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(D)Écrire le paysage
la direction de la direction de
Christophe Balagna Christophe Balagna
(D)Écrire le paysage
(D)Écrire le paysage
(D)Écrire le paysage
exergue : la description du paysage, qu’il soit panorama
physique, représentation fidèle, état d’âme émotionnel,
miroir des perceptions, mais aussi sa mise en récit,
son écriture, conséquence d’une confrontation, d’un
rapport de force, d’une mise à distance, d’une quête de
compréhension de la part de l’observateur…
Quelques thèmes récurrents sont alors apparus :
l’importance du rôle du paysage en tant que personnage
dans le roman noir, le cinéma, la littérature des xixe et xxe
siècles, la photographie, la peinture, voire la musique ;
le statut du paysage dans la littérature contemporaine,
ou dans celle du xxe siècle ; le paysage révélateur de l’âme
et du cœur, de leurs tourments, de leurs interrogations ;
la force symboliste, voire mystique du paysage à travers
la littérature profane et religieuse…
Mais le paysage s’appréhende aussi en dehors de ses
affinités naturelles, dans l’étrangeté d’une langue, dans
le discours politique, dans ses multiples déclinaisons
historiques et sociologiques. Le paysage, est-ce « le fond
du tableau de la vie humaine » ? (Bernardin de Saint-
Pierre)
26 €
9 791094 360880
Laurent-Olivier MARTY
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1. Mario Pinna, « Un aperçu historique de “la théorie des climats” », dans
Annales de Géographie, 98e année, n° 547 (Mai-Juin 1989), p. 322-325.
2. Julian Juderias, La Leyenada negra y la verdad histórica, Madrid, La Ilustración
Española y Americana, 1914.
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7. José Subra, La Musique espagnole, Paris, PUF, « Que-Sais je ?, 1959, p. 61.
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3. Fandango
Le fandango va ainsi cristalliser ce majismo dans les salons,
surtout à l’occasion des bals masqués, interdits jusque-là mais
que Carlos III autorise à nouveau en 1763. Ces bals privés ou
publics donnent également l’occasion de s’affranchir relative-
ment des règles de l’étiquette et les étrangers y sont invités,
et même parfois des musiciens populaires13.
Un exemple de fandango représentatif de cette période nous
est donné par un moine, le Padre Antonio Soler (1729-1783).
Né à Olot, Soler fait ses études au monastère de Montserrat
avant de devenir maître de chapelle à Lérida, puis organiste
à l’Escorial. Théoricien, compositeur de musique religieuse,
il doit sa célébrité actuelle à ses sonates pour clavecin, d’une
écriture proche de celles de Scarlatti et à un fandango retrouvé
dans les années soixante.
Cette œuvre emblématique semble offrir un concentré
des éléments typiques du fandango, au point d’en devenir
l’archétype, à l’imitation de la musique gitane pour guitare :
l’allure générale d’une improvisation libre sur une phrase
courte se répétant sans cesse, comme un ostinato interrompu
une seule fois, avec une structure rythmique obsédante dite
abandolao, la tonalité dramatique de ré mineur, l’utilisa-
tion du mode phrygien avec seconde augmentée et tierce
majeure – intervalles caractéristiques de la musique gitane,
et enfin un jeu permanent entre des mesures ternaires et
binaires avec des accents rythmiques qui se chevauchent
en hémioles.
En effet, on distingue traditionnellement deux types de
structures rythmiques : 6/8 pour le fandango populaire et 3/4
pour son utilisation dans la musique classique, comme on
en trouve en particulier beaucoup dans les zarzuelas, forme
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4. De Gluck à Mozart
Ainsi, lorsque des compositeurs étrangers font le choix
d’incorporer un fandango dans une œuvre, surtout théâtrale,
on comprend que ce choix obéit à de multiples intentions.
Christoph Willibald Gluck donne une place particulière
à cette danse dans son ballet Don Juan ou Le Festin de Pierre.
Ce ballet, composé sur un livret du chorégraphe Gasparo
Angiolini, maître des ballets de la cour viennoise, et créé au
Burgtheater de Vienne le 17 octobre 1761, marque une date
importante à la fois dans l’évolution du mythe de Don Juan
et dans l’histoire du ballet.
Date importante dans l’histoire du mythe car c’est la
première fois que l’on revient à une version uniment sérieuse
de l’histoire, le thème était alors si éculé qu’il n’apparaissait
plus que dans des pièces plutôt bouffonnes. Et date importante
dans l’histoire du ballet parce qu’Angiolini a voulu avec cette
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21. Sibylle Dahms, « Some Questions on the Original Version of Gluck and
Angiolini’s Don Juan », dans Dance Chronicle, Vol. 30, n° 3, 2007, p. 433.
Indice de ce succès : la danse des furies, emmenant Don Juan aux Enfers, qui
clôt le ballet a été reprise telle quelle, à peine réorchestrée, par Luigi Boccherini
pour sa symphonie La Casa del diavolo.
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22. Dorothea Link, « Performing the Fandango in Mozart’s “Le nozze di Figaro” »
dans Proceedings of the American Philosophical Society, Vol. 152, n° 2, June 2008,
p. 168.
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Conclusion
On le voit, l’inclusion d’une référence au fandango ouvre
pour un compositeur européen du xviiie siècle un espace
particulier.
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