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28/10/2023 10:40 Dedans dehors - Concevoir la fenêtre innombrable - Presses universitaires de Franche-Comté

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Dedans dehors | Karolina Katsika

Concevoir la
fenêtre
innombrable
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28/10/2023 10:40 Dedans dehors - Concevoir la fenêtre innombrable - Presses universitaires de Franche-Comté

Rémi Laporte
p. 307-331

Texte intégral
1 La fenêtre constitue l’un des éléments fondamentaux de
l’architecture1, ses fonctions premières étant de réguler les
contacts entre l’intérieur et l’extérieur d’un édifice, puis de
participer à la composition de ses façades, mais peut-être
est-ce lors de la construction des grands programmes de
logement dans les décennies qui suivront la seconde guerre
mondiale2 que l’importance de la fenêtre culminera sous
l’effet conjugué de plusieurs facteurs.
2 Le patrimoine considérable légué en France par cette
période, en partie délaissé aujourd’hui du fait de son
obsolescence, constitue une ressource importante pour
subvenir à un besoin de logements toujours insatisfait3 ; si
bien que son adaptation aux besoins actuels est devenue
dans les dernières décennies une question majeure pour les
acteurs de l’habitat et de l’aménagement urbain. La nécessité
de diagnostiquer cet héritage bâti souvent mal connu a
motivé de nombreuses recherches dans les champs de
l’histoire de l’architecture, de l’aménagement ou des
techniques4 qui ont amené à reconsidérer ces ensembles
urbains5 via la redécouverte d’une diversité architecturale et
de qualités de conception que des représentations
péjoratives avaient fini par occulter.
3 C’est en partant de ces constats généraux que nous
interrogerons le travail de quatre architectes (Emile Aillaud,
Jean Dubuisson, Marcel Lods, Fernand Pouillon)
particulièrement actifs dans la production d’ensembles de
logement, dans les débats doctrinaux de cette époque, et
représentatifs d’attitudes architecturales différentes, voire
antagonistes. En soulignant des traits de leurs discours et en
décrivant des édifices significatifs de leurs productions, nous
chercherons à comprendre comment chacun a interprété et
mobilisé l’élément « fenêtre » pour répondre aux enjeux
architecturaux et urbains posés par les grands programmes
de logements qu’ils conçoivent. Nous repérerons également
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quelles logiques de conception ils ont convoqué pour cela6 et


en soulignerons leurs convergences ou leurs spécificités.
4 Précisons que nous ne réduirons pas le terme de « fenêtre »
à l’acception stricte utilisée dans le domaine de la
construction (un châssis vitré ouvrant ou fixe), mais que
nous considérerons les fenêtres conçues par ces architectes
comme des ensembles composites associant le châssis, le
percement de la paroi dans lequel il s’insère (baie), et tous
les éléments les complétant (garde-corps, occultations, etc.).
Ajoutons que nous appréhenderons le rôle de cet ensemble à
différentes échelles, depuis celle du logement jusqu’à celle du
quartier, mais que nous n’approfondirons pas ici ses
interactions avec les pratiques domestiques pour nous
concentrer sur la perception de la composition extérieure des
façades des édifices et en dégager les principes esthétiques.

Un contexte : loger vite, en grande


quantité, à moindre coût
5 Avant de nous intéresser au travail des quatre architectes
retenus pour développer notre propos7, il importe d’abord
d’évoquer quelques spécificités du contexte de production de
l’architecture dans la période, et de repérer leurs
conséquences pour la conception architecturale.
6 En premier lieu, mentionnons le choix politique, réitéré par
les gouvernements successifs de cette période, de privilégier
des modalités d’action à grande échelle pour résoudre le
problème du logement. En effet, si les priorités d’action de
l’immédiat après-guerre concernent davantage la
reconstruction des infrastructures de transport et de
l’appareil productif, et n’abordent la question du relogement
des sinistrés qu’au travers de constructions provisoires ou de
quelques expérimentations ponctuelles, le début des
années 1950 voit les priorités s’inverser et l’État se tourner
vers une approche plus systématique du problème via des
projets qui atteindront l’échelle inédite de plusieurs milliers
de logements8. Le terme de « grands ensembles » qui leur fut
associé jusqu’au changement d’orientation qui s’opérera
en 19739 désigne bien leur vocation à constituer des
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fragments urbains importants associant habitat, commerces


et équipements de proximité10.
7 Pour mettre en œuvre ces grands programmes, l’État,
concentrant alors l’essentiel des initiatives et des pouvoirs
sur l’aménagement du territoire et la production du cadre
bâti, va opter pour une logique pragmatique et une
rationalisation à plusieurs niveaux, dont trois nous semblent
importants pour notre propos. Ainsi, pour faciliter les
acquisitions foncières et limiter leur coût, les terrains choisis
pour édifier les grands ensembles seront-ils pour la plupart
situés sur des étendues agricoles ou naturelles, dissociées des
centres urbains existants. De même, une standardisation des
programmes de ces opérations va rapidement se préciser
afin d’en maîtriser les budgets autant que les prestations : les
logements à concevoir seront alors précisément décrits en
termes de quantités, de types, de surfaces, d’équipement...
Notons que ces programmes intègrent les acquis des
recherches architecturales et urbaines menées dans la
première partie du XXe siècle dans le sillage de la pensée
hygiéniste : un logement doit avant tout être salubre,
lumineux, orienté pour laisser pénétrer le soleil, et les
édifices suffisamment distants les uns des autres, entourés
d’« espaces verts », etc. Enfin, évoquons aussi le rôle
important qu’aura eu l’action politique dans le
développement des techniques de construction par
l’expérimentation puis l’agrément de certains procédés, par
le soutien à l’industrialisation (notamment à la création
d’usines de préfabrication d’éléments en béton) et
l’encouragement à la rationalisation des procédés
d’exécution des chantiers11 dans le but de raccourcir les
délais et de diminuer les coûts de construction.
8 La commande à laquelle répondent architectes de cette
époque traduit ainsi les enjeux de construire vite12, en grande
quantité, et à coût limité. Ces différents paramètres orientent
d’emblée certains aspects des projets, indépendamment des
spécificités des situations : les immeubles auront des
volumes importants mais des formes simples, seront soit
hauts, soit étirés, distants les uns des autres et donc visibles

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de loin, et leur intérieur comme leur extérieur procèdera


d’une logique de répétition admettant peu de variations.
Conjointement aux recherches amorcées par les avant-
gardes architecturales du début du siècle, ce contexte
conduira de fait à un phénomène de simplification graduelle
de la conception de l’immeuble de logement. Dans cette
évolution d’ensemble, complexe et itérative, l’élément
fenêtre va acquérir une importance d’autant plus grande que
la tendance à l’abandon des modalités traditionnelles
d’ornementation de la paroi s’accompagne de l’augmentation
des surfaces de façade proportionnellement à celle des
gabarits des bâtiments et d’une visibilité d’ensemble accrue
par la faible densité d’implantation des constructions.

La fenêtre comme composant


9 Des quatre architectes de notre corpus, Marcel Lods13 est
probablement celui dont la démarche est la plus en
adéquation avec ce contexte de commande. En matière
d’urbanisme, il adhère avec enthousiasme aux préceptes de
la « Charte d’Athènes » qui deviendront prédominants dans
les décennies d’après-guerre, en appelant pour chaque
situation à « rétablir les conditions de nature définies par Le
Corbusier : soleil, air pur et verdure »14. Pour autant, il ne
rompt pas complètement avec la tradition de la composition
du plan héritée de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris : les
bâtiments sont rationnellement répétitifs, orientés en
fonction de l’ensoleillement optimal des logements et
suffisamment espacés pour capter des vues lointaines et
dégager les emprises pour une végétation généreuse, mais ils
sont souvent implantés de façon régulière et suivant un axe
de symétrie conférant à l’ensemble une forme de
monumentalité et de cohérence d’organisation qui, vus d’au-
dessus, satisfont l’aviateur émérite qu’il est.
10 Concernant les édifices, Lods prônera très tôt15 leur
décomposition en séries d’éléments produits
industriellement à partir des matériaux les plus performants
du moment et assemblés mécaniquement, ce qui représente
pour lui la seule façon de parvenir à des résultats optimums

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en termes de qualité, de coûts et de délais. Ainsi n’hésitera-t-


il pas à appeler de ses vœux l’émergence du « bâtiment
intégralement usiné »16, et à considérer ce mode de
production de l’architecture comme relevant d’une
« esthétique nouvelle [qui] apparaît déjà dans les objets
d’usage courant »17. À plusieurs reprises dans ses écrits,
Marcel Lods obviera d’ailleurs aux critiques de monotonie
faites à un tel systématisme par des arguments d’ordre
esthétique : « […] ce n’est pas le principe de la répétition qui
doit être mise en cause, mais bien l’usage qu’on en fait. Dans
un cas, il existe un esprit de composition. Dans l’autre cas, il
n’existe rien de tel. Et la règle, qui vaut pour le plan de ville,
vaut pour la façade de la maison. », le légitimant alors par
des exemples aussi canoniques que la place Vendôme ou la
rue de Rivoli18.
11 Prolongeant cette perspective, la fenêtre est conçue par Lods
dans ses grands projets de logement collectif d’après-guerre
comme l’un des composants d’un système cohérent, dont
chaque élément doit pouvoir se combiner avec les autres
selon les besoins de la situation, ceci grâce à leur
coordination dimensionnelle suivant un module commun.
Elle se décline néanmoins en plusieurs formats et
constitutions liés aux fonctions qu’elle doit remplir selon son
positionnement en façade d’un séjour, d’une chambre, d’une
cuisine ou d’une salle de bain, rejoignant en cela la logique
fonctionnaliste revendiquée à l’époque par les architectes du
Mouvement Moderne. Bien qu’elle procède aussi d’une
recherche esthétique, la forme découle de la fonction et ainsi,
la représente tout en exprimant la rationalité du processus
qui l’a déterminée.
12 Les hauts bâtiments linéaires de l’opération de « la Zone
verte » à Sotteville-lès-Rouen (1 050 logements, 1948-1956),
implantés de part et d’autre d’un grand parc public, sont
manifestes de la manière dont Marcel Lods utilise le nombre
réduit de fenêtres qu’il a lui-même déterminées afin de
composer des façades. Même si les conditions techniques de
cette première période de la reconstruction ne permettent
pas de pousser les principes de préfabrication aussi loin qu’il

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le souhaite, toute l’enveloppe des bâtiments est décomposée


en petits éléments en béton manufacturé et assemblés sur
place. Avec une logique de répétition des logements et des
étages, Lods cherche à produire une rythmique et une échelle
qui transcendent la simple addition d’appartements et à
conférer une unité aux immeubles. Ainsi, en perception
lointaine l’aspect de l’immeuble est structuré par les
éléments saillants du volume (scansion verticale des loggias
et lignes des balcons), mais les cadres préfabriqués en relief
des fenêtres, dont le béton clair contraste avec la teinte
sombre de la paroi qu’ils percent, apparaissent à mesure que
l’on se rapproche. L’alternance de leurs dimensions devient
ainsi graduellement perceptible et produit une variation sur
un autre rythme qui complète et enrichit l’ordonnancement
régulier de la façade, tout en guidant l’œil vers les détails
plus subtils que constituent les petits modules de béton
préfabriqué de la paroi, des éléments formant les claustras
ou vers les garde-corps.
Ensemble de la Zone Verte à Sotteville les Rouen,
Marcel Lods architecte. Façade sur parc d’un
immeuble de la première tranche de l’opération.
Sotteville (LODS1) L’Architecture d’Aujourd’hui
n° 32 (1950), p. 83, crédit : « M.R.L. »

13 L’analyse de la production de Lods sur l’ensemble de sa


carrière montre que si ses convictions sur l’architecture de
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l’habitat demeurent constantes, la manière de les


concrétiser, notamment par le travail sur la façade, évoluera
assez nettement dans le temps et à mesure que se
développeront certains procédés de construction, cherchant
à se rapprocher toujours plus des idéaux de précision et
d’industrialisation des composants. Le grand ensemble « Les
Grandes Terres » réalisé à Marly le Roi (1 500 logements,
1956-1959, avec Jean-Jacques Honegger), marquera une
étape importante sur cette trajectoire. Ici, les immeubles
sont d’une hauteur plus faible qu’à Sotteville et, groupés
autour de jardins de proximité dont ils définissent les quatre
côtés, ils ne sont pas perçus d’aussi loin. Les effets de relief
des façades sont plus modérés et reposent sur la dissociation
apparente de la structure porteuse constituée de poteaux et
de dalles en béton armé et, en léger retrait, de panneaux de
remplissage réalisés autour d’une ossature en bois isolée,
revêtue d’une tôle d’aluminium laquée dans une gamme de
teintes primaires, intégrant les fenêtres. Celles-ci associent
des caractéristiques similaires (allèges pleines de la même
hauteur, largeur égale à la distance séparant deux poteaux)
et des variations (dimensionnement des parties fixes et
ouvrantes selon les besoins fonctionnels des pièces,
renfoncement des baies des séjours, largeurs variant avec
l’écartement des poteaux suivant les dimensions des pièces),
auxquelles s’ajoute la présence visuelle importante des stores
d’occultation coordonnés à la couleur des panneaux (celle-ci
changeant selon les jardins). Il en résulte un effet de
brouillage de la répétitivité du programme : la perception
première d’une façade très homogène est contrebalancée par
les légères irrégularités des éléments qui la composent. Ceci
est renforcé par l’expression d’une façade qui n’est plus
assimilable à une traditionnelle paroi minérale, massive et
percée de baies, mais se présente comme un assemblage
d’éléments fins et de faible épaisseur, situés sur différents
plans, qui tend à en atténuer la présence matérielle et la
frontalité19.

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Grand ensemble des Grandes Terres à Marly le Roi, Marcel


Lods et Jean Jacques Honegger architectes. L’un des
immeubles en bordure de jardin. Sotteville (LODS2). -
crédit : « cliché anonyme », « Académie d’Architecture/Cité
de l’architecture et du patrimoine/Archives d’architecture du
XXe siècle »

La dissolution de la fenêtre
14 La décomposition de la paroi et de la fenêtre à laquelle
aboutit ce projet de Marcel Lods, trouve un écho dans la
recherche poursuivie, avec des moyens et des résultats
différents par un autre architecte en affinité avec les
doctrines modernistes20. Jean Dubuisson21 conclut ses
études au lendemain du conflit mondial par une période en
Grèce, consacrée à l’analyse des sites antiques avec des
archéologues, et se forge rapidement une démarche que l’on
peut distinguer de celle de Lods sur plusieurs plans. À
l’échelle urbaine par exemple, Dubuisson affirme
l’importance de reconnaître les caractéristiques physiques du
territoire sur lequel le projet se réalisera (relief, climat,
éléments pré-existants) pour déterminer l’implantation des
bâtiments, celle-ci devant à la fois assurer de bonnes
conditions de vie aux habitants mais également valoriser les
qualités du site. Bien que sériels, d’une échelle importante, et
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agencés avec une grande rigueur géométrique, les plans des


quartiers conçus par cet architecte ne relèvent pas d’une
même systématique. La disposition et l’organisation des
édifices cherchent à produire une variété de configurations
spatiales, mais aussi à qualifier les espaces publics par
l’affirmation de limites claires et d’articulations avec le sol.
15 Dubuisson accorde également une confiance plus relative
que Lods à l’industrialisation du bâtiment pour assurer la
qualité architecturale de ses projets. Quoiqu’il considère
cette évolution comme une « nécessité inscrite dans le cœur
et la raison des hommes de cette époque »22, il ne recourra
pas automatiquement à la préfabrication. Plutôt que de
chercher à définir un système idéal, son attitude consistera
souvent à tenter de modifier, voire de détourner ceux qui lui
sont imposés par les circonstances afin d’atteindre le but
formel recherché, parfois grâce à une collaboration avec les
industriels, comme dans le projet de Maine-Montparnasse,
où de nouveaux types de fenêtres seront conçus pour ne pas
nuire à l’équilibre de la composition.
16 Les immeubles en eux-mêmes sont marqués par une
recherche plastique allant dans le sens de l’abstraction, bien
qu’un grand soin soit également porté à la réponse aux
usages domestiques et à la distribution des appartements.
L’architecte s’intéresse en effet aux débats artistiques de son
époque et aux avant-gardes abstraites en peinture et en
sculpture23. Par ailleurs, il expliquera rétrospectivement
l’importance qu’ont pu avoir les motifs graphiques des tissus
écossais et des dentelles observés pendant son enfance
passée dans le nord de la France, alors haut lieu de
l’industrie textile. Cette recherche formelle, que Dubuisson
poursuivra durant toute sa carrière, donnera lieu à un travail
de conception d’une grande précision sur les mesures et les
proportions des éléments des façades24, celles-ci devenant
peu à peu un signe caractéristique de sa manière, quels que
soient les programmes traités.
17 L’ensemble de 1 000 logements des Basses-Terres réalisé à
Pierrefitte et Stains (1954-1966) témoigne d’une étape
importante de la réflexion de Dubuisson sur les façades et de

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sa volonté que « les ouvertures ne soient pas un trou dans un


plein, mais autour d’un plein. »25. Les immeubles sont bas
(de trois à cinq étages) mais atteignent parfois la longueur
impressionnante de 200 m afin de délimiter les espaces
extérieurs tout en réduisant les coûts de construction.
Différentes formes sont associées : rectilignes ou s’enroulant
par segments autour de placettes ou de jardins, modifiant
ainsi les proportions visibles de leurs volumes. Prenant le
parti opposé à la subdivision de ces longs linéaires de façade,
l’architecte choisit de les composer afin d’en accentuer
l’horizontalité. La combinaison de plusieurs châssis vitrés
horizontaux et verticaux, différente selon les étages dont les
appartements sont pourtant identiques, rend ambiguë la
perception du nombre de niveaux, et donc de l’échelle réelle
de l’immeuble. La quantité et la contiguïté des fenêtres
(dénuées d’occultations extérieures), sont si importantes
qu’il devient également difficile de les reconnaître en tant
que telles, d’associer une fonction ou même une pièce à
chacune d’elle, et donc de saisir le nombre de logements
qu’abrite d’édifice. L’importante surface transparente créée
atténue l’effet de présence du plan vertical de la façade.
Prises dans ce réseau de « vides » permettant de « diffuser
subtilement l’éclairage en fonction de l’organisation et de
l’utilisation des pièces »26, et d’éléments de structure effacés
par leur teinte sombre, les quelques surfaces pleines
réalisées en maçonnerie traditionnelle enduite en blanc
paraissent ne pas avoir d’appui à leur mesure et léviter dans
le plan vitré de la façade, parachevant l’effet d’abstraction.

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Ensemble à Pierrefitte et Stains, Jean Dubuisson architecte.


Façades des immeubles linéaires de la première tranche.
Pierrefitte (DUBUISSON1).
Source : Colonnes n° 26 (2010), p. 53, crédit : « cliché
anonyme », « SIAF/Cité de l’architecture et du
patrimoine/Archives d’architecture du XXe siècle »
18 Par la suite, les contextes financier, normatif et technique
évoluant continument dès la fin des années cinquante, Jean
Dubuisson adapte les moyens de ses ambitions
architecturales. Le grand ensemble de La Caravelle à
Villeneuve-la-Garenne (1 630 logements, 1959-1967) montre
comment le renforcement des exigences d’efficacité et
d’économie devient moteur d’une radicalisation du langage
plastique développé par l’architecte, ici contraint de
rassembler la majorité du programme dans des volumes
hauts et épais. Les grandes surfaces de façades qui en
résultent acquièrent une présence visuelle forte y compris à
l’échelle du paysage suburbain plat mais désordonné du site.
Dubuisson choisit d’assumer leur planéité et leurs
dimensions, et de les traiter comme les supports d’une
grande composition formant un repère dans le territoire. Le
principe constructif mis en œuvre pour ce projet adopte
scrupuleusement les techniques alors promues par les
autorités : structure porteuse constituée de planchers et
d’une trame serrée de refends en béton coulés sur place, et
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panneaux de façade préfabriqués en béton accrochés à cette


structure27. Toutefois, l’architecte en exploite les spécificités
pour en infléchir les effets sur les façades en fonction de ses
objectifs. Ainsi, la précision de la préfabrication en usine des
panneaux permet-elle de placer les châssis vitrés au nu
extérieur, ceci gommant la perception habituelle de
l’épaisseur de la paroi et l’effet de percement de la baie.
Selon les angles de vision, la fenêtre n’apparaît plus que
comme un rectangle plat et brillant sur la surface blanche et
matte du béton peint dont aucun garde-corps ni occultation
ne vient troubler la lecture. Déclinée en plusieurs formats, sa
répétition définit une trame de grande échelle dans laquelle
elle se dissout, exploitant ici la possibilité d’inverser les
moules de coffrage afin d’augmenter sans surcoût le nombre
de panneaux différents et leurs combinaisons. Associé à la
multiplication des fenêtres incluses dans chaque panneau, ce
principe perturbe la visibilité de leurs dimensions et la
perception de l’échelle réelle de chaque pan de façade pour le
transformer en un gigantesque motif graphique sans
orientation dominante, que le long soubassement noir qui le
détache du sol finit de rendre abstrait.

Grand ensemble de la Caravelle à Villeneuve la Garenne,


Jean Dubuisson architecte. Façades de l’immeuble haut, au
centre de l’opération. Villeneuve (DUBUISSON2).
Source : Architectures n° 72 (1997), p. 12, crédit : Pascal
Perris.
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La fenêtre désordonnée
19 L’œuvre de l’architecte Émile Aillaud28 peut être rapprochée
de celle de Jean Dubuisson par la recherche plastique qu’elle
mobilise dans l’objectif de transcender la nature répétitive
d’une commande d’habitat collectif formulée en termes
quantitatifs. Elle s’en distingue cependant par le vocabulaire
urbain et architectural employé, autant que par sa distance
prise par rapport aux doctrines codifiées par les CIAM, ayant
davantage comme références les architectes des pays
nordiques, ou encore la liberté formelle de l’architecture
latino-américaine qui se développe dans l’après-guerre.
Aillaud résumera l’écart de sa position en affirmant que « La
plus grande erreur de notre temps a été d’imposer la
rationalité comme une esthétique et une morale (…) [alors
qu’il faudrait] la respecter, puisqu’il faut qu’elle soit, mais
arriver à la tordre, à la détourner pour la rendre
imperceptible »29. C’est d’ailleurs ce point de vue atypique
pour l’époque qui lui vaudra d’importantes commandes,
lorsque la monotonie de certains grands ensembles de la
première génération commencera à être pointée30 et que des
alternatives seront recherchées.
20 Ces convictions seront concrétisées par l’architecte dès ses
premiers projets d’après-guerre dans la composition urbaine
de ses quartiers, les emprunts au registre du pittoresque
primant sur les préceptes de l’héliotropisme pour définir
l’implantation des bâtiments. Il s’agira alors pour Aillaud de
diversifier les volumétries, les configurations spatiales et
leurs perceptions, mais aussi de refuser la régularité et
l’exclusivité de l’orthogonalité, évoquant notamment les
qualités des villes historiques italiennes liées aux accidents
de leur morphologie. À quelques exceptions près,
l’expression des façades s’affranchit moins rapidement des
contraintes de l’époque malgré les recherches formelles
entreprises. Tout en revendiquant que « trouver une”non-
architecture” qui comme la”non-poésie” de Rimbaud (…) est
peut-être la création d’une matière architecturale qui serait
celle de l’innombrable. »31, Émile Aillaud adhère à l’idée
qu’une répétitive banalité des appartements convient de fait
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à une majorité d’habitants. Ainsi la fenêtre reste-t-elle


définie par cet architecte comme un simple percement dans
la paroi (même si cela n’exclut pas des subtilités de dessin lui
conférant des qualités formelles ou d’usage) qui affirme le
caractère domestique des bâtiments dont la simplicité
pourrait autrement être équivoque. Elle acquiert même dans
le discours d’Aillaud une forte valeur sociale, celui-ci
critiquant « les fenêtres identiques et superposées [qui]
forment le diagramme de la vie des pauvres »32 et
préconisant de « désarticuler et rendre illisibles les séries
(fenêtres, bâtiments) (…) pour éviter le désespoir qui naît de
la confrontation à l’innombrable »33.

Cité de la Grande Borne à Grigny, Emile Aillaud architecte.


Vue de l’un des bâtiments sinueux alignés sur rue. Grande
Borne (AILLAUD1). Source : Gérald Gassiot-Talabot et Alain
Devy, La Grande Borne à Grigny, ville d’Emile Aillaud,
Paris, Hachette, 1972.
Crédit : archives Emile Aillaud, probablement partie du fond
versé au « SIAF/Cité de l’architecture et du
patrimoine/Archives d’architecture du XXe siècle »
21 Pour la conception de la cité la Grande Borne à Grigny
(3 700 logements, 1963-1973), la taille importante du
programme, la hauteur des bâtiments réglementairement
restreinte autant que le recours aux panneaux de façade
préfabriqués imposé par l’entreprise attributaire de la
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construction confrontent d’emblée Aillaud à la question de la


répétitivité, et d’autant plus qu’il choisit prioritairement de
traiter les espaces extérieurs avec un soin particulier, de ne
pas concentrer les édifices sur une partie du terrain, et de
construire un nombre important d’immeubles courbes,
décisions qui grèvent le budget d’ensemble et impliquent en
retour une rationalisation plus importante des autres postes,
dont celui des façades. Il en résultera la restriction à trois
formats de fenêtres conventionnelles, dotées de châssis à la
française et de persiennes pour l’ensemble de l’opération, et
leur taille limitée. Ce faisceau de contraintes motivera la
recherche par l’architecte, conscient des « dangers de la
préfabrication »34, de principes de composition combinatoire
à partir de la forte grille visuelle formée par les joints de
panneaux et de ce nombre restreint d’éléments -augmentés
toutefois par la possibilité de recourir à différentes teintes
pour les revêtements en céramique des panneaux. À la
manière d’une partition musicale se déroulant sur les façades
des bâtiments35, les fenêtres sont alors disposées comme des
notes sur une portée pour produire une rythmique visuelle
complexe et variante, définie en fonction des parcours dans
la cité afin d’en différencier les espaces et de faciliter le
repérage. Émile Aillaud évoquera à ce sujet « ces désordres
apparents [qui] contiennent un ordre secret qui, comme
le”dessin dans le tapis”, peut n’être perçu qu’à la longue, par
hasard ou peut-être jamais. »36 et qui donneront lieu à de
nombreuses expérimentations graphiques.

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Pablo Picasso, Nanterre, Emile Aillaud architecte. Vue d’un


groupement de tours depuis l’espace public au centre de
l’opération. Nanterre (AILLAUD2). Source : Jean François
Dhuys dans son ouvrage : L’architecture selon Emile Aillaud,
Paris, Dunod, 1983, p. 58.
Crédit : archives Emile Aillaud, probablement partie du fond
versé au « SIAF/Cité de l’architecture et du
patrimoine/Archives d’architecture du XXe siècle ».
22 L’attitude de l’architecte évolue toutefois dans la dernière
grande opération de logement social qu’il conçoit, la cité
Pablo Picasso à Nanterre (2010 logements, 1973-1981), où la
technique constructive employée pour la structure des
immeubles tours, détournement de celle utilisée pour les
châteaux d’eau (béton armé coulé dans un coffrage glissant
d’étage en étage), permet de développer une recherche
plastique spécifique sur l’ensemble des éléments
architecturaux, fenêtres comprises. Celles-ci, en écho à la
géométrie ondulante de ces tours sculpturales, adoptent des
formes inhabituelles, dérivées du hublot. Positionnées haut
par rapport aux planchers pour limiter la sensation de
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vertige dans les étages supérieurs, elles sont réduites à un


simple vitrage trempé, monté sur pivots et maintenu en
pression sur un joint en caoutchouc, comme dans certaines
automobiles de l’époque. Les trois formes déclinées sur ce
principe sont réparties indifféremment de la nature des
pièces afin « qu’on ne sache pas ce qu’il se passe là, derrière
ces fenêtres : (…) que plus rien ne soit visible »37 mais dont la
visibilité des rideaux intérieurs resitue toutefois le caractère
domestique. En façade, elles apparaissent comme des
découpes abstraites pratiquées dans la paroi aléatoirement,
mais résultent d’une organisation subtile reposant sur
l’équidistance de certains percements afin d’éviter la lecture
des superpositions répétitives habituelles des tours de
logement. Contrairement à la Grande Borne, l’absence d’une
grille visuelle formée par les panneaux atténue la lecture du
système de composition pourtant similaire. Le double
procédé de singularisation de la fenêtre recoupe en outre le
choix d’une polychromie appliquée en façade suivant des
motifs semi-figuratifs de nuages : il devient alors plus facile à
l’habitant, en croisant les particularités de forme,
d’emplacement et de disposition, d’identifier où il habite.

La fenêtre contextuelle
23 En nous arrêtant au vocabulaire formel employé, nous
pourrions situer le dernier architecte dont nous
convoquerons le travail, Fernand Pouillon38, à l’opposé
d’Aillaud, mais dans l’analyse plus globale qui nous occupe,
ce point de vue mérite d’être nuancé en regard des
convictions qui animent sa démarche. Ainsi Pouillon
partage-t-il la même opposition envers la rationalité
abstraite et la logique industrielle portées par les architectes
du Mouvement Moderne, notamment pour ce qui concerne
la composition urbaine. Il privilégiera l’organisation des
édifices et de l’espace public en fonction de leur perception
par ceux qui les parcourent et les habitent39, les archétypes
de la ville historique et la reconnaissance fine d’un contexte
culturel devenant pour l’architecte marseillais la matrice de
tous ses projets, jusque dans leur matérialité et le recours à

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des techniques de construction dérivées des traditions


locales.
24 Cet attachement à l’histoire se singularise cependant par sa
prédilection pour la tradition classique française et ses
racines puisant dans les traités d’architecture élaborés
depuis la Renaissance, dans lesquels Pouillon portera une
attention particulière aux systèmes de tracé et de
dimensionnement harmonique40, empruntant en cela des
voies ouvertes avant lui par Auguste Perret, avec lequel il
collaborera à plusieurs reprises. Il est donc logique que
Fernand Pouillon relie la question de la fenêtre aux notions
historiques d’ordonnance et de travée, dont il analysera en
détail les effets sur la qualité des rues, places et édifices d’Aix
en Provence41, tout en l’envisageant comme un moyen
d’apporter du confort aux appartements : « [la baie] a pu
avoir toutes sortes de dimensions suivant les climats, les
techniques, rétrécir ou s’agrandir. Il n’en reste pas moins
qu’il y a toujours eu des hommes encadrés par ces baies, qui
avaient tous les mêmes besoins de lumière, de proportions
harmonieuses, de vue. À présent, on compose une façade et,
derrière, les pauvres gens se débrouillent comme ils
peuvent.»42
25 L’ensemble de logements de La Tourette à Marseille
(260 logements, 1949-1953) est la première opération
d’habitat conçue par Pouillon dans le contexte de l’après-
guerre. Même si son envergure est modeste en regard de
celles qui suivront, elle lui servira de véritable prototype
pour élaborer la méthode de conception qu’il appliquera
ensuite. Sa situation sur une pente exposée au Mistral, au
sommet du secteur de reconstruction du vieux port et à
proximité d’édifices patrimoniaux motivera une recherche
poussée sur les volumétries et l’expression architecturale des
différents corps de bâtiment rassemblés autour d’un
jardin43 - finalement aménagé en parking. Il en résulta que si
« l’immeuble devait être très plein : une ordonnance de baies
profondément enfoncées dans des murs épais de soixante
centimètres »44, cette décision contredisait la volonté de
l’architecte de démontrer la possibilité de construire aux prix

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les plus bas malgré la pénurie de matériaux et de main


d‘œuvre qualifiée. La solution fut trouvée par l’invention
d’un procédé de « pierre banchée »45 permettant de
préserver la massivité et la texture des façades dans
lesquelles alternent des percements verticaux ou carrés
(pour les séjours et les loggias) dont la superposition varie
indépendamment de la répétition des logements pour
matérialiser la tripartition des immeubles traditionnels :
soubassement - corps - couronnement. Cette profondeur de
baie cadre le grand paysage s‘étendant devant les
appartements et met à distance l’espace public aux étages
inférieurs. Elle intègre tous les éléments de second-œuvre
(châssis à la française, volets roulants, balustrades) réalisés
en bois exotique avec un souci du confort et du détail.

Ensemble de la Tourette à Marseille, Fernand Pouillon


architecte. Vue d’ensemble de l’opération à la fin du
chantier. Marseille (POUILLON1).
Source : Techniques et Architecture, 16e série n° 3 (1952),
p. 88. Crédit : H. Delleuse.
26 Ces principes connaîtront ensuite dans les projets de
Pouillon de nombreuses déclinaisons suivant les spécificités
de chaque situation, mais ils seront transcrits d’une façon
sensiblement différente dans l’important ensemble du Point
du Jour à Boulogne-Billancourt (2 260 logements, 1957-
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1963), où la rentabilité d’une opération de promotion privée


visant à mettre sur le marché parisien des logements à bas
coût impliqua une densité de construction élevée alors que le
site constitué d’anciennes parcelles industrielles en pleine
agglomération induisait une proximité entre les bâtiments
organisés autour de deux longs jardins. Il s’agissait donc ici
de rendre les édifices moins présents et de préserver
l’intimité des logements malgré les vis à vis. Les façades
orientées au nord-ouest qui abritent les pièces intimes des
logements des immeubles hauts sont constituées d’une fine
grille préfabriquée en béton peint, dont les éléments
verticaux sont espacés de 80 cm de façon à recevoir
différents châssis vitrés selon les pièces, ou des remplissages
opaques sans pour autant altérer le rythme général. Ils sont
complétés par une tablette filante à la hauteur du garde-
corps permettant de s’accouder ou de disposer des objets.
Leur profondeur d’environ 40 cm offre plusieurs intérêts :
non seulement elle limite les vues biaises sur les fenêtres
depuis les autres appartements ou depuis le sol, mais elle
permet aussi de capter la lumière par réflexion dans cette
orientation défavorable. Enfin, ce dispositif
d’approfondissement de la baie permet d’alléger
visuellement la volumétrie de ces hauts bâtiments dont la
façade n’apparaît plus comme une surface plane et
homogène percée de fenêtres, mais comme un filtre composé
de petits éléments créant une ordonnance dont les
proportions ennoblissent le caractère de l’espace public,
faisant de leur répétitivité un atout.

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Ensemble du Point du Jour à Boulogne, Fernand Pouillon


architecte. La façade nord-ouest de l’un des immeubles
hauts. Boulogne (POUILLON2).
Source : Bernard Felix Dubor, Fernand Pouillon, Paris,
Electa-Le Moniteur, 1986, p. 19. Crédit : Reynald Eugène.

D’une époque à l’autre


27 De ce bref panorama il ressort d’abord le constat d’une
grande diversité des réponses apportées par les quatre
architectes au même enjeu de maîtrise de la répétitivité
inhérente aux programmes d’habitat de masse des trente
glorieuses. Ce constat, qui recoupe celui opéré par d’autres
chercheurs sur différents aspects des projets de cette
époque46, mérite néanmoins quelques nuances qui les
ouvriront à des déductions plus générales.
28 Ainsi, les récurrences que nous avons repérées dans les
réalisations de chaque architecte47 indiquent que la diversité
des réponses est moins tributaire des spécificités des
situations des projets que des convictions, des prédilections
ou des références mobilisées par le concepteur, même si
celles-ci évoluent avec le temps. Avec des nuances selon les
architectes, les systèmes constructifs utilisés, valorisés ou
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détournés, et leur corrélation à l’impératif d’économie


s’avèrent être un autre facteur important pour les principes
de composition de la fenêtre dans la façade. Par ailleurs,
nous avons aussi observé que des architectes dont les
orientations doctrinales divergeaient pouvaient néanmoins
recourir à des principes de formalisation proches :
l’acceptation mais l’enrichissement de la répétition chez
Lods et Pouillon, ou son atténuation par l’abstraction
graphique chez Dubuisson et Aillaud. Ces ambiguïtés
éclairent les convergences ou les disjonctions entre ce qui
ressort de la « manière » propre à chaque architecte en ce
qu’elle tient de la formalisation ou de la matérialisation
d’une intention, et ce qui ressort de son « style », que l’on
peut définir en architecture comme les moyens mis en œuvre
par le concepteur pour trouver sa cohérence à un projet
nécessairement confronté à des données complexes et
contradictoires48. Là encore, les façons de concevoir les
projets et les processus y aboutissant transcendent les
apparentes divergences d’esthétique ou de discours des
quatre architectes : autant la forme du projet est définie par
une logique déductive ou systémique dans les cas de Lods et
de Pouillon, autant Dubuisson et Aillaud recourent à des
processus itératifs d’expérimentation formelle pour aboutir
aux résultats qui les satisfont.
29 Quittant le contexte spécifique de l’après-guerre et de la
production du logement en masse, nous remarquerons que,
concernant l’évolution des schèmes esthétiques, la plupart
des dispositifs de composition des façades utilisés par les
quatre architectes ont survécu à cette période. Bien que les
enjeux et les cadres de production ont radicalement changé,
ils perdurent aujourd’hui dans la production du logement en
France de diverses façons. Nous faisons l’hypothèse que ces
survivances répondent une fois encore à une crainte de la
monotonie engendrée par la répétition, bien que celle-ci
opère maintenant à une échelle bien moindre49. Enfin, sur le
plan des processus, nous retiendrons la confirmation que la
conception de la fenêtre relève d’une réflexion qui ne peut
être circonscrite au niveau du seul ensemble d’éléments

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qu’elle constitue. Elle engage plus globalement des


arbitrages et des intentions définis par l’architecte à d’autres
échelles, tissant ainsi un système décisionnel imbriqué et
synthétique qui mobilise des opérations de conception et des
outils différents. Il nous semble que cet aspect s’est renforcé
au cours des dernières décennies avec la complexification
croissante des contextes de production de l’architecture et
celle du logement en particulier50. En ce sens, les
conceptions actuelles de la fenêtre pourraient être analysées
comme les métonymies de façons plus globales de concevoir
l’édifice.

Bibliographie

Bibliographie
Emile Aillaud, « Les dangers de la préfabrication », in
Techniques et architecture, n° 5, 1968.

— « Désordre apparent, ordre caché », Techniques et


Architecture n° 307, 1975.

— Chanteloup les Vignes- quartier la Noé, Paris, Fayard,


1978.

Abram Joseph, L’Architecture moderne en France. Tome 2,


Du chaos à la croissance, 1940-1966, Paris, Picard, 1999.

Bedarida Marc, Fernand Pouillon, Gollion, Infolio, 2012.

Bonillo Jean Lucien (dir.), Fernand Pouillon architecte


méditerranéen, Marseille, Imbernon, 2001.

Bresler Henri, Les fenêtres de Paris – aperçu historique du


XVe siècle à nos jours, Paris, Atelier Parisien d’Urbanisme,
2000.

Callon Michel, « Le travail de conception en architecture »,


in Les Cahiers de la Recherche Architecturale, n° 37, 1996.

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Contal Marie Hélène, « Portrait de Fernand Pouillon », in


Architecture Intérieure Créé n° 209, 1985-1986.

Dhuys Jean François, L’architecture selon Emile Aillaud,


Paris, Dunod, 1983.

Dubuisson Jean, « Ces ensembles qu’on voulait grands », in


Les années 1950, Paris, Editions du Centre Georges
Pompidou, 1988.

Jean Dubuisson et André Wogensky, Conférences, Paris,


Editions du Pavillon de l’Arsenal, 1998.

Eleb Monique et Simon Philippe, Le logement contemporain


(1995-2012) : entre confort, désir et normes, Liège,
Mardaga, 2013.

Guillerm Elise, Jean Dubuisson, Gollion/Paris, Infolio, 2011.

Lambert Guy, Nègre Valérie (dir.), Ensembles urbains, 1940-


1977. Les ressorts de l’innovation constructive, rapport de
recherche, Paris, CNAM, DAP, 2009.

Lefrançois Dominique et Landauer Paul, Emile Aillaud,


Gollion/Paris, Infolio, 2011.

Lavalou Armelle, Jean Dubuisson par lui-même, Paris,


Editions du Linteau, 2008.

Lods Marcel, « L’industrialisation du bâtiment », in


L’Architecture d’Aujourd’hui n° 1, 1946.

— Le métier d’architecte, Paris, éditions France Empire,


1976.

Lucan Jacques, Architecture en France (1940-2000) :


histoire et théories, Paris, éditions du Moniteur, 2001.

— Où va la ville aujourd’hui, formes urbaines et mixités,


Paris, Editions de La Villette, 2012.

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Parvu Sandra, Grands ensembles en situation, Genève,


MétisPresses, 2011.

Pouillon Fernand, Mémoires d’un architecte, Paris, Le Seuil,


1968.

Sayen Catherine, L’architecture par Fernand Pouillon,


Toulouse, Éditions Transversales, 2014.

Uyttenhove Pieter, Marcel Lods : Action, architecture,


histoire, Paris, Verdier, 2009.

Vayssière Bruno, Reconstruction-déconstruction. Le hard


french ou l’architecture des trente glorieuses, Paris, Picard,
1988.

Notes
1. Voir notamment la généalogie de la fenêtre dans l’architecture
parisienne depuis le moyen-âge retracée dans : Henri Bresler, Les
fenêtres de Paris – aperçu historique du XVe siècle à nos jours, Paris,
Atelier Parisien d’Urbanisme, 2000.
2. Pour un panorama synthétique de ce phénomène, voir notamment :
Joseph Abram, L’Architecture moderne en France. Tome 2, Du chaos à
la croissance, 1940-1966, Paris, Picard, 1999, ou : Jacques Lucan,
Architecture en France (1940-2000) : histoire et théories, Paris, éditions
du Moniteur, 2001.
3. Au cours des dernières décennies, les ministères successifs ont
toujours estimé à 500000 logements par an la production nécessaire
pour répondre aux besoins, quantité très rarement approchée par la
réalité.
4. En particulier pour chacune de ces catégories, en rapport avec le
propos de cet article : Bruno Vayssière, Reconstruction-déconstruction.
Le hard french ou l’architecture des trente glorieuses, Paris, Picard,
1988 ; Sandra Parvu, Grands ensembles en situation, Genève,
MétisPresses, 2011 ; et Guy Lambert, Valérie Nègre (dir.), Ensembles
urbains, 1940-1977. Les ressorts de l’innovation constructive, rapport de
recherche, Paris, CNAM, DAP, 2009.
5. La création par le ministère de la Culture et de la Communication du
label « Patrimoine du XXe siècle » en 1999 témoigne
institutionnellement de ce regain d’intérêt. Toutes les opérations
étudiées dans cet article ont reçu ce label.

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6. Compte-tenu de la complexité des contextes de production, des jeux


d’acteurs propres à chaque opération mentionnée, et des phénomènes de
réception par la critique ou par les habitants qui les ont accompagnées
depuis leur réalisation, notre propos se limitera ici à mettre en relation
les intentions exprimées par les architectes, parfois contradictoirement,
avec l’aspect des édifices. Pour chacun de ces architectes, le lecteur
pourra trouver des compléments et des nuances à nos analyses dans un
ou plusieurs ouvrages monographiques issus de recherches récentes.
Notamment : Dominique Lefrançois et Paul Landauer, Emile Aillaud,
Gollion, Infolio, 2011 ; Elise Guillerm, Jean Dubuisson, Gollion/Paris,
Infolio, 2011 ; Pieter Uyttenhove, Marcel Lods : Action, architecture,
histoire, Paris, Verdier, 2009 ; Jean Lucien Bonillo (dir.), Fernand
Pouillon architecte méditerranéen, Marseille, Imbernon, 2001 ; et Marc
Bedarida, Fernand Pouillon, Gollion, Infolio, 2012.
7. Les inventaires des archives de ces architectes attestent que chacun a
conçu durant les sa carrière plusieurs milliers ou dizaines de milliers de
logements. Ces chiffres sont considérables en regard de la production
actuelle des agences d’architecture françaises, même spécialisées dans les
programmes de logement.
8. En particulier via le décret du 31 décembre 1958 instituant la
procédure d’urbanisme de « Zone à Urbaniser en Priorité »
jusqu’en 1969.
9. La circulaire Guichard du 21 mars 1973 met un terme à la conception
d’ensembles de logements de plus de 500 unités en dehors de projets
d’urbanisme coordonnés, tels que les « villes nouvelles ».
10. Cette ambition sera néanmoins peu concrétisée, notamment en
raison de difficultés récurrentes de financement constatées pour les
équipements ou les infrastructures de transport.
11. En particulier les techniques de grutage mobile dite du « chemin de
grue » et le système du « coffrage glissant », qui auront des effets
importants sur les architectures réalisées.
12. En comparaison, les durées que nous mentionnerons pour les projets
étudiés pourront sembler longues. Elles sont à relativiser du fait du
fréquent découpage en plusieurs tranches, d’interruptions des
financements, ou de revirements décisionnaires fréquents.
13. (1891-1978), architecte actif en France et en Afrique centrale pour la
conception d’ensembles de logements collectifs, d’équipements de tous
types et de plans d’urbanisme.
14. Marcel Lods, Le métier d’architecte, Paris, éditions France Empire,
1976, p. 202.
15. Dès la fin des années 1920, alors qu’il est associé à l’architecte Eugène
Beaudouin. Cette méthode est expérimentée dans des projets de

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plusieurs centaines de logements collectifs à Bagneux (cité du Champs


des Oiseaux) et à Drancy (cité de la Muette).
16. Marcel Lods, « L’industrialisation du bâtiment », in L’Architecture
d’Aujourd’hui n° 1, 1946, p. 30.
17. Marcel Lods, Le métier d’architecte, op.cit., p. 114.
18. Marcel Lods, « L’industrialisation du bâtiment », op.cit., p. 30
19. Ce principe de décomposition de la paroi lié à l’utilisation de
composants « légers » et celui d’une architecture « usinée » trouveront
ensuite leur aboutissement dans l’opération expérimentale de la
Grand’Mare à Rouen (500 logements, 1962-1969, avec Paul Depondt et
Henri Beauclair) à partir d’un système de construction métallique
spécialement développé par les architectes et des partenaires industriels.
20. En témoigne le crédit que lui accordera Le Corbusier en lui confiant
en 1964 la rénovation de la villa Savoye (1928-1931), considérée comme
l’un de ses chefs d’œuvre.
21. (1914-2011), architecte actif en France dans différentes régions,
majoritairement pour des programmes d’habitat collectif, quelques
équipements publics et des études d’urbanisme.
22. Jean Dubuisson, « Ces ensembles qu’on voulait grands », in Les
années 1950, Paris, Editions du Centre Georges Pompidou, 1988, p. 530.
23. Ces références à la culture artistique dépassent un simple transfert
formel de la peinture vers l’architecture. Evoquant l’aspect du projet à
Villeneuve la Garenne, Dubuisson rapporte ainsi que sa « prétention était
de donner aux habitants une œuvre d’art », dans Armelle Lavalou, Jean
Dubuisson par lui-même, Paris, Editions du Linteau, 2008, p. 93.
24. « Nous travaillions à l’agence à partir d’éléments grandeur nature
pour effectuer ces corrections du Modulor au millimètre, en fonction des
tonalités. (…) Ces ajustements sont indispensables pour obtenir une
satisfaction comparable à ce qui advient en musique quand on trouve la
note juste. », Ibid., p. 131-132.
25. Dans : Jean Dubuisson et André Wogensky, Conférences, Paris,
Editions du Pavillon de l’Arsenal, 1998, p. 40.
26. Ibid., p. 40.
27. Techniques que Jean Dubuisson avait pourtant réussi à détourner de
façon radicale lors d’une précédente réalisation, à caractère
expérimental : la construction de 300 logements pour le SHAPE à St-
Germain en Laye (1951-1952).
28. (1902-1988), architecte actif dans la région parisienne et l’est de la
France, il concevra essentiellement de grandes opérations de logement
sociaux et quelques équipements publics.

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29. Emile Aillaud, « Désordre apparent, ordre caché », Techniques et


Architecture n° 307, 1975, p. 84.
30. Voir notamment les circonstances d’obtention de la commande de la
cité de La Grande Borne analysées dans Raymonde Moulin [et al.], Les
architectes : métamorphose d’une profession libérale, Paris, Calman-
Lévy, 1973.
31. Emile Aillaud dans le reportage télévisé « La Grande Borne, un effort
pour le beau », ORTF, 1972.
32. Emile Aillaud, « Désordre apparent, ordre caché », op.cit.
33. Emile Aillaud, Chanteloup les Vignes- quartier la Noé, Paris, Fayard,
1978, p. 68.
34. Emile Aillaud, « Les dangers de la préfabrication », in Techniques et
architecture, n° 5, 1968, p. 74.
35. Selon l’analyse qu’en fait Jean François Dhuys dans son ouvrage :
L’architecture selon Emile Aillaud, Paris, Dunod, 1983.
36. Emile Aillaud, Chanteloup les Vignes- quartier la Noé, Paris, Fayard,
1978, p. 68.
37. Emile Aillaud, « Désordre apparent, ordre caché », in Techniques et
Architecture, n° 307, 1975, p. 84.
38. (1912-1986) architecte actif dans le sud de la France, en région
parisienne, en Algérie et en Iran pour des projets de logement collectif,
d’équipements et des études urbaines.
39. « J’organise mes espaces. Je travaille pour le piéton et non pour
l’aviateur. Je pense à celui qui regarde par la baie de sa chambre ou de
son salon. Je me promène dans ces espaces imaginaires et je les modifie
lorsque je n’atteins pas la sensation que je souhaite. » Fernand Pouillon,
Mémoires d’un architecte, Paris, Le Seuil, 1968, p. 220.
40. À ce sujet, voir les éclairages fournis par Catherine Sayen dans son
ouvrage, L’architecture par Fernand Pouillon, Toulouse, Éditions
Transversales, 2014.
41. Sur la base des relevés réalisés par les étudiants qu’il encadre à l’école
d’Aix, et publiés par lui-même en 1953 dans un recueil intitulé
« Ordonnances ».
42. Cité dans Marie Hélène Contal, « Portrait de Fernand Pouillon », in
Architecture Intérieure Créé n° 209, 1985-1986.
43. « Mon ensemble répondait aux fortes murailles du fort St-Nicolas
dont la matière et la couleur me servirent de modèles. », Fernand
Pouillon, Mémoires d’un architecte, op.cit., p. 101.
44. Ibid., p. 101.
45. Des dalles de pierre étaient assemblées pour former un coffrage
laissé apparent, et rempli de béton armé.
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46. Confère références données en note n° 3.


47. Compte tenu du format de cet article, nous avons limité les cas
présentés à deux opérations par architecte, mais nos analyses se sont
basées sur un corpus plus étendu de quatre à six réalisations pour chaque
architecte.
48. Nous reprenons ici la définition qu’en donne Michel Callon dans « Le
travail de conception en architecture », in Les Cahiers de la Recherche
Architecturale, n° 37, 1996.
49. Voir les analyses de la volumétrie de quartiers d’habitat récents
réalisées dans Jacques Lucan, Où va la ville aujourd’hui, formes
urbaines et mixités, Paris, Editions de La Villette, 2012.
50. Sur ce sujet, voir : Monique Eleb et Philippe Simon, Le logement
contemporain (1995- 2012) : entre confort, désir et normes, Liège,
Mardaga, 2013.

Auteur

Rémi Laporte

École Nationale Supérieure


d’Architecture de Clermont-
Ferrand
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Référence électronique du chapitre


LAPORTE, Rémi. Concevoir la fenêtre innombrable In : Dedans dehors :
Approches pluridisciplinaires de la fenêtre [en ligne]. Besançon : Presses
universitaires de Franche-Comté, 2019 (généré le 28 octobre 2023).
Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pufc/39170>.
ISBN : 9782848678825. DOI :
https://doi.org/10.4000/books.pufc.39170.

Référence électronique du livre


KATSIKA, Karolina (dir.). Dedans dehors : Approches
pluridisciplinaires de la fenêtre. Nouvelle édition [en ligne]. Besançon :
Presses universitaires de Franche-Comté, 2019 (généré le 28 octobre
2023). Disponible sur Internet :

https://books.openedition.org/pufc/39170?lang=fr 30/31
28/10/2023 10:40 Dedans dehors - Concevoir la fenêtre innombrable - Presses universitaires de Franche-Comté

<http://books.openedition.org/pufc/38940>. ISBN : 9782848678825.


DOI : https://doi.org/10.4000/books.pufc.38940.
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https://books.openedition.org/pufc/39170?lang=fr 31/31

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