Vous êtes sur la page 1sur 4

La pédagogie active

La pédagogie par coopération


Dong Minh Thanh

Historique
La pédagogie par coopération ou la pédagogie coopératif. Elle est construite par la
coopération entre les apprenants au service de leur enseignant et de leur éducation.
Bien qu’elle peut apparaître comme moderne et issu des plus récents travaux des
sciences de l'éducation, émerge dans l'univers scolaire plus rapidement qu'on ne le
suppose généralement. Ainsi, d’après George (1996), les prémisses d'une structure
pédagogique à composante coopérative peuvent déjà être observées chez Comenius
(1592-1670). Celui-ci pose les premiers jalons de l'enseignement mutuel dans la
perspective ‘d'aider les nouveaux venus, surtout parmi ceux qui sont en retard sur les
autres, toutes les fois que cela sera nécessaire, car, entre égaux on est moins timide et
l'on n'a pas honte à expliquer des choses et à poser des questions’ (cité in George,
1996, p. 50).
C'est au sortir de la Première Guerre mondiale, dans un monde qui aspirait à la paix,
que des mouvements évoquèrent et recoururent explicitement à la coopération dans la
perspective d'un ajustement aux besoins nouveaux de l'enfant et de la société GFEN
(1972). Ainsi, lors de sa création, cette association, sous l'égide notamment de
Ferrière et de Wallon, en fit une de ses options pédagogiques majeures : ‘La
compétition égoïste doit disparaître de l'éducation et être remplacée par la
coopération qui enseigne à l'enfant à mettre son individualité au service de la
collectivité’ (p. 118). A cette même époque, Barthélemy Profit (1867-1946) a
procédé à la première application systématique des coopératives scolaires qui sont
définies comme des sociétés d'apprenants autogérées, avec le concours du maître, qui
conduisent des activités communes en vue d'une amélioration de l'éducation civique,
intellectuelle et morale de ses membres.

1
Proche des idées de Profit, Freinet (1896-1966) a conféré une dimension
supplémentaire à la coopérative scolaire. Rebuté par ‘l'individualisme et l'aspect
contraint et artificiel de la pédagogie traditionnelle’ (George, 1996, p. 53), il a
envisagé la coopération comme le moteur d'un nouveau modèle de formation au
profit de la personnalité de l'enfant et de ses apprentissages. Axées sur une démarche
expérimentale, que Freinet définissait sous le terme de ‘méthode naturelle’, les
techniques de création, d'expression, de communication qu'il développa, devaient ‘
aider à l'instauration, dans la classe, d'une relation nouvelle qui ne sera plus d'autorité
et d'obéissance mais de prise en charge coopérative’ (ICEM, 1972, p. 156).
En France, Meirieu (1996) précise la structure générale du groupe ‘d'apprentissage’.
Selon lui, ‘la mise en place d'un réseau de communication homogène entre les
participants, la distribution des matériaux aux participants de telle manière que la
réalisation du projet requière la participation de chacun, l’organisation d'un mode de
fonctionnement impliquant chacun à la tâche commune en fonction de l'objectif qu'on
entend lui faire atteindre’ (p. 15) sont des conditions de fonctionnement qui doivent
le caractériser.

I- La pédagogie par coopération, C’est quoi ?


Il existe plusieurs définitions concernant la pédagogie par coopération. La pédagogie
par coopération ou la pédagogie coopératif est une conception de l'éducation qui
place l’apprenant en tant qu'acteur de ses apprentissages, capable de participer à
l'élaboration de ses compétences en coopération avec l'enseignant et ses pairs.
L'acquisition des connaissances résulte alors d'une ‘collaboration du maître et des
apprenants, et des apprenants entre eux, au sein d'équipes de travail’. Autrement dit,
la pédagogie par coopération se définit comme une forme d’enseignement dont les
apprentissages sont possibles par la coopération entre les personnes qui composent le
groupe ou celles qui interagissent avec lui. Nous entendons par coopération toutes les
situations où des individus ont la possibilité de s’entraider par et dans la rencontre
éducative.

2
Selon Howden et Kopiec (2000, cites dans Howden et Laurendeau, 2005), l’objectif
principal de la pédagogie coopérative est d’inculquer à l’élève des valeurs qui
orienteront ses actions tout au long de sa vie. Les valeurs de l’apprentissage
coopératif sont celles qui sont véhiculées par les programmes de formation actuels
(MEQ, 2001b ;MELS, 2006). En effet, les programmes de formation actuels mettent
de l’avant les principes du courant socioconstructiviste, dont est issu l’apprentissage
coopératif. Les apprenants, amenés à travailler ensemble et à interagir, confrontent
leurs points de vue, leurs conceptions du monde ou leurs démarches de travail, ce qui
leur permet de restructurer leurs connaissances et de faire évoluer leur pensée.

II- Le rôle des enseignants :

Les enseignants, en plaçant ces apprenants en situation de travail coopératif peuvent


devenir de meilleurs observateurs. Ils sont, en effet, plus en mesure d’observer et
d’évaluer le produit, les processus et les habiletés sociales des apprenants. En
apprentissage coopératif, les enseignants agissent aussi comme des facilitateurs et des
médiateurs puisqu’ils encouragent l’entraide et les échanges. Ils peuvent aussi jouer
le rôle de consultants en partageant les connaissances qu’ils possèdent avec les
apprenants. Les enseignants veillent au bon fonctionnement de chacune des équipes.
Ils orientent les apprenants, leur fournissent de l’aide lorsqu’ils en ont besoin et
modélisent les comportements adéquats et les habiletés sociales et cognitives à
développer. Ils planifient les apprentissages et structurent les taches pour orienter les
apprenants et leur permettre de construire ensemble leurs apprentissages à l’aide
d’interactions (Gaudet et al., 1998 ; Lusignan, 1996). Les rôles attribués à
l’enseignant dans l’apprentissage coopératif, quoique très valorisants et enrichissants,
peuvent être exigeants. Ainsi, la mise en œuvre de l’apprentissage coopératif en
classe présente quelques inconvénients : elle exige beaucoup de temps et d’adaptation
pour les apprenants comme pour l’enseignant. De plus, l’apprentissage coopératif
demande une réorganisation des rôles et un partage des responsabilités entre
l’enseignant et les apprenants. En effet, l’enseignant doit permettre aux apprenants

3
d’exercer davantage leur autonomie et leur déléguer certaines responsabilités tant sur
le plan de la gestion de la vie de groupe que de la gestion des apprentissages. Lors
des tentatives d’implantation de structures coopératives en classe, les enseignants
peuvent être confrontés à certains problèmes. Les contraintes d’espace et de temps
sont les principales difficultés.

III- Quelques modalités de travaux pour la pédagogie par coopération :

On distingue généralement les différentes modalités :

 Le travail coopératif : chaque apprenant se voit confier un rôle précis dans un


groupe qui doit atteindre ensemble des buts communs. Chacun devient alors
indispensable à la co-construction du travail et à sa réussite finale.
 Le travail en groupe : chacun participe à la réalisation sans qu’une tâche spécifique
ne lui soit attribuée. Il suppose des activités de concertation et une participation
active. Il est cependant possible que certains membres de l’équipe ne contribuent
pas ou peu à la réalisation finale.
 Le mentorat : Établir une autre forme de coopération entre pairs ; se pratique avant
tout en duo. Il s’agit ici d’aider une personne dans ses apprentissages (le mentor
s’inscrit dans un rôle et dans un processus de facilitation).
 Le jumelage d’activités entre deux classes au sein du même collège, voire à
distance : Il permet, par exemple, le développement de coachings entre classes
d’âges différents ou de diverses cultures.

Vous aimerez peut-être aussi