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Rifai Amal
Professor, Regional Center for the Professions of Education
and Training, Rabat, Morocco.
.rifaiamal10@gmail.com
Bouali Mostafa
Professor, Regional Center for the Professions of Education
and Training, Rabat, Morocco.
Abstract:
Through this article, we seek to show the importance of learning management which can only
be wisely practiced by mastering the theories in this field. We have chosen, first of all, to focus
on the principle of group dynamics which is considered among the most delicate practices to
be carried out by the teacher. Thus, we have exposed the theory of group dynamics, the theory
of authority in the group and the attitude that the teacher must take to deal with conflicts that
can interfere with the teaching / learning process. This allowed us to talk, lastly, about group
formation and the roles of the teacher and the learner in a teaching / learning situation based on
group work.
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Revue de l’administration de l’éducation, n°10, 2021.
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Introduction
L’une des conditions sine qua non pour garantir un enseignement/apprentissage efficace
est le climat qui règne en classe. En effet, le groupe-classe doit être caractérisé par l’entente et
la coopération entre ses membres et l’enseignant à travers la gestion de la classe se porte garant
de cette cohésion. Ainsi, l’action et de l’enseignant et de l’apprenant ne peut gagner en efficacité
qu’une fois l’ordre est établi, les objectifs bien expliqués et les apprenants bien motivés pour
réussir la construction de leurs apprentissages.
Cet ensemble d’habiletés est appelé par certains chercheurs " les facilitateurs
d’apprentissage" que Guillaume & Manil (2016) énumèrent comme suit «1. tenir compte des
émotions ; 2. faire/exposer ; 3. proposer un étayage affectif, cognitif et conatif ; 4. gérer le
temps, les consignes et les référents ; 5. assurer la stabilité, la sécurité ; 6. parler de ce qu’on
apprend ; 7. organiser les interactions. ». Dans ce sens, les facilitateurs didactiques sont tout
ce qui permet de rendre l’apprentissage accessible et facile à acquérir. Ils consistent dans les
consignes et les techniques de questionnement qui sont la base de la découverte et de
l’apprentissage. Ils renvoient aussi aux stratégies et techniques de motivation en classe, à la
pédagogie différenciée, aux techniques de reformulation du savoir et à la gestion du temps et
de l’espace de la classe. Par ailleurs, sur le plan pédagogique, ils réfèrent au relationnel qui
touche la gestion des conflits et la gestion de la communication et des interactions en classe
comme étant des facteurs assurant la stabilité et la confiance en soi de l’apprenant.
groupes entre 1965 à 1980. Selon Dennery (2015) « Kurt Lewin pose comme postulat que tout
groupe restreint (de 4 à 5 personnes à 25 environ) a une dynamique propre qui dépasse les
dynamiques individuelles et interindividuelles. Cette dynamique influence considérablement la
production et les effets d’un groupe ». Les éléments qui constituent l’environnement
psychologique et social de l’individu influencent son comportement. Le groupe crée un champ
psychologique qui détermine l’agir des personnes qui le composent (Lewin, 1948). Une telle
situation se réalise parfaitement dans le groupe classe où l’apprenant se trouve intégré dans un
« “un système de tensions, tantôt positives, tantôt négatives, correspondant au jeu des désirs et
des défenses“. Il revient au formateur de réguler ces tensions en vue de faciliter
l’apprentissage. » (Dennery, 2015).
Sur le plan étymologique « le terme groupe serait récent. Il aurait été importé d’Italie
du monde des beaux-arts (groppo) vers le milieu du 17ème siècle. Il signifiait « un assemblage
d’éléments, une catégorie d’être ou d’objet ». Il s’impose dans le langage en tant que « réunion
de personnes » seulement un siècle plus tard ». (Jean-Augustin, 2003 : 4).
▪ Les groupes primaires : ce sont de petits groupes de personnes maintenant des relations
intimes et stables. Exemple : famille, amis…
▪ Les groupes secondaires : ce sont des groupes plus importants qui participent à des
buts et à des actions communes. Exemple : communautés de conception de logiciels…
Anzieu & Martin (2000) ont identifié cinq types de groupes humains qu’ils ont classés dans un
tableau selon sept critères (Cf. la 1ère ligne du tableau ci-dessous)
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Tableau 1 : Classification des groupes humains selon Anzieu et Martin (2000 : 42)
1.2. Le groupe-classe
consolident avec le temps. En sus, le groupe classe est conscient des buts communs en rapport
avec l’apprentissage, la réussite, le développement personnel etc. et des actions communes
importantes et spontanées.
L’effet du groupe sur les croyances et les normes individuelles est générateur de
changement. Certaines caractéristiques du « groupe secondaire ou organisation » sont proches
de celles du groupe classe. Cependant, la différence réside dans la nature des relations entre
individus qui sont riches et conduisent au changement des croyances et des normes des
membres du groupe.
L’explication des interactions entre les membres des groupes, notamment le groupe
classe, et l’interprétation de leurs comportements positifs ou négatifs vis-à-vis de la vie en
groupe est étudiée par Kurt Lewin à travers ses deux travaux majeurs consistant en la théorie
des champs de forces et la théorie de la recherche d’équilibre.
Wilfred Ruprecht Bion (1965) a abordé à son tour l’inconscient des groupes du point de
vue de psychanalyste à travers ses trois hypothèses de base : la dépendance, le combat-fuite et
le couplage. Dans les paragraphes qui suivent, nous aborderons ces travaux pour dresser par la
suite une attitude optimale pour le professeur en tant que leadership de sa classe capable
d’installer une bonne dynamique de groupe.
En sciences physiques un champ renvoie à une zone d’espace dans laquelle se trouvent
des propriétés représentées par des variables physiques (température, forces, etc.). Lewin
(1988) a utilisé le concept physique de « champ de forces » dans sa théorie des champs pour
expliquer les facteurs environnementaux qui influencent le comportement humain. En effet, il
a mené une expérience en 1942 lorsque le gouvernement américain en guerre a souhaité inciter
ses administrés à manger des abats de viande (rognons, cœur, museau), généralement boudés
par les consommateurs. Du coup, il a trouvé la meilleure méthode pour arriver à ces fins. Il a
formé des groupes de ménagères répartis en deux catégories. Les femmes de la première
catégorie ont assisté à une conférence expliquant l'intérêt de consommer des abats en raison de
leur valeur nutritive et de la situation économique du pays. Des recettes sont également
présentées aux auditrices. Les femmes de la deuxième catégorie ont assisté à un bref exposé sur
le sujet, puis, elles ont été invitées à discuter librement entre elles. Les résultats obtenus après
une semaine de cette expérience, à travers un contrôle effectué au domicile de ces femmes ont
affirmé l’efficacité de la deuxième méthode. En effet, 32 % de ces ménagères ont utilisé des
abats contre seulement 3 % des femmes ayant simplement assisté à une conférence. Des
expériences similaires portant sur des aliments divers (lait, huile de foie de morue pour les
bébés, pain de seigle) ont toutes abouti à la même conclusion. Cette étude démontre avec force
l'influence que peut exercer la dynamique des groupes sur les comportements individuels et la
supériorité de l’approche démocratique. A travers cette expérience, Lewin a affirmé que :
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toutes les variables qui interviennent en temps réel dans le cadre du groupe. Lewin retient trois
variables essentielles :
▪ La tension : est la différence entre les objectifs proposés et l’état actuel de la personne.
La tension est interne et nous pousse à mener à bien l’intention.
▪ Le besoin : Il s’agit de ce qui initie les tensions motivantes. Lorsqu’un individu a un
besoin physique ou psychologique, un état de tension interne est éveillé. Cet état de
tension amène le système, dans le cas du groupe c’est la personne, à se modifier pour
essayer de restaurer l’état initial et satisfaire le besoin.
▪ La force : c’est la cause des actions et de la motivation. Lorsqu’un besoin existe, une
force ou un champ de forces est produit ; s’ensuit alors la naissance d’une activité. Ces
activités ont une "valence" soit positive, soit négative. À son tour, la valence des
activités dirige des forces vers d’autres activités (positives) ou contre elles (négatives).
Le comportement qui en résulte est la réponse au mélange psychologique de différentes
forces.
- Le groupe dirige les actions de ses membres. Cela signifie que « la prise de
décision en groupe engage plus à l’action qu’une décision individuelle car les membres du
groupe sont prêts à adhérer à de nouvelles normes dès lors que le groupe y adhère » (Moor,
2017). Anzieu et Martin (2000) généralisent ce concept et soulignent que concernant le
« changement des habitudes alimentaires, de rendement au travail, d’alcoolisme, de préjugés,
tout montre qu’il est plus aisé de changer des individus constitués en groupe que de changer
chacun d’eux séparément » (cité dans Moor, 2017).
Lewin a mené une expérience qui cherche à déterminer le climat propice pour une bonne
dynamique de groupe : il s’agit de trois groupes séparés l’un de l’autre. Chacun de ces groupes
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est soumis à des conditions d’organisation différentes afin de définir le type d’organisation le
plus favorable à un « climat » où règne une bonne dynamique au sein du groupe. Le tableau qui
suit met en exergue les résultats qui découlent de cette expérience :
Tableau 2 : L’expérience des trois climats de Lewin, Lippit et White (Guittet & Amado, 2012)
Dans cette expérience, Lewin détermine trois types de « climats » qui ont donné trois
résultats différents :
Les résultats de cette expérience montrent d’une manière tangible que le « climat
démocratique » est le plus favorable à une bonne entente et conduit à la réalisation des tâches
grâce à une bonne dynamique des groupes.
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Pour Bion trois présupposés gèrent la vie des membres d’un groupe :
La dépendance : Moor (2017 : 8) nous explique que « le groupe s’attend à être protégé
par le leader dont il se sent dépendre pour sa nourriture intellectuelle ou spirituelle. Si le leader
accepte son rôle, les pouvoirs et devoirs associés, le groupe peut subsister sans conflit mais ne
progresse pas foncièrement. En revanche, si le leader refuse d’assumer son rôle, le groupe se
sentant abandonné, développe un sentiment d’insécurité. Cette dépendance selon Bion est une
régression vers le stade de l’enfance où étant totalement à la charge des parents, l’individu n’a
plus aucune action sur la réalité. Cette dépendance est un rêve éternel des groupes d’avoir un
chef intelligent, bon et fort qui assume toutes les responsabilités (à leur place). »
Le combat fuite : « dans la perspective où le leader refuse son rôle, le groupe se réunit
soit pour lutter, soit pour fuir. Cette attitude est le signe de solidarité du groupe. Dans l’exemple
d’un groupe de discussion libre (sans meneur), la fuite se traduit par des remarques telles que :
« c’était futile, on n’a rien fait… ». Ceci caractérise une fuite, le groupe prouvant alors qu’il
ne pouvait se débrouiller seul. Des rires et une discussion animée, incluant critiques contre le
moniteur (non leader) se révèlent être une attaque suivant la fuite. » (Moor, 2017 : 8).
Le couplage : les résultats du présupposé « combat fuite » peut être soit l’éclatement du
groupe en sous-groupes, soit la constitution de couples qui représentent un danger pour l’union
du groupe.
Selon Bion (1965), ces présupposés ne fonctionnent pas ensemble, l’un d’entre eux
domine alors que les deux autres persistent mais en puissance.
L’une des expériences en psychologie qui montrent l’emprise de l’autorité sur les
individus était celle menée par Stanley Milgram en 1963. Ainsi, pour étudier l’efficacité de la
punition sur l’apprentissage, il demanda à des participants d’administrer des décharges
électriques (fictives seulement) à une autre personne attachée sur une chaise et connectée à un
dispositif d’électrochocs. L’objectif réel est en fait de mesurer le niveau d’obéissance à un ordre
contraire à la morale. La remarque c’est que plus les réponses sont fausses, plus les chocs
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électriques sont forts et les participants ne s’intéressent pas aux supplications de la personne
subissant la torture1.
Il en résulte de cette expérience qui a été reprise dans plusieurs pays du monde que
l’individu peut abandonner son esprit critique, délaisser sa conscience et exécuter des atrocités
sur d’autres individus du fait qu’il obéit à une autorité légitime.
Les résultats de cette expérience peuvent nous prévenir qu’au sein du groupe classe
l’apprenant obéissant à une autorité, qu’il interprète comme étant légitime, émanant de
l’enseignant ou d’un autre apprenant, peut léguer son esprit critique au second degré et exécuter
ce que le leader lui demande de peur de perdre sa protection – qui est un besoin vital renvoyant
à l’image du père dominant (simulacre du "chef de la horde" et du "père primitif" dans le
langage de Freud).
A partir des théories des groupes exposées supra nous pouvons formuler des déductions
qui pourraient conduire à une bonne dynamique du groupe classe :
1
- Pour plus de détail sur le scénario de cette expérience, Cf. Psychologie sociale.com. URL.
https://www.psychologie-sociale.com/index.php/fr/experiences/influence-engagement-et-dissonance/204-la-
soumission-a-l-autorite (Consulté le 03/08/2021)
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4. L’attitude de l’enseignant
Pour arriver à une bonne dynamique au sein du groupe, il est possible de se baser sur
une bonne approche personnelle de l’enseignant et sur la pédagogie institutionnelle. Ces deux
composants peuvent conduire à la mise en place d’une bonne dynamique de groupe.
Les théories psychanalytiques et sociales, que nous avons abordées dans les paragraphes
précédents, ont esquissé les lignes directrices de l’approche personnelle de l’enseignant, en tant
que leadership du groupe classe, en précisant les conditions nécessaires pour aboutir à une
bonne dynamique de groupe.
- Fixer les règles du jeu en précisant les limites à ne pas dépasser et les règles à
respecter. Puis, utiliser les sanctions éducatives positives en cas de transgression de ces règles.
Cela dit, il doit toujours veiller à l’équilibre et trouver des solutions aux éventuels problèmes
qui peuvent survenir.
- Les méthodes pédagogiques actives sont d’une grande utilité pour une bonne
dynamique du groupe puisqu’elles favorise le travail par projet et développent l’esprit de la
collaboration et du partage.
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la comparaison avec les pairs, pour aller jusqu’à un socle de connaissances commun, est
possible. » (Bucheton, 2017 : 7).
Ainsi, la vie en classe doit être gérée par des lois qui ne doivent pas être transgressées.
Dans le cas contraire, le problème doit être traité par une institution. Cette dernière est appelée
le « conseil de la classe » qui, selon le besoin, fait une réunion thérapeutique composée et
animée, généralement chaque semaine, par l’enseignant et tous les élèves. Pendant cette séance
du conseil de la classe, les élèves discutent les paramètres de la vie de la classe, traitent le
règlement des conflits, se mettent d’accord sur des projets et prennent des décisions à appliquer
par la suite. Ces réunions permettent de faire le point sur la vie du groupe et présenter les idées
des élèves.
Pour élaborer toutes les compétences, Oury (1967) a proposé d’établir des ceintures de
niveau permettant aux enfants d'évaluer leur réussite dans tel ou tel domaine d'activité de la
classe et des ceintures de comportement matérialisant la position provisoire de chaque élève
par rapport aux exigences de la vie au sein du groupe classe.
Dispenser et gérer un cours dans le cadre d’une séance pédagogique est une opération
qui demande beaucoup de doigté. L’enseignant doit prendre en considération, en même temps
et d’une manière efficace, les situations didactiques, les situations pédagogiques en plus des
conflits qui peuvent être générés de la mise en œuvre de ces dernières. Les règles de la classe
peuvent être transgressés à n’importe quel moment par l’apprenant et d’une manière parfois
imprévisible. Cette transgression consiste dans le fait que « quelqu’un sort du cadre fixé en
toute connaissance de cause, pour tester, d’une part, les limites du groupe et des animateurs et
d’autre part ses propres limites, ainsi que pour provoquer ou pour remettre ce cadre en
question »3.
2
- Encyclopedie.fr. « Pédagogie institutionnelle. Définition ».
URL. https://www.encyclopedie.fr/definition/P%C3%A9dagogie_institutionnelle (Consulté le 05/08/2021).
3
- RéSeAu UniFor. « Choisir une sanction éducative ». URL. https://www.guides.be/bibliotheque/documents-
pedagogiques/staff-d-unite/outils-pour-l-unifor/reseau-unifor/reseau-unifor-choisir-une-sanction-educative
(Consulté le 05/08/2021).
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Chahuter, se déplacer en classe sans autorisation, éclater de rire, se lancer des objets,
frapper un autre apprenant, ne pas réaliser les devoirs sont des transgressions qui dérangent
l’ambiance facilitatrice des apprentissages et demandent l’intervention de l’enseignant et
parfois de l’institution.
« La transgression est un message clair qu’il ne faut pas ignorer. Il s’agit de lui donner
une réponse claire et adaptée » (RéSeAu UniFor, 2014 : 5). En effet, lorsqu’une transgression
d’une règle de la classe est produite, l’enseignant ne doit pas la négliger, il doit intervenir pour
protéger le droit de ses élèves à avoir une vie en classe sereine leur permettant l’apprentissage.
L’enseignant peut procéder par sanction pour corriger le comportement de l’apprenant qui ne
veut pas se soumettre aux règles de vie de la classe. L’Agence Universitaire de la Francophonie
(2016) définit la sanction comme une mesure prise pour rappeler ou renforcer une règle. Elle
consiste en une peine ou une récompense destinée à confirmer un jugement sur l’action d’une
personne. Elle est étroitement liée à la règle et appliquée en cas de transgression volontaire de
celle-ci. Gauthier (2012) affirme que la sanction est nécessaire pour l'éducation de celui qui ne
respecte pas la loi afin de pouvoir assurer la sécurité, l'équilibre des individus et du collectif, la
réussite de l'action éducative et de la vie collective et enfin pour préserver la crédibilité du
dispositif réglementé.
La sanction peut prendre plusieurs formes tels que : l’affliction corporelle, la privation
de liberté, le travail imposé, les devoirs supplémentaires … Cependant, il ne faut pas l’utiliser
d’une manière abusive ou injuste pour ne pas avoir un effet contraire car son application
systématique peut compliquer la relation entre l’apprenant et l’enseignant et augmenter par
conséquent les conflits en classe. En effet, la sanction sous forme de réaction de la part de
l’enseignant, quand elle est teintée d’injustice (punir par erreur de jugement), peut entraîner des
répercussions néfastes sur l’apprenant. C’est pour cette raison que la sanction en classe doit
évoluer d’une sanction punitive vers une sanction éducative positive « visant à faire advenir un
sujet responsable en lui imputant les conséquences de ses actes » (Agence Universitaire de la
Francophonie, 2016).
Plusieurs points de vue sur la nature de la sanction éducative positive ont été soulevés.
REY (1998) affirme que même si la discipline en classe est nécessaire, elle ne doit pas être
imposée par l’enseignant mais négociée ou établie spontanément par les apprenants eux-
mêmes. Autrement dit, il faut amener l’apprenant à observer une certaine discipline sans la lui
imposer en le soumettant aux sanctions punitives. Pour ce faire, plusieurs facteurs doivent être
pris en considération. Nous citons entre autres : l’intérêt de l’apprenant pour les études, la nature
de sa relation d’une part avec ses pairs et d’autre part avec ses enseignants, sa relation avec son
entourage familial… « La transgression, naturelle chez un jeune, fait partie de son
développement. Y apposer des limites joue un rôle structurant pour lui. De ce fait, la sanction
est éducative car elle participe à la construction de la personne. Elle lui permet de grandir
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quand elle fait évoluer l’individu dans sa prise de conscience des limites, de la norme et de sa
transgression. » (RéSeAu UniFor, 2014 : 9)
Nous ne pouvons pas sanctionner un apprenant concernant une règle qui n’est pas
expliquée et bien saisie, faute de quoi la sanction apparaît abusive et injuste. Pour un bon
fonctionnement de la sanction éducative Traube (2002) détermine dix conditions à respecter
avant de procéder à une sanction pédagogique. Ces conditions sont :
Il s’agit donc de confronter l’élève transgresseur de la règle à ses actes par le biais d’un
feedback constructif qui vise à le responsabiliser et à le pousser à prendre conscience des
conséquences de son action sur la totalité du groupe-classe. Un dialogue avec l’apprenant sera
bénéfique mais sans lui faire perdre sa confiance en lui-même comme entité autonome faisant
partie d’un groupe.
Gauthier (2012), quant à lui, définit trois formes de la sanction éducative à appliquer
selon les cas et selon la gravité de l’action de l’apprenant :
Le travail en groupes est l’une des stratégies efficaces que l’enseignant peut utiliser dans
la gestion des apprentissages. Le constructivisme et le socioconstructivisme insistent sur le
travail en groupes vu les possibilités qu’il offre aux apprenants pour apprendre par les pairs et
développer le sens de la coopération. Le progrès que l’apprenant peut réaliser en travaillant en
groupe est expliqué, selon Roux (2004 : 3), par la théorie du conflit socio-cognitif. L’interaction
entre les pairs conduit l’apprenant à confronter son point de vue à celui des autres membres du
groupe et prendre conscience qu’il y a d’autres points de vue différents du sien. D’où, il doit se
mettre d’accord avec le reste des membres du groupe pour arriver à une réponse concertée pour
le problème posé. Ainsi, le progrès individuel est expliqué par le fait que l’apprenant intériorise
des coordinations inter individuelles quand il travaille en groupe (Mugny, 1985).
D’autres habiletés importantes pour la vie sociale de l’élève peuvent être acquises en
travaillant en groupes. Il s’agit d’apprendre à communiquer vu que la communication dans la
classe en mode de travail individuel est interdite ; ce qui pousse l’élève à se renfermer dans son
travail avec des connaissances et des méthodes de travail figées.
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6.1. Les types des tâches exigeant des élèves un travail en groupes
L’intelligence collective est définie par Greselle (2007 : 47) comme étant « l’ensemble
des capacités de compréhension, de réflexion, de décision et d’action d’un collectif de travail
restreint issu de l’interaction entre ses membres et mis en œuvre pour faire face à une situation
donnée présente ou à venir complexe ».
Garnier (2016 : 8) insiste sur le fait qu’il faut s’assurer que la tâche est accomplie dans
le cadre du groupe et non pas individuellement, et elle cite comme exemple de tâches
nécessitant un travail de groupe les cas suivants :
▪ Problèmes ouverts : l'énoncé est court et concerne un domaine avec lequel l'élève a
assez de familiarité pour prendre facilement "possession" de la situation et s'engager
dans des essais, des conjectures, etc. (IREM de Lyon)
▪ Tâche complexe : ici, complexe ne veut pas dire compliquée. C’est une tâche mobilisant
des ressources internes (culture, connaissances…) et externes (ressources
documentaires…). Elle est une combinaison de connaissances fondamentales, de
capacités à les mettre en œuvre dans des situations variées et d’attitudes indispensables
tout au long de la vie (ouverture aux autres…) (Eduscol)
▪ Des activités qui sont construites pour être faites en groupes.
▪ Exercice qui demande une nouvelle réflexion et qui pourrait mettre en difficulté des
élèves ayant un niveau faible. Il suppose donc de l’entraide entre les élèves ;
▪ Exercice permettant aux élèves de s’évaluer entre eux …
Dans une classe, les groupes peuvent être constitués de plusieurs manières. Garnier
(2016 : 10) nous propose trois manières de former des groupes :
− libre : souvent les élèves discutent d’autre chose que le travail demandé. Il n’y a
toutefois pas de souci de cohésion puisque les élèves ont choisi de travailler ensemble ;
− imposée par l’enseignant :
▪ des groupes de besoin (homogènes ou hétérogènes),
▪ des groupes géographiques : on constitue les groupes par rapport à la disposition
des élèves dans la classe,
▪ des groupes suivant la liste alphabétique : les cinq premiers élèves de la liste
travailleront ensemble, les cinq suivants ensemble…,
▪ des groupes suivant l’ordre d’entrée des élèves dans la salle de classe ;
− aléatoire : on laisse le hasard décider de la constitution des groupes (mettre les noms de
tous les élèves dans une boîte et tirer au sort les différents groupes.).
Pour garantir l’homogénéité du groupe ainsi que son efficacité, ce dernier doit être
composé d’une manière libre selon les choix des apprenants. Selon Barlow (1993) la manière
qui a donné les meilleurs résultats consiste dans une préparation des groupes à l’avance non pas
par affinité mais par groupes de besoin ou par groupes hétérogènes (selon le sexe, la force
personnelle, le rendement scolaire, les caractéristiques personnelles, …) en fonction des
objectifs visés. Cette composition assure la complémentarité, l’entraide et la coopération entre
les membres du groupe.
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▪ Se concentrer sur la tâche demandée au groupe sans prêter d’intérêt au travail dans sa
totalité.
▪ La discussion entre les membres du groupe peut les éloigner de la tâche à réaliser et les
amener à discuter des idées sans rapport avec ce qui est demandé.
▪ L’enseignant peut perdre le contrôle de la classe et s’éloigner de l’objectif de
l’enseignement-apprentissage.
Cependant, quels que soient les inconvénients du travail en groupes les chercheurs dans
ce domaine s’accordent à dire que ce type de gestion de la classe, s’il est bien mené par
l’enseignant, peut développer d’une manière efficace les compétences des apprenants. « Par le
travail coopératif et l’interaction sociale qu’il sous-tend, il est un levier pour le développement
de compétences qui placent résolument l’individu au sein d’un collectif »4.
4
- « Le travail en groupes », Dossier Professeur, Académie De Dijon.
URL.https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Form_prof_initiale_insertion/47/8/Travailler_en_groupes_109
478.pdf (Consulté le 09/08/2021).
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Conclusion
Tout au long de cet article, nous avons abordé le côté pédagogique de la gestion des
apprentissages. Dans cette perspective, nous avons tenté d’expliquer les comportements,
réactions et contre-réaction des élèves dans le groupe-classe en abordant d’abord le sujet de la
dynamique des groupes dans lequel nous avons étudié les théories des champs de forces et de
la recherche de l’équilibre ainsi que l’approche psychanalytique de Bion qui traite le sujet de la
recherche de l’autorité et l’emprise de cette autorité au sein du groupe. Ensuite, nous avons
présenté les caractéristiques de l’attitude personnelle du professeur en tant que leadership du
groupe-classe qui peut se baser sur l’approche institutionnelle, comme outil complémentaire,
lui permettant de gérer la classe en impliquant les élèves dans le processus de
l’enseignement/apprentissage.
Une fois ces éléments étudiés, nous avons abordé la gestion des conflits dans le but de
présenter dans un premier temps le concept de transgression des règles et de la sanction en
insistant sur son impact sur le comportement de l’élève au sein du groupe ; puis, nous avons
étudié les caractéristiques et les bases de la sanction éducative et les moments pendant lesquels
il faut faire appel à ce genre de sanctions. Nous avons passé, en dernier lieu, à la présentation
d’éléments en rapport avec la formation des groupes en précisant les causes qui incitent
l’enseignant à adopter le travail en groupes dans le cadre des activités d’apprentissage tout en
précisant les modes de formation des groupes et les rôles de l’enseignant et de l’élève dans leur
réalisation.
Ainsi, la maîtrise de la dynamique des groupes permet la stabilité des relations au sein
de la classe qui est un élément essentiel pour le maintien de l’attention et de la concentration de
l’apprenant lors des activités d’apprentissage. L’enseignant de son côté gagne en efficacité
quand il se trouve avec un groupe-classe stable et serein. Un tel climat lui garantit la possibilité
de mener à bien les opérations de l’enseignement-apprentissage facilitant à l’apprenant
l’assimilation de nouveaux savoirs et savoir-faire.
Bibliographie/Webographie
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