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se succéder chez un même acteur social selon le contexte et les besoins de celui-ci.

Concernant ce point nous examinerons certains de ces types.

3.1.2.1. L’identité auto-énoncée ou l’identité énoncée par autrui

D’après Mucchielli, (ibidem, p. 21) et Charaudeau (2005)32, la question Qui suis-je ?33
pour soi ou pour l’autre, est fondatrice de l’identité. Ainsi, la définition de l’identité d’un
individu (ou acteur social), à un moment donné, correspondra toujours à la réponse que l’on
donne à cette question. Si la réponse vient de l’individu lui-même, l’identité sera dite auto-
énoncée. En revanche si elle émane d’un autre individu, il s’agira d’identité énoncée par
autrui. En d’autres termes plus courants par ailleurs, il s’agira d’auto-identité pour le premier
cas et d’hétéro-identité pour le second. Cependant, puisque l’identité est plurielle, co-
construite dans un contexte et parce que les individus ont toujours tendance à se conformer à
la situation sociale ou au groupe, les réponses à cette question peuvent être diverses.

Ainsi l’auto ou hétéro-identité s’étendront-elles sur diverses formes et dépendront de


ce que chacune des parties voudra communiquer ou attendra de son partenaire. Par exemple,
du point de vue de l’acteur lui-même, d’après Mucchielli (ibidem, pp. 21-22), l’identité de
l’acteur pourra être : une identité subjective (lorsque l’acteur croit intimement en lui-même, à
ce qu’il est) ; une identité ressentie (lorsqu’il éprouve ce qu’il est) ; une identité affirmée
(lorsqu’il énonce son identité devant les autres) ; une identité présentée (lorsqu’il présente à
autrui ce qu’il veut être) ; une identité de circonstance ou de façade (lorsqu’il présente
seulement certaines parties de ce qu’il est) ; une identité agie (lorsqu’il fait un certain nombre
de choses qui correspondent à ce qu’il croit devoir faire) ; enfin une identité négative
représentée (lorsqu’il croit, éprouve, énonce, présente totalement ou partiellement ce qu’il ne
veut pas être).

En revanche, si la réponse à la question ci-dessus est donnée par un autre acteur,


toujours d’après Mucchielli (idem), l’identité prendra les formes de : identité inférée (lorsque
l’acteur énonce ce qu’il croit sur l’identité de l’autre) ; identité vécue (lorsqu’il énonce ce que
cet autre est subjectivement pour lui) ; identité souhaitée (lorsqu’il énonce ce qu’il voudrait
que l’autre soit) ; identité prescrite (lorsqu’il se comporte de façon à ce que l’autre se

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Version html et en ligne : http://www.patrick-charaudeau.com/Reflexions-sur-l-identite,119.html , consulté le
17/06/2018.
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Selon Lipiansky (1992), cette question a donné lieu à un test connu sous ce nom, introduit par Kuhn et
McPartland (1954) et développé par Zavalloni (1984).

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comporte comme il veut qu’il se comporte) ; identité attribuée (lorsqu’il énonce ce que
normalement, suivant quelques caractéristiques banales d’identification, cet autre acteur doit
être) ; enfin l‟identité légale (s’agissant, quant à elle, de l’ensemble des caractéristiques
suffisantes pour définir un sujet par rapport aux lois et règles d’une société).

3.1.2.2. L’identité individuelle et l’identité sociale

L’identité peut aussi être individuelle (dite personnelle ou intime) ou sociale. Selon
Lipiansky, (1992, p. 20), « l‟identité individuelle constitue une sorte de réponse sociale aux
stimuli qu‟apportent les interactions avec les autres dans un souci de se définir et de délimiter
ses frontières au sein de chaque relation ». Elle renvoie, toujours selon lui (ibidem, p. 115),
« à la conscience de soi comme individualité singulière, douée d‟une certaine constance et
d‟une certaine unicité ». Toutefois, selon le même auteur (ibidem, p. 121) :

« L’identité sociale désigne la représentation de soi que le sujet cherche à construire et


à donner dans les interactions où il est impliqué, représentation qui demande à être
reconnue et confirmée par autrui et qui s’élabore toujours en rapport avec les modèles
culturels et sociaux. Celle-ci, tend donc à s’adapter, à se montrer conforme aux
normes, aux valeurs et aux modèles sociaux (à part si le sujet cultive une identité
d’original, d’excentrique, de marginal), elle est façonnée par les représentations et les
codes culturels projetés dans les attentes et jugements d’autrui ».

Avant Lipiansky (1992), Tajifel (1972, pp. 292-293) avait déjà décrit l’identité sociale
d’un individu comme étant « liée à la connaissance de son appartenance à certains groupes
sociaux et à la signification émotionnelle et évaluative qui résulte de cette appartenance ».
Cette définition a ensuite été citée et reprise par de nombreux auteurs. Tajfel (idem) faisait
remarquer que, en lien à l’appartenance de l’individu à divers groupes sociaux, ces
appartenances n’avaient pas la même importance dans la mesure où, certaines seraient plus
importantes que d’autres, c’est-à-dire qu’il arrive qu’un individu donne plus d’importance à
son appartenance à un groupe au détriment d’un autre.

3.1.2.3. L’identité culturelle et l’identité ethnique

Nous les mettons sous le même intitulé parce que nous considérons que culture et
ethnie renvoient à une même catégorisation. Toutefois, afin de permettre une meilleure lecture
de leur valeur adjectivale attribuée à l’identité, il est nécessaire d’établir la différence entre les

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