Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Administration Finance
des Entreprises d’entreprise
Professeur Jérôme Caby
1
ENONCE
1. Présentation d’Eiffage
En 2006, le groupe a connu une étape importante avec le rachat de 50,01% du capital du
concessionnaire autoroutier APRR. Cette acquisition a changé en profondeur le profil du
groupe qui est passé du statut de constructeur à celui de constructeur-concessionnaire avec des
opérations comme la ligne ferroviaire Perpignan - Figueras.
Résultat d’exploitation /
CA en % 2005 2006
Total 4,7 % 8,7 %
Concessions 25,5 % 33,4 %
Installation électrique 4,7 % 4,8 %
Construction métallique 4,8 % 4,9 %
Routes – Travaux Publics 3,7 % 4,8 %
Construction 4,8 % 4,6 %
2
Eiffage est positionné sur des marchés porteurs (installation électrique, construction
métallique, concessions), mais est en conflit depuis de nombreux mois avec son principal
actionnaire espagnol Sacyr (avec 33,2 % du capital tandis que les salariés détiennent 22,2 %
du capital) et des procédures judiciaires sont en-cours. Ce conflit pourrait se traduire par un
rapprochement des deux groupes, une scission - démembrement d’Eiffage ou bien un accord
amiable.
2. Présentation de Vinci
Vinci est désormais réparti entre cinq branches toutes en croissance : construction,
concessions (ASF, Vinci Park, Cofiroute, …), routes (Eurovia), énergie et, dans une moindre
mesure, immobilier. Au 1er semestre 2007, le CA se répartissait ainsi : Construction (43 %),
Routes (25 %), Energies (14 %), Concessions (16 %) et Immobilier (2 %).
Résultat d’exploitation /
CA en % 2005 2006
Total 6,9 % 9,5 %
Concessions 42,3 % 43,1 %
Energies* 5,4 % 5,3 %
Immobilier 8,3 % 12,9 %
Routes – Travaux Publics 3,8 % 4,0 %
Construction 5,1 % 4,7 %
Le marché des PPP est aujourd’hui un marché en plein essor, encore relativement petit par la
taille, et lié à l’aléa des appels d’offres, mais actuellement en forte croissance, et s’apparente
aux concessions. Il apparaît difficile de quantifier exactement le montant des PPP /
Concessions mis en jeu dans l’ensemble de l’Europe mais les marchés se développent de
3
manière importante dans des domaines variés : santé, justice, défense, éducation, culture,
loisirs …
Que ce soit en France, en Europe ou aux Etats-Unis, les programmes d’infrastructures sont de
plus en plus dévolus au privé. Le désengagement de l’Etat au profit de sociétés privées
concessionnaires permet de soulager les budgets publics. Le tronçon Sud Europe Atlantique
de la ligne à grande vitesse (LGV) entre Tours et Bordeaux, première LGV qui devrait être
financée sous forme d’une concession du secteur privé sur le réseau national français est
emblématique de cette montée en puissance. Eiffage, Bouygues et Vinci ont chacun présenté
un dossier de candidature à l’été 2007. Ce contrat devrait être signé au second semestre 2008
pour un investissement global de 5 Mds d’€, financé par PPP.
À l’aide des données qui vous sont fournies, vous devez analyser et comparer les situations
financières d’Eiffage et Vinci.
4
DIVERS (en millions d’euros)
5
Éléments de corrigé du cas « Eiffage - Vinci »
Les étudiants doivent parvenir à faire émerger les éléments saillants et les relier entre eux :
Les deux groupes enregistrent une croissance rapide de leur activité à la fois du fait du
développement interne de leurs métiers, mais surtout du fait de leurs politiques d’acquisition.
Cette croissance s’appuie :
Pour autant, le chiffre d’affaires de Vinci est entre 2 et 3 fois supérieur à celui d’Eiffage, ce
qui lui donne une taille critique et le protège plus aisément contre la consolidation du secteur
aux échelles européenne voire mondiale. De surcroît, cette taille supérieure permet plus
facilement à Vinci de s’imposer sur les marchés mondiaux dans le domaine de la construction
et des concessions et sur le secteur en fort développement des PPP.
Les taux de marge constatés en 2006 sont très satisfaisants pour les deux entreprises. Pour
autant, les marges nettes de Vinci sont assez largement supérieures. L’analyse des marges par
activités montre aussi que :
- L’activité « Concessions » se traduit par des marges bien supérieures pour les deux
groupes.
- Si les marges sont similaires pour la plupart des activités, elles sont plus élevées pour
l’activité « Concessions » chez Vinci.
- La réorientation stratégique des deux groupes atténue la cyclicité des résultats du
secteur « historique » de la construction au travers du poids des concessions.
6
- Des rentabilités économiques dégradées et de bonnes rentabilités financières
La rentabilité de l’exploitation des deux groupes se dégrade fortement (plus fortement pour
Eiffage) car l’activité « Concessions » nécessite des immobilisations beaucoup plus lourdes.
C’est la traduction financière de la stratégie suivie par les deux groupes à la recherche de
marges plus élevées.
Pour autant, la rentabilité financière initialement très bonne dans les deux cas demeure très
correcte en 2006 en raison d’un recours important à l’endettement et d’un effet de levier
financier positif (voir plus bas).
Si la structure financière était très saine pour les deux entreprises à l’origine, les rachats
d’entreprise (concessions en particulier) par endettement se sont traduits par une très nette
dégradation. Celle-ci obère la poursuite de stratégies de développement fondées sur des
acquisitions financées par la dette et ceci de façon encore plus marquée pour Eiffage.
Les deux groupes bénéficient de BFR négatifs traditionnels compte tenu de leurs activités, on
note néanmoins que cet avantage a tendance à se diluer chez Eiffage avec les changements de
périmètres.
Par ailleurs, on peut se demander quelle est la sensibilité de cet endettement à l’évolution des
taux d’intérêt (une hausse en l’occurrence) et les conséquences que cela pourrait avoir sur les
marges de ces deux groupes et sur la nature positive de l’effet de levier. On peut néanmoins
imaginer que les niveaux élevés de marge des « concessions » permettent de continuer à
bénéficier d’un effet de levier favorable y compris dans l’hypothèse (peu vraisemblable à
court terme) d’une non - immunisation à une augmentation des taux d’intérêt.
- Synthèse
7
Les deux groupes poursuivent des stratégies parallèles qui se traduisent des conséquences
financières positives similaires à l’exception de la dégradation de leurs structures financières
respectives. La différence de taille semble néanmoins indiquer que Vinci est mieux placé pour
l’avenir et moins menacé par un éventuel rachat ou démantèlement au sein d’un secteur
aujourd’hui très marqué par le localisme, mais qui ne manquera pas d’être touché par la
mondialisation avec l’apparition de nouveaux acteurs internationaux (chinois, turcs, …). La
réorientation vers les PPP / concessions est une voie de sortie vers une activité à plus haute
valeur ajoutée qui subira également des consolidations dans le futur.