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•E ANCIENNE

trois ou quatre foi5


fit élever une petite
royales, afin que la
fût assurée; dans ce
rient constitué à soi
et un jardin; des
terres, après la mQrt
ent ainsi aux nèces
ue jour, qui assurent
ts l’au-delà. N’est-ce HISTOIRE D’UNE EXPEDITION ROYALE
er que ‘existence du
tprés la mort, celle-ci AU PAYS DE POUNT
l’existence infinie.
taux de construction
fabriquait aussi pour
ps de pierre suscep Depuis les temps anciens les Egyptiens se rendaient à
léments immatériels Pount C’était pour eux un pays lointain et merveilleux,
.

irant liberté et mou pourvu de richesses nombreuses et diverses; ils l’appe


ues fut un don pré- laient aussi « le pays de Dieu «, car, sur son sol, crois
d’or, le pagne étant saient les arbres à encens, la plante aimée par les divinités
et dont le parfum envoûtant pénétrait jusque dans
années de Sinouhe, l’univers céleste 2 L’encens, que l’on brûlait dans de
ménageait point sa petites cassolettes, et dont la fragrance en s’élevant vers
ente comblée d’une le ciel réjouissait le coeur des êtres divins, était indispen
nse voulue par le roi sable pour les services religieux effectués dans les tem
:elligence et dévoue- ples. Les arbres à encens abondaient à Pount région

africaine, située près des bords de la mer Rouge, corres


pondant à l’actuelle Somalie, mais s’étendant aussi, dans
les terres, à l’est du Soudan et au nord de l’Ethiopie. Les
« merveilles de Pount « ont toujours captivé l’esprit des
Egyptiens; dans les poèmes on disait de la femme aimée
s sont parvenues, car que son parfum était grisant comme celui de Pount.
utièrement apprécié et Mille cinq cents ans avant notre ête, régnait sur
laient souvent ta reta l’Egypte la reine Hatshepsout. A la mort de son royal
‘ir ostraca (tessons de époux (Thoutmosis, le deuxième du nom), elle se pro
anuscrits prrnczpaux, clama d’abord régente, car le prince héritier (qui s’appe—
Berlin; te plus grand
ent conservé à l’Ash
1. La première expédition attestée fut organisée par le roi Sahourê
(vers 2540 avant notre ère).
2. Voir p. 38.

153
coNTES ET RÉCITS DE L’EGYPTE ANCIENNE
âgé Seule
lait également Thoutmosis) était jeune alors,
d’une dizaine d’anné es ; femme ambiti euse et éner..
ment
gique, au bout de sept années , elle se fit couron ner roi,
fille charne lle du dieu Amon, et évinça nt le
se déclarant
jeune prince en le tenant éloigné des affaires importantes
.
du royaume, gouvernant seule avec ses favoris Quinze
ans après,. à la mort d’Hats hepsou t, Thoutm osis, ayant
recouvré son héritage royal, allait prendre en main une
situation politique gravement compromise par la reine
(notamment dans le domaine de la politique étrangère)
et devenir l’un des plus prestigieux pharaons de l’histoire
d’Egypte .
L’ambition des femmes, surtout dans le
domaine politique, est chose redoutable.
Afin d’augmenter, pensait-elle, son prestige qui décli
nait, et ne pouvant mener en personne des campagnes
militaires, elle décida d’organiser une grande expédition
au pays de Pount, cher au coeur du peuple d’Egypte. Mais
il lui fallait une caution divine, qui assurerait son projet.
Un jour, en la neuvième année de son « règne)) (deux
ans donc après son couronnement), elle se rendit dans
le temple d’Amon, à Karnak. Accompagnée de prêtres
amis, gagnés à sa cause, et de son favori, le premier minis
tre Senmout, elle parcourut le lieu sacré, traversant suc
cessivement la cour extérieure, où pouvaient se
rassembler des laïcs, puis la salle hypostyle réservée aux
prêtres et qui évoquait l’univers le plafond peint en bleu
représentait le ciel, constellé d’étoiles jaunes (car, dans
la pensée égyptienne, le cuivre est le matériau des étoi
les), tandis que du sol semblaient jaillir les plantes des
marais dont l’image décorait le soubassement des murs;
la « forêt » de colonnes, dont les chapiteaux avaient la
forme des lotus, des papyrus ou des palmes, représentait
la fécondité de la terre. Elle parvint enfin devant le Saint
des Saints, face au tabernacle de granit où reposait la
statue du dieu, dans une pénombre qui se voulait pro
tectrice. Elle interrogea alors son père divin, qui lui
répondit par le truchement d’un oracle ; les prêtres, assis
,
tant à la cérémonie sacrée, seraient, auprès du peuple

1. Voirp. 177 sqq.

154
‘y
AVENTURES ROMANESQUES, VOYAGES

s, âgé seule- de précieux témoins de la volonté d’Amon lui-même, le


ieuse et éner- roi des dieux, le primordial, le maître des trônes du Dou
uronnef roi, ble Pays La voix du dieu s’éleva dans le temple, s’adres
.

t évinçant le SEnt â Hatshepsout et disant notamment: « Je te donne


importantes Pount tout entier, le pays de Dieu et les Échelles de
,oris. Quinze l’encens. Je vais faire en sorte que ton armée s’y rende,
tmosis, ayant je la dirigerai sur la terre et sur l’eau. Je labourerai les
en main une chelles de l’encens; c’est en réalité un lieu de délices;
par la reine je l’ai fait pour moi, pour rafraîchir mon coeur. Tes soldats
ae étrangère) chargeront leurs bateaux d’arbres à encens et de tous les
s de l’histoire bons produits du pays; puis ils reviendront en paix vers
Lout dns le Karnak, apportant de grandes merveilles; le ciel et la
terre déborderont d’encens, les parfums inonderont ton
ige qui décli- palais.))
5 campagnes La nouvelle de cette prochaine expédition, qui répon
le expédition dait à la volonté divine manifestée auprès de la souve
Egypte. Mais raine, se répandit dans le peuple. Celui-ci se réjouit, car
Lit SOnprojet. il savait qu’au retour du long voyage de grandes fêtes
règne « (deux auraient lieu dans la ville et qu’il bénéficierait des lar
rendit dans gesses royales. Hatshepsout décida donc de réunir la
ée de prêtres Cour; au coeur des splendeurs de son palais, elle convo
remier minis- qua les dignitaires, les Amis du roi, les prêtres de haut
aversant suc- rang; lorsque ceux-ci furent assemblés dans la salle
,ouvaient se d’audience, elle apparut solennellement, coiffée de la
réservée aux couronne d’Egypte; elle s’assit sur le grand trône royal
peint en bleu d’or fin et lut le décret qu’elle avait promulgué, louant
Les (car, dans Amon qui l’avait « illuminée et choisie car il connaissait
riau des étoi- son excellence)> et ordonnant le prochain départ vers
s plantes des Pount d’une grande expédition, conformément au
nt des murs; commandement divin. On s’affaira alors.
ux avaient la
représentait Le voyage devait se faire par terre et par mer. Il fallait
evant le Saint I d’abord rejoindre, sur les rives de la mer Rouge, les
ù reposait la bateaux qui étaient ancrés dans le port de Ouadi Gasous
voulait pro- (non loin du port ancien de Koceir). Les hommes se
livin, qui lui rassemblèrent dans la ville de Koptos (au nord de Thè
prêtres, assis—
1. L’Egypte, unissait dans un royaume unique la Haute et la Basse
s du peuple, Egypte, (d’Assouan à la Méditerranée), deux régions géographique-
ment différentes et qui, dans les débuts de l’histoire, avaient formé
deux Etats séparés.

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CONTES ET RECITS DE LEGYVFE ANCIEWNE

bes, près de la capitale) sous le commandement de


Nehesy, dont le nom, qui signifie « le Nubien », semble
prouver la connaissance que ce courtisan avait des
régions africaines; Koptos était le point de départ d’une
piste qui traversait le désert arabique et menait directe..
ment à la mer: le Ouadi Hammamat, vallée desséchée
d’un oued, yoie de parcours très utilisée, que l’on veuille
se rendre à Pount ou au Sinaï, pour emprunter ensuite
la navigation maritime; le site fut très anciennement
aussi exploité par les pharaons, car il recelait de nom..
breuses carriéres de schiste, matériau magistralement titi
lisé par la statuaire dès les débuts de l’histoire; dans les
hautes collines rocheuses bordant la vallée on trouvait
également de la diorite, du gneiss, du porphyre, du mar
bre cristallin, qui offraient aux travaux d’art des pierres
abondantes et diverses. C’était là une région importante
pour la vie du royaume.
A Koptos, donc, on chargea sur le dos de nombreux
ânes les bijoux, les armes et les marchandises diverses
qui devaient présider au troc habituel avec les Africains,
ainsi que l’eau et les vivres nécessaires. On emmena aussi,
pour l’ériger sur le rivage de Pount, une grande statue de
granit rose, représentant Amon et la reine, dont le pres
tige et la gloire seraient ainsi évoqués dans ce lointain
pays aux yeux des indigènes. On partit donc pour un
voyage qui devait durer quatre jours dans le désert; les
conditions en avaient été bien améliorées au cours des
siècles. Aux temps anciens, la piste ne comportait pas de
points d’eau; plusieurs avaient été maintenant forés qui
évitaient les morts, fréquentes autrefois, dues à la soif.
C’était le roi Montouhotep (troisième du nom) qui avait
fait forer des puits au long de la piste; la mission avait
été confiée à son vizir Amenemhat (qui accéda ensuite
au trône d’Egypte au début de la vie de Sinouhe’); ce
fut ce même Amenemhat qui, vingt siècles avant notre
ère, commença l’aménagement du port de Ouadi
Gasous, port plus vaste que celui de Koceir et permettant
l’ancrage de navires de haut tonnage.

1. Voir p. 139.

156
CIENNE AVENTURES ROMANESQUES, VOYAGES

imandement de Ainsi l’expédition royale, commandée par Nehesy,


Tubien », semble arriva sans encombre aux bords de la mer Rouge. Cinq
tisan avait des vaisseaux de haute mer attendaient; chacun comportait
de départ d’une une cabine centrale, entourée de deux plates-formes,
menait directe.. l’une à l’avant, l’autre à l’arrière; la proue et la poupe
vallée desséchée étaient fort élevées, pour mieux briser l’élan éventuel des
que l’on veuille vagues; à un inât unique étaient attachées de hautes
iprunter ensuite voiles de lin blanc; le navire était dirigé à l’aide de deux
s anciennement - barres et d’un gouvernail formé par deux larges rames et
ecelait de nom actionné de l’arrière par une pièce de bois incurvée.
gistralment uti Trente rameurs étaient affectés à chaque bateau, soit
istoire; dans les quinze â bâbord, quinze à tribord, ainsi que des hommes
llée on trouvait d’équipage, vingt-et-un pour l’ensemble de l’expédition.
rphyre, du mar Celle-ci comportait encore huit soldats (armés de haches,
d’art des pierres de lances et de boucliers) dirigés par un officier; un
gion importante déploiement militaire important était inutile, on se ren
dait en pays ami.
as de nombreux Lorsque marins, soldats et marchandises furent à bord,
andises diverses Nehesy donna l’ordre du départ, tandis que le peuple,
iec les Africains, sur la rive, saluait ce témoignage de la force égyptienne
n emmena aussi, et se réjouissait, car l’Egyptien, naturellement gai, aime
grande statue de les fêtes et tout pour lui est prétexte à liesse. On fit donc
e, dont le pres voile sur la Très Verte , et l’on arriva en paix à la place
dans ce lointain sacrée du délice du coeur >. On aborda non loin d’un
t donc pour un village; le paysage, typique de ces régions d’Afrique,
ns le désert; les comportait une abondance de palmiers dattiers, de syco
es au cours des mores, de palmiers doum, de cocotiers et d’arbres à
)mportait pas de encens; les habitants vivaient dans des huttes de forme
tenant forés qui conique, montées sur pilotis: on accédait à l’intérieur â
, dues à la soif. l’aide d’échelles; quelques singes, des oiseaux multico
.i nom) qui avait lores se laissaient voir. Une tente avait été préparée pour
la mission avait l’envoyé de la reine d’Egypte, la nouvelle s’étant déjà
j accéda ensuite répandue de son arrivée. Selon les règles de l’hospitalité
Sinouhe’); ce orientale, les nouveaux venus offrirent aux indigènes (qui
des avant notre ressemblaient beaucoup physiquement aux Egyptiens) le
,ort de Ouadi pain, la bière, le vin, la viande, les fruits, toutes choses
ir et permettant provenant du « Pays bien-aimé 2

1. Voir p. 35.
2. L’Egypte.

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CONTES ET RECITS DE L’EGYPTE ANCIENNE

La réception officielle eut lieu ensuite, non loin de la


rive marine. Le commandant Nehesy, debout, appuyé
sur une longue canne (insigne de son autorité), majes
tueux, précédait l’officier et ses soldats; devant lui, sur
une table basse, étaient placés les objets à troquer: col-
r

• liers d’or, bracelets, perles, épées (Pi. III). Toute la tribu


du pays s’avança vers lui: en tête, le chef, nommé Para.
• hou, suivi de son épouse Ity (P1. IV) ; l’aspect de celle_ci
était remarquable : de taille moyenne, elle était totale.
ment obèse, son corps entier était marqué par des replis
de graisse qui boursouflaient sa silhouette; poitrine et
ventre proéminents accusaient également certains traits
de race communs chez les Hottentots ou les Pygmées.
Derrière eux marchaient leurs deux fils et leur fille. Ils
apportaient les présents du pays. Puis l’on procéda, au
cours de longues discussions, au marchandage et au troc.
La cargaison réalisée à Pount était importante. Pro
duits les plus précieux du pays, les arbres à encens, déra
cinés, étaient transportés avec la motte afin d’être
replantés dans les jardins d’Amon à Karnak; placés dans
• de larges paniers, ils étaient fixés par des cordes sur une
attelle de bois; chacun était ainsi porté sur les épaules
de six hommes, trois à l’avant, trois à l’arrière (Pi. III).
Cette opération se passait dans la bonne humeur; un
compagnon criait â un autre: « Gare â tes pieds, cama-
j rade, car la charge est lourde)) — ou: « Tout ira bien
pour nous, les arbres à encens du pays divin vont aller
au temple d’Amo n. > Mais d’autre s « merveilles de
Pount allaient rejoindre les navires égyptiens; c’étaient
d’abord les essences odoriférantes qui croissaient dans la
région: l’encens, bien sûr, en énormes tas, mais aussi la
cannelle et la myrrhe, l’oiiban et le térébinthe; des maté
riaux précieux: l’ébène, l’ivoire pur, l’or en lingots, en
anneaux ou en pépites; des animaux du pays: singes et
guenons, des boeufs, une girafe, un guépard, des peaux
de panthères du Sud. Nehesy avait bien rempli sa mis
sion; la reine et Amon seraient satisfaits.
On embarqua alors, en emmenant de nombreux chefs
de la région, avec femmes et enfants, désireux de connaî
tre ce pays lointain dont la renommée était parvenue

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AVENTURES ROMANESQUES, VOYAGES

on loin de la jusqu’à eux, ainsi que des dignitaires de Pount, cela dans
out, appuyé un climat d’amitié; d’autres princes africains encore
)rité), majes— venaient de places plus éloignées, notamment ceux du
evant lui, sur pays des Nemayou (tribu nubienne) et ceux du pays de
troquer: col- Irem (au Soudan). La bonne entente avec l’Egypte était
Toute la tribu importante alors pour ces peuplades, et la nouvelle de
aommé Para l’arrivée de navirs égyptiens à Pount les avait incités à
ct de celle-ci participer au voyage de retour chacun apportant ses

était totale— présents. Cette expédition fut également, en somme, un


par des replis moyen de réunir des peuples de l’Empire méridional et
; poitfine et d’affirmer celui-ci.
:ertain traits
les Pygmées. Les vents furent doux et paisibles. A Karnak, dans
leur fille. Ils l’attente de l’arrivée de ces personnages exotiques et
procéda, au divers, la joie régnait, le peuple chantait. La scène était
age et au troc. vive, colorée. Devant le temple, assise sur un trône d’or,
ortante. Pro portant les attributs de la royauté, la reine reçut les
encens, déra hommes du Sud; sur un trône voisin du sien, la statue
e afin d’être d’Anion lui-même assistait à la scène. Les tributaires
placés dans s’avancèrent en longues files bariolées, les gens de Pount
ordes sur une et de sa région étaient vêtus de simples pagnes aux vives
or les épaules couleurs, les nègres du Soudan portaient des pagnes en
riére (Pi. III). peaux de panthères. Tous se prosternèrent devant la sou
humeur; un veraine et l’acclamèrent: « Salut à toi, reine du Pays bien-
pieds, cama- aimé, fille d’Amon, le roi des dieux, ô notre maîtresse.
Tout ira bien Ton nom a rejoint le circuit céleste et ta gloire a parcouru
Vifl Vont aller le Grand Cercle ‘. Puis, dans le soleil et la poussière,
erveilles > de les hommes pesèrent et mesurèrent les présents africains;
ens; c’étaient beaucoup de ces richesses allaient être données au tem
ssaient dans la ple d’Amon: ainsi la reine, en mal de royauté,
mais aussi la « payait «-elle son accession illégitime au trône et sa
he; des maté- reconnaissance par le clergé qui l’assistait. Ce jour-là on
en lingots, en dressa devant le grand temple thébain trente-et-un arbres
ays : singes et à encens frais; sous les arbres, s’entassèrent rapidement
ird, des peaux d’autres offrandes: de l’or en nombreux anneaux, de
empli sa mis l’ébène sous forme de rondins, des défenses d’éléphants,
des boomerangs utilisés par les Egyptiens dans les
)mbreux chefs
mx de conflaî I. L’océan qui entoure le monde reste de l’Océan primitif qui
tait parvenue

existait avant la création de l’univers.

159
1

CONTES ET RÉCITS DE L’EGYVTE ANCIENNE

batailles ou, plus pacifiquement, pour la chasse aux


oiseaux dans les marais du Nu ; les boomerangs africains,
faits de bois très dur, étaient particulièrement appréciés.
C’était là l’apport des gens de Pount à la grande divinité
thébaine. Venant de Nubie et du Soudan d’autres pro
duits précieux ou utiles firent délivrés : de l’or fin en
anneaux oudans des coupes, des peaux de panthères en
grand nombre (utilisées notamment pour certains vête
ments sacerdotaux), des plumes et des oeufs d’autruches;
des animaux vivants, encore: une girafe, une panthère
capturée pour Sa Majesté —et 3300 têtes de bétail
qui allaient grossir le cheptel élevé sur les terres d’Amon.
On amena encore des bois précieux (l’ébène) et des
arcs.
Le pesage et le mesurage de certains de ces trésors
étaient précis, soigneusement surveillés; les hautes
balances l étaient placées sous le patronage du dieu
Thoth, dieu de l’équité et du juste équilibre. Les opéra
tions étaient accomplies par l’orfèvre en chef de la reine,
Djehouty, qui rendait compte à la souveraine du résultat
des opérations, tandis que Thoth agissait de même envers
Amon (il s’agissait, bien sûr, de statues divines, sorties
pour la circonstance de leurs tabernacles).
La reine, alors, se leva. S’approchant d’un tas
d’encens, elle se saisit d’un boisseau d’or fin et tendit le
bras vers le sommet de ce tas. Ensuite, à l’aide de ses
deux mains, elle enduisit tout son corps d’encens, du
meilleur encens; son parfum alors devint semblable à
celui des dieux, sa propre odeur se mêlant à celle de
Pount; puis sa peau apparut comme forgée dans l’or fin,
brillante comme les étoiles
2
cela, en présence du pays

tout entier rassemblé. Le peuple exultait. A l’exotisme se


joignait le mystère. Hatshepsout voulut ainsi paraître à
tous comme la fille d’Amon —dieu soleil dont elle avait
la radiance.

1. Balances appelées actuellement s romaines I.


2. Lorsque, dans le dessin de figures, on mélange aux couleurs de
l’eau gommée d’encens, la solution aqueuse, astringente, ainsi obte
nue donne une coloration chaude; lorsqu’elle est appliquée sur la
peau, celle-ci devient brillante.

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