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Équipement et Protection des ouvrages de captages

Ce support de cours est exclusivement destiné à la formation professionnelle en ligne.

Objectifs pédagogiques généraux du cours :

A la fin de ce cours, les apprenants doivent être capables de:


- Dimensionner et installer les équipements techniques des ouvrages de captages
- Déterminer le débit d’exploitation des ouvrages
- Déterminer la profondeur d’installation de la pompe
- Déterminer les différents périmètres de protection des ouvrages

Pré requis : Pour suivre ce module, l’apprenant doit savoir :


-les principales fonctions des formations géologiques : stockage, transfert, échange ;
- la typologie des nappes et aquifères
- notion de charges hydrauliques

Consignes : Les apprenants sont invités à consulter les documents et ouvrages cités dans la
référence bibliographiques pour de plus amples informations.

Merci aux apprenants de prendre connaissance du cours avant les rencontres synchrones.

Auteur (s) Mahamadou KOITA Date de création Décembre 2013

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CONTENU DU COURS

CHAPITRE 1: GENERALITES SUR LES OUVRAGES DE CAPTAGE ........................ 3


1.1 Présentation ..................................................................................................................... 3
1.2 Formations géologiques et occurrence des eaux souterraines .............................................. 3
1.3 Différents types d’ouvrages de captages .............................................................................. 7
1.3.1 Sources .......................................................................................................................... 7
1.3.2 Puits traditionnelles ...................................................................................................... 7
1.3.3 Puits modernes ............................................................................................................. 9
1.3.4 Forages ......................................................................................................................... 9
1.3.5 Qanats ......................................................................................................................... 10
1.3.6 Galeries filtrantes ........................................................................................................ 10
1.3.7 Les ouvrages spéciaux : forage dans un puits existent ................................................ 10
CHAPITRE 2: EQUIPEMENTS DES OUVRAGES DE CAPTAGE .............................. 12
2.1 Présentation ........................................................................................................................ 12
2.2 Les différentes techniques de foration................................................................................ 12
2.2.1 Forage par rotation ou forage rotary............................................................................ 12
2.2.2. Forage par marteau fond de trou ................................................................................ 14
2.2.3. Les fluides de forage .................................................................................................. 15
2.2.4. Les opérations à mener lors de la foration ................................................................. 16
2.3 Les équipements techniques ............................................................................................... 16
2.3.1. Le tubage plein ........................................................................................................... 19
2.3.2. Le tubage crépiné ou crépine...................................................................................... 20
2.3.3. Le massif filtrant ........................................................................................................ 21
2.3.3. Le développement ...................................................................................................... 22
CHAPITRE 3: LES ESSAIS DE PUITS .............................................................................. 23
3.1 Présentation ........................................................................................................................ 23
3.2 Essai de puits classique (ou essai par palier de débit classique) ........................................ 23
3.3 Essai de puits simplifié (méthode CIEH)).......................................................................... 28
CHAPITRE 4: PROTECTION DU FORAGE ET DU CHAMPS CAPTANT ................ 29
4.1 Présentation ........................................................................................................................ 29
4.2 Principe de fonctionnement d’un captage .......................................................................... 29
4.3. Ecoulement des nappes en position de pompage .............................................................. 30
4.4. Périmètres de protection .................................................................................................... 31
4.4.1. Critère permettant de définir les périmètres de protection ......................................... 32

MOTS CLES
Aquifère et nappe, forage, puits, sources, techniques de foration, équipements techniques des
forages, développement, essai par pompage, champ captant, périmètre de protection.

ACTIVITES PEDAGOGIQUES
Lecture du support de cours, traitement d’une situation problème, évaluation

BIBLIOGRAPHIE
Castany, G (1998) Hydrogéologie: principles et methods, dunod (nouvelles présentations),
236 p
Alan Macdonald, Jeff Davies, Roger Calow and John Chilton, (2005). Developing
groundwater, a guide for rural water supply, ITDG publishing, 358 p.
Fetter, C.W (2001) Applied Hydrogeology, 4th edition, Prentice Hall, 598 p
Michel Detay (1993). Le forage d’eau :, Masson, 379 p
Willian, J.S (1999). Hydrogeology in practice: A guide to Characterizing ground-water
systems, Prentice Hall, 248 p

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CHAPITRE 1: GENERALITES SUR LES OUVRAGES DE CAPTAGE

1.1 Présentation

Les eaux souterraines constituent une principale ressource mais elles sont peu connues.
Selon l’Association Internationale des Hydrogéologues « L’eau souterraine constitue l’un des
stocks d’eau douce du monde le plus accessible mais elle reste en marge des analyses et des
discussion sur la ressource en eau. Cette situation est perplexe et intolérable du fait que
l’eau souterraine est la principale source d’eau de boisson pour près de la moitié de la
population mondiale et pour la raison qu’elle soit la dominante source d’eau pour
l’irrigation devient critique pour la sécurité alimentaire » Près de la moitié de la population
africaine comptent sur l’eau souterraine (Carter et al. 2009) qui est dans plusieurs zones
rurales de l’Afrique Sub-saharienne, la seule source durable de l’eau destinée à la
consommation humaine. C’est principalement le cas du Burkina Faso où la plupart des eaux
de surface sont temporaires. Un certain nombre de grandes agglomérations et de «villes de
taille moyenne» africaines sont aussi approvisionnées avec l’eau souterraine.

Plus de 1.5 milliards de personnes dépendent des eaux souterraines et un nombre encore plus
important de personnes en dépendra si les objectifs du millénaire pour le développement sont
à atteindre. La ressource en eau souterraine résiste naturellement à la sécheresse et est
généralement de bonne qualité par rapport aux ressources en eau de surface.

Il existe différents moyens d’accès aux ressources en eau souterraine : des captages de sources
aux forages profonds, ou même horizontaux. Dans de nombreux cas les moyens utilisés
pour accéder aux eaux souterraines dépendent de la nature même de la ressource, par
exemple les puits traditionnels ne peuvent pas être utilisés comme moyen pour accéder aux
ressources situées à plus de 50 m en dessous de la surface du sol. Cependant, dans certains
environnements hydrogéologiques, différents moyens peuvent être utilisés, et dans d’autres,
des facteurs tels que le coût ou les souhaits communautaires peuvent être d’une priorité
majeure.

Trois types de moyens sont couramment utilisés pour accéder aux souterraines : les
sources, les puits et les forages…

1.2 Formations géologiques et occurrence des eaux souterraines

La disponibilité de la ressource en eau souterraine dépend primairement de la géologie. Bien


que la majorité des formations géologiques contiennent de l’eau, différents types de roches
présentent un comportement aquifère utile (contenir et transmettre l’eau). Le tableau 1
présente un résumé des formations aquifères et les environnements hydrogéologiques
couramment rencontrés. Cette classification grossière présente inévitablement des
implications de leur complexité.

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Tableau 1: potentialité en eau souterraine des principaux environnements hydrogéologiques
Environnement Description Potentialité en eau Cibles d’eau souterraine
hydrogéologique souterraine et débit moyen
(litre/seconde)
Socle très altéré et/ou Les anciennes roches Modérée Fractures ou fissures à la
fracturé cristallines et 0.1 - 1 base de l’altération profonde,
métamorphiques peuvent être les zones de fractures
densément fracturées. Elles verticales
peuvent être aussi
décomposées pour former un
manteau de matériau altéré
de plusieurs dizaines
Formations de socle
d’épaisseur.
Socle faiblement altéré ou Les anciennes roches Faible Larges Fractures isolées et
contenant des fractures cristallines et 0.1 - 1 des poches profondes
isolées métamorphiques, qui n’ont d’altération localisée
pas été altérées ou fracturées.
Les eaux souterraines
peuvent être difficiles à
trouver
Grès Sables et graviers qui ont été Modérée à élevée Grès grossier altéré ou
compactés et souvent 1 – 20 fracturé
cimentés pour former des
roches consolidées. Le degré
de consolidation varie
Roches sédimentaires suivant l’âge
consolidées Argilite et schiste Silt et argile qui ont été Faible
consolidés. Des argilites plus 0 – 0.5
consolidées peuvent être
fracturés. Ils sont très
souvent intercalés de bandes
de grès ou de calcaire
Calcaires Reste de coquillage, de Modérée à élevée Fractures
squelettes aquatiques et banc 1 - 100
déposés en milieu marin et
cimentés pour former des
roches consolidées. Ces
roches sont faiblement
solubles dans les eaux de
pluie, en plus des fractures
peuvent être élargies pour
former des conduites bien
développées et des systèmes
fracturés (karst)
Formations côtières calcaires Corail calcaire et de bancs Élevée Proximité des eaux salines
récentes dans les régions côtières et 10 – 100 limites la profondeur des
les iles coralliennes, souvent forages
faiblement cimentés avec de
fortes porosités et
perméabilités.
Sédiments non consolidés Grands bassins alluviaux et Sables, graviers et argiles Elevée Couches de graviers et de
côtiers déposés par les rivières, 1 – 40 sable
deltas ou dans les mers peu
profondes. Ces dépôts
peuvent avoir des kilomètres
d’épaisseur. Les sables et les
graviers ont à la fois des
fortes porosités et
perméabilités
Petits dépôts dispersés tels Les alluvions sont trouvées à Modérée Dépôts épais de
les alluvions et les dépôts de proximité des rivières 1 - 20 sables/graviers fins
dunes costaux contemporaines. Très Les aquifères côtiers doivent
hétérogènes, ils peuvent être faire l’objet d’une attention
constitués de cailloux, particulière afin de contrôler
gravier, sable, argile. l’intrusion saline
Loess (limon) Dépôts éoliens comprenant Faible – modérée Les zones ou les loess sont
les sables fin et argiles. Ils 0.1 - 1 épais et saturés
sont généralement de faibles
perméabilité et plusieurs
mètres d’épaisseur, mais
peuvent être extensifs et très
épais dans certaines zones
(Asie de l’est et central)
Les dépôts de vallée en zones En zones montagneuses, les Modérée à élevé Zones sableuses et
montagneuses versants et les fonds de vallée graveleuses stables.
peuvent être remplis de
fragments de roche
faiblement classés, de sables
graveleux et de cailloux.
1.3 Différents types d’ouvrages de captages

1.3.1 Sources

Une source est un endroit où l’eau souterraine s’écoule naturellement de la roche en surface ;
c’est essentiellement un écoulement affleurant de l’aquifère. L’existence des sources dépend
de la nature des roches (en termes de perméabilité), de la présence de fractures, la position de
la surface piézométrique et des changements de pente du terrain naturelle (fig.1.1). Les débits
des sources varient énormément de 0.1 litre par seconde à des milliers de litres par seconde.

Fig.1. 1: Illustration schématique de l'existence des sources en terrain volcanique

Les sources peuvent être vulnérables à la contamination (particulièrement à partir des activités
autour de la source) et être sensibles à la sécheresse ou même à plusieurs mois sans
précipitations. En vue de protéger les sources, maximiser leur productivité, des chambres de
collecte d’eau sont souvent construites à partir de « l’œil » de la source (Fig.1.2).

Fig.1. 2: aménagement d'une source par une chambre de collecte

1.3.2 Puits traditionnelles


Par définition, u n puits est une excavation en général cylindrique, permettant d’atteindre et
d’exploiter le niveau aquifère le plus proche du sol ou « nappe phréatique ». Il ya des milliers
d’années, les puits ont été construits pour avoir accès aux eaux souterraines. Ils sont réalisés à
la main dans du matériau moins durs tels que l’altération des roches de socle, les sables, les
graviers, ou calcaires. Ils sont peu profonds (moins de 20 m) et ont un diamètre qui varie entre
7
1 et 2 mètres ou plus. L’on distingue les puits traditionnels temporaires ou pérennes et les
puits modernes

 Puits traditionnels temporaires


Les puits traditionnels temporaires (Fig.1.3) sont caractérisés par des profondeurs
généralement inferieure à une dizaine de mètres. Ils sont creusés le plus souvent dans les
fonds des marigots ou dans les dépressions alluviales durant la saison des pluies. Les nappes
exploitées ont une extension réduite et sont caractérisées par des variations importantes,
pouvant aller jusqu’au tarissement total en saisons sèches. Le diamètre du puits est de l’ordre
de 0,8 mètre (diamètre minimum pour permettre le passage d’un homme. il est approfondi au
fur et à mesure que le niveau baisse au cours de la saison sèche.

Fig.1. 3: exemple de puits traditionnel temporaire


Le revêtement, quand il existe est constitué par de la paille, par des matériaux tressés ou par
des branchages. Il ne peut s’opposer aux venues de sable, auxquelles on remédie par un
curage périodique.
L’enlèvement du sable finit par créer un vide et provoquer l’éboulement des terrains
superposés, placés en porte à faux (fig.1.4). La gueule du puits est généralement plus étroite
que le fond et est garnie de bois placés en angle, qui laissent juste l’espace nécessaire au
passage des instruments de puisage. La gueule est surélevée de 0,20 à 0,50 m.

Fig.1. 4: Evolution d’un puisard en terrain sablo-argileux au fur et a mesure de la baisse


du niveau de puisage

 Puits traditionnels Pérennes


Il existe en très grand nombre dans les pays du sahel0 Leur profondeur peut atteindre 100 m
Les puits profonds sont l’œuvre de puisatiers spécialisés, seuls capables de venir à bout des
difficultés de fonçage et de soutènement. Les diamètres des puits varient entre 0,8 et 1 mètre
en fonction de la nature du terrain. Le fonçage est effectué à la barre à mine, l’évacuation des
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débris est faite avec les moyens de bord. Réalisé au fur et à mesure, le soutènement des parois
est mis en place uniquement aux endroits où les terrains sont jugés de mauvaise tenue : des
bois entrecroisés à angle droit ou des branches recourbées et ajustées au diamètre du puits ou
des pierres dans les régions où il en existe (fig.1.5)

Fig.1. 5: exemple de puits traditionnel pérenne

1.3.3 Puits modernes


La différence essentielle entre le puits traditionnel et le puits moderne (Fig.1.6) réside dans
ce qu’on appelle le captage ou colonne de mise en eau.

Fig.1. 6: Illustration d'un puits moderne

1.3.4 Forages
Un forage d’eau est un trou cylindrique vertical de petit diamètre exécuté dans le sol en vue
de capter les eaux souterraines. La profondeur varie entre 20 et 100 mètres voire plus et le
diamètre entre 100 et 300 mm. La figure ci-dessous illustre un forage d’eau en milieu rural au
Burkina Faso

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Fig.1. 7: forage d'eau à pompe manuelle en milieu rural

1.3.5 Qanâts
Ce sont des moyens anciens et sophistiqués d’abstraction et de transport d’eau souterraine
jusqu’au lieu de la demande (Fig.1.8). Ces moyens sont toujours utilisés au Yémen, Oman et
Iran.

Fig.1. 8: Illustration de système de Qanât

1.3.6 Galeries filtrantes


Ce sont des drains horizontaux construits en vue de capter les eaux souterraines peu profondes
(Fig.1.9). Elles sont particulièrement utiles pour captage des eaux des alluvions, sables et
rivière. Elles sont construites par excavation de tranchées 2 à 3 mètres en dessous du niveau
piézométrique basse-eau.

Fig.1. 9: représentation schématique d'une galerie filtrante

1.3.7 Les ouvrages spéciaux : forage dans un puits existent

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Le système de puits – forage consiste à exécuter un forage dans un puits existant. Ce cas
se produit lorsque des puits sont restés stériles et leur approfondissement en vue d’atteindre la
nappe aurait été très onéreux soit techniquement très difficile.

Il devient alors nécessaire de mettre en eau ces ouvrages par l’exécution de forages qui
atteindront la nappe. Le puits joue alors le rôle de réservoir, ce qui nécessite le bétonnage
de son fond et de ses parois

Fig.1. 10: Illustration schématique d'ouvrages spéciaux

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CHAPITRE 2: EQUIPEMENTS DES OUVRAGES DE CAPTAGE

2.1 Présentation

Dans ce chapitre nous nous focaliserons sur les ouvrages de captage de type forage qui sont
les ouvrages les plus modernes et couramment utilisés. Avant d’aborder l’équipement
proprement dit des forages, nous discuterons d’abord des grandes techniques de réalisation de
forage qui donnent des indications quant au choix de l’équipement de l’ouvrage. Le forage
doit être le plus performant possible et permettre de prélever le maximum d’eau, compte tenu
de l’environnement hydrogéologique dans lequel il est placé. Plusieurs paramètres
fondamentaux interviennent déjà dans le choix du type de foration, dans la nature et le
dimensionnement des tubages et évidemment de la crépine et du massif filtrant, mai aussi
dans le développement de l’ouvrage.

2.2 Les différentes techniques de foration

En fonction de la géologie (terrains sédimentaires plus ou moins consolidés, zone de socle


dur, …) ou de la profondeur à atteindre, plusieurs méthodes de forage peuvent être
envisagées.
Le diamètre de la foration joue un rôle important. Le choix d’un diamètre de départ pour la
foration devrait être fait en fonction de la profondeur de l’ouvrage et des dimensions
définitives de l’ouvrage. En effet, la nature de l’équipement d’exhaure (nombre et dimension
des pompes notamment) varie en fonction du débit escompté, de la hauteur manométrique
totale, et reste tributaire du diamètre du forage équipé.

Plusieurs techniques de foration existent, des plus anciennes ; forage par battage (percussion),
forage par havage au plus récentes ; forage par rotation(ou rotary), forage au marteau fond de
trou. Dans le cadre de cours nous nous focaliserons sur les techniques de forage par rotation
et par marteau fond de trou.

2.2.1 Forage par rotation ou forage rotary

 Principe: Un outil (tricône ou trilame) est fixé à la fin d’un train de tige (succession de
tiges visées entre elles) qui fait des mouvements de rotation entrainés par la tête de
rotation (Fig.2.1).

 La méthode rotary peut être utilisée pour forer rapidement dans les sédiments non
consolidés et aussi pour d’autres types de roches.

 Le tricône est généralement utilisé comme outil de foration bien que le trilame peut
être utilisé dans les terrains tendres.

 L’outil de forage fait des mouvements de rotation en broyant la roche.

 Les débris de roches sont remontés à la surface par soufflage du forage par l’air ou par
la boue.

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Fig.2. 1: représentation schématique d'un atelier de forage (après Mabillot)

 La boue est injectée à forte pression dans la fouille à travers les tiges (car elles sont
creuses). La boue remonte ensuite en surface avec les débris en passant par l’espace
annulaire (espace entre la fouille et le train de tiges.

 En surface la boue est recueillie dans le bac à boue où elle est éliminée des débris et
réinjecté dans le forage et ce cycle continu (fig.2.2)

Fig.2. 2: Illustration de la circulation (circulation directe) de la boue au cours de la


foration

 Avantages

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 Le rotary adapté à plusieurs types de formations tendres à mi-dures.
 Forte vitesse de pénétration en terrain tendre et peut atteindre 100 à 150 mètres par
jour.
 Stabilisation des parois de la fouille par dépôt de cake

 Inconvénients
 La pénétration en terrains durs est lente.
 Difficulté d’appréhender les faibles venues d’eau.
 Mélange de cuttings avec la boue
 Nécessite l’apport d’eau sur le chantier (pour la fabrication de la boue)

2.2.2. Forage par marteau fond de trou

Principe: un marteau pneumatique équipé de taillants est fixé à la base d’un train de tiges et
animé en percussion par envoi d’air comprimé dans la ligne de sonde, d’où le nom de
marteau fond de trou.

 Le fluide de circulation utilisé est l’air, qui, détendu à son passage dans le marteau,
acquiert une grande vitesse et remonte dans l’espace annulaire (entre tige et les parois
du forage) en entrainant les déblais.
 La plupart des marteaux fond de trou peuvent travailler à des pressions comprises
entre 4 et 18 bars.
 La technique du marteau fond de trou s’est particulièrement développée en recherche
d’eau dans les terrains durs et fracturés

Fig.2. 3: Diagramme schématique du marteau fond de trou

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 Avantages
 avancement rapide
 profondeur couramment atteinte de l’ordre de 150 m
 les fluides de forages (air, mousse…) sont bien adaptés au forage d’eau
 bonne observation des cuttings (coupe géologique) et des zones productrices d’eau
(suivi hydrogéologique)

 Inconvénients
 procédé non adapté dans les terrains non consolidés ou plastiques
 risque de formation des bouchons de cuttings, nécessitant de fréquents nettoyages du
trou par soufflage
Dans certains cas, les méthodes au rotary et au marteau fond de trou seront associés sur
un même forage

2.2.3. Les fluides de forage

Les fluides de forage ont un rôle capital dans l’exécution d’un forage quand ils sont bien
adaptés aux problèmes à résoudre
Le choix du fluide de forage dépend principalement de la nature des terrains à traverser et leur
rôle est:
 évacuer les débris de forage
 refroidir l’outil pour en atténuer l’usure
 soutenir les parois
 contrôler les pertes de fluide ou les venues d’eau

On distingue globalement deux types de fluide :


 Fluide à base d’eau (Composés d’argile et d’additifs sont utilisés pour les terrains non
consolidés)
 L’air (Utilisé pour les roches tendres et dures)

Les caractéristiques des fluides de forage à vérifier où à modifier si nécessaire sont:

 La densité
La densité est une donnée essentielle pour l’ascension des débris dans l’espace annulaire et la
tenue des parois
 La viscosité
Elle joue un rôle important dans la remontée des débris et la décantation rapide dans les
boues.
Un fluide trop visqueux est difficile à pomper à cause des pertes de charge. Une boue trop
fluide perd ses propriétés de consolidation des parois.
 Le cake
Le cake est la partie de la boue qui est retenue sur un filtre, ici le rôle de filtre est joué par les
terrains perméables.
Le cake ne se forme que sur les parties perméables. Son rôle est de consolider les parois du
trou par conséquent un cake trop faible ne tient pas suffisamment les parois. Un cake trop
important masque les venues d’eau
 Le filtrat
Lorsque la boue circule sur les parois perméables, elle a tendance à laisser filtrer l’eau à
travers la paroi, cette eau est appelée filtrat.
Le filtrat et le cake jouent des rôles inverses.
Les quantités de cake et de filtrat dépendent de la qualité de la boue. Un filtrat trop important
peut entrainer des éboulements de la paroi. S’il est trop faible, on peut avoir un colmatage des
venues d’eau.

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 La teneur en sable
La boue de forage a tendance à se charger fortement de sable en provenance des formations
forées. Le sable est néfaste pour le circuit de boue car il est dangereux pour les organes de
pompe à boue qu’il érode assez vite. On ne doit pas avoir plus de 5% de sable
 le pH
Le pH doit être compris entre 7 et 9,5 pour éviter la floculation (car elle détruit les
caractéristiques de la boue

 Avantage de l’utilisation de la boue


 atteinte de profondeur importante sans tubage de soutènement provisoire

 Inconvénients de l’utilisation de la boue


 les faibles venues d’eau sont camouflées par la boue et peuvent échapper au foreur
 Les horizons où on a une perte de boue ne sont forcement des aquifères, mais
simplement perméables
 creuser une fosse à boue, ce qui entraine des durées supplémentaires, en plus le
développement d’un forage à la boue est plus long que celui d’un forage à l’air. Il faut
même dans certains cas envisager une scarification pour débarrasser les parois du
cake

2.2.4. Les opérations à mener lors de la foration

Au cours de la foration diverses opérations sont à conduire. Ces opérations donnent des
indications sur le dimensionnement des équipements technique. Les plu importantes sont :

 Prélever les échantillons (chaque mètre) en vue d’établir la coupe géologique du


forage
 Noter la granulométrie sur chaque échantillon
 Noter les arrivées d’eau, leur profondeur et débit
 Noter la profondeur totale du forage en remontant les tiges
 Noter la vitesse de pénétration de l’outil car plus forte dans les zones fracturées et le
bruit de la foreuse change

2.3 Les équipements techniques

On appelle complétion, l’ensemble des opérations visant à équiper l’ouvrage de captage en


vue de son exploitation. La complétion comprend deux opérations principales:
 équipement techniques
 développement

L’équipement technique doit protéger l’ouvrage, permettre son exploitation optimale, éliminer
les aquifères nuisibles (eau des altérites) :

 mise en place du tubage et les crépines


 pose du massif filtrant
 Développement
 essai de pompage, ce dernier fera l’objet d’un chapitre à part.

Un forage idéalement équipé doit satisfaire aux conditions suivantes:


 La productivité du forage est maximisée
 Les venues de sable dans le forage sont minimisées

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 Les matériaux d’équipement sont de bonne qualité avoir une durée de vie d’au moins
25 ans
 Les eaux contaminées ou les sources d’eau indésirables doivent être isolées du forage.

Les figures ci-dessous montrent les coupes schématiques de forages équipés qu’on rencontre
en fonction de la nature des terrains géologiques. Nous aborderons dans le détail chacun des
éléments participant à l’équipement classique du forage.

Les principales opérations à mener lors de l’équipement sont :

 Installation des tubages plein (casing en anglais) et des tubages crépinés (screen en
anglais)
 Mise en place du massif filtrant (gravel packing en anglais)
 Développement du forage
 Essai de puits ou Essai par paliers de débit (qui fera l’objet du chapitre 3)

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Forage équipé en terrain consolidé avec
Forage à trou nu en terrain consolidé Forage équipé en terrain consolidé avec une zone instable au dessus de l’aquifère
risque d’éboulement

Forage équipé en terrain non consolidé Equipement classique de forage en milieu Equipement classique de forage en milieu
avec tube de soutènement rural rural
Fig.2. 4: variantes d'équipement de forage
2.3.1. Le tubage plein

On utilise généralement des tubages en PVC (Fig.2.5). On l’utilise pour des raisons
d’économie, de résistance à la corrosion et de facilité de mise en œuvre (transport et
manutention).

Les tubages doivent être exempts de tout défaut et doivent être verticaux et placés dans toutes
les parties du terrain à isoler ou stabiliser

 Choix du diamètre de tubage:

 Le choix du diamètre du tubage est fonction du diamètre de la pompe qui lui aussi
fonction du débit d’exploitation du forage
 le diamètre de la chambre de pompage sera choisi légèrement supérieur à celui de la
pompe; en général un jeu de 1’’ est adopté entre pompe et tubage de la chambre de
pompage
 le diamètre d’exhaure et le captage sont de même diamètre
 le diamètre du trou de forage de cette partie doit laisser un jeu suffisant pour
l’installation d’une couche de massif filtrant dont l’épaisseur peut atteindre 3 pouces

 Relation diamètre du tubage/ débit potentiel

 Caractéristiques des tubages les plus courants

 Longueur des éléments: 3 à 6 m


 Epaisseur: 2 à 11 mm (acier), 4 à 16 mm (PVC)
 Diamètre: 100 à 2500 mm (acier), 60 à 315 mm
 (PVC)
 Raccordement: manchon soudé, embouts filetés
 (acier), filetage (PVC)

Fig.2. 5: tubage plein en PVC

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2.3.2. Le tubage crépiné ou crépine

 La crépine est un tube avec des fentes (Fig.2.6). Elle constitue l’élément principal de
l’équipement d’un ouvrage d’exploitation d’eau.
 La crépine est réservée aux parties captantes de l’équipement.
 Elle est placée à la suite du tubage plein, face à une partie ou la totalité de la formation
aquifère
 on détermine les cotes de pose des crépines à par des renseignements fournis par la
foration

Fig.2. 6: tubage crépiné

 Principales fonction de la crépine

 Permettre la production maximale d’eau claire sans sable


 résister à la corrosion due à des eaux agressives
 résister à la pression d’écrasement exercée par la formation aquifère en cours
d’exploitation
 avoir une longévité maximale
 indure des pertes de charges minimales

 Positionnement de la crépine

 La longueur des tubes crépines est fonction de l’épaisseur de la formation à capter et


du rabattement de la nappe (les crépines doivent toujours dans l’eau)

 Les crépines sont placées dans les zones ayant les meilleures caractéristiques
hydrauliques.

 Lorsque les crépines sont entourées de massif de gravier additionnel, l’ouverture des
fentes des crépines est fonction de la granulométrie du gravier additionnel et non du
terrain naturel (Fig.2.7)

 Le massif de gravier doit avoir des grains de dimensions supérieures à celles des
ouvertures de la crépine

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Fig.2. 7:Choix des fentes des crépines dans une formation hétérogène

2.3.3. Le massif filtrant

Le gravier filtre fait partie de l’équipement de la zone à capter, le massif de gravier est introduit
dans l’espace annulaire de la partie captante et jour le rôle de filtre et de soutènement des parois
Il est fait de gravier calibré, siliceux (Fig.2.8) et sa mise en place est indispensable en terrain
meuble

L’ensemble massif de gravier et crépine a une importance capitale dans la vie du forage. Il joue
sur le rendement et le cout d’exploitation

Si le massif a une granulométrie surdimensionnée, le risque d’ensablement de l’ouvrage est


important (gros gravier = gros pore)

Si au contraire la granulométrie est sous dimensionnée, on aura une exploitation partielle des
potentialités de la nappe.

L’ouverture des crépines et la granulométrie du massif dépendent de la granulométrie de la


couche à capter

Lorsque les crépines sont entourées de massif de gravier additionnel, l’ouverture des fentes des
crépines est fonction de la granulométrie du gravier additionnel et non du terrain naturel

Le massif de gravier doit avoir des grains de dimensions supérieures à celles des ouvertures
de la crépine

Fig.2. 7: massif filtrant

21
2.3.3. Le développement

En mettant un forage en service après son équipement technique, on risque non seulement de ne
pouvoir tirer toute l’eau que pourrait fournir la nappe, mais également de pomper beaucoup de
sable entrainant la détérioration du matériau de pompage et un affaissement des terrains autour
du forage.

Si au contraire, on élimine le plus possibles d’éléments fins contenus entre les pores des
éléments plus grossiers, on peut améliorer considérablement la productivité d’un forage:
c’est le développement

 Rôle du développement

 éliminer les éléments fins de la formation aquifère


 dégager les fissures des argiles qui les obstruent
 augmenter de façon artificielle la perméabilité de l’aquifère dans le voisinage immédiat
de l’ouvrage en nettoyant les crépines et les terrains aux alentours de toutes les fines
particules qui pourraient entrer dans l’ouvrage
 détruire le cake des forages à boue
 modifie la granulométrie des terraines autour du forage et augmente le % des vides
(porosité), ce qui contribue à diminuer les pertes de charge au pompage

 Les méthodes de développement

Il existe plusieurs méthodes de développement d’un forage :


 Auto-développement
 développement par surpompage
 développement par pompage alterné
 développement par pistonnage
 développement au jet
 développement pneumatique, la plus pratiqué dans nos contrées. Il est aussi appelé
développement air lift. L’opération consiste à descendre une ligne d’air dans le tubage (Fig.2.8)
et à alterner de façon brutale les phases de pompage avec les phases de soufflage créant ainsi
des turbulences dans les terrains autour de l’ouvrage de captage qui vont entrainer les fines
particules dans le forage avant d’être rejetées à la surface. Généralement au bout de 4 heures de
développement air lift d’un forage bien équipé, l’eau est dépourvue de sable et présente un
aspect clair

Fig.2. 8: développement air-lift de forage

22
CHAPITRE 3: LES ESSAIS DE PUITS

3.1 Présentation
Dans tout ce chapitre le mot « puits » est un terme générique pour designer l’ouvrage de
captage (le forage dans le cadre de ce chapitre)
L'essai de pompage par paliers de courtes durées évalue les caractéristiques du ·complexe
aquifère/ouvrage de captage. Ce sont : les débits critiques, le débit spécifique, le débit spécifique
relatif, les pertes de charge dans l'ouvrage et son environnement immédiat et le débit maximum
d'exploitation ou productivité. Il permet d'établir le programme d'équipement technique de
l'ouvrage: tubage, crépine et massif filtrant, puissance de la pompe, etc. Le but principal des
pompages d'essai par paliers est de déterminer la courbe caractéristique du puits, s = f (Q), soit
l'évolution du rabattement en fonction du débit de pompage, et le débit critique Qc. La courbe
caractéristique est surtout utilisée pour dimensionner la puissance de la pompe qu'il faudra
installer. Il existe un essai de puits dit « classique », c’est un mode opératoire pratiqué partout
ailleurs et un essai dit « simplifié » qui est une simplification de l’essai classique développé par
le Comité Inter Etat d’Hydraulique. Cet essai simplifié est surtout mis en œuvre lors des
programmes d’hydraulique villageoise (utilisant des pompes à motricité humaine). Dans le cadre
de ce cours nous discuterons de ces deux méthodes.

3.2 Essai de puits classique (ou essai par palier de débit classique)

 Mise en œuvre
Le dispositif d’un essai de débit (Fig3.1) est constitué d’une pompe (immergé ou en surface),
d’une sonde piézométrique pour mesurer le niveau d’eau (en fonction des plages de temps
définies) dans l’ouvrage pompé, d’une vanne ou un débitmètre (pour l’ajustement du débit) et
d’un chronomètre pour estimer le temps.

Fig.3. 1: dispositif d'un essai de débit

Un pompage d'essai par paliers se réalise généralement en quatre, parfois trois paliers de
pompage. L’essai de puits est effectué en réalisant des PALIERS DE DEBIT, à débit constant
pendant une courte durée (1 à 4 heures). Pour chacun des paliers sont notés : le niveau
(rabattement) en mètre, le débit (m3/s) et le temps en seconde, ou minute ou heure (Tab.1).
Ces mesures restent indicatives, il est clair que suivant la réaction de l'aquifère on peut avoir à
diminuer l'intervalle d'échantillonnage des mesures.

23
Tab.3.1 cadences des mesures au cours d’un essai de débit

Sur le plan de la méthodologie de mise en œuvre plusieurs pratiques s'affrontent:

- réalisation de l'essai en régime permanent.


C'est l'idéal, il s'agit de pomper à des débits Q1, Q2. Q3, etc., pendant un temps qui peut être plus
ou moins long mais jusqu'à obtention d'une stabilisation (régime permanent). On peut ainsi
associer à un débit Q I un rabattement s 1 correspondant.

- réalisation de l'essai en régime quasi-permanent.


C'est le plus répandu mais plus on se rapproche du «quasi » plus on observe des pseudo-
stabilisations et moins l'essai a de sens. Ces essais ne permettent pas de calculer les valeurs
absolues des paramètres hydrodynamiques avec une validité acceptable. Notamment le débit
spécifique qui n'a de sens qu'en régime permanent ne peut pas être défini par ce type d'essai.

En pratique chaque débit est appliqué pendant des incréments de temps égaux suffisamment
longs pour que l'on puisse admettre l'établissement d'un régime quasi-permanent. Généralement
on utilise le même temps pour chaque palier et on laisse remonter la nappe entre deux paliers
d'un temps égal à la durée du pompage.

Le niveau statique initial sera mesuré avant la mise en marche de la pompe, dès l'arrivée sur le
chantier. Avant le début de l'essai, la veille si possible, la pompe est mise en marche une dizaine
de minutes, vanne d'exhaure ouverte à fond afin de mesurer le débit maximal de production de
l'ouvrage, soit Qmax

Le débit de chaque palier sera ensuite défini comme suit :

Essai avec 4 paliers


Palier 1 Q1 = Qmax /4
Palier 2 Q2= Qmax/2
Palier 3 Q3 = 3 Qmax/4
Palier 4 Q4= Qmax

24
Essai avec 3 paliers
Palier 1 Q1 = Qmax /3
Palier 2 Q2= 2Qmax/3
Palier 3 Q3 = Qmax

Pour chaque palier le niveau dynamique, ND, et le débit à intervalles réguliers seront mesurés
comme indiqué dans le tableau 1.
Il convient également de mesurer la hauteur du repère éventuel par rapport au sol. Pour tout
pompage d'essai par paliers, il est préférable d'arrêter la production de l'ouvrage à tester au moins
la veille de l'essai (minimum 10 heures avant).

 Interprétation

Les résultats de l'essai par paliers sont résumés pour chaque palier par deux données, le débit et
le rabattement. Le rabattement est égal à la différence entre le niveau dynamique et le niveau
statique. La stabilisation du niveau à l'occasion de pompages effectués à des débits Q1, Q2, Q3,
... correspond à des rabattements s1,s2, s3, ... Le report des points représentatifs sur un graphique
permet de tracer la courbe caractéristique de l'ouvrage (Fig.3.2). La courbe caractéristique est un
élément fondamental.

Le rabattement (différence entre Niveau dynamique et Niveau initial) mesuré dans l'ouvrage à
un instant t est la somme de deux pertes de charge :

- une perte de charge linéaire, provoquée par l'écoulement laminaire dans l'aquifère au
voisinage du puits (loi de Darcy) noté BQ. Elle est imposée par les paramètres hydrodynamiques
de l'aquifère et croît avec le temps de pompage.

- une perte de charge quadratique, non linéaire, provoquée par l'écoulement turbulent dans
l'ouvrage, crépine et tubage, notée CQ2. Elle est uniquement fonction du débit pompé et
caractéristique de l'équipement technique de l'ouvrage.

Fig.3. 2: exemple de cours caractéristique

25
Le rabattement total, s, à l'instant t, est donné par l'expression :

s =BQ+ CQ2

Cette expression établie pour l'aquifère à ·nappe captive, est étendue à l'aquifère à nappe libre
sous condition que le rabattement mesuré soit inférieur à 0,1 b (b représentant l'épaisseur de
l'aquifère.

La courbe caractéristique est un élément fondamental qu'il est indispensable de posséder. Elle
doit obligatoirement figurer dans le dossier de l'ouvrage. Elle peut, en effet, être utilisée par la
suite pour détecter les améliorations ou les détériorations de l'ouvrage. Elle peut, classiquement,
avoir plusieurs formes (Fig.3.3):

- puits idéal 1 (droite)


- puits réel après acidification 2 (amélioration)
- puits réel état initial 3
- puits réel après vieillissement 4 (colmatage)

Fig.3. 3: courbes caractéristique de puits

Une droite traduit une évolution linéaire du rabattement en fonction du débit, sans perte de
charges due à l'équipement de l'ouvrage (ou perte de charge quadratique).

Les pertes de charge quadratiques seront d'autant plus importantes que la courbe sera convexe.

La courbe ne peut, en aucun cas, être concave. Cela traduirait un pompage d'essai non valable
(mesures incorrectes ou apparition d'un développement au cours du pompage).

La réalisation de plusieurs pompages d'essai par paliers sur un même puits durant son
exploitation (sur plusieurs années) permet de comparer les courbes caractéristiques établies à
chaque essai par rapport à la courbe caractéristique initiale. L'étude de ces courbes permet de
tirer les enseignements suivants :

- Aucun changement, les courbes sont identiques.


L'ouvrage ne s'est ni développé naturellement ni colmaté.

- La nouvelle courbe est située au-dessous de la courbe caractéristique initiale.


L'ouvrage s'est colmaté: pour un même débit le rabattement a augmenté, donc le débit spécifique
(rendement) a diminué.

26
- La nouvelle courbe est située au-dessus de la courbe caractéristique initiale.
L'ouvrage s'est développé au cours de son exploitation, pour un même débit, le rabattement a
diminué, donc le débit spécifique (rendement) a augmenté.

 Calcul des pertes de charge

Le rabattement spécifique, s/Q, est la hauteur de rabattement mesurée dans le puits rapporté au
débit pompé. Il est exprimé en m/(m3/s)2. Il correspond à l'équation de JACOB qui peut s'écrire :

s/Q=B+ CQ

C'est l'équation d'une droite qui met en évidence certaines formulations simples de la relation
débit / rabattement.

La courbe s/Q en fonction de Q doit être une droite de pente Cet d'ordonnée à1'origine. B.
WALTON a proposé une méthode qui permet de caractériser l'état du puits par la valeur de
C:

C < 675 m/(m3/s)2 Bon puits, développement correct

675 < C < 1350 m/(m3/s)2 Puits médiocre

C > 1350 rn/(m3/s)2 Puits colmaté ou détérioré

C > 5400 rn/(m3/s)2 Puits irrécupérable.

La droite débits/rabattements spécifiques, permet de déterminer les coefficients B et C de


l’équation (figure ci-dessous en illustre un exemple):

s/Q= B + CQ

Fig.3. 4: droite débit /rabattement spécifique

Dans l'application numérique B = 0,01 = 1.10-2


• le coefficient B est obtenu par l'intersection de la droite représentative avec l'axe des
rabattements spécifiques.
• le coefficient C est égal à la pente de la droite représentative

C =tgα = a/b = 0,014/100 = 1,4.10-4


.
27
L'équation de la droite représentative est:

s = 0.01 Q + 1,4.10-4 Q2

Le rabattement correspondant à chaque palier de débit est calculé par cette expression.

 Détermination du débit d’exploitation maximum

La productivité d'un puits, Pr, est le débit maximum qui peut être pompé dans l'ouvrage, pendant
une durée définie, sans que le rabattement induit par le pompage ne dépasse le rabattement
maximum admissible
.
Le rabattement maximum admissible est imposé par:

- des contraintes physiques et techniques du complexe aquifère/ouvrage de captage, exprimées


par le débit critique, Qc et le rabattement critique, s c correspondant.

En pratique, si Qc = 150 m3/h et s c = 5 m. Le débit maximum, Qmax et 1e rabattement


maximum, doivent être inférieurs de 5 à 10 %, soit Qmax = 135 m3/h et s max = 4,50 m.

- des contraintes socio-économiques, dont la principale est le coût de production de l'eau (Pr),
imposant la profondeur du niveau dynamique. Le rabattement maximum retenu doit donc être
égal au rabattement maximum mesuré sans dépasser le rabattement maximum admissible.

Une fois le rabattement maximum admissible est estimé, l’équation s/Q= B + CQ2 permet
de déterminer Qmax.

3.3 Essai de puits simplifié (méthode CIEH))

Cette méthode est développée dans le cadre des programmes d’hydraulique villageoise. Elle
permet de déterminer la cote d’installation de la pompe et l’ordre de grandeur du débit maximum
d’exploitation que l’ouvrage peut supporter.

IMPORTANT : la mise en œuvre de cette méthode accompagnée d’un cas d’application est
annexée à ce présent support de cours. Nous vous conseillons d’y prendre sérieusement
connaissance (ICI).

CIEH.pdf

28
CHAPITRE 4: PROTECTION DU FORAGE ET DU CHAMPS CAPTANT

4.1 Présentation
Une fois le forage réalisé, il convient de le protéger contre toute source de pollution extérieure.
Pour cela; les captages sont entourés d'un certain nombre de zones de protection. La vulnérabilité
des nappes aux diverses pollutions est conditionnée par plusieurs facteurs :

 le pouvoir filtrant du réservoir,

 l'épaisseur de la zone non saturée du réservoir,

 la vitesse d'écoulement des eaux souterraines : elle intervient sur les phénomènes de
dilution, dégradation et fixation de certains produits polluants,

 la protection naturelle de l'aquifère : la présence au-dessus de la nappe d'une couche


imperméable assure une protection naturelle efficace contre les pollutions de surface,

 le type de nappe : les nappes libres sont plus vulnérables que les nappes captives moins
accessibles.

4.2 Principe de fonctionnement d’un captage

Un forage rie se contente pas de capter l'eau au voisinage immédiat des crépines. Les lois de
l'hydrodynamique sont telles qu'il existe un périmètre, plus ou moins grand, dans lequel la nappe
d'eau souterraine est soumise aux influences du pompage. On peut définir ainsi un rayon
d'influence autour de chaque ouvrage de captage.

A la mise en marche de la pompe, l'eau contenue dans le trou de forage est extraite en priorité et
le niveau baisse aussitôt. Cette baisse entraîne un déséquilibre de pression de part et d'autre de la
paroi et l'eau de la nappe s'écoule de l'extérieur vers l'intérieur de l'ouvrage de captage. Dans ces
conditions, la surface piézométrique se creuse et prend la forme d'un cône de révolution à
génératrice curviligne (Fig.4.1). Sur cette figure 4.1,

Deux cas peuvent se présenter :


- en régime permanent, la forme et l'étendue du cône de dépression sont invariables,

- en régime transitoire, ces paramètres varient dans le temps. Au début d'un pompage à débit
constant, le niveau de l'eau dans le forage descend rapidement, en régime transitoire, et au fur et
à mesure que le pompage se prolonge, le niveau de l'eau s'abaisse de plus en plus lentement et
tend à se stabiliser. On atteint alors un régime quasi permanent.

Le régime permanent rigoureux est la limite idéale vers laquelle peut tendre le transitoire mais
d'une façon générale l'écoulement des eaux souterraines vers un forage s'effectue en régime
transitoire.

29
(A)

(B)

Fig.4. 1: principe de fonctionnement d'un captage d'eau souterraine en


nappe libre (A) et en nappe captive (B)

4.3. Ecoulement des nappes en position de pompage

En conditions naturelles, un aquifère est en état d'équilibre dynamique. Le pompage dans un


forage modifie cet équilibre et provoque un rabattement ·de la surface de la nappe. Cela induit
des écoulements d'eau de l'extérieur vers l'intérieur du captage; il faut alors distinguer deux zones
(Fig.4.2) :

- la zone d'influence est la zone dans laquelle les niveaux sont influencés, donc rabattus par le
pompage,

- la zone d'appel est la partie de la zone d'influence dans laquelle l'ensemble des lignes de
courant se dirigent vers le forage de pompage. Elle est comprise dans l'aire d'alimentation du
captage qui se prolonge en amont jusqu'à une limite du système.

30
Toute pollution intervenant dans la zone d'appel aboutira au captage. La limite aval de cette zone
est prise souvent comme limite du périmètre de protection rapprochée.

Fig.4. 2: schémas d'un pompage en milieu poreux (d’après BRGM)

4.4. Périmètres de protection

La détermination des périmètres de protection des captages d'eau potable est un acte dont les
conséquences peuvent être importantes pour la collectivité, tant sur le plan sanitaire
qu'économique. Cette étude est longue et complexe. Elle doit être effectuée par un
hydrogéologue agréé en matière d'hygiène publique.

Les périmètres proposés doivent assurer une sécurité optimale pour la protection des eaux
distribuées sans pour autant avoir une extension excessive, incompatible avec les contraintes de
coût.
On distingue une zone de protection immédiate, une zone de protection rapprochée et une zone
de protection éloignée.

 Le périmètre de protection immédiate (ppi) a pour fonction d'empêcher la détérioration


des ouvrages de prélèvement et d'éviter que des déversements ou des infiltrations de
substances polluantes se produisent à l'intérieur ou à proximité immédiate du captage.

 Le périmètre de protection rapprochée (ppr) doit protéger efficacement le captage vis-à-


vis de la migration souterraine des substances polluantes. Il est déterminé en fonction :
31
• des caractéristiques de l'aquifère et de l'écoulement souterrain,
• du débit maximal du forage,
• du pouvoir de fixation et de dégradation du sol et du sous-sol vis-à-vis des
polluants,
• du pouvoir de dispersion des eaux souterraines,
• de l'importance du rabattement du niveau d'eau lors du pompage,
• de la durée et de la vitesse de transfert de l'eau entre les points d'émission de
pollutions possibles et le point de prélèvement dans la nappe.

 Le périmètre de protection éloignée (ppe) prolonge éventuellement le précédent pour


renforcer la protection contre les pollutions permanentes ou diffuses.

4.4.1. Critère permettant de définir les périmètres de protection

 Estimation du pouvoir épurateur des terrains

Le pouvoir épurateur du sol et de la zone non saturée est important pour éviter la propagation
d'une pollution en direction de la nappe. Ils jouent un rôle particulièrement déterminant vis-à-vis
des problèmes d'assainissement.

 Rabattement

Le critère de rabattement est lié aux concepts de zone d’influence et zone d'appel définis
précédemment. Il est très important de délimiter la zone d'appel du captage car toute pollution
intervenant dans cette zone aboutira, à terme, au captage.

 Temps de transfert

Ce paramètre est basé sur le temps qu'il faut à un polluant pour se déplacer du point d'entrée dans
la nappe jusqu'au captage. Il faut également tenir compte du transfert dans la zone non saturée. A
l'intérieur de la zone ou aire d'alimentation du captage, on définit des courbes d'égal temps de
transfert ou isochrones. La zone de transfert est d'autant plus étendue que la protection du
captage est meilleure. Selon la méthode retenue pour le calcul du temps de transfert (temps
convectif, temps modal ou temps d'arrivée), la distance imposée entre le captage et la limite du
périmètre de protection variera. Notons que la méthode la plus employée est celle qui est basée
sur le temps convectif, c'est-à-dire celle qui fait intervenir la vitesse effective.

 Distance

La délimitation du périmètre de protection repose dans ce cas sur la détermination d'un rayon ou
d'une distance mesurée entre le forage et un point concerné. Ce critère a l'inconvénient de ne pas
tenir compte des processus d'écoulement et de transfert du polluant.

 Limites d'écoulement

Une délimitation des périmètres de protection basée sur ce critère consiste à utiliser les
caractéristiques physiques, topographiques ou hydrogéologiques qui contrôlent l'écoulement les
limites peuvent être par exemple une rivière, un canal, une ligne de partage des eaux, une faille,
les limites d'alimentation ou une limite étanche (limite d'aquifère).

D'une manière générale les critères de dimensionnement des périmètres correspondant au


pouvoir épurateur, à la zone d'alimentation et au temps de transfert qui est généralement
égal à 50 jours pour les pays disposant de normes.

32
Le tableau ci-dessous résume les moyens à mettre en œuvre et les méthodes pouvant être
utilisées pour délimiter les périmètres de protection, en fonction du critère retenu :

Tableau4.1 ; Méthodes et moyens de délimitation des périmètres de protection en fonction des


critères retenus

FIN

33

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