Vous êtes sur la page 1sur 580

La France protestante, ou

Vies des protestants français


qui se sont fait un nom dans
l'histoire depuis les premiers
[...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Haag, Eugène (1808-1868). Auteur du texte. La France
protestante, ou Vies des protestants français qui se sont fait un
nom dans l'histoire depuis les premiers temps de la réformation
jusqu'à la reconnaissance du principe de la liberté des cultes par
l'Assemblée nationale ; ouvrage précédé d'une Notice historique
sur le protestantisme en France ; suivi des Pièces justificatives et
rédigé sur des documents en grande partie inédits. L'Escale-
Mutonis / par MM. Eug. et Ém. Haag. 1846-1859.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées
dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-
753 du 17 juillet 1978 :
- La réutilisation non commerciale de ces contenus ou dans le cadre d’une publication académique ou scientifique
est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source
des contenus telle que précisée ci-après : « Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France » ou « Source
gallica.bnf.fr / BnF ».
- La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation
commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service ou toute autre
réutilisation des contenus générant directement des revenus : publication vendue (à l’exception des ouvrages
académiques ou scientifiques), une exposition, une production audiovisuelle, un service ou un produit payant, un
support à vocation promotionnelle etc.

CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE

2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété
des personnes publiques.

3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit :

- des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent
être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits.
- des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont
signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est
invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation.

4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et
suivants du code de la propriété intellectuelle.

5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de
réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec
le droit de ce pays.

6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur,
notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment
passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978.

7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter


utilisation.commerciale@bnf.fr.
LA FRANCE
PROTESTANTE

TOME VII
PARIS. — IMPRIMERIE DE J-.-B. GROS ET DONNAUD

RUE CASSETTE, 9
LA FRANCE
PROTESTANTE
OU

VIES DES PROTESTANTS FRANÇAIS


QUI SE SONT FAIT UN NOM DANS L'HISTOIRE

DEPUIS LES PREMIERS TEMPS DE LA RÉFORMATION


JUSQU'A LA RECONNAISSANCE DU PRINCIPE DE LA LIBERTÉ DES CULTES
PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE

OUVRAGE PRÉCÉDÉ

D'UNE NOTICE HISTORIQUE SUR LE PROTESTANTISME EN FRANCE

TOME VII
L'ESCALE — MUTONIS

PARIS
JOËL CHERBULIEZ, LIBRAIRE-EDITEUR
10, RUE DE LA MONNAIE, 10
GENÈVE, MÊME MAISON

1857
LA FRANCE

PROTESTANTE.

L.

L'ESCALE (JOSEPH-JUSTE DE), les Scaliger n'en ont pas besoin. Bien
ou della Scala, plus connu sous le que favorable a la réforme des abus de
nom de SCALIGER, que son père avait l'Eglise et « à demi luthérien », au té-
déjà illustré, naquit à Agen, dans la nuit moignage de son fils, Jules-César
du 4 au 5 août 1540, et mourut à Leyde, Scaliger n'appartient pas à la France
le 21 janvier 1609. protestante. Nous n'avons donc à nous
La famille de L'Escale était origi- occuper que de Joseph, le seul de ses
naire de l'Italie supérieure. Jules-Cé- nombreux enfants qui paraisse avoir
sar, le père de notre Joseph, est le embrassé les doctrines évangéliques (1 )
premier qui vint se fixer en France; il et le seul aussi qui sut dignement por-
faisait remonter son origine aux prin- ter son nom, en y ajoutant un nouveau
ces souverains de Vérone, et par eux à lustre.
Alain, le vainqueur d'Attila. De bons Joseph Scaliger était le dixième de
esprits ne répugnaient pas à admettre quinze enfants, dix filles et cinq gar-
cette descendance. Et en effet l'Italie çons, que son père eut de son mariage
n'a-t-elle pas été assez bouleversée par avec Andiette de Roques-Lobéjac. A
les révolutions pour faire monter les uns l'âge de 11 ans, il fut envoyé avec ses
et descendre les autres? Quoi qu'il en deux plus jeunes frères, Léonard et
soit de celte haute naissance, contestée
(1) Cependant l'éloge que Du Bartas fait de
et disputée avec tant d'acharnement de son frère aîné, Sylve, « que la Gascogne ho-
part et d'autre, nous ferons remarquer nore, » pourrait faire supposer qu'il était
que c'est aux yeux de la postérité le aussi protestant. On lit dans le Scaligerana :
moindre des titres de gloire des Scali- « Sylvius fuit doctus ; habitabat propè Bartas ;
erat negligens ; nihil scripsit ; liberos non re-
ger. Laissons les hochets aux enfants, liquit, etc. »
T. vu. 1856 1
LES -
Jean-Constant, au gymnase de Bor-
deaux, où professaient les célèbres
Muret et Buchanan (leur aîné, Sylve,
2 - LES
admiration pour lui lui faisait un devoir
de ne pas dégénérer. Il se rendit à Pa-
ris dans l'intention de suivre un cours
de grec, et s'adressa à Adrien Turnèbe.
les y avait précédés). Il y passa trois
années, sans que rien fit pressentir Mais la marche lente et méthodique du
ses étonnantes facultés. Une épidémie savant professeur, bonne pour des es-
ayant éclaté à Bordeaux, Scaliger rap- prits vulgaires, ne pouvait convenir à
pela ses fils auprès de lui, et depuis, un esprit aussi vif, à une intelligence
Joseph continua a travailler sous sa aussi prompte. Il renonça bientôt à ses
direction. Les hommes de lettres et les leçons, et, se renfermant dans son ca-
savants sont rarement de bons péda- binet, il s'appliqua à lire Homère, tout
gogues; comme ils ne s'appartiennent seul, à l'aide d'une traduction latine.
pas, ils ne sauraient se vouer aux au- En vingt-et-un jours, il eut achevé la
tres. Scaliger, à qui du reste l'âge et lecture de son auteur. Après deux an-
les maladies rendaient la tâche encore nées d'études poursuivies avec cette
,
possédait à fond toute la lit-
plus difficile, ne se montra ni plus dé- ardeur, il
voué ni plus habile. Dans le plan d'é- térature grecque , poètes, orateurs et
tudes qu'il adopta, si tant est qu'il en historiens, et il avait acquis une con-
eût adopté un, le jeune homme avait naissance parfaite de la langue sans le
tout à faire ; il fallait qu'il fût bien heu- secours d'aucun dictionnaire et sans
reusement doué pour retirer quelque autre grammaire que celle qu'il avait
fruit de ce genre d'éducation. Cepen- dressée pour son usage. Le suecès
dant son esprit d'analyse, aidé de sa l'encouragea à employer la même mé-
prodigieuse mémoire, suppléa à ce qui thode pour l'étude des langues sémi-
manquait a la méthode paternelle. A tiques. On conserve à la bibliothèque
force de copier les poésies latines de de Göttingue, sous le titre de Thésau-
son père, il finit par devenir lui-même rus lingues arabicoe [un à cum Supel-
poète, c'est-à-dire qu'il apprit assez lectile universa librorum orientali-
bien la facture du vers pour compo- bus linguis scriptorum], le msc. au-
ser, dès l'âge de 16 ans, une tragédie tographe d'un dictionnaire arabe qu'il
d'OEdipe qui lui valut des encourage- s'était composé et qui doit avoir servi
ments, et dont il se souvenait encore de base à celui de Rapheling. La Bi-
avec satisfaction dans un âge plus mûr, bliothèque nat. de Paris possède aussi
lien qu'il ne l'eût pas jugée digne de un Vocabulaire latin, par ordre alpha-
voir le jour. Outre ce labeur de copiste, bétique, entièrement écrit de sa main.
qui lui était imposé, le jeune homme, Il acquit ainsi la connaissance de treize
était tenu do faire chaquejour une nar- langues, tant anciennes que modernes.
ration latine sur un sujet à son choix. C'est ce que confirme Du Bartas:
C'était là le sérieux de ses travaux. On Scaliger, merveille de nostre âge,
comprend que ces exercices, sous un Le Soleil des sçavants, qui parle éloquemment
maître tel que son père, durent au L'Hébrieu, Grégeois, Romain, Hespagnol,
moins contribuer à lui former le style ; [Alemant,
François, Italien, Nubien, Art ique,
et, en effet, il en profita si bien que. Syriaque, Persan, Anglois et Cnaldaïque,
pour la pureté, la correction, l'élé- Et qui, chaméléon, transfigurer se peut,
0 riche, ô souple esprit! en tel autheur qu'il
gance, l'élève finit par surpasser le [veut :
maître. Mais on conviendra que ce n' é- Digne fils du grand Jule : et digne frère encore
tait ni le plus sûr ni le plus prompt De Sylve son aisné, que la Gascogne honore.
moyen de s'instruire. Pendant les quatre années qu'il con-
Tellesfurentles occupations du jeune sacra à Paris à ses études littéraires,
Scaliger, tant que vécut son père ; il Scaliger subit l'influence des idées nou-
entrait dans sa dix-neuvième année velles; il se rapprocha des Protestants
lorsqu'il le perdit (21 oct 1558). Son et suivit leurs assemblées religieuses.
LES — 3 LES

Il nous apprend que ce fut M. de Bu- sonne en qualité de secrétaire, et après
zanval (1), le frère du diplomate, « qui son retour en France, cet emploi étant
le mena au prêche durant les premiers devenu une sinécure, Scaliger se serait
troubles. » En 1562, il fut catéchisé acquitté envers lui en dirigeant l'édu-
« par M. de Chandieu jeune homme cation de ses fils. Le mot de contu-
et Mathieu Viret, » mais, à ce qu'il bernium dont il se sert dans sa Lettre
avoue, il n'était pas encore « bien in- sur l'antiquité de sa famille, ferait sup-
formé et assuré.» poser des rapports plus intimes que
L'aunée suivante, il entra dans la ceux de pédagogue ou de secrétaire,
maison de Louis Chastaigner, sieur de des relations d'égal à égal. « Ab anno
La Roche-Pozay, en Poitou; à quel ti- 1563, ex quq in tontubernio generosi
tre? on l'ignore; peut-être en qualité Ludovici Castanei Rupipozaei esse
de précepteur de ses enfants , comme coepi, écrit-il, adhanc usque diem, nul-
l'admettent M. Weiss, dans la Biogr. lum tempus mihi aut a peregrinationi-
univ., et M. Jacob Bernays dans sa sa- bus aut ab animi perturbationibus va-
vante notice sur Scaliger (en allem., cuum fuisse memini. » Quoi qu'il eu
Berlin, 1853, in-8°), ou plutôt à titre soit, Scaliger passa une grande partie
d'ami, comme le suppose M. Ch. Ni- de sa vie, et la partie la mieux em-
sard, dans son Triumvirat littéraire au ployée pour ses travaux littéraires, au
XVIe siècle. Non que nous pensionsavec sein de cette famille hospitalière,, ce
ce dernier écrivain que Scaliger fût qui lui fait dire que, depuis la mort de
trop fier pour devenir le précepteur son père, il vécut de charités (eleemo-
des fils d'un simple particulier, lui qui sinis). Dans une lettre datée de Rome,
ne l'était pas trop pour en accepter les 1596, Henri-Louis Chastaigner, entré
libéralités; mais parce qu'à l'époque dans les ordres,' lui écrivait : « Le grand
où il devint le commensal de Louis de respect que je vous porte, et le désir
La Roche-Pozay, les enfants de ce der- que j'ay de vous rendre quelque tesmoi-
nier (8 garçons, venus tout de suite, gnage de la souvenance que j'ay de vos
dit Scaliger comme s'il les avait vus bienfaits en mon endroict, m'ont fait
naître, et 3 filles) devaient être bien demander permission de vous escrire
jeunes (si toutefois ils étaient nés), ceste cy, tant pour vous rendre conte
pour avoir besoin d'un précepteur, de mondict silence, que pour vous as-
puisque, en 1594,c'est-à-dire plus de seurer comme, lorsque cessera le sus-
trente ans après, nous voyons encore dictempeschement [c'est-à-dire lorsque
Henri de La Roche-Pozay sur les bancs la brebis sera rentrée dans le bercail,
de l'école (2). On pourrait admettre que car la profession ecclésiastique lui dé-
Louis de La Roche-Pozay, à la veille fendait « estroictement la communica-
d'être envoyé en ambassade à Rome
(supposé que ce fait ne soit pas con- tianias, regis Henrici III desideriis apud Gre-
trouvé) (3), attacha Scaliger à sa per- gorium XIII et alios principes gloriosissimo
functo. » Nous soupçonnonsdonc les biogra-
(1) Il ne persévéra pasdans ses croyances. phes de Scaliger d'avoir commis un anachro-
(2) M. Filleau, dans ses généalogies des nisme. En tout cas, M. Bernays se trompe lors-
familles du poitou, le fait naître à Rome, le qu'il dit que ce fut le fils aîné de la famille
6 sept. 1577. qui fut nommé ambassadeur à Rome ; en 1565,
(3) M. Filleau, dans sa généalogie de la ce fils n'était vraisemblablement pas né. Voir
famille, ne par le pas de cette ambassade. le Scaligerana, au mot La Roche-Pozay. Pour
Selon lui, Louis de La Roche-Pozay accom- ce qui est de Niéron, il commet encore une
pagna le duc d'Anjou en Pologne, et revint plus grosse faute,lorsqu'il avance que Scaliger
en France avec ce prince, qui le chargea s'attacha à Louis Chastaigner, « qui fut depuis
« d'aller en son nom rendre au pape l'obé- évêque de Poitiers. » Voir dans les Epistres
dience filiale. » II fut rappelé en 1581, après frapçoises a Jos. de La Scala une lettre datée
avoir séjourné environ cinq années à Rome. de Fontainebleau,1608, où Henri-Louis Chas-
Scaliger, dans son épitaphe de ce seigneur, taigner marque à son ancien précopieur que,
ne fait pas non plus mention d'une ambassade depuis un au, le roi lui a donné la réserve de
antérieure ; « Multis legationibus pro chris- pet évêché.
LES — 4 — LES
lion de ceux qui sont hors de l'Eglise struire. Le docte Muret se montra bien-
catholique, apostolique, romaine,»] veillant pour lui et le mit en rapport
je feray en sorte, avec l'ayde de Dieu, avec une foule de savants. Cependant
que vous me recognoisterez le plus la reconnaissance de Scaliger ne tint
respectueux de vos vertus et le plus pas contre une petite malice que Muret
recognoissant disciple que vous ayez s'imagina de lui jouer pour mater un
jamais eu. » Quelques années plus tard, peu son amour-propre. Scaliger s'était
en 1607, il se plaignait de ce que, sur vanté de discerner à la première vue les
l'exemplaire de l'Eusèbe, dont Scaliger styles des divers âges littéraires de
lui avait fait hommage, il n'avait pas l'antiquité. Muret voulut en faire l'é-
écrit » au bout de son nom alumno — preuve, et lui faisant tenir quelques,
car c'est une qualité, dit-il , que je vers de sa façon, il les lui donna pour
tiendray toute ma vie aussi chère que un fragment inédit du vieux poète co-
celle que je prends de votre très-hum- mique Trabéa. Scaliger y fut pris, il
ble, etc. » Il ne saurait donc y avoir alla même jusqu'à désigner la pièce
de doute que Scaliger a eu pour élève d'où ces vers étaient tirés. Sa mortifi-
Henri de La Roche-Pozay; il nous ap- cation fut grande lorsqu'on lui prouva
prend même qu'il lut avec lui tout Ti- son erreur. Il n'était pas homme à par-
bulle. C'est du reste ce que confirme donner. On sait le trait sanglant qu'il
de Thou dans ses Mémoires . Après avoir lança au pauvre Muret :
dit que personne n'était plus éloigné
Scaliger de l'esprit de prosélytisme, Qui rigidse flammas evaserat antè Tolosae
que Rumetus [Muretus]fumos vendidit ille mihi.
il ajoute: «Louis, seigneur d'Abin,
de l'illustre maison Châteigner, qui Avant de quitter l'Italie, Scaliger
s'est acquitté avec tant d'honneur de eut la fantaisie de visiter la capitale de
l'ambassade de Rome, Jean, seigneur ses États, Vérone. Mais dans la crainte
da La Rocheposai, et [Henri-] Louis, que les usurpateurs de sa principauté
évêque de Poitiers, ses fils, en sont ne lui fissent un mauvais parti, il eut
des témoins irréprochables. Instruits soin de changer de nom. « Si les Vé-
l'un et l'autre dans la maison paternelle nitiens me tenaient, disait-il naïvement,
par cet homme célèbre (le dernier par- ils me coudraient dans un sac. » A la
ticulièrement ayant demeuré long- faveur de son déguisement, il échappa
temps [un an] avec lui en Hollande), aux sbires et il put retremper tout à
s'ils sont sortis de ses mains plus sa- son aise son orgueil dynastique aux
vans, ils n'en ont pas été moins atta- tombeaux de ses pères. Il rapporta de
chés à la religion de leurs ancêtres. » sou voyage un recueil d'inscriptions
Ce fut dans sa retraite du Poitou, qu'il augmenta par la suite, et dont il
qu'il écrivit son premier ouvrage, ses fit présent à Gruter. Ce dernier en fit
Commentaires sur Varron, oeuvre d'un usage dans le Thesaurus, inscriptio-
jeune homme qui lui attira quelques num qu'il publia à Heidelberg, en 1602,
ennemis, mais où l'on remarquait déjà et pour lequel Scaliger ne dédaigna
l'étonnantesagacité du philologue et du pas de composer l'Index : travail in-
critique. En 1565, il accompagna à grat qui lui prit près d'une année en-
Rome Louis de La Roche-Pozay. Loin tière. Les notes et les corrections qui
dé le ramener dans le giron du catho- se lisent à la suite de l'Index sont aussi
licisme, l'aspect des moeurs de la ville de lui.
sainte lui enleva ses derniers scrupu- A son retour d'Italie, il alla visiter
les. Ce fut pendant son séjour à Rome l'Angleterre et l'Ecosse (1); puis il
qu'il entendit sa dernière messe. Il passa (1) Probablement avec son patron. Hen-
eu Italie la plus grande partie des an- ri Châtaigner, dans une de ses lettres, nous
nées 1565 et ,1556, recherchant avec apprend que Scaliger accompagna son porc
avidité toutes les occasions de s'in- en tous voyages, hormis depuis qu'il avoit
commencé a tirer sur l'aage.
LES — 5 — LES
revint dans le Poitou, où il reprit ses Son séjour à l'université de Valence
travaux. Mais nos dissensions reli- fut encore marqué par la liaison qu'il
gieuses ne tardèrent pas à troubler son y contracta avec le célèbre de Thou,
repos. Il paraîtrait même qu'il prit une liaison qui dura jusqu'à la fin de sa vie.
part active à la troisième guerre de re- Nous rapporterons l'éloge que de Thou
ligion(1569). Quamdiu fui in militiâ, fait de son ami dans ses Mémoires.
dit-il dans une lettre à P. Pithou, sous « Ce fut à Valence que commença son
la date de 1571. A la suite de nos amitié pour Joseph Scaliger, venu ex-
troubles civils, il perdit la plus grande près dans celte ville avec Louis de
partie de ce qui lui restait de son pa- Monjosieu et George Du Bourg, pour
trimoine, et plusieurs de ses amis pé- voir Cujas, qui l'en avoit prié. Cette
rirent dans les combats. Alors, dé- amitié, née dans la conversation, s'aug-
goûté de la vie et presque aussi de la menta toujours, et se conserva depuis,
science, il se rendit à Valence auprès ou par lettres, ou par un commerce
de Cujas (1570) : « Veni ex illâ [Agen] plus étroit, pendant trente-huit ans
Valentiam, écrivait-il à Pilhou, hoc sans interruption. Il ne pouvoit cacher
est ex turbulentissimis fluctibus in sa joie, quand des esprits d'un carac-
tranquillissimum omnium virtutum et tère aussi violent que malin lui repro-
humanarum literarum portant, Jac. choient cette liaison. Il se faisoit hon-
Cujacium, qui me ex illâ navi jam nau- neur en public de leurs médisances. Le
seantem omnibonorum studiorum gus- souvenir d'un commerce si doux, si
tu refecit, languentemque recreavit et honnête et si savant lui étoit si cher,
jam propè deploratum, imo et mihi qu'il disoit souvent que si Dieu lui en
meisque rebus omnibus diffidentem, ad donnoit le choix, il étoit tout prêt de le
lucem iterum revocavit. » Cujas ayant racheter aux dépens des mêmes repro-
donc relevé son courage, l'engagea à ches, des mêmes traverses et des mêmes
se livrer à l'étude du droit romain. outrages que leur haine injuste lui
L'élève fit en peu de temps de tels avoit attirés; que c'étoit là toute la
progrès, que le maître lui proposa de réponse qu'il avoit à faire à leurs in-
devenir son collègue. Mais Scaliger dignes calomnies. » Un homme qui
n'entendait pas renoncer à ses chères inspirait de tels sentiments d'amitié,
études pour se perdre dans le labyrin- ne devait pas être un égoïste, comme
the de ce qu'il appelait la chicanerie. on l'en a accusé.
La riche collection de mss. du savant Ce fut à la recommandation de Cujas
jurisconsultelui fut d'un grand secours. que l'évêque de Valence, Montluc, in-
Cujas lui-même prenait un vif intérêt à vita Scaliger à l'accompagner en Po-
ses travaux philologiques. Ce fut, dit- logne en qualité de secrétaire. Il lui
on, à sa sollicitation — car la chasteté avait donné rendez-vous à Strasbourg.
n'était pas la vertu du siècle, — qu'il Arrivé dans cette ville, Scaliger y ap-
publia les Catalectes et les Priapées. prit le massacre de la Saint-Barthélémy,
Une admiration réciproque cimenta leur et il s'empressa de retourner en Suisse.
amitié, qui résista aux vicissitudes du De son côté, l'évêque de Valence, dont
temps, et aux susceptibilités de l'a- la catholicité était plus que suspecte,
mour-propre. Doctissimus J. Scaliger courut les plus grands dangers dans
a quo pudet dissentire, écrivait Cujas son voyage. Arrêté à Verdun par un
dans ses Paratitles sur le Digeste, et de ses confrères ecclésiastiques qui
dans une. lettre à Loisel, peu après la convoitait son évêché et qui espérait
perte de son fils, en 1581, « J'ai céans se débarrasser de lui à petit bruit, il
M. de La Scala, de qui la douce com- ne fut remis en liberté que sur un
pagnie m'a tiré du sépulchre où j'étois ordre exprès de la Cour. Son désap-
misérablement tombé et m'a essuyé pointement fut grand lorsqu'il ne
une partie de mes piteuses larmes. » trouva plus personne au rendez-vous
LES -6- LES
(Voy. BAZIN). Au retour de son am- Il y fut reçu habitant, le 8 sept. 1572.
bassade, il écrivit à Scaliger : « M. de Au rapport de l'historien du Dau-
l'Escale, le ait Henry Estienne, que phiné Chorier, Scaliger se serait
je vis à Francfort à mon voyage de trouvé , à Valence (1) lors de la Saint-
Pologne, ne vous aura pas célé, comme Barthélémy, et cette opinion serait con-
je croy, le regret que j'avois que je ne firmée par de Thou ( Voy. GROULART),
fusse venu à temps pour vous trouver si l'on devait ajouter foi aux révéla-
à Strasbourg, et rejectois toute la tions du Thuana (on se défie naturelle-
faulte sur ce que j'avois esté retenu ment des gens qui écoutent aux portes).
prisonnier à Verdun, et sur la timidité et Nous-même, nous avons suivi cette
précipitation de l'abbé de Sainct-Ruffy version dans nos articles CUJAS et
[neveu de l'évêque, Voy. LEBEY] qui BONNEFOI. Mais la lettre de l'évêque
vous avoit contrainct de vous en re- de Valence, dont nous avons rapporté
tourner, ainsi que bien amplement m'a- un fragment, prouve jusqu'à l'évidence
voit fait entendre M. Sturme, qui me que Chorier a commis une erreur.
donna telle asseurance de vostre bonne Scaliger était à Lausanne le 24 août
volonté que je vous en suis et seray (Voy. le Scaligerana), et c'est de cette
tousjours obligé. » Dans cette lettre ville qu'ignorant les événements de
(12 sept. 1574), Montluc se plaint Paris, il se mit en route pour Stras-
d'un pamphlet, publié sous le nom sup- bourg. M. Ch. Nisard, sans doute pour
posé de Furmster, où on l'accusait concilier les deux versions, admet que
d'avoir trempé dans les massacres de Scaliger , immédiatement après son
la Saint-Barthélémy, Ses plaintes arrivée à Genève, en serait reparti pour
pourraient faire croire qu'il soupçon- retourner à Valence. « Cette ville, dit-
nait Scaliger ou un de ses amis d'en il, était alors en proie à une agitation
être l'auteur. Il n'en était rien; on sait extraordinaire; les passions religieuses
que c'était l'oeuvre de Donean. Scali- y étaient frémissantes ; Ennemond
ger dédia à Montluc son travail sur Bonnefoy, savant professeur de droit
Festus comme un témoignage d'estime et calviniste, avait dû s'y soustraire
qui devait dissiper tous ses soupçons : par la fuite. Scaliger, arrivant au plus
il n'était pas homme à dissimuler ses fort de cette effervescence, fit comme
sentiments : il avait appris dès l'en- Bonnefoy et regagna Genève en toute
fance à détester le mensonge. Son hor- hâte. » Ce moyen terme ne nous semble
reur de Médicis et de ses dignes, fils pas admissible. Le signal des massacres
lui arracha un cri de guerre, bien plu- dans le Midi venait de partir de Lyon,
tôt qu'un cri de douleur. Th. de Bèze dans la nuit du 28 au 29 août; le Rhône,
lui-même jugea imprudent de mettre teint de sang, en avait porté la nouvelle
au jour les vers acerbes, qu'il écrivit sur à Valence ; les coeurs les plus fermes
la mort de Coligny. Plus de trente étaient dans l'abattement, et certes ce
ans après l'événement, en 1606, son n'est pas le moment que Scaliger. eût
Indignation était encore tellement fré- choisi pour rentrer en France. On n'a-
missante dans son coeur d'honnête bandonne pas le port, quand la tempête
homme, qu'ayant composé l'épitaphe est déchaînée.
de l'amiral, à la demande de fille, Désirant le fixer parmi eux, les Ge-
sa
la princesse d'Orange, on fut forcé de névois lui offrirent une chaire de phi-
l'accommoder à la prudence du siècle. losophie. Après quelques hésitations,
Après son départ précipité de Stras- il accepta. M. Weiss et M. Nisard pré-
bourg, Scaliger se réfugia à Genève. tendent à tort qu'il maintint son premier
Quare metu dejectus, obsitus luctu,
refus. M. Bernays admet, au contraire,
Atratus, exspes, in tuum sinum fugi, qu'il professa pendant un an à l'acadé-
Geneva, quae me patriae exulem terrae (1) D'après Heinsius, dans
Blanda atque amica caritate fovisti. son Oraison fu-
nèbre, il se trouvait à Paris.
LES — 7
— LES
mie de Genève, et il apporte à l'appui faire dire des choses qu'ils n'avaient
de son opinion une foule de fort bonnes point dites. C'est ce que remarque
raisons. Le document que nous allons Bayle : « Sa profonde littérature était
citer, lèvera tous les doutes. D'après cause qu'il voyait mille rapports entre
les Registres de la Compagnie des pas- les pensées d'un auteur et quelque point
teurs (Reg. A), Scaliger fut élu pro- rare de l'antiquité : de sorte qu'il s'i-
fesseur le 31 Octobre 1572 et il ne maginait que son auteur avait fait quel-
demanda et n'obtint son congé ,
qu'en que allusion à ce point d'antiquité, et
septembre 1574(1). Il occupa donc sa sur ce pied-là; il corrigeait un passage.
chaire l'espace de vingt-deux mois. Si l'on n'aime mieux s'imaginer que
Pendant ce tems, il lut à ses élèves l'envie d'éclaircir un mystère d'érudi-
l'Organon d'Aristote et le De finibus tion inconnu aux autres critiques,
bonorum de Cicéron. Il allait aborder l'engageait à supposer qu'il se trouvait*
la physique « lorsque Dieu l'appela à dans tel ou tel passage. Quoi qu'il en
de plus grandes choses, » car il n'était soit, les commentaires qui viennent de
pas propre « à caqueter en chaire et lui sont pleins de conjectures hardies,
pédanter. » ingénieuses et fort savantes; mais il
Scaliger retourna dans la famille de n'est guère apparent que les auteurs
son Mécènes, au château d'Abain. Le aient songé à tout ce qu'il leur fait
temps de son exil n'avait pas été perdu. dire, » Cette critique est sans douta
Sa publication d'Ausonne date de cette fondée, mais elle a le tort d'être trop
époque; son Festus suivit de près ; les générale. Ces abus de pouvoir étaient
Elégiaques, enfin, vinrent clore cette inévitables. Le même reproche a été
brillante série de travaux philologiques. adressé à chaque meilleur critique du
Sur tous ces ouvrages, les âges de bar- XVIe siècle, à Lambin, à Turnèbe, à
barie avaient laissé leur empreinte. Le Juste-Lipse, à Henri Estienne, à Cu-
mérite éminent de Scaliger comme jas, etc. Au jugement de M. Weiss,
scoliaste a été dignement apprécié par Scaliger « malgré ses fautes nombreu-
tous les hommes compétents, non seu- ses, n'en reste pas moins l'un de nos
lement de son siècle, mais des siècles premiers philologues ; aussi savant
suivants; protestants ou catholiques, latiniste que Juste-Lipse, il lui était
amis ou ennemis, tous ont admiré la bien supérieur dans la connaissance
sagacité de son esprit et l'étendue de du grec, et Ruhneken le regarde
son savoir. Le grand Saumaise lui- comme le chef et le maître de cette
même, un autre Scaliger, a écrit « que suite nombreuse d'illustres critiques
les siècles futurs ne produiraientjamais dont les talents ont brillé d'un si grand
son semblable et que, dans les siècles éclat en Hollande, au XVIIe siècle. »
passés, personne ne l'avait égalé. » Il Bientôt Scaliger passa à un autre
savait rétablir lés textes les plus cor- ordre de travaux. Aucune science ne
rompus; les auteurs renaissaient sur lui était étrangère, et s'il ne tenait pas
sa plume; mais il lui arriva souvent de toujours le premier rang, au moins
leur prêter son propre génie et de leur n'était-il pas déplacé parmi ceux qui le
tenaient. Nous ne parlerons pas de la
(1) Sénebier, du reste, avait déjà men- pointe qu'il fit sur les terres de Mes-
tionné le fait; selon lui, il sollicita son
congé à l'occasion de la mort de sa mère. sieurs de la Faculté (1578), et qui
Rien n'autorise à admettre que Scaliger ait souleva les susceptibilités de plusieurs
de nouveau professé à Genève, en 1578, vieux docteurs qui ne comprenaient
comme pourraient le faire croire deux lettres
de Gifanius, que Burmann, dans son Sylloge pas qu'un simple grammairien pût leur
epistolarum, suppose à tort avoir été écrites en remontrer sur leur art. Nous passe-
cette année, car il y est parlé de Bonnefoi rons de suite à ses travaux sur l'astro-
comme étant encore en vie, et en 1578 ce ju- nomie et la connaissance des temps.
risconsulte était mort depuis 4 ans (8 févr.
1574). Son édition du poète Manilius (1579)
LES -8- LES
lui ouvrit une nouvelle carrière de Il donna lieu à une sorte d'armistice
gloire, en même temps qu'un nouveau entre Scaliger et ses critiques, pendant
champ de combats. Sa réputation était lequel, tout le monde parut d'accord
telle que plus d'un petit savant pen- pour admirer son oeuvre et l'en laisser
sait se grandir en provoquant ses at- jouir lui-même en repos. » Mais comme
taques. Quant à lui, bien convaincu de. nous l'avons dit, cette trêve fut courte,
sa supériorité, il n'entendait pas que elle dura le temps de préparer les ar-
l'on portât la main sur sa couronne, mes. Inutile de dire que le livre fut mis
et même ses amis devaient user de à l'Index.
toute sorte de ménagements pour ne Après ce suprême effort d'érudition,
pas froisser son orgueil; plusieurs Scaliger parut se reposer. Il continua
d'entre eux restèrent parmi les blessés à vivre au sein de la famille de Louis d'A-
et entre autres Du Ion, savant estima- bain, ne s'en éloignant que pour faire
ble, qui eut la hardiesse de donner, de temps en temps de courtes excur-
après lui, une nouvelle édition de Ma- sions. En 1583, il était à Nérac, où il
nilius. Dans ce savant ouvrage, Scali- fut reçu en audience par le roi de Na-
ger n'avait pas tant, en vue de rétablirle varre; l'année suivante, nous le voyons
texte de son auteur, que de faire con- à Paris; enfin, en 1586, il fit un voyage
naître l'état de la science astronomique en Provence. Les dernières années
chez les Anciens. A l'apparition de ce qu'il passa en France furent troublées
livre, ce fut au tour des mathématiciens par nos dissensions civiles. Sans être
de jeter les hauts cris. Chacune des fanatique et intolérant, il était très-zélé
publications de Scaliger soulevait une' pour sa religion, et c'était plus qu'il
tempête. Cependant, loin de le détour- n'en fallait pour être en butte à la haine.
ner de ses travaux , le bruit semblait Dans ces malheureux temps, il n'y a-
l'exciter. On était encore au fort de la vait d'asile nulle part, pas même dans
mêlée, lorsqu'il fit paraître le plus sa- le for intérieur. Les Titans avaient es-
vant de ses savants ouvrages, son li- caladé le Ciel, et l'homme s'était mis à
vre sur la Réforme des temps (1583) (1). la place de Dieu.
Ses ennemis les Jésuites ne se contin- Après avoir perdu Juste-Lipse, qui
rent plus; il y eut dans leur camp des venait de faire sa paix avec les enfants
larmes de rage. Scaliger avait dédié de Loyola et de rentrer en grâce, les
son livre au président de Harlay, chargé curateurs de l'académie de Leyde je-
de mettre en vigueur le calendrier gré- tèrent les yeux sur Scaliger pour le
gorien; le président ne le remercia remplacer. Les Etats-Généraux et le
même pas. Il y avait sans doute dans prince Maurice se joignirent à eux pour
la critique qu'il faisait de la réforme l'en solliciter. On savait sa répugnance
grégorienne un peu de passion hugue- à accepter des fonctions publiques. On
notte, mais, ce défaut à part, son livre mit tout en oeuvre pour en triompher,
était un chef-d'oeuvre d'érudition; il on le prit habilement par ses défauts,
laissait bien loin derrière lui les travaux oh s'adressa tour à tour à son orgueil
des Béroalde, des Mercator, et de tous de patricien, à sa vanité de savant. Un
ceux qui avaient écrit sur la chronolo- jeune professeur, Gérard Tuning, lui
gie. Sa connaissance des sources orien- fut député (oct. 1591), chargé de let-
tales lui avait ouvert une mine à tres et de dépêches. Il avait pour mis-
peu
près inconnue avant lui. « Le succès sion de se rendre auprès de Henri IV,
de ce livre fut immense, dit M. Nisard. alors occupé au siége de Rouen, afin
d'obtenir son consentement. A cette
(1) Ce travail de géant lui prit moins de époque de régénération, les hommes
trois années : Opus, dit-il, in Biturigibus in- de la trempe de Scaliger ne s'apparte-
stitutum [en 1581, il était à Bourges auprès
de Cujas], in Lemovicibus affectum, in Pic- naient pas, ils étaient comme la pro-
tonibus ad exitum perduxi. priété de l'Etat. Henri, qui avait
peu de
LES — 9 — LES
penchant pour les savants, fut charmé fusa, non qu'il s'estimât « trop prince
de pouvoir obliger, à si peu de frais, lui-même pour demeurer à la cour à
ses bons amis les Hollandais; il écri- titre de domestique d'un prince, »
vit à Scaliger pour le presser, en son mais parce qu'il mettait son indépen-
nom, d'accepter les offres des Etats- dance au-dessus des honneurs et des
Généraux. Muni d'un sauf-conduit (3 richesses, et comme il le dit lui-même,
déc.), le docteur Tuning se rendit parce qu'il « ne voulait point être
au château de Preuilly, en Touraine, courtisan; il honorait les Grands, mais
où résidait alors notre savant. Mais é- il n'aimait point les grandeurs. » Au
tant tombé en route entre les mains surplus, si cette raison n'avait pas été
d'un parti de Ligueurs, il fut entière- suffisante, une autre considération très-
ment dévalisé. Arrivé au terme de son importante eût pu le décider à un re-
voyage, il ne put faire connaître que fus. Catherine de La Trémoille était
verbalement le contenu de ses dépê- encore sous le coup d'une accusation
ches (1). Scaliger fut très flatté de infamante (Voy. II, p. 472 et suiv. ),
l'honneur qu'on lui faisait; mais il ne et Scaliger n'était pas homme à croire
se croyait pas propre à l'enseignement que la noblesse lavât le crime.
public, et il résista à toutes les instan- Les Hollandais, de leur côté, ne. se
ces; il écrivit dans ce sens au prince découragèrent pas. Une correspon-
Maurice (20 janv. 1592) sans engager dance s'était établie entre le docteur
toutefois l'avenir. Tuning et Scaliger. On faisait jouer
Sur ces entrefaites, quelques amis toutes les mines pour vaincre sa résis-
qui voyaient avec peine que la France tance ; on allait au-devant de tous ses
perdit le plus beau fleuron de sa cou- désirs ; on prévoyait toutes ses répu-
ronne littéraire, et de ce nombre le sage gnances. Jamais affaire d'État ne fut
Du Plessis-Mornay, firent une tenta- conduite avec plus d'habileté et de
tive auprès de Scaliger pour le retenir. persévérance. Heureux les pays où la
A leur instigation, et avec l'agrément possession d'un savant est disputée
de Henri IV, la princesse de Condé, avec plus d'ardeur que la possession
Catherine de La Trémoille, le pressa d'un territoire ! A la fin, on ne lui de-
de se charger de l'éducation de son manda plus que d'aller se fixer à Leyde,
fils, alors âgé de 4 ans ! (2). « Ne refu- en le dispensant de toutes les charges
sez donc, je vous prie, lui écrivait la du professorat. On lui faisait la posi-
princesse, de servir au Roy mon sei- tion la plus honorable en même temps
gneur en ceste occasion, lequel je sçay que la plus indépendante. Il devait
avoir ceste volonté, et d'obliger toute marcher de pair avec le recteur. Tant
ceste France à vous. Pour mon parti- de bienveillance surmonta enfin ses
culier, j'estimeray atteindre au comble dernières hésitations; il accepta. Hen-
de ma plus grande félicité si je puisse ri IV lui écrivit pour l'en féliciter. Il se
acquérir ce thrésor à mon fils ; faisant mit en route dans l'été de 1593, em-
peu d'estat de toutes les grandeurs du menant avec lui le jeune Chastai-
monde si elles ne sont accompagnées gner (1), et alla s'embarquer à Dieppe.
de la vertu. » Et la princesse terminait
(1) Le père du jeune homme, qui était au
en se disant sa très-affectionnée et obli- camp d'Auzances avec son fils aîné Jean,
gée amye. Tout autre que Scaliger eût écrivit k Scaliger (21 juin) pour s'excuser de
peut-être accepté des offres aussi flat- ne pouvoir lui aller dire adieu, " et vous as-
teuses que brillantes ; pour lui, il re- seurer, lui dit-il, de la puissance qu'avez sur
moy, qui ne fera jamais que moy et les miens
ne nous resentions de tant de faveur que nous
(1) Elles sont reproduites, avec la réponse avons receu et recevons ordinairement de
de Scaliger, à la suite de ses Epistoloe. vous, et que ne désirions vous en rendre toutes
(2) Sa lettre n'est pas datée ; on la trouve nos vies perpétuel service. » Et dans une lettre
parmi les Epistres françoises à Joseph de La précédente, du 23 mai : « Le plus grand heur,
Scala, lui disait-il, que je pourray jamais avoir en
LES - 10 — LES
de ce siècle) lui fit rompre avec quel-
Le roi avait donné ordre aux gouver-
neurs des villes par où il passerait, de ques-uns de ses amis. Mais il n'était
le faire escorter, de crainte qu'il ne rien moins qu'égoïste dans son com-
tombât entre les mains des Ligueurs merce avec eux, il se mettait volontiers
qui tenaient encore la campagne. à leur service, il leur communiquait
Dans les premiers temps de son séjour avec libéralité le fruit de ses travaux.
à Leyde, Scaliger éprouva un dérange- Casaubon nous apprend que Scaliger
ment dans sa santé qui lui fit craindre était consulté comme un oracle, et que
de ne pouvoir s'acclimater ; ses forces si l'on réunissait tout ce que ses amis
déclinaient sensiblement ; la mélanco- lui doivent, on en pourrait composer
lie s'emparait de lui. Mais après ce un gros volume. Il leur dispensait li-
premier tribut payé à un ciel étranger, berali manu quicquid magno sudore
dans un âge où l'on rompt difficilement quoesiverat. Et ce qui doublait le prix
le cours de ses habitudes, il retrouva du service, c'est qu'il paraissait l'ac-
son assiette, et renonça bientôt à toute cepter plutôt que le rendre. Il admet-
pensée de retour. Les relations qu'il tait aussi la contradiction, mais il y
noua avec les personnages les plus voulait des formes, et il ne souffrait
considérables du pays, avec l'infor- pas que l'on chantât victoire quand il
tuné Barneveldt, avec notre ambassa- arrivait qu'on le prît en faute, c'est-à-
deur Choart de Buzanval , contri- dire qu'il n'entendait pas que l'on se
buèrent à adoucir son exil. La famille grandît à ses dépens. Il conserva jus-
de Dousa était comme la sienne. La qu'à la fin de sa vie tous ceux de ses
veuve du prince Guillaume, Louise amis qui étaient dignes de ce nom.
de Coligny, l'entourait de prévenan- Pour faire naître une amitié telle que
ces (1). Le prince Maurice le traitait celle de Casaubon, il ne fallait certes
avec bonté et respect. « Maurice n'est pas avoirle coeur sec. Ces deux savants
point glorieux, lui font dire les frères ne se virent jamais, et cependant ja-
Vassan, je ne le vay saluer que deux mais il n'y eut entre eux le plus léger
ou trois fois l'année; il n'y prend plus refroidissement. Ils s'aimaient autant
garde et ne s'en soucie pas ; s'il étoit qu'ils s'estimaient. Un jour qu'à force
comme les autres, il m'y faudroit aller d'économie, Casaubon était parvenu à
souvent. Quand je vay à la Haye, son mettre de côté de quoi faire le voyage
Exc. me fait toujours asseoir à table de la Hollande, et faisait espérer sa vi-
auprès de lui, même devant ses cou- site à son ami, il faut voir avec quelle
sins. » sollicitudeScaliger caressait cette douce
On a accusé Scaliger de sécheresse pensée ! On eût dit un père qui attend
de coeur. Cette accusation ne nous pa- son fils.
rait pas fondée. Il est bien vrai que son Bien qu'il ne professât pas, son sé-
amour-propre (qui était excessif chez jour à Leyde ne fut pas sans influence
lui comme chez la plupart des savants sur les études. Une foule de jeunes
ce monde est que nous puissions passer notre gens, attirés par sa présence, y accou-
vieillesse ensemble. » Ce voeu ne fut pas exau- raient de toutes les parties de l'Europe.
ce : il mourut bientôt après, le 29 sept. 1595, Il les accueillait avec bienveillance, et
à l'âge de 60 ans. plusieurs jeunes savants, tels que Hein-
(1 ) Huet raconte une petite anecdote qui
fait voir dans quels termes Scaliger était avec sius, furent formés par lui. Sa première
cette princesse. Jacq. de Cahaignes, recteur publication en Hollande ne fut pas heu-
de l'université de Caen, avait profité du
départ de son parent, Estienne. de Cahaignes, reuse ; elle eûtpu jeter quelque décon-
qui se rendait a l'académie de Leyde, pour sidération sur l'auteur de la Réforme
envoyer a Scaliger « une bourse en broderie des temps. Il s'imagina avoir trouvé
d'or. » Au moment où le jeune homme s'ac- la solution du problème de la quadra-
quittait de sa commission, la princesse sur-
vint, et, comme elle admirait le travail, ture du cercle, cette pierre philosophale
Scaliger la pria de l'accepter. des mathématiciens, et fit paraître
ses
LES -
Eléments de cyclométrie, qu'il dédia aux
11 — LES
tré, écrivait-il à Scaliger, vous vouloir
curateurs de l'académie et aux bourg- gratifier de la pension de deux mille
mestres de la ville. Il se croyait bien livres, demourant en ce pays, ou de
sûr de son triomphe. En même temps, trois mille si retournez en France et
et comme pour faire la partie plus belle semble qu'elle désire plus le dernier. "
aux rieurs, il eut la malheureuse idée Trois fois l'ambassadeur revint à la
de publier sa lettre à Dousa sur l'Anti- charge, et trois fois Scaliger, qui n'é-
quité de sa race. Quoique écrite avec tait pas homme à trafiquer de sa con-
une certaine candeur, et par un homme science, repoussa ses avances. Chaque
convaincu, cette lettre allait lui attirer jour, notre savant en voyant le mal-
toute sorte d'outrages. Il y eut dans le heureux état de la France, s'applaudis-
camp ennemi des tressaillements de sait davantage de la résolution qu'il
joie. Mais il se passa quelque temps avait prise. «Malheureuse France, ex-
avant que le gros de l'orage éclatât. posée aux outrages de tant de fripons !
On se contenta d'abord d'escarmoucher. écrivait-il à Casaubon. Là, pisces minu-
Le Savant mathématicien Viète, qui fut tos magnus [Henri IV?] comest; là, les
un des tenants, alla jusqu'à menacer magistrats s'engraissent du sang des
maître Joseph de L'Escale, docteur malheureux, et ce qui, à mon seus, sera
en grammaire, d'un procès en diffama- encore plus pernicieux, c'est que mal-
tion. Scaliger se tut. Etait-ce mépris gré le grand éclat que jette la vérité,
de la part de Viète? non; car après le les ténèbres du mensonge tiennent dans
combat, il eut la sincérité d'exprimer l'ombre les hommes sages et clair-
devant Casaubon toute son admiration voyants. Nulle part ailleurs on ne voit
pour son adversaire. « Quicquid hujus autant de moines et de prestolets. Cha-
sit, tanta me illius portentosissimi in- que jour, dans notre Aquitaine, dans
genii incessit admiratio, ut auctores la Narbonaise, semultiplientdes essaims
rerum mathematicarum , prasertim de Loyolites, et, ce qui n'est pas dou-
gracos, solum Scaligerum perfectè pu- teux, ou ils seront bientôt réintégrés
tem intelligere. » Puis il ajouta : « Plu- dans leur ancien nid de Paris, ou ils
ris se Scaligerum vel errantem facere, y rentreront de force. Sans tous ces
quàm multos y.avop6oùvTaç.» Cependant inconvénients auxquels est exposé tout
les Jésuites fouissaient leurs mines. honnête homme en France, et nulle
Une de leurs armes familières fut tou- part ailleurs-qu'en France, je me serais
jours la calomnie : petit péché que la retiré depuis longtemps avec mes Mu-
fin justifie. Ils répandirent le bruit que ses dans mon camp d'Aquitaine, et à
Scaliger n'attendait plus que l'occasion défaut d'autres avantages, j'aurais au
pour faire sa paix avec décence. On en moins celui d'y dresser mon grabat-
administrait la preuve. En 1604, le mé- dans ce coin où mon vieux et vénérable
decin Vertunien (1 ) lui faisait savoir « la père, que l'Aquitaine fut indigne de pos-
jactance que faisoit le Père Cotton de séder, a composé tant d'ouvrages (1).»
le gagner par vaines promesses et at- Notre savant ne tarda pas à se rele-
tirer à Paris pour le faire révolter, ainsi ver honorablement de sa chute. Indé-
que lui avoient appris Messieurs Du pendamment de quelques publications
Plessis-Momay, de La Noue, St-Ger- moins importantes, Publius Syrus, As-
main, député des églises près du Roy, (1) Mêmes regrets sur le triste état de la
et d'Aubigny, qui le prièrent... de l'en France dans une lettre du 15 juin 1603, dont
advertir, et que c'estoit la crainte qu'a- L'Estoile rapporte un fragment : « Somme
voyent les Jésuites que son Eusèbe toute, il ne faut que mal faire en France pour
avoir du bien ; mais faire du bien pour avoir
descouvrît le pot aux roses. » L'am- du bien, je crois qu'il y a longtemps que la
bassadeurJeannin fut même chargé d'y coustume en est perdue. Qui a jamais veu un
mettre la main. «Sa Majesté a mons- siècle si corrompu ? changemens si inopinez,
aveuglemens si incroyables ! Il n'y a remède :
(1) Aussi appelé Saint-Vertunien Omne in praecipiti vitium ctetit. »
LES 12 LES
— —
trampsychus,Apulée, il donna, à quel- la bouche ; quand la colère l'empor-
années de distance, de nouvelles tait, il en parlait le langage. C'était
ques
éditions, considérablement améliorées, dans les moeurs du temps (1). A la fin,
de ses trois principaux ouvrages, la Ré- sentant leur impuissance sur le terrain
forme des tems, Manilius et Catulle. Eu de la science, les' Jésuites prirent un
même temps, il recueillait de tous côtés biais et se jetèrent sur sa vie privée.
des matériaux pour une édition de la Sur ce terrain-là, la calomnie avait au
Chronique d'Eusèbe. On sait que l'on moins ses coudées franches. On est
ne possède de cet ouvrage que la tra- toujours dans lemédisance.vrai aux yeux de ceux
duction latine qui en a été donnée par qui aiment la En 1605,
saint Jérôme. Scaliger faisait peu de cas parut l'Amphitheatrum honoris du jé-
de ce saint et des Pères en général; les suite Scribani, sceleratissime doctus
Protestants eux-mêmes étaient scanda- et doctissimè sceleratus, comme le
lisés du sans-façon avec lequel il en qualifiait un jour un honneste homme
parlait. « Je ne me ferois jamais chré- devant L'Estoile. Voici le jugement
tien à lire les Pères, disait-il, ils ont qu'en porte M. Nisard : «Aussi vio-
beaucoup de fadaises.» Il travaillait à lent que licencieux, l'Amphitheatrum
cet ouvrage avec l'ardeur d'un jeune honoris, dans une société réglée, eût
homme qui a à conquérir sa place au dû faire chasser l'auteur du pays,
soleil. A force de veilles, il avait perdu comme Archiloque le fut jadis de plu-
le sommeil. Il avait en main sept ou sieurs villes de la Grèce, et la lecture
huit manuscrits d'Eusèbe, et il en sol- en être interdite comme on interdit à
licitait encore auprès de ses amis. « La Sparte la lecture des iambes du sati-
plupart de ces manuscrits se contredi- rique grec. On est pénétré de dégoût
sant, dit M. Nisard, le seul fait de les à l'aspect de cet amas d'ordures et de
collationner et de les mettre d'accord turpitudes, fruits d'une imagination en
exigeait une force de volonté secondée délire, et qui se dédommage, en se
d'une intelligence telle, que Scaliger prostituant, de la compression que le
était sans comparaison le seul en état respect des voeux monastiques a im-
de l'exécuter. » Avant même que sou posée à la matière et aux sens ; on est
ouvrage eût été achevé, ses ennemis révolté du zèle que déploie l'auteur
l'attaquaient déjà. L'impression, à son à les extraire des sources les plus im-
grand déplaisir, marcha avec une ex- pures, grecques ou latines, de l'art
trême lenteur. Les curateurs de l'Aca- avec lequel il les rassemble, de la com-
démie avaient dû s'en mêler pour for- plaisance avec laquelle il en salit son
cer un imprimeur à se charger de ce papier ; on frémit d'horreur en lisant
travail. Il le fit de mauvaise grâce ; au les calomnies atroces qu'il déverse sur
bout de deux ans, cette impression n'é- les têtes les plus honorées, catholiques
tait encore guère avancée, lorsque ou protestantes, et généralement sur
Scaliger, impatienté, prit le parti de tout ce qui n'était pas ami des Jésui-
recourir à d'autres presses. Pendant tes. » Scaliger avait cetheur de figurer
ce temps, lapetite guerre se continuait, parmi ces derniers au premier rang.
avec ses ruses et ses embûches. Le Aussi ne fut-il pas ménagé par le jé-
jésuite Serarius resta sur le terrain à suite. Un pamphlétaire non moins
suite d'une escarmouche. David Paré odieux, non moins forcené, Scioppius,
lui-même, un des amis de Scaliger, descendit bientôt, après dans l'arène,
pour avoir osé contester quelques armé de son Scaliger hypobolimaeus
points de chronologie, n'obtint pas ['r7togo).ip.aïo;, faux, supposé]. Ce mi-
grâce à ses yeux. Ses ripostes étaient
des coups de massue, heureux lorsqu'il (1) La mode ne s'en est pas perdue dans
n'y ajoutait pas de grossières injures. les siècles suivants.Voltaire a plus d'un trait
Les gros mots lui venaient facilement à de ressemblance avec Scaliger. Le génie doit-
il toujours avoir ses faiblesse» ?
LES — 13 — LES
sérable avait été autrefois un des fa- Ces attaquei, auxquelles Scaliger
natiques de Scaliger, qu'il trouvait était trop sensible, troublèrentles der-
«plus semblable aux dieux qu'aux nières années de sa vie et hâtèrent
hommes ; » mais s'étant, par calcul peut-être sa fin. Il eut le tort de ré-
plutôt que par conviction, réconcilié pondre à Scioppius, c'était lui faire
avec Rome, il éprouva le besoin de trop d'honneur. Il aurait dû imiter de
donner des gages à ses nouveaux al- Thou, que ce furieux avait également
liés. « Avec assez de talent pour aspi- attaqué, ou laisser le soin de sa dé-
rer à un rangdistinguéparmi les doctes fense à ses amis. Déjà Heinsius avait
de sa communion, il ne paraît pas, dit relevé le gant. Mais les deux Satires
M. Nisard, qu'il eut assez decontinence de ce jeune champion avaient paru à
pour s'accommoder de l'austérité de Scaliger des armes trop courtoises
leurs moeurs. Ambitieux d'ailleurs et pour un pareil adversaire et il prit la
dévoré d'envie, il pensa qu'avec plus plume. Ce fut au milieu de ces luttes
de moyens de contenter son ambition, et de ces dégoûts, que Henri IV, à
il trouverait dans la communion ro- l'instigation du P. Cotton, renouvela
maine plus de facilité pour attaquer les ses instances auprès de Scaliger. pour
hommes de lettres protestants qui lui l'attirer à Paris. Mais Scaliger était
faisaient ombrage, étant assuré d'ail- trop clairvoyant et trop attachera sa
leurs que les catholiques fermeraient religion pour tomber dans le piége;
les yeux sur sa basse envie, pourvu Henri IV n'était plus un mystère pour
qu'il se signalât par un zèle vigoureux personne, on savait où il allait. Il re-
contre les ennemis de l'autorité du fusa donc toutes les avances de son
Saint-Siége. » ambassadeur Jeannin, qui insistait en
Scioppius ne se contenta pas de lui offrant de l'emmener passer l'hiver
contester à Scaliger sa naissance eu à Paris et de le loger commodément.
rapportant la fable imaginée par le «Et suis certain, lui disait-il, que n'en
professeur de Padoue, Niphus, qui le sortirez point qu'avec contentement du
faisait descendre d'un maître d'école roy. " Il craignait que « l'air humide »
de Vérone, nommé Burdon; il dénigre de la Hollande n'empêchât son réta-
ses moeurs, il l'accuse d'athéisme; blissement (1). Le mal fit en peu de
mais à l'appui de ses accusations d'im- temps des progrès rapides. Une hy-
moralité et d'impiété, il n'apporte au- dropisie se déclara. Scaliger ne se fit
cune ombre de preuve, et la vie entière pas illusion sur son état; il se prépara
de Scaliger le dément. Nous ne cite- à mourir avec la résignation du chré-
rons que cette phrase de ce livre in- tien. Il plaisantait sur son mal, tant
fâme ; elle suffira pour nous faire juger était grande la sérénité de son esprit,
ce que vaut le livre et ce que valait et se comparaît, à causé de l'énormité
l'auteur. «Tu signales aux bons les de son ventre, à Diogène dans son ton-
périls de l'Inquisition : qu'appelles-tu neau. Heinsius l'assista dans ses der-
les bons? ceux qui te ressemblent, niers moments avec une sollicitude
c'est-à-dire les athées comme toi, les filiale (2). «Daniel, mon fils, voici la
hérétiques comme toi, les fauteurs
toi des sciences occultes ? Ah (1) « Scaliger, rapporte L'Estoisle, ne vou-
comme !
lut jamais recevoir de luy une bourse, dans
si l'Inquisition vous tenait tous tant laquelle il y avoit mil écus. »
que vous êtes, quelle occasion pour (2) Outre sa lettre à Casaubon,où il entre
moi de te dire ton fait, sans intermé- dans de longs détails sur la maladie et les
Le derniers moments de son protecteur, il publia
diaire et sans truchement !
» coeur In obitum Jos. Scal. Orationes duae, 1609,
se soulève en entendant hurler ces ap- in-4° (dédiées à l'ambass. Jeannin), qu'il fit
pétits de bêtes féroces. Et cepeudant, précéder d'un portrait de Scaliger. Le second
parmi les juges de l'Inquisition, que de de ces discours est adressé aux curateurs de
l'académie et aux bourgmestres, au sujet du
Scioppius ! monument qu'ils avaient voté à Scaliger.
LES 14 LES
— —
fin, lui dit-il un jour. Je puis à peine de sa vie, il s'occupa plus particuliè-
endurer ce que je souffre. Mon corps rement à prendre des copies de mss.
est épuisé par la maladie et par l'habi- orientaux pour en faire hommage à
tude du lit. Mais mon esprit conserve l'académie. Il fut enterré sans aucune
toute sa force. Si mes ennemis me pompe, comme il l'avait ordonné, dans
voyaient, ils attribueraient mes souf- l'église française de Sainte-Marie. Il
frances à la vengeance divine. Tu sais demanda qu'on mît sur sa tombe :
ce qu'ils ont déjà publié sur moi. Tu Jos. Scal., M. Caes. a Burden fil.,
être mon témoin. Poursuis comme resurrectionem hîc expectat. Hein-
peux
tu as commencé. Et fais cela afin de sius et Baudius prononcèrent, tous
défendre religieusement la mémoire deux, son oraison funèbre dans la
de celui qui t'aime tant. Mais Dieu salle de la Faculté de théologie, le
aussi t'aime, sans doute. Et il t'aimera, premier, de suite après l'enterrement,
aussi longtemps que tu reconnaîtras le 25 janvier, et le second le lendemain.
avoir reçu tes dons de lui; ils auront Les curateurs de l'académie et les
d'autant plus de prix que tu l'en glo- bourgmestres lui votèrent une inscrip-
rifieras moins. Fuis la présomption et tion : AEternse memoriae viri qui in-
l'orgueil. Garde-loi autant que possible victo anitno contra Fortunam adsur-
de l'ambition ; et surtout garde-toi de gens, ac jus suum sibi persequens,
rien faire par calcul contre le voeu de ta imperium majoribus ereptum, ingenio
conscience. Tout ce qui est en toi est excelso, labore indefesso, eruditione
de Dieu. Téxvov <?;).£, oi/ôpzQa [Cher iuusitatâ, in litterariâ Republicâ quasi
fils, nous nous en allons]. Ton Scali- fataliter recuperavit. En effet, Scaliger
ger a vécu, pour toi. » Il expira le tint le sceptre de la critique littéraire,
21 janvier 1609, dans sa soixante-neu- d'un consentementà peu près unanime.
vième année. Il n'avait jamais été ma- Au jugement de Bayle, il avait une
rié. Par son testament, fait en 1607 érudition extraordinaire, l'esprit élevé,
(un premier, en latin, datait de 1601), pénétrant, vaste ; en un mot c'était un
il institua sa soeur (une autre de ses prodige et un miracle de nature. S'il
soeurs avait pris le voile) héritière du eût été modeste, dit-il, il eût été le
peu de biens qu'il possédait encore à plus heureux et le plus glorieux de
Agen, et il laissa en souvenir quel- tous les savants ; mais il avait une si
ques bagatelles (quisquiliae) à ses amis. grande opinion de son mérite qu'il
Quod [U.VYJU.O<IUVOV] dit-il, amorem croyait que les autres hommes n'é-
,
meum magis quam divitias testari po- taient rien en comparaison de lui.
test. Il ordonna que ses papiers fus- Heinsius nous apprend que Scaliger
sent déposés dans la Bibl. de l'acadé- avait une belle tête; seulement, ses
mie, avec défense de publier ceux de tempes étaient profondément affaissées,
ses écrits auxquels il n'avait pas mis la défaut dont il aimait à plaisanter. Ses
dernière main. Il légua à Heinsius ses yeux étaient vifs et pénétrants. Dans
Additions et Corrections pour une nou- sa vieillesse, il laissa croître sa barbe,
velle édition du livre De emendatione et portait les cheveux ras. Sa taille
temporum, du Manilius, et des Élégia- était médiocre, mais bien prise.
ques latins, et à Fr. Gomar celles pour M. Bernays a reproduit son portrait (1)
la Chronique d'Eusèbe. Il légua, en en tête de sa notice, d'après l'original
outre, à la Bibliothèque de l'académie, qui se trouve dans la salle du sénat à'
que dirigeait Heinsius, une foule de Leyde. Il était extrêmement sobre. Son
mss. grecs, hébraïques, chaldéens, sy- application à l'étude était telle qu'on l'a
riaques, arabes, éthiopiens, persans,
arméniens. Dans les derniers temps (1) On le trouve aussi,mais représenté dans
toute la force de l'âge, parmi les Icones
A la suite se trouvent une foule de pièces virorum illustrium, etc., de J.-J. Boissard
devers, en grec et en latin,
en son honneur. (T. III, notice par Lonicerus).
LES — 48 — LES
vu souvent passer des journées entières venant qu'il fût [catholique et voulût
dans son cabinet sans manger. Il était venir à la cour du Saint-Père, il lui of-
ennemi de toute flatterie, sincère, iras- froit son amitié et la participation de
cible, mais se laissant apaiser. Il aimait tout ce qu'il possédoit au monde. Le
peu de personnes, et il en admirait en- cardinal Du Perron le place aussi par-
core moins ; mais ceux-là, il les admi- mi les plus grands hommes que la
rait avec passion. Il avait un grand at- France a produits; mais, selon lui, il
tachement pour ses amis, et nulmieux n'était pas aussi excellent que son
que lui ne s'acquitta des devoirs de père : celui-ci avait plus d'esprit que
l'amitié. Pour ce qui est de sa pro- d'étude, et celui-là plus d'étude et de
bité, sa piété, sa chasteté, sa tempé- travail que d'esprit. Enfin, au senti-
rance, son mépris de l'adversité, dont ment de Casaubon, Scaliger fut une
il se vengea toujours parla noblesse des plus éclatantes lumières de son
et la grandeur de ses sentiments, il siècle et un des plus savants hommes
n'eut pas son pareil. Jamais mortel ne qui aient été au monde. Son savoir
fut célébré par un tel concert de était si vaste et si profond qu'il semble
louanges. Le même Heinsius le traite que Dieu ait voulu montrer en lui
d'abîme d'érudition, de mer de science, jusqu'où peut atteindre la force de l'es-
de perpétuel dictateur des lettres, de prit humain.
dernier effort de la nature, d'enfant Nous terminerons cette notice en
divin d'un père divin. Vossius l'appelle rapportant quelques vers de l'épitaphe
le prince de la critique ; Lipse, le so- que lui consacra Hugo Grotius :
leil de la France, dont la lumière
éclairera tant que les lettres seront en Unica lux saecli, genitoris gloria, nemo
Quem puerum, nemo credidit esse senem :
honneur (1) ; Buxtorf, un héros in- Tamsibi par semper quant cunctis celsior unus,
comparable; Meursius, un second Et qui se totum debuit ipse sibi,
Varron; André Schott, l'oeil de l'Eu- Exsuperans famâ quos aequatadeptus sanguine reges,
avis,
Sceptrigeris majus nomen
rope et la merveille des lettres ; Flo- Hic jacet ille capax immensi Scaliger aevi,
rimond de Raemond, le Mercure des Nec sibi mors unquam plus licuisse putet.
,
langues et des sciences ; Hallam le Quid querimur raptum ? mens est quâ vivitur:
[annos
savant le plus extraordinaire qui ait Ille tot exegit mente, quoi orbis habet.
jamais existé. Baudius reconnaît qu'il
n'a jamais eu de rivai dans la critique. NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
Selon Baillet, qui cependant ne le mé-
nage pas, il est visible que Dieu en a I. Conjectanea in M. Terentium
voulu faire un miracle plutôt qu'un Varronem de linguâ latinâ, Paris.,
exemple. Le P. Boulanger trouve qu'il Rob. Stephanus, 1565, in-8°; dédié à
n'y aurait point eu de plus grand génie Louis Chastaigner de La Roche-Pozay.
que lui dans le monde depuis Varron — Scaliger n'avait que vingt ans lors-
et Jules-César, s'il avait eu des opi- qu'il écrivit ce livre. Dans les éditions
nions plus saines louchant la religion. postérieures, il lui conserva son carac-
Enfin, Christ. Coler prétend qu'il n'y tère primitif, comme souvenir d'un âge
a point, eu de plus grand philosophe où il était encore, selon son expression,
que Scaliger depuis Aristote, point de « fou comme un jeune lièvre. » Ce tra-
plus grand poète depuis Virgile, ni de vail, revu et augm. d'un appendice, a
Elus grand médecin depuis Hippocrate, été inséré par Henri Estienne dans
Le fameux cardinal Baronius lui faisait son édit. des OEuvres de Varron, 1573,
écrire par Henri de La Roche-Pozay, in-8°, avec des Notes inédites du
qu'il faisoit tel estat de ses vertus qu'a- même Scaliger sur le traité De re rus-
ticâ. On y trouve les vers de Muret avec
(1) « Ille unus est, dit-il dans la même les réflexions de Scaliger; ils ont dis-
lettre, quem miramur, quem oemulamur: imo,
ne mentiar, cui invidemus.» paru daus l'édit. de 1581. Dans l'édit.
LES
LES — 16 —
bipontine, l'appendice a été fondu dans Il paraît que Scaliger n'entreprit ces
le corps de l'ouvrage, contre le voeu de commentaires qu'à la sollicitation de
l'auteur, qui ne voulait pas que le tra- Cujas. Homme de moeurs pures, il lui
vail d'un âge plus mûr vînt se mêler à répugnait de manier ces ordures. « On
l'oeuvre de sa jeunesse. Au jugement sent, à la lecture de ses notes, continue
de M. Ch. Nisard, il y a dans ce tra- M. Nisard, qu'un lien solide enchaîne
vail « un prodigieux talent de correc- sa plume, et ce lien c'est la pudeur.
tion grammaticale et de restitution, S'il rencontre un de ces mots qui ne
opérées sur un des textes de l'antiquité se peuvent écrire qu'en rougissant, il
les plus corrompus, et de façon, au té- n'en dit que ce qu'il en faut dire, froi-
moignage même de Scioppius, à rendre dement, sans s'amuser à ces détails
Varron lisible et intelligible aux en- d'ordures, à ces digressions cyniques
fants eux-mêmes. » qu'on remarque dans les notes de Sciop-
pius sur les mêmes poésies. »
II. AÏKO*PONOZ TOT XAAKIAEQS
'Alziâ-jàçn.LycophronisChalcidensis IV. Nota (p. 177 à p. 179) in Ho-
Alexandraesive Cassandrae versiones merivitam ex Herodoto et in Matro-
duoe; una ad verbum a Gulelmo Can- nis Parodiarum fragmentum (Athen.
tcro : altera carmine (en vers iambi- IV. p. 134), à la suite du "Opipou y.al
ques) expressaper Josephum Scali- 'Hai68ou àyoW, Homeri et Hesiodi cer-
gerum, Julii f.; Annotationes, etc., tamen ; nunc primum luce donatum,
BasileaB, 1566, in-4°. — Cette traduc- etc. [Genevae,] Henric. Stephanus,
tion de Scaliger centum locis emenda- 1573, in-8°.
tior a été publiée par Jean Meursius V. In Empedoclis et aliorum car-
dans son édit. du poème de Lycophron, mina Notoe (p. 216 à p. 219) à la suite
Leyde, Louis Elzévir, 1597, in-8°. du Houic-iç çi).ôo-flço;, Poesis philo-
III. Publii Virgilii Maronis Appen- sophica, etc., [Gen.]Henr. Stephanus,
dix, cum supplementomultorum an- 1573, in-8°
tehac nunquam excusorum Poematum VI. Ausonianarum Lectionum li-
veterum poetarum. Jos. Scaligeri in bri duo, Ludg., Ant. Gryphius, 1574,
tandem Appendicem Commentariiet in-8°; dédié à Elie Vinet; réimpr. l'année
Castigationes, Lugd., 1572 [1573, suivante : D. Magni Ausonii burdiga-
ap. Guill. Rovillium, d'après M. Ber- lensis, viri consularis, Augustorum
nays], pp. 548, in-8°; dédié au célè- proeceptoris, Opera in meliorem or-
bre Cujas. Il y a plusieurs éditions de dinem digesta; Recognita sunt a Jos.
ce recueil; nous ne citerons que celle Scaligero, J. Coesaris f., et infinitis
qu'en a donnée Fréd. Lindenbruch, à locis emendata. Ejusd. Jos.Scaligeri
Leyde, chez Franç. Rapheling, 1595, Ausonianarum lectionum libri duo
in-8°, où les Commentaires ont été ad Eliam Vinetum santonem : in
augm. en beaucoup d'endroits.—« On qnibus Castigationum rationes red-
ne comprendrait pas, dit avec raison duntur et difficiliores loci Ausoniani
M. Ch. Nisard, que. des hommes graves explicantur, Ludg., 1575, pp. X et
comme Scaligerse fussent voués à cette 343, in-12; Burdigalae, 1590, in-4°.
sale besogne [l'annotation des Priapées — Dans une lettre datée de 1606,
et des Catalectes attribués à Virgile], Scaliger écrivait à Freher : Nihil animo
si l'on n'admettait que les savants de meo gratius facere potes quam purgare
la Renaissance, auxquels ressortissait errores, qui juveniles Ausonianas Lec-
tout ce qui avait le sceau de l'Antiquité, tiones nostras magis, deshonestare
ne se fussent appliqués à des recher- quam ornare possunt.
ches de ce genre qu'avec la même dis- VII. Sophoclis Ajax Lorarius stylo
position d'esprit qu'ont les médecins tragico a Jos. Scaligero, Julii f.,
les plus honnêtes, quand ils traitent des translatus. Ejusd. Epigrammata
malades dont ils détestent les moeurs.» quaedam tum groeca tum latina cum
LES — 17 — LES
aliquot ex groeco translatis, s. l., disparu qu'en partie dans la seconde.
1574, in-8°. — A la suite, avec une Mais malgré ces fautes, le lecteur, dit-
nouvelle pagination, 70 pp. se trou- il, n'hésitera pas à accorder à ce travail
vent des poésies latines de J.-César la supériorité sur tout ce que Scaliger
Scaliger. Les frères Vassan font dire à avait produit précédemment. Scaliger
Scaliger : « 0 que Muret a mesdit de avait laissé des notes pour une nouvelle
mon Ajax Lorarius ! il. s'en est tant édition auctior et castigatior. On
mocqué! c'estoit [pourtant] un grand ignore ce qu'elles sont devenues.
homme, il faut bien qu'il y ait veu XI. Hippocratis Coi de capitis
quelque chose que je n'y ai pas veu. » vulneribus liber latinitate donatus
Quelle débonnaireté de la part de Sca- a Franc. Vertuniano ; Ejusd. Com-
liger ! mentarius in eundem. Ejusd. Hip-
VIII. Mercurii Trismegisti Piman- pocratis textus groecus a Jos. Scali-
dras utrâque lingud, restitutus, D. gero castigatus cum ipsius Scaligeri
Francisez Flussatis Candalloe in- castigationum suarum explicatione,
dustrie, Burdigalae, Sim. Millangius, Lutet., Rob Stephanus, 1578, in-8°.
1574, pet. in-fol., 70 pp. non pag. ; XII. Nicolai Vincentii [J. Scaliger,]
dédié à l'empereur Maximilien. — Ou- pictaviensis chirurgi, Epistola ad
vrage auquel Scaliger a eu part, d'a- Steph. Naudinum bersuriensem; Ad
près M. Bernays. dictata Jo.Martini in librum Hippo-
IX. M. Verrii Flacci Quoeextant; Et cratis De vulneribus capitis, Colon.,
Sext. Pompeii Festi de Verborum si- Sebast. Faucheras, 1578, in-8°, 102
gnificatione libri XX. Jos. Scaligeri, pp.nonpag.— Jean Martin répondit en
Jul.-Coesaris f., in eosdemlibros Cas- déchirant le voile dont s'était couvert
tigationes, recognitoe et auctoe, Lutet., Scaliger Ad Jos. Scaligeri ac Franc.
Mamert. Patissonius, 1576, in-8°. La Vertuniani Pseudo-Vinceutiorumepis-
première édit. avait paru en 1575. tolam, Paris., 1578, in-8°.
Les Notes de Scaliger ont leur propre XIII. M. Manilii Astronomicwn
pagination. — Au jugement de Juste- libri quinque; Jos. Scaligerus recen-
Lipse, rien de plus divin que ces notes. suit ac pristino ordini suo restituit.
X. Catulli, Tibulli, Propertii Ejusd. Scaligeri Commentarius in
nova editio; Jos. Scaliger recensnit. eosdem libros et castigationumexpli-
Ejusd. in eosdem Castigationum cationes, Lutet., Mam. Patissonius,
liber, Lutet., Mam. Patisson., 1577, 1579, in-8°, Lugd. Batav., Christ.
in-8°; Antverpiae, 1582, in-8°, et Raphelingius, 1600, in-4°; 3e édit.,
dans l'édit. des Elégiaques, donnée» par les soins de Boecler, Nunc primum
par Jean Dousa fils, Leyde, 1592, in- e codice Scaligeri, quem suâ manu
16; nouv. édit. revue et augm. par ad tertiam editionem proeparaverat
Scaliger, In bibl. Commeliniano, 1600, plurimisque accessionibus suarum
in-8°; Paris., 1604, in-fol.; dédié à Cl. curarum locupletaverat, post longas
Dupuy, conseiller au parlement de Pa- moras latebrasquein lucempublicam
ris.— « Ces notes étranges, ditM. Ch. cum auctario tam nobili restitutoe,
Nisard, firent une égale sensation en etc., Argentorati, 1655, in-4°.— Dédié
deçà et au delà des Alpes. Scaliger s'y à Henri III, qui, en récompense, accorda
montre en effet tel qu'il a toujours été à l'auteur une pension de 2,000 livres,
depuis, c'est-à-dire savant et ingénieux — pour mémoire. Il n'en toucha jamais
à désespérer les plus habiles, mais le sou. C'était le sort commun des
aussi téméraire, pédant, arrogant, libéralités de ce prince. « On ne niera
comme personne ne l'avait encore été pas, dit Scaliger dans ses Prolégo-
avant lui.» Au jugement de M. Bernays, mènes, que nous n'ayons ressoudé les
la première édit. de celte publication membres de ce poète disloqué , et
était pleine de fautes, et elles n'ont réintégré tant de passages, corrigé
vu. 2
LES — 18 — LES'
tant de milliers de fautes, qu'autant plus cavalièrement un petit écolier ? Il
les souillures de Manilius inspiraient est vrai que Scaliger avait lui-même
de dégoût aux lecteurs, autant l'éclat donné le ton à l'évêque d'Avranches.
et la grâce que je lui ai, rendus les in- DuJon ayant pris au sérieux ses faux airs
viteront à l'aimer, à le lire, à le com- de modestie, s'attira les plus grossières
prendre. Le premier livre , surtout, injures, en donnant, en 1590, une
celui qui traite de la Sphère, est éclairci édition de Manilius où il le contredisait
de telle sorte que de pauvres écoliers sur plusieurs points.
XIV. Epistola advenus barbarum,
peuvent l'entendre; si enrichi de notes,
que tout lecteur studieux saisira faci- ineptum et indoctum poema Insulani
lement la doctrine du poète, et se sen- [Franc, de Lisle] patroni clientis
tira lui-même le courage d'y ajouter Lucani, Lutet., Patisson, 1582,in-8°;
dès commentaires plus étendus que les in-4°, d'après M. Renouard.— De Lisle
miens. Je l'engage à l'entreprendre, avait osé rédarguer Scaliger, dans un
ayant trop la conscience de la faiblesse poème latin, afin de venger le poète
de mes forces pour avouer que j'aie fait Lucain de ses injustes attaques.
autre chose que lui montrer le Chemin, XV. Opus novum de Emendationt
et non pas que je l'y aie introduit: » — Temporum in octo libros tributunt.
«La vérité est, ajoute M. Nisard, que le — Stoici : Xpôvoç ÈortV È7tàv6p6toat;
travail de Scaliger sur Manilius est im- npaye-ârav xai Trjpvistç. TdttànUS : uap*
mense. Ce n'est pas l'oeuvre d'un oîç àauvapvïitéç t<rriv ï) TÛV xpôvûv
grammairien qui s'amuse à peser dés àvaYpaçii, itapà TOÛTOIÇ OÙ5Ita rfn ÎSTO-
mots..; il indique rapidement ces cor- piaç à),ïi8eûeiv SûvaTat, LUteliÉ; Mamert
rections secondaires, et pénétrant au Patisson, 1583, in-fol. pp. 432, sans
fond des choses, il examine la phy- les pièces prélim. et l'Index; deux
sique et les erreurs dont elle était la pièces de vers de Florent Chrestien,
source dans le temps de Manilius; il l'une en latin et l'autre en grec. Nouv.
oppose à ces erreurs des opinions plus édit. tellem. corr. et augm. ut novum
saines, les unes ingénieuses et contes- [opus] videri possit. Item veterum
tables, les autres vraies et passées Groecorum fragmenta selecta, quibus
depuis à l'état de faits démontrés; il loci aliquot obscnrissiini Chronolo-
témoigne par ses jugements sur l'as- gies sacroe et Bibliorum illustrantur,
tronomie et la chronologie des anciens, cum notis ejusd. Scaligeri, Ludg.
qu'il a marché à pas de géant dans Batav., Franc. Raphelingius, 1598,
cette double carrière, etc. » Huet n'é- in-fol., pp. 752, sans les pièces prélim.
tait pas du sentiment de M. Nisard. «Je et les Index ; plus LIV pp. de fragm.
n'ai écrit sur Manile, lit-on dans le Dernière édit. revue d'après le msc. de
Huetiana, que pour faire voir que, dans l'auteur, magnâque accessione auc-
ses trois éditions de ce poète, Scaliger tius, Coloniae Allobrogum, 1629, in-
a entassé fautes sur fautes, et ignorances fol., LII.— 784 —LIX. pp.— Nous
sur ignorances. Il a très superficielle- rapporterons lé jugement du savant
ment entendu la matière qui y est trai- Hallam, que nous empruntons à la
tée, il a presque toujours pris de travers traductionde M. Borghers. « La chro-
le sens du poète, et la plupart de ses nologie comme science avait été jus-
restitutions, dont il s'applaudit et se qu'alors tout-à-fait inconnue : on avait
sait si bon gré, sont des corruptions écrit toute l'histoire ancienne dans un
plutôt que des corrections. Il en avance esprit servile et sans aucune critique;
plusieurs dans la première édition com- on copiait les dates, comme tout le
me des oracles, et après en avoir re- le reste, d'après les autorités qu'on
connu l'absurdité, il les rétracte dans la avait immédiatement sous les yeux, sans
seconde, pour en proposer d'autres plus s'inquiéter beaucoup de concilier les
impertinentes. » Pourrait-on traiter différences, ni d'indiquer les principes
LES —19— LES
sur lesquels devait s'établir là compu- le P. Patau l'avoue, oh n'avait rien
tation des temps: Scaliger comprit qu'il tenté de semblable. On ne voyait rien
était indispensable d'examiner les sys- que dé très confus et de très incertain.
tèmes astronomiques des anciens Cela étant, quand Scaliger se seroit
calendriers, systèmes qui ne sont pas trompé eu beaucoup de choses, il
toujours expliqués d'une manière très seroit toujours très-louable d'avoir
claire par les auteurs grecs et romains. montré, du moins en général, de quelle
Ce travail, indépendamment de beau- manière il faut s'y prendre pour faire
coup d'attention et de sagacité, exigeait une Chronologie complète et métho-
une immense érudition orientale aussi dique. La seconde chose à louer, c'est
bien que classique, que lui seul possé- que Scaligerayant une très-grande con-
dait en Europe. Son ouvrage De emen- noissance des langues orientales, aussi
datione temporum est, dans la pre- bien que de la grecque et de la latine,
mière édition, divisé en huit livres. et une prodigieuse lecture dé toute
Le premier est relatif à l'annus minor sorte d'auteurs, il a ramassé tout ce
eqnatilis, ainsi qu'il l'appelle, c'est- qu'il à pu trouver dans les auteurs de
à-dire à l'année de 360 jours, adoptée l'Orient et de l'Occident, qui pouvoit
par quelques peuples de l'Orient et servir à établir des principes assurés
fondée, selon lui, sur l'ârinée lunaire de chronologie, et à fixer le temps
naturelle, avant qu'on eût une juste auquel divers événements remarquables
idée de la durée exacte d'une lunaison. sont arrivés. Quand de cet amas éton-
Le second livre traité de l'année lunaire nant de matériaux, tirés de toute sorte
vraie et de quelques autres divisions d'auteurs, Scaliger n'aurait pas fait un
qui s'y rattachent; le troisième, de édifice régulier, on ne pourroit pas dis-
la grande année égale (annus major convenir qu'on ne lui eût une très grande
equatilis) ou année de 365 jours; et obligation de les avoir ramassés.La troi-
le quatrième, des calculs plus exacts sième chose qui mérite d'être louée,
de la période solaire. Dans les cinquième c'est l'invention de la période Julienne,
et sixième livres, l'auteur arrive aux qui est d'une si grande utilité, que le
époques particulières et fixe une foule P. Petau, qui parle si mal de Scaliger,
de dates importantes dans l'histoire ne peut s'empêcher de la louer en plu-
profane et sacrée. Les septième et sieurs endroits. Ces trois choses au-
huitième sont consacrés à l'examen raient dû obliger le P. Petau à parler
des modes de supputation et des ères plus honnêtement de Scaliger, qu'il ne
adoptées par différents peuples... Sca- loue qu'en qualité de grammairien ou
liger, dans tout le cours de cet ouvrage, dé critique. Le P. Petau, lit-on dans
est clair, concis, renfermé dans son une lettre de Guy Patin (lett. Il, édit. de
sujet; il parait montrer [posséder] aussi La Haye, 1715) « a fait deux volumes
une connaissance fort étendue de l'as- in-fol. pour réfuter Joseph Scaliger,
tronomie physique, quoiqu'il n'ait contre lequel il a vomi des charetées
pas été bon mathématicien, et que d'injures, bien qu'il fût mort vingt ans
son rejet absolu du Calendrier grégo- auparavant. Vous souvenez-vous de ce
rien ait fait peu d'honneur à son im- que dit Pline dans là Préface de son
partialité. » — Au jugement de l'édi- Histoire naturelle, qu'il n'y a que les
teur des OEuvres du P. Petau, impr. lutins qui combattent avec les morts. »
à Amsterdam, il y a trois choses à louer Au témoignage de Montucla, le calen-
dans Scaliger. La première, c'est que drier que Scaliger prétendait substituer
le premier il ait entrepris de donner au grégorien n'était précisément que
une Chronologie complète, ou au celui de Lilius, que Grégoire avait com-
moins des principes assurés pour ran- muniqué à tous les princes catholiques,
ger l'histoire en un ordre exact et et qu'il avait mal entendu. «C'est pour-
fondé
sur des règles. Avant lui, comme quoi, continue-t-il, Clavius le réfuta
LES — 20 —
LES

avec avantage, et ce fut le sujet d'une ligerâ et Jul. Ces. Scaligero, Lugd.
vive altercation entre l'un et l'autre. » Bat., Franc. Raphelengius, 1594, in-4°,
123, sans la dédic. au jeune Dousa.
Mais, selon M. Bernays, les critiques pp.
de Scaliger sur l'année Liliane sont ap- XIX. HAPOIMIAI EMMETPOI. Pro-
prouvées de nos jours par tous les verbiales Groecorum versus. Jos.
compétents. Just. Scaliger, Jul. Coesaris f., pri-
nommes
XVI. Yvonis Villiomari aremorici - dem collegit, composait, digessit,
[Jos. Scaliger] in Locos controverses Lutetiae, Federic Morel., 1594, in-8°,
Roberti Titii Animadversorum liber. pp. 20.— La première édition, qui pa-
Ad nobiliss. virumAndream Oessen- rut à Paris, 1593, in-4°, ne contenait
tum Quinpentonii et Burentelli do- que le texte grec; la seconde, que nous
minum, Moecenatem suuwm, Lutetiae, indiquons, est accompagnée d'une ver-
Mam. Patissonius, 1586, in-8°; Jér. sion latine en. vers par Scaliger. Ces
Commelin, 1597, pp. 201, sans les proverbes ont été réimpr. et augm.
Index, in-8°. — Réponse aux attaques dans les Opuscula diversa.
que Robert Titius avait dirigées contre XX. HippolytiepiscopiCanonpas-
son édition des Elégiaques latins. — chalis cum Jos. Scaligeri commenta-
On cite, en outre, sous le même nom rio; Excerpta ex computo groeco
supposé Epistola in Fabium Pauli- Isaaci Argyri de correctione Pascha-
num utinensem, 1587, in-8°. tis; Jos. Scaligeri Elenchus et casti-
XVII. Cyclomttrica elementa duo, gatio anni Gregoriani, Lugd. Bat.,
Ludg. Bat., Francisc. Raphelengius, Franc. Raphelengius, 1595, in-4°,pp.
1594, in-fol. ; dédié aux Etats de v et 78; dédié au célèbre Barneveldt.
Hollande. D'après M. Nisard, une pre- Le canon paschal se trouvait déjà

mière édition aurait paru en 1592. — dans le N° XV, mais sans commen-
Faisant suite à cet ouvr., avec une pa- taire.
gination différente, Mesolabinm, mais XXI. Publii Syri Mimi selectoe
publ. en même temps et dédié aux Sententim [p. 4-27]; Dionysii Cato-
curateurs de l'académie et aux bourg- nis Disticha de moribus, cum versione
mestres de Leyde. Parut encore dans groecâ Planudis paribus vèrsibus
la même année [d'après d'autres en [p, 29-63]; Sententioe Publiants to-
1595], et chez le même libraire : Ap- tidem versibus groecis, et quoedam
pendix ad Cyclomttrica sua: in Catonis disticha groecè a Jos. Scali-
quâ asseritur Quadratio circuli con- gero reddita, cum notis ejusdem
tra oblatrationes quorumdam, et [p. 64-80], Lugd. Bat., 1598, in-8°.
castigantur quoedam errata in de- — Une nouvelle traduct. grecque de
monstrationibus Cyclometricis, in- Scaliger parut, d'après un de ses mss.
fol.— « Scaliger, lisons-nous dans autographes, dans une édit. de Sénè-
Montucla, fut réfuté par Clavius, par que, Publ. Syrus, etc. donnée à Leyde,
Viète, par Adrianus Romanus, par Christ- 1727, in-8°.
man, etc., qui firent voir, chacun à sa XXII. Astrampsychi Oneirocriti-
manière, que la grandeur qu'il assi- con a J. Scaligero digestum et cas-
gnoit à la circonférence du cercle étoit tigatum, publ. comme Appendice aux
seulement un peu moindre que le po- Oracula metrica a Joh. Opsopoeo
lygone inscrit de 192 côtés; ce qui collecta, Parisiis, 1599, in-8°.
étant absurde, montroit le faux du XXIII.L.Apnleii madaurensis Ope-
raisonnement. » ra omnia quoe exstant. In quibuspost
XVIII. Epistola de vetustate et omnes omnium editiones hoc proes-
splendore gentis Scaligeroe et Jul. titum est, utjamdemim auctor ipse
Coesaris Scaligeri Vita. Jul. Coesaris ope cod. mss. auctus locis infinitis,
Scaligeri Oratio in Indu filioli Au- interpolatus, et genuino nitori suo
decti. Item Testimonia de Gente Sca- restitutus prodeat, per Bon. Vulca-
LES — 21 — LES
nium brugensem[Jos. Scaliger],apud colligipotuerwtvt,antehac non édite.
Christ. Raphelengium, 1600, in-12, Opéra ac studio Jos.Justi Scaligeri,
pp. 464, sans les pièces limin. Julii Coesaris a Burden filii. Ejusd.
XXIV.Elenchus Trihoeresii Nicolai Jos. Scaligeri Notoe et castigationes
Serarii; ejus in ipsum Scaligerum in latinam Hieronymi interpreta-
animadversionesconfutatoe: ejusdem tiomm et groeca Eusebii. Ejusd.
delirium fanaticum et impudentissi- Jos. Scaligeri Isagogicorum chrono-
mum mendacium, quo Essenos mona- logie Canonum libri très ad Eusebii
chos christianos fuisse contenait, Chronica et doctrinam de tempori-
validissimis argumentis elusum, Fra- bus admodumnecessarii, Lugd. Bat.,
nekerae, 1605.— On trouve réuni dans 1606, in-fol. — Dans une lettre à
le même volume, mais avec une pagin. Casaubon, Scaliger se plaint des nom-
différente : J. Drusi de tribus sectis breuses fautes typographiques de cette
Judoeorum libri quatuor, qui Apolo- édition « quorum segestantaest, ut non
giam continent libelli de Hasidoeis; solum eorumme pudeat, sed etiamquic-
ejusd. Spicilegium Trihoeresii Nico- quid operaî posuerim, ejus me poeni-
lai Serarii.— Au jugement de Casau- teat. » Une édition plus correcte parut
bon, il y a une telle science dans ce à Amst.^, 1658, in-fol., par les soins
livre contre Serarius, que si tous les (HAlex. Morus quifit usage des Remar-
ennemis de Scaliger mettaient en com- ques et Additions que Scaliger avait
mun leurs efforts, ils ne pourraient en préparées pour une seconde édition, et
produire un semblable. y mit une préface où il défend l'auteur
XXV. Opuscula diversa groeca et contre les attaques de ses critiques. —
latina, partim nunquam hactenus « Thésaurus re et nomine, » au juge-
edita, partim ab auctore recensita ment de Casaubon. Selon M. Ch; Ni-
et aucta; cum notis in aliquot vete^ sard, nulle part on ne rencontre à un
ves scriptores, Paris., Hadrian. Beys, plus haut degré que dans cette publi-
1605, in-8°. — On y trouve : 1 ° Dio- cation la sagacité habituelle du gram-
nysii Catonis groeca metaphrasis, p. mairien consommé, sa critique pro-
1 -37, Notoe in eundem, fonde et judicieuse, sa science en
p. 39-83 ; •—
2° De vèrsibus Ennii et aliorum a chronologie, et surtout une aussi vaste
Gaza conversis in libro Ciceronis de érudition dans les littératures orien-
Senectute, p. 84-92;—3° Publii Sy- tales. Au jugement d'Ellies Dupin, les
ri selectoe Sententioe groecè expresse, Notes et Animadyersions de Scaliger
p. 93-119 ; Notoe in easdem, p. 120- sur la Chronique d'Eusèbe « surpas-
124, déjà cit. N'XXI;—4° S-rpuimteùç sent en ce genre tout ce qu'on peut
«apo.iu.iu5v Èu.p.Éi:ptûv recens digestus et imaginer, tant il y a de justesse et d'é-
auclus, p. 125-174; —5° 'Ao-.-rpau.iW- rudition. Sivous joignez à cet ouvrage,
-/_ou 'OvEipoy.piuxèv, p. 175-178, déjà continue-t-il, son livre de Emenda-
cité N° XXII;—6° Poésies sur la mort tioue temporum et les Canons isagogi-
de Claude Dupuy, de Christ, et Jean ques à la Chronologie, vousaureztout
de Thou, p. 179-200. ce qu'il y a de plus sublime et de plus
XXVI. Thésaurus temporum. Et^ exact dans la chronologie des anciens
sebii Pamphili, Coesareoe Palestine" temps, dont Scaliger doit être consi-
episcopi, Chronicorum 'Canonwm, déré non-seulement comme le restau-
omnimodoe. historioe liiri'^duo, in- ; rateur, mais comme l'auteur. » M. Ber-
terprète Hieronymo, ex fide vetus- nays, dans sa Notice (p. 90 etsuiv.),
tissim.codicum castigati.Item, Auc- donne une savante aualyse du travail
tores omnes derelicta ab Eusebio et de Scaliger; nous regrettons que son
Hieronymo continuantes. Ejusd'. étendue ne nous permette pas de la
Eusebii utriusque partis Chronico- reproduire.
rum Canonum reliquioe grecoe, quoe XXVII. CoesarisCommentarii[Ley-
LES 22 — LES

de] Raphelengius, 1606.— «Prodiit annotatiunculis, quibus nonnidla %n
Ac-
ante paucosannos Lugduni Batavorum rudiorum gratiam illustrantur.
Coesaris editio, quam scimus, écrit Ca- cessit his accurata Burdonum fabu-
saubon dans la Préface qu'il joignit le confutatio, Lugd.'Batav., Joann.
aux Opuscules de Scaliger, licet frons Palius, 1609, in-12. Les deux satires
libri dissimulet, pumice critico niagni sont de Heinsius. L'opuscule de Sca-
illius censoris fuisse expolitam. » liger va de p. 159 à p. 441. La pre-
XXVIII. Florilegium Epigramma- mière édit. est de Leyde, 1608, in-12,
tum Martialis.J.Scaligervertit g re- sous le nom de J..R. (Janus Rulger-
ce adIsaacCasaubonnm,LxiieL,'Roh. sius), ba'tavus, juris studiosus.antehac
Stephanus, 1607, in-8°.— Adcalcem, XXXII. Opuscula varia,
Excudehat Joann. Janonus {Jannon, non édita, Paris., Hadrianus Beys,
plus tard impr. à Sedan) in typogr. 1610, in-4?; nouv. édit. augm. déplus,
Rob. Stephani. — «. Quoique les vers pièces déjà publiées et de quelques-
grecs de Jos. Scaliger ayent passé en unes inédites, entre autres de lettres à
général pour excellens, et qu'en par- Gruter et autres, Francof., Jacob Fis-
ticulier les Epigrammes choisies qu'il cher, 1612, in-8°. —Ouvrage pos-
a traduites du latin de Martial, sem- thume. Intéressante Préface de Ca-
blent ne céder en rien, soit pour la saubon adressée à de Thou. On trouve
beauté de la diction, soit pour le tour dans le recueil de Paris : 1 ° Animad-
des vers, à tout ce que l'anthologie a versiones in Melchio.ris Guillandini
de meilleur, je vais pourtant faire voir, Commentarium in Tria C. Plinii de
écrit La Monnoye, que dans ces mêmes Papyro capita libri XIII; — 2° Dia-.
epigrammes, tant vantées par Casaubon. triba de Decimis in lege Dei, dédié à
et par Scriverius, qui en ont procuré Charles de Harlay. (1) ; — 3° Notitia
les éditions, il se trouve dei grosses Gaïlie- Item, super Appellationibus
fautes de quantité, des barbarismes,des locorum aliquot et gentium apud
solécismes, et d'autres méprises dont Cesarem Notoe ; — 4° Diatribe de
Scaliger lui-même, et les deux éditeurs Europeorum linguis; item, de ho-
desonFlorilegiumMartialis,s'ilsétoient diemis Francorum; nec non de va-
tous trois en vie, ne pourroient discon- ria litterarum aliquot pronuntia-
venir. » Suivent six pages de remar- tione; —5° De Thesi quâdam chro-
ques critiques. Mais nous demanderons nologicâ judicium;— 6" Expositio
à La Monnoye si l'on ne trouve pas Numismalis argentei Constantini
aussi de grosses fautes de quantité. imp. Byzantini, adress. àFreher; —
dans les meilleurspoètes de l'antiquité; 7° Orpheipoetoe vetustiss. Initia sive
et que serait-ce, s'ils étaient modernes! Hymni sacri ad Muséum, vèrsibus
XXIX. lambi gnomici nunc pri- antiquis latine expressi (2) ;— 8° in
mùmediti aD?i. Heinsio,Lagà. Bat.,-
Haestens, 1607, in-8°. (1) Réimpr. dans les Critici Sacri, Amst.,
XXX. Elenchus utriusqne Oratio- 1698, in-fol., ainsi que Noloe in N. T. qui
nis ChronologicoeD. Davidis Parei : avaient paru a Genève, chez Pierre de La Ro-
vière, 1619, in-4% et accompagnaient un K. T.
quarum secunda operis catci addha: grec. Selon le P. Simon, ces Notes de Scaliger
prior verb Commentants auctoris « sont en si petit nombre et même si peu
inHoseàm Heidelbergoe excusispr-o- considérables, qu'elles ne méritoïent pas de
lui faire trouver place parmi les commenta-
stat, Lugd. Bat,,H.L.ab Haestens, im- teurs critiques. II y en a très peu, dit-il, qui
pensis L. Elzevirii, 1607, in-4°, pp. soient dignes de ce savant homme qui ne
103, plus 42 ff. nonpag. s'étoit pas appliqué a cette étude. » On cite
XXXI. Satire duoe, Hercules tuam encore de Scaliger : Animadversionesin Bezoe
N. T., insér. dans les Âcta litteraria de
fidem sive Munsterus hypobolimoeus Schurzfleisch, YVilemb.,1714, in-8-.
quartb jam editus ac emendatior, et (21 Cette traduction en vers ne lui coûta
Virgula divina. Cum brevioribus que cinq jours de travail; elle fut réimp.,avec
des améliorations, dans le K° XXXV; pui6
LES — 23 — LES
JEschyli Prometheum a FI. Chris-, traduites soit en grec, soit en latin, la
tiano conversum Prologus;—9" Se- réimp. des N" VII, XIX, XXI, XXVIII,
lecta epigrammata eGrecorumFlo- XXIX. Scaliger ne se croyait pas poète;
rilegio latine versa;-^- 10" Poemata il faisait très peu de cas de ses poé-
quoedam et epigrammata ; -^- 11 ° In sies, qui, pour la plupart, lui furent
Q. Annei Senecoe tragoedias ani- arrachées par les importunilés de ses
madversiones; -— 12° Asinii Corner amis. Lususipse. juvéniles suos, aut
lii Gaïli Elegia et epigrammata tria, senilis insomniaesolatium appellitabat.
cum Animadversionibus, dédié à Cl. Il écrivait envers grecs ou latins avec
Dupuy;^-13° Epistole ad diversos; une facilité extraordinaire.
— 14° Discours de la jonction des XXXVI. Dere nummariâ disserta-
mers, du dessèchement des marais tio, liber posthumus ex Bibl. acad.
et de la réparation des rivières pour Lugd. Batav., Leidoe, Raphelengius,
les rendre navigables ; — 15° Dis- 1616, in-8°, pp. 112, sans la dédie'
cours sur quelques particularitez de et l'Index ; réimp. dans le Thés, an-
la milice romaine, déd. à M. de Thou; tiq. groecarum de Gronovius (T. IX).
-T-16° Lettres touchant Vexplication XXXVII. Diatribe critica, qu'à,
de quelques médailles. —Après l'im- Theod.Marcilii Commentarius No-
pression du volume, il vint encore en toeque in Epigrammata de Coesaris
main à Casaubon quelques Psaumes Amphitheatro et Venationibus or-
de David trad. en grec. Il promet de dine expnnguntv.r, autorque pluri-
les publier à lapremière occasion, car, bus locis illustratur, dans l'édit. de
dit-îl, ilsmériteraientlapremièreplace. Martial par Scriverius, Lugd. Bat.,
XXXIII. De equinoctiorum antici- Joann. Maire, 1619, in-12, p. 139-166.
patione diatriba, nuncprimùm édi- XXXVIII. Epistoloe omnes que re-
ta, Paris., Jérôme Drouart, 1613, periripotuerunt, nunc primùm col-
in-4", pp. 96. — Publié par Jean Rut- lecte ac édite. Ceterisprefixaest ea
gers, qui le dédia à Pierre Dupuy. que est de Génie ScaUgerâ in qua.
XXXIV. Ji^ni,LLr seu Pro- de autoris vitâ, et sub finem Danie-
lis Heinsiide morte ejus altéra, Ludg.-
verbiorum arabicorum Centurie duo Bat., ex off. Bonav. et AbrahamiElze-
ab anonymo quodam arabe'collecte virii, 1627, xn ff. et 887 pp. in-8" ;
et explicatoe cum interpretatione réimpr. l'ann. suivante à Francfort.—
latinâ et scholiis Jos. Scaligeri et Public, attribuée à Heinsius. Trois an-
Thomoe Erpenii, Leidoe, 1614, in-4°, nées auparavant avaient paru Epistres
p. 126. — Ce fut sur la demande de françaises des personnages illustres
Casaubon que Scaliger entreprit ce et doctesà M. Jos.-Juste de LaScala,
travail. Il mit, dit-on, moins de temps mises en lumière par Jaq. de Rêves,
à traduire et à commenter ce livre que à. Harderwyck, chez la vefve de Tho-
d'autres n'en auraient mis à le lire. Et mas Henry, pour Henry Laurens, li-
cependant il y étala tant de savoir, que braire à Amst., 1624, in-8°. — Colo-
lorsque Casaubon compara son propre nnes publia dans ses Opuscules une
travail avec celui de Scaliger, il faillit clef de l'un et de l'autre recueils. On
tomber dans le découragement. trouve en outre de Scaliger : 1 ° Cinq
XXXV. Jos. Scaligeri Poemata lettres àLipsius, dans le SyllogeEpis-
omnia, ex museio Pétri Scriverii, tolarum de Burmann; — 2° Deux let-
Leidae,. 1615, in-12.
— Divisé en tres à Ranzow, une à Saumaise, deux
trois parties, chacune avec sa pagina- à Scipio GenliliSjdans les Epistoloe Gu-
tion propre. On y trouve, outre une dii; — 3° Quatre lettres à Sibrandus
foule de pièces inédites, originales ou Lubbertus, dans les Epistolaî illust. vi-
par Eschenbach dans son édit. des OEuvres rorum, de Gabbema, Harlingae Frisio -
d'Orphée, Ùtrecht, 1689, in-i2. rum, i 669, in-12 ; — 4° Une lettre à
LES 24 — LES

Joulert, les de Sén ebier et le Catal. de la Bibl. nat. : A °
Laur. dans OEuvres ce
dernier, Lugd., 1582, in-fol., vol. Il, Agathie Epigrammata, latine versa
Jos. Scaligero et Jano Dousa, à- la
p. 312; —.5° Une lettre à Riltershu- a
d'Agathias de Imperio
sius, danslesEpistoloe inédits LX clar. suite de l'ouvr.
virorum, de Hummel, Norimb., 1777, et rébus gestis Justiniani iinp., Lugd.
in-8°;:— 6° Deux billets en franc, à Batav., 1594, in-4°; — 2° Theocriti
Bongars, dans les Epistorloe Bongarsii Idyllia et epigrammata; Moschi,
etLingelshemii, Argent., 1669, in-12; Bionis, Simmii que extant: groecè
7° Huit lettres franc. àDalechamp, et latine, cum Annotationibns Jos.

à Lyon, et une latine à DésiréHérctud, Scaligeri et Is. Casauboni, Heidelb.,
à Sedan, reprod., d'après de la Jérôme Commelin, 1596, in-8°; 1604,
un msc.
Bibl. de Leyde, à la suite de l'ouv. de in-4° dans une nouv. édit. des Idylli-
M. J. Bernays. La plupart des grandes ques grecs, donuée par Heinsius; —
collections de mss. contiennent des 3° Tumulus et Elogia Claudii Pu-
lettres de Jos. Scaliger. Nous citerons, teani, autoribns{Pa,pirio Massone et
danslevol. SS1,Collect. Dupuy, plus, Jos. Scaligero, Paris., 1607, in-4°;—
lettres à d'Emery et à de Thou, et T. 4° Scaion inurbemRomam.Fis.ncoL,
7LX.ll, Collect. Boulliau, copie de trois ,1609, in-4°, satire détachée de ses au-
lettres écrites de Leyde ausieur'deCcs- tres poésies et imprimée plus, fois sé-
telfranc [Guill. Le Nautonnier]. Le parément;—5° ConjectaneainNonni
Muséum Britann. en conserve un grand Dionysiaca, ad editionem Plantini et
nombre. Voir les Catal. des collect. Wecheli, et reprod. à la suite des Ob-
Harley et Burney : cette dernière pos- servations sur le même ouvr. par Pe-
sède, entre autres, un recueil de 85 trus Cunoeus, Lugd. Bat., 1610, in-8°;
lettres adressées à.Casauhon de 1595 à — 6° De arte critica diatriba, mine
.

1608.On y trouve aussi la réponse au- primùm édita ex musoeo Joach. Mor-
tographe de Scaliger aux curateurs de sii, Lugd. Bat., 1619, in-4°;— 7° Lo-
l'acad. de Leyde, xn kal. feb. 1592, et ti cujusd. Galeni difficillimi expli-
deux lettres de Henri IV à lui adressées. catio, à la suite du précédent;— 8° De-
Toutes ces lettres ne sont pas égale- fensio J. Buxtorfii adv. Lud. Cap-
ment importantes; la plupart même pellum, et Exercitatio brevis ad obs-
n'ont qu'un faible intérêt littéraire. curum Zaharis locnm illuslrandum,
D'après son Catal. des mss.-latins, la à la suite de la diatribe de Cappel De
Bibl.uat. possède de Scaliger :1° Varie veris et antiquis Ebroeorum litteris adv.
lectioviesinlsocratisPanathenaïcum, Buxtorfium, Anist., 1645, in-12 ; —
et Notoe et emendationes in Plautum, 9° Leges Attice cum commentario,
msc, écrit en 1644, qui avait appartenu ouvr. laissé parmi ses papiers et qu'il
à Dupuy; — 2° le Vocabulaire latin jugeait digue d'êtrepublié;—10'Nole
dont nous avons parlé plus haut; on in Plinii historiam naturalem, Ul-
trouve ùh fin nonnulla deplantarum trajecti, 1669, in-8° ; -- 11 ° Note in
proprietatibns, nec non et veterum Euripidem, Cantabridg., 1694, in-
po'ètarum fragmenta.—Le Catal. des fol.; —12° Annotationes in Ireneum
mss. de la Bibl. Harléienne indique : contra hereses,Oxomaî, 1702,in-fol.;
VScholia in Euripidem;— 2° Casti- 13° Note in Suetonium^ltis.]:,1703,
gationes in Strabonem, in Antonini in-4°;
transformationes, in Theophrastum — 14° Emendationes in vete-
res glossas verborum juris, Ultraj.,
et Atheneum.—'Et le Catal. de la Col- 1733,in-fol.—On trouve, en outre,de
lect. Burney : Animadv. in quoedam Scaliger une foule de pièces de vers,
Pétri Molinei scripta, avec quelques tant en grec qu'en, latin, parmi, les
autres petites pièces, etc. pièces liminaires des ouvrages publiés
A celte lisle des ouvr. de Jos. Scali- de son temps.
ger, nous ajouterons, d'après Nicéron, Au rapport de Guy Patin, Scaliger
LES -
25 — LES
avait composé unlivreDe insolubilibus nal, n'a rien pour justifier son crime
Scripture et une Géographie de la de lèse-majesté envers là mémoire
Sainte Écriture, qu'il aurait détruits. de Scaliger. Après la conversion au
Son trailé De Asse, dont il est question catholicisme des frères Nicolas et
daus le Scaligerana,a sans doute éprou- Jean Vassan (ce dernier même se fit
vé le même sort. moine), leur journal tomba entre les
Nous compléterons celte notice par mains des frères Dupuy, grands ama-
quelques détails sur le Scaligerana, teurs de ces sortes de raretés. Le
quoique ce soit faire injure à Scaliger conseiller Claude Sarrau en prit
que de placer parmi ses écrits un livre une copie,'et, à sa mort, son fils Isaac
qu'on devrait plutôt attribuer à la ma- fit présent du msc. de son père à un de
lignité de ses ennemis. Fussent-ils ses amis, d'où il passa entre les
toujours sincères,lesfrèresPassa» (1), mains ie.Jean Daillé, le fils, qui, dans
auteurs de la principale partie de ce la copie qu'il en fit, substitua l'ordre al-
livre, ont indignement abusé de l'hos- phabétique à l'ordre chronologique.
pitalité, qu'ils avaient reçue à la fa- C'est dans cet état qu'il vint à la con-
veur de la recommandation de leur naissance de Vossius. Ce journal al-
oncle Pierre Pithou; ils se sont lait de 1603 à 1606, temps du séjour
insinués, comme des espions, dans des frères Vassan auprès de Scaliger.
l'intimité du vieillard pour surpren- Il est écrit moitié en latin, moitié en
dre ses faiblesses et le trahir. Or, français. Du temps de Guy Patin, en
quelle confiance peuvent inspirer des 1666, le msc. autographe se trouvait à
révélations qui portent le cachet de la la Bibl. royale. Quant à François Ver-
trahison? Au surplus, fussent-ils véri- tunien, de Poitiers, que Scaliger con-
diques en tout, la justification de Sca- nut dans la famille du sieur d'Abâin,
liger serait encore possible : quel est dont il était médecin, et qui est auteur
le grand homme, quel est le sage qui du premier Scaligerana, ses révélations
ne dépose pas quelquefois sa grandeur, sont moins hasardées, moins brutales,
sa sagesse au seuil de sa porte et ne qu'on nous permette ce mot. Son
reprenne" dans son intérieur nos fai- journal, entièrement écrit en latin,
blesses humaines ? Le juge n'est pas embrasse une période de près de vingt
toujours sur son tribunal, ni le pasteur années, de 1574 à 1593. A sa mort, '
dans sa chaire. Un savant ne converse cetécrit resta enfoui parmi ses papiers,
pas toujours avec la postérité. Il y a jusqu'à ce qu'en 1669, un avocat de
des repos, des relâches dans la vie. Poitiers, nommé de Sigogne, le fit
La corde de l'arc se romprait, si elle tenir à Tannegui Le Fèvre,k Saumur.
élait toujours tendue. Luther tenant ses En voici les titres : 1 ° Scaligerana
propos de table, n'en est pas moins Lu- [secunda] sive Excerpta ex ore Jos.
ther ; Henri IV marchant à quatre pat- Scaligeri, per F. F. P. P. [fratres
tes n'en est pas moins le vainqueur Pilhoei], Genevas, ap. Petr. Colume-
d'Ivry. C'est une marque, non pas sium, 1666, édit. fautive et mutilée;
de notre admiration, mais de notre les Remarques mises à la fin sont de
petitesse que de rechercher les actions Paul Colomies ; 2e édit. auctior et
des grands hommes jusque dans les emendatior, Hagoe Corn., 1666, in-
plus vulgaires détails de leur vie. 8°i; edit. altéra, ad verum exemplar
.Toutefois, les frères Vassan ont leur restituta, etc., Colonioe [Rouen?]
jeunesse pour excuse; mais IsaacVos- 1667, in-12; celle dernière édit. est
sius, le premier éditeur de leur jour- due à Jean Daillé, qui n'ayant pu
empêcher l'édit. subreptice de La Haye,
(1) Ils étaient fils d'un sieur Vassan, sei- voulut au moins que le livre parût
gneur de Remi-Mesnil, et de Venelle Pilhou, dans son intégrité ; dans la préface, il
morte sur la fin de 1604 a Genève, où elle
s'était retirée après la Saint-Barthélémy. est fait mention de celte édit. de La
LES
Haye qui venait de paraître sous le
- - 26 LES
son goût le portât vers cette carrière,
titre Scaligeriana : la date de 1668 mais tel était le voeu de ses parents. De
que quelques bibliogr. lui assignent là, il alla en Allemagne et fréquenta
est donc fausse, — 2° Prima Scalige- pendant quelque temps l'université de
rana nusquam antehaç édita [cum Marbourg, où il s'appliqua plus parti-
praef. et notis Tanaquilli Fabri], Gro- culièrement à la philosophie, H paraît
ningoe [Saumur?] ap.Petr. Smithaeum, que sa véritable vocation ne s'était pas
1669 ; Ullraj., ap. Petr. Elzevirium, encore révélée à lui, Le désir de con-
1670, in-8°; Cologne [Amst.], chez naître Mélanchthon le conduisit en-
les Huguetans, 1695, in-12, — Le suite à Wiltemberg. Ce fut sans doute
second et le premier ont été confondus,. à la persuasion de ce digne théologien
plutôt que réunis, dans l'édit. suivan- qu'il adopta les doctrines de la Réforr
te: Scaligerana,ouBonsmots,Rencon- me. On ne pouvait choisir un meilleur
tres agréables , et Remarques judi- parrain. En 1550, il visita Francfort,
cieuses etsçavantes de Jos. Scaliger, Strasbourg, la Suisse, Lyon, et se ren-
avec des notes de M. Le Fèvre et de dit à Montpellier pour y étudier la mé-
M. de Colomiès, le tout disposé par decine. Il se mit en pension chez le cé-
ordre alphab. en cette nouv. édit., lèbre Rondelet,qui le dirigea dans ses
Cologne [Amst.], 1695, in-12, tandis études. L'élève se montra digne du
que dans l'édit. de Des Maizeaux, la maître. « Assiduus ac sedulus Ronde-
meilleure de toutes, ils ont été placés letii, cui unicè carus et acceptas erat,
à la suife l'un de l'autre. audilor, ex ore docentis aççepit Jlfe-
LESCHERPIÈItE (SAMUEL DE), thodum curandorum morborumpar-
sieur de LA RIVIÈRE, ministre de Rouen ticularium, quam posteà typis vulga-
el chapelain de Catherine de Bourbon, yit Laur. Joubertus. » Si le panégy-
en 1603, fut député par la Normandie riste de L'Escluse, Vorstius, ne com-
aux Synodes nationaux de 1607 et de met pas une erreur, ce serait un livre
1614, et à l'Assemblée politique de de plus a ajouter à la liste que nous
Saumur, en 1611, où il né joua d'ail- avons donnée des publications deLaur.
leurs aucun rôle important. 11 a publié Joubert. En effet, ce savant médecin
à Quévilly, en 1621, la Confession de se trouvait à l'université de Montpellier
foi faictepar Daniel, fils d'Alexan- en même temps que L'Escluse, et çomT
dre, juif," lors de son baptême qui me lui, il s'était mis en pension chez
fut le 12 d'avril 1621, avec une let- le professeur Rondelet.
tre adressée a ceux de sa nation, le Lorsque L'Escluse eutpris,en1555,
tout trad. du syriaque de. Vautheur le grade de licencié, il retourna dans
en alemandpar lui-même et de Fa- sa patrie, et y demeura jusqu'en 1560,
lemand en françgis par le sieur de, occupé du soin de ses premières pu-
La Rivière.' blications. H se rendit ensuite à Paris,
L'ESCLUSE (CHARLES DE), en. la= où il passa deux années. Nos dissen-
tin ÇLUSIUS, savant botaniste, né à Arr sions religieuses l'en ayant éloigné, il
ras, en 1526 (le 1S fév., d'après Valère se retira à Louvain; puis il visita Augs-
André), de Michel de L'Escluse, seir bourg, et l'année, suivante, en 1564,
gneur de Watènes, conseiller à la il entreprit un voyage en Espagne et
cour provinciale de l'Artois, et mort à en Portugal, dans le but surtoutd'étu-
Leyde, le 4 avril 1609, dans sa 84cme dier la flore de ces contrées. Il par-
année. couruttout le pays jusqu'à Cadix. Près
Après avoir reçu sa première instruc- de Gibraltar, une chute de cheval fail-
tion à Gand, L'Escluse fut envoyé à lit lui coûter la vie; il eut la jambe
Louvain, en 1546, pour y continuer cassée. Ce fut vraisemblablement pen-
ses études. Il suivit pendant deux ans dant les loisirs forcés de sa convales-
les cours delaFaculté de droit,no,n que cence, qu'il traduisit de l'espagnol en
LES 27 LES
latin plusieurs ouvrages de botanique, fut pour lui une bien cruelle privation
qu'il publia à son retour dans sa patrie. de devoir renoncer à ses excursions
Il rapporta de son voyage une riche botaniques. Une compensation lui était
collection de plantes, dont il donna bien due. Les curateurs de l'Académie
plus tard la description. En 1571, il de Leyde la lui offrirent, en 1593, en
passa par Paris et alla-s'embarquer à le nommant à la chaire de botanique
Calais pour se rendre en Angleterre. deleurun'tversité. Il accepta cetteplace,
Deux ans après son retour sur le conti- qu'il remplit jusqu'à sa mort. Il fut af-
nent, l'empereurMaximilien II l'appela fligé, dans les dernières années de sa
à Vienne pour lui confier la direction vie, de diverses infirmités; cependant
de ses jardins, et l'admit au nombre, il conserva jusqu'à la fin la sérénité
des familiers de sa Cour. L'Escluse de son caractère. Heinsius le place avec
remplit cetle place pendant près de 14 son ami Joseph Scaliger, mort peu de.

ans, sous ce prince et sous sou succes- jours avant lui, au nombre des plus sa-
seur; de temps en temps, on lui per- vants hommes de son temps. L'Escluse
mettait de faire des voyages d'instruc- était pieux, charitable, bienveillant,
tion. Ce fut ainsi qu'il parcourut l'Au- modeste, -d'une- grande simplicité de
triche et la Hongrie, et qu'il visita pour moeurs. « Vir paucis conferendus, dit
la seconde fois l'Angleterre, où il fut son panégyriste, vitâinnocenlissimus,
bien accueilli par sir Philippe Sidney ingenio florentissimus, proposilosanc-
et par le Gélèbre navigateur Francis tissimus, et, utverbp dicam,prisci mo-
Drake, qui lui donnèrent l'un et l'autre ris et oevi. » Il vécut célibataire. Il était
beaucoup de renseignements sur les généreux,nullementintéressé; quoique
productions des pays qu'ils avaientvisi- l'aîné de la famille, il renonça, en faveur
lés. A la fin, fatigué de la vie des cours, de son frère cadet, à la seigneurie de
aulicoe vite pertesns, il renonça à sa Walènes. Il avaitune foule d'amis.Vers
place et vint se fixer, en 1587, à Franc- la fin de ses jours, il concentra plus
fort-sur-le Mein, où il vécut environ particulièrement son affection sur Jo-
six années dans la plus complète soli- seph Scaliger et Vincent Pinelli. Leur
tude, ne voyant que le landgrave de mort hâta la sienne, Nous emprunte-
Hesse, Guillaume, qui l'aimait et qui rons l'appréciation suivante à M. Duvau
lui faisait une petite pension. Les bio- (Biogr. univ.), qui nous semble résu-
graphes de L'Escluse ne nous disent mer parfaitement les services que L'Es-
pas d'où lui venait cette humeur noire. cluse a rendus à la science. «Une cor-
Il est vrai qu'au milieu de ses plantes, respondance immense, une mémoire
sa solitude devait être douce : prodigieuse, la connaissance des lan-
gues anciennes et de la plupart des
Hic ver purpureum : varios hicfiumina çircum modernes, une rare sagacité, enfin une
Fundit humusDores: hic candidapopulusantro grande ardeur pour le travail, même
Imminet, tenta; texunt umbracula viles.
dans ses dernières années, tels furent
Tout ce qu'il pouvait désirer, la na- les moyens de succès de L'Escluse. La
ture le lui prodiguait, à lui qui, en dé- botanique venait de prendre un nouvel
couvrant une fleur nouvelle, éprouvait essor. Les descriptions et les figures de
autant de joie que s'il eût rencontré un Dodonée et de Lobel, surtout celles de
riche trésor, nonminus, dit-il, gaudio L'Escluse lui-même, éclairaient et fa-
afficiebar, quàmsiingentem thesau- cilitaient la science; Matthioleet Da-
rwmreperissem. Cependant nos joies lechamp avaienl ouvert.la roule à Gas-
sont toujours mêlées de quelques lar- par Bauhin; Gessner avait fait sentir
mes.Les fatigues de ses voyages avaient la nécessité de tirer de la fleur et du
fortement altéré sa santé. 11 fut à la fin fruit les caractères distinctifs des plan-
affecté d'une luxation de la hanche qui tes; Césalpin avait donné le premier
l'obligea à se servir de béquilles. Ce modèle d'irue méthode naturelle. L'E-
LES -28 LES
cluse ne paraltpas avoir senti le mérite pion l'Africain, trad. du latin
de
d'une découverte aussi importante... Donat Acciaïoli, Paris, Vascosan, compléter
Mais il se montra vraiment supérieur 1562, in-8°. —Servant à
descriptions elles le 6° vol. des OEuvres de Plutarque de
dans ses : sont remar-
quables par une exactitude, une préci- la même édition ; réimpr. plus, fois,
sion, une élégance et.une méthode qui et entre autres dans l'édit. des Vies des
n'ont point été surpassées par les mo- hommes illustres grecs et romains, de
dernes, excepté pour quelques détails Simon Goulart.
de la fleuret du fruit, auxquels on n'ac- IV. Aromatum et Simplicium ali-
cordait encore que fort peu d'impor- quot medicamentorwm apud Indos
tance. Elles contiennent souvent, sur nascentium historia, primùm qui-
les noms employés par les anciens bo- dem lusitanicâ linguâ per dialogos
tanistes, des discussions intéressantes conscripta a D. Garcia ab Horto
qui ont servi à éclairer cette partie de [Orta], proregis Indiemedico, dein-
la botanique. On y trouve aussi les dè latino sermone in epitomen con-
noms des plantes dans les langues vi- tracta, eticonibus ad vivum expres-
vantes, et surtout ce qui à rapport 8 sis locupletioribusque annotatiuncu-
leur emploi dans la médecine, les arts lis illustrata a Carolo Clusio,Anlv.,
et l'économie domestique. Enfin elles 1567, 1574, 1579, in-8°.
sont accompagnées de figures bonnes V. Simplicium medicamentorum
pour le temps; Dodonée et Lobel en ex novo orbe delatorum, quorum in
ont empruntéun grand nombre. » Ou- medicinâ usus est, historia, hispa-
tre le grec et le latin, L'Escluse pos- nico sermone a D. Nicolao Monarde,
sédait à fond l'espagnol, l'italien et med. hispalensi, descripta, Latio
l'allemand. Hélait versé dans l'histoire deindè donata, et annotationibus
et dans la géographie. Plumier lui a iconibusque affaire depictis illus-
consacré, sous le nom de Clusia, un trata a Carolo Clusio, atrebate,
genre de plantes de la famille des Antv., 1574 et 1579, in-8°. —Lors-
gultifères qui comprend des arbres que Monardes eut publié le 3° livre
, de cet ouvrage, L'Escluse le traduisit
et des lianes, vivant le plus souvent en
parasites sur d'autres arbres, dans les également et le fit paraître à Anvers,
îles des Antilles. 1582, in-8°.
VI. Christ, a Costa,medicietchi-
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. rurgi, aromatum et medicamento-
I. Histoire desplantes, enlaquelle rum in Orientait Itidiâ nascentium
est contenue la description entière liber; plurimùm lucis afferens Us
des herbes, leurs espèces, formes, que a doctore Garcia de Orta in
-,
noms, tempérament, vertus et opé- hoc génère scripta sunt; Caroli Clu-
rations, par Rambert Dodoens, mé- sii operâ ex hispanico sermone lati-
decin de la ville de Matines, trad.\de nus factus, in epitomen contractus,
bas allemandenfrançoisparCharles et quibusdam notis illustratus,
de L'Escluse, Anvers, Christ. Plantin, Anlv., 1574 et 1582, in-8°.
1557, in-fol. VII. Rariorum aliquot stirpium
II. Antidotarium florentinum per Hispanias observatarum histo-
sive de exaciâ componendorum me-, ria, libris duobns expressa, Antv.,
dicamentornm ratione libri très, ex 1576, in-8°, avec 230 fig.
groecorum, arabnm et recentiorum VIII. Caroli Clusii aliquot Notoe
medicorum scriptis a medicis flo- in Garde Aromatum historiam;
rentinis collecti, et a Carolo Clusio ejusd. Descriptiones nonnullarum
ex italico sermone lalinifacti,kuU. stirpium et aliarum exoticarum ve-
1561, in-8°. rnm, que a generoso viro Francisco
III. Les Vies d'Annibal et de Sci- Dralie, équité anglo, et his observa-
LES 29 — LES
te sunt, qui eum in longâ illâ navi- auctoreloanne Pona, pharmacopoeo
gaiione, qua proximis annis %ni- (trad. de l'ital. en latin, par Clusius).
verstim orbem circumivit, comitati —Au jugement de M. Duvau, on peut
sunt; et quorwmdam peregrinorum regarder le petit traité de L'Escluse sur
fructuum, quos Londini ab amicis les champignons comme la première
accepit, Antv., 1582, in-8°. monographie de ces plantes qui mérite
IX. Rariorum aliquot stirpium d'être citée. Il les divise en bons et en
per Pannoniam, Austriam, et vici- mauvais. C'est à L'Escluse que l'on
nas quasdam provincias observata- doit la première description exacte de
rumhistoria, quatuor libris expres- la pomme de terre, sous le nom
sa, Antv., 1583, in-8°, avec 358 fig. ù'arachidna Theophrasti, forte pa-
X. Pétri Bellonii [Belon], ceno- pas Peruanorum, accompagnée d'une
mani, plurimarum singularium et figure complète de la plante (2e part.,
memorabiliumreruminGroecia,Asiâ, p.LXXIX); elle était depuis longtemps
JEgypto, Judoeâ, Arabïâ, aliisque ex- cultivée en Italie. On en ignorait l'o-
ieris provinciis ab ipso conspecta- rigine.
yum, tribus libris expresse; accedit XIII. Nicolai 'Monardi libri très,
ejusdem de neglectâ stirpium cul- magna medicine sécréta et varia
turâ,atqueearumcognitio?ielibellus, expérimenta continentes a Car.
,
etc. Carolus Clusius è gallico latinum Clusio Latio donati, Ludg. Batav.,
faciebat, Antv., 15S9, in-8°; réimp. 1601,in-8°.—Ces trois livres traitent :
avec le N° XIV. 1 ° De lapide Bezaar et herbâ scor-
XI. Garcioe ab Horto, Christ, a zonerâ;— 2° De ferro et ejusfacul-
Costa etNicolaiMonardis Aromatum tatibus ; — 3° De nive et ejus com-
et simplicium medicamentorum apud modis.
Indos nascentium historia, ex lusi- XIV. Exoticonm libri decem, qni-
tanico et hispanico sermone latine bus animalinm, plantarum, aro-
in epitomen contracta, et annqtatio- matum, aliorumque peregrinorum
nibus iïlustrata a Carolo Clusio; fructuum historié describuntur
,
cum figuris, Antv., 1593, in-S°.— [Antv.] ex off. Planlin. Raphelengii,
Réimpression des N"III, IV et V, avec 1605, in-fol., cum figg.; dédié aux
des augmentations. Etats de Hollande ; titre historié ; plu-
XII. Caroli Clusii, atrebatis, sieurs pièces de vers en grec et en la-
Impp. Coess. Augg. Maximiliani II, tin, à la louange de l'auteur, et, entre
Rudolphi II, aule quondamfamilia- autres, parle médecin Fédéric Jamot,
ris, Rariorum plantarum historia, probablement un réfugié. — Le plus
Antv., ex off.Plantin. ,1601. in-fol. ;div. important des ouvrages de L'Escluse.
en deux part., l'une cotée en chiffres Les six premiers livres sont imprimés
romains, et l'autre eu chiffres arabes ; pour la première fois. On y trouve, en
avec1135 figg.; frontispice historié.— outre, les N" IV, V, VI, X, XIII, revus
Les deux ouvr. indiqués sous lesN"VH avec soin et enrichis de nouvellesscho-
etIX ont été refondus dans celui-ci, qui lies ; plus, un supplément aux Exo-
est divisé en VI livres, suivis d'un ap- tiques, contenant la description de
pendice.Onytrouveen outre: 1 " Ejusd. divers objets d'histoire naturelle, et -
Commentariolum de fungis ; — finalement un Appendice à l'Histoire
2° Honorii Beïli med. aliquot ad des plantes.
Clusium Epistole (sur la flore de l'île XV. Caroli Clusii, atrebatis, Cure
de Crète) ; — 3° Thobie Roelsii med. posteriores , seu plurimarum non
Epistola de 'certis quibusd. plantis antè cognitarum aut descriptarum
(le manioc, l'igname et quelques es- stirpium, peregrinorumque aliquot
pèces de palmiers);—4°Montis Bal- animalinm novoe descriptiones; ac-
di, agro veronensi, descripiio, cessit, seorsim MU Everardi Vors-
LES - 30 —
François, baron
LES
de Savignac, il s'est
tii de ejusd. Caroli Clusii vitâ et à
Ëpicedia illustré* dans les guerres du roi de Na-
obitu Oratio, aliorumque Castillon
[Anlv:], ex off. Plantin. Raphelehgii, varre par là belle défense de
1611 * in-fol.; Lugd. Bat., 1611, in-4\ contre Mayenne:
—L'Oraison funèbre par Vorstius avait L'armée de la Ligue attaqua cette
séparément,Lugd.Bat.;1609, 8°. petite place le 15 jùill. 1586. Les as-
paru
XVI. Gallie Belgice chorogra- siégés, sous les ordres de Savignac,
phica descripiio posthuma, Lugd. à'Allein, de Saint-Onèn et delesSéril-
Bat., 1619, in-8°. lac, défendirent vaillamment fau-
XVII. Tabula chorographica Gal- bourgs; mais chassés de posle en poste,
UoeNarbonensis, insérée par Abraham ils finirent par être rejetés dans la ville.
Orlelius dans son Theatrum Orbis Le siège fut conduit avec beaucoup
terrarum. — L'Escluse avait appris à d'habileté par Ladouze, commandeur
connaître le pays qu'il décrit, dans ses de l'ordre de Malte. A mesure qu'ils
excursions botaniques, pendant qu'il enlevaient un ouvrage , les Ligueurs
étudiait à Montpellier. ' s'y fortifiaient avec soin. Cette marche
LESCOURS (JEAN DE), ou Las- étailsûre, mais lente ; aussi ne fut-ce
.

cours, appelé aussi Lescure, seigneur qu'au bout d'un mois de siège, qu'ils
.

de SAVIGNAC et non de Salignac * réussirent àseiogerdansunetour,après


, quelques historiens;
comme écrivent un sanglant combat où le vicomte de
naquitvers'1512,selonune généalogie Paulin fut tué; Les assiégés né per-
msc. qui se conserve à la Biblioth. de dirent pas courage ; ils continuèrent à
l'Arsenal, sous ieN° 749. Il avait donc se défendre avec tant de bravoure que
atteint sa cinquantième année lorsque Mayenne aurait été forcé delèverle siè-
la guerre civile éclata, et il y prit une ge, ses munitions étant épuisées, si
part active, ainsi que ses deux frères. les marchands de La Rochelle, à ce
Le parlement de Bordeaux les comprit qu'affirme d'Àubighé,' ne lui avaient
tous les trois dans son arrêt du 28 juil- vendu de la poudre! A cet acte infâme,
let 1562 {Voy. IV, p. 501). Jean de bâtons-nous d'opposer la conduite des
Lescours figure encore dans le fameux habitants de Clairac, qui né se conten-
arrêt rendu parle même parlement; en tèrent pas d'envoyer au secours de Cas-
1569. La même année, son frère, le tillon un renfort de cent hommes com-
baron de Savignac fit, à la tête de 80 mandé par le capitaine Lespàrre; mais
chevaux commandés sous lui par Ca- qui, enthousiasmés par l'héroïque dé-
senauve, La Chapelle et à.'Aubignê, fense de leurs frères, se levèrent eu
une course du côté de Libourne et défit masse, hommes, femmes, enfants, pour
deux compagnies degensdepied; mais aller mourir avec eux. Décimée par la
à son retour, il se laissa surprendre et pesté qui éclata dans la ville* plus en-
sa troupe entière fût détruite, à l'ex- coreque par lé fer ennemi, et n'espérant
ception de cinq hommes. La frayeur plus de secours dépuis que les troupes
qu'il éprouva lui fit retrouver l'usage assemblées par Turenne s'étaient dis-
de ses jambes qu'il avait perdu depuis persées sous le coup de la terreur in-
dix ans. spirée par le terrible fléau, la garnison
Jean deLescours avait épousé/<;a»« parla de se rendre, et, à l'insu des ha-
de Gaing qui.lui donna deux fils, nom- bitauts, résolus à combattre jusqu'à la
més FRANÇOIS et BENJAMIN. La destinée mort, Savignac signa une capitulation
du second est inconnue. Peut-être est- portant que Savignac, Allein, Pierre-
il le même que Lescours, sieur àèNueil Buffière, sieur de Chatnbret, de Ro-
ou plutôt NIEUL ( son père était sei- chefort-Saint-Angel, Saint-Ouen,
gneur de cette petite ville du Limousin) Montmorency-de-BourSi Bassignac,
qui, selon les uns, fut fait prisonnier, Belliere, Frédevillé et Couronnean.
et, selon d'autres, tué à Jarnac. Quant sortiraient avec leurs armes et leurs
LES — si — LES
chevaux; lès soldats, sans armes, à 3582); — 4° CHARLES sïeur de Là
condition de lie servir de quatre mois Plâu, marié, en 1628,', à Catherine
dans les troupes du roi de Navarre. de Rechignevoisin.
Néanmoins, contre la foi jurée, tous 11 serait facile de confondre les Sa
les chefs furent retenus prisonniers et vignac du Limousin avec les Savignac

envoyés à Bordeaux et à Blaye, pour du Rouergue. Le nom. patronymique


être échangés contre des officiers ca- de ceux-ci était GAUTIÉ. En 1562,
tholiques. Quant aux habitants que Raimond de Gautié, seigneur de Sa-
Mayenne avait refusé de comprendre
.
vignac, emporta Saint-Antbnin et se-
dans lacapitulalioh.sous prétexte qu'ils courut Villeneuve, dont Antoine de
étaient s.es sujets, on en fit pendre Peyrusse, sieur de Boisseson, s'était
vingt-deux, et on livra les autres à la rendu maître. Au mois de décembre de
discrétion des soldats. la même aimée, il tenta une entreprise
François de Lescours avait épousé, sur Viliefranche, mais il échoua et dut
en 1575, Louise de La Roche. Resté s'enfermer dans le château de Grâ'nes,
veuf avec deux fils, il se remaria, en où il ne larda pas à être investi. Le
1596, avec Sus aime de Cossé. Du manque d'eau l'ayant forcé à se ren-
premier lit vinrent: 1° JACQUES, qui dre, vies et bagues sauves, là capitu-
prit pour femme, en 1605, Jeanne de lation fut indignement violée, et toute
Saint-Laurens, et en eut ISAAC, ma- la garnison, sauf six ou sept soldats,
rié, en 1645, à Hélène de Polignac, passée au fil de l'épée. Cette trahison
qu'il laissa veuve avec un fils, FRAN- parut si atroce, même aux Catholiques,
ÇOIS, baron de Nieul, mort à Paris, à que la foi de Granes passa en pro-
l'âge de 19 ans et enterré à Charenton, verbe. Quatre-vingts ans plus tard,
le 8 sept. 1667;—2° Louis, qui é- François de Gautié se signala sous les
pousa, en 1607, Marie Du Chesne, et ordres de La Force, notamment au
fut père de FRANÇOIS. Celui-ci s'allia, fameux siège de Moiitauban, où un
en 1632, avec Henriette de Haute- autre Savignac, dil i'Eynesse, se fit
claire, qui lui donna FRANÇOIS, époux, aussi remarquer par sa bravoure. Ce
en 1662, de Marié Baraud. Du ma-, dernier, connu surtout par Un acte dé
riage du baron de Savignac avec Su- sauvage fanatisme, ne fit plus rien qui
sanne de Cossé naquirent encore deux vaille, après l'assassinat de Boisse-
fils, savoir ï 3° FRANÇOIS, qui épousa, Pardaillan (Voy. IV, p. 544), on
en 1620, Elisabeth de Liveme et proie qu'il était aiix terreurs d'une
en eut ARNAUD (aliàs Armand), sieur Conscience troublée par le remords.
de Lescours etd'Oradour, qui remplit, On ne saurait donc le confondre avec
en 1683, les fonctions de commissaire le capitaine Savignac qui se comporta
pour l'exécution des édils dans la gé- vaillamment à la descente de l'île de
néralité de Limoges. Il avait épousé, Rhé, en 1627, à la tête de 500 Ré-
en 1659, Hélène de Polignac, veuve foimés français; mais ce dernier était-
de son cousin Isaac. C'est apparem- il le même que François de Gaulié?
ment de ce mariage qu'était issue une C'est ce que nous ne prendrons pas
demoiselle de Lescours, qui se con- sur nous d'affirmer.
vertit après uue détention de quelques LESGUIV (JEAN-PAUL DE), juris-
semaines aux Nouvelles-Catholiques consulte béarnais, conseiller à la cour
de Paris, en 1686,ainsi que le sieur de souverainedu Béarn, elconseiller d'Etat
Lescours, qui se réfugia en Allemagne du royaume deNavarre,nousest dépeint
avec sa femme Judith Thomas, fille par Benoît, comme un homme vif, ferme
unique d'un conseiller à la cour des et énergique, plein décourage, de lu-
comptes de Montpellier, et qui devint mières et d'éloquence,animéd'un grand
premier gentilhomme de la chambre zèle pour le bien public, et tout dévoué
du. duc de Brunswick {Arch. gén. E. à sa patrie et à sa religion.Lorsque l'as-
LES — 32 — LES
semblée du clergé de France, à force de franchises et de libertés qui conte-
de renouveler ses lamentations hypo- naient l'autorité du prince dans dé
crites et mensongères sur le sort dé- sages limites, en lui défendant de rien
plorable des -Catholiques du Béarn, changer à ce qui avait été établi avec
soumis, disait-elle, à un esclavage plus le concours des Etats. Le roi de France
dur que celui des Chrétiens opprimés n'avait donc le droit ni de réunir, de sa
par les Turcs, eut enfin obtenu du seule autorité, le Béarn à la France,
Conseil l'arrêt du 25 juin-1617, ordon-. ni de donner l'édit de main-levée. C'est
nant de rétablir l'exercice de la religion ce que Lescun démontra avec la der-
catholique dans le Béarn, et donnant nière évidence dans son Apologie des
main-levée des biens ecclésiastiques églises réformées de l'obéissance du
saisis par Jeanne d'Albret, les Etats roi et des Etats de la souveraineté
du pays, qui, dans une assemblée ex- de Béarn, pour justifier les opposi-
traordinaire tenueàPau,le 2 févr.1617, tions par eux formées contre l'exé-
avaient déjà protesté contre tout projet cution de la main-levée des biens
de réunion du Béarn à la France, se ecclésiastiques de ladite souverai-
.

montrèrent vivement émus de cette neté, avec un sommaire récit des


violation flagrante des fors et coutumes choses mémorables arrivées en Béarn
de la province. Ils s'assemblèrent à et en Navarre, pour le rétablissement
Orlhez,etprotestèrentdenouveau qu'ils de la religion romaine, depuis le
mourraient plutôt que de recevoir cet règne du roi Henri jusqu'à présent,
édit. Lescun, dont l'ardent patriotisme Orthez, 161 S, in-8°. Cet écrit se res-
s'étaitfait connaître aux conférences de sent de la précipitation avec laquelle il
Loudun, en 1616 (Fonds de Brienne, fut composé; le style en est décousu,
N° 223),. fut chargé de porter les ré- les raisonnements peu suivis ; mais il
clamations des Béarnais au pied du est remarquable par la vigueur et la
trône, et de soutenir au Conseil leur hardiesse avec lesquelles Lescun s'y
opposition. La Force et les députés élève contre l'arbitraire.
généraux le présentèrent, le 17 sept., Quelques années se passèrent avant
.

à Louis XIII ; mais ses remontrances que la contestation fût terminée. C'est
furent inutiles. Quelques jours après, seulement à la fin de 162D que, mal-
un nouvel édit confirma celui de juin, gré la promesse faite en son nom à
en assignant, sur le revenu du domaine, l'Assemblée politique de Loudun (Voy,
le paiement des pasteurset des collèges VI, p. 206), qui, sur les pressantes
réformés, qui se prélevait sur les biens instances de Lescun, avait pris en main
ecclésiastiques. Dès le 10 nov., les l'affaire du Béarn et demandé la révo-
Etals protestèrent à l'unanimité contre cation del'édit de main-levée,LouisXIII
cette atteinte portée aux privilèges du se crut assez fort pour briser la résis- '
Béarn, et implorèrent l'assistance de tance des Béarnais. Il fit entrer une
tous les Protestants du royaume (1). armée dans le Béarn sans éprouver la
De son côlé, le Conseil souverain re- moindre résistance de la part des ha-
fusa l'enregistrement de l'édit. La ré- bitants, surpris par cette attaque, et
sistance était légitime; car, comme le ordonna au parlement de Pau, dont
fait observer Sismondi, la principauté l'organisation fut complètement chan-
du Béarn était navarraise et non fran- gée, d'enregistrer en sa présence l'édit
çaise; elle était indépendante de la sur la restitution des biens ecclésias-
couronne de France, et elle jouissait tiques, en même temps qu'un aulre
édit du 20 oct., qui réunit la Navarre
(1) Vispalie, avocat au Conseil souverain, et Je Béarn à la couronne de France.
chargé de porter a La Rochelle la lettre de
l'assemblée d'Orthez, fut arrêté à Bordeaux. « Tout ce voyage fut un tissu de
Une copie de celte lettre, signée Du Casse, violences, ditBenoît dans son Histoire
se lit dans la Collect. Dujmy, K° 1S3. de l'édit de Nantes. On n'entendait
LES — 33 — LES
sortir de la bouche des plus modérés dépouillé de sa charge de conseiller.
que des menaces de punition exem- Cette injustice le rendit plus cher à ses
plaire, de pendre, de trancher la tête, coreligionnaires. L'assemblée de Mil-
d'abolir par tout le royaume la religion hau, qui se tint le 12 nov. sous la
réformée^ qu'ils appelaient maudite présidence de Causse, et à laquelle il
religion, de chasser tous ceux qui en assista, lui témoigna l'intérêt le plus
feraient profession, ou de leur faire sincère, et celle de La Rochelle, à la-
porter quelque marque d'infamie. Les quelle il fut député par les églises
soldais rompaient les portes des tem- béarnaises, ainsi que Rostolan, Casau-
ples, démolissaient les murailles, dé- bon, Capdeville elLoubie, lui donna la
chiraient les livres et les tableaux où plus haute marque de son estime en l'é-
les commandemens de Dieu étaient lisant président, le 25 déc. 1621, avec
écrits. Ils volaient, et frappaient à coups Rostolan pour adjoint, La Goutte et
de bâtons et d'épées les paysans qui Riffault pour secrétaires. Les premiers
venaient aumarchéàPau,présupposant jours de sa présidence se passèrent en
qu'ils étaient tous huguenots. Les gens délibérations touchant le tarif des droits
même qui portaient les couleurs du à percevoir sur les navires qui abor-
garde-des-sceaux étaient aussi furieux daient dans l'île d'Oléron, ou qui re-
que les autres. Ils forçaient les Réfor- montaient la rivière de Bordeaux, tarif
més qui leur tombaient entre les mains qui souleva des réclamations de la part
à faire le signe de la croix et.à se des ambassadeurs de Hollande et d'An-
mettre à genoux quand la procession gleterre, et qui fut maintenu néan-
passait. Les femmes n'osaient paraître moins, vu la nécessité de se procurer
dans les rues, de peur d'être poursui- des ressources pour soutenir la guerre,
vies comme des débauchées,, avec de et même élevé de 3 1/2 pour 100,
sales injures et des cris insultans. Il y «pourles personnes decontraireparli.»
en eut quelques-unes qu'on fit jurer, Le 1" janv. 1622, l'assemblée renou-
parce qu'elles étaient grosses, de faire vela le conseil de justice, qui se trouva
baptiserleurs enfantskl'égliseromaine, composé de Malleray, jGuérin et Sa-
quand elles seraient accouchées. On vary, ainsi que le conseil adjoint au
enlevait les enfants sans qu'il fût pos- maire de La Rochelle, dans lequel
sible aux pères de les recouvrer : et entrèrent Saint-Simon, La Muce,
tout cela se faisait sous les yeux du Rossel, La Grange et Casaubon. Vers
roi, sans qu'on pût obtenir même qu'il le même temps arrivèrent des lettres
.
en écoutât les plaintes.Dans le reste du de l'ambassadeur d'Angleterre, qui
pays, les soldats vivaient à discrétion, exhortait les députés à se soumettre
publiaient que le roi leur avait donné aux ordres du roi. Avant d'y répondre,
le pillage des Huguenots, chassaient l'assemblée crut nécessaire de con-
les ministres outrageaient leurs sulter le corps-de-ville, qui fut d'avis
, hommes et femmes qu'on envoyât des députés roi, s'il
femmes, menaient au «
à la messe à coups de bâton, attentaient y avoit de la seureté.» En conséquence,
à l'honneur des femmes et venaient l'ambassadeur fut prié d'obtenir des
même quelquefois aux mains avec les saufs-conduits «pour ceux qui seroient
maris qui avaient le courage de les dé- envoyez vers S. M. pour lui demander
fendre. On vit alors un essai des con- la paix et faire les submissions re-
versions forcées, dont nous avons quises. » L'assemblée vota en même
aujourd'hui devant les yeux des exem- temps une humble requête que l'am-
ples tout nouveaux. » bassadeur devait présenter au roi. Le
Lescun qui, depuis plusieurs mois, 21, elle prouva de nouveau ses dispo-
était sous le coup d'une sentence ren- sitions pacifiques en autorisant Rohan
due contre lui par le parlement de Pau, à enlamer des négociations, sous la
et qui avait dû fuir à Montauban, fut réserve, toutefois, que rien ne se con-
T. VII. °o
LES — U — LES
durait sans le consentement des dé- du tronc, resta exposée sur la porte de
putés des provinces fidèles à la Cause. Royan.
Le lendemain, elle révoqua les provi- Outre l'apologie dont nous avons
sions précédemment accordées à Châ- parlé plus haut, on a de ce martyr de
tillon, et confirma la nomination de la liberté du Béarn :
Rohan au généralat duBas-Languedoc I. Généalogie des souverains sei-
et du Vivarais ; puis elle fit écrire à gneurs de Béarn, Paris, 1616, in-4",
Parabère, qui oflrait de s'entremettre II. Requête contre le livre intitulé
pour la paix, qu'elle le remerciait de Le Moine au surveillant endormi, Pa-
sa bonne volonté. Ce fut le dernier acte ris, 1616, in-8°. — Le Moine est une
de l'assemblée de La Rochelle pendant satire violente contre les Prolestants
la présidence de Lescun, qui, le 25 publiée par un prêtre catholique sous
janvier, céda le fauteuil à La Muce, le pseudonyme de Banère.
et se joignit à l'expédition conduite III. Avis d'un gentilhomme de
par Pavas dans le Médoc, espérant Gascogne à MM- des États-Généraux
réussir à pénétrer dans le Béarn. La du royaume de Navarre et de la sou-
défaite de Favas le força à modifier veraineté de Béarn sur la main-le-
son itinéraire. Il rebroussa chemin vée des biens ecclésiastiques, entrée
pour, prendre la route de Royan à au Conseil ordinaire et cour sou-
Clairac, où il comptait rencontrer La veraine et présidence aux États et
Force ; mais il eut le malheur de tom- antres octrois obtenus par les évê-
ber, près de Cozes, dans un parti en- ques d'Oleron et de Lescar en 1617,
nemi qui le fit prisonnier, après une Paris, 1617,in-8°.
valeureuse défense. Où le trouva por- IV. Mémoiresde Jean-Paul de Les-
teur de vingt-quatre commissions tou- cun sur les oppositions auxpoursui-
tes signées de sa main, en sa qualité tes des évêques d'Oleron et de Les-
de président de l'Assemblée de La car, et les demandes faites par les
Rochelle. Il fut envoyé à Bordeaux. églises réformées, depuis le 1 " juin
En vain réclama-t-il les droits de la 1616 jusqu'au 13 avril 1617, Paris,
guerre ; en vain invoqua-t-il l'article 16-17, in-8°. —Recueil d'édits, d'ar-
de l'édit de Nantes qui attribuait aux rêts et d'autres pièces officielles.
Chambres mi-parties la connaissance V. Demandes des églises réfor-
de toutes les causes où des Hugue- mées du royaume de Navarre, Pa-
nots seraient impliqués. Le parlement ris, 1618,in-8°.
de Bordeaux qui, dès le 4 mai, re- VI. Défense contreles impostures,
çut ordre de le juger toutes affaires faussetés et calomnies publiées con-
cessantes (Fonds de Brienne,Y{°U 1 ), tre le service du roy et de la souve-
le débouta de sa demande, et le con- raineté de Bêàm et contre l'auteur
damna, comme criminel de lèse-ma- de deux libelles intitulés Le Moine
jesté, à avoir la tête tranchée, après et Là Mouche, Orthez, 1619, in-8°.
avoir souffert la question et fait amende VII. Lapersécution des églises de
honorable. En outre, sa postérité fut Béarn, Montaub., 1620, in-8°.
déclarée ignoble et tous ses biens cou- VIII. Calamité des églises de
fisqués. La sentence fut exécutée le Béarn, LaRoch., 1621, in-8°.
18 mai 1622. Lescun fut traîné au lieu Poeydavant lui attribue encore la
du supplice sur une claie avec cet Réponse du gentilhomme navarrois.
écrileau : Criminel de lèse-majesté et LESOiauiÈKES. Voy. FRANÇOIS
président de l'Assemblée de La Ro- DE BONNE.
chelle. Les commissions qu'il avait LE SEIGNEUR, nom d'une des
signées et son livre de la Persécution plus riches familles protestantes de la
des églises furent brûlés par le bour- Normandie.
reau sous ses yeux, et sa têle, séparée Adrien Le Seigneur, qui fut anobli
LES .35 LES
en 1592, laissa de son mariage avec était accusé d'avoir administré la-Gène-,
Marguerite Growlart, quatre fils, sa- à Sâint-Amand. « Avant leur morti
voir: 1° JACQUES, sieur de Vicquemare-, lit-on dans le Martyrologe, on les fit
conseiller.au parlement de Rouen, qui, languir en douleurs et opprobres ex-
resté veuf sans enfants de sa première trêmes, » et après les avoir tourmentés
femme Marie Brachon, épousa en se- de toutes les manières, on fihît'parles
condes noces Anne Le Varnier et en pendre, cM556.Nicolas DnPuis;ib
eût JACQUES et ESTHER, femme, en l'Artois, qûi-avait également déserte le
1655, de Pierre Le Fèvre, de Paris. cloître pour prêcher l'Évangile, fut
Jacques, sieur du Mesnil, fut aussi .
traité avec plus de barbarie encore. '
marié, deux fois, avec Catherine Le Après avoir été retenu longtemps pri-
Cauchois, puis avec Marie de Brion. sonnier dans la ville de Douai, il fut
Ses enfants furentJACQUES, SALOMON livré à l'abbé de Saint-Berlin, devenu
et sans doute Madelaine, qui épousa évêque; « sous lequel il estima gain de
Jean de Mazis, sieur de Tilly, et lui pourrir membre à membre en la mi-
donna une fille, Madelaine, alliée, en sère et infection extrême 3e sa prison.»
1607, à Jean Gogué-Chàlant, sieur Plusieurs autres, « desquels la mé-
de Chalesme; —- 2° JEAN, conseiller moire sera bénite à toujours en l'Église
au Grand-Conseil, que sa femme, Ma- du Seigneur, » perdirent la vie; vers
rie Brutel, rendit père d'ADRtEN, pré- le même temps, pour la cause de l'É-
sident au bureau des finances. Cet vangile; tels Matthieu de La Haye,
Adrien épousa Cécile Langlois et en marchand de drap, Pierre de La Rue,
eut NICOLAS, sieur de Bautot, égale- cirier, tous deux anciens de l'église de
ment président au bureau des finances; Valenciennes; Roland Le Bouc et
—3° DAVID, conseiller au Grand-Con- François Pattou, diacres, JeânTieuil-
seil, marié à Geneviève de La Barre ; le, notable bourgeois de la même ville.
— 4° NICOLAS, qui prit pour femme « Et qui pourroit, ajoute le Martyro-
Marie Bulteau et en eut deux fils, loge, réciter les cruautez commises
nommés NICOLAS et ADRIEN. L'aîné contre ceux qui estoyent des églises
épousa Madelaine Le Cauchois et fut réformées, non - seulement en ladite
père de JACQUES et d'ApniEN. Le cadet ville de Valenciennes, mais aussi en
se maria avec Adrienne Bonaslrê. Cambray et Chasteau en Cambresi,
Nous n'avons que peu de chose à ajouter Tournay, L'Isle, Audenarde, Gand,
à cette généalogie que nous extrayons Malines, Bruxelles, et autres villes et
d'un vol. du fonds S. Germain franc, bourgades des Païs-Bas ?
coté 676. A la révocation, un Du Mes- L'ESPAGKANDEL (MATTHIEU),
nil-Vicquemare réussit à sortir de sculpteur, de là communauté de St-
France,, et trente-deux ans plus tard, Lùc (1), né à Paris, le 16 mai 1616;
en 1717, une demoiselle de Bautot de Jean L'Espàgnandel et de Judith
fut enfermée, à l'âge de dix-huit ans, Milleville, et mort dans la même ville;
dans un couveut pour y être instruite le 28 avril 1689. On sait peu de chose
dans la religion romaine (Arch. gén., sursavie.Reçu membre de l'Académie'
TT. 261). des Beaux-Arts, le 30 mars 1665, puis
LE SEÛB. .
(JEAN), d'Àrras, martyr. réadmis le 5 mars 1672,il en fut exclu
Le Seur avait quitte le cloître pour pour cause de religion,le 10 oct.1681.
s'employer « au vray service de Dieu Henri Testelin, Jean Michelin, Sa-
et de son Église. » Malgré les défenses muel Bernard, Louis Elle-Ferdi-
de l'archevêque de Cambrai, il prê- (1) La Confrériede Saint-Luc,qul réunissait
chait avec succès l'Évangile àCâteau- en corporation les architectes, les sculpteurs,
Cambrésis, lorsqu'il fut arrêté comme les peintres, les doreurs, les enlumineurs, a-
hérétique, en même temps que Jean vait pris naissance sous Saint-Louis. Voir .Sta-
tuts (les maîtres de l'art de peinture et sculp-
Catien, autre moine défroqué, qui ture, Par., 10731, in-4°.
LES — 36 — LES
nand, Nicolas Heude, Jean Forest Samuel de Lespinay se maria, en
et Jacob d'Agard, subirent la même 1585, avec Susanne Des Roussilres
avanie. Plusieurs d'entre eux restèrent ou Des Rouxières, fille de Jean Des
fermes dans leur foi; mais L'Espa- Rouxilres et de Bonaventure Louet,
gnandel ne fut pas du nombre : lorsque dame de Briort, dont il eut deux fils,
l'édit de Nantes eut été révoqué, il fit nommés SAMUEL et JACOB de Lespinay.
sa soumission et se rangea atout ce Le cadet fonda la branche poitevine de
que l'on voulut qu'il crût. A ce prix, La Ruffelière. L'aîné, sieur du Chaf-.
on le rétablit dans ses honneurs,- le fault, fut marié deux fois : lapreniière,
1" déc. 1685. Parmi ses ouvrages, on avec Antoinette Jousseaulme, fille da
cite le retable de l'autel des Prémon- Charles, sieur de Couboureau en Poi-
trés, et celui de la chapelle de la tou, et de Constance de La Poe'ze ; la
grand'salle du Palais. ILtravailla aussi seconde, avec Françoise de La Tous-
à l'embellissementdes jardins de Ver- che. Du premier lit 'sortirent CHARLES,
sailles. On y admire encore de lui deux sieur de Monceaux, maintenu noble '
termes, Diogène et Socrate, et deux en 1668, qui abjura (Arch. E. 3386),
statues, le Flegmatique et Tigrane, et CLAUDE, femme, en 1656, de Jean
roi d'Arménie. —L'Espagnandel avait Du Pé, sieur de Liancé.; du second,
épousé Perrine Prou qui lui donna, ANNE-HYACINTHE, dont le sort est in-
entre autres enfants : MATTHIEU, né le connu.
10 oct. 1648; MARIE, née le 11 déc. I. BRANCHE DE LESPINAY. Le chef de
1651; JUDITH, née le 9 fév. 1654; cette branche, Isaac de Lespinay, n'eut
CATHERINE, baptisée le 26 nov. 1656; point d'enfants de sa première femme,
LOUISE, enterrée, le 25 mars 1663, au N. Du Plessis, dame Du Plessis eu
cimetière St-Marcel, à l'âge de 19 ans. Bretagne, En 1628, il se remaria avec
— Jean L'Espagnandel, maître me- Anne de La Vaizouzilre, fille àePaul,
nuisier, marié, en sept. 1634, avec sieur de Soudon en Anjou, et de Su-
Judith Lucot, était peut-être un des sanne de Soucelles. II en eut une fille,
frères de notre sculpteur. ANNE, qui épousa, en 1661, Claude
LESMrVAY (PIERRE DE), sieur Du Goyon, sieur de Touraude, et un fils,
CHAFFAULT, gentilhomme de la mai- ISAAC, qui prit pour femme,
en 1663,
son de Rohan, épousa, en 1563, Alié- Catherine Le Breton, fille A'Enoch
nor Du Perreau, qui lui donna huit Le Breton, sieur de Chanceaux, et de
enfants : 1 ° SAMUEL,sieur du Chaffault, Madelaine Bazin, mariage dont na-
qui suit; — 2° ISAAC, sieur de Lespi- quit une fille unique, ANNE, alliée, en
nay, qui fit souche; — 3° PIERRE, 1691, à son cousin germain Amaury-
sieur de La Limousinière ; — 4° ABI- Henri de Goyon.
GAÏL, femme, en 1584, de Jean de II. BRANCHE DE LA RUFFELIÈRE. Ja-
Baïf, sieur de Cré, et en secondes cob de Lespinay, sieur de Villaire, fut
noces, de François Louet, sieur du marié, en 1632, par Brait, ministre
Perré(1); —5° JACQUELINE, mariée, à Belleville, avec Anne de Tinguy,
en 1605 , avec Jean de Montsorbier, fille de Benjamin, sieur de Nesmy(l),
sieur de La Braillière; — 6° ANNE, et à'Anne Bertrand. Cinq enfants na-
épouse, en 1610, de Gabriel Du Bois- quirent de cetle union : 1 ° ABRAHAM,
Maineuf,sieur DuPlessis;—7°JUDITH, mort jeune ; — 2° JACOB, qui suit;
femme,'en1619, de Pierre de Porte- 3° SAMUEL, sieur de La Roche-de-Bou- —
bize, sieur du Bois-de-Soulaire, fils logne, chef d'une famille
de René, sieur de Brossay,et de Fran- sur laquelle
çoise de Biardz; — 8° SUSANNE. (1) La famille de Kesmy resta fidèle à la
religion protestante après la révocation. En
(1) Leurs descendants étaient encore si- 1701, le seigneur de Ncsmy fut enfermé
gnalés comme suspects de protestantisme en château de Nantes, et sa femme la Propa- au
1696 {Arch. E. 3382).
gation de la foi de Luçon (Arch. aE. 33521.
LES ' •- 37 LES
les généalogistes ne nous fournissent ges et de Roche-Corbon. Bientôt les
pas de renseignements, bien qu'elle sectateurs des opinions nouvelles se
aitsubsistéjusqu'en 1842; — 4° ESAÏE, multiplièrent à tel point-qu'ils ne crai-
sieur de La Pommeraye, qui prit pour gnirent point d'établir un temple. Ger-
femme Florence Joyau; 5° ANNE, bault, en manteau co.urt, allait même

qui fut présentée au baptême dans l'é- prêcher par les rues. Les premières
glise de Vieillevigne par Philippe-Au- hostilités contre les objets du culte car
guste de Tinguy, sieur de Launay, et tholique eurent lieu en 1552. Une
par Fleurance de La Trevinière, et qui croix de pierre et une image de la
s'allia avec Jonas de Bessay, sieur de Vierge furent renversées sur le che-
La Coutancière, dont elle était veuve min de Saint-Éloi à Beaumont-lès-
en 1684. Tours. La persécution ne servit qu'à
Jacob de Lespinay, sieur du Pré- enflammer le zèle des novateurs; mais
Nouveau et de Villaire, épousa, en l'arrivée du roi, le 5 mai 1552, calma
1665, Henriette de Goulaine, fille de la fermentation. M. Chalmel peut avoir
Gabriel de Goulaine et de Louise Le raison en ce qui concerne Gerbault;
Maislre (1). Resté veuf avant 1674, mais' pour ce qui regarde L'Espine,
il se remaria avec Jeanne Mandin; nous avons lieu de croire qu'il a pris
puis, en 1682, il'convola en troisièmes pour guides des chroniqueurs mal in-
noces, avec Olympe Gautereau, fille formés. Eh 1552, Jean de L'Espine'
de René, sieur de Saint-Mars, et de était encore catholique, et même ca-
r Marie de Roussay, qui tholique zélé, puisqu'il entreprit, à son
ne lui donna
pas d'enfants. Du premier lit sortirent passage à Château-Gonder,. de rame-
SAMUEL, sieur de La Ruffelière, qui abju- ner dans le giron de l'Église romaine
ra à la révocation, et ESAÏE; du second, Jean Rabec (Voy. ce nom), qui fut
JEAN-AUGUSTE, THÉOPHILE et AIMÉE- brûlé comme hérétique, le 24 avril
HONORÉE.—Comment rattacher à cette 1556. C'est à la suite des entrevues
famille une demoiselle de Lespinay qu'il eut avec ce martyr, qu'il sentit
qui, après avoir passé près de deux naître des doutes dans son esprit, et
années tant à La Bastille qu'aux Nou- c'est seulement le 8 sept. 1561, pen-
velles-Catholiques de Paris (Sup- dant le colloque de Poissy, qu'il fit
plém. franc. 791. 3), finit par se con- profession ouverte de la religion pro-
vertir et obtint une pension de 600 li- testante et signa la Confession de foi
vres (Arch. gén. E. 3374) ? des églises réformées. Une lettre de
L'ESPINE (JEAN DE), en latin Bèze à Calvin, datée du 12 sept. 1561,
SPINA OU Spineus, moine dominicain, ne laisse aucuu doute à cet égard :
selon de Thou, augustin ou carme, se- Eodem die [8 sept.], lui dit-il, Jo-
lon d'autres, né à fiaon, d'après Bodin, hannes a Spinâ totus noster est factus,
vers 1506, et mort pasteur à Saumur, Confessioni nostrse subscripsit seque
en 1597, et non en 1594, comme le totum Ecclesioe judicio submisit. »
-dit Bayle. Après la mort de Rabec, L'Espine
Dans son ouvrage sur la Touraine, continua sa route vers Angers, où il
M. Chalmel prétend que L'Espine et le était envoyé par ses supérieurs. Pen-
prieur des Augustins Gerbault prê- dant un an,- il y prêcha, devant un
chèrent les doctrines évaDgéliques à nombreux auditoire, la repentance et
Tours dès le commencement de l'an- la rémission des péchés par la mort de
née 1552. Les premières assemblées, Jésus-Christ ; aussi finit-il par devenir
dit-il, se tinrent dans les excavations suspect aux autres moines , et pour
qu'offrent les coteaux de Saint-Geor- échapper au bûcher, il dut se retirer à
Montargis sous la protection de Renée
(1) Cabricl de Goulaine eut doncdeuxfilles, de France. Bayle se trompe lorsqu'il
ou bien aurions- nous été induit en erreur par
les généalogistes (Voy. V, p. 327)? dit qu'il fut un des depuis s des PIP-
LES — 38 -* LES
testants au colloque de Poissy; il y foi et amis de la paix ( Voy. III, p. 347).
assista, il est vrai, et y joua même A partir de l'année 1564, il n'est
Tbh.(Voy. Il, 263), mais il n'a- plus fait mention de L'Espine pendant
un p.
vait reçu de. mandat d'aucune église. deux ans. Nous le retrouvons à Paris,
Arçère; écrivain généralement fort en 1566, disputant en présence du
exact, nous apprend, qu'après la clô- duc de Bouillon, avec deux docteurs
ture du colloque, L'Espine fut donné catholiques sur les points controver-
pasteur à l'église de Fontenay-le- sés entre les deux Églises (Voy. VI,
pour
Çomte, qu'il quitta bientôt après pour p. 233). Il était de nouveau dans cette
aller desservir celle de La Rochelle, où ville pendant la Saint-Barthélémy, à
il passa, ajoute-t-il, plusieurs années. laquelle il échappa comme par miracle.
On aurait tort de conclure de là que le Couvert de la livrée d'un domestique,
séjour de L'Esjùne daus celte ville s'y il essaya de sortir delà ville avec Ma-
prolongea aussilonglemps sans aucune delaine Briçonnet, veuve de Thi-
interruption. En 1564, il fut appelé à baut de Longnejoue, sieur d'Iverny,
Provins pour y établir le culte protes- et nièce du cardinal Guillaume Briçon-
tant conformément à l'édit de pacifica- net, dame, dit de Thou, de beaucoup
tion et auxlettres-patentes que Saint- de lecture et, d'une grande instruction.
Simon et son beau-fils Besancourt Malgré le soin qu'elle avait pris de se
ây.aient obtenues du roi, lesquelles déguiser, ainsi que sa fille Françoi-
avaient été entérinées à Provins à la fin se (1), elle fut reconnue par lés égor-
de juillet ou au commencement d'août, geurs, jetée à l'eau et assommée- par
en dépit de l'opposition' du clergé ro- des bateliers. Pendant que, les assas-
main. Montés avait été assigné aux sins s'acharnaient sûr son cadavre;
Huguenots pour lieu de'culte; mais le L'Espine réussit à se perdre dans la
fermier, à l'instigation des prêtres ca- foule, et gagna Montargis. Après la
tholiques, ayan t refusé de louer sa gran- mort de Renée de France, il se rendit
ge, le service divin dut se célébrer en à Genève (Arch.de la Comp. despas-
plein air, dans un champ appartenant teurs, Reg. A); mais, au mois de
à l'élu Barengeon. Plus de 20,0 per- juillet 1576, il fut appelé comme pas-
sonnes,, parmi lesquelles on distinguait teur à Saumur. Deux ans plus tard,
d'Êsternay, Saint-Simon et Bes.an- le Synode national de.Sainte-Foy le
çourt., fils de sa femme, à'Umbrée ou donna à l'église d'Angers, qu'il paraît
Vimbré, Du Bu.at, de La Gravelle, avoir desservie jusqu'au traité de Ne-
M™', A'Iverny, assistèrent au sermon mours (Voy. Piècesjuslif. N° XLVIil).
de L'Espine, qui prêcha à l'ombre d'un Forcé de fuir, il se retira à Saint-Jean-
noyer,, ayant devant lui une table cou- d'Angély, d'où il adressa à son trou-
verte d'un tapis et une Bible ouverte peau une Letire, datée du 25 février
sur cette table. S'il faut en croire Hat- 1586, qui a été publiée dans les Mé-
tou, dont les Mémoires vont être pu- moire; de la Ligue (T. I). L'Espine
bliés par M- Bourquelot, ii oublia les reproche aux fidèles de son église les
défenses de l'édit jusqu'à déclamer avec nombreuses apostasies qui avaient
eu
violence contre l'Église romaine, en lieu parmi eux. Ces chutes, leur dit-il,
sorte qu'il fallut lé faire sortir dé Pro- prouvent que l'homme n'est que va-
vins; mais cet écrivain montre, en nité, et que, sans l'aide de Dieu, il
circonstances,tant ne
toutes de fanatisme,
que son témoignage ne peut balancer (1) Sauvée par Marcel, cette demoiselle é-
celui d'Arcère, qui affirme que L'Es- Sancy pousa, en secondes noces, Robert de Harlay-
pine réunissait à un grand savoir beau- France.etElle devint gouvernante des enfants de
avait trois soeurs: Jeanne, femme
coup de modération, ni surtout celui du marquis de Renel, tué a la Saint-Barthé-
de l'apostat Pierre Charpentier, qui. lemy; Madelaine, épouse de Jacques de Uerily,
le range parmi les ministres de bonne baron et Marie, qui se maria avec Jean ïaveau,
de Mortemer.
LES
- 39 — LES
peut résister aux assauts de Satan. Il et plus l'en dispensast assés, on voulut
faut donc veiller et prier continuel- faire accroire qu'avant que mourir, il
lement.' Il est triste de voir des gens ,avoit changé d'opinion, et à la mort,
qui, depuis 25 ou 30 ans, faisaient pro- recogneu l'Eglise romaine pour la
fession de l'Évangile, entraînés si ai- vraie. Ce qui estait faux, mais qu'on
sément par la crainte de perdre leurs eustbien désiré faire passer pour vrai, .
biens temporels. Il est triste de voir si on eust peu ,~à cause de la grande
que les menaces des hommes ont plus doctrine de ce personnage et preud'-
de force que les menaces du Sauveur hommie, confessée mesme par ses
et ses promesses. Peut-on arriver au adversaires. »
ciel autrement que parun chemin semé L'Espine, qui passait pour un excel-
de pierres, de ronces et d'épines? La lent prédicateur, n'a pointJque—nous
vie du chrétien est une guerre per- 'sachions, publié de sermons (1) ; mais
pétuelle avec le monde. C'est dans il nous a laissé un^ielit nombre d'ou-
l'affliction que Jésus est le plus près vragesAle controverse et d'édification,
de nous; mais nous sommes des gens «
où/dit Baylo, la piété et la bonne
abrutis qui ne. recherchent que les morale paroissentavec éclat.» En voi-
plaisirs des sens,. plaisirs passagers ci la liste aussi complète que possible.
comme le monde, tandis que la Parole
de Dieu demeure éternellement (1).
I. Discours du vray sacrifice et
du vray sacrificateur; euvre mons-
x
Après l'avènement au trône de Hen- trant,par tesmoignagesde lasainc~
ri IV, L'Espine fut placé comme minis- te Escripture,lesabus de lamesse et
tre à Saumur (2). Sur la fin de sa vie, l'ignorance et superstitiondesprebs-
ses facultés intellectuelles s'étant con- tres, Lyon,1564,in-8°;trad. en angl.,
sidérablement affaiblies, le consistoire 1592, in-8°.
l'engagea à prendre sa retraite, en pro- IL Traicté consolatoire contre
mettant de lui continuer son traitement; toutes les afflictions qui adviennent
mais le zélé serviteurdu Christ ne vou- ordinairement aux fidèles Chres-
lut point y consentir, croyant de son tiens,Lyon, 1565, in-8°;trad. enlatin
devoir de mourir sur la brèche. De son par Th. Gualterus, Gen., 1591, in-8°.
" côté, le Synode national, qui se tint III. Traicté des tentations et
la même année à Saumur, lui en- moïen d'y résister, Lyon, 1566,in-8°;
voya Charnier et Dorival, dans le 1568, in-8".
vain espoir de vaincre sa résistance. IV. Actes de la dispute et confé-
L'Espine vécut encore quelques mois. rence tenue à Paris, en 1566, entre
Après avoir raconté la prétendue deux docteurs de Sorbonne [Vigor
conversion de Bèze, L'Etoile ajoute : et de Saintos] et deux ministres de
« On en fist courir autant du ministre
l'Eglise, réformée [L'Espine et Du Ro-
de Lespine, décédé en ce mesme temps sier], Strasb., 1566,in-8°; Paris, 1568,
à Saumur ; auquel, parce que l'esprit in-8".
vacilloit un peu, mesme en preschant, V. Défense et confirmation du
aïant voulu continuer sachargejusques traicté du vray sacrifice et sacrifi-
à la fin, encore que son âge de 80 ans cateur, àl'encontre des frivoles res-
ponses et argumens de M. René Be-
(1) Cette lettre signée De L'Espine et
,Le Mercier, ancien,estfaisant les fonctions noist,Gen., 1567,in-8°,âvecle N° I.
de
secrétaire. VI. L'excellence de lajustice chres-
(2) Rien ne prouve qu'il se soit depuis éloi-
gné de son église; aussi n'admettrons-nous (1) Le pasteur Vincent avait le dessein de
qu'il est l'auteur de la Remonstrance au roy, publier un sermon sur la Cène, prêché par
publiée parti.CharlesReaddansson Henri IV L'Espine à La Rochelle en 1587; y a-t-il
et datée de Houdan, 2 août 1592, que quand donné suite? Nous ne savons non plus.si l'on
on apportera a l'appui une preuve plus con- doit regarder comme un sermon l'Exhortation
vaincante qu'une signature ajoutée au bas sur Ps. XV, dont Watt mentionne une trad.
du document par une main inconnue. anglaise, n'ayant pu nous procurer cet écrit.
LES 40 — LES

Vinstruction allem., Hanau, 1603, in-40.— Dédié a
tienne pour et conso-
lation des enfans de Dieu, Gen,, Henri IV. publié,
1577, in-8»; trad. en angl., LoDd., Selon Jocher,L'Espine avait
en outre, un traité du Ministère de
1577, in-8°.
VII. Traicté de l'apostasie, 1583, l'Eglise etun autre des Temporiseurs,
in-12 ; trad. en anglais, Lond., 1587, qui se trouvent peut-être, ainsi qu'un
in-8°. troisième traité de la Consolation des
VIII. Dialogue de la Cène, plus un malades, signalé par Bayle , dans la
Traicté du vray sacrifice et vray sa- Troisième partie des opuscules théo-
crificateur, rev. et corr. par l'auteur, logiques de notrepasteur (Gen., 1607,
1583 in-12. —Dédié à Anne Gou- in-16)Fdont Draudius parle dans sa Bi- >

lard, ,dame de Languillier. bliolhèque.Avantsa conversion au pro-


IX. Traicté excellent etvrayement testantisme, il avait mis au jour, selon
chrestien de la reconnaissance et Du Verdier, un Traité pour ôter l'a
confession des péchez à Dieu, 1587, crainte de mort et la faire désirer à
in-16. l'homme fidèle, Lyon, 1558, in-8°.
X. Excellens discours touchant le Outre sa Lettre à Henri IV pour le dé-
repos et contentement de l'esprit, tourner d'abjurer, qui vientd'être impr.
distinguez en sept livres, avec som- dans le T. I du Bulletin de l'hist. du
maires et annotations qui monstrent protestantisme,d'aprèsla copie quis'en
l'ordre et la suite des discours, La conserve, dans le vol. 322 de la Col-
Rochelle, 1588, in-8'; Basle, 1588, lect. Dupuy, et deux autres lettres,
in-8°; La Roch., 1591, in-16; Gen., datées du 21 juin 568 et du 22 mai
<l

1591, in-12;. La Roch,, 1594, in-12; 1571, qui se trouvent dans \&Collect.
Gen., 1599, in-16; augm. d'un Nou- Fontanieu (Vol. 316 et 322), Dousa-
veau discours de la Tranquillité de vons rencontré, dans lecours de nos re-
l'âme, Gen., Chouet, 1613, in-12; cherches, la Réponse qu'il fit avec Du
trad. en latin, avec d'autres opuscules Rosier à la Réplique de Vigor et de
théologiques du même auteur, Gen.. Saintes (Fondsde Béthune,N. 8770),
1591, in-8"; en angl., Camb., 1592 , réponse que nous croyons inédite.
in-4°;enallem.,parHaubenreich,1610. LESTANG, famille protestante du
—Draudius en cite une édit. de Basle, Poitou, qui reconnaissait pour chef, à
1587, in-8"; c'est probablement une l'époque où les guerres de religion
faute typographique. Ces discours trai - éclatèrent, Charles de Lestang, sieur
lent de l'Avarice, l'Ambition, la Co- de RT, marié, depuis 1556, à Jeanne
lère, l'Envie, la Volupté, la Curiosité, Chauvin. Charles de Lestang est ap-
la Crainte. Ils sont dédiés à La Noue, paremment le même que le capitaine
par Simon Goulart, qui a donné l'é- Lestang, qui servit sous La Noue, en
dit. deBâle, 1588.—Style clair, sim- 1569. Il laissa cinq enfants, dont trois '
ple, naturel, qui place L'Espine au filles: LOUISE, SIBYLLE-et DAMIENNE,
nombre des bons prosateurs du xvi° et deux fils : JEAN et PHILIPPE, sieur de
siècle; connaissances étendues dans la Cibillé. La destinée de ce dernier est
littérature sacrée comme dans les let- inconnue. Jean épousa Anne de
tres profanes. ChouppesM^ de François de Choup-
XI. Traicté de la Providence de pes et de Claude de Bidôux,dontil eut:
Dieu pour le repos et contentement 1° FRANÇOIS, qui suit; 2° Louis,
des consciences fidèles, Gen., 1591, souche de la branche deVILLAINES; —
in-8°; trad. en latin, Gen.,1591, in-8°; —
3° GÉDÉON, qui fonda celle deFuRiGNY;
nouv. édit. augm. d'un Traicté de la — 4° SUSANNE; — 5° JUDITH.
vraye participation que nous avons
1 I. François de Lestang,' sieur de
à la chair et au sang de J.-Ch. La Ry, prit pour femme, en 1603, Fran-
-

Roch.,Haultin, 1594, in-12; Irai!,, en çoise de Vinceneuil, fille de Louis,


LES
sieur du Lizon, et de Radegonde
— 41 - LES
roi à Saumur ; — 4" DANIEL ; —
Rousseau, après avoir été marié en 5° MARGUERITE ; — 6° LOUISE.
premières noces, en 1596, avec Judith II. Louis de Lestang, sieur de Vil^
Hélyes, fille de René, sieur de La laines,épousa Antoinette LeBrun,qm
Roche-Esnard, et A"Anne de Chabau- le rendit père de six enfants : 1 "PIERRE,
ris. Sans parler de quatre filles, dont qui suit; — 2° ESTHER, femme de
on ne connaît que les noms : LOUISE- Charles de Marsay, sieur de La Cha-
CHARLOTTE, ELISABETH, GABRIELLE et tière ; — 3° JEANNE, mariée à Antoine
MARIE, il eut un fils appelé Louis, qui Le Brun, sieur de La Rivière,, dont les
épousa,en1626,Mar^wmïeGffwfr'0», descendants étaient encore soupçonnés
fille de Jacques, sieur de Landebau- d'hérésie, en 1699 (Arch. E. 3385) ;
dière et de Marguerite Bourret..
Resté ,veuf avant 1630, Louis de Les- — 4° JUDITH, épouse A'Honorat de
Couhé, sieur de La Barbotinière; '•—
tang se remaria avec Jeanne Mayré, 5° ANTOINETTE, femme de Louis Be-
fille de Jacob Mayré, docteur-régent raudin, sieur de La Toumère; —
à la Faculté de médecine de Poitiers, 6° ANNE.
et de Marguerite Gasconneuil. Du Pierre deLestang.sieurdeVillaines,
premier lit naquit FRANÇOIS, sieur de ^ni'pov.TÎemmeAntoineUede Regnon,
Ry, marié, en 1657, à Ma/rie Moyne, et fut père de DANIEL et de CATHERINE,
fille de Jacques, sieur de Fontaine, et alliée à Jean de Menou. Daniel, sieur
de Marie Fanvet. Filleau ne possédait de Vouët, se maria avec Anne de
aucun renseignement sur ses descen- Goret, quilui donnaFRANÇOiSE, femme
dants. Marie Moyne ne serait-elle pas A&Préjent Gonrjault, sieur dePassac,
la même que M°c de Ry, « très obsti- et RENÉ, né en-1663, dont la destinée
née huguenotte, » dont le fils avait été était restée inconnue à Filleau. Nous
enfermé dans le collège de Bourges et croyons que nous avons été plus heu-
la fille dans un couvent (Arch. gén. reux que lui dans nos recherches. Rien
TT. 248)? Et François de Lestang ne n'empêche, eu effet, d'appliquer à René
serait-il pasjdentique avec l'aide-de- de Lestang ce qu'on lit dans les Re-
camp de Guillaume d'Orange, nommé gistres du secrétariat, à l'année 1700
de Lestang, qu e ce prince chargea,après (Arch. E. 3386). L'ambassadeur de
l'invasion de l'Angleterre, d'aller si- Hollande avait alors pour écuyer un
gnifier à l'ambassadeur de France l'or- sieur de Villaines, très-zélé huguenot,
dre de quitter Londres dans les vingt- qui profitait de sa position exception-
quatre heures?L'inutilitédes recherches nelle pour visiter ses coreligionnaires
de Filleau s'expliquerait facilement de Paris et les exhorter à la persévé-
dans ce cas. Du second mariage de rance. Le gouvernement avait d'abord
Louis de Lestang sortirent encore six voulu le faire arrêter; l'ordre avait
enfants : 1° Louis, sieur du Lizon, qui même été donné, en 1699, de le
épousa Elisabeth d'Arambure, et conduire à la Bastille ; mais violer ainsi
assista, en 1683, au synode delàTou- en sa personne les privilèges des -am-
raine, tenu à Sorges (Arch. TT. 284). bassadeurs, était chose trop grave pour
En 1687, il était, selon Filleau, lieu- qu'on n'y réfléchît pas à deux fois. On
tenant du roi au gouvernement de finit par renoncera l'idée d'employer
Saumur, d'où il faut conclure qu'il la force ouverte. Torcy fut chargé d'in-
avait abjuré; :— 2° JEAN, sieur de La viter l'ambassadeur à renvoyer son
Limandière, lieutenant de vaisseau, qui écuyer, et comme on supposait qu'il
n'attendit pas même la révocation pour prendrait le chemin de la Hollande,
embrasser la religion du roi, puisqu'en l'ordre fut envoyé sur toute la route de
1681, il était déjà chevalier de l'ordre l'enlever avec sa famille, avant qu'il
de Saint-Lazare; —3° JACOB, sieur du eût atteint la frontière. Nous ne savons
Fougeray, qui fut aussi lieutenant du si le sieur de Villaines fut assez heu-
LES — 42 —
LES
seiller de légation du prince d'An-
reux pour échapper à ce guet-apens. lialt-Dessau à Loburg dansle duché de
III. Gédé.on de Lestang, sieur deFu-
rigny, eut de son mariage avec Marie Magdebourg, naquit à Dantzig, le %
de Lauvergnaç, fille de Christophe, oct. 1725, d'une famille champenoi-
sièur de MïaUrrây, et de Françoise se (l) réfugiée en Prusse pour causé
Bourguignon, deux filles, OLYMPE et de religion. On a de lui : -
LOUISE, et un fils, GÉDÉON, qui épousa, I. Gesundheitsregeln, Wittenb.,
1754,'in-8°. '
en 1627, Marie Gourdery ou Gour-
dri, fille de Jean Gonrdri, ministre H. Abhandlung von dem Nutzen
de l'Evangile, et de Marie dé Puyrà- derThèiledésmènsçhliçhenEorpers,
veau. De cette alliance naquit RENÉ, uiid den Absichten des Schopfers
sieur de Furigny, marié, en 1664, à bey denselben, Berhb., 1758, in-S°.
Marie Chastaignier, fille A'Hector, III. Antwort aùf dieFrage : Ob es
sieur du Péré, et A'Elisabeth Isle; rathsamer sey, sich bey innerUchen,
puis, en 1665, à Henriette de Lesçître, KrankheiteneinemjwigenHeilarzie,
fille de Théodore, sieuf du Breuil- ode'r einem alten WundarzU anzu-
Bastard, et de Claude de Lévignac, vertrauen, Leipz., 1758, in-8°.
qui le rendit père de trois fils, nommés IV. Mèdicinische Abhandlungen,
THÉODORE, RENÉ, sieur de Ringère, et Halle, 1759, in-8°.
ISAAC, sièur du Fresrie. Cette branche V. De regimine foeminis hçnora-
se convertit à la révocation. tioribus prëscribendq , Servest.,
Au nombre des Réfugiés qui s'éta- 1761,inr4°.
blirent en Hollande et en Angleterre, Il a publié, en outre,dans lesSchrift.
nous trouvons mentionnés Jacques de der Anhalt. teutsch. Gesellschaft, deux
Leste»^,habileàrchitecteet ingénieur, pièces intitulées Rede von der Naçh-
qui se fixa à Amsterdam ; Nicolas de lassighe.it in der Freundschaft, et
Lestang, quihabitaitLaHaye, en! 687; Gedanhen von dem Nutzen und Ver-
Louis de Lestang, qui s'était établi à gnngèn bey Èrlermmg der. natilrli-
Cantorbéry avec sa femme Madelaine- cjien Geschichte, et donné une trad.
Susanne de Lestang; et Marianne de de la 3° partie des.Choses mémorables
Lestang, qui épousa, en 1749, Jacob de l'hist. de Brandebourg, avec un
Papineau, dans l'église de Castlë- Supplément, 1757, in-8°.'
Street à Londres. Ces Réfugiés n'ap- ' LÉSÏQCQ (JEAN-HERMANN), fa-
partenaient pasà lafamilie qui fait l'ob- vori de l'impératrice de Russie Elisa-
jet de celte notice, non plus qu'un mi- beth, né, le 29 avril 1692, à Zell, et
nistre de la Guienne, nommé Lestang, mortàPèlerSbourg, le 12-23 juin! 767.
qui fut enfermé à la Bastille, le !'6 avril Lestocq embrassa la profession de
1690 (Arch. E- 3376), et transféré à son père, qui était barbier; mais, doué
Vincennes, le 3 mai. A la révocation, d'un génie actif et entreprenant, il ré-
il s'était retiré en Hollande et avait été solut de courir le monde. Dans ce but,
placé comme pasteur à Arhheim ; mais, il s'appliqua à apprendre différentes
séduit sans doute par l'exemple de langues vivantes. Son étoile le con-
Brousson, il était rentré en France duisit, en 1713, à Saint-Pétersbourg,
avec quatre autres ministres. Arrêté où il trouva de puissants protecteurs,
dans une assemblée chez le sieur Mal- qui le firent entrer au service du czar
lét, il fat conduit à la Bastille. On le
transféra plus tard aux îles Sainte- (1) En 1681, Daniel lestocq, marchand de
Marguerite (Ibid. Ë. 3386). Les Mé- Paris, fils de Paul Lestocq, de Champagne,
moires de la Bastille nous le peignent et de Judith Cmjol, épousa Madelaine Ber-
mère (Reg. de Charent.), qui lui donna plu-
comme un homme ferme, audacieux, sieurs enfants, morts jeunes. One dé ses filles,
éloquent. baptisée le 18 oct. 1685, c'est-à-dire, le jour
même de la révocation, fut enterrée a Cha-
LESTQÇQ (CHARLES-LOUIS) con- renton le 21.
,
LES — 43 — LES
.
Pierre; cependant son humeur causti- tantes , et en plus d'une circonstance,
que ayant déplu, il finit par tomber en elle eut à.s'applaudir d'avoir suivi ses
disgrâce et fut exilé à Casan, en 1718. avis. C'est lui qui, en 1743, fit échouer
Il y vécut dans la misère jusqu'à l'ayé- la candidature dû prince héréditaire.de
nement au trône de Catherine I, qui Danemark au trône de Suède, et qui
iui permit, en 1725, de retournera négocia, la même année, la paix entre
Pétersbourg. Peu de temps après, la les Suédois et les Russes. C'est lui qui
princesse Elisabeth le nomma son chi- traita avec la Prusse du voyage du
rurgien ordinaire, et touchée des preu- prince de Holstein, depuis grand-duc
ves nombreuses qu'il lui donna de son de Russie, et de son mariage. C'est
dévouement à sa personne, elle prit en encore lui qui prit la part la plus active
lui une si grande confiance qu'elle le aux négociations relatives" au mariage
choisit pour confident de tous ses se- de l'héritière de la couronne de Suède.
crets. Lestocq, par reconnaissance 11 ne commit qu'une faute, ce fut lors-
plus encore que par ambition, conçut qu'il engagea.l'impératrice à donner la
le projet de faire arriver la princesse au place de vice - chancelier au comte
trône après la mort de Pierre II ; mais Alexis Betuschef Kiumin, qui, jaloux
il ne put la décider à entrer dans une de son influence, et d'ailleurs dévoué à
entreprise aussi dangereuse. Toutefois, l'Angleterre, ne tarda pas à s'unir au
il ne renonça pas à son dessein, et il -
comte Àpraxin pour le renverser. Aban-
réussit, après la mort de la czafine donné par la czarine, Lestocq fut ar-
Anne, grâce à son courage, et à sa pm- rêté avec sa femme le 13-24 nov.1748,
dence. Non-seulement il fut l'âme de ,
et enfermé, le 17, dans la forteresse
toutes les négpciations et de toutes les de Saint-Pétersbourg. Pour comble
intrigues nouées avec les cours de Ver- d'ingratitude,Elisabethdonna à Apraxin
sailles et de Berlin par l'intermédiaire la présidence de la commission char-
de l'ambassadeur de France La Chétar- gée de le juger. On ne put prouver au-
die; mais ce fut lui qui, dans la nuit du cun des crimes dont on l'accusait; néan-
6 déc.1741, conduisit la fille de Pierre- moins il fut déclaré criminel au premier
le-Grand à la caserne des.gardes Préo- chef pour avoir entretenu des relations
baszenskoï, et la "fit proclamer impéra- illicites avec l'étranger, et comme tel,
trice. Elisabeth, qui savait qu'elle lui condamné à perdre tous ses emplois,
devait la couronne, se montra d'abord ses titres et ses biens, à subir la peine
reconnaissante. Elle le créa conseiller du knoutetunexilperpétuel. Sesdeux.
privé, premier médecin et directeur coaccusés, les capitaines Chapuseau
général de la chancellerie médicale; à et Berger furent absous. Selon Catteau-
plusieurs reprises, elle le combla aussi Calleville, la sentence fut exécutée dans
de riches présents. De son côté, le roi toute sa rigueur, et Lestocq resta en
de Pologne, Auguste II, lui accorda le exil à Ouglitz sur le Volga jusqu'en
titre de comte. On assure que Lestocq, 1753. Hirsching, au contraire, affirme
qui savait, par sa propre expérience, qu'il fut gardé dans la forteresse de
combien la faveur des souverains est Saint-Pétersbourg avec sa femme jus-
inconstante, supplia l'impératrice de qu'au mois d'avril de cette même année.
lui permettre de quitter la Russie; mais Les deux écrivains s'accordent à dire
qu'elle s'y refusa, eu lui promettant qu'on le transporta alors à Oustioug-
.
de ne jamais oublier les services qu'il Veliki, dans le gouvernement d'Ar-
lui avait rendus. changel, où.il fut assez bien traité. Sa
Pendant quelques années, rien ne femme ne voulut pas se séparer de lui,
sembla justifier les sombres prévisions et les deux époux vécurent dans cette
de Lestocq. Toujours la même à son ville, une des plus agréables de la Rus-
égard, la czarihe continuait à le con- sie, jusqu'à la mort d'Elisabeth.
sulter sur les affaires les plus impor- Le czar Pierre III, qui brisa les fers
LES — 44 — LES
-

de la plupart des prisonniers d'état in- seurs Pierre Seignoret, Louis de


carcérés sous le règne précédent, ren- Persode et Jean-Louis de Persode, à
dit la liberté à Lestocq, lui fit remettre qui l'on donna deux assesseurs, Pierre
mille roubles pour ses frais de voyage dePelet et Antoine Espanhiac, et un
et lui confirma son titre de conseiller greffier, qui fut notre Lestocq. Trois
privé; mais il ne lui accorda aucune ans plus tard, Lestocq obtint la charge
pension, et il ne songea même pas de fiscal de la cour et d'avocat de la
à le rétablir dans ses biens, dont ses cour de justice, et J.-L. de Persode étant
ennemis s'étaient emparés. Apraxin, mort en 1744, il fut appelé à le rem-
pour sa part, s'était adjugé un palais placer. En même temps, pour être a-
magnifique ,que Lestocq possédait à gréable au célèbre favori de l'impéra-
Pétersbourg. Catherine II répara cette trice Elisabeth , dont Lestocq était le
injustice, en luidonnant une pension de parent, le roi de Prusse lui conféra le
7,000 roubles, dont il jouit jusqu'à sa titre de conseiller de guerre. La même
mort, et qui fut continuée à sa femme. année,Lestocq prit le grade de docteur
Lestocq avait été marié trois fois, en en droit, et en 1747, il fut nommé à
dernier lieu, le 11 nov.1747, avec Ma- la chaire de jurisprudence à l'univer-
rie-Aurore de Mengden, sa fidèle et sité de Konigsberg. Il en prit posses-
courageuse compagne dans les cachots sion parundiscoursquia étéimp. sous
et dans l'exil. Il ne paraît pas qu'il ait ce titre : Schediasma de jurisdic-
,
laissé d'enfants; mais il avait deux tione judicii gallici Regiomontani
frères, dont I'UD, Abraham-Louis- pro loco prof, juris ord. rite capes-
Maurice, suivit avec quelque distinc- sendo, Regiom., 1747, in-4°. Outre
tion la carrière militaire, s'éleva sous cette dissertation, on a de lui :
le drapeau saxon au grade de lieute- I. Disput, de navibus rebusque ob
nant-colonel, et mourut, en 1774,offi- discrimen tempestatis maritime pro
cier retraité àMemel,à l'âge de 84 ans. dereliclo habendis.vel nonhabendis,
LESTOCQ (JEAN-LOUIS) , docteur Kônigsb., 1744,in-4°.
en droit, conseiller de cour, bourg- II. Anszug der Historié des allgc-
mestre, directeur et juge de la colonie meinen und Prenssisch. Seerechls,
française de Konigsberg, chancelier Konisgb., 1747, in-4*.
de l'université de cette ville, né àAb- III. Dissert, deindole et jure ins-
linten en Prusse, le 13 mars 1712, et trumenti Judeis usitati, cui nomen
mort à Konigsberg, le 1or février 1779. est Mamre, Konisgb., 1753, in-4°;
Après avoir terminé ses études en réimp. avec le suivant.
droit, Lestocq se fit recevoir,en 1736, IV. Erlàuternng des allgmeinen
avocat et notaire à Konigsberg. L'an- und Pretiss. Wec'hselrechts,Konigsb.
née suivante, il fut nommé greffier du 1762,in-4°.
tribunal français. On sait que l'élec- V.Grundlegung einer pragmatis-
teur de Brandebourg avait accordé aux chen Rechtshistorie, Konisgb., 1766,
Réfugiés des tribunaux particuliers'qui in-8°.
suivaient les lois et coutumes de leur Ne serait-ce pas de ce jurisconsulte
patrie (Voy. I, p. 86).Un tribunal sem- que descendait l'officier Lestocq, qui
blable avait été établi à Kô'nigsberg(1 ). servit, avec le grade de général,, dans
Le premier juge avait été François l'armée prussienne pendant la campa-
de Colom ; |il avait eu pour succes- gne de 1806?
établit aussi dans les autres colo-
(1 ) On en mont occupèrent successivement le siège de
nies françaises les plus importantes. MM. Er- jugea Brandebourg; VaulLngandi, deMonlau-
man et Réclam nous ont conservé les noms ban,futplacé'a Halle,.!.Burgeal ctPapillon de
de quelques-uns des juges. André de Persode, La Tour a Franforl, Alex. Du Clos a Clèves,
de Melz, Isaac de Lcspinassc, de Cliâlons- P. de Durant à Wescl, La Comhe-de-Chizcl,
sur-Saônc, mort en 1726, âgé de 86 ans du Vivarais, a Prentzlow, Moïse Corimel, dé
Bedos-de-Hauterive et Jean Rosel-de-Beau- Metz, 'a Burg, Gédéon de Félix a Cottbus.
LES — 45 LES
LESTRE (N. DE), ministre dé l'é- ser par les advis de tous : Ramus et les
.
glise réformée deParis. On ne possède autres, combien qu'ils condamnassent
qu'uu très-petit nombre de renseigne- en quelques points l'ataxie de Morely,
ments sur ce pasteur, qui paraît avoir toutesfois en approchoient bien fort :
joui cependant d'une haute considéra- seulement vouloient que les advis des
tion parmi ses coreligionnaires.Le nom uns poisassent plus quejdes autres se-
sous Iequelil est connune serait-il pas lon des proportions géométriques.» Tel
un nom de fief ou de guerre? Ce qui nous était le principal objet de la controver-
porterait à le croire, c'est que la pre- se. Morelli ne se rendit point à Lumi-
mière fois que nous trouvons de Lestre gny; mais Ramus et Bergeron assistè-
mentionné, c'est comme président du rent à la conférence « qui fut douce et
Synode national de Vertueil, en 1567; amiable, » et dura plusieurs jours. Les
or, pour que le choix de ses collègues deux adversaires de la Discipline, se
se soit porté sur lui, il faut qu'il ait dé- fondant sur I Cor.XIV, «vouloientdon-
jà rendu des services. Nous avons pu- ner liberté à tous ceux qui se diroient
blié (Voy. Pièces justif. N3 XXV) les avoir le don de prophétie d'interpréter
principaux décrets de ce synode; le et parler en l'Eglise de Dieu. » Le col-
reste offre peu d'intérêt.Nùus ne voyons loque ne voulut point dépouiller les
à ajouter à ce que nous avons rapporté pasteurs d'une charge qui leur apparte-
des actes de cette assemblée, que l'in- nait, selonlui; cependantil décida que,
scription sur le rôle des coureurs de dans le cas fort rare de dons extraor-
Chartier (aliàs Charles), ministre dé- dinaires bien constatés par les minis-
posé d'Uzerche, de Siméon Du Ples- tres etles anciens, on pourrait, du con-
sis, de Chevallier, A'Etiennede Nyot, sentement du synode provincial, qui
dit Du Breuil, et de Fontaine. Le sy- resterait maître de les interdire, établir
node, par contre, en raya le nom du dans les églises nombreuses, sous la
ministre Roberti, et sur le témoignage présidence d'un pasteur, des conféren-
favorable de l'église de Bergerac, il ré- ces publiques où parleraient ceux qui
concilia ayecl'Eglisele sieur.de LaRo- auraient reçu ces dons. Cette légère
geraye ou Rougeraye, le même sans concession fut d'autant plus aisément
' doute que le secrétaire du Synode na- accordée, nous dit de Lestre, « que nous
tional de LaRochelle(I5i^.N°XXXIII). la voïons avoir esté désirée par beau-
Ce dernier synode élutdeLestre mem- coup de grands personnages en ce
bre de la commission qu'il chargea, sur temps, pratiquée entre vous, et avec
la proposition de Théodore de Bèze, AQ conditions qui nous semblent remédier
lire les livres publiés contre la religion à beaucoup d'inconvéniens. » La se-
réformée et d'y répondre, en lui adj oi- conde question à débattre était celle du
gnant Santés [Saules?],Chandieu,Des suffrage universel que Ramus et Ber-
Bordes, Olbrac, L'Espine, Duncan, geron désiraient introduire ou plutôt
Daniel Toussaint, de Changy, de Vil- rétablir dans l'Eglise ; mais le colloque
liers, Saint-Paul et Merlin. Quelque ne voulut point entendre parler « de
temps après, notre pasteur assista au mettre le jugement et décision aux suf-
colloque de Lumigny en Brie, qui se frages et pluralité des voix. » La seule
tint au sujetdes questions dogmatiques modification qu'il consentit à introduire
et disciplinaires soulevées parMorelli, dans la Discipline, fut que,dans certai-
Ramus et Bergeron. Nous avons trou- nes controverses sur des questionsnon
vé dans le vol. de la Collection Dupuy résolues, on pourrait appeler les pas-
portant au dos le N° 268, la lettre où teurs et docteurs du voisinage, et « mes-
il rend compte à Bèze de tout ce qui s'y me tous ceux qui auraient de quoi ai-
était passé. Elle est datée de Vicq, 19 der à faire la décision. » Le décret, for-
mars. «Moreli, dit-il, pressoit que tou- mulé par les pasteurs, serait lu à l'as-
tes les affaires principalesdevoientpas- semblée dont le silence serait tenu pour
LES — 46 - LES
celte "époque; nous n'avons plus rea-
un acquiescement; en cas d'opposition,
l'affaire serait renvoyée au synode na- c'ontré son nom.
tional, juge en dernier ressort. Cette Quelques années avant que de Les-
concession devait suffire, dans la pen- tre parût sur la scène, c'est-à-dire au
sée dû colloque, « pour modérer et la mois de janvier 1560, les prisons delà
licence des peuples désirée par aucuns, Conciergerie renfermaiehtup huguenot
et la tyrannie des pasteurs : tellement quijiortait un nom presque identique;
qu'une sainte liberté restâst à tous et nous voulons parlerdé Pierre de Las-
que l'authorité de leur charge deriieu- tre,chez qui oh avaittrdùvé quelqu'esli-
rast aux pasteurs en son entier. » On vres suspects, comme les Margueritesde
passa ensuite à la question des élec- là Marguerite,l'Instruction et doctrine à
tions. Ilfut ordonné qu'elles se feraient se bien confesser, l'A.B. C. ouinstrùc-
«avec le consentement de tous, telle- lion des Chrestiens, le Sommaire des
ment que personne ne fût donné pour livres du V. et du N. T. Déférés à la
gouverner l'Eglise contre son gré. » Sorbônne par le parlement, ces livres
Quant à savoir si le peuple nommerait •
avaient été jugés pernicieux et héréti-
directement ses pasteurs ou si les pas- ques. Nous ne savons quel fut le sort
teurs et les anciens feraient d'abord un du prisonnier. A la révocation de l'édit
choix qu'ils soumettraient au peuple, deNantes, Judith de Làstre passa dans
si le consentement des fidèles serait les pays étrangers avec son mari Jac-
pris «par les croix, eslevâtion des mains ques Boudan, maître de langues, et sa
ou par le silence,» la chose fut déclarée belle-mère Susanne Fétizoh (Suppl.
indifférente. Le colloque se montra franc. 791.2), d'où l'on petit conclure
moins facile sur les points del'excom- que Cette famille resta fidèle à la foi
munication et de l'absolution. L'en- protestante, d'autantplùs sûrement que
quête fut réservée au consistoire; mais le même nom se rencontre parmi ceux
la sentence ne devait être prononcée des Réfugiés-à Londres et à Cassel.
qu'après avoir été à plusieurs reprises LE SUEUR,famille noble delà Nor-
lue devant l'assemblée, de manière ^mandie, divisée en plusieurs branches,
qu'on pût dire qu'elle avait été rendue 'dont l'une, celle de Colleville, a donné
du consentement de toute l'église.Res- des gages éclatants de son attache-
tait le mot de substance, introduit dans ment à la religion prolestante.
la Confession de foi par le Synode de /««» Le Sûèùr, sieur dé Cormelles,
La Rochelle, etqui scandaiisaitRamus. laissa de son mariage avec Aniie Da-
'Le colloque lui donna complètement neau deux fils qui firent souche.
raison. Il trouva «estrange qu'aux ac- I.L'aîné,PniLiprE,sieur de PÈTIVILLE,
tes du synode de La Rochelle il y â a écrit,.suivant Hùet dans ses Origines
qu'on rejette l'opinion de ceux qui ne de Câen,des vers faciles et ingénieux,
veullent user de ce mot, » et il fut d'a- mais dont le style manque d'aménité
vis qu'on ne devait imposer à personne et de correction. Nous ne croyons pas
l'obligation de se servir d'une expres- qu'on en ait rien imprimé. Pètiville
sion» non aecoùstumée à l'Ecriture. » voyagea beaucoup dans sa jeunesse.
Dans toute cette conférence, ajoute de De retour dans sa patrie, à l'âge de 26
"Lestre, «Ramus et les autres montrè- ans, il prit une charge de conseiller au
rent une grande docilité, portahs révé- parlement de Rouen, charge qu'il exerça
rence à la compagnie et protestans avecbeaucoup d'intégrité, au témoigna-
tousioursd'une sainte submission.»En ge du même Hùet. Né à Caen, le 31
1578, le Synode national de Sainte- mars 1607, il mourut dans cette ville,
Foy choisit encore de Lestre pour un le 24 déc. 1657, à la suite d'une lon-
des ministres qui devaient représenter gue maladie. Il avait épousé, en 1634,
les églises françaises à l'assemblée de Marie Addée, fille A'Emmanuel Ad-
Francforl(Foy.'vi, p. 385). A dater de dée, conseiller secrétaire du roi, et de
LES — 47 LES
Marie Berger. Lès Reg. de Charenton l'ordonnance de 1477, confirmée en
nous font connaître les noms de deux 1648, et l'édit de Nantes qui exigeait
de ses enfants: MARIE, baptisée le 25 trois conseillers réformés dans le par-
déc. 1635, et PIERRE, leôjanv. 1640. lement; mais, dans ce bon temps, l'ar-
Ce dernier, sieur de Cairon et avocat bitraire n'avait point de frein, il n'y à-
au bailliage de Caen, mourut à Paris, vait plus de lois en France. Colleville
à l'âge de 44 ans, et fut enterré le 22 dut obéir. A là révocation de l'édit de
mars 1684 (Etat civil de Paris. SS. Nantes, il fut, comme hérétique opi-
Pères, N° 93) (1). Il laissa un fils, JAC- niâtre, enfermé au château deCaen,puis
QUES, sieur de Cairon, né en 1673,qui transféré au Val-Ricber et du Val-Ri-
était encore signalé comine huguenot chéràlaRastille, le 18 mai 1690. Il y
en'l749 (Arch. gén. M. 670). passa plus de deux ans etdemi.Au mois
II.Le frère cadetde Philippe Le Sueur de déc. 1692, on l'envoya à l'abbaye
senommaitPtERRE,seigneur de COLLE- de Saint-Martin-des-Champs. Ses deux
VILLE. Conseiller au parlement de filles, qui furent enfermées, en 1702,
Rouen, il assista, en qualité de com- dans ie couventdes Ursulinès de Caen,
missaire du roi, à plusieurs synodes de trouvèrent lemdyen de s'évader en es-
la Normandie, entre autres à celui qui caladant les murailles. Colleville, qui
se tint, en 1678, àAlençon, sous là avait été mis en liberté depuis quelques
présidence de Le Sauvage. La même temps fut soupçonné de connaître le
année il résigna sa charge à son fils lieu de, leur retraite, et comme il ne
,
SAMUEL,; né de son mariage avec Es- voulut point le révéler, on l'arrêta dé
ther Bochart, lequel fut forcé, peu de nouveau et on le remit dans le château
temps avant la révocation, de la rési- de Caen; mais ne pouvant rien tirer de
gner à son tour à un catholique, parce lui, on finit par le laisser en paix.
.

qu'il avait osé parler librement du fa- Samuel Le Sueurjouit, de son temps,
meux privilège de Ja Fierté. «Il se trou- de la réputation d'Un bon poète. Nous
vait qu'aux années précédentes, dit M. ne croyons pas que l'on ait rien impri-
Floquet, des choix du chapitre parais- mé de lui, mais on conserve à la Bi-
sant critiquables, avaieut été attaqués bliothèque de Caen plusieurs pièces
-

au Conseil du roi par les héritiers des manuscrites sorties dé sa plume, cûm-
homicides; que là, avocats, gens du weAbrahamisacrificium,in-l°;Diss.
roi, s'en prenant à ce privilège, dont surplusieurs points delà grammaire
on avait si scandaleusement abusé na- grecque, in-4°; Sur la prosodie en
guère, dont on abusait encore, en con- général, in-8°; Extraits de différ'ehs
y

testantla légalité et en recherchant cu- auteurs sur les esprits , les 'voyelles
rieusement l'origine avaient fort mal et les diphthongues grecques, in-8°;
traité la légende du, dragon de saint Extraits de différens auteurs sur Va
Romain, la qualifiant defable.«Mais ce construction,la lecture et lapronon-
que les avocats catholiques Bouthillier ciation de la langue grecque, in-8",
et Sacy avaient pu sepermettreen plein Cette branche de la familleLe Sueur
Conseil, non-seulement^avec impunité, a persisté dans la profession de la re-
mais avec approbation" des juges, fut ligion protestante. Jacquès-Guillâumè-
imputéà crime au conseiller huguenot, Samuel Le Sueur, sieur de Colleville,
Le président l'interrompit durement, et fils de Guillaume Le Sueur, et A'Aniie-
bientôt après, Colleville reçut l'ordre de Esther Morin, sous-lieutenant dans le
se défaire de sa charge en faveur d'un régiment de Penthièvre, épousa, en
catholique. Cet ordre violait à ia fois 1783, dans la chapelle de l'ambassade
de Hollande, Catherine-Marie dé
(1) Le 30 sept, de la même année mourut Brossard(Élai civil de Paris.Chapelle
Également à Paris, à l'âge de 42 ans, Pierre de Hollande, N° 97). Sa soeur, Anne-
Le Sueur, sieur de Pètiville; était-ce son Sophie-Henriette-Madelaine, née à
frère?
LES — 48 — LES
Saint-Aubin, dans le pays de'Caux, et modèles en cire, dont 2 Vénus et \
à l'âge de 15 ans.le 2 mai 1781, Bacchus. Mais de tous les ouvrages de
morte,
avait été enterréedans le cimetière pro- ce maître, il ne reste plus, d'après
testant du Port-aux-Plâtres (Ibid. Walpole, que la Statue en bronze de
Port-aux-Plâtres,N°.82.) William, comte de Pembrohé, dans
LE SUEUR (HUBERT),appelé aussi la galerie de peinture à Oxford, et la
Le Soeur, Le Seur, Le Soer, excel- Statue équestre de Charles Ique l'on
lent statuaire, « du petit nombre de admire encore à Londres, sur la place
qui peuvent être dits -classiques de Charing-Cross, et qui avait été exé.-
ceux »
(1).
au jugement d'Horace Walpole, était cutée aux frais du comte Arundel
élève de Jean de Bologne, et obtint le Il ne faut pas la confondre avec celle
titre de sculpteur ordinaire du roi. Il dont nous avons parlé plus haut. C'est
passa une partie de sa vie en Angle - dit-on, la première statue équestre
terre. Il avait épousé Marie Le Seine, coulée en Angleterre; elle a été gra-
dont il eut au moins deux enfants :. un vée par W. Hollar. Ce beau bronze
fils, nommé ISAAC, qui fut enterré à faillit périr au milieu des commotions
Great St. BartholomeVs, le 29 nov. politiques. Depuis 1633, il était dé-
1630, et une fille, MARGUERITE, qui posé près de l'église de Covent-Gar-
épousa, en 1650, Etienne Valet, in- den, et attendait qu'on le mît en place,
génieur au service de Savoie, fils de lorsque survinrent les troubles civils.
Pierre Valet, brodeur et valet de Le parlement le fit vendre comme
chambre du roi, et de Marie Joly'(B.eg. vieux métal au fondeur Jean Rivet
deCharent., ann. 1650). La plupart (peut-être un réfugié), avec ordre de le
des ouvrages de Hubert Le Sueur ont détruire. Mais soit que l'artiste prévît
péri. De ce nombre "Walpole cite : qu'en raison de sa violence, la révolu-
1° Un buste de Charles!, en bronze, tion n'aurait qu'un cours très borné,
avec casque surmonté d'un dragon ; —• soit que l'amour de l'art l'emportât
2° Les statues qui décoraient la fon- chez lui sur la prudence, il enfouit
taine de Somerset-House; — 3° Six cette statue, et présenta des fragments
statues en bronze dans le palais de de bronze pourfairecroirequel'ordredu
St-Ja'mes. On doit ajouter à ces pertes parlement avait été exécuté. A la Res-
une Statue équestre de Charles I, en tauration, il s'empressa de la remettre
bronze, qui avait été placée à Roham- au jour, et vers 1678, elle fut érigée
ton, et pour laquelle l'artiste avait reçu sur le piédestal où on l'admire encore
600 liv. M. Charpentier reproduit "le aujourd'hui.
contrat dans ses Mémoires et Docu- LE SUEUR. (JEAN), ministre pro-
ments inédits, etc., Anvers, 1845. On testant et historien de l'Eglise chré-
voit danslemême ouvrage qu'en 1638, tienne, dont le nom mériterait d'être
Le Sueur s'engagea à exécuter, au mieux connu, naquit, vers 1603, à
prixde3401iv., deux statues en bronze, Clermont-en-Beauvoisis. Il fit ses
dont l'une représentant Charles I. Ce études en théologie à Sedan, comme
prince, qui savait apprécier son mérite, nous l'apprennent les Thèses sedan.
le chargea d'aller acheter des modèles où l'on en trouve deux qu'il soutint en
à Paris. 11 lui confia beaucoup de tra- 1626 et 1627, l'une De justificatione
vaux. Dans une lettre que Le Sueur etfidejustificante,VmlreDecommen-
lui adressa et où il se dit son « obéis- titio misse sacrificio. Ses études ter-
sant et indigne Praxitèle, » il sollici- minées il fut nommé pasteur à La
te le paiement de divers ouvrages : Ferté-sous-Jouarre. ,
« C'était, dit Ancil-
360 liv. pour un Mercure, qui devait
servir à la décoration d'une fontaine ; (1) Selon le même écrivain,
on attribue
30 liv. pour unbustede S. M., le front de aussi a Le Sueur le monument de la duchesse
Lenox, mats il n'est pas certain qu'il soit
ceint d'une couronne ; 9 liv. pour trois
LES — J9 — LES
Ion, un homme de bien, un vray mi- III. Histoire de l'Eglise et de
nistre, sans orgueil et sans vanité, qui l'Empire, depuis la naissance de J.-
vivoittrès bien avec son troupeau. » Ses Ch. jusqu'à- la fin du X' siècle,
collègues lui donnèrent fréquemment Gen., 1672-77, 6 vol. in-4° ou 8 vol.
des preuves de leur estime, notamment in-12; Gen., 1679-86, 8 vol. in-4°;
en 1669, où ils l'élurent vice-président nouv. édit. revue, corr.etaugm.,Amst.,
du synode de l'Isle-de-France, qui se 1730, 8 tomes en 4 vol. in-4°; conti-
tint à Charenton, le 9 mai (1), en pré- nuée par Bénédict Pictet, Gen., 1713,
sence du conseillerJacques Du Candal, 2 vol. in-4°; Amst., 1732, 3 vol. in-4°.
commissaire du roi. Tous les instants — Cette histoire est écrite avec autant
que lui laissait le consciencieux ac- de candeur que de bonne foi. Claude
complissement de ses devoirs comme la plaçait au-dessus des Centuries de
pasteur, Le Sueur les consacrait à Magdebourg et des Annales de Baro-
l'étude. Bien que confiné dans une pe- nius ; elle est au moins plus impartiale
tite ville loin des grands centres litté- et plus fidèle.
raires, il osa entreprendre une histoire Le T. XIV de la Collection Conrart
ecclésiastique dont les premiers vo- contient, enoutre, plusieurs pièces iné-
lumes reçurent un accueil très-favo- dites de Jean Le Sueur : des Eclaircis-
rable. Ses infirmités l'obligèrent mal- sementssurle Ps.CX,1,et sur Matth.
heureusement à suspendre son travail. II, 15, 23; des dissertations sur le
Il le reprit, il est vrai, en 1679, sur nom d'Elohim, sur le morceau que
l'invitation du synode de Charenton Judas reçut de Jésus, sur les Phari-
(Jacobins St-Honoré, N° 30) ; mais siens, les Esséens et les Sadduciens ;
quelque ardeur qu'il y mît, il ne put une Explication de Jacq. IV, 5-6 ;
le conduire quejusqu'auonzièmesiècle. des Remarques sur divers passages,
II mourut au mois de janv. 1681. On a et un morceau intitulé : Du Pérou, si
de lui : c'est l'Ophir dont parle l'Ecriture
I. Response à une lettre sur les sainte.
principales difficultés qui-se ren- Jean Le Sueurl aissa un fils, nommé
contrent en la généalogie de N. S. FRANÇOIS, qui suivit la carrière ecclé-
J.-Ch., Sedan, 1658, in-4°.—Datée siastique, et desservit l'église de Lisy.
du 24 oct. 1649. 11 épousa Charlotte de Vrillac (Arch.
II. Traité sur la divinité et lavérité TT. 248), dont il eut plusieurs enfants,
de l'Escripture saincte.— Ouv. saisi entre autres, une fille, CHARLOTTE-
chez les libraires de Paris, en 1685. CATHERINE, présentée au baptême, le

(1) Kous avons trouvé les actes de ce sy- Jean Des Ormeaux, min.; Clermont, Philippe
node aux ATCh; générales dans une liasse co- Tricotel et Esaïe Du Cormier, sieur de La
tée TT. 321. Claude, député par l'église de Haye ; Laon, Pierre de Beaumont et Duvay)
Paris, avec Loride-des-G-alinières et de Beau- Cliéry, J. Régnier, min.; Villers-lès-Guize,
champ, y présida. Voici les noms des députés: P. Georges, min.; Chauny, Louis Garnier et
Meaux, Philippe Vamier, min.; Senlis, M. de Jean Des Bayes; Coucy, Jean Villain, min.;
Laubéran et Philippe Muisson ; Château - Eppes, David de Proisy, anc; Prouville,
Thierry, J. Pages, min.; Lisy, F. Le Sueur; J. Severin et Louis de Brossard; Gercy,
Chalendos, P.Sacrelaire,min.; Morsan,Jérôme Abraham de Rambours, anc; Poireauville,
de Satur, min.; La Ferté-sous-Jouarre, /. Le Paul Couliez, min.; Vilry, Benj. Auguenet et
Sueur et Abdias Le Clerc; Fontainebleau, Philémon Cadet, qui fut élu secrétaire ; Châ-
Henri Drelincourl, min.; Roucy, Frémin, anc; lons, Jérémie Ourlet et Paul Mauclerc; Vassy,
Béthisy, Du Prat, min.; La Korville, J. Far- Abr. Jaquelot, min.; Aï, Pierre Trouillart,
cy, min.; Claye, David Des Polz et Isaac Co- min., élu secrétaire ;Terneuil, Daniel Coltin,
chard; Calais, Jacq. de Prez et Louis Del- min.; Chaltray, Louis de Prez et J .Couturier;
becque; Amiens, Sam. Georges et Samuel Falaise, Jacq. Rondeau, min.; Imécourt, Abel
Bridel; Boulogne, Nicolas Auberlin, min.; de Lambermont, min.; Sézanne, Jacq. d'Alle-
Oisemont, Jacq. de Vaux et Jean Vaucquer; magne, min.; Hailtz-le-Maurupt,Pierre Ver-
Saint-Quentin ,' Daniel Mettayer et Daniel chand, min.; Nettancourt, Pierre de Serval,
Lieurard; Abbeville, Phil. Chenevix et Charles min.; Espence, Pierce Le Jeune, min.; Saint-
Le Fournier, sieur de Neufville; Compiègne, Ua.ti, Detforlerie, min.
T. VI!. *
LET — -
50 LET
âgée"déjà de 21 ans, FRANÇOISE, qui
A 3 févr. 1676, par Jacques de Raquet,
sieur de Mollien, et Catherine de n'en comptaitencore que 8, et SUSANNE,
Besset, sa grahd'mère maternelle, et née en 1735.Sa seconde fille, nommée
fils, né 1677, qui est appa- JEANNE, qu'elle avail gardée auprès
un en mars
remment identique iwecLoîtis-Charles d'elle, fut mise dans le couvent des
Le Sueur, successeur, en 1715, de Ursulines de Hédé. Après trois années
Jacques Cairon dans la place de pas- de détention, sa constance ne se dé-
teur de la petite église de Thorney- mentant pas, on lui fendit la liberté, et,
Abbey. Cette église, fondée par Ezé- en 1744, on permit également à sa fille
chiel Danois, en 1652, avait été des- de sortir du monastère où elle était dé-
servie, depuis la révocation, par Du tenue, pour épouser un marchand de
Mesnil-Jemblin, ancien ministre de Caen, qui professait, comme elle, la re-
Saint-Pierre-sur-Dive, et par Cairon. ligion réformée.De toute cette famille,
Elle comptait parmi ses membres des il n'y eut donc que le fils aîné ETIENNE ,
Prévost, des Gâches, des Boyer, des né à Jersey en 1728, qui abjura. Il a-
Le Fèvre, des Flahaut, AesLe Roux, vait, été laissé par ses parents dans les
des Le Grain, etc. Louis-Charles Le îles anglaises. Deveuu grand, et après
Sueur èpoxis& Marianne de Monceaux, s'être livré à toutes sortes de débau-
et en .eut une fille présentée au bap- ches, il prit le parti de rentrer en France
tême, en 1723, par Pierre Le Sueur, et dese convertir,en1750,pouréchap-
qui fut le dernier ministre de l'église per aux poursuites de ses créanciers
française de Cantorbéry, et par Anne- (Arch. gén. TT. 343). La plupart des
Agathe Gloria, veuve du graveur conversions volontaires qui se faisaient
Etienne de Monceaux. Nous ne con- à cette époque, étaient dictées par des
naissons aucune autre particularité de motifs aussi peu honorables.
sa vie. Il ne faut pas le confondre avec La famille LeTellier avait embrassé
Louis Le Seur-de-La Prade, qui fut de bonne heure les doctrines évangé-
pasteur, àpeu près vers le même temps, liques. Dès 1563, il est fait mention
de l'église de Wapping. Ce dernier dans l'histoire de la Réforme à Dieppe
avait desservi auparavant l'église de d'un Nicolas Le Tellier, suffragant
Crispin-Street et celle duPetit-Charen- du pasteur Saint-Paul, qui fut député
ton. fondée en 1701; HenriDaubigny au Synode national de Lyon et qui se
en avait fait la dédicace, le 13 avril, réfugiaàRyeàlaSaint-Barthélemy.Un
assisté du proposant Paravisol. Peu siècle plus tard, Jean-Jacques Le Tel-
nombreuse, elle n'eut qu'une courte lier, de Saint-Lô, qui avait fait ses é-
existence. Dans les registres des bap- tudes à Sedan, où il avait soutenu, eu
têmes et des mariages qui s'y célé- 1637, une thèse De sanctis et eorum
brèrent, on remarque les noms de Cou- cultu, publiée dans les Thèses sedan.,
sin, Poitevin, Andrieu, Soret, Des- desservait l'église de Pont-Audemer.
mortiers, Morin, Charadame, etc. Il sortit de France à larévocation,ainsi
LE TELLIER(DAVID), sieurde La que plusieurs autres protestants nor-
Bodière, marchand de Vitré, passa en mands du même nom.
Angleterre, en 1728,nous ne savons si LETTES (JEAN DE), évoque de
ce fut pour cause de religion ; mais il Montauban converti.au protestantisme.
ne tarda pas à revenir en France et Fils cadet d'Antoine de Lettes et de
mourut à Vitré, eu 1739. Sa veuve, Blanche Des Prés, et frère du sire de
Marie de Gennes ou Gènes fut, dès Monlpezat, maréchal de France, Jean
l'année suivante, enfermée dans le cou- de Lettes entra jeune dans les ordres
vent des Grandes-Ursulinesde Rennes, et ne tarda pas à être pourvu d'un bé-
parce qu'aprèsla mort de son mari, elle néfice dans la collégiale de Sapiac. Vi-
avait renvoyé en Angleterre quatre de caire général en 1529, évêque de Be-
ses enfants, DAVID, né en 1730,MARIE, ziers en 1537, il fut appelé, en 1539,
LET — 51 — LET
à succéder à son oncle Jean Des Prés menuisier, Guill. Ldboral, orfèvre,
sur le siège épiscopal de Monlauban ; Antoine Gamier et Antoine Perroy^
mais il n'en Tetint pas moins l'évêché tanneurs, Claude Bretin, potier d'é-
de Beziers, qu'il permuta seulementen tain, Etienne Baulard, boucher, Jean
1543 contre l'abbaye deMoissac. Lors- et Pierre Grosperrin, Nicolas Bo-
que les opinions nouvelles se répandi- quillot et Etienne Joliot, vignerons,
rent dans son diocèse, Jean de Lettes, Antoine et Georges Lounetey, Phi-
gagné, dit-on, à la Réforme par Fran- lippe Roillot, formier, François Bou-
çois Calvet, s'en déclara le sectateur, .
chot, hôtelier, Jean Champy; pelletier,
"et, dès 1556, il Claude Chouet, Claude Chebillotte,
se maria avecArmande
de Durfort-de-Boissière veuve de Gaspard Bergier, armurier, Barthé-
,
Guillaume de Rousquet. Lebret affirme lémy Banstiche. tailleur, Jérôme Du
que le mariage était clandestin, mais Soulier, Jean Badenolle, Jean Gau-
que le secret ayant transpiré, de Lettes dot, Antoine Le Goux, Henri Paris,
fut obligé de résigner son évêché à son Louis Prost, marchands, Etienne
neveu Jacques Des Prés et son abbaye Bnillard, dit le capitaine Besançon,
de Moissac au cardinal de Guise. La ré- Léonard Maire, notaire, Nicolas Ro-
signation eut lieu en effet; cependantil billard, teinturier. La seigneurie de
est probable que le mariage de l'évêque Berne, ne pouvant refuser de sévir, fit
de Montauban servit simplement de pré- poursuivre criminellement François de
texte aux princes lorrains pour s'em- Lettes, ainsi que ses complices ; mais
parer d'un riche bénéfice; car, en1557, il est probable que ce fut pour la forme
Jean de Lettes fut nomméabbé de Lieu- seulement. Le baron d'Aubonne s'at-
Dieu. La même année, redoutant sans tira une plus fâcheuse affaire par un '
doute quelque nouvelle persécution, il meurtre qu'il commit, en 1583, sur la
prit le parti de se retirer à Genève avec personne du bailli de Morges. Il fut
sa femme et ses enfants. Le 15 mars banni temporairement du canton de
1558, il fit l'acquisition de la seigneu- Berne, et sa baronnie mise sous le sé-
ried'Aubonne, dont il disposa,'en1559, questre. A l'expiration de sa peine, il
par son testament en faveur d'Ar- rentra dans le pays de Vaud et y leva
mande de Durfort, de sa fille MARGUE- quelques troupes à la tête desquelles
RITE et de ses deux fils JACQUES, et ilallaservirdansleDauphiné, en1587.
FRANÇOIS. Ce dernier, baron d'Au- 11 y éprouva une défaite complète et
bonne, prit part, en 1575, à l'expédi- perdit son lieutenant Simonin de Mont-
tion dirigée par Beaujeu contre Besan- béliard. Quelques années plus tard, en
çon (Voy. II, p. 91). Les magistrats 1590, nous le retrouvons à Montau-
bisontins se plaignirent au sénat de ban, engagé dans un procès contre l'é-
Berne de cette violation de territoire, vêque Henri Des Prés au sujet du
en lui envoyant la liste de 42 Réfugiés, château de Beauvais, qni, faisait partie
gens de toutes professions, qui avaient de la succession de son père et dont
trempé dans l'entreprise. Voici leurs l'évêque s'était emparé. Ayant, eu une
noms d'après une copie de cette liste querelle avec un gentilhomme, qu'il
qui se conserve aux Archives de Ge- blessa en duel, il fut mis en prison, et
nève, N° 1964 : le capitaine Beaujeu, y mourut, au rapport de Lebret.
le baron d'Aubonne, les capitaines La- LEVADË (CTPRIEN), fils de Jean,
bigan et Roland, Jean Chemille'ret, Levade,de Saint-Marsan en GuieDne,et.
apothicaire, Etienne Dombelle, cou- à'Isabeau de La Salle, s'était établi à
turier, Claude Belin, Claude Béguin Lyon, où il exerçait la profession de
et Thibaut Benoît, cordonniers, Phi- chirurgien, lorsqu'il épousa Anne
lippe Champion, chirurgien, Etienne Neutte,û]\e Ae Pierre Neutte, drapier
Oudot,orièvre,Simon Ferry, Etienne à Sedan, et de Marie Lespine, du con- .
Saigé, Marc Lardier, Jean Simonin, sentement de son oncle Isaac Du Bour-.
LEV K2 — LEV

dieu, pasteur à Montpellier. De ce ma- vignerons de Vevey, doitsa restauration
en 1797. Il mourut à Vevey, le.2
août
riage naquit, en 1674, JACOB, qui fut
présenté au baptême par le médecin 1839.Sa îemme,Jeanne-Marie Justa-
Jacob Spon et'pat:Elisabeth Zolliko- lui avaifdonné deux fils et une fille.
mon,
fer. A la révocation de l'édit de Nan- Cette dernière nommée EMILIE-HEN-
,
tes , la famille Levade se réfugia dans RIETTE-PHILIPPINE, naquit en 1786 et
le canton de Vaud, où il nous est pos- épousa, en 1805, Louis Du Toit, de
sible de la suivre,grâce à l'obligeance Moudon,établi comme négociant à Tu-
de M. Dumont, bibliothécaire à Lau- in. Le fils cadet, CHARLES-ISAAC, né le
sanne , qui nous a envoyé sur elle les 25 août 1784 , mourut jeune et sans
renseignements les plus complets. Nous alliance,, officier au service de là com-
nous contenterons de reproduire lano- pagnie deslndes.L'aîné,Pi-ERRE-DAVID-
tice qu'il a bien voulu rédiger pour la BARTHÉLEJIT, pharmacien, né à Vevey,
France protestaute,nospropres recher- le2S mars 1781,etmortle 13 juin 1854,
ches ne nous ayant rien fourni à y ne laissa que des filles de son mariage
ajouter. avec Lydie Naegelicèlèhrè en 1806,
Jacob Levadeprilpourfemmeilfan'e- savoir : LOUISE, CAROLINE, femme de
FrançoiseBemard, quilerendit père M. PaUlBurnier, ministre à Lausanne,
de CYPRIEN-LOUIS, né à Bex, le 27 EMILIE, LTDIE, mariée au '-pasteur de
août 1707. Ce dernier vécut à Vevey, Montreux, M. Victor Guénod, CHAR-
où il pratiqua la chirurgie, m ai s il mou- LOTTE et MARY.
rut à Lausanne le 27 sept. 1783,ayant Louis Levade a publié quelques ou-
eu cinq enfants de son mariage avec vrages, dont nous ne pouvons donner
Judith Genevois, savoir : 1° MARIE-' que les titres.
ANNE-FRANÇOISE-MARGUERITE née le I. Observations et réflexions sur
14fév. 1741, femme, en 1767,, de Bu- quelques matières de médecine, Ve-
gnion, pasteur à Prilly, et morte le 5 vey, 1777, in-12.
nov. 1831 ;—2° Louis, qui suit;—3° ll.Rapport fait à la Soc.des scien-
JEAN-DAVID-PAUL-ETIENNE,qui suivra; ces physiques à Lausanne sur un
— 4° JEANNE-ÀLBERTINE , née à Lau- somnambule naturel,Ls.\xs.,ii778,8.
sanne, le 7 oct. 1752, et morte sans Iil. Dictionnaire géographique,
alliance en 1832 ;—5*MARIANNE-MIL- statistique et historique du canton
DRED, néele18janv. 1754, mariée, en de Vaud, Laus., 1824, in-8", avec
4772, àPierre-ElieBourgeois, un des cartes et planches.
bannerets de Lausanne. IV.Notes critiques sur le Diction-
I. Louis Levade naquit le 14 mars naire géographique et descriptifdu
4748. Il fit ses études en médecine et canton de Vaud [par Roger], Laus.,
prit le grade de docteur à Leyde. Il en- 4 828, in-12.
tra ensuite,en qualité.de médecin,dans On trouve, en outre, de lui dans les
la famille Orloff;mais en 1775,il quitta Feuilles du canton deVaud (Lausanne,
laRussiepour retourneraVevey. «Dans 1821-26), une Lettre sur les eaux
sa retraite, dit M. Dumont, il se livra minérales de VAlliaz, un Fragment
avec succès à la culture des sciences sur l'agriculture des anciens, et une
naturelles, tout en recueillant de nom- dissert, sur la Culture.de la vigne au
breux matériaux pour l'histoire natio- XIII' siècle.
nale.Son cabinet d'histoire naturelle et II. Frère du précédent, Jean-David-
d'antiquités était riche en minéraux de Paul-Etienne Levade a joui d'une ré-
la Suisse et de l'Allemagne,et son mé- putation qui n'est pas restée enfermée
dailler, fort bien composé, a été acquis dans les étroites limites de son pays na-
par le Musée du canton de Vaud.» C'est tal. Né à Lausanne, le 2 oct. 4750, il
à lui que la joyeuse fête,connuedepuis embrassa la carrière ecclésiastique et
deux siècles sous le nom d'Abbaye des fut appelé à exercer son ministère dans
LEV — 53 — LEV.
l'église wallonne d'Amsterdam. En XII. Rapports [XII] annuels de la
4 810, il disputa 'et obtint la chaire de Société biblique du canton de Vaud,
théologie dogmatique à l'académie de Laus., 1816-28, in-8".
Lausanne. C'est à lui que le canton de XIII. Le berger de Salisbury,trad.
Vaud doit la fondation, en 1816, de sa d'Anna Moore, Laus., 1818, in-8°.
première Sociétéhiblique.L'aménitéde XIV. Liturgie de famille, Laus.,
soncaractère,ladouceur desesmoeurs, 1823,in-8°; contref. à Valence, 1828,
lavariétéetl'étenduedesesconnaissan- in-12,etàNeuchâtel;nouv.édit.augm.,
ces faisaient rechercher sa société par Laus., 1829, iu-8°.
tous les étrangers qui,comme Gibbon et XV. Quelques réflexions sur la
Beckford, séjournèrent à Lausanne, et mort, Laus., 1825, in-8".
la bienveillance de son accueil ne con- LE VALOIS (PHILIPPE) , marquis
tribua pas médiocrement à conserver à deViLLETTE, lieutenant général des ar-
cette ville l'honorable réputation d'ho s- mes navales, né en 1632, de Benja-
pitalitê que Voltaire lui avait faite. Da- min Le Valois, sieur de Villette, et de
vid Levade mourut le 9 janv. 1834, Louise-Arthémise d'Aubigné, dame
sans avoir eu d'enfants de sa femme de Murçay, et mort à Paris, le 25 dé-
Anne-Marie Bugnion.\oici la liste de cembre 1707.
ses ouvrages : De Villette servit d'abord dans l'ar-
Ï.Lesméditationsdu doctewr Dodd mée de terre; mais n'obtenant pas un
dans saprison, trad. de l'angl., Amst. avancement aussi rapide qu'il l'espé-
[Laus.], 1780, in-8". rait, il tourna ses vues d'un autre côté
II. La suite de la vie et des opi- et entra dans la marine militaire, sans
nions de Tristam Shandy, trad. de aucune étude préalable, en sorte que
Sterne,YorcketParis, 1786,2 v. in-12. l'on peut dire avec vérité qu'il se forma
III. Sermons prononcés dans les uniquementpar la pratique. Promu, le
églises d'Amsterdamet de Lausanne, 12 mars 4 672, au grade de capitaine
Laus., 1791, in-8°. de vaisseau, il servit en second sur le
IV. Recueil de mots français déri- Fort. Deux ans après, il obtint le com-
vés de la langue grecque, et dont la
.
mandement de l'Apollon. En 4 676, il
composition donne à connaître le montait l'Assuré, sur lequel il combat-
sens, Laus., 1804, in-8°. tit à Messine et à Agosta. Lorsque
V. Lespreuves évidentes du chris- Louis XIV rappela l'escadre .de Sicile,
tianisme, trad. de W. Paley, Laus.,
-
abandonnant ainsi aux vengeances des
1806, 2 vol. in-8°. Espagnols les Messinois qui s'étaient
VI. Essai sur les moyens de per- fiés à. sa,parole, Villette fut attaché à
fectionner l'instrnciionreligieuse de l'escadre du maréchal d'Estrées, dont
la jeunesse, Laus., 1807, ia-12. la destination était les Indes occiden-
VII. Horoe Pauline, ou la vérité de tales. Madame de Maintenon, par re-
l'histoire de saint Paul, trad. de connaissance sans doute des soins ma-
W. Paley, Nismes, 1809, in-8°. ternels que sa tante avait pris de son
VIII. Diss. académique sur cette enfance \Voy. I, p. 186), avait conçu,
question : La science de la théologie en effet, l'odieux projet de lui enlever
a-t-elle fait quelquesprogrès dans le ses enfants pour les convertir; mais
dernier siècle, et si elle en.a fait, en comme elle redoutait une énergique
quoi consistent-ils? Laus., 4 810, 4°. opposition de sa part, elle s'était en-
W. Surlestemples,Lw.s.,h&Mt,k°. tendue avec Seignelay et avait fait
X. Sur les sépultures, Laus., délivrer au marquis de Villette une
4 816, in-8». commission qui devait le tenir éloigné
JÎ.Recueildeonze traités religieux de l'Europe pendant plusieurs mois.
et moraux, trad. de l'angl., Laus., Le père embarqué, il restait à prévenir
1816,in-8°. la résistance de la mère, sur le con-
LEV
EEV — 54 —
sentement de qui on ne croyait pouvoir conscience, et de l'autre, l'épaulette de
compter, bien qu'elle fût catholique; chef d'escadre qu'on lui promettait, se
on eut donc recours à une ruse qu'il décida pour l'épaulette. Le Mercure du
n'est pas besoin de qualifier. La soeur mois de janvier 4 686 eut ainsi une nou-
de la marquise de Villette, mariée à velle abjuration à enregistrer. « Ma-
Niort au président de Fontmort, l'in- dame de Caumon sa soeur, femme de
vita à venir passer quelques jours chez M. de Caumon, colonel de cavalerie,

elle, et la pria, à son départ, de lui convertit deuxjoursaprèslui, ajoute-
se
laisser sa fille jusqu'au lendemain, en t-il, avec M11-" de Caumon elAeMayne
prémettant de la lui ramener; mais à ses filles, par les soins du président de
peine la marquise eut-elle quitté Niort, Fontmort.» Lès Mémoires de Foucault
qu'elle se mit elle-même en route pour nous apprennent que ce Fontmort, pré-
Paris avec l'enfant. La petite fille, qui sident au bailliage,avait abjuré à Niort
se souvenait que son père l'avait me- le 20 déc. 4 685, c'est-à-dire le même
nacée, en partant, de ne la revoir ja- jour que Villette. Ce dernier, douze jours
mais , si elle changeait de religion, après sa conversion, fut promu au grade
pleura d'abord beaucoup; mais, ra- de chef d'escadre. Ce prompt avance
conte-t-ellé dans ses Mémoires, «je ment, joint à une augmentationde 4 000
trouvai le lendemain la messe du roi si écus qu'il obtint au°mois d'avril 4 688,
belle, que je consentis à me faire ca- surexcitant son.zèle de néophyte, il se
tholique, à condition que je l'enten- fit à son tour convertisseur et conver-
drois tous les jours, et que l'on me tisseur si forcené que M"°deMaintenon
garantirait du fouet. C'est là toute la dut lui en faire des reproches. Cette
controverse qu'on employa, et le seule ardeur de prosélytisme ne pouvait que
abjuration que je fis. » M°e de Mainte- l'affermir d'ailleurs dans la faveur du
non n'éprouva pas plus de peine à con- roi, qui le créa, le1"nov. 1689, lieu-
vertir les deux fils du marquis de Vil- tenant général de ses armées navales.
lette qui, dans le même'temps, avaient Villette avait eu trois enfants de
été mandés à Paris par ordTe du roi ; Marie-Anne-Hippolytede Châteâuneuf,
il lui suffit de leur faire entendre la qu'il avait épousée en 1662 : PHILIPPE,
voix de l'ambition. A son retour en comte de Murçay, mort en 1706, mes-
Europe, au mois de mars 1681, Villette tre-de-camp d'un régiment;HENRI-BEN-
trouva donc toute sa famille catholique. JAMIN, seigneur de Marmande, mort en
Il se montra indigné de la trahison de " 1692, colonel des dragons de la reine,
sa parente ; il lui écrivit des lettres et MARTHE-MARGUERITE, née en 1673,
pleines de reproches, l'accusant d'in- qui fut la célèbre comtesse de Caylus.
gratitude envers sa mère et de dureté Resté veuf, il épousa en secondes
envers lui ; cependant, après avoir noces, en 1695, Marie-Claire. Des
exhalé sa colère, il finit par s'apercevoir Champs-de-Marsilly, nouvelle ca-
que sa religion lui fermerait la carrière tholique élevée chez la Miramion, qui
qu'il suivait avec quelque éclat. De- lui donna encore trois enfants, et qui
puis 1680, les mesures prises par le roi se remaria, en 4 725, avecBolingbroke.
contre les officiers protestants deve- Le marquis de Villette a laissé des
naient de plus en plus brutales. On en Mémoires qui ont été publiés avec ceux
était arrivé à destituer sans ménage- de Coligny-SalignyparM. Monmerqué,
ments cetix que l'on ne pouvait séduire Paris, 1844, in-8n. C'est un récit de
par la perspective d'un avancement ses campagnes aussi sec et aussi peu
rapide, ou réduire par des menaces, intéressant qu'un journal de bord.
comme ce fut le cas avec Du Rivau- LE VASSEUR ( JOACHIM ), sei-
Huet, lieutenant de vaisseau depuis gneur de COIGNERS, Coignée, Cognée
1670,. et. une foule d'autres. Villette, ou Cougnée, fils d'Antoine Le Vasseur
mettant dans la balance, d'un côté, sa et d'Agnès de Renty, prit les armes
LEV — 55 — LEV
dès la première guerre civile et con- mi-mai, étant sorti de cette ville à la
duisit au Mans une troupe nombreuse tête de 200 chevaux, il tomba dans un
de ses vassaux. En passant à Saint-Ca- parti catholique de beaucoup supérieur
lais, raconte Pesche, dans sa Statisti- en nombre. Sans s'effrayer, il chargea
que de la Sarthe, il consentit, sur la de- avec vigueur l'ennemi, tua le capitaine
mande des moines, à laisser quelques- d'Herbelette et plus de cent soldats, et
uns de ses hommes dans l'abbaye pour rentra triomphant dans Angoulême. Ce
leurservir de sauvegarde; maisàpeine fut son dernier exploit. Invité à assis-
se fut-il éloigné que ces fanatiques in- ter aux noces du roi de Navarre, il fut
troduisirent dans lé couvent une bande une des victimes de la Saint-Barthé-
de Catholiques qui, à l'heure des ma- lémy.
tines, égorgèrent les religionnaires, Joachim Le Vasseur avait épousé, en
entre autres, le sieur de Lehon et son 1547, Louise de Thouars. Resté veuf,
fils, Tysard, Etienne Greffier, René il s'était remarié avec Françoise de
Ferron, les deux frères Blanchard, Ponthieux, qui ne lui donna pas d'en-
Pierre Mossu elRobert Tamblont (1). fants. Du 4" lit naquirent deux fils,
Instruit de cette odieuse trahison, Coi- nommés JACQUES et JOACHIM. L'aîné,
gners jura de la punir. En revenant sieur de Coigners, Thouars et Far-
de Normandie, avec l'amiral de Coli- got, commissaire pour l'exécution de
gny, il partit de Mortagne, se porta l'édit de Nantes dans la Bretagne, en
rapidement sur Saint-Calais força 1602, mourutsansenfantsdeson union
,
l'entrée du couvent- et fit pendre le avec Isabeau de Sainte-Maure, fille
prieur et plusieurs de ses moines à la de sa belle-mère, Françoise de Pon-
cloche qui avait donné le signal du thieux, qu'il avait épousée en 1569.
massacre. Nommé gouverneur du Ven- Le cadet, sieur d'Aillières et de Plan-
dômois par Jeanne d'Albret, en 1563, chet, prit pour femme, en 4590, Eli-
après la conclusion de la paix, Le Vas - sabeth d'Argeuses. Peut-être est-il le
seur, ne pouvant obtenir justice de la même que Le Vasseur-Cougnée, qui,
reine-mère, se chargea de venger lui- pourvu d'un office de substitut du pro-
même la.mort.de son parent La. Curée cureur-général au parlement de Paris,
(Voy. V, p. 111). 11 détruisit la bande ne fut pas reçu, en haine de sa religion
de Ronsard, curé d'Èvaillé, et fit pri- (Fonds de Brienne, N° 223). Selon
sonniers quelques-uns des meurtriers; une généalogie msc. de cette famille
mais, loin de recevoir les éloges qu'il qui se conserve à la Bibliothèque de
méritait, il fut décrété de prise de corps l'Arsenal, sous le N' H, 727, le sieur
et jeté en prison. Ce ne fut pas sans d'Aillières, mourut en 4 629, ayant eu
peine qu'on l'arracha aux serres du cinq enfants : 4° Louis, qui suit; —
parlement de Paris. 2" JEAN-ANTOINE, sieur d'Aillières,
Rien ne nous apprend si Joachim Le marié à Judith Conseil et père de JU-
Vasseur prit part à la seconde guerre DITH Le Vasseur, qui épousa, le 26
civile, mais dans la troisième, il alla janv. 4 668, Abraham Caillarâ, sieur
rejoindre Andelot et se signala au de La Monnerie, fils A'Abraham Gail-
combat de La Roche-Abeille, où il com- lard, sieur des Hayes, et de Susanne
manda un corps de cavalerie. Fait pri- Duval (Reg. de Charent.) ;—- 3° MA-
sonnier à Jarnac, il ne tarda pas à re- RIE, femme A'Antoine Drouet, sieur
couvrer la liberté, puisqu'en 1570, de Sansay; —- 4° LOUISE-MARIE, femme
nous le trouvons à Angoulême. Vers la de Thomas de Saint-Denis, sieur de
Lancisière; —5°ELISABETH, qui épou-
(1) A Saint-Calais même et dans les envi- sa Benjamin de Chartres, sieur de
rons, la bande de Ronsard égorgea, dans le Bellessart.
même temps, Gujll. et Gilles. Olivier, Richard Louis Le Vasseur, seigneur de Coi-
Faucaul, le sieur de Le Conslanéiére et sa
femme, etc. gners, fui marié deux fois. Sa pre-
LEV 56 LEV
— —
mière femme, Susanne de Malleray, sanne Du Voisin, fille de Daniel Du
le rendit père de sept enfants : 1 " JAC- Voisin, sieur de Vitenval, maréchal
marquis de Coigners, qui suit; de bataille des armées du roi et ser-
QUES, fran-
GEORGES, marquis de Thouars, gent-major général des troupes
— 2°
qui épousa une hollandaise et en eut ' çaises entretenues en Hollande, et de
CHARLES-GASPARD, colonel d'infanterie Marie de Coureillon, laquelle mourût
service des Provinces-Unies, qui veuve, en 1670, àl'âge de 54sas(Etat
au
rentra en France et abjura, le 18 déc. civil de Paris, SS.Pères,N°91), lais-
4 696 (Arch.gén.lï. 255);—3° PAUL- sant un fils, LOUIS-GASPARD, marquis
CHARLES, sieur de Fargo t et de La d'ARDENAi, qui assista, en 4 679, com-
Grimenaudière, qui alla s'établir à La . me ancien de l'église d'Aillières, au
.

Rochelle où il se maria. En 1673, il synode deBellesme, etmourutauMans,


obtint le commandementd'un bataillon en 1682. Après sa mort, sa veuve,
de milices levé dans l'Aunis. Quatre Louise Aubéry-du-Maurier (^.vou-
ans plus tard, Demuin ayant fait reti- lut retourner en Hollande, sa patrie, et
rer au marquis de Loire la commission emmener avec elle ses trois filles;
de commissaire proteslaDt pour l'exé- mais, à la demande de l'évêque. du
cution dé l'édit, la fit donner à Le Mans, et du consentement du marquis
Vasseur, « gentilhomme plein d'hon- de Coigners, on les lui enleva pour
neur et de vertu, qui avoit porté les les élever dans le catholicisme (Arch.
armes toute sa vie, et qui, ne s'élant gén. M. 664). En 1686', deux demoi-
jamais mêlé d'affaires, paroissoit fort selles d'Ardenay furent gratifiées cha-
propre à être surpris par les artifices cune d'unepension de 500 livres (Ibid.
de la chicane, » lit-on dans l'Histoire TT. 252), preuve irrécusable qu'elles
de l'édit de Nantes. Le Vasseur ne se s'étaient converties (Voy. I, p. 153).
décida à accepter celte commission que La troisième se maria dans la maison
sur les instances des nvriistres de La de Montataire.
Rochelle. Demuin n'eût pas beaucoup Jacques LeVasseur, marquis de Coi-
de peine à le faire tomber dans ses gners, épousa, en premières noces, en
pièges; cependant Le Vasseur finit par 1645, Françoise Des Nouhes, fille de
s'apercevoir de sa mauvaise foi, comme Jacques, sieur de La Tabarière, et
nous l'apprend une lettre qu'il écrivit, A'Anne de Momay. De ce mariage
en 1684, au secrétaire d'état Château- sortirent deux enfants : Louis, marquis
neuf, pour se plaindre de ce que son de Beaumont, né en 1646 (Reg. de
collègue cherchait « tous les moyens Charent.), etANNE-SusANNÉ. Le mar-
imaginables de faire du mal à ceux de quis de Coigners n'avait point encore
la R. P. R. par les affaires et procès ' abjuré, lorsqu'il se remaria, en 4 658,
que sans raison il leur suscitait tous avec Françoise de Bellanger, qui lui
les jours » (Arch. gén. TT. 247). A la donna encore trois fils, nommés FRAN-
révocation, il fut relégué dans le Bour- ÇOIS, JACQUES et LOUIS-GASTON. C'est
bonnais ; mais sa fille ELISABETH réus- seulement en 4 664 qu'il renia la foi
sit à sortir de France; — 4° Louis, de ses pères (Arch. gén. TT. 235). En
marié à une demoiselle Grignon, de récompense de son apostasie, le roi
lamaisondeLaGoupillière; — 5°BEN- lui accorda, au mois de juill. 1685,
JAMIN-EMMANUEL, qui prit pour femme une pension de mille écus, et son fils
Marie Lhermite ; — 6° SUSANNE, aîné, le marquis de Beaumont', qui
femme de Henri d'Espagne, marquis avait suivi son exemple, en obtint une
deVénevelles; — 7e ELISABETH, ma-
(1) Comment expliquer que la marquise
riée au sieur Du Parquet de Norman- d'Ardenay, née en 1614, et veuve seulement
die. en 1682, se soit remariée avec le marquis de
Sa femme étant morte, Louis Le Chambrct et lui ait donné quatre fils? (Voy.
Vasseur se remaria, en 1648, avec Su- I, p. 153). Il n'est pas en notre pouvoir de
résoudre cettedifficulté.
LEV 57 — .LEV
de 2000 livres. Ce fils avait épousé révocation, appartenait très-vraiseih-
Charlotte de Saint-Offange et en avait blablement à cette même famille.
un enfant d'une dizaine d'années. LE VASSEUR (Josui), savant
Si cette généalogie est exacte, il en hébraïsant, né à Sedan vers 1620, de
résulte que les Le Vasseur-Coigners PhilippeLe Vasseur, secrétaire du duc
n'étaient point parents d'autres Le Vas- de Bouillon, et mort dans cette ville le
seur, que nous trouvons établis à Pa- 1"déc.1672.
ris dès l'année 1608, où Claude Le Doué des plus heureuses disposi-
Vasseur, sieur de Fief-Fontaine, com- tions, le jeune Le Vasseur s'appliqua
missaire ordinaire de l'artillerie, fut avec succès à l'étude des langues an-
enterré au cimetière protestant de la ciennes et de la théologie. Ses exerci-
Trinité. Ezéchiel'Le Vasseur, conseil- ces académiques terminés, il fut donné
ler du roi et commissaire ordinaire des pour pasteur à Givonne ; mais on ne
guerres, mort le 6 juill. 1670, à l'âge tarda pas à le rappeler à Sedan, pour
de 95 ans, était peut-être son fils. 11 lui confier la chaire d'hébreu, comme
avait épousé Marie Le Gendre, qui le prouve le titre de la grammaire
lui avait donné un grand nombre d'en- hébraïque qu'il fit impr. en 1646, sous
fants : 1° ANTOINE, sieur des Marchais, ce titre : Grammatica Ebrea, brevi-
qui se maria, en 1674, à l'âge de 50 ter et methodicè proposita : cui ad-
ans, avec Marie Planchon, dont il eut jecta librorum V. T. juxta Ebreos
deux fils, ANTOINE et GASPARD ; :— 2° distributio; item Paraschis Legis et
ABEL, marchanda Paris;
— 3° SAMUEL, Haphthatispropheticis tractatus, Se-
né en 1623 et mort jeune; 4° SA- dan., P. et J. Jannon, 1646, in-12.

HUEL, né en 4 627, qui épousa, en 1659, Aux fonctions de pasteur et de profes-
Anne Quenault; —5"EZÉCHIEL,com- seurd'hébreu, il joignit, en 1651, l'em-
missaire ordinaire des guerres, qui prit ploi de professeur de grec, et en 1658,
pour femme, en 1665, Elisabeth Le son zèle infatigable!'engageaà sechar-
Gendre, fille de Samuel, sièur de La ger, en outre, du cours de théologie. Il
Cour, etAeMarie Tassin; 6 "PIERRE; prit possession de cette dernière chaire

— 7° ETIENNE;
— 8° Louis, docteur le 3 juin, par une thèse inaugurale De
en médecine, né le 28 oct. 1630, qui justificatione, insérée dans les Thèses
épousa, en 4 666, Madelaine Le Mer- sedanenses. Plus tard, il devint recteur
cier, fille de David Le Mercier et de de l'académie.
Susanne Derval. Resté veuf sans en- Jusqu'à la fin de ses jours, Le Vas-
fants, il se remaria, le 10 juin 1668, seur jouit d'une grande considération,
avec Anne de La Barre, fille de Jo^ qu'il devait moins encore à ses talents
sias de La Barre, joaillier du duc qu'à la douceur et à la modération de
d'Orléans, et de Renée Du Chesne, son caractère, à la pureté de ses moeurs
mariage dont naquirent AKNE-RENÉE, et à sa piété éclairée. Ses nombreux
baptisée le 14 avril 1669; Louis, qui amis voulurent témoigner le regretque
vint au monde le 13 janv. 1675 ; ELI- leur causait sa mort, en lui faisant des
SABETH et MARIE-CHARLOTTE, mortes obsèques dignes du rang qu'il avait
jeunes; HENRIETTE, baptisée le 24 oct. occupé dans l'Eglise et l'Académie. Le
1677; PAUL, né le 5 nuv. 1679 ; — 9° consistoire en corps, les professeurs,,
CHARLOTTE, née en 1633, femme, en bedeau en tête, et une quarantaine de
4 655, de Pierre Masclari, sieur de personnes en deuil l'accompagnèrent
Champmoreau ; — 10° ANNE, morte à sa dernière demeure. «Ceshonneurs,
jeune; —11° SUSANNE, baptisée le 26 dit l'abbé Bouillot, décernés à la mé-
mai 1635; — 12° ETIENNE, né en moire d'un savant pacifique qui s'était
4 642 et mort à l'âge de cinq ans.
— constamment dévoué sans ostentation
Gaspard Le Vasseur, avocat au par- à la vertu et au bien public, blessèrent
lement de Paris, qui se convertit à la l'intolérance. » Louis XIV, en effet,
LEV 58 LEV

ayant eu avis que ceux de la R. P. R •, laborieux, d'un commerce sûr,, d'une


«
méprisant ce qui est prescrit sur les en- conversation agréable et instructive;
terremens de leurs morts, et fondant mais les injustices dont il croyait avoir
leurs entreprises surunprétenduusage, à se plaindre, l'avaient aigri. » ,..,.
avoient non-seulement exposé ledit On lui doitlespublicationssuivantes:
ministre en public, la face découverte, I. De la véritable religion .Paris,
mais aussi fait porter en plein jour son 1688, iu-4\ — Aux yeux de l'auteur,
corps en leur cimetière avec une pompe cette véritable religion était celle que
scandaleuse, » fit rendre, le 20 janv., les Pères de l'Oratoire lui avaient en7
par son -conseil d'État, un arrêt qui seignée. Mais, quelques années plus
soumit la principauté dé Sedan à toutes tard, ce ne fut plus la même, Nous le
les déclarations, édiis et arrêts rendus constatons sans lui en faire un crime,
contre les Réformés de France. L'abbé «Combien de choses nousservoienthier
Rouillot fait observer que les Protes- d'articles de foy, qui nous spnt fables
tants ne se sont pas montrés plus tolé- aujourd'hui ! » disait Montaigne.
rants dans les lieux où ils dominaient. II. Paraphrase sur l'Évangile de
Le reproche est peut-être juste, mais S. Matthieu, avec des réflexions sur
le fanatisme n'en est pas moins con- l'Hist. crit. duN. T. par R, Simon,
damnable. Paris, 4 688, in-4 2; 4 689, d'après le
LE VASSOR(MiCHEL),paraphraste Catal. de la, Bibl. roy.; anonyme, au
et historien, né à Orléans vers 1648, rapport de Barbier. — M. Weiss nous
d'après Paquot, et morr dans le comté apprend que les Réflexions annoncées
de Northampton, en 1748. sur le litre ne se trouvent pas dans le
Le Vassor était membre de la con- volume.
grégation de l'Oratoire. Quelques ré- III. Paraphrase sur l'Evangile dé
primandes que lui attirèrent de la part S.Jean, Paris,!689, in-4 2; anonyme.
de ses supérieurs certaines opinions qui Le Cat. de la Biblioth. de Grenoble

ne parurent pas orthodoxes,et le refus en indique une édit. de Saumur, 1651,
qui lui fut fait d'un bénéfice qu'il sol- in-8° ; c'est évidemment une erreur.
licitait, l'engagèrent, dit-on, à déser- IV. Paraphrase sur l'Èpître de S,
ter son ordre et à se réfugier en Hol- Paul aux Romains, sur l'Epître aux
lande, en 4 695. De là, il passa en An- Galates etsur VEpître deS Jacques,
gleterre, où il embrassa les principes de Paris, 1689, in-12; anonyme,,
l'Eglise anglicane. Le roi Guillaume, V .Lettres.d'un gentilhomme fran-
à la sollicitation du docteur Burnet, lui' çais sur l'établissement d'une capi-
fit une pension,etlordPorlland lecom- tation générale, Liège, J. Le Bon,
bla des marques de sa faveur.Mais son 1695, in-12; attrih. par Barbier à Le
Histoire de Louis XIlI lui fit perdre,,dit- Vassor.
on, les bonnes grâces de ses protec- VI. Traité, de la manière d'exa-
,

teurs. Telle est du moins l'opinion de miner les/différends de .religion,


M. Weiss, qui prétend qu'à la suite de Amst., Pierre Brunel, 1697,in-4 2.-r-,
cette publication; Le Vassor n'eut plus Au jugement de Paquot, cet ouvrage
en Angleterre qu'une existence mal- semblait tendre à un accommodement
heureuse. Mais comme ce même bio- « par la manière honnête et peu com-
graphe le fait mourir à Londres, tandis mune, aux P. R., dont on y parloit au
que d'après les Nouvelles' littéraires de clergé de France. »
La Haye (T. VÏI1), «il mourut dans la VII. Lettres et Mémoires deÉr. de.
province de Northampton où il avait Vargas, etc. touchant le concile de
,

,
un bénéfice, » on peut, sans, scrupule Trente, trad. de Vespagnol avec des
mettre en doute la fidélité de ses ren- remarques, Amst., 4 699, m-$?.
seignements. Au témoignage du même VIII. Histoire de Louis XÏÏI, rot
'M. Weiss, Le Vassor était un homme de France, contenant lès choses les
«
LEV — 59 — LEV
plus remarquablesarrivées enFrance de Le Vassor, faite sur le plan de l'his?
et en Europe, depuis la feinte .aboli - toire de J.-A. de Thou, comprend le
Mon de la Paulette jusqu'à la con- récit de tout ce qui s'est passé en Eu>
damnation d'un livre de Santarel, rope de remarquable durant le, règne
jésuite, Amst., P. Brunel, 1700-11 ,et de Louis XIII. L'auteur rapporte.tex-
4 750,40 tomven 20 vol., in-12; Amst. tuellement ses autorités, et à ce point
[Paris], 4757, 7 vol. in-4°; Amst., de vue, il vaut à lui seul une bibliothèT
4762, 6 vol. in-4°.—Histoire écrite que, dit Sismondi, car.son érudition est
avecpassion,maisgénéralementavecla
passion delajusticeet de la vérité.C'est
vaste.
...
Quelquesruns ont attribué à tort à
ce que remarque Sismondi. Selon lui, Le Vassor : Lés soupirs, de la France
l'auteur est toujours animé d'un senti- esclave, etc., écrit périodique qui est
ment honnête et vrai, d'un amour sin- dû à Jurieu. A l'époque de cette pu-
cère pour la liberté politique et reli- blication (4689), Le Vassor n'avait
gieuse, et pour l'humanité. Seulement pas encore quitté son ordre. : .
il lui reproche d'accepter avec trop de LE VAYR (DENIS) , de Fontenay.

facilité les accusations répandues con- en Basse-Normandie, martyr en 4 554.


tre Richelieu par ses ennemis, et de Le Vayr était un prêtre converti aux
laisser percer un peu trop d'animositê doctrines évaDgéliques. Après son ab-.
contre Louis XIV. Mais ces quelques juration il s'était retiré à Genève et
taches n'autorisaient pas Voltaire à ap- , libraire dans le but de
s'était fait con-
peler l'auteur « un déclamateur ô- tribuer, autant que possible, à. répan-
dièux. » On pouvait très-honnêtement dre la religion qu'il venait d'embrasser.
ne pas user des mêmes ménagements Il fit donc plusieurs voyages enFrance
que l'auteur duSiècle de Louis XlV.Se- emportant avecluidesballots de livres,
lon ce dernier,Le Vassor «nese trompe qu'il répandait partout où il passait.
que sur peu de faits, et passe pour s'ê- Plus tard, il alla s'établir dans l'île de
tre trompé dans tous ses jugements. » Guernesey où il remplit quelque temps
En effet, certainscritiques ne lui pardon- les fonctions de ministre dans un vil-*
nent pas d'avoir osé révéler des choses lage. Forcé de quitter cet asile par les
que tout le monde taisait. Louis XIV se persécutions que la reine Marie exerça
sentit blessé. Nous lisons dans une letr contre les Protestants, il repassa sur le
tre adressée àTorcy.sous la date du 20 continent dans l'intention de se rétirer,
oct. 4700 : « On continue en Hollande à Genève; mais les caisses de livres
l'impression de l'Histoire de Louis Xin qu'il transportait avec lui, ayant éveillé
par Le Vassor, et les dernières nouvel- les soupçons duprocureur du roi, à son
les qu'on en a receu, font croire qu'on passage à La Feuillie, il fut arrêté et
en est au 4° ou 5e volume. L'àutheur conduit dans la prison dePériers,d'où,
corrige luy-mesmeles eppreuves, et les après un premier interrogatoire, il fut
Hollandois qui n'ont aucune part au transféré à Rouen par ordre du procu-
gouvernement, partissent surpris que reur général. Le parlement le con-
le magistrat toière une telle insolence, damna au bûcher, en ordonnant, par un
et qu'un imprimeur ose mettre son nom raffinement de cruauté, qu'il serait
à un tel ouvrage. Le roy m'a ordonné « surhaussé par trois fois surlefeu.»H
de vous avertir de prendre son ordre devaitaussi,avantd'êtreconduit ausup-
sur cela » (Arch. E. 3386). Les des- plice, être appliqué à la question extra-
potes ne seraient-ils pas trop heureux, ordinaire,pourle forcera «déclarerceux
s'ils pouvaient étouffer la vérité, même de son opinion. » A la lecture de cette
après leur mort ? N'enlevons pas aux sentence, LeVayr protesta avectant de
malheureux qu'ils ont foulés et persé- fermeté qu'aucune espèce detorturesne
cutés, celte suprême consolatiou, et à serait capable de lui arracher les noms
la vérité son dernier refuge. L'histoire des Fidèles de sa connaissance, parce
LEV — 60 — LEV
qu'il lui était indifférent de mourir à la nommé Jeanne, qui épousa Antoine
gêne ou dans les flammes, que les ju- de Crécy, sieur de Bligny, cité par Du
ges, persuadés qu'il disait vrai, l'en- Plessis-Mornay au nombre des princi-
voyèrent directement au supplice. En paux gentilshommes huguenots. Ces
sortant de la conciergerie, le martyr deux circonstances réunies nous por-
ayant voulu adresser quelques paroles tent à croire que les Levesque profes-
au peuple, on lui coupa la langue. saient la religion réformée, d'autant
Après l'avoir traîné devant Notre-Dame plus que dans les Registres de Cha-
pour lui faire faire amende honorable, renton , nous trouvons mentionné un
le bourreau le plaça sur le bûcher, et René-Abimélec Levesque, sieur Du-
les flammes—le bourreau aurait-il été défiant, qui accompagna au champ du
plus humain que les juges?— l'enve- repos son cousin François Fleury,
loppèrent avec tant de violence, qu'il fut sieur de Villeneuve, mort, en 1680, à
impossible de l'en retirer ainsi que le l'âge de 60 ans. Ce fut sans doute
portait la sentence. pendant qu'il guerroyait dansl'Ouestà
LEVEFVIER (FRANÇOIS), sieur de la suite du prince de Condé, que Paris
La Grossetière et de St-Agobille, dans Levesque épousa, en 1575, Claude de
les environs de Marchenoire, naquit en Susanne, fille de François de Su-
1602, de Louis LeVenier, sieur de La sanne et de Marguerite de Cardail-
Grossetière, et Ae Louise d'Angennes. lac, dont il eut MADELAINE femme de.
Il épousa, en 4 635, Elisabeth Talle- Jacob de Conflans, baron ,de Vezilly,
mant, fille de Pierre Tallemant et chambellan du duc d'Alençon.
A'Elisabeth Bidaud. Resté veuf avec LE VIER (CHARLES), libraire à La
cinq enfants il se remaria, en 1657, Haye, qui s'est fait connaître par une
, belle édition des Annales des Provin-
avec Blanche Marbault, veuve de Jac-
ques de Robineau, sieur de Brelan- ces-Unies, à laquelle il a mis une Pré-
court; puis, eu troisièmes noces, en face (Voy. H, p. 9) et par d'autres pu-
4 662, mec Anne Le Bel, veuve de Da- blications importantes, est auteur lui-
vid de Guisèle sieur des Barreaux même d'une espèce de roman religieux
,
(Reg. de Charent.).\\ mourut à Paris et chevaleresque qu'il a mis au jour
en 4 674, à l'âge de 72 ans, et fut en- sous l'anagramme A'Hercule Rasiel de
terré, le 6 juill., au cimetière des Selva. En voici le titre : Histoire de
SS. Pères. Ses enfants furent : 1 • PAUL, l'admirable donlnigo deGuipuscoa,
mortjeune;—2°FRANÇOIS, né en 1638; chevalier de la Vierge et fondateur
—3° SIMÉON, sieur de La Grossetière et de la monarchie des Inighistes, avec
de Clesles, né en 1641 et mort en une description abrégée de l'établis-
4 678 ; sement et du gouvernement de cette
— 4° LOUISE-ELISABETH,ma-
riée en 1660, à Paul de Villeneuve, formidable monarchie, La Haye
sieur, d'Amblelles, lequel mourut en 1736, 2 vol. in-8°; réimp. avecl'Anti-,
1676, après en avoir eu quatre enfants; Cotlon et l'histoire critique de ce fa-
— ,5° ELISABETH, baptisée le 6 sept. meux ouvrage, La Haye, 1738, 2 vol.
1652. — Gaston Le Venier, sieur de in-12; [Paris] 1738, 2 yol.in-42. On
La Grossetière, né en 4 627, qui entra aurait tort de croire que, comme les au-
au service dès ,1'âge de 18 ans et fut, teurs de romans historiques qui sont
en 1683, enfermé au Château-Trom- venus après lui, LeVier a altéré l'his-
pette (Arch. gén. M. 665) était-il son toire au profit du roman. H s'est rare-
frère? ment permis cette licence, se conten-
LEVESQUE (PARIS) fils de Jean tant de faire ressortir les bizarreries de
Levesque, sieur de Fay et ,
de Goude- son héros, le fameux Ignace de Loyo-
lancourt, et de Marie de Duy, fut la, dont toute la conduite n'offre que
élevé page, de Louis de Bourbon trop de prise à la satire. — Nous n'a-
prince de Coudé. Il avait une soeur,, vons pu, malgré de nombreuses re-
LEV
cherches, acquérir la conviction que
- 61 — LEV
L'accommodement portait que la gar-
Le Vier était français de naissance. nison protestante serait réduite à cent
Nous avons seulement trouvé dans les hommes et que la dame de Léran au-
Reg. de Charenton un Jean de Vier, rait le libre exercice de sa religion.
sieur de Dommerville, capitaine au ré- A peine guéri de sa.blessure, d'Au-
giment de Jonsac, qui fut enterré aux don .se remit en campagne. Le 27 sept.
SS. Pères, le 7 oct. 1667, et les deux 4 568, secondé par les capitaines Pla-
gne et Fantillon, qui venait de sauver
.
noms offrent une si grande analogie,
qu'il ne serait pas impossible (cela le château d'Heurs assiégé par les Es-
n'arrivait que trop souvent) que le gar- pagnols, il se rendit maître deTaras-
dien du cimetière eût estropié le nom con et ravagea toute -la vallée de Vic-
de ce capitaine. Dessos; mais, dès le 9 juin suivant,
LEVIS (JEAN-CLAUDE DE), baron les Catholiques lui enlevèrent sa con-
d'AuDON (aliàs AUDOU OU Odoux), se- quête. Toute la garnison avec le gou-
cond fils de Gaston de Lévis et de Ma- verneur Plagne fut égorgée, à l'excep-
rie d'Astarac-Fontraillès, fut un des .
tion de 66 hommes, qui, au rapport du
chefs les plus braves et les plus habi- prêtre Lascases,furent réservés comme
les des Protestants dans le Haut-Lan- victimes expiatoires du meurtre du cu-
guedoc. Dès 1567, nous le voyons ré d'Ornolac, mis à mort par ordre
marcher au secours de Condé.à la tête d'Audon, et qui furent précipités du
d'Un corps de troupes levé par ordre haut d'un rocher. L'année suivante,
de l'assemblée de Mazères, à laquelle d'Audon conduisit à Coligny une
il avait assisté, ainsi que le baron de ..
troupe de bandouliers qu'il avait levés
Caumont, Saint-Léon, Çubières et dans les Pyrénées, gens féroces et in-
d'autres gentilshommes huguenots du disciplinés que l'amiral ne voulut point
pays de Foix (Voy. IV, p. 4 8). Gou- recevoir dans son armée et qu'il ren-
verneur de Mazères, en 1568, il cou- voya dans leurs montagnes.
rut, avec le sieur de Solan et le vail- Depuis la Saint-Barthélémy, d'Au-
lant capitaine Fantillon, sieur de Gu- don vivait relire à La Bastide-Beau-
dannes, au secours du château de Lé- voir, lorsque, après le meurtre du ba-
ran attaqué par Rellegarde, mais dé- ron de Léran, ses coreligionnairesal-
fendu avec succès jusque-là par le lèrent le supplier de se mettre à leur
jeune Trulha, le capitaine Rodes, le tête. 11 finit par se rendre à leurs in-
puîné de la maison de Léran, le jeune stances, et. Géraud de Lomagne le
A'Ajac, Godefroy, Senesse etMaillol, nomma gouverneur de Saint-Paul. Sa
qui fut tué dans une sortie. Il parvint première campagne fut heureuse, au
à s'y introduire avec un renfort de 300 rapport d'Olhagaray; il força Joyeuse
hommes. Le siège fut poussé par les à lever le siège d'Alet(l).'En 1575,
Catholiques avec un acharnement sans il prit Saint-Girons, mais il échoua
égal. Le village ayant été brûlé, les dans une entreprise sur Pamiers. La
assiégés se retirèrent dans le château même année, une assemblée tenue à
et continuèrent à se défendre avec tant Saverdun, au mois de mai, et à laquelle
de valeur que l'ennemi fut enfin forcé avaient assisté Sénégas, Pierre Prat,
de battre en retraite. Ce succès, qui fut capitaine de Mazères, Lamesan, gou-
dû en partie à la bravoure, au sang- verneur du Caria, Jean Foumier, com-
froid et à la présence d'esprit de Pélis- mandantduMas-d'Azil, et une vingtaine
sier de Damasan, ne produisit pas lés d'autres députés des églises du pays
résultats qu'on pouvait en attendre. de Foix, avait confirmé sa nomination
D'Audon, qui avait reçu à la cuisse
une blessure grave, se vit forcé d'ac- (1) DeThoucile parmiles chefs protestants •
qui reprirent Castres, en 1574, Jean-Antoine
,
cepter les conditions fort honorables de Lévis d'Odoux; ne faudrait-il pas lire
d'ailleurs que lui fit offrir Joyeuse. Jean-Claude?
LEV
LEV — 62 —
aux fonctions de gouverneur du comté, sonnier La Louvière et se retirèrent
et fixé son traitement à 400 livres. avec un riche butin, le roi le rappela
En 4577, d'Audon marcha au se- bientôt et rendit sa charge à d'Audon sur
cours de Castelverdùn, accompagnéde la requête des Protestants du pays. A
sesdèux neveux. En 4 580, il surprit de peinerentréen fonctions,d'Audon,tou-
nouveau Tarascon, mais les habitants jours actif, passa dans le Languedoc,
ne:tardèrent pas à l'en chasser. Il alla enleva en passant Daumazah,et se ren-
ensuite servir sous les ordres de Tu- dit à Castres d?où un soulèvementdès
En 45S4, le roi de Navarre le Catholiques ne tarda pas à le rappeler
renne.
nomma sénéchal et lieutenant-général dans son gouvernement. Depuis cette
dans le pays de Foix. La nouvelle du époque etjusqu'à sa mort, il n'est plus
massacre d'Alet, en 4 586, lui faisant question- de lui dans l'histoire de nos
redouter une attaque de la part dés Li- guerres civiles. Nous avons seulement
gueurs, il résolût de lès prévenir en trouvé dans les actes de l'Assemblée
porlantles premiers coups. Laissant le politique de Châfellerault, en 4 597,
vicomte de Léran pour commandera une plainte qu'il lui adressa au sujet
Mazères, il entra en campagne dès le des prétentions élevées sur le gouver-
mois de février, emporta en personne nement de la ville deFoix par le capi-
Crampagna et Rieux-de-Pelleport, fit taine Comte, gouverneur du château,
enlever- Varilhes par' son lieutenant particularitéqui prouverait,s'il' en était
Comte,et aida Montgommery à se ren- besoin, qu'il était resté fidèle à la re-
dre maître du Mas-Saint-Antonin qui ligion protestante.il mourût à Belestât,
fut rasé; puis il retourna dans le pays le 41 fév. 1598.HenriIV lui donna pour
deFoix afin deprésiderles Etats assem- successeur le catholique Mirepoix.
blés au Mas-d'Azil.Ce fut dans ces cir- M. Castillon qui, dans son zèle pour
constances^ mois de juillet, qu'il re- le Catholicisme, se croit obligé de mal-
çut ordre de prêter main-forte à DuJay, traiter fort le baron d'Audon, est forcé
secrétaire d'Etat en la maison de Na- de convenir que, sous son administra-
varre; que le Béarnais avait chargé de tion, l'industrie métallurgique, princi-
saisir dans le. comté de Foix les biens pale industrie du comté, fit «des pro-
1

des ennemis de sa maison et de sa re- grès immenses ; » ajoutant qu'il pacifia


ligion.Cette commission remplie,d'Au- lé pays, encouragea le commerce, veil-
don passa dans l'Albigeois avec sa com- la à la défense des frontières, procura,
pagnie de gendarmes, que le vicomte en un mot,le bien-être général. De pa-
de Léran et le sieur de Noelles (?) reils aveux sont précieux venant d'un'
commandaient sous lui avec les grades juge aussi prévenu.
de lieutenant et d'enseigne. Montmo- Jean-Claude de Lévis avait été marié
rency l'envoya au secours dé Brugai- trois fois, en dernier lieu avec Louise
rolles (Voy. ÎV,p. 376). Après la prise de Lévis, fille de Philippe de Mirepoix
de cette place par les Ligueurs, il ren- et de Louise de La Trémoille, quiab-
tra dans son gouvernement ; mais sur jura (Arch. gén. TT. 242) entre les
les plaintes dès habitants catholiques, mains de l'évêque de Mirepoix, et
le roi de Navarre, qui tenait beaucoup rut paralytique, 4 625. Il avait mou-
à les ménager, ne tarda pas à le rem- de son union en Christophetteeu, de
placer par Monluet [Monlouet?] qui se Bergoignan, fille avec
de Roger de Ber-
rendit dans le pays de Foix au mois de goignan et à'Anne de Foix, fille
janv. 1589, accompagné de La Burte- nommée LOUISE, qui épousa gentil- une
des-Plas, nouveau président de la homme catholique. un
chambre de Pamiers. Monluet cepen- Le frère aîné du baron d'Audon,
dant ayant laissé surprendre un fau- Gaston de Lévis, sieur de LÉRAN, em-
bourg de Mazères par les Ligueurs,qui brassa également la
religion protes-
tuèrent le sieur de Lùsac, firent pri- tante. Gentilhomme de la
suite du roi
LEV - - 63
de Navarre, il le- suivit à Paris, et n'é-
,
LEV
puis la conversion de Henri TV, le vi-
chappa au massacre de la Saint-Bar- comte de Léran en fut élu président (i ).
thélémy que par la protection de la rejne En 161 i,,'û offrit au Synode national de
Marguerite. Poursuivi par quatre ar- Tonneins une rente de 200 livres pour
chers qui l'avaient déjà frappé d'un l'entretien d'un ministre a Léran, offre
coup d'épée dans le coude et d'un coup que Je synode s'empressa d'accepteren
de hallebarde dans Je Iras, il chercha louant son zèle. Quelques mois.après,
iin refuge dans la chambre à coucher il fut appelé à présider l'assemblée du
de son maître, qui venait d'être appelé Haut-Languedoc, qui se tinta Pamiers,
auprès du roi. «Se voulant garantir, dans lebut de nommer Jes députés delà
raconte Marguerite dans ses Mémoires, province à la prochaine assemblée po-
il se jeta dans mon lit; moi, sentant litique.Grenobleavaitétédésignéepour
ces hommes qui metenoient,jemejette lé lieu de la réunion; mais les Hugue-
à la rueRe, et lui après moi, me tenant nots, qui se méfiaient AeLesdiguières,
toujours à travers du corps. Je ne con- auraient désiré que la reine-régente
noissois point cet homme, et ne savois choisît une autre ville. L'assemblée en-
s'il venoit là pour m'offenser, ou si les voya en Cour Panât, chargé d'une re-
archers en vouloient à lui ou à moi. quête dans ce sens; sa mission n'eut
Nous criions tous deux et étions aussi aucun succès (2).L'assemblée s'ouvrit
effrayés l'un que l'autre. Enfin, Dieu
voulut que M- de Nançay, capitaine des (1) Voici les noms des députés, tels que
gardes, y vint, qui me trouvant en cet nous les avons pu déchiffrer dans une pièce
assez mal écrite qui se conserve aux Archives
état-là, encore qu'il y eût de la com- (TT. 242) : les sieurs de Lavelanel, les vicom-
passion, ne se put tenir de rire, et se tes de Lérân, de Foix-Conserans et de Pé-
Suillan, de Lavincens, Dalens; Dutocq, juge de,
courrouça fort aux archers de cette in- Pamiers, de La Fontaine, consul, deMalpor-
discrétion, les fit sortir et me donna lel, syndic, Durdès et Frogier ministres, de
la vie de ce pauvre homme, qui mê te- Fraissy et de Serris, anciens de, Pamiers; de
rtoit, lequel jefis coucher etpanser dans Savénac, consul, et Davaux,~astciensde Foix;
Broudilh, consul, et Laval, anciens de Mazè-
mon cabinet,jusquesà temps qu'il fût du res; icLartech,ancien de Tarascon, Cazaing,
toutguéri.»Lérannejouitpaslongtemps consul, et Dupuy, ministre de Saverdun ; Jean
de ce bienfait : il fut tué l'année même. Tailhefer, syndic du Mas-Guilhem ; Arnaud
Béret, capitaine, Pierre Cousturel, consul, et
De son mariage z\<ecGabrielle deFoix, Dupuy, ministre des Bordes; Dupuy, ministre
fille A'Antoine, baron de Rabat, et de du Caria; Jean Trincé ancien d'Arligat;
,
Catherine de Villemur, qu'il avait é- Bâille de Limbrassac, député de La Bastide.
(2) Députés: Armagnac, Marauat, Gardesi,
pousée avant 4 547, selon le Dict. de min. et de Vignaux, pourMauvesinjjDaifono,
la Noblesse, naquirent quatre enfants, Savois et Fabre, pour Lectoure; de Tilhac
savoir : 4 °. PHILIPPE, mort à Paris; — pour Montfôrt; Du Bourg, Lafon et Pons,'pour
l'Islé-Jourdain ; ^- Bas-Quercy Dariat, Joli
2" GABRIEL, qui suit; — 3° ANTOINE, ,
et Escorbiac, qui fut élus eçiétaire, pour Mon-
sieur déMontmaur;—4°JEANNE, morte taubau; Palherol, Gary et Penavaire, pour St-
enbasâgé. Antonin ; Gaussides etBelon, pour Villemur,
Gabriel de Lévis, baron, puisvicomte Moinieret Calvel, pour Caussade; A'Jslemade
et Richaud, pour Mauzac ; Benoît, min., pour
de Léran, ne se montra pas moins dé- Réalville; de Cambolan et'Bessey, pour Ns-
voué que son oncle à la cause protes- - grepelisse; Casaux, min., pour Bournîquel;
tante. Nous avons déjà parlé de la part de Regniès et Cabos, pour Regniès ; — Haut-
Quercy, de Laurency, vignier de Figeac, et
qu'il prit aux guerres de religion. En Charles, pour Cajarc; le marquis de Sénebiê-
4 598, une assemblée générale des è- tes et Casaux, min., pour Sénebières; de
glises du comté deFoix s'étant tenue à Neufvillas, lieutenant de Chambret, pour Fi-
Saverdun, le 12 mars, pour prendre les geac;—Rouergue, le vicomte de Panai, Joli
et Guérin, pour Milliau ; Delmas, pour St-
mesures nécessaires afin d'empêcherle Sever ; Bonloux, pour St-Afrique ; Reviral ou
rétablissement du catholicisme dans, le Remirat, pour Pons-Je-Camarès; Monmejal,
pour Si-Jean-du-Breuil;—Foix, Dujdieu, Du
pays, et de prévenir la ruine des égli- Pin, min., et Montolieu, pour Saverdun ; de
ses protestantes, que l'on redoutait de- Bruguières et Perts, pour Le Caria ; de Lth
LEV - - 64 — LEV
donner au duc d'Angoulême et à la no-
donc à Grenoble et Léran y assista
blesse catholique des environs le temps
comme un des représentants du Haut-
Languedoc. d'accourir à son secours. Léran leva le
Il était naturel que l'Assemblée de siège, le 14, et se replia sur Pamiers ;
La Rochelle jetât les yeux sur lui, mais, atteint dans sa retraite, il eut à
lorsqu'elle résolut de soutenirla guerre soutenir un engagement très-vif qui
contre LouisXIIl, et qu'elle fît un appel lui coûta-ses lieutenants Mauremont et
au dévouement des chefs huguenots. La Falgua, et cinq ou six cents hom-
Léran,plus zélé que beaucoup d'autres, mes. Larboust, LaDoubière [La Lou-
accepta le commandement du Pays de vière?] A'Osson restèrent prisonniers.
Foix, qui lui fut offert. 11 leva des Il atteignit Pamiers avec son fils et une
troupes et alla, au mois de juillet 1621, partie de sa troupe (le P. Daniel se
assiéger le bourg des Allemans ; mais, trompe lorsqu'il dit qu'il fut pris), tan-
blessé dangereusementpar l'explosion dis que le reste, sous la conduite de
de ses propres poudres, il dut se retirer Saint-Florent, alla donner dans une
sans avoir réussi dans son entreprise. Sa embuscade entre LeMas-Sainles-Puel-
blessure le mettant hors d'état d'agir lesetRevel, et fut taillé en pièces.
pour quelque temps, il envoya son fils Dans la campagne de 4 622, Léran.
à Castres, à la tête d'un régiment de n'éprouva que des revers. Il avait en
500 hommes, afin qu'il secondât les tête Carmaing qui, selon M. Castillon,
opérations de Rohan, qui, après avoir était « un homme d'un caractère doux
secouru Monfauban, lui renvoya ses- et poli ». Qu'on juge de son humanité
troupes avec un renfort de vingt-huit par sa manière de faire la guerre : le
compagnies languedociennes comman- 6 juin, il prend sur Léran le château de
dées par Poudres. Léran, guéri de sa Mirabel, en fait égorger les habitants
blessure, reprit aussitôt la campagne. et y met le feu ; le 7, il brûle les fau-
Il se saisit de La Nogarède, qui fut pil- bourgs du Peyrat; au mois de juillet,
lée malgré la capitulation.brûlal'église il reprend le bourg des Allemans, en-
des Allemans, incendia le village de lève Le Peyrat, en massacre les habi-
Verniole et s'empara de la maison é- tants et le réduit en cendres ; Limbrassac
piscopale du Mas-Saint-Antonin. Il fut subit le même sort, et s'il épargne le
moins heureux devant Vareilles, dont château de Léran, c'eét à la prière de la
il entreprit le siège le 41 novemb. Son vicomtesse, qui était catholique. La
gendre Durban, qui y commandait, op- paix interrompit ses sanglants exploits.
posa une assez longue résistance pour Lorsque la guerre se- ralluma, Léran,
nés, pour Saurat; de Lilia Cadaissel (?), de Puy-Laurens; de Paulinian, Rousseau ou
Murât et Berty, pour Foix; Roqueran et Mar- Roussel et Froment, pour Mazamet ; Des
solan, pour Sabarat; Corban, Du Puy et Baron, Pesquies et Auriol, pour Revel;—Albigeois,
pour Les Bordes; Berquier, pour Belestat; La de Malauze, Miramont, min., et Vaissière,
Boissonié et Sait, pourLa Bastide-de-Léran ; pour Vianne; Baschet, pourLacaune; de Caus-
de Fantillon et Parler, pour D-un; La Falgua, se, Reinaud et Resseguier, pour Esperausses;
Stibiel Bordenave,pour Tarascon; de LaReule, de Brassac, pour Brassae;,de Clairac, Daneau
Ollierel Jean, pour Le-Mas d'Azil; de Léran, et Camajou, pour Lombers; de Ferriéres,
Bourgade et Baille, ancien, pour Léran ; La pour Ferriéres ; Corbière et Garrigues, pour
Louviére, Olhagarayel Roudil, pour Mazères; Fiac; de Peyralbe, pour Montredon; de Cum-
Casaubon et Gabaudan, pour Calmont ;—Lau- bon, Radier ou Bodier et Clavier, pour Roque-
raguais, de Montmaur et Aubriol ou Ambriol, courbe ; de Saint-Léon, pour Paulin; de La
pour Le Mas-Saintes-Puelles; de La Barthe Souque cl Balaran fils, pour Angles ; le vicomte
et Boissonade , pour Montesquieu ; Del Cru- le Paulin, Boissin ou Voisin et Donarel, pour
sel, Desaigues et de Lanis, pour Cuq; de La Réalmont; Des Marguerites,Josion et de Les-
Boulbéne, Béranger et La Broulhe, pour Sor- pinasse, pour Castres; le vicomte de Lave-
rèze; de Cabrilhes, pour Viterbe; La Roque, dan et Gâches, pour Vabres ; Du Teil et iïadal,
pour Auriac; de Mauremont, Du Puy ou Du min., pour Castelnau-de-Brassac(Arch. gén.,
Pi» et Bonnardeau, pour Carmaing ; de La TT. 23b). Y assistèrent aussi, sans doute
Boissiére et d'A//israer,pourl)amiate; de Cas- comme députés de Pamiers, le ministre Bé-
lelverdun, Villemur et La Jauline, pourSt- raud, qui fut élu vice-président, et de Thierry,
Paul; i'imbert,Garissolles,AeFournes, pour secrétaire.
LEV 65 — LEV
mécontent d'avoirété privé de son com- Vainqueur de ces sept héros, le maré-
mandement, s'enferma dans Le Caria, chal poursuivit sa route. A l'entrée de
sans rien entreprendre pour s'opposer la vallée de Las Bordes, il trouva uue
aux desseins de Thémines. Après la cinquantaine d'hommes, sous les or-
prise de Calmont, le général catho- dres du capitaine Pierre Peyrat, em-
lique entra donc sans combat dans le busqués dans un monastère en ruines
Pays de Foix, tourna Le Caria et prit la et disposés à lui disputer le passage.
route de Las Bordes; mais à peine s'y Là encore la valeur succomba sous le
était-il engagé, qu'il rencontra une ré- nombre,. Thémines descendit dans le
sistance à laquelleil ne s'étaitpas atten- vallon, mais les habitants de Las Bor-
du. Laissons parler Ruban : « Ne faut ici des n'avaient laissé en son pouvoir
obmettre une action héroïque de sept qu'un monceau de ruines; désespé-
soldats de Foix qui se résolurent d'at- rant de pouvoir résister avec succès, et
tendre dans une méchante maison de redoutant la clémence du vainqueur
terre, nommée Chambounet,auprès de autant qu'une défaite, ils avaient in-
Cariât, le maréchal de Thémines avec cendié leurs demeures et s'étaient re-
toute son armée, qu'ils arrêtèrent deux tirés au Mas-d'Azil. L'armée catholique
jours entiers, et après lui avoir à di- les y suivit de près. La ville fut inves-
verses attaques tué plus de 40 hommes, tie le 14 sept. Les habitants voulurent
et n'aïant plus de munitions, et voiant traiter et offrirent 4 5,000 écus pour se
approcher quelques pièces de canon, racheter du pillage. Thémines en exi-
ils délibérèrent de se sauver la nuit geant 20,000, les négociations furent
prochaine.Pour cet effet, un d'eux sor- rompues. Le siège fut poussé avec vi-
tit pour aller reconnoître par où ils gueur. Les Protestants étaient com-
pourroient passer entre les corps de mandés par Bretigny, qui avait suc-
garde ; ce qu'aïant exécuté et se reti- cédé à Léran, comme gouverneur du
rant, la sentinelle de ladite maison comté, par Valette, qui fut tué sur la
l'appercevant, et croïant que ce fût un brèche, et par Larboust, ouLarbont,
des ennemis, le tire et lui rompt une capitaine de la ville; malheureusement
cuisse. Celui-ci ne laisse de faire son la discorde régnait entre ces trois chefs;
rapport, enseigne le moïen de se sau- mais l'arrivée de Saint-Blancard, en-
ver, les y exhorte; mais le frère de voyé par le duc de Rohan pour prendre
celui-ci, qui étoit celui qui l'avoit le commandement en chef, mit un
blessé, outré de. douleur, ne le veut terme à de dangereuses dissensions.
quitter, lui disant que puisqu'il avoit Rohan avait fait partir en même temps
été l'instrument de 'son malheur, il un secours de six cents hommes sous
vouloit être compagnon de sa fortune. les ordres dé Valescure. Craignant que
Le bon naturel d'un de leurs cousins Léran ue voulût pas le recevoir dans
germains le fait résoudre à pareil sort. Le Caria, il dépêcha en avant deux ca-
Ainsi les quatre autres, àla sollicitation pitaines de ses gardes, Verdun-Vil-
de ceux-ci et à la faveur de la nuit, lemure et Orose[Auros?] «pour lui re-
après s'être embrassés, se sauvent, et montrer le tort qu'il se faisoit d'empê-
,

ces trois ici se mettent à laporte, char- cher le secours du Mas-d'Azil, en


gent leurs arquebuses, attendent pa- refusant de recevoir ses troupes au
tiemmentla venue du jour, et reçoivent Cariât, avec charge que si ledit baron
courageusementles ennemis, desquels nese mettait à la raison, ils donnassent
en aïant tué plusieurs meurent libres. connoissance de leur charge au peuple
Les noms de ces pauvres soldats mé-
ritent leur place dans l'histoire, leur ces sept héros. Dans un art. publié dans le
action étant comparable aux actions les T. III du Bulletin de la Société de l'hist. du
plus mémorables de l'antiquité (1). » protest., M. Peyrat les appelle DuTehl, d'a-
près tradition
une qui se conservedans le
(1) Rohan ne connaissait pas les noms de pays:
T. Vil. 5
LEV 66 LEV
— —
du Cariât : ce qui fut ménagé si décré- de postérité. L'aîné, GASTON, vicomte
ment que ledit baron fut contraint par de Léran, prit pour femme, en 1659,
les habitans de recevoir les commis- Jeanne Juges , fille de Paul Jugés,
sions dudit duc, et tous les gens de conseiller à la Chambre de l'édit, et de
qui viendraient ordre, Jeanne Thomas. Il se convertit à la
guerre par son
pension de
ce qui servit de beaucoup à la subsis- révocation et obtint une
tance du Maz. » Après avoir livré trois 2000 livres (Arch. gén. E. 3553). Son
assauts sanglants qui furent vaillam- fils aîné, PAUL-LOUIS, marquis de Lé-
ment repoussés, Thémines dut, en ef- ran, né en 4666, et mort, en 4749,
fet, lever le siège le 18 oct. La paix brigadier des armées dû roi, suivit son
fut signée quelques, mois après ; mais exemple, ainsi que dix-sept gentils-
Léran ne déposa pas son ressentiment. hommes huguenots du Pays de Foix.
Il se vengea de Rohan en avertissant Mais un autre de ses fils, et ses deux
le parlement de Toulouse et le com- filles, âgées de 23 et de 18 ans, restè-
mandant des troupes royales que le rent fermes dans leur foi. Ces dernières
due avait envoyé des émissaires en furent enfermées dans la prison de
Espagne et en arrêtantlui-mêmeCam^- Castres (Ibid.TT. 322). Le fils, nommé
redon et Mamour à leur retour (Voy. CLAUDE, marquis de Léran, se réfugia
III, p. 179). Cette trahison devait né- dans le Brandebourg et .entra comme
cessairement rompre ses relations avec cornette dans les Grands - Mousque-
le parti huguenot; aussi n'est-il plus taires. Il s'éleva au grade de colonel
question de lui dans l'histoire des dans ce même corps , qu'il commanda
églises-protestantes. jusqu'à ce qu'il fut réformé. 11 mourut
Gabriel de Lévis avait épousé, en en 1731-
1593,1a fille du seigneur de Mirepoix, LE VISCONTE, hôte d'une mai-
et en avait eu 5 enfants : 1 » JEAN- son garnie, dans la rue des Marais-
CLAUDE, qui suit ;
— 2° SALOMON, sei- Saint-Germain , où descendaient les
gneur d'Ajac, qui fit souche; mais sur Protestants qui arrivaient à Paris de
qui nous manquonsderenseignements; Genève et d'Allemagne et où se te-
,
—3»MARGUERITE,femme dePierre-Au- naient de fréquentes assemblées reli-
guste de Lautrec, vicomte de Monfa, gieuses. Dans l'automne de 1559, une
puis de Marquis de Piis ;:— 4° N., ma- quinzaine de voyageurs étaient à sou-
riée à François de Mauléon, baron de per, lorsque quarante à cinquante sbi-
Durban ; — 5° GABRIELLE, épouse, en res du cardinal de Lorraine, conduits
4 630, du baron de. Chalabre". par deux apostats, RussangesetClaude
Jean-Claude de Lévis était trop jeu- David, vinrent inopinément assaillir
ne, à l'époque des dernières guerres la maison. La plupart se sauvèrent en
civiles, pour y jouer un rôle important. escaladant les murs; quatre seulement,
Plus tard, il prit le parti du duc d'Or- au nombre desquels étaient deux gen-
léans. Louis XIII, qui l'avait d'abord tilshommes de l'Anjou, nommés Sou-
exclu de l'amnistie qu'il accorda aux celles, prirent le parti de se défendre
rebelles, finit par lui pardonner, et et ils firentune résistance si vigoureuse
Léran obtint la permission de servir au que sergents et commissaires, cou-
siège de Leucale, où il se signala. Sa verts de blessures, durent aller cher-
femme, Angélique de Castelnau, fille cher du renfort. A leur retour, ils trou-
A'Etienne, baron de La Loubère, et de vèrent la place vide ; mais ils se dé-
Jeanne de Basillac, qu'il avait épou- dommagèrent en pillant la maison de
sée en 1629, le rendit père de trois Le Visconte et les maisons voisines,
,
enfanls, dont une fille, ISABEAU, mariée dont les propriétaires, presque tous,
à Jacques de Foix, baron de Rabat, à protestants,, avaient pris la fuite. Ils se
qui elle ne donna qu'une fille. Le se- retirèrent en triomphe, emmenant la
cond fils, HENRI-GASTON, ne laissa pas femme, les enfants et le père de Le
LUE — 67 — LHO
Visconte, et faisant porter devant eux naître son erreur. Dupuis céda, se ré-
un chapon et de la chair crue qu'ils tracta publiquement, signa la Confes-
avaient trouvés dans le garde-manger. sion de foi, et le synode, pour le ré-
Procession ridicule, si elle n'eût été compenser de sa soumission, commua
odieuse ! Jeté en prison, le père de la peine de la déposition en une sus-
Le Visconte, vieillard déjà caduc, ne pension de trois mois.
put supporter, non plus que sa belle- L'HOMME (Louis DE), sieur deCoR-
fille, les mauvais traitements qu'on leur BIÈRES, originairedeLivron,futnommé
fit subir. Ils moururent tous deux dans par le roi de Navarre intendant des
les cachots ; quant aux jeunes enfants, fortifications de cette ville. Il était,
on réussit à les convertir; ou bien dit Chorier, très-versé dans la chiro-
ils allèrent augmenter le nombre de mancie dont il fil un art. Corbières a,
ces pauvres petites créatures « qui de- en effet, publié sur cet art prétendu,
meuroyent sur le carreau, crians à la en 1583, un volume intitulé la Chiro-
faim avec gémissemens incroyables, mancie de Tybertus réduite en art. Il
et alloyent par les rues mendians, sans est assez probable que René de L'Hom-
qu'aucun osast les retirer; sinon qu'il me, sieurdeLaFare, que Lesdiguières
voulust tomber au mesme danger : honorait d'une confiance particulière,
aussi en faisoit-on moins de conte que était son frère. Du mariage de ce René
de chiens. » Dans une maison, appar- avec Laure Pape naquirent : 1 ° JEAN-
tenant à un gentilhomme du nom de LOUIS, sieur de La Fare, dont le sort
La Fredonnière, fut- arrêté un avocat nous est inconnu; — 2° FRANÇOIS,
nommé Coiffart, ancienbailli de Saint- sieur de Corbières, le même apparem-
Aignan, sur lequel on trouva quelques ment que le capitaine Corbières, qui
mémoires contenant des remontrances servait, en 16 21, sous Châtiïlon ; et en
au Roi et aux Etats sur le mauvais tout cas, l'ancêtre du général prussien
gouvernementdes Guise.Enfermédans de ce nom; —3° Louis, sieur de
le donjon de Vincennes, où l'un' des Fontfrède;—4°'GUY, sieur de La Cla-
Soucelles ne tarda pas à aller lui tenir velière, dont deux des descendants,
compagnie, malgré le pardon qui lui SAMSON et RENÉ de L'Homme, de
avait été accordé par le roi à la prière Saint-André-de-Rosans, se réfugièrent
du roi de Navarre, ils y restèrent l'un en Hollande après la révocation de l'é-
et l'autre jusqu'à la découverte de la dit de Nantes (Arch. gén. TT. 314).
conspiration d'Amboise. Présumant L'HONORÉ (SAMUEL-FRANÇOIS)
qu'ils savaient quelque chose de cette ,
avocat à La Haye, était fils du pasteur
entreprise les Guise se les firent
,
H.-Fr. L'Honoré, qui, après avoir
amener, ainsi qu'un jeune écossais, desservi, depuis le mois de décembre
nommé Stuart,qm se disait parent de 1749 jusqu'au mois de juin 4 752, la
la reine; mais n'en ayant pu rien tirer chapelle de l'ambassade hollandaise
ni par promesses ni par menaces, ils à Paris, retourna à La Haye, où il
les firent jeter dans les prisons de Blois mourut, en 1794, pasteur de l'église
(1%. I, p. 272). wallonne. Barbier attribue à notre
L'HERMITE (Smèox),AiWupuis, avocat :
ministre du Poitou, fut déposé, au mois I. La Hollande au XVIII' siècle,
de mars 4 596, par le colloque de Fon- La Haye, 1779, in-12.
tenay, parce qu'il prétendait que la II. L'observateur des spectacles,
nature humaine de Jésus-Christ a été La Haye, 4 780, in-8\
détruite par la mort. 11 en appela III. Nouvelle bibliothèque Belgi-
au Synode national-de Saumur qui que, Paris et La Haye, 4783 et suiv.,
invita Merlin, Rotan, de Serres et in-12.
Du Plessis-Mornay à entrer en con- Celle famille étaitd'originefrançalse.
férence avec lui pour lui faire recon- En 4 654, Etienne L'Honoré, fils de
LIIO
LIIO — 68 —
Daniel L'Honoré et AePhilippeMain- frères que descendait (4) Pierre de
ville, fut baptisé, le 20 sept., dans le L'Hôpital, sieur de La Brossé, fils
temple de Charenton. A'Antoine de L'Hôpital, et de Mar-
L'HOPITAL ou L'HOSPITAL. Sans guerite de La Porte, qui assista, en
parler du célèbre chancelier Michel de qualité de commissaire duroi,ausynodo
L'Hospital, à qui nous consacrons une provincial tenu à Charenton au mois
notice spéciale, nous avons rencontré de mai 4 673, avec ordre de veiller spé-
plusieurs fois cenomdanslecoursdenos cialement à ce qu'il ne s'y prît aucune
recherches. En 1567, un conseiller au résolution contre les apostats (Arch.
parlement de Toulouse, nommé L'HÔ- gén. E. 3359). Les Registres de Cha-
pital,se retiraà Montauban, où il paraît renton nous apprennent que Pierre de
qu'ilsefixa.En1573,ilassislaàl'assem- L'Hôpital épousa, en 4 654, Charlotte
blée politique qui se tint à Milhau, et fut Addée, fille de Nicolas, sieur des
chargé avec Clausonne et Philippi de Noyers, et A'Eléonore Gamand, la-
suivre les négociations ouvertes pour quelle mourut en 4 660, après lui avoir
la paix. En 4 575, lorsque Paulin éta- donné deux fils, HENRI et PIE RRE; morts
blit à Castres une chambre de justice jeunes et une fille, ANNE-MARIE. On
,
souveraine, conformément aux décrets doit sans doute compter aussi au nom-
de l'Assemblée de Nismes, il en fut bre de ses enfants Pierre deL'Hôpital,
nommé président. Cette chambre se sieur de La Brosse, qui prit pour femme
composait de sept conseillers : Auros, Susanne de Beauveau(alihsBeauvoir,
du parlement deîoulouse,doyen;Pflw£, peut-être Beauvais), dont il eut MARIE-
ancien conseiller au présidial de Tou- ANNE, née en 1680, SUSANNE etHEN-
louse, et depuis juge à Puy-Laurens ; RIETTE-GABRIELLE mortes jeunes, en
,
Etienne de Molinier, sieur de Tou- 1681.
renne, conseiller au sénéchal de Car- La famille de L'Hôpital a fourni son
cassonne; Honoré Teson (aliàs Toson contingent au Refuge. Une demoiselle
ou Terson), conseiller au sénéchal de de ce nom fut dame d'honneur de l'é-
Toulouse; Lafon, juge d'Albi, Veindas lectrice Dorothée. Elle était vraisem-
(aliàs Vanides) et Caty, avocats de blablement soeur du major général de
Toulouse ;' d'un greffier, Etienne Va- L'Hôpital, mort, en 1757, comman-
léry, et d'un huissier, François Del- dant de Même), sans laisser d'enfants
pont. La même année, L'Hôpital fut de sa femme, une demoiselle Jaucourt-
député par le Castrais, avec François de-Vau (Voy. VI, p. 49).
de Villettes, sieur deMontlédier; Do- Une partie de l'obscurité qui enve-
minique Bouffard, sieur de La Garri- loppe cette famille aurait sans doute
gue, et Maurice de Gartoule, aux été dissipée, si nous avions pu. nous
Etats convoqués à Montpellier parDam- procurer l'Autobiographie (Heidelb.,
ville. —Vers le temps où notre con- 1760, in-4°) de François-Christophe
seiller fuyait de Toulouse, c'est-à-dire de L'Hôpital, conseiller ecclésiastique
en 1568, René de L'Hôpital, sieur de et pasteur de l'église française de Hei-
Sainle-Mesme, fut laissé par Condé delberg, né dans le Palatinat, àWein-
pour gouverneur à Angoulême, et quel- garten, le 6 janvier 1697, et mort à
que temps auparavant, en 4 567, Jean Heidélberg, le 6 oct. 1775, à qui l'on
deL'Hôpital, sieur de Choisy et frère, doit aussi, au rapport d'Adelung,un re-
de René, rendit Dourdan auvidame de cueil de Sermons.
Chartres et s'attacha au parti hugue- L'HORHEAUX (SAMUEL), des-
not. Comme il ne nous a pas été possi-
ble de découvrir lafrliation des différen- (M II n'y a aucun doule relativement au
célèbre mathématicien Guillaume-François-
tes branches de cette famille, nous Antoinede L'Hôpital, marquis de Sainte-Mes-
en sommes réduit à des conjectures. me. Il' descendait de René de Sainte-Mesme,
Peut-être est-ce de l'un de ces deux mais il était catholique, et par conséquent ne
nous appartient pas.
LHO LHO
— 69 —
cendantde Français réfugiés dans le vit au pape Pie IV, pour se justifier du
Brandebourg (1), étudia la théologie à soupçon d'hérésie, n'avait fait sans
Francfort-sur-1'Oder, et y soutint, sous doute qu'aggraver sa position. Au lieu
la.presidence.de Causse, une thèse De de se mettre dévotement aux pieds de
neglecti a nonnullis Protestantium Sa Sainteté, il lui parle avec toute la
studii theologicicausis effectibusque, liberté d'un huguenot, et sans proférer
1755, in-4°. 11 mourut en 4 763, après un seul mot qui trahisse le repentir et
avoir exercé pendant quelques années la soumission. « Je le déclare haute-
sonministère à Berlin, d'après uuenole ment, lui disait-il, mes accusateurs sont
qui nous a été fournie par le savant et tous ceux qui repoussent le culte du
laborieux M. Arrhén, pasteur à Chris- vrai Dieu, la piété sincère, qui violent
tiansslad en Suède. les saints devoirs du sacerdoce, qui ne
L'HOSPITAL (MICHELDE), né dans s'occupent que de leur intérêt person-
les environs d'Aigue-Perse, dans la nel, qui ne cherchent qu'argent et
basseAuvergne,vers1505(2),etmortle profit: entre eux et moi, c'est une
4 3 mars 1573, danssaterre deVignay, guerre éternelle. » Il succomba dans
près d'Etampes (3). cette guerre, mais il ne fut pas vaincu ;
Michel de L'Hospital n'a jamais fait les Anciens plaçaient parmi leurshéros
acte de protestantisme, quoique, au dire ceux qui avaient succombé comme lui.
de personnes très-dignes de foi, qui Bien plus, si l'on considère que, tan-
l'ont connu personnellement, telles que dis qu'il allait à la messe, toute sa fa-
Th. de Bèze Hubert Languet, Bran- mille allait ouvertement au prêche, et
tôme, ce fût ,avec'raison qu'on suspec- que sa femme, dont le père n'était rien
tait sa catholicité. Dieu nous garde, moins que favorable aux Huguenots,
disait-on par ironie, de la messe du avait dû embrasser les doctrines évan-
chancelier! La messe du chancelier n'é- géliques depuis son mariage, il sera dif-
tait pas, en effet, celle qui agréait à ficile de ne pas admettre que L'Hospi-
Rome. Le" cardinal légat, Hippolile tal ait été protestant au fond du coeur.
d'Esté, avait reçu mission de demander Et qu'on ne croie pas qu'il ait vu avec
la tête de L'Hospital, ou, au pis aller, indifférence les choses de la religion.
sou emprisonnement: c'est ce qu'on Bien loin de là, il s'en exagérait la por-
voit par sa correspondance. La lettre tée. « C'est folie d'espérer paix, repos
(30 juill. 4561) quele chancelier écri- et amytié entre les personnes qui sont
(1) ÎNous avons trouvé dans la liasse des désire vostre bien et conservation aultant
Archives cotée TT. 270, ia senience des com- que vous mesme, et ay pouvoir et très-bonne
missaires qui interdit, en 1669, l'exercice du volunté de vous maintenir avec tout ce qui
culte réformé à Long, diocèse de Chartres, vous appartient, estant tel que vous estes, et
terre appartenant à Charles Lormcau, sieur vousaymant comme je faics. Toutes fois puis-
de La Sablonnière. Ce gentilhomme était-il qu'avez délibéré d'aller a Montargis, je désire
un ancêtre de Samuel ? que ce soit avec vostre. contantement. Je es-
(2) L'Hospital lui-même n'était pas certain cris à ma tante, madame la duchesse de Fer-
de la date de sa naissance. Voir ce qu'il en rare, de vous recevoir et accommoder ainsi
dit dans son testament. que méritez. J'auray. à plaisir que soyez en
(3) Tous les biographes et lés panégyristes bonne santé, et me faictes entendre ce dont
de L'Hospital s'accordent sur ce point; mais aurez besoin.Au demeurant, quant a l'abbaye
11 est probable, selon nous, que. L'Hospital de Val, que je vous avoys donnée, je suis et
mourut dans la terre de son gendre, a Béles- seray tousjours en la mesme volunté que j'es-
bat, où il s'était réfugié après la Saint-Bar- toys de la vous donner et conserver de très-
thélémy, et d'où, sentant sa mort prochaine, bon coeur. Priant Dieu qu'il, etc.» Au sujet de
il écrivait, le 22 janv. 1573, à Catherine de cette dernière demande qui paraîtra étrange
Médicis, pour la prier de reporter sur sa de la part de L'Hospital, dans de pareilles
femme et ses enfants « le bien qu'elle vou- circonstances, nous ferons observer que le
drait lui faire. » Son intention avait été d'a- caractère du chancelier est trop respectable
bord de se retirer a Montargis auprès de Ité- pour qu'on puisse admettre qu'il ait été mû
rée de France; c'est ce que prouve une lettre par un sordide motif d'intérêt; nous croirions
de Charles IX, du 2 sept. 1872, que nous plutôt qu'il agissait ainsi par politique pour
allons rapporter :« Monsieur le chancelier, je. sonder les dispositions du monarque.
LHO 70 LHO
— —
de diverses religions, disait-il dans sa tal ne fit pas profession ouverte du pro-
harangue aux Etats d'Orléans. N'y a testantisme, c'est qu'il fut retenu par.
opinionqui tant perfonde dedans le coeur la crainte de se priver des moyens de
des hommes que l'opinion de religion, servir les intérêts des Réformés ou
ny tant les sépare les uns des aultres. » plutôt la «Huic... cause de la liberté de con-
Or, nous savons que , dans son inté- science. ad justum laudis
rieur, il y eut toujours paix, repos et cumulum id videtur defuisse, quôd
amitié parfaite. partim ne sibi ad pios juvandos aditum
Certains écrivains, tels que le jésuite proestrueretsi veramreligionem apertè
Maimbourg, frappés de cette apparente profiterelur, partim vanâ quâdam ex-
contradiction, ont prétendu que L'Hos- pectatione delusus, eo lulo ex quo
pital n'avait pas de religion. «Je sous- erutos omnes optabat, penitus extri-
cris volontiers, dit le jésuite, à toutes les care sese quum diuneglexisset,postea
grandes louanges que luy ont données vplens id prsestare non potuit. Sed ee-
pour toutes ces perfections [dontil vient quis illius memoriam non çelebraret,
défaire l'énumération] lesieurdeBran- qui, utaliis consuleret, seipsum tamdhi
tosme, le président de Thou et Scévole penè neglexit. » Après une étude con-
de Sainte-Marthe dans les beaux éloges sciencieuse, nous étions arrivé à la
qu'ils en ont faits. Mais après tout, ni même conclusion.
l'on ne peut, ni l'on ne doit dissimuler Sans doute, on répugne à admettre
ce qui a bien terni l'éclat de tant de bel- que L'Hospital, cet homme d'uneyertu
les qualitez, c'est qu'il favorisoit tout antique, ait pu dissimuler ses vérita-
ouvertement le calvinisme en toutes bles opinions.Mais nous ferons remar-
rencontres et qu'il estait en cela de quer d'abord qu'il y a loin entre dissi-
très-bonne intelligence avec l'admirai muler par ambition dans un intérêt
son grand confident. Aussi l'on disoit personnel, et dissimuler par raison
tout communément qu'il estoit hugue- d'Etat dans l'intérêt général. L'un est
Dotdans l'anie, quoy-qu'ilfistsemblant une action immorale, tandis que l'au-
d'estre catholique à cause de sa di- tre est une action vertueuse, d'au-
gnité... Cela même fit croire à quel- tant plus méritoire qu'elle coûte da-
ques-uns qu'avec sa mine austère, son vantage à l'homme d'honneur. L'art
visage de S. Jérôme, comme on l'ap- du diplomate n'est-il pas le plus sou-
pelloit à la Cour, et sa morale extrême- vent l'art de la dissimulation ? Il est
ment sévère, comme elle parqist dans certain pour nous que L'Hospital avait
ses écrits, il n'estait, à proprement par- • profondément médité le Prince de Ma-
1er, ni huguenot, ni catholique et n'a- chiavel, mais il l'avait vu du bon côté.
voit nulle religion. » Mais dans ce cas, Bien loin d'aller étourdiment se briser
comment expliquer, remarquerons- contre l'impossible, il gouverna avec
nous avec Bayle, sa partialité pour les beaucoup d'habileté dans une mer
Huguenots? « On ne croit guèves que pleine d'écueils. S'il n'imita pas le
les gens sans religion s'amusent à fein- dévouement de nos malheureux
dre qu'ils sont du Parti disgracié... Ils tyrs en se jetant au devant du mar- feu,
seroient bien fous, n'ayant point de re- nous ne pensons pas qu'on doive l'en
ligion, de choisir pour les dehors celle blâmer. Il y des hon-
qui conduit à la potence, préférable- nêtes, qui ne sont plus des
a mensonges
celle mensonges.
ment à qui a les biens et les hon- Que d'exemples l'Histoire n'offre-t-
neurs de son côté. » elle pas qui pourraient justifier sa con-
Nous serions donc porté à croire, duite? Les quelques hommes de bien
avec Tir. de Bèze (1 ), que si L'Hospi- qui restèrent aux affaires pendant les
(i) Icônes virorum illuslr. doclrinâ simul et orages de notre première République,
pietatc, fol. v., où L'Hospital est représenté nous ont épargné de plus grands mal-
avec un flambeau derrière le dos. heurs.
LHO
Dureste,àbienvoir les choses,L'Hos-
- 74 LHO
de bien et d'honneur;» il était plus
pital ne saurait être accusé de duplicité. qu'aucun autre imbu des vrais princi-
Il est tel qu'il se montre à nous. Dans pes du christianisme. Tous les amis de
ses harangues, dans ses écrits, dans la liberté religieuse lui doivent de la
ses lettres, dans son testament, on ne reconnaissance, et l'on ne trouvera
trouve pas un mot qu'un huguenot, pas mauvais que nous acquittions
homme politique, n'eût avoué. On est notre dette.
même étonnéqu'avec sa franchise il ait L'Hospital fit de bonne heure son
pu si longtemps se maintenir. Protes- apprentissage à l'école du malheur.
tant, il n'auraitpas parlé, il n'aurait pas Son père, Jean de L'Hospital (1), avait
agi autrement; catholique, ilauraitpu suivi en Italie le connétable de Bour-
vouloir les mêmes choses, mais il se bon, dont il était le médecin et le con-
fût exprimé dans des termes qui n'eus- seiller, laissant en France sa famille
sent pas soulevé les défiances de son exposée aux rigueurs du gouverne-
parti, et surtout, il n'eût pas toléré le ment. Dévouement chevaleresque sans
schisme dans sa famille. Toute sa dis- douté, mais peu honorable! Son fils
simulation consiste donc à avoir assisté aîné, Michel, alors âgé de 18 ans, se
à la messe. En' le faisant, mentait-il à trouvait à Toulouse pour ses études.
sa conscience? nous ne le pensons Il fut arrêté et jeté en prison. On ne le
pas; il y assistait dans les mêmes dis- relâcha que « par mandement exprès
positions d'esprit que des milliers de du roy, ne l'ayant trouvé en rieu cou-
Catholiques assistent aujourd'hui aux pable.» Dès qu'il fut rendu à la liberté,
cérémonies du culte, en réservant à il délibéra d'aller rejoindre son père à
part soi leur liberté d'interprétation. Milan, il se mit en route et réussit, à
Tous ceux quiagissent ainsi, tous ceux l'a faveur d'un déguisement, à traver-
qui acceptent l'esprit sans accepter la ser les lignes de l'armée française qui
lettre, tous ceux-là, si nombreux de assiégeait celte place. Après quelques
nos jours, sont-ils donc des hypocri- jours donnés à l'effusion de sa joie, le
tes? sont-ce des hommes doubles, père « craignant que son fi}s ne fist,
parce qu'ils ne se jettent pas dans les par une trop longue discontinuation,
bras de l'Eglise réformée ? Non, ils bresche merveilleuse à ses estudes,
sont sincères, ce sont autant de pro- donna charge à quelques voituriers de
testants sans le savoir; laissez-les se remmener, avec lesquels il sortit de
multiplier, avec le progrès des lumiè- Milan, desguisé en habit de muletier,
res, et vous verrez l'édifice indestruc- et non sans grand danger de sa vie
tible contre lequel vous avez usé vos passa la rivière d'Abdua [l'Adda], et
forces s'évanouir comme une fu- après alla à Padoue, où, de toute an-
mée (1). , cienneté, les estudes de droict fleuris-
Quoi qu'il en soit, dirons-nous avee soyent (2).» Il passa six années dans
Brantôme, protestant ou catholique, cette université; puis son père l'appela
Michel de L'Hospital a droit aux res- à Bologne, et enfin à Rome, où il se
pects de tous, « c'estait un très grand trouvait à la suite de Charles-Quint,
personnage en tout et un très homme après la mort du connétable. On le '
pourvut d'une place d'auditeur deRote.
(1) « Ainsi que plusieurs hommes supé-
rieurs de cette époque, dit M. Villemain, (l)Beaucaire a prétendu, et Maimbourg,
L'Hôpital se séparait des abus de la cour de Varillas, ont répété d'après lui, qu'il était
Rome sansadopterle.protestantisme.il était, fils d'un juif d'Avignon ; mais il parait que
par conscience et parsupériorjté, ce qu'Eras- c'est une erreur que les ennemis de L'Hos-
me avait été par circonspection et par finesse pital ont eu soin de propager comme si c'eût
d'esprit. II puisait dans sa religion même été une calomnie.
cette tolérance qu'Erasme avait trouvée dans (2) Nous empruntons ces détails et les sui-
sa moqueuse indifférence pour toutes les vants au Testament de L'Hospital dans la
sectes. » trad. qu'en a donnée Brantôme.
LHO 72 LHO
— —
Après quelque tems d'exercice, il se après ces cinq années de gestion in-
défit de cette charge, confiant dans la tègre, il se trouvait aussi pauvre qu'a-
promesse que lui donna le cardinal de vant, tellement, dit M. Bernardi, qu'on
Grammont» de l'avancer à plus grands le voit « réduit à demander des ali-
estats au pays.» Il retourna donc en ments pour lui (ce sont ses termes) et
France (1534); mais ce cardinal étant une dot pour sa fille unique... Celle
mort bientôt après, il se trouva qu'il dotesilongtems attendue et sollicitée
avait quitté la proie pour l'ombre. Sans vint enfin : il paraît que' ce fut une
fortune et sans protecteur, il ne lui charge de maître des requêtes dont on
Testait qu'à suivre la route battue et pourvut (4 560) Robert Hurault, sei-
percer, s'il se pouvait, par son propre gneur deBelesbat,conseiller au Grand-
mérite. «Il se mitàsuyvre le palais, Conseil, qui devint son gendre. »
où ayant demeuré trois ans, il prit à D'après M. Villeniain (Vie de L'Hô-
femme Marie Morin, fille du lieute- pital), qui nous semble mieux informé,
nant criminel Morin, qui eut pour L'Hospital n'eut d'autre dot à donner
douaire un estât de conseiller [il fut à sa fille que sa charge de conseiller
reçu en juill. 1537], le quel ayant au parlement, d'une valeur de 8 mille
exercé neuf ans environ, il fut envoyé livres, qu'il transmit à son gendre par
[par la protection du chancelier Oli- un acte de vente simulé [1554].
vier] pour ambassadeur à Boulogne Choisi pour accompagner Margue-
pour le roi Henri, au quel lieu le con- rite de Valois, sa maîtresse, dans les
cile universel de tous les évêques états de son mari, Philibert de Savoie,
avoit été convoqué et publié pour ré- il demeura auprès d'elle à Nice. On
former' la religion (4 5 47). «Après avoir voit par ses poésies de quelle con-
perdu seize mois entiers à attendre fiance iljouissait auprès de cette prin-
que les Pères du concile se fussent cesse, à qui il reconnaît devoir « tous
mis d'accord, il demanda et obtint son ses biens et estats. » Le chancelier
rappel. 11 espérait que ses services se- Olivier étant mort, on songea à L'Hos-
raient récompensés, mais il n'en fut pital (1) pour le remplacer (ses lettres
rien. A son retour, «de grandes pic- de provision sont datées du dernier
queset altercations» agitaientla Cour, juin 4560; enreg. auparlem.le2 juil-
et au milieu du bruit, on l'oublia faci- let). Son petit poème sur le Sacre der j
lement. « Cependant Marguerite, soeur François II contribua sans doute pour: !
du roy Henry et princesse très-ver- beaucoup à son élévation. Il eut un'/
tueuse [ayant été apanagée du duché grand succès. C'est tout un traité de j
de Berry] le receut, n'estant pas seu- l'art de gouverner. Le petit roi dut, dit- '
lement contente de l'avoir saulvé du on, l'apprendre par coeur. Joachim Du
dangier [on ne nous apprend pas le- Bellay le traduisit envers français; il !
quel], mais lui donna ung estât de a été plusieurs fois traduit depuis, et,
soubveraine authorité en sa maison,— entre autres, par Claude Joly et par |
elle le nomma chancelier (1), — et de Perrault. « Cet ouvrage n'est pas re- j
grands moyens envers le prince. Par marquable par le talent, dit avec'
sa bonté et faveur, bientost après il raison M. Villeniain, la diction en est
lut ordonné chef et surintendant des souvent diffuse et négligée, mais on
finances du roy en sa chambre des y sent cette chaleur, cet enthousiasme
comptes (1554), et finalement esleu d'un coeur droit qui s'anime par la
du privé Conseil après la mort du roy pensée du devoir et du bien public. »
Henri.» Le même reproche et le même éloge
L'Hospital exerça pendant cinq an- conviennentégalement àtouteslespoé-
nées sa charge de surintendant et sies de L'Hospital. L'honnête homme.
(1) Ce fut pendant qu'il exerçait cette charge Son gendre lui succéda dans sa charge
(1 )
qu'il appela Cujas a Bourges. de chancelier de Marguerite de France.
LHO LHO
— 73 —
s'y montre plus que le poète, quoi- gue main pratiqués, aussi eust-il ceste
qu'il y ait telle de ses poésies, et prudence de prévenir leurs aguets
entre autres sa satire De lite, qui a pu dextrement, sinon comme ildevoit, à
tromper un aussi bon juge que Henri tout le moins comme il pouvoit, selon
Estienne; il crut y reconnaître la la malice du temps, rabattant de leurs
touche des Anciens. plus furieux coups avec une industrie
Le cardinal de Lorraine ne s'opposa singulière. Car s'estant proposé, si
pas au choix de la reine-mère. L'Hos- tost qu'il eust esté estably en sa charge,
pital étant un de ses clients (il lui de- de cheminer droict en homme poli-
vait son retour en France), il pensait tique, et de ne favoriser ny aux uns
que la reconnaissance en ferait un ny aux autres, ains de servir au roy et
instrument docile entre ses mains. à sa patrie, il luy falloit user de mer-
Mais il ne tarda pas à s'apercevoir veilleux stratagèmes pour contenir les
qu'il s'était trompé. La reconnaissance Lorrains en leurs bornes, ce qu'il
est une vertu, elle n'a rien de com- vouloit toutesfois exécuter en telle
mun avec le crime. Le chancelier ar- sorte qu'ils ne- se peussent apperce-
riva à son poste « incontinent après le voir qu'il les voulust en rien contre-
tumulte d'Amboise. » D'Aubigné pré- dire ny leur desplaire, sçachant bien
tend qu'il avait lui-même trempé dans que s'ils appréhendoyent une fois
cette malheureuse conjuration (Voy, ceste opinion de luy, il ne pourroit
I, p. 4 62) et rien ne. s'oppose à l'ad- rien faire qui vallust. Voilà comme
mettre. Si l'Etat est en danger, n'est- avec grande dissimulation, beaucoup
ce pas le devoir de tout bon citoyen de de choses passoyent par ses mains,
lui venir en aide? Les ambitieux'au- que l'on jugeoit très périlleuses. Ce
raient trop beau jeu, si l'imbécillité néantmoins il en donnoit entre deux
du monarque justifiait leurs entre- vertes une meure, donnant espérance
prises et paralysait les forces de la à ceux qui aimoyent le publie que tout
nation. L'Hospital entra en charge tourneroit finalement en bien, pour-
dans les circonstances les plus diffi- veu qu'on le laissast faire. Peu de
ciles pour un homme animé, comme gens entendoyent son intention; mais
lui, de bons sentiments. « J'eus af^ le temps fit cognoistre qu'il avoit em-
faire, dit-il, à des personnaiges non brassé le service de son roy et le salut
moins audacieux que puissans, voire du peuple autrement qu'on avoit cuidé.
qui aimoient mieulx ordonner les cho- Et à[vray dire, on ne sçauroit assez suf->
ses par violence que par conseil et fisamment descrirela prudence dont il
raisons. » N'étant pas assez fort, mal- usoit. Car pour certain, encores que s'il
gré l'appui de la reine-mère, pour eustprinsuncourt chemin pours'oppo-
emporter la victoire de haute lutte, il ser virilement au mal, il seroit plus à
dut louvoyer et il le fit avec beaucoup louer, et Dieu, peut-estre, eust bény
d'habileté. C'est ce que fait observer sa constance, si est-ce qu'autant qu'on
l'excellent historien Régnier de La en peut juger, luy seul, par ses modé-
Planche. Nous rapporterons le passage rés déporteniens, a esté l'instrument
en entier. « Quant au chancelier de duquel Dieu s'est servy pour retenir
L'Hospital, dit-il, peu de gens se res- plusieurs flots impétueux, où fussent
jouissoyent au commencement de le submergés tous les François. Et néant-
voireslevé en ceste dignité, ayant esté moins les apparences extérieures pa-
familier du cardinal; en sorte que l'on roissoyent au contraire. Bref, quand
tenoit qu'il n'oseroit luy contredire en on luyremonstroit quelque playe pro-
rien, ayant eu tant de faveurs et ad- chaine, il avoit lousjours ce mot à la
vancemens de ceste part. Mais tout bouche: «Patience, patience, tout ira
ainsi qu'il cognoissoit le naturel de bien. »
ceux de Guise, pour les avoir de lon- « Pour le faire court,
continue l'his-
LHO - 74 — LHO
tprien, quand il fut question d'expé- Marillac et Coligny. défendirent tous
dier l'édict de l'inquisition d'Espagne, trois, avec un admirante courage, lés
sçachant que ceux du Conseil privé et intérêts des Protestants; m.aisl'arche-
îles parlemens l'avoyent accordée, ce vêque de Vienne « emporta l'hon-
néantmoins il modéra le tout par un neur. » Les Guise subirent un pre-
édict exprès, et en redict si vives rai- mier échec : ils durent accorder la
de Guyse qui convocation des Etats-Généraux dans
sons, que ceux mesmes,
l'avoyent pourchassée, furent de son le plus bref délai, et, en attendant « la
advis, et le fèirent trouver bon à l'Es- réformation de l'Église par un bon
pagnol, qui désiroit bien la France concile général, si tant estait qu'il se-
estre rangée ef compassée à sa mode. » peust obtenir, sinon par un national, »
Ces réflexions de La Planche ont en- la suppression de toute procédure
traîné tous les biographes de L'Hospi- contre les hérétiques.
tal dans une erreur. Selon eux, l'édit L'Hospital se sentit plus fort après
de Romorantin (mai 4 560) qui accor- cette demi-victoire.Il put croire que la
daitaux évêques seuls la connaissance bonne cause finirait par triompher,
du crime d'hérésie, et mettait ainsi les d'autant plus que la reine-mère portait
Protestants à la merci de leurs enne- de plus en plus impatiemment le joug
mis, aurait été une contre-mine que des Guise. « Considérons, disait-il dans
L'Hospital opposa aux intrigues ot aux sa Harangue aux Étals d'Orléans, que
menées du parti ultramontain. Mais la la dissolution de notre Église a esté
date de sa nomination (30 juin) s'op- cause de la naissance des hérésies, et
pose à ce qu'on lui attribue cet édit la réformatipn pourra estre cause de les
donné un mois auparavant. La seule esteindre. Nous ayons ci-devant fait
part qu'il y eut, ce fut la contrainte comme les mauvais capitaines qui vont
qu'il dut exercer envers le parlement assaillir le fort de leurs ennemis ayeç
de Paris pour l'obliger à l'enregis- toutes leurs forces, laissant despour-
trer (1). C'est aussi ce que donne à vus et desnuez leurs logis. 11 nous faut
entendre Mézeray lorsqu'il dit que le doresnavant garnir de vertus et de
nouveau chancelier donna les mains bonnes moeurs, et puis les assaillir avec
à cet édit, qu'avait fait rendre le car- les armes de charité, prières, persua-
dinal de Lorraine, lui attribuant les sions, paroles de Dieu, qui sont pro-
mêmes motifs que Régnier de La pres à tel combat. Là bonne vie, comme
Planche, c'est-à-dire la « crainte d'un dit le proverbe, persuade plus que l'o-
plus grand mal. » Mais ceux qui n'é- raison : le cousteau vaut peu contre
taient pas dans le secret de ses inten- l'esprit, si ce n'est à perdre l'âme en-
tions, durent croire qu'à l'exemple de semble avec le corps. »—«Tu dis que
son prédécesseur, le vertueux L'Hos- ta religion est meilleure, je défends la
pital s'était aussi damné. mienne: lequel est plus raisonnable
Comme on pouvait s'y attendre, cet que je suive ton opinion, ou toyla
édit, loin d'apaiser les trpubjés, ne fit mienne ? ou qui en jugera, si ce n'est
que les raviver. On dut alors songer à ung sainct concile?» Ces sages idées
de nouveaux expédients, Sur la pro- gagnèrent peu à peu du terrain. L'édit
position que le chancelier en fit au de Juillet (1561 ) (1 ) fut un premier pas,
Conseil, on convoqua une assemblée quoique faible, dans la voie de la tolé-
de Notables. Cette assemblée s'ouvrit
à Fontainebleau, le 21 août 1560. On (1) Pasquier dans ses Lettres raconte ainsi
en connaît les résultats. Montluc l'origine dé" cet Edit : « Les Huguenots' ont
,présenté requeste au roy, afin'qu'il leur fùst
permis de faire une Eglise séparée de la Ros-
(1) Régnier de La Planche dit a tort, que tre. Le roy a renvoyé ceste requeste an par-
ceux, du parlement « maniés a la dévotion lement pour avec les seigneurs dé son Conseil
de ceux de Guyse, ne se feirenl tirer l'au- -y adviser. La il a esté opiné fort librement
reille'a le publier. » d'une part et d'autre. Les uns pour le partv
LHO 7o LHO
rance.Bientôt après, les Etats de Ppn- Deux de ses collègues, le président
toise réclamèrent une entièreliberté de Guillard Du Mortier et Louis Du BreiJ,
religiqn.Dàns sa harangue au colloque comte de Sancërre,imitèrent son' exeni-
dePoissy, L'Hospital dissimula à peine ple.'- Cette opposition courageuse fit,
ses préférences. «Laconscience,disait- dit-on, surseoir à l'exécution.
il, est dételle nature qu'elle ne peult La mort inopinée de François II
estre foTcée,maisdoibtestreenseignée, avait porté un coup funeste à l'omni-
et n'estre point domptéeny violée, mais potence des Guise. Le règne nouveau
persuadée par vrayes et suffisantes s'inaugurait sous de bons auspices. La
raisons; et mesme la foy si elle est reine-mère se rapprochait manifeste-
contraincte, elle n'est plus la foy.» Et ment des Protestants. Sous là date du
il proclamait ce principe des Protes- 1"fév. \5G%, Hubert Languet écri-
tants que pour s'éclairer sur les choses vait : Rexet fratres videnturbrevi tran-
de la religion « il n'était besoin de situri ad nostras partes. L'Hospital dut
plusieurs livres, ains de bien entendre croire qu'il touchait au but désiré (î).
la Parole de Dieu, et se conformer à Malheureusementlegouvernementétait
icellé le plus que l'onpourroit. » Co- trop faible et les haines trop violen-
pie de son discours fut adressée au tes pour que la paix entre les partis
Saint-Siège, qui menaça l'auteur d'ex- fût durable. L'inexécution de l'édit de
communication. Enfin, l'édit de Jan- Janvier et les massacres qui ensan-
vier (1562), le plus libéral des édits glantèrent plusieurs_provincés mirent
que les Protestants obtinrent (Voy. enfin les armes aux mains des Protes-
Pièces justif.,N" XVIl)jusqu'à l'édit dé tants : l'ère des guerres civiles com-
Nantes,fut en grandepartieson oeuvre. mença. L'Hospital ne déserta pas son
« Les obstacles qu'il lui fallut vaincre, poste, il remplit dans le Conseille rôle
dit Bayle, ne cessèrent pas après qu'il de modérateur. On connaît sa belle ré-
l'eut scellé : il s'en présenta de nou- ponse au connétable de Montmorency
veaux sur la vérification, et il fut bien qui lui objectait que ce n'était pas aux
nécessaire qu'il déploiât la force de gens'de robe longue à opiner sur la
son génie et la fermeté de son âme, guerre : S'ils ne savent manier les ar-
afin de venir à bout des scrupules, et més, lui dit-il, ils savent au moins
de la mauvaise humeur du parlement de quand on les doit prendre. « Son pa-
Paris.» cifique courage, remarque M. Droz
Nous ne devons pas non plus passer dans une notice sur L'Hospital, le fit
sous silence la conduite honorable que éloigner du Conseil, et bientôt toutes
tintL'Hospilallorsdu procès de Condé. les voix impartiales répétèrent ces
Il présidait la commission. Lorsque, mots du manifeste de Condé : «Com-
malgré ses efforts, un arrêt de mort eut ment voudraient-ils le bien? ils ont
été rendu (26 nov. 1560), il refusa d'y exclu L'Hospital de leur Conseil ! » Il
apposer sa signature : « Je sais mou- se rétira dans sa maison deVignay (2),
rir, dit-il, mais non me déshonorer!» près d'Etampes.
Catholic, les autres pour ceux de la Religion. (1) Prosper de Sainte-Croix nous apprend
LeCalholic a emporté le dessus de trois voix, dans une lettre du 15 mars 1562, qu'il avait
.

estant sa résolution qu'il falloit ou suivre des conférences fréquentes avec Condé, Odet
l'Eglise romaine comme nos ancestres, ou de Châlillon, l'évêque Montluc, et d'autres
vuider le royaume avec permission de vendre personnages de la même farine; il répète la
ses biens. Quand c'est venu à la relleclion même chose dans une lettre du 25, en ajou-
des voix, le murmure n'a pas esté petit : parce tant au nombre de ces pacifiques conspira-
que les autres soutenoyent qu'en matière de teurs Jeanne d'Albret, Madame de Crussol et
telle importance, n'estoit pas la raison qu'à Madame de Roye.
l'apétit de trois voix toute la France entrast (2) Il avait, acheté cette petite propriété
en combustion...gDepUis, pour contenter les au prix de deux mille livres, depuis son élé-
uns et les autres par forme de neutralité, vation à la charge de chancelier. Plusieurs
l'on a fait publier un Edicl au mois de juillet biographes disent à tort qu'il l'avait reçue en
dernier. » don de la Couronne; M. Dufey avait en main
LHO 76 — LHO

L'édit d'Amboise (mars 4 563) fut nances. A qui sommes-nous redeva-
trêve. Catherine de Médicis en pro- bles de ce bien ? Non à autre qu'àMes-
une
fita pour rappeler L'Hospital. Ce fut sire Michel de L'Hospital son grand
l'authorité
par son conseil qu'elle fit déclarer et sage chancelier, qui sous leprinci-
CharleslXmajeur(17août1563) : elle du jeune roy sonmaistre fut
espérait gouverner seule à la faveur palentremeteurduprémier,instigateur,
de cette fiction. Un des premiers actes promoteur et autheur des deux autres. »
du jeune souverain fut une énergique Au jugement du chancelier d'Agues-
protestation contre le monitoire que seau, ces ordonnances de L'Hospital ont
Pie IV avait lancé contre la reine de été la source de toutes les améliora-
Navarre (Voy.l, p.42).On y reconnaît tions introduites depuis dans notre lé-
l'inspiration de L'Hospital. En même gislation. Elles ont régi la France, dit
tems, le chancelier conseilla au jeune M. Dufey, jusqu'à la promulgation des
monarque de visiter ses Etats. Le vo- ordonnances qui ont illustré le règne
yage de Bayonne fut résolu. L'Hos- de Louis XIV, et dans lesquelles on
pital fut en quelque sorte l'introduc- en retrouve toujoursl'esprit et souvent
teur du jeune roi auprès de ses sujets; la lettre. Toutefois, dans ses ordon-
il rechercha toutes les occasions de nances somptuaires, L'Hospital paya
l'instruire de ses devoirs, il lui fit tou- un large tribut à son siècle. «Si le
cher au doigt toutes les plaies de la docteur Swift, dit Condorcetdans son
France.Qui eût prévu que ce voyage, Eloge du chancelier, après avoir rap-
si plein d'utiles enseignementspour la porté quelques-unes des humiliations
royauté, aboutirait à la plus épouvan- auxquelles nos pauvres ancêtres étaien t
table catastrophe? Il suffit d'un san- assujettis, si le docteur Swift eût
guinaire conseil pour faire reparaître voulu tourner en ridicule l'esprits ré-
la nature sauvage de la mère et du fils. glementaire, il n'eût pas imaginé des
Ce voyage dura près de deux années. lois plus étranges. »
Il fut immédiatement suivi de l'assem- On ne saurait assez louer L'Hospital
blée de Moulins, où aurait dû éclater, des efforts qu'il fit pour réformer la
dit-on, la Saiut-Barthélemy conseillée justice. Il y travailla sans relâche pen-
par le duc d'Albe. Cette assemblée est dant toute la durée de son ministère.
célèbre par l'édit de Moulins. Ecoutons Mais le mal avait pénétré trop avant, il
ce qu'en dit Pasquier. «Nous avons y usa ses forces. Nous ne pouvons
veu de nostre temps un jeune roy nous empêcher de détacher quelques
Charles IX en ceste France, auquel pensées de ses belles harangues.
et l'infirmité de son bas aage du com- «Messieurs, disait-il au parlement de
mencement, et par succession de Rouen, prenez garde quand vous vien-
temps, la violence extraordinaire de drez en jugement de n'y apporter point
son naturel, ne donnoit aucun loisir de d'inimitié, ni de faveur, ni de préju-
faire des loix; toulesfois jamais roy qui dice : je voy beaucoup de juges qui
le devança ne fit tant de beaux édicts s'ingèrent et veulent estre du juge-
que luy : tesmoin celuy de l'an 1560 ment des causes de ceux à qui ils sont
aux Estats tenus dedans la ville d'Or- amis ou ennemis. Je voy, chacun jour,
léans ; l'autre qu'il fit à Roussillon l'an des hommes passionnes, ennemis ou
4 563, et le dernier à Moulins l'an amis des personnes, des sectes et fac-
4 566. Contenants ces trois édicts une tions, et jugeant pour ou contre, sans
infinité d'articles en matière de police, considérer l'équité de la cause. Vous
et beaux règlements qui passent d'un estes juges du pré ou du champ, non
long entrejet nos anciennes ordon- de la vie, non des moeurs, non'de la
religion. Vous pensez bien faire d'ad-
l'acle de vente. Lors de l'acquisition, ce n'é-
tait guère qu'un terrain inculte; L'Hospital juger la cause à celui que vous estimez
j lit construire un petit manoir, en 1562. plus homme debien ou meilleur chres-
LHO — 77 — LHO
tien ; comme s'il estoit question entre nos jours, sous un gouvernement con-
les parties lequel d'entre eux est stitutionnel, un ministre de la justice
meilleur poète, orateur, peintre, arti- s'exprimerait avec celte liberté de pa-
san, et enfin de l'art, doctrine, force, roles : nous en avons vu peu d'exem-
vaillance, ou autre quelconque suffi- ples. Mais ce que l'on a vu souvent,
sance, non de la chose qui est amenée c'est ce que L'Hospital craignait d'un
en jugement. Si ne vous sentez assez magistratconslitué parle prince : «La
forts et justes pour commander vos volonté sera bonne,disait-il, et la peur
passions et aimer vos ennemis, selon qu'il aura d'offenser leroy ou les grands
que Dieu commande, abstenez-vous gastera tout; il judgera pour le plus
de l'office de juge.» «Jamais, dit fort, et advisera ung expédient pour le
M. Gérusez, l'invasion de la politique contenter, qui ne sera justice. » Nul
dans le sanctuaire de la loi n'a été flé- plus que L'Hospital n'était ennemi de
trie avec plus de vigueur et de sim- la brigue et de l'intrigue. Il ne consul-
plicité. » Ces principes de haute mora- tait jamais que le bon droit.C'est dans
lité reviennent souvent dans les dis- cet esprit d'équité qu'il fit rendre une
cours de L'Hospital. Autrefois, disait- ordonnance(8 mars 1566) portant qu'à
il, les sujets recherchaient la justice, l'avenir les chaires qui viendraient à
mais aujourd'hui ils la fuient, tant elle vaquer dans l'université de Paris se-
est vilipendée. Ilfaut que la loi soit sur raient données au concours.
les juges, et non pas les juges sur la Ce serait ici le lieu de parler de son
loi. Le souverain lui-même vous com- excellent Traité de la Réformation
manderait de la violer, que votre de- de la Justice ; mais nous ne pourrons
voir serait de lui désobéir. Le juge en dire que quelques mots. C'est le
homme de bien fait son office envers .
plus important des écrits de L'Hospi-
Dieu et les hommes, et ne craint per- tal; malheureusement, il est resté ina-
sonne. chevé. La Bibl. nat. et la Bibl. de l'Ar-
Unedesprincipales causes de la cor- senal en possèdent des copies. M. Du-
ruption de la justice, c'était sans con- fey l'a publié dans son recueil des
tredit la vénalité des offices. L'Hospi- OEuvres du chancelier, il remplit les
tal fit tous ses efforts pour extirper le deux derniers volumes. L'Hospital
mal, en faisant revivre l'ancienne cou- prend le mot de justice dans sa plus
tume de l'élection. II rencontra de large acception. « Il l'a considérée,
nombreux adversaires, quelques-uns dit M. Dufey, comme la base de tout
de bonne foi, mais la plupart intéres- gouvernement bien organisé, comme
ses à la conservation des abus. «Ils ob- . le principal élément de bonheur, de
jectent, dit-il dans une de ses Remon- sûreté et de puissance des Etats. C'est
trances au parlement de Paris, que ez un véritable traité de haute économie
élections n'y a que pratiques et me- politique... 11 renferme les plus utiles
nées comme en celles des prélatures, leçons pour les monarques et pour les
et qu'il fault révoquer telles ordon- peuples qu'ils sont appelés à gouver-
nances, et laisser lesdicts offices en la ner. C'est partout l'expression simple,
plaine disposition du roy. Je leur res- franche et sublime du philosophe ami
ponds que tant qu'il y aura hommes, de sa patrie et de l'humanité, du véri-
il y aura pratiques, et que la voie table magistrat citoyen. » C'est peut-
d'élection, ores qu'il y ait quelques être à ce traité que se rapporte cette
abus, est,meilleure que si Sa Ma- recommandation consignée dansletes-
jesté donnoit les offices à la réquisi- tament du chancelier : « Mon gendre
tion de ceulx qui sont prez de luy, qui prendra garde que mes livres de
les vouldroient,ou y mellroient par fa- droicl civil que j'ay rédigés par mé-
veur gens indignes. Et ce faisant le roy thode, estant jeune, ne soient déchirés
seroit trompé. » C'est à peine si de etbruslez; mais que l'un de mes pe-
LHO
lits-fils des plus capables les para-
- - 78 LHO
à tesmoing et tous les anges et les -

chève. » hommes, que ce n'a pas esté ma faulte,


Cependantbienloin de se raffermir, 'et que je n'ay jamais rien eu de si cher
l'Etat inclinait de plus en plus vers sa que le bien elle salut du roy et de ma
ruine. 11 était impossible que le ver- patrie ; ei en ce mè sentant grandement
tueux L'Hospital demeurât longlems offense, que ceulx qui m'avoient chassé
debout au milieu du conflit de toutes les prenoient une cpuverlure de religion,
mauvaises passions. Les Guise souf- et eulx-mêmes estaient sans piété et
fraient avec peine sa présence aux af- religion ; mais je puis vous asseurer
faires. La reine-mère, qui avait fini qu'il n'y avoit rien qui les émeust dad-
par se jeter dans leursbras, avait réussi vantage que ce qu'ilz pensoient que
à aliéner à L'Hospital l'esprit de son tant que je serois en la charge, il ne
fils. On né dissimulait plus, ni d'une leur seroit pas permis de rompre les
part ni d'autre; déjà la guerre était dé- édicts du roy, ny de piller ses finances,
clarée. 11 était à prévoir que sous le ny celles de ses subjects. » Il disait
gouvernementde Médicis la vertu suc- ailleurs, dans un de ses Mémoires :
comberait. Cependant avantde tomber, « Ce qui offence
le plus, c'est que je
le chancelier obtint encore un beau soubtiens les affligez contre ceulx qui
succès, en faisant rejeter les décrets les veulent opprimer, les foibles contre
du concile de Trente quant à la disci- les forts, les pauvres contre les riches.
pline. « Quant à moy, dit-il dans son Je désire les loyx et ordonnances avoir
Testament, dicté la veille de sa mort à lieu en tous estatz, en l'église, en la
son petit-fils, veoyanl que mon labeur justice, en la noblesse, au peuple,
n'estait agréable au roy et à la royne, Dieu estre servy et le roy obéy. »
et que le roy estait tellement pressé « Quand ceste guerre dernière com-
qu'il n'avoit plus de puissance, voire mença (1567), je monstray qu'elle me
qu'il n'osoit dire ce qu'il pensoit, j'ad- desplaisoit, préveoyant le mal qui en
visay qu'il nie seroit trop plus expé- est adveneu. J'encoureus la malgrace
dient de céder volontairement à la né- de ceulx qui la vouloient-. Les parle-
cessité de la respublicque et aux nou- mens, s'estant jetez de ceste. part,
veaulx gouverneurs, que de desbatlre m'ont vouleu mal demort, et beaucoup
avecque eulx, avecque lesquelz je ne de genz d'église, qui pensoient que
poUvois plus demeurer. c'es'tait favoriser les Huguenots que de
« Je feis place aux armes, lesquelles chercher la paix. »
estaient les plus fortes, et me retiray Il se retira au commencement de
aux champs avecque ma femme, ma 4 568. On lui fit redemander les sceaux
fille et mes petits enfans, priant le roy par Pierre Brulard, secrétaire dès com-
.

etla royne—puisqu'ilsn'asquiesçaient mandements de la reine, pour les re-


à ses conseils — qu'à tout le moins, mettre à l'évêque Morvilliers.
quand ils auroienl saoullé et rassasié L'Hospital obtint ses lettres de dé-
leur coeur et leur soif du sang de leurs charge le 6 févr. 1568; elles furent
subjects, qu'ils embrassassent la pre- enregistrées au parlement le 11 mai;
mière occasion de paix... Ayant faict elles portaient réserve de ses titres,
ceste remonstrance en vain, je partis de honneurs et émoluments,sa vie durant.
la Court et m'en allay avec une gran- Birague, qui succéda bientôt après à
dissime tristesse, de quoy le jeune roy Morvilliers, ne prit le titre de chance-
m'avoit esté ravy, et ses frères, en tel lier qu'après la démission du titulaire,
aage et temps auquel ilz avoient plus le 1" février 1573, démission exigée
affaire de nostre gouvernement et par Charles IX. On ne conserva plus à
ayde; aux quelz si je n'ay peu assister L'Hospital que son traitement (1 ).
ny ayder de couseil si long-temps que 0) C'était la moindre des choses; il est
j'eusse bien vouleu, j'en appelle Dieu très-probable qu'il n'en toucha rien depuis sa
LHO — 79 — LHO
L'Hospital ne crut pas, comme tant lesy a entreteneuz et entrelient encore
d'autres ministres tombés, quel'ihgra- aujourd'huy; etpuisqu'ilz sont hom-
titude du gouvernement le déliait de mes et non pas anges, trouve-t-on es-
tous ses devoirs euvers l'Etat; ne pou- trange que comme hommes, au coeur
vant faire le bien, il osa au moins le desquelz n'est poinct escripte seule-
conseiller. Le Mémoire qu'il adressa à ment, mais divinement erigràvée ceste
Charles IX pour l'engager à changer première loy de nature de deffendre sa
de politique, est un grand acte dé cou- vie et liberté contre l'oppression se
,
rage et de patriotisme, M. Dufey, qui soyent vouleu munir et deffendre con-
lui a donné place dans son édit. des tre ceulx qui les vouloient ruyner et
OEuvres du chancelier, a eu soin de le opprimer. » Avant que de condamner
collationner sur le msc'qui se conserve leurs entreprisés, s'écrie-t-il, mettons
à la Bibl. nat. (Dépôt de Mesines, la main sur nos consciences : « Nous
N° 8677). Les éditions antérieures debvrions pasmer de confusion que la
étaient incomplètes et inexactes. Ce guerre leur a esté moins pernicieuse
mémoire a pour titre : Le but de la que la paix, nostre ihimylié que nostre
guerre et de la paix, ou Discours du amytié, ifos armes que nos langues et
chancelier L'Hospital pour exhorter les coups à eulx portez sous couleur de
-Charles IX à donner la paix à ses justice et authorité gublicque. Je sçays
subjects. 1570. bien que cecy sera trouvé aspre, et que
Nous en rapporterons quelques pas- je pourrais parler plus doublement;
sages. Après avoir cherché-à justifier mais la nécessité m'arrache mâugré
les Protestants de cette accusation ba- moy les paroles du coeur, et me faict
nale, mais spécieuse, de tendances ré- préférer la rude vérité contre les maxi-
publicaines, le chancelier continue: mes de la Court à la doulce flatterie...
« Quoi que ce soit, il est bien certain Le seul moyen qui nous reste aujour-
qu'ilz [les révoltés huguenots] ont d'huy de rompre leurs intelligences,
doubté dé leur seureté et y ont voulu c'est de leur osier la nécessité d'y en-
pourvoir: àqùoyilz ont tourné toutes tendre, en interrompant premièrement
leurs pensées et leurs desseins. De dire les nostres, qui ne tendent qu'à nostre
qu'ilz n'en ayent eu des occasions bien ruyne en les ruynant; les traicter com-
grandes, ce seroit malicieusement, ou me athys,et subjectzjusticiables,mem-
du tout ignoramment discourir, et je bres avecnouS delarespublicqueetpar-
n'adressé mon propoz qu'à ceulx qui, tye du corps dont le roy est le chef.Car,
ayant practiqué la Court, ont veu et en- examinant les choses de prez, on trou-
tendeu comme toutes choses se sont vera qu'ilz ont esté cy-devant traictez
passées, depuis ungpeu, louchant ce en rebelles, ce qui leur a faici cher-
faict, et qui, despouillez de passions, cher des moyens extraordinaires, et
veulent judger selon la vérité. La remuer toutes pierres pour se conser-
craincte donc et l'espoir, qui sont deux ver, et je ne sçays s'il y à homme si
cruels tyrans des âmes, leur a miz les sainct et parfaict au monde qui n'en
armes à la main, et la nécessité, la plus fist autant, estant la deffense et con-
juste et inviolable de toutes les loyx, servation de soy une loy inviolable de
nature, plus forte que toutes les aultres
retraite. Aussi le voyons-nous solliciter l'as- loyx. » A ceux qui objectaient que la
sistance de la reine-mère: «J'ai 65 ans passés, royauté se tuerait, si elle pactisait avec
lui écrivait-il, une femme, une fille, un gen- les rebelles, L'Hospital répond : Que
dre et déjà neuf petils-enfants. J'ai un Irain leur donne le roi? leur doune-t-il Pes-
de vieux serviteurs que je ne puis, sans dé-
loyauté, laisser mourir de faim... Avec cela, tât des terres ? les allège-t-il d'aucung
si V.; M. empêchée par les besoins de l'Etal, subside ? leur quitte-t-il aucung deb-
ne croit pas pouvoir m'aider, j'endurerai voir ou charge? rien de tout cela. « Il
avec patience. Cela n'est ni long ni difficile
à mon âge. » leur donne une liberté de conscience,-
LHO 80 — LHO
ouplustost il leur laisse leur conscience avaient été écoulés. Mais le réveil fut
en liberté. Appelez-vous cela capituler? d'autant plus terrible, la réalité d'au-
Est-ce capituler, quand ung subject tant plus poignante. La Saint-Barthé-
promet, pour toute convention, qu'il lémy brisa son âme. Lui-même courut
recognoistra son.prince et demeurera les plus grands dangers. 11 passa plu-
son subject? Si le roy leur ostoit la li- sieurs jours entre la vie et la mort.
berté qu'ilz luy demandent, ilz se- Mais sa fermeté ne se démentit pas.
roient ses esclaves, et non pas ses sub- Ses gens alarmés à la vue d'un gros de
jects; car la principaulté est sur les cavalerie qui se portait dans la direc-
hommes libres ; donc, en leur accor- tion de Vignay, accoururent pour lui
dant ceste liberté, il se constitue vray-.
demander s'il ne- fallait pas fermer les
ment leur prince et protecteur,eteulx se portes. Non, non, leur répondit-il, si
déclarent ses subjectz, obligez à main- la petite n'estbastante, qu'on leur ou-
tenir son estât. Qui est-ce qui sera si vre la grande ! Heureusement, ce n'é-
impudent à ceste heure de dire que tait qu'une fausse alerte. 11 paraîtrait
c'est capituler? Que. si l'on veult bor- même—ce qu'on apeine à se persuader,
ner la liberté des hommes à de si es- sanglante orgie
— qu'au milieu dedusa chancelier,
troictes barres que la religion et l'ame Médicis se souvint et lui
ne soient point comprinses, c'est per- envoya quelques troupes pour le pro-
vertir malignement le mot et la chose téger (4).CharlesIX lui pardonnait. A
mesme, car la liberté seule n'est poinct cette insolence du bourreau, le véné-
liberté. La liberté brutale du corps et rable vieillard répondit qu'il ne croyait
des actions humaines est vile et indi- avoir mérité ni la mort, ni le pardon.
gne de ceste excellente marque, qui est- Sa fille se trouvait à Paris pendant les
proprement deue à l'esprit et à la plus massacres. Elle fut sauvée par la du-
divine partie d'iceluy, et à la plus ex- chesse de Guisê, Anne d'Esté, la noble
cellente de ses actions, à sçavoir, la fille de Renée de France, qui n'avait
piété.. On me respliquera soudain que pas épousé les fureurs de la famille où
ce n'est pas liberté, mais une licence elle était entrée (2). L'Hospital lui té-
très pernicieuse. Le Conseil du roy, moigna sa vive reconnaissance dans
les Courts soubveraines de ce royaul-
(1) Ce fut sans doute pour échapper a cette
me, les aultres Estats les plus puissans
« garde menaçante, » comme l'appelle fort
etsaiges dé la Clirestienté, en ont co- bien M.Villemain,que L'Hospital se retira dans
gneuet judgé tout aultrement; car ilz la terre de son gendre. Selon le même bio-
ont arresté dès longtemps qu'il estoit graphe, « sa conservation aurait été négociée
très nécessaire de laisser en paix les par les prières de la duchesse de; Savoie,
son ancienne et noble bienfaitrice, » comme
esprits et, consciences des hommes, ou le voit par une de ses Epîtrcs latines. Mais
comme ne pouvant estre ployez par le ces prières n'ont pu venir qu'après l'événe-
fer ny par la flamme, mais seulement ment. Sous la date du 8 octobre, le cardinal
Granvelle marquait à Morillon : <. On nous
par la raison qui domine les hommes, escript que le Roy a fait dépêcher le chance-
ce qui n'a point esté faict sans exemple, lier de L'Hospital et sa femme, qui seroit un
grand bien. » Et Morillon lui répondait, sous
mesme du plus grand empereur qu'il y la date du S novembre : « C'est un beau dé-
ait esté, il y a trois cents ans.» L'Hos- combre de L'Hospital et sa femme.» Corresp.
pital termine en disaut au roi que s'il encore inéd. de Granvelle, citée par M.Mi-
veut éprouver la clémence de Dieu, il clielet.
(2) L'Hospital lui dit dans une de ses épî-
use lui-même de clémence, « que le tres :
roy ne ferme point son coeur, et Dieu Agnosco verai te religionis'alumnam.
' lui ouvrira le sien. » Sénèque aurait-il
parlé plus librement à Néron,? Ce mé- C'est une preuve de plus a ajouter a celles
que nous avons déjà données, des tendances
moire qui fut rendu public, produisit la du chancelier. Pour un catholique sincère, la
plus grande sensation. L'Hospital put. religion dans laquelle Anne d'Esté avait été
croire un moment que ses conseils élevée n'aurait pas été la vraie religion, mais
la religion prétendue réformée.
LHO — 81 — ; LIIO
une épître latine qu'il lui adressa. En Nous rapporterons l'éloge qu'en fait
voici le début : le jésuite Maimbourg, qu'on ne saurait
Anna, mihi natisliaic de tribus una supersles
suspecter de partialité. « Certes, dit-
Vi'vil adhuc, vivitque tuo servata recenti il, on ne peut nier que ce chancelier
Munere, dum tota caîdes flagraret in urbe : n'ait esté l'un des plus grands hommes
Pralerea necspes occurreret ulla salutis. de son temps dans toutes les belles et
Hanc natam, patri quoe semper et omnibus
[horis solides connaissances et dans toutes
Adsidet, inflrmamque régit cum maire se- les perfections et vertus morales que
[nectam, doit avoir un chef de la justice. »
À-dspicio nunquam, adspicio sine pectoTe L'Hospital n'était pas moins estimable
[grato
Etmemorilaudisque tua;, laudisque tuorum. pour ses vertus privées que pour ses
Tu plures animas servasti nuper in unâ : vertus publiques. Il vécut comme un
Illam ipsam, atque novcm pueros, et utrum- sage, et l'antiquité n'a pas de plus
[que parenlem.
Unins invita vitam debere fatemur beau modèle à nous offrir. Le culte'des
Omnes : credimus esse tuum quod vivimus Muses était son principal délassement.
[omnes. Ses admirateurs l'ont mis au niveau
Ces terribles émotions abrégèrent d'Horace, et même quelques-uns sont
les jours du chancelier. «Seveoyant allés jusqu'à le mettre au-dessus. Se-
travaillé d'une maladie incurable de lon Hallam, « les épîtres du chancelier
vieillesse et oultre d'une infinité offrent plus d'intérêt que toutes ces
, insipides effusions de flatterie ou de
d'aultres maladies, depuis six mois
(c'est-à-dire depuis ces affreuses feinte passion qu'on trouve dans la
journées),» il songea à mettre ordre à plupart des poètes latins modernes.
ses affaires. 11 rappelle dans son testa- Ces épîtres sont inégales, et il y a
ment la promesse que Catherine de souvent trop de laisser-aller dans le
Médicis lui avait faite d'avoir soin de style ; mais on y trouve parfois une
lui et des siens. Mais pouvait-il encore verve, un nerf, une vigueur de pensée
y croire? « Qu'il nous suffise, dit-il, dignes de l'auteur, et quoiqu'il se
qu'elle nous soit propice, qu'elle ne tienne en géuéral au niveau du ton
souffre pas, non plus que le roy, qu'on des satires d'Horace, il prend quelque-
nous fasse quelque tort et injustice, fois un essor plus élevé, et ne manque
qu'ils nous permettent de vivre en pas de talent descriptif. » Il avait une

toute droiture et équité : que si à ce grande simplicité, une grande pureté
bien ils adjoustent d'abondant, nous de moeurs. Sa sobriété eût pu passer
.
répulerons le tout pour un singulier en proverbe. Son ordinaire, au rap-
bien et profict. » Dans cet acte de ses port de Brantôme, se composait de
dernières volontés, L'Hospital ne dit bouilli, et il ne dérogeaitjamais à cette
absolument rien qui puisse faire soup- règle, quel que fût le rang des per-
çonner quelle était sa religion, si ce sonnages qu'il recevait à sa table.
n'est peut-être la recommandation L'Hospital a exercé une très-heureuse
qu'il fait au sujet de ses funérailles, influence sur la magistrature en
grande France. «L'Hôpital, par son génie
« que les Chrestiens n'ontpasen
estime. »11 fut enterré dans l'église de et par le temps où il a vécu, est en
Champmoteux,sa paroisse (1). Etienne quelque sorte, dit M. Villemain, le
Pasquier, un de ses plus ferveuts ad- chef et le modèle de cette génération
mirateurs, lui composa cette épitaphe : de grands magistrats que l'on vit se
perpétuer pendant plus d'un siècle,
Hic cineres Michaelis habes, hic conditurille
Gallus Arislides, noslri Calo temporis alter ; comme une sauvegarde publique, au
Quique Sophis, septem numéro, superaddi-
[lur unus. Lenoir, qui le fit transporter au Musée des
Pelits-Auguslins. Nous ignorons ce qu'il est
(1) Le mausolée qui lui avait été élevé, devenu depuis la dispersion de ce Musée au
fut préservé pendant la révolution par Alex. retour des Bourbons.
T. VII. ,
o
LHO — 82 — LHO
milieu des factions, des coups d'état DELAINE, qui épousa Robert Hurault
et de la guerre civile. » 11 eût été ca- (Voy. ,,ce. nom). Il paraît qu'en déc.
pable des plus grandes choses, si les 4585, dans un temps de redoublement
circonstances l'avaient favorisé. Mais des persécutions, sa veuve abjura, ou
son passage au pouvoir ne fut qu'un au moins feignit d'abjurer. « Beaucoup
éclair de lumière dans une nuit som- de la religion, rapporte L'EstoiJe sous
bre. « Ce qui distingue fortement cette date, pour sauver leurs biens et
Michel de Lhôpîtal, dit M. Baudrillart leurs vies, se font catéchiser, retour-
(Jean Bodin et son temps, 1853), c'est nant à la messe, et ont bien de la
qu'au milieu d'une politique de cir- peine à contrefaire les bons catho-
constances et d'expédients, seul il a liques ; la châncelière de L'Hospital,
des principes. Sa gloire est de les entre autres, qui, toute sa vie, avoit
emprunter non pas seulement à la foi fait profession.de ladite religion,
révélée, non pas même uniquement à l'abjure et va à la messe. » Henri III,
la rectitude de sa conscience, mais à de plus eu plus.pressé par la Ligue,
un spiritualisme philosophique net et avait à donner des gages i'nnion.
explicite.On a eu raison auxvm" siècle L'Hospital n'a rien publié. Quel-
de célébrer en lui le héros de la tolé- ques-unes de ses harangues et de ses
rance. Mais il l'est, pour ainsi dire, en poésies avaient seules paru de sou
vertu d'une philosophie qui n'a rien vivant. Après sa mort, Pibrac, avec le
de commun avec le scepticisme et qui secours d'Aug. de Thou et de Scév.ole
a le mérite de mettre d'accord les plus de Sainte-Marthe, recueillit unvolume
hautes inspirations de l'esprit et les de ses poésies « éparses çà et là par
plus généreux mouvements du coeur.» la négligence de leur auteur, » et Mi-
Il n'était pas de ces complaisants qui chel Hurault-de-L'Hospital, son petit-
croient qu'il y a deux morales, l'une, fils, le donna au public, en 1585, pet. •
large, commode, à l'usage des Grands, ' in-fol.,pp.381,sous ce titre : Epistola-
l'autre, étroite, stricte, à l'usage des rumseusermonumlibrisex, ap. Mam.
petits, l'une pour les affaires pu- Pâtisson.; dédié à Henri IH. Une nou-
bliques, l'autre pour les affaires pri- velle édition, plus complète et plus
•vées. Pour lui, la morale est une correcte, en parut à Amst., en 4732,
comme la vérité. « Chef de la magis- in-8°, d'après le msc. de Pibrac qui
trature, dit M. Géruzez dans son avait passé en Hollande et était en la
,
Histoire de notre littérature, il se possession des descendants du grand
montre inflexible pour les écarts et les pensionnaire Jean de Witt. Loisel nous
capitulations de conscience. H ne mé- apprend qu'un msc. de ces poésies se
nage pas ses expressions, qui vont trouvait dans la bibl. de M. Dupuy;
quelquefois jusqu'à la. dureté, si l'on peut-être est-ce le même que Mont-
songe qu'il s'adressait à des hommes faucon cite sous ce'titre : Poemata
revêtus d'un caractère auguste. » Ces omnia auctiora et emenâatwra, au-
hommes n'en étaient que plus cou- jourd'hui Anc. fonds lat.de kBiblioth.
pables. Les Remontrances et les Ha- nat. N° 459. On rencontre des poésies
rangues de L'Hospital ne sont rien de L'Hospital dans différents autres re-
moins que des discours académiques. cueils de mss. et entre autres, Ibid.
Ce sont plutôt les entretiens familiers N° 1273, N° 2168, etc. Les OEuvres
d'un philosophe. Ils abondent en rap- de L'Hospital ont été publiées pour
prochemens ingénieux. On sent à leur la première fois par M. Dufey (Paris,
lecture que l'orateur était nourri de 1824-6, 5 vol. in-8°), qui les a fait
tout ce qu'il y a de beau dans les lettres précéder d'une ample notice.Elles
et dans les sciences. com-
prennent les Harangues et Remontran-
De son mariage avec Marie Morin, les six livres d'Epîtres suivis d'E-.
ces, 1
L'Hospital ne laissa qu'une fille, MA- pitaphes, le Mémoire adressé Char-
à
LIIO — 83 — LHO
les IX, le Traité de la réformation de d'exciter Henri IV à déclarer la guerre
la justice et le Testament, le tout col- à l'Espagne. Cet écrit, qui parut sous
lationné sur les mss. que possède le voile de l'anonyme, donna lieu à
la Bibl. nat. On trouve, en outre, à la une vive guerre de pamphlets, qui
mêmeBibl., un certain nombre de piè- dura plusieurs années. Prosper Mar-
ces qui n'ont pas été publiées.Nous ci- chand donne,dans son Dictionnaire, la
terons, entre autres, d'après Montfau- liste de ces publications qui n'ont de
con, un Mémoire touchant Namur et valeur que pour les bibliomanes. Au
la Lorraine, autogr., S. Germain, jugement de L'Estoile, Le soldat fran-
N° 964; Mémoirespour les droits de çais est le vrai discours d'un soldat bra-
la Couronne de France et ses pré- vache et gascon, mais ayant de belles
tentions des- royaumes et répu- pointes etrençontresà la mode du pays.
bliques de la Chrestienté, Ibid., H. L'Avant - Victorieux, Orthez,
N° 315; Mémoires recueillis par 4 609;Orthez etBordeaux,1610,in-8°.
L'Hospital des droits des rois de 111. La Navarre en deuil, Orthez,
France an duché de Bar, Ibid., 1610; [Rouen] 1614, in-12.
N° 966 ; Mémoire concernant le Nous devrions peut-être ajouter à ('if.
Béarn,.Bibl.'. Coesl., N" 53. Dans ces trois ouvrages," les Discours phi-
cette dernière collection sous le losophiques esquels est traité de l'es-
,
N° 1329, se lit un Inventaire des titres sence de l'âme et de la vertu morale,
et papiers trouvés en la maison du publiés à Paris, 1579, in-8°, par un
chancelier de L'Hospital. Au rapport Pierre de L'Hostal; mais cet écrivain
de M. Dufey, ces papiers auraient péri est-il identique avec le sieur de Ro-
dans l'incendie du château de Baugé. quebonne ?
Il paraît que L'Hospital avait écrit une Le nom de L'Hostal se trouve quel-
ample histoire de son chancellariat, quefois écrit Lostal,L' Hostauel Lous-
Iuculentissimam historiam, à ce que teau, d'où nous nous croyons suffisam-
nous apprend J.-J. Boissard. C'est sans ment autorisé à conclure quele ministre
doute de ce livre que parleVarillas (d'a- protestant Pierre de Losteau était de
près Tessier) lorsqu'il dit que le chan- la même famille quele vice-chancelier
celier de L'Hospital dans sa retraite de Navarre.
avait entrepris d'écrire en latin l'His- Après la retraite de Geoffroy Brun
toire de son lents, « d'un stile plus et celle de Nicolas Folion, qui l'avait
approchant de celui de Saluste que de remplacé et qui avait dû fuir à son, .
celui de Tite - Live, » mais que la tour devant les poursuites du parle-
crainte d'être enlevé à tout moment ment de Toulouse, Pierre de Losteau
l'empêcha de le continuer. fut envoyé de Genève pour desser-
L'HOSTAL (PIERRE DE) , sieur de vir l'église déjà nombreuse de Cas-
Roquebonne, Sendos et Maveor, gen- tres. Il arriva dans cette ville au mois
tilhomme béarnais, vice-chancelier de de février ou de mars 1561 et le 18
Navarre, est auteur de trois ouvrages ,
avril suivant, il prêcha pour lapremière
qui, depuis longtemps sont à juste fois en publie, à l'instar de son col-
titre tombés dans l'oubli., Rien de plus lègue Barthe; mais il ne tarda pas à
insupportable que les fades louanges, quitter Castres, à ce que nous apprend
-
les ridicules gasconnades, les hyper- Gâches, et nous ne le retrouvons qu'eu
boles outrées dont -ces trois volumes 4 569.11 exerçait alors son ministère à
abondent, si ce n'est le style pompeux, Lembeye daDS le Béarn. Arrêté par les
recherché, presque inintelligible, dans Catholiquesrévoltés contreleur souve-
.lequel ils sont écrits. En voici les ti- raine, avec Matthieu de Bedat, Jac<-
tres : ques Benange 'de Taron et Thomas
l.Le soldat françois, 1604, in-12 ; Dublancq, diacre de l'église, ils.furent
1606, in-8°,-~ Le but de l'auteur était tous quatre étranglés à Pau, dans la
LHO — 84 — LHO
semaine de Pâques, et traînés à la ri- province ferait cesser ces persécutions.
vière. Du Gravier eut le courage de se rendre
L'HOUMEAU (MATHÏÏIUN), un des en personne auprès de lui, afin d'im-
plus actifs et des plus intrépides apô- plorer sa protection. Le duc d'Etampes
tres de la Réforme en Bretagne, était l'écouta favorablement; mais il ne prit
originaire du Coudray, dans le Poitou. aucune ^mesure énergique pour répri-
Envoyé à Rennes par l'église de Paris, mer le fanatisme du peuple, en sorte
en 1559, pour soulager Le Gendre, dit que l'état des Réformés n'éprouva pas
Du Fossé, dans la conduite de l'église d'amélioration sensible.
de cette ville, il prit, selon l'usage, un En 1560, Du Gravier assista au sy-
nom de guerre, celui de Du Vivier, node de Caen, la Bretagne ne formant
qu'il changea plus tard en celui de Du alors qu'une province ecclésiastique
GRAVIER sous lequel il est surtout
, avec la Normandie. Eu 4 561 , il prit
connu. fut installé à Bouzillé et en-
Il part de nouveau aux travaux du synode
tra en fonctions le jour du mardi-gras de Châteaubriant; puis, en 4 563, à
1559. Peu de temps après, son col- ceux du synode de La Roche-Bernard,
lègue étant parti pour Paris, il resta qui l'élut secrétaire et le chargea de
seul chargé de la direction spirituelle composer une histoire de la Réforma-
des églises de Rennes et de Vitré. Il tion en Bretagne. Il a laissé sur ce su-
obtint des succès remarquables, non- jet des Mémoires dont Taillandier a fait
seulement parmi le peuple, mais mê- usage ; mais ils sont incomplets, une
me parmi la noblesse. Le 10 mai 1559, partie eu ayant été détruite vraisembla-
il baptisa la fille du comte de Maure (1 ), blement dans le pillage de la biblio-
et la même année, celle du sieur de La thèque de notre pasteur, en 4 585.
Maignanne. Bientôt il eut, à son tour, A la Saint-Barthélémy, Du Gravier
besoin d'un aide. Sur la demande de fut assez heureux pour échapper aux
l'église de Rennes, on lui adjoignit le massacres: il ne retourna dans son
Batteur, dit Dubois, natif du Mans église de Rennes qu'en 1579. En 1583,
dont le frère aîné exerçait les fonctions, il fut appelé à présider un synode pro-
pastorales à Orléans, et qui fut plus vincial qui se tint à Josselin et auquel
spécialement attaché à l'église de Vi- assistèrent Merlin, ministre de Vitré,
tré. A cette époque, les sectateurs de Guineau, ministre de Sion Domini-
la Réforme à Rennes même étaient au ,
que Du Grie, ministre deMorlaix, ap-
nombre d'une soixantaine. Parmi eux, pelé Des Grie dans une lisle de pas-
on cite l'ancien Biard, le médecin teurs réfugiés en Angleterre à la St-
Melot, l'ancien Escouflart, sieur de Barthélemy, laquelle se conserve dans
Mesmenier, le tailleur Michel Cerisier, les Archives de M. Henri Tronchiu, à
l'apothicaire Alain Levesque, le sieur Lavigny, Claude Charretier, ministre
Du Claray, qui tous furent en butte de Ploërmel, Perruquet, ministre du
aux violences des Catholiques. Les Croisic, Lonveau, ministre de La Ro-
deux ministres durent aussi fuir plus che-Bernard, qui remplit les fonctions
d'une fois devant les actives poursuites de secrétaire, et Cherpont, ministre de
de leurs ennemis, et aller chercher un La Garuache. C'est la dernière fois que
asiledansles châteaux AeDuBordage, nous ayons rencontré le nom de Ma-
de LaMaigna/nne, AeLaCorbonnaye. thurin L'Houmeau, dit Du. Gravier, qui
Dans l'espoir que le gouverneur de la mourut en 1599; mais Arcère par-
(1) Claude de Maure avait épousé Fran-
le d'un Samuel Loumeau ou Loum-
çoise de Pompadûur. Il entretenait, en 1B62, meau, qui, après avoir exercé quelque
dans 'son château, une église desservie par temps la profession de médecin, l'a-
Etienne Laijet, que le synode de Ploërmel bandonna pour se faire ministre el as-
interdit. Il avait déjà deux (ils. Sa fille,
nommée Jeanne, épousa Charles de Mansfeld. sista, comme pasteur de l'église de La
Il mourut en 1504, âgé de 46 ans. Rochelle, au Synode national de Vitré,
LHU
— 85 — LHU
en 4647. Serait-il le fils de notre Du L'année suivante, L'Huillier obtint,
Gravier ? Rien ne s'oppose à cette hy- ainsi que son fils, les droits de bour-
pothèse. Ajoutons que Samuel Lou- geoisie dans sa patrie d'adoption. Ce
meau, pour qui Du Plessis-Mornay fils, nommé GUILLAUME, s'appliqua à
professaitune haute estime, etquimou- l'étude de la théologie et fut donné
rut en 1637, avait un fils, nommé pour pasteur à l'église de Castelnau
PiERRE,qui, à Page de dix ans, était, au en Périgord. A la Saint-Barthélémy, il
rapport de Colomiès, un prodige par parvint à se sauver à Genève; mais il
sa profonde connaissance de la langue paraît que plus tard, il retourna en
hébraïque. Guienne où un Luillier ou L'Huillier
Une famille protestante de la Sain- exerçait encore les fonctions pastora-
touge portait un nom presque identi- les au commencement du xvn" siècle
que. Nous avons parlé ailleurs ( Voy.y], (Voy. Pièces justif. N° LXVI1).
p. 555), de Jean de Lommeau, qui fut, Plusieurs réfugiés français du nom
en 1560,député par ses coreligionnai- de L'Huillier allèrent, pendant les per-
res à Burie pour lui présenter des re- sécutions, chercher un asile en Suisse.
montrances au sujet du commandement A l'époque de la révocation de l'édit
qu'illeuravaitdonnéde cesser leurs as- de Nantes, Jacques L'Huillier se re-
semblées. Une trentaine d'années plus tira à Zurich et s'y établit avec sa
tard, l'histoire de nos guerres civiles femme et huit enfants (Mss. de Berne,
fait mention d'un capitaine L'Hom- Hist.helv.VII, 9), et Abraham L'Huil-
meau qui-servit, en 1587, au siège de lier, marchand de Maçon, se réfugia à
Fontenay-le-Comte; en 1588, à la re- Vevay avec sa femme Jeanne Belot^k-
prise de Maraus, et qui défendit vail- prèscinqousix années d'exil, Abraham
lamment Les Herbiers contre Mercoeur. L'Huillier éprouva le désir de revoir son
Cette famille resta fidèle à la foi pro- pays natal etsonfils Guillaume qui s'é-
testante, mêmeaprès la révocation. En tait converti. Il rentra donc en France,
4 720, sur un faux bruit que le pasteur en 4 691, mais il fut arrêté et jeté en
du désert Berthelot avait été arrêté, prison (Arch. gén. M. 675). A Genève
quelques Protestants, au nombre des- aussi, Daniel L'Huillier obtint, en
quels figurent un Louis et un Jacques 1699, les droits de bourgeoisie, en mê-
L'Hommeau, conçurent le projet de le me temps que son fils ABRAHAM,-son
délivrer. Ils furent tous arrêtés et mis frère Jacob-Philippe,orfèvre deMacon,
en jugement. Louis L'Hommeau fut et ses neveux Jean-Henri, Jacob, Lau-
condamné aux galères, ainsi quePierre rent et Théodore.
Salle, Jean Terrasson et Jacques Du C'est sans doute de cette dernière fa-
Breuil ; mais il parait qu'il y eut com- mille que descendait le savant mathé-
mutationde peine, cesnomsne se trou- maticien Simon Lhuilier, qui naquit à
vant pas dans les nombreuses listes de Genève en 1650, et était fils,selon Sé-
galériens qui ont passé sous nos yeux. nebier, d'un Laurent Lhuilier.Elève de
Par la même sentence Jacques Jon- Le Sage, membre de la Société dePo-
,
chère fut banni, tandis que Jacques logne.pour l'éducation et de plusieurs
Salle et Jacques L'Hommeau ne furent corps littéraires, correspondant.del'A-
condamnés qu'à la prison (Arch. gén. cadémie dePétersbourgetprofesseur de
E. 3406). mathématiques à Genève, Simon Lhui-
L'HKJILLJER (ETIENNE), deBour- lier a mis au jour quelques ouvrages,
ges, réfugié à Genève. On lit dans le dont nous nous contenterons de donner
Journal de Glaumeau: «En 1556, le 17* les titres.
jour denov.partitde cette ville deBour- 1. Arithmétique pour les écoles
ges ung nommé Eslienne Lulier, bour- palatinales, Varsovie, 1778, in-8°.—
geois, avec sa femme, enfans et fa- Ouvrage couronné par la Société de
mille, cl s'en alla demorer à Genève. » Pologne pour l'éducation.
LHU 86 LHU
II. De relationemutuâcapacitatis^ élevées contre la gravitation newto'
et terminorum figurarum geometricè nienne ; (4 785) : Examen du mémoire
considérait, seu de maximis et mi- l'on se
sur les poids et mesures où étalons
nimis, pars I elementaria, Varsov., propose lemoyen d'avoir des
1782, in-4°. — La suite n'a pas paru. ou modèles de mesures et de poids
•{. III. Exposition élémentaire des
qui soient réglés par des principes
principes des calculs supérieurs, certains et invariables ; (1786-87) :
Berlin, 1787, in-4°. — Ouvrage cou- Théorie des solides piano-superfi-
ronné, en 1786, par l'Acad. deBerlin. ciels ; (1788-89) : Srirla décompo-
y IV. Polygonométrieet abrégé d'i- sition en facteurs de la somme et de
sopérimétrieélémentaire,Geia..1lll89,
,
la différence de deux ptrissances à
in-4°. exposants quelconques de la base
V. Examen du mode d'élection dés logarithmes hyperboliques, dans
proposé à la Convention nationale le hit de dégager cette décomposi-
en fév'. 1793, et adopté à Genève, tion de toute idée de l'infini; (1796) :
Gen., 1794, in-8°. Solution algébrique du problème
VI. Principiornm calculi diffe- suivoAit : A un cercle donné inscrire
rentialis et integralis expositio ele- un polygone dont les côtés passent
mentaris, Tubing, 1,795, in-4". par des points donnés ; Sur les pro-
Vil. Précis d'arithmétique à l'u- babilités ; Mémoire sur l'art d'esti-
sage des écoles primaires, Gen., mer la probabilité des causes par les
4797, in-12. effets ; Remarques sur l'utilité et
VIII. De la corrélation des figures l'étendue du principe par lequel on
de géométrie, Gen., 1 SOI, in-8". estime la probabilité des causes'^,
>" IX. Elémens raisonnes d'algèbre, (4 797) : Mémoire sur Vapplication
Gen. et Paris, 1804, 2 vol. in-8°. du calcul des probabilités à la va-
X. Elémens d'analyse géométri- leur du témoignage.
que et d'analyse algébrique,' appli- -L'HUILLIER (THÉODORE), sieur
qués à la recherche des lieux géo- de CHALANDOS, fils de Jean, sieur de
métriques, Gen. et Paris, 1809, in-4°, Cbalandos, et de Catherine Bochart de
avec figg. Champigny, gentilhomme ordinaire
Lhuilier a été un actif collaborateur de la chambre des rois Henri IV et
de plusieurs recueils périodiques. 11 a Louis XIII, capitaine d'une compagnie
publié dans les Mémoires de l'Acad. d'hommes d'armes de leurs ordonnan-
de Berlin (17S1) : Mémoire sur lemi- ces, est peut-être identique avec « Mai-
nimum de cire des alvéoles des a- son/leur, dit L'Huillier, que La Po-
beilles ; — dans.les Mémoires de l'In - pelinière qualifie de Parisien, et qui
stitut de France, classe demathém. et alla en Hollande avec Lorge, Payet,
de physique (T. I) : Théorèmes de Cateville, etc. après la retraite de la
polyhédrométrie ; — dans les Mém. flotte conduite par Montgommery au
de l'Acad. des sciences de Pétersbourg secours de La Rochelle, en 4 563. Une
(T. IV) : Démonstration immédiate famille de ce nom habitait effective-
d'un théorème fondamental d'Evier ment Paris et quelques-uns de ses
sur les polyèdres et exceptions dont membres avaient embrassé lé protes-
ce théorème est susceptible ; — dans tantisme, puisqu'eni 625, JeanL'Huil-
les Transâct. philos. (1796) : Elemen- lier, bourgeois de Paris, épousa dans
tary manner of obtaining the séries le temple de Charenton, Anne Rai-
by which are expressed exponential mond, veuve de Jean Grénon, mi-
quanlities and the trigonométrie nistre de Laval. Quoi qu'il en soit,
fonctions of circular arcs ; — enfin Théodore L'Huillier prit, pour femme,
dans le Journal, encyclopéd. (4 773) : en 1591, Esther Guichard, fille de
Lettre en réponse aux objections Jean Guichard, sieur de Paire, et de
LIB — 87 — LIG
Marie dé Bourbon-Lavedan. Il en Enflammé du désir de marcher sur ses
eutdeuxfils, nommés CÉSAnet ALEXAN- traces, au lieu de poursuivre sa route
DRE. César, sieur de Chalandos, se ma- vers Paris, il alla trouver à Morat le
ria, en 4 631, avec Judith d'Anzy, réformateur, qui le chargea d'y con-
qui le rendit père de plusieurs enfants. tinuer son oeuvre. Plus tard, Fabri fut
Son fils ALEXANDRE assista encore, en donné pour collègue à Marcourt,Aa.ns
.4 681, au synode de Lisy; mais à la l'église de Neuchâtel. Farel l'appela
révocation il abjura entre les mains ensuite à Genève. Placé comme pas-
,
de l'aumonierduroi, comme l'annonce teur à Thonon, il y resta dix ans,
le Mercure du mois de déc. 4 685. Se- s'acquiltant de ses fonctions avec un
lon le rapport de l'intendant de Picar- grand zèle, puis il retourna à Neu-
die, il « était parfaitement converti » châtel, mais en 1562, Farel l'emmena
en 169S. L'intendant ne pouvait ren- avec lui dans le Dauphiné. Comme il
dre un aussi bon témoignage de sa mère avait l'intention de s'y établir, il partit
.

elde ses soeurs.Aussi ces dernières fu- avec sa femme et ses enfants, et se fixa
rent-elles enlevées, l'année suivante, à Vienne. Lorsque Nemours s'approcha
avec les demoiselles de Neuville et de cette ville, il essaya de s'enfuir,
enfermées aux Nouvelles-Catholi- mais il fut pris et cruellement maltraité.
ques de Paris (Arch. gén. E. 3385). Cependant il finit par recouvrer la li-
Leur constance ne se démentant pas, berté et fut donné pour ministre à l'é-
on les transféra, en 4701, au châ- glise de Lyon, où nous le trouvons, en
teau de Saumur ( Ibid. E. 3387), où 1564, collègue du célèbre Pierre Vi-
elles eurent à subir une si dure déten- ret, de Jacques Langlois, ancien pas-
tion que l'une d'elles devint folle. Sa teur des églises de Poitiers (en 1557)
Majesté eut la charité de la faire trans- et de Lausanne, et une des premières
porter à ses frais dans une maison d'a- victimes de la Saint-Barthélémyà Lyon,
liénés ( Ibid. E. 3552 ). Une autre de David Chaillet ou Chalier, de
soeur,MARiE, quiavail épousé, en! 66i:, La Roche, dit Boulier, natif de Laune
Louis Prévost, sieur de Gagemon, en Bourgogne, qui avait desservi l'é-
n'eut pas moins à souffrir de la persé- glise de Vandoeuvre en Genevois, avant
cution. Quant au fils cadet de Théodore d'être envoyé à Lyon, en 4 562 (Arch.
L'Huillier, il portait le titre de sieur de la Comp. des pasteurs, Reg. B),
de Breville ou du Breuil, et épousa, en de Jacques Dieu, et de Jacques Aubert
1651, Marie de La Planche, fille.de (Arch. de Genève, N° 1776). Fabri
Philippe, sieur de Villiers, et de Ju- restait Lyon jusqu'à la mort de Farel,
dith de Lauberah (Reg. de Charent.). à qui il succéda dans l'église de Neu-
De ce mariage naquit un fils, nom- châtel (MSS. ,de Genève, N° 147). —
mé PHILIPPE-ALEXANDRE, qui fut assez Quelques années plus tard, eu 1580,
heureux pour se sauver en Hollande l'église de Mens avait pour ministre un
avec sa soeur. Ils habitaient l'un et nommé Fabri, qui révéla à Lesdi-
l'autre La Haye en 1686 (Arch. de guières une conspiration « des Désu-
l'église wallonne de La Haye). nis » contre sa vie ; peut-être était-il
LIBERTAT (CHRISTOPHE), dit FA- un des enfants de Libertat.
BRI, de Vienne en Dauphiné. Libertat, LIGARRAGUE (JEAN DE) , de Bris-
qui se destinait à la carrière médicale, cous en Béarn, ministre deLa Bastide-
commeuça ses études à Montpellier;. de-Clarence (1),fort estimé de Jeanne
mais la peste de 1531 l'ayant chasse (1) De Thou raconte que Liçarraguc prê-
de cette ville, il se décida à venir les chait dans l'église où les Catholiques célé-
braient leur culte, et que les deux religions
terminer à Paris. A son passageà Lyon, vivaient en parfaite harmonie. Ce trait fait
il entendit parler des succès étonnants honneur a la fois aux pasteurs et aux trou-
que la prédication de son compatriote les peaux, et il répond péremptoirement 'atomes
déclamations sur l'état d'oppression des
Farel obtenait dans la Suisse romande. Calholiqucs dans le Béarn.
LIG 88 — LIG
d'Albret, qui le délivra d'une affreuse typographiques formés à Mayence, peu
prison où il avait été jeté pour cause de temps après les leurs, il passe à l'in-
de religion, et à qui il dédia, par recon- troduction de l'imprimerie dans divers
naissance, sa traduclion duN.-T. en lan- pays. On y trouve des détails intéres-
basque. Cette traduction, dont les sants sur différents imprimeurs. ». Les
gue
exemplaires sont excessivementrares, plus récentes découvertes tendent à
fut imprimée aux frais de la reine de confirmer l'opinion de Lichtenberger.
Navarre, par Pierre Hanltin, sous ce H. Ejusd. libri Appendix, de In-
titre : Jésus Christ gure Jaunaren
.dulgentiarum litteris Nicolai VP:
Testamentw berria, La Roch., 1571, M. pro regno Cypri, impressis a.
in-8°. Le dialecte dont Liçarrague s'est M.CGCC.LIV,etc.,Ibid., 4 816,in-4°
servi est celui de la Basse-Navarre.La de 4 6 pp. — L'auteur soutient, contre
traduction, qui se fait remarquer par l'opinion de la plupart des bibliogra-
une grande fidélité, est suivie d'un Ad-
,
phes, que ces indulgences de NicolasV
vertissement à ceux qui ne savent pas ont été imprimées dès 1454.
le basque sur la manière de lire cette III. Geschichte der Erfindung der
langue et de quelques autres pièces Buchdrmherknnstznr Ehrenrettung
en langue basque. Les chapitres sont Straszburgs, etc., mit einem Vor-
précédés d'arguments et de sommaires. berichte von J. G. Schmigheuser,
Alafin du volume, on trouvetrois tables, Strasb., 1824, in-8°; traduit et publié
deux des noms et des mots hébreux et par l'auteur sous ce titre : Histoire de
grecs qui serenconlrent dans le N.-'T., l'invention de l'imprimerie, pour
avec leur explication ; la 3°, fort am- servir de défense à la ville de Stras-
ple, des matières.Ces tables sont elles- bourg contre les prétentions de Har-
mêmes suivies des Prières ecclésias- lem, etc.,Strasb. et Paris, 1825,in-8",
tiques, du Catéchisme et de la Confes- avec portraits et 8 planch. gravées en
sion de foi. Quant à l'exécution typo- bois.
graphique, ce volume est un véritable LICQUES (DAVID DE), gentilhom-
chef-d'oeuvre. On en a détaché et réim- me de Du Plessis-Mornay, qui l'avait
primé à Bayonne, en 1825, l'Evangile «nourryetfaçonnéprèsdedouzeans,»
selon St-Matthieu,mais en rajeunissant était, selon toute probabilité, &\s A'An-
le style et en l'appropriant au dialecte toine de Licques, pasteur de l'église
labourtain. réformée de Dieppe ( Voy. III, p.-227).
LÎCBTENBERGER (JEAN-FRÉ- Il avait deux frères, dont l'un remplis-
DÉRIC),professeurau gymnase de Stras- sait, en 1615, les fonctions du minis-
bourg, né dans cette ville, le 3 déc. tère sacré à Caen, et dont l'autre était,
4 743, et mort, le 6 nov. 1831. On lui à la même époque, au service du cé-
doit des travauxtrès estimables sur l'his- lèbre gouverneur de Saumur. On attri-
toire de l'invention de l'imprimerie. bue généralement à D. de Licques
1. Initia typographica, opus cele- VHistoire de la vie de messire Phi-
berr. Schoepflini Vindicias typogra- lippes de Momay, seigneur du Ples-
phicas elucubrans, nec non earum sis-Marly, contenant, outre la re-
continualionem offerens, Argenlor., lation de plusieurs évènemens nota-
1811, in-4-o.—«L'auteur, ditM.Pei- bles en V'Estât, en l'Eglise, es Cours
gnot, ne présente pas un nouveau sys- et es Armées, divers Advis politi-
tème : il développe celui qui est assez .
ques, ecclésiastiqs et militaires sur
généralement adopté maintenant, que beaucoup de mouvemens importans
les premiers essais ont été faits à Stras- de l'Europe ; soubs Henry III, Hen-
bourg et perfectionnés à Mayence. Il ry IVet Louis XIII, Leyde, Elsevier,
rejette la fable de Harlem. Après avoir 1647, in-4°. Il est certain que Lic-
parlé des travaux de Guttemherg, dé
ques a travaillé à cet ouvrage, qui n'est
Faust,deSchoeffer,ct des établissements autre chose, à proprement parler, que
LIE 89 LIE
les Mémoires de M"" de Mornay (Char- taient à pareil spectacle. Ainsi à Uzès,
lotte Arbaleste) sur lavie de son mari, les supérieures de la maison des Nou-
éclaircis, complétés par des pièces au- velles-Catholiques s'étant plaintes de
thentiques et continués depuis 1606 ; la « rébellion » de quelques jeunes
mais comme il mourut à Loudun, le filles huguenottes qui refusaient de se
30 avril 1616, et que le récit s'étend convertir, on les condamna à recevoir
jusqu'à la mort de Mornay, c'est-à- le fouet de la main de ces fausses dé-
dire jusqu'à la fin de 4 623, il est clair votes, en présence du major du régi-
que le livre n'est pas sorti tout entier ment de Vivonne et du juge de la ville.
de sa plume. Les dernières années de Il y avait huit coupables. Les noms de
la vie de l'illustre vieillard 'ont été ra-. six sont arrivés jusqu'à nous; ce soDt
contées par Jean Daillé, son ministre. ceux A'Isabeau Chamand, A'Anne
On a encore de David de Licques une Roux, de Jeanne Brade, et des trois
traduction latine de-la Réponse de filles de Martin Cardier, de Roux et
Mornay au livre de l'évêque d'Evreux de Meynier. La plus jeune avait huit
sur la conférence tenue à Fontaine- ans, la plus âgée en avait 23 !
bleau,^ Hanau, 5 607, in-4°. Nous avons tiré ce que nous venons
LIÈGE, apothicaireàSaint-Maixent de raconter de la constance de Liège,
et ancien de l'église de celte ville, d'un ouvrage anonyme intitulé Lettre
confesseur du Poitou. Seul des Pro- d'un protestant de France réfugié.à
testants de Saint-Maixent, Liège était Londres à un autreprotestant de ses
resté debout au milieu des persécutions amis réfugié à Dantsic, 1686, in-12.
qui précédèrent dans cette province la L'auteur garantit l'authenticité dès faits
révocation de l'édit de Nantes. Une qu'il rapporte,soit pour en avoir été té-
pareille résistance aux ordres du grand moin oculaire,soit pour letenirde gens
roi méritait un châtiment exemplaire. dignes de foi. Nous profiterons de celte
Le trop fameux Basville, alors inten- occasion pour donnerune idée des atro-
dant du Poitou, accabla de dragons l'o- cités qui furent commises dans le Poitou
piniâtre huguenot. Liège supporta avec pendant les dragonnades, atrocités qui
une résignation chrétienne les mauvais se renouvelèrent dans toutes les pro-
traitements des convertisseurs bottés. vinces avec des circonstances plus ou
Ceux-cis'indignantàlafindenepouvoir moins horribles, selon le génie inven-
vaincre uneaussi honorable constance, tif des bourreaux. A La Mothe-Saint-
s'imaginèrent de le suspendre lui et sa Héraye, Desrez, pour échapper à ses
femme par-dessous les aisselles, et s'a- - persécuteurs, ayant sauté du haut d'un
musèrent longtemps à faire heurter mur et s'étaDl cassé la cuisse, les dra-
l'un contre l'autre les corps de ces gons le pendirent par l'autre jambe la
deux vieillards. Ce supplice n'ayant tête en bas. A Niort, un richetanneur,
pas ébranlé leur fermeté, les dragons nommé Tristan, eut à loger plus de
nouèrent autour du cou de Liège une cent dragons en trois semaines. Il resta
serviette à chaque bout de laquelle ils ferme dans sa foi. Les dragons l'at-
suspendirent un seau plein d'eau ; tachèrent alors par les orteils, et le
puis, lorsque la strangulation força firent traîner par leurs chevaux ; ils
leur victime à tirer la langue, ils se di- lui labourèrent le corps à coups d'é-
vertirent à la lui piquer à coups d'é- peron, le placèrent nu sur un cheval
pingles. Liège finit par succomber à ce et le promenèrent en cet état par la
martyre. Cependant ses filles, entraî- ville, à la grande joie des bons Catho-
nées dans une chambre voisine, étaient liques. Dans la même ville, Boursaut.
battues de verges jusqu'au sang. Ce marchand de fer, âgé d'une soixantaine
dernier genre de supplice souriait sur- d'années, fut accusé d'avoir médit de
tout aux convertisseurs bottés ou non la Vierge, il y avait quatre ans. Il fut
bottés; les juges eux-mêmes se délec- condamné à faire amende honorable,
LIE — 90 LIE
à avoir la langue percée d'Un fer rouge après et fut enfermé à Pierre-Encise,
et à être banni -de la province (1). d'où on le transféra, en 1695, dans le
Perrot, autre marchand de Niort, fut château de Saumur (Arch. gén. E.
jeté en prison sous l'accusation d'avoir 3381). En1700, comme il était «plus
prêché dans une assemblée tenue dans opiniâtre que jamais, » on l'envoya au
le bois de Chamillard. Au bout de deux château de Nantes (Ibid. E. 3386) ;
mois il fallut le relâcher 'faute de en 4701, on le mit dans les prisons de
, mais créanciers avaient Poitiers (Ibid. E. 3387). Il paraît
preuves ; ses
profité de sa détention pour faire ven- qu'il renia une fois encore sa croyance
dre ses biens à vil prix et le réduire à et qu'une fois encore, le remords le
la misère. Dans un village des environs ramena à l'Evangile, puisqu'en 1703,
de Niort, Fontaine fut pendu par les il fut de nouveau emprisonné dans le
bras, enfumé avec du tabac, et on lui château de Saumur (Ibid. E. 3389).
brûla les doigts à la flamme d'une Le sieur de Villeneuve-Foucaud,chi-
chandelle, après quoi il fut jeté dans rurgien, fut traité avec non moins de
un cachot où il mourut de froid et de barbarie. Après avoir passé plusieurs
faim. Françoise Aubin, du même vil- mois dans les prisons de Fontenay et
lage, subit un supplice non moins atro- de La Châtèigneraye, il fut conduit,
ce. On lui broya les doigts avec des par ordre de l'intendant Foucauld, à
tenailles,on la suspendit par les aissel- l'abbaye de La Fosselière, où existait
les, on la força à aspirer des bouffées une fosse dans laquelle on jetait les
de tabac et de soufre, puis on la lia par immondices du couvent et les entrailles
les jambes à la queue d'un cheval qui la des animaux tués pour la nourriture
traîna à travers un feu de fagots- Sa des moines. On lui lia les pieds et les
constance ne se démentit pas, non mains et on le suspendit au-dessus de
plus que celle de son frère. A Moncou- ce trou infect. Après lui avoir fait subir
tant, les dragons irrités de ce que la encore d'autres tortures, on finit par
fille d'un sieur Germain, vieillard d'une l'enchaîner dans un cachot en face d'un
soixantaine d'années qu'ils torturaient, pain que sa chaîne ne lui permettait pas
l'exhortait à la persévérance, ils la d'atteindre.Dans la même prison crou-
saisirent, lui frottèrent les jambes de pit pendant plus de quinzejours sur la
graisse, en imbibèrent ses bas, les paille le sieur de La Largère, qu'on
couvrirent d'étoupes et y mirent le feu. transporta ensuite à Oléron, lorsqu'onse
Garnau fut traité à peu près de même. fut convaincu que les torturesn'ébranle-
La Moussaye le conduisit chez l'in- raienl pas sa foi.APoitiers, l'avocat/»-
tendant qui, à l'aspect de ce malheu- grand, « de qui la sage conduite, lapiété
reux mutilé, se montra ému; mais-toute et le zèle ne se pouvaient assez louer,»
la justice qu'il en fit, fut de mettre des fut séparé de toute sa famille, qui fut
garnisaires chez La Moussaye. De Ga- dispersée dans différents couvents.11fut
gemon, gentilhomme des environs de jeté lui-même dans un cachot à Mont-
Melle, dont on admirait la piété exem- morillon, cachot si bas qu'il lui était
plaire, fut ruiné par les dragons, et impossible de s'y tenir debout. On l'y
après avoir été traîné pendantquelques laissa quelques mois, puis on le trans-
mois de prison en prison, il fut enfin féra dans le couvent des Cordeliers de
jeté dans les affreux cachots du châ- Poitiers. A Roman près de Saint-
teau de Bougouin,où il eut tant à souf- Maixenl, un paysan , nommé VEcalé
frir que sa constance finitpar succomber. fut traité d'une manière plus
encore
Il se releva pourtant quelques années atroce par le curé de son village,.qui
lui fit appliquer sur le cou et les mains
(1) Encore fut-il heureux d'en être quilte pellerougie aufeu.
si bon marché. En 1663,
une Saiïïle Louise,
a le parlement de âgée de 17 ans, fut forcée d'assister à
Grenoble avait fait pendre Trouillon de Mon-
lélimart pour le même crime. cet horrible spectacle et fut ensuite
,
LIE — 91 — LIG
pendue par les pieds. Après quinze genoux, la tête nue, un flambeau ar-
jours de tortures, le père fut traîné dent à la main. Il fallut employer la
dans la prison de Saint-.Maixent ; et la violence pour exécuter cette ridicule
fille envoyée dans un couvent de Saint- sentence.. Ses ennemis espéraient que
Quentin. Rien ne pouvant vaincre sa la honte le déciderait enfin à s'éloi-
constance, on la chassa de France au gner : il n'en fut rien, et pendant neuf
bout de deux ans. On sait que les dra- années encore, Lieutaud opposa aux
gons avaient ordre de faire souffrir à persécutions une imperturbable pa-
leurs victimes toutes les douleurs que tience. Enfin, en 1669, le parlement le
l'homme peut endurer sans mourir! Ils décréta de nouveau sous prétexte de
se conformaient ordinairement à leurs récidive. Benoît ne nous apprend pas
instructions; cependant il arrivait quel- ce qu'il advint de ce nouveau procès.
quefois que, soit qu'ils fussent empor- L1GNAC, martyr. Cejeunehomme,
tés par un excès de zèle, soit qu'ils natif de Condom, avait embrassé la Ré-
eussent mal calculé les forces de leurs forme à Genève. Désirant faire parta-
patients, la victime expirait entre leurs ger à son père et à sa mère ses nou-
mains. C'est ainsi que Jacques Ryau, velles convictions, et espérant gagner
fermier des environs deTalmont, suc- quelques-uns de ses concitoyens à l'E-
comba en deux jours. 11 est vrai que les glise évangélique, il revint en France
bourreaux s'étaient surpassés. Ils lui avecun ballot de traités religieux,qu'il
avaient serréles doigts des mains avec se proposait de répandre dans sa ville
des cordes, enfoncé des épingles sous natale. Arrêté à Toulouse, en 4 553, il
les ongles, lui avaient brûlé de la pou- n'essaya pas même de dissimuler le
dre dans les oreilles, tailladéles jambes but de son voyage, et en conséquence,
et versé du sel et du vinaigre dans les il fut condamné au bûcher. Sa grande
plaies. Voilà quelques-uns des hauts jeunesse, sa constance durant le sup-
faits de nos missionnaires bottés. plice, son zèle extraordinaire pour sa
LIEUTAUD (ANTOINE), chirurgien religion émurent depitié toutlemonde,
à Aix en Provence. Lors de la peste sauf le bourreau et les juges, en sorte
,
qui sévit en cette ville en 1650, le que sa mort servit, plus que ne l'avaient
parlement ayant invitéles compagnons fait ses tentatives de propagande, les
chirurgiens à consacrer leurs soins au intérêts de la cause pour laquelle il
soulagement des malades, sous la pro- donna sa vie. '— Lignac est un de ces
messe de la maîtrise , Lieutaud , qui nombreux martyrs dont on cherche en
n'avait pu jusque-là se faire recevoir vain le nom dans le martyrologe de
maître à cause de sa religion,répondit un Crespin. Nous n'y avons pas trouvé
des premiers à cet appel et fut enfermé non plus celui de Litoy, bachelier en
dans l'infirmerie, où il tomba lui-même droit, qui, convaincu d'avoir converti
malade, en s'acquittant de ses pénibles un clerc du palais, nommé Géraud
et dangereux devoirs. Le parlement Bonnet,îxA égalementbrûléà Toulouse
tint sa promesse; mais pendant dix ans, avec son disciple.
les collègues de notre chirurgien hu- LIGONW1EK, famille protestante
guenot le tourmentèrent de toutes les de Castres, dont descendait le célèbre
manières pour le forcer à quitter la général anglais de ce nom.
ville. On finit par l'accuser.d'avoirman- Dès 1561
, nous trouvons men-
qué de respect au S. Sacrement. Sans tionné parmi les principaux habitants
tenir compte de son appela la Chambre réformés de Castres, Antoine Ligon-
de l'édit, le parlement, sur la déposi- nier, qui fut nommé, en 1567, rece-
tion d'une domestique qui l'avait volé veur des deniers publics, et revêtu, en
et contre laquelle il avait porté plainte, 1569, de la première dignité munici-
le condamna, ainsi que sa femme, à pale avec Dominique Bouffard, sieur
demander pardon au S. Sacrement, à de La Garrigue, Etienne Murattl et
LIG
LIG — 92 —
Barthélémy Nègre. Il mourut, en sans avoir été marié. Du mariage de
4 570, d'une fièvre pestilentielle qui, Louis, sieur de Monteuquet, avec Loui-
«ntre autres personnages de marque, se Du Poncet, vinrent dix enfants,
enleva le procureur du roi Melou, le dout quatre moururent en bas âge. Cinq
conseiller Cabrier et François Bouf- fils survécurent ; ils se nommaient
fard, sieur de Fiac. ABEL, JEAN-LOUIS, ANTOINE, FRANÇOIS-
La généalogie de cette famille AUGUSTE et DANIEL.
n'ayant point été dressée, que nous I. Né en 1683, Abel de Ligonnier,
sachions, il nous est impossible de dire sieur de Monteuquet, perdit son père à
si Jean Ligonnier, consul de Castres, l'âge de 13 ans. Il épousa, en 1708,
en 1584, «see Antoine Villaret, Jac- Louise Boileau-de-Castelnau, qui le
ques Boyer et Antoine Atari, était fils rendit père de six enfants. Trois mou-
d'Antoine; nous savons seulement rurent jeunes. L'aîné des survivants,
qu'il se montra bon huguenot et ma- ' CHARLES, épousa, en 1741, Jeanne-
gistrat zélé dans l'exercice de ses fonc- Marie de Poyen, qui lui donna deux
tions. C'est très vraisemblablement de fils et une fille. Le cadet, HENRI-DA-
lui que descendait Jean de Ligonnier, NIEL, fut capitaine au régiment de Tou-
né le 4 avril!578, quiacheta, en 1602, raine. Leur soeur, ANNE-LOUISE , fut
la charge de conseiller du roi, contrô- donnée en mariage, en 4 734, à Jean-
leur en la chancellerie de Montpellier, François de Saint-Jean de Turin, baron
charge qui conférait la noblesse, et très de Farac.
vraisemblablementaussi David de Li- II. Jean-Louis de Ligonuier, le cé-
gonnier, avocat à la Chambremi-partie lèbre général, naquit à Castres, le7
de Castres, et un des adversaires de nov. 4 680.11 sortit de France, non pas
Rohan, lequel mourut à Paris en1632 après la promulgation du fameux édit
(Reg. de Charent.). Selon une note de 4 724, comme on le lit dans la Bio-
qu'a bien voulu nous fournir M. Com- graphie castraise, mais en 1697. Dès
be, un des hommes le plus versés dans 1703, on levoit figurer dans l'armée
l'histoire du Castrais, Jean de Ligon- anglaise avec le grade de capitaine
nier épousa en premières noces Isa- d'infanterie; en 1704 il fut nommé
beau Du Puy, qui lui apporta en dot la ,
major. Son rare mérite lui valut dès
belle terre de Monteuquet; et en se- lors un avancement rapide.Lieutenant-
condes, Jeanne de Jouy. Du premier colonel de dragons, en 174 0, gouver-
lit sortit ABEL de Ligonnier, né le 5 neur du fort Saint-Philippe dans l'île
déc. 4 613 ; du second, JACQUES et AN- de Minorque, en 174 2, lieutenant-co-
TOINE de Ligonnier. Nous manquons de lonel de cavalerie, en 1713, colonel-
renseignements sur ces deux derniers; brigadier-général puis maréchal de
,
peut-être l'un d'eux est-il le même que camp en 1719, il fut créé en 4740,
Ligonnier de Fraisse, ancien de l'é- ,
lieutenant-général, grand-veneur d'Ir-
glise de Castres, en 1659. Quant au lande et gouverneur de Kinsale. C'est
frère aîné, Abel, qui fut confirmé daus lui qui, en 1743, lorsque George II se
sa noblesse en 1670, il pritpour femme, décida à intervenir activement dans la
en 1634, Marguerite Le Roy, fille de guerre de la succession d'Autriche, fut
Charles Le Roy, lieutenant-colonel et chargé de conduire la tête de l'armée
gouverneur de Castres. De ce mariage anglo-hanovrienne commandée par
naquirent, outre une fille, MARGUERITE, lord Stair. On sait que l'indiscipline du
qui devintlafemme A'Abel de Rotolp, duc de Grammont sauva celte armée
sieur de La Devèze, trois fils : Louis, d'une destruction presque certaine sur
qui suit ; ABEL moTt en bas âge et les bords du Mein, et procura aux An-
,
DANIEL, sieur de.Lille, qui fut tué,, en glais un triomphe inespéré. Eu récom-
1695, au siégé de Namur, capitaine de pense des services qu'il rendit dans
grenadiers au Tégiraent du Dauphin, cette occasion le roi George décora
,
LIG - 93 — LIG
Ligonnier de l'ordre du Bain sur le l'armée anglaise, s'éleva par sa bra-
champ de bataille, en même temps que voure au grade de major, et mourut,
le duc de Cumberiand, avec qui le gé- en 1767, sans postérité.
néral passa, quelque temps après, en IV. Le qualrième,François-Augus-
Angleterre, pour combattre le Pré- te, suivit, en 1710, ses frères sur la
tendant. En 1746, lit-on dans les terre étrangère. Il entra, comme cor-,
Pièces fugitives d'Aubaïs, Ligonnier nette, dans le second régiment de
commanda en chefle contingentanglais dragons, dont son frère était alors lieu-
à la bataille de Rocoux. En 1747, il tenant-colonel. Blessé à la bataille de
conlinua-à servir dans les Pays-Bas. A Dettingen, il fut créé colonel, en
la célèbre bataille de Lavffeld, il com- 1745, et alla servir en Ecosse contre
battit à la tête de la cavalerie, et se si- le Prétendant. Les services qu'il ren-
gnala par sa brillante valeur. Fait pri- dit lui méritèrent le grade de brigadier.
sonnier, il fut présenté à Louis XV qui 11 fut blessé mortellement à la bataille
accueillit avec distinction et admit à sa deFalkirk, et mourut le lendemain à
table un homme que ses intendants au- Edimbourg, laissant deux enfants, dont
raient sans aucun doute envoyé aux l'un fut lieutenant des gardes du corps
galères comme huguenot rebelle et du roi d'Angleterre.
opiniâtre s'il était tombé entré leurs V. Le dernier des cinq frères, DA-
mains ! De retour dans sa patrie adop- NIEL, sieur de Pratvieil, se convertit à
tive, en 1748, Ligonnier fut élu gou- CastrespendantleSdragohnades^rcï-.
verneur del'hôpital français(1 ), en rem- TT. 290), et entra dans l'armée fran-
placement de Jacques Gaultier, et çaise. Il mourut lieutenant de cavale-
succéda au maréchal "Wade dans le rie en 4737. Sa veuve, Susanne Alle-
poste de lieutenant-généralde l'artille- man, qui, dit-on, était née catholique,
rie. La même année il entra dans la étant tombée gravement malade quel-
,
Chambre des communes en qualité de que temps après, et ayant déclaré
représentant de la cité de Bath. Plus qu'elle voulait mourir dans la reli-
tard, il fut nommé gouverneur de Guer- gion du Christetdes apôtres, le curé
nesey. Enfin le roi d'Angleterre , qui de la paroisse s'empressa de la dé-
l'avait en estime singulière, le créa, à noncer, comme hérétique, au séné-
la fin de 1757, feld-maréchal, colonel chal de Caslres; mais elle nia le pro-
du premier régiment des gardes à pied, pos et fut mise hors de cour. Celte
vicomte Ligonnier et baron d'Ennishil- sentence exaspéra l'évêque et l'inten-
len en Irlande. Ligonnier, qui dans dant. Le substitut du procureur géné-
le cours de sa longuecarrière militaire, ral en appela au parlement de Tou-
avait assisté à 19 batailles rangées et louse. Nous ne savons comment cette
à 23 sièges sans avoir jamais reçu de affaire se termina; mais on peut s'en
blessure, mourut à Londres, le 28 avril douter à la lecture d'une lettre de
1770. En 1763, il avait obtenu le titre l'intendant Bernage annonçant d'a-
de baron, et en 1766, celui de comte vance au secrétaire d'Etat « que l'ar-
en Angleterre. Il avait pris alliance rêt que le parlement rendroit seroit
dans la famille Wellesley, et laissa une aussy avantageux à la religion que le
fille unique mariée au colonel Graham. jugement des officiers du sénéchal de
III. Le troisième fils de Louis de Li- Castres luy aurait été préjudiciable»
gonnier, Antoine, sortit de France en (Arch. M. 675).
1698 et alla rejoindre son frère en An- Nous avons dit plus haut que
gleterre. 11 prit aussi du service dans nous manquions de, renseignements
(1) On voit encore aujourd'hui dans.la sur les deux frères cadets d'Abel de
salle du Conseil de cet hôpital un portrait Ligonnier. C'est apparemment de l'un
équestre de Ligonnier en uniforme de géné-
ral. Son nom a été donné "a une des rues de ou de l'autre que descendait Louis Li-
Londres. gonnier-Du Buisson, qualifié de cou-
LIM — 94 LIM
sin du feld-maréchal dans les Pièces remarque aussi peu de philosophieque
fugitives d'Aubaïs, lequel mourut à Ge- de critique, bien accueillie néan-
nève en .1749, laissant, entre autres moins, comme le prouve la rapide
enfants, une fille mariée successive- succession de ses éditions.
ment à M. de Pismès, sieur de Saint- III.. Les Comédies de Plante, trad.
Saphorin près de Lausanne, et au che- enfranc., Amst., .1719,10 vol. in-12.
valier Shaub, diplomate suisse. La dif- —Limiers n'a trad. que 16 pièces; les
ficulté n'est pas moindre pour ratta- quatre autres, l'Amphitrion, l'Epidi-
cher à cette famille Abel Ligonnier, cus,Te Rudens et les Captifs, sont de
de Castres, qui fut inscrit, en 167-1, la traduction AeW'Dacier et de Coste.
au nombre des étudiants de l'académie Le 10"vol. contient les fragments du
de Genève, et reçu ministre « avec ap- comique latin. —Traduction peu esti-
plaudissement » au synode de Saver- mée.
dun, le 8 sept. 1678, en même temps IV. Les aventures de Télémaque,
qu'Antoine Ligonnier-de-Bonneval. nouv. édit. augm. et corrigée sur le
Ce dernier, qui était né à Castres, msc. original de l'auteur, avec des
mourut ministre à Portarlington, où il remarques pour l'intelligence de ce
desservait l'église française depuis poème allégorique, Amst., 1719, in-
4 733. Il laissa une fille unique, ANNA, 12-Les remarques ontélé réimp.(Lond.,
qui épousa, le 2S mars 4737, Jacques- 4 719, in-12) avec une Dédicace à Fré-
Louis de Vignolles. déric, petit-fils de Georges I, Ti3X Ar-
LIMIERS (HENRI-PHILIPPE), doc- mand Du Bourdieu, à qui quelques bi-
teur en droit, écrivain fécond, mais bliographes les attribuent.
sans style et sans critique, naquit en V. Abrégéchronol\del'histoirede
Hollande de parents réfugiés, et mou- . France sous les règnes de Louis XIII
rut à Utrecht en 1725. On a de lui: et de Louis XIV, pour servir de suite
I. Idée générale des études, de à celuide Mézeray,kmst,H 720, % vol.
leur
.
choix, but et règles, avec un in-12 ;Amst., C. Mortier, 1723, 2 vol.
état des bibliothèques et le plan pour in-12; 1724,in-fol,;Amst. [Trévoux],
en former une bien curieuse \et bien 1727,3 vol. in-12; 4 728, in-4° ou 3
ordonnée, Amst., Châtelain, 474 3, 3 ' vol. in-12, aug.- de la Vie de Mêzeray,
vol, in-12; réimp., Amst., 1717 et par Larroqne; 1734, 3 vol. in-12.—
1729,4 vol. in-12, avec La.science Selon le P. Lelong, cet abrégé est es-
des personnes de la cour, de l'épée'et timé pour sa sincérité.
de la robe, par Chevigny. —> Au dire VI. Histoire de Suède sous Char-
de Barbier, cet ouvrage n'est qu'une les
.
XII, Amst., 1721, 6 vol. in-12.
copie presque entière, du Traité des VII. Les Annales de la monarchie
plus belles bibliothèques de l'Europe, françoise depuis Pharamondjusqu'à
par Le Gallois, traité qui n'est lui- la majorité de Louis XV, enrichies
même qu'une traduction abrég'ée de des principales médailles qui ont
l'ouvrage du ministre J. Lomeier, De été frappées sous tous les régîtes,
Bibliothecis (2e édit., Ultraj.,1680, 8°) Amst., 1721, in-fol., selon la Biogr.
.11. Histoire de France sous le rè- univ.; 1724, in-fol.; Amst., L'Honoré,
gne de Louis XIV, où Von trouve 4725, 3 part, en 4 vol. in-fol., selon
une recherche exacte des intrigues le-P. Lelong.
de cette cour dans les principaux VIII. Histoire de l'Institut des
Etats de l'Europe, Amst., 1747, 7 sciences et des arts établi à Bolo-
vol. in-12; Amst., 1718,5 tomes en gne en 1712, Amst., 1723, in-8", a-
10 vol. in-12 ; nouv. édit. revue, cor- vec grav. — Limiers mourut mem-
rigée et augm., Amst., 1719, 12 vol. bre de cette société savante.
in-12; Amst. [Rouen], 1720, 2 vol. IX. Pierres antiques gravées
ih-4\ — Compilation prolixe, où l'on sur
lesquelles les graveurs ont mis leurs
LIN - 9b — LIN
noms, Amst., 1724, in-fol. avec figg. rent sauvées de la fureur du soldat. —
Trad. du latin de Stosch. Les Linas persistèrent dans la profes-

Selon Barbier, Limiers a été un des sion de la religion réformée. En 4 65,1,
rédacteurs de la Magna Bibliotheca un gentilhomme de ce nom, anGien de
ecclesiastica (Colon., 1734, in-fol.), l'église de Saint-Sever, assista à un
dont il n'a paru qu'un vol., compre- synode tenu à Castres (Arch. gén. TT.
nant la lettre A. Nous avons déjà dit 290). — Le vaillant défenseur de
ailleurs (Voy. III, p. 372) qu'il est Saint-Sever ne serait-il pas le fils de
l'auteur du Supplément à l'Atlas his- Jacques de Goudon, sieur de Linas,
tor. de Châtelain, et nous ajouterons qui fut tué en]l591, laissant sa femme,
qu'il a laissé en msc. une Histoire Marie de Bessière veuve avec un en-
du temps ou Mémoires de diverses fant?
cours sur les matières les plus im- LINDERN (FRANÇOIS-BALTHASAR
portantes de lapolitiqne,6vo\.m-&°. DE), né à Bouxweiler le 1" mars 4 682,
LINAS (N. DE), capitaine hugue- fit ses humanités dans le- collège de sa
not, connu dans l'histoire de nos guer- ville natale,puis il fut envoyé, en 1700,
res civiles par sa belle défense de à Strasbourg par son père, qui exerçait
Sainl-Sever, méchante bicoque à deux la profession d'apothicaire et le desti-
lieues de Viane, au mois de mai 1628. nait à lui succéder. Il s'appliqua donc
Sous le titre de La prise "de la ville de à l'étude de la pharmacie, pour laquelle
Sainct-Sevôr, par Monseigneur le il se sentait d'ailleurs peu.de goût.
Prince ; ensemble la trahison du sieur La mort de son père l'ayant laissé li-
de Linas, gentilhomme rebelle des bre de suivre son inclination, il partit
montagnes de Castres, gouverneur du- pour Iéna où il se mit à étudier la mé-
dit Saint-Sever, et le nombre'des re- decine. Des affaires de famille le rap-
belles bruslez, pendus et tuez, parut pelèrent en Alsace. Dès qu'il y eutmis
à Paris en 1628 un petit placard in-8°, ordre, il retourna à Strasbourg, où il
reproduit dans le Mercure français, où prit, le 8 mai 1708, le grade de doc-
l'on raconte que Linas fit- prévenir teur, et où il exerça son art avec suc-
Condé par le vicomte de Panât queson cès jusqu'à sa mort, arrivée le 25 avr.
intention était de .se soumettre, ruse 4755. Voici la liste de ses ouvrages,
à laquelle il eut recours pour gagner dont plusieurs sont encore estimés :
du temps et se renforcer ; qu'il « abu- I. Diss. inauguralis quâ theore-
sa du respect deuh à mondit seigneur mata quoedam medica misçellanea
le prince, » en déclarant qu'il se dé- sistuntur, Arg., 4708, in-40-.
fendrait jusqu'à la mort et en usant II. Osteologia parva germanico
« de rodomontades aussi impertinen- idiomate conflata, Arg., 1710, in-4 2.
tes qu'insolentes, » en sorte qu'on fut III. Hebammen-Frag-Biichlein,
forcé de l'assiéger, mais que « l'obsti- in-12.
nation endiablée » des assiégés re- IV. Tournefortius Alsaticus cis et
poussa les assaillants. Linas, en effet, transrhenanus, sive opusculum bo-
soutint trois assauts avec laplus grande tanicum ope cujus plantarum spe-
bravoure, et quand il se vit sur le point cies, gênera ac differentias,prepri-
de succomber, au lieu de se rendre, mis circa Argentoratum, locis in vi-
Venragé mit le feu à la ville et se re- cinis, cis et transRhenum spontl
tira « dans ce qu'ils appellent la cita- nascentes spatioque menstruo flo^
delle; » puis, à la faveur de la nuit, il rentes, tiro sub excursionibus bota-
gagna les montagnes. Le lendemain, nicis facïllimè dignoscere suoeque
la place était vide, continue le narra- memorioe nominibus imprimendis,
teur royaliste ; on n'y trouva que quel- exprincipiis Tournefortii, consnlere
ques hommes qui furent pendus et possit, Arg., 4728, in-8°,uvecplanc;
beaucoup de femmes ou de filles qui fu- réimp. avec des augm. sous ce titre;
LIN
LIN — 96
Hortus Alsaticusplantas inAlsatiâ tion. Nous sommes forcé de nous en
nobili inprimis circa Argentinam rapporter au témoignage de ses con-
spôntè provenientes, menstruo quo temporains, car il a fort peu écrit. Nous,
singnloe florent, ac florum colore, ne connaissons de lui qu'une Lettre
additis aliquibns iconibns, aeri ad à l'archevêque de Spalato, qui a été
vivum incisis, ut et aliis ad botani- imp. en latin et en angl., 1616,in-4°,
ces doctrinam rite addiscendamper- et sa correspondance avec Bongars,
tinentibus, in nsum botanophilorum qui a été publiée, comme nous l'avons
excursiones facientium conscripins, dit ailleurs (Voy. 11, p. 367). C'est à
Strasb., 4 747, in-S°. tort qu'on l'a regardé comme l'auteur
V. Spéculum Veneris noviter po- de la dissert. De idole hallensi, qui
litum, das ist neu ansgeputzter Ve- appartient à Denaisius.
nus-Spiegel, oder Beschreibung der L1NK. ( JÉRÉMIE-EBERHARD),juris-
meisten Venus-Kranhheiten, Strasb., consulte, né à, Strasbourg, le 4 mars
4732, in-8°; 2° édit., Strasb., 1736, 1685, fit ses éludes à l'université de
in-8°; 3° édit., Strasb., 1743, in-8°; cette ville, et après les avoir terminées,
4e édit., Strasb., 4 750, in-S°. il se mit à voyager en France et en Al-
IV. Medicinischer Passe-partout, lemagne. En 1710, il fut nommé pro-
oder Hauptschlilssel aller und jeder fesseur de poésie à Strasbourg. Quel-
Kranhheiten des menschlichen Le- ques années après, il obtint la chaire
bens, nelcher uns entdecht mie die- de morale, et en 1720, il fut pourvu
selbe bestens zu erhennen und sicher d'une place de professeur dans la Fa-
zu curiren seyn, ister Theil, Strasb., culté de droit. Il mourut, le 7 janv.
1739;— 2ier Theil, morinnen die 1743, professeur des pandectes et du
Kranhheiten der Weibes-Personen, droit public, et chanoine de Saint-
der Schwangern, der Gebahrenden, Thomas. On a de lui :
Eindbetterinneti und Saugerinnen, I. De comiiibusprincipibus, Vit.,
me auch der Kinder, beschrieben 4708.
sind, Strasb., 1741, in-8°. II. De jure principum, Argent.,
Linderu a publié, en outre, dans 1708.
l'Hist. de l'Acad. des sciences (1732) .
Ilf. De fundamento
.
voti comitia-
une Observation sur trois ventricu- lis, Argent., 1709.
les de.cochon remplis d'une substance IV. De prerogativâ linearum in
pierreuse comme du moellon, et dans successionibus. Arg., 1709, in-4°.
les Comment, litlerar. Noribergens. V. De differentiâ comiium im-
(T. VI et VII) trois observations por- perii mediatorum et immediatorum,
tant pour titres : De stupendâ con- Francof., 1710 ; Francof., 1725, in-
tractione spasmodicâ; De methodo fol.
.

nova febrem miliarem epidemicam VI. De jure venandi, Arg., 1722,


cxtrandi; De hydrophobo a fêle de- in-4°.
morso. Wl.Staminajurispnbliciromano-
LIKGELSHEMl (GEORGE-MICHEL), germanici, Arg., 1730, in-4°.
de Strasbourg, conseiller de l'électeur- VIII. Innocentius III ab absurdi-
palatin, dont il avait dirigé les études, tate vindicatus occasione cap. 8 X
et ami du président de Thou, qui le de consanguinitate et affinitate. —
pria de revoir son histoire avant de la Cité par Jucher sans autre indication',
livrer à l'impression, de Goldast, de ainsi que les suivants.
Bongars et d'autres hommes distin- IX. Jus domûs Durlacensis in al-
gués avec qui il entretenait une cor- lodia controversa nltimi dynasle
respondance suivie, a été considéré de Hohen-Gerolsecc sine mascnlâproie
son vivant comme un homme d'un defnncti.
grand mérite et d'une profonde érudi- X. De catallis.
LIN — 97 — LIN
XI. Dejure qnod Gallis appellatur
droit de varech.
XII. De jnrisconsultis satnminis.
XIII. De rotulo causarum seu ea-
rundem decursu ex judicii ordine,
Gallis'R.olle.
Catherine - Salomée femme de
,
notre professeur, s'est fait connaître
dans lès lettres par des traductions al-
lemandes des Sonnets de Drelincourt
et du Polyeucte de Corneille (Strasb.,
1727, in-12). Sa fille, CATHERINE-
SALOMÉE, qui épousa Witter, profes-
seur d'histoire, s'est aussi livrée au
culte des Muses; mais nous ignorons
si elle a rien fait imprimer.
LINK DE THURNBUUG(SÉBAS-
TIEN-GUILLAUME), seigneur de Jebs-
heim, avait reçu dans son enfance une
excellente éducation qu'il avait perfec-
tionnée par un séjour de cinq années,
de 1550-1555, à l'université de Bo-
logne, et par des voyages en divers
pays. De retour dans son pays natal,
il s'établit à Schélestadt, où le. protes-
tantisme avait d'abord été prêché avec
grand succès par le curé Seiden-
sticher; mais où,depuis la victoire du
duc de Lorraine sur les Paysans, les
sectateurs de la Réforme étaient ré-
duits à se cacher pour célébrer leur
culte. Link se joignit à leurs assem-
blées secrètes, et ne négligea rien
pour accroître le nombre des partisans
de Luther; mais son zèle éveilla l'at-
tention des magistrats qui lui ordon-
nèrent de sortir de la ville. Il se retira
à Colmar, en 1566, avec son ami le
conseiller Jean Goll, dont les des-
cendants ont occupé dans celte ville,
pendant plus de deux siècles, les pre-
mières dignités municipales et dont la
postérité vient de s'éteindre en Joseph-
Jacques-Samnel de Goll, fils du stat-
meistre Jean-Ulric Goll, qui est mort
à Colmar, colonel du génie, le 22 déc.
1850.
LIO 98 — LIO

dans laquelle il fut confirmé en 4 582. JACQUES-ANTOINE, membre du couseil
Link remplit encore avec Kriegel- des Deux-Cents, en 1746, qui avait
stein les fonctions de statmeistre en épousé, en1719, Marie, fille de Jean
.

1610. Lorsque les bourgeois de Col- Clée. des Granges en Pragelas, dont il
mar purent craindre que les Autri- eut JEANNE-MARIE, femme, en 1752,
chiens, après leur expulsion du pays de Jean Sarasin, syndic; — 5° Su-
de Clèves, ne pillassent leur ville, c'est SANNE-MARIE, épouse, en 1716, de
encore sur Link qu'ils jetèrent les Jacq. Nadal; — 6° JEAN - MICHEL et
yeux. Ils le nommèrent colonel, en lui JEAN-ETIENNE, jumeaux, nés le 22 déc.
donnant pour lieutenants le chef des 1702, à qui nous consacrons des ar-
corps de métier Elias Wetzel, le maire ticles.
Louis Kriegelstein, le statmeistre 1. Jean-Michel Liotard s'adonna à
Jacob Buob et Jean Eschbach. Leur l'art de la gravure. Envoyé à Paris
confiance ne fut pas trompée, et les pour y terminer son éducation .artisti-
,

sages mesures de Link tinrent à dis- que, il fréquenta l'atelier de BenoitAu-


tance les bandes indisciplinées qu'ils dran et devint un de ses meilleurs é-
redoutaient. lèves. Il s'était déjà fait connaître
Link mourut en 1617.11 a laissé en très-avantageusement,et comme dessi-
msc. des Annales depuis l'année 1569 nateur et comme graveur, lorsque, en
jusqu'à 1608. 4735,1econsul anglais, Joseph Smith,
LIOTAiU>, famille originaire de l'appela auprès de lui à Venise et le
Montélimart, en Dauphiné, établie à chargea de la gravure de sept grands
Genève à là fin du xvn* siècle.' Galiffe cartons de peintures à fresque exécu-
en a donné la généalogie que nous re- tées par Carlo Cignani dans un des
produisons. Antoine Liotard, souche palais du duc de Parme, et de sept au-
de cette famille, fut reçu bourgeois en tres grands tableaux historiques de
4 701 avec ses quatre lils aînés, JEAN- Sébastien Ricci. Ce travail l'occupa
ABRAHAM, JACQUES-ANTOINE PIERRE plusieurs années. De retour à Paris, il
et ALEXANDRE. Des nombreux, enfants continua à graver d'après les maîtres
que lui donna sa femme, Anne Sau- français, alors en renom, tels que Bou-
vage, les sept suivants vécurent assez cher et WaUeau.Vers 1760, il retour-
pour former des alliances : 1 ° JEAN- na dans sa ville natale, où il mourut, le
ABRAHAM né à Montélimart, reçu 15 mai 1796, sans laisser d'enfants de
bourgeois, avec son père, et marié, le. son mariage (27nov.l746)avec Marie
43 avril 1710, avec Jeanne, fille de Desprez, fille de Jean-Jacques Des-
BénigneMnssard, docteur et prof, en prez, citoyen de Genève. L'éclat du
droit, et A'Elisabeth Laurens, qui lui nom de son frère offusqua sa propre
donna ANNE et JEANNE, mortes sans al- gloire. On-cite de lui: 1" Opus Seb.
liance; JEAN; MARC, qui ne laissa pas Ricci Bellanensis absolntissimum,
d'enfants de sou mariage avec Marian- ab Joann.-Micli. Liotard genev. ère
ne, fille de Jean Sarasin-Rilliet, pas- expressum,\ea.el., 4 743, gr. in-fol.;
teur; JEAN-PIERRE, à qui sa femme, comprenant sept sujets tirés de l'his-
unej>"' de Luze, donna deux filles: toire sainte. 2° Car. Cignani Mo-

SUSANNE, morte sans alliance, et SARA, nochromataseptem, Ibid., 1743. Au
mariée à Jacq. Guigonnat, et dont la bas de chaque feuille,quelques vers la-
fille unique épousa Jacq..-Marie Hum- tins tirés des poètes anciens.Les quatre
bert, pasteur à Satigny; —• 2° SARA, pièces dont nous indiquons le format
mariée, en 1713, à François La Ver- sont à la Chalcogr. nation. Le titre
gue, — 3° JEANNE-JUDITH, épouse, eu des autres nous estfourui par Basan. On
4717, de Jacques Mollet (1) ;—4° y trouve Vénus sur son char, Apol-
(1) En 1701, Pierre Mollet, de Tournus, lon sortant des eaux, Bacchus et A-
avait été reçu bourgeois avec son lils Pierre. riadne, l'Amour luttant avec Pan, in-
LIO LIO
— 99 —
fol., l'Enlèvement d'Europe, l'Amour tion l'y avait précédé; le'pape etiplu-
armé d'un flambeau, in-4°, l'Amour sieurs cardinaux voulurent être peints
triomphant,in-4°,Daphnéechangéeen par lui. En 4 738, Liotard fit le voyage
laurier, in-fol. — 3° Les Comédiens de Coustantinople àla suitcdes comtés
français, le Sommeil dangereux, de Sandvrich et de Besborough, alors
Jeune fille avec des fleurs, demi-fig., lord Duncannon. Il passa quatre an-
.l'Entretien amoureux, Les deux nées dans la capitale de l'empire Otto-
Cousins, la Conversationfrançaise, man, occupé à peindre les principales
tous d'après "Walteau. — 4°* Neuf notabilités du quartier des Francs. On
grands dessins d'après les tableaux dit même qu'il fut admis dans lesérail
d'Eust. Le Sueur, représentant la'vie de pour y peindre la sultane. En même
S. Bruno. Liotard les exécuta dans le temps, il s'appliqua à réprésenter les
couvent des Chartreux;-il avait eu le différents costumes nationaux de l'O-
projet de graver cette belle collection, rient. 11 s'était tellement épris du cos-
mais ily renonça. Ses dessins furent tume turc qu'il avait fini par l'adopter.
acquis par le duc de Richmond. —5° De là son surnom de Liotard le Turc.
Le dessin du portrait de la reine de De Constantinople il se rendit à Jassy,
France, d'après Tocqué, gravé par Jean où le prince de Moldavie le retint dix
Daullé. — 6° Le dessin du portrait de mois à sa cour. Puis il alla à Vienne,
Voltaire, in-8°, gravé par Balechou. où il fut gracieusement accueilli par
II. Jean-Etienne Liotard, frère ju- l'impératrice Marie-Thérèse,, Liotard
meau du précédent, annonça de bonne peignit toute la famille impériale. 11
heure de grandes dispositions pour le resta environ dix-huit mois à Vienne et
dessin. Son père comprenant que tou- suivit la Cour à Francfort où il assista
tes ses remontrances seraient impuis- aux solennités du couronnement de
santes pour chasser le naturel de son l'empereur (1745). Vingt années.d'ab-
fils, prit le sage "parti de lui laisser sence n'avaient pas effacé en lui le
suivre sa vocation. Le jeune homme souvenir de sa ville natale, il voulut la
avait déjà obtenu dit-on à Genève, revoir, mais il n'y fit qu'un court sé-
, ,
quelque chose de plus que des succès jour; ilavaithâte depoursuivrelecours
de famille, lorsqu'il se rendit à Paris, de ses brillants succès. A Paris, où il
en 1725, pour se perfectionner dans se rendit en passant par Lyon,,il fit les
son art. 11 entra dans l'atelier du pein- portraits de tous les membres de la
tre en miniature Massé et y travailla' famille royale, sans en excepter la fa-
pendanttrois ans. «Au bout de ce temps, meuse marquise.de Pompadour. On ra-
dit M. J.-J. R.lgaud, dans une notice conte que,pour sa part, la célèbre cour-
sur la culture des beaux-arts à Genève tisane ne fut rien moins que satisfaite
(Mém. de la Soc. d'hist. et d'arch., du travail de l'artiste et que, dans un
4 847), il vola de ses propres ailes, et moment d'humeur, elle eut l'impudence
la vogue accueillit ses portraits en mi- de lui dire en face qu'elle voyait bien
niature, ses émaux et ses inimitables que sa barbe (il l'avait laissé croître
pastels. » Fuësslin, dans son Hist. des depuis qu'il portail le costume orien-
peintres suisses, rapporte qu'un artiste tal) faisait tout son mérite. Liotard pé-
l'ayant chargé de copier un portraitdu chait, en effet, aux yeux du beau sexe
célèbre Petilbt, ne fut plus en état de par trop de vérité dans, ses portraits.il
reconnaître l'original de la copie. Dé - embellissait quelquefoislanature,mais
sireux de visiter l'Italie, Liotard ac- il ne la fardait pas. Néanmoins, quelque
cepta les offres de notre ambassadeur défavorable que lui eût été la marquise,
à Naples, le marq. de Puisieux. Il l'ac- il paraît que Louis XV ne laissa pas de
compagna dans cette ville où il sé- le nommer peintre de la cour. De Pa-
journa environ quatre ans; puis, en ris, Liotard se rendit S Londres, où il
4736, il se rendit à Rome. Sa réputa- ne fut pasmoinsbien accueilli que dans
LIO 400 — LIO

les autres capitales de l'Europe. Il y fit Leu, ni Nagler, ni Galiffe,ni M. Rigaud
grand nombre de portraits; on cite, ne nous l'apprennent. En 4 772 il se
un ,
Angleterre,
entre autres, celui de la princesse de rendit une seconde fois en
Galles avec ses fils. « 11 peignait ad- et il y fit encore un séjour d'environ
mirablement bien en miniature , ainsi deux années. Il y porta avec lui une
qu'en émail, dit Horace Walpole; mais collection de tableaux de différents
il est mieux connu par ses ouvrages au maîtres qu'il vendit aux enchères, et
pastel. 11 saisissait on ne peut mieux quelques peintures sur verre dont il
la ressemblance, trop bien même pour était l'autour, remarquables par un
plaire à ceux qui posaient devant lui, étonnant effet de lumière, « mais une
de telle sorte qu'il fut accablé de tra- pure curiosité, ajoute Walpole, car il
vaux la première année, et qu'il en eut était nécessaire que la chambre fût dans
très peu la seconde. Privé d'imagina- l'obscurité, pour qu'on les vît à leur
tion, et on pourrait croire de mémoire, avantage. » Sur la fin de sa carrière,
il lui était impossible de rendre autre Liotard se retira dans sa ville natale,
chose que ce qu'il avait sous les yeux. où il publia, en 17S1 , un Traité sur .
Les taches de rousseur, les marques de la peinture etla manière de la juger,
petite vérole, il rendait tout, non pas in-8° de 96 pp., dédié aux mânes du
tant pour être fidèle, que parce qu'il ne Corrège(l). En 1784, ses concitoyens
pouvait faire abstraction d'une chose l'élurent membre du conseil des Deux-
qui se présentait à lui. La vérité do- Cents. 11 mourut le 12 juin 1789, ne
mine dans tous ses ouvrages, la grâce laissant qu'une fortune médiocre, « car
dans peu ou dans aucun.» Ce qui prou- il avait à cet égard, dit Galiffe, toute
ve moins contre l'artiste que contre les l'insouciance'-d'un homme'de génie. »
modèles. Les grâces ne se donnent Ce qurluiJavalu surtout sa réputation,
pas.Quoi de plus gracieux qneLabelle ce,sont ses portraits au pastel. 11 a
chocolatière de notre artiste ! et ce- surpassé, dans ce genre, tous ses con-
pendant,n'est-ce pas un portrait plein temporains. « Ses ouvrages, dit M. Ri-
de vérité? Vers 1756, Liotard quitta gaud, joignaient au mérite d'une res-
l'Angleterre pour se rendre à LaHaye, semblance parfaite celui d'une grande
où.il fit le portrait du stathouder. De correction de dessin ; il était bon co-
Hollande il envoya, au rapport de M. loriste. » On ignore les procédés qu'il
Périés .(Biogr. univ.), deux de ses plus employait pour fixer ses couleurs;jus-
beaux ouvrages à l'impératrice Marie- qu'ici, le -temps n'en a' pu altérer la
Thérèse. Cette princesse charmée de fraîcheur.
,
ce présent, lui écrivit pour le presser Sa femme lui donna plusieurs en-
de retourner à Vienne. Mais la guerre fants; 1 ° JEAN-ETIENNE ; —2° JEANNE-
qui désolait l'Allemagne l'empêcha de MARIE, qui devint femme de Jean-
se rendre à son invitation. Quoiquedéjà François de Bassompierre, habitant de
parvenu à sa 54° année, Liotard n'a- Genève ; — 3° MARIE-THÉRÈSE, fil-
vait pas renoncé à l'espoir de rencon- leule de l'impératrice Marie-Thérèse;
trer la femme qui lui était destinée ; il —4° JEAN-DANIEL ;—5° MARIE-ANNE-
la.trouva à Amsterdam dans la personne FRANçoisE,quiépousaMoïse deFeruex.
de Marie Fargues (appelée par Ga- Les ouvrages de Liotard sont dissé-
.
liffe Parquet) fille de Jean Fargues, minés dans une foule de collections.
négociant réfugié.L'amourestun grand La galerie de Dresde possède, oulre
tyran : le peintre dut sacrifier sa lon- plusieurs de ses émaux, trois de
barbe ses
gue sur l'autel de l'hyménée, pastels : 1 ° Le maréchal Maurice de
mais on lui permit de conserver son Saxe ; — 2° La femme de chambre
costume oriental. Après son mariage, viennoise, plus connue le nom
vécut-il en Hollande,ou retourna-l-il à sous
Paris? c'est cé'que nous ignorons. Ni François (1) Plusieurs bibliogr. appellent a tort Jean-
l'auteur de ce traité.
LIO
de La belle chocolatière, lithogr. '
- 401
— LIS
que talent dans l'art de la gravure. On
par B.Noël;— 3° Son propre Por- a de lui : 1 ° Son propre Portrait, qu'il
trait, qui lui avait été acheté à Lyon grava deux fois, in-4°; — 2° René
par le duc de Richelieu. On voit Hurault, lieutenant général de la po-
dans la galerie de Médicis, à Flo- lice, in-fol.;'— 3° Une Dame franque
rence, un autre Portrait de notre ar- de Galata et son esclave, in-4", por-
tiste, qui lui avait été demandé à trait de l'archiduchesse Marie ;—4°Une
Vienne par l'empereur Frauçois'; il a Dame franque de Péra à Constan-
ité gravé par Gregorio. Parmi ceux de linople' recevant visite, in-4', por-
ses ouvrages que possèdel'Angleterre, traits de l'impératrice Marie-Thérèse
Walpole ne mentionne spécialement et de sa fille Marie-Christine. Les vi -
que M"' Gaucher, la maîtresse du sages seuls de l'impératrice et de l'ar-
comte d'Albemarle, en costume turc, et chiduchesse, dans ces deux dernières
une Lady déjeunant avec sa fille. Le pièces, ont été gravés, à Vienne, par
Musée de Genève possède de lui les Liotard ;les figures sont dues à Joseph
pastels suivants : 1 ° Son propre Por- Camerata; — 5° Le portrait de Jo-
trait; — 2° Mmc d'Epinay, «chef- seph II, in-fol.;—6" Le chat malade,
d'oeuvre de vérité et de grâce » ; —3 "Ma- d'après Watteau, avec 16 vers fran-
rie-Thérèse; — 4° Le docteur Tron- çais au bas de la feuille: Iris idolâtre
chin; — 5° Le syndic Mussard.— Minet, etc., in-fol.; — 7° La Vénus
On trouve dans des familles particu- calipyge ; — 8° La Vénus endormie,
lières un plus grand nombre de ses d'après le Titien ; —9° Sa propre fille
ouvrages. A la Bibl. publique, on con- Marie-Thérèse, ia filleule de l'impéra-
serve huit planches de costumes qu'il trice; — 10° Des fumeurs flamands.
avait dessinés d'après nature à Con- Plusieurs artistes ont gravé d'après
stantinople, et qui furent gravées à lui, tels que Litteret, Reinsperger,
Vienne. Nous pouvons citer de cette Camerata, Vispré, Schmuzer, Schmid,
collection : 4 ° Sadig Aga, grand tré- Petit, Dupin, Marcenay, Balechou.
sorier des mosquées ; — 2° un Nain Dans son Traité sur la peinture, Lio-
du grand Seigneur, dessiné dans le tard parle de quelques copies de ses
sérail; — 3° Une Dame de Constan- portraits qu'il avait faites à l'huile, mais
tinople ; — 4° M. Levelt, négociant lui-même n'en faisait pas très-grand
anglais à Constanlinople ; — 5° Pay- cas.
sanne de la campagne de Rome,' les LIPPE (JEAN), né à Strasbourg, en
cinq gravés par Reinsperger ; — 6° 1585, ayant été nommé professeur de
Mehemet Aga, frère de Sadig; — théologie dans sa ville natale, alla
7° Un Effendi ; — 8° Une Dame de prendre le grade de docteur à l'univer-
Constanlinople, les trois gravés par sité de Giessen, mais il mourut, à son
P.F. Tardieu. Sur cette dernière, exé- retour, dans la ville-de Spire, le 24
cutée en 1752,Liotard est appelé pein- sept.-1612. 11 à publié, selon Jocher,
tre du roi (1). Philosophie synopiicepreparatio et
Genève ne possède aucun de ses perfectio;Metaphysica; Synopsis mu-
émaux. M. Rigaud ignorait dans quelle sice nove ; Canones in virtutum et
collection se conservaient les quatre bonarum artium studio observandi.
tableaux en émail d'une dimension inu- L'ISLE (FRANÇOIS DE) sieur de
sitée (environ 0,45 cent, de haut sur TRIGNY, second fils de Jean ,
de L'Isle,
0,32 de large) qu'il avait exécutés. sieur de Marivaux, lieutenant au gou-
Liotard s'est aussi exercé avec quel- vernementde l'Ile-de-France, en 1563,
et frère de Claude de L'Isle, sieur de
(1) Notre Musée de Versailles doit sans Marivaux, gouverneur de Laon, profes-
doute posséder quelques-uns des pastels de sait, en 1588 , la religion réformée, à
Liotard ; mais nous n'en avons trouvé aucun
signalé dans l'oeuvre de M. Gavard. ce qu'on lit dans les Mémoires du duc
LIS 402 LIS

d'Angoulême. 11 servait alors sous le missaire du.roi.auprès du synode,
le
drapeau du roi.de Navarre, à qui il ren- procureur du roi, un cordelier même,
services. C'est lui qui, moins fougueux que l'histrion Duhan,.
dit d'importants
lieux ;,
à-Ivry, tua le commandant delà cava- se hâtèrent d'accourir sur les
lerie légère espagnole. Henri IV le mais leur présence lie servit qu'à aug-
chevalier' de l'ordre du roi, menter le tumulte. Le procureur du roi.
nomma ca- lé moine,
pitaine de 5.0 hommes' d'armes, gou- effraye se cacha prudemment,
de Gorbéil él de là Bastille, en né put se faire entendre, les deux au-
verneur
Î594, de'La Capelle, en 4598, d'A- tres furent désarmés, accablés de ceups
miens, en 1607. Il mourut de mort" et laissés pour morts sur la place. Puis,
1

violente, en 1611. Nous ignorons- s'il comme toujours, l'émeute victorieuse


était resté fidèle à la religion protes- se rua sur les.maisons des Protestants
tante ; niais ilparaît certain que les en- qui furent pillées. Au bout de deux
fants nés de son mariage kyec Anne heures, les vaillants champions.de l'E-
deBalsac, dame de Montagu, profes- glise romaine songèrent à mettre leur
sèrent la religion romaine. butin en sûreté; cependant;, comme
L'ISLE (Louis DE) , seigneur d'O- l'aubaine avait été bonne, pendant plu-
.et de Conforgien, fils de Paul de sieurs jours encore les attroupements
LON
L'Isle, sieur deL'Isle-du-Gàst, et de continuèrent. L'autorité crut enfin qu'il
Catherine de Jaucourt, épousa, en était temps de faire cesser lé désordre,
1664, sa cousine Marthe dé Jaucourt, et sur l'ordre.de l'intendant, le lieute-
héritière'de Vau-Jaucourt, près d'A- nant-criminel d'Avalon commençaune
valon, où s'assemblait une église. Le instruction qu'un arrêt du parlement
mercredi 15 juin 1667, le synode pro- vint bientôt suspendre. Le parlement
vincial'devant se tenir en ce lieu, l'Ou- se réserva, eh effet, là connaissance de
veîture en fut;faite, selon l'usagé, par. l'affaire,,uon,pas:,' bien entendu,.dans
un' sermon auquel assista le cdrdelier l'intérêt de la justice, ej.,l'a retint, mal-
Dûhan, escorté d'une foule de gens de; gré l'appel,interjeté par les.Prôfestants,
lalié du peuple, qui se comportèrent de: à'ia Chambre de l'édita Appelé-à pro-
la manière la-plus! indécente. L'après- noncer sur cet appel, le Conseil rendit^
midi, le moine fit sommer les ministres;; lë.7,jùill. 1,667',' un arrêt qui autorisa
de venir dans l'église catholique écou- les procédures faites par ordre du parle-
ter là réfutation qu'il se proposait dé ment et attribua à l'intendant Iejuge-
faire du sermon du matin. Sur leur re- raént définitif. Au bout d'un ah,ledigne
fus, il fit'dresser en pleine" rue ur>e B.ouchu rendit enfin sa sentence, leSÔ.,
espèce-de'Chaire en face de l'hôtellerie. juill. 1668., Abominable iniquité ! les
1

où'logeaient la plupart des députés des Protestants; furent condamnés solidai-,


églises^ et se mit-à déclamer contré les renient à 6000 livres d'amende envers
Huguenots avec une violence extrême. les couvents et les hôpitaux, à.de forts
Dès le lendemain, l'a nouveauté du dommages-intérêts et aux.dépens'. P,lu-
spectacle attira des milliers dé paysans- sieursHugûénots, entré autres, le.mi-
dés environs. Tant que'là séance du nistre de Çhâlillon, Gravier, furentdè-
synode dura, les choses se passèrent crétés de. prise de corps, et, le roi fui
assez tranquillement, "malgré la fer- supplié défaire'démolirIpu.sïes.'térnplés.,
mentation croissante des'esprits; mais dû bailliage d'Avalon,
lorsque les députés voulurent traverser De nouvelles et' plus cruelles épreu-
cette-foule agitée pour rentrer dans ves étalent réservées à Louis dé L'Isle.
l'hôtellerie, ils furent assaillie, battus, Soupçonné, en 16S6, de vouloir en-
blessés ; plusieurs même, 'comme de voyer ses enfants auprès de leur mère,
Pougues, auraient été assassinés sans qui s'était retirée en Angleterre, il fut<
l'intervention de quelques Catholiques. enfermé dans le château de Loches
D'Olon, DùBarreuil, son ami, le corn-/ (Arch. gén., E. 3372) et
ses deux fils.
LIV 103 LO
mis au collège des Jésuites. Plus tard, il assista encore, comme ancien de l'é-
la prison n'ébranlantpas sa constance, glise de Grenoble, au synode provin-
on l'expulsa de France (Mss.de Court, cial qui se tint à La Mure. En 1643, le
N° 28). Il se retira en Hollande où sa roi lui accorda, à lui et à ses descen-
femme alla le rejoindre. La princesse dants, des lettres de noblesse. 11 mou-
. d'Orange lui accorda
une pension de rut vers 1675, au rapport de GuyAl-
500 livres, dont il jouit jusqu'à sa mort, lard. Il a laissé, sur des points de juris-
arrivée le 28 déc. 1695. prudence, des Mémoires souvent cités
Au nombre des officiers français qui par Basset, mais restés inédits. Il est
servaient dans les troupes hollandaises très probable que Gaspard Livache,
en 1689, se trouvent un capitaine et un avocat au parlement de Grenoble, qui
lieutenant de L'Isle, qui appartenaient vivait vers le milieu du xvn° siècle,
très vraisemblablement à la même fa- était son fils. Peut-être ce Gaspard Li-
mille et descendaient sans doute d'une vache est-il le même que Livache dont
branche établie dans le Maine, d'où il est fait mention dans un Etat des
elle tirait son origine. Cette branche nouveaux catholiques de Grenoble, au
du Maine nous est connue par Louis de mois de fév. 1686, état dressé d'après
L'Isle-du-Gast, natif du Pin et mort à le Rapport officiel de l'intendant Bou-
Paris, en 1656, à l'âge de 33 ans, et chu, où on lit que Livache, ancien juge
par Jean de L'Isle-dn-Gast, son frère des terres du duc de Lesdiguières, ha-
peut-être, qui épousa Marguerite Trou- bitant Varce, allait à la messe, mais
vé, dont il eut, entre autres enfants : qu'on le regardait néanmoins comme
1° BENJAMIN, sieur de L'Isle-du-Gast, huguenot, ainsi que sa femme, soeurdu
né en 1654, qu'il ne faut pas confondre conseiflerDw.Row/Y, « trèsméchanthu-
avec un autre Benjamin de L'Isle, guenot. » Ces soupçons étaient d'autant
sieur dé Sarsigny, qui, comme-ancien mieux fondés que ses deux fils avaient
de l'église deLassay, assista, en 1673, passé à l'étranger ; l'aîné ayant aban-
au synode de Bellesme(^rc7i.TT.330); donné la profession d'avocat, avait pris
il demanda un chapelain au synode de du service en Brandebourg, et leur
Sorges, en 1683, preuve suffisante soeur s'était retirée à Genève. Serait-ce
qu'il professait la religion réformée;— se tromper que de rattacher à cettefa-
é° JACQUES, né en 1655; mille Jean-FrançoisLivache-Duplan,
— 3° MADE-
LAINE, née en 1657, ]a même peut- de La Motte-Chalencon, qui obtint à
être qu'une demoiselle DnGast, qui Genève les droits de bourgeoisie,le 25
fut enfermée, en 1686, aux Filles-Dieu mai 1779?
de Versailles(Arch.E. 3372), et trans- LÎXA1VT (CLAUDINE) femme d'un
férée au château deHam en 1689 (Ibid. ,
avocat de Mont-de-Marsan, avait com-
E. 3375) ; — 4° PHILÉMON, né le 24 posé sur la Prédestination un ou-
fév. 1658 ; — 5° JEAN-AUGUSTE, né le vrage dont elle fit hommage à Cathe-
23 janv. 1661, qui eut pour parrain son rine de Bourbon, lors de sou passage
frère PIERRE et pour marraine, sa soeur dans cèltè ville, en 1592. Nous igno-
ELISABETH (Reg. de Churent.). rons s'il a été imprimé.
L1VACHE (DANIEL), savant avocat LO (JACQUES DE), de Lille en Flan-
du parlement de Grenoble et membre dre, martyr. Arrêté le dernier jour de
du conseil politique de la province, janv. 1561, à la suite d'uDe visite do-
jouissait auprès de ses coreligionnaires miciliaire qui amena la découverte de
.
d'une grande considération, comme le quelques livres de piété et d'uneBible
prouvent les diverses missions dont il de Genève, Lo. fût jeté en prison et
fut chargé par eux. 11 fut député suc- eut à subir, devant les magistrats de la
cessivement à deux assemblées politi- ville, sur la confession, l'institution de
ques, à celle de Grenoble, en 1615, et la Cène, le purgatoire, l'autorité de l'E-
à celle de Loudun, en 1619. En 1620, criture sainte et autres questions con-
LOB 104 LOB
traversées entre les deux Eglises, trois Delft; où il se voua à la pratique de la
interrogatoires, dont il rendit compte médecine, La réputation qu'il s'acquit
aux Fidèles de Lille, afin de les affer- dans l'exercice de son art, le fit choisir
mir dans la foi. Bien que simple arti- par Guillaume d'Orange pour son mé-
(lecin, et après l'assassinat de ce prince
san, Lo était très versé dans la con- -
naissance des Livres saints, comme le (1584), il fut admis, dit-on, au service
prouvent ses interrogatoires, qui ont des Etats-Généraux. Plus tard.il passa
été publiés dans le Martyrologe, ainsi en Angleterrre, où Jacques I l'attacha
que trois lettres, dont l'une à Guy de à sa maison en qualité de botaniste. Il
Brès, écrites pendant sa détention. Ja- fit depuis un voyage en Danemark.
mais foi plus vive et piété plus sincère Ce bon vieillard, dit Haller,s'occupa de
ne se sont exprimées d'une manière ses études de prédilection jusques dans
plus simple. « 11 nous est.donné par un âge très-avancé; safemme l'accom-
Christ, écrit-il à ses frères, non-seule- pagnait dans ses excursions et l'aidait
ment de croire en lui ; mais aussi de à recueillir les plantes dont il enrichis-
souffrir et endurer pour lui. J'expéri- sait son herbier. Il mourut à Highgate
mente maintenant le tout depuis quatre près de Londres, le 3 mars 4 616. Son
ou cinq jours que je suis en ceste pri- fils, PAUL de Lobel, devint médecin de
son, laquelle contient en quarrurequa- Jacques II. On trouve de lui un Album '
tre pas, n'ayant autre clarté que par parmi les Mss. de la Bibl. Harléienne,
deux petites fentes estroites pour y N° 6467. 4. Une autre de ses enfants
bouter le bout de mon doigt : personne sans doute, Judith de Lobel, veuve
ne parle à moy: j'attens de jour en jour d'un sieur Vrangel, de Middelbourg,
et d'heure en heure d'estre estendu sur mourut à Paris, à l'âge de 65 ans,etfut
la géhenne comme un parchemin : j'at- enterrée au cimetière de la Trinité, le
tens finalement une sentence sévère 22 mai 1632 (Reg.deGharent.) Enfin,
et rigoureuse d'estre bruslé tout vif. un de ses petits-fils, Matthias Bou-
Ce sont choses espouvantables à la cheus, lui composa une épithaphe en
chair : et toutefois mon Dieu sait qu'il vers latins. Lobel, comme botaniste,
n'y a que liesse et joye en moy, quand est resté bien au-dessous de son con-
je pense aux promesses de nostre Sei- temporain L'Escluse etriourV exactitude
gneur J.-Ch. : quand je médite ceste de ses descriptions ëtpourles qualités
sentence excellente de sainct Pierre, de son style. «C'est àtort, lit-on dans
qui dit, Qu'en communiquant aux af- la Biogr. méd., qu'on a voulu trouver
flictions de J.-C, il nous fautresjouir, dans ses écrits le germe des familles
et sommes bienheureux; car l'esprit de naturelles, car bien qu'il" ait séparé,
la gloire de Dieu repose sur nous. J'ay d'une manière mieux tranchée que per-
une consolation qui passe tous ennuis.» sonne avant lui, lesmonocotylédoneset
Après une inutile conférence avec des les dicotylédones, on s'aperçoit aisé-
Cordeliers, chargés de disputer contre ment qu'il n'a réuni que les végétaux
lui et de le convertir, Jacques de Lo dont l'analogie se présente à l'oeil le
fut envoyé au bûcher.Il mourut, priant moins exercé, et l'on reconnaît même
pour ses ennemis, le 15 fév. 1561. que plusieurs de ces rapprochements
LOBEL (MATTHIEUDE), en latin Lo- avaient déjà été opérés par ses prédé-
belins, médecin et botaniste, né à cesseurs.» Plumier a consacré à la mé-
Lille en 1538. Lobel étudia la méde- moire de Lobel, sous le nom de Lobe-
cine à Montpellier, où il prit le grade lia, un genre de plantes, qui est de-
de docteur. Sa passion pour la botani- venu le type des Lobéliacées, famille
que lui fit ensuite entreprendre divers voisine des Campanulacées. Oh doit à
voyages d'instruction.Uv'isitalaSuisse, Lobel :
l'Allemagne et le nord de l'Italie. Puis I. Stirpium adversaria nova, per-
il alla s'établir à Anvers, et ensuite à facilis investigatio luculentaque ac-
LOB — 105 — LOB
cessio adpriscorum,presertimDios- leurs anciens, lés propriétés médicales'
coridis, et recentiorum materiam .
de la plante dont il donne la figure, et
medicam, authoribus Petro Pena et les usages auxquels elle est employée,
Matthiâ de Lobel medicis, Lond., , en renvoyant aux Adversaria pour les
1570,in-fol.;dédiéàlareineElisabeth. descriptions! Cette publication se ter-
11 y en a eu plusieurs éditions. mine paruupetittraité De succedaneis,
— On
trouve dans ce traité la description de p. 657-671, tiré en grande partie des
12 à 13 cents plantes, avec 272 figures. leçons de Rondelet.VienterismleNova
Il est impossible de reconnaître la part stirpium Adversaria, perfacilisves-
qui revient à chaque auteur. Lenom de tigatio, etc., (pp. 456); qnibus ac-
Pena deNarbonne a même fini par dis- cessit Appendix (p. 457-471), cum
paraître du titre du livre dans les édi- Indice variarum linguarum locuple-
lionspostérieures.SelonHaller,lestyle tissimo ; additis GvAll. Rondeleiii
de ce traité est dur et incorrect; mais aliquot remediorumformulis, nun-
on y trouve la description de beaucoup quam antehac in lucem editis (pp.
de plantes nouvelles ou peu connues. 4 5, nouv.pagin.),Antv., Christ. Plan-
«Dans l'exécution de cet ouvrage, dit tin, 1576, in-fol.; dédié aux profess.
Pulleney, cité par Hallam, on voit, je de l'université de Montpellier, sous la
crois, la première, ébauche, toute gros- date de Londres, veille deNoël, 4 570.
sière qu'elle est, d'une méthode natu- Ce n'est proprement que l'édition-que
relle de classement,qui se borne toute- nous avons citée sous leN° précédent,
fois à grouper les plantes en grandes dont on a changé le frontispice et à la-
tribus, familles ou ordres, d'après la quelle on a ajouté quelques cartons.
manière d'être ou l'apparence exté- Quelquefois mêmeles additions consis-
rieure de l'en semble de la plante ou de tent en quelques lignes, imprimées à
lafleur,sans établir de définitions ni de partsur de petits papiers,que lerelieur
caractères. Le tout forme 44 tribus. Il a intercalés entre les feuillets. «In ani-
en est qui comprennent des plantes mum rneuni induxi, dit l'auteur dans sa
appartenant à un ou deux genres mo- dédicace,haîcnostra stirpium Adversa-
dernes ; d'autres, des plantes apparte- ria...auctioraetemendalioranunc,mul-
nant à un graud nombre de genres, et tisque novis additis plantis resarcire,
dont quelques-unes, il faut l'avouer, dilucidiùsque explicare quoe in priore
ont entre elles fort peu d'analogie ré- e'ditione dicta fuerant obscuriùs, additis
elle. En somme, ces divisions sontbien herbarum facultatibus ex Dioscoride,
supérieures à celles de Dodoens.» Les Galeno et priscis, etc.» Lobel se plai-
différentes sections sontprécédées cha- gnait déjà de la confusion qui régnait
cune d'un tableau synoptique. «Vingt- dans la nomenclature. Quedirait-il au-
six ans après la première édition des jourd'hui avec nos cent mille noms ?
Adversaria,ditM.Duvau(Biogr.univ.), Quel est l'homme de génie qui parvien-
Gaspard Bauhin, sans citer Lobel, sui- dra à débrouiller ce chaos? L'étude .de
vit le même ordre dans son Phytopinax, la synonymie, tout-à-fait infructueuse
et plus tard dans sonPinax, etl'onn'en en soi, ne prend pas moins de temps,
connutpasd'autrejusqu'àTournefort.» dans Pétude de la botanique, que la
II. Plantarum seu stirpium Histo- science elle-même; au lieu d'aider à la
ria, cuiannexum est Adversariorum mémoire, nos dénominationsla chargent;
volumen, Antv., Christ. Plantin, sans au lieu d'éclairer, elles offusquent.
date, privilège daté de Bruxelles, 30 Plusieurs éditions (vraisemblablement
juill.1575,in-fol.;dédié auxElals, gou- fictives) de cet ouvrage de Lobel ont
verneurs et magistrats de laGaulebel- paru à Anvers. L'auteur lui-même le
gique. L'histoire des plantes occupe traduisit en flamand, en y faisant quel-
655 pages.—Le plus souvent l'auteur ques changements et additions,Anvers,
se contente d'indiquer, d'après les au- 1581, in-fol. Les figures, au nombre
LOB -106 LOB
de 1486, sont empruntées pour la plu- sous ce titre : Stirpium illnstratio-
part à Dodoens et à L-'Èscluse. nes, plurimas élaborantes inauditas
III. Icônes stirpium, seu -planta- plantas, I. Parhinsonii rapsodiis
rum tam exoticarum quam indi-
.
sparsim gravate, in-4°, sans fig.,
genarum, in duas partes digeste, contenant environ 280plaDtes presque
Antverp., 1581, 1591, in-4", avec toutes inédiles. L'éditeur y revendique
un Index en sept langues. — Re- pour Lobel la découverte de plusieurs
cueil de 2116 fig. (d'après la Biogr. plantes queParkinson s'étaitattribuée.
médicale) qui avaient déjà paru dans les Dans le rôle des pasteurs déposés
différents ouvrages de botanique im- par le Synode national tenu à St.-
primés par Plantin. L'auteur dési- Maixent, se trouve le nom de Jacq. de
gne les plantes par les noms latins et Lobel, dit Duval, qui De nous est con-
renvoie pour les descriptions à ses ou- nu, du reste, que par ce que nous ap-
vrages précédents. « Cet ouvrage qui prennent les actes de ce Synode.11 exer-
est consulté souvent, est, au jugement çait le saint ministère à Gisors, lors-
de M.Dùvau,d'un usage fort commode, qu'il se rendit coupable d'adultère. Le
en ce qu'il coioprendà peu près toutes consistoire de son église ayant pro-
les figures connues à cette époque.» noncé sa déposition, le 30 oct. 1606,
Haller, qui porte le nombre des fig. il en appela au synode provincial de
à 2191 (M.Duvau,à environ 2000),pré- Normandie qui confirma la sentence,
tend néanmoins queLobeln'apas épui- le l" avril 1609. Nouvel appel du con-
sé tout ce que contenait le riche écrin damné. Le Synode national de St.-Mai-
de L'Escluse, « etsiClusiana penus mi- xent, prononçant en dernier ressort,
nime exhauritur. » maintint lebien jugé, et déclara que ledit
IV. Balsami, opobalsami, carpo- Duval demeurerait déposé du ministère,
balsami et xylobalsami cumsuo coi'-, « sans espérance de pouvoirjamais être
iice explanatiô, Lond., 1598, in-4°; rétabli dans une charge si sainte. »
dédié à L'Escluse. i LOBSTEIN (JEAN-FRÉDÉRIC\ ana-
Y. De balsamo et zingibere libel- tomiste habile, né le 30 mars 1736, à
lus,.LonA., 1599, m-4°; reproduit dans Lamperlheim en Alsace, où son père,
la Bibl. botanique de Linné. Antoine Lobstein-, exerçait la profes-
VI. Dilucidoe simplicium medica- sion de chirurgien, et mort à Stras-
mentôrum explicationes, et stirpium bourg, le 11 oct. 1784.
Adversaria, etc., Lond.,1605; Leidaj, Lobstein fit ses études à l'académie
1618; Francof., 1651, in-fol.On trouve de Strasbourg. Un goût prononcé le
en outre dans cette nouv. édition du portant vers l'analomie, il s'occupa
graud ouvrage de Lobel : \" Matthie d'abord exclusivement de la chirurgie;
de Label, régis Jacobi botanographi, mais plus tard, écoutant les conseils
Adversariorum alterapars cnmpria- de Boecler, il joignit à l'élude de cette
ris illustrationibus, castigationibits, science celle de la médecine. Reçu
auctariis; 2° — Animadversion.esin, docteur en 1760, il se mit en route-,
Rondelletii pharinaceuticam offici- immédiatement après, afin de visiter
nam;— 3° Diarium pharmacenticum les écoles les plus célèbres de l'Eu-
Rondelletii; — 4° l'essai sur les Suc- rope. De retour à Strasbourg, après
cédanées (N° II.) et le traité sur les une absence de deux il commerça
ans,
Baumes (N° IV.); 5° des Observ. à pratiquer la médecine, etillefitavec

sur la bière et sur d'autres boissons, assez de succès pour qu'on lui permît,
etc.; — 6-.un. petit traité inédit de en 1764, d'ouvrir un cours public de
Rondellet sur l'hydropisie. pathologie. La même année, il fut
En 1655, W. How publia à Londres nommé démonstrateur d'anatomie. La
un fragment d'un ouvrage que Lobel mort A'Eisenmann ayant laissé va-
avait entrepris et qu'il laissa inachevé» pante,
e» 4 768, la chaire d'anatomie
LOB 407 — LOB
et de chirurgie, elle lui fut accordée. De loesionibus capitis, 4 770; —De
L'excellence de sa méthode atlirabien- carie ossium, 4770 ;
— De labio le-
tôt à ses cours un grand nombre d'é- porino, 4770,—De herniâ congeni-
tudiants. Joignant la pratique à la tâ, in quâ intestimim in contactu
théorie, il savait donner un vif attrait testis est, 1771 ;— J5« valvulâ Eus-
à ses leçons. Après avoir décrit la tachii, 1771 ; — De for aminé ovali,
structure d'une partie quelconque du 1771 ; —De aquâ labyrinthi auris,
corps humain, et en avoir expliqué le 1771 ; — De fistulâ dni, 1771 ; —
mécanisme, il exécutait, sous les yeux De osoenâ maxillari, 177-1 ; —• Cdsus
de ses élèves, toutes les opérations ischurioe, 1771 ; —De nervis dure,
dont elle est susceptible et donnait une matris, 4 772 ; — De herniâ scrotali,
description des maladies qui peuvent 1773; —De bubonoceles evitandi
l'affecter. Il venait d'être nommé pro- methodo, 1773 ; —- De Mené, 4 774 ;
fesseur de pathologie, lorsque la mort — De calculis vesice urinarie cis- '
l'euleva à l'âge de 48 ans. 11 avait été ticis, 1774; -^-De tnmoribus capitis,
deux fois vecteur de l'université et dix 1774;—lleon lethalc à concr.etione
fois doyen de la Faculté de médecine. preternatnrali intestinorum cum
Malgré les offres brillantes qui lui utero, 1775; —Circa generationem
avaient été faites de divers côtés, il n'a- puris, 1775;:— De hepate, 1775;
vait pu se résoudre à quitter Strasbourg. — De strangulationibns intestino^
Sans avoir fait de découvertes nou- rum in cavo' abdominis,. 1776; —
velles, Lobstein a rendu des services à De viarnm lacrymalium morbis,
l'analomie en confirmant, par des ex- 4 776 ;
•— De
labyrinthi auris con-
périences minutieusement exactes, ce tenus, 1777 ;^—De hydrocele, 4777;
que l'on savait, et en perfectionnant la — Departu difficili, 4777,1779;—
description des organes déjà connus. De anchylosi, 1777 ; — De lingue
Possédantuneinstructiontrès-élendue, involucris, 1778; — De conceptione
joignant à de vastes connaissances' et tubariâ, 4779 ; —De suffnsione se-
à uuepatienceinfaligable un esprit sage cundariâ rariori, 1779; — Dego-
et éclairé, il était, en outre, un opéra- norrheâ virvientâ, 4 779 ; — De is-
teur très-habile; mais son incontesta- churiâ vesicali et vesice parascen-
ble mérite était, dit-on, terni par l'âpre- thesi, 4 779; — De herniâ cruraliin-
té de son caractère etparunamour-pro- carceratâ, 1779; —De dysuriâ,
pre excessif qui ne souffrait pas qu'on 1779 ; — De a'éris in sanguinem ac-
élevât le moindre doute sur le résultat tione, 1780; — De fistulâ lacryma-
de ses observations. Aucun des ouvra- li, 1780; — De pressions cranii,
ges qu'il avait composés sur l'anato- 1781 ; — De herniâ cerebrï, 1781-;
mie et la physiologie, n'ayant, vu le — De uteri hoemorrhagiâ, 1782; —
jour, on n'a de lui qu'un certain nom- De structura renum, 1782; — De
bre de thèses soutenues par lui-même structura nervorum, 1782; — De
ou par ses élèves, sous sa présidence, situ testiculorum alieno, 1782 ; —
toutes imp. à Strasbourg dans le for- De ischnriâ, 1783; -r- De vi vitali
mat in-4-°. En voici les titres : Depro- arteriarum, 1783 ; — De fonticulo-
balissimâ extrahendi 'calculùm me- rum ùsu in sandndis morbis, 1784.
thodo, 1759 ; — De n'ervo spinali ad Frère cadet du précédent, Jean-Mi-
parvagum accessorio, 4760; — Ca- chel Lobstein naquit à Lampertheim
sus hydrocelis, 1761; —Casusne- au mois de mai1740;il étudia la théo-
phritidis calcnlose, 1763 ;—Depy- logie à Strasbourg, où il prit, en 1761,
loro, 4764;— Dé non necessariâ le grade de maître-ès-arls, après avoir
fnniculi umbilicalis deligatione , soutenu, sous la présidence de J.-M.
1764; — De.calculis biliariis, 1764, Lorenz, une thèse pleine d'érudition
4777; —Dé steatomate, 4768; — qui fut publiée sous ce titre: Tabule
LOB 108 LOB

temporum fatorumque orbis terre ab in-8°. — Sermon sur Apoc. VII, 2-3,
orbe condito usque ad Christum na- X. Codex Samaritanus Parisinus
tum, abA.M. 4-4000, Arg., 1761, S. Genovefe, Francof., 4781, ^-8°.
in-4°, Au retour d'un voyage qu'il fit à —Lobstein y a joint une Préface sur la
Paris, en 4767, il fut nommé pasteur religion des Samaritains..
de l'église française de Saint-Nicolas, et XI. Anhang zu dem Werke : Codex
quelque temps après, il fut appelé à des- Samaritanus, Francof., 1782, in-8°.
servir l'église de Saint-Pierre et à pro- XII. Zarte Milch fur dit Jugend,
fesser au gymnase. En 1773, il visita la Giesen, 4783, in-8°.
Suisse et l'Allemagnedans le but d'éten- XIII. Denkmahl dèrLiebe, seinem
dre ses connaissances. Retenu à Gies- Bruder J. -F. L. errichtet, Strasb.,
sen par l'offre d'une chaire deprofesseur 4 784, in-4°.
adjoint de philosophie, qu'il échangea, XIV. Predigten fiir aile S'tânde,
enl775, contre celle de théologie, il Giesen, 4 785, in-8°.
prit, en 4777, le bonnet de docteur XV. Observationes criticeinloca
dans l'université de celte ville, et la Pentatewchiillustria, Giss. et Fran-
même année il fut nommé inspecteur cof., 1787, in-8°.
,
ecclésiastiqueetpremier pasteur àButz- XVI. Wahre Frommigheit, der
bach. Il ne revint à Strasbourg qu'en Weg zu ewig dauernder Gluchselig-
17.90, pour y remplir les places de pas- Jteit, und das selige Evangelium :
teur et de professeur, qu'il occupa jus- Jésus nimmt die Silnder an, Giesen,
qu'à sa mort, arrivée le 29 juin 1794. 4787, in-8"; Strasb., 1792,in-8°.
On a de lui : XVII. Archiv. fur meine Kinder,
l.Diss .de divinâ animipace sancte 1787, in-8°.
vite comité, adPhil. IV, 7, Argent., XVIII. DasLobJesu: drey Weyh-
1766, in-4°. nachtspredigten iiber Luc. H, 1 -14,
IL" Commentatio historico-philo- Malt.XXIII, 34-39, Joh. XXI, 15-
logica de montibus Ebal et Garizim, 24, Giesen, 1790, in-8°.
Arg., 1773, in-4°. XIX. Anzugspredigt in Strasburg
III. Diss. ludi veterumincitamen- und Abschiedspredigt in Butzbach,
ta poëseos, Argent., 1774, in-4°. Strasb., 1790, in-8°.
IV. Diss. inaug. deproecepto amo- XX. Christliches evangelisch-lu-
ris nova ad Joh. XIII, 34, Gissse, therisches Beicht-und Communion-
1774, in-4°. buch fur allerley Christen, Strasb.,
V. Prolusio hist. deveteris Éccle- 1791, in-8".
sioe sacrarum 'litterarum amore re- XXI. Ein Wort an die protestan-
centioris justo moderamine, Gissae, tischen Biirger in Strasburg, iiber
1775, in-4". die Organisation der Geistlichen im,
VI. Eloge funèbre de Jean-Daniel Elsass, Strasb,, 1791, iu-8°.
Schoe'pfiin, Francf., 4775, in-8°; trad. XXII. Predigten von der christl.
en allem. par l'auteur, Giessen, 1776, Sonntagsfeier, Strasb., 1791, in-8°.
in-8°. - XXIII. Nachrichten nnd-Ausziige
.
VII. Progr. theologioe patristicoe aus den Handschriften der hônigl.
schediasma ; M. Minucius Félix pris BibliothehzuParis,ti.Mhurga.,lir19\-
-
coe Christianorumvere fideiet sanc- 4 794, 3 vol. in-8°.
timonioe testis, Giss., 1777, in-4°. XXIV.Sendschreiben an die Herrn
VIII. Zuschrift an den Pfalzis- Kammerer, bischSffl.ViharzuStras-
chen Correspondenten in der allg. bnrg, und Relier, Pfarrern West-
deutsch. Bibliot., dis eine Beylage hofen, iiber die christl. Sonntags-zu
zum Endoxus (Giesen, 1777), in-8°. feier, Strasb., 1791, in-8°.
IX. Knechte Gottes, als Lieb- XXV. Sieben Bemeggrunde zu
linge dss Himmels, Frankf., 1779, einer schnellen Behehrung, und
LOG 109 — LOG
zxeyerley Weg zum Himmel, der III. Centuria QQ. criminalium,
Pharisâer, der zu fliehen, und des Arg-, 4 626, in-4°.
Herrn Jesu, der zu gehen; iwey IV. Institutionum Justiniani imp.
Predigten, Strasb., 1791, in-8°. lib.IV, Arg., 4632; 1656, ih-42.
XXVI. Zrveytes Wort an die pro- Y. QQ. et exercit. Justinianee,
test. Biirger in Strasburg iiber die Arg., 1658, in-12-
,
Organisation der Geistl. imElsass; VI. QQ. feudaies, Arg., 4 659, 8°.
oder das unvortheilhafte undgemis- VII. Disp. de causis actionum,
sermassen unmôglicheKonsistorium, quatenùs ee cum ex modis acqui-
Strasb., 1792, in-8°. rendi, tum ex obligationibus dé-
XXVII. Ausfuhrlicher Kommen- pendent., ins. dans les Partiliones
tar iiber die Apostelgeschichte des elementaria?, deTabor (Giessas, 1660,
Luhas, 4st" Theil, Strasb. und in-8°).
Leipz., 4792, in-8°. Jocher cite encore, sous le nom de
XXVIII. Abneichungen des Han- G.-D. Locamer, plusieurs ouvrages
nôverischen Katechismi von der Bi- dont il ne donne ni le lieu d'impres-
btl und den Belienntnissbuchernder sion, ni le millésime, ni le format,
protestant.Kirche, Strasb., 4 792,8°. entre autres, Nova Justinianea; Enan-
Un fils de Jean-Michel .Lobstein, tiophana; Synopsis feudorum; Har-
JEAN-FRÉDÉRIC,né à Giessen en 1777, monia Struvio-Schnobeliana; Diss.
et mort en 1835, marcha dignement sur deappellationibus; Depublicianâ in
les traces de son oncle. Professeur de rem actione ; De usuris, etc. De son
chirurgie externe et d'anatomie pa- côté, Lipenius,danssaBibliolh.jurid.,
thologique à la Faculté de médecine attribue à un David Locamer deux dis-
de Strasbourg, médecin-accoucheur sertations sans date, l'une De contrac-
en chef à l'hôpital civil et professeur tibus innominatis, l'autre De juris-
d'accouchements à l'Ecole départe- dictionis prorogatione, soutenues
mentale du Bas-Rhin, il a publié de sous sa présidence et publiées à Stras-
savants mémoires dans le Magasin en- bourg in-4°.
cyclopédique, les Mémoires de la So- LUGIER(JEAN-BERNABD), inven-
ciété des sciences, agriculture et arts teur de la méthode d'enseignement
de Strasbourg, le Journal de médecine, musical qui porte son nom, naquit à
les Mémoires de la Société médicale Kaiserslautern, en 1780, d'une fa-
d'émulatiou, le Dict. des sciences mé- mille de Réfugiés. Son père, excellent
dicales, etc. organiste, ayant été appelé à Cassel,
LOCAMEPi (GEORGE-DAVID), pro- en 1786, comme premier violon de la
fesseur de droit à l'université de Stras- chapelle électorale, et étant allé, après
bourg, naquit à Landau, en 1588. la mort de l'électeur, habiter Gottin-
Après avoir terminé tant bien que mal gue, où il mourut chef de pupitre des
ses études au gymnase de Strasbourg, concerts dirigés par Forkel, le jeune
et pris le grade de maître-ès-arts, il alla Logier, qui avait reçu de lui les pre-
visiter les principales universités de mières leçons de musique et avait
l'Allemagne, de laBohèmeetduDane- déjà fait de grands progrès, continua
mark. Ce fut pendant ses voyages qu'il ses études sous la direction de Weid-
se fit recevoir docteur à Wiltenberg. De ner. Il n'avait encore que dix ans lors-
retour à Strasbourg, il fut nommé à qu'il perdit*aussi sa mère. Son tuteur,
une chaire dans la Faculté de droit. Il qui goûtait peu les arts libéraux, voulut
mourut le 28 avril 1637. On a de lui : le forcer à quitter la musique pour le
I. Disp. de compensationibus, commerce; mais l'enfant se sauva au-
Arg., 4 620, in-4°. près d'un oncle maternel qu'il avait à
II. Disp. de pupillorum patroci- Marbourg. Un anglais, qui l'entendit
nio, Arg,, 4 623, in-4'. jouer dans un concert, le prit sous sa
LOG 110 — LOG

l'emmena, 1805, dres où, après une expérience pu-


protection et en en
"Angleterre. Au bout de deux ans, pen- blique de sa méthode, il établit une
il le traita lils, académie qui fut très fréquentée. Sa
dant lesquels comme son
'il le recommanda au marquis d'Aber- réputation s'étant répandue à l'étran-
Ce dernier le fit entrer comme ger, le roi de Prusse l'invita à "venir
corn. introduire métho-
flûtiste dans la musique de son régiment à Berlin pour y sa
Irlande". Logier trouva de. Logier s'y rendit, l'année sui-
en garnison en
dans le chef de musique de ce corps, vante, et y retrouva son frère Guil-
jiomnié Willmann, un compatriote et laume, qui y était -établi comme li-
ami; plus, tard il épousa sa fille. braire. Il ouvrit une école. Cinq mois
un
Son régiment ayant été licencié à là après, à la suite d'un examen subi en
conclusion de la paix, il accepta la public par ses élèves, le roi, satisfait
place d'organiste dans l'église de Wbst- des résultats qu'il avait obtenus, le
p.ort; mais ses occupations nombreuses chargea d'enseigner sa méthode à
l'empêchant deremplir cette place avec vingt professeurs de musique qui la
toute l'exactitudedésirable, il eut l'idée propageraient dans ses états. Logier
de se faire aider par sa fille qui n'avait resta en Prusse jusqu'en 1826, qu'il
encpreque sept ans. C'est pour corriger alla se fixer de nouveau à Dublin.
la mauvaise disposition de la main de La méthode de Logier, qui s'est ré-
cette enfant etdonnerplus de souplesse panduenon-seulementdansla Grande-
à ses doigts, qu'il imagina le chiro- Bretagne, l'Allemagne et l'Espagne,
plaste instrument composé de deux mais jusqu'en Amérique et dans les
tringles,, dont l'une supporte la main et Indes, n'a en France qu'une vogue
eu
.dont l'autre est munie d'espèces de de peu de durée. Elle ne consiste pas
.ganteletsmobiles destinésàrecevoirles uniquement dans l'emploi du chiro-
doigts et à les maintenir dans la posi- plaste, cet instrument n'étant destiné
tion convenable. Grâce à. celte inven- qu'à corrigerles dispositions vicieuses
tion, la jeune Lpgierfut, au bout de six de certaines mains ou les déviations des
mois, en état de remplacer.son père. doigts, et à empêcher les enfants de
Encouragé par ce remarquable suc- prendre, en exécutant un morceau, de
cès, Logier alla s'établir à Dublin mauvaises habitudes, mais bieu plutôt
pour y donner des. leçons de musique dans l'exécution simultanée de plu-
d'après une méthode simplifiée dont il sieurs élèves sur plusieurs pianos. « Ce
était l'inventeur; il .y trouva un grand mode d'enseignement, dit M. Fétis, est
nombre d'élèves, et peu de temps pour la musique instrumentale ce que
après,HenryJohustonlui offrit la place le chant d'ensemble est pour les voix;
de chef d'orchestre dans son théâ- et l'on peut dire que c'est une vérita-
tre. L'entreprise n'ayant pas réussi, ble création qui devrait être en usage
Logier résolut de se vouer unique- dans toutes les écoles.
»
ment à l'enseignement de la musi- Sans parler d'un grand nombre de
..que. Il prit chez lui quelques enfants concertos, de sonates, de marches et
qui n'avaient aucune notion des prin- d'autres morceaux de musique mili-
cipes de cet art, et au bout de trois taire, d'airs anglais variés, Logier a
.mois de leçons, il les soumit à un 'publié Complète introduction to the
.examen public dont le résultat fut si Keyed bugle, Dublin et Lond., in-4-,
satisfaisant que sa méthode fut immé- et Practical thoroughbas, being stu-
diatement adoptée par plusieurs pro- dies on the marks of modem compo-
fesseurs. Il parcourut alors l'Ecosse sers, Lond., in-4°. Pour répondre aux
et l'Angleterre pour répandre son sys- attaques des détracteurs de son sys-
tème musical, et, malgré les attaques tème, il a mis au jour: An explanation
de ses envieux, le succès couronna ses and description ofthe royal-patent
efforts. En 1817, il se rendit à Lon- chiroplast or hand director lo
-
LOH 111 LOH

piano-forte, Lond., 1816, in-4°; An CTRUS-ANTOINE', sieur de Là Dànoi-
authentic account of examination of sière, mort célibataire et catholique,
pupils instructed on the nem Sys- en 1701, et ANNE, qui abjura, en 1680.
tem of musical éducation, Lond., Arthur, sieur de Couvains, épousa
1818, in-8°; A réfutation of the FrançoiseMorin, fille de HenriMorin,
fallacies and misrepresentations sieur du Loudon, et de Susanne Le
contained in a pamphlet entitled Conte-de-Nonant. Restée veuve, en
An exposition of the new System of 1680, Françoise Morin abjura avec ses
musical éducation, etc., Lond., 4 818, cinq enfants, HENRI-ARTHUR, JEAN,
in-8°. H a décrit son ehiroplaste dans dont la femme,Esther Le Blanc, suivit
un écrit qui parut d'abord à Dublin, l'exemple, MARIE, FRANÇOISE et ELISA-
in-4°, sous ce titre : The first compa- BETH.
nion to the royal-patent chiroplast On ne connaît aucune particularité
or hand-direcior, a nem invented de la vie de Jacques Lohier, fils cadet
apparatus for faciliting the atlain- du sieur de La Giffardière. Il fut très-
ment ofaproperexécution on piano- vraisemblablement le père du pasteur
forte, etfuttrad. en franc, et en allem. Jacques Lohier, sieur d'Aussy. Né à
Enfin il a exposé son système de la Saint-Lô, Jacques Lohier fit ses études
manière la plus complète, dans son à Sedan, où il soutint, en 1627 et en
System der Musih-Wissenschaftund 1628, deux thèses, qui ont étépubliées
dermusihalisehen Composition, mit daus les Thèses sedanenses, l'Une De
Inbegriff dessen was gewôhnlich sacramentis in génère, l'autre De re-
unter dem Ausdruche General-Bass giminéuniversoeEcclesiemilitantis.
verstanden wird, Berlin, G. Logier, Il fut appelé à Dieppe, comme succes-
1827, in-4°, ouvrage qui offre le ré- seur de Moïse Cartaud , le 5 octobre
sumé de tout ce qu'il avait publié au- 4 634. «C'était, ditDaval, un homme
paravant sur ce sujet. pesant, qui avait peu de moyens, qui
LOHIER (JEAN), sieur de La Gif- n'était nullement propre pour une telle
fardière, anobli, en 1598, en récom- église, ce qui y causa ou du moins fut
pense des services qu'il avait rendus l'occasion de beaucoup de difficultés,
à HenriIV, laissa deux fils, nommés car pendant plus d'un an, il se plaignait
PAUL et JACQUES. Paul, sieur de La toujours de son indisposition et du
Giffardière, eut cinq enfants : 1 " EZÉ- grand travail qu'il lui fallait supporter.
CHIEL, qui suit;— 2° ARTHUR, dont la Néanmoins, il faisait d'excellents ser-
destinée est ignorée ;—3° Un fils mort mons qui lui avaient attiré la bienveil-
jeune et enterré dans la chapelle du lance et l'affection du peuple ; mais il
château de Couvains par le ministre de n'en faisait qu'un certain nombre qu'il
Sainl-Lô Maurice ; -— 4° CHRISTINE recommençait de temps en temps, sur
mariée, en 4 620, à Adrien Cabazac,, les mêmes textes, qu'il répétait dans les
sieur de La Roque ; — 5° MARIE, fem- mêmes mots, sans y changer une seule
me, en 1625, de Nicolas Saline, sieur syllabe. » Le mal n'était pas grand, à
de La Hunaudière. notre avis, si ses sermons édifiaient le
Ezéchiel Lohier obtint, en 4 644, la peuple ; mais Laignel, le collègue de
permission de changer son nom en ce- Lohier, se crut obligé d'avertir le con-
lui de COUVAINS, seigneurie dont son sistoire que ces sermons étaient.tout
père avait fait l'acquisition. Il épousa, simplementceux de Du Moulin. D'Aus-
en 1627 , Françoise de Couvert, sy le nia, en traitant Laignel decalom-
soeur de Jean-Antoine de Couvert, niateur, et demanda son congé. Avant
gouverneur deBayeux, fils A'Antoine, de l'avoir obtenu, il osa partir pour
baron de-Soltevast, et A'Elisabeth de Rouen; mais le consistoire menaça de
Saint-Simon - Courtomer. De celte le destituer et le força à revenir. Lohier
alliance naquirent ARTHUR qui suit ;
,
porta plainte au Synode national d'A-
LOI — 112 LOI
lençon qui parvint à réconcilier les sage, le blessa au bras d'un coup de
deu'xminislres, du moins en apparence; feu. Le guet-à-pens n'ayant pas eu le
il continua à régner entre eux une résultat qu'on espérait', l'évêque de
car
sourde inimitié quitroublaitl'église, en Nantes, de concert avec le prieur des
sorte que pour rétablir la paix, le sy- Jacobins de Guérande et l'inquisiteur
node de Saint-Lô dut, en 1634, accor- Lerminier, trama un autre complot. Il
der à Lohier le con gé que le consistoire se rendit au Croisic et annonçaune pro-
s'obstinait à lui refuser. Depuis cette cession avec- ordre à chacun de s'y
époque, nous n'avons plus rencontré trouver et de tapisser le devant de sa
son nom. maison, llsavaitbien, en agissant ainsi,
LOISELEUR (PIERRE), OU Loyse- que c'était le plus sûr moyen de dé-
leur, seigneur deVILLIERS et de West- couvrir les sectateurs de la Réforme, à
hoven, en latin, Loselerius Villerius, qui leur conscience défendrait d'obéir.
théologien célèbre et fondateur de l'é- Au lieu de se souiller parce qu'ils re-
glise duCroisic, en 1558. Destiné au gardaient comme un acte d'idolâtrie,
barreau, Loiseleur faisait ses études à dix-neuf Protestants se retirèrent dans
Orléans, en 1552. Il avait été reçu la maison de Guillaume Le Roy, où se
avocat au parlement de Paris , lorsque tenaient leurs assemblées ordinaires.
la persécution le chassa de France. Il Ils ne tardèrent pas à yêtre investis par
se retira à Genève où il se lia d'ami- les Catholiques ayant l'évêque à leur
tié avec Bèze, qui le décida à renoncer tête. Tant que l'émeute s'en tint aux
à la jurisprudencepour étudier la théo- vociférations et aux menaces, les dix-
logie. Vers le même temps , il épousa neuf fidèles se bornèrent à chanter les
Jeanne de Brichanteau, fille de Char- louanges de Dieu. Plusieurs heu-
les , sieur de Saint-Martin, qui avait .res se passèrent ainsi. Enfin l'évê-
aussi cherché un asile à Genève. Il re- que impatienté ordonna d'amener le
vint ensuite en France dans l'intention canon et fit enfoncer les portes de la
de s'employer à y répandre les doc- maison. Forcés de défendre leurs vies,
trines évangéliques. Andelot l'emme- les Protestants, qui avaient « bonne
na avec lui en Bretagne, ainsi que Jean munition » , firent usage de leurs ar-
Carmel, Ait Flewry ou Fleurier (\), mes et tuèrent deux ou trois des as- ,

qui avait été envoyé de Neuchâtel à saillants, au nombre desquels était un


l'église deParis. Loiseleur prêcha avec prêtre. L'émeute se dissipa comme par
un grand succès au Croisic. « Il com- enchantement; mais le lendemain elle
mence là , lit-on dans le Martyrologe,. recommença et plusieurs maisons sus-
à remonstrer à ce povre peuple igno- pectes furent dévastées.
rant les ténèbres où ils estoyent,et Loiseleur, qui, pendant ces désor-
qu'ils s'abusoient de se laisser ainsi dres était au château du Careil retenu
manier à ces aveuglez preslres, pour par sa ,
blessure ne Tetourna pas au
cercher ailleurs salut qu'en Jésus- Croisic. L'église, de Rouen lui ayant
Christ ; et faire tant qu'une bonne par- adressé vocation il accepta ce poste
tie de ces povres gens ouvre les yeux qu'il occupa jusqu'à ,
la Saint-Barthé-
à ceste lumière de l'Evangile : et se lémy. A la nouvelle des massacres de
renge.ensemble en unsainct troupeau,. Paris, il se sauva dans le château de La
pour estre conduite et gouvernée-parle Rivière-Bourdet avec sa femme et ses
ministère de la parole de Dieu. » Le sept enfants en bas âge; mais il y fut
fanatisme alarmé eut recours à l'assas- poursuivi par
une bande d'assassins et
sinat. Un jour que Loiseleur se rendait n'échappa que par miracle, plus heu-
au château du seigneur de Beaulac, reux que le sieur de Ronse-Bernard,
Pierre de deux, qui le guettait au pas- « gentilhomme docte et éloquent, et
(1 ) C'est le nom que lui donne Louveau, son jà vieil, » Louis Le Coq, ministre de
contemporain. La Roche-Bernard, et l'apothicaire
LOI — 113 — LOL
Etienne Lorin, qui tombèrent entre du Nouveau-Testament latin de Bèze,
les mains des exécuteurs des ordres du en y ajoutantquelques notes de Joachim
roi. Loiseleurse hâta de passer en An- Camerarius; réimp. par Feuguerayen
gleterre, où il fut nommé, en 4574, 1587. On lui attribue aussi une disser-
ministre de l'église wallonne. Son trai- tation fort rare De jure principum. II
tement ne suffisant pas à l'entretien de avait une correspondancetrès- étenduet
sa nombreusefamille, il se mit, au rap- Quelques-unes de ses lettres ont été
port de Louveau, à donner en même insérées par Heinsius dans ses Lettres
temps des leçons de théologie. Au des hommes illustres.
bout de quelques années qu'il passa LOJARDÏÈRE, voyageur connu
, offres de
dans la gêne, il accepta les par la relation d'un séjour qu'il fit for-
Guillaume d'Orange qui l'appela au- cément parmi les Cafres. Pour le sous-
près de lui, en qualité, de chapelaia, traire aux convertisseurs, ses parents
le nomma conseiller ecclésiastique et l'avaient fait embarquer, en 4 686,-à
l'honora d'uneamitiétouteparticulière. l'âge de 4 4 ans, sur un navire anglais
Après la mort de ce prince, Henri de qui allait de Bordeaux aux Indes. Pen-
Navarre chercha à l'attirer à son ser- dant une relâche, il débarqua sur la
vice; mais le prince Maurice ne voulut côte occidentale de l'Afrique, et fit une
point se séparer de l'ami de son père. excursion dans les terres ; mais, à son
Loiseleur mourut donc en Hollande retour, le détachement' dont il faisait
dans sa terre de Westhoven, en 4 593., partie ne trouva plus le bâtiment. Il
On a de lui : fallutse résoudre à demander l'hospi-
I. Ratio ineundoe concordie inter talité à une peuplade indigène, celle
ecclesias reformatas,sive quibus mo- des Macosses. Par suite d'un malen-
dis occnrri possit mirificis artibns tendu, tous les Blancs furent égorgés
quibus pontificiiper quosdamimpru- peu de temps après, à l'exception du
dentes theologos universas Christi jeuneLojardièrequi échappacommepar
ecclesias potissimùm autem et pri- miracle, et qui deviut l'objet des préve-
mùni germanicaspessundare conan- nances de ce peuple barbare. Il trouva
tur, 4 579, in-4°; réimp. dans le Serin, chez ces nègres d'autres Européens
antiquar. de Gerdès. avec qui il partit, le 10 fév. 1688, sur
II. Apologeticon Belgarumcontra une chaloupe envoyée par le gouver-
UbrumC'oncordieBergensium,T)iir>\iè neur du Cap. Lojardière alla rejoindre,
enlalin et en flamand, en 4 579 ; réimp. en 1690, sa famille, qui s'était réfugiée
avec des notes, parGerh. deRenesse, à Dessau pendant son absence, et en-
4 651, in-8°, et par Gerdès, dans son tra comme capitaine dans les troupes
Scrinium. de l'électeur de Brandebourg, où il par-
III. Apologeticuslibellns Arausio- vint au grade de colonel. Il laissa en
nensis Principis adv. edictum régis msc. une Relation d'un voyage à
Hispaniarum, quo is Arausionensem la côte des Cafres, qui a été trad. en
proscripserat, publ., en 1584, en la- allem. et publiée à Francf.-sur-Oder,
tin, en français et en flamand. —Loi- 4748, in-8°, augm. de quelques notes
seleur y a eu la plus grande part ( Voy. sur la géographie et l'histoire, natu-
VI, p. 276). relle de l'Afrique australe. Les obser-
IV. Pétri Villerii et Joh. Taffini vations de Lojardière sont telles qu'on
responsum de pace religionis cum pouvait les attendre d'un jeune homme
pontifiais ineundâ. Item de resti- de 15 ans.
tuerais templis, que per tumultum LOLlIE (JEAN-LOUIS DE), juriscon-
pontificiis adempta sunt, publ., dans sulte et publicistecélèbre, néà Genève
le Scrinium de Gerdès. en 1740, et mort au mois de juillet
Loiseleur a donné, en outre, une 1806, dans un village du canton de
nouvelle édition (Lond., 1579, in-8°) Schv7itz,nomméSeven,surleRufflberg.
T. VU. 8
LOL 114 LOM

De Lolme descendait d'une famille l'éloge en plein parlement, est regardé
de Réfugiés: en 1570, Pierre de comme un des meilleurs que nous
Lolme, de Châtel en Forez, avait été ayons sur la constitution anglaise.
reçu bourgeoisà Genève. Une brochure De Lolme examine sous toutes ses
qu'il publia sous le titre : Examen de faces cette constitution célèbre, mais
trois points dé droit, au sujet des dans, lé but évident d'en faire valoir
troublés civils qui agitaient sa patrie, les avantages plutôt que d'en exposer
le força' à quitter sa ville natale, où il lès défauts. C'est ainsi qu'il loue la
exerçait la profession d'avocat, et à se sage pondération des pouvoirs, sau-
réfugier en Angleterre. Il aurait pu, vegarde dé la liberté avec l'organisa-
par ses rares talents, s'y créer une po- tion indépendante de6 tribunaux et la
sition digne d'envie,'mais il prit comme liberté de la'presse ; qu'il fait sentir les
à tâché dé ruiner son .avenir en se li- dangers d'une armée permanente ; qu'il
vrant à une passion effrénée pour le insiste sur les garanties qu'offre l'obli-
jeu et les plaisirs les'plus crapuleux. gation pour les fonctionnaires de l'Etat
Pendant tout le temps qu'il passa à de suivre la lettre de la loi ; mais il dis-
Londres, il vécut dans une grande mi- simule, par exemple, la plaie la plus .

sère, qui ne dompta pas, toutefois, son honteuse du gouvernement anglais, là


caractère fier et indépendant. Il fuyait vénalité des élections- ' ' .'''"'
lesprotecteurs avec autant dé soin que II. Aparallel betmeen the english
d'autres les recherchent ; Il repoussait constitution and the former goverh-
toute assistance à peine consentit-il ment of Siveden, containing some
";

à recevoirquelques secours sur le fonds observations on the late révolution


des lettres pour retourner dans sa pa- in that hingdom, and an éxamina-
trie. Quelque temps après son arrivée tion of the causes that secures'us
à Genève, :en 4775, il fut élu'membre against both aristocràcy and abso-
du CC. On ne nous apprend pas si dé lùte monarchy, Lond., 1772, in-80.
Lolme a jouê'uri rôlë'dans l'espèce de ---Le titre indique suffisamment le
révolution opérée, en 4782, par les but de l'auteur. •
""
natifs,' unis aux habitants etaux sujets, III. The history. ofthe Flagellants,
contré l'aristocratie genevoise, révolu- Lond., 1777, in-4°; 2* édit': aûgmM
tion qui fut comprimée par l'interven- 4782, in-4"; trad. en allem., Leipz.,
tion de la France, ' de Berné et de la 4 78,5; in-8°. — Commentaire sur l'ou-
Sàrdàigne ; mais oii peut supposer vrage de l'abbé Boilèau.'
qu'il ne vitpàs sans peine rétablir l'an- IV. An essay containing a fen
cienne constitution qui ne devait être strictures ofthe union of Scotland
renversée que quelques années plus with Éngland, and' on the présent
tard. Depuis son retour dans sa patrie, situation oflreland; being 'ail in-
sa vie est couverte d'une complète ob- troduction to de Foè"s History ofthe
scurité. Voici la liste de ses ouvragés. Union, Lond., 4 787; 1796, in-4°. ' '
I. La constitution d'Angleterre, V. Observations relative to the
ou état du gottpernement anglais taxes upon Windows orlights,LonA.,
comparé avec là forme républicaine 1788, ïn-8°.
et avec les autres monarchies de VI. Observations upon the late
l'Europe, Amst., 1771, in-8°, et sou- embarassement and the proceedings
vent depuis, notaniim à Genève, 1787, inparliament relative to the
ih-8° ;fràd'.en angl'. par i'auleur,avec Lond., 4789, in-8°. same,
des addit. nombreuses, LqndM 1772, " LOMAGNE (GÉRAUD DE), sei-
iti-8°, et réimp. encore de nos jours ; gneur de SÉniGNAC, quatrième fils de
trad. en allem. sur l'anglais,'Lëipz., Georges de Lo'magne et de Claude de
4776,in-8°; nouv.trad.allem., 4 790. Çardaillac, naquit dans les premières
.*- Cet ouvrage, dont Chatam a fait années du xvi° siècle. Attaché au ser-
LOM 115 — LOM
•vice de la reine de Navarre, ii em- de 1ouïe et de quelques soldats, qui
brassa le protestantisme, dont il fut un rachetèrent leur vie par une abjuration.
des plusfèrmesappuis dans le Quercy. Buzet, emporté par escalade, fut mis
C'était, dit de Serres dans son Inven- à feu et à sang, et Rabasteins, attaqué
taire, un capitaine. « sage, vertueux, à son tour par le terrible capitaine, ne
aymant la discipline militaire». La dutson salutqu'à un heureux accident.
première expédition à laquelle il prit Au mois de septembre, Terride, que
une part considérable, fut celle de l'assemblée de Réalmont avait confir-
Montgommery. dans le Béarn. C'est mé dans son commandement, fit sur
lui qui fut chargé de régler les articles Toulouse une entreprise qui échoua
de la capitulation d'Orthez, où s'était encore. En 1573, il assista a l'assem-
retiré son frère Antoine de Lomagne, blée de Milhau, qui le députa avec Clau-
qui commandait les Catholiques béar- sonne auprès de Damville pour négo-
nais. Sesservicesluirnéritèrentlegou- cier l'union des Huguenots et des
vernement de Navarreins. Après la Catholiques politiques. En 1S74, Ter-
Saint-Barthélémy, il fut un des capi- ride contribua plus que personne à la
taines huguenots qui déployèrent le prise de Castres ( Voy. II, p. ï'1'9), en
plus -d'énergiepour relever le courage taillant en pièces deux cents Italiens
de leurs coreligionnaires consternés. qui y tenaient garnison. En 1575, il
Ses exhortations réussirent à rattacher fut de nouveau chargé, au nom dii
à la Cause les vicomtes de Paulin et parti protestant, de signer avec Paulin
de Montclar. Reconnu pour chef du le traité de confédération qui fut con-
Bas-Quercy etduLauraguais par l'as- clu avec le gouverneur du Langue-
semblée de Saint-ADtonin, il prit sur- doc. Dès lors plusieurs années s'écou-
le-champ les mesures les plus vigou- lent sans que le nom de Terride se ren-
reuses pour organiser l'insurrection. contre dansl'histoiredenos guerres de
La défense de Càussade, dePuy-Lau- religion. Selon l'historien du Quercy,
reus, de Saint-Paul, de Saint-Antonin il suivit le roi de Navarre à la prise de
fût confiée à quatre capitaines déjà re- Câhors. En 1586, nous le trouvons
nommés par leur bravoure et leurs ta- commandant à Maulauban avec DU
lents militaires, à La Motte-Pujols, Plessis-Mornay.Deux de ses neveux,
à Sénégas, à à'Audon et au baron de sous prétexte de lui faire visite, ayant
Las Ribes. Sérignac établit son quar- essayé de surprendre la ville, Géraud
tier-général à Montauban. Son pre- deLomagnefùt soupçonné, probable-
mier exploit fut la prise du château de ment sans aucun fondement, d'avoir
Terride sur lequel il prétendait avoir été dans le secret de leur entreprise,
des droits, comme héritier de son frère et il fut obligé de s'éloigner de Mon-
aine Antoine, qui n'avait pas laissé tauban. On ignore l'année- de sa mort.
d'enfants mâles. Depuis quelque temps Géraud de Lomagne avait épousé.la
déjà, il avait quitté le nom de Sérignac veuve de Léonard de Gironde, Louise
pour preudre celui de vicomte de Gi- de Cardaillac, fille de Geoffroy-As-
moez et seigneur de TERRIDE, en vertu torg-Aldebert de Cardaillac, sei-
d'un arrêt du parlement de Bordeaux, gneur deMarchastel (Voy. V, p. 279),
qui lui avait laissé le titre, en attribuant qu'il laissa veuve pour ia seconde fois
les biens dé la succession à ses deux avec deux filles, nommées MARGUERITE
nièces. Il enleva ensuite l'abbaye de et ANNE.' L'aînée prit alliance dans la
Belleperche dont les religieux furent famille de Lévis-Mirepoix, famille zélée
précipités dans la Garonne, cruauté pour le catholicisme, qui a pourtant
dont Yillars ne tarda pas à tirer une donné à l'Eglise protestante le sieurde
vengeance éclatante, enfaisant pendre Lavelanet, mort à Pamiers le 11 juill.
la garnison du château de Terride, & 4 60-1.
l'exception du commandant Gaspard LOMBAUïï». Ce, nom se rene-oîitre
LOM 116 LOM
— —
assez fréquemment dans les annales Allardetie Marie Robin; —2° JAGOB,
du protestantisme. Plusieurs pasteurs, présenté au baptême, le 1 " janv. 4 64 6,
l'ont'porté. Nous avons déjà eu l'oc- parle sieur àaBerjonville et Mm° Bu-
easion déparier de l'un d'eux (T. IV, nel;—3" JACQUES, né le.28 déc. 4 616;
514). Il avait été admis au saint —4" JEAN, né en 1618, et présenté au
p.
'' ministère par le synode de Bellesme, baptême par/sa» Ménjot,procureur en
donné à l'église d'Angers la chambre des comptes et M™0 Briot,
en 4 673, et
(Arch. TT. 330.) Il passa sans doute femme du graveur général des mon-,
en Angleterre lorsque cette église eut naies; —5° PIERRE, célèbre graveur,
été'détruite, en 1684. Peut-être est- à qui noue consacrons une notice (Re-
ce lui qui 'est désigné comme pasteur ' ffist. de Charenton). — Un nommé
.

de Swallow-Street, collègue de Cha- Lombard, originaire du Languedoc,,


rnier^. Glase-Honse-Slreet, et qui alla fit à Londres unehaute fortune. Il avait
s'établir en Hollande en 4 693. — Un été contraint de quitter la France sous
autre pasteur de ce nom, Jean Lom- le règne de Louis XV. Une de ses
lard, desservait en 4 698 l'église du filles, d'une grande beauté, épousa
.Quarré, et, la même année,celle de Mar- Horace 'Walpole, frère dujj ministre de
tin'sLane.— En 1684, un Lombard, ce nom. De ce mariage naquit une fille
ministre à Londres, remercia Char- qui devint duchesse de Gloucester. La
les II de la protection qu'il accordaitaux petite famille huguenolte se trouva par
jeunes Français que leurs parents par- là alliée de très-près à la famille royale
venaient à faire passer en Angleterre. d'Angleterre. Les autres enfants de
—Charles Lombard , désigné comme Lombard restèrent à Nismes, où leurs
frère de deux ministres, fut accusé, en descendants subsistent encore. L'un
4 688, de favoriser la fuite de ses co- d'eux, Alexandre Rolland, était biblio-
religionnaires et enfermé dans la cita- thécaire de Madame Adélaïde.
delle du Havre; mais.Pannée suivante, LOMBARD»'(JEAN-GUILLAUME), se-.
on le rendit à la liberté (ArcMv. E. crétaire intime du roi de Prusse Frédé-
3374).—André Lombard, de Nis- ric-Guillaume III, né à Berlin, le4"avr.
mes, immatriculé à la Faculté de théo- 4 767, d'une famille de Réfugiés origi-
logie de Genève, en 1654, et admis naire du Dauphiné, et mort à Nice, le
au ministère par le synode de Nis- 28 avril 4 842, d'une affection de. poi-
mes, en 4 658 (Arch. TT.282), rem- trine. Un certain talent pour la poésie,
plit les fonctions pastorales d'abord à qu'il manifesta dès son jeune âge, lui
Nismes, en 4 669, puis à Lussan, dès valut les bonnes grâces du grand Fré-
4674. —Plusieurs Lombard, du Dau- déric, qui le nomma -à quelque emploi
pbiné, se réfugièrent en Suisse ; ce dans son cabinet particulier. Après la
-
sont : Jean Lombard, reçu bourgeois mort de ce prince son successeur,
à Genève avec son fils Jean, en 1710; l'ayant pris en affection, ,
le choisit pour
Jacq. Lombard, admisàlabourgeoisie secrétaire de son cabinet. Il devint, se-
avec ses fils AIMÉ et JEAN, en 1713', et lon son expression, son demi-favori.
Charles Lombard, drapier, reçu en Toutefois, au lieu de se pénétrer de
4734. D'autres se retirèrent à Lausan- ses devoirs, dit la Biogr. des Contem-
ne.—Il existait une famille de ce nom porains, « il continua de faire des vers, .

à Paris. François Lombart laissa plu- s'occupa déplaisirs et d'intrigues etfut


sieurs enfants de sa femme Elisabeth de toutes' les_parties de Rietz et do la
Poitrine: 4"MARIE, femme, en 1631, comtesse de Lichtenau. » La mort'de
du peintre Roland Gasselin, fils de Frédéric-Guillaume,II faillit interrom-
iVoéï Gasselin, également peintre; leur pre sa carrière.Maisgrâce àla souplesse
fille, JEANNE, fut mariée,en avril 4 6S0, de son esprit, il regagna promptement
avec Samuel Allard, ministre à Sau- leterraiuperdu.Frédéric-GuillaumoIII,
vago, près La Charité, fils de Pierre renonçant, à ses préventions contre lui,
LOM 117 — LOM
en fit son secrétaire particulier. Dans jeu double, c'est-à-dire qu'il crut de-
ce poste de confiance, il fit preuve de voir se déshonorerpoursejuslifier.Les
patriotisme — comme l'événement ne revers terribles de 4 806 et de 4 807 ne
l'a que trop bien prouvé lorsque ses firent qu'augmenter l'animosilé contre
,
sages conseils ne furent plus écoutés, lui; dans plusieurs villes, on l'insulta,
—en détournant le roi de se jeter dans on le couvrit de boue. La reine même
les bras de la nouvelle coalition qui le fit arrêter et jeter en prison; mais le
s'ourdissait contre la France. Le roi le roi, qui ne partageait pas son aveugle^
consultait sur tout. Grâce à cette royale ment, le fit remettre en liberté. Lom-
intimité, Lombard, dit M. Thiers, Ba- bard renonça dès lors à la politique.
vait acquis en Prusse une très-grande Nommé secrétaireperpétueldel'Acadé-
importance. M. d'Haugvritz, habile'à se * mie de Berlin, dont il était membre de-
saisir de toutes les influences, avait eu puis quelques années, il se renferma
l'art de s'emparer de M. Lombard, de dans ces fonctions, jusqu'à ce que sa
manière que le roi, passant des mains, santé délabrée l'engagea à aller de-
du ministre dans celles du secrétaire mandera l'Italie un ciel'plus doux. Mais
particulier, n'y trouvait que les mêmes les ressorts de la vie étaient usés en
inspirations, c'est-à-dire celles de M. lui ; il s'éteignit à l'âge de 44 ans. Ses
d'Haugwilz.» Sur la fin de 4 803, alors compatriotes, en général, l'ont jugé
que Bonaparte faisait ses préparatifs avec beaucoup de sévérité. C'était un
pour une descente enAngleterre, Lom- homme d'esprit, et, aux yeux de tout
bard fut envoyé à Bruxelles pour son- juge impartial, la politique qu'il cher-
der le premier consul sur les conditions cha à faire prévaloir, prouve en faveur
d'une alliance plus étroite. Bonaparte, de son jugement. Il a publié :
« averti des dispositions dans lesquel- l.Poëme sur la mort du prince
les arrivait M. Lombard, l'accueillit de Léopold deBronsvicTSevïmJ 786,8°.
la manière la plus brillante et prit le II. Au duc de Bronsvic sur la con-
meilleur moyen de s'ouvrir accès dans quête de la-Hollande,Berlin, 1789,8°.
son esprit, c'était ûe le flatter par une III Essai d'une traduction d'Os-
confiance sans bornes, par le dévelop- sian en versfrUnçois,BeT\m,i 789,8°.
pement de toutes ses pensées, même IV. Histoire delà campagne des
les plus secrètes. » Le moyen réussit. Prussiens en Hollande en 4 787, trad.
Lombard quitta Bruxelles « convaincu, de l'allemand de T. P. de Pfan, Berlin,
ébloui, enchanté des familiarités du 1790,in-4°.
grand homme » — ses ennemis dirent V. Matériauxpour servir à l'hist.
dupé etmême vendu,—et il s'empressa des années 4805 1806 et 4 807, dé-
,
de communiquer ses impressions au diés aux Prussiens par un ancien
roi. La coterie de la reine fut en désar- compatriote, Berlin et Paris, 4 808,
roi. Frédéric-Guillaume, poussé par in-12 ; anonyme, attribué générale-
son ministre et par son secrétaire, était ment à Lombard; trad. en allem. par
sur le point de signer un traité d'al- lui-même,àceque l'on suppose,Berlin,
liance offensive et défensive — on ne 1808, in-12. Selon M. Quérard, l'édi-
discutait plus que sur le nom à donner tion deParisauraitétéfaiteparlesordres
à cette alliance,—lorsque l'événement et aux frais du gouvernement français.
de Yincennes vint tout-à-coup rompre LOSIBAKT (PIERRE), excellent
le cours des négociations et rejeter la graveur en faille douce. Lombart na-
Prusse dans les bras, de la Coalition. quit à Paris en 4 620, et eut pour par-
Lorsque le parti delà guerre l'emporta, rain le célèbre ministre Drelincourt.
Lombard eut la lâcheté, pour donner Tous ses biographes se trompent en le
le change à ses ennemis, de déclarer faisant naître en 1612. On ignore quel
publiquement que, dans toutes ses re- fut sonmailre en gravure; on sait seu-
lations avec Bonaparte, il avait joué un lement qu'il travailla dans l'atelier du.
LOM 118 — LOM

peintre Voûet. Il se rendit en Angle- 17" La Madelaine repentante, d'a-
terre sous le règne de Charles I" et y près le Titien ; — 18° Le petit S. Jean,
séjourna, à ce quel'on suppose, jusque portant une croix avec cette devise :
dans les premières années de la Res- Ecce agnus Dei, in-4°, d'après Yille-
tauration, De retour en France, il fut quin, P. Lombart Academioe sculp.;
élu membre de l'Académie royale de '— 19° Ecce agnus Dei : Deux enfants
peinture et nommé graveur du roi. Il couronnant de fleurs un agneau,in-i',
prend le premier de ces titres dans la Lombart Academiae sculp.;—20° 'fêle
'signature de quelques-unes de ses gra- du Christ, avec Cette devise : Egodi-
vures ; et le second, nous le trouvons ligentes med'iligo,m-l°;—M°A'nlre,
consigné sur le Registre de l'Etat civil. d'après Bunelle (sic); — 22° S. Phi-
On loué la fermeté de son burin ; mais lippe, d'après C. Vignon; — '23° S.
on lui a reproché un peu de dureté : dé- M'itAïas,'à'àphs le m'ême ; — 24°Sfe-
faut qui se remarque, en effet, dans quel- Catherine, d'après lé 'Guide, la plu-
ques-unes de ses planches. Il mourut part in-fol. ou gr. iu-4°.
à Paris et fut enterré, le'34 oct. 4 681, Parmi ses portraits, nous indique-
dans le cimetière de Charenton, à l'âge rons : 1 ° Charles 1" à cheval, couvert
dé 61 ans (Etat civ. de Paris, N" 93). de son armure, un page à pïed se tient
Lombart a laissé un grand nombre auprès de lui, dans le fond du tableau
d'ouvrages. Parmi ses gravures de sain- on voit des escadrons de cavalerie,
teté, nous pouvons citer : 1 "La Cène ou d'après Van Dyck. Plus tard, s'oùs Te
Jésus diable avec ses disciplesÀ'ayrbs Protectorat, Lombart effaça la tête de
N. Poussin; —2" La nativité, d'après Charles I" qu'il remplaça par celle de
le même; — 3* L'adoration des ber- Cromwell ; puis après la Restauration,
gers, d'après le même; — 4° L'ange il la rétablit; on possède 'des épreuves
du Seigneur apparaît en songe à Jo- où la tête manque;—2° Olivier Crom-
seph, d'après Ph. de Champagne ; — ipell revêtu de ses armes, u'n page lui
5° Le Christ sur la croix, d'après le attache son éehar.pè,. à nii-corps, d'a-
même ; — 6° Sainte Famille, d'après près Waïker; —- 3° ïiobert Walher,
J. Lé Febùre ; —7* Autre, d'âpres le peint par lui-même ; — 4° Les Com-
même; — 8° La Vierge tenant sur tesses de Van Dyck, suite de douze
ses genoux l'enfant Jésus, à quilep'e- portraits, .dont dix comtesses et deux
tit S. Jean baise la main, d'après le comtes, Philippe de Pem'brock et Henri
même; P. LombartAcademïàî sculp.; d'Arùnuel, d'après Van Dyck; — h°Jé-
— 9° La Vierge tenant dans ses bras rémie Taylor, fameux théologien an-
Venfant Jésus qui caresse le petit S. glais; — 6° Brian Wal'ton S. T.D.;
Jean, d'après leinëin.e;—^i:Ù°LuVierge 7° Sir Henri Wooiton ; — 8° Sir
tenant sur ses genoux Venfant Jésus —
Sdiiiuel Mor'eland, ïn-4°, d'apTès Lely;
à qui le petit S. Jean baisé le pied, — 9° Anne Hyde, duchesse d'York,
(probablement d'après le même ) ; d'après le m'êmè, in-8°; — Î0° Wil-
41° Les disciples —
d'Emails, d'âpres liam Davïson, mëdec. du roi de Polo-
PaulVéronèse;—42° La, Vierge assise gne; — 4 4e' Cartmright, écrivain.;
sur -un trône, tenant sur ses getioux — 12° Alexandre Ross, chapelain de
l'enfant Jésus, d'après Ann. Carrache; Charles I";—4 3'Jean Donne, 'doçt. en
— 3° La Vierge, Joseph et Jean-
A droit; -^ 4 4° Le docteur Charïïon;
Baptiste admirant l'enfant Jésus, — 15° Le docteur Christ. Terne; —
d'après le même (pas signée); —14° La 16° SamuelMalines; ---17° John Dé-
Vierge donnant le sein à l'enfant Jé- thich; — 18° Gustav Bonndhe, d'a-
sus (lepeintre n'est pas nommé); — prèsD. Klocker; —19"Portraitde ïeiii-
15" L'archange S. Michel terrassant me : Telle est la charmante duclies-
le dragon, d'après Raphaël; — 16° se, etc., ïn-8", d'après Lely ; — 20°
L'enfant Jésus, d'après Jacq.Stella;— Jean Baillé (Dallajus), min. du §1-
LOM 119 LOM
Evangile, 1670* d'après W. Vaillant; pas un égal mérite; mais on en distin-
— 21° Moïse Amyraut (Amyraldus), gue plusieurs qui sont de véritables
min. du St-Evangile, d'après Ph. de chefs-d'oeuvre. Pendant son séjour en
Champagne; —28° Le gaietier de Angleterre, Lombart travaillabeaucoup
Hollande de La Font, d'après H. pour les libraires.HoraceWalpQlecité
,
Gascard;—23° Vincent Nevelet, con- de lui : 4 • le Frontispice du Virgile
seiller au parlement;— 24° Gabriel publié, en 4 654, par le poète Ogilby,
Chassebras de La Grandmaison, pet. in-fol.; quelques-unes des illus-
conseiller à la cour des monnoies ; — trations (nous en avons tenu sept);
25° Thomas Morant, marquis du ont aussi été gravées par lui d'aprèsles
Mesnil, maître des requêtes, d'après dessins de F. Cleyn;— 2° Portrait de
W. Vaillant; — 26° Antoine, duc de sir Robert Stapleion, mis en tête du
Grammont, maréchal de France, 1663, Juvénal de cet auteur;—3°LeFrontis-
d'après le même ; 27° Maurice de pice ^.plusieurs figures pour la Bible

Savoye, comte de Soissons, duc de de Field, impr. à Cambridge, en 1660;
Carignan, d'après le niêihe; — 28" —4° Huit gravures, pet. in-4",d'après
Pierre de La Mouche, conseiller au les dessins de L. Richer, représentant
parlement, d'après J. Dieu; —%%°Guill. Minerve, la Grammaire,la Rhétorique,
de Èarovys, seigneur de La Seille- la Logique, la Musique, la Peinture,
raye, conseiller, d'après le même ; — l'Astrologie, la Géométrie,pourle livre
30': Charles, duc de laVievville, d'a- quiporte pourlitre : Minerva étseptem
près le même; —- 34° Pierre de Lau- libérales artes;—5°Uneeslampeemblé-
nay,.conseiller, d'après deLaMare-Ri- matique appelée par V'ertue Theophila
chart; — 32" Augustin de Servien, ouleSacrificed'amour,6lseT\missihs
abbé, 4 666, d'après le même; doute, de frontispice aux poésiessacréés
— 33°
Philippe deSavoie, abbé, enfant d'une de Bendlowe publiées,sous ce.titre,
dizaine d'années,in-4°,d'aprèslemême; 4652; in-fol.; — 6° Un magnifique
— 34° Pierre-Paul Riquet, baron de F'rontispice-, sans nom d'ouvragé, d'a-
Bonrepos, 4 672, d'après le même; —: près le dessin de Dièpnbeck (GhalCog.
3.5°Christianus Ludovicus,prin'ceps , nat.).—Toutes les gravures de Lom-
Vandalorjim, d'après lemême,Parisiis, bard (au nombre d'une cinquantaine),
1670;— 36" Pierre de Maissàt, con- que nous avons tenues.sont signées de
seiller du roi, 4666;,d'après Cl. Le Fe- son nom.,Cependant, selon Huber, il
bure; — 37° Paul Petau (Petavius), signait quelquefois de ses initiales, et
conseiller, d'après Qnestel; —38" S. Nagler prétend qu'il employait un ana-
Sorlin-des-Marets, gr. in-8°, d'après gramme dontse servaient aussi d'autres
Gascard; —3.9° Jean de Gomont, con- artistes, en ajoutant que ses ouvrages
seiller, 4 665 d'après Vanloo;— 40° se reconnaissent par plus de froideur.
, évêque
Henri Arnould, d'Angers;-— Mais nous croyons qu'ils sont l'un et
44 ° Le duc .d'Enghien à cheval, une l'autre dans l'erreur.
Victoire ailée le couronne, dans le LO.llÉNIE (MARTIAL DE),troisième
fond du tableau, bataille deFribourg fils d'Aiméry dé Loménie, seigneur de
(4644);— 4î° Catherine-Madelaine- Faye près dé Limoges, embrassa la re-
de Vertamont, dessinée et gravée par ligion protestante on ignore à quelle
Lombart.;— 43° Charles V empereur: ,
époque.,On ne connaît d'ailleurs au-
— 44° Charles Emmanuel,prince de cune circonstance de sa vie. Lors de la
Savoie, 4 674. La plupart de ces por- Saint-Barthélémy, dont il fut une dés
traits sontiu-fol. victimes,il était secrétaire du roi et des.
On trouve, en outre, à la Chalcogr. finances et greffier dii Grand-Conseil.
nat. quelques autres portraits de Lom- Voici en quels termes le Martyrologe,
bart, où le nom des personnages n'est raconte sa mort : Loménie ayant esté
pas indiqué. Toutes ces gravures n'ont contraint par le comte de Rets, dans la
LOM 120 —
LOQ

prison, de lui vendre sa terre de Ver- on avait pu s'aviser, quelques remon-
sailles, à tel conte que ce comte vou- trances et requêtes qu'il eûtprésentées
lut, sous espérance qu'il sortiroit de au. roi. Crespin, aussi, n'aurait pas
prison, où aussi on le contraignit de manqué d'ajouter qu'il avait été mis à
résigner son estât de secrétaire : lecon- mort, bien que catholique. Enfin on
tract estant passé, il fut massaCré avec peut affirmer presque avec certitude
quinze autres par Tanchou. » Ce récit que ses enfants n'auraientpoint été éle-
est confirmé par de Thou, qui nous ap- vés, comme ils le furent, dans la reli-
prend que Loménie était en procès au gion réformée.
sujet de sa terre de Versailles, mais Martial de Loménieavait épousé Jac-
qui se trompe en lui donnant le prénom quette Pinault de Blois, dont il eut
de Jean. Il l'est aussi par d'Aubigné, plusieurs enfants. Trois nous sont con-
seulement ce dernier affirme que le nus: deux filles, LOUISE et MARIE, mor-
malheureux prisonnier fut égorgé par tes, la première au mois de mai 4 64 0,
ordre de Lansacqui s'empara de sa terre la seconde en 4 64 5, et enterrées tou-
de Yersign'y (4). tes deux dans le cimetière protestant
M. de Loménie, professeur au Col- (Reg. de Charent.), et un fils, AN-
lège de France, qui descend d'un des TOINE , sieur de La Ville-aux-Clercs,
frères, de Martial et à qui nous nous qui finit par abjurer la religion dans la-
sommes adressé pourrie prier de nous quelle il était né.
donner quelques renseignements sur Attaché, dès son enfance, au roi de Na-
ce dernier, nous répond : Quant au rôle varre, qu'il servit avec autant de talent
joué par Martial dans leparti protestant, que dé fidélité et de zèle, et qui de son
je crois qu'il a été assez insignifiant, côté lui témoigna toujours beaucoup de
puisque je ne suis pas même bien sûr confiance, Antoine de Loménie devint
qu'il professât ouvertement le protes-, secrétaire des commandements de ce
tantfsme, la qualité de protestant dé- prince, dès qu'il se fut rendu capable
claré ne me paraissant pas compatible, des grandes affaires, lit-on dans la pré-
sous Charles IX, avec les fonctions d'un face des Mémoires de son petit-fils
greffier du Grand-Conseil, qui contre- Henri-Auguste. En 4 595,,il fut chargé
signâmes édits et ordonnances du roi.» par Henri IV d'une mission en Angle-
Cette incompatibilité admise, tout ce terre, et en 1606, il fut créé secrétaire
que l'on pourrait en conclure, c'est que d'état. C'est vraisemblablement vers
Loménie n'était pas encore protestant cette époque qu'il abjura la" religion
en 4 561, date de l'ordonnance au bas protestante, pour laquelle d'ailleurs il
de laquelle son noni se trouve ; mais s'était, à ce qu'il semble, toujours mon-
qu'il le soit devenu plus tard, nous n'é- tré assez indifférent, puisqu'il avait é-
prouvons aucun doute à cet égard. Si pousé, en 1592, une catholique et qu'il
Martial de Loménie n'avait point été avait souffert que tous ses enfants fus-
huguenot, Condé n'aurait point fait sent élevés dans le catholicisme. Il
spécialement mention de lui dans les mourut en 4 638, à l'âge de 78 ans.
plaintes qu'il envoya à Charles IX au LOQUE (BERTRAND DE), ministre
mois d'août 1568 et dans lesquelles protestant, né à-Champsaur, selon Guy
,
on lit que Loménie avait été saccagé Allard. Tout ce que nous savons de la
en sa maison, emprisonné et rançonné vie de ce pasteur, c'est qu'il remplis-
et traité avec toutes les indignités dont sait ses fonctions à Casteljaloux, en
(1) En ceci d'Aubigné commet une erreur. 1597, année où il assista à un synode
Le nom de la terre pour laquelle Loménie provincial tenu à Miremont, lequel l'é-
était en procès s'appelait bien Versailles. lut vice-président. Il est vraisembla-
C'est sur l'emplacement de son manoir, acheté ble qu'il exerçait depuis longtemps
plus tard par Louis XIII, qu'a été construit
par Louis XIV le magnifique château de Ver- déjà son ministère dans laGuienne;
sailles. c'est ce qu'on peut inférer du choix
LOQ — 121 —. LOQ
que Turenne fit de lui, eu 1581, pour cendaient quatre ministres du nom
une mission à Genève, comme on voit de Loquet qui desservirent différentes
par une pièce conservée aux Archiv. églises delaSaintongeetdelaGuienne
decette ville, N°2039, et portant pour dans la seconde moitié du xvni" siècle.
titre : Proposite de M. de Loques en- Trois d'entre eux nous sont connus
voyé par le vicomte de Turennepour par les actes d'un synode provincial
avertir la Seigneurie de l'état des qui se tint à Marennes, en 4 674 (Arch.
affaires des églises de France. Après g en. TT. 247) : l'un , Zacharie, était
son mariage, Turenne appela Loque à pasteur à Nieuil, et sortit de France
Sedan en qualité de ministre. Nos re- avec sa femme, à la révocation (Arch.
cherches ne nous ont rien fourni de gén. TT. 287); l'autre, Pierre, rem-
plus sur le compte de ce pasteur, auteur plissait à Bourg-Charentelesfonctions
de quelques ouvrages de controverse du ministère, et le troisième, Olivier,
qui ont eu une certaine vogue. à Marennes. Ce dernier est le mieux
I. Traictê de VEglise,contenantun connu. Il présenta au synode susdit un
vrai discours pour connôistre la Indice des actes des synodes natio-
vraie Eglise et la discerner d'avec naux, qu'il avait rédigé en collabora-
l'Eglise romaine et toutes fausses tion avec son collègue Théodore Cres-
assemblées, Gen., E. Vignon, 1577, pin, sur l'invitation du synode provin-
inr8°;trad. en angl.Lond., 4581, 8°. cial deMauzé. Benjamin de Daillon
II. Les principaux abus de la et Baduel furent chargés d'examiner
messe, La Roch., 4 596,in-16. ce travail ; nous ne croyons pas qu'il
III. Response aux trois discours ait été imprimé. En 1684 Olivier Lo-
,
du jésuite L. Riche.ome sur le sujet quet fut arrêté sous l'accusation d'ex-
des miracles, des saincts et des ima- horter son église à la. persévérance;
ges, La Roch., 1600, in-8°. mais, après quelques mois de détention
IV. Tropologie onpropos et dis- tant à La Rochelle qu'à Brouage, on
cours sur les moeurs, contenant mie lui rendit la liberté. Trois ans plus tard,
exacte description des vertus prin- en 1684, on l'incarcéra de nouveau
cipales, Gen., 1606, in-8°. sous le prétexte qu'il avait reçu des
On lui a aussi attribué, mais sans relaps dans le.temple de Marennes et
preuves suffisantes, un Traictêortho- qu'il y -avait souffert des. enfants de
doxe de l'eucharistie et sainct sacre- nouveaux-convertis. Septmois s'écou-
ment du corps et du sang de N. S. lèrent avant que Carnavalet et le trop
J.-C, Lyon, 1595 ; La Roch., 1595. fameux Du Vigier pussent trouver des
LOQUET, nom d'une famille de la témoins à charge. Un saunier, nommé
Sainlonge, originaire vraisemblable- Nettoyer, ayant refusé de témoigner
ment de la Normandie, d'où s'enfui- contre Loquet, fut retenu trois mois eh
rent, pendant les guerres civiles du prison et finit par abjurer, pour ne pas
xvi' siècle, Jacques Loquet, de Rou- être forcé de porter un faux témoigna-
gemonlier,et Marin Loquet,de Rouen, ge. Quelques autres, effrayés par cet
qui allèrent chercher un asileà Genève exemple ou moins scrupuleux, consen-
et y furent reçus bourgeois, le dernier tirent enfin, moyennant finances, à
en 4 568, le premier en 4 579. tout ce que l'on exigea d'eux. Le 4 8
Il serait difficile de dire si c'est de août intervint donc un jugement qui
l'un de ces réfugiés ou d'une autre frappa Loquet d'une amende de 12 li-
branche de la même famille qui resta vres, et condamna (c'était le point im-
en France, tout en continuant à profes- portant) le temple de Marennes à être
ser la religion réformée (4), que des- démoli. Peu de temps après, l'éditde
Nantes fut révoqué. Loquet se rendit à
(1) En 1647, Jean Loquet, (11B de Pierre Bordeaux dans l'intention de s'y em-
Loquet, de Rouen, et de Geneviève de Cauz,
f
épousa'a Paris Marie rieur(Re6.de Charent.), barquer. 11 y fut arrêté avec Forestier;
LOR 122 — LOR

cependant, au bout de trois jours, oh niyersité de Franekèr, après quoi ses
le Telâcha et il s'empressa de passer protecteurs lui obtinrent dés Etats de
dans lés pays étratigér's(j4»-c^.TT.259). Frisé là permission d'ouvrir un cours
Il avait fait ses études à Montaubân où public. Son enseignement clair ei lu-
il avait soutenu, sous la présidence de mineux lui acquit taut de réputation
Verdier, une thèse De lïbro vitm. qù'ëh 4736, le prince d'Orange le choi-
Dans le recueil des Thèses soute- sit pour son professeur de mathémati-
ques et voulut qu'il l'accompagnâtdans
nues à l'académie de Montaubân (Mon-
tà'lb., i 650, in-8°) s'en trouve une De ses voyages. Plus tard, Loré fut char-
libris cdnonicis et 'dpocryphis qui fût gé delà direction des travaux hydrau-
soutenue, soùs la présidence de Garis- liques dans la Frise. En 4 743, on lui
sol'es,^3.x un Jacques Loquet de Ma- accorda le titte.de professeur 'extraor-
rennes , parent, sans aucun Soute dé dinaire de mathématiques, quoique son
notre Olivier, mais sur qui nous ne ignorance de la langue latine l'eût em-
possédons aucune espèce dé rensei- pêché de prendre les gradés universi-
gnements. Peùl-êtrè estVil identique taires. On n'a de lui qu'un Mémoire
avec ÎLoqùet, ministre à Cuq et profes- suriès règles quidéterminenflésmon-
seur d'éloquence à Pny-Laurehs, dont vemens de la projection des corps,
il est parlé dans le Testament de publié d.anslèsMém. del'Ac. des scien-
M. Bônafous, ministre de la Parole ces de Paris. Une laissa pas d'enfants
de 'Dieu 'dans l'église réformée de de son mariage, avec Marie Posthum.
PUy-Ldurens, Montaùb., 1677, in-'î 2, LOIIEKZ (JÈA^-MICHEL), fils de
ainsi,'que dans les actes de quelques Jpah-iïiichel Lbren'z, secrétaire du col-
synodes provinciaux, entre autres dans lège des XV, naquit à Strasbourg, lé
ceux du'syn'ôdè dé St-Afrique, eh 46 juin 4692.11 étudia la théologie à
1667, qui l'admit au tainislëré, en rrïê- l'université dé sa villenatalë. et se fit
mé temps que Teissiê'r, Olivier, Hu- recevoir, en 470&, maître-es-'arts.
bert et le. dorina jour pastëùr.'à l'é- L'année suivante, il prit le gradé dk
glise, dèLa'Garde t^rcft.^e'M.TT.Sl 5). docteur en philosophie. Nommé, en
Mis, dès'4682, hors'd'état, dé remplir 474 4, prédicateur à Saint-Guillaume,
ses fonctions par de gravés, infirmités, il fut .encore chargé, en 1719, dé -prê-
il 'fût rëmplàcéuarfs sa chaire par Tros- cheràù Temple-Neuf. La chaire de théo-
sures, régent de la 3' et d'e là 4e classe
(/'5âTT.31B).
logie dogmatique étant'devenue Vàcàn-
téà l'université, eni 722, il en fùtpôùr-
t'ÔÏÛïï '(GUILLAUME), savantYnathé- vu, ce qui l'obligea à prendre, l'année
maticien, né à Lëu%ardëh,'en 1679, et suivante/lè bonnet dé docteur. Dèslors
mort le'22 mai 1744. les emplois s'accumulèrentsur sa tête.
Loré descendait dé Réfugiés 'fran- Inspecteur dû collège dé Saint-GÛil-
çais: sou grand-père, drapier de 'son lâù'me, en 172/4, chanoine d'e'Sàint-Thô-
état, s'était 'établi à Leydé,. et son mâs,en 4 728,'pasteûr dé Saint-Thomas,
père, qui remplissait lès fonctions dé en 17.34,. vice-président du collège
chantre dans l'église Vallonné dé L'èït- ecclésiastique, 'en 4741, et quatre fois
wàrdë'n, joignait à /celle profession recteur de l'uniVerSilé,ils'kcqùitta avec
celle dé maître dé langue française et autant de zèle que d'haloilëté des diver-
d'arithmétique. Resté orphelin Sans ses fohctioiiVdontïlfutrëvêia.ïïmourût
aucune for'tûn'è, il fût recueilli par lé 43 août 4 752, laissant dé son Ma-
l'hbspicè dé s'a ville natale et dut ^ riage avec Anne-Marie Hempel,.delà
quelques personnes bienfaisantes î'es famillèdeSe^m^j'dëux'filsqu'ioùtporlé
moyens d'étudier lès mathématiques dignement ùh nom 'auquel leur ûère
pour lesquelles il montrait des dispo- avait attaché une certaine renommée.
sitifeh's extraordinaires. Il suivit donc, Les occupations aussi 'nombreuses
pendant nuit années, l'es cours dé l'ù- que variées de Jéàn-Micnèl "Loirenè nfe
LOR 123— LOR
lui ont paslaissé le loisir de composer nonpatrocindto, A'ct.X,3iseq..4.737.
un ouvrage de longue haleine; mais XXI.De bàptis'm'o 'in hoinine Chrït-
on a de luienviron 70 dissertations fort «.4738.
savantes , roulant presque toutes sur XXII. De fen'tdtion'e Christi super
d'importantes ou de curie'usësquestiohs pinnaculo templi. 4 739.
d'exégèse, de dogmatique et de théo- XXIII. De asiu 3acobi patriarche.
logie-pratique, ainsi que quelques ser- Gen.XXVÏI, 35.'4 740.
mons de circonstance. Voici la liste de XXTV[.Déëmulatiohesdnctâ.MM.
ses publications qui ont été, à une seule XXV. De 'fide D. Simonis Pétri
exception près.imp. à Strasbourg, sous &Vt7.).SlWTÛ. 4744.
le formai in-4°. XXVI. De egr'essu hërëticorum ei
I. ï)e sensu verborum, Gen. IV, 1. Ècclès'iâ, ad I Joh.II, 4 9. 4 741.
'4709. XXVII. De perbi's D. Paùli:Omhia
H. De Michdële, Angelorum àuxi- mu'n'da mundis, Tit.ï,{o. 4744.
liatore,Don. X, 4 3.4743. XXVÏII. De D. Paul'o int'er peeça-
III. De unctione spirituali, ad toresprimo, ad I Tim. I, 4 5. 4 744.'
I Joh.II, 27. 4723. XXIX. De ùXterâ. 'qùoqjie'màxillâ,
IV. Depetr'â, "spirituali, Israelit'a- periussori /prabendt, ad Mait. V,
r'um comité, IVor. X, 4.4724. 39. '4742.
V. De Laurëntio martyre. 4.724. XXX. De tortoribus inférna'Uoiis,
VI. île
possibïli Judoe proditoris ààMat't. Xn-ÏI,3Ï.MU.
soluté, Joh. XVÏI, 42. 4725. XXXI. Deju'stiiiâ Christiimp'iita-
VII. De ternàrio saçrdmentorùm Û, a& Rom. V, 49. 4745.
N. T., ex sensu ApologiesAiignstance XXXII. De remissiohe peceâtorum
Confessionïs, numéro. 4 725. po'st mort'em,ad Maïi. XII, 32;\746.
VIII. De amicis per Mammonum in- XXXIII. De cap. IX adRom. 'ab'so-
justiti'e co7ivparandis,portiones due. lùio.dëçreïô non favënïe. 4747'.
4 7-26. XXXÏV. fen't'amen quô 'n'éxus É-
IX. De âenario o'per'ariis in vineà pist. Pauline ad Gai. 'in tabulapro-
promissis. 1726. ponitur. Mil.
X. De scholâpietatis Ddvidicâ, Ps. XXXV. Decon'cidnibus fùheb'ribus.
XXXIV, 4 2. 4 727.
tl.Dephilomailii&EunuchiOEthio- XXXVI. De përfëçtion'e fidelium
pis }>ïbUc&,Aci. VIII, 27seq. 4 730. hâc in vitâ imp'erfectâ,in futurâp'er-
XII. De interçessigne Christi pro • fectà. Mil.'
mundo, Joh. XVÏI. 4733. XXXVII. De jure diêi dominiez
XlILDesalute infantumnoii bap'ti- juxta mënt-em A'ugusianà 'Confes-
tatortim. 4733. sionis. 4747.
XIV. Dé corpore Christi pro nobis XXXVIIÎ. Dëfilio Dei'exMgypïovo-
fracto, ï Cor. XI, 24. 4734.. cato, adHos. XI, 4 ht Maïi. II, 15.
XV. De universaliEvangiliiïnmun- 1747.
do pràsdicatio'ne. M3i. XXXIX. De imperfectâ D. Pauli
XVI.I)« sp'erandâ S'alomonissain- régehiti sanctitate, adRom. VII, 44
te, 4 735. seq. Mil.
XVII. De îupplicio Achanis, Jos. XL. De justificaïiqné mortuorum à
VII. 4735, peccaio.ad Rom. VI, 7.4 747.
XVIII. De poenitentiâ frustra ab XLÏ. Dé uno archangelo, ad I
Esduô qniBS'it'â, ai Ebr. XII, 16 seq. Thess.IV, 4 6, JvÀ., 9.4747.
1733. XLlI.De columnà et'firmamento ve-
XIX. De uttitatespiritûs in Êccle- ritfitis, adl Tim. III, 15.4747.
tiâ, Ephes. IV, 3.4737. XLÙI. De communiante privatâ.
XX. De D. Petro in'diferentistis 4748.
LOR
LOR — 124 —
XL1V. De curâpastoralicirca ma- chapitre de Saint-Thomas. L'année
leficos ultimo supplicia enecandos. suivants, il obtint la place de conser-
4 748. vateur de la Bibliothèque de l'univer-
XLV. De angelo D. Pétri, Act. XII, sité. En 1771, il fut appelé à succé-
45.4748. der à Schopflin dans la chaire d'histoi-
XLVI. De auctoritate Lutheri D. re, et en 1784, enfin, il fut chargé du
in Ecclesiâ Aug. Confes. 4748. cours d'éloquence à l'université' de
XLVII. De Evangeliomortuisprm- Strasbourg. Il avait épousé, en 1760,
dicato, ad I Pet. IV, 6. 1780. Christine-Salomé Becli, veuve de
XLVIII. De communione bonorum Philippe-HenriBoeclerM savant pro-
in primitivâ Ecclesiâ. 4 751. fesseur d'anatomie. Dans une Notice
XLIX.De fictitiâ Agendorum eccle- sur sa vie et ses écrits, Oberlin rend ce
siasl. Argentinensinmcirca libros N. témoignage à Lorenz : « Le caractère
T. canonicos contradictione. 1751. du professeur Lorenz lui avoit gagné
L. De çonversione Comelii centu- tous les coeurs. Il étoit affable, préve-
rionis, 4751. . nant, pieux; il trouvoit son plus grand
LI. Oraison funèbre du comte de plaisirà seconder les études de ses au-
Saxe, 1754, in-4 2.— Prononcé en al- diteurs.» Malgré ses qualités aimables,
lem-, ce discours a élé trad. deux fois il eut des ennemis qui, pendant la Ter-
en français. reur, le signalèrent aux soupçons du
LU. De peccatrice poenitente, ad Comité de salut public. Onlejeta donc
Luc. VII, 37 seq. 4752. en prison comme suspect; cependant
LUI. De deletione ex libro vitce, ad sa détention fut de courte durèe.(l).
Ps. LXIX, 29. 4752. Lorenz a laissé un' grand nombre
UV.DeD.Matthioe apost. electione de thèses, de dissertations et d'ouvra-
per sortem. 1752. ges destinés à l'instruction de ses élè-
Onpourrait augmenter cette liste déjà
,
ves. Nous nous contenterons d'en don-
considérable de beaucoup d'autres dis- ner la liste, en recommandantplus par-
sertations soutenues sous la présidence ticulièrement à l'attention de nos lec-
de Lorenz, de nombreux programmes et teurs sesÉlémenls de l'histoire d'Alle-
de quelques sermons, entre autres, sur magne, qui peuvent encore êtreconsul-
le mariage de Louis XV,en 1722, et sur fésavec fruit,parce qu'ilyindique soi-
sa guérison, en 1744; mais nous n'a- gneusement les sources, et ses tra-
vons pu en découvrir les titres. vaux pleins d'érudition sur l'histoire
Le fils aîné de Jean-Michel Lorenz universelle et l'histoirede France,aux-
portaitle même nom que lui. Il naquit quels on n'a pas toujours rendu assez
à Strasbourg, le 31 mai 1723, et y de justice.
mourut, le 2 avril 1801. I. De antiquo c'oronm Gallioe et Ca-
Disciple aimé de Schopflin, dont il rolingorum Francioe regum in re-
suivit les cours pendanthuit ans, JEAN- gnum Lotharingie jure, Argent.,
MICHEL Lorenz fut, à la recomman- 1748, in-4°.
dation du célèbre historien, choisi (1)M. le professeurJimyqui, avec son obli-
pour accompagner le fils du prince de geance ordinaire, a bien voulu prendre la pei-
Nassau-Usiugen à l'université d'U- ne de revoir cet article et qui nous a signalé
Irecht, où il passa trois années, de quelques omissions et diverses erreurs, nous
apprend que Lorenz a été consulté par Vol-
4748 à 4 752, poursuivant avec ardeur taire sur ses ouvrages historiques ; mais, ajou-
ses études dans le champ de l'histoire te-t-il, « le terrain sur lequel ces deux hommes
et de l'économie politique. De retour à s'étaient placés, était tout-à-fait différent:
Strasbourg, en 1753, il pritpossession Lorenz ne pouvait pas accepter une histoire
fondée en partie sur des suppositions, malgré
d'une chaire d'histoire à laquelle il a- la sagacité et l'esprit qui guidaient l'historien.
vait été nommé, le 29 mai 1752. En On dit que lors du séjour de Voltaire à Stras-
4763, il fut pourvu d'un canonicat du bourg; il y eut des altercations assez vives
enlre le savant érudit et l'homme spirituel. »
LOR — 425 — LOR
II. De successione in illustriora titre de la seconde édition. Quelques
feudatrium regnorum Francies,Ger- années après, Lorenz en fit une nou-
manie, Italioe, Arg., 4 748, in-4".— velle édition en VII tables traduites en
Thèse soutenue pour la licence. allemand.
III. De transitu Constantini Ma- IX. Elementa-historiés universel,
gni ad sacra Christianorum, Arg., Arg., 4772, in-8°; 4773, in-8°. —A
4757, in-4". l'usage de ses auditeurs. On trouve à la
IV. Tabula temporum fatornmque fin du vol. XII tables chronologiques.
,

Germaniee ab origine gentis ad nos- X. Annales brèves regum Mero-


tra tempora, 4764,in-4°; 4770, in- veorum a Franciciregniprimordiis
fol.; nouv. édit. revue et augm., Ar- ad A. C 752, Arg., 4773, in-4°.—
gent., 4773, in-fol. Suite du N°V.
V. Epitome rerum Gallicarum ab XI.Annales brèves historiée Fran-
origine genlis usque ad Romano- cicee regum Carolingorum. Pars I,
rum imperium, Arg.., 4 7 62. Epitome sistens regnum Pipini Brevis, Arg.,
rerum Gallicarum sub Romanorum 4 775, in-4°; — Pars II, sistens re-
imperio,al Urbe cond. 630adA.Chr. gnumCaroliMagni,k!%.,M11-%%,i'-
430, Se-ctio I, Arg., 4762; Sect. II, XII. Elementa historiés imperii
Arg.,4765 ; Sect/lII, Arg., 4766,4». Germanici, Arg., 1775, in-8°; 1776,
VI. De esrâ Christianorum vulga- in-8".
-T- A l'usage de ses auditeurs.
ri, Arg., 4766, in-4". XIII. Acta Trudperti martyris
VII. Annales Paulini, sive S. Pardi omniumquee extant antiquissima,ad
apostoli fata vites, temporum ordine illustrand. origines domûs Habsbur-
digesta,ll?&n.,in 4 Sect.,Arg.,1769, go -Austriaces ex cod. mon. Bibl.
in-4°. —L'ouvrage le plus savant qui Argent.producta, ,
Arg., 1777, in-4*.
existe sur ce sujet. XIV. Tentamen interprétations
VIII. Tabules temporum fatorum-. noves LXX hebdomadum Danielis
que orbis terrée ab'O. Cad Christum cap. IX, Arg., 4 781, in-4°.
natum, edit. altera,multum emendata, XV.Ulr.Obrechtiinauguralisora-
Arg., 4 770, in-fol. —Ainsi cité dans tio demonumentishistoricorumgen-
Adelung, qui ajoute: Tabules tempo- tiliwm- ad disciplinam christianes
rum fatorumque orbis terroe ab A.C. prudentice utiliter attemperandis,
1-800, Sect. I-IV, Arg-, 1773, in-fol. ex Biblioth.Argent, codicenunepri-
—Cet ouvrage plein d'érudition parut mum édita, Arg., 1782, in-4°.
d'abord, en 4764, sous la forme de XVI. Memories fratris S.-F. Lo-
thèse et sons le nom de Jean-Michel renzii, Arg., 4783, in-4°.
Lobstein. Jl est divisé en deux parties : Xlll.Examen decreti imperatoris
la 4" a pour but d'établir par la chro- Phoces deprimatu romanipontificis,
nologie de l'A.-T., que J.-Ch.est né à Arg., 4785, in-i".
la date précise de 4000 ans après la XVIII. Urbis Argentoralûs brevit
création du monde; la 2% de comparer historia. Sectio I.Argentoratus ro-
avec Cette ère des Hébreux celles de mana.abA.C 4-456, Arg.,1789, 4°.
Nabonassar, de R.ome, des Olympiades XIX. Summa historiés Gallo-Fran-
et de Cécrops. L'auteur cherche à dé- cicee civïlis et sacres, T. I-IV, Arg.,
montrer qu'elles viennent à l'appui de 1790-93, in-8°. — Tables très-détail-
l'époque adoptée pour la naissance de .
lées avec indication exactedes sources.
J.-Ch. Il est évident, quoique le titre, A cette liste des publications de no-
donne au candidat la qualité d'auteur, tre historien, on peut ajouter un Pro-
que Lorenz, sous la présidence de qui gramme qu'il publia, en 1773, en qua-
celte thèse fut soutenue, a eu la plus lité de recteur, et où il traite sommai-
grande part à ce savant travail; aussi rement de l'histoire de l'enseignement
le nom de Lobstein a-t-il disparu du de 'la médecine dans l'université de
LOR 126 LOR
— —
Strasbourg depuis le seizième siècle. autorisé à.faire un cours de philosophie
Lorenz a laissé en msc: Historia à l'université, et, vers le même teirjps,
Ecclesim. christianee. Sesc. Î-XV, 3 lepriuce de Na.ssau-Sarbrûckenlechoi-
vol. in-8° ; ïlist. ecclesiasiica a sit pour précepteur de son fils, qu'il

nato Christo ad nostra tempora, in- envoyait faire ses études à Strasbourg,'
4°,travail étendu, qui ne comprend que où le jeune prince passa trois années.
les quatre premiers siècles de notreère; En 1759, Lorenz, qui venait de.refuser
—TabulaiAnt'iquitatumromanarum, une chaire de théologier dans, là nou-
in-8°. — Tabules staiuum Europce,- velle université de ÏSûlzov, chaire ^.la-
2 vol. in- 8°; — Tabules historiés Po- quelle il avait été appelé par le duc de
lonicm, in-8!; — ïlist. Batavorum, Meçklembourg à la recommandation de
depuis 4 566 jusque vers la fin du xviiV de la Faculté de Halle, fut nommé pro-
siècle, avec des pièces justificatives, fesseur de poésie, et d'éloquence au
in-4°; — Ëxcerpta historica, 4 vol. gymnase de sa ville natale, où il fut
in-4°, longs extraits, d'historiens an- chargé, en 4 761, de l'enseignement du'
ciens et modernes;—Erhlarung der, lutin. Jusqu'en,4 76.8, c'e.st-â-dir.e.jus-
Offenbarimg Johannis, 1796, in-40; qu'à son élection à une chaire, de la Fa-
—Tabules historiéesaçres,\n-&°,très- culté de théologie, il resta professeur
détaillèes jusqu'au vu" siècle, plus a- titulaire des clauses, latines de ce.tte.é-,
brégées jusqu'au ix°; à la suite, Tables cole. L'année suivante, il fut nommé
de l'histoire, de la Suisse ; — illfwo- inspecteur du collège de Sj-^Guillaurne.
r.àbilia ab, ann. Christi 1783-4 801, En 4774, il subit "avec honneur ses
journal des événements notables qui épreuves pour Je doctorat, et la même
arrivèrent durant ce laps de temps. En- année, il quitta l'église de St-Nicolas,
fin Rotermund, le continuateur d'Ade- qu'il, desservait depuis 4761, pour
lung, lui attribue encore Artis rlieto- occuper la place de premier pasleur à
rices preecepta, Arg., 4761,iu-4° el St-Pierre-le-Jeune.'En 1777 enfin, il
Oratiènes funèbres (l'une surla mort entra dans le chapitre de Saint-Thomas.
du Dauphin, l'autre' sur celle de Louis Il mourut lé 2 oct. 4783.
XV)i discours académiques prononcés, « Lorenz, nous écrit M. Jung, ap-
le28janv. 1766, etle 30 juin 4774, partenait à l'école orthodoxe., et voyait
au nom du magistrat.de Strasbourg, et avec effroi les innovations, encore fai-
publiés sous un titre commun. bles, de quelques hommes hardis, qui
Frère cadet du précédentjSiGisMp.Np- parlaient-de vertus humaines, d'une
FRÉnÉRic naquit à Strasbourg le 20 grâce universelle, de lumières données
mars 4727. Il fit ses études en théo- à l'homme par sa raison, de concessions
logie, à l'université de cette ville et les faites par le Seigneur et les Apôlr.es aux
couronna par une thèse De maniis idées de leur temps, de Socrate. sauvé
non ebeilendis ad il/«W..Xlil,30,,Àrg., avant la veuue du Christ, etc. Ces opi-
4 741, in-4", qu'il soutint, sous la pré- nions avaient trouvé des partisans à
sidence du célèbre Reuçhlin, avec tant Strasbourg; on épia les paroles du pré-
devaient,qu'il obtint, à l'âge de 20 ans, dicateur sévère, et on trouva dans un
lape'rmissiondeprêcher.Qùelquetemps de ses sermons des paroles cpmpror
àpr'ès.il partitppur l'Allemagne, afin de mettantes sûr les effets du baptême.Lo-
perfectionner ses connaissances dans renz eut à'se. justifier devant'le'prince
les écoles de ce pays- Après avoir pris, de Rohan, éyêque de Strasbourg. Ses.
à Witlenberg le. grade de maître-ès- explications parurent, satisfaisantes au
arts,'il revint dans sa patrie, en 4 751 ,et prince qui le. traita beaucoup d'é-
fut'nommé, lé 9 mai 475,3 /prédica- gards. "» avec
teur à Saint-Guillaume. L'année sui- " On a de Lorenz :
vante, il fut appelé, en la même qua- I. De crimine Simei in regem Da-
lité, au Temple-Neuf. En 1756, il fut videm, Arg.,4 749, ip-4°,— Celte thè-
LOR ~ 427 LOR
se a été soutenue par Lorenz sous Ja in-8°.—- La 4 " édition,de 3000, exem-
présidence'de son père.' plaires, fut vendue en moins de'six
II. Redèti zur Er,bauung der Ge- nïois.
meine Gottesim Glauben und heili- XVIII. Antritts-Rede beiUelernah-
gen Sitten, Slrasb., 1769, in-8v. medesRector-Àmtes^iiberdenGoiteSr
III. De induratione Israëlis ante gèlehrïen, etc., Ôffenb.,' 4 784, in-8°.
finem dierum'finiendâ, Rom. XI, 25 —; Il fiit quatre fois recteur de l'uni-
seq.,kvg., 1774, in-4°. versité et mourut dans l'exercice de ces
' ly.Predigten, 4771-75, in-8°. fonctions.

Dans ce recueil est sans doute compris XIX. Sonntâgliche gottgeheiligte
le sermon qu'il prononça pour le doc- AbendrvJlie,in andaçhtiger Beiraçh-
torat et qui a été imp. séparément sous tung der sonn-und festt'àgl^Episieï-
ce titre: Frisches Wasser des Lebens te»^,tub.,4784;2vol.8.°;1786,in-8;.
dus dem Heilbrunnen J.-Ch., Joh. XX. Drei heil. Reden melche am
yil,' 37, Strasb'., 4771, in-8°. P,alm-Sonntag gehalten murden,
V. De mediispromovendi conver- Tub/, 1785, in-8°. —On a encore une
sionemJudesorum, Spec.ïetll, 1772. vingtaiue de sermons de Lorenz publiés
VI. De Satanâ serpente, ad Gen. séparément, mais dont n'avons pas les
III, 4-46, Arg., 1775, in-4»..'". titrés, ainsi qu'un Pro gramme,qu'il fit
VIL Pred.Eltern aïs Ammen ihrer imp. en 1783, en qualité de recteur,
Kinder, die in Goties Dïenst und sur l'origine de la dénomination de ba-
Lohn stehén, Strasb., 1775, in-8*.' chelier.
VÏH. Der frohliche Christenstand LORIDE (PIERRE), sieur des Ga-
und eines Çhristen Reise naçh der lesnières (aliàs, des Galinières), avocat
sel. Eivigheiï, inzneiPred.,5irs.sb., au conseil d'état' et au conseil privé,,
4776, in-8°. était considéré avec raison comme le
IX. De oraculo Christi de prosii- jurisconsulte protestant le plus versé
bulis et publicanis ad Matt. XXI. dans les matières de l'édit. 11 savait par
81, Spéc. I-III, Arg., 4 776-77, in-8°. coeur tout ce qui.avait été ordonné pour
X- Passionsandachtenin einigen ou contre les Réformés. Le Synode
ilbér die LeidensgescMchte Jesu ge- national de Loudun,/auquel il fut dé-
haltenen'Reden, Greitz, 4778,,'in-8*. puté, comme ancien de l'église de Pa-
XI. De esquipollentiâ reUgio.nu'tn, ris, rendit hominage à son mérite en
inepto éjus, in qu& qnisqne ndtus est, le parlant, AjfiçJaussaud et Des Eor.-
servandee argnmento, Speç. I-ÎII, ges-Le Coq, sur la listé de candidats
Arg., 4779-80, in-8°. qu'il fit présenter au roi, dans le vain
XII. De officia dicendiveritatem^ espoir que Louis XIV consentirait à
Arg., 4780, in-8°. rétablir sur l'ancien pied la députation
Xtïï. De custodibus Christi sepul- générale. Cette démarche n'eût aucun
chrunixingentibus ad M&tt- XXVII, succès; mais le synode, pour utiliser
65, Arg., 4 780, in-8°. les talents de Lorideet éviter en même
tlV.StrasburgsJubelgefuhl beider temps aux églises les grandes dépen-
Geburt desDelphins, Strasb., 1781,8°. ses qu'elles étaient obligées de faire" à
XV. NéueSammlung heiliger Re- l'occasion des procès que le clergé ca-
den ilber Tod, Auferslehuug, Ge- tholique leur intentait tous les jours,
richt,eic, Frankf., 1781, in-8°. le chargea spécialement de la poursuite
XVI. De officio doctoris Ecclesieç de ces procès devant le conseil privé,
in iuendâ librorum symbolicorum le conseil d'état, le parlement et la
auctorùàte, Spec. I-III, Arg., 1782- cour des aides, en lui assignantune som-
83, in-4°'. me de 3,000 livres, pour indemnité de
XVII. Gottgeheiligte Sonntags- ports de lettres et de dépêches. Loride
r#«, Tub.,4783,2 vol. in-8°.;1785, rendit de très-grands services; cep.en-
LOR — 428 — LOR
dant les églises lui en témoignèrent l'exécution de l'édit de Nantes, 4665,
peu de reconnaissance;il se vit forcé de in_4o. _;_ Cet ouvrage de Meynierfut
recourir aux tribunaux pour obtenir le réfuté, vers le même temps, par Jean de
remboursement de ses avances (Arch. Brissac et par Moussyau de La Pou-
gên. TT. 258). Il mourut le 18 mars mire.
4 682, à l'âge de 72 ans, après avoir
La famille Loride était originaire de
été marié deux fois, la première avec Bellesme. En 4 626, Michel Loride,
Jeanne Olivier, et la seconde, en de Bellesme, étudiait à Sedan. Il y
4 674, avec Aimée Dinchet, veuve de soutint, cette même année, sous la
Jacques Patriarche, sieur de La Bois- présidence de Rambours, deux thèses,
sière. Du premier lit sortirent, sans l'une De sacerdotali Christi munere,
parler de plusieurs enfants morts en l'autre De summo bono et beatitu-
bas âge, 4 ° PIERRE, avocat au parle- dine hominis, qui ont été insérées
ment;— 2* MARIE,présentée au baptê- dans les,Thèses sedanenses, ainsi
me,le25 avrilt 6i$,-r>3iPaulPiogeret qu'une troisième De adoratione om-
Marie Gallet, femme de l'avoCat Phi- nium creaiurarum et proecipnè de
lippe Bananier,laquelle, restée veuve cultu B. Virginis et Angelorum,
d'Abraham Camus, sieur de La Duge- qu'il soutint eii 1629. Vers le même
rie, épousa en secondes noces, en temps vivait à Bellesme Charles Lo-
iG80,Elie deCassius, sieur de Farjot, ride, avocat au siège royal, qui eut de
docteur en médecine, fils de Marc- son mariage avec Louise Huger, une
Antoine, sieur de La Grave, et de fille nommée LOUISE, femme, en 1642,
Françoise deMaleprade,deBergerac; de Pierre Turpin, sieur de Lormarin,
--3° MARC-ANTOINE, né en 4 654 ;— conseiller secrétaire du roi, fils à'E-
" 4° JEANNE, femme, en 4 673, de Ro- tienne Turpin, greffier au bailliage
bert Hue, sieur des Marres, fils de du Fort-L'Evêque, et i'Esther Forêt
Joachim, sieur de L'Epine, et de (Reg. de Char.).
Françoise d'Hervieu, après la mort LOKIOL, famille noble de la Bresse
duquel elle se remaria, en 4 676, avec qui embrassa de bonne heure la reli-
Philippe de Laigue, sieur d'Aubert, gion protestante et y resta fidèlement
fils de Louis de Laigue et de Made- attachée, même après la révocation de
laine de Pellard (Reg. deCharenton). l'édit de Nantes. Vers le milieu' duxvr
Loride des Galesnières a publié quel- siècle, elle était divisée en deux bran-
ques ouvrages dans le but de défen- ches, établies l'une dans la Bresse,
dre ses coreligionnairescontre les chi- l'autre dans la Bourgogne.
canes du clergé romain. En voici la BRANCHE DE LA BRESSE.
liste.
I. Response à la lettre de M. de A l'époque dont nous parlons, le
Maupeou sur le sujet des controver- chef de cette branche était Georges de
ses de ce temps, 4 644, in-8°. Loriol, fils aîné, de François de Loriol
II. Sommaire desprocès, différens et de Laurence de Terlet. Il fut forcé
et contestations qui arrivent ordi- par les persécutions à aller demander
nairement dans l'exécution des é- un asile à Genève, où nous le trouvons
dicts de pacification Charenton, inscrit sur le rôle des habitants àla
4681,in-8°. , date du 19 avril 4 574. Il était seigneur
III. Etat de l'affaire pendante au de Saint-André-le-Bouchoux, d'As-
conseil du roi entre les habitans du niôres et de Chamergy, et avait épousé,
bailliage de Gex réformés et les ec- en 4 568, Françoise de Chacipol,
clésiastiques dudit pays, 1662, 4°. dame d'Asnières, qui lui donna trois
IV. Réponse pour les églises prè- enfants, selon le Dict. de la Noblesse :
tenduesréforméesdu Poitou au livre 4 ° JEAN, qui suit;—2° FRANÇOIS, sieur
du P. Meynier jésuite, intitulé De de Chamergy, mort sans alliance
;—
LOR — 429 LOR
3° DOROTHÉE, mariée dans le Pays de sanne, où ils séjournèrent ensemble
Vaud. jusqu'en 4 698, que Frédéric de Loriol
Jean deLoriol, seigneur d'Asnières, fut député, avec le marquis de Roche-
fut député par la Bourgogne à l'Assem- gude (Voy. I, p. 246), dans le Nord
blée politique de Grenoble, en 4 645, pour agir auprès des Puissances pro-
avec Philippe-Guy de Salins, sieur testantes en faveur des Réfugiés. L'é-
de La Nocle, Baille, Bouvot et Du lecteur de Brandebourg retint Frédéric
Pan, qui ne put ou ne voulutpas ac- de Loriol à son service et lui conféra
cepter cet honneur. Il le fut encore à le titre de conseiller de cour et d'am-
celle de La Rochelle, en 4 620, avec bassade.L'année suivante, La Grevilliè-
Collinet et Bouvot. Il testa le 8 juill. re fut envoyé à Halberstadt, avec Jean
4 635. C'était un chrétien fervent et un Drouet,i& Sedan,secrétaire du consis-
protestant^zélé. D'un premier mariage toire supérieur.pourprésider à l'établis-
avec Susanne de Chandie'u, il n'avait sement desRéfugiés qui avaientdû sortir
eu qu'une fille, SUSANNE, qui se maria de la Suisse. En 4 700,il alla cherchera
avec un gentilhomme lu cquois du nom Lausanne sa femme et ses enfants,pour
de Micheli, mais sa seconde femme, les établir à Berlin. En 4703, il fut de
Louise de Brignon, fille de Paul de nouveau chargé, avec le pasteur Petit,
Brignon, sieur de Saint-Théodorit, et de présider à l'établissement des Ré-
de Madelaine d'Airebaudouse, qu'il fugiés d'Orange dans les Etats du roi
avait épousée en 1617, lui avait en- de Prusse. On ignore la date de sa
core donné cinq enfants : 4° GEORGES, mort. Il avait eu douze enfants, dont
qui suit;—2° PAUL, sieur de Cha- l'un, nommé PAUL, fut ministre à Ber-
mergy, qui suivra; -—3°MARC, sieur lin. Du mariage de ce dernier avec So-
de Collonges, dont on ignore la des- phie deLudewig, qui descendait, elle
tinée; — 4° DOROTHÉE; — 5° MARGUE- aussi, de Réfugiés par sa mère Elisa-
RITE. beth de Fériet, naquit, le 9 déc. 4 736,
Georges de Loriol, seigneur-d'As- JEAN-FRÉDÉRIC-BENJAMIN juriscon-
,
nières, épousa, en 1652, Diane d'A- sulte éminent et membre de l'Académie
gout, fille de Charles d'Agout, qu'il de Berlin.
laissa veuve vers 4673. Dece mariage Jeo.n-Frédéric-Benjamin de Loriol
naquirent plusieurs enfants, entre au- reçut sa première éducation dans la
tres, quatre fils qui se réfugièrent en maison paternelle. En 1749, il entra
Suisse après la révocation. Trois y au collège français, dans la classe de
moururent sans postérité.Le quatrième, rhétorique, où il eut pour professeurs
FRÉDÉRIC, seigneur d'Asnières, de LA Naudéet Formey. Sa philosophie ter-
GREVILLIÈRE (aliàs LaGrivelière), de minée, il alla, en 1753, suivreles cours
Collonges, de Morande, etc., naquit en de droit à l'université de Halle, et y
1655. Volontaire dans l'armée de Ca- prit le bonnet de docteur. A son retour,
talogne, en 4 677, il obtint une ensei- en 4 758, il entra, comme référendaire,
gne dans unrégiment suisse au service à la Cour suprême de justice. En 4 760,
de France; mais il fut fait prisonnier il passa, avec le même titre, à la Jus-
et conduit à Barcelonne. Au bout de tice, supérieure française, et deux ans
quelques mois, il recouvra la liberté plus tard, il remplaça Ciistine au fisc
par échange, et continuade servir dans français. Nommé, en 4 763, conseiller
les troupes suisses avec le grade de de la Justice supérieure française,
lieutenant. En 4 683, il épousa, dans il fut spécialement attaché, en quali-
sou château d'Asnières, Anne Bouvot- té de directeur et déjuge, aux colo-
de-Morande, qui sortit de France, à nies de Stettin et de Stargard; ce-
la fin de 4 685,et se retira en Suisse où pendant il ne tarda pas à être rappelé à
son mari alla la rejoindre dès le mois Berlin pour y occuper la place de fis-
de mars suivant. Ils s'établirent à Lau- cal général. En 4 767, il fut pourvu de
T. YII. 9
LOR 430 — LOR
la charge de juge d'attribution en af- en 1688, ayant eu de son mariage avec
faires d'accise et de péage. En 4 772, Judith de Concant, fille du seigneur
il entra dans la direction de la chambre d'Etoy, trois enfants, dont un fils nom-
du, sou pour livré, et vers le même mé PAUL. Ce dernier, seigneur de Cha-
temps, il devint membre de la commis- mergy, VillarsetEtoy.pritpourfemme,
sion de juridiction. Peu de mois aupa- en 1695, Madelaine Monnier;Mn du
1

ravant, il avait obtenu le titre de con- capitaine suisse Jean-Rodolphe Mon-


seiller privé. En 4 783, l'Académie de nier ou Mos' ' r, et A'Antoinette
Berlin l'admit dans son sein; il en fat d'Angennes (y.I, p. 410), et il eh
nommé'justicier. Enfin en 1784, il fut eut un grand nombre d'enfants. L'un
pourvu des fonctions de conseiller de d'eux, DANIEL, général major au ser-
révision. En 1788,, s'apercevant ou vice de Hollande, épousa, en 1751,
croyant s'apercevoir de la défaillance Philippine-Jeanne de Reinech,qui ne
de ses forces, il se démit de tous ses liii donna pas d'enfants. Un autre, RO-
emplois et se renferma dans une soli- DOLPHE, sieur d'Etoy, lieutenant-co-
tudeabsotue. Il moùrutle 6 avril 1803, lonel d'un régiment bernois, se maria,
ne laissant de son mariage avec une en 1765 , avec Catherine Tronchin,
demoiselle dé Pdleville, célébré le 23 nièce du conseiller François Tron-
sept. 1766, qu'une fille qui épousa N. chin, alliance en faveur de laquelle le
de Gaultier, ancien instituteur du Conseil de Genève lui accorda gratui-
prince Louis de Prusse. tement, le 4 6 mai 4 774 , les droits de
Le conseiller de Loriol était un ma- bourgeoisie, ainsi qu'à ses trois fils,
gistrat' d'une intégrité parfaite, d'une PIERRE-CHARLES, JEAN^DANIELet.FRAN-
probité scrupuleuse,.d'un désintéresse- çois-Louis-ARMAND. Le dernier ne
ment rare ; rien n'était capable de le lâissapas de descendance. Pierre-Char-
faire dévier de la ligne du devoir, pas les épousa, en 1798, Madelaine de
même la voix de l'amitié ou la compas- Gingins, qui le rendit père de CHARLES,
sion. Mais aùtantilmontraitd'iuflexible marié à Sophie de Portes et père de
sévérité dans l'exercice de ses.fonc- trois fils et d'ùne,.fille; l'aîné des fils,
tiofis, autant il était bon, humain, cha- PÈRCEVAL, se maria avec Sophie Le-
ritable dans la vie privée. A l'excep- fort. Le second fils de Rodolphe Lo-
tion d'un Discoîirs sur la législation, riol prit pour femme Abigaïl - Faa-
qui lui ouvrit les portes de l'Académie, sen-Nèthenius et en eut un fils marié
d'un mémoire Sur les jeux de hasard à une demoiselle Hovy d'Amsterdam.
et d'un autre Sur les paris, qui ont été
insérés dans les Mém. de l'Acad. de BRANCHE DE LA BOURGOGNE.
Berlin (ann.17S4,84 et86),il n'a,dans Frère cadet de Georges de Loriol,
sa longue carrière, publié,à notre con- Antoine, sieur de Gerland qui avait
- ,
naissance qu'un Essai d'une intro- aussi embrassé le protestantisme é-
, ,
duction dans l'intelligence des édits pousa Hélène Bergier, dame de Cor-
ou des lois du pays relatives aux ac- robert,dont il eut six enfants:! "PIERRE,
s
cises, à la contrebande et aux péa- qui suit; — 2° SUSANNE, mariée dans
ges, pour la Marche-Electorale et le Pays de Vaud ;—3° ANNE;—4°MA-
pour la Nouvelle -Marche, en allem., RIÉ;—5° LAURENCE;—6' MARGUERITE.
.1783. Pierre,,sieur de Gerland, remplit les

II. Paul de Loriol, sieur de Chamer- fonctions d'ancien dans l'église de
gy et de Villars, second fils de Jean de Bourg. 11 fut député, en 1619, à l'As-
Loriol, quitta la France plusieurs an- semblée politique de Loudun, et en
nées avant la révocation et s'établit à 1623, au Synode national de Charen-
Etoy dans lePaysdeVaud.où son frère ton. Il mourut à Paris, en 1625, selon,
Marc ot ses deux soeurs allèrent plus le Dict. de la Noblesse, laissant de son
tard le rejoindre. 11 mourut à Lausanne mariage avec Françoise de Malin ou
LOR — 131 — LOR
Malan (1), dame de Digoine, trois en- un succès prodigieux jusqu'à environ
fants : 1 ° PAUL marquis de Saint- 1554(1).» L'année suivante,ilremplaça
,
Fleuret, mort, à l'âge de 58 aus, à Pa- Govéa à l'université de Valence (2).
ris, le 18 août 1680 ( Etat civil de- L'université dé Grenoble, en rivalité
Paris, N°93); — 2° RENÉ, qui suit;— avec cette dernière, chercha ensuite à
3° LOUISE, dont nous trouvons le nom l'attirer et y réussit.Loriolprit,en1564,
sur une liste des Huguenots de l'Au- un engagement pour trois ans. M. Ber-
vergne, dressée en''"'85 (Arch. gén. riat-Sainl-Prix se donne lapeine de jus-
TT. 259). -o7 tifier ses compatriotes d'avoir fait un tel
René de Loriol, bsvon de DIGOINE, choix. «Nos compatriotes, dit-il, étaient
seigneur de Gerland, de Corrobert et assez excusables, parce que la plupart
de Saint-André-le-Bouchoux, épousa, des jurisconsultes un peu distingués
en 4 664, Livie dé Chandieu. Une or- ayant embrassé la réforme, il devenait
donnance de l'intendant de la Bourgo- très-difficile d'en obtenir un qui ne fût
gne ayant suspendu l'exercice du culte pas au moins suspect d'hérésie. Tels
protestant dans sa terre de Digoine, le étaient les émules de Cujas, François
8 oct. 4 685 (Arch. TT. 34 4), il se ré- Holtoman et Hugues Doneau, Charles
fugia en Suisse et mourut à Vevey, en Dumoulin,Jean de Coras, François Bau-
470S. De ses deux fils, l'un, PAUL,ab- doin, Louis B.ussard, Jacq. Leclius, et
jura et épousa Eléonorede Saulx-ta- autres, en si grand nombre, que plu-
vannes, qui ne lui donna que des fil- sieurs écrivains avaient adopté ce sin-
les; l'autre, ALBERT-AUGUSTE, suivit gulier adage : Omnis jurisconsultus
son père sur la terre étrangère. Il ser- malè de religioue sentit; ou bien, Bo-
vit en Pologne avec le grade de capi- nus jurisconsultus, malus Christianus.»
taine, et épousa, en 1705, Henriette- —Depuis quelque temps déjà, les ha-
Marie de Chandieu, dont il n'eut pas bitants de Valence poursuivaient la
d'enfanls. suppression de l'univers, de Grenohle.
LORIOL (PIERRE),appelé aussiLo- Un édit royal, rendu au mois d'avril
RiOT.savantjurisconsulle, né'à Salins, 4 565, prononça la réunion des deux

en Franche-Comté, ou dans ses envi- universités dans la ville de Yalence.


rons, vers le commencement du xvi' Grenoble y fit opposilion; le procès,
siècle. Loriol fit ses études à l'univer- d'abord porté au parlement du Dau-
sité de Dole, où il prit ses degrés. Dès phiué, fut ensuite évoqué au Conseil
1528, il fut appelé comme professeur d'Etat. Ce fut dans cescirconstances.le
à l'université de Bourges; telle est l'o-
pinion émiseparCatherinotetBruneau. (1) Voir une Dissertation sur Loriol, pu-
Il y professa jusqu'en 4 545, ou, selon bliée, en 1812, par Ch.-H. Haase, a Leipsig,
M. \Yeiss, jusqu'en 4 550. Il renonça in-8° de 34 pages, que cite M. Berriat-Sainl-
Prix.
alors à sa chaire pour se rendre en Alle- (2) Hubert Languet écrivait sous la date
magne. Il était, dit-on, grand ami de du 13 fév. 1560 : « Ei [Cujacio] Valenciaï
succede't Gribaldus. Pulchrum sanè par, ubi
Luther, mais comme le réformateur ipse et Loriolut conjuncti fuerinl et habuerint
était mort depuis plusieurs années, ce Gratianopoli vicinumGoveanuM, qui uiroque
ne saurait être lui qui l'y attira. Quoi est longé sceleratior. » Languet avait pu
qu'il en soit, Loriol accepta une chaire connaître Loriol a Leipsig. Nous ignorons
quelles étaient les opinions particulières de
à la Faculté de droit de Leipsig. Il y notre jurisconsulte ; mais nous ferons obser-
enseigna, dit M.Berriat-Sainl-Prix dans ver que l'on pouvait fort bien ne pas adopter,
son excellente brochure sur l'Hist. de en tous points, l'orthodoxie calviniste, sans
l'anc.univ.de Grenoble,2' édit., «avec être pour cela un profond scélérat. Quant a
Matthieu Gribaldus, Gribaud , Cribaldi de
Moffa, seigneur de Fargics, paroisse de la
(1) Son père, René de Malin, Jît son testa- commune de Colonges, près de Genève, au-
ment en 163i, et demanda a être enterré à la teur de quelques ouvrages de droit très-esti-
manière des Réformés. Le DiC.ionn.de la No- mes de son temps, il paraît qu'il sentait aussi
blesse l'appelle René Le Loup. mal de la foi catholique,
LOR 132 LOR
— —
26 janv. 4 567, que le conseil de ville VI. Opéra juridica, Lugd., 4 557,
proposa àLoriolde renouveler son en- in-fol. — Recueil de tout ce qu'avait
gagement, qui expirait le mois suivant, publié l'auteur.
mais en souscrivant à cette condition VII. Comment, ad secundam Di-
désespérée de ne recevoir aucun ho- gesti veteris partent, Lugd.,, 4 557;
noraire à l'avenir, si la ville perdait le dédié à Mon'tlvc, chancelier de l'uni-
procès relatif à l'union. Loriol, à qui vers, de Valence.
étaient déjà dus des arrérages considé- VIII. De debitore et creditore
,
rables, ne voulut pas en courir la chan- Francof., 4 565 et4 5S6, in-4°.
ce.Au mois de février 4 567,notre juris- IX. Comment, in usns fendorum,
consulte professait encore à Grenoble, Colon., 1567, in-8°.
et nous voyons, qu'au mois de juillet X. De transactionibus, Francof.,
suivant, il soutint un procès contre la 4 572 et 4 586, in-4°.
ville pourlepaiementde ce qui lui était XI. Consilià juridica; réimp. à
dû.M. Berriat-Saint-Prix suppose,d'a- Francf., 4 668, in-fol.
près une phrase un peu ambiguë d'un JLOftïS (DANIEL) , archiatre du
document qui se trouve aux Archives prince de MonlMlmiLouis-Frëdéric,
de la Mairie de Grenoble, que Loriol petit-fils, par sa mère Elisabeth, du
peut être mort vers ce temps (1). En célèbre JeanBauhin, ne nous est connu
tout cas, il n'existait plus en 4 574, que par la thèse qu'il soutint à la fa-
puisque à cette époque son fils,un des culté de médecine de Bâle : Assertio-
vingt et un avocats consistoriaux du nes et controversées de hecticcs febris
parlement, fut exempté de la taille en defmitione, divisione, seu speciebus
considération « des bons et agréables vel groAibns,causis, signis tant dia-
services ci-devant fails à la ville par gnosticis quamprognosticis, necnon
feu M. Loriol, son père.» Nous ne curatione, Basil., 4617, in-4°; et par
connaissons que ce fils de notre juris- le titre d'un petit livre Le Trésor des
consulte. Il avait fait ses études en parterres, Gen., 1629,qui, selon M.Du-
droit à Leipsig.oùil soutint une thèse, vernoy, n'est utile ni au botaniste ni à
le 49nov. 4554. Pierre Loriol avait l'horticulteur. Son yhïaCharles-Louis,
épousé à Bourges en 4 532, Pétro- natif de Montbéliard, était également
1,

nille Babou, fille du notaire royal médecin.


Gabriel Babou. Il a écrit : LORME, nom d'une famille protes-
I. Degradibus affinitatis commen- tante qui possédait la terre des Bordes,
tants, Lugd., 1542 et 1554, in-fol. où elle avait élu sa sépulture, depuis
II. Dejnrisapicibus tractatus VIII, que Thomas deLorme, conseiller d'é-
Ibid., 1545, in-fol. tat, intendant des finances en Langue-
III. De juris arte tractatus XX, doc et en Dauphiné, était venu se fixer
Ibid., 1545, in-fol. à Paris et avait fait l'acquisition de ce
IV. De regulis juris Commenta- fief. Cette terre étant passée, en 1677,
rius, Ibid., 1545, in-fol. en la possession d'un catholique, le
V. Comment, ad tit. Sicertumpe- nouveau propriétaire exigea l'exhuma-
tatur /f.derebuscreditis,lbir\.,ilS5%. tion des corps qui y reposaient. Il fal-
— On voit par l'épître dédicatoire de lut donc rouvrir les tombes et en reti-
ce traité, nous apprend M. Berriat- rer les ossements de Thomas deLorme
Saint-Prix, que Loriol « avait embras- et de ses deux femmes, de Toussaint
sé avec ardeur la Réforme. de Lorme et de ses femmes, de Nico-
«
Ci) « Les enfans et domestiques de M Lo-, las de Lorme, siour de Clerbois, dé
riol alloieni tous a la messe, et de lui ne Thomas de Lorme, sieur des Marchais,
s'esi vu sortir aucune chose onéreuse, ni de Bernardine de Lorme, de Thomas
qu'il suivît oncques l'exercice de prétendue
religion, fors qu'il étoil fort solitaire, et ne et de Gilles de Lorme, de M"" Flen-
se moniroil 6uère qu'à sa leçon. » reau, née de Lorme, cl du célèbre An-
LOR LOR
— 133
guste Gàlland, qui avait épousé Marie La Massaye, seigneur de Mouehamps
de Lorme, soeur vraisemblablement de enPoilou ? Zélé protestant, ce gentil-
l'intendant des finances.On les apporta homme voyait avec douleur les nobles
dans le cimetière de Charenton, où ils huguenots de la province,accourir dans
. furentrendus
àla terre, le 30 mai 1677 les églises catholiques, poussés par la
(Reg. de Charent.). terreur qu'inspiraient les dragonnades.
Nous venons de dire que Thomas de Il employait tous ses efforts pour rele-
Lorme, sieur des Marchais, puis des ver leur courage et les empêcher d'ab-
Bordes, avait été marié deux fois. C'est jurer.C'était plus qu'iln'en fallait pour
vraisemblablementde son mariage avec irriter l'intendant Foucault, qui donna
Jeanne Amauld, sa première femme, l'ordre de l'arrêter, le 29 nov. 4 685.
que naquirent NICOLAS, sieur de Cler- Prévenu à temps, La Massaye s'enfuit.
bois,dont la fille BERNARMNE, épousa, Louvois enjoignitàl'intendant, par let-
en 1616, Paul de Gorris, contrôleur tre du 4 0 déc, de raser son château,
général de la marine et des fortifications s'il ne se représentait immédiatement.
en Normandie, et TOUSSAINT, sieur des Effrayé à son tour, La Massaye céda à
Bordes,marié,en premières noces,avec l'orage, et par un trait d'habile politi-
Madelaine de Plaix, dont il eut, le 4 9 que, il pria Louvois lui-même d'être son
mars 1620,THOMAS,sieur des Marchais, parrain.11 sut gagnerainsi la faveur du
présenté au baptême par son grand- puissant ministre, et il en profita pour
père et par Marguerite Verdin, fem- se faire rendre deux nièces que Fou-
me de César de Plaix. Comme ancien cault avait enlevées à leur tante « qui
de. La Norville, ce. Thomas de Lorme les élevoit très-mal, » et avait enfer-
assista, en 1653, à un synode pro- mées dans des couvents. Plus tard, no-
vincial tenu à Charenton, et en 1685, tre zélé huguenot, devenu lieutenant
comme ancien de l'église de Paris, il du roi dans le Poitou, se fit convertis-
fut exilé à Châteaurenaud, puis à Thou- seur à son tour.Nous croyons au moins
ry. En secondes noces, Toussaint de que c'est de lui qu'il s'agit, mais nous
Lorme épousa, en 4 628, SusanneMa n'en avons pas la certitude; car danslo
lapert, veuve AeLouis de La Bistrate, même temps vivait un Amproun, sieur
sieur d'Esmery. de La Massaye, qui, après avoir résis-
La seconde femme de Thomas de té jusqu'à se laisser mettre à la Bas-
Lorme fut Uranie Le Jay,qui lui don- tille, finit aussi par se convertir (Arch.
na deux enfants : MARTHE, baptisée à gén. E. 3373), tandis que sa soeur, en-
Charenton en 4 600, et GILLES, né en ftT.née aux Nouvelles-Catholiques, te-
4 604. Ce dernier, sieur de Clerbois, nait encore bon en 4 687.
puis des Bordes, était capitaine de ca- Unefamille d'artistes, du même nom-
valerie, lorsqu'il épousa, en 1641 ,Mar- se rattachant très-vraisemblablement-
guerite de Gorris, fille de Jean de ain si que la précéd ente, au célèbre archi
Gorris, médecin ordinaire du roi, et de tectePhilibeftdeLormepârquelquelien
Marguerite Biseul, laquelle mourut, de parenté, nous est également connue
au mois de déc. 1662, après lui avoir par les Registres de Charenton. Jean
donné quatre enfants : 1 ° THOMAS, né de Lorme, architecte du roi, eut de son
en 1642, capitaine d'infanterie ; —2° m-AïiagewecNicole Rouveau,une fille,
ALEXAOTRE, sieur de Clerbois, né en MARIE qui fut présentée au baptême,
,
4 643, et mort en 4 662, capitaine de ca- en 4 604, par Daniel Lapostole et.Es-
valerie; — 3° FRÉDÉRIC, né en 1657; ther Budé, et un fils, JACQUES, peintre
— 4° CHARLOTTE, mariée, le 16 oct. et sculpteur, qui épousa, en 1628, Ca-
4 676, à Henri Justel. therine Boucher, morte en 4 635. Un
Ne serait-ce pas de Frédéric deLor- autre de ses fils,nommé CHARLES,com-
me qu'il est parlé dans les Mémoires mis deM.Monerol, « un desplus grands
deFoucaultjSous le nom àeLorme-de- curieux d'estampes de son temps, sur-
LOR 434 LOR
fout de celles de Callot,»au rapport de quérant, qui était née protestante, mais
Mariette, était parvenu à réunir une des qui abjura la religion réformée, et ob-
plus riches collections qui eût jamais tint sans peine du gouvernementque sa
exislé. L'abbé de Maroll.es, qui s'en dernière fille nommée FRANÇOISE , et
rendit acquéreur, dit. dans un de ses âgée de 4 à 5 ,ans, serait Ôtée à son père
ridicules quatrains sur les Peintres et pour être élevée à la Visitation d'Ava-
Graveurs, qu'on ne vit jamais rien de si lon. Dès que Cette enfant eut atteint
parfait au monde.Le porlraitde Charles l'âge de 42 ans, elle alla se jeter dans
de Lorme a été gravé par Callot; celui les bras de son père en lui proteslant
de son père l'a été par Michel Lasne. qu'elle voulait vivre dans l'Eglise pro-
—Le 24 mars 4 636,Nicolas de Lorme, testante. L'intendant Boucbu y mit bon
maître maçon, fut enterré au cimetière ordre; il la fit enlever pour la rendre à
prolestant de la Trinité, où fut égale- sa mère et condamna Du Tarot à payer
ment inhumé, le 20 mars 4 638, à l'âge les frais de l'enlèvement. En 4 679,
de 35 ans, le peintre Jean de Lorme, René dé LoroD professait encore la re-
peut-être deux autres fils de l'archi- ligion réformée; mais sa femme était
tecte de ce nom. catholique et avait déjà procuré la con-
Les Registres en question font en- version de quatre de ses enfants (Arch.
core mention d'autres deLorme, mais gén. TT. 259).
nous ne voyons pas qu'ils aient été l,OHTIE (ANDRÉ), de La Rochelle,
alliés à l'une des deux familles dont fut donné, vers 1 674 pour ministre à
,
nous venons de parler. Tel, par exem- l'église dé sa ville natale à laquelle,
,
ple, Jacc[ues-Philippt, fils de Pierre- ditArcère, il fit beaucoup d'honneurpar
Philippe et de Marguerite Le Coq, son mérite-etpar son savoir. L'année
valet de chambre de la duchesse de Ro- suivante, il publia une Défense du ser-
han, qui épousa, en \Q1'\,Catherine mon d'Hespérien sur Jean IV, 22, où,
Cassiopin, fille de Jean Cassiopin, usan l d'un droit qui n ous sembl e incon-
peintre du roi, et de Catherine Elle. testable, il reproduisit un passaged'un
LOilON (PHILIBERT), sieur Du TA- écrit du jésuite Adam, dans lequel les
ROT; gentilhommeprotestant delà Bour- évêques étaient traités «de têtes folles
gogne, ne nous est connu que par l'en-- qui faisaient les petits rois d'Yvetot, de
treprise qu'il exécuta avec succès sur rats d'église qui voulaient régner dans
Vézelay, en 1569., Quels liens de pa- leurs trous et qui tranchaient de souve-
renté l'unissaient-ilsà un autre Loron, rains sur leur fumier.» Il estjuste de di-
sieur de La Maison-Blanche, qui con- re que, sur la plainte dei'évoque de La
tribua à la prise"d'Auxerre, en 1563 ? Rochelle,uncarlon avait fait disparaître
Celui-ci était peut-être son frère; en cette attaque virulente; niais Lortie
tout cas, il n'était pas son fils, qui ne n'en était pas moins autorisé à citer ce
comptait alors, tout au plus, que treize passage pour montrer combien le jé-
ou quatorze ans , le mariage de Phili- suilè était emporté et violent. Aussi
bert Loron avec Renée d'Aulenay n'est-ce pas là le crime que le fameux
n'ayant été célébré qu'en 1547. Ce fils, Bomier lui imputa. Il déféra au tribunal
nommé RENÉ, sieur du Tarot, épousa, Lortie parce qu'il avait publié son livre
en 1581, Elisabeth de Janly [Genlis?]. sansl'aulorisati'on du magistrat, et les
Il en eut GÉDÉON, sieur du Tarot, ma- deux censeurs, Guibert et de Laide-
rié, en 1611, à Françoise de Rienx, et ment, parce qu'ils n'avaient pas pris,
peut-être Lazare, qui ne laissa qu'une dans leur approbation, la qualité de mi-
fille {Voy. VI, p. 55). Gédéon futpère nistres de la R. P. R. Le consistoire
de deux fils. Le cadet,DAVID, sieur de s'empressa d'écrire au secrétaire d'étal
Châtenay, fut maintenu noble en 1669. pour lui représenter que la Déclaration
L'aîné, RENÉ, sieur dû Tarot, prit pour de 1669 défendait bien aux ministres
femme, en 1643, Marguerite de Con- de prendre d'autre titre que celui de mi-
LOR — 135 —
LOR
nistres de la R. P. R., mais qu'elle ne qui est plus certain, c'est qu'il fut pas-
leur ordonnait pas de se qualifier eux- teur de Barton. Il fut remplacé dans sa.
mêmes ainsi; que l'arrêt de (670 con- chaire à La Rochelle par Le Blanc, mi-
cernait les libraires et les imprimeurs,. nistre de La Roche-Chalais. On ignore
mais non pas les auteurs; et il concluait la date de la mort de Lortie. Il a laissé
en demandant qu'on fit cesser ces vexa- quelques écrits dont voici les titres :
tions qui n'avaient d'autre but que de I. Traité de la sainte Cène divisé
forcer les pasteurs à cesser leurs fonc- en troisparties où sont examinées les
tions, au moins momentanément, puis- nouvelles, sîtbtilités de M. Arnauld
qu'on les condamnait, nonobstant appel sur les paroles •: Ceci est mon corps,
etpar corps, à des amendes excessives, La Roch., Jacob Manuel, 4674, in-42;
et qu'on les tenait en.prison jusqu'à ce Saumur, 4 675, in-8".
qu'ils les eussent payées ou que le ju- II. Défense du sermon de M. Hes-
gement eût été cassé» (Arch. gén. TT. périen, prononcé à Marennes, ou Ré-
.316). Le secrétaire d'état eut-il égard ponse à un écrit intitulé Eclaircisse-
à ces remonlrances?Entoutcas,Lortie inens 4e la doctrino de l'Eglise tou-
en fut quitte pour la suppression de son chant le culte des Saints,Saumur, Des-
livre ; mais injonction fut faite à lui et bordes, 4 675, in-12.
à ses collègues de prendre à l'avenir en III. A praclical discourse concer-
tous actes, tantpublics que particuliers, ning repentance and the nature of
la qualité de ministres delà R. P. R. à the Christian religion, Lond., 4 693,
peine de 4 500 livres d'amende et de 8 vol. in-12.
punition corporelle.Le libraire fut con- IV. On the Trinity, tmo sermons
damné à une amende. Le clergé catho- on Matt. XXVIII, 4'9, 4 747, in-4 2.
lique ne fut pas content de cette sen- V. Practical discourses on several
tence; il suscita à-Lortie beaucoup d'au- subjects, 4720, in-8°.
tres affaires désagréables. Peut-être le On conserve aux archives de Lam-
pasteur fournit-il lui-même des armes beth Palace quelques pièces inédites re-
à ses adversaires en ne mettant pas latives aux querelles dogmatiques de
,
dans sa conduite toute la réserve, toute Lortie avec ses collègues réfugiés :
la prudence que les circonstances exi- N 932. 4 : Factum pour A. Lortie,
geaient. Tel fut le cas par exemple, ministre du S. E., injustement ac-
,
pour le procès qu'on lui intenta au sujet cusé de socinianisme ; N° 932. 67 :
d'un prêtre intrigant, nommé Le Jeune, Lettres de M. A. Lortie àl'archevêque
qui se présenta chez lui comme méde- de Canterbury touchant la réunion
cin, qu'il accueillit avec bienveillance, desProtestans,août%è,4707;N° 929 :
qui le vola et qu'il fut accusé d'avoir Controverses entre M- Testas et
vouiupervertir (Ibid.TT. 34 6).Tel fut M. Lortie socinien, touchant cette
encore le cas, en 4 680, lorsque, pen- question, si Jésus-Christ est le Fils
dant un séjour qu'il fit à Paris, où il de- Dieu de toute éternité.
s'était rendu afin de faire vider un pour- Lortie avait épousé une demoiselle
voi, il s'avisa de donner des lettres de de Saumur, dont il eut un fils, et vrai-
recommandation pour la Hollande à un semblablement une fille, SUSANNE,
agent provocateur -qui s'empressa de morte à Cantorbéry, veuve d'Adrien
les livrer à la police. Sous le coup d'un Du Hamel. Son fils, dont le pasteur /.-
décret de prise de corps, il se hâta A. Aufrère, dans une lettre inédite à
de passer en Angleterre, où ses opi- Prosper Marchand, datée deLondres,
nions sociniennes l'exposèrent à de 20 déc. 4.751, et conservée à la Bi-
nouvelles tracasseries.Onprétend qu'il bliolh. de l'Acad. de Leyde, dit qu'il
desservit l'église de la Savoie ; mais passait pour êlre resté «fort au-dessous
M. Burn ne le mentionne pas dans la du mérite et du savoir de son père», ne
liste des pasteurs de cette église. Ce nous est connu que par .une brochure
LOS - 436 LOS
La Touche, etsescontemporains. L'un
dont une trad. a paru sous ce titre : Les
raisons des scripturaires, par les- d'eux desservait, en 1598, l'église des
quelles ils font voir que les termes de .'Herbiers, l'autre celle de Sainl-Ful-'
l'Ecriture suffisentpourexpliquer le gent. Ce dernier présida,- le 4 avril
dogme de la Trinité, trad. del'angl., 4 604, le synode provincial qui se tint
Hamb. [Rott.], 1706, in-8». à Niort (Arch. gén.Ti. 313). C'est au
EOSSES ( DOMINIQUE DE ), dit LA jugement de ce synode que Léonard
TOUCHE, ministre de l'église réformée Thévenot, curé converti au protestan-
de Saint-Fulgent, et depuis 4 576, dé tisme, soumit sa confession defoi qui fut
Saint-FulgentetdeMouch.amps. La vie jugée orthodoxe. Trente-cinq églises y
de cepasteur est peu connue, bien qu'il furentreprésentées,savoir : Chantonay,
paraisse avoir joui d'une grande con- Fontenay-le-Comte, Talmont, Saint-
sidération. En,4 588, il fut député par Maixent, Poitiers, Champdeniers, La
le Poitou à l'Assemblée politique de La Trémoille, Melle, Thouars, Parthe-
Rochelle, et en 1596, au Synode na- nay, Le Vigean, Lusignan, Le Bou-
tional de Poitiers, dont il fut élu prési- cheron, Mougon, Pouzauges, Mouille-
sident (Voy. Pièces justif., N" LXI). ron, Saint-Gelais, Mareuil, Civray,Vau-
Deux ans plus tard, Catherine de doré, Saint-Benoit, Sainte-Hermine,
Bourbonle demanda pour chapelain, et Vieillevigne, Saint-Fulgent, Marsillac,
il lui fut accordé par le Synode natio- Les Sables, Coulonges et Aulnay, par
nal de Montpellier. C'est en cette qua- leurs ministres de La Porte, La Val-
lité qu'il prit part à la conférence de lée-Bernardin, La Place, Chaigneau
Nancy (Voy. IV, p. 80). On ne connaît ou Chesneau, Clemenceau, Guille-
aucune autre particularité de la vie de mard, Brun, Monceau ou Manseau,
ce ministre. Il avait épousé, en 1572, Rivet, Ricourt, Faure, Mazières, Iou-
àLoudun, étaut alors ministre de Saint- bert, Baptiste, Moreau, Bemi, de
Fulgent (Arch. gén. TT. 232), Made- Lestangf, Marchant, de La Roche-
laine Moreau qui lui donna deux fils. Crozé, Champanois, Textor, Papin,
L'aîné, nommé RENÉ, fit ses études à Fergusson, de La Touche, de Roche,
Sedan aux frais de la province de l'Isle- Valable, Danionet (et non Rancon-
de-France, qui acquit ainsi des droits net), de Lestang. Les églises de Cou-
sur lui; mais il n'en tint compte, et hé, Châtelleraull,Maillezais, Le Poiré,
abandonnant son église de Compiègne, Rochechouart, Sansais n'y envoyèrent
il accepta vocation de l'église de Mou- que leurs anciens : La Millière, Des-
champs. Il en résulta des contestations land, J. Moreau, La Millière, Jacob
qui ne s'apaisèrent qu'en 1614, le Sy- Souvoy, Monastier. De La Cave,mi-
node national de Tonneins ayant ex- nistre de M.auzé en Saintonge,y assista
horté les églises de l'Isle-de-France à de la part des églises de cette provin-
ne plus inquiéter le pasteur au sujet de ce (1).
la somme modique qu'elles lui récla-
maient. Le cadet étudia également la (1) Dans la même liasse TT. 313 des Ar-
théologie, etfut ministre à Clermonten chives, se trouvent des actes d'un autre sj- '.
node, tenu à Saint-JIaiient,le 26 août 1598,
Beauvoisis, puis à Chartres. 11 laissa dans le but d'entendre le rapport du député
un fils, nommé DOMINIQUE, qui fit ses du Poitou Des Fontaines, sur ce qui s'était
études, à Sedan et y soutint, en 1625, fait dans les assemblées politiques pour ob-
tenir l'édit de Nantes, el de procéder a la
la 1 " partie d'une thèse De sanctis et nomination d'un, conseiller prolestant a la
eorum cultu, imp. d'abord à Sedan, Chambre de l'édit de Paris. Le choix de
in-4», et ins. plus tard dans les Thèses l'assemblée s'arrêta sur Jacques Chaimot,
sedanenses. sieur du Breuil, maître des requêtes en l'hô-
tel de Navarre et le plus ancien conseilleren
Il faut se garder de confondre Do-, la chambre de justice établie à Saint-Jean-
minique de- Losses avec deux autres d'Angély par le roi,de Navarre. Ce synode,
pasteurs du Poitou, nommés comme lui très-nombreux, fut aussi présidé par "un La
Touche, mais nous ne pouvons dire lequel des
LOU LOU
— 137 —
LOUBIE, famille protestante du S. M. que la ruine des églises était ju-
Béarn, sur laquelle nous ne possédons rée, comme le prouvaient des lettres
qu'un petit nombre derenseignements, écrites en Cour après la reddition de
trop insuffisants pour que nous puis— Clairac, lettres que les Protestants a-
' sions en dresser la généalogie. Dès v-aient interceptées et qu'on lui confia
4 569, un gentilhomme de ce nom se pour qu'illes mît sous les yeux du prin-
joignil,avecde Lons, à Montgommery ce. Loubie mourut en 4 628. Ses des-
entrant dans le Béarn. En 4 620, un au- cendants continuèrent à professer la re-
tre Loubie, son fils peut-être, assista ligion réformée jusqu'à l'époque de la
pourleBéarn à l'Assembléepoliliquede révocation. Un Loubie, sieur de La Gas-
La Rochelle, qui l'élut président, le 25 tevine, est cité avec sa femme dans les
juill. 4 624, en lui donnant Hespêrien - listes des persécutés dressées par Be-
pour adjoint, La Toiir et Rifault pour noît. C'est René-Louis, sieur de La
secrétaires. Pendant le mois de sa pré- Gaslevine, qui fut condamné aux galè-
sidence, l'assemblée s'occupa princi- res comme relaps, mais gracié en 1686
palement de trouver les moyens de sou- (Arch. gén. E. 3372). Sa femme se
tenir une lutte inégale. Elle délivra un nommait Madelaine de St-Georges.
grand nombre de commissions pour la LOUIS (NICOLAS), né à Désandans,
levée de gens de guerre ; elle donna dans le comté de Monthéliard, le 1"
de pleins pouvoirs à une commission nov. 4 671, fut destiné par son, père,
composée de Favas, Bessay, Fretton, qui était ministre, à la carrière ecclé-
RossclilLaMilletière,àuVoilou^om siastique. Après avoir terminé ses hu-
traiter avec les seigneurs catholiques manités au gymnase de,Monthéliard,
qui voudraient se joindre à elle afin de il alla donc, en 4 688, suivreles cours
procurer « le bien commun de l'Etat, le de l'université deTubingue. En 1695,
service du roy et le reslablissement de il se. rendit à Bâle, et en 4 697, àFranc-
la paix publique;» enfin surlapromesse fort-sur-le-Mein,d'oùledésird'accroître
d'un puissant secours qui lui fut trans- ses connaissances dans les langues o-
miseparsesenvoyés Couvrelles eiBas- rientalesle conduisit, l'année suivante,
nage delà part du roi de la Grande-Bre- à Giessen. Le prince de Bade-Durlach,
tagne, elle fit partir pour l'Angleterre dont il s'était fait connaître pendant
à'Espinay (Voy. IV, p. 559), chargé son séjour à Bâle, lui obtint du mar-
d'en hâter le départ, en représentant à grave la cure de Nimburg, qu'il échan-
gea, en 4 701,contre celle de Mûndin-
lrois. Voici les noms des dcpulés rpontcnay,
de La Touche-Régnier,de Vendre et iaRocan- Gaudussiére et Lévesque, anc. ; Melle, Mon-
dour,anc. ; Maillezais, Dantonel, min., et de ceau, min., Gracien, anc; Mougon, Bap-
Touverac, anc. ; La Châteigneraye, Moreau, tiste, min.,Des Gaicongnolles, anc; Champ-
min., et François Ferrier, anc; Bazoges, deniers, Guillemard, min., Dieumegard et
hernier, min., et de Saint-Uilaire ; Luçon, de La Michelliére, anc. ; Saint-Gelais, Mo-
Bonnault,min.; La Chapelle, Pa]iin, min., et neslier, min., de Quiairay (?) et de La
La Tabariére, anc. ; St-Benoît, Jacq. de Taille, anc; Chizé, de Leslang, min., Ja-
Lanes, anc.; La Chaume, Valable, min.; rousseau, anc. ; Poitiers, Clemenceau, min.,
Mouchamps, de La Touche, min., de La Véron et de La Vergue, anc; Châtelle-
Vermiére (?) el Poussart, anc. ; Le Poiré, rault, de Faulz, min., élu vice-président,
Bonvouloir, min., et de La Formaniière, Berlheau, anc. ; Thouars, Rivet, min. ;
anc. ; Talmont, de La Place, min-, et de La Couhé, de Lestang, min., de La Barre, de
Milleliére, anc; Vandoré, Champanois, Vérac et Du Plessis, anc ; Civray, Brun,
min.; Mareuil, Des Couslaux, min.; Les min., Du Noyer, anc; Chauvigny, Toulurge,
Herbiers, de La Touche, min. ; Saint-Ful- min., de Champeaux et Chaigneau, anc;
gent, de La Touche, min.; Puybelliard, de Warsillac, de Roches, min., Des Moulins,
La Yerniére et de La Vouzaire, »nc. , anc; Parlhenay, de La Ribotliére, anc. ; Lu-
Saint-ÎJ^ixenl, Chaigneau ou Chesneau, signan, de Maupérier, de Fiefbrun, Gaudin et
min., Du Breuit-Chalmot et Lhoumeau, anc. ; Olivier, anc. ; Le Vigean, Véron, «ne. Les
Niort, de La Blachiére, min., Guillaume Au- fonctions de secrétaire furent remplies par
ribat, sieur du Chiron, et La Gaillardize, Pierre Clément, ancien de l'église de Saint-
anc; Exoudun, de La Vallée, min., de La Maixent.
LOU 138 — LOU

gen. Lorsque les troupes deLouisXIV tant la pénurie de pasteurs était grande,
envahirent l'Allemagne, il futplusieurs le consistoire de Paris, cédant aux inr-
fois chargé par' les autorités du pays, stances du sieur de Martimont, dont
de missions auprès des généraux fran- les descendants restèrent fidèles à la
çais. En 1720, il fut nommé surinten- foi protestante jusqu'à l'époque de la
dant ecclésiastique du margraviat de révocation, ledonna pour ministre aux
Hochbergetpremier pasteur del'église Réformés de La Roche-Bernard. Pré-
d'Emmendingen; puis en 1723, il fut senté à Andelot par Bachelar, Lou-
élevé à la dignité de conseiller ecclé- veau fut installé le 10 juillet, et aussi-
siastique. Il mourut le 28 juillet 1748. tôt, il s'occupa du soin d'organiser
On a de -lui quelques traités dogmati- un consistoire, dans lequel entrèrent
ques qui paraissentêtrefort rares, puis- le sieur de Trégns, Jean de La Favè-
que- le continuateur d'Adelung, contre de, Jean Guillermot, Jean Ailaire,
sa coutume, ne donne ni le lieu d'im- appelé Allain par Taillandier, et Lau-
pression ni le millésime, preuve cer- rent Poyart, à qui succédèrent, au
taine qu'il n'a pu se les procurer. En milieu des vicissitudes des guerres-ci-
voiciles titres, d'après ce bibliographe: viles Jean Rocap, Jean Le Hebel,
,
Abhandlungen vom Ursprung des Guy on Jouin, depuis apostat, Nico-
Bb'sen; von der menschlichen Natur las de Tehillac, sieur de Beaumont,
unsers ErlBsers; vom Taufbunde ; capitaine de La Bretesche, Jean Jean-
vom ewigen Rath Goites; uber die net, châtelain de Pontchâteau, Guyon
Erl'ôsung der Menschen; vom dem Pelaud, Jean Cherotin,'Amat de La
Bund des Vaters mit dem Sohne, etc. Rose, médecin. Etienne Bernier,
NOUVEAU (JEAN) sieur de La Pierre et Claude Guillermot. Dans
,
Porte, natif de Beaugency, avait étudié les premiers jours du mois d'août,
le droit à Orléans, en 4 552, et était Louveaufut appelé à remplir un triste
entré dans le barreau de Paris. Quel- devoir, celui d'assister à ses derniers
que temps après la fameuse mercuriale, moments la pieuse épouse d'Andelot,
à la suite de laquelle Anne Du Bourg Le 10 sept., il prit part aux travaux du
fut arrêté, il partit pour l'Allemagne premier synode de laBrelagne, assem-
dvzcMaloi, qui fut depuis le ministre blé à Chateaubriand. A son retour à
de Coligny,,dans l'intention de voir de La Roche-Bernard, il y célébra pour
près les réformateurs à l'oeuvre. De re- la première fois la Cène et bénit le ma-
tour en France, Louveau se joignit aux riage de Du Hirel avec la fille aînée de
assemblées des Protestants de Beau- Ladouzan, puis il partit pour Ploër-
gency, et fut élu ancien de l'église. mel afin d'y installer Aubery comme
Soupçonné d'avoir trempé dans la con- ministre. Eu 1562, il assista au synode
juration d'Amboise, il s'enfuit à Lyon, de Rennes et fut chargé d'aller instal-
où il retrouva Malot, qu'il accompagna ler au Croisic François Baron, de Pi-
à Valence. Le culte protestant se célé- riac, que Jean Boisot avait ramené de
brant publiquement dans cette ville, Genève.
sous la protection armée de quelques La guerre ayant éclaté sur ces en-
seigneurs du voisinage (Voy. V, p. trefaites, l'exercice du culte protestant
4 37), il y participa à la Cène du 34 fut provisoirement défendu par ordre
mars 4 561 ; puis il reprit la roule de sa du duc d'Etampes. Dans une lettre que
ville natale ; mais il ne lui fut pas per- Louveau lui écrivit à celte occasion,
mis d'y vivre en paix. Averti à temps le 31 juillet 1562, lettre qui été
qu'on allait l'arrêter, il se sauva à Pa- bliée par dora Meurice dans ale T.pu- III
ris où il retrouva encore son ami Ma- de ses Mémoires pour servir à l'histoire
lot. Comme Chandieu, il se laissa per- de Bretagne, le pasteur de La Roche-
suader de se consacrer au ministère è- Bernard annonça au gpuverneur delà
vangélique, et très-peu de temps après, province qu'il s'était soumis à
ses or-
LOU 139 — LOU
dres et avait suspendu l'exercice afin l'église bretonne de La Rochelle, il la
d'éviter l'effusion du sang; mais il le desservit jusqu'en 1587, qu'il fut en-
suppliait, en même temps, de lui per- voyé, comme ministre, àFonteuay, en
mettre de rouvrir son église, ce qui é- même temps que le pasteur de Melle
tait, disait-il, d'autant plus nécessaire Du Bourg. Eu 1596, il fut appelé à
« que le royaume était infesté d'alhéis- Marchenoir. En 4 598, désirant revoir
tes, d'Epicuriens et de Libertins. » Sa une dernière fois le théâtre de ses pre-
requête ne lui fut point accordée. Il fut miers travaux apostoliques, il fit une-
même obligé, pour échapper aux pour- tournée pastorale en Bretagne afin de
suites des Catholiques, de se réfugier «visiter les ruines de Jérusalem. » 11
à Blain, sons la protection de Henri trouva la désolation plus grande encore
de Rohan, qui le choisit pour aumô- qu'il ne s'y attendait. Cependant une
nier des troupes qu'il se proposait de consolation lui était réservée : un petit
conduire au secours' du prince de nombre de fidèles avaient bravé les
Condé; mais.la conclusion de la paix persécutions et la mort pour leur foi.
précéda son départ. Après un court Parmi ces personnes qui étaient restées
séjour à La Brelesche,Louveau retour- « aussi affectionnées au service de Dieu
na dans son église. Il la quitta de nou- que possible, » Louveau cite plus par-
veau, au bout de quelques mois, pour ticulièrement M"" de Laval et de Ro-
se rendre au Synode national de Lyon, han, les. trois comtesses de Montgom-
auquel il avait été député par la Bre- . mery, M™' de La Roche-Gifard, de
tagneavec l'ancien de l'église de Nan- La Muce-Ponthus , Du Liscoët, Du
tes Pierre Gouy. Rascor, M'"" de Chamballan, de La
A la nouvelle de la Saint-Barthélé- Vigne et sa soeur Du Plessis-Cabeno,
my, Louveau se hâta de s'embarquer trois soeurs M™" de La Barbée, de La
avec toute sa famille etunpetitnombre Beuvrière et de Varennes - Tillon,
d'amis. Il réussit, à travers de grands veuves toutes trois, M°"' de La Mori- '
dangers, à gagner l'Angleterre. Il vou- •
nière, M"" de Kérolet et de Gravai,
lut essayer de s'y créer des moyens veuves aussi l'une et l'autre , M'"" de
d'existence; mais les difficultés qu'il Quentin, La Pretaye, Du Coudray-
rencontra, le décidèrent à revenir en Pepin, M"1 Dabin, Mm" de Saint-Ge-
France, pour tâcher d'y recueillir une lais de La Boulaye , Du Plessis-
,
portion de ses biens. Cette dangereuse . Mornay, de Montmartin, M"' de La
tentative lui ayant réussi, il repassa à Chabosselaye et sa fille M"' de La
Londres, d'où il alla plus tard s'éta- Touschardiïre, veuves toutes deux,
blir à Cantorbéry en qualité de maître Me"" de Branzay du Croisic, Mmc de
delangueitalienne. En 1576, leségli- Brebaudet et ses trois filles, dont le
ses de laNormandielui adressèrent vo- père était catholique, M'"* de Marti-
cation; cependant, sur les instances des mont, la plupart desquelles, dit-il, ont
sieurs de Tr-égus et de Kérolet, il re- fait honte au commun des hommes et
tira le consentement qu'il avait déjà les ont surpassés en savoir, en zèle, en
donné et retourna à LaRoche-Bernard. persévérance et en grandeur d'âme.
Lorsque la guerre éclata de nouveau, Crevai.n nous laisseignorer la date de
il brava tous les dangers et maintint <
la morl de Louveau ; il paraît qu'il ne
sans interruption l'exercice dans son vivait plus en 1604. Il avait épousé,en
église jusqu'à l'édit de Nemours, après 1563, Marguerite DesLoges,vexive de
la publication duquel il se retira à La Salbert, pasleur de l'église d'Angers,
Rochelle, où il retrouva sa fille aînée, et en avait eu, entre autres enfants, une
ainsi que son gendre Fleury, et où il fille mariée au ministre de Loudun
fut rejoint, deux mois plus tard, par le Fleury.Vm de pasteurs ont montréplus
reste de sa famille-. de dévouement à la cause de la Réfor-
Nommé, avec Thierry, ministre de me; mais comme il était extrêmement
LOU 440 LUC
— —
zélé, ilpoussait aussi la rigidité à l'ex- et morte en 1656; — 3° PAUL , né en
trême. Ainsi il n'hésita pas à frapper 4 641;—4° HECTOR, mort à l'âge de 20
d'excommunication un nommé Des Ro- ' mois en 4 645 ; —- 5° NICOLAS , qui é-
ches parce qu'il avait dansé dans une pousa , en 4 676 , Jeanne de Bennes,
,
réunion d'amis. Il semble, au reste, fille de Hugues, sieur de La Guippière,
qu'il avait particulièrement en horreur et de Jeanne de Fougières ; — 6° AN-
cette innocente récréation, car il prit TOINE, né le 10 sept. 1.64-7, qui fut pré-
la peine de traduire en français le senté au baptême dans le temple do
Traité contre la danse de Pierre Charenton, le 15 sept., par Henri de
Martyr. Cette trad. n'a pas été impri- Massue, sieur de Ruvigny, et par Char-
mée, non plus que celle qu'il avait lotte Bigot.
faite de l'Histoire de Florence par Henri de Louvigny mourut à l'âge
Machiavel. Il avait aussi composé, au de 42 ans et fut enterré dans le cime-
rapport de Crevain, un traité auquel il tière de Charenton , le 21 juill. 4 648.
avait donné ce litre bizarre : La cane Ses descendants se convertirent à la
de Montfort, etillaissa msc. un Jour- révocation à l'exception de Nicolas.
,
nal ou plutôt une Lettre historique sur Associé de Guirand et Le Duc dans la
les destinées des églises bretonnes de direction des manufactures royales du
1564 à 4604. Nivernais, il n'hésita pas à saorifier à sa
LOTJVIGKY (PAUL DE), valet de conscience sa position et sa grande
chambre de Catherine de Bourbon, fortune; mais il fut arrêté comme il es-
puis de Henri IV, exerçait la profes- sayait de sortir de France, et enfermé
sion d'orfèvre. De son mariage avec dans le château de Ham avec sa mère,
Marie Malart, qui mourut veuve en âgée de 70 ans, sa femme et sa belle-
4 654, naquirent trois filles : 1 " MARIE, mère (Arch. gén. M. 671 ). Ilfinit pour-
présentée au baptême, en 1600, par tant par recouvrer la liberté et alla
Marie de Pontalevois, laquelle épou- grossir le Refuge. Ses biens furent
sa Paul Le Goux, conseiller secrétaire donnés, en 4 688, à son frère Louvigny
du roi ; — 2° ELISABETH, femme en d'Orgemont, intendant de la marine au
,
4 626, A'OlivierBidé, sieurd'Agaury, Havre (Ibid. E. 3374).
fils du maître des requêtes Jean Bidé, LUCAS, nom du capitaine qui dé-
sieur de Holimé et de Françoise fendit Tonnay-Charentë contre Mayen-
,
Blondeau, puis de N. de La Gar- ne, en 4 577. La place était si mal for-
rie , sieur de Pommeuse mprte en , tifiéeque le général catholique pensait
,
4 659 à l'âge de 46 ans ;
, — 3° HEN- s'en emparer sans coup férir; mais Lu-
RIETTE mariée à Jean Bazin, sieur cas, « qui avoit depuis le siège de La
,
de Limeville, conseiller du roi et con- Rochelle acquis bruit et réputation au
trôleur général de la cavalerie légè- faict des armes et bien fait partout où
re , fils A'Isaac Bazin, sieur de Ches- il s'estoit trouvé, » ne voulut pas se
nay, et de Marguerite Botherean(\). ,rendre sans résistance.Battue par sept
Outre ces trois filles, Paul de Louvigny canons et deux couleuvrines, la ville
eut deux fils : 4" HENRI , né le 4 2 août dut capituler au bout de deux jours, et
4 606, et —5° JACOB, né en 4 642. La Lucas, avec sa faible garnison, se re-
destinée du dernier nous est inconnue. tira dans le château, bâti au sommet
Henri prit pour femme, en 1634, An- d'un rocher. L'artillerie ennemie enta-
toinette Bigot (Voy. II, p. 286), qui ma bientôt la muraille sur plusieurs
lui donna plusieurs enfants : 1 ° HENRI, points. Les Huguenots, qui n'avaient
né en 1633 ;—2° MARIE, née en 4 637 pas en leur possession une seule pique
pour repousser l'assaut, ne purent ré-
(1) Ces renseignements, puiséi dans les sister longtemps aux efforts des masses
Registres de Charenton, lèvent toute espèce
de doute relativement a la parenté de Jean et catholiques ; les uns furent lues, d'au-
A'Isaac Bazin (Voy. Il, p. 87). tres rendirent leurs armes, un plus
LUG — 141 — LUG
grand nombre prirent la fuite. Lucas, lant pas rester en France après la pro-
n'espérantplusdeprolongerlalutle.se scription de lareligion qu'il professait,
laissa glisser du haut du roeherle long il se mit secrètement en route, malgré
d'une corde; mais il fut pris sur les son âge avancé, et réussit à gagner
bords de la Charente et conduit devant Berlin, où il mourut, en 4 695, à l'âge
Mayenne qui ordonna de l'exécuter le de 80 ans. Dans ses Listes des persécu-
lendemain. Lucas cependant parvint à tés, Benoît cite Lugandi père etfils.Ce
s'échapper; malheureusement il ren- fils était très-vraisemblablementPaul
contra un fossé dans sa fuite etsecassa de Lugandi, avocat à Montaubân, qui
la cuisse en essayant de le franchir. fut assez heureux pour échapper aussi
Réduit à cet état pitoyable, le vaillant aux convertisseurs de Louis XIV, et
capitaine inspirait encore une telle qui se réfugia également dans le Bran-
terreur à ses ennemis que n'osant l'ap- debourg, où il remplit des postes de
procher, ils le tuèrent de loin à coups judicature. Il paraît que Paul de Lu-
de mousquet.On affirme que les chirur- gandi laissa deux fils, dont l'un, après
giens de l'armée ligueuse demandè- avoir étudié la théologie à Francfort-
rent son corps pour le disséquer et qu'ils sur-l'Oder, futappelé, en 4 693, comme
commencèrent l'opération sans atten- ministre à Battin, où il eut pour collè-
dre qu'il eût rendu le dernier soupir I gues Nicolas etF«m'«,;puis,en 4 697,à
LUCKK (JEAN-JACQUES), OU Liic- Brandebourg avec A'Etienne, sieur de'
ke, en latin Luchius, natif de Stras- Clelles, et en dernier lieu à Halle, en
bourg, joignit l'étude de l'histoire et 174 3. L'autre, nommé Joseph, suivit
de la numismatique à celle de la juris- la carrière des armes. Lieutenant dans
prudence, et forma à grands frais un le régiment de Varennes, en 4 704, il
riche médaillier, dont il a publié une s'éleva au grade de major, et mourut à
description sous le titre de Sylloge nu- Magdebourg, à l'âge de 85 ans.
mismatum quee diversi'regeset prin- kTJGARJQON, peintre, originaire
cipes ab anno 4 500 ad annum\d<)(> de la colonie française de Berne. Lu-
cndi fecerunt, Argent., 4 620, in-fol. .
gardon se forma à l'école de David,
Les menées des libraires l'empêchè- comme on le remarquepar ses premiers
rent de trouver le débit de son livre, tableaux. Mais par la suite il modifia
en sorte qu'il sévit forcé de mettre en sa manière. Cet heureux changement,
vente sa collection de médailles pour selon le biographe Nagler, se fait déjà
payer lès.frais d'impression. La reine sentir dans son grand tableau histori-
Christine ' en fit l'acquisition, et de que : La délivrance de Bonnivard de
main en main, elle arriva entre celles la prison de Chillon par les Bernois
du duc d'Orléans. On a injustement et les Genevois. En 1826, Lugardon
reproché à Lùckh d'avoir supposé des se rendit à Rome ; il y peignit plusieurs
médailles et de s'être paré des plumes grands tableaux, où il s'affranchit de
du paon en donnant comme siennes les plus en plus de sa première manière ;
explications de Bemegger, Il avait telle est la Prise d'assaut du château
aussi écrit sur les médailles du xv' de Rossberg, excellente composition ;
siècle, et rédigé une Chronique de Ri- tout ce qu'on a pu y reprendre, c'est
baupierre, où il exerçait la charge de que l'action, qui se passe au clair de
bailli. Il mourut en Ï653, à l'âge de lune, est trop éclairée. Nagler cite en-
79 ans. core parmi les bons tableaux de noire
I.ÏJGANDÏ(JEAN), docteur en droit artiste, le Criminel qiiun moine ex-
et ancien de l'église deMontauban,qui, horte à la mort; une Famille napo-
dans toutes les circonstances, au mé- litaine, peint à Rome, en 1832, l'un
pris des persécutions, témoigna un et l'autre à peu près de grandeur na-
zèle ardent pour les intérêts et la dé- turelle, et enfin Guillaume Tell, exé-
fense de l'Eglise prolestante. Ne vou- cuté en 4834,
LUN - ^42 — LUN'
guise de barricades. De ceux qui ten-
LUNS (PHILIPPE DE), jeune femme
de 23 à 24 ans, née dans le diocèse de tèrent cette dangereuse sortie, un seul
Périgùeux, et veuve du sieur de Gra- périt. Atteint d'un coup de pierre, il
veron, que son zèle pour la Réforme tomba et fut à l'instant mis en pièces,
avait fait nommer ancien de l'église de au pointde perdre toute forme humaine.
Paris, est célèbre dans l'histoire du 11 ne restait dans la maison que des
, femmes, des enfants et quelques hom-
protestantismepar le courage héroïque
avec lequel elle souffrit la mort pour mes trep âgés ou trop timides, qui n'a-
sa foi, en 1557. vaient osé suivre les autres. La popu-
Le 4 septembre, les Protestants de lace, pressentant avec le sûr instinct de
Paris, que la persécution obligeait à se la hyène, qu'elle ne trouverait plus de
cacher pour adresser à Dieu leurs priè- résistance, se mit en devoir de forcer la
res, se réunirent, au nombre de trois à porte. C'en était fait de ces infortunés,
quatre cents, dans une maison de la lorsque Martine, procureur du roi au
rue Saint-Jacques, eu face du collège Châtelet, arriva fort à propos, suivi de
Du Plessis, afin d'y célébrer la sainte commissaires et d'un grand nombre de
Cène. Une affluence de monde aussi sergents, qui continrent, avec peine,,
extraordinaire éveilla les soupçons de la multitude furieuse de voir sa proie
quelques prêtres, qui ne tardèrent pas lui échapper. Au spectacle de terreur
à se convaincre qu'il se tenait une as- et de désolation qui s'offrit à lui, lors-
semblée de Luthériens. Ils appelèrent qu'il entra dans la maison, Martine fut
le guet, ameutèrent le peuple et cernè- ému jusqu'à verser des larmes. Cepen-
rent la maison suspecte de manière dant il avait à remplir sa charge, et il
que personne ne pût échapper. A mi- se mit en devoir de dresser son pro-
nuit, le service divin terminé, les fidè- cès-verbal qui constata « qu'en atten-
les, ne se doutant de rien, voulurent dant que tous fussent assemblez, le
sortir; mais ils furent accueillis par ministre avoitprié Dieu, toute la com-
des cris de mort et assaillis à coups de pagnie ayant les genoux en terre, et
pierres.Le tumulte attira tous les habi- qu'après avoir exposé l'institution de
tants du quartier; Paris, depuis la prise la Cène (1 Cor. XI), monstre quel en
de Saint - Quentin,. vivait dans de estoit l'usage, et comment oh s'y de-
continuelles alarmes. On s'enquiert, voit présenter : après avoir aussi ex-
on s'informe, et dès que l'on apprend communiétous séditieux, désobéissans.
qu'il s'agit de Luthériens, la fureur no à leurs supérieurs, paillards, larrons,
connaît pas de bornes. Des corps de etc., leur dénonçant de ne s'approcher
garde sont placés à loules les issues de la table; qu'après toutes ces choses,
et des feux allumés pour rendre la ceux qui avoyent esté jugez capables
fuite impossible. Pendant ces prépara- de ce sacrement, s'estoyent approchez
tifs hostiles, les fidèles, enfermés dans de ladite table, et avoyent receu du
la maison, invoquent la miséricorde pain et du vin de la main des ministres,
do Dieu, s'attendant à tout moment à .
avec ces paroles : C'est la communion
être massacrés. Leur première stupeur du corps et du sang du Seigneur; que
passée, ils commencèrent pourtant à prières s'estoyent faites pour le roy
se reconnaître. Encouragés par quel- et la prospérité de son royaume, pour
ques gentilshommes, qui se trouvaient tous povres affligez, et en général pour
parmi eux.ils résolurent de se frayer par toute l'Eglise, aussi que quelques
la force un chemin. Presque tous les pseaumes s'estoyent chantez. Voilà
»
hommes parvinrentà s'échapper malgré tout ce qui s'était passé,
en effet, dans
les pierres qui tombaient sur eux comme cette assemblée,- c'estAà-dire ce qui
grêle, malgré les piques et les halle- se passe encore aujourd'hui dans les
bardes dont on les menaçait, malgré les temples protestants, les jours où l'on
charrettes qui coupaient- les rues en administre la sainte Cène
.
aux fidèles;
LUN 143 — LUN
mais la haine a-t-elle jamais reculé jours d'un franc courage et alaigre-
devant la calomnie? Les bruits les plus ment. » Son interrogatoire en fournit
absurdes se répandirent dès le lende- la preuve. Un jour que le lieulenant
main dans Paris ; uon-seulemenfc on criminel lui demanda si elle croyait à
accusa les Protestants de se livrer la présence réelle elle répondit avec
,
dans leurs réunions religieuses aux vivacité : « Eh Monsieur,
1 qui croi-
actes de la plusTévoltante immoralité, rait que cela fust le corps de celuy au-
mais on alla même jusqu'à affirmer quel toute puissance a esté donnée, et
qu'ils ne s'assemblaient que pour im- qui est eslevé par-dessus tous les cieux,
moler de petits enfants. C'est pour re- quaud les souris le mangent, et les
pousser ces atroces accusations,—qui, guenons etsinges s'en jouent et le met-
dureste,avaientdéjàélédirigéescontre tent en pièces? » Et là-déssus, elle se
les premiers Chrétiens par les Païens,— mit à raconter avec tant de grâce et
que les ministres de Paris publièrent d'enjouement une anecdote de ce genre
deux Apologies qui furent répandues arrivée dans son pays, qu'il était facile
en grand nombre, jusque dans le Lou- - de voir que ses larmes ne trahissaient
vre, et dont la plus longue a été réim- ni l'abattementni la crainte, bien qu'elle
primée dans le martyrologe de Crespin. n'ignorât pas la mort affreuse qui l'at-
Après avoir dressé son procès-ver- tendait.
bal, Martine fit lier deux à deux tous Elle avait d'ailleurs repoussé déjà
,
ceux qu'il avait trouvés dans la mai- avec autant de fermeté que ses coac-
son, hommes et femmes (ces dernières cusés Clinet et Gravelle, les efforts des
au nombre d'une centaine): puis il les docteurs de Sorbonne pour la conver-
conduisitdans lesprisons du Cbâtelet, tir et en présence de ses juges elle
, ,
à travers les injures, les menaces, les ne montra pas moins de résolution et
coups d'un peuple furieux qui rem- de présence d'esprit. Voici son inter-
plissait les rues; mais, dit Crespin, rogatoire tel qu'il fut copié sur les piè-
Dieu voulait ainsi triompher en l'op- ces mêmes déposées au greffe. —D.
probre et ignominie des siens. Arrivés Interrogée par le lieutenant particulier
au Châtelet,lesprisonniers furentplon- si elle ne vouloitpas croire à la messe.
gës dans des cachots infects et tenus R. Qu'elle vouloit seulement croire
au secret le plus rigoureux, en atten- ce qui est au V. et N. T. — D. Si elle
dant leur jugement. ne croidpas en ce qui est en la messe,
Pour plaire à la Cour, affamée de con- et mesnip-ment au sacrement de l'hos-
fiscations, et au peuple avide de bû- tie. R. Qu'elle croid aux sacremens in-
chers, les juges déployèrent une acti- stituez de Dieu; mais qu'elle n'avoit
vité très-grande. Dès le 4 7 septembre, trouvé que la messe fust instituée de
trois accusés furent amenés à la barre, lui.—D. Si elle vouloit recevoir le sa-
savoir -.Nicolas Clinet, vieillard de crement de l'hostie.R.Qu'elle ne vou-
-60 ans, instituteur de la Saintonge, loit rien faire que ce que J.-Cli. avoit
où il avait été brûlé en effigie à cause commandé.—D.Depuis quel temps elle
de son zèle à propager les doctrines s'estoit confessée au prestre.R.Qu'elle
évangéliques ; Taurin Gravelle, de ne savoit, et que tous les jours elle se
Dreux, avocat au parlement, chez qui confessoit à Dieu, comme il avoit com-
l'assemblée s'était tenue, tous deux mandé. Et ne croyoit qu'.aulre confes-
anciens de l'église de Paris,et Philippe sion fust requise etinstituée par J. -Cli.,
de Luns, que son sexe, sa jeunesse et pour ce que luiseul avoit puissance de
sa beauté rendent la plus intéressante pardonner les péchez.—D.Qu'elle sen-
des trois victimes. toit des prières adressées^ à la vierge
juges, raconte Marie et aux Saincts. R.Qu'elle ne sa-
« Venant devant les
Crespin, elle souspiroit quelquefois; voit autre oraison à faire que celle que
mais cependant elle respondoit tous- Dieu lui avoit enseignée, s'adressant à
4i4 — LUN
LUN _
lui par son fils J.-Christ, et non autre. lui falloit autre purgation.Et que pour-
Bien savoit-elle que les Saincts de Pa- tant n'estoit besoin de faire prières pour
radis sont bienheureux, mais ne leur les trespassez,et qu'ainsi'elle l'avait leu
vouloit adresser ses prières. —D. Ce au N.T. Enfin, ne rougissant pas, dans
qu'elle croyoit des images. R. Qu'elle leur absurde fanatisme,de se rendreles
ne leur vouloit porter aucunement ré- échos des bruits atroces qui couraient
vérence.—D. De qui elle avoit aprins à Paris, les juges finirent par lui deman-
çeste doclrine. R. Qu'elle avoit étudié der si dans les assemblées auxquelles
au Nouveau-Testament. ->— D. Si elle elle avait assisté,on avait coutume d'é-
faisoit distinction des viandes es jours teindreles lumières après la prédication;
de .vendredi et samedi. R. Qu'elle ne elle se contenta de répondre « qu'elle
voudrait manger de la chair en ces ne s'estoit jamais trouvée en lieu où
jours, si elle pensoit blesser la con- tel cas se fist.»
science de son prochain infirme; mais Il serait inutile de relater ici les in-
qu'elle sait bien que la Parole de Dieu terrogatoires de Clinet et de Gravelle;
commande ne faire distinction des on y retrouverait à peu près les mêmes
viandes en quelque jour que ce soit ; demandes et les mêmes réponses. Les
et qu'on pouvoit user de toutes, en lés trois martyrs, par arrêt du 27 sept., fu-
prenant avec action de grâces. Là-des- rent condamnés à être brûlés, après
sus on lui objecta que l'Eglise avoit fait avoir été préalablement appliqués à la
défense de manger de la chair à cer- question. Un nouvel assaut des doc-
tains jours.etque cequin'estoitde soy teurs deSorbonne ayant échoué contre,
péché, estoit fait péché à raison de la leur inébranlable constance, ils furent
prohibition. R. Qu'elle ne croyoit en jetés chacun dans un tombereau pour
cela à autres commaudemens et défen- être conduits au lieu du supplice. Dans
ses qu'à celles que J.-Ch. avoit faites. cet instant suprême, un prêtre s'appro-
Et quant à la puissance que le pape cha pour confesser Philippe de Luns;
s'attribueà faire ordonnances, elle n'en mais elle le repoussa en lui disant qu'elle
avoit rien trouvé au N. T. De rechef on se confesserait à Dieu qui seul pouvait
répliqua que les puissances tant ec- remetlrëles péchés. Quelques conseil-
clésiastiques que séculières ont esté lers du parlement la sollicitant de pren-
délaissées par Dieu pour gouverner son dre entre ses mains une croix de bois,
peuple. R„ Qu'elle le confessoit des pour obéir, disaient-ils, au comman-
puissances appelées séculières; mais dement de Dieu qui ordonne à chacun
en l'Eglise, elle n'avoit point leu de porter sa croix : «Messieurs,leur ré-
qu'autre eust authorité de commander pondit-elle, vous me faites bien por-
que J.-Ch. — D. Qui estoit celui ou ter ma croix, m'ayans injustement con-
celle-là qui l'avoit ainsi instruite. R. damnée, et m'envoyaDS à la mort pour
Qu'elle n'avoit autre instructeur que la querelle de noslre Seigneur Jésus-
le texte du N. T. Christ, lequel n'enlendit onquesparler
Dans un autre interrogatoire, on lui de ceste croix que vous dites. » Selon
demanda, au sujet de son mari mort un usage introduit par un raffinement
peu de temps auparavant, si elle ne de cruauté, la Cour avait ordonné dans
l'avait pas enterré en son jardin. R.Que un relentum que les condamnés au-
non; mais avoit esté emporté à l'Hos- raient la langue coupée, s'ils refusaient
tel-Dieu, pour eslre inhumé avec les de se convertir. On procéda doue à
povres,sans toutefois aucunes cérémo- celte barbare mutilation, que tous trois
nies superstitieuses.—D. S'il est re- subirentavec courage. «Laconstance
quis, pour la salvation de celui qui est de Gravelle estoit merveilleuse, lit-on
décédé de faire prières. R. Qu'elle dans le Martyrologe, elles soupirsqu'il
,
croyoit celui qui serait décédé au-Sei- jetloit sans cesse, la veuë tournée de-
gneur, eslre purgé par son sang,et ne vers le ciel, monstroyent bien l'ardeur
LUN
- 145 LUP
de son affection en priant Dieu. Clinet ' deux étudiants de l'université de Paris,
,
avoit aussi toujours la veuë en haut; qui ont rendu compte de leurs interro-
mais sembloitplus triste que les autres, gatoires dans des Lettres publiées par
'pource qu'il estoit desjà abatu de vieil- Crespin, périrent quelques jours après
lesse, et de sa nature estoit blesme et dans les flammes. Douze ou treize au-
tout deffait. La damoiselle semblait tres procès étaient déjà instruits, et les
encores les surmonter en constance, bûchers toutprêts,lorsqueles supplices
car elle n'estoit aucunement changée furent interrompus par la récusation
dévisage; mais assise dessus le tom- qu'une prisonnière fit d'un des juges,
bereau monstroit une face vermeille, créature du cardinal de Lorraine, et fi-
voire d'une excellente beauté. Elle a- nalement arrêtés par l'intervention des
voit auparavant pleuré son mari et por- Cantons réformés de la Suisse et des
té Je deuil, habillée de linges blancs à princes prolestants de l'Allemagne.
la façon du pays; mais alors elle avoit LUPÉ, nem d'une des premières
posé tous ses habillemens de vefvage familles de l'Armagnac, dent une bran-
etreprins lechaperon de velours et au- che celle de MARAVAT, embrassa les
,
tres acoustremens dejoye, commepour doctrines de la Réforme.
recevoir cest heureux triomphe et es- Le premier membre de cette famille
tre jointe à son espoux Jésus-Christ. qui se convertit au protestantisme, fut
Estans arrivez à la-place Maubert, lieu Çarbonel de Lupé, mort vers 4 574. Il
de leur mort, avec ceste constance, ils laissa plusieurs enfants de deux ma-
furent ars et bruslez : Clinet etGravelle riages. Sa seconde femme, Susanne
vifs, la damoiselle estranglée, après a-- de Rivière, l'avait rendu père de trois
voir esté flamboyée aux pieds et au fils, DANIEL, PIERRE et JOSIAS, dont la
visage. Ce triomphe fut admirable. » destinée est inconnue. Son fils aîné,
Oui, ce triomphefut admirable. C'est JEAN, sieur de Maravat, gentilhomme
la lecture de semblables drames dans ordinaire de la chambre du roi, gou-
le Martyrologe protestant, qui a arra- verneur de la vicomte de Fezensaguet
ché ce -cri d'admiration à un historien et de la ville de Mauvesin, capitaine
célèbre, 'M. Michelet, étonné de l'éner- de chevau-légers, maréchal de camp,
gie de la Réforme à son aurore : « Elle en 4 593 , maréchal des camps et ar-
ne refit pas l'idée, mais le caractère. mées du roi, en 4 596 , sénéchal du
Elle agit et souffrit, donna son sang à Rouergue, a joué un rôle important
Ilots. Ses martyrs populaires, qui cher- dans les affaires des églises. Le Haut-
chaient leur force dans la Bible, fout Languedoc le députa, en 1593, à l'As-
une seconde Bible sans le savoir, et semblée de Mantes, et en 4 604, au Sy-
combien sainte ! Le martyrologe de node national de Gergeau, qui l'envoya
Crespin est bien autrement édifiant à en Cour avec Charnier pour demander
lire que la chronique des rois de Juda. à Henri IV de ne point insister sur la
Cela dure quarante ans, âge merveil- séparation de l'Assemblée de Saumur.
leux de patience ! Nulle résistance, nul Le roi refusa de se rendre aux voeux
combat. On ne sait que mourir et bé- du Synode, cependant il autorisa la
nir. » convocation d'une nouvelle assemblée
D'autres prisonniers de la rue Saint- à Sainle-Foy.Maravat n'y assista pas ;
Jacques payèrent-également de leur vie mais, en 4 605, il fut envoyé à celle de
leur attachement à l'Évangile. Nicolas Châtellerault, qui le chargea d'aller
Le Cène (Voy. VI, p. 459) et Pierre complimenter Sully à son arrivée. En
Gabart, de Saint- Georges en Poitou, 1614, l'Armagnac le choisit une fois
furent brûlés le 2 oct. FrançoisRebe- encore pour son représentant à l'assem-
zies, jeune homme de 20 ans à peine, blée de Sainle-Foy. Selou Courcelles,
natif d'Aslafort en Condornois, et Fré- la noblesse de celte province le députa
déric Danville, d'Oleron en Béarn, aux Etals qui se réunirent,la mêmean-
T.YII. 10
LUP 446 LUP
née,à Paris. Il mourut en 4 64 8, ayant par les ceusins de sa femme Armoise
d'Astugue, — 4° N., assassiné avec
eu de son union (1577) avec Margue-
rite de Morlhon, fille de François, son frère; — 5° PERSIDE, mariée, en
sieur d'Asprières, et de Marguerite 4 643, avec Pierre de Preyssac, sieur

de Senneterre, huit enfants, savoir : deCadeillan.


4' PAUL, qui continua la branche de Phinée de Lupé, sieur de Maravat et
Maravat; — 2° JACQUES; — 3° PHI- deLassus, servit, avec Je grade de ca-
KÉE, auteur du rameau de Tilhac; — pitaine, dans les guerres d'Allemagne,
4' ANNE , femme de Joseph de Gar- de Flandres, de Roussillon et de Cata-
ranx; — 5° SUSANNE, mariée au sieur logne. En 4 661 , il épousa Anne de
de Manas; — 6" PERSIDE, qui prit al- Belrieu, fille de Jean, sieur de Tire-
liance avec Pierre de Rapin, sieur de gan, conseiller à la Chambre de l'édit
Toiras, gouverneur du Mas; — 7° Es- de Guienne, dont il n'eut pas d'enfants,
THER, qui épousa Paul de Merens; — et en 1674, il se remaria avec Judith
8° ISABEAU, alliée à Georges de Piry Du Pouy, fille de David, sieur de La
(aliàs Pins), sieur du Meulin. Besté Boulbène, et de Judith d'Alba, qui
veuf, Maravat s'était remarié avec Mar- lui donna deux enfants, nommés PAUL
guerite d'Astugue, qui lui avait encore et PERSIDE. En 1686, il habitait Paris
donné sept enfants : 4"ALEXANDRE, ca- (à ce que nous apprend une note de
pitaine de vaisseau ;—2°PIERRE, sieur police où il est signalé comme proies-'
de Lauret, qui laissa de son mariage tant), probablement dans l'intenlion
avec Marie de Polastron, conclu en d'y chercher les moyens de passer à
4 632, un fils, JEAN, mort en Italie, en l'étranger. Quoi qu'il en soit, il se con-
4 688, et une fille, PHINÉE, qui devint, vertit peu de temps après (Arch. gén.
en 4 676, la femme A'Abraham de M. 664), ou plutôt il feignit de se con-
Preyssac, sieur de La Taste, — 3° A- vertir, car, en 1689, on lui enleva son
BRAHAM, mort sans postérité;—4° MAR- fils et sa fille qui furent enfermés, le
GUERITE, alliée à Pierre de Roque, premier dans le couvent des Doctri-
sieur de Cressia; — 5° JEANNE; — 6° naires de Lectoure, la seconde dans le
ARMOISE, mariée, en 4 631, h.Daniel monastère de Sainte-Claire de la même
de Petit, sieur de Montbrison ; — 7° ville, tandis qu'il fut emprisonné lui-
OLYMPE, femme, en 1638, de Jean de même dans le château de Cahors. Nous
Sariac, sieur de Puissenlut. avons trouvé dans la liasse des Archi-
I. Paul de Lupé, sieur de Maravat, ves cotée M. 673, les lettres que, pen-
capitaine de chevau-légers, gentil- dant dix ans, il ne cessa d'adresser au
homme ordinaire de la chambre du roi, secrétaire d'état pour se plaindre du
succéda, en 1606, à son père, dans la traitement qu'on lui faisait subir et ré-
charge de gouverneur de Mauvesin.. clamer sa liberté, ainsi que celle de ses
En 1620, il fut député par le Haut- enfants. En 1699, ses souffrances n'a-
Languedoc au Synode national d'Alais. vaient point ébranlé sa constance. Les
La même année, Louis XIII le nomma généalogistes ne nous font pas connaî-
sénéchal du comtéde Rhodez.Enl 625, tre l'année desamort; ils nous appren-
il travailla avec Lusignan à entraîner nent seulement que son fils Paul mou-
Montaubân dans le parti du duc de Ro- rut sans alliance.

han. Il mourut vers 1667. Olympe de II. Phinée de Lupé,sieur de TILHAC,
Lustrac, fille de Gabriel de Lustrac, gentilhomme de la chambre du.roi et
baron de Saint-Sernin, et A'Anne de capitaine d'infanterie, testa en 1634.
Rabasteins qu'il avait épousée en Il avait été marié deux fois : en pre-
,
4 64 0, l'avait rendu père de cinq mières noces (1611), avec Jeanne de
en-
fants : 1 " PAUL, sieur d'Allemans, mort, Sariac, héritière de Paul de Sariac,
eh 1660, sans postérité; —2" PHINÉE, seigneur en partie de Tilhac.el de Cé-
qui suit;—3" JEAN, assassiné, en1657, cile de Lnpé;HT\ secondes (4 631),avec
LUS U7 — LUS
Paule de Madaillan.ïûlt de Baltha- Louis de Saiul-Gelais dans les rangs
sar de MadaillaneXA'Anne d'Elgny- de l'armée protestante. Le 22 juillet, il
de-La Roque. Du premier lit vinrent surprit Saint-Maixent; mais à l'appro-
PAUL, sieur de Tilhac, assassiné en che du duc de Montpensier, il se hâta
4 656, et PIERRE, sieur de Tilhac, ca- d'abandpnner cette petite ville, trop
pitaine de chevau-légers, qui assista, faible pour offrir une résistance sérieu-
en 4 678, comme ancien de Puycas- se, et se retira à Lusignan, où il se si-
quier, au synode provincial de Saver- gnala, pendant le siège, parmi ses plus
dun (Arch. gén. TT. 242), et qui prit braves défenseurs. L'année suivante,
pour femme Marguerite de Bar. Du Frontenay-Rohan le mit pour gou-
second lit naquirent JosuÉ et peut-être verneur dans Brouage en place de Cy-
ABEL,majorau régiment de Bellegarde. mandiere, qui lui était suspect; mais
Josué, sieur de Taybosc, lieutenant au Plassac le força d'en sortir. En 4 576,
régiment de Navaiïles, enl 650, épousa, Saint-Gelais fit une entreprise sur Niort,
en 4 666, Marie Du Puy, fille de Sa- qui échoua. Plus heureux en ,1577, il
muel Du Puy et de Marie de Rey. Il. se saisit de Civray-sur-Charente;mal-
abjura à la révocation avec quatre de heureusement il laissa pour y comman-
ses enfants,PHINÉEJEAN-JACQUES,AN- der un traître qui livra, bientôt après,
NE et MARIE. L'aîné, Louis, resta seul cette place au comte de Lude.Dès lors,
fidèle à la foi prolestante. Il se retira il jouissait d'une très-grande considé-
en Brandebourg et entra dans les ration dans le parti,puisqu'il fut appelé
Grands-Mousquetaires, à. ce que rap- à signer, au nom de ses coreligionnai-
porte Courcelles. res, les articles secrets du traité de Poi-
LUSCGNAN OU Lézignan, maison tiers, avec La Noue, Du Fatsr, sieur de
illustre du Poitou et une des plus an- Gniemsfihauvigné,Arnaud DuFavr,
ciennes de France, qui a donné des et d'autres députés des églises, et qu'en
souverains à Jérusalem et à l'île de Chy- 4 581,il fut envoyé par le Poitou à l'As-
pre.Elle était divisée enplusieursbran- semblée politique de Montaubân.
ches, dont deux embrassèrentles doc- En 1585, Saint-Gelais servit, avec
trines évangéliques (1). le grade de maréchal de camp, sous
les ordres de Condé et il se fit remar-
I. BRANCHE DE SAIKT-GELAIS.
quer par sa rare intrépidité dans une
Né, en 1550,de Charles de Lusignan foule de rencontres. Un jour, entre au-
et de Louise de Puyguyon, Louis de tres, qu'il s'était rendu, avec A'Aubi-
Lusignan-Saint-Gelais fut élevé,com- gné et une faible escorte, de Jarnac à
me enfant d'honueur, à la cour de Hen- Melle pour une affaire importante, il
ri II. Rien ne nous' apprend l'époque apprit tout-à-coup qu'il était cerné par
précise oùil sortit de l'Eglise romaine, les Ligueurs. Sans s'effrayer du dan-
dans laquelle il élait né. Parmi les Hu- ger, il manda en toute hâte Prévôt-
guenots qui échappèrent au massacre de-Charbonnieres, cantonné à deux
de la Saint-Barlhélemy, nous voyons lieues de là avec son régiment, el, lit-
bien figurer Gui de Saint-Gclais(Voy. on dans les Mémoires de la Ligue, il
III, p.400); mais ceseraitpeut-être s'a- pritceux qui voulaient leprendre.il ne
ven turer trop loin que d'en conclure que déploya pas moins de sang-froid el de
cette branche de la famille deLusignan courage dans la fatale retraite d'Angers
professait déjà le protestantisme. C'est (Voy. Il, p. 469). Après la dislocation
seulement en 4 574 que nous trouvons de la petite armée protestante, il suivit
la route de Mer avec une partie des
(1) Nous ne parlons pas d'un rameau de
la branche de Lezay qui professa aussi le pro- troupes ; mais arrivé à Lorges, il fut
testantisme, parce qu'il s'éteignit dès la pre- informé que tous les passages delaLoi-
mière génération, Gabriel de Lusignan n'ayant re étaient soigneusement gardés.Dans-
laissé qu'une fille, nommée Françoise , qui celte situation critique, il assembla un
même abjura.-
LUS 148 LUS

conseil. On décida que le parti le plus tou, Henri IVl'ayant nommé lieulenant
était de tirer chacun de son côlé. général dans cette province. Il mourut
sage
Saint-Gelais,accompagnéde Bois-du- à Niort, le 27 mai 1592, des suites
Lis,Campet, (appelé aussi Campois), d'une saignée,, regretté, ditd'Aubigné,
Du Chesne et de quelques autres, prit de ceux qui le connaissaient, «comme
le chemin de Châteaudun, et après avoir vrai noble, vrai vaillant, bon partisan
couru les plus grands dangers, il attei- et bon ami. »Saint-Gelais avait épousé,
gnit la Loire, qu'il traversa heureuse- Louis de
ment: puis il regagna La Rochelle. en 1569, Marie Rataut, fille de René
En 1586, il servit soùs Condé à la Rataut, sieur de Boisgrollier, qui ne'
prise deDompierre,et s'empa'ra en per- lui donna qu'une fille, LOUISE, mariée
sonne d'Aunay, de Mondevis, de Chi- à Louis de Losme, sieur des Moulins^
zé-sur-la-Boutonne.Chargépar lesKo- Resté veuf, il se remaria avec Jeanne
chellois de fermer l'excellent port de Du Puy, dame du Coudray, en'Berry,
Brouage, en coulant à l'entrée plusieurs fille de Claude Du Puy, baron de Bel-
gros vaisseaux, il réussit dans cette lefaie, el de Jeanne de Ligneris, dont
difficile entreprise avec le secours de il eut trois enfants r 1 ° HENRI-LOUIS ,
Gargouilleau, et malgré les efforts de mert jeune en 1599 ;—V JOSUÉ, qui
Saint-Luc, qui lui tua seulement le ca- suit;— 3° CHARLOTTE, femme de Guy-
pitaine Mineur et quelques soldats.En Philippe de Salins, sieur de LaNocle,
4 587, il défendit avec La Tifardière à qui elle donna un fils et quatre filles,
la ville de Saint-Maixent contre Joyeu- l'une desquelles épousa, en 1641', le
se et obtint une capitulationhonorable célèbre Saint-André-Montbrun(B.eg.
(Voy. III, p. 442). de Charent.).
Aprèslabataille de Coutras, Saint-Ge- Josué de Saint-Gelais, sieur de Saint-
lais retourna àLa Rochelle où il fit secrè- Gelais et de Cherveux, mourut, en
tementlesdispositionsnécessairespour 1642, sans avoir joué de rôle dans les
surprendre Niort. Secondé par Aram- affaires des églises. 11 avait épousé, en
lure, Parabère, Hector de Préau, 4 64 0, la veuve de Charles de La Fo-
Ranques, Deslistre, il appliqua les rest, sieur de Vaudoré, Anne Pons-
échelles sans être aperçu par les senti- sard-, fille de Charles sieur de Fors
nelles, et tandis que Jonquières, Vil- el marquis du Vigean, ,et A'Esther de
lepion de Volières et Soussonbre es- Pons. 11 en eut : 4 ° Louis, né en 4 61 4,
caladaient les murailles, des pétards, mort célibataire en 1636 ;— 2° CHAR-
attachés "par de Villesave et Gentil, LES, sieur de Cherveux, né le 5 sept.
firent voler les portes en éclats.En trois 4 623, qui épousa Charlotte-Louise de
quarts d'heure, la ville fut prise, sauf La Loe, fille de Claude de La Loe et
le château qui se rendit le lendemain. A'Anne de Rochechonart. Est-il ideii- '
Les Ligueurs ont publié un récit des tique avec le. marquis de Saint-Gelais
Cruautés exécrables commises par les qui fut,en 4 686, sommé de se conver-
Hérétiques contre les Catholiques de la tir sous peine de.la Bastille? (Arch.
ville de Niort; mais c'est un tissu de gén. E. 3372) ; 3» MARIE-JEANNE

mensonges et de calomnies. La ville épouse de Charles de Fradet, comte,
fut traitée, au contraire, avec une mo- de Cnâteau - Meillan lieutenant du
dération dont l'histoire de nos guerres ,
grand-maître de l'artillerie, mort en
civiles offrent peu d'exemples. Saint- 4 659;— 4°,5°et6° MARGUERITE,FKAN-
Gelais resta gouverneur de la ville,' et ÇOISE et ANNE qui furent toutes trois
Parabère du château. religieuses. Il ,est évident, pour nous*
Après laréconçilialiondes deux rois, que les enfants de Josué de Saint-Ge-
Saint-Gelais les suivit sous les murs de lais se convertirent, mais à quelle épo-
Paris. Ce fut sa dernière campagne. que? Nous l'ignorons.
Bientôt après, il retourna dans le Poi-
LUS LUS
— 149
BRANCHE DE SKLIGNY. enfants, entre autres SUSANNE bapti-
,
sée, en 1662,par Chaigncaux.Aans le
Jean de Saint-Gelais, sieur de Sé- château de Séligny, en présence de
ligny (aliàs Séligné), épousa, en 4 576, Jacques de Saint- Gelais, et de Cathe-
Jacquette Bouchard-d'Aubeterre, qui rine Chiton(Arch. TT. 313). En 1689,
lui donna deux fils : 4 " JACQUES qui Léon de Saint-Gelais fut encore en-
suit; — 2° CHARLES, marié, en 4 ,641, fermé dans la citadelle du Pont-de-Lar-
avec Renée de Montolembert, fille de che, comme mauvais catholique (Ibid.
Robert, sieur de Vaux, et de Jeanne M. 667). Sa femme imita saconstance,
de Livenne. cependant elle finit par abjurer et ob-
Jacques de Saint-Gelais, sieur de Sé- tint, en 1700, une pension de 500 li-
ligny, mourut vers 4 635 selon Fil- vres (Ibid. E. 3386).
,
leau, laissant de son mariage avec Es- LUSIGNAN ( FRANÇOIS DK), de la
ther Régnier, un fils, nommé JACQUES, famille des barons de Lusignan en Agé-
et une fille, appelée JEANNE, dont le nois, assista, en 1579, à l'Assemblée
sort est inconnu. Jacques, dont il est politique de Montaubân de la part du
parlé comme d'un gen lilhomme proles- roi de Navarre. C'est la première fois
tant, dans le Mémoire de Colbert, en que nous rencontrons son nom, soit
1664, prit pour femme, en 1637, Léo qu'il ait professé jusque-là le catholi-
Des Vieux, qui le rendit père de LÉON cisme, soit, ce qui est plus probable,
et de BÉNIGNE. Cette dernière épousa qu'il ait été trop jeune pour prendre
François de Nossay ouNocey, sieur de une pari active dans nos guerres de re-
La Forge, gentilhomme catholique du ligion. L'année suivante, il servit sous
Poitou. Ce mariage fut célébré par un les ordres de Henri de Navarre. En
ministre; mais après la célébralion, le 1587, il combattit à Coutras, où il fut
mari retourna à la messe, laissant d'ail- fait prisonnier, mais délivré par La
leurs sa femme libre d'élever ses en- Force. Nous ne voyons pas d'ailleurs
fants dans sa religion, à ce que raconte qu'il se soit signalé par aucun exploit
Benoît, et son récit se trouve confirmé militaire; c'est surtout dans les assem-
par les registres de l'église de Cbizé, blées politiques que ses talents pour
dont nous avons eu un volume entre l'intrigue trouvèrent à s'exercer. En
les mains (Arch. gén. TT. 313). On y 1608, la Basse-Guienne le députa avec
trouve, à l'année 1658 consigné le Hespérien et La Corbiade, avocat au
baptême, par le pasteur A., Gilbert, de parlement de Bordeaux, à celle de Ger-
FrançoisdeNocey,qui eut pourparrain geau, et en 4 611, avec La Case, de
son oncle Léon et pour marrame;Lc'a de Panjas, Bançons, pasteur à Touneins,
7iww«;(DesVieux?)Tantquelepôrevé- et Maniald, avocat au parlement de
cut,leclergégardalesilence;maisNos- Bordeaux, à celle de Saumur. En 1613,
say ayant été assassiné en 1665, on eut il présida un colloque tenu à Sainte-
recours aux persécutions les plus vio- Foy, auque-lassislèTent Castelnaut, de
lentes pour forcer la mère à remettre Bergerac, de La Garde, de Tonneins,
ses enfants entre les mains d'un catho- A'Agos (?), de Chambret, de Couron-
lique. Les biens de celte dame eJL ceux neau, les ministres Hespérien, de Sain-
de Léa Des Vieux furent mis sous le te-Foy, Du Luc, de Bergerac, Cons-
séquestre; il fut défeudu sous peine tans, de Monflanquin, et Salmon, de
,
de confiscation, de leur donner Chambret, les avocats La Nouaille et
asile.
Force fut à ces dames de ployer sous la Mermet, DubacalLeniillac.'En 1615,
tyrannie du graDd roi. l'Assemblée de Grenoble, à laquelle il
Léon de Saint-Gelais le dernier de assista encore, comme représentant de
,
celle famille qui professa la religion la même province, le nomma membre
réformée, épousa, en 1660 Susantie de la commission chargée d'examiner
de La Duguie, dont il eut, plusieurs les propositionsdeGonde.il suivit l'as-
LUS ISO LUS
semblée à Nismes et à La Rochelle; N° 225). Le gouvernement de cette
mais, dès le mois de mars 1616, des place lui fut assuré; une somme de
lettres furent interceptées qui le com- 50,000 livres lui fut accordée comme
promirent-au point que, malgré ses dé- dédommagement du gouvernement de
négations d'avoir jamais rien fait de Puymirol dont il avait été dépouillé ; le
contraire à l'union des églises, l'assem- libre exercicede la religion protestante
blée crut devoir .inviter le Conseil de fut garanti et les habitants furent dé-
la Basse-Guienne à procéder à une en- chargés d'une somme de 450,000 li-
quête (Fonds de Brienne, N° 223). vres sur les impôts. A tout prendre, ce
Cette enquête, si elle fut faite, ne four- traité fut moins honteux que beaucoup
nil aucune charge neuvelle contre lui; d'autres; Lusignan, du moins, ne son-
il est certain pourtant que Lusignan gea pas uniquement à ses intérêts par-
chcrchaitdéjà le moyen de se vendre au ticuliers, et ce qui l'excuse jusqu'à un
roi au plus haut prix possible, et que dès
,
certain point de n'avoir pas répondu à
lors il jouait UD jeu double. Il crutavoir l'altenle de l'Assemblée de La Rochelle,
trouvé une occasion propice, lorsque c'est que, malgré ses instances, elle
l'inexécution des promesses faites à n'avait pu lui envoyer ni armes ni mu-
Loudun ralluma la guerre. Au moment nitions.
même où, en sa qualité de gouverneur En 4 625 ( est-ce du même person-
de Puymirol, il jurait à l'Assemblée de nage qu'il s'agit? ne serait-ce pas
La Rochelle d'exécuter ce qu'elle or- plutôt de son fils), le marquis de Lusi-
donnerait, il négociait avec Louis XIII gnan fut envoyé par Rohan à Montau-
la reddition de sa place. Le prix con- bau, avec charge expresse d'entraîner
venu ne lui ayant pas été payé, il se Ja population à prendre les armes. 11
rejeta dans le parti huguenot. Pour se rendit dans celte ville accompagné
faire oublier sa défeclion par un coup de Maravat et de Rapin, el, quoique,
d'éclat et se venger en même temps du par arrêt du 6 fév., le parlement deTou-
roi, il assembla un petit corps de trou- louse lui eût ordonné d'en sortir sous
pes commandé par les capitaines Ar- trois jours, il se mit sur-le-champ à
bissan et Iquen de Nérac, Viau,, Be- l'oeuvre; mais il rencontra deux grands
lestat et Jânin de Monfianquin, et, dans obstacles : résistance dans la bourgeoi-
la nuit du 21 fév. 1622, il se saisit de sie, froideur delà part du peuple. Il ne
Clairac par surprise. Comme il n'y put en triompher,bienqu'ilfût chaude-
avait pas de vivres dans ;la place, il ment appuyé par Béraud et Dtipuy,en
songea, avant tout, à y pourvoir. A cet série que Rohan leremplaça ys-ïSaint-
effet, il alla attaquer le château des André - Montbrun qui devait mettre
Granges, où les Royalistes avaient plus d'ardeur à le servir, el l'envoya
amassé une grande quantilé de provi- au secours de Castres, menacé par le
sions de bouche, passa sur le corps maréchal de Thémines. Attaqué à La
d'une bande de paysans, qui essaya de Crouzette, Lusignan repoussa vaillam-
lui disputer le passage sous les ordres ment JesRoyalisle.s, et prenant la route
du sieur de Catus, et s'empara des ma- ,
deBrassac, il réussit à entrer dans Cas-
gasins.Cependantle parlement de Bor- tres en plein jour avec toutes ses trou-
deaux ayant fait arrêter ses deux jeu- pes. Thémines se décida à battre en
nes filles et cinq caisses pleines de ses retraite. Quelque temps après, Lusi-
effets les plus précieux, qu'il avait en- gnan alla attaquer un régiment catho-
voyées dans celte ville,Lusignan, pour lique, logé dans le faubourg de Teillet
reccuvrer à la fois ses enfants et ses et le contraignit à se réfugier dans le
trésors, venditClairac dont l'Assemblée château. Dans cette chaude affaire, les
de La Rochelle venait de lui donner le deux maréchaux de camp Montclus et
commandement, conformément au voeu Valescure furent légèrement blessés.
des habitants (Fonds de Brienne, Il alla ensuite rejoindre Rohan etcon-
LUZ 154 LUZ
tribuâ à la prise de Sieurac ; puis Ro- un cachet de véracité, de bonne foi,
han le renvoya à Castres avec une par- d'exactitude,qui acquit à la Gazette de
tie de ses troupes, pour contenir le parti Leyde une grande réputation. Les soins
de la paix qui voulait traiter sans La qu'exigeait la rédaction, une corres-
Rochelle. C'est la dernière fois, à notre pondance étendue avec beaucoup
connaissance, qu'il soit parlé de'lui d'hommes éminents de son siècle, un
dans les annales des églises réformées. commerce journalier avec les savants
LUZAC (JEAN), marchand de Ber- attachés à l'université de Leyde absor-
gerac, réussit à sortir de France après bant tout son temps,Luzac n'a malheu-
la révocation (Arch. gén. TT. 235); reusementpastrouvéleloisirdes'occu-
mais il lui fut impossible d'emmener per d'autres travaux littéraires. Malgré
avec lui sa mère, sa femme, Margue- sa position à la tête d'une Gazette in-
rite Grilier, et ses enfants (Ibid. TT. fluente, il fut assez sage pour ne s'im-
267),qui ne parvinrent à le rejoindre que miscer enaucunefaçondans les affaires
dans l'année 1692. Il arriva à Amster- politiques de son pays, et il ne se tint
dam au mois dejuillet -4 686, et s'éta- pas avec moins de soin éloigné de la
blit àFraneker.Sa femme y étantmorte, direction de l'Egliseà laquelle ilappar-
il se remaria avec uneHollandaise dont tenait par ses convictions plus encore
il eut eucore plusieurs enfants, entre que par sa naissance. Il,mourut, sans
autres ETIENNE et JEAN, le premier, avoir été marié, le 9 janv.4 787.La pro-
publiciste distingué, le second, chef priété delà Gazette passa à ses neveux.
d'une imprimerie considérable. II. Jean Luzac a associé son nom à
I. Né à Franeker en 4 706, Etienne celui de son frère comme imprimeurde
Luzac se voua à la carrière ecclésias- la Gazette de Leyde, mais il n'a rien
tique et commença ses études à l'uni- fait d'ailleurs qui le recommande par-
versité de Franeker.Ayantosé émettre, ticulièrement à l'attention de la posté-
dans une dispute publique, des opi- rité.De son mariage avec la fille d'Isaac
nions qui s'éloignaient des doctrines Valcknaer naquirent deux-fils. L'aîné
sanctionnées au synode de Dordrecht, épousa la fille du célèbre helléniste
et les soutenir avec toute l'énergie Valcknaer et en eut Louis-CASPAR,
d'un coeur honnête et d'un esprit con- avocat à Leyde,chef,pendantplusieurs
vaincu, il s'attira, de la part des or- années, de l'opposition libérale dans
thodoxes, tant de tracasseries et de per- la secondechambre des Etats-Généraux
sécutions qu'il prit en dégoût la théo- et un des auteurs de la Constitution
logie et alla demander à son frère Elie qui,depuis 4 848, régit le royaume des
de l'emploi dans son pensionnat. Il est Pays-Bas(4). Le cadet, nommé JEAN,"
très-probable qu'il devint, vers cette naquit àLeyde,le2août 4746,etmon-
même époque, un des rédacteurs de la tra de bonne heure une très-grande
Gazette deLeyde,dont Antoine de La aptitude pour les sciences, principale-
Font était alors le propriétaire; ce qui ment pour la géographie, et pour les
est certain c'est que, La Font étant lettres. Il prit le bonnet de docteur en
, droit, en 1768, et fit imprimer à cette
mort quelque temps après, Luzac obtint,
en 4 738, de sa fille unique la cession occasion une excellente thèse : Spé-
du privilège, qui avaitélé accordé à son cimen academicum exhibens obstr-
père par la régence delà ville de Ley- vationes nonnullas apologeticaspro
de.Dès lors ilfutle-principal,on'pour-
rait presque dire l'unique rédacteur de (<) M. Luzac a renoncé aujourd'hui à la
politique, il a bien voulu prendre la peine de
cette feuille périodique, la seule qui nous donner sur sa famille des renseignements
se publiât en français dans cette ville. plusexacts que tout ce qu'on avait publié jus-
Il sut imprimer à sa publication, qui qu'ici. Nous regrettons vivement qu'une mo-
paraissait sous le titre de Nouvelles destie excessive ne lui ait pas permis de nous
parler de lui-même dans les notes qu'il nous
extraordinaires de divers endroits, a envoyées.
LUZ
jnreconsultis romanis ad locnm Ci-
- - 152
ces,
LUZ
fit beaucoup de bruit; il suffirait
ceronis pro Murenâ XI-XIII, in-4°. .
pour prouver à qui ne connaîtrait pas
Quelque temps après, l'université de l'esprit dans lequel était rédigée la Ga-
Groningue lui offrit une chaire de grec, zelle (1), que Luzac n'était point un
qu'il refusa pour ne point renoncer à ennemi de la liberté ; cependant il de-
sa part de coopération dans les travaux vint suspect aux démagogues qui, ou-
deson oncle.Il ne voulut point accepter bliant les importants services qu'ilavait
non plus la chaire de droit à laquelle il rendus .à l'Etat en maintes occasions,
fut appelé, deux aDS plus tard, dans le dépouillèrent de sa chaire d'his-
l'université de Leyde, préférant aller toire, en lui laissant toutefois l'ensei-
se former au barreau de La Haye qui gnement de la langue grecque. Il refusa
comptait alors plusieurs avocats célô- de consentir au morcellement de ses
bres,parmi lesquels il se plaça bientôt. fondions, et fut suspendu tout-à-fait.
De retour à Leyde, en 4 772, il exerça C'est à ce sujet qu'il publia en hol-
la profession qu'il avait choisie,tout en landais le Recueil des pièces ayant
s'oceupantde la rédaction de la Gazette, rapport à la conduite des curateurs
dont il prilladirection en1775. Il sutla de l'université de Leyde, pendant
maintenirà la hauteur où son oncle l'a- les années 1796 et 97, Leyde, 1797,
vait placée, dans l'opinion, et les talents in-8°. Luzac consacra les loisirs que
dont il fit preuve lui méritèrent, de la cette injuste mesure lui créa, à soigner
part de quelques souverains, des mar- la réimp. d'un pamphlet publié à Pa-
ques flatteuses de bienveillance. Quel- ris sous le titre A'Essays sur l'hist.
que nombreuses que fussent ses occu- de la révolution française- par une
pations, il consentit enfin, en 4785, à société d'auteurs latins, ainsi qu'une
entrer dans l'enseignement et se char- nouvelle édit. de Callimaque: Calli-
gea de la chaire de grec et d'histoire à m-achi Elegiarum fragmenta cum
l'université de Leyde.Il en prit posses- elegiâ Catulli Callimacheâ, collecta
sion,Ie 24 sept.,par un discours De ern- atque illuslrata a L.-C- Valcknaer,
ditione altriçe virtuiis civilis pree- à laquelle il joignit une préface et des
sertim in civitate libéra, Lugd.Bat., indices (Lugd. Bat., 4 799, in-8°). En
4 785, in-4"; trad. en hollaiid. par son 4 802, il fut rétabli dans sa chaire, mais,
beau-frère J. de Kruyff, Leyden, 1786, en même temps sa Gazette fut suspen-
in-8°. Sous le titre A'Exercitaliones ' due. Dès lors, il ne s'occupa plus que
academices, Lugd. Bat.,1792-93, in- de travaux d'érudition. Eu 4 804, il fit
8% on a publié quatre savantes thèses paraître à Leyde, Jani Otlonis Slui-
qu'il fit soutenir par ses élèves et dont ter Lectiones Andocideee; inierjectes
voici les titres spéciaux: Observationes suntL.-CValchnaeriietJ.Luzaciiin
inEuripidismaximèHippolytum;Ols. Andocidem animadversiones, Lugd.
in loca veterum preecipnè qucs sunt Bat., 4S04, in-8°. Il venait de metlre
de vindicta divinâ, en deux parties, au jour un ouvrage inédit de Valck-
etDiss. de ostracisme Atheniensium. naer : Diatribe de Aristobulojudeso,
En 1795,lorsqu'il résignales fonctions philosophop.eripatetico alexandrino
de recteur il prononça une, harangue
,
(Lugd. Bat., 4 806, -in-4"), et il
remarquable, qu'il fit imprimer sous ce préparait d'autres manuscrits du mê-
titre : De Socraie cive, Lugd. Bat., me écrivain pour les livrer à l'im-
4796, en la-dédiant à son ami John pression, lorsqu'une affreuse catastro-
Adams, vice-président des Etats-Unis,
et qu'il'traduisit lui-même en holl., (1) La Gazette de Leyde défendit toujours
Leyd., 1796, in-S°; nouv. édit., avec chaleur la cause des Américains, et son
avec rédacteur en chef entretint une correspon-
une magnifique Préface, A ses conci- dance directe avec les principaux chefs de l'in-
toyens vertueux et patriotes ,1797. surrection, nui lui donnèrent des preuves non
Ce discours,inspiré par les circonstan- équivoques de leur confiance et de leur es-
time.
LUZ 183 LUZ
phe mit fin à ses jours. Il périt écrasé 4 774 ;et dans l'Essai sur la liberté
sous les ruines d'une maison , lors du de produire ses sentiments. Au pays
désastre que l'explosion d'un bateau libre pour le bienpiublic, avec privi-
chargé de poudre causa dans Leyde, Je lège de tous les vrais philosophes,
4 2 janv. 4 807. Après sa mort, son 1749, in-12, pp. 4 24, où il soutint,
élève Sluiter, depuis professeur de grec avec beaucoup de raison, que le moyen
à l'Athénée de Deventer, publia ses le plus sûr d'assurer le triomphe de la
Lectiones attices de bigamiâ Socra- vérité, c'est de soumettre les objec-
tis, Lugd. Bat., 4809, in-4°, savante . tions à une discussion franche et ap-
apologie du.philosophe d'Athènes. profondie. C'est sans doute pour échap-
III. Du premier mariage du réfugié per aux tracasseries que cette publica-
Jean Luzac étaient nés comme nous tion lui attira, qu'il se décida à s'impo-
,
l'avons dit, plusieurs enfants dont la ser uue espèce d'exil volontaire. Il se
destinée est inconnue, à l'exception rendit à l'université de Gotlingue où il
d'ELiE, qui alla s'établir à Noordwyck, reprit le cours de ses études et où il
près de Leyde, où il fonda un excel- soutint, pour le grade de docteur in
lent pensionnat. Il eut cinq enfants utroqne jure une thèse intitulée :
dont trois fils. L'aîné, nommé ELIE , Spécimen juris, inaugurale, de modo
s'est rendu célèbre au double litre de, extra ordinemproce'dendi in causis
jurisconsulte et de philosophe. Né à, criminalibus, Lugd.Bat., 1759,in-4\
Noordwyck, le 4 9 ocL 4723, il fit ses De retour à Leyde, après une ab-
éludes à Leyde. D'un esprit sérieux et sence de deux ans, Luzac, sentant sans
méthodique il devait éprouver un vif doute qu'il était trop âgé pour débuter
attrait pour ,la philosophie de "Wolf; avec quelque succès au barreau, ouvrit
aussi l'adopta-t-il avec ardeur et en un cabinet d'avocat consultant. Les
.resta-t-il toute sa vie un zélé partisan. mémoires qu'il rédigea en celle qualité,
Comme il se destinait au barreau, il principalement sur des questions de
étudia la jurisprudence; cependant il législation commerciale et de droitpu-
ne prit pas ses degrés. Sur le point de blic, lui firent une grande réputation.
subir les épreuves pour le doctorat, il Cependant aucun ne lui procura plus
quitta l'université, en 1749,'et em- d'honneur que ceux qu'il composa, àla
brassa la profession de libraire-impri- demande de plusieurs libraires, contre
meur. Un des premiers ouvrages qui un projet de censure qu'on discutait
sortirent de ses presses fut une disser- daDS les Etats de Hollande et qu'il fit
tation qu'il avait composée, en 1745, rejeter (1). Ces mémoires, au nombre
et qu'il mit au jour sous le litre de de trois, imp.en 1766, in-fol. en holl.,
Disquisitio politico-moralis : num ont été reproduits dans le Supplém.du
civis innocens ires hostis longepo- Bulletin -des lois imp. àDordrecht (T.
tentioris, juste permitti possit, ut IX). On peut citer encore, comme éga-
excidium totins civiiatis evitetur, lement remarquables par la vigueur du
Lugd. Bat., typisauctoris, 4 749, in-
(1) Ce serait se tromper que de croire que
8°. Déjà, il s'était compromis d'une la. Hollande après, comme avant le rejet de
manière sérieuse dans sa profession de celte loi, a joui d'une complète liberté de la
libraire-imprimeur par la publication presse. Il est vrai qu'il n'existait pas de cen-
de l'Homme-machine, de La Mettrie sure préventive, au grand regret, à ce qu'il
paraît, de certains conservateurs; mais les
(1748). Attaqué violemment de tous magistrats des villes, ceux des provinces, les
côtés, mais surtout par le consistoire consistoires, les synodes, eierçaieut une sur-
de l'église -wallonne de Leyde, il se veillance très-ombrageuse sur lous les livres
qui se publiaient, et pour peu qu'un écrit
défendit avec force dans L'homme plus choquât leurs préjugéspolitiques ou religieux,
que machine, Lond. [Leyde], 1748 , ils ne manquaient jamais d'accabler de con-
in-48, pp. 4 40; réimp. dans le T. III seils et de remontrances l'auteur, ils allaient
même souvent jusqu'à défendre la vente du
des OEuvres de La Mettrie, édit. de livre et a en exiger la suppression.
LUZ
LUZ — 1S4 —
raisonnement et du style, les Mémoires publiés tant en Hollande qu'à l'étran-
qu'il publia en holl. (1780, in-fol.), ger. Cetle publication, qui paraissait
contre le monopole de la compagnie régulièrement deux fois par semaine,
des Indes orientales. fut continuée jusqu'en 1763 (Leyde,
Heureux d'un genre de vie qui, en 4 760-63, 4 0 vol. in-8"). Fidèle à la
lui assurant l'indépendance, lui permet- devise qu'il avait choisie Nec temere
tait de se livrer à ses études favorites, nec timide, Luzac sut conserver dans
Luzac ne voulut jamais accepter pour ses critiques et dans ses jugement! un
lui-même aucune fonction publique; ton d'impartialité et de modération qui
il se contenta d'être avocat et homme assura le succès de sa Gazette, deve-
de lettres. En 4 753, il fit paraître à nue aujourd'hui extrêmement rare.
Berlin, en un petit in-8° de 150 pages, Après la cessation dé cette espèce de
un traité de philosophie sous ce titre : revue, il deviut un des rédacteurs de la
Le bonheur ou nouveau système de Bibliothèque impartiale et de la Bi-
jurisprudence naturelle. Cet écrit, bliothèque des sciences, qui se pu-
.devenu extrêmement rare, a éléréimp. bliaient en Hollande.
àAmst., (820, in-S', avecla Solution Ses travaux de critique littéraire ne
[par E. Luzac] de la question propo- le détournèrent pas de- ses études sur
sée 'par l'Acad. royale de Prusse et la philosophie vers lesquelles son goûl
qui fait le sujet du prix de 4 751, paraît l'avoir porté de préférence. En
imp. d'abord à la suite des Recherches 4 762, il concourut pour un prix pro-

sur les principes, etc. On y trouve pro- posé par les directeurs de la fondation
fessées les doctrines de l'école de Leib- Stolp, et développa ses idées sur le
nitz el de "Wolf, doctrines dont Luzac critérium des principes moraux dans un
prit, peu de temps après, la défense traité sur le perfectionnement de la mo-
avec une vivacité extrême contre le mi- rale, tant par ses principes, ses motifs
nistre d'AmsterdamBoullier, dans ses et son but final que par la révélation.
Recherches sur quelques principes Ce traité n'obtint pas le prix, mais ilfut
des connaissances humaines, Gôlt, et jugé digne par les directeurs d'être
Leyde, 4 756, in-S° de 246 pp. imp. dans leurs Mémoires (T. I), où il
Ce fut vers cetle époque que s'éleva figure sous ce titre : Betoog hoeveel
entre les savants de Hollande, à l'oc- de zedekunde., zoo ten aanzien haà-
casion de l'histoire de W.agenaar, la rer gronden als beweegredenen en
grande querelle sur le véritable ca- eindoogmerhen, door de goddelyhe
ractère de Jean de Wilt. Luzac y prit openbaring,volmaahterisgeworden.
part en publiant deux brochures, qui L'année suivante, Luzac fit paraître les
peuvent, passer pour de petits volumes, .
Remarques philosophiques et politi-
l'une sous le titre de: De zugtvan den ques d'un anonyme sur l'Esprit des
Heere Raad-pensiondris Johan de lois, dont on a enrichi l'édit. des OEu-
Witt, tôt zyn vaderland en deszelfs vres de Montesquieu donnée à Amst. el
vryheid, uit zyne daaden nagespoort, Leipz., 4 765, 6 vol. in-4 2. « Plein
l'autre sous celui-ci: Het oordeel oVer d'admiration pour le génie de l'illustre
denHeereRaad-pensionarisJ.deWitt président, lit-on dans la Notice sur la
zooalsheiinhetWehje:Dezugt,enz., vie et les écrits d'Elie Luzac, par H.-
vervat is, bekragtigd, bevestigd en C. Gras, professeur de droit à Amster-
beweezen, brochures qui parurent tou- dam (Paris, 4 84 3, in-S°), il [Luzac]
tes deux à Leyde en 1757, in-8°.Deux regrettoil de le voir à chaque instant
ans après, Luzac entreprit une oeuvre séduit par l'amourd'antithèsesindignes
plus considérable : il fonda, sous le de trouver place dans un exameu sé-
titre de Nederlandsche Lettercou- rieux, et livré à une affectation, à une
rant, une gazette littéraire destinée à recherche d'esprit doublemenlcondam-
rendre compte des ouvrages nouveaux nabledansun homme aussi spirituel...
LUZ — 155 LUZ
Les Remarques de Luzac sur l'Esprit tenait pas pour satisfait; il sentait qu'il
des lois ne tendent qu'à rendre la lec- pouvait faire mieux et il ne désespérait
ture de ce bel ouvrage plus générale- pas de l'emporter sur Wolf. Il avait
ment utile, en détruisant ou en affai- conçu le plan d'un plus vaste ouvrage
blissant dit moins, dans l'esprit des où il se proposait d'examiner l'homme,
jeunes gens, l'impression que des hy- comme être raisonnable et libre,en lui-
pothèses ingénieuses et un style bril- même ; comme être sociable, dans ses
lant manquent si rarement de produi- relations avec ses semblables ; comme
re. » C'est aussi dans l'intérêt de la personne civile,dans ses rapports avec
vérité que Luzac s'attacha à combattre le souverain ; il voulait compléter son
dans deux Lettres d'un anonyme à travail par un chapitre spécial sur le
M. J.-J. Rousseau, Lond., 1766, et droit des gens. Malheureusement les
Paris, 1767, in-8°, les assertions pa- graves événemenlsquisurgirenl bientôt
radoxales de l'auteur du Contrat social après firent oublier les discussions phi-
et de. l'Emile. Il s'attaqua ensuite aux losophiques qui avaient eu tant de char-
disciples de Hutcheson l'auteur du mes pour le xviii1 siècle, et les luttes
,
système de philosophie morale qui dé- politiques dans lesquelles Luzac se jeta
rive ses principes des sentiments plus avecquelqueemportement,ledétournè-
ou moins agréables ou désagréables rent de ce grand ouvrage, dont il n'a
qui accompagnent nos actions, en éta- paru, sept ans après la morl de l'au-
blissant ainsi le sentiment moral légis- teur,que la1r" partie sous ce titre : Du
lateur de Ja volonté. Il publia contre droit naturel, civil et politique,
ce système, qui peut aisément dégé- enferme d'entretiens, Amst., 1802,
néreren un antimoralisme dangereux, 3 vol. in-8°.
Briefwisseling van Philagalhos en C'est en 1772 que Luzac commença
Philalelhes over de leervan het ze- à se prononcer entre les partis politi-
delyk gevoel, Utrecht, 177), in-8°, ques qui divisaient la Hollande; il ne se
où il fît sentir avec force combien le rangea pas du côté des novateurs. Ad-
sentiment moral est variable, arbitrai- mirateur des institutions à l'ombre
re, personnel, et incapable par consé- desquelles les sept Provinces-Unies
quent de servir de base solide à la avaient conquis leur indépendance et
morale. L'année suivante, il fit impri- fondé leur grandeur, attaché de coeur
mer une traduction française des In- et d'âme à lamaisond'Orange,ilsemit
stitutions du droit de la nature et à prêcher le retour à une forme de gou-
des gens, parWolf, avec des additions vernement qui n'était plus en harmonie
et des notes instruclivesXLeyde,1772, ni avec les idées ni avec les besoins de
2 vol. in-4", ou 6 vol. in-8°). « Il s'é- la nalion, et s'attacha avec affectation
tait surtout attaché, dit le prof. Cras, dans les Annales belgiques, recueil
à présenter des éclaircissements phi- périodique qu'il publia en hollandais de
losophiques sur la législation romaine 1772 à n76, en 15 vol. in-12 (1), à
et sur les précieux fragments des an- vanter les services des stalhouders et à
ciens jurisconsultes... Dans d'autres faire sentir le danger des révolutions.
parties de cet excellent commentaire, Son stalhoudérismélebrouillaavecses
qui contient les fruits de ses longues oncles, qui appartenaient au parti libé-
méditations et de ses éludes favorites, ral, et, en même temps, ses attaques
Luzac s'arrête à des points longtemps très-vives lui attirèrent la haine des
débattus du droit naturel, et presque patriotes, qu'il prit à tâche, en quel-
jamais il n'en termine l'examen sans que sorle, d'exaspérer, en mettant au
avoir levé les doutes et fixé l'opinion jour coup sur coup Reinier Vryaarts
du lecteur. »
Malgré les éloges unanimes que ce Ces feuilles volantes, qui ne paraissent
(-1)
pas avoir été jamais réunies en volumes, sont
savant travail lui valut, Luzac ne se devenues introuvables.
LYO 156 LYO
— —
onpariydige brieven, Devenler et qui avait fui les persécutions, et mou-
Zwoll, 4 781-84, 4 vol. in-8'; Vader- rut à La Haye, le 10 janv. 4 789.
landsche brieven, dont il ne parut que Benjamin Lyonet, pasteur de l'é-
sept numéros en 4785; De vader- glise française de Heusden, dirigea
landsche staatsbeschouivers, cah. I- lui-même la première éducation de son
IX, M&$; Lettres [X] sur les dangers fils. Doué d'une aptitude merveilleuse
de changer la constitutionprimitive pour les langues, lejeune Lyonet se
d'un gouvernement public, Lond. rendit familiers, en peu d'années, le
1792, in-8% sans parler d'un grand latin, le grec, l'hébreu, le français, et'l'an-
nombre de pamphlets mordants qui fu- l'italien, l'espagnol, l'allemand
rent publiés par lui sous le voile de glais, sans négliger les arts d'agré-
l'anonyme, de 4 7S0 à 1795.Mais ce fut ment, la musique, le dessin , la sculp-
en vain qu'il lutta avec un courage di- ture même (4)., pour lesquels il mani-
gne d'un meilleur sort. Le torrent ré- festait desdispositionsnonmoins éton-
volutionnaire emporlalaforme de gou- nantes. En un mot, sa vocation n'était
vernement qu'il essayait de défendre, pas limitée, il était propre, à tout. Son
et il eut la douleur d'assister au triom- père le destinait à la carrière qu'il par-
phe de ses ennemispolitiques. Il mou- courait lui-même. Lyonet fit donc
rut àLeydeen 4796. sa théologie, mais lorsqu'il fut arrivé
Outre les ouvrages que nous avons au terme de ses études, il y renonça
cités,ElieLuzacadonnédestrad.hollan- pour se livrer à la jurisprudence. Au
daises des Devoirs d'un prince réduits à bout d'un an passé à l'université
un seul principe, par Moreau (Leyde, d'Utrecht, il fut en état de prendre ses
1778,8°)(1)etdu livre d'Accarias de Sé- degrés. Il publia à celte occasion une
rionne. sur la Richesse de la Hollande, Dissertation académique sur le légi-
dont il avait impr. une double édition, time usage de la question ou de la
en2vol. iu-4'et5 vol.in-8°,en 1778. torture, qui passe pour un des meil-
Celte dernièrëtrad. qui vaut infiniment leurs traités sur la matière. Après avoir
mieux que l'original, tant à cause des suivi quelque temps le barreau à La
corrections importantes et des addi- Haye, il obtint auprès des Etats-Géné-
' lions considérables que Luzac y a fai- raux des Provinces-Unies l'emploi de
tes, qu'à cause des nombreuses pièces secrétaire des chiffres et de traducteur
justificatives qu'il y a jointes, répand juré pour le latin et le français. Cetle
de grandes lumières sur la statistique place lui laissant quelques loisirs, il se
et l'économie politique; elle parut à livra à l'étude de l'histoire naturelle, et
Leyde, sous le litre de tlollands ryk- forma dans ce but unrecueil de dessins
dom, 4780, 4 vol. in-8°; nouv. édit., coloriés dont on admire la rare perfec-
4 804, in-8». tion. Rien ne peut égaler l'admiration
Elie Luzac avait été marié deuxfois. dont je fus saisi en parcourant pour la
Sa première femme neluidonna qu'une première fois les deux magnifiques
fille qui épousa Le Jeune et mourut portefeuilles contenant ces dessins,
sans postérité. La seconde le rendit écrit le naturaliste Jacq. Brèz dans une
également père d'une fille, qui vécut notice sur les mss. de Lyonet, insé-
dans le célibat. rée dans le Magasin encyclopédique
LYONET (PIERRE), savant natura- (r° année, T. II). « Ce ne sont pas, à
liste, et non moins bon analomiste proprement parler, des dessins, qui
qu'excellent dessinateur et graveur, les remplissent, ce sont de véritables
naquit à Maëstricht, le 24 juill. 4707, miniatures, et des miniatures telles
d'une famille originaire de la Lorraine
(1) On conserve de lui un bas-reliefen bois
(i) Sous ce litre: Depliglcn (1er overheden sculpté, représentent Apollon et les Muses, et
of verloog over de reglwaardighcid, Leyde, qualifié de chef-d'oeuvre par le peintre Van-
1779, in-8». gool (N.OUV. Théâtre des peintres bataves).
LYO
qu'on n'a pu encore trouver jusqu'ici
- - 157 LYO
tomie devint dans ses mains un travail
aucun artiste en état de les rendre par immense; et le livre où il la décrivit,
la gravure. » les ligures où il la représenta furent
Les recherches entomologiques de ,
placés, à l'instant où ils parurent,
Lyonet lui fournirent les Remarques au
nombre des chefs-d'oeuvre les plus
dontil enrichit,.en les accompagnant de élonnanls de l'industrie humaine. »
deux planches, la traduction française Cet ouvrage intitulé : Traité ana-
de la Théologie des insectes ou dé- tomique de la chenille qui ronge le
,
monstration des perfections deDieu, bois desaule,La Haye et Amst.,1760,
dans tout cequiconcernelesinsectes, forme un volume in-4» de plus de 600
par Lesser (La Haye, 1742). Réaumur pages , avec 4 8 planches ; les exem-
jugea ce livre digne d'être réimp. à plaires qui portent la date de La Haye,
Paris, et y ajouta lui-même de nouv. 4 762, sont augmentés d'une explica-
remarques (1745,2 part. in-S^.Le cé- tion abrégée des planches et d'une
lèbre Abraham Trembley, de Genève, description de l'instrument et des outils
résidait alors à La Haye, où ilfit ses bel- dont l'auteur s'est servi pour anatomi-
les découvertes sur les polypes.Il asso- ser à la loupe et-au microscope, etc.
cia Lyonet à ses travaux.L'artisteVan- Dans sa préface (pp. xxn), l'auteur
delaar s'était chargé de graver les fi- avoue (ce qu'on a peine à croire) que
gures que dessinait Lyonet ; mais il son ouvrage « est plutôt le fruit de
arriva que, le travail marchant trop len- quelques boulades de mauvaise hu-
tement au gré de l'auteur, Lyonet eut meur, que d'un goût décidé pour l'ana-
l'idée de suppléer l'artiste. Après une tomie.» L'amour de la science et de la
leçon d'une heure, AncV io son pit- gloire ne l'aurait pas mieux inspiré.
torel put-il s'écrier; il se mit donc à « L'auteur, dit Cuvier, y fait con-
l'oeuvre, et les huit dernières planches naître toutes les parties d'un si pelit
des Mémoires pour servir à l'histoire animal, avec plus de détail et d'exac-
d'un nouveau genre de polypes d'eau titude, on peut le dire, que l'on ne con-
douce (1744), «morceaux de gravure naît celles de l'homme. Le nombre
remarquables par leur délicatesse non seul des muscles tous décrits et re-
moins que par leur exactitude» témoi- ,
présentés,est de quatre mille quarante-
gnèrent qu'il n'avait pas trop présumé un ; celui des branches de nerfs et des
de ses forces. .
rameaux des trachées est infiniment
« Une aussi heureuse tentative en- plus considérable. On y voit de plus
couragea Lyonet, dit M. Cuvierdans les viscères avec tous leurs détails ;
une intéressante notice qu'il a consa- et tout cela esl rendu par des artifices
crée à ce savant dans la Biogr. univ. de gravure si délicats, par des tailles
Il résolut d'appliquer le talent qu'il si fines, sinetles, si bien appropriées
venait de se découvrir, à perpétuer ses au tissu des substances qu'elles doivent
propres observations ; mais il voulut exprimer, que l'oeil saisit tout avec plus
qu'elles portassent sur un objet digne de facilité que s'il s'appliquait à l'objet
d'un pareil talent. Après s'être attaché même et en s'aidant du microscope.
à divers sujets sur lesquels il se Charles Bonneit. regardait ce livre
,
trouva presque toujours devancé par comme une des plus belles démonstra-
des naturalistes qui s'en occupaient en tions en fait, de' l'existence d'une
,
même temps que lui, il en choisit en- première cause. » L'ouvrage de Lyo-
fin un qu'il jugea capable de rebuter net esl, en effet, un prodige d'habileté;
toute autre patience que la sienne. Ce jamais l'industrie humaine ne pourra
fut l'anatomie d'une seule chenille, aller au-delà.
celle qui ronge le bois de saule et qui « Un trait qui
fait honneur à la sen-
est si commune en Hollande (le Pha- sibilité de Lyonet, non moins qu'à sa
Icena cossus de Linné).Mais celteana- dextérité, continue Cuvier, c'est l'ai-
.
LYO 158 LYO
— —
tenlion qu'il a de faire remarquer qu'il pour la seconde partie de mon Trailé
n'a eu besoin de sacrifier à ses obser- sur la chenille pourraient être de se-
vations qu'un très petit nombre d'indi- cours à celui qui entreprendrait de
vidus. Pour les empêcher de souffrir, mettre la dernière main à cet ouvrage
il les suffoquait dans l'esprit de vin,: que je dois laisser imparfait,j'ai cru.que
avant de les ouvrir. Ses observations ce ne serait point un travail perdu que
sont si délicates qu'elles parurent d'a- défaire paraître à la suite de mes Re-
bord incroyables, et il fut obligé, pour cherches ces essais, d'autant plus que,
se concilier la confiance dupublic,d'en malgré ce qui leur manque, les méta-
rendre témoins des hommes habiles, morphoses réelles qu'ils indiquent, et
tels qu'Albinus et Allamand. Il a même développent en partie, ne pourront que
préparé et laissé entre deux verres le frapper d'étonnement lout lecteur
système nerveux de l'animal tout en- éclairé, lorsqu'il pensera qu'elles sont
tier. Il se proposait de suivre la même effectuées par un mécanisme intérieur
chenille dans ses développements, et qui doit être d'une délicatesse et d'une
d'en faire l'anatomie dans son état de composition inconcevables, et qui
chrysalide, et dans son étal parfait ou annonce jusque dans les plus petits
de papillon ; mais un accident qui lui objets la grandeur de l'Etre infini qui
affaiblit la vue vers l'âge de soixanle y a rassemblé tarit de sujets d'admira-
ans, ne lui permit pas d'exécuter,com- tion.» Cetouvrage ne parut qu'enl 832,
plètement son projet.» La Haye et Paris, in-4° de 580 pp.avec
Cependant, quoique demeuré à l'é- l'explication des planches, au nombre
tat d'essai, il se proposait de donner de 54, par les soins de M. W. deliaan,
ce travail au public, en réunissant conservateur au musée d'hist. natur. à
dans un même volume quelques-unes Leyde. Les planches, quoique bonnes,
des observations qu'il avait faites sur sont bien loin d'être comparables à
d'autres sujets. Daus un Avertissement celles du Traité sur la chenille ; quatre
mis en tête, il exposait les raisons qui seulement sont dues au burin de Lyo-
l'avaient fait renoncer à sa première net. Plusieurs naturalistes, tels que
entreprise «quoique fort avancée.» Swammerdam,Malpighi,Réaumur,Bon-
Repassant un jour sous ses yeux ses net, deGeer, s'élaieut déjà occupé des
riches portefeuilles, « il lui vinl dans métamorphoses des insectes et avaient
l'esprit que s'il y avoit trop d'obstacles écrit sur ce sujet des choses plus ou
à vaincre pour le premier de ses plans, moins ingénieuses. Mais « il était ré-
qui étoitde publier une descriptionhis- servé à l'immortel Lyonet, dit M. Brèz,
torique des insectes qu'il avoit trouvés de nous révéler ces profondsmyslères,
en fort grand nombre aux environs de et il l'a fait avec une sagacité qui le
La Haye, il y auroit pourtant moyen met au dessus de tous les éloges.»
d'en détacher des objets pour les don- Noire savant n'était pas tellement ab-
ner au public sous le titre Recherches sorbé par ses travaux sur les insectes,
sur l'anatomie et les métamorphoses qu'il ne pût encore donner une partie
de différentes espèces d'insectes,-— de son temps à d'autres branches des
et c'est ce qui me détermina, dit-il, à sciences naturelles. La conchyliologie
former le présent ouvrage oùj'ai lâché avait pour lui beaucoup d'attraits. Dès
de faire entrer souvent du singulier et 1749, il commença une collection de.
du nouveau, sans qu'il fût pour cela le coquilles quidevint une des plus riches
fruit d'une imagination exallée, mais de l'Europe. A sa mort, elle se compo-
simplement celui de regards attentifs et sait de 1283 espèces; le catalogue en
réfléchis, portés sur les merveilles de
a été publié par Meuschen, in-8" de
la nature. 233p.Les beaux-arts avaient aussi leur
«Et comme il me parut que les divers part dans ses prédilections. Le cabinet
essais atialomiques que j'avois faits de tableaux qu'il était parvenu à for-
MAC
— 459 — MAC
mer, ne comptait pas moius de 560 de sa vie, ses moeurs furent irrépro-
pièces. Les principales sociétés sa- chables, dit le pasteur Marron dans
vantes de l'Europe s'honoraient de le une courte notice insérée dans le Ma-
compter parmi leurs membres; mais, ou gasin encyclopédique^ "année,T.III).
a regret de le dire, l'Académie des Scrupuleuxobservateur deses devoirs,
Sciences de Paris ne vit en lui que le la vertu,la religioD,la patrie eurent éga-
fils d'un hérétique expatrié,et, comme lement à pleurer sa perte. Il fut chré-
tel, elle le jugea indigne de figurer, tien de bonne foi. «Lyonet n'avait pas
soit de près soit de loin, au nombre de été marié.Il légua ses mss. à un de ses
ses élus. Cependant la Société roy. de neveux, nommé Croiset. Outre le vo-
Londres,en 4 748,la Société des scien- lume d'oeuvres mêlées qui a été publié
ces de Hollande, eu 4753, l'Académie par M. Haan, il laissa « un très-grand
royale de Rouen, en 4757, l'Académie nombre d'observations isolées sur des
roy. de Berlin, en 4 760, l'Académie feuilles volantes,» que M. Brèz pro-
imp.d'hist. natur. de Vienne,en1761, mettait, en 1795, de rédiger. Nous ne
l'Acad.imp.deS.Pétersbourg,enl762, savons s'il a donné suite à ce projet,
ne témoignèrent pas les mêmes scru- non plus qu'à celui de choisir parmi
pules, et nous pensons que si la gloire la «très-précieuse correspondance»de
de Lyonet n'en fut pas. augmentée, la Lyonet avecRéaumur,Bonnet,Le Cat,
leur n'en fut pas amoindrie. Lyonet, Trembley, etc., ce qui lui paraîtrait
comme nous l'avons vu, parvint à un mériter l'attention des savants, et d'en
âge très-avancé. «Dans tous les âges faire jouir le public.

MACHUREAULT (Josus) chi- Recueil d'arrêts du parlement de Bour-


,
rurgien habile, né à Châlons-sur- gogne, par Job Bouvot (1623, in- 4°).
Saône, le 8 mai 1561, et mort dans MACIET (jEAN),procureurau bail-
celte ville, le i mai 1622. Papillon liage deMeaux, « homme vigilant et de
nous apprend que Machureault profes- fort bon esprit, » victime de la Saint-
sait les doctrines du protestantisme, Barlhélemy.La nouvelle des massacres
lorsqu'il soulint à Arles, à l'âge de 17 exécutés à Paris parvint à Meaux le di-
ans, des thèses sur la chirurgie avec manche, sur les quatre heures du soir,
tant d'éclat que, malgré sa religion, on apportée par un courrier exprèsadressé
lui donna le titre d'abbé des. chirur- à Louis Cosset, procureur au bailliage.
giens. Il vint ensuite à Paris suivre les ,
A sept heures, les portes de la ville
leçons de Du Laurens, médecin célè- furent fermées, les maisons des Hugue-
bre et professeurd'anatomie.De retour nots fouillées, el tous ceux qu'on y
dans sa ville natale, il y obtint des trouva, hommes et femmes, traînés en
lettres de prévôt des maîtres chirur- prison. Avertis à temps de ce qui se
giens et y exerça sa'profession avec passait par Matthieu Moreau, les Pro-
,
beaucoup d'honneur. On a de lui, sans testants qui habitaient le Grand-Mar-
parler d'un Traité des vertus et des ché s'enfuirent, en sorte que lorsqu'il
vices resté inédit: s'y transporta, escorté de ses sicaires,
I. Exercices touchant l'amitié, le lieutenant Cosset ne trouva plus
4611, in-12; Gen., 1611, in-12. que quelques femmes, « avant les-
II. Vers françois, publ. en tête du quelles tuer, raconte d'Aubigné, ils
MAC 460 MAC
— —
choisirent celles qu'ils vouloient viol- Montdolot, Guy Blondel, Jean Foulé,
l'er, et puis assommenttout en un mon- tous gros marchands, Claude Rentier,
ceau. » Au nombre de celles qui péri- potier d'élain, Nie. Caillot et J, Gau-
rent, on cite les femmes de Quentin tier, orfèvres,Josse Lamiral, drapier,
Rentier, du drapier Jean de Prunoy, J. Seguin, fils du grenetier du «el, J.
du mercier catholique Guillot, celle de Laloue, tailleur, Nie. Beaufort et J.
Philippe Savart, une veuve nommée Tanpin, merciers, /. Vin, foulon, /.
Geneviève Dalibert, La Pringette, Jarry, tondeur, Jacq. Bouviïle, J.Le
Pasquette,. la femme du cordonnier Sourd et un nommé le père Adam,
Nicolas et celle du bonnetier du même cardeur de laine, Guillaume Benard,
nom. etc. Faron Haren ou Harang, ancien
Enivrés par l'odeur du sang et fu-, échevin, qui était détesté des Catho-
rieux de l'évasion des Huguenots du liques à cause du rôle qu'il avait joué,
Grand-Marché, les zélés soutiens de la dix ans auparavant, lors du pillage de
foi romaine rentrèrent en ville et re- l'abbaye de Saint-Faron,fut traité-avec
commencèrent les perquisitions avec une barbarie sauvage. Avant de l'as-
un redoublementd'ardeur. Jean Maciet, sommer, on lui coupa le nez, les oreil-
qui avait réussi à se cacher, fut décou- ' les et les parties génitales. Le soir
vert et immédiatement égorgé. Gilles venu, les assassins harassés jetèrent
Le Comte, marchand drapier, tomba dans une tranchée creusée exprès dans
ensuite entre les mains des meurtriers, la cour du château, soixante-dix ca-
qui le précipitèrent par la fenêtre et le davres sanglants et mutilés. Quoique
traînèrent par les pieds jusqu'à la Mar- percés de coups, Jean Laloue et Jean
ne, où ils le jetèrent après l'avoir percé Taupin n'étaient pas encore morts : ils
de coups de poignard. Trois autres fu- revinrent à eux etparvinrent à sortir de
gitifs, réfugiés sur le toit d'une maison, leur fosse au milieu de la nuit; mais à
furent poursuivis, saisis et tués sur quelques pas de là, ils tombèrent de dé-
place. Tels furent les exploits des dé- faillance. Le lendemain matin, on les
fenseurs de l'autel pendant cette pre- acheva et on les rejeta dans la tranchée.
mière nuit. Le lendemain 26 août, les Ce jour même, la prison fut à peu près
assassins se transportèrent au château vidée. Les 47 derniers survivants fu-
où les Protestants arrêtés la veille rent menés, dans la nuit du 28 au 29,
avaient été enfermés, au nombre d'en- au moulin de la Juiverie, poignardés
viron deux cents. « Cosset sur les de- et jetés dans la Marne. Un seul échap-
grez de la prison, continue d'Aubigné, pa. Ce fut le drapier Pierre Foulé,
appelle par roolle tous les enfermez, qui, malgré la violence de sa chute et
' que quatre ou cinq assommoient et le coup de poignard qu'il avait reçu,
préçipitoient dans les fossez du chas- fut assez heureux pour gagner la rive.
teau; mais enfin ceux-ci estans lassez, Eclairé par le danger qu'il avait couru,
la foule mena le reste dans la rivière.» il se convertit et vécut encore 4 5 ou
Que s'est-il passé de.plus odieux dans 4 6 ans.
les massacres de septembre? Les noms MACAKB (JEAN), OU Macart, na-
d'une partie de ces martyrs sont arrivés tif de Crau en Provence, fit ses études
jusqu'à nous. Ce sont ceux de Nicolas dans le collège de Presles, dirigé par
Ozanne,élu deMeaux, qui tomba un des le célèbre Ramns. Etienne Pasquier
premiers ; Nicolas Maciet, greffier au lui rend ce témoignage, « qu'il avoit
bailliage, frère de Jean, Claude Bon- fort bien esludié. » En 4 548, Macard
tems et Philippe Poyet, praticiens, se retira à Genève. Pasquier affirme
Louis Villette, notaire Jean Adam, que Calvin lui fit épouser sa nièce,
,
sergent au Chàielet de Paris, Jean Lié- mais tout nous porte à croire qu.e clest
vin, Quentin Croyer, surveillant de une erreur (Voy. III, p. 4 4-2). Nommé
l'église, Faron Regnard, Nicolas pasteur à Genève, en 4 556, il fut en-
MAD
voyé à Paris, au mois de janvier 1558,
161

4
- MAL)

556, naquirent deux enfants : JEAK


comme successeur de Des Gallars et ELISABETH,femme de Jean Du Puy,
(Voy. IV, p. 244); cependant il n'y fit sieur de Cases,à qui elle AonmFran-
qu'un séjour de quelques mois. Dès çois, sieur de Cases, marié, en 4 637,
le mois d'août, il fut rappelé et rem- dans l'église de Charenton, avec Judith
placé par François de Morel. Il mou- Pallot, fille de JeanPallot,conseiller
rut, en 1560, à' Genève où il avait ob- du roi et des finances, et de Louise
tenu, ainsi que son fils JEAN, les droits Hurault.
de bourgeoisie, qui lui avaient été ac- Jean de Madaillan, sieur de Monta-
cordés gratuitement, le 27nov. 4 556. taire, servit avec distinction dans les
MACLER (JACQUES), pasteur à rangs huguenots,notammentàCoutras,
Monthéliard, a publié : Simple récit à Arques, où il fut blessé au genou, et
de la vérité contenue es sainctes à Ivry. En 4 590, il défit les Ligueurs
Escritures et livres des Pères ortho- près d'Alençon et reprit le châleau de
doxes, docteurs de l'Eglise primiti- Lassay. Après là conversion de Hen-
ve, touchant l'ascension et majesté, ri IV, il quitta la Cour et se retira à
la Cène, le baptesme et la prédesti- Thouars.place de sûreté dont il devint
nation de Christ, Montbél.,1590, 8°. gouverneur après DM Cros, en 4597
MACQUIN (A.-D.), a publié, se- (Fo?idsde Brienne, N° 221 ). La même
lon "Watt, History of three hundred année,le Poitou le députa avecLaCAe-
animais, recomposed and augmen- valière à l'Assemblée politique de Châ-
ted, Lond., 1812, in-8°. Nous n'hé- tellerault. En4 599, il fut commissaire
sitons pas à admettre dans notre cadre pour l'exécution de l'édit deNantes dans
cet écrivain, descendant, selon toute le Poitou (Fonds de Brienne, N° 209).
probabilité, de la famille rochelloise En 4 611 et en 1614, Louis XIII,'
qui donna un vice-amiral à la flotte sans doute pour acheter sa neutralité,
commandée par Guitton en 4 624 lui donna 8,000 livres de pension.
(Voy. V, p. 44 0). Mais nous n'osons, Il n'est pas probable qu'il ait pro-
dans l'incertitude oùnous sommes tou- longé ses jours au-delà de cette der-
chant la religion qu'il professait, ré- nière date. Il avait épousé, en 1590,
clamer pour la France prolestante Jean Judith de Chauvignê-Boisfron.'Qece
Macquin, avocat à Fontenay, qui a mariage, qui le rendit beau-frère A'Ar-
écrit l'Oraison funèbre de J. Besly,imp. naud de Brunet (Voy. III,p.51), na-
avec l'Histoire des comtes du Poitou quirent : 1 ° ISAAC, qui suit; — 2° PHI-
(Paris, 4 647, in-fol.). LIPPE, qui fit souche;— 3° GUT, sieur
MADAILLAN, maison fort ancienne de Roberval;—4° Une fille qui épousa
de l'Àgénois, qui professa la religion PflZtof.A ces quatre enfants mentionnés
réformée pendant plus d'un siècle. par Du Chesne (Collect. Du Chesne,
Le premier membre de cette famille Vol.37),il convient sans doute d'ajou-
qui abjura le catholicisme est Louis de ter Claude,baron de Montalaire,-ffe»n
Madaillan, sieur de MONTATAIRE OU de. Madaillan et Philippin de Madaik
Montatere, gentilhomme ordinaire de lan, sieur deBoisfron,qui figurent dans
la chambre du roi, gouverneur du ' les Reg. de l'église de Charenlon,..en
Pont-Saint-Esprit et colonel des com- 4 64 2, 4 618 et 4 620, comme parrains
pagnies françaises, qui fut lué,en4 576, de trois enfants de Jean Pallot.
à l'attaque de Pouzols, servant sous I.Selon leDict.historique du Maine,
Damville, et qu'il faut peut-êlre dis- Isaac de Madaillan, sieur de Montataire,
tinguer du capitaine Montataire qui, en marquis deLassay.porta les armes dès
4 575, accompagna Gremian dans son sa plus tendre jeunesse. En 1622, il
expédition conlre Aigues-Morles. servit contre ses coreligionnaires sous
Du mariage de Louis de Madaillan les ordres du duc d'Elbeuf;aussi le roi
avec Marguerite Du Fay, célébré en le gratifia-t-il d'une pension de 4,000
T. vu. 11
MAD >•* 162 — MAD

livres,qui fut portée à 7,000,en 4 644. Cependant, quoique « assez bien é-


Il prit plus tarddu service en Hollande, claircy», ajoute-t-il,ilvïvramalheureux
et, à son retour en France, il abjura la Si Vous, dont les bontez font le bonbeur de
religion .protestante avec les deux fils, [tous,
Louis et RENÉ, qu'il avait eus de son Ne me donnez au moins quelque asseurance
De recevoir un jour quelques grâces de vous.
mariage, célébré à Charenton en 4 627,
avec Jeanne de Varignies, fille de La requête était trop juste pour ne
Tannegui, sieur de Blainville,conseil- pas être octroyée. Cependant comme
ler d'état et privé,capitaine de50 hom- Louis XIV ni ses ministres n'étaient
mes d'armes, lieutenant pour le roi en bien convaincus de la sincérité de sa
Normandie, et A'Antoinette Du Parc conversion,on voulut l'éprouver d'a-
(Reg. deCharent,). bord, en sorte qu'il vécut malheureux
II. Philippe de Madaillan, sieur de jusqu'au mois de déc. 4 687, qu'une
Chauvigné en Anjou, fut père de plu- pension de 7,000 livres lui rendit le
sieurs enfants qui tous moururent sans bonheur (Arch. gên.ii. 3373). Il est
postérité, excepté PHILIPPE, comte de vrai qu'en même temps, dn ne laissait
Chauvigné et marquis de Lespare, pas de le surveiller de près, de si près
né vers 1630. En 4 683, le comte de même qu'en 4 690,un bruit ayant couru
Chauvigné demanda Pierre de Macê qu'il se disposait'à fuir en Hollande
pour ministre au synode de l'Anjou sous un déguisement, ordre fut immé-
tenu à Sorges (Arch. gén.Tt. 284).H diatement donné sur toutes les fron-
était donc huguenot et zélé huguenot, tières de VsrTëleT(Arch.gén.Ë.33rl6).
et il le resla quelque temps même Celait une fausse alerte. Madaillan
après la révocation. Le 5 janv. 4 686, resla en France,oùil mourut en 4 74 9,
le roi lui fit signifier qu'il eût à se âgé de 89 ans, laissant de son ma-
convertir sous trois jours ou à quitter riage avec Marie Olivier deux fils,
Paris et à se retirer dans sa province RENÉ, sieur de Champigny,et AMAURI,
(Ibid.. E. .3372). L'exil dont il était comte de Chauvigné.
menacé l'effraya, en sorte que le Mer- Une branche de la maison de Ma^
curedu mois de fév. 4 686 put enregis^ daillan resta fixée dans le Midi; elle
trer la conversion du comte.de Madail- professait aussi le protestantisme,mais
lan de Lespare, «qui avait été si pleine- elle n'a joué aucun rôle important. Elle
ment convaincu qu'il publia les molifs nous est connue parle mariage de Bal-
de sa conversion.» Nous supposons thasar de Madaillan, sieur d'Aigue-
que le Mercure veut parler d'une pièce fonde, avec Aime de Guy, (aliàs à'El-
de vers (ins. dans son numéro d'avril) guy-de-La Roque) mariage dont.na-
que Madaillan présenta à Louis XIV quirent ESTHER BALTHASAR baptisé,
, ,
pour lui rendre compte, dit-il, en 4.688, dans l'église de Saint-Aubin
Des raisonsqui m'ontfait le plus d'impression,
près de Mazamet, et PAULE, présentée
Pour me faire embrasser votre religion. au baplême, en 4 592, par François
La première de ces raisons si con- de Castelverdun, sieur de Puycalvel
(Arch. gén. TT. 270), et aussi par l'é-
vaincantes, c'est- migration d'un Madaillan sieur de
La longue succession La Cau, qui assista, comme, ancien de
Qu'on voit de tous les temps dans l'Eglise
[romaine, l'église d'Aymet au synode provincial
{Succession qui m'a toujours fait de Ja .peine). de 1664, et qui sortit de France à la
La 2",c'est que« des gens versez en révocation, laissant deux fils au service
pareilles matières » lui (Ibid. TT. 270). Dans la campagne du
roi Guillaume en Irlande le siège
Ont fait voir clairement, quoy qu'on fasse et ,
[qu'on dise,
meurtrier d'Atblone coûta la vie à un '
Qu'il n'est -point de salut hors de Ja sainte lieutenant Madaillan qui, sans aucun
[Eglise. doute, appartenait à celte branche.
MAD
— 463 — MAG
MADIER (JEAN) surveillant de temps après, il reçut vocation de
,
l'église de Caylus, martyr. En mar- l'église de Saint-Nicolas-du-Port en
chant sur Montaubân, en 4 563 (Voy. Lorraine, forlement éprouvée déjà par
III, p. 213), Montluc passa par Caylus la persécution (Voy. IV, p. 261). Il y
et.selon sa coutume, il fil saisir Madier, exerçait, depuis deux mois, sa charge
qui fut immédiatementpendu. La corde « avec toute diligence et fidélité,»lors-
cassa et le patient fut transporté dans qu'il apprit qu'un seigneur du voisinage
une maison voisine où on lui prodigua avait l'intention d'embrasser les doc-
les secours; mais le sanguinaire capi- trines de la Réforme. Désirant le con-
taine, informé de ce qui s'était passé, firmer « en la conoissance que le Sei-
s'y transporta et fit élranglorle malheu- gneur lui avoit donnée , » il se mit en
reux dans son lit. De là, Montluc se roule, le 24 mai 1564, pour Gerbevil-
rendit à Villefranche, où, à la sollicita- ler, où résidait ce néophyte; mais à son
tion du cardinal d'Armagnac, « il fit du passage à Lunéville, il fut surpris dans
pis qu'il lui fut possible, » Deux ec- une assemblée et arrêté. Le 2S, arriva
clésiastiques, qui avaient abandonné la le procureur général qui fit signifier à
communion romaine, eurent la tête tous les Huguenots de laville,delapart
tranchée par son ordre. Arnaud Fres- du duc de Lorraine, « que s'ils ne vou-
sines et un autre ouvrier furent pendus loyent vivre selon les ordonnances de
sans forme de procès. Les deux mi- l'Eglise catholique romaine, ils eussent
nistres Jean de La Rive et Jean de à s'absenter de ses pays dedans six sep-
La Garande n'auraient pas non plus maines, sur peine d'eslre pendus et
échappé à la mort, si le consistoire ne estranglez, en cas qu'ils fissent le con-
les avait engagés, quelques jours au- traire. » Quant au ministre il devait
,
paravant^ se réfugier à Saint-Antonin. sortir de Lorraine sous trois jours. Dès
Vaïsse qui les avait remplacés et qui le lendemain, en effet, Madoc fut tiré
,
croyait avoirmoins de dangers à courir, de sa prison par le prévôt de Lunéville
parce qu'il ne s'était pas autant com- et conduit hors de la ville pour être re-
promis dans le brisement des images, mis entre les mains du prévôt des ma-
fut arrêté néanmoins, el vraisemblable- réchaux; mais ce dernier, au lieu de le
ment il serait aussi tombé victime du conduire à la frontière, le fit étrangler
féroce Montluc, sans l'intervention de et jeter dans un épais bailler, où il fut
l'enseigne de Jarnacqui lui fit rendre la retrouvé par ses coreligionnaires après
liberté. C'est couvert du sang de ces de longues recherches. Ce fut en vain
infortunés que le chef catholique se que la reine de Navarre, le prince de
présenta devant Montaubân,où il reçut Condé, l'électeur Palatin, le landgrave
un honteux échec. de Hesse, le duc de Wurtemberg, le
MADOG (JEAN DE) natif du Lan- sénat deBerne demandèrentla punition
, de ce meurtre. Le duc de Lorraine se
guedoc, « ayant receu de Dieu la co-
noissance de sa vérité et un vray zèle contenta de répondre à leurs ambassa-
de l'honneur de son nom,» se retira à deurs, comme il répondit aussi à la
Genève, et s'y étant fait connaître veuve du martyr, qui alla se jeter à ses
avantageusement « par son zèle et sa pieds avec ses enfants, qu'il ne savait
doctrine, » il fut envoyé comme mi- ce que Madoc était devenu.
nistre à Bassin el à Arzier. Au bout de MAGALLOiV (DANIEL), sieur di?
quelques années, s'apercevantque son Rosset et de LA MORLIÈRE, fut appelé,
ministère ne portail pas les fruits qu'il en 4 630, à remplir à Embrun la place
espérait, « mesmes que la discipline de premier consul, que plusieurs de
ecclésiastique n'esloit receue ni exer- ses ancêtres avaient honorablement
cée », il quitta ce troupeau à col roide occupée avant lui. 11 mourut en 1640,
et retourna à Genève avec sa femme laissant un fils unique, nommé JACOB,
enceinte et craqpetits enfants.Quelque conseiller secrétaire du roi au parle-
MAG 164 — MAG

ment dû Dauphiné. A la révocation de tine, qui s'exprime en vers latins, l'O-
l'édit de Nantes, le sieur de La Mor- léronnoise et la Marennaude, se dis-
lière se réfugiaà Genève avec ses deux putent l'honneur d'aller saluer leur
fils PIERRE et CHARLES, laissant en dame ; 3° le Triomphe d'amour, où le
France sa fille JACQUELINE, mariée à poêle met en scène Salomon, Cupidon,
N. Trousset. Selon le Dict. de la No- Hercule et David; 4° Alcide, jeu co-
blesse, qui nousfournitces renseigne- mique et moral; 5°Aymêe, tragi-co-
ments, Charles Magallon se convertit médie en 5 actes, elWJephté, tragé-
en 4 669 et épousa, vers 4 672, Renée die imitée du latin de Buchanan : ces
Pépin dans l'église catholique de Gre- cinq petits jeux poétiques, tant par
noble. Il est difficile de concilier ces l'auteur inventez que traduits, ou imi- -
deux faits avec sa sortie du royaume tez des Latins ez heures de. son peu de
en 1685, à moinsd'admettrequ'il était loisir. « Je diray seulement, dit le poète
rentré, après son mariage, dans l'E- à Anne de Pons à qui il les dédie, que
glise réformée. si vous les daignez voir et ouyr du
MAGE(ANTOINE),sieurdeFief-Melin, quand ils
mesme oeil et oreille, queredonnerez
poète français,florissaitdanslaseconde furent jouez vous leur
,
moitié du xvi'siècle.On ne sait rien sur l'ame que l'action première en vostre
sa vie. présence leur donna, et que despuis ils
Je n'étois point encore en l'avril de mon âje semblent avoir perdue.«QuantauxMes-
fiu'un beau désir d'écrire échauffait mon sages, ils comprennent des odes, dont
[courage, plusieurs imitées d'Horace, des son-
dit-il dans une Eclogue contre l'exer- nets, une satire, un poème le Saul-
cicepoétique. nier, on de la façon des marais sa-
Mais quand je vis perdu le printems de mesans, lans et du sel des isles de Saincton-
Dont je n'eus que regret pour gain de ma des- ge, quelques épigrammes et plusieurs
[pense, épitaphes ou éloges funèbres. « Pres-
Meu d'un juste desdain,plainde résipiscence,
Cet Hélicon je laisse el renie Apollon. que toutes ses odes sont morales, »dit
Goujet. Dans la 4 2", il déplore la perle
On doit tenir compte au poète de sa de ses « premiers et seconds » écrits.
résipiscence. Les exemples n'en sont La 4 8* nous apprend qu'il était marié.
pas communs.11 supprima, de son propre Plusieurs de ses odes et sonnets sont
chef, toutes les poésies que l'amour lui adressés à Du Bartas qu'il loue avec
avait inspirées dans l'effervescence du excès.
jeune âge, et ce n'est même que par Nousrapporleronsunfragment d'une
condescendance pour Anne de Pons très-bonne satire, la seule du recueil,
qu'il publia le volume que nous avons que Mage fit contreses concitoyens des
de lui. Mage exerçait, à ce qu'il parait, îles de la Saintonge.Onregrette qu'il ne
quelque charge de judicature sur les se soit pas plus souvent exercé dans
terres de cette dame, dans labaronnie ce genre. Cette pièce est adressée à
d'Oléron. Il avait étudié le droit. Ses Nie. Bataille,sieur d'Harbouville,valet
OEuvres parurent à Poitiers, en 4601, de chambre du roi.Après avoir ditqu'il
in-4 2, chez Jean deMarnef, alors qu'il épargne le nom de ceux qu'il reprend
sentait déjà les approches de la vieil- « Pour ne les plus salir en leur donnant
lesse. Elles contiennent deux parties. renom», le poète s'écrie: «Hé! qui
La première a pour titre : La Polym- se pourrait taire où parlenttant de vi-
nie ou diverse poésie divisée es Jeux ces ?»
(4 05 ff.) et Messages (1-70 ff.)
suy- Petit enclos matin que tu enclos de maux!
vans: 4° Eclogue, citée plus haut; 2° De mauxnon naizde toy,mais de tes animaux.
l'Accueil poétique et chrétien, com- Non de les brute-naiz, mais d'up qui se dit
posé en l'honneur de la dame de Pons, [eslre
le 25 déc. 4 597 : trois nymphes, la La- Le roy des animaux qui sont au yal tliampes-
[Ire...
MAG — 165 — MAG
Mais où suis-je?quevoy-jeen terre.en l'air, d'un Mage, ouïe Spirituel d'Antoine
[ezeaux, Mage, sieur de Fief-Melin, renferme
Courant, volant, nageant?- Sont-ce bestes,
[oyseaux, sept essais;recueil assez ennuyeux,au
Et poissons citadins de ces isles marines ! jugement de Goujet, mais quifait hon-
icy chasse un mestis, l'a jappent desmastines. neur à la piété de l'auteur : 4 ° les priè-
Là l'aspic siffle et pique : icy le boeuf mugit:
.Leporc s'engraisse icy; l'a le lion rugit. res ; î'l'hommenaturel ; 3° l'ame hu-
Le sacre et lefaulcon y vivent de leurproye : maine; i° lessaincts souspirs; 5° les
L'huistre et l'anguille y sont, le sargon, la muses célestes; 6* les méditations; 7°
[lamproje. la chrestienne ouïes sainctes amours
Ha ! jecognois le lieu. C'est l'enclos Circasen
Qui en monstres brutaux cliangeson citoyen: du spirituel enversChrist et l'Eglise
Cesanimaux divers, ayant pris forme humaine, chrestienne. — Oii trouve dans ces
L'ont perdue y goustaut de la loge mondaine. Essais des odes, des stances, des son-
Ainsi monstre est eeluy qui faict du chien nets, des cantiques, des discours en
[couchant, vers,une Méditation sur le psalme 4 27,
Quia le miel en bouche,au coeur le fiel ca- imitée de Pélisson, maître des requêtes
[cliant.
Monstre est ces! usurier qui sa finance adore, du roi Henri IV, et qui ne contient pas
Qui met le corps en eroix et l'ame au croc moins de neuf cents vers, etc.
[encore. Nous emprunterons le fragment sui-
Monstre est ce riche sot, ce lasche ambitieux,
Ce dévot hypocrite et ce blesme envieux. vant à un Cantique que le poète
Monstre est ce feincl amy, ce scribe, ce faus- adresse à Dieu, et qui nous apprend
[saire,
Ce bouc incestueux, cest infâme adultère....
une curieuse circonstance de sa vie.
K'cs-tu pas l'Etemelquime tiras n'aguières
Tout change en pisicy,comme ailleurs autre Des périls encourus au voyage mondain,
Sereines on y voit les filles d'Achelois, [fois. Quand le désir de voir cet Empire Germain
Lycaon s'y faict loup,Battus en roc s'empierre: M'emporta loingdes miens ez terres eslran-
jEscuIape en serpent y rampe sur la pierre, [gières!
lo s'y mue en vache et Eac en plongeon, Japar trois fois sept jours sur le dos deKep-
En corneille Corone et en cerf Actaoon. [tune
BiMis comme Arethuse en fontaine est chan- Ma nef avoit couru sans trouver son vray port.
gée : Quand l'orage croissant et luy cachant son
Midas d'oreilles d'asne a la teste chargée : [Nord,
Chiron y est mi-homme ensemble et mi-ehe- Tu la fis escliouer, me gardant d'infortune.
[val. Je n'eus si tost repris sur terre mon voyage,
Mesme on Diable devient enfin l'homme ani- Quejelombe soudain ez mains de mes hâi-
[mal. [neux.
Vannes m'en est tesmoing qui,m'ayantà ses
C'est peut-être là le premier modèle [voeux,
qu'offre notre littérature, d'une satire Pensoit avoir ma vie, ou mes biens pour hos-
écrite dans un style noble et soutenu. [tage.
Personne ne se serait imaginé d'aller Mais comme le soldat, qui m'esr.lavoit,fust
[yvre.
la chercher dansles oeuvres du sieurde N'ayant dormydenuiet.aumatin sommeiiloit:
Fief-Melin,eteneffetles perles n'y abon- Lors Dieu, m'ouvrant la grotte où il me recc-
dent pas, comme l'auteur a le bon sens [loit,
Me sauve de prison et de mort me délivre.
de le reconnaître lui-même. Mais on ne
Continuant ma course et surmeret sur terre,
peut nier qu'il n'ait eu le sentimentpoéti- Soit allant ou venant, lu m'as tousjoursguidé,
que; seulement, la langue tourmentée D'advis,d'argent, d'amis tu m'as en temps aidé,
de Ronsardet deDu Bartas sertmal son Etatempsayiiny,heureujî,soubstoymon erre.
inspiration,et, ce qu'on a souventà re- MAGER (ANDRÉ), d'Orléans, fit ses
procher à nos poètes, son vers est plus études en théologie à Greifsv/ald en
riche en mots qu'en idées. La raison 4 542, fut reçu docteur en 4 547, et
en est du reste facile à trouver, c'est que nommé professeur de théologie. En
la rime donne les uns,tandis que l'ima- 4 550, il échangea cetle chaire contre
gination refuse les autres. celle de dialectique. Il mourut à Wit-
La secondepartie duvplume(70-34 3 tenberg, le 2 mai 4 557. Il ne paraît
ff.) sous ce titre burlesque: L'image pas qu'il ait rien publié.
MAG 166 — MAG

MAGNAN (NOËL), OU Maignen, et peu de jours après* amené à Paris.
reçu au ministère par le synode pro- Après qu'il eut fait confession entière
vincial assemblé à Tonnay-Charente de sa-foi et souffert « griefs outrages
en 4 560, fut donné pourpasteur à l'é- et tortures, » le parlement lui fit cou-
glise de La Rochelle. C'était un hom- per la langue et le fit brûler vif sur la
me vif et ardent, un protestant enthou- place Maubert, le 14 juin.
siaste. Il s'opposa de tout son pouvoir MAGNEVïLLE(ARTHUR DE),sieur
à l'alliance des Huguenots avec le duc de La Haye-du-Puy,fils du catholique
.

d'Alençon en1575; mais toute sa logique Jean de Mâgneville,qui avait combattu,


échoua contrel'éloquence de LaNoue. dès 1562, contre les Huguenots sous
Cette opposition fort sage fut, avec ses les ordres de Matignon, embrassa la
sentiments -hétérodoxes sur la Trinité religion réformée vraisemblablement
et la sanctification de la chair du Christ, à l'époque de son mariage avec Judith
la cause d'une interdiction dont il fut Aux-Epaules, fille de Nicolas Aux-
frappé par le consistoire, trop facile- Epaules, sieur, de Sainle-Marie-du-
ment oublieux, dans celle circonstance* Mont, un des chefs protestants dans la
des services que Magnan avait rendus, 'NovKLanAie-,etàeFrançoisedeMonchy.
pendant le siège de 1573, tant par ses Celte dame, qui avait un grand zèle
exhortations que par son exemple. pour sa religion, institua par,son tes-
Moins despotiquement sévère sur le tament une rente destinée à l'entre-
chapitre de l'orthodoxie, le prince d'O- tien d'un proposant. Son fils GÉDÉON
range appela d'Angleterre, où il s'était fut député à l'Assemblée politique de
retiré, le pasteur interdit et le nomma Loudun par les églises de laNormandie
son chapelain. Selon La Fopelinière, (Voy. VI, p. 203). Il laissa deux fils.
Magnan mourut à Middelbourg, en L'aîné, nommé ARTHUR, baron de La
1580. On conserve à la Bibliothèque Haye-du-Puy,. n'eut pas d'enfants de
publique de Genève (N° 197aa, Carton sa femme Judith Le Loup (4), et le '
2) deux pièces mss. oùsontconsignées cadet, GABRIEL, sieur de Mâgneville et
ses opinions avec leur réfutation. (1) La famille Le Loup élait prolestanie.
Il est très-vraisemblablequeMagnen, Nous en avons la preuve dans registre des
un
pasteur deLaRochebeaucourten 1659, baptêmes, des mariages et des enterrements,
qui publia une Réponse au livre d'An- qui eureni lieu dans l'église de Sainle-Mère-
Eglise de 1669 a 1676 (Arch. gdn. TT. 317).
toine Hérier prédicateur capucin, Nousytrouvonscités : Cyrus-EléonorLeLoup,
intitulé L'aveu du purgatoire, était sieur de Limaresq, qui eut de Marie-Anne Du
de la même famille que notre Noël Vivier deux fils nommés LÉONOR ANTOINE
Magnan ; mais, quoiqu'on trouve ce et JACQUES, présentés au baptême, -le 1", en
1674, par Léonor-Anloine de Saint-Simon el
nom écrit aussi Maignault,'no\}é ne Elisabeth Du Vivier; le 2\ en 167S, par Jac-
pensons pas que l'on doive y rattacher ques Ricàier, sieur de Colombières, et Anne
Guillaume Magnoeus ou Mogncsus, du Le Révérend, femme de Paul-Antoine Du Vi-
vier;—Pierre Le Loup, sieur de Limaresq, qui
Nivernois, qui soutint à Genève deux épousa Marie Basnage, et en eut CYRUS-ELÉO-
thèses, l'une De Dei omnipotentiâ, NOR, déjà cité, JEAN, sieur de Grainville, et
l'autre, Deinstauratione generishu- MARIE, femme, en 1674, de Jean-Baptiste de
Langle, sieur de La Bestineric,fils de Jacques
mani, publiées dans les Thèses gehev. deLangle, sieur de La Gascoignerie, et de
BïAGNE (ANTOINE), natif d'Auver- Roberle de Clamorgan;—Judith Le Loup,
gne, martyr en 1533. Chargé par l'é- riée a Jean Bellol, sieur de La Baume, ama-qui
glise de Paris de porter à celle de Ge- elle donna Etienne, présenté au baptême, en
1670, par Etienne Le Loup, sieur de Saint-
nève la nouvelle de l'arrestation de Loup, et Marie Le Loup, oncle et tante iha-
Nicolas Nail et d'autres sectateurs de ternels; Judith, qui eut pour parrain, en1674,
la Réforme, Magne s'acquitta heureu- David Belloi, sieur de Calouville,
son oncle,
et pour marraine, Judith Meslin, femme de
sement de cette dangereuse mission ; Louis Meslin, sieur de G\alKuy; Judith-Anne,
mais à son retour* il fut arrêté à Bour- présentée au baptême, en"l675, par Cyrus-
Anlome Le Loup et Judith Le Cercler, femme
ges par les soins de quelques prêtres, du ministre ilisson.
MAG MÀG
— 167 —
de Geffosse, n'eut qu'une fille, ANNE- que Mâgnôl persista,au moins, jusqu'à
CHARLOTTE,déson mariage avec Fran- là révocation de l'édit de Nantes, c'est-
çoise de Franquetot, fille A'Antoine, à-dire jusqu'à ce qu'il put croire, avec
'sieur de Côigiiy, et de IV. de Saint- les idées du temps, qu'il n'était plus
Simon. permis à un sujet de résister sans ré-
MAGNOL (PIERRE),médecinetbo- bellion. Pour osëf braver les ordres du
laniste,néàMontpellier,le8juin1638, roi, il fallait une énergie de caractère
et mort dans la même ville, le 21 niai qui se rencontre rarement dans les
4715. Il était fils de Claude Magnol, hommes ,de cabinet ou dans leshoin\
apothicaire, et de Lisette Ranchin. mes du monde. Magnol faisait de la bo-
Après avoir terminé ses études Classi- tanique son étude de prédilection. En
ques au collège des Jésuites,il suivit les 1687,il futappelé à suppléer le profes-
cours de la Faculté de médecine et prit
.
seur debotanique Chicoyneau,qui avait
le bonnet de docteur, enjanv. 1659. dû se rendre à Paris pouf des affaires
« Son érudition et son mérite , nous concernant l'université. Au retour du ti-
apprend le secrétaire Gauteron dans tulaire,il reprit ses travaux d'è cabinet.
son Eloge, (Mém. delaSoC. roy. des Ils'occupait d'uuehisloiredesplantes,
sciencesdeMontpell.,T.I;réimpr. avec en vue de laquelle il avait parcouru
quelq. changeai, parmi les Eloges des plusieurs fois les Alpes et les Pyrénées.
membres de cette Société) lui donnè- En 4 694, il était à Paris. Une chaire de
rent bientôt un nom dans la république professeur de médecine étant devenue
dès lettres, qui lui procura, en 1663, vacante à la Faculté deMonlpellier,Fà-
un brevet de médecin Ordinaire du roi, gôh, premier médecin de Louis XIV,
et la protection de Vallot son premier la demanda pour lui, et Magnol,»nou-
médecin.» Et selon d'Aigrefeuille, il vellementréuni à l'Êglisè, en frit pour-
aufaitrèçudéplusgrandes grâces/n'eût vu sans difficulté.» Le grand roi n'était
étésa religion. Mais notre savant s'en pas ingrat, il couronnait de fleurs ses
contenta pour lors, pensant que l'esti- victimes. En même temps, le direc-
me dèsoi-même valait encore mieux que teur du Jardin botanique, Chicoj'neau,
l'estime du prince.En 1667,une chaire ayant été frappé de cécité, on Char-
deprofesseurdemédecineétant venue à gea Magnol de là direction du Jardin
vaquer, on la mit au concours. Magnol pendant trois ans. Après ce terme,
se piésenta et fut placé le premier des le fils du titulaire, à qui appartenait la
concurrents sur la liste de mérite. Ce- survivance de la charge de son père,
pendant la place lui fui refusée.«M.Ma- en prit possession; mais Magnol fut
gnol,content del'avoir méritée,dit son gratifié d'un brevet du roi qui lui con-

panégyriste, ne demanda plus rien, et féra le litre d'inspecteur de ce jardin,
s'arrêta tout court dans le lemps qu'il sa vie durant. Lorsque l'Académie des
n'avoitplus qu'un pas à faire pourjouir sciences de Montpellier fut créée, eu
du fruit de lavicloire.Cepas qui lui parut 4706, Magnol prit place parmi ses
rude alors, fut adouci par les réflexions membres, dans la classe des botanistes.
salutaires qu'il fit dans la suite, et qui «Nous avons joui de sa présence et de
luipermirent d'accepter,quelque lemps ses lumières jusqu'en 4 709, dit sou
après, une place toute semblable. »Ce panégyriste. Il nous a donné pendant
système d'accommodement peut êlre, ce temps-là plusieurs mémoires sur la
en effet, très-salutaire, mais il n'est circulation de la sévê.Mais au commen-
guère moral; avec de pareils princi- cement de cette année 4709, il fut
pes, oh se pousse peut-être dans.le obligé de nous quitter, pour répondre
monde; mais la postérité ne manque au choix .honorable que l'Académie
jamais de nous rejeter dans la fange roy. des sciences [de Paris] fit de lui,
d'Où nous sommes sortis. Virtus sola pour remplir la place de M. deTourné-
manet. Hâtôns-nous cependant de dire fort.» Mais l'âge et les infirmités ne
MAG 468 MAH
— —
lardèrent pas à le faire renoncer à ce rées de la fleur et de la graine, il s'est
poste ; il retourna dans sa ville natale, également attaché à toutes les autres
où il mourut le 21 mai 4745, «après parties, el a trouvé, par ce moyen,
avoir reçu tous les sacrements de l'E- des affinités entre des plantes qui, du
glise.» Son îïls,Antoine, lui avait suc- resle, diffèrent par des caractères es-
cédé comme, professeur de médecine. sentiels ; il pense même que les pre-
Les ouvrages de Magnol, quoique très- mières feuilles quisortent de la graine
imparfaits, contribuèrent,selon M. Du- pourraient offrir de bons caractères
vau (Biogr. univ.), à répandre le goût de familles.»
de la botanique, et leur auteur « par- III. Hortus regius Monspeliensis,
tage, avec les botanistes de son temps, Monsp., 4 697, in-8°, avec 24 figg.
le mérite d'avoir appelé l'attention dont quinze, prises de Tourneforl, «se
des savants sur les méthodes naturel- distinguentpar l'exactitude et la finesse
les. » Le genre de plantes Magnolia, des détails.»— Catalogue des plantes,
genre type de la famille des magnolia- soit exotiques, soit indigènes, culti-
cées, a été consacré à la mémoire de vées dans le Jardin botanique de Mont-
notre botaniste. 11 a publié : pellier. Selon Fonlenille « on trouve
I. Boianicum Monspeliense, sive dans le Botanicon Monspeliense et
plantarum circaMonspeliumnascen- dans l'Hortus regius Monspeliensisune
tiumindex,LvgA., 1676,in-8°.,avec23 centaine d'espèces qui avaient échap-
planches;réimp.en1686, à Montpellier pé' aux recherches laborieuses des
avec des additions et des corrections.— Poena.des Lobel,des Dalechamp el des
On n'y trouve qu'un très petit nombre Bauhin. Les descriptions qu'il en a
de descriptions; l'auteur se contente données sont exactes, et les figures
d'indiquer les propriétés médicales des qui les accompagnent, quoique mal
plantes,avecleslieuxoù celles-ci crois- gravées, rendent très-bien les espèces
sent.Les plantes indiquées sontau nom- qu'elles désignent.»
bre de 1354, dont beaucoup inconnues IV. Novus character plantarum,
à Cherler et à Pena; dans un Appendice, Monsp., 4 720, publié par les soins du
quelques plantes étrangères. fils.de l'auteur.— «Abandonnant les
IL Prodromus historiée generalis idées qui l'avaient guidé quelquefois
plantarum, in quo families planta^ utilement dans son premier travail,dit
rumpertabulasdisponuntur,\loi\sn., M. Duvau, Magnol s'attache ici ex-
1689; dans un Appendice, quelques clusivement à une partie, le calice,qui
piaules omises dans le calai, précédent. présente, selon lui,un caractère telle-
— L'auteur s'est borné à publier ce ment certain, qu'il peut servir de base
prodrome. On voit par cet écrit qu'il à une classification pour toules les
avait entrevu la vraie méthode natu- plantes connues et à découvrir.» Ce
relle. «Magnol ayant observé, dit système, ajoute le critique, fit peu
M. Duvau, dans le règne animal: 1 ° des d'honneur à l'auteur,et il est tellement
familles distinctes;2°desespèces; 3° des inférieur à sa méthode qu'il serait à dé-
individus qui n'appartiennent qu'im- sirer qu'il n'eût pas été publié.Cepen-
proprement à une famille (cesont des dant Mouton-Fontenille trouve cette
monstres,) trouve de l'analogie, entre méthode « très-ingénieuse.«Tôtcapila,
ce règne et le règne végétal qui offre totsensus.
les mêmescaractères; et c'est sur cette Magnol avait promis, nous apprend
idée-mère des affinités,qu'il fonde sa mé- Haller, des Observations critiques
sur
thode naturelle : mais comme il lui pa- le Pinax de Gaspard Bauhin ; mais il
rut impossible de tirer de la fructifica- n'en a rien fait paraître.
tion seule les signes caractéristiques MAKIET, instituleurà Rouen.De-
des familles, tout en avouant que les puisquaranteans,Mahietexerçajlsa mo-
principales différences doivent être ti- deste profession,lorsque l'arrêt du Gon-.
MAH — 169 MAH
seil d'état, rendu le 6 fév. 1640 (Voy. seigner quoi que ce pût être à huit
Pièces justif. N°LXXXIII),à la requête jeunes enfants en bas'âge, que des
du clergé catholique, vint lui enlever parents huguenots avait mis chez elles
son unique moyen d'exislence. Sa à demeure.»
femme, puis ses deux filles prirent alors M AHOT(N.), premierpasteur de l'é-
chez elles de petits enfants pour leur glise réformée de Saiut-Malo.Pendant
apprendre uniquement à lire et à écrire. quelques-années, cette église fut re-
Pendant quelques années,on les laissa cueillie dans le château du Plessis-Ber-
tranquilles; mais la jalousie des mai- nard, appartenant à Chateaubriand,
Ires catholiques finit par s'éveiller. On sieur de Beaufort, gendre du célèbre
les dénonça, et le clergé se hâta de Montgommery, qui combattit, dans
poursuivre. Laissonsparler maintenant la troisième guerre de religion, sous
M. Floquet, qui, surtout depuis son les ordres A'Andelot et fut tué, selon
dernier ouvrage, ne peul être suspect Crevain, à la bataille de Jarnac. Le
deparlialité pour les Protestants. «Les sieur de Beaufort n'ayant pas laissé
instituteurs catholiques dénonçaient, d'enfants, ses biens passèrent à son
le clergé se hâtait de poursuivre, les frère cadet.espèce de banditqui ne vi-
juges de procéder, de condamner tou- vait que de rapines et qui fit jelerMa-
jours, etune famille Mahiet qui, depuis hot dans une dure prison,en attendant
quarante ans, recueillait les jeunes en- l'occasiou de le livrer à l'évêq.ue de
fants des Réformés de Rouen, se vit en Saint-Malo.Délivré parLa Hunaudaye,
bulte à des tracasseries auxquelles, à gentilhomme calholique du voisinage,
lafin,il fallut céder.Deux demoiselles Mahot se relira à Blain,sousla protec-
âgées,derniers restes de cette maison, tion de Rohan. Plus tard, il retourna à
apprenant à lire et à écrire à déjeunes Saint-Malo.C'esten qualité de ministre
enfants, avaient fait ombrage à quel- de l'église de cette villequ'il assista en-
ques instituteurs ; le parlement en prit core, en 1583, à un colloque lenuàVi-
connaissance, en la Chambre de l'édit, tré. Il devint ensuite minisire à Pon-
où l'avocat général Le Guerchois vint torson, où il mourut eu 1593.
dire.en pleine audience,que l'écriture, MA HïJ,nom d'une petite fille de sept
.

un art si noble, ne devait point être ans, née à Loudun vers 1656, qui se
enseigné par des femmes. La religion, distingua par une persévérance admi-
on le devine, était le vrai mot de l'af- rable dans une enfant de cet âge. Les
faire. 11 avait bien commencé sur ce enlèvements d'enfants se multipliaient
chapitre,en disant qu'on prend plus de de plus en plus, et il était si difficile
mouches avec une cuillerée de miel d'obtenir justice contre les ravisseurs
qu'avec un baril de vinaigre. Mais que les pères et les mères n'osaient
quand, après cela, il alla ajouter qu'il perdre leurs enfants de vue, ni leur
était juste, raisonnable et équitable permettre la moindre liaison avec.des
que la religion catholique abaissât et catholiques. Un signe de croix, obte-
humiliât,tant qu'il était possible,ia re- nu soil par des caresses soit par de
ligion réformée;quand il cila l'exemple petits présents, passait pour la preuve
d'Abraham mettant hors de sa maison d'une inspiration divine qui appelait
sa servante Agar et son fils, sa con- l'enfant à la religion romaine. C'en
clusion, qu'il fallait défendre à ces filles était assez pour le faire mettre dans un
huguenotes de tenir écoles, ne put couvent d'où il était impossible de le
plus étonner personne; et l'arrêt [23 tirer ; ear si, par bonheur, on obtenait
janv. 1647], de tous points conforme un arrêt de restitution, il arrivait tou-
à ses désirs, étonna moins encore.Mais jours que les officiers de la justice re-
un second arrêt,rendu à dix mois de là fusaient de le faire exécuter, ou bien,
[26 juin], consommant la ruine de ces quand on se présenlaitdans le couvent,
malheureuses, vint leur défendre d'en- l'enfant avait disparu. Quelquefois
MAI 170 MAI

même, si les flatteries et les friandises Protestants français réfugiés à Zurich
ne suffisaient pas, on employait les (Mss. de Beme,'Risltelv.VÏÏ,y),Isa-
menaces. Tel fut le cas pour la jeune bean Maigre, femme de Charles Au-
Mahu. Elle eut le malheur de tomber, bert, procureur à Embrun, avec ses
en1663,entrelesmainsdequelquesdé- deux enfants Uranie et- Antoine; et
voles qui avaient fondé à Loudun une dans une autre liste des directeurs de
maison pour la Propagation de la foi. rhôpitalfrauçaisàLondres,c7y«sJli«i-
Comme elle résistait à toutes les ca- gre, qui fut appelé, en 4 775,à remplir
ressés et refusait, absolument de faire les fonctions de directeur de cet éta-
aucun acte de catholicisme.ces vieilles blissement de bienfaisance.
bigotes eurent la barbarie de tenir MAILLAÏV - BE - GRANDLAC
pendant trois jours lamalheureuse en- (JEAN), sieur de La Case, qui testa en
fant la bouche tournée vers un four- 4 611, laissa de sa première femme,

neau ardent, et, n'ayant rien gagné par Jacquett-e de Mostuéjouls, fille de
celte inhumanité, elles retendirent sur Guy de Mostuéjouls, gentilhomme du
des laudiers, en la menaçant d'allu- Rouergue, et de Jacquelte deCaissac,
mer du- feu solis elle el de la rôtir.On qu'il avait épousée en 1570, deux fils,
ne nous apprend pas si elle succomba nommés DAVID-SILVESTRE, sieur de
à la fin. Grandlac, et GILBERT, sieur de Passa-
JUAIGRE(ELTSÉE),sieur deLa Mot le, des. L'aîné, qui mourut vers 1667, prit
gentilhomme dauphinois, épousa, en pour femme, en 4 618, Marguerite
1608, dans l'église protestante d'Or- Garcebal, et en eut FRANÇOIS, sieur
pene,Madelaine d'Abel,û\te AeBal- de La Case, marié, en 4 654, à Fran-
thasar d'Abcl^ient de Chevalet,dont çoise Loubeyrat, et JEAN-BAPTISTE.
il eut deux fil s, AND RÉ el Louis, e( une D'un second mariage contracté, en
fille, SUSANNE, qui devint la femme de 4 598, avec Anne Des Ondes, Jean
Jacques de Maréchal, fils de Samuel Maillan eut encore deux fils. Le sort du
de Maréchal (1) et de Marguerite second, nommé AREL, sieur du Joue,
d'Eyrau-d. Resté veuf, il se remaria nous est inconnu. L'aîné, JEAN, sieur
avec Lucrèce Chais ou Chaix qui lui de La Case, devint baron de Saint-
donna encore un fils. Ce dernier, qui Sernin par son alliance (22 juin 1638)
reçut au baptême le nom de. SAMSON, avec Madelaine de Lustrac, fille de
était, en 1667, juge de la baronnie Gabriel de Lustrac et de Franc : ise
A'Or\M?ce..ll épovsaUranie d'Eyraud- de Salages. De ce mariage naquit Jean
Magalloii, fille de Jean d'Eyraud- de Maillan ou de Mailhane (c'est
Magallon et de Doucette de Pontis- ainsi que l'on orthographia plus lard
d'Ariis, dont il eut ANDRÉ, marié à son nom), qui épousa, en 1673, Ma-
Constance Vial,fille de Jacçues,sïeur rie Isarn, fille de Benoît, sieur de
de Bonneval, et de Marguerite Bouf- Varagnes. En 1686, le baron de Saint-
fer.— Après la révocation de l'édit de Seruin ne recevant aucun avancement,
Nantes, cetle famille passa, au moins malgré ses nombreux services sur terre
en parlie.danslespaysétrangers.Nous et sur mer, prit le parti de se con-
trouvons mentionnés,dans une liste de vertir avec toute sa famille. En 1689,
(1) Une autre famille protestante de ce il sollicitait unepension comme récom-
nom habitait le Poitou. A la révocalion de pense de son apostasie (Arch. qén.
l'édit de Nanies, Alexandre Maréchal, baron M. 668).
du Poiroux, refusa absolument dose convertir Nous avons déjà eu l'occasion de
et il tint bon jusqu'au mois de septembre 1699,
que le maréchal d'Eslrées recommença a lo- parler d'un Maillane, gouverneur du
ger des dragons chez .les Protestants opi- château deBeaueaire ( Voy. IV, p. 129),
niâtres. Celle nouvelle dragonnade brisa la
constance du baron, qui abjura a Fontenay,
qui n'appartenait pas à cette famille.
el rentra en possession de ses biens confis- Son nom était Hardouin de Porcelet,
qués (Supplém. franc., 4026. %). seigneur de Maillane. Antoine de
MAI 171 MAI
Crwssoi, qui estimait sa modération et de nefermerpointl'oreille à la charité,
sa prudence, l'envoya, en 1563, avec pour espérer' mieux du jugement de
Antoine Du Chemin, docteur en mé- vos frères qu'il semble que vous ne
decine, « homme de grand savoir et faites. J'y adjousle la condition de
jugement,»à Beziers où de dangereu- vostre église, foible, tendre, à peine
ses querelles avaient éclaté entre la renaissante au milieu des adversaires.
garnison et les habitants. L'expulsion Elle peut avoir des taches. Et où est
des plus turbulents rétablit la tranquil- celle qui n'en a point ? » Maillard
lité; mais cette mission coûta la vie à écoula, à ce'qu'il semble, la voix de la
Du Chemin qu'un mutin précipita de modération et de la prudence; il fit
haut du rempart, le 4 mars. taire son ressentiment et consentit
Hardouin de Porcelet, que les Juge- même très-vraisemblablement à sup-
mens de la Noblesse du Languedoc primer son livre, dont il nous a été
appellent Tannequin, testa en 4 576. Il impossible de découvrir même le titre.
avait eu trois enfants. L'aîné, PIERRE, Plusieurs pasteurs de la Picardie
fut tué à la bataille de Saint-Gilles. Le ont porté le nom de Maillard, qui est
second, JEAK, mort après 4 624, laissa assez commun dans la province. De
de sa femme Sibylle Serre, ANTOINE, 4 584 à 4 596, l'église dé Coufcelles-
sieur de Saint-Paul, marié, en 4 635, Chaussy fut desservie par Philippe
à Isdbeau Blain, et PIERRE. Maillard, qui avait succédé à Leroy.
MAILLAÏU) (CLAUDE), docteur en En 4 644, Claude Maillard alla faire
médecine et ancien de l'église d'Or- ses études à Genève : il fut placé à
léans, ayant osé critiquer publique- Clermont en Beauvoisis. En 1631,
ment la conduite de Du Moulin, son Charles Maillard, avocat à Montdi-
pasteur (Voy. IV, p. 44 9), fut dépo- dier et ancien de l'église, fut député au
sé parle synode provincial et censuré. Synode national de Charenton. Israël
Il appela de celte sentence, qui peut Maillard, né àMontdidier, «homme
paraître bien sévère, au Synode natio- de talents et de beaucoup d'esprit,»
nald,eSaint-Maixent,qui la confirma et dit le P. Daire, était sans doute son
ordonna la suppression de son livre. fils. 11 fit avec succès ses études en
Maillardirrilé semblait disposé à pous- théologie à l'académie de Sedan. En
ser les choses à l'extrême. C'est pour 1 679, nous trouvons cité comme mi-
l'apaiser que Du Plessis-Mornay lui nistre de Chauny, Daniel Maillard,
adressa, le 14 sept. 4 610, une lettre d'Âbbeville, lequel fut chassé de Fran-
pleine des conseils les plus sages : ce par la révocation, ainsi que d'autres
« Vaudroil-il point mieux, lui disait-il,
Maillard d'Amiens et de Montdidief
avoirun peu de patience; se pourvoir (Arch. gén. TT. 235). Il mourut, en
sur ce différend en un autre synode 1728, ministre de l'église française de
national, si le dernier ne vous a satis- Groningue, qu'il 'desservait depuis
fait; faire à deux fois ce qui ne s'est 4 686. En 1702, deux demoiselles

pu en une, phistôt que de courir au fer Maillard, Madelaine et Susanne, fu-


; et au feu el aux dépens de nos plus rent eufermées aux Nouvelles-Calholir
visibles et émiuentes parties? Cerles ques de Noyon (Arch. E. 3553). En
je ne connive pas volontiers au mal, 4 727, un autre Daniel Maillard était
tant s'en faut que j'y voulusse tenir la proposant à Nimègue, "et en 1748,
main; mais, le présupposant mesmes Jean Maillard remplissait les fonc-
tel que m'escrivés, autre chose est le tions pastorales dans l'église française
dissimuler, autre y procurer de plus deDarmoulh.
certains remèdes et sans déshonneur MAILLÉ (SIMON DE), fils de Gui
de nostre corps. A cela je vous servi- de Maillé, seigneur deBrezé, et d'An-
rai de bon coeur; mais, je vous prie, ne deLouan, prononça ses voeux dans
en consultant d'une part vostre zèle, l'abbaye de Loroux, et obtint, par le
MAI 172 — MAI.

crédit de sa famille autant, pour le au général de Beaufort. Des descen-


moins, que par son mérite personnel, dants de celle honorable famille exis-,
l'évêché de Viviers, d'où il passa, en tent encore en Prusse et en Hollande.
554,ausiégearchiépiscopal deTours. MAILLY (MADELAINE DE), soeur uté-
4
Sainte-Marthe loue la candeur de ses rine de l'amiral de Coligny, « dame,
piété et amour pour lit-on dans les Addilionsaux Mémoires
moeurs, sa son
les lettres. De même quele cardinal de de Caslelnau par Le Laboureur, d'un
Lorraine son patron, qu'il accompagna grand esprit et d'un courage invincible
dont sa vie
au concile de Trente et à qui il dédia dans toutes les traversesdigne de
sa traduction latine, de 24 homélies de fut agitée,» se montra son
Saint-Basile, il se montra d'abord peu immortel frère parsondévouementhé-
éloigné d'adopter les principes de la roïque à la cause de la Réforme.Dans
Réforme; il paraît même qu'il alla l'espoir de découvrir chez elle des
si loin dans cette voie que La Planche preuves de la participation de Condé,
secroitautorisé aie qualifier d'apostat. son gendre, à l'entreprise d'Amboise,
Mais lorsque le vent de la Cour tourna, les Guise, à qui d'ailleurs elle s'était
il fitvolle-face et se montra dès lors si rendue odieuse par la liberté avec
bon catholique qu'il mourut, en 4 597, laquelle elle les vilipendait en pré-
en odeur de sainteté. — Due de ses sence de la reine-mère, chargèrent,
soeurs, Charlotte, épousa en secondes après la découverte de la conspiration,
noces François de Montgommery, Carrouge de visiter minutieusement ses
sieur de Lorges. papiers et de la conduire à Saint-Ger-
M AILLETTE-BE-BUY(ARMAND), main-en-Laye. Elle fut remise en li-
riche bourgeois deMetz, sorti tdeFrance berté en même' lemps que Condé, et un
à la révocation el alla s'établir avec sa arrêt du parlement de Paris, rendu le
famille à Berlin. L'électeurle nomma même jour que celui qui proclama-
inspecteur général des manufactures l'innocence duprince,-la déclara inno-
et conseiller privé de guerre. Il avait cente,ainsi que François de Barban-
été assez heureux pour soustraire à çon-de-Cany et Robert de 7?oye,l'un
la rapacité du fisc ou plutôt des cour- el l'autre impliqués dans la même af-
tisans de Louis XIV,des prêtres et des faire. Lorsque la guerre civile éclata,
moines, qui se disputaient les dépouil- Madelaine de Mailly se sauva à Stras-
les des Huguenots, la plus grande bourg avec tant de précipitation, que,
partie de sa fortune; ilen fit le plus no- n'ayant pu emporter une somme suffi-
ble usage, en venant au secours de ses sante pour ses besoins, elle s'y serait
frères persécutés. C'est luiquiamfcna trouvée réduite à la misère si Jean
dans le Brandebourg l'émigration vau- Siurmae lui avait prêté 610 florins,
doise; c'est encore lui qui reconduisît le 24 juin 1.563. Nousignorons la date
jusqu'en Suisse ces malheureux mon- de sa mort.
tagnards, que la nostalgie décimait. Fille- de Ferry, baron de Conty, et
Après la mort de Cayard, Mailletle-de- de Louise de Montmorency, Madelaine
Buy fut nommé avec Goffin inspecteur de Mailly avait épousé Charles deRoiE,
dés porteurs de,chaises.De son mariage comte de Roucy.fils d'Antoine, sire de
avec Elisabeth de Vigneulles, morte Roye, et de Catherine de Sarrebruk.
à Berlin en 1730, naquirent un fils et De ce mariage étaient nées deux filles,
trois filles. Le fils, qui fut un des plus nommées ELÉONORE et CHARLOTTE.
célèbres banquiers de Berlin, épousa Cette dernière épousa La Rochefou-
la soeur du pasteur Bernard, neveu du cauld. Sa soeur aînée, plus célèbre,
fameux Samuel; l'aînée des filles de- fut la femme du prince de Condé(Yoj.
vint la femme du général de Persode; ce nom).
la seconde se maria avec le colonel de Née le 24 fév. 1535. à Châlillon-sur-
Saint-Sauveur, et la troisième s'unit Loing, Eléonore de Roye, dit le cha-
MAI — 473 — MAI
noine Dormay, dans son Histoire de les infidélités de son mari en hâtèrent
Soissons, estoit d'une humeur altière et les progrès. Cetle vertueuse prineesse
généreuse, mais chaste et sérieuse et mourut, le 23 juill. 1564,dans le châ-
ornée de plusieurs vertus morales.» De teau dé Condé en Brie et fut inhumée
Thou l'appelle une dame d'un courage dans l'église de Muret.
héroïque et d'une sagesse admirable. On conserve à la Bibliothèque na-
Le Laboureur nous la peint comme tionale (Fonds de Béthune,N"8GV8,
«une princesse belle, riche et très -8703, 8705, 8769) quelques Lettres
vertueuse,mais aussi très-obstinée.hu- de la princesse de Condé adressées
guenotle ». L'auteur de l'Histoire de pour la plupart au prince Porcien,son
France sous François II, a donc pu, neveu,etrelalives presque toutes à des
sans flatterie,la qualifier de « perle des affaires de famille.
princesses de notre temps». JMAIBEBOURG (THÉODORE), sieur
En apprenant l'arrestation de son de Plairville, cousin du fameux jésuite
époux aux Etats d'Orléans, Eléonore Maimbourg, embrassa la religion proles-
de Roye partit en hâte pour la Cour, tante, en 4 659, et publia les motifs de
dans l'espoir de parvenir par ses prières sa conversion dans une lettre adressée
à détourner le danger qui le menaçait. à son frère aîné,à ce que Bayle affirme.
Catherine de Médicis fécouta à peine. L'année suivante, il épousa Anne Syl-
Le jeune François II la repoussa dure- vestre, qui lui donna un fils, nommé
ment. «Patientant en extrême angoisse THÉODORE, baptisé dans le temple de
d'espritet merveilleuse affliction»,elle Charenton, Je 15 août 1660. Quelque
présenta alors une requête tendant à temps après, Maimbourg se retira en
ce qu'on accordât au moins des défen- GuiennechezM.de^oj^y.C'estlàque,
seurs à Condé. Cette demande ne put sous le pseudonyme de La Ruelle, il
lui être refusée; mais son époux n'en composa s&Réponsesommaire OM livre
aurait pas moins péri, sans la mort de de M- le cardinal de Richelieu inti-
François II. tulé : Traité pour convertir, etc., qu'il
EnpartantdeMeauxpouraller se sai- dédia à M"* de Turenne et qu'il en-
sir d'Orléans, Condé envoya sa femme, voya à Samuel Des Marets, qui la fit
alors enceinte, sous la protection de imp., en y joignant une Préface, Gro-
quelques soldais,à Muret où elle devait niug., 1664, in-4". Il semblait donc
faire ses couches. Arrivéeprès de Lisy- avoir définitivement rompu avecl'Eglise
sur-Ourcq, elle rencontra une proces- romaine; cependant,etl'on nenous ap-
sion qui assaillit son escorte à coups prend pas pour quelles raisons,il se refit
de pierres.Sa frayeur fut si grande que, catholique, ce qui ne l'empêcha pas,
prise subitement des douleurs de l'en- dit-on, d'écrire contre l'Exposition de
fantement, elle put à peine atteindre Bossuet. Sa femme ne suivit pas son
Gandelu où elle mit au monde deux ju- exemple, puisqu'étant morte en 4 681,
meaux. Elle se fit ensuite conduire à à l'âge de 50 ans, elle fut enterrée dans
Muret, et,à peine relevée de ses cou- le cimetière des SS.VkTes(Etatcivil de
ches, elle alla rejoindre Condé à Or- Paris, Reg.9 3 .).Resté veuf,Maimbourg
léans, avec son fils aîné, tandis que sa rentra dans la communion protestante,
mèrefuyait à Strasbourg avec ses autres etpour sesoustraire aux peines portées
entants.Après la bataille de Dreux,elle par les édits et les déClarations,ilpassa
eut avec la reine-mère une conférence en Angleterre,où il composa son Exa-
à Saint-Memin, où eurent lieu les. pre- men du premier traité de contro-
mierspourparlersrelatifsklapaJxd'Am- verse du P. Louis Maimbourg inti-
boise. Déjà les fatigues, les chagrins, tulé : Méthode pacifique, etc., Colo-
les inquiétudes avaient déposé dans gne [Rott.], P. Marteau,1683, in-12.
son sein le germe de, la maladie qui «J'ai ouï dire, lit-on dans Bayle, que
devait la conduire au tombeau ; mais c'était un homme de bonne mine, et
MAI 174 — MAI

qui avait de l'esprit et assez de science delibus V. S. satis cognitâ ac per-
du monde.» Il est vraisemblable que spectâ, 1779.
ce furent ces qualités, plutôt que ses -
XI. In locum Paulinnm Epistolee
ouvrages, qui engagèrent Charles H à ad Philip. IV, 13. 4 779.
le choisir pour précepteur d'un de ses MAITTAIRtS (MICHEL), (1) savant
enfants naturels. Maimbourg mourut, bibliographe elphilpl6gue,néenFrance,
en 4 693, dans les sentiments des So^ en 1668, et mort à Londres, le 7 août
ciniens. 4 74-7, professeur .à l'Ecole de West-
MAISON (JEAN-GEORGE),né àNeu- minster. La vie de Mailtaire fut comme
stadt-an-der Aisch, le 24 mai 4730, celle de la plupart des hommes slu -
n'eut pas d'autre- instituteur que son dieux: heureuse et bien remplie, si l'on
père jusqu'à l'âge.de 19,ans. Reslé or- considère l'importance de ses travaux;
phelin, il entra dans le gymnase de sa vide et ingrate, si l'on en juge par la
ville natale, qu'il quitta, l'année sui- variété des événements. Ses livres fu-
vante, pour aller suivre les cours de rent toujours sa principale affaire et son
théologie à l'université d'Erlangen. Il plus doux délassement. Ses "parents
termina ses éludes à celle de Halle, où ayant réussi à passer en Angleterre,il
il se rendit en 4 7p2.Instituteur dans la acheva à l'Ecole de Westminster les.
maison des Orphelins deBayreulh, en études qu'il avaifeommencées enFràn-
4758, co-recteur au lycée de Culm- ce. Ses succès furent brillants. Nos
baçh, en 1763, il renonça sur la finde malheureux exilés éprouvaient le be-
ses jours à l'enseignement et devint soin de relever,3uxyeuxdel'étranger,
pasleur àDottenheim,où il mourut, le l'honneur de la nation compromis par
28janv. 1784, On a de lui quelques notre gouvernement. En 1695, il était
programmes, publiés tous pendant son
rectoral et imp. à Culmbach in-4°. (1) Selon M. Renonard, son nom étaitMet-
I. De solemnibus romanes genlis in tat/er, qu'il changea lorsqu'il quilta la
celebrandis natalibus suis diebus, France. « Il étail, dit-il, natif de Normandie,
et peut-être de la famille des Mettayer dont
4 770. plusieurs furent libraires et imprimeurs a
II. Explicatio whasm Psalmi se- Paris. » Il se rattache vraisemblablement a
çundi, 4771. la famille des liaitliier ou Mestnyer, famille
d'artistes dont il est fait mention dans les
\\l.Super dicto Christi,Matt.XVI, Ftegist. de l'état civil tenus par les Protes-
4 8, 1772. tants de Paris. Nous connaissons par ces re-
IV. Refutatiopreejudiciorum varii gistres buitdés enfants que Honoré Maillaïer,
sculpteur et peintre, eut de son mariage avec
generis, quibns multiin pietatis slu- Anne Nouret : 1° CATHERINE, née en 1629,
clium capti illud impugnant, 1773. mariée, en 1648, avec Simon Pierretz, archi-
V. DemiracuUs, 1774. tecte;— 2° MATHUMN, né en 1630; —3» PAUL,
VI. Ueber die dreyfache Mey- baptisé le Sjuiil 163S;—4° SIMON, baptisé le
3 juin 1640;—5» JUMTH, mariée, en mai 1653,
nung der Gelehrten in Absicht avec Abraham Pierretz, peintre, fils de feu
der Stellung, Ordnung und Bewe- Guillaume Pierretz, menuisier, et de Jeanne
Legendre; — 6° MARIE, mariée, en juin 1659,
gung Welthorper gegen einander, avec Artlius David, sculpteur d'origine an-
4775. glaise;— 7» DANIEL, sculpteur et peintre,
VII. De argumenta absoluii bene-- né le 11 jany. 1632, marié, en 1661, avec
placiti Dei in negotio salutis hu- Jeanne Breleau, el en secondes noces, en août
1670,avec Susanneliauduroy,dont il eut JEAN-
mants, è loco ad Rom.IX, 18, temere DANIEL, baptisé le 9 juin 1675, et Louis, né
pelito^TlG. ' le 14 août 1677; -8» AERAHAji,peintre, bap-
VIII. Allusion aufdie Worte Ces- tisé leSnov. 4645 et marié, en 1668, avec Su-
sai-'s : Transivimus Rubiconem, bey sanne Sardet, qui le rendit père de sept en-
fants ; JACQUES, baptisé le 25 août 1669; ABRA-
Gelegenheit der demOcean passirten HAM, baptisé le 1" janv-1671; SUSA.KKE,née en
teutschen Truppen, 4777, 1672;ETiENNE,présenléaubaptême lelbjanv.
IX. De innocuo moriis, 1778. 1673, par le peintre Etienne Henoisl ; JUDITH,
bapl. le 11 nov. 1674 ; Louis, bapt. le 10 mai
X. Deimmortalitate aniniornmft- 1676, et PIERRE, né le 21 déc, 1079.
MAI
sous-maître dans cette école. L'année
- 475 — MAI
miné par l'indispensable Catalogue,
siiivânte.ilfut reçu maitre-ès-arts à Pu-- qui se compose d'une double nomen-
niversité d'Oxford.La grande réputation clature, etc.» Il n'y a pas à s'étonner
que Maittaire acquit bientôt par ses tra- que la liste donnée par Maittaire des
vaux, lui fit .obtenir une grâce qui était publications des Eslienne ait été in-
rarement accordée ; on lui permit de complète. C'était un de ces ouvrages
venir à Paris, probablement pour y faire de patience et de recherches qui ne
des recherches. Nos savants l'accueilli- s'achèvent 'qu'avec le temps. Ceux
rent comme un frère qu'on a retrouvé. qui jettent les premiers fondements
Maillaire en fut vivement touché.«Long- d'une entreprise, n'en ont pas moins le
temps après son retour à Londres, dit principal mérite, bien que l'honneur
M.Weiss, il ne parlait de sa patrie qu'a- soit le plus souvent attribué à celui qui
vec attendrissement.» Notre bibliogra- pose le faîte. Les neuf cents indica-
phe méritait du reste cet accueil, non- tions de Maillaire ont été portées par
seulement par son grand savoir, mais M. Renouard à environ seize cents.
aussi par son caractère. Son obligeance III. An essay agalnst arianism
lui avait gagné une foule d'amis ; il était and some other hérésies ; or a reply
en correspondance avec les plus illus- toMr. W. Whiston's hisiorical pré-
tres savants de l'Europe, et, ce qui est face and appendix to his Primitive
une qualité d'autant plus précieuse Chrislianity revived, Lond,, 1711,
qu'elle se rencontre plus rarement, sa in-8», 47 et 86 pp.
modestie égalait son savoir. Il accep- IV. Remarks on Mr. Whiston's
tait avec une grande candeur toutes les Account of the Convocation's pro-
observations que l'on voulait bien lui ceedings witli relation to himself,
faire, et ne s'obstinait jamais dans son Lond., 1711, in-8".
erreur. Il a publié : V. The english grammar, applied
I. Grâces lingues dialecti, Lond., to and exemplified in the english
4706, 4742,in-8°; édil.rev. etaugni. tongue,L<mA., 1712, in-8°,
par J.-F. Reilz, La Haye, 1738,in-8°; VI. Opéra et fragmenta veterum
hôuv. édit. par les soins de F.G.Sturz, poetarum latinorum, tam profano-
Leips., 4807, in-8'. rum qnam ecclesiasticorum, Lond.,
IL Stephanorum historia, vitas 4 713, 2 vol. in-fol.;édit. ficlive.avec
ipsorumaclibroscomplectens,Lcmâ., un autre frontispice, La Haye, Isaac
Benjamin Molle, 1709,2 lom.enl vol. Vaillant, 1724.—Collection très-esli-
in-8", pp. ix-564. Catalogues à la fin, mée pour sa belle exécution typogra-
nouvelle pagin. pp. 4 33. — Ouvrage phique!
plein de recherches intéressantes qui VII. Historia typographorum ali-
fit oublier l'ouvrage d'Almeloveen sur quot parisiensium, vitas et libros
la même matière, et que l'ouvrage de complectens, Lond., 1717, 2 tom. en
M. Renouard (Annales de l'imprimerie 4 vol. in-8"; dédié au duc d'Orléans,
des Eslienne.) fera oublier à son tour. régent du royaume. — On ytrouv'e les
«Michel Maittaire, venu après le savant vies de Simon de Colines, Michel Vas-
hollandois, dit M. Renouard, et plus cosan, Guill. Morel, Adrien Turnèbe,
rompu aux élucubrations bibliographi- Fédéric.Morel et Jean Bienné.
ques, a opéré avec plus de netteté et VIII. A nnales typographiciab artis
d'ensemble; mais, entraîné par le désir inventée origine ad ann. 1537 (cum
de ne rien omettre, il s'est laissé aller appendice adannA 664),Hagae-Com.,
à une diffusion qui doit avoir restreint le Amst. et Lond., 1719-41, 5 lom. en
nombre de ses lecteurs. Son volume 9 vol. jn-4°.—'Le tomel (La Haye,
corroboré, remplidenotes.de citations, Isaac Vaillant, 474 9) contient le cata-
renvois, tesiimonia, enfin, de tout logue des livres impr.de 4 487 à 4 500,
l'attirail d'une doele érudition, est ter- précédé d'une savante dissertation De
MAI 476 MAI
— —
antiquis'Quintiliani editionibus. — Le notes curieuses qui remplissent plus de
tome II (La Haye, chez les frères Vail- la moilié de son savant ouvrage.
lant, 4 722), divisé en2 parties,contient IX. Miscellaneagrescornm aliquot _

la suite du catalogue, de 4 501 à 1536. scriptorum carmina, cum versione


latinâetnotisvariorum,L,ox\A.,M%%,
— Le tome III (Ibid., 1725), égalera.' in-4", pp. xvi-4 87 (1). — On trouve
divisé en 2~parties, conduit ce catalo-
gue jusqu'en 4557 et renferme, en dans ce recueil les poésies qui portent
outre, l'Appendice, qui va jusqu'à lenom de Meîcure-Trismégiste, les ora-
l'an 4 664.—Le tome IV (Amst., 17"33) cles des Mages, depuis Zoroastre, un
en 2 parties, contient les nouvelles hymne à Hygie par Ariphron de Si-
recherches de l'auteur sur les édit. cyone, les hymnes de Proclus, ceux
du xv* siècle, et forme un Supplé- d'Arislole à la Vertu, ceux d'Homère
ment au T. I ; mais l'éditeur, à l'insu à Apollon, etc. Les traductions sont
de l'auteur, l'a intitulé Tome I, en le de Fédéric Morel, Scaliger, Casaubon,
donnant comme une nouv. édit. revue de Ba'i'f, Saumaise, Grolius.
et augm.; fraude de librairie. — Le X.Marmora Oxoniensia, ex Arun-
tome V (Lond., 4741). en 2 parties, dellianis, Seldenianis, aliisqne con-
renferme les tables générales et de flata, cum commentants et explica-
nouv. additions. Dans une lettre latine tionibus Hnmphridi Prideaux, gr. et
adressée à Des Maizeaux, et insérée lat., Lond., 1732, pet. in-fol., figg.
dans les Nouv.de la Républ.des lettres, — Edition rare, supérieure à celle de
août 1733, l'auteur explique, l'ordre Prideaux, et qui est encore recherchée
qu'il a suivi en dressant ces tables. — depuis celle de Chandler, parce qu'elle
«Il est presque incroyable, dit M. Weiss, contient différentes remarques omises
dans la Biogr.univ.,qu'un homme seul par ce dernier.
soit venu à bout d'exécuter un travail XL Appendix ad Marmara Acad.
aussi étendu, et qui suppose tant de Oxoniensis, sive gresces trium mar-
recherches, de critique et de patience. morum recens repertorum inscrip-
L'ouvrage de Maittaire, sans doutebien tiones, cum latinâ versione et notis,
imparfait,est cependant encore le meil- Lond., 4733.
leur que nous ayons. Mercier de St.- XII. Antiques inscriptiones duoe,
Léger, excellent juge en pareille ma- Lond., 4 736, in-fol.
tière, dit que ce n'est qu'en le perfec- XIII., Carmen epicininm angus-
tionnant et l'améliorant! qu'on peut es- tiss. Rnssorum imperatrici sacrum,
pérer d'avoir enfin une bonne histoire Lond., 1739.
de l'imprimerie.» Plusieurs bibliogr., XIV. 'Senilia sive poetica aliquot
telsqueLaMonnoye,PrasperMarchand, in argumentis varii generis tenta-
.

Mercier.Rive, Laire, etc., se sont atta- mina, Lond., 4742, in-4\— Selon
chés à relever les erreurs inévitables Brunet, recueil rare et recherché.
dans lesquelles est tombé l'auteur des On trouve de Maittaire dans le T. II
Annales. On trouve dans le T. VII de ,dè l'Hist. litt. de l'Europe, Epistola
la Bibl. britannique (p. 1 56-4 63) une de maledicentlâ P. Burmanni, lettre
.longue lettre de Maittaire en réponse adressée à Capperonnier, Il se dispo-
aux observations de Bernard de La sait à publier, en 1697, un Catalogue
Monnoye. Un Supplément aux Annales des mss. de l'église de Westminster,
a été publié à Vienne par Denis, 1789, lorsque son manuscrit fut détruit par
2 vol. in-4°. Quant aux Annales dePan- un accident. Quelques biographes lui
zer qui ne vont'quejusqu'en 4 536, elles attribuent à tort le Catalogue de la Bibl.
ne sauraient remplacer celles de Mait-
taire, car l'auteur,tout en profitant du. (1) Dans la liste des souscripteurs (lous
travail du bibliographe français, n'a anglais) a cet ouvrage, on trouve les noms
point fait usage desdissertations etdes de Pierre Chrestien, Pierre Dunoyer, Tbomas
Pellct, probablement issus de Réfugiés.
MAI
-
Harléienne (Lond., 4743-5, 5 vol. in-
477 — MAI
tre pasteur était-il de la môme famille,
8°); dont il a composé l'Epître dédi- ou bien d'un autre du même nom, qui
catoire. La collection d'auteurs grecs habitait Nismes et à laquelle apparte-
et latins qu'il publia chez Tonson et nait Louis Maizonnet, marchand qui
Watts, in-4 2, est très-estimée, non- fut reçu bourgeoisàGenève, le 17 fév.
seulement pour la correction des tex- 4 705?
tes, mais aussi pour les excellents in- MAJAL (MATTHIEU),pasteur du dé-
dex qu'il y a joints. Voici la liste des sert , surnommé DÉSUBAS du lieu où il
ouvrages qu'elle contient dans l'ordre était né, en 1720, exécuté à Montpel-
de leur publication : Sallusle, Térence, lier, le-4» fév. 4746.
Lucrèce, Phèdre, Paterculus, Justin, - Bien fait de sapersonne, d'une phy-
en 4713; Nouv. Testament grec, en sionomie douce et prévenante, doué
4744; Catulle, Tibulle et Properce, d'un grand mérite et d'un coeur intré-
Horace, Virgile, Ovide, Cornélius Ne- pide, ce jeune ministre.qui avait d'ail-
pos, Florus, eu 4 74 5 ; JuvénaLQuinte- leurs rendu des services réels auxé-
Curce, César, Martial, en 4746; Lu-, glises sous la croix, était adoré des
cain, en 4 749; Piaule, la Batracho- Pro testants du Vivarais.Comme ses col-
myomaehie,en 4 721 ; Tile-Live, Pline lègues, il professait un profond respect
le Jeune, en 1722; Homère,en 1723; pour l'autorité royale; il venait encore,
Anacréon, en 4725, réimp. en 4 744 ; en 1744, d'adresser à La Devèze, avec
Sophocle, en 4727; Plutarque, Apo- cinq autres pasteurs du AèsdTl,Peirot,
phtegmes des rois et des princes, gr. Coste, Viola, Loire et Migault, une
et lat.,avec notes, en 4741,iri-4'.En- lettre pour repousserles calomniesdont
fin on doit encore à Maittaire la publi- on les chargeait et protester de leur fi-
cation, en 1726, in-4", d'un Commen- délité (Arch. gén. TT. 337); mais ni
taire lai. du médecin Pierre Petit sur Louis XV ni ses ministres ne voulaient
les trois premiers livres d'Arétée de croire àla sincérité d'hommesqui,pour
Cappadoce, commentaire trouvé parmi servir Dieu, osaient braver les édits et
les papiers de Grsevius. déclarations. Le gouvernement s'ob-
MAIZOKRET (JEAN-LOUIS), pas- stinait donc à ne voir dans les assem-
teur de l'église -wallonne de Délit, a blées du désert que des actes flagrants
publié: de révolte; cependant,comme la guerre
I. La théologie de l'E. S. ou la que l'on avait à soutenir ne lui per-
science du salut, comprise clans une mettait pas de disposer de troupes as-
ample collection de passages du V.et sez nombreuses pour les réprimer, il
duN. T..La Haye, 1752, 2vol. in-8". prenait le parti « de temporiser et de
II. Histoire dupeuple d'Israël de<- dissimuler» (Arch. gén. E. 3505);il
puis la création du monde jusqu'au recommandait même la circonspection
retour de la captivité de Babylone, à ses intendants,et les exhortait «à con-
tirée de l'E. S.,Dord. et Rott.,4778- tenir le zèle dangereux des ecclésias-
79,5 vol. in-8°. tiques, des consuls et des anciens ca-
Parmi les députés des églises au Sy- tholiques» (Ibid.). Mais quand la vic-
node national deLoudun, en 4 660, fi- toire de Fontenoy remportée par un
gure un Jacob Maisonnais ou Meyzo- général protestant,, les succès obtenus
nls, avocat au parlementdeBordeaux, par les Français en Italie, ceux du
qui y représenta la Basse-Guienne et prince Edouard en Ecosse, sans parler
qui fut employécomme médiateur dans des triomphes du grand Frédéric en
les affaires A'Arbussi et de Brugères. Allemagne,eurent assuré la supériori-
A la révocation de l'édit de Nantes, il té des armes de la France il craignit
,
se convertit avec sa femme, Marie moins une insurrection, et le moment
#?w,etsestraisenfants,MAiuE,PiEn.RE, lui sembla venu de frapper un coup qui
et ELISABETH (Arch. gên. M.673).No- rabattît, comme on disait en Cour,
T. Vil, 42
MAJ 478 — MAJ
l'insolence des nouveaux convertis. rent terminé leurs préparatifs de dé-
Le 4 déc. 1745, Saint-Florentin è- fense, ils leur déclarèrent que leur de-
crività La Devèze:,«Les amendes frap- mande ne serait point accordée. Irrités
pées sur les arrondissemensprotestants de cette mauvaise foi, les amis de Dé-
ne suffisent pas pour les contenir. subas s'avancèrent vers, le bourg avec
Rien- ne peut faire plus d'impression des vociférations menaçantes ; mais ils
que le supplice d'un prédicant, él il est furent reçus à coups de fusil. Trente-
fort à désirerque vous réussissiez dans six restèrent morts sur la place, entre
les vues que vous avez pour en faire autres Guillaume Boyer, Claude, et
arrêter quelqu'un.» La Devèze mit donc Daniel Vemat,])ère et fils, Marchon,
ses espions et ses soldats en Campa- Simon Bernard, Jean-Pierre Clos,
gne, et dans la nuit du 11 au 4 2 déc, Boissi de Rias, Pierre Brian, J.-J.
Désubas fut arrêté dans le hameau du Braveis, J. Laprâ, J.-P. Lévrier, J.
Mazel près de Saint-Agrève par les Lévrier, Ponce, Jean Garai, J. Bon-
soins de Châleauneuf. Dès le lende- net, Jacq. Bourette,Isaac-Jean Tra-
main, il fut dirigé sur Vernoux sous col, Jean-Paul Rossillie, Tausson,
une escorte de 30 hommes.En passant beau-frère de Désubas, Foriel, Jacq.
près de Cunac il fut reconnu par Pranos, Gabriel Beriou, P. Valut,
,
Etienne Gourdol, zélé protestant, qui Matt. Poliac, J.-P..- Rissoan, J.-J.
entreprit de le délivrer.A la tête d'une Riou, Claudine Teron, Plus de 20.0
vingtainede paysans qu'il rassembla en furent blessés, dont la plupart mouru-
toute hâte, il courut après le détache- rent par les chemins. Tant de sang
ment , qu'il atteignît dans, le bois de. versé souleva dans tout le pays un Cri
Trousse près de Vernoux et s'appro- d'indignation. De tous côtés on vit ac-
chant de Châleauneuf, il ,lui demanda courir des bandes de montagnards,
avec instances de rendre la liberté au mais armés cetle fois, et disposés à en
ministre. L'officier refusa, elGôurdol tirer une éclatante vengeance.Les pas-
insistant.il ordonna'de faire feu sur cet. teurs etDésùbas lui-même employèrent
attroupement sans armes. Six protes- toute leur Influence pour les calmer.
tants, Gourdol, Matthieu Courtial, Cédant à leurs exhortations et à leurs
Claude Hias, Jacques Julien, Jean- prières, les paysans consentirent enfin à
Pierre Vioujat et un autre dont lenom retourner dans leurs villages'; malheu-
n'est point arrivé jusqu'à nous, furent reusement ils rencontrèrent en roule
tués ; quatre faits prisonniers, et,Dé- une troupe de dragons qui fit feu sur
subas, maltraité, blessé même d'un coup eux et en tua trois, deux frères Pierre
de baïonnette à l'épaule, fut entraîné elMalthieu Courtial, eXPierre Véron.
dans la prison de Vernoux. Trois autres, Pierre Masse, Etienne
Le bruit de cette sanglante exécu- elJedn-Pierre.de Bar furent arrêtés
tion et de la capture de leur ministre et retenus en prison pendant plusieurs
parvint rapidement à deux assemblées mois (4).
-qui précisément se tenaient dans les L'émeute était dissipée; cependant
environs^ Aussitôt, tant était grande on se hâta de conduire Désubas à Tour-
l'affection que l'on portait à Désubas, non, d'où ou le transporta dans la ci-
tout le monde, hommes .femmes, en- tadelle de Montpellier au milieu d'une
fants, se mit en route pour VernoUx formidableescorte d e quatre à cinq cents
dans l'espoir d'obtenir sa délivrance. hommes commandée par La Devèze en
Pris à i'improvisle.les magistrats vou- personne. Quelques jours après, Châ-
lurent gagner du temps, ils couru-
(1) Le 10 juin 174S, c'est-à dire plus de
rent au-devant dé l'attroupement,pro- deux a nsaprésle supplice de Majal, l'intendant
mirent aux Protestants de faire droit Le Nain til encore exécuter il Montpellier
à- leur requête ; puis, quand les habi- Jean Desjours, de Brussac, pour avoir fait
tants catholiques,unis aux soldats, eu- pariiè du rassemblement qui réclama l'e-pis-
teur.
MAJ -, 479 MAJ
teauneuf, le héros de celte glorieuse arrivé au second échelon, on l'y retint
expédition, reçut de Saint-Florentin jusqu'à ce que les livres et les papiers
une lettre pleine d'éloges: J'ai,lui di- trouvés sur lui eussent été brûlés sous
sait le secrétaire d'Etat, rendu compte ses yeux. Prenant alors congé de deux
au roi de votre conduite, et on trouve jésuites qui l'avaient accompagné jus-
que vous avez fait preuve d'autant de qu'au gibet, et repoussant un crucifix
fermeté que de capacité (Arch. gén. E. qu'ils lui présentaient, il les pria de le
3507). laisser mourir eu paix. S'il essaya d'a-
Soit que l'intendant ait éprouvé un dresser la parole au peuple, nul ne put
remords de condamner au gibet un l'entendre, le roulement des tambours
aussi héroïque jeune homme, soit que ayant étouffé sa voix; mais jusqu'à son
les prélats catholiques, assemblés pour dernier soupir, on put lire sur ses traits
la tenue des Etats, aient espéré de le tant de piété, de fermelé, de résigna-
convertir,l'inlerrogatoiredu prisonnier tion et de constance, que, Catholiques
futretardejusqu'àlafindejanvierl746. .
et Protestants, tous les spectateurs en
Désubas s'y comporta avec tant de di- furentérnusjusqu'auxlarmes.Une com-
gnité, de respect et de décence qu'il.at- plainte en 35 couplets, qui fut compo-
tendrit jusqu'à ses juges. Le Nain l'ad- sée sur son martyre par un poète jio-
jura, au nom de Dieu devant qui il allait pulaire inconnu, est restée Comme un
bientôt comparaître, de lui dire si les nionumentlouchanl des sentiments que
Proteslanls n'avaient pas une caisse sa mort excita parmi le peuple.
commune? s'ils n'avaient pas amassé Le lendemain même de l'exécution,
des armes ? s'ils n'étaient pas en cor- Saint-Florentin, étonné du retard,
respondance avec l'Angleterre? « Rien inexplicable pour lui qui connaissait à
de tout cela n'est vrai, répondit-il, les fond Le Nain, que l'intendant du Lan-
ministres ne prêchent que la patience guedoc apportait à rendre la sentence,
et la fidélité au roi. 5 — 0 Je le sais, lui écrivit qu'il attendait avec impalien-
Monsieur, » répliqua l'intendant. Mais cela nouvelle du supplice de Désubas,
celle conviction ne l'empêcha pas de qui devait, selon lui, empêcher d'au-
condamnerlepasteur du désert au der- tres ministres de se hasardera tenir des
nier supplice; il est vrai qu'en pronon^ assemblées(.4rc7t.E.3507).llfui com-
çant la. sentence, il fondit, dit-on, en plètement déçu dans son espoir; aussi,
larmes (1). l'année même,les circonslanees ayant
L'exécution eut lieu, le 1 " février, permis de disposer de plusieurs régi-
sur l'esplanade de Montpellier, en pré- ments, on les envoya dans le Langue-
sence d'une foule immense. Désubas doc, avec ordre à Le Nain de déployer
sortit de prison les jambes nues, vêtu plus de sévérité que jamais contre les
d'un simple caleçon et d'un gilet sans assemblées du désert, l'intenlion de
manches. Sa jeunesse, sa beauté et S. M. étant « de ne point souffrir la re-
surtout la sérénité qui brillait sur son ligion protestantedans ses Etals et d'ef-
visage lui gagnèrent tous les coeurs. facer absolument toute idée de tolé-
La sympathie s'accrut encore lorsqu'on rance (Arch. E. 3307).
le vit se mellre à genoux au pied delà MAJE^DIE (ANDRÉ DE), OU Ma-
polence pour adresser au Dieu de misé- gendie, ministre de l'église réforaiée
ricorde sa dernièreprière avec toute la de Sauveterre.ayantélé chargé de prê-
ferveurde la dévotion. Il monta ensuite cher devant le synode provincial qui se
d'un pas ferme l'échelle fatale, mais tint à Nay , en 1666, osa dire, crime
énorme que les Protestants devaient
1

(1) Acrnsé d'avoir rempli les fonctions de peu s'inquiéter des excommunications
vicaire de Désubas, Louis Betziat condamné du Pape; il se permit même de repro-
a une détention perpétuelle dans le fort de cher à l'Eglise romaine de souffrir dans
Krescou. Son entretien lut fixé a six sous par
Ojr (Ar ch.gén. E. 3507,. son sein des prêtresconcubinaireSjlan-
MAJ 180 MAJ

dis. qu'elfe n'y en âouffraft :pas de interdit à jamais de toute fonction du


mariés.Les moines et les Jésuites, qui ministère.Il prit le parti quetout hom-
-étaient ailés l'écouter, dans les inten- me de coeur eût pris àsaplacè: ilaban-
tions les plus malveillantes,on leçom- donna un pays où les tribunaux eux-
prènd, le dénoncèrent en l'accusant de .- mêmes se faisaient les
serviles et lâ-
s'être livré à des.bouffouneries sur les ches instruments des passions clérica-
mystères de la religion romaine. Ma- les, et alla demander un asile à la Hol-
jendie jouissait d'une estime générale lande. C'est là,, qu'à la sollicitation des
dans la province.Les Catholiques eux- bourgmestres d'Amsterdam , il,entre-
mêmes le respectaient, nous en avons prit une réfutation de Baroniùs qui a
la preuve dans ces lignes d'un écrit été publiée sous ce titre : Anti-Baro-
très violent publié par HilaireMartin, nius Magenalis seu animadversiones
apostat devenu religieux barnabite, in Annales Baronii cum Epitome lu-
contre ses anciens coreligionnaires : cubrationum criticarum Casauboni
«Que s'il s'y en trouve quelqu'un [des in tomiprimi annos XXXIV; quibus
pasteurs du Béarn] qui vomisse contre accesseruntquesdam ad Baronii ani-
moy le fiel et la rage de ses calomnies, madversiones Davidis Blondelli,
j'ay au moins cette consolation et as- Lugd. Bat,, 1675, in-fol.
seurance qu'il ne pourra le faire sans Il est assez vraisemblable qu'André
contredire au jugement public et au Mâjendie descendait de Majendie, pro-
tesmoignage de deux de leurs princi- fesseur d'hébreu au collège d'Ortlïez,' .
paux ministres, les sieurs de Majen- en 1620, où il avait pour collègues
die frères, personnes vrayement (hors Paul Charles et Du Prat. Ce Majen-
leur religion) fort honorables.» Peut- die serait-il le même que Bernard
on croire, comme le fait observer Be- de Majendie, plus tard pasteur à Mas-
noît, qu'un homme de ce caractère eût lacq? Ce qui est certain, c'est que ce
pris l'occasion d'un synode pour faire dernier fut père de JACQUES de Majen-
le mauvais plaisant? N'avons-nous pas die.portésur les listes d'Aymon commo
d'ailleurs cité déjà plusieurs exemples pasteur de La Bastide enl 626 et 1637.
de l'art des moines àdénaturer les ser- A cette dernière date André de Ma-
,
mons des ministres huguenots? Le par- jendiedesservaill'églisedeNavarreins.
lement de Pau néanmoins,par arrêt du G-'est évidemmentdeces deux pasteurs
20 juill., décréta de prise de corps le que l'apostat Martin parle; ils étaient
pasteur de Sauveterre, qui se tint ca- donc frères.Jacques épousa Charlotte
chée pendant quelques semaines, mais de Saint-Léger, dontii eut deux en-
'à la fin, il se constitua prisonnier. Le fants, JEAN, né vers 1665, et ANNE. A
4 9 déc. intervint un arrêt qui le con- la révocation, ces deux jeunes gens es-
damna à être conduit dans la salle sayèrent dé sortir de France, mais ils
d'audience, et à déclarer à genoux,les furent arrêtés et enfermés dans les pri-
fers aux pieds, qu'il était marri et dé- sons d'Ustaritz, d'où ils ne sortirent
plaisant d'avoir avancé dans le prêche qu'après avoir abjuré, en 4 699 (Arch.
par lui fait dans la ville de Nay et écrit gén. M. 673).
dans ses livres remis, au procès (1) les Nous ne savons si Majendie, pasteur
discour> « diffamatoires et sacrilèges» à Orthez eu 1 683, était fils de l'un des
dont il se trouvait convaincu, et qu'il deux frères. C'est lui apparemment qui
en demandait pardon à Dieu, au roi et se réfugia en Angleterre et devint mi-
àlajustice.Majendiefut,en outre,banni nistre de l'église française d'Exeter(t).
-pour six ans du ressort du parlement ej (1) Une brandie protestante resta dans le
Béarn. En 1768, M. de Majendie demanda,
(1) D'après l'arrêt, ces livres étaient inli- avec les autres habitants réformés de Salies,
tulés Défense de l'union et l'Enfant flottant. « d'être admis à l'administration de la fon-
Ili furent supprimés. On n'en connaît.-aucun taine salée » de cette ville; niais Saini--
esempfïire. Florentin rejeta leur demande, « cette ad-
MAJ 181 MAJ

Son fils, JEAN-JACQUES Majendie, doc- curés, portant qu'ils renonçoient à l'hé-
teur en théologie ,' pasteuT de l'église résie et erreurs de Calvin, etqu'iliem-
deMartin's Lane,en 4 733,puis de celle brassoient les cérémonies do l'Eglise
de la Savoye, en 4740, directeur de romaine. La violence du dragon nous
l'hôpital français, en 4752, et chapelain fit tomber en cette lâcheté, comme les
du comle de Granlham a publié : autres, dont nous demandons pardon
,
I. Le but des afflictions, sermon à Dieu. Nous n'avons point assisté au
sur II Cor. V, 9-14,4744, in-8". service. » S'acquittant aussi mal de ses
II. The yoke of thechurchofRome devoirs de catholique, Majou ne pou-
protediobeinsufferable, sermon sur vait manquer d'être dénoncé et puni
Acl. XV, 40, 1745, in-4\ comme un criminel. Il fut, en effe%
ïll.The double deliverance,seimo'a jeté à la Bastille, d'où il finit pourtant
sur Ps. CXX1V, 6-7, 1755, in-4°. par sortir, le 4 9 nov. 1690, après une
Il laissa un fils, HENRI-WILLIAM, détention de dix-huit mois, les conver-
docteur enlhéologieetévêquedeBan- tisseurs s'apercevant qu'ils ne ga-
gor, le même vraisemblablement que gnaient rien sur lui ni par promesses
Majendie, évoque de Chester, qui fut ni par menaces. 11 mourut en 4700.
choisi pour enseigner la langue fran- De son mariage, célébré en 1661, avec
çaise à la princesse Charlotte, au rap- Marguerite Desmê, fille de Jacques
port de M. Burn. Selon Walt, l'évêque Desmé, sieur de La Bouchelière, et de
de Bangor a publié : Philippe Brancheu, naquirent neuf
I. A sermon on the anniversary of enfants : 4 ° PHILIPPE, femme de Fran-
the sons of the olergy in S. Paul's, çois de La Douespe, sieur de La Val-
4S00, in-4'. Jinière, avec qui elle se réfugia à Balk
II. A sermon before the lords,spi- en Frise, laissant en France sa fille aî-
ritual and temporal, at Westmins- née Charlotte, qui fut enlevée à ses
ter Abbey, on the thanhsgiving for parents, élevée à la Propagation de Lu-
thepace, 1802, in-4'. çon, et mariée à un catholique (1); —
III. A charge to the clergy of the 2* SAMUEL, mort à Zell en Allemagne ;
diocèse of Westminster sans autre 30MABGUEIUTE, femme en 1696, de
indication. , *- de La Douespe, sieur de La Jan-
Jean
Les descendants de cette famille donnière, son cousin-germain; — 4*
existentencore en Angleterre .En 18 4 5, JEAN, sieur de Lousigny; — 5° FBAN-
Ashhurst Majendie fut choisi pour un ÇOISÉ, femme de Pierre-AugusteRous-
des directeurs de l'hôpital français. seau, siêur de La Bousle; — 6° CATHE-
SIÂJÛTJ (SAMUEL), fils de Daniel BINE, épouse de César-Etienne
Robert,
Majou,sieur de La Proutière,et de Mar- sieur de La Baffrie ; — 7" LOUISE, ma-
guerite Branchtu, fut du nombre de riée à Paul Marchegay, sieur des
ces milliers de Huguenots qui, après Thuilleries.àqui elle donna deux filles,
avoir' succombé sous la première ter- qui furent enfermées, en 4 726, à l'U-
reur des dragonnades, se relevèrent de nion chrétienne de Luçon (Arch. gén.
leur chute plus fermes dans leur foi el E.. 3412). Deux ans plus tajd, elle y
plus intrépides que jamais. Dans son fut envoyée à son- tour paf une lettre
testament, daté du 12 janv. 1696, que de cachet, et son fils fut mis aux Jé~
M. P»ul Marchegay a publié en 1854, suites de Luçon (Ibid. E. 344 4); —
à Angers, il raconte ainsi cet acte de 8° DANIEL, sieur de La Maupetitière,
faiblesse:.* [Notre roi] envoya des ré- quiprit pour îewmeMarguerit'e-Desmé
giments de dragons exercer des cruau- et en eut un fils,mis, en 1736, par or-
tés incroyables sur ceux qui ne voulu- dre du roi, au collège de Puygareau
rent pas donner des actes devant les (Ibid. E. 3422), et des filles* enfer-
ministration emportant des fonctions publi- (1) Elle fut l'aïeule du ee$br* généfl»!
ques» (Arch, gén. E. 3529), vendéen de Bonehajnps-,
MAL 182 MAL
— —
niées, dès 4725, à l'Union chrétienne tra au service de la duchesse de Zell.il
de Luçon (Ibid. E. 3411 ) ; — 9° FRAN- passa plus tard en Russie, où il mou-
sieur de La Courtière, marié à rut capitaine d'infanterie dans les trou-
ÇOIS,
Marie-AnneBouquet. pes du czar.
Samuel ïiajou avait un frère, nom- le second fils d'Etienne Malabiou,
mé René, qui passa 3afns les pays é- Pie,rre,fut capitaine au régiment d'Au-
trangers,- ainsi que Jérémie Majou, tergne.Le troisième, Etienne,à qui l'ou
pasteur à Ciré, qui avait fait ses éludes doit la belle digue du bassin de Saint-
l'académie de Genève, où il avait été Ferréol qui alimente le canal déTouiou-
' a
immatriculé en 1672,et qui fut appelé se, épousa Marie de La Blaquière;ilen
à desservir la Chapelle royale de S. Ja- eut sept enfants, ETIENNE, FLORENT,
mes, en 4721. PAUL, ISAAC, ABRAHAM-LOUIS, JEAN et
MALAîilOU (ETIENNE), ou Mail^. JEANNE, qui tous professèrent la re-
labiôù, porta les armes pouf la cause, ligion romaine et ne nous intéressent
protestante dès la première guerre ci- plus.
HALAVAL (JEAN), chirurgien, né
-
vile. Il habitait Puy-Laurens. Son fils
PIERRE,qui suivilégalement la carrière àLezan, dans le Bâs-LanguedoC, |e2
militaire,eut de son mariage avec Su- mars 1669, et mort à Paris, où il exer-
sanne d'Escande trois fils: 1„ETIENNE, ça son art avec quelque réputation, le
qui suit;— 2° PIERRE, dont les des- 46juill.l758. Sa conversion au catho-
cendants existent encore à Puy-Lau- licisme fit une bonne partie de sa for-
rens; — 3é JEAN, qui commanda les tune. Nommé vice-président de l'Aca-
enfants perdus à la journée de Castel- démie de chirurgie dès sa fondation,
naûdary où il fut bleséé et prispar les en 1734, puis en 4741 directeur, il
troupes royales. Il se maria à Beziers enrichit les mémoires de cette société
et ne laissa qu'une fille. de quelques bonnes Observations. Il
Ètiennêpôrtad'abordles armes,mais excellait, d'après M. Bégin, dans l'exé-
plus tard, quittant l'épée pour la robe, cution desopéralionsquiforment ledo-
il devint conseiller et substitut du maine de la petite chirurgie. « Le doc-
.

procureur général à la Chambre de l'é- leur Hecquet, dit M. Vincens-S.-Lau^


dit de Castres. Il épousa à Beziers An- renf, faisailaussi grand cas des lumières
toinette cle Geusan, qui le renditpère et de l'habileté de Malaval,et n'eslimait
de trois fils, nommés TOBIE, PIERRE et pas moins son caractère ; il ne lui trou-
ETIENNE, ainsi que de plusieurs filles. vait d'autre défaut que d'être protes-
Tobie,conseiller à la Chambre del'édit, tant; mais ce médecin janséniste mil à
prit pour femme Marthe de Montels en guérir son ami un zèle qui fut enfin
[Montoils?], dont il eut : ^ETIENNE, couronné de succès. » Les deux amis
sieur-de Belvèze, avocat à Castres, à eurent à peu près une fin pareille, l'un
qui sa femme, Marie de Fos, donna entra aux Carmélites, et l'aulre tomba
deux fils : ETIENNE, lieutenant au régi- de bonne heure en enfance.
ment de Pons, et TOBIE-PAUL, sous- MALFSCOT (ETIENNE), juriscon-
lieutenant au régiment de Vermandois, sulte du xvie siècle, ne nous est connu
et trois filles,dont l'aînée availsixans que par ses ouvrages. On a de lui :
en 1698.Comme il ne les envoyait pas l.Diallacticon.c'est-à-direRécofc
aux instructions religieuses du curé de ciliatoire touchant l'eucharistie ,
sa paroisse, on l'accabla d'amendes et translaté de latin en françois par
de garnisaires (Arch. gén. M. 673) ; un avocat d'Auxerre et reveu par
-rr 2° DAVID, lieutenant au régiment Eslienne Malescot,H$G6, in-8".
des fusiliers,lue à l'assaut deGironne; II. Tractatus de nuptiis, Basil.,
— 3b JACQUEs,lieulenantdans le régi- 1572; Colon., 4 590,in-80.
ment de Miremont, qui, à la révoca- III. Lamorolo'gie des Jésuites,mo-
tion, se réfugia en Allemagne,où il en- rologie det; faux prophètes etman-
MAL MAL
— 183
ticores jésuites, ou Description de tïllerie betreffend fur Officiers von
plusieurs hérésies, erreurs, etc. mi- allen Waffen, mit Anmerk., Dresd.,
ses naguère en avant contre M. Est. 4 783, in-S".
deMalescot, Caen, 1593, in-12. III. Des Ritters von UrtubiHand-

Publié sous l'anagramme de Jessen, buch fur Artilleristen, trad. dufranc,
comte de Malle, qui, selon Barbier, dé- Strasb., 4 788, in-8'.
signe notre jurisconsulte. IV. Die Rankt, oder List uber
Nous ne savons si quelque lien de List, trad.du franc.,Freiberg,4 790,8'.
parenté unissait Etienne de Malescot V. Grundsatze der neuen Infante-
à M. de Malescot, premier ministre rietaktifi der geiibtesten Truppen
de l'église de Montaigu dans le Per- gegenwârtiger Zeit, trad. du franc.,
che. Soupçonné de nourrir des opi- Meissén, 4 791,in-8s.
nions hétérodoxes, ce pasteur fut dé- La famille Malherbe, dont descen-
noncé au Synode national de Sainte- dait Isaac-Henri, était, à ce que nous
Foy, qui ordonna à la province du Poi- croyons, originaire de Loudun, Elle
tou de s'informer auprès des pasteurs montra en tout lemps un grand zèle
de l'Isle-de-France dé sa Conduite, de pour la religion prolestante. Del 594 à
ses écrits et de sa manière de prêcher. 4 598, nous trouvons, dans une liste
Ëst-il le même que le pasteur de Bela- des membres de l'église de Loudun,
.
hre qui se réfugia à La Rochelle à la qui contribuaient par leurs dons à l'en-
Saint-Barthélémy (Voy. II, p. 193)? tretien du pasteur Claude Soumain,
MALHERBE (ISAAC-HENRI) fils sieur de CLAIRVILLE, le nom de Pierre
A'IsaacMolherbe-de-LaBretonniire, ,
Malherbe, sieur de Courson, à côté de
naquit à Leipzig, en 1750. Son père ceux de Pierre Adam, conseiller du
lui fit donner sous ses yeux la meil- roi, Charles Ferron, sieur du Goulu,
leure éducation, el à l'âge de quatorze François Le Proust, sieurdiiRonday,
ans, il l'envoya suivre les cours des René Huguet, Jean Le Pelletier, Hu-
Universités de Leipzig et de Halle. Sa gues Çhesnon, Matthieu Gaultier,
religion lui interdisant tout espoir d'ob- Pierre Rou, procureur, René-Chau-
tenir une place en Saxe, où le luthéra- vet, FrançoisNepveu, François Cail-
nisme voulait, comme le catholicisme lin, Guillaume Légier, Jean Dechaux,
ailleurs, régner sans partage, le jeune Pierre Morin, Guill. Rousseau, Si-
Malherbe embrassa l'état militaire, et méon Marchand, Benjamin Meme-
entra, en 1769, dans l'artillerie. Ad- teau, CharlesAudinet, Macé Martin,
mis, en 1770, à l'Ecole d'artillerie de tous anciens de l'église. Un siècle et
Dresde, il en sortit, au bout de quatre demi plus tard, en 4 740, à la demande
ans, pour prendre rang dans l'armée. du curé de Loudun, Modeste-Made-
Il s'éleva lentement jusqu'au grade de laine Malherbe, dont un frère el deux
capitaine qu'il n'obtint qu'en 4 803. Le soeurs s'étaient réfugiés en Prusse, fut.
13 mars 1804, l'Académie militaire de enlevée à ses parents, et enfermée 4
Stockholm lui donna le diplôme de l'Union chrétienne (4). Elle n'en sortit
membre correspondant. Il mourut, en sans douté que convertie, mais elle
1807, à Stehrwage près de Graudeuz. n'en mourut pas moins protestante à
On a dé lui: Paris, en 4792, à l'âge de 80 ans. Ala
I. Des Ritters Papacino d'Antoni. même branche de la famille Malherbe
Abhandlung Uber den Artillerie-
dienst im Kriege : nebst M. RozOrd (1) A la requête du même curé, les deux
'•

Anmerhungenund Zusdtzen, trad. de fils deplacés Du Moutier, marchand de soieries, fu-


rent chez lés Jésuites de Poitiers, ainsi
l'italien et du franc., Dresd., 1782, que le fils de Monlaull-Chauviniére,âgé de,
in-8*. 12 ans, el celui de Liège. La fille de ce der-
H. Des Ritters Du Teil nolhiger nier fut mise à l'Union chrétienne. Au dire
du curé, il y avait alors Ë0 familles dt reli-
UnterricMden Gebrauch derFeldar- ïionnairet à Loudun ( Arch. gén, M. 667.)
MAL 184 MAL
— —
appartenait René Malherbe, qui fit ses bourg, chaire fondée pour lui, et qu'il
études à Saumur, où il soutint, sous la occupa jusqu'en 1688.
présidence A'Amyraut, une thèse De BiALLEï(BLAisE), natif deCaen,mi-
auctoritate Scriptures. sacrée, ins. nistreàMilhau, en 1560. La Réforme
dans les Thèses salmurienses. avait été prêchée dans cette dernière
Une autre branche s'était établie à ville, dès 155ï ,par lé cordelier
Mardi
Paris, où.Calixte Malherbe, procureur qui fut exécuté à Toulouse comme hé-
1560 seu-
au parlement, mourut en 1648, à l'âge relique ; cependant ce futen
de 74 ans, ayant eu de son mariage lement que les sectateurs desopinions
Marie Perreau, plusieurs nouvelles, à l'instigation- d'un gentil-
avec en-
fants: 1* ANNE, née en 1616v —2* homme du Rouergue, nommé Berthe-
MARGUERITE,née en 1647, morte à l'âge laine,se. constituèrent en église et en-
d'un an; —,3° JEAN, mort en 1619;— voyèrent l'un d'eux, l'avocat Vaïsse,
4* ANNE, morte à l'âge de 22 ans, en à Genève pour en ramener un pasteur.
4 643 ; -^- S° JEAN, avocat aux conseils Le choix de Calvin et de ses collègues
d'état et privé, né le 6 sept. 4 626, noyé se fixa sur Mallet. A peine arrivé à
Vaïsse,
par accident, en 4 654, allant au tem- Milhau, Mallet fut arrête avec barreau
ple de Charenton; — 6° CALiXTE,,né qui, plus lard, abandonna le
en 4 630 ; — 7° SARA, née en 1632 ; pour se faire ministre, avec Montro-
8° ELISABETH, mariée, en 1654, sier, à qui la peur arracha une abjura-
— René plusieurs autres Protes-
avec Le Pelletier, sieur de Pré- tion, et avec
neuf fils de Samuel Le Pelletier, tants.Les mauvais traitements auxquels
sieur , de Monsel, conseiller secrétaire les prisonniers furent soumis dans les
du roi, et de Renée Guillel, d'Alençon; cachots de Rhodez, n'ayant pu les ra-
-— 9° MARIE, femme de Samuel Beau- mener dans le giron de l'Eglise ro-
champ, avocat au parlement. maine, on les garda en prison jusqu'à
Une autre famille du même nom et l'édit de Janvier. Mallet retourna dans
également protestante habitait la Nor- son église ; mais il mourut d'apoplexie
mandie. Ën1685, les deux fils AePierre peu de jours après. "' .
Malherbe, de La Gravelle, figurent BïALÏ,EX(DAviD),fabricantde cha-
.

sur une liste des Huguenots de l'élec- peaux, de Rouen, passa en Hollande,
tion Â'klenton(Arch.TT. 270), etdans a la révocation del'édit dé Nantes,avec
le même temps,, Gédéon Malherbe, une foule de gens du même corps de
fils de Gédéon Malherbe, du pays de métier, Pierre Varin, Louis Thiolet<
Caux, mort à Paris en 1661, et de Ma- Jacques Dulong,P. Bourdon, Etienne
rie Gastelet, était également signalé André, Mat thieuBonnet,JeanCombe,
1

comme protestant. Nous n'avons pu PaulDelie, P.Préla,eic, etc.Lesuns


nous assurer si ces MalherbedeNorman- se fixèrent à Rotterdam, les autres à
die étaient alliés au célèbre poète de ce Amsterdam, et y établirent des fabri-
nom. Tout ee que l'on sait, c'est que le ques de chapeaux qui prirentuh tel dé-
père de ce dernier, FrançoisMalherbe, veloppement, que les importations de
sieur de Digny, conseiller au bailliage France, montant chaque année, selon
de Caen, se convertit au protestantisme Macpherson, à la somme de 217,000
dans les dernières années de sa vie,ce livres sterling, ne tardèrentpas à ces-
qui causa tant de chagrin à son fils, qu'il ser entièrement. Mallet pourtant ne
abandonna la-maison paternelle pour resta pas en Hollande ; il alla se fixer
se rendre à Paris. à Berlin, probablement sur l'invitation
MALFtTERNE (JACQUES DE), sieur de Pélecleur.Il eut à y soutenir la con-
deLaMolhe,protestantfrançais réfugié currence de Pascal, Dufay, Simon
en Allemagne, fut nommé, le 18 août Marsal, de Metz, Pierre Richard, de
4 685, professeur de langue française Nismes,Daniel Pernet, de Bourgogne,
et d'héraldique à l'université de Mar- de Hélot, Le Clerc, Grimaudet, de
MAL —185 — MAL
Monlélimart, qui tous étaient à la tête T. XXVI : Berattelse om Harrisons
defabriques de chapeaux plus ou moins forsok at finna longitudinenpâ sjb'h,
considérables;mais dont aucun ne réus- genomet flagsUr-werk; Om fbrm'ôr-
sit aussi bien que GuillaumeDrouil- kelsers utrliknande; —T. XXVII :
hac, de Revel, qui obtint la fourniture Uplosning pâ en differential-esqua-
defarméeet se créa un vaste,débouché tion af tredjegraden; — T. XXVIII:
en Pologne et en Russie, Nogaste utrâkning pâ Jordens ratta
MALLET (FRÉDÉRIC), astronome figure, i anledning afpendel forsok.
habile, né le 27 fév. 1728 (v. s.) d'une Mallet a fait soutenir aussi, pendant
famille de Protestants français qui a- son professorat, quelques dissert, dont
vaient trouvé un asile en Suède, fit ses voici les titres : De sectione simili
études à l'université d'Upsal, où il fut linearum rectarum, 1776 ; — De re-
reçu maitre-ès-arts en 4752. Après ductione esquationis cubices, 4 777;
avoir passé deux années,. de 4754 à — Disp. sistens theoremata stereo-
1756, à. voyager en Angleterre, en metrica, 4778; —Disp. integratio-
France et en Hollande, il retourna en nemformules a d'Alembertproposites
Suède par le Danemark, et fut attaché sistens, 4780; —De eeqnatioue bi-
à l'observatoire d'Upsal en 4757. En quadraticâ, 4780; —De plants dia-
1773, il fut nommé à la chaire de ma- metralibus in cono, 4 784; --- De
thématiques dans l'université de cette comparatione fluxio?ium binomina-
ville, place qu'il occupa jusqu'à sa liiim, 4 784. Enfin Rotermund lui al-
morl, arrivée le 28 juin 1797. Il était tribue (probablement il ne cite que des
membre de l'Académie des sciences .
traductions): I. VomNutzen und Ge-
de Stockholm et de la Société royale brauçhe des Globus, 1762; —II. Ge-
,
d'Dpsal. On lui doit un nombre consi- dâchtnissrede uber den Major Fr.
dérable de savantes dissertations en Palmquist, 1776; — III.- Von der
suédois et en latin; cependant sa ré- Befb'rderung der mathemat. Wis-
putation repose surtout sur un travail senschaften zum aïlgemeinen Nutzen
dont il fut chargé par la Société cos- im Vaterland, 1786. On trouve, en
mographique d'Upsal : nous voulons outre, dans les Philosoph. Transact.,
parler de la partie astronomique de la deux mémoires : On the transit of
description générale delà terrepubliée Venus over the Sun, June 6, 1761, et
par celte Société, travail qui obtint un Tkeory ofthe parallaxes of altitude
grand succès et qui, malgré lesprogrès for the sphère, qui, selon Watt, ont
de la science, peut être encore consulté été communiqués par Frédéric Mallet.
avec fruit. MALLET (JACQUES), bonnetier de
Les Kongl. Vetenskaps Academiens Rouen, étant sorti de France, en 4 558,
Handlingar contiennent un assez grand pour cause dereligion,allas'établiràGe-
nombre d'observations et de disserta- nève,où il fut reçu bourgeois, en 1566,
tions de notre savant astronome; en avec son.fils Esaïe.Il y devint la souche
voici les titres: T. XVIII: Scitt at in* d'une famille remarquable par le grand
tegrera, esquatio lunes; -.— T. XIX : nombre d'hommes distingués,tantdans
Theoremer atintégrera; —-T. XXII: les lettres que dans les sciences,qu'elle
Venus i Solen, observ. i Upsala; aproduits,et mourut.le 4 5 juillet 1598,
Meteorologiska observât, i Upsala; à l'âge de 68 ans (4). Il avait étéma-
— T. XXIII: Method at intégrera; rié deux fois. Sa première femme, Jac-
— T. XXIV : Observationer pâ Wâ- quemine Favre, ne lui avait donné
der-Solar; Fdrklaring om Ragn- qu'une fille, nommée SARA. De son
bogen;
— T. XXV : Observ. pà Sol-
form'ôrkd. 17 oct. 1762; Observât, (1) Serait-il le même que Jacob Mallet, qui
p'à etNordshen d. 17 oct. 4 763 ; Pâ écrivait, en 1562, une Histoire de Genève, a
laquelle, dit Sénebicr, on a joint quelques.
Sol-fdrmQrhelsend, apr, 1764; —
'1 faits subséquents?
MAL 186 — MAL

second mariage avècLflwre Sortons, II. Né le 7 avril 1575, Jacques Mal-
dé Quièrs eh Piémont, naquirent dix let entra dans le CC en 4 64 9,et mou-
enfants :' 4 ° ÉSAÏE, mort sans alliance ; rut lé 2 avril 4 657. II épousa, en 4 600,
-^2'ÀNNË, femme AePierre de Saint- Louise Varro qui le rendit père de
André ; — 3° JUDITH ;— 4° SUSANNE ; onze enfants. Trois de ses fils, JAC-
-^ 8° autre. JUDITH; -^ 6° ELISABETH ; QUES, LOUIS postérité.et JOSEPH laissèrent une
-^7° ËSTHER;—8° GABRIEL, qui suit; nombreuse Un. quatrième,
9" JACQUES, dont nous parlerons PHILIPPE, né en 4 617, n'eut qu'une

après son frère; — 4 0°.ANNE. fille, ËTIENNETTE, de son mariage aveG
.1. Gabriel Mallet, ué le 12. avril Jeanne Mârcet. '
4 572, épousa, en 1597, Judith Trem- Jacques Mallet, né le 14 juin 4 602,
bley et mourut en 1651, ayant eu douze devint membre du conseil des CC en
enfants de son mariage, savoir : 1 ° JU- 4 649 et mourut en 4 677. Il avait pris .

DITH, née en 4 598, femme du ministre pour femme, en 4 634, Jeanne Tha*
Louis Maupeau; — 2° GABRIEL, qui bids(\), dont il eut : 4° CATHERINE,
suit; ^r- 3" ROBEBT, qui suivra; —^ i" femme de Pierre Mussard; — 2' E-
CATHERINE, femme de François Bara- TiËNNË, qui continua la descendance ;
ban; — 5° SAMUEL, souche d'une — 3° JUDITH, femme de Pierre Pitard,
ilôuvellebranche;—6*SUSANNE,femme puis de Gabriel Mollet;
de Jacques Chapuis (1); — 7° ISAAC, qui épousa Noé Rousseau; --^5" ANNE,
"
4°MARIE,

sur qui nous aurons à revenir; ^i épouse d'Antoine Berjon ; **-- 6* JAC-
8" JEANNE, épouse dé Jacob Fabri ; — QUELINE, alliée, en 4656, à Antoine
9"JACÔB, nééii 1622 et mort en 1690, Mussard.
ne laissant de sa femme Michelle Des Etienne Mallet* né le 26 août 4 643,
Landes (2) qu'un fils, FRANÇOIS, né épousa, en 4 675, Hélène Rilliet, et
èh 1661 et mort sans postérité ; — eti 1703, Anne Chouet. Il mourut en
10°, 11% 12°, trois enfants morts sans 1736, ayant eu de sa première femme
alliance. trois enfants : 4° PIERRE, né en 1676,
Gabriel, né le 30 juin 4 600, mou- qui ne laissa pas de postérité ; — 2°
rut à l'âgé de 41 ans. Safémme, EU" JACQUES, qui suit ; -^ 3° FRANÇOISE,
sabeth Gàïlalin, qu'il avait épousée femme de David Voullaire, d'Arzil-
en 4 627, lui donna une fille et deux liers, fabricant dé soieries, reçu bour-
fils. L'aîné de ceux-ci, AIMÉ, ne lais^- geois le 24 janv. 1708.
sa pas d'enfants mâles. Le cadet, nom- Né le 6 août 1680 el mort en 1767,
mé ROBERT, naquit en 1636 et eut,de Jacques Mallet se maria, en 4708, a-
son mariage avecJfone Audard, un • vec Isabeau Rigaud, fille de Jean Ri-
fils, BENJAMIN, qui mourut.en 1731, gaud, de Crest, et A'IsàbeanGounon,
ayant été marié deux fois. Sa première Son fils, ETIENNE, né Je 4 août 1709,
femme, Louise Blondel, de Nyon, le et mort en 4 761, embrassa la carrière
rendil père dé LOUIS-BENJAMIN, et la ecclésiastique etépousa, en 1749,£pe-
seconde, Marie Raniel, lui donna A- Michée-Elisabeth Du Pan, fille du
BRADAM, né en 1716 et mort en 1767, syndic Jacob Du Pan, qui lui donna
ayant eu de son union avec Andrien- deuxfils. Lecadet, JEAN-LOUIS-ETIEN-
ne-Guinand,unfilsnomméJEAN, mort NE, né en 1753, mourut salis enfants
en 1810 à l'âge de 66 aus. en 1829. L'aîné, JACQUES* à été un
pùbliciste célèbre à la fin du siècle
(1) Antoine Chapuis, coutelier de la Cham- passé.
pagne, fut reçu bourgeois à Genève en 1556.
L'année suivante,A»liro!«e Chapuis, de Lyon, Jacques Mallet^-Du Pan naquit à Ge^
le fut avec ses fils Jean-Denis, Jean-Louis et hëveen 4749.Dès son enfance, il ma^
David.
(21 En 1556, Jacques Des Landes, lilsde (1) En 1555, Nicolas Thabuis, chirurgien
François Des Landes, de Blois, avait obtenu d'Embrun, Claude elPierreThabuis,de S.Vin-
à Genève les droits de bourgeoisie. cent en Provence, avaientété reçus bourgeois.
MAL 187 — MAL'
nifesta beaucoup d'aptitude pour l'é- tutionhelle. Il aurait voulu voir intro-
tude, mais, en même temps, un esprit duire enFrancela constitution anglaise,
indocile à la discipline de l'école. Vol- dont il croyait l'application possible,
taire, toujours disposé à encourager avec de légères modifications. Fidèle
le talent naissaDt,le fit nommer pro- à ces doctrines, il les défendit dans le
fesseur de littérature française à Cas- Mercureavecuneinflexible opiniâtreté
sêl. Mallet ne conserva cette place que et un vrai lalent,-sans ménager à Ceux
peu de temps : il ne pouvait se plier à qui ne partageaient pas ses opinions
rien de ce qui ressemblait à de la con- les expressions dures et injurieuses.
trainte. Espérant rencontrer plus d'in- Son style incorrect, inégal, mais plein
dépendance danslaprofession d'homme de vie et de chaleur, de verve et de
de Iettres,il alla trouver LinguetàLon- franchise, élail très-propre à impres^-
dres et lui proposa sa collaboration pour sionner ses lecteurs. Aussi ne tarda-
la rédaction desAnnalespolitiques.Son t-il pas à inspirer des craintes sérieu-
offre fut acceptée, mais l'incarcéra- ses au parti révolutionnaire, qui le
tion dé Linguèt à la Bastille, au mois dénonça Comme un ennemi de la li-
de sept. 1779, rompit une association .
berté. Cette accusation fut justifiée
qui n'aurait pu d'ailleurs durer long- lorsque Mallet, indigné des excès des
temps entre des hommes de leur ca- démagogues, se jetaavec emportement
ractère. Mallet resta donc chargé seul dans le parti royaliste et se mit à atta-
de la publication. Bientôt après, il eut quer avec violence la révolution elles
l'idée de transporter les Annales poli- hommes qui en avaient adopté lesprih^
tiques à Genève et de les y continuer cipes.D'un autre côléje roi Conçut pour
sous le nouveau litre de Mémoireshis- lui une si grande estime qu'en 1792,
toriques, politiques et littéraires. Son il le chargea d'une mission de con-
entreprise n'eut qu'un médiocre suc
-
fiance en Allemagne. La journée du
ces, malgré le talent du rédacteur, et 4 0 août lui ayant fermé les portes de
Linguet ayant été mis eh liberté en la France, Mallet se rendit à Genève,
1782, il Crut devoiry renoncer, de peur d'où l'approche de l'armée française
qu'on ne l'accusât d'avoir profité du lé chassa. Après un court séjour à
malheur de son ancien associé pour Bruxelles, l'invasion des Français le
s'emparer de sapropriélé.Un écrit qu'il forçant de nouveau à s'éloigner, il alla
publia,vers le même temps,sur la der- fixer sa résidence à Berne et se fit dès
nière révolution de Genève lui ayant lors l'agent actif de la diplomatie étran-
attiré l'inimitié des deux partis qui di- gère contre la République française.
visaient la république, il dut quitter sa ÎJn article qu'il publia dans la Quoti-
patrie et vint se fixer à Paris, où il é- dienne sur la conduitede Bonaparte en
taij déjà connu comme un habile pu- Italie-, irrita le jeune général, qui exi-
bliciste. Le libraire Panckouke trai- gea son bannissement de Berne. Il se-
ta avec lui de l'entreprise d'un nou- retira à Zurich, puis à Fribourg, d'où
veau journal, dont le premier numéro il passa, en 4 799, en Angleterre. Le
parut, en janv. 1784, sous le titre de climat de la Grande-Bretagne ne tarda
Journal historique et politique de Ge- pas à ruiner sa santé déjà fortement
nève. Quatre ans après, Panckouke, altérée; ilmourut de consomption, le
ayant acquis le privilège du Mercure de 4 0 mai 4 800,, laissant une femme,
France, eut l'idée d'y joindre une partie Françoise Valier, et trois enfants,
politique el chargea Mallet de la rédac- deux fils et.une fille, qui furent géné-
tion. reusement secourus dans ieurpâuvrelé
' Dans tous les écrits politiques que par le gouvernement et la nation an-
Mallet mit au jour jusqu'à l'explosion glaise. L'aîné des fils, JEAN-LOUIS, na-
des passions révolutionnaires, i) se turaliséanglais, a épousé LucyBaring,
déclaraparlisande lamonarchieconsti- puis Françoise Merivele. Si nosren-
MAL MAL
— 488 —
seignements sont exacts, il estpèrede de la dernière révolution de Genè-
trois enfants, nommés HENRI, LOUIS et ve, Gen., 4782, in-8".
CHARLES. La destinée du fils cadet, V .Supplément nécessaire à^ un ou-
HENRI, nous est inconnue. La fille,MA- vrage intitulé Le Philadelphien à Ge-
RIE-HENBIETTE-AMÉLIE,est devenue la nève [1783], in-8°.
femme du médecin Jean-Pierre Col- Vî. Journal historique et politique
ladon. deGenève, Paris, 1784-88,in-12.—
Voici le jugement porté dans-la Bio- Mallet cessa ce journal, le premier-de
.graph.univ.sur notre publiciste par un ceux publiés jusque-là en France qui
écrivain qui a eu avec lui d'étroites puisse sans désavantage soutenir la
liaisons: «Mallet-Dupanavait conservé comparaison avec les gazelles politi-
dans la société la. gravité du caractère ques de Hollande et d\Àngleterre,pour
genevois; il y joignait un amour de se charger de la partie politique du
l'indépendance et un mépris absolu Mercure français,qu'il rédigeajusqû'en
pour les.recherches de l'esprit el le 4792.
manège de la duplicité...Comme écri- VII. Remarques critiques sur les
vain, il négligeait son style pour con- persécutions de Galilée, publ. dans
server à l'expression de sa pensée le Journal encyclopéd. (4 784).
toute sa vigueur: elle était en général VIII. Lettre sur les vues d'un soli-
forte et profonde; il s'exprimait comme taire patriote, publ. dans le même
il sentait, et ses. phrases, pour être Journal. (4785).
quelquefois dures et incorrectes, n'en IX. D'un doute, sur la découverte
.

produisaientpasmoinstoutl'effet qu'il de l'Amérique par Christophe Co-


en attendait; il ébranlait, il altachail,il lomb, ins. dans l'Esprit des journaux
persuadait; mais il irritait aussi ses (4785);
ennemis.» X. Le tombeau de. l'île Jennings,
.

Il nous reste à donner la liste des conte moral, ins. dans le Mercure de
publications deMallet-Dù Pan. France (1785).
I. Discours de l'influence de la XI. Du péril de la balance politi-
philosophie sur les belles-lettres, que del'Europe, Lond. [Paris],1789,
Cassel, 1772, in-8". in-8°; Lond. [Varsovie], 1789, in-8°;
IL Doutes- sur l'éloquence et les trad. en angî., Lond., 4 791.
systèmes politiques, Lond., 1775, XII- Du principe des factions en
in-S». général et de celles qui divisent la
Lettre à M. Linguet sur l'idée
111. France, Paris, 1791, in-8".
avantageuse que Voltaire avait de M. XIII. Voyage.et conspiration de
Linguet, ins.dans le T.VII des Anna- deux inconnues, Paris, 1792, in-8".
les politiques. Après l'incarcération de
Linguel,Mallet continua cette dernière — Douteux.

XIV. Lettre sur les événements de
publication depuis leN° 72 etenfit pa- Paris, au 10 août 4 792, in-8°; trad.
raître 36 numéros, formant quatre vo- en allem., (792.
lumes,sou&ceXiireAnnalespolitiques, XV. Considérations sur la nature
civiles et littéraires duXVIII'siècle, de la révolution de France, Lond. et
pour servirde suiteà celles deM.Lin- Brux., 4793, iu-8°; trad. deux fois en
<7Mrf.Cedernier recueil fut ensuite con- allem.,Berl., 1794,elLeipz.,1794,8°.
tinué sous ce nouveau litre: Mémoires XVI. Sur l'es dangers qui mena-
historiques, politiques et littéraires cent l'Europe, Hamb.etLeipz.,1794,
sur l'état présent de l'Europe, Gen. in-80; trad. en allem., L.eipz., 1794,
[Paris],4 779-82, 5 vol.in-8°.Enfin, a- in-8"; en angl., 1794, iii-8°. —Dou-
près l'élargissement de Linguet, Mallet teux, bien que le livre porte son nom.
renonça à cette entreprise. XVII. Correspondance politique
Vf. Tableau historique etpolitique pour servir à l'histoire du républi-
MAL 189 MAL
cmisme français, Lond. [Hamb.], Jean-Daniel Navilie; — 6" JEAN né
4796, in-8". ' le 10 déc. 4 679 et mort le 23 .avril ,

XYI1I. Lettre sur la déclaration 4749, qui épousa, en 1711, Dorothée


de guerre à la république de Venise, Flournois el en eut dix enfants, dont
4797, in-8". trois fils, nommés JEAN-LOUIS GÉ-
XIX. Lettre sur la révolution ac- ' DÉON et JEAN. Ce dernier, né en 4 726 ,
et
tuelle de Gènes, 4797, in-8". mort conseiller en 1781, eut quatre en-
XX. Mercure britannique, Lond., fants de Catherine Gallatin sa se-
4798-4 5 mars 4 800, in-8°; trad. en conde femme trois filles et ,un fils,
italien, Venise, 4799; réimp. deux fois AMI, né en 1759 ,
el mort en 1790, sans
à Paris. postérité. Gédéon, né en 1721, se voua
XXI. Essai historique sur la des- au ministère et fut nommé pasteur en
truction de la ligue et de la liberté 175S. Il est connu dans la littérature
helvétique, Lond., 4798,in-8°. — sacrée par deux ouvrages assez esti-
Réimp. des cinq premiers nos du Mer- més : une. Exposition de la foi chré-
cure britannique. tienne suivie d'une courte réfutation
Mallet a, en outre, annoté les Re- des erreurs de l'Eglise romaine
le tarif traité ,
marques sur du de com- Gen., 1774, 5 tomes en 2 vol. in-8",
merce conclu entre la France et l'An- ' et un Abrégé de l'histoire sacrée,
gleterre (Paris, 4 788, in-8u), et donné Gen., 1768, in-8"; nouv. édit. âUgm.
une seconde édit. des Considérations d'un court Abrégé de l'histoire de
sur la France, par de Maistrè (4 797). l'Eglise, Gen., 1805, in-8". A ces deux
III. Robert Mallet, né le 30 avril ouvrages, le continuateur d'Adelung
4603 entra dans le CC en 1647 et ajoute Des intérêts et des devoirs
,
mourut le 4 juin 1664. Sa première d'une république, 1770, in-8°. Quant
femme, Sara de La Corbière, qu'il à l'aîné des trois frères, Jean-Louis;
épousa, en 4 627, ne lui donna pas né le 20 mars 1720,membre du CC en
d'enfants. En 4 632, il se remaria avec 1752 et mort en 1781, il fut père de
Jeanne Tronchin, qui le rendit père GÉDÉON, juge à là Cour suprême, qui,
de : 1 ° ELISABETH, femme,en 4635, de de son mariage (1792) avec Christine
Gédéon Piagel;
— 2° MARIE, épouse Romilly, fille du ministre Jean-Edme
de Philippe Blanchet, docteur en droit; Romilly, n'eut que des filles, l'une
—3° RENÉE, mariée au ministre Pierre desquelles prit alliance dans la famille
Gaudy; -—4"JEAN, quisuit; — 5° JAC- Cramer.
QUES,-qui fonda un nouveau rameau; IV. Samuel Mallet, frère Cadet de
— 6° JEANNE, femme de François Robert, naquit le 29 juillet 1612 et
Caille, docteur en médecine; — 7° mourut en 1683. Anne Dangers (\),
LOUIS, né en 1653 et mort à Aarau en qu?il avait épousée en 1639, le rendit
4 694 sans enfants de sa femme Su- père de onze enfants, entre autres, de
,
sanne Rigot, qui se remaria avec Jean- JEAN-LOUIS, né en 4 653, lequel prit
Robert Chouet. pour femme Marguerite Jaquemot et
Né le 11 septembre 1642 et mort en en eut: 1' ISAAC, qui suit;—2°MARIE-
4727, Jean Mallet laissade son mariage MADELAINE, épouse, en 4 742, d'An-
avec Judith Pictet, célébré en 1667, toine Choisy; — 3° CATHERINE, femme
six enfants, savoir : 1 ° JEANNE, femme de Nicolas Le Royer, d'une famille
d'Alphonse Butini;'— 2° ANDRIENNE, réfugiée de La Rochelle.
mariée à Gabriel Rilliet; — 3" ANNE, Isaac Mallet, né le 18 oct. 1684,
épouse de Jean-Isaac Cramer, doc- fonda à Paris, en 4 710, une maison
teur en médecine; —4° ANTOINE, mort de banque; mais il retourna plus tard
en 1745, qui ne laissa qu'une fille, à Genève,entra dans le CC en 1734 et
MARGUERITE,de son union ayecSusanne
(1) En 1614-, Antoine Dangers, d'Uzès, lut
Bonnet ; 5° SUSANNE , femme de reçu bourgeois.
-^
MAL 490 — MAL

devint auditeur. H mourut en 4779, Ce dernier suivit la carrière des,armes.
laissant six enfants de son union avec Eh 1686, il servait en Hollande avec
Françoise Du Four, savoir, une fille, le grade de capitaine. Il accompagna à
FRANÇOISE, née à Paris en 4727 et ma- Genève l'ingénieur Yvoy, appelé par
riée, en 4 753, wecPaul Torras, de le Conseil,pour inspecter les fortifica-
BeauchâtelenVivarais,quiavait été reçu tions. Plus tard, il passa au service de
bourgeois,en 1729, ainsi que son père France et s'éleva au grade de colonel.
Paul et son frère Jacob, el cinq fils : De son mariage avec Judith Mallet,
FRANÇOIS, né à Paris "en 1723, mort contracté en 1669, .naquirent ISAAC et
jeune, demêmeque JEAN-FRANÇOIS,né ANNE, femme d'Antoine.Lect.
à Paris, en 1730; JACQUES, qui suit; VI. Louis Mallet, second fils de Jacr
ROBERT-ALEXANDRE,né à Paris en 4 725, qires et de Louise Varro, naquit le 4 5 •

qui fut ministre et mourut sans en- oct. 1605, et mourut en 1674, D'un
,
fants en 4759; JEAN-JACQUES,qui n'eut premier'mariage avec Louise Poncet,
qu'une fille, ANnRlENNE-ANGÉLiQUE,de il avait eu six enfants. Resté veuf, jl
son mariage mec Jeanne Prévost. s'était remarié avec Madelaine Ofjre-
Jacques Mallet, né à Paris, le 23 di, qui le rendit encore père d'un fils,
mai 1724, vint s'y établir de nouveau PAUL, docteur en droit et auditeur, né
comme banquier et épousa, en 4744, en 1677 et mort en 172.4, laissant de
Lçuise - Madelaine Rrcsson. Sur la sa femme, Eve Mollet,xra fils, GABRIEL,
fin de ses jours, il se retira à Chou- décédé sans enfants en 1766. Les six
gny près de Genève, où il mourut en enfants issus de son premier mariage
4 815, laissant à la tête de sa maison furent : 4° LOUISE* femme de Pierre
ses deux fils, GUILLAUME et ISAAC- Pallard;---2" SUSANNE, mariée.à Aimé
JEAN^JACQUKS, qui furent arrêlés-pen^ Clôt (1); -y- 3° MARIE, épouse de J.¬
dant la Terreur et ne recouvrèrent la Marc Tallot ; ^- 4J JACOB, qui suit; —
liberté qu'au 9 thermidor. L'aîné, né 5' SARA, femme de Jacques Jaquet ;—
en 1747, devint régent delà Banque 6° PERNETTE, alliée h-Isaac Mussard,
de France el fut créé baron par l'em- Né en 1645, JacobMallelépousa, en
pereur. Il mourut à Paris, le 14 mars 4,767, Elisabeth de Tndert, qui des-
4 826, Sa première femme, Elisabeth cendait de Jean Tudert, sieur de Ma-
Boy^de-La four, ne lui donna pas nières, reçu bourgeois en 4 608. Il
d'enfants ; mais il eut de la seconde, mourut en 4 74 %.: De ses huit enfants,
Aune-Julie Houè'l, de Caen, deux fils, six ne laissèrent pas de postérité. Sa
nommés JAMES et JULES, qui prirent fille CAMILLE épousa. René Ranc. Son
pour femmes Laure et Emilie Obtr- fils FABRICE, né le 11 mai 4 693 et
hampf. Quant à Isaac-Jean-Jacques, mort en 1798, eut de' sa femme S^
qui naquit en 1763 et mourut à Paris, sanne^MadelaineMalvesin, une .fille,
en 1815, il laissa de son union avec nommée CAMILLE-ELISABETH, qui de-
Marthe-Henriette Houè'l, de Caen, vint la femme de P,-M, Hennin, rési-
deux filles, JULIE et ANNA-AMAN^A, et dent de France à Genève,
deux fils, EDMOND .et HORACE, nés ju- VII. Frère du précèdent, Joseph
meaux, le 27 mars 4 803. Mallet naquit le 4 g oct. 164 0 et mou-
V. Frère de Robert et de Samuel, ' rut à l'âge de 66 ans. Il fut marié trois
Isaac Malletnaquil le 15 mars 4 618 et fois; Ja 1", en 1639, avec Catherine
mourut en 1674, ayant eu de son u- Goudet, qui lui donna JEANNE, femme
n.iôn.avec Elisabeth Boucher, qu'il de Pierre Favereau, puis A'Abraham
•avait épousée en 1645, trois enfants Gardelle; la 2», en 4 642, avec Rose
dont une fille, SARA, femme du notaire Genoud, dont il euldeux fils, JACQUES
Jean-^Anloine Comparet, et deux fils : et JEAN, qui ajoutèrent à leur nom cer
THÉOPHILE, né en 4 646 el mort aux In-
(1) En 1,-)76, Claude Clol, de Grasse, obtint
des, et GABRIEL, né le 4 3 juill. 1647. ,a.Genèveles droits-debourgeoisie.
MAL — 191 MAL
lui de leur mère et dont nous aurons à suit-, et 3°EVE, femme de Paul Mallet.
parler ; la 3b enfin, en 4 648, avec Eli- André, sieur de Flie, dans le pays de
sabeth Duet, qui le rendit encore père Gex, naquit le 27 mars 4 680, et fut
de quatre enfants : 4° LOUISE, femme membre du CC. Il mourut en 4 756,
de François de La Chana (4); — 2° laissant, outre deux filles, CATHERINE,
CHARLES! né le 22 déc. 4 657 et mort è])o\iseAeFrançoisLombard,elll^niE,
en 4 708, qui épousa, en 4 682, Sara femme du syndic Léonard Fatio, un
Buffe, d'une famille originairede Diep- fils nommé JEAN.. Né le 2 avril 4 74 6 et
pe, jouissant à Genève des droits de membre du CC, ce fils, qui mourut en
bourgeoisiedepuis 4 570,et qui en eut, 4789,availépousé,en4756,CA«rZflfi!«-
entre autres enfants, GÉDÉON, né le 4 3 Marie Bulini. Il en eut JEAN-LOUIS et
juill. 4692, marié, en 4718, à Marie FRANÇOIS, qui ajoutèrent au nom de
Lombard, el père de trois enfants, Mallet celui de leur mère.
lesquels allèrent s'établir en Améri- Jean-Louis Mallet-Butini, né le 22
que; — 3° HENRI, dont nous aurons à mars 4757, du CC en 4785, auditeur
parler plus tard ; — 4° MARIE, femme en 4 786, juge du tribunal de l'audien-
de Jean-Antoine Arland. ce, membre correspondant des acadé-
4 ° Jacques Mallel-Genoud, né le 4 3 mies de Lyon et de Dijon, a publié :
déc. 4 642, et mort en 4703, eut de I. Idylles pour les enfants, nouv.
sa femme Françoise de La Rive deux édit., Gen. etParis,4805, in-46.
fils nommés ANTOINE et ABRAHAM. An- II. Marcoméris ou le beau trouba-
toine, né le 20 mai 4 681 et mort.en dour .Nouveïtede chevaleriesuivie de
4751, épousa Marthe Gallatin, qui le Contes en vers,Gem.elParis, 1796,8".
rendit père de trois fils. L'aîné, JACOB, III. Poème, suivi d'un Tableau de
né le 1.4 mai 4 724, prit pour femme l'histoire de Genève et d' Odes,Gen.,
Elisabeth Anbanel et en eut cinq fil- 4796, in-8".
les : SUSANNE, femme de Louis-Ga- IV. Mélanges historiques et litté-
briel Galissard-de-Marignac, MAR- raires, Gen., 1797, in-8".
TnE-GABRIELLE MARIE-HENRIETTE V.Delà nécessitéd'uncultepublic,
, ,
MiRGUERITE-jEANNE-ELISABliTaelPER- 1797, in-8".
NETTE, et deux fils : JEAN-JACQUES, qui VI. Tableau historique des dissen-
s'établit à Flessingue, et ISAAC-JEAN- sions de la république de Genève et
JACQUER, né en 4768 et marié, en de la- perte de son indépendance,
1795, à Anne Vignier. Le second, Gen., 4803, in-8°.
PIERRE-HENRI, né en 4 735, eut de sa VII. Odes àl'usage des enfants,Gen.
femme Marie Sautter trois filles et et Paris, 1804,in-16.
un (ils, FRANÇOIS-JEAN-LOUIS, né en Galiffe ne nous donne pas l'année de
4769. Le troisième, JEAN-LOUIS, né en la mort de Jean-Louis Mallet, quiavail
1738, épousa Marie-Salomé Baur de épousé Jeanne Richardelen avait eu:
Strasbourg, et en eut : JEAN-SALOMON, 1 ° EDOUARD, officier de marine au ser-
marié, en 4797, avec une demoiselle vice d'Angleterre, mort en 1817; —
Le Fort; GABRIEL-LOUIS, né en 4773; 2* CLAUDINE-C0NSTANCE-FÉLICITÉ,ma-
EMMANUEL, el ANNE, femme d'Elie Au- riée, en 1819, à Gustave Fallot; —
dra. 3° ELIZA;—4' CHARLOTTE-IJHILIPPINE-
2" Jean Mallet-Genoud, né le 30 .SOPIHE;
.— 5°
EDOUARD-FÉLIX, né le 2
avril 4 646 et mort en .474 6, épousa, déc. 1805, qui prit en 1828, Je gradé
en 4675, Catherine Croppet, dont il de docteur en droit, après avoir sou-
eut;4"MARIE, femmedusyndic Théo- tenu une Ihèse Sûr l'usufruitpater-
dore de So/ussure; — 2° ANDRÉ, qui nel, Gen., 4S28, in-8".
Le frère cadet de Jean-Louis Mallet-
(1) Jean-Antoine de La Chana, de Lyon, Butini, nommé François, comme nous
fut reçu bourgeois, en 1631, avecscslils, Jean,
Pierre tt Jean-Antoine. l'avons dit, naquit le* 9 avril 4765. il
MAL 19a — MAL

s'éleva,auservicedelà France, au grade V.Description deGenèveancienne


de lieutenant-généralet fut créé grand et moderne, Gen., 4 807, in-12.
croixde l'ordre du Mérite militaire.Plus Tous les travaux de Mallet sont re-
tard, il fut nommé officier de la Légion marquables par une grande exacti-
d'honneur et commandeurde l'ordre de tude. De son mariage avec Jeanne-
Léopold. Louis XVIII lui accorda le Gabrielle Prévost naquirent: 1 - PAUL-
titre de baron.; Anne Molesivorth, HENRI, qui épousa, en 1779, Jeanne-
qu'il épousa en 1807, lui donna trois Elisabeth Patry;— 2° LÏDIE, femme
enfants : MOLESWORTH, né le 2 sept. de- Paul Chapuis, puis de Pierre Gai-
1808; FnANçois-MiCHEL,né le 26 août latin;— 3°FRANÇOIS-LOUIS;—4°JEAN-
4 810, et CHARLES-PHILIPPE, qui vint SALOMON.
au monde en 4 84 2. Tous trois se sont 2°Paul-HenriMallet naquit à Genève
fixés en Angleterre. en 1730. Après avoir fait de bonnes
3°Frère de Jacques et de Jean Mal- études à l'académie de sa ville natale,
let, Henri naquit le 5 sept. 4 660 et il se chargea de l'éducation des- en-
mourut en 4 728, laissant de son ma- fants du comte de Calemberg; mais,
riage avec Louise Floumois, célébré dès 4 752, il fut appelé à Copenhague
en 1688, une fille, ANNE-PAULINE, pour y remplirla chaire de belles-lettres
femme dé Henri Dumont, et un fils, laissée vacante par le départ de La
JEAN-GABRIEL, né le 22 nov. 1688, Beaumelle. Cetle place lui permettant
et mort en 1752. Du mariage de ce de disposer de la plus grande partie
dernier weeJeanne-MargnerileMas- de son temps, il consacra ses loisirs
son, naquirent, outre une fille, LOUISE- à' l'élude de la langue et de l'histoire
CATHERINE, qui épousa Jean-Daniel des peuples du Nord. Ses écrits sur
Barde (1),deux fils, HENRI et PAUL- l'histoire du Danemark nommément
HENRI,l'un géographe très-estimé,l'au- obtinrent un légitime succès. Ils atti-
tre historien d'un mérite reconnu. rèrent sur lui l'attention de Frédéric V,
1 " Henri Mallet, né le 24 oct. 4 727, qui le choisit pour un des précepteurs
et membre du CC, manifesta dès son de son fils.L'éducation du prince royal
enfance une grande disposition pour terminée, Mallet retourna à Genève,
les sciences, en particulier pour la géo- en 1760. 11 fut admis, peu de temps
graphie, et jusqu'à sa mort, arrivée, en après, comme professeur à l'académie,
fév. 4 811, il ne cessa de s'occuper de et en 1764,il entra dans le conseil des
recherches géographiques et mathé- CC.Lerésidentdu landgrave dellesse-
matiques. On a de lui : Cassel à Berne, Abraham Maudri,étant
I. Quatre cartes de la Suisse ro- mort en 1767, il fut choisi pour le
mande, qui comprennent le Pays de remplacer,avec l'agrémentdu Conseil.
Vaud et le gouvernement d'Aigle, Le 5 juin 1770, il fut nommé profes-
1761-62. — Travail qui lui avait été seur honoraire d'histoire civile, « en
confié par le gouvernement bernois. considération de ses talents distin-
II. Carie des environs de Genève, gués.»La czarine Catherine voulut lui
Paris, 4 776, in-fol. confier l'éducation de son fils Paul;
III. Carte générale de la Suisse,
.
mais Mallet ne putse décider à accepter
1798. une place qui aurait tenté l'ambition de
IV. Manuel mêtrologique ou ré- beaucoup d'autres. Cependant il ne sut
pertoire général des mesures, poids pas résister aux instances d'un de ses
et monnaies des différents peuples élèves,lord Mount-Stuart,etil l'accom-
modernes et des peuplas anciens, pagna dans son voyage en Italie. C'est
comparées à celles de France, Gen., pendant le séjour qu'il fit à Rome, qu'il
4802, in-4-. découvrit Ja suite chronologique des
(1) En 1731, François llarde, de Valence, évoques d'Islande, que Langebeck a
obtint a Genève les droits de bourgeoisie. publiée dans le T. III de ses Ecrivains
MAL MAL
— 193 —
danois.Après avoir reconduit son jeune 3e édition, {Genève, 4 787, in-4 2.
ami en Angleterre, où il eut l'honneur III. De la forme dit, gouvernement
d'être présenté à la reine, qui l'enga- de Suède, trad. du suédois-, Copenh.
gea à publier l'histoire de la maison de [Gen.], 4 756, in-8°.
Brunswick, Mallet se rendit à Cassel, IV. Le bonheur du Danemarcksous
sur l'invitation de l'électeur, qui le unprincepacifique,Govevù\. ,4758,4".
chargea, de son côté, d'écrire l'histoire ^.Histoire deDanemarck, Copenh.,
de sa maison ; puis il vint à Paris, après 4 758-77, 3 vol. in-4°; contref. Gen.
avoir visité plusieurs villes de l'Alle- [Paris], 1763, 6 vol. in-12, et Lyon,
magne et fait un court séjour à Copen- 1765-69, 5 vol. in-8"; 2" édit. conti-
hague. De retour à Genève, il conti- nuée depuis 1699 à 4720, Gen.,1771-
nua à remplir avec assiduité ses fonc- 77, 5 vol. in-8c'; 3° édit. continuée,
tions à l'académie et au conseil desCC, jusqu'à 1773, Gen., 4787-88, 9 vol.
jusqu'en 4789, qu'il donna sa démis- in-4 2 avec cartes ; trad. en allem.,
sion de cette dernière place. Lors de Greifsw. 4 765-69, 3 part; in-4"; en
la révolution de Genève,il se prononça russe, Pétersb., 4777, in-8"; en angï.
avec chaleur pour le parti aristocrati- VI. Mémoires sur la littérature du
que, et fut oMigé de s'exiler. Il alla Nord,Co-penh.,4 759-60, 6 vol. in-8".
s'établir à Rolle. Il ne rentra dans sa VII. Abrégé de l'histoire de Dane-
patrie qu'eu 4 801. Le gouvernement marck à l'usage du prince royal, 4 "
français lui accorda.une.pensioncomme part., Copenh., 4 760, in-4 2.
dédommagement de celles que lui fai- VIII. Histoire de la maison de Hes-
saient la reine d'Angleterre et le land- se, Paris [Copenh.] , 4 766-85, 4 vol.
grave, et quia vaienlcessé d'être payées in-8".
par suite dés événements de la guerre. IX. Histoire de la maison de
Il en jouit jusqu'à sa mort, arrivée le Brunswick, Gen., 1767-85, 4vol. 8".
8 fév. 4807. Il était membre des Aca- X. Des intérêts et des devoirs d'un
démies de Lyon et de Cassel et de l'A- républicain, par un citoyen de Ra-
cadémie celtique, correspondant de guse, Vverdun, 4 770, in-8°. — Pré-,
I'Acad.des inscriptions et belles-lettres tendue traduction de l'italien.
de Paris. Il ne laissa pas d'enfants XI. Voyage en Pologne Russie,
de sa femme Jeanne-Marie Du Pan. Suède et Danemarck, trad. ,de l'angl.
Voicila liste de ses ouvrages, qui sont deW. Coxe, Gen., 4 786, in-8". —
généralement écrits avec impartialité, Inséré dans le Nouveau recueil de
d'un style simple et facile. voyages au nord de l'Europe et de
I. Discours prononcé àl' ouverture l'Asie, Gen.,4 783-86,3 vol. in-4Q ou
des leçons publiques de belles-lettres 6 vol. in-8°, ainsi que la relation d'un
.

françaises, Copenh., 4 753, in-8°. voyage fait par Mallet en Norwège.


II. Introduction à l'histoire deDa- XII. Histoire de la maison et des
nemarck, oït, l'on traite de la reli- états de Mechlembourg-Schwérin,
gion, des moeurs, des loix et des usa- 4 796,2 tomes en 4 vol. in-4'.—Allant
ges des anciens Danois, Copenh., jusqu'en 4 503 seulement.
4755-1756, 2 part. in-4°; réimp. en XIII. Histoire des Suisses ouHel-
1758 et 1765, in-S°; trad. en danois, vétiens depuis les temps les plus re-
1756, in-4", et en angl., Lond., 1770, culés jusqu'à nos jours,Gen.et Paris,
2 vol. in-8". La seconde partie est 4 803, 4 vol. in-8", aveccart. etportr.

intitulée Monumens de la poésie et XIV.De la ligue anséatique, de son
delà mythologie des Celtes, et par- origine, de ses progrès, sa puissance
ticulièrement des anciens Scandi- et sa constitution politique jusqu'à
naves. Elle a été réimp. avec quelques son déclin au xvi" Mèc?«,Gen.,1805,
changements, sous le titre A'Edda ou in-8°.
Momments de la mythologie, etc., Mallet a travaillé quelque temps au.
T. vil. 43
MAL
MAL — 494 —
Mercure danois,depuis le mois de mars exactes. A l'âge de vingt ans, il alla
4753, et il a donné une nouv. édit. suivre à Bâle le cours de Daniel Ber-
augm. du Dictionnaire de la Suisse par nouilli, qui le prit en affection et le
Tscharner (Gen., 1788, 3 vol. in-8"). compta toujours au nombre de ses élè-
VIII. Pour terminer notre notice sur ves favoris. Deretourà Genève en1762,
cette famille intéressante, il nous reste il entreprit de traiter deux questions mi-
à parler du fils cadet de Robert Mallet ses au concours par les Académies de
et de Jeanne Tronchin, Lyon et de Berlin, qui couronnèrent
Jacques Mallet, né le 7 avril 1644 et chacune son travail en lui accordant
mort en 1708,fut marié trois fois, mais un accessit. En 1765, Mallet quitta de
il n'eut d'enfants que de sa première nouveau sa ville natale, dans l'inten-
femme, Salomé Degge'er, de Schaff- tion de visiter la France et l'Angle-
house qui lui en donna oûze enlre
,
terre. Durant ce voyage, il noua d'é-
,
autres,quatre filles: ANDRIENNE,femme_ troites liaisons à Londres avec Bevis
de Jacques Marcet; MADELAINE, épouse et Maskelyne, à Paris avec.Lalande, à
de Jean-Henri de Bary, de Bâle; LOUI- qui il fournit d'excellentes critiques
SE , mariée à Théodore Bordier, et sur son Astronomie et pour qui il cal-
SARA, qui épousa Pierre Cramer. Son cula plusieurs Tables. Lalande lui té-
fils GÉDÉON, né le 22 oct. 1666 et mort moigna son estime en joignant sa re-
le 12 janv. 1750, se maria, eu 1693, commandation à celle de Bernouilli et
avec Isabelle de La Rive, qui le rendit en lui procurant l'houneur d'être choi-
neuf fois père, entre autres, de cinq fils. si, en 1769, par l'Académie de Saint-
L'aîné, JEAN-JACQUES né en 1694, Pétersbourg pour un des astronomes
,
conseiller en 1748, mourut en 1.767, chargés d'observer sur divers points
sans enfanls. Le second , HORACE-BÉ- du vaste empire Russe le passage de
NÉDICT, né le 24 sept. 1698, embrassa Vénus sur ledisquedu Soleil. Le poste
lu carrière ecclésiastique et fut placé assigné à noire jeune astronome fut
comme ministre à Genève, en 1733. Il Ponoï en Laponie. Le but de son
mourut en 4758,,laissant de sa femme voyage ne put être atteint, les nuages
Renée Banquet deux filles, ELISABETH ne lui ayant permis de voir que l'en-
et RENÉE, et un fils, PIERRE, mort sans trée de la planète ; mais il sut le ren-
postérité, en 1734- Le cinquième, GÉ- dre utile à la science sous d'autres rap-
DÉON, docteur en médecine né le 22 ports, en se livrant à un grand nom-
.
mars 1709 et mort en 1788, n'eut bre d'observations de physique et de
qu'unefille,ANTOINETTE-MARIE-jEANNE, météorologie, et en déterminant exac-
de son union avec Madelaine de Tour- lemenllalongueurdupendule à secon-
nes. Les deux autres, JEAN-ROBERT et des tant à Pétersbourg qu'à Ponoï.
GABRIEL continuèrent la descendance. Rentré dans sa ville natale en 1770,
4" Jean-Robert Mallet, né le 26 nov. Mallet fut élu membre du conseil des
4 702 suivit la carrière des armes et CC. Le 26 mars de l'année suivan-
,
entra dans le CC en 1752, Il mourut te, le Conseil de Genève lui confé-
en 1771, ayant eu de son mariage avec ra le titre de professeur honoraire
Dorothée Favre, une fille, MARGUE- d'astronomie, «vuses heureux talents,
RITE, qui prit alliance dans la famille l'élendue de ses connaissances, ses
Pictet, et un fils, JACQUES-ANDRÉ, qui relations avec divers s.ivans de l'Eu-
s'est fait connaître comme un astrono- rope, le choix que l'impératrice de
me .aussi savant que modeste. Russie avait fait de sa personne pour
..Né'à Genève, le 23 sept,. 1740 et observer le passage de Vénus, et eu
condamné, par un accident qui lui ar- égardà la dépense que ledit sieur Mal-
riva dans sa jeunesse, à mener une vie let avait faite pour se procurer une col-
retirée, Jacques-André Mallet se livra lection d'instruments astronomiques.»
avec ardeur à l'élude des sciences Quelques mois après, le 9 mai 1772,
MAL — 19b MAL
Mallet obtint la permission de bâtir, 4769;—-dans les Act.Acad.scientiarum.
sur un des bastions de la ville, un ob- Pétropoiit. "(4 778) : Observations as-
servatoire aux frais de construction du- tronomiquesfaites àGenève; (4 780):
quel le Conseil contribua pour la som- Observations des occultations d'êr
me assez modique de 4200 florins. Il toiles fixes par la lune; (4784) : 05-
continua pendant dix ans à se livrer, à serv. et calculs delà comète de 1779;
des observations astronomiques,.qui (1782) : Observ. astron. faites à
ont été insérées en différents recueils, Avullyprès de Genève ;—^ dans l'As-
secondé avec zèle dans ses travaux par fronom. Jahrbuch (1778) : Observa-
ses élèves Trembley et Pictet. Les tion sur l'éclipsé de lune du 30 juill.
troubles de 1782 l'engagèrent à quit- 4 776 ;
-- dans le Recueil pour les as-
ter Genève et à transporter son ob- tronomes, de Bernouilli : Tables pour
servatoire à Avully, où il mourut, le Saturne; Correspondance avec J.
30 janv. 1790, sans avoir été marié. Bernouilli; Observ. et calculs de
Il était membre de la Société royale do l'oppositionde Jupiter et de Saturne,
Londres, de la Société impériale de faits en 4 774; Observ ..d'éclipsés des
Saint-Pélersbourg, et correspondant de satellites de Jupiter en 1773 et74;
l'Acad. des sciences de Paris. Ses in- Observ. et calcul de l'occultation
struments d'astronomie, acquis par la d'Aldebaran, du M avril 1774 ; Ta-
ville de Genève, furent replacés à l'Ob- bles d'aberration et denulationpour
servatoire. les différentes étoiles, calculées pour
«Mallet,lit-on danslaBiogr. univ,, la connaissance des temps ; enfin dans
étail doué d'un caractère singulière- les Mémoires des savants étrangers
ment doux et aimable, d'un esprit pa- (T. VII) : Observationset calculs des
tient et inventif, de connaissances très- oppositions de Mars et de Saturne en
variées et d'une adresse.fort remarqua- 1773, et (T. IX), Observations astro-
ble. Si un penchant dominant ne l'eût nomiques.
entraîné de préférence vers lés scien- 2U Gabriel Mallet, né le 21 nov.

ces de calcul et d'observation, l'art de 4703, suivit le barreau. En 1734, il


construire des instruments aurait eu entra dans le CC, fut élu plus tard
probablement.en lui un très habile in- membre du LX, et mourut en 1792,
génieur.» ayanteu,desonmariageavec/?Ze'o»or«
A l'exception des Observations as- Chomel, célébré en 1738, une fille,
tronomiques par Mallet, Trembley ISABELLE-SARA, mariée au professeur
el Picietpour 1780, in-4", Mallet n'a Louis Bertrand, et un fils, GÉDÉON,
rien publié séparément; il s'est con- né le 6 mars 1739, capitaine dans un
tenté d'insérer dans dés recueils scien- .
régiment au service de France. C'est
tifiques le résultat de ses travaux. On de ce dernier et de N. de Tournes que,
trouve de lui dans les Acla Helvetica entre autres enfants, naquit, eu 1787,
(T. V.) : Recherches sur les avanta- l'auditeur JEAN-GEORGES Mallet, qui
ges de trois joueurs qui font entre s'est fait connaître dans la littérature
eux une poule au iric-trac, et (T. par quelques ouvrages dont voici les
VU) Sur le calcul des probabilités; titres :
:
I. Genève et les Genevois, Gen. et
— dans les Philos. Trausact. (1767) :
On the most advantageous construc- Paris, 1814, in-12.
tion of water-wheels, et (1770) : Of Lettres sur la route du Sim-
H.
the transit of Venus, the lengths of pion, 2e édit. augm., Ibid.,1816,in-12.
pendulums; also on the inclination lll.Voyageen Italie^h\A.,\%M,§".
and declinalion of the magnetic IV. Le tour dulac de Genève, Ibid.,
ncedle; — dans les Novi Commentar. 182i, in-8".
Acad. Pelropolitanoe (T. XIV) : Obser- V. Bonivard à Chillon, Gen.,
ntiçnes in Ponoi instantes, anno 1835, in-42.
MAL _ 496 — MAL
VI. Madeleine Odermatt ou le le brevet de nomination et le signa.
canton d'Uri, Gen., 1.838,-in-12.
.
Le roi ne tarda pas à en être instruit.
VII. Le Conteur genevois, nouvel- La délibération du 27 fut cassée, ordre
les, souvenirs, épisodes, Paris, 1854, fut donné d'exécuter à la lettre ce qui
in-4 2. avait été arrêté la veille; défense fut
MALLET (JEAN), OU Malet, sieur faite à Chabanon d'exercer à Valle-
du Rozin, fils A'Hector Mallet, rece- raugue aucune fonction de son minis-
veur des tailles à Montdidier, et de Ma- tère; et Pelet avec Des Matets, suspen-
delaine Bosqnillon, avocat au parle- dus tous deux, furent ajournés à com-
ment de Paris, né en 1633, épousa, en paraître personnellement devant l'in-
4 673,Susanne deBesset,i\l\e AeBar-, tendant de la province.
thélemy de Besset, sieur de Fresse, Mallet, qui ne fut point compromis
et de Catherine Fenou. De ce mariage dans cette fâcheuse, affaire, fut donné
naquirent, outre un fils, ALEXANDRE, plus tard pour minisire, à St-Hippolyte.
mort en 4 684, trois filles,' qui don- C'est comme pasteur de cette, église
nèrent, ainsi que leur mère, un bel qu'il assisla,le19nov.1 678,au synode
exemple de persévérance. L'aînée, CA- provincial tenu à Anduze, en présence
THERINE, était née en 4.674, la seconde, du commissaire royal Bornier, dont le
MADELAINE, en 4 677, et la troisième, procès-verbal est arrivé jusqu'à nous
CATHERINE-MARIE, le 4 7 mai 4 683. (Arch. gén.Ti. 256). Il en fut élu pré-
Après la révocation, leur mère essaya sident- La Porte, dû. Collet, lui fut
de sortir avec elles du royaume, mais donné pour adjoint; Portai, de La
elle fut arrêtée et enfermée à la Bas- Salle, et La Roquette pour secrétaires.
tille. Les trois jeunes filles furentmises Il ne s'y passa rien d'important.Le seul
dans des couvents^-cTi.^ew.E.3372). intérêt qu'offre ce synode, est-de nous
Ces dernières résistèrent pendant neuf faire connaître les noms des églises
années aux efforts des convertisseurs des Cevennes à cette date. Voici les
(Ibid. M. 673). La mère, qui avait noms des députés. Anduze : Vincent,
succombé déjà en 4 687 (Ib. E. 3373), min., Rafin el Flavard, anc; Alais :
se releva plus tard. En 4704, nous la Conlan, min., La Liquière, anc; La
trouvons prisonnière dans le château Salle, Portai, min., Rollet, anc;Mel-
du Pont-de-Larche, d'où elle fut trans- let, (Mialet?), Reboutier, min., Du-
férée à l'Union chrétienne de Paris mas, anc ; Aigremont, de Bagards,
(Ibid. E. 3552). min., le barou A'Aigremont, anc. ;
MALLET (N.), ou Malet, ministre Vézenobre : Dumas min., Estien-
de Valleraugue, avait été prêté à l'é- ne, anc; Cassagnolles, ,
Dumas, min.,
glise de Saint-Hippolyte par le synode Dombres, anc; Lezan, Cabrit, min.,
provincial tenu au Vigan. Ce synode AeLezan, anc; Tornac,tfo<fe?',min.,
venait de clore ses séances le samedi, Flavard, anc; Générargues, Corbes-
26 juin 4 660, et déjà le commissaire sas, anc; Lédignan, Cabrit, min.,
du roi, Peyr.emales, était parti, lors- Puech et Jalaguier, anc. ; St-Sébas-
que Chabanon ou Chavanon, minis- tien, Aimeras, min., Bony, anc; Mo-
tre^sans église, se présenta pour des- noblet, Du Cros.mm., Rampon, anc;
servir celle de Valleraugue. Les mi- Saint-Félix-de-Palière, de Soustelle,
nistres qui étaient restés au Vigan pour min., Sujol, anc; Toyras, Favières,
y célébrer le jour du repos, acceptè- anc; Brenoux, Audibert, min., Rou-
rentavecempressementsesoffres, sans veran, anc; Bagards, Pascal, min.,
songer que l'absence du.commissaire Rodier, anc; St-Christol, Bastide,
frappait d'illégalité toutes les résolu- min., Brnnel, anc; St-Paul-la-Coste,
tions qu'ils pourraient prendre. Pelet, d'OZ2m/;ies,min.;Sl-Hilaire-de-Brelh-
qui avait été le modérateur du synode, mas, Des Marets, min.; Canaules,
fit dresser par le secrétaire DesMarets Boyer,m\a.;Se\\ile\le,Plantier,mm.;
MAL — 197 — MAL
Cardet, Fraissinet, min., Ârmassan, de-Ventalon, Pongy, anc; Sl-Julien-
anc; Soudorgues,Dame«, min., Via- d'Arpaon, Dauthun, min., derrière,
la, anc; Sauve, Vincent, min., Ca- anc; Si-Marcel,ffa>-i/oM,miu.,Pfl-^««V
valier, anc; St-Hippolyte, Mallet, anc Y assistèrent aussi Boyer,Sabat-
min., Rouvière et'Lezan, anc; Dur- tierdeMontfauco7ietSabattier,com.-M
fort,D«Mfts,min.,Villaret, anc;Quis- meministres des familles deGwtesïoaa;,
sac, Molles, min., Meyrargues, anc; de St-Théodorit et Du Fesq. Les é-
Cros, Bedès, min.,Girard, anc; Gan- glises de Conqueyrac, de Pompignan,
ges, Vial, min.; Tandon, anc; Su- d'Avèze, de St-Martial, de St-Frezal et
mène, Aigoin, min..; St-Romain-de- de La Melouse n'envoyèrent point de
Codières, Mothes, min., Pourtalès, députés.
anc; Valleraugue, Combes, min.,j4r- 'MALORTIE (JEAN DE), sieur de
îtaZ, anc; Le Yigan, Rossel, min., de Villiers, prit pour femme, en 4 564,
LaGarde, anc; Aulas,Dwirwc, min., Louise de Bimont, dontil eut GABRIEL,
LaRillière, anc; Aumessas, Vincent, marié, eu 4 599, avec Susanne Le Va-
min.,de Beluzet, anc; Colognac, F«)'- lois-de-Villette, fille de Louis, sieur
<îisr, min., Falguerolles, anc; Man- de Fontaine, et de Catherine Bourdin,
dagout, Grognet, min.; Molières.Fo»-- dame de Villelte. C'est probablement
«igr^in^SoTK^Oîijanc.; Montdardier, de ce mariage que naquit Jacques Ma-
AeMontdardier, min.; Meyrueis, Co- lortie, qui épousa, en 4 641, Louise de
gère, min., Atari», anc; St-Laurent, Belleau el fut père de FRANÇOIS. Ce
PMr^ry,min.,.fVaaW,anc.;St-Germain, dernier s'allia, en 1664, avec Anne
J)!', Cros, min., Canonges, anc; Flo- Ferrand, qui, selon le Dict. de la No-
rac, Blanc, min.; St-Jean-de-Gardo- blesse, lui donna trois enfants : 4 ° JAC-
nenque,t7o'/»o«s,min.,D« Caila, anc; QUES-GUSTAVE,sieur de Boutleville;—
St-Elieune-de-Valfrancesque,de La 2°GABRiEL,et—3°HENRIETTE,femmede
Cosie, min., de Maronls,zm.; Barre, Cyrus-Antoine de Briqueville, mar-
Jltossaaes, min., Parleri, anc; Vé- quis de Colombières. LaChesnaie-des-
bron, Chavanon, min., Pongy, anc; Bois ajoute que Jacques-Gustave épou-
Castagnols, Grognet, min., Vieiljuif, sa, en 4 691, Marie-Thérèse Brisacier,
anc.;St-André-de-Valborgne,SaiTOa(?«, d'où l'on doit conclure qu'il se con-
min., de Faubares, anc; Marvéjols, vertit à la révocation ; puis, que Ga-
Blanc, min., Barthélémy, anc; St- briel se maria, en 1682, avec Marie-
LègeT,Villard, min., Monteils, anc; Julienne Des Giiez, fille de Samson
St-Privat-de-Vallongue, deLa Vernè- Des Guez, sieur de La Barre-Belleville
de, min.; Le Collet, de La. Por£«,min., . en Thimerais, d'où il résulte qu'il est
Franceson, anc; Frugères, Roure, identique avec Malortie-de-Villars,
min.,Laurent, anc; Sumène, Pagesi, qui se réfugia dans le Hanovre, où il se
min., Carrière, anc; St-Marîin-de- fixa avec Julienne Des Guez, safemme,
Laususcle, Sauvage, min., Blanc, et ses quatre filles LOUISE-HENRIETTE,
anc; St-Romans-de-Tousque, Gro- SYLVIE-MADELAINE , MARIE-WILHEL-
#w«, min., Boudon, anc; Sle-Croix- MINE et ANNE-PAULINE. Il avait aussi
de-Valfrancesque, Barthélémy, min.; un fils, nommé Louis, qui, resté en
Gabriac,de.5ato«Maria, anc; St-Mar- France, fut élevé dans le catholicismo
tin-de-Corconac,Sa^es, anc; St-Mar- et mourut en 1688. Sylvie-Madelaine
tin-de-Boubeaux, Guion, min., Lar- épousa Jean-Sigismond d'Oberlander,
mier, anc; St-Hilaire-de-Lavit, de colonel au servicedu margrave de Bai-
La, Roquette, min., DuPradal, anc; reutb. Deux autres des quatre soeurs
Cassagnas,Bilanges, anc; Fraissinet, rentrèrent en France, en 4720, mais,
Roure, min., Rouvière, anc; Valfran- plus tard, elles retournèrent dans le
cesque, Calmel, min.; St-Flour-de- Hanovre. Leurs biens furent donc con-
Pompidou, Dapilly, min,; St-Maurice- fisqués et donnés à diverses personnes,
MAL MAL
— 498 —
bien que réclamés par Anne^Henrielle mourut, c'est-à-dire au moisd'août.1561
de Briqùeville, leur cousine germaine, (Voy.\l,ii. 479),On raconte que la du-
d'où un procès qui n'était pas encore chesse voulut, à son lit de mort, s'en-
jugé en 1752 (Arch. gin. TT. 347). tretenir avec lui et lui témoigna le dé-
Aux deux fils de François Malortie sir de recevoir la communion de sa main,
mentionnés dansle Dict. de la Nobles- mais que le rigide pasteur refusa de lui
se, il faut eu ajouter, sans aucun doute, donner la Cène , ce sacrement ne de-
un troisième,Malortie-de-Faverolles, vant s'administrer, lui.répondit-il, que
d'Orbec, qui fut condamné comme re- dans les saintes assemblées. C'est évi-
laps, en 4686, el dont la soeur Hen- demment aussi en qualité de ministre
rielles'empressade demander les biens, de l'église de Paris que Malot assista
qui avaient été confisqués (Ibid. TT. au colloque dePoissy (Voy. H, p.263).
270).En outre, il est évident pournous, Quelques mois après, il présida, avec
malgré le silence gardé par La Ches- son collègue Jean Le Maçon, à l'orga-
naie-dès-Bois, que Gabriel Malortie, nisation d'un bureau spécialement
sieur de Glatigny et des Çhastelels, chargé de ia distribution des aumônes.
que nous trouvons signalé, en 4 685, Ce bureau fut composé, outre quatre
dans un rôle des Huguenots habitant anciens et un nombre indéterminé de
' l'élection d'Alençon (Arch. TT. 270), diacres, de huit notables bourgeois de
appartenait aussi à cetle famille (1) qui Paris : François de L'Alouette,Nico-
était divisée en plusieurs branches, las Sevin elLambertBonlenger,wa-
l'une desquelles était établie eu Pi- cats au parlement, Geoffroy Cheval,
cardie. Cetle branche picarde profes- chirurgien, Denis de Moncy, Jacques
sait encore en .4 681 le protestantisme, Donnez, JeanLoiseleur et Pierre Gou-
mais' elle était peu zélée (Ibid. TT. jon, marchands.Enfin c'est lui qui prê-
284).. chait au Patriarche lors du tumulte de
MALOT (JEAN), OU Mallot, vicaire Saint-Médard*
,
delà pafojssede Saint-André-des-Arcs, Par l'édit dejuille-t1561,les assem-
converti aux doctrines évangéliques. blées non-seulement publiques avec
On ignore la date de sa conversion; ,
pu sans armes, mais privées « où se
mais il est bien évident qu'il n'était feroient presches et administration de
plus catholique lorsqu'il accompagna sacrement, en autre forme que selon
Louveau en Allemagne,c'est-à-dire à l'usage receu et observé en l'Eglise
la fin de 1559, ou au commencement catholique» (Voy. Pièces justif.N"XVI),
de l'anuée suivante.11 rentra en France avaient été défendues sous les peines
par Lyon et Valence, sans doule après les plus sévères ; mais les Huguenots,
avoir visité Calvin .à Genève. Peu de encouragés par les résultais du collo-
temps après son retour à Paris, il fut que de Poissy et comptant sur la pro-
choisi pouf pasteur par les fidèles de tection des grands seigneurs qui avaient
la capitale.Il serait difficile aujourd'hui embrassé leur religion, violaient ou-
de préciser l'époque où il commença vertement cet édit. A Paris même ils
,
ses fonctions ; mais il remplissait cer- tenaient des assemblées nombreuses,
tainement déjà les devoirs de son mi- du consentement,ilestvrai.de la reine-
nistère lorsque Jacqueline de Longny mère, comme nous l'apprend une lettre
(1) Dans la même liste, il esl fait mention de Bèze à Calvin. «Nalali ipso quievi-
de trois frères de Villcrs-de Glatigny, dont mus, lui dit-il. Postridiè copia nobis
l'aîné babitàit Orbcc ; le second était inorl,
père de trois fils: deux de ces derniers s'étaient tu m primùm fada publiée diebus feslis
réfugiés en Allemagne où l'un élait comman- concionandi. Altero postdie, a prandio
dant d'une place forte, et l'autre major dans itum estad Marcelli suburbium.»C'est,
un régiment; le troisième, qui avait eu la
tôle tranchée, on ne nous dit pas pour quel en effet, dans le faubourg Saint-Mar-
crime, avait aussi laissé trois fils qui étaient cel qu'était situé le Patriarche, un des
passés dans les pays étrangers. lieux de culte des Huguenots. Le 27
MAL 499 — MAL
déc, il y avait une assemblée nom- viève s'étaient mises à l'unisson. Après
breuse.protégéepar des gentilshommes queRougeaure.ille eutvainement som-
armés et par les soldats du guet; car mé, au nom du roi, le curé et ses affi-
on savait qu'il fallait se tenir en garde dés de descendre de leur clocher, les
contrela colère du clergé elle fanatisme Huguenots ou plutôt, s'il faut en croire
dupeuple. Malotprechait.il occupait la De Thou, quelques-uns de ces hom-
chaire depuis un quart d'heure à peine, mes perdus de vices que l'on est sûr
lorsque les cloches del'églisevoisine de de rencontrer dans tous les attroupe-
Saint-Médard se mirent à sonnera toute ments, se ruèrent sur les portes de l'é-
volée. Ilétait trois heures et les vêpres glise, les enfoncèrent, et leur colère
étaient dites ; ce n'était donc qu'une s'exaspérant à làvue de Pasquot «battu
provocation. « Le son en relenlissoit si et blessé à mort, ne se pouvant mou -
grand, lit-on dans LaPopelinièfe, qu'il voir », ils se mirent à piller les autels,
estoit impossible d'eutendre l'exhorta- à profaner les reliques et à briser les
tion. »En attendant que ce bruit assour- images qui restaient debout, car les
dissant cessât, Malot fit chanter le ps. prêtres, assure-l-on, en avaient ren-
XVI; mais l'infernal carillon continua versé une partie afin de se faire des
sans relâche.Castelnau, qu'on ne peut armes de leurs débris. Déjà les assail-
accuser de partialité pour les Hugue- lants se disposaient à mettre le feu au
nols, avoue que les prêtres de Snint- clocher, d'où les prêtres, retranchés
.

Médard furent les provocateurs, et que comme dans une forteresse , conti-
les Protestants se contentèrent d'abord nuaient à les accabler de pierres, lors-
d'envoyerdeux des leurs—sans armes, que l'arrivée du chevalier du guet Ga-
ajoute deThou,—pour prier le curé de baston apaisa enfin le tumulte, qui du-
faire taire ses cloches; qu'ils ne purent rait depuis plus d'une demi-heure. Ju-
rien obtenir; qu'on en vint aux paroles, geant, d'après ce qui s'était passé, que
puis aux prises, et qu'il y en eut un de les Catholiques avaient été les provo-
blessé à mort. Ce malheureux se nom- cateurs, et instruit par le prévôt de la
mail Pasquot, l'autre se sauva à toutes résistance que les prêtres avait faite à
jambes. Les prêtres, continue Castel- l'autorité, Gabaston arrêta une quin-
nau, fermèrent leur église et, montant zaine de mutins et les fit conduire dans
au clocher, se mirenl à sonner le toc- les prisons de la Conciergerie, sans
siD pour émouvoir le peuple catholi- que la populace altirée par le son du
que. LaPopelinière dit aussi qu'au lieu tocsin de tous les quartiers avoisinanls
de se rendre aux représentations des fît aucune.'tentative pour les délivrer.
Protestants, ils donnèrent «plus grand Le clergé, furieux du résultalinaltendu
bransle à leurs cloches. » Impatientés d'un coup si bien monté, se promit de
à là fin, les Huguenots voulurent obte- prendre sa revanche. Dès lelendemain,
nir par la force ce qu'on avait refusé à la canaille du faubourg Saint-Marceau
leurs prières, et se précipitèrent en ameutée par lui se rua contré le Pa-
grand nombre vers l'église,ayant à leur triarche, dès que les fidèles en furent
têle le prévôt Rougeaureïlle, que le Sortis après la célébration du service
gouverneur de Paris avait chargé de divin. Elle brûla les bancs et la chaire,
veiller à la sûreté de l'assemblée. De et aurait livré aux flammes le bâtiment
leur côté, les prêtres effrayés barrica- lui-même, sans l'arrivée A'Antoine de
dèrent les porlesde l'église, et,se réfu- Clermont - d'Amboise , du capitaine
giant dans le clocher, firent pleuvoir Soucelles, de Stuart et de quelques
sur les Protestants une grêle de traits au 1res gentilshommes huguenots, qui
et de pierres dont plusieurs furent dissipèrent sans peine cette lâche po-
blessés. Pendant ce temps, le tocsin ne pulace et firent quelques prisonniers
cessait de se faire entendre, et déjà les qu'ils livrèrent au procureur du roi.
cloches deSt-Marcel et de Ste-Gene- Saisi de l'affaire, le parlement sem-
MAL 200 MAL
— —
bla oublier ses préjugés contre les Ré- de cette'assemblée. Tulta questa ciltà
formés ou voulut au moins sauver les sta con allegrezza infinita. » Dans celle
Il chargea de Pinformalion lettre, qui nous peint l'état de l'opinion
apparences.
deux commissaires, l'un catholique et à l'égard des Huguenots, Prosper de
l'autre protestant ; mais bientôt, reve- Sainte-Croix se fait l'écho d'uu faux
nant à ses sentiments d'hostilité, il, fit bruit au sujet de Malot; Aucun .écri-
mettre en liberté les prisonniers catho- vain protestant ne dit qu'il fut arrêté;
liques et arrêter Gahaston, qui, toutca- on se contenta de lui défendre de prê-
tholique qu'il était, fut condamné à mort cher, sous peine de mort, ainsi qu'à son
s'être montré partisan des Hugue- collègue (Voy. VI, p. 530). La Pope-
pour
nots , Nez-d'argent, qui fut pendu, linière, entre autres, rapporte qu'après
Condé, on se livra
comme nous l'avons dit ailleurs, Cager la prise d'Orléans par
et son fils, qui subirent le même sort à Paris à d'activés recherches pour le
avoir été témoins du tumulte. découvrir; mais il était déjà sorti de la
pour
Cette révoltante, iniquité ne se com- ville, et Comme beaucoup d'autres pro-
mit pas immédiatement; le parlement testants parisiens, il trouva un asile à
attendit que Condé fût sorti de Paris Orléans. Après la conclusion de la paix,
et que la guerre civile eût éclaté. On Coligny le choisit pour son aumônier.
lit même, dans le Journal de 1562, pu- En 1566, l'amiral le prêta pour quelque
blié par la Revue rétrospective, qu'il temps à l'église deMetz (Voy. IV, p.9).
aurait bien voulu, ainsi que le roi et la Comme il n'estpiusfaitmentiondelui,
reine, sauver la vie au moins à Gahas- depuis cette époque, dans l'histoire de
ton, mais que « le peuple estoit tant ani- nos églises, on pourrait présumer qu'il
mé contre luy que si l'on l'eust eslar- mourut vers ce temps, s'il n'était en-
gi, l'on craignoit que le peuple ne fist core qualifié de ministre de l'amiral
violence au parlemenl mesme. » Qu'il dans le Martyrologe à la date de 1569.
ait ou non cédé à la peur, le parle- Cette année-là, sa femme, Anne Chres-
ment n'en reste pas moins couvert du tien, retirée alors à Châlillon-sur-
sang de l'innocent. Loing, fut égorgée par des soldats qui,
Il est certain que Malot, qui était moyennant une bonne somme, avaient
particulièrement haï comme apostat,au- promis de la con duire en 1 ieu Sûr, après
rait subi un sort aussi rigoureux, s'il la capitulation delà ville (Voy. III, p.
n'était parvenu à échapper aux fureurs 388), et qui la tuèrent en roule pour
de la populace catholique. Voici, en s'emparer du reste de sou argent.
effet, ce que Prosper de Sainte-Croix On a quelquefois confondu Jean Ma-
écrivait le 5 avril 1562 : « Ce matin le lot, ministredel'église deParis et cha-
connétable fit armer toute l'infanterie pelain de l'amiral, avec Jean Malot ou
etune bonne troupe de cavalerie, et son Mulot (c'est ainsi que Rèze écrit son
Excellence, marchant à travers la ville, nom), chanoine de Beàune, «homme
au milieu de ces troupes, à l'improviste, docte el de grande prudhom'ie », qui
rencontra un avocat du roi, nommé embrassa aussi la Réforme, vers 1562,
Rose; il l'appela avec des paroles in- et fut donné pour pasteur à l'église
jurieuses (cou villania), et commanda protestante d'Autun (1). Lorsque les
qu'on le mît en prison. On dit qu'il a
fait traiter de même un prédicateur hu- (1) Un autre Mulot, don\ le prénom était
Pierre, après avoir passé la moitié de sa vie
guenot, qu'on appelle Rivière [Le à prêcher l'Évangile dans la'Suisse française,
Maçon, dit La Rivière]. Avec toute sa fut envoyé, en 1859, a Soubise, dont le sei-
troupe armée, il sortit de la ville et se gneur montrait alors beaucoup de zèle pour
rendit où un autre prêchait, lequel on la Héfoime.Malgré son grand âge — il avait
clors plus de soixante ans,—il déploya beau-
appelle Malho ; il le fit saisir, fit mettre doup d'activité, bravant aicc intrépidité des
le feu à la chaire, aux livres, à tous les aangers sans cesse renaissmits, et supportant
bancs, et fit mener eu prison plusieurs avec courage et allégresse les plus rudes fa-
tigues, Ce Mulot ne scrail-il pas le même que
MAL — 201 — MAL
Protestants de cette ville, au nombre point renier leur religion Hugues Y-
de 7 à 800, furent chassés de leurs thier, greffier de la ville, Jacques Re-
foyers, en 4 562, Malot fut incarcéré, ^»i«r,notaire royal, Jacq. Margueron,
ainsi que ses collègues Sébastien Ty^ sieur du Champ, Claude Doriol, mé-
ran et Michel Lignol. Quelques-uns decin, qui préférèrent s'expatrier. Une
d'entre les proscrits obtinrent, à force resta dans toute la ville que deux hu-
de sollicitations, la permission de res- guenols,Barthélemy Navetier et l'a-
ter; mais, mieux aurait valu pour eux vocat Nicolas Belin. Un honnête mar-
qu'ils eussent suivi leurs frères, car,, chand, Jacques LaCorne, mort depuis
lit-on dans le Marlyrologe, « ils furent huit jours, fut déterré et jeté à la voirie
traitez d'une estrange façon, eslans in- par sentence de l'official.AIs-sur-Thil,
juriez, batus, traînez à la messe, les à Mirebel, à Auxonne, à Dijon, partout
autres menez en prison, si on les oyoit où la Réforme avait trouvé accès, les
seulement chanter un verset d'un proscriptions, les pillages, les meur-
pseaume. » Il n'est sorte d'avanies, en tres, les exécutions se renouvelèrent.
effetjdontonnelesaccahla.Onlesforça De Dijon, plus de deux mille personnes
à faire rebaptiser leurs enfants, à re- de fous rangs furent expulsées; d'Is-
nouveler devant le curé la cérémonie sur-Thil,quatre cents. Nicolas Le Co-
de leurs mariages ; on harcela les ma- piste et une jeune fille de seize ans
lades sur leur lit de mort pour les con-furentmis à mort; près de quarante per-
traindre à abjurer; on jeta à la voirie sonnes exécutées en effigie; plus de
ceux qui moururent sans confession, 4 60 jetées dans les prisons.Nous avons
comme Nicolas VOrfèvre; on en tua parlé ailleurs (Voy.Il, p.389) des hor-
même quelques-uns, entre autres un reurs qui se commirent à Maçon.
pauvre menuisier, Philebert, coupable Selon le Martyrologe, les ministres
d'avoir travaillé secrètement daus sa d'Aulun ne furent point arrêtés, comme
chambre un jour de fête, pour donner le rapporte Bèze; mais, avertis à
du pain à sa famille; on en mutila d'au-temps qu'on venait les prendre, ils se
tres, comme La Trompette, qui eut un sauvèrent en Suisse. Cette version
bras coupé ; enfin on les surchargea nous semble la meilleure; car nous
tous d'impositions énormes, dont le retrouvons, en 4 564, un Jean Malot,
paiement fut exigé avec tant de rigueur qui fut pendu pour avoirprêché la Ré-
que l'on vit deux femmes, des meil- forme à Saint-Nicolas-du-Port,et nous
leures maisons de la ville, celles du avons tout lieu de croire qu'il s'agit de
lieutenant Massol et de son frère Jean l'ancien pasteur de l'église d'Aulun.
En tout cas, ce martyr ne peut être le
JlfassoZ, réduitesà coucher sur la paille,
leurs lils mêmes ayant été vendus. En- pasteur de Paris, qui vivait encore,
fin la maison A'Arthnsde Bourgdieu comme on l'a vu, deux ans plus tard.
fut forcée et pillée sous prétexte qu'il MALBAS (PIERRE DE), baron
s'y faisait des prêches. Dans les autres d'YoLET, en Auvergne, capitaine hu-
villes de la Bourgogne, les mêmes ac- guenot. Yolet paraît pour la première
tes de violence furent exercés sur lous fois dans les rangsjirotestants à la ba-
les Huguenots.ABeaune, par exemple, taille de Gannat, où il combattit aux
ceux qui ne réussirent pas à se sauver côtés de Poncenat. En 1572, Terride
en Suisse, au risque d'être pillés et le nomma gouverneur de Buzet, près
rançonnés en route, comme cela arriva de Toulouse.L'année suivante, lesPro-
à Robert Le Blanc, furent forcés de testanls du Midi le députèrent au roi,
signer les articles de la Sorbonne. avec Chavagnac, Philippi el Boisse,
Très-peu s'y refusèrent. On cite ce- avocat du roi de Navarre au comté de
pendant parmi ceux qui ne voulurent Foix, pour protester contre la paix
signée sous les murs de La Rochelle.
Michel Mulot dont nous avons déjà parlé
(Voy. VI, p, 340)? A son retour, Yolet assista à l'assem-
MAL 205 — MAL

blée de Miîhau qui le nomma membre membre de l'Acad. de Nismes. Dans la
d'une commission, composée de Mont- séance du 9 oct. 1686, il lut à ses col-
vaillant,L'Hôpital,ClansonneelPhi- lègues une trad. de quelques odes
lippi, procureur général en la cour d'Horace et Une historiette,moitié prose
des aides de Montpellier, commission et moitié vers, de sa composition. Il est
qui devait discuter avec les envoyés du à présumer qu'il avait abjuré ta re-
roi les bases d'un traité de paix. Selon ligion prolestante pendant les dra-
Aubaïs, Yolet fut créé maréchal' de gonnades. Il ne vivait plus lorsque
camp, le 9 juill. 1575, et en 1577, il l'Académie rouvrit'ses séances, le 28
fut nommé gouverneur de Lautrec La janv. 1688, après une interruption de
même année, il conduisit des troupes plus d'un an.
au secours de Montpellier. En 4 578, MALVïEUX (PAUL-LOUIS), fils de
Catherine de Bourbon lui donna le Simon Malvieux, pasteur à Erlan- •

titre de son maître d'hôtel,et,en 4 579, gen,fit ses études[en médecine à l'uni-
le roi de Navarre le chargea de faire versité de cette ville, el y soutint,
exécuter dans le Languedoc le traité Je 13 mars 4 751, une thèse, qui a
deNérac Dès lors, il n'est plus ques- été imprimée à Erlangen, la même
tion de lui,bien qu'il ait vécu jusqu'en année, sous ce litre : Propositiones
4614, à ce qu'affirment les Pièces fu- aliquot statices, in-4". Appelé comme
gitives d'Aubaïs. Il parait qu'il avait médecin à Prenzlo-w, il alla éprendre
été marié deux fois, la 4", le 4 5 juill. possession de cette place, après avoir
1572, avec GaSparde de Taillac,et la soutenu,pour le grade de docteur, une
2", en (582, avec Françoise de Sail- nouvelle thèse De metàstasï morbô-
lans, veuve A'Antoine deMonteil, sieur rum, Erl., 1753, in-4".—Le graveur
de La Monlfrelarie, Paul Mâlvieux, né à Dresde,en 1763, .

IUA.LTRET (PIERRE), docteur en et mort à Leipzig, en 4 791, était évi-


droit et avocat, membre du consistoire demment de la même famille.
de Nismes depuis sa première organisa- SÊALK&C (MATTHIEU),dit BASTIDE,
tion en 1S61, premier consul de celle natif d'Uzès, fil ses études en théolo-
ville en 4 577, fut député par ses co- gie à l'académie de Genève, où il fut
religionnaires à l'assemblée de Lunel, immatriculé en 1678. Après les avoit
qui le chargea, ainsi que. Charles Du terminées, en 1681, il alla se présen-
Faur, baron d'Aubaïs, Guillaume Ro- ter, le 26 août, au synode provincial
ques, sieur de Glausonne, Payanetle tenu auVigan,pour sèfaife recevoirmi-
premier consul d'Uzès, de se rendre nistre ; mais les épreuves auxquelles
auprès de Damville, pour lui demander les candidats étaient soumis, ne tour-
des explications catégoriques sur sa nèrent pas à son avantage; sa propo-
conduite suspecte. En 4 600, il fut dé- sition latine sur Rom.VI, 22 ne fut pas
puté de nouveau SNeeBoileau-de-Cas- admise (Arch.gén. TT. 288).
telnau à rassemblée de Montpellier, Si Malzac n'écrivait pas le latin avec
qui avait été convoquée au sujet de aulanl de pureté que Cicéron, il avait; "

l'exécution de J'édiJ; de Nantes. ce'qui vaut mieux, dans tous les lemps,
Pendant les guerres de Rohan, il est infiuimenlde piété et de zèle, et, ce qui
fait plus d'une fois mention dans l'his- valait encore mieux à une époque de
toire de Claude Maltrait (fils probable- persécutions, une foi intrépide. Il pa-
ment de Pierre), qualifié d'intendant raît qu'à la révocation, il se retira en
des fortifications de Nismes, lequel fut Suisse ; mais lorsque les exhortations
chargé de faire exécuter, en 4 625, un et surtout l'exemple de Brousson vin-
plan de fortifications, dont il était l'au- rent faire rougir les plus zélés d'entre
teur, et s'en acquitta «avec honneur, les pasteurs réfugiés de la docilité avec
fidélité et habileté.«—-Enfin,en 4 684, laquelle ils avaient obéi aux ordres du
un avocat protestant Maltrait était gouvernement, en abandonnant leurs
MAL 203 — MAL
troupeaux, Malzac fui un des premiers Masson, qui, dit-il, malgré son âge
à prendre la résolution de rentrer en et ses infirmités, avait entrepris de
France. En 4690 ou 4694 il traversa prêcher l'Evangile sous la croix. C'est
,
Lyon, se dirigeant sur Paris. Vendu dans cette petite ville, près de laquelle
pour une somme de mille livres, il fut il était né qu'il commença à remplir
,
arrêté et enfermé, Je 14 mars 4 692(S«p- son dangereux ministère. Sa présence
plém. franc. 3854) dans le château de produisit un tel enthousiasmeparmi les
Vincennes,.d'où on le tira, le 15 mai, Protestants du pays, que,bravant tous
pouf le conduire aux îles Sainte-Mar- les périls, ils s'assemblèrent plusieurs
guerite [Arch. gén. E. 3378) ,où l'on ' fois au nombre de quelques centaines.
avait déjà envoyé trois autres minis- Saint-Quentin montra moins d'ardeur;
tres : Cardel (l), le 48 avril 4689, mais, chose presque incroyable l les
Salve, dit Valsec, le 20 mars, el Les- villageois des environs, en grande ma-
tang , le 3 mai 4 690. Quelques jours jorité catholiques,témoignèrentun em-
après, les portes de la prison d'état pressement sans égal à écouler ses in-
s'ouvrirent de nouveau pour Elisée structions. L'intrépide ministre passa
Gérant ou Giraud, qui avait été mis à par Laou, visita Ja plupart des ancien-
Vincennes, le 13 mai 1692, et en était nes églises de la Picardie, et arriva à Pa-
sorti, le 27 juin, ainsi que pour Gar- ris, après un voyage de deux mois.Des
dien Givry, dit Du Chesne, que Court marchands de Sedan l'engagèrent à al-
citecommeun des plus actifs et des plus lerprêcher dans cette ville.Comme il y
courageux parmi les pasteurs qui sui- avait habité neufans et qu'ily était par
virent les traces de Brousson. conséquent fort connu,il refusad'abord
Les travaux de ces humbles servi- de se rendre à leurs instances; cepen-

teurs du Christ seraient restés incon- dant le désir, dit-il. de réparer le scan-
nus, si, par un heureux hasard, quel- dale qu'il y avait.donné;quelques années
ques volumes de papiers de police ne auparavant,le décida à entreprendre ce
s'étaient trouvés transportés du cabinet .
voyage. En route, il prêcha dans tous
de La Reynie à la Bibliothèque natio- les lieux où il y avait des Protestants,
nale, où il nous a élé possible de les et partout il eut à rendre à Dieu de fer-
parcourir. Au milieu de dénonciations, ventes actions de grâces. De Sedan il
dénotes destinées à servir de guide au allaà Monthoisen Champagne; mais on
juge instructeur, de papiers sans inté- refusa de l'écouter. Il ne fut pas mieux
rêt saisis sur les prisonniers, nous avonsaccueilli à Châlons, et ne le fut guère
rencontré quelques ébauches de ser- mieux à Vitry.Il reprit alors la foute de
mons tracées d'une écriture très-fine, Paris, en passantpar Châlons où il trou-
très-serrée et très-nette par la main de va les sentiments dé ses coreligionnai-
Valsec eldeMalzac;mais de toutes ces res complètement changés àjson égard.
pièces celle qui a excité le plus vive- Dans le voisinage de Château-Thierry,
ment notre curiosité, c'est un récit très- il visita le village de Mogneau, dont la
délaillé de ce qui arriva à Gardien population,louteprotestante, avait,de-
Givry depuis son départ de Plymoulh, puis quatre ans déjà," rétabli une forme
en 1690 (il était pasteur de l'église decullepublicsousla directiondedeux
françaisedecettevilledepuiscinqans). frères nommés Eslienne, et aveclecon-
Il réussit, à travers de grands dangers, senlementtacite du lieutenant-général
à franchir la frontière et s'arrêta à La de Château-Thierry qui voulut s'en-
,
Capelle où venait de mourir le pasteur tretenir avec lui. Villeneuve lui offrit
(1) L'ordre de transfèrement, que nous un peuple «presque aussi heureux,
ayons lu dans les Registres du secrétariat aussi dévot et aussi sage» .A Nanteuil-
(Arch. gén. E. Sffih), donne raison aux mé- lès-Meaux, il tint des assemblées où
moires de la Bastille contre Renneville, a l'on compta jusqu'à six cents person-,
moins que Cardel n'ait été ramené a Paris
(Voy. III, p. 215). nés. Enfin, après une absence de deux
MAN - 204 — MAN
qu'une fille, nommée
il
mois, rentra à Paris pour son mal- dont il n'eut
heur.Arrêté et conduit àVincennes, lé CLAUDE. Le sort de Galiot est inconnu.
24 mai 1692, il en sprtil le même jour Quant à Jean, il devint trésorier géné-
être transféré îles Sainte-Mar-' ral de France dans la généralité du
pour aux
guérite. Il y gémissait encore en.4 700, Befry, et prit pour femme Marie Bris
ainsi que Géraut, Lestang et Valsec. set, qui lui donna au moins deux en-
Trois des prisonniers étaient déjà de- fants : 1 ° FRANÇOIS, médecin du roi el
fous,en 693 (Arch. E.3379); régent de la Faculté deParis, qui épou-
venus 4
les autres finirent par succomber aux sa, en 1624, Marie Muisson, fille de
tortures morales et physiques qu'ils a- Jacques Muisson, sieur du Toillon, et
vaient à endurer ; autrement les Puis- de Marie Conrart, dont il eut : FRAN-
sancesprotestantesn'auraient pas man- ÇOIS, né le 15 août 4 626, mort à l'âge
qué de réclamer leur mise en liberté, de 20 ans; MARIE, présentée au bap-
en 1713,comme elles réclamèrent celle tême, le 27 août 4 627, par son grand-
de leur compagnon d'infortune, Ma- père maternel et nar Marguerite Man-
thurin (1) qui, grâce à leur interven- dat, veuve de Jaquinot^ premier valet
tion, sortit du cachot où il était enfer- de la garde-robe du roi, et mariée, en
mé depuis vingt-cinq ans. 164-6, avec GodefroiHeuft^ûenv Ae
Nous ignorons s'il y avait quelque pa- Choisyval; PHILIPPE'et PAUL, nés ju-
renté entre le ministre Malzac elDiane meaux, le 4 juin 4 630, et CATHERINE,
de Malzac. de St-Michel-de-Dèze,veuve née en 4 635 ; — 2" GALIOT, commis-
de Pierre.Capdnr, sieur de Lavit, qui saire ordinaire des guerres, qui s'unit,
réussit à gagner les pays étrangers avec en 1646, à Marie Fauvel, veuve de
ses deux fils, HERCULE, sieur de La Charles Falaiseau, sieur du Mont et
Taillade, et N., sieur de La Tessarie, de Beauregard (Reg. de Charent.).
et avec ses deux filles, ELÉONORE et MAWBINELLI (ADÉMAR), capitoul
MARIE (Arch.1T. 236). de Toulouse, en 1561. Lorsque ses co-
MANDAT (GALIOT), sieur de La religionnaires évacuèrent l'hôtel-de-
Jonchère, trésorier d'Armagnac, secré- ville (Voy. SAUX), Mandinelli refusa
taire de Marguerite de Navarre, plus de les suivre, se confiant, disait-il, en
tard échevin de Tours et conseiller se- la droiture de ses intentions, qui n'é-
crétaire du roi, ne survécut que quel- taient que de faire exécuter les édits.
ques mois à la Saint-Barthélémy, à la- Il fut arrêté et conduit àla conciergerie
quelle il avait eu le bonheur d'échapper. par ordre du parlement qui, peu de
Il laissa trois fils nommés GALIOT, jours après, le condamna à être dégradé
,
JEAN et GEORGES, et trois filles. Geor- et à per.dre la tête.lje jour de l'exécution,
ges, lieutenant criminel au siège pré- on le tira de prison et on le conduisit à
sidial de Tours épousa Françoise l'hôtel-de-ville monté sut un méchant
d'Argouges, fille,, de Guillaume, sieur cheval et revêtu de son costume de ca-
de Vaux, et de Jeanne Massicault (2), pitoul. La dégradation s'accomplit dans
le grand auditoire, les huis ouverts.
(1) Ce Malliurin peut être soit Mathurin, On le dépouilla des insignes de sa ma-
ministre de Damasan, qui sortit du royaume gistrature, on le contraignit à faire
ri la révocation avec sa femme,Marguerite Pis
(Arcli. gén, Tr. 267), laissant en France une amende honorable, et on le Iraîna dans
petite tille de 4 à b ans [Ibid. TT, 313); soit
Gabriel Malliurin-, pasteur de l'église de La mais nous n'avons aucun doute concernant
Réolc, qui fut arrêté, en 16S3, avec Gabriel celle de Massicault. En 1602, Marc de Massi-
Augier, sieur de Massilos, sous l'accusalion cault, sieur de Beaumonl, commissaire ordi-
d'avoir tenu des assemblées contre les or- naire de l'artillerie, fit baptiser par un des
donnances (Ibid. M. 665);maisqui, plus tard, ministres protestants de Paris deux filles
passa en Hollande avec sa femme et deux jumelles, MAUELAINE et ANSE, nées de son
jeunes enfants. mariage avec Geneviève Cnillet. Elles eurent
(2) Kous n'oserions affirmer que la famille
d'Argougesait professé la religion réformée; pour marraines W"° do Rnvigny et la veuve
du sieur de Banlelu.
.
MAN
— 205 — MAN
un tombereau jusque sur la place de nombre de dix-huit, et redoutant pour'
la Dorade, où il eut la tête tranchée. le reste de sa famille un sort aussi af-
Un arrétdu Conseil le rétablit, quelques freux, il se sauva dans les bois de Ver-
mois plus tard, en sa bonne famé et sons. Les Catholiques durent donc
renommée. Deux de ses filles avaient se conlenler de brûler son château
épousé l'une Gabriel Du Bourg, l'au- et de dévaster ses propriétés. Quel-
tre Arnaud de Cavagnes, deux autres ques jours après, des paysaus de ses
victimes des haines religieuses. terres ayant rencontré Bourgarel, le
MA.1S0QLS (GASPARD DE), ou plutôt supplièrent de leur dire où s'était re-
DEMANDOLS jeune gentilhomme de tiré leur seigneur, en lui jurant de-l'al-
,
Provence, qui venait d'épouser, quelque ler chercher pour le ramener secrète-
temps auparavant, Anne de Grasse, ment dans son château en ruines.
fille du baron de Bonnes, se trouvait Trompé par leurs protestations hypo-
dans le château de son beau-père, lors- crites, Bourgarel tomba dans Je piège
qu'à la fin du mois de mai 1562, Brian- et y entraîna Mandols, qui fut massacré
çonnet, un des chefs catholiques dans par ces brigands, ainsi que ceux qui
la province, alla l'assiéger sous pré- l'accompagnaient. Bourgarel seul é-
texte que le seigneur y donnait asile à chappa aux couteaux des assassins, en
des Huguenots du voisinage, et entre emportant ses deux jeunes enfants. La
autres, auxministres Mise» et Vitalis. bélle-soeur de Mandols, qui avait été
Les assiégés capitulèrent après s'être percée de coups, en couvrant de son
défendus quelques jours; mais au mé- corps son fils, fut assez heureuse pour
pris de la foi jurée, Briançonnet les dérober son enfant à la vue des meur-
retint prisonniers. De Mandols qui triers, et, laissée pour morte sur la
,
avait été envoyé dans les prisons de place, elle guérit de ses.blessures.
Grasse, réussit à s'échapper, peu de SÏANGïKF (ROLAND), siêur de Ma-
temps après, avec sa femme, et sortit risy, ministre du saint-Evangile à Au-
du royaume, où il ne Tentra qu'à la baïs, en 1603, et poète, a laissé des
conclusion de la paix. Il testa enl 572, Méditations chrétiennes tirées du
et laissa un fils, nommé SAMUEL. Vieil et du Nouveau-Testament, et
Maître du château de Bormes, Brian- dressées en forme de quatrains,, les-
çonnet résolut de se saisir aussi de ce- quelles ont été mises au jour par le
lui de Mandols. Désirant éviter un siège pasteur Bansillon, après la mort de
qu'il était hors d'élat de soutenir, Gas- l'auteur. La 1 " édit. sortit des presses
pard de Mandols père fit partir pour la de Jacob Stoer, en 1609. L'éditeur y
Savoie tous ses serviteurs mâles et le a joint une Epitre dêdicatoire, adres-
ministre George Corneli, sous la con- sée à la baronne de Marchastel, d'Au-
duite de son frère, ne gardant auprès baïs et du Caylar, et datée d'Aïgues-
de lui que sa femme, Renée de Castel- Mortes, 20 mars 1608. Une seconde
lane-Esparron, qu'il avait épousée en édit. parut à Genève, en 1620, avec
4531, une de ses filles, âgée d'une une trad. latine par Nicolas Viret, et
douzaine d'années, sa belle-soeur, qui une longue prière en vers français
allaitait un enfant de six mois, la femme pour demander à Dieu le bon usage de
' de Michel Bourgarel, de La Garde, la lecture de la Bible. N'ayant pu nous
avec ses deux petits enfants, deux ser- procurerd'exemplaire ni de l'une ni de
vantes et deux jeunes laquais. 11 avait l'aulre de ces éditions, nous avons dû
résolu d'attendre Briançonnet, dans nousbornerà répéter ce qu'en dit l'ab-
l'espoir que, n'éprouvant aucune résis- bé Goujet.
tance, le chef catholique se contente- Au nombre des Protestants français
rait de piller son château; mais ayant qui allèrent demander un asile à la
appris que son frère avait été massacré Hesse, nous trouvons cité,en 1697,un
enroule avec tous ses compagnons, au lieutenant nommé Abraham Mangin.
MAN 206 — MAN

Il descendait sans doute de la même au roi une harangue à la fois très-ferme


famille messine que Paul Mangin, qui et très-soumise , imp. dans le même
quitta Berlin, sa ville natale, pour aller vol. du Mercure, pour demander la
s'établir à Lisburn en Irlande, où il démolition du fort Louis, qui inquiétait
épousa Madelaine Crommelin, après La Rochelle, l'éloignemeut delà gar-
la mort de laquelle il se fixa à Dublin, nison laissée à Montpellier et le rejet
et se remaria avec Anne-Henriette de la demande formée par quelques
d'Onie-de-La Lande d'une famille habitants de cetle ville tendant à ce que
,
originaire de la Saihtonge. Ce Paul le roi y bâtît une citadelle (1 ). Au mois
Mangin laissa deux fils, ALEXANDRE et de juillet 4 625, Maniald présenta à
SAMUEL-HENRY, sur qui nous ne pos- Louis XIII un nouveau cahier des griefs
sédons aucun renseignement, et une de ses coreligionnaires.Rétablissement
fille, HENRIETTE, qui devint la femme du culte protestant dans un grand nom-
de Samuel Crommelin. bre de localités où il avait été aboli de-
K1ANIALD (ETIENNE), avocataupar- puis 1620, restitution aux Protestants
lement de Guienne et ancien de l'église des temples et des cimetières dont ils
de Bordeaux, fut député, depuis 1605, avaient été dépouillés, retour des mi-
à plusieurs assemblées politiques et à nistres et des habitants réformés dans
des synodes nationaux. Il fut appelé les villes dont ils avaient été expulsés,
deux fois à remplir les fondions de démolition du fort Louis et delà cita-
député général des églises. Dès 1608, delle bâtie à Montpellier, paiement des
l'Assemblée de Gergeau le porta'sur la deniers alloués pour le traitement des
liste des candidats qu'elle devait sou- ministres, tels sont les articles prin-
mettre au choix du roi. En 1611, l'As- cipaux de ce cahier des plaintes. Le
semblée de Saumur le proposa de nou- roi y répondit en général assez favora-
veau pour celte charge importante. En blement ; aussi l'assemblée de Milhau
1645, la Basse-Guienne le députa à le fit-elle remercier « des grâces et
l'Assemblée politique de Grenoble. Il concessions » que « dans sa clémence
prenait alors les titres de conseiller du et bonté », il lui avait plu d'accorder
roi et de lieutenant général à Castel- à ses sujets de la Religion. Mais les
moron. Il sui vit ses collègues à Nismes, promesses royales furent fort mal te-
puis à La Rochelle, et remplaça à plu- nues. On ne démolit ni le fort Louis, ni
sieurs reprises Des Bordes-Mercier la citadelle de Montpellier.
dans les fondions de secrétaire. Après
la conclusion de la paix, à la négocia- (1) Nous avons trouvé, dans le vol. 212 du
Fonds de Brienne l'Acte de consentement des
tion de laquelle il fut employé l'as- Protestons de Montpellier touchant la construc-
,
semblée, satisfaite de ses services, le tion d'une citadelle, dressé, le 2 août 1623,
choisit pour député général avec Ber-r dans un conseil extraordinaire auquel assis-
taient:./(ÎW/MC.5Tinel, Claude Sigillory el Pierre
treville. Ce fut en partie pour procéder Blanc, consuls; Louis de Phitippi, conseiller
à leur remplacement que fui convoquée, du roi el président en la cour des aides ; Phi-
en 1619, la fameuse Assemblée de Lou- lippe Bornier , conseiller du roi el président
dun. En 1622 Louis XIII le nomma François en la chambre des comptes; Jean Foucard,
, Fontanon et Jean Janvier, tous trois
une seconde fois député général, sur conseillers en la chambre des comptes; David
la présentation de Rohan et des dépu- de F«/(/wero//c.v,conseillerduroi et général en
tés des églises qui l'assistaienl.En celle la cour des aides ; Bouria et Mandronnet,con-
seillers; Pcyrol et Védrincs, pasteurs; Mazc-
qualité, Maniald fut chargé avec son ran, AcSanson, de La Lauze, Magny, deBoi-
collègue Montmartin, de présenter raigues; Coitlon et Tandon, avocats; Fauchon,
au roi, le 4 mars 1623, le cahier gé- docteuren médecine; Jean Auzièrejean Sau-
Servais cl Esprit Audifret, bourgeoisie
néral des^ plaintes des Hugueuols. Co toul, dernier s'éleva contre la proposition avec
cahier a été publié, avec les réponses beaucoup de force et d'éloquence); Chevrette
du roi, dans le Mercure français. La elBiiiij'/.proeureursenla chambre des comp-
mêmeannée,le14sept,,Maniald"adressa tes; Pierre Chabaudg, Daniel Thauberl,Frati-
c.ois Maduron el Jean Cabas-sus, marchands.
MAN — 207 — MAN
Maniald étant mort quelque temps elle raconte leur fuite; par ce fragment
après, Louis XIII, au lieu de lui faire on pourra juger de tout ce que les Ré-
nommer, selon l'usage, un successeur fugiés eurent à souffrir.
.

soit par une assemblée politique, soit «Nous quittâmes de nuit notre de-
par un synode national, choisit lui- meure, laissant les. soldats dans leur lit
même Hardi, secrétaire du roi, pour et leur abandonnant noire maison et
le remplacer, en 1626. Les églises é- tout ce qu'elle contenait. Pensant bien
prouvèrentun vif mécontentement de qu'on nous chercherait partout, nous
cette atteinte portée à leurs privilèges. nous tînmes cachés pendant dix jours
Il est assez probable que David de à Romans chez une bonne femme qui
Maniald, sieur du Peirat, natif de Bor- n'avait gardedenous trahir. Nous étant
deaux, qui mourut en 1640, à l'âge de embarqués à Londres, où nous étions
26 ans, et fut enterré au cimetière des arrivés en faisant.un long circuit par
SS. Pères (Reg. de Charent.),blz\l le l'Allemagne et laHollande, nous eûmes
fils du député général. Peut-être Mar- toules sortes de malheurs. La fièvre
guerite de Maniald, veuve de Jacob rouge se déclara sur le navire.Plusieurs
Joly, sieurdeTornac (Arch. gén. TT. des nôtres en moururent, et parmi eux
242) el Anne de Maniald, femme de noire vieille mère, Nous touchâmes les
Colomb (Ibid. TT. 287), qui figurent îles Bermudes, où le vaisseau qui nous
sur des listes de Réfugiés de la Guien- portait fut saisi. Nous y dépensâmes
re, descendaient-elles aussi de lui. tout notre argent, et ce fut à grand'-
HA\'ïGAULT (PIERRE), un de ces peine que nous nous procurâmes le
Prolestants français qui, au nombre de passage sur un autre navire. De nou-
de plusieurs milliers (1), allèrent cher- velles infortunes nous attendaient à la
cher un asile en Amérique après la ré- Caroline. Au bout de dix-huit mois,
vocation del'éditdeNantes. Manigault nous perdîmes notre frère aîné, qui fi-
mérileune mention particulière à cause nit par succomber à des fatigues si
des Mémoires que nous a laissés sa inaccoutumées ; en sorte que depuis
jeune femme Judith. Voici comment notre départ de France, nous avions
souffert tout ce qu'on peut souffrir. Je
(1) L'historien Bancroft parle en ces termes
de rétablissement des Réfugiés fiançais en tants...Partout aux Etats-Unis l'on a des mo-
Amérique : «II n'est aucune de nos colonies numents de l'émigration française. C'est le fils
qui ne leur ait fait le meilleuraccueil. Toutes d'util huguenot qui dota le pays de la salle
les sympathies religieuses de la Nouvelle-An- où les orateurs de la Nouvelle-Angleierre,
gleterre se réveillèrent en leur faveur. Plu- réunis à Boston, firent entendre les premiers
sieurs arrivèrent dans un élat de complet dé- accents de la liberté américaine. Lorsqu'on
nuement, n'ayant pu sauver que leurs per- stipulait le traité de Paris par lequel nous fû-
sonnes; mais les villes du Massacbusets se mes mis au rang des nations,le petit-fils d'un
cotisèrent libéralement pour les entretenir réfugié français (Voy. JAÏ), instruit dès son
et leur fournir des terrains a cultiver. Quel- enfance de tout ce que ses ancêtres avaient
ques-uns d'entre eux se rendirent à New- souffert, ne laissa pas endormir sa jnsie
York. Cependant il fallait un climat plus méfiance, et par sa puissante intervention,
ebaud pour les exilés du Languedoc, et la l'on porta jusqu'au Mississipi les Ironiièies
Caroline du Sud devint la principale retraite de la république. Dans l'Etat qui est à notre
des Huguenots. Ils étaient nombreux, car on frontière septentrionale, le nom du plus an-
avait beau punir de mort l'émigration, cinq cien collège rappelle la sage libéralité d'un
cent miïlePrniestantsétaient sortis de France. descendant des Iluguenqls... C'est d'eux i|ue
Lenréglise était à Charieslon.Ils s'y'rendaient descendent plusieursdes meilleures familles
chaque dimanche de tous les points de leurs de New-York, de Maryland, de la Virginie,
plantations éparses sur les rives du f.ooper. des Carolines.etc. Des scpl présidents qu'eut
On les voyait, profitant de la marée, arriver le Congrèsdurant la guerre de la révolution,
.
en famille sur de légers canots, dans un si- il n'y en eut pas moins de trois qui descendaient
lence religieux qu'interrompaient le bruit des des Huguenots et tous trois étaient des hom-
rames et le mouvement, du village florissant mes distingués (Voy. BOUDINOT, JAV et LAD?
que mouillait le confluent des deux fleuves. EEXs)...Lesenfanls des Calvinistes de France,
D'autres réfugiés s'établirent sur >a rive sud du ajoute l'historien américain,ont certes raison
Santee, dans un paysdevenu renommé pàison d'avoir en grand honneur la mémoire de leurs
aisance et par les moeurs polies de ses habi- pères.»
MAN 208 MAN

fus six mois sans goûter de pain, tra- maturée l'arrêta, à l'âge de 42 ans, au
vaillant d'ailleurs comme une esclave; milieu de sa carrière.
et durant trois ou quatre ans, je n'eus 9IANOEL (CHARLES DE), sieur de
jamais de quoi satisfaire complètement VÉGOBRE, né à La Salle dans les Ce-
la faim qui me dévorait. Et toutefois vennes, le 20 août 1713, était le plus
Dieu a fait de grandes choses à noire jeune des enfants A'Etienne de Manoël,
égard, en nous donnant la force de sieur deLaBlaquière, et de Dauphine
supporter ces épreuves. » Bousanquet (1). Sou père, zélé hu-
Manigaull acquit une grande fortune guenot, ne voulant pas l'exposer aux
que son fils s'empressa de mettre au séductions du clergé romain, en l'eu-
service de sa patrie d'adoption,lors de voyanldans un collège catholique,il dut
la guerre de l'indépendance. commencer l'étude du latiu sans maître.
Né à Charleston, en 1704, ce fils, Lorsqu'il y eut fait quelques progrès,
nommé GABRIEL, était un des plus ri- ses parents résolurent de le faire passer
ches commerçants des colonies d'Amé- à Genève, auprès d'une tante, M"" de
rique et jouissait de l'estime générale, Vignettes, qui s'y élait réfugiée pour
qu'il s'était conciliée par la loyauté de cause de religion. Ils pouvaient s'attirer
son caractère etlanoblesse de ses sen- des châtiments rigoureux; mais ils les
timents, à l'époque où les exigences bravèrent dans l'intérêt de l'éducation
fiscales de l'Angleterre firent éclater de leur enfant. La vieille dame ac-
l'insurrection. Trop âgé pour prendre cueillit assez mal son neveu, qui,
les armes, il voulut au moins-venir en toutefois, par l'amabilité de son carac-
aide à ses concitoyens par sa fortune, tère, ne tarda pas à gagner ses bonnes
et ilprêtagénéreusement220,000 dol- grâces.Il entra d'abord au collège, où il
lars à l'Etat de la Caroline. Plus tard obtint le prix de poésie latine ; puis, en
même, lorsque le général Prévost me- 1733, il suivit les cours de l'Académie.
naça Charleston à la tête des forces an- Sous l'habile direction deBurlamaquiét
glaises, et que la patrie en danger eut de Jean Cramer, il fil de rapides pro-
besoin des bras de tous ses enfants, grès dans l'étude de la jurisprudence.
on vit le noble vieillard partir avec son Il fut reçu avocat, le 23 août 1740, àla
petit-fils JOSEPH, âgé de 15 ansàpeine, condition «qu'il ne pourrait pas postu-
pour aller combattre les oppresseurs de ler, vu qu'il n'était pas bourgeois. » Il
l'Amérique. Il mourut deux ans plus dut donc se contenter d'ouvrir un ca-
tard, laissant à sa famille une fortune binet de consultations.
de plus de deux millions, dont il or- Sa tante étant morte en 1749, à l'âge
donna par son testament de distraire de 93 ans, de Végobre parvint à obtenir
125,000 francs eu faveur de la Société unpasseport de Saint-Florentin,elfitun
fondée à Charleston pour l'éducation voyage en Languedoc pour l'arrange-
des enfants indigents. Son fils GABRIEL ment des affaires de la succession. 11 y
l'avait précédé dans la tombe. Né à séjourna près d'un an. Au mois de nov.
Charleston, en 1731, il avait été élevé 1750,il se rendit à Lausanne pour y é-
en Angleterre, et de retour dans sa pa- nouserLouisedeVignolles-de-La-Va-
trie, en 1754, il était entré dans la lette;m$.\s aussitôtaprès la célébration
,

magistrature.- Nommé représentant au dumariage,ilrelournaàGenèveoùlerap-


congrès provincial, il s.'était, en bon pelaient ses goûts, ses habitudes et ses
patriote, opposé de tout son pouvoir occupations. Ce fui seulement en 1761,
aux empiétements du parlement d'An- qu'il fut admis à la bourgeoisie, avec
.
gleterre. En 1766, il avait été élu pré- ses deux fils aînés. Quelques mois plus
sident de l'assemblée de la Caroline; tard, le meurtre juridique de Calas vint
el il semblait appelé à rendre à sa pa-
trie d'importants services dans la lutte (1)En 16S5, M™* de Bousanquet jouissait du
. droit d'exercice a St-Théodoril, et Jean île
qui se préparait, lorsqu'une mort pré- Bousanquet
au Fesq. (Arch. TT. 322).
MAN — 209 — MAN
émouvoir douloureusement tous les Dès son enfance, Louis de Végobre
coeurs dans les pays protestants. De annonça les plus heureuses disposi-
Végobre qui, depuis longtemps, s'était tions. Il fil avec succès ses éludes eu
voué à la défense des intérêts de ses droit el fui reçu avocat en 1776. Des
coreligionnaires, ne pouvait rester in- affaires domestiques, puis les circon-
sensible à cette odieuse iniquité. Au stances politiques le tinrent, pendant
récit de l'épouvantable drame joué à plusieurs années, éloigné de Genève,
Toulouse, l'heureuse idée lui vint d'en où il ne retourna qu'en 1784. Il fut un
appeler à Voltaire de l'arrêt du parle- des auteurs de la législation de 89,
ment. On connaît déjà le résultat de la concession forcée faite aux idées du
toute-puissante intervention du philo- temps. Deux ans après, il entra dans
sophe de Ferney (Voy. CALAS). En le CC, et fut nommé secrétaire des pre-
1766 et en 1782, de Végohre fit deux mières appellations, puis châtelain des
nouveaux voyages en France, pour commandements de l'eney et de la
.

-échapper au spectacle affligeant des Champagne; mais les événements po-


troubles qui agitaient Genève, et dans litiques le dépouillèrent à la fois de sa
lesquels il intervint par la publication place et de sa fortune.
de quelques brochures mises au jour Bien qu'il eût perdu à peu près tout
sous le voile de l'anonyme, entre les ce qu'il possédait, telle étai l l'excellence
années 1777 et 1781. Les luttes poli- de son coeur qu'oubliant ses propres
tiques ne lui firent pas négliger pour- besoins, il s'empressa de vendre le peu
tant des travaux plus importants au d'argenterie qui lui restait pour venir
point de vue littéraire. Il publia, en en aide à quelques-uns de ses parents
4TtO,lesOEuvres diverses d'Abauzit chassés de France, par la Terreur.
(Voy. I, p. 6), en les faisant précéder Bientôt il fut lui-même forcé de fuirde
d'une Vie de ce philosophe et d'un Genève. Il se sauva dans le canton de
Discours préliminaire. L'année sui- Araud, et arriva à Eloy chez Albert
vante, il soigna l'édition du traité d'Ad- Turreltini, n'ayant pour fout bien que
dissou De la vérité de la religion l'iiabit qu'il portait sur le corps. Il ac-
chrétienne (Gen., 1771, 3 vol. in-S"), cepta l'asile que Tnrettini lui offrit gé-
trad. el commenté par Seigneux de néreusement, mais à condition qu'en
Correvon. Il avait aussi écrit un Eloge échange de son'hospitalité, il ferait
historique de Court de Gébelin, son l'éducation de son fils. Plus tard, il en-
ami, éloge resté manuscrit. tra également en qualité d'instituteur
Charles de Végobre mourut, le 25 dansune famille genevoise établie dans
oct. 1801, ayant conservé jusqu'à ses le canton de Yaud. Il passa aussi quel-
derniers instants toutes ses facultés et que lemps au château de Coppel auprès
son goût pour la poésie. Il avait perdu de M1"" de Staël,qui mit plus d'une fois
sa femme en 1794. Six enfants étaient à contribution sa vaste instruction et
issusdesonmariage, savoir: WEANNE- sa mémoire extraordinaire.
ESTRER, née le H sept. 1751, morte LorsqueGenèvefutréunieàlaFrance,
jeune; — 2°Louis,néle12nov.l752, de Végobre devint membre du consis-
qui suit;
— 3° ANNE-CHARLOTTE, née toire de celle ville. « On sait, lisons-
le 4 9 sept. 1754, et morle en 1840; nous dans une notice sur lafamilleVé-
—4° JEAN-ETiENNE,nélel"'mars17o7, gobre, que M. le pasteur Archinard
mort jeune; —5" MADELAINE-PHILIP- a eu l'obligeance de rédiger pour la
ÎINE, néele19janv.1759, mortejeune; France protestanle, avec le concours
— 6° PHILIPPE, né le 24 juin 1762, de l'ancien secrétaire d'Etat, M. Le
jeune homme de grande espérance, Fort-Mestrezat,on saitavecquel zèle,
dont la mort précoce (2 mai 1778) fut quelle exactitude il remplit ces fonc-
déplorée par Jean Perdriau presque à tions, et quels soins, paternels il-mit
l'égal d'une calamité publique. longtemps à inspecter les classes de
T.YII. 14
MAN — %iO — MAP
catéchumènes.» En 1814, Genève inépuisable. Elle a été une des fondar
ayant recouvré son indépendance, de tricesdèi'AsiledésorphelihesdèGéne-
Végobre devint membre du Conseil rè- ve,étâblissement'qui, jusqu'à son'der-
présentalif,oùil siégea jusqu'en 1833, nier jour, fut l'objet de sa eohslan'te
etoùiî déploya uue grande activité.En sollicitude.
1815, il fut nommé juge à la Cour su- MAP? (MARC), médecin et botanis-
prême, et il en remplit les fonctions te, né à Strasbourg, le 28 oct. 163?,
jusqu'en 1826, que, croyant sentir ses et mort le 9 août 17011' Mapp com-
forces décliner, il donna sa démission. mença dans sa ville natale des éludes
De Végobre était né avec le goût des eh médecine qu'il alla continuer àPà-
sciencès;illes avait même cultivées a- doue. De retour à Strasbourg,' il prit,
vecassezde succès,notaramentlaphy- eu 1653, le bonnet dé docteur, et quel-
sique pour pouvoir remplacer, pen-
, ques années plus tard,' il fut nommé
dant une maladie, le professeur Pictel. professeur de botanique et de patholo-
GependantilnVrien mis au jour d'im- gie. Partisan de la médecine dès An-
portant.Al'exception de quelques pam- ciens, il défendit avec vigueur'Hippd-
phlets politiques, publiés en 1780, et Crate et Galien contre/les; attaqués clè's
d'une brochure contre l'institution du médecins systématiques. A sàmèrtll
jury, imprimée'en 1817, nous ne trou-
vons à mentionner qu'une notice sur
la vie et les travaux de F.^A.Naville,
ancien procureur-général,victime dé la
révolution de 1791, laquelle a été pu-
bliée sous ceUtre: Discours pour ser-
était doyen du collège de médecine el
chanoine de Sainl-Thomas. On a de lui:
I. Diss. de dolbre nephritico, Ar-
gent., 1672, in-4». '""'"' ' '
1
II. Thërmoposiaseu dissert. med.
IIIdep:otncalido,A.Tg.,A61%-7li-1ë,
'
vir d'introduction àun ouvrage pos- in-4». i
thume de Fr.-André Naville, 1803, III. De lue venereâ, Arg., 1673,4°.
in-8'. La Bibliothèque britannique et IV. De flatibus; Arg.; 1675, iri-4;°.
les Mélanges religieux du pasteur Sa- V. De febribus qucestiones X,Arg.,
muel Vincent contiennent aussi quel- 1675, iii-40. i'""'
ques articles sortis de sa plume. Enfin '"VI: De fistnlâgènes terminatâad
il a laissé en msc.diversprojelsou mé- dentem cariosùm, Arg., 1675', in-4"'.'
moires touchantl'organisationdes égli- VII. De catameniorum vitiis et
ses, protestantes de France. «Ce fut suppressionë, Arg., 167'6, in-4°: :
.

surtout, ajoute M.'Archinârd, par son VIII. De oculi humani partibns et


caractère aimable et serein qu'il brilla; usu, Arg.,. 1'677, in-40.. ' : '

ni de tristes épreuves,ni l'âgé, qui rend IX.. De superstitiône et remediis


souvent égoïste et morose, n'altérèrent snperstitiosis, Arg., 1677, ih-4°. '
chez lui celtébiénveillance, cette cha- J..Deaquisin'qùibus temporeges-
leur de coeur qui Je rendait si précieux tatiùnis foetus hninanus quasinâtai,
à ses amis. Lès étudiants français qui Arg., 1681, in-4\ '"':
allaient à Genève se préparer au saint XL Devoce articulatâ,krg.,i68l\,
' ' ''-.'
ministère,ont toujours trouvé en lui un in-4°. ' ' :

père.«Pour leur donner une dernière XII. De foedis virginum coloribus,


marque de son affection, deVégobre lé- Arg., 1682,in-4°. '
gua tous ses livres à leur bibliothèque. XIII. De àurium cerumine, Arg.,
Louis de Végobre ue ftitpas marié. 4 684, in-4».
-
Il vécut avec sa soeur Anne-Charlotte, TIV.De risuetfletu,krg., i 684,4».
qui mourut le 28 sept. 1S40, le précé-: XV. Historia medica de acephalis,
dam.de vingt-quatre heures seulement Arg.,1687. in-80.—L'auteur traite de
danslatombe. Cette demoiselle a laissé fables tout ce que l'on a débité.tou-
aussi de beaux souvenirs. Quoique sa
fortune fût modique, sa charité était
chant les acéphales. " ' ''''
XVI. De morbiïUs, Arg., 1688,-4°.
MAR — 211 — MAR
V3\\.Decephalalgiû,,krg.,\^\,i\ mêmes.Dans Jatroisième guerre,Guer-
XVÎ1I.Dise. III de'réceptis hodie chy combattit à Jarnac avec une grande
in Europâ potûs calidi generibus bravoure. Gravement blessé, il'-tomba
thee, café, chocplatâ, Arg., 1691- entre les mains des soldats du ducd'An-
93-95, in-4". — Livre plein de re- jou, qui le fit mettre en liberté. A peine
cherches curieuses .et d'observations guéri, il alla rejoindre le duc de Deux-
intéressantes. Ponts à qui il -rendit le service le
XIX. Catalogus plantarum horti ,
plus signalé, en lui indiquant le gué
medici argenlinensis, Arg., 1691, de Pouilly, où l'armée allemande put
in-8".— Catalogue par ordre alphabé- franchir la Loire. Par reconnaissance,
tique d'environ 1500 plantes. le duc lui donna le commandement de
XX. Delienosis,Arg., 1692, in-4». La Charité, lorsqu'il s'en fut emparée
J^I. Historia exaltationistheria- Instruit, quelque temps après, de la po-
carum in theriacam cmlestcm,kxg., sition presque désespérée où se trouvait
1695, in-12. réduit Briquemault (Voy. II, p.. 132),
XXII. De febribus in génère, Arg., Guerchy résolut de voler à son secours,
4697, in-4».' fermement décidé à le sauver ou à périr.
XXIII. De rosâ de Jéricho, Arg., « Pour ce faire, dit d'Aûbigné, il passa
1700, in-4". '"' deux rivières à la nage, assavoir le Ver
IXIY.Deerysipelate,kïg.,M00,i°. etLorette.delà vint emporter Ghasteau-^
Selon Jocher, on doit ajouter à cetle neuf-sur-Cher parèscallade,ôùil y eut
liste une dissertationDe ethicâ pytha- tuerie sur les prestres et leurs cham-
goricâ. Après la mort deMapp,/«fl»- brières, qui firent la principale deffencé;
Chrislian Ehrmann fit imprimer, il y laisse deux compagnies pour le re-
sous ce litre : Historia plantarum tour^) et va donner la main aux assié-
alsalicarum, Argent, et Amst., 1742, gez.» A peine de retour, à La Charité,
in-4", un catalogue d'environ 1700 Guerchy se vit attaqué à son tour par
plantes dressé par le savanl professeur, Sansac,à la tête de plus de 3,000 hom-
avec l'indication des vertus et des usa- mes de pied et de 500 chevaux. Le
ges de ces plantes et une assez nom- chef Catholique fit battre d'abord la
breuse synonymie. Les planches' sont porte de Paris; mais la brèche ayant
en petit nombre, et d'une exécution été promptement réparée par les assié-
médiocre. gés, il transporta son. artillerie à la porte
M -A a AFIN (ANTOINE DE), seigneur de Bourges. Renty,qm y commandait,
de. GUÉRCHT et enseigne'de l'amiral de fit travailler jour et nuit, avec Une ex-
Coligny, ne commence à figurer parmi trême activité, à en augmenter les dé-
les capitaines huguenots que dans la fenses, en sorte que les assiégeants,
secondegùerre civile,à moins toutefois désespérant dé forcer la ville' de ce
qu'il "ne soit le même que Marafin côté, changèrent, une troisième fois,"
d'Avignean, qualifié aussi d'enseigne leurs batteries de place et attaquèrent
de l'amiral, qui. combattit, dès 1562, la porte de Nevers. La brèche faite,
pour la cause prolestante dans les en- San sac fit donner un assaut général:
virons d'Auxerre et punit, à la tête d'une Les Protestants se défendirentavecuné
vingtaine de cavaliers,les abominables grande bravoure. Pendant le combat,
excès commis dans cette ville sur les le feu ayant pris aux poudres dans lés
Protestants^?/. III, p.315).En 1568, tranchées, cet accident jeta parmi les
lorsque Condé, cédant aux prières des Catholiques un tel désordre qu'il fallut
habitants d'Auxerre, appela auprès de sonner la retraite. En même temps, le
lui La Borde (Voy. VI, p. 164), le (1) Sous les ordres du capitaine La Bau-
gouvernement de la ville fut confié à drie qui, attaqué bientôt après par La Châtre,
Guerchy, qui sut par sa modération se capitula après une belle défense ; mais la
capitulation n'empêcha pas les Catholiquesde
concilier l'estime des Catholiques eux- dévaliser la garnison et d'en noyer une partie.
MAR
MAR — 212
bruit de l'approche de Blosset(\'oy.ïll, Marbach eut pour premier instituteur
p. 312) acheva de les décourager; San- Gaspard Heldelin.A l'âge de 15 ans.il
sac fut conlraintpar la mutinerie de ses fut envoyé au gymnase de Strasbourg,
soldats à lever le siège, qui avait duré el ses humanités achevées.il se rendit,
un mois et lui avait coûté plus de 300 en 1539, à l'université de Wittenberg
hommes. Les assiégés perdirent une pour y-suivre les cours de théologie.
centaine des leurs, mais pas un person- Ses progrès furent rapides..En 4541,
nage de marque, excepté le sieur de il fut reçu mailre-ès-arts, après quoi il
Ravetot, que Guerchy lua de sa propre partit pour léna, où il remplit pendant
main, « parce qu'il vouloit quereller sur un an les fonctions de sous-diacre. En
l'assiette des gardes.» 4 543, décidé à se vouer entièrement à
Après la retraite des Catholiques, la carrière ecclésiastique , il retourna
Guerchy secondé par Briquemault, à Wittenberg où il subit, le 20 fév.,
Bourry,Bois,DnBonlay,Varène, Des sous la présidence de Luther, les épreu-
Essarts, Tremblay, George, Messon- ves prescrites pour le doctorat; puis il
«ièrc,serenditmaîlredeDonzy,Pouilly, repartit pour léna, d'où il fut appelé à
Antrain, Saint-Léonard,et de plusieurs Isny comme successeur de Fagins.
autres, petites places des environs. Ses Mal vu dans celte petite ville à cause
succès auraient même été plus rapides de son orthodoxie élroite,il accepta avec
et plus éclatants, si la mésintelligence empressement la vocation qui' lui fut
ne s'était pas glissée entre lui elBois. adressée, en 1545, de Strasbourg, et
Nous avons parlé ailleurs de la malheu- fut donné pour pasteur à l'église de
reuse issue de l'entreprise sur Bourges Saint-Nicolas.
tentée par Briquemault (Voy. II, p. Marbach était le plus jeune des mi-
132), el à laquelle Guerchy s'associa, nistres slrasbourgeois, et au jugement
selon quelques historiens. Les uns di- de Mélanchlhon, il n'était que médio-
sent qu'il partit avec le même capitaine crement instruit; cependant, comme il
pour le Midi; d'après les autres, il avait de l'éloquence naturelle, un exté-
resta chargé de garder La Charité rieur imposant et une grande activité,
avec les arquebusiers de Casquet, Pou- il ne tarda pas à acquérir une cerlaine
lain, Lornay et Belon. Cetle dernière prépondérance. En l'entendant prêcher
version paraît la plus probable. Après pour la première fois, Bucer prédit
la conclusion de la paix, Guerchy se «queceprésomplueuxthéologien cau-
rendit à Paris avec Coligny, et il pé- serait beaucoup de mal à l'Eglise. »
rit danslemassacre delà Saint-Barthé- Sa prédiction ne fut que trop tôl réa-
lémy. « Le sieur de Guerchy, vaillant lisée.
homme, lit-on dans le Marlyrologe.fut En1552,MarbachfutdéputéàTrenle
tellement surprins, que sans avoir loi- avec Christophe SSII, pour présenter
sir de s'armer,ilfutassaillideplusieurs. au Concile la confession de foi de l'é-
Mais ayant l'espée au poing et un man- glise slrasbourgeoise,et lui offrir delà
teau aulour du bras, fit ce qu'un défendre par l'Ecrilure sainte ; mais
homme de coeur pourroit faire pour l'approche de Maurice de Saxe dispersa
sauver sa vie, sans toutefois tuer ne les Pères, en sorte qu'il ne put remplir
blesser personne,parce qu'ils estoyent sa mission. A son retour , il fut choisi
armez, et finalement fut accablé de pour remplacerHedio à la tête du con-
coups d'espieux et d'espées.» sistoire, et nommé, en même temps,
MARBACH (JEAN), un des plus professeur des lettres sacrées. Arrivé
fougueux et des plus intolérants pas- à cetle haute posilion.il donna un libre
teurs de l'église luthérienne de Stras- essor à ses velléités de domination Ihéo-
bourg, né à Lindau sur le lac de, Con- cratique.'
stance.le 24 avriH 521,ol mort à-Stras- En 1.854, il se présenta, au nom de
bourg, le 17 mars 1581.
ses collègues, devant le Conseil pour
MAR
- - 213 MAR
lui intimer en quelque sorte l'ordre de nous ne la donnons pas pourcomplète.
chasser de la ville tous les Catholiques I. Consensus, das ist Vereinigung
et d'interdire l'exercice de la religion der Prediger zu StrasburgimStrei-
romaine, eu menaçant les magistrats tigen Artikel von der Erbsiinde,
d'une démission générale, de la part Ursel, 1551, in-4».
des ministres, qui, leur dit-il, ne vou- II. Samt Widerlegung der Sacra-
laient pas plus longtemps remplir leurs mentirer irrigen Lehre, Strasb.,
fondions dans une ville souillée de 1365, in-8».
l'idolâtrie du papisme. Le Couseil ré- III. Christlicher und màhrhàffti-
pondit comme il le devait à cette in- ' ger Undericht. von den Worten der
solente sommation. Le vénérable Mat- Einsatenng des heyligen Abendmals
thias Pfarrer, entre autres, fit de vifs Jhesn-Christi, Slrasb., 1566, in-4°,
reproches à Marbach : « Les anciens pp. 596, sans les Pièces préliminaires
pasteurs, s'écria-t-il, se sont-ils ja- el l'Index. On en cile une édit. de
mais rien pèfrmis de pareil ? Vous abu- Strasb., 1552, in-8».
sez de la bienveillance du Conseil. IV. Einschone christliche und in
Est-ce ainsi que doivent se conduire des Gottes Wort gegrundetePredig vom
pasteurs évangéliques?Es-;elàdel'hu- hochivilrdigen Sacrament nnsers
militéchrétienne?» Les pasteurs néan- Herm und Heylands Jhesu-Christi
moins, avec cetle ténacité qui caracté- h. Abendtmal, Strasb., 4 567, in-4°,
rise le clergé de toutes les religions, pp. 24, sans la dédicace à Michel
revinrent plusieurs fois à la charge; Liechtensteyger.
mais le Couseil tint bon, non pas sans V. Ervoeisung dass J.-Ch. durch
doute par esprit de tolérance.puisqu'il die personliche Vereinigung der
finit par proscrire le culte catholique, gottlichen und menschlichen Natu-
mais par crainte du mécontentement de ren auch nach seiner gottlichen
l'Empereur et par respeetpour le traité HerrlichkéilnndMajestâtwahrhaff-
de paixd'Augsbourg, dont un article tig und mit Thaï erhaben sey r
spécial avait défendu de rien innover Strasb., 1567, in-4°.
dans les villes où les deux religions VI. Themata de imagine Dei ester-
existaient simultanément.Duranttoute nâ et creatâ, Arg.,1568, in-4».
la querelle de l'Intérim, comme dans VII. Predicht von dem bischbfl.
celle des Sacramentaires, Marbach fit Am-te, Slrasb. 1569, in-4».
preuve de beaucoup d'emportement et VIII. Bericht von Wnnderzeichen,
de violence : luthérien en télé, il ne vou- mie mon sie auss Gottes Wort fur
lut jamais entendre parler de la moin- ivahr und falsch erhennen sotte,
dre concession. Ce fut peut-être son OEtlingen, 1571, 4"; Tiib., 1579, 4o.
intolérance même qui plut à l'électeur IX. Fides Jesu et Jesuitarum,
palatin Ollon-Henri, lequel l'invita, en item juramentnmPii IV cum confu-
.

1556, à venir réformer les églises de tationeper Donatum Wisartum,cum


sesÉtatssurlemodèle de cellede Stras- preefatione J.Marbachii, Christlingae,
bourg. L'année suivante, Marbach fut 1573.
député à la diète de Vorms, et à son X. Antmortund grilndl.Widerle-
relour,il fut nommé doyen du chapitre gung der vermeinten Trostschrift
de Saint-Thomas et éphore perpétuel M. Dan. Tossani, Tùb., 1579, in-4".
de l'Académie. Son ardeur, à ce qu'il XI. Epistola quâ Flacio ihtegri-
semble, tomba avec l'âge ; le silence tatis, constanties et qubd ab heeresi
gardé par ses biographes fait présumer Manicheeorum prorsus alienus exti-
au moins que les dernières années de sa terit,preeclarumdaiur testimonium,
vie s'écoulèrenl sans nouvel éclat d'un Arg,, 1604, in-80. —D'aulres lettres
zèle trop impélueux.Nous avons essayé de Marbach ont été insérées en divers
de dresser la liste de ses ouvrages: recueils.
JÏAR MAR
— 214 —
XII. G.rnnkfest, des ÀrUçuls von nase de. Ciagenfurt. Enfin,,à tla.mort
. 'Gf£enpàrtChristi.nach beyden
der, de jsqij, frère Erasme, il fut choisi pour
Naturen {in Himmel un d duff Erden, le remplacer dans la chaire dé. théolo-
Hamb., 4 604, ïn-8°. gie à l'université -..de. Strasbourg. Il
MelçhiorAdam attribue.,,,
encore à Mar-
,
mourut le 28 sept. 4611,.'On a de.lui:
...
bach un traité{de. l'homme intérieur et I. Àpplogiaïibri.Coiiçordys lati-
extérieur, en allemand et Lipehius, nè'versa,
.
Heidelb-, 4583,,in-4*.
deux traités latins dont il donne ainsi ll.Refîitatio vera, christianaexd-,,.,.
lés.litres: De çandore etfide D. Chemr mfnis Çhristophori Irenài, guod
nitii et Dan. Hoffmanni. in capitë adv. primum c.aput christianes Con-
depeccato originis ddhibitâ, Ursel., cordies,edidit,%e\Ae&., 4585; in-4».
in-8», et Tractatus^ de.miracu'lisin .111. Responsio necessaria et ver.a
credturis eluçentibus, Arg., 4 634,8°. ad maledicum ïibrum fratrum Hei-
Jean Marbach laissa deux fil's;|nom- delbergensium, Witeb.,4 S87, ïn-8»;
mes ERASME et PHILIPPE, qui furent Arg., 4 596„ïn-4», ,,' ,,,
.
successivement professeurs dé théolo- traciatifst, Christ.
ÏV. .Refutatip
gie à Strasbourg. Erasme est surtout PezeliidecoenàDomini,X\i]ï,\^3,ll.
connu par un commentaire sur lePen- :V- 'AvTax65o(j.K 'ad, respqnsionefn.
tateuque dont Rotermùnd donne ainsi C. Christ. Pizelii, Francof., 4595,
,

le titre : In û7ro'|j.v^|j.ao-t in libro's Mo-


in-4».
saïcos, Strasb., 4 597, en deux volu- .. ..
VI, Oràliônes F,irg.,1596, ,
in-4?'.
, ,

mes, selon Dupin. Le même bibliogra- Vil.1,Ofatiq de origine,et causis


phe cite encore, sous le nom d'Erasme hcsresèo%,. Arg,, 4 603, in-4°.,
Marbach, Çoinmentarius in ,Exàdunf,. Vl!l. Refuiatio exçnsaiionis.'inàr-
Lips-. ,,1598, in-fol.,. qui n'est peut- ticulo de s. çoenâ elpersonâ Christi.
être que la réimp. .'d'une portion du IX. Disput. de bonis qperibUs..
Commentaire sur le Pentafeùque. Jo- y.:pisput. theologïçee de presci-
clierlui attribue, de son,côté, sansa'u- puis doctrines, christianes çqntrover-
tTeinA\calwn,Disseri.peinvocdtione siis cum pontifiçiis enchiridïo Fr.
Dei, De sacerdotio Aaronisef, Chris- Costëripppqsitcs, Arg., '4 606.
ti, De sacrificiis V.et N-T-, De fe.s'tis XI. Epistoïes,
et solemnitatibus Ecclesies, De ïege ,,,.,,. ',:
II, convient sans doute, de, .,,.,„ ,-,
rattacher
Dei, De Evangelià, etc. Ce sont sans à cette famille Ulrich Èârbdch,. ju-
,

doute des thèses soutenues sous sa risconsulte mortàStrasboùrg en 4 720,


présidence. dont le fils, ULRICH, nédans cette ville
Philippe Marbach est mieux connu eh 4 687, fut pendant plusieurs, années
. .

que son, frère. Né à Strasbourg, le 29 professeur privé àjé.na, où il mourût en


ayril 4 580, il fit ses éludes dans sa 4 717. Jucher et Rptermund,, dé-
sans
ville natale; puis.il alla suivre les cider si elles appartiennent au père pu
cours des universités de Bâle, où il au fils,, attribuent, à Ulrich Màrbâçb.
prit, en 4 570, le grade dé maître-è's- quelques dissertations dont voiciles ti-
arts, de Tubingue, de Francfort et de
B.ostock,où il se fit recevoir licencié
tres :
I. Diss. de ,_. ,.;..,.
doctore juris bulïaio,
en théologie, en 1573. Ses études Arg., ,
4 69B, iU-4°.
terminées, il fut nommé. co-recteu'r, II: De eniûqne, venditione et lo-
puis recteur à Gr'atz. En 1579, il re- caiione, Arg., 4695, in-4°.
,

tourna à Bâle pour y prendre le bon- ,111- De sûbsidiariâecclesiarum r r'e-


ne) de docteur, Appelé à.Heïdelberg paràiïène,.krg.,
M0%, ïn-X°.
comme professeur de théologie et in- IV. D'efeudopignoratitio, Arg., .

specteur du collège de Ja Sapience, il 174 0,in-.ï\,

quitta cette place au bout, de peu de V. DeelectioMimperatoris,kv'ë.,


,

temps pour devenir recteur du gym- 1712, in-i 0.


MAR MAR
— 215 —
,.yi. vejjùr'e àeceptorum, Arg.* ger l'homme célèbre qui l'honorait du
1744, in-i". titre de « son vray amy »,, à dépouiller
VIL ï)eperitàte, optimâ judicio- le ministre de Henri IV de tout ce qu'on
rum normâ, Arg., 4 74 6, in-^». est habitué à admirer en lui. Il le réfute
VIII. Introitus ad jurispruden- chapitre par chapitre,, il le, poursuit
tiam apertit-s, Ienoe, i 717, in-8». sans pitié, il signale .sans ménagement
Jocher cite, en outre, sans autre in- ses ridicules ou ses vices, il les exagère
dication,:. De légitima defensione vaT même ; il relève avec dureté les erreurs
sàlli'ejusqîie effectu ;— De inculpalâ assez nombreuses etparfoistrès-graves
stti defensione, de ierminis et illo- qu'il a commises non-seulement dans
rumjure; — De deletionechirogra^ ses jugements sur les personnes, mais
phiconditionalis; —De jure tran- dans l'exposition historique des faits,;
sigéndi in cousis criminalibus; cependant à travers les exagérations

De alienatione juris emphyteotici et qui lui sont dictées par une passion
.

ejus meliqraiione; —De quesstioni- d'ailleurs honorable, celle de laver là


bia;—De iestamenïo feudali; — De mémoire de Mornay des calomnies dé-
negotiis domino prohibente gestis. bitées sur son compte dansces Mémoi-
f,JiÀUBAtlLT (PIERRE), on.Mar-
res, il est facile de reconnaître que l'a-
baut,,s\eiiv.AêSaiht-Laurens, conseiller pimosité n'a pas dicté toutes les cruel-
les vérités qu'il adresse à Sully. Ses cu-
secrétaire du roi et ancien de l'église de
.
Paris, avait débuté dans la vie publique rieuses et intéressantes remarques ont
sous les auspices de Du Ple'ssis-Mor- été publiées par MM. Michaud et Pou-
nay, dont il avait été le secrétaire et joulat, dans le T. III de la 2» série;de
qui conserva pour lui jusqu'à la fin de la Nouvelle collection des Mémoires
sésjoUrs l'affection d'un père. « Je re- pour servira l'Histoire deFrauce,sous
cbghbis, lit-on dans le Codicille de ce titre : Remarques surles Mémoires
l'illustré vieillard, qu'en ces dernièresdes sages et royales oeconomies d'es-
afflictions j'ay esté grandement con-r tat, etc., Paris, 4 837, gr. in-8».
soie par lés continuels bons offices de Pierre Marbault épousa Blanche
M. Marbaut, conseiller et secrétaire du Colas-de-La Madelaine, qui mourut
roy, et qui sont et ont esté au-dessus veuve, en 1689, à l'âge de 74 ans. Il
de toute rémunération et recognpis- en eut: 4° MADELAINE, née en 4 608,
sânee; mais il cognoist mes affaires qui fut présentée au baptême ^par Ben-
mieux que tout autre,, et néantmoins jamin Aubéry et par Marie-Marbault,
j'eùtens qu'il, soit exactement payé de femme du conseiller. Le Coq, et qui
l'appôintemènt qu'il avoit accousiumé devint, en i 628, ia femme de Charles
dé recevoir dé inoy, et ce jûsques au de Plaix; —- 2° ELISABETH ,. liée. en
jour de mon décez. Je le prie, par l'af- 4 609, mariée, en1630, avec Guillaume
fection que je lui ay tousjours portée, Falguerolles, eimorte en 1641; -— 3»
et Celle qu'il m'a rendue au soin qu'il MARIE, née en 1610, femme, en 1634,
a eu de mes affaires, de continuer .ses de François.Du Temps, puis, en 1648,
bons offices envers mes, gendres, mes de Gédéon de Lozère, sieur de Roche-
filles et leurs enfans, eh tout ce qu'ils fort; —. 4° PHILIPPE, présenté au bap-
en auront besping, et nommément es tême, en 1611, par Jean-Baptiste de
affaires, qui.leur pourront, .rester,, en Guéribàlde, conseiller secrétaire du
epurt, dont il a toute cognoissance. » roi , et par- Catherine Le Comte',
Màrbaûil nés.é montra pas ingrat, peut- femme de Philippe de Nets; il était,
être même Dû Plessis aurait-il trouvé en 1640, trésorier provincial de l'ex-
qu'il poussait trop loin,là reconnais- traordinaire des guerres; —5' BLANr
sance,, car dans ses Remarques surles ÇHE, née, en 164 3, ,qui épousa, en
Sîemorres de Sully, son ancien secré- 163,9, Jacques de Robineau,. sieur de
tâirë s'àitache, évidemment pour ven- Ûroissy, fils de Jean de Robineau et
,
MAR
MAR — 216
de Marie de Roussart;— 6°JEAN- télimart. Quelque temps auparavant,
BAPTISTE, trésorier provincial de l'ex- Le Poët, secondé par Gouvemet, s'é-

traordinaire des guerres en Champagne, tait rendu maître de Die. Moins heu-
qui prit pour femme, en 1642, Fran- reux, en 1586, il dut se retirer devant
çoise Bothereau, fille de- Daniel, sieur des forces supérieures et abandonner
de Lormois, trésorier del'extraordinaire à La Valette Le Moneslier-de-Cler--
des guerres en Bretagne, et de Jeanne mont, dont la défense lui avait été con-
Le Coq, et qui eu eut deux filles: fiée. L'année suivante, il alla rejoin-
JEANNE, née en 1644, mariée, en 4 662, dre Lesdiguières avec son lieutenant
à Henri de Gachon, conseiller à la Saint-Genis, dans le but de favoriser
Chambredel'édil deGuienne, troisième le passage de Châtillon à travers le
fils de Pierre de Gachon, que l'Armo- Dauphiné. Les Catholiques, profilant
riai dé'Picardie a passé sous silence et de son absence, surprirent Montélimart,
qui est probablement le Gachon dont à l'exception de la Tour de Narboune,
parlent Erman et Réclam (Voy. V, p. où se retirèrent un sergent et quelques
4 93); el BLANCHE, née posthume en soldats, qui s'y défendirentassez long-
4 645, femme, en 1666, àePierre Sa- temps pour donner b. Vachères, Hau-
criste, sieur de Malvirade, fils d'^4- tefort et Chambaudle temps d'accou-
lexandre Sacriste et de Marie de rir à leur secours. De son côté, LePoët,
Viçose ; — 7° MARGUERITE , née en qui était à Vif, lorsque la fâcheuse
4 617, qui épousa, en 1060, Pierre nouvelle lui arriva, parlil en toute
Martinean, sieur du Perron, gentil- hâte, accompagné AeBlacons, Salles,
homme ordinaire des chasses, fils de Souberoche,Saint- Genis, en jurant de
Pierre Martineau, sieur du Perron, reprendre la ville ou d'y périr. Il entra
et de Marie Millet; — 8° PIERRE, né dans Montélimart par la Tour qui était
le 10 mai 4 618, qui eut pour parrain restée au pouvoir de ses .gens.- Ne
Pierre de LavMay et pour marraine pouvant renverser les formidables bar-
Anne de Mornay ; — 9° GATIEN né ricades qui coupaient les-rues, il fil per-
,
le 30 juin 1620 etprésenté au baptême cer les maisons, et, se jetant avec im-
par Jean Hérouard, trésorier de la pétuosité sur l'ennemi, il le chassa de
maison du roi, el Marguerite de Lau- la place après un combat acharné. Se-
nay, femme du conseiller La Made- lon letémoignage d'un écrivain catho-
laine; —-10-- LOUISE, née en 1622 ; lique, il n'avait sous ses ordres que
— 41° et 4 2° HÉLÈNE et ANNE, soeurs 300 hommes d'élite et 50 chevau-lé-
jumelles, baptisées le 30 avril 1626. gers. Il tua aux Ligueurs plus de 2,000
MAiVCIOL-BLATIV (Louis), ou LE : hommes, et-n'en perdit qu'une ving-

BLAIN, sieur DU POÊT, un des plus bra- taine, parmi lesquels on cite Je sieur
ves chefs des Huguenots du Dauphiné, de Tessières. Seslieulenanls Clîeilus,
commença à porter les armes pour la du Vivarais, Allard et Mirabel furent
cause protestante dèslapremière guerre blessés. Ce brillant fait d'armes le plaça
civile, s'il faulen croire d'Aubigné, et très-haut dans l'estime de ses coreli-
servit à Lyon sous les ordres de Son- gionnaires. En 158S, avec le concours
bise, en 1.563. Ce n'est cependant que Ae.Morges et de Vachères, il se rendit
beaucoup plus tard que son nom com- maître de L'Estelle ou L'Etoile; mais,
mence à être cité parmi ceux des capi- n'ayant pas de canon, il dut renoncer
taines protestants. Lorsque la guerre à emporter Je château de vive force
éclata après la Sainl-Barlhélemy, il après une attaque infructueuse dans
s'attacha au brave Montbrun (Voy. IV, laquelle fui tué le capitaine de Mont-
p. 462), et après la mort de cet héroïque mirail, de Nismes. Il convertit donc
guerrier, il devint un dès plus habiles le siège en blocus, défit la garnison de
lieutenants de Lesdiguières, qui, en Valence accourant au secours des as-
1585, le nomma gouverneur de Mon- siégés, et allait forcer le château à ca-
MAR 217 — MAR
pituler,lorsqueLesdiguièreslerappela, role de Dieu. Son mari était rentré de-
l'entrée de Mayenne dans le Dauphiné puis quelque temps déjà dans le giron
exigeant que les Huguenots rassem- de l'Eglise romaine.
blassent toutes leurs forces pour lui Une autre branche de cette famille,
résister. En 1590, LePoëtfit la.cam- celle de SAUZET, embrassa également
pagne contre le duc de Savoie, el prit le protestantisme. Dès 1560, nous
Condrieu d'assaut avec Gouvemet. En trouvons parmi les plus zélés propa-
4591, il suivit Lesdiguières en Pro- gateurs des doctrines évangéliques en
vence, comme colonel de la cavalerie Dauphiné, un Sauzel, que Bèze appelle
légère. Passant ensuite sous les ordres Sezet, et de Thou, Sv.zet, lequel as-
d'Ornano, il marcha au secours de sistaau conseil de guerre où Des A drets
Montmorency, gouverneur du Langue- exposa les propositions de Nemours
doc. En 1592, il prit parla la nouvelle (Voy. Il, p. 416). Il "était peut-être
campagne que Lesdiguières fit en Sa- frère de Pierre de Marcel-Blain, co-
voie pour contraindre, par cette diver- seigneur de Savasse, conseiller de la
sion, les Savoisiens à évacuer la Pro- Chambre nii-parlie établie, en 1577,
vence, et fut nommé gouverneur de dans le Dauphiné.
Cavour (Voy. II, p. 378). En 1596, il MAR.GEÏ (THOMAS), de Meaux, le
accompagna encore une fois Lesdi- premier membre protestant de cetle fa-
guières enPiovence, puis en Savoie, mille, laissa trois fils et une fille, qui,
où il se signala en diverses rencontres. après sa mort, se réfugièrent à Ge-
Ce fut sa dernière campagne. En4 601, nève. Celte' dernière épousa Thibaut
une vieille querelle s'élant ranimée Blanc (\), puis Nicolas Le Long, de
entre lui et Gouvemet, ils se battirent Meaux.LestroisfilssenommaienlFRAN-
en duel près de Crest, elLe Poëtreçut cois, PIERRE et GABRIEL ..On ne sait rien
à la gorge un coup d'épée dont" il de ce dernier, si ce n'est qu'il eut une
mourut. fille, DÉBORA, qui devint la femme de
Le Poët avait obtenu, en récompense Jacques Baccuet. Pierre fut reçu bour-
de ses services, Je litre de grand cham- geois en 1587; Galiffe ne nous apprend
bellan de Navarre et le gouvernement rien sur sa descendance. François, qui
des villes de Montélimart et de Crest. n'obtint les droits de bourgeoisiequ'en
Il n'a jamais été général de lareligion 1578, entra dans le CC en 4 583, et
en Dauphiné, comme l'appellent deux mourut, en 1594, à l'âge de 75 ans.
prétendues lettres de Calvin, datées Il avait été marié deux fois : en pre-
du 8 mai 1547 et du 8 sept. 4 561, mières noCes, avec Marguerite Coeur,
publiées, dans le siècle dernier, par et en secondes, avec Nicole Aze, de
l'abbéd'Arlïgny et reproduites derniè- Meaux, dont il n'eut pas d'enfants. Du
rement dans le T. IV du Bulletin de premier lit naquirent 1 • JEANNE, femme
l'histoire du protestantisme par M. Ju- de ClaudeMalain (2);—2°ELISABETH,
les Bonnet, qui en a parfaitement dé- mariée à Auguste Cresp, d'une fa-
montré la fausseté. Le faussaire a fait mille de Grasse admise à la bourgeoisie
preuve d'une complète ignorance,non- depuis 1559, puis à Jacques de La Mai-
seulementdu caractère de Calvin, mais sonneuve; —3° FRANÇOIS, qui suit;—
de l'histoire des Huguenots. 4" ISAAC, qui suivra; — 5" MARIE,
Louis de Marcel-Blain paraît n'avoir femme de Pierre de La Maisonneuve-
laissé qu'un fils, qùiporla aussi le nom I. François Marcet, qui précéda son
de Louis et à qui Gouvemet donna en père dans la tombe, laissa quatre en-
mariage sa fille JUSTINE, en 4 609. fants de son mariage avec Charlotte
M™ Du Poët abjura en 16)9, à ce que
nous apprend un méchant libelle inti- (1) Le 25 déc. 1556, Guillaume Blanc, du
tulé 1« Mercure réformé, par un Jacob Périgord, fut reçu bourgeois'a Genève.
(2) Claude Malain, de Dijon, fut reçu bour-
d'Horel, soi-disant ministre de la Pa- geois avec son père, Isaac-, le 19 déc. 1559.
MAR 218 MAR
— —
d'Oiseau, fille de.Gittfis d'Oiseau et Marc Marcel.nàqûifen 1,734.et. en-
AeMathurine Cupif, d'Angers, qu'il tra, à l'âge,de 36, ans," dans le cpnse,il
dés CC. Il prit, pouriemme, en. 1763,
avait épousée en 1576 : 1» JEAN, qui
suit;,—2" JACQUES, qui alla s'établir à Louise-Marguerite Nadal,Aonlil eut,
Montpellier; —. 3° MARIE; —• 4° ELI- outre deux filles., LOUISE-MARGUERITE
SABETH.
et JEANNE:LOUISE, qui épousèrent sùe-
Né en 1584, Jean Mafcet prit pour
. çesspementPierre Prévost, professeur
femme Judith de Saint-André, qui
, de philosophie, un.fils nommé ALEXAN-
DRE-JEAN-GASPARD, qui s'est acquis; au
lui donna deux fils, nommés JACQUES
et PAUL. Resté veuf, il se remaria avec commencement de ce siècle, une assez
Marguerite Varro-Chevalier, dont il grande réputation comme: médecin et
eut encore trois enfants : ANTOINE, JU- comme chimiste. ...',.
Arlànd, et Né à Genève en 1770, Alexandre
,

DITH, femme.A'Abraham
JEANNE, épouse de Gédéon dé Comhes. Marcel fut destiné par ses parenls au
Jacques, qui était né en 1621, épousa, commerce; mais au bout de deux ans
en 1645, Marguerite Argand et en d'apprentissage,s.entantde plus en pjus
eut, en 1647, un fils, nommé JEAN. qu'il neppurrait vaincre la répugnance
Du mariage de ce dernier avec Judith qu'il éprouvait pour cette profession, il
Le Maislre, ne naquit qu'une fille qui demanda et obtint la, permissipaide se
reçut au baptême je nom de RENÉE.Né vouer aux scienceSi Les troubles, poli-
deux ans après son frère, Paui se ma- tiques qui agitèrent bientôt, sa patrie
ria, la même année que lui, avec Marie déjouèrent ses nouveaux plans. Accusé
Argand-Varro, qui le rendit père de Ravoir servi dans la garde nationale,
JACQUES,et de JACOB. Né en ,1648, Jac- il n'obtînt pas sans.peine, àla. chute
ques prit pour femme, en 1687, An- de Robespierre, la faveur.de n'être puni
drienne Mallet-Deggeler, dont il eut que d'un bannissement de cinq ans. Il
ANTOINE, du CC enl 746, mort en i 764, partit donc pour la Grande-Bretagne et
sans enfant de sa femme Isabelle de semit à étudier la médecine à l'univer-
Bary-Mallet, de Baie. Né en 1659, sité d'Edimbourg,,où il prit, eu 1797;
Jacob, entra, en 4 709,.dans le conseil le grade de docteur. il alla ensuite s'é-
des CC. Il fut marié deux fois, avec tablir àLondres dans l'intention d'y
Jacqueline Gattatin-Genôyer,..puis pratiquer son art, et se fit naturaliser
avec Sîtsanne Guainier^Passavant. anglais, en 1 SOO.Deuxansaprè.s,Mar-
Il eutdu.premier Ht PAUL, qui ne laissa cet fut nommé médecin de l'hôpital de
qu'une fille, RENÉE, de son,union avec Guy. Il fut un des.fondateurs de la So-
Charlotte de B^rlhelot, et du deuxiè- ciété médico-chirurgicalede Londres.
me, deux fils :. MICHEL,,qui suit, et JA- La mort de son père, qui arriva sur ces
COB, né en 4 700, qui s'établit,» Paris, entrefaites, l'ayant rendu possesseur
et eut trois enfants: CLERMONDE-MARIE, d une forlune considérable; 11 quitta sa
JEAN-ANTOINE, n.é en 4738, et JEAN- place à l'hôpital, décidé, puisqu'il était
FRANÇOIS,.néen 4 740, de son mariage libre de suivre ses goûts, à abandon-
avec, Marie Faure-Guainier. , ner la médecine ppùr la chimie, qu'il
Michel Marcel, né,en 4.698, épousa, aimait passionnément. En,4 8,15, le dé-
en 4728, Marie Tavernier, dontileut: sir de revoir sa ville natale.le.ramena
,!,", SUSANNÉ-MARIE, femme du con- à Genève, où il fut'nommé membre du
seiller Alexandre Marcel ;—.2° MARC, conseil représentatif. On lui offrit en
qui suit; — 3° JACOB7MICHEL, né, eh même temps la chaire, de chimie.qu'il
.
1736, marié, en 1782, avec Judith accepta. Il retourna, en, Angleterre en
Bar.din; — 4° JEAN-JACQUES, qui alla ,18,21 ; mais il mourut, dès l'apnée sui-
s'établir en Amérique, et laissa de sa vante, le.22 b.ci, pendant un vuyage
fetàmeLoÙis'e-JaçqtietteCorneille,nn qu'il faisait en.Ecosse.. On a de lui:
fils nommé JEAN-GAspARb.né enl768. I. De diabète, Edinb., 1797, in-80;,
MAR
- -
tràdj en .angi.ëtîmp. 'dans le Lohdim
£fô MIR
iotvedà mem.oèr^ of'cïasp{kmï>e$'hith
meàiçaî and physïcal Journal (1799). à: 'description ofthe àppeârançes bf
^, Thèse pour le doctorat. - Ùe b'ody after deâth; Some expèri-
é.ssay, oh the cfiemicol, hik-
;. II. An 'ritents and researchës on the saline
tory and médical treaiment of'cal- 'contents ofsëa- ivà-lers ';—Géological
cùîôUs disorâejrs, Lond.,^.8J7, i'ri-8»; Transactions (1S111 ) : À çhemicàl ac-
i819,ïn-8^trad.éhïranç;;,Pàri's,i823, counl of. ait dlumin'ous. 'ch'aTybëate
in-8». — Le plus important dé ses ou- spring in the isïè ôfWi'ght; An ac-
vrages. "
pount of a sévère case of er'ythëma,
Marcet. a publié, en outre, ,beaucoup
.
not brqught pnby m'e'rçnry ; '— Pli'i-
de.dissértâtipns.dans différentsreçu èil's i'osophiç.Trànsaciions,}(1,8iKy.Expëri-
jfiëno'diqùfes :, Mém', of thé médical So- ments on the àppeàrancein the urine
ciety ofLohddn,(1805) : On. the mé- of certain substances taheninto the
dicinal use'ofthe whilë o'x'yd.ofbis- stomach; (1813), On sulphurèï of
muth;.—.Moiithly Magazine (4801); carbon ; un the intense coldprqduced
On the hospice dé la, Maternité, M by ïhé evapôration of sulphvMeï 'of
Paris; (184.4), Account of 'thé public ceirbdn; (4,8'l9), 'On thé 'spécifie gf-a-
schools 'of 'Geneva; — Edihb. médi- vity and température of seâ-watërs
cal Journal (4.805) : Account on the indifferenlpart'sofiheOcedndndin
case and dissection of a.blue girl; partïcùlar sëas;—Annals of philo'sd-
—.Ni'cVoispn's Journal (1808) Ana- phy (4813): Observations on KÏa-
;
Ws'isbf t'Ue ibaters of ihe Dèâd Seapr'oih's ànalysis of the water's o'fû'e
'andîh'e river Jordan ; imp. déjà, en Dead Sëa ; Àti easy method ofpro-
4807, dans les Transact. philos. ; A cwring an intense heàt.
chemiçal àççount of varions dropsi- Alexandre Marcel avait pour femme
càl fluids', mith remarh's çoncërning Jeanne Haldimand (1) dont il éùl :
the nature of the fllkaline matter ,
4 » FRANÇOIS, marié à Aimé-Amélie
cbntâined in thèse fluids and in the Beaumont-Lullin et père de plusieurs
sérum, of the.blood ;; imp. aussi, dèsenfants;—2°Louisi, femme d'Eugène
,1811,dans les.Medico-chjrurg.Trans- de La Rive; — 3" SOPHIE /jui devint
act.; (4 813),,Qn the congélation pf ,
lafémme d'un fils de Samuel Romilly.
mercurxj by mèans of.ether and the François Marcel, professeur de physi-
airpumpfSom'e rëmarks'o'n the usé of que à Genève, 'et iiiembrède la Société
nitr'ite bf silver for the détection of
de physique et d'histoire -naturelle de
mfiiute portions of arsenic ;
— Me-la même ville, est auteur d'iiti 'Cqïïr's
dicb-chirurgiç'al Transactions (1809):'de physique expérimentale, dans le-
An aécpùntpfttie èffeçts prbducëd by quel lés éléments te cette science sont
'àlarge'quantit'y of laudanum, takën mis à la portée 'dès commençants,
iiiternalïy, and ofthe meàns used to Gen., 4832, ih-8°; 4» édiL Paris, J.
cqnteract those effects; A.càseofhy- Cherbûliez, 1850, .in-4 2. On trouvé
'drophbbia'\ (1811),Hisidry'pfa.sin- "aussi quelques mémoires de lui dans le
gular 'nervous., or paralytiç. affec- recueil de la société dont il est mem-
îibn; (\\ï§),.Some ëx'p'eriments on bre,
the cheinUcdTnâture ofchyï'e, mith'a Pour compléter celte notice sur la
few_ observations upon chyme'; On branché aînée de la famille Marc'et, il
the médicinalprppertïës of stramo- riou's reste à parler d'Antoine, lié en
~tifmh\,(1819), Histor'y pf a.càse of 4 635, de Jean Marcet et de Margue-
n'ephrïtïs'cdlçuïosa;(\8^), Account rite Vàrrb-Cnevâlier..
ofa 'singular varïety bf'urine,whiçh Antoine Marcet épousa, en 1659
,
tjwrked blach sdqn dfter being dis-
tharged; Account of a mon rvho li- M) Cette .dame a. publié, en anglais, plu-
sieurs, ouvrages estimés, sur;.l'économie po-
Vit tek 'rfeWs àft'er having smàl- litique et lés sciences naturelles.
MAR 220 MAR

Elisabeth Flournois,qni lerenditpère 1625; SUSANNE, femme de Louis Ta-


de cinq enfants : 4° JACQUES, marié à con; PAULINE, mariée à Pierre Chap-
Jeanne de Choudens;—2° ISAAC, qui puis; LÉA, morte en 1626; JEANNE,
suit;—3° NICOLAS, hé en 4 678, du CC épouse de Jean Gautier; MARIE, femme
de Jean Noël, puis d'Enoch Gautier;
en 4 734,qui eut de sa seconde femme, mortsausenfantsen1649; ELI-
Françoise Colladon, Un fils nommé ISAAC,
ALExiNDRE,uéenl734,duCCenn64, SABETH, femme
d'Aimé Chavannes, et
auditeur en 1768 , conseiller d'état de plus tard, de François Gautier.
1770 à 1779, où il donna sa démission, 1" Jacques Marcet, né en 1596, é-
marié, en 1756, à Susanne-Uranie
.
pousa, en 4 619, Renée Paiari, dont il '
Marcet et père de JEAN-LOUIS Marcet; eut, outre une fille, nommée HORTENSIA,
—4» ANNE, femme A'Abraham Badol- un fils appelé CÉSAR, qui laissa un fils
let; — 5» JEANNE, épouse de Jean- de son mariage avec Susanne Aymé.
François Roch. Ce fils, nommé ANDRÉ et né en 4 649,
isaac Marcet, né en 1669, épousa prit pour femme, en 4 672.,-Remette
Lucrèce Chappnis.T)e ce mariage na- Landré, qui lui donna deux enfants :
quit, en 1695, ISAAC-AMI, qui, dit Sé- ESTHER, mariée à Antoine Canpnville,
nébier, a rempli de ses productions le et NICOLAS, qui épousa Olympe Ey-
Journal helvétique, et qui s'est fait con- raud, veuve A'Abraham Le Conte.
naître d'ailleurs par une comédie en 2° Gabriel Marcet, né en 1597 et
trois actes et en prose , publiée sous mort en 4 639, s'allia, en 4 626, avec
le litre do Diogène à la campagne, Remette Faizan, dont il eut GABRIEL,
Gen., 1758, in-8». Isaac-Ami Marcet mort jeune; JACQUES, avocat, né en
prit pour femme, en 1730, Jeanne- 1632, qui épousa, en 1664, Jeanne Du
Pernette Lombard, dontil eut:4"PER- Commun et en eut, eu 4 669, un fils
NETTE-AIHÉE, femme de Daniel Gros- nommé JEAN; JUDITH, femme de Jean-
jean;—-2° ISAAC,qui suit;—3° JEANNE- Jacques Humbert.
FRANÇOISE, femme A'AmiBordier ; — MARCHA (PIERRE), seigneur de
4° BENJAMINE-MARGUERITE, épouse de PRAT, né, vers 1584, à Annonay, des-
Gédéon Reg. servait, depuis quelques années, l'é-
Isaac Marcet, dit de Mèzières, naquit glise de Saint-Etienneen Forez (église
eu 1732. En 1775, il entra dans le CC, peu florissante", puisqu'en 1612, le
et.en1785, il fut député à Paris. On pasteur Dupuy demanda au Synode
trouve dans les Mémoires de la Société national de Privas une double portion
économique de Berne (T. III), une afin de la relever de sa ruine), lorsque
Lettre sur la manière de conserver le synode du Vivarais le déposa, pour
les bleds, qui prouve qu'il s'occupait crime d'adultère, comme nous l'ap-
de questions économiques.. De son prennent les actes du Synode d'Alais,
mariage avec Judith Chavannes, con- qui l'inscrivit sur la liste dès ministres
tracté en .1764, naquirent JEAN, mort déposés.
sans postérité, el ISALINE- JEANNE-ELI- Chassé ainsi du corps des pasteurs,
SABETH. de Prat abjura la religion protestante.
IL Isaac Marcet, né en 1562, capi- Cetle abjuration lui valut la charge de
taine-enseigne au service de la répu- maître des requêtes de la reine el d'in-
blique de Genève, entra, en 1594, dans tendant de l'armée catholique dans le
le conseil des CC, et mourut en 1618, Vivarais; mais d'un autre côté, elle lui
laissant onze enfants, dont deux.: JEAN- attira la haine des Protestants qui ra-
NE et JACQUES, qui suit, de sa première vagèrent ses propriétés. De Prat s'en
femme, Sara Rivière, et neuf de la vengea dans ses Commentaires du
seconde, Elisabeth Massuello sa- soldat du Vivarais (publ. par J.-L.
,
voir: GABRIEL, dont nous parlerons de La Boissière, Privas, 1814, in-8°),
après son frère; GEORGES, mort en en se montrant aussi injuste que pos-
MAR — 221 — MAR
sible"envers ses anciens coreligion- sanctorum intercessione, à laquelle
naires. « En écrivant son livre, dit présida Rambours, enl 628.11fut don-
M. Dourille, il semble s'être imposé la népourministre à Gisors,tandis que son
tâche de dénaturer tous les faits dans condisciple, Isaac Marchand, de 'Se-
l'intérêt de sa haine pour les Calvinis- Azn(Aenl\AVneï,eûeprovidentiâDei,
tes. » Outre cet ouvrage, de Prat a soutenue par lui sous la présidence de
composé, contre la Discipline des égli- Du Moulin en 1628, a été publiée dans
ses protestantes, un écrit qui a été le même recueil), fut placé à La Ro-
imp. à Paris, augm. de ceux de Véron chebeâucourt.
et de Girodon sur le même sujet, sous Nous ne devons pas non plus passer
ce titre: La discipline des églises sous silence un acte de rigueur inqua-
prétendues réformées de France cen- lifiable dont fut victime un avocat du .

surée, 4 663, in-8». parlement de Rouen, nommé Gilles


SIARCÏÏAKD onMarchant,minis- Marchant. Le consistoire de celte ville
tre de Loudun, apostat. A la révocation l'excommunia et le Synode national
de l'édit de Nantes, Marchand renia sa ,
de Charenton, en 1645, confirma cetle
foi pour une pension de 300 livres.Son étrange sentence, parce qu'il avait osé
exemple fut suivi, sous la terreur des proposer quelques changemenls dans
dragonnades, par 4,500 de ses coreli- Je gouvernement des églises les plus
gionnaires au nombre desquels on populeuses. C'était substituer au des-
cile Aubri, de Fête, Montault de potisme du pape un despotisme non
Beaurepaire, les avocats Cornu et moins intolérable. A moins démentir
Pierre Malherbe. Toutefois la défec- à son principe, l'Eglise protestante
tion ne fut pas générale : La Loge, doit accepter la discussion, et ne ja-
par exemple, et beaucoup d'autres, ai- mais l'étouffer par la violence.
mèrent mieux se laisser traîner dans lUAKCHAND (PROSPER), savant bi-
les prisons que de trahir lâchement bliographe et critique, né, vers 1675,
leur conscience. à Guise en Picardie, et mort à LaHaye,
Le nom de Marchand et Le Marchand le 14 juin 1756.
se rencontre plusieurs fois dans les Marchand fit ses éludes à Paris et
rôles de pasteurs présentés aux syno- suivit la carrière du commerce.En1698,
des nationaux, surtout en Norman- il fut admis dans la corporation des li-
die (4). braires. Son magasin, situé rue Saint-
Nous citerons, entre autres, Jean Jacques, devint le rendez-vous des bi-
Marchant, de Condé, qui fit ses études bliophiles de la capitale. A l'affût de
à Sedan, où il soutint, en 4 626 et en toutes les nouvelles littéraires, Mar-
1630, sous la présidence de Du Mou- chand en faisait part à Jacq. Bernard,
lin, deux thèses, l'une De'creatione qui les consignait dans ses Nouvelles
rmndi et ejusdem interitu, l'autre de la République des lettres. En 1711,
De sacrifiais et pecnliariter de sa- ilpassaenHollandeafindepouvoirpro-
crificio misses, ins. dans les Thèses fesser librement la religion qu'il avait
sedanenses, ainsi qu'une troisième De embrassée. 11 s'établit à Amsterdam,
etfonda une maison de librairie. «Mais,
(1) C'est vraisemblablement de la Nor- dégoûté de ce négoce, nous apprend
mandie que sortit aussi une famille Le
Marchand, qui s'établit dans l'île de Jersey et sonami Nic.-Séb. Allamand. parle peu
dans celledeGuernesey où Josué Le Marchand de bonne foi qu'il avoit trouvé chez les
était pasteur de Saint i'ierre en 1770. A cette autres libraires, ses confrères, avec les-
époque, on ne comptait pas moins de 184
réfugiés ou descendants de réfugiés français quels il avoit à faire, il le quitta pour se
dans la seule île de Jersey Les familles les livrer uniquement à l'étude. La con-
Plus nombreuses étaient alors celles de Bu- noissance des livres et de leurs auteurs
chemin, Buval, Le Févre, La Fontenelle, Le
Marchand, Le Bailli, La Fosse, Soret, L'Ho- fit toujours son occupation favorite, et
noré, Boisnormand, Brissel, Martin, etc. il s'y distingua si fort; que de tout côté
MAR — 222 — MAR
les libraires venoient le. consulter sur Quint, avec des Remarquespour con-
lés livres qu'ils se proposoiêht de met- naître la véritable édit:''de 4 590,
tre sous presse, et ils se 'félicitoiént insérée dans les Araoenitates litter. de
quandils poùvoientobtenir dé 'lui'qu'ils Schelhorii^'IV);
s'imprimassent sous sa direction. » La VI. Histoire de l'origine et des
plus grande partie de ses publications premiers progrès de l'imprimerie,
consisté eii réimpressionsqu'il, accom- La Haye, veuve Levier, 4740, in-4*.
pagna de notés critiques. 'Son princi- •— « Ouvrage aujourd'hui peu recher-
pal ouvrage, son Dictionnaire hïstori- ché, ditBrunet, mais qui a été pendant
que, ne parut qu'après sa mort,'par lés ,
longtemps la meilleure histoire de l'ira
soins de son ami Allamand 'à qui il avait prinierie:quë l'on eût. » Marchand en
confié/son manuscrit. «Aïâht toujours préparait une nouvelle édition,' « con-
mené une vie Irès-frUgale, nous dit cet sidérablement changée et augmentée, »
aini, il n'avoit jamais pensé à,amasser que la mort ne lui a pas laissé le lemps
du bien; content du nécessaire, et qui de publier. Son ami AHamand, qu'il
se bornoit à peu de choses pour lui, il avait chargé, en mourant, du soin de
àvoit emploie en livrés tout lé superflu la faire paraître, recula sans doute de-
de son argent. Le peu qui lui en est vant la difficulté delà tâche.Eh4786,
resté, il l'a légué à une Société fondée l'abbé dé Saint-Léger Obtint dés cura-
à Là Haye pour pourvoir à l'éducation teurs de l'université de Leyde qu'en
et à l'instruction d'un'certain nombre lui confiât le manuscrit de Marchand.
de pauvres; et quanta sa bibliothèque,' Le savant bibliographe, qui, dès!1775',
il en à-fait présentpar testamèntàl'uni- avait déjà publié UD Supplément à l'ou-
versité'dé Leide, île même que de tous vrage'de Marchand, sèmi't en devoir
.
ses manuscrits. » Sur la fin dé sa vie, de. le faire paraître, mais la révolution
une paralysie.qui le.priva de l'usagé dé qui survint, mit obstacle à spn projet.
1

la main droite, Je força de renoncer à Les matériaux qu'il avait préparés, ont
la publication dé son Dictionnaire, àû été dispersés.
moment où il allait le' mettre soùs
'
..,,.,,.
VIL Dictionnaire historique ou
presse. On lui doit les ouvrages sui- Mémoires critiques et littéraires con-
vants : '"'' cernant la vie et l'es ouvrages de di-
T. Bibl. Bigotiana, seu Catal. li- vers personnages distingués, parti-
brorimi quoi swHmâ cura et indus- culièrement dans la république des
triâ,'ingeniique sumptu cong'ëssêre lettres, La Haye, 1758-9, 2 vol. in-
Jol-Nic: et Lud.'-Emer. :Bigo'tii? Pa- fol., publ. par les soins de J. -Nie.-Séb.
ris., 1706, in-12'.' "'' ' ' ' '"' Allamand.—L'éditeur, dans un Aver-

"il. Catal. de la bibl. de Jean Gi- tissement, nous apprend la stupéfaction
raùd, Paris, 1707, ih-8°. qu'il éprouva à la vue du'msc. de cet
III. Catal. librorùm bibl. D. J. ouvrage.' « Je frémis, dit-il, en le
Fdùltier, cum proefatione, seu Epi- voyant: les oracles de la Sibylle,
sy'stemdlis con-
toiHe bibliogr: a Prosp. fondus et' dispersés dans son antre,
Marchand concinndti, Paris., 1709, s'offrirent d'abord à ma mémoire.
in-8». —Le système de Marchand n'a M. Marchand, accoutumé à tirer parti
pas prévalu; mais, selon M. Weiss, il de tout, avoit pris l'habitude de faire
1

à donné lieu à des améliorations im- usage des plus petits chifons de pa-
portantes. ' '''''' pier; tout son ouvrage en étoit farci,,
; IV. Histoire critique, de l'Anti- et pour une demie feuille écrite ' de
Cotton, satire composée par César suite, il y avoit vingt petits lambeaux
de Plaix, avocat, impr. à la' suile de décousus, qui se rap.portoient les
l'Histoire admirable de don Inigo dé aux autres uns
par un nombre prodigieux
Gùipuscoa, de Ùh.Le Vier, en 4738. de renvois accumulés les lés
' Y.'Histoire delà Bible de Sixte- uns sur
autres. Je. prévis d'abord le travail im-
MAR -
22? — MAR
mense que cela me donnerait, et je ne inconnu,àeSaint-Hyacinthe, a four-
me trempai pas. » L'amitié seule put ni dés ilotes à une édition'de là Satyre.
le soutenirdans cette lâche, qui lui prit Ménippéè et a été un des principaux
plusieurs années. Ce Dictionnaire'de collaborateurs du Journal littéraire
Marchand forme uu complément né- LaHaye, 1713-37, 24 vol. in-12.""'
cessaire à celui de Bayle, et n'est pas MARCOXNAY, famille illustre et.
.
indigne de venir à la suite. Seulement, nombreuse du Poitou, qui embrassa le
on regrette que l'autour n'ait puy met- protestantisme dans la seconde moitié
tre la dernière main et surveiller lui- du xvi'siècle.
même l'impression. Le premier de celte famille qui pa-
Gn doit, en outre, à Prosper Mar- raît avoir adopté les doctrines de la
chandde bonnes éditions des ouvrages Réforme esl Làncelot,s,ïe\iT AéLzToÙT
suivants : 1 ° Cymbalnm mundi, de et de Marconnay, fils de Jacques'd'é
Bonaventure Des Périers, avec une Marconnay et de Louise de La Jàille.U
lettre critique dans laquelle on fait n'est pas vraisemblable qu'il ait abjuré
l'histoire, l'analyse el l'apologie de cet la religion romaine tant qu'il fut gen-
ouvrage, Amst., 1711, pet. in-4 2;— tilhomme du duc de Montpensier; mais
2» Lettres choisies de Bayle, avec on peut admettre qu'il professait les
des remarques, Rotterd., 4714, 3 vol. doctrinesévangéliquèsà l'époque où il
in-12; d'après M. Weiss, cetle édition servait sous Chouppes, c'est-à-dire,eh.
n'a pas été surpassée par celle de Des 1594. Quelques années auparavant, en
Maizeanx;— 3" Dictionnairehistbr. 1585, il avait épousé Catherine de
de Bayle, avec notes, Rotterd., 4 720, Chesneàu qui le rendit père de douze
4 vol .in-fol. ; l'édition la plus estimée ; enfants :1° Louis, qui continua là bran-
-r 4° Voyages de Chardin, Amst., che aînée ou de Marconnay;—21- CHAR-
4735, 4 vol. in-4»; — 5° Hist. des LES , qui fonda celle de Châteauneuf ;
révolutions de Hongrie, par l'abbé — 3° PIERRE, souche de celle de Lù-
Brenner, 1739, 2 vol. in-4" et 6 vol. gny;—4»PHILÉMON, sieur dùPontet-
in-.l 2 :—6° OEuvres de BrantÔme,an~ de-Mondevis, qui prit pour femme, en
nolées,avecLeD»cfta(, LaHaye, 4 740, 4 630, Françoise de Vasselot,el en eut
45vol.in-12;—T OEuvres de Villon, CATHERINE, mariée, en 1652, à Jean
annotées, La Haye, 1742, in-8»; — Chevalleau sieur de Boisragon; -—
,
8° Lettres, mémoires et négociations .MADELAINE,femme, en 1615,de Gà-
, iel Prévost, sieur de Charbonnières'
du C"d'Estrades, de 1663 à 1677, , ;
Lond. [LaHaye], 1743, 9 vol. in-12; — 6° MARGUËRITÉ,alliée, en 1620 , à
la première édition qui en avait paru, Jean de Pellard,sienr de LaGuesson-
était incomplète; — 9° Mémoires du nière;—7°MARIE, épouse,en 1639,de.
C"de Guiche, concernant les Provin- Jacques de Ravenel,ûe\a deLaBerau-
ces-Unies, et servant de suppl.-et de dièrè,puis,en secondes noces, en 1644,
confirm. à ceux A'Aubery Du Maurier dé Jacques de Ferrières, sieuf de
etduC'd'Estrades,Lond., Changuion, Champigny; —8°ELISABETH, femme
1744, in-12; Ulrecht, 1744, 2 vol. de Jean Regard, sieur de Cherves ;—-
ÙIT12', première édition; —- 10° Di- 9" ROSE, qui épousa, en 1630, Samuel
rections pour là conscience d'un roi, Letaut, sieur de Claveau'; —10° GA-
par Fénelon, avec un Avertissement, BRÎÈLLE;—11°ANNE,morteyers1628;
sous'le nom de Félix de Si-Germain, en 1629.
— 12°LOUISE, morte
Laïïaye, 1747, in-8" et in-12; édit. I. BRANCHE DE MARCONNAY. Louis
peu estimée, faite sur une copie défec- de Marconnay, sièurdeVilliers, se ma-
tueuse; — 11» Histoire de Fénelon; ria, en 1621, avec Marie Gourjault,
Nouvelle Histoire de Fénelon, LaHaye, fille de Jean, sieur de La Millière. H
4747, in-8». — Enfin, Prosper Mar- mourut après 1660, date de son testa-
chanda coqpéréau Chef-d'oeuvre d'un, ment. Ses enfants furent : 1° GABRIEL,
MAR
MAR — 224 —
qui suit ; — 2° Louis, qui fonda la femme lui donna encore six enfants,
branche de Mornay;—3°OLIVIER,sieur savoir: 4 »CHRisTiAN-Louis,morljeunè;
deBlanzay, qui épousa, en 1655, Ca- —V JEAN-PIERRE ;—3» CHARLES-OC-
therine.de Marconnay, sa cousine,et TAVE, conseiller d'ambassade, puis de
qui, après la révocation , se réfugia à guerre el des domaines du roi de
Berlin, où il mourut,en 1688, conseil- Prusse', marié, en 4 723, à Louise de
ler d'ambassade; — 4" CATHERINE, Convenant, fille de Gabriel, ancien
femme, en -\Gii,AeJea,ndeLaBarre, conseiller au parlement d'Orange , et
sieur du Bois-de-Luché(l);—5"ELI- A'Isabelle deBenicroix ; — 4° CHRIS-
SABETH, femme,vers 4 666,
de Gabriel TIAN-LOUIS capitaine au service de
de Laignes, sieur de La Grange, que Prusse, qui , épousa, en 4 726 , Anne-
nous trouvons encore signalé, en 1692, Marie de Baret, fille de Salomon de
comme suspect de professer la religion , Baret, lieutenant-colonel,etA'Elisa-
réformée (Arch. gén. E. 3378). beth Le Blanc ; — 5° HENRIETTE ; —
Gabriel de Marconnay sieur de La 6° N.
,
Tour, épousa,en 1649, Marie Rogier, II. BRANCHE DE CHATEAUNEUF. Char-
fillede Jean,sieur d'Iray,et de Jeanne les de Marconnay, second fils de Lance-
David. Il mouiut avant 1658, laissant lot el de Catherine de Chesneau, épou-
quatre enfanls : 1 » Louis, qui suit ; — sa, en 4 628, Elisabeth de La Voirie,
2» GABRIEL, sieur du Verger ; — 3° fille de René de La Voirie el de Su-
PIERRE, sieur de Laubouinière, ma- sanne de Pas. De ce mariage naqui-
jor au régiment de Touraiue,en 1699; rent : 1° Louis, qui suit; — 2" CHAR-
—4° LOUISE,femme en 1672, de Hen- LES, qui prit ppur femme, en 1667,
ri-Charles Fouquet, sieur de Borni- Madelaine Prévost, fille de Daniel
seau. Prévost;—3° MARGUERITE;—4° SU-
Louis Marconnay, sieur de Marcon-
.
SANNE; — 5" MARIE.
nay, suivit la carrière des armes et fit Louis de Marconnay, sieur de Château-
la campagne de 1673. En 1683, il de- neuf, eutvingt-deux enfanls de Fran-
manda un ministre au synode de Sor- çoise de Refuge, fille de Jean comle
,
ges, qui lui donna Renaud Boullier. de Couesmes,et de Susanne deMeans-
A la révocation il se réfugia en Hol- se,maiscinq seulement vécurent.Deux
,
lande avec sa femme,Marie-Elisabeth abjurèrent avec leur père à la révoca-
Gonrjault, laissant en France cinq tion, savoir: Louis et HENRIETTE. Le
enfants en bas âge,nommés LOUIS,MÀ- sort de GÉDÉON est inconnu.L'aîné des
RIE-ANNE LOUISE ; MARIE-OLIVIER et fils, SAMUEL-PHILÉMON, sieur de Châ-
,
MADELAINE.Le fils,qui élaitnéen1681, leauneuf, fut expulsé de France, en
fut mis, par ordre du roi, dans un col- 16S8, avec sa soeur MARIE, comme hu-
lège à Angers, où il était encore en guenots opiniâtres (Arch. gén. TT.
4 699,- tandis que trois de ses soeurs 316). Il se relira en Hollande. Entré,
étaient, à cetle même dale, enfermées comme lieutenant, dans un des régi-
aux Nouvelles Catholiques de Loudun ments français qui suivirentGuillaume
(Arc<>. gén. M. 673). En 4 688, Louis d'Orange eu Angleterre, il s'éleva au
de Marconnay quitta la Hollande pour grade de colonel. Il prit pour îemme,
entrer auservice de l'électeur deBran- vers 169S,.-l»KeLs Cerfqm lui don-
dehourg. Il devint maréchal de la cour na trois filles : ELISABETH,morte àWor-
du margrave Christian-Louis. Depuis cesler, en 1727; SUSANNE, mariée à
son établissement en Allemagne, sa Londres, en 1722, avec Paul de Saint-
(1) Cette famille persista aussi avec cou- Hyacinthe, sieur de Soris (4) et HEN-
rage dans la foi évaugélique. lin 1696, La RIETTE.
Barre-du Bms-de-Luclié fut signalé a l'inten-
dant du Poitou comme suspectde protestan- (1) Selon la Biogr. univ., M"e de Màrcon-
tisme (Arch. sén.E.3382).En1699, on enleva nayful enlevéepar lespirituel auteur du Chef-
ses entants à sa femme (Ibid. E. 3385). d'oeuvre d'un inconnu, Hyacinthe Cordonnier.
MAR — 225 MAR
Nous avons déjà dit que Louis de de.LaChasselaiidière,elA'Anne Gaul-
Marconnay-Châleauneufabjura. Ce ne treau, demoiselle attachée au service
fut pas toutefois sans avoir opposé une de la princesse de Tarente. Par scn
énergiquerésislance aux missionnaires testament, il déclara qu'il vculait vivre
bottés. Il se laissa ruiner par les dra- et mourir dans la religion protestante.
gons avant de consentir à signer son Il décéda le 13 oct. 1685. Sa veuve
abjuration; mais à la fin il succomba, se réfugia à Berlin, où elle mourut en
en 1688. Sa femme, au contraire, 1725, âgée de 82 ans. Son fils aîné,,
donna un bel exemple de constance. JEAN-LOUIS, abjura. Le cadet, GABRIEL-
Enfermée, en 1686, dans le couvent- PROMENAS, sortit de France avec sa
de Saint-Martin de'Loudun, elle fut mère et sa soeur, EMILIE-CHARLOTTE.
transférée, en 1687, au château de Cette dernière épousa à Berlin Jean
Loches (Arch.E. 3373); puis, la même Maxuel et mourut en 1757.
année, ramenée dans le monastère de Il est très-vraisemblableque c'est du
la Visitation à Loudun, où elle passa conseiller d'ambassade Olivier de Mar-
plusieurs années. Dans l'intervalle, connay que descendait le jurisconsulte
son mari mourut. Son « opiniâtreté » Louis-Olivier de Marconnay né à
résistant à tout, on la fit venir, en 1700, Berlin, le 8 nov. 4 733, et mort, dans
aux Nouvelles - Catholiques de Paris cette ville, legs juin 4 800. Après avoir
(Ibid. E. 3386); mais, après deux an- terminé ses études au collège français
nées d'épreuves inutiles, on l'envoya de Francfort-sur4'Oder,Louis-Olivier
aux Nouvelles-Catholiques de Luçon fut attaché à la chambre de justice de
(llid. E. 3388). Elle persista coura- Berlin. II. devint successivement con-
geusement dans sa foi jusqu'en 1702, seiller délégation, en 1763, premier
qu'elle finit par se rendre (Ibid. E. conseilleret rapp orteur au départ ement
3553). des affaires élrangères,conseillerprivé
III. BRANCHE DE LUGNY. Pierre de du directoire supérieur français, con-
Marconnay, sieur de Mareuil, troisième seiller supérieur du consistoire et in-
fils de Lancelot, épousa, en 1624, specteur du gvninase français. On a de
Marguerite Garnier, dont il eut: 1° lui:
CHARLES sieur de Pouzac, marié en I. Lettre d'un voyageur actuelle-
,
avril 1665, avec Anne de Melleville, ment à Danizig à un ami de Stral-
veuve de Louis de Jouan, sieur de sund sur la guerre qui vient de
,
Jonvillers près de Crosne (Regist. de s'allumer dans l'Empire, trad. libre
Charent.), dont ilparaît qu'il ne laissa de l'allemand, Berlin, 1756, in-8".
pas d'enfants. En 1693, le curé de IL Lettre sur le Diogène décent
Saint-Jean-de-Sauves le dénonça com- et la cause bizarre de M. de Pré-
me mauvais catholique (Arch. M. 678); montval, Berlin, 1756, in-8°. — En
— 8° Louis sieur de Beaulieu, qui collaboration avec Erman.
, III. Lettres [cinq] d'un ami de
se réfugia dans le Hanovre; — 3° CA-
THERINE, femme A'Olivier de Mar- Leyde à un ami d'Amsterdam, Ber-
connay ; — 4° LOUISE , mariée, en lin, 1757-60, 5 vol. in-8°.— Ces let-
\W~i.\Emmanueld/Outrelean,sieur tres traitent de questions politiques ou
de Beaulieu; — 5» MARGUERITE; — 6» roulent sur les événements du jour.
ELISABETH. IV. Lettre d'nnpartisan de lacour
IV. BRANCHE DE MORNAT. Le fils de Vienne à son ami de Mayence sur
puîné de Louis de Marconnay et de la paraphrase et Vamplification du
Marie Gourjault, Louis de Marconnay, mémoire de M. de Hellen et sur la
sieur de Moraay, épousa, en 1676, palinodie de cette paraphrase, Ber-
Susanne de Marin, fille de Jean, sieur lin, 1757, in-8".
V. Remercimentde Candide à M.
dit Saint-Hyacinthe, qui aura, comme prosé-
lyte, sa place dans notre ouvrage. de Voltaire, Amslerd., 1760, in-8».
.

T. Yir. 15
MAR 226 MAR
Ces ouvrages ont été publiés sous cien cordelier converti. Le lendemain,
lé voile de l'anonyme. Marconnay a Marcus demanda à capituler. Le maré-
traduit, en Outre, en français la plupart chal permit aux officiers de sortir à che-
dès écrits que la Prusse publia au su- val, aux soldats le bâton blanc à la
jet de la guerre dé Sept ans et de la main, à condition qu'ils ne porteraient
succession de Bavière.Il a été aussi un les armes de six mois. Les habitants
des rédacteurs de la Nouvelle biblio- furent mis à rançon. Tel est le seul
thèque germanique et de la Gazette laurier que Thémines cueillit durant sa
littéraire;. campagne dans le Lauraguais et l'Al-
MAUCQNNÈT (ABRAHAM), doc- bigeois.
teur en droit, né à Monthéliard, en SIAEEC (RENÉ DE), sieur de MONT-
164 7, fut précepleùr d'un jeune duc de BAROT, conseiller du roi en ses conseils
Jirunswick,et devintcouseillerdes.com- d'état et privé, capitaine de 50 hom-
tes de Barbi et bailli de Rosenburg.S'ans mes d'armes, gouverneur de Rennes,
parler d'une Généalogie der alten lieutenant du roi aux évêchés de Reu-
Bdrbischen Grafen, restée msc, d'où nes, Saint-Malo etDol, avait mérité ces
Tenzel a tiré ce qu'il a publié dans sa honneurs par les' services qu'il avait
Bibliothèque sur la famille de Barbi, rendus à Henri IV. Il était déjà gouver-
on a de Màrconnét un long poème hé- neur de Rennes, en f 589, lorsqu'une
roïque en latin, qu'il composa à l'oc- révolte des habitants, fomentée par les
casion de la mort du dernier comte évGques de Rennes et de Dol, livra, le
Auguste-Louis, et qu'il fit imprimer à 4 2 mars,.la ville à Mercoeur, malgré les
Wotfenbùttel, sous ce titre : Albis et mesures de précaution qu'il avait pri-
Sales nymphàrnm synthrenismns.il ses. Hors d'état de résister à l'émeute,
a aussi traduit du français en latin la Montbarot s'enferma dans la tour de
première partie du Traité de la Cour par la porte Mordelèse ; mais il ne put y
Eustache de Refuge, laquelle a été tenir longtemps, ne recevant de se-
imp. avec la seeonde, trad, par Joach. cours d'aucun côté. Les royalistes ne
Pasl0rius,àHalle,4664; 1684, in-12. tardèrent cependant pas à rentrer dans
MARCUS, nom donné au gouver- Rennes, et Montbarot reprit son com-
neur de Saiht-Paul-Lamiatte, en 1625, mandement. Il continua à servir contre
par le Mercure français, lequel ajoute les Ligueurs, ainsi que son fils', jusqu'à
qu'il étaitfils du capitaine hu guenot qui l'entière pacification de la Bretagne.
commandait à Nérac, lorsque cette vil- Les preuves de dévouement et de fi-
le fut assiégée par le dernier duc de délité qu'il avait données à Henri IV ne
Mayenne. Le 1 i juill. 4 625, après son le garantirent pas contre les soupçons
échec devant Castrés, Thémines sepor- du roi, lors de la conspiration deBi-
tà sur Saint-Paul qu'il investit; toute- ron. Accusé d'y avoir trempé, il fut ar-
fois il ne put empêcher les chefs pro- rêté etenfermé àla Bastille; mais,faute
testants d'y jeter du secours à la fa- de preuves, on dut le remettre en li-
veur de la nuit. De son côté, le maré- berté après une longue détention.
chal reçutj le 4 3, un renfort que lui Toutefois onnelui rendit pas son gou-
amena Ventadour. Le 4 5, l'assaut fut vernement. Il se plaignit de cette in-
donné, et les assiégeants se logèrent justice à l'Assemblée de Saumur, à la-
sur les remparts presque sans éprouver quelle il fut député par la Bretagne.
de résistance. Au lieu d'essayer de les Dans la séance du 15 juin 1614, l'as-
repousser, la garnison abandonna la semblée prit la résolution suivante à ce
ville, franchit l'Agout et se retira àLa- sujet : « Le sieur Montbarot ayant re-
miattè. Maître de Saint-Paul, Thémines présenté qu'après avoir fidellementser-
le réduisit en cendres, après l'avoir li- vy le roy es charges de gouverneur de
vré au pillage et avoir fait pendre neuf Rennes et lieutenant du roy aux éves-
bourgeois'et le ministre protestant, an- chez de Rennes, Saint-Malo et Dol,
MAR MAR
— 227
il auroit sans occasion esté constitué l'âge de 3 ans.Un de ses parents,Pier-
prisonnier en la Bastille, dent, après reMartinMeytens,peintredelaeour,re-
une lenguè détention, suivie de la dé- connaissant en lui des dispositions pour
mission contrainte de sesdites charges, la peinture,sechargea de sonéducation
il auroit esté eslargy avec très-ample artistique.Marées travailla pendant 4 4
déclaration de son innocence et pro- ans dans son atelier. Ses progrès fu-
messe de récompense; la Compagnie rentrapides.Chargé de peindre la Cour
ayantjugé que lesdites charges ne luy et les membres du conseil d'Etat, il
ont esté ostées qu'à cause de la Reli- réussit si bien daus ce travail, qu'on
gion, a résolu d'embrasser la poursuite lui proposa de le faire voyager aux frais
de ladite récompense et remplacement de l'État. Mais il aimait trop son indé-
d'autres gouvernemensou àutrement,et pendance pour accepter ; il se sentait
charge ses députés généraux de sejoin- d'ailleurs assez fort pour pouvoir se
dreàladitepoursuite (Fonds de Brien- suffire à lui-même. Le 11 janv. 1724,
ne, N° 222). » Nous ignorons ce que il quitta Stockholm pour se rendre à
cette intervention produisit; mais nous Amsterdam.Il passa neuf mois en Hol-
savons que Montbarot continua à jouir lande et gagna par ses travaux de quoi
de la confiance et de l'estime de ses poursuivre son voyage.Son frère Abra-
coreligionnaires, puisque l'Assemblée ham était alors pasteur de l'église ré-
-
de La Rochelle le proppsa, en 4 64 6, formée de Nuremberg. Il alla le visi-
pour un des commissaires chargés de ter.Pendantles dix mois qu'il resta au-
faire exécuter l'édit de pacification près de lui,il peignit un grand tableau
(Ibid., N' 223). de famille, représentant son frère, sa
Selon un msc. du Fonds Saint-Ma- femme et ses trois enfants, qui attira sur
gloire, coté 163, René de Marec ne lui l'attention des connaisseurs; Jean
laissa de son mariage avec Esther Du Kupezky reconnut en lui un émule et
Bouays, qu'une fille, nommée FRAN- lui donna son amitié. En 4 725, il se
ÇOISE, qui, après la mort de son pre- rendit à Venise, où il peignit avec suc-
mier époux, Samuel de La Chapelle, . cès en miniature et en émail, et l'année
épousa, en 4 626, Henri de Chivré. suivante, il alla à Piome. Il recherchait
MARÉES (GEORGE DE), peintre es- avec avidité toutes les occasions de
timé, né à Stockholmen 1697,etmort s'instruire. Rome lui offrit de quoi se
à Munich en 4776. Son père, chassé satisfaire, mais par malheur sa religion
de France par la révocation de l'édit de lui attira des persécutions qui le forcè-
Nantes,était allé s'établir à Brême,d'où rent à fuir précipitamment,en 1727- Il
il passa en Suède. Il obtint une place se retira à Venise, d'où il fut bientôt
dans les mines de fer deGiemo etd'Os- après appelé à Nuremberg. Ii exécuta
terby.Safemme,iV. Meytens,ln\ donna dans cette dernière ville d'excellents
sept enfants: 1 ° et 2° SIMON et SAMUEL, travaux, qui furent gravés plus tard à
tous deux orfèvres;—3° JEAN, marin ; la manière noire par le célèbre Bernard
—4°ABRAHAM,pasteur dont nous avons Vogel. En 1728, il se rendit à Augs-
parlé, ainsi que de ses fils,à notre art. bourg, et de là en 1730, à Munich
Des Ma/rets (Voy. IV, p. 257); la sup- où il abjura la , religion protestante.
position que nous avions hasardée, ne Beaucoup d'artistes sefontunereligion
se trouve donc pas confirmée ; — à eux dont il ne faut pas leur demander
5° CHARLES, qui se voua au commerce; compte. L'Imagination va par bonds
— 6' IJEORGE, à qui cette notice est et par écarts, c'est sa nature ; elle ne
plus spécialement consacrée;—7° ELI- marche posément que lorsqu'elle s'ap-
SABETH,qui épousa Du Bordieu,\nle?- puie sur le bras de la Raison.Il est as-
prèle du roi de Suède pour le russe et sez probable que ce fut l'Amour <qui
Ï9 turc. opéra la conversion de l'artiste. Sa
-George de Marées-resta, orphelin dès voix n'a pas moins d'empire sur les-
MAR 228 MAR
— —
natures sensibles, que celle de l'am- licisme, chercher la vérité serait déjà
bition et de l'intérêt qui a opéré en une hérésie; la vérité est toute trou-
France tant de prodiges. Quoi qu'il vée, il^ faut croire aveuglément tout ce
soit. Marées s'unit, 1731, avec que l'Église enseigne, et tant qu'elle
en en
Marie-Barbara Sehubbauer. Sa nou- l'enseigne, puis s'en défaire, quand
velle religion ne nuisit pas à ses suc- elle ne l'enseigné plus ; la conscience
cès; au contraire, elle lui procura une ni la raison n'ont rien à y voir. Dans
foule de commandes et il put, sans, le protestantisme, au contraire, le chré-
, s'agenouiller tien n'est plus un enfant, c'est un
scrupule de conscience,
devantses oeuvres.On lui doit une foule homme fait; ce n'est plus un esclave,
,

de tableaux, tant portraits que sujets c'est un affranchi; il n'est plus soumis
historiques,surtoutdesainteté.qui sont à Ja loi des hommes, mais à la loi de
disséminés dans les musées elles égli- Dieu.
ses de l'Italie et de l'Allemagne. La Il est bien vrai que Marguerite ne
plupart ayant été exécutés depuis la régla sa foi ni sur celle de Luther, ni
conversion de l'artiste, nous devons sur celle de Calvin. Mais'qu'importe ?
nous contenter de renvoyer au catalo- le protestantisme n'est pas là. Vous
gue qu'en donne Hirsching (4). détruiriez pièce à pièce toutes les doc-
MARGUERITE D'ORLEANS, trines de nos réformateurs, que vous
improprement appelée MARGUERITE DE n'auriez rien fait. Aucun d'eux n'a pré-
VALOIS, soeur unique de François I", tendu ni pu prétendre à l'infaillibilité;
et mère de Jeanne d'Albret, surnom- ce ne sont point nos législateurs, ce
mée le Mécènes des gens de lettres sont de modestes scoliastes des- livres
et des gens de bien, naquit à Angou- saints, etrien de plus.Le protestantisme
lême, le 4 4 avril 1492, et mourut est l'affranchissement de l'homme mo-
dans son château d'Odos en Bigorre, ral; ce n'est pas un système de doc-
,1e 21 déc. 1549. trines rigoureusement formulées qu'il
Les Catholiques et les Protestants faille, admettre à peine de damnation;
se disputent cette princesse, et les cen'estpasun cercle defer, où l'homme
uns et les autres apportent à l'appui est emprisonné par l'homme au mépris
de leurs prétentions des raisons qu'on des lois de Dieu : des opinions diver-
pourrait croire concluantes, si elles ne ses, mais consciencieuses, peuvent s'y
se balançaient pas. La vérité n'étant rencontrer sans se heurter. A ce point
donc ni avec ceux-ci, ni avec ceux-là, de vue, Marguerite était donc protes-
qui forment les deux extrêmes d'une tante ; elle le fit voir par toute sa con-
progression, il en résulte qu'elle doit duite. Attribuer à la seule bonté de
se trouver entre les deux, à une dis- son coeur tout ce qu'elle fit pour les
tance plus ou moins éloignée de l'un Huguenots jusqu'à compromettre son
ou de l'autre. Et c'est en effet ce qui a repos pour eux et provoquer les infâ-
lieu. Marguerite n'était ni catholique, mes insinuations d'un. Montmorency,
ni protestante, dans le sens strict du serait d'une naïveté incroyable. Qu'on
mot: catholique? elle ne l'était plus; nous cite d'autres exemples d'une pa-
protestante? elle ne l'était pas encore. reille bonté dansle siècle où elle vécut.
Mais elle cherchait la vérité, et c'est Renée de France n'étaitpas catholique.
en cela qu'elle se rapprochait davan- Si Marguerite avait été une fille sou-
tage du protestantisme. Dans le catho- mise de l'Église, pensez-vous que
sou
(1) Nous,ignorons s'il y avait quelque lien confesseur n'aurait pas réussi à l'ef-
de parenté entre notre famille de Marées, frayer? Bossuet, Fénelon lui-même, les
et le peintre d'histoire,Desmarets,Des Marez, meilleurs et les plus digues, n'au'rain t
de Mares ou de Mare, qui, après avoir perdu
sa place de secrétaire de l'ambassade fran- pas manqué d'attribuer ces bons mou-
çaise a Stockholm, se livra à la peinture et vements d'un coeur compatissant aux
alla se fixer en Toscane, où il mourut en 1803. suggestions de Satan. Que serait-ce
MAR — 2'29 — MAR
des Cotton et des autres? Dans notre plus tost de vous alliener de la bonne
siècle de progrès, nous ne sommes affection que vous portez à l'Esglise
plus des juges compétents pour tout de Dieu, et vous ' oster le courage de
ce qui touche aux choses de la religion, servir à Notre Seigneur Jésus, et à ses
telles que les entendaient et prati- membres, comme vous avez faict jus-
quaient nos pères (4 ). L'Église catho- ques à Ceste heure. » La chose est
lique, aussi bien que l'Église proles- donc jugée (4).
tante, a marché. On ne croit plus à la Marguerite fut élevée, sous l'oeil de
magie ni aux sorciers; les bûchers sa mère, Louise de Savoie, à la cour
sont éteints même en pays d'inquisi- de Louis XII, à qui Charles d'Angou-
tion. Qui sera juge, alors, si ce ne lême, en mourant, avait recommandé
s.ont les contemporains? Demandons sa famille (2). Ce prince s'acquitta
à la Sorbonne, si jalouse de l'ortho- religieusement de ses devoirs de tu-
doxie romaine, si Marguerite était ca- teur. Passionnée pour l'étude, Margue-
tholique; demandons à Calvin, si rite ne se contenta pas d'acquérir ces
rigide dans sa doctrine, si Marguerite talents d'apparat propres à faire briller
n'était pas protestante, et nous saurons son sexe, elle voulait tout savoir et
la vérité. Marguerite fut, au jugement tout approfondir. Ce fut ainsi qu'à la
du grand réformateur, l'instrument connaissance des langues vivantes,
dont Dieu se servit pour avancer sen elle joignit la connaissance plus rare
règne. « Je cognois les dons que No- des langues savantes, telles que le
tre Seigneur a mys en vous, lui écri- latin, le grec et même l'hébreu, et qu'à
vait le réformateur, sous la date de Ge- l'étude des belles-lettres, elle allia
nève, 28 avril 4 545 (MSS. de la Bi- l'étude plus mâle de la philosophie et
blioth. de Gen. N» 4 07), et comment il même celle de la théologie dont les
s'est servy de vous et vous a employé mystères insondables exercèrent tou-
pour l'advancement de son règne. Les- jours sur son esprit un attrait puissant.
quelles choses me donnent assez d'oc- En un mot, elle reçut une éducation
casion de vous honnorer et avoir votre toule virile, et dans un siècle où les
honneur en recommandation. Aussi, gentilshommes les plus qualifiés se
Madame, je vous prie de ne vous lais- faisaient encore un titre de leur igno-
ser point persuader par ceux qui vous rance. Dès l'âge de quinze ans, dit
enflambent contre moy, ne cherchant son panégyriste Sainte-Marthe, « l'es-
,
ni votre profit ni mon dommage; mais prit de Dieu commença à se manifester
(1) M. Génin,entre autres,faitflèche defout (4) Cette lettre a été publiée dans l'Appen-
boispour prouverson dire que Marguerite était dice de la Petite chronique de M. Crottet.—
bonne catholique; il s'accroche'a chaque plus Vers la même époque, après la paix signée
petite épave; il va même jusqu'à s'appuyer avecCharles-Q_uint(1S4-3),Marguerite écrivait
deMoréri, quelle autorité! Si la reine de Ka- a son frère dans une Epitre en vers (Suppl.
Tarre était favorable à l'hérésie, pourquoi franc. 2286, fol. 116):
protégeait-elle avec tant de chaleur, se de-
mande M. Génin, un si grand ennemi des Dieu n'a voulu permettre que vainqueur
idées de la Réforme que le cardinal Georges L'ung fust de l'aultre, afin deles contraindre
d'Armagnac? — Pourquoi ? La raison en est Après la guerre a ceste paix attaindre,
simple; c'est que lorsqu'elle le protégeait, il Car par eulx veult que la foy confirmée
n'en était pas ennemi. Il y eut dans la vie de Soit, et aussy l'Eglise réformée,
ce prélat, comme dans celle de beaucoup
Et d'une part oustées les hérésies,
d'autres, plusieurs phases ; et s'il garda son De l'aultre aussy les vaines fantaisies,
troupeau de la morsure des loups hérétiques, Et que la foy nous face en toute guise
En triumphant triumpher saincte Eglise.
comme disent les auteurs du Gallia Chris-
tiana, ce fut lorsqu'il eut rejeté, selon les Telles furent les opinions que Marguerite ne
propres expressions de Jeanne d'Albret, le cessa de professer.
saint lait dont la feue reine Marguerite i'avoil (2) Lorsque ce prince mourut, le 1 janvier
nourri. Il en fut de même du chancelier Oli- 4496, Louis d'Orléans, son cousin germain,
vier, alors chancelier d'Aleneotp. Les autres n'était encore que premier prince du sang; il
preuves de M. Génin ne sont pas plus fortes. ne parvint au trône qu'en U98.
MAR 230 MAR

et apparbistre en ses yeux, en sa face, conseils, et s'il n'avait pas été. si
en son marcher) en sa parole, et géné- promptement gâté par l'exercice du
ralement en toutes ses actions. » Et pouvoir absolu, il aurait plus souvent
ce qui doublait le prix de ces qualités, écouté les inspirations de son Égérie,
c'est qu'elle n'avait point la faiblesse, et eût laissé dans l'histpire une mé-
si naturelle à son sexe,' de s'en parer. moire moins entachée (1). «Ils étoieut
Elle était simple et modeste, autant conjoints, dit Sainte-Marthe, d'un si
par bienveillance que par inclination. étroit et si ferme lien d'amour frater-
Aux charmes de l'esprit, elle unissait nel, que ne de la mémoire de nos pré-
(si l'on en croit le témoignage flatteur décesseurs, ne delanostre, ônc n'en
de ses contemporains), toutes les grâ- fust ne vu, ne ouy de second. » L'a-
ces du corps et de la figure. L'éclat mitié du frère et de la soeur était si
du rang lie faisait sans doute qu'ajou- parfaite, que la médisance a cm y voir
ter à tant de perfections, On prétend plus que de l'amitié. M. Génin lui-
que Charles d'Autriche, depuis Charles- même, zélé panégyriste de Marguerite,
Quint, ayant eu l'occasion, en 4 508, a fini par se rendre, non pas à l'évi-
d'admirer Marguerite à ia cour de dence, mais aux obscurités étudiées
Louis XII, en fut tellement épris, qu'il d'une lettre quecetteprincesse écrività
la demanda en mariage. Mais M. Le- son frère, on ne sait à quelle date (2).
roux de Lincy à qui nous empruntons Sans aucun doute, il y a un fâcheux
ce fait, oublie qu'à cette date le comté mystère sous cette lettre, mais qui le
de Flandre n'était encore qu'un jeune .sondera? Pourquoi alors supposer le
enfant de 7 à 8 ans. M. Génin, de son mal ? "N'oublions- pas que tout est pur à
Côté., commet sans doute.une autre qui sont purs. On a encore prêté à
erreur, lorsqu'il avance que cette de- Marguerite d'autres amours, et tout
mande en mariage fut faite par. Ghar- aussi gratuitement, comme si la légè-
les^Qûint après être parvenu au trône reté de ses Nouvelles semblait autori-
desÈspagnes, c'est-à-dire après 1516. ser la légèreté des accusations. Mais
A cette époque, Marguerite n'était plus rien de plus.faux que de juger de la
libre; Louis XII avait disposé de sa moralité du conteur par la moralité de
main, en Punissant, par contrat du 9 son oeuvre. Les personnages les plus
octobre 1509, à Charles, dernier duc graves sont souvent les écrivains les
d'Alençon, Le coeur, dit-on, ne' fut plus légers. Les -contraires se recher-
pour rien dans Cette union,.au moins chent et s'attirent. II est bien vrai que
du côté de la princesse. On a même Brantôme, la trompette de toutes les
prétendu que le prince » homme sans médisances, comme le qualifie M. Gë-
figure, sans esprit, et sans aucun mé-
rite » était tout-à-fait.indigne d'elle; (1) « Marguerite, dit M. Kisard dans son
Hietoire delà liit. franc., a été comme le bon
niais si l'on considère les divers com- génie de son royal frère, et François t'lui
mandements dont il fut revêtu, on doit doit peut-être les plus solides de ses titres.
croire qu'il y a beaucoup d'exagération Grâce à l'amitié qu'il garda constamment à sa
dans ce jugement : on lui reconnaissait soeur, on lui fit honneur dés actions les plus
personnelles de Marguerite, et on ïut croire
au moins de la valeur. Margueritepassa qu'il approuvait tout ce qu'il ne désavouait
les premières années dfe son mariage pas. La postérité a conservé cette illusion ;
dans son duché d'Alençon. En 4516, il en faut laisser le bénéfice à. François Ie' ;
c'est du respect bien «ntendu pour la mémoire
elle parut à la cour de son frère, où de Marguerite. »
elle s'attira tous les hommages, tant (2) Dans une polémique soulevée à l'occa-
par son affabilité que par les charmes sion de cette lettre (Voir Le Semeur, journal
religieux, 44 et 21 déc. 1842). M. Lulterotli
de sa personne. François aimait à la combat avec beaucoup de sens l'interpréta-
produire; ii renvoyait souvent à elle tion qu'en a donnée M. Génin, et.il hasarde
les ambassadeurs qu'il voulait séduire. lui-même une explication qui, si elle n'est
Lui-même déférait volontiers à ses pas entièrement admissible, est au moinsplus
loyale et plus chrétienne.
MAR 231 MA.R
nin, prétend qu'en fait de galanterie Les rosiers bas, les petits oliviers
Marguerite en savait plus que son Délectent plus.que ces grands cbesnès fiers,
Et a nager en eau basse l'on treuve
pain quotidien. A son point de vue, Moins de danger qu'en celle d'ung grand
c'est évidemment un éloge qu'il en- Aussi jadis déesses adourées [fleuve.
tendait lui donner, et plus il l'enflait, D'hommes mortels, se sont énamourées :
plus il' croyait être galant ; mais s'il Le jeune Atys feut aynié de Cybelc, etc.
avait connu des faits tant soit peu Après avoir rappelé le précédent
dignes de mémoire, il se serait bien d'Alain Chartier, le poète énumère ses.
gardé de les passer sous silence. Or avantages sur des rivaux plus favori-
comme il ne dit rien, c'est qu'il ne
sés que lui des dons de la Fortune :
savait rien. Reste le champ des suppo- S'ils sont puissants, j'ay la puissance telle
sitions qui est vaste. Est-il vrai que le Que fere puys ma maistresse immortelle ;
Ce que pourtant je ne dy parvanlance
connétable de Bourbon ail soupiré pour Ky pour plustot tirer ton accointance,
Marguerite, en même temps que sa Mais seulement par une ardente envie .
-
mère, Louise de Savoie, soupirait pour Qu'ay de le faire entendre qu'en ma. vie
De rencontrer au monde me m'advint
lui? On l'a dit, mais peut-être cet Femme qui tant a mon gié me revint,
amour pour la fille n'a-t-il été imaginé Ne qui tant eust ceste puissance sienne
que pour faire tableau. Quant au sé- D'assubjectir l'oubéyssance mienne.
ducteur Bonnivet, il n'eut pas à se La déclaration était hardie. Margue-
louer de la témérité de son entre- rile ne s'en offensa pas, elle l'accepta
prise (4). Le poèteMarot aurait-il été comme un hommage flatteur venant
plus heureux ? Marguerite était femme ; du prince des poètes de son temps.

elle fut sans doute sensible à ses élo- Elle pensait sans doute que le génie
ges, mais il y a loin de ce senliment à égalisait les rangs. C'était un jeu^-
de l'amour, c'est tout au plus un pre- jeu dangereux, si l'on veut, — mais
mier pas. Les poètes qui sont censés elle s'y associa sans mauvaise pensée.
avoir commerce avec les Dieux, ont Du reste, on remarquera qu'à cette
toujours joui de certaines privautés, époque (1526), elle était libre de
même auprès des grands. Marot ne fut donner son- coeur à qui bon lui sem-
-
pas le seul des enfants d'Apollon de blait. Le poète encouragé par tant
son temps, qui osa soupirer pour Mar- d'indulgence, continua à se bercer
guerite. Il était entré à son service en de sa fiction. Mais tout nous porte
1518, et ce ne fut que huit ans plus à croire que ce jeu ne passa jamais
tard que sa passion se déclara. La re- les bornes de la discrétion.
connaissance y fut pour beaucoup. Les écrivains qui admettent avec
Cetle princesse venait de le retirer de tant de facilité.les accusations de ga-
l'Enfer où il gémissait. Marot l'en re- lanterie qu'on a prodiguées à Marguer
mercie dans une Epitre en vers (2), où rite, doivent se trouver bien embar-
il lui fait la déclaration suivante : rassés de concilier avec cette légèreté
de conduite les tendances de cette
Tous ces beaulx dons et mille davantaige
Sontenung corps né de hauil parentaige, princesse aux idées de la Réforme,
Et de grandeur tant droicle et bien formée. et la protection qu'elle ne cessa d'ac-
Que faiclc semble exprès pour estre aymée
D'hommes et dieux. 0 que ne suis-je prince, corder à des hommes connus pour
A celle fin que l'auldace je prinsse l'austérité de leurs moeurs.
Te présenter mon service petit, Ce fut le vénérable Le Fèvre d'E-
Qui sur honneur fonde son appélit. taples qui, un des premiers, introdui-
Mais pourquoy prince? Une montagne basse
Souvent la haulle en délices surpasse; sit Marguerite dans les voies de la Ré»
-

(1) Marguerite raconte cette aventure dans


forme; ce fut par lui qu'elle fut mise
la 4e de ses Nouvelles. en relation avec i'évêque de Meaux,
(2) Celle pièce importante a été publiée Guillaume Briçonnet. Cet évêque ve-
pour la première fois par M. Génin, en tête nait de recueillir Le Fèvre dans son
de ta Notice sur Marguerite ; le msc. se trouve
"a la Bibl. nat., Anc. Fonds, N° 7077, fol- 23. diocèse (1521 ),-^-où l'avaient suivi ses
MAR
MAR — 232 —
disciples Guill. Farel, Gérard Rons^ donner quelques échantillons dans son
sel, Michel d'Arande, Jean Lecomte, Recueil des Lettres de celte princesse,
Pierre Caroli, Martial Mazurier, — et nous n'avons pas le courage de lui
lorsqu'elle entra en correspondance en faire un reproche. N'adorons pas
avec lui. Cette correspondance, qui les ordures de nos grands hommes.
se conserve à laBiblioth. nat. (Suppl. Il est difficile de s'imaginer que ces
jranç: N° 337),1 est bien un des pins relations avec l'évêque de Meaux
étranges monuments qui existent des aient pu avoir quelque heureuse in-
aberrations où tombe l'esprit humain fluence sur les tendances religieuses
quand il veut se soustraire à l'empire de Marguerite, et telle est cependant
de la raison — cette lumière divine la vérité. Par son conseil, elle s'ap-
que Dieu a mise en nous pour éclairer pliqua assidûment à la lecture des
notre sentier. Tout ce que le mysti- livres saints ; il ne se passait pas de
cisme a jamais imaginé de plus ab- .jour qu'elle n'en méditât quelques
surde, s'y trouve exposé dans le style pages. Briçonnet l'avait invitée à lui
le plus alambiqué. le plus abstrus, le écrire « si de quelque endroit de la
plus stupéfiant. Pour résister à cetle très-sainte Ecriture elle doutoit ou
peste, il fallait une bien forte nature. désiroit quelque chose. » Marguerite
Marguerite en fut presque infectée, s'en pénétra si bien que les citations
a Madame, lui écrivait l'évêque, qui et les allusions bibliques se pressent
est désert, en désert est abymé; cher- sous sa plume, soit qu'elle écrive en
chant désert et ne peult trouver, et vers ou en prose. Or toute la Réforme
quand le treuve, est pardessus empes- est là.. Marguerite ne pouvait man-
ché, est mauvais guide pour guider quer d'arriver aux mêmes conclusions
aultruy hors de désert, et le conduyre que. tant d'autres qui sont partis du
au désert désiré. Désert l'affame de même point; elle vit, commeLeFèvre
faim mortifère, combien qu'il soit d'Etaples, que l'Evangile « n'était
plein jusqu'aux yeux, appétaut désir pas prêché purement, sans mélange
pour l'assouvir et l'appauvrir en pau- de traditions humaines, » el elle aban-
vreté. » La foi qui se repaît de pareils donna peu à peu quelques-unesJde
rogatons, doit être en effet bien affa- ces traditions.
mée. La pauvre Marguerite, qui ne Louise de Savoie et François Ier
comprend pas, se bat les flancs pour" lui-même avaient subi cette première
se mettre à l'unisson de son directeur. influence de la Renaissance; l'un et
« La pauvre erranle,répond-elle hum- l'autre auraient accueilli avec empres-
blement, ne peult entendre le bien sement la Réforme, si elle avait pu
qui est au désert [nous le croyons sans s'accomplir sans résistance et sans
peine, qui est-ce qui l'entendrait?] secousses. Dans une lettre du mois de
par faulte ,Ae cognoistre qu'elle est décembre 1521, Marguerite marquait
déserte. Vous priant qu'en ce désert, par à Briçonnet que le Roi et Madame
affection, ne courriez si fort que l'on ne étaient plus que jamais affectionnés
vous puisse suivre... afin que l'abysme à la réforme de l'Église. L'évêque,
par l'abysme invoqué puisse abysmer dans sa réponse, leur reproche, à tous
la pauvre errante.» Uneligne desimpie trois, de différer celte bonne oeuvre:
bon sens, comme celle-ci : Aime ton « Le vray feu qui s'est logé longtems
prochain comme toi-même, en dit plus en' voslre coeur, en celui du Roy
que tout l'amphigouri de l'évêque, qui et de Madame-, par grâces si très
ne conlientpasmoinsdeSOOpp. in-fol. grandes et abondantes que je n'en
Cette correspondance dura plusieurs congnois point de plus grandes, je
années, de 1521 à 1524. Les lettres ne say si ce feu a point esté couvert
de Marguerite sont au nombre de 56 ; ètassoupy; je ne dis pas eslainct,
.
M. Génin s'est contenté de nous en car Dieu ne vous a par sa bonté encore
MAR — 233 MAR
abandonnés. Mais conférez chacun quiétés ou poursuivis pour crime d'hé-
en vostre coeur (autlre que vous n'en résie. Il n'y a pas de doute qu'ils
peult estrç juge, ne le savoir), si vous n'eussent tous péri, si un bon génie
l'avez laissé ardre selon les grâces n'avait veillé sur eux. François I" l'es
données. J'ay paour que les ayez couvrit de sa protection. Quant à
procrastinées et différées. Je loue nos- l'évêque de Meaux, pour conjurer
tre Seigneur qu'il a inspiré au Roy l'orage près de fondre sur lui, il eut
vouloir d'exécuter quelque chose que la faiblesse de rétablir dans son dio-
j'ay entendu. En ce faisant se mon- cèse tout ce qu'il y avait aboli la
trera vray lieutenant-général du grand veille. On devait s'y attendre, l'exal-
feu qui luy a donné les grâces in- tation conduit toujours ou à la folie
signes et grandes pour les faire ardre ou à l'abjuration : que d'exemples
en son administration et royaume, n'en a-t-en pas vus ! Les compagnons
dont Rois ne sont que visroys et d'oeuvre de l'évêque se dispersèrent.
lieutenants-généraulx du Roy des L'un d'eux, Michel, d'Arande, suivit
Rois. » L'année suivante, Louise de Marguerite en qualité d'aumônier, en
Savoie consignait cette réflexion dans 1524 (1). Cette princesse et sa mère
son Journal : «L'an 1522, en dé- accompagnaient le roi partant pour
cembre, mon fils et moi, par la grâce repousser l'invasion de la Provence.
du Saint-Esprit, commençâmes à cog- Elles s'arrêtèrent à Lyon, où elles
noistre les hypocrites blancs, noirs, étaient encore lorsque arriva la nou-
gris, enfumés, de toutes les couleurs, velle du désastre de Pavie (24 fév.
desquels Dieu, par sa clémence et 1525). Quel juste châtiment de Dieu
bonté infinie, nous veuille préserver infligé à Louise de Savoie! Marguerite
et défendre, car, si Jésus-Christ n'est eut la douleur d'entendre accuser son
menteur, il n'est point de plus dan- mari d'êlre le principal auteur de la
gereuse génération en toute nature défaite. Le roi avait confié à son beau-
humaine.» A quelque temps de là, frère le commandement de l'aîle gauche
le comte Sigismond de Hohenlohe, de l'armée, et ce prince, saisi d'une
doyen du grand chapitre de Strasbourg, terreur panique, avait pris la fuite,
tenta, par le moyen de Marguerite, avant même que son corps eût donné.
de détacher la France de la cour de Il ne' s'arrêta qu'à Lyon où il arriva
Rome. Cette princesse, qui entra en désespéré. Quelques jours après, le
correspondance avec lui, faisait espé- 11 avril, il était enlevé par une pleu-
rer à son bon cousin que laparole de
vérité seroit entendue. Mais des (1) Il paraît qu'Antoine Papilion accompa-
considérations politiques firent .aban- gnait aussi la cour. Pierre de- Sebville écri-
donner ce projet : François Ier, au vait (28 déc. 1524) a Anemond de Cad, que
du temps que le roi était a Lyon, il y avait a
retour de sa captivité, avait à ménager Grenoble' deux grands prédicateurs évangé-
le Saint-Siège. Cette démarche du liques. « L'un, dit-il, se appelle Antlwnius
puissant seigneur allemand prouve Pqpilio, le premier de France bien sachant
l'Évangile, et en langue latine très élégant ;
que, même à l'étranger, les dispo- il a translaté le traité Ve votis monaslicis [de
sitions de Marguerite étaient bien con- Luther] a madame d'Alençon, soeur du Roi,
de quoy il a eu beaucoup d'affaires avec celte
nues. Et en effet, il aurait fallu fermer vermine parrhisienne. Toutefois ladite dame
les yeux à la lumière pour ne pas l'a bien récompensé, car elle l'a fait maistre
voir où penchaient ses affections. premier des requestes du Dauphin, et si est
La Sorbonne, de son côté, ne s'en- du grand conseil. Il n'y a point aujourd'hui
dormait pas, et le Parlement lui prê- en France [de personne] plus evangéliquê
que la dame d'Alençon. Elle a ung docteur de
tait un bras complaisant. Berquin, Paris appelé maistre Michel Eleymosinarius
Robert Estienne, Papillon, Le Fèvre (aumônier) lequel ne prêche devant elle que
d'Etaples, Caroli, Roussel, Mazu- purement l'Evangile, et toutes autres gens,
elle a débouté arrière. -' Lettre rapportée par
ricr, Marot, furent tour à leur in- M. Croltet dans son Appendice. »
MAR 234 *> MAR
«-
résie. Marguerite resta veuve, sans s'éloignait d'auprès d'elle que charmé.
enfants. Il en coûte si peu pour se faire aimer!
La captivité du roi jeta la conster- Le grand Érasme, qui ne la connaissait
nation dans tout le royaume; mais la que par la voix publique, éprouva, lui
Sorbonne entrevit de suite le parti aussi, le besoin de lui témoigner toute
qu'elle en pourrait tirer, et elle ne son admiration. Il lui écrivait, sur la fin
laissa pas échapper l'occasion. L'Eglise de l'année 1525.: « Jam pridem enim et
a cherché dans tous les temps à profi- admiralus sum et âmavi totpraclara
ter de nos désastres. Une Eglise ro- Dei dona in te, prudentiam vel philp-
maine ne saurait avoir les mêmes inté- sopho dignam, castimoniam, tempe-
rêts nationaux qu'une Eglise gallicane. rantiam, pietatem, infractum animi ro-
Louise de Savoie, restée régente du bur et mirum quemdam rerum fluxarum
royaume, se montra peu scrupuleuse contemptum. Quis enim hoec non sus-
dans le choix des moyens pour servir piciat in tanti régis sorore, quoe vis
la cause de son fils. Son premier acte . reperias in sacerdotihus ac monachis ?
fut d'abandonner l'appui du faible pour Hoec nequaquam commemorarem, nisi
se jeter du côté de l'oppresseur ou du certum scirem te nihil horum tuis viri-
plus fort. Calcul déplorable dont la bus tribuere, sed laudem omnem tran-
Royauté â subi pendant des siècles les scribere Domino, bonorum omnium
fatales conséquences I Au lieu de se largitori. »
renforcer, elle s'affaiblit, car en défi- François^" ayant manifesté le désir
nitive, la force est toujours du côté de que sa soeurbien-aiméevînt sur les lieux
la justice et de la raison. Biais la régente pour travailler plus efficacement à sa
était femme, le nombre et le bruit lui délivrance, Marguerite ne balança pas.
en imposaient. Elle commença par ac- Elle sollicita un sauf-conduit de l'empe-
corder l'établissement de l'Inquisition, reur,et s'embarquaà Aigues-Mortes,le
en vertu d'une bulle du pape du 17 mai 27 août 1525. A son arrivée à Madrid,
1525 (Voy. Piècesjustif. N" I), c'est- elle trouva son frère gravement ma-
à-dire moins de trois mois après le lade ; les soucis de la captivitél'avaient
désastre dePavie. Aussitôtla Sorbonne abattu. La présence de sa soeur lui ren-
et le parlement se mirent à l'oeuvre : dit la vie en relevantsoh courage. Lors-
les vexations, les poursuites, les ven- qu'elle le vit hors de danger, elle sui-
geances se multiplièrent, les cachots vit la cour à Tolède. Elle parut même,
s'emplirent, les bûchers s'allumèrent, au rapport de Brantôme, devant le Con-
et en un mot le règne de la Terreur seil impérial, où elle, défendit brave-
cléricale fut inauguré en France. Au ment les intérêts du roi son frère ;
milieu de cette désolation, Marguerite elle frappa à toutes les portes; elle ne '
-s'employa à sauver les victimes, mais s'épargna aucune peine, aucune fati-
elle n'y réussit pas toujours. Les ordres gue ; elle fit jouer toutes les machines,
mêmes du roi captif furent méconnus. sans oublier la principale de toutes
La Sorbonne et ses acolytes du par- là corruption.. Cependant elle échoua,
lement avaient reçu des ordres supé- contre le mauvais vouloir de Charles-
rieurs. Quint. Ce fut en vain qu'elle mit en
Pendant la captivité de son frère, avant le mariage d'Eléonore, soeur de
Marguerite, au rapport de Brantôme, l'empereur, avec son frère. Cette prin-
« assista fort madame sa mère à régir cesse, veuve du roi de Portugal, avait
le royaume, à contenter les princes, été promise, contre son gré, conné-
au
les grans.et gaigner la noblesse; » table de Bourbon ; sa conscience se ré-
son affabilité attirait à elle tous les voltait à l'idée que sa main serait le
coeurs : « Personne ne doit s'en aller prix d'une trahison.
triste et marri de la parole d'un prince,» Rien n'était encore conclu, lorsque,
disait-elle. Et en effet, personne ne le terme de son sauf-conduit
appro-
MAR 235 —. MAR
chant, Marguerite dut Songer à s'éloi- province dès 1518; elle lui avait été -,

gner. Elle voyageaità petites jeurnées, donnée en apanage par son frère. L'aca- j
lorsqu'un avis lui parvint de hâter sa demie de Bourges lui doit en grande I

marcbè. A qui devait-elle ce généreux partie son illustration. MelcMor Vol- ;


avis? On suppose que le connétable de mar, qu'on regarde comme un des pre-
Bourbon céda à un bon mouvement, miers promoteurs en France des idées
soit par un reste d'amour, soit par un de la Réforme, y professa avec grand ;-

remords de conscience. Quoi qu'il en succès.67«fo?"»el.Bèze y étudièrent. La


soit, il paraît que Charles-Quint ayant nièce de notre princesse, Marguerite de
eu vent que François I", plutôt que de France, continua son oeuvre, active-
céder aux conditions humiliantes qu'il ment secondée par son Chancelier Mi-
lui imjjosait, avait signé un acte d'ab- chel de L'Hospital. Ellemarcha sur les
dication en faveur de son fils aîné, et traces de sa tante bien-aimée ; comme
supposant à tortque Marguerite en était elle, elle possédait Une instruction au j,

porteur, il avait donné l'ordre de se dessus de son sexe et protégea les sa- !

saisir de sa personne au moment où vants, surtout les jurisconsultes ;


son sauf-conduit expirerait. Marguerite comme elle, elle fut touchée de la lu-
fitdonc diligence, et parvint sur le ter- mière de l'Évangile, et mit ses divins
ritoire français, à Salses, une heure préceptes eu pratique ; comme elle en-
seulement avant le terme fatal. fin, elle répandit ses bienfaits sur une
Pendant le cours des négociations foule de malheureux(1). «Elle a esté si
pour la délivrance du roi, il fut aussi sage et vertueuse, si parfaite en sça-
question du mariage de Marguerite voir et sapiencé,' qu'on luy donna, dit
avec Charles-Quint. Dans une lettre Brantôme,. le nom de la Minerve ou
que ce prince écrivit à la régente(fonds Pallas de la France, pour la sapiencé.»
de Béthune, N° 8496, fol. 13), il de- Elle avait pris ces mots pour devise :
mandait pour lui-même la main de la Rerum sapientia custos.
princesse, en lui disant que l'on trouve-
(1) « De mon lemps, lit-on dans le Sealige-
rait un auire parti pour le connétable de rana (au mot Genève), il y avait 120 ministres
Bourbon. Mais ce mariage de sa soeur réfugiés a Genève (après la Saint-Barthé-
n'entrait pas dans les vues de Fran- lémy), la duchesse de Savoie envoyait cliaque
çois 1" ; c'était au plus mortel ennemi année 4000 florins pour les-réfugiés français.»
ouy dire a un de ses maistres d'hos-
— « J'ayBrantôme,
de l'empereur qu'il la destinait. En tel, dit qu'elle mettoit en un coffre
1527 (par contrat du 3 janv.), après tous les ans en réserve le tiers de son revenu
son retour de captivité, il l'unit à Henri pour donner aux pauvres françois passans.—
Bref,.«'estoit la bonté du monde. » — Dans
Û'Albret, roi de Navarre, prince jeune une de ses Epîtres en vers le chancelier de
et vaillant, tout dévoué aux intérêts de L'Hospital décrit les soirées de-celte princesse
la France. Fait prisonnier aux côtés de dans sa petite cour de Bourges. «One liberté
décenle, lui dit-il, vous plaît mieux que toules
François I" à la bataille de Pavie, il les flâneries ; vous êtes toujours affable pour
était parvenu, avec beaucoup d'audace, ceux que vous admettez près rie vous, gra-
à s'échapper du donjon où le vice-roi cieuse sans tromperie, noble sans hauteur.
Secourable aux malheureux, Votre maison est
de Naples le retenait. Quoique la poli- le refuge des hommes de bien ; elle est sainte
tique ait été. pour beaucoup dans celte et respectée. A votre table Vient s'asseoir une
union, on prétend que les inclinations réunion choisie d'hommes savants qui char-
deMarguerite ne furent point forcées. ment la longueur du repas par la variété de
leurs discours ; vous paraissez aumilieu d'eux
Les noces furent célébrées avec magni- comme une reine, arbitre éclairé des paroles
ficence à St-Germain-en-Laye, le 24 et juge du théâtre. Vous écoulez leurs entre-
janv. 4 527. Marguerite avait déjà 35 tiens ; vous écoutez les bons et quelquefois
les mauvais vers que viennent lire les poètes ;
ans, tandis que Henri n'en avait que 24. vousaccordez à tous de justes récompenses,
Par ce mariage, elle apporta à la Na- ou, tandis que votre frère poursuitdes guerres
glorieuses, vous appelez sa faveur sur lesmu-
varre les duchés d'Alençon et de Berry.
Marguerite administrait cette dernière ses adonnées aux travaux plus heureux de la
paix. »
MAR
MAR
. — 236 —
Si l'on devait en croire Brantôme, ment de sa cour; on y voyait le tra-
Henri d'Albret aurait traité très-mal~ ducteur dé Boccace, Antoine Le Maçon,
Marguerite « et eust encore faict pis le poète chrétien Nicolas Denisot, le
-
sans le roy François son frère qui parla mathématicien-poèteJacques Pelletier.
bien à luy, le rudoya fort et le menaça Le Fèvre. d'Etaples, Jean Lecomte,
pour honorer si peu sa femme et sa Michel d'Arande, Pierre Toussaint
soeur. » Nous pensons que le conteur et. Calvin lui-même y trouvèrent un
a exagéré. Il n'est pas impossible qu'il asile contre les persécutions. Et qu'on
y ait eu de loin en loin quelques brouil- ne s'imagine pas que sa protection se
leries de ménage. Mais lorsque nous bornait à un simple permis de séjour
voyons toutes les sages réformes qui dans ses Etats, ce qui, dans ce temps,
s'opèrent dans le pays, sous l'influence eût déjà suffi pour justifier contre elle
de Marguerite, on ne peut croire qu'el- une accusation capitale; les fauteurs
lesn'aienlpas été le fruit d'unheureux de l'hérésie n'étaient pas plus épargnés
accord. M11" Vanvilliers, dans son que les hérétiques eux-mêmes. Mar-
Histoire de Jeanne d'Albret, s'étend guerite fit plus, elle choisit Gérard
longuement sur ces réformes, qui re- Roussel, un des principaux d'entre les
nouvelèrent le Béarn. L'agriculture, réfugiés de Meaux, pour son chapelain ;
l'industrie, la justice, l'instruction pu- elle le pcurvut, du consentement .de
blique, l'administration, furent égale- François I", de l'abbaye de Clairac, et
ment l'objet de leur sollicitude. «Le quelque temps après, elle lefitnommer
Béarn, qui n'cffrait naguère que le à l'évêché d'Oloron, en Béarn (1). Or
spectacle douloureux et dégoûtant du quelles,étaient les doctrines que prê-
désordre, de la stérilité et de la misère, chait Roussel? (1) Lui-même nous l'ap-
ne présenta plus, sous l'heureuse in- prend dans sa Familière exposition du.
fluence du génie immortel de Henri et symbole, de la loi et de l'oraison do-
de Marguerite, que le riant tableau de minicale dédiée au roi de Navarre,
la fertilité et de l'abondance, et en (MSS:de,laBibl.roy.,W10%U;Fonds
même temps l'aspect auguste de la jus- de Baluze, N" 502.). Ce petit caté-
tice, des bonnes moeurs, de la paix, en chisme n'a jamais été publié. Déféré
un met, du bonheur public : tant il est à la Serbonne, il fut déclaré (15 oct.
vrai que les Princes font les peuples, 1550) «pernicieux pour le christia-
que le vice ou la vertu, la ruine ou la nisme, comme étant rempli de pro-
prospérité des empires est leur ou- positions non seulement fausses, cap-
vrage! » tieuses scandaleuses, induisant le
Le même accord paraît avoir régné lecteur , en erreur et contraires au vrai
entre le roi et la reine de Navarre, sens de l'Écriture, mais sentant l'hé- •
mêmeausujetdes réformes religieuses. résie et en partie manifestement héré-
Les faits parlent assez haut, pour ré- tiques. » La Sorbonne, selon nous,
pondre à toute objection. Si Henri avait est trop indulgente, ce livre fait plus
vu l'hérésie de la reine de mauvais que sentir l'hérésie., c'est l'hérésie
oeil, comme Hilarion de Coste le donne elle-même, l'hérésie de Luther et de
à entendre, il n'aurait pas autorisé tout Calvin. M. Schmidt ne s'y est pas
ce qui se faisait sous ses yeux dans ses trompé. « Sauf quelques légères con-
Etats, et il lui eût été facile de mettre cessions, dit-il, faites aux formes ex-
François I" de son côté. Mais loin térieures du catholicisme, comme par.
de là, Marguerite continua à s'entou- exemple ce qu'il dit des cérémonies,
rer de personnes notoirement suspec-
tés. Les Des Périers, les Marot, les et(1)qu'a-reproduile
Calvin, dans une Ietlre écrite dcj?errare
M. Schmidt dans son inté-
de La Haye, les Du Moulin, les ressante Biographie de Gérard Roussel (1S45,
Victor Brodeau, les Claude Gruget, in-8°), reproche à Roussel d'avoir déserté
l'Eglise
ses valets de chambre, faisaient l'orne- du pape.du Christ, en acceptant un bénéfice
MAR — 237 — MAR
c'est un livre qui aurait pu sortir de la de rappeler les paroles de l'institution,
plume d'un réformateur, et on peut se en disant que les fidèles prennent
demander non sans surprise : comment « vrayement et effectuellement » le
se fait-il qu'un évêque ait pu écrire corps et le sang du Christ. Il ne
ce livre, ou plutôt comment se fait-il s'arroge pas le.droit de définir ce que
que celui qui l'a écrit ait pu conserver le législateur n'a pas défini. La loi
sa dignité de prélat de Rome? Le fond n'est pas un logogriphe, elle parle la
de la doctrine est la justification par la langue de celui à qui elle s'adresse;
foi au mérite de Jésus-Christ; la seule tout ce qui y est obscur doit être in-
autorité invoquée est l'Ecriture sainte; différent. Roussel continua donc à cé-
Jésus-Christ est seul chef.de son lébrer la messe en présence de Mar-
Eglise ; il n'a confié à Pierre aucune guerite ; mais cette cérémonie n'avait
autorité supérieure; l'Eglise parfaite conservé de la messe que le nom. Au
c'est l'Eglise invisible, la communion moyen de ce tempérament, on espé-
des Saints ; l'Eglise visible se reconnaît rait amener doucement le peuple à des
à la prédication de l'Evangile dans sa idées plus saines. La forme est un
pureté et à l'administration des sacre- despote dont nous subissons tous le
ments conformément au but de leur joug, et, pour la plupart des hommes,
institution, et les sacrements ne sont elle emporte le fond. Quick, dans sa
qu'au nombre de deux. Telles sont les vie de Le Fèvre d'Etaples, nous ap-
doctrines explicitement enseignées prend quelle était la signification de
parl'évêque d'Oloron(1).» Après cela, la messe de Marguerite : la messe en
qui osera soutenir encore que la reine sept points. I. Le prêtre dira la messe
de Navarre était catholique ? Les con- à la manière accoutumée et avec les
cessions que Roussel faisait au catho- mêmes cérémonies, mais cette messe
licisme n'étaient pas grandes, et si, à sera une communion publique (1).—
ce prix, la Réforme avait pu s'accom- II. Il n'y aura pas d'élévation de l'hos-
plir sans amener de scission dans tie. — III. Il n'y'aura pas d'adoration
l'Eglise, sans faire répandre des flots de l'hostie. — IV. Le prêtre et le
de sang, on regretterait que tous nos peuple communieront sous les deux
réformateurs n'eussent pas eu la pru- espèces.—V. Durant le sacrifice, il n'y
dence de Gérard Roussel ou la charité aura commémoration ni de la Vierge,
de Mélanchlhon. Aux yeux du direc- ni des Saints. — VI. La communion
teur spirituel de Marguerite, les cé- se célébrera avec du pain ordinaire,
rémonies du culte, quoique n'étant pas ainsi que dans l'église grecque ; le
nécessaires, sont cependant bonnes prêtre le rompra à l'autel, en mangera
à conserver, à cause de la faiblesse une part et distribuera le reste au
humaine qui a besoin de se représen- peuple.—VII.Les prêtres ne seront pas
ter visiblement les choses de l'esprit;
mais, ajoute-t-il, on ne doit pas oublier (1) C'est ce que confirme le jésuite Maim-
qu'elles ne sont rien. Quant au sacre- bourg, d'après Florimpnd de Raimond. Après
avoir fait l'éloge de Roussel, « qui n'avait,
ment de la cène, il évite avec soin de dit-il, rien dans ses moeurs qui ne parût
se perdre dans les subtilités qui ont extrêmement réglé, rien dans sa conduite
divisé tous les partis, il se contente qui ne respirât la réforme et la piété, qui
était souvent très-charitable envers les pau-
(1) « Un de mes amis, écrit Tessier, m'a vres dont il avait toujours une grande troupe
assuré qu'il avoit vu a Paris, chez M. de après lui qui l'appelaient leur père, » il con-
Gagnères parmi ses mss., un très-beau caté- tinue ainsi: «Il preschoit régulièrement trois
chisme écrit sur du velin, où sont contenus fois tous les jours, mais il preschoit une doc-
tous les dogmes de la religion selon la con- trine peu conforme en plusieurs points a celle
fession d'Augsbourg, et que le roi et la reine de l'Eglise. Il assistoit à toutes les Heures
Marguerite de Kavarre sont représentez en Canoniales, et disoit la messe ; mais il vou-
miniature à la tête de cet ouvrage, où il est loit toujours qu'une partie du peuple y com-
dit que ce catéchisme avoit été fait a leur munias!, et qu'il y communiast sous les deux
usage, et par leur commandement. » espèces, n
MAR 238 MAR
— —
liés par des voeux de célibat perpétuel, pleine chaire que Marguerite mé-
en
mais ils auront la liberté de se marier. ritait d'être cousue dans un sac et
Marguerite se faisait accompagner jetée à la rivière. Quelques années
directeur dans tous voyages plus tard, en 1541, les partisans de
par son ses
àla courdeFrance. Plusieursfois Rous- l'évêque de Condom attentèrent même
sel prêcha au Louvre devant un grand à ses jours par le poison. François I"
d'auditeurs. François 1" lui- indigné voulait sévir, mais la reine im-
concours
même, à demi gagné par sa soeur et par plora le pardon de tous ces misérables.
maîtresse la duchesse A'Eslampes, De quel côté étaient les vrais principes
sa
se laissait aller doucement aux idées de du Christianisme? NeMarguerite le demandons
la Réforme. Depuis la mort de Louise pas àla Sorbonne, car nous
de Savoie, en 1531, Marguerite avait répondrait pour elle par la bouche
encore acquis plus d'empire sur son d'un inquisiteur qu'elle amis en scène :
esprit. Le confesseur du roi Guillaume [meure
Petit(ouParvi), évêquede Senlis, sem- Il vault myeulx qu'un homme innocent
....
blait la seconder. En 1533 ce prélat Cruellement, pour eslre exemple à tous,
, demeure,
publia, à Paris, la traduction des Heures (lue cest erreur plus longuement
Par qui noz loiz vont sans dessus dessoubz.
de la royne Marguerite, où un certain Si l'homme meurt innocent, simple et doulx,
nombre de prières à la Vierge et aux Bien heureux est, au ciel trouvera place ;
Saints avaient été retranchées. La S'il est maulvais, soustenir pouvons nous
Qu'en le faisant mourir, on lui faict grâce,
même année, il fut chargé par le roi de Bons et maulvais, la chose est claire et ample,
se plaindre de ce que l'Université avait J'envoyc au feu quant me sont présentez,
osé mettre une production de sa soeur, Je n'ay regard seulement qu'a l'exemple,
le Miroir de l'âme pécheresse, au Et ne me chault de tous les tourmentez.
rang des livres suspects. Le nouveau Tue I tue! Dieu reconnaîtra les siens.
recteur, Nicolas Cop, l'ami de Calvin, La malheureuse affaire des placards
désavoua le commissaire de l'Univer- (sur la fin de 1534) fit perdre aux Ré-
sité : on igncrail que le livre fût de la formés tout le terrain qu'ils avaient
princesse, et on ne l'avait saisi que gagné. Le zèle des néophytes sera tou-
parce qu'il n'était pas revêtu de l'ap- jours le fléau de tous les partis, et ce
probation exigée par la loi. La vérité qui n'est pas moins à considérer, c'est
est que Marguerite, ne parlant dans ce que les plus ardents seront toujours
livre ni des saints, ni du purgatoire, les premiers transfuges. Marguerite
reconnaissait que le Christ est notre continua néanmoins son rôle de modé-
seul intercesseur et sauveur. Le. syndic ratrice. Cette même année, Mélauch-
de la Sorbonne, Noël Rédier" (qui se thon se mit en rapport avec elle. Le
faisait appeler Béda, comme s'ily avait 13 juin 1534, le réformateur lui écri-
eu quelque ombre de parenté entre lui vait pour lui recommander le jeune
et Bède le vénérable) était un des plus (juvenis) Claude Baduel [c'est sans
acharnés. La fureur contrelareineMar- doute à tort qu'on l'a dit né vers la fin
guerite alla même si loin que les -pro- du xv" siècle] : «Ce sera une aumosne
fesseurs du collège de Navarre ne vrayment royale au profit de l'Eglise
craignirent pas de îa faire jouer sur chrétienne que d'entretenir et nourrir
leurs tréteaux {1533). Voici quel était tels esprits, lui disait-il. Le très sainct
le sujet de la parade. Une Mégère vient prophète Isaïe louant ceste sorte d'au-
incitemne bonueReine à lirerEcrilure mosnes, dict que les rcynes seront les
sainte en langue vulgaire. La princesse nourrices des studieux de l'Evangile,
occupée à filer, quitte son fuseau, par- au nombre desquelles l'Eglise vous
court le livre fatal, et au même mo- met depuis long temps par teut l'uni-
ment elle change de- nature : l'ange vers, et VPUS citera jusques à la der-
devient démon. Un cordelier d'Issou- nière postérité, car entre toutes les
dun osa même davantage, il s'écria yerlus que la véritable Eglise cultive
MAR — 239 — MAR
avec un grand zèle, la reconnaissance ne fut pas difficile de l'effrayer, en lui
est au premier rang.» (1). présentant les réformateurs comme des
François Ier se laissa persuader par révolutionnaires ennemis de toute es-
sa soeur d'écrire au sage réformateur pèce d'autorité, tant spirituelle que
allemand. « J'avois entendu, il y a temporelle. Le cardinal conduisit cetle
quelque tems, par Guillaume du Be- manoeuvre avec une certaine habileté
lay, sieur de Langei, genlilhornme de et il réussit, au moins pour un temps.
nostre chambre, et conseiller de nostre Le connétable lui-même jeta sa mal-
conseil privé, le sincère désir que tu heureuse épée dans lahalance. Oubliant
as d'aporler la paix, et appaiser les tout ce qu'il devait à la reine de Na-
troubles et divisions survenues en l'E- varre, il chercha même par de perfides
glise; depuis, par les lettres que tu lui insinuations à lui « faire encourir la
as escrit, et par le raport que m'a fait maie grâce du Roy. » On aime à se
à son retourBarnabasVoceus, j'ay sceu persuader que cette lâcheté révolta
-

que tu veux prendre volontiers lapeine François et fut le signal de la disgrâce


de venir vers moy, afin de conférer du connétable. « Ne parlons point de
avec nos docteurs et théologiens sur celle-là, elle m'aime trop, lui répondit
la réunion de l'Eglise, et restablisse- le monarque, elle ne croira jamais que
ment de l'ancienne police ecclésiasti- ce que je croirai, et ne prendra jamais
que, chose que je désire embrasser de religion qui préjudicie à mon Etat.»
avec tout le soin et solicitude qu'il me Marguerite, instruite de cette perfidie
sera possible ; soit que tu viennes de Montmorency, « son cher nepvèu,
comme privé, ou comme ayant charge la personne de ce monde à quy plus
des tiens, lu seras le bien-venu, etc. » elle avoit d'amour et de fiance » s'é-
Il paraît que l'électeur de Saxe ne vou- loigna de lui (1538) et «oncques puis
lut pas consentir au départ du réfor- elle n'ayma jamais Monsieur le con-
mateur. Ce dernier, dans sa réponse nestable. »
(28 août 1535), disait au monarque, « Les lettres
de Margueritependant
après l'avoir loué, de ce que S. M. les années 1536 et 1537 confirment,
« prend le soin de conserver son Eglise ,
dit M. Génin, ce que tous les historiens
non par des remèdes violents [après les ont raconté de son influence et de son
exécutions du mois de janvier, n'était- intervention dans la .politique du roi,
ce pas une ironie ?] mais avec la raison son frère. On la voit rejoindre Fran-
vraye et digne d'un B.oy très-bon et çois I" à Valence où il faisait des pré-
très-chrestien,» que bien qu'il n'y eût paratifs de guerre contre l'Empereur;
chose aumondequ'ilsouhaitâtavectant de là, se rendre près de Montmorency
d'ardeur que de pouvoir apporter à l'E- v au camp d'Avignon dont elle fait de
glise quelque secours des difficultés grands éloges à son frère. Ensuite,
imprévues retarderaient , elle court en Picardie, où les troupes
« pour un pe-
tit » son voyage. Cette tentative d'ac- flamandes avaient pénétré. Elle écrit
commodement n'eut pas de suite. Aus- d'Amiens ; elle parle de Thérouenne et
sitôt que les partisans des abus en de Beulogne, qu'elle trouve bien forti-
eurent vent, ils se mirent en campagne, fiées. Enfin dans toutes ses lettres, la
sous la conduite du cardinal de Tour- politique tient sa place. »
non, leur grand-maître. François, en, François voulait être servi et, dans
fait de religion, n'avait pas de principes son égoïsme, il ne se croyait pas mê-
arrêtés, il se gouvernait par les événe- me obligé à de la reconnaissance. Mar-
ments, et était toujours de l'avis de guerite avait eu deux enfants de son
son dernier conseiller. Comme il était mariage avec Henri d'Albret, une fille
extrêmement jaloux de son pouvoir, il et un fils.' Ce dernier, Jean, né le 15
juill. 1530, ne vécut que deux mois.
(1) M. Génin reproduit l'original latin dans
L'aînée, JEANNE, était née le 7 janv.
son Appendice.
MAR 240 MÀR

H 528, Dans la crainte, bien peu justi- niarry, que je ne le vis oncqueg plus
fiée, d'une alliance contre ses intérêts, couroucé; car je [nous] ne pouvons
François s'empara de cette enfant, à penser dont luy procède cete grande
peine* âgée de deux
ans, et la fit éle- hardiesse dont jamais elle ne nous a-
ver, loin des yeux et des soins de sa voit parlé. Elle s'ezcuze envers nous
mère, au Plessis-lès-Tours (1). Puis, qu'elle est plus privée de vous que de
avant même qu'elle eût atteint sa dou- " nous mesmes ; mais cette privaulté ne
zième année, il s'empressa de la ma- doit pas eugendrer une telle hardiesse,
rier au duc de Clèves, Guillaume III. sans jamais, couine j'ai sceu, s'en es-
François n'aurait pu faire peser son tre conseillée à personne, car si je sa-
autorité, avec plus de despotisme, sur vois créature qui luy eust mise telle
le dernier de ses sujets. Olhagaray opinion en la teste, j'en ferois telle
prétend que ce mariage se fit « sans desmonstracion, que vous, Monsei-
consentement de père et de mère » et gneur, connoistriez que cete folie est
cette opinion a été généralement adop- faite contre l'intention du père et de
tée. Nous l'avons suivie dans notre la mère, qui n'ont jamais eu ny n'au-
notice sur Jeanne d'Albret. Mais une ront que la vostre. » Quelle humble
lettre inédite, [publiée par M. Génin, soumission pour la soeur, pour la
prouve, contre le dire de l'historien reine, et pour la mère ! A la lecture de
du Béarn, que l'opposition à ce maria- pareilles pièces, on admire que nos
ge fut personnelle à Jeanne d'Albret. rois n'àientpas encore.été plus despo-
La jeune fille de douze ans annonçait tes et plus pervers. Là jeune Jeanne ,

déjàla grandereine. Margueriteécrivait protesta dès le jour même des fian-


à sou frère (1540) : « Monseigneur, en çailles, en se déclarant « contraincte
mon estresme désolacion je n'ay eu et forcée, tant par la royne sa mère
que ung seul recomfort : c'est de sa- que par sa gouvernante, » et quatre
voir certainement que jamais le roy ans plus tardj probablement lorsque
de Navarre ny moy tfavons eu aultre François I" exigea qu'elle allât re-
désir ny intencion que de vous obéir, joindre le duc son époux, elle renou-
non seulement en ung mariaige, mais vela sa protestation à Alençon (oct.
où vous commanderez mettre la vie. 1544). Cet acte se trouve reproduit
Mais maintenant, Monseigneur, ayant dans le T. III des Papiers d'Etat du
entendu que ma fille ne cognoissant ne cardinal de Granvelle. On sait que par
le grant honneur que vous luy faisiez suite des événements politiques, le
de la daigner visiter, ne l'obéissance mariage de Jeanne avec le duc de
qu'elle vous doit, ny aussy que une Clèves fut définitivement rompu, à la
fille ne doit point avoir de voulonté, satisfaction de tous, au moment mê-
vous a tenu Ung si fou propous que de me où il allait être consommé.
vous dire qu'elle vous supplioit qu'elle « Le roi et la reine de Navarre, de
ne feust point mariée à M. de Glèves, plus en plus dégoûtés du monde et de
' que je ne say, Monseigneur, ne ceque la cour par cette triste et inévitable ex-
j'en doy penser, ne ce que je vous en périence qu'apportent les années, vi-
doy dire, car je suis oultrée de dou- vaient paisiblement, dit M. Génin, dans
leur, et n'ay parent ny amy en ce leur intérieur. Marguerite s'efforçaitde
monde de qui je puisse prendre con- donner à sa maison l'exemple de toutes
seil ni consolation. Et le roy de Na- les vertus. Elle s'appliquait à des ou-
varre en est de sa part tant esbay et vrages d'esprit et de piété, et dérobait
le temps même des repas. Vêtue com-
(1 ) Odolanl-Desnos (Mém. Mslor. sur Alen- me une simple demoiselle, et n'ayant
çon) prétend qne Jeanne lit sa première édu- de royal au dehors que la majesté de'sa
cation a Alençon. Ce ne fut, selon lui, qu'en
1539 qu'elle en partit pour le Plessis-lès- figure et de son maintien, elle faisait
Tours. ranger autour de sa table, Gérard Rous-
MAR - 241
— MAR
sel, évoque;"d'01oron, abbé deNéracet ces et que nous ne lui laissions que le
son aumônier, ses maîtres de requêtes, gros de son bagage, elle pourrait riva-
ses médecins. On discutait quelque liser avec lui. Sa tendance au mysti-
texte de l'Écriture; par exemple, ces cisme a énervé son.talent. Comme
paroles-de Jésus-Christ : « Si vous ne conteur, elle ne le cédait a aucun, pas
ressemblez aux petits enfants, vous même à Des Périers. L'oisiveté lui
n'entrerez jamais au royaume des était odieuse. Etant en voyage, elle
Cieux.» Parfois des étrangers, qui composait dans sa litière, ou tenait sa
....
venaient saluer la reine, étaient admis correspondance. «Et si elle s'appli-
à entendre ces discussions, et se reti- quoit ou aux tappis ou à d'autres ou-,
raient émerveillés du savoir et de la vrages de l'éguille (qui luy-estoit
bonne grâce de Marguerite. La théolo- une très-délectable occupation) elle
gie qu'elle avait toujours aimée, occu- avoit prés d'elle quelcun qui luy lisoit
pait surtout son âge mûr. Elle faisait ou un historiographe, ou un poète, ou
de fréquentes retraites au monastère de un aultre notable et utile auteur; ou
Tusson, qu'elle avait fondé dans l'An- elle luy dictoit quelque méditation qu'il
goumois, et, tranquille au milieu de ses metloit par escrit. » Marguerite avait
bonnes religieuses, elle pouvait, sans pris pour emblème une fleur de tourne-
être interrompue, satisfaire son goût sol, avec ces mots de Virgile : Non in^
pour la méditation et les choses de pié- feriora secvAus. «En signe, nous dit
té. » Brantôme, qu'elle dirigeoit et tendoit
La théologie n'occupait pas tous ses .
toutes ses actions, pensées,' volontez
moniepts, et peut-être s'exagère-t-on et affections, à ce grand Soleil qui es-
la part qu'elle lui faisait dans ses oc- toit Dieu; et pour cela, ajoute le ma-
cupations. Elle suivait le précepte licieux écrivain, la soupçonnoit-on de
d'Horace et unissait volontiers l'agréa^. la religion de Luther. Mais pour le res-
Me à l'utile. Son caractère enjoué ne pect et amour qu'elle portoit au roy son
répugnait pas à un innocent badinage. frère, qui l'aymoil uniquement et l'ap-
« Elle composoit souvent, dit Brantô- peloit lousjours sa mignonne, elle n'en
me, des comédies et des moralités, fit jamais aucune profession ny sem-
qu'on appeloit dans ce temps-là des blant [Brantôme, catholique pour la
pastoralles, qu'elle faisoit jouer et re- forme, en jugeait par les apparences] ;
présenter par les filles de sa cour. » et, si.elle la croyoit, elle la tenoit tous-
' Selon Florimondde Piaemond, elle avait jours fort secrette, d'autant que le Roy
fait venir d'Italie une troupe d'excel- . la haïssoit fort ; disant qu'elle et toute
lents comédiens. Dans sou cercle, l'a- autre nouvelle secte, tendoientplus a la
bandon remplaçait la roideur de l'éti- destruction des royaumes, des monar-
quette. Sa bienveillance encourageait chies et dominations, qu'à l'édification
le mérite. Marguerite «estoit, nous dit des âmes. »
Brantôme,très-bonne, douce, gracieuse, Le chagrin causé par les revers de
ses armes et par des pertes cruelles
.
charitable, grande aumosnière (1) et -

ne dédaignant personne. » Elle s'affec- éprouvées coup sur coup dans sa fa-
tionnait à tout ce qu'il y a de beau dans mille vint s'ajouter aux ravages d'une
les lettres, à tout ce qu'il y a de grand affreuse maladie pour hâter la fin de
dans les sciences. Poète, elle manquait François I". Marguerite, sur son invi-
peut-être du feu sacré, mais elle avait tation, s'empressa de se rendre auprès
de l'acquis, du savoir-faire. Si nous de lui. Sa présence et ses soins sem-
.
enlevions à Mo/rot ses meilleures piè- • blèrent un moment lui rendre la vie.
Les médecins eux-mêmes se firent il-
(1) «Elle fonda, en 1538, a Paris, l'hos- lusion. Mais ce fut le dernier éclat d'un
pice des Enfants-Rouges, où sont nourris et feu qui s'éteint. A peine Marguerite
élevés des orphelins, qu'elle lit nommer les
Enftmts de-Dieu le Père. était-elle de retour dans le Béarn qu'elle
»
T. VII. 46
MAR — 242 — MAR

apprit sa mort, arrivée le 31 mars 1847. lieu d'une cour corrompue, supérieure
Ce fut pour elle un coup terrible. Elle et fidèle à ses deux maris, elle est sans
se retira dans le monastère de Tusson contredit la princesse la plus aimable
où elle passa quarante jours dans la et la femme la- plus parfaite qui soit
prière et les larmes. La religion seu- sortie de la maison royale de France.
le pouvait lui donner les forces néces- Je ne sache point détrône qu'elle n'eût
saires pour surmonter une telle dou- embelli, et point de siècle qu'elle n'eût
leur. Elle demanda aussi des consola- honoré. »
tions à la poésie, mais les grandes af- Tous les poètes du temps,— etmÈme
flictions inspirent mal les poètes : une foule de savants, nationaux ou
ét_rangers,^répandirentdes fleurs sur
O mort (disait^elle), qui le frère a dompté,
Vien donc par ta grande bonté la tombe de Marguerite. Parmi eux on
i Transpercer la soeur de ta lance. distingue trois jeunes anglaises, Anne,
Sa prière ne tarda pas à être exaucée. Marguerite et Jeanne Seymqur, « dont
Mais auparavant, la bonne Marguerite la splendeur de la naissance et la beau-
dut épuiser le calice. Il paraît que le té de l'esprit, dit de Thou, jointes à
nouveau roi n'avait pas hérité des af- une grande érudition et à la probité
fections de son père, ou au moins qu'en des nuBurs, seront toujours en véné-
rappelant Montmorency aux affaires, il ration, » composèrent en son honneur
avait cru devoir épouser ses inimitiés. un poème latin d'une centaine de dis-
Quoi qu'il en soit, Marguerite fut tiques, qui fut tourné en français, en
menacée de perdre la- modeste pen- grec et en italien « par ces grandes
sion de 24 raille livres que lui faisait lumières de notre nation, Jean Dorât,
son frère, pension si bien employée Jpachim du Bellay, Jean-Antoine de
en bonnes oeuvres, «Vous savez, Baïf, et Nicolas Denisot.» Charles de
écrivait-elle à son homme d'affaires Sainte-MarUie prononça son oraison
Isernay, qu'il me seroit impossible funèbre, qu'il publia (Paris, 4850) en
sans cela d'entretenir ma maison, et latin et en français (1).
n'ay de bien que ce qu'il m'en fault
pour passer mon année, et peut-on bien Cl) Sainte-Marthe acquitta ainsi une dette
croire que, sans nécessité, ma coutu- de reconnaissance envers Marguerite qui l'a-
vait sauvé du hûcher. «Je ne h'nirois pas,
me n'est point dé demander.» Le ma- dit OdolanlJDesnos, si je youlois donner la
riage de sa fille aveçAntoine de Bour- liste de tous ceux qu'elle arracha au sup-
bon fut. pour Marguerite un autre su- plice, et qu'elle combla de ses bienfaits : j'ea
jet de chagrin. Ce ne fut, dit-on, que indiquerai seulement quelques-uns Elle
s'intéressa pour Erasme dans l'affaire que la
contrainte qu'elle y donna son consen- Sorbonne suscita a cet illustre savant. Char-
tement. Ce mariage fut célébré a Mou- les de Ste-Marthe, échappé aux flammes de
lins, le 20 octobre <l548 L'année Grenoble, trouva un port assuré, des hon-
suivante, Marguerite rejoignit , neurs et de la fortune à Alençon. Elle ob-
son tint la liberté i'Elicnne Dolet, qui lui a dé-
frère dans la tombe, Ses obsèques fu- dié sa septième épîlr'é, etc. » A ces noms
rent célébrées dans l'église de Lescar nous ajouterons celui d'André Mélanchlhon.
« J'ai leu dans le registre secret de nosire
avec une grande pompe. «L'envie, qui parlement [de Bordeaux], dit Florimond de
assiège les princes, n'a pu, ditLemon- Roemond, qu'elle fit une instante prière, aOn
tey, nous transmettre un Seul fait dé- que la cour voulust mettre en liberté un nom-
favorable à Marguerite de Valois, Pour mé André Mélancihon accusé d'hérésie, et
prisonnier en la conciergerie du palais, dont
indiquer une tache à son caractère, il Philippe Mélancihon, disoit-elle, conseiller du
faudrait l'inventer. Etrangère aux vices duc de Saxe, l'avoit fort requise par ses let-
dé sa mère, aux folies de son frère, et tres. Cet André fut celuy qui, sous prétexte
de régenter, vint annoncer la doctrine de sou
aux travers de son temps, belle et reine parent en l'Agenois, s'estant arresté en la
sans arrogance, vertueuse sans pru- ville de Tonneins, où il sema si à propos son
derie, savante sans pédantisme, douce hérésie, conforme lors à la confession d'Aus-
bourg, qu'oncjues puis les racines n'en ont
et bonne sans faiblesse, chaste au mi-* pu estre arrachées. » plusieurs écrivains ont
MAR — 543 — MAR
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. en, l'homme par la contrariété de
I. Le miroir de l'ame pécheresse, l'esperit et de la chair,et sapaix par
.. vie spirituelle,
on quel elle recongnoist ses faultes et une Oraison à nos-
etpéchez, aussi ses grâces et bénéfi- tre seigneur Jésus Christ, • Alençon,
ces a elle faitezpar Jesu Christ son chez maistre Simon du Bois, 1533, pet.
espoùx. La Marguerite tris noble et in-4" goth. de 64 ff. non chiff.; ano-
précieuse s'est préposée a ceuloe qui nyme. Ce dialogue, poème de plus de
de bon coeur la cerchoient. AAlençon 4 2 cents vers, n'ajamais été réimprimé.
chez maistre Simon du bois, iioxxxj, La princesse Charlotte était morte en
pet. in-4* goth. de 35 ff.; Paris, 1533, 4 524.,

in-8° ; Lyon, 4 538, in-8° ; Genève, III. 'La Fable du faux cuyder,
chez Jehan Girard, 4 539, pet. in-8", contenant l'histoire des Nymphes de
et dans les différ. édit. des poésies de Dyane transmuées en saulles, Paris,
Marguerite; anonyme; trad. en anglais 4543, in-8°; anonyme; réimp. sous le
par Lady Elyzabelh, soeur de Hen- titre ^Histoire des Satyres et des
ri VIII, Lond., avril 4 548, in-8° goth. Nymphes de Dyane, dans les Poésies
Poème mystique; une foule de cita- de Marguerite. D'après La Croix du Mai-
tions bibliques. ne, c'est la traduction de la sixième
éclogue de Sannazar, intitulée Salicês
En terre gist sans clarté ne lumière
Ma chétive ame, esclave et prisonnière, et dédiée à Marguerite de France, la
Les piedz liez par sa toncupiscence nièce et la filleule de la reine de Na-
Et les deux bras par son acoustumance. varre. Ce fut à la prière de cetteprin-
M. Génin, peu familiarisé avec le cesse que Marguerite fit celte traduc-.
langage -de la dévotion mystique, croit tion- Rien n'indique au titré que ce ne
y voir à chaque ligne des allusions à soit pas une pièce originale.
une honteuse passion de la soeur pour IV. Marguerites de la Mar•guérite
le frère. Mais il se trompe. Si Margue- des princesses, très illustre royne
rite avait été coupable, peut-on croire de Navarre, Lyon, Jean de Tournes,
qu'elle eût affiché sa honte? Ce n'est 4547, 2 vol. in-8° avec quelques figg.
pas au public, mais à Dieu qu'elle se intercalées dans le texte; privilège ac-
fût confessée. Bien loin'de vouloir en cordé par le parlement-de Bordeaux, le
dire plus qu'ils ne disent, les mysti- 29 mars 4 546 avant Pasques, sur la
ques seraient désolés qu'on les prît au requeste à lui présentée par Symon
mot, et tout en se traitant, dans leurs [et non pas Jean] Silvius [Dubois], dit
éjaculations, avec le dernier mépris, de La Haye, escuîer valet de chambre
comme le rebut de l'humanité, tout en de la royne de Navarre, 'pour îceua>
disant avec Marguerite : veoir et corriger si besoin y estoit ;
Je recognois avoir fait tous les maux Epislre dédicatoire en vers adresséepar
Qnc faire on peult, et que rien je ne vaux; l'éditeur à la princesse de Navarre
Dans prologue, Marguerite dit .
ils ne s'en croient pas pour cela plus un au
mauvais que vous ou moi. Au contraire, leeteur :
leur humilité est pleine d'orgueil. Si vous lisez ceste ceuvre toute entière,
II. Dialogue en forme de vision Arrestez-vous, sans plus, a la matière :
nocturne entre très noble et excel- En excusant la rhythme et le langage,
lente princesse madame Marguerite Voyant que c'est d'une femme l'ouvrage :
>

Qui n'ha en soy science, ne scavoir, etc.


de France, soeur unique du Roy et Et elle termine en nous recomman-
l'ame saincte de defuncte madame dant
de prier Dieu
Ckarlote de France, fille aysnée du
dit Sieur, avec la réimpr. du Miroir Qu'en noslre coeur il plante la Foy vive.
de l'ame pécheresse, plus, le Discord La bonne Marguerite s'y emploie
confondu cet André Mélanchlhon avec son
elle-même de tout son pouvoir. Ses
oncle, le sage réformateur, de l'Allemagne. poésies tendentplus à l'édification qu'à'
MAR 244 —~ MAR
l'amusement. On trouve dans le pre- les quatre gentilshommes; — 5° Co-
mier volume (pp.541 :) 1°Le Miroir de médie. Deux filles, deux mariées, la
l'ame pécheresse, nouv. édit.; %°Dis- vieille, le vieillard et les quatre
cord estant en l'homme par la con- hommes; — 6° Farce de Trop, Prou,
trariété del'esperit et de la chair,et Peu, Moins, une farce comportait plus
sa paix par vie spirituelle, nouv. d'esprit; —T La Coche; selon M.
édit. ;3°Oraison de l'ame fidèle à son Leroux de Lincy, une des meilleures
seigneur Dieu; 4° Oraison à notre compositions de Marguerite; elle la
seigneur Jésus Christ, nouv. édit.; dédia à la duchesse d'Elampes. «C'est,
5° Comédie de la nativité de Jésus nous dit M. Génin, un de ces débats de
Christ, avec une Bergerie qui y fait psycologie amoureuse, qui s'agitaient
suite; — 6° Comédie de l'adoration jadis dans les cours d'amour, et qui re-
des trois roy s à Jésus Christ ; Dieu parurent au dix-septième siècle, al-
le père ouvre la scène par ces vers di- longés et raffinés, dans les conversa-
gnes d'une ode : tions de l'hôtel de Rambouillet,dans le
Grand Cyrus et dans Clélie. Margue-
.Tesuis qui suis, et contiens en mon eslre
Tout ce qui est, qui feut et qui sera, rite, comme on le voit surtout dans ses
Ce qui n'est point, j'appelle et le fais naistvc ; Nouvelles, avait un goût décidé pour
Cuyder par moi bientôt trespassera.
ces arguties sentimentales, ces subtiles
La Philosophie lui répond, et nous analyses du coeur, qui font briller la
remarquons avec satisfaction qu'il ne délicatesse de l'esprit, et ne sont au-
s'élève aucune' altercation entre eux; tre- chose quedumarivaudageanticipé.»
7° Comédie des Innocents; —
— Comédie Voltaire a traité le même sujet dans ses
8° du désert; ces quatre co- Trois manières, et aurait complète-
médies ne se distinguent par rien de ment fait oublier le Coche, si l'on s'en
saillant du commun des mystères, c'est était souvenu; — 8" L'umbre ; — 9°
sans doute là ce que Florimond de Roe- La mort et résurrection d'amour;
mond appelle une traduction tragi-co- vers alexandrins; c'est, avec une chan-
mique' du nouveau Testament; Margue- son spirituelle sur l'air : Sur le pont
rite les fit représenter devant le roi son d'Avignon, j'ouys chanter la belle, la
mari, « ayant recouvert pour cet effet seule pièce de ce mètre ; —10° Chan-
des meilleurs comédiens quifussentlors son; — 14° Les Adieux des Dames
en Italie.»— 9" Le triomphe de l'A- de chez la Royne de Navarre, allant
gneau ; —'10° Çomplamte pour un en Gascongne, ,à madame la prin-
détenuprisonnier [François Ier] ; — cesse de Navarre;— 12" Deux Enig-
4 ' Chansons spirituelles; nous cite-
-1
mes.
rons celle qui commence par ces mots: On trouve en outre des poésies de la
Un jeune veneur demandait, comme reine de Navarre : 1 " dans un recueil
la meilleure, elle ne serait indigne ni de Poésies de François I", de Louise
de Des Périers ni de Marot. de Savoie et de Marguerite de Valois,
Les sujets du second volume, Suite avec la Correspondance intime du roi
des Marguerites de la Marguerite avec Diane de Poitiers, etc., publié par
des Princesses, très illustre royne M. Aimé Champollion-Figeac, Paris,
de Navarre, Lyon, Jean dé Tournes. Imp. roy., 4847, pet. in-fol.; —2°
1547, in-8" de pp. 342, sont un peu Deux Epitres, l'une au Dauphin Hen-
plus profanes; ce sont i° L'Histoire ry ,et l'autre à François 4", plus trois
des Satyres et des Nymphes de Dya- petites pièces, parmi les Pièces justifi-
ne, déjà citée; — 2" Quatre Epis- catives jointes au recueil des Lettres
tres au roy François son frire, avec de Marguerite par M. Génin; — 3°
la Respouse du roi à l'une d'elles; — Deux petites comédies ou moralités,
3°me Epistre au roy de Navarre Le Malade et L'Inquisiteur, publ. en
malade : — 4° Les quatre dames et tête de l'édit. de l'iïeptaméron, par M.
MAR
— 245 — MAR
Leroux de Lincy ; l'éditeur' en donne chants, d'environ deux mille cinq cents
cette analyse. Dans la première, « un vers, à la suite de l'Heptaméron, dans
pauvre patient, tourmenté de la fièvre, le msc. N° 7576, Fonds de La Marre,
se trouve entre les remèdes inutiles Bibl. nat., où il est attribué à la reine
que sa femme lui propose et ceux de Navarre. Le fond des idées de ce
que lui ordonne le médecin, mais qui poème est loin de contredire cette sup-
n'ont aucune efficacité. Su chambrière position ; de même que son auteur
lui conseille de laisser là toutes ces Marguerite pensait aussi que l'Ecriture,
drogues et de se fier à Dieu, qui a Sainte est le. livre par excellence, et
consigné ses préceptes dans l'Evangile. que l'observation de ses divins précep-
Le malade y consent et ne- tarde pas à tes peut seule nous délivrer des pri-
guérir. » sons où nous retiennent les passions ;
" Le Mallade: mais comme à la fin de ce poème, par-
-
Je ne scay "a quel sainct me rendre, mi les morts remarquables dont l'au-
Mais a tous ensemble me voue. teur a été témoin, il est parlé de celle
La Chambrière. de Marguerite, on ne saurait le lui attri-
Ung seul vous en peult bien desfendre buer ; — 6° Mirouer au Chrestien
Qui est digne que l'on le loue.
sur la personne de Jésus Christ
«La seconde est encore plus hardie. crucifié, contenant au vray l'art et
Un inquisiteur de la foi, depuis long- usage de soy bien mirer, avec trois
temps docteur en Sorbonne, se plaint sonnets et une épigramme de Jean, de
de .l'extension, que prennent chaque Morel, embrunois, sur. le tombeau
jour les nouvelles doctrines religieu- de la reine de. Navarre, msc. in-4°
ses . Il se promet bien de déployer con- qui se trouvait dans la bibl. de M. Mon-
tre tous ceux qui s'en montreront par- merqué. Ce poème de Marguerit est
tisans, la sévérité la plus grande, à resté imparfait, elle mourut avant d'y
moins cependant qu'ils ne se rachè- avoir mis la dernière main. Le frère 0-
tent à prix d'argent. Il sort en compa- livier, à qui cette princesse l'avait com-
gnie de son valet, et veut empêcher muniqué, le revit et le publia, avec
plusieurs petits enfants de se livrer à des changements, sous le titre : L'art
leurs jeux; mais ceux-ci se moquent et usage du souverain mirouer du
de lui. 11 adresse à l'un d'eux plusieurs Chrestien et de soy bien mirer, etc.,
questions auxquelles le jeune enfant Paris, 1556, pet. in-8" de 32 ff. ; —
répond avec beaucoup de sens. Ses -7° M. Louis Lacour attribue en ou-
compagnons et lui chantent en choeur tre à Marguerite, mais sans preuve
les psaumes de David [le psaume lll'de suffisante, deux charmantes petites
la trad. de Marot]. L'inquisiteur éton- comédies, à deux personnages, où l'on
né revient au véritable principe de la croirait reconnaître la touche délicate
religion qui est la tolérance et renonce d'une femme, La fille abhorrant ma-
à ses fonctions. » Ces deux petits jeux riaige et La vierge repentie (Paris,
comiques sont peut-être, et pour le 4886, in-8°), qui portent sur le msc
fond et pour la forme, ce que Margue- la date de 1538. Mais ces comédies
rite a écritde mieux-en vers (MSS. Bibl. (si l'on peut les appeler ainsi) ne sont
nat., Snppl. franc. N" 2286 in-fol.). que la traduction fidèle de deux dialo-
M. Leroux de Lincy a joint à ces deux gues d'Erasme, Virgo (j.ia6yKu.o; et
comédies un certain nombre de petites Virgo poenitens. Le premier de ces dia-
pièces inédites;
— 4" diverses poésies logues sous le titre : Colloque de la
et lettres inéd. publiées par M. Cham- Vierge mesprisant mariage, est at-
pollion-Figeac dans un recueil de do- tribué à Clément Marot, dans l'édi-
cuments relatifs à la Captivité du roi tion des OEuvres de ce poète par Len-
François 1" (Paris, Impr. roy. 4 847, glet-Dufresnoy, d'après une ancienne
in-4°);
— 5» Les Prisons, poème en 3 édition citée par La Croix, du Mainer
MAR 246 MAR

On n'y remarque que de légères va- une nouvelle édition, sous le litre :
riantes. Marot, dans ses essais de tra- L'Heptaméron des Nouvelles de très
duction, ne nous' avait pas habitués à illustre et très excellente princesse
cette heureuse élégance de style. — Marguerite de Valois, royne de Na-
Enfin Du Verdier cite meEglogue de varre, remis en son vray ordre, con-
Marguerite qui fut imprimée à Pau, en fus auparavant en sa première im-
4 552, in-4°. pression, et dédié à très illustre et
Le msc. le plus complet que l'on très vertueuse princesse Jeanne, roy-
connaisse des poésies de Marguerite, ne de Navarre, Paris, Vincent Serte-
se trouve à là Bibl. nation, sous le N° nas, 1559 in-4°; Gilles Robinot, 1561
2286; Suppl. franc. Quelques-unsdes et 1578, in-&°; Amst., 1698, 2 vol.
poèmes imprimés, tels que le Miroir de in-8"; Berne, 1780-84, 3 vol. in-8"
l'âme pécheresse, la Coche, le Miroir avec les belles gravures de Chodoviec-,
de Jésus-Christ crucifié, y manquent ; ki. « Je ne me fusse ingéré, Madame,
mais par contre on y remarque un cer- dit Gruget dans sa dédicace, vous
tain nombre de pièces inédites dont présenter ce livre des Nouvelles de
quelques-unes ont été publiées par M. la feue Reyne vostre mère, si la pre-
Champolliou. La Bibl. de l'Arsenal pos- mière édition n'eust obmis ou celé son
sède aussi plusieurs mss, qui contien- nom, et quasi changé toute sa forme,
nent des poésies de notre princesse. tellement que plusieurs lemescognois-
Nousnous contenterons de mentionner soient : cause que pour le rendre digne
leN»B. L.F. 100.in-4°, où l'on trou- de son auteur, aussi tost qu'il fut di-
ve 4 4 épîtres ou élégies et 60 petites vulgué, je recueilly de toutes parts les
pièces, la plupart encore inédites. En- exemplaires que j'en peu recouvrer,
fin dans la Bibl. Balusiana, estindiqué escrits à la main, les vérifiant sur ma
un msc. intitulé le Pater-noster fait copie : et feis en sorte que je le rè-
en translation et dialoguespar Mar- duysy au vray ordre qu'elle l'avoit
gxierite, reine de Navarre sans dressé.»
doute la même pièce qui se ,trouve Cependant, d'après M. Leroux de
MSS. de Béthune, N" 7688. Lincy, Gruget se permit-aussi de re-
V. Histoires des Amans foriunez. loucher le style et surtout l'orthogra-
Dédiées à très illustre princesse Mm° phe un peu surannée de Marguerite; il
Marguerite de Bourbon, duchesse de substitua aux Nouvelles xi, XLIX, XLVI
Nivernais. Paris, 1558,in-4°.— Pre- des mss. d'autres nouvelles moins sa--,
mière édition de l'Heptaméron de la tiriques ; il supprima, à l'exemple de
reine de Navarre. L'éditeur Pierre Bo- Boaistuau, les passages qui lui paru-
aisluau, dit Lauhay, n'a pas.respecté rent trop hardis, et il n'osa pas rétablir
l'ordre qu'avait adopté la princesse, et les noms propres; mais à part ces quel-
des 72 nouvelles dont se composait ques taches, son édition est bonne.
son recueil, il n'en a reproduit que 67, Elle a été suivie par tous les éditeurs
en retranchantles prologues et les épi- postérieurs, seulement quelques-uns
logues qui servent à les lier entre elles. ont cru bien mériter des Lettres, en ha-
Marguerite, à l'exemple de Boccace billant l'ouvrage à la moderne, c'est-à-
qu'elle prit pour modèle, avait l'inten- dire en corrompantle style. M. Leroux
tion de remplir dix journées, à raison de Lincy ne s'est pas rendu coupable
de dix nouvelles par journée, et de don- de cette barbarie. Son édition de l'Hep-
ner à son livre le nom de Décaméron; taméron est la plus fidèle et la meil-
mais la mort ne lui laissa pas le temps leure ; en voici le titre : L'Heptamé-
d'achever. Jeanne d'Albret ayant vu ron des Nouvelles de très haute et
avec déplaisir les libertés que l'éditeur très illustre princesse Marguerite
avait prises, ce fut pour lui complaire d'Angoulême, remède Navarre, soeur
que Claude Gruget, parisien, en donna uniquede FrançoisI". Nouv. édit. pu-
MAR 247" — MAR
liée sur les mss. par la Société des bi< faicte joie de l'esprit, dont procède le
liophiles françois. Paris, 1853, 3 vol. repos et la santé du corps.» Cependant
tt-12. —A la manière dont tout le cet avis ne prévalut pas. On convint,
aonde parle de ce livre, dit M. Génin, pour passer plusagréablementletemps,
1 semble que personne
ne l'ait jamais de se réunir chaque jour à l'ombre d'un
u. Et en effet la grande réputation ormeau dans un pré du couvent où la
l'immoralité qu'on lui a faite, nous société se trouvait arrêtée par le dé-
emblebien exagérée.-Pour quiconque bordement du gavé béarnais, et de
l'est tant soit peu familiarisé avec le conter à tour de rôle des histoires de
laractèTe de Marguerite, il est impoS^ galanterie, quitte à commencer la jour-
iible de se persuader qu'elle ait jamais née par assister à l'office divin. Les
ien écrit qui fût notoirement immoral. prêtres et les moines ont Une large part
«Ce que n'ont fait Boccace, hiMar- dans ces joyeux devis, un évêque mê-
nontel, ni leurs nombreux imitateurs, me ouvre la marche. Mais nous ferons '
lit M. Génin, ce à quoi la reine de Na-> remarquer que Marguerite invente peu
rarre ne manque jamais, c'est de tirer de chose, la plupart des aventures
Je ses contes une moralité qui en est qu'elle raconte sont réellement arri-
la glose et souvent dégénère en véri- vées- Elle avait résolu d'imiter Boc-
table Sermon, en sorte que chaque his- cace (dont le Décaméron qui venait
toire n'est à vrai dire que la préface d'être traduit par son secrétaire Pierre
d'une homélie. Marguerite à un talent Le Maçon, avait eu le plus grand succès
admirable pour parler de piété à pfo- à la cour), « si ce n'est en une chose,
pos d'une aventure amoureuse. Les in- qui est de n'escrire rien qui ne soit
fidélités des femmes et des maris, les véritable ; » et c'est ce que confirme
fautes ou les crimes suggérés par la Brantôme lorsqu'il dit que sa grand'-
passion, tout cela lui sert de texte à mère la sénéchale du Poitou, dame
des réflexions graves, parfois sévères. d'honneur de la reine, savait tous les
Elle tire, de la fragilité humaine la secrets de ses nouvelles. M. Leroux de
preuve qu'il faut se défier toujours de Lincy ne porte qu'à 5 ou 6 le nombre
ses forces, et par Conséquent implorer des nouvelles empruntées à nos con-
sans cesse le secours d'en haut, sans teurs français des xm% xive et xve siè-
lequel notre sagesse d'ici bas n'est que cles. Selon Brantôme, elle composa
folie, «Il n'y a, dit-elle, de force qu'en toutes cesnoUvelles, la plupart dans sa
Dieu. » — Cette habitude de ramener lictièré, en allant par pays ; sa grand'-
tout à la piété forme le caractère essen- mère lui tenait l'écritôire. « Pour le
tieldulivre; chaque page,chaqueligne fond des récits, comme pour l'arran-
enportel'empreinte.» La dameOisille, gement , dit M. Nisard, Marguerite
« veuve pleine d'expérience «qui, com- Cherche visiblement à ressembler à
me le pilote au gouvernail, règle la Boccace. Elle y réussit en plus d'un
marche de l'action, modère, réprime, endroit, et cette ressemblance même
tempère, est une heureuse création du avec un des plus grands écrivains de
[génie de Marguerite. C'est elle-même l'Italie, n'est pas Un médiocre mérite.
[
qu'elle a mise en scène sous ce mas- Mais j'aime mieux ce que Marguerite
[que. «Mes enfants, dit la bonne dame ne doit qu'à elle-même, et qui est une
dans le Prologue, vous me demandez grâce de l'esprit français. C'est ce
une chose que je trouve fort difficille fonds de philosophie aimable et douce
de vous enseigner, un passe temps qui dans une personne qui ne s'émeut des
vous puisse délivrer de voz ennuictz ;. choses qu'avec discrétion et selon ce
car a'ïant cherché le remède toute ma qu'elles valent. *— La moralité des
vye, n'en ay jamais trouvé que ung, aventures, le jugement qu'il en faut
qui est la lecture des sainctes lectres, porter, sont indiqués par le ton même,
en la quelle se trouve la vraie et par^ dont Marguerite les raconte, et on sait
MAR —248— MAR

qu'il faut avant même tié du. xvie siècle ; on. n'en connaît
ce en penser,
que les interlocuteurs en aient donné pas d'autographe. Marguerite d'An-,
leur sentiment et que dame Oysille ait VI. Lettres de
prononcé. Quand notre aimable veuve goulême, soeur de François I"; reine.
prêche qui lui arrive trop de Navarre, publiées d'après les mss.
ne pas, ce
souvent, et qu'elle ue fait que tirer de de la Bibl. du Roi par M. F. Génin,
récits des leçons de conduite mon- Paris, Jules Renouard, 184,1, in-8:'.
ses
daine, rien de plus neuf dans les lettres M. Génin a fait précéder son volume
françaises que ces premières applica- d'une très-bonne notice sur la vie elles
tions de la morale universelle au juge- écrits de Marguerite. Ces lettres sont
ment des caractères et des actions. disséminées dans différents recueils
Rien de si délicat, de si nuancé n'avait (entre autres, Béthune, N° 8527). '
été écrit sur la fragilité de notre vertu, Nouvelleslettresde la reine de Na-
sur les illusions de nos passions, sur varre, adressées au roi François I",
l'-ardeur inconsidérée de la jeunesse, son /rèî'e,publiées d'après le msc. de la
sur l'imprudence des parents, sur les Bibl. du roi parlenïême, Ibid., 4S42,
effets des bons et des mauvais senti- in-8°.
ments. — La langue, jusque-là un peu Dans un Avertissement joint à ce vo-
monotone et lourde, se mouvant tout lume, M. Génin explique par suite de
d'une pièce, comme un chevalier sous quel abus de pouvoir il s'est trouvé
sou armure, se dégage, s'articule, de- dans l'impossibilité de faire paraître ces
vient libre et variée comme une con- nouvelles lettres (autographes, Suppl.
versation entre personnes d'humeurs franc. N° 2722) dans son premier re-
très-diverses, mais qui toutes se res- cueil.
semblent parle don d'exprimer leurs MARGTJIN (ETIENNE), négociant
pensées avec esprit. — L'Heptaméron à Troyes,première victime de la Saint-
est le premier ouvrage en prose qu'on Barlhélemy dans cette ville.
puisse lire sans le secours d'un voca- Nulle part en France, les religion-
bulaire. Les tours et les expressions naires n'étaient plus qu'à Troyes l'ob-
durables y sont déjà le cours du style ; jet de la haine populaire. Chaque fois
les choses surannées y sont l'excep- qu'ils revenaient de célébrer leur culte
tion. » Pour qui a un peu étudié le à L'Isle, dont la princesse de Condé
caractère et les écrits de Marguerite, était la dame suzeraine, ils étaient as-
on ne comprend pas que M. Nodier ait saillis et maltraités par la populace.
pu lui conteslerl'entière propriété de Un jour, fut tué à coups de pierres l'en-
cet ouvrage pour en faire honneur à fant d'un nommé Nicolas, excellent
Des'Périers. C'est.le paradoxe le plus joueur de luth, qu'on y avait porté pour
étrange qu'ait jamais imaginé un esprit le faire baptiser. Coligny se plaignit
paitadoxal, au roi de ces violences; mais'il ne put
LaBihl. nation, nepossèdepasmoins obtenir justice, etpeudejours après,
de douze mss. des Nouvelles de Mar- il tomba lui-même sous le couteau des
guerite. Nous citerons les trois sui- assassins.
vants' comme les meilleurs : Fonds A la nouvelle des massacres de Pa-
Colbert N" 7572, 1. A. texte complet, ris, qui parvint à Troyes le mardi 26
peut-être de la main du secrétaire cte la août, l'effroi des Prolestants fut donc
reine, Jean Frotté, M. Leroux de Lyn- extrême. Leur premier mouvement fut
cy l'a plus parliculièment suivi dans de fuir; mais les magistrats les en em-
son édition; —N° 7572, où le dernier pêchèrent, en plaçant des corps de garde
feuillet manque ; —N"7572, 3. 3. texte aux portes. Leur terreur redoubla, « et
complet, mais moins correct que les fuyoient les uns deçà, les autres delà, '
deux autres. Tous ces mss. selon cerchans des cachettes et lieux où ils.
,
M. Leroux, datent de la seconde moi- peussent avoir moyen d'éviter la furie
,
MAR MAR
première de leurs adversaires. » Mar-- Le 4 septembre enfin, par ordre exprès
guin étant allé demandemn asile à un du bailli, qui avait cependant reçu, dès
catholique de ses amis, tout ce qu'il la veille, la Déclaration du roi "du 28
put en obtenir, ce fut un déguisement août', portant défense de rien entré-
sous lequel il ne tarda pas à être re.- prendre sur les personnes et les biens
- connu par un
chaussetier nommé Bouc- des Réformés, tous les prisonniers fu-
quet, qui lui fendit la tête d'un coup rent égorgés dans la prison par les
d'épée. Le lendemain, le bailli Anne bourgeois qui les gardaient et qui s'é-
deVaudrey, sieur de Saint-Phal, donna taient enivrés pour se donner le cou-
ordre de rechercher de maison en mai- rage d'exécuter ce que' le bourreau
son tous les Huguenots et de les con- avait refusé de faire. Ce jour même et
duire en prison.Le prévôt Claude Ja- le suivant, tous les Protestants qui fu-
quot, qui avait professé quelque temps rent découverts, tels que la femme de
la religion réformée,niais l'avait quittée Colin le brodeur et le potier d'étain
pour ne pas nuire à son avancement, Pierre Blampignon,iweiit mis à mort
fut chargé, malgré lui, dit-on, d'exé- par la populace. Ce fut le cinq septem-
cuter le commandementde M. de Saint- bre seulement que le bailli fit publier
Phal. Le premier protestant qu'il ar- laDéclarationduroi.
rêta fut le libraire ChristopheLudot, Nous avons suivi la relation de Cres-
« lequel, bien qu'il exerçast le train pin, qui se trouve pleinement confir-
de marchandise, estoit fortbien instruit mée par le récit d'un témoin oculaire
etverséèsleltresgrecques,perso.nnage (Collect. Dupuy, N° 333), où l'on
craignant Dieu, et qui auparavant avoit trouve les noms des Protestants mas-
escbapé infinis passages dangereux. » sacrés à Troyes. L'auteur prévient que
Il saisit ensuite le cordonnier Claude. « dès tués par la ville il ne sait le nom-
La Gueule, qui fut massacré avant bre », et qu'il se contente de mention-
d'être arrivé à la prison, Thibault de ner « ceux qu'il a cogneus. » La plu-
Meures, Jean Le Jeune, procureur au part des noms cités par Crespin se re-
bailliage, Claude Gaulard, sergent trouvent' dans celte pièce manuscrite.
au Châtelet de Paris, Claude Peliton, On y lit, en outre, ceux de : Aubért
Simon ' ou Antoine de Villemor, Margerre, Guillaume Carré, drapier,
Guillaume Bourcier, Denis Marguin, Pierre Anselin, Jean Bredouille,
frère d'Etienne, et Jean Havart, mar- Guill. Boucher, le même peut-être
chands, Henri Cheunj et François que G. Brenchie, François Sobstiot,
Mauferé, orfèvres, Jean Garnier, Ni- P. Vieillart, Jacq. Lespine, P. Sa-
colas Robinet et Jean Gobin, drapiers, lonnier, P. Giffei, Regnault Lespine
Pierre Lambert, Nicolas Du Gué, et Thomas Chalon. Nouvelle preuve
François Bourgeois, Aimé Artillot, que loin d'avoir exagéré , comme on.
peintres, le petit Pierre, Pierre Le l'en a fort injustement accusé, Crespin
Goux ou Gois, Guill. Brenchie, le est très-souvent resté au-dessous de la
grand Thomas, menuisiers, Etienne vérité.
Charpentier et Nicolas Poterat, ser- MAÏUE (JEAN), ministre de l'église
ruriers, Jean Gopillot, chandelier, réformée de Lion-sur-Mer, Téfugié en
.

Renault Godot, maçon, Jacq. Lechi- Angleterre à la Saint-Barthélémy, fut


cault, contrepointier, Jançon, cor- chargé de desservir l'église française
donnier, Pierre Pourvoyeur, taillan- de Norwick, qui était principalement
dier, Jean Niot, savetier, et son fils composée de Protestants -wallons,mais
Michel. Les jours suivants, les arres- où l'on comptait cependant quelques
tations continuèrent. Le mardi, % sept., familles d'origine française, comme
Jean Roussêlot, esguilletier, fut pris celle de Philippot, dont un descen-
et égorgé. Le lendemain, ce fut le tour dant, EliséeM élu, en 4 672, haut-
de Jean Robert, notable, marchand.. schérif de Norfolk, charge qu'il rem-
MAR — 250 — MAR
plit avec beaucoup d'honneur, celles Paris.Peu de temps après,il fut chargé
des Colombine et des Martineau, qui d'une nouvelle mission en Angleterre.
subsistent encore , celle des Le Mon- Les services qu'il rendit et qui lui va-
nier, dont le nom s'était déjà anglica- lurent la réputation du plus habile né-
nisé en 4 752 celle des Lannoy des gociateur de son temps, furent récom-
, ,
Le Vasseur, etc. Plus tard, Marie re- pensés par une charge de maître des
vint en Normandie. L'église de Nor- requêtes,à laquellele roiajouta le don
wick l'ayant rappelé en 1583, le Sy- de l'abbaye de Saint-Pierre de Melun.
node national de Vitré prononçant Marillaç venait d'être nommé, à l'évê-
,
sur cette requête, ordonna qu'il re- ché de Vannes,lorsque, en 4 552, Hen-
tournerait en Angleterre, mais que ri II le renvoya en Allemagne, où il a-

à cause des grands succès de son mi- vait déjà conduit avec .succès quel-
nistère dans ces quartiers, son église ques négociations, peu de temps au-
serait priée de différer son rappel pour paravant. Trois ans plus tard, on la
quelque temps. » voit figurer parmi les plénipotentiaires
Jean Marie laissa un fils, nommé qui traitèrent de la paix avec l'Espagne.
NATHANIEL, qui fut ministre de l'église Ces négociations aboutirent à la trêve
française de Londres, et qui épousa de Vaucelles, qui fut rompue, bientôt
Esther Lehnre. après, avec la plus insigne mauvaise
Notre pasteur était, selon toute vrai- foi (Voy. III, p..377). Marillaç, nous
semblance, allié de Irès-près au mar- le disons à regret, se chargea de justi-
tyr MarinMarie,qui avait quitté Saint- fier celte violation d'un traité solennel,
George, dans le diocèse de Lisieux,son et publia à cette occasion un Discours
pays natal, et était allé s'établir à Ge- sur [la rupture de la trêve, Paris,
nève « pour la liberté de l'Evangile. » 4 557, in-8", le seul de ses écrits qu'il
Arrêté à Sens avec une charge de Bi- ait livré à l'impression (1). Cehonteux
bles, deNouveaux-Testaments et d'au- servicefut magnifiquement récompen-
tres livres de piété, qu'il avait entre- sé par l'archevêchédevienne et la pré-
pris d'introduire en France,il fut con- sidence du Conseilprivé.Aprèsavoir sé-
damné au feu et brûlé, le 2 août 1559, journé quelque temps à Rome en qualité
sur la place Maubert avec tous les raf- d'ambassadeur, Marillaçfut envoyé, de
finements de cruauté que ses bourreaux nouveau, en 1559, en Allemagne,pour
purent imaginer. défendre les intérêts du roi son maître
MA1ULLAC (CHARLES DE), qua- à la diète d'Augsbourg. A son retour,
trième fils de Guillaume de Marillaç il pritsa place au Conseil.Depuis long-
sieur de Saint-Genest, contrôleur gé-, temps, nous l'avons dit, on le soupçon-
néral des finances du duc de Bourbon, et nait d'être un partisan secret de laRé-
de MargueriteGenest, naquit,en 1510, forme.Ses liaisons avec DuMoulin,Ro-
enAuvergne.Reçuavocatauparlement bert Estienne,L'Hospital et d'autres
de Paris, il ne tarda pas à acquérir l'es- sectateurs plus ou moins déclarés de la
time de FrançoisI" par son savoir et son Réforme,étaienttrès-propres à confirmer
éloquence; mais/soupçonné de parta- les soupçons,etil ne futplus possible de
ger les opinions, nouvelles, il abandon- conserver aucun doute, lorsqu'on l'en-
na, à l'âge de 22 ans, une carrière tendit, à l'assemblée de Fontainebleau,
qu'il semblait appelé à parcourir avec exposer sans ménagement les abus qui
un grand succès, et partit pour Con- s'étaient introduits, dan s l'Eglise, blâ-
stanlinople avec son cousin Jean de La
Forest, à qui il succéda dans son poste (1) On conserve à la Bibliothèque natio-
d'ambassadeur auprès de la Sublime nale, Départ, des mss. son Ambassade en An-
gleterre, ses Dépêches, le Registre de ses
Porte.Au bout de quatre années de sé- négociations à Bruxelles, en 1 548-49, ses
jour en Orient, il revint dans sa patrie et Négociations en Allemagne, en 1550,155S et
fut nommé conseiller au parlement de 1559, le Registre de sa négociation à Metz
avec les députés d'Allemagne, en 1553.
MAR = 251 — MAR
mer sévèrement les moeurs du clergé tion dans un cachot infect, comme il
et demanderla double convocation d'un n'avait fait que ce qui se faisait de tout
concile national et des Etats-Généraux temps, en présence même des commis-
pour réformer à la fois et l'Eglise et saires du roi, qui ne s'étaient pas en-
l'Etat. core avisés de s'y opposer, on lui ren-
Marillaç se trouvait dans son abbaye, dit la liberté, mais à la condition qu'il
probablement à la suite d'une disgrâce renoncerait à l'exercice de son minis-
que son discours courageux lui avait tère. Nous ignorons s'il sortit deFrance
attirée, lorsqu'il apprit qu'Antoine de à la révocation; maisnous trouvonsen-
Bourbon et son frère paraissaient en- core en 1743, deux jeunes filles, por-
fin décidés à se rendre à Orléans. Il en- tant le même nom que lui, Susanne-
voya en toute hâte un émissaire à la du- Henriette et Elisabeth Mariocheau,
chesse de Montpensier, avec qui il é- enfermées comme protestantes dans le
taittrès-lié, pour la supplier de détour- couvent de Notre-Dame de Saintes
ner ces princes de faire ce voyage. La [Arch.gén. E. 3429), preuve éviden-
duchesse lui répondit qu'il était trop te que sa famille avait persisté dans
tard, « que l'espérance en estoit per- la profession de la religion réformée.
due par l'infirmité de l'aîné. » S'il faut MARION (ELIE), né en 4678, à
en croired'Atibigné, «le prélat en mou- Barre, d'une bonne famille des Cevén-
rut de desplaisir, »le2 déc. 4 560. De nes, étudiait le droit à Toulouse lors-
Serres, dans son Inventaire, semble quei'insurréclion des Camisards éclata.
donner à entendre qu'on se défit de lui. A cette nouvelle, il se hâta de rentrer
« Charles de Marillaç, arcbevesque de dans sesmonlagnesnatales. Le 1 " janv.
Vienne, dit-il, déduit avec telle li- 4 703, raconte M. Peyrat, pendant une
berté de langage la nécessité d'assem- prière que son père prononçait en pré-
bler un concile national pour remédier sence de sa famille, l'Esprit descendit
aux différens survenus en la religion, sur lui. Obéissant à cet appel d'en-haut,
et les trois Eslats pour régler l'admi- il prit les armes et se rendit dans le
nistration de la France qu'il ne sur-
, camp de Salomon, où son frère Pierre
vesquit sinon de quelques journées à ne tarda pas à le suivre. Leur dispari-
sa harangue. » tion exposa leur père aux plus grands
Charles de Marillaç laissa un fils na- dangers. Ce n'est guère que vers la fin
turel. Un de ses frères, nommé Pierre, de la guerre qu'Elie commença à se
abbé de Pontigny, embrassa ouverte- faire connaître comme prophète ; rien
ment la religion protestante, à l'âge de ne fit d'abord prévoir la célébrité qu'il
40 ans, et se retira à Genève, à ce' qu'on devait acquérir plus tard.
ht dans le Dict. de la Noblesse. Le 9 oct. 4 704, Valmalle, dit La-
MAKIOCHEAU (EUE) , de Ma- rose, à cause de sa bonne mine, (le-
ronnes, fit ses études en théologie à quel n'avait pas voulu déposer.les ar-
l'académie de Puy-Laurens, où il sou- mes avant d'avoirpuni le féroce apostat
tint, sous la présidence de Gommarc, Fesquet, seigneur de Saint-André-de-
une thèse'Di? scientià Dei quam Jé- Valborgne, de la mort de trois de ses
suite; mediam sive hypotheticam aut vassaux massacrés à coups de hache
pnrè conditionatam vocant, imp. à par ses ordres),chargea Elie Marion de
Puy-Laurens, 4 670, in-4°, etins. dans négocier sa soumission avec Lalande.
les Tbèses de Montauban. Ses éludes Le traité, dans lequel furent compris
terminées, il fut donné pour pasteur à Salomon, Abraham, La Forêt, La
l'église de Cognac, qu'il desservait en- Valette, Moulilres et Salles, portait,
core, en 4 684, année où il fut empri- dit-on, quetous les prisonniersseraient
sonné à Saintes sous l'accusation d'a- mis en liberté, et non-seulement ren-
voir prêché .dans un synode tenu à treraient dans la jouissance de leurs
Saint-Just. Après cinq mois dé déten- bien s, mais s eraient indemnisés de leurs
MAR 252 MAR
— —
pertes par une exemption de tailler.Bien nerveuses, se répandit de plus en plus
plus encore, il garantissait la liberté du parmi les Anglais. Marion sevi.tbienlôt
culte domestique. Le traité signé, Elie à la tête d'une foule de disciples qu'il
Marion se retira à Genève avec son organisa en douze tribus, à l'instar des
père et ses frères, au mois de nov. 4 704. enfants d'Israël. Cette folie n'aurait
Peu de temps après, il alla s'établir à peut-être pas attiré sur lui les rigueurs
Lausanne; mais il n'y séjourna pas du gouvernement, s'il ne s'était livré
longtemps, car, cédant aux sollicita- à des déclamations contre la royauté
tions de Flottard, il rentra en France et l'épiscopat. On craignitle réveil de
avec Fidel, Fage, La Fleur et Alger l'esprit puritain et ordre fut donné aux
-
La Valette. L'entreprise ayant échoué, prophètes de sortir d'Angleterre. Ils
il capitula uneseconde fois, etretourna passèrentdoncen Allemagne, visitèrent
à-Genève, au mois d'août 4 705, avec Halle, Halberstadt, Magdebourg; mais
Abraham, Atger et quelques autres. il ne paraît pas qu'ils aient trouvé les
' L'année suivante, il se rendit en An- Allemands aussi bien disposés que les
gleterre où il retrouva Cavalier, de Anglais à adopterleursrêveries, etl'ef- •
Sauve, et Durand Fage, d'Aubaîs. fervescence qu'ils avaient causée s'a-
Tous trois prirent la route de Londres, paisa si bien que la plus profonde ob-
précédés par leur réputation de pro- scurité couvre les dernières années de
phètes. S'il faut en croire Voltaire, un leur vie. De tout ce bouillonnement, il
grand nombre de Réfugiés allèrent à n'est resté que quelques écrits, dont
leur rencontre, eu chantant des canti- nous nous contenterons de donner les
ques et en jonchantle chemin de fleurs. titres : peut-être ne les connaissons-
A Londres même on vit, chose plus nous pas tous.
étonnante des personnes d'un grand
! I. Avertissemens prophétiques
mérite, comme le célèbre mathémati- d'Elie Marion, ou discours pronon-
cien Nicolas Fatio et le voyageur Mis- cez par sa bouche, sous l'opération
son, se déclarer leurs apologistes.et de l'Esprit, et fidèlement reçus dans
-recueillir avec l'empressement d'adep- le temps qu'il parloit, Lond., 4 707,
tes convaincus les oracles qui tom- in-8°; trad. en angl., Lond.,4 707, 8°.
baient de leurs bouches. D'autres, au II. Clavis prophetica ou la clef
contraire, les traitèrent d'imposteurs et desprophéties de M. Marion et des
se moquèrent de leurs prétendues in- autres Camisars avec quelques ré-
spirations. Mis en demeure de se pro- flexions sur les caractères de ces
noncerparl'évêquèdeLondres,le con- nouveaux envoyés et de M. F. leur
sistoire de l'église de la Savoie, pré- principal secrétaire, trad. de l'angl.,
sidé par Armand Du Bourdieu, dé- Lond., 1707, in-8".— Le Cal. delà
.
clara, après quelques conférences avec Bibl. royale attribue cet écrit à Elie
les prophètes cévenols, que «les mou- Marion, mais évidemment par erreur.
vemenls de ces inspirés n'étaient que III. Cri d'alarme ou avertissement
.
l'effet d'une habitude volontaire et in- aux nations qui sortent de Babylone,
.
digne de la sagesse du Saint-Esprit. » .
[Lond.] 1712, in-80.—Selon Barbier,
,
Cette décision, qui fut lue, le 5 janv. c'est l'oeuvre commune d'Elie Marion
4707, dans toutes les chaires deségli- et de Jean Allut. .-
ses françaises en Angleterre, exaspéra V. Quandvous aurez saccagé, vous .
. lesprophètesetfaillitcauseruneémeute
serezsaccagés, 4 714,in-8\—Lettres, .
à Londres. Voltaire assure que, pour signées Allut, Marion, Fatio et Pour-
confondre les incrédules, Elie Marion talès, trad. en lat. par Fatio, 1740, 8°.
,
: et ses collègues offrirent de ressusciter VI. Plan de la justice de Dieu sur
."un mort. la terre dans ces derniers jours,
Cependant l'extase, contagieuse de 174 4, in-8". — Par les mêmes et éga-
sa nature comme toutes les maladies „ lement trad. enlat. par Fatio, 474 4,8°.
MAR 253 MAR
— —
Nous ignorons si Jacques Marion, Saint-Jean, comté deBerkeley,à côté de
de Lyon, qui soutint, sous la prési- Jacques eXDavid Ravenel, Job Marion
dence à'Amyraut, une thèse De ÎISU et Gabriel Giguilliat (dont les noms
et necessitate CoeneDomini, insér. annoncent l'origiue française), dans la
dans les Thèses de Sedan, appartenait salle.du congrès de la Caroline du Sud.
à la même famille que notre prophète Ce congrès, en adoptant le biil des droits
camisard,et nous ne prendrons pas non et le fameux acte d'association, donna
plus sur nous d'y rattacher François le signal de la guerre. Pour soutenir
Marion, le célèbre général américain, la lutte qu'il allait engager avec les
à qui nous consacrerons une notice, Anglais, il ordonna la levée d'un régi-
comme à un descendant de Réfugiés. ment de cavalerie et de deux régiments
MARION (FRANÇOIS), un des plus d'infanterie. Marion obtint un brevet
célèbres chefs des milices américaines de capitaine dans le second, dont Moul-
pendant la guerre de l'Indépendance, trie fut fait colonel (1). Au mois de
naquit àVinyah, près deGeorgestovm, sept. 4 775, il assista à l'attaque du
dans la Caroline du Sud, en 1732. Son fort Johnson ; labravoure qu'il déploya
grand-père Benjamin Marion était lui mérita l'épaulette de major. En
sorti de France pour cause de religion, 4 776, il prit part à la défense de l'île
et était allé s'établir en Amérique, en Sullivan contre une escadre anglaise
4690. François était le plus jeune des (2). A la suite de cette brillante affaire,
cinq fils de GabrielMarioneXffEsther il fut promu au grade de lieutenant-
Cordes. colonel. Un accident qui lui arriva
Entraîné par un goût naturel pour les quelque temps apTès le combat de Sa-
aventures,FrançoisMarion,dès l'âge de vannah, si funeste à la cause améri-
45 ans, s'embarqua, malgré l'opposi- caine (3), l'empêcha de rester enfermé
tion de sa mère, sur un navire qui fai-
sait voile pour les Indes occidentales. (1) Pierre Borry et Daniel Horry, deux au-
Son premier voyage ne futpas heureux-; tres descendantsde Réfugiés (Foy. V,p.525),
entrèrent, avec le même grade,dans le même
il fit naufrage et n'échappa à une mort régiment. Un autre Horry, que M. Gilmore
affreuse qu'après sept jours d'horribles Simms (TheLife of Francis Marion, -10° édit.,
souffrances. Dégoûté de la mer par New-York, 1854-, in-8".) appelle laIiugh, (il
était frère de Pierre), servit dans brigade
cette expérience, il se fit fermier, de Marion et fut son lieutenant favori. On
comme son père. En 4 759, les Che- comptait d'ailleurs dans les trois régiments
rokees,juslemenlindignes de la cruauté en question.un assez grand nombre d'officiers
Colons, d'origine française : Isaac Molle, lieutenant-
et de la mauvaise foi des ayant colonel, Guillaume Masson, capitaine, Joseph
pris les armes, le gouverneur de la Jours, Jacques Péronneau, Louis Dutarque,
Caroline appela la milice sous les dra- premiers lieuieuants ; Jean -Canterier, ïsaac
Dul/osc capitaines de cavalerie , Pierre
peaux. Marion entra dans une compa- Bocquet,, major , Samuel Légaré , Jonathan
gnie de cavalerie commandée par un Sarrasin, Henri Péronneau, etc.; enfln Pierre
de ses frères. Il passa ensuite, avec le Fayssoux, premier médecin de l'hôpital, de
grade de lieutenant, dans le régiment Cbarlestown. P. Horry a laissé des Mémoires
qui n'ont point encore été publiés. On lui
d'infanterie légère du colonel Middle- attribue aussi une Vie de Marion, impr. a.
ton, sous les ordres de qui il fit la san- Philadelphie en 1833; mais toute la part
glante campagne de 4761 contre les qu'il y a prise, consisie dans la communication
de matériaux'aWeems, qui lésa mis en oeuvre.
Indiens, campagne où il trouva maintes (2) Plusieurs descendants de Réfugiés
occasions de faire preuve de valeur et combattirent dans cette mémorable affaire,
en même temps d'humanité , qualité comme Isaac Molle, lieutenant-colonel, et
Charles Motte, capitaine, Thomas Lesesne et
qui se rencontrait beaucoup plus rare- Louis Dutarque, qui devint, l'année suivante,
ment chez ses compatriotes. La paix membre du grand jury de la Caroline duSud,
conclue, il retourna à ses travaux agri- ainsi que Pierre Léger et Daniel Lesesne.
13) Les majors Motte et Béraud furent tués
coles qu'il ne quitta qu'en 4775, pour a l'attaque des lignes de Savannah, en 1779;
aller s'asseoir, comme représentant de le major Lenfant, les capitaines Roux,Gilles,
MAR %U ~ MAR

avec ses compagnons d'armes dans tative qu'il fit (1780) pour surprendre
Charlestovvn. Ce fut un bonheur pour Georgestown ayant échoué, notre bri-
la Caroline du Sud, puisqu'il échappa gadier général se retiradansleSnow's
ainsi à la captivité et que les patriotes Island, au confluent du Lynch's Creek
de cette province conservèrent un chef et du Pedee. De cette retraite pres-
aussi actif qu'intrépide. que impénétrable, il fondait à l'im-
Dès qu'il fut guéri, il partit pour la provistesur les.détachements ennemis
Caroline du Nord à la tête d'une tren- elles désarmait, enlevait les postes
taine d'hommes. Le fastueux général isolés, interceptait les convois, détrui-
Gates accueillit froidement cette poi- sait les magasins, et rendait les com-
gnée de gens déguenillés; le gouver- munications entre les forts tenus par
neur Rulledge seul comprit la valeur les Anglais extrêmement périlleuses et
de ces braves partisans et de leur chef. difficiles. Irrités des attaques incessan-
Il donna à Marion le brevet de briga- tes de cet insaisissable ennemi, ces
dier et l'envoya à Williamsbourg pour derniers et. leurs partisans exercèrent
organiser le mouvement insurrection- d'odieuses barbaries sur les patriotes,
nel qui venait d'y éclater. Marion prit et la guerre prit un caractère atroce.
une position avantageuse entre le Pe- On doit dire à la louange de Marion
dee et le Santêe, au milieu des maré- qu'il fit tout ce qui était en son pou-
cages et des forêts; sa troupe grossit voirpourcontenir l'esprit de vengeance
rapidement, et il se rendit bientôt re- qui animait ses soldats, et qu'il lui ar-
doutable à l'ennemi par lp vigueur et riva souvent de sauverla vieàd'ardents
la soudaineté de ses attaques. Un de ennemis de la cause qu'il défendait,
ses exploits les plus remarquables fut générosité d'autant plus admirable que
la délivrance d'un grand nombre de son neveu Gabriel, jeune homme de
prisonniers américains et la capture du graude espérance qu:il regardait com-
détachement ennemi chargé de leur me son fils, étant tombé dans une ren-
garde. Le général Conrwallis, qui ve- contré entre les mains des torys, ils
nait de battre Gates, voulut se débar- l'avaient mis à mort sur-le-champ.
rasser de ce voisinage incommode. Les succès qu'il oblint dans cette
Menacé par des forces supérieures, guerre de partisans relevèrent le cou-
Marion, qui savait allier la prudence à rage abattu des vriiigs;la consternation
la plus éclatante bravoure, crut sage causée par la prise de Charlestown et la
d'abandonner une seconde fois la pro- défaite de Gates se dissipa peu à peu.
vince. Après dix jours d'absence, il y Renforcé par l'arrivée successive d'un
reparut à la tête dé quelques partisans, certain nombre de patriotes et par la
si mal armés qu'ils avaient dû se faire jonction (14 avril 1781 ) du lieutenant-
des sabres avec des scies, et si mal colonel Lee à la tête d'un corps de
pourvus de munitions que plus d'une soldats réguliers,Marion voulut renou-
fois ils en vinrent aux prises n'ayant veler son entreprise sur Georgestown;
que trois cartouches par homme. Plu- mais elle ne réussit qu'à demi. Il fut
sieurs semaines s'écoulèrent avant que plus heureux quelques jours après. Un
Marion, malgré son activité et ses suc- coup de main hardi mit en son pouvoir
cès parvînt à réunir une centaine le fort Watson, qui assuraitla commu-
,
d'hommes sous ses ordres; ce furent nication entre Charlestown et Camden.
les violences, les cruautés des Anglais Encouragé par ce succès, il résolut de
qui recrutèrent sa troupe, et les vic- s'emparer du poste fortifié de Motte,
toires du Black Mingo et de Tarcote principal dépôt des convois qui circu-
remportées.par lui, qui lui procurèrent .
laient entre ces deux villes. Il™ Motte,
des armes et des munitions. Une teu- dans son enthousiasme patriotique, lui
Tréville el les lieutenants de Saussure et fournit les moyens d'incendier sa pro-
Bonneau furent blessés. pre demeure, et le feu obligea la gar-
MAR = 255 — MAR
-oison à se rendre à discrétion.Au mois désintéressé, tant en exécutant qu'en
de juin 1781, il réussit enfin à chasser souffrant tout ce qui pouvait servir à
les Anglais de Georgestown; au mois l'indépendance de sa patrie. » Mais
d'août, il attira le,major Frazier dans les sévères défenseurs de la bourse du
une embuscade et le battit à Parkers- peuple réclamèrent contre une pareille
Ferry, exploit qui lui valut les éloges prodigalité avec tant de force et de per-
du Congrès; le 8 sept., il prit une part sistance, que les 500 livres furent ré-
glorieuse à la mémorable bataille d'Eu- duites à 500 dollars. Un riche mariage
taw Springs;en un mot, Marion contri- qu'il contracta avec Marie Videau, é-
buaplusquepersonne.à renfermer dans pargna à Marion la mortification d'ac-
Charlestown les Anglais qui, à la fin de cepter un poste dans lequel ses ingrats
cette campagne , ne possédaient plus compatriotes ne voulaient voir qu'une
que trois villes sur le littoral des Etats- sinécure. Ce mariage resta stérile.Ma-
Unis. rion mourut, le 27 fév. 4795, dans la
Le congrès de la Caroline s'étant as- paroisse de S. John où il habitait.
semblé à Jacksonborough, le 17 janv. Un ancien compagnon d'armes de
4782, Marion s'y rendit. Rutledgelé Marion, le vénérable juge James,nous
félicitapubliquement sur son génie en- peint ce fameuxehefdepartisanscomme
" treprenant et sur sa
persévérance infa- un homme de taille moyenne, maigre,
tigable. La session close il reprit le basané,bienfaitdesapersonne,quoique
,
commandementdesabrigade,qui avait boiteux d'une jambe. Son nez aquilin,
été surprise eldéfaite en son absence. son menton saillant, son front large et
Chargé de réduire un district sur les élevé,ses yeux noirs et perçants impri-
bords du Pedee, dont les habitants re- maient à sa physionomie une expres-
fusaient d'obéir aux ordres du gouver- sion remarquable d'audace et de fer-
nement national, il les força à se sou- meté, et tout dans sa personne annon-
mettre, en usant à la fois de fermeté et çait un soldat capable de supporter les
de douceur. Peu de temps après, l'é- plus rudes fatigues et les plus dures
vacuation de Charlestonpar les Anglais privations. Ses qualités lui avaient ac-
mit un terme à la brillante carrière mi- quis une étonnaute autorité sur ses
litaire de Marion, qui rentra dans sa hommes, qui lui témoignèrent toujours
plantation de Pond Bluff, ravagée par la confiance la plus illimitée, et qui se
l'ennemi, sans renoncer pourtant à la croyaientinvinciblessous sa conduite.
vie publique.Il continua àprendrepart Celte confiance n'eut sans- doute pas
aux travaux des assemblées représen- moins de part au succès de ses entre-
tatives jusqu'en 4790, et ne résigna prises que la vigueur et le secret avec
même qu'en 4794 sa commission de lesquels il les conduisait.
brigadier général.Le 26 fév.4 783,1e sé- MARION (JACQUES DE), sieur de
nat de la Caroline du Sud lui adressa des Payra, gouverneur de Castres en4 580,
remercîments publics pour les grands fut, en 4 583, chargé de défendre
services qu'il avait rendus à sa patrie, Montréal, donXBeulaigne s'était ren-
et lui remit une médaille d'or comme du maître par le pétard, le 22 sept.,
témoignage de lareconnaissance de ses et que les Catholiques se disposaient
concitoyens. En 4784, il le nomma à assiéger. 11 repoussa toutes les atta-
commandant du fort Jackson avec un ques avec tant de vigueur qu'il donna
traitement de 600 livres sterl. Dans la à Montesquieu et à Saint-Rome le
de lui du ,
pensée des sénateurs c'était.un juste temps amener secours. Les
,
dédommagement accordé,pour les per- Ligueurs levèrent le siège; mais peu
tes que la guerre lui avait fait éprou- de jours après, Marion, allant à sa
ver, à un homme qui, comme l'a dit maison de Payra, tomba dans une em-
Rarasay, « donna dans toute sa con- buscade où il fut tué.
duite un raie exemple de patriotisme Jacques de Marion était le second.
MAR 256 MAR

fils de Jean, sieur de Bresilhac, qui peut-être celles de toute la France sur
lesta en 15S6. Ses frères se nommaient lesquelles on possède le moins de
Jean aiAntoine. Nous ne connaissons renseignements.
aucune circonstance de la vie de ce MARLAU (JEAN), natif d'Orchies,
dernier. Quant à Jean, qui testa en étudiant de l'université de Louvain et
1613, il eut de son mariage avec Gi- martyr,en 4 542. Ses études terminées,
lette de La Rivière, un fils, nommé Marlar, qui avait embrassé la Réforme,
ANTOINE, sieur de Bresilhac, lequel retourna dans sa ville natale et se mit
épousa, en 1645, Madelaine d'Esco- « à annoncer à aucuns
la vérité de la
péries et fut. père de FRANÇOIS, main- doctrine de l'Evangile; » mais ses
tenu noble avec son père en 4 674. concitoyens mirent promptement un
MARK (ANTOINE), seigneur de terme à son apostolat, en le livrant, le
Châteauneufet de Cornillon, capitaine 2 nov. 1541, au lieutenant du gou-
de galère, surnommé TRIPOLI, parce verneur de Douai. La veillé même, sa
qu'il avait été consul de France dans tante, Marguerite Boulard, qui, une
cette ville, fut un des principaux chefs des premières, avait prêté l'oreille à sa
des Huguenots dans la Provence pen- prédication, avait été arrêtée. Ils per- •

dant l a première guerre civile(1 ). C'était sistèrent courageusement l'un et l'au-


« un homme vaillant, sage et froid. » tre dans leur profession de foi, et furent
Il avait pour lieutenant un de ses ne- condamnés, Marlar à avoir la tête tran-
veux et pour enseigne son beau-frère ' chée, sa tante à être enterrée vive. Le
Le Revest de la noble maison de Vin- premier subit sa peine le 20 janv., la
.
limille, « gentilhomme jeune, et déli- seconde troisjours après.
béré. » En 4 562, Crussol et de Tende MABIJAOT, prophète des Ruches
placèrent Tripoli à Aix comme gouver- dans le Vêlai. Toute la famille de cet
neur; mais une émeute provoquée par enthousiaste périt, à l'exception d'un
l'insolence de la garnison Sous ses jeune garçon dans une assemblée
ordres, et dirigée par le comte de Car- surprise par les, dragons, en1689.«Le
ces, le chassa, peu de temps après, de vieux prophète, dit M. Peyrat, avait à
la ville. Le parti vainqueur, à son ce prêche nocturne deux fils et trois
tour, abusa étrangement de son triom- filles, dont l'aînée, enceinte de huit
phe. Les maisons des religionnaires mois, tenait par la main un petit enfant
furent pillées, une partie de ceux qu'on qui avait aussi voulu aller prier Dieu
soupçonnait de professer le protestan- au désert. Le vieillard ne pouvant les
tisme furent pendus, les autres expul- retenir, en leur déclarant les avertis-
sés (Voy. Pièces justif., N° CIII). Tri- sements secrets qu'il recevait de l'Es-
poli, qui s'était vaillamment défendu, prit, leur avait, au départ', donné sa
mais sans succès, se retira à Sisteron. bénédiction et fait ses derniers adieux.
Il lesta, en 4 566, en faveur de son Vers minuit, on lui rapporta six cada-
fils CLAUDE, né du mariage qu'il avait vres, dont deux palpitaient encore,une
contracté, en 4 560, avec Honorade de fille qui expira bientôt après, et un
Vintimille. garçon qui guérit miraculeusement.
Claude Mark, sieur de Châteauneuf,
« Le Seigneur me les avait donnés,
capitaine de 200 hommes de pied, se s'écria le prophète, le Seigneur me les
signala par sa valeur pendantles guer- a Ôtés, que son saint nom soit béni ! »
res de la Ligue; mais nous ignorons Et il passa la nuit en prières autour de
s'il professa la religion réformée,. Les sa famille au cercueil, qu'il déposa le
recherches que nous avons faites à ce lendemain furlivementdans une même
sujet ne nous ont conduit à aucun ré- tombe. »
sultat, les églises de la Provence étant MARLO&AT (AUGUSTIN), minis-
(1) C'est lui apparemment qui enlra dans tre de l'église de Rouen et martyr, na-
1» conjuration d'Amnoise {fou. I, p. 2G9}. quit à Bar-le-Duc, en 1506. Resté or-
MAR 257 — MAR
pbelin et sans fortune, il fut mis, dès sida le synode provincial qui se tint à
l'âge de huit ans, dans un couvent Dieppe. Si l'on en excepte Viret, aucun
d'Augustins, où il prononça ses voeux pasteur n'eut plus de succès que lui
en 152 4, à ce que rapporte Chevrier, dans la prédication.En quelques mois,
dans ses Mémoires pour servir à l'his- secondé avec zèle par son collègue
toire des hommes illustres de Lorraine. Jacques Valier, il gagna à l'Evangile
Dès lors, il s'appliqua avec succès à la grande majorité des habitants de
l'étude des Pères et de la théologie sco- Rouen. - '
lastique,' et il ne tarda pas à acquérir Marlorat j ouissait d'une trop légitime
une grande réputation comme prédica- réputation de science et d'éloquence,
teur. Dans son excellente Vie de Bèze, pour qu'à l'époque du colloque de Pois-
M. le professeur Baum nous apprend que sy, le choix do ses coreligionnaires ne
Marlorat était prieur d'un couvent de se fixât pas sur lui comme sur un des
son ordre àBourges, lorsqu'ilfut éclairé pasteurs les plus capables de défendre,
des lumières de l'Evangile. Appelé, en présence de la Cour, les doctrines
depuis'4 533,à prêcher tant à Bourges évangéliques contre les docteurs de
qu'à Poitiers et à Angers,il ne laissa é- l'Eglise romaine. Il y fut donc député
chapperaucune.occasion de semer par- et yjouaun rôle (Voy.ïi, p.263) parmi
tout les doctrines nouvelles, qu'il avait les théologiens réformés les plus in-
embrassées avec l'ardeur d'une con- fluents.Tout espoir d'accord s'étant é-
viction sincère; aussi se vit-il bientôt vanoui, Marlorat retourna àRouen où il
dans la nécessité de fuir loin de sa pa- couronna, bientôt après, une vie sans
trie pour échapper aux poursuites de reproche par un glorieux martyre.
ses ennemis. 11 se retira à Genève, sa- Découvert dans une tour où il s'é-
crifiant sans regret ses emplois et ses tait caché avecsafemmeetsesenfants,
dignités au repos de sa conscience, et il après la prise de Rouen, il fut conduit,
s'y fit, pour vivre, correcteur d'épreu- le 26 oct.,dans la prison du Vieux-Pa-
ves dansuneimprimerie.Quelquetemps lais, ou il reçut le lendemain la visite
après, il partit pour Lausanne où il du connétable de Montmorencyqui lui
s'appliqua à l'étu de de l'Ecriture sain te. dit : « qu'il estoit un séducteur de tout
En 4 549, il fut nommé pasteur à Cris- ce peuple. Sa réponse fut que s'il les
sier près de Lausanne.Il desservait l'é- avoitséduits,Dieul'avoit séduitle pre-
glise réformée de Vevey, lorsque le mier. Car dit-il, je ne leur ay pres-
consistoire de Genève le rappela pour ché que la, "pure Parole de Dieu. Sur
l'envoyer à Paris, eu 1559 (Arch. de quoy lui estant répliqué par le connes-
la Comp. des pasteurs, Reg.B) .11 n'y table, qu'il estoit séditieux et cause de
fit qu'un très-court séjour,s'il est vrai, la ruine de la ville; au contraire, lui
comme le rapporte Daval, que c'est de dit-il, je me rapporte à tous ceux de la
Genève que Matthias Eudes, sieur de
Veules, le ramena, en 4 560, avec nous le dépeint comme un énergumène qui
s'était fait chasser de. Genève et d'autres
François de Saint-Paul. Le 12 mai églises de France > pour ses resveries et
1561 * Marlorat, qui avaitétédonnépour révélations fantastiques qu'il avoit apprinses
ministre à l'église de Rouen (1), pré- en la boutique des Anabaptistes. » Il ensei-
gnait « que l'esprit de Dieu luy avoit révélé
(1) L'église de Rouen avait été fondée, en que l'Antéchrist seroil ruiné et abbattu de
1S57, par La. Jonchée, ministre envoyé de son siège par force d'armes; que Dieu l'avoit
Genève, et par Jac?. Trouillel (Voy. Pièces esleu pour chef et conducteur de l'armée;
just. K° XVIII). Scrvin se trompe lorsqu'il qu'il deslruiroit et osieroit tous les meschans
dit qu'elle eut pour premier pasteur Jean Cot- de la terre; qu'il avoit commandement exprès
lin, brûlé vif, en 15S9, par un arrêt du parle- de mettre a mort tous les meschans princes
ment, qui condamna en même temps a la po- et leurs magistrats, D Ces doctrines violen-
tence deux de ses disciples, les frères Pollet. tes s'éloignaient trop de celles qui préva-
Régnier de La Planche, qui parle fort lon- laient dans les églises pour être approuvées ;
guementde ce Cottin,nous apprend qu'il était aussi Cottin avait-il été excommunié par
non pas ministre, mais maître d'école, et l'église de Rouen.
T. VII. 47
MAR 258 MAR
— —
-ville, de l'une et l'autre religion, si je être restée au-dessous d'une si grandeet
mesuis meslédesaffairespoliliques,ou si touchante infortune. Selon Chevrier,
-si j'aytenu aucun propos séditieux, ou Marlorat avait un frère cadet, nommé
si j'ay enseigné autre chose que la pure Martin, qui resta bon catholique, et
Parole de Dieu. Le conneslable en ju- mouruten 1571. Il ne fait aucunemen-
rant répliqua que lui et ses semblables tion de Samuel Marlorat, pasteur à
avoyent délibéré de faire le prince de Lausanne, en 4 563, et professeur de
Condéroy, et l'amiral duc de Norman- théologie, en 4 567, qui, d'après le
die, eld'Andelot duc de.Bretagne: à doyen Bridel, était un autre frère du
quoy Marlorat respondant et remons- ministre de Rouen.
trant l'innocence desdits seigneurs , il Ou a d'Augustin Marlorat de savants
ne gagna loutesfois autre chose sinon travaux exégétiqûes sur la Bible, dont
que le conneslable jurantàbon escient Bèze dit, dans ses Icônes: « On ne
qu'il lui feroit conoistre dans peu de" sauroit dire combien il profita tant en
jours que son Dieu ne le sauveroit pas lecture qu'en écrivant, comme il appert
de ses mains, se retira en grand'furie, par ses beaux commentaires sur-la Ge-
et fut lost après Marlorat mené au Pa- nèse, les Psaumes, Isaïe, et sur tous
lais avec Mandreville, Soquence, Co- les livres du N.- T., dressés par un
ton et autres des principaux de l'E- artifice admirable tiré des expositions
glise.» des plus doctes théologiens de notre
La menace du connétable ne se réa- temps. » Il a laissé aussi quelques au-
lisa que trop tôt. Dès le surlendemain, tres ouvrages, dont les plus importants
le parlement condamna Marlorat, dit ont été publiés après sa mort.
Pasquier, comme atteint et convaincu I. Traité de Bertram, prestre,
d'être un des auteurs des grandes as- Du corps et du sang de N. S. J.-Ch.,
semblées qui avaient été cause de la trad. en franc, Lyon, 4 558, in-8°;
guerre civile « à estre traîné sur une 4561, in-16;"Saumur, 1594, in-S°.
claye, pendu et estranglé en une po- II. Remonstrance à la royne mère
tence devant l'église de nostre Dame du roy par ceux qui sont persécutez
deRouen.Ce fait, sa teste estre séparée pour la parole de Dieu. En laquelle
de son corps et mise sur un pal de bois ils rendent raison des principaux
surlepontdela ville. » La sentence fut articles de la religion, et qui sont
exécutée le 30 oct., d'autres disent le aujourd'hui en dispute, s. 1., 4561,
4"nov.:mais on ne secontentapas de in-12; 2" édit. corrigée, 4 561, in-8",
traîner le condamné sur la claie,on l'ac- ff. 174.
cabla de mille outrages. « Ce nonobs- III. Novi Testameuti catholica ex-
tant il se porta fort constamment, et positio ecclesiastica,siveBibliotheca
arrivé au lieu du supplice, fit d'excel- expositionum N. T., Genevaî [Henr.
lentes remonstrances, selon le loisir qui Stephan.], 1561, in-fol.; réimp. par
lui en fut baillé, exhortant Gruchet et Estienne, à Genève, 4 564, in-fol.;
Coton, menez au supplice avec lui à 4 570, in-fol. et souvent depuis. On
persévérer constamment jusques à la affirme que cette glose a été trad. en
fin,comme ils firent aussi.»Condé ven- anglais de 1570 àf584.Wall n'indique
geasamorlet celledeses compagnons que Exposition on S. Jude,. Lond.,
d'infortune (Voy. II, p. 449). 4 584, in-8° ; Exposition upon the
Marlorat laissa une femme et cinq RevelationofS.John, Lond., 1574,
enfants qui se réfugièrent à Londres. iu-4°, et Exposition of the two last
Deuxdesenfanlsymoururentpeuaprès. EpistlesofS.John, nouv. édit.,Lond.,
Quant à-la femme, elle y vivait assez 4580, in-4". La Bibl. nation, possède
misérablement, en 1576, des secours un exemplaire, de la trad. anglaise de .

que lui accordait le consistoire de l'é- l'Exposition de l'Evangile selon S.


glise -wallonne, dont la charité paraît Jean, Lond., 4575, in-fol.
MAR
— 259 — MAR
IV. Genesis cum catholicâ expo^ Henr. Stephan., 1564, in-fol.; Gen.,
sitione ecclesiasticô,, ex miversis 1610, in-fol.
probatis theologis. sive Bibliolheca IX. Traicté du péché contre le
expositionum Geiieseos, [Gen.]Henr. Saint-Esprit, Lyon, 1564, in-16;
Slephanus, 4 562, in-fol.; Morgiis, J. trad, en angl., Lond., 4 585, in-42.
Le Pronx, 4585, in-fol. On eh cite des X. Le Nouveau-Testamentcorrigé
-
édit. de Morges, 4 568 et 1580, in-fol. sur le grec, avec annotations aug-
Les théologiens dans les écrits de qui mentées, Lyon, Cotier, 1564, in-8°,
Marlorat a puisé, soûl: Vatable, Lu- et souvent depuis. — Lelong en cite
ther, Musculus, Calvin, Paul Fagius, une édit. de la même année sans nom
OEçolampade, Arlopoeus, Sancles Pa- de lieu.
gninus, Munster, Eugubinus. XI. Thésaurus S. Scripturoepro-
V. In CL Psalmos Davidis et alio- pheticoe et aposlolicoe in locos com-
rum SS. prophelarum expositio ec- munes rerum, dogmatumetphraseon
clesiastica, sive Bibliotheca exposi- digeslns, Lond., 1574, in-fol.; Laus.,
tionum in Psalmos ex probatis theo- 4 575, in-fol.; nova edit. terliâ parle
logis collecta. Item Cantica sacra auctior, Berna?, 4 601, in-fol.; Gen.,
ex diversis Bibliornm locis cum si- 4 608 et 4 624, in-fol. —Extrait par
mili exposiiione [Gen.] Henric. Feugueray (Voy. ce nom) des Adver-
, réimp.
Sleph., (562, in-fol.; en 1565, saria de Marlorat.
puisàMorges, 4584, in-fol., etàGen., XII. Expositio in Jobum, Genev.,
1585, in-fol.; trad. en angl. sous ce 4 585,' in-fol.
litre: Prayerson thePsalmes,Lond., XIII. Enchiridion locorum com-
4574, in-16. munium,opéra Tossani, Basil., 4 628,
VI. Cent cinquante Oraisons on in-8\—Mentionnépar Lipenius. Nous_
prières en prose françoise, chacune avons déjà cité (Voy. y, p. 4 09) un
mise à la fin d'un chacun des cent autre abrégé duN°XI, publié à Genève
cinquante Pseaumes de David, trad. en 4 613, ainsi que deux index faits
en rime par Cl. Marot et Théodore par Marlorat, dont on a enrichi l'édit-
deBîze, Lyon, 1563, in-16. — Dans de VInstitution chrétienne, de Cal-r
sa Vie de Bèze, M. Baum en cite, sous m'»/donnée à Genève eh 1568.
un titre un peu différent, une édit. de MAROLLES (Loms DE), conseil-
Lyon, Gab. Colier, 1564, in-16.
— ler du roi et receveur des consignations
Ces prières ont été conservées, quel- àSainte-Menehould, né danscelte ville,
quefois sans le nom de l'auteur, dans en 1629, et mort martyr, le 17 juin
un très-grand nombre d'éditions sub- 4 692, dans un cachot de la citadelle de
séquentes des Psaumes. Marseille.
VIL La Sainte Bible, qui est toute La famille de Marolles, nombreuse
la Saincte Escriture; tro/nslatée en et fort ancienne, occupait un rang très-
français : interprétée par les pas- bonorable et jouissait des privilèges de
teurs et professeurs de Genève, et la noblesse. Elle professait depuis long-
avec les annotations an bas d,es pa- temps la religion réformée. En 1589,
ges: publiées et augm.par A. Mar- un de Marolles, bailli de Jamels, avait
lorat, Gen., Fr. Perrin, 1563, in-fol. négocié la reddition.de celte ville. L'an-
etin-4°; Caen, 1563, in-fol.; Lyon, née précédente, un autre de Marolles a-
4563, in-4°. Les notes de Marlo- vait assisté à l'Assemblée politique de

rat ont été traduites en belge et join- La Rochelle (Foy. V, p. 463). Ce der-
tes à la traduction hollandaise du nier avait le grade de maréchal de camp
Nouveau-Testam entpubliéeàLaHaye, dans l'armée du roi de Navarre. Au
4603, in-8». mois de juin 1589, secondé par La
VIII. Esaioe prophetia, cum catho- Boulaye, il défit deux compagnies de
licâ expositione ecclesiasiicâ, [Gen.] chevau-légers envoyées par Mayenne
MAR 260 MAR

secours de Chartres. Après la prise conduisit.-à la frontière, en 4 688. Il
au
de Janville en Beauce , il en avait été passa aussi en Hollande et alla termi-
nommé gouverneur. ner ses études à l'université d'Utrecht.
Outre "la branche établie à Sainte- Ce sont là assurément de beaux
Menehould et à laquelle appartenait exemples, mais que sont les souffran-
Louis de Marolles, nous en connais- ces de ces courageux confesseurs com-
furent infligées
sons une autre qui habitait Vitry-le- parées aux tortures qui
Français. C'est de cette dernière que à Louis de Marolles (4). En lisant le
descendaient : 1° Henri de Marolles, long martyre de ce.héros de la foi é-
contrôleur des aides à Troyes, qui mou- vangélique, on se sent, comme M.Mi-
rut, en 4 644,à l'âge de 35ans,n'ayant chelet à la lecture du maityrojoge pro-
eu de son mariage avec Marguerite testant, saisi d'horreur et de pitié. Par
de Marolles que deux enfants, JUDITH un retour naturel sur notre époque, on
et SAMUEL , morts en bas âge ; — se prend à gémir sur Pénervalion de
2° Claude de Marolles , qui assista à l'âme, humaine, et l'on s'écrie avec lui:
plusieurs synodes provinciaux,notam- Que nous ressemblons peu à cela !
ment à celui de Clermont en Beauvoi- Louis de Marolles était doué d'une
sis en 1667 en qualité d'ancien de grande pénétration, d'un jugement so-
, ,
l'église de Vitry;—-3° Thierry de Ma- lide; il aimait les arts et les sciences;
rolles, avocat, probablement fils de aussi consacrait-il ses loisirs à l'étude
Claude, et aucien de l'église de Vitry, de la musique, de la médecine, de la
qui fut arrêté, au mois de juillet 1686, philosophie, de la théologie et surtout
dans le château de Clemery-sur-Seil- des mathématiques, pour lesquelles il
le, sous prétexte qu'il cherchait à sortir éprouvait une prédilection marquée et
de France. Il fut amené dans les prisons qu'il cultivait avec succès. Il a laissé
de Châlons avec sa femme. Marguerite sur cette dernière science des manu-
Varnier, ses deux fils CLAUDE-PHI- scrits, entre au très, un Traité d'algè-
LIPPE et JEAN, ses trois filles MARIE , bre, où l'on trouve la solution de pro-
MARGUERITE et JUDITH et sa servante blèmes difficiles et très-curieux.
Jeanne Queret (Arch., gén. M. 673). Lorsque l'édit de Nantes fut révo-
Comme il n'avait pas été pris en fla- qué, untiers environ delapopulation de
grant délit d'évasion * on se contenta Sainte-Menehould prit le parti de s'ex-
de mettre la mère chez un bourgeois patrier, au rapport de M- Buirette dans
catholique Jean ' chez le recteur de son Histoire de cette ville.Louis de Ma-
,
l'école de Châlons,Philippe chez celui rolles fut du nombre des émigrants ;
de Vitry, Marie auxUrsuliues de Châ- mais il n'était point encore parvenu à
lons, Marguerite aux Filles de la doc- franchir la frontière, lorsqu'il fut arrê-
trine chrétienne de Châlons et Judith té, le 2 déc. 1685, à deux lieues en-
aux Filles de Sainte-Marie.On espérait deçà du Rhin et conduit dans la prison
convertir toute la famille ; mais on é- du Pont-Couvertà Strasbourg.Le gou-
choua, et de guerre lasse, en4687, on verneur Chamilly se montra touché de
l'expulsa du royaume. Thierry de Ma- son sort.Illui témoigna son intérêt en
rolles se retira à Amsterdam (Arch. essayant de le convertir.; mais les ar-
TT. 321). guments des Jésuites qu'il lui envoya
Les convertisseurs nefurent pas plus
heureux avec Barthélémy de Marol- (1 ) Voy.pour plus de détails que nous ne pou-
Zes,jeune étudiant en théologie âgé de vons en donner ici, l'ouv.anonyme Mil.: His-
dix-neuf ans et neveu du martyr à qui toire des souffrances (lu bienheureux martyr
de Marolles, La Haye, 4699, in*: trad.
cette notice est plus spécialement con- Louis
en allem. par H. Gessner, Zurich, 1709, in-
sacrée. Après l'avoir gardé trois ans 8°; en angl., par.T. Martin, Lond., 1712, in-8»;
dans les prisons de Châlons, voyant 1801, in-8"; 1840, in-8», avec l'Histoire des
souffrances de Le Fèvre. On en a aussi donné
que rien n'ébranlait sa constance,on le. «n extrait en. angl, à Londres, 1713, in-8»,
MAR - 261
— MAR
échouèrent contre l'inébranlable con- chot si sombre qu'il lui était impos-
stanceduprisonnier. Un instantseule- siblede distinguer ses compagnons
mentj-Marolles se sentit ébranlé par les de captivité, — sept misérables con-
larmes et les prières de sa famille; ce- damnés aux galères ou au gibet. En-
pendant il ne tarda pas à reprendre toute fin, au bout de deux mois, on le trans-
safermeté.Safemme,Marie Gommeret féra à la Tôurnelle où on se contenta
ou Gonmeret, fille d'un magistrat de d'abord de l'enchaîner par le pied ;
Sedan, montra moins d'énergie. Elle mais dès le lendemain, Louis XIV
abjura par amour maternel, mais elle donna ordre au gouverneur de lui met-
répara bientôt après sa faute. Ayant tre la chaîne au cou. Le grand roi, en
réussi, l'année même, à gagner la Hol- effet, avait fait de la conversion de Ma-
lande avec ses enfants, elle se rétracta rolles une affaire personnelle. Son indi-
publiquementdans l'église wallonne de gnation était d'autant plus grande qu'il
La Haye, et entra avec ses deux filles n'était pas habitué àrencontrerpareille
dans la communauté de dames de Har- résistance. Dans son orgueil insensé,
lem. Ses deux fils prirent du' service il s'imaginait que rien ne devait lui ré-
dans les troupes hollandaises, et com- sister, et voilà que sa toute-puissance
battirentvaillamment à Nenvinde. venait se briser contre la conscience
Cependant l'ordre arriva de la Cour d'un honnête homme! N'y avait-il pas "
de transférer Marolles à Châlons-sur- de quoi exaspérer un despote devant
Marne et d'instruire sans retard son qui.i'Europe entière se tenait encore à
procès. Le 9 mars, le présidial rendit genoux? Aussi, lorsque les juges de
la sentence qui le condamna aux ga- Marolles, touchés de compassion, s'a-
lères perpétuelles et à la confiscation dressèrent à lui pour obtenir au moins
de ses biens. Marolles en appela au la permission d'adoucir la peine, ne
parlement de Paris et fut amené dans voulut-il rien entendre. Le jugement
les prisons de la Conciergerie, où il fut fut donc confirmé, et le prisonnier jeté
écroué, le 14 mars. Les convertisseurs dans le cachot des galériens en atten-
se remirent en campagne. Bossuet lui- dant le départ de la chaîne. « Voici,
même, qui n'aurait pas été fâché d'in- écrivait Marolles quelques jours après,
scrire cette conversion sur la liste de voici en deux mots uu abrégé de notre
celles qu'il avait opérées, fit sonder le misère. Nous couchons 53 hommes
prisonnier sur ses dispositions. Un ami dans un lieu qui n'a pas 5 toises de
de Marolles, bien vu à la Cour, lui longueur et pas plus d'une etdemie de
conseilla de promettre seulementde se largeur. Il couche à mon côté droit un
faire instruire, en s'en gageant à lui paysan malade, qui a sa tête à mes
obtenir de Pévêque de Meaux un délai pieds, et ses pieds à ma tête : il en est
de dix mois, d'un an, de plus même de même des autres. Il n'y en a peut-
s'il le désirait. L'inflexible droiture du être pas un d'entre nous qui n'envie la
confesseur ne put se prêter à ces sub- condition de plusieurs chiens et che-
terfuges. « Je trouve, répondit-il, ma vaux. » C'est dans cette situation-af-
religion bonne et préférable à toute freuse, au milieudesblasphèmesetdes
antre; ce n'est point entêtement ni opi- jurements de ses.compagnons, qu'il
niâtreté de ma part d'y vouloir persis- composa un petit ouvrage sur la Pro-
ter; mais c'est, à mon-avis, tenter et vidence, qui a étéimp. sous ce titre :
offenser Dieu que d'abandonner une Discours sur la Providence, Amst.,
religion que l'on aime, dans laquelle 1710, in-4 2, et trad. en angl. par J.
on est né, et je mourrai martyr de la Martin, Lond., 1790, in-8». Quelle
mienne plutôt que d'y renoncer. » force de caractère! Quelle admirable
Cette fermeté est d'autant plus ad- sérénité d'âme !
mirable que sa position était des plus Etonnés d'une persévérance qu'ils
.
,

affreuses, Il était plongé dans un ça.' ne pouvaient comprendre et qui était,


MAE 262 MAR
— —
tout cas, à leur point de vue, d'un le moyen d'écrire quelques lettres à sa
en
fort mauvais exemple, des ecclésiasti- femme, où il lui peignait ses souffran-
la foi.
ques catholiques ne rougirent pas, au ces, souffrances atroces que l'aideret
mois de juin, de faire courir le bruit l'espérance pouvaient seules à
Marolles avait l'esprit aliéné. Afin supporter. Outre l'isolement, les ténè-
que
de confondrel'imposlure, Marollespro- bres, le froid, la nudité, il avait encore
posa, du fond de son cachot, un pro- à endurer la faim; car.le major Lam-
blème de mathématiques aux savants bert(son nom mérite dépasser à la pos-
de Paris, et répondit aux objections térité), détournant à son profit une par-
que quelques-uns d'entre eux y firent. tie des cinq sous que le roi, dans sa li-
Les curieux trouveront ce problème béralité, accordait par jour pour l'en-
dans les oeuvres d'Qzanam. tretien du prisonnier, voyait sans pitié
La chaîne partit, le 20 juillet, au ses vêtements tomber en lambeaux, ne
milieu d'une immense affiuence de lui fournissait du linge' blanc que tous
curieux, attirés surtout par le'désir de les trois mois, et le laissait quelquefois
voir le protestant que son inébranlable vingt-quatre heures Sans nourriture.
constance avait rendu célèbre. Les Son corps s'exténua, sa vue s'affaiblit,
deux jeunes fils de Marolles se jetèrent sa tête s'exalta, le malheureux fut, pen-
à son cou en fondant en larmes; les dant plusieurs mois, en proie à des hal-
adieux furent déchirants. En arrivant lucinations horribles. Un jour, tombant
à Marseille, le glorieux confesseur, qui d'inanition, il se heurta la tête contre
avait été, pendant toute la route, en le mur et se fit de graves blessures.
proie à une fièvre violente, tomba ma- Dieu eut à la fin pitié de tant de misè-
lade et fut envoyé à l'hôpital; mais dès res; il rappela à lui son fidèle servi-
qu'il fut rétabli, il dut monter sur une teur, le 17 juin 1692. Le corps du glo-
galère où il resta enchaîné jour et nuit; rieux martyr fut'jelé dans une fosse
on ne le força pourtant pas à ramer, creusée par des Turcs dans leur cime-
à cause de sa faiblesse et de ses infir- tière.
mités. L'évêqne de Marseille voulut, à Louis de Marolles avait un frère aîné,
son tour, essayer de le convertir, et. nommé Rémi, qui heureusement était
son échec attira au malheureux Un re- mort avant la révocation. S'il eût vécu,
doublement de rigueurs; au moins sa lesservices qu'il avait rendus à là cause
visite coïncida-t-elle avec de nouvelles royale pendant la Fronde, ne l'auraient
persécutions que Marolles eut à sup- pas garanti contre les persécutions.En
porter. Son unique joie étailla présence 1652, il avait combattu contre Coudé
i'Isaac Le Flvre (Voy. ce nom), son parmi lès plus vaillants défenseurs de
unique consolation, la pensée que sa Sainte-Menehould, et la ville ayant ca-
famille était rentrée dans le giron de pitulé, il s'était retiré à Châlons, pour
l'Eglise pour laquelle il buvait goutte resterfidèle au roi. Lorsque Louis XIV
àgouttelècaliced'amertume, et qu'elle assiégea Sainte-Menehould, on le fit
avait trouvé en Hollande un refuge venir pour qu'il indiquât les endroits
contre les bourreaux qui le tuaient. faibles de la place. Un coup de canon
Deux fois Marolles fut sur le point lui ayant fracassé la cuisse, il fallut lui
d'être embarqué pour les îles d'Amé- faire l'amputation, mais les chirurgiens
rique, comme galérien invalide. Quel s'y prirent si maladroitement qu'il mou-
motif eut-ou de le garder? Ce ne fut rut des suites de l'opération.
certainement pas par humanité, car, le Nous ne savons à quelle brandie de
4 2fév. 1687, il fut tiré de sa galère celte famille appartenait Bernard de
pour être plongé dans un cachot noir Marolles, auteur de Lettres critiques
et infect de la citadelle de Marseille. sur la difficulté qui se trouve entre
Malgré l'extrême surveillance que l'on Moyse et Saint-Etienne dans le nom-
exerçait sur toutes ses actions, il trouva bre des descendans de Jacob, dont,
MAR — 263 — MAR
selon Barbier, Jean Masson a donné tectes sont d'un tout autre mérite que
une nouv. édit. à Utrecht.1705, in-8°. ce qui est exécuté par d'autres gra-
MAJIOT. Famille d'artistes qui veurs dans ce même genre. Il n'en
florissait à Paris dans le xvn" siècle. faut point d'autres preuves que ce
Elle avait pour chef Girard Marot, qui a été gravé par Marot. Si l'on
menuisier, qui eut de sa première fem- y trouve une grande propreté dans
me, Êslher Aldran [ou Hardran] : 1 ° l'exécution de la gravure, une éga-
JEAN, à qui nous consacrons une no- lité de tailles qui produit une cou-
tice;— 2° SALOMON,-peintre, né le 13 leur dés plus douces et des plus harmo-
mai 4614, et enterré au cimetière des nieuses, l'on y rencontre en même
SS.-Pères, le 17 fév. 4647;—3"MA- temps une fidélité et une correction
RIE, baptisée le 10 sept. 4 617, qui fut dans les contours qu'il luy auroit été
mariée à Julien Le Breton, fourbis- difficile de donner, s'il n'eût été luy-
seur, et devint mère do Hercule Le même excellent architecte, ainsy qu'on
Breton, graveur du roi; —4° JACQUES, en peut juger par les édifices qui ont
baptisé le 14 mars 4 724 : parrain, Jac- été exécutés sur ses dessins. 11 en a
ques Àubert, peintre ; marraine, la gravé quelques-uns; le reste de ce
femme de Jean Baudouin, menuisier qu'il a gravé est une preuve de lajus-
du roi;
— 5° une fille, non dénommée, tesse de son goût. C'est un recueil
baptisée le 26 uov. 4 623 : parrain, Du assez suivy et fort détaillé de tout ce
Cerceau; marraine, Marie Du Ry, qui s'est fait de considérable de sou
fille de Charles Du Ry, maître ma- temps en architecture, et comme il vi-
çon; — 6" un fils, non dénommé voit dans un siècle où celte science,
[peut-être JEAN, cité plus haut], après s'être rétablie en France, y éloit
baptisé le 13 juillet 1625. cultivée avec un grand succès, ce re-
— La se-
conde femme de Girard Marot, Mathu- cueil devient tout à fait intéressant. »
rine de Villiers (1) [ou de Vallière] Blondel, qui reconnaît les grands ser-
lui donna encore un fils :
— 7" Jean- vices que Marot a rendus, reproduit un
Baptiste, baptisé le 2 déc. 1632, qui certain nombre de ses planches dans
épousa, en août 1658, Thérèse Fres^ son Architecture française. Mariette
neau, fille de Jean Fresneaxi, bro- donne le catalogue de ses OEuvres qu'il
deur, et en eut plusieurs enfants morts répartit en 3 tomes, contenant 283
en bas âge (2). feuilles, dont quelques-unes seule-
Jean Marot, architecte et graveur du ment ne sont pas de lui. On y trouve,
roi, naquit à Paris [peut-être en i 625] entre autres : Tome I, les Vues, plans
et fut enterré le 47 déc. 4679. On ne et élévations des principales églises de
sait rien de sa vie ; comme la plupart Paris ; le Temple de Charenton, con-
de nos artistes et encore sont-ce struit sur les dessins de Salomon de

les mieux partagés,
— il n'est connu Brosse; des Tombeaux, entre autres
que par ses oeuvres. Mariette, dans ses celui de François 1", de Henri II, de
notes manuscrites (Cabiïyst des es- Casimir de Pologne; le Louvre, avec
tampes, Bibl. nation.) fait de lui cet un très-beau Projet de notre artiste
éloge : Les morceaux d'architecture,
« pour la principale façade ; les Tuile-
dit-il, qui sont gravés par des archi- ries; l'Hôtel royal desinvalides, gravé
(1) Peut-être delà même famille que l'ar- par Daniel Marot sous la direction de
chitecte Jean de Villiers. son père ; le château de Madrid; le châ-
(2) Jean Marol, de Villefagnan, en Poitou, teau de Vincennes. — Tome 11, les
oui fut cnlerré le 12 juillet 1681, a l'âge (le Vues, plans et élévations des palais,
Xi ans, appartenait sans doute a une autre
famille, ainsi que le peintre François Marot, hôtels et maisons les plus considérables
qu'on dit de la famille du poi'te, et. dont de Paris, et des châteaux bâtis dans les
nous ignorons la religion. On voit un de ses provinces par les plus célèbres archi-
tableaux, le Martyre de St. Laurent, dans
«ne église de Rotterdam. tectes. — Tome III, St. Pierre à Ro-
MAR m MAR

me; des Arcs de triomphe, de son in- de magnificence par les meilleurs
vention; les Hôtels des comtes Oxens- architectes du royaume, desseignez,
tiern et Gabriel de La Gardie, à mesurés et gravez par, Jean Marot,
Stockholm; la Vue de l'arc de triomphe archit. parisien, in-4°; Paris, 1764,
érigé à l'occasion du couronnement de gr. in-4°, 220 planches. Quelques-uns
Christine de Suède, sur les dessins de des dessins se trouvent dans l'un et
La Vallée, archit. de S. M. suédoise; dans l'autre recueil, mais sur des échel-
-la Vue d'un palais à construire à Man- les différentes. Mariette, ayant acquis
heim pour le prince palatin, de l'inven- la propriété des planches de Marot,
tion de Jean Marot; la Beprésentalion en fit faire un nouveau tirage qu'il
du feu dejoie dressé devant l'hôlel-de- publia sous ce titre : UArchitecture
ville pour la naissance de Louis XIV, françoise, ou Recueil des plans, élé-
en 1649; l'Illumination du portail et vations, coupes et profils des églises,
'des galeries du Louvre par les artistes palais, hôtels et maisons particu-
que le roi y loge, pour célébrer la lières de Paris, etc. 4727, in-fol.
naissance du duc de Bourgogne, en Florent Lecomte, dans son Cabinet des
4682, gravé conjointement par Jean singularités, etc., attribue à Jean Ma -
Marot et par Daniel Marot, son fils (1) ; rot les livres suivants ; nous rétablis^
l'Arrivée du dièuEsculape en Italie sous sons les titres exacts de'quelques-uns
la figure d'un serpent, invent, et grav. que nous avons tenus : 1 ° Le livre
par Daniel Marot; le Plan de la bataille de la manière de bien bâtir, par
d'Ensheim,,gagnée sur les Impériaux le sieur Le Muet, gravé par Jean
en 1674, gravé par le même; suite de Marot, in-fol. ; — 2° Le livre d'ar-
Dessins de palais, temples et basili- chitecture de Vignolle, in-12; —
ques, inventés et gravés par Jean Marot. .3° Le livre d'architecture d'André
Ces diverses gravures parurent d'a- Palladio, trad. par Le Muet, in-4" ;
:
bord enun certain nombrede livresd'ar- — 4° un-livre de Dessins de palais,
chitecture qui furent plus tard réunis arcs de triomphe , maisons , etc.,
en deux volumes que l'on désigne sous in-fol.; — 5° Le livre d'architecture
les noms du Grand et du Petit Marot, de Scamozzi, in-4°; — 6° un livre
l'un in-fol. et l'autre in-4". C'est à tort concernant l'Hôtel des Invalides ,
que l'on.attribue, ces deux recueils au in-fol. ; — 7°Le magnifique chasteau
burin du père et du fils; nous n'avons de Richelieu, en général et en parti-
remarquéla signature de Daniel sur au- culier, etc., gravé et réduit au petit-
cune des 193 planches du Grand Ma- pied par Jean Marot, archit. et gra-
rot et son nom ne se présente qu'une veur de S. M., 21 pi. gr. in-4" obi.;
fois dans le Petit Marot. Les figures .et
les paysages, seuls en sont dus au bu- — 8e environ 4 45 Vues, de moyenne
grandeur, des plus belles maisons,
rin d'autres artistes ; mais c'est là le palais, églises et lieux de plaisance
moindre de leurs mérites. Le Grand de France, avec le plan de quelques-
Marot ne porte pas de titre, on trouve unes (probablement le Petit Marot) ;
en tête une table où les planches sont — 9° environ 30 Pièces, de grandeur
attribuées, à tort, « aux sieurs Ma- considérable, gravées pour le roi de
rot, père et fils. » Quant au Petit Ma- Suède, telles que vues de palais, mai-
rot, on lit au frontispice -.Recueil des sons de plaisance, etc.;— 4 0" Recueil
plans, profils et élévations de plu- des plus beaux édifices et frontispices
sieurs palais, chastcaux, églises, sé- des églises de Paris, dédié par le li-
pultures, groies et hostels', pâtis dans braire àHenry de Harlay, gr. in-4° obi.;
Paris et aux environs avec beaucoup
— 14° un livre à'Arcs de triomphe,
de.l'invention de Marot; 4 2" suite
(1) Cette indication de Mariette est fausse. —
de Dessins d'autels etd'épitaphes, au
Jean Marot était mort, comme nous l'avons
dit d'après les Reg. de Charenton, en 1679. nombre de douze, de l'invention d'il.
MAR — 265" MAR
Pierreti;— 13° Recueil!'dpplusieurs: DaniellIâro.t<,.1) marchasu^les traces-
portfsdèsprincipaux.hostelsetmai- de son père. Il travailla sous sa direction.
sonsJ de Paris>,, ensemble le retable, et profila de son,expérience; mais- il
des plus, considérables- autels dès' resta au-dessous de lui. On,ne reconnaît';
églises; in-4" ; — 14° Douze Dessins pas.dans ses planches,cel[<h,propr.ptét.
déportesà placard;.; Dessins depor^ celle netteté, cette égalité de tailles^,
ies'dè ch'ambre, parmi lesquelles il~y.~ que-Mariette admirait,ilans les: oeuvres;:
eivaune-dù château d'.Heidelbèrg;. de.Jèan Marot; A la. révocation d.ej'édit.
—4.5°une suite de Dessins déportes, de-Nantes, il seréfugia-en Hollande,.
cheminées'et fontaines, en 4 2 plan- Guillaume d'Orange le. nomma son,
ches ; — 16*" Diverses inventions nonr- architecte. Selon M. "Weiss, il, aurait,
velles;pour'descheminées avec leurs suivi .ce prince en Angleterre, en,1688,.
ornements,, in-4*;-— 17°'Nouveaux et ne.serail retourné en.Hollande qu'a-
dèssins'd'alcôves; in-4°v—18*'un livre près sa mort, en 1702-. Il fut-chargè.-de
de Dessins' de: plafonds ;— 19' un diriger.les travaux.du château de.Loo,,
livre de Dessinsxle lambris;-— 20° un, et ceux. de. la.-Grand"salle, des Etafs'
livrede Tombeaux.et mausolées, in-4°; dé Hollande,, qui, fut construite, à La
24 "Trois livres.de Serrurerie.—L'a Haye, sur-ses dessins. Toute la déco.7

plupart de ces gravures ontlrouvé pla- ration du.lem.ps de Louis, XIV fut im-
ce dans le Grand ou dansle Petit Marot. portée en Hollande par, notre artiste.
Marot revit'en outre et publia le Livre Au jugement de M, Dussjeux,.Marot
nouveaudei'arl d'architecture, etc.,.de «avaitbeaucoup de génie.inventif, des-
l'archit. etiugén. du roi de Lavergne, sinait el.gravait également bien. ». Il
pet. in-fol. Au rapport de Na;gler,.les vivait.encore en.171,2, époque où.il
deux Marot travaillèrent-avec F. Chaur publia son OEuvre. Son portrait a été
veau, J. Le Pautre et.N. Cochin aux 22 gravé par J.Gole, in-fol,Outre les piè-
feuilles qui représentent l'entréesolen- ces que nous, avons, déjà, mentionnées
nelle de Louis-XIV à.Paris,. en 1,660,. plus haut on cilede Daniel Marot : 1e
Le. même biographe attribue à notre la- Seize emblèmes pour le mausolée dé
Boriëux artiste une Sainte Famille dans Marie-Thérèse, reine de France.,
un encadrement d'architecture in 4" et 1683,. d'après. A. Benoit;. — 2 La
le Pii>pos pendant la fuite, en Egypte,, grande fête que la princesse d'Or
petit in-4?, petit in-folio d'api es Hu- range donna, en. 168.6, en l'honneur
ber; mais nous soupçonnons, une mé- de l'anniversaire delà uaissance.de
prise; Jean Marot, à notre connaissan- son.époux, 2 pi.; — 3" La grande
ce, n'a. jamais traité, de sujels, histo- foire d'Amsterdam, avec les bour-
riques. geois soibs les armes, 2 pi. ; — 4° La
Jean Marot avait épousé. Charlotte grande foire de La Haye, les bour-
Galbrand- [ou Garbran}-, qui lui geois sous les. armes:saluant.leprince
donna plusieurs enfants: 1° DANIEL, et la princesse d'Orange, 2 pi.; — 5;
dont nous allons parler; '— 2" EJIMA- La Grand'salle des Etats, de Hollan-
KDEL;,— 3" ISAAC,.baptisé le.25 mars de où tant reçus les. ambassadeurs
1672; ces trois fils lui survécurent; à La Haye; — 0° Vue et perspective
— '>" JEAS, baptisé le 8 août 4 660 et du château de Yoorst, appartenant
enterré le 25 juin 4 677; — 5" MAUT comte d'Albèmnrle; — 7" Conquê-
au
GDEBITE, bapt. le 11 fév. 4 671: par- tes et victoires des Hauts. Alliés sur
rain, Jacques Rousseau, peinire ord. la France et l'Espagne, 17.02; —
du roi; enterrée le 41 mai 1676'; —r 8° les. villes, de Besançon et de.
6°' GnAitLOTTE-SusANNE, mariée., en
août 1683, avec Jacques de Bourg, (1) Fous ignorons laalate.de sn naissance.
M. Dnssirux le ilii né à Paris vers 46b0,frères
m»\t
fils db Martin de' Bourg et. de Su- les dates connues, de. Ia,nai?sance de ses
smne Forestier. et soeurs semblent le contredire.
17.
T. VU.
MAR
MAR — 266 —
Maestricht, dans un encadrement, 2 rot, "dans l'église de Wickel, en Frise
ff. ; —•' 9° Nouveau livre de des- (gravé en 1705);—le projet du tombeau
sins de portes et de cheminées, 22 du comte de Portland « qui se doit éri-
ff. in-fo.l.; — 10° Tombeau de Guil- ger à B-Oon, proche Rotlerdam. »
laume III;—H' Deux livres de Pay- AI A ttOT (CLÉMENT), le prince des
'sages;—JV Deux livres àePeintures poètes français du xvr siècle, naquit
de salles et d'escaliers ; — 13° Deux à Cahots, dans le, Quercy, vers 1495.
livres A'Appartements; — 14" OEu- Son père, Jean Marot, «poète de la
vres du sieur Daniel Marot, archi- magnifique reine Anne de Bretagne, »
tecte de Guillaume III, roy de la puis valet de chambre de François I",
Grande-Bretagne, contenant plu- était natif des environs de Caen.Au
sieurs pensées utilles aux architec- dire de M. Auger, le nom de la famille
tes peintres, sculpteurs, orfèvres, aurait été Desmarets. Après des éludes
,
jardiniers et antres, etc., Amsterd , assez négligées, le jeune.Clément fut
1712, in-fol., ,240 ff. —On trouve, à placé chez un homme de loi, pour y
peuprès, réuni dans ce recueil tout ce apprendre la pratique. Son père le des-
que Marot a fait et gravé en Hollande. tinait au palais; mais il avait négligé
« L'ornementation de Daniel Marot, dit de consulter son inclination quilepor-
M. Dussieux (Les Artistes français à lail justement du côté opposé.
l'étranger, Par., 1856. in-8 ) est d'un S'ir le printemps de sn jeunesse folle,
style très-agréable, d'une variété et Il ressemblait l'arnmlelle qui voie,
d'une élégance extrêmes, et s'applique Pui* ça, puis là : I'aaiïe le romluisnit
à tout. Les planches de l'OEuvre de Sans peu>, ne Soin, où le coeur le duisoit.
Marot nous montrent des décorations Avec de lelles dispositions, il ne
d'intérieur, des plafonds, des cliemi- devait pas faire un long chemin dans la
ries, des dessus de portes, des ara- carrière. Aussi délaissa-t-il prompte^
besques;-— des dessins d'ornements ment la compagnie de Barlhnle pour
pour faire en broderie et en. petit s'enrôler dans la bande joyeuse «des
point, pour tapisseries de meubles et Enfants sans soucy.» Il écrivait plus
dessus de tables;—des modèles de de couplets que île grosses, et «maistre
grilles, portes, clefs, balcons, rampes; Jean Griffon» ne devait pas y trouver
—des berceaux, treillages el 'parterres, son compte. Le père ne larda pas à re-
dont plusieurs ont été exi'culés aux connaître son erreur, et retirant son
jardins de Voorst. en Hollande; — fils d'entre les mains de la Chicane, il
des groupes pour pièces, d'eau, exécu- le plaça en qualité de, page auprès de
tés aussi à Voorst (gravés'en 1701); NicolasdeNeufville, seigneurde Ville-
—- des vases pour la maison royale de roy. Ce fut «par le commandement»
Loo; —un recueil d'ornements pour de ce seigneur que Marot composa
l'utilité des sculpteurs et orfèvres, son ingénieuse description du Temple
donnant des modèles demiroirs.cadrés, de Cupido ou la Quesle de Ferme-
bordures,corniches et des dessinsd'or- Amour.
févrerie de toute espèce; le carrosse Terme-Amour, la dame pure et munde
— .Oui
. .
de Guillaume III qui est très-beau (pi. long-temps a ne fut veutë en ce inonde.
415); —des modèles de chaises à Tout jeune qu'il était, il marchaildé-
porteur; —des tableaux de portes et jà de pair avec son père comme poète.
de cheminées ; — des portes cochères Parmi les poésies qu'il écrivit à celte
d'églises, des arcs de triomphe; des époque, et qui ne seraient pas<in-

modèles de housses en broderie et ga- dignes de son âge mûr, nous citerons
lons; :— des lambris, panneaux, che- le Dialogue de deux Lors-
minées; — des boîtes de pendules et qu'il fut sorti de amoureux.
page, son père le pro-
de montres ; le tombeau de l'illus- duisitàlàCour.LaCour,commeilledit,

tre Cohorn, élevé sur le dessin de Ma- fut sa maistresse d'escole.Elleluiensei-
MAR
gnale langage delà bonne société etles
267 - MAR
Cependant il était français,. et dès
moeurs de la mauvaise. François I", à qu'il avait le harnais sur"ledos, il fai-
qui il présenta ses premiers essais, sait son devoir tout comme un autre.
l'ayant pris en affection, le recom- II le montra bien à la malheureuse ba-
manda à sa soeur, la duchesse d'Alen- taille de Pavie, où il eut cet avantage
çon (1518). Les désirs du roi étaient sur son maîlre, le duc d'Alençon, qu'il
désordres pour Marguerite; elle ac- y fut blessé et fait prisonnier.
cueillit gracieusement le jeune «des-
L'a (utperré tout ouire rudement
pourveu. » Mais il se passa quelque Le bras de cil qui t'aime loyaumc-nt,
temps avant qu'il pût être couché sur
l'état de sa maison. Le poète en prit écrivait-il à la dame de ses pensées,
occasion,pour lui rappeler sa pro- Finalement avec le Kov mon maistre
De-la les monts prisonnier se vit estre
messe : Mon triste corps, navré en grand'souf-
Princesse au cueur noble et rassis, [l'ranre.
La fortune, que j'ai suivie, Quant est du cueur, long-temps y a qu'en
Par force m'a souvent assis [France
Au froid giron fie triste vie, Ton prisonnier il est sans mesprison.
De m'y seo r encor me convie, Or est le corps sorti hors de prison ;
Maisje uspons femme lasrlié) Mais quant au cueur, puisque tu es ta garde
D'estrcas.'is je n'ai plus d'envie : De sa prison, de sortir il n'a garde.
Il n'est que d'eslre bien courbé.
Ce fut sa dernière campagne. Qui
On voit par celte ballade, et nous
paya sa rançon? 11 ne nous l'apprend
pourrions multiplier les exemples, que
pas. Quant à la dame qui tenait sou
la gaieté de notre poète n'est pas tou-
coeur prisonnier, on a prétendu que ce
jours franche; elle a souvent une teinte n'était rien moins que la célèbre Diane
de mélancolie. Lorsqu'il rit, il semble de'Poitiers. Mais est-il vraisemblable
que c'est pour s'étourdir, que le valet de chambre de Marguerite
El qu'ejt pleurant tnsclic a nous faire rire. ait osé aller sur les brisées du roi? Il
Il y a dans Marot un fond de sensi- faudrait plus qu'une similitude de nom
bilité que l'on n'a pas assez remarqué ; pour nous le faire admettre. 11 n'y avait
on n'a vu en lui que « l'en fa ni sans pas que la maîtresse, du roi qui portât
souci.» On s'est attaché à quelques le nom de Diane, il n'y avait pas qu'elle
pièces badines, pour ne pas dire plus, qui pûl Cire désignée par un poêle
— petits péchés de jeunesse comme sous l'emblème mythologique de la
tout poêle en a peut-être à se repro- lune. Et notez que. le nom de Lnnaque
cher - pour diffamer ses moeurs et lui lui applique Mat olse rencontre dans une
faire une réputation de légèreté que, pièce l'aile pour être mise sous les yeux
selon nous, il ne mérite pas. En 1520, du roi, pièce dans laquelle il se plaint
il suivit la cour au camp du Drap- de l'inlidélilé et des persécutions de
d'Or; puis l'année suivante, il accom- cette dame. On agirait à peine ainsi
pagna le duc (l'Alençnn, lorsque ce avec un mari débonnaire. Quoi qu'il en
prince alla prendre le commandement soit de celle conjecture qui ne nous
.
de l'avant-garde de l'armée du Nord, semble pas heureuse, Marot servit sa
destinée à repousser l'invasion du maîtresse avec une grande assiduité ,
comte de Nassau, lieutenant de l'em- lui envoyant rondeau sur rondeau, ma-
pereur. Dans une épîlre à la duchesse drigal sur madrigal, jusqu'à ce qu'à la
d'Alençon, Marot fait la description du fin il s'aperçut que la coquette voulait
camp "d'Attigny. Dans une seconde simplement l'attacher à son char pour
lellré, en prose, écrite du Hainaut, il orner son triomphe. 11 se révolta à cette
lui donne de nouveaux détails et lui fait pensée, et se permit quelques traits
une peinture déplorable des misères de mordants qui blessèrent sensiblement
là guerre. On sent que le poète n'était la grande dame. Elle résolut de s'en
pas né pour l'affreux métier des armes. venger, et ne trouva rien de mieux
MAR M8 — MAR

que de dénoncer l'infidèle.comme hé- pour e-ous convaincrerd'.hérésieetvons


fétique. La;té>en'le ^pûur/gâgnèr les ^fairéperidre/Pour combleide'dis,grâcp,
'boftnés'g'râces du 'pape ,'venait d'àc- ' François 1" était prisonnier.'.et sa soeur,
:côfder l'établissement dél'inquisition, la duchesseld'Alençon, élai[ partie pour
et la^Soj'bônne 's'était de suite misé' à s'employer auprès de Char.lés-,Quint,à'
!l'ceUvr.e:En'vain Marot prolesta de Son sa délivrance. Privé de ses-protecteurs
'innocence: naturels^ Marot eut recours, à, son arqi,
le pbèle'.Lyo» Jamèt (Voy. ce nnm).-A
....Point ne suis Lulhériste,.
Ne Zuin'glien.'et m'oins Anabaptiste, ce. prppos, il lui conta la fable.du.lion
.lesnis de liieu par sou lits Jésus-Christ. et du rat avec une, grâce qu'eût enviée
Je suis celuy.qui ai fa il maint escrii .La Fontaine,'Jamel eu fut, touché, il
Dont ùriséul versbn n'en sçaù'roil extraire
Qui à la Loy divine sTil^oiiirane. trouva que son ami, le poète,.de cour,
' 3e suis celtiy,, qui pi eus- plaisir H- peine lui faisait la partie be'.le et 'il aceeplale
A louer Christ,-et sa mère tatit pleine rôle du lion. On ne nous apprendras
De grâce infuse : éi pour bien l'esprouver,
On le pourra par mes (-scriis trouver.
quels ressorts il Allouer,.le-.loùt< est
Bief oeluy suis qui croit, honore et priser qu'il réussit.,Si nous osions:hasarder
Lasaincte, vraye^t calh'Olfiqtie' Eglise. une supposition, nousdiribnsque l'é-
Qu'avait-i-n donc à lui. reprocher? vêque deCliarlres,. Louis Gtiillard, fut
Il n'en fut pas moins enfermé au-Châ- de moitié dans lé complot.-Ompourrait
telet, dieu plus mal sentant.que 'souf- le croire'sans lui ;faire injure.' Onsait
fre. » Le docteur'Bouchar, pourlors que son neveu, Charles iGuiïlaiid, à
inquisiteur delà foi, .i<élait-de ces. dé- qui il résigna son siége,,-«idoptà'ouvor-
vots, dill'abbé Lenglet-Dufresnoy.qui letnent lesdoctrineside.la'BéfDrme.Ce
-

ne se laissent, pointmanier aisément; fut probablement pour tirerdeprévenu


^ il suffisait; que-Marot fût accusé-devant
-,
d'entrelesimains de llinquisileûr,qu'on
".lui,, pour qu'il! le jugeât coupable;-» imagina de le chargerdes'plusigrosses
•Cefut à l'occasion de celle arrestation énormités dans,le mandai d'arrêt qui-fut
que Marot écrivit celte-ballade si con- lancé conlfelui, sous la daledu .13mars
-,
nue «contre Isabeau :-» 1525 [1526].; Visisper nos, disaitl'e-

'iUii'jour j'esiirivis à; m'Àmye vêque,. informationibns et. chargiis


Son inconstance seulement, aùlhoritate nostrâ dd, instantiam
.

' iilais'elle ne fut endormie promotoris curioe nosiroe'./"actis.deet


i:A.'me lèrendre chaudement :
Car dès l'heure tint parlement Sftper nonnullis excessïbus, dielictis
A je ne sçay. quel papelard. et criminibus etiàm hoerésiss per Cle-
Et lui a dict tout bellement : Ihèntem. Marot commissis et perpe-
" Prenez-le',.il a mangé lé lard (1). ' tràtis, additâ etiam rpquesïâ et con-

;'Là position de notre'poète né lais— clûsionibus dictî promïïloris,. di'ci-


; sait pas que d'être critique. Une fois 1 ' mus et ordinamus. prèdïctumlCle-
'entre "les mains dé la justice, on avait mehtemMarotfore-et esse.car'ceribus
beau être innocent, ort n'était plus sûr noslris mançipandum, ut, per nos
de' son lendemain. Tout inquisiteur contra eum procèdatnr jnxta ètse-
était ùn'Richelieu en herbe il lui suf- .
cnndùm casuum exigentiam, prout
' fisait de deux lignes' de" votre écriture ; jnris erit et rationis. L'évoque ,sem-

yiUairger' le "lard, expression'proverbiale ' ble ignorer que Marot se trouvait déjà
' (1
employée par nos écrivains du xvi«siècle'pour sous la main dé-la justice .'11- fit parve-
dire être le coupable. « On le pressa si fort nir son mandat d'arrêté dans les, dio-
ifar'plusieurs sortes d'interrogations, lit-on
'
cèses de Paris, dé Tours et dé Blois,
t dans l'Apologie pour Hérodote, qu'on lui'fit
.confesser qui avoit mangé Ie>lard, etc.» Quel- avec injonction d'arrêter le coupable
que Rodilard convaincu de larcin aura cnri- '• de crainte qu'au grand; péril de son
"•'chi'là langue de celte métaphore. C'est sans âme, il ne décampât sans recevoir le
' .doute cette expression-mal comprise'qui a< l'ait
dire qucMa rot a.vait été emprisonnépour avoir châtiment dû à ses crimes : et qùiddn-
-
mangé dit lard en carême. bitamus ne preedictus. Marot- se ab-
ÎMAR — 0269-= MM
ssc&tet Onetcorreciime ttipuiidtîQne aà pïépareisgouéditio.iv.duflom^de.la
uiiianimoesuoejjran:deperievMm-,Miic iRose{?msi Galio^DuPré,} 'à%$i$àfâ;
-esfcquod Mos proemissis attenliswQS 1.53,1,lin^foL).
{im'j.uris subsldium 'requirimussqua- jLe, retour en;rFrance:de;;la princesse
itinusidictumiMarotper<aliq,uem:se.u -.Marguerite apporta, enfin .^a jib.prjé
,
iialiq.uos ex-servientibus veétrés, t;$i ,,à;no,lre poète:aSa. reeonnaissa,nçe^fut
ipsum reperdre polenlisii.capi-.etin- viye,nelleJuij inspira jdes.se^linignts(si
carcerari faciatis et mandelis.. Le - tendresiiqu'pn-a -voulu -y • vôir.-,pl,us
tour était b\ea. imaginé; l'inquisiteur qu'une ficlioni.poétiqqe ( l'ey.,MAR-
-Bouchary fut pris, il abandonna sa GUERITE D'ORLÉANS),Leaglel7i).u-
proie, pensant sans doute que l'évêque .fresnoy a même brodé tout un roman
'de"Ghartres allait.lui faire plus sûre- sur ce canevas,; mais il y.a,trQp,;4'art
-ment sonii'ffuire.'-Mais'il n'en futrieu. dans-.seSi suppositions pour être la
'Transféré à'Charlres,1'Marotreçulpour simple vérité.; Que Marot ait soupiré en
prison Tbôlellerie de l'Aigle, .magnifi- vers pour Marguerite, cela est un;fait
quement située , où il fut visité-et fêlé -que personne ne Gonleste ; -lcsimoeurs
par tout ce qu'ily availdeconsidérable 'du temps.ne s'y opposaient-pas;-mais
dans la ville (I). On comprend combien •quesapassiou amoureuse ait été autre
£'/?#/?• auquel il venait d'échapper, chose;qU'un jeu d'esprit,^une* fiction
dut lui paraître.odieux auprès de son -de poète c'est- ce que-nous, aurions
séjour. l'imprudence de , Ce'qui est plus certain,
nouveau Il eut '•peine à croire;
le dire, elRliadamanlhe, qui a la pré- -'c'est queUliiTgueiile avait le goût assez
tention déjuger en ,toute conscience, -sûrpour distinguerMarol de ses émules
ne le lui pardonna jamais : -en.pûésie; cela faitl'éloge desomes-
Les passe-tems et consolations p'ril- sans compromettre sau-éputuliop.
Quejereçoi par violations -Un chascun qui me fait reqneste
En la prison claire etnelle de Chartres, nD'avoir oeuvres dema façon,
Me font recors .des ténébreuses Chartres,
Du grand i-hagrin. et recueil ordel laid 'écrivait le poète,
Que je Irouvay dedans le Chastclet. Voysetout chercher en la teste
,Si nccroy pas qu'il y ait chose au mondé De Marguerite d'Alençon;
.Qui mieux ressemble un Enfer très-im-
; Je ne lais
sdixain,- ne ehanspn,
'[munde: Chant royal,ballade, n'épistre
.tJet'dy Enfer : et Enfer, puis bien dire : Qu'en sa teste elle n'enregistre
<i6i l'allez voir, encor le.voiriez pire. Fidèlement,--correct-et^seur:
-IJne vengeance-qui- se borne à ré- f Ce.sï-iamon.ipetityregistre,
,;Elle n'aura,plus, nom,ma Seur.
véler la vérité, peut être sanglante,-
:.' C'est-à-dire soeureu Ap.ollon,,commè
"mais elle n'est jamais ni méchante, ni l'était Cette.famiiiarité. du
déloyale.' Marot dévoila dans-son Enfer :'elle en effet.
"
..pnète; qui choquerait aujourd'hui; nps
quelques-unesdes plaies-sur-lesquelles déplaisait à ,-Marguerjle ;
!
jnoeurs,. ne pas
le grand chancelier de L'Hospital-es- n.on^seul.ement-telle ..lawMérailjCm;ais
r saya plus tard de porterie fer. Le reste ; l'.encourageait.
elle
' des loisirs de sa prison, il les employa
Le mariagedecette,excellefiteprjn-
',J1,),Chevard, dans son Histoire de Chartres, ocesse avgc.le roi.de Navarre ne çhan-
,.prelend queMarot/ut enfermé dans la pris.on ,-gea.r-ien à-.la position.de notre:;ppète.
•'•dé Loèus ou loéngs, et non pas de Laigle,
(dît-ili lit tête de la Satire de En saqualitedevalet.de chambre, il
comme,on en
-
l'Enferdilais M. L. Merlet,archiviste a Char- "l'accompagnait dans.ious.ses voyages
-
tres, -nous écrit pour confirmer,ci; que nous à la cour de France et danSfSes.duchés
disons : « Ce n'était pas une prison, nous -, deBerry et d'Alençon où elle faisait
^marque-t-il; mais une hôtellerie, située en à.Pii-
vlace l'iéïêehé actuel,, a -l'endroit où est con- de fréquents.séjours: Se trouvant
struit le Grand Séminaire... La pris.on habi- . ris,-en 1527,-ileut de nouveau maille
tuelle dé révêché était Loëns, qui existe en- , àçarliraveclaJusticev'mais cellëtfois
<;core aujourd'hui i^eti. sert! de magasins a .la
>

nnnutentionimilitaire. > ce futune simple affaire de police çpr-


MAR 370 MAR
— —
reclioDnelle. Lui pauvre petit valet de Le roi la lui promit ; mais soit inimitié
s'était permis'une de (comme il y a lieu de le croire), soit
chambre, il ces
foliés de grand seigneur au xvi' siè- simplement oubli de la part du grand-
cle : il avait arraché un prévenu maître,Annede Montmorency, son nom
d'entre les mains des exempts qui le fui omis sur la liste, de l'Etat de la
conduisaient en prison. Le souvenir maison-du roi pour 1529. Marot s'en
toujours présent des torlures du Chà- plaignit dans une lettre touchante :
telet lui avait peut-être inspiré ce bon L'estat est rail, 'es personnes rengées :
mouvement. Mais la Justice ne se paie Le parc est clos et les brebis logées,
de compassion. Toutes, fors moi le moindre du tronppeau,
pas Qui n'a toison, ne laine sur la peau.
Trois grans pendars vindrcnt à Teslourdie Après s'être attribué la meilleure
En ce palais lui dire en désarroy, la curée, il était naturel que le
Nous vous faisons prisonnier par le Roy. part de
Incontinent qui fut bien estonné, grand-maître distribuât le reste avee
Cé.fut Marot, plus que s'il eust tonné. parcimonie. Mais notre poète ne setin
Depuis quinze grands jours il lan- pas pour baltu.
guissait sous les verroux, déjà son Plaise au Roy nostre Sire
«beau procureur» avait accepté de De commander et dire
lui. sans que cela tirai à conséquence, Qu'un bel acquit on baille
A Marot qui n'a maille :
bécasse, perdrix, levraut, et en eût ac- le quel acquit dira....
cepté encore davantage, si on le lui Trésorier, on entend
eût donné, lorsque, se voyant leurré Que vous payez content
du côté de ce magistrat insatiable, Ma- Maroi, n'y failli-z pas,
Dès le jour du trespas
rot songea à recourir an roi. A ce pro- De Jean Marot son père.
pos il lui adressa une de ces charmantes Ain^i, Sire, j'espère
épilres'qn'on a de lui et qui ont le plus Qu'au moyen d'un acquil
Cil qui povre naquit,
contribué à le faire vivre. Il termine sa Riche se trouvera
requête par ce trait qui seul eût valu Tant qu'argent durera.
qu'on lui accordât sa demande: François, qui avait le coeur bon, lui
Et m'excusez, si pour le mien afaire fit délivrer un mandat sur le trésor.
Je ne suis poiul vers vous tille parler; Mais le trésorier, administrateur intè-
Je n'ay pas eu le loisir d'y aler. n'entendait pas se dessaisir ûeson
gre,
Le roi dûment informé que la cause argent, et le pauvre Marot eut encore
de son emprisonnement n'était autre bien des rebuffades à essuyer avant de
que « la recousse de certains prison- parvenir à se faire payer. L'année sui-
niers», éctivit à la Cour des aides vante, même infortune. En vain notre
(1"nov. 1521) pour lui enjoindie de poète s'élait-t-il adressé au révéren-
mettre, «toutesexcusalions cessantes,» dissime cardinal de Lorraine pour le
Marot hors des prisons. Ces deux expé- prier d'inlercéder pour lui auprès du
riences lui profitèrent ; nous verrons grand-maître. Afin de trouver un plus
qu'il ne s'y laissa plus prendre, il pré- sûr accès dans les bonnes grâces de
féra les souffrances de l'exil. Eminence, il lui avait même fait
son
A la mort de son père (1), Marot hommage du premier livre translatéde
sollicita la survivance de sa charge. la Métamorphose. d'Ovide.W n'y avait
(1) Il y a quelque incertitude sur la date plus à en douter, l'oubli était volon-
de cette mort. Lcnglr-t-Dufresiioy lui-même la taire. Cependant Marot n'avait jamais
,
place d'abord en 1548, dans 1rs premiers vo- méditdeSa Seigneurie qui, à cetleépo-
lumes de son édition des QÉuvres de Clément
Marot, puis en 1523, dans sa notice sur Jean que, était encore en très-bons termes
Marot insérée dans le V« volume. Celle der- avec la reine de Navarre. Peut.-êlre
nière date lui est fournie par les Etals de la était-ce une nouvelle vengeance dé Lu-
maison de François I", déposés à la Chambre nn? Quoi qu'il en soit, notre poète
des Comptes. Néanmoins la date de 1528 nous
semble la plus probable. adressa à Montmorency un petit re-
MAR 271 MAR
cueil de ses oeuvres, pensant sans phes de Marot qui, à la suite de Len-
doute l'adoucir : glet-Dufresnoy, admettent comme une
réalité la passion de notre poêle pour
C'est un amas de choses espanduës,
Qui, quant à moy, esioient si bien perdues, Marguerite, doivent se trouver bien em-
Que mon esprit n'eut onc à les ouvrer barrassés pour expliquer son incon-
Si grand labeur, comme a les recouvrer. stance ou même son infidélité, puisque
Mais comme ardant à faire rostre vueil,
J'ay tant cerché, qu'en ay fait un recueil. sa passion devait être partagée; d'or-
dinaire, on n'aspire pas à s'éloigner de
Quant au roi, il le gratifia de nou- la femme que l'on aime, et d'un autre
veau d'un acquit sur le trésor. Très- côté, la femme qui aime fail à son
,
souvent Marot avaitrecours à la libéra- amant, lorsqu'elle en a le pouvoir, une
lité du prince. Tout le monde connaît position assez belle pour qu'il n'aspire
son chef-d'oeuvre, son épîlre au roi pas à en changer. L'amant heureux
« pour avoir
esté desrobé.» Sans doute d'une reine n'a pas coutume de déplo-
on souffre de voir ainsi les Lettres rer sa fortune.Nous sommes dpncpor-
s'humilier et tendre la main; mais lé à croire que le pauvre Marot,en bon
quand le poêle implore la bienfaisance et honnête père defamil le. n'élail amou-
avec cette grâce inimitable, il semble reux que de sa femme. C'est moins ro-
que ce n'est plus lui qui reçoit. manesque, mais c'est plus vrai. Noire
Marot suivit la Cour dans la Guien- poète paraissait parvenu au comble de
ne, lorsque François 1", après la paix la Torluneà laquelle il pouvait préten-
deCambray, alla au-devanldes enfants dre, lorsque'loul-à-coup, à la suite de
de France que ramenait d'Espagne la malheureuse affaire des Placards, l'o-
Eléonnre d'Autriche (1530). A celle rage le plus terrible vint fondre sur lui.
occasion, il crut devoir adresser une 11 est très-probable qu'il n'avait point
épilre à la reine. C'était là une des trempé dans celle élourderie déjeunes
sujétions de sa célébrité. A chaque têles folles; mais il s'ôlail fait beau-
naissance, à chaque mort, à chaque coup d'ennemis et dans la magistrature
mariage, il était lenu de se réjouir ou et dans l'Eglise, et il était à craindre
de pleurer, suivant les exigences du qu'ils ne profitassent de l'occasion pour
programme.Le. versificateur s'y prêtait le perdre. Il se trouvait à Blois, lors-
de lionne grâce, s'en trouvant liés
- qu'il apprit que la Justice, assistée, de
honoré; mais le poêle se tenaille plus la Sotbonne, avait fait une descente,
souvent à l'écart Ces pièces de circon- dans ton domicile à Paris.Son premier
stance sont les moindres de ses litres. mouvement fut de se mettre en roule
Aucune n'eût suffi pour le faire vivre pour aller réclamer la protection du
quelques heures après sa mort. A son prince, protection qui ne lui avait ja-
retour, à Paris.il fit paraître son premier mais failli ; mais ses amis furent assez
recueil de poésies sous ce litre bizarre sages pour l'eu dissuader.C est ce que
Adolescence Clémentine, pour indi- Marot raconle dans une Epîlre qu'il
quer que c'étaient lés oeuvres de sa pre- adressa plus tard au roi. « Bien est-il
mière jeunesse; puis, sur la demande vrai, lui dit-il, qu'on trouva chez moi
du roi, il recueillit et publia les Poé- des livres défendus, mais ne dpil-on
sies de Villon (1532) qu'il se per- pas lâcher la bride longue à un poète
mit de reloucher. A celte époque, il qui doit tout connaître, bon et mau-
élail enfin parvenu à se faire coucher vais? » Cédant aux conspils de ses a-
sur le bienheureux état de la maison mis,il se réfugia d'abord dansleBéarn.
du roi, en qualité de valet de chambre Si m'en alloy, évilanl ce danger,
(probablement en 1531). Il dut renon- Non en pays, non a prince estranfer,
cer alors à son emploi auprès de la Ivon point usant de fuiïitif deslotir,
Mais pour servir l'autre Iiny à mon tour.
reine de Navarre. A ce sujet, nous fe- Mon second maistre, el ta soeur son espouse,
rons remarquer que ceux des biogra- A qui je fus des ans a quatre et douze
MAlf 272' —
MkR'

Dé"tâ mâin'nable;'heûrèù'SéMéhT''don1ié. lesVôhffr'âticesiquelà princesse avaiv'(à':
Puis tôsthprèsy Royal'chef cbufotihé;'- endurer.
Sçachantplusit'urs'de vie^troprmeilleurêp
Que je-ne suis, estreJ)ruslez-à. l'iîenre Veu.la'façoii'Cômmèilt'on'là manié,
Si durement,' que m'ainte'nation " -

Dîrày.qù'ëll'é est dé là France.bannie


Em'ést"lonfbée :eh admiration,'- Aillant que moy.
J'abàiidonnày/.sans avoir commis crime,'i
L'ingrate .'France, ingrate,' jngratissime. D'abPrdoh l'obligea:dé' se'séparer de
A'son Poète,-et en là délaissant, [san't...
PÔrt'grahd'i-egrétne.viht mon' cùeuf'blés-
1 son ancienne gouvernante, Màd. dé
-
Tu-mehlvMârnt; gïand'iregretlu sentis''. -
Soubise,,Cette dame,,qui était lettrée,
Quand tû-pensas-à tes enfanspetis. protégeait notre! poète; qu'elle avait-,
- 1

YL'en" a'-t-iî beaucoup', n'on-seulé- connu en'fant'à'la'xour de Louis-X1L.


1

mëht parmi les'poètes; raais'parml lés' Marotda'vitipartir, ainsique, sa noble-


ho'nimês'delètires'en'général, qui eus- fille, Anne'deParthenay},.,amc, un;
sent' p'a'rlè'au roi; avec: celte' liberté, gfànd'serrementde.coeur;ildui sembla-.,
celtè;'n'oble indépendance, et cela du qu'il était' exilé: deux fois:.Xe;duc; der
foïvd dé l'exil; en sollicitant leur rappel?' plus en; plus; ombrageux, finit: même;-
-

Q u'é'1'bïï'cbm'p'are avec 'les lâ'ches adu-


1
parexpulser'de sa;cour touslesEran**-
lations,' les plaintes' sans' dignilé'd'e çais; au;serv.ice!dè';là:;duchesse:. Marot:.
l'exilé de' Tomes 1! Cbmbîenïls sèlrom- se retira à'Venise. Dans cette.- extréi->
pèhl'ceux' qlii n'envoient d'ans Marot' mité, il écrivit à.François'I" pour cher-
qu'un' poète' badin, un homme- sans' cher'à adoucir sonrcessentim'enii.Iillut:
moeurs;,' un Lovelàce à bnnnesfortu-
1
expose'les! motifs; de, sa. fuite,, Sij'aft
.nes'I'Cè' sonVseS' ennemis qui lui;ont' abandonné':mwn-poste;,lui-dil-il-, ce''
fait'cellê'r'éputàli.on. nîesl'pas que^èimeisente coupable-,,
1

Notre' p'oèle prit'do'nc' là' résolution' Mais je sçay.tant dé juges corrompables'


de se rendre'à' Ffefràre; à l'a-" cour'de' Dedins Paris, qui pair pécun'e prinse,*
Rèh'ée de'h'rah'c'e'(\). Il y arriva à pfetT Ou paf amis, ou-parieurentrepiinse,, .
Ou.en faveur et charité pileuse
près'eh' même' lempsqlie Calvin. Màr-- De quelque bellèhumblë snliéileus'e;
guérite' fit' lès frais de s'on voyage-. Il-' Ils sauveion'tla'-vie orde ei immunité.'
offrit'séS' services à la pri'rtcksse; en'luii Duplusmesr.hanl'et criminel du.mondet:
rappelant* que soh' père avait été' le' El au.rebours,.pa.r faule de perune,
1 .
1
Ou.de'support, ou par quelque rancune,*;
poèlè'en'litre-de s'a-mère Ann'e'de Bré-' Aux innncensils soft'tant inhumains1^
tâgn'è", et que- lui-même' avait'.élé; Que conienl suis:netombEr en leurs-mains..
no'iiTri'e'n lamaisod de France1: Mais c'e^n'êlàit'encbre là qu'une'parllé-
Les' oysellets des-champs en leurs langages. dès'dangers qu'il avait à courir: Au--
Vont s;iluant les buy^sous etboscages tant comme eux, co'ntiuue-t-il-, sans-
Par ouiîs vont: causequi soit bonne,
La-bonne; Re'néRTaccueilliUrès.-fa- Me veut-dumal l'ignorante Sorbonne...
vbrablemen't'olle retint « pour-ce. que' Eux el leur couri en absence et en l'ace
lui- plaisoii son escrilure. » Mais- ses- Par plusieurs fois m'ont use dé-menace-
Dont la plus dûuce'esmit eii ciimiuel
bonnes- intentions éiiiieut-le plus sou- M'exécuter: Que pleust a. l'Eternel,,
vent contrariées par le (lue,,son époux,, Pnur le grand bien du peuple désolé,
qjliii depuis qu'il s'était-jeté dans les- Que leur ilésirdé mon sang fut saoulé;
bras-de Charies-Quinl, souffrait;impa- Et tant d'abus,.dont ils seso'nl munis,.
Fussent.a cler descouverts et punis,.
tiemment; la présence de Françnis-à sa- 0:qu.-ilre fo-s et cinq fois bien heureuse.,
cour. Dans-un Cantique adressé à la ta mort, lanl soit cvuelle el rigoureuse;
reine de Navarre, Marot peint toutes Qui feroitseule un milion de vies'-
Sous-leisabus-n'eslre plus asservies.
(11 Ason passageenSavoie,ilava'it'adre'sé Esl-celà' le. cri d'un homme'prêt à1
uneEpitre au-président l'èhsson^i.our solli- faire bon-marcliédé' ses' convictions:? 1
citer quelque cnipl(>i:: « Depuis trois mois en Est'-ce; là le; langage d'un plat valet'?'
ça, lui- disail-il, de France ay pris mon che-
min par deçà. » Oui, Marot a'élé'indignemen't'calbmttié',
MAR — 273 — MAR
même par ses admirateurs. Sa vie est chose) à faire abjuration des nouvelles
entièrement à refaire. En même temps erreurs, qu'il n'avoil peut-être jamais
qu'il s'adressait au roi, il eut recours bien connues ni professées. Tout le
au dauphin Henri pour intercéder au- monde s'empressa de voir cette céré-
près de son père, afin de lui obtenir monie... Il le fil d'assez bonne grâce
un petit sauf-conduit de demy an, ou pourrecevoir les louanges de toute la
de six mois, si demy an luy fasche, ville.» Si l'abbéserespectaitdavantage
Kon pour aller visiter ses chasteaux, dans sa notice, ce ne serait qu'avec la
Mais bien pour voir ses petits Marolteaux. plus grande réserve que nous hasarde-
Il le ferait, contiuue-t-il, rions quelque doule sur un fait aussi
bien -circonstancié:; mais -comme il
Il le ferait, si sçavoit bien comment
Depuis un peu je parle sobrement : semble avoir pris à lâche d'écrire un
Car ces Lombars avec qui je chemine, roman, nous ne lui demanderons pas
M'ont fortapris à faire bonne mine :
A un mol seul de Dieu ne deviser,
ses sources, il n'a dû puiser que dans
A parler peu et a poltroniser, son imagination qui paraît être très-
Dessus un mot une heure je m'arreste, féconde. Marot n'avait proprement au-
S'on parle a moi, je respons de la teste. cune erreur formelle à abjurer; il n'a-
La bonne Marguerite dé Navarre vait jamais fait profession ouverte des
s'employa aussi auprès de son frère doctrines de la Béforme, aucun de ses
pour obtenir le rappel de l'exilé. Elle écrits n'était incriminé, et rien ne
le lui écrivit à Venise. Marot en éprou- prouve que François 1" ait mis cette
va une bien grande joie, il apprit cette humiliante condition à son rappel.
lettre par coeur, il en perdit la tête, il C'est le plus grand de ses ennemis,
la lisait et relisait, il la déclamait, il la c'est Sagon qui imagina cette abjura-
chantait sur tous les tons, remémorant, lion. Je ne sache pas qu'il en soit
répond-il à la princesse. question ailleurs que dans une de ses
Ta royale parole satires conlre Marot (1). Or quelle
Qui me promet de m'effacer du rôle créance peut-on ajouter à un fait ra-
lies enchâssez. massé parmi les ordures d'un pamphlet
Or sont de l'a les plus gros feux passez ;
lUtn n'ay meffait; au Roy douceur abonde;
injurieux? Ce Sagon n'était pas seule-
Tu es sa soeur; ces choses sont assez ment un détestable versificateur, c'é-
Pour rapclcr le plus pervers du monde. tait de plus un méchant homme. Lors-
François I" se laissa facilement dé- qu'il apprit que Marot était dans la
sarmer. Sans perdre un moment, no- peine, il n'eut rien de plus pressé que
tre poète repassa « les grans froides de lui jeter la pierre- Il avait la préten-
montagnes.» Il avait l'esprit trop fran- tion de se croire son rival. LaHueterie,
çais pour se faire à des moeurs estran- un autre des ennemis de notre poète,
ges. Arrivé à Lyon, et n'y trouvant pas eut même l'impudence de solliciter sa
le roi, comme il l'avait espéré, il adres- place, de valet de chambre. Heureuse-
sa une Epîlre au cardinal de Tournou, ment Marot avait des amis. Charles
alors son lieutenant-général dans le
(1) Le Rabais de caquet de Marot, où l'ou
Lyonnais. Nous ferons remarquer que
trouve ces vers :
dans cette épllre, pas plus que dans
celles qui précédèrent ou suivirent, il / Car Marot, comme on a bien sceu,
A esté a Lyon receu
ne prononce pas un mot de repentancé, Pour se rejoindre ànostre Église,
Mais on sçait bien en quelle guise,
pas un mot de soumission ; bien au con- Car il y avoit pour le moins
traire. Et cependant on a prétendu qu'il Une douzaine de tesmoings
abjura entre les mains du cardinal de Qui l'ont rebalisé au monde
Tournon. « Le cardinal, qui étoit ca- En abjurant l'erreur immundc.
tholique très-ardent, dit l'abbé Len- Où Lenglet a-t-il donc vu que toute la ville
glet-Dufresnoy, engagea ou obligea y avait assisté? Le comme on a lien sceu
sembleraitindiquer, au contraire, que Sagon
ClémentMarot (c'est à peu près la même savait ce que tout le monde ne savait pas.

T. VII. 18
MAR 274 MAR

Fontaine, Bonaventnre Des Périers, entendans, les musiciens de ces deux


Mellin de Sainl-Gélais Rabelais lui- princes, voire tous ceux de nostre
, la défense de France, meirent à qui mieux mieux les
même, prirent en main
leur ami absent(l). Cependant la meil- dicts Psalmes en musique , et chacun
leure réplique fut celle qu'à son retour les chantoiU (1). Ce fut un engoue-
en France, Marot mit dans la bouche ment universel. On peut dire que c'est
de son valet Fripelipes. C'est une de de tous les écrits de Marot celui qui a
ses bonnes pièces, qui porte tout à fait eu le plus de succès auprès de ses con-
le cachet dé son génie, et M. Nodier temporains , et celui qui en a le moins
n'est nullement fondé à la lui enlever de nos jours et qui en mérite le moins.
pour en faire honneur à Des Périers. La cause n'en est pas dans une amé-
Suum cuique. (1) Lettre de Villemadon a Catherine de
Le retour de notre poète (1536) fut Médicis, du 26 août lbb9, insérée dans le
fêté par tous, à la cour et à la ville. Recueil des choses mémorables faites et pas-
sées pour le fait de la religion et Etat de ce
François Ier lui rendit ses bonnes grâ- royaume, depuis la mort du roy Henry II. —
ces. En 1537, Marot accompagna ce A l'art. Guillaume Franc, nous avons dit,
prince lorsqu'il se rendit à l'année du avec Bayle el M. Félis, que ce musicien était
Piémont. Il s'arrêta à Lyon, où il soi- l'auteur des mélodies des psaumes (de la tra-
duction de Marot), tels qu'ils se chantaient
gna l'édition de ses OEuvres publiée , dans les Eglises réformées. Après des docu-
en 1838, par Estienne Dolet. Marot ments aussi positifs que ceux que David
avait fait connaissance de ce savant Constant avait eus en main et dont il avait
fait part a son ami Bayle, qui aurait pu se
typographe au retour de son exil. Mais douter que c'était une erreur? La preuve ce-
leurs bonnes relations durèrent peu, si pendant en -est déduite au long dans un ex-
toutefois l'épigramme qu'on lui prêté cellent travail sur les Psaumes de Marot et de
Bèzc, que nous avons été assez heureux de
est bien de lui (2). Dolet, avec d'ex- rencontrer dans le Journal Helvétique de 1745
cellenles qualités, avait une présomp- (N°« de mai, juin, juillet et août). Nous y ap-
tion et une susceptililé qu'il était diffi- prenons que le témoignage que Bëze donna
cile de ne jamais froisser. Bientôt après, a Guill. Franc, en 1S52, « roule uniquement
Marot s'occupa, avec le secours de Va- sur la pauvreté du chantre, sur le triste état
de sa famille, le peu de santé de sa femme,
table, de sa traduction des Psaumes (3). la modicité de sa pension, qui nesutftsoilpas
Lors du passage de Charles-Quint à pour l'entretenirlui et ses enfans, » et qu'il
Paris (janv. 1540), François I" lui n'y est pas dit un mol de ce que le professeur
Constant a voulu y voir. Quelle légèreté im-
commanda delaluiprésenter. Ceprin'ce pardonnable ! 11 y a plus. Dans le volume des
«receut bénignement ladicte transla- Psaumes où se trouve au titre Icnom de Guill.
Franc, le professeur n'a pris la peine, ni de
tion, la prisa el par paroles, et par pré- lire le privilège, ni de lire ia préface. Il se
sent de deux cens doublons qu'il donna serait cependant éclairé à peu de frais. Le
audict Marot, lui donnant aussi cou- privilège porte qu'il est permis a Guill. Franc,
cliànire en l'église de Lausanne, de faire im-
rage d'achever de traduire le reste-des primer les psaumes de David, mis en rime
dicls psalmes.... Quoy voyans et française par Clém. Marot et Th. de Bèze,
et d'y ajouter les chants nouveaux qu'il a faits
(1) Les disciples et amys de Marot contre sur aucuns d'iceux ; et dans sa Préface, l'au-
Sagon, La Huëlerie [Charles HuelJ et leurs teur dit qu'il a retenu les chants usités dans
adhérentz, Lyon, in-S 0; Paris, Jehan Morin, l'Eglise; il loue le travail des musiciens qui
1537, in-8». les ont composés ; mais il trouve quelque in-
(2) On pourrait en douter lorsqu'on voit convénient.à faire servir la même mélodie a
qu'en 1544-, Dolet éditait encore l'Enfer.de différents psaumes; c'est pourquoi il propose
Marot qu'il dédiait- a leur ami commun Léon une musique nouvelle pour une trentained'en-
Jamet. Drpuis celle époque, une conformité tre eux, réforme qui ne paraît pas avoir été
d'infortune a dû, au contraire, les rappro- adoptée.—Leçon de plus pour nous et pour nos
cher. Tous deux étaient en luite en 1544-, et confrères de nous défier des communications
ils durent se rencontrer a l'armée du Pié- briiévoles. Elles ont entraîné La Croix du
mont. Maine et quelquefois Bayle, si judicieux et si
(3) La Croix du Maine dit que Marot suivit
la traduction « que lui en faisoit en prose savant, dans une foule d'erreurs. Il y en a
François Melin de Saint-Gelays el autres peu qui se doutent des soins inlinis qu'il faut
apporter dans ses recherches pour arriver à
hommes doctes de ce temps-là.» la connaissance de la vérité.
MAR 275 — MAR
lioralion ou une décadence du goût. trop fidèle pour ne pas être taxée d'in-
C'est que notre langue lyrique n'exis- fidélité. Un méchant poète, Anus Dé-
tait pas alors Malherbe seulement en siré, se chargea, quelques années plus
,
fit entendre les premiers sons, tandis tard, d'en donner la contre-partiedans
que la langue de la conversation est son livre intitulé le Contre-poison des
resiée à peu près la même. Pour juger 52 chansons de Clém. Marot (Paris,
les psaumes de Marot avec impartia- 1561) ; il parodiait ainsi ce deuxième
lité, il faudrait doue désapprendre tout commandement :
ce que le xvn' etlexvine siècles nous Tailler donc feras son image
ont appris, ce qui n'est pas possible. Et des benoistz sainclz qu'il conçoit ;
Ce grand succès dont tous les honnêtes Si honneur leur fais et hommage,
De grâce l'accepte et reçoit.
gens s'applaudissaient, excita l'animo-
silé de la Sorbonne qui jeta l'interdit Il est juste d'ajouter que la Sorbonne
le livre (1). Elle ,prétexta de
sur graves condamna aussi ce livre, mais on était
erreurs, comme si ses docteurs, qui alors en pleineréaclion. Le 16 oct. de
ignoraient l'hébreu, en avaient su plus cètle même année ses docteurs ap-
que Vatable. Mais leur véritable mo- prouvèrent ce que, vingt ans aupara-
bile comme le reconnaît fort bien vant ils avaient condamné, et les
,
l'abbé Lenglet-Dufresnoy c'est que psaumes delà traduction de Marot pu-
'«cela donnoit au peuple la, connais- reut paraître à Lyon, chez Antoine
sance des Livres saints qu'on avoit Vincent, en 1562, in-16, et 1563,
grand soin d'in ferdire alors au commun in-8°, avec un privilégede Charles IX,
des fidelles. » el, bientôt après à Anvers, chez Plan-
Marot disait au roi dans son Épître lin, 1564, iu-12, avec un privilège de
dédicatoire : PhilippeII. «Le monde, dit avec un
Ainsi, ô Roy, par les divins esprits grand sens le sceptique Montaigne,
Qui ont sous toy hébrieu langage appris, n'est qu'une branloire pérenne... La
Kous sont jettez.les Pseaumes en lumière,
Clairs, et au sens de la forme première.
constance mesme n'est autre chose
Dont après eux, si peu que faire sçay, qu'un branle plus languissant.» Ayons
T'en ay traduit, par manière d'essay, donc un peu de charité pour les autres,
Trente, sans plus, en ton noble langage, il est à présumer que nous en aurons
Te suppliant les recevoir pour gage
Du résidu qui jà t'est consacré, bientôt besoin pour nous-mêmes.
Si les voir tons il te venoit a gré. François Ier encouragea Marot à
Nous ferons remarquer que Marot poursuivre son oeuvre :
avait joint à ses psaumes la traduction Puisque -voulez que je poursuive, ô Sire,
duDécalogue, et c'est sans aucun doute L'oeuvre royal du Pseaulier commencé,
ce qui émut les susceptibilités de la Et que tout cueur aimant Dieu le désire,
D'y besongner me tiens pour dispensé.
Sorbonne car on ne comprend pas S'en sente donc qui voudra offensé,
,
qu'une ombre même d'hérésie puisse Car ceux à qui un tel bien ne peut plaire
Doivent penser, sij'a ne l'ont pensé,
se cacher derrière les saintes paroles Qu'en vous plaisant me plaist de leur dé-
du roi-prophèle.Voici comment il tra- [plaire.
duisait le second commandement : Déplaire à Sorbonne pour plaire au
Tailler ne te feras image Pioi, c'était bien téméraire. Il ne tarda
De quelque chose que ce soit ; convaincre, lepauvre Marot.
Si honneur luy fais et hommage, pas-à s'en
Ton Dieu jalousie en reçoit. ,La suite de sa traduction n'avait pas
La traduction de Marot était donc encore paru, qu'il dut chercher son sa-
lut dans la fuite. Il se réfugia à Genève
(1) D'après Crevicr, il fut prohibé par l'Uni-
1531 mais il commet une (1543), où il fut fort bien accueilli par
versité le 16 déc. ;
erreur d'au moins dix années. A Rome, on se Calvin. Le réformateur l'engagea à pu-
montra moins sévère : le pape lui-même en blier les cinquante psaumes qu'il avait
autorisa l'impression, en 154-2, par Théodore traduits, et il mit à recueil une
Brust. son
MAR
MAR — 276
belle préface. Dans une Épître aux fait une partie de trictrac avec Clément
Dames de France (•!" août 1543), Ma- Marot. Voilà.donc le crime, voilà donc
rot les pressait, elles «que Dieu fil Pénormilé dont les registres du Con-
pour estre son temple » à renoncer au sistoire le chargent ! Cayet n'avail-il
culte « de ce petit dieu à qui les pain- rien déplus grave à se reprocher? Nous
tres font des esles. » le désirerions pour son honneur.
Quoi qu'il en soit, Marothabitué aux
O bien heureux qui voyr pourra
Florir le temps que Ion orra moeurs faciles de la cour de France ne
Le laboureur a sa charrue, pouvait se faire à une discipline aussi
Le charretier parmy la rue, sévère que celle que Calvin avait in-
Et l'artisan en sa boutique,
Avenues un pseaume ou cantique
troduite à Genève. Tous les plaisirs ne
En son labeur se soulager : sont pas coupables. Il prit doucleparli
Heureux qui orra le berger de s'éloigner. C'est ce,que marque
Et la bergière, au boysestans,
Faire que ror.hicrs et estangs, Bèze dans son Histoire ecclésiastique,
Après eux, chantent lahauteur et ce qu'il répète dans ses Icônes :
Du sainct nom de leur Créateur. «ayant esté toujours nourri en une
Souffrirez vous qu'a joye telle, très-mauvaise escole et ne pouvant
Plustosl que vous, Dieu les appelle?
Commencez, dames, commencez, assubjectir sa vie à la, réformation de
Le siècle doré avancez, l'Évangile, il s'en alla, dit-il, passer
En cliantant d'un cueur débonnaire le reste de ses jours en Piémont alors'
Dedans ce saint Cancionnairc :
A lin que du monde s'envolle possédé parle Roi, où il usa sa vie en
Ce Dieu inconstant d'aniour folle, quelque seurelé sous laîaveur des gou-
Place faisant a l'amyable
Vrai Dieu d'amour, non variable. verneurs. » Marot se reliraà Chambéry,
Sont-celàles sentimentsd'un homme d'où il écrivit au Roi :.
qui médite un adultère? Cayet et après Et vous requiers de permettre qù'icy
A setireté service je vous face :
lui Florimond de Rmmond l'ont dit, Puny assez je seray en soucy ,

mais personne ne les a crus. Selon De ne plus voir vostre Royale face.
eux, une sentence de mort aurait été François 1" qui avait eu la faiblesse
portée contre Marot pour avoir débau- de ne pas le protéger contre ses enne-
ché son hôtesse, mais par la protection mis, eut, à ce qu'il paraît, la généro-
de Calvin, que l'on n'a pas coutume de sité de, respecter son exil. La bataille
nous représenter si indulgent, celle de Cérisoles s'étant donnée,le 14 avril
sentence- aurait été commuée en la 1544, Marot se rendit au camp et, fidèle
peine du fouet. A ce sujet, Bayle fait la à ses habitudes de poète de cour, il
remarque- que si un poète aussi fa- chanta le héros de la journée, le jeune
meux que Marot, et aussi haï dans la, comte d'Enghien (1). Ce fut vraisem-
communion romaine, avait élé fouetté blablement à son retour qu'il tomba
par les carrefours d'une grande ville, malade à Turin ; il mourut dans celte
toute l'Europe l'eût bientôt su. Mais ville, après une courte maladie, à l'âge
Cayet seul l'a, su et il s'est chargé d'environ cinquante ans. Son ami Lyon
de nous l'apprendre. Cependant Bayle Jamet, qui lui avait succédé comme
avance trop lorsqu'il prétend que les secrétaire auprès de Renée de France,
registres publics de Genève ne font lui fit son épitaphe ; elle fut gravée sur
aucune, mention de Marot. Seulement
son tombeau dans l'église de Saint-
nous verrons que c'est l'histoire des Jean. Ce tombeau el celte épitaphe ont.
bâtons flottants : élé détruits. Le prodigieux succès des
De loin, c'est quelque chose, et de près,
ce (1) Trois mois auparavant, il avait chanté
[n'est rien. la naissance du dis du dauphin, François,
BonivarddénoncéauConsistoirepour dans uneEclogue que Du Bellay trouve» un
avoir joué avec un prédicant d'Orléans, des meilleurs petiz ouvraiges ». dë'nolre poète.
Que pleust aux Muses, s'écrie-t-il, que nous
nia.le fait, mais.reconnut qu'il avait. eussions beaucoup de telles immitations !
MAR — 277 — MAR
ouvrages de Marot n'avait pas contri- laire, à qui celle* espèce de vers sied si
bué à l'enrichir. A celle époque, la bien.» Tous les critiques s'accordent
propriété littéraire était mal garantie; à le placer à la tête des poètes de son
il semble même que les auteurs se con- siècle. «Maître Clément, dit M. Sain-
lenlaientde recueillir la gloire de leurs te-Beuve, n'était pas un poète de gé-
oeuvres, en abandonnant les bénéfi- nie ; il n'avait pas un de tes talents vi-
ces matériels aux imprimeurs. Heu- goureux qui devancent les âges et se
reux lorsqu'ils parvenaient à attraper créent des aîles pour les franchir. Une
quelque gratification pour prix d'une causerie facile, semée par intervalles
dédicace mercenaire! Condamné à vi- de mots vifs et fins, est presque le seul
vre au jour le jour, Marot se trouvait mérile qui le distingue, le seul auquel
donc dans la plus grande gêne quand il faille, attribuer sa longue gloire, et
ses appointements de valet de chambre demander compte deson immortalité.»
venaient à lui manquer. C'est pourquoi Nous demanderons à notre tour à

ses biographes se seront crus autori- M. Sainte-Beuve, si parmi nos poètes
sés à dire qu'il mourut dans la misère, on comptebeaucoup de cesgénies dont
mais on n'en sait rien. Ce qui est plus il parle? les Marot même y sont très-
certain, c'est qu'il avait beaucoup d'a- rares. Marot, selon M. Géruzez, « n'a
mis, et nous avons une assez bonne pas été surpassé dans les genres où il
opinion de l'humanité pour croire que a pleinement réussi, l'épigramme, le
tous ne l'abaudonuèrent pas dans le rondeau, lcmadrigaleU'épître badine.
malheur. Il a toutle sel. et toute la grâce de l'es-
La gloire do Clément Marot n'était prit gaulois, mais il manque d'éléva-
pas de ces gloires éphémères qui meu- tion, et lorsqu'il a essayé la haute poé-
rent avec le jour qui les a vues naître, sie sur les traces d'Ovide, de Virgile,
elle a triomphé des vicissitudes des et de David, il a perdu sa naïveté sans
moeurs et du langage, etn'a nullement atteindre la noblesse.«N'est-cepas lui
souffert du grand éclat que la Poésie reprocher de n'avoir pas eu la langue
française ajeté auxvn' etauxvni" siè- de Racine à son service? Nous pen-
cle. « Le nom de Marot, au jugement sons, et ses contemporains ont pensé
de La Harpe, est la première époque comme nous, que Marot a su tirer tout
vraimen t remarquable dans l'histoire de le parti possible de la langue qui se
nolrepoésie, bien plus par le talent qui parlait de son temps. Si la noblesse y
lui est particulier, que par les progrès manque, à qui la faute ? « Ces genres
qu'il fit faire à notre versification. Ce secondaires, ajoute M. Géruzez, sont
talent est -infiniment supérieur à tout le domaine propre de Marot; il lésa
ce qui l'a précédé et même à tout ce qui consacrés et les maîtres qui l'ont suivi
l'a suivi jusqu'à Malherbe.Lanalurelui ont respecté le moule qu'il avait fa-
avait donné ce qu'on n'acquiert point : çonné, et conservé autant qu'ils l'ont
elle l'avait doué de grâce. Son style a pu la langue même qu'il avait parlée,
vraiment-du charme, et ce charme tient vocabulaire et syntaxe. L'idiome.de
à une naïveté de tournure et d'expres- Marol s'est maintenu à l'état de langue
sion, qui se joint à la délicatesse des spéciale, et il n'y en a pas qui la vaille
idées et des sentiments : personne n'a pour l'épigramme, la ballade et le ron-
mieux connu que lui, même de nos deau. Le conte même et l'épître fami -

jours, le ton qui convientà l'épigram- lière gagnent beaucoup à s'en rappro-
me, soit celle que nous appelons ainsi cher. » M. Henri Martin à fort bien
proprement, soit celle qui a pris depuis apprécié le caractère de Marot comme
le nom de madrigal, en s'appliquant à poêle. «Ce ne fut point un génie créa-
l'amour età la galanterie. Personne n'a teur, dit-il : Marot n'innova guère, ni
mieux connu le rhylhme du versa cinq dans la forme du vers, ni dans la lan-
pieds, et le vrai ton du genre épisto- gue, ni dans le ton général de la poé =
MAR 278 MAR
sie; il se servit dés instruments litté- Dans un billet en versà'Antoine Cbuil-
raires qui lui avaient été transmis et lard, sieur du Pavillon-lès-Lorris en
qui suffisaient aux besoins de son ta- Gâlinais, il lui marque, qu'à son retour
lent, et laissa à d'autres la périlleuse du païs deFerrare, passant par Çham-
entreprise d'élever la langue poétique béry, il avait trouvé au cabinet de son
au style héroïque, dont notre poésie père une épllre à lui adressée qu'il lui
était alors plus éloignée encore que fait parvenir (1). Lé sieur du Pavillon
notre prose ; mais s'il ne créa point une répondit «à son amy maistre Michel Ma-
poésie nouvelle, il porta la vieille poé- rot, fils unique du prince des poètes,
sie à toute la perfection dont elle était françois ressuscité. » Ce billet, plus
susceptible; il en résuma tous les mé- deux dizains et une Ode à la reine de
rites; il eut la chaude couleur de Vil- Navarre, sont tout ce que l'on possède
lon sans sa. grossièreté, le naturel de de Michel Marot. Ces quelques poésies
Froissart, la délicatesse de Charles parurent d'abord avec les Contredicts
d'Orléans, et le bon sens d'Alain Char- à Nostradamus par le sieur du Pavillon
tier avec bien plus de mouvement, de (Paris, 1560), et furent réimprimées
précision et de clarté, le mordant de dans diverses éditions des OEuvres de
Jean de Meung sans ses longueurs et Jean et de Clément Marot. MichelMarqt
son pédantisme. Il surpassa el absorba, prenait ces mots pour devise : Triste et
tous ses devanciers, et n'a jamais été pensif, ce qui ferait supposer qu'il
surpassé en malice naïve et piquante, n'avait pas hérité de cet esprit de douce
en grâce, en facilité; ses oeuvres sont philosophie dont maître Clément savait
restées lé modèle de la poésie légère, se faire un bouclier contre la mauvaise
et l'un des plus fidèles reflets de l'an- fortune. Aussi la devise de ce dernier
cien esprit français.» Chacun connaît était-elle plus brave que celle de son
les vers que Boileau a consacrés à no- fils : La mort n'y mord, comme pour
tre aimable poète dans son Art poéti- témoigner qu'il avait foi dans l'avenir,
que. Seulementil va trop loin lorsqu'il NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
dit que Marot « montra pour rimer des
chemins tout nouveaux. » Marot se con- I. L'Adolescence Clémentine, au-
tenta de .suivre le chemin battu, mais il trement les OEuvres de Clément Ma-
le fit de façon à faire oublier ceux rot, de Cahors en Quercy, valet de
qui y avaient passé avant lui, et à dé- chambre du Roy, composées en Veagé
sespérer ceux qui deyaient y venir à sa de son adolescence ; Avec la Com-
suite. plainctesur le trespas de feùMessire
Nous avons vu que Marot était ma- Florimond Robertet ; et plusieurs
rié. On ignore quel était le nom de autres OEuvres faictes par ledict
sa femme. 11 n'en parle nulle part ; mais. Marot depuis l'eage. de sadicte ado-
il nous apprend qu'il avait plusieurs lescence. Le tout reveu, corrigé et
enfants. L'un d'eux, MICHEL, le seul mis en bon ordre. Plus amples que
dont le nom soit connu, promettait de les premiers imprimez de ceste ny
marcher sur ses traces. Il faut qu'une autre impression, Paris, à l'enseigne
mort précoce l'aitsurpris au début de la du Faulcheur, in-12 ; privilège pour
carrière. On sait peu de chose sur son trois ans accordé àl'impr.PierreRosset.
compte. En 1534, la reine de Navarre La dédicace de Marot à tous ses frères en
le prit à son service en qualité de page ; Apollon est datée deParisxii août 1532,
ce fut pour Marot, alors en fuite, un -
avec sa devise : La Mort n'y mord. « Je
grand sujet de consolation. Serait-il en- ne scay, mes très-chers frères, leur dit
tré plus tard au service de Renée de (1) Ceci semble confirmer ce
France? On l'ignore; tout ce que l'on que nous
avons dit plus haut que Clément Marot était
sait, c'est qu'il paraît avoir été à Fer- en passage à Turin lorsqu'il y mourut. Il ne
paraît pas qu'il ait eu l'intention de quitter
rare à l'époque de la mort.de son père. la Savoie. -
MAR 279 — MAR
Marot, qui m'a plus incité à mettre ces celles qui l'avaient précédée. Elle est
miennes petites jeunesses en lumière, due aux soins intelligents du médecin
ou vos continuelles prières, ou lé des- François Mizière, qui traduisit envers
plaisir que j'ai eu d'en ouïr crier et français les petites pièces de vers latins
publier par les rues une grande partie à la louange de Marot. Dans un aver-
toute incorrecte, mal imprimée, elplus tissement l'imprimeur nous apprend
,
au profit du libraire qu'à l'honneur de que c'est à sa demande que son ami
l'auteur. » Il ne se fait pas illusion sur a bien voulu se charger de ce travail,
le peu de valeur des prémices de sa « par manière de récréation et relasche
Muse, «arbres nouveaux entés né pro- d'autres estudes plus sérieuses. » Il
duisent pas fruits de grande saveur»; ne s'est pas contenté, dit-il, de dispo-
mais il promet de publier debrief quel- ser le tout dans un meilleur ordre, « il
que chose de mieux. s'est en outre efforcé d'amplifier et
II. OEuvres de Clément Marot de esclaircir une bonne partie des petits
Cahors... augmentées de deux livres tiltres ou suscriplions de chacun poème
d'épigrammes, et d'ung grand nom- ou sujet, par l'addition qu'il y a faite
bre d'aultres oeuvres par cidevant des circonstances convenables, à sça-
non imprimés. Le tout songneuse- voir à qui, de qui, de quoy, en quel
ment par lui mesme reveu et mieulx lieu, en .quel temps, et l'occasion
ordonné, Lyon, EstienneDolet, 1538, pourquoy ils ont été escrits. »
pet. in-8", caract. goth.; chez le même, Les oeuvres de Marot ont encore été
édit. augm. et revue par l'auteur, 1542, éditées un n ombre considérable de fois ;
pet. in-8°; avec les Psaumes, 1543, nous nous contenterons de mentionner
même format. Marot disait à Dolet dans l'édition qu'en a donnée Lenglet-Du-
une Epître en prose (sous la date de fresnoy (sous le nom supposé de Gor-
Lyon, dern. juillet 1538,) mise en don de Percel), La Haye, 1731, 4 vol.
tête du livre : « Le tort que m'ont fait in-4" et 6 vol. in-12, une des plus
ceux qui par cy-devant ont imprimé complètes et la meilleure, si elle n'é-
mes OEuvres, est si grand et si outra- tait pas défigurée par une foule de
geux, cher amy Dolet, qu'il a touché fautes typographiques, et si l'éditeur,
mon honneur et mis en danger ma respectant davantage le lecteur, ne
personne. » Il se plaint de la rapacité s'était pas permis, sous le masque, des
des libraires qui mettent son bien au ' impertinences de carnaval. Après une
pillage. « J'ai planté les arbres, dit-il, élude très - consciencieuse des oeu-
ils en cueillentles fruits ; j'ai traîné la vres de Marot, il en est arrivé à n'é-
charrue, ils enserrent la moisson : et crire qu'un roman sur sa vie. Outre la
à moi n'en revient qu'un peu d'estime Notice qu'il a jointe à son édition, on y
entre les hommes, lequel encor ils trouve toutes les pièces relatives au
me veulentesteindre, m'attribuant oeu- différend deMarot avec Sagon, les poé-
vres sottes et scandaleuses. » Il rejeta sies de Jean et de Michel Marot, un re-
de cette édition « non seulement, les cueil de pièces apocryphes, attribuées
mauvaises, mais les bonnes choses » à notre poète, une table chronologique
qui n'étaient pas de lui et qu'on lui de ses oeuvres généralement bien dres-
attribuait à tort. sée, la liste des différentes éditions,-
III. Les OEuvres de Clément Ma- et finalement un glossaire. M. Auguis,
rot, revues, augm. et disposées en dans-son édition des OEuvres de Marot,
beaucoup meilleur ordre que ci-de- n'a eu qu'à copier.
vant ; plus quelques OEuvres de Mi- IV. Trente Pseaulmes de David,
chel Marot son fils, Nyort, Thomas mis en françoyspar Clément Marot,
Portau, 1596, in-16, lettr. ilaliq.— valet de chambre du Roy ( avec la
Très-bonneédition, plus complèle,plus trad. enversde l'Oraison dominicale,
fidèle, et mieux ordonnée que toutes de la Salutation angélique, du Sym-
MAR - 280 55 A R

gir, ou ne doit-elle pas-plutôt s'enor-


bole des Apôtres, et du Décalogue),
Paris, Eslienne Rosset, privilège daté gueillir d'avoir mis de tels chants dans
du dernier jour de nov. 1541; Genève, la bouche du peuple ? Que l'on nous
1542, avec la forme des prières et cite dans tout le xvi* siècle, et même
chanlz ecclésiastiques, avec la ma- dans une bonne partie du xvn', d'au-
nière d'administrer les sacremcns tres morceaux lyriques de celte valeur?
et consacrer le mariage, selon la Que l'on compare cette traduction de
coustume de l'Eglise ancienne, et Marot du vin 0 psaume avec d'autres
comme on l'observe à Genève; à la traductions plus modernes, et, nous
tête de cette dernière édition est une n'hésitons pas à le dire, Marot aura
courte préface qui est comme la sub- la préférence (1). Ses contemporains
stance de celle que Calvin mil à l'édit. ont eu le goût moins sévère que nos
de 1543. Ouvrage dédié àFrançoisl". critiques modernes; tous les partis ont
Au jugement du critique La Harpe, accueilli ses psaumes avec faveur, tous
les psaumes de Marot « ne sont bons les ont admirés, tous les ont chantés,
qu'à être chantés dans les églises pro- dans les palais et dans les chaumières,
testantes. » Telle était aussi leur des- dans les temples et dans les camps,
tination, Marot a donc atteint sou but. depuis le roi jusqu'au goujat. Le xvi'
Pour que nos lecteurs en jugent, nous siècle tout entier aurait-il eu moins
citerons un exemple. d'esprit que La Harpe? Avaient-ils tous
O nostre Dieu et Seigneur amiable, perdu le sens dans ce siècle de la Re-
Combien Ion nom est grand et admirable naissance ? On le croirait à voir nos
Par tout ce val terrestre spacieux, jugements.
Qui ta puissance eslève sur les Cieux !
En tout se voit ta grand'verlu parfaicle, [tus,
lias patrio interpres ila transtulit ore Haro-
Jusqu'à la bouche aux enfans qu'on allaicte : Prorsus ut authoris pectus adesse putes.
Et rends par là confuset abbatu
Tout ennemi qui nie ta vertu. Ce n'est pas un poète de sacristie,
Maisquand je voy et contemple en courage ce n'est pas un huguenot qui a dit
Tes Cieux, qui sont de tes doigts haut ouvrage, cela, vous pourriez le récuser : c'est
Estoilles, Lune, et signes difl'érens Nicolas Bourbon, un bon catholique,
Que tu as faits et assis en leurs"rangs :
qui a joui dans son siècle, à tort ou à
Adoncje di a part moy (ainsi comme raison, d'une plus grande réputation
Tout esbahi) et qu'est-ce que de l'homme?
D'avoir daigné de luy te souvenir, que l'auteur de Mélanie dans le sien.
Et de vouloir en ton soin le tenir. Telle était l'opinion commune au xvt'
Tu l'as fait tel que plus il ne luy reste siècle.
Fors estre Dieu. Car tu l'as (quant au reste) V. Cinquante Pseaumes de David,
Abondamment de gloire environné,
Rempli de biens et d'honneur couronné. f1)M. de Sapinaud de Boishuguet, dont la
Régner le fais sur.les oeuvres tant belles traduction est loin d'être sans mérite, tra-
Oc tes deux mains, comme seigneur d'icclles: duit ainsi ce psaume :
Tu as de. vray, sans quelque exception, Ah ! Seigneur, que ton nom est digne qu'on
Mis sous ses pieds tout en subjeclion. |1 admire!
Brebis et boeufs, el leurspeaux, et leurs laines, Il règne sur la terre, il resplendit aux cieux!
Tous les troupeaux des hauts monts et des Son .pouvoir est empreint sur tout ce qui
En général toutesbestes cerchans [plaines, [respire,
A pasturer et par bois et par champs : Tout morlel affligé tourne vers lui les yeux.
Oiseaux de l'air, qui volent et qui chantent, Lesoeuvresde lesmains célèbrent la mémoire;
Poissonsde mer, ceux qui nagentet qui hantent I.'cnfant a la mamelle annonce tes bienfaits,
Par les sentiers de mer, grands et pelis, Et ses premiers accens sont un hymne 'a ta
Tu les as tous a l'homme assujettis. [gloire.
O nostre Dieu, et Seigneur amiable, Qui confond le superbe et détruit ses projets.
Comme a bon droict est grand et admirable En voila suffisamment pour faire com-
I.'cxrellent bruit de ion Nom précieux prendre que Marot l'emporle sur M. de Sa-
Par loul ce val terrestre spacieux 1 pinaud comme le.jour l'emporte sur la nuit.
L'Eglise protestante a-t-elle à rou- Kous n'affirmerions pas que le critique U
Harpe eûi pensé de même.
MAR '281 — MAR
mis en françoys par Clément Marot ' cinquante le nombre des psaumes, il
(avec le Cantique de Siméon, les Com- n'eu contient que 49, dont 19 seule-
mandements de Dieu, les Articles de ment nouvellement traduits; le 20' au-
foy, l'Oraison domiuicale, la Salutation rait-il été supprimé avant le tirage? à
angélique, Prières devant et après le la page 83, l'éditeur annonçait « vingt
repas). Item, une Epistrepar luy na- pseaumes nouvellement mis en fran-
guères envoyée aux Dames de France, çoys. » Les 30 premiers furent revus
1543, sans nom de lieu, in-4" ; Slrasb., par Marot.
1545. — Calvin prit le livre sous son VI. L'Enfer de Clément Marot ;
patronage, il le fit précéder d'une item, aulcunes ballades etrondeaulx,
belle Epître à tous Chresliens et ama. et en onltreplusieurs autres compo-
leurs de la Parole de Dieu, sons la sitions dudict Marot, Lyon, 1544,
date de Genève, 10 juin 1543, et il y in-8"; dédiépar l'éditeur, Eslicnne
ajouta la liturgie. Dolet, à Lyon Jamct.
Ce présent livre, disait-il, « doit VII. Le Riche en pauvreté, Joyeux
estre en singulière recommandation à en affliction, et Content en souf~
chacun qui désire se resjouïr honnesle- france, poème composé par Clément
inent, et selon Dieu, voire à son salut, Marot et trouvé parmy ses autres factu-
et au profit de ses prochains : et ainsi res à Chamberry. La mort n'y mort,
n'a point de mestier d'estre beaucoup Paris, Estienne Denise, 1558. Une
recommandé de par moy, veu qu'en première édition avait paru à Turin, .
soy-mesme il porte son pris et son chez Antoine Blanc. — Pièce compo-
los. » sée de 30 dizains. « Toutes les tribu-
OU sait que Théodore de Bèze a- lations que nous avons en ce monde,
cheva la traduction du Psautier. Dans . viennent par la permission de Dieu,
une charmante épîlre en vers mise en dit l'auteur dans un argument, voire
lèle de son recueil, il disait : luy-mesme nous les envoyé, afin de
nous faire parlicipans de la croix de Jé-
Or donc, afin que pas un n'eust excuse
De louer Dieu, Marot avec sa muse sus-Christ notre Sauveur. »
Chanta jadis jusqu'au tiers des Cantiques VIII. La complainte d'un pastou-
Du grand David, qui en sons bébraïques
reau chrestien, fait en forme d'E-
Sa harpe lit parler premièrement,
Et puis choisit la plume de Clément; glogue rustique, dressant sa plainte
A celle fin que du peuple François à Dieu soubs la personne de Pan,
Dieu fust loué cl de coeur et de voix. dieu des bergiers, poème trouvé dans
Las! tu es mon sans avoir avancé Chamberry, Paris, Es-
Que le seul tiers de l'oeuvre commencé, ses papiers à
Et, qui pis est, n'ayant laissé au monde, tienne Denise, 1558. Une première
Docte Poêle, bomme qui te seconde. édition avait paru à Rouen, chez Fran-
Les psaumes de Marot ont toujours çois Martial, 1549, in-16-
été réunis avec ceux de Bèze dans tou- IX. Le Balladin, pièce inachevée,
tes les éditions postérieures du Psau- sans date et sans nom d'imprimeur. —
tier; le nom du traducteur est ordi- Apologie de l'Eglise primitive, sous le
nairement indiqué en tête de chaque masque de Christine la bergeretle, et
psaume (1). Marot dans sa traduction réprobation de l'Eglise romaine, sous
ne suivit pas l'ordre du texte hébreu. celui de Symonue.
.

Quoique le titre de son recueil porte à


Dieu les fera tous enfuir,
(1) Le chant de guerre des Huguenots, le Ainsi qu'on voit s'esvanouir
rsaume 68, était de la traduction de Bèze. Un amas de fumée.
Comme la cire auprès du feu,
' Que Dieu se monstre seulement, Ainsi des meschans devant Dieu
Et on verra soudainement La force est consumée.
Abandonner la place :
Le camp des ennemis espars Que de prodiges ce cantique n'a-l-il pas
Et ses haineux de leulcs paris cillantes ! Ils étaient donc lions a quelque
Fuir devant sa face. chose ces clianls que vou6 méprisez.
MAR - 282 MAR
X. Sermon du bon pasteur et du thage, et Scipiort le romain, dit l'Afri-
mauvais, pris et extraict du xe chap. cain, pris de Lucien ; l'Amour fugitif,
de S. Jean, Lyon, Jean Saugraiu, tiré du même d'après Du Verdier ; les
1563.'— Ce sermon se .trouve cité Visions de Pétrarque, avec six sonnets
dans le Catalogue des livres qui ont sur la mort de sa dame Laure;les Tris-
paru à la Faculté de théologie dignes tes vers de Philippe Béroaldesur le jour
de censure, de1544 à 1551. Malgré du Vendredi Saint.
l'acharnement de la Sorbonne contre Parmi les mss. de la Bibl.-de Lau-
Marot, c'est, à ce qu'il paraît, le seul sanne, se trouve uu Recueil de poé-
de ses écrits qui ait eu les honneurs - sies de Clém. Marot, la plupart iné-
de l'index. Dans ce discours en vers, dites (d'après l'auteur du Catalogue),
Marot se montre partisan des doctrines suivi de quelques pièces attribuées à
de Calvin sur la justification ; c'est la Catherine de Médicis et à Théodore de
foi seule, dit-il, qui justifie l'homme, Bèze, coté Jaunes, 155. A., in-fol.—
confie,
Notre Bibl. nationale en possède dans
Tan t soit meschant, quand en Dieu se
Soy deffiant de soy, et sa vertu plusieurs de ses collections : Baluze,
Que ne luy lault estimer un festu. 7655. 2;-—S. Germain franc. 1988,
XI. L'Abbé et la femme savante in-12 ; — Ane. Fonds, -7677; — Bé-
(Colloquium Abbatis etEruditae); — thune, 8043 à 8046.
Colloque de la Vierge mesprisant MARQUET (FRANÇOIS), procureur
-
mariaige (Virgo •j.'tjéyau.uç) ;. — La à Valence, victime des persécutions re-
Vierge repentie (Virgo poenilens), ligieuses. Le 31 mars 1560, François
traduction en vers de trois colloques Giraud, François de Saillans, Claude
d'Erasme. Les deux premiers sont at- de Mirabel, Jean de Quintel el d'au-
tribués à Marot dans les Bibl. de La tres genlilsbommes des environs de
Croix du Maine (le premier seulement) Valence, poussés par un excès de zèle,
et de Du Verdier (les deux) ; le troi- s'emparèrent de vive force de l'église
sième vient d'être publié.pour la pre- des Cordeliers de cette ville et y firent
mière fois par M. Louis Lacour, qui l'at- prêcher Gilles Soûlas. Le service reli-
tribue àMargueriledeValois(Foy.YII, gieux « à ls mode de Genève» futeon-
p. 245). Si le second de ces.colloques tinué sans interruption jusqu'au jour
appartient à Marot, comme l'indique Du de Pâques, 17 avril, que plus de 5000
Verdier, le troisième doit lui être éga- personnes participèrent à la Cène. N'o-
lement attribué, car il en forme la suite. sant employer la force, Maugiron eut
Jamais Marot, dans ses essais de tra- recours à la ruse, et par ses belles pro-
duction, n'a été mieux inspiré. Tout en messes, il décida les gentilshommes à
suivant fidèlement son auteur, le poète sortir de Valence, dès le 20, et à re-
se meut avec tant d'aisance qu'il sem- tourner chacun chez soi. Certain dès
ble jouir de toute la liberté de l'inven- lorS de ne plus rencontrer de résistance,
tion. le parlement se mit à l'oeuvre. Deux
On doit.en outre, à Marot un certain ministres, leprocureurMarquet,lechâ-
nombre de traductions, du grec et du telain.de Soyon elBlanchierou Blan-
latin, qui ont élé imprimées dans ses cherie furent pendus; un grandnom-
OEuvres; la plupart avaient paru sépa- bre d'autres rachetèrent leur vie à prix
rément; ce sont la première Eclogue d'argent.
-.:
de Virgile, un de ses premiers ouvra- Serait-ce se tromper que de regar-
ges.; deux livres des Métamorphoses der comme le fils de notre martyr, Bar-
d'Ovide; des imitations de Martial; les thélémy Marquet, conseiller à la Cham-'
Amours de Léander et Héro, traduit bre de l'édit du Dauphiné, qui fut dé-
de Musée (Paris, 1841, jn-4°); le Ju- puté, en 1582, à l'Assemblée politique
gement de Minos sur la préférence de Saint-Jean-d'Angély? Ce juriscon-
,
d'Alexandre-le-Grand,Annibal de Car- sulte, qui passait pour très-instruit,
MAR
— 283 — MAR
avait fait ses études à Valence, Il était retira à Lassay où il continua à pro-
ami de Calignon, qu'il remplaça, en fesser la religion, réformée. Nous n'a-
1582, Gomme conseiller en la Chambre vons pu découvrir l'année de sa mort.
de redit, et il montra tant qu'il vécut Outre ce fils,Marc-Antoine Marreau
un grand zèle pour sa religion. C'est laissa de sou mariage avec Madelaine
lui qui fonda au collège de Die le prix de Mothey (1) une fille, nommée MAR-
de latin qu'on distribuait aux élèves. En GUERITE, qui épousa Pierre Gillier,
1603, il fut nommé président delà sieur de Hauleclaire.
Chambre mUparlie deGrenoble. Il testa MARRON (PAUL-HENRI), pasteur
en1605. On ignore la date de sa mort, de l'égliseréformée de Paris, président
mais on sait qu'il laissa un fils,nommé . du consistoire, chevalier de la Légion
ALEXANDRE, qui épousa Jeanne de La d'houneur depuis sa fondation mem-
Baisse et en eut: 1" Louis, capitaine au bre de i'Inslilut de.Hollande, de, la So-
régiment de Louvigny; —-. 2° ABEL, ciété des sciences de Harlem et d'au-
garde-des-sceaux au présidial de Va- tres sociétés savantes, naquit à Leyde,
lence; — 3° ISAAC, lieutenant au régi- le 12 avril 1754 de Paul Marron et
,
ment de Sault; — 4° GASPARD, lieute- à'Elisabeth Du Pont, descendant l'un
nant dans les chevau- légers de Can- etl'autrede familles réfugiées deSainU
dale. Paul-Trois-Châteaux. Son père, qui
MARREAU (MARC-ANTOINE), sieur destinait son second fils, JEAN-PIERRE,
deBoisGUÉRiN (1), conseilleret maître à lui succéder dans son laboratoire de
d'hôtel du-roi, fut nommé, en 1589, pharmacie", voulut que l'aîné étudiât

gouverneur du château deLoudun, et la théologie. Le jeune Marron entra
devint gouverneur de la ville après la donc àl'académie de sa villen^lale, où
mort de Chouppes, en 1603. Il exer- il se fit remarquer par une grande fa-
çait encore sa charge en 1611, année cilité à apprendre, et,en même temps,
oùil assista avec Pas-de -Loup et Bel- par cette disposition d'esprit qui en-
homme; à une assemblée tenue à Sau- traîne quelquefois les poètes comme
mur, le 25 mai, dans le but d'élire les les artistes à sacrifier l'austère devoir
députés de la province à l'Assemblée à la riante fantaisie. Reçu proposant au
politique; mais il s'en démit, en 1615, synode -wallon de la'Brille, il fut ap-
en faveur de son fils aîné, ANTOINE, sieur pelé, en 1776 pour ministre à Dor-
deBoisguériu qui en prit possession drecht, dont il ,desservit l'église pen-
, d'une attestation de
sans s'être muni dant six ans. En 17S2, la protection
protestantisme. L'Assemblée politique du grand-pensionnaire Van Bleiswyk,
de Grenoble refusa, pour cette raison, dont il avait gagné l'amitié en lui dé-
.
de le reconnaître comme gouverneur diant, en 1769, une pièce de vers,pré-
deLoudun, place de sûreté, bien qu'il micesdesa muse, lui fit obtenir la place
eût élé déjà pourvu par le roi. Cepen-- de chapelain de.l'ambassade de Hol-
dantBoisguérin ayanlpromisà l'assem- lande à Paris (2). Enveloppé, en 1788,
blée, après sa translation à La Bo-
(1) Ce nom se rencontre plusieurs fois,
chelle, de rester dans l'union des égli- ainsi
que celui de Marreau, dans un registre
ses, le différend finit par s'arranger des mariages célébrés dans l'église de Loudun
(Fondsde Brienne,N"223).En16T7, de 1586 a 1582. En 1566, lsubeau Marreau
Louis XIII le remplaça par d'Arma- épousa GuillaumeArchambauïl; en 1570,31arie
Marreau s'allia avec l'armurierPierre Mignol,
gnac, qui lui était plus dévoué, et lui et Jeanne Marreau avec Jacques Ferron, mar-
accorda, comme dédommagement, une chand de Chauvigny; la même année, Fran-
de 60,000 livres. Boisguérinse çoise Mothey se maria avec Geoffroy Quiet, sieur
somme de Monlagu, et Jeanne Mothey avec François
(1) Dans sesKotes sur les Lettres missives Jouan, Je Saumur ; en 1572, Gillette Marreau
de Henri IV, M. Berger deXivrey a confondu épousa Jacques Le Clerc, archer de la gar.ie
Marreau avec Claude Du Perrier, qui était du roi, etc. (Arch. gén. Ti. 232).
aussi seigneur de Boisguérin, mais qui ne fut (2) Cette place avait été successivement
pas gouverneur de Loudun. remplie par Barbe (fcv. 1719 à mai 1720),
MAR 284- MAR

dans la disgrâce du parli patriote, pour sermon sur Rom. XIII, 12-23. Le 13
avoir osé appliquer à l'invasion des oct, 1790, l'acceptation de laconsti-
Prussiens eu Hollande ces beaux vers tutionpar le roi y fut célébrée avec une
de la 1" Eglogue de Virgile : pompe extraordinaire.
Impius haie loin culta novalia miles habebit ! Cependant plus la marche de la Ré-
Barbarus bas segetes ! etc. volution s'accéléra,plus la position du
Marron se voyait à la veille d'être des- pasteur devint difficile.Le 23 brumaire-
titué, lorsque Rabant-Saint-Etienne an II, il dut porter à la Commuqe.com-
le fit agréer pour pasteur par les Pro- me don patriotique, les quatre coupes
testants de Paris, à qui;Louis XVI ve- d'argent qui servaient à la célébration
nait de rendre l'état civil, el qui se de la Cène, et à cette occasion, il pro-
.
flattaient que celte légère concession, nonça un discours que n'aurait pas dés-
si longtemps attendue, ne serait que avoué le plus ardent jacobin.Les sen-
le prélude d'une réparation plus com- titnenls qu'il y proclama avec emphase
plète. Leur attente fut vaine, en sorte ne le mirent pourtant pas à l'abri des
que, le 7 juin 1789, ils se décidèrent, soupçons.A deux reprises déjà il avait
pour conserver leur pasteur qui avait été arrêté comme suspect, mais rendu
reçu vocation de l'église de Sedan, à à la libertéaprès quelques jours de dé-
célébrer leur culte publiquement dans tention, lorsque, le 7 juin 1794, il fut
une salle louée à cet effet chez un mar- emprisonné de nouveau, et cette fois
chand de vin de la rue Mondétour, il n'échappa vraisemblablement à la
nommé Thierry.Le local élait peu con- mort que grâce au 9 thermidor. Les
venable, bientôt même il selrouva trop circonstances ne lui permettant pas
étroit; ou songea donc à. transférer d'exercer publiquement son ministère,
l'assemblée dans la salle du Musée il résolut de continuer à remplir en
qui s'élait fondé, rue Dauphine, sous particulier ses devoirs pastoraux, et il
la présidence de Court de Gébelin le fit avec un dévouement admirable,
(Voy. IV, p. 96). La translation eut donnant gratuitement ce qu'il avaitre-
lieu le 7 fév. .1790 ; mais, dès le mois çu gratuitement, et vivant, comme
de mai suivant, le maire de Paris,Bail- Saint Paul, de son travail, c'est-à-dire
)y,et le commandant de la garde natio- avec les appointementsattachés à une
nale, La Fayetlè, obtinrent aux Pro- place de traducteur qu'il avait obtenue
testants la permission de prendre à au ministère des relations extérieures.
loyer l'église de Saint-Louis du Lou- Ce fut seulement le 20 mars1795 qu'il
vre, qui avait élé supprimée. Marron lui fut permis de rentrer dans ses fonc-
en fil la consécration, le 22, par un tions. 11 porta seul le fardeau d'une
église déjà très-nombreusejusqu'à la
Guillon (août 1720-mai 1727), Du Mont (juin
1727-mai 1730),Kei!<iBrf, chapelain des pléni- réorganisation des cultes, à laquelle
potentiaireshollandais au congrès deSoissons, il eut une grande part. A la demande
qui remplit l'intérim, Vimielle (sept. 1730- du consisloire et d'une portion de l'é-
13 déc. 1747, date de sa mort), Renaud; cha-
pelain ordinaire de l'ambassadeur, seconda glise, adressée le 23 vendémiaire an X
dans ses fonctions; depuisjui'.l. 1731 a nov. au citoyen Portails, conseiller d'état,
1732, le ministre Vimielle, qui eut pour Marron fut confirmé dans sa place de
successeur Jean-Claude Trinquand - Tamloo pasteur, et un arrêté du premier con-
(21 juill. 1748 au -18 mars1749), L'Honoré
(déc. 1749 à juin 1752), Pierre-Jacques Cour- sul du 12 frimaire an XI, lui adjoignit
,
tonne (1 oct. 1752-dcc. 1754), Fr.-Guill. de deux collègues, qui furent Rabaut-
La Broue (24- déc. -1752-1774), Jacq. tic Pommier et Mestrezat,que l'onfitve-
Loches (30 mars 1755 au 22 août 1759), Jean
Duvoisin, ancien pasteur de Bois-le-Duc, cha- nir de Bâle et qui, étant mort le 8 mai
pelain de l'ambassade hollandaise depuis le 1807, à l'âge de 47 ans, fut remplacé
1 juill. 1759, J.-T. Armand, ancien pasteur
de La Haye, successeur de La Broue, le 28 par Monod, alors pasteur à Copenha-
n,ai'1775, el collègue de Marron (Etat civil de gue. La vie de Marron n'offre plus dès
Paris. Chapelle de Hollande, Pi» 9b). lors aucune particularité notable. H
MAR — 585 — MAR
mourut du-choléra, le 30 juill. 1832, tant.de mer que de terre, trad. du
sans laisser d'enfants, avec la réputa- hollaud., Dordrecht, 1803, iu-8°.
tion d'un pasteur zélé et fort charita- VII. Napoleoni primo Gallorum
ble. Sesobsèqueseurent lieule 2 août. imperatori semper augusto; Paris,
M.A. Coquerel prononça son oraison 4 804, in-4°.
funèbre. VIII. Discours d'action-de grâces
Dès son enfance, Marron cultiva la pour la paix signée àLunêville,imn.
poésie avec une sorte de passion, et avec un autrediscours intitulé -.Service
l'on peut dire qu'il a quelque peu abu- d'action de grâces célébré le 15 août
sé de sa facilité à rimer. Tous les gou- 4 806, anniversaire de la naissance
vernements depuis Louis XVI ont suc- ' de S. M. l'empereur et roi, Paris,
cessivement reçu ses hommages et en 1806-, in-8'.
vers et en prose. Comme orateur de la IX. Ad Fontes Bellaqneos, in loeto
chaire, son talent n'offrait rien de fort de gravidâ Gallorum impératrice
remarquable; son débit était grave, nuntio, Lutet., 1810, in-4".
coupé defréquenls repos, son gestesa'c- X. Elegia ad musant in Borbonio-
cadé et un peu raide, sa voix sonore, rum ad Gallos redilu et auspicatis-
sa tenue très-digne. Il n'excellait que simo Lndovici XVIII Lutetiam Pa-
dans la prière. Comme littérateur, il n'a risiorumadventu, Paris, 1814, in-8".
laisséaucunouvragedelongue haleine; XI. A MM. les président et mem-
mais il a semé un très-grand nombre bres de la chambre des députés, 1816,
d'articles, plus ou moins bons, dans di- in-S°. "

vers recueils périodiques, comme le XII. Tertia dies octobris. Ad re-


Journal et le Magasin encyclopédiques, gium principem Ludovicum-Anto-
et dans quelques dictionnaires biogra- nium, ducam Engulismensem, Ga-
phiques, entre aulresdanslaBiographie dium domitorem, Paris, 1823, in-4".
universelle. Amateur éclairé des curio- XIII. Ludo'vico XVIllinfesiis bap-
sités littéraires etarlistiques,ilavaitfor- tismalibus regii JJurdigaloe ducis,
mé un précieux recueil d'autographes Paris, .1825, in-4°.
el une riche collection de portraits qui XIV. Carolo X in feslis Rhemen-
fut achetée, après sa mort, par le roi sibus, Paris, 1825, in-4°. — Outre le
Louis-Philippe. Voici, sans parler de baptême du duc de Bordeaux cl le sa-
très-courles pièces de vers latins, sans cre de Charles X, il avait aussi célébré
intérêt, la liste des opusculesqu'il afait en vers latins, en 1811, la naissance
imprimer à notre connaissance. du roi de Piomé, et ce poème doit avoir
I. Lettre d'un protestant à l'abbé été publié.
Cérutti, Paris, 1789, in-8". XV. Carmen gratulatorium Aca-
II. Discours[sm Jean VIII, 3%]pro- démies Lugdnno-Batavoe, post exac-
nonce à l'occasion de l'achèvement tos CCLannos natalem suum solemni
de la constitution et de son accepta- festo celebranti, Lugd. Bat., 1825,8°.
tion par le roi, 1791, in-8°. XVI. Solcmnia Hagana celebrala
III. A la citoyenne Hélène-Marie diebus XXII et XXU1 julii 4 828,
-
Williams, Paris, an III, in -8". •— Il Paris, 4 828, in-S".
raconte sa captivité à celte dame. XVII. Op eene leiden-ontzets-vie-
IV. Constitution du peuple batave, ring le Parijs, "4829, in-8'.
trad. du hollandais, Paris, 1798, in-8°. Celle liste n'est pas complète; mais
V. Discoursprononcé la veille de M. Quérard lui-même, le plus laborieux
la fête de la paix, 4 7 brumaire an X, de nos bibliographes, n'a pas connu
1801, in-8°. tous les opuscules publiés par Marron.
VI. Nouvelles observations et at- 11 ne cite pas, par exemple, sa Lettre
testations sur la transcendance du à l'archevêque de Besançon, qui s'était
bois de mélèze dans les constructions naïvement imaginé que le voyage du
MAR 286 — MAR

pape en France, en 1804, offrait une réussitnon moins heureusement sor-


à
occasion propice pour ramener les Pro- tir de la ville, avec Daniel Le Gras,
testants dans le giron de l'Eglise ro- barbier de son état. Ils étaient résolus •

maine. Celte lettre, véritable modèle l'un et l'autre à gagner à tout prix la
d'une discussion pleine àla fois de di- Hollande. Leur voyage à travers la
gnité et de convenance, a pourtant élé France se fit sans accident jusqu'à Mé-
imprimée. On attribue aussi à Marron, zières, où commencèrent leurs tribu-
selon Barbier, les Notés jointes à l'ou- lations.-Après avoir failli être reconnus
vrage deMirabeau, intitulé AuxBatavés dans cette ville pour dés religionnaires
sur le stathoudérat (1788,,in-8°): fugitifs et avoir échappé parleur Sang^
M. Athanase Coquerél fils, entre lés ' froid à ce danger, ils atteignirent Ma-
mains de qui ont passé en partie.lés pa- rienbourg, qui, malheureusementpour
piersde Marron, possèdesept Sermons eux, venait d'être occupée par les Fran-
de lui restés manuscrits, et une Auto- çais, Dénoncés par uh garde-chasse
biographie, dont nous avons profilé du prince de Liège, qui avait pénétré
pour cette notice. leur .secret, ils furent arrêtés, et, sur
MARTEIIiH-E (JEAN), confesseur l'ordre formel de.La Vxillière, mis en
de la foi protestante sûr les galères du jugement. Le juge du lieu les condam-
roi de France, néà Bergerac, en 1684, na aux galères perpétuelles, comme
d'une famille de marchands, Marteilhe atteints et convaincus -d'avoir voulu
ne comptait encore que seize ans, lors- sortir du royaume. La sentence devant
que la tranquillité relative dont les être confirmée par le parlement de
Protestants avaient joui tant que la Tournai, ils furent conduits dans les
guerre avait forcé le gouvernement de prisons de cette ville, où ils eurent
Louis XIV à porter toutes ses troupes d'abord beaucoup à souffrir; niais ils
sur les frontières, cessa brusquement trouvèrent.plus tard dans le gfand-vi-
après la conclusion de la paix de Rys- çaire de l'évêque, chargé de leur con-
-yvick. Les dragonnades recommencè- version un homme compatissant qui
rent, et l'ardeur des convertisseurs se fit tout ,ce qu'il put pour adoucir leur
réveilla. Parmi les ambitieux qui vou- sort, bien qu'il n'eût rien gagné sur
laient plaire à la Cour et mériter les eux par ses exhortations. Le jour ar-
bonnes grâces du roi en affectant un riva enfin où -ils durent comparaître
zèleextrêmepourla conversion des hé- devant le- parlement qui leur témoigna
rétiques, aucun peut-être ne se distin- beaucoup de sympathie et de bienveil -
gua par son animosité et sa cruauté au- lance, à tel point que, faute de preuves
tant que l'apostat C aumont-La Force, évidentes dé leur intention de sortir
qui exerça des barbaries sans nom non- de France, il lés aurait absous, si La
seulement, sur ses vassaux, mais sur Vrillière neluiavait signifié que « S. M.
les bourgeois huguenots des villes voi- prétendait qu'ils fussent condamnés
sines. Eu 1700, il se transporta à Ber- aux galères. » Pour résistera un ordre
gerac, escorté de quatre jésuites, et aussi formel, il aurait fallu posséder
suivi d'un régiment de dragons, qu'il plus de fermeté et d'indépendance,
logea chez les Protestants. Marteilhe être animé d'un plus vif amour de la
père, pour sa part, en eut 22 à héber- justice el d'une haine plus vigoureuse
ger, mais, ce ne fut pas tout: on lejeta de l'arbitraire que les.conseillers du
lui-même en prison, on enferma sa parlement de Tournai ou des autres-
fille et deux de ses fils dans des cou- parlements de France. Les juges, s'in-
vents; sa femme seule fut laissée au clinant humblement devant la volonté
logis, à la discrétion des garnisaires.. Souveraine, réformèrent donc leur ar-
A l'arrivée des dragons, Jean Mar- rêt qui était tout dressé, et confirmè-
teilhe, l'aîné des enfants, parviutà s'é- rent la sentence.Troisjours après, Mar-
chapper de la maison paternelle, et il teilhe et son ami partirent pour Lille
MAR 287 MAR
où la chaîne des galériens s'assem- neveu, de qui j'étois secrétaire. J'avois
blait. La protection d'un nouveau ca- àla vérité, dans certains temps, beau-
tholique, Lambertie, grand prévôt de coup à écrire, et j'y-étois si exact, que
Flandre, les fit sortir du cachot noir et j'y passoisles nuits entières
pour ren-
infect où, à leur arrivée à Lille, ils dre mes écritures plus tôt même que le
avaient élé plongés au milieu d'une commandant ne s'y altendoit. » La fa-
trentaine de scélérats couverts de cri- veur du capitaine le fit bien venir de
mes; ils furent placés dans une Gham- l'aumônier luUmême, dominicain in-
bre aérée el spacieuse, où ils restèrent struit et bon prédicateur, qui avait trop
quatre ou cinq mois, jouissant de tout d'esprit el d'instructionpourpartager le
le bien -être que l'on peut trouver dans fanatisme farouche des Pères de lamis-
une prison. Ce fut seulement au mois sion,ennemisplus acharnés desHugue-
de janvier 1702 qu'ils furent mis à la nols, au dire de Marteilhe, que les Jé-
chaîne qui parlait pour Dunkerque, où suites eux-mêmes.
le gouvernement avait fait venir une Cependant de nouvelles épreuves
escadre de six galères destinée à in^ attendaient le jeune confesseur. En
quiéler les côles d'Angleterre. Dès leur 1712, lorsque Dunkerque fut remis
arrivée, les deux amis furent séparés. aux Anglais, le gouvernementfrançais
La jejinesse, la douceur, la rési- se vit forcé, faute de matelots, de lais-
gnation de Marteilhe, la cause de sa ser son escadrille dans le port. Dès
condamnation, tout inspira de la pitié que la garnison anglaise apprit qu'il y
même aux comités, qui le traitèrent avait sur les galères vingt-deux forçats
toujours avec ménagement, ainsi que pour cause de religion, soldats et offi-
quatre autres Protestants enchaînés ciers, et parmi eux bon nombre de Ré-
sur la même galère. La position de ces fugiés, s'y portèrent en foule. A l'as-
infortunés s'adoucit encore, lorsque pect de leurs coreligionnaires enchaî
l'un d'eux, nomméBancilhon,mousse nés comme des brigands, ils manifes-
.d'office du capitaine Langeron-Maule- tèrent si hautementleur indignation que
vrier, eut gagné par sa probité scrupu- Langeron put craindre qu'on ne les dé-
leuse la confiance et l'amitié de son livrât de force. Il exprima ses inquié-
maîlre, au poinfcde changer complète- ludèsà lordHill, qui, faut-il le dire? lui
ment les dispositions de ce gentilhom- vint fort obligeamment en aide, eu lui
me à l'égard des Réformés. Nous ne suggérant un moyen de prévenir ce
pourrions sans nous écarter beaucoup malheur et en se prêtant delà meilleure
de notre plan suivre Marteilhe dans grâce du monde à l'exécution du plan
toutes les courses de l'escadre de ga- convenu entre eux. Dans la nuit du 1er
lères; rien de particulier d'ailleurs ue au 2 oct., on enleva les galériens pro-
lui arriva, si ce n'est, dans la campa- testants, on les transféra sur Un bateau
gne de 170S, où il fut très- gravement -pêcheur-qui, muni d'Un laisser-passer
.

blessé à l'attaque d'une frégate an- de lord Hill, sortit du port sans empê-
glaise.Sa blessure le mettant dans l'im- chement, et aborda à Calais, d'où les
possibilité de ramer, il fut choisi pour vingt^dèux confesseurs furenlconduits
remplacer l'écrivain de Langeron qui au Havre sous bonne escorte. Dès que
venait de mourir. «J'étoissans chaîne, la nouvelle de leur arrivée se répandit
nuit et jour, raeonle-141, ayant seule- dans la ville, les nouveaux convertis,
ment un anneau au pied. J'étois bien avec l'autorisation de l'intendant, ac-
couché el en repos pendant que tout le coururent en grand nombre et les com-
inonde étoit au travail delà navigation. blèrent d'élogeset de caresses. «Notre
J'étois bien nourri, honoré et respecté chambre ne désemplissoit pas, raconte
des officiers et de l'équipage, et par- Marteilhe, de personnesde tout sexe et
dessus tout, aimé et chéri du comman- detoutâgê. Nous faisions la prière soir
dant et du major des six galères, son et matin, et après avoir lu debons ser-
MAR '288 — MAR
Malgré toutes les ruses, toutes les chi-
mons que nous avions avec nous, nous
chantions des pseaumes, de sorte que canes, toutes les menées du clergé ca-
noire prison n'avoit pas mal J'air d'une tholique pour retenir sa proie, un na-
petite église. On n'entendoit que les vire, qu'ils frétèrent, les débarqua à
pleurs et les sanglots de ces bonnes Villefranched'où ils gagnèrentNicepar
geiis, qui nous venoient voir et qui ne terre. Dans cette ville, ils trouvèrent en
nous quittoient presque plus. Envolant Bonijoli, riche marchand de Nismes.
les chaînes dont nous étions chargés et qui s'y était réfugié, un-protecteur, un
notre résignation à les porter, ils se re- „ami, un frère.11 voulut leur fournir lui-
prochôient leur foiblesse et se plai- même les moyens de se rendre à Ge-
gnoient de n'avoir pas résisté jusqu'à la nève où ils furent reçus comme en tri-
mort auxmaux qu'on leur avoitfaitsouf- omphe. Tôutela population, magistrats
frir, ou aux charmes donton s'étoit servi et ministres en tête, alla à leur rencon-
pour les faire renoncer à la vraie reli- tre et les accueillitainsiquele méritaient
gion. » A Rouen, même enthousiasme, ces héros de la foi chrétienne. Cepen-
même ovation, mêmes larmes etmêmes dant Marteilhe ne s'arrêta que quelques
regrets. A Paris, Girardot-de- Chan- jours à.Genève. Il_ partit pour la Hol-
court surtout leur témoigna une. vive lande avec six de ses compagnons de
sympathie. Il leur procura, à prix d'ar- chaîne. A Berne, ils furentmagnifique-
gent, quelques soulagements dans le ment traités aux frais de la ville. A
cachot où ils furent jetés à la Tqurnelle, Francfort, les deux consistoires, l'alle-
et, à sa prière, d'ÀTgensonrecommanda mand et le français, rivalisèrent à qui
au capitaine de la chaîne, qui partit le leur prodiguerait le plus de marques de
17 déc, de les bien traiter en roule. sympathie, et voulurent les défrayer
Arrivés à Marseille, le 17 janv. 1713, jusqu'en Hollande. Quelques semaines
les vingt-deux galériens protestants, après son arrivée à Amsterdam, Mar-
en attendant le retour des galères de teilhe fut choisi par le consistoire -wal-
Dunkerque, furent mis sur la Grande- lon pour un'des députés que les Réfu-
Reale, qui servait de dépôt et où ils giés de Hollande se proposaient d'en-
trouvèrent une vingtaine de leurs core- voyer en Angleterre remercier la reine
ligionnaires. Grâce aux réclamations , Anne delà délivrance •fb.'elle avait
pro-
pressantes des ambassadeurs des Puis- curée à une partie des galériens pro-
sances protestantes, lesHuguenotsn'é- testants, et la supplier d'employer sa
taient plus traités sur les galères avec puissante intervention en faveurdeceux
la même rigueur qu'auparavant. Depuis qui n'avaient point encore obtenu la li-
quelques années déjà, on neles forçait berté. Miremont et Rochegu.de présen-
plus, sous peine de la bastonnade, à se tèrent les députés des églises -wallon-
mettre à genoux pendant la messe. Les nes à la reine, qui promit d'écrire à
infatigables effortsdu généreux Roche- LouisXIV et qui tint sa promesse, puis-
gude ne devaient pas tarder à leur ob- que, l'année suivante, au rapport deMar-
tenir la liberté. Ses prières, appuyées teilhe, les deux cents Réformés qui res-
par des lettres de tous les princes pro- taient surles galères, furent libérés. Sa
testanls, déterminèrent enfin4a reine mission remplie, Marteilhe retourna en
Anne à intervenir en leur faveur. Vers Hollande,où il vécut d'une pension que
la fin du mois de mai, l'ordre arriva à lui firent les Etats-Généraux. Il mou-
Marseille de délivrer 4 36 Protestants rut à Cuilenbourg, en 1777, dans un âge
sur les 300 qui étaient alorsaux galères, très-avancé.
à condition qu'ils sortiraient immédia- Tout ce qui précède'-est tiré de ses
tement du royaume à leurs frais, et Mémoires, qui ont été publiés par Su-'
qu'ils n'y renlreraienljamais,sous peine perville sous ce litre : Mémoires d'un
de reprendre leurs fers. Marteilhe fut protestant condamné aux galères de
du nombre de ces premiers libérés. France pour cause dereligion, écrits
MAR — 289 - MAR
par lui-même, Rott., 1757, in-8°; Rames; — 7° CHARLOTTE, femme de
nouv. édil., La Haye, 1774, in-S°; Laurent Puchot, sieur de Gerponville,
nouv. édil., augm. d'une clef des let- à qui elle donna une fille mariée dans
tres qui signifient les noms des per- la famille de Lindebeuf;
— 8° MADE-
sonnes,villes, etc., La Haye, 477S,S°. LAINE ou Michelle, femme de Jean Le
Ces Mémoires se dislinguentparun ton Marquetel, sieur de Saint-Denis-le-Gast;
de simplicité et de bonne foi quilémoi- — 9° JEANNE, alliée à Jean Le Roux,
gne de la véracité de l'auteur. sieur d'Euville;—10"autre CHARLOTTE,
MARTEL, famille normande très- épouse d'IlilaireMallet,sieur deHessei;
ancienne (quoique sa prétention de des- — 11° AORIENNE , femme de Jacques
cendre du célèbre Charles Marlel ne soit de Varigniez, sieur de Blainville; —
peut-être pas admissible) et divisée en 4 2t,FitANçoisE,abbessedeBoudeville,et
plusieurs branches longtemps avant la deux autres filles mortes sans alliance.
Réformalion. Nicolas Marlel, qui conlinuala bran-
Charles Martel, sieur de BACQUE- che aînée, ne paraît pas avoir joué de
viLLE,fils cadet d'Antoine Marlel et d'I- un rôledans nos guerres civiles. Il ne
sabeau Masse, était lieulenanl du duc laissa, de son mariage avec Jeanne Le
deBouillonen'RoTBauAie, lorsqu'il ab- Secrétain,Aame deCany et deBarville,
jura publiquement, en 1559, avec deux qu'un fils, nommé CHAULES, qui fut tué
de ses fils, la religion romaine entre à Arques, selon les Mémoires du dac

les muins de Enox, l'illustre réforma- d'Augoulême. Comme ce fils mourut
teur de l'Ecosse, qui desservait alors sans postérité, la seigneurie de Bac-
l'église de Dieppe. Malgré son abjura- queville passa à son oncle Antoine,
tion, Bacqueville, réglant sans doute sa qui eut de son mariage avec une fille
couduite sur celle de Bouillon,restadé- de basse exlraclion, nommée Cathe-
voué à la cause royale. Aussi, après la rine La Roche, un fils, CHAULES, ba-
capitulation de Dieppe, la reine-mère ron de Bacqueville.morl le 6 juin! 633,
ne refusa pas de lenommer gouverneur sans alliance, et cinq filles, CATHE-
de la ville,en prenant toutefois la pré- RINE, ADRIENNE, MARGUERITE, CnAt;
caution de mettre un zélé catholique LOTTE et FRANÇOISE. L'aînée seule fut
dans le château. Lorsque Catteville se mariée; elle épousa Samson de Saint-
saisit de nouveau de Dieppe pour le Germain, sieur de Juvigny.
parli prolestant (Voy. III, p. 250), crai- I. BRANCHE DE LiNnEBEur. François
gnant apparemment d'être accusé de Marlel, qui fonda celle branche, épousa,
complicité, Bacqueville demanda et ob- en 4 559, Anne de Pons, fille d'Antoine
tint la permission de se retirer dans ses de Pons, comte de Marennes, elù'Anne
terres. Dès lors, l'histoire ne fait plus de Parthenay. Il en eut : 4° ISAAC, qui
mention de lui. Il avait élé marié deux suit;—2"FRANÇOIS, souche de labran-
fois, la première avec Louise de Bal- che de Fontaine-Martel; — 3" ANNE,
sac-d'Éntraiguës, la seconde, avec femme de Loup Du Gravier, sieur de
Marie d'Yencourt ou d'Yaucourt. Du LaPlongère;—4°MARIE, alliée à Jean,
premier lit naquirent : 4* NICOLAS, qui baron d'Aulhon.
suit; — 2° ANTOINE, sieur de Vaupil- IsaacMarlel, sieur de Lindebeuf,prit
lière, puis deBacqueville,qui suivra;— pour femme sa cousine Elisabeth Pu-
3° François, sieur d'Hermanville, qui chot, dont il eul cinq enfants : 4 • GÉ-
s'attacha au duc d'Anjou, et mourutsans DÉON, comte deMareunes, marié '.[Eli-
alliance;—4° Guillaume, abbé de Sainl- sabeth de La Motte-Fouqué, et décédé
Josse-sur mer. Sa seconde femnie le à Paris, en 4 656 (Reg. de Charent.),
rendit encore père de huit enfants : ayant eu de son mariage au moins deux
5" FRANÇOIS, souche des seigneurs de fils (4), HENRI, comte de Marennes, et
Lindebeuf;—6° NICOLAS, appelé Char-
les par Moréri, qui fonda la branche de (1) Sourchcs parle dans ses Mémoires c'unt

T. VII. 49
MAR 290 MAR
— —.
CHARLES, mort, en 4 637, à l'âge de 4 6 ducagè qui s'est surtout illustré par
ans'(lbid.); belle , défense de Brouagê contre
-r- 2° SAMUEL, appelé par la
Moréri Isaac, et par une généalogie Mayenne. Il se nommait Achille Mar-
msc. de la famille Martel (FondsS.Ma^ tel, sieur de Manducagè, et avait un
^Zoi"-e,N°157)ArJcotes,barondeSaint- frère appelé Noël, avec qui il partagea,
Jur et Vandré, qui se maria avec Eli- en 1573, la succession de leur père-
sabeth Ponssard, dont il eut ANGÉLI- Manducagè s'attacha au prince dé

QUE, femme, en 1650, de Jacques Gou- Condê,


,
qui le chargea en 1576 de
, ,
lard ;-^3 ' MADELAINE, .épousede Lan^ porter à Héuri III ses plaintes au sujet
celot, sieur de Feugerels; — 4" CHAR- de l'inexécution dii dernier édit de pa-
unie à Pierre Acarié, sieiirdu cification. Au rapport de l'historien de
LOTTE,
Bourdet. Thou, c'était un hohime dé moeurs an-
II. B RÀNCHE DE RÀMÉS. Nicolas Martel tiques, « vir prisci nioris et disciplinas».
eut pour fils CHARLES, sieur dé Rames, Lieutenant de Montgommery dans le
qui épousa Jossine de Rochechouàrt gouvernement de BiôUagê , il sut ga-
et en eut HENRI, morl sans enfants de gner l'affection des habitants à tel point
sa femme Catherine Guillebert. qu'ils le demandèrent à Condé pour
III. BRANCHE DE FONTAINE--MARTEL. gouverneur en place de Montgomrhe-
François Martel, comte de Marennes, ry, en 1577. Le prince, qui attachait-
épousa Jeanne de Motichy dont il eut une grande importance à la possession
deux fils, nommés FRANÇOIS et ADRIEN, de,cette place importante, accéda à leur
sieur d'Eraalleville.Ce dernier prit pour voeu, de peur d'accroître lé méconten-
femme Catherine dé Mouy, et en eut tement qu'ils avaient conçu de Sa con-
FRANÇOIS, qui paraît s'être converti, duite à l'égard de Mirambeau (Voy.
SUSANNE, femme de Charles Roussel, II, p. 465),
baron de Goderville, et MARIE, qui s'u- Brouage était une- ville toute 'riôii-
.

nit au marquis de La Barre. Le frère vëlle. Ce u'étaitque depuis très peu de


aîné épousa l'héritière de la maison de temps qu'elle availété enceinte de fos-
Clere [Cleray?], qui le rendit père de sés, flanquéedé bastions et mise enétat
trois fils. L'aîné,CHARLES,capitainedes de soutenir un siège. Sa garnison était
gardes de Monsieur, mourut à l'âge de peu nombreuse;.mais à rapproche de
46 ans, en 1669. Nous ignorons s'il Mayenne, Valzergue, sieur de Séré, se
avait abjuré la religion réformée, mais jeta dans la place avec Un renforldeiô
tout nous prouve que les enfants, nés gentilshommes volontaires et de 1200
de son mariage avec Anne de Bau- arquebusiers.Clermoiiid'Amboisefut
quemare, professèrent le catholicisme, moins heureux sur mer (Voy. Ht,
ainsi'que leur oncle, RENÉ Martel, mar- p. 502), énsorte que, siManducagëhé
quis d'Arcy, qui fut ambassadeur en manqua pas d'hommes, il manqua dé
Savoie et gouverneur du jeune duc vivres et de munitions.
d'Orléans, depuis régent,Quant au troi- Le jour même où l'armée des Li-
sième frère, HENRI, comte de Fontaine- gueurs parut sous les inurs, les assié-
Martel, premier écuyer de la duchesse gés, dans une sortie vigoureuse, cul-
d'Orléans, il ne laissa qu'une fille de butèrent les avant-postes, et, avant de
son mariage avec Anne de Bordeaux. rentrer dans la ville, ils fortifièrent,
Selon le msc.de Saint-Magloirecité comme ouvrage avancé, un moulin où
plus haut, c'est d'une branche de la fa- ils laissèrent le capitaine basque Jan-
mille Martel (4). que descendait Man- ry avec dix ou douze soldats. CeS.en-
demoiselle Marlel-de-Marennes, qui reçut une fants perdus furent passés au fil dé l'é-
pension comme nouvelle convertie, même pée, quelques jours après, par les Ca-
avant là révocation. Il est assez vraisemblable tholiques.
qu'elle était lille de Gédêon, Le feu ne s'ouvrit contre la place que
(1) Selon-La Popeliniére, Manducagè était
gentilhomme picard. lé 22 juill. 1577. Une brèche fut faite
.
MAR MAR
— 291 —
an-bastion appelé le Pas-dë-Loup;mais sante des vivres, acheva de décourager
l'assaut ayant été Ternis au lendemain, la garnison. Philippe de La Fin, qui
lès assiégés profitèrent de cette faute dirigeait la défeuse depuis la blessure
pour réparer leurs murs. Les batteries deMàndncage, filpartirle capitaine Lo-
•ennemies continuèrent leur feu pen- sée pour La Rochelle, en le chargeant
dant plusieurs jours encore, avant de d'adresser de sévères reproches à Con-
pratiquer au bastion une autre brèche. dé au nom de, tous l'es geulilshonimes
Cette fois, les Ligueurs s'y jetèrent qui s'étaient enfermés dansBrouagé,et
*vëc impétuosité ; mais ils furent re- de lui siguifier que si, dans deux jours,
pousses -après un vif combat; malheu- la place n'était pas secourue elle ou-
reusement Manducagè Teçut dans la vrirait ses portes aux Ligueurs. , Les
mêlée, par la maladresse d'un de ses Rochellois sentant, trop tard, la faute
Soldats, une blessure à la cuisse qui le qu'ils avaient commise, se hâlèrent de
mil hors de combat. préparer un grand convoi de vivres et
Cependant Condé pressait le Con- de munitions, qui mit sur-le-champ à la
seil de La Rochelle d'envoyer du Se- voile; mais les barques roçhelloises ne
coursaux assiégés.Mais les Rochellois, purent forcerPentrée du port barréepar
qui voyaientavecjalousie la prospérité une estacade ; elles durent s'éloigner,
croissante de BroUage se montraient au grand désespoir des assiégés, à qui
sourds à ses instances., A la fin pour- il ne resta plus d'autre ressource que
tant, until partir 200 arquebusierssous d'accepter la capitulation offerte .par
les ordres du capitaine La Treille, Mayenne. Le général catholique, eh
(Voy. VI, p. 413). Un secours aussi effet, venait d'apprendre la prochaine
faiblene pouvaitarrêter les progrès du arrivée du duc d'Anjou,et il ne se sou-
découragement que le manque de vi- ciait pas de se laisser ravir par lui le
vres commençait à répandre parmiles "fruit de ses travaux. Manducagè char-
assiégés.Un conseil de guerre fut tenu gea donc Laurent de Magny, sieur
dans lelogisdeManducage.Yalzergue- de Maninvillo, et Joachim Torterne,
de-Séré opinalepremier. Son avis fut sieur de La Vallée, de régler les ar-
qu'on tentât un dernier effort pour rui- ticles du traité, qui fut signé le 16
ner les travaux des assiégeants, puis^ août et fidèlement exécuté. des deux
qu'ilvalait toujours mieux, dit -il, «mou- côtés. La garnison huguenotte sortit
rir à coups d'épée que de faim,et dans de la ville, le 28 août, avec armes et
lès tranchées de l'ennemi qu'à un gi- bagages, les malades furent transpor-
bet. » Cette proposition courageuse en- tés par hier à La Rochelle, et ceux des
leva tous les suffrages; unesortie gé- habitants qui ne voulurent pas quitter
nérale fut résolue. Chargé delà com- leurs foyers, conservèrent leurs biens
mander, Yalzergue, à la lête de 30 cui- et la liberté de conscience.
rasses et de 120 arquebusiers, se pré- Manducagè mourut, peu de temps
cipita sur les compagnies des gardes après, à La Rochelle des suites de sa
qui défendaient les tranchées et Jes blessure. Il ne laissa qu'une fille,
culbuta; mais emporté par son ardeur, nommée FRANÇOISE, qui fut inhumée
il laissa ses gens loin derrière lui, et dans l'église protestante de Quévilly.
se vil bientôt enveloppé. Il tomba per- A ces différentes branches protes-
cé dé coups, en combattant comme un tantes de la famille Martel ne faudrait-
lion. Avec lui périrent Frédéric de il pas ajouter lesMartel-de-Montpin-
Hangesi, slêurd'Argenllieu, les sieurs çon qui embrassèrent également la
, réformée, comme le prouve le
flë B'eaulieu et de Combles, La Gorce, religion
'La Pille et Jean Simon, ces trois der- mariage de Daniel Martel, sieur de
niers de Marennes et fort estimés dans Montpiuçon, fils de François Martel,
leur parti. capitaine de chevau-légërs, et àeLouise
Cet échec, joint à la pénurie crois- Thouars, avec Charlotte de Gorris,
MAR — 292 — MAR
fille de Jean, sieur de Meilleray,.mé- Saint-Antonin, le 4 5 sept. Cinquante-
decin ordinaire du roi, et de Margue- cinq églises y furent représentées. Dix
rite Biseul, mariage .qui fut célébré, sept se conformèrent aux prescriptions
.

en 1656, dans le lemple prolestant de la Discipline, en y députant au


(Reg. de Charent.). Ce Daniel Martel moinsunministre et un ancien, savoir:
descendait sans doute de Charles Mar- Saint-Antonin, le ministre Bardon et
tel, sieur de.Montpinçon. mort en les deux anciens de Rouire el Alary ;
4 575, qui a publié avec C. Landrin, Caussade, Gomès, min., Reversât et
docteur en médecine d'Orléans, une Rossai, anc; Bruniquel, de Pechels,
Histoire de notre tems, contenant min.. Des Casais el Cambefort, anc;
unreçueil de choses mémorablespas- Cajarc, son minisire La Vabre el un
sées et publiées pour fait de religion ancien, Pelras; Cardaillac, Perrin,
depuis le fi mars 4 568 jusqu'au min., et Delpnech, anc; Montauban,
4 aoûtUblO, sans nom de lieu, 1570, Satur, min., elLugandi, avocat; Be-
in-8°. Cette famille resta fidèle à la gniès.Bardeau, min., el AMI!M/, anc;
foi protestante. Parmi les officiers Saint-Nauphari, le seigneur du Ijeu et
français qui suivirent Guillaume d'O- le pasleur Benech; Réulville, Barbât,
range dans son expédition d'Angle- min., et Valade, anc; Castres, LaDe-
terre figure un Montpinçon, cornette vèze, min., etFloureanx, anc; Réal-
dans le régiment de Sehomberg. Un mont, Viguier,min., et Bernard, anc;
autre, qui avait élé contraint d'ab- Calmont, Rival, min.,xlBaron-, anc;
jurer, réussit à se sauver à Hambourg Puy-Laurens,Martel, min., et Favar,
où il rentra dans l'Eglise réformée anc; Bevel, Lavernie, min., et Du-
(Arch. TT. 270). mas, anc; Mazamet, Bernard, min.,
MARTEL (ANDRÉ), pasleur el pro- et Rivière, anc; Damiatle, Voisin,
fesseur de théologie à l'académie de min., et Maillabiou, anc; La Caune,
Montauban, naquit dans cette ville, en Martin, min,, et Gros, anc Trente-
4 618. Il fit d'excellentes éludes à Sau- six autres ne députèrent que leurs mi-
mur, où il soutint, sous la présidence nistres, savoir: Verlhac, La Resse-
(VAmyraut, une thèse De descensu guerie ; Màuzac, Belvèze ; Vabres,
Christi'ad inferos et limbo Patrum, Verdier; Esperausses, Laserre; An-
quiaL été insérée dans les Thèses de gles, Galibert; Castelnau, Lacalm;
Saumur. La première église qu'il des- Brassac, Cabïbel,- Montredon, Sers ;
servit fut celle de Sainl-Affrique, où il Sénégas, Icard ; Ferrières, Bardon ;
eut pour successeur, en 1647, le célè- Paulin, de Cayrol; LaBaslide,Fai(Ts;
bre Claude. Nomméprofesseurde théo- La Crouselte, Escale; Roquecourbe,
logie, eu 4 653, il prit possession de Tissier ; Pont-de-Larn, Lespinasse;
sa chaire par une thèse inaugurale De LaCabarètls, Pépin; La Case, de Gan-,
nalurâ fidei et de gratiâ efficaci, qui Sablayrolles, Oulès,- Milhau, Condu-
a étéimp. à Montauban, 1653, in-4''. cAer.-St-Affrique, Bonnefons-, Saver-
« Sa conduite irréprochable , dit Ca- dun, Rival; Le Carl_a, Bayle fils; Le
thala-Goture, et ses talents supérieurs Mas-d'Azil, Baricave,- Sabarat, Les-
lui acquirent une grande réputation pine-, Camarade, Pradalis; Mazères,
dans le parti protestant..... Une élo- Hubert ; Cuq, Pérez ,- La Bastide-St-
quence mâle, une profondeconnais- -. Amans, Bonnefous ,- Sorrèze, Causse;
sance des livres saints et une vaste Castelnau, de Fabrègues ; Carmaing,
érudition caractérisaient André Mar- Damatigues St-Amans-Villemen-
;
tel. » Il était recteur dé l'académie de dre (?), Bonnefous ;Mauvesin, Char-
Montauban, lorsqu'elle fut transférée les ; L'Isle-Jourdain, Vernhes; Puy-
à Puy-Laurens en 1660. Quelques casquier, Rofinhac
, ou Roffiniac, Le
années après, en 4 672, il fut appelé à Mas-Garnier, La Coste. Enfin Saint-
présider le synode provincial tenu à Félix el Campagnac n'envoyèrent
que
MAR — 293 — MAR
les anciens Albert et Vernoye. Le lui-même l'auteur. 11 est vrai que Mar-
synode élut La Devèze pour adjoint; tel se relira à Berne, et non en Hol-
Bardon el'Liigandi, pour secrétaires. lande; mais un excès d'amour pour le
11admit cinq proposants au ministère, despote qui gouvernait la France, l'au-
Pierre CampdomercAe Castres, Paul rail-il seul décidé à préférer la Suisse?
Filantinde La Rivière, du Mas-d'A- On ignore la date de sa mort (1).
zil, Abel Bonnafous, de Castelnau- ' Outre les écrits que nous avons déjà
de-Brassac, Guillaume Quinqnery ou mentionnés, on connaît d'AndréMartel
Quinqairy, de Carmaing, et Jacques dix-sept thèses lhéologiques,qui ont été
Campredon, deMeyrueis, et les plaça soutenuessous sa présidence, de 1656
immédiatement à Aiguefonde, au Mas- à 1674, et qui, selon l'usage, peuvent
d'Azil, à Caslelnau-de-Sablayrolles,à lui être attribuées. En voici les titres,
ReveletàCampagnac.Enfin il consen- tels que M. le professeur Nicolas a eu
tit à ce que Hurtault, ancien pasteur l'obligeance denous les envoyer, avec
de Saint-Amans, acceptât la vocation les noms des répondants. 1 ' De servi-
qui lui avait été adressée par l'église inte humani arbitriisubjugopeccati
de Montpellier (Arch. gén. TT. 315). et diaboli. Rép. Pierre Lacanx, Jean
C'est probablement dans ce synode Muratel, Marc Vernosius, de Cas-
queMarlel fut engagé par ses collègues tres ; — 2° De peccalo in Spiritum
à écrire contre la fameuse Méthode du sancinm. Rép. Jean Charles el Moïse
cardinal de Richelieu. Sa réfutation, Camius, de Montauban ; — 3° De ima-
qui se fait remarquer par une grande gine Dei in Adamo. Rép. Jean La'
modération autant que par un profond Placelte, de Ponlacq, Jean Goè'rcn,
savoir,aéléimp. sous ce titre: Réponse deLa Bastide- dè-Béarn, JeanVincent,
à la Méthode de M. le cardinal de des Cevennes, Jacques Fontaine, de
Richelieu, divisée en quatre livres, Royan; — 4° De lege et Evangelio.
Quévilly, J. Lucas, 1674, iii-4°; pp. Piép Jean Darnaiigues, de Puy-Lau-
xti et 412. rens, Pascal Du Casse, de Ponlacq,
Cet ouvrage ne devait servir Martel Pierre Lesperasse, du Béarn, Pierre
ni auprès du gouvernementni auprès du Bardon, de Sainl-Anlonin; — 5° De
clergé. Aussi fut-il enveloppé dans les lege et Evangelio. Rép. Théodore
.
poursuites que l'on exerça contre les Barin, de Marennes, JeanMasson, de
pasteurs de Puy-Laurens, sous l'éter- Civray, Pierre Villemandy, de La
nel prétexte qu'ils avaient admis des Rochefoucauld;—6"De lege et Evan-
relaps dans le temple. On le traîna gelio- Rép. Paul Couliez, de Metz ;
dans les prisons de Toulouse, où, se- — 7" De regeneratione christianâ.
lon Calhala-Coture, on ne négligea Rép. Paul Couliez; — 8" De immor-
rien pour l'amener à abjurer. Par arrêt talilate fidei. Rép. Paul Couliez; —
du 9 sept. -1685, le temple fut con- yDeimmortalitatefidei.Rèn. Guill.
damné à être démoli. On sait que l'a- Violas, de Réalville ; — 10" De con-
cadémie avait déjà élé supprimée par (1) Comme on ne nous apprend pas non
un arrêt du Conseil du 5 mars ( Voy. plus s'il eut d'autres enlanls que deux D'ies,
Pièces juslif., N" LXXXVII1). A la ré- nommées SOUVERAINE et JEAKNE, qui furent
enfermées dans des couvents, nous ne savons
vocation, Martel refusa d'accompagner quel lien de parente existait entre lui et un
ses collègues en Hollande, par la rai- ministre Martel, du diocèse de Lavaur, qui
son qu'il ne voulait poiut habiter un fut ministre a Cassel. — Dans le même temps
qu'André îiartel professait a Fuy-Laurens,
pays qui élait sur le point d'entrer en vivait a Montauban un autre Martel qui nous
guerre avec son souverain. C'est au est connu par A lellcr concerning a way for the
inoins ce que rapporte Calhala-Colure prolongation ofhnman lifr,im. pur extraits
qui met, à celle occasion, dans la bou- dans les Transact. philos. (1670). C'est sans
doute de ce dernier que descendaient Jacques
che de notre ministre un très-beau dis- el IsaacMarlel,directeurs de l'iiôpitalfrançais
cours dont il se pourrait bien qu'il fût à Londres, en 1757 et 1778.
MAR 294 MAR
— —.
Cordiâproeceptidiviniethumanivro- dier et. A'Antoine. Garissolles (4).
ti:graiiceetliberiarbitriiin,conver-
sionisnegotio.'R.èy. Daniel Despotz, (1 ) En voici les titres : De tçientiâ, Dei
aùl
de Paris;—-11 ° De l'apsu sex virqrum, quant Jèsuitoe mediam sive hypolheliçam
pure conditionalam vocanl. Prés. Coinmarc.
Saule, Davide-, S'olomone, Petro, Rép. Elie Mariocheau, de Marennes (1670);
Simone Mago et Jud'à. Rép, Jacques — De nalurâ fidei: Prés. Gommarc. Rép.
Garissoles, qui la dédia à son, frère Jacques de Rouffignaç, de La Rochefoucauld,
et Paul Dorgis, de Coze (167l); — De orlù
Antoine, avocat du barreau de Mon- fidei. Prés. Gommarc. Rép. Abraham de Labat,
tauban;'— 4 2° De Deq qnalenus est de Guienne (1672) ;-r- De scirntiâ. animé
summum hominis. bonum et uliimus Christi. l'rés. Verdier. Rép. David Eudes,
de Normandie, René Berlhe, de ('liàléllerauit,
finis. Rép.. Jean Barthélémy des Mallh. liodier, d.'Auduze, Isaac Faure, d'Ar-
,
Cevennes, Paul B.oiveau, de. Çonac, chiac; —De desçensit Christi ai inp-ros. Prés.
Charles La. Coste, de Montauban, Verdier. Rép. Pierre de Lamaion, du Béarn,
Etienne Grong net, desÇeveiines; -r- François de La Cave, d'Àrlhès, Elie Brunel,
d'Eymet, Jean Verdier, lils du professeur,
13° De via qnoe ducit ad summum bo- François Bancelin, de Metz, Elie Ramondon,
num. Rép. Jean Vimielle., de Montau- de Tournoi) en Guienne ; — J)e christ» Osay-
ban Paul Lavaur, du Mas-d'Azil, Ojcà-iw, an secundùm utrqmque naluram sil
,
Henri mediator. Prés. Verdier. Rép. Henri Roux,
Venès, de Bri.atexte, Jean. Bai- du Gévaudan, Jacques Godpn, de Çlermont,
Un, de Nérac ; — 14° De duplicpcor-. Pierre Àuyier, de Çastel-Jaloux ; — De infe-
dis officinâ. Rép. Jean Vimielle ris el dqmnalorum in eo. loçq statu. Prés.
Verdier! Rép. Jean Darnaiigfies, de Puy-
Pierre de Bia, de Montauban., Paul, Laurens, François Benoist, dû Poitou, Jean
Falantin de La Rivière, du Mas-d'A- Bordenave, de Castelnau, Thomas Satur, de
zil, Henri Forestier, de Béziêrs ;, — Montauban (1655); — Dé libro ville, ubi m
18° De samaritanismo. Rép. Guill.. ejus euposilione mulîa de eleclione et reproba-
liàne dis'sèruntnr, ubi etiam Moses detetionem
Quinguiry, de Carmaing, Claude Bar- è libro Dei pro fsrMcliticâ génie postulons,
don, de Saint-Antonin, Jean Molles, Pqulus quoque pro fratribus qnathema fieri
des Cevennes, Jean Dumas, de Saint-, cupiens explicantur;. Près. Verdier. Rép,
Gaspard Galibert, dé Mazamet (1656);—De
Jean-de-Gardonenqu.e; ^ 4 6° DeLa-

zaro in Abrahoe sinu. Rép. Michel


libro vilie ulrum in oelernâ vilâ fuluri sinf in-
oequales glorioe gradus, Pfés. Verdier, Rép.
David,, Pierre Çampdomerc, Théo- Olihier Loquet, de llarnezieux, Jean Faeefeau,
dose. Jarldn, Jean Delçunius;, —\-T de La Rackette, Théophile Aimeras, d'Anduze,
Etienne Molles, des Ccveiinés (1657) ;,-rr De
De verâ christianm jn.stificationis; HbTfivila;. Prés. Verdier, Rép. Jérôme Satitr,
ideâ-Rèv. Albert Richard, deMilhau, de Montauban ; — Dé libro vilee, in quâ.variis,
François Duv.al, de Montpellier, Jean rationiùus et Scriptnroe locis confirmatur iii
oeternâ vilâ fuluros esse cequales gloriai gra-
Tèrsojn, de Puy-Laurens, Samuel, dus. Prés. Verdier. Rép, Paul Couliez (1658),*
Asimoni, de Bergerac, Ces dix-sept
— De libre viloe, quam antegreditur oraîip de
thèses, imp. séparément par Antoine' vision/s Dei in fuluri vilâ. Prés.Verdier. Rép.
Bertier, imprimeur de l'académie, Louis Bernadette, du Poitou, Jean Pépin, de
La Rochelle (1658) ; — De baplismo pro mor-.
ont été réunies avec la thèse inaugu- luis. Cv-i acceiunl thèses de purgqtorio, etc.
rale.de Martel, en tiii volume, que l'on Prés. Verdier. Rép. 'isaac François,' de La
peut désigner souslenomdefhèsesde Rochelle, Pierre Souchet, de Saihtonge, Jean
Chevillant, de Coze (1659).; — Dis/), theol.
Montauban puisqu'il renferme en qui Enochi raplus in ctelum concilialiir cum
, ,
outre, les thèses inaugurales de Jean slatuto Dei de omnibus hominibns sr.mel mo-r
Gommarc: De mediatione Christi et riluris. Prés. Verdier. Rép. Louis Ducros, de
Calvisson, François Seuil, Je Caussade, An-
proedestinatipne, Podiolauri, 466,8, toine Codcrc, de Meyrueis, Jean Espinasse, de.
in-4°; de Théophile Arbnssi : De li- Sainl-Anions (1660) ; — Çenturia thesium
bero hominis arbitrio, Podiol., 4 674, tlieologicorum ei universo theologiie latifundia-
in-4°; à?Antoine Péris: De connexio- selecta, vivd voce in proelectionibus àprofessore
[VerdicrJ euplananda, el stalis diebus à Iheo-
ne sanctificationis cum justifica- logice cantlidalis dispulanJa. Çenturia I. Rép.
tione, Podiol., 4 674, in-4°, ainsi que Timothée Yallade, de Purh Henri Yenês,
,
celles qui ont été soutenues sous la Aaron Testai, de Puymirol ; Isaac Bruchelles,
de Kay (1665); Çenturia II. Rép. Jean-Jacques
présidence de Gommarc, de Jean Ver* Maurin, de La Crouzette, Pierre Cazein,&e
MAR
~ 295 -- MAR
JUAUTEL (ELIE) OU Mertel, musi- ' MAItTJN (ARNAUD), de Hauleville
çien estimé, natif de Strasbourg, a en Champagne, pasteur à Salligny, en
publié Hortus musicalisnovus, Arg., 1593, reçu gratuitement bourgeois à
1615, in-fol, Genève, le 11 août 1592. Pour obtenir
MAiVIEL(FiuNçois),chirurgien du celte faveur, Martin avait certainement
roi de Navarre, naquit à Alençon. Sui- déjà rendu des services; mais où? et
vant Eloy, c'est lui qui sauva" la vie de quand? c'est ce que nous ignorons; car
ce prince, tombé malade d'une pleuré- il nous semble difficile d'admetlrequ'il
sie, lorsqu'il marchait au secours de La soi lie même que le ministreJi/arti» qui,
Qarnacbe(Voy.V,p. 4fi6),elcetlecure .
dès 1559, fut envoyé de Genèveà l'é-
lui mérita toute la confiance de glise de Biars (Arch. de la Comp. des
son niaî-
tre, qui Je choisit pour remplacer An- pusteurs, Reg. B), et que le Synode
toine Pprlailçomme premierchirurgien de Sainte-Foy donna, en 1578, pour
au roi. Martel suivit Henri IV
au siège chapelain à Condé, ainsi que Daniel el
de Monlmélian, qu'il a raconté avec dé- de. Bordât, ministre de Bergerac de-
tail dans son principal ouvrage. En ré- puis 1561. Quoi qu'il en soit, lorsque
compense de ses services, Henri l'ano- Chambaud, gouverneurd'Aubenss,s'a-
blit et le nomma son procureur en la dressa, en 1594, à Genève afin d'obte-
vicomte d'Alençon, office que Martel nir un pasteur, c'est sur Arnaud Martin
donna eu dot à l'une des filles qu'il que le Conseil jeta les yeux- Dès qu'il
avait eues de sa femme Marie Duval. fut arrivé en France, le clergé romain,
Il mourut à Paris, en 1612, et fut en- qui eut bien vile reconnu son faible,
terré, Je 8 juin, au cimetière des SS. lui fit offrir une somme d'argenl assez
Pères (Reg. de Charent.). Selon La forte pour tenter sa cupidité. Il abjura
Ciqix du Maine,'Martel a laissé «quel- donc,mais il se repentit de son apostasie
ques Discours louchant la curai-ion et publia une Rétractation de lapro-
des arquebusades et o.ulres plaies. » fession de la foi romaine. Eu 1602,
DOUS le retrouvons exerçant les fonc-
Les seuls ouvrages que nous connais-
sions de lui sont : tions pastorales à Genève.
I. Apologie pour les chirurgiens MAitTlN (ADHEUT), seigneur de
contre ceux qui publient qu'ils ne se CnAiipoLÉON, un des chefs les plus bra-
doivent mêler de remettre les os rom- ves des Huguenots du Dauphiné, porta
pus et démis, Lyon, 160-1, iu-4 2. les armes pour la Cause dès la première
II.' Paradoxes sur lapratique de guerre civile. En 1563, il servit, avec
la
, chirurgie, imp.
avec la Chirurgie de deux de ses frères, à la prise de Ro-
Ph. de Flesselle (Paris, 4 635, in-4 2). inelle, el depuis celte époque, il con-
tinua à se signaler par maints exploits
Saverdun, François Lacam de Vabres Elie
Rival, de Puy-Laurens (1666);, , III.
Çenturia sous les ordres de Du Puy-Monlbrnn et
Rép. Jean Forge, de Purh. Denis Cellier, de
1
ie'Lesdigiiières (Voy. ces noms). De
Saime-Fpy, Jean Conqùêre-La Cave, de Lay- son mariageavec Madelaine de Béran-
rac, Samuel Olivier, de Montauban t1i>66). ger naquit CHARLES, mestre-de-camp
L'éditeur .a joint également a ce recueil les
thèses à'Anloine Garissolles que.nous avons d'un régiment d'infanterie,qui pritune
déjà mentionnées parmi les écrits de ce pro- part active aux affaires des églises.
fesseur de. théologie, Ko* III et V, ainsi que Il fut député par le Dauphiné à l'As-
trois naranfiues de Verdier, dont voici les semblée deGergeau, en 4608, au Sy-
titres : 1" Oralio deSamurle personalo, hoc
est utrùm Samuel posl obilum perpythouissam node national de Saint-Maixent, en
à Saule rege conspeclus verus Samuel fuerit ? 1609, à l'Assemblée de Saumur, en
-

— 2° Oralio de inferis et damnatorum in eo 1611, et à celle de Loudun, en 1619-.


loco statu in vestibule proelectionum theologi-
carum habita çalend. novemb. currenlis anni En 1621, il prit les armes, avec Mont-
165b,*— 3° Oralio de animarum redilu.hoc est brun (Voy. IV, p. 464); mais c'est la
uïrhm depunctorum animez ex inferis, è pa- dernière fois, à notre connaissance>
Irnm mil puerorum limbo, é purgaterio el é
calo reieani ? oue son nom se rencontre dans l'bis-
MAR 296 — MAR

toire de nos églises. Il avait épousé, rement es langues latine, grecque, hé-
en 1605, Madelaine de Bonne, qui braïque et arabique », lequel mourut à
lui donna trois fils : 1° PIERRE, sieur de Paris, en 4'609, dans-un âge avancé,
Champoléon, capitaine des gardes de après avoir mis au jour Dictatain Hip-
Lesdiguières et gouverneur d'Embrun; poçralis librum de vulneribus capi-
2° GASPARD, sieurdePresles.meslre- tis(1), et laissant en mss.,sur d'autres
— traités du célèbre médecin de Cos, des
de-camp d'un régiment de cavalerie,
qui abjura à Paris, le 4 déc. 1685; — Commentaires qui ont été publiés par
3° CnARLES, sieur d'Espinasse, lieute- René Moreau et ins. dans l'édit. des
nant dans le régiment d'Orléans. OEuvres d'Hippocrate donnée par A.
MAKT1N (BERNARDIN), fils de Sa- Fosius.
muel Martin, apothicaire de-la reine BIAKTÏN (DANIEL), ministre de
Marie de Médicis, mort à Paris en 1653, Casletis (oude Castets, selon d'autres),
à l'âge de 49 ans, naquit dans cette apostat à l'âge de 70 ans et après 37
ville, le 8janv. 1629, et embrassa la années de ministère, en 1642 (2).
profession de son père.Il voyagea dans Malgré les défenses réitérées des
une partie de l'Europe afin de perfec- synodes, Martin avait mis son fils chez
tionner ses connaissances.el à son re- lesBarnabitesde Lëscarpoury faire sa
tour dans sa patrie, il entra au service philosophie.circonstancequin'ousporte
de la maison de Condé en qualité de à croire qu'il était moins zélé pour sa
chimiste.Sa !emme,Catherine Croyer, religion queles écrivains catholiquesne
le rendit père de trois filles : 4 • CATHE - voudraient nous le faire croire.H arriva
IUNE-SUSANNE, femme, en 4 680, de ce qui devait arriver presque nécessai-
Pierre Bussière, deCourtezon , apo- rement. De même que Bayle, dont il
thicaire du prince de Condé;—2°FRAN- u'avait ni la rare intelligence ni l'ins-
ÇOISE-MADELAINE, qui épousa,la même tructiou, ce jeune homme de 20 ans se
année,Zacharie Daliès;—3°RAcnEL, laissa séduire. Non-seulement il chan-
mariée,également en 1680,avec Marc- gea de religion, mais, il en Ira dans la
Antoine F-90«,banquier,fi.lsde Daniel congrégation deses maîtres, et dès lors
Yvpn, bourgeois de Montauban, et de il devint un des ennemisles plus achar-
Marguerite de Coderc. nés de ses anciens coreligionnaires. Il
Outre la Relation de son voyage en entreprit d'abord de convertir son père,
Espagne, en Portugal,en Allemagne et lui écrivit d'Italie, où on l'avait en-
et aux Pays-Bas, Bernardin Martin a voyé, des lettres que le vieillard refusa
fait imprimer une Dissertation sur les d'ouvrir. Après deux années passées'à
dents,Vans, 4 679,in^4 2, et un Traité attendrevainement l'effet de ses homé-
sur l'usage du lait, Paris, 4 684 et lies, le religieux barnabite revint dans
4 706, in-4 2. IeBéarn,et,avec cette obstination parti-
Vers le même temps vivait à Paris culière aux prêtres,il poursuivit l'exé-
Claude Martin docteur en médecine, cution de son projet. Longtemps son
qui mourut au mois de janvier 1658, père refusa de le voir : mais enfin, cé-
n'ayant eu,à ce qu'il paraît,de son ma- dant aux instances de ses parents el
riage avec Anne Regoumier, célébré de ses amis, il consentit à'lui rouvrir
en 4 639, qu'unefille, ANNE-MARIE,qui sa maison, dans l'espoir peut-être de
épousa, en 4 682, Guy Mesmin, doc- ramener la brebis égarée. Ce fut tout
teur en médecine. Il,y a toute appa- le contraire qui arriva. Après deux an-
rence que Claude et Samuel Martin é- nées de disputes,le ministre de Castets
taient parents; peut-êlre étaient-ils (1) Nous avons vu (page 17) que cet ou:
frères et descendaient-ils de Jean Mar- vragc ayant élé critiqué par Scaliger, Marlin
tin, médecin du roi Henri IV, « homme répondit dans une Lettre qui a élé aussi im-
très-singulieren toutes sortes de scien- primée.
(2) Le Synode national, de Charenlr.n l'in-
ces, au dire de Du Perron, el particuliè- scrivit sur le rôle des apostats, en 1644.
MAR 297 MAR
s'avoua vaincu. Le clergé catholique., ceux des commentateurs de la Bible
enivré de son triomphe,fil de l'abjura- étaient son étude favorite; les langues
'tion du vieuxpasleur une fêle publique: orientales et l'histoire ecclésiastique
il y eut procession générale, Te deum n'avaient guère moins d'attraits pour
et feu dejoie. De son côté, Martin pu- lui, et la lecture des chefs-d'oeuvre de
blia les motifs de sa conversion, sous l'antiquité, sacrée ou profane, le dé-
ce titre : La conversion très-heureuse lassait de ses travaux plus sérieux. Son
de M. Daniel de Martin, ministre en ardeur pour apprendre faillit lui coû-
Béarn.Conienant la reconnaissance ter la vie : une tension de l'esprit trop
des moyens, et déclaration des motifs soutenue, jointe au défaut d'exercice
très-efficaces d'icelle, brochure d'une corporel, lui occasionna une maladie
cinquantaine depages.dontla 17e édit., qui le conduisit aux portes du tombeau.
reveue el corrigée par l'autheur,parut À peine guéri, il se rendit à Mazamet,
à Paris, 1665, in-8°,avec une Epislre où s'était assemblé un synode provin-
dédicaloire de D. Hilaire Martin, pr. cial, qui l'admit au ministère, en 1663,
religieux barnabite, député des sei- el le donna à l'église d'Esperausses,
gneurs évesques et clergé de Béarn, à alors agiléedefunestesdissensions. Son
Mgr Henry de Guénégaud, secrétaire humeur douce et conciliante ne tarda
d'Eslat. La raison principale que l'au- pas à y rétablir la paix que son prédé-
teur donne de son apostasie, c'est l'u- cesseur n'avait pas su maintenir. En
nion « monstrueuse » des Réformés 1670, il fut appelé à La Canne, où il
avec les Luthériens proclamée, en exerça son ministèrejusqu'à l'interdic-
1631, par le synode de Charenlon. Cet tion du culteréformé. Chéride son trou-
esvnl-bome se trouva scandalisé au peau, respecté-des Catholiques, donlil
premier pas que l'église calviniste de s'était concilié l'estime par l'aménité de
France fit vers l'application des deux ses moeurs, il ne voulut jamais con-
grands principes de la Réforme, la li- sentir à quitter son église, ni pour celle
berté d'examen et la tolérance.De nos deMilh.au, dont il reçut vocation à plu-
jours encore combien n'y en a-t-il pas sieurs reprises, ni pour la chaire de
qui,plutôt que de faire un pas en avant, théologie à l'académie doPuy-Laureus,
en feraient dix en arrière ! qu'on lui offrit, en .1681, après la mort
' AIAUTIIV (DAVID), savant théolo- de Théophile Arbussi. Il fallut que la
gien protestant, né à Revel, le 7 sept. révocation de l'édit de Nantes l'en ar-
1639, etmorlà Utrecht, le9sept. 1721. rachât violemment.
- Fils de Paul Martin, qui
fut à deux Pendant les persécutions qui prélu-
reprises revêlu de la dignité de consul dèrent à cet acte inique, Martin rendit
à Revel, et de Catherine Cardes (aliàs d'importants services aux églises. Son
Corde). Martin fit sa rhétorique à Mon- zèle, sa fermeté, sa prudence étaient si
tauban, en 1655, et sa philosophie à bien connus que ses collègues le.char-
Nismes, en 1657, sous le fameux De- geaient toujours de la défense des in-
rodon.Le%\ juill. 1659,il pritle grade térêts dé l'Eglise protestante dans les
de maitre-ès-arls et de docteur en phi- affaires les plus délicates. Aussi était-
losophie, après avoir soutenu avec éclat, il particulièrement en butte à la haine
depuis le matin jusqu'au soir et sans du clergé romaiD. Il était impossible
président, des thèses in iiniversam qu'on ne lui suscitât pas quelqueprocès.
philosophiam. Comme il se destinait à C'est ce qui eut lieu, en effet; mais il
la carrière ecclésiastique, il se rendit à sedéfenditavectantde dignilé,deforce
l'académie de Puy-Laurens, où profes- et d'esprit, qu'il confondit ses accusa-
saient Verdier el André Martel, et il teurs, et, contre toute attente, força
se fit remarquer parmi ses condisciples l'évêque de Castres lui-mêmeà recon-
par son application et ses succès. L'E- naître son innocence. Son zèle le jeta
criture-Sainte, les écrits des Pères et dans un plus grand danger lorsque la
MAR MAR
— 298 —
révocation de l'édit de Nantes ferma son de mourir en chaire; il fut exaucé-Le
temple. Convaincu qu'il devait obéir à 7 sept. 1721, à l'âge de 82 ans, il fit
Dieu plutôt qu'aux hommes, il voulut sur là sagesse de la Providence un ser-
continuer les fonctions de son minis- mon où ilse, surpassa: mais après avoir
tère; mais il n'aurait pas tardé à payer terminé sa prédication, il se senti), si
cher son imprudence, si des Cathdli- épuisé.qu'il fallut le transporter chez
ques de sesamis ne l'avaientaverliassez lui. Unefièvre violente l'enleva en deux
à temps qu'il allait être arrêté, et ne luijours.'
avaie-ntfacilitéles moyens de fuir, en se « 11 avoit
l'esprit vif, pénétrant et
çhargeantgénéreusementde cacher sa très-présent, la mémoire heureuse, le
femme et ses enfants, qui le réjoignirent jugement excellent, lit-on dans la Vie
plus lard en Hollande, où il se réfugia. de D.. Martin par Claxide. Il cherphoit
Martin arriva à La Haye dans le mois toujours à s'instruire; continuellement
de npv. 1685. Quelque temps après, il jpfaisoit dps questions, sans avoir là
fut placé à Utrechl comme ministre sur- fâussehonle dé donner à ponnaîlre qu'il
numéraire. Son mérite ne pouvait tar- ignorait quelque chose; toulexcitpitsa
der à iui procurer une place de pasteur curiosité, arts, sciences, affaires; ce-
ordinaire. Dès le. 16 fév. 1686, il fut pendant rien ne se cpnfondpitdans son
nommé professeur de théologie à l'E- esprit, il ne metloit chaque chose qu'en
cole illuslre.de Devenler; rnais la ré- sa place... Avep lui la conversation ne
gence d'Ulrectït, qui avait déjà pu ap- tarissoitjamajs,.ily pqrloit la franchise
précier ses'talenls, ne voulut point le et la gayeléde son pays; il étoit plein
laisser partir et le retint comme minis- de feu, et il avoit la répartie prompte,,.
tre dp l'église -wàlipnne.Cç fut en vain A le considérer du côté du cçeur, op le
que plusieurs universités lui offrirent lui trpuvoit affectueux, tendre, cpmpar
des emplois honorables; il les refusa tissant. Il éloit si attaché à ses amis
pour ne point se séparer de son,église. qu'on l'a vu, trente ou quarante ans
Il ne voulut pas non plus, en 1695, ac- après leur mort, s'intéresser vivement
cepter la vocation, que lui adressa l'é- au sort de ceux qui leur jtyç)ienl appar-r
glise de La Haye comme successeur tenu. ».
A'Jsaac Claude, fils du célèbre Jean David Martin avait épousé à Castres,
Claude, son ami et son allié..Modeste en 4 666, Florence de Molecare, fille
efsans ambition, i| n'aspirait pas à de Pierre de Molecare, avocat à la
un posle élevé; il ne cherchait pas à Chambre de l'édit. Il en eut trois fils,
briller, mais à être utile, pans ce but DAVID, LOUIS etN., et deux filles: MA-
louable il ne se, contenta pas de s'ac- RIE, femme de Renotcard, marchand à
,
quitter de ses fonctions pastorales avec Londres, et FLORENCE, qui entra dans
une scrupuleuse fidélité, et de compoT la Société de La Ilaye. C'est cette de-
ser des ouvrages dont quelques-uns, moiselle qui fut en butté aux calomnies
comme son Histoire diiV, et duN. T, àe La-Chapelle (Voy. H, p. 333),
et sa révision, de la Bible, ont, sans au- Comme écrivain, Martin mérité de
cun doute, puissamment, contribué à prendre rangparmi les bons prosateurs
l'instruction, ainsi qu'àl'édificalion dansdu Refuge. 11 s'était appliqué-avec un
leséglisesproieslantes;ilconsenlitmê- sojn tçul particulier à l'étude de la lan-
me à recevoir chez lui quelques jeunes gue française, els'élait si bien pénétré
gens pour leur enseiguer la philoso- de son esprit que, lorsque l'Académie
phie et la théologie el leur inspirer l'a- annonça la publication de la seconde
mour de la vertu par ses instructions et édition de son Dictionnaire, il lui en-
son exemple. Il eut l'honneur de comp- voya des observations, que ce corps sa-
ter parmi ses disciples des fils même vant trouvajudicieuses, comme il le lui
de souverains. témoigna dans une lettre de remerçi-
Le voeu le plus ardent de Martiuétait ments ires-flatteuse. Son tty-le est doriG
MAR 299 MAR
généralement clair et correct; niais il. graveurs ont rivalisé, de zèle pour faire,
est un peu dur et manque presque tou-r de cet ouvrage un chef-d'oeuvre.
jours de chaleur et de mouvement.Dans IV. La Sainte-Bible, qui, contient
ses écrits de polémique, il se montre le V. et le. N. T., expliquez par des,
d'une orthodoxierigide, ennemi de toute notes, de théologie, et de critique sur
nouveauté; cependant il -combat tou- la version ordinaire des églisea. ré-
jours ses adversaires avec modération formées, revue sur les originaux et
et courtoisie. Ses sermonssonl remplis retouchée dans le langage, Amst.,
de pensées solides, mais monotones et 4,707, 2 vol. in-fol.; réimp. avec des
froids. Dans notre opinion, ce sont ses notes plus courtes, Amst, et Ulrecht,
travaux sur la Bible qui le recomman- 4 707, in-4"; réimp, sans noies et aveG
dent surtout à l'attention de la postée l'anciennePréfac.e des, édil. genevoises,
riié, et qui le. placent parmi les théolo- Amst., 1710, i.n-8°.; 4 714, in-12, et
giens, proleslanls du xvn" siècle re- des centaines de. fois depuis.— Entre-
nommés pour leur érudition. Voici la prise à la demande des églises wallonr
liste de ses ouvrages: nés, cette, révisiou de la Bible de Ge-
' I. LeN. T. de'N. S. J.-Çh...expli- nève fut approuvée, en mai 1.71,0, par
qnépar des rioles courtes et claires le synode de Leuwarden, Martin y a
sur la version ordinaire des églises joint.une Préface générale sur les ver-
réformées,: avec une préface générale sions du texte sacré, des notes, lhéolo-
toyçhanilavéritédelareligionchré- giques, morales et critiques, des pré-
iienne, et diverses, aiitres préfaces faces particulièresà chaque livre et l'in-
particulières sur chacun des livres dication des passages parallèles. Le
WuN._ T., Ulrecht, F. Halma, 4 696, style, retouchépar l'auteur danspequi
in-4". — Dans la Préface générale, avait vieilli, eutbienlôlbesoind'êtrede
Martin défend l'autorité de l'Ecriture nouveau rajeuni, travail ingrat et péni-
el la vérité de la, religion, chrétienne ble dont se chargea, dans le siècle pas-
contre les Spciniens et; les Juifs. Les sé, le pasteur neuchâtelois Oslervald.
notes, sont ou dogmatiques ou simple- V. Sermons [Vlll] sur divers textes,
ment littéraires (4). de l'E. S., Amst,, 1708, in-8°.
ïl.Romeconvaincued'avoir usurpé VI. L'excellence de la foy et de ses,
tons les droits qu'elle s'attribue, in- effets expliquée en XX sermons sur
justement sur l'Eglise chrétienne, Hèb.XI, Amst., 1710, 2 vol. in-12.
Ulrecht, 4 700, in-4 2. Réponse à la Vil., Traité de la religion natu^

Lelt,repastoraIeadressée,enmars4 699, relie, Amst., P, B.runel, 1713, in-8'.;

par l'archevêque de Paris aux nouveaux trad. en holl., Ulrecht,'1720, in-8";
catholiques de son diocèse. Ouvrage en angl, Lond-, 1720.; en allem.,
inconnu à Claude, à Prosper Mar- Leipz., 173.5, in-8,°.—- Cet ouvrage
chand et à Chauffepiè, mais attribué à eut un véritable succès.
D. Martin par le Catalogue de la Bibl, VIII. Le vrai sens dups. GX, op-
royale. posé à l'application qu'en a. faite,
III. Histoire du V. et d% N. T., à David l'auteur [Jean Mass.on] de la
Am.st.,P. Mo,rlier, 1700, % vol. in-fol,, Dissert. ins. dans les trois premiers
avep'424 excellentes gravures; çontref. vol. de l'Hist. critique de la répjibl.
à Gen., 1707,3 vol.in-12, sans grav-; des lettres, Amst., 1715, in-8°.
réimp.avec déplus petites gray.,Amst., IX. Deux dissert, critiques : la l.'?
1724,in-4'J;lrad^nhpll.,Amst,,170O, sur 1 Jean V, 7, dans laquelle: on
îvoi., ïn-foï.-— Auteur, imprimeur et prouve l'authenticité de ce texte ; la
%' sur le passage, de Josèphetouchant.
(1) On a fait usage de ces notes dans l'édit. J.-Ch., où l'on faitvoir que ce pas-
(lu K. T„ trad. en franc, selon la"Vnlg.aie, point supposé, Ulrecht,
édil. évidemment calholique, publiée à Bru-, sage n'est
xelles, 1700, 4 vol. in,12. 1717, in-8"; trad. eu angl., Lond,,
MAR - 300 — MAR
4719, in-8'.—La critique moderne n'a plainte de l'auteur, le Synode national
pas, on le sait, donné raison à Martin. d'Alais lui accorda un dédommagement
X. Traité de la religion révélée, et écrivit à, Turretin pour le prier de
où l'on fait voir que les livres du V. s'employer auprès des libraires de Ge-
etduN.T.sont d'inspiration divine; nève, afin qu'ils réparassent le tort
on donne des règles générales pour qu'ils lui avaientcausé.Cette démarche
les expliquer, et l'on prouve invin- du synode étaitd'autant plus juste que
ciblement, contre leshérétiques mo- l'ouvrage de Martin l'avait exposé à
dernes, la vérité des plus profondes toute sorte de persécutions de la part
doctrines de la religion chrétienne, de l'évêque de Valence.
Leu-warden,1749, 2vol. in-1'2;Amst., Les Registres de Charenton nous
4 723, 2 vol. in-8"; trad.en anglais.' apprennent qu'enl 671,GaspardMar-
XI. Examende laréponse deM.Em- iin,h\\s de feu Gaspard Martin,ministre
lyn àla Dissert.critiquesur I Jean V, de Courtezon , épousa à Paris Marie
7, Lond. 4719, in-8*. Contand. Ce ministre était-il le même
XII. La vérité du texte dei Jean V,1 que notre capucin défroqué? Nous n'en
démontrée par des preuves qui sont avons aucune preuve (1),
an-dessîis de toute exception,Vlrechl, MARTIN (GUILLAUME), ministre de
1720, in-8"; trad. en anglais, Lond., Montoire, inscrit sur la liste des apos-
1722, in-8°. tats, en "4 659, par le Synode de Lou-
On trouve, en outre, de noire David dun, a publié, selon l'usage, les motifs
Martin, une Réponse à la lettre du de sa conversion, sous ce litre:Loe face
P. Lelong, relative au fameux passage de l'Egliseprimitive opposée à celle
I Jean V,7,dans l'Europe sav. (T. XII), de la Prétendue Réformée,ouïesrai-
et In Lucii Coecilii Librum ad Dona- sons qui ont porté l'auteur à se ran-
tumDemorlïbuspersecutorum notoe, ger à la communion,de l'E.C. A.R.,
ins. dans les Miscellan. Observationes (Tours, 4 650, in-8"). Nous n'avons
criticae d'Amsterdam (T. X, 2" partie). point à nous occuper de cet écrit, non
Avant de quitter la France, Martin avait plus que de trois ou quatre aulreslivres
entreprisuneréfutation de l'Exposition de polémique que Martin mit au jour
de Bossuet,qui n'a pas vu le jour, ainsi après sa conversion. Il finit par entrer
qu'un Commentaire latin sur l'Epitre dans les ordres.
aux Éphésiens que la maladie le força MARTIN (JACQUES), de La Motle-
d'interrompre au 4' chapitre, du-Caire, réfugiée Genève pour cause
ni AttTiN (GASPARD),capucin défro- de religion, eut, de son mariage avec
qué,devintpasteur de l'église réformée PéronnelleAïlard,un fils,nommé AN-
de Saillans, après,avoir étudié la théo- TOINE, qui remplit à Versoix les fonc-
logie à l'académie de Genève, où il fut tions du ministère sacré, et laissa deux
immatriculé en 1617. Dès l'annéesui- enfants dé son union avec Catherine
vante, il fit imprimer à ses frais, sous de La Ville. Sa fille AIMÉE épousa, en
le titre du Capucinréformé déclarant 4 613, André Viret.Son fils PHILIBERT,
les causes de sa conversion à la re- reçu bourgeois en 4 606, changea son
ligion réformée, Gen., 4 648, in-8% nom de Martin en celui de MARTINE,et
un écrit acerbe contre ses anciens con- prit pour femme Jeanne Tissot,qui lui
frères qui lui répondirent sur le même donna quatre enfants, dont deux fils,
to.n. Le libraire(le fait n'est malheureu- nommés JEAN et JACQUES.
sement que trop commun) tira de cet I. Jean Martine suivit la carrière
ouvrage un nombre d'exemplairesbeau-
coup plus considérable que celui dont (1) Ces mêmes registres nous font con-
il était convenu,el venditfrauduleuse- naître, comme' appartenant a l'Eglise pro-
ment ces exemplaires, au préjudice de testante, Charles Martin, peintre el valct-de-
Martin à qui son édition resta. Sur la cliambre du roi, qui fut enterré, le 27 mai
16'j6,à l'âge de 8i ans.
MAR 301 MAR
— —
ecclésiastique, et fut nommé pasteur à le 10 fév. 1762, JACQUES-DANIELMar-
Genève, en 1666. Il épousa, eu 1643, tine, connu dans la littérature par diver-
Susanne Franconis-Luïlin, et mourut ses publications, dont voici les tilres :
en 1704. Son fils ETIENNE eut de son I. Maximilien Robespierre ou la
mariage svecSdraMussard-Andrion, France sauvée, drame en trois actes et
célébré en 4 678, DANIEL Martine, char- en-prose, .1795, in-8°. ^

gé d'affaires de la république et envoyé II. De la musique dramatique en


extraordinaire du landgrave de Hesse France, Paris, 4 813, in-8".
auprès du gouvernement français,mort III.. Commentaire littéraire sur
à Paris, le 24 juill. 1727, sans laisser l'art poétique d'Horace, Paris, 4 84 5,
d'enfants. in-8".
II. Jacques Martine, qui testa en 1654, IV.Examen des tragiques anciens
pritpourfemme, en 1620, Jeanne Es- et modernes^aîh.isi/t, 3vol.iu-8°.
cherny et en eut : PHILIPPE, ministre Plusieurs autres réfugiés du nom de
de l'hôpital, en 1660; MARIE, femme Martin trouvèrent aussi un asile à Ge-
A'Âmi Caille ; THOMAS, qui suit; SI- nève et y obtinrent les droils.de bour-
MON et SUSANNE. geoisie : Jacques Martin, de l'Artois,
Thomas Martine futmarié deux fois. avec ses fils Daniel et Jacob, en 1563;
Sa première femme, VittoriaAuguste, Jean Martin, libraire de Troyes, en
lui donna un fils, CÉSAR, qui périt par 1578 ; Jean Martin, de Metz, avec son
accident, et la seconde, Susanne Mo- fils Odet, en 1594; mais nous ne pos-
rel, le rendit père de deux enfants : sédons aucun renseignement sur leurs
d'unefille,MARIE,femmede DavidChoi- .
descendants..
sy,et d'un fils, GÉDÉON, né le 26 juill. MARTIN (JEAN),tonnelier de Beau-
1674. Membre du conseil des CC en
,
gency, avait soigneusement fermé sa
4699, auditeur, 1714 saulier boutique lejourde la Fôte-Dieu(1660),
en , , en
4727, conseiller, en 4734. el trois fois pour éviter les désordres auxquels la
premier syndic, Gédéon Martine jouit populace se livrait lorsqu'un proles-
d'une grande considération jusqu'à sa tant avait le malheur de laisser sa mai-
mort, arrivée le 4 6 déc. 1748. Il avait son ouverte sur le passage d'une pro-
épousé,en 1693, Anne-Jacqueline de cession.Maisil n'avait pas songé à éloi-
Harsn,qu\ lui avait donné sept enfants: gner son enfantquijouaitdansson ate-
l°jACQUES,néenl694,duCCen1721, lier.Le bruit de ses jeux fut entendu ;
auditeur.en 1734,dttLXen 1742, mort on crutque le tonnelier travaillail.Aus-
en 1771 , sans laisser d'enfants de sa sitùt la populace enfonçalaporle, mal-
femme Marie Prévost-Passavant; — traita la femme, cassa unbras aumari,le
2* LOUISE, femme, en 4717, à'Augus- blessa à la tête et pilla sa maisoir.après
tin Prévost, el mère de Jacquse Pré- quoi,on le jeta en prison et oninslruisit
vost, lieutenant-général dans l'armée son procès. Le juge de Beaugency le
anglaise, et i'Augustin, général-major condamna à l'amende honorable et à
au service d'Angleterre, gouverneur de une forte amende. Martin en appela au
la Géorgie; 3- ANNE^CATHERINE, parlement de Paris.Ce parlement ne se

femme de Jean-Henri Perrot, de Neu- distinguait pas, par sa tolérance; mais
châtel; — 4° GÉDÉON, qui suit; — considérant qu'aucun témoin ne dépo-
8°DANiEL,néen'l705,duCC,en1752, sait avoir vu Martin travailler, tandis
mortàLyon,en 1784;—6° ANGÉLIQUE; queccux-mêmes qui avaient envahi les
premiers sa maison confessaient qu'il
— 7" HENRIETTE. n'était pas dans sa boutique, il ré-
Né le 5 avril 1702, Gédéon Martine
entra dans le conseil des CC,en 1738, forma le jugement et renvoya l'accusé
devint auditeur, en 1747,et mourut le absous, sans toutefois lui accorder au-
31 août 1773 .C'est de soh mariageavec cun dédommagement pour les pertes
Jeanne-Antoinette Gueyle,qu'est né, qu'il avait essuyées.
MAR 302 WhR
— —
" îvïA'RfmÈAiD (DÈSIS), géogra- de. se tromper, compter parmi ses; des-
phe, naquit à Fontenay, le 1 " mai cendants James Martineàu, ministre
1"6S;1. dé LouisMarlineau, assesseur de l'église unitaire de Livèrpbol, au-
civil et lieutenant particulier au siège teur de quelques Sermons, tels qUè Thé
royal de celte ville, et de Catherine 'ewisting state of theology, Lond-.,
Aleaume(\).[lîat présenté aubaptême, "1834, in-8% et The respect due là
le 4, par Denis Marlineau, procureur Christianliberty inreligious educa
du roi en l'élection des Sables, et par tiù?i, Lond., 1836, in-8°, ainsi que de
Claude D-urBoulay, seconde femme de plusieurs volumes de traités religieux,
Jean Bësly, son aïeule 'maternelle. A pleins de remarques fines, et ingénieu-
la révocation de l'édil de Nantes, il ses, qui ont été publiés dans ces der-
passa en Hollande, où il publia une nières années, sous Te titre
i'Ênâea-
Nouvelle géographie ou description vo'urs'àfter thé Christian lifeel de
exacte de l'univers, tirée des meil- CriticalMiscèllanies. Malgré le mé-
leurs auteurs, enrichie de cartes et rite dé ses ouvrages, James Martineàu
défigures, Ainsi.., 17.00, 3 vol,in-12. est beaucoup moins connu, niêrne éh.
Lenglet-Dufreshoy, en refondant cet Auglelerre, que sa soeur, Harriet, à
ouvrage avec quelques additions, en a qui ses écrits, où plutôt les opinions
fait'sà Méthode pour étudier la géo- qu'elle y professé 'tant en politique
graphie. "qu'en religion, ont valu dans le parti
D'autres "Martineàu demandèrent un libéral autant d'amis qu'ils lui ont sus-
asile à l'Angleterre, et s'établirent à cité d'ennemis dans le parti conserva-
Norwich, où ils paraissent avoir exercé teur. Née àNorwich, le 12 juin 1802,
'avec Succès la chirurgie, pour ainsi d'un fabricant qui jouissait alors d'une
;ditè, de père eh fils- Dés 1723, l'un certaine aisance, miss Harriëi Martineàu
d'eux, nommé David, publia dans les reçut une excellente éducation, ainsi
Philos.Tran'sact. un mémoire Ofstones "que Ses sept'frèrës où soeurs. Debonnë
voided pér anum, et en 1784, Phi- heure, elle montra un goûtdécidé pour
lippe- Meadoms Martineàu raconta la culture des lettres, et elle s'y livra
dans le même recueil An ex't'raordi- avec ardeur, la faiblesse, de), sa santé
iiafycaséofadropsij'of'the ovarium, et une surdité dont ëlTê.îul affligée dès
milh sortie reindrks. Vers le même son "enfance l'éloignant des plaisirs
temps, Philippe Martineàu, fit imp., bruyants du monde. Ëile débuta dans
dans Un autre journal scientifique, An Ta carrière littéraire des 1821, et bien-
hi'slory of an uncommon ènlarge- tôt,les revers qui accablèrent ses parents
men't ofthe abdomen frôm an affec- la forcèrent dedemander à sa plumèdes
tion ofthe kidney (Mèd. Cota. 1785). moyëhs d'existence. On doit dire à Sa
Cette famille existe encore à Norwich. louange que la plupartdê ses nombreux
Nous ne savons si l'on doit y rattacher ouyragesonl Unbut noble et élevé, soit
Gaston Martineàu, fils d'Elie el de la réforme des abus et l'amélioration dé
Marguerite Barbesson, aussi chirur- la société, soit le développement moral
gien, qui épousa, en 1693, dans l'é- et intellectuel de la femme. Tous Se
glise de là Patenté à Londres, Marie- distinguent d'ailleurs par un style vif,
Pierre, fille de Guillaume Pierre el animé, poétique. En voici une liste,
de Marie Jourdain, deDieppe ; David que nous ne donnons pas pour complète.
Martineàu et JeànMartiiieau, l'un et I. Fiv'e years of yonth, Or sensé
l'autre directeurs de l'hôpital français, and sentiment,1823, in-4 8.-
éh 1799 ; mais on peut, sans craindre II. The essentiel failli of the uni-
versal ChUrch, deduced from the sa-
(1) Jacques Aleàumé, d'Orléans, ingénieur credrecords, Lond., 4 831 ,iu-80; trad.
ordinaire du roi, logé aux galeries du Lou- franc., Paris,
en 4 834, in-8°.
vre, fut enterré au cimetière de Charenton,
le 3 oct. 1627. III. Illustrations of politic'al eco-
MAR 303 MAR
nbmy, Lond,, 4 832-34, 3 vol. in-18. sous Jacques Garpéfilier et le célèbre
IV. Providence as manifested Ramus; puis il s'appliqua, sous la di-
through Israël,i'èà.iLonà.J8'iB,S". rection de Jean Mercier et de Gené-
V; The faith as Unfolded by many brardj à l'élude de là langue hébraïque,
prôphels, Lond., 1833, in-8'. dans laquelle il fit de rapides progrès.
VI. Poor laws andpaupers, 4 834. Dès 1550, il fit imprimer uhe Gram-
VII. Society in America, 2= édit., maire hébraïque qui eut beaucoup do
Lônd^, 1837, 3 VoLin-4 2. succès, principalement en Allemagne;
V11I;Retrospect of Western tra- et) Hollande el en Angleterre, où elle
veiij Lond., 1838, 3 vol. in-12. fut traduite et adoptée pour l'enseigne-
IX. Deerbrooh, 1839. ment. Appelé, en 1572, à remplacer
X. Thé hour and the man, 1840. La GroUche à la tête du coliége nou-
XI. Life, in the sick roorn, or es- vellement fondé à La Rochelle, et à y
idys by dn invalid, 1844, in-4 2. remplir, en même temps, la chaire
XIL Forest and gamè-law taies, d'hébreu, il S'acquitta avec.talent dé
4846; 3 vol. ses doubles fonctions de gymnasiarquê
X1IL Eàstern life, past and pré^ el de professeur jusqu'à sa mort, arri^
sent, 1848, 3 vol. ip^8". vée en 4 594. Son bonheur domestiqué
XIV. Household éducation, 1849, fut troublé par l'inconduité de sa fem-
in-4 2. ' me, dont les charmes séduisirent lé roi
XV. Hislôry of England du.ring dé Navarre.
thé thirly year's-peacé, 4 854; 2 vol. Marliùez était, suivant Rivet, un
XVI. Létters from Ireland, 1854. hommepieux et docte, et Bux lorf lé pro-
XVII. The Crafton boys. clamé « Vir in litéris hebraïcis acCu-
xyill. Gléti ofthe echôés. ratissimè dodus. » On à de lui:
XIX; Hom to observe. I. Grammatica hebraïca, Lugd.,
XX.; Homes abroàd. 1550, in-8°; Paris., 1567, in-4';
XXI. Hamlét, a talé. 15S4, ih-4°; nouv. édit. augm. d'une
XXII: Hill and valléy^ Gràmmatica chaldoea, 4 590, selon,,
XXUI.JW/a in thé milds. Arcèrë; réimp., Rupell., 1597, in-80;
XXIV. Miscellaniés. Lugd., 1612, in-8"; Franck., .1625,
XXV. Thepeasant âhdthéprince^ in-8"; Amst., 4 634 ,. in-8'. — L'au--
XXVI. The setllers at home. teur établit que, du temps de Saint-
XXVII; Times ofilhe SaviOur, or Jérômé, leS poinls-voyellés n'étaient
traditions Of Palestine. pas encore usités en hébreu.
XXVIIl.P?*tz« èssàys; II. Gratulatio ad senàtum civés^
XXIX. Bèrkley, the banker. que RUpellensesdè academiâ ab ipsis
XXX. Charméd sed, or PolanÇer inslitutâ, RupéllaV, Haulin, 4 572,
inSibéria. in-8". — Imp., en même temps, en
XXXI. Feals on the fiord, a story français, selon Colomiès.
of' Norréay-. :. S'il faut en croire AdelUhg, où plu-
XXXII. French minés andpolitics, tôt son continuateur, Marlinêz a élé le
or.Charles and Antoine. collaborateur de Charles de Chante-
XXXIII. For each and for ail, or clerc dans la publication de" Juliani
Létitià and Maria. imperaloris Opéra quce exstant om-
XXXIV. Loom and lugger, or ivea- nia, Paris., 1583, ïn-8°, et Colomiès
ïefs and snugglefsX. nous apprend qu'il à laissé d'autres
XXXV. Somers'Mm- réàpers. écrits mentionnés, dit-il, dansléCata-
MAKTIINEZ (PIERRE), savanthé- logus Bibliolh. Bodélejanae, que nous
.
bràïsani, naquit dans la Navarre fran- n'avons pu nous procurer.
çaise (1). Il fil sa philosophie à Paris, lé nom dé Petrus Martihius, Moreniinui À'o-
(1) Il pi-énd, sur lé titré dé ses ouvrâtes, tiarrut.
MAS
MAS — 304 —
MARTINI, prédicateur de l'ordre nov. 1618; —2' GASPARD, qui suit;
des Jacobins, ayant osé, dans un ser- — 3° PIERRE, sieur de Champmorean,
mon prêché à Saint^Pierre de Burlats, né le 15 déc. 1623, et présenté au
nier l'existence du purgatoire, fut saisi baptême par François Gallière, de
par l'Inquisition, qui existait toujours Montpellier, et par Elisabeth Des
en Languedoc depuis la guerre des Champs, femme d'Abel Brunier. II
Albigeois, et condamné au bûcher. épousa Charlotte Le Vasseur, et en
L'exécution eut lieu à Castres, à la eut deux enfants : PIERRE, né en 1656,
porte de l'Albinque, le 25 avril 4 554, et CHARLOTTE, née en 1658, qui fut
selon Faurin, en 4555, selon Gâches,. enfermée aux Nouvelles-Catholiques,
Martini mourut avec le courage et la en 1699, mais rendue à sa mère l'an-
résignation de tous nos martyrs. Pas née suivante (Arch. gén: E. 3380),
une plainte ne sortit de sa bouche, sa catholicité ayant sans doute été ju-
mais jusqu'à son dernier soupir il ne gée de bon al-oi ; — 4" ANNE, née en
cessa d'invoquer la miséricorde de 1626;femme,en 1641, d'Auguste Gal-
Dieu. Les spectateurs, glacés d'hor- land; resiée veuve, elle se remaria,
reur, gardaient un morne silence, en 1649, avec Jacques de Melville,
lorsque du milieu de la foule une voix sieur de Minières, enseigne des gardes
s'écria: Martini, lève les yeux au ciel du corps; —: 5° MARIE, née en 1628 ;
et te fie en la grâce et miséricorde de — 6° JEAN, né en 1629.
Dieu qui te recevra aujourd'hui en-son Né le 4 fév. 4 64 9, GaspardMasclari
.

royaume. Olivier Trémonille, bour- était avocat aux conseils, lorsqu'en


geois de Castres, qui avait eu la har- 4 639, il devint secrétaire du roi par ré-
diesse d'adresser ces paroles conso- signation de son père. I| exerça celle
lantes au martyr, ne fut pas arrêté. Il charge jusqu'en 1664, qu'il obtint ses
est probable que les inquisiteurs, en lettres d'honneur, le 24 déc. Ancien de
voyant la fâcheuse impression produite l'église de Charenton, il partagea le sort
parleur aulo-da-fé, craignirent de se de ses collègues, en 1685, el fut exilé à
heurter contre la résistance du peuple. Ballon. En 1686,- on le transféra à la
Cependant, vers le même temps, un Bastille (Arch. gén. E. 3372); au mois
autre prêtre, Madaùle, de Burlats, fut
-
de déc. de la même année, on l'envoya
condamné à porter le fagot et à faire à l'abbaye de St-Germain-deS-Prés; au
amende honorable devant l'église de mois de juillet 4 687, on l'enferma aux
celte paroisse; le jour même où le Missions étrangères (Ibid. E- 3373),
jeune Jacq. Caire fut brûlé vif à Tou- d'où on le fit. conduire, quelque temps
louse. après, au château d'Angoulême. Il avait
MASCLAUI (GASPARD), du Ponl- épousé, en 1647, Madelaine Petit,
St-Esprit, conseiller du roi et secré- fille de Jonathan Petit, sieur de Clanx-
taire des finances mort eu 1639 à Hardy, contrôleur général des bois et
l'ûgede63 ans, avait, rempli, ,
en 1632, forêts, et de Jeanne Muisson, qui mou-
les fondions de commissaire du roi au- rut en 1676, après l'avoir rendu père
près du synode provincial assemblé à de sept enfants, savoir : 1 "GASPARU, qui
Châlillon-sUr-Loing. De son mariage suit; — 2° HENRI, né en 1657; —
avec Anne Des Champs naquirent: 3" ANNE-MADELAINE née en 1659,
1" GASPARD, né le 8 sept. 1617, qui femme, en 1675, de Robert, Moisant-
eut pour parrain Pierre Masclari, de-Brieux, ministre àSenlis; —4° VA-
gentilhomme ordinaire de la chambre I.ENTIN, né en 1 662 ; — 5° CATHERIN'',
du roi, et pour marraine Anne Stam- née en 4666: 6° ABRAHAM, né en
ple, femme de Jacques Des Champs, —
4 668, qui abjura à la révocation, ainsi
secrétaire de la chambre et receveur que7° MADELAINE, née en 1671, après
des tailles à Châfeaudun ; il fut enterré avoir été, l'un et l'autre, enfermés, quel-
dans le cimetière des SS; Pères, le 16 que temps dans des couvents.
MAS — 803 MAS
--
GaspardMasclari, nélel 4 déc. 4 653, rement insuffisante ou erronée de New-
fut présenté au baptême par Pierre ton ; mais il la prenait telle que l'a-
Masclari, sieur de Champmoreau, et vaient faite, dans l'usage, les mathé-
par Jeanne Muisson, sa grand'mère. maticiens de son temps; et l'on ne
En 4 684, il prit pour femme Françoise saurait nier que leur métaphysique el
Prondre, fille de Daniel Prendre et leur langage ne dussent se trouver
de Charlotte Bonenfant, qui le ren- bien de quelques modifications, quoi-
dit père de trois enfants : 4 "GASPARD, que, en fait, la doctrine de Masères
néen 1682;—2° ANNE-CATHERINE, née n'ait qu'une clarté superficielle, et soit
en 1683;—3° PAULIN, né en 1685. plus étroite, plus étrangère à la vraie
A la révocation, il réussit à gagner la et profonde nature des choses que celle
Hollande avec sa famille. Son fils Pau- de Newton. » Malgré le succès de son
lin a trad. en franc, la 2e partie de début, Mazères abandonna bientôt les
^Histoire delarèpuMiquede Venise, mathématiques pour la jurisprudence.
par Naui, trad. qui, selon Adeluug, Il se mit à suivre le barreau avec l'in-
parut à Amst., 1702, 2 vol. in-12. tention de se .vouer a la magistrature.
BiASÉSIES (FRANÇOIS), OU Mazères, Nommé un des douze juges de circuit,
mathématicien et littérateur, descen- il ne tarda pas néanmoins à reconnaître
dant d'une famille réfugiée en Angle- qu'il ne possédait pas les qualités re-
terre. Chassé de sa patrie par la révo- quises pour cet emploi, et, sur sa de-
cation de l'édit de Nantes, le grand- mande, on l'envoya à Québec en qua-
père de Masères avait d'abord cherché lité de procureur général. C'eslpendant
un asile en Hollande; mais en 1689, son Séjour dans le Canada qu'éclatèrent
lors de l'expédition du prince d'Orange, les premiers symptômes de la guerre
il était passé en Angleterre avec le ré- de- l'indépendance américaine. 11 em- "
giment de Schomherg, dans lequel il ploya tous ses efforts pour empêcher,
était entré comme lieutenant. 11 avait dans les limites de son autorité, l'in-
fait la campagne d'Irlande, où les Ré- surrection de se propager de l'aulre
fugiés français rendirent au roi Guil- côté du Saint-Laurent. Les services
laume de si grands services, et plus qu'il rendit en cette grave circon-
lard, il avait élé employé en Portugal. stance le firent rappeler en Angleterre,
Il s'était élevé au grade de colonel en 1773, avec le titre de clerc-baron
pendant la guerre de la succession de l'Echiquier. Six ans plus tard, il cu-
d'Espagne. Son fils, ne se sentant au-* mula avec cet emploi l'office de pre-
cun goût pour l'état militaire, avait mier juge à la cour du shérif de la cité
suivi la carrière médicale, et son pe- de-Londres, dont il se démit en 1822.
tit-fils, à son tour, préféra l'étude des Ses doubles fonctions lui laissant de
sciences exaçles à l'étude delà méde- grands loisirs, il en profita pour con-
cine. Né à Londres, le 15 déc. 1731, tinuer ses éludes sur les mathéma-
François Masères fut élevé à Kingston tiques, l'histoire, la jurisprudence, se
etpnl ses degrés à Cambridge. Agrégé délassant de ses travaux sérieux par
au collège de Clare-Hall, il se consacra, la lecture d Homère, d'Horace, de Lu-
pendant quelque temps, à des éludes cain et de Millon.
analytiques très-profondes, el il acquit Mais ce n'est pas seulement à litre
une conscience si intime de son savoir, d'érudit que Masères s'est rendu digne
qu'en quittant son collège, en 1758, de l'attention de la postérité, il la mé-
il osa débuter audacieusement dans la rite encore au lilre de philanthrope :
carrière scientifique par la critique de le premier il eut l'idée de fonder une
l'opinion de Newton sur les quantités caisse de retraites dans l'intérêt des
négatives. «11 est probable, dilM.Pa- classes laborieuses. 11 exposa son pro-
risol, dans la Biog. univ., que Masères jet dans un écrit intitulé : A proposai
s'exagérait à lui-même l'opinion légè- for establishing life's annuities -in
20
T.VIi.
MAS
MAS — 306
parishes for the benefit of the in- V. The catiadian freeholder, con-
dnstrious poor, où il proposait de sisting of dialogues betmeen an
constituer, dans cliaquepnroisse, sous Englishman and a Frenchmau selt-
la garantie de toutes'1RS propriétés led in Canada, Lond., 1777-79, 3
soumises à la laxe des pauvres, des vol. in-8°.
renies viagères au maximum de vingt VI. Montesquieu's viem of the eng-
livres sterling, en faveur de ceux de lish coiistilntionMid. dufrar.ç.el en-
ses babilanls qui voudraient en faire richie dénotes, 1781, in-S"; 1791,8'..
l'acquisition. Ce projet, présenté sous VII. TheprincipUs ofthe doctrine
forme de bill à la chambre des Com- oflife's annnities,Lond., 1783,2vol.
munes , fyt volé par elle; mais la in-4".
chambre des Lords le rejeta, et c'est VIII. Themoderatereformer, 1791,
seulement depuis 1833 que l'Angle- in-8'. —Masères demande, dans Cet
terre possède l'excellente institution écrit, la réforme de quelques-uns des-
dont Masères avait voulu la doter. No- abus les pluschoquanjs de l'Eglise an-
tre savant philanthrope n'eut pas la glicane.
douce satisfaction d'assister, au triom- W.Scriptoreslogarilhmici.Lond.,-
phe de ses idées généreuses. Il était, 1791 2 vol. in-4°; 3" vol., 1796;
,
mort en I821, à l'âge de 93 aMS. Voici, réimp. 180 7, 6 vol.,in-4".
d'après Wall, la liste des ouvrages X. Enquiry into the exlent. ofthe
qu'il a fait imprimer. power of juries on trials for pu-
i. A dissertai-ion on the use of blishing sediiious criminal wriiings
the négative sign in algebra ; con- or libels, 4792, in-S°.
iaining the démonstration ofthe ruâ- XI. M. JamesBernouilli's doctrine
.
tes usually given concerning it; and of permutations and combinaisons,
sheming hom quadralick and cu- and some other useful mathematical
bich équations may be explained,mi- tracts, Lond., 4795, in-S0-.
thout the considération of négative XII. An appendix to Frend' s prin-
roots. To mhich is added, as\ an ciples of'algebra, Lond., 4798, inr8°.
appendix, M. Machin's quadrature XIII. Tracts on the résolution bf
of the circle, Lond., 1759, in-4".— cubich and biqnadratick algebraick
Dans l'opinion de l'auteur, les quanti- équations, by doct. Halleifs, M. Ra-
tés négatives sont toujours des quanti- phoeon's and sir J. Newton's method.
tés moindres soustraites ou h soustraire.. ofapproximation,Lond.,\S00j')n-8".,
II. Eléments of plane trigonome- XIV. Historioe anglicanes circa
try ; in mhich is ihtroduced a dis- tempus conquestûs Anglioe à Guliel-.
sertation on the nature and use ofi md Notho, Normanornm duce,selecta-
logarithms, Lond., 4759; 4760, monnmenlà,cwmnotis,Lond., 1S07,
in-8°. — Ouvrage simple, court, mé- in-4".
thodique, destiné à simplifier les opé- XV. Translation of a passage in
rations trigonoinélriqut'S. the Correspondance politique [de
III. Mémoires à la défense d'un Mallet-Du Pan] conlaining a vindi-r
plan d'acte de parlement pour V eta-, cation of Louis XVI, Lond., 4 796,8°.
blissement des loix de la province HL\[.Occasioiial Essays onvarions
de Québec, contre les objections de subjecls. chiefly historical andpoli-
M. Fr.-Jos. Cagnet, Lond., 1770, tical. 1809, in-8».
in-fol.; I773, in-fol. Masères a donné,en outre,en y ajou-
IV. An account ofthe proceedings tant ûesPréfaces, des éditions nouvel-
.

bf the british and other. protestant les des trois ouvrages suivants : May's
.

inhabitans of Québec, in order to Hislory of parliamenc of England,


obtain à house of assembly, Lond., 1813, in-4"; three Tractspnblished
4775, in-8". at Amsterdam in 1691 ; and tmo un-
MAS
- 307 — MAS
der the name of Letters frOm gêne- faire ses éludes en théologie à Genève
rai Ludlow toEdmundSeymour'and en 1665, et desservit différentes égli-
other persans 1813, in—4° ; The ses des Cevennes.
irish rébellion,, by sir John Temple, Capitaine d'infanterie, par commis-
1813, in-4°. Enfin il a fait insérer, sion du 8 avril 4 646, Etienne de Mas-
dans l'Archaeologia (1772) : View of sanes-servit au siège de Courtray el
the ancient constitution ofthe eng- de Dunkerque celte même année : à
lish parliament, et dans les Trans- ceux de La Bassée et de Lens, en 1647;
âct. philosoph. des années 1777, à celui d'Ypres et à la bataille de Lens,
4 778 et 4 780: A methbd of finding
en 164S; au blocus de Paris, au siège
the value of an infinité séries of de- dé Cambrai, à la prise de Condé en
creasing quantities of a certain 1649 ; au secours de Guise, à la, ba-
form; — A metko A of finding a near taille de Rhétel, en 1650. En 1651,
value'of the very slowly converging il continua â être employé à l'armée
infinité séries, etc.; — A melhod of de Flandres ; en 1652, il assista aux
extending Cardan's Rnle for resol- combats de Bleneau d'Etampes, dû
ving one case ofthe same équation. faubourg St-Antoine,, et, en 1653, au
'> MASSAGES, famille de robe ori- siège de Sainte-Menehould. Élevé, en
ginaire de Montpellier. Au commen- 4 654,, au grade de mestre-de-camp
cementdu xvne siècle,elle étaitdivisée d'un régiment de cavalerie, il le corn-
en deux branches établies l'une dans manda aux sièges de Landrecy, dé
celle ville^ l'autre à Paris. Condé et de Sainl-Guilhain, en 4 655.
I. BRANCHE DE MONTPELLIER. Selon Maréchal de camp par brevet du 7 mai
lés Jugemeus de la Noblesse, Pierre 4 656, il servit encore au siège de Va-
Massanes, général en la cour des aides lencieUnes, el l'année suivante, à^celui
de Montpellier, qui testa le 20 juin deMonlmédy; maissonrégiment ayant
4622, ne laissa qu'un (ils, nommé élé licencié en 4 660, il ne fut plus dès
JEAN (I). Conseiller.en la cour des lors employé. Il vivait encore en 4669.
aides de Montpellier, par provisions II. BRANCHE DE PARIS. — Jean Mas-
du 30 janv. 4 623, ce (ils vivait encore sanes vint à Paris à la suite du roi
en 1663. C'est de lui qu'il est parlé Henri IV qui le créa conseiller el secré-
dans les noies secrètes sur le person- taire du roi; il y mourut à l'âge de 50
nel des parlements publiées par M. Dep- ans el fut enterré dans le cimetière des
pingi où il n'est fait l'éloge ni de sa Saints-Pères, le 15 sept. 1631. Il avait
capacité ni de l'indépendance et de la épousé Jacqueline Forget, el en avait
fermeté de son caractère. Il laissa trois eu: 1° ELISABETH., qui se maria,-en
fi|s de son mariage avec Jeanne Clan- 1642, avec Jean Amproux , sieur de
sel, célébré en 1633, savoir: 1 " Louis, LaMassaye, el mourut veuve en 1659;
sieur deMontredon, bap'isé le 4 janv. :— 2° ANTOINE, né le 20 mai 1613 ,
1639; 2° PIERRE, sieur de Sou- qui suit; — 3° CHARLOTTE, femme, en

lages baptisé le 15 janv. 1641 ;
— 4 648 de Jacques de Saint-Denis
, , ,
3' HEXRI capitaine- au régiment de sieur de Vervaine, fils de Thomas de
Piémont, ,baptisé en 1643. Nous ne Saint-Denis, sieur de Lancisière , et
savons rien de plus sur cette branche, de Louise Le Vasseur; — i" PIERRE ,
qui, à ce qu'il paraît, n'a jamais joué né le 26 fév. 1611 ; — 5? PAUL , pré-
de.rôle important dans les affaires des senté au baptême, au mois d'avril 4 612,
églises. Ou doit, sans aucun doute, y par Forget, conseiller au présidial de
rattacher le maréchal de camp Etienne Riom; —6° ISAAC, né en 1614;— 7?
deMissanes, qui suit, el probablement MARIE, femme, en 1.632, de Thomas
aussi /. Massanes d'Anduze, qui alla Hardy, sieur de ViGques, fils de Pierre
(1) Il avait, en outre, au moins Une fille,
Hardy et de Madelaine Du Val, morte
MiKcneRiTE {Voy, I, p. 342). ... en 1660.'
MAS 308 MAS

Antoine de Massanes, ancien conseil- ton à Hiesmes, en Normandie, Ha-
ler et secrétaire du roi, député de l'Isle- monnet à Mayenne, Conrart à Li-
de-France «pour agir aux affaires des sieux, et Aufrère, procureur au parle-
églises» (Jacobins S. Honoré, N°30), ment, àCbâteau-Chinon(1).PIus tard,
et doyen des anciens de l'église de Massanes fut transféré dans l'abbaye,
Charenton (Supplém- franc. 791. 1) de Saint-Firmin à Beaugency puis à
,
était, à l'époque où l'édit de Nantes fut Sainle-Geneviève(.<i»'c/4.$'e».E.3372);
révoqué, un vieillard d'un esprit doux mais, dès 4 687, il habitait la Hollande
et d'une conduite fort sage , selon Te safemme(i:M'lE.3373), soilqu'il
avec
témoignage des agents de Là Reynie. eût été assez heureux pour sortir de
Il jouissait d'une fortune de7 à 800,000 France,ou,ce qui estplus probable,que
livres de rente. Ni son âge avancé, ni sou opiniâtreté l'eût fait chasser du
son caractère inoffensif, ne le mirent à royaume (2).
l'abri des persécutions qui, quoiqu'on Antoine de Massanes avait épousé,
en ait dit, frappèrent les Protestants de en 4 647, Françoise B othereau-de-
Paris, aussi bien que leurs coreligion- Lormois, veuve de Jean-Baptùie
naires des provinces. Le 4 0 et le 20 Marbault, et il en avait eu quatre en-
nov. 4 685, des lettres de, cachet exi- fants : 1° ANTOINE, né en 1648, qui-
lèrent tout le consistoire, à l'exception suit ; —2° JEAN, né en 1649, et marié
de Rozemont, qui réussit à se sauver dans le Dauphiné, selon les noies des
à l'étranger avec sa femme el. deux en- agents de.La Reynie; — 3° ELISA-
fanls, de Girardot el de Falaiseau,
qui paraissent s'être convertis. Massa- (I) Aufrère parvint plus lard b se sauver en
nes fut relégué au Blanc,, Louis Ger- Hollande, où ses lils avaient déjà trouvé un
vaisë à Gien, Jean Girard à Auray asile.
(i) Les papiers
. ,
de La Reynie, où nous avons
Théodore Le Coq à Memers, Samuel, retrouve les lettres de cachet qui exilèrent
'Lardeau, procureur âgé de 40 ans, les anciens de l'église de Cliarenlon, con-
, tiennent une statistique curieuse, bien que
«esprit doux et posé,jouissant de la ré-, inexacte 'vraisemblablement,.desévasions el
pulalion d'un homme de bien fort à des conversions qui eurent lieu a Paris seule-
,
son aise et n'ayant qu'un fils de six ou ment d.-ins les mois d'qct., nov. el dec. 16S5
sept ans», à Montrichard, Béringhen (Supplém. franc. 791. 2;. Le chiffre de l'émi-
gration s'élève à 1087, savoir: Quartiers St-
à Limoges, Noël Bezarda Château- Auto'ine, 69; St-Jacques-la-lioucherie, 6';
gonlier(f), Grostête, sieur de LaBuf- Grève, 6; la Verrerie,4; St-Germain-I'Auxcr-
iière, esprit bon et assez froid, rois, 32; Ste-Opportune, 41 ; Sl-Honoré, 40;
« pas- Sl-Eu*tae.ne, 65; Place Haubert, 364; Marais,
sant pour un honnêle.homine», à Guéret, 12; Sl-Dems, fl"6 ; faub Sl-Cermain, 90; les
Masclari à Ballon Des Marchais à Halles, 8; la Cilé. 220 ; la Harpe, 20; St-
,
Châteaurenaull, Janiçon.à Manin 14. Dans les mêmes mois, les curés
Vierzon
Antoine de Crosat, sieur de La Bas-, avaient, onregisiré 1098 prétendues conver-
sions, savoir: Qiiailiers Si-Antoine, 151 ; St-
tide, à St-Pierre-le-Mouslie.r, Gawc/iM* J.icques-la-Boucherie,10;Grève,.1;la Verre-
à Avnlnn, Papillon à Avranches, Sa- rie, 1; St-Germaiu-rAuxei-rois, 14; Ste-Op-
muel Beauchamp, avocat au parle- portune, 41; St-Hnnnre, 40; Sl-Euslaclie, 65;
Place iMaubert, 232; Marais, 12; St-Denis,
ment (qui se réfugia plus tard àThorpe 93; fâub. Si-Germain, 70; les Halles, 8; la
en Angleterre, où il mourut, en 1688, Cilé,220; la Harpe, 43 ; St-Marlin,91. Nous
à l'âge de 78 ans), à Bar-sur-Aube, ferons observer que plusieurs de ces chiffres
Philippe Bernard, sieur de Bouilly, sont parfaitement identiques sur les deux lis-
les. ce qui nous fait douier de leur exacti-
«ancien avocat, âgé d'environ 60 ans, ,
tude. Iïiiliii, il restait a Paris, au mois de
homme .d'esprit, fort relire et particu- dec, 3823 Huguenots qui n'avaient point ab-
lier», à Guise, Tassina Semur, Robe- juré: Qnaviiers Si-Antoine,'711; St-.1ar.ques-
de-la-l!oiiclierie, 19; Grève, 29: la Verrerie,
13; Si-Germain l'Auxerrois, 76; Ste-Oppor-
(l)Be;ardétait signalé comme mauvais ca- tune, 272; St Honoré, 134; Sl-Éiistarhe, 367;
lliOliqueen1690(^rrfi. E 3376). lin 16S7, Place Mauherl, 344; MoneIlerie,-55; Marais,
il avait été relégué b Pontlcvoy [Ibid. E. 130; St-Uenis, 162; faub. St-Geraain, 688;
3373), les Halles, 129.
MAS
— 309 — MAS
EIIH, née en 1650 et mariée à Pape- christ et les souffrances de VEglise,
Saint-Auban(Arch. gén. E. 3373); Colog.. et Amst., 4686-88, 5 parties
4" DANIEL, né le 30 avril 1651. in-12.

Autoine, sieur de Villejouan, prit On lui doit aussi une trad. franc, du
pour femme, en 1671, Marguerite livre d'Hippocrate Deveterimedicinâ,
Hardy, sa cousine-germaine, dont il Il est fort probable qu'à la révocation
eut plusieurs enfants. Les Registres de de l'édit de Nantes, il se réfugia en
Charenlon nous en font connaître sept: Hollande. Plus d'un siècle auparavant,
1' ANTOINE, né le 27 mai 1672 ; — un huguenot du même nom, Pierre
2° CHRISTOPHE, né en 1674; — 3° MA- Massard, de La Charité, avail obtenu
RIE-ANNE, née en 1675 ; 4° MARIE, à Genève les droits de bourgeoisie.

née eu 1676; — 5" ISAAC, né en 1677; MASM!*;iJ{jEAN),lilsdeAroê'i:Mas-
ELISABETH, née en 1679; sien, de Ctten, el de Thomine Lefoye,
— 6" —
7" BLANCHE-ANGÉLIQUE,née en 1683. épousa Marthe Lespingueur,en 1619,
A la révocation, il ne suivit pas l'exem- c'est-à-dire au relourd'un long voya-
ple de son père, mais se convertit ge qu'il avait fait en Flandres et en
(Arch. E. 3372). Sa femme, au con- Hollande, pour y apprendre la fabrica-
traire, refusa courageusement d'aller à tion des draps de laine d'Espagne, en-
la messe, et comme son état de gros- core inconnue en France 11 établit à
sesse avancée ne permettait pas de Caen une fabrique qui prit un grand dé-
l'enfermer dans un couvent, on mit veloppement, sous l'habile direction
auprès d'elle deux huissiers Chargés de son fils cadet PIERRE (l)'néle 12
de la garder à vue (Supplém. franc. avril 4622. « Après avoir, voyagé, lit-
4026.4). Aussitôt après sa délivrance, on dans les lettres de noblesse accor-
on la transporta dans le couvent de dées, en 1776, par Louis XYl, à un de
PAnnonciade (Arch. E. 3372), Nous ses descendants, Pierre Massieu prit la
ignorons quand et comment elle en direction de la manufacture de son père
sortit; ce qui est certain, c'est qu'elle et IJ porta à un tel degré de perfection
parvint à gagner Genève avec ses filles, qu'elle effaça tontes celles de l'étran-
vers 4 690. Quant à son mari, son or- ger, vingt ans avant l'établissement de
thodoxie étaitsuspecle,puisqu'en1695, celle àeJosse VanRobais.» Ses draps
on jugea nécessaire de lui enlever son étaient si beaux qUe Louis XIV voulut
fils pour le placer dans le collège des en être vêtu. En 1674, quatre cents
.

Jésuites (Ibid. E. 3381). Les dignes familles élaientemployéesdansce vas-


Pères ne négligèrent rien, sans aucun te établissement. Du mariage de Pierre
doute, pour inspirer à cet enfant l'hor- Massieu avec Esther Mollet, béni par
reur de la religion dans laquelle il était Jean deBaillehacheAe 4 5 janv.4 654,
né, et ils y réussirent si bien, que sa naquirent six enfants :4° JACQUES, né
mère ayant désiré le voir, il se rendit à en 4 653, — 2° MARTHE, née en 1655,
Genève, en 174 5, et que, quand il y fut, et mariée,en 4 680, à Michel de Gron;
il ne voulut plus en partir, ce qui attira PIERKE, qui fut baptisé en 4 656
•-rr 3"
beaucoup de désagréments à son père. par Le Coulleux,et épousa Catherine
MASSAliD (JACQUES), médecin de Osmont ; — i" JACOB, né en 4 657, et
Grenoble, a publié : mort à Rotterdam, le 10 juin 1700 ;—
I. Divers traités des panacées, 5" ANNE, née en 4 659, et mariée, en
Grenoble, 4679, in-4 2 ; Amst., 4 686, 4 679,à RoberlLeBret; —6"MICHEL,
in-42 ; trad. en angl.,4 685, in-42. né en sept. 1664. Deux de ces enfants,
II. De naturâ et cv/roMone luis Jacob et Michel, passèrent dans les
venereoe,\n%. dans leT.TV desMiscel- pays étrangers à la révocation de l'édit
lan.medico-physic. gallic. de Nantes ; mais le fils aîné resta en
III. Harmotiie et accomplissement (1 ) Son Ois aine JEAN suivit la carrière mili-
des prophéties sur la durée de l'Anté- taire, et mourut sans postérité.
MAS MAS
— 340 —
France avec son père,el,pour échapper PIERRE, souche delabranchede CLES-
aux missionnaires bottés, il eut la fai- VAL. '-, ' '
blesse de signer un acte d'abjuration. I. Michel-Antoine Massieu renonça
^

Cependant il refusa constamment de à la fabrication des draps pour s'occu-


participer au culle catholique, comme per du commerce maritime. « 11 en-
l'attesta Je. curé de- sa paroisse, lors- voya, lit-on dans les lettres de nobles-
qu'une mort précoce l'enleva, le 23 a- se que Louis XVI lui accorda en 1776,
vril 1689. Le défunt ne fut. donc point des navires en.Turquie, à la côle d'A^
porté au cimetière;'mais.sur larequfile frique el.dans lesdeux Indes.En 4740
xiu père, il fut enterré, par ordre du et 4 772, il sacrifia des sommes consi-
lieutenant criminel, dans les fossés de dérables pour faire venir de l'étranger
la ville."Si Pierre.Massieu.n'eut point des grains'--qu'il donnailà perte...Pen-
la douleur d'assister à l'odieux specta- danMes guerres, il procura des se-
cle de son fils traîné sur la claie comme cours essentiels aux prisonniers fran--
relaps, ce n'est point;'comme on pour* çais en -Angleterre ; il fut des premiers
raille croire, à la considération dont il à" donnera
la ville deCaen l'exemple de A
jouissait qu'il en fut redevable mais la pèche de lamojue.»Et voilà les hom^
,
à l'horreur générale que l'abominable mesàquiun gouvernement insensé per-
déclaration du 29avril 1686 avait sou- mettait qu'on refusât la sépulture! Du
levée. Trois ans après, il perdit sa mariage deMicbel AnloineMassieuavec
femme,qu'il fit inhumer dans un jardin Marie-Anne-Samuel Bacon-de-Pré-.
attenant à sa maison, où fut aussi en- court(\). Célébré en 4731, naquirent :
terré, eh 1696, son fils Pierre, mort à 4''>MA,tiE-ANNErCATiiEniNE,quiépousa,
l'âge de 40.ans (1 ). 11 termina lui- en4 764,à l'âge de trente-un ans,Evans
même sa longue carrière à la fin de Moi'timer; —2° ANNE; née en 4735,
1704, laissant sa manufacture de draps femme de John St-Légêr-Douglas;-^-
'à son fils Michel, qui venail d'épouser, 3° MICHEL-JACQUES-SAMUEL, sieur dé
le 20 oct., devant le curé de Saint- Sl-Manvieu, né en 1732, qui se maria,
Cjr à E\h(hu{,AnneAsselin,û.l\ed'An- en 1754, avec Judith-Elisabeth Si-
toine Asselin. armateur de Dieppe, et gnard. d'une ancienne famille protes-
d'Anne de La Guèze. ; tante de la Normandie. 11 mourut en
Michel Massieu était passé en Angle- 1792, père d'un fils^ FitÉnÉiiic-jEAN,
terre, comme nous l'avons dit, à la ré- décédé eh 1812, sans avoir été marié,
vocation de l'édit de Nantes. 1} avait et de quatre filles : ANNE-SAMUEL-SO-
appris le commerce dans'les comptoirs PHIE, née en 1755,femme, en 1786, de
désir John Haeksbaw, qui lui fit inuti- Jean d'Agneaux, Sieur de Desertines,
lement lesoffres lesplus brillantes pour fils de Jean-Philippe d'Agneaux elde
le retenir auprès de lui. Le désir de re- Marie-Anne Dubusc (Elal civil de Pa-
voir sa patrie et son vieux père le ra- ris. Chap.de Hollande,N° 97);—ANNE-
mena en France, après une absence de MicnELLiî-ELiSABETH née en 1756,
vingt ansiMàlgiélesperlesqu'iléprou- .
mariée en iï$5,avecPhilippe-Chris-
va en 1720, à l'époque dufumeux sys- lophe Oberkampf ; — ESTUEU-GA-
tème de Law, il ne put se résoudre à BRIELLE-EMILIE, née en 1769, épouse,
accepter les propositions avantageuses en 1794, de P.-A. Ravel, .d'Ahnoiiay,
que le roi d'Espagne lui fit faire pour banquier à Paris.;:— SUSANNE-ANTOI-
l'attirer dans ses Etats. 11 mourut en NETTE-ROSALIE, née en 1772 et mariée.
4-729, laissant trois enfants : 1" ANNE, Samuel Widmer.
née en 4 705, femme, en 4726, de Ja- -.
(1) Cette famille a donné aussi des gages de
cob Feray, du'Havre ; 2° MICHEL-
— son attachement au pioleslaniisinc. En. 1688,
ANTOINE, né en 1707, qui suit; un.jeune iePrècourl était enferme.aux Nou-
— 3° veaiix-Coiiverljs.deCaciiM*"(-/i. gén, Ï'T.317).
(1) Ce jardin servit depuis de cimetière aux Son père, sa mère et son frère aîné 's'étaient
'Prolestants de Gaen jusqu'à la Révolution, réfugiés en Hollande. '
,
MAS — 311 MAS

ÎI.PierrëMassieu,dit de Clerval, né cidépour la marjne,s'embarquacomràe
leig fév.,4708,secrélaireperpétuel de matelot, en 1802, sur le Rhinocéros
.l'académie deCaen(l), fut marié deux changé d'approvisionnements pour la
fois. Sa première femme -, Marie Si- station des Antilles. Nommé, en 1804,
griard,\\e lui donna qu'une fille, nom- .
aspirant de première classe à (a suite
mée ANNE, qui épousa, en 1753,Isaac d'un examen brillant, il obtint l'auto-
Du Moni-de-Bostaquet, mousquetaire risa lion de servir sur la flottille de
delà garde du roi,descendantd'uno an- J3oulogne el fut attaché à l'élal-ma-
cienne famille noble delà Normandie, jor do l'amiral Bruix, qui l'employa
qui avait, dans le temps des persécu- à des travaux hydrographiques' sur la
tions, donné des preuves de son atta- c6ledePicardie.il prit parla plusieurs
chement à la religion réformée. De la engagements avec les croiseurs an-
seconde, EsHter-Renee Gohier, il eut glais, el s'y comporta si vaillamment
deux fils et deux tilles : I^ANNE-ES- qu'il l'ut élevé au grade d'enseigne de
TBER, née en 4736, mariée, en 4754, vaisseau, le 12 sept. 1805. C'est eh
&
Etienne Rénonard, d'Amsterdam ; celle qualité qu'il s'embarqua sur le
— 2'ANNE-ELISABETH, née en 1750, "Vétéran el passa sous les ordres de Jé-
femme à'Osmont, deGaen; -^3° Mi-- rômeBonaparte, avec qui il fit une lon-
cHEL-PiERRE-EsAiE.né en 4738,pein- gue campagne sur les côtes du Brésil
tre d'un: talent très-remarquable qui
-,
et aux Antilles. 11 fut nommé .lieute-
laissa deux enfants-: PIERRE-MICHEL- nant de vaisseau, le 12 juill. 4808.
AUGUSTE et ANNE-CÉCILE, mariée, en Il montait alors la frégate la Topaze.
1821, à l'ancien pasteur de Caen, Celle frégate qui, à sa sortie de Brest,
André-Martin Rollin; 4° SAJUUEL- avait soutenu un combat glorieux con-

AÏCDSTE, né le 15 août 1741, qui é- tre une frégate anglaise el l'avait mise
pousa Eslher Feray, el en secondes en fuite, huit par- être capturée dans
noces, en 1784, Marthe Johj-de- la mer des Antilles. Massieu fut con-
Bammeville, fille de Pierre- Louis duit, comme piisonnif.r dé guerre, à la
Joly-de-Bammeville, secrélaiie du roi Barbat.le, d'où i! parvint à s'échapper
et de Marie-Anne Fromagel. De ce suruh navjrcaméricain. Quelque temps
mariage naquirent quatre enfants,nom- après son-retour .en Europe, l'empe-
més AUGUSTE-SAMUEL,EUGÈNE, CARO- reur le fit échanger contre un officier
LINE el ELISABETH. anglais el l'envoya servir sur l'IpliigéL
Né à Saint-Quentin,.le 5 déc. 1785, nie qu'on, armait à Cherbourg. Nommé,
el mort à Paris, le 4 7 mars 1847, Au- en -1812, au 'commandement du brick
gUSle-SamueiMassieu-de-Clervnl.vice- leIIussard,Massieu-dc-Clérvalprit part
'amiral, grand officier de la Légion aux'.opérations de la flotte d'Anvers
d'honneur et dignitaire de l'ordre du jusqu'à la chute de l'Empire. Après là
Cruzeiro du Brésil, sort de notre cadre; reconnaissance du nouveau pavillon, a
cependant le grade éminent qu'il a laquelle il s'opposa inutilement, il ra-
occupé dans la inaiine militaire et les mena à Bresl son brick dont le corn-*-
services qu'il a rendus, nous semblent mandement lui fui. relire. Cependant
justifier l'exception que nous croyons il reprit la mer à la fin do1815. Nommé
devoir faire en sa faveur. Nous rap^ au commandement de-la Zélée, il fut
porleronsîucc.inclemenlicsprincipales envoyé aux Antilles, voyage au retour
circonstances de sa.vie. duquel il fut fait capitaine-de frégate,
Massieu-de-Clerval qui, dès son en- et attaché à la station du Levant, Il
fance, avait montré un penchant dé- profila d'une longue croisière de deux
ans pour visiler la Grèce et y faire faire
(1) Il ne paraît pas qu'il ait rien publié; des fouilles qui onl enrichi le Musée du
.
maisila laissé en mss. diver*opuscules, et, Louvre do, précieux débris de l'art an-
entre autres, des tragédies qui se conservent
duis sa famille. "
tique. En 1821, il obtintJe' comman-
MAS 312 MAS
.

dément delà corvette l'Espérance, qui Blanche, femme de M. Lçhardelay,


devait visiter le Brésil, l'Ile Bourbon, docteur en médecine; Balhilde, épouse
la côte orientale de l'Afrique; cette de M. Duverger, ingénieur en chef des
campagne lui valut le grade de capi- ponts et chaussées ; Eugénie, femme
taine de vaisseau, le 17 août 1822. de M. Duverger, inspecteur des doua-
Chargé, à son retour, d'organiser à nes. Tous quatre ont élé élevés dans
Brest un équipage de marins d'après la religion catholique.
•H A.SSIIV, ministre de Pailhat en
un nouveau règlement, il s'acquitta de
cette tâche difficile à la satisfaction du 1577. Invité par Du Lac, gentilhomme
ministre, qui lui confia le commande- huguenot fort zélé pour la Religion, à
ment de la station du Sénégal, et plus venir remplir les fonctions de son mi-
lard, en 4 828, celui des équipages de nistère à Ambert, Massin s'y rendit, au
ligne à Brest. L'année suivante, il.fut mois de nqv. 1376; mais lé bailli lui
choisi pour diriger le blocus d'Alger refusa l'autorisation d'exercerpublique-
et préparer en quelque sorte les voies ment le culte réformé. Massin n'entint
à l'expédition de 4 830. Dans ce poste compte. Les Catholiques irrités fer-
qui exigeait autant de tact et de pru- mèrent les portes delà ville et ne vou-
dence que de fermeté. Massieu-de- lurent permettre à aucun habitant ou
Clerval sut justifier la confiance du étranger d'y entrer, s'il n'était catho-
gouvernement. 11 prit ensuite le com- lique. Du Lac lui-même, qui habitait
mandement d'une des divisions de, la dans les environs , étant allé rendre
\flotte sous les ordres de l'amiral Du- visite au pasteur, reçut ordre de sor-
perré, et, après la conquête d'Alger, il tir d'Ambert. Les Protestants étaient,
resta en Afrique pour organiser la en outre, en butte aux provocationslès
marine. '; plus insultantes. Lorsqu'ils se réunis-
Duperré, qui appréciait à leur juste saient pour la prière, ils étaient hués et
.valeur les services rendus par Massieu- assaillis à coups dé pierres; cependant
de-Clerval, avait demandé pour lui, contenus par le ministre qui, dit M.
dans son rapport au ministre, le grade Imberdis, se montra digne et calme,
de contre-amiral. Massieu l'obtint, ils évitèrent une rixe que leurs adver-
mais seulement le 5 janvier 1833, et, saires cherchaient évidemment à pro-
l'année suivante, il fut appelé au com- voquer. Ils se contentèrent de porter
mandement de l'escadre du Levant. plainte au bailli, qui les renvoya en
De retour en France, en 4 836, il rem- menaçant de la prison quiconque se
plit, quelque temps après, les fonctions permettrait de murmurer.Un soir enfin
demajor général àToulon. En 4 844, il que Massin était allé prêcher à Pailhat,',
reprit la mer pour aller commander la espèce de désert aride qu'une colonie
station du Brésil et de la Plata. Une de Protestants de Saint-Elienne, chas-
-maladie du foie,aggravée par l'influen- sés de leurs foyers par la persécution,
ce du climat, le força à demander son avait couvert, depuis quelques mois,
rappel, en 1844. Elevé au grade de d'habitations et d'usines, on lui refusa
vice-amiral, depuis le 25 juin 1842, l'entrée de la ville : bafoué et menacé
il continua, malgré ses souffrances, à parles sentinelles, il dut aller chercher
rendre jusqu'à sa mort des services à un asile dans le château de-DuLac.
la flotte comme membre de l'amirauté Pour mettre un terme à ces excès que
et président du conseil des travaux de rien ne justifiait, ce seigneur se con-
la marine. De son-mariage avec Emi- certa avec Chavagnac et Merle pour
lie-Louise de Bourrienne, célébré en s'emparer d'Ambert. L'entreprise réus-
4 815, sont ués quatre enfants : Henri, sit, et Massin, rentré dans la ville avec
docteur en droit et avocat, qui a bien les vainqueurs, nese vengea qu'en em-
voulu nous communiquer une notice ployant toute l'influence que lui don-
très détaillée sur la vie de son père ; nait son caractère, pour arracher les
MAS
Amberloisaux vengeances de ses core-
— 313 - MAS
comme sous-officier dans la garde.
ligionnaires. Tant qu'Ambeit resta au L'année suivante, il fut nommé lieute-
pouvoir des Huguènols, ce digne mi- nant dans.le corps des cadets; puis,
nistre de l'Evangile parlagea ses soins en 1789, capitaine de dragons, et en
entre les deux églises dont la direc- même temps, aide-de camp duminislre
tion spirituelle lui avait été confiée ; de la guerre Sollikoff (1), par la pro-
mais lorsque Pailhat fut menacé par tection du général Melissino, dont son
les troupes du duc d'Anjou, il alla s'é- frère avait épousé la fille. Ses qualités
fablir au milieu des habitants, afin de aimables el son espritenjonélui ouvri-
soutenir leur courage. A l'approche rent les portes des meilleurs salons de
du déUiehement ennemi, il se rendit Pélersbotirg. En 1792, il fut promu au
auprès du capitaine et l'assura d'une ' grade de major en second dans un ré-
entière soumission en échange de la giment de la garde. En 4794, l'impé-
liberté du culte. Le chef catholique é- ralricelechargead'unemissionà Stutt-
coula ses représentations; mais pour gart), Carlsruhe et Baireulh, malgré la
touleréponse, il lui montral'ordrequ'il vive opposition du grand-duc Paul, et
avait reçu de raser le temple dePailhat, à son retour, elle lui fit expédier le
en déclarant qu'il était résolu à l'exé- brevet de major en premier des grena-
cufer.Sur cetlemenace, les Protestants diers d'Alexandre. Enfin, lorsque son
prirent les armes el opposèrent une petit-fils Alexandre se maria, elle le-
vaillante, résistance. La fortune trahit plaça comme secrétaire auprès de lui.
leur courage. Le village fut mis à feu Mais tout l'échafaudage de sa fortune
elà sang, elle cadavre de Massin fut s'écroula à la mort de Catherine. A son
retrouvé au milieu des décombres. — avènement au trône, Paul, qui ne l'ai-
Benjamin Massin, qui desservit les mait pas, le destitua et lui ordonna de
églises deSézanne el de Châlons^;*/. quitter la Russie. Profondément blessé
Pièces justif.,N" LXXY1II) descendait de celle injuste disgrâce, Masson se
peut-être de ce fidèle servileur du retira d'abord en Pologne. Il passa en
Christ. Prusse)esannées4797el98; en Suisse,
MASSO!V(CHARLES-FRA:NÇOIS-PHI- l'année 4799, et en 4 800, il vint à Pa-
LIBERT), poète et littérateur, néàBla- ris. Le premier consul le fit entrer
mont, en 1761, selon les Ephémér. du dans la commission chargée de la ré-
comté de Montbéiiard, en 4 762, selon vision de la liste des émigrés. En 4 804,
la Biographie univ., eu 1764, selon le il fut nommé secrétaire-général du dé-
continuateur d'Adelung, et mort à Co- partement de Rhin-et-Moselle, et en
blentz, le 3 juin 1807. 4 804, président du collège électoral

Son père, greffier de la seigneurie de Goblentz.


de Blamont, le mit en apprentissage Masson était un homme d'esprit, il
chez un horloger de Montbéiiard. Au avait de l'imagination et possédait dos
boutdequelques années, il alla.seper- connaissances variées. Placé dans des
fectionner dans son art à Neuchâlel, à circonstances plus propices, il se serait
Bêle et à Strasbourg. Ce fut pendant certainement fait unnomdisliiiguédans
séjour Suisse le de la les lettres. A sa mort, il était corres-
son en que goût
poésie s'empara de lui. Le Mercure hel- pondant de l'Institut de France, et
vétique de 1s780 contient les premiers membre de l'Institut national italien,
de l'Académie celtique et de la Société
essais de sa muse. Appelé en Russie philotechnique. Outre des pièces de
par son frère aîné, officier au service de
la czarine (1), Masson entra, en 1787, poésie qu'il a publiées dans diversjour-
naux, on a de lui:
(1) Ce frère, qui s'éleva au grade de co- I. Cours mémorial de géographie,
lonel, est connu dans la littérature par un
poème dont Charles-Martelest le héros,elqni (1) Il avait commencé par elfe précepteur
a paru a Slrâsb., 1816, 2 vol. in-8". de ses Dis.
MAS -- '314 MAS

a l'usage du corps impérial des ca- Masson aiaissé en mss, une trad,
dets nobles, Berlin, 4787, in-4?; St- du poème russe. : Les jardins, par
Pélersb., 1789, 'in'-80. —Anonyme-- Sam bout sky, et une Histoire delà
II. Elmineou la fleur qui ne se fié- littérature russe. On trouve de lui,
tril jamais, Berlin, 1790, in-81'; in s. dans le-T. Ides Mém. de l'Acad. celti-
aussi dans le Journal encyclopéd. et que, des Observations sur le rapport
dans l'Esprit des journaux, el trad. en de M- Volneysuri'ouvrage dePallas,
allemand. intitulé Vocabulaire comparatif, etc.
III. Mémoires secrets sur la Russie Masson avait épousé, en 4795, la
et particulièrement sur la fin de baronne de'Rosen, d'une famille livo-
Catherine et le commencement de nienne. Nous ignorons s'il en eut des
Paul I, Ainsi.-[Paris]'., 1-800-1801, enfants.
3 vol. in-8"; nouv. édil., revue et MASSON (JEAN'}, de Civray (fils
augm. du N" VII, Paris, 1804, 4 vol. peut-être de Philippe Masson, de Ci-
in-8°; trad. en allem: et en ahgl.^ vray, qui'soulintà Saumur, sous la pré-
On a reproché à Masson de s'être li- sidence d'Amyraut, une thèse De eer-
vré à dès exagérations et d'avoir porté tiludine salulis, ins. dans les Thèses
des jugements qui se ressentent de son salin.),ilt ses éludes en théologie à l'a-
irritation cpntrele cz'ar Paul. cadémie de Genève, où il fui immatri-
IV. Lès Helvétiens en VIII chants culé en 4658. Il desservait l'église
avec des notes historiques,, Paris, de Cozes à l'époque de la révocation
1800, in-8\—«On y trouve en abon- (Arch. g en.11. 287). Chassé deFran-
dance, dit Chenier, des idées fortes, ce, il passa en Angleterre avec ses fils
-généreuses, dignes d'Un esprit mâle et JEAN, âgé de cinq ans, el SAMUEL. Ce
d'une âme élevée; on y remarqué sou- dernier, qui s'est fait connaître comme
venldu nerfetdè la franchise dans l'ex- le principal rédacleurde VHisloirecri-
pression ^quelques narrations rapides, tique de la république des lettres tant
quelques discours pleins de verve y ancienne que moderne (Ulrecht et
brillent par intervalles; niais, il faut Ainsi., 17Ï2-18, 4 5 vol. in-12) et qui
en convenir, on y désire presque tou- a écrit, dit-on, des livres de polémique
jours la douceur, l'harmonie, l'élégan- dont nous n'avons pu décou"rir. les tir-,
ce, loin ce qui fait le charme du style.» très, fut ministre de l'église anglaise
Ce poème eut peu de succès. deDordrechl, et vivait encore en 1735.
V. Ode sur l'adulation poétique, Son frère embrassa aussi la carrière ecr
1804. clésiastique. 11 lit ses études onAngle-
VI. Ode sur. la fondation de la terre, et visita les principaux Etals de
République, Paris, 4 802, in-8° et in- l'Europe afin d'accroître la somme de
4P.-— Celle ode reçut le prix depoésie. ses connaissances. Au retour de ses
Lettres d'un français à un
VII.- voyages, il se fit recevoir au saint mi-
allemand servant de réponse à M: nistère en Hollande. Il paraît qu'il re-
de Iiokebue-et de supplément aux passa ensuite en Angleterre, où, s'il
Mémoires secretssiir la Russie, Paris, faut en croire la Biogr. univ., il fut
4 802, in- 8°. ; \ " pourvu de ricliesbénéfiees.Selon Walt,
VIII. La Nouvelle Astrée ou ,
les il mourut en Hollande, el selon M.
Aventures romanesques du temps Weiss, en Angleterre, vers i750, lais-
passé, Melz, 4805, 2 vol. in-12.— sant la réputationd'unsavant distingué
Rom à h charmant, rempli de descrip- et d'un bon critique. On a de lui :
tions d'une grande vétilé. I. Jani lemplum Chrisio nascente
IX. Le Voyageur, Paris, 4 807, ï-n-S*». .,
reseratum, Roll., 1700, in-4" elin-8°.
—On y remarque quelques-beaux vers.- II. Lettres' critiques sur la diffi-
X. Mémoire statistique du dépar- culté qui se trouve entre Moïse et.
temènldeRhineiMoselle,C'ob\.,m-M. saint Etienne, relativement au nom-
MAS
-.— 315 — MÀS
bxe des descendants de Jàcob qui d'une dissérl. critique sur le Ps; CX
passèrent de Chanaan en Egypte, qu'il avait insérée dans les T, I—III de
Ulrecht, 4 705, in-8°. — Contre l'ou- l'Hist. de la répuhl. des lettres.-Selon
vrage de Th. Le Blanc, intitulé Con- lui, ce psaume népeul s'appliquer qu'à
ciliation de Moïse avec saint Etien- David. Son opinion-fui condamnée par
ne, ouvrage qui doit donc avoir eu au le synode de'Breda, tenu au mois de
moins une édil. antérieure à celle que sept., comme impie, contraire à la ré-
nous avons citée (I'OÏ/.VI, p. 456), vélation et aux déclarations expresses
d'après Moller. Le pasteur Marolles de J.-Ch. el des apôtres. Masson vou-
ayant attaqué cet écrit, Masson impri- lut se défendre- el s'attira une réponse
ma ses deux lettres avec les réponses de Martin, à qui il répliqua.par des Re-
qu'il y fit. marques apologétiques sur un libelle
III. Noies sur les inscriptions re- de M. David Martin contre l'expli-
cueillies par G.ruler, publ. dans le cation littérale du Ps. CX, ins. dans
Corpus inscriplionum édit. par Grae- .le T. VIII de l'Hist. de la république
vius"(Amsl., 1707, 2 vol. ,
in-fol.). des lellres."On trouve, en outre-, des
IV. Q. Horacii Flacci vita, Lugd. pièces sorties de sa plume dans la Bi-
Bal., 1708, in-8". blioth.raisonnée (T. XIII), et dans les
V. Ovidiivita, Amst., 1708, in-8"; Mémoires de Trévoux (1713). Enfin
réimp. dans les Ovidii Opéra, cura P. on lui attribue Chronologicus canon
Burmanni (Amst., 1727, 4 vol. in-4"). aposlolicus el Jani templum subpro-
VI. C.Pliniisecundijuniorisvita, ximisAugusti successoribusclausum,
Amst., 1709, in-8"; réimp. plusieurs, sans autre indication. ;
fois.
— Selon M. Quérard, celte Vie On ne nous apprend pas si Jean Mas-
avait déjà paru en tête des OEuvres de son fut marié.els'il laissa des enfants.
Pline, publ. parHearné à Oxf., 1703. Nous savons seulement qu'il avait un
VII. Annus solaris anliquus à va- cousin, nommé Philippe, qui était mi-
rias in Oriente ac Asiâpôptdis et ur- nistre de l'église française de Wheeler-
bibus usu civili olim usnrpaius, nunc Slreet, en 1742, c'est-à-dire b l'époque
tandem nalurali suo ordine restilu- où cette église se réunit à celle de la
ius. Appendilur spicilegium chro- Nouvelle-Patente, dont il devint ainsi
nologicorhisloricum de cyclis Chris- un des-pasteurs.
tianorum, Lond., 1712, in-fol. MAISON (PIERRE),de Bourgogne,
VIII. Exacte revue de l'Histoire martyr. On ignore par suile de quels
de M- Bayle, publ. dans l'Hist. de M. événements Pierre Masson devint un
Bayl<<, par l'abbé Du Bevesl (Amst., barbe ou pasteur des Vaudois- de Pro-
4716, in-12). — On continue à lui at- vence. Ces derniers le députèrent en
tribuer cet écrit, bien qu'il ait nié d'en Suisse el en Allemagne, avec George
être l'auteur. Morel.de Freyssinières, dans le but de
IX. Notes sur les médailles des nouer des relations avec les.réforma-
rois de la Comagène, publ..dans le teursallemands,elplusspécialemenlde
Tesoro brilaiiico de Haym (Lond., leur demander des éclaircissements au
1719-20, 2 vol. ,in-4'). sujet de certains dogmes, celui de la
.' X. Ml. Aristidis vila, publ. en tête prédestination, par exemple, que leurs
des Opéra de ce célèbre rhéteur, imp. pètes n'avaient,point admis dans leur
à Oxf., 1722, 2 vol. in-4". symbole. Les deux délégués vaudois
..XL The slaughter of the children visitèrent OEcolampadeà Bàle./?('c«r et
of Bethlehem, as an hislorical fact Capiton à Slrasbourg.Haller à Berne,
vindicaled, Lond., 1728, in-8°. — el, satisfaits des solutions qui leur fu-
Conlre Collins. rent données, ils reprirent la roule de
En 1713, Masson eut une violente leurs vallées; mais, Si leur passage à Di-
querelle avec David Martin au sujet jon, ils furent reconnus pour luthériens
MAS 316 — MAS

"et arrêtés, Masson scella de son sang mois s'étantécoulés sansqu'aucim vsu-
foi, le 10 sept. 1530; quanta Mo- dois eût renié sa foi, seigneurs et ma-
sa
rel, il parvint à s'échapper et regagna gistrats,ttius sans aucun doute par l'es-
la Provence, 11 rendit compte de son prit de rapine bien plus que par le zèle
dans assemblée générale, religieux, se mirent à l'envi à punir
voyage une
et déclara franchement" que, dans sa l'obstination des hérétiques en les dé-
conviction les "Vaudois. « erraient eh pouillant de leurs biens et en les jetant
,
quelques points de la foi.» Il fut donc en prison.Nulne se signala par de plus
résolu que l'on tiendrait un synode,an- révoltantes déprédations que.Ménier
quel seraient convoqués les représen- d"Oppède, qui devait acquérir un peu
tants de toutes les églises vaudoises.. plus tard une horrible célébrité. Les
Ce synode se réunit, en effet, le 4 2 choses allèrent si loin queFrançois 1"
sept. 1532,àChanforans.FarelelAn- se crut obligé de renouveler,en 1536,
toine Saunier y assistèrent au nom des sa déclaration de l'aimée précédente.
églises réformées de la Suisse (Voy. Pas Une abjuration n'eut lieu, en sorte
Y, p. 65). ; que le procureur général-, poussé à la
Les mouvementsque les Vaudois se fois par un clergé fanatique et par des
donnèrent dans cette circonstance., gens avides de spoliations, fil rendrepar
peul-êlre aussi quelques essais de pro- lè.parlement, en 4 537,un nouvel arrêt
pagande, attirèrent sur eux l'attention contre les hérétiques vaudois, L'année
du clergé romain,ella tranquillité dont suivante,François I" intervint encore,
ces hommes probes et laborieux, amis mais ce fut, celte fois, pour stimuler
de la paix et de moeurs austères, jouis- son parlement.qu'il autorisa, eu 4 539,
saient depuis longtemps sous la pro- à connaître du crime d'hérésie. Dès le
tection de quelques gentilshommes du mois d'oclobre, la Cour décréta de pri-
voisinage, du seigneur de Génial, en- se de corps cent cinquante-quatre per-
tre autres, se changea promplement en sonnes dénoncées par deux apostats.
une persécution acharn.ée.Les evêques « On conçoit,
ditM.AlexisMustondans
portèrent plainte au parlement d'Âix , sa consciencieuse Histoire des Vaudois
qui, par arrêt de 1530, ordonna de cou- du Piémçnt.on conçoit la fermentation
rir sus aux hérétiques. De son côté, le excessive que de pareilles mesures de-
pape publia une bulle pour déférer les vaient causer dans le pays.... En de
Vaudois aux juges séculiers, et Fran- pareilles circonstances une. étincelle
,
çois Ier ordonna au parlement d'an- peut amener un incendie. C'est'ce qui
nexer cette bulle, Aurapportde Gilles, arriva. » Le juge d'Apt ayant Tait con-
pèTsonnenedéployaplusd'activitédans damner au feu, comme hérétique, le
celle première persécution quejes evê- meunier Colin Palenq,âonl il convoi-
ques de Sisteron,d'Apt et de Cavaillon, tait le moulin, des jeunes gens de Mé-
qui remplirent leurs prisons d'héréti- rindol,n'écoutant que leur indignation,
ques ou prétendus tels.Poussés à bout allèrent, de nuit, dévaster le-moulin
et décidés, à repousser,là violence par confisquéauprofit du dénonciateur.In-
la force, les' Vaudois prirent les' armes struite de cet acte dejustice sommaire,
sous la conduite d'Eustache ou Taxile la Cour, qui venait, peu de jours aupa-
Marron,qni fut.depuis, en 4 545,exé- ravant, de recevoir de la part du roi un
cuté à Avignon, et délivrèrentles pri- nouvel ordre de procéder contre les hé-
sonniers; on put craindre une guerre rétiques s'assembla extraordinaire-
civile. Dans l'espoir de détourner le ment, et,àla , requête du procureur du
danger, François 1er fil publier, en juil- roi, ajourna à comparaître un certain
let 4 535,une amnistie gépérale,à con- nombre de Vaudois, dénoncés comme
dition que les hérétiques abjureraient coupables par le juge d'Apt. Obéir,
leurs erreurs dans l'espace de six mois. c'eût été se livrer aux mains de leurs
La tranquillité se rétablit; mais les six ennemis; ils n'eurent garde de le faire,
MAS 317 — MAS
en sorle que le parlement, aussitôt l'a- pects d'erreurs hérétiques, en eux dé-
journement passé, prononça contre les sistant desdits erreurs, et les abju-
conlumax un arrêt digue de figurer rant dans six mois après la publication-
à côté de celui que rendit le parlement desdiles lettres : les recollemens d.es
de Paris dans l'affaire deMeaux (Voy. tesmoins examinez et des susdites in-
Pièces justif.N* VI).Nous le reprodui- formations : autres charges, informa-
sons textuellement. tions et procès produits par ledit pro-
« Sur la demande du profit et uli- cureur général, pour faire apparoir
lilé des défauts obtenus par le procu- que notoirement tous ceux de Merin-
reur général du roy.demandeur eu cas dol lienent sectes Vaudoises et Luthé-
de crime de lèse-majesté divine et riennes, réprouvées et contraires à la
humaine, contre André Maynard, saincle foy et religion chreslieune :.
baille ne Merindol, François May- retirent et recellent plusieurs gens
nard, Jacq. Maynard, Michel May- estrangers et fugitifs, chargez et dif-
nard, Jean Pom el sa femme, un famez d'estre de telles'sectes : el iceux
nommé Facy-le-Tourneur el sa entretiennent et favorisent; qu'audit
femme, Martin Vian el' sa femme, lieu il y a eschole des erreurs et faus-
Jean Pallenq et sa femme, les enfans ses doctrines desdites sectes, gens qui
et familles des susdits manans et ha- dogmatizent lesdils erreurs et faus-
bitans dudit Merindol : Peyron Roy, ses doctrines, et libraires qui ont
Philippon Maynard, Jacq. de San- imprimé et vendent livres pleins de
gre, maistre d'eschole, habilaus du telles fausses doctrines : et aussi que
bas dudit Merindol: maistre LéonBar- ceux dudit Merindol au terroir es ro-
beroux el Claude Favyer, de Tour- ches ont basti des cavernes et spelon-
nes, un nommé Pomery, libraire, et ques, où ils retirent et cachent eux,
Marthe, sa femme naguères nonnain leurs complices et leurs biens, et se
à Nismes, Thomas Pallenq, dict du font forts : autres informations prinses
plan d'Aptj et Guillaume Le Nor^ par le juge d'Apt, pour faire apparoir
iiiànd, relirez et demeurans de nou- qu'après que Colin Pallenq, dit du
veau audit Merindol : desdits cas et plan d'Apt, comme sectateur desdites
' crimes ajournez à trois briefs jours, sectes fut ces jours passez condamné
non comparons ains defaillans : Veues el bruslé , et ses biens confisquez au
les charges et informations faites à roy ; en haine de ce plusieurs gens
la requeste dudit procureur général dudit Merindol, leurs complices et
du roy : ordonnances de prinses de adhérens en grande assemblée, comme
corps, el à faute de ce adjournemens à de six ou sept vingts hommes armez
trois briefs jours décernez contre les- de harquebuses, hallebardes, espées
dils accusez et defaillans du penul- et autres harnois, ont rompu le moulin
tiesme de juillet 4 540 : exploicls des- qui estoit audit feu Colin Pallenq et
dits adjournemens à trois briefs jours : Thomas Pallenq frères, battu et ou-
les défauts obtenus par ledit procu- tragé le musnier, et icelui menacé, et
reur général cou Ire lesdits accusez: tous autres qui s'empescheroyent des
les leUres-palentes du roy du dernier biens de ceux de leurs sectes. Le lout
de may audit an 1540, adressantes à considéré, dit a esté, que la Cour a dit
ladile Cour, pour procéder contre Vau- et déclaré, dil et déclare lesdits dé-
dois et Luthériens, et autres tenans fauts avoir esté bien obtenus. Et poul-
sectes contraires el dérogatives à la ie profit d'icelui, que tous les des-
foy et religion chreslienne : et autres susclils accusez el ajournez sont vrais
lettres-patentes dudit seigneur, du 16 defaillans et conlumax, deschcus de
de juillet 1535 el du dernier de may toutes défenses, et atlaints et convein-
1536, par lesquelles il faisoit pardon cus des cas et crimes à eux imposez,.
et grâce aux chargez, accusez et sus- de tenir, maintenir et ensuivre sectes
MAS -— 348 MAS

et doctrines hérétiques, réprouvées et! traire, de confiscation de leurs biens'


contraires à la -foy et religion chr.es- et autres peines arbitraires.
liéniié et aux Saiucles prohibitions du Et au surplus, attendu que notoire-
roy, et d'eslre relireurs et recepla- ment tout ledit lieu de Merindol est la
teurs, receleurs et fauteurs des gens- retraile,-spclonque, refuge et fort de
chargez et diffamez de tenir telles, gens tenâns telles sectes damnées et
doctrines el sectes damnées et reprou: réprouvées, ladite Cour a ordonné et
vées. Pourla réparation desquels cas,, ordonné, que toutes les maisons et,
a condamné et condamne lesdits A. basties dudit lieu seront abattues, dé-
Maynard,-J. Maynard, M. Maynard, molies et abrasées, et ledit lieu rendu
J'. Pom, Fay-le-Tourneur (sic),' inhabitable, sans.quepersoniieypuisso;
M.Vian, J. Pallenq, HuguesPallcnq, reédifier ne baslir, si ce n'est par iè
P. Roy, P. Maynard, tous dudit Me- vouloir et permission du roy. Sembla-
rindol, J. deSangre, maître Léon Bar-- blement que le cliasteaU et spelonquè,
bérotix de.Tourves, Claude Fâvier du- repaires et forts eslans es rocheê et'
dit Tourves, Pomery et Marthe- sa. bois du lerroir dudit Merindol, seront,
femme, Th. Pallenq et G. -Le Nor-
1 ruinez et mis en telle sorte que l'on
mand, habilans dudit Merindol, à estre n'y puisse faire résidence : el que les'
bruslez et ards fous .vifs : assavoir lieux Soyent découverts,'et les bois
quahl àusdils Barberoux et Favier, en. où sont lesdits forts Coupez et abattus
là place publique dudit Tourvés : quant deux cens pas à Pentour.Et d'avantage
audit Th. Pallenq, en la place publi- fait prohibitions et défenses de bailler-
que d'Apt, et quant aux autres, en la à'ferme et arrenlemeiit ni autrement
placé desJacopins de cesté ville d'Aix : les héritages dudit lieu à aucuns du'
et à fauté dé les avoir, seront tous exé- surnom et lignées-des dessusdits con-
cutez en figure et peinture,Et au re- damnez. Publié en jugement au parle-
gard des femmes, enfanS, serviteurs ment de Provence séant à Aix, le dix-
et famille de tous les dessusdils de- huitième jour de novembre 1540. »
faillans et condamnez, ladite Cour les Cet arrêt, où, dit de Thou, tout était
a défiez et,abandonnez à tous,.:pour horrible et cruel, souleva une indigna-
lès prendre et représenter à justice : tion si grande que,- malgré les pres-
afin de procéder contr'eux à" l'exécu- santes sollicitations des prélats proven-
tion des rigueurs et peines de droict, çaux, qui offiirenlde payer tous les frais
el ainsi qu'il apartiendra.! Et en cas de l'exécution et d'en, assumer la res-
qu'ils ne.putssent estre prins et appré- ponsabilité, le parlement n'osa paspâs-
hendez, dès maintenant les a tous ser outre sans en référerait roi. Le pré-;
hannis et, bannit des royaume, terre
.
sident Chassanée, qui n'était pas cruel
et seigneuries du roy, avec interdic- etqui était d'ailleurs entretenu dans des
tion el prohibition d'y- entrer ni ve- idées de modération par son ami Jac-
nir sur peine de la hard et du feu. Et ques de Rayaaud; sieur d'Allein, dé-
déclaré tous et chacuns les biens des sirait épargner l'effusion du sang; de
dessusdils condamnez et bannis, leurs son côté, Claude de Savoie, comte dé
femmes, ertfans, serviteurs el famille, Tende, gouverneur de Provence, ne se
eslre acquis et confisquez audit sei- souciait nullement d'altacher son nom à
gneur : et aussi prohibe et défend à une pareille barbarie. Ils s'adressèrent
tous gentilshommes, vassaux el autres donc l'un et l'autre à François 1", qui,
sujets, dudit seigneur, qu'ils n'ayent à avant de sanctionner cet arrêt sauvage,
recevoir ne receler lesdits condamnez, chargea Du Bellay son lieutenant en
leurs femmes, enfans, serviteurs et fa- ,
Piémont, dé se livrer aune enquête sur .
mille, lie leur bailler aucune faveur, la vie elles moeurs des Vaudois. Le ré- '
aidé ou confort en manière que ce soit, sultat de cette enquête fut que les Vau-
sur peiné à ceux qui feront le con- dois étaient « gens de grand travail, '
MAS 319 — MAS'
paisibles, aimez de tous leurs'voisins, quélesmagistralsn'auraientpaspoûssé '
de bonnes meurs, gardans leurs pro- les choses à l'extrême, s'ils n'avaient:
messes et payans bien leurs dettes, cha- point eu derrière eux les prélats de la-
ritables, ncpermettnnsqu'aucun d'entre Provence, dont un seul, le cardinal Sa-
eux eust nécessité, aumosniers aux dolet, témoigna de l'intérêt à.ces in-'
eslrangers, selon leur pouvoir. » Tout fortunés. Dès l'année suivante, Fran-I
ce qu'on pouvait leur reprocher, c'était çois I", à l'instigation du cardinal de-
odeneguèresallerau mnnslier, et s'ils Tournoi), fit reprendre les poursuites;'
y ehlrùient, de faire leurs prières sans puis, quelques mois après, le besoin-
régarder ne sainct ne saincle. » Les qu'il avait des princes pi olestanis d'Al- '
prêtres ies accusaient, en outre, de ne lemaghe, le forçant à user déménage—
point prendre d'eau bénite, de ne point menls à leur égard, il suspendit, par-
aller en pèlerinage, de ne point se si- un édil du 14 juin 1541, toutes les
gner quand il tonnait, de ne laire au^ ' procédures, ordonna de rétablir les-'
cu'nè offrande ni pour les vivants ni
Vaudois dans leurs privilèges el com-
pourlês morts. Ce rapport si favorable, mit deux commissaires pour informer"
appuyé d'ailleurs par l'intercession des surleurs opinions religieuses. De plus,
Protestants suisses-et .allemands, dé-, la cause fui renvoyée devant le parlé-'
termina François I" à accorder aux Vau- ment de Grenoble, les Vaudois ayant.,
dois, par lettres du 8 fév. 1541 , une représenté que les conseillers du par-
amnistie générale,à condition que, dans lement d'Aix ne les poursuivaient avec
trois mois, ils abjureraient leurs er- tant d'acharnement, que parce qu'ils-
reurs. Le délai expiré, le parlement convoitaient leurs biens pour les don-:
somma les Vaudois de déclarer s'ils en- ner à leurs parents. Ces lettres-palen^
tendaient accepter l'amnistie et s'en tes,- présentées à la Cour par Flori-
prévaloir. Quelques-uns se soumirent ' mond Serre, qui avait porté au pied-
sans réserve,' et de ce «ombre
furent du trône les doléances de ses coreli-
précisément ceux qui avaient élé con- gionnaires, furent enregistrées sur-le-:
damnés par l'arrêt du 18 nov. 4 540 ;. champ.
cependaul, sauf ces lies-rares excep^ Après tant de péripéties, le drame
tions, les Vaudois refusètent absolu^ semblait doncmarcher à un dénouement
ment d'abjurer, à moins qu'on ne leur pacifique ; mais d'Oppèdc et tous ceux:
prouvât par la Parole de Dieu qu'ils te- qui avaient à craindre qu'on n'éclairât
naient des doctrines hérétiques. Le leur conduite de trop près y mirent
6aviil4o41 .suivant l'avis.du président bon ordre. Leurs intrigues , soulèvent
Chassanée et de plusieurs conseillers, le parlement qui se plaint, et les Etals-
ils rédigèrent une Confession de foi (I) de la province qui, protestent; d'Op-.
qu'ils firenlprésenler au parlement par pède lui-même écrit au roi. que les Vau--
leurs procureurs François Chais, et dois, assemblés au nombre de 15,000,
Guillaume Armand, en suppliant la méditent un coup de main sur MarJ
Cbur de ne point exiger qu'ils abju- seille, que leur pays Se hérisse dé
rassent avant d'avoir élé instruits. Le forts armés de canons, et que si l'on
parlement consentit à leur accorder un ne se hâte, ils vont se constituer eu
.

nouveau délai et envoya sur les lieux république.indépendante. François I"


un commissaire pour présider aux con- prend l'alarme, le cardinal de Tournon
férences; mais ces conférences n'abou- s'appliqueà augmentersescrainles, et,
tirent qu'à la conversion du docleur dans une séance du conseil privé, le
chargé de les convertir. Il est évident 1". janv. 4 545, il lui fait signer un
ordre au parlement d'Aix d'exécuterSon
(1) Cette Confession de foi a élé publiée arrêt du 4 8 nov. 1540. Cet ordre > de
dans le Martyiol.ige, ainsi.qu'une Remon- l'aveu de Gaufridi, avait été surpris.
tjànteoù les Vaudois se justifièrent des accu-
..-.',
sations lancées contre eux.
Lorsqu'on voulut plus.tard savoir par
MAS 320 MAS
— —
qui les lettres-patentes avaient été ré- l'avarice des voisins de ces lieux, qui
digées, le procureur général au conseil prenent les armes contre ces miséra-
privé nia ;'.'y avoir eu aucune part ; le bles." Entre autres ceux de la Baslide-
secrétaire'd'État qui les avait contre- des-Jourdahsse mettent en campagne,
signées nia de les avoir fait dresser ; en habits déguisez. Ils pillent, ils
qui les avait scellées, dé- tuent, ils ravagent. Ils commeltenlbien
,
le chancelier
clara qu'il n'avait point été d'avis qu'on plus d hostilitez que les soldats.... Les
les rédigeât de celte manière. Afin gens de qualité voyant que tout cela
d'èmpêchêr la fraude de se découvrir, se faisoit impunément, il leur prit la
Ils courent
on les envoya en Provence par un cour- fnême.envie qu'aux autres.
rier exprès, et d'Oppède, qui, depuis au butin avec la même avidité que les
1543, avait remplacé Chassanée, se païsans.»
mit sans relard en devoir de les exécu- Après avoir pillé, brûlé et rasé Me-
,
rindol, dont les habitants avaient pris
ter , en faisant ses préparatifs le plus
secrètement possible, de peur de don- la fuite, à l'exception d'un jeune gar-
ner l'éveil aux Vaudois. çon qui fut tué à coups de fusil par
Le dimanche 4 2 avril 1545, d'Op- ordre de d'Oppèdè,el de quelques fem-
pède assembla le parlement. L'avocat- mes que l'on trouva dans l'église et
général Guérih requit l'exécution de qu'on précipita du haut des rochers,
l'arrêt, et la Cour, faisant droit à sa de- les troupes provençales entrèrent dans
mande, invita d'Oppède, comme lieu- le Comtat pour seconder celles du
tenant du roi, en l'absence du gouver- pape dans l'attaque de Cabrières, où
neur , M. de Grignan , à prêter main s'étaient retranchés une soixantaine de
forte à la justice. paysans sous les ordres d'Etienne Le
D'Oppède fil aussitôt publier une or- Maroul.knvhs une vaillante résistance,
donnance pour appeler aux armes le cette poignée de braves se rendit vie
ban et l'arrière-ban de la province, el et bagues sauves; mais à peine Le
ayant assemblé ses troupes à Mu, il les Maroul et ses gens furent-ils sortis du
divisa en deux corps. L'un sous les village, qu'on les cerna et qu'on en
,
ordres du fameux Poulin, depuis baron massacralamoilié;les autres furenten-
de La Garde passa la Durance à Per- voyés aux galères. Leurs femmes, qui
,
tuis. marchant sur La Molle et Cabrière avaient bravement combattu à leurs cô-
d'Aiguës. L'autre, commandé par d'Op- tés et dont la plupart élaient enceintes,
pède en personne, prit le chemin de furent enfermées dans une grange et
Merindol par Malemort, détruisant tout brûlées vives. Quant aux habitants du
sur son passage par le fer et. le feu, village qui s'étaient lâchement cachés
sans rencontrer la moindre résistance, dans leurs caves, on se contenta d'en
les Vaudois ayant abandonné leurs de- faire pendre trenteaux fenêtres du châ-
meures pour se sauver dans les mon- teau. « De laquelle exécution, raconte
tagnes cl dans les bois. Laissons par- Bouche,ne se contenta le commissaire
ler maintenant le conseiller Gaufridi : de nostre saint Père le Pape,, qui là
«D'abord le soldat égorgelesvieillards estoit présent. Ains dit et remonslra
qui n'avaient pu se sauver. Puis il met que la sentence donnée contre euxpor-
le feu dans les maisons, afin de punir toit qu'ils seroient tous mis à mort, et
dans leurs biens ceux qu'il ne pouvo.it la mémoire abolie, et le lieu rasé, re-
punir dans leurs personnes. De là il quérant le sieur lieutenant du roi lui
porte sa fureur à la campagne. Il la donner, en ce, faveur et aide.» S'il
remplit de carnage et d'horreur. 11 im- faut en croire Fabre, d'Oppède refusa
mole à sa brutalité tout ce qu'il ren- de donner cette satisfaction au com-
coulre; hommes,femmes, jeunes, vieux, missaire de Sa Sainteté. Le Martyro-
toutsuccombeàsa cruauté.Celte cruau- loge prolestant, au contraire, affirme
té est encore rendue plus horrible par qu'il n'y eut sortes d'horreurs que le
MAS — 321 — MAS
fameux président du parlement d'Aix capitaines des galères royales. On vit
n'autorisa s'il ne les commanda pas, et des femmes, traînées nues à la suite
que l'on tua dans Cabrières huit cents des bandes catholiques pour assouvir
personnes.des.deux sexes, fait confir- les passions brutales des soldats, s'é-
mé parla déposition de l'avocat Gué- trangler de désespoir. Enfin d'Oppède,
rin, témoin oculaire, qui s'exprima non content d'avoir réduit en un dé-
ainsi, en parlant de la scène la plus sert un pays heureux et florissant,
horrible dece drame atroce : « Jepense rendit, le 24 avril 1545, une ordon-
avoir vu occire dans l'église quatre ou nance portant défense, sous peine de
cinq cents pauvres âmes de femmes et mort, de donner asile aux Vaudois fu-
d'enfants. » gitifs. La plupart de ceux qui avaient
Les bandes catholiques, après celte cherché un refuge dans les bois péri-
expédition, rentrèrent en France et se rent de faim et de misère ; quelques-
divisèrent en plusieurs détachements uns seulement des plus robustes par-
pour poursuivre les Vaudois fugitifs. vinrent à gagner la Suisse ou le Pié-
Un de ces détachements se porta sur mont.
le village de Mus, qu'il trouva aban- Celte épouvantable extermination
donné; mais on découvrit dans une remplitd'horreurl'Europeentière.Hen-
grotte une trentaine de femmes et on ri II ne pouvant .résister aux cris d'in-'
les fit périr, étouffées par la fumée dignalion qui s'élevaientdetous côtés,
d'un grand feu qu'on alluma à l'entrée. évoqua l'affaire et la renvoya devant le
Un autre se dirigea vers le bourg de parlement de Paris, par lettres-paten-
La Coste, qui ouvrit ses portes et qui tes du 17 mars 1549, où sont fidèle-
traîtreusement fut mis à feu et à sang. ment rapportées « les erreurs iniques,
On évalue à 733 le nombre des mai- cruautez et iuhumanitez » , commises
sons, à 89 celui des étahles et à 31 ce- par d'Oppède et ses complices. La
lui des granges qui furent livrées aux cause fut plaidée pour les malheureux
flammes. Quant au nombre des morts, habitants de Cabrières et de Merindol
on l'estime à plus de 3000 (1). par le célèbre avocat Jacques Aubery,
Tels furent les résultats de cette dont le plaidoyer a élé publié en latin
exécution, qui, selon Gaufridi lui-mê- à Lyon, 1619, in-fol (1). La comtesse
me, viola toutes les règles de la jus- de Cental, dont les terres avaient été
tice. « Car, dit-il, on vit les juges ex- impitoyablement ravagées par Poulin,
céder leur pouvoir, les capitaines in- se porta partie civile. Les piaidoieries
terpréter l'arrêt de la Cour, les soldats commencèrent en sept. 1551, et rem-
avoir la liberté de faire le discerne- plirent une cinquantaine d'audiences,
ment des Luthériens d'avec les Catho- maisdéjàle13fév. 1551,Henri II avait
liques. Enfin on vit une chose encore rendu en son conseil privé un arrêt qui
plus étrange : des gens condamnés a- déclarait le baronde La Gardeinnocent
-vant leur conviction, sans être ouïs, des crimes à lui imposés, et avant tout
sans procédure ni juridique ni mili- jugement, la puissante protection des
taire. » Le parlement néanmoins et le Guise et du clergé fit mettre en liberté
roi se montrèrent également satisfaits. d'Oppède qui avait été amené à Paris
Un grand nombre de malheureux et enfermé auchâteaudeVincenues(2).
Vaudois qui échappèrent à la pre- Le roi lui rendit même sa charge. A
mière fureur du soldat, furent faits pri- peine de retour en Provence, il signala
sonniers et vendus comme esclaves aux sa reconnaissance envers ses protec-
(1) Selon Fabre, il y eut 1840 morts dé tout (1) On en trouve Une copie msc. dans le
âge et de tout sexe, 666 envoyés aux galères, vol. 346 de la Colleot. Dupuy.
900 maisons brûlées, 24 villages saccagés. (2) Les autres accusés furent mis hors de
Hambourg porte à 3600 le nombre des vic- cause, arrêt qui surprit tout le monde, dit de
times. Tbou.
T. Y1I. ai
Mˤ ^m** ' MAS.

leurs en faisant brûler plusieurs héré- " Savoie, en 1630, à celle dé-là Lorraine;
entre autres l'instituteur Gàul- en 1633. En 1644; il leva Uii r'éginiëni
tiques,
tèr'i, d'il diocèse, de Digne, Bt Barthé- d'ihfànféri'é à la tête duquel il fit là cahi-
lémy Audàùih, ÙeBessé près de Bri- pagnè d'Italie; Créé maréchal dé carrip
gliblès: Lé pape Paul IV pensa qu'un en 4 64.5; et bèstrè-de-càmp-liéillé^
si grarlti zèle hiéritait une récompense', nâûtdurégiment Colonel-généraldelà
et en considération dès services qu'il :
cavalerie, il servit en Flandresjusqu'en.
avait rendus à.l'Eglise; il, créa; quel- 4-647;, qu'il obtint tin régiment dé,ca-
ques ànhée;s après , le bourreau 'dès valerie dé son tiéni. La même-année; il
m'alhèureuxVaudoischevalier dé Sailit-
, épou 's'ïMaïïetallemaMi fille 'clé Pierre
Jëàn-dè^Lalrau et comte Palatin-. Tallëmdnt et de Marie de RamTfouiU
MASSUE (NICOLAS nÊ),séignèurd'é M. (Règ'.,de Char'ènt), En 4648, il as-
Rèinèvâl, éutd'é son mariage a'véc H'é- sista au siégé d'Ypres, à là bataille 'de
lM% â'Àiiiy, fille d'Ah lôméd'Aillyv Léiis; à la prise de Ftirnes; on 4 64$',
:

sieur dé Là Mairie "et dé Pièr'r'epoht, Un aux sièges de Cambrai et dé Condé; Eri


fils, nommé DANIEL, seigneur de Rc^- 4 652;. il cohibatlil sous les ordres.'de'
VIGN.Ï, qui fut gouverneur âe la Bas- Turèilne, à Blésneatu, à Etampes; à la
tille, sotis" le règne de Henri IV: C'è porte Sairit-Autoiné.Le 10juill., en ré-
D'àhifel 'dé Massue é'ppùsâ Madelaine compense dé ses services et dés preu-
Pînbt, et fut père de plusieurs enfants. ves de fidélité qu'il n'avait cesse de
Les Registres de Chàrèntôn nous éh donner à là cause 'royales il fut homme
font connaître deux : ÏUCHËL, présen- lièutéivaht-genéral* Eh 4 653, il sêrvil
tée aiinàjolême,. en 1603, par M™" de aux sièges 'de Vervins; de Rhétél; de
Sully et son fils allié, et CIRSE, né lé Mnuzbn.; Eh 1654;. il fut encore èih-
ii.jùih 4.608, qui eut pbuï pârràiu Gif-' ployé à l'arrn'éfe de .Flandres; Gé fût sa
nié de 'Wethuiie et pbut marraine Anne dernière campagne'. Dès le 45 août
déR'oh'àn. La destinée dû,dernier nous 4 653; Mazàrin-, quilesavâittoutdévoué
est inconnue. Quant à Ràchel-, èllè-fut au roi, l'avait choisi pour remplacer le
mariée 'en premières tio'cfes:à Elysée de marquis d'A'rzilliei's dans le poste dé
Êeàùjeù, sieur dé La Maiséhfort, gèn- député général dès églises protestan-
tilhiDinimé du Perché, et en secondes, tes', «Ruvighy, dit M. Guizot, dans un
éh \ 634, àThômaéWriôthésley; "comté article publié récemment par là Revue
dé Sà'ulhâmpt'dn '( Re'éjïs't. de 'Ch'a^ des d'eux Mondes; s'acquitta de cette
rènï:). -Resté veuf, Daniel de Massue ingrate mission âvee Un zèle babile;
se ïemkria'avè'c Madeleine 'de Fontai- souvent désagréable et même suspect
ne; dàiné de Là Gailiëmotl'é, qu'illaissa aux deux'"partis ; niais égalehiehl fidèle
veuve en 16ll {Rég. d'e Charehl,),' au roi et à s'bn Église; et s'inqhiétant
et qui vécutjusqu'en. 1 '636. C'est de ce peu de leur déplaire tour à tburpburvu,
s^éc'on'd mariage qùè -.naquit HENRI de qu'il réussît à maintenir entre eux le
îïa'ssù'ë, 'rnâtjquïs dé Rùvigny; député droit et la paix. » Larrey, dans son His-
général dés églises protestantes; toire de Louis XIV, rend .aussi'ce'té-
Dès 1,6^7, Henri de Massue Servit moignage à Ruvigny,, qu'il exerça son
d-ifas lé régiment des gardés. C'est lui
.
emploi avec tant de sagesse et de droi-
qui, ati'pêr'ii'déld.viè- s'ébhàpjià dé la ture qu'il mérita également l'estime du
citadelle de l'île de Rhê, pour aller roi et les éloges de ceux de;sa rellgiofi.
avertir lis roi Louis XIII de l'extrémité D'un autre côté, l'abbé de Marbllésué-
où là gàrmsohsetrbùvaU réduite. L'afli "clare qu'il était fort « estihié à causé
née suivante, il portâtes armes au siège de sa conduite, de son esprit et de son
de Là Rochelle contre ses cbréligibn jù'gëihèht » et Sàiht-Sitaoh nous le
-
naires. Il se trouva ensuite à l'attaque peint connue, « un bon, niais .simple
du Pas-dë-Sùzê,aUx sièges dèPrivas et -gentilhomme, plein 'd'esprit, de sa-
d'Alais, en 4629, à.la conquête delà gesse, d'honneur et de probité-, fort
MAS
— 323
.- MAS
huguenot, mais d'une grande Conduite ploi de député général, et le .roi, sans
et d'une grande dextérité.-.-> Peut-être, consulter les églises, mit son fils aîné
en certaines circonstances, montra-t-il en sa place. « C'éloit, dit Benoît, un
trop "de circonspection el de timidité; jeune seigneur de qui les belles qua-
mais .ou ne saurait, sans être injuste, lités éloieht connues de tout le monde.
lui refuser un dévouement sincère à sa Il étoit bien fait de sa personne, 'd'un
religion et une habileté remarquable esprit doux, sage, éclairé; brave sans
dans le maniement des affaires des témérité; prudent sans bassesse, agréa-
églises. ble au roi, aimé de toute la-Cour; bien
Ruvigny montra également beau- venu auprès des ministres : et qui avoit
coup d'adresse lors de la mission dont si bieh prévenu tous les courtisans en
il fut chargé, en 4 669, auprès du roi sa faveur, que Son mérite ne lui faisoit
d'Angleterre. Le roi de France/désirait ni ennemis ni envieux. Sa jeunesse
vivement rompre le trailé de la triple étbnhad'abordleséglises,quicroyoieht
•alliance, conclu, depuis peu entre la que dansla confusion de leurs affaires,
Grande-Bretagne j la Hollande et la il leur falloit un dépulé qui eût plus
Suède dans le but démettre un frein à de force et d'expérience. Mais le père
son ambition effrénée. Se flattant d'arri- promit nonrseulemeiitd'assister son fils
ver plus aisément à Ses fins, s'il parve- de ses conseils et de prendre part à
nait à dissiper lès défiances de l'oppo- toutes les affaires qu'on lui mettroit en-
sition dans les Chambres anglaises, dé- tre les mains, mais de continuer même
fiances nourries par sa conduite envers ses fonctions lorsque cela seroit né-
ses sujets protestants,- Louis XIV jeta cessaire pour le service des églises;
les yeux sur R.uvigny, que sa religion el en effet, il avoit eu lesoin d'en ob-
et ses relations de parenté avec lès tenir la permission du roi,» Le synode
SoUthamplon, les Russell, les Vau- de l'Isle-de-France, tenu à Charentou
ghan semblaient rendre, en effet, plus au mois d'avril 4 679, chargea Monti-
propre que tout autre à réussir dans ' gny,Scalberge,Gormontet Papillon
cette négociation. Ruvigny Servit si d'aller, en son nom,iemercier Ruvigny
utilement son maître que les églises, -et complimenter son fils (Jacobins St-
-à ce que rapporté Benoît, trouvèrent Honoré, N" 30!). Pouf récompenser
qu'il avait poussé la complaisance trop Ruvigny de ses services, Louis XIV
loin ; mais Louis XIV fut si satisfait accorda à son second fils une pension
de sa conduite qu'en 4 675, il le ren- de 3000 livres (Arch. gén. E. 3365).
voya en Angleterre avec le titre d'en- Dès cette .époque, Ruvigny né se
voyé extraordinaire, en lui donnant faisait plus illusion sur l'issue de la
•pour instructions secrètes de jeter lés -longue lutte du protestantisme et du
bases dû fameux traité, de 4676, par catholicisme en France. «Décidé, dit
lequel Charles II se mit honteusement M. Guizot, quand le dernier moment
à la solde de la France; Ruvigny atâit viendrait, àlout sacrifier plutôt que sa
alors pour secrétaire Blancard qui, M et l'honnèûf de son:âme,il prit soin
comprenant les dangers de l'alliance de s'assurer d'avance en Angleterre ,
-des-deuxTbisêtpour l'Eglise réformée pom lui et pour ses enfants,dès lettres
et pour la -liberté anglaisé , révéla à de naturalisation, et en janv. 1680, il
Guillaume d'Orange tousles détails ve- écrivait à sa nièce, lady;Russell(4):Je
nus a sa connaissance. Un extrait du vous envoyé nos lettres de natuialité,
ÈÇé'M'oirè qu'il présenta au prince sur quiserontmieuxentfevDsmains'qu'er*-
césujéta étèinip. dans lés OEuvres de treies miennesJe vous prie, et-madame
LbnisX'I'V (T, VI, de l'édit. de Paris, votre soeur aussij de me les conserver.
180B).
(4) Fille de "Ra'chei de Ruvigny et de îord
Quelque temps après son retour en Soutliampton,màriéé, depuis 1670, à William,
,t
France, Ruvigny se démit de son em - lliisselli qui eutla tête tranchée en 1683;
MAS 324 — MAS
Elles peuvent servir, puisqu'il n'est circonspect, ni plus zélé que son père.
rien de plus incertain que les événe- Sa prudence dut déplaire aux exaltés ;
ments, L'événement, ajoute l'illustre mais on aurait tort néanmoins de dou-
historien, ne demeura pas longtemps ter de la sincérité de son attachement à
incertain; cinq-ans après,i'éditdeNan- la religion réformée. Il en donna des
tes était formellement révoqué.» preuves' certaines, par.exemple, au
Louis XIV, par un reste de bienveil- mois.de janvier 11685, lorsque les an-
lancepersonnelle.offritaupère et à ses ciens n'osant plus s'assembler chez
deux fils derester en France, en promet- l'un d'eux pour délibérer sur la distri-
tant de leur laisser la liberté du culte bution des aumônes, de peur d'être pu-
daus leur lbgis.Ils refusèrentnoblement nis de cette contravention aux ordon-
etpartirentpourl'Anglëterre,le30jànv. nancés,il.leS reçut chez lui, en prenant
1686, quatre jours après en avoir ob- seulement quelques précautions. Dans
tenu la permission dû roi. Selon Saint- une maison attenante à celle qu'il oc-
Simon,Ruvigny «emporta ce qu'il vou- cupait au faubourg Si-Germain, habi-
lut et laissa ce qu'il voulut, dont on lui tait un serrurier chez qui'il logea sou
permit la jouissance.» Il se retira à secrétaire Ghausset,etil fit ouvrirdans
Greemvich où il fonda, en 1686, une sa chambre une porte de communica-
église française qui fut successivement tion par où passait le.consistoire lors-
desservie par La Rivière, ancien pas- qu'il voulait s'assembler (Supplém.
teur du Languedoc ; Séverin, aupara- franc. 791.4 ). Quel sort que celui des
vant ministreà Thorpe; Paravisol, La Protestants obligés de se cacher com-
Romelière, que son, défaut de talent me des malfaiteurs, même pour venir
oratoire fit remercier et remplacer par en aide aux pauvres !
Mathey. Ce dernier y remplissait en- Après l'avènement au trône de Guil-
core ses fonctions en 171'8. laume. d'Orange, en 1688, Ruvigny
Ruvigny, que le roi, d'Angleterre entra dans les troupes de ce.princeavec
avait nommé conseiller d'Etat, ne sur- le grade de colonel d'un régiment de
vécutque peu d'années à son expatria- cavalerie, entièrement composé de Ré-
tion ; il mourut en 4 689, et fut inhu- fugiés français. Il suivit lenouveau roi
mé dans l'église de là Savoie. De son dans sa campagne d'Irlande et se si-
mariage avec Marie Tallemant étaient gnala,èn1690,à la bataille delaBoyne,
nés plusieurs enfants,dont deux filles, où son frère Pierre, sieur de LA CAIL-
mortes jeunes, et trois fils.: HENRI, né LEMOTTE, fut tué (l), ainsi qu'à la ba-
le 9 avril 4 648, PIERRE, né le 4 janv. taille d'Aghrim, qui amena la soumis-
4 653; FRANÇOIS, présenté au baptême, sion de l'Irlande [1691], et à celle de
le 6 fév. 4 656, par François Le Ve- Nèrwinde [1693], où,â la tête de son
nier et Marie Tallemant,elmorivtant régiment, il soutint seul le choc de la
la révocation de l'édit de Nantes. gendarmerie ennemie.Fait prisonnier,
Henri de Ruvigny ne comptait guère il fut relâché parles générauxfrançais,
que trente ans lorsqu'il fut nommé dé- qui ne voulurent point exposer leur
puté général en remplacement de son brave adversaire à être traîné
sur les
père. Il serait difficile de dire quels galères.En 1694, le roi Guillaume l'en-
services lui avaient mérité cethbnneur, voya en Piémont pour y commander,
non plus qu'une pension de 4,000 liv.
qui lui avait été accordée déjà en 1674 ,(1) Saint-Simon maltraite fort La Caille-
(Arch. gén.E. 3360): Nous savons molle, qui était,dil-il,plus disgracié encore du
bien qu'il avait porlé les armes sous côté de l'âme que de celui du corps. En tout
cas, cel oflicierdonnaà labatailledelaBoyne
les ordres de Turenne, mais nous ne un liel exemple de courage et de force d'âme.
voyons nulle part qu'il se soit particu- Comme on le rapportait blessé à mort à Ira-
lièrementdistingué.Dansl'exercice de vers les régiments français, il les éncourJ-
geaitencore'a combattre vaillamment, en leur
son emploi, il ne se montra ni plus criant: A la gloire, mei» enfants, a la gloire!
MAS
— 325 MAS
avecle grade de lieulenanl-général.les en droit d'attendre d'un général brave
troupes auxiliaires anglaises en place et expérimenté, il le fit; mais, mal se-
de Charles de Schomberg tué à Mar- condé par les troupes portugaises, il
saille, et y remplir, en même temps le fut battu et faillit même tomber au
postederésident britannique auprès de pouvoir de l'ennemi. Après la paix
Viclor-Amédée(.4-)*cA.(fe Ge».N°3922). d'Utrecht, il retourna en Angleterre
Ruvigny prouva qu'à une bravoure in- où il eut à se justifier devant le par-
contestable il joignait une aptitude lement de la perte de la bataille d'Al-
re-
marquable pour les négociations. Ce- manza ; la chambre haute le blâma sé-
pendant il ne put empêcher le duc de vèrement dans une adresse à la reine,
conclure une paix séparée, et il fut en 4712. Il vécut dès lors au milieu
rappelé. Pendant son séjour eu Savoie, de la colonie française de Porlarling-
il obtint de Victor-Amédée la permis- lon. Nous n'avons pu découvrirl'année
sion détenir un synode à Veillane, où de sa mort; nous savons seulement
il avait son quartier. Ce synode.auquel qu'il ne vivait plus en 4720, date de "
assistèrent les aumôniers de six régi- l'extinction de sa pairie. Il était mem-
ments de Réfugiés et vingt-quatre an- bre du conseil privé, et trois fois il
ciens, du nombre desquels était Ruvi- avait rempli les fonctions de lord-jus-
gny, s'assembla sous la présidence de tice en Irlande.
Durant, ministre du régiment d'Au- Saint-Simon traite Ruvigny avec peu
bussargues, et s'occupa de la réformé de bienveillance; il l'accuse d'ingra-
des moeurs des soldats. titude envers Louis XIV, qui, dit-il, lui
Ruvigny qui, en récompense de ses laissaitla jouissance de ses biens,bien
services, avait été créé, en 4 694, ba- qu'il servît le prince d'Orange. Ce fut,
ron de Porlarlinglon, vicomte Galvray en effet, en 1741 seulement que ce
ou GALLOWAÏ, et pair d'Irlande, puis prince confisqua les propriétés que
élevé, en 4 697, au rang de comte, fut Ruvigny avait encore en France. Par
chargé, en 4 704, malgré lui, dit-on, brevet du 31 mars, il en fit don au
du commandement en chef des troupes cardinal de Polignac (Arch. gén. E.
anglaises en Portugal. Il secourut Gi- 344 2). Le premier président de Har-
braltar assiégé par les Français unis lay, entre les mains de qui Ruvigny le
aux
Espaguofs. En 4705, ifperdit le père avait laissé un dépôt, profita de

bras droit au siège de Badajoz qu'il l'occasion pour se l'approprier.
fut obligé de lever. Sa blessure n'était Dans la liste des directeurs de l'hô-
point encore guérie lorsqu'il rentra pital français de'Londres, nous voyons
en campagne. 11 battit l'arrière-garde figurer, sous la daté de 1754, un co-
deBerwick, prit le château de Brocas, lonel Ruvigny-de-Cosne : apparte-
s'empara d'Alcanlara et fil son entrée nait-il à la même famille ?
à Madrid, le 26 juin 4706. La prise de MASSUET (PIERRE), écrivain la-
possession de la capitale de l'Espa- borieux et instituteur distingué, na-
gne au nom de Charles III marqua le quit à Mouzon, le 10 nov. 4 698, d'une
terme de ses succès. Le 25 avril 4 707, famille catholique. A peine était-il
de concert avec le général espagnol sorti de l'enfance que, saisi d'un accès
das Minas, il attaqua l'armée française de ferveur religieuse, il voulut se con-
à Almanza et fut complètement battu sacrer à Dieu et entra dans la congré-
par Berwick. Il répara autant que pos- gation de Saint-Vanne, où il prononça
sible cet irréparable échec, en rassem- ses voeux, le 15 juin 474 6. II ne tarda
blant à la hâle une nouvelle armée en pas à en être aux regrets. Quelques
Catalogne et en mettant hors d'insulte tracasseries qu'il éprouva de la part
les forteresses de cette province. Le de ses confrères, achevèrent de le dé-
7 mai 1709, il essuya une nouvelle goûter de la vie monastique. Il s'é-
défaite à Gudina. Tout ce qu'on était chappa de son couvent, mais il fut
MAS 326 — MAS
rattrapé et reconduit à Metz. Plus IV- Tables anatomiques du corps
heureux dans une seconde tentative, humain, trad. du latin de Kulm, Amst,,
il réussit à gagner la Hollande, et il 4 734, 8,v,oL in-8°, avecfigg.
entra comme instituteur dans une fav V. Histoire de la guerre présente,
,;

mille riche, dont il épousa plus tard la contenant tout ce qui s'est passé de
fille. Malgré la fortune considérable plus important en Italie, sur le
que lui apporta sa femme, il ne rer- Rhin, en Pologne et dans la plupart
nonça pas à ses, habitudes laborieuses. des cours de l'Europe, Amst., 1735,
Ilse'mit à étudier la médecine sous le in-8°; trad. en italien, Amst., 4 736-
célèbre Boerhaave, et prît àLeyde le •1737, 2sol. in-8°, aveccartes etfigg,
grade de docteur, en 4729. Il alla en- VI. La vie du prince Eugène de
suite s'établir à Amsterdam,, où il ac- Savoie, Amst., 1736,.in-42'; réimp.
quit beaucoup de réputation dans avec le N° suivant, -r II ne faut pas
l'exercice de son art. Travailleur infa- confondre cet ouvrage avec celui de
tigable, il employa les heure? de li- Manvillpn.
berté que. lui laissait sa pratique, à la VII. Histoire de la dernière guerre
culture des lettres et des sciences, et des négociations pour: la paix,
ainsi qu'à l'éducation de l,a jeunesse,. avec l'a vie'dupriuce Eugène, kmst.,
Il avait ouvert un pensionnai-dontla 4,736;,3 yol.in-S";; 4 73.7,S;voI. in-{l2.
réputation s'étendit jusque dans les V1ÎI. Continuation de l'Histoire
Indes occidentales. Ce fut au milieu universelle de Bossuet. depuis 4 724
de ses occupations aussi nojnhreuses jusqu'à la fin.de 4737, Amst., 4738,
que variées que la mort vint Je sur- 4voJ. in-12; Amst. et Leips., 4 vol.
prendre, le 6 oct. 4 776, dans l£ terre in-12; Paris, 4759, 6 vcL in-12. —
de Laukeren, qu'il avait acquise de ses Le 2e vol, est la suite de Bossuet par
épargnes. La Barre, mais refondue.
Au jugement de l'abbé Bo.ulliot, IX. Essai de physique, trad. du
Massuet était un bon traducteur, mais holl. de'Muss.ehenbroeck, LeydefTr.é-
un médiocre écrivain .-Voici la liste de voux],1739, 2V|0j.in-4'.; 4754,2vol.
ses ouvrages. in-46, avecfigg: :
I. Dissert. mediça de generafione X. La vie du duc de Ripperda,
ex animalculo in ovç, Ludg. Bat,-, grand,d'Espagne, Amst., 4739, 2 v.
4 729, in-4°..--7-L'auteur adopte l'hy- in-12.
po.thèse de Leuwenhoeçk sur les ani- XI. Annalesd'Espagne.et.de Por-
malcules sp.eruiatiqu.es. tugal, Amst., L'Honoré, 4 744, 4 vol.
H. Recherches intéressantes sur jnr4° et 8 vol, in,-?-0, avec figg-
l'origine, la formation, ledèvelop.^ XII. Table générale de,s matières
pement, la -structure, etc., des dir contenues dans l'Histoire et les Mé-
verses espèces de vers à tuyau qui moires de l'Académie des sciences
infestent les vaisseaux, les digues, de Paris, depuis l'année |X56.9^ws-
etc.,dequelques-unes de,s Provinces- qi'fen 4 734 inclusivement,, Amst.,
Unies, Amsl,,Changuion,17,33, in-8*>;; P, Mortier, 4 744, in-4" et 4 vol. in 4 2.
trad- en-holl,,, Amst,,, (173,3,;in-.8,\
III. Histoire des rois de.Pologne — Mieux ordonnée et-plus complète
que celle qui a été faits ;à Paris.
et'du .gouvernement de ce royaume, XIII. Histoir.fi.de l'empereur Char-
contenant c.e,qui s'est passé soins le les VI et. des révolutions sous la
règne de Philippe-Auguste et pen- maison d'Autriche, depuis Rodolphe
dant les deux derniers intérr,èg?ies, de Hapsbour,g jusqu'à présent, avec
Amst., L'Honoré,, 4 733, 3 vol. jn-8° le différend entre la reine de Hon-
et 4 vol, in-12; nouv. -,édit. -augm., grie et le roi de Prusse sut la Silé-
Amst. 1734, 5 vol. in-42. .—-iCen'est sie, Amst., L'Honori, 4 7ji2, 2 vol,
guère qu'une compilation. in-4 2. '
,
MAS 327 — MAT
XIV. Elémens de la philosophie avaitprise à l'oeuvre de la Réforme,il
Châtelain,'4752, se
moderne, Amst., 2 mita attaquer avec violence les Luthé-
vol. in-12, avecfigg. riens, Cette honteuse palinodie ne le
XV, La science des personnes de lavapasdelout soupçon d'hérésie dans
cour, d'epée et de robe, par Çhévi- l'esprit des bigots. Il fut jeté en pri-
gny et de Limiers,, considérable- son en 4834; mais sur les réclamations
ment augm, par Massuet, Amsf., du chapitre de Paris dpntil était mem-
4752, 18 vol. in-42, avec figgi bre,François-l5rluifitrendre la liberté.
XVI. De Vamputation à lambeau, . Plus lard Masurier se lia avec. Loyola,
ou nouvelle manière d'amputer les le fameux fondateur de l'ordredes Jé-
membres, Irad. du latin deVerduin, suites. —Il ne faut pas confondre ce
Amst-, 4756, in-8°. Les savantes Martial Masurier avec Louis Masurier,

notes et les additions du trad. ont sin- poète dont nous connaissons quelques
gulièrement amélioré l'ouvrage. ouvrages, mais qui, originaire du Hai-
Massuet a été, de 4741-53, un des naut, n'entre pas dans notre cadré,
plus constants collaborateurs de.la . MAXHlJBM,-nom porté par plu-
Bibliothèque raisonnée des ouvrages sieurs pasteurs de la Basse-Guienne
dessavons de l'Europe (Amst., 4 728- dans la seconde moitié du xyn" siècle.
53, 5,2 vol. in-8°) ; il a fo.urni plusieurs Nous avons déjà parlé de deux d'entre
Supplémens à l'Atlas historique de eux, qyi se réfugièrent en Hollande
Gueudeville ( Amst., 4 739, 6 vol. in- (Voy.u, 204). De nouvelles recher-
fol.), et quelques dissertations criti- ches nous ont appris que Gabriel Ma-
ques aux Lettres sérieuses et badi- thurin, ancien pasleur de La Réole,
nes de La Bo/rre-de-Beaumarchais fut placé comme ministre à Arnheini
(La Haye, 1729-40, 12 vol. in-8°) ; en 4 687, et qu'il mourut pasleur de
il a .travaillé enfin avec JaucouH et l'églisefrançaisedecetteyilleen4748,
d'autres aumagnifiqueMuseum Sebaea- d'où nous croyons pouvoir conclure
num, qui a paru soit6 ce tilrp ; Loçu- qu'il n'est pas identique avec Je minis-
pletissimi rerum naturoXinm the- tre sousja croix qui, rentré en France,
sauri accurata descriptio, per uni- fut pris et plongé dans un cachot oit
.versamphysices historiam; opus ele- il passa de longues années,
ganslatinè et gallice scriptum,curâ Ce dernier est apparemment le
Alh.Seba (Amst., 4734-65, 4 vol. .même que le -pasleur Malhurin « ex-
in-fol, avec figg. ). On lui a attribué cellent homme et illustre serviteur de
aussi, mais à tort, selon le savant au- Dieu»,, comme l'appelleRou, qui com-
jeur de la Biographie ardennaise, une posa contre les Lapsi un livre où il
trad- du Manuel de Devenler sur les réMa les raisons par lesquelles ils es-
aççquchemens et l'écrit anonyine in- sayaient d'excuser leur chute. Çelivré,
titulé Anecdotes , de Russie dont l'impression a été soignée par
sous le rè-
gne de Pierre I", dit le Grand, J. Rou, a paru, anonyme, sous ce titre:
J(lAglJBIliH (MAETIAL), docteur Les feuilles de figuier <?u Vanité des
en théologie e.l prédicateur renommé, ' excuses de -Çeux qui ont. succombe
fut un des théologiens que Briçonnet souz la persécution, La Haye, Abrab.
appela à Meaux, lorsqu'il entreprit de Troyel, 4687,in-12.
reformer son diocèse. L'attention du MÀTBAS (DAÎ-IEL), professeur de
prélat avait été attirée sur Masurier par français pi d'italien à l'école noble de
Je zèle avec lequel ce dernier censurât Sora en Danemark, est auteur de ;
du haut de la chaire la dépravation des I. Proverbes, sentences et mots
moeurs du clergé. Mais Masurier ne se dorez, en français, danois,' italien et
montra pas à la hauteur de sa mission; allemand,.Copenh,, 4633, in-4 2.
il fut un des premiers à déserter sq.n II. Grammatica gallico-italica,
l)Qsle,et, pour faire publier la, part qu'il Sora, 4 642, in-8", ''
MAT
MAT — 328 —
III. Vocabuldrinm gallico-ilalico- core, en 1603, on le trouve ministre
âanicnm, H a fn., 4 643, in-8". àEmbrun.D'autrespasteurs de ce nom,
IV. Aurea sententice, Soroe, 4656, qui figurent dans la liste des ministres
in-4 6.—PeuWêlre le même recueil présentés au Synode national en 1626,
que le N°l trad. en latin, étaient vraisemblablement ses fils. —
Malras, né à Vendosme, le 3 juill. Nous ne prendrons pas sur nous d'af-
4 598 descendait, sans aucun doute, firmer que Nicolas.Matthieu, ministre
d'une ,famille protestante. II est ques- deMonteudre, réfugiée» Hollande, où
tiondansles Mémoires de Mornay d'un il mourut en 1698, après avoir des-
Malras qui était à son service en 4 623, servi pendant cinq ans une église de la
et. qui'-est peut-être identique avec un province d'Utrecht, descendait de la
maître d'hôtel du roi qui portait ce même famille.
"
nom, et qui mourut à Paris, en 4 660, La révocation de. l'édit, de Nantes
laissant de sonmariageavec Louise de chassa également de France l'avocat
Marsillac, deux filies, nommées MAR- Matthieu qui se réfugia en Suisse avec
GUERITE et MARGUERITE-CHARLOTTE, son fils aîné et quatre: filles. Son se-
lesquelles avaient élé baptisées, en cond fils, qui servait, avec le grade
4636 et 4 640, dans le temple de Cha- d'enseigne, dans le régiment do Sain-
renton ( Reg. de Char.).. tonge, resta en France, mais, sa catho-
MATTHIEU (ANTOINE), né à Lau- licité était fort suspecte. Le fils et la
sanne, en 4 690, fit ses études en théo- fille aînés du procureur Matthieu du
logie à Franeker et à Genève, et fut Gapençois, avaient aussi fui sur la
reçu ministre en Hollande. A l'âge-de terre étrangère, tandis qu'il avait,ab-
25 ans, il fut donné pour pasteur à juré lui-même avec sa femme et trois
l'église française de Francfort-sur-le- autres enfauls.
Mein, qu'il desservit jusqu'à sa mort, M ATliY(MATTHiEu),de Manosque,
arrivée Je 7 mai 4 765. Outre un recueil immatriculé à l'académie de Genève
de Sermons sur divers textes de l'E. en 1666 , remplissait, en 1685, les
S., publié à Francf., 4 766, 2 vol. fonctions de sou ministère à Beaufort
in-8% on a de lui un Catéchisme, en Provence. Forcé de quitter à la fois
qui fut longtemps en usage dans son son église et sa patrie par la révoca-
église et dans d'autres du voisinage. tion de l'édit de Nantes, il sortit de
Selon Adelung, ou plutôt son con- France avec sesdeux fils, CHARLES et
tinuateur, le père d'Antoine Matthieu PAUL, qui se firent connaître l'un et
était un réfugié de.Nismes. Différentes l'autre dans la république des lettres,
raisons nous feraient croire qu'il était le premier par un Dictionnaire géo-
plutôt originaire du Dauphiné (1). Un graphique universel, Amst., 1701;
registre des baptêmes célébrés dans 4 723, in-4", quia été longtemps re-
l'église d'Orr>ierre(Arch.génTT. 235) cherché; le second, par une Lettre sur
nous apprend que celle église- avait le mystère de la Trinité, qui souleva
pour pasteur, en 4 586, Hugues Mat- contre lui tous les orthodoxesetdonna'
thieu, à qui sa femme, Anne Abel, lieu à une vive polémiqué.
donna, cette même année, un fils, Né à Beaufort, eu 1681, Paul Malhy
nommé DAVIH, baptisé, le 2 mars, par était catéchète à l'école des pauvres
B- de La hoche. Plus tard, en 4 591, fondée à La Haye par Saurin. C'était
Hugues Matthieu reçut vocation de l'é- un homme de moeurs très-puresetd'u--
.
glise de Gap et fut remplacé à Orpierre ne grande érudition ; mais ni ses ver-
par François DuJarry. Plus tard en- tus ni son savoir ne le mirent à l'abri
des persécutions d'un dogmatisme in-
(1) Dans un rôle de Réfugiés dressé a Lau. tolérant. Ayantvoulu, et il en avait as-
sanne.cn 1740, nous trouvons une Madelaine surément le droit, essayer d'expliquer
Matthieu du Dauphiné, et Etienne Matthieu,
carJcur de laine du Vivarais. les passages de l'Ecriture où J.-Ch.
MAT 329 — MAT
est présenté comme inférieur et sou- mé etunécrivaindétalent.Néen 171 8,
mis au Père, il s'imagina lever tou- à Montfort près d'Utrecht.ilfit ses étu-
tes les difficultés en admettant trois des à l'université de Leyde, où il prit
natures en J.-Ch., la nature divine, la le grade de docteur en philosophie et
nature angélique et la nature humaine. en médecine. Eu 1740, il passa en
Il affirmait que le Père est le seul être Angleterre. Pour se faire connaître, il
infini, absolu; que le Fils et le Saint- entreprit la publication d'un journal
Esprit sontdes êtres finis,différents du littéraire,où il rendait compte des pro-
Père, el que néanmoins J.-Ch. est Dieu ductions nouvelles delà littérature an-
à cause de l'Union mystérieuse de la glaise. Cette espèce de revue, qui pa-
divinité avec sa nature angélique plus rut de 4750-55, à La Haye, sous le
parfaite que l'âme humaine. Ces idées titre de Journal britannique forme
bizarres furent condamnées par le sy- une série de dix-huit vol. in-4,2,et est
node de Campen. Malhy voulut les dé- regardée comme un des meilleursjour-
fendre et fut cité devant le synode de naux de ce genre depuis celui de Bay-
La Haye.Ayant refusé d'y comparaître, le. La Société royale des sciences de
il fut déclaré hérétique, excommunié Londres admit Malhy dans son sein,en
etdéposé, en 4730. Celterïgueur,qui 1758, et le choisit pour son secrétaire
brisaitsacarrière,lerenditsombreetrê- perpétuel, en 4 765. Selon Elôy, il fût
veur. Jordan, qui le visita pendant son aussi membre de l'Académiede Berlin.
voyage, raconte qu'il parlait très-peu, Lors de la création du Musée britanni -.
à moins qu'on ne le mit sur le chapitré que, en 4 753, il en fut nommé sous-
de ses affaires. Cependant il finit par bibliothécaire. En 4 772, il succéda au
sortir de celle espèce d'abattemenl.-qui docteur Knight dans la place de biblio-
pouvait devenir mortel. Il s'appliqua à thécaire en chef.il succomba.en 4 776,
l'élude de la médecine et passa en An- à une maladie de langueur.
gleterre.où il paraît qu'il mourut.On a Matthieu Malhy joignait à "des con-
de lui quelques ouvrages,tous publiés naissances variées et étendues beau-
à l'occasion de sa dispute avec les or- coup d'amabilité et de politesse. Les
thodoxes : I. Lettre d'un théologien étrangers étaient sûrs d'être accueillis
à un autre théologien sur le mystère parluiavecrempressementleplus cor-
delaTrinité, s. 1.,4729; réimp.avec dial. Il entretenait avec la plupart des
YApologie de la conduite et de la savants de l'Europe une correspondan-
doctrine de P. Maty, 1730, la Pro- ce très-étendue. Personne ne. mit plus
testation contre ce qui s'est passé d'ardeur et de zèle que lui à propager
dans le synode de Campen en mai l'inappréciable découverte de la vacci-
4730, les Nullitésdesprocédures des ne. Outre le Journal dont noUs avons
synodes de Campen et de La Haye, parlé, on a de lui : "

.
4734, el la Doctrine de la Trinité I. Diss. de consùetudinis efficaciâ
éclaircie, démontréepar l'Écriture incorpushumanum,Lugd.1ial.,iliO,
el défendue contre les objections de in-4°.
M. de La Chapelle et quelques autres II. Diss. deusu, Lugd. Bat., 1740,
théologiens, 4 730-4734, 3 part, en in-4°; tr. en fr., Utrecht, 47'44,in-12.
2vol. in-8"; — M. Doctrine de la III. Ode sur la rébellion en Ecos-
Trinité, 4730, 2 vol. in-4 2, première se, Amst., 1746, in-8".
édit.de la Doctrine delà Trinité éclair- IV. Essai sur-le caractèredugrand
cie, etc. On lui attribue aussi la Cer- médecin, ou Eloge critique de Boer-
titude des connaissances humaines, haave, Colog., 1747, in-8°.
ouvr. publié en 1741 el qu'il traduisit, V. Aulhenlic memoirs ofthe life
dit-on, de l'anglais. of Richard Mead,Loni., 1755, in-12.
Paul Mathy laissa un fils , nommé VI. Translation of a Discoursé on
MATTHIEU, qui fut un médecin renom- inoculation, read before thcAcadc-
MAU.
MAT — 330 —
iny of sciences at Paris, by M-deLa phical Transactions, depuis le T. ï
Condamine, Lond., 4765,'in-80.' jusqu'au T. LXSinclusivemenl,Lond.,
-

VIL New observations oninocula- 4 787, in-4*.


iion, by Dr Garlh , trad. du franc., II. Travels through Germany,in
Lond.; 1768, in-8°. a séries of Letters, trad. de l'allèm.
.' •Vill. Life oflord Chestèrfield,
-,
de.Riesbeck.Lond., 1787,3 vol. in-8t.
achevée par son gendre Justamon et III.' Sermons,-Lond., 1788, m-8°î.

publ. en tête des OEuvres mêlées de — L'éditeur de ces sermons posthu-


-Stanhope (Lond., 4 777, 2 vol. in-4"). mes en a,, par inadvertance, insèri
On trouve de noire médecin, dans dans le volume quelques-uns qui ne
-
les Trans. philos; (4 754): Letter on sont pas-de Malhy.
thesuccess ofinoculation at Geneva; On trouve de lui dans les Philos.
(4 768): On the history:of the re- TranSact.(1755) : Seven guéries sévit
,

turn of the famous cornet of 468S, to. a friènd in Constantinople by


roith observations,el On the manner him, and ansmered by James Porter.
of inoculaling the small pox on l'he jQuelques bibliographes lui attribuent
coast of Barbary and at Bengal;^- aussi unetrad. franc, du Gemmae Mal-
dans les Med. Obs. and Inquir.(T.HI): buriehses (Lond,, 4 780-91, 2 vol.
Palsy occasioned by a fall, attended in-fol.); mais on sait que le 2". vol.
mith uncommon symptôme, et Êssay au moins est de Louis Du Tens.
on the advantagës ofvèry early ino? -51AUB K RT - BE - GOÇVEgT
culation. (JEAN-HENRI), fécrivainpolitique, na-
' Enfin Malhy a trad. du franc., en quit à Rouen, le 20 nov. 4 724 .A pei-
-3758, 'tes rernarques dé Peyssohnel ne eut-il terminé ses études , que pris
gur lu montagne de soufre de la Gua- d'un accès de ferveur religieuSe,Mau-
deloupe, et -il a mis une introduction bert. entra'dans l'ordre des Capucins.;
. mais il ne tarda pas à sentir qu'il s'éj-
-au premier ouvrage de Gibbon : Essai
sur Féludëdela littérature, 4 764 ,in-8?. tait trpmpé.sur sa vocation.il s'échap-
Son fils, PAUL-HENRI, né à Lon- pa donc de son couvent,en 4745, et se
dres en 4745, se consacra au saint mi- réfugia en Hollande, muni de lettres "
tnistère. Peut-être est-il le même que de recommandation du -duodeBouté-
E.Matthy, cilé par M. Burn parmi les ville pour le ministre de France à La
fasteurs de l'église française de Eris- Haye.: Bientôt après, il passa en Alle-
jpin Street. En 4775, il devint chape- magne et entra comme volontaire dans
lain de l'ambassade anglaise auprès l'armée saxonne. 11 .avait déjà obtenu,
-cde la cour de Versailles mais il ré- le brevet d'officier dans l'arli lleriejors-
;
signa cet emploi à la mort de son que la paix se conclut. Abandonnant
tpère, qu'il remplaça au British Muséum. alors la carrière militaire,11 se chargea
Membre dé la-Société royale de Lon- de l'éducation du jeune comte,Rutow-
dres depuis 1-776, il en fut nommé se- ski; mais la liberté de ses discours
crétaire, en 4778. Quelques contrarié- ayant déplu au roi et surtout au comte
tés l'ayant .décidé-à quitter celle place, de Brùhl,i) fut enfermé, peu de/temps
:en 47.84, il se mit à donner des leçons après, dans la forteresse de Ronigsleift,
et entreprit une Review, destinée à où il resta prisonnier;jusqu'au'20mar.s
faire connaître en Angleterre les pro- 4 752, qu'il recouvrala liberté parl'in-
-
ductions des écrivains étrangers. Cette tervention du nonce du pape. Av.ant.de
publication mensuelle, commencée en sortir de prison, il avait dû promettre
4 782, cessa eu 4 786. Malhy mourut à de reprendreébahit de capucin. Il avait
Londres,le 16 janv. 4787,d'unaslhme fait cette promesse sans .répugnance,
qui le fatiguait depuislongtemps. Ou- parce qu'il se (la liait que lepape ledé-
tre' sa Revue, il a publié : ' lierait de ses voeux; mais trompé dans
J. General index 'to the Philoso- -sou attente,!!ne luirestad'aulfce.pajtli
MAU 331 .=- MAU
«.
que de jeter une seconde fois le froc il prit le parti de retourner en Allema-
aux orties, jl se retira à Lausanne, en gne,où il parvint à obtenir la direction.
4753. Ne possédant d'autre ressource d'une troupe de comédiens français
que son esprit, il spugea, à se faire au- qui devait jouer à Francfort pendant,
teur peur vivre, De prime-abord, il se les fêtes du couronnement de l'empe-
plaça par.mi'les écrivains .politiques les reur; mais là encq.rè,de nouvelles tra-
plus remarquables de son temps, Ce verses l'attendaient. Arrêté comme
fut alors seulement qu'il embrass.a pu- moine.fugitif, le 16 fév. 4 764, il fut
bliquement le .protestantisme à Berne. jeté dans un cachot où il passa onze
Sonintention étantde sefixerenSuis- mois. Etant parvenu à, s'évader, il.se
se.il se fit recevoir bourgeois dans le rendit à Amsterdam. A peine arrivé, il
villaged'Aljamans, dont Le Gentil- fut incarcéré de nouveau à la pour-
de-Langallerie était seigneur, et prit suite d'un libraire de cette, ville. Au
le titre d'avocat ; mais il,avait compté bout de deux ans, il gagna son procès
sans le .rigorisme des théologiens de et fut remis en liberté. Il partit alors
Lausanne.qui,par leurs tracasseries,le pour le Nord, aveu l'intention définir -
forcèrent à chercher un autre asile,en ses jours dans la retraite; mais à son
475.5. lise retira .en Angleterre où il passage à Altona, il tomba malade et
fui accueilli de la manièrié la plus flat- mourut, le 26 nov. 1.767 (selon d'au-
teuse par lord Boli.ngbroke, ,qui l'en- tres, le 21 nov.), à l'âge de 46 ans. Le
gage.a fortement à continuer ,une His- Nécrolpge dès hommes illustres de
toire politique .du .siècle, dont deux vo- France,qui lui a consacré, une notice,
lumes avaient déjà paru ; -mais ils lui accorde « un esprit vif, élevé, qui
avaient été saisis par ordre du sénalde pensait en 'grand el qui ne devait, pres-
Berne, à la demajide de l'ambassadeur que rien à la culture ; un talent incon-
de France. Ce itravail marcha lente- testable pour la politique, une vigueur
ment, Ma.ubert en étaatdistraitpar.d'au- et une fermeté d'âme.singulière, qui
tresoccupalions, notamment par ^pu- lui rendaient ses passions plus diffici-
blication de brochures politiques pour les à maîtriser. » Voici la liste de ses
la défense du ministère anglais con- publications.
tre les .attaques de l'opposition. Bien- I. Lettres iroquoises Irocopolis,
,
tôt même sa position se trouva conir 1752, 2 vol, in-§° ; réimp. sous le
promise par un misérable qu'il avait titre de Lettres chéraskêsiennes, [Ro- .

sauïé.du .désespoir et qui, par recon- me] 1769, in.-8°.


naissance, lui vola sqn'Bom, qu'il alla II. Testament politique du, cardia
traîner.daus les ordures de la. police se- nal Jules Albéroni, recueilli de di-
,

crète. Soupçonné d'espionnage, Mau- çm,r/2e»zo-£r«s.[parD,urrydeM-orsan],


bert dut cuiller l'A.ugleterre et passa revn. et publiépar MaubertdeGou-
en Hollande, en 4 757.DftBr.uh-l. à qui vest, Laus,, 1.753:, in-12. — On. ad-
il offrit sa plurnercontre. l.e r,oi, de Prus- mire dans cet ouvrage-la profondeur
se, le fit nommer secrétaire d'Augus- des, vues, la finesse des observalioàs,
te III; mais d'u.n autre côté, Frédéric^ la; justesse, des raisonnements ; mais
le-Grand irrité q% ses. atlaqjies de- on désirerait plus de précisiouet d?é-
,
manda et çhlint sqn bannissement delà
,
légance. dans le. style,.qui pourtant est
Hollande, Maubert se retira à Bruxel- toujours clair et lumineux..
les. Le comle de Cobenlzellui,accorda IIL L'ami de la fortune. ou. Mémoi-
pepensiqn de,60O ducats et le priyi- res, dû. marquis-, de: S, A., Londres,
lége,d'une iGazette avec la direction de [Laus.], 4,75.4;.,, % vol, i»7i4 2 ;-, Lnndi,
l'imprimerie royale. Cependant.le bi- 4 7.61, ,2-vol. mr-S",
golismeneielaissa pas.jouirlonglemps IV. L'illustrepaysan.où.Mémowes:
de ces avantages. Pour échapper aux et.aventuus. de-.Daniel Monginié,né
petiles^erséGulionsqu'onlui suscitait. au canton de Berne, mo'ct.,à.Agû'alé
MAU
MAU — 332 —
22 mai 1749, Laus., 1754, in-12; JNll.Lettresduchev.Talbolsnrla
Francf., 1755,in-8°. France, trad. del'angl., Amst., 1766,
. V. Histoire politique du siècle , 2 vol, inM 2; 1768 2 vol. in-12.
Laus., 1754,2 vol. in-4 2;réimp.avec XVIII'. Testament politique du
des développements et conduite jus- chevalier Walpole , Amst., 1767, 2
qu'aux traités de Rysv.Tick et de Carlo- vol. in-12.—Douteux, s'elon Meusel.
-wilz, Lond., 4757, 2 vol. in-4"; trad. XIX. Trop est trop; capitulation
en â|lem., Leipz., 4 758, in-8". de la France avec ses moines et re-
VI.Le sièclepolitique de LouisXIV ligieux deloutes les livrées,La'Raye,
[lrad.de Bolingbroke],owc les pièces 4768,in-8°.
qui forment l'histoire du siècle de Voltaire a sans preuve , accusé
,
M. Fr. de Voltaire et de ses querel- Maubert-de-Gouvest d'une falsification
-
les avec MM- de Maupertuis et de La de sa Pucelie, et on lui a atlribuésans
Baumelle, Siéclopolis, 1754, 2 vol. raison suffisante l'Hisloirede l'anarchie
in-12. de Pologne publiée par Rhulières.
VII.Ecole du gentilhomme on En- 1WAUCHA11D (BURCHARU-DAVID),
tretiens de feu M. le chevalier deB. docteur en médecine et médecin du roi
avec son neveu, Laus., 1754, in-12; de Wurtemberg, naquit à Marbach, le
La Haye, 1761,in-8°. 19 avril 1696. Son père, Jean-David
VIII. Réflexions d'un suisse sur la Manchard, docteur en médecine, le
guerre présente, 4 757, in-S^Brux., destinant à la carrière qu'il suivait lui-
4 759, in-42.—Attribué aussi à Vol- même avec quelque succès, il partit
taire. pour Tubingue, en 4 74 2, après avoir
VL.Ephrdimjustifié, mémoire his- fait de bonnes études au gymnase de
torique et raisonné sur l'état passé, Sluttgard, et il s'appliqua à la méde-
présent, et futur des finances de Sa- cine pendant cinq années, au boutdes-
xe, Erlang., 4758, in-8°. quelles il se rendit à Allorf afin d'y
X. Esprit de la présente guerre, suivre les cours du célèbre Heisler.
discours de M. de G. pour et contre C'est dans cette dernière université
les deux opinions dominantes dans qu'il soutint avec honneur sa thèse
leparlement de la Grande-Bretagne, De verâ glandulorum appellatione,
4 758, in-4 2; 4 759, ih-8". qui a été imprimée à Altorf en 4 718,
XI. Nouvel état politique de l'Eu- in-4°. De retour à Marbach, Mauchard
rope et des Pays-Bas, Francf.,4764, commença à praliquersous les yeux de
6 vol. in-8". son père; maisj quelques mois après,
XIL Manloverana, 4762, in-8".— désirant se perfectionner dans l'a-
C'est le même ouvrage que celui-ci : natomie et ,1a chirurgie, il se rendit
Lapaix générale on Considérations à Strasbourg, puis à Paris, où il pro-
dudoct.Ma?iloverd'.Oxford,i1&'2,8''. fila, pendant deux ans, des leçons de
J\\\.LePittetleContre-Pitt,\nAi. Gérard, l'habile chirurgien de l'hôpi-
XIV. Testament politique du ma- tal de la Charité. De retour en Alle-
réchal duc de Belle-Isle,H"lG3,in-8°. magne, il se fit admettre, en 1722,au
—Attribué à Maubert-de-Gouvest par gradede licencié dansla Faculté de Tu-
Meusel, qui ajoute queChevrier doit y bingue. C'est à celle occasion qu'il
avoir eu part. soutint une thèse De herniâ incarce-
XV. La pure vérité, lettres et mé- ralâ, qui a élé imp. à Tub., 4722,
moires sur le duc et le duché de Wur- in-4p. Peu de temps après, il fut nom-
temberg, Augsb., 4765, in-4 2. mémédecin delacourdeWùrtemberg.
XVI. Le temps perdu ou les écoles Le succès de ses opérations et le zèle
publiques, Amst., 1765, in-80..—Cri- désintéressé avec lequel il se livrait à
tique de'l'élat de l'instruction publique des démonstrations analomiques, tant
en France. à Stuttgardqu'àTubingue, lefirontap-
MAU. 333 MAU
— —
peler.en 4 726,à la chaire d'analomie et adfectumrarioreminlibrisetpraxi,
de chirurgie. Il n'en prit possession 4738.
que le 4°r mai 1728, mais il la remplit VIII. Deinflammatione in génère,
avec assiduité jusqu'à' sa mort, arrivée 4740.
le 11 avril 1752, sauf de courtes ab- IX. Deresoiutionemassoe sangui-
sences nécessitées par ses voyages à nis pretemàturaliter auclâ et im-
la Cour et par une campagne qu'il dut minutâ, 1740.
faire, en qualité de chirurgien de l'ar- X. De ulceribus cornée, 1742.
mée, avec les troupes que leduc Char- XI. De ungue oculi, 4742.
les-Alexandre commanda sur le Rhin. XII. De fistulâ corneoe, 4742. *
Il n'avaitjamais pu se résoudre à quit- XIII. De empyesi oculi, 4742.
ter le Wurtemberg, malgré les offres XIV. De hypopyo, 1742.
avantageuses qui lui avaient élé faites XV. De selaceo nuchce. auricula-
de divers côlés. Pour le récompenser rum ipsiusque oculi, 1742.
de son attachement à sa personne, le XVI. De strumâ oesophagi, 1742.
duc l'avait nommé sou médecin et lui XVlIDe vini iurbidiclarificatio-
avait accordé le titre de conseiller.En ne. 1742,
4729, Mauchard avait pris le bonnet XVIII. Cornets oculi tunicce examen
de docteur, el la-même année, il avait anatomico-physiologicum, 1743.
élé reçu membre de l'Académie impé- XIX. De maculis corneoe earumque
riale des naturalistes. operatione chirurgicâ, apotripsi,
Mauchard a joui d'une grande et lé- etc., 1743.
gitime réputation en Allemagne, par XX. Deleucomate Tobioe, 1743.
ses succès dans le traitement des ma-
ladies des yeux.Il avait eu pour maître,
dans cette branche importante de l'art
médical, le célèbre Woolhus.Ses nom-
breuses occupations ne lui ont pas per-
1744. ..'-.
XXI. De paracentesi oculi in hy-
drophthalmiâ et amblyopiâ senum,
XXH. De hydrophthalmiâ, 1744.
XXIII. De mydriasi, 1745.
mis d'écrire des ouvrages de longue XXIV. Depupilloephthisi etsyne-
haleine ; mais on a de lui beaucoup de zesi, 4745.
dissertations en forme de thèses, qui XXV.De lue vaccarum Tubingensi
sontjuslement estimées lantpour l'élé- dissert, il,:4745.
gance du style que pour la sagesse des XXVI. De oleo animali Dippelii,
préceptes. Voici la liste de ses écrits, 4745.
fous impr. à Tubingue dans le format XXVII.. De capitis articulatione
in-40.. cum prima et secundâ colli vertebrâ,
I. Deophthalmoxysi nonantiquâ, 4 747."
seu Woolhusiano-Hippocraticâ, no- XXVIII.De luxatione nuchce,4 747.
bïlissimâ operaiione oculariâ, è texiu XXIX. De synechiâ, 4748.
groeco erutâ et bis mille annos ne- XXX. De conjnnctivm ac corneoe
.

gleclâ,nunc demum émergente et de- vesiculis ac pustulis, 4748.


fensâ, 4726. XXXI. De epiplo-enterocele cru-
II. De injectionibus anatomicis, rali,V"ti8.
4726. XXXII. De staphylomate, 4748.
III. De butyro cacao, 4735. XXXIII. De pulsu intermittente
IV. De inspectione et sectione le- et crépitante, 4748.
gali,\136. XXXIV. Deindolevarioqueusu li-
V. De medicinâ in nuce, seu idea quoris amniis,.4748.
compendii medici portatili, 1737. XXXV. De lethalitate per acci-
VI. De lumbrico teraie in ductu dens, 1750.
pancreatico reperto, 1738. XXXVI. De oculo artificiali èy.ë/.e-
VII. Diss. sistens caput obstipum, •fo-pu «^ w^oÊJe-fâptj), 4750..
.
MAtJ •«- 334 •- MAU
XXXVIL- D'epalpebrarum lumori- La famille Mauclérc occupait à Vitry-
hus-cysticis, 4 750. ^Français une place élevée dans
1 la
XXXVIII. Démentis,et famâD. bourgeoisie.
1 Dans la première moitié
Joh. Tayloris, angli, bratio, 4 751. du xviie- Siècle, 'ÈdMuèl Mauclérc et
<

A cette liste,- si l'on ajoute deux dis- son


i
fils, qui portait le mênie nom, fu-
sert., l'u'neDe ectropio, imprimée sous rent
i successivement jioUrvus dé là
le nom de Zeller, l'autre De saccharo chargéd'élus
i
de cette ville (Arch. gén.
lactis, dont nous, ne connaissons pas ]K, "4265), Plusieurs dé ses membres"

le millésime, on aura l'ensemble des i


avaient.aussi rempli dans l'église lés'
écrits de Mauchard,- dont un che'ix a fonctions d'anciens (Ib'id: Tf .288), et
été, après sa mort; publié par' Gli.-Fr. après la révocation, quelques-uns d'en-
Reuss, sous çé litre : Dissert, tfièdic. tre eux donnèrent dès preuves de con-
selectoe Tnbingenses,.oculi humani stance, çoihhîë Jednëé Màuclerc, qui
affeclus mediço-chirurgicè considé- sortit de France avec sôù mari Louis-
râtes sistentes; Tub,, 1783, 2 vol. Jacob de Mâuroy, âbândorihant une
in-8"..On trouve, en outre, de notre . fp'rlune dé plus dé 4Û0,0;00 livrés en
médecin une Lettre critiqué sur lé biens immeubles (Sùppl. franc: 7.94.
Traité des maladies des yeux par 2); Susanne Maùclërc, qui réussit, en
Saint-Yves, dans'le Mercure de France 4 687, à s'échapper du couvent dé Jbin-
(mai 1722). et la réponse à là réplique •-ville où elle était enfermée, elMaii^
de Saint-Yves, dans lé Journal des sa- clerc, diacre de l'église de Vassy, qui
vans (4 723), ainsi qu'un grand nom- fut jeté dans les prisons de Châlons-
bre d'observationsimportantes dans les Sur-S'aône, parce qu'il avait fait passer
Mémoires des curieux de la nature. sesèlifantsà l'étranger (Âr'ch. M. 673).
Mauchard avait épousé la fille de :Le père de Paul^Emile, nommé Jé-
.
Zeller, professeur de médecine à Tu^ l'émie, était avocat au parlement de
bingue.De ce mariage naquit, en 4734 Paris. Il paraît qu'il .succomba d'abord
ou 1735^ selon d'autres, Divin Mau- sous la violence, de la persécution., ainsi
chard, qui étudia là médecine à l'uni- que sa femme Louise Mils'onneaû;taa\s
versité de Tubingue, el y fut reçu doc- il se releva plus tard et réussit à gagDer
leur, en 1755.11 visita ensuite, pendant Berlin,,, où il mourut. C'est dans cette
deux années, les écoles de la Hollande ville que son fils, qu'il avait envoyé à
et de la France. A son retour, il fut Bâte dès l'âge de neuf ans, alla le re-
nommé chirurgien des troupes de joindre, lorsqu'il eut terminé ses hu-
Souabe, Médecin de la ville de Tu- manités. Resté orphelin peu de temps
bingue, en 1762, puis professeur extra- après, le jeune Mauclérc, qui se desti-
ordinaire de médecine, il mourut, à là nait à la carrière ecclésiastique, partit
fleur de l'âge, en 1767. On ne possède pour l'université d'Utrecht, accompa-
de lui que deux dissertations'» Diss. no- gné de sa mère, femme d'un esprit su-
vum problema chirurgicUm de ex- périeur, qui he voulut point se séparer
tractione cataracte ultra perficien- dé lui. De retour eh Prusse, il fut don-
dâ;Tub., 1752, in-4°, et therapiapur- né, en 4749, pour ministre à l'église
pnroe recentioris luiior solidiorquéi deBuchholz. L'année suivante, il com-.
Tub., 1762, in-4°. mença à écrire dans la Bibliothèque
RIAUOLEIIC (PAUL-ÉMILE HE)-, germanique-, dont il dévint un des
pasteur de l'église française de Stettin, principaux rédacteurs. En 1721, l'é-
prédicateur de la Cour de Prusse, sur- glise française de Leipzig lui proposa
intendant des églises françaises de la la chaire laissée vacante par le départ
Poméranie et de la Marthe-Ukraine, àeOumont pour Rotterdam; mais le
membre de l'Académie des Sciences dei roi de Prusse ne voulut point Souffrir
Berlin; né le 3 0 janv. 1698 fet mort le qu'il sortît dé ses Etals. Afin de l'y fë-
44 sept. 4742. teiiirj il le nomma ministre de l'église
MAU ^33à-^ MAU

ue Stetlin avec les mêmes appointe- et d'Anne Grostête (Reg-. de€Mi,:.)i


ments qu'on lui offrait, et lui accorda; Nous ignorons lé degré de parenté,
en outre; le titrédé chapelain ou prédi- qui pouvait Unit les Mauclérc de Cham-
cateur d'e là Cour. En 1739, Mauclëre pagne aux Mauclérc du Poitou. Ces
Vit S'ouvrir pour lui les portes dé l'Aca- derniers ne nous .'sont d'ailleurs con-
démie dessciéncés de Berlin. En 1741, nus, que,par la députatiqU de Samuel
il fonda le Journal littéraire d'Alle- dé Mauclérc,. sieur de Marconnay, et
magne (La Haye, 1.741-43* 2 vol. de François de Mauclérc, sieur de La
in-80); dont.ia direction passa, après Mézângèrë, aux Synodes nationaux de
sa mort, aPérard; de Paris, réfugié à 4 607 et dé 4 637, ainsi que
par une
Stéttin et chapelain du roi de Prusse. Formule d'abjuration, signée, le 7'
Mauclérc a laissé la réputation d'un août 1671, par Guy Mauclérc, sieur deL
jbbn prédicateur
.
et d'un pieux chrétien. La Muzancbère [Mézangère], pièce qui
La mort, tjui l'enleva à la fleur de l'âge; fait, partie du T. IX de la Coilect. Con-
né lui ayant pas laissé le temps de rart. NouS savons déjàrque là 'branche
mettre en oeuvre lés. nombreux et pré- de Marconnay se convertit également
cieux matériaux qu'il avait, recueillis un peu plus lârd|(l%. VI, p. 46): Il est
pbur une Histoire de la maison de Bran- donc probable que c'est des Mauclérc
debourg, il n'a publié aucun ouvrage de la.Champagne que descend M. de
d'uneétendùe considérable. Nous ne Mauclérc,. président du conseil des
connaissons de iui, sans parler dès ar- ministres dans le Wurtemberg, dont le
ticles qu'il a insérés dans les deux pu- fils, JULES, a été premier secrétaire de
blications périodiques citées plus haut, l'ambassade wurtembergéoîse -à Paris.
ipi'ûuef're'/ir.ee à l'ouvrage deBaratier MAtïDtliï (ISAAC), ministreàBer-
intitulé Mérkwurdigè Nachricht, etc., mondsey-, descendait, selon M. B.itrn,
préfacetrad. eu aîlem., Sleltin, 1.735. d'une famille française/réfugiée à Exe^-
Paul-Emile de Mauclérc avait épou- ter. Celle famille, qui tirait vraisembla-
.
sé, eM 721, Marie deBeausobre, qui blement son origine de la Normandie,
mourut en 4722, ne lui ayant donné paraît avoir cherché un asile en An-
qu'une fille; -LOUISE-SOPHIE, laquelle gleterre longtemps avant la révocation
fut mariéeà Christophe Scharden, com- de l'édit de Nantes. Dès le milieu "du
missaire des postes en. Poméranie. En XVIIC siècle, nous, voyons figurer dans
secondes noces, il prit pour femme les troupes du pârlementun aumônier,
Anne-Julie de Teissonnière, fille de nommé Jean Mauduit, natif d'Exëler,
feu David, de Teissonnière, sieur de au rapport de Jôcher, et connu par deux
LàMeynërie, et il en eut un fils qui ne écrits qui ont été livrés à l'impression :
vécut 'que quelques mois. Resté veuf un sermon; intitulé The Christian'$ol-
de nouveau, il se remaria, en 4 728, dier's gréât engine, 1649, in-4"; et
aVec Margnerite^Cécile de Rapin- une lettre au général M'ohk : Letter io
Thoyras, fille du célèbre historien dé général -Jb*0»£, 4 659, in-4°. Ce Jean
ce nom, qu'il daissa veuve avec deux
Mauduit mourut peu de temps.après là
fils et sept filles. 'restauration. Il èst.asSez probable qù'I-
Il faut rattacherà celte famille cham- saac était son.fils ou sonpelit-fils.Quoi
penoise Susanne de Mauclérc, femme
.. qu'il en soit, ce dernier a publié aussi
Bu ministre de Nètlâhcôurt, Honoré de quelques ouvrages, dontvoiciles titres :
Vampd'orner, et mère de Jérémie, mar- I. Tri-Unity, or the doctrine of
chand drapier à Paris, qui épousa, en the holy Trinity assertéd in a dis-
Î.S48, 'Marie Pasquel, fille de Jean course Upon IICor.XIU^\ 4-, Lond.,
Wsbîiet', ministre d'Espèu'ce- .et de 4 694, in-12.
$fônéMàuclerc; plais, eb 4647, Anne II. A sermon before.
the socieiies
'rIÀmonom fille à'Àbràhïim L'emb- for reformation of' mann'ers, Lond.,
,. du duc de Longueville,
médecin 4700, in-4 2.
nom,
MAU 336 MÀU
— —
III, Sermons on Christ's satisfac- XI. Three letters to lord mscount
tion, onEphes. V, 2,. -1704, in-8°. Home, 1781.
IV. Little sins, on Matth. V, 19, Ou trouve d'Israël Mauduit dans les
.474 0, in-8°. •''-'._
M. Burn nous apprend qû'Isaac Mau-
Philos. Trans. (1755) une disserta-
tion : On an american wasp'snest,
duit fut le père de Jasper Mauduit, shewn to the royal Society, laquelle
esq. de Hackney el l'aïeul d'Isaac, né- a été trad. en allem. et insër. dans le
gociant à Exeter; mais il garde un si- Hamb. Magaz. (T. XXIV).
lence complet sur Israël Mauduit, MAUGIiït (JACQUES), graveur en
membre de l'Académie américaine de médailles, né à Rouen, en 1658, de
'Londres, qui a joui, dans le siècle Jacques Manger, marchand, et de Ca-
passé , d'une, assez grande célébrité therine Caron. On ne sait rien sur sa
comme écrivain politique. Il doit ce- vie; mais ses ouvrages, au nombre de
pendant se rattacher, et peut-être par 24 pièces, que. l'on admire au Cabinet
les. liens les plus étroits, au pasteur des médailles, prouvent qu'il tenait un
de Bermondsey, puisqu'il naquit dans, rang très-distingué parmi les artistes
cette localité, en 4 708. Nous ne con- du siècle de Louis XIV. Il est probable
naissons d'ailleurs aucune particula- que, comme tant d'autres de ses con-
rité de sa vie. Il mourut le 14 juin frères, Mauger accepta, au moins en ap-
4787. Voici la liste de Ses publica- parence, la religion qu'il plut au prince
tions : de lui imposer (1); car nous voyons
I. Considérations sur la guerre que sa faveur se maintint bien après
présente d'Allemagne, Lond. [Paris], l'édit de révocation. On lui attribue, en
4760, in-12. outre, un certain nombre de médailles
II. Mémoires sur les finances et le commémoratives, signées des initiales
commerce d'Angleterre , trad. de S. Mi ouJ. M.; mais ce serait à tort, se-
l'angl. de Grenville, 4 769.—Peut-être lon Nagler, «car, dit-il, sur l'une de
le même ouvrage que celui-ci -^Situa- ces pièces on lit la date de. 1722, et
tion des finances de l'Angleterre en comme Mauger travaillait déjà en 1646
4768, Lond. et Paris, 1769, in-4". et peut-être plus tôt, il n'est pas vrai-
III. Short viem ofthe history of semblable qu'il ait vécu aussi long-
theNem-England Colonies, 1769. temps. >; La date que nous avons assi-
IV. The case of the dissenting gnée à la naissance de notre artiste,
ministers, addressed to the lords d'après les Registres de Çharenton,
spiritual and temporal, 177.2,4774, prouve le faux du raisonnement du bio-
in-8". ' «
' ' graphe allemand. Mauger avait épousé,
V. Remaris on the postscript to
.
.

le 20 juill. 1681, à l'âge de 23 ans,


the Case of the dissenting minis- Elisabeth Bigorne, -fille de Pierre
tèrs, Lond.,1772, in-8°. Bigorne (2), peintre et sculpteur. Un
yi.Lettersof governor Hutchison,
\Tli.
Vil. Short viem of the history of (1) Sa famille ne suivit pas son exemple.
the colony of Massachusett's Bay, En 1686, trois demoiselles Mauger étaient
Lond., 4 774, in-8°. enfermées aux N.-C. de Paris. Comme elles
se montrèrent opiniâtres, on en transféra
Vlll.Remarhs npon gênerai Honie's deux au château de Nantes, et la troisième à
account of his proceedings on Long la citadelle de Jlontrcuil, en 1687 (Arch. gén.
Island, 4778. E. 3373).
IX) Pierre Bigorne était fils de Simon Bi-
IX. Strictures on the Philadel-
phia MiscManza, 4778. gorne, menuisier a Amiens. Sa'femme, Elisa-
beth Roy, d'UVson, lui donna plusieurs autres
X. Observations upon the con- enfants : IÎSTHF.R, présentée au baptême le 1
duct of sir William Home at. the nov. 1660, par 'Pierre Longet, peintre sur ver-
White Plains, 4779. re, et Esther Tassin; PIERRE, baptise le B mai
1666. et JUDITH, le 22 avr. 1669.
MAU », 33?' «- MAU
fils, JACQUES-PIERRE,naquit de ce ma- bot, Pierre de La Jonquière, Piewe
riage, le 29 oct. 1683. Maltrait, Eiienne Georges, Tro-
MAUGET (GUILLAUME), appelé phimePicheronelJeanRouger. S'en-
aussi MANGET,JMstt^wei et Maget, fon- hardissant peu à peu, Mauget recom-
dateur de l'église de Nismes, en 1560. mença à prêcher publiquement. Les
Mesnard nous peint Mauget comme officiers de police voulurent s'opposer
un homme « vif, plein d'esprit, assez à celte violation des édits et ordon-
éloquent, mais surtout ardent et zélé nances ; ils arrêtèrent même les prin-
au dernier pointpoursa doctrine. » Dès cipaux d'entre les novateurs ; mais,
le 29 sept. 4 559, il s'était mis à prê- loin de se laisser intimider, lès Hugue-
cher à Nismes dans le jardin d'un par- nots, au nombre de-4 200, s'assemblè-
ticulier; mais bientôt, enivré de ses rent à l'Ecoie-Mage, y célébrèrent la
succès et s'exaltant à la vue du nom- Cène, et, de plus en plus confiants en
bre toujours .croissant d'auditeurs qui leurs forces, ils se saisirent de l'église
se pressaient à ses prédications, il s'y de Saint-Matthieu. Le juge criminel
trouva à l'étroit. A la tête des sectateurs força l'assemblée à se disperser; ce-
des opinions nouvelles, il s'empara pendant la fermentation ne fit que s'ac-
donc de l'église de Saint-Etienne de croître, le peuple prit les armes,: et les
Capduel. Cet acte de violencefournit magistrats (4), cédant à l'orage, du-
à Villars un motif légitime pour le rent se contenter, ainsi que l'évêque,
chasser de Nismes. Il se retira à Mont- d'avertir la Cour de l'état des choses.
pellier, où il érigea une église, le 8 fé- Dès qu'ils se trouvèrent en possession
vrier 4 560. François Maupeau, son paisible de l'exercice public de leur
parent, fut établi diacre avec Claude culte, les Prolestants rentrèrent d'eux-
Formy; Georges Crouzier, étudiant mêmes dans le devoir : la preuve s'en
en.médecine, et Bonnail, bourgeois trouvedans une lettre que les habitants
de la ville, furentnommés surveillants, de Nismes, convoqués en assemblée
à ce que rapporte Aigrefeuille. Rap- générale, adressèrent vers ce temps
pelé à Nismes après la mort de Fran- au vicomte de .Joyeuse. «Depuis quel-
çois II, Maugetlaissa l'église naissante ques jours, y lit-on, il se fait de jour
sous la direction du consistoire, en des assemblées es maisons privées,
attendant l'arrivée du ministre qu'il sans armes, avec un ministre qui prê-
avait demandéàGenève.Le consistoire che à grand troupe de gens de toute
genevois renvoya à Montpellier Jean qualité, tant de la ville que des étran-
Chassanion,que Mauget allainstaller. gers, faisant prières et chantant les
De retour à Nismes, le premier soin . psaumes de David, sans aulcune in-
de Mauget fut d'y organiser l'église. sulte, sédition et trouble. »
A cet effet, il tint, le 23 mars 4 564, Mauget, à qui deux collègues, Pierre
dans la maison du serrurier JeanMau- de Laserre el Jean Mutonis, furent
rin une assemblée, où l'on procéda successivement adjoints pour l'aider
à l'élection d'un consistoire (4) et où dans l'accomplissementde ses devoirs
fut décidée en même temps la fonda- pastoraux de plus en plus multipliés,
lion d'une école de théologie. Mau- fut chargé, le 4 0 nov. 4 561, d'aller
get en fut nommé le directeur. Les fonder une église àVilleneuve-d'Âvi-
premiers étudiants furent Pierre Cha- gnon, où la Réforme avait aussi trouvé
un certain nombre de partisans. Peu de
(11 En furent élus membres avec le litre
de diacres : Pierre de La Jonquière, Pierre temps après son retour à Nismes y
Fournier, Pierre Mallrait, Etienne Georges, arriva la nouvelle du massacre de
' et avec celui de surveillants : Pierre Chabot, Vassy. Le conseil de ville ordonna
Louis Bosquier,ArmandAlizol,3ean Bertrand,
Jacq. Nicolas, Pierre Malmazet, Domergue ft-1) Parmi-eux, H y en avait, comme le juge-
Onqle, Robert Aymés, Etienne Runchon, Anl. mage Montcamp, qui favorisaient secrètemer
Sigalon. la Réforme.
T. VII. 92
M AU 338 MÀU

Sui>le-cb.amp que les cloches des cou- Limousin, 'se prononça pOiir lé parti
Vents seraient apportées à i'bôtel-de- protestant après la Saint-Barthélémy.
En 1574-, il se rendit maître du châ-
ville pour être fondues et converties
eîi canons, et que les couvents, qui teau de Chalucèt, où il se fortifia;
"te renfermaient que peu ou point de mais il s'ylaissa surprendre par lé sei-
môinèS, seraient loués au profit du gneur de Pèmpadoùr, en 4 590.Màu-
rOL De son côté-, le consistoire, qui mont avait épousé, en 4 589, Poule de
tendait; déjà depuis quelque temps, à . Bavenel; iillô dé Florent, sièùrdeLà
empiéter Sur l'autorité civile, et que Rivière, et de Pëiroytnèlle de Lb'nbès,
l'on avait vu, dès le moisd'oct. précé- Il testa en 4 635. Ses enfants furent :
dent, ordonner des levées d'argent, 1°FLORENT, qui suit; -— 2" CHARLES;
fiommer des capitaines de quartiers, —= 3" JEANNE, femme d'Hercule
d'Ès-
%\ prescrire d'autres mesures rentrant chiwdour, sièùr deBétli;—- 4° ANNE,
%'sséniiellement dans les attributions qui se maria, vers 1630, avec Gabriel
tie la municipalité, accueillit avec em-de Jousselin, sieur de L'Or et de La
pressement la proposition qui lui fut Valade ; 5° SUSANNE,. qui testa en
—MARTHE,
-faite, le 28 mars 1562, par Chante- 4 671 ; —?6° qui testa en 4 659.
'•'rinard au nom de l'église de Paris, Florent de Maumont, baron de Vie,
de former fine ligue défensive « con- épousa, en 1619, Louise Plaisant,
•Vrëlès adversaires. » Gefulprobable- fille de François, sieur du Bouchât,
-hlënt à son instigation que l'ordre futet d'Anne de Salagnac, daine dô Là
'donné,,1e 31 juillet, à tous les prê- Verghe, dont il eut :.1° MÈLCHIOR, qui
tres qui refuseraient de se convertir, suit; — 2° JEAN; -— 3° CHARLES, sou-
-de-Sortir de la ville. Cependant Nismes che d'une branché qui ne tarda pas à
lié joua qu'un rôle secondaire dans la redevenir catholique;—-i6 ISAAC; —
première guerre civile, et il ne paraît 5° Louis ; --
6° CHARLES ; — 7° FRAN- ,

ïpas'que Mauget y ait pris aucune part. ÇOISE -mariée,eh 1,677,à Jëàh de Béau-
Il continua à remplir paisiblement les soleil; —8°PAULÈ, femme de Philippe
fonctions de son ministère, auxquelles Evrard, sieur dû BoUebat; —- 9° ANNE-
ïl-joignilj non sans quelque opposi- JULIE ; —-10° ANNE;—1 f'LÉôNARôÉ;
Xpn, en 4563, celle de principal du — 4 2°MiltTHE.:.
Collège .dés arts, cemme successeur Mèlchior dé Maumont, lieutenant-
'de Guillaume Tu/fan. Il s'opposa de colonel du régiment d'Aubusspn, é-
lëut son pouvoir, ainsi que ses collè- pousa, en 1643, Marié de Jouhaùt,
gues du consistoire, à l'odieux mas- fille de Louis, sieur de Là Vèssière,
sacre de La Michelàde , l'historien de et dé Catherine d'Alouveau. Resté
Nismes, Germain, a là bonne foi de le veuf, il se rémaria avec Antoinette de
reconnaître. Néanmoins il put craindre Neuville. Du premier lit vinrent JO-
la vengeance des Catholiques, lors- SEPH, ISAAC, LOUIS, et trois filles; du
qu'ils redevinrent les maîtres dans la second, FRANÇOIS. Tous abjurèrent, si
ville, et il jugea prudent de s'éloigner même ils ne furent point élevés dans
avec son collègue Pineton-de-Cham- le catholicisme.
ifun: 11 ne retourna dans son église, D'autres branches de cette famille
qu'à la conclusion de là paix, en 1570. paraissent avoir aussi professé, au
-Deux ans plus tard, il assista encore moins quelque temps, le protestantis-
'au Synode national de Nismes ; mais me. Ainsi Jean de Maumont, sieur de;'
bien qu'il ait vécu au moins jusqu'en La Forest, de là branche de Pont-
<i'576, nous n'avons plus rencontré feuille, combattit dans les rangs bu-
%oh nom depuis ce synode. guènots à Cou.tras et en d'aulres;ren- -
-MAUMONT ( JACQUES ne ), sei- contres.
-
ghèurdeVic(ou Saint-Vit, selon d'au- MAUPEOU (GILLES DÉ)', sieur
.

tres), d'une famille très-ancienne du d'Ablèges et de Villeneuve,' conseiller


MAU
— 339 -• MAU
d'état, intendant et contrôleur-général in-4»; Slrasb., 4610, in-8'; Francof.,
des finances, eu 4 64 4, eut de son ma- 4 646, in-8"; insér., en outre, dans le
riage avec la fille de Nicolas Morelly, Tràctalus universi juris,Venet., 1584,
secrétaire du roi, sept enfants, savoir, in-fol., et dans le Thésaurus juris ro- '
un fils, GILLES, et six filles, ANNE, mani, d'Otto, Basil., 4744-44, 5vol.
'LOUISE, MAIJELAINE, MARIE, N. et MA- in-fol.; composition extrêmement re-
•DÈLAINE(MSS. de l'Arsenal, iEsf.758); marquable pour l'époque où elle parut. "
mais aucuu ne persista, à ce qu'il « Dans la Peroratio, dit M. Giraud,-
semble, dans la profession de la reli- Maure promet d'autres publications
gion réformée. Nous n'aurions donc philosophiques et juridiques; entre au-
pas parlé de cette famille, si nous n'a- tres, un traité De fiduciâqul dévaitpa-
vions trouvé bon de rappeler que c'est raître soUs peu de mois, qui a paru en
du frère de Gilles, nommé Pierre, que effet si nous en croyons^ O tto, mais dont
'descendait le fameux chancelier Mau- nous n'avons pu nous'procurer aucun
peou. .exemplaire. Maure parait aussi s'être
MAURE (MARC-BERTRAND), en la- occiipéd'un travail sur les fiêfs pu sur
tin Marcus-Vertranius Maurus, sa- les lois lombardes.»
vant jurisconsulte du xvie siècle, né à Au retour d'Un voyage qu'il fit en
Àix, vers 4 526, et mort, dit-on, en Italie, en 1559, dans le but de visiter
4 563 victime de la réaction catholi- les bibliothèques de Florence et de
, Rome, Maure se fixa à Aix. C'est là
que.
Après d'excellentes études prélimi- qu'il prépara une édition de Varron
naires, "Maure s'appliqua à la jurispru- De linguâ latinâ avec des notes très
dence et obtint de brillants succès. En étendues,qu'il dédia à André de Pena,
-
4545, il alla suivre les leçons deFer- conseiller au parlement d'Aix et calvi-
,-retti et de Papius à l'université d'Avi- niste zélé. Elle fut imp. par Gryphe à
gnon, où il soutint, en 4 550, pour le Lyon, en 1563. On croit que l'année
doctorat une thèse qui fit du bruil par même où parut son.Varron, Maure
la nouveauté des doctrines qui y étaient périt victime du fanatisme religieux
exposées. Cette thèse lui attira des cri- qui ensanglanta la Provence- Bouche
tiques, de la part, entre autres, d'An- affirmé qu'il avait une mémoire si pro-
toine Vacca, à qui il adressa une ré- digieuse qu'il savait par coeur la plus
ponse imprimée, dont nous n'avons grande partie des lois romaines.
trouvé ancUne mention dans les biblio- EIA.UIUCE (ANTOINE), capitaine de
graphes. Ses études terminées, Maure cavalerie, ayant embrassé la religion
continua, à habiter Avignon. Pour se protestante, se retira à Genève, où il
délasser de ses travaux juridiques, il se mit, dit-on, à l'élude de la théolo-
entreprit des annotations sur Tacite, gie. On ajoute qu'ayant été admis au
Nota ad Tacitum, qui furent imp., ou ministère, il fut donné, en 1542, pour
peut-êlreréimp.,àParis, 4 608, in-fol. pasteur aux Réformés de Cessy dans le
taris son Commentaire sur Stace, pays de Gex. De son mariage avec
Barth rend hommage au bon espritqui Laure Saniol naquirent PAUL et ELI-
règne dans ces notes, àl'admirable é- SABETH, mariée à Claude Dufour.
rudition de l'auteur, et témoigne le Né à Genève, en 1577, Paul Maurice
regret qu'il n'ait pas poursuivi la car- se voua à la carrière ecclésiastique.
rière de la philologie. En 1554 ou 55, Après avoir terminé ses. éludes, il fut
Maure fit paraître un traité qui le place appelé à desservir successivement les
'.au""premier rang de l'école historique églises de Nages, d'Eyguyères et d'O-
du xvi° siècle, au jugement de M. Ch. range. Il remplissait les fonctions pas-
'Giraud, professeur à la Faculté de droit torales dans celle dernière ville à l'é-
à Àix. Nous voulons parler de son li- poque des querelles de Bldcons avec
(Voy. Y,
vre 'Dejurëliberornm, Lugd., 4 558, Philippe-Guillaume d'Orang»,
MAU
MAU — 346 —
p. 39) , et fut chargé par le consis-
4
bourg, qui le rendit père de CHARLES.
toire d'aller trouver le prince Maurice Charles Maurice suivit aussi là car-
pour le prier d'intervenir dans ce diffé- rière ecclésiastique. Il fut immatriculé
rend. Il se mit en roule, au mois de à l'académie de Genève en 4 664. Reçu
sept. 4 603, traversa la Suisse, remit à ministre en 4 669, et donné pour pas-
l'électeur palatin une lettre qui lui était teur à l'église d'Eyguyères, il la des-
adressée dans le mêmebutpar le consis- servit jusqu'à la révocaticn. Forcé de
toire, passa par Sedan où il vil le duc de quitter la France, il retourna à^Genève
Bouillon, et arriva à La Haye, où le avec sa femme et ses deux filles, mais
prince Maurice l'accueillit avec bonté. on lui défendit d'emmener sen fils.
Porteur d'une lettredu prince pour spn Les talents précoces de cet enfant et
frère, il reprit le chemin de la France, son goût pour l'étude avaient, en effet,
mais il fut arrêté par ordre du soup- frappéquelques prêtres,qui espéraient,
çonneux HenriIV et soumis à un inter- en le gardant, faire une acquisition
rogatoire,dans lequel nous avons puisé précieuse pour leur Eglise. Le jeune
ces détails sur son voyage (Collect. Maurice réussit à tromper l'active sur-
Dupuy, N" 140). Peut-être est-ce à la' veillance dont on l'entourait, grâce à
suite de celte aventure qu'il dut quit- la prctection de deux officiers,,amis de
ter son église d'Orange. Nous ne le re- son père, qui l'emmenèrent avec un
trouvons qu'en 1617. Le Synode na- détachement de recrues. dirigé sur
tional de Vilré.auquel fut député Pierre l'Alsace. Malheureusement il fut re-
Maurice pasteur à Lourmarin, avec connu et dénoncé pendant une halte
, à Vienne. Sur le point d'être' arrêté,
qui il ne faut pas le confondre, accorda
à son fils la première place d'écolier il parvint à s'enfuir. Seul, à pied,
entretenupar la province du Dauphiné, au coeur de l'hiver, il atteignit la Bresse
qui viendrait à vaquer. Nous ne savons avec des fatigues inouïes. Après avoir
lequel de nos deux pasteurs représenta erré quelque temps dans lès monta-
la Provence à l'Assembléepolitique de , gnes du Jura, il parvint enfin à gagner
Loudun; mais c'est celui d'Eyguyères Bâle, d'où il fut conduit à Genève dans
qui fut député aux deux Synodes na- un état fait pour exciter la pitié.
tionaux de Castres et d'Alençon; il ne En 1699, Charles Maurice demanda
peut y avoir aucun doute à cet égard. et obtint pour lui et sou fils de rentrer
Paul Maurice, qui avait déjà atteint un dans les droits de citoyens de Genève,
âge avancé lorsqu'il fut envoyé à ce qui, selon Leu, avaient élé accordés
dernier synode, ne prolongea vraisem- déjà en 4 543 à son aïeul Antoine. Il
blablement pas ses jours beaucoup au- mourut en 4 729, laissant trois enfants
delà de 1637. Le seul ouvrage que de son mariage avec Barthélemie Na-
nous connaissions de lui est une Res- ville-Janvier. L'aînée de ses filles '
ponse aux argnmens de M. Doresse, fut mariée à Jean-François Chais, la
chanoine théologal d'Arles, préten- cadette à M. Bernard. Son fils, nommé
dant monstre/ que l'Église romaine ANTOINE, futun des pasteurs de Genève
est la vraye Église,Gan.,4 610,in-8". les plus distingués par leur piété et
Maurice le comppsa à la prière de leurs talents.
Jeanne Dalin, dame de Saint-Andéol, Né à Eyguyères, le 27 sept. 1677,
que Doresse avait entrepris de con- Antoine Maurice fut reçu minisire à
vertir. Genève, au mois de juin 1697, et nom-
Paul Maurice avait épousé,'en 4599, mé pasteur de la ville, au mois de mars
Elisabe'-h Manlich, qui lui donna 4704. Son mérite le fit choisir, en
deux fils, CHRISTOPHE et ALEXANDRE. 474 0, pour professeur de belles-lettres
On ne sait rien de la destinée de ce et d'histoire, chaire qu'il quitta, en
dernier. Son frère s'établit à Genève, 4719, pour celle des langues orien-
où il épousa Anne Capitel, d'Augs- tales à laquelle il fut nommé « sans
,
MÂU 34-1 MAU
— —
examen ni dispute, en considération de V. De conscientiâ dissert. III,
ses talents et de son mérite parfaite- Gen., 4 725-34, in-4°.
ment connus et distingués», lit-on VI. De encharistiâ, Gen., 4 728,8°.
dans les Reg. du Conseil d'état de VII. De Christo vero etunico apud
Genève. En 1724, il fut chargé de Deum mediatore, Gen., 1732,in-fol.
l'enseignement de la théologie, et jus- Wll.DeresurrectioneJ.-Ch.,Gen.,
qu'à sa mort, arrivée le 20 août 1756, 4 734, in-4°; 1763, in-fol.
il ne cessa de remplir ses fonctions IX. De supremo judice conirover-
avec un zèle et une assiduité dignes siarum, Gen., 4 734, in-fel.
des plus grands éloges. Doyen des pas- X. De sacerdotio J.-Ch., Gen.,
teurs et des professeurs depuis 4742 4 735, in-fol.
il avait élé appelé deux fois au recto-, Jl.Dejnrejnrando,Gen.,1131,8°.
rat, en 4724 elen 4 734. Depuis 4 713, XII. De sanctorum cultu et invo-
la Société royale des sciences de Ber- catione, 4739, in-fol.
lin l'avait admis dans son sein sur la XIII. De pontifice romano, 1740,
proposition de Leibnitz. Il était aussi in-fol.
membre de la Société anglaise pour XIV. Jus examinis, 4740, in-fol.
la propagation de la foi. Vernet, dans IN-DeS.Scripturoeperspicnitate,
une harangue inaugurale, nous peint Gen., 4 744, in-fol.
Maurice comme un homme d'esprit, XVI. DeS. Scripturoeperfectione,
doué d'une heureuse mémoire, d'une Gen., 1744, in-fol.
belle physionomie, plein de douceur et XVII. De numinis cultu publico,
d'affabilité, de piété et de charité. 4743, in-fol.
On possède d'Antoine Maurice un XVIII. Detolerantiâ, 4 744, in-fol.
recueil de sermons et un assez grand JXL.Devocationepastorum,\riki,
Dombre de dissertations sur des ques- in-fol.
tions surtout de théologie dogmatique XX. De fontibus incredulitatis,
et de morale. Voici la liste, peut-être 1745, in-fol.
encore incomplèle, de ses ouvrages XXI. De hominis in proesenti vilâ
imprimés. exploralione, Gen., 4754, in-4°.
I. Oratio inauguralis in quâpro- XXII. Depurgatorio, Gen., 1755,
batur linguoe hebraicoe cognitioni in-8°.
imprimis acceptam referri debere XXIII. Desuicidio, Gen., 4756, 8".
beatam xvr soecûlo institutam Re- Maurice a travaillé aussi à la trad.
formationem, Gen., 4 719, in-4". delà Bible genevoise quiparuten 1805,
H. Oratio inauguralis secundi Ju- ainsi qu'à l'édition genevoise des An-
biloei,imu.,ainsi que B-Picteti oratio nales d'Usserius (1722, in-fol.), et à
funebris, à la suite des Ben. Picteli d'autres ouvrages.SelonLeu,il a laissé
Orationes VII, Gen., 1720 (?). in-4\ en msc.des dissertations philologiques
— L'Oratio funebris B. Picteli a été et critiques, qu'il avait composéespen-
imp. séparément, Gen., 4725, in-4°; dant qu'il était professeur de belles-
Rolt., 4728(4). lettres et d'histoire.Il avait épousé, le
III. Petavii Rationarium tempo- 19 mars 1703, Marie Philibert, fille
vum, cum notis, Gen., 4724, 3 vol. de Claude Philibert, de Lyon, et en
in-8°. avait eu un fils, nommé comme lui AN-
lV.SermonsÇnfysnr divers textes TOINE qui lui succéda dans la chaire
de l'E. S., Gen., 4 722, in-8". ,
de théologie.
(1) Len cite Sermon sur le jubile de la Re-
Né à Genève, le 17 avril 4716,An-
formalion de la république de Genève, Gen., toine Mauricemontra,dèsson enfance,
1135, in-4" : Amst., 1737, in-12. Est-ce une
trad. de l'Oratio inauguralis ? Ou bien Mau-
un goût prononcé pour les ^sciences
rice a-l-il traité deux lois le même sujet,
physiques. Dès l'âge de seize ans. il
comme professeur et comme pasleur ? - soutint, sous la présidencede Cramer
MAU — nz —
MAU

et de Calendrini, des thèses astronp- XVI. De fide veterum. Judçeornm.


mico-physiques De actione solis et circa fnlurnmpost hanc vitamsta-*
lunoe in aëremetaquas, Gen.,4732, tum, Gen., 4 780, in-8°.
in-4°, avec tant de talent qu'il excita XVII. De trajeclione maris Rubri,
, ,

un étonnement général (1).Cependant, Gen. 478.0, in-S°.


pour complaireà sonpère, il se consa- XVIII. De Christi pliilantliropiâ,
cra au saint ministère.Après avoir ache- Gen., 1783, in-8°.
vé ses études en théologie, en 1737, XIX De Lazari resurreçtione,
,

.
il alla visiter Amsterdam Londres et Gen., 4786, in-4°.
, XX. De.tolerantiâapud Ethnicos,
Paris, puis, au bout de deux.ans d'ab-
sence environ, il retourna à Genève, diss. II, Gen., 4 790, in-4°.
où il fut nommé pasleur en 4748. A Ajoutez à ces ouvrages uneHistoù;e
la mort de son père, „il fut choisi pour ecclésiastique qui. n'a pas été impri-.
le remplacercommeprofesseur de théo- mée.
logie. Il mourut en 4 795. Outre les Du mariage d'Antoine Maurice aven,
thèses mentionnées plus haut, il a fait SopMe-Dorothée Bonnet-Du Pan na-,
imprimer : quit, Je 23 avril 4 7501,FRÉDÉRIC-GUIL-
l.Diss.exhibens defensionem bea- LAUME,maire de;Genève,.chevalierde-
toeReformations, Gen.,4735,.in-4°; la Légion d'honneur etbarpn de l'Em-,
trad. en franc., 4753,8°.-^Thôse sou- pire.
tenue sous la présidence de son père; Frédéric-GuillaumeMaurice, qui se
II. De theologosapientioe coelestis destinait à. la magistrature, étudia le
cultore, Gen., 1757, in-4?, droit. Il, devint successivement juge,
III. Deingenio philosophico.reli- membre du Grand-Conseil et adminis-
trateur de l'hôpital. En 1787, if fut
:
gionis socio, Gen., 1758, in-40..
IV. De revelationum progressu, chargé de la direction des travaux pu-
harmoniâ
.
et perfectio7ie,Gen.,Mb8, blics, et, en. 1792, il obtint un com-
in-4°. mandement dans la milice. Lorsque.
V. DeincamationeFiliiDei,Gen., Genève perdit son indépendance par
in-4°. suite de l'invasion française, Maurice
VI. De Dei sapientiâ, Gen., 4762, se retira des affaires et chercha.à ou-
in-4°. blier les. malheurs de sa.patrie en se.
VII. De Mahummede, Gen., 1762, livrant tout entier à des travaux agri-
in-fol. coles. Cependant, après le couronne-
VIII. De judaïcoegentis excidio, ment de Napoléon,il se laissa gagner^
Gen., 1763, in-fol. comme tant d'autres patriotes rigides,
IX. De Paulo ad fidem Christi ad- et accepta les fonctions de maire, qu'il
dncto, Gen., 1763, in-8°. remplitjusqu'en 1814. Elu membre du.
X. Contra polygamiam Gen., "Conseil représentatif, après que Genève,
1764, in^4°. ,
eut recouvré .sa liberté, il consenlità
XL De diluvio, Gen,, 1768,in-4". y siéger ; mais il refusad'entrer dans
XII. Depolytheismo in, S. Scrip- le Conseil d'état. Il vivait dans la re-
tnrâ profligato, Gen., 1770, in-fol. traite depuis quelques années, lors-
XIII. De musicâ in sacris, Gen., qu'il mourut, le 10 oct. 482.6,laissant,
4 771, in-4". de sa première femme, Marguerite
XDf.Solutiophilosopihicanonnul- Boissier, un fils nommé JEAN-FRÉDÉ-
larum religionis revelatoe difficul- RIC-THÉODORE, qui fut maître des re-
tatum, Gen., 1777, in-8°. quêtes en France, puis professeur à
XV. De sacro ministerio, Gen., Genève, etmembre de l'Académie des
.
4779, in-8". sciences, où il eut pour successeur, en
(1) Selon Sénebier,.H soutint la même an- 1852, François Delessert. Delà se-
née Thèses philosophie»! variic, 1732, in-4».. conde, Rose Vanière, lui naquit, un;
MAU
— 343 — MAU
autre fils appelé PIERRE-A.-GEORGES- nen-seulement pour les prêtres,.mais
PÏRAME. pour les officiers de là galère et même
Frédéric-Guillaume Maurice était pour ses compagnons de chaîne qui
agrégé à plusieurs sociétés savanles. se plurent, à l'accabler à l'envi des
Il fut un des collaborateurs de laBiblio- plus mauvais traitements. Il ne trouva
tbèque britannique et de la Bibliothè- un peu de commisération que chez les
que universelle des sciences, belles- esclaves musulmans qui ramaient Sur
lettres etarts. Il a.publié : les mêmes bancs que lui. Le capitaine
I.Nouvellesobservations botanico- de la galère, vile créafure du clergé,
mètéorologiques, Gen,, 4789, in-4°. commença par lui défendre de parler
IL Sur une manière économique à qui que ce fût, n'exceptant que les
de nourrir les ,chevaux. prêtres; puis,auboutdequelquetempSi
III. Traité des engrais, Gen., an l'éloquence des convertisseurs n'ayant
X, in-8"; 2° édit., Gen., 1806, h>8' ; obtenu aucun succès, il ordonna de le
3" édit., Gen. et Paris, .1825,. in-8°. soumettre aux plus rudes travaux. La
Nos recherches nous ont fait con- patience du confesseur ne se démentit
naître d'autres Maurice, étrangers à - pas un instant; sa douceur lui gagna
celle famille; mais aucun d'eux ne nié- la sympathie de ceux mêmes qui étaient
rite que son nom soit tiré de l'oubli, .
plus spécialement chargés de le tor-
à l'exception d'un graveur habile qui turer. Le capitaine et les prêtres ne
quitta Paris à la révocation de l'édit savaient plus à quel moyen recourir,
de Nantes (Supplém. franc. 791. 2), lorsqu'un sous-officier leur offrit de se
Il était fils de /. Maurice, graveur sur charger de cette conversion difficile,
pierres fines, qui était venu s'établir à à condition qu'on lui donnerait carie
Rouen sons le, règne de Louis XIV.Lui- blanche. La proposition fut acceptée.
même s'était fixé à Paris, oùil jouis- Dès lors les mauvais trailemens redou-
sait d'une réputation méritée.- Après blèrent; les coups, les jeûnes prolon-
sa sortie du royaume, Use relira à La gés, les travaux excessifs,-foutfut mis
Haye, où il mourut, en 4732, à l'âge en. usage ; mais la méchanceté de ce
de 80 ans. bourreau n'eut pas plus de succès
MAUISU (PIERRE),confesseur, né à que les artifices des prêtres. L'âme du.
Loisy-en-Brie, vers 1656,d'une famille .confesseur resta impassible, sa foi ré-
honorable. A la révocation de l'édit de sista à' ces barbares tortures. « Si mon
Nantes, sacrifiant sans regrets une corps souffre chaque jour, écrivait-il %
fortune considérable à ses convictions LeFèvre, mon coeur se réjouit en mon
religieuses, Mauru tenta de sortir de Sauveur jour et nuit. Cependant sa
J>
France: mais il fut arrêté à Pont-sur- constitution s'affaiblit,- son corps se
Seine, jeté dans les prisons deVesoul, couvrit d'ulcères, et au retour d'une
transféré à Besançon et condamné, le- campagne sur mer, il tomba si grave-
15 mai 4 686, aux galères perpétuelles. ment malade que ses bourreaux se dé-
Comme son- compagnon d'infortune cidèrent à l'envoyer à l'hôpital, où
Isaac Le Fèvre, il attendit dans les Mauru retrouva PhilippeBoucher, qui
prisons de Dijon le passage de la y termina,bientôt après, sa douloureuse
chaîne, à laquelle il fut accouplé avec existence. Pour lui, il eut le malheur
Philippe Boucher ou Le Boucher, un de guérir et fut renvoyé sur sa galère.
de nos plus saints confesseurs. Sur En 1695, il fut attaqué d'une con-
la galère comme pendant la route, somption qui le conduisit enfin au re-
Mauru se fit remarquer entre tous par pos de la tombe, le 12 avril. Ses com-
sa piété, son humilité, sa charité, sa pagnons de misère, qui professaient
patience, son courage, son inébranla- une grande vénération pour ce saint
ble fermeté dans la profession de sa martyr, lui avaient préparé une bière
foi; aussi devint-il un objet de haine dans laquelle ils l'avaient déjà déposé,
MAU 344 — MAU

lorsque l'aumônjer de l'hôpital surve- me 1°', roi de Prusse, Amst., 1741,


nant, fit enlever le cadavre et le fit je- jn-4°ou 2 VPI. iu-4 2.
ter à la voirie. ' IV. Voyage de Nicolas Klimmius
MAUllY (JEAN-LOUIS), camisard dans le monde souterrain, ouvr. tiré
de la bande de Louis Mercier. Étant de la biblioth. de B. Abeïin et trad.
tombé, en 1704, entre les mains de du latin, Cepenh. [Dresde], 4741,
Julien, il fut immédiatementpendu à in-8°, figg. ' -
Francliessin, près de Prades, le 8 fév., V. Histoire de Pierre I", surnom-
,

par ordre du général catholique. Après mé le Grand,'kmsl., etL.elpz., 4742,


l'exécution de son chef, la famille in-4° ou 3 vol. in-12.
Maury alla s'établir à Valréas, où elie VI.. L'Anti-Paméla ou^ la Fausse
fut traitée avec moins d'inhumanité que innocence, trad. de l'angl., Amst.,
.sur les terrés deFrance. Elle se divisa 4743, in-4 2. -.. -

en deux branches, qui finirent toutes VII. Histoire de la dernière guerre


deux par abjurer. C'est de l'une d'elle de Bohème, Amst., 4745, 3 vol. in-8";
que descendait le célèbre abbé Maury, Rouen, 4 750, 4 tomes en ,2 vol. in-12 ;
archevêque de Paris et cardinal. Amst., 4756, 3 vol. in-12.
Nous ne savons si quelque lien de VIII. L'espion de Thamas-Kouli-
parenté unissait Jean-Louis Maury à Kan, par l'abbé Rochebfune, Colog.,
Marc-Antoine Maury, seigneur d'Ai- 4746.—Ainsi mentionné par Meusel.
roux, qui abjura en 4 685 et reçut du IX. Remarques sur les germanis--
roi une pension de 200 livres, mais mes, Amst., 1747, in-8°; nouv. édit,
qui, venu à résipiscence dans les- der- augm. d'un Traité de la versification
niers moments de sa vie, meurut relaps etdelapoésiefrançoise,Amst.,1753,
698 (Arch. gén. M. 670). 2 vol. ih-8°; Dresd'e, 1786, in-8".
en 4
MAÙVJLLLOIV (ELÉAZAR), histe- X. Droit public germanique,'oii
rien et grammairien, hé à Tarasccn, l'on voit l'état présent de l'Empire,
le 4 5 juill. 474 2. Mauvillon sortit de Amst., 1749, 2 voL in-8".
France, on ne nous dit pas si ce fut XI. Traité général dustile, Amst.,
pour cause de religion, et alla s'établir 1750, in-80.— On en a détacbé, pour
à Dresde. Quelque temps après, le roi le réimp. séparément, en 1751 , un
dePelogne le nomma secrétaire de son Traité du stile épistolaire.
cabinet; mais,vers 1743, il quitta cette XII. Voyage de l'Amérique "méri-
.place et se retira à Leipzig, où il se dionale, trad. de l'espagnol de don
mit à donner des leçons de français. Ant. Ulloa et de don George JUan,
Appelé, en 4 758 comme professeur Amst. et Leipz., 1751-52, 2 v. in-4°.
,
de langue française au Carolinum de XIII. Discourspolitiques de M. Hu-
-Brunswick, il mourut dahs celte ville, me, trad, de l'anglais, 1753, in-8".
au mois de mai 4 779. Voici la liste de — On trouve dans ce même volume
ses publications, d'après Meusel. une trad. du testament politique deBo-
I. Lettres françoises et germani- lingbreke, sous le titre de Réflexions
ques ou Réflexions militaires, litté- , sur l'état présent de V Angleterre.
.
raires et critiques sur les François XIV. Lé soldat parvenu ou Mé-
et les Allemands, Londres, 1740, moires et aventures de M- de Verval,
in-12. dit Bellerose, Dresde, 1753, 2 vol.
II. Histoire dû prince François- in-12 avec figg.
.
Cet ouvrage, cité

Eugène de Savoie, Amst., 4 740,* 5 v^ par Meusel, forme probablement le
,

in-8° ; 4750, 5 vol. in-4 2; Vienne, 2" vol. des Mémoires et aventures d'un
4 755, selon M. Quérard; Vienne [Avi- honnête homme* dont le 1" est de
gnon]'-, 4770, selon Meusel, 5 vol. l'abbé Prévost.
-in-4 2. XV. Cours complet delangue fran-
III. Histoire de Frédéric-Guillau- çaise, Dresde, 4754, 2 vol, in-8°. '
MAU 345 — MAU
. —
XVI. Essai sur la fausse et la vé- cunement ses goûts qui le portaient
ritable gloire, in-4". vers l'état militaire. Mais sa volonté
XVII. Histoire de Gustave-Adol- cette fois se heurta contre une velonté
phe, Amst., 1764, in-4°, avec figg., aussi ferme que la sienne, et les mau-
ou 4 vol. in-12; trad. en suédois et vais traitements dont il usa n'eurent
refondu en partie par Gjer-welljStockh., d'autre effet que de porter le jeune
4765, in-4"; enallem. avecaddit. et Jacob à fuir le toit paternel, en 1760,
correct., Breslau, 4 775-77, 2 v. in-8°. pour s'enrôler dans le régiment bauo-
XVIII. Dictionnaire des passa- vrien de Wallmoden où l'on vnulut
,
gers, franç.-allem.et allem.-franc., bien l'admettre, malgré sa frêle cen-
Leipz., 4766, in-8°. — En collabora- slilution, en qualité d'ingénieur. Il s'y
tion avec Frisch. éleva au grade d'enseigne, en 1765.
XIX. Histoire de la vie, du règne A la conclusion delà paix, le repentir
etdu détrônementd'YvahlII,Lond., de sa désobéissance sans doute décida
4766, in-12. Mauvillon à se soumettre aux désirs de
XX. Paradoxes moraux et litté- son père. 11 partit donc pour l'univer-
raires, Amst., 1769, in-8". sité de Leipzig et s'attacha,, par son
Mauvillon était un homme d'un ca- application à l'étude, à rattraper le
ractère dur et opiniâtre, dont le des- •
temps perdu ; mais une filouterie com-
potisme brutal s'exerçaitjusque sur sa mise sous ses yeux par un homme de
femme et sur son fils, Ce dernier, loi le révolta au point que, prenant en
nommé JACOB, était venu au monde à dégoût une profession que des gens
Leipzig, le 8 mars 4743. Révolté des de cette sorte déshonoraient, il aban-
mauvais traitements que sa mère avait donna la jurisprudence pour ne plus
, s'occuper
à subir, il conçut, dès son eufance, que de littérature et de phi-
une si profonde horreur pour les abus losophie. Safranchisen'ayant pas tardé
de la force qu'il ne pouvait voir oppri- à lui attirer des désagréments, il ré-
mer un être faible sans prendre aussitôt solut de s'éloigner dé Leipzig et ac-
sa défense. II fit ses premières études à cepta une place secondaire dans l'école
l'école de Saint-Thomas. Lorsque son d'Ilefeld, en 1766. Au bout de cinq
père quitta Leipzig, il le suivit à Bruns- ans, son ancien colonel Wallmeden le
"wick, et.il entra, en 1758, au Caroli- fit entrer, comme professeur des scien-
num où professaient alors Jérusalem, ces militaires, au collège Carolin de
Ebert, Gartner. Son père le destinait Cassel, et nommer en même temps in-
à l'église; mais le jeune Mauvillon génieur des ponls-et-chaussées. Mau-
avait sur quelques points de la dogma- villon donna sa démission de cette
tique des opinions trop peu ortho- dernière place en 1775, probablement
doxes pour que la carrière ecclésias- afin de pouvoir se livrer avec plus de
tique s'ouvrît devant lui. L'étude de suite à ses travaux littéraires. C'est,
la théologie conserva néanmoins un en effet, entre les années 4774 et 78,
grand charme pour lui. Il composa, période sans contredit la plus heureuse
étant encoretrès-jeune, un traité De5er de sa vie, qu'il mit au jour ses traduc-
die Trugschlilsse der christichen tions de Raynal, de Turgot, de L'A-
Religion, qu'il envoya à un libraire rioste, sans parler d'un grand nombre
d'Amslerdam pour le faire imprimer, d'arlicles qu'il inséra en divers jour-
mais qui se perdit dans la banqueroute naux. Malgré le bonheur dont il jouis-
de ce libraire. Son Système delà relir sait et ses sympathies ardentes pour
gion chrétienne n'est qu'une réminis- la cause américaine, il fut tenté, en
cence de ce premier ouvrage. 4 777, d'accepter l'offre que le général
Forcé de choisir pour son fils une Heister lui fit de l'accompagner en
:autre carrière, Mauvillon décida qu'il Amérique. Il était sur le point de se
étudierait le droit, sans consulter au- mettre en roule, lorsque le landgrave
MAU 346 — MAU
le retint dans ses états en le nommant femme et ses enfants, désintéressé à ce
capitaine dans le .corps des cadets qu'il point qu'il abandonna toute la succes-
venait d'organiser àGassel. Deux ans sion de son père à une marâtre dont il
plus tard, c'est-à-dire en 1780,1a So- n'avait pas à se louer; en même temps,
ciété des antiquaires de Cassel l'admit fier, indépendant, méprisant ceux qui
dans scn sein. sacrifiaient leur conscience à leur in-
Cependant les ennuis et les dégoûts térêt et ne craignant pas d'exprimer
qu'il ressentit bientôt après, en voyant, hautement ses sentiments à leur égard,
sans pouvoir y remédier, la mauvaise n'obéissant lui-même qu'à la sainte
direction imprimée à l'école des cadets, voix de la vérité et de la justice, ten-
décidèrent Mauvillon à quitter la Hesse. dant enfin dans toute sa conduite à réa-
Il partit pour Posldam et offrit ses ser-» liser le beau moral, Mauvillon eut de
vices au grand Frédéric, qui_ lui fit ex- rares et précieuses qualités, que la pos-
pédier le brevet de capitaine dans Je térité injuste envers lui a oubliées pour
çprps des ingénieurs prussiens; mais ne mettre en lumière que ses défauts.
sa femme témoigna tant de répugnance Ses ennemis, et ii s'en était attiré un
à s'établir en Prusse, qu'il, renonça à grand nombre par son esprit sarcasti-
son projet par ampur pour elle. Il resta que, non moins que par son enthou-
donc à Cassel jusqu'en 1785, qu'il- siasme pour la Révolution française,
fut. appelé à Brunswick comme major ont cherché dans ses écrits, avec la"
dans le corps des ingénieurs et profes- patience de la haine ou d'une curiosité
seur de lactique au Carolinum. Depuis maligne, quelques opinions-bizarres,
[longtemps. Mauvillon désirait trouver quelques pensées, fausses-pu hasarr-
«n emploi qui lui laissât le temps de dées, et l'on a négligé les trésors de
s'occuper de ses travaux littéraires et vérité qu'ils renferment. Son style est
de l'éducation de ses enfants.. La place énergique, facile, mais négligé. On
qu'on lui offrait répondait à ses voeux peut dire à son honneur --- et com-
les plus chers ; il se bâta donc de l'ac- bien il y en a peu à qui il soit possible
cepter. de rendre un pareil hommage !----qu'il
Il habitait Brunsvtick depuis quel- n'a jamais écrit une ligne qui fût con-
ques mois à. peine, lorsqu'il reçut la traire à ses principes. H est vrai, d'un
vjsile de Mirabeau, retournant de Ber- autre côté, que l'opiniâtreté de son
lin à Paris. Us se prirent l'un pour esprit ne lui a jamais permis non plus
l'autre d'une amitié qui fit époque dans de modifier aucune de ses opiaipns,
leur vie, et à laquelle Mauvillon du
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
moins resta fidèle jusqu'à sa .mort. Il
avait été promu, depuis quatre ans, au I. Versuch einer Uebersetzung der
grade de lieutenant-colonel, et chargé Briefe der Marquisin von Sévigné,
d'un cours de politique au Carolinum, mit hislor, und critischen Erlg-u-
lorsqu'il mourut d'hydropisie, le 14 terungen, Braunsw., 1765, in-\%.--r-
janv. 4 794'. Il avait épousé', en 4 772, Ce volume a seul paru.
une demoiselle Scipion d'Arolsen, IL Freundschaftliche Erinnerung
femme: de beaucoup d'esprit et d'in- an die KocMsche Sçhauspielerye-
struction, mais sans fortune, don.lileut sellschaft in Leipzig, Hamb., 1766,
plusieurs enfants.. Son .fils aîné entra in-12,
comme officier au service.de la Hol- III. Ueber - den Werth einiger
lande. teutschenDichter,Yran]LÎ.und'Leio'i.,
D'une humeur enjouée, d'un carae- '1771-72, 2 vol. in-S», —En collabo-
tèrefranç,et ouvert, mais vif et impé-- ration avec le poète Unzer.
tueux, simple dans ses goûts, aimable, IT. Philosophische undpolitisçhe
bienveillant envers,tout le monde, dé- Geschichte der Besitznngen und des
voué -à ses amis, excellent .BQ.U,Ç sa, Han dels der Europiier in beyden
MAU
-- 347 MAU
Indien, trad, de l'abbé Raynal avec genseitigen Verhâltnissen, geschil-.
des remarques,,Hannev., 4 774-78, dert,Le\ni., 4794 [4-79.0], in-80;
7 parties,,.in-8°. XVIII. Gerichtliche Verhore, und.
V. Untersuchung Uber, die Natur Aussagenden Verfasser.der, Schrift:.
nndden Ursprnng der Reichfhumer. Bahrdl. mit der eisernen Slirti, betref-.
undihrer Vertheilung; trad. de T.ur- /e«rf,Braunseh-w.,1791.,in-8\—Mau-:
gol, Lemgo, 1775, in-8°. villon croyait Zimmermann l'auteur de
VI. Sammlung von Aufsâtzen uber cet écrit où il était attaqué, de la plus
Gegenstande aus, der Staatshunst, indigne manière, Il se trompait. C'est,
Staatspirthschaft und neuesten, l'oeuvre commune de Kolzebue et de
Staatengeschichte, Leipz., 4776-77, Markard.
2 part, in-8\ XIX. Lettres du comte de.Mira-.
VII. Àriosl's wutender Roland, beau àun de ses>amis en Allemagne,
trad. de l'italien Lemgo 4 777-78, écrites durant, les années 1.786-90,
, ,
2 part., in-8". ayecunAya.ntTPropos,Braun.s-w.,4792,
Vlil. Physiokratisçhe Briefe an. in-8°; trad. en allem., 1752, in-8°.
dem Hrn Prof Dohm, Braunsw., " XX-, Von der PreussischenMonar-.
1780„in-8°. cliie unter Friederich.dem Grossen.
IX. Essai suri'influence delàpou- Unter der Leilung des Grafenvon,
dré â.canon dans l'art de la guerre Mirabeauabgefasst,undnunineiner
-

czod'enje, Dessau,4782,in-8"; Leipz., sehr v,erbesserten and. vermehrten


4788, in-80. teusch, Uebersétzungherausgegeben,
X. Discours pour la célébration^ T. I, Braunschw. und Leipz., 4-793;
dujour anniversaire de la naissance, T. Il, ibid., 4 793 ; T. III, ibid., 4 794 ;
de S. A- S. te landgrave régnant de. T. IV, 4795, in-8°. Ce 4:«= volume fut
Hésse, Cassel, 1782, in-8°. , terminé et publié, après la: mort de
XL Einleitung in die samttiçhen Mauvillon, parle capitaine deBlanken-
militarischen Wissensçhaften, fur, burg, qui réimp. aussi séparément:
/t»'^e-Le',rfe,Braunsch-w.,1783,in-80. (Leipz., 4 796, in-8"), le 7° livre trai-
Essai historique sur l'art de.
XII. tant de l'état militaire de la Prusse.
la guerre pendant la.guerre de 30 — En 4.786, Mirabeau avait proposé,
ans,Cassel,1784,in-8"; publié d'abord à Mauvillon de travailler en commun à.
dans le Portefeuille histor. (1783); un grand ouvrage philosophico-poli-
réimpr, avec addii., 4789, in-8", et tique sur la.Monarchie prussienne sous
trad. en angl. Er.édéric-le-Grand. Mauvillon accepta,
XIII. Zoologie géographique, Cas- avec ardeur ce projet et, fournit, à Mi-
sel, 4784,.in-8".—-En collaboration,, rabeau.tous les matériaux nécessaires;
avec Zimmermann.; mais l'ouvrage achevé, le célèbre ora*-
XIV. DramatisçheSpo-uchmorter,. teurlepubliaspusspnnomseu^Lond,,
Leipz., 4 785, 2. part, in-8";'nouv. 478,8, 4,volf in-4°). Mauvillon. se mon-
édit. sous je titre de. Gesellscliafts~, tra plus touché de la déloyauté de son .
theater, Leipz., 4790, in-8°- ami que du tort pécuniaire, qu'il lui
XV. Das zum, Theil einzigewahre. causa.
System der chrisllichen.. Religion XXI. Des Hrn Mfllouet Briefe uber.
Berlin, 1787, in-8".
,. dieRevolution,lraà, dnfranç.,Leipz.,
XVI. Principes de la tactique ac- 4 7,93, in-8°.
tuelle de l'infanterie des.troupes les XXIL GeschicJite Ferdinand's Her-
plusperfectionnées, publ, à la suite, zqgs von Braunschweig-Lu'neburg,
de la Monarchie prussienne, par.Mira- Leipz., 1794, in-.8,°.
beau;-trad. en allem. par J.-H. Mal- Mauvillpn, a été un des rédacteurs.
herbe, Meissen, 4 794,, in-8°. du Casseler Zuschauer (1772). Il a pu-
XVII. Manund Weib in iliren ger blié, dans le Magazin der Landhaus?,.
MAY
MAY — 348 —
hallung und Regierungskunst (N01 4 fesseur de langue française au collège
et 2) : Von der Unterhaltung zalil- de Tubingue, et, ajouterons-nous, à
reicher Trnppen und den daraus là profession qu'il faisait du protestan-
entspringenden Folgen; — dans le tisme, à en juger par ses écrits. 11 pa-
Teutsch. Muséum (4777) : Vom Ge- raît qu'il avait voyagé en Amérique ;
nius des Sokrates, et Brief uber eine c'est-lout ce que l'on sait de sa vie.
mililarische Erfindung ; (1778.) : Il mourut le 22 sept. 4 681. On a de
Ueber das Ich ;—dans le JeUrnal von lui:
und fur Teutschland (1784) : Nach- I. Etat de l'Empire ou abrégé du
richlen von den hessischeii Samt- droit public d'Allemagne, Paris,
Hospitalien, et Nachricht von einem 4 659,in-42 ; 4 665, 2 voi.in-4 2 ; 4 668
predigendemKorbmacher zu Bohlen et 69, 2 vol. in-12; Gen., 1674, 2
bey Waldech;—dans le Militar. Mo- vol.in-12 ; trad.en angl.,Lond.,4664,
nalschr. (1786) : Bemerhungen uber in-8" ; 1.676, in-8".
eine Recension seines Essai hist. sur IL Discours historiques et politi-
l'art de la guerre, et Ueber die Art, ques sur les causes de la guerre de
Trnppen so zu bilden, dass sie so- Hongrie et sur la paix faite entre
gleich im Felde brauchbar sind; — Léopold et Mahomet iT,Lyon, 4 665,
dans le Berlin. Monatschrift (1788) : in-4 2 ; Montbéiiard, 4 665,.in-12.
Wie denht Graf Mirabeau Uber die III. L'avocat condamné et les par-
franzosisch. Parlamente? ; —dans le ties mises hors de cour et de procès
Schleswig. Journal (1792) : Schreiben par arrêt du Parnasse, 1669, in-4 2.
an Hrn Prof..Hoffmann, Uber dessen IV. La science desprinces [de Ga-
Aufsatz im ersten SiUck der Wiener briel Naudé] avec les réflexions his-
Zeitschrift : Ueber das Recht und toriques, morales, chrestiennes et
Nichtrècbt. Il a écrit aussi dans le Hist. politiques de L D. M., 1683,in-8°.
Kalender der Spanische Erbfolgekrieg V' .Avvertissementi sopra laBilan^
(1794); — dans l'Encyclopâdie de Klù- ciapolitica e tuite le opère di Tra-
ge|, l'art. Die Kriegs-wissenschaften jano Boccalini, [Gen.] 1678, 3 vol'.
(1794); dans la Bibliothek de Lemgo, in-4". • •
'

dans l'AUgem. Deulsch. Bibliothek, VI. Le prudent voyageur, conte-


dans l'AUgem. Litteraturzeitung.11 aé- nant là descriptionpolitique de tons
dité Der militarische Sophron (Leip., les Etats du monde, Gen., 4681,2
1792, in-8°), et laissé en msc. Ge- vol.in-12.—r3'partiecontenanteé-
schichle des Feldzugs in den Nieder- tat de rEspagne,Gen.,l68i,\n-\%i
Tàndem, vom Iahre 1745 an, avec VII. Tabuloe XIV genealogicoe
une trad. franc, de la 1ro partie de l'ou- auctiores et emendatiorès. — Cité
vrage de Tempelhof sur la guerre de par P. Marchand etlecontinuateurd'A-
Sept ans. Après sa mort, son fils aîné, delung sans autre indication.
F. Mauvillon,. capitaine d'artillerie en MAYEK (DAvm),néà Montbéiiard,
Hollande, a mis au jour Mauvillon's le 15 oct. 4 658, fut nommé,le 22 sept.
Briefmechsel, [Biaunsclrw.] 1801, 8°. 1686, professeur de langue française
MAY (Louis DE), OU DU MAY, sieur au gymnase de Baireuth. On ignore la
de Sallettes, écrivain politique et his- date de sa mort. 11 a publié :
torien qui florissait au milieu du I. Oratio inauguralis desemelite-
,
xvn- siècle. May prenait les titres de rumque dicto ordine concordioe.
chevalier de l'ordre de Saint-Michel, II. De nova urbe Christian-Er-
conseiller secrétaire de l'électeur de làngâ et privilegiis colonim huic
Mayeuce, conseiller du' duc de "Wur- annexis, 4 703.
temberg, qualités qui, cemme le fait III. De hortoEden ad Elisabetho-
observer Prosper Marchandant « as- burgum innova Christian-Erlangâ,
sez peu assortissanles » à celle de pro- 4708.
MAY MAY
— 349
MATERNE (LOUIS DE), dit Tun- tienne, trad. de Louis Vives, Lyon,
QUET (1), traducteur, historien et pu- 4 580, in-16.
bliciste, naquit, dit-on, à Lyon, on III. Déclaration sur l'incertitude,
ignore à quelle époque, d'une famille vanité et abus des sciences, trad. du
originaire du Piémont. Il quitta cette latin de Cornélius Agrippa, sans nom
ville après la Saint-Barthélémyet se re- de lieu, 1582, in-8°; Paris, 1603, iu-
tira a Genève, où il fut reçu habitant, 12; 1617, in-12.
le 16 mars 1573. Plus tard, il revint a IV. Traité des négoces et trafiques
Lyon, et fut nommé ancien de l'église. oucontrats, Gen., 4 599, in-8°.
C'est en celle qualité qu'il assista aux V. Histoire générale d'Espagne,
Synodes nationaux de Saumur et de Lyon, 4586, in-fol,; 2e édit., Paris,
Gergeau. En 4 608, il fit un voyage à 4 608, in-fol.; 3° édit., 1635, 2 vol.
Paris, comme nous l'apprennent les Mé- in-fol.; trad. en angl., Lond., 1812,
moires de Pierre de L'Estoile, à qui il in-fol. La 1" édit. est divisée en 27
fit hommage d'une copie, de son Advis livres. Celle de 1608 en comprend 30
sur le synode national que le roy et s'étend jusqu'à la fin de l'année
vouldroit convoquer, opuscule où il A 582. La 3e, augm. de 6 liv., va jus-
exposait les moyens les plus propres, qu'à la fin du xvt0 siècle.
selon lui, à réformer l'Eglise par un VI. La monarchie aristodémocra-
synode national el à opérer ainsi le rap- tique, ou le gouvernement composé
prochement des Catholiques et des et mêlé des trois formes de légitimes
Protestants. L'Estoile prévit que cet a- républiques, Paris, 1611, in-4"; dé-
vis, qu'il qualifie de « sainct et chres- dié auxElats-Généraux.—Après avoir
tien, procédant d'un coeur vraiment lu cet ouvrage, L'Estoile consigna, en
franc, ami de la vérité» serait mal
,
ces termes, dans ses Mémoires l'im-
reçu. C'est ce qui arriva, en sorte que pression que lui avait causée cette lec-
Mayerne, abandonnantla question re- ture : «Livre d'étal, bon, judicieux et
ligieuse, se jeta dans la politique; véritable; mais mal propre pour le
mais avec encore moins de succès. Dès- temps, et que l'auteur devait faire im-
que son livre de la Monarchie aristodé- primer en ville libre, et non à Paris,
mocratique parut, il fut saisi etla vents nonobstant son privilège.» Il fut saisi,
en fut défendue."L'auteur lui-même, en effet, quelques jours après, et con-
à ce que rapporte Benoit, dut chercher damné; mais aussi pourquoi FauteuT
sa sûreté ailleurs. Il lui fut pourtant!, s'avisait-il, en temps de régence, d'al-
permis, au bout de quelque temps, d'e< ler soutenir qu'il ne faut confier les
revenir à Paris, où il mourut en 1618'.. rênes du gouvernement ni à un enfant
Ses obsèques eurent lieu le 1 avritrauj ni à une femme? Après le parlement
cimetière protestant des Saints-Per.es.. vint Louis d'Orléans, « vieux ligueur,
On a de lui : lateleur et méchant homme», comme
I. Le mépris de la Cour, fead. l'appelle Guy Patin, qui voulut donner
d'Ant. de Guevara, Gen., 4 574- au livre condamné le coup de pied de
II. L'institution de la femme ahres- l'âne. Mayerne daigna répondre à sa
stupide attaque par son
VlL Apologie contre les détrac-
(i) On prétend que ce surnom lui avaittété' teurs de la Monarchie arislodémo-
donné à cause d'une de ses aïeules-que'sï
beauté avait fait surnommer la belle turque.- cratique, 1616,in-12; selon d'autres,
Selon Bayle,celtefamilles'appelnitTurquet*: 4617,in-8°.
le surnom de Mayerne lui venait d'une maison Louis deMayerne avait épouséLotuse
de campagne dan6 les environs de Genève.
Nous serions tout disposé a croire que Bayle Le Maçon, fille d'Antoine Le Maçon,
a raison. C'est snus le nom de Turquet que trésorier des guerres sous François Ier
Louis de Mayerne fut inscrit sur lés regislres- •et Henri II. De ce mariage naquirent
des habitants de Genève et qu'il figure dans-
les actes des synodes nationaux. •au moins deux fils, l'un desquels,
MAY 380 'MAY-

dominé HENRI fui, en 1614, tué en la mort de cé.prince, Marie de"Médiclâ


,
duel par Samuel de' La Chapelle essaya aussi de le convertir. Instruit
(Voy, VI, p. :173). L'autre, appelé desHentalions auxquelles il était expo-
TilÉonoRE, a élé un des plus célèbres sé, et craignant qu'il n'y succombât,
^médecins deson temps. son père lui écrivit Une lettre pathéti-
Théodore de'Mayerne, baron d'Au- que pour l'adjurer de persévérer dans
.
ibonne depuis 4 621, serait né, selon J. la religion où il était né. C'était un
^Brovra, l'éditeur de ses Opéra p'mùia sein inutile; rien ne preuve que'les
imedica, à Mayerne,' maison de càmpa- arguments de Du Perron, 'bien que
corroborés par la perspective d'une
igne que son père avaitacquise proche
de Genève, en l'année 1'572.,' C'est place fort enviée, aient fait la moindre
une erreur qui a déjà été relevée. Il impression sur Mayerne, qui ne tarda
vint au monde lé:28 sept. 1573, et fut pas d'ailleurs à se soustraire à ces ob-
•présenté au baptême par Théodore de '
sessions.'Èn' 16'11, le roi Jacques l'ap-
::Bèze. Après avoir achevé ses humani- pela en Angleterre,;lui conféra le litre
sés à Genève, il alla suivre les cours de conseiller, le nomma son premier
de l'académie de Heidelberg, et s'é- médecin et tant qu'il vécut il Te traita
itant décidé pour la médecine, il se en favori. Stimulées par l'exemple du
irendit à Montpellier, où il prit le grade monarque, les universités de Cambridge
«de docteur, en 1597. Il vint ensuite à et d'Oxford se l'associèrent. Mayerne
SParis et obtint dès lors, dit-on, à la continua à jouir de la même faveur au-
-recommandation de Ribbit, premier près de Charles Ier. Après l'exécution de
médecin de Henri IV, une charge de ce malheureux prince, il se retira à
ïsédeein.duroi. Ce qui est plus certain, Chelsea où il mourut,'le15 roars'1655.
c'est- qu'en 1600, il accompagna le 11 avait été marié deux fois. Sa pre-
dUc de Rohan dans ses voyages en mière femme, Marguerite de Boets-
.Allemagne èl en Ifalie. A son reteur à laër, lui avait donné deux fils qui
iParis, en 1602, il ouvrit un cours pu- moururent jeunes. Il eut de la se-
îblic de médecine et de chirurgie. La conde, Elisabeth Joachimi, deux fils
ÎFaculté vit avec indignation celte at- et trois filles. Une de ces dernières
teinte portée à ses privilèges; mais ce -survécut seule. Elle se nommait Eu-
qui mit le comble à son irritation, c'est SARETH et épousa, en 1652 dans le
que le jeune médecin osa faire usage temple de Charenton, Pierre, de Can-
'dans sa pratique de préparations chi- m'ont, marquis de Cugnac. Elle mou-
imiques. 11 est bien vrai que dans son rut en couches, !en 1661.
traitement il se contentait d'employer Bodley, dans son Essai de .
critique
en général des remèdes végétaux et la Sur les ouvrages des médecins, semon-
diète, et qu'il n'avait recours aux rhi- tre très-sévère envers Mayerne, qui,-
néraux quedans les cas extrêmes; mais dit-il, n'avait ni génie ni savoir, et
les Galénislès exclusifs n'en obtinrent dont les écrits sont superficiels,- sté-
: pas moins contre lui un décret inju- riles en observations, dénués de pré-
rieux qui l'exclut des assemblées de ceptes, pleins d'un assemblage ridi-
ses confrères. Mayerne s'en rit : il cessa cule de remèdes. Il y a loin de ce ju-
de professer, mais il continua sa pra- gement à celui que le Journal des sa-
tique comme auparavant, et il y eut vans porte sur ces mêmes écrits.«Les
même quelques médecins, dit avec dé- raisonnemens, y lit-on, sont simples,
pit Guy Patin, « qui virent des mala- justes et précis, les indications bien
des avec lui. » Il se fit une si grande Suivies les remèdes méthodiques
,
réputation qu'à la mort de Du Laurens-, convenables, bien choisis. La prépa-,
.
HenrilV, au rapport de L'Estoile, l'au- ration des médicamens est enseignée
rait nommé son premier médecin, s'il avec beaucoup d'ordre et de Clarté.
: n'avait pas été de la Relirribn. Apiès En un mot, il y a peu d'ouvrages de mé-
' MAY
âécînè où les réflexions soient plus
- - âSî MAY
guidedèsthemins, Gen., 4613,itt--8° ;
sensées et la matière médicale mieux 1642, in-12.
entendue. » Lequel adopter de ces ju- 111. Degonorrheoeinveteratoe et ca-
gements contradictoires ? Le sujet est runculoe et ulceris in mealn iirinario
trop étranger à nos éludes pour que curatione, Oppenh., 4 649, in-4";
nous nous hasardions à décider la Francof., 1627, in-4°,—Mayerne gué-
question. Nous ferons observer seule- rit Henri IV d'un mal de cette nature.
ment que Mayerne a eu beaucoup d'en- IV. Medicamentornm formulé
nemis. On lui a reproché, par exem- Lond.,
.
1640, in-fol. ,
ple, bien des choses dont, à notre V. Tractatus de arthritide. Ace.
avis, il est fort innocent. Guy Palin, consilia aliquoî medicinalia è gal-
entré autres, l'accuse d'avoir poussé lico latine edidit Theophil. Bonnet,.
l'avarice jusqu'à laisser mourir de faim Gen., 1674, in-12 ; Lond., 1676, in-
ses enfants. Il est certain pourtant que 12. — Le traité de la goutte a été trad.
Mayerne ne chercha jamais à tirer pro- en angl., Lond., 1677, in-12.
fit de ses découvertes, et cependant VI. De morbis internis proecipuè'
,
il en fit d"importantes; car il n'était gravioribusetchronicis,Lond.,A6$0,
pas seulement un médecin renommé, in-8°; Vien., 1691, in-12; Gen., 1692,.
il était encore un habile chimiste. C'est in-12.
lui qui a découvert la belle couleur VII. Praxeos Mayerniané ex ad-
pourpre nécessaire pour les carna- versariis, eonsiliis et episiolis ejus'
tions dans la peinture sur émail,-, et concinnatum siintagma,Lond.J 690,
trouvé une préparation du cuivre plus in-8°; Geo., 1692, in-12; Aug. Vind.,
propre à l'application de ce métal sur 4 691.., in-8° ; trad. en franc, avec le
l'émail, perfectionnements si impor- N" V, Lyon, 1693, in-8°, sous ce titre-.
tants qu'on peut le regarder jusqu'à un La pratique de médecine, avec le ré-
certain point comme le créateur de ce gime des femmes grosses et un traité
genre de peinture. Dans la médecine, de la goutte.
il n'a pas rendu de moindres services. VIII. Syntagma alterum de febri-
11 est l'inventeur d'une eau cordiale et, bus, morbis externis, arthritide,
pendant 50 ans, il a consacré des som- lue venereâ, Lond., 4 696, in-8".
mes considérables à des expériences IX. Consilia, epistoloe, obsei'vatio-
sur lès vertus des médicaments. Ce nés, Aug. Vind., 4 697,8'.— Ce n'est
s'ont assurément là des traits qui n'an- apparemment qu'une réimp. duN" VII..
noncent pas un coeur desséché par X. Opéra omnia medica, comptée-
l'amour de l'or. Ajoutons que sur son tenlia consilia,, epistolas et bbser-
lit de mort même, il se'souvint des vationes, variasque medicamento-
pauvres de sa ville natale, et qu'il fit rnm formulas, Lond., 4704, in-fol.;
à l'hôpital de Genève un legs de 200 4703, in-fol.
livres sterling.Voici la liste de ses ou- On a publié, en outre, dans les
vrages :
frans. philos.(ann.1687 et 1700) deux,
I. Apologia in quâ videre est, in- dissertations de Mayerne: On the di-
violàiis Hippocratis et Galeni legi- séases of dogs, el Observations on-
Imt, remédiachimicèproeparata tutb the -viper and some other poisons.-
ïïsurpdri/posse, La Roch; [Paris], Mayerne a mis encore une Préface au
4603, in-8°.—Selon Guy Patin, cette theatruminsectorumdeMoufet(Lond.,,
Apbibgiè n'est 4 634, in-fol.). On conserve au Bri-
pas l'oeuvreae Mayerne,
mais dé Séguin, qui, dit-il, a toujours tish Muséum, sans parler de quelques 1.

porté les charlatans, et de son beau- Lettres, dont deux, entre autres, sont
frère Acaiia. adressées à Casaubon età son fils, une
^.^Description de Ta France, Alle- Narraiio de morbo et morte Isaàci
magne, Italie et Espagne, avec le Casauboni (Mss. Burn., N° 367).
MAZ — 332 - MAZ

SlAZEL, famille cévenole très- jamais de sentinelles autour de son


nombreuse (1 ) qui a fourni, plus qu'au- campement, fut surpris à Peyre-Fort,
cune autre peut-être, son contingent emmené prisonnier, malgréles efforts
au Refuge, aux transportions, aux d'Abraham pour le délivrer, et fusillé
galères et au gibet. Nous aurons ail- au Pont-de-Monvert. Elie Marion le
leurs l'occasion de mentionner les remplaça.
membres de cette famille qui n'ont Lorsque la plupart des chefs cami-
guère laissé que leurs noms dans les sards se soumirent, Abraham suivit
Annales du protestantisme; nous ne leur exemple et se retira à Genève ;
nous occuperons ici que de ceux qui jnais bientôt, la nostalgie aidant, il ré-
ont acquis une certaine renommée par solut de retourner à tout prix dans ses
leurs actions nu par leurs écrits. montagnes. Il ne tarda pas à être dé-
I. ABRAHAM Mazel, qui n'est connu couvert dans les cavernes du Gévau-
dans l'histoire que sous son nom de dan, où il se cachait. Conduit devant
baptême, fut peut-être, de tous les , Basville, il parla avec tant defranchise
compagnons de Séguier, celui qui que ses aveux le sauvèrent de la tor-
contribua le plus à la délivrance des ture. Le curé de Saint-Marlin-de-Cor-
prisonniers de l'abbé Du Chaila, le 23 conac, qui lui devait la vie, et La Lande
juill.1702. C'est encoreluiquiacheva, 'ayant intercédé pour lui, la peine de
après le discours de La Porte (Voy. ce mort qu'il avait encourue fut commuée
nom), de décider ses complices à de- en une détention perpétuelle dans -la
meurer dans les Cevennes et à chasser fameuse tour de Constance, cù gémis-
« du jardin de l'Eglise les boeufs noirs, saient déjà trente-treis personnes,
gros et gras, qui en dévoraient les plan- « qu'on regardait comme ensevelies »,
tes.» Jeune homme de 25 ans environ, dit Leuvreleuil. Il parvint à s'en échap-
il dutl'influencequ'il acquit bien moins per, le 27 juillet 1705 , avec seize
à son éloquence qu'à son humeur bel- autres prisonniers. Voici comment il
liqueuse et à son courage., raconte lui-même celte évasion pres-
Après la mort de Séguier il resta que miraculeuse. «Quelques joursaprès
,
avec Salomon Conderc à la tête de la qu'on m'eut mis dans ce lieu fatal,
petitebande d'insurgés; mais.il ne tarda l'Esprit me dit par inspiration que j^en
pas à sentir qu'il ne posSédait'pas les sortirois : il redoubla ses saintes pro-
talents nécessaires au commandement. messes. A quelques jours de là, Dieu
Sacrifiant sans hésiter sa vanité à l'in- me mit au coeur de percer la muraille;
térêt général, il annonça donc aux Ca- elle étoit épaisse : nous étions au se-
misards que l'Esprit lui avait révélé cond étage à cent pieds de hauteur du
l'incompatibilité des fonctions guerriè- terrain. Je n'avois point d'outils ; il y
res avec les fonctions religieuses. Sur avoit trente-trois autres prisonniers
sa demande, on lui adjoignit, comme avec moi dans la même chambre; il
chef militaire, André Noguier, de falloit ou gagner tous ces gens-là, et
Sainl-Marlin-de-Boubaus,jeunehomme les trouver fidèles, ou être accusé par
aussi hardi qu'intelligent, qui signala quelqu'un d'entre eux: il falloit des
son court commandement par la déli- cordes pour descendre en bas ; il y
vrance d'une troupe de Protestants que avoit encore de hautes murailles à es-
l'on conduisait dans les prisons d'An- calader, des sentinelles à éviter, de
duze.Peu de temps après, Noguier, qui grands marais pleins d'eau à traverser;
se croyait sous la garde immédiate des et après tout cela, ne savoir où prendre
anges, et, en conséquence, ne plaçait du pain ni où se retirer. Mais avec
,
l'assistance de Dieu, je surmontai tous
(1) En 1683, le seul consistoire d'Aulas
comptait dans son sein quatre Mazel : Mazel ces obstacles, après sept ou huit mpis
eliirurgien,M«jcJduI\!as Bougie, Jiai-el de La de travail. Seize de mes compagnons
Carrière, et Mazel du Bruêt. me suivirent, et les dix-sept autres
MAZ
— 353 — MAZ
manquèrent de courage.» Les fugitifs tiers,l'engagea même fortement à y re-
se hâtèrent d'aller rejoindre Claris et noncer; mais il ne put s'y résoudre" et
Montbonnoux. Une nouvelle insur- poursuivit sa roule vers les Cevennes.
rection eûtélé trop dangereuse au plus Un ancien soldat,uomméJuslonJustet,
fort de la guerre d'Espagne. Basville releva son courage un peu abattu en
le comprit et il fit offrir aux Camisards lui promettant de lui amener bon nom-
une amnistie qu'ils acceptèrent. Abra- bre de gens pleins de bonne volonté.
ham partitpour Genève, au mois d'août Il alla, en effet, trouver, quelques jours
4705, et se retira en Hollande. après le prophète à Vais à la tête
Toujours tourmenté par le désir de d'une ,trentaine de montagnards.
,
C'est
revoir sa patrie, Abraham prêta une avec celtepoignée d'hommes qu'Abra-
oreille complaisante aux propositions ham se mit en campagne. Il attira dans
AeMiremontelde Cavalier.En 4 709, une embuscadeleseigneur de Vocance,
il repartit pour Genève, accompagné qui avait massacré plus d'une assem-
de-Daniel Gui. dit Billard, lieutenant- blée, et le tua, ainsi qu'un protestant,
colonel,.et de Dupont, ancien secré- nommé Dubay qui essaya de le dé-
,
taire de Cavalier, sous la conduite fendre. Ce premier succès grossit sa
d'Antoine Sallier. En atiendantquMi- bande; elle compta bientôt jusqu'à 200
gier, dit La Valette, lui eût procuré de hommes. Le 10 juin, il s'empara du
l'argent et un guide il fit partir en château de Bos, où il trouva des armes
,
avant, pour annoncer son retour à Cla- et des munitions. Poursuivi par une
ris et à Montbonnoux, deux prophé- compagnie suisse en garnison à Ver-
tesses Marie Désubas et Elisabeth noux, il l'attaqua avec impétuosité et
,
Catalon, qui eurent le courage de la força à battre'en retraite surGilhoc.
s'avancer jusque dans les environs de Le colonel Courten voulut laver l'af-
Nismes, tenant partout de nombreuses front fait à son drapeau; mais il fut dé-
assemblées. Elles en-tinrent une, en- fait à Saint-Forlunat. Les Camisards
tre au.tres.au mois de juin 4 709,qui fut ayantfait quatre prisonniers dans cette
surprise, etelles tombèrent elles-mêmes affaire, les renvoyèrent après les avoir
entre les mains des soldats. Deux let- fort bien traités. Par reconnaissance,
tres que l'on trouva sur elles, l'une de les Suisses, dans nue autre rencontre,
Miremont, l'autre de Cavalier, in- refusèrent obstinément de faire feu, ce
slruisireutBasviile du retour des chefs qui procura à Abraham une victoire
camisards dans leLanguedoc.il lui fut complète sur les compagnies françai-
facile dès lors de prendre les mesures ses, quoiqu'ellesfussent trois fois plus
nécessaires pour prévenir un soulève- nombreuses que sa bande. Mais ces
ment qui pouvait être d'autant plus succès, loin de décider le soulèvement
dangereux que, dans une espèce^de qu'il espérait, effrayèrent la noblesse
manifeste (12 mai 4709) rédigé par prolestante qui alla, chose inouie ! offrir
Abraham, les Camisards ne se conten- spontanément ses services aux géné-
taient plus de demander le rétablisse- raux catholiques. Le duc de Roque-
ment de l'édit de Nantes el l'élargisse - laure sévit bientôt à la tête de six mille
ment des prisonniers protestants, mais, hommes , avec lesquels il se mit à la
qu'ils invitaient les Catholiques à se poursuite d'une soixantaine de gueux,
joindre-à eux pour travailler en com- comme les appelleBrueys.Sur le point
mun à « se décharger des impots nou- d'être enveloppé, Abraham gagna la
veaux dont ils étoient accablés. » montagne des Isserlets près de Ver-
Dès qu'il fut entré dans le Vivarais, noux, décidé à y attendre l'ennemi.
Abraham put se convaincre que son Afin de préparer ses compagnons à
entreprise n'avait aucune chance de vendre chèrement leur vie, il an-
réussite.P&ttZ Ebrui, dit Saint-Paul, nonçaun office solennel, auquel assis-
le prophète leplus influent de ces quar- tèrent un grand nombre de Prolestants
T. vu. 23
ÉkÈ **w
SSà -s, MA£

ûuvoisinage, même des feuimês et des bras fracassé par une balle, il dut fait
enfants. La nécessité d'escorter celte de toute la vitesse de son cheval. Da-
foule inoffensive, qui pouvait tomber niel, blessé de trois coups de feu, réus-
entre les mains des Catholiques, força "si.t aussi à. s'échapper, mais, quelques
le: chef oamisard à modifier son plan. semaines ap,i'è,s,il fut tué, et son corps,
Il descendit vers le Rhône , puis alla, porté à Vernoux,,y resta longtemps ex-
camper sur le Leiris, haute montagne posé sur la roue. --..*
Abraham trouva un asite; dans: les
d'un accès difficile. C'est là que Ro-
quelaure l'attaqua, le 8 juillet 1709, Cevennes, Loin d'être abattu par. ses
à la tête de ses six mille hommes. D.é- revers, il se mit en relation avec Cla-
daignant de profiter de l'avantage de ris elMontbonnoux, et organisa, avec
leur position, lesCamisards,au.nombre leur concours, une.nouvelle insurrec-
d'une, centaine,"se précipitèrent à la tion. Il n'attendait plus, pour relever
rencontre des soldats. Ecrasés par le l'étendard de la révolte que l'argent:
,.
nombre, ils revinrent plusieurs fois à qu'on devait lui envoyer de Genève.
la charge avec.une intrépidité sans Coste, rtiarcbandd'Uzès, le lui apporta-
égale. Just perça plusieurs rangs enne- enfin au Masde Couteau, près de cette,
mis et se saisit d'un drapeau; mais, cri- ville; mais ses démarches avaient été;
blé de blessures, il tomba sur les corps épiées. Pendant qu'ils.étaient ensem-,
de deux grenadiers dont, à défaut d'ar- ble la maison fut cernée par les mi-,
,
mes, les siennes ayanl été brisées dans quelets, le 17 oct- 4710. Abraham et.
la, lnlte,il, venait de broyer les têtes en Coste, furent tués tous deux sur. lé toit;
les; heurtant l'une contre l'autre. j5w- où ils s'étaient sauvés. Leurs têtes,
pont,qu\, selon Brueys,passait pour Je pprtées, l'une à Uzès Paulre à Ver-,
,
chef le plus habile de l'insurrection,pér npux, ,y furent brûlées publiquement.
rit dans la mêlée avec une trentaine de Ainsi périt le dernier de ces héros rus-r
ses. gens. Les autres, sous la conduite tiques qui avaient fomenté et dirigé à.
iè. Daniel s'ouvrirent,un passage et, son début l'insuj'reclipii-des' Cévenols,
sans être inquiétés dans leur retraite, II. Nous n'avons pu découvrir, quel
ils allèrent rejoindre Abraham, que degré de parenté unissait le prophète
deux blessures, reçues dans une précé- camisard au pasteur Divin,Mazel. Ge:
dente rencontre , avaient forcé de se dernier était né à Saint-Hippolyle, de.
tenir à l'écart. François.Mazel et- de Jeanne-Esther
Le lendemain, Roquelaure fit faire Olivier. 11 avait fait ses éludes à l'aca-
lès plus actives recherches pour dé- démie de Genève,où il avaitélé.immar
couvrir le prophète; mais.à:force de triculé en 4 67.0, maisiln'ayait été reçu;
marches et de contre-hiarches Abra- ministre qu'en 4681, dans un synode
, .
ham dépista l'ennemi. Après avoir ren- tenu, le 26août,.auVigàrt (Arch,, gén..
du les devoirs funèbres à ses compa- TT. 28S). A la révocatjon.de l'édit dei
gnons tués sur le Leiris,-il.-prit la route Nantes,, il se retira à Londres, où il
de Saint-Agrève- Serré de trop près mourut. On a de lui trois traductions
de ce côté et trop faible pour oser ac- ' assez médiocres :
çepter un nouveau combat' avec les I, Du gouvernementcivil, trad. de
corps nombreux qui le poursuivaient Locke, Amst., 169l,in-12; Gen., 1724,
sans lui laisser un instant de répit,, il in-12- —Quelques bibliographes ont;,
se rapprocha du, Rhône, dans l'espoir par erreur,attribué celte trad. à Coste.:
peut-être de voir arriver enfin les se- II. Essaisur la.vie de la feue reine
cours qui lui avaient été promis. Mal- d'Angleterre,,lradv,el. deBurnel, La -
heureusement, il tomba, près de Font^- Haye, 4695^ in-42;; réimp. sous ce.
réal, au milieu d'un fort détachement titre : Discours sur la vie de la feue-
de dragons, lé 19 juillet. Après une reine de la Grande-Bretagne, La
lutte acharnée, dans laquelle il eut le Haye, 474,6, in-12.
MAZ 358 MAZ
\\\:Delamortet du jugement der- hon; cependant, ses fonctions pouvant
nier, trad. de Sherlock, Amst., 4 696, ' l'obliger à s'absenter souvent, il prit
in-8°; 4712,in-8°. pour, lieulenant le brave Vignaux,
Il est évident pour nous que Jean béarnais comme lui. Caslelnaul, qui
Mazel, à quil'on doit un récit des per-, ne l'aimait pas, l'accuse d'avoir entre-
sécutions des églises de France, trad. tenu des intelligences avec les géné-
en hollandais nar Jean Guépin sous raux de Louis XIII. Son témoignage
ce titre : Deverdrukte JLerli inVran- peut être suspect; cependant il est
Ar#£, Middelb., 1761, in-8", apparte- certain que Bourgfranc éveilla des
nait à la même famille que les deux soupçons sur sa fidélité par ses efforts
précédents; mais nous ne savons si pour sauver Sauvage. Ce capitaine,
l'on doit y rattacher Pierre de Mazel, qui, au rapport du P. Daniel, avait
commandant du régiment Colonel-gé- vendu Clairae, sa ville nalale,; gagné
néral, fils de Jacques de Mazel et de qu'il avait été par les promesses de
Marguerite de Capion, qui. épousa, Luynes, voulut trahir également Mon-
en 1677, dans Péglisede Charenlon, tauban. Il se jeta donc dans la place;
Marthe Soulet, fille de Charles Sou- mais trois jours après son arrivée, les
let, avocat au parlement de Paris, et consuls furent avertis de son infâme
ieMarie Theveneau, et qui en eut, en projet par un billet qui doit avoir été
1678,un fils nomméJEAN-PIERRE (Reg. écrit parle ministre Charles. On l'ar-
de Char.).,EnA 686, sa femme fut en- rêta sur-le-champ et l'on trouva sur
fermée dans un ccuvent. lui deux lettres du confident de Luy-
MAZERES, capitaine huguenot. nes, qui le pressait d'offrir à La Force
Ce:gentilhomme béarnais s'élailformé et à d'Orval leur rétablissement dans
au.métier des armes, dansles. guerres leurs charges et leurs biens, à Bourg-
des.Pays-Bas. Plus tard, il avait Servi franc Un régiment, aux-habitants en-
avec, distinction sous le prince Thomas tière liberté de culte, s'ils se soumet-
et sous Lesdiguières, el pour le ré- taient, offres que le connétable rati-
compenser de ses services, le duc de fiait dans une autre lettre. Appliqué
Savoie lui avait donné le comté de à la question, Sauvage refusa de rien
iBouRGFRANc,dont il avait pris le nom. avouer, se contentant de dire pour sa
-Rohan, qui i'eslimait à cause de sa défenseque necrbyantpaslarésistance
bravoureetdeson expérience militaire, possible, il avait voulu sauver Montau-
l'avait mis, en!620, comme gouver- ban.Le lieutenant criminel Laviale âl-
neur _à Saint-Antonin; mais peu de lait-donc le remettre en liberté,lorsque
temps après, lorsque Montauban fut une sédition éclata, àla tête delaquelle
menacé d'un siège, il l'appela dans était, dit-on, le ministre Charnier.
..celte-ville et le. nomma maréchal de Sauvage fut exécuté avec son valet,
camp. La bonne harmonie ne régna pas comme traîtres à Dieu, aux églises et
longtemps entre notre officier de for- à la ville. Bourgfranc, quiavaittout fait
tune et d'Orval. Fier de la faveur po- pour le sauver, semontra fort irrité de
pulaire, Bourgfranc voulut se saisir du - son
supplice.-Les Catholiques,instruits
.gouvernement; mais la sagesse du de son mécontentement, voulurent en
conseil de ville et l'intervention de La profiter. Le comte de Grammont lui
Force apaisèrent un différend qui pou- demanda une entrevue secrète, mais
vait avoir les suites les plus funestes. Bourgfranc s'y refusa, et il continua, à
Il fut arrêté que d'Orval commanderait combattre avec la même valeur pour la
.dans la ville, et Bourgfranc, comme défense de Montauban. Après l'attaque
,
maréchal de camp, eu campagne. du Moustier, prévoyant que les.assail-
Dans la distribution des postes entre lants se porteraient sur Villebourbon,
les différents chefs, Bourgfranc voulut il, prit toutes les mesures nécessaires
se-charger de la défense de Villebour- pour lesbien recevoir (Voy. III,p.259).
MAZ
MAZ — 256 —
Ses prévisions se réalisèrent. Un fu- altérations; arranged for the use of
rieux assaut fut livré le 4 sept. ; il fut the congregaiionin the city of Char-
repoussé, mais Bourgfranc resta sur la. leston.
brèche, tué d'un coup.de pistolet. BlAZiÈîlES (ANnnÉ nE-), dit LA
MAZICQ (PAUL), natif de Liège, PLACE, un des apôtres de la Réforme
alla s'établir dans l'île de Rhé. où il dans la Sainlonge.ChassédeBordeaux,
fonda, dans la première moitié du xva' .
sa ville natale, à l'époque du supplice
siècle.une maison de commerce (Arch. de Cazes et de Monier, Mazières se
gén. TT. 258), qu'il laissa, en mou- relira à Paris; mais bientôt après, à, la
rant, à son fils PIERRE, né en 1642, et
.
demande de Philibert Hameîin, il' fut
marié, en 1665, à Esther Graton. envoyé dans la Saintonge. Lorsqu'il y -
ISAAC Mazicq, issu de ce mariage, quitta arriva, Hamelin venait d'être arrêté.
la France à la révocation et se retira à Mazières avec le courage inconsidéré
Amsterdam avec ce qu'il put sauver de
.
de Iajeunesse,ne craignit pasde l'aller
sa fortune. De Hollande il se rendit, à visiter en prison dans l'intention de lui
Londres, où il s'embarqua avec une adresser des paroles de consolation, et
cargaisou pour la Caroline, du Sud, chose plus étrange ! on le laissa s'éloi-
celle de toutes les provinces d'Améri- gner tranquillement. De Saintes il se
que où il s'établit le plus de Réfugiés rendit à Arvert, où. il trouva l'église
français (1); ils étaient si nombreux, plongéedans la consternation par suite
qu'ils construisirent à Charleston des de l'arrestation d'Hamelin et d'une vi-
rues entières. Au rapport de M. Ch. site pastorale, de l'évêque de Saintes.
Weiss l'une porte encore le nom de Le prélat avait fait venir en sa présence
Gabriel Guignard.llaziçq se fixa dans les.habitantssuspects.d'hérésie,et tous
cette ville et acquit dans le commerce ceux qui avaient été mandés s'étaient
une fortune immense, dont il disposa, lâchement empressés d'abjurer, à l'ex-
en partie, en faveur des institutions re- ception du procureur Jean Baudouin.
ligieuses et charitables de sa nouvelle Les exhortations, les prières du jeune
patrie. Son fils WILLIAM, protestant ministre furent impuissantes pour dis-
non moins zélé, se chargea avec Jo- siper la terreur el rassembler le trou-
seph Manigault, George Gros ou peau dispersé. Loin de l'écouter, on le
Cross et Daniel Ravenel, sur l'invita- pria de s'éloigner. Il prit donc la route
.
tion du consistoire de Charleston, de de Bordeaux,mais en passant par Pons,
traduire en anglais la liturgie des égli- il y jeta les fondements d'une église,
ses réformées de France. Celte traduc- ,
en tenant quelques assemblées,; reli-
tion a été imp., en 4836,sous ce titre : gieuses danslamaison de Vincent-Mat- •

The liturgy of the french Protestant thieu Chastelain. Rappelé à Saintes


Church, translated from the edi - bientôt après, il y fit merveilles, acti-
lions ofi[131 and 1772, published vement,seccndé par Charles de Cler-
at Neuchatel ; mith additional pra- mont, dit La Fontaine. À partir de cette
yers,, carefully selected, and some épcque, la vie de Mazières estcouverle
(1) On trouve encore aujourd'hui a Char- d'un voile épais, qu'il ne nous a pas
leston.des Vupré,Dubosse, Quillin, Bonneau, été possible de soulever. Nous le
Bocquet, SI-Julien, Lanneau, Legaré, Rosa- re-
mond,Cousac, Le Queux, Hamel, Benoisl, Ba- trpuvpns seulement, en 4 572, à La
col, Chaslaignier, Deliste, Bize,Marchand,Mal-
Rochelle où il,s'était réfugié de Ma-
lard, Betleiiille, Molyncux, Chevalier, Sayre, rans, à la Saint-Barthélémy ( Voy. V,
Lansac, Péronneau, Gaillard, de Sainte-Croix,
Le Roy, Ogier, Janvier,Gillel, Cuitlau,Boyer, p. 496). Arcère nous peint son carac-
Simon, etc. Les Réfugiés ne furent pourtant tère sous d'assez sombres couleurs :
naturalisésdans les Carolines qu'en 1696, et « Censeur sauvage dit-il, zélateur '
dans l'Etat de New-York, où ils étaient éga- ,
outré, plein de ses idées,
lement nombreux, qu'eu 1703, tandis qu'ils et brûlant du
l'avaient été, dès 1666, dans le Maryland, feu qui domine dans sa patrie, La
et en 1671, dans la Virginie. Place étoit enthousiaste quoiqu'il eût -
:
MEA
— 357.--. 51EA
beaucoup de médiocrité dans l'esprit, la campagne. A quelque distance de
avec ses fougues, il l'emporta souvent la ville, un riche monastère, celui de
sur ses collègues qui valoient mieux Sainl-Faron, fut le but de la'première
que lui. » La conduite insensée que expédition des Huguenots, à laquelle
Mazières tint envers LaNoue (Voy.VI, nnrentyaTlNicolas Seguin,Jean Lam-
p. 287 ) n'est malheureusement que bert, Jean Caboche, Denis el Guil-
trop propre à justifier les reproches de laume Moreau, Jean Le Fèvre, Jacq.
l'historien de La Rochelle. Selcn le Maillard, J. Salle, Simon Le Camus
même écrivain, Mazières, qui avait élé Jean Liévin, ayant à leur têle Farda
dépesé à cause de ses extravagances, Haran et Firmin C'avillier,deux écbe-
mourut en 4 597-. Ou ne doit donc pas vins de la ville. L'église fut pillée et .

le confondre avec un autre André de les moines chassés. Le coup fait, on


Mazières, sieur de La Cave, pasteur à s'en repentit, et l'on s'empressa de
Mauzé, qui, selon Quick, mourut à Tal- députer au roi, qui se trouvait alors à
mont vers 4 603 (4). Ce dernier appar- Melun, pour lui demander pardon de
tenait sans doule à une famille de ce qui s'était passé, en rejetant la faute
l'Aunis qui a fourni son contingent au sur la populace, et le prier d'envoyer
Refuge, et dont descendaient André rétablir l'ordre- La reine-mère, ravie
de Mazières, sieur de Voudron, mort de cet excès de soumission, se* hâta
à Paris, en 1662, âgé de 63 ans (Reg.. de faire partir Joachim Montluc deLuz,
de Charent.); Henri de Mazières, qui rendit les églises au culte catholi-
sorti de France à la révocation (Arch.. que et désarma les Prolestants. Quatre -
gén.Ti. 259), et Pierre de Mazières, cents environ refusèrent de déposer les
lieutenant dans l'arméefrançaise,mort; armes; ils préférèrent abandonnerleuts
en 1746, à Youghal en Irlande, où il foyers et aller rejoindre le prince Por-
s'était fixé, en 1740, tandis que plu- cien, sous la conduite du capitaine Bé-
sieurs industriels du même nom s'éta- thinie; mais ils s'amusèrent à piller les
blissaient à Cork. églises sur leur passage, en sorte que
MEAUX (Louis UE), sieur de LA lorsqu'ils arrivèrent à Montcornet,oùle
RAMÉE, capitaine huguenot. Lorsque .
prince avait donné rendez-vous aux Hu-
la première guerre civile éclata, les guenots de la Champagne, il en était
Protestants de Meaux, où, malgré les parti pour marcher au-devant de l'ar-
perséculions, une des plus florissantes mée allemande amenée en Francepar
églises de France s'était maintenue, Andelot. Se trouvant aiusi isolés au
obéirent avec empressementaùxordres milieu d'une population fanatique, que
de Condé, qui leur furent apportés par leurs déprédations avaient exaspérée,
deux marchands, nommés Regnard el ils furent saisis d'une terreur panique,
Goutery. Ils.prirent les armes et élu- se débandèrent et périrent presque tous
rent pour chefs Louis deMeaux,quide- sous les coups des Catholiques. Bien
vaitcommander dansla ville, etPierre peu parvinrent à gagner Lisy,espérant
Parcalus, ancien capitaine, qui fut rentrer inaperçus dans Meaux; mais ils
chargé du commandemeutdansleMar- nepurenttromperla vigilance de leurs
ché. Le premier soin des insurgés fut ennemis. A peine en échappa-t-il une
d'expulser les prêtres catholiques, ce trentaine, qui se sauvèrent à Orléans
qui s'exécuta sans autres violences; par des chemins détournés.
le second, de saisir loifle l'argenlerie Eussent-ils réussi à gagner Meaux,
des églises, qui fut inventoriée et leur sort n'en eût pas été moins fâ-
envoyée au prince. Après avoir dé- cheux.Celte ville était alors au pouvoir
pouillé les églises urbaines de leurs de quelques compagnies de la lie du
richesses,on voulut en faire autant dans peuple envoyées de Paris et d'une po-
pulace effrénée qui s'abandonnait aux
(1) C'est apparemment, lui qui fut député
XIIe Synode national, 1583. excès les plus odieux.. Au nombre des
au en
MEA 358 MEA
— —
victimes de ces sanguinairessaturnales ger,PierreThiébaut,GuillaumeRose,
de la réaction catholique, on cite Gilles riche laboureur de Vincellês, qui ra-
Caboche, procureur du roi, âgé de 62 cheta sa vie au prixde 160 écus eln'eh
ans,qui fut percé de coups de hallebar- fut pas moins précipité dans la Marne,
de en pleine rue, bienque la peur l'eût Claude Sdselle, femme de Pierre-Lar-
poussé à retourneral'église catholique; chier, tué lui-même d'un coup-d'ar-
Fiacre Lambert, tisserand et diacre de quebuse, Nicolas-Bergeron, Floquet,
l'église; Pierre Champenois, dit Lor- Jean de Lahayé, riche marchand de
rain, qui subirent le même genre de Signets, J. Fertin, Claude Moquct,
mort. Marguerite Olivier, qui était Laurent Docquevaux, Claude Le Moi-
accouchée depuis quelques jours, fut ne el Michel d'Amilly, maître d'école
arrachée de son lit,jetéé enbas de l'es- à Mareuil,quele curé du village arrêta
calier, et son enfant, qu'elle cherchait lui-même et fil metlre'dans une. nacelle
à proléger en le serrant contre son sein, pour le conduire à M'ô'aux. En chemin,
lui fut enlevé par les meurtriers qui lui la rage de ce curé fanatique s'exa|taâ
brisèrent la tête contre la muraille, en tel point qu'il précipita son prisonnier"
.

jurant : Par la mort-Dieu,il faut exter- dans la rivière et le poignarda de sa'


miner la race de ces Huguenots. Denis prepre main. La fureur populaire se
Piéro el Claude Baillet furentpréci- calma enfin;cependantlesbonsCalho-
pilés dans la Marne du haut.du pont de liquesde Meaux n'étaient passatisfaits.
Cornillon.Une pauvre femme, nommée Ils auraient bien voulu se défaire de
La Biselle, âgée de.plus de 80 ans, tous les hérétiques,mais ils redoutaient
fut arrêtée, parce qu'on avait trouvé leur nombre. N'osant employer la vio-
chez elle quelques livres de piété. Les lence pour les expulser, ils ourdirent
soldats auraient eu pitié de sa vieilles- un complot afin dé les faire sortir de
se; mais deux prêtres, deux hommes qui la ville. Le prévôt Du Mas, qui lo-
se disaient les serviteurs d'un Dieu de geait chez le calviniste Gentien Her-
paix, l'entraînèrent, la lardèrent de belin, dit en confidence à son hôte
coups de couteau et la jetèrent avec qu'il avait reçu l'ordre d'emprisonner
ses livres dans un bûcher, d'où elle plusieurs Huguenots qu'il lui nomma,
s'échappa par quatre fois, et par quatre en l'engageant aies avertir pour qu'ils'
fois elle y fut rejelée par ses bour- pussentse sauver. Le stratagème réus-
reaux. Jean Angrant et sa femme fu- sit, un grand nombre s'enfuirent; mais
rent lancés dans la Marne du haut de on finit par découvrir la supercherie, et
la plate-forme du château où on les ré- les fugitifs se plaignirent d'autant plus
tenait prisonniers. C'est surtout au vivement qu'en leur absence, les sol-
Marché,'«qui estoit lors comme une pe- dais catholiques avaient insulté leurs
tite ville, 7 à 800 maisons, l'une des femmes, usé à: discrétion dé leurs
plus belles, fortes et riches places de biens, fait rebaptiser leurs enfants. La
France», que s'exerça la rage des Ca- Cour fermant l'oréillé à leurs plaintes,
tholiques. «Ce marché fut tellement ils résolurent derenlrer par force dans
pillé et désolé, lit-on dans le Martyro- .
la ville. Un batelier, nommé Jacques
loge, qu'il n'y demeura presque maison Angot; s'élançanl intrépidement sur le
entière; les volleurs emportèrentjus- pont, baissa le pont-levis, enfonça le
quesaux serrures, verroux, gonds,bar- guichet et ouvrit ainsià ses coreligion-
reaux, fenestres, goutières, bois des naires l'entrée du Marché ; mais des
planchers, et y eut grand nombre secours arrivèrent deParisaux Catho-
d'hommes, de femmes, d'eufans qui liques, elles Protestants furent forcés
moururent dé disette par les champs : de chercher un asile dans le château
beaucoup de filles et de femmes vio- de Signets. Assiégés par des forces
lées.«Parmi ceux qui périrent, Crespin supérieures,ils serendirentla vie sau-
cite encore Matthieu Gantier,hn\\\an- ve. La capitulation ne fnlpasébséivée.
MEÀ
— 359
On les conduisit à Meaux où ils furent mandait, en 4 622, dans le fort Saint-
tous pendus, ainsi que l'échevin Fir- Gilles pour le duc de Rôhan, descendait
miii Cavillier, qui, lors du massacre, d'une branche de la même famille;mais
avait été épargné moyennant Une som- nousn'hésitonspas à y raUacherC7i<w-
me de 500 livres payée b. la fabrique les de Meaux, sieur dé Charny, qui,
delà cathédrale, et qui s'était retiré dans comme ancien del'églisedeMeaux,as-
le château de La Ferlé-sous Jouarre où sista à un synode.tenu à Charenlon en
on le découvrit. La paix d'Amboise 4 653. Resté veuf, en 1,643, de Made-
.
permit enfin aux exilés de rentrer dans laine de Beauveau, il s'était remarié,
leurs maisons dévastées. en 4 649, avec Marie Froment,\\\\e de
L'histoire ne nous apprend pas ce Nicolas Froment,avocat au parlement
que devint Louis deMeaux pendant ces de Paris, et de Marie Stuart. 11 -fut
scènes terribles; nous ne le retrouvons père de.deux filles, nommées l'une et
qu'en 4567, c'est-à-dire lorsque la l'autre MARIE, S'y rattache peut-être
guerre Se ralluma. Les Protestants de aussi le baron de Meaux qui, après
MeâUx ayant levé deux corps de trou- avoir servi comme capitaine dans le
pes, l'un de cavalerie, l'autre d'infan- Brandebourg, rentra en France, en
terie, confièrent le commandement du 1701, abjura et obtint une pension de
premier aux sieurs de Gorets el d'Ai- 300 livres (Arch. gén., E. 3552). .'
grefoin,et celui diisécond aux capitai- MÉHÉRÉKC (PIERRE), sieur de, 1A
nes La Ramée et Pradines, sous les CONSEILLÈRE, ministre d'Alençon, puis
ordres supérieurs du sieur d'Arles, d'Altona, victime en France de' l'into-
seigneur de Lisy et abbé de Lagny, lérance catholique,, et dans le Refuge;
qui sesaisitdoLagny etlenla dés'èfn- du fanatisme de Jurieu.
parer de Meaux, mais ne réussit qu'à La Conseillère était né en 1645. ,

Se rendre maître du Marché, dont les Nous ne savons s'il était le fils ou le
fortifications avaient été démolies par frère àeLouis de Méhérenc.ûeur de La
ordre de la Cour. Le 4 0 nov., jour dé Conseillère, gentilhomme de la Basse-
,1a balaillede St-Denis,Louis deMeaux, Normandie et avocat célèbre au parle-
allant rejoindre Condé els'élant arrêté ment de Rouen, qui, ayant essayé, à la
au Plessis-Marly pour rafraîchir ses révocation, de passer dans l'île de Jer-
hommes, fut pris par les Catholiques, futarrêlé, dépouillé de tout ce qu'il
sey,
conduit à Meauxet décapité devant l'é- emportait avec lui et ramené à Rouen,
glise cathédrale à la même place Où, où il souffrit de rudes épreuves, sans
que sa constance en fût ébranlée (1).
,
treize ans plus tard le 22 juin 4580,
,
soh fils SCIPION perdit aussi la tête, Il eut la douleur de se voir enlever ses.
sous l'accusation d'avoir enrôlé des trois filles, qui furent mises dans des
troupes pour s'emparer de la ville. Il couvents; cependant il réussit à les re-
fut remplacé par le capitaine Martault tirer du piège où on les avait attirées,
qui,plus heureux,atteignit à Montereau el à se sauver plus tard avec elles et sa
l'armée prolestante en marche vers la femme dans les pays étrangers. Selon
Champagne. LcTsque cette armée, for l'Histoire de la persécution de l'église
liSée par les troupes allemandes, re- de Rouen, on a imprimé les Lettres
passa près de Meaux,dé Gorelss'en dé- qu'il écrivit à sa fille aînée MARIE (2)
tacha, pour soumetlfe cette ville. ïlforça
la porte Saint-Rémi, le 5 oct., fondit '•'' Philippe de J/é/i«-nif,sîeur.deBellê;fon-
(1)
avec impétuosité dans la place; mais taitïe, né a Bayéux en 1644, eut moins de fer-
repoussé, il se cantonna dans le Mar- meté et dé (-(instance ; il abjura.
(2) Une outre Marie de Méhérenc, dé Cric-
ché, d'où il ravagea les environs jus- queville, liI|edeT;ioffl(ï5,sicurdeLaGarandé,
qu'à la paix de 4 568. et de Jeanne Meiain, entra commerai novice
fiel ;
aux PipuVelIes-Càliiôliques de Paris,
Nous ne savons si Louis de Maùlx
mais on né lui trouva pas les Qualités ié-
où dé jj/e<»,sieur deRoissé, qui Com- quises et on la renvoya dès l'année suivante.
MÉH MEH
-- 360 —

dissiper les illusions de l'erreur, ordonné d'adorer le pape comme Dieu,


pour
el elles sont dignes de la piélé qui les ainsi que d'avoir prêché à ses auditeurs
dictées. Au reste, la famille de Mé- qu'on n'est pas lenud'obéiràun roi ido-
a
hérënc était nombreuse, tin registre lâtre, La Conseillère,pour sa défense, fit
des enterrements el des baptêmes faits imprimer son sermon avec une préface
à Sainte-Mère-Eglise (Arch. gén. TT. où, expliquant sa pensée, -il disait que
317), que nous avons eu en mains,'fait si le concile n'avait pas décrété en ter-
m en ti o n d e Marie de Méhérenc,fem m e mes formels l'adoration du pape, il ré-
d'Etienne Du Vivier, enterrée dans sultait au moins des discours de ceux
cette église, en 4 663, à l'âge de 57 qui avaient prêché devant ce concile,
ans, laissant un fils.nommé Antoine ; que les Catholiques doivent lui rendre
de François de Méhérenc, sieur du un degré d'honneur analogue à l'ado-
Quesnoy,qui présenta au'baptême avec ra tjon..L'intendant Colbert ayant trans-
Marie de Mercadé, en 1673, Marie- mis au Conseil les plaintes du capucin,
Anne de Méhérenc, fille â'Isaac , reçut ordre d'informer.. Les informa-
sieur de Saint-Gabriel, et d'Anne Le tions prises avec le plus de secret pos-
Monniër. Dans une autre pièce, fai- sible, il les envoya au Conseil, en lui
sant partie de la même liasse aux Ar- proposant de condamner le ministre à
chives, et contenant deslistes d'enfants rétracter ses deux propositions, à trois
huguenots enfermés dans des couvents mois de prison, à uue amende de 500
ou collèges catholiques, nous avons livres, avec défense « de plus user de
trouvé les noms d'une demoiselle de ' semblables, discours et propos ny pa-
Méhérenc et d'une demoiselle de La roles scandaleuses » (Arch. gén. M.
Conseillère, détenues, en 1687, aux 676). L'arrêt fut rendu le 4 7 juillet.
Nouvelles-Catholiques de Caen, où la ' La Conseillère fut condamné à se ré-
dernière mourut, le 22 juillet de celle tracter et interné àNaulespour six mois.
année, ainsi que ceux d'un jeune La A l'expiration de sa peine, La Con-
Conseillère et d'un jeune Méhérenc seillère reprit ses fondions, qu'il exer-
enfermés, en 1688, le premier dans le ça sans nouvelle tribiilalion jusqu'en
collège des Jésuites, le second aux 4 684 ; mais il était mal noté auprès du
Nouveaux-Catholiques de Caen. Après gouvernement deLouis XIV; aussi, lors
•avoir rapporté tout ce que nos recher- de l'émeute excitée, par le jésuite La-Rue
chesnous ont appris sur cette famille, (Ko2/.lI,p.n3),cefut sur lui que tomba
revenons au pasteur d'Alençon. l'orage.On l'accusad'avoirprononcéces
La Conseillère avait à peine terminé paroles en chaire : «Je dis que le Irosne
' ses. éludes, lorsqu'il fut nommé minis- et la puissancesouverainedont nous fai-
tre de cette nombreuse église. C'était . sions nostre supbrt etnoslre apuy et où
une imprudence d'appeler à un posle nous aurions tousjours eu notre recours
aussi important un jeune homme qui ne pourladéfencede notre cause, nous en
pouvait avoir ni le tact ni l'expérience voyons présentement sortir des foudres.
nécessaires dans un pasteur, au milieu qui nous effrayenlet des arrests de con-
surtout des circonstances graves où damnation qui nous affligent et nous dé-
l'on était ; aussi les prêlres catholi- solent. Pleurons donc amèrement sur
ques, toujours aux aguets, ne tardèrent- nous; maispleuronspiusloslsurhosen-
ils pas à trouver dans ses sermons ma- fans, qui sont ravis sans avoir esgard à
tière à délation. Accusé par le capucin leur ignorance et à leur foiblesse el en
GéroléedeMortagne—qui, du reste, ne unageoùils n'ont pas de cnnnoissance, :

paraît pas avoir été animé de dispositions mais soit


par crainte ou par timidité ou
très-hostiles envers les ministres pro- bien,par promesse, etc. (Arch. -.gén.
»
testants,—d'avoiravancé, dans une de TT. 270). L'inlendanl Morangis-Baril-
ses prédications sur Pierre II, 17, que lon, qui était d'ailleurs assez modéré,
le concile deLatran, tenu en1512, avait au rapport de Benoit, n'estima
pas que
MÉH MEI
— 361 —
l'on pût tolérer ce que La Conseillère relevant dans les livres du célèbre mi-
avait avancé dans son prêche;—toutes nistre quelques-unes de ces proposi-
vérités ne sont pas bonnes à dire.Le roi tions hétérodoxes ou fanatiques qui s'y
ordonna donc de lui faire son procès, qui rencontrent en assez grand nombre, il
se termina par une défense d'exercer l'invita à se défendre plutôt qu'à accu-
son ministère dans les provinces de la ser. L'affaire arriva en Gn, après d'assez
..Normandie et du Maine. Ion gs délais, devantle synode d'Amster-
Forcé de quitter Alençon, La Con- dam, qui reconnut que La Conseillère
seillère demanda.au synode provincial avait donné lieu à des soupçons légiti-
de Quéville, en 4 682, «la liberté de mes desoeiniânisme, en fréquentant des
s'attacher où la Providence divine l'a- personnes notoirement hétérodoxes
dresseroit. » Sa demande lui fut accor- comme Aubert de Versé et Papin ;,
dée, et, en même temps, ses collègues toutefois il se contenta de lui faire si-
lui témoignèrent leur regret de voir gner de nouveau les actes du synpde
sortir de la province un aussi « excel- de Derdrecht, ce à quoi La Conseillère
lent serviteur deDieu» (Ibid.Tt. 258). consentitsanshésiter.Enagissant ainsi,
Muni de ce témoignage honorable, La le pasteurd'Altona men tit à sa conscien-
Conseillère partit pour Hambourg,l'an- ce; car il est certain qu'il rejetait, en-
née même. Elu, dès le mois de juillet, tre -autres doctrines calvinistes, celle .
pasteur de l'église française, il alla se de la grâce particulière; mais la com-
fixer à Altona, où il fpnda une église pression n'est propre qu'à faire des
calviniste, malgré l'opposition desBel- hypocrites. De retour dans son église,
ges et des Allemands réformés, qui, il continua d'ailleurs à être en butte à
par esprit de vengeance, l'accusèrent tant de tracasseries qu'il finit par don-
de favoriser le luthéranisme, l'armi- ner sa démission. Il se retira à Ham-
nianisme, le socinlanisme même. Le bourg cù il vécut d'unepensionquè son
fougueux Jurieu s'en émut, et, dans égljse lui fit jusqu'à sa mort, arrivée
une de ses Lettres pastorales de 4 690, le 4 2 oct. 4 699. Le seul ouvrage un
jl osa répéter, sans aucune espèce de peu considérable qu'il ait mis au jour
preuve, cette accusation. La Conseillère est un Traité historique et théologi-
se défendit dans une brochure intitulée : que touchant l'état des âmes après la
Plainte et apologie touchant les cho- mort, oùpar le témoignage de quel-
ses dontil est faussement accusé par ques anciens docteurs, et surtout de
M. Jurieu dans sa dernière lettre saint Augustin, l'on fait voir l'ori-
prétenduepastorale, 4 690, in-4". De gine et l'abus du purgatoire de l'E-
son côté, le consistoire d'Altona porta
.
glise romaine, Hamb., 4 690, in-8".
une plainte devant le synode "wallon, Moller nous apprend qu'il avait laissé
et La Conseillère se rendit en personne aussi des Sermons, mais, il ignorait
en Hollande pour y donner suite. C'est s'ils avaient été livrés à l'impression.
probablementà cette occasion qu'il pu- La Conseillère eut un fils, PIERRE,
blia son Faclum contre Jurieu, 4 690, sieur de La Conseillère, qui éludia la
in-4°.LesynedeinvitaJurieuàadminis- médecine sous Boerhaave el fut reçu
trer des preuves et lui donna quelques docteur en 474 0. Plus lard, il abjura
mois pour s'en procurer; mais, maigre la religion protestante et rentra en
l'activité qu'il déploya, l'accusateur ne France, où il mourut, le 2 janv.4732,
.putacquérir que des présomptions, ce On a de lui une très- bonne description
qui. ne l'empêcha pas de renouveler de la colique hépatique, publiée dans le
contre le pasteur d'Altona son accusa- Journal des savans (4724).
tion d'hérésie dans une brochure qu'il BîElGRËT ( LAMBERT), dit le Ma-
publia en français et en allemand. La gnifique (4), sieur de Lives, Le Mée,
Conseillère riposta par une Nouvelle Boissettes, Pouilly-Galeran, trésorier
réponse àM. Jurieu, 4 690, in-4", où, (1)Ce nom est aussi écrit Maigret ou Mégrç.l,
MEI 362 MEI

de France dans le Milanais-pendant les talents, ses vertus, et à acquérir dès
guerres de François I", s'était, chose droits à lâreconnais.sàncè des Genevois
rare chez les gens de finance, com- ' par les Services qu'il leur rendit. A la
porté dans sa charge «avec Une grande date du 1'3 oct. 1536, on lit dans lès
facilité à obliger», nous dit Blanchard, Fragmens de.Grehus: «On donheàLau-
dans ses Présidents à mortier du par- réni Maigret et à ses enfans/mâles 50
lement de Paris. Il avait fait au roi des écu s par autant qu'ils demcureront ici; »
4 nov. 4 538 : « Lès
avancés qui ne lui avaient pas élé reni'- et à la date du 4 màgnifiquèMégreiSa
boursées, de sorte qu'il s'était finale- CC confirment au
ment trouvé réduit à la nécessité dé pension de 400 florins,et son loge-
suspendre ses paiements. Au lieu dé ment sa vie durant, tant qu'il Sera bon
venir en aide à un homme .qui s'était Gênèvpysah, eu égard aux services
mis dans la gêne pour son service, qu'il a rendus à la ville pendant la
François!" usa à son égard de la plus guerre de 4 535, ayant precuré le se-
grande rigueur. Il le fit emprisonner cours que lé capitaine de Vêrèy avoit
au Petit-'Cbâtelêt et condamne!', eu amené, dansun temps oùMM- de Berne
4 527, par une commission à une a^ ne pouvôient pas nous en envoyer. »
melidè dé 15,000 livres et à la perte Cette pension de 400 florins lui avait
de tous ses offices royaux. Redevenu été accordéêcommeunéquivaiènidesâ
simpleparliculiërVMéigrettourna toute part du butin. Dès lé 25 janv.,lès droits
son activité vers l'élude des questions tle bourgeoisie lui avaient élé donnés
religieuses qui agitaient les esprits; il gratuitement« à cause de ses services.»-
sejeta ainsi aU-dévantd'auires dangers. Vers le même temps, sa première _fêin'
Lé pénultième d'août 1534, convaincu mé étantmorte,ilse remaria avec Êaf^
d'avoir mangé de la viande eu carême guérite Scarron. En 1544, il entra
el aux jours défendus, il fut condamné dans le conseil des LX, et trouva dans
à l'amendé honorable, à la confisca-^ celte position pour ainsi dire excep-
lion de ses biens et à cinq années de tionnelle, car il était fort rare que les
bannissement. Il fut dépouillé, raconte nouveaux bourgeois fussent admis au ->

Blanchard, de tout ce qu'il possédait, conseil d'Etat, déplus nombreuses oc-


jusqu'à sa maison de Paris [où il avait casions de rendre des services à sa
eu, en 1526, l'honneur de recevoir le patrie d'adoption, dont l'indépendance
légal du pape], qui fut donnée à Anne .était son vteu le plus cher. Appelé à
deMônlmoreiicy,lefameux connétable, témoigner dans le procès de Perriii, il
«îlavoit, ajoute lé mêhieécfivain,beàu- fit une déposition qui déplut aux Ber-
coup plusmisdu sien à faire les affaires nois. A leur instance, on le mil eh
dufôy qu'il n'en àvoitprofilé. etil né lui jugement, comme coupable de menées
restoit pour récompense que la qualité criminelles contre la liberté delà ville.
d'un homme d'honneur. » Cette qualité Cette sollicitude de Berne pour l'indé-
même, on a essayé de nosjpurs de la pendance de Genève est suspecté.Tout
lui ravir. Gâliffen'apas rougi de traiter ce que l'on put d'ailleurs prouver con-
celte viclimë du despotisme royal, du tre Meigret, c'est qu'il âvah reçu dès
fanatisme du clergé el de la cupidité lettres du président du sénat de Cliâm-
dès courtisans, «d'intrigant chassé de béry; or, c'était par ordre du. Con-
France pour, quelques mauvaises me^ seil même qu'il était entré en corres-
nées et qui cherchait à obtenir son rap- pondance avec ce président, qui lui
pel par .les services les plus bas.» avait le premier fait dos ouvertures au
Banni de France, Meigret se retira„
à sujet d'une ligue entre ies Suisses
-
Genève avec sa femme Catherine de et la France contre l'empereur, et
Jiamprond et ses deux fils ANTOINE toutes les lettres qu'il avait reçues de
JEAN. Il ne tarda pas à s'y concilier lui loùcharif cette alliance, il s'était eni*
-,
stimegénérale par es lumières, ses pressé déles communiquer aCàlvin, a-
aiEi — 363 — MliL
bailli deNyen.auxConseils de, Genève- soit jamais baptisé;—Les voeux ne
Les réponses de l'accusé parurentvic- sont pas perpétuels; — Il y a trois
1

torieUsesà ses juges, qui lui rendirent Marie-Madelaine, et Marie, Soeur dé


la liberté; mais les députés bernois, Marthe, n'est pas pécheresse; ~— Gê-
exigèrent une nouvelle enquête- Pour lui-là médit et calomnie qui appelle
complaire à leurs puissants voisins, les- Lulher un méchanthomme. Arrêté par
Conseils genevois recommencèrentla ordre de la régente, Meigret fut amené
procédure, malgré les éneigiques ré- ' à Paris, et condamné, par sentence de
clamalions des ministres contre ceiie' ' la Sorbonne, le 9 mars 1524 (v. s.),
iniquité, et cette fois, Meigret succom- à faire amende honorable, et son ser-
ba. Il recouvra, il est vrai, sa liberté mon à être brûlé. Dans sa Bibliothèque
le 16 janv. 4 548, et conserva même des Frères prêcheurs, Echard dit qu'il
sa pension de 400 florins, mais il fut croirait volontiers que Meigret abjura
exclu,des Conseils dont il était mem- ses erreurs, parce qu'il'est loué par-
bre. 11 vivait encore en 1551. ' tous les auteurs de son ordre. C'est
Lambert Meigret avait deux frères. que ces auteurs ne savaient pas appa-
L'un d'eux; Jean, conseiller, puis pré- remment que Meigret avait exercé lëS
sident à-mortier an -parlement de Paris;, fonctions du ministère évangélique
resta fidèlement attaché à la religion ' dansleséglises deMoèUsétdeGenèvê,
romainecty fit élever ses deux neveux, de! 542 à 1546, année où-il fut déposé;
qu'il alla chercher à Genève après la. le 20 mai, comme complice de Henri
niortdeleur père-. L'autre, nommé^i- deLaMar-e (Voy. VI, p. 237).
«!e',ajouéunrôleassez important com- Outre le Sermon cité plus haut, on
me apôtre de la Réforme en Fiance. a d'Aimé Meigret:
Né à Lyon vers 1500, d'une famille I. QuoeslionesfratrisAmadéiMai-
noble et aucienhe, Aimé Meigret entra oreti, lugdnnen'sis;- ordinis Proedi-
fort jeune dans le couvent de Sâinte- catorûm, in libros de ccelo etmùndo,.
Marie-de-Confort, Son frère Lambert, sive Commentaria in libros Aristô-
s'élanl chargé de tous les frais de son telis. de coelo et mundo, Paris, 154 4,
éducation, sèssùpérieurs l'envoyèrrent in-fol.
faire ses études au couvent de Saint- II. Commentaria sive qucèsliones
Jacques à Paris. Ses progrès furent ra- in libros Aristotelis dé genéralione
pides. Bachelier en 1515, il passa avec et corruptioné,?aris., 4 519. in-fol.-
honneur son examen de licence en frère Lambert.
— Dédié à son (JACQUES)
4520. Il s'était déjà acquis à Lyo:n une SJIilLLIÉIt ne nous est
cerlainerépulalioncomme prédiea.leur, connu que par la mention que le P.
lorsqu'il osa, dans un sermon prêché Lelongfail de lui, en le qualifiant de
à Grenoble et imp.souscctil,Té:Se'WMoa français calviniste. Il a publié Prover-
preschéà.Grenoblelejour deS..-Murç biorum Sdlomonis metoplirasisgré-
Evangeliste, avec nneEjjûtre en latin, ca metrica cum versione latinâ,
adressée au sénat de Grenoble, lyonj,. Gen., 1599, in-8".
1524, in-16 et in-4", avancer certaines MliLliT (BEHTRANS DE), sieur de
propositions fort peu orthodoxes, qui Saint-Martial, gentilhomme dit Péri-
soulevèrent contre lui le zèle des Sor- gord, était fils de Jean de Melet et
bonnistes, celles-ci surtout : La pro- de sa seconde femme, Hélène de Pa<
hibition du mariage et l'abstinence des touil. Il naquit vers 1560, et à l'âge de
viandes sont deux lois diaboliques et douze ans, il fut. admis comme page à
hypocriliques; -^- Les cajions et les la cour de Jeanne d'Albret.-Il fit ses
décrélales sont des traditâons' hurta-ai— premières armes sôus Langoiran, ail
nés, on ne doit pas s'en soucier; -— siège de PériguéUx, et ne tarda.pas à
Un païen qui a intention de suivre la obtenir une enseigne de gens de pied._
raison est sauvé, combien qu'il. :ne En 1586, il reçut du roi de Navarre'
MEL 364- MEL
commission de lever un régiment. En Guillaume de Melet, sieur de Malbosc,
4 587, il combattit à Coutras, où son
assista à l'assemblée politique de Lu-
frère Magdelon- Fayolles-dè-Mélet, nel (Ibid. TT. 232). Enfin, un des-
baron de Neuvy ou Neuvic, fut tué cendant de ce dernier, Jean de Melet,
dans les rangs catholiques. Il périt lui- sieur de Malbosc, qui s'était établi
même en 4 589, laissant deux enfants dans le vicomte de Conches, en Nor-
de son mariage avec Françoise de La mandie, comme gentilhomme verrier,
Rochefoucauld : 1 ' MICHEL, Sieur de étant mort en 1683, son fils orphelin,
Saint-Martial, baron de Neuvic, né en âgé de i 4 ans, fut envoyé, par lettre de
4 589 et mort vers 4648-,
à qui sa cachet, au collège de Vernen, pour y
femme Jeanne de Clermont-d'Amboise être élevé dans le'catholicisme (Ibid.
ne donna qu'un fils mort sans posté- M. 665).
rité; 2° CHARLOTTE, fille d'honneur MELIN (FRANÇOIS), pasleur à
— Saint-Maixent, fit ses études en théo-
deMariedeMédicis.
MELET (JEAN), pasteur de l'Eglise legie à Saumur, eu il soulintavec René
réformée,naquil à Oron,près.de Berne, deMédicis, de Saint-Maixent, et Fran-
très-vraisemblablement d'une famille çois Galleroeus, d'Anjou, soùs la pré-
originaire de France. En 4 573, parmi sidence de L. Cappel, une thèse en
les ministres réfugiés à Sanc,erre,nous trois parties De litûrgiâ et lingnoe
voyons, en effet, figurer un Melet igiiotoe in sàcris usu, qui a été ins.
(YÔy, VI,
p. 74), le même peut-être dans les Thèses salmur.A larévocation,
que lè.pasteur de ce nom qui remplit François Melin se retira à Amsterdam.
plus tard ses fonctions dans le Berry, Il est apparemment le même que le
et dont notre Melet était sans doute un pasteur de ce nom qui desservait, en
descendant. Pasteur de Sainte-Marie- ,
4 700, l'église de Martin's Lane à.Lon-
aux-Mines en 1650, et lecteur de l'é- dres, et qui fut, plus tard, placé comme
glise française de Bâle.de 1656 à 1658, ministre à Tournay. Melin n'a rien pu-
Jean Melet se chargea, à la demande blié; mais, après sa mort, sa veuve mit
d'Anne de Goligny, épouse du duc au jour des Essais deparaphrases sur
Georges de Wurtemberg - Montbé - les pséaumes, Rott., 1716, in-12,aux-
liard, auprès de laquelle il remplissait quels il a vraisemblablement eu part-,
alors les fonctions,dechapelain, de tra- si même il n'en est pas l'auteur.
vailler avec Duroeus à la réunion des Une famille du même nom, origi-
Luthériens et des Calvinistes. H com- naire de Liège, qui habitait Maizières
posa dans celte louable intention plu- en Champagne depuis le milieu du xvi6
sieurs ouvrages qui sont devenus fort siècle, professa aussi très-vraisembla-
rares, à ce qu'il semble,. Nous ne con- blement,la religionréformée.Dès 1572,
naissons que son Syndromus ireni- Thomas de Melin servait sous le duc de
cus, de pace inter Protestantes, Ha- Bouillon; un de ses descendants,Phi- .
nov., 1664, in-8°; mais Jocher cite lippe, sieur de Géraumont, combattit
encore, sans autre indication, Concor- sous les drapeaux suédois,puis sous les
dice inter Evangelicos curandce ac ordres de Turenne, et il prit alliance
procurandat médium novum; Pro-. dans une famille protestante, en épou-
pempticum irenicum ad omnes Pro- sant Elisabeth Le Goulon, fille d'Au-
testantes, etc. On ignore la date de sa guste, sieur du Coin, et de Marthe
mort. — Une famille noble du nom de Gauvain,dont'û eut deux filles,Elisa-
Melet habitait vers le même temps le beth el Charlotte, âgée l'une de 4 6 et
Languedocelprofessaitaussila religion l'autre de 8 ans en 4 669. Si ce ne sont
réformée. En. 1613,Philippe de Melet, pas là des preuves, ce sont au moins
sieur deMontmirail, épousa Madelaine de forles présomptions.
de Turc, dans le temple de Codognan SIELOT (N.), médecin à Rennes,
(Arch. gén-Jt. 313). La même année, un des premiers membres de l'église
MEL
— 365 — -
MEN
réformée de cette ville, et, comme tel, tes au duc d'Elampes par le pasleur
un objet de haine pour la populaiion Mathurin Vtiov.mean. Le duc se ren-
catholique, trouva, le 13 juin 1S60, dit à Rennes, dans l'espoir que sa pré-
suspendue à la porte de sa maison sence rétablirait la tranquillité; il n'en
une cage dé fer dans laquelle on avait fut rien. Quelques jours après, il fit,
mis un maunequin et une potence, par ordre de la.Cour, transporter les
avec deux fagols. du feu, delà poudre deux prisonniers à Nantes où siégeait
à c;mon et un pl;icard plein d'injures leparlement. Taillandiernec.onnaissait
contre lui. Le même jour, un placard pas la suite de celle affaire.
fut affiché à la porte de Biard, ancien MENJOT (ANTOINE'), docteur en
de l'église, qui y était menacé du bû- médecine, né à Paris vers 615. Si les
<l

cher. La fermentation des esprits, soi- dictionnaires biographiques, qui nous


gneusement entretenue par les prêtres fournissent cette date n'ont pas com-
qui faisaient procession sur procession, mis une erreur, il est étrange que la
devint si grande que bientôt on passa naissance de Menjot ne se trouve pas
des menaces aux voies de fait, et que inscrite sur les registres de Charenlon.
Michel Cerisier, qui n'avait pas voulu Nous en conclurions qu'il était né dans
se découvrir devant une de ces proces- :
le sein de l'Eglise catholique, si, vers
sions, faillit être massacré. Informé de le même temps, en 1618,ces registres
l'état des choses, le duc d'Elampes ne faisaient mention te Jeun Menjot,
donna ordre à l'abbé de Rillé de répri- procureur en la chambre des comptes,
mer le zèle exagéré des prêtres et des comme parrain d'un jeune Lombart
moines. L'abbé feignit d'obéir ; mais, (Voy. p. 116), et un peu plus tard, en
sous main, il continua à fomenter l'a- 1632, du baptême A'Auguste Gaudon,
nimosilé du peuple contre les Protes- fils de Samuel Gaudon, sieur de La
tants. On ne tarda pas à voir les effets Rallière, et iTAnne Menjot, d'où il
de ses sourdes pratiques. Lé 2b juillet, résultequedèslorsune partie au moins
sous le prétexte de demander à Dieu de sa famille professait le protestan-
un temps favorable pour la moisson, tisme. On ne peut douter d'ailleurs qu'il
une nouvelle procession fut annoncée, ne l'ait professé lui-même (1).
Elle se mit en marche, plus nombreuse Meujot acheva ses études àMontpel-
que jamais. Lorsqu'elle arriva dans la lier, où il prit ses degrés en 4 636. De
rue Saint-Sauveur, les Cordeliers, qui retour à Paris,ilfutpourvud'une charge
tenaient la tête, s'arrêtèrent devant la de médecin du roi et nommé conseiller.
maison de Melot etlançèrent contre les À la révocation del'édit de Nantes,il fut
murs les pierres dont ils avaient rem- exilé à Limoges (Arch. g pi. E. 337.1);
pli leurs larges manches. Les prêtres .
mais il acheta,au prix d'une abjuration,
suivirent l'exemple, puis le peuple, là permission de revenir à Paris, où il
imitant ses pasteurs, enfonça la porte, continua à pratiquer son art avec succès
maltraita Melot et sa femme, qui était jusqu'à sa,mort, arrivée en 1696. Il a
enceinte, et le traîna en -prison. Vint laissé quelques ouvrages assez bien
ensuite le tour de Mesrnenier-Escou- écrits, mais peu remarquables au point
flard, dont Ta maison fut pillée et qui de vue de la doctrine qu'il y professe.
fut également jeté enprison.Ces excès, I. Historia et curalio feliriumina-
dit dom Taillandier, étaient trop criants lignarum, Paris.,1662, in-4"; 1674,
pour demeurer impunis. Le sénéchal in-4° ; 1677, in-4\ — La 1 " édit., à
de Rennes crut de son devoir d'en pour- laquelle l'auteur n'avait pas mis son
suivre la répression : il fit arrêter le .
nom, fut attribuée à de Goris. La 2e
porteur de croix de Saint-Pierre dans
l'église même et décréta plusieurs prê- (1) En 1650, il élait parrain d'un enfant
du peintre Alexandre Dugarnier; Nous parle-
très de prise de corps. De leur côté-,
rons de la famille de cet artiste dans notre
.
les Protestants firent porter leursplain- Supplément.
SKM 4- ses
\istplus ample que Sa 4 ". Menjot y joU
- IHEN
lélimarU aVaif fait ses études à l'acade-°
:gnit l'ouvrage suivant : iiiiie de Gettève, où il avait été imma-
II. Dissertationum pathologica- triculé en;l66.2;C?était un homme d'une
rum partes M, dont la 1rc parlie-avait vertu exemplaire et d'une grande piété,
déjà.paru à-Paris en 4665, in-4°,etla animé d'un.zèle ardentpour sa religion,
2e,un peu plus tard. et prêt: à sacrifier ses plus chers inté^
III. De variis sectis amplectendis rôts, sa vie même, à la cause de l'Evan-
adv. HadrianvScaurvineptias de- gile. A l'époque des dragonnades, il
/è»s.t0,Pari5.,4 666, knl2; réimp.avee .
ne se contenta pas d'opposer un cou-
la 2" édit. du N° Ii.puis à Utrecht, rage inébranlable à la peur qui pous-
4 682,in-8\ "' sait en'foule ses coreligionnaires dans
IV. DisserU paihôl. pars IV. — -
les églises catholiques ; mais il entre-
Publication annoncée ^par Bayle dans prit de fortifier dans leur foi par ses ex-
les Nouvelles de larépùbliq.deslellres, 'liortations ceux qui n'avaient point en-
:fév. 4687. '' core'succombé, et de faire rougir de
V. Opuscules .posthumes, conte- leur lâcheté par ses remontrances ceux
nant des. discours- et des lettres sur qui avaient eu la faiblesse désigner
divers sujets, Rotl., 1696, in-4°; leur abjuration. Tant d'audace méritait
'-Ainsi,, 4697, in-40.--- Menjot ne des- d'être punie. On l'arrêta-donc et on le
tinait pas ces pièces à l'impression. jeta dans un cachot humide où, en peu
BlENOUiLV (JACQUES DE), nom que de temps, tout son corps se tuméfia.
l'on trouve aussi écrit Menours, Me- Au bout-de six mois, on l'en, tira pour
nouel Menouse, sieur.de' La Baraudrie, le livrer à d'Hérapine,1. qui le plongea
f\)s dePantaléonda Menouret deilfa- dans une espèce de basse^fosse, où le
HeBoiceau^xA commissaire ordinaire jour ne pénétrait que par une lucarne
des guerres, lorsqu'il'épousa, en 1626, donnant dans la chapelle de l'hôpital.
Marie Le Coq, fille de Pascal Le Coq Le féroce directeur de l'hôpital de Va-
-el de Françoise de Saint-Vertunien; lence voulut le forcer à s'approcher de
plus tard, il fut nommé intendant des cette lucarne pour assister à la messe,
jardins et maisons du roi. 11 mourut, en mais Menuret opposa une résistance in-
4 637, à l'âge de 46 ans, père de huit vincible.D'Hérapine,furieux, le fit des-
enfants, savoir : 1° JACQUES, sieur de cendre-dans une basse-cour, suspen-
La Baraudrie.morl, en 1665, commis- dre par les bras aux branches d'un mû-
saire ordinaire des guerres ;—^ 2° MA- rier, de manière que ses pieds tou-
ME, née en 1629, femme, en 4 642, de chaient à peine le sol, et accabler de
.
-Jean de Béringhen;— 3°ARMABD, coups de nerf de boeuf. Pendant quinze
;sieurdeLaBaraudrie,bapliséle29sept. jours, Menuret supporta ce douloureux
•4-630 ;—4" ANNE,née le 27 sept. 1634, supplice,; en priant Dieu pour lui-même
mariée, en 4 657, avec Charles Gen- et pour ses bourreaux. Deux Capucins,
drault, sieur de Chérman, fils de Jean louches de ses cris lamentables, ayant
Ûendràult et de Marie Puyrigault ; intercédé pour lui, d'Hérapine donna
—5° Louis, né le 29 août 1632; —- l'ordre de cesser ce traitement barbare
(6° MARTHE, femme, en 4 653; de Frê- et d'employer le patient à charrier des
• éÀû-ic- Otto Fabrice -de- Gressigny, pierres pour un bâtiment que l'on ajou-
^maître d'hôtel ordinaire du roi, fils du tait à l'hôpital. Le 1er avril 1687, l'é-
grand bailli de Windeck dans le duché 'v-êque de Valence alla visiter Menuret;
"deBerg; — 7°EusABETH,née en 1635, mais n'ayant pu lui arracher la pro-
-qui, en 1686, fut encore signalée à la messe de se convertir, il n'eut garde
police comme protestante (Arch. gén. de solliciter en sa faveur, comme l'a-
E. 3372); — 8° PIERRE, mort eu 1638 yàientfaities deux capucins ; peuWêlrB
ià l'âge de deux ans. même exhorta-t-il d'Hérapine à- redou-
MENURET (JEAN), avocat de Mon- bler de rigueur. Que ce soit ou non à
MËQ *. m - MËà
IHûSligalio'Û de PèvÊque,. il est certain dant, Morelenlra dans l'exercice de'ses'
que, depuis celle visite, le martyr de fonctions; mais quelques jours après,
la foi protestantefut plus maltraité que le çuré.d'Héricourtvin! le sommer, un
jamais, lin jour, d'Hérapine lui fit don- arrêt du parlement en main, de lui cé'-
ner tant de coups de. nerf de boeuf, que, der la place. Les habitants de Chagey
quelques heures après, ou le trouva firent partir successivement pour Paris
mort dans son cachot. Il avait été livré l'avocat Goguel, de Montbéliard;; et
à. cet infâme scélérat au mois de juin Nicolas Dormoi, qui rapportèrent les'
1686; il mourut dans'le mois d'avril promesses les plus rassurantes. Cepen-
de l'année suivante.. dant, le 27 août 4 740,\lè village fut
' MÉQUILLET (SAMUEL),
pasteur à envahi par un détachement de grena-
Chagey, dans le comté de Montbéliard. ' diers, ayant à leur têle le bailli d'Héri-
Ayant osé qualifier le duc de Wurtem- court. En réponse à la question très-
berg de souverain seigneur d'Héri- naturelle, en vertu de quels ordres il
court, dans-son Instruction générale agissait, le bailli répondit que c'était
catèchétique sur les vérités et les de- en vertu du droit de la force, et incon-
voirs essentiels de la religion chré- tinent une décharge tua cinq villageois
tienne (Montb., 1712,,. in-1,2; 1713, et en blessa quinze. L'église fut forcée
in-16), il fut cité à comparaître, en et dévastée, et pendant quinze jours,
1713,devantle parlement de Besançon. les soldats vécurent à. discrétion, chez, .
Le trailé deRyswick avait stipulé, en les pauvres habitants, Morel échappa à.
4697, que les princes de la maison de toutes les recherches..
Wurtemberg seraient remis en pleine MÉitADLX (N.), de Châteaudun,
el -entière possession du comté de nous est connu par un écrit intilulé-
Montbéliard; mais Louis XIV était ha- Apologie on Advis surl'advis qneVon-
bitué à. tenir peu de compte des trai- fait courirpar un certain escritpour'
tés, et ses agents suivaient son exem- taxer son pasteur touchant Testât'
ple. Le parlement de Besançon avait des âmes fidèles après lc%r tresp'asr
doucenjoint aux sujets du,duc Georges, jusqtCà leur résurrection. C'est une-
dès le 22 avril 1698, de ne reconnaître chaude défense du ministre Simpson,.
d'autre souverain que le roi de France,- qui avait été suspendu à cause de ses;
Méquillel avait violé celte défense; tel opinionshétérodoxes surl'étatdes âmes;
était son crime. Le parlement, au reste, après la morl. Cet écrit fait partie d'un:
usa d'indulgence. Il se contenta de lui vol. msc. coté Supplém. franc. 944..
faire une sévère réprimande et de le 4 4, qui se trouve à la Bibliolh. natio-
condamnera payer les frais du procès. nale. Nous ignorons s'il a été imprimé;.
En 1728,. le. pasteur de Chagey fut de. MEïlClEIl(CHARLES),filsd'unchi-
nouveau pris à partie par le parlement, rurgien de Montbozon en Franche-
parce qu'il avait présidé à une inhu- Comté, réfugié à Montbéliard en 1542;,
mation dans le temple de sa,paroisse, pour cause de religion. Six ans après:
et, celte fois, il fut condamné à la pri- son arrivée dans.cetle ville, bien qu'ils
son. À sa mort, arrivée en 4739, on nefûtâgé que de 25 ans, Mercier, quii
nomma pour le remplacer Jean Mo- exerçait les fonctions de notaire,, futt-
tel, diacre d'Héricourt. Gomme les nommé procureur général près la cour?
quatre principautés annexées au comté de chancellerie. Il remplit celle charge^
de Montbéliard avaient de nouveau été avec honneur jusqu'en 1871, que les;
mises,sous-le séquestre par le roi de tuteurs du jeune comte Frédéric le des-
France, séquestre maintenu:malgré la tituèrent,.parl'unique raison qu'il était'-
paix et malgré, les représentations delà calviniste, et le remplacèrenlparFcwy
dièle de Ratisbonne, on dutdemander Chamberl, docteur en droit, que ses-
à lïintendant de la Franche-Comté la opinions religieuses avaient fait chas-
confirmation de ce choix. En l'atten- ser de Besançon. Quelques années a~-
MER 368 MER

près, en 4 574, Mercier fut arrêlé et qui ont été publiés sous ces titres :
condamné à mort, le 22 juin, comme Sermons sur les circonstances pré-
coupable de Concussions, abus de pou- se?iies,LoQi., 1795,in-8\elSm»</»s
voir et prévarications; mais la peine sur le culte public, Lond., 4804, 8°.
fut commuée en.celle d'une détention ME3VCIER (JEAN), ou Le Mercier,
perpétuelle dans le château deB.lamont, en latin Mercerus. un des plus savants
où avait déjà gémi plus d'une victime hébraïsants et des plus judicieux inter-
de l'arbitraire, entre autres le célèbre prètes.de laBibledont s'honore l'Eglise
jurisconsulte Du Moulin (Voy. IV, protestante, naquit à Uzès d'une fa-
p. 413). Dès qu'il eut atteint sa majo- mille noble. Se destinant à la magis-
rité, le comte Frédéric lui rendit la li- trature, Mercier étudia le droit à Avi-
berté,, et lui fitdélivrer, le.13 oct. 1581, gnon el à Toulouse; mais, entraînévers
des lettres d'abolition conçues dans les les langues savantes parun attrait irré-
termes les plus honorables. Mercier re- sistible, il ne tarda pas à abandonner la
prit ses fonctions de notaire, et fut jurisprudence pour se livrer plus libre-
nommé receveur dé l'ancienne abbaye ment à ses-goûts. Disciple deVatable,
de Belehamp. Il mourut en 1594, sans il succéda à ce célèbre professeur, en
laisser d'enfants. 4 546, dans la chaire d'hébreu au Col-
Pendant sa captivité, il avait composé lège royal, et il la remplit avec tant
de mémoire une relation de la Prise et d'éclat, « qu'il avoit l'auditoire tout
reprise d'Hériconrt, en 1561, événe- plein, quand il lisoit, » lit-on dans le
ment dont il avait été le témoin ocu- Scaligeranà. «Comme il savoitbienles
laire; elle a été imp. dans le T. I des quatre langues principales, dit aussi
Mémoires et documents inédits pour de Thou, qu'il travailloit avec une
servir à l'histoire de la Franche-Comté exactitude infinie et qu'il joignoit à tout
(Besançon, 1838, in^S6). Après sa mise celaun jugement admirable, il estpres-
en liberté, il employa ses loisirs à for- que incroyable avec quel succèsil s'ac-
mer une collection des Lois locales et- quillades fonctions de l'enseignement;
anciennes coutumes des ville et comté mais ce qui relevoit merveilleusement
de Montbéliard, et à rédiger un Ren- sa science, c'étoit sa .candeur, sa mo-
tier général et particulier de cette destie et l'innocence de ses moeurs.»
principauté. Amené aux idées de la Réforme par ses
MERCIER (Fn.), né, en 1721, à études sur la Bible, Mercier, quin'avait
Genève (1), fut admis au ministère en point étèinquiété en 4 562, parce que,
4 746, et placé comme ministre dans comme le dit Pas'quier, «il estoit si es-
une église rurale, en 475S. Appelé, en loigné des brigues qu'il ne cognoissoit
4763, à desservir une église de la que ses livres hébrieux, avec lesquels
ville, il fut nommé, en 4766, profes- il communiquoittous les jours sans in-
seur de.philosophie, et mourut en 1793. tercesser, » fut obligé de quitter Paris
On a de lui deux ouvrages anonymes : etla France, lorsque la seconde guerre
une Grammaire latine, 4764, 2 vol. de religion éclata. Il se relira à Venise
in-8°, et une Logique, Gen., 1766, 8°. auprès ^Arnaud Bu Ferrier, qui le-
Apeuprèsverslemême temps, Louis combla de marques d'estime et d'ami-
Mercier, dont-le nom indique suffi- tié. Après la paix de Saint-Germain, il
samment l'origine française, remplis- voulut revenir dans sa patrie, mais à
sait les fonctions pastorales dans l'é- son passage dans sa ville natale, il fut
glise wallonne de Londres.. Il nous est attaqué d'une maladie contagieuse qui
connu par deux recueils de sermons, ravageait le Languedoc, et il y mourut
en 4 570. Sainte-Marthenous a tracé de
(1) Il pouvait descendre i'Isaac Mércier.ie lui ce portrait: Corpore fuit graçili et
Lorraine, reçu bourgeois gratis, le 19 janv.
1603, ou de Pierre Mercier, de Uivonne, ad- à studioriim laboribus macilenlo, sed
mis a la bourgeoisie le %% juill. 1631. voce, robustâet virili: temperantiâ au-
MER — 329 — MER
lem, pudore, modestià et coeleris animi pretaiionelatinâ, Paris., 1855, in-8v
bonis, supra varise doctrinaî laudem, Le mse. de cet ouvrage se conserve
nulli secundus. A ce témoignage d'un —
à îaBiblioth. nation., Fonds Colbert,
auteur catholique joignons celui du sa- N° 3924.
vantCasauhon qui appelleMercier«di- V. Tractatîtlus deaccentibus Jobi,
vinusvir, omnium Christianorum nostri Proverb. et Psalmorum authore R.
sseculi sine controversiâdoctissimus,» Judâ filio Belharn hispano, trad. de
et celui de Bèze, qui, après avoir loué l'hébreu enlatin, Paris., Car. Stephan.,
son savoir,ajoute: ÂGcedebant adhanc 4556, in-4°.
erudilionem summum pietalis studium, VI. Jonathoe, Uzielis fiUi, inter-
candidum ingenium, modestià singu- pretatio Chaldoea in XIIprophetas,
laris, vita prorsus inculpabilis. diligenter emendataetpunctis juxta
Au jugement de Richard Simon, Jean analogiam grammaticam notata.
Mercier « a eu toutes les qualités d'un Hoseas et Joël, cum explicatione lo-
savant interprète de l'Ecriture, » et le corum obscuriorum Targum, Paris.,
célèbre historien de l'Eglise Schrockh. Car. Stephan., 4 557, in-4°.— Tout en
déclare qu'aucun des théologiens de hébreu, excepté les scholies ; ce vol.
son temps nefutplusversé que lui dans forme le 1 " de l'édit. en hébreu des
les langues orientales, ni ne chercha Douze petits prophètes.
avec plus de soin la vérité. Sa critique VIL Chaldoea interpretatio Amos,
est plus judicieuse, plus exacte que Âbdioe et Joncs, punctis juxta analo-
celle de la plupart des exégètes de giam grammaticam notata, cum va-
son temps, sa méthode d'interpréta- ria lectione. Accesserunt scholia in
tion purement littérale ; il ne s'attache loca difficiliora Targhum, Paris.,
pas à découvrir dans chaque passage
,
Car. Stephan., 1557, in-4°.— Ènhé-
un sens allégorique, il ne poursuit hreu, sauf les scholies ; %' vol de l'édit..
que le sens historique, et il expose .citée.
avec brièveté-etprécision le résultat de VIII. Michoeoe, Nahum, Habacuc,
son investigation. Plus que pas un de Sophonioe, Haggoei, Zacharioe et Ma-
ses contemporains, il a contribué k ré- lachite interpretatio chaldma, punc-
pandre le goût de la langue hébraïque, tis juxta analogiam grammaticam,
dans laquelle personne parmiles Chré- notata, diligenter que emendata, cum
tiens n'était plus versé que lui, et il a .
varia lectione, Paris., Car. Stephan.,
eu le mérite de découvrir le premier 4 558, in-4°. —En hébreu, 3" et der-
la quantité et la mesure des vers hé- nier vol. de l'édit. des petits prophètes. .

:
breux. Rome lui a fait l'honneur de IX. Jonathoe, Uzielis filiitinterpre-
l'inscrire dans son Index. tatifchaldaïca sex prophétarumHo-.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. seoe, Joè'lis, Amos, Abdioe, Jonoe et
I. Chàldaicaparaphrasis Obadioe Haggoei,latinè reddita.Va.ns.,GMo-
et Jonts, latine, cum scAoZiis, Paris., rel, 1559, in-40. —Dédié au cardinal
4550, in-4".-—Cité par Imbonati. de Lorraine.
II. TdrgumJonathanis inAggasum X. ChaldoeaJonathoeinsexprophe-
cum versione latinâ, Paris., 1551, tas interpretatio, Michoeam, Nahum,.
in-4°. — Voici le titre donné par Im- Habacuc, Sophoniam, Zàchariam
bonati: Scholia etversio adprophe- et MalacMam, latinitate nunc pri-
.

tiam Ilaggoei, hebraice. mùm donata et scholiis illustrata, ~

1III. Commentarius in Nahum, Paris., Car. Steph., 4S59, in-4°.


Lùgd., 4 553, in-fol. —Cité par Lipe- XI. Habacuc cum commentariis P<. '
nius. Dav. Kimhi à Franc. Vatablo snmmâ
IV. Evangelium Matthoei, recensé cura et diligentiâ recognitis ; adj. -
Juioeorum penetralibus erutum, he- insuper scholiis Masoroe, varia lec-
braice absque punctis, cum inter- tione, atqne indice locorum quos
T. Vil. 24
MER - -
Uimhi citât ex Talmnd, Paris., Car.
330

1874-, 1898,
MER
in-fol.— Peu de choses -

Steph., 4559, in-4\ de sou propre fonds; il lire presque tout


XII. Tabuloe in grammaticem lin- ce qu'il dit de S. Jérôme, de Nicolas
guoe chaldoeoe, quoe et syriaca dicitur. de Lyra, d'OEcolampade et des rabbins.
Milita intérim de rabbinico et tal- T\Tl\ï. LiberdeàccentibusScripki-
mudico stilo tradnntur : accessit ad roe, amthore R. Judâ, filio Bàladm,.
.

calcem libellus de abbreviainrisHe- nunc primùm editus, Paris., Rob.


broeorum, qnibus el in Masorâ et Steph., 4565, ïn-4".— LeN° IV n'est
Talmmdifiis atguoe aliis scriptis pas- qu'un fragmentée ce livre, que Mer-
sim uluntur, Paris., G.Morel, 4560, cier traduisit en latin.
in-4"; Lond., 4S60, ih-4"; Witleb., XIX. Alphabetum hebra'icnm, Pa-
4579, in-S0.—- Colomiès et le Cat. de ris., Rob. Steph., 2" édit. 1866,ln-4b.
la Bibliolh. du docteur Williams en XX. Jonas cum commentariis R.
citent une édition de 4 550, qui n'est Dav. Kimhi, à Franc. Vatdblo re-
sans doute qu'une première ébauche. cognilis : adjectis insuper scholiis
XIII. Interpretatio chaldoea Pro- Masoroe, etc., Paris., 4 567, in-4°.
verbiorum Salomonis, punctis juxta XXI. InDecalogum Commentarius,
analogiam. grammaticam acenrate doctrinâet eruditione non carens,
notata,eiàmendismultisrepurgaia, Rabbini Abraham, cognomento Ben-
hèbraicèy'Pws., G.Morel, 1561, in-4°. Etra, interpr. J. Mercero. Item, De-
XlV.îbtyri -plE-' Canlica calogus -ut ab Onlielo chaldoeo parà-
eru- phraste conversus est, per eundem
ditionis intelleclûs, auctorepercele- làtinùs factus, Lulel., Roh. Stephan.,
briRabbiHaai, et Paropsis argentea, 1568, in-4°.
auctore R. JosephHyssopoeo, hebrai- XXII. CommentariiinJobum et Sa-.
ce, cumversione latinâ, Paris,,1561, lomonis Proverbià Ecclesiasten,
in-4 2. — Instructions en vers hébraï- , Gen.,Vignon,
Canticum canticorum,
ques dans le genre des Proverbes de 1573, in-fol.,Lugd. Bal., 1651, in-fol.
Salomon. Selon Imbonati, le second L'éditeur, Théodore de Bète, y a joint
traité a été réimp. séparément à Paris, Mti&Epistola in quâde hujns viri doc-
4568, in-8°. D'autres bibliographes en irinâ et istorum commentariorùm
citent une édit. de Paris, 4 559, in-8°. ' utiliiate disseritur. Eu égard au
XV. Libellus Ruth hebraice, cum —
composé,
temps où il a été ce commen-
scholiis Masoroe ad marginem; item taire peut, à bon droit, être regardé
in eundem succincta expositio non- comme un chef-d'oeuvre d'érudition.
dumin lucem ëmissa, enjusinmanu- Pourpénélrerle sensdu livre obscur de
scriplo exemplari antor proefertur Job, Mercier a eu recours à l'analogie
R. DavidKimhi,Vms.,'R:oh. Stephan., des dialectes sémitiques, aux ancien-
4-563, in-4». nes traductions, aux témoignages des
XVIi Lïbelli Ruthparaphrasis sy- rabbins. Ses recherches le conduisent
viaca,hebraici, punctis juxta analo- à ce résultat, que ce livre n'est point
giam grammaticam notata, cum la- une fiction poétique, mais que l'auteur,
tinâ interpretatione ad verbum;item contemporain des patriarches, a vécu
conjectura de locorum aliquot sus- en Arabie, et que son ouvrage, tel que
pectorumemendatione.Adjecta sunt nous le possédons, peut avoir été écrit
adcalcem annotataquoedam deNoëmi en arabe et plus tard traduit en hébreu.
socru Ruth, et de Booz, atque aliis, 'XXIII.Expositioin Obadjàm,Gen.,
Paris., Rob. Stephan., 4 564, in-4°. 1574. — Cité par Lipenius.
XVII. In Vprophetas priores, qui XXIV. Commentar, inHoscam, ma
minores vocantnr, qnibus adjecta cum Commentar. Kimhi, Aben Ezroe
sunt iam velerum qnam recentium et Jarchi, latine, Gen., 1574; Gcn,,
Commentar., Genev., 4 565, in-fol. ; Matt. Berjon, 4 598, in-fol.
MER 331 MER
— —
XXV. Notoe in Thesavsum linguoe la profession de la religion romaine;
sanctoe Pagnini, Lugd., 4 575, in-fol.; mais le lils, nommé .JOSIAS, qui, selon
1595, in-fol. l'expression de La Barre, dans ses An-
XXVI. Constantini Hannenopuli tiquitez de'Corbeil, ne forlignanien .
Promptuariumjuris, trad. en latin. capacité ni en science, rentra dans le
L;aus.,15S0, in-8°.—Version élégante sein de l'Eglise réformée, où il joua
et notes savantes, au jugement de l'his- même Un rôle considérable..
toriende Thou. Josias Mercier, sieur DES BORDES et
XXVII. Observationes adHorapol- de Grigny, hérita du vaste savoir et de
UnisHieroglyphica,kàg.^!ind.,\h^,
.
la rare pénétration de son père. Colo-
in-4°. r-On en cite une édit. de Paris, miès estime que de tous les critiques
4 554, iu-S°, sous ce litre: Orus Apollo de son temps, il est celui dont les con-
Niliacus de S. notis cum observât.; jectures sont les plus certaines, et ce
Jocher en mentionne même une de Pa- qui relevait singulièrement son mérite,
ris, 1548, in-4°, sous celui-ci : Hiero- c'était sa grande modestie.' On sait
glyphica Horapollinis cum versibne d'ailleurs très-peu de chose sur sa vie.
latinâ et observationibus. C'est lui qui, après la promulgation de
ITVUl.CommentariusinGenesim,' l'édit de Nanles, recueillit l'église de
ex edilione et civm proefatione Th. Paris dans son château de Grigny, où-
Bezoe, Gen., Matt.Berjon, 1898, in-fol. le Culte se célébra jusqu'en 4 601. Cette
— Le Commentaire de Mercier sur la même année, les églises de l'Islè-de-
Genèse est moins riche en observa- Frâqce le députèrent à l'Assemblée po-
tions grammaticales que son Commen- litique de Sainte-Foi, qui le choisit
taire sur Job. Dans l'un comme dans pour secrétaire, et le nomma député
l'autre, il proteste, à chaque instant, général. Probablement vers le même
contre l'interprétation allégorique et temps, il obtint de Henri IV le litre de
mystique du texte, et il ne laisse pour— conseillerd'Etal. En 4 605, l'Assemblée
tant pas de trouver lui-même en maints de Cbâtellerault, à laquelle il assista
passages des allusions au Messie. encore, le porta de nouveau sur la liste;
XXIX. Commentarius in Hoseam, des candidats à la dépûlation. En 4 64 4,
Joelem, Amosum, Abdiam et Jonam, celle de Saumur, où il siégea aussi,
imà cum commentariis Kimhi, Àben l'élut secrétaire. En 4 64 5 enfin, celle
Ezroe et Jarchi, latine, Gen., 4 598, de Grenoble, qui lui confia les mêmes
in-fol.; Giess33,4 695, in-4°.— Publie fonctions, et le nomma membre de la.
par Chevalier, à ce qu'on affirme. commission Chargée de dépouiller les
XJX.Prophetia Hosece chald. cum cahiers des provinces, le chargea de
comment. D. Kimhi, Aben Ezroe et plusieurs missions de confiance.. S'il
Sàl. Jarchi, heb. lat., Lugd. Bat., faut en croire Le Vâssôr, Dés Bordes
1621, in-4°. n'ayant pas su résister aux séductions
A celte .liste, dressée d'après les du duc de Bouillon, s'était dévoué au ,
meilleurs bibliographes, il faut ajouter, parti des Mécontents. Ce qui est cer-
selon Lipënius : De poenilentioe anti- tain, c'est que l'Assemblée l'employa,/ ,

quitàte et necessitate, Paris., in-8", avec Du Cruzel elLà Noaille, à suivre


et selon Adelung, De conscribendo les négociations qu'elle avait nouées .

epigrammale, s., 1. eta.,in-8°. avec Condé. Après la conclusion de la


_

Jean Mercier avait épousé Marie paix, Josias Mercier rentra dans la vie
d'Allier, fille de Lubin d'Allier, avo- privée. Laissant à de plus ambitieux les
cat au parlement, el d'Antoinette de agitations delà politique, et renonçant ;

Loynes. Il en eut un fils, né à Uzès, et san3 regret aux affaires publiques,


deux filles que l'on fit rebaptiser à dans le maniement desquelles il s'élait
Saint-Sulpice, le 29 oct. 4572. Nous montré habile, il se consacra unique-
ignorons 'si lès filles persistèrent dans ment à des travaux littéraires. Il mou-
MER - 33a — MER
rulle 5dée. 4626. Safemme, AnneLe rigé » le livre du grammairien latin,
.
Prince, l'avait rendu père de plusieurs qu'il a enrichi de notes. C'est son prin-
enfants. Les Registres de Charenlon cipal ouvrage.
nous en font connaître six : 4" ANNE, III. DictysCretensis deBello Tro-
néeen 4 602, mariée, en 4 623, au cé- jano, et Dares Phrygius de Excidio
lèbre Claude de Saumaise,el morte en Trojoe;addiioesunt adDictymnotoe,
4657; —2° HENRI; né le7 déc. 4604, Paris.,Rob.Steph.,1618,in-16; Amst.,
qui eut pour parrain Henri de Rohan 4 630, in-4 6; Paris.,4 680, in-4".
et pour marraine Camille Morel (1) ; IV. Apuleii liber de Deo Socralis.
— 3" TIMOTHÉE, né le 6 mars 4 606, J. Mercerus è libris mss.r.ecensuit
qui fût présenté au baptême par Timo- et notas adjecit, Lutet., Rob. Steph.,
thée de Piédefer, sieur des Mares, et 4 628, in-4 2.
Judith de Martine; —4° Louis, sieur On a aussi de lui un Eloge dePierre
de Grigny et de La Norville, qui épousa, Pithou, quelques LsWmpubliéesdans
en 4 648, Madelaine Bigot, fille de Jac- le recueil de Goldast; d'autres à Casau-
ques Bigot, contrôleur général de l'ex- bon et-à. Dousa conservées mss. au
traordinaire des guerres, et de Made- British Muséum (Mss, Burney, N0'
laine Du Candal, et en eut MADELAINE, 365,367, 374); enfin l'on trouve au
femme, en 1679, de Henri Muisson, départ, des mss. de notre Bibliolh. na-
sieur de BaiUeul, laquelle sortit de tionale, outreuuecopie delà Discipline
France à la révocation, ANNE-MARGUE- ecclésiastique écrite, entièrement de sa
BITE, née en 1649, JOSIAS-LOUIS, né en main (Ane. Fonds franc. 7892. 5),
déc. 1656, et JACQUES, sieurdeGrigny, deux mss. que le Calai, lui attribue,
qui abjura en 4 673, à l'âge de 4 6 ans ; intitulés l'unProelectiones ad.tit. de
— 5° MARGUERITE, femme, en i 654, de usuris (Ane. Fonds latin, N°. 4504),
Simon. Le Maçon, sieur d'Espeisses ; l'autre Adversaria(ïbià. 8708,8740);
—-6° MARIE, née en 4 64 2, épouse de Selon Colomiès,Mercier avait annoté
Jean Rabault, sieur de'Mathefelon(2). Tacite. Ces notes ne se retrouvent pas,
On doit regretter, qu'un homme qui non plus que les annotations qu'il avait
possédait d'aussi vastes connaissances
.
faites sur Tertulien, au rapport delà
et autant de sagacité que Josias Mer- Biogr. universelle..'
cier, ait si peu écrit. On a de lui : On rencontre assez souvent le nom
I. Aristoeneti Epistôloe.groecoecum de Mercier précédé dé. l'article Le; ce-
latinâinterpretatione et notis,Y?m., pendant nous ne prendrons passurnous
4595,4606; 3"édit. revue et augm., d'affirmer qu'on doit rattacher à la fa-
Paris., 4 64 0, in-8° — Selon lé Cat.de mille de notre célèbre hébraïsant ni
la Bibl. du docteur Villiams, Bongars François Le iliem<?r,sieurd'Aubohne,
aurait publié le même ouvrage,dans la qui mourut à Paris en 1672 et fut con-
même ville et la même année que parut duit au champ du repos par Antoinede
cette 3B édit. Cormont, sieur des Bordes, et Benja-
II. Nonii Marcelli de Proprietate min Bédé, sieur de Loncourt; ni David
sermonum nova editio. Accedit li- Le Mercier, sieur de Lucemont, qui
bellus Fulgentii deprisco sermone, laissa de' son union avec Susanne Der-
Paris.,4 614, in-8° Au jugement de ,
»aZ,unefille,SusANNEi mariée, en 1647,
Colomiès, Mercier a— divinement wecJean Le Noble, fils de Jean, gé-
« cor-
néral en la cour des monnaies, et de
(1) Faut-il en conclure que la célèbre Ca-
mille Morel, ce prodige d'érudition, était Marguerite Meîisnier.
protestante ? MERCIER (N.), fermier d'un mou-
(2) En 1685 ou même en 1684-, Marie Ra-
,
lin sur le canal de la Gau, près de la
Itault ou Ràbol-ie-Malhefélon (ut enfermée
aux Ursulines.de Chinon, d'où, elle ne sorlit porle des Carmes, à Nismes, où se passa
que pour épouser un catholique, en 1(388 le drame peut-être le plus atroce de la
(.Arch.gén. M. 674). guerre des Garnisards, si féconde en atro-
MER
— 333 — MER
cités. Fort zélé pour sa religion, Mer- ne parle de cette hécatombe humaine
cier u'avait pas craint de s'exposer aux immolée au démon du fanatisme que
châtiments les plus sévères en recevant comme de la « réparation d'un scan-
dans sa maison cent cinquante de ses dale occasionué par le chant des psau-
coreligionnaires,assemblés pour célé- mes dansle temps-qu'onétoit à vêpres.»
brer leur culte le jour des Rameaux MERCIER (PHILIPPE), ou LE MER-
4703. « Ce n'étoit point, dit Louvre- CIER, peintre de portrait et de genre, né
leuil, un attroupemeut de gens armés, à Berlin d'une famille de réfugiés, et
et qui eussent dessein d'entreprendre mort en Angleterre, le 4 8 juill. 4 760, à
quelque expédition militaire; c'étoit l'âge de 74 ans. Il étudia son art à l'a-
seulement une de ces assemblées de cadémie deBerlin et dans l'atelier d'An-
religion, convoquées contre les ordres toine Pesne (4). Après avoir visité la
du roi et où l'on prêche malgré les dé- France et l'Italie, Mercier retourna en
fenses.» Elle se composait en majeure Allemagne. Le prince de Galles, Fré-
partie de femmes, de vieillards et d'en- déric, qui se trouvait dans le Hanovre,
fants qui avaient suivi leurs mères. Le l'ayant chargé de faire son portrait, no-
chant des psaumes révéla au lieutenant tre artiste s'en acquitta si bien que le
de police cequisepassait dansle mou- prince voulut l'attacher k sa personne;
lin; il se hâta d'en instruire. Mon'#evel. il l'emmena en Angleterre et en fit sou
Il était deux heures après midi et le favori. Safaveur dura neuf années. Pen-
maréchal était à table.A celte nouvelle, dant ce temps, il peignit plusieurs des
il se lève furieux, prend un bataillon, membres- de la famille de Georges II,
court investir le moulin, et, ses soldats et, entre autres, les trois princesses aî-
s'acquittant trop mollement de leur oeu- nées, dont les portraits furent gravés à
vre de sang au gré de son impatience, la manière noire. Après sa disgrâce
il fait fermer les portes du bâtiment et Mercier acheta un petit bien et se relira,
ordonne d'y mettreJe feu. « Quels cris à la campagne; mais il eut bientôt assez
confus ! s'écrie Court, quel spectacle! de la vie des champs, et retourna à Lon-
Quelsaffreuxspectress'offrentàlavue! dres où il se mit à peindre des portraits
Des gens couverts de blessures, noir- et des intérieurs « dans la gracieuse
cis de fumée et à demi brûlés par les manière qui lui est propre, ditWalpole,
flammes, qui tâchent d'échapper à la et quelquefois dans la manière deVat-
fournaise qui les consume ; mais ils teau, manière dans laquelle on possède
n'ont pas plutôt paru, qu'un dragou une eau-forte où il esl représenté avec sa
impitoyable, qui fait dans cette occa- femme et deux de ses enfants.» Plusieurs
sion par ordre et sous les yeux d'un autres de ses tableaux ont été gravés,
maréchaldeFrancei'officedebourreau, et entre autres par Ârdell, Avril, Faber,
les repousse avec le fer dont il est ar- Heudelot,Houston,Simon,Walson.Wil-
mé.» Tous périrent.On raconte qu'une son.DeLondres,MercierserenditàYork
jeune fille de 16 anç, qui avait été sau- oùilfutbien accueilli,puisilpassa quel-
vée par un laquais de Montrevel, fut que temps en Portugal et en Irlande, et
pendue par ordre du maréchal, et que revint en Angleterre. On ignore les au-
son généreux libérateur ne dut lui- tres circonstances de sa vie. — Nous
même la vie qu'à l'intercession" des connaissons deux autres peintres pro-
soeurs de la Miséricorde, qui implorè- testants du nom de Mercier. L'un Fran-
rent sa grâce à genoux. Lecroira-t-on? çois Mercier, de Paris, fils i'Edme
pas un seul écrivain eatholique,pas un Mercier, mathématicien et professeur,
seul prêtre de la religion romaine n'é- abjura le 30 sept. 4 663, à l'âge de 36
leva la voix pour flétrir cet acte épou- ans. L'autre, Isaac Le Mercier, fils de
vantable. L'évêque Fléchier, qui ra- feu Etienne Le Mercier, notaire a Vic-
conte l'événement dans la 4 38e de ses (1) Nous ignorons si cet artiste français
Lettres choisies, datée du 2bavril 1703, ,
établi "a Berlin, où il mourut, élait protestant.
MER 334 — MER

.sur-Aisne près Soissons, et de Made- tour. Réconcilié avec La Rochefou^
laine Bergeron, épousa, en oct. 4,654, cauld, il vint avec ce, seigneur à Paris
Esther Toussaint dans l'église de pour les noces du roi de Navarre, et
Charenton, n'échappa que par un hasard heureux
MERCIER (PIERRE), d'Aubusson, aux massacres de la Saint-Barthélémy.
réfugié à Beriiri,obtint,en 4 686,1a pa- Plus tard,il s'attacha au fils.de son an-
tente de tapissier de l'électeur.Ce prin- cien patron,qu'il suivit dans toutes ses
lui fournit libéralement les moyens campagnes. Affaibli par l'âge et les in^
ce
d'établir une grande fabrique de tapis firmités, il se retira, après la mort du
de tout genre. Cette fabrique, qui der jeune.comte, dans sa terre de Sainl-
vint très-florissante sous sa direction Aniand en Angoumois où il finit pro-
et spus celle de son beau-frère Jean bablement ses jours, après 164 3.C'est
Barrabanou Barr.abaud,d'Aubusson, là aussi qu'il a composé des Mémoires
prit surtout un développement consw- qui se distinguent par uri air de candeur
dérable par les soins du fils deceder- et defrapchise. un ton de modération
iiier, Pierre Barraban, et atteignit un. et d'impartialité qui inspirent la con-
haut point de perfection sous Charles fiance. Il y a semé une foule d'anecdo-
Vignes$ïi 4736,elle occupait plus de tes curieuses racontées avec beaucoup
250 ouvriers.Ses tapisseries de basse-- de naturel et de simplicité- Ces Mémoi-
lisse pouvaient presque soutenirla com- res, publiés d'abord par Camusat dans
paraison avec les plus beaux produits son recueil intitulé Meslanges histori-
des fabriquesfrançaises. Laplupart des ques ou Recueil de plusieurs actes,
châteaux royaux en'sqnldècorés,entre traictez, lettres missives et autres mé-
autres celui de Berlin, 'où l'on admire moires, etc. (Troyes,1619, in-8°), ont
une suite de tentures représentant les été rélmp. dans la Collection, des Mé^
exploits de l'électeur, moires relatifs, à l'histoire de France
MERGEY (JEAN DE), né, en 4 536, (T. XLI), dans la Collecliou Petitot
à Harans - Mesnil en Champagne, était (T. XXXIV, 4" série) et dans le Pan-
le dernier de quatorze enfants. Ses pa- théon littéraire (4 836).,
rents , qui n'avaient point de fortune, pERI/AT (KLIE), pasteur- .
de l'E*
le destinèrent à l'état ecclésiastique,et glise réforniée et professeur de théolo*
Je mirent, à l'âge de 8.ans, au collège gie, naquit, au mois de mars 4-634, à
de Troyes,d'pùil passa,deuxansaprès, ' Saintes,où son père exerçait la profes-
dans l'abbaye .de Moutier-en-Der. Mais sion d'avocat, à ce que rapporte Leu.
Mergey n'avait aucun goût pour la vie Selon M. Grottet ce n'est pas à Saintes
monastique, et force fut à sa mère de qu'il vit le jour, mais à Nieul -le-Vi-
le laisser suivre son inclination qui le rouil,près de Miramheau(4 ).Après avoir
portait vers les, armes. Il s'attacha à terminé ses humanités à Saintes, il se
François de La Rochefoucauld,^ côté rendit à Saumur pour suivre les cours
ie qui il combattit à Saint-Quentin et de philosophie de Druet, puis il s'ap-
fut fait prisonnier. Après dix-huit mois pliqua à la théologie sous la direction
de captivité, il rentra en France. Son tfAmyraul,àe La Place et de Cappel.
protecteur s'étant fait proteslant.il sui- Au bout de quelques années,il retourna
vit son exemple.Dans la première guerre auprès de son père, qui ne tarda pas à
pivile, il accompagna le comte à Or- l'envoyer à Mo ntauban suivreles leçons
léans et se battit vaillamment à Dreux.
Un procès, qui mit la discorde entre (1) Il descendait vraisemblablement de l'a-
fut probablement vocat Elie Merlal, qui épousa a Pons, en
eux, la cause pour 1607, Catherine Sarrasin, fille de Robert Sar-
laquelle Mergey ne prit point part à la rasin et de Jacavelle Garnier. Vers le même
seconde guerre; mais en 4 56.9, ou le temps vivait Pierre Merlal, aussi avocat,,.qui,
voit reparaître dans les rangs hugue- fit baptiser, en 1591, par le pasteur de Pons,
son fils PiEnjiryrté de son union' avec Char-
nots au siège de Poitiers et à Moneon- lotie.de-La Chapelle (Arcli.géri. Tï. 285).
..
MER —.838 — MER
de Verdier, .Martel et Arhissi, De voir dit dans un sermon prononcé au
Montauban, le jeune Merlat partit pour mois de février : « Mes frères, il faut
Genève, où il passa l'hiver de 1656 à obéir aux roys ; mais il faut aussy que
57, puis il alla visiter la Hollande et les roys saichent qu'ils n'ont pasàfaire
l'Angleterre.Ayant appris dans ce der- à des bettes brultes (sic), mais à des
nier pays qu'une place de pasteur était hommes raisonnables»; dans un autre
vacante dans l'église de Saintes, il re- du mois d'avril : « Que dans tous les
vint en France, la disputa et l'obtint. temps, il y a eu des roys tirans parmi
Pendant plus de vingt ans qu'il exerça les païens et parmi le peuple choisy de
son ministère dans cette eglise,il se fit Dieu » ; et dans un troisième, au temps
remarquer par sa science, sa probité, du carême.: «Que les jeûnes et les ahs-?
non moins que par son zèle.sa fermeté linences de l'Eglise romaine étoient
et sa prudence.En 1678,ses collègues choses odieuses et inventées à plaisir.»
lui donnèrentunepreuve de leur estime C'étaient là, selon le procureur général
en l'élisant président du synode pro- de Pontac, des façons de parler «scan-
vincial qui s'assembla, lé 31 août, à daleuses, séditieuses, impies et héréti-
Jpnsae, en présence du commissaire ques. » Mais ce n'était pas tout. Crime
royal Alain Du Breuil, sieur de Fon- plus grave, toujours selon M. de Pon-
reaux (4). Mais plus son mérite le mit tac, Merlat avait composé, en réponse
en évidence, plus la haine del'évêque à l'ouvrage d'Arnauld intitulé le Ren-
de Saintes s'attacha ardemment à le versement de la morale, un livre « rem-
perdre.En 4 679, Merlat fut accusé d'a- pli de propositions hérétiques et pha-
(1) Noms des députés : Jarnac, Jacg. Le lanld, min.; La.Rochelle,AndréLortie,min.,
Chantre, min., Jacg. Foucher, sieur de Bois- élu secrétaire, Jacg. Pliilberl,anc; Surgèrfsj
noble, anc; Verteuil, Jacg. llorin, min., An- Daniel de Morel,.min. ; Dompierre, Elie Bre-
dré Collet, anc; Angonlême, Isaac Collière, vet, min.; Salles, Jean Chevillard, min.; Rôr
min., Abraham Yver, anc. ; St-Claud, Jean chefort, Gédéon Jauge, anc; St-Germain-de-
Amblari, min.;CognacJS/!"e Mariochenu,m\a., Seudre,JIIoré,anc; St-Fort,Jca» Peane, min.,
Pierre Brossard,anc; La Rochefoucauld,Ben- Benjamin de Bonnefoy, sieur de Bracille,anc,.;
jamin Bâillon, min.; ilomignac, Pierre Bou- Geinozac, Oliveau, sieur des Essars, anç.,;
iaud, min.; Yillefagnan,Jccè£ Boussier,miu., Saintes, Elie Merlat, min -, Jean Vedeau, juge;
André de Prei.ssac. sieur de Lioncel, anc; Beauinont,.£toiri de La Porte, sieur de Beau-
St-Mesme, Pierre Forestier, min.; Savcilles, mont, anc; Mirambeau, Benjamin Gréen-de^
Jacg. Thibaud, min.; Linïères, Jean'Çouyer, Sainl-Marsgull,siemde La Salle d'Aitré.anç;
min.; St-Aulaye, Elie Barrauâ, min.; Salles, Mortagne, Jean Jagault, sieur de Longchanip,
Isaac. de Morel, sieur de Thiac, et Daniel anc. ; Montausier, Marc Boisbellaud, min.,
Juillcrd, anc;Segonzac, Ant. Carrier, min., Léon Testard, sieur des Meslars, anç.;,Bois,
Paul Phelip,s.rit.; Bourg-Charente,.Pierre. Lo- Moïse de La. Porte, min., Josselin, sieur de
guèl, min.; Royan, Pierre Fontaine, min., Vignemont, âne; Montendre, Théodore Burin,
Guill. Vias, anc; La Tremllade, Jean-Jac- min., Sidrae Chapuz-el, sieur des Abirails,
ques Mauzy,min., Jean Germon,Anc.j Arverl, avocat au parlement, et Isaac.Chalopin. sieur
Pierre Du Prat, min. ; Marennes, Théodore deBejaspic, anc; Non\lièu,'Jacg.Fauchereau,
. Crespin, min André Morèau, anc; St-Jean- sieur deVouillàç, niin., Jonss Marchais, sieur
,
A'Ançie,Jacgues, min.; Saujôn,Gûsd!e/, anc; du Fief, avocat et anc; Pons, Matthieu Coli-
îleschers, Pierre Paioul, min. ; St-Pierre- neau, avocat et juge, el Jean Garnier, sieur
d'Oléron, Guill, Eérauli, anç; Çozes, Char- de Montignaç,. anc; Jonsac, Pierre Bonniol,
les yUs, anc. ; Sl-Jùst, Jean Bernon, min. ; min., nommé vice-président, Isaac Pineau,
MornacJenn Penlecoste,m\n.; Spubise,P/erre juge-royal, élu secrétaire, et Jean Messier,
de Geac, min., Thomas Panelier, anc, Ton- anc; Ozillac, Pierre Goujfè, min., Auguste
nai-Charente, GédéonBocheleau,mia,,Daniel Boisbellaud, avoc et anc; Kieuil, Zacharie
Çaillaud, anc; Moe.se, Jean Norin, min.,; St- Loquet, min..; St-Seurin, Pierre Fontaine,
Jean-d'Angély, Elisée Bailuel, min., Pierre min.; La Roche, Isaac Gomard,m'w., Francis
Mâistte, anc. ; Le Douhet, Audiberl Durand, François, anc; Garreàu, Gabriel de Marche-
min.; St-Sayinien, Jacg. Lesnier, anc, Jéré- zallier, sieur de Bellevue, min., IsaacRer-
mie ilelon,anc; Tonnai-Boulonne, Jacq.Gas- gnard, sieur de Lonzac, anc; Chalais, Abra-
pdrd, anc. ; Tuors.Daiiiet Barbolin, juge et ham Thevcnin, sieur de La Poujade, anc;
anc. ; Thairé, Louis 'Beniori, min. ; Marans, Barbezieux, Jacg. Moreau, notaire el anc;
Jean-Barin, min., Etienne Ribouleau, anc .'; Monguyon, Jean Pict, anc. Les églisesde Cliâ-
Ciré, Jcrémic Majou, min., de Landré, anc ; leau-RegnauId, Aitré, Jlarsilly et Parcoul
Mâuzé,£oîtt's de.La Fofesl, mirjp MarePerin- n'y furent pas représentées (Arch. gén.
QittiUi, anc; St-Marlin-de-Rhe, £"<«*?'<•?#«•- TT. ?3S), : - - • -
-
. -
MER — 336 — MER
natiques, judaïques, impies, poliga- Certes on ne pouvait reprocher au
miques, calomnieuses à l'Eglise, sé- juge de s'être montré trop indulgent, et
ditieuses; » et d'abondant, il l'avait cependant le substitut, qui voulut à son
fait imprimer « sans l'authorilé des ma- tour faire preuve de zèle, appela de
gistrats rojaux» (sic); il avait même osé cette sentence à minimâ. Saisi de l'af-
prendre sur le titre la qualité de minis- faire par cet appel, le parlement de
tre, sans ajouter de la R. P. R. Enfin Guienne ordonna, le 27 janv. 4 680,
à tous ces méfaits il ajouta le crime que le livré de Merlat serait examiné
impardonnablede paraître « à la face de par le recteur de l'université de Bor-
la justice avecq cette fermeté criminelle deaux.La réponse fut telle qu'on devait
qu'il avoit presché (sic) à ceux de son l'attendre d'un juge aussi désintéressé.
party» (Arch. gén. M. 671). Le recteur protesta que le livre « étoit
Dans son inlerrogatoiré,Merlat avait rempli de nouvelles opinions, hérésies
déclaré, en effet, que plutôt que de se des poligamiques, anabaptistes, phana-
qualifier de ministre de la R. P. R., il tiques, judaïques et d'opinions tenden-
renoncerait au ministère, « ce qui faict tes (sic')' à introduire toute sorte de
voir, ajoute ce bon M. de Pontac dans sectes; » qu'il était « plein des calom-
son réquisitoire, qu'il a l'âme tournée à nies et des impiétés attribuées à la sain-
la rébellion et que tous les sentimens teté de la R.C.AiR.,et des propositions
qu'elle produit sont empoisonnés. » Il séditieuses capables de troubler la
avait soutenu aussi que la censure de tranquiililépublique.»En conséquence,
son livren'appartenait pas aux docteurs le parlementprononça,le 5 juillet 4 680,
catholiques, mais à son synode, et que son arrêt qui condamna le ministre de
forcer les.ministres de subir, la censure Saintes « à être conduit, les fers aux
des docteurs, ce serait établir l'inquisi- pieds, par deux huissiers dans l'au-
tion, » dilemne,s'écrie de Pontac,aussi dience pour déclarer à genoux que té-
criminel et aussi peu philosophique mérairement, inconsidérément et mali-
qu'il est peu entendu dans les principes cieusement, il avoit composé le livre
de la religion.» On aurait pu reprocher de la Réponse générale et prêché en
encore à Merlat quelques peccadilles, des termes contraires aux édits ; qu'il
car «il n'y a presque pas de contraven- en étoit marri et qu'il en demandent
tion ni de crime dans lequel un ministre pardon à Dieu, au roi et à la justice.En
de la R. P. R. puisse tomber dont ce-, outre à être banni à perpétuité du
luy-cy ne soit coupable», fait observer royaume, à payer mille livres d'amende
le vengeur de la société outragée; mais envers le roi, et six cents autres livres
on ne crut pas nécessaire d'en grossir d'aumône. Enfin le livre à être brûlé
la liste; n'était-elle pas suffisamment devant l'église de la place Saint-Pierre
chargée pour le faire condamner dix et le débit du livre défendu à peine de-
fois? On l'arrêta et on le jeta en prison. vie. » Ainsi chassé de sa palrie,Merlat
Par arrêt du 19 juillet 1679,1e lieu- se relira à Genève, où sa femme le
tenant criminel de Saintes, non moins rejoignit,luiapportantmillelouis qu'elle
zélé que M. de Pontac pour la défense avait sauvés de sa fortune. De Genève,
de la religion catholique, apostolique il passa à Lausanne, où il fut élu pas-
et romaine, ordonna que le livre de teur eu 4 680. Deux ans après, le 4 6
Merlat serait soumis à l'examen de doc- janv. 4 682, il fut installé, par ordre
teurs catholiques, et, sur leur rapport, du sénat de Berne,dans l'une des deux
il rendit, le 24 août, sa sentence por- chaires de théologie qui avaient été
tant que ce livre maudit serait brûlé, attachées à l'académie deLausanne dès
que l'auteur rétracterait toutes ses pro- sa fondation. Son mérite lui fit des ja-
positions malsonnantes et ferait répa- loux. Un de ses collègues, Jérémie
ration publique, qu'enfin il lui serait à Stercki, l'accusa de diverses erreurs
perpétuité interdit de'prêcher. en matières religieuses.Merlatdut faire
MER
— 337 — MER
le voyage de Berne pour se justifier. Il VII. Jésus dans l'agonie, Cité
T—
parait que sa justification fut complète, par Leu sans autre indication.
car Leurs Excellences bernoises qui De ses ouvrages manuscrits, qui
n'entendaientpas raillerie sur lefait de sont en plus grand nombre, nous avons
,

l'orthodoxie, tout eu lui ôtantsa chaire eu entre lés mains les suivants dont
« pour gain de paix entre les deux pro- la Bibliothèque de Lausanne" a fait ré-
fesseurs», lui conservèrent le titre de cemment l'acquisition.
professeur honoraire et l'autorisèrent „
VIII. Thèses theologicoe de poedo-
même à faire chaque semaine une leçon baptismo, 4 659, in-4° ( Bill, vau-
d'exégèse. II est vrai que Merlat pou- doise, 24 V).
vait avoir.gagné leur bienveillance par IX. De mundi creatione lib. V,
.
l'empressementavec lequel il avait si- Hè&O.'in-i'(Ibid. 24 T).
gné, afin de donner le bon exemple, X. De imputatione primi pecçaii
en sa qualité de recteur de l'académie, Adoe traciatus, 4 661, in-4" (Ibid.
la fameuse formule du-Consensus, le 24 V). -
9janv.4 686.Merlat finit même par être XL Catechesis christiana, 1665,
rétabli dans sa chaire de professeur,en in-fol. (Ibid. 8 D).
4700. Il abandonna alors ses fonctions XII. Expositio Epistoloe S. Pauli
pastorales pour se consacrer tout entier ad Coloss., 4 673, in-fol. (Ibid.8 C).
a l'enseignement. Il mourut le 18 nov. XIII. Clypeus septemplex, sive.
1705, à l'âge de 72 ans. Son Oraison commentarius in psalmnm seçun-
funèbre, composée en latin, par Jean- dum, 1688, in-4° (Ibid. 24 R). '
Pierre Clerc, professeur d'éloquence XIV. Institution catéchétiquepar-
et principal du collège de Lausanne, a demandes et réponses, 4696, 2 vol.
été imp. dans cette ville en 1706. in-4* (Ibid. 24 N).
Merlat a laissé un assez grand nom- XV. Catéchisme ou instruction,
bre d'opuscules, la plupart écrits en chrétienne, .4698, in^i°(lbid. 24 N).
latin, langue qu'il maniait avec un ta- XVI. Questions catéchétiques,in-i°
lent remarquable, et restés mss. jus- (Ibid. 24 N).
qu'à ce jour. Voici la liste de ceux qui XVII. La balancejuste ou réponse
entêté imprimés. à fauteur de l'Avis aux Réfugiés,
I. Réponse générale a% livre de M. in-4» (Ibid. 24 0).
Arnauld intitulé Le Renversement XVIII. Homiliarum lausannien-
de la morale de J.-Ch., Saumur, René sium tomi H, in-4° (Ibid. 24 P).
Pean, 4 676, in-4 2. Xn..Dedivinis oeconomiis lib. II,
.
II. Tract, de conversione hominis in-4° (Ibid. 24 S).
peccatoris adDeum, Lausan., 1682, XX. La recherche, du vray bon-
in-4 2. heur, in-4° (Ibid. 340 GG).
III. Traité du pouvoir absolu des XXI. Analyses varioe, in-fol. (Ibid,
souverains, pour servir d'instruc- 8 C).
tion, de consolation et d'apologie XXII. Expositio posterions Epis-
aux églises réformées de France qui toloe S. Pétri, in-fol. (Ibid. 8 C).
sont affligées, Cologne, 4 685, in-4 2. XXIII. Analyses sur divers passa-
— Anonyme. ges de VEcriture, in-fol. (Ibid. 8 D).
IV. Le moyen de discerner les es- XXIV. Expositio summariavario-
prits, ou sermon sur l Jean IV, 4, rumScripturoe locorum,m-(o\.(8 D).
Laus., 4689, in-8». XXV. Observationes criticoe in
V.Levrayetfauxpiétisme, Laus., S. S., in-4» (Ibid. 24 L).
4700, in-42. XXVI. Remarques sur le N. T.,
VI. La divinité du sort, ou ser- in-4° (Ibid. 24 M).
mon sur Prov. XVII, 33,Laus., 4702, D'autres manuscrits de Merlat. qui
in-8\ ont été heureusement sauvés de la des-
MER MER
— 338 —
tructiou, mais qui n'ont point encore Nantes, et y épousa, le 8 mars 1700,
.pris place dans, la bibliothèque de Lau- Elisabeth Vais, qui lui donna, le 25.
sanne, sont signalés par M. Gindroz avril 4703, fin fils nommé FRANÇOIS.
dans son Histoire de l'instruction pu- Reçu habitant de Lausanne, le 5 mars
blique dans le pays de Vaud (Laus., 4729, et bourgeois, le 23 déc. 4 743,
4853, in-S°), sous ces titres : Ideoe François Merle se maria, le 28 avril
proelextionumilieologicarum quas m 4743°, avec Elisabeth d'Aubigné, et,
academiâlausannensihabui,Exposi- selon un usage fort répandu en Suisse
tio Epistoloe S. Panli ad Hebroeos, etailleurs, il joignit à son nom celui
Miscellaneoe quoestiones, Analyses de de sa femme. Son fils AIMÉ-ROBERT, né
sfirnions, Discours inaugural pro- à Genève, le 9 oct. 4755,épousa à Car-
uoncéen\700,Coursdecontroverse, tigny, en 4 788, Susanne-Marie-Eli-
Expositio Epistoloe S. Pauli ad Ro- sabeth Barbezat, qui le rendit père de
manos, cap. J-IV, Dererum origine, trois fils : 4° GUILLAUME, négociant à
calamitate per peccatum et repara- New-York; —- 2° JEAN-HENRI, l'his-
tione per gratiam. Ajoutons- encore torien de la Réformation au xvi"siècle,
un Commentaire sur l'Evangile se~ à qui on nous saura gré de consacrer
lon_ S. Matthieu, et des Remarques une courte notice ; w 3» JEAN-ANDREW
sur quelques passages de Saint- Au- AMI, né le 23 août 1796, à Cologny,
gustin donnés par le marquis de qui servitdans l'armée française depuis
Thors au duc de La Rochefoucauld, 1813, passa ensuite à la Nouvelle-Or-
msc. in-4* daté de 1672i léans, où il se maria, le 24mars 4 828,
' Elie Merlat avait épousé, étant pas- avec Anaïs Philippon, mais qui habité
teuràSaintes, Marguerite Gernereau, de nouveau la France depuis 1847.
et en avait eu plusieurs enfants, entre Né à Genève en 1794, Jean-Henri
autres, une fille, nommée MARGUERITE, Merle-d'Aubigné témoigna dès son
qui s'allia avec François Daunix, enfance le désir de se vouer au service
sieur de Tasseran, elqui abjura à Sain- de Dieu. Pendant qu'il poursuivait le
tes, en 1683, entre les mains de l'évo- cours de ses études théologiques à
que Du Plessis-La Bruneliôre. L'urî'de l'aeadémie de sa ville natale, arriva à
ses fils resta en France et renia aussi Genève l'écossais Haldane, zélé calvi-
la religion réformée (Arch. gén. TT. niste, qui, scandalisé de renseignement
242). Deux autres le rejoignirent avec des professeurs et des pasteurs gene-
leur mère sur la terre étrangère; ils vois,- entreprit de ramener la ville de
habitaient Lausanne en 4720, comp- Calvin dans les voies de l'orthodoxie.
tant déjà à cette date l'un 65 et l'autre Il ouvrit, à cet effet, à l'hôtel où il était
62 ans, mais n'étant mariés ni l'un ni descendu, des conférences sur l'Epitre
l'autre. IL est très-vraisemblable que aux Romains, et il eut la joie de les
l'un d'eux est identique avec Jean, voir suivre par un certain nombre de
Merlat, qui a transcrit, en 4706, les jeunes gens; du nombre desquels était.
Analyses sur divers passages de M. Merle-d'Aubigné.
l'Ecriture sainte, d'Elie (Bibl. van- Ses études terminées, le jeune can-
doise, 24 Q), et dont on cite encore un didat partit pour l'Allemagne. A son
vol. in-4", intitulé Mathematon En- passage à Eisenach, il voulut assister à
chiridion, resté msc. Selon Leu, Elie la fête que les étudiants allemands cé-
Merlat, après la mort de sa première lébraient en l'honneur du jubilé de la
femme, convola en secondes et en troi- Réforme, el ce fut en préseuce de la
sièmes noces; mais nous ignorons s'il vieille forteresse de la Warlhourg qu'il
eut d'autres enfants. conçut l'idée d'écrire l'histoire de l'a
MERU; (JEAN-LOUIS), natifde Nis- Réformalion. Il était à Berlin depuis
mes, se réfugia à Lausanne, peu de quelques radis, lorsqu'il reçut vocation
temps-après la. révocation de l'édit de dePéglisefrançaisede Hambourg-, qu'il
MER 339 MER
desservit pendant cinq ans. Appelé, en l'historien, l'ordre, la clarté d'esprit,
4823, a Bruxelles comme chapelain du le talent de raconter, une imagination
roi Guillaume, il resta au service de ce •forte qui se représente vivement les
-prince jusqu'à la révolution de 1830, ehoses, une sévérité éclairée qui juge»
qui força la famille de Nassau à quitter une résolution d'esprit qui conclut. Son
la Belgique. Ce fut en vain que Guil- style est, coloré, -animé, parfois élo-
laume lui offrit de le suivreen Hollande quent; il sait peindre. La couleur peut
comme précepteur du prince d'Orange. paraître forcéepar place, les tours sont
M. Merle-d'Aubigné ne voulut point quelquefoisplus oratoires qu'on ne vou-
accepter une place qui l'aurait éloigné drait, les traits ne sont pas constam-
du ministère de la Parole ; il préféra ment heureux, et l'auteur ne se pré-
retourner dans sa ville natale où ses serve pas assez de la déclamation. La
amis l'invitaient avenir prendre-part à diction, en général grave et correcte,
la fondation d'une Ecole de théologie manque-de souplesse et de facile élé-
libre et orthodoxe, à la tête de laquelle gance. Elle ne descend pas toujours
il fut placé. A l'exception de quelques avec grâce à la familiarité. On peut cri-
voyages en Angleterre et en Ecosse, tiquer du néologisme, des locutions qui
où il compte beaucoup d'amis et de sentent le terroir, .des traits enfin d'un
nombreux admirateurs de son beau ta- goût hasardé. Les réflexions,,néces-
lent, il n'a plus quille Genève. Le cplr saires chez un véritable historien, sur-
lége .de New-Jersey, en 1838, l'uni- -tout chez un historien religieux, sont
versité de Berlin, eu 4 846, lui ont .trop prodiguées, ou laissent désirer
accordélelilre de docteur en théologie, plus de brièveté. A part ces taches lé-
et, en 4 856, la ville d'Edimbourg lui gères, qui même pourraient disparaî-
a conféré la bourgeoisie. Il est père de tre, il reste un' beau livre, écrit avec
deux fils et d'une fille, nés de son ma- talent et avec passion. »
riage avecla filled'un négociant suisse En regard dé ce jugement émis par
.établi à Lisbonne, qu'il épousa en un écrivain français, plaçons celui d'uu
4829. auteur américain, du docteur Baird :
« Mon intention, dit-il, n'est point de
M. Merle-d'Aubigné est beaucoup
mieux connu dans la Grande-Bretagne faire la critique de l'ouvrage de M.
et les Etals-Unis qu'en France. Le fait Merle-d'Aubigné, à quoi bon? Toulle
pourrait paraître étrange, si l'on ne monde en connaît le mérite. On peut
savait qu'il est calviniste zélé et que dire que jusqu'ici l'histoire de la Ré-
tous ses écrits ont pour but la défense formation n'avait jamais été écrite avec
du protestantisme. La réputation méri- cet incomparable talent. Les faits sont
tée dont il jouit est fondée principale- judicieusement choisis,habilementdis-
mentsur son Histoire de la Réformalion. posés, rapportés avec exactitude ; les
Dans un excellent article, où il ap- scènes se déroulent avec un art que
précie, avec une impartialité qui ne l'on pourrait appeler magique, et les
convient pas moins au critique qu'à personnages.restent constamment à la
l'historien, les services rendus par la hauteur du rôle qu'ils sont appelés à
Réforme, et l'état du Protestantisme en jouer. »
France, M. de Rémusat a porté sur cet Outre cetoùvrage capital, commencé
ouvrage remarquable à beaucoup d'é- en 1835 et dont une troisième édition
gards un jugement qui en fait valoir se publie avant même que la première
les mérites sans eu dissimuler les dé- soit terminée, M. Merle-d'Aubigné est
fauts. «M. Merle d'Aubigné, dit-il, auteur d'un assez grand nombre de
n'est pas un écrivain ordinaire. Il réu- sermons et d'opuscules plus ou moins
nit, avec les connaissances nécessaires importants, dont il suffira de donner
pour l'oeuvre qu'il a entreprise, quel- les titres.
ques-unes des meilleures qualités de I. GuilloAme Tell, tràd. en frànç^
MER 340 MER

de Schiller, précédé d'un Appel à ses XXIII.Dépendance et indépendan-
concitoyens, Gen., 4 848,in-8°. ce ou foi et critiqué, Gen., 4 854, 8".
II. Sermons laissés à mes audi- XXIV. L'école de théologie et ses
teurs comme souvenir de mon affec- adversaires, Gen., 4854, in-8°.
tion, Hamb., 1823, in-8V XXV.Die religioseFreiheit,Francf.,
III. Des fléaux quiont affligé quel- 4 854, in-S".

ques-unes des provinces des Pays- UNl.Iritroduction à l'histoire de


Bas, Brux., 1825, in-8». V Eglise évangélique de Hongrie,Ber-
IV. Le culte domestique, Paris, lin, 4 854, in-8*.
4827, in-8°. XXVII. Voir Christ et s'en aller en
V. Le christianisme et le protes- paix, en allem., Berne, 4 855, in-8°.
tantisme sont-ils des choses distinc- XXVIII. Vantichristianisme des
tes, Paris, 4828, in-8°. temps actuels, Gen., 4 855, in-8°.
VI. Le christianismeportéaux na- XXIX.Le sel de la terre nécessaire
tions païennes, Brux., 4 830, in-8°. au salut de l'Eglise, Gen., 1856, 8°.
VII. La confession du, nom de XXX. L'ancien, et le, ministre.
Christ aux XVI" et XIX" siècles, XXXI. L'Eglise appelée à confes-
Brux., 1830, in-8". ser J.-C.
VIII. Les enfants de Dieu, Gen., XXXII. Le témoignage de la théo-
4832, in-8». logie ou le biblicisme de Néander.
IX. Discours sur l'étude de l'his- XXXIII. Liberté et vérité, ou il y
toire duchristianisme,Gen., Mitt,S 6. a encore de l'espoir.
X.Loe voix de VEglise une sous tou- XXXIV. Du salut du protestai
tes les formes successives du chris- tisme.
tianisme, Gen., 4 834, in-8'. XXXV. Du droit des paroisses de
XL Foi et science, Gen., 1835, 8". choisir leurs pasteurs.
XII. La voix des anciens aux hom- XXXVI. Trois siècles de luttes en
mes du XIX' siècle,Gen.,H 836, in-8*. Ecosse, ou deux rois et deux royau-
XIÎI.Les miracles ou deux erreurs, mes.
Valence, 4 840, in-8V. XXXVII. Le Protecteur ou laré-
XIV. Là liberté des cultes.Pétition publique d'Angleterre aux jours de
à l'assemblée constituante de la ré- Crommell, Paris, 1848, in-8°.
publique de Genève, 1841, in-8°. ' MERLE (MATTHIEU), un des chefs
XV. Genève et Oxford,Gen., 4 842, les plus intrépides des Huguenots dans
in-8". — Contre le puséisme. le Vivarais et l'Auvergne, et, en même
Y: XVI. Le luthéranisme et la Réforr- temps, un des capitaines protestants
me, Paris, 4 844, in-8". qui ont été le plus calomniés, naquit à
XVII. Du caractère nécessaire au Ûzès en 4548. Selon de Thou, il était
théologien et au chrétien en général', fils d'un cardeur de laine. Quoiquere-
Paris, 4 845, in-8°. levée déjà dans les Pièces fugitives
XVIII. Quelques erreurs concer- d'Aubaïs, cette erreur n'en a pas moins
nant le ministère, Gen., 1848, in-8°. été répétée par M. Imberdis et d'autres
XIX. Germany, England and Scot- écrivains. Il parait bien prouvé cepen-
land, Lond., 1848, in-8". dant que Merle descendait d'une an-
XX.Discoursprononcés à Londres cienne famille noble, mais pauvre, du
à Vépoque de la grande exposition, Bas-Languedoc.Sonpère, Antoine, qui
Lond., 1854, in-8°. se qualifia de noble dans son testament,
XXI. Quelle est la théologie propre en 4 555, avait épousé Marguerite de
à guérir les maux des temps actuels, Virgille et en avait eu trois enfants.
Gen., 1852, in-8". On pesait rien de la vie de l'aîné, nom-
XXII. VEglise et la diète de l'E- mé ANTOINE, qui mourut vraisembla-
glise, Berlin, 1853, in-8". blement sans postérité après 4 585. Le
,.
MER — 341 MER

troisième, FRANÇOIS, fut gouverneur le danger lui assurèrent une partie de
de Malzieu et prit une part active aux ses succès. Officier expérimenté, chef
exploits de son frère. habile, il n'était pas homme de guerre.
Matthieu Merle ne reçutaucune édu- Un vaste théâtre aurait mis à nu les
cation; il ne savait même ni lire ni qualités essentielles qui lui manquè-
écrire. A l'âge de 20 ans, il s'engagea rent toujours. Brave comme son épée,.
dans les gardes de d'Acier, sous les calme sous le feu, d'un coup d'oeil in-
ordres de qui il fit la campagne del 569. telligent, rapide etsûr; infatigabledans
A la conclusion de la paix, d'Aciérie fit ses courses, il payait de sa personne à
entrer comme écuyer au service de tout événement. Sa fureur dans le com^ '
François de Cardaillac, seigneur de bat lui ôtait quelquefois la raison, et
Peyre, qui lui confia la garde de son alors, av*ec une joie insultante, il re-
château, en partant pour Paris, où il paissait ses regards de l'aspect des ca-
tomba victime de la Saint-Barthélémy. davres que son fer avait étendus à ses
A la nouvelle du massacre, loin de pieds. Si l'affaire avait tourné selon ses
se laisser, comme tant d'autres, abat- désirs, il.se piquait d'être généreux et
tre par la terreur, Merle jura de venger juste. C'est de lui que le duc de Mont-
ses coreligionnaires traîtreusement é-' pensier écrivit au moment d'entrer en
gorgés. Il commença donc contre les campagne : « Nous aurons Merle; il est
Catholiques une guerre de partisans, un peu délabré d'hommes, mais avec
dans laquelle il se rendit bientôt telle- lui j'attaquerais l'enfer, fût-il plein de
ment redoutable par ses coups de main 50,000 diables. »
hardis, que son nom seul, comme au- Lorsqu'il leva l'étendard de la ré-
trefois celui de Des Adrets, semait au volte, Merle n'avait que trente hommes
loin- l'épouvante. Aussi les écrivains sous ses ordres; mais ses succès ne
de la communion romaine nous pei- lardèrent pas à grossir sa troupe. Son
gnent-ils ce vaillant capitaine sous les premier exploit fut la prise fde-Malzieu
couleurs les plus odieuses. Voici le dans le Gévaudan, en 4 573. « Il dresse
portrait que nous trace de lui l'historien son ordre des contribuJfetas. lit-on dans
des guerres religieuses en Auvergne : le récit de ses Explbïfëjtjiar Gondin,
«Le capitaine Merle avait une taille donne parole à aucunsJfiHa noblesse,^
moyenne^ un corps épais et renforcé. .
exempte leurs terres, lienya mainroide
Sa barbe et ses cheveux étaient blonds. aux soldats, qu'ils n'eussent osé tou-
Semblables à deux dents de sanglier, il cher un rouf sur leur vie aux lieux qui
portait de grandes moustaches retrous- payent sa contribution volontairement.
sées en haut. Ses yeux vifs et gris Aux autres leur faisoit la guerre rude,
s'enfonçaientdanssatête; son nez était rend sa garnison forte, et la plupart à
large et camus ; une expression de fi- cheval, qui lui donne moyen de recon-
nesse distinguait ses traits. Il boitait noître Issoire. » Dès que le désir, de la
d'une jambe : sa force était pourtant vengeance eut fait place dans leur coeur
prodigieuse. Sans instruction, son na- à l'effroi, les Protestants avaient tenté
turel emporté puisait dans l'ignorance de se mettre en possession de cette vil-
un aliment dangereux. Sa voix irritée le, le boulevart de leur foi en Auver-
avait un éclatterrible : son impatience, gne. Ils avaient ourdi un complot, à la
qu'excitait le plus petit obstacle au su- tête duquel s'étaient, mis Gabriel de
prême degré, le rendait souvent im- Vassel, Armand Gaugy, Jean Viart,
placable et féroce. Nourri aux armes et J. Méplain et J.Florat ; mais la con- .

au sang dès sa jeunesse, ce partisan se juration avait été découverte par Saint-
signala par des cruautés sans nombre Hérem, qui avait pris par famine le châ-
et une insatiable cupidité. La ruse, des teau de Vassel et fait mettre à mort tous
stratagèmes hien combinés, la ténacité ceux qu'il y avait trouvés. Les Protes-
dans l'exécution et le sang-froid dans tants toutefois ne perdirent pas çôura-
.
MÊR MER
342 >-
ils résolurent d'appelerMerle à leur venger devant Dieu et devant les hom-
ge; qui péri. Je ne
574. Confiant la garde de mes, les innocents ont
secours, en 4
Malzieu à-son frère, Merle «monte à le veux point si vous faites ce qu'br-'
cheval et se rend aux fossés d'Issoire. donnerai, sans quoi vous passerez mal .
Etant sur le point de descendre un fos- votre temps. J'ai amené ici beaucoup:'
sé, entend deux messagers qui crient de gentilshommes, capitaines et soldats '.
seutinelles que Merle est en cam- qui n'ont pas butiné. Vous savez que
aux
et voit des signales de feu en ' l'honneur de vos femmes.et de vos filles
pagne,
plusieurs lieux etchâteau'xvoisins.Mer- ' a été conservé; il faut que-je recoin-;
le avec sa.troupe laisse passer ces mes- pense ces gens d'honneur qui m'ontas-'
sagers et le caporal, qui se retira à son sislé. Je désire que vous me donniez
corps de garde. A même instant ledit 50j000 livres, et
j'entends que ceux
Merle entre au fossé, fait dresser une qui se sont fendus papistes, pour éviter
,

échelle et monte le premier, trouve un le massacre ou la prison, ne soient pas


habitaut avec un bâton ferré à deux compris dedans cetteimposition.» Qu'on
bouts, qui s'oppose vivement à-luij et compare la conduite du chef huguenot
tâche de renverser l'échelle ; mais Mer- à celle que les généraux catholiques
le, s'élant fait bailler de main en main tinrentà Issoire même, quatre ans plus
. ,

deux pistolets, les tire, et renverse la tard (Voy. III, p. 432), et nous nous
sentinelle, de la muraille eu bas, ce qui trompons fort si les gens de bonne foi
lui facilite son entrée avec ses bons ne la trouvent pas, eu égard aux lois
capitaines : ainsi il fut bientôt maître de la guerre telles qu'on les entendait
d'Issoire, où il établit le même ordre dans ce temps, empreinte d'une singu-
qu'au Malzieu; se fait des amis parmi la lière modération , on peut même dire
noblesse voisine et quelques autres du d'une générosité digne d'éloges.
pays.nM.Imberdis, s'appuyant sur une Après- avoir réparé et augmenté les
chronique inédite qu'il appelle \e Ma- fortifications de son importante conquê-
nuscrit d'Issoire, prétend que Merle te, dont le gouvernement lui fut donné
et ses soldats^sifeouillèrent envers les par Damville, le 24 oct. 1575, Merle
prêtres de crj^ufég.'horribles. Un écri- se mit â lever des contributions sur les
vain qui se piqtl^impariialité n'aurait environs. Il prit Champoix, Saint-San-
pas dû accepter sans réserve le témoi- doux, Saint-Saturnin, Saiut-Amand-
gnage d'un ennemi déclaré des Hugue- Tallande, poussa des partis jusqu'aux
nots, surtout lorsque son témoignage portes de Clermont, défit la compagnie
n'était pas confirmé par d'autres moins de gendarmes de Saint-Hérem, enleva
suspects. M. Imberdis raconte lui-mê- à Pontgibaud une soixantaine de che-
me qu'après la prisé d'Issoire, Merle vaux qui lui servirent à monter ses plus
réunit les principaux habitants catholi- vaillants soldats, fit prisonnier le sieur
ques, qui se rendirent auprès dé lui de La Guicble qui avait osé venir le bra-
tremblant de frayeur et s'atlendant à ver sous les murs d'Issoire,. et força les
être égorgés en représailles des mas- Catholiques à lever le siège du château
sacres de Paris; mais qu'ils en furent de Malet, en 4 575.
quittes pour une contribution de guerre La paix s'étant conclue sur ces en-
fixée d'abord à 50,000 livres, el réduite trefaites, Merle dut remettre à Chava-
bientôt à 22,000.Voici le discours qu'il gnac le gouvernement d'Issoire, qui fut
metdanslabouchedececapitaine qu'il laissée aux Protestants, commeplace de
nous peint comme si féroce : «Mes- sûreté, par la Paix de Monsieur. H se
sieurs, vous savez tous les massacres retira à Uzès « avec un très^beau équi-
de Paris, Lyon Toulouse et autres page^ » mais la guerre se ralluma dès
lieux du royaume., On a fait mourir fem- l'année suivante. Après s'être de nou-
mes, enfants, vieillards. J'ai le droit veau saisi de Malzieu par escalade, il se
d'en faire autant et de même ici, pour porta sur Ambert, décidé à châtier les
MER
- 343 MER
Catholiques de celle petite ville dont la intrépidité inouïe et d'avoir opéré
sa
tyrannie s'était exercée de toutes les retraite dans un ordre admirable, sans

manières sur leurs concitoyens protes- se laisser entamer. Fiers d'une victoire
tants, au mépris de l'édit de pacifica- inespérée, les chefs catholiques se dé-
tion. Secondé par Du Lac el Chavagnac, cidèrent à relancer le lion dans son
il l'enleva presque sans rencontrer de tre, à la tête de deux mille fantassins et
an-
résistance* n'ayant perdu que quelques de neuf cents chevaux. Merle et Chava-
soldats et un officier, à qui il fit faire gnac n'avaient plus que 350 hommes
de magnifiques obsèques. Maître de l'a- sous leurs ordres ; mais le vaillant
ville, il fit conduire par ses gardes trente pitaine La Roche leur amena de Chau-
ca-
des principaux bourgeois sur la place desaigues un renfort de 80 soldais à
du Pontel et les taxa à quinze cents écus travers les lignes ennemies. La ville
dé rançon. Les trente Ainbertois
se ré- d'ailleurs avait été habilement fortifiée.
crièrent sur l'énormité de la somme et C'était plus qu'il né fallait pour déjouer
réclamèrent une réduction des deux toutes les attaques (Voy. III, p. 431).
tiers. Merle irrité menaça de les faire Après la levée du siège, Merle partit
fusiller s'ils ne payaient sur-le-champ; pour les Gevennes dans le but d'y ras-
mais les prisonniers, prenantcette me- sembler de nouvelles troupes el de re-
nace pourun épouvantail(4), persistè- venir défendre Issoire menacé par le
rent dans leur refus. Malgré les repré- duc d'Aleuçon. Ce projet n'ayant pu
sentations de Chavagnac et de Du Lac, s'exécuter (Voy. IIl,p.432),il se relira
l'irascible capitaine commanda donc le dans Malzieu, « d'où, lit-on dans ses
feu. Vingt-cinq furent tués ou blessés. Mémoires, il tâcha de fatiguer l'armée
Les survivants durent la vie aux prières qui assiégeoil Issoire.» Même après le
du ministre Massin. Cette exécution traité de Bergerac,il continua ses terri-
barbare, ordonnée dans un moment de bles incursions dans la Haute-Auvër- '
fureur, estla seule, à notre connaissan- gne, afin de seconder les entreprises
ce, que l'on puisse reprocher à Merle. deLavedan, etiesservicesqu'il rendit
Suffit-elle pour justifier cette réputa- lui méritèrent le titre de gentilhomme
tion de férocité que les écrivains catho- ordinaire de la chambreÂdu- roi de Na-
liques lui ont faite? varre. Dans la nuit du 9 au 10 août
Resserrés dans leur conquête par les 1578, il chercha à s'emparer de Saint-
Catholiques qui tenaient tous les châ- Flour par escalade. Son frère pénétra
teaux et les forts des environs,les chefs dans la villeavecunevingtaine d'hom-
huguenots voulurent tenler de. s'éten- mes ; mais une hrusquealtaque des ha-
dre en se saisissant d'Olliergues; mais bitants rejeta les assaillants dans les
l'expédition conduite par Montbrun, fossés.L'année suivante,Merle futplus
lieutenant de. Merle, échoua. Montbrun heureux ; parti de Maruéjols dont il
lui-même futfait prisonnieret massacré s'était saisi par surprise, il s'approcha,
parles habitants Deux attaques succes- de Meude, dans la nuit de Noël 1579,
sives dirigées par Chavagnac et Merle et,favoriséàla fois parles ténèbres et
en personne sur Marsac, où s'assem- parle vacarme des cloches, il escalada
blaient les troupes catholiques desti- les murailles sans être aperçu. «S'élant
nées à faire le siège d'Ambert, n'eurent rendus à la place au nombre de dix^
pas plus de succès. Merle ne rapporta sept, le baillif de Mendé, ayant enfin
,

deces expéditions quel'honneurd'avoir enlendule bruit, courante l'allarmeavec


combattu, lui et ses soldats, avec une une troupe de soldats et chanoines ar-
més, furent par la troupe de la place
0} Si Merle avait été aussi cruel qu'on mis en fuite, et le baillif tué : certains
veut bien le dire, les riches bourgeois d'Am- habilans, s'étant sauvés dans une tour
bert, quelque loin qu'Us poussassent l'amour des murailles, furent pressés de si près
de l'or, auraient-ils tenté celte dangereuse
expérience? On ne joue pas ayee les tigres; qu'ils se rendirent peu d'heures après,»
MER - 344- —
MER

Selon M. Imberdis, Merle « pilla,- in- se présenta bientôt. Chassé par ruse,
cendia et égorgea un grand nombre de il rentra dans Mende par stratagème.
Catholiques.» De Thou, qui raconte- Une partie de la garnison était compo-
avec détails la prise de Mende, ne parle
sée de ses vieux compagnons d'armes
ni d'incendie ni d'égorgements ; il se qui l'adoraient. Il lui suffit de se pré-
contente de dire que la ville fut pillée senter dans la ville pour que tous se
et les églises dévastées. Quelques mois déclarassent en sa faveur, et le roi de.
après, la noblesse catholique du Velay.j Navarre s'empressa de: l'eu nommer;
du Gévaudan, de l'Auvergne et du Vi- gouverneurpar commission du 25 juin
varais, assemblée à Chànac au nom- 1.580. .;
bre de plusieurs mille hommes, firent Merle ne conserva aucun ressenti--
sommer Merle d'évacuer, la ville, sous ment de l'espèce de trahison dont il
peine d'être passés, lui et ses gens, au avait été victime; content d'être rentré
fil de l'épée. « Merle, après avoir bien dans sa conquête, il continua à servir la
fait'boireletrompelle,luiditqu'ilnotât, Cause avec le même dévouement. En:
bien sa réponse, qui étoit que lesdits 4 580, Condé lui ayant ordonné de se
seigneursTavoientfortsouventmenacé joindre à Gondin et à Porquaires pour
de ce siège et de cette belle armée, et enlever aux Catholiques les forts qui
qu'il lui tardoit fort de les voir; mais interceptaient les communications en-
que s'ils ne tenoientparole de le venir tre les Çevennes et le Gévaudan, il
voir, qu'il les iroit voir eux.» Se con- entra en campagne sur-le-champ,mal-
fiant en leur nombre, les Catholiques gré la rigueur de la saison, traînant à
ne firent que rire de celte audacieuse sa suite, avec des difficultés énormes, :

réponse. CependantMerle tint parole. deux canons et une 'bâtarde à la fonte


L'attaque n'ayant pas eu lieu au jour de laquelle il avait employé la grosse
marque, il partit de Mende sur les dix cloche de la cathédrale de Mende,
heures du soir, fit sauterunedes portes « qu'on tenoit par toute
laFrancepour
de Chanac au moyen du pétard, tua un lanonpareille.» Il .opéra sa jonction
grand nombre d'ennemis (pasun n'au- avec Gondin devant Espagnac, que les
rait échappé si ses soldats ne s'étaient habitants abandonnèrent dans la nuit.
mis à piller), el se relira avec deux Le château de Quissac n'offrit pas une
cents Chevaux de guerre et un riche plus longue.résistance. La garnison de
butin. Cependant la haute réputation Redouès.tintquelques jours seulement .-
de Merle souleva une basse jalousie et se rendit «sans avoir lejugementde
parmi ses coreligionnaires. Circon- demander la vie, ce qui causa la mort
venu par ses envieux, Châtillon, au d'aucuns, lesehanoines mis. à rançon.» ,
secours de qui il s'était porté avec em- Cette courte expédition terminée,'
pressement en 1577,pendant le siège Merle retourna à Mende; mais le traite
de Montpellier, résolut de l'expulser de Fleix vint bientôt le forcer à rendre
de sa conquête; mais, n'osant y pro- cette ville aux Catholiques. C'est ainsi
céder de vive force, il eut recours à que lesHuguenots roulaient perpétuel-
une ruse qui laisse unetachesur sa ré- lement le rocher de Sisyphe. Merle,
putation d'ailleurs très pure. «Ayant qui le sentait sans doute, hésita d'abord
attiré Merle au siège du château deBal- à obéir. Selon M. Imberdis, il y fut
siége près de Mende, ensemble bonne déterminé par la promesse que lui fit
partie de la garnison, Châtillon se rend le baron d'Apchier de lui vendre les
maître de Mende, fait refuser la porte baronnies de La Gorce et de Salavas..,
à.Merle, y établit garnison à sa dévo- .
Cequi est certain, c'estque cette vente
tion.» Contraint de chercher retraite eut lieu effectivement au mois de juin
ailleur.s.Merle se saisit du fort duBois, 4582. Dèslors Merle prit le titre de ba-
où il se cantonna, guettant l'occasion, ronde Salavas etdeLaGorce.vicomte
de prendre sa revanche. Cette occasion de Bouls, seigneur de Chaînes et de
MER -- 383 —- MER
Leyris, mais ces titres n'ajoutèrent au-
I
range et commandant, en celle qua-
cun lustre à sa renommée. Loin de là, lité, dans le château. La Pise lui rend
à partir de cette époque, on ne trouve ce témoignage,qu'il était fort zélé pour
plus qu'une seule fois son nom dans sa religion, brave et courageux; mais,
l'histoire. En 4 587, le roi de Navarre ajoute-t-il, « cadet d'un cadet dé sa
l'envoya à Nismes pouf demander des maison, il portoit sa légitime sur la
soldats et de l'argent. Cet homme vrai- pointe de son épée. » A la conclusion
ment extraordinaire mourut, dit-on, en de la paix, le roi de Navarre le nomma
4590.- son commissaire pour l'exécution de
De son mariage, célébré le 20 oct. l'édit dans la principauté d'Orange.En
•4576, avec Françoise d'Auzolle, fille 4 579, Chabert l'ayant expulsé du châ-
de Guyot d'Auzolle, sieur de Serre, et teau, il se retira à Courtezon et prit
dé Françoise de La Rochetie, naqui- énergiquement le parti du parlement
rent deux enfants: 4 ° MARIE, femme, en contre Blacons. En 4 582, il alla au
1620, de Louis de Barjac, sieur de secours de Genèveavec beaucoup d'au-
Vais: —2° HÉRAIL, baron de La Gorce tres gentilshommes du Dauphiné et dii
et de Salavas, né en 4 583 et tué de- Languedoc. Nous n'avons pu découvrir
vant Barjac, en 4621, servant contre l'année de sa mort; mais nous savons
les Protestants, dont il avait renié la qu'il vivait encore en 1605 et qu'àcette
foi, en épousant,en 1609, Anne de Ba- époque, il continuait à soutenir le parti
*jazuc, d'une ancb3nne|familie ligueuse du prince d'Orange contre Blacons.
^-duVivarais. Rien ne prouvant que son MERLI!V(JEAN-RAIEOND), dit Mon-
fils soit rentré dans le giron de l'Eglise rqy ou Macroy, pasteur de l'Eglise
proteslante,malgïé l'alliance qu'il con- protestante, naquit à Romans en Dau-
tracta avec unefille de la maison Pape- phiné. Une profonde obscurité couvre
Sàint-Auban, nous craignons d'avoir les premières années de sa vie; on sait
été induit en erreur, lorsque nous seulement qu'il sortit de France pour
avons répété, d'après M. Peyrat, que cause de religion, et qu'il alla s'établir
le baron de La Gorce tué au combat à Lausanne, oùil futnomméprofesseur
de Vagnas était un nouveau-converti d'hébreu et de catéchèse, en 4 548, ou
(Voy. III, p. 286). plutôt en i 537; ca'r nous croyons que
MERLÉS(PiERREDE),gentilhomme M. Gindroz (Histoire de l'instruction
"

de Courtezon, était peut-être le fils du publique dans le pays de Vaud) a dis-


capitaine Merles, qui servit successi- tingué à tort deux personnes parfaite-
vement sous lecomte de Tende et sous ment identiques.
Des Adrets, et qui fut tué aux Arenas- Merlin occupa cette chaire jusqu'en
ses(roy.IV, p. 259).Il avait un frère, 1558, qu'il l'abandonna pour ne pas
nommé Maurice (h), qui remplissait, séparer son sort de celui de ses collè-
en 4 568, les fonctions depremier con- gues Pierre Viret et Jacob Valier, des-
sul à Courtezon, où il était revêtu lui- titués par le gouvernement de Berne.
même, depuis 1567, de la charge de Il se retira à Genève et fut donné pour
capitaine de la ville. Nous avons ra- ministre à l'église de Piuey, aujour-
conté ailleurs (Voy. V, p. 382) com- d'hui Peney, en 4559 (Arch. de la

ment Susê s'empara par stratagème de Compagnie despasteurs, Beg. B). La


cette ville et quels excès il y commit, même année, au mois de décembre, le
malgréla capilulation.Pendant dix ans, Conseil lui accorda gratuitement les
Merles disparaît de la scène de nos droits de bourgeoisie. En 4 560, il fut
troubles civils. Nous le retrouvons, en appelé dans la ville en qualité de pas-
4578, lieutenant du gouverneur d'O- teur. Sénebieraffirmequ'ilfuten même
temps chargé des leçons de langue hé-
(1) Claude de Merles, qui épousa y'ers ce braïque à l'académie; mais il commet
temps Charles Des Isnards, était sans doute
leur soeur. une erreur, dans laquelle il nous aen-
T.VII- 2b
1ER
traîné t!f%-n,:p. g;^),:^ nom-de
- -
386 ÉËR
à_s'acqii,ilter.fayec.plus- de ;zèl0. deila
,

Mgrlminè se,.; trouve pas., porté.sur,, la partie..de, jleurs ide.ypirs.pa.stp.raux qui


lifte,, dès!, p'çpfpssèùrs,.d'ji,ébreù., dans cpnpèr.r^èsla v.jsiie de^mala'des, et le,ûp
l'.Ob'jtuajr.è de la Compagnie, ià içeque,. ay.ant,,o|donné,4è choisir jl'un.4'enîre
nn'ùs;, apprend M~. le pasteur de Genève eùii .àf.lj ,ré,sejve, àe-B.èze^ ppuf^cpji-
Archinarfi. \\ ;
rnC- re.~n/
caisse ël contre P^pini94,# s^Sjfrères»,^
v..Ên',;1561,, .Merlin, fut... enyq.y.é v,-:
-;.-

France à l.a..requête- d'^.ÇpHgni,, q^ti s'élever avec .vivacité contre la préten-


a^it'(lèmandéau.cpnsistoiredePiglipe tion.qp'avait'l'autp.rité..civile de. s'im-
- .

gpeyjbise. « iiomiàè propre .ipour. édi- miscer. dan,f, les, âffair,^s-1.>4,es|'Eglîse.-;". -


fièp.èn Çoflr»,.yrci.,& la ûbmp]a^ il.. poussàvmefiièi,ia.;h.arçlïesg ej.j us qù'jà
g^{des,pdsteurs,, Reg..B).-,Il,parait blâmer les.^iriagistlcàt^s., du5,h^)it,(lé; la.
q'jÙe1l'.am'iral.oiupiutôtlp^pusigto^efle chaire,.V^dâns,u'n .isèijmop pçpjipjifié, je
ljêglïsé de^àriilë..chàfgeàja7flIif.fl?j^7 mjérérèdï ,4 8; ôcf, (56.4, j)éposépo,U;r,ce
s.i(m.àî;a;riochel^ faitjlé^.npy,, vil.nîaçcep^ta pas patièinî
pa'ss^h^.par.,L.e3Ïa'ns,' ou lâ,,Rêforpiiè* mi.ènt ,unè .des'litu.tion.,,;qu'il .s'était(iitfv:
avait Jié .inlro'duite,,r,pn.,455?J, .par lir.è^iP^'rsàaimprudgùce.Ul^seplaignit,
Hmx'ldeMalvert,\\.pVn9Jti lep Vie-, hautement,d!à.voïr|flétéabandonné ;par
fermés idè^peûe.ville à xèlébrerpuï^ lé., iÇpns^istQirè ;':,. m^is,;!i,i yç'y^'. gftgiia
i
qùem|ntiëur' çulïe i. ïï ii^déev^ g-ù?ajï qn'.ù)ieVsêy,èïgféprimande,de.la'.pà.rtidé^.
prêcriè, aurait .lieu sous fgs fiaïles trois SêS. Ç.ol.ifeguëS:.;,, -;;>.^;;;. :<<»{
1;; ,,,.,,
d,'èp,P^iti.oin,,j, ^ferïînt;^fQV t
^pi5f.pa(r j rie,. ,£ .dater<;dù„1 Ô,,aouf,. ,,,,Aprèè,,,sa,
sema
5£Leg'conquê.tes:spjfituè|(es4,e Mé.rlip, nous porté àle.croke),.serelir,a (Liais le
r^'cqntg J?efçhè," n'è...jurent pjis mpiur; Daùphiné?,1s,'â!p^6.vinç.e'jnaiale, nia,is,;j.a;
«ffèsjàju Èaus.qu'à L fjl^opitpïlej.;d oiii jî Saint-^âftiiélemyjie.iprçjijà,sè,. réfugier
a
è^ôïÇ ministre çj,),et, qu'i 1 ,n'ayoif,q.uif; de, .nouveau, en Sujssei.«Le 8 de.juin.
iè'.é ç{û.è. j»,çji.r: Fépandréj^t.-^i.ré.prQp.p^- suy van,t, -i\ir%- <%§, le, ;D,iaireJe -sçii
r^ya,np,uy^jlè/d6ctririe.âan§Jè^M pètit-fil? licènirnent publiép?.f iLprot^
S„es pr,édica'tiôn!,!uL tet?;mph,pèr:è.arr^ya.ausslàGe,pèvè,; et
^mép't^.djÇjî'À^^f.ëuè.^ëçliâiTg^ D,e, .ce tost après- alla' quérir &n ;un,èj Jili^.re
^ômbrè^urènt lès, ô!'4ciers.".'du'(ipjesi^' n^prigrapd-père,qui-èsfoit^;mâlade d'une
djjjls dés.|lpmâinés,:..de'; l'élection.; .jle eiùflurè' dè.jamïe^iètse, ten.oit, à d'eux.
chef ..dé, ja maréchaussée; avec. se^iiij- 1 ie'uès, .d.è.Mo.n l^eillan en $ayoy& ski
chers; dès avocats et j)ïusde200'bpur- lps ^jLini._L^s>',duP'aulpfiinl.ià;^èrjl.iii-c(ftxaïi
ggpis:sqi4i tflug.fir,ent.pfpfèssi,oii;piiiiIi-' ayqir.aflein.ta cette,^atè.un âge avancé;
^i^detji&6nvelIe^pïigioB.»iNé,ànnio^n^ cependant :én;.(15t^,.,}},sonaèaieiip.çjfel,-'
lè,s.éjp.ùr..deiM,èrlif).a|u Mans,,fut court;, sembl^-ii,:, ^ -rèp'fen.Q'rë.ae.j'empjo.ij
ij4tjut,,dè.r^tpur;àPiriglprs du çèlèbr.e sinon en,S,uissè,\a^,îno'if)s,è,n France,
epilpqué.dejPpissy, auquel, H,assistai et .iLa.drèss^ â cet -.effet uu ë. rç^ué t e au
Içîai.s' pu il ne, joua d.'ailleurs qu'un r.ôle Conse,iiieudan,t« à cèjflu'ppîini dépja
ipûl;-àTfa'it,.';Sepàndàirè. Après ,ia..çiq?. r.âf s'il estoit,fprpl6s,depPjUyôirjpàirvéT •.

tjiré.dù colloque.,..il,se^re.ndi^ dans le nij, autninistôre: aux, aultres .églises,»


Bëarn (1 ),,, sur, l'invitation .de Jeanne Cette rejnètelut renvoyée,au.Consis-
âf.'Albrèt, qui àyait jetélès.yeûx, surlut toire, o^pnt vipicilàrèpo^sp,telle Qu'elle
pour l'employer, à,jrépandrè.da,ns.ses se lit;dans lès, Notes extraites denses
Etats .lés principes de,la Réformè(yoy." registres par.M.'Gramerr,« Advis,qu'on
%
p._, 4,0), Merlju.ne fut déretour,à .Gjëj lqi djse qu'ayant qu'il; lui soit rien .des-
r^vé que le 4 4 août 1564. très-peu claifé, il jfaùft qu'il,;rècognoisse,.sa
de temps après, ie.Conseil.àyant invité faulte. A quoi il a respondu et prié
d'une manière pressante les ministres qu'on le supporte en son infirmité et
,-(1) Selon Olliagaraj, la reine de Navarre, qu'il ne soit point au rang des excom-
le Ht venir de Genève. muniez. Sur ce, attendu qu'il jié
veult
MER MER
-- 387 —
pbin,l.venir au jipinct,.à.feslë.àdvisë.dè ,b'n
né coniiàîl.hi lieùLbi la date préci-
Mi donner .ternie dé.huicl jpiirs ayant se de.ja naissance de Pierre Merlin ([)
.-
1$ ..Cène dé, Noël; ,4u'il,viéhd,ra,reco- Il. ètiidjala!th;èpipgië à Genève
sous
ghoiçtrè sa faull,ë,,êtlbrs' .pnàuviserâ & Théodore déBeze, et fut donne pour
son. ças,:màis^oùiàùlijem.ènt,;ce qui lut chapelain $ ponde, sèlpn de îhou, H
g|tàp;tj,|qnD.é',à entendre;, à.confesse Çgligày', selon d'Aub'igrié,
que dôus
qîi'.il néns',è,avoir,failli, puièqu'on le lui mieux -instruit; Nous vbyofië
croyons
dici .e^ juge Mnsi.; D,e. quoi il,.a s.emb'if Jjâr le D'iàire de fils'qu'il, était, en *
son
b,9À^,.çdrji,iènler:.:.Ëf,|qur.cç, lâC^ |pë.6, à: Àlënçon; d'oji il vint S Paris-
jjp.lu.^est p^s'.dëjïe'nduè. P,ar àpprè§,sur eh 4 567.' Lorsque iâ -seconde gùëfr.é
les^âultrës, ppinéts de là Jêqueslé j civile éclata,ilétait allé visitersbn père
séri)blêubpb., derapporter,à .Messieurs' dans leDauphiné. Ne pouvant revenir
1

|u'ii|,iui pôjïrrfint.bttfoyer attestation à Paris; il se retira à Genève Cepen-


;
çspmment îl.aeëte,dépose Hn.ministèfe aaiit|il tr,o.uva,,le. mp'ye^.de rejoindre,sa
ppr avoir, fâictùn préâçliè oule.ma- famille quelque^ mpi§, àprèSj ètjlùfânt
gjsjràt éstp'il.riâïé.Contre..l'àdvié des les troisièmes troubles, «il suyvit à
a,uitré.s,,mihislresr
sps. frères ;èt fliesm.è la ..guerre M.àeLavardin .et, M. de
p.bùr hè.ypulpir suivre l'àdvié des àut- Mir/ibré \- Auprès.là. pertè.de la,bâtaille
tr^s.'..;;,: Et.quân.t.àce qu'il requiert rlës^ ç\e ^ibpcp.nfp'ui;, il, gagna, Là Rochelle,
Ç ayrer, s'il sera dépose es aultreé.égii- et, peudelemps àprés,ii. (ifùt.èmpîbyë
ges.aiissi, bien qu'eu .celIëTci;a_eslê par l'églisè.d.udit lieu.» Il en parût, I.e
adyjsé fie lpi^ dire. que..l'injëntioti de 4," août 1,571,., iyéc j'àmiràl, qui, allait
ïlëpsiejirs, ,est; jléjlè. déposer éhcêste trouver-je roi à, Ëlpis "(2). DéjBibis il
église sëu.llenient^tputtèsfpis qu'pnsèrâ suivit Çplighy.à Châtillon, -pùisril. se
bien jpy.ëûx qu'il soit.aiiltfe part, ». La rendit aupr.ès.de Con_d4 k yëridômé,
'mprt neliàissà
pas S Merljii je temps 'de où .il vit.amener le.;corps :de Jeanne
mëttrëion projet à^eië.cûtipn. 11 ter- d'filbr.et, et il.revint à .Paris.^. la suite
mina sësjoùrs.a .Genève," au mois de du prince, pour reprendre, dans la mai-
.déc. 4 578. Lçs séûlé ouvragés que l'on son .de Çqligny.,ses, fonctions, de. cha-
cite de luiront;: -,..,..,"-...., ;-.,- pelain. .C'est, lui qui consola ptfortifia
.jvtlnè-tràd, franc, des. Ço'mikéràài- le hèros^caivîniste pendant la cruelle
vpX a" OEcoldmpdde sûrjpb et Daniel;, .opération à^ArkbrqisePàr'é\vi fifsu-
'Gèn„J5Ki;.in.-8°:v Selon Bri'del, là blr £,Pfoy.jj.JJ,i(p. 398); c'est encprëlui
'Inédit. |êr'ait,dé 4 o5|:_. ,./.,:.; .qui aUfbruit du.tqçs'i.ri sonné.par Sàjnt-
r.
iXrfixpç'sàioh dés dix cbmmàndè- Germain-l'Auxèrfois.accpU'rùt.lepre-
,..
'ments deïâXby de ttïeù, [Géii.] Ri- m'jej._aup.r|s;'de' garnirai; décidé à, par-
JèryV. 1561,in-8°; Laus.; 4563;in-8°r tager son lorï^.mais. Gpligïry lui ayant
d'après ÇuYer'diëK^—Déû.ié,-àP.Vir'et. .ordonné,deihiir; il-t'eiit|,dp s'échap-
JIL Catéchismeextrdït%zlc%ïriyde per., pir, }és.ï6\iàiiVe^'TfiMgnyl:« Pje
f
Genève, :p'6ur- examiner ceux qu'on pouvant le sii.ivré à causé de sa foi-
Veut recevoir à%aCen'e, àpeçla tràns- famille dauphinoise n'estpas là seuledûmêine
latiônr'en tangue bédrnoi'sè,. .Limo- lion;, qui ..embrassa lé protestantisme) ;,Dçs
Guill.dèLaNoaiile,.sans date, .8% 455S; iiàDenis :iler/tn,, marcliahd. d'O/iéaiis,
ges, fugitif pour causé (le religion, fut réçiî bour-
/;, Jëan-ilaïmoud Merlin ne laissa qu'un
geois à.Gevkve.MguricèMerlin,de Lorraine,
fils (4 ) nommé PIERRE avec qui on lé fut en-flSfiTi- C'est apparemment .de, i'un
l'a trop souvent confondu. ,, descendait
ou de l'autre de ces'derii.iiers.qué
André Merlin,, ministre a Qélignj en 4C68.
i(l) En.1576., ,la.place, de,premier, pasteur (1) « Dieu m!a -fait là tracé dé vivre aussi
;
-.
^Lausanne éûiit remplie .par.ûn.^fer/i'n.qui, -longtemps que .lÇiproplièle,roi,.pàvjdç;,,dit-3l
«elôn Leu, était de la niéme.famijle. Etaiy 1 quelques inslanis avant de mourir. On peut
^rère de;Pierre?,Nous. en doutons. Ne serait- conclure de l'a qu'il naquit vers 1533,.'- .
il pgjs.singulier que JacquesMerlin-oe dit pas (2> Selon l'opinion commune, cjùe.noiis
.,
un seul mot de cet oncle ;,dans; sou Djairc.? avons suivie '{Voy. III, p. 396)", Côjigny lie
Ce qui augmente nos doutés, c'est que cette quilla La Rochelle qu'au moisde septembre;
MER — 388 — MER

blesse et mauvaise vue, raconte d'Au- tion, veu qu'il avoit ja esté en leur mai-
bigné, il se laissa choir dans un gre- son, et que, grâces à Dieu, son labeur
nier à foin entre le tas et la muraille, y avoit profité et y profiteroil encore.
trouva la teste cachée de ce qu'il La Cômpaignie n'a point voulu,comme
se
avait fait tomber sur lui, et fut ainsi elle ne pouvoit, juger ne décider du
trois jours, et demi, où il fust mort de droict et de l'obligation ne desdictes da-
faim sans une poule qui en ce temps mes, ne de l'église de La Rochelle, ne
* lui vint pondre trois oeufs en la main.» de M. le Prince, ne deM. de Chaslillon
C'est à cette merveilleuseaventure que et de Laval, qui aussy y prétendent sur
le même écrivain fait allusion dans ses M. Merlin, remettant' cela au synode,
Tragiques: quand Dieu vouldra qu'il s'en puisse
convoquer en France. Seulement juge
Voici, de peur d'Achas un prophète caché provisoirement M. Merlin peult
.En un lieu hors d'accès, en vain trois jours que
[cherché. beaucoup plus profiter en l'église de
Une poule le trouve et sansfaillirprend cure La Rochelle, yeu mesmenient quelque
De pondre dans sa main trois jonrssa nour-
riture. différent qui est là entre les frères, du-
quel les parties s'en rapportent el sub-
Lorsque le tumulte commença à mettent volontiers à luy.» Le choix lui
s'apaiser, Merlin se hasarda à sortir de étant ainsi laissé, Merlin se décida à
sa cachette et trouva un refuge dans suivre en France le comte dé Laval,
l'hôtel de Renée de France, qui l'em- qu'il aida puissammentàréorgâniserles
mena à Montargis. Il réussit à gagner églises de la Bretagne. Spécialeniènt
heureusement Genève, au mois de juin attaché, comme chapelain, à la per-
1573. L'année suivante, au commen- sonuedu comte.ainsi que Des Ousches,
cement de décembre, il alla rejoindre il ne laissa pas de travailler de tout son
Laval et Châtillon à Berne, où il sé- pouvoir avec Berni, de Troyes en
journa jusqu'en 1576. C'est ce que dit Champagne* et Perruquet,les pasteurs
positivement son fils dans son Diaire : titre, à l'édification de l'église de
en
« Je rovins donc à Berne où estoit en- Vitré. En 4 578, il assista, en qualité
cores mon père, ma mère, MM de La- de député des églises hretonnes, au
val et de Chaslillon, M"6 de Téligni, Synode national de Sainte-Foy (4),qui
M"° de..., l'an 4576, au commence- l'élut président (Voy. Pièces jùstif.,
ment de may.» En présence d'un té- N" XLII) etlechoisit des repré-
pourun
moignage aussi positif, nous ne nous sentants de l'Egliseproteslanlede'Fran-
expliquons pas comment il peut être colloque de Francfort, où devait se
ce au
qualifié de régent &&ns un extrait des discuter le Tiroj et de réunion mis
Registres de la Compagnie des pasteurs en
de Genève rapporté ainsi parM. Crottet: - (1 ).Nous avons trouvé dans une copie des
Jeudy 9 febv. 4 576.Le mesmejpur, Actes des synodes nationaux faite parun se-
« crétaire de Du Piessis-Mornay(Suppléa,franc.
M. Merlin,régent (1),requit que nostre 2032), les noms des députés
que ni Quiet ni
Compaignies'assemblastaveclesfrères Aymon ne donnent. Les voici. Paris : Hugues
ministres de France qui sont icy pour de Regnard,Ail Saint-Marlin ; Rouen : Michel
lui donner advis sur ce que ceux de La Mnntescol,A'û La Tour, et Philippe de Rufesse;
riantes: Oiseau (ou Loiseau); Sion : Jacg.
Rochelle le demandoyent parhomme et Guineau et de La Coharde;Le Vigean : Louis
lettres exprès, prétendant dfoict sur luy, Esnard: Ghâtellcrault:EKenK Dephon; Laval:
Merlin; Bille (?),Jacg. Marennes:
comme d'autre part, les dames de Té- .r. Chauffepié et Nicolas Bouquet;
ligny et de Laval (?), qui sont à Berne, foucauld : Georges Pacard;Pineau; La Roche-
Sainte-Foy: Jacg.
requièrentqu'il ne leur soit osté, mes- Finet; Turenne:Bertrand deLogueelGaspard
mement durant ce temps de leur afflic- Pinfagen; Montpellier : J. de La Place; Réal-
monl: Michel Béraut P. de Pons;
et Bourgogne:
Millau de Disdier, sieur de La Grand'Maison;
(1) La requête même prouve qu'il ne s'agit Turette C?): Antkoine de Moneroux et Claude
pas de Jean-Raymond, comme on pourrait de Sausseurre; Navarre: François Le Gay et
1 e croire. Nicolas de Bordenave.
MER 389 — MER
avant par l'électeur palatin Jean-Casi- église absolument dépourvue de. se-
mir (Voy. III, p. 330). Le Synode na- cours spirituels. Ses fonctions furent
tional de Vitré, auquel il fut député de remplies avec beaucoup de zèle par
nouveau, en 4583, lui déféra une se- Gilles Du Chemin, sieur du Buisson,
conde fois les honneurs de la prési- ministre fugitif de la Normandie. Mer-
dence (Voy. Pièces justif., N°XLVII). lin ne revint en France.qu'en .1590,
C'est en qualité de président qu'il signa i.avec son collègue Perruquet. Six ans
avec Matthieu FM-^euneapprobation plus tard, il assista encore au Synode
de la Confession de foi des églises des national de Saumur; mais l'affaiblisse-
Pays-Bas, que l'on trouve imp. à la fin ment graduel de sa vue, joint à d'au-
d'une version française de la Bible.à tres infirmités de la vieillesse, ne lui
l'usage des églises -wallonnes. Nous permit bientôt plus de prendre une
avops fait connaître ailleurs les matiè- part active aux affaires de l'Eglise,
res générales qui se traitèrent dans ce sans l'empêcher toutefois de continuer
synode. Quant aux matières particu- à édifier son troupeau. Il prêcha en-
lières,, concernant plus spécialement core le 4 0 juillet 4 603; mais en des-
la Discipline, nous ne voyons à rap- cendant de la chaire, il se trouva mal
peler que les suivantes : Refus de ré- et se mit au litpourneplusse relever.
tablir dans leurs charges Toxwsillant Il expira le 27, après 43 ou 45 ans de
et Laurent Bouchart, de Privas, mi- ministère, laissant de son union avec
nistres déposés; — inscription sur le Françoise de Meslay,ft\\eAe François
rôle des apostats de Julien deSande de Meslay, sieur de La Cerisaie, et
ou de La Lande, de Crosse ou La d'Antoinette de Clinchamp, un fils
Croix et de Martin, ces deux der- unique, nommé JACQUES.
niers ministres de la Normandie ; — Merlin emporta les regrets non-seu-
excommunication de Claude Mar- lement des Protestants de Vitré, mais
chand, minisire de Civray en Berry, des Catholiques modérés qui avaient
coupable d'adultère; — octroi d'un souvent rendu hommage à son équité
chapelain à Mme de La Blanchardaye, et à sa modération, en le prenant pour
dame du Bois-du-Maine; -—jugement arbitre dans leurs différends avecleurs
des contestations survenues entre Jean concitoyens réformés. Au jugement
Hérisson el Marie Du Moutier, fille d'Arcère, c'était un homme d'un grand
du ministre d'Orbec, au sujet d'une mérite. Nous avons vu en quelle es-
promesse de mariage, promesse que time il était auprès de ses coreligion-
l'on s'obstinait encore à assimiler à un naires (4). Malgré la vie si agitée que
mariage consommé; — dissolution du les persécutions lui firent, ilalrouvéle
mariage d'un prosélyte avec la nièce temps de composerquelques ouvrages.
de sa première femme, hien qu'il eût I. Sermons sur le livre d'Ester, La
été conclu avant leur conversion et Boch., 1591,in-8"; 2* édit. augm.d'un
qu'il en fût né plusieurs enfants ; — Argument sur l'hist. d'Ester, Gen.,
enfin établissement, pour les besoins 4 594, in-8°;tr.en latin,Gen.,4 593,8°.
imprévus, d'un service extraordinaire II. Job, commentariis illustratus,
au milieu de la semaine, quelques gen- methodo analytiçâ,Gen. ,4 599, in-8".
tilshommes du Poitou se plaignant de — Très-rare.
ce que les ministres, tanl le zèle s'é- III. Sainctesprières recueillies de
tait déjàattiédi,refusaientde venir prê- plusieurs passages de l'A. et du N,
cher et mêmebapliserles nouveau-nés T. pour l'instruction et consolation
dans leurs châteaux.
LorsqueHenrilII, uni aux Ligueurs, (1) On a débité sur son sujet des conles si
proscriville culteréformé, Merlin cher- deridicules que nous ne croyons pas nécessaire
cha un refuge dans l'île de Guernesey. qu'il nous y arrêter.On a prétendu,par exemple,
avait eu A'Aubignc d'un mariage secret
Son absence ne laissa pourtant pas son avec Jeanne d'Aliret.
MER
MER — 390 --
de tous les chrétiens, Gen.., 1.609, tilshommes deM.de.La Châtre, le jeu-
ïn-ISî'ColognyjChoUét, 46?f>, in-42j hëMer'llhfut m'ené àM'ohia'rgis spusla
.Gen;', S6.1:^,'j.n-46. Publié paï son protéëtion 'de''Renée' de France. -De là

fijs, ainsi quefe suivant." il'fù'f'cëil'duii. à'Gëfiëyë et pjacé'-au-£ôl-
'"'.'
'ÏY. 'piscôuf's:th'éologiqnes de la lëge^àps la :çlà'sse'ïde'çin'qùième"que
'
trahqiiïïlïté et'vrairepos-de l'âme. "Èh'g'àes'Roy ré'g'entaitalors, 'PÏus tard,'
père fit"'Venir ~\ !Beriie, *èt'le
'' Daps;iê.'rëçfreiiViés'lettrésfrànçàïsë_É l'en Je
Sëaîiger V" Von ' èii trouve trois de c'gmtedë Va^al aS «jpt >' *?u u "s'é charger;
1
p
Pierre'Mér)in adressées à'çet homme 'des frais' de Von"é'dUc'àli!pn,''il Yënvpy'à'
!dphi fait Connaissance |us c'ojïege' de,!Zûrich. Sur le ppint d|
célèbre, il avait
à'Génèyé'ideûxsontrelalV'V'ès'àP.w rentrer. 'en'Fràn'ce1,'' Pierre:Mérl;i.n"f,apr
de ta Place, ,petit-fils 'pfeut-ê'.lfe de pela son'enfant'de Zurich' et'le'bonfia à
IHnforJuné'présideht"de'.çë nom ('iTc'y1] spn'gràTid-pè'r'è rjui'le'rëniit'eii pepsip.n
Vtj'pH^i 2 ), qu'il' lui recommande;'là chef 'Hiijg.iiés' R:p'y, '' dévenu"fég'enVdé
'q'lid'trifeinë.' vk la.' mort de' son'àïeM,'
3° "roule sur l'âge d'Abraham. ' ' '
Jacques Merlin n'a pas joui auprès JaCque^ Merjin''".passa s'ons'ia tutelle,
. .

des 'églises 'd'une moindre^estime 'q'u.e


père; à'én juger par" lé)? màrquêïj àçliéyle%,' il entra7ai'l'aead^mie^çàniirïë
son il,:y resta
de çprmance que lui donrièrentses 'çbl- èWdufnt' en tWéôlpg.ië;' et 1
lèguës dans"dé nombreuses occasions. jWsqii'en 1Î5S2';''què'fpn'pè^e je fit venir
Né à'.A'lè'nçpn', le S'février j 566;'il eût Slip1rès '3ëlui;,\aJant;l''i'riiNntio'n.dV'l*eùii
pour parrain" Jacques,'de 'Cordbuàn, yoyer'açh éy er ses' étudeë'dàns'un e ûtiï'-
sieùr'de'Mimbrë. Les sec'bnds trùuhl'ès yëfsrtè d'Ailertiàgné: pu' d^Anglëtëfre.
ayant forcé son père et sa mère à'f'jir, Ce pfpjet toutefois n'e'put' être ïïiis'à
.

grand', mère l'ëmmenà à La;'.Ceri- exécution^qu'en 4586;. JacquesM'erlih


sa
saie, Pu eilé-lë gàffà'jusqu.'à'lâ,con- prit sès'de'grê'sà OxfoTd;''m'âisfTois'an-
clusion de la paix 'de Sàint-0e,rm'ain ; néës "eny'irp'n's'ëcoulèrerit''av.àrit'qii'jj
Son përé.le fit' alors amener à La R'ÇK trouvât à s'employer. .Cë'fuJ;' ën'iî&é
çhèlje, e,t quoique l'enfant h'cïït'qu'e seulëmerit qu'il fut âppèlé'ddmmé'mi-
çi.nq:à.hs;;.i'l\lui\i8pnn.a'i,un'pédagogue nisjre' à 'LVKoèhëlleiApr'ès'avqirsubi
nomméGabriel, «.leqûel.noûsr'aconie1- lés; épreuves 'présentée' par' là' ibispî-
t-ili'm'apr.isfàliïéV'puisà déclinef, et '^'lï.nèjii' 'rfeçujt iaimpdsi,lïb.H'&tes-àiâip%''&.!i
pour më' do'nhèfdès"çêste jourriée-Ja pasteur O'dei dè'Nprt, le 8; ayr.1'59b'.
quelque gous.t 'dé rEscnptùfé saïntè; ' PendaWt plus de trente ans"; Merlin
mpnpèrë ptepoit playsir de m'appren- remplit àyeçhHaucouJ dezèle ses forte-
dre:, en'forme de contés, quelquesiliis-. liens 'd'ans ' î'églisë de" La""*Roclielle,
tpires'dê'la Bible, 'comme du déluge; alors 'une dés" plus importantes'"de
dé l'onêissançèd'Isaac,''ë'tantres serh- France. "H ae'quit,'comme ora'lëur'deia
hlablès;'^ma riièfe"'aussi m'apprènoit chaire, îine'cértaiuerép'utation'.'Spriéltji-
pi ùsieïïrs'pro verbes de'Salorh'pn; èt.l'un q iiehçpforte et Vigoureuseétaitréleyée
etifautrepreripit gf àn'd'pèirïëà me faire pàf uri prgane"s'ohore'!ètpar'unèaction
lire en la Bible et'me faire fendré'rày- pleinèà' la fois'de dignitéè.t demoïivë-
soij décë qùéj'avoy's puy en'presche.» hient. Ses talents, la pureté' et là sM
Peuâètemps'àpYe^,heùrèu's^mèntpeut- piicité'de sé's'mcëurs,'lelustreqùé«on
êtreppur la santé délicatëde'spii'fiis, pfbpremériteempruntaitJàux'rièmhrëux
à .quf'Àine 'application1' trop' prématu- s'erviçes'dé sbn''aïeui' et de son père,
rée hë'pôuy'ait quë-^ suffisent pour expliquer làcon'sidérâ-
lin quitta' Là Rochelle ' à 'là suite'' de lion dont il jouit. N6n-seuleihënt il fût
l'amiral dè.CpUgny. Sa femme et son député par son église 'à plusieurs as-
fils lé rëjoignlreht à Paris quelques semblées de cercle ou synodëVprovin-
jours seulement avant la Saint-Barthé- ciaûx; il fut enebrë choisi; en' (:601,
lémy; Sauvé du massacre par des gen- pour ie représentant 'de sa province à
MER — 391 — MER
l'Assemblée politique de Sainte-Foy, journal duministre Merlin, Genève,
tel,-en- 1609, au Synode national de J.Cherhuliéz,4 855, pp.:65, ih-8vL'è
Saint-Maixent, qui le porta par ses suf- 'seco'nd-'èst un recueil chronologique
frages lsiï-'-fauteuil' dé-'lâ 'présidence des événements 'qui se sont passés'sous
( Voy :Pi'è'ces just'if.'N° LXX), et lè^har- ses yeux'à La Rochelle. «Cerecûéiïëst
'géâ de faiTè un recueil :des passages estimable; dit Arcère. Ici là précision,
biblirjùes'co'ntràirè'sauxdoctrines deï'E- del'ëcrivaih resserré les' détails mihùr
glise'ro'màinfe.sdiislàformed'ùn indice fieux;la une sage'attention do'ûnëà des
à joindre àuiie édit.'de là Bible que'l'bh faits remafquahlës une certaine éten-
prép'aràit'à LaRochëilel' Déjà, en;!1'598', due; on y trouve en quelque sorte l'état
le Synode national dé Montpellier l'a-
1 'du ciel; l'apparition d'une étoile, d'une
vait libinmê membre'clë là Commission 'comète, lès'ëclipses, l'âfiaiblissemeht
ch'argèèdé revoir là Discipline ecclé- de la lumièrè'idûisôleil etd'autres's'ini
siastique; et eh'':V60*7,'-lB Syriodë natio- gulariiés dans c'è' genre,''y: sont exac-
1

nal dë'La Rrochellë"l'avait':'àdjoiht!àii tement marquées, Cequi décèleuri'ë's-


ytèsidenlMichel'Èéraut. '•'•':'- -
prit observateur et curiéûx.w '" '• 'y:
'' Fils pieux autant que pasteur zélé, :;' Merlin avâîfépousé,lë'19 avril 1591,
Jacqùes'Merlin entreprit plusieurs fois Elisabeth Rivette', et, en' 4 617; Marie
de dangereux Voyages pour allét' passer SàvylBe son premier mariage naqui-
quelques jours auprès dé 'son père et rent sept enfants': 1 °" ELisABËTH,!'nee
d'e: sa inèrè, qu'il chérissait; En 1594,
1 lè9 jùili.4 SgsJniorle le 8' j'a'nv.45'9^
îi se rendit'a Vitré, quoiqu'il fût en ^'2°'PIERBE, nè'lé:29 ôctv'''4 595,';'5è
proie à une fièvre qua'rte opiniâtre et même apparemment que Merlin, 'cha-
que la guerre'rendît les routes'peu sû- pelain de'l'àmbàssàâeangiâisee'n1625
fès.En 4 596, son père lui ayant témoi- \Rég'. de Çh'àrentdn);—3i¥RÀ.vç'riisE,
gné lé désir'de le voir pendant son sé- n'éë le 44 nov.-i597,'etmorte èn.4 601;
jour à Saumur, il partit'shr-lê-champ. ^—'4° JACQUES, né le 20' bel. '4'599V-^
1'

En"1602, il'fituh nouveau voyage en 5» 'JEAN, ' hé' lé' 4 2 nô'v. 4 ëobj — 6°
Bretagne. En 4 603, prêté à l'église de MARIE, néële 2 oèt. 1601 ;-^7° JOTITH,
Saumur qui venait dé perdre son pas-
1 née le 24 janv. '4604) et mariée, en
teur Macefer, Ibfhb'é d'un échafaudage \m%\^EtiënneGàchot\ ';' !:1
'en visitant la galerie dùLo'uvre et mort : ;'SîEiiit'iÉÏ OU'MATVMET, ministre dé

presque sur le coup, ilprofila 'de la cir- l'église réformée dèNërac, en 4 584. L'a
«côhstance pouf: aller visiter ùue der- vie 'de ce'-pastéur';ëst peu connue. Êri
nière Ms son père, à qui il eut la con- 4 584; il assista1, dit-on, àla'co'nférencé
1 1

Solàtion;.âe fermer les yeux.'Il retour- dans laquelléle roi de Navarre doit avoff
na ensuite à La Rochelle en emmenant mis'en:'délibérâtibh s'il accepterait'lés
aveclui !?â mère.Depuis cette époqtie.iî 'offresdeIiëhri:ni'('Foy;V, pà'g.-45"6);
ïifest'plus parlé dé Cet excellent pas- et l'on ajbîlle qu'il fut un' de çéux-qui
teur d'ans l'histoire des églises prôtes1 s'oppbsèfën't avec lë'plùs d'éhergie1:à
Jantes. On ignore même la date précise ràcceptatibn des propositions dUTôî'dè
ue sà'mdrt, quifloit avoir eu lieu vers France. C'est à'cette occàsibn"''qué 'je
^620r ; ' ;f'"" ;vi ;" ; '"'"''" catholique' Roqûélàure lur'auraït' de-
"-• Jacques Merlin n'a rien publié de son mandé brusquement si iihe':^aire de.
propre fonds; Le savant Arcërene'cph- psahmes à'ia huguënolle p'buvàit entrer
naiss'àit dë'lui que deux Volumësmai en confciirrënc'é:à'yècuhe';courbnrie'.Ën
nuscrilSj'qui'ontpassédela bibliothè- 4:597, Me'rrnet fût' député 'à une assern1
que de l'Oratoire dé Là R-ochellë dans Hée provinciale qui se tint, le 4 7 mai",
la'Bibliothèque de la ville. Lé premier, à Sainte-Fb'y. Là niêrné année, le 4'7
qui contient un journal exact et fidèle sept-,iîprésida'Ië synode'delàBàssè^
de sa vie, vient d'être, mis au jour par Gvjienhe qui se réuhilàMiramont, et au-
M. Grottet, sous ce titre: DioÀre-où quel assistèrent les ministres de vingt-
MER
MER — 392 —
cinq églises, savoir : Mermet.et Saint- tion du roi. En 1620 enfin, le Synode
jlillaire de Nérac, Sylvius de Saint- national d'Alais, auquel.il-fut député
Justin, Grenier• ou Granier de Vic- par la Bretagne (il était devenudans
Fezensac, La Ferrière de Puymirol, .l'intervalle chapelain de la maison de
Fréronàé Monflanquin, Boust deCas- Rohan), ayant égard à l'état où il se
telmoron, Ricotier AeGhivac,Bançons .trouvait réduit et connaissant son zèle
de Tonneins, Ferrand de La Parade, et sa piété, lui permit d'aller exercer
Fréron de Monheurt, Baduel de Cas- ,son ministère où il voudrait. C'est ap-
ïillpn," Labadie de Sainte-Foy, Da«- paremment à cette époque qu'il passa
glade des Lens (?), jfeei (appelé Za- en.Angleterre, où nous le retrouvons,
met dans les iistesd'Aymon) de Mira- en 4 634, ministre de l'égliseirançaise
mont, PéMoï de Duras, de Màyendiéu de Londres. Il vivait encore en 1641.
(Magendie?) et PM«#de.Bérgerac, Du Lipenius attribue à Mermet (évidem-
Puy de La Force, Lambert de-Saussi- ment le père) Maximi monachi.Loci
gnac, Escoffier ou Sepffier de Mussi- communes sivesermones,?a.Tis,\^89;
dan, Bessotis de Mpnpazier, Luillier de Aurel. Allob., 4 609. Il cite aussi, sous
Gavaudun, de Montbaron d'Issigeac, le même nom, Dix sermons, Gen,,
yieilbanç d'Eymet, de Rignac (aliàs 4 636,8°, qui sont plus probablement du
Ragnac) du Sigoulès. Loque fut élu .fils (4), queLelong appelle mal.à pro-
vice-président, Baduel elBertrandde pos Edmond. Ce dernier à publié; à no-
^Cûorbunse,ctèt,i\Tes(A.rch.gén.TT.3'i3). tre connaissance, Dix-huict sermons
Kn i 598,- le Synode national de Mont- sur Job, Dord., 4 632, in-8" ; Gen.,
pellier nomma Mermet membre de la 4644 in-80; Rott., 4 657, in-8°; et
.commission qu'il chargea d'examiner Vingt,.sermons sur divers lextestirez
laDiscipUneecclésiastique.C'estlader- de l'E.S., Quéviliy, 1637, in-8". De
nière fois que nous ayons rencontré son ces vingt sermons, douze roulent.sur
nom jusqu'à sa mort, arrivée en 1609. Matth. VIII, 23-26, qualresurEcclés.
«En ce temps, lit-on dans le Journal XII, 3, unsùrÈphés. V, 2, un autre sur
de L'Ëstoile, on receust la nouvelle de Ps. LV,7, un autre encore sur Matth.
la mort.de M. Marmet, ministre que le XXVI, 44 et le-derniér sur Matth.
,
roy aimoit et lequel il regretta fort; XXIV, 28. Ils donnent uneidée si fa-
aussi estoit-il et avoit tousjours esté vorable de Mermet,' que l'on a lieu de
hpn et fidel serviteur de S. M. Il mou- s'étonner que ce prédicateur soit resté
rut à Nérac : homme véhément et zélé presque inconnu. Le style.en est vif,
a la manutention et augmentation de la rapide, correct, les raisonnements bien
religion qu'il preschpit; médiocrement ' suivis, les exhortations pathétiques. Le
docte, mais bien disant, et duquel on second recueil surtout classe l'auteur
disoit qu'à son arrivée du comménee-- pârmiles meilleurs orateurs de la chaire
ment à Néracpour y prescher.(ilyafort protestante dans la première moitié du
longtemps), il n'y avoit trouvé que trois XVII0 siècle.
huguenots, et quand il en estoit sorti, MERVAUJLT (PIERRE), fils de Paul
n'y avoit laissé que trois catholiques.» Mervault,
.
pair du corps de ville et maî-
Mermet eut un fils nommé EZÉCHIEL, trede l'artillerie durant le dernier siège
.
qui suivit comme son père la carrière deLaRochelle, naquit dans cette ville,
ecclésiastique. En 1603, il desservait en 4 608, etfut destiné dès son enfance
l'église de Puch. En 161 i, il fut député au commerce. Comme,il aimait les let-
au Synode national deTpnneins; il était tres, il prit l'habitude, à l'époque de ce
alors ministre à Nérac. La même an- siège célèbre, de tenir un journal exact
née, la Basse-Guienne voulut l'envoyer
comme son mandataire aune assemblée, (1) Nous regrettons d'autant plus vivement
qui devait se tenir à Montauban ; mais, de n'avoir pu nous les. procurer qu'en tête
jl refusa de s'y rendre sans l'autorisa- doitèire
teur.
imprimée une autobiographie de l'au-
'
MER
— 393 — MES
de tout ce qui se passait d'important, siège de LaRochelle, par P.Mervault,
sous ses yeux et de tout ce qu'il enten- vochelois. A La Rochelle 4 628. On
dait raconter à son père, sans avoir dès ignore la date de la mort de Mervault;
lors l'intention de le livrer à la publi-
cité ; ce n'est que plus tard qu'il dé- on sait seulement qu'il vivait encore
se en 1668.
cida, sur les instances de ses'amis, à MESCHIN (CHARLES DE), gentil-
faire imprimer ces espèces de mémoi- homme du Poitou, descendant d'Ar-
res qui se recommandentparla sincérité mand de Meschin, capitaine de cava-
de l'auteur plus que par les qualités du lerie tué à Coutras s'établit à La
style. On y trouve un grand nombre de Rochelle où il épousa, Elisabeth Dé-
lettres officielles, le résumé de plu- sert, qui lui donna deux fils, nommés
sieurs délibérations du corps de ville, JosuÉet JÉRÉMiE.L'un et l'autre entrè-
lerécildétaillé des négociations dePU- rent dans la marine. Josué, qui prit pour
lippe Vincent en Angleterre, en un femme, en 4 667, Judith Faure, fille
mot, une foule de pièces d'un grand in- de David Faure et de Marie Bruslé,
térêt pour l'histoire du siège de 4 628. de Tonuai-Charenle, était lieutenant
Ce journal, qui commence à l'appari- de vaisseau, à l'époque des persécu-
tion de la flotte commandée Buc- tions qui précédèrent immédiatementla
par
kingham et s'étend jusqu'à la reddition révocation de l'édit de Nantes. Il se ré-
delà Rochelle, a été imp. en 1628, fugia en Angleterre. Son frère, com-
selon le P. Lelong, et trad. en angl., mandant du Sainl-Jean-Baptiste par
Lond., 4 630. Mervault lui-même parle commission du 5 juill. 1669, fut créé,
d'une édit. qu'il donna en 1644. En l'année suivante, capitaine de frégate.
voici le litre : Le Journal des choses En 1677, il obtint le commandement
mémorables qui se sont passées au dubrûlot le Fanfaron.11abjura avant la
dernier siège de La Rochelle, sans révocation etdonnades marques si for-
nom d'auteur, d'impr. ni date, in-8° de tes de la sincérité de sa conversion que
324 pp.; permission d'imprimer datée le gouvernement crut pouvoir lui con-
de La Rochelle, 28 juill. 4 644. Une fierla mission d'empêcher l'émigration
troisième édit. parut, en 4 674, sous ce des matelots qui sortaient en foule de
titre : Le journal des choses les plus l'Aunis et de la Saintonge. Il avait
mémorables qui se sont passées au épousé, en 4 670, Judith Papot, fille
dernier siégé de La Rochelle, revu, d'Antoine Papot et de Marie Lan-
corrigé et de nouveau augmenté en glois, de La Rochelle, et en avait eu,
cette dernière édit. deprès de lamoi- en 1674, un fils nommé JÉRÉMIE.
tie et d'un Catalogue de tous les mai- MESMES (JEAN DE), appelé aussi
res de La Rochelle, Rouen, Jacq. Lu- de MESMT, fils de Pierre de Mesmes,
cas, 1674, 2 part, in-4 2; pp. 693; pré- sieur de Ravignan, conseiller de rap-
tendue nouvelle édition; sous ce titre : port du royaume de Navarre, et depuis
Journal des choses mémorables adve- 4 584, premier président de la cour
nues sous le règne de Louis XIII, souveraine de Pau, et de Roquette de
sans nom delieuni d'auteur, 4 680, in- Parage, fut élu, parle synode de Sain-
42, pp. 693; trad. en angl., 4 680,in- te-Foy, commandantdel'Agénois,lors-
8°. Selon Arcère, onconservaitauxPè- que Coudé donna l'ordre aux Hugue-
res de l'Oratoire de La Rochelle un nots de se préparer à la guerre (Voy.
msc. du Journal de Mervault et d'autres I, p. 434). C'était assurément le choix
pièces du même auteur relatives aux é- le plus malheureux que l'on pût faire.
vénements antérieurs. Nous en avons Dans cette circonstance, comme dans
eu en mains une autre copie in-4" (Anc. beaucoup d'autres, les Protestants ou-
fonds franc. 4 0349) portant ce titre : blièrent que le zèle religieux, quelque
Journal des choses plus mémorables ardent qu'il soit, ne tient pas lieu de
gui ce (sic) sont passées au dernier tous les laleuts, surtout du talent mi-
MES 39-'i MES

litair'e, et ils payèrent cher cet oubli. de Bordeaux,.qui le condamna a perdre
lia"qualité;" en:effet;'qui"'paraît'avoir ia1tëïe,iiëh''456|; ïp'eloii M'oréri,ïlhMi-i
lùrlpùt fixé lès suffrages sur-Mèsmes', riij, sans postérité. '11/ avait.;un] frère;
è'è'lt'sotf'ëiillipuiia'smëpouflà^RËfbr- 5T^^fiA'Jdê!M'èÉmè,'s, sièiï'rd'e' Ràyi^nàài
:më:'Ën''4 562,n'ous lè'îrou'vbns à'Age-n'; qui'c'bmmannaità Moril-dé'--Marsan'pour
Godeffoide Gaumont, lé rbV dé'Navarre; 'éri'TS8Ô;' ''c'est'rkr
présidant avec
l\ardaillM, Lit 'Chapelle', Teissbùat, tiir-é1,iMoiis'àé'la':'s^rp^nsbdfe'çèlie-,villè
ipàf lès Catholiques;'fie 'Mêsmés, 'qiri
gé's'l et'd'âûlres 'gentilshtinimès refor- sJétartTetîr'é'dàns le château à la'pr;ë-
ni'és,àu: brisement"dès imageset'à'là rn'ière alarme, ibblin,tune'sdapitiilali'bn
dëslfù'cti'ôïi"dè's reliques! Ijn peu' plus nbnoràb'lë.'*Il assista''entpré:,,!ën 4S88;
fàfij; 'l'histoire'n'cjùslè mohtte'aljarît'àù àTAs'senihléè pplitiqne'de LaRochelïe
comme" représentant dës-e'glis>sr rie'ïa
n'ai't-én fréâfnV'à'ïïfl dè"iUKexpbseri°ét?a;t 'Gûferine;;C'ésîlà:dëfriiéfeft
dès Protestants de;!â Gùierihfe'La;gu'ér- a'yo'iïs rericbntré son' ' nom. ' :;" .'.'':"'"'
1

re'a'yarit éc'Tâ't'ë;s il"resta 'chargé,;.'avec ";-,-' M ES WïJ^tj&tiï) ,'siéurde Breyiande,


'Àrpdjo'n' eiMarchastèl 'delà défense laissa de spt'i fnariagè 'àyëc .Çàïkerine
dsÀ|en;quisé'dèîendit'fort rîiàlVApi^s !4^b^'plusièùil.sénfaiifë,dô.nt-sisnous
ia'reâilitî'én !de iVvfjle; Iles mes :.rej:b'i- s'ont connus pa'rie's'Regi'stres de C.iià^
gnit'P'Kr(ii?.'.'ili,às'siislà àii ebmhat dé i'ëhton, savoir: 4 ° Gtfv; .Spctèur énjriâjS-
',Targon'"dàns'ie éétïitè :dè Bén'aù'fces; tlééiiie, néèri't 6^9',quipYitpouf fernrijfe,
mliis lï n'ës'y fit remarquer quë'piJr-sp'n en T682', Antà-Marié:Maftin,'&itë-de
1

insign'e'.lâcheté :"'il jetà|isési!ar'teésr'et ïe'u' Claude-Martin,-do'etë'ùr.èn;hi'édë-


s'enfuit tibfittSiis'eiïiehtV Il.'parâît qù'jçl 'cihe,' et' en" eut "deux 'Ûi!, GUY, ne 'eu
'gâgiia' le; É'éafn, "d'pu,' en 1562;! il fut f683,' etPiÈRRËtTiè eh'4-685; àlà re-
'envoyé au' secours "de"lectoùre,- à'îà vbCalibn, ' il "se réfugia' 'ën'Hbllàn'dê
lele d'une troiipéfle 20'0 Mommës^Bu'gb- XÈiippl!ém:ffançiri^%)i-^%°'f\imi,
ie-'qû'i'febmm'ahda'iWànscèttëpiàcëpou'r négociant ,à' P'aris ;' qui' se réfugia "à
le riàHih'uiti'ë'riô.t,'qnoîqué:catho)i;que, Bè'rnej'fà-ia 'révocation'ilè Pèdit dé Nân'-
avait traite s'ecr'è'terii'ént ayee^'é' fils-rje t'e's' et' devint tiëmbre de' jà Direction,
jMôïill-ue- et a^âit'nrbmi's'dé'ia'lui livret', 'établie en 168.9'-«'.^uù'r'Veillér'à lâ'coij-
jjafssoiis'parlerl'hislèrien 'de Serrés : tfûlè'ries Réfugiés', remédier aux'd'érë-
«"Lé càpitainë'SlesniesamenPit âpô'spl- Çlemenf's 'étirrévérënçeë, àppliqiiërl'és
'
"da^té' pti'yriïënf6rc,èr"Léî4iôiit!èV'> Bttgp'fe Céiis'urés et 'eihoVtàtibhs nécessaires;»
lés 'fàitarrestèr é'h' chemin'," sousrom'bfe Il avait pour ëpriègues'lés pasteurs
de leur ehvb'yer' 'èsçpfté pouf faciliter JeaiîModènx d'e Màssîjlargùe's;.Isaac
leurpâsiàgè.Et défait/ Fcëdesèein il 'prémdàïi%^>éim^}ètiéaà''tMérê,
j$tie'b¥ùso;ue d'Ôrpierre;; 1 es' avocats-''Jean-Sëipioa
mes à'àririës^ef 45 afgbujëfsïpuis 'ërri- 'P'eyrol&\, Laurènt'pommerc d'e'Mont-
înèn éîùy ^m'es'më aux ctiànrps 3 00' h'b'm- pellier, Barthélémy MoWti\lbii dl'Aïi-
Vn'ës p^âfmés;ï'â'ffin!'qûe par 'l'afEo i Bl î
s - nb'riày, PiérWde SiMèïier'è de Mo'tft-
"semerit de Lectbiire;JPèi'rbt éust rribyen p'ëilier. Cètté'espècé de tt-ibunàl s'às-
d'iniérpe^ "sèmbl'ait'Sbûs'la présidence 'de'Mbïsë
pesçh'erlë-Tètbùr'à'xèux'de'-Ta'rràune 'Hèllàrd, ministrerde Berne;'—'3''-GAS-
S'ièctourë : et par mësmé''stratagème PARD, ;né eh 1687; -^ 4b' JACQUES,' né
Termë le'passàge'au capitaine' Mèàmés en I'661'; •i-g0IsA;AC,iiê'enl'664;—6°
l'abandonnant en proyèâahsîRo'qiie- CATnERiNE-poROTHÉE, née én'ie^f—
ïruÏÏK,'' 'chfelîf villag'é, d'où néarttmoins i" A-NNÉ;"femme', eh'4 667, ' àe'Ùhar-
îf-è'Prtit à travers 4'à5'ënnèihis:cb'n1tré lesLe 'Pell'èïïer, 'sieùr de La' Brùè'r'e,
ïi'n0,. 'et sV-retira eh^Béàrhi»" Quelque fils de èhàW'és'LéP'ëtte&èr,bourgeois
temps'après;'Mësmes' fut fait prisen-*- «l'Orléans1,- èl'âd Racket Le Koy^p'J
'nier parvGondïin ef livré-au parlement '(i') Eri''1688,'tin 'LéRoij^de-iâ'Brhèreéla'n
MES
Nous n'oserions prendre sur nous de
395 - MES
Charles, sieur de La Roche-des-Âu-
'rati|clifer'-à'Ia^fem^ bïer's,' çpnseiller'du roi ëh: ses conseil?
^M,cTi&W'tfettWprlo^al!âéSàïntPiMè d'état ët'pfivé,' 'etdecMiriè%ur'aùtt;,
neM'bn'tjié'liiCTet'prédVcai'e'ur ren'orn; de l'àquêlfèiléuf.'outreuné'fillei'tfA.nïç,
en
q^i^bjÙTrpubliqùenietA ht-religlbtfT"B- qjiï êp'ouêa 'Charles MbHs,'.
dfi siéur 'de
màine en 4'5'0'1,;',èt'dessbfvit'dëpuiiiie's Bëaulieu, trois uîs'inommés 1.'? RENI;
:
églises léfèrmées dé' Poiiséan et de fiëdf 'dë'Te'ùcriëpfès, m'arié,'iè'4'4'févv
Gîgfiac (Àïcfc-ÎT. 289)';''" '' '' '"'fe ^'634,'avec tlàrguërïïe de Lvà beraiir-
aïÉSiVÀiip - ou 'Ménard, famille dièr'e,';dâme''delïfêûjl'-Bare^', et'plïê
prot'ésfàn'të'du Poitou.' ";': 1: 3;:"''' d'ÔtiVIÉR' ,' baron'' dé'Tduch'eprès, que.
Sejpn^hegênëàtbg'ie msc.qùi
secon- l'intendant C.àlbert.sigàa)e.comme cà|
serve'aià'Bibl.'nàl; {Coiiécf. Du'Chef- thoiîqueV'én 4 ép-';—:-2," FRANÇOIS,sieùï
pe, ybL'4î4),'77r&ci9î's'Méénard; sieiir des'pëjfens,' qT|i~fppusà, éii'r'4i6i^
dé TbucrifepRÈs, 131s'de François Mes-*- Marié finet, ,'of eri eut'ûn fils dont le
harâétàe "Jean ne1Thi'bàuiU,'dé'jamaison Méfçurè 'dujnojé de fèv.' 4!l>83 annonce
de' B.esfê "en'Touràine,' tëpbuàa, Té'Il la'çonverêibii'en ce's J.erirle.s': «Ttf.'' des
juill." j^^'Jacqueline de B'êquv'eahi, beffèns;'dont'îa'naissance répond''à
fille de Japques'âéBèâùyeau,' siéur de l'esprit etW.méritX'are'nonçéà'l'héi
?

Tigny, ùn-deV chefs 'hueuenols" de l'a résîe de Càlyjri. La cërérnonie de sô'n


ïoiiràine(rojr.IV^p.pf); et deMw'- alijûràiiou 'se fit à PoiliëîVïl y à'quèj'r
gue'rtôê'Bigot.'Resté veuf àvëc^rbis qués'semaines. 'Elle à donné grande
ënfalils, itse/remaria avec Av'ôyè Du jpyë a"*tbUs lès hônhestés
gens, dë'ce
fiôîsi'fillë de'Louis, éieùrdesArpehfis'> pa,ïs-ià|'ét'fa\t~d'àûtant plus'd'jnfpfes'4
et de pouise'd'e^Surgeres',- et."veùye slon sur bèàu'çoup d'esprits, que çé'geh-
d'Anibi'néPetït,Me)irde' Boîsficliët et tilhom'me'âvaî.tépp'uséiïiiè femme dàHs
;des''D/éffens!.''Ses':ëhfantsr'furent': 4° la famiile'dé tàquélfe'il y â'ëusè'pt
pu
DAvipy qui -suit;'U-|K!SÏRA,J femme de hùitmlnisl'fës','sbn'gf'àn.d-perè, son père;
David de• Fiêsques'; sieur deta Cà'ca'û- 'ses'frères et'seé neveux.'» Le Mercure
dièré; ^3°iËsTnM,:fémme -de Pierre ajôu'tèqpë sa conversion fut suivie d'ë
Pèrrin,'Sie\à dé'La'Cburhëjblfèrèr''- cellë'ueil. ûè'Montàillonlsonfrèrean
Davididé'snâTd;sienrde Téùchéprès, né;—3°ÇHARLES,siéur 'dô Touchéprës,
chevaïiër'rle l'ordre' du roi, génlilhbm- puis mafqnis dëPbùzàuges,' lieutenant
më û'rdihàirë dë^à cWmhrë," Capitaine delà fe'btopà'gniëdé'gendarmes du'diié dé
d'une'tOmpà'ghleBeSO'cWeyaùMég'ers, îtoàun'ais.'niai'échaldëCâmp; en 165^;
se présenta,' en:'4 596, • dëv'ànt'l'Assém- âmpassadeùr'àuprèsiiùâuc de Savoie*
hléé tiëloudùn^pourpréterle serment ë'n ;1'6S4', qui servit avec 'd.isljhciion'èn
j
d'ii m'en: Sa remi ère fëmm e, ' R ènée Pe-
tit, 'dàmè'de?'Bbisfich'èï,'qu'jl<ïtvMt ê-
Italie; de 165.5 à' 1658'i Il-'àvaiVéppusl;
en'4J348, Marié Grignpn.Loràqùelês
pousée- le ^"'féVriëf 1 g8'£,'lui2âô'nna persécutions cpnimën'cerênt c'oh'frè )es
quatre enfants": '\ " ANTOINE, siéur de Protestants; le'rriarrjûis 'de Porizàûgè's
Toucheprës,quisuît;-^2°AvbTÉ,fëmme hé'sé'çbrilenfa pàs'idë'rèniër la 'réli-
dé Jean lie Jous'sWand, siéur de'Lairë; 'gioh'dans làqù'ellêilétaitiié;' il rivalisa
— .3° FRANÇOIS, et—'4a RENÉE^morls avec Je fameux Foucault de'traitements
sans alliance.-Ërfsëcondés-'nbçes^-pà^ naibâres' 'pour amener les BugueiiPts
vidMesnàr'd''ép'oùsa,-;lë 2S déc;' 4.59Ï, poiiè'vïrïs -à 'suivie' son' exemp1ë;Jet';
Françoise GrîydMyfillè de Charles,h^ comme d'a'ulre's grands' se'ijjri'éu.rs Êa-
ron de Lirlloùssàyë, dont il eut encore thô'liijùes, ilne'nègligëapàsl'oeèaslbn
une fiHeV:i-v:- ;'" '''':' r-' ''' ';' qùï-se pfééëhtait 'de's'arrondira bon
""Antoine Mesnardprit pourfemme, le marché : il se fil adjuger lès matériaux
23 juill.' 4 MT,'AnnéLe"Roux, 'fille dé *du; château de' Chavèrney, fasé ; en •
'4 '68'6, parce qùe'Iè 'sèîgrieiir s'était ré-
enfermé dans le couvent des Capucins de
Beaugency (Arch. E. 3374). - ; fugié en Hollande. • --.:-'-..' -.- - ;
MES 396 MES
— —
MESNARD (JEAN), ou Ménard, elAubertin (Ibid. TT. 340). Nous igno-
pasteur de l'église de Charenton, était rons la date de la mort de Jean Mes-
fils de Jacques Mesnard, tailleur de nard,. et nous ne connaissons qu'un
M. le Prince, mort en 4 684, àl'âge seul ouvrage publié par lui. Il a paru
de 80 ans (Etat civil de Paris, SS. sous le titre de La doctrine de l'Ë.
Pères, Reg. 93), et d'Anne Périlleux. S. 1° sur la nature de l'âme, 2°
En 4 666; il fut inscrit au nombre des sur son origine, 3° sur son état a-
étudiants de l'académie de Genève. En prèslamort, Lond., 4703, in-8°.
'4 667, il fut admis au ministère par le JeahMesnard avait deux frères, nom-
synode de Clermont eh Beauvoisis, et mésPhilippe et Jacques. Le.sort de
moins de trois ans après, malgré sa ce dernier, qui était né en 4 659, est
jeunesse, il fut choisi, avec Allix, pour inconnu. Philippe, sieur d'Air, qui vint
desservir l'église de Charenton ( Voy. I, au monde ]e 10 fév. 4656, desservait
p. 62). Le 18 nov. 4 677, étant âgé de l'église de Chaltray, én,4 679, lorsqu'il
33 ans, il épousa Louise Mariette, épousa, à Paris, Françoise Guenon,
fille à. Alexandre Mariette (1) et de fille d'Etienne Guenon-de-La Tour,
Louise Le Maistrè, dont il eut: 4° de Saintes. Il en eut Un fils nommé
ANNE-LOUISE, née en 4 678, et morte JACQUES, qui mourut à l'âge de 2 ans,
à l'âge de 4 ans;.—2° JEAN-ALEXAN- et fut enterré, le 5 sept. 4 685, dans le
DRE, baptisé le 4er mai 4 681 ; — 3°Su- cimetière des SS. Pères (Etat civil
SANNE, née en 1682; — V ELISABETH- de PariSi Reg. 92). Peu de temps a-
LOUISE, née en 4 68 4 ;
— 5° HENRIETTE, prës, nous trouvons Philippe Mesnard
baptisée le 4 8 fév. 4 685. Lorsque les exerçant son ministère à Saintes avec
mesures de plus en plus violentes du Daniel Orillard. .Benoît les qualifie
gouvernement firent prévoir la pro- de « jeunes gens d? grand mérite et
chaine abolition de l'édit de Nantes, d'une piété distinguée. » L'un et l'au-
Mèsnàrd manifesta un si vif chagrin tre furent mis en jugement, en 4684,
que ses coreligionnaires purent crain- sous le prétexte qu'ils avaient reçu des
dre un instant que, cédant aux instan- reiaps dans leur église. Le procureur-
ces de sa femme, il ne finît par abjurer, général du parlement de Bordeaux re-
à l'exemple de son beau-père. Cepen- quit qu'ils -fussent rasés par la main
dant la voix de là.consciencel'emporta. du bourreau, condamnés à faire amende
Le pasteur de Charenton prit avec ses honorable dans tous les carrefours de
collègues la route de la Hollande, em-: la ville, traînés sur la claie dans toutes
menant avec lui sa jeune famille. Il se les rues, frappés d'une amende de dix
fixa à LaHaye, et devint, en 1686, cha-- mille livres et bannis.à perpétuité. Les
pelain du prince d'Orange. En 4700, juges eurent honte d'adopter d'aussi
Guillaume, devenu roi d'Angleterre, révoltantes conclusions. Ils se conten-
obtint du gouvernement français que tèrent d'interdire les ministres et de
ses biens confisqués lui seraient ren- fermer le temple, qui fut démoli; sur
dus (Arch. gén. E. 3386), ou plutôt la place on planta une croix. Après son
ce qui restait de sesbiens, car S. M. interdiction, Mesnard revint à Paris,
Très-Chrétienne avait, dès 1695, fait dans le sein de sa famille. Le 4 " déc.
libéralement don à un maréchal-des- 1685, il fut .appelé à Copenhague, par
logis de ses mousquetaires des meu- la reine Charlotte-Amélie, comme pas-
bles et immeubles laissés eu France teur de l'église française. Plus tard,
par les cinq pasteurs Jean et Philippe Philippe Mesnard, qu'Adelung qualifie
Mesnard, Antoine Guérin, Le Sueur de chapelain du roi d'Angleterre, des-
(1) Celte famille de marchands était fort servit la chapelle royale de S. James
riche.
. A la révocation, un Mariette, négociant pendant 27 ans, de 4700 à.4727, au
en vins, se réfugia en Hollande avec un faux rapport de M. Burn, qui nous apprend,
passe-port, emportant 600,000 livres de sa
fortune. en outre, qu'il fut nommé, en 1718,
MES
-
directeur de l'hôpital des Réfugiés à
397 — MES
Mestrezat fit ses études à Saumur. Il
Londres. Il avait publié, en 4709, des les
.
couronna p'arune thèse qu'il soutint
Essais sur le socinianisme ou Ré- avec tant détalent qu'on lui offrifim-
flexions sur quelques articles de la médiàtement la chaire de philosophie;
doctrine de M. Le Clerc touchant les mais, vers le même temps, l'église de
Sociniens, et examen de quelques Paris l'ayant demandé pour ministre, il
passages de son N. T. français, La accepta celte vocation à condition qu'on
Haye, 1709, in-12. lui permettrait de suivre encore
MESPXEZ(GUT-ARNATO),filsd'An- pen-
dant deux ans les cours de l'académie.
chot de Mesplez, gentilhomme de la Il fut consacré par Du Moulin, le 27
Guienne, fut père de six enfants, dont août 4644.
trois seulement se sont fait un nom A un talent oratoire éminent Mestre-
dans l'histoire, savoir : ANCHOT, qui zat unissait une rare modestie. Ilfuyait
servit avec distinction sous Lesdiguiè- la renommée avec autant de soin que
res avec le grade de mestre-de-camp d'autresla recherchent, en sorte que sa
d'un régiment d'infanlerie (Voy. II, vie se serait probablement écoulée sans
p. 377); GUILLAUME, qui fût secrétaire attirer sur lui l'attention, si les Jésui-
des commandements du roi Henri IV; tes, par leurs attaques, ne s'étaient
et JEAN, qui fit les guerres d'Italie.Nous chargés eux-mêmes de le faire connaî-
ne savons duquel des six frères descen- tre de la ville et de la cour. Il eut à
dait Paul de Mesplez, capitaine d'in- soutenir contre Yéron une dispute qui
fanterie, qui se signala en Catalogne ne tourna pas à l'avantage du jésuite.
et en Flandres, et en faveur de qui la Il en eut une autre, en 1629, par or-
terre d'Aren fut, en 4 657, érigée en dre et en présence d'Anne d'Autriche,
ha'ronnie (Arch. gén. K. 4 264), non avec le jésuite Regourd, au sujet des
plus qu'un autre Paul Mesplez, apo- doutes que le sieur de Marsilly avait
thicaire de Nérac, qui fut arrêté, en conçus sur la religion catholique dans
4 692, commeil essayait de passer dans laquelle il était né (Collect. Dupuy,
lespays étrangers, et condamné aux ga- N" 93). Il lutta même corps à corps
lères, avec le chirurgien Joseph Marc, avec le célèbre abbé de Retz dans neuf
compagnon de sa fuite, par le lieute- conférences successives, et l'abbé a .'a
nant criminel de Bergerac. Mesplez en bonne foi d'avouer dans ses Mémoires
appela au parlement de Bordeaux qui, que le ministre l'embarrassa souvent,
contrairement à ses habitudes, semblait bien qu'il eût eu la délicatesse de ne
peu disposé à confirmer la sentence. pas user de tous ses avantages, ne vou-
Indigné de cet accès d'humanité, l'in- lant pas, disait-il, empêcher M. de Retz
tendant Bessons s'empressa de deman- de devenir cardinal. Dans toutes ces
der un ordre du roi qui marquât au conférences, Mestrezat fit preuve de
parlementque S. M. voulaitqu'on exé- beaucoup de présence d'esprit, de con-
cutât les Déclarations (Ibid. M. 666). naissances étendues et d'une grande
Il paraît que le secrétaire d'Etat ne ju- fermeté de caractère.
gea pas à propos cette fois de violen- Un pasteur qui soutenait avec tant
ter laconseiencedesjuges, etque l'ac- de gloire la cause de l'Eglise réformée,
cusé fut rendu à la liberté. Au moins nepouvaitmanquerdejouird'unehaute
trouvons-nous un Paul Mesplez sur estime auprès de ses coreligionnaires.
une liste de Réfugiés sortis de la sé- Non-seulement Mestrezat fut député
néchaussée de Nérac (Ibid. TT. 267). par la province de l'Ile-de-France.à
MESTREZAT (JEAN), célèbre mi- plusieurs synodes nationaux, mais, en
nistre de l'église de Charenton, né à 4623, le Synode de Charenton lui
Genève, en 4 592, d'Ame Mestrezat, confia une mission en Cour, et celui
conseiller d'état, et de Madelaine Ho- qui s'assembla de nouveau dans le
norât!, et mortàParis,le 2 mai 4 657. même lieu en 4 631, l'appela à l'hoh-
MËS -
neu'rde.ie.prèsi4er;iilui ?mp,fis,ant,ain!si
398'

MES
lement,.: au,. Synode d'AleneqUiflue, la,
le,d^oîr.asiez:pén!ble.dpiré,pond)'eiau rèu.Qioii fut .déeidjég.i |£|ps.jOppositip,n,fià
commissaire ,dp, fpj..i^Z^4,,,,SB-ré- ce.
,q^ii semiile, ]ie, la Ràr,t |u, gquyeç-
,fci,aussi. soumise, que Richelieu nèniènt,.,,,âAioi\ditipn" tpu|.e|'pis qué.là
ponse
poùvail^ë- désirer, Nbus.,a,vb,ns^ publié discipline établie.^.Jjsanne d'<JLlb?,et
réitèràît èfl,yiig^eûr,;dans..tb^s,.les, ç.as
{Voy: Places juslif;, jN°feXX^.les Acr.
tes.génêfaux,de, ç'etle,assernbjée,:,qu.i d'appels portés devahtles synodes na-
ne-flt^c^n^chip'gèmqnt.al^Ç^^STi tionaux,.., ,;;Ï r,-flfilfJ-* il!. iV.ii..! >.'-W-:M
sîon, Je, foi,j, ,niai,s, j^r^ù^ir^ànjs,^' ,tè ?ynéil|è,auquel Mes;tr,ez(a,t présida
Discipline quelques mpditaaiionsleu- rièjlgst pas rendu, reçpjnniàndahjejsèû-
.

dant à restreindre, l'aulpritédpS|Cons(is- lein.ént par,sa' mq.p^én^ion.-,ë,t,-isa:.,tbié-


tplrës au prb'Êt'dù magistrat Civil. Parmi r^çe;^i. méritaijiçpre, la^reGpnnais-
lpsâecisjphs, qui nbûsparai^,ept,offrir s.atiçp,Kes.égliéejs,pjr J?aj,teh^pn,p^rl|-
cuijëre.qu'il donna.\ ^enseignerhênt
de i',inléret,,.spht.c1elles.qui.,pe,rinM '
d'étendre.f»,iine anniîe lepr.èl,d'iiu.paç- ii .fonda iians'.iés académies, dès-coursr
teur, et <je: roniprb- lès prbmesse,si.de dé mètàpjiyëique, science «?gù'ii jéfpit
fùftur..rnariàge pour un sujet légitimé, plus nécessaire,quejamâis deremettre,
Lé syiic.de .ordonna aux; consistoires de /usine,;.e{ sa .pureté, parce, que
en,son
porter. lès .registres de-j'ètai, civil dans depuis: longtenips .elle avoit ,éi|,,ênUè-
les çbur.s.(ie'j.usiicert,ejtleur recomman- renie,nl,çprrompue.pa.r les fausses sub-
da.d'.ùn.è manièrë.t.bule.par.iiçulière de tilités .dbsjdpc[eùrs de;l'Egiise romai-
veiiièr àcë.qu!iliie,sè glissât;da,hs,1,6s ne •>.,; il rétablit.jes-ièçon^de,grecque
liyres qu'on .publierait. aucune: parole lé synode:, précèdent avait supprimées
biessa.ntepourPEglise. catholique. Jus- motif d'économie mal enten-
par ,iindécréta
qiie.-ià. l|s députés dès.églises,avaient du;^, ;ènfin qùele? éc.plés.exis-
marché :èn parfait accord ayeeiexqm- tarîtes,, « séminaires et péjiinièrës,, de
n^issaîreroyal; mais,ià disçorrle sèmij l'Église de })i eu, » .seraien Lçonsèrvées à.
entré. eûXjau.Juje^id.e l'incorporation lotit, prix, .et.il ;p.rdqnna, à';cgi.effet;, une
des, 'églises,..béarnaises fyni,l'Eglise imposition spéciale,suj.j.ies/prpyinçës,,
protestante 3ë France!. Ces églises s',y PendantM-longue carrière pastorale
étaient.longtemps; °ppoçëes.:.JLe,.Sy- ..,,
de.,4§!,^ris, MestÉezatassisla aussi, com-
hp'dé nati.ohà.l.de, Tpnneins leur ayant. me,
.député, ,de l'église de .Paris, à plu-
ac;çqr,défcen,4 64.4., ]e privilège de.cpn.T sieurs syhp.des .provinciaux,^tsimsjâu-
voq.u.eriëSy.nodèprpch.àin,ell;es,àyaiènt cûn doutè.ii, dut y jqiîér un, f OJe: impor-
ericbfé., refusè,,eet .honneur,;,niais les tant.; En 4 626,, cëjùi qui,s'assembla à
"circonstances,,étaient chàngéçs, depuis Hpudari, le 30.avr,il,spii.sjà présidence
îa,réunion, du Réàrn.^,-îa France-,..et de: Lfl .Çlpcl^e,. en présencej.dn,, com-;
lHntérét des .églises béarnaises, était missa'irè Auguste Gaîlmd,relit.yice-
ajp;r,s, de rechercher, une unjon qu'elles prèsidèp t (Fonds "S£-JJ/fl^p,M'<?,N°ïP)..
avaient d'abbrdrepb,ussée.,Rien4eplus éten 4,655, c'est-à-(îi,re.deûxans. ayant
' .naturet,,que
leur.demandé,puisque,,'.de- sa.morl, il fut.appelé, encore,à diriger
puis .1.6.20,,le Béarn n'était plus, qu'une les délibérations du synode qui.sè tint
proyincè. dit, royaume.. Galland -rie.le' à, 'Charenton, lé,.22 avril (4rcli:,''gin.^
contestait, pas; seulement, il soutenait Tr, 321). Jacques DuCand'aï_,'ei q,ua-
que l'a réunion, ecclésiastique ne décou- lilé.dé commissaire du rqi^ ,a rédigé un
lait pas nécessairement de l'union poli- prpçës-verbal qui est. arrivé, jusqu'à
tiqûeetadministralivë, et qu'un,nouvel, îiô.uSiTrenie-hvjitëglisesyenvoyèrent
acte.de. l'autoriléi souveraine,était n|- des députés, .savoir.Paris,, çipq, minis-
cessàire; Le.synpde prétendait, au ^pn- tres ;,Meslrèzat,L« Faucheur, Dre-
traîre, qu'il ri'élaitpâ.sbesoin d'un.nou- lïncpurt,iDa'ilïé et Gâches, et ,deux
vêl.édit, ,Li .contestation né fut point anciens : {Théo/dore Le Coq et.Antoine
tranchée pour le moment. Ce fut seu- Massanes; Lumigny,le ministre Abe'l
MES
deÇp/MblesÇildeuxanciens -Jean de
- —
m aM
.Mestrezat, a,vait épousé, an mois„de
Chevry, sieur de timbre, êÏNpëïÈour- ium.H.Ul {Catherine %e païapçjrt,
don.ou Bp^rdin^'Rcfne^,^Toxsisnciénii. yè.uye:,d.e Jf.àn.J^e^lette^ conirôléijir,
jicq.çrémviy, élu secrétaire,. OùAau provincial, des.,,gueçres .èn.Brèssp,; et
et Henri Fétizonj. jlpaux,' un ministre mère.de deux enfants; d'une.iilie,, nom-
ej.nn ancien-,: .Isaac.Alhàuy ei-Ddnièl mée. Raimqnde, qui sefn'<rj'i1a, 1636,
m
Bachelier\; La.F.èrté-au^Col,.?éaàLe avec Pierre Guémutd, dppteur èri ni,é-
S«««j.;élu secrétaire,..et,Charles.de deçin.e, fils, ^.Pierre fiuénaul'd^mè'1-
Ràcqûét, siéiir de Moilien ;' Fontaine- deçin ordinairedû roi, et A'jknneP'etit,
bleau, Louis Rawcwmet et Pierre ki- et d'un fils, appelé /ià?^ qùispfi)t ,p,ojir
caç4,; L;al^pryiltè,;|iteM'(',icf4e .Lqy- femme; en.Wiji.,,Jeanne, Pù:Vidq%
bérqn,. élu viçé-présidënt,, et Thomas ' fille de Jaç^,MM,cbntrMéur^ès,gabè;liès
de. Lp'rme','.iCaJàis, Benjamin T.rico- en. ^L'angue^oçi: et de,, Teànrt^ Des
iil.nA, Clflude;Vatas.j. Amiens;, Pjerfe Champs. Du- second mariage de Ca-
Pineltejei David Gçrvai'sèjp^emonl, le.proçès-yerbai, d'un autre synode tenu éga-
Georges et de Bérnapre';\ANeuville, lement à Charenton, Je 25 avril 1653, .sous
Jetin de^La-Nayepl D.av.id de Bros- la présidence de Mestrezat. Le commissaire
sard, sièpr de G.rosméhij;,Cbmpiègne, royal était JttcqiDk Caudal,, conseillersecré-
taire dit roiet audiencicr. en la-chancellerie.
Jacq. Devaux èf Jacq. BiiioifSÏ'; Çùei- dc-.Paris., Voici <jes -aoms,,des trente -églises
mont, Philippe Le Chenèvix et Isaac qui s'y lircn.l représenter,, et ceux de. leurs
Dît, 'Cormier', siéùf dé La Haye; Labn, députés : Paris, Le Faucheur, Mestrezat, Dre-
lincourl,-min., Pierrerdc Laiinùy,.David Le
Samuel Georges^ et,L Çottin ; Yi.try, Mercier.-el P. Lori.de, anc-,;. Meaux,- Charles
Samuel de La Cloche eUeremie tàau- de,Meaux et Isaac. Cousin, anç; Châteaii-
c\erc; Châlons, JeYémie Ouriei et P.' Thierry, JemiPagésim'm., MichéldeDrapiére,
Roussel;. Çhaitfây; Louis de P'fe'z et sieur de-Bordeau'i anc; Lisy, Jacq. Muisson,
min., Franc, de Racguet,aliâs Rqsquosf,siûur
Isaac Marcliand ; Le Plessis-Marly, de Cruzy, anc;Çlaye, Is'.Albo.uy, mm., Dan.
Isaac Sadier et P. Poirat ; Fâvières, Bespoy, anc.; Lumigny et Clialjndos, A. de
Combles, .min., Noël Bourdin et J.Miissau,
Samuel Platel-et, Charles Malassis, anc-.;-La Ferté-au-Cfll, J.X,e S!(eOT,:min.,élii
Àuihon,,-iî«ae' Rousseau et Cfiédieu ; secr,élairç„, Ch, de Rqcquet, anc; Fontaine-
La Ferté-au-Yidàrneî deux anciens : bleau, Pierre Duprat, min.,' Simon Ricàrd~ei
Jean de M'apts (Massy?), sieur du £il- P. Rallier, anc; Roucy, Beuj. fricolel, min.,
Jacg. Frémin,:anc.;.La Korville, M.:-àe.Lau.
lét, et Matth. S'ouillart ; .tandis que léran, mm:, élu yice-présidenl;, .Calais, Fei-
les églises, suivantes, n'envoyèrent dinand de Pfez, mm.,Joe}. dcLaÇroixfiriç',-,
Amiens, P. Pinetie,_ min., Etienne, deparis,
que leurs ministres : Château-Thierry, anc; -Oisemont, Paul-Georges, min.; .Philippe
j'ewu Pages; Lisy, Jacq. Muis^on; Routier, ySAam de,,B,ernapré, .anc.;-La JNe.u-;
Ciayé,; Gaspard.. Tricàt.;.guignes ville,V. de LaNpve, min.;,Conipiègne, Jacg,
St-Qùentin,,J'. ,
Met- Devaux, min.,. Ant. Marron, Ant, Sézillé et
Jacq. de Pre?,;. Jean .de. Sainle-Hélme,<attb,\'-'CiMm{)h\-, Ph.
tayer;, Espence,. Pierre. Le Jeune; X,C]Çfte««ï!.T„m.in,;,St-Û!iei]tini j. Metlayer,
ÈarrSHrrSeyne, Abraham Voler.an;, m.ijn., IsaacLiénar, anç.; Çhanny.ct,Çoucy,
SVÀlaçQ, Jacq,^ Àlpée-dé-Sl-fildu^wé; Isaac Laitier, min.,, Louis Laumosnier, siejir
deTravecy, Jean de Vieux-Maisonsjsiturdu-
Sézanne,. Bruguier ; Chartres,' Phi- d(t lieu, et Henri Gernaise', anc;.J.aon,; de
lippe de.Scalberge; .Mantes, David Morny, anc.;y"itry, Benjamin Augneneï, min,,
Billot, et que, six .autres, ' celles de Claude de Mnro//«s,anç., élu secrétaire; V-assy,
BoulognéndePoireauyïllejjdeÇhauhy, , Collqt, anc, Heillz-leMaurupt, Jacgues,m\u.,
Dan. Auberl,. anc;, Clialtray, Jacg. Alpée,
de Blicourt, d'Imecourf et de Heilîz-lë- min., de Chenei'icrcs, anc.;;Sézanne,,J. Êru-
Ma'urupt.n'y.députèrentchacune qu'un guier,. min., Abraliam de Çormont, sieur de
ancien : Charles Regnarà, Ant. Ma-, Jlicux, anc; Chartres; Scalbe'rge,,mmr,Xi
F«rlé-au-Vidame, -P. Trouillàrl, min.; Hou-r
reschal, Louis Laumosnier, Aiit. Le dan, J, Jamel, -min., Mqtl- Souillarl, Gédéon
Fèvre, le siéur de Vaine et.Daniel Duihuile el,Du.Cerceau,!LDç.;Le PlessiSrMar-
Auber.t, L'église de Netlaucourt se fit ly, Isaac de Combes, min., Antoine Du Sàis-
des-Cours, sieur de.Châtenay, et Poiraï, anç.,
excuser(4). ..,-.-.,•-,- Mantes, p,Billot, mip., Denis Bourdet,inc;
,
(1; La même liasse des
.
Archives
.
contient Authon,R«ié Rousseau, rnin.
MES — 400 —
MES.
therine de Malapert, qui mourut en du sieur Mestreza't.minislrede Charen-
couches ah mois de juillet 4 628, na- ton, depuis sa banqueroute, surl'Advis
quirent un fils et une fille. Le fils, donné, etc.
nommé CHARLES, mourut en 1626, âgé V. Lettres de consolation, Char.,
de deux mois ; la fille, CATHERINE, 4 632, in-8°. •'— En collaboration avec
fut présentée au haptème, le 4 8 mars plusieurs de ses collègues.
4627, par Nicolas Bigot, contrôleur- VI. Traitté de l'Escriture saincte
général, des gabelles,, et par Margue- contre le jésuite Regourd et le car-
rite Malapert, veuve du siéur de La dinal Du Perron, Gen., J. Ghouet,
Bistrate. Elle épousa, en 4 644, Jac- 4-633, in-8".
ques de Maubert, sieur de Boisgibaut, VII:- Trois sermons prononcés mi
filsd'/saac de Maubert et de Jeanne jour de jensne,Chaven\., 4 636,in-8°.
Charrier, qu'elle rendit.pèred'un fils, VIII. Discours de la grâce contre
Jean-, né en 4 646, et d'une fille, Isa- les prétendus mérites et la justifica-
beau, née en 1647. Elle mourut en tion par les oeuvres, Charent., Mel-.
4 657, et son mari en 4 662, à l'âge de chior Mondière, 4 638, in-42.—Contre
40 ans. LaMilletière. '

Mestrezat a laissé.un nombre assez :IX. Commentaiio in Epistolâ ad


Considérable d'ouvrages, surtout des Hebroeos, Charent., 4 639,6 vol. in-8V
sermons qui, au jugement de Bayle^ se — Fort douteux.
font remarquer par plus de profondeur J..Sermons sùrHéb. Iet II,Char.,
de raisonnement et plus .d'érudition .
4 639, in-8°.

que ceux de Daillé; mais aussi par un. XI. Sermons sur la justification,
style plus négligé. Tous ses écrits sont Gen., 1639, in-12.
assez rares ; en voici la liste aussi com- XII. De la-sacrificalure de J.-Ch.
plète que possible. ou Sermons sur Héb. VIUX, Char.,
.

I. Le hibou des Jésuites opposé à la


.
P. DesHayes,1640,in-42;Gen.,4853,
corneille de Charenton, s. 1., 4 624, in-8°. ' " :
in-80.—Sur la foi deBayle,nousavons XIII. Du combat de la chair
.
et de
attribué Cet ouvrage à Drelincourt l'esprit, sermon, 1642,.in-12.
(Voy. ce nom); mais depuis nous avons XIV. De la vertu delafoy ou XX
été assez, heureux pour en découvrir sermons sur Héb. XI, Char., 1644,
un exemplaire portant pour litre : Vé- in-8°; 4 645, in-8».
ron ou le hibou des Jésuites, etc., XV. Traitté. de l'Eglise, Gen. et
par J. M-, "Villefranche, sans millési- Char.,4 649,in-4»; trad, en allem.,Cas-
me, in-4 2. Nous restituons donc ce li- sel,! 649,in-4°, et en latin,Brem.,4 676.
vre à son véritable auteur. XVI. Sermons sur la naissance de
' II. De la communion à J.-Ch. au J.-Ch., Gen;, 1649, in-8».
sacrement de l'eucharistie, Sedan, XVII. Exposition de là 1" .
Epître
4 624, in-8»; 2e édit., 4 625, in-86; trad. deSaint-Jèan,Gen.,\ 654,2 vol. in-8».
en alleih., Franc!'., 4 624, 1663; en ' JNllï.Sermon sur Jean VI,5S,pro-
italien, par V. Paravicino, Gen., 4 638, noncé à Charenton le jour dePâque,
in-80.; en angl., 1631. —Contre Bel- Char., L. Vendosme, 1654, in-8". .

larmin et Du Perron. ' XIX. Sermon sur Ps. XC, H-42,


III. Sermons sur divers textes, Se- Char., Anl. Cellier, 1652, in-8».
dan, 1625, in-12. XX. Delà mort des fidèles ou Ser-
IV. Advis au sieur Gabriel Martin, mon sur II Cor. V, 4-4, Char.,. Sam.
abbé deClausone,parunpersonnage Périer, 4 653, in-8".
équitable et amateur de vérité.—Cet XXI. Sermons sur Héb. III-VI,
opuscule ne nous est conuu que par la Gen., 1653, in-8».
réponse de Martin, publiée à Paris, XXII. Des fruits de la foy ou Ser-
1632, in-8°, sous ce titre: La poursuite mons sur Héb, XH et XIII, Gén.,
MES MET
— 401 — -

4 655, in-8°. — Tous les sermons de de la même collection, nous avons


Mestrezat sur l'Epître aux Hébreux ont remarqué encore une Lettre de Mes-
été réunis et réimp. sous ce titre: Ex- trezat àDarvieuetVals,ministresde
position de VEpître aux Hébreux, Nismes et de Sommières, datée de.
Gen., 1655, 5 vol. in-S". Paris, 26 juin 4 653, et formant tin petit
XXIII. Vingt sermons sur divers traité de20 p. in-fol. où le pasteur
textes, Gen., Chouet, 4658, in-8°. de Charenton examine encore la ques-
XXIV. Exposition de l'Epître aux tion de la grâce et se déclare pour l'u-
Rom., l-VIH, en 3&sermons, Amst., niversalisme.
' 4702, 2 vol. in-12; Amst.,Changuion, Nous ne dirons qu'un mot d'un au-
4726,2 vol.in-42.-Serait-cele mê- tre pasteur, nommé aussi Jean Mes-
me recueil que celui qui est indiqué trezat, qui fut enfermé à la Bastille,
dans le Cat. de la Bibl. de Genève sous le 9 fév.-4 699,parce qu'il allait parles
ce titre: Sermons sur divers textes, maisons porter des consolations aux
Amst., 4702-3, 2 vol. in-8». Protestants malades. Quoiqu'il ait été
On a imprimé, en outre, quelques consacré en France par Corbière, mi-
serinons de Mestrezat parmi ceux de nistre de Saint-Paul-Trois-Châleaux,
Daillé sur le catéchisme (Gen-, 1704, el qu'il ait desservi successivementplu-
3 vol. in-8»), et Jocher lui attribue, sieurs églises dans leDauphiné,le Lan-
sans autre indication, Dispute sur le guedoc et le Poitou, il n'appartient
schisme et la séparation que Luther qu'iodireCtementà la Franceprotestan-
et Calvin ont faite de l'Eglise romai- ' te. Il était né à Orbe et avait fait ses
ne entre Mestrezat et Louis Du Lau- études à Lausanne, à ce que nous ap-
rens. Enfin on trouve son nom, à côté prend son interrogatoire (Supplém^
de ceux de ses collègues, sur le titre franc. 4026. 2). A la révocation, il
delà Défense de la. Confession de foi était retourné en Suisse; mais il n'avait
deséglises réformées, Char.,1617,8°. pas tardé à revenir eu France. Vive-
Selon le P. Lelong,Mestrezat a lais- ment traqué par la police, il avait ab-
sé en mss. une Exposition de quel- juré à Langres, en 1687. Il se rendit
ques chapitres de l'Epître aux Ephé- ensuite à Paris où il finit par se faire
siens el une Exposition de l'Epître arrêter.
aux Gâtâtes. Nous n'en avons trouvé METEL (FRANÇOIS), sieur de Bois-
aucune trace; mais en parcourant la Robert, né à Caen,"vers 1592, et mort
Collect. Conrart, nous avons remar- le 30 mars 4 662, était fils d'un pro-
qué, dans le T. XIV, plusieurs pièces cureur de Rouen, qui professait la re-
sorties de la plume de notre pasteur: ligion prolestante. Il suivit pendant
des Remarques sur divers passages, quelque temps le barreau; mais plus
des Eclaircissemens sur lajustifica- tard, il quitta sa profession, qui ne lui
tion, une dissert, sur lagrâce univer- fournissaitpeut-être pas de quoi satis-
selle, et une Lettre à Sarrau, con- faire ses passions crapuleuses, et s'at-
seiller au parlement, sur Rom. VII, da- tacha au cardinale»PerroM.Onignore
tée du mois d'oct. 4 644. La matière de en quelle anuée il renia lareligion dans
l'élection et de la réprobation préoccu- laquelle il était né et avait été élevé,
pait alors vivement les esprits, puisque pour embrasser le catholicisme et en-
dans le même vol. on rencontre une trer dans les ordres. Les agréments de
longue Lettre du pasteur de L'Angle son esprit.ouplutôlsaniaiserieaffeclée
au même Sarrau sur ce chap. de Saint- jointe à un remarquable talent mimique,
Paul, etlreizepagesin-fol.deRemar- lui gagnèrent la faveur de Richelieu,
ques sur Bom. VII, natAddée, minis- qui en vint à ne pouvoir plus se passer
tre àChâlellerault, auteur d'Eclaircis- de ses bouffonneries. Ses bons mots
semens sur divers passages contenus lui valurent de riches bénéfices, une
aussi dans ce T. XIV. Dans le T. VIII place de conseiller d'état et un fauteuil
T. Yll. 26
MET 402 - MET

k l'Académie française, dont i! peut avait publié, en 4 6S6, une traduction


regardé comme un des fondateurs. latine d'un dès plus savants ouvragés de
ê(re des Comédjes,
On a deluides Epitres, Daillé (Voy. IV, p. 4 83), mourut'le 7
des Chansons, des Rpmans,queRiche- niai 4 66S. Sur là demande de Louis,
liçu admirait, mais-qui sont depuis Pierre, Samuel,'AdrieA,Abraham et
ïppglenips ensevelis dans l'oubli.Tout Jacob' Crommelin,AêPierre Testart,
,Je monde connaît te charmant, rondeau P. Guichard,P.Des Carrières, Jacob
' ojj-MâlleyiHél'apeint aye.çuheresseni- ,
Lalau, Jacqiies Le Serrurier, P.Vieilr
blancé frapp'ante.iiavaitunfrére,no'm- lard, D. Simon, de Lagardé; P.Pre-
mé Antoine, qui, selon toute vraisem- .
vost.Et.deJoncoùrt.JaCq.deLàfanl'x,
blance, abjura à son exemple, mtis qui Dan. Du Buisson, F. Bossu,'P. Fèron,
né fit pas une aussi'belle forfuné.. Moïse Le Grand, Abraham Çoste,
" ^ETfA.'ÏEIi (jEAN),buMÉSTiTER, Simon Dupez, Louis MansartelSi-
el Métayer, fils de Christophe. Mét- mon Lefebvre, chefs des principales
ayer, marchand.à D,pmmartin,' et de familles protestantes de Saint-Quentin,
Jeanne Çochari, commença ses études son fils-lui fut donné pour successeur -
théologie à l'académie dé ôép.èye, (Arch. TT. 258). En 4 683, Samuel
en
0^. if fut immatriculé en '4 620 ; mais il l^Iettayer fils,fut mis'.eh jugement soui,
aljaieftermmerà'Sedaii. En 4622, il l'accusation d'avoir tenu chez lui des
soutint deux thèses, l'une De creiï- assemblées, d'avoir permis à JoncoiCri,
y
&ç>$g,sbu.slaprésidence àeRqpiboùrs', ministre des Pays-Bas, de prêcherdans
l'autre De•perfecUone justitioe seu
implefiqnejegis : et an concupiscen- min.; Gliâleau-TJiierry, J.. Pages,mm.; Cha-
ti,.a sit peccatum, sous celle d,e Dtf . lahdbs, P. Sacrelaire, min.; l\oxé^ J.éronre
SatuT, mm.;'Jéànde'Çjievry,stevirde Vimbré,;
Ifïoiilin- L'une et l'autre ont été imp; La::Féité-au-Col, J. Lc'Sueùr', min.; i'ohtài-
d'aqs le recueil des Thèses de $edan; Ses n.cble'au, IJeiiri Drelinçoiirt, min.; itoticj,
études terminées en 1623, Métayer Jacg. de Prez, min., Jacg. Frémin, anc; L'a
Korville, 'Ch. icar'd, min.; Boulogne, Nicolas
fut appelé à remplacer Le Clerc- d;e- Aubcrtin, min., Thomas Bédé, anç,; Àmîèns,
Jyignéh^ Saint-Quentin. En 1626, il Bo.çgtiillon, anc; Oisemont, Paul Georgcs'le
épousa k?ans Madelaine DesseU,dont jeune, min.; Kaint-Quenlin,J. Mettayer,m\ti\,
il eut SAMUEL, qui lui fut adjoint, en Jérôme Sy (Six?)^'anc; Abbeyille, Ph. le
Ch'eneinx', min.-; Conïniégné, Jacq. Devaux,
4 660, par le synode de
Charenton.En min.; Clermoîit, Phi'lippeTTicotel,m\n.;U6al-
4 665, Jean Mettayer fut élu vice-pré- didier, Louis Cartier, rnin., dé Hèrly, anc.;
sident du synode qui s'assembla à Yitry, Laon, P. de Beaumonl, min-, David de Proisy,
âhc ;VilIers-lès-Guise,Sfl»i«è/ Georges l'aîné,
le 16 rnai,sous laprésidence deDaillé min.; Chauny, Dau. Imbert, min.;Coucy,
et en présence du commissaire royal Dvval-Jongmére, aiic. ; Vitryj Benjamin An-
Jacques Dit Çandal, conseiller, du foi tjuènet et Samuel de La Cloche; min., Jacg.
procès-verbal ci,Urémie Mauclerc, aji.c; Çhâlons, Jèrèmic
pn Ses conseils, dont le Ourie/,mm., Jncg. Béch'cfer H j. Lestaçhe,
se trouve dans une liasse des Archives anc; Yassy, Abr. Jaguclot,m\ri., Jacq. Rieitx,
générales cotéeTT.'288. C'est dans ce an,c; Kct(ancoui't, P- Serval,min.; Ésnence,
P.'Le Jeunè,miii., Jean de i'aitcville, anc;
syppde (et non en 1668, pu 69,cpmme Bar-sur-Seine; Abraham Variant!, min.; Sl-
le dil Chauffepié) que. lé célèbre Àlli/D Mard, Charles Del Forlerié, min.; Voué, Ja-
fut reçu ministre, en même temps que noteau et tf.utel, min., P. Jaignail, anc;
Chaltray, Louis de Prez, min., i-.-Couturier.,
Régnier et Goulet (Couliez). Trojiil- ànc; Aï, P. Trouillart,min., IsaacMarehand,
lart, ministre d'Aï, eXFrémin, ancien anc; Yerneuii, Daniel Coilin, min., JeanLe
ûeBoucy.y remplirent les fonctions Çordelier, sieur de Chenevièfes; Heiltz-le-
de secrétaires (1). Jean Mettayer, qui .Matiru.pt, P.. Verchavd, mm., Giii'.l. Gqmier,
am.;Sézsi]]))e,Jacg:d'Allemqgne,m\n.,Abra-
(1) Députés : Paris, Daillé, min., J- Gros- . ham de Clermonl, anc; Charités, Philippe
tête et Théodore Le Coq, anc; Meaux, J. J.a- Sealberge, min.; La Ferté-au-Vidamé, Aid.
met, mm., Jacg. Aubry, anc; Senlis elBé- GK&HÎ, mïn.;Houda.n, Fa,rcy, mm.; DuPIes-
thisy, Maurice Lau'bérqn, min., Josias 'de sis-Mariy, Isaac Sadier, niin.; St-Agobille,Oe
Ilardouiii, vicomte de Passy, anc. ; Claye, Yilleray,' anc. ; Mantes et Avernes, David
taniel Despote, min.; I-isy, Fr. Le Sueur, Billot,mm.
HIET — 403 — MET
son église, d'avoir souffert dans le tem- teur de la police médicale. La chaire
ple des personnes que les Déclarations d'anatomie étantvenue à vaquer à l'uni-
en excluaient, d'avoir induit enfin des versité de Kpnigsberg, Metzger y fut
Catholiques à changer de religion, Le nommé en 1777. Porté par ses goûts
ljeutenant-criminel,magistrat plein du vers l'enseignement plutôt que vers là
plus beau zèle pour la conversion des pratique, il s'empressa d'accepter une
hérétiques, rendit une sentence quiin- place qui y répondait si bien; 11 cultiva
terdil l'exercice du culte réformé à avec le plus grand succès "non-seule-
Saint-Quentin.Le consistoireen appela; ment l'anatomie, mais la physiologie,
lé chapitre, de son côté, fitjouerlbutes la pathologie la chirurgie, et surtout
-ses batteries ; il alla jusqu'à jurer que la médecine >légale, sur laquelle il a
la Picardie tout entièren'attendait pour publié des, travaux si importants que
se convertir que la fermeture du temple son nom est encore aujourd'hui cité
de Saint-Quentin. Leparlement de Pa- comme une autorité. Il n'a laissé aucun
ris, sur celte réjouissante assurance, ouvrage très-étendu; mais on peut dire
confirma la sentence,elMettayerpassa qu'il n'est resté étranger à aucune des
à Londres où. il desservit les églises ' questions qui ont agile de son temps le

de la Nouvelle-Patente et de la Patente monde médical, e.t'il lés a toutes trai-


enSoho. Il mourut, ministre de l'église tées avec un grand talent. A sa mort,
de Thorpe, en 4 707. il était membre, de plusieurs sociétés
Il faut évidemment rattacher à celte savantes, entre autres de celles des Cu-
hmWe'W**Mettayer, de Saint-Quentin, rieux de la nature etd'hisloire naturelle
veuve d'un Crommelin, laquelle vint deHesse. Sans parler de plusieurs mé-
s'établir à Paris à la fin de 4 685, y moires insérés dans diverses publica-
feignit d'abjurer au commencementde tions périodiques, on a de lui :
l'année suivante, et, deux mois plus I. Dissert. de primo pare nervo-
tard, réussit enfin à sortir du royau- rum, Strasb., 4766, in-4".
me (Arch. TT. 256). Faudrait-il aussi II. Curationes chirurgicoe quoe ad
y rattacher le ministre Jacq. Mestayer fistulam lacrymalem hue usqué fuêre
du Poitou, qui apo'slasia e! se fit, à ce adhibitoe, Munster, 4772, in-12.
que nous apprend M. Lièvre, dans son III. Adversaria medica, Francof.,
excellente Histoire des Proteslants du 4774-78, 2 vol. ïn-8°.
Poitou (Paris et Poitiers, 1856,in-8°), Vf.Grundriss der Physlologie,K0-
l'historien des conversions opérées,en nigsb., 4777, in-8°; 4783, in-8".
1620, dans cette province par les Ca- V. Progr. de translocatione vis-
pucinsdelamission,parreconnaissance cenvin, Ktin., 1777, in-4".
sans doute pour une pension de 600 VI. Diss. de secretione generatim,
livres que lui payait le clergé ro- Kon., 1777, in-4".
main. VIL "Dubia physiologica, Kon.,
METZGEU (JEAN-DANIEL), méde- .4 777, in-4", '

cin célèbre, né a Strasbourg, le 7 fév. VIII, Gericht.-médian. Beobach-


1739, et mort à Ko'nigsberg, au mois tungen, Kon., 1778-84, 2'vol.in-8".
de sept. 1805. ÏX. Progr. de sectione anatomicâ
Melzger fit ses études à l'université çadaveris feeminoe maniaco-epilep-
de sa ville natale, où il prit le bonnet ticoe, K8n., 1781, in-4».
de docteur, le 1" sept. 1767. Il don- X. Progr. de rubedine smguinis,
nait des leçons particulières sur diffé- KOn., 1784, in-4».
rentes branches de la médecine, lors- XI. Vermischte medicin. Schrif-
que le comte de Bentheim-Steinfurt ten, K«n., T. I, -1781; T. II, 4782;
l'appela à sa cour comme médecin, et T. III, 1784, in-8"; nouv. édit., Kën.,
lui conféra le titre de conseiller, en 1784, 3 vol. in-8°.
même temps que la charge d'inspec- XII. Beytrag mr Geschiçhte der
MET — 404 MET
Frtthlingsepidemie imlahre 4782, XXXIH. Die Physiologie in Apho-
KOn., 4 782, in-8°. rismen, Kon., 1790, in-8".
XIII. De controversâ fabricâ mus- XXXIV. Annalen, der Stdaisarz-
culosâ uteri, diatribe prior, KOn.,. neyknnde, Zùllich., 4 790, in-8".
-

4 783, in-.4°; — diatribe posterior, TXXV. Ôpuscula anatomica et


1790, in-4». physiologica, Goihi, 4 790, in-8'.
XIV. Progr. de pulmone dextro XXXVI. Me dicin.-philosoph. An-
antè sinistrum respirante, Kon., thropologie fur Aerzte, Weissenfels,
1

1783, in-4». 4790, in-8».


XV. Entwnrf einer Medicina ru- XI1.VÏÏ.Handbuch,der Chirurgie,
ralis, Kon., 4 784, in-4". Iena, 1791, in-8».
XVI. Medic.-gerichtl. Bïbliotheli, XXXVIII. Progr. de R. MoyseBen
KOn., 1784-86, 2 vol. in-80.— Il eut Maimon, KOn., 4794, in-8».
pour collaborateur Elsner. XKXÏS-.Materialienfurdie Staats-
XVII. Progr. de veneficio cautl arzneykunde und Jurisprudenz,
dijudicando, Kon., 4 785, in-4°. KOn., 4792, in-8».
XVIII. Grundsâtze der allgem. XL. Ueber die Kennzeichen des
Semiotik ùnd Thérapie, KOn., 4785, Todes und den aufdie Ungewissen-
in-8». heit derselben gegrilndeten Vor-
XIX. Diss. de assimïlationeliumo- schlag Leiclienhauser errichten,
zu
rum, KOn.,1786, in-4?. KOn., 4 792, in-8».
XX. Obs. anatomico-pathologicoe
epicrisi, Kon., XLI. Sliizze einer pragmatischen
cum 4 787, in-4°.
XXI. Diss. de causa morbi,Kon., Litteraturgeschichte der Medicin,
4787, in-4». Kon., 4 792, in-8».

XXII. Diss. deversionisinpartûs XLII. Grundsâtze der s'ûmmtl.


negotiopericulis, KOn,., 4 787, in-4". . Theile der Krankheitslehre, Kon.,
XXIII. Diss. de morbis militnm, 4 792, in-8". '

XLUI. Eaercitationes anatomica


. .

'Kon., 1787, in-4°.


XXIV. Progr. despinâventosâ in arguments aut anatomici aut phy-
.
vertebr.is dorsi visa, KOn., 4787, siologici, Kon., 1792, in-S».
in-4".' XL1V. Ein Wort zur Beruhigung
XXV'.Animadversiones ad docima- der Gemuther gegen die Furcht von
siam pulmonum, KOn., 1787, in-4". einem ilbereilten Begrabniss, KOn.,
XXVI. Analecta- de potu, Kon., 4 782, in-8».
4 787, in-4°. XLV. Kurzgefasstes System der
XXVII. Progr. quo somnambulis- gerichtlichen Arzneyivissenschaft,
mum magnelicum hodiè solemnem KOn., 4 793, in-8°; 1798, in-8° ; 3"
perstringit, KOn., 4 787, in-4°. édit. augm., 4 803, 2 vol. in-8"; ré-
XXVIII. Handbuch der Staatsarz- imp. plusieurs fois depuis.
neyhnnde, Zûllichau, 1787, in-8°. XLVI. Ueber die Independenz der
XXIX. Bibliothek fur Physiker, Lebenskraft von den Nerven, KOn.,
Kon., 1787-90, 2 vol. in-8°. 4794, in-8».
XXX. Opusculorumacademicoru'M XLVII. Ueber Irritabïlitat und
ad artem medicamspeclantium fas- Sensibililat als Lebensprincipien,
cic. I, Kon., 1788, in-8*. Kon., 4 794, in-8°.
XXXI. Animadversiones in novam WyWl.Materialien fur die Staats-
Goodivyni. de morte submersorum arzneyknnde und Jurisprudenz,
hypothesin.'K.lin.,MSQ, in -4". Kon., 1795, in-8».
XXXII. In casum quemdam medi- XL1X. Die Lehre von der Natur
co-forensem commentatio, Kon., des Menschen in Aphorismen, KOn.,
4789, in-4°. 4795, in-8V
MEU
— 405 — MEU
L. Physiologische Adversarien,
pour l'étude ; loin de là, il lai donna
KOn., 1796, iu-8».
sans regret un petit pécule qu'il avait
LI. Zusatze und Verbesserungen amassé
par son travail, afin qu'il pût
su seiner Skizze einer pragmati- aller suivreles leçons des écoles étran-
schen Litterargeschichte. der MedU gères. L'enfant parcourut une partie de
cin, Kon., 4796, in-8». l'Alsace. Afin d'économiser le peu d'ar-
LU. Unterricht in derWundarz- gent que son père lui avait remis, il
neykunst, Kon., 1798. in-8". mendiait son pain en chantant de porte
LUI. Neue gericht.-medicin. Beo-
en porte dans les villages qu'il rencon-
bachtungen, Kon., 4798, in-8». trait sur sa route. Il s'arrêta quelque
LIV. Kurzer Inbegrif der Lehre temps à Bibeauvillers, puis à Çolmar
von der Lustseuclie, KOn., 4 800, 8°. et à Schélesladt, profitant de tous les
LV. Neuevermischte medic.Schrif- moyens d'instruction que
ces villes lui
ten, KOn.,4800, in-8». offraient, et s'appliquant à l'étude avec
LVI. Beytrag zur Geschichte der
une ardeur extraordinaire.Sabelle voix
Fruhlingsepidemië im Iahre 4800, ayant charmé le prieur d'un monastère
Altenb., 4 801, in-8°. de Bénédictins établi près deLixheim,
LVII. Ueber die Erankleiten le jeune Musculus, qui ne comptait
s'dmmtlicher zur (Economie gehori- encore que quinze ans, acceptala pro-
gen Hausthiere, Kon., 4 802, in-8". position que ce prieur lui fit d'entrer
LV1II. Ueber den menschlichen dans son couvent comme novice. An
Kopf, in anthropologischer Riick- bout de cinq ans de lecture et de mé-
sicht,TL6n., 4 803, in-8". ditations assidues, Musculus aborda
LIX. Gerichtliche medic. Abhand- la science ardue de la théologie. Son
lungen, Kon., T. I, 4803; T.II, 1804, savoir et son éloquence engagèrentle
in-8". prieur à le charger de la prédication.
LX. Lehrsatze zu einer empiri- Quelque temps après, vers 1518, un
schen Psychologie, KOn., 4 805, 8°. ami lui ayant envoyé quelques écrits
Le fils aîné de Jean-Daniel Melzger, de Luther, illeslutavecavidïlé et avec
nommé CHARLES, marcha dignement d'autant plus de fruit que la lecture de
sur ses traces dans la carrière de l'en- la Bible l'avait préparé à accueillir les
seignement, et il l'aurait sans doute idées delà Béforme. Plein d'admira-
égalé, si une mort précoce ne l'avait tion pour le moine saxon qui s'élevait
enlevé presque au sortir de l'adoles- avec-un indomptable courase contre
cence.Né à Steinfurl en 4 772, il mou- les abus de l'Eglise, non-seulement il
rut àKOnigsberg, le 22 déc. 1797. Il a ne. laissait échapper aucune occasion
laissé : de le défendre contre ses nombreux
I. Spécimen anatomim hepatis ennemis, mais il se mit à prêcher lui-
comparâtes, Kon., 4796, in-8". - même les doctrines évangéliques si ou-
II. Proemium momenta quoedam vertement qu'on ne le désigna bientôt
ad animalium differentiam sexua- plus dans les environs que sous le
lem praler genitalia continens, nom du moine luthérien. Il réussit à
Kon., 4797, in-8°. faire partager ses convictions à quel-
MEliSEL ( "YVOLFGANG ), en latin ques-uns de ses confrères et à plu-
MUSCULUS. célèbre hébraïsant et théo- sieurs gentilshommes, entre autres,
logien protestant, né àDieuze en Lor- Reinhart de Rougemont, qui se dé-
raine, le 8 sept. 4 497, et mort à clara son protecteur contre les évo-
Berne, le 30 août 4 563. ques de Metz el de Strasbourg, et qui
Musculus était fils d'un tonnelier. lui ouvrit un asile dans son château de
Son père, qui, à défaut d'instruction, laPelile-Pierre, lorsque la persécution
possédait un grand bon sens, ne s'op- l'obligea à fuir. Musculus quitta son
posa pas à ce qu'il suivît son penchant couvent du consentement du prieur,
MEU _ 406 — MEU

qui lui donna même quatre florins pour cation obtint dé brillants succès, en
Accompagné de son pa- dépit des efforts du clergé càtholiqde
son voyage.
rent Nicolas Wagner, il se retira d'â- et des Anabaptistes. A plusieurs repri-
Lord à la Petite-Pierre, d'où il gagna ses, le sénat, qui l'estimait fort; non-
Strasbourg vers la fin de 1527. Il y seulement à cause de ses talents, mais
épousa, bientôt après, Marguerite aussi à cause de ses principes de mo-
Barth, jeuneparente.de son ancien dération et de tolérance, luicontia des
prieur, avec qui il s'était fiancé avant missions importantes dans l'intérêt de
sa sortie du couvent. Dépourvu de tout l'Eglise protestante. Eh 1536, il l'en-
moyen d'existence, il se vit forcé -de voya àEisenachet à Witteinberg; en
mettre sa femme en service chez le 4 540 et 1544, à Worms et à Ralis-
pasteur Théobald Nigri et d'entrer bonnë; eh 4 544, àDôua-werl.TbUjourë
lui-même Comme apprenti chez un dévoré du désir d'apprendre; Musculus,
tisserand. Des querelless'étant élevées pendant son séjour à Àugsb.ourg, com-
.

entre soti maître et liai au sujet de l'à- mença l'étude du grec, et en peu de
nabaptisme; il fut chassé par ce fana- temps, il se mit en état de lire les Pè-
tique très-peu de temps après. Ne sa- res de l'Eglise d'Orient. Il apprit, eh
chant pas où donner de la lète, il était outre, i'àfâbe sans .maître, en s'aidant
sur le point de s'engager comme ma- d'un psautier polyglotte que son col-
houyrier pour travailler aux.fortifica- lègue Lycosthènes lui prêta. Quand on
tions de la ville, lorsque Bûcer lui songe que Musculus avait alors dépassé
vint en aide, en le prenant pour secré- la quarantaine, on se sent saisi d'une
taire. En même temps, à la recom- admiration sans bornes pour ces hom-
mandation du célèbre réformatëur,Mûs- mes du seizième siëelëj si forts, si per-
culus fut chargé, en 1527; d'aller prê- sévérants, si énergiques, qui, dans leur
cher àDorlilzheim tous, lès dimanches; amour enthousiaste pour la science,
plus tard oh trouva bon qu'il résidât. savaient triompher d'obstacles eh face
Il exerça ainsi pendant près d'un an les desquels les pygmëes de nos jours
doubles fonctions de pasteur et .d'in- s'arrêteraient consternés.
stituteur dans ce village, sans recevoir Mais ce n'est pas seulement contré
une obolë de traitement. 11 vivait donc .les difficultés que lui effraient le dé-
au sein d'une misère extrême, lorsqu'il faut d'une botine éducation classique
fut nommé à la place de diacre de là et la rareté des livres ,què Musculus
cathédrale, en 4 529. Il occupa pen- avait àluller. Il avait aussi à combattre
dant deux ans Ce poste que sa modes- la haine des ennemis de la Réforme, fet
tie l'avait porté d'abord à refuser, et il il finit par succomber. Après avoir des- .

profita dés loisirs que ses fonctions lui servi pendant près de dix-huit ans l'é-
laissaient pour suivre assidûment les glise protestante d'Augsbourg, iljugea
leçons dé Bucer el de Capiton. .Dé- prudent de s'éloigner de cette ville
sirant lire la Bible dans le texte ori- pour échapper aux dangers qui le me-
ginal, il se mit à l'éludé de l'hébreu et naçaient depuis ' l'entrée de Charles-
s'y appliqua avec une si vive ardeur Quint. Lorsque, malgré ses protesta- '
que bientôt il fut en état de compren- lions, le sénat eut accepté l'Intérim,
dre le Livre saint, les commentaires il partit secrètement, le 26 juin 4 548,
des Rabbins et les paraphrases chàl- eh recommandant à sa femme de le
daïques. suivre sans délai avec ses huit enfants.
Le sénat d'Augshourg ayant prié, Il gagna Constance, où il fut rejoint
au commencément-de l'année 1531, le par sa famille, De là il se rendit à
magistrat de Strasbourg de lui prêter Sàint-Gall, puis à Zurich, où il passa
Musculus pour quelques années et sa six mois auprès de son ami Hailer, et
demande ayant été agréée, l'ex-moine enfin à Berne, où il fut appelé, le 9
se rendit dans cette ville où sa-prédi- avril 1549, pour remplir ùneGhairede
MEU 407 MEU

théolegie, dont il prit possession, lé hiah de Bucer, et reproduit dans ]if
25 du même mois. Dans l'intervalle, Synopsis fèslaliuin concjp.nuiri iièé
Cràurrier avait voulu l'attirer èh Angle- d'autres poésies sorties de sa pluniê.
terre; mais ia santé chancelante de sa Comme traducteur, tout en admettant
femme et le jeune âge de ses enfants' qu'il hé possédait pas une connais-
ne lui avaient pas permis d'accepter les. sance parfaite dés langues sa'vaniës,'
offres réitérées du célèbre archevêque. à l'étude desquelles il s'était mis trè's-
Il refusa de même les vocations qui lui tard, on doit reconnaître que ses tra-
furëriladrésséesd'AugsboUrg,en1552, ductions se font remarquer en générai
et de Heidelberg, se croyant obligëpar par leur concision, leur.simpliçité, leur
la reconnaissance à ne pas quitter fidélité, et l'on doit surtout louer Mus-
une
ville où il avait trouvé l'accueil le plus culus de là candeur avec laquelle.il
bienveillant. Il continua donc à s'ac- avoue, en certains cas, son ignorance.
quitter avec zèle de ses fonctions dé Gomme théologien, Musculus, qui se
professeur de théologie jusqu'à sa rapprochait davantage dé Luther sur'le
mort, c'èst-à-dirë pendant quatorze dogme de la cohsubslàntialion, et. de"
ans. De Tfioù s'est trompé, eh disant Calvin sur celui de la prédestination
qu'il remplit aussi à Berne la charge absolue, joua, de même que son.rhàîife
de pasteur; on là lui offrit, mais il là BuCer, le rôle ingrat de conciliateur..
refusa. Nous avons dit que huit enfants Il n'hésita pas à signer, en 1536, la
étaient nés de son mariage. Nous Concorde de "Wiltettibérg ( Voy. III, p.
con-
naissons les noms desquatre de ses fils. 62) ; cependantlorsqu'il s'aperçut que
ABBÀHAM fut ministre à Berne et doyen les équivoques ne suffisaient pas pour
après Hallèr. On lui doit une Vie de rétablir la paix entre les deux commu-
son père en latin," et la publication nions protestantes, il en revint fran-
d'une partie de ses Commentaireset de chement et ouvertement à son premier"
ses traductions. Nous avons remarqué langage. Ses opinions personnelles
quelques Lettres de lui et de son frère n'ont exercé d'ailleurs aucuneinfluericé
Jean-Henri dans le vol. A. 30 des ma- sur le développement de la théologie
nuscrits de la Bibliothèque de Berne. protestante. C'est surtout par ses Com-
JÉAN-FnÉnÉhic fut pasteur de l'église mentaires qu'il a acquis des titres réels
de Metz, et JEAN-HENRI le fut à Zof- à la reconnaissance de l'Eglise,et â:
fingen. Ce dernier a publié Stabulubt l'admiration des savants. Au jugement
Augim, seu Oratio invectiva in Jac. de Richard Simon, il montre plus de
Schuelerum, Bernoe, 1652, in-4". Le respect pour l'antiquité que la plupart
quatrième, ELIE, ministre à Hprbourg, des autres commentateurs protestants,.
en Ï576, y mourut prématurément et il s'éloigne le moins possible .des'
l'année suivante. anciens interprètes. Sa méthode d'in-
Dès son enfance, Musculus avait eu terprétation était bonne; mais il n'a
là passion de là poésie et de la musi- pas eu à sa portée tous les secours né-
que. Durant les premières années qu'il cessaires, et sans être aussi peu versé
passa au couvent de Lixheim, son uni- dans la langue hébraïque que le prétend
que délassement avait été là lecture Simon, il n'était pas assez exercé dans'
des oeuvres d'Ovide, dont il avait dé- l'étude des langues savantes. Oh peut
couvert un exemplaire dans la biblio- aussi lui reprocher d'avoir mêlé trop
thèque du monastère. Il nous a laissé, de théologie à ses commentaires; mais
comme échantillons de son talent poé- on doit le louer sans réserve de s'être,'
tique, plusieurs Cantiques, qui. ont comme Calviri, attaché de préférence
été jugés dignes dé figurer dans la li- au sens historique'. Lorsqu'il rencontre
turgie de Strasbourg, à ce que nous un passage difficile, il a recours aux
apprend M. Robrich, et un petit poème Rabbins et surtout aux anciennes ver-
latin qui a été imp. en tête du TzeplKK sions pour essayer d'en pénétrer le
MEU
MEU — 408 — -
publiée en hollandais en 4 555, selon
sens; cependant le plus souvent, il se
contente de rapporter les explications JOcher, et la seconde en franc, en
des anciens commentateurs, car, dit 4557, selon Du Verdier, puis en allem.
Richard Simon, « il n'est pas de luy- à Strasbourg, par Jean Myncenius,en
même fort décisif. » On estime sur- 4 594.
tout ses Commentaires sur la Genèse, IX. In Decalogum explanatio,
les Psaumes et Ésaïe, que l'on place Basil., 4553; réimp. dans les Loci
presque au niveau de ceux de Jean communes.
X.ConimentariiinGenesim&AÛ].,
Mercier.
4554, in-fol-La dernière édit. que
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.

I. Zmey Predigtenvonden p'àbst-


lichen Messe, Willemb., 1542; Augsb.,
4 600, in-fol.
'../.'
nous connaissions, est celle de Bâle,
XI. Commentarii in Epistolam
4 5.43, in-4°. D. Pauliad Romanos, Basil., 1555,
' II. Anticochloeus primus adverses in-fol.; dern. édit. revue et corrig.,
J. Cockltsidesacerdotioacsacrificio Basil., 1600, in-fol., avec le N» XIV.' •

novoe legis libellum, Augustas, 4 544, XII. Commentarii in Esaïampro-


in-4"; trad. en allem._, Augsb , 4 545. phetam,^-Ai\\., 1557, in-fol.; dern.
; 111.Eusébii Historia ecclesiastica, édit. revue, Basil., 1623, in-fol.
latine, Basil., 1544, in-fol.; 4 549, XIII- Commentâriiin Epislolasad
4 562, 4 577, 161.1, in-fol. Corinthios, ad Galatas,ad Ephesios,
IV. Commentarii in D. Jo'annis Basil., 1559, in-fol.;'1561, in-fol. —
Evangelium, Basil., 4 54.5, in-fol.; Ainsi cité dans le Catal. de,la Biblioth.
dern. édit.,/» ires heptadas digesti, de Lausanne. Selon le P. Lelobg, le
castigati et locupletati, Basil.,1618, Comment.sur les deux Epîtres aux Co-
in-fol. rinthiens parut, avec une réimp. du
V. Commentarii in Matthesum, N» XI, à Baie, en 1559, etle Comment,
Basil., 1548, in-fol., et plusieurs fois sur les Epîtres aux Galates et aux
depuis—En4 564,C.Guillandfitréimpi Ephésiens, à Bâle, en 1561.
presque littéralement ce commentaire XIV. Loci communes theologioe
en le donnant comme sien. Possevin sacrée, Basil., 4 560,4 563; nouv.édit.
le loue fort, sans se douter que c'est revue, 4 599, in-fol.; trad. en franc,
l'ceuvre d'un hérétique. par DuPinet, Gen., 1577, in-fol.
VI. Polybii Megalopolitani Histo- XV. Commentarii inEpistolas ad
... Colossenses, Thessa-
riarum libri Vpriores, N. Perotto in- Philippenses,
terprète. Item Èpiiome, sequentium lonicenses et in primam ad Timo-
librorum usque ad XVIIm°, W. Mus- theum, Bas., 1565,1.571,1578,1595,
culo interprète, Basil., 1549, in-fol. in-fol.
VII. Dialogi IV de quesstione : Li- XVI. Basilii Magni Opéra, latine,
,

ceatne homini christiano evangelicm partimlocis aliquotcastigata, par-


doctrines gnaro, papisticis super- tim lucnlentis accessionibus aucta,
stitionibusac falsis cultibus exlernâ Basil., 4 565, 3 vol. in-fol.; Paris.,
societate communicare? 4 549, in-8". 4 618 et 1638; Mayence, 1692.
— La
— Sous le pseudonyme d'Eutychius 1" édit. parut à Bâle, 4540, in-fol.,
Myo. selon le Cat. delaBibl. de Grenoble.
VIII. Commentarii. in. Psalmos, XVII. XÔVOVJAC festalium concionum,
unà cum nova versione latinâ.Basû., authôre D. Wolfg. Muscùlo Dusano.
4 550, in-fol., et plusieurs fois depuis; Ejusdem vita, obitus, erudita car-
dernière édit., Basil., 4 618, in-fol. —' mina. Item clariss. viroruminip-
-A ce commentaire sont jointes comme siùs obitum. Epicedia, Basil., 1595,
appendices des dissertations De jura- in-12.-—La vie de Musculus a été écrite,
mento et De nsurâ, dont la 4" a.été en 1564, par sen fils Abraham, à qui
.
MEU MEU
— 409 —
l'on doit également ce recueil; mais nitier dans un art où il excellait lui-
c'est son pelit-fils.WoLFGANG,ministre même. Les progrès de l'élève répon-
a HOchstelten, qui l'a publiée (1). dirent aux soins du maître. Après un
XVIII. Epistoloe XXXIX Cyrilli voyage à Rome, qu'il entreprit pour
Alexandrini, puni, dans le T. IV des compléter son instruction, Meusnier,
Opéra de cePère.imp.à Bâle,1666,in- de retour à Paris, fut activement em-
fol.—Des bibliographes affirment que ployé par Louis XIV à la décoration
ces trente-neuflettres de Cyrille avaient de ses bâtiments royaux. Ce prince, à
déjà été imprim. à Bâle en 1546, avec qui l'on ne saurait refuser le seutiment
neuf de ses Homélies, l'Apologie à du beau dans les arts, faisait un très-
Théodose, la Déclaration des neufana- grand cas de Meusnier. En 1680, notre
thèmes lancés par le Concile d'Èphèse, artiste travailla à la décoration de la
les quarante-deux Epîtres synodales de chapelle de,Versailles. Mais, bientôt
Neslorius et la Réfutation des dogmes après, des désagréments qu'il éprouva
de Neslorius par Cyrille. le décidèrentà quitter la France. Quels
Il paraît que Musculus avait trad. en étaient ces désagréments? N'auraient-
latin, dès 1536, les Commentaires de ils pas été une suite de la révocation
Ghrysoslôme sur les Epîtres aux Ro- de l'édit de Nantes? Quoi qu'il en soit,
mains, aux Ephésiens,auxPhilippiens, l'électeur de Bavière accepta ses ser-
aux Colossiens et aux Thessaloniciens, vices. On ne nous dit pas le temps que
mais que celle traduction n'a pas été Meusnier passa à Munich ni les travaux
imprimée, nott plus que celles qu'il fit qu'il y exécuta; mais, selon d'Argenvil-
plus tard de certaines portions des oeu- le, Louis XIV ne tarda pas à donner
vres d'Athanase, de Théodore, évêque ordre à son secrétaire dès affaires é-
de Tyr, de Socrate, de Sozomène,de trangères, M. deTorcy, de lui expédier
Théodore le lecteur et d'Evagrius. un passe-port-pour le faire revenir en
Nous trouvons encore cités dans les , France (entre 1700 et 1702). Meus-
bibliographes, sous le nom de Wolf- nier paya sans doute par une abju-
gang Musculus, mais sans autre indi- ration le retour de la faveur royale.
cation : Unterredung von dem Tri- A ce prix, elle lui fut acquise sans ré-
dentinischen Conciliounddem teut- serve. On dit même que le monarque,
schen Krieg; — Instrùctio venien- qui n'avait pas l'habitude de commet-
tium ad baptisma;—de Paradiso;— tre ainsi sa majesté, l'honora plus
Bedenken mie weit ein Christ schul- d'une fois de sa visite dans son ate-
dig sey Gewalt zu leiden. Ce dernier lier. Meusnier était logé dans les ga-
opuscule a été imp. dans lesTheolog. leries du Louvre. Le Palais-Royal et
Bedenken de Bidenbach.LèsNachrieh- le château de Marly furent en partie
ten de Baumgarten contiennent enfin décorés par lui. Le 30 juillet 4700,
deux lettres de- lui, et nous en avons l'Académie de peinture -l'admit dans
rencontré quelques autresdansun vol. son sein. Le dernier ouvrage qu'on lui
msc. de la Bibliolh.publiquede Berne, attribue est la décoration du théâtre
coté A. 27. de Bruxelles, exécutée en 4,720. Son
MEUSNIER (PHILIPPE), peintre fils, PHILIPPE, qui s'adonna également
d'architecture, mort àParis, le 27 déc. à la peinture, n'imita pas l'inconstan-
4734, à l'âge de 78 ans. Meusnier se ce de son père ; il se réfugia en Angle-
forma dans l'atelier du peintre Jacques terre, où il vécut. Il était élève de Ni-
Rousseau, qui, reconnaissant en lui colas de Largillière.
de grandes dispositions, se plut à l'i- Le chef de la famille Meusnier était
Philippe, maître maçon, qui eut de sa
(1) Il est vraisemblable que Daniel Muscu- femme, Marthe Mizier, plusieurs en-
lus, qui a publié à Berne, 1700, in-4», De fants : 1" ABRAHASI, architecte, qui é-
êffusione Spirilûs sancli in omnem carnim^
descendait, aussi de notrcthéologien. pousa, en déc. 1655, Nicole Ecman,
MEY 410 — MEY

fille de feu Edouard Ècman (1), gra- PaUÎ, et à développer dans ses prédi- 1

bois, et; de MaHë Saulhiër; cations le Sylnbole des Apôtlës. Cette


veur en
il eh eut ELISÀBETH, bàpt. le 23 janv. conduite hé pouvait manquer de le ren-
1673, et MABIÉ-MÀDELAINE, bàpt. lé dre sUspëct. Il jugea prudent dp se re-
4 nov. 4 674; — 2"ISAAC, maître nia- tirer à Bèrhè.eh 1,522,. el devint l'actif
cbn ; —. 3° JEAN, architecte, à qui sa çollaboràlèur de Hàjlër dans ses pieux
femme, Elisabeth Miquelot, donna travaux. Ëh 1522,. il assista à une dis-
JEANNE, bapt. le 27 janv. 4 675, et MA- pute religieuse qui se liht à Spleurë ;
bapt. le Î6fév. 1.676;— 4° Phi- 4523,°il prit de nbùvëau part à cel-
RIE, en
Lir-pÈ, peintre, qui eut de sa fehimé, le de Berné. Fortifie de plus en plus
Marie Latri'Che, probablement Parlisf8 dans ses nouvelles convictions, il se
à qui nous consacrons Cette notice,,et Crut obligé, en,conscience, de rendre
ELISABETH, mariée, eh avril 4"680, compte, en î 524, à ses anciens audi-
l'a-
avec Nicolas Dorigny, entrepreneur teurs de Strasbourg, dès motifs qui
des manufactures dé Là Fbrté-soiis- vaient porté ,à changer de religion.
Jouarrë,, fils dé Nicolas Dorigrii) et Cette Rétractation, datée de Berne,
d!Elisabeth de Bankë; 5° JuhiTH, 6 sept. 1524, fut impr. sons .cë.titrè :
juillet — Wiedèrrnfung an die Idbïiclt'e F'r'ey-
mariée, en 4 658, avec David
Bertrand, sculpteur du roi, fils de st'àtt Strasburg,^U, in-4°. Quel-
Jean Bertrand, de Metz, et de Mafiè que temps aptes, il eut, avec le domi-
Adam. Ce mariage porta de nombreux nicain Heim, une dispute, à là suite de
fruits:Charlotte-Judith, néëëii i 662; laquelle il fut forcé de quitter Berne.'
Philippe, bàpt. le 11 novehibrë1663; Il jeta alors le froc àuxorliës'.. pritfem-
Louis, bapt. le 28 niai 1666; David, me, se mit à prêcher en divers,lieux,
bapi. le 4 mars 1668; Madelaine, et retourna finalement à' Strasbourg,
liapl. le 9 niàrs 16.70; David, bapt. le d'où il fit un voyage à.Aùgsbouïg" dans
1

17janv. 1672; Marie, bapt. le 23 l'intérêt de.l'Eglise protestante; puis


juill. 1673; Elisabeth, bapt. le 8 sept. il fut rappelé à Berhe, eh 1536, après
i674; Marie-Madelainè, bapt. le 7 la mort de Haller. Après Un séjour, d'è
juin 1676 ; Jean, hé lé 15 juin 4'677 cinq années environ dans celte ville,
(tî'eg. de Çhàrénton.) fatigué des contestations que ses opi-
ilKl'Ek ( SÉBASTIEN ), né .vers nions luthériennes sur la Cène lui atti-
1465, à Neuhourg, en Alsace, fit ,
ses raient avec ses" collègues, il donna sa
études à l'Université dé Bâle, pu il prit démission,*èn 1541,'et revintà Stras-
le gradé de docteur en théologie, et bourg, où il mourut, .en 1545, à l'âge
fut appelé à remplir les fonctions de de 80' ans. Ôulre Rétractàtibh; oha-
sa
lecteur dans le .boiivènt dès Ço'rde'lipfs' dè lui :
à Strasbourg. Les écrits de Luther, ..,..,.
L Dés Pab'stes und sëihèr Gèistli-
.

qu'il lut avec avidité, commencèrent a chén Jàhrmarkt, 4 535, ih-8°.


.

lui dessiller les yeux. Il se mît à ex- II. Commentar. in Apocàlypsih,


pliquer à ses êiëves les Epîtres de saint ïigur., 4554, ih-fbl.
(1) Cet artiste laissa -plusieurs autres en- III. Comment, in Epistolàs ad Co-
fants: ANTOINE, ihârdiând,marié, le 25 janv.
1GS0, à l'âge de 40 ans, avec Aniié Godin;
JEAN, peintre (en minial.) du roi,
admis
rinthios.
IV. .-,.-
Annoidiidnes, brèves in.Epist.
l'Àcad. de peinture le 3 août 1675, el morta, ad Gdlatas.
lé 1fi juill. 1677; il épousa, a l'âge dé 29 MEÏWIER (JEAN-JACQUES), fils'
ans, le 1" lév. 1671, Catherine Briot, lillè du d'un fabricant de bas d'Offenhach', hé
peintre Guillaume Briot (nous consacrerons
une notice à cette famille dans notre Sup- le 26 août 4 710, et mort le 9 ôctl
plément), mariage dont naquirent HENRIETTE, 4783.
qui fut présentée au baptême, le7 mai 1673, Son père, trop pauvre pour lui faire
par .le peintre Samuel Bernard;-CATHEBÏXE- donner une éducation libérale, éUlaU
CIURLOTTI;, hapt. le 14 juin 1694;HENRJ, fil-
leul dé Henri Testelin, né le 5 mai 107bi moins le bon esprit de ne point contra-
MËY
riër son goût qui le portait vers les
- 4H — MËY
Meynier, fils dé l'auteur; Mfërhb.;
lettrés. Grâce à l'obligeance d'un li- 4792, in-S\
braire; l'eufantput satisfaire sa passion XI. Ode sur la mort prématurée
pour là lecture. À l'exception de quel- d'ùmargraveFrédéric, Erl;, 4 763,4°.
ques leçons qu'il trouva plus tard le XII. Allgemeine Sprachkùhsi,dài
moyen dé se procurer, bn petit dire ist Einleilùng in allé Spràchen,
qu'il n'eut pas d'autre maître que lui- Erl., 4 763, ih-8°.
même: En 4738, il obtint la place de XIII. La grammaire française ré-
Chantre de l'église française d'Erlan- duite à ses vrais principes, Erl. èl
gen. Eh 4 742, ilful nommé professeur Nûremb., 1767, 2 part. ih-8°. —tôt
de langue française à l'àcadémië de ouvrage a eu plusieurs édit, successi-
Baireiiih. Cette académie ayant été vement augmentées.
transférée, l'année suivante,àErlangen* XIV. L'école dés. jeunes poètes
français; Erl., 4768, ih-8°.
il l'y suivit et il repritsa place de chan-
tre de l'église, qu'il occupa jusqu'en XV. Ode au.margràve Alexandre
1745. Oh a de lui: sur son avènement àlasouvëraiûëti,
I. L'illusion combattue, Erl., Erl., 4 769, in-fol.
1741, ih-4\ XVI. Evénémëns ittérxordblés du
H. Lettre à un ami touchant l'i- inonde littéraire, Erl., 4771; ih-8";
nangurâttonèt l'état présent de l'u- XVII. Tableau abrégé des calami-
niversité Frédéricienne d'Êrlang- tés de Vannée 4771, Erl., 1772, 8°.
lrad.de l'âllêm., Èrl., 1743, in-4'. XVIII. EtymblogisçheTabellender
III. Grammaire générale et rai- franzos. Sprache^iimb., 1775,ifrfol.
sonnéé, Erl.. 4 746, in-8°. — Edition XIX. Abrégé historique dû V. et
de la grammaire de Port-Royal, pubL du N. T. avec dès réflexions; par
par Meynièr'; Seiler, trad. de Pâllèm., Erl:; 4784;
IV. Remarques sur la grammaire 2 vol. in-8".
générale et raisonnée,pâr Lâncëlàt, XX. PraMisclie franz'és. Spràch-
nouv. édit-jEû., 4746, in-8"; léhre,Mrnb., 4 796, in-8°. — Publié
V- Recueil curieux des pièces les par son fils. .
plus intéressantes qui Ont paru éh En outre, Meynier a travaillé de
tout genre, Erl., 4 746, in-8". 4 743-4 774 au Journal français qui se
VI. Avis touchant la Table dont publiait à Erlàugen, et il a inséré dans
voici le titre: Tabulanovissimd,per- le Jourhâl français de Francfort des
feclissima, locupletissimaverborum tràd.de quelques écrits deMèndëissohh.
tam regulàrium quàrii irrëgùlarïïim. MEYSSONIER (LAZÂIIÉ), né àMâ-
lingues gallicoe, Erl., 1752, in-8". côn, en 1602, prit à Montpellier le gra-
VII. Le raconteur des nouvelles, dé de docteur en médecine et s'établit
servant â'avant-coureur aux événê- à Lyon Où il acquit Une réputation très-
mensmêm,orables,Erl.,ilri?>6-6Z, 8°. étènduë, quoiqu'il eût négligé beau-
VIII. Discours académiquesSur lès coup trop l'art d'HippoCratepour les fo-
grammaires françoises et énparii- liés de l'astrologie. En 4648, il se fit
culier sur l'art de bien parler'fran- catholique; et plus tard, entré dans lès
çois de M. de La Touche, T. I, Erl.; ordres, il obtint un canonicat, sans1
4758,^-8°. abandonner cependant la médecine. Oh
IX. Ëpithalamë sur la consomma- a de lui quelques ouvrages qui presque
tion du 'mariage entre Frédéric, tous se ressententde sou goûtpourles
deBrandeboùrg,et Sophie- sciences occultés; Nous donnerons là
margrave
Charlotte, duchesse de Bro'nsvic-Ln- liste de ceux seulement qu'il publia
nebourg,YA., 4 759, in-4°. avant sa conversion. Il mourut en 4 672,
X. Nouvel ABC, Erl., 1763, in-8"; chanoine de Sàint-Nizièr.
nouv. édit, publiée par JACQHES-HENRI I OEnologie on les merveilleux <?/-
MIC
MIC — 4*2 —
fets du vin, ou la manière de guérir lement aux erreurs de l'Eglise romaine
éyangé-
avec le vin seul, Lyon, 4636, in-8". pour embrasser les doctrines
II. Richelias, in-4°. liqnes. 11 abjura publiquement en 1659,
ill.i4rf novareminiscentits, Lugd., et épousa une jeune fille huguenotte.
1639, in-4\ Le clergé de Nismes* raconte Ménard,
IV. Pentagonumphilosoph. medi- s'éleva contre ce scandale et prit une
cum, Lugd., 1639, in-4°. délibération pour poursuivre,ce prêtre
V. De abditis épidémies causispa- en justice. La bonne volonté ne man-
rcnoetica velitatio, Lugd., 4644, 4°. quait assurément pas chez les juges
VI. Traité des maladies extraor- pour faire subirau curéde St-Hippolyte
dinaires et nouvelles, Lyon, 4 643,8". le même sortqu'au bénédictin de Bour-
VII. Histoire du collège de médeci- ges; mais les circonstances avaient
ne de Lyon, Lyon, 4 644, in-4'.—Le changé, et comme le gouvernement de
seul de ses ouvrages que l'on puisse Louis XIV n'en était pas encore venu
encore consulter. à violer sans pudeur l'édit de Nantes,
VIII. Introduction à la philosophie on peut Croire que l'affaire n'eut pas de
des anges, Lyon, 1648, in-4°. suite fâcheuse pour le prosélyte, d'au-
Meyssonier dut surtout sa renommée à tant plus que Ménard garde le silence
sonAlmanaçh dubonhermileqn'i\nn- à cetégard.
hlia pendant quelques années et qui lui MICHEL (MARIE); dite la grande
rapportait, tant d'argenlqueses confrères Marie,b cause de sahaute stature, était
jaloux se réunirent pour en demander la native de Lussan. Emprisonnée avant
suppression; ils finirent par l'obtenir. l'insurrection des Cévenols,puis remise
JUCBEL (JEAN), moine bénédictin pu liberté, elle se joignit avec ses frè-
et docteur en théologie, converti au res à la troupe de Cavalier, dont.elle
protestantisme. Mis en jugement com- devint la prophétesse en titre. Elle
meseclateur de Luther,Michelfut con- commandait la prière, dirigeaitles ex-
damné, le 5 fév. 1536, à faire amende péditions', prononçait des arrêts de
honorable devant le portail de Saint- mort, prédisait la victoire. Dans la nuit
Etienne de Bourges, à tenir prison pen- du 28 au 29 fév. 1704, elle fut décou-
dant dix ans, avec défense de dire la verte dans un souterrain où elle se te-
messe et de prêcher; et un livre qu'il nait cachée à Sainl-Chaptes, et envoyée
avait publié, fut brûlé par la main du à Nismes, où elle fut pendue, le 6 mars.
bourreau. Soitque,n'étantpoint encore MICHELET (PIERRE), natif de
bien affermi dans sa foi nouvelle, il se Metz, fils de Jacques Michelet, com-
fût rétracté et que le jugement n'eût missaire exlraordiuairedes guerres, fut
point été eiécutèdanstoutesarigueur, reçu ministre dans sa ville natale, eu
soit qu'il fût parvenu à se sauver et que 1604, et donné pour pasteur à l'église
son voyage en Suisse, donlparleCres- de Châtillon-sur-Loire. Appelé, vers
pin, se rapportât à celte, époque de sa 1610, à Frankenlhal, il y remplit ses
vie, deux ou trois ans plus tard, il fonctions jusqu'en 4 629, qu'il revint
eut à soutenir un nouveau procès cri- en France pour desservir l'église de
minel, qui cette fois, se termina d'une Burtoncourt. Sur la fin de ses jours, il.
manière tragique.Le 4 4 ocl. 1539,11 se retira à Metz, où il mourût, le 5 mars
fut dégradé devant le portail de Saint-
Etienne et livré au parlement de Paris,
4632. .'.'.-
A la révocation de l'édit de Nantes,
qui le fit brûler en face de la grosse la famille Michelet parait s'être retirée
Tour deBourges.hors de la porte Bour- à Casse!, où nous trouvons plusieurs
bon. Réfugiés de ce nom, hommes de mé-
Cent vingt ans plus tard, un curé de tier, fabricants ou militaires. C'est appa-
Saint-Hippolyle près d'Alais, portant remment de l'un d'eux que descend
aussi le nom de Michel, renonça éga- Charles-Louis Michelet, professeur
MIC - 413 MIC
au Collège français et à l'université de XIV. Die Epiphanie der ewigen
Berlin, un des principaux disciplesde Personlichkeit des Geistes, Erstes
Hegel, dont il publie les oeuvres en col- Gesprach- Ueber die Persb'nlichkeit
laboration avecMarheinecke, Schulze, des Absoluten, Nùrnb., 4 844, in-8*.
Gans, Hénning, Hotho, Forster. Il est XV. Hegel's philosoph. Abhand-
lui-même auteur d'un savant ouvrage lungen, Berlin, 4 845, in-8".
sur la Métaphysique d'Aristote, qui a MICHELIN, famille d'artistes, ori-
été couronné, en 1835, par l'Acauémie ginaire
.
de Langres, sur laquelle tous
des sciences morales et politiques de les biographes se taisent. Cependant
Paris, et d'autres écrits très-remarqua- ses alliances doivent faire supposer
bles sur la phil osophie et l'histoire. qu'elle occupait un rang très-honorable
I. Die Ethik des Aristoteles in ih- dans les arts. Le magnifiqueLouis XIV
rem Verh'àltnisse.zum Système der a absorbé toute la gloire de son règne.
Moral, Berlin 1827, in-8°. Eu attendant donc que le jour se fasse
.
II. Pas System der philosoph. Mo- dans cette nuit qui couvre eucore l'his-
ral mit Rilcksicht auf die juridische -
toire des beaux-arts en France, nous
Imputation, die Geschichte der Mo- devons nous contenter de faire connaî-
ral und dis christl. Moralprincip, tre ce que les Begistres de l'étal civil
Berlin, 4 828, iu-8". nous ont appris.
III. Arislotelis Ethicorum Nico- Le peintre Jean Michelin mourut à
machtsorum lib. X, nouv. édit. enri- Paris en août 4641, à l'âge de 70 ans.
chie de commentaires, T. I, Berlin, Sa femme, Anne Forest(\), enterrée le
4829, in-8»; T. II, 4835, in-8". 43 août 4 644, lui avaitdonnéplusieurs
IV. Einleitung in Hegel's philo- enfants: 4* NICOLAS, enterré le 29 juill.
soph. Abhandlungen,'Ber\\n,l\85'î,8°. 4 632, à l'âge de 22 ans;
— 2* JEAN,
V. Einleitung in die allgemeine peintre (mort avant 1670), qui épousa,
Geschichte, trad. du franc, par Geh- en nov. 1642, Elisabeth de La Ferté,
ring, Berlin, 4 835, in-8°. '" fille de David de La Ferté, de Pressi-
VI. Examen critique de l'ouvrage gny, et d'Anne Michelin; de ce ma-
d'Aristote intitulé Métaphysique, riage naquirent ANNE (1644) et JEAN
Paris. 4 836, in-8*. (1645), morts tous deux après quelques
VII. Geschichte der letzten Système jours d'existence; CHARLES, bapt. le
der Philosophie in Deutschland von 22 juill. 1646; SAMUEL, néle1"oct.
Kant bis Hegel, Berlin, 2 part., 4 837- 1648; PIERRE, né le 9 sept. 1650; ELI-
38, in-8°. SARETH, bapt. le 14 avr. 4 652 ; MAPE-
VIII. Schelling und Hegel, Berlin, LAINE, née le 27 mai 1655 ; MARGUE-
1839, in-8°. RITE, mariée, en nov. 1670, avec Pier-
IX. Vorlesungen Uberdie Geschich- re Lorrain, orfèvre ; — 3° CHARLES,
te der Philosophie, Berlin, 4 840, peintre (mort avant 1673), qui épousa,
in-8"; 2" et 3* part., Berlin, 4842, 8*. en juin 1654, Marie Bauche, fille de
X. Anthropologie und Psycholo- feu Pierre Bauche (2), s'culnteur, et
gie, oder die Philosophie des subjec- (4)'Elle appartenait vraisemblablement a
tiven Geistes, Berlin, 4 840, in-8". la famille d'artistes de ce nom, dont nous
XI. Vorlesungen ïïber die Person- parlerons dans notre Supplément.
(2) Pierre Bauche eut un grand nombred'en-
lichkeit Qottes und Unsterblichkeit fants de son mariage, contracté en nov.1629,
der Seele, oder die ewige Person- avec MàrieNoiret ("alias Noret, A'oure/):1°îvjA-
Uchkeit des Geistes, Berlin, 1841,8°. THiAS,bapl. le 5 nov.1630; -2" JACOB, peintre
XII. Vorlesungen liber die Natur- et sculpteur, )iéle2,juin,l633, qui.épousa en
mai 1661, Margueritellerbinot'(ArbunoloaHar-
pkilosophie, Berlin, 1842, in-8°. bunot), filledc David, passementier, dont il eut:
WW.Enlwickelungsgeschichteder JACQUES, présenté au baptême par le peintre
neuestenDeutschenPhilosophie,Ber- Jacques Rousseau et Marie Briot, le 30 juillet
1662; fiERRE-MARC0ERHE,bap. Ie30juinl 669,
lin, 4843, in-8".. qui eut pour parrain lepeintre Pierre Briot et
MIC
bapt. le 26 nov.. 1655 ;
- 414 — MIG
lipt.il devint plus tard pasteur à Sedan.
en eut JEAIJ,
PIEPRE (1657) et MARIE (1661), morts Q.n a de lui :
tous deux en bas âge ; MAKIE-ESTHER, I. LycampM castf.i obsidio et ex-
bapt. le 42 janv. 1659; NICOLAS, bapt. cidium, 45.54; Paris et Rouen, 4 555,
le 29 juin 1660. ; NÔÉ, bapt. le i O.fév. in-12.
}]. De
constituendâ apud Aurelios
4 664; MASIE-MAPELAINË, bàpt. lp 4 7
mars 1,669; TERTULiEN-CnARLES, hé ji^ventUitis disciplina, oratio, Paris.,
le 26 juill. 1670. 4.6.58, in-4%
A cette famille se rattache sans dour- IIL Aureliçe, w'bis wemo.rabilis ab
te de très-près le peintre d'histoire Jean Anglis obsidip, .anno 4 428, et Jodn-
Mfçhelùi,nè à, Langres du peintre Gi- noevifg.inis lothqringoe res gestes,
?auït Michelin. 11 avait le titre de pein- Aurel., 4 -560, in-8" avec nouv. fron-
tre ordinaire du roi; Admis à l'Acadé- tispice, Paris, 1S6Q, 8s, 4 634, iu-4 2.
démie le iapût 4 660,11 en fut exclu Recueil de pièces inédites,
~- cardinal dédié
pour eausede religion, 1610 oct. 1681. au de Lorraine.
«Reynez nous apprend, dit M. Dùs- IV. Response an discours de Gen-
siéux, que Jean Michelin mourut à Lon- tian Hervet, sur ce que les pilleurs,
dres, où il s'était retiré.» Sa niort ar- voleurs et bmsleurs d'églises disent
riva le 1" mars 1696, à l'âge de 73 ans qu'ils n'en veulent qu'aux prestres,
(Arçh. de l'art français).Safemme,Jter- suivie d'une seconde Response aux
guerite Belle, fille de Guillaume Bel- resveries, blasphèmes, erreurs et
le(ij, horloger, qu'il avait épousée en mensonges dudict Hervet, Lyon,
•pet. 1654, lui donna plusieurs enfants : 4 664, in-8*. .';
ETIENNE bapt. à la Chapelle de Hol- La Croix-du-Maine lui attribue en-
,
lande le
,
23 sept. 4655; NICOLAS core.une trad. des Lettres de Cicëron
(4 658); ESTHER (4 660)-; MARGUERITE à Brutus et la Biogr. univ. une ffis-
(1661); MARIE-MADELAINE (1663), toire de J.-Ch. J
morts-lous quatre en basâge ; SAMUEL, îiïIïîAULT .(ANOKÉ),. de Boussay
.

enterré, jet 0 septembre 4 684, à l'âge en Poitou, pasteur du désert dans la


de 2.0 ans. Normandie. Sans autre mission que son
JWIÇQXJEA.ÏJ (JEAN-LOUIS), eu la- zèle; Migault affrontait, 'depuis quel-
tin Miquellus, né àRheims, vers 4 S30, temps déjà, les dangers de la prédica-
embrassa la religion protestante et se catiou sous la croix, lorsqu'il'se pré-
retira, vers 4 557, a Orléans, où il se senta, en 4 740, en môme temps que
.fit maître d'école. Selon l'abbé Boul- Jean-Baptiste Loire, de Saint-Omer,
devant le synode du Haut-Languedoc,
po.ur marraine Marguerite Michelin; THOMAS, né
le'8jain 4672; GEORGES-LOUIS,bapt. le 30 août pour être admis à la charge de propo-
1676, qui eut pour.parrain'le sculpteur George* sant. En 4 744, il fut député parlaNor-
i,e Laçour; PAUL, bapt. le 28 nov. 1677, qui mandie au Synode national ( Voy. Piè-
eut pour parrain l'architecte Paul Du Ry;
CATHERINE, bapt. le 26 mai 1680; MARIE- ces justif.,N« XCVI). En 1750, il pas-
ANNE, bàpt. le 42 oct. 1681 ; sa à Jersey et eut pour successeur en
bàpt-. le 1--f mars 1638; — 3> PIERRE, Normandie le ministre Gautier.
4» MARIE, bapt. le

.,4 mars 1640, qui épousa en premières noces
Charles Michelin, eten secondes,eniioy.1673,
EttGAULT (JEAN), maître d'école
le peintre Bonaveniure Champion; 5» DA-
et lecteur del'église.proteslantedeMou-
V'ip'(16i4) mort eh bas âge; '<— 6» — GERMAIN, gpn, dans le Poitou, une des plus in-
bapt. le 19 août 1646; —7° CATHERiNE,bapt. téressantes victimes de la dragonnade
le 5 avr.1648; — 8° MARIE-JIADELAINE, née
le 16.juill. 1649, mariée, le 26 fév. 1673; de 1684.
avec Thomas Lemoine, marchand de Rouen; Fils d'un instituteur, Jean Migaullem-
—9° ANNE, mariée, en juin 4 655, avec Jac- hrassala même profession que son père.
ques de.Mgugès, horloRer, lils de' Pierre de A l'âge de dix-huit ans, le 4 4. janvier
Maures, graveur? Poitiers.'
(1) Le peintre Jean Belle abjura 4 663, il épousa ElisabethFourestier,
.le 2 fév. 1664-, à l'âge de23ans. a Paris, et aussitôt après son mariage, il s'éta-
JWIG
— 415 — MIG
blit, comme maître d'écele,à Meullé.ll que lui-même. Il me demanda Corn-"
obtint, quelques années après, du sei- bien je voulais lui donner par jour, me
gneur de Mougon, la charge de notai- faisant entendre que, suivant ma libé-
re, qu'il remplit jusqu'en 1681. L'ar- ralité, OQ diminuerait plus ou moins le
rêt du Conseil du 28 juin 4681 (Voy. nombre des soldats qui seraient logés
Pièces justif., N'LXXXYIII), en lui en- chez moi. Quand jelui eus protesté que
levant cette place, porta le premier je n'avais réellement point d'argent à
coup au bonheur dont il jouissait au ma disposition^ sans s'émouvoir et de
sein d'une modeste aisance. Il alla se l'air le plus composé, il visita toutes
fixer à Mougon comme lecteur de l'é- les pièces de mon logement, examina
glise avec un traitement de 601.par an. les écuries, les coins et recoins, et s'é-
Malgré l'hostilité déclarée du curé, il y loigna. Quelques instants après, nous
vécut tranquille pendant quatre ou cinq vîmes arriver deux soldats qui exhibè-
mois, c'est-à-direjusqu'à ^arrivée des rent leurs billets de logement, et qui,
dragons.Laissons-lenous raconter lui- après avoir mis leurs chevaux dans mon
même la manière dont il fut traité par écurie, commandèrent un dîner, dont
les missionnaires bottés du grand roi. le menu aurait été, sans aucune exagé-
« II y avaitdéjà longtemps que la tem- ration, plusqup suffisant pour vingt per-
pête grondait autour de nous; mais sonnes. Tandis que nous étions à pré-
nous ne commençâmes à être nous- parer ce frugal repas, entrèrent, leurs
mêmes en butte à sa furie que le mar- billets de logement à la main, deux de
di, 22 août 4 681. Dans le courant de leurs camarades qui conduisirent éga-
là matinée, comme nous sortions de lement leurs montures à l'écurie; ils
l'église où nous venions de faire nos en étaient à peine sortis, qu'un autre
prières accoutumées, nous vîmes une soldat se présenta à son tour, et,après
troupe de cavalerie, commandée par avoir donné à son cheval tout ce qui
M. de La Brique, s'avancer vers nous était nécessaire, vint sans cérémonie
ah galop, prendre poste autour du ci- s'asseoir dans ma salle. La présence
metière, et par ses démonstrations por- et les avanies de cinq soldats, les plus
ter la terreur dans les âmes les plus insolents des hommes, aussi insatia-
courageuses. J'étais à peine rentré chez bles dans leurs demandes que féroces
moi que le quartier-maître se présenta, dans leurs manières, ne fut pas regar-
tenant à sa main un billet de logement, dée comme une vexation suffisante à
et, sans mettre pied à terre, nous de- l'égard d'un individu pauvre et inoffen-
manda du ton le plus absolu, si notre sif. » Le cinquièmefut presque aussi-
intention était de nous faire catholi- tôt suivi de quatre autres, et ceux-ci
ques...Sur l'assurance solemnelle qui de six nouveaux garnisaires, tous plus
lui fut donnée par votre excellente mè^ exigeants, plus brutaux les uns que les
reetpar moi, que nous ne voulions pas autres. Migault, persuadé que sa perte
changer de religion, il tourna bride et était jurée, prit la résolution de s'en-
se retira. » Migault avait pris la pré- fuir, et il y réussit avec l'assistance de
caution de renvoyer ses pensionnaires quelques dames catholiques, ses voi-
dans leurs familles, et d'éloigner ses sines, qui lui promirent solennelle-
propres enfants qu'il avait mis, ' les ment de rie point abandonner sa fem-
Uns chez ~N.mcàeLdBessière ou U.Ma- me, et de ne rien négliger pour lui pro-
gnen, ses nobles voisins, les autres curer les moyens d'aller le rejoindre
chez Jean et Louis Colon,ses parents. avant la fin du jour.
Il était donc resté seul au logis avec Dès que les dragons s'aperçurent de
sa femme. « Il n'y avait pas unemiuu- "son évasion, ils tournèrent leur fureur
te, conlinue-t-il, que le quartier-mai- contre sa femme, à peine relevée, de-sa
ire n'était plus à notre porte, lorsque dernière couche. «Les soldats, racon-
nous eûmes la visite de M. de La Bri- te-l-il,ne sefurent pas plutôt douté que
M1G 416 MIG

je n'étais plus en leur pouvoir, qu'un dats, le vicaire sort de la maison. »
d'eux suivit votre mère dans une cham- Pendant que les dragons déchar-
bre où, malgré des douleurs affreuses, geaient leur fureur sur les meubles de
elle s'était traînée pour y prendre le Migault, pillaient ses hardes,. dévo-
vin qu'ils demandaient, el, la frappant raient ou détruisaient ses provisions,
avec violence, la ramena dans la salle. il gagna avec sa femme, qui était allée
Là, cet homme, mêlant la plus barbare le rejoindre à l'entrée de la nuit, le
ironie à la plus révoltante férocité, re- château de Gacougnolle, appartenant
présenta qu'il fallait, dans son état, la à M. Magnen; mais, ne setrouvautpas
tenir le plus chaudement possible. On assez éloigné de ses persécuteurs, dès
la jeta dans un coin de la cheminée le lendemain il partit pour Niort. Delà
pendant qu'on y allumait le feu le plus il se rendit à La,Rochelle dans l'espoir
ardent. Les soldats se firent même un d'y trouver les moyens de fuir à l'étran-
jeu d'alimenter cette espèce de bûcher ger. Son attente fut déçue (1)^ en sorte
avec quelques-uns de nos meubles... que,ne sachant plus cpmmeutfaire sub-
L'ardeur du feu. était si insupportable sister sa nombreuse famille, il se dé-
que ces hommes eux-mêmes n'avaient cida à retourner à Mougon,d'où lesdra-
pas la force de rester auprès de la che- gons étaient sortis; mais dès le com-
minée, et qu'il fallait relever toutes les rnencementd'oetobre, les terribles mis-
deux ou trois minutes celui qui était sionnaires reparurent à Thorigné. Saisi
placé près devotre mère.» Cette femme d'épouvante, Migault prit à là hâte ses
héroïque supporta cet. affreux supplice dispositionspour s'enfuir. Mais la haine
avec une admirable fermeté, jusqu'à ce du curé veillait. Au moment oùil allait
que la nature trahît son courage ; elle se mettre en route, sa demeure fut en-
finit par s'évanouir. Ce fut dans ce mo- vahie. Par bonheur il était absent. Sa
ment que le vicaire catholique, averti femme et ses enfants réussirent à s'es-
du traitement qu'on lui faisait subir, quiver de leur côté ; il eh fut donc quitte
entra dans la salle, et, usant de l'in- pour la perte du peu qui lui restait de
fluence que lui donnait son caractère, son ancienne aisance : tout fut vendu
l'arracha d'entre les mains de ses bour- ou brisé jusqu'aux portes et aux fenê-
reaux, après s'être toutefois engagé à tres. Il trouva un asile dans le château
la leur remettre, si, par ses exhorta- deW" deLa Bessière, femme vraiment
tions, il ne parvenait pas à la conver- chrétienne, « qui se hâla de lui en en-
tir, il conduisit la pauvre femme à moi- voyer les clefs, et mit à sa disposition
tié morte daus une chambre écartée et son blé, son vin, et son bois. »
l'abandonna aux soins des dames qui ^Quelques semaines après, les dra-
avaient promis à Migault de veiller sur gons furent retirés du Poitou, «au re-
elle. «Aussitôt, avec autant de-promp- gretnon déguisé d'une infinité de gens
titude que de résolution, elles l'ém- qui n'avaient pas encore achevé dé mon-
mènentdans leur propremaisoh par une ter leurs maisons eu meubles, et leurs
porte dérobée, la. montent, non sans fermes en bestiaux. » Le résultat que
beaucoup de peine,dansle grenier.et, se proposaient Marillac et Louvois n'a-
après l'avoir Cachée sous du linge qui vait été atteint qu'en partie. Sous l'im-
se trouvait là par hasard, elles revien- pression de la terreur causée par les
nent auprès du vicaire. Où est ma pri- barbaries des soldats, il y avait eu des
sonnière ? leur demande-t-ii. — Elle conversions nombreuses ; mais, d'un
n'est plus au pouvoir de ces monstres autre côté, une foule de Protestants a-
à figure humaine, telle fut leur répon-
se.—Eh bien doue,reprend M. Billon, (1) La foule était grande de ceux qui cher-
que le Toul-Puissant lui accorde, à elle chaient à sortir de France. Dans les six der-
et à son mari, sa miséricordieusepro- niers mois de 1681,174 personnes passèrent
de La Rochelle en Angleterre ou en Hollande
tection! Ét,sans prendre congé des sol- tSuppl. franc. 4026. 1).
MIG -417 MIG

vaienl résisté avec courage aux dra- qu'il se préparait à retourner dans un
gons et donné d'admirables exemples lieu où il avait tant souffert, aussi s'es-
de fermeté et de constance (1). tima-t-il heureux, lorsque le consis-
Croyant ne plus rien avoir à craindre toire de Mauzé. dont l'église se soutint
de ces hôtes odieux, Migault songea à une des dernières par la protection de
rassembler sa famille et à regagner sa la duchesse de Zell, lui offrit la place
demeure dévastée. Ce n'élaUpas tou- de son ancien instituteur, qui avait apos-
tefois sans une certaine répugnance tasie. 11 se rendit dans cette petite vil-
(1) Benoît apublié une liste, nécessaire- le de l'Aunis (4), le 34 janv. 4 682, et
ment fort incomplète, de ces confesseurs ;
cous la reproduisons. ' Bacconeau, Catherine Barri, Jacques Baudron,
LISTE DES PROTESTANTS DD POITOU PERSÉCUTÉS Baussatran,ministre,André Bcllol et sa femme,
Bienaimé et sa lemme, Boisrecept, Abr Bou-
PAR MARILLAC EN 1681. leslier, Pierre Bourse, P. Boulet, Gaillard,
1' Aulnay: Charles Bigot, J. Broussard, Franc. Chappenaire, Michel Damin, J. Davion,
Champion, ministre,Fradin, Claude Gourjault, Elisée Fofibaud, Fougère, fem. /. Gejfré,
Marie Ingrand, LaTessiére, Ch.LcMarêchal, Simon Gellel, François Girardin et sa femme,
.

Les Ypeaux, J. Micheau. Jeanne Micheau, Susanne Groutain, Marie Guillon, André Ja-
âgée de 72 ans, J. Migault el sa femme, Mo- main et ses filles, La Borie, La Conlie,LaMi-
reau, J.Koquet, Pain, Pillot, Dan. Renault, niére. André Langle, La Perrière, de La Rive-
fem. Renault; — 2" Cberveux: J. Allard. rie, Susanne Laurens, Isaac Lestrogon, Jean'
P. Barré, mm. J. Boni, P. Bonneau, Josué ne Madier, Isaac Mande, Et. Menuet, Louise
Casimir, P. Douzil-Fiefdelouard, J. Dumas, Menuet, J. Messeau, André Moniet, Ant. Mo-
fera. J. Goissard,P. de Lagault,Jacq.Lami, mel et sa femme, André.Morissel, Mane Pa-
G. Lelong, J.Lelong, veuve Marchand, P.Mi- pel, Marie Petit, Louise Panneau, J. Porte-
vaud, E/ieNau, J.Nau, Médard Odée, P.Pru- non, Isaac Pouvreau, P.Quintard, P Renvoi-
neau, P. Texier;—3° Civrai: Boisragon,fem. Tel, fem. L Robreau, fille Sansise, Ban. Trou-
Charnier, Meusnier, Franc. Moreau, Jacq.Mo- lé;— 9° Rom: Bernard, Catherine Bagnard,
rèau, .1. Rivaud, Rireau-Cuillelrie, avocat, Braud, Colineau, Cousin, Duranteau, Olivier
Siral. Tandron,fem. Thoreau,Vaugelade aîné, Fruehard, fem. Geberl, Lauvergnal, Le Baron,
Varonnièie; — 4° Ecbiré: Abr. Bourdeljlarie Pierre Magot, Thomas Moussel, Jonas Picot,
Brussier, Gédéon Xoudault, veuve Qzanneau, fem. Servet, Jean Sionu, Jonas Sionu, P.Ver-
Marie Rambaud; — 5*Exoudun: Dan. Ayraud, ger, Veure.
P. Brunel, Dan. Fouchier, Isaac Fraigneau, (1)L'Aunis et la Saintonge avaient été trai-
Jacq. Fraigneau, Dan. Gaillard, Michel Geof- tées par Demuin comme le Poitou par Maril-
frion, Charles Guion, P.Marsault et sa li Ile, lac. Benoît a publié aussi une liste des victi-
veuve Martineau, Paul Moiuaull, J. Morisson, mes de cette première dragonnade; la voici.
les enfants de P. Ochier, veuve Oger,Susanne
Parpais, J. Pellelreau, Méri Perrin el sa LISTE DES PROTESTANTS DE LA SAINTONGE
femme, Susanne Pervelle, J. Quille, André PERSÉCUTÉS PAR MUIK EN 1681.
Richard,Michel Roi, Dan.Sausé, Gilles Satizé, 1°Ile. de Ré. C. Ayraull, Barbol, Baudouin,
J. Sauzé, Paul Sauzé, El. Thoreau, L. Tou- Berleaud, F. Bertrand, Bouineau, Bou/onnier,
bnrd, Isaao Vandier, — 6" Lusiguan: Aumos- J. Boulet, Richard Brameri, P. Bulaud,lsdac
nier, fem. P. Bonnifel,Brian,Marie Burgeaud, Charrier, ùcChézaulx, t.osson,G. Colhonneau,
Dan. Cailli, Couche. J. Geberl, Jacq. Guilon, Isaac Du Pont, Bu Thay, Fleurisson, France,
Josué Joulain, J. Landepain,J. Lesnet, Jonas J. Gallois, Ch. Gaulereau, Grégoire Goujon,
Lesnel, J. Léveillé, Liège aîné, J. Liège, Grain,P. Jalleau, Pli/. Janvier, El. Jouncau,
Jortas Macouin, J- Morin, Jacq. Pegain, de Lofons, de La Porte, Le Cercler, Dan.Mas-
P. Poynel,Rivoud, Robin, Thoreau, Tribert;— son, Martin, Franc. Métayer, Jacq. Métayer,
T Melle: P. Audon, J Autanneau, Boulier, Richard Pollevinière, P. Proust, Nie. Rappé,
veuve l'an. Bernardin, Blanchard, Jacq. Bou- And. Ribouleau, Samson, Et. Sorrel, J. Val-
ehé,Etie Boulet, Franc. Brun, Jacg. Charde- îeau, P. Valleau, Louise Villcneau, P. Ville?
/oit,avocat, veuve Co/in, trois tilles Drouineau, ncau ; — 2" La Rochelle: Alaire, Amelot,
véuvé Du Puy-de-Ferrandrie, J. d'Empure, Androuin, Bailli,. Louis Bamilel, Baulol,
,
Olivier Fraschier, Anne Fesli, Louis Gilbert, Paul Bion, Bonnin, Bouhereau, Chaillé, Cos-
enquêteur, Abr Girard, Elie Girard, J Goi- sonneau, J Cousol, Catherine Essouan, Fon-
zet, Louis Gouet, Ch. Gourjaull, Groussard, jiereau, Marguerite Garileau, Jeanne Gautier,
Ban. Guesleau, Elisabeth Huan, Magneron, Elisabeth Gourdon, J. Gourgeaull, P Guéri,
veuve Maneeau, J. Martin, veuve Mée^Mi- Guiberl. Susanne Guileau, Journault, La Lai-
cheau frères, Jeanne Micheau, Catherine Mi- gne-Sle-Ilermine, Massiou,Mercier, J.Michau,
naud.Missandeau, P. Morin, J. Molhi/lon, J Monluuban, Moussaud, A'Olbreuse, Papin,
Anth. deNiorl, Léonore Nourri, René Richard, J. Pavillon, Jacq. Piron, Franc. Pouvteau,
René de Saint Léger, P. Servant,P. Souche, Henri de Banques,Regnard, Susanne Richard,
Jeanne Suz-et, Susanne Thomas, Georg. Tuant; Dan. Rivet, Guil. Roche, Saint-Mard, Saint-
André Viclor,Jacques Soullice, Tharai; — 3° Loca-
— 8° Niort: Jacquelte Audebrun,
T. VII. iJ
Mfè
MIG' «. 4I8-— ,
&m èfto'ié.cû'nip'tàhiëriiû't un ti'ès-'gràh'd m enïàhlssëtroûvàlëiit Slô'M'jJi'ësijtti
n-rjfnbre-a'êlèVëliLepfo'flùît 3ësoiî trà^.. 'àui'oiïT
tous réunis de liri. «,Les dra-»
va'il suffisait amplementà l?ëhtrëtieh de go.ns i ràc6fjfè-t-ilj battaient lé paye
s;i faniillé; mais de nouvelles épreuves d'un h'oUÏ à'l'autre, ët.jes jjé'rsppnes
l-'àttëhdaiëht. Sa fëm'ine mbtirut;ie .28 que leur humanité.pt leurs dispositibris
fév: «Sa',- dés suites' d'une Couche * hospitalières, rendaient suspectes aV
dâïïs' tés sëhtimëhté;ïes-plùs touchants vaient à essuyer, lotis les jours. des
d-unê piëie vjvè et sincère. A peine l'à- visites domiciliaires. C'était s'exposer
vait-il ilêposeè, dans la.,t0nibë:qû''ohlùi aux,plus grands dangers que.d'accorder
signifia la Déclaration du 14 janv.4 683,' un asile à un malheureux fugitif. Là
fanant défense à ,tout instituteur,|fp;- térreUr planait sur. tô'utés les têtes : le
tèstant §e-rëçevpir' fjë's pensionnaires, frère osait, à peine ouvrir. Sa maison à
là douleur,tjii'il .éprouvait de là perte son frère.» Dans sa détresse,.Migault
d||à fernftie; le, rendit jirësq_pelrisën- prit.lè.parti de retourner àLaïipchelle
sible.à cécp'jjip iïnpfevu. Il.së;soumit:eh pour ..tâcher'- d'y trouver les moyens
plaçant ses six pensionnaires dans des d'émigrer;.màis; dès le'lendemain de
fanfitles protestantes.de.ià^yillé>'•, mais spn, arrivée, il fut arrêté comme, sus-
y^iâ ïïi? faisait Jas; le çompie (le Bar- pect e't.jeté en prison. «On me condui-
&éiA;l'instituteur apostat, quile.fit ci- sit, rapporte-t-il, à.la tour Saint-Nico-
.

ter d.ëvaritle juge; l'accusant,- d'éluder las, ;ètrpn m'y enferma tout eh haut,
Iëëii|s(ipsïiïè|ft.à'.âQ,.lïi.âëGlafajiiopî.du foi: ilan's un petit étage qui, .avec, beaucoup
C;ëtlëafeirè.toùtefolsiVeuiàuc'unes;Ui- d autres,- s'ont dans l'épaisseur dës-'m'ù-
ie:. L'école.ne devait-elle pas disparaî- râ'illes; et, quoique, .dans çë trou, je
tre avec l'ëglisë; et lesthesurëï déplus M'eusse .'pas assez d'espace .pour m'y
...plus Violentes au gouvernement pouvoir coucher tout au lpngpour dùr-
en
n'annonçàient-elles pas la.-ruinepfo- niir; qûè; pendant trois ou quatre se-
chàin'e de l'hérésie en' FrânCe ?L'è'.çler- maines, j.en'yyissè ni.fèu ni c.hànâel'ië;
,gé.,romainpouvait patiepler_un pëU. qu'il fit.un extrême froid., et que je ne
r:...Parmi les Protestants; eux-mêmes; pusse inè promener ppurmè rëçjiàuffer
lès.:mo.ihs(clairvbyânts S'attendaient à m voir. le jour que.pa'r un petit trou;
tin'e catàstropliè. Migaïïït prit ses me- çepè'ndànt.j'y élois assez bien de toute
sures ëh, conséquence. Jl.cbhp.lia ses manière pour y pouvoir vivre deUx,
élèves,,.dispersa.sa:famille chez.quel- même plusieurs, années, attendu que
ijuesi .geritils'h.pmmes.dù ypisinàgè, et trois de mes.amis,.q.ui sont Wâ.:.Elie
resta sèùî4 Mauzé,.-.altènflàflt'iësévé-.. Hérault, Jacg. Martin etDavid Bion,
nements.';Al'âr,riyéëi,dèé ffragoris., le prènoiènl un soin particulier de.m'èn-
23..sept...4ëS^,_il.se.pta de quitter sa yo'yer. chaque jëùr ce. qui.m'éioit né-
jhaison,qui fut saccagée ;on n'y laissa cessaire.» Quelques jours', après son
que lès quatre ihurs, Pendant un mois; arrestation, il rebut là visite de sa fille
il. erra çà et làV>.|è, ëaCpirt lejbuf,. ne Jeànnelon. «Elle .m'apprit,ttconle-
voyageant .que là n uft, et ne demeurai!t t-ii.à ses enfants;.à.qui il.adresse son
jàihâis plus dé quàrarite -huit heures JournaL, elle m'apprit l'état dé.vous
dansle mê.mëlièu; Il finit par trouver tous,, et comme .Anne étoit.allée, en
linaliie chèi M.. d'Ôlbfeuse, qui le fit Poitou, Marie et Elisabeth hors de la
passer, pour son intendant; mais la maison où je les a-v-ois mises, sans que
Déclaration du 4,4 jàhv: 4 6$6 lui ëh- personne voulût ou osât les recevoir;
leya; ce dernier abri et lé jeta dans des Jean et Philémpn retournés à Ôlbreuse
angoisses d'autantpluspoignàntes,que sans oser de jour entrer dans aucune
maison. Et elle,; qui, nie parlait, ajouta
lites, iriûésigliées : Bôutcrcan, de. Brùeilha'ç, qu^à son retour, elle ne savoit à qui
Hugues- Coçheran., Simon pu .Port,. Joseph
Ecclcf,Gùiberi, Là FiJrestjminislrëïLiScïgni-
.
s'adresser; personne ne voulant aucun
nière - Pognan, Majoiij ministre, Roitlin. d'eux.» Pendant (rois semaines Mi-
MIG m MÎG
iâtiit rlïliltàùst isisûrl de à fille gi à il ayisSa.^êe Mi lëé eêràiJêgBBrii
lés.pfiefeË; malBî.kpi'èl sefl .dépkfi, lé lie sa,fùlis '(*), kli iervlêe uivliis. it, !ë
triste tableau qu'elle lui avait mis sous vendredi.suivàritj Spr&ê tin.ëerrîiëh dé
les yeux se,rèprésentantplus vivement circonstance prononcé pai- Gilbert,
à.spn imagination,. « l'affection char- Ceux d'entré eux qui avaient.eh la fai-
jielie.et naturelle» triompha, «etil eut la blesse d'abjurer firent .une ephfessioh
lâcheté d'écrire, son nom au bas d'un publique de.letirpéché etfurêntreçon-
papier qu'où., lui présenta à, signer; » cil.iés avec l'Eglise-. Migault alla s'êt.a.
après quoi, on le, mit en liberté (]). blir ensuite à. Amsterdam d'où il fut
-,

« J'avais, ,eonlinue-t-il, trouvé, dans appelé, en 1.696, comme lecteur de


-
nies craintes pour ma propre sûreté; l'église française et in'slitrjtëùi. à.Emb-
etdahs.lps alarmés dont mon esprit flen. 11 remplit ces modestes fdnpiions
était.agité poùr.mâ famille, lès raisons avec zélé jusqu'à, sa mort, arrivée en
les plus plausibles pour nié faire, envi- 4 707. Sa. ji.remière femme lui avait
sager celte Signature comme l'acte le donné quatorze enfants : .4 ° ASNÈ, h'éé
plus innocent; .niais, ceux qui rnë.gàr- le49 fév. 4664; ^-2° Louis, moriau
daient n'eurent pas plus toi ;,dispai;y, berceau; — 3° JÈASNË,.néeié 4 2 mars
je n'eus pas plus lût recouvré hia.li- .1 '667.Gouvernante dans une familiedé
bèrlé, que je me sentis le niépris le La Rochelle, elle resta en France lors
plus.profond pour tous les soplîismes de lafuitè-de son père; mais elle, alla
_qui m'avaient trompé, fasciné, et je vis je rejoindre en Hollande quelques mois
mon péché dans toute sa difformité et après;—4°JÀëQUÈs,néie 3 avr.166S,
sa noirceur.». Dès lors toutes ses pen- qui. réussjt à franchir la frontière, lors-
séës tendirentversunbut.unique: trou- qu'on arrêta M-, de ChaVan sur là roule
. ver,les
moyens de sortir dèFrahcé.Une dès Pays-Bas,.et.__agna heureusement
première tentative avorta par là vigi- Àmstérdam;-^5°GABiuËL,né, le. 22 juin
lance des bateaux garde-cûtes : des 4 669, que. le pasteur La Forest em-
soixante - quinze personnes réunies mena-aveçluien Allemagne;—-6°jEiN,,
pour s'embarquer, quatorze, au nombre
,
né le 2 sept. 4 670, dont l'inconduile
desquelles étaient ,Migault et ses,en- causa de grands chagrins à son père, et
fants, restèrent sur, la plage et durent qui finit par passer à Saint-Domingue;
retourner à La Rochelle, où elles arri- 7°;P.HiLÉMpN, né le 14 oct, 167.1,
r-,
vèrent sans exciter de iso.upçons. Plus qui sortit de France avec M. d'Olbreu-
heureux une, autre, fois, il réussit à s.e;
rr-è" M.APJÎLAINË, hêè en 1673 et
atteindre, le 19 avril ,1,68,8, un vais- morte jeune;-^9° Louis, né le 4 janv.
10^J?iEhtiÈ, lié lé b mai
seau qui, après. Une longue et pénible 4 67o ; —
traversée, le déposa à La Brille,, lé 8 .676; —11° MAiiiE,. hèéie 16 juill.
mai. .Dès le lendemain, qui,était un 4/378,mariée, à Lubë'çk. avec Charles
dimanche, il partit pour Rotterdam,où. Êouel, .puis avec Henri Jàcqueau;—-
\ lvEusABETu, béé iè 9 Fév;,. 4 6.80; 'T—
"(1) ïlïaut que la situation jde là famille de 4 3° RENÉ, mort au berceau. Migault
Migault ait étébieii déplorable pour que sa fille affirme que lé, curé dé Mougon. voulut
Jeanne l'ait engagé elle-mêmeà abjurer, cor,
quelques mois, auparavant, elleavail résisté, faire jeter àùx.chiëhs le 'cprps.'de.'cët
avec un r.ourage au-dessus de son âge, aux enfant!--—14° OLIVIER, hé le 21. février
convertisseurs de Louis XIV. Arrêtée chez lëéé-. Pendant son .Séjour à.A'ms'tér-
un catholique qui avait bien voulu larecocil- dam,Migaïïlt. se remaria &\écEUsabëth
lir, c.t traînée chez le curé de Sai.nl-Maxire,
elle 'refusa cle signer un acte d'abjuration,
malgré-les menïces et les Violences des dra- (1) Parmi ceux qui l'accompagnèrent dans
sa fuite, Migânltcite,
, ,
le capitaine. Jaçqlet sa
gons. Le curé prit. ile. parti, d'inscrire : dans
l'acte qu'elle n'avait pas.signé parce qu'elle femme,. la faniilie boulin, Desbois jeune, là.
né.savait pâ's écrire; 'maïs l'intrépide, jeune vbuve 'préveréduet sa Dlle;M'»ect M'ie'db Chô'i-
i
-fillèprotèsta haute Voix contre ce mensonge, sy, Gavai et sa famille, Menegùerre, WpcBa-.
liaull,. Abel Bonnet et son Jil's, Jean Billot,
on décla'rajit que si elle ne signait pas, c'est Louis Chatleverre, Jean Marins.
qu'elle voulait rester fidèle a sa croyance.
MIL 420 MIL
Cacouaud, veuve de Picwe Chai- tuellement, en conservant l'étrangeté
gneau, de La Rochelle, qui lui donna du style, nous apprend dans quel esprit
néële d'équité le procureur du. roi procéda à
encore deux enfants: MAUELAINE,
22 févf. 4 692 et morte, en -4 7S0, dans cette enquête : « J'ay instruit, écrivit-"
le Holstein; etFitANçois-Louis, né le il quelques jours après à Foucault,
3 fév. 4 694, qui alfa s'établir au cap cest affaire avec toute l'aplication dont
de Bonne-Espérance, où il mourut. j'ay esté capable tant pourTinterèst de
' On a publié, d'après un msc. trouvé la religion que celuy du roy. A l'égard
dans une masure du faubourg de Spi- delà religion, ceste interdiction est de
talfields, à Londres, et sous le titre la dernière conséquence, puisque les
de Journal de Jean Migault ou Mal- procureurs de la R. P: R. font subsis-
heurs d'une famille protestante du ter plus de trente advocats de leur reli-
Poitou à l'époque de larévocation de gion par les affaires qui(s«c)leur mettent
Védit de Nantes, Paris, 4 825; Niort, en main, et laissent nos advocats catho-
4 840, in-4 2, une relation fort émou- liques sans employ,6utreque si cespro-
vante de tout Ce que le pauvre insti- cureursdelaR.P.R.sontinleidils,ilya
tuteur protestant eut à souffrir. Cet beaucoupdes(sic) advocats catholiques
écrit, qui confirme ce que l'on savait aux environsde Montaubanqui n'atten-
déjà par l'Histoire de la révocation de dent que ceste interdiction pour venir
l'édit de Nantes, en y ajoutant de nou- résider eh ville,et les procureurs catho-
veaux et intéressants détails, offre un liques qui restent seront occupés au
tableau douloureux des horreurs Com- lieu qu'ils nefonl rien, parce que Mon-
mises dans lePoitoupar les dragons. La tauban et le ressort du sénéchal est
3e édit., publiée, par M. le pasteur de (sic) remply des (sic) religionuaires
Bray, à Paris, 4 854, in-12, a été amé- qui ne se servent que des procureurs
liorée d'après une copie msc. que possè- etadvocalsdelëurreligion, ce qui n'ar-
de M. Houel, pasteur à Groote-Lindt, rivera point si les procureurs sont in-
descendant, par les femmes, de J. terdits, et il faudra que les religionuai-
Migault. Cejournalcommence.aumois res passent par les mains des catholi-
dejaUv. 4663 etfinitau mois'de sept. ques, puisque nos procureurs ne se
'1689. On doit regretter que les pre- serviront que des adyocals catholi-
miers éditeurs aient eu le mauvais goût ques.» Le zélé procureur ne s'étendail
de travestir à la moderne le vieux et pas aussi longuement sur l'intérêt du
naïf style de l'instituteur poitevin. roi: il se contentait d'établirqueS.M.
,: MIL A (JEAN), procureurà Montau- avait le droit de disposer des emplois
ban,victime d'une des plus criantes ini- des sept procureurs comme il lui plai-
quités du gouvernement de Louis XIV. rait. Avec d'aussi excellents principes,
En 1681, le syndic du clergé présen- le digne magistrat dut faire son che-
ta à Foucauld une requête tendant à ce min. Foucault, tout ardent ennemi
que défense fût faite à Jean Mila, Jean qu'il se monlraitd'une religion qui dé-
Causse,Pierre Dumas, Daniel Pages, plaisait au maître, éprouva quelques
DavidCaminel.DavidVillaretetPaul scrupules à dépouiller de leurs char-
Belvèze, tous procureurs au présidial, ges Causse et Dumas, dont les titres,
d'exercerleurs fonctions à l'avenir, sous disait-il, étaient inattaquables. Quant
prétexte qUe leurs provisions avaient aux quatre autres, il n'hésita pas à dé-
été surprises. Le fameux intendant or- clarer leurs provisions subreplices, et
donna, en conséquence, aux sept pro- les destitua. Belvèze adressa une re-
cureurs huguenots de rapporter leurs quête au roi el prouva, pièces en main,
titres et provisions, qu'il remit au pro- qu'il exerçait son emploi depuis 1659,
cureur du roi Lafitau pour qu'il four- et qu'ayant déjà été inquiété dans ses
nît des contredits. Lalettre suivante de fonctions, il avait obtenu trois arrêts,
Lafitau. que nous reprpduisons tex- un de l'intendant et deux du Conseil,
MIL — 421 — M1M
'autorisant à exercer sa charge et dé- mène, moins rare qu'on ne pourrait le
fendant de le troubler dans son office croire, là pusillanimité.dont il avait
(Arch. gén, TT. 253). Il est proba- toujours donné des preuvesse changea
ble que la destitution qui frappa les en un courageintrépide(4). Il confessa
trois autres n'était pas moins inique, hautement sa foi et fut envoyé au hû-
bien qu'ils n'eussent pas fait, à ce qu'il cher. Arrivé sur la place Maubert, lieu
semble, des réclamations inutiles.Jean ordinaire de ces sortes d'exécutions,
Mila finit par se convertir, le 24 août « le bourreau lui mit une corde au col,
1685; mais, plus lard, if se repentit de et lui dit, s'il se vouloit desdire, qu'il
son apostasie et se sauva dans le Ha- seroit eslranglé; mais il fit response,
novre, où sa postérité existe encore. Non : car j'aime mieux souffrir une
Son frère, Bernard, conseiller au pré- heure, et m'en alleren paradis... Es-,
sidial, resta en France; cependant il tant guindé en l'air, il commença à
continua à professer la religion réfor- Chanter le.ps. LI. Et si tost que le feu
mée, ainsi que la plupart de ses des- fut allumé, il se print à la paillequ'on
cendants. Aujourd'hui la branche de lui avoit mise sous les aisselles, et in-
Montauban a pour chef Jean^Marc continent brusla toute sa barbe et ses
Mila-de-Cabarieu, ancien capitaine cheveux. Mais pour cela, il ne laissa de
exempt des gardes de la prévôté de continuer, voire ses pieds et ses jam-
l'hôtel et chevalier du Mérite militaire bes estoyeht desia toutes bruslées, qu'il
depuis 4 84 6, dont le fils aîné, HENRI, chantoitencores. Etfultousiours pendu
sous-préfet de Marennes, s'est allié en l'air, jusqu'à ce que la cordé estant
aux Guiot-du-Repaire, famille pro-
testante de Saintes. — La famille Mi-
la, d'origine espagnole, figure déjà à
la fin du xvi" siècle dans l'histoire des
expira. ».
bruslée, il tomba dans le grand feu et

' MMBIELLE (FRANÇOIS UE), com-


pagnon relieur, natif de Bordeaux, mais
églises. En 4 586, Jean de Mila fut habitant Aix, fut mis en jugement, en
nommé par Terride commandant du 4 635, par l'unique raison que l'on trou-
château de Monlbetou. va en sa possession un exemplaire du
M1LET (PIERRE), natif de Doux en Prosélyte évangclique, que Gilles
Champagne, marlyr-én 4 559. Après Gaillard venait de publier (Voy. Y, p.
avoir habité longtemps dans les envi- 198) à Orange. Par arrêt du 6 juin
rons de Dreux où il s'était marié, Mi- 1635, leparlementdeProvencele con-
let s'était établi à Paris et y exerçait la damna à trois années de bannissement
profession de marchand. C'était un de la province, «sansamende, attendu
homme pieux, charitable, mais crain- sa pauvreté. » Le livre fut brûlé par la
tif; aussi lorsque la persécution se re- main du bourreau, toute l'édition sup-
nouvela avec plus de fureur que ja- primée, avec défense de le réimprimer
mais après la paix de Câteau-Cambré- et de le vendre; enfin l'auteur, qui de-
sis, se bâta-t-il défaire sortir sa fa- meurait à Orange, décrété de prise de
mille de Paris. Pour lui, retenu par ses corps (Fonds de Brienne, N° 215).—
affaires, il se contenta de se cacher. Parmi les pasleurs du Béarn, il s'en
Néanmoins il fut pris dans la maison trouve plusieurs qui ont porté un nom
oùils'étaitretiré,pardes sergents ame- presque identique. Un, entre autres,
nés là par un tout autre motif, et con- Samuel Menvielle, ministre à Arlhès,
duit, comme suspect, à la conciergerie. a beaucoup occupé les synodes natio -
Le lieutenant-criminel ne trouvant au- naux. Il avait fait ses études à l'aca-
cune charge contre lui, allait le met- (1) Le même phénomène psychologique se
tre en liberté, lorsque l'ordre arriva de produisit, entre autres, chez Paul Millet, cor-
delier convertiauprotestantisme,quifutbrûlé
la Cour de ne relâcher aucun prison- a Lille en 156b,niais dont nousn'avons point
nier sans l'avoir examiné sur sa foi. •
â raconter le martyre, parce qu'il était nsjtjt
Milet se sentit perdu, et, par un phéno- des -Pays-Bas. -
— m —
MIR MIR
demie de Genève, où il avait été imma- la famille d'entre les serres du parle- <a
triculé en 4 613 (MSS. de Genève, ment de Grenoble, le digne émule de
celui de Toulouse en fait'de'fanatisme;
4 5J°), et il s'y était lié avec la'fille du
psi. certain, c'est que.Mir'andpne
libraire Jean. Le Fèvre par des pro- ce qui
messes de mariage que, sur la plainte fut pas condamné aux peines portées
du père, je Synode national de Vitré les édils et/qu'il réussit même plus
par
voulut le forcer de tenir, en lui ordon- tard à s'échapper du royaume {Ibid.
nant d'aller immédiatement à Genève
Tii'259).-'" '"
'MÈSÎSÏAN ouMlui)iANP, faipille nq-
se justifier devant le magistrat et «le-
ver lé blâmé de son ministère. » Men- bledu Ba's-L'ang'uédpc, divisée en'deux
viëlle refusa d'obéir, et le synode du branches., : qui. reconnaissaient pour
Béarn né prit aucune mesure''discipli- chefs,' dans la seconde moitié dn xyii0
siècle, ANTOINE de Mirman,; sieurde
.
naire, contre lui, en sorte que le Sy-
node national d'AIais, blâmant cette Rouhiac, et FRANÇOIS" de 'Mirman, sieur
indulgence', exhorta les pasteurs béar- DuFau, l'Un et l'autre fijs'dèGv,illau-
nais à interdire le rebelle jusqu'à ce ?)2fi'de'Mirnian, sieur de'Roubîac, mort
qu'il se fût soumis. Le synode du Béarn, après 4572. .-"
ne jugeant pas sans doute la faute bien La branche cadette ou Du FAU ne
'grà'yejpplint aucun compte du décret du nous est connue que par les Jugemens
Synode national.Cellerésisjancepassi- de la Noblesse, pu, nous lisons que
yeindighaleSynpdehal.ion.deCastres, François de Mirman testa en 1620. et
qui menaça dëromprel'unionavecles é- laissa deMargneritedè CuMères,qu'il
glises béarnaises; inàis celui de Charen- avait épousée en 4 574, deux fils nom-
tori, plus modéré, se contentasagement, més JEAN et JUSTIN. Jean, sieur de
ne pouvant rien obtenir de plus, cl'a- Lavagnac etlrésoriër de'France, épou-
bandoiiher Ménvielle à sa Conscience. sa Marie Grasset,''dç>nLi\ eut FRAN-
HÏIRAKÔE (JEAN DE), "juge'del'a- ÇOIS , baron de Florac, trésorier de
mirauté de La Rochelle, "descendait France à Montpellier, puis grand prévôt
d'une famille qui avait, de tout temps, du Languedoc, GABRIEL, FRANÇOIS,
donné des.preuves nombreuses,de son JEAN, CHARLES ét'PpNS-PiERRE, noms
attachement au 'protestantisme; Plu- que nous, ne nous sbuvëripns d'avoir
sieurs de ses/membres avaient figuré rencontrés dans aucune des listes de
hohpi'.ablemént.danslésAssembiéespe- .Réfugiés que nous avons eues entre
1 i liqu es et lësSy h od es nationaux com.m les. mains, ce.qui npus porté à croire
e
.députés' de Là Rochelle, et l'un d'eux que Cette famille abjura avant la révo-
avait rempli, avec VïUàrnoul, les cation. Quanta Justin, sieurI)u Fau,
fôiiclip'hs dp député'général. A la'révo-7 .qui testa en 1638, il .eut de son ma-
cation de l'édit' de Nantes,'Jean de Mi- riage •pieeAnne de Chastaigne, deux
ràndë, alors âgf d'environ 53 auS, you- frlS,jACQUEs, sieurDuT'au.et CHARLES,
1 ut fuir ; mais'trahi .sieur de La Tour.
par son guide, il fut
arrêté; lè-49 févr. 4686,:s,ur la fron- La branche aînée a joué un rôle plus
tière" de Ja' Suisse,, avec Sa femme A%r intéressant, Conseiller au sénéchal et -
ne dé Mirande, ses, deux fils JEAN- au présidial de Nismes. Antoine'de
lïEiini etFriÀNçois-GXsPAÛD,et ses deux Mirman épousa, le 6 fév. 1572, Del-
fiRés, MARIANNE "et MARIE. Accablés de phine df'Malmont, qui le rendit père
m.àuyais traitements,' blessés même par d'un fils. Ce .fils, qui porta aussi le nom
1
es paysan s qui les en traînèrent da ns .d'ÀNTpiNE, fut élu premier consul dp
un cabaret elles fouillèrent «avec toute Nismes en 4 619 (ses collègues furent
J'indignïtë possible », ils furent jetés Jean Carbonnel, Jacq. Soulier gi
enfin dans les prisons de Grenoble Jean Batte), et, la même aimée, il
{Arch. gén. II. 671).Il est fort proha- assista .à l'assemblée de -Soinmièr.es-
ble qu'une abjuration feinte tira tpule . (Arçk.'gén, Tj, :32?). If testa en
MIR ^- 423 — MIR
4.625. Sa femme, Marie Boyer, lui au inonde, si j'eusse été d'humeur de
.donna trois enfants': deux filles, FÉ- m'a.c.commpder de la religion romaine.
LICE et JEANNE, et un iilsj 'FRANÇOIS, Mais comme j'étois convaincu qu'il -n*y
qui ipourut vers '46.56, laissant de avoit ppipt d'état si fâcheux jqiie celui
Susanne B'auddn, q'u'ïi avait épousée de manquer à ce qu'on doit à "Dieu, 'je
en 464.5, cinq enfants, dont quatrpnpùs pris le parti de le'glorifier par l'aban-
sont .'connus : '4° HENRI, qui suit; -i- don demes:biens,et de ma patrie.-); Il
2° FRANÇOIS, mort en 1692, capitaine vendit donc sa-vaisselle d'argent, seule
de cavalerie au service de'France; chose d.pnt ii- pût -disposer 'fang june
3b,StrsANNE, femme de Louis de Ban-
— autorisation ;du' gouvernement {Voy.
dan, qui sortit du royaume avec son Pièces juslif., N^ LXXÎyiIl); fit se>-
mari et succomba, à Berlin, aune lon- crètement niarché avec l.e.palrpii d'un,
gue maladie, le 30 juin 471ri;~— 4° bateau dîAgtle,-.qui se Chargea.-dé le
GABRIELLE, morte à Delft, en Hollande, transporter ;en.Espagne, etiparlita.c^
le 2 janv. 17,02 (4)." V ""••'-'" "
compagne, de ses deux "filjesi-de: leur
Né en 4 6f9, jienfi de Lprmaiid, sieur gouvernante -, - d'un vieux -se.riyiteur
de Bpubiac et del'estric,, et président « qui soupirpit,' aprèg ga- sortie:' de
à Nismes, remplissait les ' fonctions France,» de son amiSquriii, de ija.
d'ancien dans'l'église de cette yifie.
.
femme dé ce dernier et dp. ses..deux
Ce fut en cette qualité qu'il assista au fils, dont l'un devint pasteur àLa Haye
synode provincial "qui se tint à Nismes et l'autre à.Londres.,îa.troupe .fugîljye
en 1,678. Lorsque l'édit de Nantes fut atteignit heureusement l'e.ndr.oit.de.ia
révoqué, sa' femme venait de le laisser plage où lebateau l'attendait, ;dang.les
veuf avec deux petites filles, âgées environs de Cette; elfe- gagna le navire
l'une de sept et l'autre de .qùatreans sang être aperçue, eldébargiua.surlaler-
et demi. S'il est vrai, comme le ra- re.â'Espagnë,.où.les exilés: volontaires
conte Madame Du Npyer, que, sous le furent rp.çus ay,e.c; unebienveillance
coup de la première terreur, il ait signé compatissante par les habitants; et les
son abjuration, celte faiblesse, s'expli- autorités, Ajirèg un-séjour -,d.e.qn,elgnej
que par les difficultés presque irisur- semaines àBârceloniiêi où nos pauyjps
monlables que lui offrait là fuite avec r.éfugjés n'eurent. qu'à se;: lo|ier; .dès
deux enfants d'un âge si tendre. Bien- procédés du gou-y:erneur à l,eur.;égard<
tôt, d'ailleurs, le malheureux apo- Mirmand en partit: sur un vaisseaujaur
stat (c'est ainsi qu'il se qualifiait lui-¬ glais:qui faisaijf-ypile-ppurGèpegir tra-
même) éprouva des remords si cui- versa îaLombardije, -franchitl.é.Saiflt-
sants,- qu'il résolut de sortir de France Golhard elarriya enfinà Zuriéhj-h'ayanî
à tout prix. « Çieit me fit la grâce, plus que quatrelpuis d,eH'a.rgentqu;il
raçonte-t-il dans ses Mémoires; £_!)_, avait eniporté .dans. sa-fuite.« D.âns;j;e]t
d'envisager l'exil et la mendicité com- état si trisjëj sijiy.ant le monde^#Ui,
nen-seulemeni:j,e n'eus pag,-."un ino--
me 4ine (Chose qui étoit à préférer à
toutes les douceurs dont je-jp.uiSsp.s ment d,e,cha'grin,,-maisj.e.pu.is dire.qùe
en France, et qui auroient pu être con- jamais'je n'ai-euplùs.de_joi,e;-c.apilme
sidérablement augmentées par rappprt sembïoitqûe petté-epnjonplurëme, dpn-
npit'occasion de glorifier. Dieu d'iïiïe
(1) Nous avons trouvé dans les Pièces de nianiôre bien plus pui\e ïjue 3e n'âvpis
La I'.eynie,la-mention d.'unê 'Gabrielle d'e Mir-
mand, vieille et infirme, qui .était-convertie fait"jusp,u'a;lor|v» -.: -
' '.-. ' < '
en 468} (Suppl'. franc. 791.4). Il est difficile, Les habitants de Zurich et les Réfu-
deMirmând." - '''
d'admettre qd'il s'âïisscdé lf soeur "de Heriri
' '--:;• .:":•-;
(2) Ces Mémoires se conservent dans.sa fa-
giés, qui s'y étaient ' .él.a'hlis. en grand
nomhf.eaepueiil.irp,utMi|'man,d.ëP frère;.
mille.' M. Guilleberl, ancien pasieurà S.euclià- G.enefut.dpn.cpas.-.sans un a'menregret
tçl,qui descend,.lui aus.fj, dejiéfusté.s,-a.çiila qu'ïl-sevil forcé," p.av/la' nécessite;de
bonté de nous en -eiiï'qjr'er dé•'.Ipn'gj.i'Xirpi&j -ppurypir aux Iscspiiigde sa famille, .de
dont nous (îisons usage pour c'olto u'pUciî'. ,
MIR — 424 -—
MIR
quitter cette ville. Il se décida à deman- province, Jordan de Vaujaucourt en
der du service à l'électeur de Brande- Bourgogne, Murât de Marseille, La
hourg. L'électeur le reçut avec bonté Borîe d'Uzès, Chiron de Montélimart,
et le nomma conseiller d'ambassade, Paradet el Brouzet du Bas:Langue-
titre qui servait uniquement à dissimu- doc, Davin de Savignargues, La Por-
ler, aux yeux de la vanité, l'aumône te des Cevennes,'J. de Barthélémy des
que ce généreux prince faisait aux Ré- Cevënnes, La Faye de Loriol, Scof-
fugiés d'unecertaine classe. II retourna fier du Languedoc, ainsi que Modenx,
donc en Suisse pour chercher sa fa- CassionduDavyhiné, Bonnetdu Haut-
mille; mais il trouva à Zurich une let- Languedoc, Cairon de Gajarc. Lano-
tre de son beau-père, qui le détermina blessey futreprésenléepar de Vignol-
à s'y fixer. M. d'Audiffret promettait de les de Nismes, Isnard, sieur du Ter-
lui envoyer chaque année une somme rier, de Paris, Daliès-de-Caùssadedu
suffisante pour vivre honorablement, à Languedoc, Caille de Provence, Jeba-
condition qu'il n'emmènerait pas ses TOU AeDigoine de la
Bourgogne,Sffl-
enfants dans un pays aussiéloignéque Hilaire-Goulard delà Saintonge, La
le Brandebourg. Après avoir remercié Planche-Reynier du'Poilou, Loriol-
l'électeur de ses bontés pour lui, Mir- d'Asnières de la Bresse, Jauçourt-
mand s'établit à Zurich, «qui est, dit- Ausson,àelà Bourgogne, Saini-Just-
il, un des endroits du monde qui con- deLa Tour-de-Malerargues,du Lan-
vient le mieux aux Réfugiés, tant par guedoc, Jarjaye du Dauphiné; enfin
la vie retirée qu'on y mène que par les la bourgeoisie par Brousson, qui fut
hons exemples qu'on y a continuelle- chargé d'écrire la lettre de dépulation,
ment sous les yeux. » Jantial, avocat de Dijon, Domërc, an-
Cependant Paffiuence des Réfugiés cien de l'église de Montpellier, Etien-
en Suisse était énorme. Dans un seul ne Signoret de Lyon, Alibert de Gre-
mois de l'année 1687,il en passaprèsde noble, David Dumont de Lyon, Du
4000 par la ville de Zurich. La charge Clerc, médecin-,Masselles-Hérouard,
devint enfin trop lourde, pour les Can- Claparèdeàe Nismes, J.Peyrol, avo-
tons, qui songèrent à se débarrasser cat de Montpellier, de Monlilliok, an-
d'une partie de ces émigrants, en. les cien de l'église d'Annonay, el, Gloras
envoyant dans d'autres pays réformés. d'Annonay.
lise tint, à cette occasion, à Lausanne, ' On résolut d'envoyer deux députés à
en 1688, une assemblée, à laquelle as- Berlin, et on offrit cette mission hono-
sistèrent les plus notables d'entre les rable àMirmand,à qui onadjoignit/eoet
Réfugiés de la Suisse, afin d'aviser aux Bernard, ancien pasteur de Manos-
moyens de procurer un asile à celte que(1). « Il fallut céder, raconte Mir-
foule.de malheureux. Les pasteurs s'y mand, et merésoudre à faire ce voyage,
trouvèrent en majorité. On y remar- dontj'étois en liberté de diminUerlalon-
quait Barbeyrac, ancien pasteur de gueur, en substituant quelqu'un à ma
Montagnac, qui fut appelé au fauteuil place, suivant lepouvoir que m'en don-
de la présidence, Perraultdelà No- noit l'acte de notre députation. Nous
cle, Portai de La Salle, Gautier de partîmes donc de Zurich, le 4 0 mai 4 688,
Dijon, Julien du Dauphiné, L. Vignes et nous nous rendîmes à Berlin, après
de Serres, Guybert de La Rochelle, avoir passé en plusieurs Cours d'Alle-
Malplach d'Anduze, Clarion du Bas- magne. J'apprins, dans la route, avecun
Languedoc, Bruguière de Calvisson, déplaisir extrême la mort de notre in-
Vincent du Languedoc, Noguier de comparable électeur ; mais j'eus la con-
Sainl-Chaptes, Quinquiry du Langue- solation de trouver en la personne de
doc, Vigot de Parentignat, LaVergne
du Poitou, Labrune du Bas-Langue- (1) Selon ÇourtafSS. N°42), ce Jean Ber-
doc, Grisot et Durand de la même nard a fait imprimer un Sermon aSainte-Gall,
en16S6.
MIR
— 425 — MIR
son successeur les mêmes sentimens Il trouva à Zurich sa mère, qui était
de charité qn'avoit son auguste père.» parvenue à sortir de France, malgré
Le nouvel électeur s'engagea, en effet, son grand âge. La joie que sa présence
à faire tout ce qui dépendrait de lui lui causa fut empoisonnée par la mort
pour les Réfugiés etpromitàMirmand de sa fille cadette MARTHE, qui suc-
des lettres de recommandation pour les comba à une consomption,vers la fin de
autres souverains protestants. Les dé- 1689. Craignant pour la vie de sa fille
putés s'adressèrent, en conséquence, aînée, il la confia aux soins de M"0 de
au consistoire de l'église française et Saint-Renaud, qui s'était réfugiée
demandèrentqu'onleur adjoignît quel- à Genève; mais bientôt, ne la croyant
ques-unsdes Réfugiés duBrandebourg. pas en sûreté si près des frontières de
Une assemhlée se tint donc, le 21 juin, France, il la mit dans une pension à
à laquelle assistèrent les ministres An- Lausanne d'où il ne la retira qu'après
cïllon, Gaultier, Abbadie, à'Arlis, la mort de sa mère (4 mai 1690),pour
Baudan, Drouet, Vincent, Vâlentin la conduire, dans l'automne de4691,
et Beausobre, lesanciensde Venours, à Berlin auprès de sa soeur, M°e àeBau-
deMaxuel, de Montagnac; de Las, le dan.
médecin Gautier,à'Alençon,Burgeat, En 1692, il fut rappelé à Zurich par
Des Hommes, et de plus, quelques no- une lettre du pasteur Reboulet, lui an-
tables de l'église, de Faugières, de nonçant avec désespoir que les Fran-
Grema, Du Puy, le juge Ancillon, çais réfugiés avaient reçu l'ordre de
Schomberg, d'Êspence, de Streif, quitter incessamment le canton «à cau-
d'Anché, de Chandieu, de Monbre- se delà cherté des vivres»,quisoule-
lay, de Larrey, de Pluviane, de Ju- vail les plaintes des habitants. Mir-
lien, le médecin Brazy, Cayart, Le mand s'empressa de se rendre à ce pres-
Bachellè, Mounot, Simson, l'orfèvre sant appel, quoiqu'il n'espérât aucun
Girard Micheau, Grimaudét, Heu- succès de ses sollicitations auprès des
chelin, Coulez, Colin, Besnard, le magislrats zurichois. Contre son alleu-
procureur Martin, le chirurgien Ger- te, il obtint la révocation de cet ordre
vaise, Tournoi, le peiutre Ramonden, cruel; cependant les Réfugiés, pleins
Biet, de Beaumont, Persodé, l'avocat d'inquiétude pour l'avenir, songèrent
de Las, l'orfèvre Gaillard. Le mar- à aller s'établir en Irlande, « dont on
quis de Cbandieu, deYenours, de Bé- leurparloit comme du pays de Canaan.»
ville, de Julien, de Beaumont el le ca C'est encore Mirmand qui se chargea
pilaine Gissay furent piiés de se join- de celte négociation. Il partit pour Bre-
dre aux deux députés des Réfugiés de da où se trouvaitle roi Guillaume, et à
la Suisse (MSS. de Courte" 28) pour la suite d'une entrevue qu'il eut avec
aller, conjointement avec eux, remer- ce prince, il se rendit à Londres pour
cier les princes protestants de ce qu'ils travailler avec Gallontay à la mise à
avaient déjà fait en faveur des Français exécution d'un projet que le manque
fugitifs et les prier de fonder de nou- de ressources pécuniaires devait faire
velles colonies dans leurs Etats, ou échouer, ainsi qu'il l'avait prévu tout
d'autoriser, au moins, des collectes qui d'abord.
facilitassent leur élablissemenlailleurs. Nous ne pouvons suivre Mirmand
De Mirmand fut plus spécialement char- dans toutes les démarches où l'entraî-
,

gé de visiter la Hollande. Il y arriva au nèrent son ardente piété et son inépui-


moment même où le prince d'Orange sable charité, soit dans l'intérêt des Ré-
allait s'embarquer pour son expédition fugiés en général, soit dans celui de
d'Angleterre. Cette circonstance fâ- quelques particuliers, à qui la haute es-
cheuse, jointeàunefièvre violente dont time dont il jouissait auprès des Puis-
il fut attaqué peu de temps après son sances protestantes le mit en état de
arrivée, le décida à retourner en Suisse, rendre d'importants services. C'est ain-
MIR 426 MIS
— —
si qu'à sa sollicitation, les Etals-Géné- Sa seconde femme, qui avait déjà at-
raux deliollande, dont la bienveillance teint un âge
avancé, ne lui ayant pas
envers les Réfugiés ne se démentit ja- donné d'enfants, Mirmand ne laissa
mais, volèrent un sutside'annuel de qu'une fille,: née de son premier maria-
20,000 écus pour l'entretien de 185 ge avec Marthe d'Audifret. Cettefille,
officiers qui avaient servi en Piémont, nommée MARGUERITE,'épousa àWesel,
à la solde de l'Angleterre, etqui, licen- au mois de mars 1698, Charles de Ca-
ciés après la conclusion de la paix, «se brol, sieur de Travanel (1 ), mort à Mag-
frpuvoient réduits à une telle extrémité deb.ourg, le 18 fév. 4 704, père d'une
que plusieurs d'entr'eux passoient le fille unique, HENRIETTE, qui fut la fem-
jour avec un pain de deux liards qu'ils me du 'trésorier général Jpsué Cbam-
Vïl.oient grignoter clans le bois dé La hrier. C'est pour cette dame que Mirmand
Haye. » écrivit ses Mémoires. Trois ans après
Ce fut pendant un de ces voyages'en la mort de son premier mari, Mmede Ca-
Hollande que Mirmand fit la connais-
.
brol seremaria avec Frédéric Bèran-
sance, d'Anne-Françoise Thioult- der ger-deXange (Voy.YI, p. 264); ce
La Luzerne (1), qu'il épousa en 470,0. mariage resta stérile.
Après son mariage, -jl quitta "Wesei, r«iïSATIïÉÈ.(TnÉopHiLE),auteurin-
qu'il habitait depuis quelques années, çorin'u d'une Apologie pour les églises
pour aller s'établira Prenzlow, auprès, réformées de France, où est ample-
de sa sceur, M™ 0 de Baudan. Il y vécut ment démontrée la justice des armes
pendant sept ans, menantun grandtrain prises par ceux de la Religion,pour
afin de se conformer aux goûts de sa leur nécessaire défense contre les en-
femme qui, dii-il, « vouloit se seryir nemis del'Eglise qui lesj)ersécutent
de son bien ppnr.sa commodité et pour sous le nom du roi, sans nom de lieu,
son bon plaisir aussi bien que pour se- de I-'impr. de Tjmothee Philadelphc,
courir les pauvres; » mais M™0.de Mir- 4,62,8, in-80.— Dang notre opinion,
mand étant mpite, le 34 mai 1708, il c'estThéophileBrachet-de-LaMillç-
renonça à un genre de vie dont s'ac- iièreÇfpy. ce'nom), gui s'est caché
commodait niai sa piété un ppu.exal- sous ce pseudonyme; peut-être même
tée, pour ne plus s'occuper que de'son cèlivre n'est-il.qu'tine réimp., sous un
salul'e. d'oeùvres Je bienfaisance. Eii autre titre et avec des changements, de
4712,' des affaires de famille l'ayant son Discours des vrayes raisons, etc.
appelé^ Neuchâlel, ilprit lu résplulipii Le.sujetde l'un et de l'autre ouvrageest
de':se fixer auprès de sa'filjel Sauf quel- au moins le m finie.
ques voyages entrepris , 'malgré l.és 3ïïSSpN: (JACQUES), ministreprotes-
souffrances que lui causait la-gravelle,' tant "à"'Sàirilé-'Mère-Eglis'e, en 4660,
soi't dans le désir ,de rendre service a ëlait peut-être fils d'un autre Jacques
des apiig ou dé venir en aide à des'co- Misson (a-liàs Muisson),qui desservait
religionnaires dans la détresse, soit l'église dp Lisy, en 4 649. il est auteur
dans le vain espoir de rentrer en pos- d'un sermon sur Cànt. 1, .8, qui a été
session d'une partie au moinsd.esbiens publié sous ce titre : L'Eglise en son
qu'il avait laissés en France, il conti- deuil et en sa beauté, Qnévilly,167.0,
nua à habiter Neuchâlel, puis Morges, in-8", avec une Epîlre dédicajpirc à
où son gendre s'établit en '1716, jus- Mn,° de La Fontaine. Après avoir
renif
qu'à sa mort, arrivée en i'72-1 pli pendant 22 ans ses fonctions dans
la Normandie, il demanda, en 4 6S2,
(!) On trouve cité dans la Iiochcrelic des
nobles de Rorniandie,en 16tib(i)/SS. de l'Ar- son congé,et,l'ayant obtenu du synode
senal, Hisl. 7:51-1 .un Arthur-Antoine Thioult, provincialassembléà Quévilty, -il.alla
sieur de lluqueville, alors âgé de 2'9 ans,qui
paraît èlrereslé cii France';' mais déux'de- Cl) Ilavait abjuré en 16S3 (Arch. M. 6GJ-.;
uoist dansses listes d.é persécutés. ..
in'oisellesde Lu Luzerne sont citées par Be-
,-- -
mais il avait réussi plus'tara, "a sortir de
France. ...
'
,. • - ......
... -,: ,
MIS — W1 — MIS
desservir l'église de Niort (Arcli. gén. in-4°; trad en allem.j Leipz., 4701, 2
TT. 288). De son mariage avecJudith vol. in-S"; '4713, "3. vol. ïn-8».'--,Çè
Le Cérclernzonnënt, entre autreseh- voyage» d'une lecture amusante, ès(.
fa'nls,' MAXIIIJLÏÉ'N et ANNE-MARGUERITE
lin peu superficiel et abonde en raille-
qui, en 1074,. présentèrent au haptême ries contre l'Eglise romaine.
dans l'église de Sai'ntè-Mère-Eglise II. Mémoires et réservations faites
MaximilienLe Tousey, fils de Jacques, par un voyageur- en Angleterre,
.
La
siourde LaTalette (I).'' Haye, 1698, in-12"; trad.- en angl'.'.
Ce prénom dp Maximilien dpnné à Lond,, 171.9, in-8". "" ." "":,-'
son fils par Jacques Misson nous porte tll. Le théâtre sacré des Çévennes
à croirequ'il était uni par d'étroilsliens ou Récit des pmdiges arrivés dans
de parenté avec Maximilien Misson, cette partie du. Languedoc, et des
l'aulpur fort connu d'un Voyage en Ita- petits prhphèies,;Lanà., -1707, in-8'';
lie et du'-Théâtre,sacré dos Cevennes. publié,la même'année,,en anglais.—
Maximilien Misson passa en Angle- R.ecueiJ des dépositions d'unevingtaine
terre après la révocation (2). Chargé de personnes sur ce qu'elles orildit ou.
de l'éducation du jeune comte d'Âr- fait, vu ou entendu dans les Cevennes'.
ran, de la maison des ducs d'Ormond, Faut-il, avec Watt, ajouter à ses ou-
il l'accompagna, en 4 6S7, dans ses vrages: An.accouni of asulplinreous
voyages enHpilande, en Allemagne va-poriferous càverno,i Pyrmqnt, «-
et. en Italie. A son retour à Londres, milar tothe Grotio delCane near
les prophètes cévenols s'emparèrent, Naples, publ. dans les Irans. philos.
si bien de son.esprit, qu'il se laissa (1738)? -" '•' -.;•-";; ; "
persuader par eux de partir ppur Rome -Jil|.SSY (CÉSAR DE), fils aîné de
et Conslaulipoplp afin de convertir le Charles de Missy,'- réfugié de la Sain-
pape et le sultan. Rie-n ne prouve qu'il longe, qui avait établi- une maispn.de
ait entrepris de m'étire à exécution ce commerce à Berlin, naquit dans cette
projet ridicule. Il mourut à Londres, je ville, Je 2 juin 4 703. Après avoir ter-
23 janv. 4 722. On a de lui, 'sànsparlpr miné ses humanitèsauCpljégefrançais,
delà première édit. dés Voyages eÇ- il se rendit à l'université de Francforl-
aventuresde F. Léguât, queqùelques- sur-1'Oder où il s'appliqua à lîélude de
unS iuiattribuent, el à laquelle il" mit, la théologie, fie retour à Berlin, il se
en tout cas, une Préface : -
présenta .'pour être reçu candidat au
I. Nouveau voyage d'Italie, La saintminislère; mais n'ayantpas voulu
Haye, Ï691, in-4 2 ; T. II, La Haye, signer-purement et simplement la for-
4 694'; T. 111, La Haye, 4 ÏS98,: irt-f f ; mule de foi, ii ne fuf point admis. Après
4e édit. plus ample; plus. Correcte et onze mois d'altente vaine, sacrifiant sa
enrichiede nouvelles figures, Là îïaye_ patrie à sa conscience, il se décida à
4702, 3 vol. ih-S°; S', édit, 'aye'c les quilferla Prusse et se renditep Hol-
Remarques d\Addisson, Ùtreçht,4-72_!i lande où il passa cinq années, s'exer-
4 vol, in-4 2, c'est la meilleure; trad. çant ayee ardeur dans la prédication et
Ï2
en angl., L'pnd., .4 698, vol. in-8?, consacrant ses loisirs à la composition
réimp, en 4 714 etèri 4739,4y.in-8,,; soit de pièces de vers, soit d'articles
îrad. en holland.,"Utreçht, 4724,2 yolL decriljque littéraire, ou de dissertations
savantes, qu'Vl fit insérer, depuis 4 724',
(1)Lecapilaine3//si(wijuirentraenFran- dans différentsjournaux périodiques de
ce et se convèrlit;én 1701 ', et qui 'mérita, Hollande, de France et d'Angleterre.
ainsi que sa femme Susanne Ptunket de Cai-
linforl, en 1713, par son apostasie une pen-
En 4731 enfin, il futappelê à Londres
sipn de 300 liv. (Arxh. E. 3399) descendait pomme ministre.de l'église de la Sa-
peut-être aussi de "notre pasteur. voie, qu'il'quitià, en 4 762," pour devenir
(2) (In autre Jîisson, gtiïportail le prénom chapelain de la Chapelle de'St. James.
de Jacques et'étaif aussi de Paris,; se retira
à La Haye dans je même temps.. _ -; • ; Il mourut le 20. aqilt 4 778,' -laissant la
.
MIS — 428 - MIT

réputation d'un chrétien sincère, sans narrations d'un citoyen de la répu-


bigoterie, d'un homme gai, aimable, blique chrétienne du XVIII" siècle, mi-
doué d'un excellenljugement, de beau- ses en vers,Lend.,\769,in-8"; 2e éd.,
coup d'esprit, d'un goût très-fin, ani- 4770, 3eédit.s4776,in-8°-
mé d'un grand amour de la vérité et V. Sermonssur divers textes de l'E-
passionné pour l'étude; d'ailleurs rem- criture sainte, 4 780, 3 vol. in-8\
pli de bienveillance el de charité. Avec Si nous ajoutons à Cette liste une
de semblables qualités, Missy avait trad. des Nptês de Mottenx sur Rabe-
droit à l'estime de tous, et ilfuf honoré lais, imp. par F. Bernard dans son
de l'amitié de plusieurs, entré autres édit. des OEuvres de Rabelais (Amst,
de Bequsobre, de Jordan, de Formey, 4741, 3yol. in-4"), nous aurons l'en-
de Benjamin Godefroy, pasteur de semble des publications de Missy ; mais
l'église française de Dresde, avec qui il il a laissé, sans parler de nombreuses
entretenait une correspondance suivie. et savantes notes marginales sur beau-
Missy a beaucoup écrit, mais il n'a coup de volumes de son excellente bi-
hiiplhèque, plusieurs cahiers d'obser-
pas laissé d'ouvrages de longue ha-
leine. Il a été un des rédacteurs de là Bi- vations critiques, des dissertations et
bliothèque britannique, du Journal bri- quelques sermons, faisant aujourd'hui
tannique, du Magasin-français de Lon- partiedelâBiblioth. du'duc de Sussex
dres. On trouve aussi deS vers où des (MSS.franc.,,N01,4 5 à 34)..Nous en don-
articles sortis de sa plume dans le Mer- nerons la liste : Commentaires et no-
cure de France, dans le Recueil de lit- tes sur des portionsdu V. et du, N.
térature et dans le Voyage littéraire de T.; Notes sur I Jean' 7-8 ; Dissert,
Jordan, dans la trad. française de Pa- sur Matth. XIII, 57 ; sur Marc VIII,
méla, dansThepubliCAdvertiser. Wet- 24, XI, 4 3 ; De la déprécationdu ca-
stein, l'éditeur du Testament grec, Jor- lice ou dissertation dans laquelle on
tin, le biographe d'Erasme, Bowyer et examine s'il est bien certain que J.-
Nichols, auteurs d'Essais sur l'origine Ch. ait prié Dieu d'être dispensé de
de l'imprimerie, Chevrière enfin, l'his- mourir; Dissert, sur Héb. VI, 4-6;
torien d'Angleterre, lui furent redeva- Remarques sur les quatre premiers
bles de notes précieuses. En fait d'ou- versets de Héb > XIII; Discours sur
vrages imprimés séparément, nous ne l'usage de la raillerie dans les dis-
connaissons que : putes dé religion; Mémoires pour
I. Les larmes duRefuge, ou sermon unedissertationsurlesréswrections
sur Ps.CXXXVII,Lond.,\735,in-8°; actuelles dont il est fait mention dans
4" édit., considérablement retouchée et VEcriture ; Matériaux pour un dis-
augm. d'une paraphrase envers duPs. cours de la véritablepreuve de l'exis-
CXXXVII, Lond-, 4751, in-8". — Ce tence de Dieu; Abrégé des preuves
sermon, dont on trouve une très-lon- suffisantes pour établir la vérité de
gue analyse dans le, T. VII de la Bi- la. religion chrétienne; Remarques
blioth. britannique, fut prononcé dans surle livre imp.à Amsterdam sous le
l'église de laPatente, le22 oct. 4 735. titre: L'éloquencechrétienne;Remar-
11 a été trad. en anglais, mais cette ques sur le nom de Mathusalem ; No-
trad. n'a pas été imp. Elle se trouve tes sur divers sujets sacrés; Brouil-
aujourd'hui dans labibliothèquedu duc lons de théologie, 4 vol.; XIV Ser-
de Sussex, N° 4 des mss. anglais. mons sur le V. T.; LXXIVSermons
II. Dick and Tim and Briberg, a, sur le N, T.; Matériaux pour des
satire, Lond., 4750, in-8".
III. De J. Harduini jésuites proie*

: sermons. ',-.•
SI1TOIS, nom d'une baronnie ap-
gomenis cum autographo collatis E- partenant à un gentilhomme normand,
pistola, 4766. connu dans l'histoire du protestantisme
IV. Paraboles ou Fables et mires
. .
français par le rôle considérable qu'il
MIT — 429 — MIT
a joué, de 4 620 à 4 622, à l'Assemblée l'Assemblée écrivit au roi une lettre
politique de La Rochelle. très-humble el très-soumise, en lui de-
Le 25 juin 1621, le baron de Mitois. mandant des passe-ports pour ses dé-
qui avait déjà rempli diverses missions putés. Peu de jours après, Des Isles-
à la satisfaction de l'Assemblée, fut élu Maison, l'agent de Lesdiguières, rap-
président pour un mois. On lui donna porta la réponse du maréchal, qui insis-
Clemenceau pour adjoint, Casaubon tait pour que l'Assemblée commençât
et Savary pour secrétaires. Le pre- par se séparer, en s'engageant à obte-
mier acte des députés des églises, sous nir du roi une abolition générale et des
sa présidence, fut de répondre à la Dé- passe-ports, non pas pour ses députés,
claration donnée par le roi à Niort, le mais pour les députés généraux. L'As-
47 mai, pour contraindre les Protes- semblée ne voulut rien décider avant
tants à désavouer l'Assemblée. Ils or- d'avoir consulté les églises du Midi et
donnèrent la publication, en forme de lès agents qu'elle avait envoyés enHol-
manifeste, « d'un recueil tant des vio- lande et en Angleterre. En attendant,
lences exercées contre les Protestants elle répondit à Lesdiguières qu'elle se
que de ce qui avoit esté commis contre séparerait,sile roi donnait«seuretéaux
les édicls »; ce soin pris, ils s'occupè- églises et aux personnes. » De leur
rent des moyens de soutenir la.guerre. côté, les bourgeois de La Rochelle, in-
Le manque d'argent paralysait tous formés de ce qui se passait, la firent
leurs efforts, el le plus souvent, aux supplier par Bernardeau, Tharet et
demandes pressantes des commandants La Lande, de « subsister comme elle
des places fortes, l'Assemblée en était avoit faict jusque-là en leur ville. »
réduite à répondre « qu'on n'avoit Cette tentative d'accommodement n'a-
moyen de leur fournir hommes ni pou- boutit àaucun résultat. Sur la demande
dre maintenant.» Il en résultait néces- du mairp de La Rochelle, Lescun, La
sairement que les villes où les Hugue- Tour et Guérin furent élus pour re-
nots étaient les maîtres, succombaient présenter « le général des églises, »
l'une, après l'autre. Mais ce n'était pas dans unlribunalsuprême, qui devait ju-
le seul mal contre lequel elle avait à ger en dernier ressorlles causes civiles
combattre. Il lui fallait encore prévenir et criminelles; mais, nous l'avons déjà
les divisions dans le parti, réprimer les dit, ce qui préoccupait surtout l'Assem-
trahisons, et c'était peut-être là la tâ- blée, c'étaient les moyens de se procu-
che la plus difficile; mais l'énergie ne rer de l'argent. Les mesures qu'elle
lui manqua jamais. Elle frappa sans prit, à cet effet, occupèrent les der-
ménagement ceux qui, comme Ponchat niers jours de la présidence de Mitois,
èlMoïan, députés du conseil provin- qui céda, le 25 juillet, le fauteuil à
cial de la Guienne, abusèrent de.leur Loubie.
position pour essayer de rompre l'u- II fut appelé, une seconde fois, à
nion des églises. l'occuper, le 25 avril 1622, ayant La
Mitois occupaitdepuis quelquesjours Cloche, pour adjoint, La Milletière,
le fauteuil de la présidence, lorsque de Paris, et Montmesart, pour secré-
arrivèrent des émissaires de Lesdi- taires. La question des finances do-
guières et de La Trémoille, qui en- mina encore dans les délibérations de
gagèrent, au nom de ces deux sei- l'Assembléependant celte secondepré-
gneurs, l'Assemblée à se séparer ou du sideuce de Mitois; mais il s'y joignit
moins à suspendre ses séances ei à en- des complications fort graves, la prise
voyer au roi des députés à qui ils pro- de Royan, malgré la vaillante défense
cureraient des passe-ports. Le conseil de Du Verger-Malaguet, l'arrestalion
de ville, consulté sur cette proposition, de Freton, qui faillilamenèrupe scis-
pria l'Assemblée « d'en vouloir faire sion entre l'Assemblée et les magis-
bonneconsidération.»En conséquence, trats de La Rochelle (Voy. V, p. 173),
Mi - - iàii m
i\U procès du ,de|i. lë^éliêfal.^is H
!â âiiiôiiSlallûtî,ûHifi,.iîiigài.biliîilifîf
(Vbjj Ce iipffi^aui fit éclater èiitré força.lesfiéfflolhsiiBsiélfaçiëi., bri-lës
eut ùji dângèreiiï corifjiL: .,,,.'. fâistihi; incarcérer.; tej.profiès^.suivit
Les dèseendatits du haroii -a'e.Milbis
,
.
doiic sbîi,,çpnr.sj el le paù.yre pâslpui'
cbhtinuèrëht.àprofesser la religion r$- fut condamné,, au.nïois dé juillet 4 679,
forihéeaù.mdins jûsrjù'én 4 6&&(Archi par le parlement delà Guienhp,,au ban-:
géhtJ-t. jtf.QJ* •;, ;,
,-„',..: ..... i.iSsenient et à une forte amende. Hors
MîtîtZAÏJBiN '( JÈÀN) pâsteùr de
. ,
d'état d.eipayjî.r.etdèsespéré de devoir,
,
Sainle-Foy, fut député par la Bï,|sé- ù;spi) âgé,, s'.éipigner 'de sa. famille, il
Guiëhhe au Synode national "dé Càslijës, prit le paHi;;daJb_urer.;,-!77;Â la,révo-
qiii.Ie chargea d'aller Inspecter lés é'-r cation, ..le/pasteur de Gehsaç donna le
giiseS de la Terre de-Labour. 11 vivait même exemple..de faiblesse;; mais il
onGoré en 1637.. Selon l'Index de l'ar- cessa bientôt «défaire son devoir de içà-
pliëvêqûê dé Paris, il à publié, contre tiioliqùe.>>,'()n;l'accusaihême.,en'J692,
Bellàfmin et Du.Perrori, un livre inlj- de tenir, des, assemblées,.et on le mit
tulé Tableaude VEglisérepréseniant en, jugement sur la .dénonciation, de
ses marques et son autorité, que nojis deux valets qutavaieht quille son ser-
n'avons -pi, nous procurer, Son fils vice (Arch. M. 671). Nousne.connais-
JACQUES fil ses études à.Montaubah,, sons pas.lé résultat du procès.
où il. soutint. Sous ia présidence, de -Riî'ZtËn-É (FRANÇOIS1),.ou Misère, .

Verâier, une:'thèse De diviiiiiate.et médecin, naturaliste et antiquaire, né


aidhoritate Scriptnrarum, ihS.dans à Fontenay-le-Comle, fit ses études à
leS Thèses montalh. 11 desservait, en Poitiers, berceau dé sa famille. Eii
4664,. i'ègiîsè de Mo'n.carret, et à là 4,57.0,11 viutà.Paris, et'.y.'suivit lecours
ihêtnë, époque, Jean Mizaubin, son de géologie du célèbre Bernard Fa-
frère selon toute apparence, remplis- lissy. L'année suivante, il alla s'établir .

sait les fonctions pastorales à Gerisac. a Fonlenay,.;où.il exerça l'a médecine


Plus tard,, nous, le trouvons ministre à jusqu'en 1585..L'édit d'e juillet 1585
Mucidan. En 4679, il fut accusé d'a- ayant de nouveau proscrit le culte ré-
voir, dans un sermon sur Apoc. Il, 4 4, formé, il,se.relira à.La Rochelle et ne
proféré,des paroles offensantes,contre rentra à Fontenay qu'après que celle
Lôuis.XlV. Aurâppprt du 'missionnaire ville fut tombée au pouvoir des. Pro-
'dénonciateur;il aurait exhorté son trou- testants. 11 s'y maria, en janvier 1.593,
peau «par trois,diverses fois à plustôt avec Marie Giraud, fille. d'Hïlaire
souffrir la mort qu'à succomber aux Giraud, sieur .des. GpurfaiHeS, et de
vioiances (sft)dë notre grand prince.» Marie Tiraqueau. Pëu,'dë temps après
La dénonciation était Signée par deux cp mariage, il .alla s'établir à Niort, où
témoins qui, lors deleur interrogatoire. son h eau-frère exerçait...là charge de
avouèrent qu'ils y avaient apposé leurs liéutènànt-parlicùlie'r.. -C'estla qu'il
tjûnis. sans lalire, et confessèrent que donna sa,charmante edit.,des OEuvres
Mizaubin n'avait aucunement parlé du. de.Çlément Marot, reveues, angm.et
rpi, mais de la mort et du péché. Nous disposées en beaucoup miilleurordre
avonsété assezheufeuxpour retroùyer que çï-depant ;plus quelques oeuvres
lé sermon en question dans nii. carton de Michel Marot, Niort, Thomas Por-
des Archives générales coté M. .671. lau,, 4 5.96., in -.4 6. Eh ,4 600, il retourna
A peine y remarque-t-on l'allusion la à Fonteùây où il.moûnU.yers 1620.
plus éloignée, aux persécutions que M.Benj. -Filïou, à l'obligeancede qui
souffraient les Protestants, et LoUiSXIV nous devons ces renseignements,nous
,
ii'y est certainement pas nommé. Le apprend encore q.ue.Mizïère, possédait
bon père s'était donc permis une fraudé iinefor.t belle bibliothèque etune riche
pieUS'e. De son .côté le jugé, trop bon collection d'histoire naturelle, d'anti-
catholique pour ne pas ajouter foi ques et de médaillés.
É&t m
Jl$ilhp~$ (NICÔLÂÊ) m.MolM, thê'Mûê as L$ ïômhé MMi.hk :j_flii*
, coin^
ïjèlnt.re et, grayeiir, florissait &u, sieurs enfants. L'ini a'suxVrattiê Eàhè
mencetheiit djixVii0 siècle. Kaglèr si^ doute, fht tué en 1670, dansiâ
pre-
gnale de lui trois jiâysaj_ës, exécutés hiièrë Carnpàgne. Un autre,,FBiKpois,
en 4 613, qui se trouvaient dans la col- sieUr de La Luzerne, ne nous est connu
lection du comte Rigal, qUe par l'acte de mariage d)é son ffièrp,
M,Sâ femmëil/aHe Gilbert lui donna NouS nesupposonspas qu'il soit ideh-
plusieurs enfants : HpN.lti.nê le 13 nov. ticjuë.ayec le médecin Moysàn (4), qui,
4 6l1,éfprésenté au bapt. par Thomas ëri 4704 fut enfermé au.château de
Brouard, argentier de la princesse Nantes pour ,
cause de religion (Arcli.
d'Orange, et M™ Froment, femme de gén.E. 3387), etjt.onl.les..trois,filles
l'apothicaire du duc de Bouillon; — i'urentmisesauxNouvëlIes-Calholiques
SALOMON,.néle 20 mai 4 647;
— et de Paris (Ibi'd.'E. 3553),(2). Un troisiè-
sans doute Isaac, peintre d'histoire, me, ROBERT, desservaitl'église de Sen-
admis à l'Académie,le 14avr. 4663, et lis, lorsqu'il épousa, le 27 jany, 4 675,-
mort le 26,mai 1673,.à.l'âge de 58 ans. Anne Madelaine Masclari (Reg..dé
SïOïSÀWÏ-»E-BiUEt)X (JAC- Char.;), qui le rendit père,, le 15 mars
QUES), en latin Mosdntus Briosius, 4 677, d'un fils nommé .FRANÇOIS. 1!
un dès meilleure poètes latins de son nous a été impossible, fie découvrir jus-
tempS,, naquit à' Caen d'une famille no- qu'ici-si notre Robert Mpisanl est le mê-
ble, en 4 64 4. Il fit seS études à Sedan me qUe Moisdht-de-Brïeux, ministre-
avec le duc de Montaùsier, qui.resta de Càôn et gendre de Du Bosc, dont
son àini, même après que l'ambition Foùçâuld raconte dans ses.Mémoires
l'eut porté à rénier sa foi. Il se rendit qu'à la révocation, il passa en.Hollande
ensuite en Hollande, où il suivit, pen- avec sa famille, abandonnant une belle
dant deux ans, les leçons de Vossius, maison que les échevins de Caen de-
puis il pasSa en Angleterre dans l'in- mandèrent au roi, pour eu faire l'hôtel-
tention d'y fréquenter quelque temps de-villé, et laissant en France un frère
enëore les cours des plus célèbres pro- qui possédait plus de 50,000 écus de
fesseurs et d'y visiter les bibliothèques. bien,. Outre les trois fils que nous ve-
Après un séjour de trois années chez nons de citer, Jacques Moisant eut une
nos voisins d'Oulre-Manche, il revint fille, CATHERINE, qui,épousa,,.le,5, juin
dans sa patrie et se fit recevoir avocat. 1676, Henri Daniel, fils deHcnriDa-
Le.4 4 nov. 4633, il fut pourvu d'une niel. et dé Marthe dé. Platement.
charge dé conseiller au parlement de Outre trois rètueihàe Poésies latines
Metz; mais des raisons de santé l'en- publiées à Caen, ,4658; in-40;.,4 663,
,_

gagèrent, dès 1,635, à renoncer à la in-S° et 1669,in-4 6, à lasuitedu dernier


carrière des emplois publics. Il donna desquels se trouvent quatre lettres sor-
sa démission et retourna à Caen, où il ties de sa plume, sur l'Académie, les
jouit en paix d'une fortune considéra- antiquités et les hommes illustres, de
ble, charmant ses loisirs par l'étude des Caen, on cité de lui : I. Epistoloe,, Ca

belles-lettres, dont plus que personne (1) On trouve ce nom écrit de-quatre ou cinq
il contribua à ranimer le goût dans sa manières : Moisant, Mqgsânl, Moisans, Moy-
San et même Moizeit. Nous né saurions trop
ville'natale par la fondation [1652] répéter qu'on ne doit pas attacher une très-
d'une Académie, qui tint d'abord ses grande importance "a ces différences d'ortho-
séances chez lui. Il mourut en 4 674, des graphe. - - Lès
suites de l'opération de la taille, lais- (2) Ce médecin mourut relaps en
,
1731.
juges de Eontenay-le-Cbmt'cse hâtèrent,daii's
sant la rép'ùtation.d'un homme fort in- l'espoir d'une confiscation, de faire le procès
struit et.ifèé-,aimable, d'uhbonpoète et a sa mémoire ; mais ses, filles prouvèreht.leur
d'un prosateur élégant,-.Il avait pour catholicité d'une maniéré assez satisfaisante
pour que le secrétaire d'État Maurepas leur
amis les hommes les plus illustres de accordât main-levée des poursuites (Arcli.Ê.
son temps. De son mariage avec C'a- 3568).
MOI 432 MOI
— —
domi, 1670, in 8°; —H. Les origines 4 698, les filles d'un Moysan de La Ro-
de quelques.coutumes anciennes et de, che-Logerie, qui mourut, cette année-
plusieurs façons déparier triviales, là, en Hollande, étaient enfermées dans
avec un vieux manuscrit touchant le couvent.de Saint-Chaumont (E.
l'origine des chevaliers bannerets, 3553); en 1700, une demoiselle de ce
Caen, 4 672, in-4 2, ouvrage rare et cu- nom fut mise aux Nouvelles-Catholi-
rieux ; — III. Les divertissemens de ques de Paris (Ê. 3386); en 4725, les
M.D. B. [De Brieux], Caen; 4 673, in- deux fils aînés d'un La Roche-Logerie
42, recueil de lettres: et de vers fran-. furent placés par lettre de cachet au col-
cais et latins. Il a laissé aussi en mss. lège de Châlellerault .E.3411), à la de-
une trad. latine d'une partie des épi- mande de l'évêque de Poitiers; deux
grammes de l'Anthologie et un vol. de autres, âgés de 4 3 et de 14 ans, étaient
Méditations chrétiennes. au Collège de Niort, et un cinquième
Une branche de la famille Moisant dans une pension catholique à Paris
s'était établie dans le Poitou. Elle ne (Ibid. 3563); à la même époque, deux
nous est connue que par les persécu- demoiselles de Lastre, dont le frère
tions dont Pierre Moysan, sieur de La avait été élevé par les Jésuites, étaient
Roche-Logerie, elquelques-unsdesps enfermées à l'Union chrétienne de Poi-
descendants furent victimes. tiers, et leur mère, Louise Moysen-de-
La Roche-Logërie, que Foucauld La Roche-Langerie, demandaiten vain
qualifie d'un des plus entêtés religion- qu'on les lui xend\t(lbid. 3564); enfin,
naires, fut impliqué, avec lés ministres en 1735 encore, une demoiselle de La
René Melin et Pierre Pomier, dans le Roche-Logerie était élevée à l'Union
procès qui fut intenté, en 4 685, au chrétienne de Poitiers (Ibid. 3121).
consistoire de Saint-Maixent, sous pré- . M01VRE(ABRAHAH),savant mathé-
texte qu'il avait souffert des relaps dans maticien, né à Vilry en Champagne,
le temple, procès qui se termina, com- le 26 mai 1667, el mort à Londres, le
me d'ordinaire, par la ruine de l'église. 27 novembre 1754. Malgré la modicité
La sentence, rendue le 5 avril, le mit de ses moyens, le père de noire Abra-
hors de cause, ainsi que- Jean Duri- ham, qui exerçait la chirurgie à Vilry,
vault et Marie Durivault, sa fille ; ne négligea rien pour lui procurer une
mais François Constant, praticien, et bonne éducation. Dès l'âge de 11 ans,
jacquette Chartier, femme de Geor- il le relira de l'école des frères de la
ges Barraull, furent condamnés com- Doctrine chrétienne, el l'envoya à Se-
me relaps, à l'amende honorable et au dan, où il fut confié aux soins du pro-
bannissement perpétuel; eu outre, le fesseur de grec, Du Rondel. Ses pro-
mariage de Barraull fut déclaré nul et grès, ne laissèrent rien à désirer. Seu-
ses enfants bâtards, en cas qu'il y en lement ses maîtres lui reprochaient de
eût. 11 paraît qu'après la révocation, La perdre, trop de temps avec les mathéma-
Roche-Logerie réussit à passer dans tiques. Le lemps perdu aux yeux du
les pays étrangers. Dès 4 681, il avait monde est souvent le temps le mieux
envoyé en Angleterre, auprès de M™° de employé ; les plus grands génies ont
La Rente, ses pélils-enfants, GÉDÉON, lous perdu beaucoup de lemps. Moivre
GABRIEL et OLYMPE, âgés de 14, 10 et se dérobait volontiers aux jeux de son
8 ans, que leur mère réclama en 4 686 âge pour se renfermer avec son ami Le
(Arch. gén. E. 3372). Nous ignorons Gendre, le seul livre d'arithmétique
s'ils lui furent rendus ; mais nous trou- qu'il possédât. C'était une passion plus
vons dans les Registres du secrétariat forte que toutes les remontrances. A
dès preuves nombreuses que les des- la fin, il fallut y céder; mais néanmoins
cendants de La Roche-Logerie persis- ses autres études n'en souffrirent pas,
tèrent, longtemps encore après sa mort, et il devint, dit-on, un des bons huma-
à professer la religion protestante. En nistes de sa classe. 11 resta aux écoles
MOI '
— 433 — MOI
de Sedan jusqu'à leur suppression (coU découvertes. M. Moivre étoit du n'om-
lége et académie") en 1681. Envoyé bre, et il répondit vivement [dans ses
au collège de Saumur, il y fit sa philo- Animadversiones in Geo. Chenal
sophie; puis il vint suivre à Paris un Tractatum de Fluxionum methodo
cours de physique. Après un court inversa, Lond., 4 70 4, in-8°]. La répli-
voyage qu'il fit en Rourgogne avec Un que de M. Cheyne fut encore plus vive;
de ses parents, il revint trouver son mais comme celle-ci ne touchoit plus
père 'dans, la capitale où il s'était reti- aux mathématiques, et devenoit abso-
ré, el poursuivit sous le célèbre Oza- lument personnelle, M. Moivre aban-
namses études mathématiques. La ré- donna le champ de bataille à son ad-
vocation de l'édit de Nantes jeta le versaire, qui fut, dit-on, le premier à
trouble dans la vie du jeune-savant. avoir honte de son procédé et à rendre
Enfermé au prieuré de Saint-Martin, il justice à M. Moivre, lorsqu'il eut repris
ne recouvra la liberté que le 27 avril _ le
genre d'étude qui lui convenoit, et
4688 (Arch. gén. E. 3374.) Son opi- qu'il ne se crut plus son concurrent.
niâtreté, et sans doute aussi Pimpossi- Cette contestation valut à M. Moivre
hililé où il était de faire plus long- l'estime de M. Rernouilli l'aîné qui en
temps les frais de son éducation, lui prit counoissance. On assure même
valurent cette faveur. Il se relira en qu'elle eût pu lui valoir son amitié s'ils
Angleterre, et se mit à donner des le- n'avoientpas été tous deux occupés des
çons pour vivre, tout en continuant ses mêmes objets et par conséquent un peu
études. « M. Moivre, dit son panégy- rivaux. » Lors de la dispute qui s'éleva
riste (1), parcourut toute la Géométrie entre Leibnilz et Newton, au sujet de
de l'infini avec la même facilité et la la priorité de la découverte du calcul in-
même rapidité qu'il avoit parcouru la finitésimal, il fut choisi par la Société
Géométrie élémentaire, et fut bientôt royale pour un des commissaires char-
en état de figurer avec les plus illus- gés dp décider la question. Cette es-
tres mathématiciens de l'Europe. Il fut time méritée dont il jouissait parmi les
connu de M. Halley en 1692, et lia une savants du premier ordre ne fut cepen-
étroite amitié avec cet illustre astro- dant pas capable de vaincre les répu-
nome. Peu 'le temps après, il fut ami gnances que le gouvernement anglais
de Newton même, puis du célèbre M. .a éprouvées dans tous les temps à in-
Fatio ; eufiti il se trouva lié avec tout troduire des professeurs étrangers dans
ce que l'Europe comploit de mathéma- ses universités. Ce fut en vain que ses
ticiens célèbres. » Dès 1697, la Société amis sollicitèrent pour lui obtenir une
royale l'admit dans son sein. « Le mé- chaire à l'université de Cambridge. Les
rite, surtout lorsqu'il est éclatant, con- démarches deLeibnilz n'eurent pasplus
tinue le biographe, demeure, rarement de succès en Allemagne. Notre savant
sans attaques : M. Moivre ne manqua en fut donc réduit à poursuivre jus-
pas d'en essuyer. M. Cheyne, médecin qu'au bout la vie de labeurs qu'il me-
écossais, qui s'est depuis rendu fameux nait, ne pouvant donner à ses travaux
par des ouvrages d'un autre genre, pu- que le temps que lui laissaient les in-
blia, en 4 703, un traité de la méthode grates occupations de l'enseignement
inverse des fluxions, dans lequel il mal- privé. L'amitié du grand Newton adou-
traitoit plusieurs illustres mathémati- cit au moins ses dégoûts. On raconte
ciens, dont il s'attribuoit cependant les que l'illustre mathématicien venailcha-
que soir prendre Moivre dans le café où
(1) Grandjean de Fouchy, dans son Eloge il se rendait après sa journée achevée,
inséré dans lé Recueil de l'Académie des
sciences (I75i), et rédigé d'après les rensei- et qu'il l'emmenailchez lui où ils pas-
gnements que lui avait Courais un de nos ré- saient ensemble la soirée à philoso-
fugiés en Hollande, Mathy, auteur lui-même pher. Le plus important des ouvrages
d'un Mcmoiie imprimé sur la vie de notre sa- de Moivre, ses Mélanges analytiques,
vant mathématicien.
T. Vil- 38
MOI MOI
— 4M- —
ne parurent qu'aprèsla mort de son ami, attention qu'à ses calculs.—11 nepou-
c'est le recueil de ses découvertes et voit souffrir qu'on seyermît sur le su-
âè ses méthodes. .«.Si. Naudé.fameux jet de la re'li_gion des' décisions hasar-
jnathématicieii de .Berlin, auquel il en dées, TIÏ d'intlëcenlesTailler'ics. Jevous
avoit eny.oyé.un exemplaire., avec une ^prouve que je suis chrétien, répon-
leltrègUi çontenolt la 'solution de plu- dit-il à un -homme qui-croy-oit^ppa,-
sieurs' problèmes, n'eut pas /besoin reminen.tiuifaire un complimenten d,;i-
d'au Ire litre pour proposer à l'À.cadé.- sant.qiieiés mathématiciens îi'avoiënt
mle .de "Berlin de s'àssociersur-le-champ ])en dere\\u,\on,.envousjiaroloimant
untel homme, et-Il fut nommé par une la sottise que mous venez d'avancer.
pspèee d'acclamation. » Moivre n'a plus La médiocrité de sa fortune np'lui

rien publié depuis. Ses dernières an- a jamais permis de pensera se marier;
nées s'écoulèrent paisiblement au mi- il a laissé à ses parents le peu de bien
lieu de ses éludes et de ses travaux. qu'il -avoit amassé.» Ou lui doit :
L'étude ;des sciences -n'absorbait pas ' ï. The doctrine vf chances, or a
tcule l'activité de son esprit, ce qui metliod of calcidatingthe probabili-
n'arrive que trop souventchez les'hom- ties ofcveiits iriplay, lond., 4 716 ;
înés mé.diocres.ll goûtait les Lettres et a'ugm., 1738; augml.de\nouv.., 47&6,
se repo.sait de ses Travaux plus sérieux in-4". La première ébauche de ce tra-
flan s lie commerce des bons ailleurs de vail avait été communiquée, en 1744,
l'antiquité. Parmi les modernes, 'Mo- à la Société rpy. deLôndres sous le
îièi'eetRabelaisavaientsespréféi'enc.es; titre Demiensurà sortis. '
ïl les savait par c<Bur. Jordan, qui le IL Évaluation of annvÀlies on Vi-
fît dans son voyage en Angleterre eu ves,Lond., 1724; 1742,. 47S0, in-
i 733, remarque que notre savant était -8°;'trad. en ital.jjar leP.Fonlàna, Mi-
_çtn homme d'esprit, d'un commerce lau,4776, in-8". '--

Jrès agréable. 11 parvint à un âge très 111. Miscellmea andlytica de se-


avancé. Vers la fin de sa carrière, il rîebus et quadraturis, Lond., '17-30,
eut le malheur de perdre -successive- in-4"; dédié à MarlinFolkes.:—«Cetex-
ment la vue et l'ouïe. En même temps, celiént. ouvrage, au jugement de Mon-
unplvénomène singulierse prpduisiten tucla, contient les plus savantes re-
fui. Vingt heures- de sommeil lui de- cherches d'analyse.»
yinrpnt habituelles, jusqu'à ce .qu'un On trouve de Moivre dans le Recueil
jour il s'endormit pour ne plus se rë- des Transact. philos. (-4-693) : Exem-
y.eiller.Peu de temps avant sa mort, le ples pour montrer l'usage et l'excel-
27 jûin.1'l784,nofreicadémiedes scien- lence de ladoctrwye des fluxions [de
ces ravalfaommé à la place d'Associé ~Hevilon~]pourrésoudrelésproblèmes
Oranger. 11 fut irès-seu'sible à cette géométriques,tirés d'une desesleltres;
distinction, si rarement.accordée.à des, —(1697) : Méthode pour tirer la ra-
Jtéfugiës. Pour elfe tardive, elle n'en pine d'une équation infinie. Moivre
tondre pas moins le corps savant. Moi- tira plus tard de .eelte loi une mé-
vre " n'affectait'jamais'dé parler de sa thode de retourner les suites, c'est-à-
science, nous dit son panégyriste, il ne dire d'exprimer la valeur d'une des in-
.se monlroït mathématicien ;que par la connues par une nouvelle suite, com-
_justesse.de son esprit. Sa conversation posée des puissances de la première;
,étoit universelle et instructive; jamais
il ne disoit rien qui ne fût aussi bien — (4700) : Dimension des solides
engendrés par la conversion de la
_pensé que clairemenlexprimé.Sonstyle lunule d'Hippocrate et de ses parties
tenoitplus de la force el de la solidité autour de diffërens axes avec lessur-
,qu.e de l'agrément et de la vivacité, faces engendréespar cette conver-
mais il éloit toujours très correct, et il sion;—(1702) : Méthodepour quar-
y apportoil le même soin et la même rer certains genres de courbes, mi
MOL MOL
— 435
lesf.éduire à des courbes plus sim- de 1724. Mplènes donc étant .mort sans
ples, en latin; — (4 711) : Examen demander les sacrements dèJ'Egji.se
des jeux de hasard, ou mémoire sur maine lé lieutenantgénéral; delà.sérié- ro-
la probabilité des coups dans les chaussée , de Sarlà.t,
escorte dupr'ocureur
jeux de hasard, en latin; — (174 4) : du roi', se transporta dans Ja maison
Solution générale de Mi problèmes, mortuaire,
apposa lés scellés él- se mit à
proposés dans le traité des jeux de verbaliser contre le cadavre, .à qui l'on
hasard, sur le jeu de la poule, quel refusa la sépulture, pendant plusieurs
que soit le nombre des joueurs. Ni- jôUrs.Uh ami' du'défunt, M. dpLa Rous-
colas Berhpuilli venait d'en envoyer sie, indigné de celle profanation, .fit en-
ûnesolution ;
— (i 71b): Description lever le corps, afin de dérober aux yeux
et quadrature d'unecourbe du 3eor- de la famille un spectacle aussi .dou-
dre ; — (1717) : Propriétés simples loureux. Ce n'est p;iè Là un exemple
des sections coniques dédiiiies de la unique ; rioûs pourrions .rapporter un
nature des foyers, o/vec un théortme grand nombre de procédures spmbla-
général sur les forces centripètes, blss.,Q.uelquefpis on .instrumentait con-
etc.; — f'1719) : Des plus grands et tre le cadavre, même après qu'il avait
des plus petits changements de vi- été enterré; tel fut le cas, entre autres,
tesse qui arrivent aux mouvements 'pour Elu Drapèiro'n, dé Sàlagnâc
des corps célestes, en latin;—(4722) : en Périgord, mort sans sacrements, en
Hé la réduction des fractions algé- 1724. Presque toujours ces odieuses
briques qui n'ont point de racines à poursuitesëlaienlexercéesà ia,ré.qU.éle
des fractions plus simples, et delà de collatéraux avides ou mêmeide cu-
manière,desommer les termes de cer- pides étrangers, qui pouvaient espérer
taines suites pu séries, éloignés les 'd'obtenir du roi le.dop des hiëns du dé-
uns des autres par un intervalle é- funt, lorsque la confiscation aurait été
gal ; — (même année) : De la section prononcée'. Saint-Florentin lul-ni'ême,
de l'angle,- — (4738) : De la réduc- l'opiniâtre défenseur de toutes les lois
tion des racines à leur plus simple d'exception rendues contre les Protes-
expression;'-— (4744) : De la mé- tants, finit_jar.seut.ir.combien ce fameux
thode la plus facile pour calculer la art. IX était propre à éveiller les plus
valeur des rentes viagères. — Moi- viles passions chez une foule de gpns.
vre conduisit, en outre, et revit la tra- Il n'en demanda pas l'abolition, mais il
.
duction latine de l'Optique de Newton, évita de le faire exécuter. En '4-762
lui ,
« pour la quelle il n'épargna ni soins ni iiù abbé Thierry ayant demandé le
peines. » Il légua à quelques amis les don de ,1a succession de W° La Gar-
mss. qu'il laissa à sa mort. delle, morte .sans confession à Arjgpn- •

USOLARD (DANIEL) ne-nous est tàl, il le lui refusa,,alléguàntpoûrprë:-


connu que par un ouvrage qu'il publia, texte .que'la confiscation n'en ayaifpas
après son apostasie, sous le litre de été proiiopcép. L'abbé ne se tint pas .

Propositions touchant les marques pour battu". A.sa poursuite,-là mémoire


de la vraye Eglise, et auquel Nicolas 'de cette dame fut condamnée par sen-
Vignier répondit, en 4 64 8. tence du bailli de _B.riy.es (Arch. gfin.
MOLÈNES'' (JEAN DE) du Poujol E. .3923). Cependant rien ne n'ô.us
, prétendu
dans le diocèse de Cahors, prouve qu'il soit paryenuiàse saisir "de
nouveau converti mort relaps, le 5 avril l'héritage convoité.
4*731. Depuis longtemps, la Déclara- SlOLEIVIEft '(ETIENNE) , ou Moli-
tion du 29 avril 1686 n'était plus exé- 'iiier, pasteur de l'église deTIle-Jour-
cutée et l'on avait cessé de donner au dain, passa en Angleterre à la révoca-
peuple l'abominable spectacle de ca- tion de l'édit de Nantes et fut le pre-
davres traînés sur la claie; mais on mier ministre de l'église française dp
continuait^ appliquer l'art. IX de l'édit Stonehouse, Cetie église, fondée éh
MOL
MOL - 436

4 692 subsista plus d'un siècle. Elle de le suivre sur Péchafaud.'il racheta
,
était encore desservie, en 1706, par sa vie par une apostasie. Cette abjura-
Molenier, qui eut pour successeurs Jo- tion obtenue en face du gibet fut un
seph de Maure (1720-40), Fauriel triomphe pour le clergé romain, qui ne
(1741 -60), J. Maillard (4 748), Da- rougit pas de la proclamer «un des pius
vid-Louis Monin , qui la quitta, en grands miracles qui se soient faits de
4 763, pour cellede Plymoulh, Martin- nos jours dans l'ordre de la grâce. » On
Guillaume Bataille (1769-91).Mple- sehâla de puhlierune Lettre de M,Mo-
nier avait épousé, en 4 704, Judith lines, dit Fléchier, à un de ses amis,
Méchinnet (4). ,
avec son abjuration, Paris, 1752, in-
Plusieurs ministres de l'Évangile ont 4 2, qui a été reproduite et réfutée avec
porté le nom de Molinier, mais aucun talent dans le Patriote français et im-
ne mérite d'être signalé spécialement.. partial. Dans cette Lettre on lui faisait
Nous rapporterons pourtant une aven- dire: «La seule lumière delà vérité m'a
ture qui arriva, en 4 621 , à Molinier, conduit au pied des autels;., .mon chan-
ministre de Foix. Etant allé présenter gement a été la suite d'une prière fer-
ses devoirs au nouveau gouverneur vente el assidueet d'un examen sérieux
La Forest, Molinier fut pris à parlie dans lequel j'ai reconnu la fausseté de
,
dans la salle même des réceptions, la religion dont j'étois le ministre, et
par le P. Villate, qui se mit à ergoter la vérité de celle que j'ai eu le bonheur
sur la pénitence et la confession auri- d'embrasser. Il faudrait sans doute que
culaire. Molinier, abasourdi, ne sut je fusse le dernier des scélérats pour
que répondre, à ce qu'affirme le Mer- avoir sacrifié mon salut éternel à quel-
cure français. Cependant, le gouver- ques jours d'une vie passagère. je ne
neur étant intervenu il consentit à ac- l'estime pas assez pour l'achelerauprix
cepter la dispute par écrit; mais, après de mon âme, etc.» Mal gré tout ce bruit,
réflexion faite, il déserla son poste et le gouvernementconservait des doutes
se retira à Pamiers. Tout son troupeau sur la sincérité de celle conversion for-
seconvértit,ajouteleMercure,etle tem- cée. Le 6 mai 1752, Saint-Florentin
ple devenant inutile fut démoli. Ce qui écrivait à Saint-Priest: «J'aiété charmé
peut justifier Molinier, c'est qu'à voir de ce que vous me marquez de là con-
l'acharnement déployé par le clergé et version du ministre Fléchier ; jusqu'à
le gouvernemenlcontrelesProtestants, présent, il y a lieu de présumer qu'elle
il était facile de prévoir qu'il n'y aurait estsincère.Cependantcomme il est déjà
aucune équité à attendre des juges de arrivé qu'un ministre du Dauphiné a
la dispute. feint de se convertir pour prévenir un
MOUNES (JEAN) , dit FLÉCHIER , arrêt de mort, l'intention du roi est
pasteur du désert. Le 18 mars 1752, qu'afin d'éprouver les dispositions de
c'est-à-dire six semaines après la cap- celui-ci, vous le jugiez et lui fassiez
ture du ministre Bénezet. Molines fut, prononcer son jugement; s'il persé-
à son tour, arrêté à Marsillargues, dans vère, vous en ferez suspendre l'exé-
la maison d'un nommé Chabran (Arch. cution, et S. M. commuera sa peiiie
gén.TT.332).Mm"deSMsm,soupçon- en celle de la prison, sauf à lui accor-
née de lui avoir donné asile, partagea, der ensuite sa grâce entière, en cas
ainsi que sa fille,sa caplivité(2).Frappe .qu'il persiste dans les mêmes senti-
de terreur par la condamnation de son ments.» Ces instructions furent ponc-
collègue et nesesenlantpasle courage tuellement suivies (1). Molines conti-
(1 ) Une autre Camille du nom de Molinier rlier- Une Lettred'un chanoine de Montpellier,
(1 )
cha également un asile en Angleterre. Elle a imprimée a la suite de la Lettre de Molines,
donné deux direrlcurs à l'hôpital français, nous donne les plus curieux détails sur la co-
/ac{Mes3fo/î'(îier,en1721,etCharlrs, cn-1756. médie qui'se joua à cette occasion. Molines,
(2) L'espion qui le trahit reçut 3000 livres qui avait fait preuve, avant el pendant son
de récompense, {Arch. gén. E. 3513). interrogatoire, d'une'grande-lâcheté,-écouta,
MOL 437 — MOL
nuant à donner « des marques de reli- courte durée. Non-seulement l'arresta-
gion et de persévérance. » S. M., per- tion des deux pasteurs du désert ne dé-
suadée « que la conviction éprouvée de cida pas leurs collègues «à prendre la
la sincérité de son retour bannirait les fuite», ainsi que l'espérait Saint-Flo-
doutes que les au 1res ministres auraient rentin; les Protestants continuèrent à
voulu faire naître et procurerait des s'assembler comme auparavant; bien
conversions aussi véritables, » et trou- plus, à peine le malheureux Molines,
vant d'ailleurs «juste de favoriser ses «ce parfait honnête homme, à qui, se-
pieux desseius»,consenlitenfin,aumois lon l'expression du chanoine et syndic
de septembre, qu'il sortîlde la citadelle Morel, ses vertus morales avaieutattiré
de Montpellier pour aller au séminaire la grâce de sa conversion », fut-il libre
deViviers'(.4rcA.#g?i.E.3513).Quant qu'il sortit secrètement du royaume, et
à MadelainePilot, veuve du capitaine se sauva en Hollande. Le consistoire
de cavalerie de Sensens, elle fut, ainsi wallon d'Amsterdam, touché de son
que sa fille, âgée d'une douzaine d'an- repentir et de ses pleurs, consentit à
nées, gardée dans les prisons de la ci- l'admettre de nouveau dans le sein de
tadelle de Montpellier. On espérait que l'Eglise protestante. Cependant, jus-
l'exemple de Molines les «ramènerait.» qu'à sa mort, le pauvre apostat ne cessa
Cet espoir paraît ne pas avoir été déçu de gémir sur sa faiblesse. « Bien jeune
au sujet de la jeune tille (1); mais la encore, vers 1778, raconte, le fils du
mère, qui passait pour la femme du mi- pasteur Châtelain d'Amsterdam, je me
nistre aposlat, resta inébranlable, et souviens d'avoir vu arriver mainte et
fut envoyée à la Tour de Constance mainte fois chez mon père M. Molines,
(Ibid.'E. 3513). s'accusanttoujours.tandisque mon père
La joie de la cour de Louis XV fut de s'efforçait toujours de lui faire compren-
dre que,par les mérites infinis de Christ,
s'ilfaut en croire le susdit chanoine, la lec- son pardon lui était sans douteaccordé...
ture de sa sentence « avec une fermeté hé- La figure de malheureux, sillonné
Il
roïque. » se confessa, reçut l'absolution et ce
demanda l'exlrëme-onclion.l*endantcetemps, de rides, portait l'empreinte du déses-
le curé de Noué-Dame avait donné ordre poir.... Son regard éteint par leslarmes,
qu'on exposât le saint-sacrement pour son attestait tout ce que son âme avait souf-
agonie; le commandant militaire avait assem-
tlé la garnison sur l'Esplanade autour de la fert ; on ne pouvait le rencontrer sans
potence, et le bourreau, « tenant la corde a se sentir ému de pitié; son attitudeex-
la main, » s'était rendu dans la prison. Enlin primait l'affaissement ; sa tête relom-
«M. l'intendant, accompagné de son subdé-
légué él du procureur du roy en robe, entra hanle de tout son poids sur sa poitrine,
dans la prison, et dit a M. Fléchier que puis- et ses mains pendantes annonçaient un
qu'il alloil mourir, il le conjuroit de lui dé- découragement profond... 11 était telle-
clarer s'il avoit encore quelque chose à dire ment absorbé lui-même qu'il ne s'a-
qui regardât le bien de l'Etal, à quoi M. Flé- en
chier ayant répondu que non, M. l'intendant percevait de quoi que ce soit ; rien ne
ajouta que pour la consolation de ses juges pouvait ledislraire de ses sombres pen-
et 1'édiBcalion du public, il souhaitoil qu'il sées; il ne pouvait oublier surtout le
déclarât dans quelle religion il vouloit mou- jeté lui nwBénezet;
rir. M. Fléchier prolesta d'une voix ferme dernier regard sur
qu'il mouroit dans la R. C. A. R., hors de et quand ilétait i-n proie à Ce souvenir,
laquelle i! n'y a point desalul ; sur-le-champ, ses sanglots redoublaient; il regrettait
JI. l'intendant lui dit : Eh bien, Monsieur, le la du martyre perdue par sa
roy vous accorde votre grâce. M -Fléchier, en couronne
lui" prenant la main, la baisa, se jetta à ses lâcheté et conquise par son ami. »
pieds, et l'a, il lit, avec son éloquence natu- MOLTZlUl (JACQUES), critique
relle, un remerciement au roy, qui lit verser célèbre et un des meilleurs poêles la*
des larmes à tous les assisians »
(1) En 17S4, elle demanda au roiledondes tins duxvi" siècle, naquitàStrasbourg,
biens de sa mère, qui avaient été conCi-qués le 6 avril 1503. Le talent avec lequel
(Arch. E.3515). On lui avait rendu la liberté il remplit, étant écolier, le rôle de Mi-
après quelques moi» fle Uétepiios (/*$. II.
ÇTHVS <lans le dialogue 4e Iwfeu in-
MOL 438 MOL

titulé Le Coq, lui fit donner ce surnom demumperJ. Micyllum, qitoecumquc
qui lui resta. 11 fit ses études à Heidel- rèiiqual fuêre. translata. Cum ar-
berg, à Ërfùrt, à. Witlemberg, c'est-à- gumentiset annot ai. ejusd'empassim
dire dans les meilleurs universités de adjectis, Franco!., 4 538, ih-fpl.
l'Allemagne, et .après lès avoir ache- Vill. Epigrammata groeca, Basil,;
vées, il fulnommë recteur du.gymnase 1538. —Cité par Gesner, qui n'indi-
de Francforl-sur-ie-Mein et chargé,, en que pas ie for-mat. ..,..._...
ihêmé temps, d'enseignerlé -latin et le ÎX. De re meiricà lib, III, Fran-
grec. L'a réputation qu'il acquit le fit cof., 1539, in-8-0. — Chef-d'oeuvre,
appélèr.én 4 532, à l'université de Hei- au jugement de Mélanchthon.
delberg comme professeur fie grec; \.Aritlimelhicoe logisticoe lib. Iï,
mais il ne conserva pas longtemps sa Basil., 1,539, in-8°,
.

chaire..Sur les instances du magistrat XL Homeri ïlias et Odyssea cum


de Francfort, il consentit, à reprendre scholiis groeçiSi Porphyrii Homeri-
son ancien poste au gymnaèë de
celte c.ànim gumsiionum libro .etopuscule
ville. En-4 546 cependant, U retourna de antro nympharum, §rècè,exre-
à. Héïdelberg où il mourut le 28 janv. cognitione J',. Micylli et Joach. Ca-
•1558, laissant dpux fils, dont l'un fut merarii, 4511.
tailleur àHeidelberg, et l'autre, nom- XII. Narratio de ruina arcis Hei-
mé' JULES, chancelier de l'électeur pa- dëlbergensis, imp. dans les :Opera
latin Louis. Au jugement de Scaligeir, historica variorum antorum (Basil.,
Mpltzer avait quelque chose du génie 1541, in-8°); réimp. dans ie N° XIX..
et du caractère d'Ovide; mais ses pro- Xlït. Varia epigrammata groeca
ductions offrent dé grandes inégalités. et latinâ, ÀVitleb., 1542.
On à de lui
:
XIV. Icônes et brèves vitoe impe-
I. Epicedia in P. Mosellanum .et raiorum neenon rerùmcujusqueges-
in Guill. Nisenum,y\7\\[eb-, 1524,8°. tarumindicationes tetr'astichis dis-
II. Psalmi aliqubt in versus con- ticM'sqùeinciusts, 1543,in-8".
jecti, ïïagari.. 1529, in-8". XV. P. Ovïdii Nàs.bnis Metamor-
lit. J. Bàcàtii îiefÏY'sv.Eaîriïîaç Deo-
,
phpseos lib. XV, cum commentariis
rumlïb.'XV, cumànhol. J. Èicytti. Raph.Regii.Adjeclis eliam annotai.
_

Ejnsàemde,montium,s'ylvdrum,foii: J.Mrcylii,Jias\\., 1543, 15.49, .in-fol


iium,laçmm,jliwiorum. stagno'rum XV l.M.À nnasi Lncàni de bèïlocivïli
etmà'rium nomihibks lib. ï, cum in- lib. X, cum scholiis integris guidera,
dice, 'Basil., 1532, in-fol. ' J. Sulpitii Veruldni, çerlis aiUëm
ÏV. Titi Livii'âesdllerredsprech-
.
. loçis étiam O'mniboni, ùnà cum an-
;
s'ien, nnji iwchbérUlipïlesien "Ge- noiàlionibus quibusdam J. Micylli,
scKichtsscltf'eibers rbmische Hisio- FranCof., 1551, in-4».
rien,Miietliçliei\nemenTranslatiqn XVII. Ratio ëxamihariftorum ver-
durch N. .'Carbach et J. Micyllum, suum, Norinb.,. 1552, in-8"-.
Meynz,.,1'533,:iin:.lpl..__..' XVIII-. DevitaEuripidis ac detifi-
,
..Y,.$omUiciieWerk"e kes Taçitus gtsdiâ ejusque parlibùs, puhl. dans
iiberseiit, mit dem lalëinischeti Ori- l'ÉuripidedeG.StiblinusiBasil.,io"62,
ginal,Meynz, 1535, in-fol. in-fol.).
yi.Annot'aiionesin Martialis epi- XjX. Sylvarimiseuvariorumcar- .

grammata,'dont'.Gesner a enrichi son minum libri K'pub'l. à.Bâle, 1564,


_.

édit. d'e/M'arlial .'.(Basil., 15à6, in-80'; in-41;,-par son fils Jules. Nous rappor-
ïig.,Ï5U,ln'-'8°). '.

,-.y%.,LiiciiiniSMiosatm^
.,.,",.. terons, comme' échantillon de sbn'ta^
lent poétique^ 'les derniers Vers-qu'il
qnts.quidemexsiaiit omnid, e\grceco composa, peu de temps avant d'expi-
scnnoneinlatinimpariimjam olim rer'.
iidivêrsis mtoriiïm, pârtim mine Fàla "vôca'nl,
monarque libens, Vajès.tis'aiaiei;
MON
— 439 — MON
Hegia siderei mo vocat a-lta poli. lébré en 1631,; avec Marie Menant (1 )
À.ttii,
.
Ch.riste, névoe qui nobisgaudid-vilio'
Réddis, et in supérâ dâs- regione l'ocum, morte en 167.8,. à l%e de 64 ans.:
Huicafieunlï'anihioeplàciduni largire- quietem; 4." MAHIE, née le 25 juill. 4 6âf;—
.Ne rijibi-sit plclium mortis inane luoe. 2? Louis,,né en 1634, sieur de Rutie-
Me liquor ille tuô sfillans è vul'nére saricio
Abluàt, hbs oestus, Ivaiic levet illé sitlm. - ville. f_ReuneviUe?_j, capitaine au fer-
ment de Champagne;.— 3° ÏSAA-C,. (jitit
On doit, en outre, à Micyllus, une suif;- — i° JACQUES, sieur dé_Gh_aveàay,
édit.
.
augm. de la Grammatica groeca qui épousa-, le 21 janv, 1682, Margue-
de Mélanchlhou (Franc!,, 1.544,. in- rite BourdiniHile de,Charles Bour-
8°),. une- édition du traité De inetris, din, sieur dePierre-BlanGhéi. conseil^
de Terèutianus Maurus (l'532), un- Ca- 1er secrétaire du roi, et de, Madeîaiii»
lendarium, et des trad- de, quelques d'Azemar; il abjura àlarévocationaveç
fragments d'Homère, qui ont été pu- sa femme,.dont il avait deux- enfants;
bliées dans les.Deliciae poetarum. ger- SUSANNE-CHARLOTTE,née en 4682___- et
manicorum. Louis, né le20 sept. 1683;;:—>°JA<f-
MONCEAU (Louis DÉ), oudeilfo»- QUELINË,, morte jeune;. —""6° SAiroia,, .

ceaux, sieur de Bourneville, conseiller présenté au baptême,, en- 1-64-0, par


secrétaire du roi et receveur général George Herbaud, docteur en-,méde-
des trailesforainesen Champagne, mort cine, et Marie Bigot,\é\ive de-Causse;
à.l'âge de-75 ans,ét enterré à-Charen- 7° MAUGÙERITE, née en 1644-,, et
ton, Je 3 mars 1!645, laissa^ de son

mariée, le 4" juill. 1-682, à Claude
mariage avec Geneviève Garrault, Vallée, sieur de Chenailles, conseiller
deux fils nommés JAÇQCES-et ISAAC(1):. du rei en sesconseils ;— 8° MAI>EVAI_-
!.. Jacques de Monceau, sieur de NE, morle jeune, ainsi que—9' CHAII-
L'Eslang,: prit pour femnie,. en. 4-637, hy.s;- — 10° ÇATUERINE,- fënime, §n
CaÀherinede Rambouillet, qui mou- 16S6i de Philippe de Mllereau,- fils
rut veuve, en 1664, à l'âge de43 ans> dp Philippe-,, sieur' de Juran.villp, fit
Les Registres de Charenton nous don- d'Anne: de Çosne;.— 11," SUSANNS,
n'en lies noms de trois de. ses enfants: quiépousa^en I 669, Claude Ser-rièrei,
1° ANNE, morleà |?àge de deux ans, sieur, du Perayv-fils de Jean-Serrure-,
en 1.610; — 2" CATHERINE, mariée,.en et àlEsJher Morin; -^ 12? DANIEL»
4667> à Jacques, Bigot, contrôleur— sieur d'AOTiN, qui se maria,,|el.6>jany-.
général de Uinfanlerie;—35 NICOLAS, 1! 81., dans le-leniple de;Gharè'nlonj
né en 1642. qui épousa,; le-1 S. février avee" Madelaine-Judith DpmawcbÀ'ii.,
\;ègo, Madelaine Mercier, veuve de fille de Sdlo'mcn Domanchui,: secré-
1
BeiiriMuisson. Jacques-de Monceau taire des ,finances; du duc d;0déansi
nVd.vait; que 36 ans, lorsqu'il mourut pi de Judith Ronsard; il en eut-deux:
en 16i3-. 11 est impossible de le con- filles. JuniTh-MAOELAiNE, néeeh 1 6$?
fondre avec un autre Jacques dé Mon- et morte en-1684-, et EL'iSA,DEta, qui
ceau, secrétaire de la chambre du-rpi, n'avaitquedeux-ans lorsqu'on l'enleva
qui épousa Marie Fournier et, en put à-ses parents pour l'enfermer dans le
MARGUERITE, présentée au baptème,-en couvent des Ursuli.nes de Mpntargis,
461 i-, par Benjamin Aubéry-dn-Mau- où elle resta jusqu'à sa vingtième an-
v.ier, LOUISE,.née le 47 sept. 161-4,et née (Arch. gén. E. 3400); -*M'.3S CÉ-
GAMÀLIEL, né le 1.6 janv. 1618 Peut- SAR, sieur d'Eguilly, néen 1.655, capi-
être ce dernier était-il son oncle. taine de cavalerie, qui obtint, en l'70;4;
II. Isaac de'Monceau, sieur de Bour- ledpn desbjensde sa soeur Marguerite^
neville, conseiller secrétaire du roi et réfugiéeà l'étranger (Ibid. E. 3390);
des:finances; laissade.sonmariage,cé-
(1)"Éllc était" fillè'd'ë Guillaume Menant, con-
'(D'En 1SV3, Anioiné-de..Mowci;auï; du Béaii- seiller, secrétaire-du ïoi et des,liiiatiçes, mort
voisl's, se* réfugia* a Genève C-fiêjr. 3êi ' Mti- a
SÔiris'i-fp 16S'3, *t,dÔJàé'guéliné' Berger
i&U)'i rer?iwe-l«'-pèrede%-ôuis?? ijî'ôftVà i&tijas, ,cii -tâWtKcf të.Cka)içM\$,.
MON 440 MON
— —
Isaac de Monceau, sieur de LA ME- vers étals de l'Europe, avec des remar-
IONNIÈRE, était lieutenant-colonel du ques sur le commerce el sur l'histoire
régiment d'Anjou, lorsqu'il épousa,en naturelle, Amst., 1738, 2 vol. in-8».
4 679, Anne Addée, fille de Louis, MONCH\ (JEAN HE), sieur de SÉ-
sieur du Petit-Val et de Grandchamp, NABPONT,' baron deVismes, chevalier
et d'Anne Bothereau,\aqxte\\eluiavait de l'ordre du roi, capitaine de 50 hom-
déjà donné trois enfants: LOUIS-ISAAC, mes d'armes de ses ordonnances, ca-
né en 1680, SUSANNE-ANNE, baptisée pitaine de Boulogne et lieutenant du
le45 août 1683 et MARIANNE, bapti- roi au gouvernement de Picardie, avait
sée le 29 avril 1685, lorsqu'à la suite servi avec distinction dans les guerres
delà révocation, il prit le parti de de François I" et de Henri H, notam-
sortir de France. « On apprit dans le ment à la prise de Calais, en 1557, et
même temps [janvier 1686], lit-on était père d'une nombreuse famille,
dans les Mémoires de Sourches, que lorsqu'il embnssa le protestantisme. Il
La Melounière, lieutenant-colonel du abjura publiquement à Dieppe, le 30
régiment d'Anjou, qui était ancien of- mars 1559, entre les mains de Jean
ficier, homme de mérite et bien fait, Knox, le célèbre réfoimaleur de TE-
mais de la R. P. R. el fort opiniâtre, cosse, qui s'arrêta quelques semaines
avait pris aussi le parti de sortir du à Dieppe, au retour d'un voyagequ'il fit
royaume, mais qu'il avait élé pris sur à Genève, etqui y prêcha avec un grand
la frontière.» Pouréviterunecondam- succès. Son exemple fut suivi par
nation aux-galères, LaMelonnière pro- plusieurs gentilshommes de marque,
mit de se faire instruire.Dans une pièce tels que Bacqueville, Montivilliers,
mss. (Supplém. franc. 4026. i), où etc. Sénarponl entra assez avant dans
est formulée une plainte contre les les projets de Condé pour se trouver
seigneurs de la Cour qui gardaient à compromis par les révélations de La
leur service des Réformés, comme de Sagne (Voy. -II, p. 442). Lorsquela
Morin, guidon des gardes de M. le guerre civile éclata, il envoya à Dieppe,
Prince,el Merveillon,anne\è,nai Sour- à la demande des habitants, effrayés
ches Vervillon, écuyer de M. le duc du voisinage des troupes de d'Aumale,
[il se convertit], nous lisons, en effet, l'ingénieur Du Coudray qxiiy éleva une
que les sieurs de Grandchamp, de citadelle à laquelle tout le monde tra-
LaMelonnière, Ferrière, Frégeville, vailla avec la plus grande ardeur. C'est,
d'Antin et Marinier travaillaient avec à notre connaissance, la seule fois qu'il
zèle à leur instruction. Si le brave La prit une part directe et personnelle aux
Melonnière en fut réduit à jouer un rôle, événements de la guerre; mais sa reli-
de Tartufe, sur qui le blâme doit-il en gion le rendait trop suspect à la Cour
retomber? Au reste la ruse lui réussit; pour qu'on le laissât en place; aussi
car il parvint à se réfugier en Hollande. fut-il destitué en 1568. Il avait épousé,
Le prince d'Orange le nomma colonel en 1531, Claude de. Longueval, qui
et l'attacha à sa personne en qualité mourut en 4 556, après lui avoir donné
d'aidé-de-camp. Il se signala dansla onze enfants : 1 "François, tué à Amiens
campagne d'Irlande, notamment au au sortir de page;— 2° ANTOINE, qui
siège de Carrick Fergusetà la bataille suit; -3" JEAN, sieur d'Ercourt, qui

de la Boyne. Selon Barbier c'est sur n'eut de son mariage
avec Chat-lotte
les Mémoires que La Melonnière lui de Fleurigny qu'une fille, LOUISE,
fournil que Charles-Frédéric de Mer- alliée à Alexandre de Morogues, sieur
veilleux (1) a rédigé ses Mémoires in- du Sauvage; 4° SIDRAC lige de.la

structifs pour.un voyageur dans les di- branche de Moimbnt, qui ,paraît être
(1) Trois écrivains de ce nom iious sont
rentrée de bonne, heure dans le catho-
connus, mais nous n'avons pu nous assurer licisme; — 5' GÉnÉON, sieur de Mons,
s'ils descbhduioiii deTrunçais réfugiés. marié à Charlotte d'Orbec-, et père de
MON 44-1 MON

SUSANNE, qui devint la femme de Fran- s'étaitcrueobligéeenconscience d'aver-
çois Martel, sieur de Fontaines; — 6° tir la supérieure du commerce criminel
—. 7° GABRIELLE, femme, en qu'une de ses religieuses entretenait
SUSANNE ;
secondesnoceSi de Robert Des Marais; avec un prêtre. «Ce secret éventé, dit
— 8° ANTOINETTE , mariée à Gilles l'historien, lui attira de violentes per-
Carbonel, sieur de Chassegué; — 9° sécutions, et on lui fil des traitements
FRANÇOISE femme de Nicolas Aûx- si cruels, qu'à peine peut-on ajouter foi
Epaules , sieur de Sainte-Marie-du- à la relation qu'elle en a dressée. Il
Mont, qui,, restée veuve, en 1577, avec n'y avoit pas d'apparence qu'elle pût
un fils, Henri, et deux filles, Judith et vivre dans l'état où elle étoit quand
Sara, se remaria avec Jacques The- elle fut mise en liberté ; mais la joye de
sart, sieur des Essars ; 10" CHAR- se retrouver avec sa mère, femme d'un
LOTTE, épousede/'V&wçois deBoulain- grand âge et qui avoit beaucoup souf-
villiers, sieur de Sainl-Ceré; — 11° fert, lorsqu'elle l'espétoit le moins,
jEANNE,femme de Paul de Briqueville, après une séparation de plus de deux
sieur de Colomhières. Du second ma- ans, aidant à la force de son tempéra-
riage de Jean de Monchy avec Made- ment, la rétablit en peu de temps dans

laine de Suse, veuve de Joachim, sieur une parfaite santé. » Nous n'avons pu
d'Ouarly célébré en 1563, ne naquit découvrir cet opuscule.
qu'un fils,. Louis, qui fut tué à la prise SIOAG1NOT (FRANÇOIS nÉ), plus
de Meaux. connu sous le nom de LA SALLE-MON-
Antoine de Monchy, sieur de Sénar- GINOT, conseiller et médecin ordinaire
pont, chevalier de l'ordre du roi, suivit du roi, depuis 1635, naquit à Langres,
Condé à Orléans, en 1562 ; mais on ne le 4 6 mars 1569, dans le sein de l'E-
voit pas qu'il se soit distingué parmi glise catholique.ïlfitses éludes à Mont-
les chefs huguenots. Il abjura en4572, pellier, et avait déjà acquis une grande
avec son frère, à ce que nous .apprend réputation à Paris, où il exerçait son
une lettre d'Eléonor d'Orléans, où nous art, décoré du titre demédecin du prince
lisons : « S. M. est contente que les de Condé, lorsqu'il se convertit au pro-
deux Sénarponl qui estoient à Mons, se testantisme à la suite d'une conférence
retirent en leurs maisons pourvu qu'ils que Du Moulin eut avec un jésuite, en
vivent catholiquement. Ils ont ouy 1617. C'est à l'occasion de sa conver-
messe» Xollect. Fontanieu3%b-Z6). sion qu'il publia,, selon l'usage, sa Ré-
11 mourut au château de Saintines en
,
solution des doutes ousommaire déci-
4 586. Il avait été marié trois fois. Sa sion des controverses de l'Eglise ré-
première femme, Jeanne Olivier, fille formée etde l'Eglise romaine. Traicté
du chancelier Olivier, lui donna trois contenant les causes et lesraisons qui
fils : GÉnÉoN, BENJAMIN et THOMAS, et ontmûleditMonginotàsortirdel'E-
une fille, Antoinette , qui, selon le P. glise romaine pour se ranger à l'E-
Anselme, futbapliséeà Saint-Germain- glise réformée,L-& Roch.,464 7,in-8";
l'Auxerrois, en 1571. La troisième, Çolpgny, 1618, in-8°; trad. en angl.,
Françoise de Vaux, veuve de Jean, ba- Lond., 4 618, in-4°.Outre cet ouvrage,
ron de Vieuxpont, le rendit encorepère on a de lui un Traité de la conserva-
de deux fils, François et Anne, et d'une tion etprolongation delà santé, qui
fille, CLAUUE, qui épousa, en 4 599, futpublié, selon la Biog.univ.,en 4 631,
François d'Hervilly. et réimp- en 1633 et 4635,-in-42. On
ÎHOiHDLT(Mn"'nE),veuve d'un gen- ne sait rien de plus sur sa vie. Il mou-
tilhomme de la Haute-Guienne, a écrit, rut à l'âge de 68 ans et fut enterré au
selon Benoît, une relation des mau- cimetière protestant des SS. Pères, le
vais traitements qu'on lui fit subir dans 48 déc. 4.637 (Reg. de Charent.). Il
un couvent oii elle avait été enfermée avait épousé, en 1 G%'6,Antie Chenevix,
comme protestante. La pauvre femme gcpur du ministi'6 Philippe Cheneviz,
MON 442 — MON

et fille "de Paul Ç.henevix, ancien de têaud'Angers-Saperséyéranceinéhravr^
l'église, de. Charenton, et dé Susanne lable força à la;fin la Cour à céder,. ïï
Gôbeli'h, laquelle lui.survécutjusqu'en fût chassé de France, eh 4 688,, el se rer
"

4
6S'1.ié ce mariage vinrent: 4." FRAN- tira,. enËollandê ainsi q.Ué.son;gendr.e,,
suit; ETIENNE, dont qui'fut tué- au siège de Lime ri ck. Il a-
ÇOIS, qui -^ sonffërè; 3*

nous parlerons après — vait eu de sonmanigéamc.Madelaitie.
PAUL, ha en 1626 •„—4° ANNE, née.en Le Goux, céléhré en 4 658, cinq en-
1628, femme.en 4 6,67,: de Pierre Mo- fants : 1 ° SIA-RI-E, morle en naissant;,—
'«'»,mînistre à Châleâuduh;"—5"PAUL, 2° SUSANNE, qui ne vécut que deux
né ëh 1659; — 6* SUSANNE, née le 7 mois;. — 3°FRANÇOIS, né. le. 3-juill..
juin 4631 ; —7° CATHERINE, née le .4 660,capitainedans le régiment duMai-
6 ndy. 1.632;—-et probablement Théd- ae, qui se convertit.et obtint, ënl 688,
déê, ancien dé l'église dé Beaunë èh ledon des biens de son père (Arch. Ê.
Bourgogne,, en .16S0, père de deux fil- 3374).; — 4° ANNE, née eu (662 et
les nommées.ÀNNÉ et JEANNE (Arch. mariée, en 4 680, à DmidDwPlessis,,
gén.S-r.Û.^.' '_""-.'."'. sieur de'La Éerrine,, fils^deifeu Louis
" François Monginot,
I. Fils aîné de de Du Plessis, sieur de La Perrine, et de
François, docteur en médecine, naquit Susanne de Çpnrcill.on;*—T>° SUSAN-
en 1625 él marcha dignement sUr les NE,, liée en 4-664,. femme, en 4 68l.„_,dë
traces de son père.- Il à laissé sur l'u- Gédéon Mesnage, sieur, de- CAGNV, fils
sage du quihqutiia un très-bon traité, de Louis, sieur de Cagoy, elde.Murië
dont Sprengel dit dans son Hist.'del'a de Barberie-de-St-Contesi; à qui
médecine : Monginot apprécia parfai- son oncle,. MiéMl de Èarberië,. sieur
ieriieni toutes les différentes méthodes de St-Çonlest, servit de père.
par lesquelles on avait cherché à mas- II. Né en 1627etp,r.ésenté-aubaplème,
quer lé quinquina pouf lui donner la le 2Ô;riai_, par Etienne Gobélin, nyii-
formé d'un remède secret.Il veut qu'on ç\vAnddef;mi.ehMnrg^e.rMeG,obelm,
1,'àdmiiiislie pur, à la dose d'une once Elienhe Mp.ii'ginét., sieur du Plefsis:i,a
et défiiie ou deux onces, dans une in- Solle, entra dans.les finances, et devint
fusion vineuse,- préférable, selon lui, fermier génén;il;.; Lorsque les Proles;-
aux autres préparations- Cet ouvrage, larais. furent ex-cins de*:, fe_rin.es.et ga-
publié (Fahôrd sou's ce titré : De lagué- belles, malgré Çolberl, il consaçraho-
rison dés fièvres par le quinquina, ïiiement une partie de. la belle fortune
Lyon et Paris,'! 679', ih-f 2,a été réini- qu'il avait.acquise,-avenir au secours
Jfimé, tiad'.ëh latin, dans le recueil de d'un grand nombre de, commis réduits
Nigrïsoli (.Febris china chine èxpugna- à la misèreja-r Je règlement du 11 juin
ta, Ferrariae, T68'7. ih-4") él dans le 4.6R0.- Aptes que l'édit (le Nantes, eut
Zodiacùs medicp-galliciis de Nicolas été révoqué, n'ayantppinl voulu renier
de Blëgiiy (Gen., 4 68Ô-S2, ïn-4°').Oh sa religion, il.fut'exilé; il Npyon, le 29
lrpuve aussi de lui, dans.le Journal i\ov.JG8& (Arch. gén E.-337-1)* puis,
dés savans (1678), une Description le 10 déc:, en Bretagne ( l ),. Il ne tarda
d'un rein monstrueux, qui a éle trad.' pas à, se lasser de son exil. Deslemois
en angl- ei insérée d'ans le N" 168 dès de fév. 1686,. le Mercure galant put
Transacl. philosophiques. enregistrer son abjuration et celle de
Pendant les persécutions qui suivi- toute.-sa famille., Mais celte abjuration
rent la révocation de l'édit de Nantes h'était qu'une feinte En 4683, Mon-
él qui sévirent à Paris comme dans les ginot réussit à sortir duroyaumè et se
provinces,. Monginot montra beaucoup
dé fermeté et de constance, Au' mois de -' (1) Plusieurs autres Protestants de Paxis,
janv. .1686, on le jeta, à la Bastille avec outre tes aniie'us' dé, l'oslise, furent égale-
son gendre de Gàgny, et quelques ment, internés ,; comme Dttlaisë., a Binai)',
Bussiêrê, h:Dun-le-Roj-, MicKel Reou, poru-
mois après, il fut transférédans lechâ- siiîntç'ij'u do S?- lePrincôfii Ufivefi
MON 443 — MON
réfugia, en Hollande avec sa femme papauté», en sorte d'Alesme, mal-
que
(lMd3.331i).Ses biens furent confis- gré liii, se yit forcé de poursuivre la
qués au profil du roi, qui les rendit à procédure dont le parlement l'avait
ses deux enfants, Pierre et Marie (les chargé.Les interrogatoiresfurent nom-
seuls sans doute qui fussent restés en breux, mais ils n'offrent rien de parti-
France); par brevet du 30 janv. 4690 culièrement remarquable. Les deux
ac-
(Arch. E. 3376). cusés comparurent,le 4 mai, devant la
Etienne de Monginot avait épousé* Chambre de la Touraëlle, dont étaient
en 1657, Catherine Lemonàm, fille membres Jean de Guilloche (Voy. ce
d'AbrahamLemo}iom,mèàecindu duc nom),eld'autres conseillers qui,comme
de Longueville, et d'Anne Grosiête^ celui-ci, penchaient vers la Réforme
ou
Il en eut : 1° CATHERINE, née en 1658, voyaient au moins avec déplaisir l'E-
etmariée,-le4 avril 4 677,à César Caze, glise se défendre par les bûchers. 11
y
qu'elle accompagna sur la terre étran- eut donc partage, les uns ayant voté
gère en 4 685;—2° ETIENNE, né le 1 4 pour lamortlaplus cruelle, avec ques-
janv. J660; — 3° PIERRE, sieur de tion préalable, les autres pour une dé-
Vrainville, né en 4 664, qui abjura ;— tention de.quelques mois, pendant la-
4° ETIENNE, présenté au baptême, le 9 quelle on travaillerait à ramener Mon-
juillet 1C6o, Bar Jean Chenevix, maî- nier et Cazes dans le bon chemin. La
tre teinturier, et Anne Chenevix, sa Grand'Chambre, saisie du procès, se
gra.nd'mère;—5" ANNE, morte enfant; rangea unanimement à l'avis des pre-
—^"ABRAHAM, né le9 fév. 4669 mort miers. De plus, elle décréta de prise de
à l'âge de trois ans;—7" PAUL, né ie corps Alain de Ohadevillë, religieux
4 4 avril 1670; —8" MAOELAINE, née augustin, qui avait prêché le carême
en 1671, qui parvint à rejoindre ses « bien suyvant l'Evangile», el.Fran-
parents en Hollande.; — 9° JACQUES, çois Mestayer, marchand de Bor-
baptisé Je 2 fév.1673;—40°ANNE, née deaux, l'un et l'autre soupçonnés d'hé-
en 4674^ morte.jeune; — 41° MARIE, résie. L'exécution eut lieu le 7 mai,
femme,en 1684* de Pierre-Antoinede devant le Palais. Elle présenta des cir-
laucourl-d'Espmilles. constances si airoces que les specta-
flloiVlsîR (ARNAUD),jeune homme teurs, saisis d'une épouvante subite,
d'ènvjron 25 ans natif de S.iint-E.mi- s'enfuirent dans toutes les direClions;
lion-, fui constitué.prisonnier à .Bor- les gens de juslice avec les autres.
deaux, comme hérétique, le 25 avril iM{j\lli-;n (CLAEDEK nalif.de Saint-.
4.556. Quelques jours après, Jean de Amand-Talenile, martyr. Monier avait
Cazes-, de Libourne, .son plus intimé fait d'assez bonnes éludes. Après avoir
ami, ayant été amené à Bordeaux par enseigné à Issoire et à f école de Cler-
ses affaires et ayant appris son arres- mont dont il était principal, il avait dû
tation, essaya d'arrivérjustjti'àlui pour quitler l'Auvergne* «ayantinstruit la
le consoler elle fortifier; mais comme jeunesse spécialement en la crainte de
la Cour avait ordonné de saisir tous Dieu et en la cognoissance de sa sainte-
ceux qui.demanderaient à.voirMonier-, parole, et étant venu en haine et soup-
il fut arrêté lui-même et jeté dans les çon vers les ennemis d'icelle; telle -
prisons de la Conciergerie. Le conseil- rnentqu'il avoit été osléde ceste charge
ler rapporleur, J. d'Alesme, qui le con- d'enseigner. «Pendant quelque tçmps,
naissait de longue date, l'aurait fait re- il avait parcouru le pays en évangéli-
mettre sur-Je-champ en liberté, s'il sanl; mais la persécution l'avait enfin
avait consenti à accepter ses bons of- forcé de fuir el ji s'était retiré à Lau-
fices. Mais l'enthousiaste jeune hom- sanne. Plustard, revenu en France,

me né voulut.point laisser supposer il s'éiait établi à Lyon où donnait
seulement qu'il eût fait ses pâques « en des leçons "à quelques enfants qu'il
idolâtrie, comme on a ac-oustumé en la instruisait ans saintes lettres. Le Mai-
MON 444 MON
— —
tyrologe loue son esprit doux, paisi- déplace en la guerre chrestieune.Lais-
ble et débonnaire, sa bonne vie et la sons tout cela aux tyrans. » Un homme
pureté de la doctrine qu'il enseignait. de cette trempe ne devait pas renier
Arrêté, le 5 juill '1551, dans le logis ses convictions, c'était impossible. Le
d'un coreligiounaire, qu'il avait fait é- 26 oct., il fut dégradé devant la cathé-
vader pour le soustraire aux poursuites drale et livré au bras séculier. Conduit
du prévôt, il fut jeté dans les prisons de dans les prisons de Roanne, il n'en fut
l'official etsoumis,dès le lendemain,à tiré que pour être brûlé vif sur la place
un long interrogatoire, dontil a rendu des Terreaux, le 30 du même mois. '
compte à ses frères en Jésus - Christ MO\JO\E (ANNE), paysanne des
dans une lettre publiée par Crespin. environs de Bergefac,martyre en 4 688.
Qu'on nous permette d'en citer un court Les persécutions qui suivirent la ré-
fragment, qui donnera à la fois une vocation de l'édit de Nantes eurent un
idée de l'exaltation de Monier el de la effet directement contraire à celui que
vigueur de son style « N'est-ce pas le gouvernement en attendait. Révoltés
une horrible et fière bataille, quand on par les atrocités qui se commettaient
en veut à soi-mesme,quand nous som- dans toute la France, un grand nom-
mes ennemis de nous-mesmes, voire bre de Réformés, dii Benoît, qui com-
les plus cruels el félons de tous ? Et mençaient à s'accoutumer aux prati-
si nous n'avons pitié de nous-mesmes, ques de l'Église romaine, se prirent à
qui en aura pitié? Ce sera ce bon Père douter qu'une religion, au nom de la-
plein de miséricorde, s'il lui plaist, qui quelle on violait ainsi toutes les lois de
necessedefairedubienà ses ennemis, l'humanité, de la justice, de la pudeur
rendant tousiours le bien pour le mal: même, pût être le véritable chemin
lequel pour l'amour de son Fils nous du salut, et comme ils ne voulaient pas
face la grâce d'avoir pitié de nous et vivre sans religion, ils se joignirent
des autres. Sus donc, mes compagnons aux Prolestants restésfidèles à leur foi,
de guerre, à l'assaut, à l'assaut : cou- pour célébrer en commun le culte
rage, soldats, courage, marchez hardi- proscrit. On vit donc de tous côtés se
ment. Ne lès craignezpoint, ils ne sont tenir des assemblées plus où moins
pas gens pour nous : car Jésus-Christ nombreuses ; il y en avait beaucoup,
noslre capitaine nous les a lous vain- ajoute le même historien, qui, étant
cus. L'espérance donc de sa victoire contraints d'aller le matin à la messe,
nous servira d'armer nostre teste. N'ou- de peur des dragons, allaient expier
blions pas nostre bouclier, qui est d'a- la nuitleur crime dans ces assemblées.
voir une foy vive, puissante el ver- Ou y chantait des psaumes, on y lisait
tueuse, pour repousser 'les coups de l'Ecriture sainte et quelques sermons,
nos ennemis. Gardons que l'espée ne on y faisait des prières. Il se passait
nous eschappe delamaiu : ce Cousteau rarement uuesemaine, surtout dansles
du Saint-Esprit tranchant de deux cos- Cevennes,où il ne s'en lintquelqu'uiie.
tez, qui est cette vive Parole de Dieu, Peu à peu le zèle s'exalta ; on voulut
laquelle perce et coeurs et âmes, et y célébrer la sainte Cène; mais où
pensées- et intentions. Rien n'arreste trouver des ministres, seuls capables,
devant elle : tout lui est descouvert : d'après la Discipline, de l'administrer?
tout tremble devant elle. Elle fait La nécessité fit passer par-dessus la
choir ses ennemis à la renverse sans Discipline. Des personnes de tout âge
les loucher. Bref, ce sera elle (comme et de tout sexe, des gens d'étude etde
dit sainctPaul) qui assommera l'Anté- métier, de simples des en-
paysans,
christ. Qu'on se gardé bien, sur peine fants même, se vouèrent aux fonctions
de la hart, de changer ses armes pour du ministère. Anne Monjoye' fut du
celles de fer. Le fer, le bras, la cheva- nombre. Elle ne savait
pas lire, elle
Jerie, ni autre forcé.humaine u'a point apprit, litdès que, grâceà &>n heureuse
MON — 445 — MON
mémoire, elle fut en état de réciter quel- député à plusieurs synodes nationaux.
ques sermons et quelques prières, elle MONTAGNAC (BLAISE DE), qui
tint des assemblées qui devinrenten peu vécut dans la première moitié du xvie
de temps si nombreuses que l'inten- siècle, eut pour enfauts : 1 ° ËUSTACHE,
dant Besons ne négligea rien pour se qui lesta en 4 584 ; — 2" RAIMOND, qui
saisir d'elle. 11 y réussit au bout de suit; — 3° MATHELIN, qui épousa, en
deux ans, el après l'avoir vainement 4586, Jeanne de Mandagout et en
sollicitée à changer de religion, il la eut JACQUES, allié, eu 4 633, avec Ma-
condamna à mort, en 4 688. La même rie Galician. Il est impossible de. con-
sentence envoya à la potence Jean fondre avec l'un de ces fils de Biaise
Gantier, dit le Grison, chez qui une de Montagnac, le capitaine Montagnac
assemblée s'était tenue, et qui fut exé- qui défendit bravement avec La Pé-
cuté malgré son abjuration ; le vigne- rouse, le château à'Alleman, seigneur
ron Jean Panezou,\e métayer Etienne d'AUières, et qui fut pendu, ainsi que
Taillada; aux galères perpétuelles, son compagnon d'armes, par les assié-
Arzac, qui avait fait la lecture dans geants, en 4 577.
une réunion religieuse, et Paye, qui Raimond de Montagnac eut deux en-
avait assisté à trois assemblées ; dans fants, une fille, JEANNE, elun fils,
un couvent, les deux demoiselles de PIERRE, qui fut père de Louis de Mon-
Redon; enfin dans la manufacture de
Bordeaux, supplice auquel on ne con- vice-président, et de Blet ; Orléans, Imberl
Durant et Du Plessis ; Gergeau , Home et Le
damnait que les plus ignobles créatu- Maislre; Dangeau, Thuysart et Le Beau ; Mer,
res, Judith Grimouil, servante de Péju et Malvaut ; Espeuilles, La Roche et
Vouillant ; Cliâteaudun, Lami et de Guicheril;
Gontier, MarieDarbel, Marie Faurcy,
Dollot, Pial , min. ; Argenlou , Salmon,
soeurd'Arzac, Anne elJeanneMarteau min. ; Aubusson , Bédé et Biennousvienne
(Arch. gén. TT. 330). Marclienoire, Garnier et de Villeneuve; La
MO.\SA.\Gl.ARD (ETIENNE UE) Chai ité, Tabu el de Lonfroy; Sully, Babaull et
Odrg ; Châtiilon-sur-Lnire,Margonne el Des
ministre de Corhigny, ayant été accusé, Hommec;Issoudun, Bedéel Pcrrol;Oucliamps,
d'avoir dit qu'à Rome on vendait la Pigeaull et Segrelin ; Romoranliii, Brun, élu
rémission des péchés, fut condamné à secrétaire, et de Souslelle ; Bourses , Gués ,
faire amende honorable; mais en ayant min.; Blois, Vignier el Morin ; Châlillon-sur-
Loing, Jurieu et Chamailiard ; Gien , Oiseau
appelé au parlement de Paris, il fut mis et de Benne, secrétaire laïc Corbigny, Mon-
hors de cour. Benoît, qui raconte cet sanglard et Séinélé ; La Chaire, Parnajon ,
étrange procès, ignorait à quelle date anc; Sancheville, Belon et Uenonville ; San-
cerre, All'ird avec deux anciens, Guichard et
il eut lieu. Nous trouvons Monsanglard Renard; Chilleurs, Vauloué , min.; Di-cise,
cilé comme ministre de Corbigny de- Falquel el de Brannais. Le synode de 1629 se
puis 1601 à 1637 (1). Il paraît avoir tint en présence de Jean de La Fonlan, sieur
de Bafour. Les églises de ChâteaudUn, Beau-
joui dans sa province d'une assez gran- gen<y, Corbigny, Orléans, Mer y furent repré-
de considération. Dans la liasse des sentées par les niêuies pasteurs et par les an-
synodes de l'Orléanais et du Berry où ciens Daniel Baignoux , J. Le Roi, Charles-
Guesdin, Barthélémy Rousselet et Jacq. t ha-
nous avons déjà puisé plus d'une fois bin, sieur de La Borde. Châtillon-sur-Loirey
(Fonds S. Germ., franc. 914.16), il dépula J. Baliauld et Salomon Bonlaillant; Lit
figure à plusieurs reprises soit com- Celle, Pial, min.; Blois, Paul Tesldrd et
Henri Dufour, docteur en médecine ; Chil-
me secrétaire, soit comme président du leurs, Home et JeanAgar. Denonvifle ou San-
synode provincial (2). Il fut, en outre, cheville n'envoyaque son pasteur Belon; Ger-
geau, l'ancien P. Bonpaillart ; Aubigny, son
(1) En 1641, cette église avait pour pasteur min. Paul Gués. Les députés de Marclienoire
un autre Etienne de Monsanglard, natif de furent Is. -Garnier et Paul de Villeneuve; ceux
Dijon, qui avait fait ses études à Genève, où de Sancene, Allardel Etienne Guichard; ceux
il avait été immatriculé en 1636. de Gien, Dan. Jamet et Charles Rousselet.
(2 II présiita les synodes tenus à Sancerre, Dang au ne fut représentée que par Thuysart,
le 28 août 1619, et à Châtillon-sur-Loing, le EspeuillesparSipé/é,et La Charité par Tabiji
22 fév. 1629. Assistèrent au premier : Bean- Enfin Cbâtillon'sur-Loing députa deux an-
gencv, Giiérin, min.; St-Amand, Jamet,
élu ciens, le bailli Claude Bernardel Ylhier Pial.
MON H6 — MON

"iagnac, conseiller au présidial deBe- garnison, ainsi que dans la tour delà
ziers. Connu aussi sous le -nom de porte des Ga.rmes; mais les Protestants,
Montaignac-Goussans, ce Louis se ré- la conduite de .deux jeunes g'eiis
sous
fugiadans-le Brandebourgà la révoca- de la ville, enlevèrent peltéto'urau'pre-
tion de l'édit de Nantes, avec son fils, mièr assaut. Animés paï le succès;, ils
le capitaine Montagnac (Arch. gén. s'emparèrent ensuite, de la tour du Co-
TT. 252). Nommé, en I6S6, conseiller lombier, près de la porte du Pejrôu, la
d'ambassade, il se fixa à Berlin.et de- plus haute et la plus forte de la ville.
vint ancien de l'église française. Maîtres ainsi des avenues de l'église
MOiVTAGWîi; (JACQUES" DE), né au •Saint-Pierre^ ils assaïiijre.nt cette es-
Puy, suivit -la carrière du barreau, où pèce de forteresse, mirent le feu aux
il fit un chemin rapide, il fut reçu, en portes, et, à travers uue grêle de pierres
4535, avocat général en la cour des el de balles. pénKirérenljusque dans la
aides de Montpellier. Lorsque la Ré- grand'salle. Désirant 'éviter l'effusion
formé fui prêchée dans celle ville, il en du sang, Montagne assembla les magis-
adopta un des premiers les principes, et trats et les principaux habitants, qui ré-
il prit une-part assez active aUx événe- solurent ,ile se pditer médiateurs entre
ments qui amenèrent dans celle.ville les deux partis. H fut convenu que l'é-
la lutte entre les deux partis. glise serait évacuée par les prêtres et
Cette lutle fui provoquée par les prê- confiée à. la garde de bourgeois des
tres catholiques qui, pendant lés mois deux religions. Soit accident, soilfana-
d'août et de septembre 1561 affectè- tisme, deux coups de feu furent tirés
,
rent de porter le pain bénit en proces- du fort pendant qu'on négociait et blés- -
sion.précédésd'uneenseignedéployée, sèrent deux des assiégeants. Rendus
d'une grande croix de bois et d'une furieux parce qu'ils regardèrentcomme
crosse , et suivis d'hommes armés de une trahison, les Protestants se ruèrent
dagUes el de sacs de cailloux sous leurs dans l'église et massacrèrent seize ou
manteaux, qui insuHaient les Protes- dix-sept Catholiques connus par leur
.
tants dans les rues , menaçaient, ceux haine Contre la Reforme, malgré les re-
devant la'maison desquels ils passaient, ' présentations de leurs chefs, qui réus-
se livraient en un mot aux plus répré- sirent .pourtant à arrêter le carnage, et
hensibles excès, encouragés par le gou- à mettre les chanoines en sûreté. Le
verneur, le juge-mage, les chanoines, rapport de tout ce qui s'était passé fut
l'évêque même; car ces hauts fonction- envoyé à la Cour par Montagne ; mais
naires ne rougirent pas de prendrepart les événements qui surgirent bientôt
à ces honteuses.orgies, en distribuant firentpromplementoublier cetjncident.
à ces gueux duvin et de l'argent. Après Il serait -difficile de dire quel rôle
aypir.supporté patiemment cesprovoca- Montagne joua dans la suite, l'histoire
tions pendant plusieurs semaines, les ne fait plus mention de lui jusqu'en
Protestants prirent leur revanche, le 1575, qu'il fut nommé président en la
24-septembre. Us se .saisirent à main cour des aides de Montpellier, dont il
armée de l'église de Notre-Dame, ap- fut aussi garde des sceaux. L'annéesui-
pelèrent lepremier consul; qui les favo- vante, le roi lui accorda des lettres de
risait, pour dresser l'inventaire des or- noblesse, et, vers le même temps, la
nements el des reliquaires et les faire reine-mèré lui donna le litre de maître
transporter à i'hûiel-de-ville, et'y cé- des requêtes de son hôtel. Il eslévident
lébrèrent leur culte le soir même. Re- qu'il n'aurait pas obtenu ces faveurs,
doutant une semblable visite, les abbés s'il s'était montré un ardent huguenot.
des couvents de Montpellier et les curés Hélait, eneflet, très modéré, si modéré
des autres églises se hâtèrent de mettre même que quelques-uns ont pu croire
en sûreté leurs trésors dans la cathédra- qu'il professait la religion romaine. Il
le de Saint-Pierre, où l'on établit une laissa un fils, nommé HENRI qui fut
,
MON
. _ H7 - MON
«onsëFlleT au prësidialdeMonTpellieret avait-r'éussiàarrêlerl'infprtunèBj'ûKS-
-épousa, eh 4 598 'Marie Gaillard, soii. P|npn répondit celle dame,
, .que
•dont il eut -ETIENNE., sieur de ;Puech- malgré son âge avancé, avait élé en-
villc. Comme :nous n'avons aucune levée «par sixarchergde la manière la
preuve queles descendants de Jacques plus'brulale, » mise sur un brancard,
de Monlagneaient persisté dans lapro- promenée par les rues .d'Orthez, toute
îession de la religion réfpimée, nous malade qu'elle était, el enfinpnilee.au
ne pousserons pas plus loin celle gé- couvenl de Notre-Dame ; que le diacre
néalogie. prétendu n'avait jamais .élé diacre,
JacqùesdeMpntagneeslauleurd'une n'ayant nul esprit et presque .imbéci-
«
Histoire de la religion et del'Etal de le» qu'aucun témoin déposait avoir
France depuis la mort de'Èenri II entendu ; ne
chez elle « ni chants ni priè-
jusqu'au commencementdes troubles res». Tout ce qu'on pouvait lui repro-
de 1560, _[Geu/| 1565, in-8-. C'est un c!ier,c'élaitd'ayoir reçu dans sa demeu-
fragment d'un ouvrage beaucoup plus re quelques huguendtles des plus opi-
èonsidérable qu'il laissa en manuscrit niâtres d'Orlhez, nommémentlafemme
sous ce litre: Histoire de l'Europe-de- du marchand de drap Brunet, la veuve
puis \Sv>9-jusqu'.en 4587! Celle his- Bazin, la .veuve Dufonrq, la Veuve
toire formait, plusieurs volumes; ma;s Fayet, la femme et la soeur île Teste-
il tf-en reste plus aujourd'hui qu'un Mu \a femme'Pruer la femme La
seul, oui se conserve à la Bib.iolhèque Bouchère,, , l'apothicaire
les filles de
iiationale ( Fonds Saint Germaine Dupont, la femme 'Maron, la femme
franç.,f." 1391). Il contienne -
14"li- Ducosso et sa fille. M"" de Laas-Mpn-
vre de l'Histoire de l'Europe , traitant tagut protestait d'ailleurs qu'elle ypu-
de l'élection du duc d'Anjou au trône laît vivre en bonne calholique.I/inlen-
de Pologne. dant ajoutait que la manière dont on
ïrtONfAGUT (M™ ne), ou plutôt en avait agi envers elle avaitparu très
de Laas-Montagut, victime delà haine violente aux anciens Catholiques même
et de la cupidité de Casaux, procureur les plus zélés ; que l'on aurait dû se
général du parlement dePau.Le 5 avril contenter de l'enfermer dans un cou-
î'68'5 l'intendant Foucaùld avait vent «sansla décréter de prise de corps
an-
noncé,avec emphase au secrétaired'Etat et la mener avec scandale, n'y ayant
chargé du gouvernementde Béarn, que rien de bien prouvé contre elle que le
dans une tournée qu'il venait de faire à deffaut d'exercice de religion». Casaux
Maslacq avec l'évêque de Lescar, il prétendit que sa conduite n'avait été
avait converti d'un seul coup 350 hu- dirigée que par l'intérêt de l'autorité
guenots, et il citait, entre autres, M"' Toyale et de la religion. Selon 'Pinon,
de Laas, soeurd'un conseiller au parle- 81 n'avait agi que par esprit d'intérêt et
ment (Arch. gén. TT.257). La conver- de haine, la Cour parait avoir partagé
sion de celle dame était si peu sincère, le sentiment de Fin tendant, car elle or-
qu'.en 4 699, leprocureur général, sans donna de suspendre le procès, qui,
égard pour les liens de parenté qui l'u- lorsque l'ordre arriva à Pau, l'était déjà
nissaient à elle, la fit arrêter sous l'ac- par le fait même de la mort de l'incul-
cusation détenir dansson logis des as- pée (Arch. gén.li. 675).
semblées religieuses, présidées par Ca- Sans prétendre établir aucune sorte
zenave, ancien diacre de l'église d'Or- de parenté entre cette dame et l'in-
thez. Lesprisons dePau étant très mal- génieur du roi de Moniaigu, et dé-
saines, le parlement lafil conduire dans terminé à cerapprochemenlpar la seule
un couvent «jusqu'à ce que S. M. eût analogie des noms , nous rapporterons
fait sçavoir ses intentions.» Le secré- ici, d'après le Mercure galant, la con-
taire d'Ëtatconsulta l'intendant Pinon, version de cet'ingénieur,militaire, qui
celui-là même qui, l'année précédente,.. avait élé employé pendant plusieurs
MON -**. 448 — MON
années à « tirer en bas-relief le plan de Green-de-Saint-Marsanltet en eut
plusieurs villes des Pays-Bas.» Quel- Louis, sieur d'Estrades, mort avant
ques mois avant la révocation de l'édit 1691, date de l'abjuration que sa veuve
de Nantes, le 8 oct. 4 684, il abjura à Marie Dëgoret, fit à.Niprt, le 16 mars
Sainl-Omer, dont il était alors occupé (Arch. du départ, de la Vienne C.
à dresser le plan. 2. 29).
MONTALEMBERT, nom d'une Robert de Montalembert, sieur de
des familles les plus considérables du Vaux^ mourut en 1621, laissant de sa
Poitou, dont deux branches, celle de ïemme,Jeannede Livenne,shen!anis:
Vaux et d'Estrades et celle deVaraize, 4 "JACQUES,qui suit; — 2" JEAN, qui ne
embrassèrent les ' doctrines évangéli- paraît pas avoir persisté dans la pro-
ques. fession de la religion réformée (1), non
plus que 3° GUT ; — 4° RENÉE,femme,
BRANCHE DE VAUX ET n'EsTRAfiES.
eu 4 64 4, de Charles deSaint-Gelais,
Jacques de Montalembert épousa, sieur de Brillai;—5° ELÉONORE, ma-
en 1506, Marguerite de Limoges, qui riée à Pierre de Chièvres; — 6° MA-
était veuve en 1559. 11 fut père de RIE, épouse, en 4 644, deCharles de
.
huit enfants dont deux au moins se Saint-Gelais, sieur de Montchaudei
convertirent au protestantisme, savoir: Jacques de Montalemberi, ' sieur de
ANDRÉ, qui fonda la branche de Vaux Vaux,' s'allia, en 4 621, avec Françoise
et d'Estrades, et RENÉ, qui joua un de Festiveau, fille à'Elie, sieur des
rôle important dans les guerres de re- Landes, conseiller au parlement de
ligion. Bordeaux; el de Marie Fouchier. Il en
I. André de Montalembert, sieur de eut : 1° PIERRE, qui suit; —2° JOËLLE,
Vaux, est peut-être le même que l'é- femme de Jacob de Queux, sieur de
(cuyer de Condé qui favorisa la fuite Saint-Hilaire; — 3° GABRIELLE, épouse
idujeune Maligny après la découverte de Noël Groussaud-de-Chapitre, sieur
île la conjuration d'Amboise (Voy. I, de Boisjoyeux ; — 4° FRANÇOISE, ma-
p. 273). Bien que l'histoire se taise sur riée à Alexandre de Saint -Martin, sieur
:son compte, on ne peut douter qu'il des Granges; — 5° MARIE, femme, en
n'ait porté les armes pour la Cause, 4 655, de Jean de Cursay, sieur de
jpuisque le parlement de Bordeaux le Villers.
comprit dans son arrêt de 1569 ; ce- Pierre de Montalembert, sieur de
pendant il montra toujours si peu de Vaux, eut dix enfants de Jeanne de
zèle que l'on n'est pas trop surpris de Sarragan,t\\ledeJean,sienrduBrevi\,
ie trouverdans le camp catholique sous et de Jeanne de Tessereau (2), savoir:
les murs de La Rochelle, en 1573. 4"PIERRE, né en 1665, lieutenant de
Rien ne prouve toutefois qu'il ait abju- vaisseau,quiabjura, et épousa, en 1695,
ré. Il mourut vers 1589. De son ma-
riage avec Jeanne de Montberon, cé- (1) Il épousa, en 1620, Charlotte Chesnel,
fille de Louis, sieur de Cers, et de Catherine
îéliré en 1559,naquirent cinq enfants: de La Tour, dont il eut Jean, colonel des mi- .
4" ROBERT, qui suit; — 2°Louis; lices de Rochel'ort, en 1682, Jean, mort sous
3° ELISABETH; — A MARIE;—5° au-
— les drapeaux avant 1672, Jean-Jacques, Ma-
rie, demoiselle de Lavaux, vivant en 1684,
tre MARIE. En secondes noces le sieur Catherine, Anne, demoiselle de Veyrat, et
de Vaux épousa, en 1571, Renée de deux autres filles, dont une fut religieuse a
Barbezières, dont il eut encore RENÉ, Perpignan.Dans une liste d'apostats pension-
sieur d'Estrades ou de Leslrade. Ce nés parLouisXIV, nous trouvons une demoi-
selle de Montalemberi, qui touchait annuel-
dernier prit pour femme Louise Geof- lement une pension de 400 livres {Arch TT.
froy-du-Breuil, qui le rendit père de 25S). Serait-ce unedeslilles de Jean de Mon-
JACQUES, sieurd'Estrades.etdeJEANNE, talembert?
femme de Jacob de La Porte-aux- (2) l.a famille de Sarragan a grossi le Be-
Loups, Jacques se maria avec Léo, fuge (Arch. TT. 347) ; elle était de La Ro-
chelle.
MON
— 449 — MON
Françoise-Angélique Poussard, des- Varaize, qui fut gouverneur de Cognac,
cendant comme lui de huguenots ; — et épousa Renée Desmier, fille de
2° CHARLES, né en 1667; — 3" Louis; Guyot, sieur du Breuil-de-Blànzac,
—4° MATTHIEU, né en4 669,garde-ma- dont il eut: 4» Gui, sieur de Coulon-
rine en 4 683, qui se convertit égale- gés, que sa femme, Madelaine Rigou,
ment; —r 5" JACOB, né en 1672, apos- rendit père d'un fils, JONAS, mort sans
tat comme ses frères, qui fut père du postérité;—-2° SIMON, sieur du Vilger,
célèbre marquis de Montalembert, l'é- vivant en 1574 ; — 3° CATHERINE, fem-
mule de Vauban; — 6° JEAN; — 7* me de Guide Lambertie, sieur de Vitré
ALEXIS, né en 4 673; —8° PAUL,né eu en Poitou, puis de François de Puy-
4676;—9° JEAN; — 4 0° FRANÇOISE. rigaud,b qui elle donna une fille,FRAN- '
II. René de Montalembert, sieur DES ÇOISE, mariée à Daniel de Preissac,
ESSARTS, acquit dans les rangs hugue- sieur de Lioncel, dont les descendants
nots la réputation d'un vaillant et ex- héritèrent des bien s de celle branche.
périmenté capitaine. Il se distingua sur- Il est très- possible que d'autres
tout au siège de Saint-Jean-d'Angély, branches de la famillede Montalembert
sous les ordres ducélèbre Piles (Voy. aient professé aussi, au moins pendant
III, p. 493), elà celui de La Rochelle, quelque temps, la religion réformée ;
où il rendit de si grands services qu'il c'est au moins ce que tendraient à faire
fut choisi par les assiégés pour un de croire les alliances que la branche aî-
leurs chefs après la retraite de La née de Vaux et celle de Monbeau, par
Noue. En 4 585, il fut placé comme exemple, contractèrent avec les familles
gouverneur à Marans, à la place de La huguenotles de La Rochefoucauld-
Saussaye-Beauregard;mais il ne vé- Montguyon, de Lestang, de Bar-
cutpas longtemps enbonne intelligen- Maussac et de Belsunce.
ce avec les habitants. A son retour Nous ne savons si un Montalembert
d'Angleterre, Condé envoya Des Bes- dont la femme fut traînée sur la claie
s'ons s'informer des.causes de ces dis- à Angoulême comme relapse,en 4 686,
sensions qui compromettaient lasûreté descendait de celte noble famille poi-
d'une ville à la possession de laquelle tevine.
il attachait beaucoup d'importance, et MOKTAND (NICOLAS nE),nom sup-
sur sonrapport, il rappela Des Essarts posé sous lequel s'est caché l'auteur
qu'il remplaça, le 4 0 avril 4 586, par d'un éctit satirique dirigé contre le
La Jarrie. René de Montalembertas- gouvernement de Henri III. Nous a-
sista à la bataille de Coulras ; en 4 589, vons déjà eu l'occasion d'en parler à
il commandait encore à Taillehourg, nos articles BARNADD et FROUMEN-
mais depuis, nous n'avons plus ren- TEAU. L'importance de cet écrit, très-
contré son nom. Sa première femme, peu connu et qui mérite de l'être, nous
Marguerite de Monlberon, qu'il avait engage à entrer dansquelques détails.
épousée en 4 559,neluiayantpas donné L'auteur est un huguenot passionné,
d'enfants, il se remaria avec Margue- peu ami des vieux préjugés et chaud
rite de Montalembert,el en eut PAUL. partisan des doctrines politiques émises
sieur Des Essarts, dont la destinée est avec tant d'autorité par Hotman et
inconnue, et MARIE, femme de Con- Hubert Languet. Très-versé dans la
stantin d'Authon, sieur de Courteil. connaissance de l'antiquité, son savoir
BRANCHE DE VARAIZE.
se trahit par d'heureuses réminiscen-
ces; mais il est diffus, il abuse de la
Frère cadet de Jacques de Monta- forme de discussion qu'il a adoptée
lembert, Jean, sieur de Coulongés, pour se perdre dans les digressions et
laissa, de son mariage avec Jeanne de les redites, il écrit à la hâte, sans pré-
La Chambre,deuxfilles et un fils,nom- paration et sans choix, et en un mot,
mé PIERRE, sieur de Goulonges et de son livre est un pamphlet qui à toute

T. VII. 29
MON 45» MON

l'étendue.d?un- Myre sérieuix^ sans: en noissaiw^des lettres divines et humai-
avoir la portée. Mais tel qu'il est,, il est. nes. Nimrod tient.le lieu d'un courtisan
bien supérieur pour laforme au livre favori, ou mignon de Cour, qui est en-
dèFroumenteau; il s'adressait à unpu- tièrement plongé en ses: délices:.
blic plus éclairé. Montchrestien,dans Les enfants de Noé, en quête d'un
son Traité d'Economie politique, n'a pays disposé à-recevoir la sacrée Pa-
pas dédaigné d'y faire de. larges em- role de Dieu, vont dans le royaume de
prunts. En voici le titre au long: Le France, où Nimrodj leur parent, fait
Miroir des François compris en trois sa demeurance, pour savoir de lui s'ils
livres, contenant l'estat et manie.^ y seront bien accueillis. A ce propos,
ment des affaires de France tant de la conversation s'engage:sur une; foule
la. justice que de la police, avec le de sujets théologiques, politiques ou
règlement reqùis.parles trais Estais économiques, et entre autres sur la
pour la pacification des troubles,, vie-scandaleuse d'aucuns profanes, sur
abolition des excessives tailles et ga- les fards: et distillations pratiquées et;
belles: dons gratuits et charitatifs usitées entre les damés' el damoiselles
équipolans à décimes, suppression de la Cour, et quels maux adviennent
des supernuméraires officiers, démo- des; desguisémens d'habits et:. telles
lition des citadeles, restauration transformations et farderies de: la face 1
,

des unvoersitez, collèges et hospi- dé. l'homme et de la femme; — sur là-


taux, taux et appré(ci)ation de vi- nation italienne, cause causante de*
bres, et autres marchandises: puni- toutes les corruptions,, usures et mâle-
tion contre les usuriers, tyrans et façons défaire qui sont pullulantes au
rongeurs dépeuple. Et généralement royaume, avec les moyens propres
tous les secrets qu'on apewvecueillir pour y remédier : ensemble pour enri-
pour l'embellissement, et enrichis- chir et remplir la. France de leurs tré-
sent du Royaume, et soulagement sors,et pour ennettoyer,purgeret mun-
du public. Le tout mis en dialogues diûer le pays; -^sur les moyens qu'on
par Nicolas de Montand.A la Roynë> doit tenir envers les Pairs de France,
régnante. Impr. l'an 1582, in-8.% pp. quand le Roi permet que soh- peuplé 1

49.7, sa-n& la préface: dédicatoire adres- soit foulé et grevé par les' étrangers :
sée à Lqyse: de Lorraine;, sous: la date, et comme la loi Julia le-condamne d'a-
de: Nancy, 1." oct. 1..584. voir commis: félonie contre le seigneur
Le 1," livre contient cinq dialogues. du fief [le peuple], s'il ne réprime la
LesinteiloGUleurs du premier dialogue, violence et extorsion qui: est faite au
sont Sem,. Cham,. Japhet et Nimrod. public;— et finalement sur le mariage 1
L'auteur;, dans un sommaire^ fait oou^, de kireine Elisabeth avec le duc d'An-
naître le caractère' de ses. personna- jou,, mariage autant à' craindre pour-
ges (1) : Sem représente un homme l'Angleterre que celui du roi de Navar-
craignant Dieu, et qui ne cherche autre re l'a été pour la France.
chose que l'avancement du règne de Le» deux interlocuteurs du- second
Christ. Cham tient le lieu d'un homme dialogue sont, l'un L'avocat au parle-
qui sçait beaucoup plus de bien qu'il ment, de Paris Versons, et l'autre le 1
n'en veut faire-i et qui a un ardent désir prévôt des marchands Miarcel. Ce dîaj
de. trouver quelque repos en ce mon- logue: roule: principalement sur ceux
de; mais quand il a bien rôdé: partout, qui manient les finances du roi, et qui
il.se trouve: dulout éloigné de ses des- ont tellement les mains gluantes, qu'il
seins.. Japhet joue le personnage d'un en^demeure la plus grande partie en
forthemmedebien.et qui abonne con- leurs bourses. 11 y est parlé incidem-
ment des derniers événements- politi-
(1 ) Nous conserverons le plus possible ilans
cette analyse les propres expressions de. l'au- ques et des devoirs du prince envers'ses
teur:. sujetsi Nous; rapporterons le- parallèle'
MON MON-
— 451 —
que MôntaBd trace d'un main ferme eif subjetej Uautre-leshaytkràset'est'hây
tre le roii.et lé tyran ; « La plus nota- de tous : l'un n'a recours en guerre
1
ble différence qu'il y a entre le roy et qu'en ses suhjets, l'autre ne fait guerre
le tyran,, dit-il, c'est que le roy se con- qu'à ceux-làt l'urt n'a garde;ff_r garnie
forme aux loix de nature, et le tyran son que dés siens, l'autre que des es-
.

les foule aux pieds : l'un entrelient la trangers :l'un' s'esjouitd'un itepos'as-
piété, la justice et.la foy, l'autre h'a seuré et haute tranquillité, l'autre lan-^
nyDieu, ny foy, ni loy: l'un fait tout guist en perpétuelle crainte : l'un at-
ce qu'il peuse servir au bien public et tend la vie très-heureuse, l'autre ne
tuition des subjetsy l'autre ne fait rien peut éviter le -supplice éternel : l'un
que pour son profit particulier, ven- est honnoré en sa vie,: et désiré après
geance ou plaisir : l'un s'efforce d'en- sa mort, l'autre est diffamé: en sa vie,
richir ses snbjets par tous les moyens et deschiré après sa mort.»
dont il se peut adviser, l'autre né bas- " Dans le 3" dialogue, Honorât etTu-
tit Sa maison que de la ruine d'iceux: halcaln, les deux interlocuteurs, in-
l'un venge les injures du public et par- sistent sur la reformations les usuriers,
1

donne les siennes, l'autre venge Cruel- maquignons de justice;dont ils sepro-
lement ses injures et pardonne celles mettent qu'on tirera de notables som-
d'autruy: l'un éspargne l'honneur des ' mes de deniers, distribuent ladouange
femmes pudiques, l'autre triomphe de ou le blâme aux diverses cours-de par-
leur honte : l'un prend plaisir d'estre lement, montrent les avantages et les
adverly en toute liberté et sagement inconvénients des sièges présidiaux,~ 1

repris quand il a failly, l'autre n'a rien les larcins, pilleries et concussions des
1

plus à contrecoeur que l'homme grave', juges subalternes, reprennent aigre-


libre et vertueux : l'un s'efforce de ment les tyrans et montrent leur fin
maintenir ses subjels en paix et union, misérable-par un brief sommaire des'
l'autre y met tousjôurs division pour les plus insignes et cruels- qui ont été au
ruiner les uns par les autres, et s'en- monde; ils demandent J'annexàtion des
graisser des confiscations : l'un fait biens du clergé au domaine de l'Etat;
estât de l'amour de son peuple, l'autre la transformation des monastères en
n?a rien- que la peur : l'un ne craint ja- collèges et en universités, l'organisa-
mais que pour ses subjets, l'autre ne tion de la charité publique par tout le
1

craint rien plus que ceux-là : l'un ne royaume, la création d'hôpitaux et de;
charge les siens que le moins qu'il greniers d'abondance pour les pauvres;
peut, et pour la nécessité publique, ils ameinent plusieurs raisons pour a-
l'autre hume le sang, ronge les os, suc- vilir le blé, le vin et toutes autres- den^
Ce la mouelle, et mange les entrailles rées et marchandises, conseillent aux
des sUbjets : l'un cherche les gens prêtres et aux moines: de prendre eh
de bien, pour les emploier aux charges mariage des femmes légitimes; et que
publiques^, l'autre n'y employé que les ceux qui pourront travailler travaillent
larrons, et plus mesehans, pour s'en de leurs mains, et que les docteurs et
servir comme d'esponges : l'un donne anciens soient employés aux universi-
les estats et offices pour obvier auxcon- tés, collèges et hôpitaux, ou bien en-
cussions et foule du peuple, l'autre les tretenus durant leUr vie du revenu du
vend le plus cher qu'il peut pour leur clergé.-
donner moyen d'affoiblir le peuple par Le quatrième dialogue met en pré-
laTCins, et puis coupper la gorge aux: sence les trois Etats du royaume. Ils
larrons, pour estfe réputé bon justi- approuvent en général tout ce qui a
cier : l'Un mesure ses moeurs et façonsi été mis: en avant dans les! dialogues
au pied des loix, l'autre faict servir lésÎ précédents; toutefois ceux du clergé
lois à ses moeurs :" l'un est aimé et a- ne trouventpas expédient qu'ils soient
dorépaf manière dô dire de touâ ses; dépossédés' de leurs revenus' jiis'qwes
MON —452- MON
après leur décès; mais ils se montrent les officiers du royaume et les officiers
très-coulants sur les autres points. du roi ; puis ils font un dénombrement
Puis ils adressent une Remontrance au des rois que les Etats ont dépossédés
Roi, où ils lui conseillent d'abolir les et indiquent les moyens de remplacer
tailles et impôts, le sollicitent de faire les rois prévaricateurs.
pratiquer la loi de Repetundis contre Bezéleel et Archimèdes,. deux bons
les financiers et tous autres officiers mathématiciens, politiques.et gens de
qui ont pris les deniers sacrés du peu- bien, devisent entré eux, dans le 2e
ple; ils traitent des abus qui se com- dialogue de ce livre, de l'utilité dés ci-
mettent au privé conseil, puis ils rap- tadelles:—Bez. Citadelles? à quoyser-
pellent le souvenir dés plus illustres vent-elles? — Arch. Pour chastier les
princes qui ont été au monde, lesquels vilains, car les maistres qui en ont esté
prenaient plaisir de faire justice à leur les premiers inventeurs les ont appel-
peuple. les Çhaslie-vilains,parmespris et con-
Le cinquième dialogueest entre Thé- tumeîie dés pauvres sujets.
— Bez.
mis elle Politique. En voici le début; Changez leurs noms, et les appeliez
on reconnaîtrales principes émis-dans le Nids de tyrans et de la tyrannie. —-
Vindicioe contra tyraunos, principes que Arch. 0 le beau nom propre que vous
les Calvinistes rigides étaient loin d'a- leur avez trouvé, c'est bien véritable-
dopter.— Th. Le roy, d'où est-il vas- ment le nid de la tyrannie, la caverne
sal?^- Pol. Du Dieu souverain.— Th. des brigands, la spelunque des lar-
De qui reçoit-il la dignité royale? rons, la guette meurtrière, la fosse des
Pol. Du peuple—Th. Peut-il faire — ce nîarchans, le cabinet des voleurs et le
que bon luy semble en un royaume?— cloaque de toutes ordures.—-Bez. Elle
Pol. Rien ne luy.est loisible, sinon ce est encores d'avantage que vous ne: di-
que les loix luy permettent.—Th.Est- tes, car c'est la mère nourrice d'inimi-
il propriétaire ou usufructuaire de son tié, crainte et rébellion, et la deffiance
royaume? —• Pol. Il ne doit avoir ny que le prince et les sujets ont l'Un de
l'usufruit ny la propriété, ains doit a- l'autre. Bref les citadelles donnent oc-
voir seulement la seule administration casion, comme j'ay dit, aux princes de
d'ieeluy. tyranniser, et aux sujets de se révol-
Après avoir établi quelles sont les ter.—En définitive, ils établissent que
justes limites de la puissance royale la plus belle forteresse des princes est
et quels sont les droits légitimes du l'amour de'leurs sujets.
peuple, nos deux interlocuteurs s'oc- Dans son IIIe livre, Montand expose
cupent de l'administration de la justi- les raisons qui l'ont mû à adopter pour
ce, et émettent, dans le cours du dé- son livre la forme de dialogues. «11
hat, quelques sages idées, telles, par reste maintenant, dit-il : dans l'argu-
exemple, que l'établissement de cham- ment, à monstrer les. preuves des prin-
bres d'arbitrés; puis ils terminent en cipaux points qui sont contenus aux
proposant un Règlement sur l'abrévia- deux premiers livres, qui seront dé-
tion des procès en première instance. duits avec une telle promptitude,, que
Le 4" dialogue du II" livre se tient les lecteurs qui liront ce traitté, co-
entre Scipion, personnage bien enten- gnoislront ouvertement où gist l'arti-
du en l'art militaire, et Milo, excellent fice des hommes, qui enchérissent, ou
commissaire des guerres. Ils s'occu- abondent les vivres et marchandises,
pent du gouvernement des républiques; et ceux qui conçoivent et engendrent
ils_ montrent que la Gaule n'était point les famines artificielles, et les moyens
sujette à la domination d'un seul; ils desquels ils usent pour sùbtilizer,avec
recherchent quelle est la puissance l'antidote et secrets contraires pour les
des Etats et quelle est celle du roi, et corriger et punir. Sera aussi veu une
établissent la différence qu'il y entre politie, si dextremeht et tien à propos
a j
MON — 453 — MON
dressée,'que si elle est observée en ce général et chef des ingénieurs de l'ar-
royaume (comme on a parfaite asseu- méeprussienne,naquitàUzès,en4660.
rance qu'elle sera), on pourra dire Montargues faisait ses études à Genève,
qu'il n'y eust jamais monarque si riche lorsque la révocation de l'édit de Nantes
ny mieux obéy et honoré en son royau- vint lui fermer le retour dans sa patrie.
me que nostre Roy, ny peuple si heu- Il entra comme ingénieur dans l'armée
reux que celui de France, pour les rai- de l'électeur de Brandebourg. Plus
sons qui seront amplement déclarées tard, il quitta le génie pour s'enrôler
en ce 3* livre, et au traitté du Palais dans le corps des Grands-Mousque-
.Royal, au quel nous avons ja mis la taires; mais il fini t par rentrer dans cette
main pour le faire voir à tous les mo- arme, et c'est avec le grade de quar-
narques et potentats de la terre qui en tier-maître général des ingénieurs prus-
auront un très-grand contentement. » siens qu'il servit dans la guerre de la
Nous ignorons si ce dernier traité a vu succession d'Espagne. D'Italie, où il
le jour. Dans les excursions que Mon- fut employé de 1705 à 4 707, il passa
tand fait dans le champ de la poésie, il en Flandres, avec le grade de lieule-
nese montre certainement pas un très- nant-colonei et chef des ingénieurs. Il
grand poète; mais la comparaison avec combattit à Malplaquet, en 4709, et
les poètes ses contemporains le gran- fut chargé de porter la nouvelle de la
dit, et on le trouve très-estimable pour victoire au roi de Prusse, qui le créa
son temps .Pour achever notre tableau, brigadier. Il continua à servir avec dis-
-nous rapporterons le fragment suivant, tinction jusqu'à la paix d'Ulrecht. De
qui nous semble propre à donner une retour à Berlin,en 4 74 4,il fut envoyé à
idée très-avantageuse du talent de l'au- Stralsund pour complimenter le roi
teur : Charles XII sur son retour de Bender.La
Mais quel bruit oy-je ici? hommes sans Dieu, guerre s'étant allumée entre la Prusse
[sans foy, et la Suède, eu 4 74 5, il dirigea, comme
Je ne m'estonne pas de vous voir contre moy major général, le siège de StralsUhd, et
Liguez a tous propos, seulement je m'estonne aida le roi de Danemark à prendreWis-
Que ceux de qui la foy comme un astre rayonne
Parmy nos sombres nnicls, se puissent tant de mar. En récompense de ce service, ce
[fois prince voulut le décorer de l'ordre de
Escarmoucher an son d'une si sainte voix; Danebrog; mais le roi dePrusse défen-
D'autant que, non sans pleurs, ils voient que
[la troupe dit à Montargues de l'accepter et lui
Qui plus le Ciel outrage, a tousjours venl en donna, comme dédommagement, l'or-
[poupe: dre de la Générosité. Après la conclu-
Qu'elle a le sceptre en main, au coffre les sion de la paix, Montargues fut chargé
[lingots,
Le diadème au front, le pourpre sur le dos: de visiter les principales places fortes
Que tout luy fait sa cour, que tout la favorise: de la Prusse, d'en augmenter les forti-
Que sous la main céleste elle est comme en fications et d'en lever les plans. En
[franchise;
Et que mesme ses biens, ses honneurs, ses 4726, sentant ses forces décliner ra-
[plaisirs pidement, il prit sa retraite et se relira
Surmontent ses desseins, devancent ses de- à Clèves.IlmourutàMaëstrichtenl 733.
[sirs.
Qu'au contraire les bons sur la mer de ce Il avait épousé Judith de Hahn, qui pro-
[monde fessait la religion romaine, et en avait
Sont sans cesse agitez et du flot et de l'onde: eu quatre enfants : 4" N., mort de la
Qu'ils ont si peu qu'Euripe en la terre repos:
Que le fléau du grand Dieu pend tousjours sur
fièvre dans la campagne de 4 74 4; —
[leur dos: 2°N.,qui quitta le service de la Prusse
Qu'ils sont lousjours suyvis de honte, perle, pour celui du Danemark; — 3° JEAN- '
[encombre, PIERRE, néàAix-la-Chapelle, en 1695,
Comme est la nuict d'humeur, et le corps de
son ombre. qui comba ttilà Malplaquet avec le grade
Paix, paix, mes bons amis, etc. d'enseigne dans le régiment d'Anhalt-
MOMARGUES(PiERREnE),major Zerbst, et qui passa ensuite dans le Da-
mm — m — - .#GSN

«epi-ârk; ie.ù:.jl;irâp.umtïnajo.r (général, les Protestantes àiçpiiltteF I9.p1aispn._i0


.
-Pcntus, qui était près de J'h.ôlel-jde-
ie» i4'7i6S.;r-rf"J.nLiE.HKErJM^iai^ fiemroe
.
•du colonel Bffivôn,;à iqui elle donna wille, ppur se Irapspp.rte.r dan? un Jp-
deux fils, Ferdinmâ, et Daniel, ions :ca.l plus 'éloigné,, Les magistrats, fpfifi
deux lieutenants dans les gardes, idu catholiques ardents, et les prêtresse
prince d'Orangé, montrèrent fort mécontents de la .tolé-
JUOlVTAiLlliAJï, famille illustre rance du nouveau gouverneur. Ils &p
sortie des ànciene comtes de Die,idiO,nt
,
jiàignirent .amèrement-jà ,1a CQW, (qui
un descendant, Louis de Montauiban, donna des «rdres sévère?; mais S,arilt
prit le -nom d'Agoull par substitution refusa de lès exécuter, «vçu,qu'il fan-
apposée au testament de Raimond d'A- droit, répondit-il, m'aider du peuple,
goitilt, son grande oncle, à cause de qui ouverroit une émpti'pn telle, d'où
.
Louise.d'AgoUlt sa mère. Du mariage s'en suivreit la totale ruine -de cette
de ce Louis de Moitaubàn awee Jeanne pcyreirille^on sans l'ejïusipn du sang
de Vesc, dame de Montlaur, naquit de beaucoup de gens,» Réduit, par ce
Ffimçovs d'Agoult-de-Montauban et refus de lui prêter main-forte, à s'aider
de Montlaur, comte ide SAULT, le plus lui-même, le clergé.moins humain qup
grand seigneur de la Provence et jin l'homme de guerre, eut recours à sa
de.s plus vaillants capitaines de son grande ressource:il annonça uneprpr
temps.. cession générale, Sault, toujours pru-
Elevé page dnwi iFrahçois I",Fran- dent, s'y opposa jusqu'à, ce qu'il ,eiit
çpisde Montanfeaju fut nommé capitai- consulté la reine-mère, .qui approuva,
ne de cenl chevau-légers, en 4 551, sa conduite el lui envoya le collier de
puis gouverneur de Marsai, .en 4.553. l'ordre par le comle de Crussol. Non?
L'année' suivante, il devint panneti.er savons déjà que, par ordre de ce der-
du roi Henri II, En 4561, Charles IX nier, le prêche fut transporté dansle
érigea sa terre de Sault en comté, le
: .faubourg de la Guillotière (Voy. I, p.
nomma chevalier de son ordre et lui 20); mais lé culte continua à se célé-
donna la lieutenance-généraleduLyon- brer librement (1), et le nombre des
pais, du Forez, jiu Bourbonnais. Le Protestants s'accrut si rapidement,
comte- de Saiulj, commandait donc jà qu'à l'époque de la publication de l'é-
Lypn, lorsque les Huguenots se rendi- dit de Janvier, l'église de Lyon avait
rent maîtres de la ville, en 1562, six ministres à son service : Ruffi,
Depuis nue dizaine d'années, le prp- Pierre d'Airèbaudouse, ancien mi-
iestantisme y:ayait:fait de rapide? pro- nistre de Jussy, Pierre Langlois, qui
grès. Prêché d'abord dans des assem- avait desservi déjà l'église dé Lausan-
blées secrètes par Pierre Fourneletet
ne, Païani, Pagesi et te célèbre Pier-
par Claude,Monier,,-qui scella sa doc- re Viret.
trine de son .sang, en 1554; puis par Tel était l'étal de l'église de Lyon,
Jean Boulier, Sémide, Michel Mu- .lorsqu'on apprit le massacre de Vagsy.
lot, il se sentit assez fort, dès 4.561, À cette nouvelle, les Huguenots, qui
ppuraffrpnfer «es puissants ennemis, s'inquiétaient déjà des levées faites
Jacques H®ffi, de Provence,osa le pre- dans les environs par Nemours, Mau-
mier prêcher publiquement dans la giron et d'autres chefs catholiques,
maison d'Arçhimbault et dans celle de s'empressèrent d'envoyer le capitaine
MartinPontus.ksçtn arrivée, le comte Pierre Moreau à Paris. Il revint au •

de Sault trouva donc le- culte protes- bout de quelques jeurs, acccmpagné
tant .établi, malgré les édils et ordon-
nances. ,Comme il n'était point « en- (1) L'autorité supérieure n'y apporta au
nemi de la Religion, » au rapport de moins aucun obstacle; au contraire, Sault
Bèze, i} sp coptenta ,de rendre compte faisait escorterles Protestants qui se rendaient
à leur temple, pour les protéger contre les in-
aujoi de l'éfet dés choses, pt engage^ sultes de ;l.a pQ_p!!!çce.
MON — 455 MON
du sapitame GriiU et de Pierre Bais- gouveraeuriieSerres, eû1B76, grand
se, ipprtenrs des erdres du prince de maître de l'artillerie du DaupMïié, en
-Condé peur qu'on se saisît de la ville 4590, et commissaire général de l'ar-
et qu'en lui envoyât des secours. tillerie dans la même province, en459<l.
Les émissaires de Coudé arrivèrent DuVillard,quiavait pris une part active,
à Lyon le 29 avril. Dès le lendemain, sincn brillante, aux entreprises de Les-
à deux heures après .minuit, les Pro- diguières fit encore Sous ses ordres
,
testants, sous la conduite des capitai- la campagne de Saveie, en 1597; mais
nes Brion, du Dauphiné, Prau, duVi- quelques années plus tard, il offrit à la
varaîs, Monségut [Montségurî],de la république de Genève ses services qui
Gascogne, Cher'verieu et Pisay, de furent acceptés. «Arrêté, lit-on dans
-Lyon, Rocolles et La Jaquiere, se les Registres du Conseil, sous la date
rendirent maîtres de la ville, presque du 4 4 juin 4 602, d'accepter l'offre que
sans eoup férir. S'il faut en croire Bè- fait M. de Lesdiguières d'enveyer ici
ze, Sault, qui u'avait pas été informé peur chef de ncs trpupes en cas de
des projets des Huguenots, se montra guerre, le sieurdeVillars,gentilhomme
irrité au point de vouloir quitter Lyon, de bon âge, vaillant capitaine et de
malgré les protestations qu'un notable moeursdociles.» Guy Allard affirmé que
négociant, Jean Darut, alla lui faire, c'est lui qui cemmanda les troupes ge-
-
en leuraem, qu'ils ne voulaient tenir nevoises dans la guerre centre la Sa-
la ville que pour le roi, et il ne con- voie, en 4 603, et qu'en récompense de
sentit à rester que sur les instances ses services, les Genevois le hommè-
des habitants catholiques, qui redou- rentgouvèmeur de Saint-Denis-d'Aos-
taient pis. Quelques jours après, le 5 te. C'est probablement après son re-
mai,an'na Des Adrets, qui attira bien- tour en France que Du Villardfuteréé
têt à lui toute l'autorité, en sorte que gouverneur de Gap, qualité queluidon-
le comte de Sault, mécontent, demanda nent les actes de l'Assemblée politi-
et obtint du roi la permission de se re- que de Grenoble (4 64 5), à laquelle il
tirer chez lui, ce qu'il fit le 30 juin, assista comme député des églises du
Le mécontentement qu'il ressentit rie Dauphiné. Allard prétend qu'il lesta en
le rejeta pas toutefois dans le parti, ca- 4628 ; il faut sans doute lire 4 618 ,
tholique. Lorsque la guerre se rallu- puisque son fils aîné lui succéda dans
ma, nous le trouvons aux eûtes de Con- le gouvernement de Gap en 4 619. De
dé. Il périt à la bataille de Saint-De- son mariage avec Catherine de Flotte,
nis, ainsi que son frère cadet Jean fille de Jean de Flotte, co-seigneur de
d'Agoult-de-Montauban,sieur de Si- Jarjaye et d'isabeau Du Puy-Mont-
André, laissant la réputation d'un sei- brun , célébré en 1876, naquirent: 4 °
gneur qui joignait à une brillante va- JOSEPH, qui suit;—2e FRANÇOIS, quifit
leur la générosité, la magnificence et souche;—3° PIERRE,sieur de La Bruyè-
le goût des belles-lettres. Sa femme, re;—4° SCIPION; —- 5° ISABEAU, femme
Jeanne de Vesc, lui donna quatre en- d'Alexandre Philibert, conseiller du
fanls, qui professèrent la religion ca- roi en ses conseils; — 6° MARGUERITE,
.
tholique. epon$e,en\%%ii,deLaurent de Thien-
Une autre branche de la famille de nés, sieur de Clelles.
Montauban, qui se subdivisa-plus tard I. Joseph de Montauban, coseigneur
en deux rameaux, resta établie dans le de Jarjaye, servit en Hollande de 1605
Dauphiné et embrassa également la re- à 4 607. En 4610, il obtint, par com-
ligion protestante ; nous voulons par- mission du 4 4 mai, le grade de capi-
ler de celle Du VILLARD ou de Villard taine dans le régiment de Sault, et en
qui reconnaissait pour chef, dans la 4 619, il remplaça son père dans le gou-
seconde moitié du xvi' siècle, Gas- vernement de la ville de Gap. 11 se con-
pard de Montauban, sieur du Villard, duisit dans cette charge avec tant de
MON — 4b6 — MON
prudence qu'il sut maintenirla bonne Suisse avec sa femme 'Françoise de
harmonie .et kipaix entre.l'es deux, re- Philibert, fille de François, sieur de
ligions.: II testa en 4.644, et laissa, de Venterol, et de Lucrèce DuPuy-Mont-
son mariage avec Diane dePierres, cé- brun, qu'il avait épousée en 1662. Ils
lébréen 4 609, cinq enfants: 1° HENRI, vivaient encore l'un et l'anlre àVevey,
capitaine de chevau-légers, excellent en 1696.
(Officier dont Gassion faisait grand cas, 3I01VTAUT, ou Montault, nom
....
qui vivait encore en 1672, mais qui d'une famille protestante dés plus il-
mourut vraisemblablement avant la ré- lustres du Béarn.
vocation de l'édit de Nantes. Son fils, Du mariage de Jean-Marc de Mon-
HENRI-LAURENT qui était passé dans
,
tant, premier baron du Béarn,avec Ma-
lespays étrangers en 1685 , rentra en delaine d'Andouins, naquirentonze en-
France au mois de décembre 1698 fants, qui presque tous embrassèrent la
et abjura (Arch. gén. TT. 3-14) ; — religion réformée, à l'époque sans
2° JACQUES;-—3°CATHERINE, femme.de douteoù Jeanne d'Albretl'introduisit
CyrnsAutard,petit-fils du vaillant ca- dans ses étals, savoir : 4" Jean-Paul, né
pitaine Bragard; — 4° DIANE, alliée à en 4530, qui était, en 1578, sous la
.
Pierre de Reynard, sieur du Serre; — tutelle de son frère puîné; --2* PHI-
5° ISABEAU; — 6° ANTOINETTE, LIPPE, sieur de Beaumont, né en 1536,
II. François de Montauban-de-Ram- chambellan du-roi de Navarre, sénéchal
baud, sieur du Villard, entra au service et gouverneur du Bigorre, qui épousa,
de l'électeurpalatin, qui le nomma gou- en \561,Jeanne de.Caumont, soeur du
verneur dé Lautern, en 1621. Quelque seigneur de Berbiguières, en Périgord,
temps après, il revint en France et s'at- puis, en secondes noces, en 4 592,
tacha à Lesdiguières, qui le chargea de Marie de Gontaut, et qui mourut sans
diverses négociations en Hollande et enfants en 4 601 ; — 3° Jacques, mort
ailleurs. Après la mort du connétable, sans postérité; —— 4° BERNARD, qui
il passa au service delà république de suit; —5°Jean, mort en 1558, dans
Venise avec le grade de mestre-de- l'expédition du duc de Guise en Italie;
camp. II était de retour dans sa patrie — 6" JEAN, décédé sans enfants, et le
en 1631, comme nous l'apprennent même peut-être que Larroque-Benac
les actes du Synode national de Cha- qui, en 1576, se rendit maître de Vie
renton, auquel il assista en qualité de et du château deLescurry, où bientôt
député des églises du Dauphiné; et il les Catholiques rentrèrent; —7°Mar-
fut chargé avec Amyraut d'aller por- guerite, religieuse; — 8'ANNE, femme
-ter au roi le cahier des plaintes. Il de Jacques de Cassagnet, sieur de
lesta en 1640. Sa femme, Susanne Beaulac;— 9° JEANNE, mariée au sei-
Pascal, soeur de Zacharie Pascal, gneur de Sus en Béarn ; — 1.0° autre
conseiller du roi.et maître ordinaire JEANNE, dite la jeune, fille d'honneur
en la chambre des comptes, qu'il avait de la reine de Navarre, morte en 1564;
épousée le 24 mars 1628, lui donna
quatre enfants : 1° SCIPION, mprlàPa- — 11" MADELAINE, dame de Ponlous.
Bernard de Montaut, baron de BENAC
ris, en 4 662, à l'âge de 32 ans (Reg. ou Beynac, sénéchal du Bigorre, en
.
de Charent.); -r- 2° FRANÇOIS,' qui 1590, est moins connu par lés services
suit; —3° PIERRE;— 4"ISABEAU. qu'il rendit aux églises,du Béarn que
François de Monlauban-Bambaud- par les maux que sa rivalité et ses que-
de-Fjotte, sieur du Villard, capitaine relles avec le duc de La Force \eur
au régiment de Gèvres, puis au régi- attirèrent. Eti 1620, Du Plessis Mor-
ment de Modène, fit toutes les cam- nay écrivait à La Trémoille : « M. de
pagnes de Flandres et d'Italie jusqu'à Benac a gaigné les montagnes. La di-
la paix de Nimègue. Lorsque l'édit de vision entre M. de La Force 'et luy a
. Nantes fut révoqué, il se réfugia en tout perdu. » Il paraît pourtant que Be-
MON '-457 MON
nac s'opposa à la vérification de l'édit fantsj. 1? CTRUS, marquis de Saint-Ge-
de main-lévée, et que ce fut la cause niès, mort jeune, ne laissant de son
pourlaquelleLouisXIIlle déposa à son mariage avec Jeanne de Caumont-La-
entrée dans la Béarn. Il est possible que Force, qu'une fille, nommée JUDITH-
cette disgrâce lui ail ouvert les yeux THÉRÈSE-SUSANNE;—2° MAXIMILIEN,
sur les inconvénientsde la religion qu'il mort à l'âge de 6 ans, en 4 632, et en-
professait; ce qui est certain, C'est que terré dans le cimetière des SS. Pères
dès 4 621, il était fort chancelant et que (Reg. de Charent.) ;—3° PniLippE,né
l'on s'attendait qu'il abjurerait dans un en 1619, qui, à l'âge de 14 ans, fut reçu
voyage qu'il fit alors à la Cour. Cette page du cardinal de Richelieu et abjura
crainte toutefois paraît n'avoir pas été peu de temps après. 11 fut créé plus
justifiée. On ignore quand il mourut. tard duc de Montault, pair et maréchal
11 avait épousé, en 1578, Tabitha de de France. Sa vie n'intéressant pas
Gabaston, fille unique de Bertrand, la France protestante, nous ajoute-
sieur de Bassillon, gouverneur de Na- rons seulement qu'il mourut en 1684,
varreins. De ce mariage naquirent : 1° et qu'il a laissé des Mémoires, imprint.
PHILIPPE, qui suit; —2° HENRI, sieur àParis en 1701,in-42; —4" JEAN, vi-
deBassilionetde Sariac; -—3"BLAISE, comte de Tosel, mort sans alliance;
mestre-de-camp du régiment de Cham- — 5° BERNARD, sieur de La Chapelle,
pagne, qui combattit, en 4 628, contre mort jeune; — 6« HENRI, sieur d'AU-
les Protestants; — 4" N., sieur de La danne,marquisde Saint-Geniès,puisde
Roque-Navailles, qui, au mois de juill. Benac, qui professait encore la religion
1622, fit assurer l'Assemblée de La réforméeen.4 663 (Arch. gén.lT.330),
Rochelle « de sa constante résolution mais qui abjura plus tard avec ses fils
au service des églises, sans que la con- et ses filles ; ces dernières obtinrent,
sidération de sa liberté [il était alors en 1682, une pension de 4 500 livres
prisonnier] le puisseesbranler de faire (Arch. TT. 252); — 7° CÉSAR, sieur
chose au préjudice de sa conscience et dePagalie, mort jeune; —8°JACQUE.
deson honneur» (Fonds deBrienne,W LiNE,morlejeune;—9°JEANNE, femme
225). L'assemblée s'employaàluipro- du marquis de Losse en Périgord;—4 0°
curer laliberté; mais la reconnaissance PAULE, femme de Louis de Loubie-
ne l'empêcha pas de servir plus tard d'Incamps;—41° MARiE.alliée auba-
contre ses coreligionnaires; il mourut ron de Banque; — 4 2° DIANE, femme
dans l'Ile de Rhé où il commandait la de René de Cordouan, marquis de
cavalerie; —5°BERNARD,sieur dePon- Langey, morte veuve le 4et janv.4 74 7 ;
tous, mort au siège de La Mothe, en —4 3" PERSIDE.prieure des religieuses
1634, commandant le régiment de Na- malthoises à Toulouse.
vailles; — 6°N., tué au siège de Saint- 3ÏOKTAUT-»ES-ISLES(1SAAC),
Jean-d'Angély;—7°jEANNE,femme du avocat de Louduu, s'était converti à la
baron de Losse, sénéchal du Bigorre; révocation, mais seulement des lèvres.
— 8° CORISANDE, femme de N. de Dur- Dès que la violence de la persécution
fort-de-Castelbajac;—9°MARGUERITE, s'était calmée, il était revenu à la reli-
morte sans alliance. gion dans laquelle il était né, et il la
Philippe de Montaut, baron, puis pratiquait en secret. Dénoncé comme
marquis de Benâc, sénéchal et gouver- relaps, il fut condamné, le 34 août
neur du Bigorre, en 4 650, duc de La- 4 691, par le présidial de Poitiers, à
vedan et pair de France par hrevet du cinq années de bannissement, 4 500
4 2 mai 4 650, servit dans les rangspro- livres d'amendé, 4 5001ivres d'aumône,
testants en 4 622; mais il mourut ca- et à l'interdicticn de ses fencticns d'a-

tholique, en 1654. Sa femme Judith vocat: Les gages qu'il donna de son
de Gonlaut, dame de Saint-Geniès et retour sincère au catholicisme lui mé-
de Badefol-, lui avait donné treize en- ritèrent son rappel de ban, le 24 janv.
MON
{Arch. $$&.. E. 3380).—à la
-m MON
neur de Metz„<pris sans «embrasser lui-
-ii69-4
même famille appartenaitpierre Man- même la Réforme, se montra favorable
taut, quiJt,sgs études ;à Saumur, où il aux Réformés (Voy, IV, p. 8). '
soutint, séiis h présidence de Cappel, MojsTBOflWoux, appelé mes')
une thèse Bë clericorum immwiitate Bonbonnouso, brigadier dans la bande
.etprivïlegiis, ins, dans les Thèses de Cavalier, tet dernier chef de l'in-
salm,, et qui fui chargé de desservir surrection, cévennle. Après la soumis-
l'église de La Barre en T.ouraine. sion de Cavalier et la mort de Roland,
ftlOPCrBERON (RENÉ DE), sieur de Montbonnoux, voyant Marchandât les
THOUS, second fils d'Adrien de Ment- autres chefs, camisards disposés à se
beron, barpn d'Archiac, et de Margue- soumettre, prit à -part Iiavanel, et lui
rite id'AjcJyae, servit avec distinction jurant devant Pieu qu'il m serait ja-
dans:latr.oisièmeguêrrecivile.En4569, mais assez lâche pour suivre leur
le parlement de Bordeaux le comprit exemple, il l'invita à se joindre à lui
dans son fameux arrêt. Après la perte et à continuer la lutte, jusqu'à ce qu'il
de.là bataille de Moncontour, Thors, plût au Seigneurd'accorderla délivran-
que Brantôme appelle «brave, vaillant ce à son Eglise. Boaton trouva en lui
et gentil compagnon de guerren, s'en- un ardent complice; il :se chargea de
ferma dans Cognac, résolu à s'y bien diriger, avec Claris, le mouvementin-
défendre.. Les deux compagnies d'As- surrectionnel qu'on espérait voir écla-
nières s'y jetèrent avec lui, ainsi que ter à Montpellier. Cet espoir déçu, il
quelques gentitebommes et quelques regagna les montagnes qui, depuis
capitaines provençaux qui, ayant .per- plusieurs mois, lui .servaient de retrai-
du, leurs-compagnies, avaient formé un te, toujours inébranlable dans sa réso-
corps de' volontaires sous les ordres de lution; mais il eut peu d'émulés, à pei-
Ferrier de Menerbe. Après la capitu- ne en cite-t-on quelques-uns, comme
lation de St-Jean-d'Angély, l'armée Lafont de Colognac, etBessède de La
cafàolique marcha sur Cognac, et le Sallade,qui eurent le courage de s'ex-
hérault.du roi. fut-envoyé pour sommer poser aux.mêmes privations,aux mêmes
Thors de se rendre. Le vieux capitaine dangers que lui. Après avoir échappé
prit la lettre de Sa Majesté, la baisa a- pendant six; mois auxplus actives pour-
vec le plus profond respect, et la ren- suites, Montbonnpux, trahi par unnom-
dit au liérault ;sans l'ouvrir, en protgs- mé Martin deLas Combes,faillitd'êtoe
tantqu'jl.ne savait ni lire ni écrire, et pris, le 4,3oet.4705. Une dut son sa-
que ses compagnons avaient coeur et lut qu'à son agilité et à sa présence
bras, mais point d'oreilles, La ville fut d'esprit. Moins heureux que lui, La-
promptemenl investie; mais une partie font et Bessède furent livrés par deux
de la .garnison d'Angoulême s'étant infâmes espions, Salles, du Mas de
introduite dans la place, les généraux Fournets,,qu'il ne faut pas confondre
catholiques jugèrent à propos de battre avec le chef camisard du même nom,
en retraite. Thors resta gouverneur de et Devèze, de Sauve. Conduits à Mont-
Cognac, et continua à combattre pour pellier, ils furent roués et jetés encore
la Cause, sous les ordres de Pontivy, vivants dans un bûcher, le 4 5 oct. 4 705..
jusqu'à sa mort, qui arriva très-peu de Exaspéré par ses souffrances et plus
temps après.' Gomme il ne laissa pas encore par la trahison dont il avait
d'enfants, la terre de Thors,passa' à son manqué d'être victime, Mcntbonnoux,
frère Jean'; qui épousa Gabrielle de comme Claris, jura de terrifier les
Pierre-Buffière, el en eut Junira, traîtres .11 poignarda Martin deLas Com-.
.
mariée à Jacques de Pons, marquis de bes, Salles, Bourguet, ancien camisard
La Case. vendu à Basville, et Saint-Julien,
A la même famille appartenait Mont- gentilhomme de La Nef,, qui avait dé-
beron, seigneur d'Auzance, gouver- noncé uneassemblée.Gesterriblesven-
MON
ge#w*s iépowan%^nt4'ialîpr(}les (dé-
- #9 - MQF
deuç (4 ), Le fils, Rommé REWÉ, naquit
lateurs; mais la cupidité fit ,à la fin iai- en i 578 et fut baptisé par Berni, mi-
re la crainte, «Mes traîtres redevinrent nistre de Vitré, 11 fut député, en 164 5,
aussi nombreux que j.amai;3.'Moi#pn par les églises bretennes à l'Assemblée
tputefeig, bonheur
-
nnux, ,euf ,1e de $e politique de Grenoble,De spnnninna-
soustraire à tous les dangers. 0,n igno "vec ElisabethDuBouays,àame deMes-
re la 4ate de sa mort. neuf, naquirent : 4 ° RENÉ, qui suit; ^-2°
Il a laissé des Mémoires inédits, -G&.TH*.Mm,îemmeàeJacques deSaint-
qu'Antoine Court cite dans son Histoire Germain, sieur de Fontenay ; — 3'
des Camisards., et qu'on retrouverait FRANÇOISE,.mariéeà Charles de Mitp-
sans doute dans les papiers de ce çér fant,$S.enr de Graville;-—4°ELISABETH,
lèbre pasteur du désert.
MOWTBOÏJUCHER, familjejipble
épouse de Jean de Montgommery
5° HENRIETTE, épouse de Paul Du
;^
de la Bretagne, dentune branche, celle Bouays, sieur de Mesneuf ;--J6°DÉBO-
Du BenpAfiE, embrassa le protestantis- RA, alliée à Paul de L'Isle, sieur de
me, en 4 560. L'Isle-du-Gast.
Du mariage de François de Mont- René de Montbourcher, en faveur de
bourcher, mort après 4S7S (Reg. de qui la terre duBordage fut érigée en
Charenton), avec Jeanne de Males- marquisat, en 4 656, épousa, en 4 646,
troit, naquirent quatre enfants : 4" dans l'église de Charenton, Marthe
RENÉ, qui suit; Jeanne, femme Durcot, dame de La Grève, fille d'A-
-— 2*
de Claude de Vay, sieur de La Roche- lexandre Durcot et de Marthe Pâlot.
fordièrè; nous n'avons aucune preuve En 4 662, il fut nommé commissaire
qu'elle se soit faite protestante; — 3° pour l'exécution des êdits en Bretagne.
ANNE, femme, en premières noces, de Selon le Piel, de la Noblesse, il ne
François d'Acigné, seigneur de Mon- laissa qu'un fils, RENÉ, marquis du Bor-
téjan, qui fut ttié à la bataille de Jarnac, dage, qui en 4 668, entra comme en-
et, en secondes, de, Julien de Tourne*- seigne dans le régiment de Turenne,
mine. Resté veuf, François de Mopt- et qui, eu 1674, leva une compagnie
bourcher se remariaavec Bonaventure de cavalerie à la tête de laquelle il fit
de Belouan, qui lui donna encore un la campagne de Hollande. Après la
fils, GABRIEL, sieur de Trémereuç. prise de Maëstricht, en 4 673, il passa
René de Montbourcher, sieur de en Allemagne, combattit à Sintzheiffl,
SaiDt-Gilles et du Bordage,se chargea, à Ensheim, et pbtint un régiment de
en 4 589, à la prière d'Anne d'Alègre, cavalerie qu'il commanda aux batail-
veuve de Gaiy+Paul de Coligny, de les de Mulhouse et de Tûrckheim, au
défendre Vitré contre les Ligueurs, et combat d'Altenheim, au secours de Ha-
après un siège de cinq semaines, il les guenau et de Saverne. En 4676, il
força de battre en retraite. En 1596, assista aux sièges de Condé et d'Aire. '
se rendante Pontorson pour présenter Nommé brigadier de cavalerie, par
au baptême un enfant de Mpntgom- brevet du 2.5 fév. 4677, ii continua à
mery, il faillit d'être assassiné dans un servir avec distinction ausiége dé Va-
guet-apens. JSTous ne connaissons pas Jenciennes, à la bataille de Cassel, à
d'autre particularité de sa vie. Il épousa la prise de Saint-Omer, aux sièges 4e
sa parente-Françoise deMontbourcher, Gand etd'Ypres, à la bataille de Saint-
qui le rendit père d'un fils et de deux Denis prèsdeMons,aucombatdé Min-
filles.L'aînéedecesdernières, SUSANNE, den. En .4 682, il fut employé en Al-
fut mariée deux fois, avec Charles de sace; en 4 683, en Franche-Comté ;
Champlais, sieur de Cour.cell.es, puis (1) En 4660, deux arr.êls 4e la Chambre de
avec N. de Ffanquetot, baron de l'édit, rendus a la poursuite de i'.év.êque du
Noyan. La cadette, GÛIONNE, devint la Mans, forcèrent Cahideuo. et Du Cordage à
faire enlever les litres ou ceintures funèbres
femme de Sébqstien^René de Çahh qu'ils «tv^ient lajt mettre à l'église de Laval.
MON
MON — 460
gnitéz militaires, où jusque? là sa reli-
en 4 684, en Flandres.Après la révo-
cation de l'édit de Nantes, il tenta de gion l'avoit empêché de parvenir. » 11
sortir du royaume. « Le marquis Du fut, en effet, créé maréchal de camp
Bordage, brigadier des armées du roi, par brevet du;24 août 4 688 ; mais il ne
lit-on dans les Mémoires de Sourches, jouit pas longtemps de ce grade, ayant
sous la date de janv. 4 686, se sauva été tué au siégé de Philipsbourg. Il
de France avec sa femme, ses enfants avait eu deux enfants de son mariage
et M"0 de La Moussaye, tante [soeur] avec Elisabeth Goyon: 1° HENRIETTE,
de sa femme. Cependant il perdoit née en 4 672 ; — 2° RENÉ-AMAURV ,
tous ses services et laissoit en France baptisé à Charenton en janv. 4 673,
50,000 livres de rente qui alloient être présenté par Jean Cornet, sieur de
confisquées, et il s'exposoitàmourirde Nenfvijle; il abjura au mois de juin
faim avec, toute sa famille. » Il ne fut 4686, etmouruten 4 744, dernier mâle
pasheureux dans sa fuite. Le 20 janv., de celte famille.
«on apprit, continue Sourches, que le MONTBRUN. Voy. DU PUY-
marquis Du Bordage avoit été pris avec MONTBRUN.
toute safanjille auprès de Mons et même MONTCALM (FRANÇOIS DÉ), sieur
que sa femme avoit été blessée d'un de SAINT-VERAN, de Candiac et de
coup de mousquet. On sut aussi qu'on Tournemire,capitaihede galère, épou-
les avoit menés prisonniers et séparés sa,' en 4 546, Louise de Porcelet, et
en différentes places des conquêtes du testa en 4 564. 11 est très-vraisem-
roi, soit pour leur faire leur procès , blable que sa mère, Elorette de Sar-
soit pour essayer de les convertir.» ras, qui avait gagné l'affection de la
Dangeau nous apprend, en effet, que reine de Navarre Marguerite par son
Du Bordagefut enfermé dans la cita- esprit et son savoir (Voy. I, p. 24 3),
delle de Lille, sa femme dans, celle de lui inspira des sentiments favorables
Cambrai, M11" de La Moussaye dans à la Réforme; ce qui est certain, c'est
celle de Tournay et que ses enfants qu'il en embrassa les doctrines quel-
,
furent amenés à Paris pour y être éle- ques années avant, sa mort (Voy. IV,
vés dans le catholicisme. L'abbé de p. 428), et que ses enfants suivirent,
Grancey fut chargé de laconversiondu son exemple. Ces enfants furent : 1°
,

marquis, qui refusa de l'écouter, en HONORÉ, sieur de Saint-Véran, qui fut


sorte que le roi ordonna de luifaire.son élu, en 4 561, capitaine de la ville de
procès à la rigueur. Selon les Lettres Nismes, ayant sous lui Parignargues,
pastorales de Jurieu ,' il fut condamné Vestric, François Robert, sieur de
aux galères ; cependant la peine fut Polvérières, Garnier, La Cassagne,
commuée en unedétentîonperpéluelle. le contrôleur La Baume et Castanetl
Il finit par succomber. On lit dans le . Il se signala dans la première guerre
Mercure d'oct. 4 686: «Après une civile sous les ordres de Beaudinè.
exacte recherche de la vérité (II), M. le En 4 562, les Réformés de Beaucaire
marquis du Bordage a embrassé la reli- ayant appelé les Nismois à leur se-
gion catholique.... Il fit abjuration à cours, Saint-Véran partit de Nismes,
Lisle enFlandre sur la fin du m'ois"der- accompagné de Beauvoisin, Dalmas
nier, entre les mains de M. ,1'évesque ou Servas et Bouillargues, se saisit
de Tournay. » Sa femme» qu'on lui dé- de la ville et du château, sans éprou-
fendit de voir, parce qu'elle demeurait ver de résistance, brisa les autels, rom-
dans «une extrême opiniâtreté», céda pit les images, « dont lis .firent deux
aussi à la violence morale qui lui était ou trois feux par la ville, » lit-on dans
faite. M,lc de La Moussaye seule tint le Martyrologe, et reprit la route de
bon (Voy. y, p. 347). Après la con- Nismes.laissant en garnison une com-
version de Du Bordage, « on le grati- pagnie commandée par Hardouin de
fia, lit-on dans Benoît, de quelques di- Porcelet, sieur de Maillane, qui avait
MON MON
— 461 —
Beaurégardpour lieutenant et le sieur Guillaume Rouergat. En1607encore,
de Ledignan pour enseigne. Saint- il fut revêtu une troisième fois de la pre-
Véran continua à servir la Cause et à mière dignité municipale par le choix
se distinguer par sa bravoure dans libre de ses concitoyens, qui se porta
toutes les occasious que les guerres en même lemps sur Jacques Aguillon-
civiles purent lui offrir, jusqu'en 1574, net, Laurent Salveton el Jean Bour-
qu'il fut assassiné, le 8 février, près de guet. Un homme aussi considéré et
Lodève, par des voleurs (1). Comme il aussi influent joua nécessairement un
ne laissa pas de postérité, son titre et rôle important dans les affaires des
ses biens passèrent à son frère; — 2" églises. Il fut, en effet, député à plu-
Louis, qui suit; — 3° DANIEL, sieur tieurs assemblées politiques, notam-
deTournemire.mort à Nismes en1627; ment à celle qui se tint à Castres, en
— 4° MARGUERITE, mariée, en 1560, à 16 00, et à laquelle il représenta la ville
Jean de Pélegrin; — 5° DAUPHINÉ, de Nismes avec les deux consuls Pierre
femme, en 1567, de Claude de Banne, Lansard, docteur et avocat, et Bau-
sieur d'Avéjan ; — 6° GABRIELLE, qui sile Fontfroide, et avec le ministre
épousa Pierre de Blanzac, sieur de Moinier.
Valfous, et en secondes noces, en 1584, Louis de Montcalm mourut en 1628.
Guillaume de Raimond, sieur de Bri- Il avait élé marié (rois fois : en 4 582,
gnon ; — 7" LOUISE, femme de Claude avec Marthe de Gozon; en 4 594, avec
de F«êm,sieurdeBeauforletd'Àvèze; Anne de Clermont-Du Bosc, et en
— 8" SUSANNE, épouse, en 1585,d'An- 1612, avec Susanne de La Tour. Du
toine de Pujol, sieur deLanuéjols. premier lit sortirent : 1 ° Louis, qui suit;
Louis dg Montcalm était prieur de — 2° MARGUERITE, femme, en 1604,
Milhau et de Valabrègues, lorsqu'il se de Jacques d'Hauteville, conseiller à
convertitauprotestantismeen 1561 (2). la chambre des comptes deMontpellier;
En 1588, il fut élu premier consul de — 3° GABRIELLE, mariée, en 1605, à
Nismes. Ses collègues furent Jacques Maurice de Baudan, sieur de Veslric ;
Bodet, Jean Combes et Jean Gril. Le — 4" MARTHE, alliée, en 1610, à Jean
même honneur lui fut déféré en 1597, de Baudan, conseiller au présidial de
et on lui adjoignit pour collègues An- Nismes. Du deuxième lil vinrent : 5°
toine Duprix, Olivier La Teille et FRANÇOIS, sieur de LA BAUME, capitaine
dans le régiment de Châtillon entrete-
(1J Ce n'est donc pas lui, mais son frère Hollande, et plus lard, en 4 628,
Louis,-qui fut choisi, en 1S8G, pour membre nu en
du conseil adjoint au gouverneur de Milhau colonel d'un régiment d'infanterie sous
[Voy. III, p. 407). L'historien du Rouergue les ordres du duc de Rohan, qu'il sui-
nous a induit en erreur. vit dans la campagne de la Valleline,
(2) Le 3 juin 1562, Durand de Bourzés,
sieur de La Rouhière, Arnaud Artis, Jacques
où il mourut, le 4 "' juillet 1632 ; — 6*
Cobanel, marchands, et Laurent Reynés, apo- MAUELAINE, femme, en 4 614, de Louis
thicaire, consuls de Milhau, Jean Maurin,ba- de Freton.
chelier en droit,Benoît Ferragul, apothicaire, Louis de Montcalm, baron de Saint-
Germain Labroa, chirurgien, Guirand, Louis
Mouton, Pierre Fugin, Adonis Lubac, conseil- Véran et de Candiac, fut pourvu, en
lers, se présentèrent devant le juge de Mil- •164 3, d'un office de conseiller à la
hau suivis d'environ 800 habitants et lui
, , Chambre de l'édit de Castres. Il ne
demandèrent, au nom des Réformés, l'aban-
don des deux églises de la ville, attendu que montra pas pour le duc de Roban le
les prêtres el les moines « avoient renoncé a même enthousiasme que son frère;
la messe, déclarant vouloir vivre dorseuavant loin de là, il s'attacha à la cause royale,
selon la règle de l'Evangile», à l'exemple du et la confiance de Richelieu, qui
prieur Louis de Montcalm, de sorte que gagna
depuis dix-huit mois, il ne se disait plus de l'employa, en 1629, à négocier la paix
messeà Milhau. Le juge ordonnaunéenquête. avec les Protestants, et, plus tard,
Le fait fut constaté, et pas une voix ne s'é- surveiller les démolitions ordonnées
leva pour demander le rétablissement de la
(Arcft. gén. TT. 236). dans le Languedoc à l'occasipn de la
messe
MON 462 MON

révolte de- Montffioreiïey.: Éh- 463*7',- iï lier, et d'Isabeau de Bossuguës, sa>


fut charge singulière mission pour un •
belle-riière. De ce mariagenaquireùt :
juge ! de conduire lës: milices dés Ce- 4°'JEAN-LOÙIS*, qui suit; -^'2° PIERHE,
vennes au secours de LeUcate; Eh
1
conseiller au parlement de Toulouse^
1642', enfin, le cardinal lui confia le dont la femme, Eléonore d'Arpajon^
soin de découvrir les prétendues me- Br'oquiez, se retira à Gen'ève à la' ré-
nées de Chavagnac (Voy, lit, p.- 43'3). vocation, avecses deux filles', LOUISE,-
Les services qu'il rendit en- ces- diffé- néeepl 666,etELisABETH,née en 1667;.
rentes circonstances furent récompen- elle y mourut en 1705 ; -^3° GASPARD*
sés par une charge de conseiller d'Etat, né en 4 643, capitaine de cuirassiers,
en 4 644. Il mourut en 4 659, laissant mort en- 4682 de ses blessures; — i'
àeSusannë dëRaspal, damé de Saint* DANIEL* né en 4 645, capitaine au ré-
Bétfezet, qu'il avait épousée eh 4640, giment du Maine, tué' à là bataillé de
et à'Isabeau de Bossugues, fille de Cassel,. en 1677; — 5° MAURICE, sieWT
Philippe, sieur de Triadou, avec qui de Pujol, capitaine âurégimeht de Con>-
il s'était rémarié en 4 632, dix enfants, dé, né en: 1648 ; — 6° A«NËLLÔUISÉ,
savoir : 1 ° Louis, qui suit ; —2'°FRAN- née en 4 650, morte sans alliance en
ÇOIS,- sieur du Ghâtelet, mort en 1660 ; 4707.
La Baume, capi- Né le 1 "mars 1641, Jean-Louis de
--- 3p DANIEL, sieur de Montcalm, baron de St-Victor,épousa;
taine au régiment de Montpezat, qui
épousa Anne Mestre, et en eut Louis, en 1662, Judith de Vallat, d'aine de'
sieur dé La- Baume, aide-de-camp de 1
Gabriac, fille de Louis, sieur de Ro-
-
Schomberg', mort dés blessures q'iï'ïl 1
quetaillade,.maréchal de camp, • tué en
reçut, en1!675, ausiégedeBéllegarde; Catalogne, en 4 646,. et de Louise de
-^4° MAURICE, sieur du Châtelél; —- Gabriac. Il en eut, outre- deux enfants
5° JACQUES; capitained'infanterie, mort morts sans alliance, JEAN-LOUIS-PIER-
dans la Valteline, en 1643 ; — 6° GA- RË, sieur de Mélac, Gozon; Saint-Vic-
BRIELLE, dame de Saint^B'enézet, fem- tor, né au mois de déc. 1668,- et-Louis-
me, en 1639, de Louis de Baydrd, DANiELvné à Gabriac, le 27 sept. 1676.
baron de Ferrières, sieur de La Crou1- L'aîné abjura aU meis- de juillet 4 685,
sette, morte en 1708; -—7°' MARTHE, Le Mercure galant, qui ne'manque" pas
mariée; en; 1640, à Charles'D'ùrdnd, d'enregistrer cette cenversin-n et de là'
baron de Sénégas ; — 8° SUSANNE, qui faire valoir, selon son habitude, dit
épousa-,, en 1650', Bdlthasar de Bas^ qu'elle offrait de puissants obstaèles,>
chi, sieur de Sainl-Éstève, morte' à au nombre desquels il cite la pénétra-
Thoard, en 1695 ; — 9" JACQUES, mort tion du jeune Montcalm, et la science
sans alliance en 1643 ;—^ 4 0° FRAN-- du N. T. qu'il possédait à fond. Le'
ÇOISE, îhariée, en. 1662, à- François' cadet fut père du petit prodige sur qui
de La Tour-du-Pin- Gouvernet, 'ba-
_
Louis Du Mas (Voy. IV, p. 399)'fit'le
ron de Maleirargues, laquelle tùourtft premier essai d'e sa méthode d'ensei-
1

à Lausanne, eïi 4 708 ; elfe était sortie gnement, et du célèbre Louis-Josepn


de France avec un de ses fils, qui était de Montcalm, l'héroïque gouverneur
alors Co'tene'I au service du roi de Po- du Canada.
logne. aïOKTCHRÈSTÎËiy(ANTOINEDÉ)!,
Né- à Nismes; le 4" mars 4 64 4, et sieurde Vasteville Pu Vateville,poêle
moitié 1 Sjanv. 4 669, Louis de Mont- dramatique, économiste et homme de'
calm remplit, coûïttie son' père; les guerre, né à Falaise, en Normandie,
fonctions de conseiller es la Chambre dans h. seconde moitié du Xvi" siècle^
de l'édit. 11 épousa-, en 4-632, Jeanne Tous les' écrivains qui .ô» parlé de
deCalvet, dam'e en'- partie de Gigèah
1 1,
Monlch'restïén lé présentent sous dé
1

fille de Guillaume' Calvet, conseiller fâcheuses couleurs ; selon eux, ce n'é-


à la chambre des comptes de-Montpel- tait qu'un misérable aventurier; mais
MON — .468 — MON
comûie tottsicwpieiitstsrvilèfcieiitl'eMer^ un aïrê't' de condamnation! aveé dovteë
durefrancois^organeà gagés d'un gou- mille' francs de dommages - intérêts.
vernement qu'il a combattu, ou doit se Peut-être est-ce à la suite de cette pre-
tenir en garde contre leuTS assertions. mière affaire qu'un faux point d?hon-
0n est allé jusqu'à lui contester son neur le porta à braver la rigueur des
nom,, prétendant que son père, apothi- ordonnances pourrépondre à une pro-
caire à; Falaise, s'appelait Mau'chresr- vocation en duel. Ayant eu le- malheur
tien, et que la terre de Vateville n'était de tuer son adversaire, il s'enfuit en
qtfune seigneurie' eu l'air. Mais à quoi Angleterre.Jacques I", à qui il fit hom-
hon ces- pointilieries1 Montchrestien a mage de sa tragédie de Marie Stuart(l'),
en lui de quoi répondre à de plus sé- s'intéressa à lui et lui obtint de Henri IV
rieuses attaques^. des lettres d'abolition. De retour en
lestèdébonneheureorphelin,Mont- France, Montchrestien alla s'établir
chrestien fut mis' sous la tutelle d'un dans les environs de Châtillon-sur-
gentilhomme du voisinage. Ce galant Loire, où il monta une fabrique d'acier.
homme, pour s'affranchir du soin de Selon le Mercure, on le soupçonnait
l'éducation de- son pupille, ne vit rien fort de fabriquer de la fausse'monnaie.
de mieux que de le placer comme une Heureuseignorance despremiers âges 1
sorte de domestiqueauprès des jeunes heureux siècle où les fabricants pas-
Tôurnebu et Des .Essarts. Montchres- saient encore pour des faux mon-
tien accompagna ces jeunes gens au noyeurs et les savants pour des magi-
collège. Lui fut-il permis de profiter ciens! Le Mercure ne nous apprend pas
des leçons, ou dut-il se résigner à é- si la justice du roi prit les soupçons,
couteraux portes? On; n'en saitrien; le du public pour des preuves. Ce n'eût
fait est qu'il réussit à développer les pas été la première fois. Doit-on s'é-
heureuses facultés dont là nature l'a- tonner après cela que noire métallur-
vait doué. Amyot et Ramus n'eurent gie, ainsi protégée, ait transporté ses
pas Un autre commencement. Bien que ateliers en Angleterre ? Monlchreslien
Montchrestien n'ait pas fourni une aussi déplore dans un de ses écrits'cet aveu-
illustre carrière, nous verrons cepen- glement de notre gouvernement. Ce
dant qu'il- n?estpas indigne de venir à; furent peut-être les persécutions qu'il
leur suite. Son premier soin, après être eut à essuyer qui le firent renoncer à
sorti de tutelle, fut; de poursuivre son son industrie, pour embrasser, eu
tuteur en règlement de compte. Le tri- 4!624 jlcparli de la révolte à la suite du'
bunal lui ayant donné gain de cause, duc de Rohan. Il se mit à la' tête des
il rentra dans son petit patrimoine, Huguenots de l'Orléanais. N'ayant pas
qu'on voulait lui retenir. Le- succès le réussi à secourir Gergeau, il se jeta
mit sans doute en crédit. Une dame qui dansSancerre, n'ayant sous ses ordres
plaidait contre son mari le chargea du qu'une poignée de soldats, Quoiquele
soin de son procès. Montchrestien se château fût demeuré au pouvoir des
montra digne de sa confiance, et, en royalistes, Condén'osa attaquer la pla-
récompense de ses services, la- dame; ce de vive force; il eut recours à des 1

restée veuve, lui accorda sa main. Se- menées pour semer la division entre la
lon une version assez plausible, ce se- bourgeoisie et la garnison. Si l'on de-
rait alors qu'il se serait fait appeler de- vait en croire le Mercure, Montchres-
Vateville du nom d'une terre que pos- tien, trahissant scn parti;, aurait- vendu v
femme. La vie de Montchres- la place au prix de 6,000 ii.vres,tandis
sédait sa
très-agitée. Attaqué un jour de que, au-rapport de l'historien de San-
tien fut
guet-apens par un baron de Gourville, cerrèi très-lion catholique du reste, et
fut laissé mort sur la place.Lors- par conséquent-peu suspect de parlia-
il pour 1

qu'ilfut guéri de ses blessures, il porta (1) Selon d'autres, il dédia cette tragédie a
plainte contre ses assassins, et obtint Gaston d!Orléansl
MON 464 — MON

lité à l'égard' des Huguenots, l'échevin par une fenêtre. Montchrétien a été ou
David Perrinet, secondé par les habi- sera mis sur la: roue, tout mort qu'il
tants catholiques et par une partie des est. Le mal de tout ceci est que celui
protestants, se serait emparé desa per- qui avoit sesmémoires,nommé Roche-
sonne et l'aurait retenu prisonnier jus- fontaine, qui avoit élé gendarme du
qu'après la signature de la capitulation comte Maurice, s'est sauvé» (f). Leca-
avec Condé, le 29 mai.Montchrestien, davre de Montchrélien,porlé entriom-
remis eu liberté, se rendit, au mois de phe à Domfront, fut condamné à être
juillet, à La Rochelle et offrit ses ser- traîné sur la claie, puis rompu, brûlé,
vices à l'Assemblée politique qui s'y et ses cendres jetées aux vents: Cette
tenait. On lui fit délivrer une centaine sentence fut exécutée le 12 oct. 1621,
de commissions pour lever des troupes au grand désappointement du parle-
dans le Maine et dans là Normandie. ment de Normandie, qui, de son côté,
Déjà il avait enrôlé, dit-on, de 5 à ayant des droits sur ce cadavre, avait or-
6,000 hommes, lorsque;Irahi par son donné qu'il serait porté à Rouen peur
hôté, il. fut attaqué à Pimproviste,, le y être mis à sa disposition.
7oct.,dausle villagedesTouraillespar On doit à Montchrestien:
le seigneur du lieu, nommé Turgpt. I. Les tragédies- d'.Anthoine de .

Montchrestien n'avait auprès de lui que Monterestien, sieur de Vasleville,


six hommes; la lutte était trop inégale: édit. nouv. augm. par l'autheur,
il succomba, mais non sans avoirvendu Rouen^ Pierre de La Motte, 1627, in-
chèrement sa vie. Malherbe dans une 8°, pp. 480 sans lespièces prélim. La
lettre adressée au savant Peiresc, sous première édit. avait paru dans la même
la date dé Caen, 14 oct. 1621, raconte ville, chez Jean Petit, sans date (1601
ainsi sa fin tragique. «Ce qui leur a d'après Brunet,1600 d'après d'autres),
donné [aux révoltés de la Normandie] pet. in-8"; deux nouv. édit. la suivi-
échec et mat a été la mort d'un nommé rent à de courts intervalles, Rouen,
Mpntchrétien, qui étoit le directeur de Jean Osmont, 4 604,pet. in-12, sans la
toute cette affaire, et alloit deçà delà Bergerie,.mais augm.de la tr&g.d'Hec-
parle moyen des Huguenots, s'assu- tor, d'aprèsBrunet, tandis que, au rap-
rant d'hommes et d'argent pour dresser portde Beauchamp,cette trag. se,trou-
son.armée,imaginaire. Après qu'il eut verait déjà en tête delà 4 "édit.;Nyort,
bien rôdé par ces quartiers-là, enfin 4 606,Porteau (Jacq.VaUltierd'après le
il vint, il y a aujourd'huihuit-jours, sur Catal. de la Bibl- roy.),pet. in-4 2.Nous
les huit heures du soir, accompagné ne nous çhargeronspasd'expliquer com-
de six autres gens de même qualité, à ment il se fait que l'édit. de Rouen de
une hôtellerie d'un lieu nommé les 4 627 annoncée comme augmentée par
Tourailles, quiestà douze lieues d'ici. l'auteur, n'ait été donnée que six ans a-
Aussitôt l'avis enfutdonné auseigneur près sa mort, et avec Une préface qui ne
du lieu;auquel appartenoitl'hôtellerie, permet pas de mettre en doute sa cpppé -
il s'y en vint à l'instant avec quinze, ration.SÎontchrestiendisailauprince de
ou vingt mousquetaires. Montchrétien. Condé : «Ces,Tragédies queje vbUs ay
et ses compagnons se défendirent si desjà, dédiées, recerchent encor voslre
bien qu'ils tuèrent les trois premiers
(1) Malherbe ajoute: "Ilya, ce me semble,
qui se présentèrent à la porte de sa deux ou trois ans, il a.fait un livre.de tragé-
vchambre... Au pied de. la montée il se dies en vers françois; je. crois que c'étoit ce
trouva un vieux gentilhomme, qui tira qui lui avoit donné sujetde me venir voir deux
un coup de pistolet à Montchrétien et, ou trois fois. Il, étoit homme d'esprit et de
le tua; il, y,eut aussi un valetde Mont- courage, dont il avoit fait preuve en d'autres
occasionsqu'en celle-ci... Il étoitflls d'un apo-
chrétien blessé d'un coup de carabine thicaire de Falaise, et'dit-on que. le nom de
au genou, dont il tomba et fut fait pri- sa maison étbit'Mauchrétien ; mais pour ce
qu'il ne lui plaisoit pas, il l'avoit changé en
sonnier: les autres cinq échappèrent Monlchrétien. »
.
MON MON
— 465 —
appuy pouren tirer une nouvellerecom- omise. Voici les pièces qu'on y trouve:
mandation. S'il m'estoit possible de les 4 'L'Escossoise ou le désastre,repïès.
desgagertotalementdupiiblic,cemese- en 4605; le sujet est la mort de Marie
roit un grand contentement, et par mon Stuart. L'auteur, qui dédia, dit-on, sa
propre consentementelles seroient dé- pièce à Jacques 4,r,se démêle avec une
sormais plus tostsuprimées que réim- certaine habilité des difficultés de son
primées...J'avoue fort librement que la sujet. Tout le blâme retombe sur les
honte m'est montée à la face autant de Etats d'Angleterre qui forcent la main
fois qu'elles sont revenues à mes yeux, à Elisabeth. La malheureuse reine est
depuis que je les envoyai vous porter victime de son devoir.Du reste.le dra-
un tesmoignage de mon peu d'industrie, me se passeen longs récits comme dans
ou mon dessein esloit simplement de toutes les pièces de notrepoète.
vous donner un gage de ma servitude. La Carthaginoise oula liberté.

J'ay avisé ceste erreur après l'avoir Cette pièce parut d'abord sous le titre
commise, m'en suis jugé coupable, et de. Sophonisbe ; elle fut représentée ,
pour la réparer ay assubjetli mon es- dit-on, avec applaudissement en 4 596.
prit et ma main à une plus exacte pol- «Voici Sophonisbe, dit Montchrestien
lissure, afin de cacher à mon pouvoir au lecteur, qui revient sur le théâtre
les taches espanduës par tout leur vestue d'un habit neuf et mieux séant
corps.» Les poètes sont rares, qui ju- à sa grandeur que celuy dont aupara-
gent avec cette sévérité les premiers vant je l'avois accommodée.» Sopho-
fruits dé leur muse; nous pensons mê- nisbe ouvre la scène par une tirade qui
me que Montchrestien est'injusle. Il y remplit à peu près le 1 " acte tout en-
avait en lui l'étoffe d'un bon poète ; tier. En voici le début :
s'il avait persévéré et que l'élude eût Comme l'onde en la mer est des vents tour-
mûri ses heureuses dispositions, nous [mentée,
Ainsi la vie au monde est de maux agitée ,
osons affirmer qu'il fût devenu le digne Et son calme resemble'a celuy de la mer
précurseurdu grand Corneille. Tel qu'il Qui rit au matelot pour tanlost l'abismer :
est, on croit déjà reconnaître entre les Considère la bien, ô mortel misérable,
deux poètes un certain air de parenté. Et tu la trouveras n'estre tant désirable,
M; Boisard, dans ses Biographies des En cris elie commence et finit en travaux,
Et s'a plus belle fleur n'a pour fruit que des
hommes illustres du Calvados (Caen, [maux.
4848, in-42), faitla même remarque. Ce serait une étude intéressante de
Après quelques citations qu'il aurait pu rechercher ce que Mail et peut devoir à
sans peine multiplier,» On chercherait Montchrestiendans sa pièce de Sopho-
inutilement, dit-il, dans les écrivains nisbe. Noscritiques seraient sans doute
de cette époque un second exemple de amenés par là à reporter un peu plus
ce style concis etnerveux imité depuis haut les origines de notre théâtre clas-
par Corneille avec tantde succès. Mal- sique, et peut-être même serait-il juste
heureusement, ajoute-t-il, Montchré- de rechercher ces origines dapsles pre-
tien ne savait pas s'arrêter.» En effet, miers essais d'imitation des anciens qui
le goût lui manque. Les auteurs ne ont été tentés, quelque informes qu'ils
s'accordent pas sur le nombre de tra- puissent être d'ailleurs au point de vue
gédies que contient chaqueédition; se- de l'art dramatique.
lon les uns, il y en aurait cinq dans 3° Les Lacènes ou la constance,
la 4" et six dans les autres; mais dans représ, en 4599. Le sujet de la pièce
l'édition de 4 627 que nous avons en
Rouen, ou dans ce cas,celte édit. serait pos-
main, on n'en trouve que cinq, toutes térieure a celte date. Quoi qu'il en soit, nous
en 5 acl. avec choeurs, la(4),
tragédie ne garantissons pas l'exactitude des dalesque
d'Hector, représ, en 1603 y est les frères Parfait assignent à la représenta-
tion des tragédies de Montchrestien, et que
(1) Si cette date est exacte, cette pièce ne nous reproduisons, l'édit.de 1627n'en donne
trouverait pas dans la première édit. de aucune.
se
30
T. vu-
M0$ =r m —- MON

t$$ 1 & jpçrfc 4ç foi ,de gpar^e p)ée$èp,e. fljii s'lftimi|l_y> JIJX p|pij3 4''une snaSest^ "h&ijlp,
'" ^.'fiaviclpu \'ad^}t^re, reprès. en Qui il'un^oeil ruisselant )uj demande pa.epçf,,
4.6,0.0;"" "" ' Est digne' d'une .femme et d'une feine ausjj.
Déployés -donc sur riioy votrebénirié gracé,
'5° Aman oie la vanfté., représ. en ^adame.permettés que yosgeno'ux j'ambrasse.
$601 .11 est çurieyx de ycjr Mpnfchrpsr ASSDËBUS.
Jtién lutt,e_r avec je plus grand de nos Tu n'es donques content, paillard, de m'offen-
poètes'dramatiques,ejsputpnirde temps (sert
Tu veux, lu veux encor mon espouz,e forcer]!
jén tpmps la lutte. M/Ro.isard a déjà fait Vieux ribaut, j'enfe'ray vengeance si notoire,
avant nous, Les cri-
ce rapprochementde'cpnverts, .Que jnsques "a mille ans il en sera-mémoire.
le perfide Qu!qn me le mène pendre au gibet élevé,
mes (l'Aman sont
,

Que'pour loi, Mardochée, il av.oit réservé.


layon ifjiplore la pitié de la reine : Et toy, vieillard fldeile, ornement de ta race,
Dieu, je est un Dieu redour .Occupe ses honneurs, son crédit et sa placé.-'
Oui, ce..,..,«,, ,r.l'avoue
.r. ,
... ...... - t.able_
l'on garde une haine impla-
Donnons quelque chose aux moeurs dp
-Mais veut-il que
-
' ' " ' {cable ? temps, et ' n'oublions pas que la pièçg
C'en est fait : mon orgueil est forcé de plier, de Racine parut environ cent ans plus
t'înexôràtii.è Alman est réduit à prier.
Parle salùt'des Juifs^'p'ar' ces pieds quej'em- tard, après' tout un siècle de gran-
[brasse, deur littéraire. — 6° Susanne ou la
Par ce sagp vieillard, l'honneur de votre race, chasteté, poème histor. en 4 chants.
il'aignez d'un'roi terrible apaiser le courroux:
ëauvëz'Àman, qui tremble à vos sacrés gé- — 7° Les derniers propos de feu no-
' ' ' [noux. ble dame Barbe Guifart, femme de
Survient Assuérus qui trouvant Aman Mons. leprem.présid. Claude GroUr
penché (4) 'sur le lit' [du banquet] de la lard, discours en vers, :—g° Berge-
reine — cette circonstance qu'orhet le rie, moitié prose et moitié vers, avec
poète est cependant nécessaire pour cette épigraphe :
l'intelligence de ce qui suit,— éclate L'aveugle enfant qui les Dieux seigneurie
en sanglants reproches :. El lient là terre en sa possession, " "
M'a fait escrire en céste Bergerie,
Quoi! le traître sur vous porte ses mains bar- Sous des noms feints, ma vraye passion.
[dies !
Ah ! dgns ses yeux confus je lis ses perGdies; Cette bergerie a été trad. en allemand
Et'spn4_-oubie,appuyanl|afoi devos discours, avec des remarques par Augspurger,
D,e tousses attentats me rappelle le cours, Dresde, 1644, in-8°. --^ 9° Tombeau,
ûj'â ce monstre à l'instand'âmpsoitarrachée,
Et que devant sa porte, au UeudeMàrdochée, en prose; Barbe Guiffard, femme en
secondes nnces de Messire Claude
Apaisant par sa mort et la terre et les cieux,
De mes peuplés \engès il repaisse les yeux. Groulard, apprend aux passants qui
Mortel-ch'é'ri du Ciel, mon salut et ma joie,
elle fut dans cette vie. Suivi de Stan-
t$$ conseilsi.d'es méchants ton rqj n'est plus
'-'""'"•" ' " ces sur- le même sujet, et d'une Com-
[en proie;
plainte de la ville de Rouen:
Mesyeûx sont dessillés, le crime est Confondu :
''.''.
Viensbriller prèsdenjiii dans lerapg qui t'est
Mû. IL Traicté de l'OEconomie poli-
tique-, dédié au roy et à la re'yne
,3e, te dpnnè d'Aman les biens et la puissance:
Possède justement son injuste opulence.' etc.
mère du roy, par Antoyne de Mont-
Telle est là scène tracée par Racine. chrétien, sieur de Vateville, Rouen;
On y voudrait un peu plus de feu, un 1615, in-4'; deux parties en 4 vol.,
peu'plUsde'niouveinent.Lessituations pp. 402 et 200. L'auteur veut sim-

le comportaient. Mais quand on se re- plement avertir la reine, avec toute
présente Assuérus avec'une perruque à sorte de respect el de soumission,
que
la Louis-XIV surla tête, on comprend l'une des roues du gouvernement sort
le poète ét-l'o'n est indulgent.Voyons de
son essieu. «A la vérité, continue-
maintenantcommentMontchrestiens'en ' t-il, il nous est facile de connoistre le
est tiré. ' désordre, car ncus le ' voyons et le
sentpns.-'mais'ilne'nbùs'est ni loisi-
Pajdonnariaupécheurqui reconnoist sa faute, ble ni possible de "le répajrer. Il nous
(1) Tombé, couché, dit l'Ecriture. 4pitestre, permis, de souhaiter la meilr
MON 46T: MON

leure ferme de geuvernement; car trop de dédain. « Cet ouvrage^ y lit-'
teutnpstre ben-heur dépend de là : en, est surtput remarquable peur sen
mais'nous ne sommes point capahles titre... C'est là première îeis qu'pn
de la concevoir telle qu'elle doit estre. trouve employé le mot d'Economie
Tant de testés n'aurontjamaisune seule politique. » M. Blanqui lui accorde an
et conforme opinion, requise principa- moins ce mérite de résu merles idées
<>

lement en ce subject. Si chacun avoit du temps sur les graves matières »


la liberté d'eslire ce qui luy semble qui y sont traitées. Pour nous, nous
bon, outre la ccnfusion qui en naistroit, ne nous sommes pas seulement arrêté
on obtiendrait le moins ce qu'on dé- au lilre, nous avons parcouru l'ou-
sire le plus. » Cela est sans doute vrai, vrage avec un grand intérêt. Nous ,ne
mais le moyen que Montchrestien pro- sachons pas de meilleur livre publié
pose était-il le meilleur? Qui lui ré- en France sur ces matières, jusqu'à
pondait que les imaginations de la reine cette époque. Il est juste d'ajouter que
régente seraient plus sages que les nous ne sommes pas économiste, et
imaginations du vulgaire? Sans doute que notre bonne foi peut avoir élé sur-
il espérait que, s'appropriant ses pro- prise.
pres idées, elle les appliquerait com- Montchrestien divise son Iraité en
me sienues. C'était de la vanité sous 4 livres, dont il donne le sommaire
un air de modestie. Le livre de Mont- suivant : I. Des arts méehaniques, de
chrestien est moins un traité qu'une leur ordre et utilité; Du règlement des
suite de discours, un peu diffus, sur manufactures; De l'employ des hom-
des questions d'économiesociale; l'au- mes; Des mestiers plus nécessaires et
teur ne s'est pas toujours affranchi des profitables aux communautés; De l'en-
anciens préjugés; zélé protectioniste, tretien des bons esprits et du seing que
il réclame pour l'industrie nationale la le Prince en doit prendre. — II. Du
prohibition des marchandises étrangè- commerce tant dedans que dehors le
res, il croit à la nécessité des lois rpyaume; De la trop grande liberté et
somptuaires, mais' il expose souvent immunité des Espagnols, Portugais,
de fort bonnes idées, soil qu'il les tire Anglois et Holaudois parmi nous; Du
de son propre fonds, soit qu'il les em- transport et règlement de la monnoye;
prunte à d'autres (1), et cela dans un De l'inégalité du traitement que les
style toujours clair et correct. On peut Estrangers reçoivent en France, à ce-
lui reprocher de ne pas assez préciser luy que les François reçoivent en leurs
les fails, d'avoir horreur des dates pays, tant pour les personnes que pour
et des chiffres, de ne citer aucune les gabelles et impositions; De la dif-
source. Quelquefois, pour combattre férence de l'allié et du citoyen; Des
la sécheresse de son discours, il ap- commissionnaires; Du commerce du
pelle la poésie à son aide., et dans Levant; Du trafic des épiceries; Des
les morceaux qu'il traduit des anciens, compagnies et sociétés; Des ventes et
il est toujours élégant, .concis, et aciiapls qui se font dans les provinces,
lutte de génie avec ses auteurs. C'est et de la police que l'on y doit ohserver.
pourquoi il nous semble que le Dic- Ce 2e livre a été rejeté à la fin de

tionnaire des sciences économiques l'ouvrage, et forme la si-conde partie
traite le livre de Montchrestien avec du volume, avec une nouvelle pagina-
tion, mais sans titre spécial. — III. De
(1)Nous avons remarqué queMonlclireslien la navigation et de ses utilités; De
fait de larges emprunts au Miroir des Fran- plusieurs voyages et entreprises faites
çois—par ex. le parallèledu bon el du mau- les François, Espagnols, Portu-
vais prince est presque reproduit mol pour par
mot, — tellement que si les dates ne s'y op- gais, Anglois et Holandois en plu-
posaient quelque peu, nous serions tente de sieurs lieux; Du besoin que cet Estât
voir dans Monlchreslien l'auteur de cet écrit de se fortifier par mer; "Des saillies
pseudonyme. a
MÔN _ 468 MON
vculut
des anciens Gaulois et de leurs peu- de Castres, En route, Montclar cailies, mais
plades ; Dés colonies et des commodi- tirer sur une compagnie de
;

tés qui peuvent, en revenir; Du pas^- son fusil lui creva dans la main, et la
la du Sud, trafiquer blessure s'étant envenimée, il mourut
sage en mer pour
au Catay, la Chine et le Jappon. — quelques jours après, en 1570,laissant
IV. De l'exemple et des soings princi- la réputation d'un excellent comman-
paux du prince, touchant la piété, la dant d'infanterie.
charité, la censure, la milice, les fi- Son fils, que nous n'avnns trouvé
nances, les récompenses tant hono- désigné par les historiens que soUs le
raires que pécuniaires, les charges et nom de vicomte de Montclar, fut sauvé
magistratures. du massacre de la Saint-Barthélémy
On attribue en outre à Montchrestien par le comte de Villars, qui comman-
une trad. des Psaumes de David, el des dait en Guiehne. Ce fut, assure-t-on ,
travaux sur l'Histoire de Normandie, pour témoigner aucomte sa reconnais-
restés manuscrits. sance qu'il abjura et qu'il se rendit à
MONTCLAR (ANTOINEDE.),vicomte Montauban avec Paulin,afin de persua-
de Montclar, un des plus braves et dés der aux habitants de s'en remettre à la
plus expérimentés capitaines de l'armée clémence du roi. Gèraui de Lomag.ne,
huguenolte était un gentilhomme du dont la soeur Marguerite avait épousé .

,
Quercy. Il ne prit aucune part à la pre- Jean de Montclar, et qui était paT con-
mière guerre civile; mais en. 1567, il séquent allié du vicomte, s'éleva avec
marcha avec les autres Vicomtes au se- tant de force contre cette proposition
cours de Condé et combattit vaillam- ' qu'il la fit rejeter; il réussit même à rat-
ment à la bataille de Gannat, à la- tête tacher àla Cause les deux vicomtes. En
de l'infanterie du Haut-Languedoc 4 577, Montclar battit près de.Saint-
(Voy. IV, p. 4 8). Son père, qui avait Gaudens la compagnie de chevau-lé-
aussi embrassé la religion reformée et gers de Bonrepos., qui allait rejoindre
avait été laissé,selon Cathala-Couture, Villars en Armagnac ; mais quelque
pour gouverneur à Montauban, fut forcé temps après, le 13 août, il fut tué par
de quitter la ville par l'indocilité du les Ligueurs avec son beau-père. La
peuple, et se retira dans ses terres, où généalogie de cette famille n'ayant
il fut rejoint par son fils après la con- point été dressée, nous ne savons s'il
clusion de la paix de Longjumeau. laissa des enfanls, ni qui était un vi-
Laguerre s'étantralluméeenl 568,1e comte de Montclar, cité par Marturé au
vicomte de Montclar futchargé du com- nombre des chefs huguenots en 4587.
mandement d'un des régiments levés à MOKïDEOTS. (ÀBDIÀS DE), pasteur
Castres. Il participa à toutes les entre^ deFécamp fut appelé, au mois d'pct.
prises des Vicomtesjusqu'à l'arrivée de ,
4 648, à remplacer David de Caux
Montgommery, qu'il suivit dans le dans l'église de Dieppe, et il la des-
Béarn. C'est lui qui le premier avec, servit avecaulantd'activité quedezèle.
Sénégas monta à l'assaut d'Orthez. De Son grand âge et ses infirmitésl'avaient
retourdansle Languedoc, ilreçut ordre fait décharger depuis cinq ans, lorsqu'il
de Coligny de marcher avec Genlis au mourut, Ie.4'8 sept. 1638, dans sa 75"
secours des habitants de Castres, qui année, après 45 ou 50 ans de minis-
désiraient chasser les garnisons catho- tère. «C'était, ditDaval, unhommequi
liques des villes voisines et rompre un i, avait des dons excellents, ayant l'es-
blocus qui les incommodait beaucoup,% prit vif et prompt, des conceplionsbelles
_

Il mit le siège devant Saint-Félix, mais il et élevées, et, quoiqu'il fût pas des
ne
il échoua dans son entreprise, et allafj plus profonds théologiens,il était grand
rejoindre Genlis sous les murs de Laf g orateur, ne se servant que de ses seules
Bruguière. Rappelées par Coligny, les|i!méditations aide d'aucun livre ou
sans
troupes huguenottes reprirent la route®!auteur, du moins dans ses dernières an-
MON
— 469 — MON
nées. Il était excellent dans la conduite™ acette science. En 1551, il publia
.des affaires et des assemblées ecclé-i icommentaire très-estimé un
ordinaire-l sur le 10e li-
siastiques, où il présidait Ivre d'Euclide : Euclidis elementorum

.
et difficile dans
|
ment. D'un autre côté, n'avait des dé-f tïMber decimus, Petro Montaureo in-
sagréments, étant ex trêmement chagrin fiterprete. Ad JoannemBellaïum
pi-' car-
sa conversation, se 1
? dinalem, Lutetiae," Vascesanus,iu-4°,
quant promptement. 11 fallait avoir des '' : ff. 4 40, sans la préface dédie, seus
paroles fort étudiées pour traiter avec ; la date de Paris, Cal. de Juill. 1551,
lui, encore s'offeusait-il souvent, par- ff. 4 7; dans le privilège, daté de Blois,
ticulièrement quand on se servait de decimo Calend. februarii, 4 550, Mont-
termes moins propres, bien que ce fût doré est dit membre du parlement, vir
sans dessein de l'offenser. 11 s'en affli- senatorius. L'ouvrage se termine par
geait lui-même et s'en chagrinait, en une longue pièce de vers latins qui
tirant des conséquences auxquelles on donne une idée très-avantageuse du
n'avait jamais pensé, jusque là qu'à la talent poétique de l'auteur. Esprit
fin de ses jours, sa voix étant devenue grave et philosophique. Bon style.
si faible et si basse qu'il ne pouvait plus Montdoré,~ au jugement des meilleurs
être entendu du peuple, el le consis- critiques, a éclairci un grand nombre de
toire ayant député deux anciens pour difficultés. En 1562, notre savant fut
lui en faire des remontrances elle prier compris par le parlement de Paris dans
de s'efforcer de parler plus haut, afin l'arrêt qui condamna à mort un certain
qu'il pût être entendu, il en conçut un nombre de Huguenots pour crime de
tel déplaisir qu'il en fut malade et ne lèse-majesté (Voy. IV. p. 20, note).
put reposer ni sortir de sa maison trois Cet arrêt lui donne la qualité de «maî-
mois durant. Aux compagnies ecclésias- tre de la librairie du roi.» Au rapport de
tiques comme il avait l'esprit prompl Vossius, il était en effet bibliothécaire
,
et présent, et les raisons solides, ou du de S. M.
moins subtiles aussi voulait-il l'em- Lors delà seconde prise d'armes des
,
porteret que ses avis fussent suivis, et Huguenots (4 567), Montdoré, conseil-
quand il entreprenait quelqu'un, il n'é- ler au Grand-Conseil (4), se réfugia à
tait point content qu'il ne l'eût entière- Orléans, où il fit transporter sa biblio-
ment terrassé et, s'il faut ainsi dire, foulé thèque. N'étant pasen sûreté dans celte
aux pieds. Au reste il avait l'âme fort ville, il se retira à Sancerre. Il y mou-
bonne et la conscience fort tendre, et il rut bientôt après, en 1570, dans un
s'acquittait diligemmentdesacharge.il âge qui n'était pas très-avancé; le
était scrupuleux jusque-là qu'il ne vou- chagrin, selon de Thou, hâta sa fin. Sa
lait jamais dire de nouvelles, decrainle bibliothèque et ses instruments de ma-
de les dénaturer, d'y ajouter ou d'en thématiques furent pillés à la St-Bar-
diminuer.» 11 eut pour successeurJean thélemy. Cette bibliothèque était ri-
Vauquelin, que l'on appela de Pujols che surtout en ouvrages de mathéma-
en Basse-Guienne.et qui fut installé le tiques, annotés de sa main. Il était
23 nov. 4 638., grand partisan d'Aristote, et plus versé
MOWTDORÉ (PIERKE), ou Mondo- dans la philosophie que dans la juris-
ré, sieur Du Rondeau, en latin Mon- prudence. Montaigne le cite parmi les
taureus, savant mathématicien et bon meilleurs poêles latins du xvie siècle.
poète latin, natif d'Orléans, florissail « 11 me
semble aussi de la poésie, dit-
vers le milieu du xvie siècle. Il étudia il, qu'elle a eu sa vogue en nostre siè-
le droit dans les universités de l'Italie, cle; nous avons abondance de bons ar-
quoique ses goûts le portassent de pré- tisans de ce mestier là, Aurat, Bèze, Bu-
férence à l'étude des mathématiques. chanan, L'Hospital, Mont-doré, Tur-
Tout en suivant la carrière de la ma- Maître des requêtes, d'après le Thuana,
(1 )
gistrature, il ne cessa de s'adonner à conseiller, d'après de Thou.
MON
iiieVûsiv Cepéûdant Montdoré, à notre,
- 4V0 —
MON
Puis le poèteajoutait :
connaissance; n'a publié aucun recueil i. Totus fuit aureus intus,
de poésies. Lés indiscrétions de ses.a- Aureus ingenio, doctrinâ, moribus aureis... ,
fanlum illum, talemque virum si Roma lu-
mis auront pu seules faire jouir le pù- ' [lissèt,
blic de quelques pièces échappées à sa Aureus in sUnimâ starel lilontaureus arce,
muse (i); On- attribue à Montdoré une Aureus inque foroj et rostris,. lolà aureus
iàpolpgiédePeitrpt,Poltrotus Meroens, [urhe.
la meilleure pièce de vers que le fana- Une telle admiration de la part d'un
tisme aitinspiréauxHuguenotssurl'as- tel homme est la plus beliepàlme d'im-
sassinat du duc de Guisè. Le poète al- mortalité àlaquelle il soit donné de pré -
lait sans doute troploia dans cette inve- tendre. Pibrac, lit-on dans le Thuana,
cation à Dieu : supprima le vers suivant dans son édit.
At tu, summe Pàter, qui léla mànusque tuo-
des Poésies du chancelier :
[rum Exul ob assertum ver» pietatis honorem.
Dirigis, et vatum calamos, da vivere natum
CarUcn ab ObsCuro, atque oculis manibusque Le volume étant dédié à Henri 111, il
[teneri, s'agissait de ne rien, laisser passer de
Pluribus ut maneat Meraûs in ore nepolum. compromettant.
Mais si l'on met eh regard dii-meur- Montdoré laissa un fils,quede Thou
tre d'un seul le meurtre d'une Vil.l'ëélQ- connut aux universités et qui devintcon -
tièrè prise d'assaut, si l'on considère seiïler au Grand-Conseil, probablement
.

que dans cette ville ainsi- menapéës&e- ".a-la--mort.de son père. Ce fils ne serait-
trouvaient là famille, les fTèresi'-ies'à- il pas Horace de Mondoré, d'Orléans,
-mis du poète, on doit lui être indulgent. qui chercha un asile à Genève à l'a Sl-
Beaucoup qui ne, l'auraient pas dit, au- Êarlhélemp (Reg. des habitàii-s^Noiis
raient pensé de même. Montdoré ne vit ignorons si c'est de lui que descendait.
pas l'assassin dans Poltrot, mais le sau- Antoine de Mondoré, sieur.deLigne-
veur de la ville, le fauteur de la paix : rolles, fils de Lancelot,. sieur Du Ron-
Sàlvam qui prastilit'urbem, deau; etde JeanneRobinëaù,t\m épou-
Sublatoque, mbfani pacis qui soslulit, h'oste. sa à Paris,en 1665, Anne Le Gendre,
Celte pièce à d'abord élé attribuée à fille de Samuel, sieur de La Cour, et de
Adrien Turnlbé. Le Laboureur qui la Marie Tassin (Reg. de Charenton).
reproduit dans ses Additions aux Mé- MONTEIL (N.), pasteur'du désert.
moires de Castelnau, croit pouvoir la Accusé d'avoir séduit une fille nommée
restituer à Montdoré. Nourri dès doc- Claudine Monier, Monteil fut suspen-
trines de l'antiquité,il n'est pas impos- du, jusqu'à ce qu'il se.fût pleinement
sible que Montdoré ait recon nu aux peu- justifié, par un synode tenu, le 4 5 déc.
ples opprimés un droit'devieetdemort 4 723, sous laprésidence de Corteis;
sur leurs tyrans, quels qu'ils,soient. mais méprisant cette sentence, sous
La Bible même l'y autorisait. Les meil- prétexte que l'accusation était calom-
leurs publicislès du xvie siècle profes- nieuse et que Claudine Monier n'était
saient tous celle doctrine anti-chrétien- qu'une prostituée, il continua à rem-
ne, si l'on veut, mais non pas anti-re- plir ses. fonctions. Un autre synode,
ligieuse. auquel Court présida, le 8 juin 1724, .

Michel de L'Hospital, «principal a- le déposa donc etPexcomniunia comme


mi» de Montdoré, «déplora sa mort par calomniateur el rëfractaire aux ordres
de beaux'vers remplis de plaintes con- des synodes.Monteil refusa de se sou-
tre l'ingratitude de son siècle. » C'est mettre. Sarébellionprovoquaun schis-
ce que nous apprend de Thou. me qui dura plusieurs années. 11 finit
Mùsoe véstér honos et gentis gloria nostise pourtant par cesser de prêcher, lorsque
Concessit fatis, patriâMontaurcus exul. La Devèze accorda «une espèce d'am-
(I) Voir Gruter, Delicioe poetarum Gallo- nistie aux fanatiques. » Sa.soumission
rum, T.'II. ne ternit pas toutefois à l'abrides pour-
MON
— 4?1 = m»
suites- du gouvernement. Il e£t vrai protestants, aii secours dii vicôtote cfe
qu'on nelui fit pas son précès; mais ôtt' Lûvedait, et après l'àSr'ôif dégagé, il
l'enferma daris- le château de Beauré- retourna à Bergerac', où' iï se' téiiaii;
gard, où ilmnùrut en 4 751 (Arch. tien., d'habitude.Là riiêïné année, il força ïè's
E.3542). Catholiques à' lèVèr le siégé dé Monfc-
MONTENAY (GEO'RGETTE DE),fille flanquin; mais son plus bel exploit fut
d'honneur de Jeanne d'Albret, poète. là s'u'rft'risé de' Perigûëùï, dotiït' iï se
1

Où ignore les particularités de sa vie. Tendit maître, èïï ih%i sëc'éffdé par'
Ayant lu les Emblèmes d'Alciat, qui Vivdns et Làmbëftié:Laville futtrâi^
étaient alors dans toute leur vogue, elle téeavéCnne rigUeur barbare et lesprê-
eut l'idée de lés imiter, en rimant dans trés ne furent pas épargnés. Là con-
le même goût des pensées morales.Elle duite dé Lângeiran dans' celle cir-
composa donc cent emblèmes par hui- c'Phst»neé à laissé une taché' sûr s'a Vie.
tains, que y. Marcorelle (1 ) imprima à Selon les Mémoires du duc dé Bouillon,
Lyon sous autantdefig.entaille-douce. il était «un dés plus cruels etirréligleux
Ce volume,- qui parut sous le titre hommes de son temps.»Sâhs: doute il
d'Emblèmes chrestiens,Lyon, J. Mar- né' faut pas âcCrJrder Une confiance illi-
corelle,4 574 ,irï-8\étàitdédiéà Jeanne 1 mitée au témoignage'dé Tûrénnë, qui'
d'Albrël. Il se termine par huit sonnets; hé lui pardonna jamais d'avoir refusé,
(adressés deux à la reine de Navarre et jusqu'en 1575, dé reconnaître son au-
sixaN-.deLaCase,gouverneurdujeune torité; mais dAubignè, qui n'avait au-
prince Henri), une épître allégorique et- cun motif de haine contre lui, recon-
1

une énigme. Le succès èh fut très- naît aUssi qu'il était plus propre «à faire
grand.On le réimp. plusieurs fois, no- combattre les gens de guerre qu'à les'
tamment à Zurich, 1583,in-4°,avec une policer», et ajoute qu'il fut accusé de
version latine,et à Francfort,.! 619,in- beaucoup dé désordres. Aprèsla prise de
8',avec des trad.en latin, en espagnol, Périgueux, Langoiran tenta une entre-
en italien, en allemand, en flamand et prise sur St-Macaire. Les échelles
en anglais. s'étant trouvées trop courtes, il dut se
MONTFERPLAIVD (GUY ou CHAR- retirer avec perte de quelques hom-
LES DE),capitaine huguenot,eonnuplus mes. Cet échec disposa sans doute lé
tard, dans l'histoire de nos guerres ci- roi de Navarre à écouterplUs favora-
viles, sous le nom du baron de LANGOI- blement les plaintes qu'on lui adressa
RAN,commandaune compagnie à la ba- «sur les rigueurs et cruautés» du gou-
taUle deVer sous les ordres de Duras,- verneur de Périgueux. 11 le destitua
tandis queson frère aîné combattit sous: en 4 577. Irrité, Langoiran fit sa paix
ceuxdeMontluc. En 1567,ilsesignala; avec les Catholiques, qui lui laissèrent
à la prise de Pont-sur-Yonne. Le par- le libre exercice de sa religion dansses
lement de Bordeaux le comprit dans ses châteaux de Mohlferrand: et dé Lan-
sanguinaires arrêts de 1562 et de 1569 goiran.
(2). En 4 572, logé dans les faubourgs MONT&O'MMERY (GABRIEL DE) ,
de Paris, il eut le bonheur d'échapper comte de Mon'tgommery, un des plus
auxégorgeurs de la Saint-Barthélémy. habiles et des plus vaillants compa-
En11-574, il marcha, avec d'autres chefs gnons d'armes de Condé et de Coligny,
était le fils aîné de Jacques dé Montr-
(4)A.la S.-Barthélémy, Jean Marcorelle, im- gommer'y, siéur dé Lorg'es dans l'Or-
primeur a Lyon, se réfugia a 6enève,oii il fui
reçu habitant le 8 sept. 1572-. Dix ans aupa- léanais. En 1545, il ebtint le ccmman-
ravant, le23 avril 'i&&%, Pierre Marcorelle, de dement des troupes envoyées par le
Milhau, y avait déjà obtenu les droits de bour- roi de France au secours de Marié de
geoisie.
(2; Dans l'un de ces arrêts , il est appelé Lorraine, reine d'Ecosse. En 15E>9,
Guy, eldans l'autre Charles.L'histoire ne (ait lors de la fameuse Mercuriale, c'est
pourtant mention que d'un seul capitaine hu- lui qui, en qualité de capitaine des gar-
guenot du nom de La'ngôîràn.
MON — -
472 MON

des, fut chargé d'arrêter Anne Du tour, Condé .l'envoya en Normandie,


Bourg etses collègues ( Voy. IV, p.~" avec le titre de son lieutenant, pour y
338); c'est encore lui qui, quelques veiller aux intérêts de la Cause. Mont-
jours après,dansle tournoi célèbre don- gommery se rendit rapidement'à son
né à l'occasion des mariages delà fille château de Ducé près d'Avranches,
ètde lasoeur de Henri II, eut le malheur assembla la noblesse protestante du
de blesser mortellement ce prince. voisinage et se mit en campagne sur-
Ce funeste accidentl'obligeantà quitter le-champ, dans l'espeir de se saisir du
la Cour, il se relira dans ses terres-en château de Caen, seule place qui restât
Normandie, d'où il partit pour voyager au-pcuvnirdu duc de Bouillon, gou-
en Italie et en Angleterre. Il est pro- verneur de la province. L'approche du
hable qu'il embrassa la Réforme pen- duc à la tête de .toutes ses forces, le
dant son séjour dans ce dernier pays ; força de renoncer à cette entreprise, et
car lorsque nous le retrouvons en même il dut abandonner Ducé pour se
France, en 1562, c'est dans les rangs retirer avec sa femme enceinte à Saint-
des Huguenots,. Le, où il établit son quartier général,
Après la prise d'Orléans, Condé l'en- Sa troupe grossit en peu de temps par
voya occuper Bourges à la tête de 120 l'arrivée de LaMptte-Tibergeau, d'A-
chevaux. Le 27 mai, à cinq heures du vesne, Des Champs, Colombières,
malin, selon le Journal de Glaumeau, Rommerou, La Poupelière, Bressay,
les Protestants se présentèrent devant Jachoville, qui passa bientôt dans_ le
la pprte Saint-Ambrois, qui leur fut camp de Bouillon, La Forest, et d'au-
ouverte par leurs coreligionnaires, au tres gentilshommes ou capitaines du
nombre d'environ 3000, tous armés. Maine el de la Normandie. Le fils du
Montgommery se saisit de l'hôtel-de- sieur d'Hermesis s'était aussi mis en
ville,- se fit remettre les clefs des prin- route pour aller rejoindre le lieutenant
cipales portes et marcha sans délai sur de Condé,maisil tomba entre les mains
le cloître Saint - Etienne, qui avait de Villarmois, qui lui fit couper les bras
été «clos et fermé, et parties des portes etles jambes.Se croyantassezfortpour
muraillées » ; mais les chanoines ne reprendre la campagne, Montgommery
tentèrent pas une-inutile résistance. Il essaya de s'opposer à l'entrée des Bre-
se trouva donc, sans coup férir, maître tons en Normandie. Il fil occuper Cou- -
de la ville entière, à l'exception de la tances par Colombières, chargea Des
grosse tour, qui se rendit le 31. Le Champs et d'Avesne de rompre les
lendemain, il fit prêcher le ministre ponts du Couesnon et de la Célune, et
Rovièrës (1), et le jour même, «on lui-même se porta sur Avranches; mais
coramança à abasïre les ydoles, et la il arriva trop lard, d'Elampes s'en était
messe du tout cessa.» Renforcé par déjà emparé. Il se replia donc sur Vire,
trois enseignes, que lui amenèrent emporta le couvent des Cordeliers et
Saint-Rémy l'aîné, Saint-Laurens, la cathédrale que les Catholiques a-
dit. Saint-Martin-le-Luthérien et vaient convertis en forteresses, fit a-
Noisy, Montgommery désarma les, Ca- battre les images et se saisit de l'ar-
tholiques, et s'étant emparé des trésors genterie des églises, pour subvenir
des églises et de la caisse publique, il aux frais de la guerre. Le triomphe
les emporta lui-même à Orléans, lais- des Protestants dans cette ville fut de
sant la garde de la ville au capitaine courte durée, car à peine Montgommery
Miraillet. Peu de jours après son re- se fut-il éloigné, qu'ils éprouvèrent la
(1) Il y avait à Bourges quatre ministres, vengeance des Catholiques irrités. Une
que Glaumeau appelle Dagnon, M. de Véran, émeute, où le valet du ministre Feugré
Durant et Rovièrës. Selon Catherinot, ils se ( Feugueray ? ), Jean Le Roy, Louis,
nommaient â'Agnon, de Venan, de Durant cl
' de Rovyères, el selon Yves Magisliï, ù'Ay'non, Pinette, perdirent la vie, el Etienne
Niquct, Verront el durant. Hamel, Jean Dubourg avec d'autres
MON
-
habitants tantde la ville que delà cam-
473
— MON
redoubla par l'arrivée de Rowray et
pagne, furent grièvement blessés, pré- de Valfrenilre, à la tête d'un secours
luda, le 34 juillet, au terrible massacre envoyé de Dieppe, et par l'entrée dans
i
du sept. (Voy.VI, p. 254). le port d'un convoi de vivres el de
Informé du sac de Vire, Montgom- munitions, qui avaitforcéune estacade
mery se replia surBayeux et alla cam- cpnslruite à Caudebec par les assié-
per à l'embouchure de l'Orne, pour geanls.Cefort, si vaillamment défendu,
attendre dans une forte position les tomba pourtant, le 6 oct., au pouvoir
vaisseaux qui devaient ~\e transporter de l'ennemi tant parla négligence ou la
au Havre, conformément aux ordres de présomption de ses défenseurs que par
Condé- 11 eut à y soutenir plusieurs la trahison du capitaine Louis David,
attaques des Catholiques, qui ne purent qui fut tué par un de ses propres sel-
toutefois le déloger.Il s'embarqua enfin dais indigné de sa perfidie. Teute la
et arriva sans accident à sa destination, garnison fut égorgée, entre autres La
mais sur l'ordre du prince.il repartitim- Bouverie, de Revelles et Confolans,
médiatementpourRouen, que les trium- brave capitaine rouennais, qui avait
virs menaçaient d'un siège. Il fit son contribué plus que personne à la levée
entrée dans cette ville, le 17 sept., à du siège de Tancarville, quelques se-
la tête de 300 chevaux, suivi de très- maines auparavant.
près par l'armée royale, forte d'envi- La prise du forl Sainte-Calherine,
ron 30,000 hommes. qui dominait Rouen, entraînait néces-
En y comprenant l'escorte de Mont- sairement la prise delà ville elle-même,
gommery, Rouen n'avait pour garnison .
c'était un malheur irréparable dont
,
que 800 vieux soldais français et 500 ne pouvait consoler l'arrivée d'un nou-
Anglais; mais la milice bourgeoise, veau secours de 500 Anglais.Ilsavaient
commandée par les échevins Michel réussi à franchir l'estacade de Caude-
Bouchard, Guillaume de Croismare, bec, sans autre perte que celle d'une
JeanBauquemare etNicolasLe Sire, barque chargée de munitions, avec les
par ]es quarteniers Nicolas d'Aussy, hommes qui la montaient, le capitaine
Jean de Saint Léger el Michel Bau- Bassefontaine, entre autres.
quemafe, et par les pensionnairesJac- Cependant les généraux catholiques
ques Auber, Pierre Hovel et Matthieu pressés par l'approche de l'hiver el
Poulain, rivalisa d'intrépidité et de bra- alarmés de la présence de6 Anglais au
voure avec les meilleurs soldats. Havre, sentaient la nécessité de redou-
Le 28 sept., un héraut somma la bler d'efforts. Ils mulliplièrent donc
ville d'ouvrir ses portes au roi, qui se les attaques,mais toujours sans succès.
trouvait dans le camp des triumvirs Les vaillants bourgeois de Rouen é-
avec sa mère et sa Cour. Les habitants taient résolus à mourirplutôt que de se
répondirentfièrement qu'ils étaient ré- mettre à la merci des triumvirs, el leurs
solus à se défendre plutôt que de rece- femmes mêmes, qui déployèrent pen-
voir dans leurs murs toute une armée. dantloutlesiége un courage héroïque,
Les Catholiques dirigèrent principale- les fortifiaient dans ces sentiments.
ment leurs attaques contre le fort Après avoir éprouvé un nouvel échec,
Sainte-Calherine, qui battait d'enfilade le 13, dans un assaut furieux qui dura '
leurs tranchées entre les portes Mar- de dix heures du matin jusqu'à sept
tainville etSainl-Hilaire.Ilsy livrèrent, heures du soir, les assiégeants firent,
le 29, un assaut qui fut vaillamment une fois encore, sommer la ville de
repoussé. Le 30, ils assaillirent, sans se rendre. On remit au soir laréponse;
plus de succès, le faubourg Saint-Hi- cependant, le jour même, les Catholi-
laire. Le lendemain, nouvel assaut au ques tentèrent une escalade et parvin-
fort Sainte-Calherine, et nouveau rent à se loger sur la porte Sainl-Hi-
triomphedes assiégés, dont l'allégresse laire. Cette sanglante journée ccûta la
BÏÔN
-r tii —
MON

Vie'S jïltté de 60Ô habitante!; on remar- lômbè, trMéfligè' du pàfti ptofégtèrît,


qua Ijué pàrmilëè morts; il y avait plus pénétra lé premier dàhs.la' placé; mais
dé fëmitiéy c(ué d'hohïm'ë's. Maître du àp'èïhé fut-il eh'gàgé dans làrùé dès
fort Sainte Catherine et dé là b'tirlê Célestins,, qu'il reçut une blessure
-
Sàlht-Hilair'ë; ié duc de Guise, qui dé- mortelle, «Toute farinée suivit,raconte
rigëâït- ttiutes les opérations du siégé, Dàvilâ, faisant un horrible carnage de
tenait 1 ê s d ff de lai vil 1 ë entréses mains; là garnison et dés habita'nè, ëi passant 1

il êâvàlt cjù'un assaut livrerait Ro'Uën' au fil de l'épéë, sans aucun quartier,
à'ii' dië'ci'ëMtih ; niais il hésitait devant tôUt Ce qui se présenta armé oU désar-
là ïespënsâbilité tjûi pèserait sUr' lui mé. Là ville fut livrée au pillage, à
s'il exposait au pillage une des plus Peicëption des églises.)* Malgré;lès
riches Sites de France. Dé son côté, efforts du duc dé Gùisé, ce pillage dura
h'Hbèp'Ual- ne cessait de représenter huit jours. Au râppofi de Càs'télnâù,
au rôi, («que è'esibit mie mauvaise les côurtisàn's sem6h1;rërent, <<leé't»l'ùê'
ctiritjhéèté 4ué de conquérir, sur sôy- aspres à là curée'. » .
lûésmé p'âr aimés. »' Oh fit donc, une Là' ville forcée, Mohtgbihméry dut
tfôiéièmê fois; sommer lés habitants sO'ùgér à sa sûreté et à celle dé sa fa-
1

de se rendre. Ils Offrirent d'ouvrir leurs mille. 11 se rétira, escorté.des soldats


portes, à condition qUé l'àrniéë s'êfë- anglais, sur une galère'qu'iltenait prêté'
tiretâil â trois liëués. Là reiné-mère dahs le port. Là pronies'sé' de Ja liberté
exigea nbh^sëulémënf uhe soumiss'ioû animant la chiourmé, il dès'cën'dif rapi-
sans réservé; mais elle déclara même dement là Seine jusqU'à l'ê'stacàdè' de
aux députés, rouennâis; Nicolas Le Caudebec, qu'une manoeuvre àdro'ïté
Sirë et Guillaume Boëqiiéi, <!juë l'in- lui fit franchir sans accident, él ga-
tention dû roi n'était pas de lèUr laisser gnant le Havre, il passa eh Angleterre,
la liberté ÛU Culte';- Là négociation' fût au rapport dé Dàvilâ.
râffipue.- Lés assiégeants livrèrent donc Montgommery revint en France (1)
l'àssâlit et furent vaillamment repous- après là surprise de Dieppe pir Cdtië-
ses : Dàfi's l'ësjjoir que Catherine serait villë-Malderéfyoy. ce nom).. Il arriva
portée, après ce revers, àleur accorder dans cette ville, le 29 déc., à la tête
dë& Conditiëfié moins rigoureuses,-les d'un corps de troupes, el assembla sùr-
Kôuënôàis envoyèrent au camp royal lë-ëhamp le Conseil de vil le, auquel il
J-éaû Dit, Rose et Michel de Bàùquë- remô'ritra énéfgiqùement la nécessité
mah% quin'èpUrëht rien bbteh'it.'Mdrit- de se défendre. Il trouva dans lés ma-
gonithèty aurait voulu qu'où se sou- gistrats tant dé tiédeur et d'indifférence
mît; ïotniùë dé guerre et habile dans que, jjleitt d'indignation, il éàssàle
l'art des èiéges,. il lui était facile de Conseil, fit arrêter Bàcquèvillè dans
pt-'évôif Une catastrophé prochaine; ses terrés et l'envoya prisonnier au
niais lès uiinistrës; Jacques TrouiUet, Havre, frappa sur lés habitants uiië
dit Des Roches, S leur "tête, Comptant, conlribution de 15,000 livrés destinée
dans leur exâltâtiënfânàtiquë,-sur une à l'entretien de deux compagnies; an-
intervention m iraculëu se du Très-Haut, glaises, de trois compagniesfrançàisës,
usèrent de toute leur influence pour en- et d'une compagnie de chevaU-légôrs,
gager les assiégés à se défendre jus- et fit vendre lès biens des fugitifs. Là
q'U'à'la dernière extrémité. Accablés de violence de ces mesures' mécontenta
fatigues; affaiblis parleurs pertes, mais singulièrement les Dieppôis, qui s'en
fortifiés par leur enthousiasme, les plaignirent amèrement à Coligny, eii
RôUénnâis; «bien soutenus par les accusant Montgommery d'avoir dé-
Anglais, mal par les Français », Conti- tourné à son profit une bonne partie
nuèrent donc à combattre jusqu'au 26,
qu'un dernier assaut livra leur Ville à (1) Selon d'autres historiens, c'est du Ha-
l'ërthë'ih'i. Lé capitaine Sàiàtë-Co'- vre qu'il partit, lé *Èf déc.,. pour se rend ré ii
Dieft'p'è.
MON — 47b. MON
dès 4 5,000 livres. Tout prouve que et son frère Courbouzon, dé Saint-
c'était là une noire calomnie ; car sans Glôud. Nous savons déjà qu'il n'assista
autre ressource que cëttemodiquesom- pas à la bataille de Saint-Denis, et
me, le comte leva des troupes, répara qu'il ne se signala, dans cette courte
et augmenta les fortifications de la campagne, par aucun exploitdont l'his-
ville, fit, pendant deux mois, une rude toire ait gardé le souvenir. 11 n'en fut
guerre aux Catholiques d'Arqués, et pas de même dans la troisième guerre,
assiégea Eu, dont il ne put se rendre où il acquit une réputation éclatante
maître. Cependantl'amiral crut prudent par le courage, l'activité, la sagesse
de le rappeler. Montgommerypartit le avec lesquels il conduisit l'étonnante
28 fév., confiant la garde dé la place expédition du Béarn.
au sieur de Prestes, que Coligny rem- Instruit de la fuite de Condé, il se
plaça, bientôt après, par le capitaine hâta de rassembler le plus de troupes
Gaussëville, ou Gonseville, de Fé- qu'il put. Une surprise qu'il tenta sûr
camp. Argentan ayant échoué, il marcha sur
Chargé par l'amiral de rétablir la Sées, dont il s'empara, et arriva à A-
prépondérance des Protestants dans la lençon vers la fin du mois de septem-
Basse-Normandie, Montgommery mar- bre. Il y fut rejoint par Poly, de Breta-
cha sur Saint-Lô, où il entra sans ré- gne, qui s'était saisi de Domfront, et
sistance. Il y laissa pour gouverneur par Rabodanges. Tous ensemble 'se ré-
Sainte-Marie-dux-Agneaux, qui ve- unirent à Lavardin el prirent le che-
nait d'aider les Protestants de Caen à min de Beaufort-en-Vallée, que Ande-
s'y rendre les maîtres. 11 se saisit en- lot avait indiqué pour point de rallie-
suite d'Àvranches,eùilmit le capitaine ment (Voy. III, p. 416). Montgomme-
Vieilcourches.Seportant delà surVire, ry était accompagnéde ses trois frères:
il prit la ville d'assaut au milieu de la Jacques, plus Connu sous le nom de
; huit. Les
Protestants avaient de terri- Courbouzon; François, qui a "rendu
bles représailles à y exercer ; cepen- fameux celui de Saint-Jean; et Louis
dant Montgommery ne voulutpcint a- dit de Corminville, que LaPopeliniè-
hândonner les habitants à la fureur de re appelle l'abbé de Cormery. Après
ses soldats; il réprima, au contraire, que les Huguenots eurent traversé, la
avec énergie les excès inséparables de Loire au gué qu'il découvrit, et opéré
toute escalade nocturne, et se contenta leur jonction avec l'amiral, Mont-
de faire pendre quelques-uns dêTGa- gommery prit une part active aux plus
tholiques les plus compromis. Dès le importantes opérations militaires de
lendemain, nommant gouverneur de la Condé et de Coligny. Il assista notam-
place le capitaine Gcntymesnil, il re- ment à la prise d'Angoulême, où Cour-
prit la route de Caen, sur l'ordre de bouzon se signala, et à celle de Pons,
l'amiral, qui le laissa en Normandie qu'il emporta d'assaut avec Piles. Sur-
(Koy.-III, p. 383), lorsque la nouvelle pris, quelquetemps après(12fév. 1569),
de-la négociation de la paix le rappela par Brissac à La Motte-St-Eloy, il per-
à Orléans. dit quelques hommes, et son plus jeu-
Montgommeryne fil plus rien de re- ne frère, Corminville, resta prisonnier
marquable jusqu'à la conclusion delà des Catholiques, qui l'emmenèrent à
paix, après laquelle il se retira dans Lusignan. Montgommery tenta de le
ses tenes. délivrer; mais son entreprise échoua.
Aux seconds troubles, il reprit les. Quoi qu'en dise Gastelnau dans ses Mé-
armes et conduisit des troupes à Condé moires, il parait qu'il n'assista pas à la
(Voy. H, p. 456). Selon les Mémoires bataille deJarnac, où Courbouzon tom-
de Condé, ce fut lui qui se saisit d'Elam- ba grièvement blessé entre les mains
pes; par escalade, le 47 oct. 4
567 (4),
par son frère Saint-Jean, à la tête du régi-
(1) D'autres disent que-cette vHte fut prisé ment de Normandie.
MON 476 MON

de l'ennemi (Voy. 11, p. 464). Laba- de cette ville, Négrepelisse à la tête
taille perdue, Coligny l'envoya défen- d'un corps de cavalerie, le met ëh dé-
dre Angoulême, que le vainqueur me- route après un vif combat, arrive à Ma-
naçait. Montgommery se jeta dans la zères le 28, franchit la Garonne sur le
place sans éprouverde pertes notables, pont de Saint-Gaudens, traverse l'A-
quoique vivement chargé, sous les riége, surmonte tous les obstacles que
murs mêmes, par le comte de Brissac; lui opposent et les difficultés du che-
et, par.les sages mesures qu'il ordon- min et l'hostilité des populations, des-
na, il fit perdre au duc d'Anjou l'envie cend comme un torrent dans le Bigorre,
d'en entreprendre le siège. II alla donc emporte et pille Tarbes, dont les habi-
reprendre sa place dans l'armée des tants essaient vainement de l'arrêter,
Princes. Après la prise de Nontron et échappe, par son extrême célérité, à
la,. jonction avec l'armée allemande, Damville,à Montluc,à Bel regarde, àVi-
Jeanne d'Albret jeta les yeux sur lui raércat, à Goas, et parait subitement,-
pour lui confier la glorieuse mission le 8 août, sur la frontière du Béarn.
de faire rentrer dans le devoir ses E- Frappé d'une terreur panique, Terride
tals, qu'une révolté des Catholiques, leva promptement le siège de Navar-
fomentée et appuyée par le roi de reins etcouruts'enfermerdans Orthez,
France, avait soustraits à son autorité, tandis que le baron de Lons, Loubie
à l'exception de la seule place deNa- et d'aulres Béarnais restés fidèles à
varreins (Voy. I, p. 47). leur reine, s'empressaientd'aller gros-
«.Il s'agissait bien moins dans celte sir la troupe libératrice de Montgom-
guerre, dit avec raison M"" Vauvil- mery. Le lieutenant de Jeanne d'Al-
liers, de soumettre toutes les opèra- bret ne voulut pas laisser à l'ennemi
tions:militairesaux .lenteurs de la pru- le temps de se reconnaître. Dès le 10,
dence que d'étonner ou de confondre au point du jour, il prit position à Saint-
d'activité et de résolutions; le succès Maigret, village qui domine Orthez, et,
dépendait bien moins-de la sagesse des par son ordre, le vicomte de Montclar,
combinaisons que de l'audace de l'exé- -à la tête de son régiment, força le pas-
cution. » Le choix de Jeanne d'Albret sage du Gave sans autre perte'que cel-
ne pouvait donc être plus heureux; car le du capitaine Caubet. Orthez était
jamais capitaine ne déploya en campa- une place assez forte; elle avait une
gne plus d'activité et d'audace que bonne garnison, qui se trouvait consi-
Montgommery. dérablement renforcée par les troupes
Revêtu du titre de lieutenant de la de Terride et par une nuée de prêtres
reine de Navarre, il partit de Nontron, et de moines, plus acharnés au combat
le .8 juin 1569, franchit la Dordogne à que les plus fanatiques soldats; mais la
Souillac,le Lot au-dessous de Cade- valeur des Huguenots triompha aisé-
nac, et arriva sans obstacle à Montau- ment d'une résistance paralysée par la
ban* Il ne s'y arrêta que le temps né- terreur. Le carnage fut terrible. « On
cessaire pour rassembler autour de lui tue, on massacre de tous côtés, lit-on
les garnisons des places voisines;puis, dans Olhagaray, tant que finalement
accompagné de son frère Saint^Jean, ayant esté fait un horrible meurtre et
il prit la route de Castres : c'est là qu'il carnage, le combat se relasche et ap-
devait rencontrer l'armée des Vicom- pesantit.» Terride, qui s'était enfermé
tes, à qui il y avait donné rendez-vous dans le château avec les principaux
pour le 27 juillet. Cachant avec soin le chefs des rebelles, sans songer, dans
but de son voyage, il fait courir le bruit son trouble, à y faire porter ni vivres,
que son projet est d'attaquer Saix ou ni munitions, fut heureux d'accepter,
La Bruguière, et, le jour même, à la le 13 août; la capitulation que Mont-
tête de 5,000 hommes, il prend la rou- gommery consentit à lui accorder,mais
o de Puy-Laurens. Il rencontre, près que, malheureusement pour sa gloire,
MON 477 MON
— —
il ne pût ou ne voulut pas faire res- -chargé d'y conduire 4 300 hommes dé
pecter (Voy. I, p. 48). pied et 4 200 chevaux-Il semble.en effet,
La prise d'Orthez frappa d'épouvan- peuprobableque,dansuhecirconstance
te les gouverneurs des autres places ; aussi importante,l'amiral ait laissé à l'é-
pas Un seul n'osa altendrelevainqueur. cart un de ses plus habiles lieutenants;
Le cruel Henri de Navailles, qui com- mais siMontgommeryassista au début
mandait à Pau, où, le 12, il avait en- de la campagne, il faut qu'une raison
core fait pendre le président Guillau- inconnue l'ait bientôt ramené eu Fran-
.
me de La Vigne, les ministres Antoi- ce, puisque nous le trouvons à Paris le
ne Pourrat et Augier dePlantier, a- jour de la Saint-Barthélémy. Nous sa-
vec d'autres Réformés, s'enfuit lâche- vons déjà qu'il échappa non-seulement
ment à la première sommation; il cou- au massacre, mais à l'ardente poursuite
rut jusqu'à Hagetmau, où il fut décou- du duc de Guise {Voy. III, p. 400),
vert, caché sous un pont, par le capi- grâce à la précaution qu'il avait prise
taine Saint-Lisier de Montauban, qui de se loger dans le faubourg St-Ger-
lui cassa la tête d'un coup de pistolet. main et à la vitesse de son cheval (4 ).
Montgommeryfit son entrée dans cette Il se retira.dans l'île de Jersey, où il ras-
ville, le 23 août, au milieu des accla- sembla sa famille fugitive, puis il se
mations universelles, et, suivi de tout rendit en Angleterre, dans l'intention,
le peuple, il se rendit au temple, où sansaucundoute,d'yéquiper une flotte
le célèbre Viret prêcha sur Ps.CXXIV. pour secourir les Rochellois.Maisilne
Le 25, il rétablit le Conseil souverain, trouva pas auprès du gouvernement
qui ne tarda pas, malgré ses efforts d'Elisabeth l'assistance sur laquelle il
pour Je retenir dans les bornes de la comptait ; il dut poursuivre son arme-
modération et de la prudence, à se-je- ment malgré les défenses de la reine
ter avec emportement dans les excès et fut même forcé de lever l'ancre
de toute réaction. précipitamment, avant d'avoir terminé
Après avoir reconquis et pacifié les ses préparatifs, pour échapper à l'em-
Etats de Jeanne d'Albret, Montgomme- bargo qu'on allait mettre sur ses navi-
ry entra en Gascogne, prit Eauze et res, à la demande de l'ambassadeur de
Condom, ravagea'le pays, et, couvert Charles IX. Sa flotte, composée de 53
de gloire, il rejoignit l'armée des.Prin- petits bâtiments, dont quarante seule-
ces au Port-Sainte-Marie, le 4 0 nov. ment étaient armés en guerre, portait
4569, c'est-à-dire à peu près dans le environ 2000 hommes, français, an-
même temps que le parlement de Pa- glais, flamands; elle était commandée
ris le condamnait à mort et le faisait par le vice-amiral Champernon, son.
exécuter en effigie sur la place de (1) Le jour même, c'est-'a-dire le 24 août,
Grève (Voy. III, p. 394). Charles IX écrivit a Matignon, gouverneur
: Le
héros du Béarn soutint la répu- de la Normandie: Wons de Matignon, pource
tation qu'il venait d'acquérir, pendant que j'ai entendu que le sieur de Montgomery
le Lan- s'est retiré en ses maisons du costé de Nor-
la marche de Coligny à travers mandie, où il est a craindre qu'il esmeuve
guedoc. Il emporta d'assaut Montault mes subjecls et assemble ceulx de sa religion,
sur le Rhône, et, avec son frère Saint- et face esmouvoir aussy par ce moyen mes
autres suhjects catholiques, j'ay advisé vous
Jean, il reprit l'artillerie que la garni- faire cette lettre, outre l'autre que je vous
son du Bourg-Saint-Andéol avait en- escripls, pour vous grand prier de prendre garde
levée. Au combat d'Arnay-le-Duc, les doulcement et sans bruit où il se sera
deux frères se signalèrent également retiré,
afin que, avec ce que -vous pourrez as-
sembler de forces, vous le preniez ou faciez
parmi les plus braves, et eurent une prendre, et vous en asseuriez si bien que
grande part au succès des Huguenots j'en puisse demeurer eu repos; escript, mais que l'on
395). ne sçache que je vous en ay et y
(Voy. l\\, p. procédez le plus dextrement qu'il vous sera
Au rapport de LaPise, lors de l'ex- possible.Priant Dieu, etc.
pédition de Flandre, Montgommeryfut Donné "a Paris le 24 aoûl 1572. CHAULES,
MON -m—
gendre, qui avait sous lui deu$ habiles,
MON
il marcha sur SaintrLÔ, où il entrai sans
marins réfngié.s, Jean §ore.-et Loret, résistance, puis alla mettre le siège de-
Languillier\ Berre le jeune, Pajet, vant Carentan, qui lui ouvrit ses portes
Maisonfleur, La Meansse, les illim- le troisième jour. De retour à Saiut-
sonnière, Nepinvillè se faisaient re^ Lô, il ne tarda pas à y être investi par
marquer parmi }es principauxofficiers, Malignon. Manquant de fourrage pour
La flotte arriva en vue de La Rochelle, sa cavalerie, et comprenant d'ailleurs
le 19 avril 1573, el jeta l'ancre entrç qu'il luiseraitplus avantageux de tenir
Sablanceau et Chef-de-Baye. Le len- la campagne,il confia le commandement
demain, elle s'approcha de la flotte de la ville à son ami Colombières, et,
royale, moins nombreuse, niais mieux à la tête de quelques chevaux,il fit une
équipée, qui se tenait rangée en ba- sortie si yigoureuse-qu'il força un corps
taille sous le canon de Chef-de-Baye. de garde ennemi.
Un feu violent l'obligea à virer debord. Il atteignit Carentan, où il laissa
Montgommery assembla le lendemain son fils Lorges et son gendre Gai-
un conseil dé guerre, dans lequel,maf- lardon puis courut à Domfront,
,
gré les protestations de Languillier, dont deux frères , René Le Hérissé
la résolution fut prise de battre en. re- et Ambroise Le Hérissé, surnommé
traite. C'était sans doute la résolution le Balafré, avaient saisi le château
la plus sage, eu égard à l'étrange con- par escalade, dans la nuit du 26 février
duite des Ànglaisqui,laveille,s'étaieut 1.574. De prompts secours, amenés
tenus à l'écart, sans faire aucun mou- par le capitaine La Touche, et par
vemêntpour soutenir leurs alliés.Mont- Jacques de Clairay^ Guichaumont,
gommery leva donc l'ancre et se dirigea lieutenant de la compagnie de Mont-
surBelle-Isle. qu'il prit, mais qu'il fut gommery, avaient mis les deux frères
bientôt forcé d'évacuer- De retour en à même de repousser jusque-là les
Angleterre, il envoya son fils Larges attaques des lieutenants de Mati-
avec 400 arquebusiers au secours du gnon. Montgommery y arriva le 8 mai.
prince d'Orange, et lui-même se rendit Son intention n'était point de s'y arrê-
à Londres. Accueilli avec froideur par ter ; mais le désir d'apaiser un diffé-
Elisabeth, qui prêtait ou feignait de rend survenu entre Ambroise Le Hé-
prêter une oreille déplus en plus com- rissé et le capitaine Du Touchet, au
plaisante aux propositions de mariage sujet du partage du butin, retarda maU
du duc d'Alençon, il retourna dans heureusement son départ. Dès le len-
l'île de Jersey. C'est de là qu'il partit, .
demain, Malignon investit la place,
quelques mois, après, pour sa dernière bicoque en ruines hors d'état de sou-
expédition. tenir un siège. Montgommery tenta de
Les Mécontents n'eurent garde, en s'échapper et de gagner la.forêt d'An-
effet, de négliger un capitaine, d'une daine, c'était la seule chance de salut
si haute valeur. Indépendamment de qui s'offrît à lui.Par ses ordres, Brosté-
son zèle pour la Cause, Montgom- Saint-Gravé, Say,Chaùvigné-Boit-^
mery avait' un motif personnel pour front, Des Hayes, Du Breuil attaquè-
accepter leurs propositions. Son frère rent avec vigueur lesCatholiques,mais
Saint-Jean , appelé Saint-Jenels, ils furent repoussés,et rentrèrent dans
dans les Mémoires de Bouillon, venait la villejaissant au milieu des lignes en-
d'être assassiné par ordre de Matignon nemies les cadavresdu capitaineFriatze
«parce qu'il commençoità se monstrer;» et de quelques soldais. Le 4 2, les ca-
il devait avoir à cieur de venger sa mort. pitaines Villeneuve et La Touche fi-
Il obéit donc àvecempressementà l'or- rent une nouvelle sortie, sans plus de
dre du duc d'Alençon qui l'appela en succès. Montgommery,qui n'avàil sous
France> Débarqué aux Rades, à la tête ses ordres que 50 chevaux et 90 arque-
de quelques réfugiés, le 11 mars 1574, busiers, dont la désertion éclaircissait
MON -479
les RPg? chaque jour, sentit l'impossi-
- MON
selle, qui estime que son autorité suf-
bilité de 4éfefidi,e la ville, et se retira fit pour * démontrer la fausseté, de
dans le château, dont les viepx murs i'assertion de plusieurs écrivains pro-
furent bientôt renversés, sur unejon- testants qui prétendent que la capitula-
guepr de 45 pieds, par le feu de l'ar- tion de Domfront fut violée par le ju-
tillerie catholique. En simple pour- gement et la mort de Montgommery. »
point, une hache d'armes à là main, le La Popelinière déclare formellement -.
héros se jeta sur la brèche pour la dé- qu'une capitulation futsignée et qu'elle
fendre ou plutôt popr y chercher la portait c que le comte sorliroit la vie
mort, Brossé, Çhauvigné, La Çor^ sauve et quelques accoustremens sans
nière, de Terre, La Touche, La Ma- autres armes que l'espéè et la dague.
oillière, Du Çr'os, Oulfe, Say, Vaur Toutesfois qu'il demeurerait entre leurs
doré,Des Hayes, puMesnil,LaSaus- mains quelque certain temps, mais avec
saye, Villeneuve, accoururent à ses bon traitement et seureté de sa Vie. »
côtés. En attendant l'ennemi, son char De Serres confirme le fait. D'après les
pelain fit la prière. Le combat fut ter- Mémoires de Charles IX, Vassé amena
rible; après cinq heures d'une lutte a- le comte à Paris « contre la promesse
charnée, où l'on vit, çho.sepresqué in- qui lui avoit esté faite.» Et ce ne sont .
croyable, 40 guerriers soutenir victo- pas seulement des écrivains protes-
riensementl'effortdeplusde 10OOhom- tants, comme la Biogr. univ. voudrait
mes, l'élite derarméedeMatignon,les le faire croire, qui accusent Catherine
assaillants battirent en retraite. Mont- de Médicis d'avoir violé le droit des
gommery reçut deux blessures légè- gens. De Thou, il est vrai, ne se pro-
res. Mahet-Saussaye, Jean Garnier, nonce pas d'une manière claire et posi-
La Bivière, Oulfe, le ministre Du tive : « D'autres nient, dit-il, qu'on lui
Gros, Maimberte, Çourtqn furentmis ait promis la vie sauve, ce qui est
hors de combat. Brossé, Du Tertre plus certain»; cependant il ajoute plus
le ministre DuMesnil, La Noçhetom-, bas ; Vënere a reginâ Jiterae quibus
bèrent morts sur la brèche, ce qui ré- nullam fidei a Malignono datse ratio-
duisit le nombre des défenseurs du nemhaheri velle significabat; » or, si
château à quinze ou seize, tous plus ou l'on n'avaitrien promisàMontgommery,
moins découragés. Montgommery était pourquoi celle défense? Mais, d'un au-
décidé à soutenir une seconde attaque tre côté, L'Estoi|e_,presquetoujoursbien
et à s'ensevelir sous les ruines du châ- informé, ne craint pas d'accuser Vassé
teau, mais les instances de ses compa- «d'avqirusé delà foi du temps,» pour li-
gnons d'armes le firent changer de fé- vrerlechef huguenotàla vengeance de
sçlution- Après quelques pourparlers la reine-mère, et il affirme que le vail-
avec Vassé, son parent et son. ami, qui lant capitaine reprocha à ses juges de
servait dans les rangs catholiques,' il violer les promesses qui lui avaient été
consentità se rendre, le 27 mai, D'Au- faites à Domfront, lorsqu'il se rendit
bignéàssurequeMatignon ne lui donna prisonnier de guerre « à charge ex-
que des paroles captieuses, lui promet- presse qu'il auroit vie et bagues sau-
tant "de ue le mettre en autres mains ves. » Pour Le Laboureur aussi, pour
que celles du roi. Son témoignage est Arcère el pour vingt autres écrivains
certainement d'un grandpoids; cepen- catholiques,du sjèclepassé,la violation
dant, comme d'Àubigné a élé trompé de la capitulation de Domfront n'est pas
plus d'une fois, soit par ses souvenirs, douteuse. Parmi les écrivains moder^
soit par les mémoires qui lui furent nés, Lacretelle dit formellement que
fournis, notammentlorsqu'il affirme que Montgommeryne s'était rendu que sôus
terride s'en remit « au bon plaisir de la la condition qu'on lui sauverait la vie.
roine deNavarre» ,nous nepouvons par- Nous ne. multiplierons pas les. témoi-
eeujç-.î^ suffisent, quand
tages l'opinion de la Biographie VW%^ gnages, on
MON 480 MON
— —
sait surtout comment Matignon traita cUl sur la selle, c'étoit le plus vaillant
les débris de la garnison de Domfront. etle plus soigneux capitaine qu'on eust
Non-seulement il permitqueses sol- sceu voir. »
dats maltraitassent, et missent à rançon """ Montgommeryavait épousé, en 4 549,
les héroïques compagnons du comte, Elisabeth de La Tousche, héritière
qu'ils en tuassent même plusieurs , de Louis de La Tousche, sieur des Ro-
quoiqu'il leur eût promis la vie; mais ches-Tranchelion en Touraine, et de
il fit lui-même pendre Pierre Le Hé- Charlotte de Maillé. La généalogie de
rissé, dit Pissot, La Touche el le mi- celle famille illustre n'ayant jamais
nistre La Butte. été dressée, nous ne pouvons préciser
En apprenant la prise de Montgom- le nombre de ses enfants, qui furent
mery, Catherine de Médicis manifesta nombreux; nous en connaissons huit,
une joie extraordinaire. Dès le 5 juin, dont cinq fils et trois filles. L'aînée de
elle donna ordre à Yialard, président ces dernières, nommée CHARLOTTE ,
de Rouen, et à Poisle, conseiller en la , épousa Christophe de Chateau-
Grand'Chambre de Paris, de se trans- briand, sieur de Beaufort, puis Daniel
porter à Caen pour y faire le procès au de La Tousche, sieur de La Ravar-
comte, qui avait été enfermé dans le dière. La seconde, CLAUDE, devint la
château; mais bientôt, se ravisant, femme de Jean de Refuge, baron de
elle fit amener le prisonnier à Paris, le Gallardon; et la troisième, ROBEBTE,
16 juin, et le livra au parlement qui le se maria avec l'amiral anglais Cham-
condamna à mort comme complice de peruon. Les deux fils aînés, JACQUES
la conjuration de Coligny, «à laquelle, et GABRIEL, ont joué un rôle considé-
dit Lacretelle, personne ne croyait, pas rable dans le parti huguenot; nous
même ses juges. » Le 26 juin, après parlerons d'eux plus bas. La vie des
l'avoir appliqué à la question extraor- deux derniers, CLAUDE, sieur de Saint-
dinaire, sans pouvoir lui arracher le Jean, et GÉDÉON, nous est tout à fait
nom de ses prétendus complices, ni du inconnue; sans doute ils moururent
grand qui lui avait commandé de re- jeunes. Le troisième enfin, dit lejeune
passer en France, on le tira de la tour Montgommery, s'appelait GILLES ou
carrée de la Conciergerie, qui porte François, selon de Thou. Il servit au
encore son nom, on le jeta dans un siège de Brouage, en 4 585; à la prise
tombereau, les mains liées -derrière le de Soubise, en 1.586 ; au siège de Sar-
dos, et on le mena sur la place de Grè- lat, sous Tnrenne, e.n 4 587 ; combat-
ve, où il fut décapité et son corps mis tit avec Châtillon.contre Saveuse, en
en quartiers. La reine-mère se donna 4589 ; assista à la bataille d'Arqués, et
le plaisir d'assister à son supplice. La fut tué en Bretagne, en 4 590, sans
sentence portait que ses biens se- laisser d'enfants.
raient confisqués, son châleau démoli, I. Jacques de Montgommery, comte
ce qui fut exécuté, et ses enfants dé- deLorges,puis de Montgommery,sortit
gradés de noblesse. En entendant la de la Normandie, après a prise de Dom-
1

lecture de cette disposition de l'arrêt, front, et, après avoir échappé à de nom-
il s'écria : S'ils n'ont pas la vertu des breux dangers, il réussit à atteindre La
nobles pour s'en relever, je consens à Rochelle, où il apprit la nouvelle de
la dégradation. » Aucun d'eux ne dé- l'exécution de son père. Au mois de
généra dé la vertu d'un si noble père. déc. 4 57 4, ilfit, par ordre de La Noue, '
Voici le portrait que Brantôme a une entreprisesurSaint-Jean-d'Angély,
tracé de cet illustre capitaine : « Il qui échoua. Il s'attacha plus tard au
étoit le plus nonchalant en sa charge, prince de Condé, qui le donna pour
et aussi peu soucieux qu'il étoit possi- gouverneur à l'île de Rhé, en 4 575;
ble, car il aimoit fort ses aises et le mais les hàbitantsde celteîle,s'accom-
jeu; mais quand il avoit une fois le modant mal de la présence de soldats
MON 481 MON
—.
étrangers, en demandèrent l'éloigne- favorable; elles furent presque tou-
ment, promettant de se charger eux- jours couronnées par le succès; Xe 13
mêmes de la garde de leur territoire, avril, parti de Castres, à la tête de toute
promesse qu'ils remplirent fort mal. sa cavalerie et de la compagnie d'in-
Montgommeryretourna donc auprès de fanterie de Rascas, il se rendit à Réal-
Condé, qu'il accompagnaàLaRochelle. - mont, y opéra sa jonction avec les for-
Quelque temps après, Jean deBalsac, ces du Lauraguais, commandées .par
gouverneur de Brouage, ayant été fait Tamis et le fils du vicomle de Paulin,
prisonnier, le prince lui confia le com- et alla assiéger Dénat, dans l'espoir de
mandement de celle place; mais, au forcer, par cette diversion, Cornussoa
rapport de M. Massiou, il se fil haïr par à se retirer de devant Lombers. Cette
la dépravation de ses moeurs et la vio- entreprise échoua. Le 26, il mena au
lence de son caractère, et son frère, roi de Navarre les compagnies de Lux,
le capitaine Lorges, ne se rendit pas Portai, Salant, Pelras, La.Noga-
moins odieux que lui aux habitants. rède, Marchet et Chaberl. Le 4 7 mai,
Arcèrelui reproche seulementunehu- il assiégea avec Audon Le Mas-Saint-
meur fière et impérieuse. Condé le Antonin, et le prit. Le 23 juin, il vola
rappela donc et le remplaça par Man- au secours de Montesquieu; le mois
ducage, en 4 577. Depuis celte époque suivant, il fit lever le siège du Mas-
et jusqu'au traité de Fleix, Montgom- Sles-Puelles. Dans le mois de sept.,
mery disparait de la scène. Nous le re- secondé par Tanus, gouverneur de
trouvons en Flandre, en 4 584, à la l'Albigeois, Boisseson, Rascas, Bes-
suite du duc d'Anjou. Après l'échec es- lière, Bousquet, Prades il enleva
suyé par ce prince dans les Flandres, successivement Rassise, le , chàleau de
il le quitta pour retourner dans le Midi La Roque, celui de Montpignier, et
au milieu de ses coreligionnaires. En secourut La Vacaresse, assiégé dans
4585, le Castrais le présenta avec Bé- Milhau; au mois de nov., il occupa
thune et Chouppes pour gouverneur sans résistance le fort de Fraisse, prit
de Castres. Le choix de Montmorency Brassac, Nages, et contraignit, le 22,
s'arrêta sur lui, bien que le roi de Na- Cornusson à lever,le,siège de Salva-
varre lui. eût particulièrement recom- gnac, que Penavayre défendait brave-
mandé Chouppes, « homme d'âge, ment. Ses succès, tout brillants qu'ils
vaillant, de grande expérience tant au étaient, ne désarmèrent pas la haine
fait des armes qu'aux fortifications. » des ennemis qu'il s'était faits par son
Montgommeryserendit donc à Castres, humeur despotique. En 1587, les con-
le 6 mai 4 585, selon Gâches, le 4 3 suls Charles Bouffard, Michel Bous-
août, selon Magloire-Nayral. Le Con- quet, Duver el Pierre Austry char-
seil qui lui fut adjoint, selon l'usage, gèrent Jean Bissol et les capitaines
se composait de Latger, La Causse, Mascarenc et Molinier d'aller deman
La Garrigue, Thomas, Lespinasse et der son rappel au gouverneur du Lan- .-

Bissol, qui avaienttous rempli déjà de guedoc. Pour parer le coup, le comte
hautes fonctions municipales et rendu se rendit en hâte auprès de Montmo-
des services à la ville. Le nouveau rency, et les autres villes du Castrais
gouverneur nomma Boisseson lieute- ayant demandé son maintien, il fut
nant de sa compagnie de gendarmes, confirmé dans son gouvernement. De
Tgurnebeuf, Maisonneuve et La retour à Castres, il reprit la campagne,
Barre lieutenants de ses carabins. et la forlune continua à le favoriser.
Le reste de l'année s'écoula sans of- En juillet, il emporta d'assaut Caus-
frir à Montgommery l'occasion de rien sade et Saint-Salvert, se rendit maître
entreprendre d'important ; mais, dès de Roquecisière, Saint-Baslide, Saint-
1586, les opérations militaires prirent, Sernin ; en août, il enleva Poustonis,
sous sa direction, la tournure la plus conquête qui lui coûta le capitaine

T. VU- Bi
MON — 4;82 — MON

Raymond de Goudon^ sieur deBri-; au siège de Brouage (Voy.Jl, p. 469)


ghac, et prit La Verdoie; en oct., il et au secours de Taillebourg'.En 4 5.86,.
força Murasson à capituler, repritMont- il contribua^ sous Guy de Laval, à JEL
pignier,' s'empara de La Gardiole, hàt- prise'de Soubise. En.4 587,Il assista:
tit Joyeuse à Paleville et réussit à ra- à la.' bataille de Coùtras. L'année; sui-'
vitailler Brugairolles, selon l'ordre vante, il servit à la reprise deîlarans.-:
qu'il en avait reçu de Montmorency. En 4589, il prit part à la défense de.
L'année suivante, Montgommery sup-^ Tours contre Mayenne, et surprit, a-
planta Avantigny, que Tnrenne avait vec' Courbouzon (4) et Là Coudraye,
laissépour commander en son absence; le Mont-Saint-Michel, d'où il.fut' chas^
dansleHaut-Languedoc,:et malgré le se. trois jours après. Cet échec ne le
roi de Navarre, il se maintint dans ce rebuta pas. Au mois de déc. 4 594,
poste par la faveur de Montmorency. trompé par un soldat de la garnison
Le 1" avril 1590, il enleva aux Li^ qu'il Croyait avoir gagné.et quile tra--
gueurs Viviers, qu'il brûla; ce fut son h'issait, il fit une seconde tentative
dernier exploit. Incapable de modérer pour se rendre maître, delà place. Ses.
là fougue de son caractère, il continua soldats.pénêtrèreht.dansle.châteaù par.
à.irriter les habitants de Castres par une espèèé de trappe"; mais, à mesure
ses violences, et fit si bien qu'une qu'ils se montraient, ils étaient égor-
émeute, provoquée par les mauvais gés. Plus de'80 avaient déjà péri, lorSr
traitements qu'il exerça sur la;persônne que,, surpris'du silence, qui régnait, il
du syndic Pierre Dnpuy, le chassa s'avisa- de faire planter un mât du haut
de la ville, le 30 mai 1591 ; H parait duquel'.il'découvrit' ce qui sé.passait,
lue les autres villes du Castrais ne et il 'se hâta débattre en retraite. Est-.
suivirent pas l'exemple' de' Castres, celui buson -frère aîné qui,, l'année,
puisqu'au rapport de Faurin, il com- suivante, sauva Henri: IV au combat
mandait encore dans la province en d'Aùm.ale,. eh soutenant- vaillamment
4S95. L'année suivante, il signa l'acte pendant plus dé deuiheures, avec Fer»,
d'-union à l'Assemblée politique de vaques,les efforts des.troupes lancées
Loudùn. Comme tous les chefs: in- parle.âûçde Pâr.m,e,,à la poursuile.du
fluents du parti huguenot,-il'étâit'mal foi?Est-ce lui ou un de. ses frères qui
vu à la-Cour; aussi fut-il tenu à l'ér servit en Bretagne en 4 Sg'ï? II est si.
-

caTt par Henri 1V.11 mourut,- le 28 juin difficile âe. faire.à Chacun des .fils'de.
4:609,. aux eaux de BoUrbon-Eancy. Mpnlgpinmery. la part qui' lûi.revient
Quoique marié trois fois, avec Péron- dânS.lës servicesreudusparlëur.fymiile
nelle .de Champàgne-Là-Suse,- avec à la Cause .du; protestantisme ,ël plus
Ald'once de Bernui-de-Càn-maing; et tard à Henri IV, que. nous n'oserions
avec Glaude-tde LaBoissière,-i\'%e trancher la question.
" laissa que deux filles, appelées'-MÀSIE ;Après,la.çônçlusipntdela paix,'-Lpr-
.
.
.,
et::MARGUEMTE. L'aînée épousa, é'fl gés.sër'elirâ dàhsses terres.:. En4 641<j
,

*603; Jacqn'es-de Dur'fôrt-Duràs, et ifràchetâdé son neveu,.lemârqùislde


la.cadetle,-avant 1:610, -Philibert dé Duras, lé comté, de Montgommery,;.
Ponlpddour. db:n;t'.il,'prit!le-t'i't're, et,,en.,1624, le
..'II.iGabrièfde'Méntgommery'i comte vieux château, dô: ses pères ayant été
dé Lorges, n'occupe'pas dans l'histoire rasé,'comme nous l'avons.;dit, il!fit
des Huguenotsôme place-aussi disliïï- côustruire .celui,, de; DUeé.'En 4 èj 6 j
guéeiquesonfrère aîné; la note secrète l'Assemblée politique de La Rochelle
1
(EondsdeBéihwie,W^Ù)'n'esV4vLQ
juste;lorsqu'elleledépeintcqinme<'plns (1) Sins i'oiile'le,&]sAe'Jacq:aeMontgom!-,
tecommandable par -sa qualité que par tniry, sietirde Courbouzon; mort'en -4W1%
1

gommérite.» Eu 4 585, il suivit Condé et; A'Aimée.'de: Guercliy. Ce ûls'se' iiomiiiait


aussi.Jacques. Tout nous porte à croire qu'il
dahs^son expédition contre Mercoeur, abjura.
MON — 483 MON
le loua « de son'affection à la gloire dé 1 rënseigneménts'SûrGabriellirdeMont-
Dieu et au bien'des églises» (Fonds de gommery. Le Diction, de la Noblesse
Brienne, N" 223); mais nous avouons nous apprend qu'il épousa, en Lorrai-
ne pas savoir ce qu'il avait fait pour ne, Aimée de CMtenay, fille de Jac-
mériter ses éloges ; car il est certain ques de Châtenay, aaron de Lanty, et'
qu'il refusa constammentde se joindre de Judith de Barisey, qui lui donna
au parti des Huguenots exaltés. En un fils nommé FRANÇOIS. Cette damëi
1624, il rendit même, ou, s'il faut eh qUi étaitveuve en 4 636, serait-elle i-
croire Le Vassor, il vendit Pontorson, dentique avec MBe de Montgommery,
où il commandait, àLouisXIll, qui y dbntFoucaultparledâns ses Mémoires,
mit garnison sousles ordres de Blain- comme étantmorteen 4 690, sans vou-
îJÏZZe.LeHéricher assigne l'année 4 635 loir recevoirles sacrements de l'Eglise
pour date de sa mort. Quelques années romaine? Elle fut néanmoins enterrée
aprèsy en' 4 644, l'exercice du culte dans l'église paroissiale, en vertu d'u-
protestant fut interdit à Lorges, com- ne ordonnance du lieutenant générai
me aussi à Souchevillé, Bazoches et du bailliage; mais l'évêquë de Coutan-
Châtenoy. De son mariage avec SU- ces exigea l'exhumation (Arch. gén.,
sannede Bouquetot, fille de Jean, M. 672).
sieur du Breuil, et de Louise dé Vil- Louis de Montgommery,'comte'de'
lers, naquirent plusieurs enfants. Lé Ducé, né en 4 604, fut aussi en butte
Dict. de la Noblesse ne fait mention plus' d'une fois aux tracasseries dé l'é-
que de quatre de ses fils, qu'il nomme vêquë d'Avranchës. En 4 663, une cu-
GABRIEL, LOUIS, JACQUES et JEAN. Un- re étant venue à vaquer dans ses ter-
cinquième ne serait-il pas Henri de res; itchârgea unpirocureur catholique
Montgommery, qui se réfugia dans lé d'y pourvoir en sa place ; mais l'évê^
Brandebourg avec sa femme, A', de ' que y nomma de son côté, et lé Con-
Rennebaut, longtemps avant ia révo- seil donna gain dé cause au prélat,
cation, et qui prit du Service dans les; sans respect pour lé droit dé-patrona-
troupes de l'électeur? Chargé par ce ge. En 4684, encouragé par ce pre-
prince d'enlever de Varsovie Kalkstëih mier succès, l'évêquë disputa au comte
et de. le conduire à Memel, où il fût le droit d'exercice à Ducé (Arch.gën.,
mis àmort, Montgommery exécuta a- TT; ,34 4). Nous ne connaissons pas
vêc succès ce coup de main; mais la l'issue du procès.' Le Héricher affirme.'
Pologne se plaignit de la violation de que Louis de Montgommeryse conver-
son territoire, et l'électeur
désavoua tit à la révocation avec Charlotte-
agent, qui fut obligé de se cacher Françoise de Romilly- et Louis-'dé'
son
sôus un faux nom. Outré les quatre Verdun, sieur de Cofmeray, oubliant
fils mentionnés-par La Chesnaye-des- que, quelques pages plus haut, ill'à-
Bois, et sur qui nous allons revenir, Vait fait mourir en 4 680. Sa veuve;
Gabriel de'Montgommeryent trois fil- Anne dê'MàcKecoul;(i), se réfugia en'
les. La plus jeune, ELISABETH, mou^ Angleterre, et sa fille SUSANNE, veuve,
rut en 4 622,, sans avoir été mariée. .depuis 4 684, de'Henri de Goyoh,
L'aînée, nommée LOUISE, .épousa Jac- comte de Qilintin, abjura, au mois dé'
de Vassy, baron de La Forêt, et janvier 4 686, .entré;les mains de l'àr-
ques chevêquë de Paris.
la seconde, appelée SUSANNE. devint la
femme de'Prégentde Lafin, vidame Le troisième fils dé Gabriel' IF dé
de'Chartres, sil'on peut toutefois s'en Montgommery, Jacques, baron d'Es-
.

à noiegènéalogique'qui couché, fut père du maréchal de camp 1


rapporter une
été communiquée par M; Lacà- JEAN, côinté dé Montgommery. Né'en'
nous a
bane au département desMss.de la Bi- (fi) Selon d'autres'renseignements, sa fem-
bliothèque nationale. me était une Du Malz-Monlmarlin (Voy, V,
possédons que très peu de p. 347). Peut-être lut-il marié deux fois.
Nous ne
MON 484 — MON

4 646, Jean de Montgommery leva, en fut enfermée dans un couvent (Ibid.,
4 667, une compagnie de
chevau-lé- E. 3382), et lui-même emprisonné au'
gers,à la tôle de laquelle il servit com- château de Caen, où il passa un an,
le transféra dans le vieux
me volontaire aux sièges de Tournay, après quoi on
de Douai, deLille, et, l'année suivante, châteaudeRouen.Sa femme étantmor-
à la conquête de la Franche-Comté.Sa te à Chantelou, où l'exercice avait été
compagnie ayant étéréformée,,il en le- interdit depuis plus de vingt ans, il ne
une'autre, avec laquelle il fit la cam- voulut pas la faire enterrer avec les cé-
va
pagne de 4 672. En 1673, il servit a- rémonies de l'Eglise catholique, mais
vec distinction, sous Turenne, en Al- la fit déposer dans un caveau sous le
lemagne.En 1674, il se trouva à la ba- donjon de son château, contravention
taille de Sénef. En 1675, il combattit qui l'ut punie par une nouvelle déten-
à Mulhouse et à Turckheim. La même tion. Enfin, en 1706, comme il se dis-
année, il repassa eo Flandre et obtint posait à passer à l'étranger, il fut arrê-
un régiment de cavalerie, à la tête du- té de nouveau et
jeté à la Bastille, où il
quel il continua à servir en.Allemagne finit ses.jours, sans vouloir prêter l'o-
et en Flandre jusqu'en 1679, que son reille aux arguments et aux promesses
régiment fut réformé. Il le rétablir en du convertisseur Riquelet. Cependant,
4 684, mais il fut de nouveau réformé au rapport de Renneville, on l'enterra
peu de mois après. C'est apparemment avec pompe à Saint-Paul, pour faire '
vers ce temps que le comte de Mont- croire qu'il s'était converti.
gommery abjura la religion protestan- Sa soeur Elisabeth, qui avait épousé le
te. En tout cas, il devait êlre catholi- sieur de LaVieuville,.donna aussi, pen-'
que lorsqu'il fui nommé brigadier par dant de longues années, des marques
brevet du 10 mars 1690.1nspecteur gé- de fermeté el de constance. Arrêtéeen-
néral de la cavalerie par commission du fin au mois de sept. 1694, et enfermée
1

22 déc. 4 694, il se démit de son in- dans le château de Saint-Malo, sous


spection, lorsqu'il fut créé maréchal de l'accusation d'entretenir une corres-
camp, en 4 696. Il mourut le 1-1 mars pondance avec les ennemis de l'Etat,
4 731, sans avoir été marié. elle promit d'abjurer pour obtenir sa li-
Le dernier des quatre frères, Jean, berté, et elle tint sa promesse au mois
comte deChantelouet meslre-de-camp de mars 1699. On a publié les Motifs
d'un régiment d'infanterie, laissa deux de la conversion de M"" la marquise
enfants de son mariage avec Elisabeth de La Vieuville en Bretagne, Paris,
de Montbourcher,un fils nommé Louis 1700, in-12.
et une fille appelée ELISABETH. Louis, IHOXTMJC (JEAN BE), évêque de
comte de Chantelou, épousa, en 1675, Valence, «le principal ministre de Ca-
à l'âge de 24 ans, Anne Le Coq, fille therine de Médicis dans toutes les af-
d'Aymar Le Coq et de Marguerite de faires diplomatiques (de Thou), » na-
i&Madelaine. Après la mort de sapre- quit à Condom en Gascogne, au com-
mière femme, il se remaria avec la soeur mencement du xvi" siècle. Notre inten-
du .marquis de Couriomer, dont il eut tion n'est pas de nous étendre dans
une fille unique. Constantin de Renne-' celle notice sur les services politiques
ville, qui le connaissait, au moins de de notre prélat, ils ne nous appartien-
réputation , nous le peint comme Un nent pas, et ce n'est même que par une
homme droit, ouvert, généreux, un sorte d'intrusion que l'apologiste de la
peu trop adonné à la bonne-chère et à St-Barthélemy peut trouver place dans
la galanterie, et fort zélé pour sa reli- cette galerie des hommes illustres du
gion En 1683, l'évêquë d'Avranches protestantisme français; mais nous fe-
lui intenta un procès criminel pour ir- rons au moins connaître quelles étaient
révérences commises à l'Eglise (Arch. ses tendances religieuses avant que les
gén. M. 671). A la révocation, sa fille exigences de la politique eussent per-
MON
- 485 — MON
verti en lui le sens moral. Etre amphi- réformation le mirent en mauvais pré-
bie, il eut l'art de traverser les temps dicament auprès des gens d'église de
les plus difficiles sans compromettre son diocèse. A la poursuite du doyen
son existence. Son penchant aux idées deValence, Félix Vermond, il fut même
de la Réforme ne nuisit en rien à son déclaré hérétique en cour de Rome;
crédit à la Cour, soit que la légèreté de mais sur son appel, le parlement deParis,
ses moeurs parût aux yeux de Médicis par arrêt du 14 oct.1560 (impr.à Tour-
un correctif suffisant, soit qu'elle com- non, 1630, in-8"), condamna le calom-
prît que l'intérêt de son ambition serait niateur à l'amende honorable. Sans
toujours sa plus forte passion, soit en- doute que sur les réclamations de notre
fin que la terrible réputation de son ambassadeur, Pie IV réforma son juge-
frère aîné, Biaise de Monlluc, lui ser- ment, rendu contre -toutes les formes,
vit comme de bouclier pour repousser sans que l'accusé eût été entendu. Ce
les défiances et les soupçons. Les cour- fut pour-se justifier des accusations
tisans ne sont pas à craindre; ils pren- d'hérésie que l'on répandait contre lui,
nent, sur un signe du maître, telle li- qu'il recueillit et mit au jour quelques-
vrée que l'on veut. uns de ses sermons. Il les dédia au car-
.

Jean de Montluc fut destiné, contre dinal de Lorraine. Malgré cette haute
ison gré, à l'état ecclésiastique, et prit protection, la Sorbonne n'en censura
l'habit de dominicain. La reine de Na- pas moins le livre. Pour nous, nous n'y
varre, Marguerite, ayant eu l'occasion avons rien vu de scandaleux ; la mo-
d'apprécier son talent comme orateur rale, au contraire, en est très-pure. Ce
de la chaire, le lira de son couvent et sont des homélies sur les dix comman-
le produisit à la cour de son frère. Son dements,écrites dans un style clair,fa-
esprit fin, souple, délié, lui gagna les milier, et telles qu'il eût été à désirer
bonnes grâces de François 1", qui l'em- que chaque prélat en fit entendre à son
ploya à diverses négociations et notam- troupeau. L'Eglise elle-même y eût
ment, en 1538 (?), auprès de Soliman. gagné ; car, ses finances à part, nous
A. son retour de Constantinople, il s'ar- ne pensons pas que l'immoralité lui
rêta à Rome, où il paraît avoir élé re- profite. Montlucjouissait de son lemps
vêtu par le pape de la charge de proto- d'une grande réputation d'éloquence.
notaire. Les renseignements que nous Médicis le fai sait prêcher d ans 1 a grande
fournissent les biographes sur son salle du château,.et toute la Cour y as-
compte sont en général si vagues, que sistait, bien qu'on sût, dit de Thou,
l'on ne peut rien préciser. Il était à qu'il était atlaché à la nouvelle reli-
Rome en 4 538. Combien de lemps y gion. «0 combien, s'écrie Sle-Marthe,
passa-t-il? on l'ignore. En 4 543, il les doctes et pieuses prédications qu'il
fut envoyé à Venise par François Ier fit, tantost àYalance et tantost à la cour
«pour excuser et couvrir » le fait de du Roy, remirent dans le bon chemin
son alliance avec le turc. Biaise de d'hommes errans, que le libertinage
Montluc rapporte dans ses Commen- en avoit escartez ! » II avait adopté pour
taires, en la traduisant de.l'italien, la prêcher le costume des prédicants, ce
harangue qu'il prononça à cette occa- qui scandalisa un jour le vieux conné-
sion. L'évêché de Valence etde Die fut, table de Montmorency.
en 4 553, la récompensede ses services. Les. Guises,qui l'avaient pratiqué de
Contrel'usagedesprélalsses confrères, longuemain,ne prirent aucun ombrage
Montluc prit au sérieux les devoirs de de cet esprit d'Opposition. En 1560, ils
sa charge; il s'astreignitmêmede lemps le députèrent en Ecosse. Voici en quels
en temps à la résidence, et monta fré- termes' Régnier de La Planche rend
quemment en chaire. Sur plusieurs compte de cette mission : « Ceux de
points importants, il professait les doc- Guyse, ayant ouyle vent des praticques
trines évangéliques. Ses tentatives de de la roine d'Angleterre en Escosse, et
MON 486 — MON

il
craignant que l'oceasion fust lors pro- che la cause, el la trouve dans l'état
pre à ladicte- dame de leur rendre la d'avilissement et de dégradation ouest
cjiarité, qu'ils lui vouloyent presler en tombé le clergé, à commencer par les
subornant ises subjects^ ils advisèrent chefs mêmes de l'Eglise, les papes, qui
qu'il seroit bon d'envoyer en Éscosse se sont plus «amusés» à faire la guerre
quelque personnage qui fust aucune- et entretenir l'inimitié et la désunion
ment agréable à ceux du pays, afin de entre les princes qu'à avancer le règne
trouver moyen par gracieuses parolles du Christ. Il reconnaîtque le plus grand
et remonslrances de-,leur faire mettre souci des évoques a été de conserver
les armes bas, et départir leurs forces. leurs revenus et d'en abuser,en dépen-
Ëtpour autant qu'ilscognoissoyent que ses folles et scandaleuses; que les évê-,
Mohtluc, évesque de Valence, favori- chés ont été donnés à des.enfants ou';à
soit aucunement ceste doctrine, et es- dés personnes du tout incapables dé'
toit assez bien venu en ce païs là pour remplir les devoirs de leur charge,,« ,si
y avoir autrefois demouré chancelier de que, dit-il, les ye.ux des églises, qui
laroine douairière, ils luy firent-bailler, sont les évesqu.es, ont esté bandés, çt
ceste charge avec commandement de les colonines sont fleschies et tombées
passer par l'Angleterre pour essayer en terre» ; que les curés ignorants,
tout ensemble de moyenner. quelque avares, occupés à .toute autre chose
bon accord avec la roine dudict pays.» qu'à leur charge, ontétépourla plupart
Montluc s'acquitta de cettecommission; pourvus de leurs cures par des moyens
mais il trouva les,Ecossais d'une tout illicites, « qu'autant de deux escus que
autre humeur que nos Français,peu ac- les banquiers ont envoyés à Rome, au-
cessibles à la séduction et disposés à tant de curés on a renvoyés»; que les
tout risquer plutôt que de se laisser cardinaux, les évoques, « n'ont faict
«contraindre pour le faictde la reli- difficulté de bailler leurs bénéfices à
gion.» A son retour, il assura les Guises leurs maistres, d'hostels, voire à leurs
que.s'ils ne changeaient de politique, varlets de chambre, cuisiniers, barbiers
ils verraient en brief leur nièce sans et leurs laquais, si bien que les pèr-
terre,, sans royaume et sans, sujets. Ses sonnes.ecclésiastiquesse sont rendues
conseils furent entendus, et,ils signè- odieuses et contemptibies ;à tout _le
rent la paix aux conditions les plus hu- monde.» Quant aux doctrines nouvelles
miliante.spourleur amour-propre! qui, à la; faveur des désordres du clerr
L'assemblée des Notables(apûtl 560) gè, se,sont répahdues-parmi le peuple;
offrit à l'évêquë de Valence une belle Monlluc reconnaît qu'elles ne datent
occasion de proclamersesprjncipes de pas d'hier, mais qu'elles ont été appor-
tolérance.Quoiqu'il y ait lieu de.suppo- tées et semées dans le royaume depuis
ser que Catherine de Médicis, conseillée trente.ans par trois ou quatre cents mi-
par le vertueux iJHospital, ait été de nistres diligents et exercités aux.lettres
moitié dans le complot, sa conduite saintes, avec une grande modestie, gra-
dans, cette circonstance, solennelle et vité et apparence de sainteté, faisant
décisive,quelquesmoisseulementapr,ès profession de détester les vices, sans
le supplice d'AnneDu Bourg, n'en fut aucune crainte de .perdre la Vie pour
pas moins courageuse et, désintéressée'. ço.nfirmer leur prédication, tellement
En sa,qualité dedernier conseiller ad- qu'il ne se faut ébahir si ces doctrines
mis dans le Conseil,privé, il luiéchiit ont été.embrassées.par un grand nomr-
de parler le premier,, et il le .fitplus li- ,bre degens. Le remède qu'il voit à .la
brement, dit Mézerai, que n'eussent su confusion .générale où est tombé te
;faire les ennemis dei'Egiiseromaine. royaume, c'est d'abord de prendre ,l'.à-
L'historien.de,La Place nous/donne .y,is,des Etàts-Gé'nér^ux, et ensuite!',ît
1'analyse: de sa harangue. Après avoir défaut d'un concile, générai, auquel ,}a
(r,eGonnu le mal,,np.trp,pi_élat!çnRecher- .papaïutêne veut entendre, de c.onyof
MON — 487 — MON
qner un concile national, auquel se- de l'Inquisition fulmina contre Jeanne
•raient appelés les plus savants delà d'Albr.et.(Voy. I, p. 41) et contrelous
;sëCte, en leur baillant sûreté; afin de les prélats français convaincus ou sus-
tenter de se mettre d'accord. Tout en pects d'hérésie"(Voy. HI, p. 374).
•'apprpuvantles rigueurs qu'on a exèr.- -Lorsque la guerre eutéclatéentreles
èéës- envers les Religionnaires qui ont deux partis, Montluc assista Médicis
Tpris les armes, parce que, dit-il, s'ils de ses conseils.. Ce fut lui, dit-on, qui
'avaient été vraiment chrétiens oii évan- imagina le stratagème auquel le prince
^éliques, comme ils disent être, ils se de Condé faillit se laisser prendre à la
"seraient souvenus que saint Pierre et conférence de Tajsy (Voy. II, p. 447).
'saint Paul nous commandent dé prier « Le principal agent de cette confé-
Dieu pour les rois, de leur rendre toute rence,, dit Anquetil, étoit Montluc;,
'sUbjeclion et obéissance, ores qu'Us éyêque de. Valence, homme délié,
Soient iniques et rigoureux, noire pré- éloquent, fécond en expédients, confi-
làtréclame l'indulgence pour ceUxqui dent ;et conseil de la reine, dont on
ont retenu la crainte de Dieu etrévé- savoitqu'ilavoitle secret, quid'ailleurs
Tencë.au roi et à ses ministres. On voit ne pouvoit être suspect aux prétendus
clairement, dit-il, par leur vie et par réforméspour lesquels il penchoilassez
rieur mort, que ceux-là ne sont nuis .ouvertement: » Médicis s'en servait
^ue d'un désir ardent de trouver le che- comme d'appeau. Dans le cours desa
min de leur salut; ils ne doivent .donc longue carrière diplomatique, Montluc
;pâs être punis comme séditieux, d'au- remplit, de son propre aveu, plus de
tant que l'expérience a appris à tout le seize ambassades dans les différentes
inonde que les peines en cet endroit ne cours de l'Europe. La plus célèbre de
profitent de rien. Son avis, soutenu toutes esl celle de Pologne. Son secré-
'avec éloquencepar l'évêqueÂfawUôc, taire, Jean Choisnin.en a écrit larela-
"prévalut dans l'assemblée. tion. Le choix de Médicis s'arrêta sur
Dans les événements politiques .qui. lui pour, deux raisons, « l'une, qu'il
suivirent, Montluc joua le rôle de mo- avoit esté autrefois en Pojongne fort
dérateur. Il prit une part active au col- bien veu et bien receu, et qu'il seroit
loque de Poissy.. « Il n'y eut pas un de lien mal aisé qu'il.n'y trouvasteneores
tous les prélats de France, dit Sàinfe- quelqu'un de ses amys qui lui servi-
îlarthe, qui parût là plus docte et plus roit.dedirecteur et conducteur; l'autre,
advis.é que luy, soit pour defiendre le qu'il avoit esté si heureux, qu'iln'avoit
juste parti des Catholiques, soit pour jamais enlreprins chose par comman-
réfuter l'erreur des injustes suppôts dement des prédécesseurs roys qu'il
'de l'hérésie. » Il se montra plus qu'au- n'en fust venu à bout. » II,paraît que
cun autre conciliant. Dans un dé ses ce,.fut lui qui le premier suggérr
discours, il renouvela avec force ses l'idée de faire «tomber lacouronne.de
plaintes contre l'épiscopât, « décla- Pplogne.entre les mains du duc d'An-
Tant en toute liberté les abus elles re- jou.,» Ce prince soupçonneux lui en
mèdes qui luy sembloient estre néces- garda rancune. Le jeune Balagny, fils
saires. » Bientôt après, Montluc fut légitimé de notre prélat(1), fui envoyé
envoyé an concile de Trente, mais à en.avant, pour sonder le terrain, et
son passage à Pignerol, nos ambassa- préparer -les voies. Montluc ne partit
deurs à ce .concile, Du Ferrier, Pibrac
~ei Morvilliérs l'averlïrent de ne pas, se (!) Montluc avait épousé secrètement une
demoiselle Anne Martin, jeune picarde d'une
livrer imprudemment entre ;les mains, grande :beauté ; d'autres disent une jeune
aie ses ennemis, soupçonné.commeil grecque qu'il.avait ramenée d'Orient.jona'.jjn
Le;flls
qu'il en eut fut légitimé en 1567. H
était d'hérésie. 11 était," en effet,,tra- rôléj -soûslenom de Bàlàgny, dans les trou-
înai vu à Rome. En 4 563,11 fut.com- bles rd'e la Ligue ; Henri IV le fit maréclia!,
jnsilans le monitoire.que le tribûp^l en 1,594.
MON 488- MON

lui-même de Paris que le 17 août 1572, en apprenant les massacres de Paris.
«huict jours, jour par jour, avant la La perplexité de notre ambassadeur
Sainct-Barthélemy. » Avait-il. été mis était grande, il avait compté sur la
dans le secret de cet infâme coup plume de ses secrétaires, car il « avoit
d'état, où l'avait-il seulement pressenti besoing d'un homme qui le relevas!
comme tant d'autres ? Dé Thou rap- de peine pour escrire et prononcer l'o-
porte qu'avant son départ, il dit au raison. » Comment entreprendre à lui
comte de La Rochefoucauld. «Que la seul une négociation aussi difficile?
fumée delà Cour ne vous enivre point; Il ruminait en lui-même ces tristes
quelques caresses qu'on vous fasse, peusées,lorsque par hasardilrencontra .
gardez-vous de vous y laisser entraîner; dans la rue le procureur du roi en la
les gens sages et prudents doivent être prévoie de Blois, Bazin, « homme de
en garde contre ces appâts : trop de bon entendement et bien versé aux
confiance vous jettera dans de grands 'lettres.» Sa résolution fut .bientôt
périls. Le parti le plus sûr pour, vous prise, il l'emmena avec lui. Avant de
et pour toUs les autres seigneurs de ' franchir, le .Rhin, notre prélat, dut se
votre parti, c'est de vous éloigner au- cuirasser d'impudence. Il arriva en
tant qu'il vous sera possible. » Que ce Pologne vers la mi-octobre et n'en re-
sage conseil n'eût-il été suivi ! Montluc partit qu'après l'élection du roi (9 mai
était retenu à Sl-Dizier par un flux de 1573). Cette élection demandait beau-
saug, lorsque y arriva la.nouvelle des coup d'habileté. L'évêquë ne demeura
massacres. Comprenant «-que-l'entrée pas au-dessous de sa lâche, il se sa-
de l'AUemaigne luy seroit fort péril- crifia pour réussir, il alla jusqu'à
leuse », il reprit aussitôt sa route, mettre en jeu son propre honneur, ca-
contre l'avis des médecins, résolu «ou lomniant les victimes pour faire croire
de mourir ou de passer les pa'is du aux vertus des bourreaux. Les Polo-
comte Palatin,- plus tost que ladicle nais y furent trompés, tel fut son
nouvelle y fût tenue pour certaine. » triomphe ! Mais pour arriver à ses fins,
Mais il avait à courir des périls bien il dut jurer, au nom de son maître,
autrement menaçants que ceux qu'il « que tous ceux qui avaient été con-
redoutait. Il était encore sur les terres damnés pour la prétendue conspiration
de Lorraine, lorsqu'un riomméMaceré, de Paris, seraient rétablis, eux ou
de connivence avec l'évêqUe de Ver- leurs héritiers, enleurs biens, noblesse
dun, dont il était secrétaire, le fit et honneurs ; que le libre exercice de
poursuivre etarrêler. Choisnin suppose la religion serait accordé, comme par
que son intention, en voulant se dé- ci-devant, aux villes et places qui
faire de notre prélat, était,« de faire avaient, le dit exercice: que de diligentes
bailler l'esvêché de Valence àsonfrère, informations seraient faites contre les
docteur en théologie, el pédagogue massacreurs, et qu'ils seraient châtiés
des enfans d'un prince [Guisè].» Mont- (La Popelinière). » L'évêquë le jura
luc eut toutes les peines du monde de sachant bien qu'il faisait un faux ser-
se tirer sain et sauf de ce guet-apens. ment. Il jura demême, au nom du duc
A la fin, des lettres (5 sept.) du roi, d'Anjou, l'accord par lequel la no-
de la rein e-mère et du duc d'Anjou, le fi- blesse polonaise s'était engagée à ne
rentremetlre en liberté. Arrivé à Stras- permettre jamais dans le royaume
bourg, il ne trouva aucune des per- l'emploi de la force en matière de reli-
sonnes à qui il y avait donné rendez- gion, et il savait qu'en prenant cet
vous(1).Scaliger, l'uned'elles, «qui engagement, il outre-passait ses pou-
est pour son aage.dit Choisnin,un des. voirs et faisait un faux serment. Ce fut
plus rares hommes de ce royaume», par ces mensonges que la religion des
étailrelourné précipitamment en Suisse Polonais fut surprise et
que l'élection
(1) Rumus avait refusé de l'accompagner. fut emportée. On en fut quitte pour
MON MON
— 489
désavouer le négociateur, selon le sible, incorporel et peut mon es-
conseil qu'il en donna lui-même. Le sence être figurée, ne
ne représentée par
iourétailfait,la diplomatieavaitvaincu, chosequi soit aU Ciel ni.en la terre.»—
mais l'honneur était-il sauf? L'évêquë Quoique ces passages, porte la censu-
de Valence fut mal récompensé de ses soient tirés de la Sainte Ecriture,
re,
peines. Henri III ne lui pardonna ja- néanmoins comme ils sont
mais son exil couronné ; la réflexion duits selon le ne pas pro-
sens du Saint-Esprit
lui étant venue après coup, il se con- l'Eglise, secundum sensum
reçu par
sidéra comme la victime d'un complot Spiritus Sancti ab Ecclesiâ
ourdi entre sa mère et ses frères et dont tum, el que nos adversaires ontrecep-
cou-
notre prélat avait été l'âme. De Thou tume de s'en prévaloir contre les hon-
blâme Montluc de n'avoir pas su se
neurs dus aux Saints, contre l'usage et
retirer à temps de la Cour, où ilessuya, la vénération des images, contre la
dit-il, sur latin de ses jours toute sorte sainteté des temples,
nous déclarons
de mortifications. Ce fut sans doute cette proposition captieuse et propre à
pour trouver quelque adoucissement à séduire les simples. L'évêquë n'est pas
sa disgrâce, qu'il finitpar se jeter dans trouvé pins orthodoxe sur la question
les bras des Jésuites. Il mourut à Tou- du Purgatoire et des prières pour les
louse, le 4 2 avril 4 579, pridie idus morts. Enfin, au sujet du sacrement de
aprilis,el fut enterré dansl'église mé- la Cène, il était toutà faitdévoyé ; il re-
tropolitaine de St-Estienne. Ronsard, commandait à son clergé de prononcer
Muret, Cujas, etc. célébrèrent àl'envi en français les paroles de la consécra-
ses louanges (4). tion et d'administrerle sacrement sous
On doit à Jean de Montluc : les deux espèces. « Puis prenant le ca-
I. Deux Instructions et deuxEpis- lice dira : le Seigneur dit ainsi : Pre-
f
tres aides et envoyées 'au clergé et nez et beuvez de cela tous, cette coupe
peuple de Valanceet Dyeparleurèvê- est le nouveau testament en mon sang,
que, Avignon, Barlh.Bonhomé,4557, qui est répandu pourvous.» En consé-
in-8"; Paris, Vascosan, même année; quence, le livre futdéclaré contenir des
plusieurs fois réimp.; trad. en ital. et propositionsfausses, schismatiques, er-
en flam. — La premièreinstruction trai- ronées et hérétiques, et omettre, com-
te des commandements de la Loi, etla me à dessein, des choses nécessaires à
seconde de l'usage des saints Sacre- l'instruction des Chrétiens, telles que la
ments. Quantaux deux epîtres, Punefut préparation au sacrement de l'eucharis-
envoyée par l'évêquë à son peuple, l'an tie, la confession auriculaire, lesaere-
K 555, à l'occasion des processions géné- mentdela confirmation et de l'ordre, la
rales ordonnées par le roi pour la paix; vénération des Saints, les prières pour
l'autre, en latin, est adressée àsespa- les morts, etc.
roissiensetaux curés pour les exhorter U.CleriValentii et Diensisrefor-
à la méditation et observance des com- matio restitutioque ex sacris Patrum
mandements de Dieu. —: La Sorbonne conciliisexcerptaperJohannemMon-
y releva et condamna plusieurs propo- luciumepisc. Carolo cardinaliLota-
sitions, la première au sujet des Saints Hngonuncupat autor, Paris., Vasco-
et des images. L'évêquë expliquait ain- san, 1558, in-80; publ. en même tems
si le 4" commandement : « Garde-toi en franç.; chez le même : La Réfor-
donc d'estimer, ni de recevoir autre mation'du clergédeValence et deDie,
Dieu que moi. Je suis seul Dieu, et ne contenant cinquante articles de ré-
veux recevoir compagnon. Je suisinvi- " formation, autorisez par les anciens
.conciles de l'Eglise.
Ci) Le Motteux croit voir en lui le type III. Recueil des lieux del'Ecriture
du personnage de Panurge. Mais quelques servant à découvrir les fautes qu'on
traits de ressemblance ne suffisent pas pour commet contre les dix commande-
lui mériter cet honneur.
MON 490 MON
— —
mens de la Loi, prononcé mot à mot Lyon, même année. — Les sermons
jp'ar l'évêquede Valence, Paris,Vascb- -sur'; l'Oraison dominicale ont une pà-
" san,.M559, in-.8°.de pp.:4 99. 'gination particulière et portent au. tiWe.
IV. Sermons de l'évesque de'Vp- i'àtinée, 4,565. La: Sorbonne y releva
lence sur certains poincts âe.ld re- xinq propositions sentant l'hérésie ';ét
ligion, recueillis 'fidèlement, ainsi ^supprima le livre. Sa sentence sur. lies
qu'Un ont eèté prononcez. — Autres différentes publications dei'évêque-'de
'Sermons du mesme aucteiir, servaiis Valence, portée le 47févr. 4 564,;fut
à descouvrir..par tesmoignagé ;de définitivement'confirméele 7 novemlj.
l'Escriture Sairicté les fautes qu'on mi.
commet sur les dix;comrÀande?he'ns .' VII. Harangue au roi ««1563,Pa-

'
'de' la'Loy.. Plus Sermon àson -ris,-4 563y :iii-4°. ;/' ''
— un ;

clergé fait au Sene de Juillet 1 55% VIII. Harangue et, avis prononcé
Paris, Vascosan,4559, in'-8°,pp.,724; au' Conseil ^rivé du roisurles'r'f-
;privil. sous la date de 4558; Avignon, -'iriontrance.s faitespai•.messieurs"du
f,iS6'l ,.in-16 ; dédié au carà', de "Lor- '-'parlementdéParis, touchant les lèï-
raine. — La :S'orl)onne y condamna tr'esdé îâ majorité dudit seigneur,
"cinq propositions, entre autres, celle- TafisiiS'eà.' ':.' ""
ci où Monlluc adoptait les doétrines'de :ÏX. Oràlio ad ordines Polonim,x
"

Luther et de Çatyin sur la.justifjcatibrj april: 1'5'73 habita, Cracov., .irM*';


par la foi: «Pour comparbistre donc Taris., ih-8°.,'h. ahn.— Altéra xxv
.

devant luy (Dieu), 'qui est .tout pur et :àpril.%abita, Gracov.,in-4°; ' Paris!,
net, toute droiture, toute justice^ celùy Jin-S°,hôc ann.;:trad;i'uné et l'autre en
'qui est armé de lâfoy,"se,dépouille' de franc.et publ.àPariscettemêmeannée.
sarobhe.etse retiré à; Jësus^Christ qui X. Êpistoliï ad PoloniiB ordines
' est son chef, qui le couvre de ses nié- deAnâiuin
.
dixce in, regem .Polonip
frites, comme s'ilTenyironnoit dé ses -allegendo, 4.573, in-8°. / - " '"''

cheveùi'ët de son manteau ':. le lave et ' M^Defensio pro/illust. Andium


"nettoyé dé .'son propre :sang pour-Ie duce Tàdvèrsus calumnias gnorurii-
présentera Dieu son père,'et avec ceste dam,A 573, in-8°: trad. en franc."etih-
' confiance; celuy qui ae/soyieroit Vain- ;sérêe dans les Mémoiresde Charles IX.
cu, triomphe conimë victorieux, elci» ^'Hbhjeux libelle contre les victimes
Cette prfopdsitioti, objectaient les doc- 'tie-'la'Saint-Barthélémy. Hugues 'Do- •
'teur-s, est captieuse et diminùtive, ;di- iifiau y répondit sous le. pseudonyme
minuta, encè qu'elfe semble, avecl.es -id'e'''Furnestefus,, et Cujas prit contre
'Luthériens, ne tenir aucun compte dé "lui la;défense de l'évêquè.
' nos bonnes oeuvras; et tout aItriBùer ': ! XII.; "Élection "du roi Henri III, roi
aux mérites de Jésus-Christ.; Le litre •dé Pologne, décritepar îéli. deMoii-
fut supprimé. '
V. Familière explication des ar-
~luc,'Paris, 4574,.in-4". ;
': 'X'III.; Remontrance faite aux miles
; !

ticles de la foi. Plus, le Syjiiboï'e de etdiocëses. d'Unes, Nis'mes, Monipel-


'St-Athanasé, avec un brïef récù'ejl 'lier^et aux. Etats Généraux dé'Ldn-
' des lieux de.VEcriture servansWex- 'gue'doc' 'tenus à Béziers au mois d'u-
jjlications d'iceux articles, Paris, erïfJ4.578/Paris, 4 578, in-8».
'Vascosan, 4 56'4, in-8°, pp. 1 12;: Lyon,' ' i!On.trouve des lettres de l'évêquede
in'ême année. ' f!- 'Valence dans.plusieurs des coliect. àp
' 'VL Sermons de l'évesqme de. Va- 'la Bibl nat,, Fonds de;Baluze, N" -433;
lence sur.les. articles de làyFo'y et 'Gagniëre's; Guy Patin ;Dùpuy,' 'N" %ë5,
'i'Oraison dominicale. Plus, quelques "dans ce dernierun recueil' de lettrés' è-
oraisofis, tirées des pri%resde;l'É- crites. de.Rome en 4 538.
-gUse,àux diocèses de Valence etDye, ; ,;MQNXtXARD:(JEAN::DÉ),sieur'de
'

'Pxiris, Vascosan, '4 56|, pét. ' ir>8b'-; Méller'ayi.en Beauce, réfugié à Genève,
MON 49.1 MON
— —
fut placé comme ministre à Draillans, plication des fables, extr. du latipi
le 4 2 août 4 554 (Arch. delà Comp. de Noël Le Comte par J. de M., Lyon,
.despasteurs, Keg. B), p.ûis, en 4 557, ',1597, 2 vol. in-4"; réimp. plusieurs
la Céligny, et reçu bourgeois gratis fois et en dernier lieu par J. Baudouin,
,,avec ses deux fils, en 4 559. Ces faits, Paris, 1627, in-fbl.
d'une authenticité incontestable; prou- IV. Traité pàrénétique, trad. de
vent que Prosper Marchand avait tort Texeira, 1597, in-42. — Sous le pseu-
de douter que Jean de Montlyard fût donyme de J.'D. Pralymont, ana-
ministre ; cependant son observation, gramme de Jean de Montlyard.
qu'il est difficile de se persuader qu'un V. Les métamorphoses ou l'Ane
pasteur ait entrepris de traduire un d'or d'Apulée, Paris, 4 602, in-4 2;
livre comme l'Ane 4'or d'Apulée, n'en réimp. plusieurs fois; nouv. édit. re-
subsiste pas moins, si l'on songe sur- vue et corrigée, inférieure pourtant
_tqut à l'âge avancé que Montlyard dç- aux précédentes,.Paris, 1648, ih-8°.
.vait avoir atteint lorsque cette trad. VI. L'Anti-Jésuite ou discours au
-
vit-le jour. Peut-être lèverait-on la roi contre les Jésuites sur la mort de
difficulté en admettant que le traduc- HenriIV, Saumùr, 4 614, in-S"; réimp.
teur de cet ouvrage fut l'un deses deux dans le T. VI des Mémoires de Condé
fils, celui qui prenaitletitré de con- sous ce litre : Le Courrier breton..
seiller secrétaire du prince de Condé. VU- Les hiéroglyphiques de Jan-
S'il faut en croire Hofman, dans son . Pierre Vàlerian, vulgairementnom-
Jxxicon historique, Montlyard remplit mé Piénùs ; .oeuvre réduicte en 58
aussi les fonctions pastorales à Monté- livres, msquëls sont adjoincts deux
limart. On ignore l'année de sa mort. autres de Coelius Curio louchant ce
Voici les ouvrages que les bibliogra- qui est signifié par les diverses effi-
phes lui attribuent assez générale- gies et pourtraicls des dieux et des
ment.: hommes, nouvellement donnez aux
I. Harmonie des corps célestes et François, Lyon, 4 64 5, in-fol.
Jiumains, faicte en urne dialogues, VIII. Les amours de Théagène et
..où sont introduits JEsculape et dé Chariclée, trad. du grec d'Hélio-
Uranie devisans ensemble et traic- dore, Paris, 4 6.20, ih-8°; corrig. par
.tans des choses concernantes la mé- Henryd'Àudiguier,Par.,4 623 et 1626,
decine et l'astronomie, Lyon,.4580, in-8", avec figg.
jn-4 6. — Traduit, du latin d'Antoine MOiNT8!AUTIN,.Foy. DU MATZ.
ilizauld. MONTMAUR, branche protestante
II. Continuation de l'Inventaire de la famille d'Agouti bu d'Agout, une
de l'histoire de France par Jean de des plus anciennes et des plus puis-
Serres. Cette continuation, que Mont- santes dé la Provence,
lyard entreprit sur l'invitation de Jean 11 est impossible de préciser la date
de Serres lui-même, fut poussée d'à- où cette famille embrassa le protestan-
;bord jusqu'à la mort dé Henri III, en tisme. Si, d'un côté, tout semble prou-
J589, et parut à Paris en 3 vol. in-8'. ver que Giraud (Z'^pw^co-seigneur,
Montlyard l'augmenta parla suite et la de La Baume-des-Arnauds, fit profes-
conduisit jusqu'à la paix de Vervins, sion de la religion réformée,; de l'autre,
en.4 598 (Paris, 4 600, 3 vol. iri-'8°); lés généalogistes affirment que son fils
enfin, il la mena dans un troisième Louis, sieur de.Bonneval, fut, enl'575,
supplémentjusqu'en4 606(Paris, 4 608, gouverneur de Sommières pour le parti
,4 vol.. in-8"). Nous sommes tenté ;de .'catholique. Cette.asserfion, il-est'vrai,
«roire que s'il avait vécu, comme on nous çst suspecte; car, d'après d'àù-
lé suppose, jusqu'en 4 62-0, il ne.se tr.és renseignements, qui nous parais-
itérait pas arrêté là. sent plus exacts, le gouverneur 13e
III. Mythologie, c'est-à-dire ex- ;
Spmmi^réS;était,' en 4 575, le capitaine
MON 492 — MON

huguenot Sanglar (Voy. I, p. 68). 4 676. Des sept enfants issus de ce


Quoiqu'il en soit, si Louis d'AgouIt mariage, un seul paraît ne pas avoir
n'était pas protestant, ses enfants le adopté définitivement la religion qu'on
furent. Il en eut trois de son mariage lui avait imposée; c'est HECTOR-SAM-
avec Judith Marcel, savoir : 4° CHAR- SON, que nous trouvons inscrit sur une
LES, qui suit; — 2° HECTOR, qui ne liste deRéfugiés dressée en.4 699 (Ibid.
laissa pas d'enfants de sa femme Mar- TT. 314). Quant au sieur de Voreppe,
guerite deBargeton;—3° GENEVIÈVE, qui servait sous, les drapeaux du roi
qui épousa, en 164 2, Charles de Vesc, comme capitaine d'infanterie, il ac-
sieur de Comps, fils de Marins dt cepta une pension de 400 livres com-
Vesc et de Françoise Pes Alrics-de- me.récompense de son apostasie (Ibid.
Rousset. TT. 248). Le troisième frère, au con-
Charles d'Agoult, sieur de Piégon traire, né le 4 3 mars 4 657, et marié,
et de Mérindol, fut marié deux fois : la dès 1683, avec Màdelaine de Font-
première, en 4 64 9, avec Blanche d'Au- froide, fille unique de Basile de Font-
tric-de-Vintimille; la seconde, eu froide et de Rose Ranchin, de Nis-
4663, avec Mondette de Bargeton, mes, n'hésita pas à aller demander la
dame d'Arpaillargues, qui ne lui donna liberté de conscience aux pays étran-
pas d'enfants. Il mourut en 1676, gers, après la révocation de l'édit de
laissant: 4» CHARLES, capitaine au ré- Nantes. Il se réfugia à Genève; mais
giment de Sainl-André-Monlbrun, mort plus tard, il passa dans le Brande-
célibataire; — 2" HECTOR, qui suit; — bourg, où il mourut avant 474 6, lais-
3° GENEVIÈVE, femme de François sant un fils unique, BASILE-BÉNÉDICT,
Blanc, sieur du Percy; — 4° DIANE, né à Genève, ie 24 août 4686, qui prit
épouse de Georges de Loriot, sieur du service sous les drapeaux du roi de
d'Asnières; — 5° FRANÇOISE, mariée à Suède Charles XII; mais qui, après la
Henri de Philibert, sieur de L'Argen- mort de ce prince, rentra en France et
tière. abjura.
: Hector d'Agoult, sieur de Bbnneval, MONTMORENCY. Nous n'avons
suivit d'abord la carrière des armes, point à nous occuper de la branche .

qu'il quitta, après son mariage avec principale de celte illustre famille,
Ûranie de Calignon, en 1656, pour quoique plusieurs de ses membres se
prendre une charge de conseiller au soient montrés favorablement dispo-
parlement de Grenoble. C'est lui qui sés pour la Réforme, comme leTnaré-
fit l'acquisition delabaronniê de Mont- chal de Montmorency, qui professait
maur, appartenant à la maison de hautement la tolérance, et ses frères
Flotte. Il lesta en 4 680. Ses enfants Thoré et Méru, qui soutinrent les ar-
furent : 4 ° CHARLES, marquis de Mont- mes à la main la cause des Protestants.
maur.; — 2° JEAN, souche de la bran- S'il faut en croire L'Estoile, Thoré
che de Voreppe; — 3" FRANÇOIS, au- fit même profession de la religion ré-
teur de la branche de Beauvesin ; — formée à Genève, en 4 574. Il est vrai-
4" FRANÇOISE, femme de Jean deBar- semblable que leur conduite fut dictée,
jac, sieur de Rochegude, qu'elle sui- commecelle du maréchal Damville, par
vit en Suisse, après avoir vaillamment la politique,etlâFrance protestante n'a
ïésislé aux tortures que l'on employa par conséquent aucun droit à faire va-
pour la convertir. Ses deux frères aî- loir sur eux. Il n'en est pas de même
nés ne donnèrent pas un aussi bel de la branche de BOURS, qui adopta ou-
exemple de constance. Charles abjura J vertement les doctrines évang'éliques
à la révocation (Arch. gén, TT. 248), et qui continua à les professer jusqu'à
avec sa femme Justine de Périssol, la révocation.
fille du conseiller de Périssol, sieur Jean de Montmorency , sieur de
de Saint-Ange, qu'il avait épousée en Bours, eut quatorze enfants de son ma-
MON MON
— 493 —
riage avec Bernarde Gaillard, fille comme ses frères, la première avec Ju-
du sieur de Longjumeau : 1 "DANIEL, dith Le Fournier, fille du capitaine
lieutenant dans la compagnie de Tu- Le Fournier, d'Abbeville,etsceurd'Z-
renne, qui servit, en 15S6, à la défen- saac, cité plus haut, dontil eutDANiEL,
se de Castillon, et fut tué, en 4 591, JEAN et ELISABETH; la seconde, avec
au siège de Chartres;—2" JOSIAS, qui Marie de Roquigny, qui lui donna en-
continuala descendance;—3°GÉDÉON, core une fille, MADELAINE, femme, en
mort jeune; —4° BENJAMIN, souche du 4 674, de Jacques Le Clerc, marquis
rameau d'Equancourt;—5° JEAN, sieur de Juigné. Son second fils, Jean, vi-
de Flesselles, mort sans laisser d'en- comte de Villeroy, né vers 4 630, é-
fants de sa femme Madelaine de Bou- pousa, dans l'église de Cliarenton, en
iillac;—6° GEORGES, sieur de Cressy, 4 671 ,JeannedePas-Feuquières,xev.-
:
capitaine d'infanterie au service des ve de Louis d'Aumale. Peut-être le
Etats-Généraux, marié à Laure Affai- fils aîné Daniel est-il le même que Pa-
tady;—7° PIERRE, auteur du rameau niel de Montmorency, sieur de La Cour-
d'Acquêt;—8° ANNE, sieur du Hamel, au-Bois, qui assista, en qualité d'an^
tué en duel;—9° HIPPOLTTE, qui se fit cien, au synode de Clermont en Beau-
catholique et épousa Pierre de Melun, voisis, en 1667, et qui abjura à la ré-
prince d'Espinoy; — 4 0° ELISARETH, vocation avec ses quatre filles. Son a-
femme de Jean de Relloy, sieur du postasie lui valut, le 5 avril 1686,une
Pont-de-Melz; —11 " et 12° JACQUELINE pension dé 3,000 livres. Ses filles en
et LOUISE, mortes sans alliance;— 4 3' obtinrent une de la même somme, le
MICHELLE, épouse d'Oudart de Fontai- 13 avril 1687 (Arch. gén. TT. 252).
nes, sieur d'Eslurgeul; — 14" SOUVE- ?.ïONTf>LIEtl(GciLLAUME DE), sei-.
RAINE, morte sans avoir été mariée. gneur de Saint-Hippolyte, tué, selon
I. Josias de Montmorency, sieur de Moréri, à la bataille de Dreux, laissa
Bours, capitaine au régiment des gar- quatre fils de son mariage avec Antoi-
des, mort le 20 juill. 4646, futmarié nette Vergese. L'alné, JACQUES, capi-
deux fois. Sa première femme, Marie taine de 200 hommes, fut tué à la ba-
de Grouches,- lui donna JEAN, sieur de taille de Saint-Denis; le second, FRAN-
Bours, noyé par accident en 1622. La ÇOIS, le fut à celle de Moncontour; le
seconde, Louise Hotmail, le rendit troisième, HIPPOLÏTÉ, mourut des bles-
père de deux filles et d'un fils,né post- sures qu'il avait reçues à cette dernière
hume, qui reçut au baptême le nom bataille; le quatrième, enfin, ANTOINE,
de FRANÇOIS. Nos renseignements sur sieur de St-Hippolyte, mestre de camp
ce rameau ne s'étendent pas plus loin. en 1592, fut si gravement blessé au
II. Benjamin de Montmorency,sieur siège de Rouen,qu'il dut quitter le ser-
d'Equancourt,fut aussi marié deux fois: vice. Il vécut cependant jusqu'enl 615.
avec Claude d'Averoult, dame d'Oli- Du mariage qu'il avait contracté, en
zy, fille i&René d'Averoult, sieur de 4 582, avec Susanne Dupny, fille de
La Lobbe, et de Madelaine de Boutil- Bernardin Dupny, sieur de Montmoi-
lac; puis avec Marie Le Prévost, fille rae, et à'Isabeau de ValaWez, étaient
de Jean, sieur de Neuville, et de Ma- nés quatre fils : 1 " JEAN, capitaine de
rie de Pende. Du premier lit vinrent: 200 hommes, tué au siège de Mont-
-4° DANIEL, sieur d'Equancourt; — 2" pellier, en 1622;—2"ÇLAUIIE, sieur de
HippoLVTE,mortjeune,ainsique3°PiER- Saint-Hippolyte,qui suit;—3°ANTOINE,
RE et 4° BENJAMIN; — 5" MADELAINE,
lieutenant-colonel,mort en Catalogne;
femme i'Isaac Le Fournier, sieur de —4°DAVID, sieur de Méjanes, nommé,
Neufville;—6°ANNE. Du second ne na- en 1636, capitaine dans le régiment de
quit qu'une fille, nommée "MARIE. Calvisson.
III. Pierre de Montmorency, sieur Claude deMonlolieuassista,en1613,
d'Acquêt, paraît s'être marié deux fois, àl'assemblée politique de Lmel{Arch.
MON 494 — MON

gék.T?. 232);,maîs plus tard, il.se gouverneur du duc deWûrtemberg.Sur '
ràllia au gouvernement de Louis XÏÏÏ. lafinde'ses jours, ce dernier s'établit
En 1629, Montmoren.cylenommagbû- à'Vev.ëy en Suisse, où il vivait en 4 738.
Ganges, et 635, lerol Son. filSjLouis,colonel et aide-dë-eamp'
verneur de en 4
lui accordaunepension'en-récompense' du duc dë'VYurtemberg, quitta plus tard
dé ses services. Selon lès' Jugemens lés'ervicVdecepfinceetrentraehFran'-
1

delà Noblesse; il vécut; jusq'u'ehl 664;. ce, mais\sà.ùTiihj\ïTet(M$S.déCôu'rty.


Sa fémnïe, Catherine de S«wn»;'fille' lïi 'David dé:Mbntoliêu,barbn dé St-
de.'Pierre, sieur dô Pomaret, et; de Hippolyté; sortit' également de Fr'anbë
Marthe de LaMare, qu'ilàvait éppu- à" la révocation'et- passa eh Angleterre
sée en 1624, lui donna quatre' fils : i • à'ià suite dë'Guillaume d'Orange': Çb^
PIERRE, qui suit;— 2° Louis, sieur de lonet en 4'74'4, un; des. directeurs: de
Là Coste,' capitaine, tué à la bataillé de' l'hôpital' français en 47l!8,'.il, s'éleva
Trêves;— 3° JACQUES, sieur de Mo.n't- parsa valeur au grade de généfal''de
redon, capitaine, tué en duel; —^AY- Bàtàillèdés armées anglaisés et fut créé
MAR, sieur dé Montessargues,
liëute- bàro'ndu' Saint-Empire. Il" mourut en'
nant-colonèldu régiment du'Lirnbusin,; 4 761,, à' l'âgé ' de 93 ans7, laissant de'
quiabjura. ,..•'.,.,. son' union' ' avec' 'Marie Moleniër,r qu'il'
Pierre de Montblièu, sieur de'Sainit- avait 'épousée,',en"174 4, dans l'église
Hippblyte, prit pour- ferhme, eu 4660;' dë'Martih's.LaHé,-unfils, LOUIS-CHAR-
Jeanne' de Froment, fille de'Nicolis tiE.s;,'- colonel eh 1*754, etdirëcteur .dé
de Froment, sieur de. SaintLJ'ean-dé-, l'hôpjfàl fr'ança'is,';étUne fille, 'Éi'jsxf
CeizargUës,; et de 'Marie Pu Route ;il BETH, mariée','en; 1 746; à GëdéoB'Mui-|
en eut : 4" CLAUDE, qui sortit de.France ray, 'docteur en théologie, prébeûdair'è 1

à la révocation' et mourut,, en 4'69'4:i de Dïïrhàm et "de' Lincoln, mariagedont


lieutenant-dans' les; gardes^ hollandai- n'â:quit;Alexan'drè.:Miirray,qui épousa,,
ses; — ;2b' SûsANNÉi.décédée sâiïs: al- en 177.6; s'a eousiûe-gérnkinêil/^-T'
liance; —i, 3'f THÉOPHILE,; qui .resta' en CMra'&è MbtitoliëU'et en eut Méxan-
France, niais' continua. à:, prbféssèr'lé dié, lbrd'-Elibànk'.
protestantisme; — 4°;JÂCQuÉs,vingé- 'Les' Jugëmëhs'.dë là Noblesse font
nieur militaire,blesse mortellèmènt'.au m'ènlion à^' deux .autres branches' dé
siège dé Luxembourg;—5" Louis, qui là fàinillè Méntoliëti, celles dé MONÎ1-
suit;—6° DAVID, qui''su1vra;^L7''.MïR- MiR'i'L'ét idëCivIyRÀç, qui professè-
GUÉR'iTÈ, morte jeune'; —; 8° ÀviiÀR, rent'aussi' là '.religion .réforinée, m'ais
conseiller dé cour et d'ambassade en qui n'ont joué' aucun fêle notable"dàn's
Prusse. ; '_. l'es affaiïës'dès,églises, en sorte qu'el-
I.; Loïiis de Mbntolieù, baron dé £>!- les' né-;flOus"scnt;guère; Connues'-^ue
Hippolyte, hé à Catori'én Languedoc, par leurs ; alliances: La première, avait
se; retira d'ans lé Brandebourg après là' pour Èlîéf/.âiiim'ïlièu.duxVif siècle,An-
révocation et entra dans le régiment de toine dé Mbntolieù, qui laissa six-fils'
VàfenneSjOùilsérvaitconirneçapitàinè dé. deux mariages. Le plus jeune, nom-
-
en 4 6'93. Il s'éleva au grade de major- m'é.'ANTbiNE, assista, en 1613, àl'as-
gênêfal au service dé Prusse, Il perdit' s'èm'blè'é que'lés'Protestants tinïënl:k'
un bras au siège de Turin'. Éii'rfeoîm- Lu'nél.il épousa, en Î602, Piane M
peiisé dé ses services, le roi dé Sàr'dai- Jardin, dont il eut JEAN, allié, en 1635,
gn'é lui accorda le nreyet de général de H'Jeannè SaVattier, et maintenu dans
Bataille. Il finit.ses jbiirs à Berliii,lais- sànbb'lèssè-en 1"6"69.'L'aîhé,Louis,qUi
sà'ù't'plùsieurS ërifaiits, dbhl'trbis;.seu- testa1 ëti 4'642, avait.épouséen; istés,
lement nous sont Connus, savoir/deux Marthe dèLtiR'éqÙé, dontil eut Louis,
filles, mariées l'une, au lieutenant-cb- sieur de 'Montmirâï; ' PIERRE sieur' dé
lonel de Béville, l'autre au lieutenant- Sainte-Croix, et JACQUES, qui ,
assis-
général de Forcade, et un fils, qui fut tèrent, comme leur cousin Antoine, à
MON 495 MON
l'âBëembléè de Lunel.'Nbus ne savons, dé,'Nismes le capitaine. Le. Parc et'le
rieù de -leurs descendants.
ta branche de CaVeyrac n'est pas, séjrge'nt', La Jarrié jour signer en" sbn
nom l'àde,,d'union.
mieux Connue. Jean de Mb'ntblieu, qui ..MÔlVTft'OKlD, famille noble du Vi-
en était le,chef,épousa,ent 552,Fran- varais.et'du.Dauphiné. Le premier dé
çoise Vergèse,el en eut ANTOiNE,'s'iéùr ses'membres'qui embrassa la religion;.
dé, Çaveyrac, BARTHÉLÉMY,- DANIEL, ,èt, réfbrrhéel (i)*,,,paraît être' A'grlve dé'
vraisemblâblemen t ELISABETH femme Méntfond, mort',én'4581 laissant sa!
dé Robert de Fontarèche.C'esl ,, femme Charlotte Largier, yenvé avec
ce que
nous croyonspouvoir conclure de l'acte six enfants,.savoir': 1" JOACHÎM,. qui
dé baptême de Cassandre de Fonl'a- >
suit; — 2° ISAAC; —3" JEANNE, femme
rjèche, célébré, en 4 590, dans l'église, de, Jean Le More baile dé Teuse ;-—
réformée de St-Chaptes, acte où nous, ,
4° SÉBASTIÈNNE, mariée à Henri Malhiàs;-
voyons figurer Daniel de Mbntolieù, — 5° JACQUELINE,; — 6° SARA.
sieur d'Aubussargues,comme parrain, JoachimdëMontrondservitavec dis-
et comme marraine Elisabeth de Car- tinction spusLesdiguières, notamment
ies (Arch. gén. TT. 340). Cette der- àla défense deLa Mure contre Mayenne
nière venait d'épouserAntoinëdé Mbn- (Vop. I, p;. 245). H testa en 4587. Dé
tplieu, à qui elle donna HENRI, sië'ur son" mariage avec Catherine de Ri-
d'e Çaveyrac, marié, en 4 645,à Claire voir'e naquirent: 4°ISAAC, qui suit; —
dé Gênas. 2° JÔACHIM qui fut père d'une fille,
.:V;MOiVTRÉAL(N. DE), gentilhomme ,
JEANNE,, encore vivante en 1650 ; —
dû'Maine, qui périt victime d'Un prêtre; 3° ESTHER; —4° MARIE.
fanalique. Lorsqueles lettres de Condé Isaacde Monlrond, sieur duSerré'ef
qui appelaient les Protestants aux'ar- dé Mbntrohd, servit en Languedoc et'
mes, arrivèrent au Mans,, les Réformés en' Roussillon , de 4 637 à 4 639. Il;
se saisirent dé là ville, le 3 avril 4562 épousa, eh .1603; Louise dé Seiïler bu
Q'.oy. VI, p. 253)^ Une assemblée Cellier, fille d'Alexandre Seiller,
des habitants des deux, religions fut" sieuîàeBManne.etàeFlorideCham-
convoquée à Thôtel-de-villé, et d'un b'aud\ dont il eut deux enfants : uns
commun accord, bn résolut de lever fille, CLAIRE, qui fut mariée successif
lih corps de troupes pour aider à la dé- yement:avec P.avid Rosier et Pierre
livrance du roi ; le clergé lui-même, de Béàulx, sieur dé Boislong, et un
sans doute par frayeur, offrit volon- fils, DENIS , qui-prit pour femme, en
tairement, de contribuer à la dépense. 4 650, Esther ' Arbalestier, fille de
Èes sieurs de Montréal et dé Mare fu- Charles, sieur de Mbntclar, et de Mar-
rent députés pour recevoir cette .con- rie. Pèrrinet-du^B'arsa. Resté veuf
tribution des mains du curé".Ru'ille, avec trois, enfants, Denis de Mpnlrbnd
chargé de là leur délivrer. Ruille les se remaria avec. Cécile Escoffier, qui
reçut dé la manière la plus, affable,' le rendit encore quatre fois père. Ses
mais au moment où ils sortaient de Ja enfants furent : 4° CHARLES, quvsuit;
salle, il abattit Montréal d'un coup de ~
2° ALEXANDRE,rddnt nous parlerbh's
pistolet tiré par-derrière et, s'emparant plus tard ; —,3" MARIE -MibELAiNE ,'
d'une arquebuse, il la dirigea contre, femme de Jacques Roman, avocat au
Mârê, qui n'échappa qu'avec peine.'Ar- (1)Rous avons rencontré dans une liasse
rêtê sur-le-champ, il fut mis.en juge,-: des Archivés générales (TT. 284) un Livre de
in'&nt et condamné à être pendu, lè'iO mémoires des affaires de Guilheaume Diipimti
sieur de Montrant,, du Heu de Serres en Gàp-
avril, par sentence signée dé plusieurs pençois de l'année 1581 , qui prouve que.çe
cafh'bliques qui étaient indignés d^ûne gentilhomme , était huguenot et savait admi-
trahison. En 4-64.5, unsèi-: nistrer sa fortune avec beaucoup d'ordre, tt
pareille — était fils ù'Antoine,' mort le 2 sept. 1573,' et
gneur de Montréal était l'assemblée
gouverneur avait un frère,nommé Gaspard. Il ne faut pat
dé Beauvais. Il envoya à confondre les deux familles.
MOR 496 —
MOR

parlement de Grenoble; — 4° PIERRE ; nardde Volvans, apostat qui cherchait
6° PHILIPPE; 7° MARIE. à signaler son zèle de néophyte par des
5° ISAAC; — —
I. Charles de Montrond, lieutenant actes de cruauté et de barbarie. Trois
de cavalerie , sortit de France à la ré- compagnies de soldats furent,en outre,
vocation avec sa kmme Marie de Char- logés chez les habitants nouveaux-
masson-de-Beanlieu, qu'il avait épou- convertiSi. De Montrond , qui n'avait
sée le 20 mai 1682. Il s'établit à Lau- contrevenu personnellement à aucune
bù il fut reçu bourgeois et où ordonnance, se croyaità l'abri de toute
sanne ,
ils moururent l'un et l'autre, laissant poursuite ; mais il se trompait : on lui
quatre fils : 4° JACQUES, qui suit ; — fit un crime dé ne pas avoir empêché
2°-JEAN, capitaine'au service de Sar- l'assemblée, et il fut, en conséquence,
daigne;—3° JEAN-RAYMOND,quf épou- condamné à mille livres d'amende ,
sa Madelaine de Crousaz et en eut rendu responsable des amendes dont
JEAN et CHARLES;'— 4" FRANÇOIS, ca- seraient frappés ses vassaux, et dé-
pitaine au service de Sardaigne. pouillé de ses droits de fief. Il se hâta
Jacques , major d'infanterie au ser- de payer l'amende, dans l'espoir d'être
vice de Sardaigne, se maria, le 29 déc. rendu à la liberté; mais il se trompait
4 724, avec Marie-Louise de Loys-de- encore. On craignit que la victime,
Cheseanx, qui lui donna CHARLES- d'une aussi révoltante iniquité n'allât
JACQUES-LOUIS, né le 25 mars 1724, rejoindre sa famille en Suisse, et on le
etMARIE-FRANÇOlSE-CHARLOTTE, née le jeta dans les prisons de Crest en vertu
22 déc. 1722. Nos renseignements sur ' d'une lettre de cachet. On né nous ap-
cette branche s'arrêlànt là, nous ne prend pas quand il eu sortit. Il avait
pouvons dire par quels liens s'y ratta- épousé, le 42 sept. 4 718, Susanne
che M11' deMonlrond, connue dans la Eynard, fille à'Jsaac Eynard et d'J-
littérature par quelques trad. de l'an- s'abeau de Saulses, dont,il avait trois
glais, comme Ellen Perçy ou Leçons enfants: 1° PAUL-ALEXANDRE, né le
de l'adversité, Paris, 4 848, 3 vol. 16 jUill. 4 719 ;, — 2° PIERRE-ALEXAN-
in-12; — Méditations religieuses DRE , né le 22 sept. 1724 , et — 3*
pour chaque soir delasemainé,Lms., PAUL, né le 20 oct. 4 726.
4 821, in-4 8 ;
— Le fermier aveugle, MORDANT, pasteur du désert en
Gen. et Paris, 4 822, in-4 2. Normandie, dans la seconde moitié du
'II. Alexandre de Montrond fut mis xviii" siècle, est auteur de Réflexions
en possession de tous les biens de sa sur l'état des Protestans en France,.
famille après la retraite de son frère; depuis la révocation de l'édit de
c'est dire assez qu'il signa un acte d'ab- Nantes jusques à la publication de
juration. Il épousa Catherine de La celui de nov. 4 787, et sur les prin-
Pise dont il eut PAUL-ALEXANDRE cipaux obstacles que le fanatisme a
sieur , du PlaDdebais, et SUSANNE. Ses, opposés à cette publication. Ce tra-
enfants, élevés dans la religion protes- vail, resté msc, est aujourd'hui en la
tante par leur mère , continuèrent à la possession de M. Paumier, pasteur à
professer, mais en secret. Jusqu'en Rouen.
1745 la conduite de Paul-Alexandre MOMSAU (MACÉ),martyr en 4 550.
,
fut si circonspecte que le bigofisme ne Moreau s'était retiré à Genève, après
trouva pas prisé sur lui. Des paysans avoir embrassé la religionévangélique,
de, ses terres s'élant, cette année-là et,afin de contribuer dans sa modeste
assemblés dans une caverne pour y cé-, sphère à la propagation de l'Evangile,
lébrer leur culte, le parlement de Gre- il s'était fait colporteur. Cette pro-
noble informé de cette contravention cession avait, pour ainsi dire, le triste
,
aux édits, condamna la caverne à être privilège de pourvoir de victimes les
' comblée et murée, et chargea de l'exé- bûchers de l'Eglise romaine en France;
cution decette burlesque sentenceBer- c'étaient peut-être ses dangers mêmes
MOR 497 — MOR
qUiportaiènttantd'enthousiastesàl'em c'était un homme «dehaute taille,
(4). ro-
brasser Reconnu comme hérétique buste, la face basanée et farouche,
àTroyes, il fut livré au lieutenant cri- doux avec cela comme une brebis,sans
minel, l'apostat Marc Champy, qui le vigueur d'âme, de peu de cervelle,
.

fit appliquer à la question dans le vain mais un impétueux courage, un sabreur


espoir de tirer de lui les noms de ses héroïque. » Vincent-Saint-Laurent,
complices et adhérents, et le condamna au contraire, qui semble, il est'vrai,
au feu. avoir adopté les rancunes d'une partie
MOREAU (PIERRE), de Paray-le- de la bourgeoisie protestante du Lan-
Monial,partit pourles Provinces-Unies, guedoc contre les Camisards, nous lé
poussé par le goût des aventures, et dépeint, dans h Biographie univ., tout
ayant appris la langue hollandaise, il en rendant d'ailleurs justice à sa bra-
entra comme secrétaire au service du voure, comme le plus emporté et le
nouveau gouverneur du Brésil, en plus barbare des chefs des Cévenols.
4 644. Après un séjour de quatre an- Laissons parler les faits eux-mêmes.
nées en Amérique, il revint en Europe, - Le premier acte de Câlinât, le meur-
et fit un voyage en Turquie, où il cou- tre du baron de Saint-Cosme, paraît
rut de grands dangers. Il mourut à donner raison à Vincent-Saint-Lau-
Paray vers 4 660. On a de luiuneffis- rent; toutefois on ne doit pas oublier
toire des derniers troubles du Brésil à quel degré d'exaspération les atroces
entre les Hollandaiset les Portugais, exécutions de cet aposiat avaientporté
depuis 1644 jusqu'en 1648, qui a été la population protestante (Voy. III, p.
publiée dans les Rela lions véritables 109). A tout prendre, en commettant cet
et curieuses de l'isle de Madagascar et assassinat, il ne fil qu'user de terri-
du Brésil (Paris, 465f, in-4"), ainsi bles représailles. Basville, stupéfaitde
qu'une trad. française, faite aussi par ce coup d'audace, ordonna les plusac^
notre voyageur, de la Relation du tives recherches; mais les exécuteurs
voyage de Roulox Baro, interprète de la vengeance populaire furent si
tt ambassadeur ordinaire de la com- "bien cachés qu'on ne put les découvrir,
pagnie des Indes d'Occident, aupays en sorte qu'à défaut des coup ables,
des Tapuies dans la terre-ferme du l'intendant dut se contenter de faire
Brésil. Son Histoire a été trad. en hol- rompre vif à Nismes,*le 7 sept. 4 702,
landais, Amst., 4652, in-4°. Pierre Bousanquet, du Cayla,dont le
MOREL (ADDIAS), OUMAUREL, chef cadavre fut exposé à MoDlpellier. Cette
camisard qui s'est rendu fameux sous exécution, ces perquisitions jetèrent
le nom de CATINAT, naquit au Cayla, l'alarme dans loutle pays.Désespérant
près d'Aigues-Mortes, d'honnêtes cul- d'échapper longtemps aux agents de
tivateurs protestants. Enrôlé dans un Basville, Catinat résolut dechercherun
régiment de dragons, il servit en Italie asile dans le camp de l'Eternel. Dès le
sous Catinat et conçut pour son géné- mois de novembre, il se joignit à la
ral une telle admiration, que ses com- troupe commandée ipaTCavalier,qui le
patriotes, entendant sans cesse l'éloge nomma son lieutenant. Le 5, il prit
du maréchal sortir de sa bouche, s'ha- part au sanglant combat de Vaquières.
Mtuèrentàneplusle désigner que sous L'intrépidité qu'il y déploya fut vrai-
le nom de son héros. Selon M. Peyrat, semblablementiemotif delà préférence
que les chefs camisards lui donnèrent
(DOutrc'les colporteurs évangéliques que
pour l'exécution du hardi coup de
nous avons déjà eu l'occasion de mentionner, main qui les rendit mâîlres de Sauve.
on peut citer encore Nicolas Kail, cordonnier
du Mans, brûlé en 1543,Guillaume d'Alençon, Déguisésousununiforme de lieutenant-
de Montauban, exécuté à Montpellier,en1544, colonel, Catinat, à la tête d'une cin-
JeanJudet, brûlé a Paris en 1559, et quel- quantaine de Camisards équipés en mi-
ques autres dont les noms ne sont point arri- liciens, se présenta portes de la
vés jusqu'à nous. aux
T. VII. ,
ài
.
MOR — 498 — MOR
petite ville, en se donnantpour un com- de Milhau,passèrént lé Vistré; brûlèrent
mandant de la milice à la poursuite des l'église et le village de Pouls, presque
fanatiques; c'est ainsi que les Catho- aux-porles de Nismes, traversèrent le
liques appelaient les insurgés. M. de Gardon et firent halte àBarn. Le che-
Vibrac, co-seigneur de Sauve, l'ac- valier de Saint-Chaptes, qui était can-
cueillit de la manière là plus civile, tonné à Moussac, voulut leur disputer
et l'invita à dîner, ainsi que ses deux le passage ; mais ils leculbutërentdans
lieutenants. Avec le tact-de la femme- leGardon (Fo^.III,p. 39) et arrivèrent
du monde, M""'de Vibrac ne tarda pas sains et saufs à Bouquet où Cavalier
à s'apercevoir que le prétendu officier les rejoignit.
du roi n'avait pas été élevé dans la Après la malheureuse expédition du
meilleure société; mais elle n'osa é- Vivaràis ( Voy. III, p. 286 ), Catinat
clâircir ses soupçons. Au dessert,'on réussit avec Ravanel à rallier quelques
annonça l'approche d'une troupe nom- fuyards, franchit La Cèze et regagna les
breuse de rebelles. La jeune dame, vi- Cevennes, toujours poursuivi et tou-
vement alarmée où feignant peut-être jours combattant jusqu'à ce qu'il eût
plus de terreur qu'elle n'en éprouvait, atteintles bois de Bouquet. Le 20 fév.;,
conjura ses hôtes de voler à la défense lès Camisards prirent une sanglante
des portes de la ville. Catinat s'em- revanche de leur défaite à Vagnas, es
pressa galamment d'obéir. Arrivé sur écrasant,près de Maruéjols une com-
la muraille, il se vit bientôt entouré pagnie de. soldats, dont if n'échappa
de toute la population accourue en ar- que trois hommes. Encouragés par es
mes pour repousser les fanatiques. succès, ils osèrent redescendre aux
Alors seulement il se démasque, et environs de Nismes dans l'espoir de
ouvre lui-même la porte à Roland aux s'y procurer des armes et des vête-
yeux des habitants et de la garnison
.
ments. Montrevel sortit à leur rencon-
consternés, que sa troupe tenait en res- tre et les enveloppa de toutes parts
pect en les couchant en joue. à la Croix-de-La-Fougasse; mais les
Le 12 janvier 1703, pendant une Cévenols s'ouvrirent un chemin à la
absence de Cavalier, qui s'était intro- baïonnette et disparurent à la faveur
duit dans Nismes, il soutint avec Rava- dès ombres dé la nuit. Ce combat glo-
nel le glorieux' combat du Val-de^ rieux, où ils luttèrent un contre dix,
Bane contre Brogtie. Postés sur une leur coûta cent hommes. Le mois sui-
hauteur que protégeait un ravin, les vant, Catinat et Ravanel ayant repris
Camisards attendirent l'attaque des le commandement de là troupe de Ca
troupes royales, genoux en terre et valier, qu'Une soudaine éruption de pe-
chantant des psaumes. Ils n'étaient en tite vérole força de se retirer à' Gardet,
tout que 200 hommes, mais chez eux livrèrent avec Roland le combat de
l'enthousiasme suppléait au nombre. ' Pbmpignan, où, dit Court, «ils firent
L'ennemi fut' mis dans une déroute des'actions de valeur dignes dès plus
1
complète. Le fameux Poul, qui com- grands capitaines.» QiielqUetempsa-
mandait l'àiledroite, resta sur le champ près, les chefs camisards, sentant le
dé bataille, frappé d'une pierre que lui besoin d?un corps de cavalerie pour
lança la frondé d'un jeune meunier, donner la chasse aux Florentins, eh'^
nommé Samuelèt. Devenu Célèbre par voyèrent Catinat dans la Camargue,
cet exploit, Sarmielet remplaça plus d'où il ramena 200 chevaux. C'est à
tard' son nom par celui de Saint-Paul, la tête de ce corps, dont il eut le com-
sur lequel sa bravoure a jeté un certain mandement, qu'il commença à se faire
éclat. connaître comme un.des plus redouta-
Le soir même, les vainqueurs, qui bles guerriers:camisards, par lesrava,
n'avaient à regretter la perte que d'un gès qu'il exerça sur les bords du Rhône_
seul de leurs compagnons, de Thermet, Au mois "de sept. 1703, Cavaliej
MOR 499 — MOR
l'envoya avec Paires et Pierrot dans se rendit au Cayla pour revoir sa fa-
leRouergue, où il espérait provoquer mille; mais son frère même le dénonça
un soulèvement avec le concours de au curé, qui prévint Basville de son
Boaton; nous savons déjà comment retour .Le capitaine Lauthier, du Cayla,
celte entreprise échoua (Voy. II, p. son ancien compagnon d'armes, l'ex-
3.43). De retour dans lés Gevennes, horta vainement à s'éloigner; il lui ré-
Catinat continua à prendre une part pondit qu'il n'abandonnerait plus le
très-active aux expéditions de Cavalier service de Dieu.
et à déployer une étonnante bravoure Après la découverte de la conspira-
dans toutes les rencontres des Cami- tion de Boaton, dans laquelle il entra
sards avec les troupes catholiques. Il comme un des principaux chefs, Ber-
ne voulut point accepter le traité con- •wick mit sa tête à prix, le 20 avril 4705,
clu avec Villars, quoiqu'il eût servi avec menace de mort contre quiconque
d'intermédiaire entre le maréchal et lui donneraitasile. Toutes les portes
Cavalier; mais, comme Ravanel, il M furent dès lors fermées. Après avoir
abandonna son ancien chef àCalvisson erré une nuit entière dans les rues àe
et se retira dans les montagnes. Peu Nismes, où il s'était rendu avec d'au-
de jours après, il eut l'audace de re- tres conjurés,il Voulutessayer d'en sor-
paraître dans les environs de Nismes, tir le lendemain matin, 24, sous un
et, enleva, aux portes même de cette déguisement. Déjà il avait gagné la
ville, un certain nombre de chevaux campagne, lorsque la rapidité de sa
qui lui servirent à remonter sa cavale- marche et sa tournure suspecte éveil-
rie. En vain le maréchal mit-il sa tête lèrent les soupçons. On l'arrêta et il ne
à prix; l'appât du gain ne tenta person- tarda pas à êlre reconnu. La capture
ne, et Catinat put poursuivre, quelque du redoutable camisard remplit de joie
temps encore, ses ravages dans la plai- toute la population catholique. On le
ne. Ce fut seulement au mois de sept., conduisit au Palais au, milieu des huées
qu'abattu par un échec qu'il éprouva à et des injures. Basville, après s'être
Maruège en Vaunage, et sentant l'im- assuré par ses propres 'yeux de l'i-
possibilité de résister avec une poignée ' dentité du prisonnier, l'envoya à Ber-
de braves aux nombreux corps de trou- wick, à qui Catinat avait fait demander
pes qui étaient à sa poursuite, il con- un entretien particulier. Le maréchal
sentit à faire sa soumission avec son hésita d'abord, mais voyant le camisard
lieutenant SoAivayre, ;plus connu sous a bien garoltê», comme ledit Louvre-
le nom de Francezet de Beauyoisin,et îeuil, il finit par y consentir. Le pau-
quatre autres de ses gens.Le 24 ,il .par- vre Catinat s'était follement imaginé
tit pour la Suisse. Il arriva à Genève, qu'il obtiendrait son échange avec .le
le 8 ocl., a-vecCaslatietet vingt-deux maréchal de Tallard,'prisonnier en An-
autres camisards. gleterre, et il osa le proposer. « Tun'as
L'invincible désir de revoir ses mon- rien de meilleur à m'apprendre ? lui
tagnes natales, l'ennui, l'indigence, répondit Rerwick. Et.moi je te dis que
le regret de la vie de combats et d'a- dans quatre ou cinq heures tu auras, les
ventures qu'il avait menée pendant os rompus.» Sur ce, il le fit reconduire
deux ans, toulledisposa à écouter les au Palais où son procès fut instruit et
.propositions de Flottard; il fut le pre- jugé en moins de deux heures. Il fut
mier des Camisards expatriés à rentrer condamné à être brûlé vif, après avoir
-
ordinaire et extraor-
en France.Parti deSuisse,yerslaûn de subi la question Camisards étaient toujours
•DOV., avec son lieutenant Sauvayre et dinaire.Les
Je brigadier FÏessières, de Sumène, il mortsjusque-là avec un courage héroï-
•franchit heureusement le Rhône à Vil- que; Catinat fit une exception. La dou-
leneuve, et fut de retour, avant Noël, leur trahit sa constance. La torture lui
de YàrmuneTRougier,
-sur l'ancien théâtre de ses exploits. Il arrachales noms
MOR
MOR — 500
qui lui avait vendu des armes, et de Sept mois environ après la tenue de
Charles de Saint-Julien, gentil- ce Synode,Morel, « qui éstoit par trop
homme avec qui il avait déjeûné un descbuvert», retourna à Genève; ce-
jour. Au milieu des flammes, ses hor- pendant il ne tarda pas à rentrer en
ribles contorsions, ses cris de rage France, puisque nous le trouvons par-
contrastèrent étrangement aussi avec mi les minislres.quiassistèrent au col--
l'intrépidité calme de Ravanel,qmex- loque de Poissy. Il était alors à Mon-
pira en chantant un psaume. Lé sup- targis auprès dé Renée de France,
plice eut lieu à l'extrémité duCours, le qu'il espérait «mettre en bon train »,et
22 avril 170o,etnou le 21 mai,comme avait déjà converti plusieurs personnes
on lit dans la Biogr. universelle. de cette petite ville, entre autres, Clau-
SïOREL (FRANÇOIS), dit de Collon- de Chaperon, qui fut choisi pour an-
ges, pasteur de l'église de Sainte-Ma- cien de['èg\ise,elLeboeuf, quifut mas-
rie-aux-Mines (1), en 1556, puis pen- sacré bientôt après. Nous n'avons plus
dant quelques semaines,, de celle de rencontré son nom depuis cette épo-
Paris, et, dès lé 2 juill. 1557, de celle que.
de Genève (Arcli. de la Comp. des SÏOREIJ (JEAN); héroïque jeune
pasteurs, Reg. B), fut renvoyé à Paris, homme de dix-huit ans, qui donna sa
au mois d'août 4 558, pour remplacer vie pour la cause de l'Evangile, en
Macard. C'estpendant son séjour dans 4 558, naquit nu Tilleul, bourg de la
cette ville, qu'il fut appelé à présider, Normandie, d'une famille de très-mé-
sans doule en sa qualité déminislre de diocre condition. Frère cadet du célè-
l'église de Paris, le premier Synode bre imprimeur Guillaume Morel, qui
national, qui formula la Confession de dissimula prudemment son penchant
foi et décréta la Discipline des églises pour la Réforme, il travailla d'abord
protestantes deFrance. Parmi les ques- comme apprenti typographe dans l'ate-
tions particulières dont le synode eut lier de l'imprimeurdu roi pour le grec;
à s'occuper (presque toutes relatives à mais plus tard, dévoré du désir d'ap-
des cas de conscience), nous rapporte- prendre, il trouva le moyen de le sa-
rons celles-ci comme les plus intéres- tisfaire, en se faisant, comme Ramus,
santes : Ceux qui prendront des, dis- le valet d'autres écoliers. Eloigné du
penses de prêtres catholiques pour-se catholicisme par la vie licencieuse des
marier, seront soumis à une pénitence; prêtres, attiré vers le protestantisme
les mariages mixles sont prohibés;l'en- par le courage de ses martyrs,-lejeune
fant doit être baptisé au temple; il est Morel finit par embrasser les opinions
permis de prendre à ferme des béné- nouvelles et partit pour Genève, où il
fices ecclésiastiques et d'exercer les ne resta que huit jours, n'ayant pu
juridictions ecclésiastiques, pourvu trouver à s'y employer. De retour à
qu'elles ne concernent pas la spiritua- Paris, il entra au service. A'Antoine de
lité ; les dîmes doivent être payées, eu Chandieu, avec qui il fut arrêté et
égard au commandement du roi; l'en- conduit dans les prisons du Châlelet
fant d'excommuniés ne sera pas reçu (Voy.lll, p. 327). Les prières et les
au baptême ; un père qui laisse baptiser remontrances de son frère ébranlèrent
son enfant dans une église catholique un instant sa constance. Sans renier
doit être frappé d'excommunication ; il positivement sa foi, il dissimula en pré-
est permis,en cas de nécessité,d'accep- sence du juge, et consentit même à si-
ter la juridiction des évoques; Lavau, gner une abjuration de ses erreurs, es-
dePoitiers,au!eurd'hérésiesmanifesles, pérant mettre sa conscience en repos
sera déféré au synode de sa province. à l'aide de réserves menlales. Le juge
criminel du Châtelet se contenta "donc
(4) Ilfut remplacé par Pierre llarboeuf, qui
avait exercé les fonctions pastorales en An- de le renvoyer devant l'official.
gleterre. Mais Morel s'était trompé, croyant
- en
MOR -
trouver la paix dans l'hypocrisie. Il a
SOI — MOR
porté en terre, selon la coutume des
composé dans sa prison pour l'instruc- prisons; mais dès le lendemain, sur
tion et l'édification de ses frères un ré- le réquisitoire du procureur général,
cit des nombreux interrogatoires qu'on le cadavre fut exhumé et traîné dans
lui fit subir pendant une détention de un tombereau jusqu'au parvis Notre-
plusieurs mois; c'est sans contredit un Dame, où il fut réduit en cendres, le
des plus merveilleux monuments de la 27 février.
piété, de la foi et du courage de nos On a attribué par erreur à notre mar-
martyrs. «Or, y lit-on, voici devant tyr les ouvrages de Jean Morely. Le
Dieu, je ne men point: incontinent que seul écrit sorti de sa plume, à notre
j'eusignémesblaspbèmes de ma main, connaissance, est le compte-rendu de
mon signe me fut comme le chant du ses interrogatoires ;.il a été imp. dans
coq à S. Pierre. Car incontinent que je le Martyrologe de Crespin.
furemenéenmon cachot, ma conscience BIOKEL (JEAN), gentilhomme nor-
commença à m'accuser, si que je ne Sa- mand, sieur de La Londe-d'Héroude-
voy faire autre chose, sinon pleurer et Ville, laissa deux fils, nommés GABRIEL,
lamenter mon péché. » Sa premièreré- sieur d'Héroudeville etco-seigneur de
solution fut de ne point reconnaître la Cardonville, et N., sieur de La Cham-
"juridiction de l'ofûcial et d'en appeler paigne-Morel. Le sort de ce dernier
au parlement. Il fut donc transféré à la nous est inconnu. Son frère aîné prit
Conciergerie, où il trouva d'autres con- pour femme Françoise Pu Mont, fille
fesseurs de l'Evangile qui relevèrent de Samuel, sieur de Bostaquet, dont il
son courage et raffermirent sa foi en- eut, entre aulres enfants, GABRIEL,
core chancelante; aussi, lorsqu'il com- ISAAC et GABRIELLE. Celle-ci', née en
parut devant la cour, toute trace de 1 670, fut arrêtée avec son aïeule dans
crainte ou d'hésitation avait disparu. une malheureuse tentative pour.sortir
Touché peut-être de sa jeunesse, et du royaume (Voy. VI, p. 223), et en-
hien certainement étonné de la fermeté fermée, en 1689, avec sa mère, aux
et de la consiance d'un adolescent,qui, "Nouvelles-Catholiques de Rouen, où
en face de la mort, conservait assez de -
elle était encore détenue en 1695
sang-froid et de présence d'esprit pour (Arch. gén. M. 671). Ses deux frères
embarrasser ses juges par ses réponses ,
'parvinrent à se sauver en Hollande.
toutes empreintes d'une profonde con- L'aîné fut tué, en 4 692, combattant
naissance de la Bible et des Pères, le sous le drapeau hollandais. Le cadet,
parlement se borna à rejeter son appel. qui était capitaine au régiment du
Le jeune martyr comparut donc, le 19 Maine, lorsqu'il quitta sa patrie, entra
déc, devant l'official qui, par.sentence aussi au service des Etats-Généraux,
du 16 fév. 1539, le déclara hérétique, gagna sur les champs de bataille le
le retrancha de l'Eglise et l'abandonna brevet de major-général, en 4 690,
au bras séculier. Reconduit à la Con- et s'éleva par ses talents militaires au
ciergerie, presque mourant, tant il a- grade de lieutenant-général en 1704.
vait étéinhUmainementlourmentédans — Une autre famille noble de ce nom
les prisons de Pévêque, et vraisembla- et également protestante habitait la
blement empoisonné, Morel eut encore Saintonge. Elle nous est connue par
à subir un interrogatoire devant l'in- les procès-verbaux de plusieurs syno-
quisiteur delà foi, etjamais«il ne com- des provinciaux (Arch. gén. TT. 238),
battit plus vaillamment. » On voyait à où nous voyons figurer Isaac de Mo-
l'oeil, pour employerles expressions du rel, sieur de Thiac, comme ancien de
Martyrologe, l'Esprit de Dieu s'aug- l'église de Salles, et Paniel de Morel
menter en lui, plus il approchait de sa comme ministre de Surgères. Celui-
fin. Trois ou quatre jours après, ilren- ci est peut-être le même que le der-
ditsonitmeà Dieu, et son corps fut nier pasteur de Payré, où le fameux
MOR 502 MOR

Demuin interdit l'exercice en 4 681, duc Christophe de Wurtemberg une
Lien que les seigneurs du lieu profes- entrevue dont le Bulletin de l'histoire
sassent la religion réformée. du protestantisme a publié (T. IV) une
MOREL (LÉONARD), ministre de Curieuse relation. En apprenant à son
l'église réformée deVassy, en 4 562. retour à Joinville que «ceux de Vassy
Le culte protestant avait été établi dans faisoyent tousiours presches et avoyent
cette petite ville, le 4 2 oct. 1564, par ministres, et qu'ils s'augmentoyent de
des ministres de Troyes en Champa- jour en jour et de plus en plus, » le
gne; et le nombre des Piéformés s'était duc de Guise irrité jura de les châtier.
rapidement accru. Au bout de deux Les écrivains catholiques se sont tou-
mois, l'église comptait huit à neuf cents jours efforcés de représenter le massa-
fidèles sur une population de 3,000 cre de Vassy comme un événement for-
âmes. Indignée que des hérétiques tuit; mais, dit Sismon'di, «ilest difficile
osassent tenir leurs assemblées si près de croire qu'au moment où les Catho-
de son château de Joinville, Antoinette liques se réunissaient en armes pour
de Bourbon, catholique fanatique, pria disputer aux Protestants le libre exer-
ses fils de la débarrasser de ce voisi- cice de leur culte, permis par l'ëdit de-
nage odieux. Les Pro lestants de Vas- Janvier, ce n'était pas un coup.prémé-
sy (4) n'ayant point voulu obtempérer dité.» Guise lui-même, dans une lettre
à leur invitation de cesser leurs prê- écrite pour se justifier, veut persuader
ches, les Guise, à qui la politique dé- que les Huguenots furent les agres-
fendait pour le moment d'employer la seurs. Celaést-ilvraisemblablé?N'eus-
violence, essayèrent de ramener,par la sént-ils pas-été hors de sens pour
persuasion les hérétiques dans le sein oser attaquer à coups de pierres une
de l'Eglise romaine. Ils envoyèrent à troupe nombreuse et bien armée? Le
Vassy l'évêque de Châlons, Jérôme duc de Guise était suivi, en effet, d'en-
Burgensis, accompagné d'un moine viron 200 hommes portant arquebuses,
qui passai t pour fort nabile dans la con- pistolets et coutelas, et il avait à Vassy
troverse. Les Huguenots ayant refusé même une partie de sa compagnie de
d'as sisler au sermon du moine, l'évê- gendarmes, qui avaitfaitmontres.quél-
que consentit à se rendre dans le tem- quës jours auparavant à Monstier-en-
ple protestant; mais le ministre, qui Der, et qu'il y avait retenue. Preuve
était en chaire, ne voulut point céder nouvelle de préméditation, s'il en était
la place au religieux,.en se fondant sur besoin après les récits-détaillés du
la permissiondeprêcherque legbuver- 'massacre,qui ont été publiés dans les
neur de la Champagne lui avait âecor- "Mémoires de Condé et réimp. dans'le
dée, en sorte que tout se.borna à une. T. I'V de la 4" série des Archives cu-
contestation assez vive, où le beau rieuses.
rôle, c'est-à-dire le rôle de la sagesse Parti de .'Joinville, le samedi dernier
et de la modération, n'appartint pas au jour,de février, le duc de Guise alla
prédicateur huguenot. Quelques jours, coucher à Dammarlin-le-Franc. Le
ciprès, le .ministre fut rappelé, par sph lendemain, après .avoir ouï la messe
église. Le consistoire de Vassy envoya "dé'grànd ,matin, il prit la route de
alors demander un pasteur à'Genève. Vassy. En, passant à 'Brous3eval,il en-
"On lui donna Léonard Morel,. qui n'ar- tendit sonner des cloches (nous ne
riva cependant qu'au commencement .comprenons pas pourquoi de 'Thou
de février 1562. ajoute que c'était à une heure indue);
Vers le môme temps, le cardinal.de et ayant demandé ce que C'était, on lui
Guise et son frère se mirent en route
,
répondit que c'était le prêche des Hu-
pour l'Alsace, où ils eurent avec le guenots. «Par la mort-Dieu, s'écria
(4) Cette petite ville était du douaire de ii La Montagne, maître -d'hôtel du due
reine d'Ecosse, nièce des Guise, â'Aumale, on les huguenotera tantôt
MOR
— 503 — MOR
d'une autre sorte. » Le duc hâtant sa Deschets, Jacob de Lavi, Gnill.Hw-
marche, arriva bientôt à Vassy, s'ar- ciel
ou Briel, Poignant. Guillaume
rêta un instant dans l'église catholique, Protiet, Claude de La Boule, Claude
en ressortit presque aussitôt, en don- Changuion, Colas Couvrepuis, Jean
nant tous les signes d'une violente co- Vaucienne ou Poussiennes, Simon
lère, et se dirigea vers la grange où Cliignet, Claude Hanciot, Jean Bau-
les Huguenots célébraient leur culte. desson, Claude et Nicolas Maillard,
Léonard Morel venait de terminer les Jacq. Joly, Pierre Jean, Pierre Gi-
prières et commençait sou sermon en rard, Jean Lepoix, procureur syndic,
-présence de mille à douze cents per- Colas Brisonnet, Colas, ditMagister,
sonnes, hommes, femmes et enfants, le grand Colas, SimonSonnet, Julie,
lorsque la grange fut envahie par les et Jean Colesson, Frelin, Pierre Pe-
%ens du duc, l'insulte et la menace à newr, Colin Brachot, Jean Patan,
la bouche. Il s'en suivit un horrible diacre, Frérot, Antoine' de Bordes,
tumulte, et bientôt un effroyable sergent royal, Jean et Claude Le Fl-
massacre. Les uns essaient de se sau- vre, drapier, Robert de Portilles,
ver par le toit, mais des coups d'ar- Jean de Mongrot, Claude Guickard
quebuse les précipitent dans la rue ; ou Richard, Jean Colin, Nicolas Mé-
les autres courent éperdus vers les is- nissier, drapier, Jean Boucher, Pidier
sues et sont obligés de passer entre eiJean Jacquemart, Claude Bruyant,
deux haies de soldats qui les percent maître Paniel Thomas, Jacq. Joullin
de leurs glaives. D'autres encore en (peut-être Joly), Claude Lejeune,
grand nombre sont égorgés dans le Pierre Amault, Jean Pubois, Girard
temple même. « Je ne puis croire, dit Pauzamilliers et son fils, Didier La
Lacretelle, grand admirateur pourtant Madelaine, PidUr Jobart, Nicolas
de François de Guise, que le duc eût Caillot, drapier, Quentin Jacquart,
voulu cette épouvantable et lâche effu- drapier, Nicolas Robin, Simon Geof-
sion de sang; mais il avait évidem- froy, Jean Jacquot, 'Claude Thevenin,
ment voulu du tumulte. Celui qui, dans Claude Simon, la veuve de Pierre le
une telle circonstance, n'a pu empê- jardinier, la femme Lanotte, Jean-
cher un massacre, donne la preuve ' nette Tillement et son fils, Nicole de
qu'il a encouragé des violences. » Ce Bordes, Marguerite Lucot. En tout,
qui le prouve encore mieux, selon soixante-huit, dont les noms sont con-
nous, c'est que pas un des meurtriers nus, et qui, après avoir été égorgés,
ne fut ni recherché ni puni. La Cour, furent dépouillés par les gens du duc
il est vrai, ordonna une enquête; mais de Guise, comme sur un champ de ba-
contre les victimes ! Des lettres-paten- taille. « Outre les personnes ci-dessus
tes, datées du dernier jour de mars, nommées, lit-on dans le Martyrologe,
commirent la Grand'Chambre du par- il y en eut encore plus de 250 autres,
lement de Paris pour connaître des tant hommes que femmes, qui furent
faits arrivés à Vassy « par aucuns de fort navrez et mutilez; dont aucuns
la nouvelle religion. » en sont morts, les autres demeurèrent
Le massacre dura plus d'une heure. manchots et estropiez de leurs mem-
tOn ne sait pas exactement le nombre bres : ayans aucuns d'euxlesbras, jar-
des personnes qui y périrent.Bèze en rets et doigts des mains coupez et em-
a publié une liste, que nous complé- portez» (1).
terons au moyen de celles qui ont été (1) Bèze donne la liste .suivante de cent
împ. dans les Mémoires de Condé. La deux qui furent seulement blessés : Aaron et
-voici : Pénis Morisot, Jean Moisy, ' Claude Phelhot. Pierre Matthieu , Pierre
Jean de La Loge, Jean de Moniot et Heney, Gillon elEdine Symonnel, Lupin Lu-
d'école, irai, Jean et JeannetteBrachet, 3acq.Ledismes
Jacques de Moniot, maître et son fils , Nie. Légier, Claude Lord, Louis
Pierre Deschets et le gendre de Colas Sel/ille, Nicolas Peslellal, J. Esley, la femme
MOR S04 MOR
— —
Léonard Morel, qui était reslé cou- neur de Vassy et de ses soldats. Ils
rageusement à son poste, ne quitla sa furent pillés, battus, outragés de tou-
chaire qu'au plus fort du massacre. Il tes les manières, quelques-uns même
se dépouilla de sa robe, pour n'être massacrés, comme Pierre Haue, Mo-
point trahi par son costume, mais cette niot, sergent royal, Nicolas Leclerc,
précaution même faillitlui couler la vie. et d'autres ; ou mutilés, comme Clau-
Étant tombé enlre les mains des égor- din, à qui le prévôt fit couper lé nez,
-geurs, ils le percèrent de coups et al- pourle punir d'avoir chanté un psaume.
laient l'achever, lorsque deux gentils- La boucherie de Vassy ouvre cette
hommes le reconnurent et le firent longue série de guerres et de massa-
mener devant le duc de Guise, qui or- cres qui pendant près de quarante ans
donna de le conduire dans les prisons ensanglantèrent le sol de la France.
du château de Saint-Dizier, où il resta « Cet accident, raconte Caslelnau, é-
enfermé jusqu'au 8 mai 4 563, que le tonna la Cour, et plus les Protestans
prince Porcien le délivra. par toute la France;.lors le prince de
-
Quelque tempsaprès cette boucherie, Condé, l'amiral et le chauCelier de
.
le parlement de Paris rendit son arrêt, L'Hospilalet'autrèsquitenotenlleparty,
qui ordonna que les murs de Vassy se- en firent des grandes plaintes à la reyne
raient rasés, elles anciens, diacres et mère; du roy. Les autres excusoient le
surveillants de l'Église appréhendés cas, comme estant advenu par incon-
au corps. On n'en put saisir que deux: vénient et sans, estre prémédité. Il y
Denis de Raynel, qui fut pendu, à la eut de là plusieursministres protestans
poursuite de la douairière de Guise, et- qui preschèrenl ce fait estre Une im-
Pierre Galois, qui fut délenu quelque piété la plus grande et la plus cruelle
temps à Saint-Dizier, et rendu à la du monde. Au contraire, les prédica-
liberté moyennant rançon. Quant aux teurs catholiques sbutenoient que ce
fidèles de l'église, ils furent, tant que n'estoit point de cruauté, la chose es-
dura la guerre, victimes des plus mau- tant advenue pour le zèle de la religion
vais traitements, de la part du gouver- - catholique, et alléguoient l'exemple de
Moyse, qui commanda à tous ceux qui
de Jean Lcjeune, Marguerite Lemaire, Gui-
chard Paulin, Antoine de Mongol, Didier et aimoient Dieu de tuer sans exception
Jean Lemoine, Nicolas Golignon, Marguerite de personne tous ceux qui avoient plié
Cordier. Nicolas et Claudine Leclerc, J. Guyot les genoux devant l'image d'or, pour
.
et sa femme, Ant. Flamant, J. Marchand, Pas
quier Deschanips J. Breschon-, Claude Abre-- luy faire honneur, et après qu'ils en
,
veux, Didier Didier, Edine Vaillant, François eurent tué trois mil, il dit qu'il'leur
Courbant, Yalentin Lorice, Claude Gallois, donnoit sa bénédiction, et la prélature
Nie. Millot, Jeannette Perresson, J. lïumberi, de
Alix Marchand, Nie. Çussin, Claude Collot, tout le peuple, pour avoir consacré
Thomas, Pierre et André de Bordes, Edine Le- leurs main? au sang de leurs frères pour
poix P. Chauffour, J. Levesgue, Marie de le service de Dieu. Et que Jéhu.'roy de
,
Naiiteul, J. Coffinet, Louis Courtois, J: Mou- Samarie, fit mourir
pour, mesme zèle
sol, Claude Royer,.Henri Beauvais, Claude
Jacquemart, Bastien Joppineux, Charles Lu- deux roys et cent douzeprinces de leur
îout et sa femme, Didier Louis, Ant. Georges sang, et fit manger aux chiens la reyne
et sa femme, J.Marey, Nie. et Henri Bracliot Jezabel, et ayant fait assembler tous
avec sa femme, P.. Montartot, Marie Girard,
Jean et Ant. Humberl, Laurent Tillement, les prestres idolâtres, feignant estre de
Nie. Méussier, Claude Bourgeois, Jacq. Belin, leur.religion, il les fit tous tuer dans
Jeannette Longthier Colin Lefèvre Nicole le temple
Robin, Claude Colle,, Jean et Claude ,Guédoh, par le commandement de
Claudine Raulin, Cirètle Langlois, Didier Dieu : de quoy il receut sa bénédiction,
P. Thiébaul, Jean et Claudine Dauphin, Nie. et et ses enfans héritiers du roy jusques
Paumier, J. Blanclwt, Claude Chignet Nie. à la quatrième, génération, pour avoir
Chausse, la femme de Pignot Lacbe, Henri ,
Bonnemain, Michel Bu Terme et sa femme, vengé l'honneur de Dieu. Toutefois,
Georges Villain, J. Lamy, Sulpice Bartel et ceux qui en parloient plus politique-
sa.
femme, Nid Pétrin, P. Pichon, Didier Lucot. ment estimoient que cet inconvénient
MOR 505 MOR
— —
advenu audit Vassy apporterait beau- octobre 4 694, et on l'enferma à Pierre-
coup de maux, attendu que l'assemblée Encise (Arch. gén. M. 672.)
n'ëstoit faite que suivant les édicts, MOBELY (JEAN-BAPTISTE), dit de
esquels il n'y avoit point de révocation, Villiers, appelé aussi Morelly et moins
et que tels discours de part et d'autre exactement Morelr-ea-him-Morelius,
faits par les ministres et prédicateurs, était natif de Paris, mais il s'était réfu-
estoient semences de sédition, qu'il gié avec sa famille à Genève
pour cause
faloil réprimer. » de religion. C'était un homme d'esprit
MOltEL (MARC-DAVID), né à Mont- et de savoir, plein de zèle pour la Ré-
béliard, le 27 avril 4739, fit ses pre- forme et surtout de bonne foi. Ne trou-
mières études-au gymuase de sa ville vant point dans les temps apostoliques
natale, et alla les continuer à Tûbin- le modèle du consistoire tel que Calvin
gue, où il se fit recevoir candidat en l'avait organisé, etl'hisloire de l'Eglise
théologie, en 4 760. Sept ans après, il chrétienne lui montrant, au contraire,
entra comme aumônier dans le corps l'assemblée entière desfidèles appelée,
de troupes luthériennes que le roi de jusqu'à l'origine de lahiérarchie, à pro-
France tenait à sa solde; mais bientôt noncer en dernier ressort sur toutes
après, il fut nommé vicaire de l'Égli- les questions importantes concernant
se française luthérienne de Stuttgard. la doctrine, les moeurs, l'élection des
L'année suivante, il devint pasteur or- pasteurs, etc., il osa exprimer le voeu
dinaire de celte église, et en 4774, qu'on en revint à l'ancienne constitu-
il fut chargé de l'enseignement de la tion démocratique des communautés
langue française au gymnase. On a de chrétiennes, dans un ouvrage qu'il
lui une thèse, imp. en 4 758àTùbin- soumit au .jugement du réformateur
gue,sous ce titre : Philosophas chris- lui-même; mais Calvin, qui n'aimait
tianus seu argumentum pro veritate que l'on critiquât ni ses doctrines ni
.religionis christiana exmeris tradi- ses institutions, lui retourna son ou-
tionis humanmstrictnrisdesumptum. vrage avec un billet portant qu'il n'a-
-KOMXET (PIERRE), né en 4 647, vait pas le temps de lire un si gros vo-
fils de Humbert Morelet, avocat au lume écrit sur Un sujet qui a-\ait été
parlement de Dijon, qui avait laissé une décidé par la Parole de Dieu. Moreiy,
excellente réputation parmi ses con- blessé peut-être de ce procédé, envoya
frères embrassa la même profession son manuscrit à Lyon, sans le soumet-
,
que son père. Il s'établit, comme avo- tre à la censure, obligation à laquelle
cat, àBuxy, dontil représenta l'église, les ministres eux-mêmes, y compris
en qualité d'ancien, à divers synodes Calvin,étaient astreints,et le fit impri-
provinciaux, où il remplit les fonctions mer sous ce titre : Traicté de la dis-
de secrétaire. A la révocation de l'édit cipline et police chrestienne, Lyon,
de,Nantes, il fut un des premiers à de Tournes, 4 564, in-4% en le plaçant
abjurer; mais sa femme, Jeanne Bou- sous le patronage de Viret.Cel ouvrage
vot, fille de Lazare Bouvot, qu'il n'est pas moins remarquable par la
avait épousée en 4 669, refusa absolu- clarté et la correction du style que par
ment de se convertir et mourut sans la force des raisonnements; la. plus
vouloir recevoir, les sacrements de l'E- grande modération y règne d'ailleurs
glise romaine. Cette «opiniâtreté» de d'un bout à l'autre, et l'on y cherche-
sa femme fit naître de violents soup- rait en vain une attaque directe contre
çons contre lui; malgré ses protesta- la discipline calviniste. Le seul repro-
tions, on le tenait pour un mauvais che que l'on serait peut-être en droit
catholique, et-on commença par lui d'adresser à l'auteur, c'est qu'il choisit
enleversa fille, qu'on envoya, en 4 693, un moment peu opportun pour le met-
dans un couvent dû pays de Gex; puis tre au jour ; mais l'inopportunité d'une
on finit par l'arrêter lui-même, le 4 8 publication est-elle une raison suffi-
MOR — 506 MOR
santé pour la condamner, comme le périen à Bèze (MSS. de Genève, N"
Synode national d'Orléans condamna, 4 97b), nous apprend qu'en 1566, il
en 4562,1e traité de Morely, qui le lui remplissait les fonctions de précepteur
avait présenté lui-même, et surtout auprès du fils de. Jeanne d'Albret'(i),
pour en excommunier l'auteur ? Beau- qui, -sur-les instances du consistoire de
coup de personnes, et des plus zélées Genève (2), le remercia de ses servi-
pour la Cause, trouvèrent la sentence ces et lo remplaça par Milet. Nous sa-
du Synode très-étrange. Soubise,.en- vons déjà par une autre lettre du mi-
tre autres, s'en expliqua vivement avec nistre de Lestre(Voj.p.45)que «beau-
Bèze, qUi parvint à le calmer,' sans coup de .grands personnages » parta-
doute, en insistant sur les considé^- geaientses opinions.Nous nous croyons
rations politiques. Morely, qui s'était donc autorisé .à conclure de là qu'il fut
rendu à Orléans,pour y défendre ses viclimedespassions cléricales, et qu'il
opinions, se retira alors à Tours, où ne. fut poursuivi avec tant d'acharne-
il trouva dans le pasteur Saint- Ger^ ment par les ministfesqueparce que ses
main un adversaire aussi ardent que doctrines menaçaient leur autorité. A-
îèze lui-même. H retourna donc à près sa dernière condamnationau Syno-
Genève, au mois de nov. 1562. Peu de de Nismes,l'égiisedéParis,quijus-
de temps après son arrivée, il reçut que-là ne lui avait point été hostile,,.se
une citation à comparaître devant le
consistoire pour avoir à se rétracter.Il (1) A la même époque, de La Roche était
refusa d'obéir en offranUoutefois de se précepteur de Catherine deNavarre.
(2) On lit dans les Notes extraites des re-
soumettre au jugement'de Farel, ô\e gistres,du consistoire de l'église de Genève,
Viret et de Calvin. Ce dernier ne vou- par Cramer: Du 28 noy. 4566: Sur ce'qui a
lut point accepter le rôle d'arbitre, en Jeesté,proposc:parM.deJSe2«,ministrejtoucliant
blasphèmefaict,contre Dieu elle tort faict
déclarant qu'il n'était pas supérieur au à ceste église, voyre à la Seigneurie, par
Synode qui avait prononcé la condam- Jehan Morelli de Paris qui aultrefois a habi-
nation. Morely demanda alors laper- té en ceste cité, contenus es lettres par. ledit
spect. ministre adressantes a lui etàiousles
mission- de se défendre par écrit; mais ministres de ceste église. A esté adv.isé de
le consistoire«attendu qu'il ne respon- bailler charge audict M. de Bèze, M. Remond
doit pertinemment et qu'il sçavoit ce- ministre, M. le marquis GaléaceCaracciolo
pendant bien maintenir.ses erreurs, » et au sieur F. de Chasteauneuf assistant au
consistoire d'aller propouseret remonstrer le
l'excommunia, le 31 août 4 563, et le faict pardevant Messieurs et les prier de bien
déféra, comme schismatique, au Con- -[peser] le faict pour en rescripre a la royne
seil qui fit brûler son livre par la main de Navarre et a son conseil au sein.de la-
quelle lediçt .Morelli s'est allé, fourrer,,— fin.
du bourreau et en défendit la vente, le S déc. -4566.,Sur le faict de Jehan Morelli
4 6 sept. L'irritation ne fit que croître de Paris dont fusttraicté jeudi dernier ici et
entre les deux partis. Trois synodes aussi devant-Messieurs, a esté àdvisé, par le
nationaux, celui de Paris, en 1565, ce- jajipprt de.M.deBesze au nom des.ministres,
.
qu'il serôil bon d'envoyer et déléguer un des
lui de La Rochelle, en 1574, et celui ministres de cesleéglise pour aller pardevant
de Nismes, en 4572, furent encore ap- la royne de Navarre pour lui remonstrer le
pelés à s'occuper de cette question, et faictjnon pas par forme de plaincte,ains seul-
. ement
par forme d'advertissement, et pour y
la résolurent contre Morely, en con- pourveoir, «premièrement queM. l'admyral
damnant de nouveau comme hérétique dé:France en soit adverly, touttefois avec le
bon vouloir-de..Messieurs, et affin que: les
son Traité de la discipline et en ajou- choses soient déduictes par ordre, le faict
tant à cette condamnation celle'de sa leur soit communiqué dès demain: pour ce
Réponse à la Confirmation de la dis- faire plaisé^â M.deBesze et auxaultres sieurs
cipline, sur lerapportdeBèze, Chan- commis de jeudi aller propouser.le faict par-
devant eulx a demain.- On éprouve un vif
.
dieu etBeaulieu, chargés de l'exami- :
regret envoyant Bèze intervenir aussi acti-
ner. vement dans une odieuse persécution exertée
Dès 4 563, Morely avait prudem- «outre unhomroe éminent,dont le seul-crime
était de vouloir ramener véritablement l'E-
ment quitté Genève. Une lettre d'Hes- glise aux institutions de l'âge apostolique.
MOR
-
tourna aussi contre lui.A dater de cette
507 — MOR
succès dans des négociations impor-
époque, Morely disparaît delà scène. tantes, notamment en 4586,en Suisse,
Tout nous porte à croire qu'il passa en en Allemagne et à Venise; en 4 587,
Angleterre, et qu'il est le même que à Strasbourg:et en Suisse; en 4:588,
Jean Morel ou plutôt Moreli (Joannes en Guienne, en Lan guedoc, en Dau-
Morelins), fugitifde Francepour cause phiné, puis en Allemagne; en 45.9,0,
de religion, déjà vieux et presque dé- de nouveau en Allemagne.
crépit en 4 589, comme il nous l'ap- MOItî?S(ETiEHNE), savant orienta-
prend lui-même dans la dédicace-à.la liste, néà Gaen, le 4 janv. 4 625, d'J-
reine Elisabeth de son Tractatus de saac Morin, marchand, et de Susanne
ecdesiâ ab Antichristo per,ejus ex- de Rue. Morin .étaitdestiné à remplacer
cidium liberandâ, eâque ex Deipro- dans son comptoir son père,.qu'il perdit
missis beatissime reparandâ : oui à l?âgede -trois ans; mais ses goûts le
addita est ad calcem verissima cer- portaient vers les lettres, et il finit par
tissimaque ratio conciliandi dissi- -obtenir de sa mère la permission de
dii de coenâ Domini, Loud., 4-589, suivre-son penchant. Il fit donc ses é-
in-8°; trad.en allem.parF.Kranmeyer, tudes à Sedan, oit il soutint, en 4 6.46,
sous ce litre : Extirpatio Antichris- sous la présidence de Rambours, une
ti, sive Explicatio in Apocalyps. thèse De fwidamento fidei Ecclesits
S. Joannis qualiter Anticliristu.s ex romance. Il partit ensuite pour l'uni-
christianâÊcclesiâexterminaripps- versité de.Leyde, où il suivit avec mu
sit, cum solutione litis de coenâ Do- grand succèsles cours de théologie et
'mini, [Basil.] 1594, in-42. Ce Jean de langues orientales, De retour en
Moreli,dontLelong,danssaBibl.-saera, France, il fut nommé, en 464,9, pas-
fait à tort un allemand, a encore pu- teur des églises de Saint-Pierre-sur-
blié, selonWalt, Verborumlatinorum Diveetde.Saint-Sylviu, qu'il desservit
cum gratis anglicisque conjuncto- pen'dantquinzeans, sans agréeraucune
rum locupletissimi commentarii, Mes vocations qui lui furent adressées
Lond., 4 583, in-fol. -pardesîéglises beaucoup plus impor-
MORET-BE-LA FAYOEEE(N.), tantes. Il finit pourtant par céder -aux
de Poitiers, avocat.au parlement et au- sollicitations réitérées de ses compa-
teur d'une Histoire de la république triotes et consentit, en 4 664., à accep-
romaine, Paris, 1^7-6, in-12, abjura ter dans l'église de Caen uue place de
à Paris la religion réformée entre les pasteur, .occupée avant lui par son
mains de l'archevêque,-au moisdenov. grand-.p,ère,et;son bisaïeul. -Son mérite
4684. Son fils, seulreligionnaire qui ne tarda pasàlelieravecHuet, Segrais,
restât à Richelieu, suivant le Mercure, Le Paulmier, Moisan - de - Brieux,
suivit son exemple au mois de mars Bochart, Du Bosc, c'est-à-dire avec les
suivant. «Il a du mérite, dit le nouvel- membres lesplus distingués de l'Aca-
liste, et de l'esprit infiniment ; sa con- démie qui venait de se fonder dans
Tersion en est une preuve.» On serait cette ville :et dans le-sein de laquelle
tenté de croire que c'est une épigram- ilfutadmis ayecempressement,ma'lgré
me. Après sa conversion, Moret-de-La sa qualité de ministre.. Forcé de sor-
Fayolle publia encore Le paravent de tir de France par la révocation de l'é-
"la France contre le vent du Nort ou dii de Nantes, il se relira en Hollande
Réflexions sur un livre anonyme inti- et s'établit d'abord :à Leyde(4). Un
tulé Le vrai intérest des princes chré- /
(1) D'après une liste des pasteurs réfugiés
tiens, Poitiers, 4 692, in-12. en. Hollande, dont M. Francis Waddington
Cet apostat descendait peut-être • nous
a,.communiqué une copie, l'église de
<TAntoine Moret, sieur de Réau ou Pelft aurait été desservie de 1677 al 688. par
Etienne Morin, ancien ministre de Caen, ce
Des Réaux, chambellan et conseiller .qui contredit Joutes le.sbiographies.de notre
,du roi de Navarre, qui l'employa aveu pasteur.tl ne nous a pasété possible dféclaircir
MOR 508 MOR
— —
homme aussi éminent ne pouvait rester IL Dissert. VIII in quibus multa
longtemps sans être employé. Au bout sucra et profana aniiquitatismonu-
de-cinq mois,il fut appelé à Amsterdam :menta explicantur,Qeï\.,\683,in-8°;
comme professeur de langues orienta-
.
2* édit. augm., Dord., 1700, in-80.—
les: Deux ans après, le 8.août 4 688, il Ouv. plein de recherches curieuses.
joignit à cet emploi celui de ministre or- III. Oratio inauguralis de lingua-
dinaire de l'église wallonne. 11 remplit rum orientalinm ad intelligentiam.
, S.S.utilitate, habitadie%7febA686,
-

avec réputation ces doubles fonctions


• .- Lugd. Bat., 686, in-8"; réimp.
presque jusqu'à sa mort, arrivée le 5 4 avec
mai 1700. Malgré son grand âge, il le N'VIII.
jouissait d'une santé parfaite. De son IV. Dissert, de horis salvifica
mariage avec Hélène Le Paulmier .passionis P. nostriJ. Ch., imp.avec
nièce de Jacques Le Paulmier-de-, -
le N" III, et réimp. avec le N° VIII. —
Grentemesnil, célébré en 4 652, na- .Morin cherche à concilier S-Marc et S.
quirent dix enfanls, dont l'un, HËKBI, - Jean sur le temps de la crucifixion.
né à Sainl-Pierre-sur-Dive,.en 4655, . V. Vita S. Bocharti, imp. en tête
ne put obtenir la permission de le sui- desOpera de Bochart(Lugd.Bat.,4692,
vre.Retenu à Caen et rendu catholique in-fol.). — On trouve dans ce même
de par le roi, il vint se fixer à Paris et ouvrage une diss.Dsparadiso terres-
enlraplus tard dans l'Académie des in-, tri, par Morin.
scriplions par la protection de l'abbé VI. Exercit. de linguâ primoevâ
de Caumarlin. Un de ses frères, qui ejusque appendicibus in quibus mul-
avait été chapelain de M™* de Rohan, ta S. S. loca, diverses in linguis mul-
jusqu'à la mort de cette dame, en •! 684, tipliées memorum Israelitarum et
passa en Danemark avant même la ré- .Samaritanorum species atque varia
vocation (Arch. gén. TT. 287). Un - consuetudines exponuntur, Ullraj.,
troisième, BENJAMIN, fut enfermé aux .4 694, in-4".
Nouveaux-Catholiques de Caen, d'où VII. Epistola II de Pentaieucho,,
il ne sorlil.qu'en.4 694(iW. TT. 317). Samaritano, imp. dans l'ouvrage de
Enfin deux demoiselles Morin, filles Van Dale : De origine idolalrise (Amst.,
apparemment de notre pasteur, étaient, 4 696, in-4").
dans le mêmelemps, détenues aux Nou- V1H. Explicationes sacra etphi-
-
velles-Catholiques de la même ville. lologicoe in aliquot V. et N. T. loca,
Dans son.Eloge de Bochart, M. le pas- Lugd. Bat., 4 698, in-8».
teur Paumier nous apprend que l'une IX. Lettre suri'origine de la.lan-
d'elles se convertit etépousa le célèbre gue hébraïque, imp. dans le T. I des
avocatElie de Beaumonl; mais sa soeur Dissertations recueillies par Tilladet

demeura ferme dans sa foi et devint la (Paris, 4 74 2,in-12).—Dans cette let-
femme, d'un Colleville. Le sort des tre, datée de 1679, Morin, s'efforce de
autres enfants d'Elienne Morin n'est prouver, que Dieu lui-même a inspiré
pas connu; selon Nicéron,il en emmena la langue, hébraïque à Adam.
trois avec lui en Hollande. Voici la X. Remarques sur Jérémie Z7,4 9,
liste de ses ouvrages : -
msc. relié dans le T.XIV de la Collect.
I. Vita Jacobi Palmerii Grentis- Conrart.
menilli, publiée en tête du Gracia? MQRIK(FRANÇOISUE), sieur du Sen-
antique descriptio,parPawfeier(Lugd. dat, président aux enquêtes dans le par-
!
Bat.,4 678,in-4',);réimp. dans les Vitae lement deGuienne, «bonjuge,pass'ion-
-•
seleclae de Gryphius. népoursareligion»,lit-ondanslesno-
:

cette difficulté. Nous voyons figurer dans cette tes secrètes sur le personnel des parle-
même liste comme pasteur de l'église (le Berg- 1 ments rédigées en 4 663, était le fils de
op-Zoom, de1687'a1702, un Jean Morin,qni, Jean Morin, conseiller à la Chambre im-
en 1674, desservait l'église de MoCse (Arch.
gén. TT. 247). Etaient-ils parents? partie
,
' de Bordeaux, en 4 600. Il laissa,
MOR
— 509 — MOR
de son mariage avec Marie Sarrau,m par Da Perron, et sur qui, par consé-
fils nommé aussi FruNçois,qui épousa, quent, la France protestante n'a pas
en 4 669,à l'âge de 39 ans,Marie Muis- de droits.
son, veuve de Pavid de La Croix,
-
MOULAS (JEAN UE), fils naturel de
sieur deMerval (Reg.de Charenton). Salettes, président du parlement de
De cette union naquirent: 4 "MARIE, Pau, fut élevé aux frais de Jeanne d'Al-
morte à l'âge de 4 8 ans, en 4 684 ; — bret et des églises du Béarn. Il était
2° MARIÉ-ELISABETH, née en 4 674;— destiné au ministère sacré, mais sou
3°FRANÇOIS, baptisé le 5 mars 4 673. esprit hautain, ambitieux visait à au-
A la révocation de l'édit de Nantes, tre chose qu'à une modeste place de
François de Morin passa dans les pays pasteur. A l'époque de la réconciliation
étrangers [Supplèm. franc. 791. 2j. des deux rois, c'est-à-dire vers 4 589,
Peut-être Conviendrait-il de ratta- il renonça donc à la carrière ecclésias-
cher à cette famille de robe Jean Morin, tique pour s'attacher à la personne du
sieur de Monlbrun, fils de Pierre Mo- roi de Navarre, dont il devint un des
rin, sieur àe Chasseignes, et A'Olive agents les plus actifs, et dont il sut si ha-
Gaillard, qui était allachécommeavo- bilementfiatterles défauts,que ce prin-
cat au parlement de Paris, lorsqu'il ce le prit en affection elle nomma con-
épousa, en 4 638, Elisabeth de Cosne, seiller d'Etat.On a dit qu'en 4 593,Mor-
fille de Jacques de Cosne, sieur de las brigua l'honneur d'être choisi avec
Chavernay, et d'Elisabeth Cham- Rotan pour défendrelesdoctrines pro-
Iret, quine lui donna qu'une fille,Ei,i- testantes contre Du Perron, et que
SABETH, morle peu de temps après sa l'un et l'autre, infidèles à leur mandat,
naissance. Resté veuf, il se remaria,en ne songèrent qu'à faire briller le futur
4 642, avec Susanne de Popincoiirt, cardinal. Nous examinerons à l'article
fille de feu François, sieur de La ROTAN ce qu'il y a de vrai dans cette
Tournelle, et de Tranquille de Terte- accusation; il suffit d'établir ici que
reau. Morlas fut un de ceux qui travaillèrent
MORIN (Luc), médecin de la Facul- avec le plus d'ardeur à lever les scru-
té de Montpellier, né nous est connu pules feinls de Henri IV et à l'amener
que par une traité qui prouve, que la aune abjuration publique.Peu detemps
théologie ne lui était pas étrangère. après « le saut périlleux», Morlas s'a-
En voici [eiilre-.Dilucidatio articulo- perçut que sa religion l'éloigneraitdes
rum controversorum inter Lnthera- bonnes grâces du roi, et comme son
nos, Calvinianos et Arminianos, père, comme Sponde, lieutenant-gé-
Lond., 4 656, in-4 2. On dit qu'il se néral de La Rochelle, comme Bon-
relira en Angleterre et s'attacha au pro- ni'eres, « gentilhomme servant chez
tecteur Crom-well.Peut-être est-il iden- le roi de Navarre et fort familier de son
tique avec Luc Morin, sieur de Ville- maître», comme un grand nombre d'au-
neuve, natif de Bîois, qui eut de son tres ambitieux, il n'hésita pas à sacri-
mariage avec Rachel Gautier, un fier sa religion. Le clergé fit beaucoup
fils nommé PIERRE, lequel fut mi- de bruit de cette conversion; mais, dit
nistre à Châteaudun etépousa.en 1667, L'Esloile, il faisait un miracle de ce qui
Anne Monginot. En tout cas, il ne était tout ordinaire aux esprits ambi-
peut être confondu avec un autre Luc tieux comme le sien, à savoir, de sui-
Morin, marchand de Blois, qui vivait à vre toujours la religion qui sert à leur
la fin du xvi" siècle. C'est du mariage dessein. Il paraît que le dessein de
decedernieravecJacquette Gaussand. Morlas était d'arriver à une place de
que naquit, en 4594, le célèbre orato- secrétaire d'étal; mais la mort l'arrêta
rien Jean Morin, qui, après avoir ter- dans sa carrière. Lorsqu'il décéda à
miné ses études à l'université deLeyde, Mâcon, le 27 août 1595, il n'était en-
vint à Paris, où il se laissa convertir core que membre du conseil privé et
MOR 510 MOR

du. conseil d'Etat, et surintendant des et père de GOTTLIEB , qui devint, en
magasins de France. A la nouvelle de 1745, membre du Grand-Conseil, et
mort, Henri IV s'écria J'ai perdu en 1754, bailli de Gaslelen.
sa :
Joseph Morlot fut père de, deux
un des meilleurs entendemens de mon II.
royaume. fils. : 4° MAKX, littérateur et juriscon-
MORLOT (MARC), docteur en mé- sulte, qui remplaça pendant quelque
decine, d'une famille originairede Cou - temps le professeur Bondelus dans sa
flans en Lorraine(1), fut nommé pro- chaire d'éloquence à l'académie de Lau-
fesseur de médecine à l'académie de sanne. On a de lui xnieDissertatio de.
Genève en 1585. Dix ans après, nous idolatriâ Gentilium, qui a été imp,
le trouvons dans le canton de Berne, en 4 688. Plus tard, en 474 0, il entra
où il fit l'acquisition de la seigneurie dans le Grand-Conseil, et remplit suc-
deVillars-le-Moineou Miinclrweiler,et cessivement les fonctions de bailli de
où ses descendants remplirent de hauts Berne dans la Thurgovie, en 4716, de
emplois. Lui-même fut honoré de la bailli deMoudon, en 4724, et de di-
bourgeoisieàBerne, et obtint en même recteur des salines, en 1739. Membre
temps la place de médecin de la ville, du Petit-Conseil,en 4 735, et seigneur
dont il se démit en 1600. Leu ne nous banneret, en 4 750,il mourut,le 4 7août'
fait pas connaître l'année de sa mort, 4754 jài'âgede83 ans;-—2"ALBBECHT,
mais il nous apprend qu'il laissa deux auteur d'une dissert.De existentiâDei,
fils. L'aîné, THÉODORE, fut membre du Zurich, 169 4, in-4°.
Grand-Conseil, en 4 629, bailli de Ve- III. David Morlot laissa trois fils :
vay ou de Chillon, en 4 636, et entra 4 * FRANÇOIS-LOUIS capitaine au ser-
,
dans le Petit-Conseil, en 4 647. Le ca- vice des Etals-Généraux, membre du
det, DANIEL, reçu également membre Grand-Conseil de Berne, en 4704, ad>-
du Grand-Conseil, en 1629, bailli de ministrateur du chapitre de. Berne, en
Romainmolier, en 1634, et de Morges, 4.741, lequel entra, en 4 74 9, dans le
en 4 645, remplaça son frère dans le Petit-Conseil, fut nommé, en 4724,
Petit-Conseil, en 4 664. Il mourut sei- inspecteur de l'artillerie, en 4 723,
gneur bannerel, en 4 670, après avoir banneret,et mouTuten 1725,pèred'un
vendu Villars-le-Moine, et acheté la fils du même nom. Ce fils servit aussi
seigneurie de Bavois. Il laissa quatre en Hollande avec le grade de capitaine*
fils : 1 ° MARX, membre du Grand-Con- et fut appelé, à son retour~dans sa pa-
seil, en 1657, et bailli d'Avenche, en trie, à remplir les charges de gouver-
4 666, mort sans postérité; neur du bailliage de Morat,en 4733, et
— 2° JEAN,
membre du Grand-Conseil, en 1664, de grand-L-ailli de Nyon, en 4736; —
baillide St-Johansen, en 4 673, etchâ- 2° ABRAHAM, dont le fils aîné, ABRA-
telain deFrùtingen, en 4 694, qui suit; HAM-FRÉDÉRIC, exerça les fonctions
— 3° JosEra,seigneur de Bavois,mem- de bailli en plusieurs-villes, entre au-,
bre du Grand-Conseil, en 1664, qui très à Locarno et à Lentzbourg; et
suivra;—4° DAVID,membre du Grand- dont le fils cadet, SAMUEL, pasteur à
Conseil, en 1673, et baillide St-Johan- Wengî, a publié à Berne,en 4 744,une
sen, en 4 679, dont nous parlerons a- dissertation Dejustitiâ Dei vindica-
près ses frères. tive,; —3° SAMUEL,né en 4 670, et au-
1. Jean Morlot n'eut qu'un fils, JEAN, teur d'une Diss. de naturâ promis-
économe dans lafamille deFrienisberg, sionum in génère et de promisses
(1) Une autre famille du même nom et ori-
summorum imperantium in specie,
ginaire du même pays se réfugia aussi à Ge-
4689, in-4°; il embrassa plus tard la
nève, oit Jacques et Thiébaut Morlot, frères, carrière militaire et servit enHollande.
de Fontenoy, furent reç.us bourgeois, le 28 De retour à Berne, il fut nommé, en
février 1b69.En 1583,1e duc de Lorraine les
anoblit, eu égard aux services qu'il avait re- 4704, membre du Grand-Conseil, puis
çus d'eux et de leurs parents. en 474 5, bailli de Grandson. En 4 726,
MOR 511 — MOR
il entra dans le .Petit-Conseil, et à let 4 651. Il eut pour parrain Armand
deux reprises, en 4734 et en 4752, il de La Porte, marquis de La Meilleraye,
remplit la charge de banneret. Son fils, qui se fit représenter par Charles de
EMMANUEL, membre du Grand-Conseil, La Haye, sieur de La Jurie, lieutenant
en 4735, fut envoyé, en 4745, Comme de l'artillerie à Orléans. Il comptait à
bailli à Aubonne. Nos renseignements peine quatorze ans, lorsqu'il obtint la
s'arrêtent là. charge de lieutenant-général de l'ar-
MORMÈS (PIERRE DE), fils de Jean tillerie de Flandres en survivance de
de Mormès et de Marie David, sei- son père, aux côtés de quiil fit la cam-
gneur de SAINT-HILAIRE, lieutenant de pagne de 4672. L'année suivante, il
l'artillerie au département de Pignerol, assista au siège de Maëstrîcht; en 4 674,
puis en Guienne, et ensuite en Flan- aux combats de Sintzeim et de Mul-
dres, s'éleva par son mérite et ses ser- house; en 1675, à celui de Tûrckheim.
vices au grade de lieutenant-général Nous avons déjà dit qu'il était auprès
del'artillerie.Il était aux côtés àeTuren- de son père, lorsque celui-ci eut le
«e,lorsque l'illustre capitaine fut tué.Le bras emporté, d'autres disent cassé par
boulet qui le frappa,lui emporta tin bras un boulet. Il continua à servir en Alle-
à lui-même.- Voyaul son fils répandre magnejusqu'à la paix deNimègue avec
des larmes sur sa blessure.: « Ce n'est le grade de lieutenant-général de l'ar-
pas moi, mon fils, lui dit-il, qu'il faut tillerie dont son père se démit en 1677.
pleurer; c'est ce grand homme dont la C'est encore en cette qualité qu'il prit
perte est irréparable. » Saint-Hilaire part aux travaux du siège de Luxem-
guérit; mais il paraît qu'il ne fut plus bourg,en1684.L'annéesuiYante,l'édit
employé. Il mourut âgé de 70 ans, le de Nantes fut révoqué.Voyantsa car-
21 janvier 1680, et fut enterré au rière brisée, il prit, après quelque hési-
cimetière prolestant des SS. Pères tation,le parti d'abjurer. Le Mercure de
(État civil de Paris, Reg. 33V 11 Janvier 1686 annonce sa conversion
avait épousé, en 4 648, Judith Fri- en ces termes : « M. de Saint-Hilaire,
chet, qui lui avait donné cinq enfants : lieutenant - général de l'artillerie et
4° MADELAINE, née en 4 650, qui fut d'un mérite fort distingué dans sou em-
présentée au baptême par Jean de Cos- ploy, a fait aussi (1) abjuration, de
iebadie, secrétaire du duC d'Epernon, mesme que M. Mangeot (Menjol), mé-
et quimourut en 4 658;—2° JUDITH, née decin des plus habiles dans sa profes-
le 4 6 août 4 652, mariée, en 4 684, à sion. » Sa femme, Madelaine de Jait-
Daniel de La Vespière, sieur de Liem- court-d'Espeuilles qu'il avait épou-
,
brune (Poy.VI, p. 440);—3" ARMAND, sée en 4 682, suivit son exemple, mais
qui suit;— 4" PIERRE, présenté au bap- sa mère refusa d'aller à la messe; aussi
tême, le 4 fév. 4 657, par Samuel fut-elle, au mois de décembresuivant,
Boutinon, sieur des Hayes, lieutenant enfermée aux Nouvelles-Catholiques.
de l'artillerie de France, et par Jeanne 11 est probable que ne pouvant rien
Dubié-,— 5° MADELAINE, baptisée, le 5 gagner sur elle, on finit par lui rendre
août i 660, qui eut pour parrain Char- la liberté. Ce qui nous porte à croire
les de Pédesclaux, sieur de Montaigu, qu'elle n'abjura pas, c'est qu'en 1700,
capitaine de cavalerie, et pour mar- elle reçut ordre de sortir de l'Arsenal,
raine MargueriteDubié, et qui épousa, où elle habitait, et de. se retirer à la
en 4 684, Charles-Léonor de Cler- campagne. Quant à son fils, il rentra
mont-d'Amboise, marquis de Lou- en activité en 4 688, et il continua à
dbn(4). ser.vir avec la plus grande distinction.
Armandde Mormès naquit te 19 juil-
(1) Le Mercure venait de parler de l'abju-
(4) Nous avons été induit en erreur par les ration de M1' 6 Bacalan, fille de Bacalan, sieur
généalogistes (Voy. III, p. 500), en la disant de Livron, protecteur dit-il des religionnai-
fille d'Armand de Mormès. res dans tout le Genevois.
MOR 512 MOR
Il mourut à Paris, le 24 nov. 4740, Saumur (4), néàBuhy, le 5nov. 4 549,
lieutenant - général, grand ' croix de ' et mort à La Forêt-sur-Sèvre, le 14 nov.
l'ordre dé Saint-Louis et gouverneur 4 623.
de Belle-lsie. 11 a laissé des Mémoires ' Son père, Jacques de Mornay, sieur
que l'abbé Pérau cite, dans sa Vie de de Buhy, était un catholique zélé; mais
Turehne. sa mère, Françoise Du Bec-Crespin'
MORNAY (CHARLES DE) , sieur de penchait vers la religion protestante,
Varennes, appelé .par Raemond Phi- qu'elle embrassa même ouvertement,
lippe Du Mornay, sortit de France pour après la mort de son mari (4 559), et
cause dé religion sous le règne-de pour laquelle elle témoigna un grand
Henri II, et se retira d'abord en Ecosse, attachement jusqu'à la fin de sa vie
d'où il passa en Suède, à l'avènement (4 591).
au trône d'Eric XIV. Sa valeur et ses Le premier instituteur de Philippe
services dans plusieurs missions péril- de Mornay fut Gabriel Prestât, de
leuses relevèrent à Ja dignité de grand- Sézanne en Brie. Il avait été choisi par
maréchal du royaume. Chargé de con- sa mère sur la recommandation de Jean
duire la guerre contre le Danemark, il Morel, beau-père de Jean Mercier, le
remporta une victoire signalée, mais célèbre professeur d'hébreu ; c'est dire
la fortune l'abandonna dans une autre assez qu'il était partisan secret des
rencontre, et il tomba au pouvoir de opinions nouvelles. Preslat partageait
l'ennemi. Sa rançon-fut payée par le ses soins entre le jeune Philippe, son
roi, qui l'aimait fort et qui lui confia frère aîné Pierre, sieur de Buhy, et
diverses négociations importantes. En son cousin Georges Pu Bec-Crespin.
4 564, il vint en France avec le litre Sans en faire semblant, lit-on dans la
d'ambassadeur. Il se rendit ensuite en Vie de Mornay, « il leur Couloit dou- .
Angleterre, où il apprit que Jean III cement les principes de la pure doc-
venait de détrôner son frère et l'avait trine » ; mais Jacques de Mornay, qui
enfermé dans une forteresse. Mornay pénétra sans doute lemystère, ne tarda
résolut de délivrer le prince: captif et pas à soustraire son fils à l'influence de
de le replacer sur le trône. Il leva en sa femme et de son précepteur hugue-
Ecosse un petit corps de troupes àla tête not. Il le mit, dès l'âge de huit ans,,
duquel il débarqua en Suède; mais Pon au collège de Ljsieux à Paris, et lui
tus de La Gardie,son ancien protégé, donna pour gouverneur un fervent
ayant pénétré son dessein,le révéla au ,
catholique, dont les exhortations et
nouveau roi, qui le fit arrêter et or- l'exemple détruisirent proinptement
donna qu'on lui tranchât la tête dans dans l'esprit de l'enfant le fruit des le-
une des salles du château de Calmar. çons de Preslat.
Charles de Mornay avait épousé Philippe de Mornay appartenait à
Anne de Trotte, alliée à la famille une des plus anciennes familles du Bef-
Wasa, et en avait eu un fils et une fille. ry. Comme cadet de bonne maison, il
Son fils, nommé JEAN, vint, après la était destiné à l'Eglise. Un de ses on-
mort de son père, prier Du Plessis- cles, doyen de Beauvais, lui réservait
Momay d'intercéder pour lui auprès ses riches bénéfices; un autre, évêque
du roi de Suède. Jean 111 lui rendit ses de Nantes, promettait de lé pousser aux
biens, mais il n'eu jouit pas longtemps, dignités ecclésiastiques. La mort de
étant mort avant 16 4 0. Sa soeur épousa son père bouleversa ce riant avenir.
le grand chancelier Oxenstiern. M"" de Mornay s'empressa de rappeler
MORNAY (PHILIPPE DE), baron de son enfant auprès d'elle. En entendant
LaForêt-sur-Sèvre,seigneur DUPLES- sa mère qu'il chérissait, ses trois frères
SIS-MARLTV conseiller du roi eh ses
conseils d'Etat et privé, capitaine de (4) Dans une lettre du 29 juillet 1621,
Louis XIII lui donne aussi le titre de «niares-
50 hommes d'armes, gouverneur de chal de ses camps et années. »
MGR 513 MGR
et ses deux soeurs (4), encore en bas- 1 posa : elle consentit seulement au tlé-;
âge, prier Dieu à la mode dé Genève, lé part de soti' fils Pierre, qui porta la-cor-
futur bénéficier devait être naturelle- nette de Vardes à la bataille de Saint 1'
ment amené à réfléchir sur les points Denis. Mornay pourtant finit par vâin-
controversés entre les- deux Eglises. crej à forces d?iustanees, la résistance-
Pour s'éclairer, il eut recours au Nou- malernelle.il se mit donc en route; mais'-
veau-Testament; en ayant soin d'en- à-peine s'était-il éloigné de quelques-
choisir un-exemplaire sorti d'une presse lieues* que son-cheval s'abaltant sous"-
catholique, et comme il n'était dirigé lui,il se cassa lajambe en deux endroits.-
que par l'amour de la vérité, il ne tarda II employa le repos forcé auquel le
pas à reconnaître que les doctrines de; condamna cet accident,à«déplorer les!
l'Eglise romaine ne s'accordent pas; guerres civiles de France», dans un
toujours avec les enseignements du poème français qui s'est malheureuse-
Christ et des Apôtres. Dès lors sa réso- ,ment perdu, et à célébrer dans quel-
lution fut prise: il renonça à la car- ques sonnets les louanges de Coligny
rière -qui s'ouvrait si brillante devant et de ses frères.:
lui,pourembrasserune religion à ladé- -
La paix faite, Mornay obtint de sa
fense.de laquelle il consacra sa! vie en- mère la permission de visiter les pays
tière,sansque niles dangersniles me- étrangers, complément nécessaire, à
naces, ni les arguments des docteurs cette époque, de toute éducation libé-
catholiques, niles séductions, souvent rale. 11 partit avec Lazare Ramigny,de
plus puissantes que la crainte,parvins- Nice, qui l'accompagnait en qualité de
sent un seul instant à ébranler son dé- gouverneur, et arriva, au mois d'août
vouement à la cause du protestantisme: 4565, à Genève, non sans avoir couru'
des dangers, à cause de sa religion,
Jamais l'air de la Cdur,et son souffle infecté, Celte ville étant alors ravagée par Une
N'altéra dé son coeur l'austère pureté.
maladie contagieuse, il n'y fit qu'un
Tel est le sentiment de Voltaire qui' très-court séjour, traversa la Suisseet

considère Mornay «commele plus ver- serenditàHeidelberg, où il commença;


tueux et'Ie plus grand homme du parti l'étude du droit et de la langue alle-
prolestant. » mande. L'annéesuivantejilvisitaFranc-1
Aprèsavoir passé quelquesmois dans fort pendant la foire. Ce fut dans cette-
le sein de sa famille, Mornay revint à ville qu'il se lia avec Hubert LangUet
Paris continuer ses humanités; mais à d'une étroite amitié qui dura autant que
peine y était-il arrivé' que la première leur vie.De Francfort il prit laroutédè-
guerre civile éclata. Il retourna donc à l'Italie, où il fut accueilli et traité comme
Buhy, où il torhba gravement malade. un fils par Paul de Foix, ambassadeur
Dès que la paix lui permit de reprendre de France à Venise; et surtout paT Ar-
ses éludes, il s'appliqua avec une ar- naud Pu Ferrier (Voy. ce nom)w De
deur incroyabl'é.àfattraperle temps que Venise il alla à Pâdoue pour y conti-
les troubles et la maladie lui avaient nuer ses études de'jurisprudence èt:sa:
fait perdre,en sorte qu'il avait déjâ.de- perfectionner dans l'hébreu. Il y trou-
-vancé'tous ceux de son âge, lorsque le va Càlignon, donUilse fit uniami..Sa'
renouvellement des hostilités vinU'ar- religion'le força bientôt à '-s'éloigner-et
rêter au milieu de sesprogrës.Quoiqu'il à retourner à Venise sous la protection
comptât encore que dix-huit ans, il de l'ambassadeurdè;Erâncê. Son plus
ue
auraitvoulu suivreà'la guerre sesondes ardent désir était dé parcourir leslietix
B'ourryelVardés; maïs sa mère s'y op- célèbres de l'Italie. Entreprendre pat
1

(iV-L'une de scs'soeurs, nommée Françoise,


terre un voyage en; pays d'inquisition,
d'Auber-
épousa Antoine Le Sénéchal, sieur le donna eût été-imprudent pourun jeune'gen-
villé, dans le pays dé Caui, a qui e tilhomme à qui son hbnnetir et-sa
deux fils, Samuel e.i Claud'e.- L'autre s ap-
pelait ANSE ; nous ne savons Tien de sa vie.
conscience !ne permettaient pas de dis -
33
T. VII.
MOR
MOR — 514
simuler ses sentiments religieux; Mor ne pouvait rester spectateur indifférent
hay le comprit, et il se décida à faire de la lutte héroïque que les peuples
par merle tour de l'Italie, sauf à s'ar- des Flandres avaient engagée pour la
rêter quelques jours dans les villes défense de leur liberté et de leur reli-
auxquelles se rattachent de grands gion avec le sanguinaire due d'Albe.
souvenirs historiques.Cefut ainsi qu'il Il se prit d'enthousiasme pour leur
visita Gènes, Ferrare, Rome, Plaisan- cause, et en même temps, d'uûe haine
ce, Turin, Crémone,Milan, «sans faire vigoureuse contre l'Espagne, haine
aucun tort à sa conscience », bien qu'il que l'expérience des affaires ne fit que
se fût trouvé plus d'une fois dans des nourrir et fortifier. L'abaissement de la
positions dangereuses, dont il était puissance formidable fondée par Char-
sorti par d'heureux hasards. Il avait les-Quint, tel fut dès lors son voeu le
écrit de ce voyage une relation italien- plus constant et le plus cher; tel était
ne qui n'a point été imprimée, non plus , aussi le voeu de Coligny, le grand pa-
que celles qu'il composa de ses excur- triote, et c'esl sur le terrain de cette po-
sions en Allemagne, en Hongrie, dans litique nationale que le vieux guerrier
les Pays-Bas, en Angleterre. Ces vo- et le jeune publiciste se tendirent la
yages eurent pour lui une double uti- main. A peine de retour en France, à la
,

lité. Comme il ne se contentait pas fin de juillet 1572, après un séjour de


« d'observer les
antiquitez des lieux, quelques mois en Flandre et en Angle-
mais remarquoit avec soin l'origine, le terre, Mornay présenta à l'amiral sur l'é-
progrez et le déclin d'iceux, les causes tat des Pays-Bas un mémoire où il ex-
des-changemens, et où s'estoienl don- posait avec clarté et précision le rôle
nées les plus célèbres batailles et faits glorieux auquelun rare concours de cir-
d'armes, par où les villes avoyent esté constances semblait appeler la France.
batues et emportées,«ilsperfectionnè- Ce mémoire, dont Scaliger faisait hon-
rent son instruction dans les sciences neur à Coligny, que de Thouajugé
et dans les littératures étrangères, et en digne d'être inséré dans son Histoire,
même temps, ils lui donnèrent des in- et qui a été réimpr. dans le T. II des
térêts politiques de l'Europe une con- MémoiresdeMornay(4),frappal'amiral.
naissance assez exacte pour lui .assu- Etonné de rencontrer dans un jeune
rer une grande supériorité dans le ma- homme de l'âge de Mornay des vues
niement des affaires. politiques aussi étendues, 11 voulut le
De retour à Francfort au mois de charger d'une mission confidentielle
sept. 4574, le jeune Mornay se décida auprès du prince d'Orange;, mais la
à aller passer l'hiver à Cologne. C'est Saint-Barthélémy rompit brusquement
pendant son séjour dans cette ville qu'il ce projet.
débuta dans la carrière de la contro- A la nouvelle de la blessure de l'ami-
verse théologique, où il devait acqué- ral,Mornay, qu'un pressentiment secret
rir un si grand renom, par un petit avertissait « d'une mauvaise yssue »,
traité latin resté inédit. Sur l'Eglise fit partir en toute hâte sa mère pour
visible, qu'il composa en trois jours Buhy, résolu, quant à lui, de ne point
pour répondre aux arguments du théo- séparer son sort de celui de ses core-
logien espagnol Pierre Ximenès en ligionnaires. Il échappa à grand' peine
faveur de l'Eglise romaine, et dans aux massacres. Son hôte.nommé Poret,
celle de la politique, où il tint pendant catholique sans fanatisme, le cacha
longtemps le premier rang, par deux pendant tout un jour; mais le lundi, il
Adresses aux insurgés des Pays-Bas,
qui furent répandues à profusion en (1) Edition de Paris donnée par MM. de
français et en flamand. Vaudoré et Auguis. On y trouve le Mémoire
Mornay avait alors vingt-trois ans ; en question sous ce litre: Discours au roy Char-
les IX pour entreprendre la guerre contre l'Es-
c'est l'âge des passions généreuses. Il pagnol es Pays-Bas.
MOR — 515 — MOR
le pria de s'éloigner. Pendant que les treprise échoua par la précipitation de
assassins travaillaient dans la maison Guitry, qui, menacé dans sa liberté,
du libraire Odet Petit, attenante à leva l'étendard de la révolte sans at-
son hôtellerie, Mornay s'esquiva sous tendre l'ordre des chefs de la conju-
un déguisement, et plus heureux que ration. Mornay, qui s'était chargé de
son ancien mentor Ramigny, qui fut surprendre Mantes, se sauva, avec son
reconnu et massacré à la porte Saint- frère Buhy, à Jamets, d'où, sur l'invi-
Honoré, il réussit, à travers mille dan- tation du duc d'Alençon, il alla trouver,
gers,à sortir de Paris et à gagner Buhy, au mois de mars 4 574, le comteLudo-
qu'il trouva désert, toute sa famille vic pour l'engager à favoriser l'évasion
ayant pris la fuite. Un de ses parents du prince, en amenant ses troupes sur
offrit de lui procurer un passe-port du la frontière, projet qui ne put être mis
duc de Guise, mais il le refusa. « Je ne à exécution. A son retour de ce voyage,
veux point, dit-il, devoir la vie à ceux oùilcourutde grands dangers, Mornay
au service desquels je ferois conscience apprit que Cow^eavaitréussià tromper
de l'employer. » Ne comptant que sur l'active surveillance de la reine-mèreet
la protection de Dieu, il prit la route de s'était sauvé de la Cour, ainsi que Thoré
Dieppe et arriva heureusement en An- etMéru, depuis duc de Damville. Il alla
gleterre, où, à la recommandation de à leur renconlre, les cacha dans son lo-
Languet et de Walsingham, il trouva gis jusqu'à ce que l'activilédespoursui-
un accueil plein de sympathie. tes se fût ralentie, et leur procura les
Mornay passa plusieurs mois en An- moyens de passer sûrement en Allema-
gleterre, fort occupé soit à rédiger des gne. Après la mort de Charles IX, les
remontrances pour exciter la reineEli- deux frères de Mornay se rendirent à
sabefh à prendre en main la défense des Sedan, d'où ils s'étaient tenus éloignés
églises réformées, soit à composer des pour nepas comprometlreflobertde La
apologies pour laver ses coreligion- Marck, et se logèrent chez M. de La
naires des calomnies dont on les noir- Mothe, capitaine delà ville. Ils y retrou-
cissait, soit encore à conduire diverses vèrent un grand nombre d'amis et quel-
négociations dont il fut chargé par le ques-uns de leurs parents les plus pro-
prince d'Orange et le ducd'Alençon. ches, entre autres, leur ftère cadet Des
En vain ses parents le pressaient-ils de Bauves (1) et leur cousin de Bourry^
revenir en France. L'exil même le plus Au nombre des personnes dedistinc-
lointain lui semblait préférable, et il a- (1)Nous ne connaissons aucune particu-
gitait dans son esprit s'il irait demander larité de la vie de ce frère de Duplessis-Mor-
•un asile à la Suède, à l'Irlande, ou mê- nay. Il est évident qu'on ne doit pas le con-
me à l'Amérique, lorsqu'à force d'in-
fondre avec Charles de Bauve, de Harquin-
viltiers en Picardie, exécuté, pour avoir été
stances, faisant appel à son patriotisme, trop bon prophète,en 1621. Ce gentilhomme,
et invoquant le salut de la Cause, La né en 1561, avait porté les armes en Hollande
Noue le détermina à vaincre ses répu- jusqu'en 1613, et habitait alors Mniers en
Poitou. Accuséd'avoirdit « qu'il seroit besoin
gnances. Quoiqu'il n'approuvât pas que le roi eût été mangé des chiens pour avoir
qu'on mêlât les affaires de la religion la paix, et que le roitrahirait aussi bien M. Du
Plessis que ceux du Béarn, » il fut renvoyé,
avec celles du duc d'Alençon, la cause par commission expresse, au présidial dé Poi-
deDieu avec les passions des hommes, tiers et condamné, le 21 mai, à faire amende
prévoyant fort bien que les intérêts du honorable pieds nus et en chemise, tenant en
prince seraient toujours les intérêts do- main une torche de cire ardente du poids de
deux livres; a demander pardon à Dieu , au
minants, et qu'il ne résulterait d'une roi et à la justice; puis à être traîné sur une
semblable alliance pour les églises que claie jusque sur la place publique du Marché-
la ruine de la piété et des bonnes Vieux de Poitiers, et là a être pendu et étran-
à glé,son corps ars et brûlé et ses cendres jetées
moeurs, il dut soumettre son opinion auvent. On lui permit de recevoir les conso-
celle de La Noue,el il prit part à l'en- lations de la religion, qui lui furent portées
treprise de Saint-Germain. Cette en- par le ministre Jacques Cotliby, et à cinq
MOR 516 — MOR
tion qui avaient cherché untefugeà Se^, troupe comptaitcinquante gentilshbrn-
dan, sous la protection du duc de.Bouii- - mes et cinq cents arquebusiers ; c'était
Ion, se faisai i remarquer la jeuneveuvei un renfort .'important, qui aurait rendu î
de Jean-.de Pas-Feuquières,, Charlotte, de; grandsiservicessous un autre chef:
i.

Arbaleste, « femme accomplie en. tou-, DuiPlessisne tarda pas à reconnaître-;


tes. sortes de. vertus».. Celte dame.n'a-, l'incapacité, de .Thoré, cependant.un,
vait échappé que,par miraele.aux mas- lehtirhentchevâléresquefortimprudent :
sacres de ta Saint-Barthélémy (\). Elle, ne.luipermit pas de revenir sursespas; réalisè-
nous.a laiss6.de ses aventures un écrit- Ses:sombres prévisions né se
dans lequel on retrouve les;qualités qui ,' rent' que trop'; tôt. Thoré fut défait à:,
distin guent sa Vie de.DuPlessis,:M.omay. Dormans par. le duc de Guise, etMor- ,
«Pas la moindre teinte-.romanesque nay resta prisonnier, ainsi que Cleoi^.
dans ses sentiments etdans ses.désir.S; vant, Mouy et d'autres capitaines:. A-
dit,en parlant des:écrits deeetl.e femme près;avoir,payé sa rançon'fixée:seule--.-
remarquable, M.Guizot, dans.: ses ;E^, mentàcent écus, le hasard ayant.voulu
tudes biographiques sur la révolution qu'onne lereçonnûtpas,,il retourna à <

d'Angleterre; pas la moindre .complaiT Sedan, où son. mariage, fut célébré île
sance vaniteuse quand;.elle: parle' sbit. 3janv, 4 576 (4).En sortant du temple, '.

d'elle-même, soit.de ce, qui, la touche; pour ainsi dire, il monta à cheval, pour;;
loin de rien amplifier,, de;,rien,étaler, rejoindre l'armée allemande queCondé
elle montre toujours: moins;qu'er.le ne. amenait en France;,mais arrivé à Chau-
sent; les événements les plus considé-. -mont en Bassigny,ilapprit que leprin-
rables,,;quand ellelesraconte, les sen-, ce n'y avait pas-faithalte, et ilse,dé-
timents.les plus puissants, quand elle cidaii rebrousser chemin', dans rinien-- ,
les exprime, seprésentenfsousflnefor,-', tion de gagner par une. route moins:
me.contenue,,' exempts,de:toutagran-r, dangereusefe-campdu dued'Alençon. -
dissement, de tout, ornement: factice, où, Après la signature de la paix, le duc, à ;

prémédité. C'est la vérité pur.e, réduite... qui sa 'politique machiavélique com^ :


à son expression la plus simple, et ra- nrandait.de .ménagerencore les Hugues
contée en passant,, dans la, mesure de:: nols, lui proposa d'aller, en Angleterre ; >
la stricte nécessités pour,l'information;' rendre compte à Elisabeth; de ce qui j
ou l'édification du .fils à qui elle adresse , s'était passé; mais la reine-mère fit a^
son récit. »... .-.,. journer ce voyage, et Mornay se retira
Le mérite de M"' de Feuquières ne à Buhy. Témoin des mouvements que
pouvait manquer de faire une vive im- les Ligueurs se donnaient pour obte- .

pression sur Mornay. Il demanda sa nir des Etats-Généraux hostiles à la' .

main et l'obtint ; les fiançailles eurent causeprotestarite,ibs'efforea;mais avec


lieu en 4 575, Immédiatement après,* Jâ' peude^succès,; de traverser leurs des- •

;
nouvelle arriva à Sedan..que .Thoré, seins.,Dans la:prévision d'une prochai-
« craignant que quelqu'un.ne ltiydéro- ne rupture, il: alla trouver le roi de -
bast son crédit auprès de Monsieur».,, Navarre;, quij, ayant;déj,â; entendu par-' :
•'était séparé de, Condé et était rentra leT'de' luudelamanièreteplus hono-
: :
précipitamment en-France à la lête d'un rabte',. le, fit. entrer immédiatement
. •

corps de reîtres. Mornay résolut'd'aï-:



dans, son. conseil;, et.l'envoya,; en'
1er lui offrir ses "services, ' Il partit; de.V, 4 577; à; Chantilly porter au duc de-.
Sedan avec Mony et A'Espan; leur Montmorency unepressant* invitation";
- 1
apprendre lés;, armes , invitation-:à^
heures du *oir,; on,l'exécuta Il mourut en dé- 1

.laquellefedu:ciie:voulutpbintiénl'én-::
claràntqu'ilper.sisiaitdairis.son opinion.1: :


(1jSbn père avait embrassé Ja religion pro- dre «étant trop foibleén ces quartiers.!»'':
lestante.quelque temps, avant sa .mort, arrivée •:

en,1o7b.. Son.frère, le sieur de La Borde^n- _(1)Le,.sieur Ae Lizy, son.cousin,,ancien.,


postasia;'ala Saint-Barthélémy ;mais il se rc- archevêque: d'Arles, qui avait embrassé le
fit:.prote'slant,en.1S99. protestantisme^lui tint' lieu de père.
MOR
— 517 — MOR
'Au retour de ce dangereux voyage,
que le bruit du prochain mariage delà
Mornay
.
fut chargé de rédiger ie: mani- reine avec le'duc d'Anjou le décida à
feste que le Béarnais publia afin d'éx- ,'s'éloignerpbur ne pas êire témoin d'une
;poser à l'Europe la justice désacause; 'union qu'il désapprouvait. Il passa en
•'puis, déposant la plume pour saisir l'é- -Flandres vers la fin de juillet 4 57:8.
-J'éè, il suivit le jeune roi à Eâusse, à Lés services importants qu'il continua
îlarmande, dans presque toutes ses ?à rendre à la cause de la liberté et de
^entreprises. Eh apprenant-à le mieux làtolé'rânce soulevèrent contre lui une
'^connaître, le foi de Navarre' conçut 'haine si viol ente'; chez les partisans de
:ùne telle confiance en ses talents"'et "Rome et de l'Espagne, qu'ils tentèrent
Çh sa probité; qUe, quelque temps 'a- 'de se défaire dé lui par le poison. Sa
' ;près, il l'envoya comme son ambassa- jeunesse et son excellente constitution
^Ûéur en -Angleterre,
: avec un blanc lè'sativèrent; il en fut quitte pour une
•seing pour toute instruction. -Mbrn'ay •longue et grave maladie, pendant la-
'devait visiter successivementl'Angle- quëllèles Protestants dès Pays-Bas lui
terre, l'Ecosse, les Pays-Bas, TÀllè- 'prodiguèrent les marques touchantes
-magnè, et réclamer partout lés secours de leur estime et de leur affection; Sa
: 43és princes protestants. Le vaisseau santé n'était point encore parfaitement
: ^ju'il montait fut attaqué et pris par une rétablie, lorsque le roi de Navarre le
"
division de là flotte royale; mais 'sa •fit prier par à'Hagranvillé, depuis
- 'présence d'esprit et la fidélité dé ses 'fnestre-dè-camp, de repasser en An-
jgens, dont aucun ne le trahit, même gleterre pour expliquer à Elisabeth les
dans les douleurs de la tortufe,lfe:sau- causes de la prise d'armes de 4 580, et
vèrent ; il ne fut pas reconnu. On se lui demander de nouveaux secours.
:cbntehtâ donc de le dépouiller dé tout 'Mornay ne se chargea qu'avec une
'ce qu'il avait, et on l'ahandohha en 'grande répugnance de celte mission.
pleine mer sur son navire, après en •Sa conscience ne lui permettait pas
- -àvdir enlevé les ancrés et lés voilés. 'd'approuver la violation d'un traité so-
'On bonheur providentiel le fâineha dan» lennel pour des inotifs aussi futiles que
le port de La Rochelle, ati mois d'avril ceux qui avaient déterminé cette sou-
4.577. Bientôt après, il reprit la ihèfiet dâinelevée de bouchers. Cependant il
' arriva enfin heureusement à Londres, •partit, après avoir, autant que cela dé-
les liaisons qu'il y avait contractées pendait de lui, rassuré les Flamands
pendant son premier séjour, l'estime consternés par la prise de La Noue,
qu'il avait méritée par la noblesse de Sans consentir toutefois à accepter la
son-caractère, et les services qu'il avait charge dé commandant en chef que les
déjà rendus à la cause du protestantis- Etats de Flandres lui offrirenl, parce
me, aidèrent sans doute au succès de qu'il voulut rester fidèle à ce qu'il
sa négociation. Il parvint à dissiper lès -regardait comme un devoir. Sa négo-
fâcheuses impressions que la cbnduite ciation était en bonne voie, lorsque le
équivoque du roi de Navarre, depuis prince de Condé vint la traverser par
là Saint - Barthélémy, avait -laissées des demandes tellement exorbitantes
idaus l'esprit d'Elisabeth, et il obtint •qu'Elisabeth y répondit par un refus
de celle grande reine une somme de absolu. Le prince irrité quitta l'Angle-
80,000 écus qu'il envoya à Hainbdurg terre en ordonnant à Mornay de le
pour solder l'armée allemande ; .mais 'suivre.
«e subside devint inutile par suite de la Quelque temps après son retour en
.

•précipitation avec laquelle la paix se 'Flandres, Mornay fut chargé par lès
Ifif, au mois de septembre. Ètâ'ls de traiter enleur nom avec \z duc
.Depuis plus de dix-huit mois, Du d'Anjbu.Samission remplie, il se réh-
îlessis-Mornay habitait l'Angleterre, diten Gascogne dans le but défendre
où safemmeétait allée lé rejoindre,lors- cbmptèjau rbi de Navarre du résultat de
MOR 518 — MOR

son ambassade en Angleterre. Henri années il poursuivait une autre chimère,


l'accueillit à merveille et lui déclara l'unité dans l'Église, et s'efforçait par
qu'il entendait ne plus se séparer de ses écrits et ses conseils d'établir une
lui : «Je veux, lui dit-il, que ce soit au union plus étroite entreles Protestants.
plus vivautdes deux.«Nous verrons ce De retour auprès du roi de Navarfe,
que valaient ces belles paroles. Pour Mornay donna un exemple rare de dé-
répondre au désir du prince, Du Pies- sintéressement en faisant nommer Ar*
sis retourna chercher sa famille dans naudPu Ferrierà la charge de chance-
les Pays-Bas. Déjà tous ses préparatifs lier de Navarre,qui lui était offerte à lui-
de départ étaient terminés et il allait même. Son intention était sans aucun
reprendre la route de France, lorsque doute d'attacher plus fortement le cé-
lesËtats, mus à lafoispar un sentiment lèbre jurisconsulte à l'Eglise protes-
de reconnaissance pour les nombreux tante, et vraisemblablement aussi de
services qu'il leur avait déjà rendus et lui témoigner sa reconnaissancepour
par la conviction qu'il pourrait leur en les bons offices qu'il avait reçus de lui
rendre encore d'Importants dans le à Venise; ce qui nous le persuade,
conseil du duc d'Anjou, que l'on at- c'est qtie, quelque temps après, en
tendait d'un jour à l'autre, et « près 4 585, il ne refusa pas de partager avec
,

duquel ils avoyent si,peu de person- Clervant la surintendance de la mai-


nes confidentes et affectionnées à leur son du roi de Navarre et de ses finan-
bien, » le supplièrent avec instance de ces, place laissée vacante par la nomi-
rester. Le roi de Navarre, ayant con- nation de Ségur-Pardaillan au poste
senti à prolonger son congé de six d'ambassadeur(t).
mois, Mornay accéda à leurs VCBUX; A dater de cette époque et jusqu'à
mais il ne tarda pas à pénétrer les in- l'avènement de son maître ati trône de
tentions perfides du prince français,et France, Mornay fut l'âme de ses con-
il résolut, après avoir communiqué ses seils; il lui rendit d'inappréciables ser-
appréhensions au prince d'Orange, de vices comme guerrier habile, adminis-
se retirer au plus lût, « de peur que'sa trateur économe ,• politique profond,
présence ne servist de piège à ce écrivain infatigable. S'agissait-il d'im-
peuple.» 11 rentra donc en France vers plorer le secours des puissances pro-
le milieu de l'année 1582, c'est-à-dire testantes oU d'excuser auprès des prin-
quelques mois seulement avant la te- ces étrangers la conduite quelquefois
nue du Synode national de "Vitré; au- douteuse et toujours immorale de Hen-
quel il assista de la part du roi de Na- ri, c'est lui qui était chargé de dresser
varre, avec ordre de demander aux les instructions des ambassadeurs,
députés des églises l'élection de deux quand il n'était pas envoyé lui-même
délégués par province qui demeu en ambassade. Fallait-il combattre les
, -
rassent constamment auprès de lui prétentions de la maison de Lorraine
pour l'assister de leurs conseils, et et dévoiler les projets des Guise, ou
d'un certain nombre de. ministres doc- bien répondre aux accusations delà
tes, qui allassent en Angleterre, en Cour et aux anathèmes de Rome,c'est
Suisse, en Allemagne solliciter la con- toujours lui,qui était le premier
sur la
vocation d'un synode général pour brèche.. Les églises avaient-elles à se
mettre un terme aux querelles reli- plaindredel'inexécution des édits,c'est
gieuses entre les deux communions ré-
ormées, en décidant par la Parole de . (1 ) Mornay dressa pour l'ambassadeur du
Dieu les points en litige, On reconnaît roi de Navarre une instruction, où, dit Sis-
mondi, la loyauté dé l'écrivain, sa connais-
dans ces deux demandes l'influence de sance complète du danger et sa confiance.en.
Du Plessis-Mornay. Non seulement il Dieu se font sentir a chaque ligne. Cet écrit,
rêvait un gouvernement soumis à un si différent de tout ce que présente ordinai-
contrôle sérieux ; mais depuis longues le rement la diplomatie, se trouve imp. dans
T. III de ses Mémoires.
MOR — 5*9 MOR
lui qui était choisipourrédigerlecahier d'excommunication, elle crut devoir
desremontrances,etsouvenl,pouraller s'éloigner afin d'éviter un éclat scan -
le présenter au roi. Quelque entreprise daleux (1).
militaire était-elle projetée, c'est à Mor- Dans la guerre de 4 585, Du Plessis-
nay que l'on avait recours pour en as- Mornay déploya une prodigieuse acti-
surer la réussite et la justifier, après vité. Chargé de défendre Montauban
l'exécution, si le cas le requérait. En avec Terride, il travailla, sans perdre
un mol.négocialions publiques ou se- de temps, à en augmenter les fortifi-
crètes, questions politiques ou reli- cations. Lefaubourg du Tarn,quiporta
gieuses, affaires de finances, de guerre, dès lors le nom de Villebourbon, et ce-
d'administration, tout lui passait par lui de Saint-Antoine, qui prit celui de
lès mains, rien ne se faisait que par Villenouvelle,furent entourés de murs;
lui; il était l'aller ego du roi de Na- la porte des Cordeliers protégée par
varre, qui avait en lelle eslime sa pro- un ravèlin. Des ponts-levis furent éta-
bité et ses talents, qu'il lui confia plus blis, des casemates construites, et pen-,
d'une-fois les commissions les plus dant que ces travaux urgents s'exécu-
délicates,comme lorsqu'il l'envoya, en taient par ses ordres, Mornay, à la tête
4 583,à Lyon demander à Henri III des d'une partie desProlestants du Quercy,
explications au sujet de l'affront fait à tenait la campagne, prenait La Françai-
la reine Marguerite, sa femme. se, ravitaillait le Mas-de-Verdun,où Sa-
Du Plessis-Mornay assista,en4 584, vaillan commandait, déjouait la con-;
à l'Assemblée politique de Montauban spiration des neveux de Terride, aidait
tenue avec la permission de Henri III. Fontrailles, gouverneur de J'Arma-
Nous n'avons pu jusqu'ici en retrouver gnac,à rompre le blocus de l'Isle-Jour-
les actes, en sorte qu'elle ne nous est dain, ôtait à Joyeuse l'envie d'assiéger
connue que par le cahier des plaintes, Villemur,secoufaitLayracserré de près
qui fut dressé par Mornay et qui a été par Matignon, et secondait Turenne
inséré dans le T. II de ses Mémoires. dans quelques-unes de ses entreprises.
Il fut chargé, avec le comte de Laval, Du Plessis-Mornay n'alla retrouver
de porter ce cahier au roi, et en même leroideNavarrequ'aumoisdéniai! 587,
temps de demanderpourtroisans enco- et dès-lorS il nele quitta plus jusqu'a-
re la garde des places de sûreté, dé- près saréconciliationavecHenri 111. En
mande fondée sur l'inexécution del'é- 4€88, il lui suggéra l'idée de se saisir
dit en plusieurs points. Les deux dé- de Saint-Nazaire, à l'embouchure de
putés des églises réussirent dans leur la Loire; mais les vents contraires em-
négociation au-delà même de, leurs es- pêchèrent l'escadre rochelloise , qui
pérances, grâce peut-être au service portait l'artillerie, d'arriver à lemps.
que les Huguenots venaient de rendre Mornay fit débarquer les canons et les
à Henri III, en lui révélant les projets conduisit à travers d'horribles chemins
du duc de Savoie sur le Dauphiné et au camp huguenot devant Beauvoir-
la Provence, découveits par le capi- sur-Mer.C'est à ce siège que l'on fit pour
taine Beau/regard (4). Pendant l'ab- la premièrefois usage degaleries,inven-
sence de Du Plessis, sa femme, qu'il tion de notre Mornay, qui fut singuliè-
avait laissée à Montauban avec ses en- rement perfectionnée plus tard par le
fants, eut, au sujet de sa coiffure, avec prince Maurice. Après la prise deBeau-
le ministre Béraut, soutenu par la voir, il retourna à La Rochelle. Nous
partie la plus fanatique du- consistoire, connaissons déjà le beau rôle qu'il joua
une altercation si vive que, menacée à l'Assemblée politique qui s'y tint la
(1) Comme témoignage de sa reconnais-
(1) Béraut avait porté le trouble dans
sance pour ce service, Henri III fit offrir l'égliseparFappricationexagéréederart-'XIX
100,000 livres a Mornay. 11 les refusa, mais il
demanda 100,000 écus pour le roi de Na- des Actes du XI» Synode national (T'oy.Pièces
justif., K°XLVI).
varre, qui lui furent accordés.
MOR —- 520 MOR
même année [Voy,\,v. 462).Cette as^ ' il entama avec Chavigny,par le moyen
semblée lui donna des marqués de sa dé son neveu Feuqnilrcs, des négo-
haute eslime, en insistant pour qu'il ciations.pour retirer d'entre ses mains
conservâtla surintendance des finances le cardinal de Bourbon; il lui en coûta
delà Cause, et en l'élisant président une somme de 22,000 écus qu'il dut
du conseil qu'elleplaça auprès du Pro- emprunter en partie, et qui lui fut rem-'
tecteur des églises. Après l'assassinat boursée en assignations, sur lesquelles
des Guise aux Etats de 'Blois, Mornay- il perdit la moitié.A peine sa santé fut-
conseilla au roi de Navarre de marcher elle rétablie, qu'il se rendit à Tours dùJ
vers la Loire, plutôt quede rester en- se trouvait le nouveau roi. Il assista
fermé au milieudes marais de la Sain- au siège du Mans et combatlitvaillam-;
tonge.il avait compris que,presséd'un mentà Ivry.où.ileutun cheval luésous
côté par les'Huguenots, de l'autre par lui et perdit tous ses bagages.Quelques-
Mayenne, et trop faiblepour résistera jours après celle bataille,dont il a donné'
tous deux, Henri III serait forcé de uue relation, ins. dans le T. IV de ses:
s'appuyer sur les Protestanlsou sur les Mémoires, il négocia la soumission de
Ligueurs, et que ne pouvant faire la Verhon, dont la prise facilita celle de
paix avec le frère-des-Guise, qu'il ve- Mantes. C'est,dans cette dernière ville
nait d'assassiner, il la ferait avec le roi que Henri lV,quin'avoitencore rien fuit
de Navarre. Ses prévisions se réali- pour le plus fidèle de ses .serviteurs,
sèrent. C'est par son entremise et le nomma conseiller d'état, en le char-
celle desonfrère deBuhy,alors maré- geant de s'aboucher avec Villeroy tou-
chal de camp des armées du roi de chant certaines:propositions du,duc de
Franpe (1), que fut négociée la trêve Mayenne. Les pourparlers n'aboutirent
entre les deux Henri. Nommé par les à rien; mais ou les reprit quelque temps
deux rois gouverneur de Saumur, en après, et les conférences ne disconti-
récompense de ce service, il fil en- nuèrent plus, pour ainsi dire, jUsqti'à
trer dans laville dePmwaavecquatre la soumission des chefs de la Ligue.
enseignes, et dans le châleau Berna- Mornay y fit preuve d'habileté,de pru-
pré, vieux guerrier âgé de plus de 60 dence et d'un esprit conciliant.
ans, d'une rare valeur et d'une fidélité Quelque dévoué qu'il fût à son roi,-
éprouvée; puis il fitvenir L'Espine de Du Plessis-Mornay était Irop profondé-
La Rochelle pour y organiser une é- ment religieux pour oublier ce qu'il
glise, conformément à la trêve (2). devait à son Dieu, et trop dévoué à là
Une fièvre violenté l'empêcha de religion prolestante pour sacrifier en-
suivrel'armée royale sous les murs de tièrement les intérêts des églises aux
Paris. Il n'était pas encore guéri lors- exigences de la politique royale; aussi
que la nouvelle/lui fui apportée de l'as- le P.Daniel,tout en louanld'ailleurs sa
sassinat de Henri 111. Oubliant ses bravoure, son habileté dans le manie-
souffrances pour ne s'occuper que des ment des affaires, ses sentiments de
intérêts de son maître,ils'assurasur-le- probité et d'honneur,safidéliléinébran-
champ de plusieurs villesvoisines; puis lable à son souverain,lui reproche-t-il
d'avoir laissé «l'amour de sa secte l'em-
(1) Il professait entore la religion réformée
cn1S68, année où il fui parrain de Pierre Du porter quelquefoisdans soncoeursurle
Moulin, lils de Joachim, son chapelain. Nous devoir du sujet.» Ilest certain que Mor-
ignorons la dale de son abjuration. Il mourut nay avait un caractère trop noble pour
d'apoplexie en 1598. Son tils unique, Pierre, adopter les maximes serviles des cour-
ne laissa que i|es filles. tisans, et trop peu d'ambition pour a-
(2) Après son avènement au trône, 1

Henri IV porta la garnison à six compagnies cheter la faveur de ?•' " ..: iv.piix de
commandées par Du Plessis en personne,
Pierrefitte, gouverneur de la ville aprè» de ses convictions.il avait en même temps'
Préaux, Bernapré, de Cugi,Belen et le fils trop de perspicacité, pour ne pas s'a-
de Du Plessis, alors âgé de- dviuie mis. percevoir que les nécessités de la si-
MOR 524 MOR
tualion mises constamment en avant chrétien réformé que d'arracher ses co 1
par le prince pour se dispenser de faire rèligionnàires au 'fau.atisme des -tribu-
droit aux 'plaintes trop légitimes des naux et aux fureurs delà populace?
Huguenots, couvraient un mauvais Mornay, au reste, s'inquiéta médio-
ivouloirrM; aussi ne cessait-il de pres- cremenl du déplaisir du roi; sa coh^
ser le roi d'assurer enfin le sort de ceux science l'approuvait, que lui importait
qu'il appelait encore ses coreligionnai- le resté? !Sa correspondance prouve
res. Après mille objections et beaucoup qu'il 'lui-était pénible sans doutede se
de remises, il arracha l'ordre de rédiger voir supplanté par d'O et consors dans
nn édit qui révoquât ceux dé 4585' et l'intimité.d'unprincedbntlagloire était
4588.Sarédactionayantétéapprouvée, le plus ardent de ses voeux ; cependant
ïlfulchargédefaireenregistrerlenouvel il hé -s'abaissa pas 'jusqu'à essayer de
édil(publiédans leT. IVde ses Mémoi- regagnerlafaveurroyale par de fâches
res), mais il n'était pas encore arrivé à complaisances : bien au contraire, il
Tours que déjà les dispositionsdu roi a- craignit pas.d'augmenier le mëconlen-
vaîentchangé.ilseretirafortméeontent tementdè'Henri en refusant,malgré des
à Saumur; cependant il ne sélassa pas ordres,réitérés, de se dessaisir d'Une
d'insister par écril(1)surlanécessité de somme assez forte provenant de l'alié-
donner satisfaction sux églises. L'édit nation d'une partie du domaine dé Na-
fut enfin publié au mois d'août 4'591,, varre,sommequi était destinée àla solde
mais non pas dans sa rédaction primi- del'armée allemandélevée parle duc de
tive. Il y avait été fait de tels change- Bouilli)n,-et qu-'il ne voulait pas laisser
ments que les Protestants refusèrent gas.pillerdans des;plaisirs dispendieux.
de s'en contenter, persuadés que s'ils 11 ne consentit à la remettre qu'après
l'acceptaient, il ne leur serailrien ac- ' avoir apprisl'arrivée en Francedes trou-
cordé déplus. pes auxiliaires; encore voulut-il porter'
Reprocher à Mornay 'd'avoir, dans lui-même l'argenlau roi,alors occupé au
cette circonstance, méconnu les néces- siégedeRouen. Henri IV, qui -avait be-
sités de la situation, de n'avoir pas vou- soin de ses^erviceSj'neluiïïl aucun re-
lu accepter une politiquede transaction proché. Gomme il avait alors à craindre
1

commandée parles circonstances, c'est qu'Elisabeth, ne'rappelàtlesAnglais qui


faire preuve d'une étrange ignorance servaient dans son armée, il jeta les
du sort desRé'formés dansles premières yeux sur l'habile négociateur hugue-
années du règne deHenriIV(l''oj/. Piè- not, pour l'envoyer en Angleterre. Le
eesjuslif. NLXII). A coup sûr, après compte, rendu de sa négociation a été
avoir lu leurs plaintes, quiconque a dans publié dans leT.'V de ses'Mémoires.Il
le coeur l'amour, nousne.dirons pas de prouve que si'elle n'échoua pas com-
la liberté civile et religieuse, mais sim- plètement, Henri IV le dut à la haute
plement de la justice et de l'humanité, considération donl Mornay jouissait.
applaudira aux efforts de ce sage pour Cependant les pourparlers conti-
faire cesser d'intolérables vexations'; nuaient avecles chefs de |a Ligue. La
Son insistance est même d'autant plus première condition mise par les Li-
louable que, depuis quelque temps, il gueurs à leur-soumission était la con-
devait s'apercevoir que ses remontran- version du Béarnais. Henri IV renou-
ces, parfois sévères, importunaient son vela la promesse de se faire instruire,
maître. Mais — c'est là son plus beau et Du Plessis-Mornay, à qui l'on peut
titre à l'admiration de la postérité — il reprocher sans injustice une confiance
n'était pas homme à transiger avec le exagérée,presque aveugle, dans la bon-
devoir, et quel devoir plus sacrépourun ne.f'oideHeuri,s'imaginaque lapromes-
, seëlait-sêrieuse.quelemomehl.altendu
(O On trouve dans le T. V de ses 'Mé- par lui avec impatience, étail venu où
moires un Discours qu'il envoya au roi a ce
fujei. son maître, jaloux delà gloire de Gon-
MOR
MOR — 522 —
stantin, allait marcher sur les traces du verny avait écrit à l'évêque de Chartres
premier empereur chrétien en travail- «qu'il vînt hardiment sans se mettre
lant à réformer l'Eglise de France dans en peine de théologie», qu'il comprit
un concile où les deux parties seraient qu'il avait été pris pour dupe, et que
entendues. Le madré Béarnais n'eut l'intention du roi ni des évêques n'était
garde de le détromper; il poussa la dis- d'entrer en discussion. Cependant il ne
simulation jusqu'à approuver un projet renonça pas à son projet de réunir un
que Mornay lui soumit, et qui consistait certain nombre de pasteurs instruits,
s
1 à réunir à Saumur quelques-uns des comme nous l'apprennent plusieurs de
plus doctes minisires dé l'Eglise ré- ses lettres, une entre autres qu'il écri-
formée, « auxquelz il administreroit vit, en 1593, à La Motte, lieutenant-
,

moyens, logis et commoditez,et surtout • général au bailliage d'Alençon, pour


.
des meilleurs livres.poursèpréparerde l'engager à veiller à ce que la Norman-
bonne heure à cette conférence... Son die élise des personnes capables. Il ne
intention estoitdeleur fairerafraischir voulait pas que le clergé romain pût se
la lecture des anciens, mesmes des prévaloir de l'absence des pasteurs.
scholastiques, et que chacung en prinst Lui-même fut choisi par la Touraine
sa part à lire; qu'en les lisant chacung comme son représentant à l'Assemblée
rapportast sur chaque poinct contro- dé Mantes. On sait que Henri IV n'at-
versé ce qu'il trouvoit es auteurs, qui tendit même pas l'arrivée des députés
venoient en sa part, et en feist extraict, des églises pour abjurer, en sorte qu'il
que puis après chacUng d'eulx se pré- ne resta à Du Plessis-Mornay que la
parast principalement <sur ung certain triste consolation de bénir Dieu de ce
poinct, et surtout y remarquast en ice- que la chose s'était faite « avec moins
luy par ce qu'il résultoit du recueil et de scandale qu'on n'attendoit. »
observation de tous, la pureté de la Mornay était alors à Saumur, où il
doctrine, jusques à quel aage elle ayoit - était
.
retourné après une absence dehuit
duré, par qui, quand et comment l'abuz mois, surveillant les travaux qu'il faisait
y avoit glissé, comment du depuis il s'y exécuter sous la direction de l'ingé-
seroit nourri, accreu, augmenté, etc.; nieur militaire Bartholoméo. Le fau-
les oppositions et interpellations qui bourg Saint - Nicolas fut entouré de
avoient été faictes, soit à sa naissance^ forts bastions de terre revêtus de ga-
soit à son accroissement, etc. » MorV zon, le château ceint de fortifications
nay se flattait que celte conférence'conA régulières avec courtines etbastions re-
vaincrait tous les gens de bonne foi de vêtus d'un mtir en pierres de taille. Le
la nécessité d'une réforme de l'Eglise, plan adopté exigea la démolition du tem-
et il rêvait pour Henri IV la gloire d'o- ple protestant, mais Mornay en fit éle-
pérer la réunion de tous les Chrétiens. ver un autre à la porteduBourg «sans
C'était un.rêve, mais un rêve magni- qu'il en.coustastung déniera l'églize.»
fique. Sur-le-champ, il se mit à l'oeu- Ce fut dans ces circonstances que Ca-
vre, Dès le mois de mai 15'92, il écri- therine de Bourbon arriva à Saumur
vit au pasteur de Londres La Fon- (Voy. II,p.438). Mornay travailla avec
taine : «S. M. promet de se faire in- son dévouement habituel à la réconci-
struire. Cela nous pourra engendrer liation du frère et de la soeur, et il eut là
une, conférence, petilt-estrè dans,six satisfaction de voir que ses soins néfu-"
ou sept mois. Il s'y fault préparer, et rentpas perdus.
pour ce, je lui ai faict trouver bon que Mornay était encore à Saumur, s'ap-
je fisse rendre à Saulmur sept ou huict pliquantavec succès à maintenir la tran-
des plus notables ministres de France quillité dans son gouvernement et à dé-
pour se prémunir. » Sa douce illusion ' jouer les complots tramés par les Li-
dura plusieurs mois. Ce fut seulement gueurs contrelaville et contre sa propre
lorsqu'il apprit que le chancelier Chi- personne, lorsque les ordres réitérés et
MOR S23 MOR

de plus en plus impératifs de Henri IV Mémoires. Ces plaintes continuellesfa-
le rappelèrent à la Cour. Le moment tiguaientd'autantplusHenriIV,qu'ilsa-
prochait où le prince apostat allaitap- vait qu'elles étaient fondées et qu'il ne
se
trouver en face des députés dès églises, pouvait se dissimuler qu'iln'avait payé
qu'il avait convoqués à Mantes le les services des Huguenots que d'in-
pour
20juillel1593(Poy.V,p.477),etcomme gratitude. Tant qu'il eut besoin deMor-
il craignait leurs reproches, il voulait hay, le roi supporta patiemment ses re-
se servir de Mornay pour calmer l'orage montrances ; mais dès qu'il se sentit
qu'il redoulait.Nousavons parlé ailleu affermi sur le trône, il ne craignit-plus
( Voy.ïV, p. 552) de la part que der- rs
de laisser paraître le déplaisir que lui
nier prit à la rédaction de l'édit deceMan- causait la rude franchise de son conseil-
tes. Chargé, quelque temps après, avec ler.Lerefroidissement allait donc crois-
Schomberg et de Thou, de négocier la sant, lorsque l'amitié du roi pour le plus
soumission du duc de Mercoeur, négocia- fidèle, lé plus probe, le plus loyal de
tions qui,rompues etreprises plusieurs ses serviteurs, fut brusquement réveil-
fois, durèrentdes années entières,com- lée par une lâche tentative d'assassi-
me on le voil dans leT. Vide ses Mémoi- nat dontMornay faillit d'être victime à
res, il ne concourut pas d'une manière Angers, où il s'élaitrendupoursecon-
directe et active aux délibérations des certer avecBrissac au sujet d'une en-
Assemblées^politiques où furent jetées treprise militaire. On vit, dans cette
les bases de l'édit de Nantes; cependant occasion, combien il était aimé et esti-
il contribua à obtenir cet édit de Hen- mé n on-seulementdesProtestanls,mais
ri IV, par sespressanles remontrances des Catholiques eux-mêmes. Henri IV
d'abord, et ensuite par le conseil qu'il prit l'affaire à coeur et força Saint -
donna à l'Assemblée de Loudun de Pliai, l'auteur de cette odieuse tenta^
ne
pas se séparer,malgré les ordres duroi. tive, à faire à l'illustre vieillard une
L'édit publié, il surveilla les travaux des
éclatante réparation. C'est la dernière
commissaires, cherchant à aplanir les marque d'affectionqu'il lui donna.Bien-
difficultés quiseprésentèrentdansl'exé- tôt même, son mécontentement sèchan-
cution et usant de son crédit pour faire gea en une hostilité déclarée; voici à
décider les partages en faveur de ses quelle occasion.
coreligionnaires.Les églises s'habituè-- Mornay avait conservé de ses pre-
rent ainsi à le regarder comme leur dé- mières études un goût très-prononcé
fenseurnaturel dans les conseils duroi, pour la théologie, dont les sublimes
et les Catholiques ne le désignèrent problèmes offraient un attrait particu-
bientôt plus que sous le nom du Pape lier à son génie grave et méditatif. Il
des Huguenots. Cette haute position, consacrait les, rares!oisirs que lui lais- .
où le plaça son zèle seul, sans qu'il, saient ses innombrables occupations à
l'eût ambitionnée, augmental'irritation l'examen des questions controversées,
deHenrilVet excitala jalousie àeSully. -dans l'espoir que le fruit de ses travaux
Les vexations auxquelles les Pro- profiterait à l'Eglise prolestante. Telle
testants restèrent en butte même après fut l'origine de son fameux traité de
la promulgation de l'édit dé Nantes, ne l'Institution de l'Eucharistie, qu'il
fournit malheureusement à Du Plessis- mit au jour au mois de juillet 4 598.Cet ,
Mornay que de trop nombreuses occa- ouvrage, qui parut avec l'approbation
sionsd'inlervenir.enleurfaveur auprès de trois pasteurs, Jlfertm, Macefer et
du roi ou de sesministres.Déjàen 4 589, Vincent de. Saumur, est divisé en qua-
il avait dressé un Mémoire concernant tre livres. Le 1" traite de la messe,
les innovations faictes sur la trefve prétendu sacrifice quiri'eslfoudénisur
aupréjudice de ceulx de la Religion, l'Ecrilurenisurlapratique des Apôtres,
et ce mémoirefut suivi de plusieurs au- invention des théologiens du vi" siècle,
tres, que l'on trouvera imp. dans ses aussi contraire au christianismeprimitif
MOR 824 — MOR

que les cérémonies dont on l'accompa- 'lui-même'à Henri IV pour se plaindre


gne, toutes nouvelles ou superstitieu- d'êti e' traité d'Antéchrist par un' mem-
ses, comme Toau.bénite -etTencèns, bre de son conseil d'Etat, enlui don-

qui ont été empruntés aux.rites dU'pa- .nant à entendre qu'un bon catholique
ganisme. Dansle 2% l'auteur discourt ,ne , l'eût pas souffert (4). Le -roi, qui
des temples et des autels,..noms incon- (avait-besoin du souverain ponlife pour
nus aux premiers ,'Chrétiens, qui n'u- .ila-dissolution de son mariage, s'alarma
sâientni de consécrationni dedédicaoe; delévoir: élever des doutes sur la- sin-
des images, introduites .à une époque cérité dé sa conversion, et se proinit>de
cassez récente dans les églises et d?un donner satisfaction entière à Sa Sain-
Usage dangereux; du pain azyme; ;dont teté; La vigueur avec laquelle Mornay
. lbEglise
primitive se servait indifférem- s'opposa à la publication du concile de
ment; de la célébration du culte en •Trente que Clément demandâitavéCih-
langue vulgaire, recommandéeparles :stance',età laquelle il était.lrès-dispbsé
-
Pères, ainsi quelalêcture de l'Ecriture àiGonsentir, n'était certes pas propre à
-sainte; du> célibat des prêtres, inconnu ichanger :Sa résolution, en sorte:que,
en Orient et longtemps;rejeté en Occi-
1
ipartiépour faire plaisir au pape, partie
dent-Dans lé 3", revenante la'messe, pour: punir Mornay de sa résistance à
-il'jétablit qu?en l'appelleimproprement ses volontés, il sacrifia, sâns'beaucbup
;isacrifice,puisquedanslaNouvelle-^Al- hésitèr,un homme qui, pendant plus de
liance il n'y a pas d'autre-sacrifice ex- ..vingt ans,l'avait servi de ses conseils,
jiiâtoire que celuidela Croix; .puisll de Isa plume,.de sa fortune et de son
'discute les dogmes de l'invocation des <épée,avec une fidélité,undévouement,
Saints, du purgatoire,'de là justifica- iun>désintéressement sans exemple.
tion, qui ne s'opère que par là foién Au commenceméntde4 599, Mornay.
Jésus-Christ. Le 4" itrâite;de la.Cène Iqui selênait depuis longtemps éloigné
Considérée com'meisaCrement.iL'auteiir delà Cour, vint à Paris pouf recevoir
cite-à l'appui de ses assertions environ lès excuses de Saint-Phal et poursuivre
Cinq mille passagestirés des Pèresde -en même temps le remboursement des
.

-l'Eglise'OU d'autres théologiens. ;<Get TS'ommes considérables qu'il avait ëm-


étalage d'érudition luiifUtfunesté. /-pruntéespourle service du roi. Quel-
'Dès qu'il'parut, le traité deiMdfnay que temps après son arrivée, Henri
•devint telmt des. plus ^violentes ialta- Âux^Epaules, sieur de Sainte-Marie-
ïques,Pendanttoutlecarême,lesichai- du-Mont (2)', fils de Nicolas Aux-
-resdePàris!fetentirentde déclamations Epauleset de Françoise de Monchy,
^furibondes contre l'ennemlde la niessè. quine cherchait qu'un prétexte honnête
-Son livrefutcondamné.parlàSorbonne pour abjurer,-alla prier la princesse
eomme unlivre pestilentiel.Les Jésui- ifl'Orange de lui ménager une entrevue
lesdèBordeauxleldéférèrenlau parlè- laveclùi, désirant, disail-il, lui sou-
rent;' mais le premier président leur mettre dés doutes qui tourmentaient sa
sïépondit que le temps .n'était plusiqù .
-conscience. La princesse en parla
l'on brûlait les écrits hérétiqués,ét qu'il îMornay,et le pressa de se prêtera cette
ine leur restait d'autre parti à prendre 'bonne oeuvre. Mornay eutbeau s'en dé-
:qUe de le réfuter.Bulenger,,urides au- fendre, et réprésenter !<qbe cela ne'fè-
umôniers du roi, Dùpuy, chanoineide roit qu'ung éclat sans proffict, pëtit-
iBazas, les jésuites FrontonleD.uc.iet éslre même avec dommaige » ; il 'dut
-Riçheome l'entreprirent. Leurs répbri-
ses, véritables libelles,. eurent.pèu de (1) est inutile de dire que Mornay figure
11
dans l'Index romain parmi les hérétiques de
succès et ne servircu. Bu ère qu'à piquer ..première classe. ' ' ',
lacuriosité. Mal satisfait d'Un paréilTé- .-(2) SainterMarie-du Montéiaitgouverneur
. .

sullat, le clergé catholique sétourna du dé HarfleUr. Il mourut, en -1607, bailli et goù-


Vèrhèur de Rouen et chevalier du St-Ë'spfît.
coté du prince. Clément Vllbécrivit On v.oit'que sa conversion lui fui,profitable.
MOR — 525 MOR
céder aux instances delà pieuse dame. dispute, lit-on dans L'Estoile, faitl'en-
Le lendemain donc, 4 7 mars 4 600,il.se,: tretien de tout Paris..Les uns, qui,ont
rencontra à dîner chez la princesse avec:, admiré l'éloquence :et la pureté du style- '
Sainte-Marie-du-Mont, qui lui répéta dulivréde Du Plessis, souhaitent que-
l'évêque ;.
un bruit répandu par d'Evretii les témoignages des Pères qu'il cite;
et propagé par le roi lui-même, que la;, soient fidèles ; d'autres assurent qu'un ;
plupart des passages cités dans son li-: hpmme de, ce caractère est exempt",
vre étaient falsifiés, en ajoutant que,-; d'imposerj voire de suspicion; quel-:
dans l'intérêt de la religion,réformée, ques^uns, qu'il n'est pas, surprenant;
il était urgent qu'il songeait effacer que. dans Un, si grandnomhrede.pas-
des esprits la mauvaise impression que; sages cités dansle livre de l'Institution-
cette grave accusation y avait laissée, de l'Eucharistie, on n'en trouve peut-*
Mornay aurait pu se contenter de ré- être quelques-uns mal cités ou allé-*
pondre que, s'il y avait dans son livre; gués: cependant on ne doit point en
cinq centsfausses citations, comme le: conclure que ce-livre soif mauvais. Plu-
prétendait Du Perron, il les lui aban- sieurs qui sçayen.t que les occupations
donnait pour s'en tenir aux bonnes, du sieur Du Plessis ne lui permettent '
dont il resterait encore près de quatre point, d'avoir examiné par. lui-même
mille ; mais indigné qu'on osât soup- tous les passages cités dans son livre,,
çonner sa bonne foi, il tomba dans le - croyent véritablement qu'il y en a un;
piège. Il répondit donc que s'il plai- grand nombre, de. défectueux, et qu'il;
sait au roi dénommer des arbitres, il a tort d'avoir fait le défi auparavant de-
prouverait la calomnie, et deux jours le? avoir revus lui-même : et en ce cas;
après, il envoya un défi à l'évêque blâment les ministres et autres qui lui
d'Evreux. Dèsle 25,Du Perron, s'em- ont fourni.ces passages: que la màti-.
pressant de faire, comme le Mrepro- vaise foi doit tomber sur eux-, ef non
cha Mornay, « d'une semonce privée, sur.;lui (4). » Henri IV accorda la con-
de particulier à particulier, ung defy férence, le. 2 avril. Le7, Du Perron'
deparly à pariy, » répondit à son car- arriva à Paris, Le, 4 0, des commissaires
tel par un écrit public où il s'engagea de l'une et l'autre religion furent nom-
à: montrer à Du Plessis « en tel lieu més ;- c'étaient pour les Catholiques :
pourveu de livres, et en telle compa- le, chancelier Bellièvre, tout dévoué
gnie de personnes capables qu'il plaira; au pape, de Thou; et Pithou, dont la ti-
d'ordonner, voire en présence., midité était connue, et le médecin Jeau
au roy
de S. M. mesmes, si elle veut avoir le' Martin,; catholique passionné; pour les
contentement d'en veoir une partie,, Protestants;: PuiFresne-Canaye, qui
cinq cens énormes faucelez de compte songeait déjà à se. vendre, et Casau-
faict et sans hyperbole, dans son livre bon, dont on.'S'avait pas à craindre un
contre la Messe, lesquelles, disait-il,, excès de. fermeté.. Inquiet de ce qui se
je choisiray d'entre un beaucoup plus préparait, l;enonce s'empressa,,dès: le
grand nombre, pour éviter une trop ex- 42, de 'protester contre la conférence,
cessive longueur, et les choisiray., si. l'autorité ecclésiastique ayant seulele
expressesetsi manifestes, qu'il nefau- droit de. décider en. matières de-.reli-;
dra autre dispute pour les convaincre; gio.ni; maisiHenri IV le. rassura facile-:
seule ouverture des livres qu'il ment en. lui promettant' «que le dé--
que la
allègue. » En même temps-, il écrivit, (l)'Teiie est aussi notre opinion, et ce sera
roi le supplier de^ermeltre: la celle de tout juge impartial. Le temps' et, les
au pour
conférence, et de son côté,,: Mornayrfit; livres, nécessaires, manquèrent égalementde,a,
présenter, le 34-, àHenrilVparle^uc. Mornay pour,vérifier un. nombre immense
tendant,à^ citations. Son seul tort futd'avoir triip compté
de .Bowllvnwz requête sur rex-actiiùde el.peulrêire sur la- bonne foi
qu'il lui piût de nommer une commis-, dé.ceux qui lui fournirent cette muliitud» de
«'Cette- passages!
sibh pour examiner sou livre.
MOR — 526 - MOR
menti en demeureroit aux hérétiques.» de ses intentions et la vérité qu'il sou-
Toutes les dispositions préliminaires tient, si S. M. n'avoit d'autre désir que
prises, Mornay fit, le 4 4, demander à de la connaître; mais qu'ayant reconnu
Du Perron ses moyens de faux, afin la grande affection qu'elle avoit à faire
d'avoir le temps de se préparer à y réussir cette affaire au contentement
répondre. L'évêque lui répondit que del'évêque d'Evreux, et que, par l'ar-
cela exigeait beaucoup de temps, que tifice dùdit sieur évêque, le nonce et
la discussion fatiguerait S. M-, et que même lepape s'yinléressoienl,ilvoyoit
tout ce qu'il pouvait faire, c'était de bien qu'elle réussiroit à l'avantage de
mettre entre les mains des commissaires l'Eglise romaine : ayant le malheur
une liste de « cinq cens passages falsi- d'avoir son juge intéressé dans cette
fiés. » Le 27, Du Perron se rendit à cause, son roy et son maître pour
Fontainebleau (1). Du Plessis l'y suivit partie^ Néanmoins, s'agissant de la dé-
le lendemain, et, le 29, il présenta au fense de la vérité et de l'honneur de
roi une nouvelle requête où il repré- Dieu.ilsupplioiltrès-humblemenlS.M,
sentait que, Du Perron prétendantqu'il de lui pardonner.s'il prenoit les moyens
n'y avait dans son livre aucun passage de se défendre. » Il insista donc de
qui ne fût mutilé ou inutilement allé- nouveau pour obtenir communication
gué, il était juste de procédera l'exa- de la liste des cinq cents passages, et
men de tous, afin que ceux qui ne se- l'évêque s'y étant refusé, il déclara
raient point attaqués fussent tenus pour qu'il n'assistëroit point à la conféren-
vérifiés.Il demandait, en même temps, ce. Henri IV ordonna d'abord de pas-
que son adversaire lui donnât par écrit ser outre; mais il se ravisa. Réfléchis-
les cinq cents passages qu'il prétendait sant que le départ de Mornay déjoue
falsifiés. Ni l'une ni l'autre de Ces de- rait toute l'intrigue, il chargea Cas -
mandés ne lui fut accordée ; la seule telnau et Chambret de l'avertir que
concession que Du Perron voulut faire, Du Perron lui enverrait une liste de
fut qu'il remettrait au roi la liste soixante passages. Du Plessis consen-
des cinq cents passages, d'où l'on en tît donc à rester, à condition qu'on lui
tirerait chaque jour cinquante pour fournirait les livres dont il aurait be-
être examinés. Il est évident qu'il vou- soin. Selon Casaubon, ce fut à minuit
lait tenirson adversaire à sa discrétion, seulement qu'il reçut par Salettes une
et lui ôter, autant que possible, les liste de soixante-deux passages et un,
moyens de se défendre. Par ordre de paquet de livres que Du Perron fit re-
S. M., le chancelier < fit entendre à demander avant six heures du matin.
Du Plessis la justice de la réponse du
« C'étoit peut-être, dit Mézeray, un
sieur évêque.» Mornay refusa d'ac- stratagème pour assoupir sa vigueur
cepter ces conditions comme injustes, et engourdir la pointe de son esprit,
«et erant sanè iniqu», dit Casaubon en l'obligeant de travailler toute la
dans ses Ephémérides, nisi ipse hos- nuit.» L'historien aurait
pu supprimer
tem lacessisset et ad puguam provo- le peut-être. On affirme même que,
casset. » Il alla trouver le roi à qui « il pour déconcerter son adversaire, l'é-
représenta humblementla douleûrqu'il vêque eut soin de produire à la con-
ressentoit que S. M. eût cru qu'il eût férence d'autres éditions que celles
usé de fausseté dans son livre; qu'il sur lesquelles Mornay avait travaillé
tâcheroit de lui faire voir la droiture toute la nuit.
(1)11 est plus que probable, selon nous,
La conférence, qui devait s'ouvrira
qu'on choisit Fontainebleau plutôt que Paris, huit heures du matin, le 4 mai, fut re-
afin de priver Du Plessis du secoursdes biblio- mise à une heure de l'après-midi. On
thèques et des conseils de ses amis. Une re-
lation catholique de la conférence, où nous se réunit dans la salle du Bain, où l'on
puisons la plupart de ces détails, prétend que avait placé trois tables, l'une près de
ce fut pour éviter le bruit d'une grande ville. là cheminée, pour le roi, l'évêque d'E-
MOR
— 527 — MOR
vreux et Du Plessis, l'autre pour les crement en autre manière que par
commissaires, et la troisième pour les la conversion du pain eniceluy, car
secrétaires, dontl'un était Des Bordes- cela semble déroger à la toute-puis-
Mercier. Autour du roi étaient assis les sance divine, etc., le chancelier, les
princes, les officiers de la couronne, deux parties ouïes, prononça que Du
les secrétaires du roi, plusieurs évê- Plessis avait pris l'objectionpour la'
ques, des abbés et d'autres ecclésias- solution. « Onle condamna certaine-
tiques. Henri IV, qui avait passé la nuit ment un peu vite, dit à ce sujet l'abbé
entière dans une agitation fébrile, ou- de Longuerue ; Durand combat cer-
vrit la séance par quelques mots, puis tainementla transsubstantiation.» C'est
le chancelier exposa le but de la confé- ce que Du Plessis soutenait, disant que
rence, et Du Perron se levant, loua le Durand n'avait pas osé parler plus clai-
roi de son grand dessein. Prenant la rement, mais qu'au fond on voyait bien
parole à son tour, Du Plessis recon- quel était son sentiment. Surle 3* pas-
nut, —- que ne s'en fût-il avisé plus sage , tiré de Chrysostôme : H ne se
tôt! — « qu'il étoit malaisé que sur faut point arrester à la prière des
quatre mille passages et plus qu'il avoil Saints,ainsplustost acheminer nos-
cités, il ne s'en trouvât quelques-uns tre salut avec crainte et tremble-
où il auroit pu faillir comme homme, ment, la décision des commissaires fut
mais que pour le moins il s'asseuroit que Du Plessis avait omis des mots
que ce n'auroît point été avec mauvaise essentiels, en supprimant cette phrase
foy » ; et il termina son allocution en incidente : Non que nous nyons qu'il
protestant « que cet acte étoit particu- ne nous faille prier les Saincls,phrase
lier, et ue pouvoit préjudicier à la doc- qu'il avait omise, dit-il, parce qu'elle
trine des églises réformées de France, concerne les saints vivants, et non pas
qui avoit été devant lui et seroit après les saints morts. Même décision tou-
lui.» chant le 4' passage, tiré aussi de Chry-
Dans les quatre ou cinq heures que sostôme : Nous sommes bien plus
la supercherie de Du Perron l'avait for- teurspar nostrt propre suffrage que
cé de prendre sur son sommeil pour vé- par celuy d'autruy,et Pieu ne donne
rifier les passages argués de faux, il pas si tost nostre salut aux prières
n'avait pu en collationner que dix- d'autruy qu'aux nostres. Il fut décidé
neuf. Serait-il vrai qu'il les choisit à son que ces paroles de Chrysostôme s'ap-
avantage, comme Henri IV le lui repro- pliquaient aux saints vivants. Surle 5e,
cha I La commission n'eut le temps, pris du Commentaire de S. Jérôme sur
dans sa première séance, que d'en Ezéchie! -.S'il y a confiance en quel-
examiner neuf. Sur le 4",tirédeDuns cun, confions-nous en un seul Pieu,
Scot : Jehan Puns (dit l'Escof) pris car maudit soit l'homme qui a con-
de cent ans après le.concile de La- fiance en l'homme, bien qu'ils soient
tran ausa bien remettre en question, saincts ouprophètes. Il ne fautpoint
si le corps de Christ est realement se confier aux principaux des égli-
compris soubs les espèces, et dit que ses, lesquels (quand bien ils seroient
non, et ses fondemens sont que la justes) ne délivreraient que leurs
qualité ne le peut souffrir, l'évêque âmes, et non pas celles de leurs fils,
d'Evreux soutint que Du Plessis avait l'évêque reprocha à Du Plessis d'avoir
prii l'objection pour la solution, et supprimé.àlafin du passage, ces mots.
que la foi de Scot était conforme a la S'ils sont négligens, et le chancelier
doctrine catholique. Du Plessis le nia, TprononoTiçsquelepassage n'était pas
et il ne fut rien prononcé. Sur le entier. Sur le 6' : Que diront-ils de
2*, tiré de Durand : C'est témérité Cyrille, patriarche d'Alexandrie,
de dire que le corps de Christ par la gui respond à l'empereur Julien,
divine vertu ne puisse estre au sa- longtemps après Constantin, lui re-
MOR 528 — MOR
prochant l'honneur rendu à la croix :.. de,Thou,.qui s'exprime ainsi": Ex quo.'
Que leschrestiens ne rendaient ado- colloquio Perronius"sibi: visus estinsi-
.
ration ny révérence aw signe delà') gnem dé a'dvéfsarïp- tritimphum depor-
wcia.DuPerronsoutint qu'il était faux, lasse,quôd ex aliquot mille locisin 1&-
et Du Plessis reconnut qu'il ne se trou- brisa Plessao allegal'is,decem excerp^'
vait pas textuellèmenldansCyrille:. C'est; sisset, ex quibus. arbitri a rege consti^
-ce que la décision des commissaires tuti qusedani parum ad rem facere j.udi,-'
constata^). Sur le 7e, tiré des lois des: câ'runt. ». Cependant Mornay éprouva!
.

empereurs : Parce que. nous n'avons: un, échec, et Henri IV en ressentit un-..-
rienenplus grande recommandation^ plaisir, extrême. Tirant gloire dé laparfc/
quele servicedePieu-,nousdeffendons' qu'il avait prise, à celle méprisâble.in-
à toutes personnes de.faire'le 'signe trigue de cour, le roi s'écria le ,soir, :
de la croix de nostre Sauveur J.+Ch. en présence de ses courtisans, en s'à^-.
en couleur,. ny_ en pierre, ny en, aw- dressant à Du Perron qui se pavanait-
tre matière, ny le graver-, prendre, dans son triomphe : « Dictes vérilé,M. ;
ny tailler, ains voulons qu'en.quel- d'Evreux, bon droictà eu bon besoing:
que lien qu'il se. trouve, ils soient d'aide,:» et quelques jours après, lé 6 :•

ostez àpeine aux contrevenans d'es- mai, il écrivit à' d'Epernon cette; lettre:1
tre irès-griefvementpunis, Du Per- dont;ses admirateurs les plus enthou-
ron accusa Mornay d'avoir omis à des^ siastesnepeuvent s'empêcher derou--
sein quelques mots d'une.très-grande gir (4) : « Le diocèse d'Evreux a gain-
importance. Du Plessis répondit qu'il; gné celUy dé Saumur, et la doulceur,'
avait cité cette loi d'après Pétrus Cri-: donfon y a. procédé a osté occasion:à;
nitus [auteur catholique],.et lès com- quelque huguenot' que ce-soit de; dire-

missaires déclarèrent que la. citation? que-rien y ait: eu force que la vérité;;
était exapte, mais que Crinitus s'é- ce: porteur y.estoit: qui. vous contera-
tait abusé. Sur le 8°, tiré de S. Ber- commej'y ai faict merveilles ; certèsi
nard: Elle (la vierge Marie) n'apas c'est ung des grants coups pour;l'E-
besoing de faux honneurs oit elle glise de Dieu, qu'il.se soit faictiliy ai
est ; ce n'éstpas l'honorer,.màisluy longtemps;; suyvant ces erres, .néus.'
oster l'honneur, etc. Le chancelier ramènerons plus de séparez de l'Eglise;
déclara qu'il aurait étébon de sépa- en ung ;an- que par une aultre voye en!
rer par un etc. les différents textes, cinquante. » Ces éclats, d'une jbieati'
dont il se compose. Enfin sur le'9%.: moinslndécentè n'en imposèrent àper-
extrait. de Théodoret : Pieu faict ce sonne;. Au sortir de la conférenCei,
qu'il luyplaist, mais les images sont, Mayenne;dit « qu'Ml n'y avoit veu,:si- -

:
faictes telles qu'ilplaist aux.hom- non unahcien et fort.fidèle;servileur
mes, elles ont des domiciles dessenSi três-malpayé de tant dé services, : » et
mais elles n'ont point de sens, il fut aussitôt après la réception delàlettre. •

décidé, conformément à; l'opinion-de; du roîs d'Epernon s'empressa défaire


l'évêque d'Evreux, que cepassagede^- assurer. Mornay qu'il le tenait toujours;
vait s'entendre dès.idoles desPaïens pour hbmmed'honneuretpour son ami: .-
et non des images des'Chrétiens:. Les. fatiguesid'une nuit passée sans"
Tel- fut le-résultat de. cette fameuse' sommeil^ les émotions de la lutte Via-
conférence de Fontainebleau, résultat; douleur
que lui causait la* partialité)
fort mince au jugementî'de l'historien; blessante:du-roK la-crainte-surtout que.;
(ij'AU reproché de ïii'lien:"Vpus.avez'quiîté. sa
défaite ne- tournât au-préjudice de>
les.ancilesel'm'aih'tériànt.vous-a'dbréz la'croix, (1) N6us nons trompions. Il's'est trouvé de
Cyrillerépondii: Quiconque-dit cela.estigno- nos jours un écrivain; rédacteur de la revue-
rant,et menteur.' C'.esl de celte réponse que. catholique le-Correspondant, pour applau-.
Du Plessis avait tiré là conséquence, quelès dir à,celte lettre. Ne serait-il pas temps de
premiers Chrétiens n'adoraient' pas -ta croit. répudier la maxime immorâlé:qUe la finijus-'
Son.indUctiôii n'était-élle pas juste? tifie les moyens ? -
MOR
— 529 MOR
l'Eglise protestante, tout accabla Mor- ses pensions ; il alla même jusqu'à le
nay. Au sortir delà conférence, il é- menacer de lui faire faire son procès,
prouva une grande oppression et fut et il n'est pas douteux qu'il n'eût exé-
pris de vomissements opiniâtres. Man- cuté sa menace, s'il n'avait élé retenu
dé enhâle, le médecin La Rivière le par la crainte dé soulever les Hugue-
trouva fort mal, et alla déclarer à Hen- nots.
ri IV que les conférences ne pouvaient Du Plessis, au reste, ne se laissa
continuer. Le croira-t-on ? Le roi hé^ pas iulimider ; il le prouva en prépa-
sità s'il ferait visiter son vieux servi- rant une nouvelle édition de son livré,
teur. Il finit pourtant par envoyer à'son dans laquelle il fortifia les passages
logis le secrétaire des commandements attaqués par d'autres en grand nombre,
Loménie, qui dit à Mornay qu'il ne de- et en continuant à répondre avec vi-
vait pas s'affliger, que le roi serait gueur aux écrits des conlroversistes
toujours son maître et son ami. « De catholiques,en sorte que ses ennemis,
maistre, lui répondit Mornay je ne ne pouvant ni l'effrayer ni le perdre
j
m'en suis que trop apperceu ; d'amy, par leurs calomnies et leurs basses in-
il ne m'appartient pas; j'en ai yeu qui trigues, et voulant à tout prix imposer
ont entrepris sur la vie, l'honneur et silence à un aussi redoutable adver-
Pestât du roy, sur son lict mesmes; saire, tentèrent de le faire assassiner.
contre'ceulx-là tous ensemble, le roy En 4 601, au retour d'un voyage qu'il
n'a jamais montré tant de rigueur que entreprit en Béarn, sous prétexte de'vi-
contre moy seul,quiluy ait faict toute siter les terres de la maison de Navarre,
ma vie service.» Loménie répliqua que mais en réalité pour se rapprocher de
le roi était irrité de ses attaques contre Sainte-Foy où se tenait une assemblée
le pape, et que s'il voulait cesser d'é- politique, k laquelle ses conseils pou-
crire il lui rendrait toutes ses bonnes vaient être utiles, Dû Plessis fit géné-
,
.grâces; mais le zélé Mornay ne vou- reusement donài'églisedeSaumur du
lut pas rentrer en faveur à ce prix et temple qu'il avait construit de ses de-
déclara franchement qu'il continue- niers.Cette égliseélaildesservie,depuis
rait à remplir son devoir, en défen- la mort de L' Espine^zi Macefer,qui,
dant la vérité, Sa réponse, rapportée à d'avocat au parlement de Paris, s'était
Henri IV, le mit dans un grand cour- fait ministre. Elle avait pris de si
roux ; « ce feut à dire le pis qu'il pou- prompts développements que l'on avait
voii» contre un écrivain assez auda- bientôt été forcé de lui donner deux'col-
cieux pour s'en prendre « au meilleur lègues,Jean Vincent et FélixDuTron-
de ses amys. » - chay,-,mais l'un et l'autre venaient de
Le coeur ulcéré, Mornay retourna mourir,lepremier,aumoisd'avril! 599,
brusquement à Saumur. Afin dé préve- le second en nov. 4 600. « Saumur, lit-
nir le mauvais effet que devait produire on dans les Recherches historiques de
la lettre du roi à d'Epernon répandue à Bodin,pritunnouvelaccroissementsous
profusion dans tout le royaume,lise le gouvernementpalerneldeDuplessis-
mit, tout malade qu'il était,à écrire une Mornay : un grand nombre de familles
relation de la conférence, travail dans -protestantes vint s'y établir pour jouir
lequel il fut aidé par La Roche- Chan- en paix de l'exercice public de la reli-
dieu, Pes Bordes-Mercier, Pu Cou- gion réformée... On peut, sans crainte
dray et Lafin.L'apparition de celtebro- d'être taxé d'exagéral ion, dire que Sau-
chure acheva d'exaspérer HeurilV,qui mur dut être peuplé,d'environ 20
n'entendait pas se laisser enlever ainsi .25,000 habitants depuis le commence-
le fruit de ses manoeuvres secrètes. Il ment du xvir siècle jusqu'à la révoca-
retira à.Mornay la surintendance géné- tion de l'édit'de Nantes. » Comme le
rale des.mines qu'il lui avait accordée fait très-bien observer l'historien, Sau-
peu de temps auparavant, et supprima mur fut redevable surloul de celle gran-
T. TU. 34
MOR 530 MOR
— —
de prospérité à la fondation de l'acadé- C'est au miliieu des soins qu'il se don-
mie établie par lellres-palenles du roi, nait pour la prospérité non-seulement
date de 593, accordées à la de- del'église deSaumur,mais de tontes les
en 4
mande de Mornay, qui, tant qu'il resta églises de France, que le coup le plus
de Saumur, consacra à terrible vint frapper Mornay. Son fils
gouverneur
celle utile institulion ses soins et sa unique, «gentilhomme autant accompli
fortune. «La juste célébrité qu'elle ac- et regretable qu'il y en aiteu en France
quit en peu de lemps attira une foule il y a longtemps, lit-on dans L'Esloile,
de jeunes gens des familles les plus taul pour la probité et doctrine que pour
riches et les plus distinguées de Frauce, la valeur», fut tué, en 4 605, à l'âge
de Hollande, d'Angleterre, d'Ecosse et de 26 ans, à l'atlaquede Gueldre. Le
d'Allemagne. Cette jeunesse trouvait prince Maurice et tous les compagnons
à Saumur tous les élablissemens né- d'armes du jeune officier témoignèrent
cessaires à son éducation. Outre celle la plus vive douleur de sa mort. Son
académie, où l'on enseignait la théolo- coeur fut porté dans la ville de "Wesel,
gie, la philosophie, les belles-lettres, accompagué de tous les colonels qui
les langues anciennes et moderues, et défilèrent devant l'armée rangée en
même les langues orientales, il y avait bataille ; mais son corps fut ramené en
encore deux collèges pour les humani- France par de Licques, La Roche et
tés, l'un pour les Catholiques, l'autre d'autres officinrs du malheureux père,
pour les Protestants, et une académie et déposé, dans un tombeau que Mor-
d'équilalion où d'habiles maîtres for- nay avait fait élever près du temple de
maient les jeunes gens à lous les exer- Saumur pourla sépulture de sa famille:
cices du corps.» Toute la ville, sans distinction deculle^
A l'époqueoù nous sommes parvenu, voulut rendre les derniers devoirs aux
c'est-à-dire en 4 601, l'académie de restes decejeune homme, et s'associa à
Saumur n'avail sans doute pas reçu la douleur de ses parents.Sa mère,dont
tout son développement, et l'église ne la sanlé était chancelante depuis lon-
comptait pas encore un aussi grand gues années, ne put survivre à sa perte.
nombre de fidèles; cependant la charge Elle le suivit dans la tombe, le 15 mai
étant lourde pour un pasteur seul-, il 4 606, à l'âge de 57 ans,après une ma-
élait urgent de remplacer les deux mi- ladie de huit jours qu'elle, passa dans la
nistres décédés. Mornay prit des in- prière et la lecture de l'Ecriture sainte.
formations de divers côtés. Il s'adressa, «Elle estoit.ditde Licques, d'un esprit
entre autres, au savant Pu Jon, qui ne merveilleusement vif et fort, avoit ua
put se décider à reutrer en France. jugement meur et arresté plus que le
Enfin, la mort funeste de Macefer, en sexe ne semble porter, ne s'esbranloit
4 602, ayant mis le consistoiie dans le dedésaslrequelconque oupérilqUileur
cas d'adopler sans retard un parti, il se survint. Au reste, si ennemie du vice et
décida à appeler Bouchereau, qui étu- d'une action si sévère à l'encontre,
diait à Leyde aux frais de l'église. qu'elle esloit crainte et respectée des
Quelques années plus tard, Du Plessis plus qualifiez et des plus émancipez.
fit venir, pour le seconder, l'écossais Surtout reluisoit en elle avec la piété
Trochorège, et il obtint de l'académie une charité si grande,qu'il est incroya-
de Montauban le prêt du pasteur Bé- ble l'assistance que recevoyent d'elle
raut pour quelque temps. Dès lors l'a- en toutes sortes les pauvres elles affli-
cadémie de Saumur.quiavailélé ouver- gés.» Elle expira en faisant promettre
te en 1604,selon le témoignage deBe- à son mari «denepoinct se rendre moins
lioit.mais dont la dédicacene se fit que utile à l'Eglise parla tristesse qu'il re-
le 4 2 oct.1606, prit un rapide accrois- cevroitdesa mort.»
sement. Le nombre des étudiants de- A peine Du Plessis venait-il de dé-
vint en peu de lemps très-considérable. poser dans la terre les dépouilles mor-
MOR 531 MOR
telles de la compagne de sa vie, qu'un Rochebeaucourt, Pons de Pons, Pu
ordie du roi l'appelaà Paris pour lerè- Parc-d'Archiac, La Chapellière, wi-
glementdesaffaires delà maison de Na- ms\xeAeL^etA\el\e,Rivet-de-Champ-.
varre, dont il avait, depuis sa disgrâce, vernon, pasleur à Taillebourg, Bois-
abandonné le maniement à Çalignon. seul et de' Fontenelles, par la Sain- .

Henri IV, qui n'avait plus à garderautant longe. La Bochelle, se fil représenter
de ménagements avec le pape, lui fit par Jacques Le Vacher ou Vaqué, sieur
un très-bon accueil. Mornay fui de re- de La Casse, ancien maire, Benjamin
tour à Saumur, le 4 4 juin 4 607. Il ne Bernon, sieur de Lisleau échevin,
revit plus son maître. Quelque légi- AmosBarbot,bailli du grand ,
fief d'Au-
times motifs de plainte qu'il eût contre nis et un des pairs, Paniel de La Gout-
ce prince égoïste et ingrat, il manifesta te, conseiller el avocat du roi au pré-
la plus vive el la plus sincère douleur à sidial, également pair de la ville. La
la nouvelle de son assassinai, cata- Basse-Guienne envoya les barons de
strophe fatale qu'il redoutait depuis Lusignan et de La Case., Bançons,
longtemps et en prévision de laquelle ministre à Tonneins, de Manial'd, a-
il s'était tracé d'avance un plan de con- vocat au parlement de Bordeaux, et le
duite, afin de ne négliger aucune des comte de Panjas. Les députés du
mesures que la gravilé des circonstan- Haut-Languedoc el de la Haute-Guien-
ces commanderait dans l'intérêt des ne furent : de Villemade, de Barjac,
,
églises et de la tranquillité publique. Gardesi, pasteuràMauvesin, La Gar-
La reine-régente, qui avait pour ses rigue, le marquis de Cenevieres; ceux
vertus beaucoup d'estime et qui con- du Bas-Languedoc : de Berlichères, -
naissait son empire sur les esprits de Ftrrier, pasleur de Nismes, Brunier,
ses coreligionnaires, lui témoigna d'a- pasleur d'Uzès, de Gondin, viguier
bord de l'affection el de la confiance; d'Uzès, de Carlencas, premier consul
mais plus tard, elle prêta une oreille et viguier de Montpellier, de La Cal-
trop complaisante aux insinuations du metle, premier consul de Nismes, et
duc de Bouillon, qui, irrité de la pré- de Châtillon. La Provence fut repré-
férence accordée à Mornay par l'assem- sentée par les barons de Sénas et
blée de Saumur pour la présidence, se à'Ajon, Récent, ministre à Mérindol,
vengea d'un prétendu affront en accu- elMense, deSeyne; le Dauphiné, par
sant Du Plessis de tout ce qui s'était de Montbrun, de Champoléon, Cha-
fait dans l'assemblée contre les inten- rnier, Parât, Vulson, Bellujon; le
tions du gouvernement. Vivarais, par René de La Tour, sieur
L'assemblée de Saumur, . autorisée .
de Chambaud, Michel Le Faucheur,
par un brevet du mois d'.octobre 4 610, pasteur A'kmionay,David d'Alleyrac,
s'ouvrit le 22 mai 4 641. Elle devait sieur de Chambezon, docteur en droit.
s'occuper surtout du renouvellement La Bourgogne envoya de Rouvray
deladéputation générale.Ellft fut nom- de Chabottes, Baille, pasteur de,
breuse. Du Plessis-Mornay,le baron de Lyon, et Armet; l'Isle- de -France
Blet,Fleury, pasleur deLoudun,5ow- la Picardie et la Champagne : Mont-,
chereau, ministre à Saumur, de Hau- louet, Pes Bordes et Durant, pasleur
mont, conseiller du roi en la séuéchaus- à Paris; l'Orléanais : Charles de Blair,
sée de Saumur, et de Bruges, receveur sieur d'Oynville, gentilhomme ordi-
des tailles à Loudun, y furent députés naire de la chambre du roi et maréchal
par l'Anjou, la Touraine et le Maine; des logis de sa compagnie de gendar-
de Parabère, lieutenant du roi on Poi- mes, Samuel de Chambaran, minis-
tou; de Vérac, de Saint-Germain, tre à Marcbenoire, et Jean Amorette,
à'Aubigné, Clemenceau, pasleur à avocat à Issoudun. Les députés de la
Poitiers, Des Fontaines et La Mille- Normandie furent le baron de Courlo-
tière, par le Poitou ; de Rioux, La mer, de Bertreville, de La Moite,
MOR
MOR — 532 —
conseiller au parlement de Rouen, et. pour « compiler le cahier général des
't,a Rivière, pasleur à Rouen; et ceux demàndesdêsprovinces»;ellefulcom-
de la Bretagne : R'otan,ie M'ontbarot, posée de La Case, d'Aubigné, Baillé,
Du Bois-de-Cargrois , Du Préau, Rivet, ÀrmetètLaMilletière:,Sontra-
pasteur à Vitré, et Sonbise. Enfin mal- vail a élé publié daus le T. XI des Mé-
gré les sages représentations de Mor- moires de Du Plessis-Morhay..Vo,iCilës
nay, « que par là on donneroil sujet principaux articles du cahier qui fut
de réunir lepaïs au royaume, et au cler- présenté àlareine-régenteparLaCàse,
gé de France d'embrasser lés affaires Coûrtomèr, .Ferrier, Mirandè et Armel:
des évesques dont s'en suyvroit qu'on QueS.M.fasse jouir les églisesde l'édit
vo.udroit régler le.païs par lès lois et tel qu'il a été expédié à Nantes et ac-
édits du royaume en quoy et Testât'et cepté par leurs députés, el non en la
l'église auroit beaucoup à perdre», forme qu'il a été vérifié, au parlement
l'Assemblée admit dans son sein les de Paris; qu'il lui plaise nommer deux
trois députés du Béarn, Pierre de Bi- commissaires,l'un catholique et l'autre,
ron, baron d'Arros, GaillardDu Casse " protestant,pour en surveiller l'exéçu-

' où Cassou, pasleur de Sallies, et Jean tio dans les provinces; que les Proles-
deLa Forcade ou LaFourcade, con- tanlsne soient pas contraints à qualifier
seiller du roi, ancien de l'église de leur religion deprélendueréformée;que
Saint-Palais. Les grands seigneurs du leurs minislresjouissentdès mêmes im-
parti, qui n'étaient point au nombre des munités que les ecclésiastiques catho-
députés, avaient été,suivant le conseil liques; que leurs cimetières leur soient
' de Mo.may,invitéS aussi à y assister. rendus, et des mesures prises pour pré-
Bouillon, Sully, La Force elLa Tré- venir les troubles qui éclatent ordinai-
moille se rendirent à celte invitation, rement aux enterrements des gentils-
ainsi que les deux députés généraux, hommes réformés dans les' temples, ou
dontles pouvoirs allaient expirer.Les-. chapelles où ils ont droit de sépulture;,
*
diguières s'excusa par lettres aux- que les prédicateurs et lès confesseurs
quelles!'Assemblée répondit en le re- qui émeuvent le peupleàsédition soient
merciant de «sa grande affection et très- punis d'une manière exemplaire; que
notables services qu'il avoit rendus de le nombre des fêtes soit réglé ; qu'au-
tout temps aux églises, et de la grande cun fonctionnaire ne soit privé de spn
. franchise
= par laquelle il promettoit ad- emploi pour cause de religion; qu'il
" hérer à toutes ses résolutions. »(Col- soit permis auxProleslanls d'avoir par-
" lèct. Pupuy,Wti\Z.) tout des écoles, et que; les académies
La première séance fut uniquement de Saumur et de Montauban soient
consacrée à la vérification des pouvoirs mises surle même pied que les autres
et à la nominaiion.dubureau. Du Ples- académies du royaume; que S. M. crée
sis-Mornay fut éluprésident.malgréles '.. en faveur des Réformés un certain nom-
intrigues de Bouillon, Charnier', vice- bre d'offices de substituts, d'huissiers,
président, Des Bordes-Mercier, secré- de notaires, de greffiers; que. le trai-
taire. La seconde séance n'eut lieuque tement des pasteurs et la soldédés gar-
lé 28. Les députés présents signèrent nisons des places de sûreté soient assu-
l'acte d'union et promirent devant Dieu rés; que les Jésuites soient exclus des
.' «de nebriguerdirectementou indirecte- places tenues par les,Protestants, .et'
ment pour estre députiez généraux des l'exercice du culte catholique transféré
églises vers S. M., soit pour résideren du château dans la ville; que la garde de,
'Cour, bu autrement, ny de bailler leurs
ces places leur soit encore laissée,pour
voix à ceux qui pouroient les requérir [ dix ans; enfin que les Réformés soient
de les nommer ou qu'ils connoistrbienl autorisés à tenir tous les deux ans, et,
avoir brigué en quelque façon que ce dans la ville qu'il leur plaira, une as- '
soit.» Le 30, on élut la commission semblée générale pour la nomination
MOR — 533 MOR
directe de deux députés généraux (4). trois ordres par les chefs de famille, â
La Case et ses qualre collègues par^ la pluralité des voix. Les présidents,
tirent de Saumur le 28 juin. Le 26 juil- pris toujours dans l'ordre de la no-
let, ils annoncèrent à l'Assemblée que blesse, seraient élus à là pluralité des
le cahier était répondu, mais que les voix. On y volerait par tête, à moins de
réponses ne leurseraient remlsés'qu'a- réclamation delà partde quelque église.
près la nomination de six candidats C'est dans ces assemblées que devait
potir la députation générale, et qu'en avoir lieu la nomination des députés,
outre, la'Cour ne voulait pas entendre aux assemblées générales, au nombre
parler de traiter lés affairés dti Bëarn de cinq au.plus, de trois au moins,
avec celles dès églises de France. On choisis dans les trois ordres (Fonds de
lés invita à fortement insister; mais ils Brienne, N" 222). Ce règlement, qui
revinrent, leTàoût/sansavoir'rien ob- établissail ainsi le vote à deux degrés,
tenu. Seulement, pour leur "montrer ne fut pas adopté par toules les pro-
ses bonnes dispositions, la reine-mère vinces. 'La Rochelle fit réserve de ses
leur avait remis un extrait dès répon- privilèges, et le Bas-Languedoc refusa
ses, en les engageant à presser l'As- formellement de l'exécuter (1).
' semblée de se conformer à ses inten-
(1) Cette décision fut piise dans l'assem-
tions. Les dépulés dès églises ne vou- blée de Sommièies (161 lj,à laquelle assistè-
lurent point céder; ils prirent, le 46, reni: Pour la noblesse : de Fons, de Ganges,
''.là résolution de ne pas se séparer avant ' àeS'ainl-Prival, de -Sainl-Véran, Gondin,ie
"de connaître les réponses du gbuver- La 'Roche, de Saint-Rome, de Moussac, de
Sainl-Rayy, dé Combas. de Pnui,àe Sainl-
'heineht à leurs demandes, et, le 20, Jean-dc-Yédàs, de Monlarnaud, Dayran,âe
Ils. adressèrent aux:provinces une cir- DUrforl,Ae Clhifanjâe Saint-Choments (Sainl-
"cùlàirepbùr leur rendre compte'dé l'é- Cbamond ?}, Sainl-Lezary, de Clausonne, de
C.ardel, de Veslric, Favier, de La Lauze, de
•ïàt-'dés choses. Le 29, l'Assemblée l'ougnàdore'sse, (VÀlison, de Villevieitle, de
adopta le Béglèmêntgéhéral pbnr lés Villeneuve, 'de La'G'atmelle, ôe'Bois'sët, de
ebn'sêils et assemblées provinciales, Pelolyi de Gass'agnolles,Descourts, de L'euse,
de La Blaquiére, de Sainl-André-de-V-albpr-
dont l'établissement avàil été 'décrété giie;—Pour le clergé:'Nissoles,
-
Junin'Yê-
par l'Assemblée de Sainte-Foy (Voy. ''drinès, min., de'Fons, Du Maistre, ùeMlont-
IV, p. 553). Ce règlement avait,'été ; faucon, sue. (colloque délilontpellier); de La
Faye, Ollier, min., de La Mesnerie, anc,
élaboré par Bouillon, Rohan, Sully, (colloque déSaint-Germain);BoWfe,' Chauve,
Soubise, Montbrun, Saint-Germain, Jûslam'on, inin., de Sainte'Croix, de La Rou-
'A'Aubîgné et Fontenelles. Heurtait -vîéte,-anc: ('colloque'de'NiSm'est; Fite, 'Des
-Marets,-Couran,min',de La-Garde, de Con-
qu'un conseil, composé d'un nombre doulle, Combes, anc. (colloque d'Anduze);
indéterminé de membres des'lroisor- 'AVrh)ram."Oiiviér,':iBony,"m\n.,'Faure,'âne.
;8rès récbmmandablës'par lèur'probité {cottoqûé'de'Sau\èy,;'Peïiti-B6ûton,[Pau'cMer,
et leur expérience, serait établi dans min-, Bérard,-Bastide,-Moissard, -anc. (col-
loque d'Uzès); —Pour les villes: Sigillory,
'chaqueprovince.Ildevait être renouvelé 'consul,"Vèrchand et ''C'i«/«'de"Mdnipi'lliër;
'tous lès deux ans, en'tout bu en' par- 'Bébouis etï/iW(M''de':Kis(neK;' Jéànnàs,'Ra-
Tie, au gré 'des provinces. C'est'à lui vhwcl; consuls, 'Do'rmergue- tl-Glëricy d'tlzès ;
Rivière des Vans ; V.illar, consul de Saint-
-

qu'àppartiendrailla Convocation desas- Amhr'oix ; 'de'Sài/fê'r«,''Cohsur'decBaïjac;-a'A-


êëmblées provinciales, formées de dé- 'mâtric,f'ort5a\,Gainére, dp-Sommière*; -d'-iïn-
,'pûl'ésJde chaque'é'glise énâussi grand 'ïrèvaux cohïUl'd'Alais;:de ?StrmUil,' consul
d'Aimàigues; Vototewe de Sauve; Plaiiehon
-nombre que possible, choisis dans les l'dc 'Mavsillargues; Da;wn/, consul • du Vigan ;
Çlj Le 9 juin, l'Assemblée pritlinc Vèsolu- 'Bimar, consul d'Andùze, David, consul^du
4ïon portant qu'elle élirait non pas six can- ;
Podssan;'Bonnel,'consul-tie Lunel Fabre,
'.'cbnsul'de Gaùges;fiB//es, consul de<Melgueil;
;4i8àtsJàia députation, tomme le demandait
:fc"gonvernement,-mais deux députés «suivant Pour la magistrature: AeBvucaud, premier

président, ef de "Serres, général'en la cour
'fce'qûi avoil esté practiquéa leur première
' Institution». Le mode d'élection des députés dés'aidés, de- Clausei et de Janvier, maîtres
-"'"généraux'fut toujours'nne pomm'edé discorde en la' chambre des -comptés, tle V-alobscure
,;én'tre les assemblées buguèno'Uës et le gouver- eX'Diimois, conseillers au; présidial deMont-
pellier,Dny'uïffl(m et de B'audàn,conseillers au
nement central.
MOR — 534 MOR
La réponse de la régente fui commu- elle lui rendit ses pensions, dont Hen-
niquée, le 3 sept., à l'Assemblée par ri IV l'avait dépoùillé(l).Mais quelque
le commissaire du gouvernement Bul- grande que fût l'influence du-gouver-
lion; c'était un ordre,minulépar le duc neur de Saumur sur ses coreligiounai-
de Bouillon, de procéder sur-le-champ res,lemomentvinloù,lapassionfaisant
à l'élection des six.candidats. En cas taire la voix de ta raison, ses conseils
de refus de la part de la majorité, la ne furent plus écoutés. Ce fut en vain
reine autorisait la minorité à.dressèr qu'il pria, pressa, conjura l'Assemblée
la liste, et ordonnait à l'assemblée de politique de Grenoble de ne pas se
se séparer sous peine de désobéissan- charger du reproche « de s'être émue
ce. Pour éviter une scission fatale, pour autre cause que pour la liberté de
l'Assemblée, de l'avis de Du Plessis, conscience» ;ce fut en vain qu'il la.sup-
se décida à obéir «aux exprès commau- .. plia«de ne point polluer une si saincte
demens du roy et sans préjudiçier aux cause parle meslange d'une purement
droits des églises.» Son choix se porta civile»,et qu'il lui représenta qu'elle
sur Montbrun,,Bertreville,. Rouvray, .
n'avait: pas « de vocaiion pour la ré-
Maniald, La Milletière, et Boisseul. formation deTEstal»;il neputl'empê-
Dès qu'il eut reçu celle liste, Bulljon _ cher de se prononcer, à la majorité de
..-deux voix,
envoya au présidenllebrevet des places pour l'alliance avec Condé,
de sûreté et les réponses au cahier des et l'événement ne tardapasà faire re-
plaintes. L'Assembléefutpeusatisfaite pentir les Huguenots d'avoir méprisé
,

de ces dernières,mais elle se contenta ses avis prophétiques. Pour, lui, ,il
de les renvoyer à l'examen des assem- . resta fidèlement attaché à la cause
blées provinciales, et se sépara, après royale, et repoussa constamment les
avoir pris diverses mesures relatives offres même les plus brillantes deCoh-
à la défense des places de sûreté et . dé et de ses adhérents. Aussi la reine,
au paiement de-leurs garnisons. dans une visite qu'elle fit à Saumur a-
. •

Tous les efforts de Mornay avaient vec son fils, lui témoigna-t-elle com-
tendu à rétablir labonne harmonie,en-^ bien elle était satisfaite de sa conduile.
tre les Grands du parti et à maintenir
l'assemblée qu'il présidait dans les (1) Nous avons trouvé, dans le.vol. 211 du
bornes de la modération et delà pru- Fonds de Brienne , un rôle des pensions
.

payées, en 1616, a (les Pioteslants. Voici les


dence. Il ne montra pas moins de sa- nomsde ceux qui y sont portes: Du Plessis-
gesse dans l'affaire de Saint-Jean- - Mornay, La Noué, Du Bourg, Maraval,Monglal-
.

d?Angély; on peut dire que ses.conseils, Saint-Aubin, Du Bual, Vivons, Chandieù,


La Goy, Favas, PucharnauLPicheron,
appuyés par la considération dont il Vitose,La Lagade ou La Ragade,Russy^La Chésnaye,
jouissait, empêchèrent seuls les choses : La Sase, Vilpion, Cowto?ner, Boisguérin, de
-

d'en-venir aux dernières extrémités. Mons., Boisse, La Ueillcraye,Samuel de Hase-


La reine-mère finit par, oublier les ville, sieur de Vadencburl, de Neuvy, Fon-
tenay-Sainl-Germoin.Gourdon, Henri de.Bau-
mauvaises impressions qu'on lui avait dean, La TrimoWe,Lai/al, son frère, Châti/lon,

données sur son compte, et pour té- . La Case, Saint-Gcrmain-de-Clan, Pons,Cham-


moigner à Mornay.sa reconnaissance, baud, A'Arros, Blainville, Jacques de Jaucourt,
Saint-André,

Villemade, Bàrjae,
Bellujon,
présïdial de Rismes, Ai-Calepin et Bonus?, ju- Ckandieu-Chabotles,Gallerande, le président
. de Vignolles, Abel deCoussay, sieui de Saint-
ges d'Uzès, Des Baumes, juge de-Maruéjols, :
deMatlerie,lieutenant du viguier, elDuVidal, Germain-Boauvoir, le président Boucaud, Du-
lieutenant criminel a Sommières. Le.président ' Coudray-Rockclle, Armel, AeSuc, Du Verj/er,
Boucaud fut élu président, non sans opposi- le baron de Bénac, Gandin, F.euguiêres, Du
tion de la part des gentilshommes,' qui ré- . Pray, Conforgien, La Cour, Du Faur, LaPlan-
clamaient cet honneur pourla noblesse.File . die, A'Origny, LaForest, Du Bois,.La Gran-
fut nommé 'vice-président, M Ravanel secré- ge, La Courbe-du-Lude, Alison, Moùchan,
taire.Lebut de l'assembléeétait d'entendre le Fiefbrun, Chaslelier- Pérag, Sandfac, Moussac,
rapport des députés dii Bas-Languedocal'As- : Bernegou, Carlencas, Saint-Christophe,:Val-
semblée générale de Saumur ; ils furent re- lelon, La Forcade, Charnier, commandant an
.
merciés du zèle avec lequel ils avaientrempli Pouzin, Biaise de Sénas, Chabot, gouverneur
leur mission (Arch. gén. TT. 284,1. . de Mucidan, Du Bar.
MOR
— 535 — MOR
Mornay d'ailleurs ne se laissa pas prolongèrent indéfiniment, malgré les
rebuler par l'insuccès de ses efforts. réclamations de Mornay, qui ne'rentra
Il persista courageusement dans la jamais dans son gouvernement, non
voie qu'il avait suivie, celle de la pru- plus que son gendre Villarnoul, à qui
dence et de la modération; peut-être la survivance en avait été promise(i).
même y alla-t-il un peu trop loin,et les Du Plessis-Moinayse relira dans son
conseils timides que lui dictait l'hor- château de La Forêt-sur-Sèvre, où il
reur de la guerre civile, jointe à son mouru! le H nov. 1623.Son dernier bio-
dévouement à la royauté, contribuè- graphe, M. Ambert, résumeainsi le récit
ienl-ils,plus qu'il ne le pensait,à aug- que le ministre Paillé nous a laissé de
menter les divisions dans le parti pro- ses dernièresheures : u Uu jour,le vieil--
testant. lard se fit apporter son testament, y a-
En 4 620, l'insurrection des Hugue- jouta un codicille, puis,le posanlsur la
nots exaltés contre l'autorité royale table.il dit : «Désormais ne me resleplus
l'appela une dernière fois à remplir le qu'à mourir.» Le soir,il pria en présence
rûle de conciliateur (1), et malgré une •
de sa famille el de ses serviteurs.Lelen-
attaque, d'apoplexiequ'il avait éprouvée demain, Mornay ne se leva pas. Depuis
au commencement de l'année, il s'en ce jour jusqu'au jeudi 9 nov., ce ne
acquitta avec le zèle ardent, l'activité furent au château de La Forêt qu'au-
infatigable qu'il apportait à tout ce qui mônes, prières et préparations à la mort.
intéressait l'Eglise. Mais ses tentatives Le 9 nov., Mornay laissa pénétrer
de conciliation mécontentèrent l'As- dans sa chambre les gens accourus
semblée de La Rochelle, et le gouver- des villages voisins : « Il est vrai que
nement de Louis XIII, loin de lui en je vais mourir, dit-il. Que la volonté
savoir gré, résolut de lui ôler son de Dieu se fasse. Je pardonne de bon
gouvernement.Afinde prévenir une ré- coeur à tous ceux qui m'ont fait ou pro-
sistance qu'il n'eût pas élé facile de curé du mal, et prie Dieu qu'il leur
vaincre, on eut recours à une trahison pardonne et les amende. » Vers le mi-
indigne. Luynes et Lesdiguières pro- lieu dujour,le vieuxDuplessis-Mornay
mirentà Mornay,trop loyal pour soup- se fit lever, voulant, disait-il, mourir
çonner la perfidie, que l'on ne touche- debout. Alors, il commença toulhautsa
rait pas à sa place; le roi lui-même af- confession de foi. Mais ne la pouvant
firma à Villarnoul qu'il ne serait rien achever, il se leva de dessus une chaire
innové à Saumur. Sur ces assurances, où il était assis, el dit au pasleur : «J'ai
Mornay reçut dansle château les gardes .
uu grand compte à rendre, ayant beau-
;du roi, qui, à peine entrées, le mirent
dehors, lui, sa famille et la garnison. (1) Après l'expulsion de Mornay, les gar-
des du roi mirent le château au pillage.«Bris
Honteux sans douled'un procédé aussi de porteset decolfres,dcgaslde vivres et pro-
brutal envers un vieillard qui jouissait visions, dissipation de magasins, armes et
de l'estime universelle, Luynes essaya munitions, fractures de cabinets et armoires
où esloye.nl gardez papiers de conséquence,
d'abord de l'amener à se démettre de sa et publique,el particulière.Surtoutune grande
place par la promesse du bâton de. ma- ;armoire *u bout de la galerie que M. Duples-
.
réchal de France et d'une somme de sis, appelloit sa petite bibliothèque, en la-
quelle estoyenl gardez tous ses oeuyresjeserits
4 00,00.0 écus; puis, Mornay ayant re-
pour la pluspart de sa propre main ou im-
jeté ses offres, il lui promit que Sau- primez en parchemin avec les. additions en
mur lui serait restitué dans trois mois; marge, reliez tous d'une façon en maroquin
du Levant avec ses armes dedans el dihors,
mais, quoiquele roi s'y fût engagé par de partie desquels on n'eut point de honte
acte signé de sa main, les Iroismois se d'arracher les fermoirs d'aigent, mesmesd'en
jeter quelques uns dans les losses. » Mornay
(1)En 1614-, leSynode de Tonneins le char- avait eu soin de mettre ses papiers en sû-
gea de réconcilier 'Du Moulin el.Titénus ; en reté; i:s se trouvent aujourd'hui en la pos-
1617, celui de Vitré l'invita a travailler à un session de M. Jules de Mornay, descendant
projet a'union entre les Eglises protestantes. , d'une branche de la même f»»Ul«L
MOR — 536 - MOR
coup reçu et peuprofilé. «Puis, tou- il défend la religion, il discute les ques-
jours debout, Mornay élevant ses mains tions les plusépineusesde la théologie,
tête, s'écria par tr ois fois Mi- il maintient les églises réforrhées par
sur sa :
séricorde I miséricorde ! miséricorde! sa prudence, il négocieles affaires lès
Composant son visage et son maintien,, plus difficiles, il donne de bons con-
il donna d'une voix ferme et grave sa seils aux ministres d'Etat,aux princes,
bénédiction à ses filles,à ses gendres, et aux rois mêmes qui l'écoulehl avec
à ses pelils-enf<ns. Puis il -bénit ses -plaisir; »—el un autre écrivain de nos
serviteurs. «Soyez, dit-il, bénis par jours, M. Gustave Garrison, dans là.
un mourant dont la bénédiction sera Revue des deuxMoiides(i 848)': « Pen-
ratifiée par celle de Dieu. Durant ma dant quelques années, les respects è't
-

vie,- je n'ai eu que. la gloire de Dieu, les hommages de l'Europe .entière se


pour but. Ceux qui m'ont co'nriù'savént tournèrent vers lui; il fut le roi del'in-
assez que si j'eusse voulu m'en propo- tèlligence.lemaîtresouverain de l'Opi-
ser d'autres, il m'eût été aisé de par- nion, comme au siècle suivant un autre
venir à de. grands biens et de grands grandhomme,un antre champion delà
honneurs. » -—« Priez Dieu, dit-il "en- tolérance et delà liberté, régnait aussi
suite aupasfeur, qu'il dispose de moi.» . dànsle domaihedela pensée du fond'dë
Ilparla quelque temps encore. On l'en- son manoir dé Ferney, Duplessis,com-
tendit murmurer : « Je ne suis pas en- me Voltaire, fui l'oracle de son siècle;
nemi de la vie, mais j'en vois une bëaif- les rois, les ministres, les savanls, lès
coup meilleure que celle-ci.Je me relire capitain es, c'o nim e lès p l us hurnbl es -pas-
de la vie, je ne m'enfuis pas. J'ai comT teurs des églises, venaient puiser dès
battu le bon combat, j'ai parachevé la conseils etdes consolations àceltesou'r-
course, j'ai gardé la foi.» M"0 de La ce inépuisable de sagesse, desciencéet.
Tabàrière, sa fille, étant arrivée avec de;bonté. Duplessis Mornai fut appelé,
ses. enfans, Duplessis fit de nouveau de son temps, le pape des Huguenots,
réunirloule sa famille, et lui dit : « Je -tant ses jugements semblaient infailli-
vous recommande l'union et l'amitié bles, sesluniières universelleselsesvër-
"fraternelle, pour posséder eii paix Fhé- -tus parfaites. » A ces témoignages de-
ritage et le nom que je vous laisse.» deux protestantsjoignons celui d'un :é-
Il prit les mains de tous et les pressa crivàin catholique, deM.EiigènePoitoiî,
:sur ses lèvres. Le vendredi, :10 nov., •qui.hier encore, rendait dans la Revue
le vieillard s'éteignait. On l'entendait del'Anjou(185'S),éethommage.àundés;
murmurer des paroles latines et grec- 'plus grands hommes du xvi" siècle :
que'sd'un'ehaUle philosophie religieuse. « Péndanfvibgi années remplies d'im-
Ainsi il. cilalemot de Piudare: L'hom- menses événements,
pas un événement
me esl le songe d'une ombre.La soirée ne s'accomplit en 'France où il n'ait
se passa en prières. Minuit sonnait \
joué un rôle actif et influent. Ami 'et
ljhprlôgeiÇlu château, lorsque la-parole conseiller du ro'idéNàvarredevénubléhv
manqua au vieillard.l.'ouïe cessa deux tôt roi de France,'il partagea hêrolqrié-
-heures après. Le souffle s'éteignit e'ù- .ment sa mauvaise fortune, sans songer
..t'ré six è.t.'s'ëJp!.heuf'és,,djii malin,, leî/1 plus tard à venir réclamer une'par't'de
.inov.1623.Duplessis-Moruay venait de la honne, Ministre habile, diplomate
îéndre sOn âme à Dieu. » émineht.ilfuiàla foisbomme'dégUëf're
Ainsi mourut un homme, 'dont jLe et homme déplume, aussi énergique
Vassor a pu dire avec vérité :.« Qu?on dans l'action que prudent et modéré
parcoure tant qu'on voudra l'histoire dansle conseil,aussi brave queLaNoue,.
; .ancienne et moderne, je
ne sài' s'il, Be aussi intègre que Sully. L'àUStérite de
trouve un gentilhomme comparahlé; à sés,p'rihcipes,là sincérité de ses. con-
. celui-ci. Également
versé dans lès victions, sa loyauli' inaltérable firent,
sciences et dans les affaires du monde, de lui, en des temps de violence et dfr
MOR 537 MOR

peffidié,irh objet de respect universel
: pas entrerla passion. 11 ihettoit dans
ses:ennemis, et, chose plus rare, jus- ses préjugés beaucoup de modération
qu'à ses adversaires religieux, rendi- et une sorte de sagesse, il respecta le
rent hommage à sa vertu..... Surla'fih trôné et s'y'iiht attache.'» .

de.sa vie, en bulle à d'injustes soup- 'Du Plessis-Mornay avait eu plusieurs


çons, il vit sa loyauté mise en doute. enfants de son mariage avec Charlotte ,

Et il arriva que cet homme du pluspur Arbàlèste: 1° MARTHE, née le 17 déc.


désintéressement, exempt d'ambition, i 576,.présentéeau bap'tèmeparle siëùr
aussi peu avide de pouvoir qued'argètil, de Sduseuse, « personnage de 'grande
qui n'availtravaillé, combattu, écritdu- et insigne piété et doctrine », et ma-
ranlcinquanle ans quepour safoi et'sôn riée, le 14 avril 1599, avec Jeawde
roi, mourut pauvre, calomnié, inconnu Jaucourt, seigneur de Villarnoul; —
même des siens, dépouillé par le fils %° ELISABETH, née en Angleterre, le
même de celui qu'il avait contribué -à- 1er juin1578, qui eût pour parrain Phi-
por'ter au Irône. » lippe Sidhéy, et qui épousa, en 1601,
La postérité, on le voit, renchérit Jacques de Saint- Germain, sieur'de
sur les éloges que ses contemporains, Fohlèhay-Lé'Husson en Normandie;—
de l'une comme de l'autre commUnibh; 3° PHILIPPE, né à Anvers, le 20 juill.
ont prodigué à cet homme illustre, ùîi il 579, qui'eut "pour-parrains François
des plus beaux caractères, sans contre- de La Noue et -Àrïus de Vàudray,
dit, qu'offre notre histoire. Reproduire sieur de'MOUy, et pour marraine Marie
ces éloges nous entraînerait trop loin. de Nassau, :fillè aînée du prince:d'O-
Les témoignages que nous 'pourrions range. Son père l'éleva avec un ' soin
multîplièr,ne serviraient 'd'ailleurs qu'à 'eitrême'et s'attacha à lui dûnnér,avècla
prouver que Du Ples'sis-Momày passa connaissance dèslaïigues tant ancièh-
désontemps, c.om'mel'aitesteLàCroix- nésquémédéfnés, lousles talents néces-
du-Maine, pour « gentilhomme dès saires à'un'jèunè homme de sa qualité.
plus doctes de France, » et qu'il'étaiU<ré- Il le fit ensuite voyager dans Une'gfàn-
pulé pour tel par tous ceux qui avôiènt devpàrtiédel'EUrope. Par ressentiment
vràieet entière connoissànce deluiètde contre "son. père 'Henri IV'ne voulut
-,

es écrits.» (1)Nousner3ppo'rlerôh.s'donc Jamais' l'employer, 'mais il lui permit au


'•qûelejugementd'un auteur catholique, :m'oins d'aller servir comme volontaire
-dei'oralorien Arcère,-parce qU'il'énvî- en 9 ollànde (1). In'strtiiPque le "prince
-sage plutôt Mornay comme homme-bo- 'Mauficë'prépàfailùne entreprise sur la
litiquëqUe comme savant: «Duplessis, ville !de Giièldre, il voulut être dé''la
dit-il,;;eut pour les intérêts de sâ'càùse -pàrfiè, quoiqu'il sbuffrît beaucoup d'une
'lirizèle àrdëntiSes moeurs furentpiirés, blessure à la cheville, qui l'obligeait'à
'sèsprocédésfrancsètgênérëUx.Onnele -garder lelit.Usé fit donc transporter'a'u
vit jamais, comme la plupart dès-grands r'ërfdèz-vous sùrun fourgon d'artillerie;
Wsa secte, feindre Ce qu'il ne séhtpit -mais là surprise manqua,etil fut tué en
"pas, où dissimuler ce qu'il sèhtoit. Chef -cherchantà'rallierlés troupes, comme
'de-pàrti, sans élre factieux,'11''entra 'hôùsf avons'ditplùs haut; —4° MÀURI-
'dans les' affaires de laRéfofme et n'y fit cE!,'n'é'(iah'slès'Pâys-Bàs en <l881, étpré-
Êêhté 'au baptême'par le prince Maurice
,(4).Nous neçonnaissons que l'évêque Huet eï'faï'Hùb'ert Lah'gùet; il ne vécut que
„.qui n'ai!
pas rendu jusi.i.çe au mérite aeltfor- -
tfois^mois;'—:'b"'A«KÉ,û'é'e au Plessis,
nay. 'Selon lui, loin d'être nn gentilhomme
.dès plus iioclès de France,"' Mornày'.ai'àvait il) En^èe2,;dèsqu'il.anpfit
-qu'un savoir superflciel, nn esprij, plutôt, ac- la tentative
iqnis'pàr l'usage du nionde'et dès affajres^que "Bu
, d.uc-dê'Sa'ypie:'s'ur'Geneve,iloiiiay voulut
'naturel, unjugemenl peu solide.éi précipité, envoyer''sbn'!nls àu;sëc6urs dés Gehevois,:ët
seic. 0 -influence, de la niitré! Bulénger lui- léûfdffrit ses.pfopr'es; Services [Afch.'deja
même, l'adversaire-de Moruay, r.esUn]ait«la Comp. des,pasteurs, Reg. C). Le foi consentit
à's'on départ; niais la paix rompit ses'prép'â-
plus belle plume de France, très-rare el ex-
cellent esprit.» ratifs.
MOR 538 MOR
— —
1583, qui eut parrain Pierre Planlin, 1581, in-4"; 1583, in-8";Gen.,
en pour
de Buhy el pour marraine Anne d'An- 4 583,in8';1590,in-12;Herborii,4 602,
lezy; elle épousa, en premières noces, nr-8°;Lugd.Bat.,1592; 1605,in-8°; en
Jacques Des Nouhes, sieur de La Ta- angl., Lond., 1604 el 1617, in-4"; en
batière et de Sainte- Hermine, et en se- ila\..-par As Mézières, Saumur,i613.:—
condes Jacques-Nompdr de Cau- Dans ce traité, qui passe pour un de
,
mont, duc de La Force ; — 6° N., née ses meilleurs ouvrages, Mornay, pré-
Dieu et la re-
en 1586,.morteau berceau, ainsi que supposant l'existence de
7* SARA, née en 1587. ligion naturelle, en déduit, par une
Il ne nous reste plus qu'à donner suite de raisonnements irès-solides,
la liste des publications de Du Plessis- les doctrines de la création du monde,
Mornay.Nousn'oserions garantirqu'elle de la Providence et de l'immortalité de
est complète. l'âme; mais il n'est pas toujours aussi
heureux. Lorsqu'il essaie, par exem-
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE. ple, d'appuyer le dogme de la Trinilé
l.Discours de la vie et delà mort, sur des preuves tirées de la raison -et
Laus., 1576, in-S°; Paris, 1580, in- surle témoignage des païens, ou de
16; trad. en lat., Franco!., 1585, in- prouver la chute de l'homme parla re-
.12 ; en angl., Lond., 1576, in-80.— ligion naturelle,onreeonnaîlsanspeine
Au jugement de M.Sayous, ce discours qu'il a entrepris une lâche impossible.
« n'est qu'une redite, heureuse de Son plan d'ailleurs est simple et mé-
style, des plus éloquentes paroles de thodique, et l'érudition qu'il déploie
l'antiquité philosophique et chrétienne très-vaste.
:Surla mort.» V. Relation de M. DuPlessis Mor-
IL Remonstrance aux Estais de nay de ce qu'il avoit fait auprès du
Bloispour lapaix, Lyon,1576,in-4 2; roi Henri III, en 1583, ins. dans les
-réimp. dans le T. II de ses Mémoires. Mémoires sur la vie de M. de Pibrac,
III. Traité deVEglise, oui'on traite (Amst. [Paris], 4 761, in-12).
des principales questions qui ont été VI. Adverlissement sur laréçep-
menés sur ce point en nostre temps, tion et publication du concile de
.

Lond.,1578, in-8°; 1579. in-8°; s. 1., Trente, Paris, 1583; réimp. dans le
4 579, in-8°; LaRoch., 1581 et 1585, T. II de ses Mémoires.
in-8»;Gen., Le Preux, 1599, in-4"; VII. Discours .du droit prétendu
LaRoch.,M599,in-4°;lrad. en angl., par ceux de la maison de Guise à la
Lond., 4 579,in-8o;Lond.,1606,in-4°; couronne de France, 1583, in-8';
en latin, Gen., 1594, in-8"; en allem., réimp. dans le T. I des Mémoires de la
Basel, 4 589, in-8"; en ilal., par Ca- Ligue et dans le T. II de ses propres
landrini, s. 1., 4591, in-80.— Ce Mémoires. — Mornay prouve que la
traité, approuvé par La,Fontaine, Du maison de Lorraine ne descendait de
Saulsay et d'autres pasleursde l'église Charlemagne que par les femmes.
française de Londres, obtint un très- VIII. Réponce aux déclarations
grand succès.Un moine de Rouen, nom- etprolestalions deMM.deGuise, faic-
mé Corneitte,qui avait été chargé de le tes sous le nom de M le cardinal de
réfuler, fut converti par celte lecture, Bourbon, 1585, in-8°; réimp. dans le
se retira à Genève et devint ministre. T. I des Mémoires de la Ligue.
IV. Traité de la vérité de la reli- IX. Déclaration du roy de Navar-
gion chrétienne contre-les Athées, re sur les calomnies publiées contre
Epicuriens, Payens, Juifs, Mahume- lui, Orlès, 1585, in-8°; La Rochelle,
distes et autres Infidèles,ÀT[V., Plan- 4585, in-8°; réimp. dans le T. I des
tin,158l, in-4°;Paris,J.Richier,1582, Mémoires de la Ligne et dans le T. III
in-8»;Leyde, 4 583,in-8°;Lyon,1597, des Mémoires de Mornay; trad. en lat.,
' iu-4 2; trad.en lalin par l'auteur, Anv., Lugd. Bat., 4 585, in-8».
MOR
X. Remonstrance aux trois
-
Estais
539 — MOR
trina in primitivâ Ecclesiâ, qua
de France sur la guerre de la Ligue, fueril; et missa quando, quomodo,
ins. dans le T. I des Mémoires de la Li- quibus gradibus in ipsius locum
gue et dans le T. 111 de ceuxde Mornay. " primum irrepserit, demum et inva-
XI- Lettre d'un gentilhomme serit, explicutur, Hanov., Cl. Mar-
tholique français, contenant brève ca-
nius, 4 605. in-fol. et in-8° ; Irad. en
responceaux calomnies d'un certain angl:, Lond., 1600, in-rol.
prétenduanglois,\ï>86, in-8»; réimp. TVW.Responce à l'examen du doc-
dans le T. I des Mémoires de la Ligue, teur Bulenger, par laquelle sont jus-
dans le T. III des Mémoires de Mornay tifiées les allégations par luy pré-
et dans le tome XI, 1 " série, des Ar- tendues fausses, et vérifiées les ca-'
chives curieuses.—C'est de ces pam- lomnies contre la Préface du livre
phlets politiques que Lacretelle a dit : de la saincte eucharistie, LaRoch,,
« L'éloqueuce y naît de la noblesse Hiérosme Haullin, 1599, in-4"; Gen.,
des sentimens; aujourd'hui même où 4599, in-80.—Il paraîtrait, d'après une

de grands écrivains ont épuré, embelli lettre de Du Maurier, que Montigny
la langue française, aucun manifeste fil aussi imp. une réponse à Bulenger.
'ne peut offrir des expressions plus XVIII. Vérification des lieux im-
vives, plus énergiques. pugnez de faux, tant en la préface
'- XII. Fidelle exposition sur la dé- qu'aux livres de l'institution de la
claration du duc de Mayène, con- saincte eucharistie, par le sieur Pu-
tenant les exploicts de guerre qu'il 'puy, La Roch., Haullin, 1600; Gen.,
a fait en Guyenne, 1587,in-8°; réimp. Le Preux, 1600, in-8".
dans le T. 1 des Mémoires de la Ligue XIX. Sommation du sieur Pnples-
et dans le T. 111 desMém. deMomay. sis Mornay à M. Vévesque d'Evreux,
XIII. Discours de la reprise de avec la response dudit sieur évesque,
Marans, 1588, publié dans le T.II. des Paris, 4 600, in-8°.
Mémoires de la Ligue. XX. Responce du sieur Duplessis
XIV. Déclaration du roi de Na- Mornay à l'écrit publié par le sieur
varre au passage de la Loire, 1589, évesque d'Evreux, sur la sommation
în-8"; réimp. dans le T. III des Mémoi- à luy faicte privément, 1600, in-8'.
res de la Ligne. XXI.DW-COWÎ'S véritable de la con-
XV. Méditations sur quatre psau- férence ténue à Fontainebleau, s. 1.,
mes (VI, XXX, XXXII, XXV), Gen., 1-600, in-8"; Montpellier, J. Gillet,
1591, in-8". -—Versle même temps, •4600, in-12.—Anonyme.
à l'occasion des conférences de Su- XXII. Adverlissement touchant la
resne, Mornay composa une Médita- vaine vanterie de ceux de l'Eglise
tion sur le ps. CI, pour montrer à romaine, sur ce. qui s'est passé en
Henri IV, à qui il la dédia, quels sont la conférence de Fontainebleau,
les devoirs d'un bon roi; nous ne.sa- 4 600, in-8°.
— Anonyme. Douteux.
vons si elle fut imprimée. C'est peut-être l'écrit dont Constant
'XVI. De l'institution, usage et doc- parJe à Mornay en ces termes : «Voslre
trine du sainct sacrement de l'Eu- lacquais m'a trouvé parmi les.livres où
charistie en l'Eglise ancienne com- je prends grand plaisir à justifier ces
sept pauvres condamnés. Il ne me
-,
ment,quand, et par quels degrez la
messe s'est introduite en sa place, en reste que le dernier qui est de saint

IV livres, La ' Rochelle, Hiérosme Bernard. Jusques à cesluy-)à j'ai ad-


Haullin, 1598, in-4»; 1599, in-12; 2e miré mille fois, et l'impudence de l'ac-
édit., Saumur, Thomas Portau, 1604, cusateur, et l'ignorance et malice des
in-fol.; irad en lat. sous ce litre : De juges. Si j'achève devant que le vostre
sacra eucharisiiâ libri. IV, in quibus soît imprimé, je l'envoyerai à M. de
et ejus ins'litutio, celebratio, doc- Bouillon, elc. »
MOR 540 MOR
—. —
^XXIII. Adverlissement a Mil.-de ..on sait, de la bête de l'Apocalypse (1 ).
l'Eglise romaine sur l'écrit n'ague- îndè iras. Le rioheé se fâcha, le pape se
r es publié-par Le sieur évesque d'Ë- plaignit amèrement, la reine, qui cr-ai--
vreujOsSiium ur,T. Portai,' 1600, in-42. ' grià'it; qu'on ne contestât la validité'de
XXIV. Responce au livre'publié son.mariage, fondée uniquement sur
d'Evreux, l'autoritéduSaint-Siège, voulut le .
par le sieur évesque sur que
la conférencetenue à Fontainebleau, livré fût "flétri, et la Sorbonnelui don-;
le 4 may 1600, où sont traitées les nànt satisfaction,'dèsle 1'" août 4611,
.principales matières controversées, ' le 'eo'n damna com me impi e etexêcfàhle.
Saumur, Th. Portau, 1602, in-4'; fXii.'Pêuxhôméliesdumoyénde
trad. en latin par David de Licques, se résoudre- sur les controverses de
Hanov 16,07, in4'. cetempsfSjîAaû, Jànnon.ïël 2, in-'8°. -.'
XXV., Adveriissement aux Juifs 'XXX. Méditation/, homélies et dis-
sur la venue du Messie,Saumur, \è6% ')l'ë'â'.i-,,
cours cA"reiWe»SjLa''Foré'stjJ.Bureau,
in-4°,- trad. en latin par l'auteur.; in-S".,— Ce vol, pôrtesur le
,'XXVI. Discours et méditations 'titré x.' III,"apparemment comme-suite ,

chrestiennes, Saumur, Th.-Portau, du'N' 'XXVI. Une,partie ~Aesilédifa-


1609,2 vol. in-4 2 " tions et Homélies
de' Dû Plessis-Mor-
XXVII. Les larmes dé Ph. dé Mor- nay ont.été t'ràd.én anglais ."Watt ni ên-
nay sur la mort de son fils unique, • tienne : TwohomÙiés on'Matt.X VII,
en latin et en franc., avec des Mé- "5 a»^A7ir,13,'Oxf.,4642, in-8°;
ditations sur Prov. III, 11-12,SaU- "HomilieonMatt.XVl,\ 8,Oxon.'4 64*5,
-.
mur,Th. Portau, 1609, in-1:2;-tràd. in-é0;—-Méditation upon Gën.XV,,\,
en angl,, -Lond., 4609,1^8°'. 'L'oh'd., 1620, in-80; — Threéhomi-
XXVI.1I. Le mystère d'iniquité,
,
lies upbn'Ps. LV,'%%J6hn XIV, 27
c'est-à-dire l'histoire de lapapaùié, àndLuheX, 42i'Lond., 4626, in-8»;
par quels progrez elle est-montée à — Thréè méditations on I Cor. Il,
ce comble, et quelles oppositions les .2, Ps. VI, 1 'and:Prov.:iII,'ii-\%
gens de bien lui ont faict de temps Lond., 46'27, in-8°; — Througats on
" ?n temps .'On aussi sont défendus les
theTrinity, Lond., 4724, in-80.—
droicts des empereurs', rois elprinces "Au sujet de ces méditations, '« réfle-
chrestiens, contre les assertions-dés xions suggérées par ùhésolidepiél'è»,
•cardinaux Bellarmin et Baroniùs, 'M. Sayon's remarque qu'elles s'oht'bien
Saumur,Thomas Portau, 4 611, in-fol.; froides en comparaison d'une autre
Gen.,J612, 2 vol. in.8»; 'traduit en "méditation surleps.LI quèi'dn trouve
latin, Salin., 1611, in-fol. ; 16'f2, in- 'dans lé même volume, él où l'on'sent,
fol..; en angl., Lond., '1612, in-fol. le souffle d'une ardeur dévorante .et
— ; «
Le titre explique suffisamment le but là passion profonde, non d'un.disciple,
de, cet ouvrage, qui ne fit,pas"moins "mais'd'ûn'réformateur. »'J1 'est'vrai,
de bruit que celui de l'Institiition de âjôùle-t-il,':qu'élle estde'Sàvoriardle.
l'Eucharistie, non pas tant à cause du Selon Du Verdiér/lloriiay a 'trad., en
sujet qui'y était traité, i-puisqu'ir n'of- effet,' lèiMédiiaiions .de H. Savona-
-frailrieird'exlrâordinaire dans la con- 'folesurles Psèdùnïès, et sa trad.'fut'
troverse .protestante, que parce que implpàr Auyrayà'Pàrls,14 584,'in-Î6..
l'auteur availmisen tête une' gravure
,
%Tp..''Testaient,'codiciléet der-
'.représenlant'Paul V avec les .inscrip- ^wresïïëuresdêP'.déÏIôrnày,àus-
tions ridicules que l'on avait faites'en squelles d'été joint son 'Traité de la
Son honneur, et dont une lui donnait \vie et de la mort,, ses Larmes.et le
. le titre
de vice-Dieu.; Or -Moraay avait ^JJïsctiùrs de la mort de dame Cîiàr-
trouvé dans .les .tellres;,nûmérfiïêslde loite Àrbalësteson.épouse, LaFor'é'st,
ces mots PAVLO V VIÇE-DEO,lé fameux ''«j>.l5]-f: L [60] -f y;[5]- + ' V[S]+I [1]
chiffre 666, nom mystérieux, comme
+ CJ/100] + D[b00] = 666.
MOR, 541 — MOR
—-
J.Bureau, 1624,in-8°; LaHaye,1656,
: pour mieuxdire,lespamphlets que nous
.in-8°. Le testament, le codicille, et les
avons mentionnés plus haut et sans.par-
dernières heures ont été réimp. dans. ler d'un certain nombre d'autres dont
-
:lè T-. XV, 4" série, des Archivés,cu- nous n'avons pu,retrouver les traces,
rieuses. bien qu'ils aient été imp.au témoignage
XXXII. Mémoires de messire Phi- de son biographe, on y rencontre:(T.Il)
lippes de Mornay,seigneur duPlessis.
.
Lettre de discours .sur les divers ju-
, Mardi,
contenant divers discours, gemens, des occurrences du temps,
instructions,lettresetdépesçIiéspdr 1584 ;,'— (T. III) Péclaration etpro-
lui: dressées, ou escrites aux rois, testation du roy de Navarre, de
roines,princes,princesses,seigneurs monseigneur le prince de Condé, de
--

etplusieurs grands personnages de M. le duc de Montmorency, etc., sur


la chrestienté depuis V'an1572 jus- lapaix faicte_ avec ceux de la maison
ques à l'an 1589 , ensemble quelques de Lorraine, 1:585;—(T.iy)Remons-
: lettres des dessusdits audit sieur du trance à la France sur les. maulx
Plessis, T. I, imp. l'an 1624, in-4*; . qu'elle souffre; Considérations sur
T. II, à La Forest, Jean Bureau, 1625, aulcuns articles proposes en l'as-
in-4". —Mémoires de. messire Phi- semblée de Nancy, 4 588 ; Mémoire
lippes de Mornay, etc. A la. fin est envoyé aux Pays-Bas, 4 589, dressé
- adjousté un supplément des pièces par ordre de Henri III; - (T. VII) Brief
--
qui ont esté omises dans les deux. discours 'par lequel chacung peult
vol. des Mémoires cy-devant impri- estre esclairci des justesprocédures
més, Àmst., Elzevier, 4 652, in-4".'— de.ceulxde la religion réformée, ré-
Suite, des Lettres et Mémoires, etc., sumé succinct de l'histoire du protes-
Amst., 4 651, in-4°. 11 y a sans doute tantisme en France jusqu'à l'édit de
une erreur dans ce millésime;, en tout Nantes. Nous, pourrions citer encore
cas, ce volume forme le 4e de la 4" une foule de pièces d'une moindre

édit. des Mémoires dé Mornay qui a étendue, mais" d'un égal intérêt pour
été publiée par Jean Daillé. Nouvelle l'histoire.
édition sous ce titre : Mémoires, cor- En 4 571, Mornay avait composé un
respondances- et vie de Duplessis-, Commentaire sur les lois ripuaire
- Mornay pour servir à l'histoire de et salique et une Critique du droit
la réformation et desguerres civiles canon, qui
.. et religieuses France, depuis l'an Barthélémy. En 4 574, furent détruits à la Saint-
' en au rapport de sa
: 1874 jusqu'en 1623, édit. complète, femme, il écrivit en latin un traité Pe
enrichie de notes, historiques et de lapuissance légitime d'unprïncesur
notices biographiques,po/rMM. de La son peuple, titre dont la singulière a-
Fontenelle de Vaudoré et Auguis, nalogie avec celui delà trad. franc, du
-
Paris, Treultel et YYurtz, 1824-23, . Vindiçioe contra tyrannos a du con-
12 vol. in-8°.-Annoncée en 15 vol., tribuer à faire croire que Mornay était
l'édit. nouv. a été réduite à 12, et elle, l'auteur de ce dernier ouvrage (Voy.
aurait pu l'être davantage, si l'on n'y a- VI, p. 273). On lui attribue aussi un
'. vait inséré un grand nombre de pièces Traité de la mesure d,e la foi et un
qui ne sont pas sorties de la plume fa- autre De concilio, dont nous n'avons
cile, abondante, nerveuse, quelquefois pu découvrir aucun exemplaire, non
éloquente deMornay;ilestvrai qu'elles plus que d'un Discours politique sur
se rattaèhent plus ou moins directement la présente conjoncture d'affaires,
.
à ses actions. Cette édition s'arrête à qui doit avoir été composé en 4 621,
l'année 1614. Elle est donc incomplè- et d'un traité De statu GoZlioe qui, dit-
.te, et en même temps elle est pleine on, fut imp. in-4° (1). Nous avons déjà
-
d'inexactitudes, de fautes même sou- (1)Dans saBibl. sacra, Le Long loi attribue
vent grossières.Outre les Mémoires, ou une trad. franc, des Proverbes de Salomon,
MOR — 542 — MOR

eu l'occasion de parler d'une copie ma- laine d'hommes pour les défendre. La
nuscrite de ses Mémoires qui se con- mutinerie des habitants qui se décla-
serve à laBiblioth. de la Sorbonne(l). rèrent contre lui en faveur des assié-
Deux volumes delà Collect. Dtipuy, geants, hâta la reddition, d'ailleurs iné-
cotés 349et 618 contenaient des lettres vitable^ de la place. Morogues dut s'es-
de lui ; mais la plupart ont été volées. timer heureux d'obtenir une capitula-
MOROGUES (JACQUES DE), sieur tion, que le duc de Guise fit respecter.
de Lande, du Sauvage, de Lonfroy et Il sortit de la ville, ainsi que ses lieu-
d'autres lieux, gentilhomme de la tenants, Philippe de Lafin le jeune,
chambre du roi et du duc d'Alençon, Valenville, Villeneuve, La Reinville,
fut nommé par ce dernier prince gou- Tauvenay, avec leurs chevaux e( leurs
verneur de La Charité, sa ville natale, armes, les soldats avec l'épée seule-
et prit possession de son gouverneT ment;
ment le 12 juillet 1576. On sait que la Morogues continua à porter les ar-
paix de Monsieur, qui avait valu au duc mes pour la Cause au moins jusqu'en
d'Alençon les duchés d'Anjou, de Tou- 1585, qu'il alla rejoindre le drapeau
raine et de Berry en augmentation d'a- du prince de Condé. Il avait épousé,
panage, ne dura que quelques mois, et en 1569,Jlfane Bochetel, veuve de
qu'à la reprise des hostilités, le nou- Jacques Bourdin, sieur de Villaines,
veau duc d'Anjou se déclara contre les secrétaire d'état. Deux fils naquirent
Protestants. Malgré les avertissements de ce mariage : ALEXANDRE, qui suit,
qu'il reçut de tous côtés, Morogues ne et HENRI, qui fit souche.
put croire à une pareille ingratitude de I. Alexandre de Morogues, sieur du
la part d'un prince qui récemment en- Sauvage, gentilhomme ordinaire de la
core avouait hautement ses obligations chambre, épousa Louise de Monchy,
« envers le parti de la Religion qui l'a*- dame d'Ercourt, et, resté veuf, il se
vojt reschauffé en son sein » ; il put remaria, en 4 637, avec Joachine Pa-
encore moins se persuader qu'il serait bra-de-Raconis. Sa première femme
attaqué dans la ville où il commandait le rendit père, sans parler d'un fils,
par celui-là même qui lui en avait con- nommé BENJAMIN, mort en 1631, à
fié le commandement. Il ne prit donc l'âge de 23 ans (Reg. de Charent.),'
aucune mesure de défense,et ne son- dé Gui, dit Bourdin, à cause d'une
gea même pas à augmenter sa garni- substitution faite en sa faveur par son
son qui était si faible, qu'à peine put-il, oncle, lequel prit pour femme, en
lorsque le canon ennemi eut pratiqué 4 636, Marie Lhoste, dame de Médan,
trois brèches dans les faibles murailles fille A'Hilaire Lhoste, sieur de Mont-
de La Charité, les garnir d'une quaran- fermeil, secrétaire du roi, et de Marie
1

Arnault. De ce mariage naquirent :


publ. par J. Rivery, a Lausanne, 1556, in-12. 4° JEAN-ALEXANDRE, vicomte d'Er-
II y a évidemment erreur dans cette indica- court, sieur de Médan, mort le 24 janv.
tion. Le Durjial, cl d'après lui, M. Duchon
{Panthéon litlérairtOsë sont également trom- 1677, à l'âge de 37 ans, ne laissant
pés, en le supposant l'auteur de {'Excellent qu'une fille, ANNE, de sa femme Anne
el libre discours sur l'étal présent de la Fran- Bazin, fille de Jean, sieur de Lime-
ce, pamphlet qui appartient a Michel Hurault ville, commissaire général de la cava-
(Voy. ce nom).
(1) Ce beau manuscrit forme onze vol. in- lerie légère, èl de Henriette de Lou-
fol., et non pus six, comme nous l'avons dit vigny; — 2°MARIE, présentée au bap-
a l'art. GOYON, induit en erreur par un de tême, le 22 juill..4 637, par son grand-
MM. les bibliothécaires de la Sorbonne, qui
nous avait afflrmê que la Bibliothèque n'en père paternel et sa grand'mère mater-
possédait pas davantage. Il provient évidem- nelle., et mariée, en secondes noces,
mrnl.de la bibliothèque de Mornay, ainsi en 1666, à Jean de Philibert, sieur
qu'un magnifique exemplaire du Mystère d'i-
niquité, qui se conserve a la bibliolli. Maza- ' de Piégut, fils de François, sieUr de
rine. Venlerol, et de Lucrèce Pu Puy-Mont-
MOR
— 543 — MOR
Irun (1); — 3* FRANÇOISE; 4° de Lucrèce Pu Puy-Montbrun. Enfer-

JEANNE, morte jeune; —VJOACUINE, mé, en 1688, dans le couvent de Saint-
femme, en 1674, de Jacques de Pas- Martin de Nevers, il se converlit.au
cal, sieur de Saint-Félix, fils de feu bout de trois semaines, et son fils,
Pierre de Pascal, sieur de Conques, FRANÇOIS, sieur de Guichy, qui avait
et A'Anne de Maisire; — 6" LOUISE, élé mis dans celui de Sainl-Etienne,
née en 1645, qui épousa Pierre de suivit son eiemple. Ce François devint
Narbonne, el émigra avec sa soeur seigneur de Médan par son mariage
Joachine à la révocation (Arch. gén. ' avec sa cousine Anne, qui, elle aussi,
TT. 330). avait dû probablement signer son ab-
II. Henri de Morogues, sieur de juration; mais la conversion de l'un et
Lonfroy, assista, comme ancien-de de l'autre était si peu sincère, que
l'église de La Charité, à plusieurs sy- Louis XIV leur fit témoigner, en 1700,
nodes provinciaux. 11 épousa Marie son étonnement de ce qu'ils ne se con-
Le Valois, fille de Louis, sieur dé formaient pas plus exaclemenl à sa vo-
"Villelle, .et de Catherine Bourdin, lonté (Arch. gén. E. 3386).
dont il eut : 4 * HENRI, qui suit; 2* MOttUS (ALEXANDRE), un des plus

ANNE, femme de Jacques de Cossay, célèbres prédicateurs protestants dans
sieur de Lussy; — 3" MARIE, épouse le XVII' siècle, né à Castres,le 25 sept.
de Gcdéon de Ramber, sieur de Tau- 1616,et mort à Paris, le 28 sept. 1670.
venay; — 4° LOUISE, mariée à Gas- Morus apporta en naissant un coeur
pard de Cossay, sieur de Cizely, frère ardent, une imagination vive, germe
de Jacques. fécond de grands talents, mais aussi de
Henri de Morogues, sieur de Lon- passions violentes. Dès le collège, il se
froy el de Fonlfaye en Nivernois, prit fit craindre, el par conséquent haïr, de
pour femme Marie de Cramanne (aîiàs ses condisciples par son caractère im-
La Ramane), fille de François, sieur périeux, irritable, vindicatif, et de
de Thoury. Il en eut : 1° HENRI-LOUIS, bonne heure il montra pour la galan-
qui suit; — 2e JACQUES, sieur de terie un penchant qui s'accordait mal
Thoury, tué au service; — 3° FRAN- avec l'austérité de moeurs exigée d'un
• çois< sieur de La Selle, né en 1640, conducteur de l'Eglise.
qui épousa, le 8 fév. 1685, Susanne Après avoir achevé d'une manière
de Laubéran-de Montigny, el passa brillante ses humanités au collège de.
avec elle en Hollande à la révocation ; Castres, où son père, écossais d'origi-
— 4" PIERRE; —5" PHILIPPE-MARC; ne, remplissait les fonctions de prin-
à l'âge de 20 ans, pour
— 6° GDT, sieur de Fonlfaye, capi- cipal, il partit,l'intention
taine au régiment de Langalerie, qui Genève dans d'y étudier la
épousa, en 1670, Edmée deJaucourt- théologie. En 1639, c'est-à-dire au
d'Espeuilles, et abjura avec toute sa- moment même où il terminait ses étu-
famille à la révocation ; il mourut en des, la chaire de grec étant devenue
4 6-90;
— 7° ANNE, femme de Jacques vacante elles curateurs de l'académie
d'Yse, président au parlement de Gre- ayant invité les.élrangersmêmesà en-
noble. trer en lice pour la dispuler, Morus ne
Henri-Louis de Morogues, sieur de craignit pas dese metlre sur les rangs,
Lonfroy el en partie du Sauvage, épou- et il l'emporta sur Etienne Le Clerc
sa, en 4 658, Madelaine de Philibert, et d'autres concurrents non moins re-
fille de François, sieur de Venlerol, et doutables. Ce succès commença sa ré-
putation. Elle s'accrut par les innova-
mourut Paris an moisde janvier tions qu'il introduisit dans l'enseigne-
(1) Elle "a
1739.1'eut-élre esl-elle la même que Varie de ment de la théologie et surtout dans
Vorogues,n\ii abjuia en 1685, en même lemps la prédication, lorsqu'il succéda, en
Catherine de Boisguillaume, descendant
ooe
capitaine qui s'élait signale a Coutras. 4642, à Frédéric Spanheim comme
d'un
MOR 544 MOR
ministre et professeur (1). Ce ne fut fesseurs à vivre en paix comme il con-
qu'après une lutte assez longue entre vient à leur profession, et à éviter de
le Conseil et la Vénérable Compagnie traiter, des questions oiseuses.' Cette
:

que Morus put prendre possession de attaque n'ayant point eule résultat que
sa chaire. Déjà le consistoire avait ses ennemis espéraient, ils se mirent
fait difficulté dé le recevoir au minis- à épier sa conduite, et bientôt de sour-
tère, l'accusant d'opinions peu-ortho- des rumeurs circulèrent 'surladépra^-
doxes sur là prédestination1,' là grâce, vation dè'ses moeurs,-non-seulement à
le péché originel, et la satisfaction; Il Genève, mais à l'étranger. Morus, com-
n'avait cédé,; au mois d'o'ct. 1641,que prenant que; la place n'était plus lena-
sur l'ordre réitéré du Conseil, et seu- ble, se montra disposé à la quitter.
lement après que le candidat eutsigné. D'un autre côté, conimele'but de ses •

une déclaration portant, qu'il rejetait envieux était atteint par son éloigne-
les opinions condamnées par leSynode ment, la VénérableCompagnie n'hésita
d'Alençon. Il paraît que cette fois la pas àlui donner,' le 25 janv.. 4 648, un
résistance fut moins vive. On lit, en excellent témoignage « sur sa probité
effet, dans les Fragments de GrehUSj et saine doctrine au sujet des calomnies
sousladaledu 10 oét.:« Sp.AIexandre publiées contre lui aux Pays-Bas.»
Morus, élu professeur de théologie, a Il était-question, eneffet, pour Mo-
été exhorté à se vouer. pour toujours rus d'une place de professeur de théo-
au service de cette académie, sans logie à Middélbourg, que les magistrats
écouler aucune autre vocation, voyant de cette' ville lui destinaient sur la
surtout le cas que le Conseilfait dé ses recommandation de Saumaise (Archiv.
dons relevés, et qu'il a été appelé à'la de. Genève, N°s. 3191 et 3494),.mais
profession la plus considérée, ce qui à laquelle ils ne voulaient sans doute
est comme une espèce de mariage spi- l'appeler qu'après s'ôtrè enquis de la
rituel par lequel il se lie déplus fort à vérité des bruits qui couraient sur son
cette église et académie. lien remer- compte. L'attestation du consistoire
cie très-affectueusementla Seigneurie, genevois ayant levé leurs scrupules,
en déclarant qu'il a besoin de l'agré^ Morus prit possession de celle chaire
ment du sieur Itforus son père, auquel en 4 649, après avoir prêché à Maas-
on écrit à cet effet.» tricht devant le synode des églises
L'orgueil de Morus se' trouva sin- wallonnes. Dès le mois de nov.; l'é-
gulièrement 'flatté de ce triomphe. La glise française dé Middélbourg écrivit
vocation que l'église française de Lon- à Genève une lettre pleine d'éloges'sur
dres lui adressa la même année, sti- son nouveau pasteur,-sefélicitant d'une
mula encore sa vanité, et la dignité de acquisition qu'elle ne,devait pas con-
recteur àlaquelleil futpromuen 1645, server longtemps. En 1651, l'aca-
.

acheva de le remplir d'une présomp- démie de Mon tauban, désirant s'attacher


tion insupportable. Il prit comme à tâ- un homme aussi illustre, demanda au
che d'irriter ses collègues par sa hau- synode provincial assemblé à Castres
teur.el ses dédains. Sa perte fut jurée. de rappeler Morus en France comme
De nouvellesplaintesfurent adressées, successeur de Garissolles; mais le
en 1646, au magistrat. On l'accusa de commissaireroyal, GuillaumePuPuy,
sentiments erronés touchant l'imputa- sieur de La Gade, s'y
tion du péché d'Adam et la foi des prétexte que le professeur opposa sous
de Middél-
Pères de l'A.-T.; mais le Conseil se bourg avait des relations les
contenta, d'exhorter pasteurs et pro- ennemis del'Etat (Arch. gen.1t. 290). avec
Vers le même temps, les curateurs de
(1) Sénebier préleiwiqu.cMorusful
ce.double emploi, au mois de janvier reçu
à l'Ecole, illustre d'Amsterdam offrirent
1642 • à Morus la chaire d'hisloire ecclésias-
mais il se trompe. Spanlieim n'obtint
congé qu'au mois de mais de cette année.son
' tique laissée vacante .par la mort de
MOR — 54b MOR
y.pssras..Il la refusa d'abord, et. hé éffefc.un grand nombre de Protestants
consentit à l'accepter plus tard que sur- dé Paris le désiraient pour pasteur.
leurs, instances réitérées." Leurs voeux, n'ayant point été écouT
,,- prévoir
Rien ne pouvait alors faire tés par le consistoire de Charenton, ils
...
ï'e.râge qui allaitfondrë sur lui; lâhainé en avaient appelé au synode provin-~
même semblaitréduite au silence, lors- c'iâl, qui s'assembla à Aï, le 8 mai
que la publication du livre de Pierre 4659, etquileur.accordaleurdemande,
Du.Moulin, Clamor sanguims regii ad malgré l'opposition de Papillon, avo-
çoelum (Hagae, 1652, in-12) lui sus- cat.au parlement et ancien de l'église,
cita un nouvel ennemi, plus redoutable après.un examen attentif des attesta-
que tous les autres. Milton, qui, était tions avantageuses que produisit Mo-
extrêmement maltraité dans ce libelle, rus, attestations signées par les ma^
voulut se venger de l'agresseur: Dans gistrats, les pasteurs et les professeurs
lafausse persuasion que Morus en était de, Genève, les pasteurs et les pro-
l'auteur, il prit des renseignements fesseurs de Middélbourg, les bourg-
sur sa vie, et, sans information, il se mestres et les curateurs de l'École
Èâta de publier tout ce qu'il put re- illustre d'Amsterdam: Défense fut mê-
cueillir de défavorable sur son compte. me fait à Morus de retourner en HoV
Ilorus eut beau fournir les attestations lande pour se justifier devant le syno-
Tes plus honorables sur ses moeurs et de de Nimègue, qui le frappa d'ex-
sa doctrine, il ne parvint point à dé- communication comme rebelle, au
truire la fâcheuse impression laissée mois de sept., quoiqu'il fût attaché à
dans les esprits par la réponse de l'il- l'église de Charenton depuis plus de
lustré poète. trois mois. Le Synode national deLou^
Ce fut sans doute pour se distraire dun, devant lequel le débat fut porté
des ennuis que cette affaire lui causa, par l'appel de Papillon et du consen-
qu'il demanda, en 1654, un congé de tement des églises hollandaises, se
trois ou quatre mois. Il avait l'intention livra de nouveau à une minutieuse en-
de le passer en France; mais au lieu quête, à la suite de laquelle il déclara
dé s'arrêter dans sa patrie, il se rendit « qu'il n'avait rien trouvé qui obligeât
en Italie, où il resta plus d'un an, à condamner ledit Morus, ni à flétrir s'a
comblé d'égards par le grand-duc de personne, ni son ministère. » Il fut.
Toscane et de marques de distinction donc confirmé dans la place de pasteur
par la république de Venise, dontil avait de l'église de'Charenlon; le synode
•chanté une victoire sur les Turcs daus l'exhorta seulement à mettre plus de
un beau poème latin. A son retour en circonspection dans sa conduite et à
Hollande, loin de le blâmer d'avoir dé- prendre garde d'offenser personne par
passé son congé, le synode des églises ses paroles ou ses écrits. Morus- ne
-wallonnes, tenu à Leyde au mois de profita pas de ce sage avis.
mai 1656, le congratula sur les hon- On peut à peine concevoir aujour-
neurs qu'il avait reçus. Il est probable d'hui l'enthousiasme qUe ses prédica-
q'ùela vanité de Morus poussée à l'ex- tions excitèrent. A en juger par ceux
cès par ces éloges, réveilla la haine de de ses sermons qui ont été imprimés,
ses ennemis et lui en créa de nouveaux. il ne méritait pas la réputation d'élo-
Quoi qu'il en soit, il fut accusé devant quence qu'on lui a faite, car ils ne sont
le' synode de Tergow, qui se tint le remarquables ui par l'énergie ou la"
le 23 avril 4 659, de « mensonges, beauté des pensées, ni par la noblesse
faussetez, fourbes,,impiétez, ingrati- ou le mouvemen t du style. Ce qui char-
tude, orgueil insupportable, vices in- mait son auditoire, c'était la grâce, la
fâmes, » et sommé de se justifier. Il chaleur de son débit, et surtout les allu-
refusa d'obéir, alléguant sa qualité de sions piquantes, les traits satiriques, les
français. Depuis quelque temps, en ions mois, dont il semait sesdiscours.
T. Vil. ao
MOR
MOR — 546 —
Comme à Genève, ses étonnanls qui, probablement gagné à prix d'ar-
succès excitèrent la jalousie, etsonor- gent, finit, au bout de quelques mois,
gueil,son humeur caustique froissèrent par le trahir. Peut-être y a-t-il de l'exa-
les susceptibilités de plusieurs mem- gération dans le mémoire qu'il présenta
bres du consistoire. Il se forma contre . au consistoire, mais laplupart des faits
lui une cabale dans laquelle entrèrent sont racontés avec des détails tellement
DesForges-Le Coq, Massanes, Beau- circonstanciés,jour parjour, heure par
champ Des Galesnières, le ministre heure pour ainsi dire, qu'il semble im-
,
Daillé lui-même, qui, au synode d'Aï, possible que tout soit faux dans celte
avait appuyé de toute son influence dénonciation. Le consistoire l'accepta
ceux qui le demandaient pour pasteur. pour vraie, et, usurpant une autorité
On chercha d'abord à l'éloigner sans qui n'appartenait qu'au colloque,, il
hruit, et on lui' conseilla, sous main, suspendit le ministre, le lundi 10 juil-
défaire un voyage en Angleterre. Ses let 4 661. Cette sentence irrita vive-
partisans prétendent que ses adver- ment les partisans de Morus, au nom-
saires voulaient se donner le temps de bre desquels on comptait Baptiste
dresser leurs batteries, et que Morus Tarnean, avocat au Conseil, Paul
tomba dans le piégé. Ce qui est cer- Sonnet, avocat au parlement, Mel-
tain, c'est que le consistoirelui accorda chior-Georges Tavernier, contrôleur
avec une grande facilité un congé et de la maisondu duc d'Orléans, Antoine
que, pendant son absence, de sourdes Stran (aliàs Estrangy, banquier, etc.,
rumeurs se répandirent sur son compte. qui appelèrent à la Chambre de l'édit
A son retour, craignant apparemment de cet abus de pouvoir. Malheureuse-
de voir se renouveler ce qui s'était ment, ils ne s'en tinrent pas là. Le di-
passé en Hollande, il voulut donner sa manche suivant, 16 juillet, l'église de
démission; mais un grand nombre de Charenton fut envahie de bonne heure
chefs de famille l'ayant supplié de res- par quelques mousquetaires de la Reli-
ter, il céda à leurs instances. Déçue gion et une foule de peuple. Daillé
dans son espoir, la cabale changea de fils, qui devait prêcher, fut repoussé
tactique. Massanes et Le Coq ne rou- avec violence, et Morus porté comme en
girent pas de descendre au vil rôle triomphe dans la chaire. Ce scandale
d'espions. Ils s'attachèrent aux pas de inouï cessa sur les représentations de
Morus, afin de surveiller ses démarches, personnages influents ; mais la Cour en
et il faut avouer que la conduite du prit prétexte pour exclure tous les
pasteur ne prêta que. trop aux plus fâ- mousquetaires protestants de ce corps
cheuses interprétations. Peu habitué à d'élite. C'était frapper à la foisles in- .

un.travail suivi et à une vie sédentaire, nocenls et les coupables ; la Chambre
il avait pris l'habitude decourir les rues, de l'édit montra plus d'équité. Sur la
accompagné de Chapuzeau qui, sans plaidoirie d'Orner Talon, elle se dé-
être «unhbmmeinfâme,un insigne ,
scé- clara incompétente et, par arrêt du 27
lérat»., comme le prétendirentplustard juillet, renvoya l'affaire à un colloque,
les défenseurs de Morus, était au moins qui se tint, le 10 août, par permission
une espèce d'aventurier d'une moralité du roi, à Charenton même, sous la
fort suspecte. Dans ces courses jour- présidence de Le Sueur père. Les ap-
nalières il se plaisait à mugueter pelants y députèrent l'avocat Sonnet
,
les jolies femmes qu'il rencontrait, et La Bastide. Le consistoire de Paris
il leur donnait des rendez-vous, il les •
fut blâmé de ne pas avoir procédé im-
suivait môme jusque dans des lieux où médiatement à l'examen des accusa-
la présence d'un homme de sa profes- tions portées contre le pasteur, mais
sion ne pouvait être qu'un scandale. d'en avoir remis la discussion du lundi
Telles sont au moins les accusations
formulées contre lui par Chapuzeau, au dimanche suivant ; Morus fut inter-
dit pour un an, et une commission,
MOR
— 517 MOR
composée de Le Sueur père, Rancon- velles attaques. 11
mourut, après de
net et Cottin, chargée de. veiller sur longues souffrances, dans l'hôtel de l?
sa conduite pendant le temps de sa sus- duchesse de Rohan, qui n'avait
pension, avec pouvoir de le déposer en cessé un instant de le couvrir de pas,
sa pro-
cas de récidive. Ayant promis de se tection.Sa mort fut des plus édifiâmes.
réconcilier avec le consistoire, il ne fut 11 rendit le dernier soupir
en protestant
pas exclu» de la Cène, comme le fut de son innocence, et en répétant
ces
Chapuzeau, que le colloque censura. paroles du psalmiste :
Les ennemis de Morus ne furent poinl Mon âme en tes mains je viens rendre,
satisfaits. Ils renouvelèrent leurs accu- •
Car lu m'as racheté, ô Dieu de vérité.
sations devant le synode de Roucy, qui Ménage prétend qu'il avait voulu plu-
révisa le procès etaggrava la peine, en sieurs fois embrasser le catholicisme;
laissant toutefois à Morus la liberté de maispourquoinel'a-t-ilpas faitpendant
se pourvoir au synode de la Normandie sa lutte avecleconsisloire?qui l'en au-
ouà celui duBerri.Il choisit ce dernier, raitempêché?Danslarelation quel'on a
qui se tint à Sancerre en 1664, et qui, publiée à Genève de sa maladie et de sa
après avoir soigneusement examiné mort, pas un mot ne tend à faire sup-
l'affaire, jugea que Morus, s'étant sou- poser qu'il ne soitpas mort plein d'atta-
mis au jugement du colloque de Cha- chement pour la religion réformée. Il
renton, il n'y avait eu aucun sujet de futenlerré, le 2 oct., dans le cimetière
procéder de nouveau contre lui; que le de Charenton (Reg.de Charent.).
synode de Roucy avait sans aucun fon- «Morus, dit Sénebier, eut de l'es-
dement revu le procès, et que sa sen- prit avec les vices qui l'accompagnent
tence devait être cassée. «Et, lifondans quand la raison ne sait pas le régler;
les Actes de ce synode, après les fortes il fut léger, imprudent, orgueilleux;
et graves remontrances qui luy ont été s'il excita l'envie par ses talens, il
faites par la bouche de M. le modéra- appela la haine par sa hauteur; son sa-
teur, et les avertissemens qu'il a reçus voir étoit vaste, mais superficiel; il
de se comporter à l'avenir avec plus de croyoit avoir tout fait quand il avoit
circonspectionet de prudence, et de se montré de l'adresse ou tissu des phra-
tenir plus attaché à son cabinet, de ses sonores. Spanheim ne lui repro-
s'abstenir de toutes ses courses dans les che que de l'orgueil. Saumaise disoit
rues qui ont donné du soupçon contre «nullumse cognovissenobïliorem.seu
luy, et de se conduire en toutes choses capaciorem omnium rerum quibus se
en telle manière que chacun soit édifié applicaret,si laboris tolero/ntiorfuiS'
de son exemple et de sa conversation, set, quod in eo desiderabat. »
elle l'a rétably et rétablit dès à présent Les écrits de Morus sont assez nom-
en toutes les fonctions de son ministère, breux, mais peu importants. En voici
et l'a renvoyé dans son église en l'ex- la liste :
ercice de sa charge. » Et comme on I. De necessariâ Peigratiâ et li-
avait, dans l'intervalle, porté-contre bero hominis arbitrio disputationes
Morus de nouvelles accusations devant IV, subproesidio A. Mori, Gen., J.de
le consistoire de Paris, le synode dé- Tournes, 1644, in-4°.
puta les pasteurs Gantois, Lenfant, II. Oratio depace, GeD.,1647et
Longuet et Varnier.ayec les anciens 4 652,in-4°;trad.enfranç.,Gen.,4 647,
de Soustelle, Bussière et Morin pour in-4".—Morus condamnefortementles
en prendre connaissance sur les lieux, disputes A'Amyraut et de Spanheim sur
rendre un jugement définitif et récon- la grâce.
cilier le pasteur avec 'le consistoire III. Calvinus,oratiohistoricaeta-
(Collect. Conrart, T. XIV). pologetica pro Joh. Calvino contra
Morus exerça, depuis ce temps, son Grotium, Gen., 4 648, in-4°.
ministère sans' être en butte à de nou- IV. Victoriagntie,^.eAio\>.,1652,
MOR 548 MOT

in-4°. — Nouvelle édit. du N° Iavec 4-656 de Turcis reportatû, Paris.i
' 4-673; in-4°.
des augmentations.
N.Oratio de duobus Genève mira- XIII. Poemata, Paris.,4,669,in-8°,
culis,sole etscuto, Médioburg,,1652i XIV. Axiomata theologiça, imp..
dans le Myrothecium de Gaméron-
in-4».
VI. Causa Dei, id est; de Scriptu- (Salm., 4677, in-4").
,

râ sacra ewercitationes genevenses, XV. Derniers discours d'A. Morus,


Mediob., 4 653,hrf.—Divisé en trois Amst,, 4 680, in-12.
XVI. Fragmens des sermons de.
parties : 1° Pe auctoritate S.Scriptu-
%'Decanone, deintegriiatetex- Morus avec ses dernières heures, La-
rm;
tûs hebraïci, de LXX et aliis versio- Haye, 4:68-5, in-12.
nibus grmcis, de hexaplis Origenis, XVII. Sermons et fragmens de ser-
de Vulgatâ latinâ; 3° Deperfectione mons, Gen., 4-6S6, in-8°.
S. Scripluroe: XVIII. Sept sermons sur- divers
Vil. Eidespublica contra calum- textes, Amst., 1688, in-8".
nias J. Milioni scuroe, Hagoe Gom., XIX. Pix-lmit sermons sur Rom..
4 654, in-42.—Supplementnm,iQi!S§,
VIII, Amst., 4 694,in-8°.
in-12.—On trouve dans ce volume un XX. Sermons choisis sur- divers
grand nombre de certificats très-hono- textes, Gen., 4694, in-8°.
rables pour lui. XXI. Sermons sur le.catéchisme,
VH.I. Eusebiiepisc. Coesar. Chro- Gen., 1695, 2 vol. in-8°.
niconcumaliis ejusconthmatoribus, On a encore d'Alexandre Morus un
groec. lat., cumque noiis J. Scalige- Sermon
prononcé àLa Haye sur la mort
rii, Amst., 1658, in-fol. d'u prince d'Orange en 1650, qui ne
IX. AdEsaim cap .LUI de perpes- nous est'connu que par la trad-. anglai-
sionibus- et gloriâ- Messioe nota ac se faite par Paniel La Fite, Lond.,
diatriboe,km$L, 4.658, in-40.'—Séne- 4 694, in-4°; etuoeLeWreàMeslrezat, .

bier en cite uue édition de Middelb., datée de 1657, où il se justifie d'avoir


4 653, in-4\ écrit à la reine Christine de Suède dans
X. Sermons sur la-naissance de un style trop figuré, lettre qui fait
JeoM-Baptiste, Gen., 4659 , in-8°; partie du T. XIV de la Colleet.Conrart.
4 682, in-8». Sénebier nous apprend, dans son Ca-
.
XI. Nota ad quoedam- loca Novi talogue, qu'il a aussi laissé en msc.
Foederis, Lond., 1661, in-8"; Paris., une Histoire de Genève.-
1668, in-8°; réimp. avec le Myrolhe- EîûT&EREï^HEKRi^curédeSt-Jean
cium de Camêron{f£,a\.m.,\677,in-4°); à Wissembourg et réformateur de cette
puis dans les Crilici sacri d'Angleterre ville.Nulle partpeut-êtreleterrainn'a-
et dans les Observât, selectas in varia vait élé mieux préparé pourlaRéforme,
loca N.T., deFabricius (Hamb.,474 2, grâce aux moeurs scandaleuses desmoi-
in-8"). — Richard Simon fait peu de nes d'une riche abbaye de Bénédictins
cas de Morus comme critique de laBible. qui y était établie. Motherer, qui avait
XII. Soteria laus Chrisli nascen- beaucoup à se plaindre d'eux, embrassa
tis ; Epinicia super Veneiorum de avec chaleur les doclrines luthériennes.
Turcis Victoria, Paris., 1663, in-4°. Dès 1522, il prit femme, ainsi que-son
— Le A f de ces poèmes a été trad. du vicaire Jean Merclel de Kleeburg, et
latin en franc, par Pérachon, qui plus il invita Bucer (Voy. 111, p. 59),à ve-
tard apostasia, el imp. à Paris, Olivier nir le seconder.Le vicaire de l'évêque
de Varennes,1665,in-41; 3- édit., Pa- de Spire, dans le diocèse duquel était
ris, 1669; in-12. Le second, qui avait Wissembourg, s'opposa à l'installation
peut-être été imprimé d'abord en Ita- de l'ancien cliapelain.de Sicldngen, et
lie^ fut réimp. sous ce titre : Epinicia exigea qu'il'se rendît préalablement à
de insigni Venetornm Victoria anno Spire pour-y rendre compte de sa foi.
MOT — 549 ~ MOT
Bucer refusa de faire ce voyage par des chefs du mouvement furent déca-
-des raisons faciles à comprendre; mais pités; à cinq autres on coupa lès doigts;
il offrit, ainsi que Motherer; de se sou- une amende de 8,!000 florins fut frap-
mettre à une enquête à Wissembourg pée SUrla ville, et les habitants dorent
ïnêmc et dé payer lès frais du déplacè- s'éngagef à tout remettre sur l'ancien
'ïhent dès commissaires. Le vicaire ne piéd.-Dans sa'Chronique d'Alsace, Her-
voulut point accepter ce moyen terme zog affirmé 'que Motherer fut Un des
et les excommunia l'un et l'autre. Sur trois luthériens exécutés; selon Boll,
•ces entrefaites, au înois d'avril !4 523, c'est Merckel de Kleeburg qui subit la
l'électeur de Trêves et l'électeur pa'la- mort.Ces événements déplorables por-
-tin vinrent mettre le siège devant la tèrent :u'n rude Coup à la Réforme.Elle
'ville. Les magistrats effrayés én'gagè- ne reprit faveur qu'au bout de-quèlques
ïtëntles trois prédicateurs,qu'ils avaient aii'nées-(Foy. ÏEËSS).
-protégés jusque-là,à en sortir afin d'é- MOTTE'UX (PIERRE-ANTOINE), OU
-cjlèr de grands malheurs. Ils suivirent LeMotteùx,'poei.e et traducteur, né à
ce!c'onsèil et se rétirèrent à Strasbourg, --Roûènjen'4 66''0'.MoUeux passa en An-
^d?où Motherer et 'Merckél, tous deux -gletérre à là révocation. Il commença
'chers à la bourgeoisie, furent rappelés par s'appliquer avec ardeUr à l'élude
après le rétablissement delà pâïx.Sou- de la langue anglaise, et lorsqu'il la
!tenus parla Classemôyénne,;ilspurent posséda à fond, il s'occupa de traduc
ïfavër'en sûreté lés foudres de l'évê- tiens'remarquables par la pureté du
que de Spire jusqu'en 4 525 que la ré- stylé. On regarde comme des chefs-
volte des Paysans amena de nouvelles -
d'oeuvre celles qu'il a données de don
complications. Un COrps d'insurgés Quichotte et de Rabelais. Malgré le
-ayant invité les habitants à faire cause grand succès qu'obtinrent ses -publica-
^Commune aveG eux ou a leur donnèrâu tions, il abandonna là littérature pour
molïi's du plomb'et de la poudre,:lèUr Je comm'erceet acquit uneforlUne con-
'promettant en retour aidé et profeclion, sidérablèpar-d'heUrèusfes spéculations.
le Conseil leurreftisa louteassîstahCe. QUoiqtie marié et père dé vin'gl-deux
î>es Paysans 'irrités menacèrent de ra- -enfants, il tnenait Une vie cràpû'leUse.
vager les vignes, dont le produit for- -Là Biôg. Univ, affirmé.qu'on' lé trouva
mait la seule ressource d'un- grand mort dans Un lieu de débauché, le 4 9
ïrombre de bourgeois.' Cette menacé fév'r. 1717. On a dé lui, selon Watt :.
éausa'Une vive agitation,qui fut portée I. Th'ep'rèsènt state of Marocco,
% son comble par unetènlativedupriéur trad. du franc-., Lond.,'4'695, in-8'.
dès Bén'édictins pour encltfuêr lés' ca- II. The loves ofMars elnd V-enUs,
nons de la ville. Une émeute éclata, Lond., 1697, in-4"; 4 722, in-4'2.
ïi^abhayé ful-dé:truiie,sës archives br-û1- III. '•Beauty vrù distrésS, Wtràgedy,
îées etles' canons livrés'aux Paysans, Lond.V4fi9'8, in-4°.
&-<rni'une;pa'rtiedês hâbitantSsèTêU1- IV. The'wholèWO'rlis OfRàvelais,
BirentAucunéVioleneé né fUlCOniiriise done-ôut of'freiïch'by Thomas Ur-
contreles'pérsûrjUès'dès^ nïoirïéS ; 'on chârd, Péter MoÙeU'X dnd bihers,
exigea seulement'd'eux la prôines'sè •Lohd,, -4 708, 2 vol. in-8\ ^Motteux
'de renoncer à leurs'privilèges ,'• dé vi>- -y a-joint dès' rémarques estimées, qui
T're dansla Chasteté o'u"lé;mariage, et 'OBtété'tra'd.'de l'anglais'(Loiid.,:4 740,
de ne point chercher à se venger. La ;in^4'»);iainsî'que txPàt'odie'-dè l'ode
JBïÔThésse'donnée; oh'leùr'tèsti'tUa' tout de'Bdileau sûr la prise diNamur.
ce qui avait été" sauvé du pi liage de •V. A'po'emi'm -tea,- Lô'nd., ' 472-2,
Fabbaye: Gelai n'empêcha pas le prieur -in;-8'°.—fnséré'd'abdrddansle-'Spec-
dë'pô'rtér ses'plàîntes'à'l'électeur,pa'- tàleur.
latin,'.qui mit le siège' devant Ta ville Dans la li'stedes directeurs de l'hô-
et lui imposa de dures conditions.Trois pital français,à Londres, nous trouvons
MOU 550 MOU
les noms de Jean Motteux, en 4 729, MOTJLïrVES (GUILLAUME), mem-
de Pierre Molleutu, en 1759, et de bre de l'Académie des sciences de Ber-
Jean Motteux, en 1763- Il nous est lin, né à Berlin, le 30 avril 1.728,Me
impossible dé dire s'ils descendaient Daniel Moulinés, d'une famille réfu-
de notre écrivain, une liste de Réfu- giée originaire du Languedoc (1), et de
giés de Rouen, dressée en 1685, nous N. Demus, et mort dans cette même
apprenant que plusieurs enfants d'un ville, le 14 mars 1802.
marcliand'nommé Antoine Le Motteux Moulines reçut sa première éduca-
sortirent du royaume à la révocation tion dans un pensionnat que sa mère
(Arch. gén. TT. 261). avait fondé à Berlin, et fit ses huma-
MOULASS (DANIEL), ministre de nités au Collège français. Pour com-
Coutras. Le 14 juin 1609,Moulans re- plaire à sa mère, il embrassa l'état ec-
venant de Villaux près Libourne, où ii clésiastique, vers lequel ses goûts ne
avait célébré la Cène,renconlra le car- le portaient aucunement, et, ses étu-
dinal de Sourdis, accompagné d'une des en théologie terminées, il fut placé,
suite nombreuse. Il se mit modeste- en 1752, comme pasteur dans l'église
ment sur le bord du chemin pour lais- de Bernàu, qu'il desservit pendant enr
ser passerle haul dignitaire de l'Eglise viron sept ans. En 1759, il fut appelé
romaine, qu'il salua, mais qui ne, dai- à Berlin comme vicaire du vieux de
gna pas lui rendre son salut-.Un instant a- Combles, ministre de l'église de la
près, un des gens de la suite du cardinal Dorolheesladt. Ses sermons, qui n'é-
s'approcha du ministre et, lui repro- taient remarquables d'ailleurs que par
chant de' ne pas s'être découvert de- la concision et la clarté du style, plu-
vant une croix plantée sur le bord du rent au grand chancelier de Jdrriges,
.chemin, il le frappa violemment d'un dont la protection lui fut dès lors acr
bâlon qu'il tenait à la main, tandis quise. C'est lui qui engagea Moulines
jj-u'un autre le chargeait à coups du à traduire l'ouvrage de Sleck sur la
plat de son épée. Sourdis fit semblant procédure et à réfuter la violente sortie
de ne rien voir, et le ministre gagna de l'abbé Raynal contre le grand Fré-
Libourne couvert de plaies et de con- déric. Ces deux ouvrages le firent con-
tusions, ainsi qu'un émailleur de Li- naître, du prince, mais ils ne lui valu-
moges,nommé Jean Court,Ait Vigier, rent, du reste, aucune faveur. Il n'en
aussi maltraité que lui (Arch. gén. fut pas de même de sa traduction
IL 108}. Le même jour cependant, le A'Ammien Marcellin, qu'il entreprit
cardinal fit promeltreàMoulans de châ- par le conseil de Guischard; elle lui
tier le laquais qui l'avait frappé. Le ouvrit les portes de l'Académie, le 31
pasteur répondit que s'il ne s'agissait août 1775, et lui procura en outre,
que d'une offense personnelle, il la une pension de 500 écus. , Encouragé
pardonnerait volontiers, mais que l'in- par le suffrage de Frédéric, Moulines
jure qui lui avait été faite retombait consacra presquetout le reste desa vie
sur. toutes les églises de France, en littéraire à des traductions. En .1783,
tant qu'elle violait l'édit. L'affaire fut il résigna sa place de pasteur pour rem-
donc portée devant le conseil d'Etat, plir le poste de résident du duc de
qui la renvoya devant le parlement de Brunswick-Lunebourg, à la cour de
Bordeaux.L'informationsecrète qui fut Prusse. L'année suivante, il fut élu
faite en conséquence a élé publiée dans
le T. X des Mémoires de Mornay (édit. (1) Une autre famille protestante de.ce
Auguis); nous n'en connaissons pas le nom habitait laSaintouge. En 1616, l'Assem-
résultat.Moulans,appelé aussiMolans, blée politique de La Rochelle chargea les dé-
putés généiaux de réclamer la mise:en liberté
jouissait d'une certaine réputation de A'Adam Mouline qui, a cause de.sa religion,
science et de piélé parmi ses confrères était, depuis plus de six mois, détenu dans
(Voy.Piècesjustif N'LX). les prisons de Saintes et soumis aux plus mau-
vais traitements.
MOU
— 551 — MOZ
conseiller du consistoire supérieur. En MOUTARDE (THOMAS), martyrqui
4785, Frédéric le chargea de donner racheta vie de débauches par une
une
des leçons de logique au prince royal, mort glorieuse. Ilétait de Valenciennes
et son successeur, Frédéric-Guillaume, et généralement connu commeunivro-
lui accorda des lettres de noblesse, en gne. S'étant avisé de dire un jour à un
4786. Deux ans plus tard, Moulines prêlre que son Dieu de l'hostie n'était
devint membre du directoire supérieur qu'abomination, il fut arrêté et jeté en
français. Déjà il ressentait les cruelles prison. On croyait que le lendemain,
atleinlesde la longue maladie qui l'em- lorsqu'il aurait la tête libre, ils'empres-
porta après des années de souffrances seraitde faire amende honorable; aussi
presqueintolerables.illaissa la réputa- l'étonnement fut-il extrême, quand on
tion d'un homme fort obligeant el d'un l'entendit déclarer qu'il maintenait ce
savant qui joignait à beaucoup d'érudi- qu'il avait dit et que c'était un abus de
tion beaucoup de goût et de finesse. chercher J.-Ch. ailleurs qu'au ciel.
Quoique plus spécialement voué aux Son procès fut bientôt fait. «Au sortir
belles-lettres, il s'occupa avec succès de la maison de la ville pour aller au
d'études sur la physique et inventa supplice, on nevid onques une con-
quelques instruments très-ingénieux. stance plus asseurée,s'esjouissantd'un
Onadelui: tel honneur que Dieu lui faisoit,» lit-
I. Réflexions sur les décisions im- on dans le Martyrologe, qui ajoule que
médiates des souverains et sur l'or- «le patient au milieu du feu ardant avoit
dre delà procédure, Berlin,1765,in- les yeux leve2 au ciel, et crioit au Sei-
8"; La Haye, 1777, in-8". —Trad. a- gneur qu'il eust miséricorde de son a-
brégée de l'ouvrage de Sleck. me. » L'exécution eut lieu à Valencien-
II. Lettre d'un habitant de Berlin nes, le 6 oct. 4 559.
à. son ami à La Haye, Berlin, 4773, M.OYNET (JACQUES), sieur de Tau-
in-8\—Contre l'abbé Raynal. court, conseiller au parlement de Nor-
III. Ammien-Marcellinou les XVIII mandie. Moynel se fit prolestanlsous
livres de son histoire qui nous sont le règne de Henri III, puis, pouréchap-
restes, trad.en franc., Berlin, 4 775, per aux dangers que sa religion lui au-
3 vol. in-12; Lyon, 4 778, 3 vol. in- rait infailliblement attirés, il se refit ca-
4 2.—Trad.fidèle et élégante. Iholique, ce qui n'empêcha'pas les Li-
IV. Les écrivains de l'histoire Au- gueurs de Rouen de le jeter en prison.
guste, trad. en franc, Berlin, 1783, Il réussit à s'échapper et alla rejoindre
-3 vol. in-8»; Paris,1806,3 vol. in-12. le parlement siégeant alors à Caen. Dès
—Barbier, à qui l'on doit celle dernière qu'il se vit en sûreté, il reprit l'exer-
édilion, l'a fait précéder d'une notice cice de la religion réformée; mais le
sur la vie de Moulines. parlemenll'exclutde sonsein, en -1593,
Onlrouvede Moulines,dans lesNou- et malgré les ordres de Henri IV, il
veaux Mémoires de l'Acad. des scien- refusa obstinément de le réintégrer
ces deBerlin—(4 780) Mémoire sur les dans sa charge jusqu'àlapromulgalion
écrivains de l'histoire Auguste;.— de l'édit de Nantes, en verlu duquel
(1781 ): Mémoire sur les livres Cata- Moynet y rentra comme conseiller à la
criens;— (1792 et 93): Mémoire sur Chambre de l'édit. Dans son Hist. du
Christian de Brunswick, adminis- parlement de Normandie, M. Floquet
trateur de Halberstadt.il a,en outre, nous peint ce magistrat comme un
laissé en mss. un Mémoire sur Pion homme Irès-peu respectable.
Cassius, lu à la séance de l'Académie MOZET(EnENNE),pasteurprotestant,
du 29 mars 4 787, et la trad. de la Ha- né à Sedan et mort à Melz, le 6 déc.
de Q. Fusius Calenus contre 4 635.Mozetdesservait une église dans
rangue
Cicéron, lue à l'Académie en 4 788 et la principauté de Sedan, lorsqu'il fut
4791. appelé, en 4 592, à remplacer à Metz le
MUG
MQZ — 582 —
ministre Collol. Quelques années après de-Metz fut. Gédéon dp Marsal, né
sp.installation, ùn.liyrerqû'un certain à'.Metz ie 22 août 4 593, et mort le
Jacques: Royer (i) publia. s,ur l'admi- 7,' déc. ,1,6,45, sans laisser d'enfants,
nîstratïon dé la Cène," souleva entre les croyons-nous, ïde sa iemme Susanne
pasteurs et le consistoire de cette ville Lenoir. ",''.
'^'Mp'GAXi
une querelle très-violénte. L'usage é- (SAMUEL-PAUL), ministre
apostat,'est ' auteur d'une Expmolpge-
tàlt dansl'église deile'lz qûeles diacres
assistassent'les'niih'isir^s.'d.an.s la dis- sis>açiaad'pé'desP.riuiiV.annp 4.608,
tfirj.ution-des espèces sacramentelles et Paris, ^6,4'!, in-i8°. fiugjad était du'dio-
présentassent làcp.upe.aux fidèles. Mo- cèse d'Aire, et reçeyait du clergé une
zjet et s es collègues^ufe), AeÇ,ombTe's, pension de 40Ô'livres, côinme npu,s/
Théophile -Le 'Goujon '{$),• voulurent l'apprend une' liste fjës pasteurs prp^
l'abolir, ie co.nsistciirje résista elle dif- testants convertis au catholicisme de-
!

fèrend fut p.orté'.deyantle ^Synode na- puis le commencement du.fègne de


. tional de SàintrMalx'en't, qui
ne blâma Louis'XIU jusqu'en 4,636. Cette liste,
pas cette cqûtùn}è,..p,op!.ryu,'qûe'les dia- publiée par Yérqn et- Certifiée.authen.7
' çres reslassenl-silencieux. le consis- tjquè,;est importante en Gé.gu?éJie;Gjqmr-
toire, ayant refusé de rien changer à ce plëte les.rôleydressés.parles Synodes
qui se pratiquait,les: deux par|ies pri- nationaux. Elle contient, outre celui d§
rent pour arbitrél'église te Genève,- qui Mugad,Jes guarantertrqis noms queypï-
rJèpbndit que ,çliàque,ég!}sèpouva,il" sui- ci : rGeor.ges Soûlas,' anc. ministre de
vre ses coulâmes .(^S.d^Genève, Fontainebleau,^^
Cart.,5). À son' io.ur,.Jlozetne voulut Çresjt7"400.'iiy.; PyMwçha, de S;ai,nt-È-
point accepter :ce|te,décision, et '.la iiênr\e,bO0\iy.;Jfia,nde[pie^de Sauve,
question revint devant le' 'synode de 500; liy.; Théophile de Ç.àseneuve, du
Privas,quijugeacommeçélui de Saint- diocèse déjLescars,.600 liy..; LouisJ)u
Maixent. C'est au sujet.de'cette futile Laurens, du^iôbèsè de" Nisnies, ëpo
querelle que lè.pàsteur Bernard.Spiïis'
:
liy. ;. Jaçg. 'die Macho (aîiàs [Maha^t),
publia un traité auquel.M.oz'et.crut çle— anc, ministre du Ifayre, 6ppiiv.;.Lé<?-
voir répondre far,pi_éAdlrnp}0tipndpp^ ndrd Êuiol, Au "diocèse dé Lomliez^
logptiqueipuçfyantla'dçpiteei.ïég.i- iQjÇ.'liy.'-;' jéçbip ' de ïfçondeville "(ali)*
time aapjinistratip^, à#s, sficremens. FondevïUe)',.&nç., '.min'.' â'Qsse, J-Ot);
et.npiainyieni :dè celiii'.delà, saiijke liy.; PfiuliPupëy, de Queiras, .4,0,0 liy.;
Çç^,lj61i3Vln-42,.'!Cpmme,:ilfitIm- JèanfGârçïni]AeïiBit£efrd.sse, 400 ljy.;
primer, .son livre sànsl'ayeir souinis. à Jacq. "Joly,:dgMilnaû, 60-0 liv.; J.. Cpt-
la.çensurp,, celfe infraction à, Ja Çisci-^ t'eïj,erj, rde: Nismes, Èpj) liv.; Ant. Le
plihêlui attira ^des'dèsagrémerj^s.quile ëla^ç^ de'Beïiijxe^'^fjÔ liv.; Daniel
décidèrent ^quiUer|ï;ètz,."en h&\fc, ,11 Bourguignon, âe.^ollot,. 400 liy,,-
paraît qu'il sè^etirâ -dans ,,le >]Pal'atinat Jacg.- d'^fmffiyAu: d[oe\se,de Nçypn,
aye.c.sa-femmeAnne JL.qrmdjé,'.qu'il a- 4.5^0,liy.';" fyânç.deftussias, du dip-
yait%qpsèe;le, ^Jéy^lS?^' mais^qu<il cèse'àsClermont,' §00 lÏY.;.i?. Peyrep;

revint".plus .tard. à'Me,tz'.;," bu iljméu- (Aàs[^ér0^,'à'aç^m}ïi. d'Àitré, 300


rjij./-— Son successeur dans l'église liv,.;.$jiç. ÇfyarconqtXàliaf Jacornas),
Il était lorrain et ministre. Ses opinions
-'(.1)
du ,Chejfiard,^30{)jiy.£ Jean BarMer,
AuÀ\ p};è%s^.'déV^lence",.Çjp Ô liv. ;

Genèvë. '
snriradininistiation îde.'la Cène.l'avaient:.fait-
déppser.et.exconimunier.parîe.consijtoire.de-
",."' "' "" ""'---i '>•"
(2) Ce pasteucétait lié à Metz, le14:fév.
1581v!et-en:n'esservait l'fglise;depuis 1602.
Jojy^pç,, miK d^llontauban, 6 0 01 iy. ;
Heçtq^
Jean-- X)âpàftï,^(l'Aràu|j}zpn,.,400.'ïiy>;j
Àftt/Djàjnon't^ de -St-Agnan, -500 .liy,;.
Il mnurut le 18 oct. 1652,,Son libre; Jacques,-. Jean G^illemard, de\Ghampdeniers,,;
ministre à Lu'dvyillèr, se retir'a,a,iiietz -surU'a 40(), iiy. ; ,Ai(d'ré. P^o^i»,ide'Houdan,
fin ilé'ses jou'rs'et y môurut-;ïë:î6ià'o'ût -1635'.
JeanLéiCàUlon, auteur d'une C?iW)rf}Kê,i'élait 4j0,0..1iy.; Jacob,Châtier, de (Jueira^;
pejitjêtre leur.père. .. ', 500 liv.;'thèophile Casamàjor,\de
MUI — 553 — MUI
St-Gladie, 400 liy.; GuilL Cacherat, crétaire des finances, et A'Elisabeth
de Pont-Âudemer, "600 liv.; Gabriel Vanèl, Il mourut le, 9. fév. 4.677, à l'âge,
Tiiffard (aliis Tùjfan), du diocèse âè de 75 ans. 'À.'la révocation de l'édit de
Nisfnes, 400 liv.;-Ma Basset (ali>"s Nantes, sa yeiiyesortitdu royaume
Èàl'set), anc. min. de' Prageïas, 8,0.0 son. neyeU Théodpre Boihereau-de- avec
lij:-,'-P'aufde FaTgueroMes,'Âe'Si-Ri'ji- Lormois (Arch. gén. E. 3373).
p'olyte, 600 liy-j 'léonap'd Theve'not, HèhriMuisson-, sieurduToillon, mort
fle'Maillézais, .6,00 ]iy?,vanièï,'de La- en 4666, àl'âgede, 77 épousa, au
ans,
vant, du diocèse d'Auçh, '60.0 liv;; mois de féy, 4 634, Péronne Conrart,
ùharles Ger.lan,Au diocèse de Con- soeur,de Vâlenlin, dont il eut : 1° MA-
dom, 400,liyJ; Guillaume Gast.ebin, RIE, néeen '1,6,3,4, femme, en 1656, de
duïiqcèsedëBordéaiïx, 4o01iv.; Jacq. David de La Croix, sieur de Merval,
Mistdyer, anc,.'min. de Chainpdeniers, conseiller secrétaire du roi. Restée
6~00 liv. ; Pompée de RemenÛle, de veuve avec un fils, elle seiemaria, en
Gontaut, 400 liv.; Pierre Le Comte, 4 669, avec François. Morin, sieur du
du diocèse de Poitiers, 400 liv.; Jean Send.at.,, guidon des gendarmes, qui,
dîf 'La Bourgade, du diocèse de Pa- âpres la mprt de sa femme, arrivée en
miérs, 4,00 liv.; Pierre Du Cau, du 1686, réussit, à se sauver à.Neuchâte),
Gqhsérahs, 300 liv.; Claude Jouin, où il fut rejoint par son beau-fils, Hen-
pu diocèse de Lyon, 400 liv.; Théo- ri-Paviplde La Croix, capitaine au ré-
phile de Vieilban, Au diocèse de Gdn- gimentdeÇonty (Suppl.franc.191.6);
a6m'ï'300liv.; Simon Cozet, du dio- -^'20.:C/ATHERiNE., née en 4?638., qui
cèse de Montpellier, 600 liv. Nous de- épousa, en 4 665, Jacques de, Pom-
vons faire observer que su.r ces 44 mi- piër.re, sieur ' de jonquières, fils, non
nistres âpos'lalS,"28.seulementsont por- pas de Pavidrde Pompperre, comme
tés'sur'leslistes des Synodes nationaux. hoiis l'avions supposé, mais de Jean
Le fait nous semble étrange.'Les Sy- de, Pompierre el'Ae Marie, Conrart
nodes auraient—ils voulu" dissimuler (ïteg. dé Chafent.); — 3° PÈRONNE,
leurs perles, ou plutôt Véron n'aurait- riéeehX639, femme, enl 667, A'Adam
il'pàs. donné la qualité de ministres à de La ÏÏaspge, sieur d'Heuque.vilie,
des gens/qui ne l'étaient pas? premier'.baron de Normandie et con-
"^ÂitliSSOiN.(JACQUES), sieur duToil- seiller-né au.parlement, fils; de Guil-
lon, natif de Valehciennes, vint's'éla- laume La Bàsoge, conseiller'au par-
hlïr'à'Parïs,prohahlemeht dans le même lement, dp. B.o,uen,, et de Catherine,
temps qjdè Jacques Conràrt, à q'ui'il Rpy'e; '4° JACQUES, qui suit ;
—, -r-. 5"
était allié par son mariage avec Ma- PHILIPPE, mort jeune';. — 6° HENRI,.
Conxart. Il mourut avant l'6.27, sjéjur'dei^aijiéul, conseiller secrétaire
rte
laissant,'entre autres enTâhls :A • MARIE, duroi pti.audien'cier,enla.chancellerie,
femme,en4 623, Ae'Frànç'ôisMandflt-, quimpurut^^^^ 39.
-^-^"jEiîrNE/quiépousa, eh,'4627, Jo- ans,'sans laisser d'éufan.ls, à ce qu'il
nat.has Petit, sièur de C.lôsrHardy, con- semblé, de son mariage, avec Mader
trôleur' général dés éaûx et forêts, TIU laj,ne: Merpier, fille Ae^Lp'ftisP sieur de
de.Thomas Petit el de MariePïçkerel; Là Noryiiî^,, et.de .lifadélaine, Bigot,;
•—3°'.MipELAiNÉ,' qui fut mariée,, en ^!7,'ÏÏADÉLÀINE,néeèn,4\6'4'6, femme,
KfàL au célèbre Vàlentin'Conr.art, én\§6$lA'èTfiéodo,re,te,Coq,, sieur de
Sàiut-iég'èr,q^.ëîie sjj)yi.t s'iir la lerre.
et mourut en 4 674; -— t". HENRI, con^ étrangère'après la révocation.
selli'èrsècrétairèduToi, qui suit; —5°
PHILIPPE, sieur de Barré et''dre Rjeux, Né en .1636, Jacques Muisson, sieur,
conseiller du roi et àudieuçiér en. la du.Toillori, devint.cônsèiiler'au parle-
eïSBcélIerie^ qui prît ;p'purfémméi:en ment dé. Paris.. Il en exerça les fonc-
Kh%î\ Madelaine Bazin, fille Ae'TKêo- tions, avec beaucoup de zèle et une;
doré,'s\eu.r defieaulieu, conseiller se- grande intégritéjusqu'à, l'arrêt du CoiH:
MUL
MUI — 554.—
seil du 23 nov. 1685, qui l'obligea, le 7 mai 4 674 ; — 2° ANTOINE, né en
ainsi que ses collègues réformés, à se 1676 ; — 3" HENRI, né le 6 mai 4 678 ;
défaire de sa charge. Peu de jours 4° ANNE-MAOELAINE, née en 4 680
—-
après, on lui enleva ses enfants, qui (Reg. de Charent.). Les Mélanges
furent remis enlre les mains de M"" dé d'Ancillon nous apprenneulque les uns"
1

La Sablière, pour être élevés dans le s'établirent en Hollande, les aulres'en.


catholicisme (Arch. E. 3372), et sa Angleterre. Est-ce de l'un d'eux que
femme,qui fut enfermée chez les Mira- descendaientJacques-ThéodoreMuys-
mionnes. Ce ne fut donc point, comme son (Misson?), pasteur, en 4732, de
le prétend Benoît, « la crainte de se l'église française de Martin's Lane, et
voir enlever ses enfans » qui le dé- plus lard de la chapelle de St.-James,
cida à signer son abjuration. Dès le et Philippe Muysson, qui fut nommé,
mois de fév. 1686, le Mercure galant en 4 774, directeur de l'hôpital fran-
anuonça la conversion de M. Muisson çais de Londres?
et de M"c sa femme, « qui, disait-il, MTOUÎR (PHILIPPE-JACOB), né à
avoienl fait abjuration.après avoir pris Strasbourg.au mois de mars 4732,pro-
un soin très-particulier de se faire in- fesseur de philosophie à l'universitéde
struire et employé un long temps pour cette ville et chanoine de St-Thomas,
chercher la vérité qu'ils avoient enfin en 1782, président de l'assemblée des
reconnue. » Cet acte de faiblesse ou pasteurs,en 1787, et mort en 4795,est
plutôt de politique leur rendilleurs en- auteur des ouvrages suivants, tous pu-
fants; dès qu'ils les eurent recouvrés, bliés à Strasbourg:
ils ne songèrent plus qu'à chercher se- I. Piss. histor.-philos, de plura-
crètement les moyens de fuir. Ils y litate mundorum, 1750, in-4".
réussirent enfin, et, abandonnant une II. Pe commercio animi et corpo-
fortune très considérable, ils passè- ris, 1754, in-4".
rent en Hollande (Arch. E. 3373), où III. De origine etpermissione 'malt,
Muisson s'empressa de réparerparune 1.751,in-4°.
repeniance glorieuse la faute qu'il avait IV. Piss. theol. de indulgentiâ
commise. On le croit l'auteur d'une ,
Cliristi, Apostolorum et primitives
Requeste au nom des Protestans de Ecclesioe erga Judmos ad Evange-
France, imp. en Hollande en 1697, lium conversos, 1761, in-4°.
qued'autresaltribuentàJa^wZo^Arch. V. Observaliones ad recentiorum
-
gén. M. 4 002). Il mourut avant 4 704-, extantiores conatus moraliumprin-
année où ses biens, confisqués par suite cipiorum cerlitudinem vindicandi,
d'un jugement qui le condamna aux 1773, m-4°.
galères comme relaps, furent donnés à VI. CogilationespMlosophiccemis-
Marguerite de Rambouillet, femme du celleoe, '4 773, in-l".
sieur de Nocey, et à Renée-Madelaine VIL Observaliones ad psycholo-
de Rambouillet, épouse de Trudaine .
giam Pylhagoricam, 1773, in-4°.
(Ibid. E. 3390). VIII. De miraculis preestabilitis,
Jacques Muisson avait épousé, le 41 1773, in-4».
déc. 1672, Anne de Rambouillet, fille IX. Pe legibus natures,4 775,in-4°.
A'Antoine, sieur de La Sablière, et de X. De origine sem<wn,vm7,in-4\
Marguerite Hessein, dont il avait XI. Observaliones ad locumPauli
eu (1) quatre enfanls : 4 ° PHILIPPE, né I Cor. II, 4 4, ejusque usnm dogma-
(1) Nous ne trouvons que ces quatre en- ticum, 1784, in-4".
fants mentionnés dans les Reg. de Cliarenton; XII. Obs. criticte ad oracnlum E-,
mais il est probable qu'il en. eut d'autres.
Ancillon dit que Muisson étaitpèred'uuebel-
sajanumLH, 4 3 seqq. ex antiq. ma-

le et nombreuse famille, el nous savons qu'une xime versionibus, Portio I, 1782, 4°.
de ses lilles obtint un certificat de catholicité ce fait, ce qui ne peut guère s'appliquer a.
d'un curé de Laon,qui tut jeté en prison pour Anne-Madelaine.
MUR 555 — MUR
XIII. Pepsalm. CX schematepoë- trais
- servions sur Rom. VIII, 21,
tico etproprio argumento ad mentem Gen., 4 639, in-16.
ChristiMalt.XXII,44-46, 4784,4°. IV. La nasseïle de l'Eglise agitée,
XJV.jte et quatenus Paulus Ephes. deux Mat th. VIII, 23,
IV, 8 ascensionem Christi psalm. sermons sur
Gen., 1643, in-12.
LXVII1, 4 9 celebrari aiat ?1790, 4». Sur la liste présentée au Synode
XV. Versuch einer Uebersicht und d'Alençon figure aussi, comme minis-
Prufung der Grunde die fur und wi- tre à Romans, Pierre Murât, le même
der den Vorschlag, die Nationalbe- apparemment que Pierre Mural, de Bel-
soldung der protestantischen Geist- legarde, qui commença à Genève, en
lichkeit des Elsasses auf einen bil- 4 626, ses éludes en théologie, exerça
ligen Fuss,vermitlelst der Uebergabe son ministère àNyons, et alla achever
der dazugewidmeten Kirchenfonds, sa carrière à Genève, où il fut reçu
bey der hochsten Gesetzgebung zu bourgeois gratis,en 4 665,avec
ses fils
bewirlen,in Reden und Denhschrif- JACQUES,miDislrederEvangile,etJEAN,
ten fiirgebrachtworden, 1791, in-8°. marchand de soie.
XYI. Bericht des Strasburgischen A ces" trois ou quatre pasteurs du
KirchenAonvents ilbereinneben dem nom de Murati il faut encore ajouter
Eatechismus Luth eri in unsern Schu- François Murât, de Grenoble, qui fut
len einzufuhrendes Handbuch der immatriculé à l'académie de Genève en
christlichen Lehre, 1792, in-4°. 4 652. Il serait possible (les dates au
.WNDERLEm (CHRISTOPHE), né moins ne s'opposent pas à cette hypo-
à "Wissembourg, fut chargé,vers 1560, thèse) que, ce dernier fût l'auteur des
de la direction de l'école de sa ville nata- Armes de Sion ou Prières sur l'état
le.Plustard,il fut appelé comme chantre présent de l'affliction de l'Eglise,
de l'église protestante à Neubourg, et dont la 4" édit. connue parut à Saint-
en 1564, il devint recteur du gymnase Gall, chez André Lhonorat, 4 688, in-
de Lauing. En 1569, il retournaàWis- 12, pp. 320, et la dernière, un peu
sembourg pour y remplir les mêmes augmentée, à Amst.,1737,in-12, sous
fondions, qu'il alla exercer ensuite à ce litre : Armes de Sion ou Prières
Ralisbonne, en 1574. Admis au minis- très-convenables pour consoler et
tère sacré, il desservit successivement, fortifier les fidèles qui gémissent
depuis 1581, les églises d'Ellmans- sous la croix. Si, comme nous sommes
dorf,de"vyriltelsham et deTagmersbeim. porté à le croire, le Nouveau ihrésor
Chassé de cette dernière à cause de sa de prières propres en tous tems, et-
religion, il se relira dans sa ville natale, surtout en celui de l'affliction de V E-
où il termina sa vie agitée, en1622.Son glise, par M. Murât, 7° édit. corr.,
fils JEAN embrassa aussi la carrière ec- Amst., J. Desbordes, 1731, in-24,
clésiastique. Il y débuta dans le poste n'est qu'uneréimp. des Armes de Sion,
de diacre de l'église de Neubourg et les nombreuses édit. qu'il eut prouvent
,
mourut, en 1629, surintendant à Ra- l'opportunité et le succès de cet ou-
lisbonne. vrage.
IBUÏIAT(FRANÇOIS),ministre à Gre- Christophe Micrat,trésorier de l'ex-
noble,inscritsur les listes des pasteurs traordinaiie des guerres en Auvergne,
présentées aux Synodes nationaux de conseiller secrétaire du roi, était, sans
4 620 à 4 637, a publié : aucun doute, de la même famille que
I. Prières et méditations extraites nos pasteurs. 11 épousa Jacquelte Le
de la S.Escriture,Gen.,Jacq.Chouet, Grand et en eut plusieurs enfants, qui
4 621,10-8°. nous sont connus par les Reg. de Cha-
II. Sermon du devoir despasteurs, renton : 1" PIERRE, baptisé en 1602;
Gen., 4 627, in-8°. —2° MARIE, née en 1603, mariée, en
III. Les soupirs des créatures ou- 1627, à Jacques de Gion, sieur de Gion
MUS
MUS — 556 —
en Auvergne, fils de Jacques de Gion la messe. Le-plus jeune opposa long-
et de Françoise de Saint-'Victour;^- temps unerésistancemerveilleuse dans
3?EsTH'ER,née en 1-608,que noiis trou- Un enfant de cet âge. Sa mère parvint
vons encore portée 'sur une liste dés enfin à letirer d'entre les mains de ses
Protestants d'Auvergneen 1 e8S(Arch. bourreaux.
gén. TT. '259); — '4° CLAUDE, mort à 'SïUSSÀÏtb. Troisprotestants de cfe
Tâgè'de '34 ans; — 5" ANTOINE, né le nom demandèrent uu asile à Genève
; -

47oct. 1609; — 6° SUSANNE, femme, et y furent reçus 'bourgeois-dans la se-


en 1637, dé Théophile de Mancher, conde moitié du xvi" siècle: l'un'd'eus,
sieur de -Lostanges,fils de Pierre,sieur Louis, admis àla bourgeoisie^en 1-555,
dé Boscroger, et de Jeanne de, Vive. était natif de/Paris; un autre, 'Pierre,
M'USCULÏJS. Voy. MEUSÉL. admis en 4 57'7, était sorti d'Orléans,
'MUSîVîlEïi .(PAUL)., chaudronnier et le troisième, Simon, est .qualifié
d?0rléans. Ayant reçu quelque con- d'orfèvre de ChâteaUdun, sur le re-
naissance dés "doctrines évangéliques gistrédes bourgeois,'àla datedel579.
et désireux de voir Genève, ilprofita ' Ce dernier Fut père d'une -nombreuse
d'un voyage à la foirede Lyon, pour famille ; -dès sept fils qui naquirent de
visiter la ville de Calvinl'A'son iretour, son mariage avec Anùe Le •Grandft),
il 'essaya inutilement de décider sa eé'lébré'én ;4-574, cinq ont fait souche,
femme-à aller s'y établir; mais elle savoir SIMON, JEAN, PIE-RBE,-ETIENNE
consentit à le suivre 'h "Londres. Ils et ABRiHAÎM.
partirent donc, à, la-fin de déc. 1^550, 1.'Siih'ô'n-Mussard, mort en 4 620, à
êtnaénàrit leurs deux enfants. A peine l?àge 'de '44'ans, -avait époiisé Marie
furent-ils arrivés en Angleterre, que CTo«iîi»(2)i'quiluidon'nàninefiHe;CLER-
leur famille s'augmenta- d'Un-second ' M'o'Ni)E,>n'éë'en le'l'OiettroisifilSj'JÉANj
fils, -qui reçut le nomdTsA'AC. Pendant qui -suit'; '-Ïie/QUES, dontlaidestinée -est
trois ans environ, ils vécurent tran- inconnue, ét'GÉrjËONjmàrié'à'Gabrielle
quilles, « instruits -et abondamment MtiM'et-etipère 'de 'S-A'RA 'èt'de JE!AN-.
consolez, au milieu dés 'autres réfu- Jéân, l'aîné dès trois ïrèrês, priipour .

giés pour la Religion». L'avénemënt ii.tam'efean1ie"Bonn'et,dont il'eut'Mî-


au trône de-Marie les'-oblïgea-défuiren DEtriAiNE,;ailiëe-'à Pierrê'BerPPând, de
toute hâte. L'intention de MUsniër'étail Die. ;Rësté'*euf;'il!seirêmaria-avec:Pëi'-
de gagner Genève ; mais une grave nette Chenaud, qui lé rendit encore
'

maladie de sa femme-leretintiàfRouen. père'dé dëUx: filles':' JEA-NNÈ, 'mariée^


'Craignant d'être déoouvert.'-d'<un 'mo- Piewe-'-Roy (3'),let!J|ACQTj-ELîNEv femme
ment à l'autre, il-voulut soustraire ses dfe'Jéàn-Ro'dO'lp'hé'Bourcardi dè^Bâle,
enfants* dont l'aîné n'avait.que'neùf ët'd'ùnIJIS^JKANTPI-ËRRE. Ce' dernier-
aûs, âUx-dângers-quiteSmënâçaient.'ll eut dë!!Sa; femme Jeanne Voulluire,
lesconduisitdoncà Paris et lès -confia qUât-CelîlSjJkoQOÉsjEANiJEÂ'NipIERSE.
à -la-'ga'rdé'd'une femme, dontle pre- et PI-ÈKRÈ; sur-qui Ga'liffé paraît n'avoir
mier ;soin'fut, lë'pèreparti, 'd'aller lès
1 possédé .'aucun renseignement. Nous
dénoncer comme luthériens aux pro- sommes porté à conclure de'son si-
-

cureurs de la Trinité. Quelques jours l'enGë<ique- fès'fils 'dé Jeàn^Pierre-Mus-


apr-è's,'Musnier étant revenu, ïutarrêté sârd 'nëîd'émeUrèreh't'pas' à Genève;et
ét'menéau-Grând-Châlelët.Ilfùtcon- ce ^ui'hdùs: cOnfilrine; dans Cette opi-
dâmné -au bûcher, -après avoirpréala-
1
nion, c'est que nous 'trouvons ëtiâblis'à.
Mëmènt' subi la'-quesiion.La''torture Pàris^cOmme joailliers- un '^Jacques
fut- si,vièlèntei"qu?il! expira- entre-les -

ci!)Éh •< 5è6,'les-droits ile-n'ourgebisté furent


ma'insiduïhOurreau.fQuantiauxieiifa'UlB; accordés à Jean Le Grand, de P-a'ris:
ils fu'rentilous -If Pis énfgradés dans lsen- -.(8).. Françoi?,. Chouan-, de -Toulouse,, reçu
élos-de la Trinité et les -deux- aînés- bourgeois
,
en 1585.
contraints,-à forcede coups; à'aller à geôis (fyGuilla/wic Roy,ie Tarascon,fut re'çu'bour-
de Genève eu 1572.
MUS 557 — MUS
Mussard et un Pierm Mussard, qui y qu'une, sèche nomenclature,; Nés à' Ge-
moururent l'un, et l'autre. n,ève,en 1627, il se. voua au- saintirhi-
II. Jean Mussard,duCG en-4629, é- nistère et fit ses études à l'aeadéiniede
pousa,en l6Q9,Cler.m.onde Cresp.ulle sa ville natale, où il f-utimmatriculé en
deJean Gresp: et de Ruth Janvier, Il 4649. Appelé, vers 4655, à desservir
en eut, outre deux filles : RUTH, femme l'église de Lyon, ilfut député, en 1:6.6.0,,
deJulien Rlandin^ et SUSANNE, mariée, au- Synode national deLoudun-,- et en
en 4 648,, à' Louis Argand, trois fils, 1669, il présida le synode dela-RoUr-
nommés PIERRE, JACQUES et PIERRE, gogne qui s'assembla à Is-sur-Thi-l* le
dit le cadet. L?aîné prit pour femme 3 août, en: présence du, commissaire
Catherine Mollet; il fut père d'un royalJmitMal,, etauquelassistèrent:
fils, ROBERT et de trois filles, JEANNE, Is-sur-îhil, JeanPurmid, min., Jacob
JuniTH et MARIE. Le puîné, du CG en Pernet, et François Colin, anc'.;
4 661, mourut en 4679, laissant de son Pont-de-Veyle, Amed de Chondens,
mariage avec Sara Andrion, JEAN, min., Jean Frère,aue.; Lyon,P. Mus-
qui suit; JACQUES, qui épousa Renée sard, min... Tobie de tort, anc. ;' Ma-
Berger ; JEANNE , femme de Pierre çon, Samuel Uchard, min.; Couches,
Bideleux, et SARA, épouse A'Etienne Melchisédec Pinault et Marc-Michel
Martine. Jean mourut en 4703. Sa Micheli(i), min., François Le Sage,
femme, Lydie Navilie, lui donna trois anc; Ruxy, Michel Pu Noyer, min.,
fils. On ne sail rien de la vie du se- Pierre Morelet,anc-.'Para.j-le-NoQ.ia],
cond, nommé JACQUES. Le troisième, Charles Perreault,mm.;l}eaune,Phi-
JEAN entra dans le conseil des CC en lippe Ribojideau, min., Claude For-
, neret, anc; Meuestreux, Jean-Antoi-
4 738 et mourut en 1754, ayant eu
de sa femme Anne-Catherine Ber- ne Jacob, min., Chandeon de La Va-
jon, quatre enfants, dont deux filles, lette, anc.; Sarry, Jacob Blanc, min.,
CATHERINE,, femme de Théodore Gb.alons,.PierrePlantamoîir, anc; Le
Mussard, et ANNE, alliée à François Vau^Jaucpurt,Jean Colom aîné, avo cat;
Meslral, et deux fils : ROBERT et JEAN- Châtillon-sur-Seine, Jean Gravier,
FRANÇOIS, qui ne laissa qu'une fille, min.,Jean Corbet, anc.;Arnay-le-Duc,
mariée à Robert Mussard. Quant à l'aî- Etienne Jordan, min.; Sergy, Louis
né, appelé ISAAC, il prit pour femme An- Roch, min.; Fernex, Louis-François
driennePlantamour,dontil eut, entre Jacquet, anc; Issoire, Isaac. Vigot,
autres enfants, 4" THÉonoRE, époux de min. De Ghoudens fut élu vice-prési-
Catherine Musso/rd et père deRosERT, dent, Pinault el Colom secrétaires. Ce
à qui sa femme Marie-LouiseMussard synode est important en ce qu'il nous
donna LOTJIS-FRANÇOIS-GÉDÉON, JEAN- fournilsurAubert-de-Versédesrensei-
GEORGES, JEAN-SA-MDEL, lequel s'éta- gnements nouveaux qui contredisent
blit à Lyon, et JEAN-BÉNÉDICT, marié, tout ce que les biographes ont raconté
en 4 829, à Eveline Claparède; — 2» des premières années de ce ministre a-
MARC, mort en 4 779, ayant eu de sa postat et ce que nous avons répété d'a-
femme Marguerite Pourrai, outre une près eux. Ainsi, il n'est point du tout
fille, mariée, en 4 767, à Théophile prouvé pour nous maintenant qu'Au-
Cramer, deux fils, nommés ANTOINE bert-de-Versé, né au Mans, vers 1645,
et HENRI, dont le cadet épousa Anne soit issu de parents catholiques, et
Mussa/i'd,eliuluhre,eu 4785, d'un fils encore moins qu'il ait étudié la mé-
appelé JEAN; — 3'JEANNE-MARIE,fem- decine, qu'il ait abjuré en Hollande
de Daniel Comblefort.. ni qu'il ait exercé d'abord ses fonctions
me
Lé troisième fils de Jean Mussard et dans les environs d'Amsterdam. Ce
déClermonde Cresp, Pierre, dit le ca- (1) Dés 1671, nous trouvons ce pasteur "a
det, est lé premier de la famille Mussard Londres attaché a l'église wallonne. Son nom
dont la vie nous fournisse autre chose indique une origine étrangère.
MUS 558 MUS
— —
qui est plus certain, c'est qu'il étu- me.il finit par donner sa démission.Dès
dia la théologieà l'académie de Genève, le 24mai 4 675,plusieurs notables bour-
où il fut immatriculé en 1 665 (MSS. de geois témoignèrent leur mécontente-
Genève, N° 151c), et que ses études ter- meut dudéparldel'éloquentprédicaleur.
minées, il fut placé en Bourgogne. Les Enl678encore,un grand nombre de ci-
actes du synode d'Is-sur-Thil nous ap- toyens demandèrentqu'on le relîntàGe-
prennent déplus qu'en 4 669, surlerap- nève.Sans doute que le Conseil ne vou-
porl de Jean-LouisBolenat(\), A'E- lut pointenlrer en lutte ouverte avec le
tienne Jordan et Jean-AntoineJacob, Consistoire, ou peu t-êtreMussard était-
ministre^du Vau-Jaucourt, d'Arnay-le- il fatigué des tracasseries de ses col-
Duc el deMenestreux, assistés des an- lègues ; toujours est-il qu'il partit pour
ciens Joachim de Jancourt et Pierre l'Angleterre au mois de mai 4 678 et
Le S«w,Aubert-de-Versé,qui avait été que le Conseil lui marqua sa bienveil-
déjà suspendu de ses fondions comme lance en lui conservant le privilège de
socinien,futdéposé etexcomniunié,bien citoyen pour les enfants qu'il pourrait
qu'il eût combattu ladamnable hérésie avoir. Selon M. Rrun, Mussard aurait
de Socindansun traité Pe ChrisloPeo, déjà été nommé pasteur de l'église -wal-
que Mussard avait vu en manuscrit, et lonne de Londres, en 4 675. Cette ap-
bien que son église insistai pour qu'on parente contradiction s'explique fort
le lui rendît, le synode n'ayant point bieu, si l'on admet qu'il retourna à Ge-
voulu ajouter foi à ses protestations, vu nève, et qu'il ne quitta définitivement
qu'il s'était montré dissimulé par- le cette ville qu'en 4 678, pour aller re-
passé(irc/i. gén. TT. 238). Il estdonc prendre ses fonctions, qu'il remplit,
évident qu'Aubert-de-Versén'embras- sans nouvelle interruption, jusqu'à sa
sa pas la religion protestante en Hol- mort, arrivée avant 4 686. 11 avait été
lande et qu'il était socinien avant ses marié deux fois, avec ClermondeSer-
liaisons avec Sandius. Que d'erreurs de mand, puis avec Marguerite Chouet.
" celle sorte on éviterait si l'on parvenait Cette dernière lui donna un fils, THÉO-
à retrouver les archives dé nos anciens PHILE, mort sans enfants en 1747, et
consistoires I une fille, SUSANNE.Du premier lit sorti-
Mussard était un théologien instruit rent, outre une fille, FRANÇOISE, ma-
et un prédicateur estimé. L'archevêque riée à Pavid Pu Teil (1), deux fils :
de Lyonfaisait, dit-on, beaucoup de cas JACQUES, dont le sort esl inconnu, et
de lui. Il desservait l'église de Lyon, ANTOINE, qui épousa JacquelineMollet
lorsque le Conseil de Genève l'invita et futpère d'ANNE et de LOUIS-RÉNIGNE.
à venir exercer son ministère dans sa Ce Louis-Rénigne laissa deux enfants
patrie. La Vénérable Compagnie se nommés MICHEL-CHARLESetTnÉoPHi-
plaignit vivement de cet empiétement LE.Ces renseignements généalogiques,
sur ses droils ; il lui fallut pourtant cé- que nous puisons dans Galiffe, ne nous
der, mais il paraît qu'elle garda rancu- apprennent pas qui était le pasteur Mu-
neàMussard.Elle voulutle contraindre zars (Mussard?), successeur,en 1706,
àsignerlafameuseFormulaConsensus. de Bernard Richon dans l'église fran-
Le pasleur s'y refusa, et, la Compagnie çaise de Hammersmith.
des ministres s'obstinant à ne pas se On doit à Pierre Mussard un petit
contenter de son offre de signer la Con- nombre d'ouvrages pleins d'une solide
fession des églises de France,le synode érudition.
de Dordrecht, la liturgie, le caléchis- I, Les conformitez des cérémonies
(1) Mort en 1669. Sa veuve, Philippe Le modernes avec les anciennes, où il
Seur, pria le synode d'Is-sur-Thil de lui est prouvé que les cérémonies de l'E-
tinuer pendant un an le traitement decon- feu glise romaine sont empruntées des
îon mari, à charge de l'employer aux études
théologiques de son iils unique, nommé aussi (1 )François Du Teil, angevin, fut reçu bour-
Jean-Louis, ce qui lui fut accordé. geois, a Genève, en 1550.
MUS
— 559 — MUS
païens, Leyde, 1667, in-42 ; nouv. Bonnet, JEANNE, épouse de Jean-Jac-
édit. augm. de la Lettre de Rome sur quesBonnet, LOUISE, mariée à Jacques
le même sujet, par Conyers Middleton, Duval, et trois fils : ISAAC, à qui
Amst., 4744, 2 part, en 1 vol. in-8°; femme Pernette Mallet sa
ne donna
trad. en ail., Leipz., 1695 et 4703, qu'une fille, THÉOPHILE et ESAÏE. Ce
in-8"; réimp. par Bernard dans les dernier épousa Anne Gradelle, dont
Cérémonies et coutumes etc. (T. VIII). il eut ESTHER, femme de François Ver-
— Mussard n'a pas mis son nom à cet net, JACQUES, père de deux fils, dont
ouvrage, la prudence le lui défendait; l'un,nommé aussi JACQUES, entra dans
mais il avoua à Quick qu'il en était l'au- le CC, en 4758, et SIMON-PIERRE.
teur. Quant à Théophile, mort en 1746, il
II. Sermons sur divers textes de prit pour femme Louise-Marie Flour-
l'Ecriture sainte, Gen., 1673, in-8". noy. C'estdecetteunion quevint FRAN-
III. Sermons sur divers sujets, ÇOIS Mussard, naturaliste-distingué, né
Gen., 4 674, in-8°. —Cité dans le Ca- à Genève, en 1693, et mort à Paris, en
tal. de la bibliolh. de Genève. 4 755. Passionné pour l'étude de la
IV. Historia deorum fatidicorum conchyliologie, il avait recueilli des
cum eorumiconibus,et diss. de divi- spécimens de tous les coquillages fos-
natione et oraculis,Col.Allob., 4 675, siles que l'on trouve aux environs de
in-4". — Enlrepris à la demande du Paris et en avait formé un cabinet. Le
libraire Chouet, cet ouvrage est moins Mercure de France (4 753-54) a publié
estimé que celui de Boissard sur la trois lettres de lui où il expose ses i-
même matière. dées sur les pétrifications des bois et les
V. Jugement de MM. de la propa- coquilles fossiles. Il ne laissa qu'une
-
gation de la foi sur le traité du pur- fillede son mariageavecMane-.LowM*
gatoire de M. A. Robye. — Cité par Le Maignan.
M. Weiss (Biogr. univ.) sans aulre in- IV. Etienne Mussard épousa Elisa-
dication. beth Personne, dont il eut FRANÇOISE,
HI. Pierre Mussard, troisième fils de femme A'André Caillate (4), JACQUES,
Simon Mussard et d'Anne Le Grand, allié à Judith Caillate, et EnENNE,qui
testa en 4 636. De son mariage, célé- se maria avec Jeanne-Elisabeth Pue-
bré en 4 600, avec Marie, fille de Jean rari et en eut JUDITH, DÉLIE, JACQUES
Cresp et de Ruth Janvier,naquireriX, et JACOB.
outre deuxfilles : LTDIE, femme de Jean V. Abraham Mussard épousa Anne
Rousseau, bisaïeul du célèbre Jean- Pu Vernay, dont il eut PIERRE et ES-
Jacques, et CLERMONDE, épouse de Pa- THER, femme de Pierre Morel (2). Du
vid Guainier, trois fils, savoir : 4 ° mariage de Pierre avec Jeanne Char-
JEAN, marié, en 4 645, avecPernette lot naquità Montpellier, selon Leu, en
Ramier (l),et père de PIERRE, qui é- 4 657, RÉNIGNE, qui prit dans cette
pousa, en 4 679, Sara Vermeren, et ville le bonnet de docteur en droit, en
de MARIE, femme de Louis de Luc; — 4 679, et qui se retira en Suisse à la
2° PIERRE, capitaine, qui s'allia avec révocation. Peu de temps après son
Susanne Guainier (2) et en eut CLER- arrivée à Genève, il y fut nommé pro-
MONDE, femme, en 4 670, de Daniel Sar- fesseur de droit civil. On a de lui quel-
des, et PIERRE, marié, en 4 668, avec ques thèses, entre autres,Pe legatis,
Esther Sardes;— 3° ISAAC, qui laissa, (11 En 1555, Simon Caillate, orfèvre de
de son union avec Anne Pu Commun, Paris, fut reçu bourgeois a Genève.
(2) C'est évidemment a la famille de ce Pier-
trois filles : SARA,femme de Gaspard Morel qu'appartient Matthieu Morel, de St-
re
(1) En 1604-, avaient été reçus bourgeois André-des-Effangeals, enfant de 18 ans, qui
Jean et Gabriel Ramier, de Lyon. fut condamné aux galères perpétuelles, le 8
(2; Abraham Guainier, teinturier de Châ- fév. 1740, « pour avoir suivi feu M. Morel-Vu-
lons-sur-Saône, obtint, en 1608, les droits di vernel (Du Vernay), son oncle, ministre,» por-
bourgeoisie. te la sentence rendue par l'intendantBernage.
MUT — 560 - MUT
De sponsalibus et nuptiis, Decon- prononcer entre eux, le colloque s?as-;
tractibus realibus et De testibus, qui sembla soUs la. présidence du pàstëur-
paraissent-être, fort raresi II pritpour d'Alais Chevalier, el ses sages remon-
femme Elisabeth Laurent,, fille du trances rétablirent enfin' la paix" entré'
conseiller Jacob Laurent et AéJeanne les deux ministres. Quelque temps
f-rembley,quile rendit pèredePiÉRRE, après cependant, Mutonis fut déposé
magistral distingué et très^habilëné- par Un synode tenu à Nismes, dont les-
gociateur.Né à Genèvé.en 169.0, Pierre àctèsse conservent à-la bibliothèque dé'
Mussard fut nommé professeur dédroit Genève (MSS., dé Genève, N° i97M'-;:
naturel et public sur la- fin dé"4.7,19. Il Cart. 1 ), ainsi que plusieurs autres
prit possession de sa chaire par un dis- pièces relatives à cette déposition: Quit-
cours inaugural; qui a été publié sous tant alors-le Languedoc, il retourna en 1

ce litre : De usu etproestantiA juris- Pjovènce,.où il continua à prêcher l'Ë-


naturalis, Genève, 1720. En4724,il vangilëï En 4562,-lés Protestants A'&
entra dans leconseirdésCGi:En'4731, celte province le chargèrent de porter
il fut chargé d'une mission à Paris au au pied du trône leurs plaintes au sujet

sujet des sommes prêtées à Henri IV dès atrocités commises à Aix (Và'fl'
par la république de Genève, qui en CHATEAUNEUF). En 4-563, le courà^
attendait toujours le remboursement. geux pasteur' osa reprocher à Damville";'
Les services qu'il rendit, notamment « qui, lit-on dans le Martyrologe; gô'ii-
dans l'affaire delà médiation* lui valu- vernoit en sa fureurde-jeunesse effré-
rent le titre de conseiller, en 4735, et née la province de Languedoc1» 1, là' '
de secrétaire d'état, en 1738. L'année rigueur avec laquelle "il traitaitlés Re-
suivante, il fut employé.à des: nêgo'^ ligionnaires elle peu-de respect qu'il
dations avec la Sardaigne, -et donna avait pour l'édit dé pacification. Cette
de nouvelles preuves-dé ses talents et noble hardiesse lui coûta là vie. Il fut
deson patriotisme. En 1750, au retour arrêté à deux lieues du Pont-Sà'int-
d'une seconde mission à Paris, il. fut Esprit, et pendu sans autre forme de
élu syndic. En ,1753, il fut encore Une procès entre Villeneuve d'Avignon et
fois envoyé à Turin. Il mourut enl 767 Raghols, le 14 fév. 1564. Le Marty-
sans, laisser d'enfants. rologe rapporte que Damville ordonna
.
MUTÏL'LET ('JEAN-Louis),-né, le cette exécution « pour le plaisir et'à 1
7 no v. 4 737, à Cassel, où son père,doc- l'instance de quelques débordées d'Avi^
teur en médecine, occupait une chaire gnon qui le gouvernoyeht. » TannegUi
au Carolinum, commença ses études GuillaUmet, chirurgien de Nismes, à
dans sa ville natale et-'alla lès- achever quil'on doit uu Journal, publié dans
à Rinteln. Après avoir pris ses degrés, lesPreuvèsdePhisfoire de Nismes par
il s'établit comme médecin à: Cassel et Mesnàrd, entre dans plus de détails :
1
fui adjoint à son père dans la place de i La dame de Monlfrin, dit-il, avoit ré-
médecin de la ville. Il mourut le 4 7fév. sisté longues années à l'exercice de la
4 772, laissant divers traités en manu- Religion aUdit lieu; avoit fait pendre
scrit. Sou père lui survécut jusqu'au parle: bourreau M. Mutonis, ministre',
5fév. 1774. au sceau de M: lé connétable de Mont-
.MOT0RIS;(JEAN>,'.moine jacobin,
. .
morenci qui esloit à Beaucaire: ce
de Grasse en Provence, converti aupro- meurtreëslcouchéaUlivre des martyrs.
testantisme. Après sa conversion, Mu- Mutonis, en mourant, ajourna ladite-
tonis se retira à Genève, d'où il fut en- dame dans fan devant Dieu.: elle
voyé, en 1561, à Nismes, comme col- nommoil alors M"° de Lers laquelle se
lègue AeMauget, qui se plaignit bien- passant à Nismes quelque :
tôt qu'il empiétait sur ses fonctions. Il lafoudre la tua dans lelogistemps après,
de la pome.
en résulta des contestations que le La fille de Mutonis vit ses entrailles
consistoire ne put apaiser. Appelé à dans une cornue.
»

Vous aimerez peut-être aussi