption des églises.)* Malgré;lès
riches Sites de France. Dé son côté, efforts du duc dé Gùisé, ce pillage dura
h'Hbèp'Ual- ne cessait de représenter huit jours. Au râppofi de Càs'télnâù,
au rôi, («que è'esibit mie mauvaise les côurtisàn's sem6h1;rërent, <<leé't»l'ùê'
ctiritjhéèté 4ué de conquérir, sur sôy- aspres à là curée'. » .
lûésmé p'âr aimés. »' Oh fit donc, une Là' ville forcée, Mohtgbihméry dut
tfôiéièmê fois; sommer lés habitants sO'ùgér à sa sûreté et à celle dé sa fa-
1
lecture de cette disposition de l'arrêt, front, et, après avoir échappé à de nom-
il s'écria : S'ils n'ont pas la vertu des breux dangers, il réussit à atteindre La
nobles pour s'en relever, je consens à Rochelle, où il apprit la nouvelle de
la dégradation. » Aucun d'eux ne dé- l'exécution de son père. Au mois de
généra dé la vertu d'un si noble père. déc. 4 57 4, ilfit, par ordre de La Noue, '
Voici le portrait que Brantôme a une entreprisesurSaint-Jean-d'Angély,
tracé de cet illustre capitaine : « Il qui échoua. Il s'attacha plus tard au
étoit le plus nonchalant en sa charge, prince de Condé, qui le donna pour
et aussi peu soucieux qu'il étoit possi- gouverneur à l'île de Rhé, en 4 575;
ble, car il aimoit fort ses aises et le mais les hàbitantsde celteîle,s'accom-
jeu; mais quand il avoit une fois le modant mal de la présence de soldats
MON 481 MON
—.
étrangers, en demandèrent l'éloigne- favorable; elles furent presque tou-
ment, promettant de se charger eux- jours couronnées par le succès; Xe 13
mêmes de la garde de leur territoire, avril, parti de Castres, à la tête de toute
promesse qu'ils remplirent fort mal. sa cavalerie et de la compagnie d'in-
Montgommeryretourna donc auprès de fanterie de Rascas, il se rendit à Réal-
Condé, qu'il accompagnaàLaRochelle. - mont, y opéra sa jonction avec les for-
Quelque temps après, Jean deBalsac, ces du Lauraguais, commandées .par
gouverneur de Brouage, ayant été fait Tamis et le fils du vicomle de Paulin,
prisonnier, le prince lui confia le com- et alla assiéger Dénat, dans l'espoir de
mandement de celle place; mais, au forcer, par cette diversion, Cornussoa
rapport de M. Massiou, il se fil haïr par à se retirer de devant Lombers. Cette
la dépravation de ses moeurs et la vio- entreprise échoua. Le 26, il mena au
lence de son caractère, et son frère, roi de Navarre les compagnies de Lux,
le capitaine Lorges, ne se rendit pas Portai, Salant, Pelras, La.Noga-
moins odieux que lui aux habitants. rède, Marchet et Chaberl. Le 4 7 mai,
Arcèrelui reproche seulementunehu- il assiégea avec Audon Le Mas-Saint-
meur fière et impérieuse. Condé le Antonin, et le prit. Le 23 juin, il vola
rappela donc et le remplaça par Man- au secours de Montesquieu; le mois
ducage, en 4 577. Depuis celte époque suivant, il fit lever le siège du Mas-
et jusqu'au traité de Fleix, Montgom- Sles-Puelles. Dans le mois de sept.,
mery disparait de la scène. Nous le re- secondé par Tanus, gouverneur de
trouvons en Flandre, en 4 584, à la l'Albigeois, Boisseson, Rascas, Bes-
suite du duc d'Anjou. Après l'échec es- lière, Bousquet, Prades il enleva
suyé par ce prince dans les Flandres, successivement Rassise, le , chàleau de
il le quitta pour retourner dans le Midi La Roque, celui de Montpignier, et
au milieu de ses coreligionnaires. En secourut La Vacaresse, assiégé dans
4585, le Castrais le présenta avec Bé- Milhau; au mois de nov., il occupa
thune et Chouppes pour gouverneur sans résistance le fort de Fraisse, prit
de Castres. Le choix de Montmorency Brassac, Nages, et contraignit, le 22,
s'arrêta sur lui, bien que le roi de Na- Cornusson à lever,le,siège de Salva-
varre lui. eût particulièrement recom- gnac, que Penavayre défendait brave-
mandé Chouppes, « homme d'âge, ment. Ses succès, tout brillants qu'ils
vaillant, de grande expérience tant au étaient, ne désarmèrent pas la haine
fait des armes qu'aux fortifications. » des ennemis qu'il s'était faits par son
Montgommeryserendit donc à Castres, humeur despotique. En 1587, les con-
le 6 mai 4 585, selon Gâches, le 4 3 suls Charles Bouffard, Michel Bous-
août, selon Magloire-Nayral. Le Con- quet, Duver el Pierre Austry char-
seil qui lui fut adjoint, selon l'usage, gèrent Jean Bissol et les capitaines
se composait de Latger, La Causse, Mascarenc et Molinier d'aller deman
La Garrigue, Thomas, Lespinasse et der son rappel au gouverneur du Lan- .-
Bissol, qui avaienttous rempli déjà de guedoc. Pour parer le coup, le comte
hautes fonctions municipales et rendu se rendit en hâte auprès de Montmo-
des services à la ville. Le nouveau rency, et les autres villes du Castrais
gouverneur nomma Boisseson lieute- ayant demandé son maintien, il fut
nant de sa compagnie de gendarmes, confirmé dans son gouvernement. De
Tgurnebeuf, Maisonneuve et La retour à Castres, il reprit la campagne,
Barre lieutenants de ses carabins. et la forlune continua à le favoriser.
Le reste de l'année s'écoula sans of- En juillet, il emporta d'assaut Caus-
frir à Montgommery l'occasion de rien sade et Saint-Salvert, se rendit maître
entreprendre d'important ; mais, dès de Roquecisière, Saint-Baslide, Saint-
1586, les opérations militaires prirent, Sernin ; en août, il enleva Poustonis,
sous sa direction, la tournure la plus conquête qui lui coûta le capitaine
T. VU- Bi
MON — 4;82 — MON
caTt par Henri 1V.11 mourut,- le 28 juin difficile âe. faire.à Chacun des .fils'de.
4:609,. aux eaux de BoUrbon-Eancy. Mpnlgpinmery. la part qui' lûi.revient
Quoique marié trois fois, avec Péron- dânS.lës servicesreudusparlëur.fymiile
nelle .de Champàgne-Là-Suse,- avec à la Cause .du; protestantisme ,ël plus
Ald'once de Bernui-de-Càn-maing; et tard à Henri IV, que. nous n'oserions
avec Glaude-tde LaBoissière,-i\'%e trancher la question.
" laissa que deux filles, appelées'-MÀSIE ;Après,la.çônçlusipntdela paix,'-Lpr-
.
.
.,
et::MARGUEMTE. L'aînée épousa, é'fl gés.sër'elirâ dàhsses terres.:. En4 641<j
,
Jean de Montluc fut destiné, contre dinal de Lorraine. Malgré cette haute
ison gré, à l'état ecclésiastique, et prit protection, la Sorbonne n'en censura
l'habit de dominicain. La reine de Na- pas moins le livre. Pour nous, nous n'y
varre, Marguerite, ayant eu l'occasion avons rien vu de scandaleux ; la mo-
d'apprécier son talent comme orateur rale, au contraire, en est très-pure. Ce
de la chaire, le lira de son couvent et sont des homélies sur les dix comman-
le produisit à la cour de son frère. Son dements,écrites dans un style clair,fa-
esprit fin, souple, délié, lui gagna les milier, et telles qu'il eût été à désirer
bonnes grâces de François 1", qui l'em- que chaque prélat en fit entendre à son
ploya à diverses négociations et notam- troupeau. L'Eglise elle-même y eût
ment, en 1538 (?), auprès de Soliman. gagné ; car, ses finances à part, nous
A. son retour de Constantinople, il s'ar- ne pensons pas que l'immoralité lui
rêta à Rome, où il paraît avoir élé re- profite. Montlucjouissait de son lemps
vêtu par le pape de la charge de proto- d'une grande réputation d'éloquence.
notaire. Les renseignements que nous Médicis le fai sait prêcher d ans 1 a grande
fournissent les biographes sur son salle du château,.et toute la Cour y as-
compte sont en général si vagues, que sistait, bien qu'on sût, dit de Thou,
l'on ne peut rien préciser. Il était à qu'il était atlaché à la nouvelle reli-
Rome en 4 538. Combien de lemps y gion. «0 combien, s'écrie Sle-Marthe,
passa-t-il? on l'ignore. En 4 543, il les doctes et pieuses prédications qu'il
fut envoyé à Venise par François Ier fit, tantost àYalance et tantost à la cour
«pour excuser et couvrir » le fait de du Roy, remirent dans le bon chemin
son alliance avec le turc. Biaise de d'hommes errans, que le libertinage
Montluc rapporte dans ses Commen- en avoit escartez ! » II avait adopté pour
taires, en la traduisant de.l'italien, la prêcher le costume des prédicants, ce
harangue qu'il prononça à cette occa- qui scandalisa un jour le vieux conné-
sion. L'évêché de Valence etde Die fut, table de Montmorency.
en 4 553, la récompensede ses services. Les. Guises,qui l'avaient pratiqué de
Contrel'usagedesprélalsses confrères, longuemain,ne prirent aucun ombrage
Montluc prit au sérieux les devoirs de de cet esprit d'Opposition. En 1560, ils
sa charge; il s'astreignitmêmede lemps le députèrent en Ecosse. Voici en quels
en temps à la résidence, et monta fré- termes' Régnier de La Planche rend
quemment en chaire. Sur plusieurs compte de cette mission : « Ceux de
points importants, il professait les doc- Guyse, ayant ouyle vent des praticques
trines évangéliques. Ses tentatives de de la roine d'Angleterre en Escosse, et
MON 486 — MON
—
il
craignant que l'oceasion fust lors pro- che la cause, el la trouve dans l'état
pre à ladicte- dame de leur rendre la d'avilissement et de dégradation ouest
cjiarité, qu'ils lui vouloyent presler en tombé le clergé, à commencer par les
subornant ises subjects^ ils advisèrent chefs mêmes de l'Eglise, les papes, qui
qu'il seroit bon d'envoyer en Éscosse se sont plus «amusés» à faire la guerre
quelque personnage qui fust aucune- et entretenir l'inimitié et la désunion
ment agréable à ceux du pays, afin de entre les princes qu'à avancer le règne
trouver moyen par gracieuses parolles du Christ. Il reconnaîtque le plus grand
et remonslrances de-,leur faire mettre souci des évoques a été de conserver
les armes bas, et départir leurs forces. leurs revenus et d'en abuser,en dépen-
Ëtpour autant qu'ilscognoissoyent que ses folles et scandaleuses; que les évê-,
Mohtluc, évesque de Valence, favori- chés ont été donnés à des.enfants ou';à
soit aucunement ceste doctrine, et es- dés personnes du tout incapables dé'
toit assez bien venu en ce païs là pour remplir les devoirs de leur charge,,« ,si
y avoir autrefois demouré chancelier de que, dit-il, les ye.ux des églises, qui
laroine douairière, ils luy firent-bailler, sont les évesqu.es, ont esté bandés, çt
ceste charge avec commandement de les colonines sont fleschies et tombées
passer par l'Angleterre pour essayer en terre» ; que les curés ignorants,
tout ensemble de moyenner. quelque avares, occupés à .toute autre chose
bon accord avec la roine dudict pays.» qu'à leur charge, ontétépourla plupart
Montluc s'acquitta de cettecommission; pourvus de leurs cures par des moyens
mais il trouva les,Ecossais d'une tout illicites, « qu'autant de deux escus que
autre humeur que nos Français,peu ac- les banquiers ont envoyés à Rome, au-
cessibles à la séduction et disposés à tant de curés on a renvoyés»; que les
tout risquer plutôt que de se laisser cardinaux, les évoques, « n'ont faict
«contraindre pour le faictde la reli- difficulté de bailler leurs bénéfices à
gion.» A son retour, il assura les Guises leurs maistres, d'hostels, voire à leurs
que.s'ils ne changeaient de politique, varlets de chambre, cuisiniers, barbiers
ils verraient en brief leur nièce sans et leurs laquais, si bien que les pèr-
terre,, sans royaume et sans, sujets. Ses sonnes.ecclésiastiquesse sont rendues
conseils furent entendus, et,ils signè- odieuses et contemptibies ;à tout _le
rent la paix aux conditions les plus hu- monde.» Quant aux doctrines nouvelles
miliante.spourleur amour-propre! qui, à la; faveur des désordres du clerr
L'assemblée des Notables(apûtl 560) gè, se,sont répahdues-parmi le peuple;
offrit à l'évêquë de Valence une belle Monlluc reconnaît qu'elles ne datent
occasion de proclamersesprjncipes de pas d'hier, mais qu'elles ont été appor-
tolérance.Quoiqu'il y ait lieu de.suppo- tées et semées dans le royaume depuis
ser que Catherine de Médicis, conseillée trente.ans par trois ou quatre cents mi-
par le vertueux iJHospital, ait été de nistres diligents et exercités aux.lettres
moitié dans le complot, sa conduite saintes, avec une grande modestie, gra-
dans, cette circonstance, solennelle et vité et apparence de sainteté, faisant
décisive,quelquesmoisseulementapr,ès profession de détester les vices, sans
le supplice d'AnneDu Bourg, n'en fut aucune crainte de .perdre la Vie pour
pas moins courageuse et, désintéressée'. ço.nfirmer leur prédication, tellement
En sa,qualité dedernier conseiller ad- qu'il ne se faut ébahir si ces doctrines
mis dans le Conseil,privé, il luiéchiit ont été.embrassées.par un grand nomr-
de parler le premier,, et il le .fitplus li- ,bre degens. Le remède qu'il voit à .la
brement, dit Mézerai, que n'eussent su confusion .générale où est tombé te
;faire les ennemis dei'Egiiseromaine. royaume, c'est d'abord de prendre ,l'.à-
L'historien.de,La Place nous/donne .y,is,des Etàts-Gé'nér^ux, et ensuite!',ît
1'analyse: de sa harangue. Après avoir défaut d'un concile, générai, auquel ,}a
(r,eGonnu le mal,,np.trp,pi_élat!çnRecher- .papaïutêne veut entendre, de c.onyof
MON — 487 — MON
qner un concile national, auquel se- de l'Inquisition fulmina contre Jeanne
•raient appelés les plus savants delà d'Albr.et.(Voy. I, p. 41) et contrelous
;sëCte, en leur baillant sûreté; afin de les prélats français convaincus ou sus-
tenter de se mettre d'accord. Tout en pects d'hérésie"(Voy. HI, p. 374).
•'apprpuvantles rigueurs qu'on a exèr.- -Lorsque la guerre eutéclatéentreles
èéës- envers les Religionnaires qui ont deux partis, Montluc assista Médicis
Tpris les armes, parce que, dit-il, s'ils de ses conseils.. Ce fut lui, dit-on, qui
'avaient été vraiment chrétiens oii évan- imagina le stratagème auquel le prince
^éliques, comme ils disent être, ils se de Condé faillit se laisser prendre à la
"seraient souvenus que saint Pierre et conférence de Tajsy (Voy. II, p. 447).
'saint Paul nous commandent dé prier « Le principal agent de cette confé-
Dieu pour les rois, de leur rendre toute rence,, dit Anquetil, étoit Montluc;,
'sUbjeclion et obéissance, ores qu'Us éyêque de. Valence, homme délié,
Soient iniques et rigoureux, noire pré- éloquent, fécond en expédients, confi-
làtréclame l'indulgence pour ceUxqui dent ;et conseil de la reine, dont on
ont retenu la crainte de Dieu etrévé- savoitqu'ilavoitle secret, quid'ailleurs
Tencë.au roi et à ses ministres. On voit ne pouvoit être suspect aux prétendus
clairement, dit-il, par leur vie et par réforméspour lesquels il penchoilassez
rieur mort, que ceux-là ne sont nuis .ouvertement: » Médicis s'en servait
^ue d'un désir ardent de trouver le che- comme d'appeau. Dans le cours desa
min de leur salut; ils ne doivent .donc longue carrière diplomatique, Montluc
;pâs être punis comme séditieux, d'au- remplit, de son propre aveu, plus de
tant que l'expérience a appris à tout le seize ambassades dans les différentes
inonde que les peines en cet endroit ne cours de l'Europe. La plus célèbre de
profitent de rien. Son avis, soutenu toutes esl celle de Pologne. Son secré-
'avec éloquencepar l'évêqueÂfawUôc, taire, Jean Choisnin.en a écrit larela-
"prévalut dans l'assemblée. tion. Le choix de Médicis s'arrêta sur
Dans les événements politiques .qui. lui pour, deux raisons, « l'une, qu'il
suivirent, Montluc joua le rôle de mo- avoit esté autrefois en Pojongne fort
dérateur. Il prit une part active au col- bien veu et bien receu, et qu'il seroit
loque de Poissy.. « Il n'y eut pas un de lien mal aisé qu'il.n'y trouvasteneores
tous les prélats de France, dit Sàinfe- quelqu'un de ses amys qui lui servi-
îlarthe, qui parût là plus docte et plus roit.dedirecteur et conducteur; l'autre,
advis.é que luy, soit pour defiendre le qu'il avoit esté si heureux, qu'iln'avoit
juste parti des Catholiques, soit pour jamais enlreprins chose par comman-
réfuter l'erreur des injustes suppôts dement des prédécesseurs roys qu'il
'de l'hérésie. » Il se montra plus qu'au- n'en fust venu à bout. » II,paraît que
cun autre conciliant. Dans un dé ses ce,.fut lui qui le premier suggérr
discours, il renouvela avec force ses l'idée de faire «tomber lacouronne.de
plaintes contre l'épiscopât, « décla- Pplogne.entre les mains du duc d'An-
Tant en toute liberté les abus elles re- jou.,» Ce prince soupçonneux lui en
mèdes qui luy sembloient estre néces- garda rancune. Le jeune Balagny, fils
saires. » Bientôt après, Montluc fut légitimé de notre prélat(1), fui envoyé
envoyé an concile de Trente, mais à en.avant, pour sonder le terrain, et
son passage à Pignerol, nos ambassa- préparer -les voies. Montluc ne partit
deurs à ce .concile, Du Ferrier, Pibrac
~ei Morvilliérs l'averlïrent de ne pas, se (!) Montluc avait épousé secrètement une
demoiselle Anne Martin, jeune picarde d'une
livrer imprudemment entre ;les mains, grande :beauté ; d'autres disent une jeune
aie ses ennemis, soupçonné.commeil grecque qu'il.avait ramenée d'Orient.jona'.jjn
Le;flls
qu'il en eut fut légitimé en 1567. H
était d'hérésie. 11 était," en effet,,tra- rôléj -soûslenom de Bàlàgny, dans les trou-
înai vu à Rome. En 4 563,11 fut.com- bles rd'e la Ligue ; Henri IV le fit maréclia!,
jnsilans le monitoire.que le tribûp^l en 1,594.
MON 488- MON
—
lui-même de Paris que le 17 août 1572, en apprenant les massacres de Paris.
«huict jours, jour par jour, avant la La perplexité de notre ambassadeur
Sainct-Barthélemy. » Avait-il. été mis était grande, il avait compté sur la
dans le secret de cet infâme coup plume de ses secrétaires, car il « avoit
d'état, où l'avait-il seulement pressenti besoing d'un homme qui le relevas!
comme tant d'autres ? Dé Thou rap- de peine pour escrire et prononcer l'o-
porte qu'avant son départ, il dit au raison. » Comment entreprendre à lui
comte de La Rochefoucauld. «Que la seul une négociation aussi difficile?
fumée delà Cour ne vous enivre point; Il ruminait en lui-même ces tristes
quelques caresses qu'on vous fasse, peusées,lorsque par hasardilrencontra .
gardez-vous de vous y laisser entraîner; dans la rue le procureur du roi en la
les gens sages et prudents doivent être prévoie de Blois, Bazin, « homme de
en garde contre ces appâts : trop de bon entendement et bien versé aux
confiance vous jettera dans de grands 'lettres.» Sa résolution fut .bientôt
périls. Le parti le plus sûr pour, vous prise, il l'emmena avec lui. Avant de
et pour toUs les autres seigneurs de ' franchir, le .Rhin, notre prélat, dut se
votre parti, c'est de vous éloigner au- cuirasser d'impudence. Il arriva en
tant qu'il vous sera possible. » Que ce Pologne vers la mi-octobre et n'en re-
sage conseil n'eût-il été suivi ! Montluc partit qu'après l'élection du roi (9 mai
était retenu à Sl-Dizier par un flux de 1573). Cette élection demandait beau-
saug, lorsque y arriva la.nouvelle des coup d'habileté. L'évêquë ne demeura
massacres. Comprenant «-que-l'entrée pas au-dessous de sa lâche, il se sa-
de l'AUemaigne luy seroit fort péril- crifia pour réussir, il alla jusqu'à
leuse », il reprit aussitôt sa route, mettre en jeu son propre honneur, ca-
contre l'avis des médecins, résolu «ou lomniant les victimes pour faire croire
de mourir ou de passer les pa'is du aux vertus des bourreaux. Les Polo-
comte Palatin,- plus tost que ladicle nais y furent trompés, tel fut son
nouvelle y fût tenue pour certaine. » triomphe ! Mais pour arriver à ses fins,
Mais il avait à courir des périls bien il dut jurer, au nom de son maître,
autrement menaçants que ceux qu'il « que tous ceux qui avaient été con-
redoutait. Il était encore sur les terres damnés pour la prétendue conspiration
de Lorraine, lorsqu'un riomméMaceré, de Paris, seraient rétablis, eux ou
de connivence avec l'évêqUe de Ver- leurs héritiers, enleurs biens, noblesse
dun, dont il était secrétaire, le fit et honneurs ; que le libre exercice de
poursuivre etarrêler. Choisnin suppose la religion serait accordé, comme par
que son intention, en voulant se dé- ci-devant, aux villes et places qui
faire de notre prélat, était,« de faire avaient, le dit exercice: que de diligentes
bailler l'esvêché de Valence àsonfrère, informations seraient faites contre les
docteur en théologie, el pédagogue massacreurs, et qu'ils seraient châtiés
des enfans d'un prince [Guisè].» Mont- (La Popelinière). » L'évêquë le jura
luc eut toutes les peines du monde de sachant bien qu'il faisait un faux ser-
se tirer sain et sauf de ce guet-apens. ment. Il jura demême, au nom du duc
A la fin, des lettres (5 sept.) du roi, d'Anjou, l'accord par lequel la no-
de la rein e-mère et du duc d'Anjou, le fi- blesse polonaise s'était engagée à ne
rentremetlre en liberté. Arrivé à Stras- permettre jamais dans le royaume
bourg, il ne trouva aucune des per- l'emploi de la force en matière de reli-
sonnes à qui il y avait donné rendez- gion, et il savait qu'en prenant cet
vous(1).Scaliger, l'uned'elles, «qui engagement, il outre-passait ses pou-
est pour son aage.dit Choisnin,un des. voirs et faisait un faux serment. Ce fut
plus rares hommes de ce royaume», par ces mensonges que la religion des
étailrelourné précipitamment en Suisse Polonais fut surprise et
que l'élection
(1) Rumus avait refusé de l'accompagner. fut emportée. On en fut quitte pour
MON MON
— 489
désavouer le négociateur, selon le sible, incorporel et peut mon es-
conseil qu'il en donna lui-même. Le sence être figurée, ne
ne représentée par
iourétailfait,la diplomatieavaitvaincu, chosequi soit aU Ciel ni.en la terre.»—
mais l'honneur était-il sauf? L'évêquë Quoique ces passages, porte la censu-
de Valence fut mal récompensé de ses soient tirés de la Sainte Ecriture,
re,
peines. Henri III ne lui pardonna ja- néanmoins comme ils sont
mais son exil couronné ; la réflexion duits selon le ne pas pro-
sens du Saint-Esprit
lui étant venue après coup, il se con- l'Eglise, secundum sensum
reçu par
sidéra comme la victime d'un complot Spiritus Sancti ab Ecclesiâ
ourdi entre sa mère et ses frères et dont tum, el que nos adversaires ontrecep-
cou-
notre prélat avait été l'âme. De Thou tume de s'en prévaloir contre les hon-
blâme Montluc de n'avoir pas su se
neurs dus aux Saints, contre l'usage et
retirer à temps de la Cour, où ilessuya, la vénération des images, contre la
dit-il, sur latin de ses jours toute sorte sainteté des temples,
nous déclarons
de mortifications. Ce fut sans doute cette proposition captieuse et propre à
pour trouver quelque adoucissement à séduire les simples. L'évêquë n'est pas
sa disgrâce, qu'il finitpar se jeter dans trouvé pins orthodoxe sur la question
les bras des Jésuites. Il mourut à Tou- du Purgatoire et des prières pour les
louse, le 4 2 avril 4 579, pridie idus morts. Enfin, au sujet du sacrement de
aprilis,el fut enterré dansl'église mé- la Cène, il était toutà faitdévoyé ; il re-
tropolitaine de St-Estienne. Ronsard, commandait à son clergé de prononcer
Muret, Cujas, etc. célébrèrent àl'envi en français les paroles de la consécra-
ses louanges (4). tion et d'administrerle sacrement sous
On doit à Jean de Montluc : les deux espèces. « Puis prenant le ca-
I. Deux Instructions et deuxEpis- lice dira : le Seigneur dit ainsi : Pre-
f
tres aides et envoyées 'au clergé et nez et beuvez de cela tous, cette coupe
peuple de Valanceet Dyeparleurèvê- est le nouveau testament en mon sang,
que, Avignon, Barlh.Bonhomé,4557, qui est répandu pourvous.» En consé-
in-8"; Paris, Vascosan, même année; quence, le livre futdéclaré contenir des
plusieurs fois réimp.; trad. en ital. et propositionsfausses, schismatiques, er-
en flam. — La premièreinstruction trai- ronées et hérétiques, et omettre, com-
te des commandements de la Loi, etla me à dessein, des choses nécessaires à
seconde de l'usage des saints Sacre- l'instruction des Chrétiens, telles que la
ments. Quantaux deux epîtres, Punefut préparation au sacrement de l'eucharis-
envoyée par l'évêquë à son peuple, l'an tie, la confession auriculaire, lesaere-
K 555, à l'occasion des processions géné- mentdela confirmation et de l'ordre, la
rales ordonnées par le roi pour la paix; vénération des Saints, les prières pour
l'autre, en latin, est adressée àsespa- les morts, etc.
roissiensetaux curés pour les exhorter U.CleriValentii et Diensisrefor-
à la méditation et observance des com- matio restitutioque ex sacris Patrum
mandements de Dieu. —: La Sorbonne conciliisexcerptaperJohannemMon-
y releva et condamna plusieurs propo- luciumepisc. Carolo cardinaliLota-
sitions, la première au sujet des Saints Hngonuncupat autor, Paris., Vasco-
et des images. L'évêquë expliquait ain- san, 1558, in-80; publ. en même tems
si le 4" commandement : « Garde-toi en franç.; chez le même : La Réfor-
donc d'estimer, ni de recevoir autre mation'du clergédeValence et deDie,
Dieu que moi. Je suis seul Dieu, et ne contenant cinquante articles de ré-
veux recevoir compagnon. Je suisinvi- " formation, autorisez par les anciens
.conciles de l'Eglise.
Ci) Le Motteux croit voir en lui le type III. Recueil des lieux del'Ecriture
du personnage de Panurge. Mais quelques servant à découvrir les fautes qu'on
traits de ressemblance ne suffisent pas pour commet contre les dix commande-
lui mériter cet honneur.
MON 490 MON
— —
mens de la Loi, prononcé mot à mot Lyon, même année. — Les sermons
jp'ar l'évêquede Valence, Paris,Vascb- -sur'; l'Oraison dominicale ont une pà-
" san,.M559, in-.8°.de pp.:4 99. 'gination particulière et portent au. tiWe.
IV. Sermons de l'évesque de'Vp- i'àtinée, 4,565. La: Sorbonne y releva
lence sur certains poincts âe.ld re- xinq propositions sentant l'hérésie ';ét
ligion, recueillis 'fidèlement, ainsi ^supprima le livre. Sa sentence sur. lies
qu'Un ont eèté prononcez. — Autres différentes publications dei'évêque-'de
'Sermons du mesme aucteiir, servaiis Valence, portée le 47févr. 4 564,;fut
à descouvrir..par tesmoignagé ;de définitivement'confirméele 7 novemlj.
l'Escriture Sairicté les fautes qu'on mi.
commet sur les dix;comrÀande?he'ns .' VII. Harangue au roi ««1563,Pa-
'
'de' la'Loy.. Plus Sermon àson -ris,-4 563y :iii-4°. ;/' ''
— un ;
clergé fait au Sene de Juillet 1 55% VIII. Harangue et, avis prononcé
Paris, Vascosan,4559, in'-8°,pp.,724; au' Conseil ^rivé du roisurles'r'f-
;privil. sous la date de 4558; Avignon, -'iriontrance.s faitespai•.messieurs"du
f,iS6'l ,.in-16 ; dédié au carà', de "Lor- '-'parlementdéParis, touchant les lèï-
raine. — La :S'orl)onne y condamna tr'esdé îâ majorité dudit seigneur,
"cinq propositions, entre autres, celle- TafisiiS'eà.' ':.' ""
ci où Monlluc adoptait les doétrines'de :ÏX. Oràlio ad ordines Polonim,x
"
devant luy (Dieu), 'qui est .tout pur et :àpril.%abita, Gracov.,in-4°; ' Paris!,
net, toute droiture, toute justice^ celùy Jin-S°,hôc ann.;:trad;i'uné et l'autre en
'qui est armé de lâfoy,"se,dépouille' de franc.et publ.àPariscettemêmeannée.
sarobhe.etse retiré à; Jësus^Christ qui X. Êpistoliï ad PoloniiB ordines
' est son chef, qui le couvre de ses nié- deAnâiuin
.
dixce in, regem .Polonip
frites, comme s'ilTenyironnoit dé ses -allegendo, 4.573, in-8°. / - " '"''
'Pxiris, Vascosan, '4 56|, pét. ' ir>8b'-; Méller'ayi.en Beauce, réfugié à Genève,
MON 49.1 MON
— —
fut placé comme ministre à Draillans, plication des fables, extr. du latipi
le 4 2 août 4 554 (Arch. delà Comp. de Noël Le Comte par J. de M., Lyon,
.despasteurs, Keg. B), p.ûis, en 4 557, ',1597, 2 vol. in-4"; réimp. plusieurs
la Céligny, et reçu bourgeois gratis fois et en dernier lieu par J. Baudouin,
,,avec ses deux fils, en 4 559. Ces faits, Paris, 1627, in-fbl.
d'une authenticité incontestable; prou- IV. Traité pàrénétique, trad. de
vent que Prosper Marchand avait tort Texeira, 1597, in-42. — Sous le pseu-
de douter que Jean de Montlyard fût donyme de J.'D. Pralymont, ana-
ministre ; cependant son observation, gramme de Jean de Montlyard.
qu'il est difficile de se persuader qu'un V. Les métamorphoses ou l'Ane
pasteur ait entrepris de traduire un d'or d'Apulée, Paris, 4 602, in-4 2;
livre comme l'Ane 4'or d'Apulée, n'en réimp. plusieurs fois; nouv. édit. re-
subsiste pas moins, si l'on songe sur- vue et corrigée, inférieure pourtant
_tqut à l'âge avancé que Montlyard dç- aux précédentes,.Paris, 1648, ih-8°.
.vait avoir atteint lorsque cette trad. VI. L'Anti-Jésuite ou discours au
-
vit-le jour. Peut-être lèverait-on la roi contre les Jésuites sur la mort de
difficulté en admettant que le traduc- HenriIV, Saumùr, 4 614, in-S"; réimp.
teur de cet ouvrage fut l'un deses deux dans le T. VI des Mémoires de Condé
fils, celui qui prenaitletitré de con- sous ce litre : Le Courrier breton..
seiller secrétaire du prince de Condé. VU- Les hiéroglyphiques de Jan-
S'il faut en croire Hofman, dans son . Pierre Vàlerian, vulgairementnom-
Jxxicon historique, Montlyard remplit mé Piénùs ; .oeuvre réduicte en 58
aussi les fonctions pastorales à Monté- livres, msquëls sont adjoincts deux
limart. On ignore l'année de sa mort. autres de Coelius Curio louchant ce
Voici les ouvrages que les bibliogra- qui est signifié par les diverses effi-
phes lui attribuent assez générale- gies et pourtraicls des dieux et des
ment.: hommes, nouvellement donnez aux
I. Harmonie des corps célestes et François, Lyon, 4 64 5, in-fol.
Jiumains, faicte en urne dialogues, VIII. Les amours de Théagène et
..où sont introduits JEsculape et dé Chariclée, trad. du grec d'Hélio-
Uranie devisans ensemble et traic- dore, Paris, 4 6.20, ih-8°; corrig. par
.tans des choses concernantes la mé- Henryd'Àudiguier,Par.,4 623 et 1626,
decine et l'astronomie, Lyon,.4580, in-8", avec figg.
jn-4 6. — Traduit, du latin d'Antoine MOiNT8!AUTIN,.Foy. DU MATZ.
ilizauld. MONTMAUR, branche protestante
II. Continuation de l'Inventaire de la famille d'Agouti bu d'Agout, une
de l'histoire de France par Jean de des plus anciennes et des plus puis-
Serres. Cette continuation, que Mont- santes dé la Provence,
lyard entreprit sur l'invitation de Jean 11 est impossible de préciser la date
de Serres lui-même, fut poussée d'à- où cette famille embrassa le protestan-
;bord jusqu'à la mort dé Henri III, en tisme. Si, d'un côté, tout semble prou-
J589, et parut à Paris en 3 vol. in-8'. ver que Giraud (Z'^pw^co-seigneur,
Montlyard l'augmenta parla suite et la de La Baume-des-Arnauds, fit profes-
conduisit jusqu'à la paix de Vervins, sion de la religion réformée,; de l'autre,
en.4 598 (Paris, 4 600, 3 vol. iri-'8°); lés généalogistes affirment que son fils
enfin, il la mena dans un troisième Louis, sieur de.Bonneval, fut, enl'575,
supplémentjusqu'en4 606(Paris, 4 608, gouverneur de Sommières pour le parti
,4 vol.. in-8"). Nous sommes tenté ;de .'catholique. Cette.asserfion, il-est'vrai,
«roire que s'il avait vécu, comme on nous çst suspecte; car, d'après d'àù-
lé suppose, jusqu'en 4 62-0, il ne.se tr.és renseignements, qui nous parais-
itérait pas arrêté là. sent plus exacts, le gouverneur 13e
III. Mythologie, c'est-à-dire ex- ;
Spmmi^réS;était,' en 4 575, le capitaine
MON 492 — MON
qu'il quitta, après son mariage avec principale de celte illustre famille,
Ûranie de Calignon, en 1656, pour quoique plusieurs de ses membres se
prendre une charge de conseiller au soient montrés favorablement dispo-
parlement de Grenoble. C'est lui qui sés pour la Réforme, comme leTnaré-
fit l'acquisition delabaronniê de Mont- chal de Montmorency, qui professait
maur, appartenant à la maison de hautement la tolérance, et ses frères
Flotte. Il lesta en 4 680. Ses enfants Thoré et Méru, qui soutinrent les ar-
furent : 4 ° CHARLES, marquis de Mont- mes à la main la cause des Protestants.
maur.; — 2° JEAN, souche de la bran- S'il faut en croire L'Estoile, Thoré
che de Voreppe; — 3" FRANÇOIS, au- fit même profession de la religion ré-
teur de la branche de Beauvesin ; — formée à Genève, en 4 574. Il est vrai-
4" FRANÇOISE, femme de Jean deBar- semblable que leur conduite fut dictée,
jac, sieur de Rochegude, qu'elle sui- commecelle du maréchal Damville, par
vit en Suisse, après avoir vaillamment la politique,etlâFrance protestante n'a
ïésislé aux tortures que l'on employa par conséquent aucun droit à faire va-
pour la convertir. Ses deux frères aî- loir sur eux. Il n'en est pas de même
nés ne donnèrent pas un aussi bel de la branche de BOURS, qui adopta ou-
exemple de constance. Charles abjura J vertement les doctrines évang'éliques
à la révocation (Arch. gén, TT. 248), et qui continua à les professer jusqu'à
avec sa femme Justine de Périssol, la révocation.
fille du conseiller de Périssol, sieur Jean de Montmorency , sieur de
de Saint-Ange, qu'il avait épousée en Bours, eut quatorze enfants de son ma-
MON MON
— 493 —
riage avec Bernarde Gaillard, fille comme ses frères, la première avec Ju-
du sieur de Longjumeau : 1 "DANIEL, dith Le Fournier, fille du capitaine
lieutenant dans la compagnie de Tu- Le Fournier, d'Abbeville,etsceurd'Z-
renne, qui servit, en 15S6, à la défen- saac, cité plus haut, dontil eutDANiEL,
se de Castillon, et fut tué, en 4 591, JEAN et ELISABETH; la seconde, avec
au siège de Chartres;—2" JOSIAS, qui Marie de Roquigny, qui lui donna en-
continuala descendance;—3°GÉDÉON, core une fille, MADELAINE, femme, en
mort jeune; —4° BENJAMIN, souche du 4 674, de Jacques Le Clerc, marquis
rameau d'Equancourt;—5° JEAN, sieur de Juigné. Son second fils, Jean, vi-
de Flesselles, mort sans laisser d'en- comte de Villeroy, né vers 4 630, é-
fants de sa femme Madelaine de Bou- pousa, dans l'église de Cliarenton, en
iillac;—6° GEORGES, sieur de Cressy, 4 671 ,JeannedePas-Feuquières,xev.-
:
capitaine d'infanterie au service des ve de Louis d'Aumale. Peut-être le
Etats-Généraux, marié à Laure Affai- fils aîné Daniel est-il le même que Pa-
tady;—7° PIERRE, auteur du rameau niel de Montmorency, sieur de La Cour-
d'Acquêt;—8° ANNE, sieur du Hamel, au-Bois, qui assista, en qualité d'an^
tué en duel;—9° HIPPOLTTE, qui se fit cien, au synode de Clermont en Beau-
catholique et épousa Pierre de Melun, voisis, en 1667, et qui abjura à la ré-
prince d'Espinoy; — 4 0° ELISARETH, vocation avec ses quatre filles. Son a-
femme de Jean de Relloy, sieur du postasie lui valut, le 5 avril 1686,une
Pont-de-Melz; —11 " et 12° JACQUELINE pension dé 3,000 livres. Ses filles en
et LOUISE, mortes sans alliance;— 4 3' obtinrent une de la même somme, le
MICHELLE, épouse d'Oudart de Fontai- 13 avril 1687 (Arch. gén. TT. 252).
nes, sieur d'Eslurgeul; — 14" SOUVE- ?.ïONTf>LIEtl(GciLLAUME DE), sei-.
RAINE, morte sans avoir été mariée. gneur de Saint-Hippolyte, tué, selon
I. Josias de Montmorency, sieur de Moréri, à la bataille de Dreux, laissa
Bours, capitaine au régiment des gar- quatre fils de son mariage avec Antoi-
des, mort le 20 juill. 4646, futmarié nette Vergese. L'alné, JACQUES, capi-
deux fois. Sa première femme, Marie taine de 200 hommes, fut tué à la ba-
de Grouches,- lui donna JEAN, sieur de taille de Saint-Denis; le second, FRAN-
Bours, noyé par accident en 1622. La ÇOIS, le fut à celle de Moncontour; le
seconde, Louise Hotmail, le rendit troisième, HIPPOLÏTÉ, mourut des bles-
père de deux filles et d'un fils,né post- sures qu'il avait reçues à cette dernière
hume, qui reçut au baptême le nom bataille; le quatrième, enfin, ANTOINE,
de FRANÇOIS. Nos renseignements sur sieur de St-Hippolyte, mestre de camp
ce rameau ne s'étendent pas plus loin. en 1592, fut si gravement blessé au
II. Benjamin de Montmorency,sieur siège de Rouen,qu'il dut quitter le ser-
d'Equancourt,fut aussi marié deux fois: vice. Il vécut cependant jusqu'enl 615.
avec Claude d'Averoult, dame d'Oli- Du mariage qu'il avait contracté, en
zy, fille i&René d'Averoult, sieur de 4 582, avec Susanne Dupny, fille de
La Lobbe, et de Madelaine de Boutil- Bernardin Dupny, sieur de Montmoi-
lac; puis avec Marie Le Prévost, fille rae, et à'Isabeau de ValaWez, étaient
de Jean, sieur de Neuville, et de Ma- nés quatre fils : 1 " JEAN, capitaine de
rie de Pende. Du premier lit vinrent: 200 hommes, tué au siège de Mont-
-4° DANIEL, sieur d'Equancourt; — 2" pellier, en 1622;—2"ÇLAUIIE, sieur de
HippoLVTE,mortjeune,ainsique3°PiER- Saint-Hippolyte,qui suit;—3°ANTOINE,
RE et 4° BENJAMIN; — 5" MADELAINE,
lieutenant-colonel,mort en Catalogne;
femme i'Isaac Le Fournier, sieur de —4°DAVID, sieur de Méjanes, nommé,
Neufville;—6°ANNE. Du second ne na- en 1636, capitaine dans le régiment de
quit qu'une fille, nommée "MARIE. Calvisson.
III. Pierre de Montmorency, sieur Claude deMonlolieuassista,en1613,
d'Acquêt, paraît s'être marié deux fois, àl'assemblée politique de Lmel{Arch.
MON 494 — MON
—
gék.T?. 232);,maîs plus tard, il.se gouverneur du duc deWûrtemberg.Sur '
ràllia au gouvernement de Louis XÏÏÏ. lafinde'ses jours, ce dernier s'établit
En 1629, Montmoren.cylenommagbû- à'Vev.ëy en Suisse, où il vivait en 4 738.
Ganges, et 635, lerol Son. filSjLouis,colonel et aide-dë-eamp'
verneur de en 4
lui accordaunepension'en-récompense' du duc dë'VYurtemberg, quitta plus tard
dé ses services. Selon lès' Jugemens lés'ervicVdecepfinceetrentraehFran'-
1
cette difficulté. Nous voyons figurer dans cette tes secrètes sur le personnel des parle-
même liste comme pasteur de l'église (le Berg- 1 ments rédigées en 4 663, était le fils de
op-Zoom, de1687'a1702, un Jean Morin,qni, Jean Morin, conseiller à la Chambre im-
en 1674, desservait l'église de MoCse (Arch.
gén. TT. 247). Etaient-ils parents? partie
,
' de Bordeaux, en 4 600. Il laissa,
MOR
— 509 — MOR
de son mariage avec Marie Sarrau,m par Da Perron, et sur qui, par consé-
fils nommé aussi FruNçois,qui épousa, quent, la France protestante n'a pas
en 4 669,à l'âge de 39 ans,Marie Muis- de droits.
son, veuve de Pavid de La Croix,
-
MOULAS (JEAN UE), fils naturel de
sieur deMerval (Reg.de Charenton). Salettes, président du parlement de
De cette union naquirent: 4 "MARIE, Pau, fut élevé aux frais de Jeanne d'Al-
morte à l'âge de 4 8 ans, en 4 684 ; — bret et des églises du Béarn. Il était
2° MARIÉ-ELISABETH, née en 4 674;— destiné au ministère sacré, mais sou
3°FRANÇOIS, baptisé le 5 mars 4 673. esprit hautain, ambitieux visait à au-
A la révocation de l'édit de Nantes, tre chose qu'à une modeste place de
François de Morin passa dans les pays pasteur. A l'époque de la réconciliation
étrangers [Supplèm. franc. 791. 2j. des deux rois, c'est-à-dire vers 4 589,
Peut-être Conviendrait-il de ratta- il renonça donc à la carrière ecclésias-
cher à cette famille de robe Jean Morin, tique pour s'attacher à la personne du
sieur de Monlbrun, fils de Pierre Mo- roi de Navarre, dont il devint un des
rin, sieur àe Chasseignes, et A'Olive agents les plus actifs, et dont il sut si ha-
Gaillard, qui était allachécommeavo- bilementfiatterles défauts,que ce prin-
cat au parlement de Paris, lorsqu'il ce le prit en affection elle nomma con-
épousa, en 4 638, Elisabeth de Cosne, seiller d'Etat.On a dit qu'en 4 593,Mor-
fille de Jacques de Cosne, sieur de las brigua l'honneur d'être choisi avec
Chavernay, et d'Elisabeth Cham- Rotan pour défendrelesdoctrines pro-
Iret, quine lui donna qu'une fille,Ei,i- testantes contre Du Perron, et que
SABETH, morle peu de temps après sa l'un et l'autre, infidèles à leur mandat,
naissance. Resté veuf, il se remaria,en ne songèrent qu'à faire briller le futur
4 642, avec Susanne de Popincoiirt, cardinal. Nous examinerons à l'article
fille de feu François, sieur de La ROTAN ce qu'il y a de vrai dans cette
Tournelle, et de Tranquille de Terte- accusation; il suffit d'établir ici que
reau. Morlas fut un de ceux qui travaillèrent
MORIN (Luc), médecin de la Facul- avec le plus d'ardeur à lever les scru-
té de Montpellier, né nous est connu pules feinls de Henri IV et à l'amener
que par une traité qui prouve, que la aune abjuration publique.Peu detemps
théologie ne lui était pas étrangère. après « le saut périlleux», Morlas s'a-
En voici [eiilre-.Dilucidatio articulo- perçut que sa religion l'éloigneraitdes
rum controversorum inter Lnthera- bonnes grâces du roi, et comme son
nos, Calvinianos et Arminianos, père, comme Sponde, lieutenant-gé-
Lond., 4 656, in-4 2. On dit qu'il se néral de La Rochelle, comme Bon-
relira en Angleterre et s'attacha au pro- ni'eres, « gentilhomme servant chez
tecteur Crom-well.Peut-être est-il iden- le roi de Navarre et fort familier de son
tique avec Luc Morin, sieur de Ville- maître», comme un grand nombre d'au-
neuve, natif de Bîois, qui eut de son tres ambitieux, il n'hésita pas à sacri-
mariage avec Rachel Gautier, un fier sa religion. Le clergé fit beaucoup
fils nommé PIERRE, lequel fut mi- de bruit de cette conversion; mais, dit
nistre à Châteaudun etépousa.en 1667, L'Esloile, il faisait un miracle de ce qui
Anne Monginot. En tout cas, il ne était tout ordinaire aux esprits ambi-
peut être confondu avec un autre Luc tieux comme le sien, à savoir, de sui-
Morin, marchand de Blois, qui vivait à vre toujours la religion qui sert à leur
la fin du xvi" siècle. C'est du mariage dessein. Il paraît que le dessein de
decedernieravecJacquette Gaussand. Morlas était d'arriver à une place de
que naquit, en 4594, le célèbre orato- secrétaire d'étal; mais la mort l'arrêta
rien Jean Morin, qui, après avoir ter- dans sa carrière. Lorsqu'il décéda à
miné ses études à l'université deLeyde, Mâcon, le 27 août 1595, il n'était en-
vint à Paris, où il se laissa convertir core que membre du conseil privé et
MOR 510 MOR
—
du. conseil d'Etat, et surintendant des et père de GOTTLIEB , qui devint, en
magasins de France. A la nouvelle de 1745, membre du Grand-Conseil, et
mort, Henri IV s'écria J'ai perdu en 1754, bailli de Gaslelen.
sa :
Joseph Morlot fut père de, deux
un des meilleurs entendemens de mon II.
royaume. fils. : 4° MAKX, littérateur et juriscon-
MORLOT (MARC), docteur en mé- sulte, qui remplaça pendant quelque
decine, d'une famille originairede Cou - temps le professeur Bondelus dans sa
flans en Lorraine(1), fut nommé pro- chaire d'éloquence à l'académie de Lau-
fesseur de médecine à l'académie de sanne. On a de lui xnieDissertatio de.
Genève en 1585. Dix ans après, nous idolatriâ Gentilium, qui a été imp,
le trouvons dans le canton de Berne, en 4 688. Plus tard, en 474 0, il entra
où il fit l'acquisition de la seigneurie dans le Grand-Conseil, et remplit suc-
deVillars-le-Moineou Miinclrweiler,et cessivement les fonctions de bailli de
où ses descendants remplirent de hauts Berne dans la Thurgovie, en 4716, de
emplois. Lui-même fut honoré de la bailli deMoudon, en 4724, et de di-
bourgeoisieàBerne, et obtint en même recteur des salines, en 1739. Membre
temps la place de médecin de la ville, du Petit-Conseil,en 4 735, et seigneur
dont il se démit en 1600. Leu ne nous banneret, en 4 750,il mourut,le 4 7août'
fait pas connaître l'année de sa mort, 4754 jài'âgede83 ans;-—2"ALBBECHT,
mais il nous apprend qu'il laissa deux auteur d'une dissert.De existentiâDei,
fils. L'aîné, THÉODORE, fut membre du Zurich, 169 4, in-4°.
Grand-Conseil, en 4 629, bailli de Ve- III. David Morlot laissa trois fils :
vay ou de Chillon, en 4 636, et entra 4 * FRANÇOIS-LOUIS capitaine au ser-
,
dans le Petit-Conseil, en 4 647. Le ca- vice des Etals-Généraux, membre du
det, DANIEL, reçu également membre Grand-Conseil de Berne, en 4704, ad>-
du Grand-Conseil, en 1629, bailli de ministrateur du chapitre de. Berne, en
Romainmolier, en 1634, et de Morges, 4.741, lequel entra, en 4 74 9, dans le
en 4 645, remplaça son frère dans le Petit-Conseil, fut nommé, en 4724,
Petit-Conseil, en 4 664. Il mourut sei- inspecteur de l'artillerie, en 4 723,
gneur bannerel, en 4 670, après avoir banneret,et mouTuten 1725,pèred'un
vendu Villars-le-Moine, et acheté la fils du même nom. Ce fils servit aussi
seigneurie de Bavois. Il laissa quatre en Hollande avec le grade de capitaine*
fils : 1 ° MARX, membre du Grand-Con- et fut appelé, à son retour~dans sa pa-
seil, en 1657, et bailli d'Avenche, en trie, à remplir les charges de gouver-
4 666, mort sans postérité; neur du bailliage de Morat,en 4733, et
— 2° JEAN,
membre du Grand-Conseil, en 1664, de grand-L-ailli de Nyon, en 4736; —
baillide St-Johansen, en 4 673, etchâ- 2° ABRAHAM, dont le fils aîné, ABRA-
telain deFrùtingen, en 4 694, qui suit; HAM-FRÉDÉRIC, exerça les fonctions
— 3° JosEra,seigneur de Bavois,mem- de bailli en plusieurs-villes, entre au-,
bre du Grand-Conseil, en 1664, qui très à Locarno et à Lentzbourg; et
suivra;—4° DAVID,membre du Grand- dont le fils cadet, SAMUEL, pasteur à
Conseil, en 1673, et baillide St-Johan- Wengî, a publié à Berne,en 4 744,une
sen, en 4 679, dont nous parlerons a- dissertation Dejustitiâ Dei vindica-
près ses frères. tive,; —3° SAMUEL,né en 4 670, et au-
1. Jean Morlot n'eut qu'un fils, JEAN, teur d'une Diss. de naturâ promis-
économe dans lafamille deFrienisberg, sionum in génère et de promisses
(1) Une autre famille du même nom et ori-
summorum imperantium in specie,
ginaire du même pays se réfugia aussi à Ge-
4689, in-4°; il embrassa plus tard la
nève, oit Jacques et Thiébaut Morlot, frères, carrière militaire et servit enHollande.
de Fontenoy, furent reç.us bourgeois, le 28 De retour à Berne, il fut nommé, en
février 1b69.En 1583,1e duc de Lorraine les
anoblit, eu égard aux services qu'il avait re- 4704, membre du Grand-Conseil, puis
çus d'eux et de leurs parents. en 474 5, bailli de Grandson. En 4 726,
MOR 511 — MOR
il entra dans le .Petit-Conseil, et à let 4 651. Il eut pour parrain Armand
deux reprises, en 4734 et en 4752, il de La Porte, marquis de La Meilleraye,
remplit la charge de banneret. Son fils, qui se fit représenter par Charles de
EMMANUEL, membre du Grand-Conseil, La Haye, sieur de La Jurie, lieutenant
en 4735, fut envoyé, en 4745, Comme de l'artillerie à Orléans. Il comptait à
bailli à Aubonne. Nos renseignements peine quatorze ans, lorsqu'il obtint la
s'arrêtent là. charge de lieutenant-général de l'ar-
MORMÈS (PIERRE DE), fils de Jean tillerie de Flandres en survivance de
de Mormès et de Marie David, sei- son père, aux côtés de quiil fit la cam-
gneur de SAINT-HILAIRE, lieutenant de pagne de 4672. L'année suivante, il
l'artillerie au département de Pignerol, assista au siège de Maëstrîcht; en 4 674,
puis en Guienne, et ensuite en Flan- aux combats de Sintzeim et de Mul-
dres, s'éleva par son mérite et ses ser- house; en 1675, à celui de Tûrckheim.
vices au grade de lieutenant-général Nous avons déjà dit qu'il était auprès
del'artillerie.Il était aux côtés àeTuren- de son père, lorsque celui-ci eut le
«e,lorsque l'illustre capitaine fut tué.Le bras emporté, d'autres disent cassé par
boulet qui le frappa,lui emporta tin bras un boulet. Il continua à servir en Alle-
à lui-même.- Voyaul son fils répandre magnejusqu'à la paix deNimègue avec
des larmes sur sa blessure.: « Ce n'est le grade de lieutenant-général de l'ar-
pas moi, mon fils, lui dit-il, qu'il faut tillerie dont son père se démit en 1677.
pleurer; c'est ce grand homme dont la C'est encore en cette qualité qu'il prit
perte est irréparable. » Saint-Hilaire part aux travaux du siège de Luxem-
guérit; mais il paraît qu'il ne fut plus bourg,en1684.L'annéesuiYante,l'édit
employé. Il mourut âgé de 70 ans, le de Nantes fut révoqué.Voyantsa car-
21 janvier 1680, et fut enterré au rière brisée, il prit, après quelque hési-
cimetière prolestant des SS. Pères tation,le parti d'abjurer. Le Mercure de
(État civil de Paris, Reg. 33V 11 Janvier 1686 annonce sa conversion
avait épousé, en 4 648, Judith Fri- en ces termes : « M. de Saint-Hilaire,
chet, qui lui avait donné cinq enfants : lieutenant - général de l'artillerie et
4° MADELAINE, née en 4 650, qui fut d'un mérite fort distingué dans sou em-
présentée au baptême par Jean de Cos- ploy, a fait aussi (1) abjuration, de
iebadie, secrétaire du duC d'Epernon, mesme que M. Mangeot (Menjol), mé-
et quimourut en 4 658;—2° JUDITH, née decin des plus habiles dans sa profes-
le 4 6 août 4 652, mariée, en 4 684, à sion. » Sa femme, Madelaine de Jait-
Daniel de La Vespière, sieur de Liem- court-d'Espeuilles qu'il avait épou-
,
brune (Poy.VI, p. 440);—3" ARMAND, sée en 4 682, suivit son exemple, mais
qui suit;— 4" PIERRE, présenté au bap- sa mère refusa d'aller à la messe; aussi
tême, le 4 fév. 4 657, par Samuel fut-elle, au mois de décembresuivant,
Boutinon, sieur des Hayes, lieutenant enfermée aux Nouvelles-Catholiques.
de l'artillerie de France, et par Jeanne 11 est probable que ne pouvant rien
Dubié-,— 5° MADELAINE, baptisée, le 5 gagner sur elle, on finit par lui rendre
août i 660, qui eut pour parrain Char- la liberté. Ce qui nous porte à croire
les de Pédesclaux, sieur de Montaigu, qu'elle n'abjura pas, c'est qu'en 1700,
capitaine de cavalerie, et pour mar- elle reçut ordre de sortir de l'Arsenal,
raine MargueriteDubié, et qui épousa, où elle habitait, et de. se retirer à la
en 4 684, Charles-Léonor de Cler- campagne. Quant à son fils, il rentra
mont-d'Amboise, marquis de Lou- en activité en 4 688, et il continua à
dbn(4). ser.vir avec la plus grande distinction.
Armandde Mormès naquit te 19 juil-
(1) Le Mercure venait de parler de l'abju-
(4) Nous avons été induit en erreur par les ration de M1' 6 Bacalan, fille de Bacalan, sieur
généalogistes (Voy. III, p. 500), en la disant de Livron, protecteur dit-il des religionnai-
fille d'Armand de Mormès. res dans tout le Genevois.
MOR 512 MOR
Il mourut à Paris, le 24 nov. 4740, Saumur (4), néàBuhy, le 5nov. 4 549,
lieutenant - général, grand ' croix de ' et mort à La Forêt-sur-Sèvre, le 14 nov.
l'ordre dé Saint-Louis et gouverneur 4 623.
de Belle-lsie. 11 a laissé des Mémoires ' Son père, Jacques de Mornay, sieur
que l'abbé Pérau cite, dans sa Vie de de Buhy, était un catholique zélé; mais
Turehne. sa mère, Françoise Du Bec-Crespin'
MORNAY (CHARLES DE) , sieur de penchait vers la religion protestante,
Varennes, appelé .par Raemond Phi- qu'elle embrassa même ouvertement,
lippe Du Mornay, sortit de France pour après la mort de son mari (4 559), et
cause dé religion sous le règne-de pour laquelle elle témoigna un grand
Henri II, et se retira d'abord en Ecosse, attachement jusqu'à la fin de sa vie
d'où il passa en Suède, à l'avènement (4 591).
au trône d'Eric XIV. Sa valeur et ses Le premier instituteur de Philippe
services dans plusieurs missions péril- de Mornay fut Gabriel Prestât, de
leuses relevèrent à Ja dignité de grand- Sézanne en Brie. Il avait été choisi par
maréchal du royaume. Chargé de con- sa mère sur la recommandation de Jean
duire la guerre contre le Danemark, il Morel, beau-père de Jean Mercier, le
remporta une victoire signalée, mais célèbre professeur d'hébreu ; c'est dire
la fortune l'abandonna dans une autre assez qu'il était partisan secret des
rencontre, et il tomba au pouvoir de opinions nouvelles. Preslat partageait
l'ennemi. Sa rançon-fut payée par le ses soins entre le jeune Philippe, son
roi, qui l'aimait fort et qui lui confia frère aîné Pierre, sieur de Buhy, et
diverses négociations importantes. En son cousin Georges Pu Bec-Crespin.
4 564, il vint en France avec le litre Sans en faire semblant, lit-on dans la
d'ambassadeur. Il se rendit ensuite en Vie de Mornay, « il leur Couloit dou- .
Angleterre, où il apprit que Jean III cement les principes de la pure doc-
venait de détrôner son frère et l'avait trine » ; mais Jacques de Mornay, qui
enfermé dans une forteresse. Mornay pénétra sans doute lemystère, ne tarda
résolut de délivrer le prince: captif et pas à soustraire son fils à l'influence de
de le replacer sur le trône. Il leva en sa femme et de son précepteur hugue-
Ecosse un petit corps de troupes àla tête not. Il le mit, dès l'âge de huit ans,,
duquel il débarqua en Suède; mais Pon au collège de Ljsieux à Paris, et lui
tus de La Gardie,son ancien protégé, donna pour gouverneur un fervent
ayant pénétré son dessein,le révéla au ,
catholique, dont les exhortations et
nouveau roi, qui le fit arrêter et or- l'exemple détruisirent proinptement
donna qu'on lui tranchât la tête dans dans l'esprit de l'enfant le fruit des le-
une des salles du château de Calmar. çons de Preslat.
Charles de Mornay avait épousé Philippe de Mornay appartenait à
Anne de Trotte, alliée à la famille une des plus anciennes familles du Bef-
Wasa, et en avait eu un fils et une fille. ry. Comme cadet de bonne maison, il
Son fils, nommé JEAN, vint, après la était destiné à l'Eglise. Un de ses on-
mort de son père, prier Du Plessis- cles, doyen de Beauvais, lui réservait
Momay d'intercéder pour lui auprès ses riches bénéfices; un autre, évêque
du roi de Suède. Jean 111 lui rendit ses de Nantes, promettait de lé pousser aux
biens, mais il n'eu jouit pas longtemps, dignités ecclésiastiques. La mort de
étant mort avant 16 4 0. Sa soeur épousa son père bouleversa ce riant avenir.
le grand chancelier Oxenstiern. M"" de Mornay s'empressa de rappeler
MORNAY (PHILIPPE DE), baron de son enfant auprès d'elle. En entendant
LaForêt-sur-Sèvre,seigneur DUPLES- sa mère qu'il chérissait, ses trois frères
SIS-MARLTV conseiller du roi eh ses
conseils d'Etat et privé, capitaine de (4) Dans une lettre du 29 juillet 1621,
Louis XIII lui donne aussi le titre de «niares-
50 hommes d'armes, gouverneur de chal de ses camps et années. »
MGR 513 MGR
et ses deux soeurs (4), encore en bas- 1 posa : elle consentit seulement au tlé-;
âge, prier Dieu à la mode dé Genève, lé part de soti' fils Pierre, qui porta la-cor-
futur bénéficier devait être naturelle- nette de Vardes à la bataille de Saint 1'
ment amené à réfléchir sur les points Denis. Mornay pourtant finit par vâin-
controversés entre les- deux Eglises. crej à forces d?iustanees, la résistance-
Pour s'éclairer, il eut recours au Nou- malernelle.il se mit donc en route; mais'-
veau-Testament; en ayant soin d'en- à-peine s'était-il éloigné de quelques-
choisir un-exemplaire sorti d'une presse lieues* que son-cheval s'abaltant sous"-
catholique, et comme il n'était dirigé lui,il se cassa lajambe en deux endroits.-
que par l'amour de la vérité, il ne tarda II employa le repos forcé auquel le
pas à reconnaître que les doctrines de; condamna cet accident,à«déplorer les!
l'Eglise romaine ne s'accordent pas; guerres civiles de France», dans un
toujours avec les enseignements du poème français qui s'est malheureuse-
Christ et des Apôtres. Dès lors sa réso- ,ment perdu, et à célébrer dans quel-
lution fut prise: il renonça à la car- ques sonnets les louanges de Coligny
rière -qui s'ouvrait si brillante devant et de ses frères.:
lui,pourembrasserune religion à ladé- -
La paix faite, Mornay obtint de sa
fense.de laquelle il consacra sa! vie en- mère la permission de visiter les pays
tière,sansque niles dangersniles me- étrangers, complément nécessaire, à
naces, ni les arguments des docteurs cette époque, de toute éducation libé-
catholiques, niles séductions, souvent rale. 11 partit avec Lazare Ramigny,de
plus puissantes que la crainte,parvins- Nice, qui l'accompagnait en qualité de
sent un seul instant à ébranler son dé- gouverneur, et arriva, au mois d'août
vouement à la cause du protestantisme: 4565, à Genève, non sans avoir couru'
des dangers, à cause de sa religion,
Jamais l'air de la Cdur,et son souffle infecté, Celte ville étant alors ravagée par Une
N'altéra dé son coeur l'austère pureté.
maladie contagieuse, il n'y fit qu'un
Tel est le sentiment de Voltaire qui' très-court séjour, traversa la Suisseet
•
d'Angleterre; pas la moindre .complaiT Sedan, où son. mariage, fut célébré île
sance vaniteuse quand;.elle: parle' sbit. 3janv, 4 576 (4).En sortant du temple, '.
d'elle-même, soit.de ce, qui, la touche; pour ainsi dire, il monta à cheval, pour;;
loin de rien amplifier,, de;,rien,étaler, rejoindre l'armée allemande queCondé
elle montre toujours: moins;qu'er.le ne. amenait en France;,mais arrivé à Chau-
sent; les événements les plus considé-. -mont en Bassigny,ilapprit que leprin-
rables,,;quand ellelesraconte, les sen-, ce n'y avait pas-faithalte, et ilse,dé-
timents.les plus puissants, quand elle cidaii rebrousser chemin', dans rinien-- ,
les exprime, seprésentenfsousflnefor,-', tion de gagner par une. route moins:
me.contenue,,' exempts,de:toutagran-r, dangereusefe-campdu dued'Alençon. -
dissement, de tout, ornement: factice, où, Après la signature de la paix, le duc, à ;
;
nouvelle arriva à Sedan..que .Thoré, seins.,Dans la:prévision d'une prochai-
« craignant que quelqu'un.ne ltiydéro- ne rupture, il: alla trouver le roi de -
bast son crédit auprès de Monsieur».,, Navarre;, quij, ayant;déj,â; entendu par-' :
•'était séparé de, Condé et était rentra leT'de' luudelamanièreteplus hono-
: :
précipitamment en-France à la lête d'un rabte',. le, fit. entrer immédiatement
. •
.laquellefedu:ciie:voulutpbintiénl'én-::
claràntqu'ilper.sisiaitdairis.son opinion.1: :
•
(1jSbn père avait embrassé Ja religion pro- dre «étant trop foibleén ces quartiers.!»'':
lestante.quelque temps, avant sa .mort, arrivée •:
•
•précipitation avec laquelle la paix se 'Flandres, Mornay fut chargé par lès
Ifif, au mois de septembre. Ètâ'ls de traiter enleur nom avec \z duc
.Depuis plus de dix-huit mois, Du d'Anjbu.Samission remplie, il se réh-
îlessis-Mornay habitait l'Angleterre, diten Gascogne dans le but défendre
où safemmeétait allée lé rejoindre,lors- cbmptèjau rbi de Navarre du résultat de
MOR 518 — MOR
Henri IV porta la garnison à six compagnies cheter la faveur de ?•' " ..: iv.piix de
commandées par Du Plessis en personne,
Pierrefitte, gouverneur de la ville aprè» de ses convictions.il avait en même temps'
Préaux, Bernapré, de Cugi,Belen et le fils trop de perspicacité, pour ne pas s'a-
de Du Plessis, alors âgé de- dviuie mis. percevoir que les nécessités de la si-
MOR 524 MOR
tualion mises constamment en avant chrétien réformé que d'arracher ses co 1
par le prince pour se dispenser de faire rèligionnàires au 'fau.atisme des -tribu-
droit aux 'plaintes trop légitimes des naux et aux fureurs delà populace?
Huguenots, couvraient un mauvais Mornay, au reste, s'inquiéta médio-
ivouloirrM; aussi ne cessait-il de pres- cremenl du déplaisir du roi; sa coh^
ser le roi d'assurer enfin le sort de ceux science l'approuvait, que lui importait
qu'il appelait encore ses coreligionnai- le resté? !Sa correspondance prouve
res. Après mille objections et beaucoup qu'il 'lui-était pénible sans doutede se
de remises, il arracha l'ordre de rédiger voir supplanté par d'O et consors dans
nn édit qui révoquât ceux dé 4585' et l'intimité.d'unprincedbntlagloire était
4588.Sarédactionayantétéapprouvée, le plus ardent de ses voeux ; cependant
ïlfulchargédefaireenregistrerlenouvel il hé -s'abaissa pas 'jusqu'à essayer de
édil(publiédans leT. IVde ses Mémoi- regagnerlafaveurroyale par de fâches
res), mais il n'était pas encore arrivé à complaisances : bien au contraire, il
Tours que déjà les dispositionsdu roi a- craignit pas.d'augmenier le mëconlen-
vaîentchangé.ilseretirafortméeontent tementdè'Henri en refusant,malgré des
à Saumur; cependant il ne sélassa pas ordres,réitérés, de se dessaisir d'Une
d'insister par écril(1)surlanécessité de somme assez forte provenant de l'alié-
donner satisfaction sux églises. L'édit nation d'une partie du domaine dé Na-
fut enfin publié au mois d'août 4'591,, varre,sommequi était destinée àla solde
mais non pas dans sa rédaction primi- del'armée allemandélevée parle duc de
tive. Il y avait été fait de tels change- Bouilli)n,-et qu-'il ne voulait pas laisser
ments que les Protestants refusèrent gas.pillerdans des;plaisirs dispendieux.
de s'en contenter, persuadés que s'ils 11 ne consentit à la remettre qu'après
l'acceptaient, il ne leur serailrien ac- ' avoir apprisl'arrivée en Francedes trou-
cordé déplus. pes auxiliaires; encore voulut-il porter'
Reprocher à Mornay 'd'avoir, dans lui-même l'argenlau roi,alors occupé au
cette circonstance, méconnu les néces- siégedeRouen. Henri IV, qui -avait be-
sités de la situation, de n'avoir pas vou- soin de ses^erviceSj'neluiïïl aucun re-
lu accepter une politiquede transaction proché. Gomme il avait alors à craindre
1
qui ont été empruntés aux.rites dU'pa- .nant à entendre qu'un bon catholique
ganisme. Dansle 2% l'auteur discourt ,ne , l'eût pas souffert (4). Le -roi, qui
des temples et des autels,..noms incon- (avait-besoin du souverain ponlife pour
nus aux premiers ,'Chrétiens, qui n'u- .ila-dissolution de son mariage, s'alarma
sâientni de consécrationni dedédicaoe; delévoir: élever des doutes sur la- sin-
des images, introduites .à une époque cérité dé sa conversion, et se proinit>de
cassez récente dans les églises et d?un donner satisfaction entière à Sa Sain-
Usage dangereux; du pain azyme; ;dont teté; La vigueur avec laquelle Mornay
. lbEglise
primitive se servait indifférem- s'opposa à la publication du concile de
ment; de la célébration du culte en •Trente que Clément demandâitavéCih-
langue vulgaire, recommandéeparles :stance',età laquelle il était.lrès-dispbsé
-
Pères, ainsi quelalêcture de l'Ecriture àiGonsentir, n'était certes pas propre à
-sainte; du> célibat des prêtres, inconnu ichanger :Sa résolution, en sorte:que,
en Orient et longtemps;rejeté en Occi-
1
ipartiépour faire plaisir au pape, partie
dent-Dans lé 3", revenante la'messe, pour: punir Mornay de sa résistance à
-il'jétablit qu?en l'appelleimproprement ses volontés, il sacrifia, sâns'beaucbup
;isacrifice,puisquedanslaNouvelle-^Al- hésitèr,un homme qui, pendant plus de
liance il n'y a pas d'autre-sacrifice ex- ..vingt ans,l'avait servi de ses conseils,
jiiâtoire que celuidela Croix; .puisll de Isa plume,.de sa fortune et de son
'discute les dogmes de l'invocation des <épée,avec une fidélité,undévouement,
Saints, du purgatoire,'de là justifica- iun>désintéressement sans exemple.
tion, qui ne s'opère que par là foién Au commenceméntde4 599, Mornay.
Jésus-Christ. Le 4" itrâite;de la.Cène Iqui selênait depuis longtemps éloigné
Considérée com'meisaCrement.iL'auteiir delà Cour, vint à Paris pouf recevoir
cite-à l'appui de ses assertions environ lès excuses de Saint-Phal et poursuivre
Cinq mille passagestirés des Pèresde -en même temps le remboursement des
.
empereurs : Parce que. nous n'avons: un, échec, et Henri IV en ressentit un-..-
rienenplus grande recommandation^ plaisir, extrême. Tirant gloire dé laparfc/
quele servicedePieu-,nousdeffendons' qu'il avait prise, à celle méprisâble.in-
à toutes personnes de.faire'le 'signe trigue de cour, le roi s'écria le ,soir, :
de la croix de nostre Sauveur J.+Ch. en présence de ses courtisans, en s'à^-.
en couleur,. ny_ en pierre, ny en, aw- dressant à Du Perron qui se pavanait-
tre matière, ny le graver-, prendre, dans son triomphe : « Dictes vérilé,M. ;
ny tailler, ains voulons qu'en.quel- d'Evreux, bon droictà eu bon besoing:
que lien qu'il se. trouve, ils soient d'aide,:» et quelques jours après, lé 6 :•
ostez àpeine aux contrevenans d'es- mai, il écrivit à' d'Epernon cette; lettre:1
tre irès-griefvementpunis, Du Per- dont;ses admirateurs les plus enthou-
ron accusa Mornay d'avoir omis à des^ siastesnepeuvent s'empêcher derou--
sein quelques mots d'une.très-grande gir (4) : « Le diocèse d'Evreux a gain-
importance. Du Plessis répondit qu'il; gné celUy dé Saumur, et la doulceur,'
avait cité cette loi d'après Pétrus Cri-: donfon y a. procédé a osté occasion:à;
nitus [auteur catholique],.et lès com- quelque huguenot' que ce-soit de; dire-
•
missaires déclarèrent que la. citation? que-rien y ait: eu force que la vérité;;
était exapte, mais que Crinitus s'é- ce: porteur y.estoit: qui. vous contera-
tait abusé. Sur le 8°, tiré de S. Ber- commej'y ai faict merveilles ; certèsi
nard: Elle (la vierge Marie) n'apas c'est ung des grants coups pour;l'E-
besoing de faux honneurs oit elle glise de Dieu, qu'il.se soit faictiliy ai
est ; ce n'éstpas l'honorer,.màisluy longtemps;; suyvant ces erres, .néus.'
oster l'honneur, etc. Le chancelier ramènerons plus de séparez de l'Eglise;
déclara qu'il aurait étébon de sépa- en ung ;an- que par une aultre voye en!
rer par un etc. les différents textes, cinquante. » Ces éclats, d'une jbieati'
dont il se compose. Enfin sur le'9%.: moinslndécentè n'en imposèrent àper-
extrait. de Théodoret : Pieu faict ce sonne;. Au sortir de la conférenCei,
qu'il luyplaist, mais les images sont, Mayenne;dit « qu'Ml n'y avoit veu,:si- -
:
faictes telles qu'ilplaist aux.hom- non unahcien et fort.fidèle;servileur
mes, elles ont des domiciles dessenSi três-malpayé de tant dé services, : » et
mais elles n'ont point de sens, il fut aussitôt après la réception delàlettre. •
Henri IV, qui n'avait plus à garderautant longe. La Bochelle, se fil représenter
de ménagements avec le pape, lui fit par Jacques Le Vacher ou Vaqué, sieur
un très-bon accueil. Mornay fui de re- de La Casse, ancien maire, Benjamin
tour à Saumur, le 4 4 juin 4 607. Il ne Bernon, sieur de Lisleau échevin,
revit plus son maître. Quelque légi- AmosBarbot,bailli du grand ,
fief d'Au-
times motifs de plainte qu'il eût contre nis et un des pairs, Paniel de La Gout-
ce prince égoïste et ingrat, il manifesta te, conseiller el avocat du roi au pré-
la plus vive el la plus sincère douleur à sidial, également pair de la ville. La
la nouvelle de son assassinai, cata- Basse-Guienne envoya les barons de
strophe fatale qu'il redoutait depuis Lusignan et de La Case., Bançons,
longtemps et en prévision de laquelle ministre à Tonneins, de Manial'd, a-
il s'était tracé d'avance un plan de con- vocat au parlement de Bordeaux, et le
duite, afin de ne négliger aucune des comte de Panjas. Les députés du
mesures que la gravilé des circonstan- Haut-Languedoc el de la Haute-Guien-
ces commanderait dans l'intérêt des ne furent : de Villemade, de Barjac,
,
églises et de la tranquillité publique. Gardesi, pasteuràMauvesin, La Gar-
La reine-régente, qui avait pour ses rigue, le marquis de Cenevieres; ceux
vertus beaucoup d'estime et qui con- du Bas-Languedoc : de Berlichères, -
naissait son empire sur les esprits de Ftrrier, pasleur de Nismes, Brunier,
ses coreligionnaires, lui témoigna d'a- pasleur d'Uzès, de Gondin, viguier
bord de l'affection el de la confiance; d'Uzès, de Carlencas, premier consul
mais plus tard, elle prêta une oreille et viguier de Montpellier, de La Cal-
trop complaisante aux insinuations du metle, premier consul de Nismes, et
duc de Bouillon, qui, irrité de la pré- de Châtillon. La Provence fut repré-
férence accordée à Mornay par l'assem- sentée par les barons de Sénas et
blée de Saumur pour la présidence, se à'Ajon, Récent, ministre à Mérindol,
vengea d'un prétendu affront en accu- elMense, deSeyne; le Dauphiné, par
sant Du Plessis de tout ce qui s'était de Montbrun, de Champoléon, Cha-
fait dans l'assemblée contre les inten- rnier, Parât, Vulson, Bellujon; le
tions du gouvernement. Vivarais, par René de La Tour, sieur
L'assemblée de Saumur, . autorisée .
de Chambaud, Michel Le Faucheur,
par un brevet du mois d'.octobre 4 610, pasteur A'kmionay,David d'Alleyrac,
s'ouvrit le 22 mai 4 641. Elle devait sieur de Chambezon, docteur en droit.
s'occuper surtout du renouvellement La Bourgogne envoya de Rouvray
deladéputation générale.Ellft fut nom- de Chabottes, Baille, pasteur de,
breuse. Du Plessis-Mornay,le baron de Lyon, et Armet; l'Isle- de -France
Blet,Fleury, pasleur deLoudun,5ow- la Picardie et la Champagne : Mont-,
chereau, ministre à Saumur, de Hau- louet, Pes Bordes et Durant, pasleur
mont, conseiller du roi en la séuéchaus- à Paris; l'Orléanais : Charles de Blair,
sée de Saumur, et de Bruges, receveur sieur d'Oynville, gentilhomme ordi-
des tailles à Loudun, y furent députés naire de la chambre du roi et maréchal
par l'Anjou, la Touraine et le Maine; des logis de sa compagnie de gendar-
de Parabère, lieutenant du roi on Poi- mes, Samuel de Chambaran, minis-
tou; de Vérac, de Saint-Germain, tre à Marcbenoire, et Jean Amorette,
à'Aubigné, Clemenceau, pasleur à avocat à Issoudun. Les députés de la
Poitiers, Des Fontaines et La Mille- Normandie furent le baron de Courlo-
tière, par le Poitou ; de Rioux, La mer, de Bertreville, de La Moite,
MOR
MOR — 532 —
conseiller au parlement de Rouen, et. pour « compiler le cahier général des
't,a Rivière, pasleur à Rouen; et ceux demàndesdêsprovinces»;ellefulcom-
de la Bretagne : R'otan,ie M'ontbarot, posée de La Case, d'Aubigné, Baillé,
Du Bois-de-Cargrois , Du Préau, Rivet, ÀrmetètLaMilletière:,Sontra-
pasteur à Vitré, et Sonbise. Enfin mal- vail a élé publié daus le T. XI des Mé-
gré les sages représentations de Mor- moires de Du Plessis-Morhay..Vo,iCilës
nay, « que par là on donneroil sujet principaux articles du cahier qui fut
de réunir lepaïs au royaume, et au cler- présenté àlareine-régenteparLaCàse,
gé de France d'embrasser lés affaires Coûrtomèr, .Ferrier, Mirandè et Armel:
des évesques dont s'en suyvroit qu'on QueS.M.fasse jouir les églisesde l'édit
vo.udroit régler le.païs par lès lois et tel qu'il a été expédié à Nantes et ac-
édits du royaume en quoy et Testât'et cepté par leurs députés, el non en la
l'église auroit beaucoup à perdre», forme qu'il a été vérifié, au parlement
l'Assemblée admit dans son sein les de Paris; qu'il lui plaise nommer deux
trois députés du Béarn, Pierre de Bi- commissaires,l'un catholique et l'autre,
ron, baron d'Arros, GaillardDu Casse " protestant,pour en surveiller l'exéçu-
' où Cassou, pasleur de Sallies, et Jean tio dans les provinces; que les Proles-
deLa Forcade ou LaFourcade, con- tanlsne soient pas contraints à qualifier
seiller du roi, ancien de l'église de leur religion deprélendueréformée;que
Saint-Palais. Les grands seigneurs du leurs minislresjouissentdès mêmes im-
parti, qui n'étaient point au nombre des munités que les ecclésiastiques catho-
députés, avaient été,suivant le conseil liques; que leurs cimetières leur soient
' de Mo.may,invitéS aussi à y assister. rendus, et des mesures prises pour pré-
Bouillon, Sully, La Force elLa Tré- venir les troubles qui éclatent ordinai-
moille se rendirent à celte invitation, rement aux enterrements des gentils-
ainsi que les deux députés généraux, hommes réformés dans les' temples, ou
dontles pouvoirs allaient expirer.Les-. chapelles où ils ont droit de sépulture;,
*
diguières s'excusa par lettres aux- que les prédicateurs et lès confesseurs
quelles!'Assemblée répondit en le re- qui émeuvent le peupleàsédition soient
merciant de «sa grande affection et très- punis d'une manière exemplaire; que
notables services qu'il avoit rendus de le nombre des fêtes soit réglé ; qu'au-
tout temps aux églises, et de la grande cun fonctionnaire ne soit privé de spn
. franchise
= par laquelle il promettoit ad- emploi pour cause de religion; qu'il
" hérer à toutes ses résolutions. »(Col- soit permis auxProleslanls d'avoir par-
" lèct. Pupuy,Wti\Z.) tout des écoles, et que; les académies
La première séance fut uniquement de Saumur et de Montauban soient
consacrée à la vérification des pouvoirs mises surle même pied que les autres
et à la nominaiion.dubureau. Du Ples- académies du royaume; que S. M. crée
sis-Mornay fut éluprésident.malgréles '.. en faveur des Réformés un certain nom-
intrigues de Bouillon, Charnier', vice- bre d'offices de substituts, d'huissiers,
président, Des Bordes-Mercier, secré- de notaires, de greffiers; que. le trai-
taire. La seconde séance n'eut lieuque tement des pasteurs et la soldédés gar-
lé 28. Les députés présents signèrent nisons des places de sûreté soient assu-
l'acte d'union et promirent devant Dieu rés; que les Jésuites soient exclus des
.' «de nebriguerdirectementou indirecte- places tenues par les,Protestants, .et'
ment pour estre députiez généraux des l'exercice du culte catholique transféré
églises vers S. M., soit pour résideren du château dans la ville; que la garde de,
'Cour, bu autrement, ny de bailler leurs
ces places leur soit encore laissée,pour
voix à ceux qui pouroient les requérir [ dix ans; enfin que les Réformés soient
de les nommer ou qu'ils connoistrbienl autorisés à tenir tous les deux ans, et,
avoir brigué en quelque façon que ce dans la ville qu'il leur plaira, une as- '
soit.» Le 30, on élut la commission semblée générale pour la nomination
MOR — 533 MOR
directe de deux députés généraux (4). trois ordres par les chefs de famille, â
La Case et ses qualre collègues par^ la pluralité des voix. Les présidents,
tirent de Saumur le 28 juin. Le 26 juil- pris toujours dans l'ordre de la no-
let, ils annoncèrent à l'Assemblée que blesse, seraient élus à là pluralité des
le cahier était répondu, mais que les voix. On y volerait par tête, à moins de
réponses ne leurseraient remlsés'qu'a- réclamation delà partde quelque église.
près la nomination de six candidats C'est dans ces assemblées que devait
potir la députation générale, et qu'en avoir lieu la nomination des députés,
outre, la'Cour ne voulait pas entendre aux assemblées générales, au nombre
parler de traiter lés affairés dti Bëarn de cinq au.plus, de trois au moins,
avec celles dès églises de France. On choisis dans les trois ordres (Fonds de
lés invita à fortement insister; mais ils Brienne, N" 222). Ce règlement, qui
revinrent, leTàoût/sansavoir'rien ob- établissail ainsi le vote à deux degrés,
tenu. Seulement, pour leur "montrer ne fut pas adopté par toules les pro-
ses bonnes dispositions, la reine-mère vinces. 'La Rochelle fit réserve de ses
leur avait remis un extrait dès répon- privilèges, et le Bas-Languedoc refusa
ses, en les engageant à presser l'As- formellement de l'exécuter (1).
' semblée de se conformer à ses inten-
(1) Cette décision fut piise dans l'assem-
tions. Les dépulés dès églises ne vou- blée de Sommièies (161 lj,à laquelle assistè-
lurent point céder; ils prirent, le 46, reni: Pour la noblesse : de Fons, de Ganges,
''.là résolution de ne pas se séparer avant ' àeS'ainl-Prival, de -Sainl-Véran, Gondin,ie
"de connaître les réponses du gbuver- La 'Roche, de Saint-Rome, de Moussac, de
Sainl-Rayy, dé Combas. de Pnui,àe Sainl-
'heineht à leurs demandes, et, le 20, Jean-dc-Yédàs, de Monlarnaud, Dayran,âe
Ils. adressèrent aux:provinces une cir- DUrforl,Ae Clhifanjâe Saint-Choments (Sainl-
"cùlàirepbùr leur rendre compte'dé l'é- Cbamond ?}, Sainl-Lezary, de Clausonne, de
C.ardel, de Veslric, Favier, de La Lauze, de
•ïàt-'dés choses. Le 29, l'Assemblée l'ougnàdore'sse, (VÀlison, de Villevieitle, de
adopta le Béglèmêntgéhéral pbnr lés Villeneuve, 'de La'G'atmelle, ôe'Bois'sët, de
ebn'sêils et assemblées provinciales, Pelolyi de Gass'agnolles,Descourts, de L'euse,
de La Blaquiére, de Sainl-André-de-V-albpr-
dont l'établissement avàil été 'décrété giie;—Pour le clergé:'Nissoles,
-
Junin'Yê-
par l'Assemblée de Sainte-Foy (Voy. ''drinès, min., de'Fons, Du Maistre, ùeMlont-
IV, p. 553). Ce règlement avait,'été ; faucon, sue. (colloque délilontpellier); de La
Faye, Ollier, min., de La Mesnerie, anc,
élaboré par Bouillon, Rohan, Sully, (colloque déSaint-Germain);BoWfe,' Chauve,
Soubise, Montbrun, Saint-Germain, Jûslam'on, inin., de Sainte'Croix, de La Rou-
'A'Aubîgné et Fontenelles. Heurtait -vîéte,-anc: ('colloque'de'NiSm'est; Fite, 'Des
-Marets,-Couran,min',de La-Garde, de Con-
qu'un conseil, composé d'un nombre doulle, Combes, anc. (colloque d'Anduze);
indéterminé de membres des'lroisor- 'AVrh)ram."Oiiviér,':iBony,"m\n.,'Faure,'âne.
;8rès récbmmandablës'par lèur'probité {cottoqûé'de'Sau\èy,;'Peïiti-B6ûton,[Pau'cMer,
et leur expérience, serait établi dans min-, Bérard,-Bastide,-Moissard, -anc. (col-
loque d'Uzès); —Pour les villes: Sigillory,
'chaqueprovince.Ildevait être renouvelé 'consul,"Vèrchand et ''C'i«/«'de"Mdnipi'lliër;
'tous lès deux ans, en'tout bu en' par- 'Bébouis etï/iW(M''de':Kis(neK;' Jéànnàs,'Ra-
Tie, au gré 'des provinces. C'est'à lui vhwcl; consuls, 'Do'rmergue- tl-Glëricy d'tlzès ;
Rivière des Vans ; V.illar, consul de Saint-
-
de ces dernières,mais elle se contenta ses avis prophétiques. Pour, lui, ,il
de les renvoyer à l'examen des assem- . resta fidèlement attaché à la cause
blées provinciales, et se sépara, après royale, et repoussa constamment les
avoir pris diverses mesures relatives offres même les plus brillantes deCoh-
à la défense des places de sûreté et . dé et de ses adhérents. Aussi la reine,
au paiement de-leurs garnisons. dans une visite qu'elle fit à Saumur a-
. •
Tous les efforts de Mornay avaient vec son fils, lui témoigna-t-elle com-
tendu à rétablir labonne harmonie,en-^ bien elle était satisfaite de sa conduile.
tre les Grands du parti et à maintenir
l'assemblée qu'il présidait dans les (1) Nous avons trouvé, dans le.vol. 211 du
bornes de la modération et delà pru- Fonds de Brienne , un rôle des pensions
.
Lond.,1578, in-8°; 1579. in-8°; s. 1., Trente, Paris, 1583; réimp. dans le
4 579, in-8°; LaRoch., 1581 et 1585, T. II de ses Mémoires.
in-8»;Gen., Le Preux, 1599, in-4"; VII. Discours .du droit prétendu
LaRoch.,M599,in-4°;lrad. en angl., par ceux de la maison de Guise à la
Lond., 4 579,in-8o;Lond.,1606,in-4°; couronne de France, 1583, in-8';
en latin, Gen., 1594, in-8"; en allem., réimp. dans le T. I des Mémoires de la
Basel, 4 589, in-8"; en ilal., par Ca- Ligue et dans le T. II de ses propres
landrini, s. 1., 4591, in-80.— Ce Mémoires. — Mornay prouve que la
traité, approuvé par La,Fontaine, Du maison de Lorraine ne descendait de
Saulsay et d'autres pasleursde l'église Charlemagne que par les femmes.
française de Londres, obtint un très- VIII. Réponce aux déclarations
grand succès.Un moine de Rouen, nom- etprolestalions deMM.deGuise, faic-
mé Corneitte,qui avait été chargé de le tes sous le nom de M le cardinal de
réfuler, fut converti par celte lecture, Bourbon, 1585, in-8°; réimp. dans le
se retira à Genève et devint ministre. T. I des Mémoires de la Ligue.
IV. Traité de la vérité de la reli- IX. Déclaration du roy de Navar-
gion chrétienne contre-les Athées, re sur les calomnies publiées contre
Epicuriens, Payens, Juifs, Mahume- lui, Orlès, 1585, in-8°; La Rochelle,
distes et autres Infidèles,ÀT[V., Plan- 4585, in-8°; réimp. dans le T. I des
tin,158l, in-4°;Paris,J.Richier,1582, Mémoires de la Ligne et dans le T. III
in-8»;Leyde, 4 583,in-8°;Lyon,1597, des Mémoires de Mornay; trad. en lat.,
' iu-4 2; trad.en lalin par l'auteur, Anv., Lugd. Bat., 4 585, in-8».
MOR
X. Remonstrance aux trois
-
Estais
539 — MOR
trina in primitivâ Ecclesiâ, qua
de France sur la guerre de la Ligue, fueril; et missa quando, quomodo,
ins. dans le T. I des Mémoires de la Li- quibus gradibus in ipsius locum
gue et dans le T. 111 de ceuxde Mornay. " primum irrepserit, demum et inva-
XI- Lettre d'un gentilhomme serit, explicutur, Hanov., Cl. Mar-
tholique français, contenant brève ca-
nius, 4 605. in-fol. et in-8° ; Irad. en
responceaux calomnies d'un certain angl:, Lond., 1600, in-rol.
prétenduanglois,\ï>86, in-8»; réimp. TVW.Responce à l'examen du doc-
dans le T. I des Mémoires de la Ligue, teur Bulenger, par laquelle sont jus-
dans le T. III des Mémoires de Mornay tifiées les allégations par luy pré-
et dans le tome XI, 1 " série, des Ar- tendues fausses, et vérifiées les ca-'
chives curieuses.—C'est de ces pam- lomnies contre la Préface du livre
phlets politiques que Lacretelle a dit : de la saincte eucharistie, LaRoch,,
« L'éloqueuce y naît de la noblesse Hiérosme Haullin, 1599, in-4"; Gen.,
des sentimens; aujourd'hui même où 4599, in-80.—Il paraîtrait, d'après une
•
de grands écrivains ont épuré, embelli lettre de Du Maurier, que Montigny
la langue française, aucun manifeste fil aussi imp. une réponse à Bulenger.
'ne peut offrir des expressions plus XVIII. Vérification des lieux im-
vives, plus énergiques. pugnez de faux, tant en la préface
'- XII. Fidelle exposition sur la dé- qu'aux livres de l'institution de la
claration du duc de Mayène, con- saincte eucharistie, par le sieur Pu-
tenant les exploicts de guerre qu'il 'puy, La Roch., Haullin, 1600; Gen.,
a fait en Guyenne, 1587,in-8°; réimp. Le Preux, 1600, in-8".
dans le T. 1 des Mémoires de la Ligue XIX. Sommation du sieur Pnples-
et dans le T. 111 desMém. deMomay. sis Mornay à M. Vévesque d'Evreux,
XIII. Discours de la reprise de avec la response dudit sieur évesque,
Marans, 1588, publié dans le T.II. des Paris, 4 600, in-8°.
Mémoires de la Ligue. XX. Responce du sieur Duplessis
XIV. Déclaration du roi de Na- Mornay à l'écrit publié par le sieur
varre au passage de la Loire, 1589, évesque d'Evreux, sur la sommation
în-8"; réimp. dans le T. III des Mémoi- à luy faicte privément, 1600, in-8'.
res de la Ligne. XXI.DW-COWÎ'S véritable de la con-
XV. Méditations sur quatre psau- férence ténue à Fontainebleau, s. 1.,
mes (VI, XXX, XXXII, XXV), Gen., 1-600, in-8"; Montpellier, J. Gillet,
1591, in-8". -—Versle même temps, •4600, in-12.—Anonyme.
à l'occasion des conférences de Su- XXII. Adverlissement touchant la
resne, Mornay composa une Médita- vaine vanterie de ceux de l'Eglise
tion sur le ps. CI, pour montrer à romaine, sur ce. qui s'est passé en
Henri IV, à qui il la dédia, quels sont la conférence de Fontainebleau,
les devoirs d'un bon roi; nous ne.sa- 4 600, in-8°.
— Anonyme. Douteux.
vons si elle fut imprimée. C'est peut-être l'écrit dont Constant
'XVI. De l'institution, usage et doc- parJe à Mornay en ces termes : «Voslre
trine du sainct sacrement de l'Eu- lacquais m'a trouvé parmi les.livres où
charistie en l'Eglise ancienne com- je prends grand plaisir à justifier ces
sept pauvres condamnés. Il ne me
-,
ment,quand, et par quels degrez la
messe s'est introduite en sa place, en reste que le dernier qui est de saint
•
eu l'occasion de parler d'une copie ma- laine d'hommes pour les défendre. La
nuscrite de ses Mémoires qui se con- mutinerie des habitants qui se décla-
serve à laBiblioth. de la Sorbonne(l). rèrent contre lui en faveur des assié-
Deux volumes delà Collect. Dtipuy, geants, hâta la reddition, d'ailleurs iné-
cotés 349et 618 contenaient des lettres vitable^ de la place. Morogues dut s'es-
de lui ; mais la plupart ont été volées. timer heureux d'obtenir une capitula-
MOROGUES (JACQUES DE), sieur tion, que le duc de Guise fit respecter.
de Lande, du Sauvage, de Lonfroy et Il sortit de la ville, ainsi que ses lieu-
d'autres lieux, gentilhomme de la tenants, Philippe de Lafin le jeune,
chambre du roi et du duc d'Alençon, Valenville, Villeneuve, La Reinville,
fut nommé par ce dernier prince gou- Tauvenay, avec leurs chevaux e( leurs
verneur de La Charité, sa ville natale, armes, les soldats avec l'épée seule-
et prit possession de son gouverneT ment;
ment le 12 juillet 1576. On sait que la Morogues continua à porter les ar-
paix de Monsieur, qui avait valu au duc mes pour la Cause au moins jusqu'en
d'Alençon les duchés d'Anjou, de Tou- 1585, qu'il alla rejoindre le drapeau
raine et de Berry en augmentation d'a- du prince de Condé. Il avait épousé,
panage, ne dura que quelques mois, et en 1569,Jlfane Bochetel, veuve de
qu'à la reprise des hostilités, le nou- Jacques Bourdin, sieur de Villaines,
veau duc d'Anjou se déclara contre les secrétaire d'état. Deux fils naquirent
Protestants. Malgré les avertissements de ce mariage : ALEXANDRE, qui suit,
qu'il reçut de tous côtés, Morogues ne et HENRI, qui fit souche.
put croire à une pareille ingratitude de I. Alexandre de Morogues, sieur du
la part d'un prince qui récemment en- Sauvage, gentilhomme ordinaire de la
core avouait hautement ses obligations chambre, épousa Louise de Monchy,
« envers le parti de la Religion qui l'a*- dame d'Ercourt, et, resté veuf, il se
vojt reschauffé en son sein » ; il put remaria, en 4 637, avec Joachine Pa-
encore moins se persuader qu'il serait bra-de-Raconis. Sa première femme
attaqué dans la ville où il commandait le rendit père, sans parler d'un fils,
par celui-là même qui lui en avait con- nommé BENJAMIN, mort en 1631, à
fié le commandement. Il ne prit donc l'âge de 23 ans (Reg. de Charent.),'
aucune mesure de défense,et ne son- dé Gui, dit Bourdin, à cause d'une
gea même pas à augmenter sa garni- substitution faite en sa faveur par son
son qui était si faible, qu'à peine put-il, oncle, lequel prit pour femme, en
lorsque le canon ennemi eut pratiqué 4 636, Marie Lhoste, dame de Médan,
trois brèches dans les faibles murailles fille A'Hilaire Lhoste, sieur de Mont-
de La Charité, les garnir d'une quaran- fermeil, secrétaire du roi, et de Marie
1
que Morus put prendre possession de attaque n'ayant point eule résultat que
sa chaire. Déjà le consistoire avait ses ennemis espéraient, ils se mirent
fait difficulté dé le recevoir au minis- à épier sa conduite, et bientôt de sour-
tère, l'accusant d'opinions peu-ortho- des rumeurs circulèrent 'surladépra^-
doxes sur là prédestination1,' là grâce, vation dè'ses moeurs,-non-seulement à
le péché originel, et la satisfaction; Il Genève, mais à l'étranger. Morus, com-
n'avait cédé,; au mois d'o'ct. 1641,que prenant que; la place n'était plus lena-
sur l'ordre réitéré du Conseil, et seu- ble, se montra disposé à la quitter.
lement après que le candidat eutsigné. D'un autre côté, conimele'but de ses •
une déclaration portant, qu'il rejetait envieux était atteint par son éloigne-
les opinions condamnées par leSynode ment, la VénérableCompagnie n'hésita
d'Alençon. Il paraît que cette fois la pas àlui donner,' le 25 janv.. 4 648, un
résistance fut moins vive. On lit, en excellent témoignage « sur sa probité
effet, dans les Fragments de GrehUSj et saine doctrine au sujet des calomnies
sousladaledu 10 oét.:« Sp.AIexandre publiées contre lui aux Pays-Bas.»
Morus, élu professeur de théologie, a Il était-question, eneffet, pour Mo-
été exhorté à se vouer. pour toujours rus d'une place de professeur de théo-
au service de cette académie, sans logie à Middélbourg, que les magistrats
écouler aucune autre vocation, voyant de cette' ville lui destinaient sur la
surtout le cas que le Conseilfait dé ses recommandation de Saumaise (Archiv.
dons relevés, et qu'il a été appelé à'la de. Genève, N°s. 3191 et 3494),.mais
profession la plus considérée, ce qui à laquelle ils ne voulaient sans doute
est comme une espèce de mariage spi- l'appeler qu'après s'ôtrè enquis de la
rituel par lequel il se lie déplus fort à vérité des bruits qui couraient sur son
cette église et académie. lien remer- compte. L'attestation du consistoire
cie très-affectueusementla Seigneurie, genevois ayant levé leurs scrupules,
en déclarant qu'il a besoin de l'agré^ Morus prit possession de celle chaire
ment du sieur Itforus son père, auquel en 4 649, après avoir prêché à Maas-
on écrit à cet effet.» tricht devant le synode des églises
L'orgueil de Morus se' trouva sin- wallonnes. Dès le mois de nov.; l'é-
gulièrement 'flatté de ce triomphe. La glise française dé Middélbourg écrivit
vocation que l'église française de Lon- à Genève une lettre pleine d'éloges'sur
dres lui adressa la même année, sti- son nouveau pasteur,-sefélicitant d'une
mula encore sa vanité, et la dignité de acquisition qu'elle ne,devait pas con-
recteur àlaquelleil futpromuen 1645, server longtemps. En 1651, l'aca-
.
Genèvë. '
snriradininistiation îde.'la Cène.l'avaient:.fait-
déppser.et.exconimunier.parîe.consijtoire.de-
",."' "' "" ""'---i '>•"
(2) Ce pasteucétait lié à Metz, le14:fév.
1581v!et-en:n'esservait l'fglise;depuis 1602.
Jojy^pç,, miK d^llontauban, 6 0 01 iy. ;
Heçtq^
Jean-- X)âpàftï,^(l'Aràu|j}zpn,.,400.'ïiy>;j
Àftt/Djàjnon't^ de -St-Agnan, -500 .liy,;.
Il mnurut le 18 oct. 1652,,Son libre; Jacques,-. Jean G^illemard, de\Ghampdeniers,,;
ministre à Lu'dvyillèr, se retir'a,a,iiietz -surU'a 40(), iiy. ; ,Ai(d'ré. P^o^i»,ide'Houdan,
fin ilé'ses jou'rs'et y môurut-;ïë:î6ià'o'ût -1635'.
JeanLéiCàUlon, auteur d'une C?iW)rf}Kê,i'élait 4j0,0..1iy.; Jacob,Châtier, de (Jueira^;
pejitjêtre leur.père. .. ', 500 liv.;'thèophile Casamàjor,\de
MUI — 553 — MUI
St-Gladie, 400 liy.; GuilL Cacherat, crétaire des finances, et A'Elisabeth
de Pont-Âudemer, "600 liv.; Gabriel Vanèl, Il mourut le, 9. fév. 4.677, à l'âge,
Tiiffard (aliis Tùjfan), du diocèse âè de 75 ans. 'À.'la révocation de l'édit de
Nisfnes, 400 liv.;-Ma Basset (ali>"s Nantes, sa yeiiyesortitdu royaume
Èàl'set), anc. min. de' Prageïas, 8,0.0 son. neyeU Théodpre Boihereau-de- avec
lij:-,'-P'aufde FaTgueroMes,'Âe'Si-Ri'ji- Lormois (Arch. gén. E. 3373).
p'olyte, 600 liy-j 'léonap'd Theve'not, HèhriMuisson-, sieurduToillon, mort
fle'Maillézais, .6,00 ]iy?,vanièï,'de La- en 4666, àl'âgede, 77 épousa, au
ans,
vant, du diocèse d'Auçh, '60.0 liv;; mois de féy, 4 634, Péronne Conrart,
ùharles Ger.lan,Au diocèse de Con- soeur,de Vâlenlin, dont il eut : 1° MA-
dom, 400,liyJ; Guillaume Gast.ebin, RIE, néeen '1,6,3,4, femme, en 1656, de
duïiqcèsedëBordéaiïx, 4o01iv.; Jacq. David de La Croix, sieur de Merval,
Mistdyer, anc,.'min. de Chainpdeniers, conseiller secrétaire du roi. Restée
6~00 liv. ; Pompée de RemenÛle, de veuve avec un fils, elle seiemaria, en
Gontaut, 400 liv.; Pierre Le Comte, 4 669, avec François. Morin, sieur du
du diocèse de Poitiers, 400 liv.; Jean Send.at.,, guidon des gendarmes, qui,
dîf 'La Bourgade, du diocèse de Pa- âpres la mprt de sa femme, arrivée en
miérs, 4,00 liv.; Pierre Du Cau, du 1686, réussit, à se sauver à.Neuchâte),
Gqhsérahs, 300 liv.; Claude Jouin, où il fut rejoint par son beau-fils, Hen-
pu diocèse de Lyon, 400 liv.; Théo- ri-Paviplde La Croix, capitaine au ré-
phile de Vieilban, Au diocèse de Gdn- gimentdeÇonty (Suppl.franc.191.6);
a6m'ï'300liv.; Simon Cozet, du dio- -^'20.:C/ATHERiNE., née en 4?638., qui
cèse de Montpellier, 600 liv. Nous de- épousa, en 4 665, Jacques de, Pom-
vons faire observer que su.r ces 44 mi- piër.re, sieur ' de jonquières, fils, non
nistres âpos'lalS,"28.seulementsont por- pas de Pavidrde Pompperre, comme
tés'sur'leslistes des Synodes nationaux. hoiis l'avions supposé, mais de Jean
Le fait nous semble étrange.'Les Sy- de, Pompierre el'Ae Marie, Conrart
nodes auraient—ils voulu" dissimuler (ïteg. dé Chafent.); — 3° PÈRONNE,
leurs perles, ou plutôt Véron n'aurait- riéeehX639, femme, enl 667, A'Adam
il'pàs. donné la qualité de ministres à de La ÏÏaspge, sieur d'Heuque.vilie,
des gens/qui ne l'étaient pas? premier'.baron de Normandie et con-
"^ÂitliSSOiN.(JACQUES), sieur duToil- seiller-né au.parlement, fils; de Guil-
lon, natif de Valehciennes, vint's'éla- laume La Bàsoge, conseiller'au par-
hlïr'à'Parïs,prohahlemeht dans le même lement, dp. B.o,uen,, et de Catherine,
temps qjdè Jacques Conràrt, à q'ui'il Rpy'e; '4° JACQUES, qui suit ;
—, -r-. 5"
était allié par son mariage avec Ma- PHILIPPE, mort jeune';. — 6° HENRI,.
Conxart. Il mourut avant l'6.27, sjéjur'dei^aijiéul, conseiller secrétaire
rte
laissant,'entre autres enTâhls :A • MARIE, duroi pti.audien'cier,enla.chancellerie,
femme,en4 623, Ae'Frànç'ôisMandflt-, quimpurut^^^^ 39.
-^-^"jEiîrNE/quiépousa, eh,'4627, Jo- ans,'sans laisser d'éufan.ls, à ce qu'il
nat.has Petit, sièur de C.lôsrHardy, con- semblé, de son mariage, avec Mader
trôleur' général dés éaûx et forêts, TIU laj,ne: Merpier, fille Ae^Lp'ftisP sieur de
de.Thomas Petit el de MariePïçkerel; Là Noryiiî^,, et.de .lifadélaine, Bigot,;
•—3°'.MipELAiNÉ,' qui fut mariée,, en ^!7,'ÏÏADÉLÀINE,néeèn,4\6'4'6, femme,
KfàL au célèbre Vàlentin'Conr.art, én\§6$lA'èTfiéodo,re,te,Coq,, sieur de
Sàiut-iég'èr,q^.ëîie sjj)yi.t s'iir la lerre.
et mourut en 4 674; -— t". HENRI, con^ étrangère'après la révocation.
selli'èrsècrétairèduToi, qui suit; —5°
PHILIPPE, sieur de Barré et''dre Rjeux, Né en .1636, Jacques Muisson, sieur,
conseiller du roi et àudieuçiér en. la du.Toillori, devint.cônsèiiler'au parle-
eïSBcélIerie^ qui prît ;p'purfémméi:en ment dé. Paris.. Il en exerça les fonc-
Kh%î\ Madelaine Bazin, fille Ae'TKêo- tions, avec beaucoup de zèle et une;
doré,'s\eu.r defieaulieu, conseiller se- grande intégritéjusqu'à, l'arrêt du CoiH:
MUL
MUI — 554.—
seil du 23 nov. 1685, qui l'obligea, le 7 mai 4 674 ; — 2° ANTOINE, né en
ainsi que ses collègues réformés, à se 1676 ; — 3" HENRI, né le 6 mai 4 678 ;
défaire de sa charge. Peu de jours 4° ANNE-MAOELAINE, née en 4 680
—-
après, on lui enleva ses enfants, qui (Reg. de Charent.). Les Mélanges
furent remis enlre les mains de M"" dé d'Ancillon nous apprenneulque les uns"
1
le et nombreuse famille, el nous savons qu'une xime versionibus, Portio I, 1782, 4°.
de ses lilles obtint un certificat de catholicité ce fait, ce qui ne peut guère s'appliquer a.
d'un curé de Laon,qui tut jeté en prison pour Anne-Madelaine.
MUR 555 — MUR
XIII. Pepsalm. CX schematepoë- trais
- servions sur Rom. VIII, 21,
tico etproprio argumento ad mentem Gen., 4 639, in-16.
ChristiMalt.XXII,44-46, 4784,4°. IV. La nasseïle de l'Eglise agitée,
XJV.jte et quatenus Paulus Ephes. deux Mat th. VIII, 23,
IV, 8 ascensionem Christi psalm. sermons sur
Gen., 1643, in-12.
LXVII1, 4 9 celebrari aiat ?1790, 4». Sur la liste présentée au Synode
XV. Versuch einer Uebersicht und d'Alençon figure aussi, comme minis-
Prufung der Grunde die fur und wi- tre à Romans, Pierre Murât, le même
der den Vorschlag, die Nationalbe- apparemment que Pierre Mural, de Bel-
soldung der protestantischen Geist- legarde, qui commença à Genève, en
lichkeit des Elsasses auf einen bil- 4 626, ses éludes en théologie, exerça
ligen Fuss,vermitlelst der Uebergabe son ministère àNyons, et alla achever
der dazugewidmeten Kirchenfonds, sa carrière à Genève, où il fut reçu
bey der hochsten Gesetzgebung zu bourgeois gratis,en 4 665,avec
ses fils
bewirlen,in Reden und Denhschrif- JACQUES,miDislrederEvangile,etJEAN,
ten fiirgebrachtworden, 1791, in-8°. marchand de soie.
XYI. Bericht des Strasburgischen A ces" trois ou quatre pasteurs du
KirchenAonvents ilbereinneben dem nom de Murati il faut encore ajouter
Eatechismus Luth eri in unsern Schu- François Murât, de Grenoble, qui fut
len einzufuhrendes Handbuch der immatriculé à l'académie de Genève en
christlichen Lehre, 1792, in-4°. 4 652. Il serait possible (les dates au
.WNDERLEm (CHRISTOPHE), né moins ne s'opposent pas à cette hypo-
à "Wissembourg, fut chargé,vers 1560, thèse) que, ce dernier fût l'auteur des
de la direction de l'école de sa ville nata- Armes de Sion ou Prières sur l'état
le.Plustard,il fut appelé comme chantre présent de l'affliction de l'Eglise,
de l'église protestante à Neubourg, et dont la 4" édit. connue parut à Saint-
en 1564, il devint recteur du gymnase Gall, chez André Lhonorat, 4 688, in-
de Lauing. En 1569, il retournaàWis- 12, pp. 320, et la dernière, un peu
sembourg pour y remplir les mêmes augmentée, à Amst.,1737,in-12, sous
fondions, qu'il alla exercer ensuite à ce litre : Armes de Sion ou Prières
Ralisbonne, en 1574. Admis au minis- très-convenables pour consoler et
tère sacré, il desservit successivement, fortifier les fidèles qui gémissent
depuis 1581, les églises d'Ellmans- sous la croix. Si, comme nous sommes
dorf,de"vyriltelsham et deTagmersbeim. porté à le croire, le Nouveau ihrésor
Chassé de cette dernière à cause de sa de prières propres en tous tems, et-
religion, il se relira dans sa ville natale, surtout en celui de l'affliction de V E-
où il termina sa vie agitée, en1622.Son glise, par M. Murât, 7° édit. corr.,
fils JEAN embrassa aussi la carrière ec- Amst., J. Desbordes, 1731, in-24,
clésiastique. Il y débuta dans le poste n'est qu'uneréimp. des Armes de Sion,
de diacre de l'église de Neubourg et les nombreuses édit. qu'il eut prouvent
,
mourut, en 1629, surintendant à Ra- l'opportunité et le succès de cet ou-
lisbonne. vrage.
IBUÏIAT(FRANÇOIS),ministre à Gre- Christophe Micrat,trésorier de l'ex-
noble,inscritsur les listes des pasteurs traordinaiie des guerres en Auvergne,
présentées aux Synodes nationaux de conseiller secrétaire du roi, était, sans
4 620 à 4 637, a publié : aucun doute, de la même famille que
I. Prières et méditations extraites nos pasteurs. 11 épousa Jacquelte Le
de la S.Escriture,Gen.,Jacq.Chouet, Grand et en eut plusieurs enfants, qui
4 621,10-8°. nous sont connus par les Reg. de Cha-
II. Sermon du devoir despasteurs, renton : 1" PIERRE, baptisé en 1602;
Gen., 4 627, in-8°. —2° MARIE, née en 1603, mariée, en
III. Les soupirs des créatures ou- 1627, à Jacques de Gion, sieur de Gion
MUS
MUS — 556 —
en Auvergne, fils de Jacques de Gion la messe. Le-plus jeune opposa long-
et de Françoise de Saint-'Victour;^- temps unerésistancemerveilleuse dans
3?EsTH'ER,née en 1-608,que noiis trou- Un enfant de cet âge. Sa mère parvint
vons encore portée 'sur une liste dés enfin à letirer d'entre les mains de ses
Protestants d'Auvergneen 1 e8S(Arch. bourreaux.
gén. TT. '259); — '4° CLAUDE, mort à 'SïUSSÀÏtb. Troisprotestants de cfe
Tâgè'de '34 ans; — 5" ANTOINE, né le nom demandèrent uu asile à Genève
; -
sujet des sommes prêtées à Henri IV dès atrocités commises à Aix (Và'fl'
par la république de Genève, qui en CHATEAUNEUF). En 4-563, le courà^
attendait toujours le remboursement. geux pasteur' osa reprocher à Damville";'
Les services qu'il rendit, notamment « qui, lit-on dans le Martyrologe; gô'ii-
dans l'affaire delà médiation* lui valu- vernoit en sa fureurde-jeunesse effré-
rent le titre de conseiller, en 4735, et née la province de Languedoc1» 1, là' '
de secrétaire d'état, en 1738. L'année rigueur avec laquelle "il traitaitlés Re-
suivante, il fut employé.à des: nêgo'^ ligionnaires elle peu-de respect qu'il
dations avec la Sardaigne, -et donna avait pour l'édit dé pacification. Cette
de nouvelles preuves-dé ses talents et noble hardiesse lui coûta là vie. Il fut
deson patriotisme. En 1750, au retour arrêté à deux lieues du Pont-Sà'int-
d'une seconde mission à Paris, il. fut Esprit, et pendu sans autre forme de
élu syndic. En ,1753, il fut encore Une procès entre Villeneuve d'Avignon et
fois envoyé à Turin. Il mourut enl 767 Raghols, le 14 fév. 1564. Le Marty-
sans, laisser d'enfants. rologe rapporte que Damville ordonna
.
MUTÏL'LET ('JEAN-Louis),-né, le cette exécution « pour le plaisir et'à 1
7 no v. 4 737, à Cassel, où son père,doc- l'instance de quelques débordées d'Avi^
teur en médecine, occupait une chaire gnon qui le gouvernoyeht. » TannegUi
au Carolinum, commença ses études GuillaUmet, chirurgien de Nismes, à
dans sa ville natale et-'alla lès- achever quil'on doit uu Journal, publié dans
à Rinteln. Après avoir pris ses degrés, lesPreuvèsdePhisfoire de Nismes par
il s'établit comme médecin à: Cassel et Mesnàrd, entre dans plus de détails :
1
fui adjoint à son père dans la place de i La dame de Monlfrin, dit-il, avoit ré-
médecin de la ville. Il mourut le 4 7fév. sisté longues années à l'exercice de la
4 772, laissant divers traités en manu- Religion aUdit lieu; avoit fait pendre
scrit. Sou père lui survécut jusqu'au parle: bourreau M. Mutonis, ministre',
5fév. 1774. au sceau de M: lé connétable de Mont-
.MOT0RIS;(JEAN>,'.moine jacobin,
. .
morenci qui esloit à Beaucaire: ce
de Grasse en Provence, converti aupro- meurtreëslcouchéaUlivre des martyrs.
testantisme. Après sa conversion, Mu- Mutonis, en mourant, ajourna ladite-
tonis se retira à Genève, d'où il fut en- dame dans fan devant Dieu.: elle
voyé, en 1561, à Nismes, comme col- nommoil alors M"° de Lers laquelle se
lègue AeMauget, qui se plaignit bien- passant à Nismes quelque :
tôt qu'il empiétait sur ses fonctions. Il lafoudre la tua dans lelogistemps après,
de la pome.
en résulta des contestations que le La fille de Mutonis vit ses entrailles
consistoire ne put apaiser. Appelé à dans une cornue.
»