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Revue des études slaves

La possession en russe moderne : éléments pour la construction


d'une catégorie sémantico-syntaxique
Madame Irina Mikaelian

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Mikaelian Irina. La possession en russe moderne : éléments pour la construction d'une catégorie sémantico-syntaxique. In:
Revue des études slaves, tome 74, fascicule 2-3, 2002. pp. 613-615;

https://www.persee.fr/doc/slave_0080-2557_2002_num_74_2_6832

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CHRONIQUE : THÈSES

LA POSSESSION EN RUSSE MODERNE :


ÉLÉMENTS POUR LA CONSTRUCTION D'UNE CATÉGORIE
SÉMANTICO-SYNTAXIQUE
parlrinaMIKAELIAN*

L'étude se compose de quatre parties.


La première partie est consacrée essentiellement aux problèmes théoriques
de la catégorie de possession examinés du point de vue de la linguistique
générale ; elle représente une introduction élargie à la problématique de la
possession. Cette démarche est motivée par le caractère universel, aussi bien du point
de vue conceptuel que grammatical, de la catégorie étudiée.
Trois types d'approches se dégagent de l'examen des théories disponibles :
ceux qui nient tout fondement linguistique à la notion de possession en rejetant
ce terme dans le domaine du lexique ; ceux qui contestent le contenu du terme
tout en reconnaissant la pertinence du concept qui lui correspond ; enfin ceux
qui adoptent ce terme dans le cadre d'une approche faisant appel à la notion de
prototype.
La relation possessive est ensuite définie comme un primitif sémantique
complexe qui permet de rendre compte, d'une part, du caractère par excellence
abstrait et universel de ce concept et, d'autre part, des multiples lectures que la
relation possessive peut admettre dans ses réalisations concrètes. On souligne le
caractère fortement anthropocentrique et essentiellement subjectif de la relation
possessive qui reflète la vision fonctionnelle que l'homme a du monde qui
l'entoure.

La partie I comporte, en outre, une présentation des termes et des notions


sémantiques et syntaxiques qui sont utilisés dans l'étude, tels que : argument du
verbe, valence sémantique et syntaxique, sujet grammatical et autres. Pour ce
qui est de l'opposition actant - circonstant généralement admise dans les études
syntaxiques inspirées de la théorie de L. Tesnière, elle présente, en fait, un
* Thèse de doctorat sous la direction de Marguerite Guiraud- Weber, soutenue le
6 décembre 2002 à l'université d'Aix - Marseille I. Membres du jury : Jean Breuillard (Paris-
Sorbonne), Daniel Weiss (université de Zurich), Denis Paillard (C.N.R.S.) et Vladimir
Plungian (Académie des sciences de Russie, université Lomonossov). 355 p., bibliogr. de
231 titres.
Rev. Etud. slaves, Paris, LXXW/2-3, 2002-2003, p. 613-615.
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caractère scalaire, ce qui ne permet pas d'adopter cette dichotomie dans le cadre
de cette étude.
La catégorie de possession se manifeste aux différents niveaux de la
langue, i.e. aux niveaux morphologique, syntaxique et lexical. Toutefois, c'est le
niveau syntaxique qui présente un intérêt particulier pour l'analyse du
fonctionnement grammatical de cette catégorie. Les parties II, III et IV envisagent les
constructions possessives à deux niveaux syntaxiques différents : celui du
syntagme nominal et celui de la phrase simple.

La partie II est consacrée à l'analyse du fonctionnement syntaxique et


sémantique des pronoms-adjectifs possessifs, éléments qui ont un statut central
au sein de la catégorie de possession à cause de leur nature référentielle
inhérente. Dans le cadre de cette étude, il est proposé de les appeler possessifs
pronominaux. L'analyse s'appuie sur la comparaison entre le russe et le français et
comporte l'examen du rapport des pronoms possessifs avec d'autres éléments
constitutifs du syntagme nominal. Une classification fonctionnelle des possessifs
pronominaux est proposée ; elle est suivie d'une analyse plus approfondie de la
syntaxe et du sémantisme du réfléchi svoj, élément spécifique de la langue russe
qui est défini comme un anaphorique intra-phrastique. Son comportement
syntaxique est généralement très simplifié par les grammaires du russe qui le
définissent comme un réfléchi renvoyant au sujet formel au nominatif. En réalité, les
cas d'un antécédent indirect du svoj n'ont pas un caractère exceptionnel. Ceci
reflète la répartition scalaire des traits subjectaux entre différents constituants
nominaux de la phrase simple en russe (et en particulier, entre le sujet formel au
nominatif, le datif, le syntagme U + génitif) et permet de constater que le
caractère animé et, plus particulièrement humain, d'un nom est un trait
sémantique qui a un statut grammatical dans la syntaxe russe.
En plus de l'analyse des possessifs pronominaux, la partie II comporte une
étude du point de vue catégoriel et fonctionnel des adjectifs d'appartenance
auxquels il est ici appliqué le terme de possessifs nominaux. Le statut
intermédiaire mi-nominal mi-adjectival de cette sous-catégorie comportant les
possessifs formés à l'aide du suffixe -ov- et -in- correspond à son statut particulier du
point de vue fonctionnel. En effet, la nature référentielle inhérente des possessifs
nominaux leur permet d'assumer la fonction de déterminants spécifiques.

Le chapitre central de la partie III est consacré à l'étude de la préposition U


entreprise dans une optique cognitive. Cette préposition, spécialisée dans
l'expression de la possession, reste productive dans le domaine des relations
spatiales. Elle localise notamment la cible à la proximité immédiate du site, mais
comporte en plus des implications fonctionnelles. L'analyse proposée dans le
mémoire permet de dégager certains traits sémantiques de la préposition étudiée
qui assurent le « passage » de sa valeur spatiale à sa valeur possessive. Ce
passage est illustré par les exemples du fonctionnement syntaxique et sémantique
du groupe prépositionnel U + génitif.
Le processus de la grammaticalisation a amené le syntagme U + génitif à
devenir un des éléments centraux de la langue du point de vue aussi bien
sémantique que syntaxique ; il lui a acquis un statut quasi-subjectal et, dans certains
cas, supérieur à celui du sujet grammatical en russe.
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La partie IV de l'étude est consacrée à la prédication de la possession. La


construction existentielle, centrale pour l'assertion de la possession en russe, a
déjà fait l'objet de nombreuses études qui ont permis de dégager ses principales
variantes et les règles qui régissent leurs emplois. Plusieurs études importantes
ont en particulier été consacrées à la distribution des formes esť/0 du verbe byť
(« être ») et aux contraintes formelles et sémantiques qui influencent leur
emploi. Le mémoire comporte une présentation succincte des résultats de ces
travaux. Des précisions ultérieures sont apportées.
Une étude comparative des constructions possessives comportant
respectivement le verbe imeť « avoir » et le verbe byť « être » est ensuite proposée.
Traditionnellement tenu pour périphérique, imeť n'a. jamais fait l'objet d'une
étude approfondie. L'analyse entreprise dans le mémoire permet de dégager un
nombre important de mécanismes de différentes natures (essentiellement
syntaxiques) qui assurent à imeť une place nettement plus importante que ce que
laissent supposer les travaux précédents.

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