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STRATÉGIES

DU DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
DE L’INFECTION DUE AU VIH
CHEZ LES SUJETS ÂGÉS DE PLUS DE 18 MOIS
(À L’EXCLUSION DU DÉPISTAGE SUR LES DONS DE SANG
ET CHEZ LES DONNEURS D’ORGANES OU DE TISSUS)

JANVIER 2000

SERVICE DES RECOMMANDATIONS ET RÉFÉRENCES PROFESSIONNELLES


Stratégies du diagnostic biologique de l’infection due au VIH chez les sujets âgés de plus de 18 mois
(à l’exclusion du dépistage sur les dons de sang et chez les donneurs d’organes ou de tissus)

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une utilisation collective et, d'autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d'information de l'œuvre dans
laquelle elles sont incorporées.

Ce document a été finalisé en Janvier 2000 ; il peut être commandé (frais de port compris) auprès de :

Agence Nationale d'Accréditation et d'Évaluation en Santé (ANAES)


Service Communication et Diffusion
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Stratégies du diagnostic biologique de l’infection due au VIH chez les sujets âgés de plus de 18 mois
(à l’exclusion du dépistage sur les dons de sang et chez les donneurs d’organes ou de tissus)

Ces recommandations professionnelles ont été réalisées à la demande de la Direction


générale de la santé.

Afin de constituer le comité d’organisation, l’Agence Nationale d’Accréditation et


d’Évaluation en Santé a sollicité les sociétés savantes et les organismes suivants :
- L’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé ;
- L’Agence Nationale de Recherche sur le SIDA ;
- Le Collège National des Généralistes Enseignants ;
- La Société de Formation Thérapeutique du Généraliste ;
- La Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française ;
- La Société Française de Biologie Clinique ;
- La Société Française de Pédiatrie ;
- La Société Française de Transfusion Sanguine ;
- La Société Nationale Française de Médecine Interne.

Le comité d’organisation a délimité le sujet en excluant du thème de travail l’enfant âgé de


moins de 18 mois, qui pose des problèmes spécifiques de stratégies diagnostiques de
l’infection due au VIH, et qui justifierait un travail particulier d’élaboration de
recommandations professionnelles. La prise en compte des aspects économiques des
stratégies diagnostiques a été exclue.

La méthode de travail utilisée a été celle des recommandations pour la pratique clinique.

L’ensemble du travail a été coordonné par le Docteur Patrice DOSQUET, chef de projet
dans le service des recommandations et références professionnelles de l’ANAES, sous la
responsabilité du Professeur Alain DUROCHER, responsable du service des
recommandations et références professionnelles.

La recherche documentaire a été effectuée par Madame Hélène CORDIER, responsable du


Service de documentation de l’ANAES, avec l’aide de Madame Laurence FRIGÉRE.

Le secrétariat a été assuré par Madame Laurence THIPHAGNE.

L’Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé tient à remercier les membres


du comité d’organisation, du groupe de travail, du groupe de lecture et de son Conseil
Scientifique, section évaluation pour leur participation à ce trava il.

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COMITÉ D’ORGANISATION

Dr Jean-Pierre AUBERT, médecin généraliste, Dr Pascale MAISONNEUVE, biologiste, Agence


PARIS Française de Sécurité Sanitaire des Produits de
P r Francis BARIN, virologue, Hôpital Bretonneau, Santé, SAINT-DENIS
TOURS Dr Liliane MARMIÉ, médecin généraliste, PARIS
P r Stéphane BLANCHE, pédiatre, Hôpital P r Jean-Michel MOLINA, infectiologue, Hôpital
Necker-Enfants Malades, PARIS Saint-Louis, PARIS
P r Françoise BRUN-VEZINET, virologue, Dr Anne MYARA, biologiste, Hôpital Saint-
Hôpital Bichat-Claude-Bernard, PARIS Joseph, PARIS
P r François FREYMUTH, virologue, Centre P r Daniel SERENI, interniste, Hôpital Saint-
Hospitalier Universitaire, CAEN Louis, PARIS

GROUPE DE TRAVAIL

P r Françoise BRUN-VEZINET, virologue, Hôpital Bichat-Claude-Bernard, PARIS - Présidente du groupe de


travail
Dr Syria LAPERCHE, biologiste, Institut National de Transfusion Sanguine, PARIS - Chargée de projet
Dr Patrice DOSQUET, chef de projet à l’ANAES, PARIS

Dr Claude BACHMEYER, interniste, Hôpital P r Patrice MASSIP, infectiologue, Hôpital Purpan,


Laennec, CREIL TOULOUSE
P r Francis BARIN, virologue, Hôpital Bretonneau, Dr François PREVOTEAU DU CLARY, médecin
TOURS généraliste, PARIS
Mme Dominique COSTAGLIOLA, Dr Christian RABAUD, infectiologue, Centre
épidémiologiste, INSERM, PARIS Hospitalier Universitaire, VANDŒUVRE-LÈS-
P r François DENIS, virologue, Hôpital Dupuytren, NANCY
LIMOGES P r Christine ROUZIOUX, virologue, Hôpital
Dr Jean-Michel DESCAMPS, interniste, Centre Necker-Enfants Malades, PARIS
Hospitalier Général, NIORT Dr Catherine TAMALET, virologue, Hôpital de la
P r François FREYMUTH, virologue, Centre Timone, MARSEILLE
Hospitalier Universitaire, CAEN Dr Chantal VERNAY-VAÏSSE, dermatologue,
Mme Rose-Marie LEBLANC, pharmacienne- Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit,
biologiste, BORDEAUX CONSEIL GÉNÉRAL DES BOUCHES DU
Dr Pascale MAISONNEUVE, biologiste, Agence RHÔNE
Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Dr Alain WAJSBROT, médecin généraliste,
Santé, SAINT-DENIS AVIGNON

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GROUPE DE LECTURE

Dr Patrick ALVIN, pédiatre, Hôpital de Bicêtre, Dr Michel JANOWSKI, interniste, Centre


LE KREMLIN-BICÊTRE Hospitalier Intercommunal, MONTREUIL
Dr Jean-Pierre AUBERT, médecin généraliste, P r Michel KAZATCHKINE, immunologiste,
PARIS Hôpital Broussais, PARIS
P r Alain BERGERET, médecin du travail, LYON Dr Alain LAFEUILLADE, interniste, Hôpital
Dr François BONNAL, interniste, Centre Chalucet, TOULON
Hospitalier de la Côte Basque, BAYONNE Dr Anne LAPORTE, épidémiologiste, Institut de
Dr Vincent CALVEZ, virologue, Hôpital Pitié - Veille Sanitaire, SAINT-MAURICE
Salpêtrière, PARIS Dr Michèle MANIEZ-MONTREUIL, biologiste,
Dr Hélène CHAPOULART, gynécologue- Centre de Transfusion Sanguine Nord-Pas-de-
obstétricienne, BORDEAUX Calais, LILLE
Dr Bernard COADOU, médecin généraliste, Dr Sophie MATHERON, infectiologue, Hôpital
BORDEAUX Bichat-Claude-Bernard, PARIS
Dr Joël COGNEAU, médecin généraliste, membre Dr Christophe MICHON, infectiologue, Centre
du Conseil scientifique de l’ANAES, Hospitalier de la Région Annecienne, ANNECY
CHAMBRAY-LÈS-TOURS P r Jean-Michel MOLINA, infectiologue, Hôpital
Dr Christophe COMPAGNON, dermatologue, Saint-Louis, PARIS
MARSEILLE Dr Anne MYARA, biologiste, Hôpital Saint-
Dr Anne-Marie COUROUCÉ, pharmacienne- Joseph, PARIS
biologiste, Institut National de Transfusion P r Dominique PEYRAMOND, infectiologue,
Sanguine, PARIS Hôpital de la Croix-Rousse, LYON
P r Elisabeth DUSSAIX, virologue, Hôpital Paul- Mme Josiane PILLONEL, épidémiologiste, Institut
Brousse, VILLEJUIF de Veille Sanitaire, SAINT-MAURICE
Dr Joseph FAGOUR, médecin généraliste, FORT- Dr Bernard POLITUR, médecin généraliste,
DE-FRANCE CAYENNE
Dr Sylvie FERRARA, médecin généraliste, Dr Nerina PROFIZI, biologiste, Centre
AJACCIO Hospitalier Intercommunal, TOULON
Dr Jean-Marc FRANCO, médecin généraliste, P r Jacqueline PUEL, virologue, Hôpital Purpan,
SAINT-PIERRE TOULOUSE
Dr Gilles GRATEAU, interniste, Hôtel-Dieu, Dr Claude SICHEL, médecin généraliste,
PARIS CARNOUX-EN-PROVENCE
Dr Anne GRUSON, biologiste, membre du P r Alain SOBEL, immunologiste, Hôpital Henri-
Conseil scientifique de l’ANAES, ARRAS Mondor, CRÉTEIL
Dr Philippe HOFLIGER, médecin généraliste, Dr Jean-François VIVES, interniste, Centre
NICE Hospitalier Antoine Gayraud, CARCASSONNE

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RECOMMANDATIONS

I. INTRODUCTION

I.1. Thème des recommandations


Les recommandations concernent les stratégies du diagnostic biologique de l’infection due
au VIH chez les sujets âgés de plus de 18 mois, à l’exclusion du dépistage sur les dons de
sang et chez les donneurs d’organes ou de tissus. Elles ne concernent pas la démarche
thérapeutique.

I.2. Cibles des recommandations


Les recommandations sont destinées à l’ensemble des médecins et des biologistes
susceptibles d’avoir à établir le diagnostic d’une infection due au VIH. Elles visent à aider
les médecins à choisir une stratégie diagnostique et à interpréter les résultats biologiques en
fonction, d’une part, des circonstances cliniques du diagnostic et, d’autre part, des
performances des analyses aujourd’hui disponibles.

I.3. Niveaux de preuve des recommandations


En l’absence de précision, les recommandations reposent sur un accord professionnel.

II. LES MARQUEURS BIOLOGIQUES DE L’INFECTION DUE AU VIH

II.1. Marqueurs biologiques recherchés en pratique courante


Les marqueurs biologiques recherchés en pratique courante à partir d’un prélèvement
sanguin sont :
• les anticorps (Ac) anti-VIH (Ac anti-VIH), recherchés par des techniques
sérologiques de dépistage et de confirmation ;
• l’antigène p24 (Ag p24), recherché par des techniques immuno-enzymatiques
(ELISA) ;
• l’ARN du VIH (ARN-VIH), recherché par des techniques de biologie moléculaire.

La recherche de l’ADN proviral et l’isolement du virus par culture ne sont pas des examens
courants et ne sont réalisés que dans les laboratoires équipés pour de telles analyses.

II.2. Cinétique des marqueurs au cours de la phase précoce de l’infection due au VIH-1
Une représentation schématique de la cinétique des marqueurs virologiques recherchés en
pratique courante au cours de la phase précoce de l’infection due au VIH-1 est donnée par la
figure 1. Les délais d’apparition des différents marqueurs sont des données indicatives
moyennes, obtenues avec les meilleures techniques disponibles pour mettre en évidence
chacun des marqueurs. Ces délais sont soumis à des variations selon les performances des
techniques utilisées et selon la réponse immunitaire du sujet infecté.

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Figure 1. Cinétique schématique des marqueurs virologiques au cours de


la phase précoce de l’infection due au VIH-1.

II.3. Terminologie des analyses détectant les Ac anti-VIH


Analyse de dépistage : analys e visant à mettre en évidence les Ac anti-VIH, sans en
déterminer la spécificité. Le dépistage des Ac anti-VIH est réalisé :
• soit par des techniques ELISA ;
• soit par des techniques d’agglutination ;
• soit par des techniques dites « unitaires rapides », sur des supports de nature variable
(membrane de Nylon, plastique, etc.).

Technique de dépistage mixte : technique capable de détecter à la fois les Ac anti- VIH-1 et
les Ac anti-VIH-2 (Ac anti-VIH-1/-2).

Technique de dépistage simple : technique capable de détecter les Ac anti- VIH-1/-2 et ne


détectant pas simultanément l’Ag p24.

Technique de dépistage combiné (par opposition à technique de dépistage simple) :


technique capable de détecter simultanément les Ac anti-VIH-1/-2 et l’Ag p24.

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Analyse de confirmation : analyse permettant de préciser la spécificité des Ac anti-VIH-1 ou


des anti-VIH-2 présents dans le sérum étudié. La technique utilisée est soit un western-blot
(WB), soit un immuno-blot (IB).

Une analyse de dépistage positive doit toujours être complétée par une analyse de
confirmation. La séropositivité n’est établie que lorsque le résultat de l’analyse de
confirmation est positif.

II.4. Affirmer au patient une infection due au VIH nécessite impérativement de disposer des
résultats de deux prélèvements distincts
Si l’analyse de dépistage est positive, il est recommandé que l’analyse de confirmation soit
réalisée sur le même prélèvement, afin que le médecin puisse être orienté plus rapidement
sur l’existence réelle de l’infection.

Cependant, en cas de positivité de l’analyse de confirmation, un second prélèvement doit


être impérativement effectué pour éliminer une erreur accidentelle. Seul un résultat positif
sur le second prélèvement permet d’affirmer définitivement l’infection due au VIH.

Sur le second prélèvement, une analyse de dépistage est à nouveau réalisée ; la pratique
d’une analyse de confirmation n’apparaît pas systématiquement nécessaire.

Cette recommandation de stratégie diagnostique repose sur un accord professionnel et


nécessite une modification du libellé actuel de la nomenclature actuelle des actes de
biologie.

II.5. L’analyse de dépistage doit comporter deux techniques


Pour l’analyse de dépistage des Ac anti-VIH, le libellé actuel de la nomenclature des actes
de biologie exige la réalisation systématique sur le même prélèvement de deux techniques,
dont au moins un ELISA mixte. Les présentes recommandations ne remettent pas en cause
cette règle : bien que les performances des techniques utilisées pour le dépistage de
l’infection due au VIH se soient améliorées, en particulier pour le dépistage de l’infection
précoce, il est recommandé pour l’analyse de dépistage de maintenir la réalisation de deux
techniques sur le même prélèvement.

Le maintien de deux techniques dans l’analyse de dépistage est justifié par le souci de
réduire au minimum le nombre de faux négatifs lors du dépistage, en particulier dans
l’éventualité où la prévalence des sujets séropositifs dépasserait 0,1 % dans la population
étudiée. Cette recommandation pourra être revue au terme d’une étude nationale prospective
visant à évaluer la pertinence de l’utilisation pour l’analyse de dépistage de deux techniques
comparativement à une seule, étude que le groupe de travail souhaite voir mise en œuvre
rapidement.

La combinaison recommandée est la réalisation de deux techniques de dépistage mixte, dont


l’une est obligatoirement un ELISA.

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II.6. Place des techniques de dépistage combiné


Les techniques actuelles de dépistage combiné doivent être employées exclusivement dans
le cadre du dépistage de l’infection au même titre que les techniques de dépistage simple.
Elles ne doivent pas être utilisées pour la recherche du seul Ag p24 ; cette dernière doit être
effectuée à l’aide des techniques spécifiques.

Dans les études comparatives, il apparaît que les techniques de dépistage combiné
actuellement disponibles ont fréquemment la capacité de détecter l’infection plus
précocement que les techniques de dépistage simple (en moyenne de 2 à 4,8 jours plus tôt) ;
mais cette observation est inconstante. Aussi, il semble prématuré de recommander
l’intégration systématique de techniques de dépistage combiné parmi les deux techniques
faisant partie de l’analyse de dépistage.

II.7. Analyse de confirmation


L’analyse de confirmation de l’infection par le VIH reste le WB ou l’IB. Les critères
d’interprétation du WB-VIH-1 sont résumés en annexe.

II.8. Distinction entre l’infection due au VIH-1 et celle due au VIH-2


La différenciation entre l’infection due au VIH-1 et celle due au VIH-2 lors de l’analyse de
confirmation s’impose du fait des différences de pathogénicité des deux virus, notamment en
raison de la progression plus lente de l’infection due au VIH-2, mais aussi de la résistance
naturelle du VIH-2 à certains antirétroviraux et de l’absence actuelle d’analyses disponibles
pour la quantification de l’ARN plasmatique du VIH-2.

II.9. Diagnostic de l’infection par un variant du VIH-1


L’infection par un variant du VIH-1 peut être suspectée par le biologiste dans diverses
situations :
- résultats discordants obtenus par les techniques de dépistage ;
- profil incomplet au WB.

Le diagnostic définitif d’une infection par un variant du VIH-1 est porté à l’aide d’examens
spécifiques qui ne sont réalisés que dans les laboratoires équipés pour de telles analyses.

III. STRATÉGIES DU DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE EN FONCTION DES SITUATIONS


CLINIQUES

III.1. Situations cliniques déterminant la stratégie du diagnostic biologique


Le médecin est confronté à trois situations cliniques principales conduisant chacune à une
stratégie spécifique de diagnostic biologique :
• en cas d’exposition supposée au VIH datant de plus de trois mois ;
• en présence de signes cliniques évocateurs d’une primo- infection due au VIH ;
• en cas d’exposition possible au VIH, professionnelle ou non, datant de moins de trois
mois, mais en l’absence de signes cliniques évocateurs de primo-infection.

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III.2. Stratégie du diagnostic biologique lorsque l’exposition supposée au VIH date de plus
de trois mois

III.2.1. Marqueurs biologiques utilisables

La stratégie diagnostique repose sur la recherche des Ac anti-VIH en première intention.

La recherche de l’Ag p24 ou l’ARN-VIH ne se fait qu’en seconde intention, si


l’interprétation des analyses sérologiques ne permet pas de conclure (voir algorithme ci-
dessous).

La culture du virus ainsi que la recherche de l’ADN proviral ne sont pas utilisables en
routine et sont réservées à des situations cliniques particulières (suspicion de variant, profils
sérologiques atypiques persistants) et aux laboratoires équipés pour de telles analyses.

III.2.2. Algorithme général


L’algorithme général suivant constitue une démarche destinée au diagnostic biologique de
l’infection lorsque l’exposition supposée au VIH date de plus de trois mois. Il repose sur un
accord professionnel.

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Algorithme 1. Exposition supposée datant de plus de trois mois

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Algorithme 1 (suite)

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III.3. Stratégie du diagnostic biologique en présence de signes cliniques évocateurs d’une


primo-infection due au VIH

III.3.1. Marqueurs biologiques utilisables


Lors d’une primo-infection due au VIH, les Ac anti-VIH, marqueurs indirects de l’infection,
sont absents durant la phase très précoce qui fait suite à la contamination (cf. figure 1).
Aussi est- il recommandé d’associer au dépistage des Ac anti-VIH, qui doit être prescrit
dans tous les cas, la recherche d’un marqueur direct de la réplication virale, soit l’Ag p24,
soit l’ARN-VIH plasmatique.

La recherche de l’Ag p24 par ELISA est réalisée plus facilement et plus couramment que
celle de l’ARN-VIH plasmatique, qui nécessite une technique de biologie moléculaire. Bien
que l’Ag p24 soit détecté plus tard que l’ARN-VIH et de manière transitoire au cours de la
phase très précoce de l’infection (cf. figure 1), la recherche de l’Ag p24 reste une analyse
indiquée pour le diagnostic de l’infection précoce lorsque la recherche de l’ARN-VIH n’est
pas réalisable en proximité. Le biologiste doit faire systématiquement une épreuve de
neutralisation pour chaque échantillon dépisté positif pour l’Ag p24, afin de confirmer la
spécificité de la réaction observée.

Les techniques de mesure de l’ARN-VIH plasmatique ont des faux positifs dans les valeurs
proches du seuil de détection, et certains virus ne sont pas détectés (VIH-2, variants du
VIH-1). Aussi, le diagnostic d’infection due au VIH ne peut pas être porté sur la seule
réalisation de ces techniques. La mesure de l’ARN-VIH plasmatique ne peut donc constituer
qu’un des éléments du faisceau d’arguments cliniques et biologiques concourant au
diagnostic d’infection due au VIH-1. D’ailleurs, les réactifs de détection de l’ARN-VIH ne
sont pas actuellement enregistrés en qualité de réactifs propres au diagnostic de l’infection
par le VIH, mais comme des réactifs permettant de suivre le taux d’ARN-VIH en cas
d’infection connue.

L’absence de détection de l’ARN plasmatique VIH-1 ou de l’Ag p24 ne permet pas


d’exclure les cas exceptionnels de primo- infection symptomatique due au VIH-2 ou à des
variants du VIH-1.

III.3.2. Stratégie du diagnostic biologique


En présence de signes cliniques évocateurs d’une primo-infection, doivent être effectuées
dès la première consultation :
• une recherche des Ac anti-VIH ;
• une recherche de l’ARN-VIH plasmatique ou de l’Ag p24.

Si les résultats de ces analyses sont négatifs, et en l’absence de traitement antirétroviral,


l’absence d’infection due au VIH est affirmée par l’absence d’Ac-VIH trois mois après la
constatation des signes cliniques.

Si la recherche de l’ARN-VIH plasmatique ou de l’Ag p24 est positive et si un traitement


antirétroviral est institué, la cinétique d’apparition des Ac-VIH peut être retardée par rapport

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à la cinétique habituelle et reste actuellement mal connue. La stratégie du diagnostic


biologique pourra être précisée lorsque cette cinétique sera mieux connue, en particulier
lorsque les résultats des suivis de cohortes de sujets traités par antirétroviraux seront publiés.

III.4. Stratégie du diagnostic biologique en cas d’exposition possible au VIH, professionnelle


ou non, datant de moins de trois mois, mais en l’absence de signes cliniques évocateurs
d’une primo-infection
Le consultant peut être vu dans les quarante-huit heures qui suivent l’exposition possible au
VIH, et c’est dans ces circonstances qu’un traitement antirétroviral dit «prophylactique »
peut être prescrit après évaluation du risque de contamination. La stratégie diagnostique doit
tenir compte de la prescription ou non de ce traitement.

Le consultant peut être vu plus tardivement et la date supposée de l’exposition sera prise
pour référence pour guider la prescription des examens biologiques.

III.4.1. Chez le sujet exposé


Dans tous les cas, il convient de faire une recherche des Ac anti- VIH dès la première
consultation.

La tableau 1 résume les stratégies diagnostiques recommandées et déjà publiées en France.

Si le statut du sujet source est VIH négatif, le suivi biologique du sujet exposé n’est pas
nécessaire lorsque l’analyse de dépistage initiale est négative, sauf en cas de suspicion de
séroconversion en cours chez le sujet source.

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Tableau 1. Stratégie du diagnostic biologique de l’infection due au VIH en cas d’exposition possible
datant de moins de trois mois.

Sujet exposé en l’absence de Sujet exposé ayant reçu un traitement


traitement prophylactique prophylactique antirétroviral
antirétroviral
Bilan initial . dépistage des Ac anti-VIH . dépistage des Ac anti-VIH
lorsque le sujet est
. Ag p24 ou ARN-VIH plasmatique (si . Ag p24 ou ARN-VIH plasmatique (si
vu dans les 48
expositions multiples dans les 2 derniers expositions multiples dans les 2 derniers
premières heures
mois) mois)
après l’exposition

Semaine 4 Entre 3 et 6 semaines après


l’exposition :
. dépistage des Ac anti-VIH
. Ag p24 ou ARN-VIH plasmatique

Semaine 8 Entre 3 et 6 semaines après la fin du


traitement :
. dépistage des Ac anti-VIH
. Ag p24 ou ARN- VIH plasmatique

Semaine 12 3 mois après l’exposition :


. dépistage des Ac anti-VIH

Semaine 16 3 mois après la fin du traitement :


. dépistage des Ac anti-VIH

6e mois * . dépistage des Ac anti-VIH . dépistage des Ac anti-VIH

* La recherche des Ac anti-VIH six mois après l’exposition supposée est une obligation réglementaire en cas d’accident du
travail.

III.4.2. Chez le sujet source


Lorsque se pose la question de la mise en route d’un traitements antirétroviral
prophylactique, il est important d’essayer de connaître le statut du sujet source vis-à-vis de
l’infection due au VIH.

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Un statut séroné gatif chez le sujet source au moment de l’accident exposant peut éviter la
mise en route d’un traitement antirétroviral chez le sujet exposé ou permet de l’arrêter.

Lorsque le statut du sujet source vis-à-vis du VIH n’est pas connu, en particulier lors d’une
exposition professionnelle, il est recommandé de pratiquer chez celui-ci une analyse de
dépistage des Ac anti- VIH sous réserve de l’obtention de son consentement si son état de
conscience le permet. Une technique unitaire rapide peut être employée qua nd les techniques
ELISA ne peuvent pas être réalisées en urgence pour orienter la décision d’un traitement
prophylactique chez le sujet exposé. Dans tous les cas, le résultat de la technique unitaire
rapide devra être vérifié ultérieurement.

IV. RECOMMANDATIONS CONCERNANT LA PRESCRIPTION DES EXAMENS


BIOLOGIQUES ET LE RENDU DE LEUR RÉSULTAT

La prescription des examens biologiques de recherche de l’infection due au VIH constitue


toujours un temps essentiel de la consultation. S’y associe un temps privilégié d’écoute,
d’explication et de conseils préventifs. À la signification individuelle de la prescription
s’ajoute une dimension collective de contrôle de l’épidémie. Aussi toute banalisation de
cette prescription doit être évitée.

Le médecin prescripteur doit informer le patient qu’il lui remettra ses résultats lors d’une
prochaine consultation, dont il estimera le délai en fonction des conditions locales de
réalisation des analyses prescrites. Il doit souligner l’importance de cette consultation de
remise des résultats.

Quelle que soit la nature du résultat, celui-ci doit être adressé par le laboratoire de biologie
au médecin prescripteur. L’interprétation doit être réalisée par le biologiste, après contact
éventuel avec le médecin prescripteur. Le patient peut être averti par le biologiste de la
disponibilité de ses résultats auprès du médecin prescripteur. Le biologiste ne doit pas
communiquer directement les résultats au patient. C’est le médecin prescripteur qui doit
communiquer les résultats au patient au cours d’une consultation spécifique, qui lui permet
de prodiguer à nouveau ses conseils concernant la prévention de la transmission de
l’infection due au VIH, ou d’expliquer les autres examens à visée diagnostique
éventuellement nécessaires, ou, en cas d’infe ction due au VIH, de commencer la prise en
charge et le suivi au long cours du patient.

V. ACTUALISATION DES RECOMMANDATIONS


Les présentes recommandations devront être révisées vraisemblablement dans un délai
maximum de deux ans pour tenir compte de l’évolution et de l’enregistrement des
techniques diagnostiques, ainsi que des résultats des études cliniques en cours.

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(à l’exclusion du dépistage sur les dons de sang et chez les donneurs d’organes ou de tissus)

VI. ANNEXE . CONDUITE À TENIR ET INTERPRÉTATION DU WB-VIH-1

Conduite à tenir et interprétation


Positivité certaine
Au minimum 2 Ac anti-« env » . Deuxième prélèvement demandé immédiatement pour s'assurer
(anti-gp120 et anti-gp160) qu'il n'y a pas eu d'erreur de prélèvement ou de contamination du
er
ET 1 échantillon.

1 Ac anti-« gag » ou anti-« pol » . Si réaction sur les protéines issues des gènes «gag » et/ou
« pol » de forte intensité par rapport aux protéines issues des
gènes « env », faire une sérologie VIH-2 et envisager une
infection due au VIH-1 de groupe O.

Positivité probable
a) 1 Ac anti-p24 . Nouveau prélèvement nécessaire 1 à 2 semaines plus tard :
ET - Si une évolution est observée : séroconversion VIH-1
1 Ac anti-gp160 - Si aucune évolution et WB-VIH-2 négatif : faux positif
probable (exceptionnel) ou VIH-1 de groupe O (profil rare).
- Si aucune évolution et WB-VIH-2 positif : séropositivité
VIH-2 (profil rare).
b) 2 Ac anti- « env » . Nouveau prélèvement nécessaire 1 à 2 semaines plus tard :
er
(anti-gp120 + anti-gp160) - Si prélèvement négatif : contamination du 1 échantillon ou
erreur d’identification
- Si une évolution est observée : séroconversion VIH-1 (profil
rare)
- Si pas d'évolution et WB-VIH-2 positif : séropositivité
VIH-2 (profil rare)

Ce profil peut également être observé en cas de sida à un stade


tardif.

Profils à contrôler
Ac anti-gp160 isolés . Faire une sérologie VIH-2 surtout si les 2 techniques de
dépistage sont franchement positives
Ac anti-p24 isolés(+/- anti-p55)
. Demander un nouveau prélèvement 1 à 2 semaines plus tard.
Ac anti-p34 isolés (+/ - anti-p24)
. Si pas d'évolution et VIH-2 négatif : fausse réaction positive ou
variant du VIH-1 (exceptionnel).

Négativité
Ac anti-p17 L’absence de réactivité sur le WB associée à des résultats positifs
francs avec les techniques de dépistage doit faire envisager un
Autres profils non considérés
début de séroconversion. Un nouveau prélèvement 1 à 2 semaines
Aucun Ac plus tard est alors nécessaire.

Protéines issues des gènes : « env » : gp 160, gp120, gp41 ; « gag » : p55, p24, p18 ; « pol » : p68, p34

ANAES / Service des recommandations et références professionnelles / Janvier 2000


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