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Cours d’analyse économique

1
Ababacar KEITA
FASEG-UCAD
Le terme « économie » provient de mots
grecs « oïkos » et « nomos » qui signifient
respectivement maison et ordre. Le
premier à utiliser ce terme est ARISTOTE
(384-322 avant J C). Pour lui l’économie
serait la science de l’organisation de la
maison.
D’une manière générale, la science
économique ou économie politique ou
encore analyse économique peut être
définie comme la science qui étudie :
« la manière dont les hommes vivant en
société affectent leurs ressources limitées
à la production des biens, la manière dont
ils répartissent et consomment ces
biens ».
Bibliographie Indicative
- ABRAHAM-FROIS Gilbert : « Economie
Politique » édition Economica

- ARROUS Jean : « Introduction à


l’économie Politique » édition Dalloz
- BARRE Raymond : « Economie Politique »
édition PUF

- DIAW Adama : « Analyse Economique »


édition Codesria
- FLOUZAT Denise : «Analyse
Economique » édition Masson
Plan du cours
Chapitre Introductif : Les besoins, les
biens, la rareté et les grands courants de
la pensée économique
Chapitre 2 : Eléments de Comptabilité
Nationale
Chapitre 3 : Eléments de Commerce
International et Balance des Paiements

Chapitre 4 : Monnaie et Création Monétaire


CHAPITRE INTRODUCTIF
Dans ce chapitre introductif nous
aborderons les notions de besoin, de bien
et de rareté qui sont des notions
essentielles pour la science économique
avant de terminer sur l’étude des grands
courants de la pensée économique.
SECTION 1 : Les besoins, les biens et la
rareté
A- La notion de besoin
Un besoin est un état d’insatisfaction
éprouvé par un individu ou un groupe
d’individus
Les besoins humains sont multiples :
--certains sont communs à tous : notamment
les besoins physiologiques tels que
manger, se vêtir, se loger etc.
--d’autres varient en fonction des goûts,
du temps et de l’espace.
B – La notion de bien
Un bien est une entité susceptible de
satisfaire un besoin.
La science économique exclut de son
champ d’étude les biens dont l’abondance
est telle que l’homme n’a pas besoin de
les produire. Ces biens à l’exemple de l’air
sont utiles mais ils ne sont pas rares.
Les biens économiques sont des biens
rares.
Et ils peuvent être classés selon différents
critères :
--en biens matériels et biens immatériels
ou services : les biens matériels sont des
biens tangibles (des objets) alors que les
biens immatériels ou services ne le sont
pas (transport, soins médicaux)
--en biens durables (réfrigérateur, camion)
et non durables (lait, beurre)
--en biens d’investissement et en biens
de consommation : les biens
d’investissement sont des biens durables
servant à la fabrication d’autres biens.
Les biens de consommation eux se
divisent en deux catégories : les biens de
consommation finale et les biens de
consommation intermédiaire. Les biens
de consommation finale sont les biens
durables ou non durables destinés à la
satisfaction directe des besoins humains
(le pain familial, le réfrigérateur familial).
Les biens de consommation
intermédiaire sont des biens non
durables utilisés pour produire d’autres
biens.
--en biens divisibles et non divisibles : les
biens divisibles sont ceux qui peuvent être
fractionnés pour (sucre, riz) alors que les
biens non divisibles ne peuvent pas l’être
( tracteurs ; voitures ).
--enfin en biens privés et biens publics :
un bien privé est un bien qui ne peut
satisfaire que les besoins d’une seule
personne à la fois. Alors que le bien public
ou bien collectif peut satisfaire
simultanément les besoins de plusieurs
individus.
C-La rareté et la science économique
La rareté des ressources oblige les hommes
à faire des choix. Choisir d’engager des
ressources dans la production d’un bien
revient à sacrifier la production d’un autre
bien. C’est pourquoi la science
économique est aussi considérée comme
la science de la rareté ou des choix.
Le concept de coût d’opportunité a été
introduit dans l’analyse économique pour
mesurer ce que coûte un choix à un pays
où à un agent économique
Par exemple considérons un pays qui ne
peut produire seulement que deux biens :
le coton et le mil
Le coût d’opportunité de la production du mil
est la quantité de coton à laquelle on
renonce pour pouvoir produire une unité
de mil.
Faisons le graphique de la courbe des
possibilités de production avec le mil en
abscisses et le coton en ordonnées
La courbe des possibilités de production est
la courbe représentative des
combinaisons de mil et de coton qui
épuisent les ressources du pays.
La droite LH représente la courbe des
possibilités de production.
Au point L toutes les ressources sont
consacrées à la production du coton.
Au point H toutes les ressources sont
affectées à la production de mil.
Au point A il produit une quantité OC de
coton et une quantité OD de mil.
Au point B il produit la quantité OE de coton
et OF de mil.
En se déplaçant de la gauche vers la droite
on augmente la quantité de mil au
détriment du coton.
Par exemple si on passe du point A au point
B le coût d’opportunité de la production de
mil a pour expression:
CE / DF
Si CE = 12 tonnes et DF = 10 tonnes,
le coût d’opportunité de la production d’une
tonne de mil est :12 / 10 = 1,20 tonnes
Donc pour produire une tonne de mil on
doit renoncer ou sacrifier 1,20 tonnes de
coton.
Par ailleurs au-delà de la droite LH nous
avons le domaine des productions
irréalisables ou inaccessibles à cause
de l’insuffisance des ressources.
En dessous de la droite de la droite LH
nous avons le domaine des productions
réalisables mais inefficientes c'est à dire
qui se traduisent par un gaspillage de
ressources : exemple au point G.
Si le producteur choisit ce dernier point
cela signifie que pour une quantité OD de
mil il se contente de la quantité OE de
coton alors qu’il peut avoir la quantité OC
de coton.
SECTION 2 : Les grands
courants de la pensée
économique
Parmi les courants qui ont marqué
l’histoire de la pensée économique
nous pouvons retenir :
le mercantilisme, la physiocratie,
l’école classique, l’école
néoclassique, le marxisme, le
keynésianisme et le monétarisme.
A-Le Mercantilisme (1450—1750)
Ce terme provient du latin « mercari »
qui signifie faire du commerce.Le
mercantilisme est un courant de
pensée qui considère que la richesse
d’un pays dépend de la quantité d’or,
d’argent ou de métaux précieux qu’il
possède.
Ces métaux précieux peuvent être gagnés
notamment grâce à un excédent de la
balance commerciale.
Le mercantilisme a pris plusieurs
formes : le mercantilisme métalliste
ou primitif, le mercantilisme
industriel ou colbertisme et le
mercantilisme commercial et
financier ou commercialisme.
-- le mercantilisme métalliste ou
primitif
Il fut pratiqué par l’Espagne et le
Portugal. Il se caractérise par la
recherche d’or dans les mines des
colonies et la mise en place d’une
réglementation limitant les sorties
d’or.
-- le mercantilisme industriel ou
colbertisme
Il fut pratiqué par la France. Il porte le
nom de Jean Baptiste COLBERT
(1619-1683) ministre des finances du
roi français Louis XIV
Cette forme de mercantilisme repose
sur l’idée que l’or et l’argent peuvent
être acquis grâce à un excédent de la
balance commerciale. C’est-à-dire
que les exportations soient
supérieures aux importations.
Il faudrait notamment accroître les
exportations de produits industriels ou
manufacturés. Pour cela l’Etat se doit
d’aider au développement des
industries.
COLBERT contribua à la création
de beaucoup de manufactures ou
d’industries appartenant à l’Etat
Français.
--le mercantilisme commercial et
financier ou commercialisme Il fut
pratiqué par des pays comme
l’Angleterre et la Hollande.
Il repose principalement sur l’idée
que c’est par le commerce qu’un
pays gagne l’or et l’argent qui lui
permet de s’enrichir. Les pays doivent
alors créer de grandes compagnies
commerciales qui vont échanger avec
le monde.
Parallèlement il faudrait aussi
abaisser les taux d’intérêt pour rendre
le crédit commercial moins cher et
ériger des barrières à l’entrée des
produits étrangers afin de favoriser
les produits locaux.
B-La Physiocratie ( 1750—1775)
Ce mot vient d’un physiocrate Pierre
Samuel Dupont de Nemours
( 1739 – 1817 ) . Il signifie le pouvoir
de la nature.
Cette philosophie économique fut défendue
par des auteurs dont le chef de file était
François QUESNAY (1694 –1774).
Son ouvrage majeur est le « Tableau
Economique » paru en 1758.
Les physiocrates rejettent la thèse
mercantiliste. Ils estiment que seule
la terre est créatrice de richesses.
La terre multiplie la matière. C’est en
cultivant la terre (l’agriculture) qu’on
crée une richesse nouvelle qualifiée
de « produit net ».
Ils distinguent aussi trois classes : la
classe productive ou classe des
agriculteurs, la classe des
propriétaires fonciers et la classe
stérile (artisans , commerçants ,
professions libérales , fonctionnaires
etc.).
François QUESNAY donna une
description de la circulation de la
richesse créée par la classe
productive dans un tableau
économique
Exemple :
Supposons qu’en début de période la
classe productive dispose de la
totalité du revenu national soit 5
milliards de F.CFA : la circulation du
revenu peut être présentée par le
tableau suivant :
Classe Classe P Classe Production
Productive Fonciers Stérile Totale
Classe Productive 2 1 2 5
Classe . P. Fonciers 2 0 0 2
Classe Stérile 1 1 0 2

Dépenses 5 2 2 9
Totales
Commentaires du tableau :
La classe productive a utilisé 2
milliards pour des achats nécessaires
au maintien de leur production et leur
subsistance, 2 milliards pour payer
les loyers des terres aux propriétaires
fonciers et 1 milliard pour acheter
des produits à la classe stérile.
De leur côté les propriétaires
fonciers utilisent leurs 2 milliards en
achetant pour 1 milliard de produits
agricoles à la classe productive et 1
milliard de produits à la classe stérile.
La classe stérile a reçu 1 milliard de
chaque classe soit au total 2 milliards.
Elle les utilise en achetant des
produits alimentaires et des matières
premières à la classe productive.
Avec ce tableau F. QUESNAY est
considéré comme le précurseur de la
Comptabilité Nationale.
Les physiocrates étaient aussi des
libéraux. Ils préconisaient la liberté du
commerce.
Ils estimaient que c’est « le laissez-
faire » et le « laissez –passer » qui
permettaient d’obtenir de bons prix
pour les produits agricoles.
Par leur philosophie libérale ils furent
aussi considérés comme les
précurseurs de l’école classique.
C-L’Ecole Classique (1750—1870)
Le fondateur de l’école classique est
Adam SMITH (1723—1790). Il publia
en 1776 son ouvrage majeur « La
recherche sur la nature et les causes
de la richesse des nations ».
Il considère que ce qui est bon pour
un individu est bon pour la collectivité
car les intérêts particuliers
s’identifient à l’intérêt général.
L’exaltation de l’individualisme et de
la libre concurrence le conduit à
prescrire qu’il faut « laissez- faire »
les individus et « laissez-passer » les
marchandises. Et une « main
invisible » conduira l’économie vers
un équilibre de plein emploi.
Une économie où le rôle de l’Etat sera
limité à la fourniture des biens
collectifs (assurer la sécurité, la
défense du territoire, la justice …) et
à la surveillance de l’observation des
règles de la concurrence : c’est la
thèse de « l’Etat Gendarme ».
D’autre part A.SMITH pense que le
travail est le facteur essentiel sur
lequel repose la valeur des biens. Et
la division du travail est un élément
essentiel pour la croissance de la
richesse d’un pays.
Il aura plusieurs disciples parmi
lesquels : David RICARDO, Jean
Baptiste SAY et Thomas MALTHUS.
--David RICARDO (1772—1823)
Dans son ouvrage « Principes
d’Economie Politique » publié en
1817 insista à son tour sur
l’importance de la division du travail
comme facteur de croissance de la
richesse des nations et comme
fondement du commerce international.
Il construisit aussi une théorie de la
répartition des revenus en rente
foncière, salaire et profit.
La rente foncière est le revenu des
propriétaires fonciers. Elle est versée
par les entrepreneurs capitalistes. Et
elle est égale à la différence entre le
produit d’une terre et le produit de la
terre la moins fertile.
Le salaire ou prix du travail est
déterminé par l’offre et la demande
de travail. Mais il tend à s’ajuster à
son prix naturel. Le prix naturel du
travail est celui qui fournit aux
ouvriers les moyens de subsistance.
Le profit est un revenu de nature
résiduelle c'est-à-dire ce qui reste du
produit après le paiement des
salaires et de la rente foncière par les
entrepreneurs.
-- Jean Baptiste SAY (1767-1832)
Il publia en 1803 son ouvrage « Traité
d’Economie Politique ». Il s’est rendu
célèbre par sa « loi des débouchés »
selon laquelle l’offre crée sa propre
demande.
En d’autres termes toute production
de biens entraîne la distribution des
revenus nécessaires à leur
acquisition. Une des conséquences
est l’impossibilité d’une crise de
surproduction.
-- Thomas MALTHUS (1766-1831)
Il s’est surtout rendu célèbre par sa
thèse sur la population. Il publia en
1798 son ouvrage « Essai sur le
principe de population » qui est une
recherche sur les causes de la
grande misère qui sévissait à la fin du
18ème en Angleterre
Il estime que la population livrée à
elle même augmente en progression
géométrique alors que les biens de
subsistance augmentent en
progression arithmétique.
En d’autres termes il y a un écart
entre la très forte croissance de la
population et la croissance modérée
de la nourriture ; un écart source de
misère.
Et si rien n’est fait la misère va
prospérer et à terme la nature va se
charger d’établir l’équilibre en
décimant les couches pauvres.
Il faudrait alors freiner la croissance de
la population.
T.MALTHUS a inspiré et continue
d’inspirer la politique de contrôle des
naissances à travers le monde.
D-Le Courant Néoclassique
Parmi les nombreux auteurs qualifiés
de néoclassiques nous pouvons
retenir :
-Stanley JEVONS (1835 – 1882),
ouvrage majeur« Théorie de
l’économie Politique » en 1871
-Léon WALRAS (1834 –1910), ouvrage
majeur« Eléments d’économie
politique » en 1874
-Vilfrédo PARETO (1848—1923),
ouvrage majeur « Cours d’économie
politique » en 1896-1897
Les néoclassiques sont considérés
comme les héritiers des classiques
du fait de leur philosophie libérale.
Cependant ils s’en distinguent par
leur thèse sur la valeur des biens.
Pour ces néoclassiques, la valeur d’un
bien dépend de son utilité marginale
c'est-à-dire de l’utilité de la dernière
unité disponible d’un bien
Exemple
Si un individu dispose d’une très
faible quantité d’eau, cette eau a une
grande valeur car elle lui permet de
satisfaire un besoin vital tel que boire.
S’il dispose d’une quantité d’eau plus
importante il pourra satisfaire des
besoins de moins en moins urgents
tels que se laver, cuisiner … arroser
le jardin.
Ainsi l’utilité de l’eau ira en diminuant
pour se fixer sur celle de l’arrosage.
Les néoclassiques sont les fondateurs
de la microéconomie, cette branche
de l’économie qui étudie notamment
les comportements individuels des
consommateurs, des producteurs et
les marchés.
E-Le Courant Marxiste ou Matérialiste
Karl MARX (1818—1883), ouvrages
importants : « Le manifeste du parti
communiste » en 1848 avec
F.ENGELS et « Le capital » en 1867.
L’analyse marxiste est dominée par le
« matérialisme historique », une
théorie qui constate que les systèmes
économiques sont en changement
permanent
Par exemple l’économie capitaliste
s’est substituée à l’économie féodale.
Cette dernière s’est substituée à
l’économie esclavagiste.
Dans tous ces systèmes nous avons
une classe dominée et une classe
dominante.
La classe dominée dans l’économie
esclavagiste est constituée des
esclaves et la classe dominante des
maîtres
La classe dominée dans l’économie
féodale est constituée des serfs et la
classe dominante des nobles ou
seigneurs.
La classe dominée dans l’économie
capitaliste est constituée des
travailleurs ou prolétaires et la classe
dominante des capitalistes ou
bourgeois.
Le fondement de la domination dans
l’économie capitaliste est la propriété
des moyens de production. Dans une
telle économie les travailleurs sont
exploités par les capitalistes qui leur
extorquent la plus-value.
La plus-value est du travail non payé.
C’est la différence entre la valeur
produite par la force de travail et la
valeur de la force de travail.
L’ampleur de l’exploitation du
travailleur est mesurée par le taux
d’exploitation ou taux de plus-value.
Le taux d’exploitation ou taux de
plus-value (TPL) se définit comme
le rapport entre la plus-value (PL) et
le capital variable ou valeur de la
force de travail (V) :
TPL = __PL__
V
Le taux de profit (Π) est le rapport
entre la plus-value (PL) et la somme
du capital variable (V) et du capital
constant ou valeur de l’équipement et
des matières premières (C ) :
Π = __PL_
C+V
Le taux de profit tend à baisser.
L ’origine de la baisse tendancielle du
taux de profit :
K. MARX rappelle que la plus-value
(PL) n’est produite que par le capital
variable (V) et non par le capital
constant.
Or la concurrence pousse les
capitalistes à augmenter le capital
constant au détriment du capital
variable.
Cela se traduit par une hausse de la
composition organique du capital
( Ko ) c'est-à-dire du rapport capital
constant ( C) sur capital variable (V)
et une baisse du taux de profit(Π) si le
taux de plus-value (TPL) reste
constant.
Démonstration : nous avons vu que :

Π = taux de profit = __PL__


C+V
Ko = composition organique du capital
= C/V et C = Ko V

TPL = taux de plus-value ou taux


d’exploitation
TPL = __PL__
V
Nous pouvons réécrire la formule
donnant le taux de profit :
Π = __PL_
C+V
On remplace C par son expression
en fonction de Ko c'est-à-dire
C= Ko V
Π = __PL___ = ___PL_____
KoV+V V(Ko + 1 )

Π= PL . __1_____ = ___TPL_
V (Ko + 1 ) Ko + 1
On voit que si le TPL est constant,
une hausse de Ko entraîne une
baisse du taux de profit (Π).
Par ailleurs K.MARX estime que
l’exploitation des travailleurs ne
pourra être éternelle à cause
notamment de
la contradiction entre la recherche
effrénée du profit et le versement de
salaires de subsistance ou de misère
à la grande majorité de la population
constituée par les travailleurs.
Cependant l’économie capitaliste
subsiste toujours montrant que les
prédictions de K .MARX ne se sont
pas encore réalisées.
Les raisons sont multiples :
--la baisse du taux de profit suppose la
constance du taux de plus-value or
avec le progrès technique celui-ci ne
peut être une constante.
-- l’apparition d’une classe moyenne
qui s’est enrichie avec le
développement du capitalisme.
--etc.
F-Le courant Keynésien
Ce courant a comme chef de file John
Maynard KEYNES (1883-1946).
Son ouvrage majeur est la « Théorie
Générale de l’Emploi de l’Intérêt et de
la Monnaie » en 1936.
KEYNES s’est singularisé notamment
par sa critique des thèses des
classiques et néoclassiques.
C’est un contemporain de la grande
crise économique de 1929. Et une de
ses préoccupations était de trouver
une solution à cette crise.
Une solution qui ne pouvait provenir des
classiques et néoclassiques car cette
crise était la manifestation de
l’inadéquation de leur thèse.
KEYNES s’est aussi fait remarquer par sa
« loi psychologique sur la consommation »
et son « multiplicateur d’investissement ».
1-La critique des thèses classique et
néoclassique
Elle est marquée notamment par le
rejet de la loi des débouchés de SAY
et la contestation de l’hypothèse de
concurrence pure et parfaite.
-- le rejet de la loi des débouchés de
SAY
Pour KEYNES l’offre ne crée pas sa
propre demande.
Il y a des fuites dans le système de
production.
L’entreprise ne réinvestit pas
automatiquement tous ses bénéfices.
Et le salarié n’offre pas toute son
épargne aux entreprises qui veulent
investir, il peut garder une partie sous
une forme liquide.
Pour KEYNES c’est la demande qui
commande l’offre, plus précisément la
demande effective.
Cette dernière est la demande
anticipée de biens et services par les
entrepreneurs.
Et la crise de 1929 aurait pour origine
une insuffisance de la demande
effective.
-- la contestation de l’hypothèse de
concurrence pure et parfaite:
Les marchés de biens et services sont
en général des « marchés
imparfaits »: c’est-à-dire des marchés
où ne règne pas la concurrence pure
et parfaite.
KEYNES constate que sur les
marchés on trouve notamment des
oligopoles , des barrières à l’entrée et
un manque de transparence.
Bref des facteurs contraires aux
conditions qu’exige la concurrence
pure et parfaite.
2- La « loi psychologique »
keynésienne sur la consommation :
Pour Keynes :
Revenu = Consommation + Epargne
Quand le revenu augmente la
consommation et l’ épargne
augmentent.
Mais la part de la consommation
diminue au profit de l’épargne.
Par exemple :
C = aY+b = 0,8Y+140
Y= Revenu
b= consommation incompressible ou
autonome=140
a = propension marginale à
consommer=C’ ; avec 0< a<1
La propension marginale à
consommer « a » est un coefficient
qui nous renseigne sur la variation de
la consommation finale lorsque le
revenu varie.
« a » est positif donc si Y augmente
la consommation augmente.
Par ailleurs, la part de la consommation
dans le revenu est appelée « la
propension moyenne à consommer ».
C’est le rapport entre la consommation
et le revenu.
PMC = __C __ = __aY + b = a + b
Y Y Y
PMC’ = - __b_ < 0
Y2
.
On constate que la propension
moyenne à consommer ou la part de
la consommation dans le revenu
diminue lorsque le revenu augmente.
La part de l épargne augmente
quand le revenu augmente
Par exemple :
Keynes définit l’épargne comme la
partie non consommée du revenu.
E=Y–C
E = Y – ( aY + b ) = Y – aY – b
E =Y(1–a)–b
Si (1 – a ) = s = propension marginale
à épargner (PmE)
Avec a= 0,8 et b = 140 , nous
aurons
s = (1-0,8) = 0,20
E = sY – b = 0,2OY-140
E’= s = 0,20 >0
Donc si Y augmente l’épargne
augmente aussi.
La propension moyenne à épargner
(PME) représente la part de
l’épargne dans le revenu.
PME = __E__ = _sY – b
Y Y
PME = s - _ b_
Y
PME’ = __b_ >0
Y2
On constate que la propension
moyenne à épargner ou la part de
l’épargne dans le revenu augmente
lorsque le revenu augmente.
-3-Le multiplicateur d’investissement
En cas d’insuffisance de la demande
effective l’Etat peut augmenter ses
dépenses d’investissement en
demandant à la Banque Centrale de
lui créer de la monnaie.
Cela va pousser les entreprises à produire
plus et distribuer des revenus pour
satisfaire la demande de l’Etat. Cette
augmentation des revenus va entraîner
une hausse de la consommation …
Par exemple :
Si Δ I = 100 milliards de FCFA
et a = propension marginale à
consommer= 0,8
Nous aurons le tableau simplifié
suivant :
Périodes Demande Revenu
1 100 100
2 0,8x100=80 80
3 0,8x80 = 64 64
4 0,80x 64 =51,20 51,20
….. …… …..
….. …… …..
infini .. 500
∑ ∆ Y = 100 + 80 + 64 + 51,20 +……

∑ ∆ Y = 100 + 100 (0,80) + 100 (0,80)2 +


100 (0,80)3 + …..
∑ ∆ Y = 100 x __ 1_____ = 500
1 - 0,80
Le Xeur d’investissent = __1___ = 5
1 – O,8
Ou
Xeur d’investissent = __1___
1-a
L’augmentation de l’investissement
public a un effet plus que
proportionnel sur le revenu
national.
Et l’effet sera d’autant plus important
que la propension marginale à
consommer « a» est élevée.
Par ailleurs la conception keynésienne du
rôle de l’Etat par rapport à l’économie est
une conception « d’Etat –Providence ».
G – Le courant monétariste
Les monétaristes sont aussi des
libéraux dont le chef de file est Milton
FRIEDMAN (1912-2006), prix Nobel
d’économie en 1976.
Ce dernier a publié plusieurs ouvrages
dont : « Une théorie de la fonction de
consommation » en 1957 ;
« Capitalisme et liberté » en 1962 et
« Histoire monétaire des Etats-Unis »
en 1963 avec Anna SCHWARTZ.
Milton FRIEDMAN et ses disciples de
l’école de Chicago privilégient
l’évolution de la quantité de monnaie
dans l’explication des crises
économiques.
Ainsi lorsque la création monétaire est
excessive elle provoque l’inflation.
Lorsqu’elle est insuffisante elle
entraîne la récession comme pour la
crise de 1929. Il faudrait alors réguler
la quantité de monnaie en circulation
pour éviter ces problèmes.
Contrairement aux keynésiens, les
monétaristes estiment que la politique
budgétaire est inefficace car elle crée
l’inflation. Il faudrait plutôt une
politique monétaire.
La science économique est
redevable à tous ces courants de
pensée que nous venons brièvement
de présenter.
La science économique est
aujourd’hui éclatée en plusieurs
branches parmi lesquelles : la
comptabilité nationale, le commerce
international , l’analyse monétaire etc.

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