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DEPARTEMENT DE LA COMMUNICAION

SUPPORT DE COURS DE
SOCIOLOGIE DE LA
COMMUNICATION

LICENCE 1

ANNEE ACADEMIQUE 2019-2020

CHARGE DU COURS : M. TUO ARDJOUMA

VOLUME HORAIRE : 10 HEURES


Avant-Propos
Tout pouvoir craint l’information, quand l’information ne sert plus pour sa
communication mais la dessert, il fait tout pour l’étouffer. Cas Woerth/Bettencourt.
Communication de crise de la FFF après le fiasco de la Coupe du Monde

Lanceurs d’alerte (whistleblowers) : personnes ou groupes (particulier, ONG...) qui


découvrent des dysfonctionnements (dans une entreprise, un gouvernement...) d’une gravité
telle qu’ils doivent être dénoncés. Ils les portent donc à la connaissance d’instances officielles,
d’associations ou de médias. ≠ Délateurs car ce qui est divulgué est une menace dommageable
pour le bien commun (société, environnement...).

Distinction entre communication et information


Du point de vue de la recherche :
 Information : on considère que c’est un contenu soit de texte, soit d’images, soit de
sons, soit tout autre forme de contenu numérique ou analogique.
 Communication : c’est le processus qui permet de porter ce contenu, soit
l’information, à la connaissance d’un ou plusieurs récepteurs. Dans un processus de
communication, il faut que soit en présence un (des) émetteurs(s) et un (des)
récepteurs. Avec la communication de masse : il y a un émetteur et une multitude de
récepteurs.
Au sens journalistique du terme : Information : est un objet qui relève de l’événementiel.
Avoir une info, c’est avoir pris connaissance d’un événement que l’on doit communiquer.
C’est dans ce sens que l’on parle des informations télévisées.

Partie 1 : Les Prémices des théories de l’information


A. La notion de Systèmes
a. Les différents types de systèmes
Un système : ensemble d’éléments interdépendants. Cette interdépendance est telle que si
l’on modifie les caractéristiques d’un élément, les autres éléments proches vont voir leurs
caractéristiques modifiées à leur tour.

Il existe deux types de systèmes :

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 Naturels : comme le système nerveux, digestif, solaire, écologique. Dans le cas du
système nerveux nous avons des éléments interdépendants qui n’existent que par les
autres.
Ex : une blessure dont la douleur arrive de proche en proche au cerveau. Cf : Vol au-dessus
d’un nid de coucous de Milos Forman. 3
 Artificiels : système métrique, etc. inventé.

Dans un système se créent des flux internes (interdépendance), mais également des flux
d’information. Un système est toujours placé dans un environnement et en subit les
modifications.
Ex : le système politique français est tributaire des variations du contexte européen et mondial
(ONU, autres Etats,…). Dans ces flux d’échanges il y a toujours ce qu’on appelle le «
feedback ».

b. Le feedback
David Easton (né à Toronto au Canada en 1917) est un politologue notamment connu pour
son œuvre The Political System, qui établit les bases de la théorie systémique en sciences
politiques. Il est également connu pour avoir défini la politique comme une "authoritative
allocation of values", que l'on peut traduire par "répartition autoritaire des valeurs".

David Easton (membre de l’Ecole Systémique Américaine), dans L’analyse du système


politique, expose dans les années 60, un modèle baptisé par la suite modèle systémique.
Son ambition est d’offrir aux chercheurs une grille globale d’analyse d’un système politique,
afin de savoir comment le système politique agit ou rétroagit aux événements intérieurs et
extérieurs.

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Selon Easton, il y a un deux types d’environnement :
 Intra-sociétal : les partis politiques, les groupes de pression, les églises, les syndicats,
l’armée…
 Extra-sociétal : composé par les systèmes politiques étrangers et internationaux.
Les gatekeepers sont les gardiens dont la mission principale est de réguler (qualitativement et
quantitativement) les inputs en opérant un travail de simplification et de clarification.

Ex : les syndicats ou des organisations de l’Etat : préfet, qui filtre les informations et n’en
répercute que quelques-unes…

Les outputs sont les réactions, les réponses du système politique. Ils peuvent être :
 Des réponses institutionnelles.
Ex : Le discours sur l’Etat de L’Union aux USA ; le discours du trône prononcé tous les ans
par la Reine d’Angleterre devant les Communes et les Lords réunis,…
 Des réactions plus simples.
Ex : après les manifestations contre les retraites, Sarkozy s’exprime en Conseil des Ministres.

Le feedback est modification du système suite aux outputs, c’est un échange d’information.
Si la boucle de rétroaction de fonctionne pas, il se peut que le système soit en danger de mort.
Ex : Chute de Louis XVI est peut être due au fait qu’il a ignoré les
envies/besoin/revendications de la population {l’époque. La réponse apportée n’a pas suffi =
il n’a pas eu de feedback car Louis XVI n’a pas tenu compte des outputs.
Plusieurs exemples de l’importance du feedback dans d’autres domaines :
 Syndicats qui prévoient d’autres manifs concernant les retraites, puis les gouvernants
précisent que la majorité a pris sa décision, puis il y a de nouveaux des
manifestations,…
 Appliqué à une entreprise : si une partie du personnel fait grève alors que l’autre ne
fait pas grève. S’il n’y avait aucun soutien mais que des demandes, le système
exploserait.
 Dans le cas de l’Ex-URSS le parti n’a peut-être pas su répondre aux demandes. Il y
avait des demandes, mais les tentatives de réponses étaient inadaptées. Dans le cas de
la Perestroïka, les tentatives de modernisation ne correspondaient déjà plus aux
nouvelles demandes.

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B. Le modèle « télégraphique » de Claude Shannon et Warren Weaver (texte page 35
Fascicule 1)
Claude Elwood Shannon (30 avril 1916 à Petoskey[1], Michigan - 24 février 2001 à
Medford, Massachusetts) est un ingénieur électricien et mathématicien américain. Il est l'un
des pères, si ce n'est le père fondateur, de la théorie de l'information. Son nom est attaché à un
célèbre « schéma de Shannon » très utilisé en sciences humaines, qu'il a constamment
désavoué.
Warren Weaver (17 juillet 1894, 24 novembre 1978) était un scientifique américain,
mathématicien et administrateur de la recherche. Il est principalement connu comme un des
pionniers de la traduction automatique et comme une importante figure de la promotion des
sciences aux USA à travers la Fondation Rockefeller. Il a développé en 1944 la théorie de
l'information en collaboration avec Claude Shannon. Il est aussi l'inventeur en 1938 du terme
de Biologie moléculaire.
Ces deux chercheurs américains ont réfléchi aux modalités d’un processus de transmission
de l’information. Ils étaient à l’aube des recherches faîtes dans ce domaine. Ils ont mis au
point une grille d’analyse baptisée, le modèle télégraphique (ou modèle mathématique). Ils
se sont intéressés uniquement au processus de transmission des informations : ce qu’il se
passe lorsqu’un émetteur lance un message jusqu’au récepteur.
Ce modèle s’appelle ainsi car il ne prend pas en compte le feedback, c'est-à-dire qu’un
processus de communication puisse être circulaire.
Le processus de communication est présenté comme linéaire : de l’émetteur au récepteur
sans aucune retombée.
Ils s’attachent à la qualité du message transmis. La question qu’ils se posent est : y’a-t-il une
distorsion entre le message envoyé et le message reçu ?
Ils font entrer dans les sciences de la communication la notion de rapport signal/bruit
(s’exprime en décibel) et qui décrit qu’un message peut être perturbé lors de sa transmission.

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Un ou des bruits émis par une source externe viennent perturber la qualité du signal. Le
récepteur ne reçoit jamais un message rigoureusement identique à celui qui a été émis.
Le rapport signal/bruit s’exprimant en décibel détermine la qualité du signal reçu. Les
perturbations peuvent aussi être de source culturelle (langue), mais Shannon et Weaver ont un
but uniquement technique : celui d’améliorer les téléphones de l’époque (30s-40s), ils sont
tous les deux payés par la compagnie Bell. Ce modèle a été largement critiqué car il ne tenait
pas compte du feedback.

C. Le Courant de la Cybernétique
a. La cybernétique comme « science de gouvernement des sociétés » selon Karl
DEUTSCH.
 Cybernétique : terme souvent associé à la robotique, car le robot a un fonctionnement
similaire à celui d’un système (il réagit aux inputs reçus de l’environnement, etc.). Dans les
années 40, le mathématicien Karl DEUTSH l’a défini comme« la science de gouvernement
des sociétés des hommes ». Il constate qu’il existe des similitudes entre l’art de gouverner un
navire et celui de gouverner des sociétés humaines, où la trajectoire n’est pas forcément la
ligne droite car il faut tenir compte de paramètres aussi bien internes qu’externes. D’où le
choix du mot cybernétique : vient du grec kubernetes qui signifie gouvernail. Le capitaine du
bateau doit prendre en compte certains paramètres internes (taille du bateau, forme de la
coque,…), et des paramètres externes (marées, courants, vents…) Karl Deutsch est un
informaticien, dans les années 40 travaillant au MIT (Massachussetts Institut of Technology).
Il va globaliser un modèle mis au point par Norbert Wiener.
Wiener est un expert consulté par le Pentagone. En 1940, les US sont prêts à entrer en guerre
et l’état-major réalise qu’il a un adversaire très puissant, le Japon. De plus, les US vont devoir
se partager entre deux fronts. Le souci des généraux est de pouvoir lutter contre l’aviation
japonaise et l’aviation allemande. On demande alors à Wiener de mettre au point un système
automatisé, permettant à une pièce aérienne de suivre un avion. Après mise au point de son
appareil, il s’aperçoit lors de test que la pièce d’artillerie s’arrête de bouger. A la cantine du
MIT, il rencontre un neurophysiologiste Rosenbluth.
Rosenbluth fait le parallèle entre un système mécanique, celui de Wiener et le système
naturel d’un patient qui ne parvient pas à boire un verre d’eau car son geste s’arrête. Si le flux
s’arrête entre inputs et outputs, l’information n’arrive pas à terme et la finalité n’est pas
atteinte. Cela montre toute l’importance du feedback.

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Wiener va élargir les analogies entre le système mécanique, le système naturel et le système
politique.

 Load : quantité des informations relatives à la trajectoire que l’artilleur


reçoit de l’avion. Plus le load (poids) est léger, plus il sera facile d’atteindre la cible.
 Camion/avion : Si la trajectoire reste identique : à chaque instant, les informations
seront les mêmes : la décision de tir est facile. Si la trajectoire change beaucoup : la
décision de tir de l’artilleur sera plus difficile.
 Société : le citoyen est une cible. En utilisant l’exemple des retraites : les inputs sont
les revendications communiquées par les syndicats au gouvernement. Le poids des
informations (le load) peut être très élevé car les syndicats n’ont pas forcément la
même position. Lag : c’est le temps de réponse. Combien de temps le système a-t-il
besoin pour répondre ?
 Avion/Camion : le camion reçoit des informations en provenance de l’avion. La
position de tir se trouve modifiée à chaque instant. Il y a un temps de réponse qui n’est
pas immédiat car la pièce d’artillerie doit créer des problèmes de force d’inertie  Les
systèmes les plus perfectionnés ont un lag très faible. Système politique : c’est le temps
que requiert une réponse politique à une manifestation politique par ex. Plus la
décision est centralisée, plus elle est rapide. Ex : combien de temps, le président des
USA a-t-il pris pour décider que les USA allaient entrer en guerre contre le Japon
après Pearl Harbour ?

Le lag dépend du système politique. Dans certains systèmes, il faut du temps car la
constitution prévoit que l’entrée en guerre doit être une décision commune aux chambres élus.
Il faut alors attendre que cette décision soit votée.

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Ex : En avril 1961, en France, a lieu le Putsh des généraux (Raoul Salant, Maurice Challe,
Edmond Jouhaux , Andrée Zeller). De Gaulle réagit immédiatement en prenant les pleins
pouvoirs (utilisation de l’Article 16). Il a pris sa décision moins de 24h après le Putsh : le lag
ici est très réduit.

 Gain : c’est l’avantage attendu par l’artilleur du résultat de son tir.


 Camion/Avion : l’avantage attendu est qu’après que l’avion ait été détruit est d’être
tranquille. Le gain est l’avantage escompté avant la prise de décision, puis il devient le
gain obtenu après la prise de décision.
 Système politique : apport d’une intervention politique. Réflexion sur les retombées
futures après la prise de décision.
 Seconde Guerre Mondiale : dans le cas de Pearl harbour : c’est le moment à partir
duquel les américains ont exprimé leur suprématie militaire. Lors de la 2GM, le gain est
considérable. A l’inverse, qu’en est-il de la décision de Kennedy d’envoyer des marines au
Vietnam ? ou encore, plus récemment, d’envoyer des soldats en Afghanistan ?
 Guerre du Vietnam : au départ, sur les questions nationales, il y a unanimité. Puis,
peu {peu, il y a une fracture dans l’opinion. Dans le cas du V., la guerre était asymétrique
{l’avantage des américains. On peut dire que le gain n’a pas été positif dans la mesure où le
conflit est devenu très impopulaire.
 Guerre en Irak : le gain n’a pas été positif pour Bush qui a vu son parti battu aux
élections suivantes. Les objectifs étaient la chute de Sadam Hussein, l’instauration de la
démocratie. Les américains se sont basés sur leurs interventions en Europe et au Japon lors de
la 2GM, mais ont oublié le fait qu’ils avaient alors affaire { des pays industriels.

 Lead : c’est la distance-temps. Plus le lead est important, plus le système aura du
temps pour réagir.
 Camion/avion : C’est la distance temps qui sépare le moment où l’avion a été détecté
et l’endroit où il a été détruit. L’artilleur a intérêt {avoir un maximum de temps pour
réagir. Il y a un lien avec le lag (le temps de réponse)
 Système politique : on s’aperçoit que lorsqu’un gouvernement est saisi de questions
qu’il doit résoudre rapidement, il aura un lead faible et il devra réagir rapidement. Il
risque alors de prendre les mauvaises décisions. Si le lead est important, il aura plus de
temps pour peser le pour et le contre de l’ensemble des décisions qui lui seront
présentées et alors de choisir la meilleure.

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Ex : dans le cas des vagues de suicide chez France Telecom, la réaction de la direction a
d’abord été une catastrophe car le président {déclaré « j’espère que cette mode des suicides va
bientôt s’arrêter ». Le lead est : qui s’est suicidé ? Comment s’est-il suicidé ? A-t-il laissé un
mot ?

Ce modèle d’analyse s’applique surtout à la prise de décision (ex : communication au sein


d’une entreprise), permettant d’en mesurer l’efficacité.
Un système capable de maîtriser ces quatre facteurs est efficace et viable. Dans le cas
contraire, la pression de l’environnement sera tellement forte que le système disparaîtra.
L’information doit circuler librement et sans entrave. Il peut également y avoir surinformation
(si les gatekeepers ne jouent plus leur rôle), désinformation ou mésinformation.

b. Agotha Kirstof : le grand cahier


Dans les pays anglo-saxons, en matière de journalisme le fait est traditionnellement séparé du
commentaire (moins valable aujourd’hui).
Dans la presse française, on mélange les deux  risque de distorsion.

c. Weaver : la théorie de l’information (texte page 35)


On essaye d’atteindre l’isomorphie, c'est-à-dire que le message reçu soit le même que le
message envoyé. Weaver va au-delà de la problématique purement technique abordée par
Shannon. Il y a trois niveaux de problèmes de communication :
 Les problèmes techniques : le transfert du message est-il exact ? (qu’il soit une série
de symboles, un signal ou un pattern comme la télé)
 Les problèmes sémantiques : l’interprétation du récepteur est-elle identique à
l’intention de l’émetteur ?
 Les problèmes d’efficacité : la signification convoyée jusqu’au receveur provoque-t-
elle la conduite désirée ?

Pour Weaver, communiquer c’est exercer une influence. Il inclut l’art dans sa définition de
la communication, car l’art peut véhiculer des valeurs ou des opinions par son contenu.
Ex : Guernica de Picasso, Le Sacre de Napoléon par David, utilisation des œuvres de Wagner
par le régime Nazi.
Shannon et Weaver sont considérés comme les inventeurs du langage binaire qui a permis
le développement du langage informatique. On passe aujourd’hui de l’âge analogique à l’âge

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numérique, les contenus s’alourdissant énormément avec le son et l’image. L’information
analysée par Weaver est brute, c’est un contenu quantifiable. Mais une information peut
également être porteuse de sens.

d. Don Jackson : L’homéostasie familiale, 1952-1953 (P .18)


Don Jackson rejoint dans les années 50 l’école de Palo Alto. Cette école est connue pour son
travail en psychologie et en sciences de la communication. Don Jackson travaille notamment
sur la schizophrénie. Don Jackson reprend la théorie de Sullivan qui analyse les personnalités
sur le mode de relations interpersonnelles.
Le processus d’homéostasie, analysé par Walter CANNON et Claude Bernard, a d’abord
été observé dans la mécanique (forme de régulation). JACKSON l’applique au milieu
clinique (psychiatrie).

Dans le domaine physiologique, l’homéostasie est un processus biologique qui permet { un


système de se maintenir en équilibre dans l’environnement dans lequel il est placé.
Ex : si l’on pousse le chauffage dans une pièce aux fenêtres et aux portes bloquées, nos
organismes au lieu de lutter vont s’adapter au nouvel environnement (ralentissement des
pulsations cardiaques....). Elle est possible grâce à la sécrétion d’une substance par les glandes
surrénales : l’adrénaline.

L’auteur dit que le texte a été rédigé entre 1952 et 1953. Il traite de la question de
l’homéostasie familiale. Jackson fait une analyse très intéressante de l’homéostasie puisqu’il
l’étend à la cellule familiale. L’homéostasie est l’équilibre d’un système. Chez Jackson, la
« famille » est entendue au sens large puisque ce sont tous les individus qui constituent le
cercle intime du patient. Dès lors, le patient n’est plus considéré comme une individualité,
mais bien comme une entité au sein d’un tout. Selon Jackson, dans la famille, il existe des
effets rétroactifs entre les individus d’une famille qui permettent de maintenir l’équilibre.
Dès lors qu’un individu malade est soigné, Jackson préconise qu’il faille soigner toute la
famille, c'est-à-dire, travailler pour trouver un nouvel équilibre autour du patient guéri.

Jackson influence durablement l’école de Palo Alto, notamment avec deux hypothèses.il
fonde notamment la thérapie familiale systémique, c'est-à-dire que si un membre de la
famille présente des troubles psychiatriques, il ne fait pas s’employer à ne soigner uniquement
cet individu mais l’ensemble de la famille. Pas que la famille entière soit malade, mais que

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l’équilibre de celle-ci soit liée à la maladie du membre en question. Ainsi, si le psychiatre
intervient, il convient de modifier l’équilibre de l’ensemble de la famille.
Ex : couple dont la femme était frigide, après avoir été soignée, c’est l’homme qui a des
troubles de l’érection. Il faut donc soigner le système dans son ensemble afin de recréer un
nouvel équilibre.

Jackson donne une application sociale de l’homéostasie.


Jackson démontre l’importance des relations internes d’un groupe, l’importance de la
circulation de l’information, l’importance du feedback. La rétroaction peut alimenter un
processus de relation en augmentant l’intensité de ces réactions.
Ex: Une personne en colère en agresse une autre, même si celle-ci est calme, comme elle est
agressée, elle va se mettre en colère aussi. Du coup, sa colère va augmenter celle de l’autre.
Ici l feedback est positif car il y a une augmentation. Si par contre celui qui est agressé essaie
de calmer le jeu, alors le feedback sera négatif car il va se calmer.

Conclusion :
Peut-on appliquer l’homéostasie chez France Télécom ? Y a-t-il eu un équilibre avec ce
nouveau mode de gouvernance ? Apparemment non, étant donné le nombre de suicide. On a
eu ici l’application d’un concept en usage dans la mécanique ou physiologie au champ de la
psychiatrie.

D. Régis Debray : La Loi des Trois Etats, P.14


Régis Debray est normalien, agrégé de philosophie, compagnon du Che en Bolivie, à la fin
des années 60, début 70. On voit des photos archives montrant Debray s’engageant, même
s’il assure ne pas avoir combattu et être resté un idéaliste. Il a été capturé par l’armée
Bolivienne et condamné. Il a été libéré suite à une intervention de De Gaulle. A son retour en
France, il réintègre le milieu universitaire. En 1981, Mitterrand le nomme conseil spécial pour
les affaires du Tiers Monde. Ce fut l’un des sherpa (porteur népalais) de Mitterrand. Le plus
célèbre était Jacques Attali. Il liquide l’Elysée après avoir exercé ses fonctions et retourne à
l’université. En 1985, il publie son cours de médiologie générale fait d’une douzaine de
leçons, tirées de ses cours. Une des dernières leçons est La loi des trois états.
D’après MACLUHAN (école de Toronto), on peut ramener l’histoire de l’humanité à
celle des moyens de communication utilisés par l’homme. Cette histoire est passée par
deux étapes qu’il appelle des « galaxies » :

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 La galaxie Gutenberg (inventeur de l’imprimerie) : âge du papier
 La galaxie Marconi (inventeur de la Transmission Sans Fil [TSF]) : âge de
l’électronique

Pour Debray, l’histoire de la communication est celle de la transmission des messages,


qui s’est faîte à travers 3 âges (et autant de moyens de transmission) qu’il appelle des sphères.
La pensée est tributaire de la technique. C’est le mode de mise en mémoire qui va
déterminer le mode de pensée et permettre la transmission. Sa pensée peut en cela se
rapprocher de la démarche de l’Ecole de Toronto qui fait dépendre le spirituel du matériel.
Ces trois sphères sont :
 La logosphère : milieu «techno-culturel» caractérisé par la domination de
l’écriture. Le savoir et la culture sont transmis par le verbe : la parole est le principal
moyen de transmission, la plupart des gens étant illettrés. Ex : les religions du livre
(dans les sociétés africaines incapables de déchiffrer le Coran il est répété, psalmodié
→ l’élève qui récite est marqué par un rythme, la transmission est non seulement
verbale mais également physique). La catégorie sociale qui domine est le clergé (la
vérité est dans la parole divine).
 La graphosphère : dominée par l’imprimerie : LES livres remplacent peu à peu LE
livre.
 La vidéosphère : règne des technologies de l’audiovisuel (image accompagnée par le
son, analogique).

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On est peut-être en train de passer à une autre époque, dominée par le numérique. Debray fait
remarquer qu’une technique ne chasse pas forcément l’autre.

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Partie 2 : Les théories relatives à la communication non verbale
L’école de Palo Alto : p 41
C’est une école de pensée que l’on a baptisé le « Collège Invisible » car contrairement { la
plupart des écoles de pensée, c’est une école de circonstance. La plupart des membres de cette
école ne se sont jamais rencontrés physiquement. C’est une école sans mur. Les membres
communiquaient par voie épistolaires. L’axe fondamental de cette pensée est de soutenir
l’idée selon laquelle il existe de multiple forme de communication en dehors de formes
classiques, notamment en dehors de la communication verbale. La gestuelle est une forme de
communication. Le fait de mettre en présence des personnes qui n’échangent aucun mot, c’est
de la communication.
L’un des auteurs les plus intéressants de cette école est Edward T.Hall, un anthropologue né
en 1914. Son œuvre est dominée par deux ouvrages : La dimension cachée et Le langage
silencieux. Il met en avant la notion de proxémique en communication. Si certains
développements semblent évidents, jamais aucun chercheurs n’avaient développé ce thème. Il
met l’accent sur l’importance de la distance géographique dans la communication.

A. La dimension cachée
HALL se base sur les observations de divers chercheurs qui ont observé les relations
entre les animaux et leur comportement dans l’espace : c’est l’éthologie. Il observe qu’il
existe des sphères invisibles autour de chaque sujet, un peu comme si chaque animal était
enfermé dans une bulle. Lorsque la bulle est franchie par un autre, l’animal peut avoir deux
réactions en fonction de la distance:
 La distance de fuite : lorsqu’elle est franchie l’animal s’enfuit par crainte d’être
agressé ou importuné.
 La distance critique : tellement rapprochée que l’animal se trouve à portée directe de
l’intrus : craignant d’être attaqué, il va alors se défendre.
Ex : on observe ces distances lorsque des oiseaux sont sur des câbles électriques. Ils sont
situés à certaines distances les uns des autres. Lorsqu’un oiseau d’une autre espèce se pose
également sur le fil, on observe que l’on passe de la distance de fuite à la distance critique.
Ex : En matière de surpopulation, on observe que les sujets deviennent agressifs entre les
différents sujets car la distance de fuite ou critique ont été franchies. On peut aussi observé
dans certaines espèces des cas de suicide lorsque la surpopulation est trop insupportable. De
là, les migrations.

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Ces observations sont transposées par HALL dans les relations humaines. Chez l’animal
c’est l’instinct qui est à l’origine de ces distances, tandis que chez l’homme il y a aussi une
dimension culturelle : selon les époques et les pays, ces distances varient. Pour HALL, la
dimension cachée est cette forme de communication par la distance qui peut s’établir
entre les individus, c’est-à-dire l’existence de bulles invisibles. Il affirme qu’il existe 4 types
de distance dans les relations humaines, et pour chaque type de distance il y a deux
dimensions.
 La distance intime :
 Dimension proche (0 cm) : s’observe lorsqu’il y a un contact physique direct entre les
sujets (se touchent).
Ex : acte sexuel, lutte gréco-romaine (!)
 Dimension éloignée (de 15 à 45 cm) : il n’y a pas contact mais la proximité est telle
que les individus peuvent se toucher. Dans la sphère intime la vision que l’on peut avoir de
l’autre est déformée car les individus sont obligés de loucher.

 La distance personnelle :
 Dimension proche (de 45 à 75 cm) : les individus sont obligés d’étendre les membres
pour avoir un contact, mais on reste dans une sphère de relative intimité. C’est la distance à
l’intérieur de laquelle on peut se confier (chuchotement)
 Dimension éloignée (75 à 125 cm) : la distance habituellement observée dans une
conversation à deux ou à plusieurs entre des individus qui se connaissent. Il faut parler à voix
normale pour s’entendre.

 La distance sociale :
 Dimension proche (1m25 à 2m10) : les individus peuvent communiquer normalement
en se parlant. Sans élever la voix les individus se comprennent aisément ; personnes qui se
côtoient quotidiennement, notamment dans le cadre du travail.
 Dimension éloignée (2m10 à 3m60) : il s’établit des relations de type hiérarchique. Ex
: un entretien d’embauche. C’est une distance «protocolaire» (plus elle est éloignée plus le
protocole sera rigide). Les individus ont un contact visuel et oral.

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 La distance publique. Dimension proche (3m60 à 7m50) : distance
pour laquelle les individus doivent faire l’effort d’élever la voix pour se faire
comprendre. En même temps, plus on approche de 7m60, plus la précision de la
vision va diminuer. Dimension éloignée (7m50 et +) : distance d’un orateur face à
un public. La hiérarchie est encore plus marquée et l’orateur doit appuyer ses
propos par des gestes. C’est à cette distance qu’intervient la théâtralité dans la
communication (exagérations dans l’intonation, gestes...). L’orateur ne distingue
plus le public. Avec ce schéma, HALL propose une grille d’analyse. Selon les
cultures, ces distances peuvent changer fondamentalement.
Ex : dans les cultures du Maghreb il n’est pas choquant de voir les gens pratiquer la distance
personnelle : un peu comme si l’absence de contact physique ne permettait pas à la
communication de se faire efficacement.
Un protocole républicain sera toujours plus léger qu’un protocole monarchique. Lorsque
Giscard d’Estaing a accédé au pouvoir, il a voulu simplifier le protocole entourant la
présidence de la république (visible notamment dans les portraits officiels, démocratisés, où il
est photographié en costume de ville). Ce protocole était présent dans les monarchies
anciennes, et l’est toujours dans certaines monarchies actuelles : tourner le dos à la Reine
d’Angleterre est une insulte (visible dans The queen de Stephen Frears). Les premiers
ambassadeurs envoyés au Siam, à l’époque de Louis XIV, ont noté la complexité du
protocole, qui existe toujours même s’il a été allégé. Le protocole montre une volonté de
marquer la différence dans la position sociale. En dehors des distances qui existent
culturellement, ces distances protocolaires sont créées artificiellement pour marquer le statut
de la personne avec laquelle on est en contact.

Texte « communication et proxémie »


• Mot clé principal : «culture», «culturel». Au début des années 50, HALL soutenait que la
culture était basée sur des modèles linguistiques. Avant la culture il y a ce qu’il appelle la pré-
culture, qui est à la base d’un mode de communication. Il adhère donc aux idées de Palo
Alto en reconnaissant que la communication n’est pas que verbale.
• L’intérêt des études de HALL est qu’on peut par exemple les appliquer à l’architecture et
l’urbanisme. La reconstruction d’une ville peut être un échec si on construit des habitats non
adaptés à la culture locale. Dans les pays arabes l'architecture des maisons est ordonnée
autour d’un riad (jardin) qui est le centre de la maison et autour duquel tourne la vie familiale.
Les pièces qui donnent sur ce riad sont équipées de fenêtres à croisillons à travers lesquelles

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on peut voir mais ne pas être vu : secret mais aussi transparence. Il y a donc eu dans certains
pays des échecs de l’utilisation d’une architecture occidentalisée.
• On peut commettre des impairs graves en ne respectant pas ces distances. Ex : médias
anglais choqués du comportement de Chirac envers la Reine d’Angleterre, lorsque par
galanterie (française) il lui a pris le bras... or on ne touche pas la reine. 15

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B. Le langage silencieux (1959), par Hall
a. Les composantes de la culture
HALL s’est intéressé à la dimension de l’espace (voire plus haut), à celle de la langue et à
celle du temps. C’est ce qu’il appelle la «triade fondamentale», inhérente à toutes les formes
de cultures. Il établit une hiérarchie : la communication par l’espace est la plus
importante. HALL s’attaque à un préjugé tenace : celui que pour toute personne, une culture
étrangère se compose d’abord de tous ses éléments folkloriques. Or la réalité est tout à fait
différente : pour lui la culture englobe toutes les composantes cachées en vertu desquelles
les individus se comportent. Pour étudier une culture, il convient de s’attaquer d’abord aux
composantes qui la structurent.

HALL distingue trois composantes, pour lesquelles il donne l’exemple du ski :


 Formelle : la pratique du ski est formelle pour toutes les populations qui vivent
dans le Grand Nord et qui l’utilisent quotidiennement comme moyen de
transport. La connaissance formelle s’apprend par l’injonction, la remontrance, c’est
un apprentissage du quotidien. La pratique formelle du ski se transmet donc de
génération en génération, très tôt.
 Informelle : le ski pratiqué de manière occasionnelle lorsqu’on va aux sports
d’hiver. Les skieurs informels savent utiliser l’outil, mais pas expliquer comment
l’utiliser. Cette connaissance informelle fait référence à un modèle que l’on cherche à
imiter (le moniteur).
 Technique : le ski technique est celui qui est pratiqué par les professionnels
(sportifs de haut niveau). Il est plus scientifique et la connaissance se transmet de
maître à élève.
Cette formule peut être appliquée à l’ensemble de l’activité humaine.

b. Les notions appliquées à ces composantes


A chaque élément de cette structure vont s’appliquer des notions. HALL en distingue trois.
 La connaissance :
 La connaissance formelle se retrouve essentiellement dans l'éducation
familiale (la culture se transmet de parent à enfant) et distingue ce qui est
permis de ce qui est interdit. C’est par extension ce que BOURDIEU appelle
l’habitus. Il est constitué par les injonctions que l’on inculque aux jeunes
enfants. BOURDIEU analyse cette connaissance formelle comme une

18
formation qui paraît de prime abord anodine («tiens-toi bien à table»), mais qui
en réalité contribue à structurer l’esprit du futur adulte.
 La connaissance informelle : la pratique répétée permet d’acquérir des
réflexes et de maîtriser certains aspects de la culture à laquelle on appartient
 La connaissance technique contient toute la transmission scientifique
réalisée par des experts.

 La conscience :
 La conscience formelle est constituée par tout ce qu’une personne acquiert dans
son apprentissage. Il s’agit d’un héritage culturel tellement ancré dans les esprits que
l’individu a du mal à concevoir qu’il puisse exister d’autres modes de comportement.
 La conscience informelle se compose de comportements acquis, même si ceux-ci
sont devenus automatiques et qu’on les observe de manière machinale.
 La conscience technique est faite de comportements acquis auprès d’un maître et que
l’on pratique de manière consciente.

 L’affect
 L’affect formel est l’ensemble des règles/commandements qui doivent être
observés par chacun au sein d’une culture. C’est ce que l’on trouve par
exemple dans les guides de voyage («Faites, ne faites pas»).
 L’affect informel concerne les réactions suscitées par des comportements qui
enfreignent les règles.
 L’affect technique : les individus ont la maîtrise entière de la situation,
notamment celle de leurs propres émotions.

Tous ces éléments se retrouvent dans les processus de communication. Pour ce qui est du
langage, le premier constat est de noter que d’une langue { l’autre les concepts peuvent être
différents, ce qui peut conduire soit à des quiproquos culturels sans conséquences majeures
soit à des erreurs plus graves si on se place par exemple dans le cadre des relations
diplomatiques. D’où le rôle crucial de l’interprète.

c. Le rôle du langage et le rôle du temps comme acteurs de la communication


HALL constate que le langage est construit autour de séries, de notes et de schémas.

19
 Une série est composée de mots dont la fonction est de désigner un objet ; elle se
caractérise donc par son côté objectif
 Une note est au contraire chargée de subjectivité dans la mesure où le locuteur
ajoute une charge émotionnelle
 Un schéma découle de la culture à laquelle on appartient

i. Le langage
Ces éléments sont très variables d’une culture à l’autre, ce qui peut poser problème dans
un processus de communication. Lorsque l’incompréhension parvient à un point de non-
retour, le seul langage commun est la violence. HALL constate que selon les cultures
tel ou tel élément sera mis en valeur par rapport aux deux autres.
Ex : dans la langue esquimau les expressions utilisées pour désigner la neige sont très
nombreuses, contre seulement quelques-unes dans des langues comme le français.

Dans certaines langues les mots peuvent avoir, selon l’intonation qu’on leur attribue, des
significations différentes. Il peut également y avoir des mots dont la signification est opposée
mais dont la prononciation est très proche. HALL désigne par «langage silencieux» tout ce
que l’on peut trouver dans les comportements et acquis culturels qui peut constituer un
langage en soi.

ii. Le temps
La façon d’appréhender le temps est très différente d’une culture { l’autre, et constitue un
langage en soi. HALL dit notamment que le temps «parle plus simplement que les mots»,
dans la mesure où il est utilisé de façon moins consciente. L’avantage du temps est qu’il n’est
pas dénaturé comme le langage parlé. Le temps dit la vérité, alors que les mots peuvent
mentir.

HALL va donc appliquer sa distinction au temps :


 Temps formel : chaque individu se réfère de manière plus ou moins consciente à
son passé mais aussi à son avenir
 Temps informel : possède une charge subjective, reflète le poids de la culture de
chacun. On établit une hiérarchie en fonction de la durée que l’on assigne { tel ou tel
instant. Ex : le retard qui est une impolitesse grave aux Etats-Unis (le temps est lié

20
{ l’argent), mais qui est inscrit dans les cultures arabo-musulmanes où le temps ne
compte pas. Les repères sont donc également des limites.
 Temps technique : le temps qui est mesurable quantitativement (mesure
mathématique objective). Il y a cependant également des repères élastiques («le quart
d’heure aixois»)

Plus un individu est pressé, plus le temps paraît long (ex : embouteillage). HALL parle
également du «moment» : il y a dans la culture occidentale des moments où on ne doit pas
déranger quelqu’un, qui sont neutralisés (ex : le weekend), car cela constituerait une intrusion
dans la vie privée.

Dominique WOLTON, Informer n’est pas communiquer.


C. Boris Cyrulnik (p.33) : travaux sur la notion de résilience
Boris Cyrulnik, né le 26 juillet 1937 à Bordeaux, est un neurologue, psychiatre, éthologue et
psychanalyste français. Responsable d'un groupe de recherche en éthologie clinique à l'hôpital
de Toulon et enseignant l'éthologie humaine à l'université du Sud-Toulon-Var, Boris Cyrulnik
est surtout connu pour avoir développé le concept de « résilience » (renaître de sa souffrance).
Il a aussi apporté des précisions au terme « oxymore », mais sa contribution à la science
réside dans son engagement : Boris Cyrulnik voit d'abord l'éthologie comme « un carrefour de
disciplines [1] ». Il est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la
Décennie de la culture de paix et de non-violence.

Travaux cliniques sur la notion de résilience : aptitude à surmonter un choc immense en


s’adaptant. Boris Cyrulnik a lui-même survécu à un traumatisme, le ghetto de Varsovie. On
peut aussi penser au chanteur Corneille dont la famille a été massacrée sous ses yeux au
Rwanda. Aux US, un centre ICT (http://ict.usc.edu/) créé par l’intermédiaire d’Hollywood, de
l’armée et d’une université travaille sur la thérapie à travers les jeux vidéo. Il s’agit
notamment de soigner les militaires qui reviennent d’Irak ou d’Afghanistan. Le but non avoué
de cet institut c’est la propagande en faveur de l’intervention américaine au Moyen-Orient.
On peut comparer la résilience à l’homéostasie. C’est un processus physique et physiologique.

21
Partie 3 : Analyse des approches théoriques de la Communication de Masse
A. Le schéma de la communication de masse
a. Le modèle de LASWELL : la question programme
Les 5 W, modèle pour décortiquer le processus de communication : Who says what to whom
by which channel with what effect ?

 Who : on parle de l’émetteur. C’est un premier questionnement qui permet de


s’interroger sur l’identité véritable de celui qui s’exprime.
Ex : du discours de la reine pour l’investiture sur le trône : on pourrait penser que l’émetteur
est la reine, mais ce n’est pas elle qui a rédigée son discours, c’est le Premier Ministre. Mais
le Premier Ministre n’est pas non plus l’émetteur parce qu’il n’est pas le seul à avoir travaillé
sur ce discours.
Ex : Emile Ajart (Romain Gary) a décroché le Goncourt, il a mystifié tout le monde pour La
vie devant soi. « Who » n’est pas toujours celui qui s’exprime réellement, mais quelqu’un
qui veut rester en retrait mais qui a néanmoins une grande influence. What : Cela dépend s’il
s’agit d’une analyse quantitative ou qualitative lorsqu’on s’intéresse au contenu. Une analyse
quantitative permet de cibler les sujets récurrents. Alors qu’une analyse qualitative permet
de mettre en avant le sujet du récit. Si on compare les JT de TF1 ou d’Arte, on voit que les
centres d’intérêts des deux chaînes sont très éloignés. Le journal de Jean-Pierre Pernau est
qualifié de « pétainiste » car très attaché à la terre. Faut-il en conclure que la logique du
marché est en contradiction avec l’éthique ? Ce n’est pas un hasard si le BVP a transformé
son action pour devenir une autorité. Whom : les cibles sont différentes selon le contenu des
discours. Ex : les radios sont classées en 5 catégories. Selon les formats de radios on a un ou
des publics attitrés : le format de Skyrock, n’est pas celui de Nostalgie, on ne vise pas du tout
le même public. Veronique Cayla est la nouvelle présidente d’Arte.
 Which Channel ? analyse du support. C’est un questionnement qui est utile par
exemple lors d’une campagne électorale
 With what effect : c’est le feedback. Quels peuvent être les effets d’une alerte.
Récemment il y a eu un lanceur d’alerte sur les LED et leur effet néfaste sur la vue
notamment chez les enfants.

Ce schéma permet de décrypter tout processus de communication. Il ne faut pas le


confondre avec les questions classiques que se pose un journaliste. On pourrait aussi se
demander pourquoi la communication se fait, ex : la communication de crise. Le remaniement

22
ministériel en cours est une opération de communication (choisir Borloo recréerait de la
confiance).

b. La fonction des médias selon Bernard Cathelat (fasci. 2 p1)


La fonction «antenne» :
On pourrait aussi appeler «fonction relai». Les médias relaient des informations sur ce qui
s’est passé dans d’autres pays ou cultures. Le NOMIC (Nouvel ordre mondial de
l’information et de la communication) : l’essentiel des informations circulant dans le
monde proviennent de la poignée d’agences mondiales qui travaillent { l’échelle de la
planète, qui sont toutes des agences occidentales. Dans les années 70 une revendication est
née pour pointer le doigt sur cette inégalité, car l’image donnée des pays du Sud était très
négative (on rapportait seulement les coups d’Etat, la corruption, les catastrophes
naturelles...). Notamment Sean MacBride, un des fondateurs d’Amnesty International. Cette
revendication demandait aux pays occidentaux de ne pas mettre l’accent uniquement sur les
aspects négatifs, mais également sur les progrès accomplis.
L’information est uniformisée non seulement au plan national mais aussi au plan global,
car l’immense majorité des contenus d’un journal vient des agences (seulement 12% des
contenus sont produits en interne). C’est pourquoi un journaliste britannique a appelé cela, par
dérision, «Churnalism» (du verbe to churm : produire en grande série).

La fonction «ampli» :
La redondance amplifie la prise de conscience d’un phénomène. Cette fonction évoque
une autre technique de communication : la technique de répétition utilisée par la propagande.
Dans Essai sur la propagande politique, Jean-Marie DOMENACH définit les règles de la
propagande politique :
 La loi de simplification et l’ennemi unique : le langage utilisé doit être simple voire
simpliste
 La loi de répétition : consiste à marteler le même message jusqu’{ ce qu’il soit
intégré et fasse partie des réflexes du public. DOMENACH cite notamment les Nazis
(«Ein Volk, ein Reich, ein Führer»)
 La loi d’orchestration : tous les médias doivent s’unir pour relayer le même message
(propagande totalitaire)

23
 La loi de transfusion : dans les systèmes totalitaires on semait d’abord le doute dans
l’esprit du propagande en lui suggérant que tout ce qu’on lui avait appris était faux
(critique des valeurs établies), avant de lui transfuser les idées nouvelles. On retrouve
cela dans la publicité, notamment comparative.
 La loi de contagion : on la retrouve dans la fonction prisme et la fonction écho. Les
valeurs injectées vont se propager de proche en proche, le message totalitaire vise à
infiltrer tous les esprits.

c. « On ne peut pas ne pas communiquer », Paul Watzlawick (1978)


Paul Watzlawick, né le 25 juillet 1921 à Villach (Autriche) et mort le 31 mars 2007 à Palo
Alto (Californie) est un théoricien dans la théorie de la communication et le constructivisme
radical, membre fondateur de l'École de Palo Alto. Psychologue, psychothérapeute,
psychanalyste jungien et sociologue, ses travaux ont porté sur la thérapie familiale et la
psychothérapie générale.
En 1977, Paul Watzlawick précisait dans un entretien avec Carol Wilder, publié dans
Journal of Communication (vol. 28, n °4, 1978), le sens de certaines de ses analyses.
La problématique est dans l’intitulé : c’est le cœur même de l’interrogation des sciences de
l’information et de la communication. WATZLAWICK fait partie de l’école de Palo Alto.

Pour lui, à partir du moment où deux personnes sont en présence il y a communication. Il


cite l’exemple de son collègue qui fait des claquettes dans la pièce d’à côté, croyant être seul
→ il n’ose pas bouger pour ne pas le gêner. Il y a donc communication même si elle n’est pas
intentionnelle. L’enjeu de la communication est la transmission d’un message, d’un
contenu quel qu’il soit. L’idée de transmission est intéressante car on inclut toute les autres
formes que le langage.

B. La persuasion et l’impact sur le public


Il faut partir des premières approches sur les médias de masse et leur influence directe sur les
publics. A ses débuts la propagande politique était basée sur un impact immédiat : on a
désigné ces approches sous le nom de «piqûre hypodermique». En effet le processus de
communication agirait sur les masses comme une seringue sur un malade que l’on vaccine :
cela provoquerait l’adhésion à une idéologie. L’émetteur n’aurait donc pas besoin
d’intermédiaire pour exercer son influence sur le public. Dans le domaine commercial, la
communication publicitaire était également fondée sur ce principe : on voulait provoquer un

24
réflexe d’achat. Toutes les propagandes totalitaires (nazie, fasciste, soviétique) étaient basées
sur ce principe. Mais il a été attaqué par des chercheurs américains : Paul LAZARSFELD,
Elihu KATZ et Hazel GAUDET.

a. Le « Two-step flow of Communication » Par Lazarsfeld


Paul Felix Lazarsfeld (Vienne, Autriche le 13 février 1901 - 1976) est un sociologue
américain, d'origine Autrichienne. Il est particulièrement connu pour l'importance de ses
travaux sur les effets des médias sur la société et pour l'utilisation de techniques d'enquêtes
pour la collecte d'information, mais aussi pour sa contribution au développement de la
sociologie électorale.
Elihu Katz (né en 1926), est un sociologue américain, ainsi qu'un penseur et un analyste des
phénomènes médiatiques. On lui doit, en particulier, la réhabilitation de Gabriel Tarde.
L’École de Francfort est le nom donné, dans les années 1960, à un groupe d'intellectuels
allemands réunis autour de l'Institut de Recherche sociale fondé en 1923 et soutenu par le
mécène Felix Weil. Le philosophe Axel Honneth est actuellement considéré comme sa figure
principale. Connue pour ses illustres chercheurs, parmi lesquels on compte notamment
Theodor W. Adorno, Max Horkheimer, Herbert Marcuse et Walter Benjamin, son projet
initial était d'accomplir une analyse critique des sciences sociales dans une perspective néo-
marxiste. L'école de Francfort est notamment connue pour s'être penchée sur l'apparition de la
culture de masse dans les sociétés modernes, dont elle développera une critique à l'aide du
concept de l'« industrie culturelle ».

C’est LAZARSFELD qui est le plus connu : il appartenait à l’école de Francfort, et ses
recherches ont surtout porté sur l’influence exercée par les médias dans le domaine
électoral sur la décision des électeurs. Pour étayer sa thèse, KATZ va étudier l’impact des
campagnes électorales américaines entre 1940 et 48 (analyse de terrain avec enquêtes
d’opinion). Il aboutit à proposer un modèle qu’il baptise le Two-step flow of
communication.

25
Selon P. Lazarsfeld, les individus sont peu perméables aux messages des médias, du
moins de façon directe. En effet, les électeurs, en grande partie, choisissent de voter pour un
candidat donné en fonction de leur entourage. Parmi leurs proches, certains sont plus
influents : ce sont des « leaders d'opinion » (aussi appelés « relais d'opinion » ou « guides
d'opinion »). Or, ceux-ci ont comme particularité d'être à l'écoute des médias et de définir leur
position politique selon les messages qu'ils diffusent. Les leaders sont en situation d’analyser,
de filtrer l’information et de relayer ces informations vers les électeurs. Cela peut se faire au
cours de discussions, d’interviews, d’articles, des blogs,…

Ex : Cas des attentats à Madrid : alors que les trains explosent, Aznar précise qu’il faut
privilégier la piste de l’ETA alors qu’il s’agit d’attentats d’Al Quaïda. Mais comme on était
{la veille d’élections, Aznar ne voulait pas reconnaître que les attentats étaient liés à la prise
de position en faveur de l’intervention des USA. A la veille de l’élection, les gens ont reçu
des sms disant qu’Aznar avait menti.

Ces leaders d’opinion auraient une influence plus considérable que les émetteurs eux
même. Les conversations informelles avec les leaders d’opinion seraient plus influentes que
les médias. Il y aurait un flux en deux parties. Parmi les leaders d’opinion, on peut avoir des
journalistes spécialisés qui peuvent devenir des références dans leur domaine.

26
Ex : Cas de Tchernobyl : le gouvernement, qui est l’émetteur annonce qu’il n’y aura pas de
conséquences en France. Parmi les leaders d’opinion, on peut avoir des météorologues qui
communiquent sur le déplacement du nuage. On peut aussi faire référence aux experts dans le
domaine du nucléaire.
Dans la plupart des cas, le public ne comprend pas la signification du message, alors qu’il
fréquente régulièrement les médias.
Ex : Bernard Kouchner ministre de la santé, polémique autour du vaccin contre l’hépatite B.
Les personnes vaccinées développaient des scléroses en plaque. Il décide alors de suspendre
les vaccinations selon un principe de précaution.
Dans le cas de l’hypothèse de la seringue hypodermique : le vaccin est dangereux. Selon le
two steps flow : l’analyse du discours révèle que Kouchner n’a jamais dit que le vaccin était
dangereux.

Certains auteurs ont souligné les limites du modèle de Lazrsfeld et Katz en précisant que c’est
un modèle élitiste qui favorise une approche élitiste de la consommation des médias, c’est
également cette poignée d’élite qui contribue à façonner des comportements. C’est une
approche qui est manichéenne dans la mesure où elle aboutit à diviser les publics entre les
actifs, les leaders d’opinion qui appartiennent à l’élite et les suiveurs, les followers qui
constituent la majorité de la population, qui constitue un public passif. Enfin, l’approche se
fait uniquement sous l’angle de la persuasion alors que le rôle des médias peut se produire de
manière différente.

b. La propagande totalitaire
Quand on aborde le concept de propagande, il faut savoir que le l’origine du mot vient de
l’église catholique. Le Pape avait créé une congrégation religieuse, la congrégation pour la
propagation de la foi. Des missionnaires ont alors été envoyés partout dans le monde pour
évangéliser les peuples. Le mot en lui-même avait une connotation religieuse et c’était alors
valorisant. C’est au XX° que le mot a commencé à se vêtir d’une connotation politique. Le
terme a pris une connotation péjorative avec l’émergence de régimes totalitaires.
La propagande totalitaire c’est quand un gouvernement totalitaire transmet une
idéologie. Les récepteurs sont le public. Les canaux, à l’époque des régimes totalitaires, sont
la radio, les affiches, le cinéma (Les dieux du stade de Riefenstahl réalisé { l’occasion des JO
de Berlin en 1936, a plupart de western américains qui glorifient la conquête de l’ouest).

27
La propagande désigne un ensemble d'actions psychologiques effectuées par une
institution ou une organisation déterminant la perception publique des événements, des
personnes ou des enjeux, de façon à endoctriner ou embrigader une population et la
faire agir et penser d'une certaine manière. Entendu en ce sens, ce phénomène, propre en
général aux forces politiques ou militaires, est souvent désigné par l'expression de «
propagande politique » (« political propaganda » en anglais), et peut se retrouver mis en
œuvre par divers moyens. L’objectif de la propagande est d’obtenir une adhésion. Les
messages sont délivrés par un état totalitaire à l’adresse de la population du pays et aussi des
populations étrangères, en vue de légitimer l’action du gouvernement et d’obtenir l’adhésion {
l’idéologie proclamée. Il n’y a pas d’opposition possible. Aucune critique n’est admise. Le
public est passif dans la mesure où il ne peut pas exercer son esprit critique.
Tchakhotine, 1939, Le viol des foules par la propagande politique, immédiatement interdit
en France par Léon Bonnet pour ne pas déplaire à Hitler et Mussolini. Il a fallu attendre
l’après-guerre, 1952 pour que le livre soit réédité. L’intention de Tchakhotine était de
donner un fondement scientifique à la propagande. Il a cherché à donner une efficacité
scientifique à la propagande nazie. On avait pu remarquer qu’il y avait eu une adhésion { la
thèse défendue. Il est allé chercher l’explication dans la psychologie et il en a tiré un
modèle qui repose essentiellement sur le réflexe conditionné. On doit à Pavlov une étude
approfondie sur le réflexe conditionné. Il a obtenu le prix Nobel de médecine : on peut
provoquer un réflexe conditionné quand certaines conditions sont déterminées. (Exemple du
chien) Tchakhotine va faire un rapprochement entre l’expérience de Pavlov et la
propagande nazie.
o Le peuple allemand est le chien. Le maître est Goebbels ou Hitler. Le réflexe auquel on veut
aboutir est l’antisémitisme. Au moment où la guerre va basculer au profit des alliés, le réflexe
recherché sera l’hostilité pour les alliés. Le stimulus consiste à faire re naitre des sentiments
enfouis dans la conscience populaire, par exemple exalter le nationalisme allemand. Il s’agit
de provoquer l’adhésion du peuple { la politique nazie.

Plusieurs stimuli sont analysés :


 Stimuli visuels : la croix gammée, l’aigle, le slogan Ein Volk Ein Reich Ein Führer,…
L’individu soumis à des pulsion set fini par obéir à ses pultions jusqu’{ avoir un
comportement inconscience
 Stimuli auditifs : les discours. Les individus s’identifient comme appartenant à une
même nation.

28
Ces stimuli sont à la fois de reconnaissance (les individus s’identifient comme appartenant à
une même nation), mais aussi des stimuli conditionnels (ils finissent par provoquer tel ou tel
comportement).

Tchakhotine note aussi que ces symboles frappent les esprits sans les informer. Ils jouent
sur l’émotivité. La population peut être divisée en deux catégories :
- Les passifs : 90% de la population, ceux qui agissent de manière inconsciente
- Les actifs : 10% de la population : ils concernent un esprit critique et gardent un certain
recul par rapport au message diffusé et sont peu ouvert à l’influence de la propagande. Pour
eux, il faut des arguments plus convaincants.

Le triomphe de la volonté, film de Leni Riefenstahl : utilisation des techniques de la


propagande comme la contre-plongée, elle avait fait installer des caméras au sol dans le stade,
elle avait fait installer des plates-formes pour les caméras. Son film exalte les figures sportives
à la manière des athlètes grecs. Riefenstahl se défend d’avoir participée { la propagande pour
l’idéologie national-socialiste en disant qu’elle faisait de l’art. On peut comparer certaines
techniques filmiques à celles employées pour filmer les concerts de rock. Les foules sont
toujours réunies sur des hauts lieux du régime comme le stade de Nuremberg.
Parallèle avec la publicité : la méthode de Tchakhotine du réflexe conditionné peut-elle
s’appliquer à la publicité ? Par exemple dès que l’on entendra ou verra le jingle ou logo de
Dim, on pensera instantanément à la marque. On fait appel au réflexe conditionné. Il y a des
pubs plus ou moins subtiles. Les publicités pour les lessives sont les plus simplistes alors que
d’autres jouerons sur le second degré. On ne peut plus dire qu’on fait appel au réflexe
conditionné, on fait appel à la complicité du public. On fait appel au public actif.

Jean-Marie Domenach, auteur français intellectuel et grand résistant. Il a publié un livre sur
la propagande politique. Il définit les règles auxquelles une propagande doit obéir pour être
efficace :
- Simplicité et ennemi unique : il faut que le contenu de la propagande soit simpliste et
dépouillé
- La répétition : il faut répéter le même message sans craindre de lasser le public. Exemple
des missionnaires qui ont répété sans cesse les mêmes messages.
- La loi d’orchestration : où qu’il soit l’individu doit pouvoir être atteint pas le message

29
- La loi de grossissement et de défiguration : la propagande se base souvent sur un fait
véridique, mais celui-ci est grossi. La propagande ne repose pas systématiquement sur le
mensonge. Pour être efficace, elle doit se baser sur la vérité, mais cette vérité sera par la suite
transformée.
- La loi de transfusion : on va utiliser des mythes collectifs pour étayer les messages à
propager.
- La loi de contagion : notion d’unité mentale d’un groupe.

Gustave Le Bon, psychologue des foules, 1895. Il décrit « la foule psychologique ». Elle se
distingue de la foule habituelle que l’on peut retrouver sur une place publique par hasard. La
foule psychologique ne se retrouve pas par hasard, elle se retrouve après une
convocation (manifestations, meetings,…). Cela crée un lien, une solidarité grâce à un but
commun. Cette foule va être manipulée par des meneurs : orateur. Un meneur est un ancien
de la foule. Il la connaît donc bien. Le bon meneur doit avoir des qualités oratoires, du
charisme, il doit être habile et intelligent. Il doit aussi savoir charmer la foule et créer l’unité
mentale du groupe.
Le Bon établit une typologie des foules en distinguant les champs dans lesquels peuvent se
développer les phénomènes de foules :
- Les foules parlementaires
- Les foules judiciaires : ce sont les foules qui sont à l’intérieur d’un prétoire et même parfois
à l’extérieur ; Ce que note

Le Bon c’est que chaque individu va abandonner sa propre personnalité, va oublier son
passé personnel et se défait de son caractère pour entrer dans la peau de la foule. Un individu
très doux peut devenir ainsi très violent. L’ouvrage de Le Bon est au programme de
nombreuses académies militaires.

De quelle notion voisine la propagande peut se rapprocher ?


La propagande et la publicité pouvaient utiliser les mêmes ressorts psychologiques. Au
début la propagande était surtout religieuse. La propagande lorsqu’elle est totalitaire ne laisse
aucun choix au public alors que la publicité laisse le consommateur libre de s’engager ou pas.
C’est justement pour le guider vers cet acte d’achat, que la publicité va multiplier les actes
pour séduire.

30
La censure est de la propagande par le vide puisque elle supprime l’information. Il faut
rapprocher la propagande de la désinformation. Sans la censure, la propagande ne
marcherait sans doute pas. Ce sont deux modes de communications qui sont
complémentaires l’un de l’autre. La désinformation repose souvent sur des faits qui sont faux.
Alors que la propagande pour être crédible, doit reposer sur un fondement véridique.
La propagande totalitaire agit sur le mode de la violence mentale, verbale. La propagande ne
laisse pas le choix au propagande. La décision est dictée. La persuasion politique fonctionne
sur le mode la séduction. On essaie de séduire à force d’arguments. Chaque candidat s’efforce
de déployer des arguments pour séduire son électorat.
Monica Charlot, spécialiste des institutions britanniques. La persuasion politique. Elle
développe des arguments propres à séduire le l’électoral. Exemple de la campagne de 1988 :
les meilleures affiches électorales, celles de Chirac (déclinaison).
Elle définit trois types de propagande :
- Propagande blanche :source clairement identifiée
- Propagande noire : source inconnue
- Propagande grise : elle se dit amie, mais est hostile

C. Les théories critiques : Ecole de Francfort, l’école de Toronto, l’agenda settings,…


Endormir les consciences des individus en les détournant des véritables problèmes. Il y a
plusieurs courants de pensée dans ces théories critiques.

a. Ecole de Francfort
Auteur marxistes, marxisants, sans pour autant être forcément communistes. Fondée dans les
années 20. Ils ont du s’expatrié à l’arrivée des nazis car beaucoup d’entre eux étaient juifs.
Beaucoup de ces auteurs ont eu des parcours divers. Certains sont restés en Europe, d’autres
sont partis aux USA où certains sont restés. D’autres sont rentrés à la fin de la guerre pour
reformer cette école fermée par les nazis.
Théodore Adorno, musicien, compositeur, musicologue. De père allemand et de mère
italienne. Philosophe réputé. Dans son œuvre, il martèle quelques idées fortes. En particulier,
celle selon laquelle, la logique marchande et commerciale fini par tout contaminée et
contamine notamment la culture, la vie quotidienne, jusqu’à la sexualité. De là né le
concept d’industrie culturelle. Elle se forme à partir du moment où le capitalisme récupère
la culture. Elle en contrôle les contenus, et finalement culture et industrie finissent par se
confondre totalement.

31
Cela se traduit par le fait que l’industrie culturelle perverti les valeurs.
Ex : une œuvre d’art devient une marchandise qui accède souvent au statut d’icône.
Le résultat de cette perversion du langage est qu’un objet ne finit plus que par exister à
travers son image de marque.
Ex : dans les transatlantiques à la voile, on ne cite plus le nom du skipper mais celui du
sponsor. Groupama, Crédit Agricole. L’objet ne finit que par exister plus qu’à travers la
marque, l’image de marque
Le résultat est que l’individu est complètement aliéné. L’individu cherche à ressembler à
des modèles stéréotypés véhiculés par les médias. L’individu perd son identité au profit de
modèles qui sont propagés par les médias. *
Tout le courant des auteurs publiphobes s’inscrit dans la même logique qu’Adorno.
Beaucoup d’auteurs reconnus viennent critiquer la publicité. Alors qu’elle est censée
informer, beaucoup la voit comme manipulatrice et désinformatrice.
Ex : sur tous les sites de firmes multinationales, on a toujours une rubrique ‘nos valeurs’
dans laquelle des mots clés reviennent toujours, quel que soit l’entreprise. Parmi ces mots :
responsabilité sociale à l’égard des salariés mais aussi du public. Développement durable :
nous sommes en faveur de blablabla, et avons mis des actions en œuvre dans ce sens…
respect de l’environnement. Droits de l’homme, droit du travail, blablabla. Coca cola : il n’y a
pas de sucre. Mac do : nous certifions nos viandes, nourriture légère et autres mensonges.
Les auteurs de l’école de Francfort dénoncent cette communication mensongère.
Mondialisation de plus en plus importante de cette industrie culturelle, donc formatage des
cultures et aliénation des individus.
C’est notamment le message qui est diffusé par Chomsky aux USA. Il va jusqu’{ dire que la
communication d’un Etat et notamment celle des USA, vise { conforter le capitalisme et
c’est une vaste manipulation des esprits qui est réalisée { travers ces différentes
communications.

d. Rôle et fonctions des médias : La spirale du silence


Dans cette théorie il y a un modèle qui vient d’Allemagne : la spirale du silence.
Modèle lancé par une auteure allemande, Elisabeth Noel Neumann ; qui est à la fois
universitaire et directrice d’un institut de sondage. Elle avait une chair à l’université où elle
enseignait les théories de la communication.
Sa thèse est originale dans la mesure où elle pense que les médias ont un rôle spécifique qui
consiste à diffuser des opinions dominantes dans une société, à travers leur contenu. Il y

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aurait une culture dominante, qui à travers le matraquage médiatique, s’imposerait dans tous
les esprits. Les personnes qui veulent s’opposer à cette opinion dominante se mettent un peu
hors circuit dans la mesure où ces personnes ne sont plus admises dans le cercle des médias.
Plus de couverture médiatique, à partir de l{, elles se marginalisent car les médias n’en
parlent plus. C’est le phénomène de l’aspiration dans cette spirale du silence car les
personnes minoritaires n’ont plus la possibilité de s’exprimer dans les médias dans la mesure
où elles expriment des opinions qui vont à l’encontre des opinions dominantes.

Autre théorie : médias aujourd’hui contrôlés par grands groupes industriels qui sont placés
autre part que dans le domaine des médias ex : dassault et armement. Donc dans leur intérêt,
ils diffusent l’opinion dominante.

b. L’agenda settings par Mc Combs et Shaw


La fonction des médias n’est pas d’informer, mais d’attirer l’attention du public sur tel
ou tel sujet. Cela pour détourner l’attention du public des véritables problèmes. La
fonction essentielle des médias serait donc de dire aux gens ce à quoi ils doivent penser. Et
aussi à quel moment il faut y penser. Les médias agiraient comme un agenda.
Ex : pendant grands événements sportifs, matraquage tel que tout le monde en parle, surtout
tous les médias.
Au-delà des événements sportifs, il y a les événements politiques. L’événement qui est le plus
important, c’est l’élection présidentielle américaine. Le monde entier est au courant.
Captation des esprits.
Pas étonnant que dans un pays comme la France, le calendrier des réformes batte le plein
pendant les mois d’été. Gens sont occupés { penser { autre chose pendant les vacances.

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c. Ecole fonctionnaliste : Robert K Merton
Robert K Merton avait analysé les fonctions des partis politiques. Parsons. 60s.
Théorie s’appuie sur la puissance que détienne les médias. Impact que détiennent les esprits.
Dans années 40, ces thèses étaient à l’honneur. Modèle de Laswell extrêmement populaire à
ce moment-là.
A partir des années 40, se sont des auteurs fonctionnalistes qui vont essayer de s’inscrire
en faux contre tout cela. Ils vont essayer de montrer que les médias, certes exercent des
effets, mais que ce n’est pas systématique. Le résultat n’est pas nécessairement la
manipulation des esprits. Ces courants critiquent l’aspect linéaire de la dénonciation, et
s’opposent à l’idée d’un public tout le temps passif. Il y a des publics critiques, qui
réagissent.
L’intention des fonctionnalistes va se focaliser sur la réception du message. Selon ces
auteurs, l’opinion peut se former à partir d’une réflexion personnelle des individus. Elle
va s’exercer également dans des cercles limités comme celui des amis et de la famille, et
même dans des cercles plus larges tels que les médias par exemple. C’est dans ce contexte que
s’inscrit le modèle de Lazarsfeld et Katz du ‘two steps flow’.
Le courant fonctionnaliste insiste sur le fait que tout processus de communication doit être
envisagé d’une façon bipolaire :
 d’une part les fonctions des médias
 et d’autre part des dysfonctions des médias.

Ainsi, lorsque le message subit des distorsions, des déformations, il y aura des dysfonctions.
Les différentes fonctions :
 Fonctions manifestes : Fonction majeure, avouée et assumée. les partis politiques par ex.
cette fonction est inscrite dans les statuts : la conquête et l’exercice du pouvoir. La fonction
majeure d’un parti politique c’est de choisir un candidat.
 Fonctions latentes : fonctions qui ne sont pas recherchées. Elles sont latentes lorsque les
effets attendus par l’action divergent de ceux qui étaient initialement prévus. Une des
fonctions latentes des partis politiques : fonction d’ascenseur/promotion social(e) de certaines
personnes.

Ex : Barack Obama : c’est le parti démocrate qui a assuré son ascension sociale. Même chose
avec Sarah Palin et le tea party.
 Les médias auraient des fonctions latentes comparables :

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Epreuve : texte qui ne dépassera pas une demi-page. Il faudra identifier l’auteur. Si on ne le
connait pas, le contenu du texte devrait nous indiquer à quel courant il appartient.
Dans la forme : style, pas de fautes de français ni de syntaxe. Pas de barbarisme. Pas de fautes
d’accords. Copie propre.
Construction : Introduction. Plan. (2 ou 3 parties) il peut être apparent ou pas.
Objet de l’intro : présenter l’auteur, le courant auquel il appartient, situé le texte, contexte,
environnement a-t-il influencé l’écriture ?
Quelles sont les idées force que l’auteur a voulu présenter ?
Il faut montrer notre compréhension du texte, quelle est sa portée, le mettre en relation avec
d’autres textes étudiés.
8 pages idéal. Pas de copies fleuves.
Le texte ne sera pas tiré du fascicule.
Conclusion ouverture sous de nouvelles perspectives sans non plus ouvrir un nouveau débat.
Aucun document autorisé.
Merci à Marie et Mathilde pour leur cours qui m’ont beaucoup aidé à compléter les trous du
mien !
Prévenez-moi en cas d’erreur ou de précision à apporter.
Bon courage avec les révisions et ces chers exams tant attendus.
Agathe

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