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Le Complexe Métallurgique

de Moanda (CMM)

Du minerai de manganèse au silico-manganèse et


au manganèse métal, des unités de transformation
uniques en Afrique subsaharienne
L’origine du projet
L
’idée de construire Entre-temps, Comilog avait déjà forgé un premier
une unité indus- maillon de la chaîne de valorisation du minerai en
trielle permettant construisant le Complexe Industriel de Moanda, en
de créer de la valeur abrégé le CIM. Inaugurée en 2000, cette première
ajoutée localement à partir usine offrait la particularité de fabriquer un agglo-
du minerai extrait à Moanda était méré au départ de « fines » de minerai qui n’étaient
déjà dans les esprits depuis la fin des pas valorisées auparavant La qualité du minerai extrait à Moanda est
années 90, afin d’essayer de répondre reconnue dans le monde entier (Ph. Acacia)
à la volonté de l’Etat gabonais de voir La décision de construire à Moanda un Com-
se développer localement une filière plexe Metallurgique intégrant non seulement Mi-2010, alors que le barrage hydro-électrique de
de transformation du minerai brut. une unité pyro-métallurgique pour la production « Grand Poubara » s’érigeait petit à petit, les im-
de silico-manganèse mais également une unité portants travaux de terrassement des 50 hectares
L’idée de créer une unité pyro-métal- hydro-métallurgique pour la production de man- qu’occupe le CMM démarraient. La construction
lurgique de fabrication de silico-man- ganèse métal a finalement été prise en mars 2009 proprement dite put ainsi commencer en no-
ganèse était de ce fait déjà en projet après différentes études techniques et écono- vembre 2011 pour s’achever mi-2014 pour l’unité
à ce moment, mais sa concrétisation miques faites au sein d’ERAMET. Le CMM était né, de silico-manganèse et fin 2014 pour l’unité de
se heurtait toutefois à un obstacle sur le papier du moins. manganèse métal.
majeur : l’approvisionnement en
électricité des fours de transfor-
mation qui nécessitent une puis- Le Complexe métallurgique est le
deuxième maillon de la filière locale de
sance élevée alors qu’aucune
transformation du minerai (Ph. Acacia)
source électrique suffisante
pour répondre à cette demande
n’existait dans le pays. Il fallait
donc ériger un barrage capable
de produire cette énergie sous
forme hydro-électrique. De-
puis décembre 2013, c’est
chose faite grâce à l’imposant
barrage de « Grand Poubara »
réalisé à la demande des au-
torités gabonaises.
La construction du CMM a favorisé l’émergence
de nouveaux métiers (Ph. Acacia)
Que ce soit sous forme d’alliage
(à g.) ou de métal pur (à dr.), les
Grâce à l’hydro-électricité fournie par le barrage de Grand Poubara, utilisations du manganèse sont
le CMM fonctionne 24 heures sur 24 (Ph. Acacia) nombreuses (Ph. Acacia)

Un outil unique et des métiers Premier outil du genre en Afrique centrale/sub- • l e silico-manganèse (SiMn)
nouveaux saharienne, le CMM transforme le minerai de man- est un alliage métallique
ganèse en deux produits : un métal pur et un al- renfermant au minimum
Le manganèse est un métal qui intervient au niveau liage métallique. 69 % de manganèse et 16 % de
du processus de fabrication de l’acier dans une pro- silicium. Il est utilisé exclusivement
portion moyenne de 8 kilos par tonne de produit • le manganèse métal ou EMM (Electrolytic Man-
en sidérurgie.
fini. Il agit comme désoxydant et désulfurant lors de ganese Metal) est presque pur (99,7 % de manga-
l’élaboration de l’acier et également pour améliorer nèse). Il est utilisé principalement en sidérurgie, Les techniques utilisées pour fabriquer l’un
les caractéristiques mécaniques de celui-ci. mais aussi dans le processus de fabrication de et l’autre sont très différentes, comme on le lira ci-
l’aluminium et également dans les secteurs de après.
A titre subsidiaire (pour environ 10 % des quantités l’électronique et des batteries.
produites dans le monde), le manganèse est éga-
lement utilisé dans des domaines aussi divers que
l’agriculture, la fabrication de batteries et
la métallurgie de l’aluminium.

Le comité de direction du CMM avec, de g. à dr. :


Arman Samii (responsable process), Louis-François Moussodou (resp. hygiène,
sécurité & environnement), Patrick Niquet (resp. maintenance), Johan Carette (directeur),
Didier Auriault (directeur adjoint), Daniel Laronze (resp. unité SiMn) et Gabin Lendoye
(resp. unité EMM) (Ph. Acacia)
Les procédés
Le manganèse métal (EMM) triques tournants appelés « calcinateurs  » où
s’opère la réduction à une température de
L’hydro-métallurgie mise en œuvre pour la produc- 950 °C (4).
Au cœur de l’unité de lixiviation (Ph. Acacia)
tion du manganèse métal utilise essentiellement la
voie chimique en passant par une dissolution du La poudre de minerai réduit ainsi obtenue est stoc-
kée dans des trémies (5) et envoyée par transport Dans l’unité de lixiviation, le minerai réduit est dis-
minerai dans l’acide sulfurique.
pneumatique vers l’étape suivante : la « lixiviation ». sous dans une solution d’acide sulfurique (H2SO4).
Lors de cette dissolution, outre le manganèse, la
Le minerai de Moanda qui se présente naturel-
plupart des autres métaux contenus en plus faible
lement sous forme de dioxyde de manganèse
quantité dans le minerai sont également dissous
(MnO2) n’étant pas soluble dans l’acide sulfurique,
et il est nécessaire de purifier la solution pour ne
il convient d’abord de le « réduire » pour en faire
conserver que le manganèse.
du monoxyde de manganèse (MnO). Pour ce faire,
le minerai est d’abord séché (1) et broyé en fines Dans une première étape, le fer et l’aluminium sont
particules de moins de 75 microns (2). précipités en changeant le pH de la solution (6) et
éliminés par filtration (7) sous forme d’hydroxydes.
Il est ensuite mélangé à des fines de coke Les autres métaux : zinc, cuivre, cobalt, nickel et
dans des proportions bien définies  (3) et Un filtre-presse (Ph. Acacia) cadmium, présents en quantités beaucoup plus
le mélange est envoyé dans des fours élec- faibles, sont ensuite précipités à leur tour par une
réaction de sulfuration et sont également éliminés
par filtration (8).

La solution de sulfate de manganèse purifiée peut


alors être envoyée vers l’étape suivante : l’électrolyse.

L’unité d’électrolyse est un vaste hall comprenant


140 cuves disposées en 4 rangées, vers lesquelles
la solution purifiée élaborée lors de l’étape précé-
dente est envoyée en continu. Dans chaque cuve
plongent 40 cathodes et 41 anodes entre lesquelles
passe un courant continu de 30.000 ampères (9)
qui amène le manganèse à se déposer sur les ca-
thodes constituées de plaques d’acier inoxydable.

L’impressionnante salle
d’électrolyse avec ses 140 cuves (Ph. Acacia)
Minerai

Minerai
broyé
EMM

Coke
2
Broyeur

1 3
Sécheur Mélangeur

Filtre presse 8 4 Calcinateur L’extraction des cathodes


Minerai 5
réduit avec le pont roulant
(Ph. Acacia)
Addition d’acide (10 %)
7 6
Purification Filtre presse
Cu, Zn, Co, Ni Les cathodes – il y en a au total 5.600 – sont ex-
traites des cuves toutes les 32 heures par un pont
roulant semi-automatique (10) et déposées sur un
SULFATE DE système de convoyeurs qui les amène vers diffé-
MANGANESE
Lixiviation rents traitements : rinçage, séchage et finalement
Fe, Al récolte du manganèse déposé sous forme de
«  flakes » de 2 à 3 mm d’épaisseur. Ces flakes de
Cathode Anode
manganèse pur constituent le produit final, avec
une pureté > 99,7 % Mn.
i Solution acide recyclée (90 %)
Les cathodes sur lesquelles on a récolté le manga-
nèse (11) repartent ensuite au niveau des cuves
9 Cuve d’électrolyse d’électrolyse après avoir subi quelques traitements
( i = 30.000 A) 11 12
de remise en condition via un autre système de
Flakes
de Big bags convoyeurs qui les amène successivement au bros-
EMM
sage, séchage et à l’application d’un revêtement
anti-adhérent.
10
Le manganèse métal – EMM – ainsi produit est
140 cuves d’électrolyse. conditionné dans des « big bags » de 1 ou 1,6
Extraction des cathodes
avec pont roulant tonne  (12) qui sont « empotés » dans des conte-
neurs de 20 pieds pour être envoyés chez le client
Récolte EMM
sur les cathodes final.
A la sortie du four... (Ph. Acacia)

Les procédés (suite)


Le silico-manganèse (SiMn) lomie provient d’une carrière à Lastoursville (à en- coproduit inerte qui est en partie recyclé et en partie
viron 150 km de Moanda). Seul le coke est importé. utilisé pour la construction de routes ou du remblai
Dans le processus pyro-métallurgique mis en œuvre (8).
Le processus de fabrication débute au niveau du
pour la fabrication du silico-manganèse, on extrait
parc à matières à partir duquel les différents « ingré- Le silico-manganèse liquide, une fois bien séparé
le métal des matières premières en procédant à une
dients » sont manutentionnés et stockés dans des de ce laitier, est versé de la poche dans plusieurs
fusion de celles-ci dans des fours électriques dont
« trémies journalières » (3) en attendant leur utilisa- moules (9). Une coulée varie entre 15 et 20 tonnes
on extrait un métal liquide à haute température.
tion dans les fours électriques. Avant cette mise en et, à raison de 6 coulées par four, on peut donc at-
L’unité de production de SiMn du CMM est équi-
stock, le minerai est criblé et le coke séché dans un teindre une production de 200 tonnes chaque jour.
pée de deux fours ayant chacun une puissance de
four tournant (2).
18.500 kilowatts. Une fois solidifiées – l’opération prend une de-
Les matières – qui sont analysées pour chaque lot mi-heure environ – les plaques d’alliage sont
par les équipes du laboratoire – sont prélevées des extraites de leur moule avec une chargeuse mé-
trémies journalières, dosées et mélangées dans des canique, puis superposées sur une aire de refroidis-
proportions précises pour réaliser la « recette » sou- sement (10). Celles-ci passent alors dans l’unité de
haitée (4). Le mélange ainsi obtenu est pesé puis concassage et de criblage. L’alliage SiMn en ressort
envoyé dans les étages supérieurs des deux fours concassé à la dimension souhaitée par le client, le
de l’unité (5). plus souvent de 10 à 50 mm (11).
Dans chaque four, trois imposantes électrodes de Le transport vers le client final est réalisé en conte-
Le métal liquide est versé dans les moules 1,5 m de diamètre et de 26 m de hauteur plongent neurs de 20 pieds via le Transgabonais qui relie
(Ph. Acacia) dans le mélange des matières et sont alimentées par Moanda à Libreville (12) puis le port d’Owendo (13).
des courants qui amènent l’énergie nécessaire et qui
Le SiMn produit au CMM à raison de 65.000 tonnes
Différentes matières premières sont nécessaires pour peuvent aller jusqu’à 100.000 ampères par électrode.
par an contient au minimum 69 % de manga-
fabriquer le silico-manganèse : du minerai et de l’ag-
Toutes les 4 heures, on perce un trou d’évacuation nèse et 16 % de silicium, environ 10 % de fer,
gloméré de manganèse ainsi que du quartz, de la
au bas du four et le métal liquide est libéré à une moins de 2 % de carbone.
dolomie et du coke (1). Au total, il faut environ 2,5
température voisine de 1.500 degrés (6). Il coule
tonnes de ces matières pour produire 1 tonne de
dans des « poches » revêtues de briques ré-
SiMn.
fractaires  (7) où le silico-manganèse
Le manganèse est extrait à Moanda, l’aggloméré de métallique se sépare de la partie non
manganèse est fabriqué par le CIM voisin, le quartz, métallique appelée laitier, qui
source de la silice, est extrait d’une carrière à Mven- surnage sur le métal et déborde
gué (à une quarantaine de km de Moanda) et la do- dans des « pots ». Ce laitier est un
Les plaques d’alliage sur leur aire de refroidissement (Ph. Acacia)
1

Minerai Aggloméré Dolomie Quartz


de Mn de Mn
Coke
2

Four tournant

3 Four
Trémies 5
journalières

4 Extraction,
et mélange
pesage

8 Laitier
6

SiMn Laitier
Une vue partielle de l’immense hall de coulée (Ph. Acacia)
7
SiMn Les utilités :
Moules 9 SiMn
Une partie importante de l’usine concerne ce que l’on appelle les utilités. Le site
Concassage
et criblage produit en effet sur place l’ensemble des utilités nécessaires à son fonctionnement
à savoir notamment l’air comprimé et toutes les qualités d’eaux adaptées aux dif-
férentes utilisations alimentant ainsi les réseaux d’eau industrielle, d’eau incendie,
d’eau sanitaire, d’eau osmosée et d’eau de refroidissement.
11
10
La difficulté et les risques associés au transport de l’acide sulfurique ont induit la
Aire de refroidissement décision d’investir également dans une unité de production d’acide sulfurique
qui complète les utilités produites sur site. L’acide est produit dans cette unité à
Transgabonais 12 partir de soufre solide qui est fondu, ensuite brûlé et le gaz obtenu suite à cette
combustion est absorbé pour former l’acide sulfurique liquide après avoir subi un
traitement de conversion. L’unité est capable de produire jusqu’à 10.000 tonnes
par an et la consommation annuelle du site ne devrait pas dépasser 6.000 tonnes.
Il convient de noter que l’acide nécessaire à l’opération de lixiviation décrite ci-des-
sus provient en très grande partie de la solution qui revient de l’unité d’électrolyse
Port d’Owendo 13 et que l’acide neuf injecté représente moins de 10 % de l’acide total qui tourne en
boucle entre l’unité de lixiviation et l’unité d’électrolyse.
Environnement et sécurité Pris depuis le toit de la salle d’électrolyse, ce cliché montre les
cuves-tampon de l’unité de lixiviation. Un réseau souterrain permet de
pallier les conséquences de tout déversement accidentel (Ph. Acacia)

Le projet CMM a mobilisé des moyens ex- complètement substitué, évitant


ceptionnels, tant au niveau humain que ainsi tout transport ou production
technique. Toutefois, les efforts déployés locale de centaines de tonnes d’am-
n’ont pas occulté les priorités fondamen- moniac.
tales que sont les conditions de travail et
la sécurité pour le personnel d’une part et - éviter tout rejet liquide dans l’en-
le respect de l’environnement d’autre part. vironnement en pratiquant un
recyclage complet de toutes les
Pour ce faire, les meilleures technologies solutions mises en œuvre dans le
disponibles ainsi que les bonnes pratiques procédé sans aucune purge, un la-
du groupe ERAMET ont été déployées. Par vage complet de tous les déchets solides et le stoc- de ce type. En particulier, la captation à la source

Editeur responsable : Comilog SA - Moanda - juin 2015 - Réalisation : Les Productions de l’Acacia – www.editionsacacia.be
ailleurs, au-delà du respect du code de kage de ces déchets dans des bassins respectant des poussières générées sur l’ensemble des étapes
l’environnement gabonais, les normes les normes les plus strictes, une collecte complète de production de SiMn, depuis le stockage des ma-
environnementales les plus strictes de toutes les eaux de pluie par un système de bas- tières premières jusqu’au concassage du produit
ont été prises comme référence, à sa- sins de collecte et un traitement des eaux avant fini en passant par les opérations de coulée et de
voir les normes européennes. tout rejet quel qu’il soit. recoulée.
Le procédé EMM qui a été inspiré des - éviter les rejets gazeux nocifs avec une collecte et Enfin, indépendamment des précautions prises
procédés existants (Chine, Afrique un lavage des gaz émis sur l’unité de lixiviation et, pour maintenir une sécurité et une gestion envi-
du Sud, USA) a ainsi été largement ce qui est inédit, sur les cuves d’électrolyse. ronnementale optimales tout au long des procé-
revu de manière à : dés, tous les incidents potentiels ont été scénarisés
- améliorer les conditions de travail pour le person- et, dans le cadre du plan d’intervention d’urgence,
- substituer tous les réactifs li- nel, en particulier pour l’électrolyse, en mécani-
quides ou gazeux, difficiles et trois exercices sont programmés chaque année
sant les fastidieuses opérations de manutention en collaboration avec les autorités locales et les
dangereux à transporter avec et de décrochage des cathodes grâce à des
les infrastructures existantes au services d’intervention.
machines conçues et développées spécifi-
Gabon, par des réactifs se pré- quement pour le CMM.
sentant sous forme solide: c’est
le cas pour l’acide comme expli- Le procédé SiMn a lui aussi bénéficié
qué plus haut mais aussi pour des meilleures pratiques du groupe
l’ammoniac gazeux qui a été ERAMET qui exploite déjà 6 usines Seuls les produits solides – comme ici le soufre
en granulés nécessaire à la fabrication
D’importants investissements ont été consentis afin de minimiser l’importance des rejets de l’acide sulfurique – sont autorisés à
(Ph. Acacia) entrer dans le CMM (Ph. Acacia)

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