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Eléments de génie chimique

TRANSFERT THERMIQUE

I. Généralités
De tous temps, les problèmes de transmission d’énergie, et en particulier de la chaleur, ont eu
une importance déterminante pour l’étude et le fonctionnement d’appareils tels que les
générateurs de vapeur, les fours, les échangeurs, les évaporateurs, les condenseurs, etc., mais
aussi pour des opérations de transformations chimiques.
Les problèmes de transfert de chaleur sont nombreux, et on peut essayer de les différencier par
les buts poursuivis dont les principaux sont :
 l’augmentation de l’énergie transmise ou absorbée par une surface,
 l’obtention du meilleur rendement d’une source de chaleur,
 la réduction ou l’augmentation du passage d’un débit de chaleur d’un milieu à un autre.

Le potentiel qui provoque le transport et le transfert de l’énergie thermique est la température.

Il y a transfert de chaleur entre deux points où règnent des températures différentes: le


transfert s'effectue toujours de la température la plus élevée à la température la plus faible. La
différence de température est la force motrice du transfert de chaleur.

Le transfert de chaleur au sein d’une phase ou, plus généralement, entre deux phases, se fait de
trois façons :

1. La conduction

Elle implique un échange de chaleur par contact entre une région de température élevée vers
une région de basse température, sans mouvements macroscopiques.
La conduction est la propagation de la chaleur de molécules à molécules (ou d'atomes à atomes
ou d'ions à ions) dans un corps ou dans plusieurs corps contigus sans qu'il y ait mouvement de
ce milieu.
Prenons l'exemple d'une barre métallique que l'on chauffe à l'une de ses extrémités : l'agitation
thermique des atomes situés à l'extrémité chauffée de la barre augmente et se transmet de
proche en proche dans la direction inverse du gradient thermique. Dans les métaux, la
conduction fait intervenir les électrons libres qui les rendent bons conducteurs de la chaleur.
En revanche dans les isolants, la conduction se fait mal.

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Ce mode de transfert est le seul à exister dans un solide opaque. Pour les solides transparents,
une partie de l’énergie peut être transmise par rayonnement.
Avec les fluides que sont les gaz et les liquides, la convection et le rayonnement peuvent se
superposer à la conduction.

2. La convection

Le transfert de chaleur par convection se produit entre deux phases dont l’une est généralement
au repos et l’autre en mouvement en présence d’un gradient de température.
On parlera de convection forcée quand le mouvement du fluide s'effectue grâce à des forces
externes (pompe, ventilateur, agitateur) et de convection naturelle quand le mouvement
s'effectue sous l'influence de différences de densités dues à des différences de températures au
sein du fluide.
La convection concerne exclusivement les fluides (gaz ou liquides) puisqu'elle prend sa source
dans un transport macroscopique de matière.

La convection est importante dans l'atmosphère (les phénomènes de brises thermiques par
exemple) puisque l'atmosphère est principalement chauffée par la Terre.
En revanche, les océans chauffés par le haut présentent peu de phénomènes de convection.

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3. Le rayonnement

Un point matériel chauffé émet un rayonnement électromagnétique dans toutes les directions
situées d’un même côté du plan tangent au point matériel. Lorsque ce rayonnement frappe un
corps quelconque, une partie peut être réfléchie, une autre transmise à travers le corps (dit
diathermique si tout est transmis), et le reste est quantitativement absorbé sous forme de
chaleur.
Une des particularités de ce rayonnement dit "thermique" est qu'il peut se propager dans le
vide. Les ondes sont émises dans toutes les directions et appartiennent au domaine de l'infra-
rouge et du visible.

Il faut finalement distinguer la nature des récepteurs de ce rayonnement thermique : certains le


réfléchissent d'autres l'absorbent et la transforment en énergie interne pour rayonner à leur tour.
Les gaz, les liquides et les solides sont capables d’émettre et d’absorber les rayonnements
thermiques.
Dans la pratique les trois modes de transfert coexistent mais l'un d'entre eux est généralement
prépondérant ce qui conduit à des hypothèses simplificatrices.

II. Transfert de chaleur par conduction

Loi de FOURIER

Soit un corps solide, homogène et isotrope (les propriétés physiques de ces matériaux sont les
mêmes dans toutes les directions de l’espace) à travers lequel passe un courant unidirectionnel
de chaleur.
Soit une petite couche plane perpendiculaire à la direction x de propagation de la chaleur,
d’épaisseur dx et d’aire S à l’intérieur de ce milieu.

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Les deux faces de cette couche sont des surfaces isothermes. La première est à la température T
et la seconde à la température T + dT (avec dT < 0).
Le gradient de température est la variation de la température par unité de longueur, lorsqu’on se
déplace dans la direction de propagation de la chaleur.
Le flux thermique à travers la couche plane d’aire S, proportionnel au gradient de température,
est :

� = −�. . � �� �

Le coefficient de proportionnalité λ est la conductivité thermique du matériau. Elle


dépend du matériau et de sa température. λ s’exprime en W.m-1.K-1 dans le système
international ou en kcal.h-1.m-1.K-1.
Plus la conductivité thermique est élevée, plus les matériaux conduisent facilement la chaleur.
Au contraire les matériaux de faible conductivité thermique conduisent difficilement la chaleur
et sont donc utilisés comme isolants. Le vide constitue le meilleur isolant.

L'intégration de la relation permet d'aboutir à l'expression suivante:


�= . −

On en déduit la résistance thermique R dans un mur:

=

Il en ressort que le transfert thermique entre deux parois d'un mur à des températures fixées est
favorisé par un matériau bon conducteur ( élevé) et une faible épaisseur. On note que le flux
de chaleur est proportionnel à la surface du mur.

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Tableau : Conductivité thermique de différents matériaux en W. m-1. °C-1

METAUX ET ALLIAGES (à la température ambiante)


Aluminium à 99,9 % 228 Zinc 111
Aluminium à 99 % 203 Acier doux (1 % de C) 46
Cuivre à 99,9 % 386 Acier inox (Cr 18 % - Ni 8 %) 16
Etain 61 Alliage (Al 92 % - Mg 8 %) 104
Fer pur 85 Laiton (Cu 70 % - Zn 30 %) 99
Nickel pur 61 Titane 21

SOLIDES NON METALLIQUES (à la température ambiante)


Amiante (feuilles) 0,162 Liège 0,046
Béton plein 1,7 Matières plastiques phénoplastes 0,046
Briques de terre cuite pleines 1,16 Matières plastiques polyester 0,209
Plaque de fibrociment 0,74 Matières plastiques polyvinyles 0,162
Verre courant 0,70 Porcelaine 0,928
Verre pyrex 1,16 Laine de verre 0,046

LIQUIDES GAZ (à 0°C et sous la pression normale)


Eau à 20°C 0,59 Air 0,024
Eau à 100°C 0,67 Acétylène 0,019
Benzène à 30°C 0,162 Hydrogène 0,174
Mercure à 20°C 8,47 Anhydride carbonique 0,014
Sodium à 200°C 81,20 Oxygène 0,024

On constate que parmi les solides, les métaux sont beaucoup plus conducteurs que les
composés non métalliques et en générale μ des gaz < des liquides < des solides
Mais, la conductivité thermique varie avec la température.

 Pour les solides, on peut admettre, en première approximation, que les variations sont
linéaires.

 Pour les liquides, la conductivité thermique diminue quand la température augmente (à


l’exception de l’eau et du glycérol).

 Pour les gaz, la conductivité thermique croît avec la température.

Conduction à travers plusieurs murs plans homogènes, en série


Considérons plusieurs murs limités par des plans parallèles, constitués par des matériaux de
conductivités différentes, mais en contact parfait.

Soient 1, 2, 3, les conductivités thermiques moyennes de chaque mur dont les épaisseurs sont
respectivement e1, e2, e3. On suppose comme précédemment qu’il n’y a pas de pertes latérales
de chaleur.

Chaque mur est donc traversé par le même flux thermique Φ.

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Conduction à travers plusieurs murs plans en série

Expression du flux thermique de conduction à travers des murs en série


On peut écrire d’après le paragraphe précédent le flux traversant chaque mur, et en déduire les
différences de température entre les faces de chaque mur :

Pour le mur 1 :

�=� . − → − = .

Pour le mur 2 :

�=� . − → − = .

Pour le mur 3 :

�=� . − → − = .

En additionnant membre à membre :

− = .( + + )
� � �
d’où l’expression du flux thermique

� = .{ } −
+ +
� � �

Expression de la résistance thermique équivalente à des murs en série

L’expression précédente du flux peut être en faisant passer S au dénominateur :

�={ } − = { } −
+ + + +
.� .� .�
On voit ainsi apparaître la résistance thermique de chacun des murs :
Ces 3 résistances sont placées en série et leur somme constitue la résistance thermique
équivalente des 3 murs en série, soit :

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�=

donc avec R = R1 + R2 + R3
Comme en électricité, la résistance thermique équivalente des murs en série est la somme des
résistances thermiques de chaque mur.
Conduction à travers la paroi d'un tube cylindrique
Considérons un tube cylindrique (voir figure) .
Soient r1 le rayon de la paroi interne, r2 celui de la paroi externe, T1 et T2 , les températures
respectives des faces interne et externe, et la conductivité thermique moyenne entre T1 et T2,
du matériau constituant le tube.

Tube cylindrique traversé par un flux de conduction

Expression du flux thermique à travers un tube cylindrique


On désire connaître le flux thermique qui traverse le tube de l'intérieur vers l'extérieur (lorsque
T1 > T2) pour une longueur L de tube.
Soit un cylindre de rayon intermédiaire r avec r1 < r < r2 et d'épaisseur dr. Par raison de
symétrie, les lignes d'écoulement de la chaleur sont des droites dirigées selon des rayons. On dit
que le transfert de chaleur est radial.
Le flux thermique est donné par la loi de FOURIER :
� = −�. .

La densité de flux thermique à travers ce cylindre


� = −� .

S étant l'aire de la surface latérale du cylindre de rayon r et de longueur L soit : S = 2.π.r.L

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� = −�. �. �. �

donc :
−� �
= .
�. �. �. � �
Comme Φ est constant à travers tout cylindre coaxial de rayon r compris entre r1 et r2,
l'équation précédente peut donc s'intégrer de l'intérieur à l'extérieur du cylindre de la manière
suivante :



−�
∫ �= ∫
�. �. � �

−� −� �
� − � = � − � = ( )
�. �. � �. �. � �

On en déduit l'expression du flux thermique :

�. �. �
�= � � − �

Remarque : Ce flux ne dépend pas des dimensions absolues du tube. Il ne dépend que du
rapport r2 /r1
On peut mettre cette expression sous forme semblable à celle d'un mur plan.
�. �
�= � − �
e = r2 – r1; l’épaisseur du tube
Sma : surface moyenne arithmétique
+
�� = = . �. � + �

Cette expression est valable quand l'épaisseur (e) du tube est faible.

Expression de la résistance thermique d'un tube cylindrique

A partir de l'expression du flux, on déduit l'expression de la résistance thermique d'un tube :

� −�
�= =
� �. �

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Conduction à travers deux tubes concentriques accolés


Considérons 2 tubes concentriques de longueur L en contact thermique parfait (voir figure).

T1 est la température de la face interne du tube 1


de conductivité thermique 1 .

T2 est la température de la face externe du tube 2


de conductivité thermique 2 .

T3 est la température de l'interface entre les 2


tubes

Vue en coupe de 2 tubes cylindriques


accolés
Expression de la résistance thermique équivalente de deux tubes cylindriques accolés
Le tube 1 constitue une première résistance thermique R1 au transfert de chaleur.

� =
�. �

e1 étant l'épaisseur du tube 1 et S1ma la surface moyenne arithmétique du tube 1.

Le tube 2 constitue une seconde résistance thermique R2 au transfert de chaleur :

� =
�. �

e2 étant l'épaisseur du tube 2 et S2ma la surface moyenne logarithmique du tube 2.


Ces 2 résistances sont placées en série et la résistance équivalente est :

�=� +� = +
�. � �. �
Expression du flux thermique à travers deux tubes cylindriques accolés

D'après la résistance équivalente calculée ci-dessus, on déduit l'expression du flux thermique :


(si T1 > T3 ).

� −� � −�
�= =
+ +
�. � �. �

Ce calcul s'applique pour déterminer l'effet d'un calorifugeage de tube ou pour prévoir
l'augmentation de la résistance thermique quand un tube est encrassé ou entartré.
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III. Transmission de chaleur par convection


Le transfert de chaleur par convection apparaît entre deux phases dont l’une au moins est
mobile, en présence d’une différence de température.
La convection est le mode de propagation de la chaleur dans un fluide (liquide ou gazeux) en
mouvement. La transmission de la chaleur entre un solide et un fluide s’effectue par l’action
combinée de la conduction et de la convection.
Dans un fluide immobile ou dans un écoulement laminaire c’est l’apparition de différences de
températures qui provoque la convection.
Dans un écoulement turbulent en contact avec un solide, il existe le long de la paroi une mince
couche de fluide en écoulement laminaire ou la propagation de chaleur s’effectue par
conduction. Cette couche pénalise la qualité du transfert de chaleur, elle devra être la plus fine
possible ce qui entraîne une vitesse d’écoulement élevée

Le transfert par convection est la superposition de deux phénomènes:

• on admet que dans la couche limite il n’y a aucun mélange de matière et que la chaleur se
transmet par conduction perpendiculairement à la paroi. La conductivité des fluides étant faible
par rapport à celle des solides, cette couche constitue donc une zone importante de résistance au
transfert de chaleur. Il y a ainsi une forte variation de température dans cette couche. On peut
ainsi expliquer qu'une paroi d'échangeur puisse être à une température beaucoup plus basse ou
élevée que la température mesurée au sein du fluide...

• au sein du fluide, la chaleur se transmet parfaitement grâce au mélange et la température


devient parfaitement homogène. Cette température est appelée température du fluide ou
température de mélange du fluide.

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On conclut de cette étude que le phénomène de convection se « réduit » d’un point de vu


thermique à la conduction dans une couche mince.

Le flux de chaleur échangé par convection entre le fluide et la paroi peut donc s’écrire :

�.
�= � − ��

où f est la conductivité thermique du fluide


e film l’épaisseur du film
S : la surface d’échange de la paroi
Tf et Tp les températures du fluide et de la paroi.
Malheureusement l’épaisseur de la couche limite n’est que très rarement connue car elle dépend
de très nombreux facteurs, f dépend de la température et celle-ci varie au sein de la couche.
Pour ces raisons, dans un transfert de chaleur par convection, on écrit le flux de chaleur sous la
forme suivante :

 = h.S.(Tf - Tp)
où h est le coefficient de convection thermique. Il a la même dimension que .
La résistance thermique de transfert par convection R est donc égale à :

=
.

Détermination du coefficient thermique de convection h.

Le problème de la convection est en fait de déterminer ce coefficient en fonction des conditions


d’écoulement du fluide, des caractéristiques géométriques des parois et des éventuels
changements d’état du fluide.

L’expérimentation est souvent la méthode apportant le plus d’information sur la valeur de ces
coefficients.

1. Circulation forcée d'un liquide à l'intérieur d'un tube cylindrique


L'expérience montre que le coefficient de convection interne hi dans une section dépend des 7
grandeurs suivantes:
Vm: vitesse moyenne du liquide
ρ: masse volumique du liquide
cp: chaleur massique du liquide
η: viscosité dynamique du liquide
λ: conductivité thermique du liquide
Di: diamètre intérieur du tube
x: abscisse de la section considérée avec l'origine placée à l'entrée du tube

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ℎ� . � . �� . � �. � �
= �( . . )
� � � �
On définit donc quatre nombres sans dimension :
 Nombre de Nusselt : caractérise l’échange thermique

�� =

 Nombre de Reynolds : caractérise le régime d’écoulement



� =

 Nombre de Prandtl : caractérise les propriétés thermiques du fluide


� �
� =

L’expérience est alors utilisée pour déterminer la fonction F, c’est à dire une corrélation
mathématique liant ces nombres.
Dans le cas d’un tube lisse avec écoulement permanent, on utilise la relation de Colburn :

Nu= 0,023.Re0,8.Pr0,33

Valable pour 10000 < Re < 120000 ; 0,7 < Pr < 120, L / Di > 60.

Les valeurs numériques varient selon la nature des fluides.

Transfert dans un échangeur tubulaire.

On a deux tubes cylindriques concentriques de rayon ri et re et de longueur L. Un liquide chaud à


la température i circule dans le tube intérieur et un liquide froid à la température e circule dans
l’espace annulaire.

Le transfert global de chaleur du liquide chaud au liquide froid s’effectue en trois phases :
 Convection dans le tube intérieur (hi) du liquide chaud à la paroi intérieure du tube intérieur
 Conduction dans la paroi du tube intérieur ( )

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 Convection dans l’espace annulaire de la paroi extérieure du tube intérieur au liquide froid
(he)

En utilisant la propriété d’additivité des résistances thermiques en série, on pourra en déduire la


valeur du flux thermique :

�. �
�= � − �

+ +
. � � .

IV. Transmission de chaleur par rayonnement

Généralités

Pratiquement tous les corps (gaz, liquide ou solide) émettent un rayonnement électromagnétique.
Ces radiations qui transportent de l'énergie peuvent se propager dans le vide: leur propagation
suit les mêmes lois que celle de la lumière (vitesse identique, réflexion, réfraction, transmission,
absorption).
Les longueurs d'onde considérées dans le rayonnement thermique sont surtout dans l'infrarouge
entre 1 et 20 m.

Lorsqu'un rayonnement incident atteint un corps, celui-ci réfléchit une partie du rayonnement (r),
une partie est transmise (t) si le corps est partiellement transparent tandis que le reste de l'énergie
du rayonnement incident est absorbé par le corps (α).

La somme des trois fractions d'énergie est égale à 1.

α +r+t=1
α est nommé le facteur d'absorption du corps: c'est la fraction d'énergie absorbée par rapport à
l'énergie incidente. α est défini pour une longueur d'onde donnée.

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On distingue différents types de corps:

 les corps totalement transparents (t = 1): aucune absorption d'énergie durant la traversée du
corps. Les gaz simples et le vide correspondent à ce type de milieu (O2, N2, H2).
 les corps partiellement transparents: il y a diminution de l'énergie transportée pendant la
traversée du corps. C'est le cas de certains gaz (CO2, H2O, CO...) et de certains solides
(plastiques, verres).
 les corps opaques (t = 0): le rayonnement est absorbé sous forme de chaleur près de l'impact.
La majorité des liquides et des solides sont des corps opaques.

Absorption et émission

Un corps qui absorbe complètement les radiations qu'il reçoit est un corps appelé corps noir. Il
ne réfléchit aucun rayonnement. Le corps noir est un modèle théorique tout comme le corps
blanc qui réfléchit intégralement les radiations reçues sans en absorber.

La loi de Stefan permet de déterminer le flux de chaleur Φ (W) émis sous forme de rayonnement
par un corps de surface S (m2) dans toutes les directions de l'espace:

Φ = σ . ε . S . T4

ε : est le facteur d'émission du corps,


T : la température absolue du corps,
σ : la constante de Stefan (σ = 5,67 . 10-8 W.m-2.K-4 ).
On observe que si la température du corps s'élève son émission de chaleur par rayonnement
augmente également.

Matériaux Emissivité Température


°C
Aluminum non oxydé 0 ,09

Cuivre oxydé 0,76 130

Acier Trempé 0,52 200

Béton 0,93 20

Vernis noir 0,97 80

Verre 0,94 90

Graphite 0,4

Chrome 0,1

Or 0,02

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 Cas des solides:

Pour les solides, seule la surface est concernée par le phénomène de rayonnement. Ils émettent
un spectre continu en longueurs d'onde (comme le spectre d'absorption).
Pour les corps non métalliques tels que des réfractaires (ε = 0,8 pour toutes longueurs d'onde).
Pour les métaux ε varie fortement avec la longueur d'onde et l'état de surface (rugosités,
polissage).
L'émission est d'autant plus faible que la surface est mieux polie.
Par exemple:
Aluminium poliμ ε = 0,05
Aluminium très oxydéμ ε = 0,15
 Cas des gaz:

Le volume entier du milieu gazeux participe au rayonnement.


Les gaz à molécules symétriques (O2, N2 et H2) sont transparents à la chaleur: ils n'émettent pas
et n'absorbent pas le rayonnement.

Les autres gaz et les vapeurs; les spectres montrent des bandes d'absorption et d'émission. Même
à de basses températures ces gaz ont des pouvoirs émissifs ou absorbants tels que les échanges
par rayonnement sont plus importants que ceux par convection.
ε est fonction de la longueur d'onde du rayonnement émis, de l'épaisseur de la couche de gaz, de
sa pression partielle dans le mélange ainsi que de la température du gaz.

Échange thermique par rayonnement entre deux corps

Si on examine deux corps en présence émettant chacun un rayonnement dans toutes les
directions, ils reçoivent tous les deux un rayonnement provenant de l'émission par l'autre corps
ainsi que des rayonnements issus des réflexions multiples sur l'autre corps de leur propre
rayonnement.

Il faut alors prendre en compte la transparence, l'absorption des deux corps pour arriver à
déterminer le bilan pour chaque corps. C'est donc un problème particulièrement difficile à
résoudre.
On donne ici l'expression du flux de chaleur Φ (W) échangé par le corps 1 avec le corps 2.
On se place dans l'hypothèse de deux corps séparés par le vide ou des gaz transparents avec T1 >
T2 .
� �
� = � . . [( ) −( ) ]�

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Eléments de génie chimique

= .�

+ −
� � �
T 1(K) température de la source émettrice,
T 2(K) température du produit,
A1(m2) surface du corps recevant le rayonnement,
A2(m2) surface de l’émetteur de rayonnement
ϕ: facteur complexe tenant compte de la position relative de l’émetteur et du produit (lorsque
l’émetteur entoure le produit, on a ϕ = 1),
ε1 émissivité du produit à traiter,
ε2 émissivité de l’émetteur
σ constante de Stefan-Boltzmann (σ = 5,673.10–8 W · m–2 · K–4).

V. Introduction aux échangeurs de chaleur

Un échangeur de chaleur est un système qui permet de transférer un flux de chaleur d’un fluide
chaud à un fluide froid à travers une paroi sans contact direct entre les deux fluides.
Ils sont utilisés principalement dans les secteurs de l’industrie (chimie, pétrochimie, sidérurgie,
agro-alimentaire, production d’énergie, …etc.), du transport (automobile, aéronautique) et dans
le secteur résidentiel et tertiaire (chauffage, climatisation, …etc.).
Ils sont un composant quasi inévitable dans la maîtrise de l’énergie.

1. Les échangeurs tubulaires simples

Modes de fonctionnement des échangeurs


Un échangeur tubulaire simple est constitué de deux tubes cylindriques coaxiaux. Un fluide
(généralement le chaud) circule dans le tube intérieur, l’autre dans l’espace compris entre les
deux tubes.
Le transfert de chaleur du fluide chaud au fluide froid s’effectue à travers la paroi que constitue
le tube intérieur :
Deux types de circulation sont possibles:
• circulation à courants parallèles ou co-courant
• circulation à contre-courant
Le fluide chaud 1 entre dans l’échangeur à la température T1e et en sort à T1s, le fluide froid 2
entre à T2e et en sort à T2s.

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 Echangeur à contre courant

Echangeur à contre courant

Evolution des températures d’entée le long du cylindre : contre courant


 Echangeur à co courant

Echangeur à co-courant

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Eléments de génie chimique

Evolution des températures d’entée le long du cylindre : co-courant

On se place pour simplifier, dans le cas d'un échangeur de longueur L avec deux tubes
concentriques. Le fluide chaud circule dans le tube intérieur et le fluide froid dans le tube
extérieur.
Les fluides chaud et froid sont respectivement définis par les grandeurs suivantes: débits
massiques (q1 et q2), chaleurs massiques moyennes (cp1 et cp2) et températures d'entrée (T1e et
T2e) et de sortie (T1s et T2s).

2. Expression du flux échangé : Coefficient global de transfert

On peut écrire le bilan thermique en prenant comme système les deux fluides et en considérant
qu'il n'y a pas de pertes thermiques.

Donc le flux de chaleur perdu par le fluide chaud est égal à celui gagné par le fluide froid,
pendant leur traversée de l’échangeur.

Φ = q1 cp1 (T1e – T1s) = q2 cp2 (T2s – T2e)

Les produits Q1 = q1.cp1 et Q2= q2.cp2 sont appelés les débits calorifiques des deux fluides.
Le flux de chaleur peut donc finalement s’écrire μ
Φ = Q1 (T1e – T1s) = Q2 (T2s – T2e)

Par ailleurs, le flux de chaleur Φ transmis d’un fluide 1 à un fluide 2 à travers la paroi d’un tube
cylindrique s’écrit μ

∆�
�=

+ +
.� �. � .�

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Eléments de génie chimique

∆� − ∆�
∆� =
∆�
∆�

Co- courant Contre courant


Ts = T1s – T2s Ts = T1s – T2e
Te = T1e – T2e Te = T1e – T2s

Dans les échangeurs de chaleur, on choisit de rapporter le flux de chaleur échangé à la surface S2
= 2π r2 L, soit d’écrire μ Φ = h S2 ∆Tm
Le coefficient global de transfert h d’un échangeur de chaleur s’écrit donc :

.
= + + +�
. �

Ren est une résistance thermique due à l’encrassement des surfaces d’échange dont il faut tenir
compte après quelques mois de fonctionnement (entartrage, dépôts, corrosion,…).

3. Comparaison des deux modes de fonctionnement

Dans un échangeur tubulaire simple, le flux de chaleur transféré est toujours plus élevé avec un
fonctionnement à contre-courant car ΔTm est plus élevé.
Exemple :
T1e = 90°C et T1s = 35°C
T2e = 20°C et T1s = 30°C
Pour le co-courant μ ΔTm = 24,6°C
Pour le contre courant μ ΔTm = 32,5°C
A chaque fois que cela sera possible on choisira donc un fonctionnement à contre-courant.
Plus généralement, un échangeur de chaleur de configuration quelconque aura des performances
toujours supérieures à celles de l’échangeur tubulaire simple en co-courant et inférieures à celles
d’un échangeur tubulaire simple en contre-courant.

4. Efficacité d’un échangeur

On définit l’efficacité d’un échangeur comme le rapport du flux de chaleur effectivement


transféré dans l’échangeur au flux de chaleur maximal qui serait transféré dans les mêmes

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Eléments de génie chimique

conditions de températures d’entrée des deux fluides dans un échangeur tubulaire de longueur
infinie fonctionnant à contre-courant :

�=
����
 Cas où le fluide chaud commande le transfert : Q1 < Q2
Si L  ∞ alors T1s  T2e d’où μ
Φmax = Q1 (T1e – T2e)
Φ = Q1 (T1e – T1s)
On définit alors une efficacité de refroidissement :

� −�
� =
−�

 Cas où le fluide froid commande le transfert : Q1 > Q2

Si L  ∞ alors T2s  T1e d’où μ


Φmax = Q2 (T1e – T2e)
Φ = Q2 (T2s – T2e)
On définit alors une efficacité de chauffage :
� −�
� =
−�

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