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Mécanique rationnelle I
AVERTISSEMENT
Pour cette année académique 2004-2005, les étudiants de première année disposeront
d’une nouvelle version des notes de cours de Mécanique rationnelle.
Vous trouverez dans ce document (version du 8 décembre 2004) les quatre premiers
chapitres. Le document est mis progressivement à disposition des étudiants sur
• le site internet d’enseignement à distance de la FPMs (les étudiants ont normalement
reçu leurs codes d’accès) : http://elearning.fpms.ac.be
• le site internet du service de Mécanique rationnelle (partie ’students’)
http://mecara.fpms.ac.be
Les anciennes notes de cours (Bases mathématiques, Cinématique des systèmes discrets
et Statique des systèmes discrets) ne sont plus d’application.
Bien que les notes aient été relues attentivement, quelques coquilles peuvent subsister.
N’hésitez pas à nous les signaler.
Chapitre 1
Calcul vectoriel
Objectifs de ce chapitre
• Définir les notions de scalaire et de vecteur
• Décrire les principales opérations réalisées sur les vecteurs : addition, multiplication
par un réel
• Définir les opérations entre vecteurs : produit scalaire et produit vectoriel
• Définir les régles de calcul dans les bases cartésiennes
• Appliquer les opérateurs vectoriels sur quelques opérations géométriques
élémentaires
Ce n’est évidemment pas par hasard que la plupart des ouvrages de mécanique com-
mencent par un chapitre sur le calcul vectoriel. Les vitesses, accélérations, forces, gran-
deurs usuelles de la mécanique correspondent en effet à des vecteurs et il est utile de
pouvoir les manipuler à bon escient.
Mais là n’est pas le seul intérêt. Le fait d’écrire des lois physiques sous forme vectorielle
~ = m~a) leur confère les avantages suivants
(F
• les lois peuvent se formuler de façon beaucoup plus compacte ;
• elles sont automatiquement invariantes, c’est-à-dire indépendantes du système de
projection utilisé pour faire les calculs.
Cette dernière propriété est particulièrement importante car une loi physique se doit
d’être invariante. Ce sera automatiquement le cas si elle est exprimée sous forme vecto-
2
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 3
rielle.
1.2 Scalaires
1.3 Vecteurs
1.3.1 Définition
Les vecteurs sont généralement introduits dans l’enseignement secondaire par l’in-
termédiaire des vecteurs géométriques. Un tel vecteur correspond à un segment orienté
−→
défini entre deux points de l’espace. Par exemple, le vecteur OA correspond au segment
OA orienté de O vers A.
C
A
CD
OA BA
D
B
O OB
Fig. 1.1 – Vecteur géométrique
La notion de vecteur est pourtant beaucoup plus générale : un vecteur est un être
physique caractérisé par une direction, un sens, et une grandeur (norme, intensité
ou module), définis comme suit
• la direction est la droite qui porte le vecteur (ou est parallèle au vecteur) ;
• le sens représente l’orientation du vecteur ;
• la grandeur est un nombre positif, représentatif de l’amplitude du vecteur ; elle
est exprimée avec une unité correspondant à la dimension de la grandeur physique
associée au vecteur (m/s pour une vitesse, N pour une force, . . . ).
Le concept de vecteur a été introduit en physique parce que certains phénomènes
physiques se caractérisent par les trois éléments de définition du vecteur. Ainsi, les vitesses,
forces ou accélérations, grandeurs naturelles de la Mécanique rationnelle sont toutes des
vecteurs mais on en rencontre aussi dans diverses disciplines de la Physique : champ
magnétique ou champ électrique en Electricité, gradient de concentration en Chimie, . . .
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 4
deur
gran extrémité
a sens
upport)
t e − s origine (ou point d’application)
(droi
direction
Classiquement, un vecteur est noté ~a, sa grandeur étant notée a, |~a| ou k~ak. Il est le
plus souvent représenté par une flèche, allant de l’origine du vecteur vers son extrémité,
dont la longueur est proportionnelle à la grandeur du vecteur (à une certaine échelle). Une
telle fléche possède en effet les trois caractéristiques d’un vecteur. Deux vecteurs égaux
auront même flèche, quelle que soit leur localisation dans l’espace.
Vue en perspective Vue en plan
c
(entrant)
b b
c
(sortant)
c
a
a
Fig. 1.3 – Représentation d’un vecteur dans l’espace
De façon générale, les vecteurs que l’on considérera sont spatiaux. Pour représenter le
problème, on fait alors un dessin en perspective comme indiqué à la figure 1.3. Pour avoir
une représentation plus précise, on s’intéressera parfois à un plan particulier. Les vecteurs
perpendiculaires au plan pourront alors être représentés par les symbôles de la figure 1.3
selon qu’ils sont entrants ou sortants. Pour rappel, la croix représente l’empennage, soit
la flèche vue de l’arrière, tandis que l’autre symbole représente la pointe de la flèche (vue
de l’avant).
Le vecteur est défini sans faire appel à un système de coordonnées. Le vecteur est un
concept physique invariant relativement aux systèmes de coordonnées (ou bases). Seules
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 5
les composantes du vecteur dépendent de la base choisie, selon des lois qui seront étudiées
dans ce chapitre.
Vecteur libre
F F
F
Fig. 1.4 – Les différents types de vecteurs
Le vecteur nul
Le vecteur nul est le vecteur dont la grandeur est nulle ; sa flèche représentative a une
longueur nulle. Sa direction et son sens sont indéterminés.
Pour cette raison, on le représente plus simplement par 0 (au lieu de ~0).
Vecteur unitaire
Deux vecteurs sont égaux (équipollents) s’ils ont les mêmes éléments ca-
ractéristiques : direction, sens et grandeur (les mesures étant prises avec la même unité).
L’égalité vectorielle n’est possible qu’entre vecteurs de même nature physique, ayant
même dimension. Elle est indépendante de la localisation des vecteurs.
L’égalité vectorielle vérifie les trois propriétés classiques :
1. symétrie : si ~a = ~b, ~b = ~a ;
2. réflexivité : ~a = ~a ;
3. transitivité : si ~a = ~b et ~b = ~c, alors ~a = ~c
Deux vecteurs qui ont seulement même direction sont dits parallèles.
Dans l’ensemble des vecteurs, deux lois de composition peuvent être introduites :
l’addition vectorielle qui est une loi interne, et la multiplication d’un vecteur par un réel
(ou scalaire), qui est une loi externe.
Définition
de ~a, la somme des deux étant le vecteur allant de l’origine de ~a à l’extrémité de ~b. On
met ainsi en oeuvre la construction (ou loi) dite du triangle. On définit aussi l’addi-
tion de deux vecteurs comme la diagonale d’un parallélogramme dont les deux vecteurs
constituent des côtés adjacents. On met ainsi en oeuvre la construction (ou loi) dite du
parallélogramme. Les deux constructions sont illustrées à la figure 1.5.
parallélogramme triangle
a+b a+b
b b
a a
Fig. 1.5 – Addition de vecteurs
L’addition entre vecteurs n’a de sens qu’entre des vecteurs de même nature physique
(deux vecteurs force, deux vecteurs vitesse, . . . ). Par ailleurs, l’addition vectorielle possède
un sens physique. En effet, il est fréquent en Physique que des phénomènes représentables
par des vecteurs s’additionnent vectoriellement, c’est-à-dire qu’ils ont même effet cu-
mulé que le phénomène représenté par la somme des deux vecteurs (exemples : champs
magnétiques, forces, . . .).
D’autre part, tous les phénomènes que l’on peut caractériser par une direction, un sens
et une grandeur, ne sont pas des grandeurs vectorielles. Par exemple, une rotation autour
d’un axe est définie par une direction (axe de rotation), un sens (sens de la rotation)
et une grandeur (amplitude de la rotation). Mais la somme de deux rotations (rotations
effectuées successivement) n’est pas une rotation en général. Si les rotations sont d’axes
sécants, leur somme est une rotation, mais cette somme ne vérifie pas les propriétés de
l’addition vectorielle. Une rotation n’est donc pas représentable par un vecteur.
Propriétés
b
c
a c a+b b+c
= = a
Opération inverse
Quels que soient ~a et ~b, l’équation ~a + ~x = ~b admet toujours une solution ~x. En
effet, le vecteur qui va de l’extrémité de ~a vers celle de ~b représente la seule solution de
l’équation.
a+x=b x=b−a
−a
x
b x b
a
Fig. 1.7 – Soustraction vectorielle
~x = ~b − ~a = ~b + (−~a) (1.2)
L’addition vectorielle se fait naturellement avec les vecteurs géométriques (figure 1.1)
−→ −→ −→
OA + AB = OB (1.3)
AB
OA
B
O BO
Fig. 1.8 – Loi de Chasles
Définition
Le produit du vecteur ~a par le réel k est un vecteur k~a, dont les trois éléments ca-
ractéristiques sont définis comme suit
2a
a 0.5 a −a
Propriétés
On peut également dégager quelques corollaires qui seront utiles dans la suite
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 10
Opération inverse
~a = ± k~ak ~u (1.6)
~a = au ~u (1.7)
Les propriétés des deux lois de composition rappelées dans le tableau 1.1 confèrent à
l’ensemble des vecteurs une structure d’espace vectoriel bâti sur l’ensemble des réels.
De façon plus pragmatique, il s’ensuit que toutes les règles de calcul usuelles (signe
+ et -, parenthèses, crochets, accolades, . . .) sont applicables à des expressions contenant
des vecteurs et des nombres en facteur. Ainsi, l’expression suivante ne se différencie d’une
expression algébrique classique que parce que les variables sont affublées d’une flèche :
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 11
3(~a + 2(~b − ~c)) − 5~a = 3(~a + 2~b − 2~c) − 5~a = −2~a + 6~b − 6~c (1.8)
1.6.1 Définition
~ 1, T
On appelle base tout triplet de vecteurs T ~ 2, T
~ 3 tel que tout vecteur ~a puisse s’écrire
de façon unique
~ 1 + a2 T
~a = a1 T ~ 2 + a3 T
~3 (1.9)
~ 1, T
Les scalaires a1 , a2 et a3 sont les composantes du vecteur ~a dans la base (T ~ 2,
~ 3 ).
T
Pour que la décomposition soit unique, les vecteurs de la base doivent être
linéairement indépendants. Pratiquement, il suffit qu’ils ne soient pas coplanaires.
Sous cette condition, à un vecteur ~a correspond un seul triplet de composantes (a1 , a2 ,
a3 ) et vice-versa.
La décomposition selon une base donnée étant unique, deux vecteurs égaux auront les
mêmes composantes dans une base donnée.
a1 = b 1
~a = ~b ↔ a2 = b 2
a3 = b 3
Une égalité vectorielle est donc équivalente à trois égalités scalaires, qui en sont les com-
posantes dans la base utilisée.
La figure 1.10 illustre comment on peut décomposer un vecteur ~a selon les directions
1, 2 et 3. Supposons que l’origine soit en O et l’extrémité en A. On trace par l’extrémité
~ 1 ,T
de ~a une droite parallèle à la direction 3. Celle-ci coupe le plan (O,T ~ 2 ) en A0 . Si on
trace par A0 une droite parallèle à la direction 2, elle coupera l’axe (O,T ~ 1 ) en A00 . Les
−−→00 −−00−→0 −−→
vecteurs OA , A A et A0 A sont respectivement parallèles aux directions 1, 2 et 3 et on a
−−→ −−−→ −−→
OA00 = a1 T~ 1 A00 A0 = a2 T
~ 2 A0 A = a 3 T
~3 (1.10)
L’ordre des axes peut évidemment être inversé. De façon générale, les composantes peuvent
aussi être vues comme les cotés d’un parallélépipède dont le vecteur ~a est la diagonale, et
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 12
3 3
a a A
T3 T3
a 3T3 a 3T3
O O
a 1T1 a 1T1
T1 T2 T1 T2
A" A"
1 2
1 2
a 2T2 a 2T2
A’ A’
Fig. 1.10 – Décomposition d’un vecteur selon une base
dont les côtés sont parallèles aux vecteurs de la base. Une telle décomposition selon trois
directions est aussi appelée projection parallèle.
a1
a2
a
O a2
a1
1
Fig. 1.11 – Décomposition d’un vecteur plan selon deux directions
Il nous arrivera souvent lors des exercices (et plus particulièrement lors de l’application
du théorème de composition des vitesses) de décomposer un vecteur selon deux directions.
Cela n’est évidemment possible que si les vecteurs et les deux directions sont dans un même
plan. Dans ce cas, comme l’illustre la figure 1.11, il suffit de faire passer par l’origine une
droite parallèle à l’une des directions et par l’extrémité une droite parallèle à l’autre
direction. Elles se croisent en un point qui matérialise les deux composantes souhaitées.
De nouveau, l’ordre dans lequel on choisit les directions n’a aucune importance.
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 13
z
ax
ay
uz a
ux az
uy
x y
Comme le montre la figure 1.12, les composantes correspondent cette fois aux côtés
d’un parallélépipède rectangle, dont le vecteur ~a est une diagonale. Géométriquement, les
composantes sont les projections orthogonales du vecteur sur les axes x, y, et z. On parle
de projection orthogonale algébrique car la valeur peut être positive ou négative
selon le sens de la projection du vecteur par rapport au sens du vecteur de base.
On utilise les bases orthogonales parce que
• chaque composante ai prend une signification claire, à savoir la projection algébrique
orthogonale du vecteur ~a sur l’axe i ;
• les formules permettant de calculer le résultat d’opérations sur des vecteurs à partir
des leurs composantes prennent une forme bien plus compacte.
Sans autre spécification, les bases considérées dans cet ouvrage sont toujours ortho-
normées.
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 14
Soient deux vecteurs ~a et ~b, et leurs composantes (ax , ay , az ) et (bx , by , bz ) dans une
base (~ux , ~uy , ~uz )
~a = ax ~ux + ay ~uy + az ~uz (1.12)
~b = bx ~ux + by ~uy + bz ~uz (1.13)
On peut rassembler les composantes d’un vecteur ~a dans une base au moyen d’une
matrice colonne qui sera notée {~a}
a x
{~a} = ay (1.18)
az
Eventuellement, plusieurs bases seront utilisées en même temps, par exemple une base
(~ux1 , ~uy1 , ~uz1 ) et une base (~ux2 , ~uy2 , ~uz2 ). Les matrices de coordonnnées du vecteur ~a dans
chacune des bases seront alors notées {~a}1 et {~a}2 et ne sont normalement pas identiques.
a x 1 a x 2
{~a}1 = ay1 {~a}2 = ay2 (1.19)
az 1 az 2
Souvent, au lieu de mettre des numéros, on parle de bases xyz et XY Z, les composantes
étant alors notées simplement
ax a X
{~a}xyz = ay {~a}XY Z = aY (1.20)
az aZ
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 15
Tant que les coordonnées restent exprimées dans une même base, les propriétés du
calcul matriciel sont applicables
n o n o
~a + ~b = {~a} + ~b {k~a} = k {~a} (1.21)
Normalement, les composantes d’un vecteur n’ont de sens que si la base a été précisée
clairement. Sans autre spécification, on suppose que les composantes sont exprimées par
défaut dans une même base cartésienne de référence.
1.7.1 Définition
Le produit scalaire permet de définir une métrique dans l’ensemble des vecteurs V (V
devient un espace vectoriel métrique).
Le produit scalaire est une fonction numérique définie dans V × V qui, à tout couple
(~a, ~b) de vecteurs, associe un réel noté ~a · ~b (lire : a ”fois” b), égal à ab cos θ, θ étant
l’angle des deux axes orientés suivant les deux vecteurs :
° °
° °
~a · b = k~ak °~b° cos θ
~
1.7.2 Caractéristiques
Comme le montre la figure 1.13, le produit scalaire est positif ou négatif selon que
l’angle θ est aigu ou obtu. Il est nul si l’un des vecteurs l’est, ou s’ils sont orthogonaux.
La dimension correspond à celle du produit des facteurs.
La définition du produit scalaire peut également être réorganisée comme suit
³° ° ´ ° °
° ° ° °
~a · ~b = k~ak °~b° cos θ = °~b° (k~ak cos θ) (1.22)
où ~a0 est la projection vectorielle orthogonale de ~a sur la direction de ~b, et ~b0 la projection
vectorielle orthogonale de ~b sur la direction de ~a. Le produit scalaire est donc un outil
fort utile pour réaliser des projections orthogonales.
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 16
a b <0
θ θ
a a
b
α a
θ
u
d
bt at
Si ~u0 et ~u00 sont deux vecteurs unitaires, cos(~udu00 ) = ~u0 · ~u00 . On peut ainsi déterminer
0~
1.7.3 Propriétés
On peut calculer avec le signe ”·” de la multiplication scalaire, comme avec le signe
”·” de la multiplication entre réels.
Exemple
³ ´2
~
~a + b = ~a2 + 2~a · ~b + ~b2 ;
³ ´ ³ ´
~a + ~b · ~a − ~b = ~a2 − ~b2 .
³ ´
~a ~b · ~c ³ ´ ~c
5 + 2 ~a · ~d ~b − 3 2 .
~a · ~d ~c
³ ´
La multiplication scalaire ne peut être itérée : ~a · ~b ·~c n’a aucun sens ; ~a · ~b ~c
³ ´
~
est différent de ~a b · ~c . Les parenthèses ne peuvent donc être supprimées arbitrairement
comme en calcul entre réels.
~a · ~x = b (1.27)
Il apparaı̂t assez rapidement que cette équation admet une infinité de solutions : il
suffit en effet que la projection algébrique de ~x sur l’axe orienté par ~a vaille en grandeur
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 18
a x=b
b>0 b<0
x
x
x0 a x0 a
|b|/||a|| |b|/||a||
Fig. 1.15 – Opération inverse du produit scalaire
et en signe b/ k~ak. Comme le montre la figure 1.15, l’extrémité des vecteurs solutions
décrit une droite perpendiculaire au vecteur ~a. Si on raisonne dans l’espace, l’extrémité
des vecteurs solutions décrit un plan perpendiculaire à ~a (obtenu par rotation de la droite
initiale autour de ~a).
Il existe une solution particulière ~x0 , parallèle au vecteur ~a, et donc de la forme k~a.
Ce vecteur doit vérifier
b
~x0 = ~a (1.29)
~a2
De l’égalité ~a · ~b = ~a · ~c, on ~
´ déduire que b = ~c, même si ~a 6= 0. En effet, cette
³ ne peut
égalité est équivalente à : ~a · ~b − ~c = 0, qui exprime que ~b − ~c est orthogonal à ~a, sans
être nécessairement nul.
Si (ax , ay , az ) sont les composantes d’un vecteur ~a dans la base cartésienne (~ux , ~uy , ~uz ),
et (bx , by , bz ) celles d’un vecteur ~b, le produit scalaire ~a · ~b peut être développé comme
suit :
Les vecteurs de la base étant unitaires et orthogonaux deux à deux, on peut écrire
Il vient ainsi
~a · ~b = ax bx + ay by + az bz (1.32)
En notation matricielle, le produit scalaire peut également êre développé comme suit
¡ ¢ b x n o
~a · ~b = ax bx + ay by + az bz = ax ay az · by = {~a}T · ~b
bz
¡ ¢ a x n o T
= bx by bz · ay = ~b · {~a} (1.33)
az
Corollaires
Corollaire 1. Dans une base cartésienne, on peut obtenir la composante d’un vecteur en
le multipliant scalairement par le vecteur de la base correspondant. On a en effet
~a · ~ux = ax · 1 + ay · 0 + az · 0 = ax (1.34)
1.8.1 Définition
Considérons un vecteur ~a, dont les composantes sont (ax , ay , az ) et (aX , aY , aZ ) par
rapport aux bases cartésiennes (~ux , ~uy , ~uz ) et (~uX , ~uY , ~uZ ) respectivement.
La variance vectorielle exprime la façon dont les trois composantes
(ax , ay , az ) se transforment en les trois composantes (aX , aY , aZ ) lorsqu’on change
de base.
Z z
a
uz
uZ
uY Y
ux
uy
x uX y
Dit autrement, le problème est de déterminer les composantes (aX , aY , aZ ) d’un vecteur
~a à partir de ses composantes (ax , ay , az ) et de l’orientation relative des deux bases.
1.8.2 Formulation
Comme nous l’avons déjà remarqué plus tôt, dans une base cartésienne, la composante
d’un vecteur s’obtient en le multipliant scalairement par le vecteur de la base correspon-
dant. En appliquant cette formule à la composante aX recherchée, on obtient
Les deux matrices [Rxyz,XY Z ] et [RXY Z,xyz ] réalisant des opérations inverses sont
évidemment inverses l’une de l’autre. On peut donc écrire
propriété bien connue des matrices orthogonales. Les matrices de passage [Ri,j ] d’une base
cartésienne j vers une base cartésienne i sont donc orthogonales.
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 22
1.8.4 Exemples
Soit une base xyz et une base XY Z obtenue par rotation de la base xyz d’un angle
θ autour de z. Les cosinus directeurs de la base xyz par rapport à la base XY Z sont
facilement identifiés
cos θ sin θ 0
{~ux }XY Z = − sin θ {~uy }XY Z = cos θ {~uz }XY Z = 0 (1.46)
0 0 1
z=Z
a
uZ=u z
uY Y
ux
uy θ
x θ uX y
et on en déduit
cos θ − sin θ 0
[Rxyz,XY Z ] = sin θ cos θ 0 (1.49)
0 0 1
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 23
On vérifie que
Les composantes d’un vecteur varient avec la base choisie, et en général, il en est de
même d’une fonction de ces composantes : f (ax , ay , az ) 6= f (aX , aY , aZ ). Mais il existe
des fonctions de ces composantes, leurs invariants, qui sont indépendantes du système de
référence, c’est-à-dire qui gardent la même valeur numérique quand on change de système
de référence.
Par exemple, les invariants que l’on peut former en fonction des composantes de deux
vecteurs ~a et ~b sont
La grandeur d’un vecteur et le produit scalaire de deux vecteurs sont en effet définis
indépendamment du système de référence. I1 , I2 et I3 sont les invariants fondamentaux
relatifs aux vecteurs ~a et ~b : tout autre invariant I sera de la forme f (I1 , I2 , I3 ).
De façon générale, une matrice de passage [Ri,j ] exprime le passage d’une base j vers
une base i
Les matrices de passage ont l’avantage de pouvoir être multipliées en cascade. On peut
en effet développer l’expression comme suit
on obtient
Par exemple, on peut exprimer l’orientation relative de deux bases xyz et XY Z par les
angles d’Euler. On passe de la base xyz vers la base XY Z par trois rotations successives
1. une rotation du triplet xyz autour de l’axe z d’un angle ψ, appelé la précession, qui
nous donne un nouveau triplet x0 y 0 z 0 , avec z=z 0 ;
2. une rotation du triplet x0 y 0 z 0 autour de x0 d’un angle θ appelé la nutation, qui donne
un nouveau triplet x00 y 00 z 00 avec x00 = x0 ;
3. enfin une rotation du triplet x00 y 00 z 00 autour de z 00 d’un angle φ appelé la rotation
propre, qui donne le triplet final XY Z avec x00 = X.
La matrice de passage de XY Z vers x0 y 0 z 0 peut ainsi être facilement obtenue en la
décomposant en chacune des rotations
[Rxyz,XY Z ] = [Rxyz,x0 y0 z0 ] · [Rx0 y0 z0 ,x00 y00 z00 ] · [Rx00 y00 z00 ,XY Z ]
cos ψ − sin ψ 0 1 0 0 cos φ − sin φ 0
= sin ψ cos ψ 0 · 0 cos θ − sin θ · sin φ cos φ 0(1.60)
0 0 1 0 sin θ cos θ 0 0 1
Comme on peut le deviner, l’utilisation des angles d’Euler (ou des formes semblables
comme les angles de Bryant) est fastidieuse. Il est beaucoup plus commode d’utiliser les
matrices de passage qui renferment également toute l’information concernant l’orientation
relative de deux bases cartésiennes. Leur construction est en effet plus intuitive et on peut
les construire par décomposition en rotations successives.
1.9.1 Définition
a Λb
b
a
a Λb
θ b
a
S=||a Λb||
Pour le sens, on peut aussi utiliser la régle de la main droite (figure 1.19). En plaçant
l’index selon ~a et le majeur selon ~b, le sens de ~a ∧ ~b est celui vers lequel pointe le pouce.
a Λb
1.9.2 Caractéristiques
Le produit vectoriel ~a ∧ ~b est nul si un des facteurs est nul, ou si ~a et ~b sont parallèles.
La dimension du produit vectoriel est le produit des dimensions des facteurs.
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 26
Ces propriétés permettent d’étendre les règles de calcul usuelles du signe de multipli-
cation entre nombres réels au signe ∧ de multiplication vectorielle, à condition de ne
pas intervertir l’ordre des facteurs.
Exemple :
³ ´ ³ ´
~a + ~b ∧ ~a − ~b = ~a ∧ ~a + ~b ∧ ~a − ~a ∧ ~b − ~b ∧ ~b
= ~b ∧ ~a + ~b ∧ ~a = 2~b ∧ ~a.
~x ∧ ~a = ~b (1.62)
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 27
Remarquons d’emblée que, par définition du produit vectoriel, le vecteur ~b est per-
pendiculaire à la fois à ~a et à ~x, si bien que l’équation n’a de sens que si ~a et ~b sont
perpendiculaires.
De même, le vecteur ~x ne peut se trouver que dans le plan perpendiculaire à ~b.
Raisonnons dans ce plan, en supposant que le vecteur ~a est horizontal et que le vecteur ~b
est rentrant (figure 1.20). Tant que ~x est dans ce plan, ~x ∧ ~a sera perpendiculaire au plan
et aura donc la bonne direction.
Pour que ~x ∧~a ait le bon sens (rentrant), il faut que ~x soit dirigé vers le haut. Il faut en
effet tourner dans le sens horlogique en allant de ~x vers ~a pour que leur produit vectoriel
soit rentrant (comme ~b).
Il ne reste plus qu’à trouver l’amplitude. Celle-ci doit vérifier :
° °
° °
k~xk · k~ak sin θ = °~b° (1.63)
ce qui conduit à
° °
°~ °
°b °
k~xk · sin θ = = cste (1.64)
k~ak
On constate qu’il suffit que la projection de ~x sur la perpendiculaire à ~a (c’est-à-dire
k~bk
k~xk sin θ) soit égale à k~ak .
La solution n’est donc pas unique. L’extrémité de l’ensemble des vecteurs solutions
décrit une droite parallèle à ~a.
x0
||b||/||a|| x
θ b
a
On constate qu’il existe une solution particulière ~x0 , perpendiculaire à ~a. Comme cette
solution est aussi perpendiculaire à ~b par définition, elle est de la forme :
~x0 = k~a ∧ ~b (1.65)
et, comme ~a et ~b sont perpendiculaires, leut produit scalaire est nul, ce qui donne
(k~a2 )~b = ~b (1.70)
soit
1 ~a ∧ ~b
(k~a2 ) = 1 → k= → ~x0 = (1.71)
~a2 ~a2
L’ensemble des solutions ~x, dont l’extrémité décrit une droite parallèle à ~a peut aussi
s’écrire sous forme paramétrique
~a ∧ ~b
~x = ~x0 + λ~a = + λ~a (1.72)
~a2
Une base cartésienne telle que définie précédemment, c’est-à-dire composée de vecteurs
unitaires et orthogonaux deux à deux, laisse encore un degré de liberté. On peut en effet
remplacer chacun des vecteurs de la base par son opposé. Inverser un des vecteurs de la
base n’a pas de conséquence sur les calculs vus précédemment (addition, multiplication
par un scalaire, produit scalaire) mais bien sur les relations du produit vectoriel. Pour
fixer le problème, on définit la notion d’orientation d’une base.
Remarquons d’abord que le produit vectoriel de deux vecteurs d’une base cartésienne
est égal au troisième vecteur ou à son opposé. Par exemple
• ~ux ∧ ~uy étant perpendiculaire à ~ux et à ~uy ne peut qu’être parallèle à ~uz ;
• la norme de ~ux ∧ ~uy est donnée par
k~ux ∧ ~uy k = k~ux k · k~uy k · sin(90o ) = 1 · 1 · 1 = 1 (1.73)
et donc dans toute base cartésienne
~ux ∧ ~uy = ±~uz (1.74)
Sans autre spécification, les bases que nous considérons sont cartésiennes et posi-
tivement orientées.
Si (ax , ay ,az ) et (bx , by ,bz ) sont les composantes des vecteurs ~a et ~b dans une base
cartésienne positivement orientée, on peut développer leur produit vectoriel comme suit
~a ∧ ~b = (ax ~ux + ay ~uy + az ~uz ) ∧ (bx ~ux + by ~uy + bz ~uz )
= ax bx ~ux ∧ ~ux + ax by ~ux ∧ ~uy + ax bz ~ux ∧ ~uz
+ay bx ~uy ∧ ~ux + ay by ~uy ∧ ~uy + ay bz ~uy ∧ ~uz
+az bx ~uz ∧ ~ux + az by ~uz ∧ ~uy + az bz ~uz ∧ ~uz
= ax bx 0 + ax by ~uz + ax bz (−~uy ) + ay bx (−~uz ) + ay by 0 + ay bz ~ux
+az bx ~uy + az by (−~ux ) + az bz 0
= ~ux (ay bz − az by ) + ~uy (az bx − ax bz ) + ~uz (ax by − ay bx ) . (1.75)
Cette expression peut s’écrire sous la forme, plus commode à retenir, d’un
déterminant :
¯ ¯
¯ ~ux ~uy ~uz ¯
¯ ¯
~a ∧ ~b = ¯¯ ax ay az ¯¯ (1.76)
¯ bx by bz ¯
qu’il est utile de développer par rapport à la première ligne, selon la règle des sous
déterminants (attention au changement de signe pour ~uy , venant du fait que la somme
des indices de la ligne et de la colonne est impair : 1+2=3)
¯ ¯ ¯ ¯ ¯ ¯
¯ ay az ¯ ¯ ax az ¯ ¯ ax ay ¯
~a ∧ ~b = u~x ¯¯ ¯ − u~y ¯ ¯ ¯ ¯
¯ bx bz ¯ + u~z ¯ bx by ¯ (1.77)
by bz ¯
1.10.1 Définition
Le produit mixte ~a · (~b ∧ ~c) est, comme la notation l’indique, le produit scalaire du
vecteur ~a et du vecteur ~b ∧ ~c.
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 30
Le produit mixte est nul si ~a est perpendiculaire à ~b∧~c, c’est-à-dire si les trois vecteurs
~a, ~b et ~c sont parallèles à un même plan.
Sa dimension est le produit des dimensions des trois vecteurs.
1.10.2 Interprétation
Le produit mixte ~a · (~b ∧~c) est la mesure (au signe près) du volume du parallélipipède
construit sur les trois vecteurs ~a, ~b et ~c.
bΛ c
a
h θ
c
S=||b Λc||
b
θ étant l’angle formé par les vecteurs ~a et ~b ∧ ~c, et S étant l’aire du parallélogramme
construit sur les vecteurs ~b et ~c.
Or, k~ak cos θ = h, projection de ~a sur la perpendiculaire au plan (~b,~c), correspond
³ ´ (au
signe près) à la hauteur h du parallélipipède construit sur ~a, ~b et ~c. Donc, ~a· ~b ∧ ~c = S·h
est (au signe près) le volume de ce parallélipipède.
³ ´
Le produit mixte sera positif si |θ| < π2 . On dit dans ce cas que le trièdre ~a, ~b,~c (pris
dans cet ordre) est positivement orienté. Il est négativement orienté dans le cas contraire.
Le produit mixte est aussi appelé volume algébrique compte tenu du fait qu’il peut
prendre des valeurs positives ou négatives.
C’est évidemment de cette notion que vient la définition de base cartésienne positive-
ment orientée : le volume algébrique ~ux · (~uy ∧ ~uz ) est alors positif.
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 31
1.10.3 Corollaire
En effet, le parallélipipède bâti sur les trois vecteurs ne change pas ; seule son orientation
peut changer.
Expression analytique
1.11 Applications
Définition
e’Μ =O’M
eΜ =OM
O’
O OO’
Fig. 1.22 – Coordonnée vectorielle d’un point par rapport à un pôle
quel que soit le pôle O : un vecteur géométrique est égal à la coordonnée vectorielle de
son extrémité, moins celle de son origine.
Si M est le milieu de AB,
~eA + ~eB
~eM =
2
Repère - coordonnées
−−→
Les composantes (xM , yM , zM ) de ~eM = OM par rapport à la base xyz, sont les
coordonnées de M par rapport au repère Oxyz et ont la dimension d’une longueur.
On parle aussi de repère de l’espace affine qui est donc défini d’une part par le pôle
O et d’autre part par la base utilisée pour exprimer les composantes de la coordonnée
vectorielle :
xM n−−→o
yM = OM = {~eM }xyz (1.84)
xyz
zM
M (xΜ ,yΜ ,z Μ)
eΜ
uz
ux uy
Ο
x y
Soit un vecteur ~a et un axe orienté caractérisé par un vecteur unitaire ~u porté par une
droite d. Le but de l’opération est de décomposer le vecteur ~a en deux composantes ~at
et ~an respectivement parallèle et perpendiculaire à l’axe et donc au vecteur ~u. La somme
des deux composantes conduit évidemment au vecteur d’origine
~a = ~at + ~an (1.85)
bn b
α a an
θ
u
d
bt at
Le vecteur ~at est aussi appelé projection vectorielle de ~a sur l’axe, at étant sa
projection algébrique. Celle-ci est positive si la projection vectorielle est du même sens
que l’axe, négative dans le cas contraire.
Si θ est l’angle entre ~a et ~u, on aurait aussi pu trouver par un raisonnement géométrique
at = k~ak cos θ (1.89)
ce qui correspond bien au produit scalaire trouvé précédemment puisque
at = ~a · ~u = k~ak k~uk cos θ = k~ak 1 cos θ = k~ak cos θ (1.90)
Cette relation conserve le bon signe, que θ soit aigu ou obtu.
La composante ~an est obtenue simplement par
~an = ~a − ~at = ~a − (~a · ~u) · ~u (1.91)
que l’on peut réécrire
~an = (~u · ~u) · ~a − (~a · ~u) · ~u (1.92)
ce qui donne, par identification avec la formule d’expulsion
~an = ~u ∧ (~a ∧ ~u) (1.93)
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 34
Rotation d’un vecteur autour d’un axe qui lui est perpendiculaire
Soit un point m, situé dans le plan xy, de coordonnée vectorielle ~e. Faisons tourner
ce vecteur d’un angle θ dans le sens positif autour de l’axe z et appelons E ~ le nouveau
~ désignera la coordonnée vectorielle du point M, image
vecteur ainsi obtenu. Le vecteur E
de m par la rotation.
Nous allons rechercher comment exprimer la coordonnée vectorielle E ~ (après la rota-
tion) à partir de la coordonnée vectorielle ~e (avant la rotation), de l’angle θ et du vecteur
unitaire ~uz matérialisant l’axe de rotation.
E
u’=uz^ u M’ m
θ
e
z O u
Fig. 1.25 – Rotation d’un vecteur autour d’un axe qui lui est perpendiculaire
Si ~u est un vecteur unitaire dans la direction de ~e, on obtient par un simple raisonne-
ment géométrique
−−→0 ° °~ °
°
OM = °E ° cos θ~u = k~ek cos θ~u (1.95)
° °
°~ °
puisque °E °=k~ek, la rotation conservant les longueurs.
On obtient ainsi
~ = k~ek cos θ~u + k~ek sin θ (~uz ∧ ~u)
E
µ ¶
~e ~e
= k~ek cos θ + k~ek sin θ ~uz ∧
k~ek k~ek
= ~e cos θ + (~uz ∧ ~e) sin θ (1.98)
La relation obtenue est générale et reste valable que θ soit aigu ou obtu. La seule
condition est que l’angle θ corresponde à une rotation positive autour de l’axe défini par
~uz selon la règle du tire-bouchon.
−−→ −−→
Une autre interprétation est de considérer que OM0 et M0 M correspondent respective-
ment aux composantes tangentielle et normale du vecteur E ~ par rapport à la direction de
~e. On obtient ainsi de la même façon
−−→0 ° °
OM = (E ~ · ~u) · ~u = (°
°E~°° k~uk cos θ)~u = k~ek cos θ~u (1.99)
−−→ ° °
M0 M = ~u ∧ (E ~ ∧ ~u) = ~u ∧ (− ° °E~°
° sin θ~uz ) = k~ek sin θ(~uz ∧ ~u) (1.100)
Comme c’est clairement le cas ici, l’image d’un vecteur par une application tensorielle ne
lui est pas nécessairement parallèle.
Dans un système de projection xyz, un tenseur se caractérise par une matrice 3x3.
Soit un point m de coordonnée vectorielle ~e. Faisons tourner ce vecteur d’un angle
θ dans le sens positif autour de l’axe d, passant par le pôle O et orienté par le vecteur
~ Ce dernier désignera ainsi la coordonnée
unitaire ~n, et appelons ce nouveau vecteur E.
vectorielle du point M, image de m par la rotation.
Nous allons rechercher une expression de la coordonnée vectorielle E ~ (après la rotation)
à partir de la coordonnée vectorielle ~e (avant la rotation), de l’angle θ et du vecteur unitaire
~n définissant l’axe de rotation.
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 36
θ
e θ d
M’
n M
n
O E
−−→ −−→
Comme OM0 et M0 m représentent les composantes tangentielle et normale de ~e par
rapport à l’axe de rotation, on peut les déterminer par
−−→0 −−0→
OM = (~e · ~n) · ~n M m = ~n ∧ (~e ∧ ~n) (1.106)
~
et ainsi en tirer l’expression de E
~ = (~e · ~n) · ~n + ~n ∧ (~e ∧ ~n) cos θ + ~n ∧ (~n ∧ (~e ∧ ~n)) sin θ
E (1.107)
~n ∧ (~n ∧ (~e ∧ ~n)) = (~n · (~e ∧ ~n)) · ~n − (~n · ~n) · (~e ∧ ~n)
= 0 · ~n − (1) · (~e ∧ ~n) = ~n ∧ ~e (1.108)
~
On trouve alors une expression simplifiée du vecteur E
~ = (~e · ~n) · ~n + ~n ∧ (~e ∧ ~n) cos θ + (~n ∧ ~e) sin θ
E (1.109)
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 37
EXERCICES
Exercice 1.1
Résolution
³ ´2 ³ ´ ³ ´
~a ∧ ~b = ~a ∧ ~b · ~a ∧ ~b
³ ³ ´´
= ~a · ~b ∧ ~a ∧ ~b car produit mixte cyclique
³³ ´ ³ ´ ´
expulsion
= ~a · ~b · ~b ~a − ~b · ~a ~b
³ ´³ ´
2~ 2 ~ ~
= ~a b − ~a · b ~a · b
° °2 ³ ´2
2 °~ ° ~
= k~ak °b° − ~a · b
Exercice 1.2
Exercice 1.3
Exercice 1.4
Résolution
³ ´ h³ ´ i
~a ∧ ~b · ~b ∧ ~c ∧ (~c ∧ ~a)
³ ´ h³ ´ i h³ ´ i
expulsion
= ~a ∧ ~b · ~b ∧ ~c · ~a .~c − ~b ∧ ~c · ~c .~a
| {z }
=0
³ ´ h³ ´ i
= ~ ~
~a ∧ b · b ∧ ~c · ~a .~c
h³ ´ i h ³ ´i
= ~a ∧ ~b · ~c . ~a · ~b ∧ ~c
h ³ ´i h ³ ´i
= ~a · ~b ∧ ~c . ~a · ~b ∧ ~c cqfd
Exercice 1.5
Simplifier
³ ´ h³ ´ i
~a + ~b · ~b + ~c ∧ (~c + ~a)
³ ´ h³ ´ i
~ ~
~a − b · b − ~c ∧ (~c − ~a)
Réponse
³ ´ h³ ´ i ³ ´
~a + ~b · ~b + ~c ∧ (~c + ~a) = 2~a · ~b ∧ ~c
³ ´ h³ ´ i
~ ~
~a − b · b − ~c ∧ (~c − ~a) = 0
Exercice 1.6
Soit 3 vecteurs ~a, ~b et ~c ayant les composantes suivantes dans une base orthonormée
xyz
n o
{~a} = (1; −2; −3) ~b = (2; 1; −1) {~c} = (1; 3; −2)
3. ~a · (~b ∧ ~c)
4. (~a ∧ ~b) · ~c
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 40
Exercice 1.7
Réponse
1.
√
3
√
3
0.5
√ 2
0 0.5
√
− 2
0
[RXY Z,xyz ] = − 23 0.5 0 [Rxyz,XY Z ] = 23 0.5 0
0 0 1 0 0 1
2.
√
0.5
√
− 3
{~a}xyz = 3
+1
2
1
Exercice 1.8
Résolution
~ µ ¶
K (0; 1; 2) 1 2
{~u} = = √ = 0; √ ; √
~
|K| 1+4 5 5
n o ³ ´
~t
H = H~ · ~u .~u
µ ¶ µ ¶
1 2 1 2
= 0 + 2. √ + 3. √ . 0; √ ; √
5 5 5 5
µ ¶ µ ¶
8 1 2 8 16
= √ . 0; √ ; √ = 0; ;
5 5 5 5 5
n o
~n
H = ~ −H
H ~t
µ ¶
8 16
= (1; 2; 3) − 0; ;
5 5
µ ¶
10 − 8 15 − 16
= 1; ;
5 5
µ ¶
2 −1
= 1; ;
5 5
³ ´
~ t = ~un ∧ H
ou H ~ ∧ ~un
~n=H
et H ~ −H~t
Exercice 1.9
−2 1
1. {~u} = ( √ ; 0; √ )
5 5
−6
2. √
5
−→\ −→
3. (AB, AC) = 2, 137 rad
Exercice 1.10
Soit un point A dont la coordonnée vectorielle par rapport au pôle O a pour com-
~ de
posantes (2 ;1 ;2). Déterminer la composante algébrique tangentielle Ht du vecteur H,
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 42
composantes (1 ;2 ;0), par rapport à l’axe orienté selon OA, ainsi que ses composantes
vectorielles normale et tangentielle
Réponse
4 n o n o
Ht = ~ t = (8; 4; 8)
H ~ n = ( 1 ; 14 ; −8 )
H
3 9 9 9 9 9 9
Exercice 1.11
Exercice 1.12
~ ~a, ~b et ~c ont les composantes suivantes dans une base cartésienne
Les vecteurs H,
n o n o
H = (1; 2; 3) {~a} = (1; 1; 0) ~b = (0; 1; 1) {~c} = (1; 1; 1)
~
Réponse
1. Leur produit mixte étant différent de zéro, ils ne sont pas coplanaires et peuvent
donc former une base.n o
~ = −~a + ~b + 2~c ou H
2. H ~ =(-1 ;1 ;2).
~a~
b~c
Exercice 1.13
~ sachant que
On demande d’identifier les composantes (Hx , Hy , Hz ) du vecteur H,
~ · ~a = 1 avec {~a} = (0 ;1 ;-1)
1. H
n o
~ · ~b = 1 avec ~b = (-1 ;1 ;0)
2. H
~ · ~c = 0 avec {~c} = (1 ;-1 ;1)
3. H
Résolution.
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 43
~ · ~a = Hy − Hz = 1
1. H
~ · ~b = −Hx + Hy = 1
2. H
3. ~ · ~c = Hx − Hy + Hz = 0
H
1.+ 3. Hx = 1
2. Hy = 1 + H x = 2
1. Hz = Hy − 1 = 2 − 1 = 1
n o
→ ~ = (1; 2; 1)
H
Exercice 1.14
Soient 4 points ABCD situés dans le plan Oxy d’un repère cartésien Oxyz. La position
de ces points est définie par les éléments suivants :
\ −→ \ −→ \ −→
AB=3 cm ; BC=4 cm ; CD=2 cm ; (~ux , AB) = 60o ; (~ux , BC) = −30o ; (~ux , CD) = −135o
n−→o √ √ √ √
AD = (1.5 + 2 3 − 2; 1.5 3 − 2 − 2; 0)
°−→° q √ √ √ √
° °
°AD° = (1.5 + 2 3 − 2)2 + (1.5 3 − 2 − 2; 0)2
Exercice 1.15
~
n ~coorthogonaux aux vecteurs ~a et b dont
Déterminer l’expression générale des vecteurs
les composantes valent : {~a} = (1; −2; 3) et ~b = (1; 1; −2). Parmi ces vecteurs ~c,
déterminer les vecteurs unitaires.
Réponse
Exercice 1.16
~ sachant que
On demande d’identifier les composantes (Hx , Hy , Hz ) du vecteur H,
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 44
Réponse
Physiquement H ~ se trouve sur l’intersection de deux cônes, un d’axe ~a et d’angle
d’ouverture 30◦ , l’autre d’axe ~b et d’angle d’ouverture 60◦ . Selon les cas, il peut donc y
avoir deux solutions, une solution (cônes tangents) ou aucune solution. En l’occurrence,
il y a deux solutions possibles
• première solution : Hx = 1,717, Hy = 0,732, Hz = -0,717
• deuxième solution : Hx = 0,732, Hy = 1,717, Hz = -0,717
Exercice 1.17
Exercice 1.18
Soit deux points A et B de coordonnées vectorielles ~eA et ~eB par rapport au pôle O,
respectivement de composantes (5 ;0 ;0) et (0 ;0 ;1). Par une rotation d’un angle θ autour
d’un axe orienté par un vecteur ~n passant par O, les points A et B viennent se placer en
A0 et B0 dont les coordonnées vectorielles par rapport à O ont les composantes suivantes
9 12 4 3
{~eA0 } = ( ; ; −4) {~eC 0 } = ( ; − ; 0)
5 5 5 5
Un joint de Cardan se compose de deux arbres munis chacun d’une fourche. Les
deux fourches sont reliées entre elles grâce à un croisillon. Le joint de Cardan permet
de transmettre un mouvement de rotation entre deux axes qui ne sont pas parallèles et
dont l’angle relatif peut évoluer au cours du temps. Les joints de Cardan sont utilisés par
exemple pour la transmission de la puissance de traction des véhicules automobiles, entre
d’une part le bloc moteur et d’autre part la roue, les deux étant en mouvement relatif à
cause de la suspension. L’angle maximal de renvoi est, en pratique, de 25o pour un joint
de Cardan simple et de 45o pour un joint homocinétique.
tan α1
tan α2 =
cos θ
CHAPITRE 1. CALCUL VECTORIEL 46
e2
n1 O
α1 θ
n2
α2
e1
Objectifs de ce chapitre
• Définir la notion de fonction vectorielle
• Introduire les principales règles de calcul de l’analyse vectorielle
• Etudier les propriétés géométriques d’une courbe décrite sous forme d’une fonction
vectorielle : trièdre de Frénet, rayon de courbure, cercle osculateur
• Introduire la cinématique du point : trajectoire, vitesse et accélération d’un mobile
dont le mouvement est défini en fonction du temps
• Etablir le lien entre les grandeurs cinématiques (position, vitesse et accélération) et
les propriétés géométriques de la trajectoire
• Appliquer les notions sur les exemples fondamentaux pour la cinématique du solide :
mouvement rectiligne, mouvement circulaire et mouvement hélicoı̈dal
Considérons une variable réelle u sur un intervalle [a, b]. Si à chaque valeur de u, nous
faisons correspondre un vecteur ~f (u), nous définissons une fonction vectorielle ~f (u) de
la variable réelle u. Si fx (u), fy (u) et fz (u) sont les composantes de ~f (u) par rapport à
47
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 48
2.1.2 Continuité
° °
° °
La fonction vectorielle ~f (u) est continue en u0 si, ∀², ∃η tel que °∆~f ° < ² dès que
|∆u| < η. Dans ce cas, on peut écrire :
Si les trois fonctions fx (u), fy (u) et fz (u) sont continues en u0 , ~f (u) est continue en
u0 , et réciproquement.
2.1.3 Dérivées
~ ~ ~
~f 0 (u) = df = lim f (u + ∆u) − f (u) (2.4)
du ∆u→0 ∆u
Si la base s(Oxyz) est fixe (c’est-à-dire si les vecteurs de base ~ux , ~uy et ~uz ne dépendent
pas du paramètre u), alors
~
~f 0 (u) = df = f 0 (u)~ux + f 0 (u)~uy + f 0 (u)~uz (2.5)
x y z
du
Si les trois fonctions fx (u), fy (u) et fz (u) sont dérivables, alors ~f (u) est dérivable, et
réciproquement.
dn~f ~ (n)
On définit de même les dérivées successives = f (u) et,
dun
2.1.4 Intégrales
Considérons l’intervalle [u0 , u00 ] ⊂ [a, b], ainsi qu’un partage P (u1 , · · · , un+1 ) de cet
intervalle, avec u1 = u0 et un+1 = u00 . Si ∆ui = ui+1 − ui et si vi est un point arbitraire
de [ui , ui+1 ], on désigne par intégrale vectorielle de ~f (u) de u0 à u00 , la limite de la somme
suivante, si elle existe, lorsque la norme du partage tend vers zéro :
Z u00 X
~f (u)du = lim ~f (vi )∆ui (2.8)
u0 ∆ui →0
R ~
~
La primitive F(u) = ~f (u)du est telle que dF(u) = ~f (u) ; elle est de la forme :
du
Z u
~
F(u) = ~f (u)du + C
~ (2.10)
u0
~ un vecteur constant.
où u0 est un point de [a, b] et C
Remarque importante : comme on l’étudiera en Cinématique, les concepts de fonc-
tions vectorielles, de dérivées vectorielles et d’intégrales vectorielles sont relatifs à un
système de référence bien déterminé. Si S(OXY Z) est une base mobile (variant avec la
variable u), la dérivée [~f 0 (u)]S de ~f (u) par rapport à la base S sera en général différente
de la dérivée [~f 0 (u)]s de la fonction ~f (u) par rapport à la base fixe s. Dans la suite de ce
chapitre, on se dispensera d’écrire l’indice s, étant donné qu’il n’y aura pas de confusion
possible.
γ u"
M (u) b
u"
a
e=f(u)
O
Fig. 2.1 – Indicatrice d’une fonction vectorielle
Soient ~f1 et ~f2 des fonctions vectorielles de u, φ une fonction réelle de u et λ1 et λ2 des
constantes réelles, on peut démontrer, par des procédés analogues à ceux utilisés pour les
fonctions réelles, les formules suivantes :
(λ1~f1 + λ2~f2 )0 = λ1~f10 + λ2~f20 (2.11)
(~f1 · ~f2 )0 = ~f10 · ~f2 + ~f1 · ~f20 (2.12)
(~f1 ∧ ~f2 )0 = ~f 0 ∧ ~f2 + ~f1 ∧ ~f 0
1 2 (2.13)
(φ~f )0 = φ f + φ~f 0
0~
(2.14)
~ et D
De même, si λ est une constante réelle et C ~ des vecteurs constants, on a :
~f 0 = λ~f 0 ↔ ~f1 = λ~f2 + C~ (2.15)
1 2
~f 0 = Cφ
~ 0 ↔ ~f = Cφ ~ +D ~ (2.16)
~ · ~f 0 = φ0 ↔ C
C ~ · ~f = φ + λ (2.17)
~ ∧ ~f 0 = ~f 0 ↔ C
C ~ ∧ ~f1 = ~f2 + D~ (2.18)
1 2
Toutes ces formules sont faciles à retenir puisque tout-à-fait analogues à celles ren-
contrées en analyse si on admet que le produit scalaire et le produit vectoriel s’apparentent
à la multiplication.
2.2.1 Définition
Il est toujours possible d’associer à tout point M d’une courbe γ de l’espace la valeur
u d’un paramètre en rapport avec la position du point, soit la distance parcourue par
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 51
~e = ~f (u) (2.19)
ou x = fx (u), y = fy (u), z = fz (u) (2.20)
par projection sur une base Oxyz. u est appelé coordonnée curviligne de M sur γ.
~
Si l’on fait le changement de variable u = φ(w), les nouvelles fonctions ~e = F(w) =
~f (φ(w)), soit x = Fx (w), y = Fy (w), z = Fz (w) représentent la même courbe.
P M(u) M’(u+du)
γ ∆e s
e
e+ ∆e
O
Fig. 2.2 – Abscisse curviligne d’une courbe
_
Entre M et M0 , la variation ∆s d’abscisse curviligne correspond à l’arc MM0 , c’est-à-
dire la distance parcourue entre M et M0
_
∆s = MM0 (2.22)
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 52
_ °−−→°
° °
Or, lorsque M0 tend vers M, la longueur de l’arc MM0 tend vers celle de la corde °MM0 °
et on a
_ °−−→°
0 ° °
lim MM = lim °MM0 ° → lim ∆s = lim k∆~ek → ds = kd~ek (2.23)
M →M
0 M →M
0 M →M
0 M →M
0
ce qui nous permet d’établir le lien entre s et la coordonnée vectorielle ~e décrite par la
fonction vectorielle ~f .
En développant par rapport aux composantes de la fonction vectorielle ~f , on obtient
l’élément d’arc ds sous la forme
p
ds = kd~ek = dx2 + dy 2 + dz 2
° °
° d~f ° q
° °
= ° ° du = fx0 2 + fy0 2 + fz0 2 du (2.24)
° du °
~e = ~e(s) (2.26)
ou x = x(s), y = y(s), z = z(s) (2.27)
d~e
Le vecteur est sans dimension et caractérisé par une direction, un sens et une
ds
grandeur, que l’on peut déterminer comme suit
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 53
ut
P
M(s) M’(s+∆ s)
γ ∆e
s
e(s)
e(s+ ∆ s)
O
Fig. 2.3 – Vecteur tangent
• la direction sera la direction limite de la corde MM0 lorsque M0 tend vers M, donc
celle de la tangente à γ en M ;
−−→
• le sens sera celui de γ : si ∆s > 0, MM0 est orienté dans le même sens que γ ; si
−−→0
−−→0 MM
∆s < 0, MM est orienté en sens contraire à γ ; et dans les 2 cas, a le sens de
∆s
γ; ° °
° ~ 0°
° MM °
• la grandeur sera égale à 1 puisque lim = 1.
M0 →M |∆s|
On écrit ainsi
d~e
= ~ut (2.29)
ds
où ~ut est le vecteur unitaire tangent à la courbe d’équation paramétrique normale
~e = ~e(s), et il est orienté comme elle dans le sens des arcs croissants.
Si ~e = ~f (u) est l’équation de γ en fonction du paramètre u, il vient
d~f d~f
d~e du
~ut = = = °du ° (2.30)
ds ds ° d~f °
du ± ° du °
~u2t = 1 (2.31)
d 2 d~ut d1
(~ut ) = 2~ut · = =0 (2.32)
ds ds ds
d2~e d~ut
de sorte que 2
= est un vecteur perpendiculaire à ~ut en M, donc situé dans le
ds ds
plan normal πn à γ en M. On appelle normale principale la normale à γ en M, qui a la
d2~e
direction de 2 . On oriente cette normale principale par le vecteur unitaire normal
ds
(principal) ~un , défini comme suit :
d2~e
2
~un = ° dds2~e ° (2.33)
° 2°
ds
γ
P M(s)
un ut
ub M’(s+∆ s)
πn
α
ut (s+∆ s)
s
Fig. 2.4 – Vecteur normal principal
d2~e d~ut
Intéressons-nous maintenant à la grandeur de 2 = , que l’on peut réécrire
ds ds
d2~e d ~ut (M0 ) − ~ut (M)
= (~
u t ) = lim . (2.34)
ds2 ds M0 →M ∆s
Le vecteur ~ut peut lui-même être considéré comme une fonction vectorielle de s :
~ut (s). Construisons l’indicatrice γ 0 de ~ut à partir d’un pôle auxiliaire O0 en portant, à une
−−→
certaine échelle, O0 m = ~ut (s) (figure 2.5). L’indicatrice γ 0 sera sur la sphère de centre O0
et de rayon unitaire. On a donc :
−− → −−→
d2~e O 0 m0 − O 0 m
= lim (2.35)
ds2 M0 →M ∆s
−−→0
mm
= lim ; (2.36)
M →M ∆s
0
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 55
d2~e
2
est un vecteur tangent à γ 0 en m et sa grandeur vaut :
ds
°−−→°
° 2 ° ° °
° d ~e ° °mm0 °
° °
° ds2 ° = Mlim
0 →M ∆s
. (2.37)
γ’
O’ ut(s)
∆α m(s)
ut(s+∆ s) ∆ ut
dut
m’(s+∆ s) ds
\
Soit ∆α l’angle mO 0 0
m , c’est-à-dire l’angle des tangentes en M0 et M. Puisque m et
m0 sont situés 0 0
°−−→°sur une sphère de rayon unitaire, le triangle O mm est isocèle, et on peut
° °
calculer °mm0 ° par
°−−→° |∆α|
° °
°mm0 ° = 2 · 1 · sin (2.38)
2
ce qui conduit à
° 2 ° ¯ ¯
° d ~e ° ¯ sin ∆α ¯ ¯¯ dα ¯¯
° ° ¯ 2 ¯
° ds2 ° = lim 2 ¯ ¯ = ¯¯ ¯¯ (2.39)
M0 →M ¯ ∆s ¯ ds
dα
où dα est l’élément d’angle dont tourne la tangente à γ. La fonction a pour dimension
ds
l’inverse d’une longueur.
On définit la courbure de γ en M par la grandeur
¯ ¯ ° 2 °
1 ¯¯ dα ¯¯ ° d ~e °
=¯ ¯=° ° ds2 °
° (2.40)
ρ ds
dans laquelle ρ est un nombre positif, et dont la dimension est celle d’une longueur. On
l’appelle le rayon de courbure de γ en M. Physiquement, ρ1 est la ”vitesse” avec laquelle
tourne la tangente lorsqu’on se déplace sur la courbe.
Finalement, on obtient :
d2~e
2 d~ut
~un = ° dds2~e ° =ρ (2.41)
° 2° ds
ds
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 56
que l’on peut remanier pour obtenir ce qu’on appelle la première formule de Frenet
d~ut ~un
= (2.42)
ds ρ
Cercle osculateur
~un ∆s2
∆~e = ~ut ∆s + + O(3) (2.45)
ρ 2
M ut
M" M’
un
∆α
ρ
C
Fig. 2.6 – Trajectoire sur le cercle osculateur
~un est défini radialement et dirigé vers le centre du cercle (figure 2.6). Si on développe la
variation de position, on obtient
−−→ −−→ −−→ −−−→
∆~e = MM0 = MC + CM00 + M00 M0
= ρ~un − ρ~un cos(∆α) + ρ~ut sin(∆α) = ρ~un (1 − cos(∆α)) + ρ~ut sin(∆α)(2.46)
∆α2
cos ∆α = 1 − + O(4) sin ∆α = ∆α + O(3) (2.47)
2
on aboutit à l’expression
∆α2
∆~e = ρ~un + ρ~ut ∆α + O(3) (2.48)
2
Or, sur le cercle, on a évidemment ∆s=ρ∆α et on peut donc réécrire la relation précédente
comme suit
∆s2
∆~e = ~un + ~ut ∆s + O(3) (2.49)
2ρ
soit une forme parfaitement équivalente à celle obtenue par le développement de Taylor
de la fonction vectorielle.
γ
M(s)
un ut
C
ρ
Cercle osculateur
Autour d’un point M donné, la courbe suit donc le cercle osculteur et ce, jusqu’à
l’ordre 2. Dit autrement, dans un voisinage de M, le cercle osculateur se confond avec la
courbe γ. Ceci montre que le centre de courbure est toujours situé du côté de la
concavité de la courbe. Il faut toutefois bien garder en tête que cette propriété n’est
valable qu’autour d’un point donné et qu’à chaque point est associé un cercle osculateur
différent.
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 58
Trièdre de Frenet
La Cinématique est l’étude des mouvements sans se préoccuper des causes qui les ont
produits. Le temps t devient le paramètre naturel à partir duquel le mouvement va être
décrit. Ainsi, nous allons étudier le mouvement d’un mobile M par rapport à un repère
Oxyz par l’intermédiaire de la fonction vectorielle ~f qui en décrit la coordonnée vectorielle
par rapport au pôle O
−−→
~e = OM = ~f (t) (2.51)
La fonction ~f a pour composantes les fonctions fx (t), fy (t) et fz (t) dans le repère Oxyz
choisi
x fx (t)
{~e} = y = fy (t) (2.52)
z fz (t)
dfy dfz
vy = ,vz =
dt dt
dfx
dt
d~e d~f
v x
dfy
~v = = {~v} = vy = (2.53)
dt dt dt
vz
df
z
dt
en adoptant le signe positif si le mouvement est produit dans le sens positif choisi sur la
trajectoire, et le signe négatif dans le cas contraire.
Une fois le vecteur ~ut déterminé, on peut déduire facilement la vitesse algébrique en
multipliant scalairement la vitesse par le vecteur unitaire tangentiel
vt = ~v · ~ut (2.56)
L’arc parcouru est égal à l’intégrale de la vitesse algébrique vt par rapport au temps :
Z t
s − s0 = vt (t)dt, si s(t0 ) = s0 (2.57)
t0
Si la loi ~v(t) de la vitesse est connue, ainsi que la position initiale, on peut en déduire
la loi du mouvement :
Z t
~e = ~e0 + ~v(t)dt (2.59)
t0
~e0 = ~e(t0 ) étant la position initiale du point (position en t0 choisi comme instant initial).
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 60
d~v d2~f
~a = = 2 (2.60)
dt dt
d 2 fx d 2 fy d 2 fz
de composantes ax = , a y = et a z =
dt2 dt2 dt2
2
d fx
2
dt
x 2
a
d fy
{~a} = ay = (2.61)
dt2
az
2
d f z
dt2
D’autre part,
d~v d dvt d~ut
~a = = (vt ~ut ) = ~ut + vt (2.62)
dt dt dt dt
dvt d~ut ds
= ~ut + vt (2.63)
dt ds dt
2
µ ¶2
dvt vt d2 s ds ~un
soit ~a = ~ut + ~un = 2 ~ut + (2.64)
dt ρ dt dt ρ
C’est la formule de Huygens.
On en déduit que l’accélération est toujours située dans le plan osculateur au point
considéré. Elle ne possède pas de composante suivant la binormale.
En projetant sur le trièdre de Frenet, on obtient :
avec
d2 s
• at = 2 l’accélération algébrique tangentielle ; elle ne dépend pas de la forme
dt
de la courbe autour du point, mais uniquement de la loi des arcs parcourus sur cette
courbe ; µ ¶2
vt2 1 ds
• an = = l’accélération algébrique normale ; elle dépend de la vitesse
ρ ρ dt
et de la courbure ; elle est toujours positive.
On peut aussi écrire la relation
γ
M
un
ut at
an
a
C
si vt0 = vt (t0 ) est la vitesse initiale, et ensuite la loi des espaces parcourus :
Z t µZ t ¶
s(t) = s0 + vt0 (t − t0 ) + at dt dt (2.71)
t0 t0
Si la loi ~a(t) de l’accélération est connue, ainsi que la vitesse initiale ~v0 = ~v(t0 ) et
la position initiale ~e0 = ~e(t0 ), on peut calculer la loi de la vitesse et ensuite celle du
mouvement :
Z t
~v(t) = ~v0 + ~a dt (2.72)
t0
Z t µZ t ¶
~e(t) = ~e0 + ~v0 (t − t0 ) + ~a dt dt (2.73)
t0 t0
d~e d~v
~v = ~a = (2.74)
dt dt
~an ~v2
~un = ρ= (2.78)
k~an k k~an k
vt = ~v · ~ut (2.80)
Définition
Un mouvement est dit rectiligne si, à tout instant, le mobile M considéré se trouve sur
une même droite d. Soit P un point de la droite et C ~ un vecteur constant parallèle à la
droite, la loi du mouvement pourra s’écrire sous la forme générale
~ (t)
~e(t) = ~eP + Cf (2.81)
où ~eP est la coordonnée vectorielle du point P et f (t) une fonction du temps, sans dimen-
sion.
d
M
s ut
C
P
e
eP
O
Fig. 2.9 – Mouvement rectiligne
Analyse intuitive
Analyse vectorielle
d~e df ~ ~ d~v d2 f ~ ~
~v = = C = f 0C ~a = = 2C = f 00 C (2.82)
dt dt dt dt
~ est constant.
puisque le vecteur C
Le vecteur ~ut s’obtient à partir de la vitesse
~v f 0C ~ ~
C
~ut = = ° ° = ±° ° (2.83)
k~vk °~ ° °~ °
|f 0 | °C ° ° C°
Si on prend le point P pour origine des abscisses curvilignes, on peut calculer l’abscisse
curviligne comme suit
Z t Z t° ° ° ° ° °
°~ ° 0 °~ ° °~ °
s= vt dt = °C° f (t)dt = °C° (f (t) − f (t0 )) = °C ° f (t) (2.88)
t0 t0
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 65
Cas particuliers
Le mouvement sera uniforme si f (t) est une fonction linéaire du temps : f (t) =
λ(t − t0 ). Dans ce cas, ~v(t) = Cλ ~ et ~a(t) = 0 : la vitesse est un vecteur constant et
l’accélération est nulle à tout instant.
Réciproquement, un mouvement à accélération nulle ne peut être qu’un mouvement
−−→
rectiligne et uniforme. En effet, si ~a = 0, ~v = ~v0 = cste et ~e = ~e0 + ~v0 (t − t0 ), ce qui
prouve que le mouvement est bien rectiligne et uniforme.
Le mouvement est uniformément accéléré si at = cste ; dans ce cas, vt = at (t −
t0 ) + vt0 et s = vt0 (t − t0 ) + 21 at (t − t0 )2 .
Définition
Etude analytique
A titre d’illustration pour les exercices en fin de chapitre, nous allons étudier le mouve-
ment circulaire à partir des composantes du point M. Supposons pour cela que le cercle se
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 66
ut
M
un
s
OM=e
R
α axe de
P
O référence
situe dans le plan Oxy et que l’axe x soit l’axe de référence (figure 2.11). Les coordonnées
x, y et z du point M valent tout naturellement
x R cos α
{~e} = y = R sin α (2.92)
z 0
y
ut
M
un
s
OM=e
z α P
x
O
½ ¾ −R sin α dα −R sin α ω
d~e dt
{~v} = = R cos α dα
dt
= R cos α ω (2.93)
dt
0 0
½ ¾ −R sin α dω − R cos α dα
ω −R sin α dω
− R cos α ω 2
d~v dt dt dt
{~a} = = R cos α dω
dt
− R sin α dα
dt
ω = R cos α dω
dt
− R sin α ω 2
(2.94)
dt
0 0
Le signe de ~ut est choisi arbitrairement. Pour qu’il corresponde au sens des α croissants,
on retiendra le signe positif, soit
− sin α
{~ut } = cos α (2.96)
0
On vérifie que le vecteur ~ut est tangent au cercle, puisque perpendiculaire à ~e (~e ·~ut =0).
Pour trouver ~un , il faut décomposer l’accélération en ses composantes tangentielle et
normale. L’accélération algébrique tangentielle at est donnée par
at = ~a · ~ut = {~a}T · {~ut }
¡ ¢ − sin α
= −R sin α dω dt
− R cos α ω 2
R cos α dω
dt
− R sin α ω 2
0 · cos α
0
dω dω dω
= R sin2 α + R cos α sin α ω 2 + R cos2 α − R sin α cos α ω 2 = R (2.97)
dt dt dt
de laquelle on déduit l’accélération vectorielle tangentielle ~at
~at = at ~ut
− sin α −R sin α dω
dt
dω
{~at } = at {~ut } = R· cos α = +R cos α dω
dt
(2.98)
dt
0 0
et finalement l’accélération vectorielle normale ~an
~an = ~a − ~at
−R cos α ω 2
{~an } = −R sin α ω 2 (2.99)
0
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 68
On constate que le vecteur ~un est radial et opposé à ~e. Il pointe bien vers le centre du
cercle.
_
Pour calculer l’abscisse curviligne s, soit l’arc PM mesuré à partir de α = 0,
déterminons la vitesse algébrique tangentielle vt
¡ ¢ −sinα
vt = ~v · ~ut = {~v}T · {~ut } = −ωR sin α ωR cos α 0 · cos α
0
= ωR sin2 α + ωR cos2 α = ωR (2.101)
Etude générale
Il est possible d’aborder le problème de façon beaucoup plus concise en exploitant les
notions vues précédemment et les possibilités du calcul vectoriel.
Supposons que le mouvement se passe dans un plan de référence quelconque, perpen-
diculaire à un vecteur unitaire ~n. La coordonnée vectorielle ~e du mobile M tourne dans
un plan perpendiculaire à ~n, d’un angle α, mesuré à partir d’un vecteur de référence ~e0 ,
correspondant à la coordonnée vectorielle du mobile quand α = 0 (figure 2.12).
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 69
ut
M
OM=e
un
s
O α
n
e0
Il est clair que l’abscisse curviligne s, si elle est comptée à partir du point où α=0, et
sa dérivée par rapport au temps vt sont données par
ds dα
s = Rα vt = =R = Rω (2.105)
dt dt
On vérifie par exemple que le centre du cercle osculateur est bien le centre O du cercle
du mouvement
−~e
~eC = ~e + ρ~un = ~e + R =0 (2.110)
R
En utilisant l’expression du vecteur ~ut , la vitesse peut être remise sous une autre forme
vectorielle qui nous sera utile dans la suite
µ ¶
~e
~v = ωR ~n ∧ = ω~n ∧ ~e = ω
~ ∧ ~e (2.111)
R
Dans cette dernière relation, on a défini le vecteur ω~ , appelé vecteur vitesse angulaire
ou vecteur rotation ω ~ . Ce vecteur a les caractéristiques suivantes :
• sa direction est perpendiculaire au plan du mouvement ; elle correspond en quelque
sorte à l’axe autour duquel tourne le mobile ;
• son sens est celui qui est positivement associé au sens du mouvement de M dans le
plan (règle du tire-bouchon)
¯ ¯;
¯ dα ¯
• sa grandeur vaut |ω| = ¯¯ ¯¯.
dt
Dans l’étude de la cinématique des solides, on retrouvera naturellement un tel vecteur
qui sera associé à la rotation du solide.
Par dérivation de la vitesse, on obtient la forme vectorielle de l’accélération ~a
d~v d~ω d~ω
~a = = ∧ ~e + ω
~ ∧ ~v = ∧ ~e + ω
~ ∧ (~ω ∧ ~e) (2.112)
dt dt dt
d~ω dω
où = ~n est le le vecteur accélération angulaire.
dt dt
Si on applique la formule d’expulsion sur le dernier membre, on obtient la formule
équivalente
d~ω
~a = ∧ ~e − ω 2~e (2.113)
dt
Les formules sous forme vectorielle sont bien plus générales que celles obtenues
précédemment. Elles sont en effet applicables
• quel que soit ~e, c’est-à-dire quel que soient le rayon et l’angle α ;
• quel que soit le plan envisagé.
Par exemple, la formule est applicable à tout point d’un disque tournant d’un angle
α autour d’un axe qui lui est perpendiculaire. Pour deux points A et B de ce disque, on
pourra toujours écrire
~vA = ω
~ ∧ ~eA ~vB = ω
~ ∧ ~eB (2.114)
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 71
vA
A
ω
eA
β
β vB
n Oe
B
B
Le vecteur ω~ étant commun puisque tous les points du disque tournent à la même vitesse
angulaire. Comme la grandeur de la vitesse est aussi proportionnelle à celle de ~e, les
triangles rectangles bâtis sur la coordonnée vectorielle ~e et la vitesse ~v de différents points
du disque sont tous homologues proportionnels (semblables).
Remarque
L’expression donnant la vitesse peut être obtenue par un autre raisonnement. La coor-
donnée vectorielle ~e est en fait le résultat de la rotation du vecteur ~e0 autour de l’axe défini
par ~n. Comme ~n est perpendiculaire au plan, on peut utiliser la relation vue au chapitre
précédent, relative à la rotation d’un vecteur autour d’un axe qui lui est perpendiculaire
~v = −~n ∧ (~e0 ∧ ~n) sin α ω + (~n ∧ ~e0 ) cos α ω = ω~n ∧ (−~e0 ∧ ~n sin α + ~e0 cos α)
= ω~n ∧ (~e0 cos α + ~n ∧ ~e0 sin α) = ω~n ∧ ~e = ω
~ ∧ ~e (2.117)
Définition
hélice
axe
p
M
R OM=e
O
e0 α
P
M’
plan de base
Etude intuitive
point M a une abscisse correspondant à l’arc parcouru par M0 le long du cercle, soit Rα,
p
et une ordonnée égale à α. La trajectoire fait avec l’horizontale un angle β déterminé
2π
par
p
β = arctan (2.120)
2πR
ut
s M p
α
β 2π
P M’
Rα
2 πR
Sur la surface déroulée, le vecteur tangentiel ~ut ne peut que faire le même angle β avec
l’horizontale. Dans le cylindre réel, cet angle correspond à l’inclinaison du vecteur ~ut par
rapport au plan de base.
La détermination intuitive de u~n et ρ est plus délicate. On se doute que ~un doit être
dirigé vers l’axe du cylindre. De même, sans pouvoir donner une interprétation exacte, on
imagine que le rayon de courbure tend vers R si p tend vers 0 (la trajectoire se rapproche
d’un cercle) et vers l’infini si R tend vers 0 (la trajectoire devient une droite).
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 74
Etude analytique
En prenant l’axe z comme axe du cylindre, le plan Oxy comme plan de base et l’axe
x comme référence pour l’angle α (figure 2.18), les équations de la trajectoire de M sont
x = R cos α, (2.122)
y = R sin α, (2.123)
p
z = α, (2.124)
2π
α étant fonction du temps : α = α(t).
p
M
OM=e
O
α
P
x M’
y
Fig. 2.16 – Etude analytique d’une hélice d’axe Z
Etude vectorielle
Prenons le cas général d’une hélice dont l’axe passe par O et est parallèle à un vecteur
unitaire ~n. Quand α = 0, M se trouve en P, de coordonnée vectorielle ~e0 , ce dernier étant
perpendiculaire à ~n.
La coordonnée vectorielle de M résulte de l’addition de 2 composantes
−−→ −−→ −−→
~e = OM = OM0 + M0 M (2.125)
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 75
n
v p
ω
2π
M" β
ωΛ e
OM=e M
O
e0 α s
P M’
que l’on peut choisir arbitrairement avec le signe positif pour correspondre avec le sens
de α, soit
p
~v ~n ∧ ~e + 2π ~n
~ut = = q (2.138)
k~vk R2 + 4πp2
2
et la rayon de courbure ρ
³ ´
2 p2 2
v2 ω 4π 2
+R p2
+ R2
4π 2
ρ= t = = (2.144)
k~an k ω2R R
Comme pressenti intuitivement, le vecteur ~un est bien dirigé vers l’axe mais a en plus
la propriété d’être parallèle au plan de base. Quant au rayon de courbure ρ, on s’aperçoit
qu’il est plus grand que R. Le centre de courbure C ne se trouve donc pas sur l’axe mais
de l’autre côté de l’axe par rapport à M. On vérifie aussi que le rayon de courbure vaut
R si p = 0 et qu’il est infini si p est infini ou si R = 0.
C M" ut
un
M
OM=e
O
e0 α s
P
M’
La loi du mouvement montre que la trajectoire sera située dans le plan passant par
~e0 , et parallèle à ~v0 et à ~a. La trajectoire sera une parabole (parabole de tir).
Par rapport à des axes 0xy, tels que ~e0 = 0 et ax = 0, on obtient les équations du
mouvement sous la forme :
x = v0x (t − t0 ), (2.147)
1
y = v0y (t − t0 ) + ay (t − t0 )2 . (2.148)
2
Le long de Ox, la projection du mobile possède un mouvement uniforme, tandis que le
long de Oy,la projection du mobile possède un mouvement uniformément accéléré.
Par rapport à ces axes, la parabole a pour équation :
µ ¶2
v0y 1 x
y = x + ay . (2.149)
v0x 2 v0x
C’est le cas par exemple de la trajectoire d’un obus de canon, qui est lancé à une
vitesse initiale ~v0 parallèle à l’axe du canon, et subissant une accélération constante égale
à l’accélération de la pesanteur ~g. Ceci n’est évidemment valable que si on néglige l’effet
du freinage de l’air.
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 79
EXERCICES
Exercice 2.1
1.
~f · ~g = 2t3 − 3t2 − t − 2t2 − t
~f · ~g = 2t3 − 5t2 − 2t
³
d ~ ´
f · ~g = 6t2 − 10t − 2
dt
t=1
= 6 − 10 − 2 = −6
2.
¯ ¯
¯ U~ ~y
U U~z ¯
¯ x ¯
~f ∧ ~g = ¯ t2 −t 2t + 1 ¯
¯ ¯
¯2t − 3 1 −t ¯
n o t2 − 2t − 1
~f ∧ ~g = 4t2 − 6t + 2t − 3 + t3
t2+ 2t2 − 3t
t2 − 2t − 1
= t3 + 4t2 − 4t − 3
3t2 + −3t
½ ´¾ 2t − 2
d ³~ 3t2 + 8t − 4
f ∧ ~g =
dt
6t + −3
½ ¾ 2−2 0
d ³~ ´
t=1
3 + 8 − 4 = 7
~
f ∧g =
dt
6 + −3 3
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 80
3.
n o t2 + 2t + 3
~f + ~g = 1−t
t+1
° ° q
°~ °
°f + ~g° = (t2 + 2t + 3)2 + (1 − t)2 + (t + 1)2
√
= t4 + 4t3 − 12t + 11
d °°~
°
° 1 (4t3 + 12t2 − 12)
° f + ~
g ° = √
dt 2 t4 + 4t3 − 12t + 11
t=1 4
= √ =1
2 1 + 4 − 12 + 11
4.
½ ¾
d~g
= (2; 0; −1)
dt
¯ ¯
¯U~x U ~y ~z ¯
U
¯ ¯
~f ∧ d~g = ¯ t2 −t 2t + 1¯
dt ¯ ¯
¯ 2 0 −1 ¯
½ ¾ t
~f ∧ d~g = 2 + 4t + t2
dt
2t
½ µ ¶¾ 1 1
d ~ d~g t=1
f∧ = 4 + 2t = 6
dt dt
2 2
Exercice 2.2
d~ub ~un
Montrer que = (seconde formule de Frenet). τ est appelé le rayon de torsion
ds τ
de la courbe au point s.
d~ub d~ub
1. ~u2b = 1 → 2~ub · =0→ ⊥~ub
ds ds
2. ~ub = ~ut ∧ ~un .
d~ub d~ut d~un
= ∧ ~un + ~ut ∧
ds ds ds
d~ub ~un d~un
= ∧ ~un + ~ut ∧
ds ρ ds
d~ub d~un d~ub
= 0 + ~ut ∧ → ⊥~ut
ds ds ds
3.
d~ub 1 ~un
→ = (~ub ∧ ~ut ) =
ds τ τ
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 81
Exercice 2.3
d~un ~ut ~ub
Montrer que =− − (troisième formule de Frenet).
ds ρ τ
Exercice 2.4
Avec le mètre et la seconde comme unités, et par rapport à la base Oxyz, le mouvement
du point M est donné par la loi :
½ ¾ −2π sin πt + π cos πt
d~e
= −π sin πt + 2π cos πt m/s
dt
0
½ 2 ¾ −2π 2 cos πt − π 2 sin πt
d ~e
= −π 2 cos πt − 2π 2 sin πt m/s2
dt2
0
1.
½ ¾
d~e
{~v} = = (−π; −2π; 0) m/s
dt
µ ¶
{~v} (−π; −2π; 0) 1 2
{~ut } = = √ = −√ ; −√ ; 0
k~vk π 5 5 5
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 82
2.
½ ¾
d2~e ¡ ¢
{~a} = = 2π 2 ; π 2 ; 0 m/s2
dt2
3.
4.
µ ¶
{~an } 2; −1; 0
{~un } = = √ ⊥~ut
k~an k 5
5.
vt2 25
ρ = = √ m
an 3 5
6.
7.
Exercice 2.5
En t = 2s, le mobile est en M (200; 400; 40) (en m), sa vitesse est égale à (100; 200; 10)
en (m/s) et son accélération vaut (0; 0; −10) (en m/s2 ).
1. En t = 2s :
2.
{~v} 100; 200; 10 (10; 20; 1)
{~ut } = = √ = √
k~vk 10 100 + 400 + 1 501
¯ ¯
¯ ~ux ~uy ~uz ¯¯
¯ 1
¯
{~a ∧ ~ut } = ¯ 0 0 −10 ¯¯ = √ (200; −100; 0)
¯ √10 √20 √1 ¯ 501
501 501 501
¯ ¯
¯U~x U ~y U ~ z¯
1 ¯¯ ¯
~an = ~ut ∧ (~a ∧ ~ut ) = ¯ 10 20 1 ¯¯
501 ¯
200 −100 0 ¯
µ ¶
100 200 5000
{~an } = ; ;− (m/s2 )
501 501 501
{~an } (1; 2; −50) (1; 2; −50)
{~un } = =√ = √ √
k~an k 1 + 4 + 2500 5 501
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 84
Exercice 2.6
t = 3s
(9m;4m;0m)
t =0s
(0m,0m,0m) x
Réponse
CHAPITRE 2. ANALYSE VECTORIELLE - CINÉMATIQUE DU POINT 85
1.
µ ¶
d~e 8t 8t2
~v = = 3; − ; 0 m/s
dt 3 9
µ ¶
d~v 8 16t
~a = = 0; − ; 0 m/s2
dt 3 9
2. En t= 43 s :
µ ¶
9 5
{~e} = ; ;0 m
4 8
µ ¶
3
{~v} = 3; ; 0 m/s
2
µ ¶
4
{~a} = 0; ; 0 m/s2
3
3.
µ ¶
2 1
{~ut } = √ ; √ ;0
5 5
µ ¶
1 2
{~un } = −√ ; √ ; 0
5 5
√
135 5
ρ = m
µ 32 ¶
63 290
{~eC } = − ; ;0 m
32 32
4. La norme de l’accélération est minimale en t = 23 s où elle est nulle. Elle est maximale
en t = 0s et en t = 3s où elle vaut 38 m/s2
Exercice 2.7
2. Pour l’instant t=1,5s, calculer ~ut , ~un , le rayon de courbure ρ et la position ~eC du
centre du cercle osculateur.
Réponse
1.
√ √
R= 2 V =π 2 r=1
2.
µ ¶
1 1 1
{~ut } = √ ; √ ; −√
3 3 3
µ ¶
1 1 2
{~un } = −√ ; −√ ; −√
6 6 6
9
ρ = √ m
6
µ ¶
3π 1 3π 1 √
{~eC } = − ; − ; 2−3 m
2 2 2 2
Exercice 2.8
Un canon, incliné d’un angle de 30o par rapport à l’horizontale, envoie un obus à la
vitesse de 300 m/s. On demande de calculer le rayon de courbure de la trajectoire de
l’obus, à la sortie du canon. On négligera les effets de freinage de l’air.
Réponse
La seule accélération est celle de la pesanteur. On trouve un rayon de courbure égal à
10593.6 m.
Chapitre 3
Objectifs de ce chapitre
• Définir la notion de solide indéformable
• Etendre la définition de la vitesse en mettant en évidence la relativité du mouvement
• Etablir la formule du champ de vitesses d’un solide
• Etudier l’allure du champ de vitesses d’un solide et voir comment on peut ca-
ractériser son mouvement instantané
• Introduire la cinématique plane et la notion de centre instantané de rotation
• Définir la notion d’accélération et établir la formule du champ d’accélérations
87
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 88
(figure 3.1), pour autant que les points A, B et C ne soient pas sur une même droite.
Solide indéformable
P
B
S M
Z
Y
A
S M
Z*
Y
Z A
Y*
X* X
z
s
O y
x
Fig. 3.3 – Position relative de deux solides
−→
Il suffit pour cela de connaı̂tre le vecteur OA et l’orientation de la base XY Z par rap-
port à xyz (ou si on veut l’orientation du repère AXY Z par rapport au repère AX ∗ Y ∗ Z ∗
parallèle à Oxyz mais situé en A). Le moyen le plus direct pour spécifier l’orientation
relative est de considérer la matrice de passage [Rxyz,XY Z ]. On peut alors déterminer les
coordonnées de n’importe quel point M de S par rapport au repère Oxyz à partir de ses
coordonnées dans AXY Z
−−→ −→ −−→
OM
n−−→o = OA
n−→+oAM n−−→o
OM = OA + AM
xyz xyz xyz
n−→o n−−→o
= OA + [Rxyz,XY Z ] AM (3.2)
xyz XY Z
Comme déjà évoqué, les coordonnées de M par rapport au repère AXY Z sont
constantes et l’évolution des coordonnées de M par rapport à Oxyz ne dépend que du
−→
mouvement du solide, exprimé par le vecteur OA et la matrice de rotation [Rxyz,XY Z ].
On en déduit que le mouvement complet d’un solide peut être défini par seulement
6 paramètres : 3 paramètres correspondant aux coordonnées du point A et 3 paramètres
pour exprimer la rotation (par exemple 3 angles d’Euler). La matrice de rotation, bien
que constituée de 9 termes est en effet soumise à 6 contraintes puisque bâtie à partir
des composantes de 3 vecteurs unitaires (3 contraintes) et perpendiculaires entre eux (3
contraintes). Il ne reste donc que 3 paramètres libres.
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 90
Lors du chapitre sur la cinématique du point, nous avons défini la vitesse comme la
dérivée du vecteur position par rapport au temps. Cette définition est pourtant incomplète
car le mouvement d’un point dépend aussi du propre mouvement de l’observateur.
Z S Y
A
X P
y
O s
z x
Considérons la figure 3.4, mettant en présence deux repères s (ou Oxyz) et S (ou
AXY Z) en mouvement l’un par rapport à l’autre. Il est clair que le mouvement d’un
point P de l’espace apparaı̂tra différemment selon qu’il est observé de s ou de S. La
vitesse d’un point n’a donc de sens que si on précise aussi l’observateur. Les vitesses de
P, observées de S ou s seront ainsi notées ~vP/s et ~vP/S . Elles sont définies comme suit
−→ ¯ −→ ¯
dOP ¯¯ dAP ¯¯
~vP/s = ¯ avec O ∈ s ~vP/S = ¯ avec A ∈ S (3.3)
dt ¯ dt ¯
s S
où l’indice associé à la dérivation signifie que la variation du vecteur est observée de s ou
de S.
L’astronomie reste un bel exemple de la relativité du mouvement. De la Terre, le soleil
semble tourner autour de nous une fois par jour. Nous savons aujourd’hui que c’est la
rotation de la Terre sur son axe qui donne cette impression.
Le fait de spécifier le repère par rapport auquel on effectue la dérivation n’a de sens que
pour les grandeurs vectorielles. Comme on le verra, l’effet de l’observateur sur la dérivée
vient de sa rotation éventuelle. Une rotation de l’observateur lui donne l’impression que
le vecteur tourne dans l’autre sens, ce qui induit une variation de direction. Il est donc
inutile de spécifier le repère de dérivation pour les fonctions scalaires puisqu’une rotation
n’en change pas la valeur.
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 91
3.4.1 Définition
v
MS/s
S
y
O s
z x
en imaginant que tout point P de l’espace puisse être rattaché au solide par un trépied
rigide. Par rapport à un repère s, il aurait dans de telles conditions une vitesse que l’on
notera ~vPS /s . Le champ de vitesses de S par rapport à s peut donc être considéré comme
étendu à tout l’espace, et même à l’intérieur d’autres solides matériels.
V
PS/s
P
C
S
B
s
A
VP /s P VP /s
S1 S2
S2
S1
Comme on l’a vu, on détermine la vitesse d’un point par rapport à un repère, qui consti-
tue en fait le repère auquel est attaché l’observateur. La vitesse en question détermine
un vecteur, que l’on peut lui-même projeter dans une base quelconque. Ainsi, comme le
montre la figure 3.8, la vitesse du point P peut être considérée par rapport au repère s,
comme appartenant à S1 ou S2 , le vecteur obtenu pouvant être projeté dans une base
XY Z elle-même en mouvement par rapport à s.
3.5 Exemples
La figure 3.9 illustre bien la relativité du mouvement : une moto dépasse un cycliste
en plein effort dans une côte. On présente les vitesses de la moto et du vélo par rapport au
sol s, ainsi que la vitesse de la moto, vue du cycliste. Cette dernière montre que le cycliste
voit s’éloigner allègrement la moto. On ne précise pas le point auquel on s’intéresse parce
que la vitesse est la même pour tous les points du vélo ou de la moto (en excluant bien
sûr les roues, et les jambes du cycliste). Toutes les vitesses sont parallèles au sol.
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 94
Z base
Y VP /s P VP /s
S1 S2
X
S2
S1
observateur
Fig. 3.8 – Différence entre repère et base
Vmoto/vélo
Vmoto/s
Vvélo/s
s
Fig. 3.9 – Vitesses - Vélo et moto
évidemment dirigée vers le haut. La vitesse du personnage par rapport à l’ascenseur est
clairement vers la gauche. Ce serait la vitesse qui serait observée par une autre personne
immobile dans l’ascenseur. Pour un observateur situé au sol, le mouvement du personnage
apparaı̂t comme une combinaison des deux mouvements : le personnage monte et se
déplace en même temps vers la gauche. On démontrera plus tard par le théorème de
composition des vitesses que la vitesse absolue du personnage (par rapport au bâti) est
la somme vectorielle de la vitesse d’entraı̂nement (la vitesse de l’ascenseur par rapport au
sol) et de la vitesse relative (la vitesse du personnage par rapport à l’ascenseur) :
~ homme/s = V
V ~ homme/ascenseur + V
~ ascenseur/s
Vascenseur/s
V
homme/s
s
Vhomme/ascenseur
3.5.3 Chariot
La figure 3.11 illustre le cas d’un chariot circulant sur un sol horizontal, vers la droite.
On s’intéresse en particulier au point P, situé sur la périphérie de la roue avant, à l’hori-
zontale du centre de la roue.
La vitesse ~vProue /chariot est la vitesse qu’a le point P, observée du chariot. Or, pour un
observateur situé sur le chariot, la roue décrit un mouvement circulaire autour du centre
fixe de la roue. La vitesse est donc tangentielle et, puisque la roue tourne dans le sens des
aiguilles d’une montre, est dirigée vers le bas.
La vitesse ~vPchariot /s est la vitesse qu’aurait le point P si on l’attachait par la pensée au
chariot, observée du sol s. Or, tous les points du chariot se déplacent à une même vitesse
horizontale. La vitesse ~vPchariot /s est donc horizontale.
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 96
La vitesse ~vProue /s est la vitesse du point P, observée du sol. Comme pour l’ascenseur,
elle correspond à la somme vectorielle des deux autres et on verra plus tard qu’elle est
inclinée à 45o par rapport à l’horizontale. Nous verrons que, à l’instant considéré, la roue
tourne autour du point de contact entre la roue et le sol.
y
X
Y
chariot
x
VPchariot /s
P
roue VProue /chariot
VProue /s
s
Cet exemple permet aussi d’illustrer la notion de base. On remarque en effet sur la
figure deux bases xyz et XY Z, inclinées de 45 o l’une par rapport à l’autre. Si V est la
grandeur de la vitesse d’avance du chariot, on aura par exemple
© ª © ª √ √
~vProue /chariot xyz = (0; −V ; 0) ~vProue /chariot XY Z = (−V / 2; −V / 2; 0)
© ª © ª √ √
~vPchariot /s xyz = (V ; 0; 0) ~vPchariot /s XY Z = (V / 2; −V / 2; 0)
© ª © ª √
~vProue /s xyz = (V ; −V ; 0) ~vProue /s XY Z = (0; −V 2; 0)
S
f(t)
Z
Y
A
z X
s
O y
x
Fig. 3.12 – Composition des dérivées
La dérivée de la fonction ~f par rapport à xyz est donc égale à la somme de la dérivée de
la même fonction vue de XY Z, et d’autres termes où intervient la variation des vecteurs
de la base XY Z par rapport à xyz. Les deux bases pouvant tourner l’une par rapport à
l’autre, cette variation n’est en général pas nulle.
Les dérivées des vecteurs unitaires sont toutefois soumises à un certain nombre
de contraintes, dues à la nature cartésienne de la base. D’abord, chaque vecteur doit
évidemment rester unitaire, ce que l’on peut exprimer par
d~uY
On en déduit par exemple que la composante selon X de est l’opposé de la
dt
d~uX
composante selon Y de .
dt
Toutes les conditions sont vérifiées si on calcule les dérivées des vecteurs unitaires en
les multipliant vectoriellement par un même vecteur ω ~
d~uX d~uY d~uZ
=ω ~ ∧ ~uX =ω ~ ∧ ~uY ~ ∧ ~uZ
=ω (3.12)
dt dt dt
En toute logique, les 9 composantes des dérivées des vecteurs unitaires étant soumises à
6 contraintes, il ne reste que 3 paramètres libres, correspondant aux 3 composantes du
vecteur ω
~.
Si on reprend le développement initial de la dérivée de la fonction vectorielle ~f (cf.
3.6), on obtient
¯ ¯ ¯ ¯ ¯
d~f ¯¯ d~f ¯¯ d~uX ¯¯ d~uY ¯¯ d~uZ ¯¯
¯ = ¯ + fX + fY + fZ
dt ¯ dt ¯ dt ¯xyz dt ¯xyz dt ¯xyz
xyz XY Z
¯
d~f ¯¯
= ¯ + fX (~ω ∧ ~uX ) + fY (~ω ∧ ~uY ) + fZ (~ω ∧ ~uZ )
dt ¯
¯XY Z
df ¯¯
~
= ¯ +ω~ ∧ (fX ~uX + fY ~uY + fZ ~uZ )
dt ¯
¯XY Z
df ¯¯
~
= ¯ +ω~ ∧ ~f (3.13)
dt ¯
XY Z
Considérons la situation illustrée à la figure 3.13, où le repère OXY Z est obtenu par
rotation du repère Oxyz, d’un angle θ autour d’un axe fixe spécifié par le vecteur unitaire
~n. Le sens positif de θ est choisi conformément au vecteur ~n par la règle du tire-bouchon.
z
Z
n
uZ uz θ
uY
Y
ux
uy
y
uX
X
x
Fig. 3.13 – Repères en rotation relative
En appliquant les formules vues au chapitre sur le calcul vectoriel, on détermine les
vecteurs ~uX , ~uY et ~uZ , comme les vecteurs ~ux , ~uy et ~uz tournés d’un angle θ autour de
l’axe déterminé par le vecteur unitaire ~n
~uX = (~ux · ~n) · ~n + ~n ∧ (~ux ∧ ~n) cos θ + (~n ∧ ~ux ) sin θ
~uY = (~uy · ~n) · ~n + ~n ∧ (~uy ∧ ~n) cos θ + (~n ∧ ~uy ) sin θ
~uZ = (~uz · ~n) · ~n + ~n ∧ (~uz ∧ ~n) cos θ + (~n ∧ ~uz ) sin θ (3.16)
ou encore
~uX = ~ux cos θ + (~ux · ~n) · ~n(1 − cos θ) + (~n ∧ ~ux ) sin θ
~uY = ~uy cos θ + (~uy · ~n) · ~n(1 − cos θ) + (~n ∧ ~uy ) sin θ
~uZ = ~uz cos θ + (~uz · ~n) · ~n(1 − cos θ) + (~n ∧ ~uz ) sin θ (3.17)
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 100
Si on imagine que θ suit une certaine évolution dans le temps, la dérivée par exemple
de ~uX par rapport à xyz vaut, en partant de la première forme
¯
d~uX ¯¯ dθ dθ
¯ = −~n ∧ (~ux ∧ ~n) sin θ + (~n ∧ ~ux ) cos θ
dt xyz dt dt
dθ
= ( ~n) ∧ [(~n ∧ ~ux ) sin θ + ~ux cos θ] (3.18)
dt
Soit deux points A et B d’un solide S, dont on observe le mouvement par rapport à
un observateur s. On peut évidemment écrire la relation géométrique suivante
−→ −→ −→
OB = OA + AB (3.23)
B
A
s
O y
x
Fig. 3.14 – Formule du champ de vitesses d’un solide
−→
Comme le vecteur AB est constant sur S, on obtient la formule du champ de vitesses
du solide
−→
~vBS /s = ~vAS /s + ω
~ S/s ∧ AB (3.26)
qui exprime le lien entre les vitesses de deux points d’un même solide.
On constate qu’on peut exprimer la vitesse de tous les points du solide à partir seule-
ment de 6 paramètres : les 3 composantes de la vitesse d’un point quelconque du solide
et celles du vecteur vitesse de rotation. Cette remarque est évidemment cohérente avec
l’analyse géométrique qui avait montré que la situation spatiale d’un solide peut être
décrite à partir seulement de 6 paramètres indépendants.
−→
En exprimant la variance vectorielle sur les composantes du vecteur AB et en se
souvenant que la matrice de passage est orthogonale (son inverse est égale à sa transposée),
la relation devient
© ª © ª d [Rxyz,XY Z ] n−→o
~vBS /s xyz = ~vAS /s xyz + [RXY Z,xyz ] AB
dt xyz
© ª d [Rxyz,XY Z ] n−→o
= ~vAS /s xyz + [Rxyz,XY Z ]T AB (3.30)
dt xyz
Par ailleurs, puisque toute matrice de passage [R] est orthogonale, on peut écrire
[R] · [R]T = [I] (3.31)
où [I] représente une matrice unitaire.
En dérivant l’expression par rapport au temps, on obtient
d [R] T d [R]T
· [R] + [R] · =0 (3.32)
dt dt
ou encore
µ ¶T
d [R] d [R]T d [R]
· [R]T = − [R] · =− · [R]T (3.33)
dt dt dt
d [R]
Si [R] est une matrice orthogonale, la matrice · [R]T est donc antisymétrique et
dt
ne peut être que de la forme
0 −a b
d [R]
· [R]T = a 0 −c (3.34)
dt
−b c 0
d [Rs,S ] £ ¤
· [Rs,S ]T = ω̃S/s s (3.37)
dt
Le champ de vitesses instantané d’un solide est complètement déterminé par la vitesse
d’un quelconque de ses points et la vitesse de rotation du solide.
Un tel champ vectoriel constitue en fait un torseur. Par définition, un torseur est
~ A en un point A et le moment résultant
caractérisé par le fait que le moment résultant M
~ B en un point B, sont liés par la formule dite du changement de pôle
M
~ B=M
M ~ ∧−
~ A+R →
AB (3.38)
ω
S/s
S ω Λ AB
S/s
ω
S/s
B
B’
s
A
3.9.1 Equiprojectivité
S
VB /s
S
V
AS/s
s
A
3.9.2 Invariant
L’axe central d’un torseur est le lieu des points où le moment est parallèle à la
résultante. L’axe central du torseur cinématique est donc le lieu des points où la vitesse
est parallèle au vecteur vitesse de rotation. Les points C recherchés doivent donc vérifier
2 ~vCS /s · ω
~ S/s I
~vCS /s · ω
~ S/s = k~ωS/s →k= 2
= 2 (3.48)
ω
~ S/s ω
~ S/s
I
Le lieu des points C devient donc le lieu des points où la vitesse est égale à 2
ω
~ S/s ,
ω
~ S/s
ce qui peut s’écrire, si on suppose que l’on connaı̂t la vitesse d’un point A quelconque
−→ I
~vAS /s + ω
~ S/s ∧ AC = 2 ω ~ S/s (3.49)
ω
~ S/s
ou encore
−→ I
ω
~ S/s ∧ AC = 2 ω ~ S/s − ~vAS /s (3.50)
ω
~ S/s
soit
−→ I
~ S/s = ~vAS /s − 2 ω
AC ∧ ω ~ S/s (3.51)
ω
~ S/s
−→
Le vecteur AC est déterminé par l’opération inverse du produit vectoriel, soit selon la
formule vue au chapitre sur le calcul vectoriel
µ ¶
I
~ S/s ∧ ~vAS /s − ω~ 2 ω
ω ~ S/s
−→ S/s ~ S/s ∧ ~vAS /s
ω
AC = 2
+ λ~
ω S/s = 2
+ λ~ωS/s (3.52)
ω~ S/s ω
~ S/s
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 107
ω S/s
ω
V I
M’ MS/s ω
ω2 S/s
ω Λ M’M
M S/s
C
= I
CS/s ω2 ω S/s
V s
L’axe central est aussi le lieu des points où la vitesse est minimale. Si on écrit la
formule du champ de vitesses par rapport à un point C de l’axe central, on obtient
−−→ I −−→
~vMS /s = ~vCS /s + ω
~ S/s ∧ CM = 2 ω ~ S/s + ω
~ S/s ∧ CM (3.55)
ω
~ S/s
Or, d’après la définition du produit vectoriel, les deux termes sont perpendiculaires
entre eux (figure 3.17), on peut donc écrire
° °2
° °2 ° I ° ° −−→°°2
°~vM /s ° = ° ω
~
° 2 S/s °
°
+
°
° S/s CM°
ω
~ ∧ (3.56)
S
°ω~ S/s °
−−→
puisque CM0 est parallèle à l’axe central et donc à ω
~ S/s .
On obtient ainsi
° °2
° °2 ° I ° ° −−0→°°2 I2 ° °2 ° °
°−−0→°2
°~vM /s ° = ° ω
~
° 2 S/s °
°
+
°
ω
~
° S/s ∧ M M ° = ° ω
~
°2 S/s + ° ω
~ S/s
° ° M M ° (3.58)
S
°ω~ S/s ° °ω~ S/s °
°−−→°
° °
Le vecteur ω ~ S/s étant imposé, la norme de la vitesse augmente avec la distance °MM0 °
par rapport à l’axe central et est donc minimale quand M est sur l’axe central. Aucun
point n’a une vitesse nulle, à moins que l’invariant I ou le vecteur vitesse de rotation ω
~ S/s
ne soient nuls.
S
ω S/s
ω
V V
M’S /s M’ V p M"S/s
MS/s ω p I
2π S/s ω S/s= 2 ω S/s
2π ω
ω Λ M’M
S/s
M
ω Λ M’M"
M" S/s
p
V = ω
C CS/s 2π S/s s
A l’instant considéré, tous les points du solide ont la même vitesse que s’ils décrivaient
2πI
une hélice de pas p = 2 autour de l’axe central. On dit que le solide est en mouvement
ω
~ S/s
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 109
Le mouvement hélicoı̈dal instantané d’un solide peut présenter deux cas particuliers,
correspondant à chaque fois à un invariant nul.
VA /s
A S
V B V
CS/s BS/s
C
s
ce qui signifie que tous les points du solide ont la même vitesse. Le pas p et l’axe
central sont indéterminés.
• Si le pas du mouvement hélicoı̈dal est nul, l’invariant I = ω~2πI
2 est nul aussi, et on
S/s
dit que l’on a affaire à un mouvement de rotation instantanée. Dans ce cas,
la vitesse des points sur l’axe central est nulle et chaque point du solide est en
mouvement circulaire autour de sa projection sur l’axe central. Si C est un point de
l’axe central, la vitesse de M est donnée par
p −−→ −−→ −−→
~vMS /s = ω
~ S/s + ω
~ S/s ∧ CM = ω ~ S/s ∧ M0 M
~ S/s ∧ CM = ω (3.62)
2π
où M0 est la projection de M sur l’axe central. L’axe central devient le lieu des points
où la vitesse est nulle.
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 110
ω S/s
ω
V = ω Λ M’M
M’ MS/s S/s
On peut ainsi sans problème caractériser le type de mouvement instantané d’un solide
à partir des deux coordonnées du torseur cinématique (~ωS/s et ~vAS /s ) en un point A
quelconque
• Si I = ω ~ S/s · ~vAS /s est différent de zéro, le solide est en mouvement hélicoı̈dal instan-
2πI
tané de pas p = 2 autour de l’axe central.
ω
~ S/s
• Si ω~ S/s est différent de zéro et que I = ω ~ S/s ·~vAS /s est nul, le solide est en mouvement
de rotation instantanée autour de l’axe central (mouvement hélicoı̈dal de pas nul).
• Si ω~ S/s est nul et que ~vAS /s est différent de zéro, le solide est en mouvement de
translation instantanée.
• Si ω~ S/s et ~vAS /s sont nuls, le solide est en repos instantané et la vitesse de tous
les points du solide est nulle.
Si le champ de vitesses d’un solide conserve à tout instant même axe central et même
pas p, on parle de mouvement hélicoı̈dal permanent. Dans ces conditions, chaque
point du solide reste toujours sur une même hélice.
Si à tout instant le vecteur vitesse de rotation ω
~ S/s est nul, on dit que le solide est en
mouvement de translation permanente. En translation permanente, tous les points
du solide ont même vitesse à tout instant.
Si le champ de vitesses d’un solide conserve à tout instant même axe central et que
le pas p reste nul, le solide est en mouvement de rotation permanente. Sur l’axe
central, la vitesse est nulle à tout instant. Physiquement le solide tourne toujours autour
d’un même axe, l’axe de rotation étant l’axe central. Chaque point du solide décrit un
même cercle dont le centre est situé sur l’axe de rotation.
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 111
3.11 Exemples
R 2R
ω
S 1
45o
S2
P
M C
y
N
O
x
s
~vOS1 /s = 0 ω
~ S1 /s = ω~uy (3.63)
ω
S 1
S2
P
P’
M C
P" y
O
N
x
s
ω2
~vPS1 /s = ~vPS2 /s
1 −−→
ωR(2 − √ )~uz = ~vMS2 /s + ω~ S2 /s ∧ MP
2
¯ ¯
¯ ~ux ~uy ~uz ¯
1 ¯ ω2 ω2 ¯
ωR(2 − √ )~uz = 0 + ¯¯ √
2
−√ 2
0¯
¯
2 ¯R(1 + √1 ) √R 0¯
2 2
1 ω2 2 1
ωR(2 − √ )~uz = √ R(1 + √ )~uz = ω2 R( √ + 1)~uz
2 2 2 2
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 113
d’où on déduit
√1
√
2− 2 2 2−1
ω2 = ω= √ ω (3.67)
√1 +1 1+ 2
2
Il est possible d’aller plus vite. On sait en effet que dans un mouvement de rotation,
la grandeur de la vitesse est égale au produit de la vitesse angulaire par le rayon. On
pouvait ainsi écrire directement
° ° ° °
° ° ° °
°~vPS1 /s ° = °~vPS2 /s °
°−−→° °−−→°
° ° ° °
|ω| °P0 P° = |ω2 | °P00 P°
et donc
°−−→°
° 0 ° √
° P P° R(2 − √12 ) 2 2−1
|ω2 | = |ω| ° ° √
°−−00→° = |ω| R( √1 + 1) = |ω| 1 + 2 (3.68)
° P P° 2
ω∗
S
3
45
o
Q
P
o
45
M
C
N
s
S2
ω
S1
R 2R
On voit que, pour la géométrie considérée, ce système simple divise environ par 5 la vitesse
de rotation.
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 115
En ce qui concerne le signe de la rotation, il est clair que l’arbre de sortie S3 va tourner
dans le même sens que l’arbre d’entrée S1 . On aura ainsi
√
(2 2 − 1)
ω
~ S3 /s = ω √ √ ~uy (3.71)
(1 + 2)(2 2 + 1)
3.12.1 Définition
+
y
z
d
y
B' σ
B S
A
θ x'
s
A A'
O π
O π
x
C'
x
C
s
S
z
s y
y
x O
y
M (x,y,0)
ω S/s
e
VOS/s
O
s x
Fig. 3.27 – Champ de vitesses en mouvement plan
Pour que la relation soit vérifiée quelles que soient les valeurs de x et y, il faut v Oz = 0
et ωx = ωy = 0. Les coordonnées du torseur cinématique prennent donc la forme suivante
© ª vOx © ª 0
~vOS /s = vOy ~ S/s = 0
ω
0 ωz
La vitesse au pôle, comme en n’importe quel point, est donc parallèle à π et le vecteur
vitesse de rotation ω~ S/s est perpendiculaire à π. Ce résultat est physiquement logique :
toute rotation autour d’un axe non perpendiculaire au plan fera inévitablement sortir la
figure du plan. Conformément à l’analyse en position, le champ de vitesses est caractérisé
par trois paramètres : par exemple vOx , vOy et ωz (deux vitesses de translation et une de
rotation). Les composantes du champ de vitesses s’écrivent ainsi :
vx = vOx − ωz y (3.74)
vy = vOy + ωz x (3.75)
vz = 0 (3.76)
Si ω
~ S/s est différent de zéro, le solide est en rotation instantanée. L’axe instantané de
rotation correspond à l’axe central qui est parallèle à ω ~ S/s et donc perpendiculaire au plan
Oxy. Le point de percée de l’axe instantané de rotation dans le plan Oxy, est le centre
instantané de rotation (ou C.I.R.), noté I ou IS/s pour préciser qu’on s’intéresse au
mouvement de S/s. Le point de S qui se trouve en I à l’instant considéré est le seul point
du plan dont la vitesse par rapport à s est nulle
~vIS /s = 0 (3.78)
S
VA /s E
S
V
V ES/s
A BS/s D
V V
V B CS/s DS/s
O
C
ω y
Ι
O s x
F
CIR
VC /s
VA /s C S
A S
B y
VB /s
S s x
VO /s
O S
CIR
Remarquons que si IS est au repos instantané par rapport à s, Is est au repos instantané
par rapport à S ; le C.I.R. du mouvement de s/S est I également : IS/s = Is/S .
Si nous revenons au cas de la translation instantanée, l’intersection des perpendicu-
laires aux vitesses est rejeté à l’infini (figure 3.29). On peut donc considérer que le C.I.R.
existe, mais à l’infini, dans une direction perpendiculaire à ~v.
Selon le théorème de Kennedy, les trois C.I.R. respectifs de trois solides en mou-
vement plan sont alignés.
Pour le démontrer, considérons trois solides S1 , S2 et S3 et leurs trois C.I.R. respectifs,
à savoir IS1 /S2 , IS1 /S3 et IS2 /S3 que nous noterons plus simplement I12 , I13 et I23 . La scène
est illustrée à la figure 3.30.
S2
y
s x
S1 S3
Ι12 Ι23
Ι13
Considérons le C.I.R. I13 . Par définition, il a la même vitesse, qu’on l’attache au solide
S1 ou au solide S3 et ce, quel que soit l’observateur. Si nous prenons comme observateur
S2 , il vient
puisque les vecteurs vitesses de rotation sont toujours parallèles à ~uz en cas plan.
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 120
Or, le vecteur ~uz n’est pas nul et le deuxième terme du produit vectoriel lui est
perpendiculaire puisque les vecteurs géométriques sont dans le plan Oxy. Pour que le
produit vectoriel soit nul, le deuxième terme doit forcément être nul, soit
−−−→ −−−→
ωS1 /S2 I12 I13 − ωS3 /S2 I23 I13 = 0 (3.83)
Quelles que soient les grandeurs de ωS1 /S2 et de ωS3 /S2 , les deux vecteurs de l’expression
−−−→ −−−→
sont opposés et donc parallèles. Ceci n’est possible que si les vecteurs I12 I13 et I23 I13 sont
parallèles. Les points I12 , I13 et I23 sont donc sur une même ligne droite.
Pour l’application du théorème de Kennedy, il faut sélectionner des groupes de trois
solides, dont on connaı̂t deux C.I.R. respectifs. La droite qui passse par ces deux C.I.R
constitue un lieu du troisième C.I.R.. De façon générale, le C.I.R. sera obtenu par inter-
section de deux droites, obtenues soit par application du théorème de Kennedy, soit à
partir d’une perpendiculaire à une vitesse de direction connue.
S
V
AS/s
B
V
BS/s
A
y
ω
s x
Ι
S
V
AS/s
V y
A BS/s
s x
B
ω
Ι
3.12.6 Exemples
Système à 4 barres
A
ω ω∗
O C
s
s
~vOOA /s = 0 ω
~ OA/s = ω~uz (3.84)
I
ω’ (<0)
VA B
VB
A
ω ω∗
O
C
s
s
soit
−→ −→
~vAOA /s · AB = ~vBBC /s · AB (3.90)
Le vecteur ~vBBC /s est ainsi complètement déterminé : on sait qu’il est perpendiculaire
−→ −→
à BC et que sa projection algébrique sur AB doit être la même que celle de ~vAOA /s (cf.
figure 3.34). On pourra ensuite déduire la valeur de ω ∗ par
° °
°~vB /s °
|ω ∗ | = ° BC
°−→°
° (3.91)
°BC°
Dans ce cas de figure, il faudrait choisir pour ω 0 un signe opposé à celui de ω, puisque les
solides OA et AB tournent visiblement dans des sens différents.
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 124
~vAOA /s = ~vAAB /s
−→ −→
ω
~ OA/s ∧ OA = ~vBAB /s + ω~ AB/s ∧ BA
−→ −→ −→
ω
~ OA/s ∧ OA = ω~ BC/s ∧ CB + ω ~ AB/s ∧ BA
−→ −→ −→
ω~uz ∧ OA = ω ∗ ~uz ∧ CB + ω 0 ~uz ∧ BA
Le mécanisme illustré à la figure 3.35 est composé d’un coulisseau S1 , d’une roulette S
de centre C et d’une barre AB. Le coulisseau est astreint à se mouvoir verticalement. La
roulette tourne autour de son centre C attaché au coulisseau. La barre AB tourne autour
du point fixe A. La roulette S est en contact avec la barre AB en M où on suppose qu’il
n’y a pas de glissement. Dans la configuration considérée, la barre AB fait un angle α
avec l’horizontale. On se propose de déterminer la vitesse de rotation ω de la barre AB
pour une vitesse de montée V du coulisseau.
Il est clair que le coulisseau est en translation et que tous les points de ce solide ont
une vitesse vers le haut de grandeur V . La vitesse de C est aussi la même qu’il soit attaché
au coulisseau ou à la roulette. On a ainsi
B
M
ω S (R)
C
y
α
A x
s s
coulisseau
V
Fig. 3.35 – Mécanisme à barre et roulette
ωΛ CM
α VCS/s B
VMAB/s
ω M S (R)
C
α
A
J lieu 2
s
s
lieu 1
V
Fig. 3.36 – Mécanisme à barre et roulette (2)
Par ailleurs, en passant par le solide AB, on obtient une deuxième expression de la
vitesse de M
−−→ −−→
~vMAB /s = ~vAAB /s + ω
~ AB/s ∧ AM = ω~uz ∧ AM (3.95)
Comme il n’y a pas glissement en M, les deux expressions de sa vitesse doivent être
égales, ce qui donne la relation
−−→ −−→
V ~uy + ω
~ S/s ∧ CM = ω~uz ∧ AM (3.96)
Dans cette expression, on connaı̂t le premier terme et on connaı̂t la direction des deux
−−→ −−→ −−→
autres. En effet le terme ω
~ S/s ∧ CM est perpendiculaire à CM alors que le terme ω~uz ∧ AM
−−→ −−→ −−→
est perpendiculaire à AM. Comme AM et CM sont perpendiculaires entre eux (tangente
et rayon), on peut décomposer la vitesse verticale en deux composantes, l’une parallèle et
−→
l’autre perpendiculaire à la barre AB
−−→ −−→
V ~uy = −~ωS/s ∧ CM + ω~uz ∧ AM (3.97)
| {z } | {z }
−→ −→
//AB ⊥ AB
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 126
et finalement
V cos α
ω= °
°−−→°
° (3.99)
°AM°
le signe positif ayant été choisi par analyse physique du système : pour une vitesse V
positive (vers le haut) la barre AB ne peut tourner que dans le sens trigonométrique.
On peut aussi résoudre le problème par l’intermédiaire des C.I.R. Pour cela, nous
allons utiliser le théorème de Kennedy.
Prenons la barre AB, la roulette S et le coulisseau. Le C.I.R. de AB par rapport à S
est le point M. Le C.I.R. de S par rapport au coulisseau est le point C. Le C.I.R. de AB
par rapport au coulisseau est donc sur CM (lieu 1).
Prenons le bâti s, la barre AB et le coulisseau. Le C.I.R. de AB par rapport à s est le
point A. Le C.I.R. du coulisseau par rapport à s se trouve à l’infini sur une horizontale.
Le C.I.R. de AB par rapport au coulisseau est donc sur une horizontale passant par A
(lieu 2).
Le C.I.R. de la barre AB par rapport au coulisseau est ainsi le point J (figure 3.36),
à l’intersection des lieux 1 et 2. Or, par définition, le point J a même vitesse, qu’il soit
attaché à AB, ou au coulisseau
~vJcoul. /s = ~vJAB /s
−
→ °− °
° →°
V ~uy = ω~uz ∧ AJ = ω~uz ∧ (°AJ° ~ux )
°−−→°
°− ° ° °
° →° °AM°
V ~uy = ω °AJ° ~uy = ω ~uy
cos α
3.13.1 Définition
Soit un point P en mouvement par rapport à deux repères s et S. Son accélération est
définie par
¯ ¯
d~vP/s ¯¯ d~vP/S ¯¯
~aP/s = ~aP/S = (3.100)
dt ¯s dt ¯S
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 127
Comme pour la vitesse, le repère de dérivation doit être le même que celui utilisé pour
observer le mouvement.
Z S Y
A
X P
y
O s
z x
Le champ d’accélération d’un solide S par rappport au repère s est le champ qui, à un
instant t, associe à tout point M du solide, son accélération observée du repère s, notée
~aMS /s . On a ainsi
¯
d~vMS /s ¯¯
~aMS /s = (3.101)
dt ¯s
Il faut toutefois prendre garde car cette définition ne se suffit pas à elle-même. En
effet, la définition du champ de vitesses d’un solide nous a montré qu’on pouvait, à un
instant donné, attacher par la pensée tout point M de l’espace au solide S et observer
la vitesse qu’il aurait par rapport à s, soit ~vMS /s . Cela induit que la variation de ~vMS /s
dépend non seulement du mouvement de S mais aussi de celui de M. C’est pourquoi
la définition du champ d’accélération suppose que la variation de la vitesse est considérée
en supposant que le point suit S dans son mouvement. La définition complète est
ainsi
¯
d~vMS /s ¯¯
~aMS /s = avec M ∈ S (3.102)
dt ¯s
Comme pour les vitesses, on préfère parfois repasser par le pôle O lié à s pour exprimer
le champ d’accélérations
¯
d~ωS/s ¯¯ −−→ −−→
~aMS /s = ~aOS /s + ¯ ∧ OM + ω
~ S/s ∧ (~ωS/s ∧ OM) (3.105)
dt s
Néanmoins, le champ des accélérations d’un solide n’est pas un torseur car il n’est pas
équiprojectif. En effet,
µ ¯ ¶
−→ ¡ ¢ −→ d~ωS/s ¯¯ −→ −→
AB · ~aBS /s − ~aAS /s = AB · ∧ AB + ω ~ S/s ∧ (~ωS/s ∧ AB)
dt ¯s
−→ ³ −→ ´
= AB · ω ~ S/s ∧ (~ωS/s ∧ AB)
−→ −→ −→
= (~ωS/s ∧ AB) · (AB ∧ ω ~ S/s ) = −(~ωS/s ∧ AB)2 (3.106)
qui est non nul en général.
La formule du champ des accélérations est identique à celle obtenue lors de l’étude du
mouvement hélicoı̈dal au chapitre sur la cinématique du point. Mais on ne peut conclure
de cette similitude que le champ des accélérations est le même que si chaque point du
solide possédait un mouvement hélicoı̈dal de rotation ω ~ S/s et d’accélération angulaire
d~
ωS/s
dt
, puisque ces deux vecteurs n’ont pas même direction en général ! L’interprétation
des champs d’accélérations est moins facile que celle des champs de vitesses.
Si l’on égale les composantes de ~aMS /s à zéro, on obtient 3 équations linéaires, non
homogènes, en x, y et z, qui admettront en général une et une seule solution : il existe,
en général, un et un seul point dont l’accélération est nulle. Ce point est le centre des
accélérations H.
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 130
EXERCICES
Exercice 3.1
Les trois points A (1m; 0; 0), B (0; 1m; 0) et C (0; 0; 1m) d’un même solide S ont respec-
tivement pour vitesses, par rapport à l’observateur s, les vecteurs (−3m/s; 2m/s; 2m/s),
(−5m/s; 0; 5m/s) et (−2m/s; −2m/s; vz ).
1. déterminez vz ;
2. calculer les coordonnées du champ de vitesses du solide en O et déterminer la nature
du mouvement instantané ;
3. construire l’axe instantané du mouvement, en donnant les coordonnées de ses points
de percée dans les plans Oxy, Oyz et Ozx ;
4. déterminer la vitesse de glissement du solide le long de cet axe, et sa vitesse de
rotation autour du même axe.
Réponses
1. vz = 3m/s ;
© ª © ª
2. ω ~ S/s = (2rad/s; 1rad/s; 2rad/s) ; ~vOS /s = (−3m/s; 0; 3m/s) ; le solide est en
rotation instantanée ;
3. intersection avec Oxy et Oyz : (0; −1, 5m; 0) ; intersection avec Oxz : (3m; 0; 3m) ;
4. ~vCS /s = 0 ; ω = 3 rad/s.
Solution
1. Méthode : équiprojectivité.
−→ −→
~vCS /s · AC = ~vAS /s · AC
(−2; −2; vz ) · (−1; 0; 1) = (−3; 2; 2) · (−1; 0; 1)
2 + vz = 3+2
vz = 3
ou
−→ −→
~vCS /s · BC = ~vBS /s · BC
(−2; −2; vz ) · (0; −1; 1) = (−5; 0; 5) · (0; −1; 1)
2 + vz = 5
vz = 3
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 131
Pour que les données soient cohérentes, on doit aussi respecter l’équiprojectivité
entre A et B :
−→ −→
~vAS /s · AB = ~vBS /s · AB
(−3; 2; 2) · (−1; 1; 0) = (−5; 0; 5) · (−1; 1; 0)
3+2+0 = 5 OK !
2. Cherchons d’abord ω
~ S/s
−→
~vBS /s = ~vAS /s + ω
~ S/s ∧ AB
¯ ¯
¯ ~ux ~uy ~uz ¯
¯ ¯
(−5; 0; 5) = (−3; 2; 2) + ¯¯ ωx ωy ωz ¯¯
¯−1 1 0 ¯
= (−3 − ωz ; 2 − ωz ; 2 + ωx + ωy )
→ /x /y ωz = 2
→ /z ω x + ωy = 3
−→
~vCS /s = ~vBS /s + ω
~ S/s ∧ BC
¯ ¯
¯~ux ~uy ~uz ¯
¯ ¯
(−2; −2; 3) = (−5; 0; 5) + ¯¯ωx ωy 2 ¯¯
¯ 0 −1 1 ¯
= (−5 + ωy + 2; −ωx ; 5 − ωx )
→ /x − 2 = −3 + ωy → ωy = 1
→ /y − 2 = −ωx → ωx = 2
→ /z 3 = 5 − ωx → ω − x = 2
→ω ~ S/s = (2; 1; 2) rad/s
° ° √
→ °ωS/s ° = ω = 4 + 1 + 4 = 3rad/s
−→
~vOS /s = ~vAS /s + ω
~ S/s ∧ AO
¯ ¯
¯ ~ux ~uy ~uz ¯
¯ ¯
= (−3; 2; 2) + ¯¯ 2 1 2 ¯¯
¯−1 0 0 ¯
= (−3; 2 − 2; 2 + 1)
= (−3; 0; 3)
Calculons l’invariant I :
I = (−3; 0; 3) · (2; 1; 2) = −6 + 0 + 6 = 0
Comme ω
~ 6= 0, il s’agit d’un mouvement de rotation instantanée.
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 132
Exercice 3.2
Les points A (0; 1; 0) et B (0; 0; 3) d’un solide S sont astreints à glisser dans le plan
Oyz, tandis que le point C (2; 0; 0) du même solide est astreint à glisser sur Ox. Les axes
sont supposés liés au bâti s par rapport auquel on exprime les vitesses.
Réponses
Un solide S peut tourner et glisser autour de l’axe Oz. Le point A (0; 1; 1) de S est lié
par une barre inextensible au point fixe B (3; 0; 0) (la barre AB est articulée en A et en B).
Rechercher les coordonnées du champ de vitesses instantanées en fonction de paramètres
arbitraires. Calculer la vitesse instantanée du point G (1; 1; 2) de S en fonction de ces
paramètres.
z
O A(0;1;1)
B(3;0;0)
s
x
y
Solution
Le solide tourne et glisse autour de Oz → les coordonnées du champ de vitesses
sont forcément de la forme : ~vOS /s = (0; 0; vOz ) et ω
~ S/s = (0; 0; ωz ). La barre AB est
inextensible :
°−→°
° °
→ °AB° = cste
°−→°2 −→
° °
→ °AB° = cste = AB2
d ³−→2 ´ −→ d ³−→´
→ AB = 2AB AB = 0
dt dt
−→
→ AB · (~vB − ~vA ) = 0
−→ ¡ ¢
→ AB · ~vB/s − ~vAS /s = 0
Comme B est fixe,
−→
AB · ~vAS /s = 0
¯ ¯
¯ ~ux ~uy ~uz ¯
¯ ¯
~vAS /s = (0; 0; vOz ) + ¯¯ 0 0 ωz ¯¯
¯ 0 1 1 ¯
= (−ωz ; 0; vOz )
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 134
−→
AB = ~eB − ~eA = (3; 0; 0) − (0; 1; 1) = (3; −1; −1)
−→
~vAS /s · AB = (−ωz ; 0; vOz ) · (3; −1; −1) = −3ωz − vOz = 0
→ vOz = −3ωz
~vGS /s = ~vOS /s + ω
~ S/s ∧ ~eG
¯ ¯
¯ ~ux ~uy ~uz ¯
¯ ¯
= (0; 0; −3ωz ) + ¯¯ 0 0 ωz ¯¯
¯ 1 1 2 ¯
= (−ωz ; ωz ; −3ωz )
vOz
L’axe central : Oz et le pas : −3 = ωz
.
Exercice 3.4
1. Le point B (0; 0; h) de S est astreint à glisser sur Oz, tandis que le point A (a; b; 0)
de S est astreint à glisser sur le plan xOy. Rechercher les coordonnées des champs de
vitesses licites (champ de vitesses que l’on peut imposer à S, à partir de sa position
actuelle, et en respectant les contraintes, fonctions d’un ou plusieurs paramètres).
2. Même question, mais S ne glisse plus en A (la vitesse de ce point est nulle). S est-il
en rotation instantanée ? Si oui, autour de quel axe ?
Réponses
© ª © ª
1. ~vOS /s = (−hωy ; hωx ; aωy − bωx ) et ω ~ S/s = (ωx ; ωy ; ωz ) en fonction des trois
paramètres ωx , ωy et ωz .
© ª © ª
2. ~vOS /s = (bωz ; aωz ; 0) et ω~ S/s = (− ha ωz ; − hb ωz ; ωz ) en fonction du seul paramètre
ωz .
Puisque ~vAS /s = ~vBS /s = 0, S est en rotation instantanée autour de AB. Les seuls
mouvements instantanés qu’il est possible de donner à S en respectant les liaisons
sont donc des mouvements de rotation autour de AB.
Le point A glisse sur Ox, et, à l’instant considéré, a pour coordonnées (1; 0; 0) ; le point
B (0; 1; 0) glisse sur Oy, et le point C (0; 0; 1) glisse sur Oz. Les points A et B sont reliés
par une tige inextensible AB, B et C par une autre tige inextensible
© ª BC, ces deux tiges
étant articulées en B. Le point A est animé d’une vitesse ~vA/s = (−1; 0; 0).
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 135
z
C(0;0;1)
α
O
s B(0;1;0)
y
x A(1;0;0)
1. Déterminer ~vC/s .
[ des deux tiges AB et
2. Calculer la dérivée par rapport au temps de l’angle α = ABC
BC.
Solution
On peut exprimer les vitesses de chaque point comme suit
La barre BC aussi :
−→ ¡ ¢
→ BC · ~vC/s − ~vB/s = 0
(0; −1; 1) · (0; −1; vC ) = 0
1 + vC = 0 → vC = −1m/s.
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 136
Pour l’angle α
−→ −→ −→ −→ −→ −→
BA.BC BA.BC BA.BC
cos α = −→ −→ = √ √ =
kBAk.kBCk 2 2 2
(1; −1; 0) · (0; −1; 1) 1
= =
2 2
→ α = 60 deg
°−→° °−→°
° ° ° °
En dérivant par rapport au temps (remarquer que °AB° et °AB° sont constantes) :
à −→ −→ !
dα 1 dBA −→ −→ dBC
− sin α = · BC + BA ·
dt 2 dt dt
1 h¡ ¢ −→ −→ ¡ ¢i
= ~vA/s − ~vB/s · BC + BA · ~vC/s − ~vB/s
2
1
= [(−1; −1; 0) · (0; −1; 1) + (1; −1; 0) · (0; −1; 1)]
2
1
= .2 = 1
2
dα 1 −2
→ = − = √ rad/s
dt sin α 3
A
ω
y α β
s
x
O
B S
s s
Fig. 3.40 – Système bielle-manivelle
Réponse
°−→° sin(α + β)
° °
~vBS /s = −ω °OA° ~ux
cos β
tan β
ω
~ AB/s = −ω ~uz
tan α
Le système représenté à la figure 3.41 est composé d’une roue fixe s de centre O et
de rayon R, d’une roue S de centre C et de rayon r et d’un bras S∗ . La roue S est en
contact avec la roue fixe s en M. Le bras S∗ tourne autour du point fixe O. La roue S
tourne autour de son centre C attaché à S∗ . On suppose qu’il n’y a aucun glissement en M
entre S et s. On retrouve un tel système dans certaines transmissions (cf. train planétaire
plus loin). En pratique, les roues S et s sont des roues dentées qui engrènent en M ce qui
explique l’hypothèse de non-glissement.
S
r C P
M
ωS*/s
y
s fixe
O S* x
R
R+r
ω
~ S∗ /s = ω ~uz
r
~vPS /s = ω(R + r)(−~ux + ~uy )
CHAPITRE 3. CINÉMATIQUE DU SOLIDE INDÉFORMABLE 138
Les boı̂tes de vitesses automatiques sont le plus souvent basées sur la succession de
plusieurs trains planétaires tels qu’illustrés aux figures 3.42 et 3.43. Le système est com-
posé de 4 solides : le planétaire P (rayon r), le porte-satellites PS, le satellite S (rayon
R − r) et la couronne C (rayon intérieur R).
Satellite Satellite
S S
N
Porte-satellites N
C PS C
M
M Porte-satellites
ωPS/s s
PS
O
O r ωP/s
s
Planétaire
ωC/s s P
R
Planétaire
P
Couronne Couronne
C C
On demande d’établir la relation linéaire qui existe entre les vitesses de rotation du
planétaire (ωP/s ), du porte-satellites (ωPS/s ) et de la couronne (ωC/s ).
Méthode : exprimer le non glissement en M et en N et éliminer ωS/s .
Réponse
Objectifs de ce chapitre
• Définir ce qu’on entend par système mécanique, mécanisme ou système multicorps.
• Définir les liaisons cinématiques couramment rencontrées en pratique et les condi-
tions qu’elles imposent sur le champ de vitesses relatif des deux solides qu’elles
relient, en cas spatial et en cas plan.
• Introduire la notion de structure cinématique d’un système mécanique.
• Démontrer le théorème de composition des vitesses et des rotations.
• Démontrer le théorème de composition des accélérations et des accélérations angu-
laires.
• Définir la notion de degré de liberté, de paramètre de configuration et établir les
régles du calcul du nombre de degrés de liberté d’un système mécanique.
• Etablir la démarche générale d’analyse cinématique des mécanismes.
4.1 Introduction
140
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 141
à une autre autour d’un axe ou d’un point clairement identifiés. C’est ce qu’on appelle
une liaison cinématique.
Un mécanisme est construit dans le but de réaliser une fonction déterminée. Par
exemple, la suspension illustrée à la figure 4.1 permet à la roue de se dépacer par rap-
port à la caisse du véhicule en limitant la transmission des irrégularités de la route vers
les passagers. Le mécanisme de suspension assure non seulement le mouvement vertical
de la roue mais lui donne aussi une certaine orientation, qui peut contribuer à la stabi-
lité et à la maniabilité du véhicule. Sur la même figure, on trouve un indexeur. L’arbre
d’entrée (horizontal) étant entraı̂né à vitesse constante, l’arbre de sortie tourne par pa-
liers, en maintenant une position fixe (position d’indexage) pendant un certain temps.
Un tel système est utilisé le plus souvent dans des chaı̂nes industrielles, par exemple de
l’embouteillage (la bouteille est capsulée pendant le temps de repos). Le mécanisme est
basé sur une transmission particulière entre les deux arbres : les galets reliés à l’arbre de
sortie s’insèrent dans les rainures d’une came globique (3D) reliée à l’arbre d’entrée. Sur
une certaine portion de tour, la rainure est telle que le galet reste immobile pour tenir la
position d’indexage.
A la figure 4.2, on retrouve le système bielle-manivelle étudié au chapitre précédent, au
sein d’un moteur thermique. Le mécanisme exploite la pression agissant sur le piston pour
faire tourner, par l’intermédiaire de la bielle, le vilebrequin du moteur. Le vilebrequin par
un système de roues dentées entraı̂ne à son tour l’arbre à cames qui commande l’ouverture
et la fermeture des soupapes au moyen du contact entre la came et le poussoir. L’arbre
moteur pourra lui-même entraı̂ner les roues d’un véhicule en passant par d’autres systèmes
mécaniques comme la boı̂te de vitesses, le différentiel et des joints de Cardan (cf. exercices).
L’être humain lui-même constitue un beau système mécanique. Les articulations cor-
respondent à des liaisons bien précises : les mouvements au sein de l’épaule sont ainsi
différents de ceux du coude ou du genou. Le corps humain est étudié sous l’angle de ses
caractéristiques mécaniques en biomécanique.
On trouve à la figure 4.3 un robot industriel et un compresseur à piston. Les robots
industriels ont pour tâche de positionner un outil (pince à souder, pistolet de peinture)
ou une pièce (composant électronique) dans une position et une orientation précises.
Le compresseur à piston est basé sur le même système bielle-manivelle que le moteur
à combustion interne. La manivelle étant entraı̂née par un moteur, le gaz entre dans la
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 142
chambre quand elle est à son volume maximum et est comprimé lorsque le piston remonte,
pour ensuite être évacué dans la conduite à haute pression.
Le monde industriel n’a pas l’apanage des systèmes mécaniques. La vie de tous les
jours en est constellée : les véhicules bien sûr mais on en trouve dans tous les domaines :
lecteur de disquettes, taille-haie, scie sauteuse, photocopieuse.
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 143
4.2.1 Définition
Les liaisons ont pour effet de restreindre le mouvement relatif de deux solides. Dans le
langage de la mécanique rationnelle, une liaison restreint le champ de vitesses relatif des
deux solides qu’elle relie.
Les liaisons les plus recontrées en pratique sont les suivantes
• la liaison rotoı̈de (ou pivot) ;
• la liaison prismatique (ou glissière) ;
• la liaison cylindrique (ou pivot glissant) ;
• la liaison sphérique (ou rotule) ;
• la liaison universelle ou de cardan (ou rotule à doigt) ;
• la liaison hélicoı̈dale (ou vis-écrou) ;
• la liaison de contact, avec ou sans glissement.
Comme on le verra, chaque liaison autorise certains mouvements élémentaires
(déplacement, rotation) tout en en bloquant d’autres. Ainsi, chaque liaison introduit n
degrés de liberté, correspondant au nombre de mouvements élémentaires indépendants
qu’elle autorise. La situation relative des 2 solides en liaison pourra ainsi être exprimée
à partir de n paramètres indépendants, appelés paramètres de configuration. En même
temps, une liaison impose l contraintes sur le mouvement relatif, correspondant aux
déplacements qui sont empêchés. De façon générale, la somme du nombre de degrés de
liberté et du nombre de contraintes associés à une liaison est égal à 6 (l + n=6).
Deux solides reliés par une liaison rotoı̈de ne peuvent que tourner l’un par rapport à
l’autre autour de l’axe de la liaison. Tout déplacement relatif le long de l’axe est impossible.
La liaison est définie si on connaı̂t un point de l’axe et sa direction. A titre d’exemple, la
figure 4.4 illustre deux solides reliés par une liaison rotoı̈de d’axe Oz. Le mouvement relatif
des deux solides reliés par une liaison rotoı̈de correspond à une rotation permanente
(l’axe instantané de rotation est fixe par rapport aux solides).
Pour une liaison rotoı̈de d’axe Oz, les coordonnées du champ de vitesses de S par
rapport à s prendront la forme suivante :
~vOS /s = 0 ω
~ S/s = θ̇~uz (4.1)
La situation relative des deux repères est complètement définie par l’angle θ entre les
deux solides autour de l’axe de la liaison. L’angle θ est le paramètre de configuration
naturel d’une liaison rotoı̈de qui possède donc un degré de liberté.
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 144
O
s
S
θ
θ
z z
O O
Deux solides reliés par une liaison prismatique peuvent seulement se déplacer l’un
par rapport à l’autre, sans tourner, le long de l’axe de la liaison. La liaison est définie
complètement si on connaı̂t la direction de l’axe. A titre d’exemple, la figure 4.5 illustre
deux solides reliés par une liaison prismatique d’axe Ox. Le mouvement relatif des deux
solides reliés par une liaison prismatique correspond à une translation permanente (la
direction de la translation instantanée est fixe par rapport aux solides).
Si Ox est l’axe de la liaison, les coordonnées du champ de vitesses de S par rapport à
s prendront la forme suivante :
˙ux
~vOS /s = d~ ω
~ S/s = 0 (4.4)
x s
S
Deux solides reliés par une liaison cylindrique peuvent tourner l’un par rapport à
l’autre autour de l’axe de la liaison et se dépacer l’un par rapport à l’autre le long de cet
axe. La liaison cylindrique permet en même temps les déplacements d’une liaison rotoı̈de
et d’une liaison prismatique. La liaison est définie si on connaı̂t un point de l’axe et sa
direction. La figure 4.6 illustre deux solides reliés par une liaison prismatique d’axe Oz.
Pour une liaison cylindrique d’axe Oz, les coordonnées du champ de vitesses de S par
rapport à s prendront la forme suivante :
˙uz
~vOS /s = d~ ω
~ S/s = θ̇~uz (4.7)
La situation relative des deux repères est complètement définie par l’angle relatif θ
entre les deux solides et la distance d qui les sépare, mesurée le long de l’axe de la liaison.
La liaison cylindrique possède deux degrés de liberté, θ et d étant habituellement
choisis comme paramètres de configuration.
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 146
z
O
d
s
θ θ
z z
O O
d d
Deux solides reliés par une liaison sphérique gardent en fait un point en repos relatif,
correspondant au centre de la liaison. Dit autrement, les deux solides en présence gardent
aussi en commmun une surface sphérique dont le centre est le point en repos relatif. La
liaison est définie si on connaı̂t la position de son centre. La figure 4.7 illustre deux solides
reliés par une liaison sphérique.
Les coordonnées du champ de vitesses de S par rapport à s prendront la forme suivante :
Il n’y a aucune contrainte sur le vecteur vitesse de rotation puisque les deux solides
peuvent tourner librement l’un par rapport à l’autre dans n’importe quelle direction.
La situation relative des deux repères est complètement définie par trois angles α, β, γ
correspondant à des rotations successives autour d’axes choisis conventionnellement. Les
angles d’Euler correspondant à des rotations successives autour d’axes OZ, OY 0 et OZ 00
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 147
α
γ
S
β
α
γ
β β
peuvent ainsi être utilisés comme paramètres de configuration. D’autres variantes, comme
les angles nautiques (de Bryant), peuvent convenir. La liaison sphérique met clairement
en oeuvre trois degrés de liberté.
Deux solides reliés par une liaison plane ont en fait une surface plane commune. Les
solides peuvent se déplacer l’un par rapport à l’autre parallèlement au plan de la liaison
et tourner l’un par rapport à l’autre autour d’un axe perpendiculaire au plan de la liaison.
La liaison est définie si on connaı̂t l’orientation du plan ou la direction de sa normale.
La figure 4.8 illustre deux solides reliés par une liaison plane parallèle au plan xy. Tous
les solides en mouvement plan sont implicitement reliés par une liaison plane au plan du
mouvement.
Dans le cas de la figure 4.8, les coordonnées du champ de vitesses de S par rapport à
s prendront la forme suivante :
dy
z
θ dy
θ S dx
dx
z z
dy
dx
La liaison hélicoı̈dale, ou vis-écrou, est la liaison qui existe entre une vis et un écrou.
L’écrou peut tourner autour de l’axe de la vis mais en même temps se déplace d’une
distance proportionnelle à l’angle. La liaison est définie par l’axe (un point et direction)
et le pas p, correspondant à la distance parcourue par l’écrou le long de l’axe à chaque
tour. La figure 4.9 illustre deux solides reliés par une liaison hélicoı̈dale d’axe Oz. Le
mouvement relatif de deux solides reliés par une liaison hélicoı̈dale est un mouvement
hélicoı̈dal permanent (l’axe est fixe par rapport aux solides et le pas est constant).
Si Oz est l’axe de la liaison et p le pas, les coordonnées du champ de vitesses de S par
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 149
z
O
S
θ
θ
s
d
z z
O O
d p
d
La situation relative des deux repères est complètement définie par l’angle relatif θ
entre les deux solides ou par le déplacement relatif axial d, les deux étant liés par le pas p.
La liaison hélicoı̈dale possède un degré de liberté, θ ou d pouvant être retenus comme
paramètre de configuration.
Le joint de Cardan a été introduit sous forme d’exercice dans le chapitre sur le calcul
vectoriel. Deux solides reliés par une liaison universelle ou de Cardan gardent un point
commun (ou en repos relatif) et portent chacun un axe, les deux axes devant rester
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 150
perpendiculaires entre eux. En pratique, la liaison est matérialisée par un croisillon dont
le centre est le point commun et dont les bras correspondent aux droites perpendiculaires
entre elles. On peut aussi considérer que le croisillon est en liaison rotoı̈de avec chacun
des solides. La liaison est définie par le point central et la situation de chaque axe par
rapport au solide auquel il est attaché. La figure 4.10 illustre deux solides reliés par une
liaison universelle de centre O. L’axe Oz est lié à s (solide gris), l’axe Oy au solide S
(solide bleuté). Le mouvement de S par rapport à s est obtenu par une rotation α autour
de l’axe Oz, suivie par une rotation β autour de l’axe Oy.
α z
S
β
s
y
α
x
x O y
z z
y x
Deux solides sont reliés par une liaison de contact lorsque deux surfaces attachées
respectivement à chaque solide restent en contact à tout instant. A titre d’exemple, on
trouvera à la figure 4.11 une bille sphérique S en contact avec la surface plane d’un autre
solide s. Une liaison de contact est définie par la géométrie des 2 surfaces de contact. En
un instant donné, la liaison est définie par le point de contact M et le vecteur unitaire ~n,
perpendiculaire au plan tangent aux surfaces en M.
n
S
s
M
n n
M M
~vMS /s · ~n = 0 (4.22)
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 152
Γ(MS )
n
M
s
γ (Ms )
Un solide en roulement sans glissement par rapport à un autre possède clairement trois
degrés de liberté (la rotation est libre).
Remarque : il est par contre difficile de trouver 3 paramètres de configuration qui
expriment de façon univoque la situation relative des solides parce que la condition de
non glissement ne peut s’exprimer en fonction des positions (liaison non holonome).
Une liaison de contact de type roulement avec glissement impose une seule
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 153
~vMS /s · ~n = 0 (4.25)
Un solide en roulement avec glissement par rapport à un autre possède cinq degrés de
liberté. Le choix des 5 paramètres de configuration reste délicat.
Le contact que nous avons envisagé précédemment est appelé contact ponctuel car
le contact entre les deux solides se limite à un seul point. Eventuellement, les deux solides
peuvent être en contact le long d’une droite. On parle alors de contact linéaire, ou de
roulement linéaire. Par exemple, un cône ou un cylindre roulant sur un plan constituent
un contact linéaire. Dans le cadre de ce cours, nous nous limiterons aux contacts ponctuels.
Remarque : rappelons que la cinématique décrit les mouvements sans s’occuper des
causes qui les ont produits. Lors de l’étude cinématique du contact entre solides, on
supposera a priori qu’il y a roulement avec ou sans glissement. Il en est de même de
la nature bilatérale du contact. L’étude des causes qui occasionnent le décollement, le
glissement ou le non-glissement (forces et frottement) sera du ressort de la statique ou de
la dynamique.
4.2.10 Résumé
Pour représenter les systèmes mécaniques de façon schématique, il est préférable d’uti-
liser la représentation normalisée des liaisons.
Les tableaux 4.1 à 4.8 reprennent les liaisons, leur représentation normalisée, plane ou
spatiale, leur nombre de degrés de liberté et les contraintes qu’elles imposent sur le champ
de vitesses relatif des deux solides reliés par la liaison.
(si axe=Oz)
Tab. 4.1 – Liaison rotoı̈de
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 154
(si axe=Ox)
Tab. 4.2 – Liaison prismatique
Liaison Symbôle 2D Symbôle 3D n Contraintes
l=4
Cylindrique
z
O ~vOS /s · ~ux =0
S ~vOS /s · ~uy =0
2
s
d ~ S/s · ~ux
ω =0
θ
~ S/s · ~uy
ω =0
(si axe=Oz)
Tab. 4.3 – Liaison cylindrique
Liaison Symbôle 2D Symbôle 3D n Contraintes
Sphérique l=3
s
~vOS /s · ~ux = 0
S
γ 3 ~vOS /s · ~uy = 0
β
α ~vOS /s · ~uz = 0
(si O=centre)
Tab. 4.4 – Liaison sphérique
Liaison Symbôle 2D Symbôle 3D n Contraintes
Plane l=3
z
θ dy ~vOS /s · ~uz = 0
S dx 3 ~ S/s · ~ux = 0
ω
~ S/s · ~uy = 0
ω
s
(si plan=xy)
Tab. 4.5 – Liaison plane
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 155
(si axe=Oz)
Tab. 4.6 – Liaison hélicoı̈dale
Liaison Symbôle 2D Symbôle 3D n Contraintes
l=4
Universelle
z
S
~vOS /s · ~ux =0
β ~vOS /s · ~uy =0
s
2 ~vOS /s · ~uz =0
α
~ S/s · ~ux
ω =0
x
O y
(si O=centre et
axes=Oy et Oz)
Tab. 4.7 – Liaison universelle
Liaison de contact Symbôle 2D Symbôle 3D n Contraintes
l = 3 si RSG
Liaison de contact
n
3 ~vMS /s · ~ux = 0
S (RSG) ~vMS /s · ~uy = 0
s
~vMS /s · ~uz = 0
M
5
(RAG)
l = 1 si RAG
~vMS /s · ~nx = 0
Tab. 4.8 – Liaison de contact
4.3.1 Introduction
Pour rappel, le cas plan de la cinématique ramène le mouvement des solides à celui
de figures planes dans le plan considéré. De façon générale, le plan du mouvement est le
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 156
le champ de vitesses étant décrit à partir des trois paramètres non nuls, c’est-à-dire V Ox ,
VOy et ωz .
Pour faire le parallèle avec la section précédente, tout se passe comme si chaque solide
était en liaison plane avec le bâti. Dit autrement, tout solide en mouvement plan est
soumis implicitement à toutes les contraintes d’une liaison plane.
Certaines liaisons, de par leur nature, sont inapplicables au mouvement plan : la liaison
cylindrique, la liaison sphérique, la liaison universelle et la liaison hélicoı̈dale. Seules sont
envisageables la liaison rotoı̈de, la liaison prismatique et la liaison de contact avec ou sans
glissement.
En cas spatial, la somme du nombre de degrés de liberté et du nombre de contraintes
associés à une liaison, était toujours égale à six. En cas plan, cette somme sera égale à
trois, correspondant évidemment au nombre de paramètres indépendants permettant de
décrire le mouvement d’un solide en cas plan (au lieu de six en cas spatial).
En cas plan, la liaison rotoı̈de n’a de sens que si l’axe de rotation est perpendiculaire
au plan du mouvement, c’est-à-dire parallèle à l’axe Oz. Elle est donc définie par un point,
intersection de l’axe de rotation et du plan Oxy. On parlera par exemple d’une liaison
rotoı̈de en A entre S et s. Le point A sera évidemment le C.I.R. du mouvement relatif de
S par rapport à s.
A
y
x
s
Une liaison rotoı̈de en cas plan, localisée en un point A, impose 2 contraintes au torseur
cinématique
Le nombre de degrés de liberté reste égal à un, l’angle relatif entre les deux solides
restant le paramètre de configuration naturel.
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 157
En cas plan, la liaison prismatique n’a de sens que si l’axe de translation est dans le
plan du mouvement. Elle est donc définie par une direction dans le plan. On parlera, par
exemple, d’une liaison prismatique d’axe parallèle à ~u entre S et s. Le C.I.R. du mouvement
relatif de S par rapport à s se trouve alors à l’infini dans une direction perpendiculaire
à ~u.
S u
y
x
s
Une liaison prismatique en cas plan, d’axe parallèle à ~u impose 2 contraintes au torseur
cinématique
En cas plan, la liaison de contact se ramène au contact entre deux courbes attachées à
chacun des solides. Elle est donc définie par les deux courbes en question. En un instant
donné, elle est définie par le point de contact et la normale ~n à la tangente commune au
point de contact.
Dans le cas d’un roulement sans glissement, en un point de contact M, entre deux
solides S et s, la liaison impose 2 conditions
qui expriment que la vitesse relative au point de contact est nulle. Le point de contact
correspond dans ce cas au C.I.R. du mouvement relatif de S par rapport à s. En cas plan,
le roulement sans glissement met donc en oeuvre un seul degré de liberté.
Il faut remarquer que, en mouvement plan, les conditions imposées au point de contact
par un roulement sans glissement sont identiques à celles imposées par une liaison rotoı̈de
en son axe. Le cas reste toutefois fondamentalement différent : le point de contact d’un
roulement sans glissement n’est pas fixe par rapport aux solides, puisqu’il circule sur les
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 158
n S
y
M
x s
n S
y
M
x
s
surfaces de contact. Par contre, l’axe d’une liaison rotoı̈de reste fixe par rapport aux
solides qu’elle relie.
Dans le cas d’un roulement avec glissement, en un point de contact M, entre deux
solides S et s, la liaison impose 1 seule condition
~vMS /s · ~n = 0 (4.29)
où ~n représente la normale au contact. La vitesse relative au contact (la vitesse de glis-
sement) étant tangentielle, le C.I.R. se trouve obligatoirement sur la normale au contact
mais sa position dépend du mouvement général du solide. En cas plan, le roulement avec
glissement met donc en oeuvre deux degrés de liberté.
4.3.5 Résumé
Comme pour le cas spatial, les tableaux suivants reprennent les caractéristiques des
liaisons en cas plan.
n S ~vMS /s · ~ux = 0
1
~vMS /s · ~uy = 0
y M
x s
(si contact en M)
Tab. 4.11 – Roulement sans glissement en cas plan
~vMS /s · ~n = 0
n S 2
y M Si contact en M (si
x s contact en M)
Physiquement, un point matériel n’existe pas : les solides occupent toujours une cer-
taine portion de l’espace, aussi petite soit-elle. Toutefois, quand les dimensions d’un so-
lide sont très faibles vis-à-vis des longueurs considérées, on pourra l’assimiler à un point
matériel. Un exemple classique est celui des planètes dont les dimensions sont faibles vis-
à-vis des distances qui les séparent. L’étude de leur mouvement peut alors se faire en les
considérant comme des masses ponctuelles (lois de Kepler). C’est aussi éventuellement le
cas de petites pièces intervenant dans des systèmes mécaniques.
Quand un solide est suffisamment petit que pour pouvoir l’assimiler à un point
matériel, sa rotation n’est plus perceptible et on s’intéresse uniquement au déplacement
du point. La notion de champ de vitesses n’est pas applicable. La situation d’un point
matériel sera ainsi complètement déterminée par sa position par rapport à un repère
quelconque. Cette position peut être décrite par trois paramètres par exemple les trois
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 160
z
S
O y
S x
O y M
x VM/S
VM/S
M
On recontre aussi fréquemment le cas d’un point matériel M astreint à suivre un plan,
par exemple Oxy, attaché à S (figure 4.17). La vitesse est de la forme ~vM/S = Vx ~ux + Vy ~uy
(2 degrés de liberté) et est soumise à une contrainte
~vM/S · ~uz = 0 (4.31)
Un point matériel en cas plan est astreint à se déplacer dans le plan du mouvement,
soit le plus souvent le plan Oxy. La vitesse prend la forme
© ª V x
~vM/s = Vy (4.32)
0
et n’introduit donc plus que deux paramètres libres (deux degrés de liberté).
La seule liaison possible consiste à astreindre le point à suivre une courbe, obligatoi-
rement être localisée dans le plan du mouvement.
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 161
Pour faciliter l’étude des mécanismes, il est courant d’en établir la structure
cinématique. Le principe en est simple : chaque solide est représenté par une “patate”,
les liaisons étant représentées par un trait. Le bâti fixe est classiquement affublé d’une
“brosse” indiquant que son mouvement est bloqué. Pour chaque liaison, on indique son
type et les caractéristiques la définissant (axe, direction, point particulier, . . . ). Ainsi, la
figure 4.18 illustre un double pendule et la structure cinématique correspondante.
s
O s
Rot. (O)
S1
S1
A
S2 Rot.(A)
S2
Les figures 4.19 à 4.21 illustrent quant à elles les structures cinématiques de certains
exemples du chapitre précédent. On remarquera que les liaisons de contact ont été in-
diquées comme des roulements sans glissement, maintenant clairement définis. Comme on
peut le voir sur l’exemple de la butée à billes, plusieurs liaisons peuvent éventuellement
exister entre deux solides.
B
s
Rot. (O) Rot.(C)
A
ω ω∗ OA BC
O
C Rot.(A) AB
Rot.(B)
s
s
Nous nous servirons de la structure cinématique plus loin pour calculer le nombre de
degrés de liberté d’un mécanisme. Elle peut aussi être utilisée pour mettre en évidence
certaines redondances de liaisons et ainsi déduire une structure simplifiée équivalente.
Cela sort du cadre de ce cours.
La structure cinématique permet de visualiser clairement les chaı̂nes cinématiques.
Comme l’illustre la figure 4.22, une chaı̂ne cinématique est une succession de corps et
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 162
B s
M Rot. (A) Prism (y)
ω S (R)
C
y AB Co
α
A x
s s RSG (M) Rot.(C)
S
V coulisseau
R 2R
1
ω
S s
RSG (N)
S2
45o
Rot. (Oy)
P
RSG (M)
M
C
y
S1 S2
RSG (P)
N
x
O
s
s s s
fermée
structure complexe
ouverte
Fig. 4.22 – Chaı̂nes cinématiques
de liaisons, qui peut être ouverte ou fermée. Les chaı̂nes cinématiques fermées sont aussi
appelées boucles cinématiques. Le double pendule ne comporte pas de boucle cinématique,
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 163
4.6.1 Introduction
Nous avons vu que les liaisons définissaient clairement le mouvement relatif des deux
solides qu’elle relie. En présence d’une chaı̂ne cinématique partant du bâti, on peut ima-
giner que l’on peut calculer successivement le mouvement de chaque solide à partir de
celui du solide précédent et du mouvement relatif qu’il a par rapport à celui-ci, défini
par les paramètres de configuration de la liaison. On dit qu’il y a composition des
mouvements.
VP/S
VP/s
VPS/s
P
AP
Z Y
A
X
OA
O
s
S
Fig. 4.23 – Composition des vitesses
Un des repères, par exemple s est qualifié de repère absolu, l’autre de repère in-
termédiaire. Le mouvement de P par rapport à s est appelé le mouvement absolu
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 164
VPS*/s
VPS*/S
VPS/s
P
S*
Z
Y
A
X
O S
s
Les deux relations devant être égales quel que soit ~f , il vient
ω
~ S∗ /s = ω
~ S∗ /S + ω
~ S/s (4.42)
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 166
ω
~a = ω
~e + ω
~r (4.43)
Dérivons cette relation par rapport au temps et par rapport à l’observateur lié à s
¯ ¯ ¯ ¯ −→ ¯
d~vP/s ¯¯ d~vP/S ¯¯ d~vAS /s ¯¯ d~ωS/s ¯¯ −→ dAP ¯¯
= + + ∧ AP + ω
~ S/s ∧ ¯ (4.46)
dt ¯s dt ¯s dt ¯s dt ¯s dt ¯
s
VP/S
VP/s
VPS/s
P
AP
Z Y
A
X
OA
O
s
S
Fig. 4.25 – Composition des vitesses
Conformément au calcul dans le domaine des vitesses, le terme ~aP/s est appelé
accélération absolue et noté ~aa , le terme ~aP/S accélération relative (~ar ) et le
terme ~aAS /s accélération d’entraı̂nement (~ae ). On voit apparaı̂tre un nouveau terme
2~ωS/s ∧ ~vP/S =2~ωe ∧ ~vr que l’on appelle l’accélération complémentaire ou de Coriolis (~ac ),
du nom de l’ingénieur et mathématicien qui l’a mis en évidence en étudiant les effets dus
à la rotation de la terre.
Le théorème de composition des accélérations s’écrit finalement
~aa = ~ar + ~ae + ~ac (4.49)
s, le vecteur vitesse de rotation ω ~ S/s est nul et par conséquent l’accélération de Coriolis
l’est aussi. Si en plus la translation est uniforme, la vitesse d’entraı̂nement est constante
et l’accélération d’entraı̂nement est nulle. On a alors ~aa =~ar . Un point a donc même
accélération par rapport à tous les repères qui sont en translation rectiligne
et uniforme les uns par rapport aux autres.
Soient les trois solides s, S et S∗ . On peut définir comme suit l’accélération angulaire
absolue α
~ a , l’accélération angulaire d’entraı̂nement α ~ e et l’accélération angulaire relative
α
~r
¯ ¯ ¯
d~ωS∗ /s ¯¯ d~ωS/s ¯¯ d~ωS∗ /S ¯¯
α
~a = α ~ S∗ /s = α
~e = α~ S/s = α
~r = α ~ S∗ /S = (4.52)
dt ¯s dt ¯s dt ¯S
ω
~ S∗ /s = ω
~ S∗ /S + ω
~ S/s (4.53)
on obtient
¯ ¯ ¯
d~ωS∗ /s ¯¯ d~ωS∗ /S ¯¯ d~ωS/s ¯¯
= +
dt ¯s dt ¯s dt ¯s
¯ ¯
d~ωS∗ /S ¯¯ d~ωS/s ¯¯
= +ω ~ S/s ∧ ω ~ S∗ /S +
dt ¯S dt ¯s
α
~ S∗ /s = = α
~ S∗ /S + ω ~ S/s ∧ ω~ S∗ /S + α ~ S/s (4.54)
que l’on peut réécrire sous une forme analogue au théorème de composition des
accélérations
α
~a = α
~e + α
~r + ω
~e ∧ ω
~r = α
~e + α
~r + α
~c (4.55)
4.6.7 Exemple
s
O
S1
θ1
A
S2
θ2
Au final, on obtient
−→ −→
~vBAB /s = θ̇1 ~uz ∧ OB + θ̇2 ~uz ∧ AB (4.61)
Il s’agit de l’écriture rigoureuse d’une relation que l’on avait appliquée intuitivement lors
du chapitre précédent en se rendant compte que, compte tenu de la liaison, la vitesse du
point A est la même, qu’on l’attache à OA ou AB.
On passe alors à la vitesse de B en réappliquant la formule du champ de vitesses sur
AB
−→
~vBAB /s = ~vAAB /s + ω
~ AB/s ∧ AB
−→ −→
= θ̇1 ~uz ∧ OA + ω
~ AB/s ∧ AB (4.64)
Pour exprimer ω
~ AB/s , on doit passer par le théorème de composition des rotations
ω
~ AB/s = ω
~ AB/OA + ω
~ OA/s = (θ̇1 + θ̇2 )~uz (4.65)
Et on a finalement
−→ −→
~vBAB /s = θ̇1 ~uz ∧ OA + (θ̇1 + θ̇2 )~uz ∧ AB
−→ −→ −→
= θ̇1 ~uz ∧ (OA + AB) + θ̇2 ~uz ∧ AB
−→ −→
= θ̇1 ~uz ∧ OB + θ̇2 ~uz ∧ AB (4.66)
Il est rassurant de voir que les deux expressions obtenues sont identiques.
4.7.1 Définition
Appliquons cette dernière formule à quelques exemples plans vus précédemment. Pour
le système à 4 barres, comportant 3 solides (le bâti est immobile) et 4 liaisons rotoı̈des,
on obtient
n=3∗3−4∗2=1 (4.69)
ce qui correspond bien à l’évaluation intuitive puisque l’angle de rotation d’une seule des
barres fixe complètement la configuration du système.
Le système bielle-manivelle comporte aussi manifestement un seul degré de liberté. Il
comporte 3 solides, 3 liaisons rotoı̈des et 1 liaison prismatique et on trouve logiquement
n=3∗3−3∗2−2=1 (4.70)
Pour le système à barre et roulette, comportant 3 solides, deux liaisons rotoı̈des, une
liaison prismatique et un roulement sans glissement, il vient
n=3∗3−2∗2−2−2=1 (4.71)
Dans le cas du double pendule, avec deux solides et 2 liaisons rotoı̈des, la formule
donne
n=2∗3−2∗2=2 (4.72)
résultat conforme à l’intuition.
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 172
La formule simplifiée doit être prise avec beaucoup de prudence. Considérons les
exemples plans vus précédemment, en utilisant la formule du cas spatial (utilisable
également puisque le cas plan n’est qu’un cas particulier du cas spatial)
• mécanisme à 4 barres
n = 3 ∗ 6 − 4 ∗ 5 = −2 (4.73)
• bielle-manivelle
n = 3 ∗ 6 − 3 ∗ 5 − 5 = −2 (4.74)
• barre et roulette
n=3∗6−2∗5−5−3=0 (4.75)
ou encore l’exemple du réducteur à billes, avec 2 solides, 1 liaison rotoı̈de et trois roule-
ments sans glissement
n = 2 ∗ 6 − 5 − 3 ∗ 3 = −2 (4.76)
Il est clair que les résultats obtenus ne sont pas conformes à la réalité. Ceci est dû à des
redondances dans les contraintes imposées par les liaisons ou, dit autrement, au fait que
certaines contraintes sont automatiquement vérifiées si c’est le cas pour une partie des
autres contraintes. Dans le langage de l’algèbre, certaines contraintes sont des combinai-
sons linéaires d’une partie des autres contraintes.
Avant de continuer, il est important de remarquer que les contraintes sont effectivement
des fonctions linéaires des coordonnées des champs de vitesses. Supposons par exemple
qu’il y ait une liaison sphérique en P entre S1 et S2 , les contraintes s’expriment
soit, en utilisant le théorème de composition des vitesses et, ensuite, la formule du champ
de vitesses
Si on projette cette relation sur les axes, à partir des composantes suivantes
VOx1 VOx2 ω x 1 ωx2 −→ xP
~vOS1 /s = VOy1 ~vOS2 /s = VOy2 ~ S1 /s = ωy1
ω ~ S2 /s = ωy2
ω OP = yP
VOz1 VOz2 ω z1 ω z2 zP
on obtient
VOx2 + ωy2 zP − ωz2 yP − VOx1 − ωy1 zP + ωz1 yP
VOy2 + ωz2 xP − ωx2 zP − VOy1 − ωz1 xP + ωx1 zP = 0 (4.80)
VOz2 + ωx2 yP − ωy2 xP − VOz1 − ωx1 yP + ωy1 xP
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 173
Il est facile d’imaginer que toutes les contraintes pourront être mises sous cette forme.
En effet, toute liaison entre Si et Sj introduira des contraintes qui s’expriment en fonction
du champ de vitesses relatif, soit
Au final, pour un système comportant s solides, l’ensemble des contraintes pourra être
regroupé sous la forme linéaire suivante
n o
~
v
©
O S1 /s
ª
n ω
~ S 1 /s o
~vO /s
S2
[J] · © ª =0 (4.84)
ω
~ S2 /s
© : ª
~
v
© O S s ª
/s
ω
~ Ss /s
n=6∗s+3∗p−r (4.85)
Pour illustrer ce calcul, reprenons le mécanisme à roues dentées, décrit dans les exer-
cices du chapitre précédent. Il est illustré à la figure 4.27. Le système comporte deux
solides et met en oeuvre 2 liaisons rotoı̈des et un roulement sans glissement. La formule
de base donne
n=2∗3−2∗2−2=0 (4.88)
alors qu’il est clair que le système possède un degré de liberté.
S
r C P
M
ωS*/s
y
s fixe
O S* x
R
La liaison rotoı̈de en C impose ~vCS /S∗ = 0, soit ~vCS /s − ~vCS∗ /s = 0 qui, une fois projeté,
donne
∗
VOx − ω(R + r) − VOx + ω ∗ (R + r) = 0 (4.91)
∗
VOy − VOy = 0 (4.92)
Il apparaı̂t clairement que, une fois les équations 4.90 et 4.92 vérifiées, la condition 4.94
l’est aussi. Ces trois équations n’en valent donc que deux, le rang est de 5 et le nombre
de degrés de liberté vaut
n=2∗3−5=1 (4.95)
Puisque n vaut 1, en imposant un paramètre cinématique, tous les autres s’en déduisent
à partir des contraintes. En l’occurrence, on imposait ω et, après résolution, on a
∗ (R + r)R ∗ R+r
VOx = 0 VOy = 0 VOx =ω VOy = 0 ωz = ω (4.96)
r r
4.9 Exemple
O
S3
s
Rot(O)
Rot(A)
S1 S3
Y h
ω S1 e
A B
a b
La suspension de type Mac Pherson est constituée de trois solides : le bras inférieur
S1 , le support de roue S2 et la jambe de force S3 . Le bras inférieur S1 est en liaison rotoı̈de
en A avec le bâti s et en B avec le support de roue S2 . La jambe de force S3 est en liaison
rotoı̈de avec le bâti en O. Il existe par ailleurs une liaison prismatique d’axe OB entre la
jambe de force S3 et le support de roue S2 . La structure cinématique correspondante est
également représentée à la figure 4.28.
Dans la configuration étudiée, le segment AB est horizontal et le segment OB fait un
angle α par rapport à la verticale. Les autres caractéristiques géométriques (a, b, e, h)
sont illustrées sur la figure 4.28.
On demande, pour cette configuration, de déterminer la vitesse ~vCS2 /s du point C de
S2 , si la vitesse de rotation de S1 est égale à ω (soit ω
~ S1 /s = ω~uz ).
Le système mécanique considéré comporte 3 solides et est manifestement plan. On aura
donc à la base 9 inconnues, définissant les torseurs cinématiques de chacun des solides
(pour chaque solide, les composantes selon x et y de la vitesse d’un point et la vitesse de
rotation ωz ).
Intuitivement, le nombre de degrés de liberté est de un (par exemple, l’angle de S1
fixe la situation des autres solides). Cela est confirmé par la formule simplifiée (3 corps, 3
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 177
n=3∗3−3∗2−2=1 (4.97)
Le problème est donc bien posé puisqu’on nous donne un paramètre, soit ω, la vitesse
de rotation de S1 . Les 8 contraintes des liaisons nous permettront de déterminer les pa-
ramètres manquants.
Le torseur cinématique de S1 est facilement déterminé. La liaison rotoı̈de en A entre
S1 et s et la définition de ω conduisent à
~vAS1 /s = 0 ω
~ S1 /s = ω~uz (4.98)
~vOS3 /s = 0 (4.99)
ω
~ S3 /S2 = ω~ S3 /s − ω~ S2 /s = 0 (4.101)
~vMS3 /S2 · (~uz ∧ ~u) = 0 (4.102)
Par ailleurs, on a
~uz ∧ ~u = ~uz ∧ (sin α~ux − cos α~uy ) = cos α~ux + sin α~uy (4.104)
de laquelle on déduit
a sin α ωa sin α cos α
ω3 = ω = = ω2 (4.106)
h cos α + tan α sin α h
Les torseurs cinématiques de chacun des solides sont ainsi déterminés, puisqu’on
connaı̂t toujours la vitesse d’un point et la vitesse de rotation.
La détermination de la vitesse ~vCS2 /s du point C de S2 se fait par simple application
de la formule du champ de vitesses
−→
~vCS2 /s = ~vBS2 /s + ω
~ S2 /s ∧ BC
ωa sin α cos α
= ωa~uy + ~uz ∧ (b~ux + e~uy )
h
ωae sin α cos α ωab sin α cos α
= − ~ux + ( + ωa)~uy (4.107)
h h
Une variante peut être utilisée pour déterminer le champ de vitesses de S2 . On peut
en effet écrire
Or, compte tenu de la liaison prismatique entre S2 et S3 , la vitesse ~vOS2 /S3 ne peut
être que de la forme
VO = ωa cos α (4.111)
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 179
et finalement ~vOS2 /s
EXERCICES
Dans une rivière de largeur b, un bac automoteur, capable de la vitesse V , doit traverser
perpendiculairement la rivière (figure 4.29). L’eau coule avec une vitesse v, supposée
uniforme sur toute la largeur de la rivière. Quelle sera la durée de la traversée ?
Va Vr
b M
Ve
Fig. 4.29 – Bac traversant une rivière
Solution
Soit s la terre (repère absolu), S l’eau supposée se déplacer d’un bloc (repère in-
termédiaire) et M le bac (assimilé à un point matériel). Le gouvernail étant calé en po-
sition médiane, le bac se déplace par rapport à l’eau suivant son axe longitudinal, à la
vitesse V , par rapport à la rivière. V est la vitesse relative. La vitesse de l’eau est la
vitesse d’entraı̂nement, de grandeur v. La vitesse absolue doit être perpendiculaire aux
bords de la rivière. Le triangle des vitesses, exprimant√la relation ~va = ~ve +~vr , se construit
aisément (cf. figure 4.29). On en déduit que k~va k= V 2 − v 2 . La durée d’une traversée
vaut donc T = √V 2b−v2 .
1. L’angle de visée α, exprimé par rapport à l’axe de l’avion, est donné par
p
Vb2 − Va2
α = π − arctan
Va
q
2. La balle frappera l’avion qui l’a lancée si Vb = Va π42 + 1
Un avion possède une vitesse propre de 200 km/h, et met 1 h et 10 min pour aller de A
à B, distants de 180 km, dans la direction S-N. Il souffle un vent régulier dans la direction
NE-SO. Déterminer la vitesse du vent et le temps que mettra l’avion pour effectuer le
trajet inverse B-A.
Méthode : procéder comme pour le bac sur la rivière (triangle des vitesses).
Réponse : 58.5 km/h et 46 min (environ).
C
α
β M S1
bielle BD
D
B
piston P
VAOA/s
manivelle A
OA
coulisse
(CO)
O
CB
Fig. 4.31 – Mécanisme à retour rapide
Y
Roue1 Roue2
O1 A1 A2 O2
Caisse
Z1
Roue1
R
Y
1
O
Roue4
1
Roue3
α3 A4 O4
A3
α3
M
X
Essieu3 1
O3 Essieu4
sol 1
Réponse
2. Le C.I.R. de la caisse par rapport au sol se trouve en I, à l’intersection des axes des
roues, et donc sur la ligne O1 O2 . Les angles α3 et α4 doivent donc être tels que les
axes O3 Y3 et O4 Y4 se croisent en ce point I.
3. Il est évident que, comme ω ~ caisse/s = ωcaisse/s ~uz , on a de façon générale
°−→°
° °
~vOi rouei /s = ~vOi caisse /s = ωcaisse/s °IOi ° ~uXi
Le différentiel (cf. figure 4.33) est un système mécanique utilisé dans la transmission de
tous les véhicules sur roues. Ce dispositif permet d’appliquer un couple sur les deux roues
(gauche et droite) du train moteur alors que celles-ci tournent à des vitesses différentes
lorsque le véhicule est en virage (cf. exercice précédent).
Le différentiel est accouplé à l’extérieur par trois arbres
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 185
Moteur
Pignon
ω
d’attaque
Porte−satellite
C B ou boitier
S/PS
A
Satellite
S
PS
R
z
ω
1 ω Planétaire
2
A’ O P2/s
P2
r
Planétaire P1/s B’ x
P1
Le système de la meule est utilisé depuis lontemps par l’homme pour moudre le grain
(figure 4.35). Son principe est simple : un arbre moteur tourne autour d’un axe vertical. Cet
arbre moteur porte un axe horizontal autour duquel peut tourner une meule, appelée meule
roulante, tout en roulant en même temps sur une meule fixe, appelée meule dormante. La
meule roulante, en roulant sur les grains placés sur la meule dormante, les broie pour en
faire de la farine.
Pour en faire l’étude, le dispositif est schématisé comme indiqué à la figure 4.36. On
distingue la meule elle-même (la roulante), représentée par le disque S de centre C et
de rayon R, et l’arbre moteur S∗ . Les solides S et S∗ sont en liaison rotoı̈de d’axe PC
parallèle à l’axe y. La meule S roule sans glisser en M sur le bâti s (meule dormante).
L’arbre moteur S∗ est en liaison rotoı̈de d’axe Oz avec le bâti s.
Comme indiqué sur la figure 4.36, les distances OP etPC ont aussi une longueur égale
au rayon R de la meule.
En supposant connue la vitesse de rotation ωS∗ /s de l’arbre moteur, on demande de
déterminer le vitesse ~vBS /s , le point B se trouvant sur la meule, à l’horizontale du centre
C de la meule.
Réponse :
CHAPITRE 4. CINÉMATIQUE DES SYSTÈMES MÉCANIQUES 187
s S
ω S*/s
z S* C y
O
x
z z
S* S*
S
S
R
B C P C
y R
O
x M
x M y
s s
Fig. 4.36 – Schéma de la meule
Annexe A
Bien que le système international d’unités (SI) fasse normalement partout office de
référence, on rencontre encore couramment d’autres unités et notamment les unités anglo-
saxonnes. On trouvera ci-dessous un tableau de conversion pour passer de diverses unités
au système international, pour les grandeurs mécaniques les plus courantes.
Accélération
pieds par seconde2 (f t/s2 ) mètre par seconde2 (m/s2 ) 3, 048 000 E−01
pesanteur terrestre (gn ) mètre par seconde2 (m/s2 ) 9, 806 650
pouce par seconde2 (in/s2 ) mètre par seconde2 (m/s2 ) 2, 540 000 E−02
Angle
radian (rad) degré (o ) 57, 295 780
degré (o ) radian (rad) 1, 745 329
Aire
pieds2 (f t2 ) mètre2 (m2 ) 9, 290 304 E−02
pouce2 (in2 ) mètre2 (m2 ) 6, 451 600 E−04
Energie [1J = 1N · m]
pied · livre-force (f t · lbf ) joule (J) 1, 355 818
kilowatt - heure (kW · h) joule (J) 3, 600 000 E+06
watt - heure (W · h) joule (J) 3 600
watt - seconde (W · s) joule (J) 1
189
ANNEXE A. CONVERSION DES UNITÉS MÉCANIQUES 190
Longueur
pied (f t) mètre (m) 3, 048 000 E−01
pouce (in) mètre (m) 2, 540 000 E−02
micropouce mètre (m) 2, 540 000 E−08
micron (µ) mètre (m) 1, 000 000 E−06
mil (0, 0001 in) mètre (m) 2, 540 000 E−05
mile nautique mètre (m) 1 852
mile international (mi) mètre (m) 1 609, 344
Masse
grain (gr) kilogramme (kg) 6, 479 891 E−05
gramme (g) kilogramme (kg) 1, 000 000 E−03
kilogramme-force seconde2 par kilogramme (kg) 9, 806 650
mètre (kgf · s2 /m)
livre-force seconde2 par pouce kilogramme (kg) 175, 126 8
(lbf · s2 /in)
ounce (oz) kilogramme (kg) 2, 834 952 E−02
livre (lb) kilogramme (kg) 4, 535 924 E−01
slug (slug) kilogramme (kg) 14, 593 390
tonne métrique (t) kilogramme (kg) 1 000
tonne (short 2000lb) kilogramme (kg) 907, 184 7
tonne (long 2240lb) kilogramme (kg) 1 016, 047
Moment d’inertie
slug-pied carré (slug · f t2 ) kilogramme mètre carré (kg · m2 ) 1, 355 818
livre-force seconde2 pouce (lbf ·s2 · kilogramme mètre carré (kg · m2 ) 1, 129 848 E−01
in)
livre par pied cube (lb/f t3 ) kilogramme par mètre cube 16, 018 46
(kg/m3 )
libre par pouce cube (lb/in3 ) kilogramme par mètre cube 2, 767 990 E+04
(kg/m3 )
Temps
jour (solaire) (j) seconde (s) 8, 640 000 E+04
heure (h) seconde (s) 36 00
année (365 jours) seconde (s) 3, 153 600 E+07
année sidérale seconde (s) 3, 155 815 E+07
Moment de force
dyne-centimètre (dyne · cm) newton-mètre (N · m) 1, 000 000 E−07
ANNEXE A. CONVERSION DES UNITÉS MÉCANIQUES 192