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Richard Jean. La papauté et les missions d'Orient au Moyen-Âge (XIII-XIVème siècle) Rome : École Française de Rome,
1977. pp. 3-325. (Publications de l'École française de Rome, 33-1);
https://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1977_mon_33_1
- 33 -
Jean RICHARD
LA PAPAUTÉ
AU MOYEN AGE
(XIIIe-XVe siècles)
AVANT-PROPOS
fondation des Etats latins, puis de la conquête mongole, qu'ils fussent sol¬
dats, marchands, missionnaires, captifs, voire renégats. C'est seulement en
1947 qu'il nous fut possible de passer près d'une année dans la Ville Eter¬
nelle, et de compléter les recherches déjà effectuées par des dépouille¬
ments menés dans les Archives du Vatican, dans les bibliothèques romaines
et dans d'autres dépôts et collections. C'est surtout alors que, grâce aux
R. P. Loenertz et Laurent, nous avons pu préciser le thème d'une recherche
qui allait aboutir à la rédaction d'un mémoire consacré à la Papauté, aux
missions d'Orient et aux origines de l'épiscopat titulaire. Ce mémoire, qui
avait reçu l'approbation d'Albert Grenier et qui fut présenté à l'Académie
des Inscriptions et Belles-Lettres en 1948, formait dans sa première partie
une première rédaction du présent ouvrage. Mais il a dû être entièrement
repris; et les années ont passé, car une vie professionnelle chargée d'obliga¬
tions de toute sorte nous a empêché de le faire plus rapidement.
On ne s'étonnera pas qu'une refonte ait été nécessaire, si l'on songe à
VI AVANT-PROPOS
zola sur l'image que les Occidentaux se sont faite des chrétiens orienta
ou des Mongols, se sont ajoutés aux œuvres posthumes de Pelliot, déso
mais accessibles, pour nous donner une vision plus précise de ces relatio
L'étude des missions médiévales n'est pas chose nouvelle. Depuis qu
1741 Mosheim publa son Ristoria Tartarorum ecclesiastica qui utilisait lar
ment les documents d'origine pontificale déjà mis en œuvre par Rina
dans les Annales ecclesiastici, les efforts des religieux latins pour conver
les Mongols et les peuples qui leur étaient soumis ont retenu l'attention.
chapitre de l'histoire missionnaire figure aussi bien dans Γ Histoire génér
des missions catholiques depuis le XIIIe siècle jusqu'à nos jours (1846)
baron Henrion ou dans la Storia universale delle missioni francescane
P. Marcellino da Civezza, dont la parution s'étala de 1857 à 1883 que d
Y Histoire universelle des missions catholiques de Mgr S. Delacroix (1957)
dans les ouvrages similaires. Quant aux monographies et articles scienti
ques, ils sont légion; ceux de Moule {Christians in China ) ou de Pell
{Chrétiens d'Asie centrale et d'Extrême Orient) ont fait date; mais la consul
tion de notre bibliographie, que nous avons cependant voulu succinc
dira aisément l'abondance de tels travaux.
C'est dans le cadre de chacun des deux grands ordres religieux qui
assumé au Moyen-Age l'essentiel de la tâche missionnaire que se sont ré
sés la plupart de ces travaux. Deux noms, ceux du P. Girolamo Golubovi
auteur de la monumentale Biblioteca bio-bibliografica della Terra Sant
dell'Oriente francescano, et du P. Raymond-J. Loenertz auquel nous devo
La Société des Frères Pérégrinants. Etude sur l'Orient dominicain, suffirai
à attester que, du côté de chaque ordre, l'enquête a été menée pratiq
ment à son terme, s'il ne fallait y joindre celui du P. Van den Oudenr
incomparable connaisseur de l'Arménie au temps des Frères Uniteurs.
Il nous appartenait, nous a-t-il semblé, de prendre l'étude des missi
par un autre aspect. Dominicains et Franciscains se sont partagé les effo
à accomplir dans le domaine de l'apostolat; mais derrière les deux gra
ordres se discerne l'action d'un organisme fédérateur qui n'est autre que
Papauté. L'intervention de celle-ci se manifeste à chaque instant, de t
sorte que les registres de la chancellerie pontificale sont notre princip
source documentaire; et c'est la Papauté qui, par la création d'un épisco
missionnaire comme par l'envoi d'ambassadeurs ou de commissair
s'efforce de donner à la tâche d'évangélisation à la fois son ampleur et
AVANT-PROPOS VII
Brincken, de l'aide qu'ils nous ont apportée et de l'intérêt qu'ils ont témoi¬
ce livre notre gratitude au P. Loenertz, qui avait suivi nos recherches depuis
notre gratitude. C'est grâce à notre séjour au Palais Farnèse, auprès des col¬
l'Ecole que nous avons trouvé un appui toujours très secourable; c'est dans
les Mélanges d'archéologie et d'histoire qu'ont paru les premiers des élé¬
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
avons plus d'une fois cités et dont la description s'est trouvée de ce fait
ou moins fortement raccourcie. Il nous faut d'ailleurs préciser qu'il
est arrivé de renvoyer à des travaux, et notamment à des publication
textes, qui peuvent apparaître comme dépassés par d'autres, plus réc
Nous avons été ici handicapé non seulement par l'étalement de la gest
de ce travail sur presque trente ans, mais par l'éloignement où nous
trouvions par rapport à des bibliothèques bien dotées en ouvrages d
genre1.
Cette liste bibliographique ne fait pas le départ entre les sources
nous avons utilisées - pour la plupart, nous l'avons dit, imprimées -,
littérature historique. Ce n'est pas que nous ayons fait nôtres les thèse
certains historiens qui récusent cette distinction; mais c'est que, dan
domaine dont il s'agit, très nombreuses sont les publications qui assoc
l'édition d'un texte ou d'un document à une étude historique : que
pense à la Biblioteca biobibliografica de Golubovich! Et que bien des
vaux se présentent comme des éclaircissements apportés à des édition
textes, à la façon des Recherches de Pelliot. Il aurait fallu citer sous la r
que «Sources» trop d'œuvres que l'on aurait retrouvées sous la rub
«Bibliographie». Aussi notre propos a été de faciliter l'identification
ouvrages cités, en espérant que le fait d'avoir mêlé publications de tex
études consacrées soit à ces textes, soit aux questions soulevées par
toire des missions, ne rendra pas plus malaisée l'orientation de ceux
voudront utiliser cette liste pour diriger leurs propres dépouillements
Scriptores, t. XXIII.
Bacon (Roger), The «opus majus» of Roger Bacon, ed. by J. H. Bridges. Lon¬
dres, 1900, 3 vol.
Boyle (J. Α.), The Il-Khans of Persia and the princes of Europe, dans Cen
Asiatic Journal, XX, 1976, p. 25-40.
Bratianu (Georges), Actes des notaires génois de Péra et de Caffa. Bucar
1927.
-, La mer Noire des origines à la conquête ottomane. Munich, 1969 (Soci
academica dacoromana. Acta historica, IX).
LISTE DES OUVRAGES CITÉS XVII
Brosset (M. F.), Histoire de la Géorgie depuis l'antiquité jusqu'au XIXe siècle.
Saint-Petersbourg, 1849-1858, 2 t. en 4 vol.
Brun (C.), Die Franziskanermissionen und der Orient bei Johann von Winter-
thur, dans Zeitschrift für schweizerische Geschichte, XVII, 1.923, p. 29-37.
Brunei (Clovis), David d'Ashby, auteur méconnu des «Faits des Tartares »,
dans Romania, LXXIX, 1958, p. 39-46.
Bryer (Anthony), Ludovico da Bologna and the Georgian and Anatolian
embassy of 1460-1461, dans Bedi Kartlisa (Revue de Kartvélologie), XIX-
XX, 1965, p. 178-198.
Bullarium franciscanum : cette abréviation renvoie normalement aux volu¬
mes publiés sous ce titre par K. Eubel (t. V à VII de la première série),
ceux publiés par Sbaralea (début de cette série) ou par Hiintemann
(2e série) étant cités sous le nom de l'éditeur.
Gay (J.), Le pape Clément VI et les affaires d'Orient (1342-1352). Paris, 190
Geraud de Frachet, Vitae fratrum ordinis praedicatorum, éd. Β. Reich
dans Monumenta ord praed. hist., I, 1896.
Gestes des Chiprois : éd. dans Recueil des Historiens des Croisades. Do
ments Arméniens, II.
Golubovich (Girolamo), Biblioteca bio-bibliografica della Terra Sant
dell'Oriente francescano. Quaracchi, 1906-1927, 5 vol. (constituant la
mière série parue sous ce titre). Abrégé: Golubovich.
-, Epistola syria Dyonisii episcopi Taurisiensis, dans Archiv, francisc. h
XIX, 1926, p. 351-352.
Grégoire d'Akanc, History of the nation of the archers, éd. Black et Frye, d
Harvard Journal of Asiatic studies, XI, 1949, p. 269-399.
Grousset (René), L'Empire des steppes. Paris, 1939.
-, Histoire des Croisades et du royaume franc de Jérusalem Paris, 1934-1
3 vol.
Guillaume Adam, De modo Saracenos extirpandi, éd. Ch. Köhler, d
Recueil des Historiens des Croisades. Documents arméniens, II.
Guillaume de Rubrouck : voir Van den Wyngaert, Sinica franciscana.
Guillaume de Tripoli, Tractatus de statu Saracenorum et de Mahometo p
dopropheta et de eorum lege et fide, éd. H. Prutz, dans Kulturgeschic
der Kreuzzüge, p. 573-598.
Guillaume de Tyr, Historia rerum in partibus transmarinis gestarum, d
Recueil des Historiens des Croisades. Historiens occidentaux, I, 1 et 2
Guzman (Gregory G.), Simon of Saint-Quentin and the Dominican missio
the Mongol Baiju : a reappraisal, dans Speculum, XLVI, 1971, p. 232-
Jacques de Vitry. Historia Orientalis, dans Bongars, Gesta Dei per Francos
p. 1047-1127.
-, Lettres de Jacques de Vitry, 1160/70-1240, évêque de Saint-Jean d'Acre,
R.B.C. Huygens. Leyde, 1960.
(Jean de Cori). Le livre de l'estat du grant kan, éd. Jacquet, dans Journal A
tique, VI, 1830, p. 59-71.
Jean de Hildesheim. De gestis trium regum. Extraits dans Golubovich.
Jean de Marignolli ou de Marignola. Chronicon Joannis de Marignolis de F
rentia, éd. G. Dobner, dans Monumenta Boica, II, 1768 (nous avons
les passages de cette œuvre intéressant les missions dans l'édit
qu'en a procurée le P. Van den Wyngaert, Sinica Franciscana, I).
Jean de Monte Corvino, Lettres - éditées dans Sinica franciscana.
Jean de Plancarpin, Historia Mongalorum. Nous le citons d'après les Sin
franciscana. Voir infra, p. 72, n. 29.
Jean III de Sultanieh, Der «Libellus de notifia orbis» Johannes' III (de Gal
fontibus?), O.P., Erzbischofs von Sulthanyeh, éd. A. Kern, dans Archiv
fratrum praedicatorum, VIII, 1938, p. 82-123.
Jean de Winterthur, Johannis Vitodurani chronicon, éd. G. von Wyss, d
LISTE DES OUVRAGES CITÉS XXIII
Michel le Syrien, Chronique, éd. et trad. J.-B. Chabot. Paris, 1899-1904, 4 vol
en 5 fase.
Migne (J.-P.), Patrologiae cursus completus. Series latina. Paris, 1841-1864
221 vol. Abrégé Patr. Lat.
-, Id. Series graeca. Paris, 1857-1876, 167 vol. Abrégé Patr. Gr.
Mostaert (A.) et Cleaves (F.W.), Trois documents mongols des archives sec
tes vaticanes, dans Harvard Journal of Asiatic studies, XV, 1952, p. 4
506.
Moule (A.C.), Christians in China before the year 1550. Londres, 1930.
-, voir Marco Polo.
Tamarati (M.), L'Eglise géorgienne des origines jusqu'à nos jours. Rome, 1
Tekeyan (Pascal), Controverses christologiques en Arméno-Cilicie dan
seconde moitié du XIIe siècle (1165-1198). Rome, 1939 (Orientalia Ch
tiana analecta, 124).
Throop (Palmer Α.), Criticism of the Crusade. A study of public opinion
crusade propaganda. Amsterdam, 1940.
Tisserant (card. Eugène), Eastern Christianity in India, adapted
E. R. Hambye, S. J. Londres, New York et Toronto, 1957.
LISTE DES OUVRAGES CITÉS XXXIII
-, Une lettre de l'Il-khan de Perse Abaga adressée en 1268 au pape Clément IV,
dans Mélanges Lefort (Muséon , 1946, p. 547-556).
Tournebize (H.-Fr.), Arménie, dans Dictionnaire d'histoire et de géographie
écclésiastiques, IV, col. 290-391.
-, Les Frères-Uniteurs, dans Revue de l'Orient chrétien, XXII, 1921-1922,
p. 145-161 et 249-279.
-, Histoire politique et religieuse de l'Arménie, I (seul paru). Paris, 1900.
Trasselli (Carmelo), Sugli Europei in Armenia. A proposito di un privilegio
trecentesco e di una novella del Boccaccio, dans Archivio storico italiano,
CXXII, 1964, p. 471-491.
-, Un italiano in Etiopia nel XV° secolo : Pietro Rombulo di Messina, dans
Rassegna di studi etiopici, I, 2, 1941, p. 172-202.
Troll (Christian W.), Die Chinamission im Mittelalter, dans Franziskanische
Studien, XLVII, 1966, p. 109-150, et XLIX, 1967, p. 22-79.
Van den Oudenrijn (M.-A.), Bishops and archbishops of Naxivan, dans Archi-
vum fratrum praed., VI, 1936, p. 161-216.
-, Les constitutions des Frères Arméniens de Saint Basile en Italie, Rome,
1940 (Orientalia Christiana analecta, 126).
-, L'évêque dominicain fr. Barthélémy, fondateur supposé d'un couvent dans le
Tigré au 14e siècle, dans Rassegna di studi etiopici, V, 1946, p. 7-16.
-, Linguae haicanae scriptores O.P. congregationis Fratrum Unitorum et Fra¬
trum Armenorum ordinis sancii Basilii citra mare consistentium, Berne,
1960.
-, The monastery of Aparan and the Armenian writer fra Mxitaric, dans Archi-
vum fratrum praed, I, 1931, p. 265-308.
-, Le «Sour Petrosi», vade-mecum pour les missions asiatiques du XIVe siècle,
dans Neue Zeitschrift für Missionswissenschaft, I, 1945, p. 161-168.
-, Uniteurs et Dominicains d'Arménie, dans Oriens christianus, XL, 1956,
p. 94-1 12; XLII, 1958, p. 110-133; XLIII, 1959, p. 110-119.
-, voir aussi p. 217, η. 199.
Van den Wyngaert (Anastase), lean de Montcorvin, O.F.M., premier archevê¬
que de Khanbaliq. 1247-1328. Lille, 1924 (repris de La France francis¬
caine, VI, 1923, p. 135 et suiv.).
-, Méthode d'apostolat des missionnaires du XIIIe au XVIe siècle en Chine,
dans La France franciscaine, XI, 1928, p. 163-178.
XXXIV USTE DES OUVRAGES CITÉS
Zarncke (F.), Der Priester Johannes, dans Abhandlungen der kgl. sächsisc
Gesellschaft der Wissenschaften, Philol.-Hist. Klasse, VII, 1879, p.
La mission, c'est-à-dire l'évangélisation des peuples vivant en dehors de
la Chrétienté, était sans doute familière aux esprits des Occidentaux dès la
fin du XIe siècle. Mais elle se présentait surtout sous un aspect historique.
la Vistule, et les Germains arrêtés sur l'Elbe), des Suédois déjà touchés par
Nord, relevait en principe de l'Eglise grecque, qui était regardée par les
Latins comme une branche de leur propre Eglise, séparée de celle-ci par
4 INTRODUCTION
tianisme
2 Parmi
des les
Danois
peuples
à la finnois,
fin du XIe
les siècle;
Esthoniens
les Tchoudes
avaient de
reçuFinlande,
(très superficiellement)
des Suédois, eux-mê
le c
5 Cette solution avait déjà été retenue au XIIe siècle dans le royaume de Jérusalem : elle
fut étendue à celui de Chypre en 1213 ( Fontes ... ad redigendum codicem juris canonici orien¬
tales, t. III, n° 108, p. 147; Mas-Latrie, Histoire de l'île de Chypre, t. Ill, p. 622). L'archevêque de
Gaza et Eleutheropolis, associé en 1173 au clergé grec du Saint-Sépulcre, n'était-il pas le
vicaire pour les Grecs du patriarche latin de Jérusalem (Delaville le Roulx, Archives de l'Orien
latin, I, p. 413)? Au XIIIe siècle, cette situation paraît normale : c'est seulement parce qu'il n'y
a pas d'évêque grec ou arménien pour son diocèse que l'évêque de Valénie reçoit juridiction
sur les églises grecques et arméniennes, en 1224 (Fontes , III, p. 178; Pressuti, n° 5388). Sur
l'élaboration de cette doctrine canonique, cf. J. A. Brundage, The decretalists and the Greek
Church of South Italy, dans La Chiesa greca in Italia dalWlII al XVI secolo, Padoue, 1973
p. 1077 (Italia sacra. 20-22).
6 Cf. George Hill, A history of Cyprus, I, Cambridge, 1949, p. 305.
7 G. Dumézil, Une chrétienté disparue : les Albaniens du Caucase, dans Journal Asiatique
CCXXXII, 1940, p. 125 et suiv.
8 Le copte, d'ailleurs, connaît un recul très net devant l'arabe : le patriarche Gabrie
(1131-1146) dut faire traduire en arabe le rituel et les livres saints pour les rendre accessible
aux fidèles (Michel le Syrien, Chronique, trad. Chabot, III, 235). Le recul du syriaque (ara
6 INTRODUCTION
16 Le voyage de l'archevêque Jean - s'il s'appelait ainsi - est attesté par une lettre d'Eudes
de Saint-Rémy de Reims à Thomas de Marie ( Pair . hat., 172, c. 1331-1334); il reste très obscur.
On cite ensuite une ambassade dont aurait fait partie un certain clerc Elysée. Par contre, une
ambassade sans doute venue d'Ethiopie, aurait réellement atteint Rome sous Alexandre III.
Cf. Zarncke, Der Priester Johannes, dans Abhandl der Kgl. Sachs. Gesellschaft, XVII, 1879,
p. 827-1030, et XIX, 1880, p. 122 et suiv. Il faut ajouter à ces sources d'information la fameuse
«Lettre du Prêtre Jean à l'empereur Manuel Comnène». Sur tout cela, une bibliographie
commode est rassemblée dans le livre déjà cité de Melle Von den Brincken, Die «Natio-
nes ». . . , p. 382-392.
17 Celui-ci dresse un status des res humanae, à la date de 1172, où il envisage l'attitude
envers le christianisme des souverains du monde entier (M G H, SS, XXVI, 84). Cf. A.-D. Von
den Brincken, op. cit., p. 424.
18 Oriens totus ultra mare usque in Indiam et Ethiopiam nomen Christi confitetur et praedicat
(Peregrinatores medii aevi quatuor, ed. Laurent, p. 90). Olivier de Paderborn pense aussi que
les chrétiens forment la majorité de la population des Etats musulmans.
19 Sur le chambellan Baudouin, qui essaya d'empoisonner son maître en 1111, cf. notre
Royaume latin de Jérusalem, p. 123. Bohémond aussi sert de parrain à un Turc qui prend son
nom (R.H.C , Hist. Occ., IV, p. 382); Godefroy de Bouillon instruit de la foi chrétienne
l'ancien gouverneur de Ramla, qui servait comme auxiliaire dans son armée, et qui reçoit le
8 INTRODUCTION
à l'hist. des Croisades, 9, Paris, 1969, p. 112). Et Foucher de Chartres parle de Latins qui
sent des Sarrasines baptisées. Sur les Turcoples, cf. notre Royaume latin, p. 129 : nous n
sons pas qu'il s'agisse de métis, comme on l'admet souvent, mais bien de Musulmans
sés.
20 En dehors de la lettre au sultan de Konya citée à la note suivante, cf. Aubri de
Fontaines, Chronicon, éd. Scheffer-Boichorst (M G H, SS, XXIII, p. 859), d'après Guy de
ches, sous la date de 1186 : In partibus transmannis populi qui dicuntur Hassacinus nu
esse LX milibus amplior perhibetur . . . Contigit diebus nostris quod magistrum sibi prefe
per quem instituta Mahumeth . . . relinquerunt. Et cum votis ardentibus appeterent su
legem Christi petunt a rege Ierosolimitano Balduino IV, regis Amalrici filio, ut remissis I
bus aureorum quos quasi pro tributo quidam suorum solvebant fratribus Templi, conferre
ecclesiastici gratia sacramenti. Le meurtre de leur envoyé par des Templiers, et la m
Baudouin IV, auraient empêché la conversion en masse des Ismaïliens (de Syrie) au ch
nisme. Guillaume de Tyr, qui est la source de cette information, rapporte ces événem
l'année 1173, mais est aussi affirmatif sur la conversion envisagée (livre XX, chap. 28-
21 Arnoldi Chronica Slavorum, dans MG H, SS, XXI, p. 116-125. - Mathieu Paris a
bien qu'Alexandre III aurait envoyé, à la demande du sultan de Konya, un exposé de
catholique à l'intention de ce dernier, lequel se serait converti ensuite secrètemen
crainte des Turcs ( Chronica majora, éd. Luard, II, p. 250). Mais la lettre dont il donne le
sous la date de 1169, émane probablement d'Alexandre IV (1254-1261) et non d'Alexand
(1159-1181). Cf. infra, p. 46, n. 114.
22 Hec christianorum diversitates per totum Asiam Sarracenis sunt permixte, ne gens i
fida per ignoranttam se valeat excusare (Historia Damiatina, éd. Hoogeweg, p. 267, dans
ten des Kölner Domscholasticus . . . Oliverus, Stuttgart, 1894). L'idée selon laquelle on r
trait partout des chrétiens dans le monde habité, ce qui dispensait les Latins de pren
ŒUVRE MISSIONNAIRE AU XIIe S. ET DÉFINITION D'UNE DOCTRINE 9
leur importance; mais ils n'étaient présents dans les Etats nés des Cr
des que par leurs monastères de Jérusalem ou de la Montagne-Noire,
d'Antioche26.
Pour les Jacobites, leur patriarche, qui portait lui aussi le titre d'An
che, résidait habituellement au couvent de Mar Barçauma, non loin de
gar27. Lui aussi avait sous sa juridiction un catholicos pour les Syriens
bites vivant dans les territoires ressortissant jadis de l'empire sassanid
maphrian, dont le siège avait d'abord été fixé à Tekrit, et qui s'était é
dans un autre couvent, celui de Mar Mattâ près de Mossoul. Si ce der
vivait en pays dominé politiquement par les souverains musulmans
liens entre le patriarche et le maphrian étaient étroits, et le monastèr
Mar Barçauma se trouva pendant la première moitié du XIIe siècle, so
domination politique des comtes d'Edesse; par la suite, le patriarche
bite ne devait pas rencontrer de difficulté majeure à se rendre dan
Etats latins où il avait un grand nombre de ses ouailles28. L'établissem
des Croisés, s'il fut générateur de quelques frictions dans l'ordre ecclési
que entre Orientaux et Latins, favorisait les contacts entre ces dernie
les chefs des Eglises orientales29.
Dès avant les Croisades, un geste significatif avait été fait par le ca
licos arménien Grégoire II, qui en 1080, avait obtenu de Grégoir
l'envoi du pallium et une lettre dans laquelle le pape l'avait invité à re
cer à certaines divergences dogmatiques et disciplinaires30. En 114
légat pontifical Albéric, cardinal-évêque d'Ostie, réunissait un syno
Jérusalem : il y invitait le catholicos arménien Grégoire III et le patria
jacobite, qui tous deux remirent une profession de foi au légat et prom
de ramener leurs Eglises respectives à l'union avec Rome31. Et il est p
26 Cf. J. Richard, Quelques textes sur les premiers temps de l'Eglise latine de Jérusalem,
Recueil de travaux offerts à M. Clovis Brunei, II, Paris, 1955, p. 420-430.
27 E. Honigmann, Le couvent de Barsaùmâ et le patriarcat jacobite d'Antioche et de
Louvain, 1954.
28 Cf. Peter Kawerau, Die Jakobitische Kirche im Zeitalter der syrischen Renaissance
und Wirklichkeit, 2e éd. Berlin, 1960 (Berliner Byzantinische Arbeiten, III), et Ann
Lüders, Die Kreuzzüge im Urteil syrischer und armenischer Quellen, Berlin, 1964, p. 66-72
29 Sur les églises orientales dans leur ensemble, cf. A. S. Atiya, A history of Eastern Ch
nity, Londres, 1968.
30 Fontes . . . I, n° 379-380. Cf. Fr. Tournebize, Hist, polit, et relig. de l'Arménie, I, Paris,
ŒUVRE MISSIONNAIRE AU XIIe S. ET DÉFINITION D'UNE DOCTRINE 11
ble que ce soit à la même occasion que le patriarche maronite ait lui aussi
fait acte de soumission à la primauté romaine32.
La réunion d'un concile - ou d'un synode - apparaît en effet dès lors
comme l'occasion de conversations entre les prélats latins et les chefs des
Eglises orientales qu'il est d'usage d'inviter à ces réunions. Le patriarche
latin d'Antioche, Aimery, qui était en relations amicales avec le patriarche
jacobite Michel le Syrien, envisagea de se faire accompagner au troisième
concile du Latran par celui-ci (1 178). Et c'est dans la perspective du pro¬
gramme du concile, qui comprenait la lutte contre les doctrines cathares,
que Michel écrivit un traité réfutant les doctrines en question, en
s'appuyant sur la tradition orientale. Nous ignorons cependant si, à cette
occasion, le célèbre écrivain fit acte de son adhésion à la foi de l'Eglise
romaine et de sa reconnaissance de la primauté de Rome - mais peut-être
était-il trop bon théologien pour s'engager sur le premier point-33. Et il
n'est pas exclu que ce soit également à l'occasion du concile que le même
Aimery obtint du patriarche maronite le désaveu des doctrines monothéli
tes qui étaient attribuées à son Eglise : Guillaume de Tyr enregistre sous la
date de 1182 le ralliement des Maronites à l'Eglise romaine34.
Toutefois, en dépit de ces adhésions officielles, et d'excellentes rela¬
tions personnelles entre les représentants des Eglises - parfois troublées,
d'ailleurs, par des querelles violentes -35, nous avons trace de conversations
et de controverses. C'est ainsi que l'archevêque jacobite de Jérusalem,
Ignace, se vit obligé d'appeler à son aide l'évêque d'Amida, Denys bar
32 Kamal S. Salibi, The maronite church in the Middle Ages and its union with Rome, dans
Oriens christianus, t. XLII, 1958, p. 94.
33 Michel le Syrien, Chronique, III, p. 377-378; le patriarche jacobite, bien que prêt à des
concessions pour le bien de la paix, tenait ferme sur la doctrine monophysite - cf. sa réponse
aux Grecs : Ibid., p. 334-336 et 351.
34 Guill. Tyr, XXII, 8; K. S. Salibi, op. cit., p. 94. Ce ralliement n'excluait pas des opposi¬
tions qui se traduisirent par des attaques dirigées par les adversaires de l'union contre des
églises et des monastères, obligeant Innocent III à intervenir et à jeter l'interdit sur la sei¬
gneurie de Gibelet (ibid, p. 95; Patr. Lat., CCXVI, col. 826). Cf. Le Quien, Oriens christianus, III,
p. 54-65.
35 Dans le comté d'Edesse, en particulier, les Syriens faisaient baptiser leurs enfants dans
les églises latines; le maphrian jacobite consacre en 1129 un évêque dans la cathédrale latine
de Turbessel (Bar-Hebraeus, Chronicon ecclesiasticum, II, p. 474, 478, 484). Les violences du
comte Jocelin II contre certains prélats jacobites et le monastère de Mar Barçauma sont
12 INTRODUCTION
Salibi, qui écrivit à son intention une Expositio missae «pour pouv
répondre aux Romains, c'est-à-dire aux Francs» (1169) : il s'agis
d'appuyer par des arguments théologiques les usages suivis par les Jaco
tes dans la célébration de la messe, et notamment l'emploi de pain
menté, mêlé d'huile et de sel, pour la consécration36. En sens inverse, c
au chantre d'Antioche que saint Thomas d'Aquin devait adresser près d'
siècle plus tard son petit traité De rationibus jidei contra Saracenos, Gra
et Armenos, destiné à fournir à ce dignitaire du chapitre cathédral d
ville patriarcale - qui avait normalement la charge des écoles où se form
le clergé latin - les arguments nécessaires aux controverses qui co
nuaient sans doute entre les membres du clergé séculier, les chrét
orientaux et les Musulmans37.
Ainsi se dégageait, «outre mer», une doctrine missionnaire qui a
l'accord de la Papauté : l'Eglise latine ayant dans son ressort les comm
nautés chrétiennes des Etats latins, reconnaissait l'existence de celles
ne vivaient pas selon le rite latin et leur droit à avoir leur propre hié
chie; tout en postulant la soumission des évêques grecs à leur diocé
latin, elle ne l'exigeait pas des autres prélats. Elle cherchait à obteni
reconnaissance de la primauté romaine et de l'unité de foi de la part
chefs de ces Eglises, s'en remettant à eux de l'adhésion de leurs ouailles
dehors comme au-dedans des Etats latins. Elle s'en remettait également
Orientaux en ce qui concernait la conversion des Infidèles - c'est-à-dire
Orient, essentiellement des Musulmans, les «païens» de l'Asie intérie
comme ceux de l'Afrique noire n'étant pas entrevus38.
La doctrine missionnaire, en ce qui concernait les païens, c'est-à-
celle qui devait s'appliquer aux frontières européennes de la chrétien
les peuples de rite grec de l'empire byzantin, des Balkans et des princi
36 Assemani, Bibliotheca Orientalis, II, p. 156-177. Un certain Bar Andreas était contra
cos et Armenos os eloquentissimum (Bar-Hebraeus, Chron. eccl. II, p. 484-486).
37 Le P. Martin Grabmann (Die Schrift : De rationibus fidei contra Saracenos, Graec
Armenos des M. Thomas v. Aquin, dans Scholastik, XVII, 1942, p. 187-216) paraît supposer
le destinataire de ce traité pouvait être un Dominicain; le titre de cantor conviendrait m
à un dignitaire du chapitre.
38 II n'est pas inutile de rappeler que, si le nom de pagani ou de « païens » est sou
donné, dans les textes d'inspiration populaire, aux Musulmans, les textes savants font
ŒUVRE MISSIONNAIRE AU XIIe S. ET DÉFINITION D'UNE DOCTRINE 13
tés russes mis à part - était différente; mais elle résultait d'une longue
expérience. Aucun peuple n'avait pu être amené à la foi sans que ses prin¬
ces y fussent eux-mêmes gagnés des premiers : ainsi la propagation du
christianisme chez les Suédois, entamée au temps de saint Anschaire (IXe
siècle) ne fit-elle de pas décisifs qu'avec la conversion de saint Eric, un siè¬
cle et demi plus tard; par contre, pour autant qu'elle fût durable, la conver¬
sion du prince entraînait en principe celle de ses sujets. La Papauté avait
pris l'habitude de créer des évêchés dans les principales de ces principau¬
tés, en les rattachant à des métropoles qui servaient de points d'appui pour
les missions : Salzbourg pour les pays slaves du Sud, Magdebourg pour
ceux du Nord, Brème pour la Scandinavie. Mais déjà, au IXe siècle, les
papes Adrien II et Jean VIII avaient accepté de relever la vieille métropole
pannonienne de Sirmium, à la demande de saint Méthode, malgré l'opposi¬
tion de l'archevêque de Salzbourg et de son suffragant de Nitra (qui
devaient d'ailleurs finir par l'emporter), pour rassurer le prince des Mora-
ves sur le maintien de son indépendance à l'égard du roi de Germanie39;
Otton III et Sylvestre II avaient conçu une politique hardie, visant à favori¬
ser la christianisation des pays encore païens, en créant dans les nouveaux
royaumes de Pologne et de Hongrie les métropoles de Gniezno et d'Eszter-
gòm, malgré l'opposition de l'archevêque de Magdebourg et de l'évêque de
Passau40.
La doctrine pontificale allait se préciser à la faveur de la conversion
des peuples de la Baltique. Les peuples baltes (Prussiens, Livoniens, Lithua¬
niens. . . ) avaient longtemps résisté à l'évangélisation; saint Adalbert et
Brun de Querfurt avaient trouvé le martyre chez les Prussiens. Mais, en
Livonie comme en Prusse, le mouvement de conversion s'amorce entre
1180 et 1200. Les Cisterciens des abbayes de Lekno et d'Oliva amènent à la
foi les princes de Culm, où il est possible d'ériger un évêché qui est confié à
un autre Cistercien en 1215 41 . En Livonie, c'est un chanoine régulier qui est
doté du premier évêché (1186), et un chanoine de Brème, Albert de Bux-
hövden, se fixe à Riga en 1200. On sait que le recours aux armes apparut
comme indispensable pour protéger ces jeunes chrétientés contre un
39 F. Dvornik, Les Slaves, Byzance et Rome au IXe siècle, Paris, 1926, p. 157, 207, 260.
40 P. Fabre, La Pologne et le Saint-Siège du Xe au XIIIe siècle, Paris, 1896; E.-R. Labande,
Mirabilia mundi Essai sur la personnalité d'Otton III, dans Cahiers de civilisation médiévale,
14 INTRODUCTION
retour offensif des païens, et que les évêques mirent sur pied des m
tant à Culm qua Riga - ces milices qui, en Prusse furent finalement a
bées ou qui fusionnèrent avec l'ordre des chevaliers teutoniques lo
celui-ci, créé en Terre Sainte et pour la Terre Sainte, vint s'établir en
prussienne42. Mais Honorius III, s'il lançait une croisade pour déf
l'église de Prusse, se préoccupait de défendre ces jeunes églises d'un
côté, en les enlevant à la juridiction de l'archevêque de Brème pou
constituer en évêchés autonomes, avant qu'Innocent IV se décidât à
en 1246 un «archevêché de Prusse, Livonie et Esthonie»43.
Les efforts des papes tendaient également à mettre à l'abri des co
tises des pçinces voisins les peuples nouvellement amenés à la foi;
goire IX dut préciser que les nouveaux convertis n'appartenaient
Christ44, et Alexandre IV, qu'ils étaient libres de se soumettre à q
voulaient, pourvu que leur conversion fût gratuita, non coacta45. M
recours, considéré comme nécessaire, à la croisade, va souvent à l'enc
de cet effort de christianisation non forcée46; les progrès des Teuton
A. L. 42Ewald,
Cf., entre
Die autres,
Eroberung
F. G.Preussen
Von Bunge,
durch Die
die Deutschen,
Stadt Riga Halle,
im 13. 1872-1886;
und 14. Jhdt.,
Baltische
Leipzig
K
47 Cf. les accusations du prince de Lithuanie et de l'archevêque de Riga contre les Teuto
niques, au XIVe siècle : ils détruisent des églises construites par les Franciscains en pay
lithuanien, de façon à pouvoir justifier leurs conquêtes (Lemmens, Heidenmissionen, p. 11
17); ils substituent leurs propres évêques à ceux que l'archevêque a institués; ils suscitent l
colère des indigènes qui détruisent, en représailles, les évêchés de Lettonie et de Semigalli
{Regestum Clementis papae V, n° 6770). Le prince de Lithuanie, Mindaugas, avait annoncé s
conversion en 1251; il reçoit de Rome la couronne royale; son conflit avec les Teutoniques
auxquels il inflige de lourdes pertes, amène le pape à prêcher la croisade contre les Lithua¬
niens et les Iatvagues retournés au paganisme, et qui ne se convertiront finalement qu'en
1386. Un évêque (Jatwesoniensis ) avait été désigné pour les Iatvagues; il ne put résider dan
son diocèse (Der Formularsammlung des Marinus von Eboli, hggb. F. Schillmann, I, p. 177
Sur cette création (fin 1256) et l'opposition des Teutoniques, et sur le conflit de ceux-ci ave
le duc de Cujavie à propos de l'érection d'un évêché à Lukow (1257), cf. L. Pellegrini, Le mis
sioni francescane sotto Alessandro IV (1254-1261), dans Studi francescani, 64e année, n° 1, 1967
p. 97-101.
48 Ainsi la création d'un évêché de Ruthénie, ou des Ruthènes - qui fut sans doute érig
par l'archevêque de Livonie en vertu des pouvoirs à lui conférés en 1247 (econtra : Altaner
Dominikanermissionen, p. 223-224) comme celui des Iatvagues (si celui-ci est bien Y episcopatu
Wersonie cité dans une bulle de 1255 : Reg. d'Alex. IV, 347) - entreprenait-elle sur la juridic¬
tion de l'évêque de Lübeck, qui se considérait comme l'ordinaire de tous les Latins de Russie
Alexandre IV lui donna des lettres de non préjudice {Reg., 1692) au moment, d'ailleurs, o
Daniel de Halicz se séparait de Rome. C'est l'évêque de Lübeck qui devait désigner le premie
évêque latin de Kiev, dont la nomination fut confirmée par le Saint-Siège en 1320 (Eubel, Hi
rarchia catholica medii aevi, I, p. 302). Sur le rôle des Latins de Kiev dans la diffusion de la fo
cf. Re g. de Grégoire IX, n° 1961-1962; Fontes, III, p. 278. - Sur toutes ces questions, c
16 INTRODUCTION
49 Sur tout ceci, cf. The chronicle of Henry of Livonia, trad. J.-A. Brundage, Madison, 1961,
passim. Sur la création de paroisses, cf. un texte brandebourgeois de 1235 cité par Eb. Sch¬
midt, op. cit., p. 74, note : un évêque érige une paroisse dans des villages où les habitants non-
dum fidem catholicam ad plenum susciperint, sed adhuc quibusdam teneantur paganis ritibus
irretiti Le rôle des Prémontrés est mentionné dans le même ouvrage, p. 95. - Sur celui des
Cisterciens, supra, p. 13, et n. 41. La conversion des peuples finnois ou sibériens par les Rus¬
ses paraît, elle aussi, avoir surtout été assurée par le rayonnement des monastères. - Nous
rappelons que nous ne nous référons ici aux exemples tirés des pays baltes ou slaves que
pour en dégager des éléments de doctrine.
50 Aubri de Trois-Fontaines, Chronicon, éd. Scheffer-Boichorst, p. 886. Le nom de Suse
comme siège d'un prélat de haut rang évoque la lettre du Prêtre Jean à Manuel Comnène;
toutefois il a effectivement existé, vers 1210, un patriarche copte d'Alexandrie, Jean, fils
d'Abugaleb, qui aurait professé des opinions très proches des doctrines chalcédoniennes, au
point que les monophysites se seraient abstenus en masse, de suivre ses obsèques, auxquelles
assistait le patriarche melkite : Le Quien, Oriens christianus, II, p. 488-489.
51 La Russie offre une situation un peu particulière : Innocent III avait invité les archevê¬
ques, évêques et habitants de la Russie, clercs et laïcs, à reconnaître la primauté romaine, eu
égard à la réunion de l'Eglise grecque et l'Eglise de Rome, en 1206; mais les Dominicains
polonais, établis à Kiev en 1222, et surtout saint Hyacinthe (mort en 1257) travaillent à la
conversion des Russes, au point qu'un évêché missionnaire est créé chez ceux-ci, comme
nous l'avons vu : B. Altaner, Die Dominikanermissionen des 13. Jhdts, Habelschwerdt, 1924,
Ce qui donna, vers le début du XIIIe siècle, un nouvel élan à l'activité
«Outre-mer», la conquête d'une grande partie des Etats latins par Sala-
rement (puisque les Lieux Saints furent à nouveau entre leurs mains de
1229 à 1244), d'être au contact des pèlerins venus d'Asie ou d'Afrique. Mais,
sultan contribue à ouvrir les portes de l'Asie aux Latins qui voudront s'y
4 P. Pelliot, A propos des Comans, dans Journal Asiatique, 1920, 1. 1. Kaèghari note l
parenté des langues parlées par les Yämäk, les BaSkirs, les Qipèaq, les Kirghizes et les Oghu
(C. Brockelmann, Mahmud al-Kasghari über die Sprachen der Türken, dans Körösi Csom
Archivum, I, 1921, p. 26-40). Cf. J. Richard, La limite occidentale de l'expansion de l'alphabet ouï¬
gour, dans Journ. Asiat., t. 239, 1951, p. 71-75 et La conversion de Berke et les débuts de l'islami¬
sation de la Horde d'Or, dans Revue des études islamiques, 1967, p. 173-184. Les Qipèaq orien¬
taux avaient partie liée avec les sultans khwarezmiens.
5 P. Pelliot, Notes sur l'histoire de la Horde d'Or, dans Œuvres posthumes de Paul Pelliot, II
Paris 1950, p. 165-174. La résistance des Saxi à l'invasion mongole fut assez acharnée pou
avoir retenu l'attention de Plancarpin (Sinica franciscana, I, p. 91). La lettre de Julien de Hon¬
grie fait état de l'occupation de la Sascia per les Mongols en 1236 ou 1237. Toutefois Benoî
de Pologne, compagnon de Plancarpin, écrit : Fratres vero euntes per Comaniam a dextri
habuerunt terram Saxorum, quos nos credimus esse Gothos, et hii sunt christiani; postea Alanos
qui sunt christiani; postea Gazaros, qui sunt christiani : in hac terra sita est Ornam, civitas opu
lenta, a Thartaris capta per submersionem aquarum; deinde Cyrcassos, et hii sunt christiani; pos
tea Georgianos, et hii sunt christiani ( Sinica Franciscana, I, p. 137-138) : ceci place les Saxi au
sud de la route suivie par Plancarpin - de Kiev à la région de Sarai, puis au nord de la Cas
pienne et de la mer d'Aral -. Les Saxi ne nous semblent pas pouvoir être les Goths de Crimé
(cf. A. A. Vasiliev, The Goths in the Crimea, Cambridge, Mass., 1936) - de même que les Kh
zars, cités comme habitant à l'est des Alains et à l'ouest (ou au nord-ouest) des Circassiens, n
paraissent pas être ceux qui ont donné leur nom à une partie de la Crimée il faudrai
admettre que les «Saqsin», si c'est bien d'eux qu'il s'agit, habitaient dans la région de Sarai
ou même au sud, comme l'a pensé Pelliot. Néanmoins, il ne faut pas oublier que Benoît n'
pas visité le pays en question et que ses localisations sont approximatives. Plancarpin met a
Sud de la Comanie les Alains, Circassiens, Khazars et Grecs; au Sud-Est les Ibères (Géor
giens), Cathi, Bruthaci, les Ziques, les Arméniens et les Turcs.
6 Ce peuple, mal identifiable, aurait habité au Sud de la Grande Bulgarie, d'après le D
inventa Ungaria magna qui parle des Sarrasins appelés Vela, dont la civitas se nommai
Bunda. Julien de Hongrie énumère parmi les cinq royaumes conquis par les Mongols e
22 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
de la Volga, les Russes - qui les appelaient Polovtses et à qui ils avaient
tiquement enlevé le sud des anciennes principautés de Kiev et de Tch
gov, les éliminant de Tmutarakan (Matrega)7 et des rives de la mer No
et les Hongrois étaient leurs principaux voisins. Un autre peuple, peut
nomade lui aussi, celui des Brodnici 8, paraît avoir occupé une partie d
vaste domaine, la Cumania des voyageurs du XIIIe siècle.
Les Comans n'étaient pas des inconnus pour les peuples chrét
mais, jusqu'au début du XIIIe siècle, ils avaient surtout eu des contacts
les Russes, qui ne connaissaient que trop leurs razzias, et occasionn
ment avec les Géorgiens : c'est même à propos de la participation
corps important de Turcs Qipcaq à la guerre livrée par le roi de Gé
David le Réparateur aux Musulmans ( (1121) qu'il est fait pour la prem
fois mention du baptême administré en masse à ces auxiliaires par les
des Géorgiens9. Plus tard, tandis que l'Islam gagnait peu à peu les t
voisines du sultanat de Khwarezm10, les contacts des Russes ave
«Polovtses» se traduisent par l'attribution de noms chrétiens à cer
chefs qipcaq : un Youri, un Vsévolod, un Daniel figurent parmi ceu
ce nom de celui de la ville bulgare de Widin sur le Danube et propose de voir dans les
une branche du peuple bulgare, tandis que le nom de leur civitas, « Bundaz », évoquerai
des Burtas, qui correspond à l'appellation russe des Mordves, et que Gardïzi localisait
l'habitat des Khazars et celui des Bulgares.
7 II ressort des recherches de M. N. Banescu, La domination byzantine à Matracha
Zichie, en Khazarie et en «Russia» à l'époque des Comnènes (Bull, de la section hist, de
roumaine, XXII, 2, Bucarest 1941), que Matrega était aux mains des Byzantins au Xe siè
redevint byzantine en 1094, après avoir appartenu à des princes russes qui étaient sans
vassaux du basileus. Mais l'extension des Comans, même si ceux-ci n'ont pas enlevé M
aux Russes, est responsable de l'arrêt de l'expansion russe vers le Kouban, comme de la
dence de Kiev.
8 Un texte de 1228 (Fontes, III, p. 206) cite «la terre des Comans et des Brodnici» c
ressort d'une légation pontificale, et Bela IV déplore la perte du pays des Brodinci en
temps que de la Comanie, dans une lettre de 1247 (Fejer, Codex dtplomaticus Hungariae
p. 336). L'habitat de ce peuple a été localisé entre le Dniestr et les Carpathes : cf. P. Hr
Halyts'ko-Volyns'ka derzhava (The duchy of Halych-Volhynia), New-York 1958, p. 43-44 e
(Shevchenko Scientific society, Ukrainian studies, vol. 5).
9 Brosset, Histoire de la Géorgie, I, p. 379. On peut noter qu'après les Petchénègu
rencontrèrent les Croisés de 1095, de nombreux Comans servirent dans l'armée byza
des conversions intervinrent là aussi.
DE L'APPARITION DES MENDIANTS JUSQU'AUX MONGOLS 23
indice d'un début de christianisation dont les agents sont évidemment des
Russes11.
Les Comans n'étaient pas pour les Hongrois des voisins plus faciles que
pour les Russes : le roi André II devait établir les chevaliers du Temple,
puis les Teutoniques, en Transylvanie pour contenir leurs expéditions
menées depuis la plaine moldave. Mais la Hongrie était en pleine expan¬
sion, et la grave défaite subie par les Comans et leurs alliés les princes rus¬
ses sur la Kalka du fait de l'armée mongole de Siibotaï, en 1222, modifia les
rapports entre les deux peuples. André II, qui avait enlevé à la Bulgarie des
terres contestées, et notamment, en 1233, la Petite-Valachie12, avait égale¬
ment réalisé des progrès au nord des Carpathes, en intervenant dans les
querelles qui suivirent la mort du prince de Halicz, Roman (1206), ce qui lui
permit, après avoir essayé de faire de son propre fils Coloman un roi de
Galicie et de Lodomérie, de placer Daniel Romanovic sous sa protection,
étendant ainsi son influence jusqu'à Kiev13. Nombre de chefs comans, et
ceux des Brodnici, après leur défaite devant les Mongols, se placèrent égale¬
ment sous sa protection14. De ce fait, on pouvait faire circuler en Occident
des rumeurs selon lesquelles le comte de Transylvanie, envoyé par le roi de
Hongrie, avait écrasé une avant-garde mongole non loin de la mer d'Azov15,
tandis que Grégoire IX, désireux de soulager les Géorgiens pressés par le
sultan seljuqide d'Asie mineure, envisageait l'envoi d'une Croisade partant
de la Hongrie à travers le pays des Comans16.
1 1 Brosset donne le nom de Vsevolod comme celui d'un frère du roi des Qipòaq à la fin
du XIIe siècle; Youri Konòakoviè (Konèak vivait en 1184) et Daniel Kobyakoviè sont cités en
1223 (A propos des Comans, p. 149).
12 Dès 1205, Kalojean se plaignait des entreprises des Hongrois dans une lettre au pape;
et ce dernier était amené à placer sous l'autorité de l'archevêque de Kalocz l'evêché de la
«terre des fils de Beleknese », qui était un évêché de rite grec : Fontes, II, p. 99-100 et 300. En
1237, c'est la terre de Severin (Cheurin ) dont le pape doit régler le sort ( Fontes, III, p. 300-301).
L'attitude du roi de Hongrie envers la Bulgarie réagit sur la politique du tsar Jean Asen à
l'égard de la Romanie latine.
13 On peut noter l'attitude bienveillante de Daniel envers les Dominicains : Altaner, Die
Dominikanermissionen, p. 215-223. Son fils Léon, époux d'une princesse hongroise, leur donna
un couvent dans sa ville de Lwów (ibid., p. 219).
14 C'est ainsi qu'aux environs de 1247, Bela IV pouvait se plaindre au pape de ce que
l'invasion mongole eût enlevé à son royaume la Russie, la Comanie, la Bulgarie et le pays des
Brodinci qui in magna parte nostro dominio antea subjaceant (Fejer, Codex dipl. Hungarìae, IV,
1, p. 336).
24 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
Comans
un système
17 En
» (Registres
1228-1229,
féodal? de
onGrégoire
voit le roi
IX,André
n° 344).
II concéder
S'agissait-il
desdeterres
faire «aux
entrerducs
les chefs
et auxcoman
peupl
verait que du Saint-Siège; et, le 1er octobre 1229, il prenait les Comans sous
la protection du siège apostolique. L'évêque des Comans apparaissait
comme indépendant de la hiérarchie ecclésiastique du royaume de Hon¬
grie : aussi, quand il fallut créer un évêque de Bosnie, ou prendre charge de
la Petite-Valachie laissée sans évêque (26 avril 1238), ces territoires revendi¬
qués par la couronne de Hongrie étant sujets à contestation, c'est à l'évêque
des Comans que le pape s'adressa21.
Le diocèse confié à Yepiscopus Cumanorum, comme ceux des pays bal¬
tes, ne portait pas le nom de la ville où résidait l'évêque - ville des plus
modestes, d'ailleurs, qui prit naissance autour du couvent dominicain et de
la chapelle déjà mentionnée22 -, mais celui du peuple soumis à la juridic¬
tion de ce prélat. Pour limites, il eut, au Sud, les frontières de la Bulgarie,
qui relevait du patriarcat de Constantinople; à l'Ouest, les Carpathes qui le
séparaient de l'évêché de Transylvanie, relevant d'Esztergòm. Au Nord, un
évêque des Russes avait été nommé en 1233 : sans doute sa juridiction théo¬
rique coïncidait-elle avec les principautés russes, de Halicz à Kiev et Tcher-
nigov23. Par contre du côté de l'Est, il est vraisemblable que les limites du
diocèse auraient coïncidé, si on les avait déterminées, avec celles du terri¬
toire dans lequel nomadisaient les Comans - ce qui pouvait aller très loin
dans les steppes . . .
Toutefois les Comans n'étaient pas les premiers habitants de cette
région. Les anciennes notices épiscopales grecques, telle celle d'Epiphane
de Chypre, connaissaient dans cette région les provinces de Mysie et de
Scythie; et, en Dobroudja comme en Moldavie, vivaient des Valaques qui
continuaient à pratiquer le rite byzantin et qui, d'après les plaintes de l'évê¬
que Thierry, persistaient à obéir à des « pseudo-évêques » grecs. Conformé¬
ment à la doctrine reçue depuis le IVe concile du Latran, et déjà mise en
pratique antérieurement en Syrie franque, le pape invita l'évêque des
Comans à se donner un vicaire de rite grec qui serait ordonné évêque, lui
21 Registres de Grégoire IX, n° 344, 345, 536, 2120, 4286; Ripoll, Bullarium, I, p. 26-27 (Fon¬
tes , III, p. 208, 215, 282, 300-301).
22 B. Altaner a proposé de localiser ce site avec celui de Milcov, sur la Moldava, pour
tenir compte à la fois du texte du Carmen miserabile, qui le situe au-delà du Sereth, et de la
bulle d'érection du siège de Milcov, en 1347, qui se réfère à l'ancien évêché des Comans ( Die
Dominikanermissionen, p. 145 et suiv.). Il nous semble que le texte de Géraud de Frachet évo¬
26 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
continuité
24 Fontes,
daco-roumaine
III, p. 284, n°
(discussion
209 (Ripoll,
d'unBullarium,
article de I,F.p. Lot)
70); dans
G.-I. Revue
Bratianu,
hist, Le
duproblème
Sud-Est
29 Cf. l'autorisation accordée le 17 mars 1226 par Honorius III aux Dominicains et aux
Franciscains envoyés au Maroc (qui sont également autorisés à emporter de l'argent, contrai¬
rement à la règle de leur ordre) : Pressuti, II, n° 5865.
30 Cf. la datation de ces textes par H. Dörrie (op. cit.) : Julien aurait effectué son voyage à
28 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
soit la Grande-Hongrie, soit le pays des Mordves, soit même celui des
res. Deux d'entre eux arrivèrent auprès du chef des Mordves et d
rent; deux autres revinrent. Julien lui-même, avec plusieurs compa
reçut l'ordre de se rendre en Grande-Hongrie et passa par les confin
Prusse, où il apprit que la Grande-Hongrie, la Grande-Bulgarie et d
royaumes avaient été soumis par les Mongols. Le duc de Souzdal lui
de l'interception des messagers tartares, et d'un ultimatum que
apportaient au roi de Hongrie31. Estimant qu'il était indispensable d
mer celui-ci, et que les convulsions qui accompagnaient l'invasion m
rendaient leur mission impossible, Julien et ses compagnons, que le
Dominicains qui étaient restés à Riazan avaient rejoints, regagnèr
Hongrie.
Deux thèses s'affrontent à propos de ces textes. La recherche
«Grande-Hongrie», à partir de données légendaires contenues da
écrits historiques hongrois, la redécouverte d'un peuple resté mirac
ment semblable à celui qui, à travers une migration pluriséculaire,
fixé entre les Alpes et les Carpathes en s'accroissant d'éléments div
souvenir précis gardé par le rameau resté vers l'Oural des frères sé
autant de faits qui peuvent mettre en garde. Et M. Sinor a proposé
dans le De inventa Ungarìa magna une fabrication réalisée à l'a
connaissances livresques et de la lettre, celle-là authentique, du
Julien : ce qui réduirait à deux le nombre des missions hongroises
cherché à atteindre la Grande-Hongrie32. D'autres33 maintienne
contraire l'authenticité des quatre voyages en question : celui d
(1231-1233); celui de Julien et de ses trois confrères, dont les inform
sur les pays de la Caspienne et de la Volga paraissent évidemment
mière main - encore qu'il nous semble, avec M. Sinor, que ce text
fortement romancé -. Revenu en 1235, Julien serait parti en cour r
pendant que quatre autres Dominicains reprenaient la route de la G
Hongrie, cette fois à travers la Russie (1236). Julien, reparti à son t
passant par le Sud des pays lithuaniens (sans doute pour éviter la Comanie
alors en pleine turbulence) au début de 1237, recueillit deux de ces derniers
avant de revenir en Hongrie34.
La Grande-Hongrie ne paraît pas mythique. Julien, qui ne fait dans sa
lettre de 1238 aucune allusion aux contacts pris au cours du voyage qu'il
aurait fait trois ans auparavant35, a parlé en Russie à des pagani Ungari qui
fuyaient l'invasion de leur pays d'origine. Il semble difficile qu'il n'y ait pas
eu entre eux une certaine communauté de langue, même si celle que par¬
laient les « Grands Hongrois » n'était certainement pas identique au magyar
du XIIIe siècle. On a retrouvé dans les textes orientaux, les traces de
«Magyars» qui ne paraissent pas être ceux du Danube, encore que des
confusions rendent ces textes difficilement utilisables36. D'autant plus que
Julien appelle les pagani Ungari du nom de Bascarti, qui correspond à celui
qu'emploient Plancarpin et Rubrouck, ce dernier donnant pour voisins à ce
peuple les Kirghizes (Kerkis ) et les Bulgares de la Volga (dont la Grande-
34 Ce qui, à notre sens, empêche d'identifier cette mission de quatre Dominicains à celle
des quatre personnages dont le De inventa décrit le périple à travers la mer Noire, les pays de
la Caspienne et de la Volga, et milite en faveur de l'existence d'au moins trois voyages.
35 Ici, évidemment, se pose la question de savoir si Julien avait effectivement participé
au voyage dont M. Dörrie fixe les dates entre 1234 et 1235 (non sans une difficulté tenant à ce
que le roi Bela, qui aurait fait les frais de la mission, ne monta sur le trône qu'en octo¬
bre 1235).
36 M. Dörrie relève le nom des Mafear, à côté de celui des Ba§kirs, parmi les peuples dont
Gengis-Khan avait confié la soumission à Sübötai en 1222, avec les Russes, les Alains, les
Comans, les Bulgares, les Saqsin et les Qanqli (op. cit., p. 143-147). Yâqùt, parlant des BaSkirs,
explique qu'ils ont été convertis à l'Islam par les Grands-Bulgares, mais qu'au début du XIIIe
siècle ils sont sous la domination des Hongrois - qui ne sauraient être les « Hongrois chré¬
tiens». Al-'Umari, d'après des informations de la première moitié du XIVe siècle, cite parmi
les villes de l'empire de la Horde d'Or Màgar avec Kaffa, Sûdâq, Saqsin, Bulèar. . . , et la pro¬
vince de BaSqird ; mais cette ville peut-être le Mengiar de Marco Polo, qu'on recherche dans
la région caucasienne; ailleurs, il cite les armées des Russes, des Tcherkesses, des Magar et
des Alains comme faisant des raids pour enlever des esclaves : s'agit-il des « Hongrois chré¬
tiens» ou d'un des peuples soumis en principe aux khans de la Horde d'Or? Cf. H. Derem
bourg, Les croisades d'après Yâqoût, dans Centenaire de l'Ecole des Langues orientales, Paris,
1895, p. 91; Das Mongolische Weltreich, Al-'Umari's Darstellung. . . , hggb. Kl. Lech, Wiesbaden,
1968, p. 140 et 142; P. Pelliot, Notes on Marco Polo, II, p. 777-778, et Recherches sur les chrétiens
d'Asie centrale et d'Extrême-Orient, p. 118, n. 1. Une hypothèse récente a proposé d'identifier
les Proto-Hongrois (Madjari) aux Meschcher de la Volga, peuple de langue ougrienne que les
30 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
37 Ce qui peut expliquer certaines confusions, comme celle que nous avons relev
Al-'Umari entre Bulgares de la Volga et Bulgares du Danube (Zeitschrift der deutschen M
ländische Gesellschaft, 121/1, p. 213-214). Et il ne serait pas exclu qua propos des B
Yâqût eût été influencé par le protectorat exercé par le roi de Hongrie, qui se tit
Cumaniae, sur les Qipèaq dont certains éléments étaient musulmans.
38 Ζ. V. Togan, «Bashjirt», dans Encycl. Islam, 2e éd., p. 1106-1109, a exclu forme
cette assimilation (les BaSkirs, au témoignage de KaSghari, parlaient le turc, et non u
gue ougrienne). Par contre, P. Pelliot (Notes sur l'histoire de la Horde d'Or, p. 115-162) a
la variété des acceptions du mot Basqirt dans les textes mongols.
39 Infra, p. 188.
40 Aubri de Trois-Fontaines affirme que le roi Bela avait envoyé les Dominic
Grande-Hongrie pour savoir si les Tartares menaçaient la Comanie et la Hongrie (p. 9
la diffusion de ces récits, cf. G. A. Bezzola, Die Mongolen in Abendländischer Sicht (122
Berna et Munich, 1974, p. 57-65.
41 Le royaume des Bulgares de la Volga était détruit pendant l'hiver 1237-1238; les
les Ziques, les peuples de Crimée (Khazars, Goths, Sogdaia) étaient soumis en 1239; l
DE L'APPARITION DES MENDIANTS JUSQU'AUX MONGOLS 31
pie qipcaq avaient été attaqués par les Mongols près de la Volga. Bela IV,
inquiet de la fermentation qui régnait parmi eux, se porta à leur rencontre
et défit l'armée que commandait leur principal chef, Koutan. Mais ce der¬
nier implora le roi de le laisser pénétrer en Transylvanie avec sa horde, en
promettant de recevoir le baptême avec tous les siens. Les Dominicains
intervinrent auprès du roi, qui se laissa convaincre; après une prédication
sommaire, dix Frères Prêcheurs baptisèrent plusieurs milliers de Comans,
et ceux-ci pénétrèrent dans le royaume de Hongrie. D'autres, cependant,
franchissaient le Danube et se présentaient aux frontières de l'Empire
latin : les princes Jonas et Soronius promirent eux aussi de recevoir le bap¬
tême et obtinrent le droit d'entrer, avec les leurs, dans le territoire de
l'empire - qui se garda de négliger le précieux appoint de ces redoutables
guerriers, acteurs pour une part de la défaite où Baudouin Ier avait disparu,
en 1205 après leur baptême, ils donnèrent leurs filles en mariage à Guil¬
laume de Merry et à Narjot de Toucy, deux des principaux barons francs44.
Le territoire de la Comanie, lui, fut parcouru par les Mongols, et les
voyageurs, dix ans après, le trouvèrent encore jonché d'ossements.
D'innombrables Comans chrétiens et quatre-vingt-dix Dominicains furent
massacrés, la résidence épiscopale détruite; d'autres néophytes furent
déportés en Asie centrale, où Rubrouck devait en rencontrer. Le diocèse
des Comans disparut : on ne devait songer à le restaurer que plus de trente
ans après.
La conversion des Comans allait cependant continuer à être d'actualité.
Dans la Hongrie, si éprouvée à son tour après la défaite du Sahjo (1241), les
nomades auxquels le baptême avait été administré si libéralement se révé¬
lèrent un élément de trouble : on parut même craindre par moments qu'ils
n'entraînassent la Hongrie vers le paganisme. Innocent IV donnait en 1253
des privilèges aux Dominicains qui annonçaient la prochaine conversion
des Comans; en 1256, on apprenait qu'un grand nombre d'entre eux avait
que le duc de Souzdal avait arrêté le porteur de ce message. D'après le De inventa, le frère
Julien aurait rencontré en Grande-Hongrie un envoyé des Mongols qui parlait le mongol, le
turc (coman), l'arabe, le hongrois, le russe et l'allemand.
44 Géraud De Frachet, op. cif, Aubry de Trois-Fontaines, p. 946; S. Salaville, art. cité,
p. 193; Soranzo, Il papato, l'Europa cristiana e i Tartari, p. 42 et suiv.; R. Grousset, L'Empire des
steppes, Paris, 1939, p. 328-332. Cf. J. Longnon, L'Empire latin de Constantinople et la principauté
32 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
45 Cf. la lettre de Nicolas III au roi de Hongrie (9 décembre 1279 : Fontes, V, 2, n°49
l'on apprend que les Comans avaient accepté toutes les exigences, sauf celles de raser
barbes et couper leurs cheveux. . .
46 B. Altaner, op. cit.', Registres d'Innocent IV, n° 6273; d'Urbain IV, n° 2769; Reichert,
DE L'APPARITION DES MENDIANTS JUSQU'AUX MONGOLS 33
voulu imposer à ces nomades48. Toutefois, du fait que les Comans s'étaient
établis dans un territoire déjà pourvu de son armature diocésaine, le dio¬
cèse des Comans et son évêque particulier avaient définitivement disparu.
La mission de Tartarie Aquilonaire allait reprendre, sous une autre forme,
la tâche brutalement interrompue.
cains48aux
On Franciscains.
peut noter à ce propos que la charge de la mission des Comans passe des Domini¬
51 Cf. P. Pelliot, Deux passages de la prophétie de Hannan fils d'Isaac, dans Mélange
l'époque des croisades, p. 73-97; R. Röhricht, Quinti belli sacri scriptores minores, Genève,
(Société de l'Orient latin). Cf. G.A. Bezzola, op. cit., p. 13-28.
52 J. Richard, L'Extrême-Orient légendaire. . . Roi David et Prêtre Jean.
53 Les sympathies qu'à tort ou à raison les Musulmans prêtaient aux Chrétiens indi
à l'égard des Croisés débarqués sur le sol égyptien, se traduisent d'ailleurs par une s
persécution : le patriarche (melkite) Nicolas et d'autres évêques s'en plaignent au pap
1223 (Raynaldus, Annales ecclesiastici, 1223, § 9).
DE L'APPARITION DES MENDIANTS JUSQU'AUX MONGOLS 35
son attention par leurs vices et leurs mœurs orientalisées; les Syriens, par
leur adhésion au rite grec, en dépit de l'usage quotidien de l'arabe; les Jaco¬
bites, par l'usage de la circoncision, l'emploi soit du chaldéen, soit de
l'arabe; les Nestoriens, peu nombreux en Terre Sainte, mais très répandus
en pays musulman et dans l'Inde, par l'usage du pain fermenté; les Maroni¬
tes, revenus à l'Union, par leur emploi des ornements pontificaux de l'église
latine; les Arméniens, unis eux aussi, par l'absence d'eau dans le vin de la
consécration; il n'oubliait ni les Géorgiens, ni les Mozarabes.
Cette enquête débouchait, dans son esprit, sur une évangélisation : ne
terminait-il pas une de ses lettres en affirmant que beaucoup de ces héréti¬
ques et des Sarrasins, §e convertiraient facilement à la foi, s'ils entendaient
prêcher la saine doctrine ? Et il invitait ses lecteurs à prier « pour que le Sei¬
gneur, qui ne déteste pas ceux qu'il a créés et qui veut que tous les hommes
viennent à reconnaître la vérité, daigne éclairer en ces jours-ci les ténèbres
de l'Orient»57.
Dès son arrivée à Acre, du reste, il avait obtenu des évêques jacobite et
melkite, qu'ils réunissent leurs ouailles auxquelles il avait prêché, les invi¬
tant à abandonner leurs usages repréhensibles; l'absence de prélats nesto¬
riens, arméniens et géorgiens, l'avait empêché d'agir de même auprès de
ces trois communautés58. Parcourant le Levant, jusqu'à Antioche, il avait
également prêché; il s'était tout spécialement intéressé aux Musulmans,
obtenant qu'on laisse baptiser des esclaves musulmans dont beaucoup
disaient avoir été favorisés de visions59; et, voyant qu'il ne pouvait aller
dans la terre des Sarrasins pour prêcher, il avait envoyé des lettres pour les
inviter à se convertir60 - au cours de la campagne d'Egypte, il devait rache¬
ter les jeunes enfants pris dans Damiette, dont cinq cents au moins reçu¬
rent le baptême61.
A l'écolâtre de Cologne, nous devons également une description des
sectes orientales, sous la forme d'une « longue digression » de son Historia
Jacques
et 93-97. de Vitry (1 160/ 1 170-1240). Edition critique par R. Β .C. Huygens, Leiden, 1960, p. 83-87
57 Lettres, p. 97.
58 Ibid, p. 83-84. Dans Γ Historia orientalis, il donne à propos de chaque secte une brève
argumentation contre les erreurs de chacune.
59 Lettres, p. 88-89.
36 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
Saint François, lui, avait déjà envisagé d'aller prêcher la foi aux Musul¬
mans. La croisade lui en donna l'occasion. Parvenu au camp de Damiette, il
n'obtint pas sans difficulté du légat Pélage, l'autorisation de se rendre au
camp musulman. Par contre, l'accès à celui-ci lui fut relativement facile69,
et il parvint à se faire conduire au sultan al-Kâmil, avec son compagnon, le
frère Illuminatus de Rieti. Admis devant le sultan, celui-ci le reçut fort cour¬
toisement; le saint souhaitait engager une dispute avec les théologiens
musulmans, qui auraient riposté en invitant le sultan à faire décapiter les
deux chrétiens, car « li lois (= le Coran) deffent que on n'en n'oie nul pres-
chement. Et, s'il est nus qui veuille preecer ne parler contre le loi, li lois
commande c'on li colpe la teste». Al-Kâmil, en tout cas, que saint François
ait ou non offert de subir l'épreuve du feu pour garantir la vérité de sa mis¬
sion, aurait répondu que, puisque ce chrétien était venu pour sauver son
âme, il ne pouvait l'en punir, et renvoya les deux Franciscains dans leur
camp70.
76 J. Richard, Les missionnaires latins dans l'Inde au XIVe siècle, dans Studi veneziani, XII
1970, p. 233. Un passage d'une lettre de Pierre de Blois à Richard, évêque de Syracuse (Pair
hat, CCVII, col. 136), dans un parallèle entre Thomas Becket et l'apôtre des Indes, est ains
conçu : Eat, qui voluerit, in Indiam ad suffragia beati apostoli; tarn longa peregrinatio nimis labo¬
riosa est mihi; mihi sufficit Thomas meus ... Ce texte témoigne-t-il d'une certaine vogue du
pèlerinage au tombeau de l'apôtre à la fin du XIIe siècle ? En tout état de cause, un tel voyag
ne fut sans doute jamais le fait que de quelques intrépides pèlerins.
77 Cf. notre édition de Simon de Saint-Quentin, Histoire des Tartares, p. 52, 74, et About an
account of the battle of Hattin referring to Frankish mercenaries in Oriental moslem states, dan
Speculum, XXVII, 1952, p. 168-177.
78 Nous nous permettons de renvoyer à notre étude à paraître dans les Actes du 9e collo¬
que international d'histoire maritime, et dont la traduction anglaise figurera dans notr
recueil Les relations entre Orient et Occident, 1-1 à 39.
79 R. Röhricht, Regesta regni Hierosolymitani, n° 626 (1183).
80 Patr. Lat, CCXIV, col. 444-449 (17 déc. 1198): ad redemptionem captivorum qui sun
incarcerati pro fide Christi a paganis, ve/ dato predo rationabili pro redemptione eorum, ve/ pr
redemptione paganorum captivorum ut postea. . . redimatur christianus pro pagano . . .
40 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
Templiers
latins en 1263.
de libérer leurs esclaves donna prétexte au sultan Baîbars pour attaquer le
82 Joinville donne là-dessus des détails précis : les mariniers de sa nef « estoie
renoié»; des prisonniers se voient offrir le choix entre le reniement et la décapitati
N. de Wailly, § 331, 334); on fait renier les enfants - que saint Louis parvient à se faire
(§ 518). - Un rénégat explique à Joinville que c'est la pauvreté qui l'a décidé à se con
malgré sa conscience (§ 395-396). Nombreuses informations sur la vie des captifs, et de
gats, sous la plume du franciscain irlandais Simon Semeonis (Itineraria Symonis Semeon
M. Esposito, Dublin, 1960). Olivier de Paderborn raconte l'évasion d'un rénégat, profit
passage des vaisseaux chrétiens : Hist. Damiatina, p. 198.
83 Fontes, II, p. 363, 410; Pair, hat, CCXVI, col. 23 (1209), 506, 509 (1212).
84 Simon Semeonis en cite deux, italiens de naissance (p. 62). Et, dans la liste des p
ches coptes, on rencontre un «Théodore fils de Raphael, le Franc» (1294-1299) : E. Ti
et G. Wiet, Le catalogue patriarcal d'Abou'l Barakat, dans Maspéro, Histoire des Patr
d'Alexandrie, Paris, 1923, p. 377. - Fidence de Padoue note que les Chrétiens indigène
rissent les captifs de leurs aumônes et les rachètent (Golubovich, II, p. 60).
85 Indulgemus ut a fratre Manasserio seu quolibet alio ordinis fratrum minorum vel,
non habita copia, de commissis a sacerdotibus jacobitis absolvi et ab eis super htis peni
DE L'APPARITION DES MENDIANTS JUSQU'AUX MONGOLS 41
Nicolas III, celui-ci s'adressa au général des Franciscains qui leur envoya
Giovannino de Ollis de Parme86. D'autres Franciscains devaient visiter les
captifs, avec l'autorisation du sultan, dans les premières années du XIVe
siècle87. Et d'autres, de passage, assurent occasionnellement leur desserte88,
tandis qu'on ne perd pas l'espoir de ramener les rénégats à la foi chré¬
tienne89.
Par un retour des choses, il arrivait que les captifs fissent du prosély¬
tisme, encore que ce fût très difficile en milieu musulman, où l'abandon de
l'Islam était un crime. Césaire de Heisterbach signale toutefois que l'évêque
de Beauvais, capturé sous Damiette, fut invité à baptiser un enfant malade,
fils d'une «païenne», qui fut miraculeusement guéri90. Mais peut-on, en ce
cas, parler de conversion?91
Pour prêcher publiquement aux Sarrasins, c'est dans le territoire des
Etats latins seulement, que les missionnaires avaient la liberté de le faire. Si
nous en croyons Jacques de Vitry, le même égoïsme des maîtres faisait obs¬
tacle aux conversions: «Qui pourrait dénombrer», dit-il, «les vices d'une
autre Babylone où les chrétiens refusent le baptême à leurs esclaves sarra¬
sins, quand ceux-ci le demandent instamment et avec des larmes?». Leurs
maîtres disaient en effet, «ce à quoi mon âme refuse de s'accorder», que
«s'ils étaient chrétiens, nous ne pourrions pas les exploiter (angariare ) à
notre volonté ». Et l'évêque d'Acre se réjouissait d'être venu à bout de cette
opposition, et d'en avoir baptisé beaucoup92. Vingt ans plus tard (1237),
Grégoire IX ordonnait au patriarche et à tous les ecclésiastiques de Terre
d'exact
86 D'après
dans l'histoire
Salimbene
de la(Golubovich,
croisade des I,enfants
p. 275-276).
que narre
A noter
Aubrique,
de Trois-Fontaines
s'il y a quelque(p.chose
893)
le «calife» d'Egypte aurait systématiquement (en souvenir de ses années d'études à Paris. . .
racheté les clercs, au nombre d'environ 400, dont 80 prêtres, ce qui aurait pour quelque
temps assuré une desserte spirituelle aux captifs. Mais l'anecdote paraît bien controuvée.
87 Golubovich, III, p. 68 (cinq frères mineurs, dont l'un mourut à Alexandrie et un autre
Ange de Spolète, devait plus tard mourir martyr chez les Bulgares de la Volga).
88 Simon Semeonis, en 1329, célèbre ainsi la messe, pendant son séjour, dans les chapel¬
les destinées aux esclaves latins du Sultan au Caire et à Alexandrie (p. 86).
89 Cf. Ch. Köhler, Deux projets de croisade, dans Revue de l'Orient latin, X, 1903-1904
p. 443.
90 Césaire de Heisterbach, Dialogi miraculorum, dans Röhricht, Testimonia minora d
quinto bello sacro, Genève, 1882, p. 172.
91 Jacques de Vitry fait état, en effet, de l'habitude qu'avaient beaucoup de Sarrasins d
42 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
93 Registres de Grégoire IX, n° 3792 et suiv. (Fontes, III, p. 307). - Le pape paraît
sur ses premières affirmations l'année suivante (Ibid., n° 4147; 1238) lorsqu'il invite le
che de Jérusalem à contraindre les barons du royaume, malgré leurs réticences, à
leurs esclaves musulmans assister au moins à une prédication mensuelle, et, s'ils le vo
à recevoir le baptême, ceci n'entraînant pas nécessairement leur affranchissement.
94 On voit, dans le royaume arménien de Cilicie, en 1274, vendre «unum sclavum b
tum nomine Guirardinum» sous condition de ne pas le «vendere alicui Sarraceno,
ipsum sclavum vellet franchire » (Archives de l'Orient latin, I, p. 477). Le roi d'Arménie
aux Génois qui achètent des esclaves dans son royaume de les vendre aux Musulma
sont baptisés (Tournebize, Hist. ... de l'Arménie, p. 218; 1288).
95 Recueil des Hist, des Croisades, Lois, éd. Beugnot, II, p. 191.
96 Les réticences que rencontrent les conversions d'esclaves ont d'ailleurs ici leur
pondance, les princes latins étant fort peu soucieux de mécontenter leurs sujets no
tiens ou non-latins en les exposant au zèle indiscret des missionnaires : c'est ainsi q
mond Lull, étant venu en Chypre au temps de la campagne de Ghazan en Syrie (1299
s'était avisé de demander au roi Henri II d'inviter les Juifs, les Musulmans et les Ch
séparés, à le laisser prêcher dans leurs synagogues, leurs mosquées et leurs églises. H
s'y refusa. Cf. R. Sugranyes de Franch, Raymond Lulle, docteur des missions, Schöneck-B
ried, 1954, p. 43-45.
DE L'APPARITION DES MENDIANTS JUSQU'AUX MONGOLS 43
99 Chronique de Primat, dans Ree. Hist. France, XXIII, p. 14. - Les enfants rachetés par
Jacques de Vitry après un raid en terre infidèle (1217) sont baptisés et confiés à des religieux
pour être instruits aux lettres : sous le mont Thabor, c'est un jeune Sarrasin qui se rend dans
le camp chrétien et se fait baptiser : Olivier, p. 289.
100 Registres d'Urbain IV, n° 2518.
101 Cf. Ibn al-Furât (Lyons et Riley-Smith, Ayyubids, Mamlukes and Crusaders, Cambridge
1971, II, p. 132-134).
102 Le pape écrit au sultan d'Alep, en 1211, pour le prier de protéger le patriarche d'Antio¬
44 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
estoit mout acointes dou seignor de Haman, et usoit mout entor luy, vint en l'ost dou roy de
Navare et dist as barons que le soldan de Haman lor mandoit que se il voloyent venir vers sa
terre, par quoy il eust la force et l'aye des Crestiens, il lor metroit en main ses forteresses et
deviendroit crestien».
109 Sbaralea, I, 360, 362, 353, 354. . .
110 Cf. P. Pelliot, Les Mongols et la Papauté, III (Rev. Or. Chrétien, XXVIII) p. 6-12, discutant
un article du cardinal Tisserant, La légation en Orient du Franciscain Dominique d'Aragon
(1245-1247) paru dans Rev. Or. chrétien, XXIV, 1924, p. 336-353; cf. aussi II (Rev. Or. chrétien,
XXIV, 1924), p. 225-236.
1,1 Registres d'Innocent IV, n° 3031, 3032, 3033, 3034. On notera qu'en 1215, une dispute de
ce genre avait eu lieu à Alep entre un moine oriental et trois docteurs musulmans (Prutz,
46 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
114 Röhricht, Regesta, n° 1263, date cette lettre de 1257, d'après Potthast, Regesta p
carti, n° 17131 - on notera que la référence de ce dernier aux Annales de Raynaldus
§ 55-72) est erronée - M. Gérard Moyse a bien voulu vérifier pour nous le manuscrit V
3877, f° 81-82v°, auquel renvoie Potthast : il s'agit des Dictamina de Bérard de Naples,
lettre n'est pas datée. Nous rappelons que Mathieu Paris l'attribuait à Alexandre III
p. 8) ; il est plus que douteux que Bérard eût repris dans son recueil une lettre qui av
siècle de date. Cf. Altaner, Dominikanermissionen, p. 81.
115 Cf. l'édition du De statu par Prutz, et le chapitre déjà cité de P.A. Throop. Noto
Guillaume avait vécu en Egypte, et qu'il avait été envoyé à la cour romaine en 1264
exposer l'état de la Terre Sainte (Röhricht, Regesta, n° 1338). Sur Ricoldo, cf. Ugo Mo
de Villard, La vita, le opere e i viaggi di frate Ricoldo da Montecroce, dans Orientalia Chr
periodica, X, 1944, p. 227 et suiv.
1 16 On peut citer les bulles pontificales attestant l'envoi chez les Sarrasins de re
des deux ordres dotés des pouvoirs habituels des missionnaires, en 1233, en 1238, en
DE L'APPARITION DES MENDIANTS JUSQU'AUX MONGOLS 47
des Sarrasins ont été envoyés à Grégoire IX et sont reproduits par Math. Paris, Chronica
majora, éd. Luard, III, p. 343-361, le premier ayant été envoyé de partibus orientalibus per prae-
dicatores partes illas peragrantes : ce sont vraisemblablement des Frères Prêcheurs. Sur la
paternité de ces mémoires, cf. B. Altaner, Die Dominikanermissionen, p. 87, n. 10, et
48 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
latine, pénétrait dans l'Eglise maronite, qui n'en gardait pas moins l'
de sa liturgie et sa langue syriaque118.
Les luttes intestines n'étaient pas terminées - le patriarche Daniel
être obligé de quitter la région de Gibelet pour celle du Boutron, et
mort (1282) un patriarche uniate, l'archevêque de Kaftun Jérémie, fut é
s'installa près de Gibelet pendant qu'un compétiteur était élu par les a
saires de l'union et s'établissait près de Bcharré119. Mais les Latins con
raient désormais l'union maronite comme . stable, encore que Ricold
Monte-Croce estimât nécessaire d'obtenir de l'archevêque maronit
Tekrit, en Mésopotamie, une profession de foi répudiant expresséme
monothélisme120. Toutefois, le maître des Frères Prêcheurs mentionn
1256, que ses confrères de la province de Terre Sainte ont examin
livres des Maronites pour les corriger121.
L'union arménienne était, elle aussi, déjà en bonne voie : on a vu q
patriarche Grégoire Dgha avait reçu du pape Lucius III, en 1184, une
(que le pape avait lui-même portée, dit-on), le pallium et l'anneau, env
symbolisait la reconnaissance de sa juridiction. Une partie du clergé a
nien se déclarait en faveur d'une union étroite avec les Latins - tel N
le Grand qui exprimait hautement son admiration pour la vie des m
francs dans leurs monastères122-; mais aussi des raisons d'ordre poli
118 T. Anaissi, Bullarium Maronitarum, Rome, 1911, p. 2 et suiv. ( Fontes, II, p. 458); O
Historia Damiatina, p. 265. - Le titre de Γ «archevêque des Maronites» est remplacé dan
bulle par celui de patriarcha sive primas.
119 K. S. Salibi, loc. cit.; «l'ennorable père frère Jeremie, patriarche des Maroni
compaignons frère Abraham, arcevesque de Villejargon, et frère Yahanna, arceves
Resshyn», assistent le 18 février 1282, à Nephin, à un acte du comte de Tripoli (Mas-
Hist, de l'île de Chypre, III, p. 667). En 1243, Innocent IV confirme la désignation de l'ar
que d'Aiolà faite par le patriarche (Reg. Inn. IV, n° 58).
et 126.
120 Ricoldo, Liber peregrinationis, éd. Laurent, Peregrinatores medii aevi quatuor,
121 Reichert, Litterae encyclicae magistrorum generalium O.P., dans Mon. ord praed
rica, V, 1900, p. 40.
122 Ree. Hist. Croisades, Documents arméniens, I, p. 117. Cf. Tournebize, Hist, polit
religieuse de l'Arménie, Paris, 1900, 1. 1, ρ 240-254. Sur ces contacts, cf. Pascal Tekeyan,
verses christologiques en Arméno-Cilicie dans la seconde moitié du XIIe siècle (1165-1198
Orientalia Christiana analecta, t. CXXIV, 1939. Si Grégoire III, catholicos des Arménien
DE L'APPARITION DES MENDIANTS JUSQU'AUX MONGOLS 49
l'unitéceux-ci,
avec de foi Léon
de la IIpart
traite
desavec
Grecs.
les Latins,
Cependant
et parvient
que Nersès
ainsi de
à l'accord
Lampron decontinue
1 199. à négocier
130 Le Directorium ad passagium faciendum (Doc. Arm, II, p. 487-488) se plaint qu'il
siste plus que celle de Tarse. En fait, on constate la présence au concile de Sis (130
évêque (arménien) de Tarse à côté d'un archevêque latin (Doc. Arm, I, p. LXX). Un
arménien de Mamistra est envoyé au pape en 1306 (Regestum Clementis V, I, 748); le c
latin élit son archevêque en 1320 (Arch. Orient latin, I, p. 266-267) : c'est ensuite que Jea
transfère à l'Aïas le siège de Mamistra, ville désormais déserte (id, p. 266-267; cf. Lo
Evêques dominicains des deux Arménies, dans Arch. F.P., 1940, p. 269). On se trouve d
situation normale d'un diocèse où l'archevêque latin est associé à un évêque d'aut
pour la population non-latine. La notice d'Eubel, Hierarchia, I, p. 338-339 (Mamistren.) n
pas compte de cette situation.
131 Wilbrand d'Oldenburg constate en 1211 : in fide non errant (Peregrinatores me
quatuor, p. 174).
132 Olivier note qu'ils se disent soumis à l'Eglise romaine, sans en être peut-être tou
persuadé (Hist. Damiatina, p. 265-266). Jacques de Vitry relève l'usage de consacrer
mêlé d'eau, rite qui peut-être regardé comme monophysite (Lettres, p. 85). Un vif mouv
d'hostilité à l'union s'était manifesté au moment des négociations, surtout dans les co
de Grande-Arménie, passionnément anti-chalcédoniens, et Kirakos prête au roi Léon
mation qu'il entendait ne se soumettre qu'en apparence, tandis que l'évêque de Tarse
jusque là partisan d'un accord avec les Grecs, faisait l'éloge des Francs à l'intent
adversaires de l'union (Tournebize, p. 268, 273).
133 Cl. Cahen, La Syrie du Nord à l'époque des croisades et la principauté franque d'A
p. 596-624.
134 Patr. Lai, CCXVI, col. 430 et 784-786 (Fontes, II, p. 404, 439, 441). Les motifs d
excommunication ne devaient rien à l'inobservation des accords de 1199: il s'agis
conflit du roi et des Templiers.
135 Innocent III se plaint en 1213 que Léon ait introduit des Grecs dans l'église d
DE L'APPARITION DES MENDIANTS JUSQU'AUX MONGOLS 51
136 II n'est pas question des rapports entre l'Arménie et Antioche dans G. Amadouni,
L'autocéphalie du katholicat arménien (I patriarcati orientali nel primo millennio, Orientalia
Christiana analecta, 181, 1968, p. 137 et suiv.). Deux autres catholicos avaient été institués pour
les Melkites jadis transplantés par les Sassanides en Mésopotamie et en Asie centrale, à Iré
no polis (Bagdad) et à Romagyris; ils avaient disparu, sauf peut-être le second. Cf. J. Dauvil
lier, Byzantins d'Asie centrale et d'Extrême-Orient au Moyen-Age, dans Revue des études byzanti¬
nes, XI, 1953, p. 62-70.
137 Registres de Grégoire IX, n° 4466 : l'Arménie entière est du ressort du patriarche d'An¬
tioche; le catholicos, en refusant obédience à celui-ci, contrevient aux canons du concile
général. Le patriarche entendait d'ailleurs en même temps ramener sous son autorité les
abbés et les clercs grecs, arméniens et géorgiens du diocèse d'Antioche, et assujettir aux
dîmes les non-latins installés par les seigneurs latins sur leurs terre (Ibid, nos 4467, 4470, 4474
- ces textes dans Fontes, III, p. 319-321) : il s'agit donc d'une revendication de caractère géné¬
ral.
138 Le pape confirme les coutumes observées en Arménie depuis le temps de saint Gré¬
52 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
dus, 140
Annales
Tournebize,
eccl, ad
p. ann.
288-298;
1238).un précédent synode n'avait pas accepté le Filioque (R
d'ailleurs brûlé (p. 227-228). Le futur patriarche Constantin II, pour son adhésion à la foi
romaine, aurait été exilé, selon Samuel d'Ani, précisément en cette année 1288 (Docum.
Armén., I, p. 462).
147 Fontes, V, 2, n° 84, 85 et 88 ( Bullarium franciscanum, VI, n° 86-87).
148 A la veille du concile de Lyon, Grégoire X s'adresse au roi et au catholicos, pour les
inviter au concile et aussi pour leur demander l'envoi du texte des actes du concile de Nicée
et des autres conciles reçus par l'Eglise d'Arménie, que le patriarche de Jérusalem et l'évêque
de Tortose devaient faire traduire en latin (Reg. Grég. X, n° 304-305; 27 avril 1273).
149 Entre 1290 et 1293, le catholicos Etienne IV décide d'unifier la date de Pâques avec
l'Eglise latine (Tournebize, p. 301). Sur l'attitude des auteurs latins à l'égard des Arméniens,
cf. A. D. Von den Brincken, op. cit., p. 186-209.
150 Dès le début du XIIe siècle, des contacts s'étaient établis par l'intermédiaire des Géor¬
54 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
151 Pair. Lat., CCXVI, col. 434; Aubry de Trois-Fontaines, p. 911; Olivier, Hist. Dam
p. 232 (de nombreux autres textes font allusion à l'espoir que les croisés mettaient
l'intervention géorgienne; l'attaque dirigée contre la Géorgie par les Mongols surp
Géorgiens eux-mêmes, qui croyaient le « roi David » chrétien : les Latins supposèrent
avaient été attaqués parce qu'ils n'étaient pas vere credentes) ; M. Tamarati, L'église géor
des origines jusqu'à nos jours, Rome, 1910, p. 416-417.
152 Supra, p. 23, et n. 16.
153 Tamarati, p. 427-430 (c'est à peine, disait le pape, « si la distance a laissé pa
jusqu'à nous le bruit de vos luttes » - et les lettres qu'il venait de recevoir lui annonçaien
les Géorgiens avaient battu les Tartares : ces lettres pontificales, éditées aussi dans Ri
p. 108 et Fontes, IV, p. 338, sont du 13 janvier 1240.
DE L'APPARITION DES MENDIANTS JUSQU'AUX MONGOLS 55
155 Aubry, loc. cit.-, Simon, p. 57-59: A. D. Von den Brincken, op. cit., p. 103-125.
154 Sbaralea, I, p. 101 (Tamarati, p. 426; 11 avril 1233) : dilecto filio Jacobo de Russati, de
ordine fratrum minorum. . . accepimus referente quod tu. . . personas ipsius ordinis, quin potius
operantem in eis spiritum veneraris. . .
157 Guichard figure parmi les frères dont l'envoi est annoncé dans la lettre du 13 janvier
1240; il accompagne, au cours de 1247, la mission, dont faisait partie Simon de Saint-Quentin,
qui le cite à plusieurs reprises, pendant cinq mois (Simon, p. 1 13). On perd après 1256 la trace
56 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
En ce qui concerne les Jacobites, leur patriarche, Ignace II, vint en 1237
séjourner dans la Ville-Sainte; il fut accueilli par les Frères Prêcheurs avec
beaucoup d'égards (ils allèrent jusqu'à porter eux-mêmes sa litière), et il
eut avec eux des entretiens au terme desquels il jura obéissance au siège de
Rome, en leur remettant des lettres écrites en syriaque et en arabe, à
l'intention du pape. Philippe note que son ressort s'étendait à la Chaldée, à
la Perse, à la Mèdie et à l'Arménie; mais il néglige de rapporter le conflit
qui l'opposa à ce propos au patriarche, lorsque celui-ci voulut s'appuyer sur
les Dominicains pour entreprendre sur la juridiction du patriarche copte
d'Alexandrie, conflit qui se termina au profit d'Ignace, lequel prétendit que
le prieur n'avait pas su s'exprimer correctement en arabe164.
Les Dominicains s'étaient aussi adressés aux Coptes. L'«
archevêque
jacobite d'Egypte » résidant à Jérusalem, avait lui aussi fait acte d'obédience
à Rome ; mais des Frères avaient été envoyés au patriarche copte, en Egypte
même, et en étaient revenus avec une réponse favorable, ce qui, aux yeux
de Philippe, concernait tous les Jacobites de l'Inde majeure, de l'Ethiopie et
de la Lybie (la Nubie) en plus des Coptes d'Egypte.
Du côté des Chaldéens, l'archevêque ayant sous sa juridiction les fidè¬
les de sa nation en Syrie et en Phénicie avait aussi reconnu la primauté
romaine. Et surtout, de «celui qui est à la tête de tous les Nestoriens» -
jusqu'en Inde majeure et au royaume du Prêtre Jean -, des lettres étaient
également arrivées, apportant l'assurance de son obéissance au Siège apos¬
tolique et de son désir de «rentrer dans le sein de l'unité».
Grégoire IX ne pouvait que manifester sa satisfaction : le 28 juillet
1237, il envoyait des lettres de remerciement au patriarche syrien et aux
deux archevêques165. L'union des Eglises paraissait-elle effective pour
en février 1235 de Grégoire IX une bulle lui conférant les pouvoirs habituels au moment où,
avec ses compagnons, il partait pour des pays n'obéissant pas au Siège Apostolique, et une
lettre de recommandation auprès des ecclésiastiques, marchands et autres personnes vivant
«in terris Sarracenorum et aliis infidelium» (Reg. Grèg. IX, n° 2429-2430); Fontes, III, p. 286.
164 Bar Hebraeus, Chronicon eccl, trad. Abbeloos et Lamy, p. 654-662 (cf. P. Pelliot, loc.
cit.) : Ignace voulait sacrer métropolite d'Abyssinie un Abyssin du nom de Thomas, encore
que l'Ethiopie fût en principe du ressort d'Alexandrie. Craignant l'opposition du métropolite
de Jérusalem, qui était Egyptien, il rechercha l'appui des Dominicains. Ceux-ci lui conseillè¬
rent de surseoir; il passa outre. Philippe l'ayant vivement repris, Ignace se tira d'affaire en
prétendant que son envoyé avait transformé les paroles des Frères. Et c'est le prieur qui se fit
58 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
166 Le maphrian jacobite Saliba, mourant à Tripoli en 1258, divise ses legs entre les
de son rite et du rite latin; le clergé franc participe à ses obsèques (Bar Hebraeus, op.
p. 428). M. Cl. Cahen a relevé une inscription de fondation en latin (d'une église latin
nant d'un Abou'l Fadl; il l'attribue à un Maronite ( Une inscription mal comprise concer
rapprochement entre Maronites et Croisés, dans Medieval and Middle Eastern studies in h
A S. Atiya, Leyde, 1972, p. 62-63; les Maronites n'étaient pits nombreux à Acre, puisqu
laume de Tyr les situe dans les seuls diocèses de Gibelet, du Boutron et de Tripoli; il p
s'agir d'un Oriental d'une autre origine). Cf. aussi le testament du marchand Salib
Acconensis, confrater Hospitalis (1264) : Röhricht, Regesta regni Hierosolymitani, n° 1334
167 A la mort d'Ignace II, deux patriarches sont élus, l'un en Iraq et l'autre à Alep. C
Jean, va demander à Antioche la confirmation du patriarche latin, mais des manœuvr
toires assurent le succès de son rival, Denys, moins favorable à l'Union (Cl. Cahen, La S
Nord, p. 683).
168 Comme le prouve l'habilité d'Ignace II dans l'affaire de l'Abyssin.
169 Registres de Grégoire IX, n° 4138 et 4139 (9 mars 1238); Fontes, III, p. 312.
DE L'APPARITION DES MENDIANTS JUSQU'AUX MONGOLS 59
mentionnons qu'épisodiquement ces ralliements; mais, s'ils intéressent l'Eglise grecque, ils
prennent aussi leur place dans les perspectives de l'activité des religieux latins de Terre-
Sainte.
172 Reg. Inn. IV, n° 1363 (Sbaralea, I, p. 362). Cette lettre, du 25 mars 1245, est doublée par
une bulle Cum hora undecima, du 21 mars, qui accorde les privilèges habituels aux Frères
Mineurs partant chez les mêmes peuples et aussi dans les terres des Sarrasins, païens, Grecs,
Comans, Ethiopiens, Ruthènes, Jacobites, Indiens, Mossoulitains (n° 362; Sbaralea, p. 360); il
ne faut probablement pas attacher d'importance à cette distinction, car des Dominicains
apportèrent la lettre Cum simus super à des Nestoriens et sans doute aux Géorgiens, tels
André de Longjumeau ou Ascelin de Crémone (qui se rendit notamment en Géorgie). Plancar¬
pin a raconté comment il remit les lettres du Pape relatives à l'unité de l'Eglise (Cum simus
60 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
174 Raynaldus, Annales, ad ann. 1247, § 3643. Le fait que ces lettres aient été rapp
par André de Longjumeau, a été établi par P. Pelliot, Les Mongols et la Papauté, dim
Orient chrétien, XXIV, 1924, p. 226-238, où sont identifiés les auteurs de ces missives. U
reste dans l'ombre : la raison pour laquelle nous avons deux réponses du patriarche
(§ 36-38 et 39-40).
175 Raynaldus, Annales, 1247, § 36-37.
176 Ibid., § 43.
177 Ignace demande que soit reconnue à son église, la liberté d'élire son patriar
demande que les Jacobites soient exempts de toute juridiction de la part des évêques
et que les Latins ne leur demandent aucune redevance (Raynaldus, Annales, ad ann
§38).
178 E. Tisserant, La légation en Orient du Franciscain Dominique d'Aragon, dans Rev.
chrétien, XXIV, 1924, p. 336-355; B. Altaner ( Dominikanermissionnen, p. 51-53) se deman
ce n'était pas à Dominique qu'il fallait attribuer le retour de David d'Antioche à l'Un
Franciscain avait été envoyé ad gentes qui Ihesum Christum non agnoscunt et ad subve
filios qui sacrosancte ecclesie non obediunt, en 1245; il était encore à Constantino
avril 1247.
179 L'une d'elles n'était pas parvenue : celle des Russes, à qui Plancarpin apportait
tre Cum simus super avant de partir chez les Mongols. Le pape confia, le 3 mai 1246, au
DE L'APPARITION DES MENDIANTS JUSQU'AUX MONGOLS 61
180 Cette légation a été étudiée par M. Roncaglia, Frère Laurent de Portugal, O.F.M., et sa
légation en Orient ( Bollettino della badia greca di Grottaferrata, nov. ser., VII, 1953, p. 33-44). Les
principales lettres qui s'y rapportent: Sbaralea, I, p. 421, 453, 483, 484, 547. Sa mission est
définie dans la bulle De supremis coelorum adressée aux chefs des églises orientales; c'est à la
suite de son passage que s'ouvre à Chypre une crise qui n'est résolue qu'en 1260, par la pro¬
mulgation de la Constitutio Cypria (G. Hill, A history of Cyprus, III, p. 1053-1060).
181 En fait, note Cl. Cahen (La Syrie du Nord, p. 338-339), les Jacobites, très divisés entre
eux, ne pouvaient s'abstenir de demander l'intervention de la hiérarchie latine dans leurs
querelles, notamment à l'occasion de l'élection patriarcale de 1252. C'était déjà un recours au
patriarche latin d'Antioche qui, vers 1119, avait amené celui-ci à reprendre vivement le
patriarche syrien Athanase en l'accusant de simonie, à la suite d'une faute de traduction d'un
Au moment où Innocent IV remplace Grégoire IX à la tête de l'Eglise
étaient valables dans les terres des Sarrasins et des païens; en 1239, on y
ajoute celles des Grecs, des Bulgares et des Comans; en 1244 les Domini¬
cains envoyés chez les Orientaux ont été mandatés auprès des Grecs, des
peuple à part si, comme nous le pensons, il s'agit de ces marchands de Mos-
Syrie franque2. En 1245, le nom des Ethiopiens, des Syriens, des Russes, des
ban, des Khazars de Crimée, des Indiens et des Nubiens s'ajoute à cette
une des cinq plaies de l'Eglise. Les envois de couronnes à des souverains comme Dan
Halicz, les accords avec les prélats melkites au détriment des prétentions de la hiér
latine orientale, se situent dans cette perspective. Cf. W. de Vries, Innozenz IV (1243-125
der christliche Osten, dans Ostkirchliche Studien, XII, 1963, p. 113-131.
5 Monumenta franciscana, éd. J. S. Brewer, I, Londres, 1858, p. 434-437 (Rerum br
carum medii aevi scriptores).
6 Geraud de Frachet, p. 150-155; une première fois, quand Jordan de Saxe deman
Frères pour la Terre-Sainte, en 1230; une deuxième fois, quand Innocent IV demande a
vincial de France des Frères pour partir chez les Tartares; une troisième fois, lorsque
veau maître, Humbert, demande des volontaires pour aller apprendre les langues d
ples barbares dans leur pays (vers 1255?).
7 II s'agit certainement ici des religieux envoyés aux Tartares et aux peuples sch
ques, ou supposés tels, par Innocent IV : Statuta capitulorum generalium ordinis Cister
éd. J. Canivez, t. II, Louvain, 1934, ad ann. 1245, § 28, p. 294.
8 La littérature concernant les Mongols dans leurs rapports avec l'Occident, est c
rable. Avec les Histoires des Croisades de R. Grousset ou de S. Runciman, il convient d
G. Soranzo, Il Papato, l'Europa cristiana e i Tartari, Milano, 1930; D. Sinor, Les relation
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 67
III, 1969, p. 45-57, et Les Mongols et la chrétienté: deux siècles de contacts, dans 1274, Année
charnière : mutations et continuité (Actes du colloque international); G. A. Bezzola, Die Mongo¬
len in Abendländischer Sicht (1220-1270). Ein Beitrag zur Frage der Völkerbegegnungen, Berne
et Munich, 1974. Ajouter l'article tout récemment paru de J. A. Boyle, The Il-Khans of Persia
and the princes of Europe, dans Central Asiastic Journal, XX, 1976, p. 25-40.
9 G. Strakosch-Grassmann, Der Einfalt der Mongolen in Mitteleuropa in dem Jahren 1241
und 1242, Innsbruck, 1893.
10 J. J. Saunders, Matthew Paris and the Mongols, dans Essays in Mediaeval history presen¬
ted to Β. Wilkinson, Toronto, 1969. Le rapport de l'archevêque Pierre de Russie a été com¬
menté par H. Dörrie, Drei Texte zur Geschichte der Ungarn und Mongolen, cité plus haut; ce
« mystérieux archevêque » (Pelliot) a été identifié, à la suite de S. Tomasevskij, Predteca Izi
dora, Petro Akerovyc, dans Anal. Ordinis S. Basilii Magni, II, 1926, à Pierre Akheroviò, lequel,
après avoir été higoumène du monastère de Berestovo, aurait été pourvu, dans des condi¬
tions obscures, de la charge de métropolite de Kiev, dont le dernier titulaire avait disparu
lors du sac de la ville par les Tartares. Il aurait été envoyé en Occident par certains princes
russes pour requérir assistance contre les envahisseurs et aurait participé au concile de
Lyon; c'est alors qu'on l'aurait interrogé sur les Mongols ( econtra : B. Szczesniak, The mission
of Giovanni de Plano Carpini and Benedict the Pole of Vratislavia to Halicz, dans Journal of
Ecclesiastical history, VII, 1956, p. 20, note). Cf. A. M. Ammann, Kirchenpolitik Wandlungen im
Ostbaltikum bis zur Tode Alexander Newski, Rome, 1936, p. 246 et suiv. (Orientalia Christiana
analecta, 105) et G. A. Bezzola, Die Mongolen . . . , p. 110-118.
11 Cf. G. Altunian, Die Mongolen und ihre Eroberungen in kaukasischen und kleinasiatis¬
68 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
13 Sbaralea, I, p. 296; Reg. Inn. IV, nos 30-31 (1241, 1243). Sur l'organisation de cet
sade dans les pays d'Empire, cf. Huillard-Bréholles, Historia diplomatica Friderici secun
p. 1209-1216.
14 Le texte de cette décision a été connu des Occidentaux par l'Histoire des Tart
Simon de Saint-Quentin, où est traduit l'édit du Khan ordonnant à ses subordonnés d
mer la soumission de tous les peuples (éd. Richard, p. 115-117).
15 Le pape prescrit une croisade pour défendre les pays baltes, en 1254 (Sbar
p. 724) et en Bohême et Moravie en 1253 (Reg. Inn. IV, 6791). Mais ses efforts pour or
un front commun englobant Russes et Lithuaniens sont mis en échec lorsque les prin
ses optent pour la soumission aux Tartares, tandis que les Lithuaniens de Mindauga
Iatvagues mettent fin au processus de conversion entamé parmi eux en même tem
leur rapprochement avec la chrétienté occidentale sur le terrain politique.
16 Alexandre IV organise la résistance en Syrie, Hongrie et Pologne, en 1260 (Rym
dera, n° 60).
17 Sur tout cela, cf. notre article, The Mongols and the Franks.
18 Le 25 juin 1265, Clément IV faisait prêcher la croisade contre les Tartares de
marquisat de Brandebourg jusqu'à la Styrie (Reg. Clem, IV, n° 113), et Urbain IV s
Bela IV de ne pas s'allier aux Tartares contre les Comans révoltés, en 1264 (Reg.
1242). Cf. Bezzola, op. cit., p. 185-190.
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 69
20 Nous avons cherché à montrer la véritable portée de cette « conversion » dans notre
article, La conversion de Berke et les débuts de l'islamisation de la Horde d'Or, dans Revue des
études islamiques, 1967, p. 173-184.
70 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
26 C'est ainsi que nous interprétons le passage d'une lettre d'Adam de Marsh selon lequel
le pape avait renoncé à envoyer des Franciscains chez les Tartares : en fait, Plancarpin partit,
mais les deux franciscains anglais, auquel Adam s'intéressait spécialement, ne partaient pas.
Cf. M. Roncaglia, Laurent of Portugal, O.F.M., et sa légation en Orient, cité plus haut. - Les mis¬
sions d'Ascelin et d'André de Longjumeau ont fait l'objet de l'étude de P. Pelliot, Les Mongols
et la Papauté, qui est désormais complétée par les deux chapitres « En marge de Jean du Plan
Carpin» et «Guillaume de Rubrouck» publiés dans Recherches sur les chrétiens d'Asie centrale
et d'Extrême-Orient, Paris, 1973 (Œuvres posthumes de Paul Pelliot), par MM. J. Dauvillier et
L. Hambis, p. 1-74 et 75-235. Cf. aussi G. Soranzo, Il Papato, l'Europa cristiana e i Tartari, p. 77
125, et G. A. Bezzola, op. cit, p. 118-182.
27 La raison pour laquelle Innocent IV décidait, le 3 mai 1246, d'envoyer deux Domini¬
cains, Alexis et « H. », porter aux Russes la lettre Cum simus super, avec les mêmes privilèges
que ceux accordés aux religieux qui étaient envoyés aux Tartares (Reg. Inn. IV, n° 1821-1822)
ne tient-elle pas à ce qu'on croyait les Franciscains disparus? Le pape se serait adressé à nou¬
veau aux Russes - mais sans que ses messagers, cette fois, aillent jusque chez les Mongols; cf
supra, p. 60, n. Nous avons toutefois noté qu'à Lyon, on ne s'était pas prémuni contre la pos¬
72 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
dont la relation suscita une intense curiosité, fut plus à même d'obs
les «Tartares» chez eux, et son Historia Mongalorum en porte la tr
Simon de Saint-Quentin, qui rédigea le rapport de la mission d'As
donna moins de renseignements sur les Mongols eux-mêmes, dans son
ίοήα Tartarorum, mais y ajouta des informations sur la Turquie, la Gé
et l'Arménie30; André de Longjumeau n'a laissé que quelques notes, re
lies par Mathieu Paris31.
En ce qui concerne la conclusion d'un pacte de non-agression, l
fut complet : la doctrine mongole du mandat du ciel conférant un e
universel aux Gengiskhanides, rendait incompréhensibles les argu
pontificaux, et les conseillers de Güyük déclarèrent, en substance, qu
voyaient pas en quoi le pape avait pouvoir de décider si le ciel avait o
confié ce mandat aux Mongols32. Et ils réclamèrent un acte de soum
de la part du pape et des rois francs33. Quant à Baiju, il agit de même
gnant à sa lettre la traduction de l'édit de Güyük, lui enjoignant d'i
tous les peuples à se soumettre au Khan34.
L'appel à la conversion au christianisme, qui nous retient plus spé
ment, avait été lui aussi remis aux Mongols. Plancarpin ne nous in
pas des circonstances de cette remise, ni des discussions qui auraient
tuellement eu lieu à ce propos. Le Franciscain, d'ailleurs, n'avait eu a
Khan lui-même qu'un bref entretien, et c'est par écrit qu'il lui avait co
Sinica
29 La
franciscana,
relation définitive
I, Quaracchi,
de Plancarpin
1929, p. 3-130
a été(leéditée
meilleur
en dernier
commentaire,
lieu pardans
Van la
de tra
Wy
française de Dom J. Becquet et L. Hambis, Paris, 1965). Sur un texte établi à l'intention
de Hongrie, cf. D. Sinor, John of Plano Carpini's return from the Mongols, dims Journa
Royal Asiatic society, 1957, p. 193-206). Quelques informations orales avaient été donn
lui à Salimbene (MGH , SS, XXXII, p. 206-207). Un bref récit de la mission est dû à Be
Pologne ( Sinica franciscana, I, p. 133). Et la découverte du manuscrit de la «Tartar r
(R, A. Skelton, Th. E. Marston, G. D. Painter, The Vinland map and the Tartar relation
1965) a permis d'identifier une relation de ce voyage élaborée (à partir d'un récit or
un religieux : Hystoria Tartarorum C. de Bridia monachi, éd. A. Önnefors, Berlin, 1967.
30 Simon de Saint-Quentin, Historia des Tartares, éd. J. Richard, Paris, 1965. Cf. G
G. Guzman, Simon of Saint-Quentin and the Dominican mission to the Mongol Baiju : a r
sal, dans Speculum, XLVI, 1971, p. 232-249.
31 Ed. Luard, VI, p. 112-116. Cf. P. Pelliot, Les Mongols et la Papauté, II, p. 251-254.
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 73
Siméon avait non seulement invité le pape à faire la paix avec Frédéric II43,
mais aussi recommandé à son interlocuteur - auquel il envoyait la profes¬
sion de foi demandée44 - l'archevêque chaldéen de Jérusalem et les autres
« chrétiens orientaux » (entendons : de rite chaldéen) vivant dans les Etats
latins, pour que personne ne leur fasse de tort45.
Les remarques de Siméon concernant la situation inférieure réservée
aux Orientaux dans les Etats latins, rejoignaient du reste celles qu'expri¬
mait, en cette même année 1246, le patriarche syrien Ignace. Ainsi a-t-on
l'impression qu'à la faveur de l'irruption des Mongols (ces mêmes Mongols
qui avaient si mal reçu la lettre Dei patris immensa) sur la scène orientale,
les Eglises orientales se retrouvaient en position de force pour traiter avec
l'Eglise romaine. C'était l'indice de la découverte de toute une chrétienté,
celle qui vivait dans l'Empire mongol46.
Plancarpin, comme Ascelin, avait surtout découvert, auprès des chefs
mongols, les représentants, humiliés et brimés, des peuples conquis - Rus¬
ses, Arméniens, Géorgiens -. Mais déjà le premier avait pu noter que Güyük
avait continuellement des chrétiens avec lui dans sa maison, qu'une cha
Néanmoins, comme l'a souligné Pelliot, André avait pris une conn
sance plus approfondie du milieu mongol, et du christianisme en m
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 77
1931-1932,
dans
même 49laendroit,
Sur
RSSp.
tout
kirghize,
37-84.
ou
cela,
àTalas
l'emplacement
cf.
en amont
Pelliot,
est aujourd'hui
de
LesDjambul,
même
Mongols
led'Aoulié-ata?
nom
l'ancien
et lad'une
Papauté,
Aoulié-ata.
localité,
III, dans
L'ancienne
sur leRev.
fleuve
Or.
Talas
du
Chrét.,
même
était-elle
XXVIII,
nom,
au
50 Notre source principale sur cette mission est en effet la vie de saint Louis par Join-
ville, à laquelle s'ajoutent les autres sources relatives à l'expédition du roi outre-mer. Ce que
les Dominicains purent rapporter à Eudes de Châteauroux reste inconnu. Nous savons seule¬
ment qu'André de Longjumeau avait recueilli sur la situation des chrétiens orientaux en pays
musulman, des informations qui décidèrent le pape à envisager la création d'un épiscopat
missionnaire par la bulle Athleta Christi, sur laquelle nous reviendrons (Reg. Inn. IV, n° 6365).
51 Vulgatur per orbem mundanum et Tartarorum conversio, et consternatio Saracenorum,
Graecorum obsecratio et Latinorum repressio (Monumenta franciscana, I, p. 428).
52Reg. Inn. IV, 7753.
53 Bar Hebraeus, Chron. eccles., I, p. 509; Kirakos, trad. Dulaurier, dans Journ. Asiat,
1858, I, p. 170; The Tabakat i-Nasiri of. . . al-Jurjani, trad. Raverty, Londres 1873-1881, p. 1290-
1291 (Bibliotheca indica, nouv. série, n° 272-273); Pelliot, tbid, p. 78, note 4. P. Pelliot a retracé
78 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
semble pas avoir réagi autrement qu'en renvoyant à Sartaq une lettr
félicitations, par les soins de Jean, le 29 août 125454.
C'est que déjà la nouvelle de la conversion de Sartaq avait ému a
bien les Chrétiens orientaux que les Latins. A lire le seul récit de voyag
Guillaume de Rubrouck, nous apprenons que celui-ci rencontra à Nakh
van, au début de janvier 1255, un Dominicain hongrois qui revenai
Tabriz, où il avait essayé en vain d'obtenir un sauf-conduit pour se re
auprès de Sartaq55; et, quelques jours plus tard, à Ani, cinq autres Dom
cains, avec leur serviteur et interprète, dont quatre, désignés par le chap
de la province de France à la fin de 1253, avaient été recommandés p
pape aux Géorgiens par le pays desquels ils devaient passer pour se re
chez les Tartares (26 février 1254); ils s'étaient adjoint un Frère de la
vince de Terre Sainte, sans doute pour leur servir d'interprète au moin
arabe et peut-être en persan, comme l'avaient fait avant eux Plancarpi
s'adjoignant Benoît de Pologne (qui, parlant les langues slaves, pouvai
permettre de communiquer avec les Russes qui lui servaient eux-même
truchement auprès des Mongols) ou Ascelin en incorporant successivem
à sa mission Simon de Saint-Quentin et Guichard de Crémone. Ces
gieux étaient munis de lettres pour Sartaq, pour le grand-khaii, et pou
prince Biiri (dont on savait qu'il était le maître du groupe de déportés
mands découverts par André de Longjumeau), lettres par lesquelles le
demandait pour eux le droit de séjourner dans l'empire mongol et d'y
cher. Rubrouck, qui revenait précisément de la cour de Sartaq, qu'il
quittée à la fin de juillet 125456, renvoya les uns et les autres au couven
Tiflis, pour qu'ils préparent mieux leur voyage, en tenant compte de
expérience57.
Le voyage de Guillaume de Rubrouck et de Barthélémy de Crém
tous deux Franciscains, avait été décidé à la fin de 1252 ou au débu
1253, quand saint Louis était en Terre Sainte. L'initiative en venait-ell
54 Pelliot, Les Mongols et la Papauté, III, dans Rev. Or. chrét., t. XXVIII, p. 78-79 et 81
Innocentii IV, 39, dans Baluze, Miscellanea, VII, p. 397; Reg. Inn. TV, n°8315; Sbara
p. 763.
55 Rubrouck, chap. 38.
56 Pelliot, « Sur quatre passages de Guillaume de Rubrouck », dans Mélanges sur l'é
des Croisades, p. 48-65.
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 79
60 Pour Pelliot, Les Mongols et la Papauté, III (Rev. Or. chrét., XXVIII, p. 77), la s
de Rubrouck « n'était pas ambiguë que dans la forme » et il était, en fait, chargé d'une
auquel le roi avait voulu conserver un caractère officieux. Nous avons repris cette q
dans notre article Sur les pas de Plancarpin et de Rubrouck. La lettre de saint Louis à
dans Journal des Savants, 1977, p. 55-60.
61 Le récit de Rubrouck prend l'aspect d'un journal tenu au jour le jour; il se p
comme une lettre écrite à saint Louis pour lui communiquer à la fois la missive de M
le récit de ses expériences et ses conclusions. Le religieux pensait en effet retrouv
Louis en Syrie (d'où son itinéraire de retour par le Caucase, la Turquie et la Cilicie) ; m
arrivant à Tripoli, le ministre provincial le retint comme lecteur, et il dut envoyer sa
au roi de France par l'intermédiaire du clerc Gösset, lequel avait passé plusieurs m
cour de Sartaq ou dans une famille allemande fixée auprès de la Volga, en attendant l
des Franciscains. Cette relation, éditée de nombreuses fois, se trouve en particulier au
Sinica Franciscana, p. 147-332; la traduction la mieux annotée est celle de Fr. Risch,
von Rubruk, Reise zu den Mongolen (1253-1255), Leipzig 1934, à quoi il convient dé
d'ajouter le très important commentaire de Pelliot, Recherches sur les chrétiens d'Asie
et d'Extrême-Orient, p. 75-235.
62 C'est l'interpretation du P. Chrysologus Schollmeyer, qui a mis en éviden
Rubrouck se proposait un but missionnaire et non diplomatique : Die missionarische S
des frater Wilhelm von Rubruk (Ostkirchliche Studien, IV, 1955, p. 138-146), et Die Missi
Bruder Wilhelms von Rubruk zu den Mongolen (Zeitschrift für Missionskunde und Relig
senschaft, 1956, p. 200-205). Esprit curieux et bon lettré, Rubrouck sut d'ailleurs obs
même tirer de son voyage des conclusions de caractère géographique : c'est lui qui r
dans la mer Caspienne une mer fermée et non un golfe de l'Océan septentrional, ce qu
formait l'idée qu'on se faisait de l'Asie; il eut avec Roger Bacon un entretien dont
rend compte (cf. Quelques observations du moine Bacon touchant les parties septentrio
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 81
63 Les indications que donnent Rubrouck : un mois et demi à l'est de Talas (de la vallée
du Talas à la Dzoungarie, on pourrait compter cette durée de voyage, encore que M. Lech ait
signalé, dans son édition d'Al-'Umari (Das Mongolische Weltreich, p. 307), toute l'imprécision
de ce mode d'évaluation selon le véhicule utilisé . . . ), paraissent convenir à cette nouvelle
localisation. Bolac (ou Bolat) serait l'actuel Po-lo (mongol Pulad) dans le Borotala.
64 Un Musulman qui voulait recevoir le baptême y renonça devant la perspective de se
voir interdire le koumiz. . .
65 Rubrouck, passim, (notamment, Sinica franciscana, I, p. 217, 280, 299, 305, etc.).
82 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
effrayé par la perspective d'un long trajet à accomplir dans les condit
très dures qui avaient été celles de l'aller, obtint la permission de rest
Karakorum66 : la desserte de tout ce groupe fut donc encore assurée q
que temps après le départ du Flamand.
La principale activité de Rubrouck, et le principal résultat de
voyage, concernent les Chaldéens d'Asie centrale67. Le missionnaire c
tata avec peine la dégradation de la vie chrétienne parmi ceux-ci, l'i
rance et les tendances à l'ivrognerie, même chez les prêtres, une polyga
occasionnelle, les conditions parfois irrégulières des ordinations, co
quence d'un encadrement religieux insuffisant et de l'éloignement o
trouvaient les églises d'Asie centrale et orientale par rapport à leurs cen
intellectuels mésopotamiens. Mais il découvrit avec admiration la diffu
des communautés chrétiennes dans un espace aussi vaste, l'existenc
chrétiens jusque dans la famille régnante, la fidélité des Chaldéens à
liturgie syriaque. J. Dauvillier a constaté que, malgré sa science, qui re
grand service aux Chrétiens lors des arbitrages et de la fameuse discus
théologique où le Franciscain démontra qu'il fallait substituer des a
ments philosophiques aux arguments d'autorité pour discuter avec
incroyants, Rubrouck n'avait pas compris, par exemple, que ses interl
teurs révéraient la croix de la Parousie au lieu de celle de la Passion, ce
les amena à faire ôter le Crucifié de la croix fabriquée par Guillaume B
cher. Il trouva parmi eux une grande bonne volonté, notamment à l'é
de la primauté pontificale qu'ils ne firent pas de difficulté à reconnaîtr
il fut admis à célébrer dans leur église, alors que, semble-t-il, on en ref
l'accès aux autres non-chaldéens. Et il aurait voulu que les Chaldéens,
plus instruits que beaucoup d'autres et comme tels chargés d'élever
enfants des nobles mongols, fussent capables d'attirer ceux-ci à la foi
leur science et par leur exemple. Il rencontra d'ailleurs parmi eux, sem
t-il, au moins un personnage venu d'ailleurs (un chrétien de Mésop
mie?); et l'ignorance des «Nestoriens» n'était pas telle qu'ils ne fu
capables de mettre sur pied une petite chronique de l'histoire du mon
rendit auprès de lui en 1255 (Rubrouck le manqua en cours de route), de se faire admin
le baptême par un évêque arménien de la suite du roi. Sa principale épouse, d'ailleurs, C
était chrétienne et Rubrouck la vit suivre les offices de la semaine sainte.
66 Ceci pour raison de santé, en attendant la venue de quelque ambassade qui voyag
plus lentement.
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 83
Au fond, cet ambassadeur malgré lui, l'un des très rares missionnaires
du Moyen Age à nous avoir laissé la description de son labeur personnel,
avait réalisé ce que d'autres auraient voulu ou avaient espéré faire : s'entre¬
tenir de sujets religieux avec le Khan lui-même, et négocier avec les prélats
nestoriens de la cour mongole. . . Et encore n'était-il pas mandaté pour ce
faire.
La même fortune devait être réservée au Dominicain David d'Ashby,
envoyé par le légat Thomas Agni de Lentino à Hülägii lors de la descente de
celui-ci en Syrie musulmane : chargé de sonder les intentions des Mongols
à l'égard des Francs et de les détourner d'attaquer les Etats latins, il devint
l'un des familiers de l'Il-Khan, qui lui laissa entendre que ses sympathies à
l'égard du christianisme pourraient le mener jusqu'au baptême, et de son
successeur Abaqa, et ceci pendant de longues années68.
L'effort des missionnaires paraît s'être ralenti pendant les années 1256-
126469, où la menace d'une nouvelle offensive des Mongols paraissait se
dessiner sur toutes les frontières de la chrétienté. Il allait reprendre dans
des conditions différentes au temps d'Urbain IV.
Toutefois, les missionnaires étaient loin d'être les seuls à avoir volon¬
tairement choisi de se rendre chez les Tartares. A côté des chrétiens dépor¬
tés, artisans épargnés lors de la conquête pour être envoyés dans les mines
ou dans les villes, esclaves attribués à des maîtres qui les avaient emmenés
dans leurs apanages, qui ont été parfois de précieux auxiliaires pour les
premiers missionnaires (Rubrouck fait un bel éloge de Guillaume Boucher,
qui le seconda de tout son pouvoir), d'autres Francs avaient trouvé à
s'employer dans l'empire mongol. Déjà, en 1241, on avait eu la surprise
d'arrêter en Autriche un messager (ou un espion) à la solde des Mongols
qui, Anglais de naissance, établi en Terre Sainte après avoir été banni de sa
patrie, vagabondant à travers l'Orient après s'être ruiné au jeu, avait fini par
se mettre au service des Tartares, quelque part en Asie centrale70. Tel autre,
comme le Théodule qui se fit passer pour un ambassadeur du légat Eudes
Wiesbaden,
83 Cf. Bertold
1965; Die
Spuler,
Mongolen
Die Goldene
in Iran, 2e
Horde.
éd., Berlin
Die Mongolen
1955. - Nous
in Russland,
emploierons
1223-1502,
couramment
2e éd.,
le nom de Qipòaq pour désigner la Tartaria Aquilonaris, le pays soumis à la Horde d'Or.
88 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
Nubiens, Indiens, Sarrasins etc. Quant à ceux concédés en février 1258 aux Frères Prêc
par l'intermédiaire du provincial de Pologne pour évangéliser les Russes et les «païen
peuvent viser les Lithuaniens comme les Tartares. . .
86 Les détails donnés par le «chapelain de Sartaq» : la guérison miraculeuse de c
nier, obtenue par les prières des Arméniens, le baptême de 50.000 Tartares, sont évidem
sujets à caution; ils figurent dans la Vita Innocenta IV (Baluze, Misc., VII, p. 398).
87 Reg. Nie. III, n° 183 (Sbaralea, III, 347). Peut-être la clause de la lettre ponti
ordonnant de s'assurer de l'existence de revenus suffisant à un évêque, ne comporta
pas de réponse favorable. . .
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 89
90 Soldaya avait un moment été occupée par les Turcs Seljuqides, après la conquête
qu'ils avaient réalisée de Sinope, sur la côte septentrionale de l'Asie mineure; et une route
Sinope-Soldaya est citée par Rubrouck (cf. Cl. Cahen, Le commerce anatolien au début du
XIIIe siècle dans Mélanges Louis Halphen, p. 94-95).
91 Bratianu, Recherches sur le commerce génois de la mer Noire au XIIIe siècle, Paris, 1929,
p. 205; Spuler, op. cit., p. 392 et 611; M. Balard, Gênes et l'Outre-mer, I, Les actes de Caffa du
notaire Lamberto di Sambuceto 1289-1290, Paris-La Haye, 1973 (Documents et recherches sur
l'économie des pays byzantins. . . et leurs relations commerciales au Moyen-Age, XII).
92 En dehors de la Gazaria (ce nom est tiré de celui des Khazars), l'état goth restait vassal
du Khan (la capitale de la Gothie étant au XVe siècle Théodoro, alias Mangup). Les Mongols
90 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
97 Spuler, op. cit., p. 211-219. Sur les circonstances de l'adhésion de Bärkä à l'islam, nous
nous permettons de renvoyer à notre édude, La conversion de Berke et les débuts de l'islamisa¬
tion de la Horde d'Or, dans Revue des études islamiques, 1967, p. 173-184 : le Khwarezm - qui
relevait de la Horde d'Or - y joue un rôle capital.
98 Raynaldus, Annales ecclesiastici, 1231, § 40 (achat de Comans chrétiens réduits en
92 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
100 Féjer, Codex diplomaticus Hungariae, IV, 1, p. 307; Sdislaus Obertynski, Die Flore
Union der polnischen Armenier, dans Orientalia Christiana, XXXVI, n° 96, sept. 1934, p
suiv.; D. Chwolson, Syrisch-nestorianische Grabinschriften aus Semirjestie, dans Mém
impér. Saint-Petersbourg, 7e série, t. XXXVIII, n° 8, 1890, n° 100, p. 24 et p. 60 (un c
arménien au sud de l'Issyk-Koul?). Cf. J. Dauvillier, Les Arméniens en Chine et en Asie c
dans Mélanges Demiéville, II, 1974, et Y. Dachkevych, Les Arméniens à Kiev jusqu'à 1240
Revue des études arméniennes, X-XI, 1974-1976.
101 Sur la littérature religieuse des Arméniens du Qipèaq, cf. Edmund Tryjarski, Die
Brief des Paulus an die Korinther in armeno-kiptchakischer Version und seine Sprache
Altaica collecta. Berichte und Vorträge der XVI.P.I.AC, hggb. W. Heissig, Wiesbaden
p. 267-344. Ces Arméniens, qui adoptèrent un dialecte turc mêlé de formes slaves, son
doute en grande partie des convertis.
102 Supra, p. 88; l'évêque Bogos de Sarai cité avant 1321 ( Bullarium franciscan
p. 445). L'archevêque arménien du Qipèaq, Arakiel, ramené à l'Union en 1321 : Gobu
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 93
deux de ses successeurs, Toqtai (1291-1312) et Özbäg (le 30 mars 1314) ,04.
Les «sacerdotes latini qui suo more fratres minores vocantur» recevaient
l'exemption du service militaire, des corvées de charroi et de toute forme
d'impôt, conformément à la règle générale posée par Gengis-Khan105. Le
privilège spécifiait également que le khan prenait sous sa protection leurs
églises et leurs cloches - ces cloches qui devaient, peu après, susciter le
conflit que nous avons évoqué - Ce document assurait aux missionnaires
une situation régulière dans l'empire mongol de Qipcaq.
La « Tartarie du Nord » n'était cependant pas seulement pour les Latins
un terrain d'apostolat. C'était aussi le domaine que parcouraient des mar¬
chands de toute race, parmi lesquels, à côté de Musulmans comme cet al-
Karbalâi qui fut un des informateurs d'al-'Umari, on trouvait des Arméniens
et des Italiens. Le khanat de Qipcaq lui-même, et les territoires soumis aux
princes tributaires, leur offrait de riches ressources, depuis les fourrures
qu'on allait chercher chez les Mordves ou les Baskirs, jusqu'au poisson
séché de la région du Don et du Kouban, et sans oublier les esclaves dont
nous aurons à reparler. Mais il était aussi le point de départ des routes
menant vers l'Asie centrale, ces routes que décrivent les récits des voya¬
geurs et les manuels à l'usage des marchands. De Caffa ou de Soldaya, sur
la côte sud de la Crimée, ou de la Tana, à l'embouchure du Don dans la mer
d'Azov, partait la route qui, par les principales résidences des khans, la
Nouvelle-Saraï et Sarai, gagnait Saraicik, sur l'Oural, d'où on pouvait se ren¬
dre soit à Urgenj, sur l'Amu-Darya, et de là vers la Perse, soit à Otrar, sur le
Sir-Darya, et de là ou bien vers l'Afghanistan et les Indes, par Samarkand,
ou bien vers la Dzoungarie et la Chine, par Almaligh106.
104 Bihl et Moule, Tria nova documenta de missionibus F. M. Tartariae Aquilonaris, dans
Arch. fr. hist., XVII, 1924, p. 65 et suiv. L'auteur du privilège est appelé Culuk ; P. Pelliot a
montré que ce nom pouvait être l'un de ceux que porta Möngkä-Temür : en effet le texte du
Privilegium d'Özbäg, dont nous avons la traduction, le qualifie de progenitor noster (Notes sur
l'hist. de la Horde d'Or, p. 58-61).
105 Supra, p. 74.
106 Sur tout ceci, cf. K. Lech, Das Mongolische Weltreich. Al 'Umari Darstellung der mongo¬
lischen Reiche..., Wiesbaden 1968 (Asiatische Forschungen, 22), notamment p. 142-146;
W. Heyd, Histoire du commerce du Levant, trad. Furcy Raynaud, Leipzig 1885-1886, II, p. 156-
253; L. Petech, Les marchands italiens dans l'empire mongol; Β. Spuler, op. cit., p. 388-409, 413-
94 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
107 Cf. Jean de Hildesheim, De gestis trium regum (dans Golubovich, II, p. 513) : mer
de Lombardia et aliis terris. . . trahunt hos ordines ad illas partes et eis. . . claustra fundant
un traité avec le khan de Perse Abu Said, les Vénitiens font stipuler le droit pour l
Latini d'avoir leurs chapelles : L. de Mas-Latrie, Privilège commercial accordé en 132
république de Venise par un roi de Perse, dans Bibl. Ecole des Chartes, XXXI, 1871,
Cf. R. Loenertz, La Société des frères pérégrinants, p. 30-34.
108 Les testaments publiés par M. Balard, en 1289-1290, ne connaissent encore que
Saint-François des Franciscains et l'hospice Saint-Jean. Comparer avec celui d'Obe
Pasamorte, de 1348 (éd. R. Bautier, op. cit., p. 321-322). Cf. aussi Bratianu, Actes des n
génois de Péra et de Caffa, Bucarest 1927. Sur la situation de Caffa, cf. R. Bautier,
p. 273-278. Les Musulmans y étaient très minoritaires : Ibn Batoutah, Voyages, II, p. 35
109 Reichert, Litterae encyclicae, p. 313. - Notre confrère R. Bautier nous a signalé u
où l'on voit le Dominicain Thomas Mancasola, à la Tana, en relations commerciales a
marchand de Plaisance, sa ville natale, Roberto de Ripalta (cf. infra, p. 162, n. 145).
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 95
112 La forme Mavrocastro, couramment reçue, n'est par la forme originelle: on trouve
dans nos textes Malvocastro, Moncastro, voire, dans un document de 1351, Mahocastro - à côté
de Urctna qui est Vicina (Atti della società ligure di storia patria, XXVIII, p. 558). Cf. Desimoni,
Nuovi studi sull'atlante Luxoro, dans Atti della società ligure, 1868, p. 247; Bratianu, Recherches
sur le commerce génois de la mer Noire au XIIIe siècle, Paris 1929, p. 246. L'identification avec
Akkerman (Cetatea Alba), été mise en doute par J. Bromberg, Du nouveau sur les princes de
Theodoro - Mangoup en Gothie criméenne (Byzantina-Metabyzantina , I, 1946, p. 70-71), du fait
que cette ville est donnée comme en « Gazarie » et que ce nom désigne la partie méridionale
de la Crimée. En fait, l'expression paraît être employée aussi pour définir la portion du litto¬
ral de la mer Noire comprise entre le Danube et le détroit de Kertch.
113 Pelliot, Notes sur l'hist. de la Horde d'Or, p. 137, note.
114 Un locum de Acsaray figure en 1390 comme relevant de la custodie de Saraï dans le
Liber conformitatum de Barthélémy de Pise (Archiv . Francisc. hist., IV, p. 556-557 ; Golubovich,
II, 272). Golubovich propose d'y reconnaître la Nouvelle Saraï (Tsarev), tandis que Saray
serait la Vieille Saraï (Selitrennoyé, près d'Astrakhan) (II, p. 541-542). Ceci est très douteux, la
Saray de nos documents, résidence des khans du XIVe siècle étant certainement la ville fon¬
dée par Bärkä et non la résidence de Batu. Aq-saraï (le palais blanc) est un nom assez
répandu. Faut-il supposer qu'il correspondrait ici au couvent Saint-Jean près Saraï, que citent
les listes plus anciennes (II, 267-268) et qui est absent du Liber conformitatum ? Un texte armé¬
nien suggère plutôt l'identification d'«Akhsaray qui est entre Astrakhan et Kazan» avec la
Vieille Saraï où des gens d'Ani auraient été déportés (M. Cazacu et K. Kévonian, La chute de
96 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
116 Une lettre d'Hugues Panziera de Prato (1312) ne nous est pas parvenue : Archivu
trum praedicatorum, II, p. 630.
117 Bihl et Moule, Tria nova documenta. . . , dans Archiv, franc, hist, XVII, 1924, p. 55
La description de la Sibérie rappelle celle du « pays des Ténèbres » d'Ibn Batoutah (éd.
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 97
M. VI.
125 Drimba
La date ( Sur
communément
la datation de
adoptée
la première
(1303)partie
a été
du corrigée
Codex cumanicus,
de façon communicatio
fort ingénieu
sentée à la 17e réunion de la P. I. A. C., Bad Honnef, 1974). Le fac-similé du Codex a été
par les soins de Kaare Grjànbech, Codex cumanicus. Cod. Marc. Lat. DXLIX, Copenhagu
C Monumenta linguarum Asiae maioris, I). Cf. aussi G. Györffy, A propos du Codex cum
dans Analecta Csoma de Körös, ( Bibliotheca orientalis hungarica, V), Budapest 1942, p. 1
Bibliographie dans D. Sinor, Introduction à l'étude de l'Eurasie centrale, Wiesbaden
p. 104-105. Cf. Golubovich, p. 1-28.
126 L'importance du vocabulaire propre aux termes concernant 1'«épicerie» et les
res a fait penser à certains auteurs que le Codex avait pour destinataires des marchand
l'ouvrage, écrit ad honorem Dei et sancti Johannis evangeliste, apparaît comme essentiel
religieux.
127 Nous avons essayé de présenter une synthèse des résultats acquis par la recher
ce qui concerne les relations de la Papauté et des Mongols de Perse, spécialement d
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 99
128 Quand Plancarpin recevait de Giiyiik l'invitation à faire acte de soumission (1246) les
envoyés du khalife de Bagdad et des rois de Géorgie en recevaient autant (Bar Hebraeus,
Chron. eccl. I, p. 525).
129 Rodenberg, Epistolae saeculi XIII, III, p. 415 (12 février 1257). Sur un texte qui avait
couru peu auparavant (1251/1253) dans l'Orient latin, annonçant une nouvelle invasion d'un
peuple mystérieux, se donnant pour l'exécuteur des châtiments apocalyptiques, cf. notre arti¬
cle, Une lettre concernant l'invasion mongole ? (Bibl. Ecole des Chartes, CXIX, 1961, p. 243-245),
corrigé et complété dans nos Ultimatums mongols et lettres apocryphes ( Central Asiatic Journal,
XVII, 1973, p. 221-222).
130 De même que les membres des autres minorités, juives ou shi'ites. Cf. J. Fiey, Chré¬
tiens syriaques entre Francs et Mongols, dans Orientalia christ, analecta, n° 197, 1974, p. 334-341.
100 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
131 R. Grousset, Histoire des Croisades et du royaume franc de Jérusalem, t. III, Par
p. 577-603; Cl. Cahen, La Syrie du Nord à l'époque des Croisades, p. 685. L'excommun
devait être levée le 26 mai 1263. Cf. aussi Cl. Cahen, op. cit., p. 703-705.
132 Math. Paris, éd. Luard, V, p. 654 (Röhricht, Geschichte des Königreichs Jer
p. 910); H.-F. Delaborde, Lettre des Chrétiens de Terre-Sainte à Charles d'Anjou, dan
Orient latin, II, 1894, p. 207; Recueil des Historiens des Croisades, Hist, Occ., II, p. 636; G
d'Akanë, History of the nation of the archers, éd. Black et Frye, dans Harvard Journal of
studies, XI, 1949, p. 349.
133 Le generale negotium Ecclesiae contra Tartaros est cité au chapitre général des
ciens de 1261, Cf. J. Richard, The Mongols and the Franks, p. 51-52.
134 Grâce à la découverte par l'abbé Borghezio du texte établi par le notaire R
interprète de l'Il-Khan, à l'intention du concile de Lyon, maintenant édité par B. Robe
Tartaren auf dem 2. Konzil von Lyon, 1274, dans Annuarium hist, conciliorum, V, 1973,
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 101
hongrois qui parvint auprès d'Urbain IV. Celui-ci fut ainsi en mesure de féli¬
citer le prince mongol des espoirs de conversion qu'on lui laissait entre¬
voir136.
Le principal agent de ce retournement de situation, le Dominicain
anglais David d'Ashby, chapelain de Thomas Agni, accompagnait les
envoyés de l'Il-Khan au concile de Lyon. Le rapport présenté au concile
nous apprend comment Hülägü accueillit très favorablement les envoyés
du légat; David bénéficia de conversations intimes, au cours desquelles le
chef mongol lui révéla ses sentiments favorables au christianisme, et ses
bonnes intentions envers les Latins. Il semble que, depuis son arrivée
auprès de l'Il-Khan jusqu'en 1274, David d'Ashby demeura auprès de
Hülägü et de son successeur Abaqa, assistant à leurs campagnes, et en
tirant des enseignements qu'il consigna dans un opuscule, Les faits des Tar-
tares, aujourd'hui malheureusement perdu137.
Il ne saurait ici être question de suivre dans ses détails l'histoire de la
politique des Il-Khans dans leurs rapports avec les Chrétiens d'Occident138.
Leur désir de venir à bout de la résistance que leur opposaient les Mame-
lûks d'Egypte, rebelles aux invites à la soumission et, de surcroît, cham¬
pions d'un Islam tendu dans la lutte contre les Mongols destructeurs du
khalifat abbasside, les amenait à souhaiter la coopération des Latins. Mais
l'effondrement de la puissance militaire des Etats latins d'Orient et du
royaume d'Arménie, réalisé entre 1263 et 1272 par les campagnes du sultan
Baîbars, et facilité par la guerre qu'Hülägü et son successeur Abaqa
devaient soutenir contre le khan de Qipcaq, ne leur laissait d'autre
concours possible que celui des souverains de l'Europe occidentale eux-
mêmes, sous la forme d'une croisade. L'engagement pris par Hülägü, de
restituer la Ville Sainte et l'ancien royaume de Jérusalem aux Latins était la
base de l'accord - Ghazan s'y tenait encore en 1299-1301 -. Et les Latins,
136 Si cette lettre (le bref Exultavit cor nostrum ) paraît bien dater de 1264, la date de la
mission des Dominicains auprès de Hülägü reste plus vague.
137 Clovis Brunei, David d'Ashby, auteur méconnu des «Faits des Tartares», dans Romania,
LXXIX, 1958, p. 39-46. C'est M. Brunei qui a identifié l'auteur avec le Dominicain, chapelain
du patriarche de Jérusalem et son envoyé auprès de Hülägü.
138 A l'article classique d'Abel Rémusat, Mémoires sur les relations des princes chrétiens et
spécialement des rois de France avec les empereurs mongols (Mém. de l'Institut, Académie des
102 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
Revue
139 hist,
V. Laurent,
du Sud-est
La européen,
croisade etXXII,
la question
1945, p. d'Orient
106-137. sous le pontificat de Grégoire X,
144 On sait en effet que telle était la dénomination officielle de l'état des Mamelûks dont
le souverain était en principe le Khalife, depuis son origine et surtout depuis l'installation au
Caire par Baîbars d'un « Abbasside ». - Sur cette perspective, cf. St. Runciman, A history of the
Crusades, III, Cambridge 1954, p. 313.
145 Sbaralea, IV, p. 6-7 (le pape écrivait en même temps à deux « reines » en les félicitant
de leur fidélité à la foi chrétienne et en les invitant à la répandre). Cf. Chabot, Notes, p. 581-
585.
146 Id, p. 88; Chabot, Notes, p. 595-599.
147 Cf. A. Mostaert et F. W. Cleaves, Trois documents mongols des archives secrètes Vatica-
104 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
149 Les écrivains orientaux mentionnent ce même baptême, mais donnent au bapt
nom de Theodosios. Cf. Pelliot, «Isol le Pisan», dans Journal Asiat., 1915, II, p. 495-497.
150 Sbaralea, IV, p. 277-285. - C'est en même temps que le pape annonçait à Arg
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 105
rum et sans doute identique au scriba latinus dont l'absence avait amené
Abaqa à envoyer au pape une lettre écrite en mongol, sans traduction152.
Nicolas IV écrivait en 1288 une lettre aux interprètes d'Argun; en 1289 et
1291, à un personnage qui semble du plus haut rang, Zolo de Pise, qui
devait être le parrain, ou le gouverneur, du jeune « Nicolas » et dont Rasid
al-Dïn a dit la haute position à la cour mongole153. Car il existait, à côté des
mercenaires employés comme arbalétriers ou comme marins en compa¬
gnies organisées, des aventuriers qui avaient cherché fortune à la cour de
l'Il-Khan, parfois après avoir fait du commerce dans ses Etats - à la
manière de Marco Polo154-. On pouvait escompter leur dévouement à la
cause de la chrétienté et du christianisme.
C'est parmi eux que les princes mongols choisissait certains de leurs
envoyés aux cours chrétiennes, tant parce qu'ils pouvaient s'entretenir
directement avec leurs compatriotes, que pour se concilier la sympathie de
ceux-ci. Et des Chrétiens de rites orientaux étaient eux aussi choisis pour
cette dernière raison. Salomon, « garde de la Sainte Eglise de Dieu en notre
cour», en 1268, ou Sabadin, l'un des envoyés d'Argun en 1288, sont dits
archaon, le mot mongol ärkä 'Un, venant du grec αρχηγός, désignant un
chrétien, d'ordinaire nestorien155. Et l'évêque Barçauma, en 1288, était bien
le mieux choisi pour prouver les sympathies chrétiennes d'Argun. Mais,
quand les Mongols chargés d'une ambassade auprès du pape n'étaient pas
chrétiens, ils ne faisaient pas de difficulté à se laisser baptiser - tels ceux
qui reçurent solennellement le baptême au concile de 1274, ou bien les
compagnons de Buscarél de Gisolf, Zagan et Kourji, qui furent baptisés en
152 E. Tisserant, Une lettre de l'Il-Khan de Perse Abaga adressée en 1268 au pape Clément TV,
dans Mélanges Lefort (Muséon , LIX, 1946, p. 547-556). Clément IV avait écrit à Abaqa pour
l'avertir que nul n'avait su lire sa lettre (1267).
153 Le pape écrit aussi à des Chrétiens indigènes, tel le médecin de l'Il-Khan, Suffreddin.
Jean de Bonastro, autre destinataire des lettres de 1289 et 1291, figure déjà en 1288 parmi les
interprètes. Cf. notre article cité sur Isol le Pisan.
154 Ces personnages sont surtout connus par leur envoi comme messagers. Cf. L. Petech,
Les marchands italiens dans l'empire mongol, p. 561-564. Sur les arbalétriers latins employés au
siège d'Hérat : J. Richard, About an account of the battle of Hattin, dans Speculum, XXVII, 1952,
p. 173-174. Sur les marins génois qu'Argun chargea d'intercepter le commerce entre l'Inde et
l'Egypte, J. Richard, Les navigations des Occidentaux sur l'Océan Indien et la mer Caspienne,
106 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
160 Les Kurdes musulmans se voient empêchés de molester leurs voisins chrétiens;
lorsqu'ils assassinent un patriarche jacobite, l'Il-Khan envoie contre eux Ticotlugum christia-
num Hunnum cum copiis (Bar Hebraeus, Chron. Syriacum, I, 620).
161 L'émotion qu'il ressentit à la nouvelle de la chute d'Acre apparaît dans ses Epistolae ad
ecclesiam triumphantem.
162 Ugo Monneret de Villard, La vita, le opere e le viaggi di frate Ricoldo da Montecroce, O.P.
(Orientalia Christiana periodica, X, 1944, p. 227 et suiv.); Il libro della peregrinazione nelle parti
d'Oriente di frate Ricoldo da Monte Croce, Rome, 1948 (Instt. hist. FF.PP., Dissertationes histori-
cae, XIII). Le Liber peregrinationis est édité par Laurent, Peregrinatores medii aevi quatuor,
p. 103 et suiv.); les Litterae, par Röhricht (Revue de l'Orient latin, II, p. 262-264). Sur le Libellus,
cf. A. Dondaine, Ricoldiana, dans Arch. Fratr. Praed, XXXVII, 1967, p. 137-142 et 162-170.
163 Mariano de Florence, Compendium chronicorum FF.MM. dans Arch. Franc, hist, II,
108 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
faction du côté de l'union des Eglises. De 1258 à 1295, les Eglises orien
connurent une période de prospérité exceptionnelle, enrichies par la f
de leurs coreligionnaires mongols et délivrées des contraintes que
imposaient les Musulmans165. André de Longjumeau avait exprimé en
ses craintes de voir le christianisme oriental étouffé par la mau
volonté des princes musulmans à accepter le remplacement des
ques166 : cinq ans après, ces craintes n'étaient plus de mise.
Pour les Chaldéens, l'arrivée de Siméon Rabban-ata comme repr
tant du Khan, la nomination d'un personnage chargé - tel le Salomo
1268 - des affaires des chrétiens à la cour de I'll-Khan, avaient marq
début d'une ère nouvelle. Le catholicos Denha (1266-1281) fut protég
Abaqa et reçut du khan Möngkä un grand sceau d'or, qui le qual
comme représentant de tous les chrétiens167. Il put resserrer les lien
son siège primatial avec les Eglises chaldéennes « de l'extérieur », nom
des métropolites pour la Chine, le Tangut et enfin en 1280, pour le pay
Öngüt et des K'i-tan168. Et c'est ce dernier qui devait être élu pour le
placer, le 24 février 1281, sous le nom de Yahballâhà III.
Né au pays des Öngüt, Markos était venu au Proche-Orient avec
ami Barçauma pour faire un pèlerinage à Jérusalem; le catholicos, e
sant de lui un métropolite, et le synode, en l'élisant catholicos, pens
bien attirer sur leur Eglise les faveurs des princes mongols. Abaqa et A
lui accordèrent en effet toute leur protection. Quant à Barçauma, po
des fonctions de «visiteur» d'Orient, avec rang d'évêque, il fut chois
Argun pour aller en ambassade auprès du pape. On connaît assez le r
ou plutôt l'abrégé du récit, malheureusement perdu - de son voyag
Occident169. Il visita Rome, Paris et Bordeaux avant d'être reçu par le
165 Cf. Fiey, Chrétiens syriaques entre Croisés et Mongols, dans Orient. Christ, an
CXCVII, 1974, p. 336-339; R. Grousset, L'empire des steppes, p. 442-444; H. Cordier, Le Ch
nisme en Chine et en Asie centrale sous les Mongols, dans T'oung pao, XVIII, p. 49-113. Le
licos Denha prétend même faire jeter au Tigre un nestorien de Tekrit qui avait em
l'Islam (Bar Hebraeus, Chron. Syr., p. 571 ; J. M. Fiey, Chrétiens syriaques sous les Mongols
et passim).
166 D'après la bulle Athleta Christi d'Innocent TV.
167 C'est ce sceau qui fut reproduit pour son successeur et qui a été étudié par J. H
ton, art. cité (Journ . As., CCLX, 1972, p. 155-170).
168 J. Dauvillier, Les provinces chaldéennes «de l'extérieur » au Moyen-Age, passim.
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 109
veau pape Nicolas IV (1288). Et nous avons montré comment, après avoir
été interrogé par les cardinaux sur la foi de son Eglise, et après avoir célé¬
bré la messe en présence du pape, ceux-ci considérèrent l'Eglise orientale
et son catholicos comme dans l'union avec l'Eglise romaine, le pape
envoyant une tiare et un anneau à Yahballâhâ avec une bulle confirmant
son autorité sur la hiérarchie et les fidèles de son Eglise - exactement
comme on l'avait fait pour les Arméniens et les Maronites Quant à Bar-
çauma, il se fit faire un sceau avec légende latine (Barbazoma Thartarus
orientalis archiepiscopus ) et s'associa à des évêques latins pour concéder
des indulgences170.
Paradoxalement, c'est à Rome même, et à l'occasion d'une ambassade
qui n'avait pas en principe d'objet religieux, que l'union de l'Eglise chal-
déenne et de l'Eglise romaine avait été conclue. Nicolas IV la confirma par
une lettre datée du 7 avril 1288 17 Et Jean de Montecorvino, revenant à
Rome après avoir visité le catholicos, l'année suivante, faisait état de l'iden¬
tité des vues de Yahballâhâ III et de son envoyé172.
Recherches sur les chrétiens d'Asie centrale, p. 237-288; sur la vie du catholicos, cf. J. M. Fiey,
Chrétiens syriaques sous les Mongols, p. 39-40, 43-44, 58-60, 67-73, 75-79.
170 J. Richard, La mission en Europe de Rabban Çauma et l'Union des Eglises, dans XII.
Convegno Volta, Oriente e Occidente nel medioevo, Roma, 1957 (Accademia dei Lincei), p. 162-
167; Cf. M.H.Laurent, Rabban Saumà, ambassadeur de l'Il-Khan Argoun, et la cathédrale de
Veroli (1288), dans Mèi. d'arch. et d'hist. de l'École franç. de Rome, 1958, p. 331-365 : Barçauma,
avec d'autres
visiteurs de laévêques
cathédrale
latins
de (et
Veroli.
grecs-unis) scelle une lettre d'indulgence collective pour les
171 La différence entre les termes utilisés par Bar Çauma dans sa relation et ceux de la
lettre du pape à Yaulahae, episcopo in partibus orientis avait frappé J. B. Chabot (Notes, p. 557-
580 et 587-588) ; nous avons remarqué (cf. notre article cité plus haut) que la discussion des
points litigieux de la foi entre le prélat chaldéen et les cardinaux avait porté sur la procession
du Saint-Esprit, en nous demandant si Rome avait bien identifié le « catholicos des chrétiens
d'Orient » avec le « patriarche des Nestoriens » auquel, par exemple, Nicolas IV écrivait en
1289 sans faire allusion à l'unité retrouvée (Chabot, Notes, p. 599). Cependant la mission com¬
prenait au moins deux Latins, et ceux-ci ne pouvaient manquer d'utiliser le mot de «nesto-
rien » pour désigner les Chrétiens de rite chaldéen : cf. la lettre des Vassali au roi d'Angle¬
terre, auquel ils recommandent « un nestorien » qui va acheter des gerfauts en Norvège pour
I'll-Khan (Bibl. École des Chartes, LU, 1891, p. 56-57). Le pape, qui fait allusion à la présence de
Frères Mineurs dans les territoires soumis à Yahballâhâ, paraît s'en être remis à ceux-ci pour
éclairer les points douteux - et sans doute est-ce Jean de Montecorvino qui prit les contacts
envisagés -, et il se borne à envoyer une profession de foi qui n'est pas spécialement rédigée
110 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
nata. Chabot estimait que celui-ci n'était autre que Barçauma, que Buscarel de Gisolf a
« Rabanatta, evesque nectorin » ; Pelliot a estimé que ce Rabban-ata ne pouvait être id
à Barçauma, puisque deux lettres différentes leur sont adressées (Rev. Or. chrét.,
p. 281). La qualité de nobilis vir convenant plutôt à un laïc, il a suggéré qu'il pouvait s
chrétien «Sabadin». Ou bien y aurait-il eu confusion à la Curie?
173 Cette bulle, qui n'a pu jusqu'ici être identifiée, serait selon nous celle du 3 sep
1288 (Reg. Nie. IV, n°611) qui n'a pas été reprise dans le Bullarium ordinis Praedic
Ceci s'accorderait bien avec les dates proposées par Monneret de Villard, Il libro del
grinazione, p. 15 (d'après Mandonnet, Ricoldo de Monte-Croce, pèlerin de Terre-Sainte
sionnaire en Orient, dans Revue biblique, II, 1893), pour le voyage en Galilée en nov
décembre 1288, le retour à Acre au début de 1289, le départ pour l'Aïas en mars (il
Sivas après le 27 avril 1289, date de la chute de Tripoli dont il apprit la nouvelle dan
ville). Mais il faut admettre qu'il ne serait arrivé à Acre qu'en octobre et non penda
précédent. Au début de 1288, d'ailleurs, il avait été désigné comme lecteur pour le cou
Florence, et son voyage n'était donc pas encore envisagé.
174 On peut se demander quel était à cétte date, le gouverneur « mongol » de Moss
était nestorien : Mas'ud, fils d'A'làm al- Din Yacqùb, lequel était effectivement chrétie
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 111
176 Lassé des persécutions qui suivirent la conversion des Mongols à l'Islam, Yahballähä
ne demanda-t-il pas au khan de le laisser repartir en Orient, ou bien s'en aller « au pays des
Francs » ?
177 D. Emmanuel, Doctrine de l'église chaldéenne sur la primauté de Saint Pierre, dans Rev.
Orient chrétien, I, p. 137.
178 Cf. Olivier de Paderborn, Hist Damtatina, éd. Hoogeweg, p. 266 Apud Antiochiam cons¬
titute Nestorinos. . . diligenter examinavimus, qui dicunt se credere duas naturas unitas in per¬
sona Christi, et beatam Virginem matrem Dei et hominis confitentur, ac ipsam et Deum et homi¬
nem peperisse, quod Nestorius negavit. Utrum autem sic corde credunt, sic ore confitentur, Deus
novit Cf. A. D. Von den Brincken, Die « Nationes », p. 315-316.
179 Raynaldus, Annales, IV, p. 383 (Le texte est reproduit par Chabot, dans Revue de
l'Orient latin, II, p. 631-637); Altaner, Dominikanermissionen, p. 61-63; Loenertz, La société des
Frères Pérégrinants, p. 161-162. C'est sur ces deux lettres, que devait publier le cardinal Tisse-
rant avec une étude malheureusement perdue (cf. E. Tisserant, dans Dictionnaire de Théologie
catholique, XI, p. 21 1), qu'est apposé le sceau du catholicos (J. Hamilton, Le texte turc en carac¬
tères syriaques du grand sceau cruciforme de Mär Yahballähä III, déjà cité).
io
112 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
Là aussi, les Dominicains avaient été reçus par les moines, qui ét
alors trois cents, « comme des anges et non comme des hommes », ma
avait cherché à les dissuader de prêcher. Un évêque avait pris la p
contre eux au cours d'une dispute théologique où, bien entendu, Ri
l'emporta. Toujours est-il que le maphrian remit aux religieux une p
sion de foi, écrite de sa main, où il reconnaissait la coexistence de
natures dans la personne du Christ, et qu'il autorisa les Dominicains
cher sur une place publique, ce qu'ils firent en arabe, lui présent. M
apparaît que tout un parti persista dans l'affirmation de son mon
sisme, et supporta assez mal les adhésions recueillies par eux182.
Ricoldo, - qui avait également pris la parole dans la synagogue de
soul, en réduisant son contradicteur au silence, si on l'en croit - s'ad
en outre aux Maronites, qui avaient un archevêché à Tekrit. Ici aussi,
180 Ces lettres posent un petit problème : le siège de Tabriz avait été réuni à ce
monastère de Mär Matta en 1155, et Denys n'est connu comme évêque de Tabriz que d
à 1290, où il fut remplacé par un Iwànis : J. M. Fiey, Assyrie chrétienne, II, p. 340, 352
Chabot s'était demandé si Denys n'était pas un évêque grec {Notes, p. 586) ; mais c'est en
que qu'il écrivit au pape. Cf. Sbaralea, VI, p. 9 et 84; Golubovich, Epistola syria Dyonis
copi Taurisiensis, dans Arch, franc, hist, XIX, 1926, p. 351-352.
181 Sbaralea, VI, p. 83; J. B. Chabot, Notes, p. 630-637, remarque que la lettre en qu
n'a pas dû être remise au patriarche proprement dit (le P. Van den Wyngaert a suppo
Montecorvino était passé par Antioche - ville alors ruinée - pour la remettre), m
maphrian, alors Grégoire Bar-Hebraeus, qui résidait au couvent de Mar-Matta, près d
soul; une lettre était adressée «au prêtre, son frère» qui serait son futur successeur
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 113
cha sur les points controversés de la doctrine de ses hôtes, en prenant pour
cible le monothélisme, et il obtint de l'archevêque une profession de foi et
une déclaration d'obéissance au Saint-Siège183.
Ainsi Ricoldo, à la différence d'autres religieux, apparaissait moins
comme un ambassadeur chargé de remettre les lettres pontificales aux pré¬
lats orientaux184, que comme un redoutable polémiste, qui suscitait de
sérieux remous au sein des communautés qu'il visitait, pour que les adhé¬
sions qu'il recueillait fussent sans ambiguïté. Les pouvoirs que lui avait
conférés une simple bulle Cum hora undecima lui permettaient ainsi de
s'adresser à la fois aux dignitaires des Eglises orientales, à leur clergé et à
leurs ouailles.
La conversion de la Perse mongole à l'Islam avait mis fin à l'activité de
Ricoldo de Montecroce. Celui-ci, nous l'avons vu, avait quitté précipitam¬
ment le pays pour revenir en Occident. Mais les missionnaires latins ne tar¬
dèrent pas à y réapparaître. C'est ainsi que nous apprenons que des Fran¬
ciscains, auxquels Boniface VIII adressa la lettre Inter caetera desiderio, en
1296, vivaient chez les Tartares d'Orient185.
En 1299, un groupe de Dominicains était envoyé par le même pape
avec la lettre Immaculata lex Domini dans tous les pays d'Orient et d'Occi¬
dent186. Et, en 1300, un autre Dominicain, Jacques d'Arles (-sur-Tech) allait
visiter les hauts prélats orientaux, en revenant d'une mission en Arménie; il
y retournait en 1304 187. En 1307, c'est une mission nombreuse qui était
confiée à l'évêque Guillaume de Lydda, qu'Edouard II d'Angleterre recom¬
mandait à l'empereur des Tartares, au pape et au roi d'Arménie : accompa¬
gné de nombreux religieux, Dominicains comme lui, ou d'autres ordres, il
devait essayer de convertir les infidèles avant la croisade, en leur prêchant
la foi chrétienne, pour que le bras séculier n'intervienne qu'après l'échec
188 Rymer, Foedera, I, 2, p. 100-101 (30 novembre 1307). Cette lettre a été datée par e
de «vers 1277 » par Röhricht, Regesta regni hierosolymitani, erreur reprise par le P. Streit
sa Bïbliotheca missionum. Cf. infra, p. 143-144.
189 Sbaralea, I, 360. Von den Brincken, Die « Nationes», p. 270.
190 Ripoll, I, 482; Altaner, p. 63.
191 Cf. J. Richard, Les premiers missionnaires latins en Ethiopie, dans Atti del Con
internazionale di studi etiopici, Roma 1959, p. 323-329 (Accademia dei Lincei); Les mission
LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 115
* * *
dans l'Asie que les marchands occidentaux; et les contacts pris avec les
chefs des Eglises orientales en vue de réaliser l'union des Eglises en furent
d'autant facilités. L'Océan Indien ouvrait désormais les routes de l'Afrique
orientale, de l'Inde et de l'Extrême-Orient.
En même temps, une doctrine missionnaire s'était définie, que l'on
peut retrouver sous la plume de Dominicains comme sous celle de Francis¬
cains. Humbert de Romans, tant dans son traité De officiis ordinis que dans
son encyclique de 1255, définit les deux points essentiels de son pro¬
gramme de la façon suivante : élaborer des traités destinés à armer les mis¬
sionnaires d'arguments susceptibles de convertir « les nations barbares, les
païens, les Sarrasins, les Juifs, les hérétiques, les schismatiques et autres,
qui sont hors de l'Eglise » ; enseigner les langues dans lesquelles il convien¬
drait de prêcher, ceci par l'envoi des religieux destinés aux missions dans
les provinces voisines des pays à évangéliser200. Et la Summa contra Gentiles
de saint Thomas d'Aquin pourrait représenter un des tractatus dont la
rédaction était recommandée, s'il ne semblait pas plutôt destiné à combat¬
tre l'averroïsme chrétien - tandis que d'autres œuvres du docteur domini¬
cain (Contra errores Graecorum ; De rationibus fidei contra Saracenos, Grae-
cos et Armenos) s'apparenteraient davantage au type d'opuscules auquel
pensait Humbert de Romans201.
Vingt ans plus tard, le De Statu Sarracenorum de Guillaume de Tripoli,
fruit d'une expérience missionnaire vécue chez les Musulmans, propose des
modes de formation pour les religieux appelé à prêcher aux infidèles : il ne
s'agit pas seulement d'apprendre leur langue, mais de se pénétrer des
méthodes qui permettront de les convaincre. Guillaume recommande d'évi¬
ter de recourir à la force, certes, mais aussi aux disputations si en vogue au
début du siècle. Il se déclare aussi hostile à cette forme de provocation qui
entraîne le martyre. Et c'est sur la connaissance de l'Islam et de la doctrine
200 Instructiones magistri Humberti de officiis ordinis, dans B. Humberti de Romans opera de
vita regulari, éd. J. J. Berthier, Romae 1889, t. II, p. 187-188 {De officio magistri ordinis, Circa
Gentiles) et p. 293 (encyclique de 1255 sur l'enseignement des langues) : et ideo curandum est
et ut semper in ordine sint aliqui tractatus contra errores eorum, in quibus fratres exercitare se
valeant competenter; et ut aliqui fratres idonei insudent in locis idoneis ad linguas arabicam,
hebraicam, graecam et barbaras addiscendas. La lettre de 1255 incite les volontaires à se faire
connaître du maître général, de façon à être envoyés en Terre Sainte, en Grèce et dans les
118 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
206 R. Sugranyes de Franch, Raymond Lulle, docteur des missions, avec un choix de textes
traduits et annotés. Préface de J. P. de Menasce, Schöneck-Beckenried, 1954 (Neue Zeitschrift
für Missionswissenschaft Supplementa, V), p. 29-34.
207 Ibid, p. 134-135.
208 Ibid, p. 103-104.
209 Raymond est d'ailleurs convaincu de la nécessité de la croisade : Sugranyes de Franch,
Els projectos de creuada en la doctrina missional de Ramon Lull, dans Etudios Lulianos, IV,
1960, p. 275-290.
120 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
vable que pendant une dizaine d'années encore212; c'est avec la concl
tive, réalisée en 1323. Mais l'idée que les chrétiens orientaux seraien
mission.
recuperare cum disputatione. . . quia cum Ulis melius possent destrui Sarraceni et haberi
patio et amicitia cum Tartaris. . . Etiam esset conveniens quod Ecclesia faceret suum p
conquirendum Tartaros per disputationem, quae conquisitio est facilis quia non habent le
quia permittunt in illorum terra praedicari fidem Christi et etiam quicumque vult pot
Christianus absque timore dominii Raymond fait ici allusion à cette impossibilité de p
fois, depuis l'invasion de la Syrie par les Mongols, la Papauté et ses envoyés
XIVe siècle, il va devenir évident que cet espoir est vain, du moins dans
dans ces contrées une allure assez différente de ce qu'elle est dans les pays
124 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
1 A l'étude de C. Eubel, Die während des 14. Jhdts im Missionsgebiet der Dominikan
Fransiskaner errichteten Bisthümer, dans Ehses, Festschrift zum elfhundertjährigen Jubiläu
deutschen Campo Santo in Rom, Freiburg im Breisgau, 1897, p. 170-195, s'ajoute déso
celle de D. Giorgio Fedalto, La chiesa latina in Oriente, vol. I, Verona, 1973 (Studi religi
où «la chiesa latina nei territori di missione» est envisagée aux p. 375-500.
2 Cf. l'autorisation accordée le 2 août 1373 par Grégoire XI à Roger Herietsham,
cien du monastère de Boxley, dans le Kent, de partir chez les Infidèles avec douze
moines pour prêcher et pour les instruire dans la foi : Arch. Vat., Instr. misc. 6258 (Pap
ters, IV, 106).
LA NAISSANCE D'UN ÊPISCOPAT MISSIONNAIRE 125
4 Marco Polo, The Description of the world, éd. Moule et Pelliot, Londres, 1938, p. 53-54.
Pelliot a identifié ces « chrétiens » à des Manichéens, dont des éléments paraissent avoir sur¬
vécu au Fou-Kien au XVIIe siècle encore; Moule pensait plutôt à des Nestoriens (P. Pelliot,
Notes on Marco Polo, éd. L. Hambis, II, Paris, 1963, p. 726-728).
5 Le récit de la conversion des Keräit par Bar Hebraeus évoque un processus de ce
genre : le roi ayant eu une vision, ce sont des marchands chrétiens qui le persuadent
d'embrasser le christianisme, et les religieux envoyés par le catholicos qui l'instruisent et le
baptisent avec son peuple. Supra, p. 96, un épisode analogue où le rôle d'initiateur de la
conversion revient à un clerc russe, les Franciscains étant appelés ensuite pour instruire le
126 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
12 A. Dondaine, Ricoldiana, dans A F.P., XXXVII, 1967, p. 168. Cf. supra, p. 118.
13 De utilitate grammaticae, dans The « opus majus» of Roger Bacon, éd. Bridges, t. III, Lon¬
dres, 1900, p. 115-120.
14 L'institution de bourses pour la formation théologique de clercs originaires d'Orient
(Denifle et Chatelain, Chartularium universitatis Parisiensis, I, nos 180, 181, 324, 527) ne doit
pas être confondue avec celle de chaires de langues orientales : cf. B. Altaner, Die Heranbil¬
dung eines einheimisches Klerus in der Mission des 13. und 14. Jhdts, dans Zeitschrift für Mis¬
sions-und Religionswissenschaft, XVIII, 1928, p. 193-208.
15 B. Reichert, Litterae encyclicae, p. 319.
16 Ibid, p. 19-20.
17 Un enseignement de l'arabe à l'intention des missionnaires dans un Studium spécialisé
est réalisé de bonne heure en Espagne; le concile de Vienne décide en 1311 la création de
chaires de langues orientales à Paris, Oxford, Salamanque, Bologne et en Curie (Denifle et
Chatelain, ouvr. cité, II, nos 695, 777, 786, 857) et cette décision fut suivie de réalisations par¬
128 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
18 Golubovich, IV, p. 244 et suiv. - Sur la préparation des missionnaires, cf. Chr
W. Troll, Die Chinamission im Mittelalter, dans Franziskanische Studien, XLIX, 1967, p. 3
19 Cf. Odulphus Van der Vat, Die Anfänge der Franziskanermissionen und ihre Weit
wicklung im Nahen Orient und in den mohammedischen Ländern während des 13.
Werl, 1934.
20 R. Loenertz, La société des Frères Pérégrinants. Etude sur l'Orient dominicain, I,
1937 (à compléter par La Société des Frères Pérégrinants de 1374 à 1475. Etude sur l
dominicain, II, dans Archivum fratrum Praedicatorum, XLV, 1975, p. 107-145). Cette impo
étude, et celle du P. Golubovich sur les vicairies franciscaines, nous dispenseront d'
dans le détail. L'ordre franciscain avait d'abord créé des «provinces», non seuleme
LA NAISSANCE D'UN ÊPISCOPAT MISSIONNAIRE 129
donné
libus 28
27vicarius
Nomination
par
Β. Reichert,
le ministre
in Perade
Litterae
etgénéral,
Michel
provinciis
encyclicae.
remplaçait
de suis
Montecucito
pro
. . , alors
ecclesia
p. 313-320.
(Fontes
celui-ci
Constantinopolitana
Sur
, XIII,
Le
les même
1,institutions
n° 150)
est (ibid.,
dit
- Grégoire
de
enn°
la
1411
152).
societas
in
XII,
sp
LA NAISSANCE D'UN ÉPISCOPAT MISSIONNAIRE 131
b) Le rôle de la papauté
sée aux Frères Mineurs inter Tartaros constituti précise qu'ils s'y trouven
mandato vel ordinatione seu licentia aut permissione Sedis apostolicae
autrement dit que ceux-là même qui n'ont pas été directement investis
le pape de leur mission, l'ont été par leurs supérieurs en vertu d'une au
sation pontificale. Les légats en Terre Sainte, en Grèce, en Hongrie,
joué un rôle essentiel dans les tentatives d'apostolat chez les peuples
chrétiens ou non soumis à l'Eglise romaine : bien des bulles pontifi
leur ont été adressées à cette fin, au XIIIe siècle surtout. Les missionn
eux-mêmes (entendons les religieux envoyés chez les infidèles à charg
les convertir) sont parfois dotés expressément des pouvoirs d'un légat
Jean de Montecorvino, en 1289, Odoric de Pordenone, entre 1320 et
ou Jean de Marignolli, au milieu du XIVe siècle33. De Francon de Pér
fondateur du couvent de Caffa et premier vicaire général connu d
Société des Pérégrinants, le nécrologe du couvent de Pérouse écrit qu'
envoyé «personnellement et nommément par le seigneur pape B
face VIII comme son légat et nonce spécial, avec de larges privilèges » 3
nous possédons le texte de la bulle du 10 avril 1299 qui était adress
Francisco Perusino, ainsi qu'à dix-huit autres Dominicains, tous nom
ment désignés : le pape les qualifie bien de nuncii nostri et leur confère
privilèges : ceux-ci n'excèdent pas ceux qui figurent dans bien d'autres
les35.
37 Loenertz, La Société, p. 36, note. Si l'on croyait devoir retenir cette indication, il fau¬
drait admettre qu'il n'y eut pas continuité entre la désignation d'André della Terza et celle de
Philippe de Incontris.
38 Fontes, X, n° 127; R. J. Loenertz, Frère Philippe de Bindon Incontris, O.P., du couvent de
Péra, inquisiteur en Orient, dans A F. P., XVIII, 1948, p. 256-280, à quoi on peut ajouter
Th. Kaeppeli, Deux nouveaux ouvrages de Fr. Philippe Incontri de Péra, O.P., ibid, XXIII, 1953,
p. 161-183. - On peut noter qu'en 1353, Innocent VI demandait à l'évêque de Caffa de procé¬
der contre les fraticelli (Fontes, X, p. 27) : il ne semble pas qu'à cette date il y ait eu un inqui¬
siteur en fonction dans ce diocèse, qui appartenait évidemment à la Tartarie.
39 R. Loenertz, La Société, p. 74-76; Ripoll, II, 299.
40 Fontes, XIII, 1, n° 79. La nomination d'André «de Caffa» avait été décidée par le vicaire
134 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
LUI, I960, p. 111 et suiv.) demande à partir en Orient, Eugène IV peut-il lui donner po
d'exercer ses fonctions dans les régions où son ordre a coutume d'avoir des inquisiteu
aussi, comme suppléant, dans celle où ces fonctions sont normalement assurées par le
res Prêcheurs (5 avril 1441) : Wadding, Annales Minorum, XI, p. 100.
43 Volumus ... de statu religiosorum in ejusdem morantium partibus certitudinem p
habere; discretioni vestrae per apostolica scripta mandamus quatenus, cum in partibus f
supradictis, de statu vitae et conversationi religiosorum ipsorum tam vestri quam aliorum
num quorumcumque, non per indagationem solemnem, sed alias, diligenter, caute et s
indagare curetis plenius veritatem, et quod inveneritis in hac parte, nobis per vestras litte
fideliter intimetis (Golubovich, I, 354-355; Fontes, V, 2, 110).
44 Qui fut écrit « par un arcevesque que on dit l'arcevesque Saltensis au comma
pape Jehan XXIIe de ce nom» (éd. Jacquet, dans Journal Asiatique, 1830, p. 59).
LA NAISSANCE D'UN ÉPISCOPAT MISSIONNAIRE 135
48 Le même pape, le 1er mars 1376, apprenant qu'il y a à Rome de nombreux religieux,
Prêcheurs et Mineurs, désireux de partir prêcher aux infidèles, demande au vicaire général
de Rome de choisir vingt-cinq volontaires, de leur faire obtenir licence de leurs supérieurs et
de les faire partir outre-mer où ils auront le droit de construire quatre lieux de leur ordre,
ainsi que des oratoires avec clocher et cimetière (Golubovich, V, p. 213).
49 Fontes, XII, 97 (17 janvier 1374).
50 Ainsi, en 1363, l'archevêque de Malazgerd est autorisé à emmener vingt Dominicains
en Arménie; le vicaire de Tartarie Aquilonaire, douze Franciscains dans sa vicairie, en 1372
1374; à la suite de la nouvelle de la conversion de plus de 20.000 personnes aux pays des
Ruthènes, des Lithuaniens et des Tartares, le Franciscain Jean de Pologne est autorisé à
emmener de ses confrères, en 1410 (Fontes , XI, 48; XII, 28 et 122; XIII, 1, 151).
51 Ainsi les Franciscains partant en Tartarie sont-ils recommandés, en 1369, au bayle
vénitien de Tana et aux podestats génois de Péra, Chio et Caffa (Fontes , XII, 173; Golubovich,
V, p. 144). A cela s'ajoutent, bien entendu, les demandes d'appui (par exemple, au même, pour
les chrétiens des Monts Caspiens persécutés : id., 162).
52 Jean de Ziquie, archevêque de Matrega, expose ainsi qu'il a besoin d'argent pour bâtir
des églises en Zichia et reçoit d'Urbain V le droit de concéder des indulgences aux fidèles qu
136 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
1338; de vêtements pour de jeunes Tartaree entrant dans l'ordre, en 1318; frais de voy
missionnaires - Jérôme de Caffa; Nicolas de Molano et ses compagnons, qui reçoiven
florins à leur départ, en 1338; Jean de Marignolli, qui en reçoit 50 à son retour); K. Sc
Die Ausgaben der apostolischen Kammer unter Johann XXII, Paderborn 1911, p. 544, 70
et Die Ausgaben des ap. Kammer, Paderborn 1914, p. 77, 321, 524, 703 (1338-1358). E
Jean, évêque de Tabriz, reçoit 60 ducats pour son retour en Grande-Arménie, et chac
Dominicains qui l'accompagnent, vingt ( Fontes , XII, 150); en juin 1385, Jean de Franc
que de Tabriz, Ο. P., partant en Grande-Arménie pro fide catholica predicando, a re
ducats (Arch. Vat., Collectoriae, 129, f° 175).
55 Golubovich, I, p. 373 et suiv. Cf. aussi Sugranyes de Franch, Raymond Lulle, doct
missions, p. 72. Dans son roman de Blanquerna, il montre l'efficacité de l'intervention
cale ainsi éclairée, en supposant que les Turcs refusant de laisser prêcher quatre r
qui avaient appris le turc dans leur pays, le cardinal informé de ce fait agit auprès d
lequel envoie des cadeaux au seigneur des Tartaree qui ont subjugué la Turquie
LA NAISSANCE D'UN ÊPISCOPAT MISSIONNAIRE 137
58 Reg. Vat. 265, f° 80v°. Le 22 juin 1372, à la demande du vicaire franciscain de Bosnie,
une commission de théologiens dominicains et augustins avait été créée, qui émit une décla¬
ration sur des points douteux (Fontes, XII, 34-34a). Elle préfigurait la commission de 1373.
59 Reg. Vat. 265, f°s 60, 62, 69-71. Le P. Loenertz nous a signalé avoir vu, aux archives de la
Societas peregrinantium à Lwów, un instrument émanant de cette commission, scellé du sceau
de ses six membres.
138 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
d'aucun appui pour eux. D'autre part, ceux que l'Eglise romaine avait
gés de prêcher sa foi appartenaient normalement, nous l'avons vu, à
ordres religieux de récente création, l'un et l'autre marqués par la re
che de la pauvreté et, à ce titre, considérés comme «mendiants». Ain
simples prêtres, astreints à observer une règle rigoureuse, se voyaient
gés d'évangéliser les pays orientaux. On avait pu espérer, au temps de
goire IX ou d'Innocent IV, un ralliement rapide et sincère de la par
prélats orientaux et de leur clergé; l'expérience n'avait pas été décisiv
la conversion des « infidèles » se voyait, pour une grande part, confiée
religieux des ordres mendiants.
Ceux-ci se trouvaient, dès le début, obligés de solliciter des «pr
ges», c'est-à-dire des dérogations à leur règle. Les frères Mineurs dev
vivre d'aumônes, porter l'habit de leur ordre, avoir le visage rasé; dès
premier envoi au Maroc, en 1226, il leur fallut obtenir le droit de port
barbe, de revêtir des habits non «réguliers», d'emporter de l'argent
eux62. Ce sont là des dispositions qui furent sans cesse reprises63; ma
Rubrouck, parti pour la cour de Sartaq sans avoir été pourvu de priv
pontificaux, eut beaucoup à souffrir en traversant l'Asie pieds nus dan
sandales et vêtu d'une simple robe de bure - tandis que Plancarpin po
adopter le costume mongol et que Ricoldo, plus tard, revêtit l'habit
chamelier pour échapper à ses persécuteurs -. En ce qui concerne ces
lèges mineurs, les ordres pouvaient accorder eux-mêmes des dérogat
Ainsi Bérenger de Landorre autorise-t-il les Pérégrinants à se servir
leur propre usage de ce qu'ils auront acquis; à emporter avec eux l'a
nécessaire à leur voyage; à se déplacer librement; à ne pas célébrer rég
rement la messe; tout ceci ne relève que de la règle de l'ordre. Le m
général,
entraînaient
d'ailleurs,
certains
constatait
Frères64. avec regret les abus auxquels ces priv
65 Fontes, III, n° 210. Dès 1233, les Franciscains partant chez les Géorgiens et en pays
musulman ou infidèle reçoivent des pouvoirs, à la vérité peu étendus (le droit de communi¬
quer avec les infidèles: ibid., n° 163; Reg. Grégoire IX, n° 1220). La bulle Aeterni pastoris
qu'emporte Gérard de Prato en 1278 (Fontes , V, 2, n°24); la bulle Immaculata lex fulminée
lors du départ de Francon de Pérouse et d'autres Dominicains en 1299 (ibid., n° 127); celle
qui était destinée à Nicolas Bonet, Jean de Marignolli et leurs compagnons en 1338 (Fontes,
VIII, n° 32), etc., ne diffèrent guère des bulles Cum hora undecima.
66 Cf. le commentaire qui accompagne l'édition de la bulle du 21 mars 1245 dans Fontes,
IV, 1, n° 19, et surtout l'ouvrage de Melle Von den Brincken, Die «Nationes christianorum
orientalium», au nom des différents peuples concernés. - Ces listes varient dans le détail (des
graphies aberrantes s'y glissent: le nom des Mossoulitains - Mossoliti en 1245 - devient Mos-
celini, Molcliti, Mochiti, Mosceliti, Moci, Mosteliti, voire Agolesticü ) De 1233 à 1238, on men¬
tionne les terres des Sarrasins et des Païens, auxquels s'ajoutent en 1239 (pour les Francis¬
cains), les Grecs, Bulgares, Comans; en 1245, s'y adjoignent, à la suite des premiers, les Ethio¬
piens, Syriens, Ibères, Alains, Khazars, Ziques, Ruthènes, Jacobites, Nubiens, Géorgiens, Armé¬
niens, Indiens et Mossoulitains. Dans les bulles accordées aux Dominicains, en 1253, le nom
des Tartaree figure entre celui des Khazars et des Ziques, et, à la fin, s'ajoutent les Hongrois
de Grande-Hongrie et les chrétiens captifs chez les Tartaree. La liste est dès lors à peu près
stéréotypée, avec la disparition éventuelle de certains noms (c'est ainsi que celui des Syri
s'efface, remplacé, du fait d'une confusion, par celui des Scythes : celui des Ziques disparaît
également : en 1307, le nom des Sichi se substitue à celui des Syri et des Zichi, pour se trans¬
former ensuite en Scythae) tandis que les Valaques apparaissent épisodiquement, à côté des
140 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
67 Ils peuvent communiquer avec les Chrétiens non unis à Rome in verbo, cibo et o
mais ne peuvent pas célébrer dans leurs églises lorsque celles-ci sont sises in terra fi
(bulle du 22 mars 1244 : Fontes, IV, 1, n° 8).
68 Fontes, IV, 1, n° 19 (Sbaralea, I, 360); l'assimilation des missionnaires aux léga
indiquée par le fait qu'ils peuvent donner dispense in Ulis casibus in quibus soient legat
apostolice dispensare.
69 Athanasius Matanic, Bulla missionaria «Cum hora jam undecima » ejusque juri
LA NAISSANCE D'UN ÉPISCOPAT MISSIONNAIRE 141
autre
envoyait
nem
dictum
contigerit
75Apostolicae
76 Frère
.C'est
quae
. .un
. Aut
. . pontificale
laexercere
s'en
évêque
assumendi
conclusion
sedis
ailleavec
habentibus,
(Fontes
chez
requirunt
des
unum
de
les
,marques
son
V,Tartaree
de2,
officium,
cujus
récit
caîholicis
n° 25).
d'honneur
ministerio
de
comme
acvoyage
archiepiscopis
ilia per
jepossitis
...
: l'ai
«eum
il fait
nelïberius
pourrait
quem
me
vel
. . . episcopis
, semble
reconciliari
mais,
leur
exequi
dire
sipas
gratiam
circa
le ceper
seigneur
souhaitable
qu'il
negocium
vos
et veut
communio-
vel
pape
assumi
».
supra-
qu'un
. . .
77 Reg. de Boniface Vili, n° 306 : c'est dans la bulle d'union du siège de Tortose à celui de
Famagouste qu'il est fait allusion à ce que l'évêque avait prêché la foi apud infideîes diversa-
rum nationum (13 juillet 1295).
144 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
l'Islam, et ses sujets, eux aussi passés à la foi musulmane, auraient réser
l'évêque et à ses compagnons; mais nous ignorons tout de la suite d
projet79.
Même si Guillaume de Lydda était parti pour l'Orient, il reste qu'au
évêque n'avait été consacré, entre 1253 et 1307, pour occuper effective
un siège correspondant à un diocèse constitué en dehors des pays soum
l'autorité des princes chrétiens d'Orient. William Freney avait été revêt
caractère épiscopal et pourvu d'un titre qui était celui d'une cité archi
copale authentique, située en pays soumis aux infidèles : mais il ne p
avoir été chargé de gouverner un peuple chrétien, même dispersé
mieux, Mansel de Tortose et Guillaume de Lydda, prélats dotés d'un
épiscopal qui était encore résidentiel pour le premier, déjà in partibus
delium pour le second, ont pu être associés à des équipes missionnair
l'idée retenue par Nicolas III lors du départ de Gérard de Prato, en
avait pris quelque corps. Mais ce n'est pas certain, et la participation d
ques à des tâches missionnaires reste, en Orient, extrêmement limitée
Le XIVe siècle allait voir la papauté adopter une attitude beau
plus hardie; l'épiscopat missionnaire, si peu important au XIIIe sièc
dehors de la formule traditionnelle retenue dans les pays baltes ou r
nes, allait connaître le plus étonnant des développements, et cela
l'influence des événements et non du fait d'une évolution institution
consciente.
taoïsme). Sur le Tendue (diocèse de Ong), cf. J. Dauvillier, Les provinces chaldéennes « de
l'extérieur» au Moyen-Age, p. 301 et suiv.
87 N. Engami, Olon-Siime et la découverte de l'église catholique romaine de Jean de Mont-
corvin, dans Journal Asiatique, CCXL, 1952, p. 155-168; cf. aussi Kazuo Enoki, Nestorian Chris¬
tianity in China in the Medieval period, dans L'Oriente cristiano nella storia della civiltà, Rome,
Accad. dei Lincei, 1964.
88 Sur cette méthode, cf. les commentaires de Ch. W. Troll, aritele cité, t. XLIX, p. 22-79, et
de A. Van den Wyngaert, Méthode d'apostolat des missionnaires du XIIIe au XVIe siècle en
148 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
chöfe von Constanz, ed. Ladewig et Müller, 3671, 3754, 3773, 3482; AA SS., Mai V, 205) - et
même, après son transfert à Savone : AA SS., Jun. I, 336; Kessel, Antiquitates monast. S. Mar¬
tini Majoris Coloniae p. 286 (1326) et Quix, Geschichte der Stadt Aachen, II, 21 (1328). Il est pro¬
bable qu'il n'avait pu se joindre à ses confrères en 1307, et qu'il fut alors remplacé par
Andreuccio d'Assise. Il n'aurait été consacré qu'en 1308, et, ses coévêques étant déjà partis
(Andreuccio mourut dans l'Inde), attendit une occasion qui ne se présenta pas.
94 Regestum Clementis papae V, t. VI, n° 7480, 7481, 7482. Ce que nous savons du destin
des évêques sacrés en 1307 provient d'une lettre d'André de Pérouse, datée de 1313 (cf.
Moule, Christians in China, p. 191; Golubovich, II, p. 115, n. 3); Pierre de Florence ne les avait
pas encore rejoints en Chine.
95 Cf. la lettre de l'évêque Théodore d'Alanie, qui rencontra vers la même date ses ouail¬
les depuis le voisinage de Kherson, en Crimée, jusqu'à soixante étapes plus à l'est, dans la
steppe de « Scythie » et jusqu'aux confins du pays des Ibères (Patrologie Grecque, CXL, p. 392
397).
96 Pelliot, Chrétiens d'Asie centrale . . . , dans Τ oung pao, 1914, p. 64; Marco Polo, éd. Pau
150 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
La vie de cette communauté catholique nous est connue par les lettres
des évêques André de Pérouse (1313) et Peregrino de Castello (1318),
comme par les relations de voyage et notamment celle d'Odone de Porde¬
none, qui déposa à Zayton les reliques des martyrs de Thâna, traversa Jam-
cai et admira, à Khanbaliq, la faveur dont jouissait Montecorvino, bénéfi¬
ciaire de pensions impériales et admis à donner sa bénédiction au grand-
khan lors des expéditions de celui-ci (1326-1328).
Quelle place y tenait l'institution épiscopale? Trois évêques étaient
arrivés en 1313 et avaient consacré l'archevêque; un quatrième les avaient
rejoints. Or nous constatons que trois d'entre eux finirent par se fixer à Zay¬
ton, ce port du Fou-kien où arrivaient les navires venant de l'Inde qui trans¬
portaient les marchands, et d'où partait la route menant par Hang-tchéou
et Yang-tchéou à Khanbaliq. Gérard Albuini en fut fait évêque par Monte¬
corvino dès 1313; Peregrino le remplaça vers 1317 et, après sa mort (7 juil¬
let 1323), André de Pérouse, qui s'était installé en 1317 dans un ermitage
voisin de la ville, en devint à son tour évêque101. Les suffragante de Monte¬
corvino n'avaient donc pas pris possession chacun d'un siège épiscopal :
évêques sans titre précis, il ne leur était pas apparu nécessaire de diviser
entre eux le territoire de la province de Khanbaliq pour constituer des dio¬
cèses. La mission du Cathay, en effet, s'articulait essentiellement autour des
résidences franciscaines; le vœu de Montecorvino, de recevoir aussi des
Dominicains, n'avait pu se réaliser - Jourdain de Séverac, qui accompagnait
quatre Franciscains partant pour la Chine, en 1320, demeura dans l'Inde
après le martyre de ses compagnons102-. Chaque couvent, si nous en
jugeons par le cas de Zayton, avait sa vie assurée par des fondations, tandis
que les évêques, auxquels le grand-khan assurait une rente de cent florins
d'or par an, vivaient avec leurs frères : les marchands latins ou arméniens
se fixaient, durant leur séjour, à proximité de l'établissement franciscain 103.
M. Petech
d'un Génois.
(p. 553) propose de voir en lui un Vénitien, Pietro Longo, (fils) de Luca, au lieu
101 On sait que la pierre tombale portant le nom d'André de Pérouse a été retrouvée lors
de la destruction des murs de Ts'iuan-tchéou, la date étant très mutilée (John Foster, Crosses
from the walls of Zaitun, dans Journal of Royal Asiatic Society, 1954, p. 1-25). M. Hambis ( Les
cimetières de la région de Zaiton, dans Comptes rendus Acaà des Inscriptions, 1960, p. 213-221) a
proposé de lire cette date 1330. Sur l'emplacement de la résidence franciscaine de Zayton, cf.
152 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
gataî qu'en 1336 : aussi avait-on commencé en Chine à s'inquiéter. Les chefs
des Alains écrivirent au pape une lettre collective (11 juillet 1336) à laquelle
le khan Toghan Temiir joignit ses propres lettres, pour demander l'envoi
d'un successeur de Montecorvino 108.
Les envoyés - deux Génois et l'Alain Thogay - parvinrent à Avignon en
1338, et la lettre du grand-khan fit une grande impression109. Le pape
Benoît XII estima qu'il convenait de répondre avec un certain éclat : il dési¬
gna quatre ambassadeurs, avec rang de légats pontificaux, et les chargea de
cadeaux parmi lesquels figurait un grand cheval, ce «cheval céleste» qui
impressionna vivement la cour de Khanbaliq110. Mais on peut noter que ces
«légats», mieux fournis d'argent que l'expédition précédente (la Chambre
leur remit quinze cents florins) et voyageant avec plus d'apparat, n'avaient
pas reçu de pouvoirs exceptionnels, pour autant qu'on puisse en conclure
de la bulle qui leur fut remise. Eux aussi cheminèrent lentement - ils
s'embarquèrent à Naples en 1339, séjournèrent à Almaligh le temps néces¬
saire à la restauration de l'église détruite par les Musulmans, à Ha-mi le
temps qu'il fallut pour convertir quelques Tartares et entrèrent à Khanba¬
liq, où ils furent reçus magnifiquement, en 1342. Jean de Marignolli, qui
nous a laissé des souvenirs de son voyage épars au milieu de sa chroni¬
que111, Grégoire de Hongrie et Nicolas de Molano furent défrayés de toutes
leurs dépenses, sans préjudice d'une pension impériale, et retenus trois ou
quatre ans à Khanbaliq : le grand-khan ne les laissa repartir que moyennant
rence (celui qui devint évêque de Zayton et mourut en 1362?); sans doute est-ce à ce moment
qu'on avait appris la mort de l'archevêque.
108 Golubovich, IV, p. 250-251 (les noms des chefs Alains ont été retrouvés en transcrip¬
tion chinoise dans le Yuan Che ; Pelliot, Chrétiens d'Asie centrale . ... p. 641 et suiv.).
109 Cf. la chronique de Jean de Winterthur (p. 152) : selon lui, le «roi des Tartares», ayant
été converti par sa femme, elle-même amenée à la foi par les Frères Mineurs, aurait demandé
au pape des docteurs pour convertir son peuple, et Benoît XII aurait désigné à cette fin cin¬
quante Frères. Les deux envoyés génois du khan étaient Guillaume de Nassio et Andolo de
Savignone (sur celui-ci, cf. M. Balard, Les Génois en Asie centrale. . . ; Schäfer, Die Ausgaben,
p. 77; Benoît XII. Lettres closes, éd. Vidal, I, n° 1870-1873). Ils avaient pris la voie de mer, et
par conséquent ne rencontrèrent pas Nicolas.
110 Cf. Herbert Franke, Das « himmlische Pferd» des Johann von Marignolla, dans Archiv für
Kulturgeschichte, L, 1968, p. 33-40. D'autres cadeaux étaient destinés au Khan de Qipcaq.
111 Les extraits de cette chronique, consacrée essentiellement à la Bohême où il termina
sa vie, concernant ce voyage, ont été réédités dans les Sinica Franciscana du P. Van de Wyn
154 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
112 Du moins lit-on sous la plume de Marignolli : itti solos cognoscunt sacerdotes, e
papam semper talem sicut fuit ille Jeronimus papa qui misit eis legatum, quem sanctum v
tur Thartari et Alani, fratrem Johannem de Monte Corvino : ceci semble exclure que d
ques et un archevêque soient arrivés entre temps. Il convient d'ailleurs de ne pas oubl
la Peste Noire sévit précisément dans l'Asie centrale en 1338-1339 et que la mission d
las peut lui avoir payé tribut. - Notons que, après avoir quitté Khanbaliq, Marignolli s
assez longtemps à Zayton pour y faire fondre et bénir deux cloches pour les églises d
113 J. I. Cato, Guillaume du Pré and the Tartars, dans A F H, LX, 1967, p. 210-213; Bul
cise., VI, 1078-1081; Golubovich, V, p. 149 et suiv. Guillaume aurait emmené avec lui s
Frères, d'après la «Chronique des XXIV Généraux». On peut se demander si sa désign
ou plutôt celle de Cosme, qui doit dater de 1369 (Fedalto, La chiesa latina, I, p. 433) - n
à mettre en rapport avec l'envoi de nombreux Franciscains en pays de mission, de
LA NAISSANCE D'UN ÉPISCOPAT MISSIONNAIRE 155
de
France
Charles
119 IIquand
neau
saurait
français
il étaitêtre
jeune.
Guillaume
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Pré, III
bien
de qu'il
Sultanieh
affirme
aitavoir
donnébien
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ledit Charl
le
LA NAISSANCE D'UN ÉPISCOPAT MISSIONNAIRE 157
133 Fontes, VII, 2, n° 10, 49, 50, 51. Thaddée devait bientôt se réconcilier avec Jérôme, et
rester episcopus Caphensis de Ermenis en attendant d'être transféré à Gorhigos (1328), puis de
revenir à Caffa comme évêque latin en 1334 (J. Richard, Deux évêques dominicains, agents de
l'Union arménienne, dans AFP, XIX, 1949, p. 260-265); Bogos - ou Paul - episcopus Armenorum
in imperio Tartarorum Iusbect est félicité en 1329 de son retour à l'Union (Fontes, VII, 2,
n° 112).
134 L'archevêque Solkatensis Etienne, qui écrit au pape et que celui-ci invite en 1340 à res¬
serrer l'union (Fontes , VIII, 51) est sans doute un successeur de l'archevêque Arakiel cité
en 1318.
135 Cf. infra, p. 208. Un privilège du roi d'Arménie pour les Siciliens a été traduit en 1332,
à Sis, par Thaddée, episcopus Occichensis (lire Curchensis) : cf. Carmelo Trasselli, Su gli Euro¬
pei in Armenia a proposito di un privilegio e di una novella del Boccaccio, dans Archivio storico
italiano, CXXII, 1964, p. 471-491. Sur les Arméniens de Caffa, cf. Bratianu, Recherches sur le
commerce génois dans la mer Noire au XIIIe siècle, Paris, 1929, p. 227-228; M. Balard, Gênes et
l'Outremer, I, Les actes de Caffa du notaire L de Sambuceto, Paris et La Haye, 1973, passim.
13
160 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
pourrait supposer que, dès avant 1321, Rome aurait retiré au diocè
Caffa la ville de Sarai" qui lui avait été donnée en 1318, en égard à l'im
tance du couvent franciscain de cette ville - qui devait même se dédo
par la suite. Cette création nous semblerait cependant prématurée : un
ché latin n'est attesté à Sarai* qu'en 1352 136.
L'importance de Sarai était double : la ville était une place de
merce très active, elle était aussi la résidence du khan, et les lettre
Franciscains montrent que, par exemple, les seigneurs de Baskirie qui
nent à la cour impériale en profitent pour demander des missionnair
Les espoirs que l'on fondait sur l'accession d'Abusqa au trône, en
encore, s'effacèrent par la suite. Vers 1339, des éléments hostiles à l'
que professait le khan Özbäg, auraient essayé de faire périr celui-ci
l'incendie de son palais; l'attentat échoua, et, malgré la pression de ce
Musulmans qui auraient voulu en rendre les chrétiens responsabl
khan continua à rester favorable à ces derniers138. Son fils aîné, Tin
avait pour conseiller un Franciscain, Elie de Hongrie, dès 1338. Sa bie
lance pour les chrétiens inquiétait Ibn-Batuta, et, lorsqu'il succéda
père, en 1340, il envoya Elie auprès du pape. La perspective de son
sion au christianisme était-elle encore à envisager? Le Qipcaq n'avai
alors les contacts étroits avec la Transoxiane qui avaient joué un gran
dans la formation musulmane d'un Bärkä, et il était peut-être encore
ble que le poids des chrétiens soumis aux Mongols du Qipcaq - R
Comans, etc. - entrât en ligne de compte139. Mais Tina-bag fut assassin
1342, et son successeur Ganibäg (1342-1357) se montra un Musulman
coup plus convaincu qu'Özbäg lui-même, et plus porté aux mesur
coercition140; on sait qu'aussitôt après son avènement, il s'en prit au
blissements latins de son empire, détruisant ceux de Crimée et assié
136 Golubovich, V, 69 et G. Fedalto, La chiesa latina, p. 443 et 457 ont opté pour re
tre en Etienne un évêque latin. Le P. Loenertz s'étonne {La société, p. 103, n. 69) d
«coïncidence étrange» qu'un évêque arménien de Sarai s'appelle Etienne en 1330, et
que franciscain de la même ville porte le même nom en 1321. Deux evêques latins seu
sont sûrement connus à Sarai : les Franciscains Thomas (1352) et Albert (1357).
137 Lech, Das Mongolische Weltreich, p. 146; Bihl et Moule, Tria nova documenta. .
138 Golubovich, IV, 226 (Le pape félicite özbäg d'avoir échappé à l'attentat et d
refusé à persécuter les chrétiens dont trois seulement avaient participé au complot).
139 Bull Francise., VI, n° 97, 124, 214; Ibn Batuta, éd. et trad. Defremery et Sanguin
LA NAISSANCE D'UN ÉPISCOPAT MISSIONNAIRE 161
141 Les couvents de Caffa, Soldaya, Cimbalo, Kara-su et Kherson sont cités dans le De
lotis (avant 1318). Le testament en question, conservé aux archives de l'hôpital de Plaisance,
nous a été communiqué par M. R.-H. Bautier, qui l'a analysé dans Les relations économiques
des Occidentaux avec les pays d'Orient au Moyen Age, publié dans Sociétés et compagnies de
Commerce. . . , p. 321-322.
142 Ibn Batuta, op. cit., Ill, p. 357, donne la région entre Kertch et Caffa comme habitée
par «ceux. . . qui appartiennent à la nation connue sous le nom de Kifdjak et qui professent
la religion chrétienne». A Sarai même, le voyageur avait rencontré des Mongols, en partie
seulement islamisés, des Qipèaq, des Tcherkesses, des Russes et des Grecs chrétiens, et des
« Ass » (Alains) musulmans (p. 357).
143 Lemmens, Die Heidenmissionen, p. 57 ; Mollai, Registres de Jean XXII, n° 63 644 et
63 892 (un Franciscain, Jacques de Pistole, s'est fait musulman et désire rentrer dans son
ordre; deux Dominicains en ont fait autant, au Qipèaq).
144 Elena Skriinskaja, Storia della Tana, dans Studi veneziani, Χ, 1968, p. 3-46; G. Fedalto,
op. cit., p. 438-439, 459. La date de 1343 (qui est aussi celle de l'émeute qui entraîna la destruc¬
162 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
1332 d'un frère Dominique, Polonais, qui savait le turc qipcaq, celle
frère Bandino Marzi, qui résidait à la Tana en vue d'y évangéliser les T
res et les païens145.
D'autres évêchés, missionnaires avant tout, ont été érigés à des d
que nous ignorons également - il nous faut nous contenter d'enregis
l'existence d'évêques titulaires de ces sièges, non seulement à Saraï,
dans des localités situées à l'est de la résidence des khans de la Horde-d
sur la route du Cathay, à Urgenj et à Almaligh. Le premier de ces évê
existait avant 1340, date où apparaît un Franciscain, Mathieu, episc
Orgathensis, et il était encore pourvu d'un évêque, Guillaume, en 1393 1
second avait été érigé avant 1328, date de la mort, survenue près de P
de l'évêque Carlino de Grassis, dont le successeur, Richard de Bourgo
était en charge en 1338 et mourut martyr en 1339 147.
Nous serions ici en présence d'évêchés institués en Asie centrale,
l'espace vide qui séparait le Cathay de cette région de la Mer Noire où
population chrétienne aussi nombreuse que bigarrée et l'espoir d'amen
la foi les Tartares et leurs souverains avaient amené Jérôme de Catalog
provoquer la naissance de l'évêché de Caffa. Les sièges d'Asie cen
répondaient-ils à des objectifs différents? Le cas d'Almaligh per
d'essayer de discerner les conditions dans lesquels ils vivaient, et ce gr
la relation du martyre des Franciscains de 1339 et à la lettre de l'un d
l'Espagnol Pascal de Vitoria148. La lettre de Pascal de Vitoria a l'intérêt
plémentaire de nous faire connaître la formation d'un missionnaire
Franciscain espagnol, parti d'Occident en 1334, avec un compatriot
passa par la Tana pour atteindre Saraï, tandis que son compagnon c
nuait jusqu'à Urgenj. Le séjour au couvent de Saraï lui permit d'appre
le turc; aussitôt après, son vicaire150 l'envoya avec un serviteur indigène (un
Zique) à Saraicik, puis à Urgenj où il entreprit de démontrer à des qâdi la
fausseté de la doctrine coranique, ce qui lui valut detre « tourmenté » (sans
doute bâtonné). Puis, quittant la vicaria Aquilonaris pour celle de Cathay, il
arriva à Almaligh, probablement en 1336, et s'adjoignit aux Franciscains qui
y étaient établis151.
Mais cet établissement était-il ancien? Carlino de Grassis était mort, en
Occident, en 1328. Or, si le khan de Djagataï Darmasirin avait embrassé
l'Islam, ce qui n'était sans doute pas une condition favorable à l'établisse¬
ment d'un couvent latin dans sa capitale, son successeur, Canksi, se montra
au contraire très bienveillant pour les chrétiens, qui avaient à Almaligh un
archevêché de rite chaldéen. Nous avons une lettre à lui adressée par le
pape (13 juin 1338) pour le remercier d'avoir donné à l'évêque franciscain
un terrain pour y bâtir un couvent, ainsi que d'avoir reçu avec faveur
l'archevêque de Khanbaliq Nicolas, qu'il avait autorisé à construire et à
réparer des églises, ainsi qu'à prêcher librement152. On peut se demander si
ce n'est pas précisément à l'occasion du passage et du séjour de l'archevê¬
que, vraisemblablement en 1336, que ce dernier, profitant des bonnes dis¬
positions du khan, releva la cathédrale d'Almaligh où il laissa un évêque -
Richard de Bourgogne -, quelques Frères, un de ses interprètes enfin dont
Marignolli nous apprend la présence.
Le couvent prospéra : un des religieux, François d'Alexandrie, opéra
sur le khan lui-même une guérison miraculeuse et fut chargé par lui d'éle¬
ver son fils. Mais Canksi mourut, et Almaligh fut disputé entre descendants
d'Ögödai et descendants de Djagataï (quatre khans se succédèrent de 1338 à
1342); l'un des premiers, Ali, qui était un derviche, fit saccager le couvent
où périrent l'évêque, trois frères (François, Pascal et le Provençal Raymond
Raphi), trois convers (le Provençal Pierre Martel, l'Italien Laurent
150 Sans doute le vicaire de Cathay, que Pascal avait rencontré «in vicaria Orientali».
151 Sinica Franciscana, I, 501; Golubovich, II, p. 244. Le caractère vivant de cette relation a
amené le P. I. Omoecheverria à en tirer un livre à peine « romancé » sur les missions d'Asie, A
la sombra de Gengis-Khan, Madrid, Ed. Cisneros, 1960.
152 Golubovich, IV, p. 253. Cf. aussi la lettre de Benoît XII recommandant au khan de Dja¬
gataï Nicolas Bonet, Marignolli et leurs compagnons (Bull. Francise. VI, n° 97). - La chronolo¬
164 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
157 Dans sa lettre, Pascal de Vitoria paraît indiquer qu'il a enfin atteint la vicairie de
Cathay quand il arrive à Almaligh.
158 Fontes, X, 110.
159 Fontes, XIII, 1, 19a; G. Fedalto, La chiesa latina, I, p. 446, relève dans cette bulle de 1391
la mention du rattachement de l'église de Caffa à l'archevêché de Gênes metropolitano jure,
ce qui atteste bien la confusion qui régnait dans les esprits.
166 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
domaine des missions chez les Tartares, qu'ils y avaient fondé quarante
églises et qu'ils comptaient neuf martyrs au cours des années qui venaient
de s'écouler, alors que les Dominicains n'avaient fondé que cinq résidences,
dans les partes Aquilonares et au Cathay : elle allait être confiée aux seuls
tant par la rivalité des ordres que par les caractéristiques déjà anciennes
des missions dans les partes orientales. Au XIIIe siècle, nous l'avons vu, les
des Eglises que vers la prédication aux infidèles. Au XIVe siècle, ce trait
170 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
2 R. Loenertz, La Société des Frères pérégrinants, p. 142; Der «Libellus de notitia orb
Kern, p. 114.
3 R. Loenertz, id, p. 138. Cf. Ch. Köhler, Documents relatifs à Guillaume Adam, arc
de Sultanieh, dans Mélanges pour servir à l'histoire de l'Orient latin, II, Paris, 1906, p. 4
et l'introduction de cet auteur à l'édition du De modo, dans Ree. hist. Crois., Document
niens, t. II. Guillaume était un Français du Midi : il étudiait la théologie à Condom
(C. Douais, Acta capitulorum provincialium O.P., Toulouse, 1894, p. 471).
4 Celui-ci est-il l'œuvre de Raymond Etienne, qui accompagnait Guillaume
comme le pense le P. Loenertz (La Société, p. 63, n. 26) ou de Guillaume lui-même,
l'admet Melle Von den Brincken ( Die «Nationes», p. 64)? Cf. Ch. Köhler, Quel est l'au
Directorìum ad passagium faciendum, dans Revue de l'Orient latin, XII, 1911, p. 104-111
5 Doc. Arméniens, II, p. 383.
6 Ces deux noms, dont le premier paraît avoir été transcrit Pisauith dans la liste
L'ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH 171
reur des Tartares de Perse, aux princes Qaïdu et Duwa, aux rois d'Eth
et des Indes», c'est-à-dire «à partir du mont Barrarius et au delà
l'Orient», ceci sans vouloir porter préjudice à la concession faite par
ment V aux Franciscains d'un archevêché in partibus Tartarorum don
limites seraient fixées par le même mont Barrarius 8 : tout ce qui s'éten
de là jusqu'à Péra, ainsi que l'empire de Cathay et celui de Khazarie, r
rait du ressort de cet archevêché. En principe, donc, le Djagataï était r
à Khanbaliq pour être rattaché à Sultanieh; nous verrons comment
décision fut réalisée. Francon recevait lui aussi six suffragante, ordo
par les soins du pape, et qui étaient chargés de lui conférer la consécr
épiscopale : il était exempté de l'obligation de se rendre à la Curie
recevoir le pallium (deux de ses suffragante, Guillaume Adam et Gé
Calvet, devaient lui remettre le dit pallium).
Pour que «par défaut de pasteur, cette nouvelle plantation ne so
pas », tout était prévu pour le remplacement de l'archevêque. Les Frèr
couvent dominicain de Sultanieh ou, éventuellement, ceux du couvent
cité dans le diocèse de laquelle il serait mort, convoqueraient dans le
mois les suffragants qui procéderaient à l'élection du nouveau métro
tain, le consacreraient et lui conféreraient le pallium du défunt, nonob
l'usage général d'enterrer cet ornement avec le prélat qui l'avait p
Rome serait prévenue ensuite, l'archevêque, propter loci distantiam, per
maris et terre, expensas et alia que de necessitate ipsum oporteret subire,
dispensé de se rendre à la Curie pour recevoir le pallium.
L'originalité de cette institution tenait à ce que le « couvent de l'é
cathédrale », au siège métropolitain aussi bien que dans chaque évêché
fragane jouait le rôle d'un chapitre cathédral, que ce soit en convoquan
évêques pour l'élection ou en administrant le temporel pendant la vac
du siège; le prieur dominicain était assimilé à un doyen de chap
D'autre part, l'archevêque et ses successeurs restaient soumis à la co
tion du maître général de l'Ordre ou de son vicaire (le vicaire de la Soc
Peregrinantium) assimilés à des vicaires du Siège apostolique, jusqu
déposition exclusivement, l'archevêque ayant les mêmes pouvoirs à l'é
8 Qui s'identifie soit à la chaîne Pontique, soit plutôt au Caucase occidental, les «
Caspiens » correspondant au Caucase oriental : cf. Jourdain de Séverac, Mirabilia, p. 3
L'ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH 173
9 Le texte de la bulle Redemptor noster a été publié par K. Eubel, Die während des 14.
Jhdts im Missionsgebiet der Dominikaner und Franziskaner errichteten Bistümer, dans Festschrift
zum elfhundertjährigen Jubiläum des Deutschen Campo Santo in Rom, hggb. v. Ehses, Fribourg
en Br., 1897, p. 191-195, et dans Kohler, Documents relatifs à Guillaume Adam, p. 482-489; com¬
menté par Loenertz, La société, p. 138-141. - Dérogations : à Francon de Pérouse, après sa
démission, pour qu'il puisse user de ses insignes apud Grecos et infideles (Fontes, VII, 2, 72; 1er
juin 1323); à 1 evêque de Tiflis, venant en Occident (2 juillet 1346; id, IX, 73). Cf. aussi Fontes,
XIII, 1, n° 102 k, 108 a, 108 k, 126i. ..). - En principe, évêques et archevêques restaient
astreints à visiter les limina, à des intervalles éloignés : Clément VI en dispense l'archevêque
Guillaume, en 1343 ( Fontes, IX, 24).
10 La bulle Redemptor noster envisage le cas où l'archevêque de Khanbaliq aurait institué
des évêques dans le ressort nouvellement attribué à Sultanieh, et celui où l'archevêque de
Sultanieh agirait de même dans le ressort de Khanbaliq, en soumettant ces évêques au
métropolitain de la province où ils se trouveraient.
174 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
1362 tous ces privilèges13. Deux ans plus tard, le 22 septembre 136
même pape, après avoir reçu une nouvelle supplique, procédait à l'exa
des privilèges de Jean XXII et apportait un certain nombre de préci
quant à ceux-ci, qu'il confirmait cependant dans leur ensemble : il stip
que, dans les terres où il n'y avait pas d'évêque catholique, les F
avaient le pouvoir d'accorder aux clercs les dispenses que les légats po
caux étaient en droit d'accorder; que ce droit était réservé aux évêqu
où existait un diocèse14.
Les rapports existant entre la hiérarchie dominicaine de la provin
Sultanieh et la Societas Peregrinantium expliquent sans doute pourquo
définition du chapitre général de 1349 donne à celle-ci le titre de Soc
fratrum peregrinantium propter Christum in Perside et Africa15', mais, c
nuant à avoir pour base les couvents de Caffa, Péra et Chio, et les priv
conférés aux Frères concernant les pays d'«
Aquilon » comme ceux d'O
ou du Midi, il apparaît bien que les deux ressorts ne se confondaient
même si plus d'un vicaire de la Societas fut appelé à occuper le sièg
Sultanieh16. Néanmoins l'archevêque restait seul à pouvoir décider, av
conseil de ses évêques suffragante, de l'organisation diocésaine. Il lui a
tenait « d'ériger en des lieux remarquables de sa province des sièges ép
paux» et de pourvoir ceux-ci «d'évêques et pasteurs». Les six suffra
qui lui avaient été donnés, et qui avaient déjà reçu leur consécration, f
donc répartis par les soins de Francon de Pérouse. Et, en 1330, son su
seur Jean de Cori devait se voir attribuer un autre privilège exorbi
celui de transférer ses suffragants d'un siège à un autre lorsqu'ils n'av
pas pris possession du premier, en particulier parce qu'il leur était imp
ble de l'occuper - droit théoriquement réservé au Saint-Siège17.
Six évêques avaient été désignés en 1318 : deux Français du Midi, Guil¬
laume Adam et Géraud Calvet de Montpellier18; un Bolonais, Barthélémy
da Poggio; un Siennois, Barthélémy Abagliati; Bernardin de Plaisance et
Bernard Moret. Le choix des sièges qui leur furent attribués est assez révé¬
lateur de ce que représentait alors cette province qui, dans l'esprit du pape
et de ses informateurs, s'étendait sur l'Anatolie orientale, la Mésopotamie,
la Perse et le Turkestan, l'Inde et l'Ethiopie.
L'archevêque, à Sultanieh, restait au contact de la cour mongole, celle
du dernier des Il-Khaniens, Abu-Saïd, auquel Jean XXII devait écrire à deux
reprises, en 1321 et 1322, l'invitant encore à cette date à embrasser la foi
chrétienne, mais aussi à maintenir son amitié avec le roi de France - car les
perspectives de la croisade étaient alors loin d'être absentes de l'esprit du
pape19 Les dispositions d' Abu-Saïd étaient sans doute bienveillantes,
mais sans aucune perspective de conversion20. Et une lettre de 1321 écrite
aux moines arméniens de Saint-Thaddée, à divers personnages de Tabriz,
de Sultanieh, de Maragha, de Dehikerkan, de Selmas et de Tiflis, fait état
des vexations qu'ils subissaient : parmi eux, un Cothulotoga (Qutlugh-togha),
un Argon, un Barac, peuvent représenter certains de ces Mongols christiani¬
sés qui auraient, tant bien que mal, maintenu leur foi en dépit de la conver¬
sion forcée des Mongols de Perse à l'Islam21. Il ne semble donc pas que les
espoirs de Jean XXII dans un développement de l'apostolat auprès de ces
derniers aient pu aller très loin. Mais l'archevêque latin, à Sultanieh, repré¬
sentait un ambassadeur permanent du pape auprès du khan de Perse, rôle
non négligeable. Et il pouvait trouver des ouailles dans les marchands
latins, les mercenaires au service mongol, et nouer des relations avec les
prélats orientaux. Cependant, il est douteux que Sultanieh ait offert un
champ aussi favorable à l'apostolat que le faisait Khanbaliq.
Quatre des six suffragante de Sultanieh se virent assigner, pour siège,
une des villes situées sur la route de l'Aïas à Sultanieh qui était encore, en
22 Le P. Loenertz (La société, p. 172) identifie Sébaste à Sivas. Mais l'évêché Sebas
est astreint dans les livres caméraux à une taxe de 58 florins, taxe dont les évêchés m
naires sont exemptés. On penserait plutôt à l'évêché de Sébaste en Palestine, lieu de
nage qui pouvait avoir des biens en Occident et pour cela être astreint à la taxe. Il peut
existé deux évêchés homonymes, mais on doute que deux evêques du même nom les
détenus en même temps.
23 Le Dominicain allemand désigné en 1362 paraît avoir été destiné à être un W
chof. Cf. G. Fedalto, op. cit., p. 485.
24 L. Petech, Les marchands italiens dans l'empire mongol, p. 569; M. Balard, Les Gén
Asie centrale et en Extrême-Orient, p. 685-687.
25 Sur ce conflit, qui flambait en 1332, et qui n'était que l'écho de la lutte entre Jean
L'ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH 177
nieh d'agir contre l'archevêque de Séleucie, Pons, qui avait écrit contre l'autorité de l'Eglise
romaine une Postilla sur l'évangile de saint Jean et l'avait traduite en arménien (Bull. Franc.,
VI, 381; Fontes, IX, 83. Cf. Golubovich, IV, p. 381). En 1332, le Franciscain Guillaume Saurat
s'en était pris à un docteur arménien qui soutenait l'infaillibilité pontificale.
26 Le P. Loenertz nous a signalé la présence de Bernard à Sis le 6 janvier 1332 (son titre,
Diacoregan, est déformé en Agrogoren.). Cf. Loenertz, La société, p. 160-165. En ce qui
concerne Gautier, il reçut ses bulles le même jour que l'évêque de Tiflis Bertrand Collet (28
janvier 1349), ce qui paraît indiquer qu'il entendait partir lui aussi pour l'Orient. Cf.
G. Fedalto, La chiesa latina, p. 484. Geraud Calvet serait mort en odeur de sainteté, d'après
Antonin de Sienne, Chronicon ordinis F. P., Paris, 1585, p. 183.
27 Der Libellas de notifia orbis, éd. Kern, p. 118. Est-ce par les évêques d'Azerbeijan que le
178 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
que. Nous savons toutefois que Barthélémy acheva sa vie chez les Ar
niens de Qrnay; ses successeurs ont également pris intérêt aux aff
arméniennes et l'on peut se demander dans quelle mesure ils restèrent
chés à Maragha même29.
Les deux autres suffragante désignés en 1318 s'établirent en dehor
la route déjà citée. Bernard Moret devint évêque de Sébastopolis d'Ab
zie (Savastopoli) 30, lieu fréquenté depuis longtemps par les marcha
génois, comme par les missionnaires (deux Franciscains y auraient été m
sacrés par les Grecs en 1288), et dont le seigneur, un Géorgien, manife
son intention de participer à la croisade contre les Turcs. Est-ce la prés
d'une résidence dominicaine entretenue par les Génois, ou la bienveill
de ce prince, qui décidèrent de la fixation du siège épiscopal dans c
ville - probablement située au nord du mont Barrarìus ? - En tout cas,
lettre du successeur du premier évêque, adressée aux prélats du roya
d'Angleterre (1330) donne une idée de ce pouvait être la vie d'un év
dans une cité de la côte caucasienne : assistant, sans pouvoir interven
un trafic d'esclaves qui arrachait des jeunes gens chrétiens à leur p
pour les livrer aux Musulmans (ou à d'autres chrétiens), il vivait dan
pauvreté et l'isolement. La bienveillance du seigneur de la ville lui a
donné une église et un cimetière pour sa petite communauté romaine :
lui avait valu l'hostilité de l'évêque géorgien du lieu. Grecs, Musulm
Juifs avaient à trois reprises détruit l'église31.
Pierre Géraud exprimait ainsi ce qu'avait de difficile la situation
missionnaires latins dans un pays où la population chrétienne n'était
minoritaire, et où le roi se montrait bien intentionné. La présence d'un
que, la possession d'une église dotée des droits paroissiaux, mettaien
communauté d'obédience romaine en marge de la communauté d
nante; le ralliement des Orientaux à l'unité de la foi et à la prim
romaine n'en était pas facilité; et l'hostilité de l'évêque géorgien n'a rie
surprenant.
Pierre Géraud eut-il des successeurs résidents? La série épiscopal
nous est connue, après lui, qu'en 1388 et dans les années suivantes, qu
29 Mirabilia, p. 40.
30 La «Sébastopolis la grande» dont parle le moine Epiphane, vers 1015, dans sa
L'ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH 179
Savastopoli était entré dans l'empire génois de la mer Noire. Mais le lien
organique reliant le siège d'Abkhazie à celui de Sultanieh semble être resté
fort ténu32.
Quant au sixième des évêques suffragante de Sultanieh, le fameux Guil¬
laume Adam, c'est à Smyrne qu'il s'était fixé; et l'appartenance de cette ville
à l'empire des Tartares ne peut nous apparaître que comme très probléma¬
tique. Byzantine en principe, génoise en fait, la ville pouvait certes posséder
une résidence dominicaine, comme elle avait une église génoise33. Mais, à
nos yeux, c'est du fait de l'intérêt passionné que l'auteur du De modo Sara-
cenos extirpandi éprouvait pour la croisade et parce qu'il s'était associé à la
«croisade» de Martino Zaccaria34 que le siège épiscopal latin de Smyrne
prit naissance - pour bien peu de temps du reste, car les Turcs paraissent
s'être emparés de la ville en 1320. Il ne restait plus à Guillaume Adam qu'à
reprendre le chemin d'Avignon, où il se trouvait en 132235.
C'est précisément à ce moment que son confrère Francon de Pérouse
résignait son archevêché, non pour rentrer en Occident, mais pour conti¬
nuer son apostolat « parmi les Grecs et les Infidèles ». Jean XXII délia alors
Guillaume Adam de son lien avec l'evêché de Smyrne et le transféra sur le
siège de Sultanieh, sans se préoccuper de le remplacer à Smyrne (6 octobre
1322). Mais le Dominicain restait avant tout attaché au monde égéen et à la
lutte contre les Turcs. Il ne rejoignit pas Sultanieh et Jean XXII le transféra
32 Savastopoli avait été rattaché en 1333 à l'éphémère archevêché de Vospro. Les Génois
prirent possession de la ville en 1366 (?) et en furent chassés par les Abkhazes en 1455
(A. Vigna, Codice diplomatico delle colonie tauro-ligure, I, dans Atti della società ligure di storia
patria, VI, p. 317). On connaît les évêques suivants: Robert Hyntlesham (1388-1389), Gothus,
auquel succèdent Berthold Voli, puis Nicolas Passeck (1401); Jean, Paul Francisci (1428), Jean,
Georges de Regibus (1450). Paul était un Franciscain de Caffa, sans doute résidant. Quant à
Georges après la chute de la ville, il se fit reconnaître la possession d'une église au diocèse de
Turin (Hiintemann, Butl. Franc., I, 1372 et II, 291).
33 G. Hofmann, L'arcivescovado di Smirne, dans Orientalia Christiana periodica, I, 1935,
p. 434-466.
34 Cf. De modo, dans Doc. Arm., II, p. 537-538. Notons que, le 5 juillet 1318, le pape confir¬
mait aussi un évêque d'Ephèse (Loenertz, La société, p. 62-63).
35 Kohler, Docum. relat. à G. Adam, p. 29-32; Loenertz, La société, p. 72-73. La date de la
chute de Smyrne reste discutée : Heyd la datait de 1300; J. H. Mordtman (Izmûr, dans Encycl.
Islam, Ie éd., II, 604) la reportait à 1320. Entre 1318 et 1323, le patriarche grec de Constantino¬
180 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
Storia universale delle missioni francescane, I, Rome, 1857, p. 65); elle a été rendue à Jean par
Moule, Christians in China, p. 249, η. 8.
41 Cf. Loenertz, La société, p. 169.
42 Ibid, p. 37, 194-197.
43 Sur l'identification du siège Galadensis, cf. J. Richard, La papauté et les missions catholi¬
ques en Orient au Moyen-Age, dans Mél. Ecole franç. de Rome, 1941-1946, p. 263-266.
44 Cet archevêque serait-il le François, archiepiscopus Saltarensis, cité en 1389 (Loenertz,
La société, p. 170)? Les trois évêques en question avaient été pourvus de leur siège le même
jour (7 avril 1374), tandis qu'un vicaire du maître général des Frères Prêcheurs était désigné
pour l'Arménie. Le P. Loenertz a montré comment, à cette date, après avoir laissé aux Uni
teurs arméniens le soin des missions de Grande-Arménie, la Papauté et l'ordre dominicain en
reprirent le contrôle, en détachant des Frères Prêcheurs auprès des couvents arméniens et
en rendant une nouvelle fois à la hiérarchie épiscopale latine ses cadres complets : la restau¬
ration de la Societas Peregrinantium suit de près (La Société, p. 147; Les missions dominicaines
en Orient, dans A F.P., III, 1933, p. 30 et suiv.; La Société des Frères Pérégrinants de 1374 à 1475,
dans A.F.P., XLV, 1975, p. 107-145).
45 Mais elle laissait la Curie dans l'ignorance : aussi est-ce en raison de la mort de Tho¬
182 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
46 A. Kern, Der « Libellus de notitia orbis» Johannes III. (de Galonifontibus?) O.P.,
chofs von Sulthanyeh, dans A.F.P., VIII, 1938, p. 82-123; Silvestre de Sacy, Mémoire sur u
respondance inédite de Tamerlan avec Charles VI, dans Mérrt Acad I. et B.-L., VI, 1822, p.
suiv. (envoi de Johannes mar hasia Sultaniensis, en mai 1403, par Tamerlan au roi; ledi
était venu auprès de l'émir missus ab aliquibus Francis (il avait été chargé de lettres à
et à Gênes et en était revenu avec des messages) ; H. Moranvillé, Mémoire sur Tamerla
cour, dans Bibl. Ec. Chartes, LV, 1894, p. 433-464. Cf. R. Loenertz, Evêques dominicains de
Arménies, dans A F. P., 1940, p. 258 et suiv. Jean III a visiblement essayé de faire reconn
son siège la primauté sur l'Asie mongole, y compris la Chine, l'Ethiopie et l'Inde.
47 Ed. Kern, p. 118 : le patriarcha, qui dicitur cathelech, est-il le maphrian syrien?
48 Iorga, Notices et extraits pour servir à l'histoire des Croisades au XVe siècle, Paris et
rest, 1899-1915, I, p. 544. - V. M. Fontana, Monumenta dominicana, Rome, 1675, p. 217
tionne à la date de 1347 un Antoine, archevêque de Sultania, où se trouvaient jadis vin
L'ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH 183
Amir Sarkis de Tiflis, ceux de Carpi et d'Aliquis )56. Jean de Florence aurait
traduit plusieurs livres du latin en géorgien, travaillant ainsi à la réduction
des schismatiques; mais il semble aussi qu'il se soit intéressé aux Armé¬
niens de la région de Nakhidjevan et du couvent de Qrnay, avant de mourir
à Péra en 1347 57 . Il ne fut remplacé qu'en 1349 par un autre Dominicain,
Bertrand Collet, dont, ainsi que de ses successeurs, on ignore s'ils résidè¬
rent en Géorgie - la plupart exercèrent les fonctions d'évêques auxiliaires
dans des diocèses allemands (en 1425, toutefois, c'est un Arménien-Uni qui
fut nommé à cet évêché)58. On constate même qu'en 1370, c'est un archevê¬
que titulaire du siège de Salonique qui s'était rendu en Géorgie et y repar¬
tait avec vingt-cinq Franciscains pro propagatione catholice fidei ; il est ten¬
tant de rapprocher cette mission (confiée à un prélat in partibus, ce qui est
exceptionnel) de celles qui avaient existé avant l'institution des évêques
résidant en pays de mission59. Tiflis n'en était pas moins la résidence de
religieux franciscains et dominicains, à la fin du siècle, et il en était de
même pour Akhalzikhé, autre cité géorgienne qui paraît avoir eu un évêché
d'obédience romaine à la fin du XIVe ou au début du XVe siècle, mais dont
on ne connaît aucun titulaire60. La question se pose d'ailleurs de savoir si
ces religieux s'adressaient aux seuls Géorgiens ou peut-être davantage aux
56 Bull. Francise, éd. Eubel, V, 828 (Fontes, VII, 2, n° 46) ; ces noms sont en partie ceux des
destinataires des lettres de 1321 (cf. aussi Fontes, VII, 2, n° 111 et 115). L'Amir Sarkis, appelé
Misserquis, seigneur de Tiflis, dans des lettres de 1329, est-il le personnage de ce nom qui fut
le père du vartabed Grégoire de Thatev, né en 1346 (J. Mecerian, Hist, et inst. de l'Eglise armé¬
nienne, p. 291)? D'autres lettres sont adressées regi Choraticensi, regi Rassiae, archiepiscopo
Rassiae : il nous semble difficile de ne pas reconnaître dans ces noms ceux des rois de Croatie
et de Rascie, ce qui laisse supposer que Jean de Florence était chargé de quelque mission
dans les Balkans avant de regagner la Géorgie. L'érection de l'évêché de Tiflis fit l'objet de
deux lettres consécutives (9 août 1329 et 6 février 1330); la première seule fait allusion au
transfert du siège de Smyrne à Tiflis (cf. Tamarati, op. cit., p. 442-444).
57 Loenertz, La société, p. 173-175; M. A. Van den Oudenrijn, Uniteurs et dominicains
d'Arménie, dans Oriens christianus, XLII, 1958, p. 110 et suiv.
58 Ceci laisserait-il supposer que, parallèlement à une succession d'évêques in partibus
séjournant en Occident, des évêques appartenant à l'ordre des Uniteurs se seraient succédé
en Orient sur le siège de Tiflis?
59 Golubovich, V, 155 (L'archevêque en question, le Franciscain Antoine, avait été entre
temps transféré au siège de Malte; il mourut avant le 3 septembre 1371).
60 Golubovich, II, 265 et V, 193 (loca à Tiflis, en 1320, 1373, 1390 et à Akhalzikhé, en 1373
186 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
l'adhésion à l'Islam de deux khans, Buraq (1270) et Talika (1309) n'avait pas
entamé cette attitude. Le frère de Käpäk, Älgigidäi, qui accéda au trône en
1327 - il devait d'ailleurs n'être accepté que par une partie du khanat -
paraît avoir bien accueilli la prédication des Dominicains, et, selon nos
informateurs, embrassa le christianisme; il fit bâtir à Samarkand une église
dédiée à saint Jean-Baptiste, et, après son avènement67, envoya au pape des
lettres que portaient deux Dominicains, d'ont l'un était frère Thomas Man-
casola.
Ce dernier n'était pas une figure sans relief : issu d'une des plus nota¬
bles familles de Plaisance, il était entré dans l'ordre des Frères Prêcheurs et
fut envoyé dans la province de Grèce; en 1309, le chapitre général lui infli¬
gea une sévère pénitence parce qu'il s'était rebellé contre le vicaire de sa
province et s'était fait désigner lui-même comme vicaire68. Sans doute -
l'histoire de l'Ordre témoigne que le fait n'étant pas exceptionnel - le trans-
féra-t-on à la Societas Peregrinantium pour se débarrasser d'un religieux
peu docile. En tout cas, il déploya une grande activité dont témoigne l'éten¬
due du territoire sur lequel Jean XXII devait lui confier l'autorité épisco-
pale lorsqu'il érigea, le 13 août 1329, Samarkand en évêché69. Le pape le
recommandait aux néophytes des khanats de la Horde d'Or et du Djagataï,
mais aussi aux Alains, aux Malghayti et aux Hongrois de Grande-Hongrie.
L'habitat des premiers reste imprécis, puisqu'ils nomadisaient surtout
entre la Mer Noire et la Caspienne, mais que des éléments de ce peuple
avaient été entraînés par les Mongols loin de leur pays d'origine : on peut
néanmoins les localiser au nord de la mer Caspienne70. Pour les seconds, il
truit
Sur cette
une grande
œuvre, église
riche en
Saint-
informations
Jean-Baptiste
sur que
l'Orient,
les Sarrasins
cf. A.-D. Von
veulent
dendétruire
Brincken,
après
Der sa« Oriens
mort.
christianus» in der Chronik des Johannes Elemosyna O.F.M., dans XVIII. Deutscher Orientalis¬
tentag Vorträge (Zeitschrift der Deutschen Morgenländischengesellschaft, supplément II, 1974),
p. 63-75.
67 Sur cet avènement, cf. Ibn Batoutah, III, 31, 40-43 : le voyageur musulman affirme que
Käpäk avait été assassiné par son frère DarmaSirin et qu'Älgigidäi, un « infidèle », avait été le
prédécesseur de ce dernier; par contre Jourdain, Mirabilia, p. 62, écrit imperium de Dua et
Caydo, quondam de Capac et modo de Elchigiday. Sur cette succession, supra, p. 163, n. 152. Le
pape écrit à Älgigidäi en le titrant « empereur des Tartares en Khorassan, Turkestan et Hin-
doustan» (Ripoll, I, 187; 2 novembre 1329), pour lui annoncer l'envoi des missionnaires et lui
envoyer une profession de foi (Fontes , VII, 2, n° 20).
68 Reichert, Acta capii gener. O.P., II, p. 42.
188 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
76 Sur son départ et les dons que lui fit le pape, cf. G. Fedalto, La chiesa, p. 496; sur son
séjour à la Tana, supra, p. 162.
77 Ibn Batoutah, III, 47. Cf. Barthold, Caghatai, dans Encycl. Islam, lère éd., I, 883; 2e éd.
(revu par J. A. Boy le), II, p. 3-4.
78 D'après des lettres d'indulgences collectives du 12 août 1342 (Fedalto, p. 497). Est-ce à
son retour que se répandit le bruit d'une persécution déchaînée « en Perse » contre les non-
musulmans, qui aurait coûté la vie à un évêque et à seize Franciscains, et que Jean de Winter-
thur enregistre à la date de 1341 (Chronicon, p. 172-173)?
79 Mecklemburgisches Urkundenbuch, XIV, n° 8575 (lettre d'indulgence collective, 20 mars
1359). La liste épiscopale donnée par Eubel sous le titre de Semiscaten (Hierarchia, I, 445)
comprend les évêques de Simisso - Paul, Benoît et l'Arménien Thomas. Une lettre donne en
1343 le nom de frère Henri d'Apolda, episcopus S. Matensis (J. Schultze, Klöster. . . der Stadt
Kassel, p. 295) ; il s'agit en fait d'un évêque Lavatensis, qui exerçait les fonctions de Wethbis-
chof au diocèse de Mayence.
80 Narrative of the embassy of Ruy Gonzalez de Clavijo, éd. Cl. R. Markham, London, 1859,
p. 171.
190 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
81 B. E. Colless, The traders of the pearl; the mercantile and missionary activities of P
and Armenian Christians in South-East Asia, dans Ahr Nahrain, IX, 1969-1970, p. 17-38; X
1971, p. 102-121; XI, 1971-1972 et XIII, 1972-1973, p. 114-135; J. Dauvillier, Les province
déennes. . . , p. 277, 312-315. Cf. aussi E. Tisserant, Eastern Christianity in India, adapt
E. R. Hambye, S.J., London, New York, Toronto, 1957.
82 Nous nous permettons de renvoyer ici à nos deux articles, Les navigations des O
L'ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH 191
van dans
98 SurAFP,
cetteVI,liste
1936,
épiscopale,
p. 161-216.
cf. M.-A. Van den Oudenrijn, Bishops and archbishops of
104 En 1326, Jean XXII invite le patriarche de Jérusalem à extirper les erreurs que
sent des Nestoriens et des Jacobites du royaume de Chypre (Fontes, VII, 2, 89). Le bio
de saint Pierre Thomas fait allusion aux exhortations que ce dernier, alors légat pon
dans ce royaume, y prodigua aux prêtres grecs, nestoriens, arméniens et autres, en l
supposer que ceux-ci les avaient reçues avec reconnaissance, ce dont nous ne somm
très sûrs en ce qui concerne les premiers ( The life of saint Peter Thomas by Philippe de
res, éd. Joachim Smet, Rome 1954, p. 93-94, dans Textus et studia historica carmelita
L'ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH 197
l'Union, tout en restant posé aux rois et aux catholicoi de Sis, allait être éga¬
lement soulevé en Grande-Arménie. Creusé plus profondément, sans doute,
il n'en fut pas rendu moins complexe; d'autant que, dans la diaspora armé¬
nienne, il faut tenir compte de celle qui s'était dirigée vers l'Italie, et qui
allait vivre de ce fait en pays latin.
Les Arméniens d'Italie apparaissent dès 1254, lorsque le pape accorda
sa protection à l'hôpital Saint-Jean des Arméniens de Rimini105. Mais c'est
avec l'écroulement des états latins d'Orient que les réfugiés semblent être
arrivés plus nombreux : le 6 janvier 1301, Boniface VIII donnait à l'archevê¬
que des Arméniens de Jérusalem, Basile, qui fréquentait la Curie depuis
1295, l'administration d'un couvent au royaume de Sicile106. Clément V, à
son tour, eut à se préoccuper des moines venus d'Arménie : les religieux
arméniens de la Montagne Noire, de l'ordre de saint Basile, reçurent en
1307 l'autorisation de construire à Gênes une église, Saint-Barthélemy, qui
fut enrichie d'indulgences107. Et les domus Armenorum de Montanea Nigra
ordinis Sancii Basilii se multiplient : en 1308, à Padoue, Clément V autorise
le frère David à bâtir une église, avec son cimetière où pourront se faire
ensevelir les religieux, leurs familiers, et les pèlerins arméniens108; concé¬
dant des indulgences à Saint-Mathieu de la Porta Sant'Angelo de Pérouse, il
précise que les moines arméniens qui y vivent se sont enfuis devant les
ennemis de la foi chrétienne 109. Puis les « Arméniens de la Montagne Noire »
prennent le nom de « Pauvres frères arméniens de l'ordre de Saint-Basile » :
on les trouve à Parme, à Pise, à Ancóne, à Orvieto, à Florence, à Rimini, à
Bologne (prieuré du Saint-Esprit), à Naples, à Salerne, etc.110.
A l'archevêque Basile succèdent d'autres prélats arméniens, également
réfugiés en Occident. L'un d'eux, Arakiel (Apostolus), titulaire du siège
105 Les Arméniens de Rimini bénéficient d'une autre bulle en 1291 (Fontes, V, 2, n° 114).
Sur l'histoire des religieux arméniens d'Italie, cf. M.-A. Van den Oudenrijn, Linguae haicanae
scriptores O.P. congregationis Fratrum Unitorum et Fratrum Armenorum ordinis sancii Basili
citra mare consistentium, Berne, 1960, p. 245-295.
106 Fontes, V, 2, n° 131 (cf. aussi VII, 1, n° 3 - Regestum Clem. V, I, 327 : il était mort avant
1306). Son sceau : Sigillographie de l'Orient latin, p. 86-87.
107 Par Clément V : Regestum, II, 1663, IV, 4264 {Fontes, VII, I, 13, 16, 35); par Jean XXII
{Fontes, VII, 2, n° 5 et 13) etc.
108 Reg. Clem. V., II, 2763-2764.
198 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
res, environ
111 Ville de
150lakm
Première
au Nord-Ouest
Arménie,d'Erzincan.
dont les ruines ont été retrouvées à Purk, près d
112 Fontes, VIII, 45 (la même lettre figure par erreur à la date du 1 1 mars 1321, dan
tes, VII, 2, 57). Cf. aussi Cartulaire de Saint-Georges de Haguenau, éd. Hanauer, Stras
1898, p. 54. A la mort d'Arakiel, le siège de Nicopolis est attribué à des évêques latins no
dentiels : Fedalto, La chiesa latina, p. 493. Le colophon d'un liberculus de articulis fidei et
sacramentis Ecclesiae, traduit en arménien par Thaddée de Caffa, nous apprend que c
appartenait à Arakiel et que celui-ci s'était fait baptiser selon la forme de l'Eglise roma
prenant le nom de Raymond (Linguae haicanae scriptores, p. 181).
113 Benoît XII. Lettres closes et patentes, éd. Vidal et Mollat, n° 6430-6432; Fontes, V
Pierre est-il cet archiepiscopus Arminorum que cite le testament d'une Arménienne de
en 1341 (L'Armeno-Veneto , 2e p., p. 212-213)? Un Thomas, évêque des Arméniens d'Italie,
à Pérouse en 1385 (id, Ie p., p. 75).
L'ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH 199
liens d'Italie sont invités à se soumettre à la même règle que les Uniteurs
d'Arménie117.
Les Arméniens d'Italie pouvaient servir d'informateurs aux Latins118;
mais des incidents révélateurs s'étaient produits à leur propos qui expli¬
quent ceux que nous rencontrons en Arménie. En 1312, Clément V avait été
obligé d'intervenir pour remédier aux excès de zèle de l'inquisiteur Robert
de Santo Valentino, lequel avait fait arrêter le prêtre arménien Léonard
Samuel, fondateur d'une église arménienne à Casale Fasioli, au diocèse de
Siponto, et confisquer les biens de cette église, sous prétexte que « les dits
Arméniens, dont on sait qu'ils observent des rites différents, mais cepen¬
dant non contraires à la foi orthodoxe, des autres chrétiens, conservaient
leurs rites et par là erraient dans la foi»119. De l'archevêque Apostolus, on
disait qu'il n'avait pas été baptisé selon la forme de l'Eglise; des incidents
survinrent plus tard à Bologne, qui amenèrent des «rebaptêmes». Les
mesures prises contre Pierre, Ezechiel et Athanase font état de ce qu'ils
s'opposent au rapprochement entre les usages latins et arméniens, et sur¬
tout de ce qu'ils traitent de rénégats leurs coreligionnaires qui acceptent le
baptême selon la forme de l'Eglise romaine120. Et l'on pourrait faire des
constatations analogues à Chypre, où les Arméniens vivaient aussi dans un
Etat à prédominance latine121.
117 Fontes, X, 77; sur tout cela, cf. M.-A. Van den Oudenrijn, Les constitutions des Frères
Arméniens de Saint Basile en Italie, Rome, 1940 (Orientalia Christiana analecta, CXXVI); cf.
aussi Linguae haicanae scriptores, loc. cit. En 1398, Boniface IX cónfie la réforme des Armé¬
niens d'Italie à l'archevêque de Pise et à un Dominicain ; il leur concède les privilèges des Frè¬
res Prêcheurs et les soumet à la visite du maître général de ceux-ci (Ripoll, II, 372 et 376). Ils
ne continuent pas moins à se réclamer de la règle de saint Basile. Cf. un acte de leur général,
Paul de Bentivoglio, qui cède en 1440 aux Franciscains la maison du Saint-Esprit d'Ancóne,
désertée depuis quarante ans (Hüntemann, Bull. Franc., I, 489); mais ceux de Bologne se
disent en 1426 Uniteurs (Ripoll, II, 669).
118 Baluze, Vitae paparum Avinionensium, éd. G. Mollat, Paris, 1916, I, 238 : Armeni fuerunt
delati a quibusdam fratribus qui in Ytalia vocantur fratres Armeni, qui dicti fratres dicunt se esse
conversos et recte sentire de catholica fide.
119 Regestum Clementis V, VII, 8610.
120 Fontes, VIII, 57, §76. Cf. aussi IX, 11, et supra, p. 198. - L'Arménien Pierre, né en
Grande-Arménie, est rebaptisé sous condition, et l'archevêque de Gênes est chargé de lui
donner la confirmation et les ordres sacrés {Benoît XII, Lettres closes et patentes, n° 6926; 8
juin 1338).
200 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
les en Arménie par les Bardi pour le compte de Benoît XII (1336) dans Mél. Ecole franç. Rome,
1936, p. 287; J.Richard, Documents chypriotes des archives du Vatican, Paris, 1962, p. 34-49
(Bibl. arch, et hist, de l'inst. fr. de Beyrouth, 73) ; etc.
125 Supra, p. 51-53.
126 Tournebize, Hist, polit, et religieuse de l'Arménie, I, p. 309-310; Documents arméniens, I,
p. LXX et 465.
127 Tournebize, p. 311; Supra, p. 159. Etienne Orbélian a inséré dans son Histoire de la
202 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
son doit relever de la province de Terre Sainte. Cette création est-elle en rapport avec l'auto¬
risation d'avoir des Dominicains avec lui, accordée au comte de Gorighos (infra, p. 208,
n. 156)?
133 Jacques était à Avignon dès 1317 ( Urkundenbuch des Landes ob den Enn, V, 627) et
encore en mai 1318 (Hessisches Urkundenbuch, I, 2, 251). Sur ses dépenses, celles de l'inter¬
prète Grégoire Seguilici et de leurs compagnons, cf. H. K. Schaefer, Geldspenden der päpstli¬
chen Kurie, dans Orìens christianus, IV, 1904, p. 183-187 : elles sont réglées le 10 avril 1318.
Induits : Mollat, Jean XXII, n° 5640-5642.
134 Fontes, VII, 2, n° 20 (lettre au roi Oshin, datée du 29 avril - de 1319 ou de 1318?).
135 Le chancelier Sarkis reçut une allocation de la chambre pontificale le 26 septembre
204 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
pose de reconnaître le couvent de Petroska, au canton de Haband, que cite Etienne Orbélian.
La même mission emportait une lettre du 16 octobre 1321 pour Isai vartabed, c'est-à-dire
pour le célèbre Isaïe Nèeci, qui vécut de 1284 à 1338 dans le monastère de Gayle-tsor dont il
fit le centre des études arméniennes (J. Mecerian, Histoire et institutions de l'Eglise armé¬
nienne, p. 289-290; Linguae haicanae scriptores, p. 21-22). Il apparaît que les contacts précé¬
demment établis avec l'archevêque de Saint-Thaddée et les religieux de Zorzor avaient per¬
mis de bien connaître la situation en Grande-Arménie.
141 Eubel, Bull, francise., V, p. 213, n° 7. Sur Jean de Zorzor et ses traductions, cf. Linguae
haicanae scriptores, p. 181. - Le couvent de Zorzor (Corcor) a été identifié par de nombreux
auteurs avec le célèbre couvent de Saint-Thaddée, situé au Sud-Ouest de Maku. Cette identi¬
fication est loin d'être assurée, et le DrJ.-M. Thierry, dont on connaît les travaux sur les
anciens monastères du Vaspurakan, a bien voulu nous dire qu'il propose pour Zorzor un site
plus septentrional, dans la vallée du Zangmar tchaï. L'identification de Zorzor avec Keçuk -
le « Kissouk » que Tavernier (Voyages en Perse, I, 4) place « aux frontières du Courdistan et de
l'Assyrie », au lieu du martyre des apôtres Barthélémy et Mathieu, et que P. Bedik (Cehil
sutun, Vienne, 1678, p. 383-384) appelle Ghezugh, le Kejut de la carte de H. B. F. Lynch, Arme¬
nia. Travels and studies, London, 1901, I, où il est représenté immédiatement à l'ouest de
Maku - a été proposée par le P. Van den Oudenrijn (Linguae haicanae scr., p. 29 et 45).
142 Le locum franciscain de Caraclesia est cité dans le De locis (Golubovich, II, 72) et les
Franciscains se flattaient d'avoir ramené à l'union le primat de Grande-Arménie, Zacharie,
206 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
143 Köhler, Documents relatifs à Guillaume Adam, p. 494 et 497 (31 mai et 1er juin
Fontes, VII, 2, n° 71). Constantin III y est titré «patriarcha Armenorum». - Vers 1328, Jo
Cathala évaluait à 4.000 le nombre des Arméniens convertis (en Grande-Arménie) par
nicains et Franciscains (p. 39).
144 Fontes, X, 14 (des indulgences sont accordées pour la visite de la cathédrale de
Thaddée, le 1er août 1353 : ibid, 18).
145 Le pape d'Avignon désigne le Dominicain Pierre de Ellegnis, à la mort du s
Zacharie (10 septembre 1387); celui de Rome, à la mort d'un Bertuccius, un autre Domin
Jean-Baptiste de Insula (5 mai 1400). En septembre 1411, un frère Jerome était archiepi
Magu (Iorga, Notes et extraits, I, p. 22). Il «apostasia» (passa au schisme?) et le pape l
plaça par Job de Maku, également dominicain (Eubel, Hierarchia, 1, 480).
146 Un Franciscain en résidence à Saint-Thaddée : Golubovich, III, 447-448; envoi d
laume Saurati : Schaefer, Geldspenden, p. 183-187; l'incident où il est incriminé: Golub
III, 448-449 (1333); R. Loenertz, La société, p. 189-193.
147 Cf. bulle du 29 mai 1344 (Eubel, Bull. Francisa, VI, 270; Golubovich, IV, 378-37
L'ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH 207
149 Die Reisen des Johannes Schiltberger aus München in Europa, Asien und Afrika von 1394
bis 1427, éd. Neumann, München, 1859, p. 100. Clavijo aussi connaît les Dominicains de Maca
(Maku) : p. 83. - Jérôme de Pise, en 1373, ne cite plus Saint-Thaddée parmi les résidences
franciscaines de la custodie de Tabriz : les Frères Mineurs n'ont plus alors en Grande-Armé-
nie que celle d'Erzerum (Golubovich, V, 193).
150 Schaefer, Geldspenden ; il s'agit d'un prêtre, Renier Costansa, et d'un clerc, Alexandre
Petri.
151 Fontes, VII, 2, n° 64. En 1336, c'est à ceux qui se croisent pour secourir l'Arménie que
cette indulgence est octroyée - mais seulement au-delà du détroit de Messine (ultra Farum) :
ibid, VIII, 10.
152 Fontes, VIII, 21 : Tournebize, p. 334 (le catholicos Jacques II protesta contre cette déci¬
sion pontificale; Léon V le fit déposer).
153 Sur cette question, nous nous permettons de renvoyer à notre édition de l' Histoire des
Tartares de Simon de Saint-Quentin, p. 88, n. 1.
154 Eubel, Hierarchia, I, 499. En 1308, c'est le chapitre cathédral qui élit un Hospitalier,
208 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
septembre 1344 sur la requête du roi Guy d'Arménie (Clément VI, Lettres closes. . . , 1086
thélémy de Tabriz, O.M., qui succéda à ce dernier, était peut-être un Arménien (G
vich, V, 72). Jean Ponhyer lui-même, désigné en 1366, était parti en 1363 pour la Terre-
(ibid., V, 88). C'est cependant avec lui que commence la série des archevêques non ré
tiels.
155 Le siège de Misis était vacant depuis longtemps (le dernier titulaire, Pierre d
était mort à Acre en se rendant à la Curie - donc avant 1291); le Constantin qui app
Rome en 1306 des nouvelles alarmantes d'Arménie était sans doute un Arménien
Clem. V, I, 748). Thomas, Dominicain, élu par le chapitre en 1320, eut beaucoup de pein
faire remettre l'église de l'Aïas (Arch. Orient latin, I, p. 266-267; Mollat, Jean XXII, 1
Après 1328, on rencontre un Etienne, archevêque de Mamistra, envoyé du roi d'Ar
(Schaefer, Die Ausgaben. . . Johann XXII, p. 237 et 532) qui prend dans une lettre du 1
tembre 1332 le titre d'archiepiscopus Ayacensis (Regesten zur Geschichte der Bischöfe ν.
tant, éd. Cartellieri, II, 4307). Le siège fut relevé, comme titulaire, en 1345 (Hierarchia,
156 Alors régent du royaume, il bénéficie de divers induits (Fontes, VII, 2, n° 42; M
Jean XXII, 25043-25044) notamment du droit d'avoir avec lui deux Frères Prêcheurs.
157 J. Richard, Deux évêques dominicains, agents de l'Union arménienne au Moyen-Age
AFP, XIX, 1949, p. 260-266; Fontes, VII, 2, 108. Nicolas entra en conflit avec le roi Léon V
avoir voulu rebaptiser une Géorgienne, dame de la reine (Doc. Arm., II, 618). Un Nicolas
copus Axiensis, Axisiensis, Ayaciensis, apparaît dans des lettres d'indulgence de 1347 e
L'ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH 209
159 En 1307, à Tarse, on trouve un évêque arménien et un archevêque latin (Docum. Arm.,
I, p. LXX). Cf. le cas de Caffa.
160 Eubel, Hierarchia, I, 87 et 339. Anazarbe avait un évêque arménien (en 1307-1314:
Documents arm, I, LXX; en 1341, Benoît XII écrivait à l'archevêque d'Anazarbe en même
temps qu'à d'autres prélats latins et arméniens, et Etienne, archevêque d'Anazarbe, répond en
1342 : Fontes, VIII, 56 et 59). Sur Mamistra (Misis), cf. supra, p. précéd., n. 155.
161 Golubovich, IV, p. 381-388. Pons, qui était encore à Avignon le 5 décembre 1345 (Reges-
ten zur Geschichte. . . Constant, II, 6431), fut censuré le 31 juillet 1346 ( Fontes , IX, 83; Eubel,
Bull. Francise., VI, 381). Cf. Linguae haicanae scriptores, p. 257.
162 Un Basile, mort avant 1360; Isaïe Asiani (12 octobre 1360), qui donne une indulgence à
Vienne, le 14 novembre 1361 (Uhlirz, Quellen zur Geschichte der Stadt Wien, II, 1, p. 142); un
Théodore, auquel succède Martin Stephani, Arménien de l'ordre des Uniteurs (25 juillet 1370),
lequel devait en 1376 être autorisé à agir pontificalement dans les diocèses espagnols, sans
doute à la suite de la prise de Selefké par les Egyptiens. Ses provisions (Fontes , XI, 203) sont
accompagnées de lettres aux suffragante et au peuple du diocèse, comme pour un archevê¬
que résidentiel.
163 On pourrait noter aussi que Clément VI pourvut un Arménien, Jean David de Zorzor,
du siège d'Edesse en 1344 (Fontes , IX, 18). Mais ici il s'agit d'un siège pourvu normalement
d'un titulaire, le prédécesseur étant mort en 1342 au plus tard (infra, p. 211).
210 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
fidèles à déployer leur zèle pour la libération de la Terre Sainte. Antonin avait probabl
vécu à Jérusalem, mais on ne peut affirmer qu'il fut gardien du Mont-Sion comme
Golubovich, IV, 397-398. Il partait peu après pour l'Angleterre (n° 1608), et on le tro
1349 en Espagne, avant qu'il soit transféré au siège de Durazzo.
165 L'archevêque d'Edesse fit acte de métropolitain en donnant l'évêché de Harran
nensis), vacant par la mort d'un Salomon, au franciscain Thibaud ou Tealdus (Fontes
austriacarum, XXIV, 74), qu'il fit consacrer par un sien délégué. Le pape confirma cette
L'ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH 211
167 D'après la Responsio Armenorum { Fontes, VIII, p. 213), Nersès aurait été accuser auprès
du catholicos le peuple du château de Hanga et du village de Sahap de professer des erreurs;
Jacques II fit enquêter au pays en question, par l'archevêque de Konya, et le jugement ayant
été favorable aux accusés, Nersès aurait été contraint à s'enfuir. - On admet d'ordinaire que
Nersès Balients (Palenç), futur archevêque de Malazgerd, est identique au traducteur du
Liber historiarum de Martin de Troppau qui acheva son œuvre en 1348 et qui se dit canonici
latini gradum adeptus, sacerdos quamvis indignus (et non pas archevêque, comme on s'y serait
attendu). Le P. Van den Oudenrijn a remarqué que celui-ci se dit originaire de Sis, alors que
l'archevêque serait né dans une des villes de la circumferentia de Malazgerd {Doc. Arm, II,
p. 634; l'auteur de la Responsio lui donne bien le nom de Baio). Il règne donc pour le moins
quelque incertitude à cet égard {Linguae haicanae scriptores, p. 210-212).
168 Supra, p. 198-199.
169 Schaefer, Die Ausgaben der apostolichen Kammer, p. 114 (cf. aussi 139, 241).
170 Fontes, IX, 11 (2 octobre 1342).
171 Ceci à partir du 8 janvier 1340, sans doute lors de l'arrivée de l'ambassade citée plus
loin, et jusqu'au 6 décembre. Il continue ensuite à recevoir une pension - comme lecteur
d'arménien? K. H. Schaefer, art cité, p. 112, 138, 157, 230, 262, 285.
212 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
174 Baluze, Vitae paparum Avenionensium, nouv. éd. par G. Mollat, I, p. 221 : les Arm
eodem anno (1336) fuerunt superati et planitiem amittentes petebant montanam, sperantes
dium Ecclesie et regis Philippi C'est alors que le sultan extorqua du roi le sermen
L'ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH 213
177 Fontes,
178 Edité dans
VIII,Fontes,
58 (avant
VIII,la57,
finavec
de 1341).
les autres pièces du dossier.
179 Editée dans Recueil des historiens des croisades, Documents arméniens, II, p. 559-650
par Mas-Latrie et Scheffer, qui y ont joint en annexe des extraits de la réponse du synode
Cette Responsio ad errores impositas Armenis n'est d'ailleurs pas datée; elle pourrait avoir ét
écrite lors de l'ambassade de 1344, à laquelle Daniel participait également. - Il n'est pas san
intérêt de rapprocher de ce long débat l'analyse que donne le P. Tekeyan des controverse
entre Grecs et Arméniens au temps de Theorianos et de Nersès de Lampron. Les Grecs auss
avaient mis en doute la christologie arménienne, réclamé l'unification des dates des fête
célébrées par les Arméniens avec les leurs, demandé l'addition d'eau au vin du calice, tout en
présentant d'autres exigences; eux aussi pratiquaient le rebaptême (P. Tekeyan, Controverse
christologiques en Arméno-Cilicie, dans Orient, christ, anal., 124, 1939). Il semble que ce soit en
milieu arménien que l'écho de ces controverses se soit conservé, pour se raviver au cours du
XIVe siècle.
180 Fontes, VIII, 59.
181 Daniel de Tabriz témoigne avoir vu lui-même le catholicos célébrer la fête de Noël e
consacrer publiquement avec de l'eau mêlée au vin du calice (Doc. Arm., II, p. 592); il affirm
que Nersès a imputé aux Arméniens des usages propres aux Thoundrakites ou «fils d
soleil», secte de langue arménienne de la région de Malazgerd (p. 643).
182 Le titre du second de ces évêques, qu'on trouve sous des formes variées (Trebesonen
sis, etc.), est écrit Trapessundensis dans une lettre d'indulgence où figure aussi Jean Mesch
214 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
tantin
l'intervention
184 IIFontes,
- et possible
J.IX,Gay,
105;Leces
d'autres
pape
livres
Clément
évêques
étaientVIdans
demandés
et les
cette
affaires
discussion,
à l'évêque
d'Orient,
de
infra,
Paphos
Paris,
p. 224,
1904,
(ibid,
n. 228.
p.107).
132-15
185 Ibid., 92, 100, 101 ; le pape leur donnait le pouvoir d'autoriser de simples prê
confirmer.
186 Sur la vie de ce moine de Saint-Thaddée, devenu Franciscain, cf. Golubovic
p. 332-362; Pelliot, Zacharie de Saint-Thaddée, p. 153. - Jean de Medzqar bénéficia d'i
pour lui et pour ses protégés (Fontes , IX, 85, 86); il semble qu'il s'était fait rebaptise
condition, et il obtint pour lui-même, pour Renier Balian d'Arménie, doyen de la Saint
à Jérusalem, et Nersès de Gragga, le droit de communiquer avec les Arméniens no
(ibid, 88). - Quant à Antoine de Trébizonde, il se fit transférer en 1345 à un siège de S
gne (Eubel, Hierarchia, 2e éd., I, p. 493); Tournebize, p. 674, rattache à ces promotions l
tion au siège archiépiscopal d'Hierapolis du Franciscain Antonin d'Alexandrie, missio
mal connu (ci-dessus, p. 209).
L'ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH 215
189 Très long texte, dans Fontes, IX, 192 (cf. aussi 190), du 19 septembre 1351. Le catholi¬
cos avait reconnu l'Eglise de Rome comme seule catholique, ayant la seule vraie foi, le seul
baptême, le seul accès au salut : on lui demande s'il croit qu'il n'y a pas de salut en dehors
d'elle. Il avouait le pape comme vicaire du Christ et lui promettait obéissance, sauf les droits
de son église; on lui demande s'il considère les provinces soumises à l'apôtre Thaddée
comme relevant de la juridiction de Pierre et de préciser ce qu'il entend par juridiction du
Saint-Siège (avec un questionnaire très détaillé). Etc.
190 II y avait eu vingt points sur lesquels les légats avaient apporté des instructiones.
C'était désormais aux prélats chypriotes (patriarche de Jérusalem, archevêque de Nicosie,
évêques de Paphos et Limassol) que le pape s'en remettait pour la suite des discussions.
191 Fontes, X, 20 (1er octobre 1353) et 59 (18 janvier 1355); l'ambassadeur des Arméniens
était un Bolonais : Die Ausgaben, p. 522 (10 janvier 1353).
192 Tournebize, p. 686. Cf. M. A. Van den Oudenrijn, dans Oriens christianus, XLIII, 1959,
p. 113-114.
216 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
de laquelle vivaient les Arméniens. Mais l'Eglise de Cilicie et ceux qui sui¬
vaient ses errements, notamment autour de Zacharie de Saint-Thaddée,
peut-être sous l'influence des Franciscains, pouvait se considérer comme
fidèle à ses rites nationaux. Le conflit suscité par Nersès, et qui compliqua
pendant près de vingt ans les rapports arméno-latins, témoignait cependant
de l'existence d'un autre courant dans le monde arménien : les Arméniens-
Unis, désireux de se fondre dans l'Eglise universelle, ne montraient pas la
même volonté de maintenir les rites traditionnels. Et, lorsque Nersès oppo¬
sait l'Eglise de Grande-Arménie, schismatique 198, à celle de Petite-Arménie,
il négligeait cet aspect particulier : c'est en Grande-Arménie que se trou¬
vaient ceux qui sacrifiaient le plus volontiers les usages arméniens. . .
L'histoire des Frères Uniteurs (Ounitorq) est sans doute, grâce aux tra¬
vaux du P. Van den Oudenrijn199, l'un des moments les mieux connus de
l'histoire des missions médiévales. Elle se places dans la perspective de
l'Union des Eglises, sous l'aspect d'une « latinisation » sans compromis.
Tandis que le groupe de Maku, sous l'impulsion de l'archevêque Zacha¬
rie, se mettait à l'école des Franciscains et développait, avec Jean de Zorzor,
une forme de synthèse de la pensée latine et de la tradition arménienne, un
autre couvent, de fondation plus récente, celui de Qrnay, non loin de Nak-
hidjevan, s'intéressait lui aussi à la pensée latine. Le fondateur, Jean de
Qrnay, neveu d'un baron arménien qui protégeait le couvent, disciple du
vartabed Isaïe qui enseignait à Gayletsor, en Siounie - dont il avait fait un
centre d'études monastiques, comparable aux universités occidentales, en
198 Illi de Armenia minori. . . sunt de ecclesia majoris Armenie (Doc. Arm., II, p. 592).
199 A côté de l'article déjà ancien de Tournebize, Les Frères Uniteurs, dans Revue de
l'Orient chrétien, XXII, 1921-1922, p. 145-161, 249-279, prennent place ceux du P. M.-A. Van den
Oudenrijn, The monastery of Aparan and the Armenian writer fra Mxitaric, dans AFP, I, 1931,
p. 265-308; Bishops and archbishops of Naxivan, ibid, VI, 1936, p. 161-216 (à compléter par
R. Loenertz, Evêques dominicains des deux Arménies, ibid, Χ, 1940, p. 275-278); Uniteurs et
dominicains d'Arménie, dans Oriens christianus, XL, 1956, p. 94-112; XLII, 1958, p. 110-133, et
XLIII, 1959, p. 110-119; Le « Sour Petrosi». . . , cité plus loin; Das Offizium des hl. Dominikus des
Bekenners im Brevier der ostarmenischen Fratres Unitores, Rome, 1935 (Institutum historicum
218 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
adressé
200 Mais
une profession
Isaïe n'admettait
de foi en
pas1321.
les idées monophysites. On a vu que Jean XXII lu
201 Un autre évêque latin, Barthélémy de Tabriz, avait déjà discuté avec l'évêque
nien de Tabriz, en 1321, et il en est question dans une lettre d'Isaïe à cet evêque (Lingu
canae scr., p. 22).
202 Uniteurs et dominicains d'Arménie : étude des membres et des travaux du synod
203 Cf. une lettre de Guillaume Saurai, lecteur franciscain à Maku, qui annonce à s
respondant qu'il «enlèvera Thomas du cœur» des Arméniens : Loenertz, La société, p.
P. Van den Oudenrijn a relevé une parfaite identité entre les traductions en arménie
buées à Barthélémy da Poggio et celles d'ouvrages latins en éthiopien attribuées au p
Barthélemy de Tivoli, évêque de Dongola (L'évêque dominicain fr. Barthélémy, fondate
posé d'un couvent dans le Tigré, dans Rassegna di studi etiopici, V, 1946, p. 7-16). Des colo
L'ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH 219
2U5 Cf. M.-A. Van den Oudenrijn, Le «Sour Petrosi», vade-mecum pour les missions asiatiques
du XIVe siècle, dans Neue Zeitschrift für Missionswissenschaft, I, 1945, p. 161-168.
206 Tournebize, p. 236-238. La question du rebaptême a été traitée par Van den Oudenrijn,
The monastery of Aparan.
207 Fontes, VII, 2, 139 (3 octobre 1333; bulle Fidelium novella plantatió).
208 Ibid, IX, 5 (18 juillet 1342 : l'éditeur identifie la civitas Salamast à Amastris du Pont;
nous y reconnaîtrions plutôt Selmas). Le pape donne une indulgence à ceux qui la visiteront,
220 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
210 Loenertz, La société, p. 143-147, a élucidé les relations entre Uniteurs et Domini
en expliquant le fait que Qrnay n'était pas entré totalement dans l'ordre par ce que les
niens ne pouvaient renoncer ni à l'usage de la viande, ni à la propriété foncière, qu'inter
la règle dominicaine.
211 Ripoll, II, 246 ( Fontes, X, 73). Sur les rapports entre Uniteurs et Dominicains,
remarques de Loenertz, La société, p. 146-150. En 1381, l'élection du gouverneur est soum
confirmation par le maître général, et l'ordre des Uniteurs placé dans la situation d'une
vince dominicaine », comme l'a montré le P. Loenertz.
2,2 Ripoll, II, 248 (Fontes, X, 77). Supra, p. 198-199.
L'ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH 221
caux ( Fontes , X, 24); étaient-ils venus demander au pape d'intervenir dans cette nomination?
Le siège dont il s'agit est dit Apamiensis (à lire Apaunensis? Les deux lectures sont possibles :
cf. Reg. Av. 122 f° 57v°-58 et Reg. Vat. 224 f° 89); on ne peut retenir l'identification tradition¬
nelle avec Apamée de Syrie, qui avait alors un archevêque titulaire, Ortolf d'Alzenbruck,
lequel vivait au diocèse de Passau (Eubel, I, 94 ; Uhlirz, Quellen zur Geschichte der Stadt Wien,
II, 1, p. 111 et 170). En effet, il s'agit bien d'un siège résidentiel, la bulle de provision étant
complétée par les lettres habituelles au clergé, au chapitre, au peuple, aux vassaux du prélat,
ainsi qu'au souverain du lieu, désigné comme étant nobilis vir Karoch, dominus Asiae (que
nous n'avons pu identifier avec certitude). Nous penchons donc pour reconnaître dans cet
archevêché un siège épiscopal arménien qui nous est connu d'autre part, celui d'Apahuniq,
canton situé dans la vallée supérieure du Murad-su, au nord de Malazgerd (très proche par
conséquent du diocèse de Saint-Thaddée). - Le monastère Saint-Grégoire de Golp est cité
dans un colophon de 1450 sous le nom de Kolb alias Sukias-vank, avec le vocable de saint
Grégoire l'Illuminateur (nous devons cette indication au Dr Thierry). Son emplacement n'est
pas connu, mais la bulle le place au diocèse de Saint-Thaddée.
216 Le prédécesseur de Cyriaque, Jean, est cité dans une dédicace de Richard Fitz-Ralph à
Nersès de Malazgerd et à frère Jean, electo Clatensi in Armenia majori (Priens christianus,
XLIII, 1959, p. 110-119); le diocèse Messinensis où se trouvait le monastère auquel appartenait
Cyriaque est sans doute celui de Misis plutôt que celui de Messine. Cf. notre article, La
papauté et les missions d'Orient au Moyen-Age, cité supra, p. 181. Thomas, Dominicain armé¬
nien, appartenait-il au groupe de Qrnay? Il semble plutôt qu'il s'agisse d'un Arménien entré
dans l'ordre des Frères Prêcheurs. - L'identification traditionnelle de ce siège avec « Galaad,
en Transjordanie ou en Arabie Pétrée», dépendant d'Alexandrie, vient d'une notation de la
Chambre Apostolique (Obligationes et Solutiones, t. XXXII, f° 117) où Cyriaque est dit episco-
222 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
218 Cf. M. A. Van den Oudenrijn, Uniteurs et Dominicains d'Arménie. L'ordre des U
dans Oriens christianus, 1959.
219 R. Loenertz, La société, p. 105-108 et 197-198.
220 Les Franciscains, de leur côté, ne maintenaient que leur résidence d'Erzerum
que celle de Tiflis, qui pouvait aussi agir sur les Arméniens. - Le P. Loenertz a avancé
développement de la congrégation des Uniteurs pouvait avoir suscité la première su
sion de la Societas Peregrinatium, les Arméniens ayant pris la place des Dominicains da
missions.
221 Fontes, IX, 74 (11 juillet 1346).
L'ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH 223
Sarkis et ses disciples; à Golp, le vartabed Jacques est mis à mort (The monastery of Aparan,
p. 285); les adversaires de l'Union se félicitent en 1379 du grand nombre de couvents qui
abandonnent l'Union de Qrnay ( Linguae haicanae scriptores, p. 33). En conséquence, les Uni¬
teurs obligés de quitter leur couvent sont autorisés en 1381 à passer dans l'ordre dominicain
(Ripoll, II, 300). Cette réaction s'accompagne d'un renouveau des études, cette fois autour du
couvent de Tathev qui prend la place de Qrnay comme successeur du centre « universitaire »
de Gayle-tsor.
224 Selon Mekhitar d'Abaran, les régions les plus touchées par le mouvement d'Union
étaient Sis et son territoire (la Cilicie), l'Anatolie arménienne (Sivas et le «pays de Roum»),
Caffa et la Crimée, Selmas, Maragha, Tabriz et Sultanieh, l'Ernóak et la province de Nakhidje-
van, sur les deux rives de l'Araxe. - Des difficultés se produisent quelquefois; tel est le cas
d'un frère Seth d'Arménie. On nous dit que ce dernier, élevé dans le rite arménien, vartabed,
s'était converti vers 1368 et avait fait des conversions. On lui interdisait de prêcher; Gré¬
goire XI ordonne à l'évêque de Caffa de lui faciliter son enseignement (12 mai 1377) : Fontes,
XII, 224.
225 Cf. M. A. Van den Oudenrijn, The monastery of Aparan (à propos de la carrière de Me¬
khitar d'Aparan, disciple à la fois de Malachie et de Sarkis d'Aprakounik, qui restait en rela¬
tions amicales avec le Dominicain Pierre d'Aragon, lequel continuait la tradition des traduc¬
tions d'arménien en latin). Schiltberger, nous l'avons vu, trouve encore des Uniteurs à Maku;
dans la seconde moitié du XVe siècle, les voyageurs vénitiens, Barbaro, Contarini, Zeno, ne
citent guère que le couvent de Cagri et, autour d 'Alangiacalai - c'est-à-dire de la forteresse
d'Erncak ou Alindjak, qui contrôlait la vallée de l'Alindja-tchaï et où Sarkis d'Aprakounik
avait été emprisonné - onze villages arméniens-catholiques, avec leur évêque (celui-ci portait
le titre de Nakhidjevan et résidait habituellement à Abaran), ce qui correspond à peu près à
la situation que nous décrit Tavernier (Les six voyages de J. B. Tavernier, Paris, 1712, I, p. 55-
56), lequel visita encore les couvents de Jahouk, Abaran, Aprakounik et Qrnay à la fin du
XVIIe siècle : Barbaro et Contarini, Travels to Tana and Persia, London, Hakluyt Soc., 1873, I,
p. 92, 124-125, II, p. 52. Alindjak est-il i'Aliquis des lettres de 1329 (supra, p. 185)?
17
ψ\
La création, par Clément V et Jean XXII, des provinces de Khanbaliq
l'Océan Indien. Les deux provinces s'organisèrent sur des modèles assez
différents; il est vrai que les questions qu'eurent à affronter les archevê¬
dis qu'en Extrême-Orient les Alains déportés par les Mongols formaient un
que la découverte de la pensée latine jeta vite dans une fermentation d'où
sortirent des tendances diverses. Par contre, les Mongols que l'on avait
dication chrétienne, non sans que des résultats spectaculaires aient été
Il n'en reste pas moins que ces deux provinces, d'un bout à l'autre, res¬
tèrent missionnaires en ce sens que les sièges des archevêchés et des évê-
230 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
chide,2 la
Cf. Cappadoce;
Patrol. Gr., or
CVII,
le patriarcat
353 : le ressort
d'Antioche
de Constantinople
exerçait son autorité
comprenait
sur l'Arménie
l'Abasgie,etlasur
Col-
la
Géorgie (Ibérie). Les Latins ne paraissent pas avoir tenu compte dans cette région de l'orga¬
nisation ecclésiastique grecque, devenue d'ailleurs méconnaissable depuis qu'Andronic II
avait multiplié les métropoles autocéphales.
3 Les Alains étaient établis en Crimée peut-être dès le XIe siècle, s'il faut reconnaître en
eux les Sarmates que le moine Epiphane avait rencontrés à Théodosia (Caffa) : Patr. Gr.,
CXX, p. 243. L'évêque d'Alanie Théodore avait prétendu les régir, ce que l'archevêque de
Kherson lui refusait, estimant que le ressort de l'évêché d'Alanie ne comprenait pas les Alains
de la presqu'île (Patr. Gr., CXL, p. 392, 393, 397). Un évêché grec particulier avait été créé
pour les Alains de Crimée (Miklosich et Muller, Acta patr. Constantinopol., II, p. 67).
232 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
10 Loenertz, La société, p. 38-47 ; Gualberto Matteucci, Un glorioso convento sulle rive del
Bosforo : il S. Francesco di Galata. . . , c. 1230-1697, Firenze, 1967 (Biblioteca di studi frances-
cani, VII).
11 Eubel, Hierarchia, I, 109; Fontes, IX, 4 et 29 (indulgence pour l'église N. D. des Armé¬
niens de Péra); XII, 186 (désignation de Grégoire Siscus comme évêque, 7 janvier 1376), 198
(absolution de plusieurs marchands de Péra, qui avaient commercé avec Alexandrie). Cf. Loe¬
nertz, La société, p. 59-61. - En 1417, les quatre églises de Péra relèvent du patriarche; on cite
cependant en 1429 un diocèse de Péra (Eubel, Bull. Francisc., VII, 1847).
12 Golubovich, III, 184 et IV, 313; Loenertz, La société, p. 98-99.
13 Soranzo, op. cit., p. 496-497.
14 Le pape lui concède des bénéfices, en constatant qu'il ne pouvait vivre des revenus de
son évêché, situé in partibus Greciae. Cf. Eubel, Hierarchia, 2e éd., I, 493; Bull. Francisc., V, 356
(Fontes, IX, 72); Dom U. Berliére, Les évêques auxiliaires de Cambrai aux XIIIe et XIVe siècles,
dans Revue bénédictine, XX, 1903, p. 249-263 (on ne connaît pas exactement la date de sa pro¬
motion à l'épiscopat, antérieure à octobre 1345). En même temps qu'Antoine vivait un évêque
arménien de Trébizonde, Etienne, qui assistait en 1342 au concile de Sis (Doc. Arm., I, LXXI).
234 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
16 Louis est transféré au siège albanais Stephanensis qu'une lettre pontificale (Fonte
184; 10 septembre 1375) donne comme situé prope schismaticos et voué à la conversi
ceux-ci; Alexandre, Franciscain, est transféré à Caffa. Sur cette liste épiscopale, cf. Eube
rarchia, I, 520; G. Fedalto, La chiesa latina, p. 465-467. Elle comporte des titulaires et aus
résidentiels probables, comme un Corsanegro de Péra (1429). Toutefois, la liste des di
dans lesquels est envoyé un collecteur, en 1429, ne comprend pour la mer Noire que
Soldaya, Cimbalo, Samastro et Péra (Eubel, Bull. Francise., VII, 1847).
17 Golubovich, IV, 313.
18 L'histoire de l'église de Caffa a été faite par D. Giorgio Fedalto, La chiesa latina,
LES MISSIONS DE LA MER NOIRE ET DU CAUCASE 235
20 Eubel, I, 187 et 470; Fedalto, p. 461-463; Vigna, Codice diplomatico, II, 2, p. 721-725
(l'évêque fut capturé par les Turcs en 1475).
21 Sur cet évêché, cf. Ripoll, III, 214; Eubel, I, 457 (une grande confusion règne au temps
du Grand Schisme: il semble qu'on ait confondu le siège Soldayensis avec Soltaniensis)·,
Vigna, Codice dipl., I, p. 315, 347, etc.; Fedalto, p. 463-464. Le métropolite grec est chassé de
son siège en 1363 : Miklosich et Müller, I, p. 443.
22 Sur les progrès de l'occupation génoise en Khazarie, cf. Spuler, Die goldene Horde,
2* éd., p. 391-397, 611-612.
236 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
25 Eubel, I, 445; Reg. Vat., 217, f° 82. Une indulgence donnée par Benoît, episco
siensis, dans Regesten zur Geschichte. . . Constant, II, 4771 (20 février 1346). L'évêqu
nis cité dans Vigna, Cod. dipt., II, 1, p. 689 (1470) est certainement un évêque grec.
Jerphanion, Sampsôn et Amisos : une ville à déplacer de 900 km, dans Orientalia
periodica, I, 1935, p. 257-267.
26 La liste d'Eubel, Hierarchia, I, 431, ne comprend de 1399 à 1425 que des non
tiels; en 1430 apparaît le Franciscain Marc de Péra. Mais, en 1429, le diocèse de S
reçoit la visite d'un collecteur; les évêques résidentiels existeraient donc, inconnus
ces de Rome.
27 Vigna, Cod dipl., II, 2, p. 134, 700.
28 Eubel, Hierarchia, I, 290, confond cet évêché avec celui de Lambrensis et y v
(Lemberg), parce qu'un Thomas, episcopus Lambergensis, était à Londres en 1362. C
Registrum sacrum anglicanum, app. V. - Sur la localisation de Licostomo, cf. Go
II, 558.
29 Eubel, I, 189.
30 Eubel, I, 516 et 522 (Varnensis et Vernensis)', A. Vigna, Codice dipl., II, 2, 721
nertz, La société, p. 120.
LES MISSIONS DE LA MER NOIRE ET DU CAUCASE 237
Il n'est pas inutile de rapprocher ces noms d'évêchés de ceux des cou¬
vents que nous connaissons. La vicairie franciscaine d'Orient dans sa custo-
die de Trébizonde, comprenait les loca de Trébizonde, Simisso et Sinope; la
vicairie d' Aquilonaris, dans sa custodie de Khazarie, en dehors des couvents
de Caffa, ceux de Soldaya, Solgat, Cimbalo, Kara-Su, ainsi que Moncastro,
Vicina - qui disparaissent des listes après 1334-et Ylice, qui apparaît pour
la première fois en 137332. Ces deux custodies se modèlent pratiquement
sur le domaine qui avait été alloué à la province de Vospro33. Or nous cons¬
tatons que la plupart des lieux où existaient des couvents (Trébizonde,
Simisso, Soldaya, Solgat, Cimbalo, Moncastro, Vicina) ont été dotés d'un
évêché dès le XIVe siècle. Par contre, il apparaît des évêques dont le titre
ne paraît pas correspondre à une ville dotée d'un établissement permanent
de religieux (Pagropoli, Licostomo, peut-être Varna)34 : on peut se deman¬
der si la promotion de religieux à ces sièges ne répondait pas à l'habitude,
combattue par la Papauté mais très répandue, de créer des évêques titulai¬
res destinés à servir d'auxiliaires aux prélats occidentaux.
Quoi qu'il en soit, la Mer Noire est, dès le milieu du XIVe siècle, bordée
d'évêchés latins. Certains doivent leur existence à l'archevêque de Vospro;
d'autres ont pu être créés au fur et à mesure que les villes passaient sous le
contrôle de la thalassocratie génoise. Mais dans quelle mesure ces évêchés
sont-ils encore des évêchés missionnaires?
Il est inutile d'insister sur le caractère cosmopolite des villes de Crimée
- et, à un moindre degré sans doute, des autres comptoirs de la Mer Noire.
Lorsqu'en 1289-1290 Lamberto di Sambuceto instrumentait à Caffa ou dans
les villes voisines, on rencontrait dans les actes des Grecs, des Alains, des
Russes, des Ziques, sans parler d'esclaves circassiens, abkhazes, mongols,
etc. Ibn Batuta avait été très frappé, vers 1340, de ce même caractère35; il
32 A l'embouchure du Dniepr; les Génois y avaient des établissements dès 1381, et ache¬
tèrent le château aux Tartares; les Valaques le leur prirent en 1448 : Atlante idrografico, p. 124;
Iorga, Notes et extraits, dans Rev. Or. lat., IV, p. 37, n° 3; Vigna, Cod. dipl., I, 307.
33 Les Dominicains, outre leurs couvents de Caffa et Trébizonde, ont-ils eu d'autres rési¬
dences? cf. Loenertz, La société, p. 91-100.
34 Le cas de Salmastro est plus délicat, en raison de la confusion possible entre cette
ville et celle de Selmas : un couvent de ce nom apparaît dans la custodie de Tabriz en 1334
encore; il s'agit sans doute de Selmas. Quand la ville côtière reçut un établissement génois,
des religieux s'y établirent-ils?
35 Cf. aussi Marignolli : Caffa ubi multarum sectarum sunt christiani, ou Schiltberger : «da
sitzent vilerley Cristen, rômischer, kriechiescher, armenischer und Surian. . . », sans parler
des Juifs et des païens; Pero Tafur cite «Roxos, Migrelos e Abogasos, e Cercaxos e Burgaros e
Armenios e otras diversas naçiones de cristianos» (éd. Jimenez de la Espada, Madrid, 1874,
p. 162).
238 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
est évident que, dans une ville où ne s'exerçait pas une domination m
mane, le prosélytisme chrétien pouvait s'exercer à l'endroit des. infidèl
le zèle des catholiques pour l'union trouver un écho36. En particulie
esclaves amenés des pays païens, musulmans ou schismatiques repr
taient un catéchuménat d'accès relativement aisé, et à un moindre d
les autres villes présentaient les mêmes possibilités d'évangélisation. E
qui concerne les esclaves, dont le bassin de la Mer Noire fourn
l'Egypte et bien d'autres marchés, nous avons vu que l'évêque de Sav
poli déplorait en 1330 de voir livrer tant de chrétiens aux Sarrasins;
les comptoirs génois, il semble que les évêques se soient fait reconn
des prérogatives qui limitaient cette possibilité : les esclaves qui venaie
réfugier dans les comptoirs en question étaient remis aux prélats qui
acceptaient d'embrasser la foi catholique, les faisaient remettre en lib
interdisant de vendre à des non-catholiques, ou du moins à des non-
tiens, les esclaves chrétiens. Ceci allait jusqu'au droit de visiter les na
partant pour l'Egypte ou la Turquie, de façon à empêcher le départ d
esclaves. On sait en tout cas combien de Russes, Tcherkesses ou a
chrétiens ont été vendus à Alexandrie ou dans d'autres pays musulm
cela fait douter de l'efficacité complète de ces mesures37.
Ainsi, une activité d'apostolat auprès des infidèles ou des schis
ques38 reste-t-elle possible; elle est cependant liée à l'exercice des fon
d'ordinaire d'un diocèse latin, même si ce diocèse possède relative
peu de ressortissants de rite latin, comme ce fut le cas pour la plupa
ces villes.
18
240 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
nostre44
Bratianu,
43 Iorga,
subjecte,
Ed. La
Neumann,
Mer
Notes
videlicet
Noire
et p.
extraits,
des
106.
Samastrum,
origines
I, p. 544.
à Soldaiam
la conquête
et ottomane,
Cimbalum.p. (Vigna,
274-275 Cod
et passim
dipl., I, p. 81
45 A condition que les «chefs des Arméniens» se rallient à cette idée (ibid, III, p
Difficulté à propos du «vesco de Caffa de Ermeni» (1474-1475): Cod dipl., II, 2,
186, 196.
46 L'évêque grec, qui aurait été imposé à ses coreligionnaires malgré leurs constit
meurt en 1468; les protecteurs demandent aux consuls et à l'évêque latin de faire éli
successeur, que le pape revêtira de sa dignité. Bessarion recommande l'archevêque
sée, Pacôme, qui meurt en route (1470). Sixte IV finit par nommer Nicolas de Caffa é
Fullensis - c'est-à-dire de Phoulloi, autre ville de Crimée - avec juridiction sur les Gr
Soldaya et de Caffa : Vigna, Cod dipl., II, 1, p. 554, 564, 581, 689, 836, 873.
LES MISSIONS DE LA MER NOIRE ET DU CAUCASE 241
b) L'archevêché de Sarai
48 R. Loenertz, Le origini della missione sescentesca dei Domenicani in Crimea, dans Archi-
vum Fratr. Praed, V, 1935, p. 27. Le P. Loenertz, qui a bien voulu nous donner cette référence,
nous écrivait
canonicil ». : « mode de provision d'un office ecclésiastique non prévu par le Codex juris
242 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
17 janvier 1361 50, qu'il obtint du pape, et qui décidait d'élever au rang
fêtes doubles celles de saint Nicolas, de saint Antoine et de saint Geor
particulièrement vénérées par les Orientaux, à l'intention des néophyte
Tartarie Aquilonaire.
Le 14 juillet 1362, Innocent VI transférait l'évêque de Trébizonde
siège de Sarai, alors vacant, en érigeant ce siège en archevêché. La bull
malheureusement, ne donne aucune indication sur le ressort de la nouv
province, ni sur les évêchés qui lui étaient rattachés52. On pourrait pen
que la décision du pape visait en premier lieu à donner un titre archié
copal à une personnalité éminente, fort appréciée de la République
Venise, sans que se joignît à cette promotion une réorganisation de la
rarchie en pays de mission. Mais, en fait, cette réorganisation ne pou
manquer d'intervenir.
D'abord, en raison des distances séparant l'archevêque de Khanb
de ses suffragants. En quelques mois, un évêque du Qipcaq pouvait gag
Avignon et en revenir; il fallait plus longtemps pour qu'une lettre écrite
ses soins parvînt à son métropolitain, au lointain Cathay. On igno
encore que le dernier évêque de Zayton avait péri, cette année-là, en tra
sant la Dzoungarie; mais on savait que la poste mongole n'existait plus,
qui avait permis au grand-khan de gouverner l'empire au temps où celu
était unitaire : les relations entre Khanbaliq et Sarai étaient désorm
quasi-inexistantes.
D'autre part, la création de la province de Vospro, en 1333, même s
aussi, elle n'avait peut-être pas fait l'objet d'une étude approfondie, tém
gnait de la nécessité que l'on avait ressentie, soit à la Curie, soit en pay
mission, de regrouper les postes de mission de la Mer Noire en un ens
ble gouverné par un prélat résidant dans la zone géographique dont c
mer formait le centre. La Khazarie, notre Crimée, ne pouvait continu
dépendre d'un archevêque éloigné, résidant en pays infidèle, quand
gressivement les Génois, et aussi les Vénitiens, y avaient des intérêts et
établissements qui exigeaient que les deux républiques pussent pren
commodément contact avec la Papauté.
58 Fontes, XI, 195; Golubovich, V, p. 94; cf. Fedalto, La chiesa, p. 459-460. C'est au pa
che de
soin de Grado,
faire exécuter
à l'archevêque
sa décision.
de Sultanieh, à l'évêque Arezolomensis que le pape confi
59 Fontes, XI, 162. Il n'est pas exclu que Cosme lui-même ait été d'origine tcherkes
du moins caucasienne (on l'appelle Cosme de Ziquie).
60 Cf. Elena C. Skrëinskaja, Storia della Tana, dans Studi veneziani, Χ, 1968, p. 3-46.
61 Annulation, le 1er mars 1370; nomination de Guillaume, le 10 mars: Eubel, Bull.
cisa, VI, 1078-1079 (Fontes, XI, 186).
LES MISSIONS DE LA MER NOIRE ET DU CAUCASE 245
63 Golubovich, V, p. 301.
64 II n'est pas certain, d'ailleurs, qu'en 1362 Caffa ait fait partie de la province de Sarai;
l'évêque nommé en 1358 ne mourut qu'en 1376, et sa succession fut réglée par un transfert
(Fedalto, op. cit., p. 450-451) : ceci nous empêche de savoir si les bulles furent communiquées
à Sarai.
65 Eubel, Hierarchia, s. v. Tanen (cf. Regesten zur Geschichte . . . Constant, 6648). Il est évi¬
demment toujours possible qu'un siège, non-résidentiel, ait été pourvu d'un titulaire dans
246 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
jusqu'à la disparition du comptoir, qui avait repris vie après les dévasta¬
tions de Tamerlan68.
Il existait encore une custodie de Sarai en 1401, et une vicairie de Tar¬
taric Aquilonaire en 1410. Et on peut sans doute retrouver un évêché, mis¬
sionnaire sans contestation celui-là, dont la création pouvait remonter au
temps de l'archevêque de Sarai, dans un siège auquel était promu en 1434
un prêtre de Lwów, Pierre de Lombertz, pour succéder à un évêque du
nom de Jean : Pierre est dit episcopus terrae Sarmatarum in Astrakan*9.
Astrakhan était effectivement le siège d'une résidence franciscaine, attestée
en 1373 et 1390; la ville s'était rapidement relevée après le sac de 1395 et
avait remplacé Sarai comme place de commerce - elle devait être une des
premières à voir réapparaître les missionnaires catholiques au XVIIe siè¬
cle -, avant de devenir à la fin du XVe siècle la capitale d'un khanat tartare
autonome. La présence d'un évêque latin à Astrakhan témoignerait d'une
longue survie des chrétientés implantées dans la région de la Volga infé¬
rieure par les missionnaires latins et peut-être des efforts de l'archevêque
Cosme pour donner plus de vigueur aux missions dans la province de
Sarai'70.
68 Cf. Loenertz, La société, p. 124-125; Fedalto, La chiesa, p. 459-460. Basile qui avait été
interprète des Arméniens au concile de Florence, fut transféré en 1456 au siège archiépisco¬
pal Carisenensis (de Cyrrhus). Il résidait certainement dans son diocèse : Nicolas V confie, en
1450, l'examen d'une discorde survenue à Caffa aux évêques de la Tana, Salmastro et Soldaya
(Vigna, Cod dipl., II, 2, p. 700). - Notons que Barbaro a encore rencontré à la Tana, en 1486,
des Frères Mineurs : il cite un Franciscain qui avait fait entrer dans son ordre un jeune Cir-
cassien qu'il avait racheté (Travels to Tana and Persia, trad. Thomas et Roy, p. 7).
69 Eubel, Hierarchia, II, 248. La route de terre, à travers la Pologne et la Moldavie, se
substituait à la route de mer; les rapports entre la Pologne et Astrakhan sont donc normaux.
70 A noter seulement que Schiltberger, qui est passé par Astrakhan, n'y signale ni évêque,
ni chrétien.
LES MISSIONS DE LA MER NOIRE ET DU CAUCASE 247
71 Les contrats, passés à Caffa, distinguent les esclaves de progenie Zycha de ceux qui sont
de progenie jarcaxia. Constantin Porphyrogénète donne la Ziquie comme commençant à vingt
milles de Matrega et s'étendant, sur trois cent milles, jusqu'à Nicopsi; elle borde la Kasaquie
(pays des Kassogues - c'est le nom que les Russes donnaient aux Tcherkesses) : De adminis
trando imperio, dans Patr. Gr., CXIII, p. 333 ; cf. N. Banescu, La domination byzantine à Matra
cha . . . , p. 6. Le nom des Ziques apparaît dès 1245 dans les bulles Cum hora undecima.
72 Barthold, Daghestan, dans Encycl. Islam, Ière éd., I, p. 910-915; 2e éd., revue par A. Ben¬
nigsen, II, p. 86-91; E. Eichwald, Alte Geographie des Kaspischen Meeres, Berlin 1838; P. Pelliot,
Le prétendu vocabulaire mongol des Kaïtak du Daghestan, dans Journ. Asiat., CXX, p. 279 et
suiv. Le nom des Caitacchi se rencontre dans les cartes du XVIe siècle; Constantin Porphyro¬
génète connaît déjà leur capitale, Kumuk (Khamoukh : Patr. Gr., CXIII, p. 419).
73 A. Dirr, Cerkesses, dans Encycl. Isl, I, lère éd., 855. Les Dominicains hongrois les
donnent comme chrétiens de rite grec, mais constatent que leur prince est polygame ( De
facto Hungariae magnae ) ; le moine Epiphane considère les Ζηκχοι comme des demi-infidèles
(Patr. Gr., CXX, p. 243); cf. aussi Golubovich, V, 43; A.-D. Von den Brincken, Die «Nationes»,
p. 131-135.
248 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
75 Iorga, Notes et extraits, I, p. 36; Belgrano, dans Atti della Società ligure di storia
1866, p. 127 (lettre de Zaccaria Ghizolfi, au lendemain de la chute de la cité). Un Argo
Gisulfis, dont la fille bénéficia d'une dispense de mariage en 1329 (Mollat, Jean XXII, 4
devait-il son nom à I'll-Khan Argun? La situation des Ghizolfi à Matrega évoque cel
deU'Orta à Caffa, seigneurs de la ville au début du XIVe siècle.
76 Der Libellas de notitia orbis, éd. Kern, p. Ill; Golubovich, V, p. 40.
77 Supra, p. 231-232.
78 Fontes, IX, 146; Golubovich, V, p. 40 et suiv.; G. Fedalto, La chiesa latina, p. 455.
79 Cum, sicut accepimus, in regno Zechiae quaedam ecclesia metropolitana, Matr
ecclesia appellata, quae diu caruit, prout caret, pastore catholico, existere dinoscitur. - M
(Τομη ταριχα, «les sècheries» - on sait le rôle que jouait le poisson séché dans le com
de la mer Noire), un moment occupée au XIe siècle par les Russes qui l'appelaient Tm
kan, était redevenue grecque au cours de ce siècle, et l'était encore au XIIe. (N. Banesc
LES MISSIONS DE LA MER NOIRE ET DU CAUCASE 249
avant 1363 : sa création, en tant qu'évêché, à la date de 1358 serait très vrai¬
semblable.
Ce qui nous permet de jalonner l'avance des missionnaires, c'est la liste
des couvents franciscains donnée en 1373 par Jérôme de Pise : les noms de
Mager, Cumuch, Tarchis, peut-être celui de Mamucci nous amènent jusqu'au
Daghestan88. Et nous sommes tentés de penser qu'en 1363, quand il vint à
Avignon et qu'il agita la question de la délimitation de sa province, Jean de
Ziquie a pu demander au pape l'autorisation de créer de nouveaux diocèses
- de même qu'il sollicitait l'octroi d'indulgences aux fidèles qui l'aideraient
par leurs aumônes à construire des églises en Ziquie89.
En Ziquie proprement dite, la succession épiscopale paraît régulière,
tant que vit Jean de Ziquie : Thomas de Birago, qui fait une apparition en
Avignon en 1363, est remplacé le 16 novembre 1366 sur le siège Sybensis par
Tealdo de Gorestis90. Sur le siège Lucucensis, c'est un Franciscain du nom
de François qui, en 1377, était désigné par Jean de Ziquie pour succéder à
Jacques; il se fit confirmer par le pape, peut-être parce que l'archevêque
était mort entre temps91. Mais la liste épiscopale de ces deux sièges s'inter¬
rompt ensuite, comme celle de Matrega elle-même : il semble que la mis¬
sion du Kouban ait perdu son élan, tandis que l'effort se portait du côté de
la Caspienne92.
regnum Yverie où les Franciscains avaient eu deux martyrs dès 1288 et qui pourrait être situé
à proximité de cette Cummageria qui serait la vallée de la Kouma, on doit envisager un apos¬
tolat des Frères Mineurs assez actif entre Mer Noire et Caspienne, au Nord du Caucase, dès la
fin du XIIIe siècle. Or c'est vers le même temps que Marco Polo cite les marchands génois qui
naviguaient sur la mer Caspienne : cette route, ouverte au commerce européen, l'était aussi
aux missionnaires.
88 Golubovich, V, 193 (custodie de Sarai). Ces couvents sont encore cités en 1390. Golu-
bovich a proposé de reconnaître dans Mamucci le nom de Shemakha, au sud-est de Derbend
(II, p. 559).
89 Fontes, XI, 25 (3 mai 1363). Le pape avait donné à Jean, en 1348, le droit d'envoyer à
Alexandrie un navire chargé de marchandises; en 1363, il lui donne celui de conférer trois
offices de tabellions : il s'agit là de subsides indirects, l'archevêque ayant ainsi pouvoir de
vendre une licence d'exportation, d'une part, et des offices, d'autre part.
90 Golubovich, V, p. 117; Amort, De origine indulgentiarum, p. 187, (28 janvier 1363). Tho¬
mas avait sans doute accompagné son archevêque.
91 Golubovich, V, p. 233. François était auxiliaire de 1 evêque de Brixen en 1386-1387 -
peut-être après un séjour en Orient.
252 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
Sur cet effort, nous sommes surtout informés par une bulle de 14
Les Franciscains travaillaient depuis le temps de Jean de Ziquie in Ch
kensi patria, c'est-à-dire chez les Kaïtak du Daghestan, dans les « monts
piens ». Des villes, des châteaux, s'ouvrirent à leur prédication et, dans
région où Cosme de Sarai se plaignait que les infidèles et les hérét
aient fermé les églises des catholiques, en 136994, «les infidèles n'os
plus blasphémer la croix du Christ ». Des cités entières furent conver
celles de Chomek, Thuma, Tarchu fou Tharchu), Derweli (Dergwel
Michaha, qui paraissent se répartir depuis l'embouchure du Terek da
Mer Caspienne jusqu'au versant sud du Caucase95. On peut supposer
certains évêques de rite grec résidant dans ces villes avaient reconnu l'
rité du pape et de l'archevêque; il est aussi possible que ce dernier ait
des évêchés latins dans chacune d'elles.
De fait, des séries épiscopales font leur apparition. L'une d'elle
celle des «évêques de l'église des Monts Caspiens», sans localisation
précise, qu'on est tenté de faire remonter à une date antérieure à
puisque nous trouvons à la fois une série clémentiste, représentée p
Franciscain Jacques de Valle Aretza, désigné par Clément VII le 3 juin
pour remplacer un autre Franciscain, Laurent, et une série urbaniste, r
sentée par le Franciscain Bernard de Caffa, pourvu de ce siège par B
face IX, le 27 novembre 1396, à la mort du frère Martin Russus96.
Sur le siège de Kumuk, on connaît un Augustin, Emeri, pourvu en
et un Franciscain, Jean Gibeleti, qui eut en 1400 maille à partir av
ministre général des Frères Mineurs, lequel avait fait saisir ses livres e
biens déposés au couvent de Caffa : il faisait alors valoir qu'il avait fait
93 Eubel, Bull. Francise., VII, 339 (Fontes, XIII, 103). Cf. Golubovich, V, 92.
94 Fontes, XI, 162.
95 Chomek : Kumukh, chef-lieu du cercle de Lesghie, R. S. S. Daghestan, dans la hau
lée de la Sulak. Thuma, que Barbaro appelle Tumen ( Travels to Tana and Persia, p. 9,
89) : la ville disparue de Tjumen, à proximité du site où les Russes édifièrent en 1567 le
teresse de Terkoï ou Tumen, aujourd'hui près de Terskoii Gorodók, au confluent du Te
du Tjumen. Tarchu : Tarki, au sud-ouest du port de Petrovsk, aujourd'hui Makhaè-Kale.
weli : Dourgali, bourgade située au sud de Temir-Khan-Choura, (aujourd'hui Buyna
Dugreli de Klaproth. Michaha pourrait s'identifier à Mukhakh, R. S. S. Azerbeijan, cer
Zakataly, sur le versant sud du Caucase. Notons que le Mager où existait en 1393 un
dence franciscaine, si l'on n'y reconnaît pas Maieria-Madjari, pourrait être Magar, sur l'
LES MISSIONS DE LA MER NOIRE ET DU CAUCASE 253
à ses propres frais dans cette ville une maison qu'il destinait à un autre
Franciscain, Georges Gibeletus, et à deux autres Frères qu'il devait choisir
pour les emmener prêcher dans les monts Caspiens97. A sa mort, un autre
Franciscain, Ambroise Scipion, fut envoyé «pour le salut des chrétiens
habitant certaines régions voisines des Monts Caspiens, sous la domination
des Tartares », au milieu des infidèles, des hérétiques et des schismati-
ques98 (1421).
Un troisième siège épiscopal, celui de Tarki, était occupé en 1370 par le
Lazare qui est cité à propos de l'église de la Tana; son nom peut évoquer
une origine indigène - un Lesghien ou un Zique promu à l'épiscopat, ou
bien confirmé dans sa prélature par l'archevêque latin -. En 1433, un cer¬
tain Corneille, missionnaire revenant des Monts Caspiens, où un très nom¬
breux peuple chrétien risquait de dévier de la foi, faute de prédicateurs,
selon les termes employés par Eugène IV, était nommé episcopus Atrachita-
nus et se voyait autoriser à remmener avec lui jusqu'à vingt Frères
Mineurs99.
97 Le Quien, Oriens christianus, III, 1109: Emeri, episcopus Camocensis, est autorisé à
emmener un frère de son ordre. Cette mention est mise en doute par G. Fedalto, La chiesa,
p. 461. Jean, episcopus Comuchensis ou Chomuncensis : Fontes, XIII, 1, 81; Golubovich, V, 331.
Cet évêque se trouvait à Gênes, le 9 mai 1400, pour la consécration de l'évêque de Chio
(Genova, Archivio notarile, Antonio Foglietta, 2, II, f°36v°). Sa promotion est certainement
antérieure).
98 Eubel, Bull. Francisc., VII, 1508. Le pape conférait aux chrétiens de la région une indul¬
254 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
102 Cf. nos articles cités plus haut. Le nom du destinataire de la bulle de 1401 a été
pan dans les Fontes·, le texte du Reg. Lat. 87, f° 76, porte bien Solpan.
103 Desimoni identifie ce pays à celui de Djoulad (Iekaterinograd), sur le Terek, à
de Mozdok (/ conti dell'ambasciata . . . dans Atti della società ligure di storia patria, X
p. 586).
104 Reisebuch, éd. Neumann, p. 87-88 : «Dorinne sind vil Cristen und habent ein B
dorinne. Und ir priester sind Beyerfüssen ordens und künden mit latin und singent un
ir gebet in tartarscher sprach. Das ist dorumb funden das die Leyen dester stercker
Globen sint. Es werden och vil Heiden besterckt im cristenlichem Glouben, dorumb
die wort vernemen, die Priester singent und lesent»; ed. Langmantel, Tübingen 1885
(Bibliothek der Literarischen Vereins in Stuttgart, 172) : «und in dem land sind auch vil
und haben ain pistumb dorinn; und die priester sein parfüeser ordens, und sie chünde
latein und was sie singen oder lesen, das ist in der thatrischen sprach, und das ist d
erfunden worden, das die layen dester stercker auff dem glauben sind ». Schiltberger
ensuite le texte du Pater en langue « tartare », c'est-à-dire en turc : « Atha bisum chi ko
sen; alguschludur senung adung», etc. La localisation de Setzulet («ein pirgisch lant»
difficile : Schiltberger quitte, au nord des Portes de Fer, la ville d Orgentz, en suivant le
LES MISSIONS DE LA MER NOIRE ET DU CAUCASE 255
19
256 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
107 C'est très exactement ce qu'écrit Boniface IX dans une lettre du 19 août 139
Frères Prêcheurs et Mineurs societatis Peregrinantium nuncupati, ad praedicandum . . .
nati, en les invitant à relever les nombreuses églises et cathédrales de Géorgie et de Gr
LES MISSIONS DE LA MER NOIRE ET DU CAUCASE 257
110 Cf. supra, p. 183. On notera que ces missions ont été ignorées de M. Tamarati dans son
Eglise géorgienne des origines à nos jours.
111 Jorga, Notes et extraits, dans Rev. Or. lat., IV., p. 245. Cf. L. Petech, art. cit., p. 569-570.
112 Silvestre de Sacy, Mémoire sur une correspondance inédite de Tamerlan avec Charles VI,
258 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
base latine de Smyrne, que les papes d'Avignon avaient entretenue jus
1402. . . 114.
Ainsi Tamerlan lui-même paraissait-il disposé à en revenir à la
rance des souverains musulmans qui l'avaient précédé dans les an
empires mongols de Perse et de Djagataï. Ses successeurs semblent
agi de même; l'activité missionnaire ne devait donc pas être entravée
l'empire timouride, qui ne vécut, il est vrai, qu'un temps relativement
dans la partie occidentale des territoires conquis par Tamerlan.
Le Grand Schisme, lui-même, avait-il beaucoup éprouvé les miss
Certes, il y eut concurrence entre les prélats nommés par les deux pon
rivaux sur les mêmes sièges; mais il est vraisemblable que, quand il
double nomination, un seul évêque était résidant, l'autre étant un s
titulaire exerçant ses fonctions pontificales dans des diocèses occiden
C'est Boniface IX qui se préoccupait des chrétiens du Daghestan; c'es
ment VII qui octroyait aux Frères Prêcheurs le droit de créer des cou
en Géorgie. Les difficultés sont réelles à Caffa, évêché doté de reven
dépendant de la république de Gênes, qui louvoie entre les deux obé
ces115; on se préoccupe d'éteindre «le schisme»116. Mais quand se pr
la croisade de Nicopolis (1396), les deux pontifes encouragent de
indulgences les croisés qui appartiennent d'ailleurs aux deux obédien
Il est probable que les difficultés n'atteignirent pas au degré d'a
qu'avait connu la lutte entre le pape et les « Fraticelles » au temp
Jean XXII, Clément VI et Benoît XII117. Seulement, c'est au centre mêm
évidemment des Spirituels, ces « pseudo-religieux » que dénonce Clément VI, dans sa lettre In
amara trahimur adressée aux archevêques et évêques de Grande-Arménie, de Perse et des
autres pays d'Orient et d'Outremer (29 mai 1344) comme s'attaquant aux chrétiens revenus à
l'Union en niant la légitimité des papes Clément V, Jean XXII, et Benoît XII, et en répandant
d'autres erreurs (Fontes, IX, 42). La conservation moins attentive des bulles pontificales au
temps du Grand Schisme nous empêche de savoir si les partisans de l'un ou l'autre pape pro¬
voquaient aussi du scandale parmi les Arméniens ou autres reuniti par des propos du même
genre.
118 Des envoyés du Prêtre Jean seraient venus à la Curie en 1351 (Golubovich, II, 152; cf.
aussi le De gestis trium regum de Jean de Hildesheim, ibid, V, 59). Le 16 juillet 1402, un
ambassadeur du Prêtre Jean, seigneur de l'Inde, apporte des présents à Venise (Iorga, Notes
260 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
même jour, et sans nul doute à leur demande, deux induits sont acco
par le même pape à David Parzahananihara et à son épouse Madeleine
et reine des Indiens, personnages dont l'identification est malaisée,
dont le nom nous oriente bien vers les pays indo-dravidiens 122.
Un troisième groupe de pèlerins est signalé à la fin de 1407 dan
Annales de Bologne : il s'agit de « quatre ou cinq hommes d'Inde, où l'a
saint Thomas a prêché et converti ». Deux d'entre eux étaient prêtres et
décembre 1407, ils célébrèrent la messe en public «et ils la disaient
dévotement, et on ne comprenait ni ce qu'ils lisaient ni leurs lettres,
beaucoup de choses comme Jhesus Christus, Amen, Alleluia, les nom
prophètes et d'apôtres, et ils faisaient miserere Domine comme nous. E
chrétiens venaient de Jérusalem et allaient en pèlerinage, c'est-à-dire
allaient à Saint-
Jacques, et Saint-
Antoine, et à Rome » 123.
L'extension du pèlerinage de Jérusalem à Rome et à Compostelle,
même à Padoue, paraît bien témoigner de l'empreinte reçue, du fait
fréquentation des Latins, par les Chrétiens de l'Inde au XIVe siècle. Ma
religieux latins avaient sans doute cessé de fréquenter ce pays.
En Azerbeijan, en Grande-Arménie, en Géorgie, sur les bords de la
pienne, les Chrétiens avaient relevé les ruines causées par l'invasio
Tamerlan. Mais la désaffection des Arméniens se manifeste : vers 14
tificale dans Archivio segreto Vaticano, Reg. Lat., 118, f° 198, donne les noms des quatr
nes, Johannes de Lomyda, Petrus Syo, Symon Dyabilis, Thomas de Aldanici·, le sauf-condu
donnait que trois : Johannes di la mida, Petrus di Syo, Simon Dabilis. Un citoyen de
gouste, Louis Georgii, bénéficiaire d'un induit du même jour, les accompagnait-il, ce q
nerait une indication sur leur itinéraire?
122 Reg. Lat. 118, f° 198 (Fontes , XIII, 1, 135 d). La mention de ce «roi» évoque la le
Jean XXII au dominus Nascarinorum de Columbo et le passage des annales chinoise
tionnant le chef des « Yeh-li-ko-wen » de «Kü-lam» (W. W. Rockhill, Notes on the relatio
trade of China with the Eastern archipelago and the coast of the Indian Ocean during th
tenth century, I, dans T'oung pao, XV, 1914, p. 434-435), ainsi que la présence d'un roi c
du nom d'Etienne sur la carte de l'atlas de Charles V, dessiné vers 1375, représentant
du Sud (cf. Kunstmann, Die Missionen in Indien und China in vierzehnten Jhdt, dans H
ches· Politisches Blatt für katholisches Deutschland, XXXVII, 1856, p. 135-151). M
P. E. Hambye a bien voulu nous signaler que l'existence d'une véritable dynastie roya
l'Inde méridionale avait été écartée par l'étude du P. A.-M. Mundadan, Traditions of th
Thomas Christians, Bangalore 1970, p. 125-129, et qu'il pourrait cependant s'agir de q
LES MISSIONS DE LA MER NOIRE ET DU CAUCASE 261
124 Supra, p. 206 n. Nous savons du moins que Jérôme, archevêque de Maku, s'était alors
séparé de l'Eglise romaine, et les liens étroits de l'archevêque avec Saint-Thaddée font suppo¬
ser que celui-ci avait adopté la même attitude. Zorzor fournit encore au XVIIe siècle un pro¬
vincial à la congrégation des Uniteurs (Tournebize, Les Frères Uniteurs, p. 263 et 269).
262 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
133 Jean de Winterthur rapporte, à la date de 1338, qua la demande du sultan trente
Dominicains, famosi lectores, auraient été envoyés par le pape en Egypte : le sultan les ayant
menacés de les faire périr s'ils voulaient prêcher la foi catholique dans leur habit religieux, ils
l'auraient quitté pour les vêtements des indigènes. Se moquant de leur terreur, le sultan les
expulsa et ils se réfugièrent en Chypre, évitant d'être mis à mort parce qu'ils avaient des let¬
tres du roi de France (p. 144). L'historiette, évidemment d'origine franciscaine, paraît
controuvée.
134 Golubovich, III, 68.
135 Ibid, III, 313; IV, 1-60. - Sur tout ceci, cf. l'étude de Leonhard Lemmens, Die Franziska¬
ner im hl. Lande, I, Die Franziskaner auf dem Sion (1335-1552), 2e éd., Münster 1925 (Franziska¬
nische Studien, Beiheft 4). Jean de Winterthur fait écho à cette fondation : cf. C. Brun, Die
Franziskanermissionen und der Orient bei Johann von W., dans Zeitschrift für schweizerische
Kirchengeschichte, XVII, 1923, p. 32-37.
136 Golubovich, III, 411. Cette résidence existait dès 1345.
264 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
cheurs à accepter le lieu qui leur était offert, pour y fonder une résidence,
dans la vallée de Josaphat, par le sultan lui-même. Une fois de plus, on en
resta là142. La province dominicaine de Terre Sainte restait donc en fait,
depuis la disparition du royaume d'Arménie, réduite à ses couvents chy¬
priotes et, pratiquement, son activité missionnaire ne pouvait pas dépasser
les contacts avec les non-Latins de Chypre et la prédication aux esclaves
musulmans qui, parfois malgré leurs maîtres, embrassèrent la foi chré¬
tienne en assez grand nombre143.
142 Reichert, Acta capit. gener., II, p. 323; Eubel, Die avignonesische Obedienz, n° 185.
143 En 1426-1427, un certain nombre d'esclaves baptisés préféraient, dit Makhairas, per¬
dre la vie plutôt que de rejoindre leurs anciens coreligionnaires, lors de l'invasion des Mame-
lûks dans l'île.
266 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
tiel. Il avait été désigné le 29 juin 1437, comme vicaire du ministre gén
des Franciscains dans tous les pays d'Orient (vicarius in partibus omn
orientalibus) et envoyé « à Caffa et à Péra, chez les Sarrasins, païens, G
Bulgares, Ethiopiens, Ibères, Alains, Khazars, Goths, Syriens, Perses, Mè
Ziques, Ruthènes, Russes, Sissi (Scythes?), Jacobites, Nubiens, Nestor
Géorgiens, Arméniens, Indiens, Turcs, Steliti (Mossoulitains), Tartares,
des, Polonais, Hongrois de Grande Hongrie » - on reconnaît là rémun
tion des bulles cum hora undecima, avec plusieurs cacographies - pour
ter et réformer les couvents (à commencer par celui de Caffa), avec pou
de prêcher, d'ériger des couvents et d'emmener avec lui de nombreux
res145.
Il s'agissait pour lui d'introduire la régulière observance dans les
vents franciscains d'Orient, ce qui était une des grandes préoccupation
cette période146. Mais Jacques prenait également contact avec le catho
arménien. Deux évêques arméniens sont présents, en tant que procur
de ce dernier, quand on proclame l'Union avec les Grecs (9 avril 1438
juillet de la même année, la délégation arménienne est constituée,
l'évêque arménien de Péra et trois vartabed. Jacques les accompagne,
un autre Franciscain, Basile, et un Uniteur, Nersès147. Le 13 août 1439
sont à Florence; on travaille sur les textes de Daniel de Tabriz, du co
de Sis de 1307; le 22 novembre 1439 était proclamé le Decretum pro A
nis, qui résolvait enfin la question des rebaptêmes et reconnaissait l'a
rité du patriarche sur tous les évêques arméniens, y compris ceux de
de Caffa, de Lwów et de Kamieniec ,48.
L'Union fut proclamée dès 1440 à Caffa et les autorités génoise
montrèrent extrêmement désireuses d'appliquer les décrets de Flore
reconnaissant au délégué du patriarche, le vartabed Sarkis, devenu ch
lain du pape, le droit de statuer sur tout ce qui avait trait à leur adop
écrivant au patriarche pour lui demander d'approuver le décret149,
145 Hüntemann, Bull. Franc., I, 295, 297, 300. La présence des Polonais (Polonorum
prend . . .
146 En même temps que lui, le Dominicain Nicolas de Ferrare était envoyé réform
couvent des Frères Prêcheurs de Péra (lorga, Notes et extraits, II, 343) ; cf. G. Hofmann,
tliche Gesandtschaften für den Nahosten. 1415-1453, dans Studia missionalia, V, 1950, p. 6
147 Un Dominicain, Thomas Siméon, avait lui aussi servi d'interprète (A. Vigna, Cod
II, 2, p. 700-701).
LES MISSIONS DE LA MER NOIRE ET DU CAUCASE 267
quant un consul qui paraissait avoir fait cause commune avec les adversai¬
res de l'Union150. En Pologne, où Lwów avait un évêque arménien depuis
1356 au moins, et où l'évêque Grégoire avait manifesté un grand zèle pour
l'Union, en envoyant ses représentants à Florence, le roi Casimir exige lui
aussi d'un nouvel évêque de Lwów et Kamieniec, en 1464, qu'il obtienne
des lettres «du patriarche de Grande-Arménie»151. Cette précision laisse
d'ailleurs un doute : c'était le catholicos de Sis, Constantin VI, qui avait
engagé les négociations pour l'Union; après sa mort, on sait que les monas¬
tères de G rande-
Arménie avaient exigé de son successeur, Grégoire IX, qu'il
quitte la Cilicie pour revenir dans leur pays et que, sur son refus, ils élurent
un catholicos qui s'établit à Etschmiadzin (Vagharschapat) en 1441; Gré¬
goire IX et son successeur Karapet se déclarant fidèles à l'Union, non sans
précautions, l'attitude du catholicos d'Etschmiadzin fut de refuser toute
concession aux Latins. Mais cette attitude fut-elle aussi tranchée qu'on
l'admet généralement? Le texte polonais n'est pas seul à donner à penser
que, reconnu par les évêques de Caffa, de Lwów et de Péra, le catholicos de
Grande-Arménie maintenait des contacts avec l'Eglise de Rome152.
Jacques des Primadizi était revenu en Orient, où il fut renouvelé dans
ses fonctions de 1442 à 1444, avant d'être rappelé en Italie pour prendre la
charge de la flotte chrétienne153. Un autre envoyé pontifical, l'évêque de
Coron Christophe Garatoni, avait cependant été chargé de se rendre en
Géorgie en même temps qu'à Byzance, mais sa mission n'a pas laissé de tra¬
ces154. Il n'en est pas de même pour un autre Franciscain, le célèbre Albert
de Sarteano. Celui-ci, qui avait déjà été chargé en Orient d'une mission en
rapport avec l'introduction de l'Observance dans les couvents des Lieux-
150 lorga, Notes et extraits, III, p. 55, 66, 67, 72. Le patriarche confirme désormais le choix
de l'évêque arménien de Caffa; il a son légat à Caffa : Vigna, Cod dipl., II, 2, p. 30-31, 101, 118,
186 (à l'occasion d'une double élection, les protecteurs précisent que les agents de Gênes
n'ont d'autre pouvoir que de faire exécuter les mandements du patriarche).
151 Sdislaus Obertynski, Die Florentiner Union des polnischen Armenier, dans Orientalia
Christiana periodica, t. XXXVI, 1, 1934.
152 Fr. Tournebize, Arménie (dans Diet. hist, et géogr. eccl.) admet que ce fut Grégoire IX
Moussabékiantz, catholicos de Sis, qui donna en 1450 son adhésion à l'Union; mais Grégoire
était mort en 1446; selon G. Hofmann, art. cité, c'est le catholicos de Vagharschapat - alors
Grégoire X - qui avait agi en ce sens Thomas de Medzoph (mort en 1446) rapporte la nais¬
sance du catholicat d'Etschmiadzin en lui donnant un sens nettement anti-chalcédonien;
268 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
159 C.-M. de Witte, Une ambassade éthiopienne à Rome en 1450, dans Orient, christ, period.,
XXII, 1956, p. 286-298; C. Trasselli, Un Italiano in Etiopia: Pietro Rombulo da Messina, dans
Rassegna di studi etiopici, I, 2, 1941. (Pietro Rombulo aurait raconté comment le «roi du
Cathay», un chrétien vassal des Mongols - auprès duquel lui-même aurait été envoyé en
ambassade par le Négus - aurait envoyé au pape deux évêques de l'église indienne).
16° Râynaldus, Annales, X, p. 85. De telles lettres avaient été échangées entre les souve¬
rains éthiopiens et les rois d'Aragon : Cerone, La politica orientale di Alfonso di Aragona, dans
Archivio storico per le provincie napoletane, t. XXVII, 1902, p. 3-93, et XXVIII, 1903, p. 154-212.
161 L'histoire du messager éthiopien est rapportée dans l'Itinerarium Terrae Santae du
Franciscain Paul Walther (Tubingen, 1892, p. 37-43); celle de Jean de Calabre, dont le rapport
270 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
Ce n'est sans doute pas Albert de Sarteano qui avait pris contact
les Maronites du Liban. Nous savons que le patriarche maronite, Jean
Gagî, remit au gardien du couvent franciscain de Beyrouth une profe
de foi et un acte d'obédience qui furent remis au pape par un des relig
du couvent, en 1439 - tandis qu'Albert allait apporter à Rome une lettre
Maronites de Jérusalem, et que l'évêque maronite de Chypre d
envoyer sa propre adhésion aux décrets de Florence (en s'engageant
plus mêler d'huile à la matière de la consécration) en 1445 162 En rép
Eugène IV envoyait au patriarche le pallium, le bâton pastoral et la m
comme jadis l'avait fait Innocent III163. Mais il désignait aussi un Fra
cain, Antoine Trojano, comme «commissaire apostolique dans les pro
ces des Tartares, d'Assyrie, de Perse et d'Ethiopie, ainsi qu'auprès
nations des Maronites, Drusolytes (sic), Nestoriens et Syriens, sauf dan
lieux de Terre Sainte». (15 décembre 1440). Ce curieux titre (voulait-on
pecter la délégation confiée à Albert de Sarteano qui avait Jérusalem
sa circonscription, ou bien n'y avait-il là que le désir de laisser les L
Saints et les couvents franciscains de Terre Sainte en dehors de sa jur
tion?) correspondait en fait à une mission auprès des peuples du L
pour les faire adhérer aux décrets du concile; il amena effectivemen
1444 à Rome des représentants des Maronites et des Druses164.
Antoine fut remplacé cette année-là par deux commissaires apos
ques : l'un, Gandolfo de Sicile, gardien du Mont-Sion, in partibus orie
bus, Indiae, AEgypti et Hierusalem.', l'autre, Pierre Ferrarius, du couven
Saint-Sauveur de Beyrouth, in provincia Syriae apud nationes Maronita
Drusolitarum et Surianorum .
Renato Lefèvre, Roma e la comunità etiopica di Cipro nei secoli XV e XVI, dans Rasse
studi etiopici, I, 1941, p. 71-86 (le couvent Saint-Sauveur de Nicosie, dépendant du mon
éthiopien de Jérusalem, se met en 1456 sous la protection du Siège Apostolique pour é
per aux vexations que lui auraient infligées des Coptes de Chypre, hostiles à l'Union
prieur, Paul, fut chargé de mission par Rome auprès du roi d'Ethiopie).
162 Ceci laisse supposer que le patriarche avait été directement approché par les rel
de Beyrouth, Albert de Sarteano n'étant pas passé par le Liban, tandis que les évêques
taux de Chypre furent pressentis par les Latins de Chypre.
163 Le Quien, Oriens christianus, III, 54-65; H. Lammens, Frère Gryphon et le Liban a
siècle, dans Revue de l'Orient chrétien, IV, 1899, p. 68 et suiv.
164 Huntemann, Bull. Francis., I, 501; Wadding, Annales Minorum, XI, p. 99, 164. En
LES MISSIONS DE LA MER NOIRE ET DU CAUCASE 271
vicaires in provincia Orientali, il s'agit des pays habités par les Grecs d'Europe et d'Asie (Hün-
temann, op. cit., I, 844).
166 Cf. lettre d'Alexandre Ariosto à Simon de Reggio : le pape Sixte IV l'a envoyé pour
Maronitarum gentem, orthodoxe fidei quasi neophitum, ab inveteratis erroribus, superstitionibus,
eripere, en 1476.
167 Raynaldus, Annales ecclesiastici, X, p. 476.
168 Cf. H. Lammens, Frère Gryphon et le Liban·, lettre d'Alexandre Ariosto, dans Iorga,
Notes et extraits, V, p. 5-10; Suriano, Trattato di Terra santa, p. 68-71 (il nous apprend que Gry¬
phon avait fait entrer dans l'ordre franciscain quelques Maronites, et qu'il vivait parmi ceux-
ci avec un seul frère). Sur la persistance de l'influence monophysite, cf. Kamal S. Salibi, The
Maronite church in the Middle Ages and its union with Rome, dans Oriens christianus, XLII,
1958, p. 101-104; des conflits armés surgirent, qui s'achevèrent par la dispersion des éléments
monophysites.
169 La tâche, ici, incombait à l'archevêque de Rhodes André Chrysobergès, qui fut envoyé
à Chypre aussitôt après la conclusion de l'Union avec les Syriens (G. Hofmann, Päpstliche
Gesandtschaften, p. 64-65). Cf. A. Vogt, Florence (concile de), dans Diet, de théologie cathol, VI, 1,
c. 46-49. Chrysobergès devint en 1447 archevêque de Nicosie et légat à Chypre, Rhodes et
272 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
personnes,
170 Supra,
dont
p. deux
269 n.évêques
159 : ce de
roi l'église
de Cathay
indienne»
aurait pour
envoyé
reconnaître
à Rome une
la primauté
délégationpont
de
Mais un des évêques serait mort à Alexandrie, pendant le voyage d'aller; l'autre sur le G
après être revenu de Rome par Jérusalem; et un seul des ambassadeurs serait parve
terme du voyage de retour. Il est inutile de dire que, si nous sommes invités par ces i
tions à chercher ce « Cathay » dans l'Inde, rien de permet de l'identifier avec quelque
de certitude.
171 On parle d'un synode de Jérusalem où, en 1443, les trois patriarches melkites au
décidé de refuser l'Union de Florence; son existence n'est pas absolument assurée; l'arc
cre d'Antioche Moïse Giblet, personnage assez énigmatique, se portait garant, en 14
l'adhésion de ces mêmes patriarches à l'Union : G. Hofmann, Papst Pius II und die Kirch
heit des Ostens, dans Orientalia Christiana periodica, XII, 1946, p. 224-228 (cf. Ο. Halecki,
matie pontificale et activité missionnaire en Asie aux XIIIe XIVe siècle, dans Comité inte
se. historiques, XIIe Congrès, Vienne 1965, Rapports, II, p. 23-24 et 31). Quant à Ale
Ariosto, il rapporte qu'ayant parcouru les chrétientés grecques de Syrie, d'Egypte et d
nie, pour les inviter à adhérer aux décrets de Florence, il rencontra un refus du patriar
Jérusalem; celui d'Antioche louvoya; les moines du Sinai (où les Latins avaient une cha
l'usage de leurs pèlerins) se retranchaient derrière les décisions des prélats dont ils
daient : Viaggio nella Siria . . . (1475-1478), éd. G. Ferraro, Ferrare, 1878, p. 57-58. La date
voyage est sans doute antérieure à 1475.
172 Le souci de maintenir l'individualité de chaque rite est bien marqué : Nico
interdit aux catholiques, en 1448, de prendre argument de l'Union pour passer à l'Eglis
LES MISSIONS DE LA MER NOIRE ET DU CAUCASE 273
auprès de lui. Les autres commissaires, auxquels avaient été confiées des
missions diplomatiques dans une aire très étendue, ne semblent pas avoir
eu la possibilité d'agir de même : Albert de Sarteano, malgré ses efforts, n'a
pu joindre ni Γ «empereur de l'Inde», ni 1'«
empereur d'Ethiopie», et a tout
au plus pu rencontrer à l'occasion d'un unique voyage les deux patriarches
d'Alexandrie; Jacques des Primadizi n'a sans doute eu de contacts avec le
catholicos d'Arménie que par l'intermédiaire du vicaire de celui-ci à Caffa.
Il n'empêche que l'institution des commissaires apostoliques relayait
dans une certaine mesure celle des évêques et archevêques du siècle précé¬
dent. Ils étaient en fait investis des pouvoirs d'un vicaire du ministre géné¬
ral des Frères Mineurs, renforcés par ceux d'un légat pontifical. Mais leur
rôle ne paraît pas être allé jusqu'à la constitution de communautés catholi¬
ques relevant d'une hiérarchie dépendant directement du Pape : ils étaient
essentiellement voués à la réunion à Rome des Chrétiens séparés, pris dans
l'ensemble de leurs Eglises. C'était le renouveau de l'idée qu'avaient cares¬
sée les papes du début du XIIIe siècle.
àLes
(Lwòw)
la Tartares
174 Sur
Hongrie,
: c'est
ces
perdent,
attire
àconditions,
cette
celle-ci
date
au milieu
que
cf.
dans
G.ladu
son
Soranzo,
Papauté
siècle,
orbitele
crée
Ilau
contrôle
papato,
moment
levêché
l'Europa
de de
la Valachie,
où Milcov
ellecristiana
occupe
(1347).
lorsque
elesiDu
Tartari,
terres
lacôté
Pologne,
russie
du
p. 40
no
Lithuanie reste païenne jusqu'au mariage de Jagellon et d'Hedwige (1386). Cf. Bratian
Mer Noire, p. 281-283.
175 Sur l'alliance polono-tartare (ou plutôt lithuano-tartare), cf. B. Spuler, op. cit.,
140. L'influence des Jagellons se fait, au début du XVe siècle, sentir jusqu'en Crimée.
176 Fontes, XIII, 1, 151; A. Theiner, Vetera monumenta historica Hungariam sacram
trantia, II, p. 191 (Jean XXIII attribue ces conversions aux Franciscains et, se référan
intentions de Sigismond, roi de Hongrie, rappelle qu'il a existé dans cette contrée des é
détruites par les Tartares, et autorise, avec la création d'églises paroissiales, la nomin
LES MISSIONS DE LA MER NOIRE ET DU CAUCASE 275
san avait confiées à un médecin juif en vue de conclure des alliances avec
les Occidentaux contre les Ottomans186. Mais Contarini, ulcéré de ce que
Louis le quitta à Tiflis le 6 août 1475 pour entreprendre seul le voyage à tra¬
vers la Russie et la Tartarie, le regarde comme un imposteur187.
Quoi qu'il en soit de son rôle diplomatique, Louis de Bologne se pré¬
sentait dès 1457 comme le porte-parole des «Franchi» qui, en terre d'Asie,
suivaient le rite romain et qui souhaitaient faire de lui leur prélat.
Calixte III envisageait favorablement cette demande; Pie II, en 1458, se
contentait de le faire son nonce. Mais, lorsqu'il revient, il apporte une nou¬
velle requête demandant que lui fût conféré le titre de patriarche - titre
qui, soit dit en passant, paraît déjà lui avoir été donné en Orient, si on en
croit ses dires, et les lettres qu'il apportait avec lui.
Pie II donna suite à cette requête par une bulle du 9 janvier 1461 188 ; il
lui interdisait toutefois, nous dit-il dans ses Commentarli, de prendre le titre
patriarcal avant son retour à Rome, les bulles étant provisoirement laissées
en garde à un cardinal, de façon à ce que l'on pût déterminer exactement le
ressort du patriarcat en question189. Louis ne s'en para pas moins du titre
de « patriarche eslu par toutes les nations d'Orient » (de même qu'il n'hési¬
tait pas à conférer un titre de comte palatin à l'un de ses compagnons, ni à
donner des dispenses). A son retour à Rome, Pie II le tança vertement et
refusa de lui faire donner ses bulles, sans toutefois lui refuser l'argent de
son voyage de retour : à Venise, Louis se faisait ordonner prêtre et, selon
Pie II, recevait la consécration épiscopale. Et, malgré ce pape, il continua à
se dire patriarche d'Antioche, comme nous l'attestent aussi bien les docu¬
ments relatifs à l'ambassade de 1473 que le récit de Contarini.
ist Mayer A. Halevy, Le rôle d'Isaac Beg, médecin et ambassadeur de Uzun-Hassan en Mol¬
davie et dans les pays voisins, communication présentée au XVe Congrès intern, d'histoire de
la médecine, Madrid, septembre 1956.
187 Josafa Barbaro et Ambrogio Contarini, Travels to Tana and Persia, London 1873, p. 136,
140 et 144. - Avant de s'embarquer pour l'Italie, à Caffa, en 1471, Louis avait pris soin de se
munir d'attestations délivrées devant l'évêque de Caffa; nous ne les possédons malheureuse¬
ment pas.
188 Hüntemann, Bull. Francisa, II, 866. - Notons que Calixte III, en décembre 1457, avait
recommandé aux christiani Franchi de choisir une personne idoine in vestrum omnium caput.
En prenant le titre de « patriarche eslu par les chrétiens d'Orient », Louis de Bologne ne fai¬
sait peut-être que dire la vérité : certains catholiques de Géorgie, en présence des lettres pon¬
tificales, ont pu penser que ce missionnaire actif et bien en cour auprès du Saint-Siège serait
278 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
190 Deux études récentes ont apporté de nouveaux éléments sur Louis de Bologn
archives de sa famille conservent, à côté d'induits qu'il avait demandés pour les siens,
tre de recommandation que Calixte III lui avait donnée à l'intention du khan turk
Gahan-Sâh (Janssa Assiriorum regi ac principi Babilonie), le 22 décembre 1457, ce qu
indiquer qu'en 1458 il ne se rendit pas auprès de ce dernier : Angelo Bargellesi-Severi,
documenti su fr. Lodovico da Bologna, al secolo Lodovico Severi, nunzio apostolico in O
dans Arch. Franc, hist., 69, 1976, p. 3-22. En 1473, c'est en compagnie d'Anselme Adorn
prit la route de l'Orient comme ambassadeur du duc de Bourgogne; mais Anselme le
L'histoire des missions latines dans l'Asie médiévale et dans les parties
travers des sources très fragmentaires. Des pans entiers de cette histoire
nous restent inconnus, dès lors que les registres pontificaux restent muets.
Grâce à ces registres, il nous est possible de suivre les destinées des sièges
épiscopaux; grâce aux textes arméniens, de refaire l'histoire des Frères Uni-
teurs. Mais, lorsque la Papauté n'a pas eu à intervenir, nous restons dans
Cet aveu d'ignorance doit nuancer les conclusions que nous pouv
avancer à la fin de notre enquête. Il est malheureusement probable
nous n'aurons jamais le moyen de faire progresser nos connaissance
moins de découvertes en dehors des textes et des archives aujourd
accessibles.
Compte tenu de ces préliminaires, l'histoire des missions peut para
jalonnée par un certain nombre d'échecs. Echec, en premier lieu, de la
tative d'amener les Mongols au christianisme : la déconvenue de Rubro
voulant trouver en Sartaq un chrétien répondant à l'idée qu'il se fa
d'un prince chrétien est suivie par bien d'autres. Les rapports presque
caux des papes avec les Il-Khans, les bonnes intentions marquées par T
taï, Tina-bäg, Älgigidäi, et bien d'autres à l'égard des missionnaires, les h
neurs prodigués à Jean de Montecorvino ou à Marignolli n'empêchent
qu'en définitive les Tartares de Perse, du Qipcaq, du Djagataï, passen
l'Islam, ceux du Cathay au bouddhisme. Au milieu du XIVe siècle,
espoir doit être abandonné de ce côté : un siècle d'efforts s'est révélé in
fisant à attirer les Mongols au christianisme.
Echec aussi de l'Union des Eglises, sous la forme envisagée au XIIIe
cle. L'adhésion obtenue à plusieurs reprises, tant à la primauté rom
qu'à la foi professée par le Siège Apostolique de la part de quasi-tous
chefs des Eglises orientales auxquels les papes du XIIIe siècle ava
envoyé leurs messagers se révélait, à l'expérience, sans effet sur les part
larismes des différentes communautés. Un Montecorvino, au contact
Nestoriens du Cathay, un Ricoldo, parmi les chrétiens de diverses con
sions de Mésopotamie, constataient que la profession de foi acceptée
les patriarches ou les catholicos n'avait aucun poids auprès de leurs o
les qui restaient fidèles à leurs traditions et à leurs rites, même enta
d'erreur aux yeux des théologiens latins. Les efforts dépensés au XIVe
cle, notamment auprès des Arméniens, permettaient aux Latins de ga
du terrain, mais sans jamais être certains que les promesses qui leur éta
faites l'étaient de cœur, plutôt que de bouche. Les actes d'adhésion se
cédaient; mais il fallut les reprendre tous au concile de Florence, et,
les années qui suivirent, essayer de faire confirmer l'acceptation
décrets du concile : sans cesse proclamée, l'Union restait sans cesse
question2.
LES MISSIONS MÉDIÉVALES : SUCCÈS OU ÉCHEC? 283
adresser la confession de foi du concile de Florence, afin que la Géorgie suive la vraie foi
(Tamarati, L'église géorgienne, p. 460-463).
284 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
5 II précise que, s'il ne s'est pas lui-même rendu au Cathay, c'est faute d'avoir o
societatem a sede apostolica (Libellus de notitia orbis).
LES MISSIONS MÉDIÉVALES : SUCCÈS OU ÉCHEC? 285
8 La conversion forcée n'est d'ailleurs pas toujours générale; on voit même des couvents
bouddhistes subsister dans l'empire timouride : cf. J. Deny, Un soyurgal du timouride Sähruh
en écriture ouïgoure, dans Journal Asiatique, 245, 1957, p. 253-266.
9 Dès la deuxième moitié du XIVe siècle, la route à travers la Moldavie et celle à travers
286 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
IU Tamarati, ouvr. cité, I, p. 463-466. Cf. les lettres portées à Paul III par deux Domin
de Nakhidjevan, avec celles du pape, attestant l'effet des prédications des Uniteurs s
quatre rois géorgiens de Tiflis, de Koutaïs, de Kakhétie et d'Akhalzikhé (1545-1546).
11 Cf. M. A. Van den Oudenrijn, Bishops and Archbishops of Naxivan. Plusieurs év
vont au XVIe siècle, se faire consacrer à Rome.
12 Les voyages adventureux de Fernand Mendez Pinto, trad. Bernard Figuier, Paris
p. 343-347 (cf. Moule, Christians in China). Le village en question est appelé Xifangan,
dit voisin de Cohilouzaa: l'identification de ces localités reste douteuse.
LES MISSIONS MÉDIÉVALES : SUCCÈS OU ÉCHEC? 287
Nestoriens de l'Inde et de Socotora; mais, bien que s'étant trouvé à Quilon aux environs de
1440, il ne mentionne pas d'avantage de chrétiens de rite latin. Par contre, Pietro Rombulo
précise que, marié en Ethiopie, il élève ses enfants en bons catholiques; les chrétiens de Caffa
se procurent des prêtres catholiques jusque sur les marchés d'esclaves : il existe ainsi des sur¬
288 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
res qui vivaient dans les couvents occidentaux. Aux temps modernes, la
propagande pour les missions s'est faite surtout grâce aux « lettres édifian¬
tes » écrites par les missionnaires depuis les lieux de leur apostolat et large¬
ment répandues en Occident. Le Moyen-Age en a connu l'équivalent : les
lettres des Franciscains du Qipcaq, celles de Montecorvino, de Jourdain de
Séverac, de Pierre Geraldi, font le bilan d'une action missionnaire en
demandant des secours, des renforts, des prières pour les « pérégrinants ».
Un auteur a tout spécialement recueilli des textes de ce genre : c'est le
Franciscain Jean de Winterthur, dont la chronique, écrite à la gloire de
l'ordre des Frères Mineurs15, a conservé entre autres la substance de la let¬
tre du premier Franciscain qui ait rejoint Montecorvino en Chine, Arnold
de Cologne. Jean, qui témoigne d'un intérêt tout particulier pour les mis¬
sions, paraît d'ailleurs avoir recueilli des «on-dit» qui ne figuraient proba¬
blement pas dans des «lettres édifiantes»16. Mais c'est lui qui atteste l'écho
que trouvaient ces écrits, qui jouaient à l'égard des missions le rôle des
excitato riae dans l'histoire des Croisades.
Non contents de fournir des recrues, les Ordres assurent leur encadre¬
ment grâce à des institutions qui permettent de passer outre aux régies
habituellement observées dans chacun d'eux. C'est la Societas fratrum pere-
grinantium dominicaine; ce sont les vicairies et les custodies franciscaines
en Orient, en Tartarie Aquilonaire, au Cathay, qui exercent la correction
des Frères envoyés en mission, qui demandent pour eux les privilèges
nécessaires, leur fournissent des livres, des secours.
Les circonstances changent; les cadres se transforment : on parle de la
«province de Damas» à propos du couvent franciscain de Beyrouth; le nom
d'Aquilonaris a disparu, et quand on parle de partes septentrionales, c'est à
15 Cf. Fr. Baethgen, Franziskanische Studien, dans Historische Zeitschrift, CXXXI, 1925,
p. 421-471. Voir aussi, notamment, C. Brun, Die Franziskanermissionen und der Orient bei
Johann von Winterthur dans Zeitschrift für schweizerische Geschichte, XVII, 1923, p. 29-37.
16 Telle l'anecdote ridiculisant le manque de courage des Dominicains en Egypte (supra,
p. 263 n.). Il rapporte la décapitation de seize Franciscains de Perse, à la date de 1341, en
amplifiant peut-être et en déformant une information concernant le martyre de William Wai¬
den à Selmas. (Chronicon , éd. G. von Wyss, dans Archiv für schweizerische Geschichte, t. XI,
p. 172-173). A la date de 1342, il raconte comment le ministre général de l'Orde, legacione
summi pontificia functus, aurait converti le roi et le peuple d'une certaine île, auxquels le cha¬
pitre général réuni à Assise envoya des missionnaires pour les baptiser (p. 230) : il est impos¬
sible de rapprocher ce passage d'un fait connu. Selon C. Brun (Die Franziskanermissionen
290 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
20 A noter que, dans l'Eglise grecque des XIIIe et XIVe siècles, la multiplication des métro¬
poles autocéphales témoigne elle aussi de l'affaiblissement de l'institution de la province
ecclésiastique.
292 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
sans trop de peine les messagers pontificaux auprès des chefs des Eglises,
laissaient subsister de profondes divergences. Ricoldo de Montecroce a
défini une attitude très souple : si la foi doit être unique, les rites peuvent
différer. Mais les rites sont la traduction des dogmes dans la liturgie. Aussi,
dès les pourparlers pour l'Union arménienne qui s'engagent à la fin du XIIe
siècle, Rome commence-t-elle à demander la modification de certains usa¬
ges, soit parce qu'ils maintiennent des clivages choquants (à propos, par
exemple, de la date des fêtes), soit parce qu'ils sont entachés de telle ou
telle signification non orthodoxe (notamment l'usage de ne pas mettre
d'eau dans le vin du calice ne trahit-il pas la volonté de ne pas adhérer à la
doctrine chalcédonienne sur les deux natures du Christ?).
Les Latins ont été ainsi amenés, par les exigences d'une unité réelle¬
ment vécue, à des prises de position qui peuvent apparaître excessives,
encore qu'elles ne leur aient pas été propres. Le renouvellement du bap¬
tême reçu dans une autre confession, que les Nestoriens voulaient imposer
aux Grecs, au témoignage de Rubrouck, et aux Alains, du temps de Monte-
corvino, et que certains Byzantins voulaient de leur côté imposer aux
Arméniens, résultait d'un doute pesant à la fois sur la forme du baptême22
et sur la doctrine christologique sous-jacente à celle-ci. Que ce «rebap¬
tême» fût maladroit, même lorsqu'il était donné sous condition, la chose
est certaine; que cette pratique fût le résultat d'une aspiration à l'authenti¬
cité de la foi vécue en commun, c'est également chose certaine. Mais il est
évident que la recherche de l'Union des Eglises, comportant en même
temps le refus de transiger avec le dogme reçu du Christ et défini par la tra¬
dition, n'était pas chose aisée.
Il n'était pas aisé non plus de définir l'appartenance des Chrétiens
orientaux ramenés à l'union avec Rome. Pouvait-on les laisser dans leur
communauté, lorsque les chefs de celle-ci, le clergé local, les autres fidèles,
ne renonçaient pas aux affirmations dogmatiques et aux pratiques liturgi¬
ques contraires à l'Union? Si la réponse était négative, ils ne pouvaient que
rejoindre les néophytes arrachés à 1'«infidélité » dans des communautés
catholiques séparées de leurs communautés d'origine. . .
Il est inutile d'insister sur ces difficultés. Une doctrine missionnaire
plus élaborée, des recherches œcuméniques mieux éclairées, sont loin de
les avoir toutes résolues.
294 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
23 Comme l'a montré Robert Fazy (Jehan de Mandeville. Ses voyages et son séjour discuté
en Egypte, dans Asiatische Studien, IV, 1950, p. 30-54), Mandeville est probablement un person¬
nage historique, qui aurait effectivement visité Constantinople, la Syrie, l'Egypte, et vécu
dans l'entourage du sultan avant de retourner vers 1356 à Liège. La question de son voyage
au-delà de l'Egypte, jusqu'au Cathay, de son retour à travers les pays soumis aux Mongols par
le même itinéraire et avec les mêmes constatations qu'Odoric de Pordenone, est beaucoup
plus discutable. Jusqu'à plus ample informé, on peut regarder cette partie du récit comme
démarquant la narration du voyageur franciscain. Cf. Albert Boveuschen, Die Quellen für die
Reisebeschreibung des Johann von Mandeville, Berlin 1888 (inaug. Diss. Leipzig). - Cf. aussi
296 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
nels les ont animées : Jean de Montecorvino, qui entreprit à lui seu
Rubrouck ou Plancarpin, les découvreurs, qui se sont lancés sur les rou
gole; Jean de Ziquie ou Jean de Qrnay, qui, à peine acquis à la foi romai
qui ont abandonné sans hésiter le monde connu pour s'aventurer dans
ou des accueils polis, mais décevants, parfois aussi le martyre! Ces missi
naires, qui ont connu aussi leurs défaillances, que n'ont épargnés ni
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INDEX NOMINUM
N'ont pas été retenus dans cette liste, des noms qui reviennent continuellement
Mongols, Musulmans, Dominicains, Franciscains.
Des abréviations ont été adoptées pour les mots les plus usuels :
r., pour religieux,
év., pour évêque,
arch., pour archevêque,
patr., pour patriarche,
cath., pour catholicos.
Les noms de lieux, étant généralement identifiés dans le texte ou en note, ne sont pa
accompagnés ici d'éléments de localisation.
Astrakhan, couvent, ville et évêché : 89, 95, Baudouin II, empereur de Constantinople
243, 245, 246 44, 45, 79
Athanase, évêque arménien: 198, 199 — de Hainaut, chevalier : 79
— , patr. des Jacobites : 61 — , Turc converti : 7
Augustine : 124; voir Emeri. Beauvais (évêque) : 41
Avignon (Arméniens d') : 197, 207, 211 Bela IV, roi de Hongrie : 22, 23, 27, 29, 30, 31
Aymar Monachus, patr. Jérusalem : 33 68, 71
Benoît de Pologne, r. : 70, 72, 78
— , év. Simisso : 189, 235
Bento de Goes, voyageur : 278
Β Berdibäg, khan mongol : 161
Béranger de Landorre, maître général de
Dominicains : 94, 126, 127, 130, 132, 138
Baalbek (émir de) : 45 Bernard, cardinal, év. Albi : 212
Babaron, château : 49, 207 — , r., compagnon d'Odoric : 155, 191
Bagdad : 197, 110, 115, 177, 182, 256; - Khalife — de Caffa, év. Monts Caspiens : 252
de : 44, 76, 99, 142 — , r., en Chine (?) : 155
Baîbars, sultan d'Egypte : 43, 84, 101, 103 Bernard de Guardiola, év. Dehikerkan : 177
Baïburt, évêché arménien : 204 182
Bâidù, Il-Khan : 104, 106 — Guille, r. : 1 13
Baiju, chef mongol : 71, 72, 73, 81, 87, 98 — Moret, év. Savastopoli : 175, 178
Bâle (concile de) : 265 — le Pèlerin (saint) : 39
Bandino Marzi, r. : 162 — , év. Sivas : 176, 182
Bar Andréas, théologien : 12 Bernardin de Plaisance, év. Sivas (?) : 175
Baraq, chrétien mongol : 175 176, 182
Barbaro (Giosofat), vénitien : 246, 254 Berthold Voli, év. Savastopoli : 179
Barçauma (alias Rabban Çauma) : 105, 108, Bertrand Collet, év. Tiflis : 177, 185
109, 110, 136 — de Toulouse, r. : 151
Bargadin de Metz, aventurier : 150 Bertuccius, arch. Maku : 206
Bärkä, khan mongol: 69, 77, 89, 91, 92, 95, Bessarion (le cardinal) : 240
156, 160 Bethléem, couvent : 263, 264, 265, 269
Barrarius (mont) : 172, 178 Beyrouth : 36; - couvent : 263, 265, 268, 270
Barthélémy Abbagliati, év. Tabriz : 175, 176 Biccio dei Franceschi, banquier : 200
— de Crémone, r. : 79, 81 Blaise le Génois, r. : 281
— de Foligno, r. : 275 Blanche de Castille, reine de France : 44
— da Poggio, év. Maragha : 175, 177, 178, 194, Bogos : voir Paul
217, 218, 222 Bohémond I d'Antioche : 7 ; - VI d'Antioche
— de Tabriz, arch. Tarse : 208 68, 99, 100
— de Tivoli, év. Dongola (?) : 218 — de Lusignan, prince arménien : 218
Basile, Anglais : 83 Bolac, lieu de déportation : 81
— de Bologne, év. Tana : 245, 246, 266 Bologne (Université) : 127
— de Jérusalem : 197 Bonagrazia, ministre des Franciscains : 94
— , arch. Séleucie : 209 125
308 INDEX NOMINUM
Grecs (Byzantins) : 36, 48, 49, 56, 65, 91, 92, . pureg, chef coman ; 22
119, 139, 161, 189, 196, 219, 232, 237, 240, Guy de Cortona, év. Maragha : 194
247,254 — de Lusignan, roi d'Arménie : 208, 213, 21
Grégoire, arch. d'Apahuniq : 220 218
— II, catholicos des Arméniens : 10; - III : 10, Güyük, khan mongol : 68, 71, 72, 73, 75, 7
48; - rV (Dghâ) ; 48; - V (Abirad) : 49; - VII : 99
201, 204; - IX : 266, 267; - X : 267
— II (Bar Hebraeus), maphrian jacobite ;
112; - III (Bar Çauma) ; 112 H
— , higoumène russe, 60
— de Hongrie, r. : 153 Haghpad, évêché arménien : 204
— , év. de Lwów : 267 Hama (émir) : 44
— de Sargiis, ambassadeur : 216 Ha-mi : 153
— Sequilici, interprète : 203 Hanga, ville d'Arménie : 211
— Siscus, év. Péra : 233 Hang-tchéou (Quinsai) : 152
— de Thatev, vartabed : 185 Harran, évêché ; 210
Gryphon, r. : 27 1 , 272 Haython, écrivain : 200, 202
Guichard de Crémone, r. : 55, 78 Henri d'Apolda, év. : 189
Guillaume, r., compagnon d'André de Long- — II, roi de Chypre : 42, 200
jumeau : 76 — le Lion, duc de Saxe : 8
— Adam, arch. Sultanieh : 114, 115, 170, 172, — de Morungen, pèlerin : 39
175, 179, 180, 192, 205 Heraclius, patr. de Jérusalem : 1 1
— Bernard, r. ; 113 Hérat : 105
— Bonet, r. : 215 Heremus de Parpaiolo, év. Cimbalo : 234
— Boucher, orfèvre ; 81 à 84, 97 Héthoum I, roi d'Arménie: 52, 81, 92, 9
— Champenois de Tripoli, r. ; 44 100; - II : 52, 200, 201, 202 (voir aussi Ha
— de Chieri, r. : 104, 109, 115, 134 thon)
— de Cigiis, év. Tabriz : 176, 182 Hiérapolis, archevêché : 209
— Freney, arch. Edesse : 52, 142, 144 Homs (sultan) : 45
—, év. Lydda : 113, 143, 144 Hongrie : 13, 23, 24, 27, 30, 31, 32, 54, 67, 6
— , év. Maragha : 194 88, 119, 141, 188, 273, 274; - provincial : 8
— de Merry, chevalier : 3 1 141; - roi ; voir aussi André, Bela.
— de Modène, marchand : 164 Horde d'Or : voir Qipèaq
— de Montferrat, r. : 56, 57, 139 Hromgla, château : 9, 53, 170, 196, 197
— de Nassio, Génois : 153 Hugues le Luminour, r. : 262
— du Pré, arch. Khanbaliq : 154, 156, 244 Hugues Panziera de Prato, r. ; 96
— Romain, pénitencier apostolique : 137 Hülägü, Il-Khan : 68, 83, 87, 99 à 103, 171
— de Rubrouck, r. : 26, 33, 55, 78 à 84, 87, 88, Humbert de Romans, maître des Domin
89, 97, 115, 126, 138, 143, 147, 150 cains : 66, 114, 117, 119, 125, 127, 128, 134
Guillaume Saurat, r. : 177, 206, 218 Hyacinthe (saint) : 16
— II, arch. Sultanieh : 173, 181
—, év. Tabriz ; 186
— de la Tour, patr. Antioche : 277
— de Tripoli, r. ; 42, 44, 46, 117, 118
312 INDEX NOMINUM
Ignace II, patr. des Jacobites; 57 à 59, 60, 61, — , év. Sivas : 176, 182
75 — , de Valle Aretza, év. Monts Caspie
— , arch. Jérusalem : 11, 12 — Vassali, envoyé mongol : 85, 109
Illuminatus de Rieti, r. : 37 — de Vitry, év. Acre : 34, 41, 43
Ilioni, famille génoise : voir Dominique Jaffa, couvent : 38
Inde, Indiens : 39, 65, 114, 115, 139, 146, 148, Jahouk, couvent : 223
149, 151, 152, 156, 172, 182, 190, 191, 192, Jamcai : voir Yang-tchéou
195, 259, 260, 269, 271, 272, 275; - roi chré¬ Jean, arch, indien : 7
tien : 260, 269 — , r. arménien : 211
Isâ, dignitaire chrétien au service mongol : — , clerc arménien, « chapelain » de
85, 102 77, 78, 88
Isaac II l'Ange, empereur de Byzance : 248 — , patr. d'Alexandrie : 16
Isaïe Nceci, vartabed : 201, 202, 217, 218 — , arch. Apahuniq (?) : 220
Isnard, régent du collège d'Avignon : 137 — de Bonastro, r. : 105
Isol le Pisan : voir Zolo — de Calabre, r. : 269
Isoyabh, arch. Nisibe : 59, 60, 75 — de Carcassonne, r. : 76
Italiens (marchands) : 93, 94, 97, 239; voir — Clenkok, pénitencier apostolique
aussi Gênes, Pise, Venise — de Cori, arch. Sultanieh : 134,
Iwané, baron géorgien : 54 181, 194
— David de Zorzor, arch. Edesse :
212, 220
— , empereur des Ethiopiens (?) : 26
— de Florence, év. Tiflis : 180, 184,
218, 222
J, J — de France, év. Tabriz : 136
— de Gallo, r. : 133
— , de Gaillefontaine, év. Nakhidjev
Jacobites alias Syriens : 5, 10, 11, 35, 36, 48, 221
57, 58, 65, 112, 118, 119, 139, 189, 195, 196, — Gibeleti, év. Kumuk : 252, 253
271; - maphrian : 177, 195 (voir Jean, Gré¬ — , maphrian des Jacobites : 59
goire, Saliba); patriarche: 145, 182 (voir — , patr. des Jacobites : 58
Athanase, Denys, Ignace) — de Joinville : 40
Jacques d'Arles-sur-Tech, r. : 111, 113 — Kador, r. : 206
— , II, catholicos des Arméniens : 207, 210, — , arch. Khilat : 221
211, 213, 215, 224 — de Leominster, r. : 181
— de Camerino, r. : 184, 203 — de Lumbello, arch. Sultanieh : 174
— Campora, év. Caffa : 240 — , év. Materia : 250
— de Florence, év. Zayton : 152, 154, 242 — de Mandeville, voyageur : 150, 29
— , év. Gaban : 203 — de Marignolli, r. : 132, 136, 139,
— de Golp, vartabed : 223 163, 164, 192
— d'Irlande, r. : 191 — X, patr. des Maronites : 270
— de la Marche (saint), r. : 133, 134 — , év. Medzqar : 213, 214, 224
— de Nicosie, év. Sivas : 176 — de Montecorvino, arch. Khanbaliq
INDEX NOMINUM
Odoric de Pordenone, r. : 132, 151, 191, 295 - Eugène III: 48; - IV: 134, 253, 2
Oghul-Qaïmis, régente mongole : 76 270, 271
Ögödäi, khan mongol : 68, 69, 87 - Grégoire IX: 23, 24, 25, 39, 40, 41,
Oïrat, tribu mongole : 106 51, 55, 57, 58, 68, 84, 91, 124, 141;
Ôlgaïtii, khan mongol : 104, 120, 143 84, 85, 102, 124; - XI: 124, 131, 1
Olivier de Paderbon, écolâtre de Cologne : 136, 181, 193, 194, 222, 223, 263; - X
34, 35, 36 274
Olon-Süme, résidence des Öngüt : 147 - Honorius III : 50, 51, 54, 55, 79, 141
Omodei, arch. Tarse : 207 - Innocent III: 33, 37, 39, 40, 43, 49
Öngüt, peuple turc : 75, 106, 108, 146, 147 53, 59, 270; - IV: 31, 45, 48, 52, 58, 59
(voir Körgis, Sara) 66, 68, 70, 71, 77, 127, 134, 140, 14
Orgentz, ville non ident. : 254 133, 173, 198, 205, 220, 241, 242, 258
Orientalis provincia, Orientales partes : 20, - Jean XXI: 85; - XXII: 106, 134, 1
114, 129, 134, 266, 268, 270, 271, 275, 290 166, 173, 174, 175, 176, 179, 180, 1
Orientalis (vicairie de Tartarie) : 128, 129, 187, 188, 191, 194, 195, 196, 201, 2
130, 170, 184, 237, 258 205, 207, 208, 210, 218, 231, 239, 2
Ornach, Ornam, ville (Urgenj?) : 21, 22 262; - XXIII : 155, 274
Orta (dell'), seigneurs génois de Caffa : 248 - Lucius III : 39, 48
Ortolf d'Alzenbruck, arch. Apamée : 221 - Martin V: 193, 194, 238
Oshin, roi d'Arménie : 52, 201, 202, 203 - Nicolas III : 32, 41, 85, 86, 88, 103, 1
— , comte de Gorghigos : 208 144; - IV: 52, 55, 86, 103, 104, 105, 1
Ottomans (Turcs) : 275, 276, 277, 285, 292 134, 145, 238; -V: 246, 275
Otton, r. hongrois : 27, 28 - Paul II: 271
Oxford (Université) : 127 - Pie II : 275 à 278
Özbäg, khan mongol : 69, 93, 157, 158, 160, - Sixte IV : 240, 269, 271
161 - Urbain IV : 32, 43, 52, 68, 100, 101, 1
- V: 135, 138, 173, 174, 208, 216, 2
Ρ 240, 245
Paphos (évêque de) : 214, 215
Pacôme, arch. d'Amasée : 240 Paquette de Metz : 8 1
Padoue, pèlerinage : 260 Paris (Université) : 119, 127
Pagropoli, évêché : 234, 237 Pascal de Vitoria, r. : 128, 162, 163, 1
Pakaran, évêché arménien : 204 Patras (archevêque de) : 239
Papes : Paul Ier, catholicos des Arméniens : 2
- Alexandre III: 33, 46; - IV: 46, 99, 127; - — de Bentivoglio, général des Basilie
VI : 282 — de Borgo-San-Sepolcro, r. : 244
- Benoît XI: 111; - XIII: 126, 153, 197, 207, — , prieur des Ethiopiens de Nicosie
209, 21 1, 212, 220, 256, 259; - XIII : 129, 258 — , r. éthiopien : 275
- Boniface VIII: 106, 113, 116, 132, 143, 197, — Francisci, év. Savastopoli : 179
202, 261; - IX : 129, 133, 193, 199, 252, 254, —, év. Saraï : 92, 152
256 à 259 —, év. Simisso : 189, 235
- Calixte III : 269, 275, 277, 278 Pékin : voir Khanbaliq
- Clément III: 49; - IV: 105, 114, 134; - V: Pélage, légat pontifical : 34, 37, 53
INDEX NOMINUM 31
Perse : 133, 170, 176, 189, 275; - Il-Khans, puis nare), khanat et khans : 69, 87, 89 à 98
khans, mongols: 68, 69, 87, 98 à 108, 114, 101, 107, 120, 125, 126, 141, 153, 156 à 162
116, 120, 172, 247 165, 172, 187, 244, 249, 273, 274; - Armé
Petroska, évêché arménien : 205 niens du - : 196, 201
Philippe de Fermo, légat pontifical : 88, 141 Qirqyer, couvent : 89, 90, 95
— de Incontris, r. : 133 Qrnay, couvent : 178, 185, 217 à 220, 223
—, prieur de Jérusalem : 46, 56, 57, 67, 126 Qubilaï, khan des Mongols : 84, 85, 86, 102
Pierre d'Adria, arch. Mamistra : 208 124, 145, 146
— Akherovic, « archevêque de Russie » : 67 Quilon : 287, 291; - évêché : 183, 191, 192
— d'Aragon, r. : 223 Quinsay : voir Hang-tchéou
— I, roi de Chypre : 216, 264 Qutlugh-Shâh, chef mongol : 106
— de Ellegnis, arch. Maku : 206 Qwarqwaré II, roi géorgien : 278
— Ferrarius, r. : 270
— de Florence, év. : 149, 157
— Geraldi, év. Savastopoli : 178, 182
— de Grande-Arménie, r. : 199 R
— , archevêque arménien de Jérusalem : 197
— de Lombertz, év. Astrakhan : 246 Ragès de Mèdie : voir Edesse
— de Lucalongo, ou de Luca Longo, mar¬ Rascie, royaume : 185
chand : 145, 147, 150, 151 Raymond Etienne, r. : 114, 170, 192, 202, 207
— , patr. des Maronites : 271 — Lull, r. : 42, 119, 120, 126, 136
— Martel, r. : 163 — Raphi, r. : 163
— le Petit, r. : 156 Renier Balian d'Arménie, r. arménien : 214
— Rombulo, Italien d'Ethiopie : 269, 271, 287 — Constansa, prêtre arménien : 207
— Thomas (saint), légat du pape : 196 Riazan : 27, 28
— de Turre, r. : 184, 203 Richard, interprète : 100, 104, 105
Pisans : 158 (voir Zolo) — d'Angleterre, év. Kherson : 231, 232
Pise (concile de) : 258 — de Bourgogne, év. Almaligh : 162, 163
Pispek (auj. Frunze) : 92, 164 — de Cluny, écrivain : 7
Plancarpin : voir Jean. — Macier, r. : 184
Polo (Maffeo, Marco et Nicolò) : 84, 86, 105, Ricoldo de Montecroce, r. : 46, 48, 107, 110
124, 125, 134, 145, 186 113, 118, 119, 126, 138
Pologne : 13, 14, 68, 89, 246, 266, 267, 273, 274, Riga: 13, 14, 15
276, 278, 285 Robert d'Anjou, roi de Sicile (Naples) : 152
Pons, r. : 151 263
— , arch. Séleucie : 177, 209, 218 — Hyntlesham, év. Savastopoli : 179
Porsico, couvent : 170, 171 — de Ripalta, marchand italien : 94, 162
Prémontrés : 16, 124 — de San Valentino, r. : 199
Prêtre Jean, souverain légendaire : 6, 7, 16, Roger d'Angleterre, r. : 244, 253
34, 259, 276 — Bacon, écrivain : 80, 127
Prusse: 13, 14, 20, 119, 141 — Herietsham, r. : 124
Romagyris, siège d'un catholicos : 1 88
Romanie, province franciscaine et ressor
318 INDEX NOMINUM
Russes, Russie, Ruthènes : 6, 15, 16, 22, 23, Selmas : 107, 115, 170, 175, 177, 206, 2
25, 29, 30, 36, 59, 60, 61, 65, 67, 68, 71, 75, Sempad, connétable d'Arménie : 49, 7
78, 81, 88, 96, 139, 160, 161, 237, 238, 243; - Serbie (comtesse de) : 135
couvents dominicains : 131; - vicairie fran¬ Serge (Sarkis), moine arménien : 81,
ciscaine : 129, 130, 137, 254, 258 — , (le moine), personnage légenda
Russudan, reine de Géorgie : 54, 55 84, 92
— , envoyé mongol : 73
— d'Aprakounik, vartabed : 222, 223
— , archevêque arménien, puis patr.
S salem : 201
— de Sis, chancelier d'Arménie : 203
Sabadin, envoyé mongol: 105, 110 — , vartabed : 266
Sahap, ville d'Arménie : 211 Seth d'Arménie, vartabed : 223
Saint-Thaddée, monastère : 175, 204, 205, Setzulet, contrée : 254
206, 221, 261; - archevêque: 193, 195, 212 Shahinshâh, baron géorgien : 55
(voir aussi Maku) ; voir Zacharie Shemakha (Azerbeijan) : 251, 255
Saliba, maphrian des Jacobites : 58 Siam : 286
— , marchand d'Acre : 58 Sibérie : 96
— , pèlerin indien : 259 Sicile (roi de) : 77, 101 ; voir Robert
Salimbene, chroniqueur : 85 Sidon, couvent : 38
Salmastro, ville et évêché : 116, 219, 234, 236, Sigismond, roi de Hongrie : 274
237, 246 Siméon Bech, év. Erzeroum : 210
Salomon, chrétien nestorien : 105, 108 — Rabban-ata, dignitaire chaldéen
Samarkand: 73, 93, 186; - évêché: 183, 187, 74, 75
188, 189 (voir Thomas Mancasola) Simisso, couvent et évêché: 171, 1
Sanche de Boleyna, r. : 113 235, 236, 237
Sara Arau'ul, princesse öngüt : 106, 146 Simon de Saint-Quentin, r. : 51, 55,
Sarai : 90, 91, 92 à 97, 128, 156 à 162, 188, 189, 108
243; - archevêché : 159, 165, 241 à 246, 255 — , Semeonis, voyageur : 262
(voir Cosme); - custodie: 129, 241, 243, Sinai : 264, 272
246, 254; - évêques grecs et arméniens : Sinope : 89, 230, 237, 239
voir Etienne, Paul, Théognoste Sira-ordo : 73, 80
Saraïcik : 93, 163 Sis : 170, 177, 211, 223; - archevêque
Sardenay, sanctuaire : 36 213; - couvent : 213; - synodes et c
Sarkis : voir Serge 50, 62, 201, 213, 216, 233, 266
Sarmates (terre des) : voir Astrakhan Sisian : 71, 73
Sartaq, prince mongol : 77 à 81, 87, 88 Sivas: 110, 115, 116, 128, 145, 176, 18
Savastopoli, évêché : 178, 179, 182, 183, 184, archevêque : 213
230, 232, 238, 239 Smyrne : 232, 358; - archevêché : 23
Saxi ou Saqsin : 21, 29 ché : 174, 179, 182, 185
Scacatai, chef mongol : 79 Societas Peregrinantium : 129 à 132,
Schiltberger (Johann), voyageur : 207, 222, 174, 180, 181, 187, 220, 222, 239, 26
223, 240, 246, 254 Socotora: 6, 114, 170, 190
INDEX NOMINUM 31
Solgat : 89, 90, 95, 156, 160, 230, 237; - arche¬ Temiir, khan mongol : 146
vêques : 91, 159, 235 (voir Arakiel, Etienne) Tendue, contrée : 146, 147
Soronius, prince coman : 31 Terre Sainte, province dominicaine : 78, 11
Souzdal (due de) : 27, 28, 31 203, 215, 224, 239, 258, 265; - vicairie fran
Spirituels : 176, 180, 206, 258 ciscaine : 52, 115, 128, 224, 264
Sudensis, siège relevant de Sultanieh (?) : 182 Teutoniques : 14, 15
Suffredin, médecin : 105 Thaddée, év. Caffa et Gorhigos : 158, 15
Sultanieh : 175, 182, 223; - archevêchés et 165, 198, 208, 218, 224, 234
archevêques : 169 à 183, 186, 190, 192 à Thâna (martyrs de) : 151, 183, 190, 191
195, 212, 230, 232, 244, 256, 261 ; - couvents : Théodore, év. d'Alanie : 149, 231
170, 195 — , patr. copte : 40
Suse (archevêque de) : 16 —, r. éthiopien : 275
Syba, évêché : 249, 251 —, arch. Séleucie : 209
Syrie : 57, 99, 100, 120; - voir Terre Sainte — , voir aussi Thoros
Syriens : voir Melkites, Jacobites (le nom de Theodoro (Mangup) : 89, 232
Syriens entre en usage à la place de ce Théodule, aventurier : 83
dernier terme au cours du XIVe siècle) Théognoste, év. Sarai : 91
Théorianos, théologien : 213
Thessalonique : 171 (voir Antoine)
Τ Theya, localité non ident. : 206
Thierry, év. des Comans : 24, 25
Tabriz: 71, 78, 98, 107, 112, 115, 116, 145, 170, — de Nyem, écrivain : 284
171, 175, 176, 177, 186, 223, 276; - couvent Thodotelia, princesse mongole : 167
franciscain, custodie et vicairie : 129, 171, Thogay, chef alain : 153
184, 194, 195; - évêché et évêque : 180 à Thomas (tombeau de l'apôtre) : 39, 190
183, 193; - prieur dominicain : 147 — , év. : 149
Tai-dûla, princesse mongole : 160 — d'Abaran, arch. Sultanieh : 222
Tâkùdàr, Il-Khan : 102, 107 — , métropolite d'Abyssinie : 57
Talas : 77, 81 — Agni de Lentino, patr. Jérusalem : 52, 8
Talika, khan mongol : 187 100, 101
Tamerlan : 129, 182, 189, 229, 245, 253, 256, — d'Aquin (saint) : 12, 117, 218
257, 258 —, év. arménien d'Italie : 198
la Tana: 93, 94, 95, 135, 161, 162, 165, 189, — de Birago, év. Sybensis : 249, 25 1
193, 230, 232, 234, 238, 243, 244, 245, 249, — d'Ethiopie, pèlerin : 259
250, 253, 254 — de Hongrie, chevalier : 262
Tarki, couvent et évêché : 243, 250, 252, 253 — , « empereur des Indes » : 268
Tarse, archevêché et archevêque : 49, 50, — de îakouk, év. Nakhidjevan : 193, 194, 21
202, 207, 208, 209, 212, 213 221
Tartarie : voir Aquilonarìs, Orìentalìs — , arch. Mamistra : 208
Tathev, couvent et archevêché arméniens : — Mancasola, év. Samarkand : 94, 162, 18
204, 223 187, 188, 189
Taurus (monts du) : 119, 196 (voir aussi — , év. Sarai : 160
Montagne Noire) — Siméon, r. : 266
Tcherkesses : 161, 237, 246, 247 —, év. Simisso : 189, 235
Tealdo de Gorestis, év. Sybensis : 251 — de Tabriz, arch. Khilat et Sultanieh : 18
Tedaldo dei Visconti : voir Grégoire X 221, 249, 250
320 INDEX NOMINUM
Pag.
Avant-propos ...................................................V
Sources et bibliographie ........................................
XI
Liste des ouvrages utilisés .......................................
XV
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE
DEUXIÈME PARTIE
TROISIÈME PARTIE
QUATRIÈME PARTIE
CINQUIÈME PARTIE
CONCLUSION
CARTES