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Pr KOUAME YAO EMMANUEL

Cours en ligne 2018-2019


UFR LLC/ DEPARTEMENT DES SCIENCES DU LANGAGE
LICENCE 1

COURS MAGISTRAL

Initiation à la morphologie générative 2018-2019

INTRODUCTION

I.1. Qu’est-ce que la morphologie ?


C’est l’étude de l’organisation interne des mots et de leur
variation. (TD) :
1-morphologie constructionnelle qui est subdivisée en deux types
a) Morphologie dérivationnelle
b) Morphologie compositionnelle
2-morphologie flexionnelle qui est subdivisée en plusieurs
types
a) L’Etude de la conjugaison verbale c’est-à-dire la description
de la variation des morphèmes et du verbe en fonction du
temps, de la personne etc…
b) La description de la variation des mots en fonction du
nombre ou la pluralisation, ou encore les phénomènes tels
que les déclinaisons, la féminisation exemple pour le nom
de personne : KEVIN/KEVINE
I.2. Cadre théorique du cours
La théorie générative, appelée grammaire générative et
transformationnelle (ou GG, abréviation anglaise de Generative
Grammar), se base sur le rôle important que joue le concept de
transformation. Selon CHOMSKY (1965), les transformations
concernent les propriétés syntaxiques des langues naturelles. Ces
propriétés ont toutes plus ou moins la même forme abstraite
donnée ci-dessous :
W-X-Y-Z
1 2 3 4 ------->3-1-2-4
(C'est-à-dire la suite W X Y Z se transforme en une autre, qui est Y
W X Z).
Chomsky et Lasnik (1977) réalisent que le concept de
transformation, tel que conçu est trop puissant parce qu’il amène
à formuler beaucoup de règles mais aussi, parce que chaque règle
postulée s’accompagne de plusieurs exceptions. Ils proposent
donc qu’il existe des contraintes consistant en des principes
généraux et universaux. De sorte que plus l’on découvrira de ces
principes plus les règles transformationnelles pourront être
réduites au maximum. La description (linguistique) devient, en ce
sens, une recherche de principes généraux et réguliers. A titre
d’exemple, un mot, quel que soit le nombre de ses composants,
respecte le principe de la binarité : déterminé-déterminant ou
déterminant-déterminé. Pour les composés nominaux on a : feu
vert, lance-roquettes et le noyau-complément pour les dérivés
Comparativement, tout ce qui est propre à un fait donné ou une
langue donnée est identifiée comme paramètre.

I.3. Histoire de la morphologie


C’est suite à la publication, en 1970, de l’article de Noam
Chomsky sur « Remarks on Nominalization » que la linguistique
générative fera du domaine du mot l’objet d’une étude spéciale.
Chomsky propose que l’organisation interne des mots peut être
exprimée en termes de « règles morphologiques », et que ces
règles sont dans leurs natures différentes des règles syntaxiques
déterminant la structure de l’énoncé. On reconnut alors que la
morphologie est un module de la grammaire.
La seconde œuvre importante dans ce développement fut celle de
Halle(1973) sur « prologomena to a theory of word formation » Le
projet de l’auteur est une investigation sur les principes qui
régissent la structure interne des mots. Il admet l’existence d’un
module de la grammaire relevant du domaine du lexique,
principalement de la composante de formation morphologique. A
la suite de Halle, plusieurs linguistes ont contribué diversement à
montrer de manière détaillée, la nature des règles lexicales qui
permettent de générer des mots, à partir des mots de base. Cette
relation se manifeste à travers un ensemble des règles de
formation de mots(WFR).
Les hypothèses, malgré les différences de détails, se
rejoignent sur un principe fondamental qui est que le mot se
construit au niveau du lexique. Autrement dit, les règles de
formations de mots s’appliquent dans le domaine lexical. Ce
domaine s’organise ainsi :
1. racines et affixes
2. mots dérivés
3. mots flexionnels
4. mots composés
5. phrases syntaxiques

Chomsky (op.cit) considère les formants individuels comme issus


du lexique et insérés dans la syntaxe. Ces formants lexicaux, qui
ne sont pas prévisibles par une règle précise sont à traiter comme
idiosyncrasiques. Dans cette mouvance, Allen(1978) étudie les
mots composés. Elle tire la conclusion que, ces mots qui ne sont
pas sémantiquement prévisibles (parce que ayant une
signification idiosyncrasique) sont, en réalité un type d’items
lexicalisés. Ils peuvent donc être listés simplement dans le
lexique.
La question qui se pose avec acuité est de savoir s’il convient
de placer aussi les règles syntaxiques dans le lexique, puisqu’il
existe des phrases syntaxiques « idiosyncrasiques » (les
idiomes).Cette question est délicate. Si l’on considère toutes les
règles de la grammaire générative comme appartenant au lexique,
on rompt la séparation des règles de formation de mots de la
syntaxe. Or, l’essence même de l’hypothèse lexicaliste est de
transférer les RFM de la composante syntaxique au lexique.
A cette préoccupation, Habaili et Mohamed (1995, p.176)
avancent que les règles de la morphologie dérivationnelle
(affixation, réduplication) sont régulières (sémantiquement et
phonologiquement), au même titre que les autres règles
génératives. Chaque classe de règles morphologiques peut par
conséquent créer des mots ou expressions, susceptibles de
devenir des unités lexicales, comme suit :
MORPHOLOGIE
MORPHOLOGIE FLEXIONNELLE
G LEXIQUE
G LEXIQUE
DERIVATIONNELLE

COMPOSITION REGLE SYNTAGMATIQUE ET


TRANSFORMATIONNELLE
On distingue entre deux types de sous-grammaire pour marquer
la séparation entre la morphologie et la syntaxe. La première
connue sous le nom de WORD-GRAMMAR ou « grammaire
morphologique » comprend la morphologie dérivationnelle, la
morphologie flexionnelle (étude de la variation des mots en
fonction du temps, de la personne, du nombre) et la composition.
Elle ne crée que des catégories lexicales (N, V, etc) ; alors que la
deuxième, dénommée SENTENCE-GRAMMAR ou « grammaire de
la phrase » comprend les structures de phrases et les
transformations.
La dérivation, les emprunts, les idiophones et la composition sont
des procédés qui forment des mots nouveaux ou des expressions
nouvelles, à partir des mots existant déjà. Ils assurent à ce titre la
richesse et le renouvellement du vocabulaire.
MORPHOLOGIE DERIVATIONNELLE
G LEXIQUE
EMPRUNTS
IDEOPHONES
COMPOSITION
En revanche, la flexion n’aboutit pas à la création de nouveaux
mots. Il a un impact essentiellement morphologique. I.4 La
notion de catégorie grammaticale ou lexicale. Le mot catégorie
est d’origine philosophique(Aristotélicien).Il correspond au fait
d’attribuer à des êtres ou à des choses certaines propriétés. Les
grammaires traditionnelles considèrent le terme comme
synonyme de classe ou d’ensemble de mots. Les mots d’une
langue, en effet, se répartissent en classes, d’après leur rôle
sémantique.
On distingue les catégories : nominale(N), verbale(V),
adjectivale(ADJ), adverbiale(ADV) et prépositionnelle(P). Ex : au
marché
Les éléments de ces catégories peuvent se combiner, selon les
langues, pour générer des mots.
Considérons le terme lance-roquettes. Il se construit à partir de
l’agglutination du verbe et du nom, conformément à la règle : [N
V-N]

I.5 La notion de base


Une base peut être simple, dérivée ou composée.
Elle est simple lorsqu’elle correspond à un lexème, à savoir une
forme inanalysable en unité plus petite de sens. Exemple : gel. La
base est dérivée si elle s’obtient par jonction de morphème
(affixe) à un lexème. Exemple : dégel.
La base composée, quant à elle, possède deux mots combinés,
lesquels ont une existence indépendante. Il est possible d’opérer
une dérivation sur cette combinaison.
Ex : en langue africaine
Fa-bwi ---> a- fa-bwi
[pied-ongle] [insistance-pied-écorce]
« qui a des ongles de pied »

I.6. Les types morphologiques


Les mots d’une langue sont simples ou complexes. Un mot est dit
simple lorsqu’il correspond à un lexème, c'est-à-dire l’unité
minimale irréductible. En revanche, un mot complexe est une
entité formée d’au moins de deux éléments. Les unités
morphologiquement complexes concernent les composés et les
dérivés.

I. 7.La binarité des structures morphologiques


La formation des mots est basée sur le principe de la binarité (ou
le principe binaire) qui est le rapport ou le rapprochement de
type déterminé- déterminant ou déterminant-déterminé. Cette
binarité fonctionne comme un universaux car étant commune à
toute les langues du monde. En effet, un mot, quelque soit le
nombre de ses éléments s’analyse toujours en tête- complément.
Ex du mot dé-concentr-ation (voir chapitre III).
Dans un terme comme lance-roquettes, le déterminant(le
complément) est à gauche et le déterminé(le complété) à droite.
La raison en est que l’élément de droite a le trait nominal (+N) qui
se trouve être celui de tout le mot. Cet élément de droite est donc
la tête du nom (tête nominale) : l’élément essentiel ou le noyau.

II.LES THEORIES MORPHOLOGIQUES


II. 1.La position de (SELKIRK 1982)
Selkirk estime que la syntaxe et la morphologie ont en commun le
niveau « X » qui est le mot. Elle établit sur cette base que la
morphologie comporte un ensemble de règles de formation des
mots, créées par une grammaire autonome, qu’on peut comparer
à celle qui crée les structures syntaxiques. De ce fait, si le
composant syntaxique permet de former toutes les phrases
possibles d’une langue, le composant morphologique doit pouvoir
former tous les mots possibles d’une langue, au moyen des règles
qui ressortent de la théorie X-barre. Cette théorie mérite en
d’autres termes d’être étendue au profit de la morphologie. Ainsi
elle admet que les constituants syntaxiques sont de niveau zéro,
c'est-à-dire sans barre. Aux mots de la catégorie des N, V, ADJ,
ADV, P sont donc assignés respectivement les symboles
catégoriels N°,V°, ADJ° , ADV°,P°.

II.2.La proposition de Mohanan (1986)


La proposition de Mohanan envisage la clarification de la
structure interne des mots dérivés par affixation (suffixation ou
préfixation) à une base. Mohanan postule qu’une structure
morphologique devrait prendre en compte la structure
hiérarchique des mots. Cette hiérarchie doit selon lui permettre
de faire une distinction entre radicaux et affixes. Voici indiquée
sa suggestion. Celle-ci a un caractère problématique :
(1) X°

X° X-1
Dans la configuration que voila : -X désigne les catégories de
niveaux 0 ; N ; V ; ADJ qui constituent le point d’interaction entre
morphologie et syntaxe.
- X-1 représente les catégories qui n’apparaissent pas en surface,
en l’occurrence les affixes. En d’autres mots, les affixes sont d’un
cran plus bas que les mots de niveau 0.
Or, il découle de ce que nous avons vu que, la tête d’un mot doit
être absolument déterminé par le critère de position et non par le
critère de niveau hiérarchique. Partant de ce principe de base, et
en nous inspirant après tout de la configuration en (1), Kouamé
(2004) suggère à la suite de Mohanan, la figure ci-dessous en tant
que structure idéale des mots dérivés par affixation à une base:

(2) X°

X° AFF
Dans l’optique de la figure en (2), les affixes(AFF) sont analysés
comme étant de même niveau que les mots X°, à savoir, les mots
de la catégorie de niveau 0.
Cela revient à dire que les affixes ont les mêmes propriétés que
ces derniers. L’entrée lexicale de chaque affixe comprend dans
cette perspective sa représentation phonologique, sa
représentation sémantique aussi bien que ses traits syntaxiques ;
niveau catégoriel(X°, radical, affixe), traits diacritiques
(+singulier,+pluriel) et traits catégoriels (±N ,±V), etc.

(2) étant acquise, considérons les exemples des noms dérivés


telsque « écolier » et « divinité ». Leur représentation respective
est ci-dessous. Alors que dans le premier schéma la tête du dérivé
revient à la position de gauche, dans la deuxième structure la
fonction de tête impute à la position de droite. En (3), l’élément à
gauche est celui qui a parfaitement le même trait catégoriel que le
nœud parent (nœud principal), en l’occurrence le trait [+N] :

(3) N (4) N

N AFF ADJ AFF

Ecol -ier divin -ité


En (4) la catégorie [+N] du nœud parent se détermine par
l’élément de droite : l’affixe (AFF) transforme l’adjectif en trait
[+N].Ce qui démontre que la tête lexicale est cruciale pour
identifier les propriétés syntaxiques et sémantiques d’un mot.
L’affixe « ité » ici a les mêmes propriétés que l’adjectif « divin
».Il se définit par des traits syntaxiques et sémantiques, et peut
de ce fait entrer en combinaison avec le formant de gauche dont
il est la tête. Divinité est une sorte de « ité » c'est-à-dire, la
propriété ou la nature de la qualité X, et non une sorte de
qualité X, « divin ».
Pour évoquer un fait concordant, prenons l’exemple du dérivé
batteur. Il est une sorte de « eur», causeur de la fonction X : agent
ou instrument selon qu’on a affaire à un [+animé] ou [-animé].
Autrement dit, batteur ne saurait être une sorte de fonction X :
battre

II.3. La proposition de Scalise (1986)


La proposition de scalise s’applique à l’analyse de la structure
interne des dérivés issus des procédés tels que : la dérivation
couplée ou la double adjonction, la double postposition et la
double antéposition. Ces propositions rendent compte du
principe binaire (combinaison 2 à 2 quelle que soit la longueur de
la structure du mot).
II.3.1.La dérivation par double adjonction ou la dérivation
couplée
Il existe deux hypothèses possibles, pour essayer de décrire la
structure interne du dérivé par adjonction couplée. Ci-dessous en
(5) et (6) on a :
(5)-La première hypothèse

Y PREF Z
SUFF

Dé- gel -er

Il- légitime -ment


In juste -ment

(6)-La deuxième hypothèse


Y
PREF Z SUFF

La figure(5) prédit que si un couple de morphèmes PREF


(préfixe…) SUFF (suffixe) est affixé à un radical Z, la tête du dérivé
généré est l’élément Y à gauche, dominant la position PREF et la
position Z. Au contraire de cette analyse, la figure (6) énonce que
si un couple de morphèmes PREF…SUFF se joint à un radical Z, la
tête du mot dérivé est redevable à l’élément Y à droite, dominant
la position Z et la position SUFF. Soit l’exemple d’un nom dérivé
en baoulé comme :

(7) à-bò-ljε

/PREF-fuir-lieu/
« Échappatoire »
Identifions cette séquence comme étant en conformité avec la
forme PREF-VERBE-SUFF. Laquelle des figures (5) et (6) visualisent
la structure idéale de ce mot ?
Nous admettons pour point de départ l’hypothèse que la tête
lexicale doit, à tout prix avoir le trait [+N]. Suivant la première
représentation, l’interprétation morphologique du mot dérivé est
[N [v PREF-VERBE]-SUFF]. Ce processus laisse visiblement
entrevoir l’élément tête comme étant de trait [+V]. Dans la
deuxième possibilité, nous avons [N [PREF-[NVERBE-SUFF] où la
tête possède le trait [+N]. Cette deuxième possibilité est en
l’occurrence celle qui confirme notre hypothèse. La
configuration(6) sera en définitive adoptée comme la structure
adéquate des dérivés nominaux par double adjonction. Pour
finir, la visualisation du nom dérivé en (7) serait le graphe(8). Il
s’agit d’un ensemble de deux dérivés formant une seule unité
lexicale :

(8) N

PREF N

V SUFF

à- bo ljϵ

PREF fuir lieu « échappatoire »


PREF est représenté par à-« PREF », Z par le verbe bo « fuir » et
SUFF par-lj « lieu ». Relativement à l’élément tête, à savoir Y, il
est représenté par bò-lj, dont le trait est celui du trait catégoriel
du nœud parent, en l’occurrence le trait [+N]. Cette tête a pour
spécifieur le constituant à-.
La tête Y est dans ce plus grand dérivé un autre dérivé N, dans
lequel l’élément SUFF fonctionne comme tête, du fait que c’est cet
élément qui est à la base de la transformation du trait [+V] de Z
en un trait [+N] du nœud parent.
Indiquons que l’hypothèse (6) est particulièrement opérationnelle
pour le n’zikpli.
Elle s’applique non seulement aux dérivés nominaux mais aussi à
la conjugaison verbale (l’expectatif)

II.3.2.L’hypothèse de la double postposition

L’analyse que voici rend compte de ce mécanisme :

(9) Y

Z SUFF1 SUFF2
General is ation
Fin al ité

Cette représentation dénote ceci :


-lorsqu’un morphème SUFF1 et un morphème SUFF2 sont post
posés simultanément à un radical Z, SUFF1 doit être conçu
comme étant lié à Z (et non à SUFF2) ;
-dans la structure Z-SUFF1, le constituant Z est la tête (Y).

II.3.3. L’hypothèse de la double antéposition


Ce mode de formation morphologique est envisagé par le schéma
qui suit :
(10) Y

PREF2 PREF1 Z
su wa ba
Prog fut venir en baoulé « il est sur le point de venir » -
lorsque deux morphèmes PREF1 et PREF2 sont joints de façon
concomitante à un radical Z, PREF1 doit être conçu comme étant
lié à Z (et non à SUFF2)
-dans la structure PREF1-Z, le constituant Zest la tête (Y). NB :
Les hypothèses (9) et (10) ne sont applicables aux mots verbaux.
Généralement le mot verbal ou le constituant verbal est créé par
la jonction des divers morphèmes de conjugaison à un radical
verbal donné.

II.2.4. Importance des règles en morphologie générative


Toute formation morphologique s’appuie sur une forme de base.
Les règles permettent de savoir si la formation engendre un
changement de catégorie grammaticale ou non, c'est-à-dire si la
forme de départ « de base » et la forme d’arrivée sont de la même
catégorie.
Les règles spécifient l’ordre dans lequel les morphèmes se
combinent à une forme de base pour générer les mots de la
langue.
Enfin, elles éclairent sur le type de formation en jeu : dérivation
(ou composition).
Exemple du composé nominal « maison - blanche ». La règle
morphologique est : [N N-ADJ]

III.LA DERIVATION
Nous nous baserons sur l’article de KOUAME (2005) sur « la
binarité des mots dérivés : illustration à travers les exemples du
français », paru dans KASA BYA KASA, Revue d’Anthropologie et
de Sociologie.

IV.LA COMPOSITION NOMINALE


La composition nominale consiste à former un nom à partir de
deux ou plusieurs mots réunis. Les termes constitutifs d’un
composé peuvent apparaitre en isolation. Cela veut dire qu’ils
peuvent être utilisés indépendamment des autres unités lexicales
avec lesquelles ils entrent en composition. Tel n’est pas le cas
dans la dérivation (cf.chap. III). Ici, l’affixe ou le morphème
formateur (de nom, de verbe) qui se joint à une base n’a pas la
même capacité d’apparaître en dehors de cette base.
IV.1. Les critères de reconnaissance des composés
1/ Les composés obéissent à la loi de compacité morphologique ou
de figement.
Les unités juxtaposées manifestent un rapport qui ne permet pas
d’y insérer un élément conjoint. Exemple : gratte ciel BROUSSEAU
affirme, à cet effet, que :
« Ce qui distingue crucialement les mots des syntagmes…est leur
atomicité syntaxique, c'est-à-dire l’incapacité des règles à analyser
le contenu de catégories X-zéro…Autrement dit, les mots
constituent des ilots à l’intérieur desquels rien ne peut être déplacé,
extrait ou inséré » (Brousseau, 1990, p.30)

Le binarisme déterminant déterminé (dans gratte-ciel) ne doit pas


être perçu comme une opposition tranchée mais une sorte
d’interface, une sorte de complémentarité pour assurer la
propriété sémantique et syntaxique du mot formé.

2/ La loi de la compacité sémantique


Le sens qu’avaient les termes qui se rapprochent devient
l’expression d’une seule et même réa lité, c'est-à-dire un
objet unique dans la pensée. 3/La loi de la compacité tonale
Cette loi est caractéristique des composés dans les langues
africaines

IV.2. La typologie des composés


N-N Camion-citerne
V-N Cache-nez
V-V Laissez-passer

La loi binaire est une contrainte universelle qui s’impose à toute


structure morphologique. Brousseau atteste, à ce titre, que : « Les
mots complexes n’acquièrent pas leurs propriétés de la simple
concaténation ou de l’addition de leurs constituants : ils ont une
structure interne. A l’instar des structures syntaxiques, les mots
sont formés en structures arborescentes à branchement binaire
».(Brousseau,1970,p.28)

Ouvrages de référence :
1-KOUAME : Morphologie nominale et verbale du nzikpli (2004),
thèse de doctorat unique.
2-BROUSSEAU : Morphologie du fongbe (1990)

Livres à acquérir pour un enrichissement en littérature


linguistique Particulièrement la littérature de la linguistique
générative
Les ouvrages de KOUAME qui constituent une porosité entre les théories
générative et fonctionnelle :
1)- Kouame Yao Emmanuel, 2017, la syntaxe des séries verbales du
baoule-n’zipkli, à partir de la GG Edition GRAAL
2)- Kouame Yao Emmanuel, 2017, Morphologie des langues ivoiriennes,
à trouver la GG. Edition
GRAAL
3- Kouame Yao Emmanuel 2017, phonologie des langues ivoiriennes,
à partir de la GG, Edition GRAAL
4- Kouame Yao Emmanuel, 2017, Morphologie phonologie et
syntaxesous le titre : traitement de l’agni, à l’aune de la GG, Edition
GRAAL 5- Kouame Yao Emmanuel, 2017, Les langues mandés de la cote
d’ivoire : entre théorie et pratique, Edition GRAAL
6- Kouame Yao Emmanuel, 2017, les langues Gur de la Côte d’ivoire :
entre théorie et pratique, Edition GRAAL

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