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CHAPITRE II

SPECTROMETRIE D’ABSORPTION UV-VISIBLE

I Principe de la spectrophotométrie UV visible

II Domaine énergétique

III Transitions électroniques en UV-Visible


III-1 Les différents Types de transitions

III-2 Propriétés des transitions


III-2-1 Terminologie
a- Groupement Chromophore
b- Auxochrome
c- Effet bathochrome
d- Effet hypsochrome
e- Effet hyperchrome et hypochrome
III-2-2 Effet de la substitution
III-2-3 Effet de la conjugaison

IV Analyse quantitative : Loi de l’absorption moléculaire (Loi de Beer-Lambert)


IV-1 Conditions d’utilisation de la loi de Beer-Lambert
IV-2 Additivité de la loi de Beer-Lambert

V- Techniques d’utilisation
V-1 Spectre
V-2 Echantillons
V-3 Choix du solvant
V-4 Notion de blanc
V-5 Appareillage
V-5-1 Les spectrophotomètres de type mono faisceau
V-5-2 Les spectrophotomètres de type double faisceau

VI Application de la spectrophotométrie UV-visible

VII Les avantages de la spectroscopie UV-visible


CHAPITRE II

SPECTROMETRIE D’ABSORPTION UV-VISIBLE

I Principe de la spectrophotométrie UV visible


La spectrophotométrie UV-Visible repose sur l'interaction du rayonnement
électromagnétique et de la matière dans le domaine UV-Visible. Cette partie du spectre est
relativement pauvre en informations sur la structure des composés moléculaires. En revanche,
l'absorbance des composés dans le proche UV et le visible est exploitée en analyse
quantitative par application de la loi de Beer-Lambert. Elle s’applique à des groupements
d’atomes (ex : molécules, ions, polymères) qui absorbent le rayonnement électromagnétique
dans ce domaine.

II Domaine énergétique
Le domaine du spectre ultraviolet utilisable en analyse s'étend environ de 190 à 400 nm.
Le domaine du spectre visible s'étend environ de 400 à 760 nm.

100 200 400 800


λ (nm)
UV UV Visible
lointain

Les appareils courants fonctionnent à partir de 200nm. Donc l’UV lointain n’est pas
accessible aux mesures dans ces conditions.

III Transitions électroniques en UV-Visible


Rappelons le diagramme simplifié d’une molécule ; ce dernier représente les niveaux
énergétiques électroniques d’une molécule de façon simple :

E
σ∗ Niveaux anti-liants
π∗ (Etat excité)

n
Niveaux liants
π
σ (Etat fondamental)
Figure1. Type d’électrons rencontrés : σ, π, n
Caractéristiques de ces électrons :
σ):caractérisent les liaisons saturées (fortement liées).
Electrons (σ
π): caractérisent les liaisons insaturées (faiblement liées).
Electrons (π
Electrons (n) : les doublets non liants.

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En prenant pour exemple les composés les plus courants de la chimie organique, les
transitions observées ont pour origine les électrons engagés dans les liaisons σ, π et les
doublets non liants des atomes tels que H, C, O, N.

III-1 Les différents Types de transitions


Transition σ →σ σ∗ :
Elle apparaît dans l’UV lointain, car le saut d’un électron d’une orbitale moléculaire OM
liante σ à une OM anti- liante σ∗ demande beaucoup d’énergie.
Cette transition est non exploitable par les appareils usuels car λ < 200 nm.
C’est le cas des hydrocarbures saturés qui ne présentent que des liaisons de ce type ; (donc
transparents dans le proche UV).
Exemple : Hexane (à l’état gazeux) ; λmax = 135 nm.
Transition n→ σ* :
Le saut d’un électron d’un doublet n des atomes, O, Cl, N, S… dans une orbitale OM
σ∗ conduit à une transition d’intensité moyenne.
Exemple : Alcools (180 nm), éthers (190 nm), amines (220 nm).
(Cette transition est exploitable par les appareils usuels si λ ≥ 200 nm.
Transition n→ π* :
Cette transition peu intense résulte d’un passage d’un électron d’un doublet n à une orbitale
anti-liante π*. On la rencontre pour les molécules comportant un hétéro atome porteur de
doublets électroniques libres et appartenant à un système insaturé. La plus connu est celle qui
correspond à la bande carbonyle (C= =O) facilement observable entre (270 – 295 nm). Ces
transitions sont exploitables par les appareils courant et ont leur origine dans les groupements
tel que :

C O, N O, N N , .....

Ces transitions présentent un faible coefficient d’absorption molaire ε (ε < 100). On les
appelle Bande R quel que soit le type de molécules.
Transition π→ π* :
Les composés qui possèdent une double liaison éthylénique isolée conduisent à une forte
bande d’absorption vers 170 nm, dont la position dépend de la présence de substituants hétéro
atomiques. Ces transitions lorsqu’elles apparaissent dans les molécules conjuguées, elles
portent le nom de bande K.
Exemple : éthylène : λmax= 165 nm (ε = 16000).

III-2 Propriétés des transitions


III-2 -1 Terminologie
a- Groupement Chromophore
Les groupes fonctionnels des composés organiques (cétones, amines, dérivés nitrés...)
responsables de l’absorption en UV-Visible sont appelés Groupements Chromophores.
Un chromophore peut être saturé ou insaturé selon la structure de la molécule. Dans la
majeure partie des cas, le chromophore est lié par l’insaturation (détectable par les appareils
courants). Il est caractérisé par λmax et εmax.
Exemples : C=C, C=O, C=N, C≡C, C≡N…

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b- Auxochrome
Groupement saturé qui, quand il est lié à un chromophore, modifie à la fois la longueur
d’onde et augmente l’intensité de l’absorption maximale.
c- Effet bathochrome
On observe un déplacement de l’absorption vers les plus grandes longueurs d’onde. Cela est
du à la délocalisation électronique qui facilite les transitions énergétiques en resserrant les
niveaux entre eux.

C C C C C C C C C C C C

λmax=174nm λmax= 220 nm λmax= 258 nm

d- Effet hypsochrome C’est l’effet inverse de l’effet bathochrome : L’absorption se produit


vers les plus faibles longueurs d’onde (grandes énergies).
e- Effet hyperchrome et hypochrome : augmentation et diminution de l'intensité
d'absorption.
Ces effets sont illustrés sur la figure suivante :

III-2-2 Effet de la substitution


La position de la bande d’absorption dépend de la présence ou non de substituant sur
le groupement chromophore. Par exemple, plus le groupe éthylénique est substitué, plus la
bande d’absorption due à la transition π→ π∗ est déplacée vers le visible : effet bathochrome.

Le même effet est observé sur la transition n → π*

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Pour les substituants à effet mésomère (auxochromes) portés par un chromophore C=C ou
C=O, les paires d’électrons non-appariées peuvent participer à la résonance, augmentant la
conjugaison d’une molécule : -OH, -OR, -X, -NH2 … d’où des effets bathochrome et
hyperchrome.

III-2-3 Effet de la conjugaison


L’enchaînement d’insaturations entraîne la délocalisation des électrons π. Cette
délocalisation qui traduit la facilité des électrons à se mouvoir le long de la molécule est
accompagnée d’un rapprochement des niveaux d’énergies.
Il en découle un effet bathochrome et un effet hyperchrome sur la bande d’absorption
correspondant à la transition π→ π*.
Exemples :

IV Analyse quantitative : Loi de l’absorption moléculaire (Loi de Beer-Lambert)


L’UV-Visible est largement exploité en analyse quantitative. Les mesures reposent sur la
loi de Beer-Lambert qui relie dans certaines conditions l’absorption de la lumière à la
concentration d’un composé en solution :
Ainsi, la relation fondamentale utilisée en spectrophotométrie connue sous le nom de loi de
Beer-Lambert est présentée sous la forme:
A= εlC = log 10 (I0/I) = - log T
A: Absorbance ou densité optique à une longueur d’onde λ (sans unité). La longueur d'onde
maximale λmax ne dépend pas de la concentration, c'est une grandeur caractéristique de l'ion
absorbant. Elle est utilisée pour effectuer les mesures photométriques sur des solutions de
différentes concentrations.
Ɛ: Coefficient d'extinction molaire (coefficient d'absorption) (en L.mol-1.cm-1), Il dépend de la
longueur d'onde, la nature chimique de l'entité et la température. Cette constante représente
une propriété moléculaire fondamentale dans un solvant donné, à une température et une
pression données et plus il sera grand, plus la solution absorbe.
I0 est l'intensité de la lumière incidente,
I est l'intensité de la lumière après passage à travers la cuve contenant la solution (intensité
transmise),
l: Longueur du trajet optique dans la solution traversée, elle correspond à l'épaisseur de la
cuve utilisée (en cm),
C: est la concentration des espèces absorbantes en moles/L.

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IV-1 Conditions d’utilisation de la loi de Beer-Lambert
Cette loi, qui ne concerne que la fraction de la lumière absorbée, est vérifiée dans les
conditions suivantes:
a) La lumière utilisée doit être monochromatique.
b) Les concentrations doivent être faibles (10-2 M).
c) Les solutions ne doivent pas être colloïdales, ce qui éviterait les pertes des rayonnements
par réflexion ou diffusion.
d) La nature de la substance à analyser ne doit pas varier avec la concentration (dissolution,
polymérisation…) ni donner lieu à des transformations photochimiques.
e) Le soluté ne doit pas donner des associations variables avec le solvant.

IV-2 Additivité de la loi de Beer-Lambert


La loi de Beer et Lambert est additive : Si l’on a un mélange de substances C1, C2,…,Cn
et que celui-ci est traversé par un rayonnement monochromatique , alors la densité optique
totale de ce mélange est égale à la somme des densités optiques (ou absorbances) partielles
dues à chaque substance à λ donnée.
DOT = DO1 + DO2 + DO3+ ………………..+ DOn
DOT = ε1C1l1 + ε2C2l2 + ε3C3l3 + …………..+ εnCnln

V Techniques d’utilisation
V-1 Spectre
En UV-Visible, on peut représenter la transmittance ou l’absorbance en fonction de la
longueur d’onde λ : on obtient un spectre de bande (propre aux molécules). Pour un atome (on
parle de spectre de raies).

λmax
2,5

2,0

1,5
DO

1,0

0,5
λmax

0,0
200 300 400 500

λ (nm)

Figure2. Exemple de spectre dans L’UV-Visible

Ce spectre contient deux bandes chacune est caractérisée par λmax.


λmax : la longueur d’onde où le composé absorbe fortement.

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V-2 Echantillons
Les échantillons pour la spectrophotométrie UV-visible sont la plupart du temps liquides,
bien que l'absorbance de gaz ou de solides puisse également être mesurée. Les échantillons
sont typiquement placés dans des cellules transparentes, connues parfois sous le nom de
cuvettes.

V-3 Choix du solvant


Le choix du solvant est important dans cette technique, il doit être :
• Inerte vis-à-vis du soluté (composé à analyser)
• Transparent à la longueur d’onde utilisée.
• Il doit être débarrassé de toutes ses impuretés avant d’être utilisé.
Exemple : l’eau distillée au-delà de 200 nm.

V-4 Notion de blanc


Lorsqu' une espèce chimique est solubilisée dans un solvant et placée dans une cellule de
mesure, l'absorption mesurée correspond à trois absorptions différentes :
- l'absorption due à la cellule ;
- l'absorption due au solvant ;
- l'absorption due à l'espèce chimique dissoute.
Les deux premières absorptions ne sont pas dues à l’espèce analysée ; il faut donc les
retrancher. Pour ce faire, on mesure l’absorbance de la cellule avec du solvant et on soustrait
l’absorbance ainsi obtenue (le blanc) à l’absorbance mesurée avec l’espèce que l’on veut
étudier.

V-5 Appareillage
Il existe dans le commerce différents modèles de spectrophotomètres appartenant
essentiellement à deux types d’appareils:
V-5-1 Les spectrophotomètres de type mono faisceau
Ces spectrophotomètres nécessitent une mesure d’absorbance pour le blanc et une pour
l’étalon.

cellule d'analyse
Source Enregistrement

1 2 3 4 5

monochromateur Détecteur
Figure3. Schéma de principe du spectrophotomètre UV-visible en mono faisceau
Un spectrophotomètre comprend les parties essentielles suivantes :
1. Source lumineuse
Le rôle de la source est de fournir la radiation lumineuse. Elle est constituée par :
- Une lampe à décharge au deutérium utilisée dans le domaine UV de 190 à 400 nm.

Figure4. Lampe UV au deutérium

- Une lampe à filament de tungstène pour la région allant de 350 à 800 nm .

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2. Monochromateur
Le monochromateur a pour rôle de disperser le rayonnement polychromatique provenant
de la source et d’obtenir des radiations monochromatiques.
Les monochromateurs les plus utilisés sont composés en général d'une fente d'entrée, d'un
dispositif de dispersion comme un prisme ou un réseau et d'une fente de sortie.
L'échantillon et le détecteur, placés juste derrière le monochromateur, ne seront donc traversés
que par un domaine étroit de longueurs d'onde.

Figure 5. Monochromateur à réseau

3. Cellule d’analyse (ou cuve)


Elle contient soit l'échantillon soit la référence. La largeur de la cuve l est définie (1, 2, 4 ou
5cm de trajet optique). Elle doit être transparente aux radiations d'étude. En UV, les cuves
sont en quartz, elles ne peuvent être ni en verre ni en plastique. Dans le domaine du visible,
les cellules peuvent être en quartz ou en verre.

Figure 6. Différents type de cuves

4- Détecteur
Le détecteur est un tube photomultiplicateur qui convertit la lumière reçue en courant. Ce
type de détecteurs est de plus en plus remplacé par des photodiodes (semi-conducteurs) plus
sensibles.
5- Enregistreur
Le détecteur est relié à un enregistreur qui permet de tracer un spectre d’absorption de
l’échantillon analysé.

V-5-2 Les spectrophotomètres de type double faisceau


Dans un instrument à double faisceau, la lumière est séparée en deux faisceaux avant
d'atteindre l'échantillon. L'un des faisceaux passe par la référence, l'autre passe par
l'échantillon (Fig.7). Certains instruments à double faisceau ont deux détecteurs
(photodiodes), et les faisceaux de référence et d'échantillonnage sont mesurés en même temps.
Dans d'autres instruments, les deux faisceaux passent par un séparateur optique, qui bloque
l'un des faisceaux à la fois. Le détecteur alterne entre faisceau d'échantillonnage et celui de
référence.

7
Figure 7. Schéma du principe d'un spectrophotomètre à double faisceau

VI Application de la spectrophotométrie UV-visible


L’analyse quantitative par la spectrométrie UV-visible est très employée en organique
et inorganique (beaucoup plus que l’analyse qualitative). Dès que le spectre d'une molécule
(d'un groupement chromophore) ou d'un ion dans un complexe adapté est connu, il est tout à
fait possible de faire de l'analyse quantitative grâce à l’application de la loi de Beer-Lambert.
Cette technique représente un vaste domaine d’applications.
Comme applications, on peut citer :
• Le dosage d’impuretés dont l’intensité est connu.
• Dosage du fer dans l’eau ou dans un médicament.
• Dosage des molécules actives dans une préparation pharmaceutique.
• Dosage des métaux de transitions par complexométrie.

Détermination d'une concentration inconnue


Par comparaison à un étalon
Un étalon est une substance dont la concentration est connue.

DOx ε.C.l x DOx Cx DOx


. Cétal
= = Cx =
DOétal ε.C.l étal DOétal Cétal DOétal

Par comparaison à plusieurs étalons


Comme la relation entre l’absorbance et la concentration est linéaire, il suffit de mesurer
l’absorbance A de plusieurs étalons et tracer la courbe : A= DO =f (C)
On doit choisir λmax qui correspond à la plus forte absorption.

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DO

DOx X

C
Cx

Remarque :
Si l’allure du graphe A=DO=f (C) est de la forme suivante :

DO

ne prendre que la partie linéaire A-B, car A = f (C) est toujours linéaire »

VII Les avantages de la spectroscopie UV-visible


La spectroscopie UV-visible a plusieurs avantages parmi lesquelles on peut citer :
 Un large domaine d’application (chimie minérale, organique, biochimie,…)
90% des analyses médicales reposent sur de la spectroscopie UV-visible.
 Une grande sensibilité : les limites de détection atteignent couramment 10-4 à 10-5M
et jusqu'à 10-6M après certaines modifications.
 Une sélectivité largement adaptable : il existe souvent une longueur d’onde que seul le
corps à doser absorbe, ce qui dispense d’une séparation chimique des composants.
 Une grande précision : les erreurs ne dépassent pas 5% et peuvent être réduites à
quelques dixièmes de pour-cent sous certaines précautions.
 La simplicité et la rapidité d’utilisation.

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