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BAC3 – COURS DE CALCUL DES

STRUCTURES

CALCUL DES STRUCTURES


HYPERSTATIQUES
La méthode des forces

INSTITUT HEMES GRAMME

Ir. Jacques Dehard


Professeur

Méthode des forces - Deh 2007 66


1. Méthode des forces (ou des coupures)
La méthode des forces (ou des coupures) est une des méthodes générales de calcul des systèmes hyperstatiques.
Elle consiste à choisir, et déterminer, des inconnues hyperstatiques qui, une fois calculées, permettent de trouver les
efforts en tout point de la structure devenue isostatique. Elle est basée sur le principe de superposition des effets des
actions, et constitue une analyse globale élastique, limitée dans le cadre de ces notes, aux structures planes chargées dans
leur plan dont la section des poutres est telle que le centre de torsion coïncide avec le centre de gravité.

1.1 Définitions
Une structure est dite « statiquement déterminée » ou « isostatique » lorsque toutes les réactions d’appui et tous les
efforts intérieurs peuvent être déterminés par les seules équations de la statique. Dans le cas contraire, lorsqu’il y a trop
peu d’équations, la structure est dite « statiquement indéterminée » ou « hyperstatique ». Le « degré d’indétermination
statique » ou « degré d’hyperstaticité h » d’une structure est alors égal au nombre de coupures simples nécessaires pour
la rendre isostatique.
Rappelons que l’hyperstaticité d’une structure peut provenir de liaisons surabondantes avec le monde extérieur
(hyperstaticité extérieure), auquel cas les coupures simples seront relatives aux appuis. Mais que l’hyperstaticité peut
aussi provenir de liaisons surabondantes à l’intérieur de la structure même (hyperstaticité intérieure), auquel cas les
coupures simples seront relatives aux efforts intérieurs M, N, V.
Le degré d’hyperstaticité total h est, bien sûr, égal à la somme du degré intérieur hi et extérieur he !
Chaque coupure simple i modifiant le système en supprimant la liaison relative à une composante de réaction inconnue
ou à un effort intérieur (en réalité deux efforts égaux et opposés) inconnu, fait disparaître cette composante ou cet effort
qui correspond à une inconnue hyperstatique. Le nombre total h de coupures simples à effectuer pour rendre la structure
isostatique est donc égal au nombre d’inconnues hyperstatiques du problème.
La structure isostatique déduite de la structure réelle sera appelée « structure isostatique de référence S0 ». Il y a
évidemment plusieurs structures isostatiques de référence possibles, pour la même structure de départ, puisque les
coupures simples peuvent s’effectuer dans des sections quelconques. Il faudra néanmoins, faire particulièrement
attention, en effectuant les coupures, à ne pas aboutir à un mécanisme !
On appellera Xj (j=1, 2, … h) les inconnues hyperstatiques. Aux coupures associées à ces efforts, peuvent exister, dans
la structure isostatique de référence S0, sous un chargement de celle-ci, des déplacements di (i=1, 2, … h) appelés
déplacements relatifs des bords de la coupure i. L’objectif de la méthode des forces (ou des coupures) est de déterminer
les h inconnues hyperstatiques Xj d’une structure dont le degré d’hyperstaticité est h !
Exemples :
h = 1, donc une seule coupure :

X1
ou

X1
Déplacement relatif correspondant
Déplacement relatif correspondant
d
d

X1 X2
h = 2, donc
deux coupures :

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S0
X4
X1
X2
h=4 S
X3
X2
X3 X3
ou ou ou X1

X4 X4 X4

X2 X3 X1 X2
X1

1.2 Coefficients de flexibilité fij et coefficients fip


On appelle coefficient de flexibilité fij, le déplacement relatif des bords de la coupure i dans la direction i, dû à une
force unité Xj = 1 agissant sur la coupure j, dans la direction j.
Dans cette définition, les termes « force » et « déplacement » doivent être considérés au sens « généralisé ». Ainsi, en cas
de coupure relative à un appui, Xj peut désigner une force proprement dite unitaire ou un moment unitaire, et en cas de
coupure interne, Xj peut désigner une paire d’efforts intérieurs (M, N, ou V) unitaires ! De même, fij peut représenter le
déplacement proprement dit, ou la rotation, associé à une coupure d’appui, ou le déplacement proprement dit relatif, ou
la rotation relative, associé à une coupure interne !
Exemple :

1 2

X1 = 1
f21
f11

f22

f12 X2 = 1

Le coefficient de flexibilité fij représentant un déplacement dans la structure isostatique de référence, peut être calculé
str NiN j str MiM j str Vi Vj
par le théorème de la force unité : f ij =

0 EA
dx +

0 EI
dx +
∫0 GA'
dx

où : Ni, Mi, Vi sont les équations des efforts intérieurs, dans la structure iso de référence, sous à une charge virtuelle
unitaire Xi appliquée en i (afin d’y obtenir le déplacement relatif) ;
et : Nj, Mj, Vj sont les équations des efforts intérieurs, dans la structure iso de référence, sous l’inconnue hyperstatique
unitaire Xj appliquée en j.
Il est important de noter qu’en vertu du théorème de réciprocité de Betty-Maxwell, fij = fji !

Méthode des forces - Deh 2007 68


On appelle coefficient fiP, le déplacement relatif des bords de la coupure i dans la direction i, produit par les
forces extérieures appliquées.
Dans cette définition, les termes « force » et « déplacement » doivent être considérés au sens « généralisé ». Ainsi, fiP
peut représenter le déplacement proprement dit, ou la rotation, associé à une coupure d’appui, ou le déplacement
proprement dit relatif, ou la rotation relative, associé à une coupure interne !
Exemple :

1 2

f1P
f2P

Le coefficient de flexibilité fiP représentant un déplacement dans la structure isostatique de référence, peut être calculé
str str str

∫ ∫ ∫
NiNP MiM P Vi VP
par le théorème de la force unité : f iP = dx + dx + dx
0 EA 0 EI 0 GA'
où : Ni, Mi, Vi sont les équations des efforts intérieurs, dans la structure iso de référence, sous à une charge virtuelle
unitaire Xi appliquée en i (afin d’y obtenir le déplacement relatif) ;
et : NP, MP, VP sont les équations des efforts intérieurs, dans la structure iso de référence, dus à l’ensemble des forces
extérieures appliquées.

1.3 Equation générale de la méthode des forces


Considérons, à présent, la structure isostatique de référence chargée successivement et séparément par chaque inconnue
hyperstatique Xj et par les forces réelles appliquées :
X1
f21X1
f11X1

f22X2

f12X2 X2

f1P
f2P

En vertu du principe de superposition, nous pouvons considérer la structure hyperstatique (de degré h) réelle comme la
superposition des (h+1) états de la structure isostatique de référence, à condition d’imposer que les déplacements
relatifs totaux des bords des coupures soient nuls, puisque dans la structure réelle, il n’y a pas de coupure !
Si nous considérons la coupure i dans la direction i, elle sera le siège d’un déplacement relatif total di, somme des
déplacements produits par chaque force inconnue Xj, soit fij.Xj, et du déplacement dû aux forces extérieures appliquées,
soit fiP. Ce déplacement relatif devant être nul, on pourra donc écrire :
h

∑f X + f
j=1
ij j iP = 0 pour tout i =1,2,…h.

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On obtient ainsi, par cette condition, un système de h équations à h inconnues Xj. Ces équations traduisent la condition
de compatibilité des déplacements aux h coupures et constituent les équations de la méthode des forces.
Ces dernières peuvent également s’écrire sous forme matricielle : [F][. X] = [A ] , avec :
- [F ] : la matrice de flexibilité de la structure (tableau des coefficients f ), carrée hxh et symétrique ;
ij

- [X ] : le vecteur des inconnues hyperstatiques X ; j

- [A ] : le vecteur des déplacements f changés de signe.


iP

Une fois les h inconnues déterminées, la structure à résoudre est devenue isostatique. La détermination des efforts
intérieurs M,N,V dans la structure complète peut alors se faire de deux manières :
- soit en procédant, comme pour toute structure isostatique, par coupes et schémas rendus libres ;
- soit par superposition des diagrammes des (h+1) structures isostatiques de référence, en remplaçant les forces
unitaires par les valeurs des inconnues hyperstatiques.

1.4 Détermination numérique des coefficients fij et fiP


Pour les poutres essentiellement fléchies, il est usuel de négliger les déformations dues aux efforts normaux et aux efforts
tranchants devant celles dues aux moments de flexion. Dans ce cas, les expressions des coefficients fij et fiP se ramènent
str MiM j str

∫ ∫
MiMP
à: f ij = dx et à : f iP = dx .
0 EI 0 EI
Lorsqu’il s’agit de câbles ou de barres de treillis, ces éléments sont, uniquement ou principalement, le siège d’efforts
str NiN j str

∫ ∫
NiNP
normaux. Les expressions des fij et fiP se réduiront alors à : f ij = dx et f iP = dx .
0 EA 0 EA
Par ailleurs, on remarquera que toute intégrale intervenant dans les calculs des coefficients fij et fiP, fait appel à deux
efforts pouvant être de signes différents. Les coefficients fij et fiP pourront donc être négatifs pour i ? j.
Dans les applications numériques, le moment d’inertie de la section d’une poutre ou l’aire de la section d’un câble, sont
souvent constants sur la longueur de l’élément. De plus, au vu des chargements habituellement considérés, les moments
varient linéairement ou paraboliquement et les efforts normaux sont souvent constants ou peuvent être considérés comme
L
tels. Il a, dès lors, été intéressant de calculer une série d’intégrales de type
∫ Mmdx , en fonction des grandeurs
0
caractéristiques des diagrammes rectangulaires, triangulaires, trapézoïdaux, et paraboliques, indépendamment des
grandeurs EI ou EA (les fonctions M et m doivent être considérées avec leur signe relatif).

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Méthode des forces - Deh 2007 72
Exemples :

Soit la poutre sur trois appuis suivante, soutenue, en plus, par un câble :

EA=1,6.105 kN
6m p=15kN/m
EI=2.105 kNm2
A D
10m B 10m C 10m

Ce système étant deux fois hyperstatique, nous effectuerons deux coupures. L’une sous forme de rotule dans la poutre,
sur l’appui C, et l’autre, dans le câble. Les inconnues hyperstatiques correspondantes seront alors le moment dans la
poutre au droit du deuxième appui et l’effort dans le câble :

X2 S0
X1

A D
B
C
On procède alors à la détermination des diagrammes des moments de flexion et des efforts normaux dans la structure
isostatique de référence ; l’effet de l’effort normal dans la poutre étant négligé, seul le diagramme de l’effort normal dans
le câble sera représenté :

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N1=0 M1C =1kNm
X1=1

A D
B
C
M1 et N1

N2=1kN
X2=1
M2 et N2
A D
B
C
M2B=−2,573kNm

NP=0 MPB=750kNm
P

A D
B
MP et NP C
Les expressions des fij et fiP fournissent alors les résultats suivants :
1 1 2  1 1 2  1 1  1  2
f 11 = −5
 .1 .20  +  .1 .10  = 5.10 , f 22 = 2  .(−2,573) .10  +
2
1 . 10 2 + 6 2  = 2,9356.10 − 4 ,
EI  3  EI  3  EI  3  EA  
1 1  1 1 
 .0,5.(−2,573).10  +  .[− 2,573.(2.0,5 + 1).10] = −6,4325.10 ,
−5
f 12 =
EI  3  EI  6 
1 1  −2 1 5  −2
f 1P =  .1.750.20  = 2,5.10 , f 2 P =  .(−2,573).750.20  = −8,0406.10
EI  3  EI  12 
La résolution du système : f11 X1 + f12X2 + f1P = 0
f21 X1 + f22X2 + f2P = 0 donne alors les valeurs : X1 = −205,581kNm et X2 = 228, 853kN

Soit le système à trois appuis suivant, complété par un câble :

D
EA=4.104 kN
5m
60 kN
EI=6,5.104 kNm2
A
B
5m 5m C

Cette structure étant deux fois hyperstatique, nous effectuerons deux coupures. L’une en supprimant l’appui D, et l’autre,
dans le câble. Les inconnues hyperstatiques correspondantes seront alors la réaction d’appui horizontale en D et l’effort
dans le câble :

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D
S0 X1
X2

A
B
C
On procède alors à la détermination des diagrammes des moments de flexion et des efforts normaux dans la structure
isostatique de référence ; l’effet de l’effort normal dans les poutres étant négligé, seul le diagramme de l’effort normal
dans le câble sera représenté :
D D
X1=1 N2=1kN
M1 et N1 N1=0 M2 et N2
X2=1

A B C A C
M1C= B M2C=3,536
5kNm kNm

D
MP et NP
MPB=150kNm
NP=0
P

A
B
C
Les expressions des fij et fiP fournissent alors les résultats suivants :
1 1 2  1 1 2  1 1  1  2 2
f 11 = −3
 .5 .5  +  .5 .10  = 1,9231.10 , f 22 = 2  .(3,536) .5  +
2
1 . 5 + 5 2  = 8,1797.10 − 4 ,
EI  3  EI  3  EI  3  EA  
1 1  1 1 
 .5.3,536.5  +  .[3,536.(2.5 + 2,5).5] = 1,02.10 ,
−3
f 12 =
EI  3  EI  6 
1 1  1 1  1 1 
 .2,5.150.5  +  [150.(2.2,5 + 5).5] = 2,8846.10 , f 2 P =
−2 −3
f 1P =  .3,536.150.5  = 6,8.10
EI  3  EI  6  EI  6 
La résolution du système : f11 X1 + f12X2 + f1P = 0
f21 X1 + f22X2 + f2P = 0 donne alors les valeurs : X1 = −31,277kN et X2 = 30, 689kN

1.5 Cas particuliers

1.5.1 Les treillis plans


Si la structure est un treillis plan, les efforts normaux dans les n barres du treillis sont constants le long de ces barres, de
même que l’aire de leur section. Les intégrales des expressions des fij et fiP se réduisent alors, pour chaque barre, à la
n n

∑ EA ∑
Ni N j Ni NP
longueur de celle-ci ; on peut alors écrire : f ij = Lk et f iP = L k avec :
k EA k
k =1 k =1
- Ni : les efforts normaux dans les barres du treillis S0 sous un effort virtuel unitaire Xi ;
- Nj : les efforts normaux dans les barres du treillis S0 sous l’inconnue hyperstatique unitaire Xj ;
- NP : les efforts normaux dans les barres du treillis S0 sous les charges extérieures appliquées.

Méthode des forces - Deh 2007 75


Exemple :
Soit le treillis suivant :
L L L
1 6 11
4 9
L 5 10
2 7 12 P
3 8
Ce treillis étant deux fois hyperstatique, nous effectuerons deux coupures : une dans chacune des diagonales n° 4 et 9.
Les inconnues hyperstatiques correspondantes seront les efforts dans ces mêmes diagonales n° 4 et 9.

S0 X1 X2
P

X1=1 X2=1
1 6 11 1 6 11 1 6 11
4 9 4 9 4 9
1 5 10 5 1 10 5 10
2 7 12 2 7 12 2 7 12 P
3 8 3 8 3 8

On procède alors, de façon classique, au calcul des efforts, dans chaque barre, pour chacune des trois structures
isostatiques précédentes :

N° barre Longueur barre Effort N1 sous X1=1 Effort N2 sous X2=1 Effort NP sous P
1 L −1 2 0 3P
2 2 .L 1 0 − 2 .P
3 L −1 2 0 −2P
4 2 .L 1 0 0
5 L −1 2 −1 2 P
6 L 0 −1 2 2P
7 2 .L 0 1 − 2 .P
8 L 0 −1 2 −P
9 2 .L 0 1 0
10 L 0 −1 2 P
11 L 0 0 P
12 2 .L 0 0 − 2 .P
12 12

∑ ∑
2
( N 1, k ) L N 1, k N 2, k L
Le calcul des fij et fiP donne alors : f 11 = L k = 4,328 , f 12 = f 21 = L k = 0,5 ,
EA EA EA EA
k =1 k =1
12 12 12

∑ ∑ ∑
2
( N 2, k ) L N 1, k N P , k PL N 2,k N P, k PL
f 22 = L k = 4,828 , f 1P = L k = −3,414 , f 2P = L k = −4,121 .
EA EA EA EA EA EA
k =1 k =1 k =1

La résolution du système : f11 X1 + f12X2 + f1P = 0


f21 X1 + f22X2 + f2P = 0 donne alors les valeurs : X1 = 0,781P et X2 = 0,699P

Méthode des forces - Deh 2007 76


1.5.2 Les effets thermiques
Une structure hyperstatique possédant des liaisons surabondantes, est, de ce fait, empêchée de se dilater (ou se
contracter) librement lorsqu’elle est soumise à des variations uniformes de température ou à des gradients thermiques.
Ce bridage a pour effet de faire naître des efforts intérieurs dans la structure (à l’opposé d’une structure isostatique, qui
subit, elle, des déformations sans apparition d’efforts internes). Les inconnues hyperstatiques dues à cette cause peuvent
se déterminer par la méthode des forces. La seule différence avec les applications précédentes, est que les déplacements
fiP dus aux charges extérieures, aux coupures i de la structure isostatique de référence S0 , sont, cette fois, provoqués par
les variations de températures et notés fiT !
Les deux croquis suivants représentent, d’une part, les accroissements de températures (par rapport à la température de
construction, habituellement admise égale à 10°) dans un petit élément de poutre de longueur dx, et, d’autre part, les
déformations que celui-ci subit du fait de ces accroissements de températures :

Tsup Tsup T0 (Tsup− T0) Tsup

T0
∆T =
h = + (Tsup −Tinf) h

Tinf Tinf
dx Tinf (Tinf − T0) dx du
L’accroissement moyen de température T0 provoque la dilatation (ou la contraction) du de l’élément dx, tandis que le
gradient de température ∆T = (Tsup −Tinf) provoque une rotation dφ de la section. On a alors les relations suivantes :
du dφ α .∆ T
= α.T0 , avec α le coefficient de dilatation thermique du matériau et =− (le signe négatif
dx dx h
correspondant au fait qu’un ∆T positif provoque une courbure correspondant à un moment négatif).
str str

∫ ∫
Ni N P MiMP
L’expression du coefficient f iP = dx + dx devient alors, compte tenu que :
0 EA 0 EI
N du M dφ α∆T
= = αT0 , et que = =− ,
EA dx EI dx h
str str
− α∆T
f iT =
∫ N i .αT0 dx +
0 ∫ 0
Mi .
h
dx

1.5.3 Les déplacements imposés d’appuis


Pour les mêmes raisons de bridage qu’évoquées dans le cas des effets thermiques, les structures hyperstatiques sont le
siège d’efforts intérieurs lorsque certains de leurs appuis subissent des mouvements différentiels. Les inconnues
hyperstatiques dues à cette cause peuvent se déterminer par la méthode des forces, mais deux situations sont possibles :
- des coupures sont effectuées pour correspondre aux déplacements d’appuis
dans ce cas, il suffira d’égaler les équations de la méthode des forces qui correspondent à ces coupures, non pas à zéro,
mais bien à la valeur du déplacement d’appui ! Le signe de ce déplacement imposé sera positif s’il va dans le même
sens que celui dû à la réaction inconnue hyperstatique correspondante !
- le système de coupures n’inclut pas les appuis qui subissent des mouvements
dans ce cas, il faudra substituer aux déplacements fiP dus aux charges extérieures aux coupures i de la structure
isostatique de référence S0 , les déplacements relatifs fiA des bords de ces mêmes coupures, dus, cette fois, aux
mouvements d’appuis. Ces déplacements se déterminent par voie directe, à partir de considérations géométriques et en
considérant qu’un fiA est positif s’il se produit dans le même sens que le déplacement dû à l’effort unitaire Xi
correspondant !
Exemple :

Méthode des forces - Deh 2007 77


L1 L2 L3 L4
∆: tassement d’appui
X1 X2 X3

∆ f3A
f1A
f2A
∆ ∆ ∆ ∆
On déterminera aisément : f 1A = , f 2A = − − et f 3A = .
L2 L 2 L3 L3

1.5.4 Les appuis élastiques ou ressorts


Les coefficients fij prennent implicitement en compte la déformabilité éventuelle d’appuis élastiques (ressorts), car leur
définition n’a impliqué aucune hypothèse quant au caractère indéformable des appuis !
La méthode des forces est donc valable pour résoudre des structures possédant de tels appuis.
Si l’on prend la précaution de choisir les réactions d’appui fournies par ces ressorts comme inconnues
hyperstatiques, il suffira, alors, d’égaler chaque déplacement total di au droit des appuis élastiques (c'est-à-dire la
somme des déplacements produits par chaque force inconnue Xj et par les forces extérieures appliquées), non pas à zéro,
mais bien à la valeur du déplacement d’appui ! Cette valeur du déplacement d’appui est proportionnelle à la réaction, en
Xj
vertu de la formule des ressorts, et est égale à di = − , avec k la constante de ressort de l’appui concerné (le signe
k
négatif correspond au fait que le déplacement se fait dans le sens opposé à celui de la réaction choisie comme inconnue
hyperstatique). Dans cette formule, le déplacement di peut représenter aussi bien une translation qu’une rotation,
associée à une réaction Xj « force » ou « moment » !
h

∑f X + f
Xj
On obtient alors, pour les coupures relatives aux appuis élastiques, des équations du type : ij j iP =−
k
j=1
Il est clair que cette méthode est facile à appliquer si le nombre d’appuis élastiques est plus petit ou égal au degré
d’hyperstaticité de la structure. Dans le cas contraire, la structure isostatique de référence comportera elle-même des
appuis élastiques, dont il faudra tenir compte dans le calcul des déplacements relatifs des bords des coupures, ce qui est
moins aisé !

Méthode des forces - Deh 2007 78

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