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Jean-Cassien Billier – Intro to Applied Ethics

The objective of the course is to provide a detailed introduction to applied ethics. The course will
explore ethical issues related to moral status (children, abortion, reproductive technology, genetic
engineering, animals, environmental ethics, surrogate motherhood), personal lives (sexuality, family,
love), life and death (euthanasia and physician-assisted Suicide, capital punishment, war), justice and
international relations (immigration, national autonomy, world hunger), just society (racism,
education, affirmative action, freedom of speech and religion, hate crimes, whistle-blowing, corporate
responsibility). All these issues will be linked with meta-ethics questions and various options in
normative ethics. The course will be given in English. L’introduction du cours se fera en français.
Bibliography:

 R.G. Frey and Christopher Wellman (ed.), A Companion to Applied Ethics, Oxford, Blackwell,
2003. A detailed bibliography will be provided during the course.
PLAN DU COURS:
I – Introduction to Applied Ethics
II – Just War
III – Spying
IV – Humanitarian Intervention and Triage
V – Same-sex Marriage
VI – Freedom of expression
VII – Immigration
VIII – Punishment
IX – Robot
X – Prostitution
XI – Drugs
XII – Environmental ethics and Climate ethics

I – Introduction to Applied Ethics

L’émergence de l’éthique appliquée est en partie liée à l’émergence de la bioéthique moderne.


Un certain nombre de sujets d’éthique appliquée sont extrêmement anciens. Par exemple, le sujet de la
guerre apparait principalement au Moyen-Age (10è-12è siècles). Ce champ d’éthique appliquée n’a
donc pas été inventé récemment, simplement il n’avait pas la même dénomination.
Lorsque l’on étudie l’éthique dans le champ universitaire, on étudie trois disciplines en
particulier : l’éthique normative (ce que l’on doit faire ou ne pas faire, le type de personne que l’on
devrait être ou ne pas être) qui peut ressembler à la philosophie morale ; la méta éthique (apparait avec
ce nom dans sa forme pure au tout début du 20 ème siècle et va devenir un champ à part assez
considérable à partir donc du 20ème siècle même si un certain nombre d’analyse de méta éthique sont
déjà présentes chez Kant) qui est une éthique descriptive, et non prescriptive, la travail tente de
clarifier les éléments fondamentaux des discours éthiques (qu’est ce qu’un dilemme ? etc… ce sont
des problèmes de second ordre), il s’agit de l’épistémologie de l’éthique en quelques sortes ; puis
l’éthique appliquée même si ce terme n’est pas utilisé avant la fin des années 70. Cette discipline est
liée à la ré émergence d’un certain nombre de sujets. Certaines thématiques très anciennes vont revenir
sur le devant de la scène, comme l’éthique de la guerre par exemple. L’émergence de l’éthique
biomédicale intervient dans un contexte très particulier.

Comment émerge donc cette bioéthique ?

Le 1er ouvrage de bioéthique a été écrit par Joseph Fletcher. C’était non pas un philosophe mais
théologien américain dont l’approche des questions éthiques était une éthique de la situation. Elle
s’apparentait plutôt à une éthique conséquentialiste, il finira par la suite à abandonner ses propres
convictions. Son travail est considéré comme le premier ouvrage de bioéthique.
Fletcher va essayer d’articuler des propos d’ordre général d’éthique normative avec des contraintes de
l’agir particulier (secteur du monde humain = médecine). Ce qui émerge de façon opaque c’est donc
l’idée d’une articulation.
Les questions de bioéthique sont toujours accompagnées d’au moins deux contraintes. Par exemple,
dans l’immense majorité des cas, les gens naissent et meurent à l’hôpital, dans une institution
publique. Dans les pays moins développés, les personnes naissent et meurent chez elles, dans un cadre
privé. Un arrangement entre les acteurs pouvait être pris. Cela est absolument impossible dans le cadre
d’une institution publique. Il est clair qu’il faut un cadre d’éthique public. Ce sont notamment ce genre
de contraintes qui vont créer les dilemmes de l’éthique appliquée et de la bioéthique moderne. Il faut
donc être très attentif à la spécificité du champ dans lequel on travaille.
L’expression « éthique appliquée » donne l’impression d’un système particulièrement miraculeux à
appliquer à tout un ensemble de questions. La plupart des questions de raisonnement fonctionne de la
même manière et ne varient pas selon le domaine.
Beaucoup d’évènements historiques ont conduit à l’apparition et à la ré apparition d’un bon nombre de
sujets d’éthique appliquée dans de nombreux domaines. Au début des années 70, les autorités
judiciaires aux USA ont été envahis par les étudiants afin de les adapter aux grands sujets du moment
(ex : guerre au Vietnam). Ces changements ont eu un effet sur la pratique de la philosophie, suscitant
un regain d’intérêt pour l’éthique normative.
Avant cela, le méta éthique ne s’occupait pas de l’articulation avec des champs pratiques. Ce
changement a donc eu lieu sous l’impulsion des étudiants.
Premier problème de bioéthique : apparition des machines à dialyse pour les patients.
1962 : le centre de reins artificiels à Seattle est confronté à une très forte demande. Ce centre crée donc
un comité ayant pour objectif de sélectionner les patients. Des études dès l’époque vont montrer des
biais très forts utilisés afin de choisir les patients qui vont susciter des débats et qui vont donc ouvrir
une discussion sur comment choisir les patients.

Pour prélever un organe : deux solutions  sur un mort ou sur un vivant. Sur un vivant, il faut déjà
savoir si la personne est consentante ou non. Aux USA, certains prisonniers obtiennent une réduction
de peine en cas de prélèvement d’organe (problème de savoir si le consentement est véritablement
éclairé ou non). Sur une personne morte, on se heurte à une difficulté : lors d’un arrêt cardiovasculaire,
les organes se détériorent immédiatement et ne peuvent plus être prélevés. Une grande partie des pays
(France et USA), en 1968, ont décidé de changer la définition de la mort.

Il y a eu trois changements de définition de la mort en moins d’un siècle :


- Pas de définition universelle : arrêt cardiovasculaire. L’OMS produit un accord international
en produisant une définition précise de la mort en 1949.

- Entre avril 68 et juin 68 : les grands pays ont changé de définition de la mort sous la pression
des médecins transplanteurs. La mort est désormais définie comme « mort cérébrale » = mort
de nous en tant que personne/possibilité de personne. On estime donc que notre tronc cérébral
est mort de sorte qu’une possibilité de personne ne pourra jamais ressurgir en nous. Tout cela
prend donc une forme institutionnelle très vite. Création d’un comité sur la mort cérébrale à
Harvard.

Au milieu des années 70, un bon nombre de scandales bioéthiques naissent : étude sur la syphilis aux
USA (travail controversé car certains de ces cas ont été contractés volontairement afin de voir
comment la syphilis évoluait, et une fois les antibiotiques produits, ils n’ont pas été traités, toujours
afin de voir comme la maladie évoluait) qui été menée contre le consentement des personnes testées.
Au lendemain de ce problème, le Congrès américain va fonder une commission pour énoncer un
certain nombre de principes éthiques qui vont être pratiquement la même année, transformés en
principes de la bioéthique moderne par deux des grands créateurs de la bioéthique dans Les Principes
de la Bioéthique.
Autre scandale : en recherche biomédicale, il y a un point de repère qui est celui donné par le tribunal
de Nuremberg. Ce qui va être constaté par le procès de Nuremberg est que la quasi-totalité des pays
occidentaux ne se sentent pas concernés par les principes de Nuremberg car ils estiment que ces
principes ne s’appliquent qu’aux nazis. Dans l’immense majorité des cas, on ne demande donc pas le
consentement des patients.
En raison de tout cela, la fin des années 70 marque un tournant spectaculaire par l’émergence de
l’éthique biomédicale incluant l’éthique de la recherche médicale, les politiques de santé publique,
etc… A partir de ces années, des départements se créent dans les universités américaines qui vont
donner vie à ce domaine de recherche. Si Applied Ethics s’appelle comme cela, c’est en raison de ce
tournant de la fin des années 70.
II – Just War Theory

(VOIR BIBLIOGRAPHIE SUR LE MOODLE)


Jus ad bellum (latin) = Justice of the war.
This theory is about the conditions to start a war. traditionally, six conditions are identified:

Aquina’s Three conditions for Just War:

- Just cause (including the “preementive”/preventive problem) = a war should not be started
unless a very good reason is found to start it. You don’t have to harm, still or doing anything
bad. But it has an absolute statue. There is a lot of exceptions. Some good reasons should be
found by a nation to justify starting a war. The most known reason is that a nation is a victim
of aggression. For example, a massive invasion or an air attack are acts of aggression. An
online attack, one or two for communicant satellites are also acts of aggression. It usually
advises caution to determine the seriousness about what is happening. If there’s an aggression,
just war theory allows the nation to start a war. “preementive” = when you have good reasons
to think another nation is going to attack you. The criterium is here the time (imminence in
French = there is an emergency). In some cases, you can be allowed to strike first, if the
danger is in a full emergency. If you know a country is going to attack you in the next 5 years,
then you can strike first. But for the “preventive strike”: it is unacceptable to justify a strike by
this kind of argument.

- Legitimate authority = it specifies that certain people have monopoly in making decisions and
starting war with others. However, they are not legitime to start a war. There is however a
serious problem: when enemy is not a nation. In that case, not nation group is not structured as
a state. The group may have a strong leader but its not clear or enough to justify authority.
Again, claims for legitimacy are not the same. War should not be declared by a private
individual but through the decision or a ruler or rulers with legitimate public authority.
Historically, this condition was invoked to limit military activities.

- Just means of the principle of authority = Aquinas argue that war must be waged using
moderate means, that is, the war must not be waged by means more savage than necessary to
ensure victory. It is easy to confuse this principle with the success principle. The difference
can be appreciated by keeping in mind that proportionally, has nothing to do with likehood of
success.

The Three Standard supplements to Aquina’s conditions:

- Last resort = before starting a war, u should try to avoid it by using anything you can use. This
principle is extraordinary but weak at the same time. It is quite impossible that u have
explored all the possibilities.

- Reasonable hope of success (or likehood of success) = war cannot be justified unless there is
reasonable hope of success. If defeat is inevitable, hostilities will only impose costs.

- Right intention or good intention.


Jus in bello/justice in the war = permissible conduct in war.

- The principle of proportionality: the quality of force employed always will be proportional to
the end of the conflict. The end must consider all the ends possible and the importance of the
magnitude of these two goals to determined proportional means. It can be expected to find
alternative systems. They are many debates about the validity of this principle, it can easily
become vetust.

- The principle of discrimination: it begins with the assumption that all targets are not equal, so
there’s distinction between intention powers. More generally, private attacks on nonmilitary
targets are not allowed, but only on military troupes.

Une fois que la guerre est finie, quels sont les principes que nous devons appliquer de telle sorte que
l’on minimise les chances qu’une guerre renaisse un jour ?
Il y a une stabilité incroyable de ces principes. Ils sont pour l’essentiel inchangés depuis des siècles.
La naissance de l’éthique de la guerre en Occident se situe au milieu du M-A en faisant entrer en
corrélation les évolutions du droit canonique catholique, la fameuse doctrine du « double effet » (T.
d’Aquin : il y a une légitime défense qui n’est pas immorale, on peut tuer quelqu’un si ce quelqu’un
met notre vie en danger), et enfin la synthèse de l’école de chevalerie (par exemple : un code de la
chevalerie dit qu’un combattant ne doit s’en prendre qu’à des combattants uniquement). Ces trois
éléments vont converger pour créer cette éthique de la guerre extrêmement stable. Cette stabilité va
jusqu’à nos jours puisqu’elle constitue « l’éthique traditionnelle de la guerre », aussi dans les textes du
droit international de la guerre.
Cette thèse est critiquée depuis les années 90 par le révisionniste. Ils critiquent cet ensemble sur trois
points : la thèse de la séparation du jus in Bello et jus ad Bello ; thèse défendue par le droit
international en disant que les arguments ne sont pas corrects ;

La cause juste :

En réalité, il n’y en a qu’une seule. Ont exclu, celle du monde chrétien selon laquelle les méchants
étaient toujours juste. Aujourd’hui, la seule guerre juste est la guerre de légitime défense. Tout guerre
d’agression n’est pas moralement juste.
Usage de la force (par la Pologne contre l’Allemagne nazie) : légitimement juste. Russie et Ukraine :
moralement injuste car juste une agression. Intervention des USA pour défendre le Koweït : aide à la
légitime défense.
Dans la thèse traditionnaliste, la seule guerre légitime est « la guerre contre la guerre ».
Cependant, nous avons des cas difficiles dans la cause juste : guerre préventive par exemple, mais
aussi l’intervention humanitaire armée.
Responsability of Peace : ONU donne la possibilité d’un encadrement pour des intervention armées au
nom de la défense de populations.

Rajouter un cinquième critère ?


Si je dois tuer des non combattants ennemis parce que c’est inévitable, cela peut être admissible si
c’est proportionnel, à condition que j’assume moi-même tous les risques vitaux pour minimiser les
pertes chez les non combattants ennemis.
Dans certains cas, une urgence suprême pourrait permettre de violer la robustesse du principe de
discrimination. Dans de rares cas, cela peut être incorrectement justifié (exemple : les USA ont
bombardé l’Allemagne pour éradiquer le nazisme mais on tué énormément de civils).
Le problème du statut d’urgence suprême est longuement attaqué par les révisionnistes : l’acteur ne
peut jamais réellement savoir qu’il est en situation d’urgence suprême.
Dépendance ou indépendance du jus in Bello par rapport au jus ad Bellum ?
McMahan propose une expérience de pensée : les membres d’une armée dont le pays a été attaqué de
manière injustifiée seraient des combattants justes. Ils ne bénéficieraient pas des mêmes droits puisque
les autres sont des agresseurs.
Il y a une notion de cible légitime qui dépend du Jus ad Bellum. Si l’armée russe attaque l’armée
ukrainienne et que les russes attaquent de nouveau, sont-ils en légitime défense ? non selon
McMahan.
Il doit pouvoir y avoir une discrimination morale entre les deux entités. Les sources de cette thèse se
trouvent dans les années 60 avec des textes d’Elizabeth Anscombe. Même en cas d’irresponsabilité
selon l’une de ses expériences de pensée, la légitime défense est toujours profondément robuste.

Brian Orend, lui, propose d’ajouter un 7ème principe :


« imaginons qu’une société est attaquée de façon injuste par un envahisseur, cette société
n’accorderait aucun droit à ses habitants. S’ils contre-attaquent, s’agit-il de légitime défense ? Non,
puisqu’il ne s’agit pas d’une société juste ».
Si une société politique n’est pas profondément juste, elle ne peut pas se défendre.

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