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UN GUIDE DE PROJETS
Objectifs communs, interprétations multiples.
INTRODUCTION
II. Première étape de la coordination architecturale : Hériter, hiérarchiser et spatialiser : Le plan d’ « organisation
urbaine »
1/ la conception urbanistique à échelle intermédiaire : « la part « visible » des projets urbains dans la ville »
a/ les projets d’ « organisation urbaine » : architecture urbaine ?
b/ proposition sur la Zac Joseph Bédier : un projet d’architectureS urbaineS
D . Hypothèse de travail : un projet d’architectureS urbaineS sur la Zac Joseph Bédier et précision des objectifs
sur le secteur Bastié 24
1/ Conception « essentielle »
2/ Conception et transmission : deux phases superposées
2/ L’élaboration du Guide de projets : de multiples allers-retours entre cadre de conception et « tests de réceptivité
architecturale »
a/ Méthode appliquée à la rédaction guide : « simuler » des consultations d’architectes
b/ l’élaboration du Guide de Projets comme partie intégrante de la conception urbaine
1/ Structure habituelle des cahiers de prescriptions architecturales : structure par objets prescrits
2/ Guide structuré selon l’exposé des objectifs du projet urbain
3/ Guide composé de quatre bandes parallèles et complémentaires
a/ les objectifs
b/ les prescriptions, recommandations, orientations ou indications
c/ les potentialités
d/ les illustrations
IV. La traduction des objectifs en prescriptions/ recommandations/ orientations/ indications dans le Guide de
Projets du secteur Bastié (à lire après le Guide de projets)
CONCLUSION 70
INTRODUCTION
La réflexion menée porte donc sur la transition entre un projet d’urbanisme à échelle intermédiaire et un projet
d’architecture.
Elle se concrétise par la rédaction d’un « guide de projets », qui n’est pas un cahier des prescriptions
architecturales, mais une base pour un travail de coordination, c’est-à-dire pour une réflexion commune entre le
coordinateur et le ou les maître(s) d’œuvre. Il vise à permettre un maximum d’interprétations architecturales du projet
d’organisation urbaine, à stimuler l’émergence d’axes de travail, à fixer des objectifs, et non à garantir des formes
architecturales données.
Cette marge de liberté accordée à la dimension architecturale a pour but l’émergence d’une conception
partagée, une participation pleine de chaque intervenant. Ceci afin que le travail de l’architecte ne se limite pas à un
simple exercice de style sur la façade, mais qu’il puisse aussi enrichir plus largement le projet d’ensemble.
« Au lieu d’être rédigé une fois pour toute par un acteur central, le scénario est élaboré collectivement et
progressivement : il s’impose aux différents acteurs parce qu’ils s’en savant les auteurs » (Michel CALLON, cours à
l’école des Mines intitulé « concevoir : modèle hiérarchique et modèle négocié », Paris, 1999)
Limites du sujet
Je ne me positionne pas comme urbaniste, réfléchissant sur la complexité des règlements urbains ou cherchant
à établir une théorie de la coordination architecturale ; mais comme architecte qui cherche à expérimenter ce rapport
de façon concrète sur un projet d’ « architectureS urbaineS ». Ceci afin de montrer ce que le projet d’architecture peut
enrichir le projet d’ensemble, et donc la nécessité que ce travail de conception architecturale soit plus guidé (pour
garder une forme de contrôle) et moins prescrit par le coordinateur.
Ce travail pas l’ambition d’entrer dans la sophistication de la formulation des règles urbanistiques et
architecturales mais d’expérimenter le rapport entre la mise en place d’un cadre de conception et son efficacité (autant
dans ce qu’il permet que dans ce qu’il évite)
Le choix d’un contexte : hypothèse de travail, la Zac Joseph Bédier, Paris 13ème
L’interface entre projet urbain est projet architectural est explorée sur la Zac J.Bédier, à Paris dans le 13ème.
Ce contexte a été choisi parce que :
- Il était l’objet d’une consultation pour une mission de coordination, articulation « ultime » du projet urbain sur
laquelle je désirais travailler. Lancée par la SEMAPA en mars 2006, elle a abouti en octobre 2006 au choix de l’atelier
Ruelle, déjà auteur d’une étude de faisabilité, en septembre 2004.
- Sa situation en même temps stratégique et délicate fait qu’il est nécessaire en même temps de pouvoir garder un
certain contrôle. (En bordure du Boulevard Périphérique et à l’amorce de la vallée de la Seine)
La taille du projet hypothèse est inhabituelle pour y porter une attention si particulière. C’est la richesse de la situation
qui explique que cela.
I la coordination architecturale : un maillon de la « grande chaîne » du projet urbain
Bien que l’étude porte sur l’étape « ultime » du projet urbain, il nous faut rapidement la replacer dans le contexte global
du projet urbain.
Dans cette première partie, nous allons brièvement exposer la dimension stratégique et l’importance du jeu d’acteurs
dans la mise en place progressive des projets urbains. L’objectif est de situer la coordination architecturale comme l’un
des maillons d’une longue et complexe chaine de gestation des projets urbains, et non d’expliciter l’intégralité de ces
nombreux rouages.
Malgré la difficulté à définir la notion de projet urbain, l’un des éléments les plus prégnants du discours sur le projet
urbain est sa dimension stratégique et collective, l’incertitude donc de sa matérialisation.
«De la planification urbaine au management stratégique urbain :
L’urbanisme moderne s’assurait les moyens de réaliser ses projets par des règles simples, aussi impératives et stables
que possible : zonages, fonctions, densités, hauteurs, etc. les règles étaient de nature exigencielle, c’est-à-dire qu’elles
fixaient en même temps les objectifs et les manières de les atteindre.
Le néo-urbanisme privilégie les objectifs, les performances à réaliser, et laisse, voire encourage les acteurs
publics et privés à trouver les modalités de réalisation de ces objectifs les plus efficientes pour la collectivité
et pour l’ensemble des intervenants. Cela nécessite de nouveaux types de formulation des projets et des
règlementations.
Les plans d’urbanisme dit « qualitatifs » s’inscrivent dans cette nouvelle perspective de règles qui privilégient le projet
plus que les moyens, y compris du point de vue architectural et paysager.
Cet urbanisme est aussi beaucoup plus créatif, car il mobilise des intelligences multiples et des logiques variées, en
particulier celles des acteurs qui réalisent les opérations urbaines. »
(François ASCHER, Les nouveaux principes de l’urbanisme, Ed de l’Aube, 2001)
« De nos jours, on peut distinguer dans l’intervention de l’architecte en urbanisme trois types d’approches : l’urbanisme
de projet ; l’urbanisme de négociation, le conseil et le contrôle.
L’urbanisme de projet est historiquement le plus ancien. Il consiste à considérer la ville ou le quartier comme un
ensemble d’édifices à construire selon les mêmes méthodes qu’un édifice unique. […] La durée de la réalisation n’est
pas prise en compte : le projet est l’image finale de la réalisation « achevée ». La forme urbaine est totalement maîtrisée
par le dessin. La typologie des immeubles et des édifices publics est prédéfinie, en rapport avec la pratique courante du
moment.
Dans l’urbanisme de négociation, le projet sur la ville n’est pas conçu comme une image finale et définie,
qu’il faut bâtir au même titre qu’un bâtiment, mais comme un ensemble d’objectifs (y compris formels), que
l’on atteint en maîtrisant le processus de formation de la ville à travers des procédures juridiques et financières et des
rapports de pouvoir. La notion de négociation avec les différents acteurs de la ville (politiques, financiers, promoteurs,
ingénieurs, habitants) est à la base de ces méthodes. » ( Pierre Merlin, Françoise Choay, Dictionnaire de l’urbanisme et
de l’aménagement , presses universitaires de France, 1988)
« L’urbanisme de négociation » de F.Choay ou le « Néo-urbanisme » de F.Ascher, c’est-à-dire un urbanisme plus basé
sur la mise en place d’une stratégie que d’une organisation spatiale semble être aujourd’hui admis dans les pratiques
de projet à large échelle et à long terme.
La mise en place d’un projet urbain est longue et complexe, elle fait intervenir un grand nombre d’acteurs, porteurs de
cultures de projet et d’objectifs différents, parfois contradictoires et qui interviennent soit tout au long du processus, soit
ponctuellement.
Elus, aménageurs, promoteurs, ingénieurs, sociologues, habitants, géographes, urbanistes, architectes, paysagistes,
participent à la mise en place d’une stratégie, qui deviendra projet, puis réalité construite.
« Une agglomération est un objet très complexe, conçu et co-produit par une multitude d’acteurs, du maire à l’habitant,
du promoteur au consommateur, de l’entrepreneur à l’usager. La ville est aussi un système, dont les multiples rouages
(transports, logement, activités, commerces…) doivent pouvoir fonctionner ensemble et à toutes les échelles, celle
de l’îlot comme celle du quartier, celle de l’agglomération comme celle de la région métropolitaine. » (Marcel Belliot,
planners contre designers, urbanisme n° 233)
Il est alors nécessaire et délicat de trouver les modes de communication et de confrontation de ces différentes
cultures : « une culture commune », et d’organiser les échanges entre ces intervenants. On retrouve alors l’idée de
« management » de projet, par analogie au projet industriel, où des équipes ont cette charge : faire intervenir les
bonnes compétences au bon moment. (Nous allons développer cette analogie en 4/)
Dans ces circonstances, la nécessité de conserver une ouverture maximale à chaque étape, de fixer des objectifs et
non des moyens, semble relativement évidente pour que le projet s’enrichisse peu à peu, au lieu de simplement se
« préciser ».
Organigramme, extrait de
Patricia INGALLINA, Le projet urbain, Que s’ai-je?, puf, 2001
Dans cet organigramme, représentant l’emboîtement des activités de planification, la coordination architecturale
intervient à l’articulation entre quartier et bâtiment, c’est-à-dire entre « projets urbains complexes » et projet
d’architecture.
Comme nous l’avons introduit, l’objectif n’est pas ici de traiter de l’ensemble des rouages de cette collaboration
interdisciplinaire dans le projet urbain. Mais il est important de signaler qu’avant d’aboutir à la phase de coordination
architecturale, le projet est déjà issu de la confrontation de multiples compétences, dont la coordination urbanistique
assure « les transferts de la mémoire» (Nicole ELEB-HARLE, Conception et coordination des projets urbains, Editions
Recherches, Paris, 2000)
Management : application d’un ensemble de connaissances concernant l’organisation et la gestion pour assurer le
fonctionnement d’une entreprise ou d’une institution, pour élaborer et réaliser avec elle des projets. (Les principes d’un
nouvel urbanisme F. Ascher)
Des recherches ont cherché à rapprocher les processus de fabrication des projets urbains et architecturaux des
techniques de management de projet industriel, pour mettre en valeur les bénéfices à tirer du « modèle de conception
négocié », en opposition au « modèle hiérarchique ».
Le premier consiste en un « télescopage » des échelles de conception, le second en un déroulement linéaire et
fragmenté des étapes de conception.
Dans le mode de conception « linéaire » ou « hiérarchique », un projet était établi, dessiné, puis vérifié techniquement
et commercialement. Si tout ou partie du projet n’était pas validé, il fallait retourner en arrière pour le modifier, voire
l’abandonner.
Le modèle de conception « négocié », ou management, consiste à réunir des compétences diverses sur des
« plateaux » de conception (par analogie au cinéma où tous les acteurs sont réunis), afin de confronter les différents
intervenants du processus de production dès l’amont du projet.
L’exemple le plus parlant de ces nouvelles méthodes de projet industriel est la naissance de la Twingo, racontée par
C.Midler (L’auto qui n’existait pas, 1993): la rencontre entre des compétences autrefois écartées : celles d’un ingénieur
en pliage de tôle et d’un designer a permis l’invention du « nez » caractéristique de cette voiture.
Il n’est pas étonnant que l’urbanisme et le bâtiment tirent leurs origines dans le modèle hiérarchique de conception. En
effet la chronologie pré-établie et les rôles clairement définis de chaque acteur confèrent un cadre rassurant au projet.
Si des conflits surviennent, ils se déroulent selon des scénarii prévisibles.
Il n’est d’ailleurs pas envisageable de calquer littéralement le modèle de conception industriel sur le projet urbain, car sa
complexité nécessite un minimum de hiérarchie et de niveaux décisionnels distincts.
En revanche, l’exemple du modèle de conception négocié dans l’industrie peut être une source d’inspiration pour les
acteurs de la ville et de l’architecture, dans ce que la porosité entre les phases de conception peut apporter au
projet.
C’est dans ce sens que le PUCA a lancé l’action « Pratiques de projet et ingénierie » en 1999.L’ouvrage, Projets
architecturaux et urbains, modifications des savoirs dans la phase amont, sous la direction de R.Prost fait suite à un
appel d’offre du PUCA, dans le cadre de cette action.
Ses auteurs cherchent à établir un parallèle entre pratique de projet et ingénieries. A propos du Technocentre Renault :
« La nature de la réalisation à concevoir n’a pas été donnée à l’origine. S’il s’agit ici d’une innovation, c’est aussi en
ce sens que ce centre technique s’est défini au long d’un processus complexe d’études et d’événements auxquels
ont participé un grand nombre d’acteurs divers au cours desquels il est devenu projet, puis objet. » (Robert PROST,
Pratiques de projet et ingénieries : mutation des savoirs dans le phase amont 1, Projets architecturaux et urbains,
PUCA, 2003)
Cette idée de négociation de la conception présente pour des projets urbains un enjeu double :
- L’ouverture du projet, son inachèvement perpétuel et donc sa capacité à évoluer sur un temps long, de s’adapter à
l’évolution des contraintes ;
« Il n’y a jamais lieu à une échelle donnée de travail de trop anticiper sur les échelles ultérieures. C’est ce qui
donne la possibilité au projet d’évoluer. En effet si celui est trop figé à une étape située en amont, le risque existe que
les images produites à cette phase réduisent ses capacités d’adaptation, alors qu’une flexibilité est indispensable tant
que les données extérieures ne sont pas stabilisées. » (Nicole ELEB-HARLE, Conception et coordination des projets urbains,
Editions Recherches, Paris, 2000)
mais aussi l’implication pleine des multiples intervenants.
« L’idée, centrale dans le modèle hiérarchique, qu’une personne ou une instance coordonne les actions à partir
d’un scénario écrit à l’avance, est à peine transformée, mais cette transformation est capitale. Ce qui est remis en cause
ce n’est pas l’existence d’un scénario, ce sont les conditions de son écriture et de sa réécriture : de là l’importance des
procédures. Au lieu d’être rédigé une fois pour toute par un acteur central, le scénario est élaboré collectivement et
progressivement : il s’impose aux différents acteurs parce qu’ils s’en savent les auteurs. »
(Michel CALLON, cours à l’école des Mines intitulé « concevoir : modèle hiérarchique et modèle négocié », Paris, 1999)
- dans les phases d’opérationnalisation, elle engage un dialogue avec les maîtres d’œuvre, leur permettant d’apporter
leur « pierre à l’édifice ».
Nous verrons de quelle manière ce dialogue avec les maîtres d’œuvre peut intervenir et s’organiser, comment il peut
enrichir la réflexion sur le projet d’aménagement urbain.
La porosité entre les phases de conception nécessite que chaque étape ne « déborde » pas sur la suivante. C’est-à-
dire que chaque intervenant ne prédétermine pas trop le travail de l’autre. Par exemple, que le planificateur ne soit pas
trop urbaniste ; et à l’échelle qui nous concerne plus directement, que le coordinateur ne soit par trop architecte.
François Grether, qui revendique l’autonomie de la pratique architecturale, « L’inspiration et la répartition des
architectures doivent enrichir le projet par d’autres points de vue et exprimer son temps, notre époque, avec ses
capacités d’innovation, ses sensibilités et sa pluralité. » (grand prix de l’urbanisme 2005) ; exprime bien ce défi de la
coordination architecturale : « le terrain reste délicat puisqu’il faut savoir jusqu’où aller pour ne pas faire l’architecture
des autres. » (F.Grether, dans Nicole ELEB-HARLE, Conception et coordination des projets urbains, Editions Recherches,
Paris, 2000)
Cette volonté d’ouverture constante du projet, de transformations possibles, est confrontée à la réalité des procédures
et des impératifs de communication du projet, de phase en phase. Elle est particulièrement mise à mal dans la phase
de concrétisation du projet urbain sur laquelle nous portons notre attention.
Par exemple, les perspectives d’ambiances, destinées à communiquer le projet aux habitants, peuvent figer une image
du projet, qu’il sera alors difficile de faire évoluer.
C’est aussi le problème qui se pose pour certains concours d’architecture, où le projet lauréat est communiqué comme
image alors que sa programmation est encore susceptible d’évoluer. L’exemple de la Bibliothèque François Mitterrand
en témoigne : il a fallu faire rentrer un programme augmenté de 30% (les différents fonds documentaires ayant
finalement décidé d’y transférer plus d’archives) dans la même enveloppe, ce qui a modifié l’organisation du bâtiment.
Mais alors comment maintenir la dimension « inachevée » d’un projet, lorsqu’il doit être communiqué à des élus ou à
des habitants ? Leurs attentes se portent généralement justement sur l’apparence finie du projet.
Avec les perspectives présentées pour Euralille, l’équipe de l’OMA, tente d’échapper à ce danger en dédramatisant
l’image du projet par un style « bande dessinée », à la manière des story-boards pour le cinéma.
Il en résulte qu’il reste encore une part de rêve, des possibilités d’évoluer. Cette « imprécision » demande une certaine
ouverture d’esprit de la maîtrise d’ouvrage, et de la ville.
Ce statut provisoire des images d’un projet livré à la consultation peut être plus ou moins affirmé et assumé par ses
auteurs. A Euralille, ces images ont un sous-titre avec un pont d’interrogation. Il s’agit clairement d’une hypothèse de
travail et non d’une image à reproduire.
« « Au début nous représentions les plans purement comme des volumes théoriques en suggérant que plus nous
restions neutres et moins nous nous prononcions sur l’architecture.»Cette neutralité relative devra offrir aux futurs
architectes d’opération, une « liberté maximale » d’interprétation »
(Frank Vermandel, citant Rem Koolhaas, dans « La ville en projet. Euralille : stratégies, méthodes, conceptions »,
catalogue de l’exposition Euralille, Poser, Exposer, Espace Croisé, Lille, 1996. )
Bien souvent, ce statut est ambigu, c’est-à-dire qu’il est difficile de connaître le statut de certaines représentations :
illustratives ou prescriptives ? C’est notamment le cas des perspectives « d’ambiances », qui poussent parfois le dessin
architectural loin.
Malgré la souplesse affirmée des prescriptions de certains coordinateurs, des représentations peuvent contredire cette
volonté en figeant une image du projet.
B. la coordination architecturale : une phase critique
Le premier point qui fait de la coordination architecturale une mission critique est due au fait qu’il s’agit de matérialiser,
de quantifier, de situer. A partir d’intentions générales, émises par différents intervenants, qui ne s’expriment pas
nécessairement en termes de spatialité, le coordinateur devra d’une part confronter ces intentions à la réalité d’un site,
et d’autre part les confronter les unes aux autres pour les hiérarchiser et les convertir en objectifs spatialisés, puis en
projet.
La « spatialisation » du projet est donc un nœud critique où la cohérence d’un projet-idée est confrontée à sa réalité
matérielle. Cette confrontation est double : Elle existe bien sûr entre les intentions et les données physiques du terrain,
ses contraintes techniques. Les éléments constitutifs du projet (idées/ concepts/ partis/ principes/ etc.) sont eux aussi
confrontés les uns aux autres. Isolés (à juste titre) intellectuellement et au travers des représentations (écrites ou
autres) dans les phases de réflexion préalables sur le sujet, ils seront réunis dans une même réalité, dont la phase de
coordination dessine les premiers traits.
Nous focalisons notre intérêt sur la coordination architecturale, mission chargée de l’une des multiples
articulations qui composent la « grande chaîne » du projet urbain : la transition avec les projets architecturaux.
La coordination architecturale : « instance d’articulation entre les métiers de la conception urbaine et ceux de la
maîtrise d’œuvre architecturale » (Nicole ELEB-HARLE, BERTRAND Frédéric, GRUDET Isabelle, MARCILLON D.,
De la conception : les processus de conception urbanistiques et architecturaux à la grande échelle. Coordination et
iconographie des projets urbains : objets, cultures et outils. IPRAUS, CNRS-PIR-villes, 1997.)
Elle est en même temps moins complexe que d’autres car elle unit des compétences proches (architectes-
urbanistes, paysagistes sont tantôt coordinateurs, tantôt coordonnés) et plus délicate, pour la même raison qui fait
que la limite entre les deux missions (coordination et maîtrise d’œuvre) reste difficile à définir. C’est-à-dire que le
coordinateur est plus tenté de concevoir entièrement le projet architectural, puisque, le plus souvent, il est aussi
maître d’œuvre, et a donc les compétences pour. Cette « superposition » des métiers est un premier élément critique de
cette phase.
« Coordonner une architecture n’est pas s’occuper des détails, on ne peut pas à la fois coordonner l’espace public,
le quartier et définir les corniches. Ce n’est pas le même métier, il faut les deux et le conflit positif entre les deux. »
(Nicole ELEB-HARLE, BERTRAND Frédéric, GRUDET Isabelle, MARCILLON D., De la conception : les processus
de conception urbanistiques et architecturaux à la grande échelle. Coordination et iconographie des projets urbains :
objets, cultures et outils. IPRAUS, CNRS-PIR-villes, 1997)
Nous l’avons dit, l’ouverture entre phases de conception demande que chaque concepteur ne prédétermine pas le
travail de l’autre.
Nous entendons souvent dire que pour le bon déroulement du projet urbain, il est nécessaire qu’il existe une « culture
commune » entre les différents intervenants.
Si pour établir des discussions constructives sur les projets entre politiques, aménageurs, promoteurs, etc., il
est un défit de trouver une sorte de « terrain neutre », d’établir une culture commune, on peut se demander si pour la
coordination architecturale, le problème n’est pas inversé : ne partagent-ils trop la même culture ?
La tentation, pour chaque intervenant de déterminer les moyens d’atteindre les objectifs, d’ « empiéter »
en quelque sorte sur le domaine de l’autre est d’autant plus grande entre ces intervenants qui partagent les mêmes
compétences.
Le risque de la « sur-coordination » (c’est-à-dire d’une coordination qui fige l’architecture en amont) est double :
- d’une part, il peut aboutir involontairement à une homogénéisation du projet urbain, qui prend alors la forme d’un
« grand projet d’architecture ». Malgré l’intervention de multiples maîtres d’œuvre, le projet est quasiment entièrement
déterminé dans sa forme architecturale par un seul et même concepteur. La réticence à l’égard de la coordination
architecturale, qui avait motivé ce travail, vient de cet aspect uniformisateur.
« Un bâtiment, ça se termine, et ils (les architectes) vont vouloir achever la ville comme on achève un bâtiment. » (A.
Grumbach, la dialectique des contraintes, in Le débat. Le nouveau Paris, n°80, Gallimard, 1994.)
- d’autre part, elle limite l’apport potentiel des maîtres d’œuvre. Cet apport peut concerner autant « l’intérieur » des
bâtiments que leur articulation avec l’espace public.
« L’objet du travail architectural sur une parcelle dans un îlot, c’est de penser son rapport au voisin. La
mitoyenneté, le vis-à-vis, la continuité, la discontinuité, les vues, etc. sont de merveilleux thèmes d’architecture…
Ces rapports peuvent être décrits en partie dans un règlement opposable au tiers, en partie imposés par contrat aux
constructeurs, mais surtout ils doivent pouvoir être réinterprétés et enrichis par l’apport de chaque architecte… »
(Interview de C. Devillers, dans : François LAISNEY, Sibylle Charlet, La coordination architecturale, du règlement urbain
au projet de logement, rapport de recherche, Plan Construction et architecture, 1996.
Au cours de l’histoire, le rôle de l’architecture et des architectes dans la fabrique de la ville a pris des visages très
différents.
Nous ne retracerons pas ici cette évolution dans son ensemble, mais les étapes qui semblent essentielles à la
compréhension de l’héritage des missions de coordination architecturale.
Dans les sociétés traditionnelles, ou à échelle réduite comme celle du village, les « directives architecturales » ne sont
pas écrites ou codifiées, mais elles sont induites par la tradition de la construction et la transmission des savoirs-faires.
« L’ordre antérieur, fréquemment identifié dans sa référence à la rue de Rivoli, est interdit : les architectes Percier et
Fontaine avaient, à l’époque, établi un cahier des charges rigoureux, dont la règle première consistait à reproduire à
l’identique une façade type dessinée par leur soins. Une telle procédure autoritaire serait aujourd’hui culturellement
impossible. » (Françoise ARNOLD, dossier : « concevoir un quartier, cinq méthodes », in Crée n° 255
Rue de Rivoli, Percier et Fontaine, (1806-1835)
Après la seconde guerre mondiale, la reconstruction nécessite une production à grande échelle et étatisée. Le modèle
est alors clairement hiérarchique : un architecte en chef pour toute la ville va édicter des règles qui donneront une unité
architecturale à toute la ville.
L’expérience de la reconstruction du Havre par Auguste Perret (1945-1964) en est un exemple édifiant.
La période suivante est caractérisée par les grands ensembles et les ZUP. Un seul architecte se voit alors confié des
opérations de dimensions colossales, dans une logique d’urbanisme d’exception, où l’unité de projet prime sur tout.
En 1965, le programme des villes nouvelles est lancé, se voulant en rupture avec l’urbanisme des grands ensembles.
En 1969, les Zone à urbaniser en priorité sont abandonnées au profit des ZAC, créée 2 ans plus tôt.
Avec la condamnation de l’idéologie de la table rase, la dimension des opérations a considérablement réduite,
intervenant sur une ville déjà existante.
« Elle a eu pour conséquence une imbrication beaucoup plus grande entre les niveaux de conception […] les urbanistes
comprennent que leur mission est de conformer un cadre lisible dans lequel le bâti va prendre place, et non plus,
comme ils le faisaient auparavant, de travailler sur les seules masses bâties. » ((Nicole ELEB-HARLE, Conception et
coordination des projets urbains, Editions Recherches, Paris, 2000)
Aujourd’hui la tendance est à la multiplication des étapes et instances de conception par lesquelles transite le projet
urbain avant d’aboutir à une réalité construite. En témoigne l’organigramme de P. Angallina, présenté précédemment.
3/ le coordinateur d’aujourd’hui : un manager
Dans la phase d’accompagnement de l’élaboration des projets architecturaux, le rôle principal du coordinateur est celui
d’organiser le travail collectif, de manager. Selon la nature et les enjeux du projet, il devra savoir constituer une équipe
de travail, mobiliser les bonnes compétences au bon moment.
Nous verrons quels sont les intervenants (outre les équipes de conception) nécessaires pour le développement de
l’hypothèse de travail, et de quelle manière ils pourront intervenir dans l’élaboration des projets.
II. Première étape de la coordination architecturale : Hériter, hiérarchiser et spatialiser : « Le plan d’organisation
urbaine »
L’exploration de ce maillon du projet urbain, la coordination architecturale est située sur la Zac J.Bédier.
Le développement de cette hypothèse de travail visait essentiellement à établir un contexte pour
l’expérimentation du rapport avec les projets architecturaux. Il n’a donc pas l’ambition d’apporter une réponse
idéale en termes d’ « organisation urbaine », mais de constituer une hypothèse de travail. En revanche, ce
qui a compté dans sa définition est son « niveau de détermination » : prédéterminer le moins possible les objets
architecturaux, de conserver un maximum d’ouverture du champ des possibles. (conception «essentielle » : voir D )
Comme nous l’avons dit, la coordination architecturale n’est que l’un des maillons d’une longue et complexe chaîne de
réflexions sur le projet urbain.
Le coordinateur est donc avant tout héritier d’intentions émises en amont. Lorsqu’il intervient, ces intentions sont plus
ou moins précises et spatialisées. Son premier rôle est de les intégrer pour les hiérarchiser, et les interpréter en termes
d’organisation urbaine, avant de les transmettre aux maîtres d’œuvre.
La nature et la formulation de ces intentions préalables va donc influer largement sur le travail du coordinateur.
Outre ces intentions, depuis la loi SRU, le coordinateur hérite aussi d’un règlement urbain (PLU), plus ou moins
précis sur le secteur concerné. (Sauf Lorsque le secteur d’intervention est placé en zone à urbaniser (AU), c’est-à-dire
que le règlement reste à établir ; mais il n’existe pas de tels secteurs sur Paris)
Les projets urbains sont en premier lieu issus d’une volonté politique des communes.
Depuis la loi de décentralisation du 7 janvier 1983, les communes ont vu leurs prérogatives en matière d’aménagement
largement accrues.
Ce quartier, situé au sud-est de Paris, est l’un des onze sites prioritaires du GPRU.
Celui-ci, adopté en Mars 2002 par la ville de Paris concerne tous les aspects de la vie quotidienne et porte sur :
- le cadre de vie : actions sur l’habitat, création ou amélioration d’équipements, mise en valeur des espaces publics et
des espaces verts, renforcement des transports en commun, amélioration de la sécurité et de la propreté…
- des actions de proximité : développement de services destinés aux enfants, aux jeunes et aux personnes en difficulté,
soutien aux initiatives associatives…
- le développement économique : implantation ou maintien d’activités économiques et commerciales, actions d’insertion,
accès à l’emploi...
- la solidarité avec les communes voisines : montage de projets communs, développement des échanges.
Certaines actions sont déjà en cours. Elles concernent souvent le quotidien (propreté, éclairage, actions sociales…).
D’autres exigent un travail coordonné entre partenaires, des études techniques et prennent plus de temps :
réaménagement de rues, actions en faveur de l’emploi…. D’autres encore nécessitent de très gros travaux :
construction d’équipements, couverture du périphérique…. Il s’agit alors de changements à plus long terme.
L’ensemble de ces améliorations vise à modifier peu à peu, mais en profondeur et de façon durable, la vie d’un quartier.
Il est l’un des quartiers concernés par l’un des principaux objectifs de l’aménagement de Paris : « réhabiliter la
couronne »
La couronne, anciennement délaissée, redevient aujourd’hui un lieu privilégié de l’aménagement pour trois raisons
essentielles :
- la rareté des terrains disponibles à Paris
- l’engagement d’un nouveau dialogue entre Paris et sa banlieue
- la concentration d’un grand nombre de logements sociaux, souvent dégradés et qui appellent une
réhabilitation, motrice de projet plus importants.
Le projet de Bercy est issu très en amont (plus de dix ans avant) de la volonté politique de rééquilibrer Paris vers
l’Est. Cette volonté est inscrite dans le SDAU de 1977. (Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme, aujourd’hui
remplacé par les schémas de cohérence territoriale)
Comme nous allons le voir par la suite, l’équipe de l’OMA héritera de peu d’intentions pour Euralille, dans la mesure où
elle est auteur de toutes les phases de spatialisation du projet.
En revanche, elle répond à une volonté politique forte, relayé par une politique d’aménagement ferme et déterminée,
conduite par J-P Baïetto, directeur de la SEM Euralille.
L’enjeu du projet était de « réveiller non-seulement la ville, mais aussi toute la région » (P.Angallina, le projet urbain) qui
subissait alors un déclin économique (début des années 80)
La première condition de développement du projet fut l’implantation de la gare TGV, au cœur de la ville, fortement
négociée par P.Mauroy, alors maire et premier ministre. Celle-ci fut l’occasion de lancer un programme d’un centre
d’affaire international.
2/ hériter des intentions sur un site
Ce quartier, situé au sud-est du 13ème arrondissement constitue l’un des 11 sites du Grand Projet de Renouvellement
Urbain (GPRU).
En comparaison à d’autres projets, et notamment à l’exemple de Bercy- Front de Parc, que nous allons expliquer ci-
après, les intentions héritées sur le quartier Joseph Bédier restent relativement génériques et laissent encore ouvertes
de multiples interprétations spatiales. Il en est de même pour l’ensemble des sites du GPRU, qui, tout en fixant les
objectifs, appelle l’invention.
Extrait du pré-PAZ de 1986 : le réseau des voies en 1978 Agence Jean-Pierre Buffi, Collage illustratif des
prescriptions architecturales face au parc, 1989,
b/ le cas de Bercy : développer un P.A.Z., hériter d’un cadre déjà très défini
Le travail mené par J-P Buffi pour le Front de Parc de Bercy fait figure d’une coordination poussée à l’extrême, voir
d’une certaine rigidité. L’aspect unitaire du projet construit et la « surenchère » des prescriptions architecturales
édictées, sera dénoncée par ses détracteurs :
« Au fond, ce projet tente d’éviter le vrai problème contemporain de l’architecture, à savoir qu’on ne peut plus assurer
la cohérence urbaine d’une opération complexe de ce type simplement par la maîtrise autoritaire de la forme globale et
des styles architecturaux. »
(Didier Rebois, Buffi et compagnie à Bercy, variations sur un thème in Architecture d’aujourd’hui n° 233)
Bercy représente effectivement un exemple de cadrage hyper-défini des projets architecturaux dans le sens où
non-seulement les typologies et les volumétries ont été imposées aux architectes d’opération, mais aussi certains
composants architecturaux (balcons, main courante, matériaux, pourcentage des pleins et des vides en façades…).
Cependant, comme toutes les interventions à ce stade (la coordination architecturale), elle ne peut être envisagée en
dehors de ses antécédents, du cadre dans lequel le coordinateur intervient.
La mission confiée à J-P Buffi (1988) est de développer un PAZ déjà établi dans ses grandes lignes, et lui-même issu
de multiples étapes de développement préalables.
[Nous l’avons vu, le projet est amorcé par la volonté politique de rééquilibrage de Paris vers l’Est, formulée dans le
SDAU de 1977.
Sur le front de Parc, un pré-PAZ avec un plan d’objectifs et des contraintes avait été établi en 1986, qui a été assoupli
suite à la consultation sur l’aménagement du parc en 1987, dont l’équipe de Bernard Huet et F.F.L ( M.Ferrand, J-P
Feugas et B.Leroy) associé au paysagiste Ian Le Caisne, sera lauréate.
La ZAC de Bercy- front de parc est initiée en 1988, elle forme avec la ZAC Corbineau- Lachambeaudie, engagée dès
1985, la partie résidentielle de Bercy (9,5 hectares au total sur les deux ZAC)
Le document du PAZ donnait l’indication du tracé des voies, le contenu des îlots et le plafond maximum des leurs
constructions. Il recommandait également que soit réalisé un traitement architectural d’ensemble sur tout le front
bâti qui fait face au parc.
Le rapport de présentation de la ZAC précise : « l’architecture des constructions devra, en bordure du parc, faire l’objet
d’une coordination, dans le but d’obtenir une façade cohérente et harmonieuse ».
C’est donc sur une base déjà extrêmement cadrée, à laquelle s’ajoute le suivi soutenu de l’APUR et de la SEMAEST,
qu’intervient la mission de coordination. J-P Buffi hérite lui-même, non-seulement des objectifs à satisfaire, mais aussi,
en grande partie, des moyens d’y parvenir.
d/ Le cas d’Euralille : être auteur d’un projet de spatialisation de A à Z
A l’inverse de Bercy, les intentions dont ont hérité les équipes consultées lors du concours international destiné à choisir
l’architecte coordinateur (dont Rem Koolhaas fut lauréat), ne furent pas le fruit d’une lente sédimentation, mais au
contraire d’une condensation dans le temps, qui caractérise d’ailleurs l’ensemble des phases de ce projet.
La phase d’élaboration de la stratégie de projet urbain, n’aura duré que huit mois (contre 10 ans pour Bercy). Elle
aboutit sur le « programme-cadre », validé par la ville en septembre 1988. Ce dernier précisait le contenu des
opérations et avait pour principal but d’établir les questions à poser aux candidats lors du concours, lancé fin 1988.
Ce concours visait à choisir un homme, capable d’appréhender les questions engagées, plus qu’un projet.
Le rôle de Rem Koolhaas a été fondamentalement différent de celui endossé par J-P Buffi à Bercy, étant donné qu’il
n’a pas hérité d’une base travail encore très sommaire, et a développé (en collaboration avec la SEM le cercle de
qualité constitué de nombreux conseillers) l’ensemble des phases de « spatialisation » du projet : depuis le plan
directeur jusqu’à la définition des volumes-enveloppes des projets architecturaux.
3/ Hériter d’un règlement urbain:
Avant la loi SRU, sur les ZAC, le règlement urbain (POS) était remplacé par le RAZ (Règlement d’Aménagement de
Zone), accompagné du PAZ (Plan d’Aménagement de Zone). Le rôle du coordinateur était alors totalement différent
selon qu’il intervenait en amont ou en aval de l’élaboration de ce règlement. Nous allons le voir à travers les cas des
zac de Bercy et Reuilly.
Depuis que la loi SRU (13 décembre 2000) a aboli les PAZ et RAZ, les ZAC doivent respecter le règlement urbain en
vigueur (PLU). Cela est une évolution capitale qui met fin à l’urbanisme d’exception et accroit encore le rôle d’héritier
du coordinateur. Il ne conçoit plus le règlement de toutes pièces, mais l’adapte et le complète, par les prescriptions
urbaines, architecturales et paysagères.
Comme pour le trapèze de Boulogne Billancourt, le plan d’organisation urbaine de la Zac Joseph Bédier doit respecter
le PLU de la Ville de Paris. Mais le secteur est grevé de peu de contraintes. Situé en zone Urbaine Générale, il est l’un
des secteurs concernés par les orientations d’aménagement présentées dans le PADD (Projet d’Aménagement et de
Développement Durable).
Conformément aux orientations de ce dernier, y sont mis en œuvre des dispositifs qui visent à assurer la diversité des
fonctions urbaines, à développer la mixité sociale de l’habitat, à préserver les formes urbaines et le patrimoine issus
de l’histoire parisienne tout en permettant une expression architecturale contemporaine.
La constructibilité est contrôlée par un C.O.S. fixé à 3. (hypothèse de travail : cos d’environ 1.7)
Sur le quartier Bédier, les prescriptions particulières à retenir sont les suivantes :
- En termes de vocation et de destination des sols, le quartier apparaît dans un secteur d’incitation à la mixité habitat-
emploi
- La hauteur plafond des constructions nouvelles s’élève à 31 mètres.
« Les marges de manœuvre entre application du règlement et adaptations mineures seront analysées au regard du
parti retenu » (note de présentation du programme de la mission)
Pour le trapèze de Boulogne-Billancourt, les équipes appelées à concourir pour « l’urbanisme » de chaque îlot, devaient
répondre à un PLU d’une complexité telle que son interprétation demandait l’aide de juristes. A ce règlement urbain,
s’ajoutait un premier cahier des prescriptions architecturales, urbaines et paysagères élaboré par l’équipe Chavannes
(avec J. Ferrier et le paysagiste T.Laverne). Les équipes lauréates ont ensuite dues transmettre un second cahier
des charges architecturales aux maîtres d’œuvre pour la réalisation des bâtiments. Celui-ci devait répondre aux deux
précédents et à leur proposition d’aménagement. L’accumulation successive des prescriptions a finalement conduit à la
mise en place d’un cadre très défini pour l’élaboration des projets architecturaux.
B. coordonner : hiérarchiser et spatialiser
Le coordinateur confronte l’héritage dont nous avons traité précédemment avec sa propre analyse du site, il hiérarchise
les objectifs et les met en espace.
Cette étape de travail correspond à la phase « plan d’organisation urbaine », énoncé dans la présentation de la
mission par la Semapa, mais nous verrons qu’elle s’en écarte partiellement, en transformant la demande d’un projet
d’architecture urbaine en une proposition d’un projet d’architectureS urbaineS.
1/ la conception urbanistique à échelle intermédiaire : « la part « visible » des projets urbains dans la ville »
« Aménagement urbain », « urban design », « projet urbain opérationnel », etc. désignent la pratique de l’urbanisme à
échelle intermédiaire, celle du quartier et qui développe les aspects physiques du projet urbain.
Le statut intermédiaire de ce niveau de conception est ambigu entre urbanisme et architecture. Il peut être
assimilé à de l’ « architecture urbaine », définie ainsi dans Conception et coordination des projets urbains(Nicole ELEB-
HARLE,Editions Recherches, Paris, 2000)
« L’architecture urbaine constitue cette discipline de l’échelle intermédiaire entre urbanisme et architecture, au service
de la part « visible » des projets urbains dans la ville. »
Cependant, plusieurs points viennent contredire cette définition de notre hypothèse de travail :
- D’une part, dans la définition même :
« L’architecture urbaine est définie à cette étape (la conception urbanistique à échelle intermédiaire) par les modes
d’implantation et de mitoyenneté adoptés, la volumétrie et les épannelages des bâtiments, les rapports entre les
différents volumes…. »
Je me propose de ne pas prédéfinir la volumétrie ni les épannelages
« On le voit, cette étape ne gère plus des problématiques générales d’organisation urbanistique, mais n’est pas
encore engagée dans celles purement architecturales où seront définies d’autres caractéristiques des bâtiments
aussi nombreuses et complexes que leur organisation interne, leur facture matérielle et constructive, leur écriture
architecturale. »
Mon hypothèse de travail laisse aussi encore une place à des typologies et morphologies de bâtiments variées.
Il s’agit finalement d’un projet d’architectureS urbaineS, dans le sens où un cadrage des projets d’architectures
est mis en place par le Guide de projets (qui contient un certain nombre d’invariants, une « aide à la conception »,
des propositions en matière d’organisation du travail collectif). Mais ce cadre de conception peut encore conduire à de
multiples interprétations architecturales. Ces interprétations architecturales ne se limitent pas au traitement ou à des
adaptations mineures des volumétries, mais à des choix plus fondamentaux, tels que la typologie des bâtiments, leur
rapport à l’espace public, la localisation des accès piétons, ou le statut des espaces extérieurs.
En cela, elle diverge de la formulation de cette première mission par la Semapa : « Définir, sous forme de
plan d’organisation urbaine, l’organisation spatiale du secteur en identifiant les espaces publics et les emprises
constructibles, et en déterminant la morphologie des constructions. » (Note de présentation et programme de la
mission)
La proposition est différente : il y a effectivement identification des espaces publics et les emprises constructibles, mais
pas de la morphologie des constructions.
C. Hypothèse de travail : lecture et analyse du site, confrontation avec l’héritage
D’une superficie de 27 hectares environ, le quartier Joseph Bédier est bordé au nord par le bd Masséna, au sud par le
périphérique, à l’ouest par le stade Carpentier, et à l’est par l’avenue de la porte de Vitry, et les voies ferrées.
La lecture du site est envisagée selon deux angles : comme une portion du territoire de la Ceinture, et comme un site
particulier.
1/ la Zac Joseph Bédier : une portion « emblématique » du territoire de la Ceinture
Le site est « emblématique » du territoire Ceinture car ses différentes composantes y sont clairement lisibles
simultanément, grâce à la proximité directe :
- de la Caserne Massena, bâtiment remarquable des années 70 (architectes Jean Willerval et Prvoslav Popovic, 1971)
- des H.B.M de la rue l’avenue Boutroux (1950)
- du Stade Boutroux de la Ceinture Verte
- du Boulevard Périphérique, qui s’élève au dessus de la Vallée de la Seine
Ce panorama de la Ceinture est rendu encore plus lisible par la forte déclivité du terrain, tant depuis l’intérieur du site,
que depuis le Boulevard Périphérique.
- la diversité des tissus urbains et des langages architecturaux, due au fait qu’il a été constitué par à coups jusque
dans les années 70.
- la générosité et la disparité de l’espace public.
Le site présente une forte proportion d’espace public:
Espaces publics ouverts, site Espaces publics ouverts, site et environnement proche Paul Herbé, plan d’aména-
gement du secteur n°3 de la
ceinture verte de Paris, 1953
De la rencontre avec le site, s’est dégagée une impression de «disparité» des
espaces publics, c’est-à-dire qu’ils ne se sont ni différenciés, ni homogènes.
Cette première impression a été vérifiée par une analyse comparée des
caractéristiques de chacun (sous forme d’un grand tableau de différences et des
similitudes). 1
similitudes
différences
2
1 2 3 4 5 6 7 8 3
7
Types d’espaces
8 libres
b/ la position adoptée
« En reconnaissant la cohérence de ce territoire, définie à la fois par des caractéristiques spécifiques et par élément
continu qu’est le périphérique, on envisage qu’il puisse jouer le rôle d’un espace public à l’échelle de l’agglomération.
Cette forme clairement identifiable dans la ville a un potentiel structurant et moteur de développement. Il en est ainsi de
la Seine er du système d’espaces publics qui en dépend. »
(Collectif Tomato, La Ville du Périphérique, éditions du Moniteur, 2003)
Ceci s’applique à l’ensemble de la Ceinture, mais est d’autant plus vrai sur ce site, « emblématique » de la Ceinture et
où le passage du Bd P en pont le rend impossible à effacer.
« Lorsqu’il est en viaduc ou en talus, le boulevard périphérique s’impose à tout son environnement. […] Puisqu’il est
impossible de faire disparaitre cette perception de l’infrastructure, il convient de mettre en valeur voir de magnifier
l’ouvrage d’art… »
(Y.Beltrando, Infrastructures, limites et porosité. Quelle place pour le boulevard périphérique ? , paris-projet n°36-37,
septembre 2005)
2/ la Zac Joseph Bédier, un site particulier: des forts atouts paysagers
Outre les éléments caractéristiques du territoire Ceinture, ce site présente des particularités, notamment deux atouts
paysagers forts :
Il présente aussi l’avantage, par rapport à la majorité des autres sites de la ceinture, d’avoir une rue « concentrique »
supplémentaire : la rue Maryse Bastié, bien qu’elle soit pour le moment interrompue.
Boulevard Massena
Avenue Bouroux
Rue Maryse Bastié
Boulevard Périphérique
D. Hypothèse de travail : un projet d’architectureS urbaineS sur la Zac Joseph Bédier et précision des objectifs
sur le Secteur Bastié
La première étape du travail consiste à établir le « plan d’organisation urbaine » sur l’ensemble de la ZAC
Joseph Bédier, c’est-à-dire à «mettre en espace» les objectifs issus de la confrontation de l’héritage (GPRU) à l’analyse
du site. Nous allons ici exposer les options prises dans l’élaboration du plan d’organisation urbaine. Rappelons
qu’il ne s’agit que d’une hypothèse de travail destinée à servir de support pour l’exploration de la transmission
aux projets architecturaux.
Pour chaque point abordé, nous définirons plus précisément les options prises sur le secteur Bastié. Comme
nous l’avons introduit, le but du Guide de projets est de fabriquer un contexte fictif, de fournir la matière première
pour le travail de conception architecturale. Il ne s’agit donc pas de rester vague ou générique, mais de déterminer
fortement les exigences à satisfaire, tout en maintenant une liberté maximale dans les moyens d’atteindre ces
objectifs.
« C’est une des missions de la coordination architecturale : finaliser ces analyse en exigences pour guider et susciter la
création. »
(J.Frébault, à propos d’Euralille, dans : Nicole ELEB-HARLE, BERTRAND Frédéric, GRUDET Isabelle, MARCILLON D.,
De la conception : les processus de conception urbanistiques et architecturaux à la grande échelle. Coordination et
iconographie des projets urbains : objets, cultures et outils. IPRAUS, CNRS-PIR-villes, 1997)
NORD
SECTEUR BASTIE
NORD
La rencontre avec le site a confirmé la difficulté des déplacements piétons et la nécessité d’affiner la trame viaire. Il
s’agit aussi de mettre en adéquation cette trame avec la dimension résidentielle du quartier. La comparaison avec la
dimension des îlots des quartiers avoisinants a confirmé cette nécessité.
Ceci conduit à :
- prolonger la rue Maryse Bastié, comme le préconise le plan d’objectifs du GPRU, et l’étude de faisabilité.
- créer la traverse Bédier (voie piétonne), opération présente dans le plan d’objectifs du GPRU, mais
abandonnée dans l’étude de faisabilité.
La porte de Vitry est un passage privilégié entre Ivry et Paris pour les piétons, puisqu’il n’y a pas de sortie automobile du
Boulevard Périphérique, il est donc préservé de la circulation dense, et constitue l’un des rares passages agréables
entre Paris et la Banlieue.
porte de Vitry :
Porte piétonne
(passage du Boulevard Périphérique en Pont)
porte d’Ivry
Porte automobile
1. implanter des logements le long de la rue Maryse Bastié (cf II 1/ du Guide)
Contrairement à la programmation proposée dans l’étude de faisabilité, qui rend le prolongement de la rue MB, inactif
le soir et le week-end, il est proposé d’implanter des logements le long de la rue Maryse Bastié, afin d’assurer la
permanence de la vie, et ainsi donner un sentiment de sécurité au cheminement piéton.
EXISTANT
Zone «critique»:
l’absence d’activité le soir et le week-end confère un sentiment d’insécurité
Zone «critique»:
l’absence d’activité le soir et le week-end confère un sentiment d’insécurité
LYCEE
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rue M. Bastié
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rue M
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Boulevard Périphériq
Le GPRU, ni au travers du plan d’objectifs, ni dans l’étude de faisabilité ne fait pas de distinction entre les deux portes.
Pourtant:
- la porte d’Ivry bénéfice d’une desserte automobile rapide, les locaux d’activités en tireront profit.
- en revanche, la porte de Vitry ne bénéficie pas de cette desserte. De plus, les activités seront totalement insérées
dans le quartier résidentiel, et participeront au cadre de vie de celui-ci.
Y seront implantés des bureaux organisés par petites unités de travail.
petites
par
tis
r é par il
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u r eau e trav
B és d
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2/ protéger le quartier des nuisances du Boulevard Périphérique (cf I 2/ du Guide)
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lu t r an p ar tim
éc ns bâ ran
tra éc
Les protections phoniques par enterrement/ couverture du Bd. Périphérique, par talus sont exclues par son
passage en pont au dessus de la vallée de la Seine (Pont National).
La protection phonique par murs antibruit est exclue car elle impose un mur aveugle le long du Bd.P.
La protection phonique par écran transparent ou coursives n’est envisageable que ponctuellement car elle
représente une charge d’entretient et d’investissement importante.
Le quartier sera donc protégé des nuisances du Bd.P. par un linéaire de bâtiment(s)- écran(s) de
bureaux, pouvant être interrompu ponctuellement par des dispositifs de porosité visuelle.
148m
84m
B
A
SEQUENCE B:
« Il convient de porter une attention particu- Situé à l’amorce de la Vallée de la Seine, le site
lière à la qualité de la perception de la ville présente une forte déclivité vers l’Est, ouvrant à l’extrême
depuis le périphérique. Est du site, une fenêtre riche sur Paris, depuis de
D’autant que ce site amorce la séquence Boulevard Périphérique. Elle offre un panorama complet
paysagère très particulière du périphérique en sur l’épaisseur de la ville, avec en arrière plan les tours du
belvédère sur les emprises ferrées et la Seine quartier Italie ; et en avant les éléments reconnaissables du
avec le vaste panorama qui caractérise cette territoire ceinture : caserne Masséna, HBM, équipements
séquence.» scolaires et sportifs. Ce panorama sera préservé.
H.B.M.
CASERNE
STADE
TOURS 13e
CASERNE
TOURS 13e H.B.M.
STADE BOUTROUX
TOURS 13e
STADE
CASERNE
H.B.M.
4/ Etablir une relation visuelle entre Quartier et Bd. Périphérique: deux mondes antagonistes: séquence B
(cf I 4/ du Guide)
La seconde séquence (B) constituée par le site n’offre pas la richesse de la précédente, depuis le Boulevard
Périphérique, il ne sera donc pas indispensable de prendre des vues réelles sur le quartier.
En revanche, il est nécessaire d’offrir des aperçus et d’éviter les effets de front bâti continu et opaque, qui nieraient le
regard de l’automobiliste sur le Boulevard Périphérique.
Depuis le quartier, il est essentiel de préserver des porosités visuelles sur l’infrastructure (ou le vide qu’elle
génère) afin:
- d’éviter un effet de « fin de ville »
- apporter de la lumière, voir du soleil
- permettre à l’infrastructure de fonctionner comme repère visuel pour le quartier
- mettre en valeur la force du contraste entre les deux mondes connexes: un quartier résidentiel et vert et l’axe routier le
plus emprunté de France.
A ce stade, les dispositifs de porosité visuelle sont encore ouverts à diverses propositions.
p
r
o
j
e
t
s e ntre e?
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s v isue riphér
ité Pé
p o ros levard
lles Bou
Que ier et
rt
Qua
séquence B
Ouvrir une vue depuis le Quartier sur le Boulevard Périphérique, repère (séquence B, cas particulier)
(cf I 4/a/ du Guide)
Depuis le quartier, le Bd. Périphérique fonctionne comme un repère visuel, il contribue à reconnaître le territoire
de la ceinture. Dans le prolongement des rues radiales (c’est-à-dire perpendiculaires au Bd P et à la Rue MB) des vues
sur le Bd P. permettent de situer dans l’épaisseur de la ceinture.
Afin permettre à l’infrastructure de fonctionner comme repère visuel, une vue au minimum, sur Bd P Périphéri-
que sera ouverte depuis la traverse piétonne créée entre le parc et le stade: la traverse Bédier.
Av de la Porte d’Ivry
Rue F.Nohain
Rue F.Nohain
Traverse Bastié
Comme le souligne à juste titre l’atelier Ruelle, dans l’étude de faisabilité du GPRU, «ce site amorce la séquence
paysagère très particulière du périphérique en belvédère sur les emprises ferrées et la Seine avec le
vaste panorama qui caractérise cette séquence.»
Il jouxte aussi l’écran de protection phonique dont les dimensions (3060 m2 et 170m de long) et la «fantaisie» affirment
la présence.
Cerné par ces deux éléments paysagers très forts, il convient que le projet affirme lui-aussi sa présence, en affichant
un rythme bâti marqué sur le Boulevard Périphérique. Ceci d’autant plus que, du fait de la vitesse de déplacement, la
lecture y est furtive et donc schématique.
talus végétal -ouvert- Pte écran PROJET Très longue séquence d’ouverture du paysage
d’Ivry acoustique
très court
OU
très long
6/ mettre en valeur les espaces publics: affirmer leurs spécificités
1 2 3 4 5 6 7 8
2
Extrait du plan d’objectifs du GPRU:
requalifier et mettre en valeur les espaces publics 3
a/ principe général 4
A partir de l’analyse comparée des
caractéristiques des espaces publics, (sous 5
forme d’un grand tableau des différences
et des similitudes), l’opération a consisté à
rapprocher les espaces similaires (en affirmant
leurs points communs), et à différencier les
6
autres.
7
Types d’espaces
libres
similitudes
8
différences
Tableau de différences et des similitudes des espaces publics
Cette démarche aboutit par exemple à la différenciation des espaces publics « ponctuels » du quartier:
existant projet
2. Square Boutroux
3. Stade Boutroux
2
3
E. La conception urbanistique à échelle intermédiaire: un premier conditionnement de la transmission aux
projets architecuraux
1/ Conception « essentielle »
Le coordinateur a la charge d’assurer la transition entre le projet urbain et le projet architectural. Il transforme
les objectifs initiaux en un « plan d’organisation urbaine ». Cette première étape de conception à proprement parlé ne
peut être détachée de la conviction qui anime l’urbaniste sur le rôle qu’y tiendront les projets architecturaux. Il y laissera,
selon les cas, une marge d’interprétation plus ou moins grande, et conférera ainsi un rôle plus ou moins prépondérant
à la conception architecturale.
La position adoptée au cours du développement de l’hypothèse de projet est de rester le plus ouvert possible
sur les moyens d’atteindre les objectifs fixés, afin de conduire les maîtres d’oeuvre à être acteurs des choix de mise
en espace, et donc à développer un projet architectural cohérent avec ceux-ci.
En cela, la conception est «essentielle», à l’opposé d’une proposition formelle unique.
Afin de pouvoir explorer par la conception architecturale de multiples possibilités ; au cours du travail d’élaboration du
plan d’organisation urbaine, lorsque des choix limites entre urbanisme et architecture se sont présentés, ils ont été
laissés le plus ouverts possibles, donnant lieu à plusieurs hypothèses.
Il est délicat de tenter de définir cette limite entre « urbanisme à échelle intermédiaire » et architecture, ce
n’est d’ailleurs pas l’ambition de cette étude. Ainsi, si certains éléments, aussi « urbanistique » que les typologies de
bâtiment, ou encore les épannelages, ne sont pas figés en amont, ce n’est pas pour affirmer que ces éléments sont
du domaine de l’architecture dans tous les cas, mais pour explorer ce que la réflexion sur les projets architecturaux
peuvent y apporter.
Bien entendu, il s’agit d’une étude, cette conception «à choix multiples» a donc été poussée relativement loin. Dans
la réalité d’un projet, il serait sans doute difficile de maintenir cette ouverture, car elle ne permet pas encore de
communiquer le projet, ni en terme d’image, ni en terme de typologies. De plus, elle demande une charge de travail
plus importante, autant dans la conception « urbanistique à échelle intermédiaire », que dans l’organisation du travail
de médiation avec maîtres d’oeuvres et maîtres d’ouvrage.
L’objectif recherché dans l’élaboration du Guide est d’ancrer le travail de médiation dans une démarche cumulative.
La rédaction du guide est considérée comme faisant partie intégrante de la proposition d’ « organisation
urbaine ».
Ainsi les documents de transmission ont été élaborés tout au long de la réflexion sur le projet d’ensemble, et
non, comme cela est souvent le cas, après coup, comme une finalisation du projet urbain.
OBJECTIF MOYENS
OU
OU
très court
très long
OU
OU
Cette étape correspond à la phase d’accompagnement de l’élaboration des projets architecturaux. Elle consiste d’une
part à organiser le travail des équipes de maîtrise d’œuvre (1/), et d’autre part à gérer la collaboration avec les autres
compétences réunies autour du projet. (2/)
1/ coordonner les équipes de maîtrise d’œuvre : une consultation encore ouverte à de multiples hypothèses
Au stade de la consultation des maîtres d’œuvre, le secteur Bastié est encore considéré comme une seule et même
entité immobilière. Etant donné la dimension (moins de 20 000 m2 de shob) et la situation économique favorable
(marché de Paris), il est possible d’envisager qu’un unique maître d’ouvrage ait la charge de la totalité du projet.
Etant donné que le cadre de conception est encore peu déterministe, il peut aboutir à des propositions où, selon les
cas, il sera préférable que la répartition des maîtres d’œuvre soit faite selon :
- les programmes, c’est-à-dire Bureaux/ Logements
- les « poches », c’est-à-dire que chaque maître d’œuvre se voit confié une poche avec les bureaux et logements qui
l’entourent.
- les thèmes constitutifs du projet : le(s) bâtiment(s)-écran(s) et les bâtiments transversaux
Dans l’énoncé de la consultation ou du concours, les agences d’architecture et de paysagisme sont appelées
à s’associer pour proposer une répartition des maîtres d’œuvre qui traduise leur position sur l’équilibre entre
unité d’ensemble et diversité des parties du projet. Cette proposition d’association des équipes sera l’un des critères
de sélection, en sachant qu’il est fortement recommandé que l’équipe soit composée au minimum de deux agences
d’agences d’architecture et d’une agence de paysagisme.
Cette formulation permet d’imaginer que la consultation soit ouverte, non seulement à des propositions originales sur
le projet lui-même, mais aussi à des agences de taille et de renommée diverses :
- de petites équipes associées peuvent faire une - un grosse équipe pour le(s) bâtiment(s) écran(s)
proposition commune, en sachant qu’elles ont la capacité (environ 15 000m2 SHOB) et une ou plusieurs petites
de gérer chacune un projet de taille intermédiaire (par équipes pour les bâtiments transversaux (environ
exemple, 6 projets d’environ 3000m2) 3200m2, ou 800m2 chacun)
Les propositions d’association seront donc étroitement liées à la question de l’unité d’ensemble/ diversité des parties,
que nous traiterons plus largement en IV.D/
2/ coordonner une équipe pluridisciplinaire : la composition et la gestion d’un ensemble de compétences
autour du projet.
Comme nous l’avons introduit en I , le coordinateur, dans la phase d’accompagnement de l’élaboration des projets
architecturaux, assure le « management », c’est-à-dire qu’il doit mobiliser les bons intervenants au bon moment,
organiser le travail interdisciplinaire, selon les enjeux du projet.
Dans cette hypothèse de travail, en plus de la maîtrise d’ouvrage et des équipes de conception, c’est-à-dire
coordinateur, architectes et paysagistes, certains autres experts devront participer à l’élaboration des projets :
- les ingénieurs-voirie
- des ingénieurs experts en acoustique, dès l’amont de l’élaboration des projets, étant donné que la protection phonique
est l’un des principaux objectifs à atteindre.
- des ingénieurs qui vérifieront l’efficience des dispositifs de porosité visuels proposés par les architectes et les
éventuels problèmes de réverbération sur les matériaux verriers depuis le Bd P.
- les services d’entretien des espaces verts du Boulevard Périphérique, qui s’assureront de la possibilité d’entretien des
éventuels espaces plantés entre les bureaux et le Boulevard Périphérique.
- des ingénieurs qui estimeront les coûts de fonctionnement et d’entretien des bâtiments de bureaux, car il est essentiel
que ces charges ne soient pas trop importantes, au risque de rester inoccupés
- des agents de commercialisation de surfaces de bureaux et de logements, pour vérifier la réceptivité du marché aux
types de bureaux proposés, à court et à long terme. L’occupation permanente de ces locaux étant l’une des conditions
essentielles de la qualité de vie du quartier.
Une première journée de travail commune à tous, permettra à chacun d’exposer les exigences de son domaine de
compétence, et les éventuels problèmes à soulever.
Par la suite, les compétences seront mobilisées dans des réunions de travail (et non d’exposé des projets) sur des
points précis, selon les questions qui se poseront.
Ce cadre de conception constituera la matière première de l’élaboration des projets architecturaux, son
contexte fictif.
« L’architecture a donc besoin de travailler sur un contexte préexistant ; plus ce contexte est fort, centre historique par
exemple, plus la réponse a des chances d’être intéressante. Par contre l’architecture est incapable de se substituer à
la ville pour produire un nouveau contexte là où il n’en existe pas. C’est la première fonction du projet urbain que de
définir un contexte en amont de l’architecture. »
(Bernard Huet, l’architecture contre la ville, dans AMC n°14, décembre 1986)
C’est là le défit de la coordination : fabriquer un contexte à la fois fort et souple. Elle doit assurer la participation
pleine des futurs maitres d’œuvre, leur laisser une marge de liberté, mais ne peut se permettre de rester imprécise.
La mise en place de ce contexte par les prescriptions et orientations demande une définition plus ou moins
cadrée selon qu’il s’agisse d’un quartier ex-nihilo ou, comme c’est le cas pour la ZAC J.Bédier, où le contexte existant
est déjà fortement constitué. Dans l’hypothèse de travail, il n’était pas nécessaire de remplacer un contexte inexistant
par une détermination forte, car il préexiste.
A. Transmettre : Du cahier des prescriptions au Guide de projets
Le coordinateur est aussi le garant de la cohérence (et non de l’homogénéité) d’un projet d’ensemble,
composé de plusieurs projets architecturaux. Il peut s’en assurer par l’édiction de prescriptions architecturales strictes
et définitives, accompagnées d’un simple contrôle de la conformité des projets architecturaux. Il peut aussi, dans une
relation de confiance avec les maîtres d’œuvre et les maîtres d‘ouvrage, engager un travail de négociation.
« Entre un simple suivi et contrôle des permis de construire et une démarche de travail collectif, il y place pour toute
une palette de manières de faire, et pour des figures très diverses du travail de coordination. » (Nicole ELEB-HARLE,
Conception et coordination des projets urbains, Editions Recherches, Paris, 2000)
Les documents produits pour engager le travail de coordination peuvent avoir deux visées distinctes :
- communiquer le projet urbain pour initier un travail de conception architecturale (guide) encore ouvert.
- prévenir des conflits éventuels par des contraintes contractuelles architecturales (garde-fou) rigides, visant à
l’accomplissement d’une forme architecturale prédéterminée.
Les directives architecturales sont contenues dans les cahiers des charges/ prescriptions/ recommandations, etc. et
sont destinées à compléter les dispositifs réglementaires.
Elles ne font pas partie du règlement urbain et ne sont donc pas soumises à la loi. Ce sont des documents
contractuels mais pas opposables au tiers. Elles ne sont pas non-plus indispensables juridiquement à la réalisation
d’une Zac.
Basées sur l’engagement de l’acquéreur des terrains, elles permettent à l’origine une « grande souplesse dans la façon
d’aboutir à l’objectif recherché » (Pierre Merlin, Françoise Choay, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement,
presses universitaires de France, 1988)
Comme l’a souvent répété J-P Buffi à propos de la ZAC de Bercy, les règles ne sont pas équivalentes au règlement,
elles sont une base évolutive.
« Les règles sont là pour engager un dialogue avec les architectes dont la professionnalité est garante de leur capacité
à jouer avec. » (J-P Buffi, dans : Nicole ELEB-HARLE, BERTRAND Frédéric, GRUDET Isabelle, MARCILLON D.,
De la conception : les processus de conception urbanistiques et architecturaux à la grande échelle. Coordination et
iconographie des projets urbains : objets, cultures et outils. IPRAUS, CNRS-PIR-villes, 1997.)
Cependant, dans le but de prévenir des conflits d’intérêts qui pourraient survenir entre maîtrise d’ouvrage, aménageur,
maîtres d’œuvre, ils sont souvent d’une précision extrême.
Notons que pour Euralille-centre, il n’existait pas à l’origine de cahiers de prescriptions mais d’une multitude de dessins
contenus dans des « plaquettes » A3 d’une vingtaine de pages par projet, qui allaient servir de base pour l’exploration et
la vérification d’hypothèses de travail tout au long du travail de coordination. L’équipe de l’OMA a suivi continuellement
l’élaboration des projets architecturaux. Ce n’est qu’une fois les projets architecturaux conçus que les cahiers des
charges ont été rédigés.
« C’est aussi le caractère particulier des plaquettes qui permet à J-P Baïetto de mettre en cause le poids des cahiers
des charges et de préciser qu’à Euralille ils n’ont été établis juridiquement qu’une fois « le projet bien calé » » (Nicole
ELEB-HARLE, Conception et coordination des projets urbains, Editions Recherches, Paris, 2000)
Les documents émis à ce stade ne sont pas appréhendables en dehors de leur mise en application plus
ou moins souple par le coordinateur, de la phase de suivi et de négociation qui suit, tant avec le maître d’ouvrage,
qu’avec les maîtres d’œuvre.
Selon les cas, ces documents peuvent tenir une place plus ou moins importante par rapport aux discussions parallèles.
Un document « rigide », peut ensuite donner lieu à des adaptations larges. Et inversement, sur la base des
prescriptions succinctes, peut s’engager un travail de coordination architecturale dirigiste, qui laisse peu de place à
l’intervention de l’architecte d’opération.
Cependant ils annoncent une démarche de coordination. Ils communiquent l’image d’un projet susceptible
d’être encore enrichi par la réflexion sur les projets architecturaux, ou au contraire l’image d’un projet arrêté.
Toute « règle du jeu » contient en elle ses « points durs », ses limites et ses exceptions. Elles sont tout
aussi importantes que la règle. Pour cette raison, il est essentiel que ses rédacteurs, comme ses receveurs soient
bien conscients de son origine. Le travail de suivi devient alors essentiel, pour interpréter la règle, savoir jusqu’où son
« esprit » est respecté.
On pourrait alors s’interroger sur l’utilité d’une règle, s’il est possible d’y déroger. Mais ce qui est essentiel, est que pour
y déroger, l’architecte devra justifier de ce détournement, se positionner.
Le coordinateur sera le garant de ces interprétations de la règle. Il devra pourvoir en conserver l’esprit, tout en
autorisant des variations qui ne dénaturent pas l’idée première. Pour cela, il est essentiel qu’il soit dans une démarche
de collaboration et non d’imposition. Il devra, malgré tout, être assez « fort » (dans sa personnalité et dans ses
convictions sur le projet) pour ne pas laisser le projet se faire au gré des volontés des promoteurs et des architectes
d’opération. Encore une fois, la qualité de la coordination architecturale se situe dans l’équilibre à trouver, dans la
modération.
Lors des concours d’architecture, il n’est pas rare que les réponses apportées prennent le risque de déroger
à la règle. Ces détournements donneront lieu, soit à une adaptation de la règle, soit à une adaptation du projet pour le
conformer à la règle.
Par exemple, sur le développement du projet de Paris Seine Rive Gauche, à la consultation de paysage pour le
square de l’îlot à l’ouest de la Bibliothèque, Michel Desvigne et Christine Dalnoky ont proposé de dépasser les limites
prévues par le PAZ. Leur proposition a été retenue et a transformé le projet urbain.
A Bercy, c’est la présence d’un arbre sur le terrain qui a permis à Christian de Portzamparc d’adapter la règle.
L’apport potentiel de consultations d’architecture est exploité « à l’extrême » pour mettre en place une méthode
de travail itérative et empirique pour l’élaboration du guide de projets. (voir 2/ ci-après)
Il est aussi pris en compte dans la dimension didactique du guide, sa forme et son contenu laisseront une place
à des interprétations variées, mais toujours reliées à l’objectif poursuivi. (voir B/)
2/ L’élaboration du Guide de projets : de multiples allers-retours entre cadre de conception et « tests de
réceptivité architecturale »
Paradoxalement, la volonté de ne pas anticiper le travail de conception architecturale, s’est traduite par de
multiples anticipations. Le travail a consisté à « tester » la marge de liberté des maîtres d’œuvre en simulant de
multiples esquisses de projets architecturaux, pour savoir ceux qui étaient à exclure et les interprétations que
devaient permettre le guide de projet.
A partir des objectifs issus de l’hypothèse de travail, des prescriptions ou recommandations ont été émises
(empiriquement, en dehors de toute sophistication juridique), puis confrontées à l’élaboration de projets architecturaux.
Ces allers-retours multiples ont peu à peu fait émerger le Guide de projet. Il s’est agit d’évaluer si les directives :
- d’une part permettaient d’atteindre les objectifs recherchés
- d’autre part si elles offraient une réelle liberté d’interprétation et d’appropriation du projet par les maîtres
d’œuvre.
Il n’existe pas de mode de coordination architecturale idéal, ni dans les manières de faire, ni dans la production de
document. Chaque projet appelle une coordination différente.
En ce sens, la coordination architecturale fait partie intégrante de la conception urbaine, elle doit à chaque projet,
faire l’objet d’une réflexion particulière.
Dans tous les cas, il s’agit de trouver l’équilibre « entre imposer une écriture ou un type de rapport à l’espace public
ou ne rien imposer du tout » (R.Adjedj, dans : Nicole ELEB-HARLE, Conception et coordination des projets urbains,
Editions Recherches, Paris, 2000) qui s’adapte à la situation.
La question n’est pas définir un degré de détermination souhaitable dans l’absolu. Certains projets nécessitent plus que
d’autres une homogénéité. Il s’agit d’affirmer cette instance comme un élément décisif de projet, qui ne peut se réduire
à la rédaction d’un document garde-fou, à envisager le projet architectural comme un « remplissage » du projet urbain.
Il est donc important que la question du rapport avec les architectures traverse l’ensemble de la conception
urbaine, qu’elle ne pas venir en aval, comme un détail à régler.
Le travail effectué par J-P Buffi à Bercy, peut apparaître comme extrêmement rigide. Mais cette forte
détermination se justifie par le caractère exceptionnel du Front de parc, et était très consciente de la part du
coordinateur, elle faisait partie intégrante de la démarche du projet urbain. En cela, J-P Buffi a bien tenu son rôle de
« passeur », il a accompli la volonté dont il avait hérité.
B/ Structure du Guide de projets : dimension didactique et marges d’insinuation
1/ Structure habituelle des cahiers de prescriptions architecturales : structure par objets prescrits
La grande majorité des cahiers de prescriptions, recommandations ou orientations architecturales sont organisés par
objets de prescriptions (implantation des bâtiments, hauteurs, toitures, etc.). Souvent, elles sont livrées brutes, parfois
justifiées. C’est la structure la plus « rassurante », mais aussi la moins narrative, la moins incitative.
Parmi les documents étudiés au cours de cette étude, seul le « cahier des charges particulières d’urbanisme et d’architec-
ture » de l’équipe B.Fortier pour Le quartier Massena-Chevaleret (ilot M09) se présente différemment, selon des « thèmes
et variations » (1. porosité des îlots, 2. le socle, les surplombs, 3.l’envers et l’endroit, …) Les prescriptions y sont exposées
au fur et à mesure des thèmes traités.
Certains de ces thèmes aboutissent à des prescriptions de l’ordre de l’imposition : « …faire courir tout le long du projet
une assise minérale et traitée en pierre de buxy... »
La différence avec un article qui s’intitulerait : « matériau du socle » semble donc minime, mais elle est capitale pour la ré-
ception du document : la prescription est justifiée, on comprend qu’il ne s’agit pas d’un choix esthétique sur l’architecture
mais de la recherche d’une continuité urbaine.
Le guide de projet se veut plus didactique que prescriptif, il est donc structuré selon l’exposé des objectifs du projet
urbain, et non par objets prescrits.
Il est accompagné d’un document sur le projet urbain, structuré de la même manière, et qui permet de renseigner plus
largement sur les objectifs poursuivis, leur genèse. Il fonctionne plus comme une annexe que comme un préambule.
Cette forme de document permet de « raconter » plus que de prescrire.
Sa lecture est en même temps plus complexe au premier abord, et plus facile ensuite car les prescriptions sont motivées
et explicitées.
Ainsi, d’une part, le lecteur devrait se sentir plus impliqué ; d’autre part, les transgressions éventuelles, inhérentes à tou-
tes règles, se justifieront par rapport à l’objectif recherché.
Le fait de systématiquement lier la prescription ou la recommandation à son origine permet d’imaginer des proposi-
tions détournées, qui préservent l’objectif, c’est-à-dire qu’il y a une marge où s’insinuer entre les deux bandes
supérieures. (La bande des objectifs et celle des prescriptions)
En dehors de cette dimension didactique, l’intérêt de cette structure du document est qu’elle permet à l’auteur de ne pas
associer nécessairement un principe à une résolution formelle unique, mais d’en proposer plusieurs, avec lesquels
les maîtres d’œuvre restent libres de jouer.
Nous le verrons avec l’exemple des « poches » de la rue Maryse Bastié. ( voir Guide page ?)
3/ Guide composé de quatre bandes parallèles et complémentaires
a/ les objectifs
Une première bande est destinée à rappeler les objectifs du projet urbain.
Elle permet de comprendre les prescriptions par rapport à des objectifs du projet urbain, de les recevoir conjointement à
leurs enjeux. Des logos renvoient au document « projet urbain », si le lecteur souhaite approfondir un point, et connaître
son origine.
Une seconde bande contient les prescriptions, recommandations, orientations ou indications, jugées nécessaires
à la transmission du projet.
« Prescription: Disposition formelle qui comportent un ordre détaillé ou des conseils donnés en vue de prendre des
mesures permettant de réaliser les objectifs et les buts fixés»
(dictionnaire Larousse)
Il existe, dans cette bande, toute une nuance de « directives », de la prescription à l’indication. Elles sont de nature très
diverses, tant dans les objets sur lesquels elles portent que par leur degré d’impérativité. Nous verrons en E/ qu’elles
traduisent les objectifs de l’hypothèse urbaine de diverses manières.
Certaines portent sur les objets bâtis et sont de l’ordre de l’imposition, de l’incontournable. Elles seront réduites
au maximum. Elles peuvent être « conditionnelles », c’est-à-dire ne s’appliquer qu’à certains cas de figure. Elles
pourront aussi n’être que des orientations ou suggestions, des pistes. Elles pourront encore souligner un axe de travail
incontournable pour la conception architecturale.
c/ les potentialités
La troisième bande est consacrée aux potentialités de la prescription. Elle permet d’adjoindre à la prescription, sa
marge de liberté, son degré d’interprétation possible, ainsi que les potentialités de son interprétation, les potentiels de
sa mise en œuvre.
Elle n’a pas pour but d’établir un inventaire des possibilités architecturales issues de la lecture de cette règle, mais de
donner d’emblée un aperçu de la souplesse de la prescription.
Par exemple, si cette bande reste blanche, le lecteur comprendra qu’il s’agit d’une règle stricte, n’admettant pas de
variations majeures.
Si au contraire, cette bande est foisonnante, il s’agira d’un aspect du projet laissé plus libre, et donc où le projet archi-
tectural pourra développer ses particularités.
Elles complètent la prescription, en communiquant son degré de liberté, ou en concrétisant un principe émis par une
prescription.
Ces représentations sont en général de la même nature que la prescription, parfois elles complètent une prescription
écrite par des dessins.
« La plupart des concepteurs se limitent au domaine de l’architecture urbaine dans sa forme générique. Présentant les
occurrences possibles ou non des adaptations, ils laissent à l’architecte d’opération le soin de leur sélection.»
(Nicole ELEB-HARLE, BERTRAND Frédéric, GRUDET Isabelle, MARCILLON D., De la conception : les processus
de conception urbanistiques et architecturaux à la grande échelle. Coordination et iconographie des projets urbains :
objets, cultures et outils. IPRAUS, CNRS-PIR-villes, 1997.)
d/ les illustrations
Ces bandes parallèles permettent au lecteur d’établir son propre cheminement, sa propre hiérarchie.
Il pourra faire d’emblée une lecture complète du guide, il aura alors, immédiatement, l’objectif, la « règle », son degré
d’interprétation et son « esprit ».
Il pourra aussi ne faire que lire la bande supérieure et inférieure, pour construire son image du projet avant de la
confronter avec la règle.
La forme du document a aussi pour but de donner l’image d’une attitude de coordination : plus basée sur la
négociation que sur l’accomplissement d’un modèle établi.
« …la volonté de conserver dans le corps du document et du projet ces signes d’inachèvement témoigne de cette
démarche cumulative et ouverte du projet. »
(A propos des Plaquettes d’Euralille, D. Van Dansik dans : Nicole ELEB-HARLE, BERTRAND Frédéric, GRUDET
Isabelle, MARCILLON D., De la conception : les processus de conception urbanistiques et architecturaux à la grande
échelle. Coordination et iconographie des projets urbains : objets, cultures et outils. IPRAUS, CNRS-PIR-villes, 1997.)
C. le couple volume disponible / S.H.O.B à bâtir : volume de liberté
La première des servitudes qui s’applique au projet d’architecture est son gabarit, l’enveloppe théorique dans
laquelle il doit s’inscrire. Associée à la surface à bâtir (exprimée en SHON ou en SHOB), elle constitue une première
détermination du projet architectural.
Gabarit : « servitude d’enveloppe d’un bâtiment, particulièrement sa hauteur, définie par rapport aux bâtiments voisins,
à la voierie et aux espaces publics »
(Bertrand Gauthiez, Espace Urbain, vocabulaire et morphologie, Centre des monuments nationaux,
éditions du Patrimoine, Paris, 2003)
La valeur d’un gabarit est très différente selon qu’il est impératif ou non.
Il peut être défini comme tel, ce n’est alors plus une enveloppe mais aussi un volume, qui, à peu de chose près,
détermine la morphologie du bâtiment.
Mais le caractère impératif d’un gabarit tient plus souvent à son lien avec la définition d’une quantité à bâtir. L’écart
entre le volume-enveloppe et la shon à bâtir constitue une première marge de liberté décisive pour la conception des
projets architecturaux. S’il est inexistant, il n’existera pas d’autre latitude pour les maîtres d’œuvre que l’habillage des
façades.
Plus l’écart laissé entre gabarit et shon est grand, plus la liberté d’interprétation des architectes est importante.
La définition d’un gabarit impératif (défini comme tel ou par association de la quantité de SHON à bâtir) implique une
décision sur l’organisation intérieure des bâtiments, une définition typologique. Toute définition d’un gabarit nécessite
la prise en compte de son « habitabilité », il est indispensable d’en vérifier les possibles mises en forme, sa faisabilité.
Elle peut aboutir sur l’imposition d’une typologie unique, laissant encore place à des interprétations architecturales
de celle-ci. Le gabarit défini alors est ajusté (voir étriqué) pour cette typologie. Par exemple, une « barrette » de 10m
accueillera des logements à double orientations.
« En un sens, l’étape typologique est cet instant subtil dans la fabrication du tissu qui opère la transition entre l’échelle
urbaine du projet et son échelle architecturale.»
(La loi SRU et la « transition réglementaire » parisienne, La question des ZAC et des secteurs de plan masse, étude
réalisée par l’APUR, coordonnée par André Lortie, avril 2003)
Cette « étape typologique » se résume souvent à un systématisme, les types architecturaux étant en quelque sorte des
« lègos » dont dispose l’urbaniste pour constituer son plan.
L’étape typologique peut aussi_ et c’est qui est recherché dans le « volume de liberté » proposé_ aboutir sur de
multiples typologies possibles. Dans ce cas, le volume-envellope du bâtiment ne préfigure plus aucunement la
morphologie des bâtiments, tant il est « surdimensionné ». Elle ne sera connue qu’une fois le travail de coordination
accompli.
Le but recherché dans l’élaboration du Guide de projets est maintenir un certain contrôle, tout en permettant une marge
d’interprétation maximale pour les architectes d’opération. Comme nous l’avons expliqué, ceci est obtenu grâce à de
multiples « tests de réceptivité » architecturale. Ceci est particulièrement évident en ce qui concerne la définition des
« volumes disponibles », c’est-à-dire des gabarits-enveloppes des bâtiments, associés à la SHOB à bâtir.
Ils sont pensés pour accueillir un maximum de typologies possibles, afin que les maîtres d’œuvre puissent encore venir
enrichir la réflexion sur l’usage.
Christian de Portzamparc, pour les fiches de lot de Paris Rive Gauche propose un écart entre 10% et 30% :
« Pour chaque programme, le volume dit «enveloppe théorique» ne constitue pas un droit de constructibilité. Il indique
les plans limites dans l’espace à l’intérieur des quels doit s’inscrire le projet architectural. Mais ce projet doit respecter le
plafond de surface constructible spécifié sur le fiche programme de chaque lot.
Ce plafond conduit à des volumes qui sont, selon les cas, entre 10% et 30% moins grands que ceux de l’enveloppe
théorique. Il constitue la s.h.o.n. à réaliser.
Ces enveloppes permettent d’envisager des interprétations volumétriques et architecturales variées.»
(Atelier C.De Porztamparc, Paris Rive Gauche, fiche de l’îlot M3E, mars 2003)
Le « volume de liberté » que propose C. De Porzamparc et B.Fortier permet des adaptations architecturale d’une
typologie, mais impose cette typologie. Les « interprétations volumétriques et architecturales variées » sont en fait très
mineures. Nous avons testé un écart de 10%, puis de 30% sur l’hypothèse de travail. Il ne permettait pas de réelles
interprétations, ni dans les typologies, ni dans la répartition des volumes bâtis et des dispositifs de porosité visuelle.
Les divers tests effectués ont finalement aboutis sur des « volumes disponibles » trois fois plus grand que la quantité
à bâtir. Ils ne préfigurent aucunement la morphologie des bâtiments. Ce sont en fait des volumes-enveloppes, mais le
terme de « volume disponible » est employé pour souligner l’absence de préfiguration de la morphologie des bâtiments.
IV. La traduction des objectifs en prescriptions/ recommandations/ orientations/ indications dans le Guide de
Projets du secteur Bastié (à lire après le Guide de projets)
Avant de commenter le Guide de projets, retenons qu’il reflète un projet spécifique. Tout autre projet appellerait un
contenu du Guide différent.
La position défendue est que son élaboration doit faire partie intégrante de la réflexion sur le projet urbain, et en
aucun cas d’établir des invariants et des libertés dans l’absolu, applicables à tout projet.
A partir des objectifs de l’hypothèse urbaine, décrits en IIC/, il s’agit de déterminer les règles et les informations à
délivrer afin de guider au mieux le travail de conception architecturale: de rédiger le Guide de projetS
Pour ce faire, la méthode est basée sur des allers-retours constants entre Guide et tests d’esquisses architecturales.
Systématiquement, le principe est de, plutôt que de partir d’un a priori sur la manière d’atteindre l’objectif, une recette,
de tester les limites : jusqu’où peut-on aller avant de perdre l’objectif ?
Au cours de ces multiples allers-retours, un certain nombre de questions se sont posées, portant notamment sur :
A/ La question des usages : Comment favoriser un usage des espaces tout en permettant aux maîtres d’œuvre
d’enrichir encore cette dimension essentielle du projet ?
B/ La question du rapport à l’espace public : Comment caractériser celui-ci sans figer prématurément l’architecture ?
C/ La question de l’unité d’ensemble et de la diversité des parties : Comment s’assurer de cet équilibre, tout en
invitant des équipes consultées à se positionner sur cette
A travers ces questions, nous examinerons sur quels éléments il s’est avéré important de laisser une marge
d’interprétation, et sur quels éléments il a été en revanche nécessaire d’exercer un plus grand contrôle. Ces
« éléments » pourront aussi bien être les espaces libres ou les constructions que des principes d’organisation, de
fonctionnement.
Nous rapprocherons notre hypothèse de travail et son Guide de projets d’autres cas, ainsi que des règles urbaines et
architecturales les plus courantes, mais toujours en gardant à l’esprit le fait que nous traitons d’un cas particulier.
Nous verrons aussi que les objectifs sont traduits par pour toute une palette d’informations, allant de la prescription
(imposition ou interdiction) à la simple indication, et pouvant porter sur un principe comme sur une définition
morphologique.
Le but de la démarche est de ne pas réduire en amont la complexité de la conception du projet architecturale, de
faire persister les questions urbaines jusqu’au bout du processus (le projet architectural étant considéré comme
partie intégrante de la réflexion sur l’urbain). De ce fait, le travail demandé aux architectes d’opération est complexe, il
est important donc de leur faciliter la tâche, de leur fournir une matière première lisible, et « pré-testée ».
(Sinon le Guide aurait pu se réduire à la liste des objectifs.)
A / La question des usages
Pour assurer la permanence de la « vie » le long de la rue Maryse Bastié, le choix a été fait, dans l’hypothèse
d’organisation urbaine, d’implanter des logements le long de la rue Maryse Bastié.
La situation particulière de ces logements fait qu’il est indispensable de permettre encore de multiples typologies, afin
que la réflexion puisse encore entre enrichie par les maîtres d’oeuvre, les maîtres d’ouvrage, et l’équipe de compétences
mobilisée autour du projet.
Cette liberté est rendue possible grâce au volume de liberté (voir III/C.) et aux hauteurs des constructions (entre
0 et 16m).
Des logements individuels groupés ( 2 fois 7m) : Des logements collectifs à double orientation (9m) :
7m 9m
Des logements collectifs mono-orientés (13m) : Une diversité de typologies de logements ( 9,11et13m):
9m
13m 11m
13m
Agence Dusapin et Leclecq, centre de clientèle de la Caisse Nationale de Prévoyance, Angers, 1996, plan
Cette liberté va permettre, d’envisager des répartitions diverses des surfaces entre les unités, ainsi que des relations de
différentes natures entre elles.
Par exemple, dans les interprétations architecturales 4 et 5, les unités sont de capacités variées et les unités
partagent toutes une « rue intérieure » qui leur permet de profiter des services communs et de s’échanger des espaces
facilement.
1900m2 2200m2
2300m2 2000m2
3000m2 2500m2
3000m2 3100m2
3800m2
3800m2
2400m2
1900m2
IInterprétation
t ét ti architecturale
hit t l 4 Interprétation architecturale 5
Dans l’interprétation architecturale 2, les unités sont de capacités égales. Elles fonctionnent deux à deux.
3000m2
2600m2
2600m2
2600m2
2600m2
2600m2
Interprétation architecturale 2
c/ les dispositifs de porosité visuelle de la séquence B
Afin de garantir leur entretien, ainsi que l’animation (depuis les poches et la rue M.Bastié comme depuis le Boulevard
Périphérique) les dispositifs de porosité visuelle de la séquence B seront «habités», c’est-à-dire qu’il accueilleront
un programme qui assure leur large fréquentation.
Ceci afin d’éviter les dégradations dont souffre l’écran voisin:
Les espaces libres, poches de la rue Maryse Bastié, seront privés et clos, mais largement ouverts visuellement sur
la rue. Leur propriété (entre bureaux ou logements) reste à déterminer.
Nous l’avons déjà souligné à plusieurs reprises, la rencontre entre les deux thèmes bâtis: bâtiment(s)-écrans et
bâtiments transversaux est le lieu d’invention architecturale privilégié. Cette rencontre est en partie programmatique.
Selon la position adoptée de relation entre les bureaux et logements, il sera préférable que les poches soient :
Interprétation architecturale 4
Interprétation architecturale 1
- à usage mixte, communes aux bureaux et aux logements.
Interprétation architecturale 3
3/ les accès
a/ accès piétons
Il est imposé qu’existe un accès aux bureaux par poche, afin que les distances pour rejoindre le quartier depuis
les bureaux soient courtes, et ainsi que l’activité des bureaux participe à la vie des poches.
Il est conseillé que les logements et les bureaux partagent les mêmes accès, pour qu’ils profitent chacun
de l’animation des autres.
Cependant, il peut être intéressant de situer les accès aux logements directement sur la rue Maryse Bastié,
pour plus d’animation de celle-ci. Il peut aussi s’avérer préférable de « personnaliser » les accès aux bureaux. Pour ces
raisons, il ne s’agit que d’un conseil.
BUREAUX
LOGEMENTS
Accès piétons aux logements partagés avec ceux des bureaux des
bâtiment(s)-écran(s): recommandation
La rue Maryse Bastié revêt un caractère calme et résidentiel, elle sera protégée au maximum de la circulation
automobile par :
- Une prescription : les accès aux stationnements souterrains des bureaux se feront uniquement sur l’avenue de la
porte d’Ivry et la rue F. Nohain.
- Une recommandation : pour les logements, il est préférable que les accès aux stationnements souterrains soient
groupés avec les bureaux. Cependant, ils pourront aussi être situés sur la rue M. Bastié (si la gestion commune pose
problème).
Accès voiture
principal Accès voiture
secondaire
Av. de la pte d’Ivry
Le projet (hypothèse de travail sur le secteur Bédier) est une bande étroite (40m) entre deux espaces publics
extrêmement contrastés : le Boulevard Périphérique et la rue Maryse Bastié. Le premier, monde de l’automobile,
s’oppose au second, monde du piéton.
Ces deux lectures différentes, presque contradictoires du projet, l’une linéaire et furtive, l’autre séquentielle et
prolongée, sont envisagées à parts égales, c’est-à-dire sans hiérarchie préétablie entre elles.
Pour caractériser l’espace public est-il nécessaire de définir le rythme des constructions ? (toujours dans le cas de notre
hypothèse de travail)
Le rythme affiché des constructions est aussi l’une des premières questions qui s’est posée :
Depuis le Boulevard Périphérique, par la participation à la séquence paysagère particulière qui s’amorce. L’importance
de cette lecture est d’ailleurs soulignée dans les objectifs du GPRU.
Et par rapport à la rue Maryse Bastié, car il s’agit de prolonger le caractère de la rue, rythmée d’un coté (au sud) par les
immeubles de logement implantés tout les 25m, de l’autre (au nord) par de plus longues et plus variables distances :
celles de la place Maryse Bastié (projetée, actuellement avenue Joseph Bédier), de l’école Franc Nohain, du Square
Boutroux et du Stade Boutroux.
Ces rythmes sont rendus plus lisibles encore par la pente de la rue (5% dans la partie existante et 8% dans le
prolongement)
le(s) bâtiment(s) – écran(s)
Le «rythme» des constructions sur le Boulevard Périphérique doit être, soit celui de
SOIT
l’infrastructure (très long) , soit celui du quartier, c’est-à-dire celui des poches (très
court).
Il est imposé dans le Guide, de constituer des entités bâties d’un minimum de 150m environ ou d’un maximum de 35m
environ.
Interprétation architecturale 7 : rythme très long (230m) Interprétation architecturale 1: rythme très court (28mI
Le maximum de 35 m correspond au rythme du quartier (les dimensions des poches sont comprises entre 19 et 31m)
Le minimum de 150m est déterminé:
- d’une part, afin de pouvoir «concurencer» l’écran existant voisin, qui mesure 170m.
- d’autre part, afin d’éviter un rythme «modéré», comme par exemple par le bâtiment de la Résidence Universitaire
Croisset, porte de Clignancourt. Il mesure 105m de long: l’expérience depuis le Boulevard Périphérique est quelque peu
«frustrante», il est en même temps très présent et fait barrière, mais ne laisse pas réellement le temps de le regarder.
Architecture Studio,
Résidence universitaire Croisset, Paris, 1996
(contre- référence)
2/ l’orientation des constructions
Les orientations approximatives des constructions sont induites directement par le principe d’organisation urbaine
qui articule un système de bâtiement(s) ecrans le long du Boulevard Périphérique (orientation Nord-sud), qui protège
des nuisances du trafic routier ; et un système de bâtiments transversaux à la rue Maryse Bastié (Est- ouest), qui
prolonge le tissu urbain existant.
Il s’agit ensuite de définir (ou non) plus précisément la direction des bâtiments, encore variable grâce au volume de
liberté
a/ le(s) bâtiment(s)-écran(s),
Pour le(s) bâtiment(s)-écran(s), il est préférable de laisser libre l’orientation précise des bâtiments, pour qu’il soit
encore possible de choisir entre :
- « épouser» le Boulevard Périphérique, pour souligner la linéarité parallèle à l’infrastructure
Interprétation architecturale 7
Interprétation architecturale 2
a/ définition
L’alignement correspond à la détermination de l’implantation des constructions par rapport aux rues et routes, afin de
satisfaire aux soucis esthétiques, urbains, de salubrité...
Les règles d’alignement sont les plus anciennes de l’histoire de l’urbanisme.
Elles visaient à l’origine à dégager la rue des constructions d’auvents encorbellements ou étalages nuisibles à la
sécurité (incendies notamment), à la salubrité ou à l’aspect esthétique. Elles déterminent la forme de nos rues, avec les
règles de prospects et d’emprises
Dans ce cas, la règle vise à prévenir d’un écueil (les délaissés impossibles à entretenir le long du Bd. P.).
, plus qu’à caractériser l’espace public (contrairement à celle de la rue Maryse Bastié et de la majorité des règles
d’alignement)
« Le recul par rapport au Bd P, devra être:
- soit nul (constructions implantées à l’alignement)
- soit significatif, c’est-à-dire d’un minimum de 4m »
Pour éviter les délaissés, garantir la « viabilité » de ces espaces : un minimum de 4m est nécessaire à la plantation et à
l’entretien des espaces plantés.
c/ règle d’alignement par rapport à la rue Maryse Bastié :
Il paraissait évident que, par mimétisme avec les bâtiments de logement existants, les bâtiments transversaux devait
être, au moins en partie, à l’alignement avec la rue.
Ceci est de plus indiqué dans l’article 6 du PLU :
« La partie verticale de la façade de toute construction a édifier en bordure de voie doit être implantée a l’alignement »
Une première hypothèse autorisait tout retrait , tant qu’il existait un point de contact avec l’alignement par étage.
mais les tests de «réceptivité» ont rapidement montré que cette règle d’alignement ne convenait pas:
Une seconde hypothèse consistait à dire qu’il suffisait que ces bâtiments soient à alignement sur une verticale.
en étages :
5 5 5
La totalité de la façade parallèle à la rue Maryse Bastié sera implantée le long du tiret rouge, sur toute
sa hauteur.
Un maximum 20% de la surface de la façade pourra être en retrait de cet alignement, à condition que
ce retrait se retourne sur une des façades transversales.
Pour renforcer la perception de la rue, son contraste avec la dilatation des poches, ces façades «lis-
ses» ne comporteront pas de balcons, ni saillies, ni oriels.
4/ Les hauteurs minimales, maximales et relatives des constructions
- la hauteur minimale des constructions est de 16m, elle est induite par l’exigence de protection phonique, indiquée
dans l’étude d’impact du GPRU et indiquée sur une coupe.
- la hauteur maximale des constructions est de 31m, dans le respect du PLU en vigueur. Dans le cadre de l’étude,
celui-ci aurait pu être remis en question, mais comme nous l’avons expliqué le coordinateur est avant tout héritier, et
l’évolution de l’urbanisme comme continu et non dérogatoire nous paraît être positive.
- la hauteur relative des constructions n’est pas réglementée.
31m
16m
31m
16m
31m
16m
31m
16m
31m
16m
- la hauteur maximale des constructions est de 16m, afin de préserver la perception du dégagement sur la Vallée de
la Seine. Cette hauteur correspond à celle des logements existant du haut de la rue Maryse Bastié.
Interprétation architecturale 7A
c/ Les hauteurs relatives des constructions entre les bâtiments transversaux et les bâtiment(s)-écran(s) :
Il est recommandé que la hauteur des bâtiment(s)-écran(s) soit sensiblement supérieure à celle des bâtiments
transversaux, afin de mettre en valeur la juxtaposition des deux registres.
Cependant, ce n’est qu’une recommandation car une proposition qui développerait de « figures en L » n’est pas à
exclure.
L’équilibre entre unité du tout et diversité des parties est l’un des thèmes récurrents de la coordination architecturale. (
et plus largement de la construction de la ville )
A Bercy, exemple canonique d’unité urbaine, J-P Buffi pousse extrêmement loin la définition de certains éléments de
façade, en dessinant jusqu’aux détails les garde-corps, afin d’établir un élément unificateur qui permette l’expression de
diversités en second plan.
Cependant, à cet élément unificateur, sorte de « façade-enveloppe », il ajoute toute une série de prescriptions sur les
altimétries impératives, l’ordonnancement et la modénature. Ceci tend à montrer que la « façade-enveloppe » ne suffit
pas à permettre l’unité dans l’expression diversifiée de langages.
Ce principe de « façade-enveloppe » est poussé plus loin pour l’Ile Seguin à Boulogne-Billancourt : le concept
est appliqué littéralement, avec un concours lancé en 2004 uniquement sur une façade qui, face à l’incertitude des
programmes développés en « second plan », est sensée absorber les aspérités des l’architectures.
L’équipe lauréate (ARM architecture POITEVIN & REYNAUD, associés à Stéphane Maupin et Jérome Sans) a d’ailleurs
intitulé son projet : Une façade floue pour un projet au contour incertain.
Cet exemple, qui pousse le « façadisme » à l’extrême,
devient presque une caricature de Bercy.
Elle donne le sentiment que l’on pourrait construire
la ville ainsi : d’abord ses façades, puis la remplir
d’architecture ensuite.
La position adoptée prend le contre-pied de cela :
laisser les questions urbaines ouvertes jusqu’au
« stade architectural ».
c/ les prescriptions limitées à l’objectif : exemple de l’îlot Saint Maurice
Dans le cahier des charges de l’îlot saint Maurice (X. De Geyter, Euralille.), le premier article concernant les
façades est :
« Le programme global de construction est divisé en 13 opérations de tailles réduites. A cette décomposition des
volumes doit correspondre une diversité architecturale des opérations les unes par rapport aux autres et, pour une
même opération, d’un corps de bâtiment à son mitoyen. »
Ce qu’il est important de souligner ici, ce n’est pas que l’objectif soit la diversité, mais que la prescription porte sur les
liens entre éléments, et non sur l’élément lui-même. Cela pourrait aussi s’appliquer à un objectif d’unité.
Si les prescriptions qui portent sur les relations entre les éléments et non sur les éléments eux-mêmes sont plus
fertiles, cela pose bien-entendu la question de la mise en œuvre de telles prescriptions : comment mettre tout le monde
d’accord, et a fortiori s’il s’agissait d’un objectif d’unité ? Cela demande une réelle concertation entre les équipes, et
une coordination soutenue. Mais ce n’est qu’au prix de ce travail « supplémentaire », que peut se développer un travail
collectif.
Rappelons que la posture adoptée est, tout en gardant le contrôle sur les objectifs, d’inciter les maîtres d’œuvre à
être acteur des choix de la « traduction spatiale » de ces objectifs.
Dans ce sens, l’équilibre entre unité et diversité est maintenu à l’état d’objectif. Cependant, d’une part, il est
explicité, c’est-à-dire que sont précisés les éléments qui constitueront cet équilibre, d’autre part, au cours des « tests »
effectués, il est apparu indispensable d’en « verrouiller » certains éléments, c’est-à-dire :
> d’imposer que le dispositif de porosité visuelle choisi soit appliqué sur l’ensemble de la séquence B.
> d’imposer que les bâtiments transversaux soient tous identiques ou tous « semblables » (c’est-à-dire qu’il varient sur
un même thème), mais jamais complètement différents.
« Le jeu d’unité/diversité fera varier certains éléments constitutifs du paysage urbain de la rue Maryse Bastié, et en
maintiendra d’autres fixes:
Les dispositifs de porosité visuels de(s) bâtiment(s)-écran(s) seront récurrents, car ils sont trop prégnants pour varier sans
mettre en péril l’équilibre recherché.
Les éléments potentiellement diversifiés sont:
- le dimensionnement des poches (II. 4/)
- le traitement de la limite entre Rue Maryse Bastié et «poches»: le rapport entre les sols, le type de clôture (II.5/)
- le type de présence végétale (II.6/)
- les bâtiments transversaux , qui peuvent être tous identiques, ou varier sur un même thème (mais jamais complètement
différents)
- le(s) bâtiment(s)- écran, qui constitue(nt) en quelque sorte la toile de fond. » (extrait du Guide de projets)
Interprétation architecturale 3
Interprétation architecturale 5
Interprétation architecturale 1
b/ Une consultation ouverte (voir II E)
Cette question est étroitement liée à celle de la répartition des équipes de conception architecturale : Qui fait
quoi ?
«D’autre part, les équipes consultées sont invitées à se positionner sur cet équilibre entre unité et diversité, en proposant une
forme d’association entre agences d’architecture, et une attribution des parties du projet traitées qui traduisent les choix
opérés.
Il est vivement conseillé de proposer une association d’un minimum de deux agences, et de ne pas excéder 7 agences au total.»
(extrait du Guide)
Interprétation architecturale 4
Plusieurs agence de taille moyenne prennent la charge
d’une unité de bureaux (2600m2 shob) et d’un bâtiment
de logement (600m2 shob).
Un élément unificateur le long du Boulevard Périphérique
relie les projets.
Interprétation architecturale 3
Le coursives sont l’élément unificateur.
Interprétation architecturale 1
Ouvrages
. Christian DEVILLERS, Le Projet urbain, conférences d’architectes, Pavillon de l’arsenal, Paris, 1994
. Isabelle MENU, Euralille, Poser, Exposer, Catalogue de l’exposition, Espace Croisé, Lille, 1996.
. Nicole ELEB-HARLE, BERTRAND Frédéric, GRUDET Isabelle, MARCILLON D., De la conception : les
processus de conception urbanistiques et architecturaux à la grande échelle. Coordination et iconographie
des projets urbains : objets, cultures et outils. IPRAUS, CNRS-PIR-villes, 1997.
. Nicole ELEB-HARLE, BERTRAND Frédéric, «Du projet urbain au projet d’architecture urbaine», in Paris,
formes urbaines et architecturales. Les Cahiers de l’IPRAUS, Editions Recherches/IPRAUS, Paris, 1998.
. Nicole ELEB-HARLE, Conception et coordination des projets urbains, Editions Recherches, Paris, 2000.
. Patricia INGALLINA, Le projet urbain, Que s’ai-je?, puf, 2001
. Robert PROST, Pratiques de projet et ingénieries : mutation des savoirs dans le phase amont 1, Projets
architecturaux et urbains, PUCA, 2003
. Bertrand Gauthiez, Espace Urbain, vocabulaire et morphologie, Centre des monuments nationaux,
éditions du Patrimoine, Paris, 2003
. Jean-Louis Cohen, André Lortie, Des Fortifs au Périf, Paris, Les seuils de la ville, Picard Editeur, Editions
du Pavillon de l’Arsenal, Paris, 2003
Périodiques
. Bernard HUET Introduction de, Recherche Habitat, Architecture d’Aujourd’hui n°174, 1974
. Philippe GENESTRIER, Que vaut la notion de projet urbain ? , in l’Architecture d’Aujourd’hui n°288,
septembre 1993
. A. GRUMBACH, la dialectique des contraintes, in Le débat. Le nouveau Paris, n°80, Gallimard, 1994
. « 1945-1995, cinquante ans de réalisations urbaines et architecturales », dossier in Urbanisme n° 290,
1996
. Didier REBOIS, « Buffi et compagnie à Bercy, variations sur un thème », in Architecture d’aujourd’hui n°
233
.Y.Beltrando, Infrastructures, limites et porosité. Quelle place pour le boulevard périphérique ? ,in paris-
projet n°36-37, septembre 2005
. Michel CALLON, cours à l’école des Mines intitulé « concevoir : modèle hiérarchique et modèle négocié »,
Paris, 1999
. Concevoir et réaliser, Échelles et temporalités des projets urbains Appel d’offres de recherches du Pôle
Concevoir Construire Habiter, PUCA, 2002
. La loi SRU et la « transition réglementaire » parisienne, La question des ZAC et des secteurs de plan
masse), étude réalisée par l’APUR, coordonnée par André Lortie, avril 2003
. Les quartiers du Boulevard Périphérique, APUR Atelier Parisien d’Urbanisme, Juillet 2005