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STRUCTURES
1.1 Définitions
Une structure est dite « statiquement déterminée » ou « isostatique » lorsque toutes les réactions d’appui et tous les
efforts intérieurs peuvent être déterminés par les seules équations de la statique. Dans le cas contraire, lorsqu’il y a trop
peu d’équations, la structure est dite « statiquement indéterminée » ou « hyperstatique ». Le « degré d’indétermination
statique » ou « degré d’hyperstaticité h » d’une structure est alors égal au nombre de coupures simples nécessaires pour
la rendre isostatique.
Rappelons que l’hyperstaticité d’une structure peut provenir de liaisons surabondantes avec le monde extérieur
(hyperstaticité extérieure), auquel cas les coupures simples seront relatives aux appuis. Mais que l’hyperstaticité peut
aussi provenir de liaisons surabondantes à l’intérieur de la structure même (hyperstaticité intérieure), auquel cas les
coupures simples seront relatives aux efforts intérieurs M, N, V.
Le degré d’hyperstaticité total h est, bien sûr, égal à la somme du degré intérieur hi et extérieur he !
Chaque coupure simple i modifiant le système en supprimant la liaison relative à une composante de réaction inconnue
ou à un effort intérieur (en réalité deux efforts égaux et opposés) inconnu, fait disparaître cette composante ou cet effort
qui correspond à une inconnue hyperstatique. Le nombre total h de coupures simples à effectuer pour rendre la structure
isostatique est donc égal au nombre d’inconnues hyperstatiques du problème.
La structure isostatique déduite de la structure réelle sera appelée « structure isostatique de référence S0 ». Il y a
évidemment plusieurs structures isostatiques de référence possibles, pour la même structure de départ, puisque les
coupures simples peuvent s’effectuer dans des sections quelconques. Il faudra néanmoins, faire particulièrement
attention, en effectuant les coupures, à ne pas aboutir à un mécanisme !
On appellera Xj (j=1, 2, … h) les inconnues hyperstatiques. Aux coupures associées à ces efforts, peuvent exister, dans
la structure isostatique de référence S0, sous un chargement de celle-ci, des déplacements di (i=1, 2, … h) appelés
déplacements relatifs des bords de la coupure i. L’objectif de la méthode des forces (ou des coupures) est de déterminer
les h inconnues hyperstatiques Xj d’une structure dont le degré d’hyperstaticité est h !
Exemples :
h = 1, donc une seule coupure :
X1
ou
X1
Déplacement relatif correspondant
Déplacement relatif correspondant
d
d
X1 X2
h = 2, donc
deux coupures :
X4 X4 X4
X2 X3 X1 X2
X1
1 2
X1 = 1
f21
f11
f22
f12 X2 = 1
Le coefficient de flexibilité fij représentant un déplacement dans la structure isostatique de référence, peut être calculé
str NiN j str MiM j str Vi Vj
par le théorème de la force unité : f ij =
∫
0 EA
dx +
∫
0 EI
dx +
∫0 GA'
dx
où : Ni, Mi, Vi sont les équations des efforts intérieurs, dans la structure iso de référence, sous à une charge virtuelle
unitaire Xi appliquée en i (afin d’y obtenir le déplacement relatif) ;
et : Nj, Mj, Vj sont les équations des efforts intérieurs, dans la structure iso de référence, sous l’inconnue hyperstatique
unitaire Xj appliquée en j.
Il est important de noter qu’en vertu du théorème de réciprocité de Betty-Maxwell, fij = fji !
1 2
f1P
f2P
Le coefficient de flexibilité fiP représentant un déplacement dans la structure isostatique de référence, peut être calculé
str str str
∫ ∫ ∫
NiNP MiM P Vi VP
par le théorème de la force unité : f iP = dx + dx + dx
0 EA 0 EI 0 GA'
où : Ni, Mi, Vi sont les équations des efforts intérieurs, dans la structure iso de référence, sous à une charge virtuelle
unitaire Xi appliquée en i (afin d’y obtenir le déplacement relatif) ;
et : NP, MP, VP sont les équations des efforts intérieurs, dans la structure iso de référence, dus à l’ensemble des forces
extérieures appliquées.
f22X2
f12X2 X2
f1P
f2P
En vertu du principe de superposition, nous pouvons considérer la structure hyperstatique (de degré h) réelle comme la
superposition des (h+1) états de la structure isostatique de référence, à condition d’imposer que les déplacements
relatifs totaux des bords des coupures soient nuls, puisque dans la structure réelle, il n’y a pas de coupure !
Si nous considérons la coupure i dans la direction i, elle sera le siège d’un déplacement relatif total di, somme des
déplacements produits par chaque force inconnue Xj, soit fij.Xj, et du déplacement dû aux forces extérieures appliquées,
soit fiP. Ce déplacement relatif devant être nul, on pourra donc écrire :
h
∑f X + f
j=1
ij j iP = 0 pour tout i =1,2,…h.
Une fois les h inconnues déterminées, la structure à résoudre est devenue isostatique. La détermination des efforts
intérieurs M,N,V dans la structure complète peut alors se faire de deux manières :
- soit en procédant, comme pour toute structure isostatique, par coupes et schémas rendus libres ;
- soit par superposition des diagrammes des (h+1) structures isostatiques de référence, en remplaçant les forces
unitaires par les valeurs des inconnues hyperstatiques.
∫ ∫
MiMP
à: f ij = dx et à : f iP = dx .
0 EI 0 EI
Lorsqu’il s’agit de câbles ou de barres de treillis, ces éléments sont, uniquement ou principalement, le siège d’efforts
str NiN j str
∫ ∫
NiNP
normaux. Les expressions des fij et fiP se réduiront alors à : f ij = dx et f iP = dx .
0 EA 0 EA
Par ailleurs, on remarquera que toute intégrale intervenant dans les calculs des coefficients fij et fiP, fait appel à deux
efforts pouvant être de signes différents. Les coefficients fij et fiP pourront donc être négatifs pour i ? j.
Dans les applications numériques, le moment d’inertie de la section d’une poutre ou l’aire de la section d’un câble, sont
souvent constants sur la longueur de l’élément. De plus, au vu des chargements habituellement considérés, les moments
varient linéairement ou paraboliquement et les efforts normaux sont souvent constants ou peuvent être considérés comme
L
tels. Il a, dès lors, été intéressant de calculer une série d’intégrales de type
∫ Mmdx , en fonction des grandeurs
0
caractéristiques des diagrammes rectangulaires, triangulaires, trapézoïdaux, et paraboliques, indépendamment des
grandeurs EI ou EA (les fonctions M et m doivent être considérées avec leur signe relatif).
Soit la poutre sur trois appuis suivante, soutenue, en plus, par un câble :
EA=1,6.105 kN
6m p=15kN/m
EI=2.105 kNm2
A D
10m B 10m C 10m
Ce système étant deux fois hyperstatique, nous effectuerons deux coupures. L’une sous forme de rotule dans la poutre,
sur l’appui C, et l’autre, dans le câble. Les inconnues hyperstatiques correspondantes seront alors le moment dans la
poutre au droit du deuxième appui et l’effort dans le câble :
X2 S0
X1
A D
B
C
On procède alors à la détermination des diagrammes des moments de flexion et des efforts normaux dans la structure
isostatique de référence ; l’effet de l’effort normal dans la poutre étant négligé, seul le diagramme de l’effort normal dans
le câble sera représenté :
A D
B
C
M1 et N1
N2=1kN
X2=1
M2 et N2
A D
B
C
M2B=−2,573kNm
NP=0 MPB=750kNm
P
A D
B
MP et NP C
Les expressions des fij et fiP fournissent alors les résultats suivants :
1 1 2 1 1 2 1 1 1 2
f 11 = −5
.1 .20 + .1 .10 = 5.10 , f 22 = 2 .(−2,573) .10 +
2
1 . 10 2 + 6 2 = 2,9356.10 − 4 ,
EI 3 EI 3 EI 3 EA
1 1 1 1
.0,5.(−2,573).10 + .[− 2,573.(2.0,5 + 1).10] = −6,4325.10 ,
−5
f 12 =
EI 3 EI 6
1 1 −2 1 5 −2
f 1P = .1.750.20 = 2,5.10 , f 2 P = .(−2,573).750.20 = −8,0406.10
EI 3 EI 12
La résolution du système : f11 X1 + f12X2 + f1P = 0
f21 X1 + f22X2 + f2P = 0 donne alors les valeurs : X1 = −205,581kNm et X2 = 228, 853kN
D
EA=4.104 kN
5m
60 kN
EI=6,5.104 kNm2
A
B
5m 5m C
Cette structure étant deux fois hyperstatique, nous effectuerons deux coupures. L’une en supprimant l’appui D, et l’autre,
dans le câble. Les inconnues hyperstatiques correspondantes seront alors la réaction d’appui horizontale en D et l’effort
dans le câble :
A
B
C
On procède alors à la détermination des diagrammes des moments de flexion et des efforts normaux dans la structure
isostatique de référence ; l’effet de l’effort normal dans les poutres étant négligé, seul le diagramme de l’effort normal
dans le câble sera représenté :
D D
X1=1 N2=1kN
M1 et N1 N1=0 M2 et N2
X2=1
A B C A C
M1C= B M2C=3,536
5kNm kNm
D
MP et NP
MPB=150kNm
NP=0
P
A
B
C
Les expressions des fij et fiP fournissent alors les résultats suivants :
1 1 2 1 1 2 1 1 1 2 2
f 11 = −3
.5 .5 + .5 .10 = 1,9231.10 , f 22 = 2 .(3,536) .5 +
2
1 . 5 + 5 2 = 8,1797.10 − 4 ,
EI 3 EI 3 EI 3 EA
1 1 1 1
.5.3,536.5 + .[3,536.(2.5 + 2,5).5] = 1,02.10 ,
−3
f 12 =
EI 3 EI 6
1 1 1 1 1 1
.2,5.150.5 + [150.(2.2,5 + 5).5] = 2,8846.10 , f 2 P =
−2 −3
f 1P = .3,536.150.5 = 6,8.10
EI 3 EI 6 EI 6
La résolution du système : f11 X1 + f12X2 + f1P = 0
f21 X1 + f22X2 + f2P = 0 donne alors les valeurs : X1 = −31,277kN et X2 = 30, 689kN
∑ EA ∑
Ni N j Ni NP
longueur de celle-ci ; on peut alors écrire : f ij = Lk et f iP = L k avec :
k EA k
k =1 k =1
- Ni : les efforts normaux dans les barres du treillis S0 sous un effort virtuel unitaire Xi ;
- Nj : les efforts normaux dans les barres du treillis S0 sous l’inconnue hyperstatique unitaire Xj ;
- NP : les efforts normaux dans les barres du treillis S0 sous les charges extérieures appliquées.
S0 X1 X2
P
X1=1 X2=1
1 6 11 1 6 11 1 6 11
4 9 4 9 4 9
1 5 10 5 1 10 5 10
2 7 12 2 7 12 2 7 12 P
3 8 3 8 3 8
On procède alors, de façon classique, au calcul des efforts, dans chaque barre, pour chacune des trois structures
isostatiques précédentes :
N° barre Longueur barre Effort N1 sous X1=1 Effort N2 sous X2=1 Effort NP sous P
1 L −1 2 0 3P
2 2 .L 1 0 − 2 .P
3 L −1 2 0 −2P
4 2 .L 1 0 0
5 L −1 2 −1 2 P
6 L 0 −1 2 2P
7 2 .L 0 1 − 2 .P
8 L 0 −1 2 −P
9 2 .L 0 1 0
10 L 0 −1 2 P
11 L 0 0 P
12 2 .L 0 0 − 2 .P
12 12
∑ ∑
2
( N 1, k ) L N 1, k N 2, k L
Le calcul des fij et fiP donne alors : f 11 = L k = 4,328 , f 12 = f 21 = L k = 0,5 ,
EA EA EA EA
k =1 k =1
12 12 12
∑ ∑ ∑
2
( N 2, k ) L N 1, k N P , k PL N 2,k N P, k PL
f 22 = L k = 4,828 , f 1P = L k = −3,414 , f 2P = L k = −4,121 .
EA EA EA EA EA EA
k =1 k =1 k =1
T0
∆T =
h = + (Tsup −Tinf) h
dφ
Tinf Tinf
dx Tinf (Tinf − T0) dx du
L’accroissement moyen de température T0 provoque la dilatation (ou la contraction) du de l’élément dx, tandis que le
gradient de température ∆T = (Tsup −Tinf) provoque une rotation dφ de la section. On a alors les relations suivantes :
du dφ α .∆ T
= α.T0 , avec α le coefficient de dilatation thermique du matériau et =− (le signe négatif
dx dx h
correspondant au fait qu’un ∆T positif provoque une courbure correspondant à un moment négatif).
str str
∫ ∫
Ni N P MiMP
L’expression du coefficient f iP = dx + dx devient alors, compte tenu que :
0 EA 0 EI
N du M dφ α∆T
= = αT0 , et que = =− ,
EA dx EI dx h
str str
− α∆T
f iT =
∫ N i .αT0 dx +
0 ∫ 0
Mi .
h
dx
∆ f3A
f1A
f2A
∆ ∆ ∆ ∆
On déterminera aisément : f 1A = , f 2A = − − et f 3A = .
L2 L 2 L3 L3
∑f X + f
Xj
On obtient alors, pour les coupures relatives aux appuis élastiques, des équations du type : ij j iP =−
k
j=1
Il est clair que cette méthode est facile à appliquer si le nombre d’appuis élastiques est plus petit ou égal au degré
d’hyperstaticité de la structure. Dans le cas contraire, la structure isostatique de référence comportera elle-même des
appuis élastiques, dont il faudra tenir compte dans le calcul des déplacements relatifs des bords des coupures, ce qui est
moins aisé !