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Contribution à l’analyse du rôle du capital humain dans le

développement durable -cas des petites et moyennes entreprises


agroalimentaire dans le Sud du Maroc

Cheikh Naama MA EL AININ1, Fatima Zahra ABRAOUZ2,


1
Professeur de l’enseignement supérieur assistant, Faculté d’Economieet de Gestion de Guelmim,
université Ibn Zohr
2
Professeure de l’enseignement supérieur assistant, Faculté d’Economie et de Gestion de Guelmim,
université Ibn Zohr.

Email : naama_25@hotmail.com
Abraouz1@gmail.com
RESUME
La question du développement durable est en vogue, non seulement au Maroc, mais partout au monde.
C’est dans ce cadre que nous avons essayé de déterminer l’impact du capital humain sur le
développement durable, en effet, le capital humain joue un rôle essentiel en améliorant l’innovation,
en créant les conditions préalables à la croissance économique, et en accélérant le processus de la
protection de l’environnement, ce qui conduit à un développement durable. Dans cette perspective, on
peut poser deux questions principales : existe-t-il un lien entre le capital humain et les pratiques de la
protection de l’environnement ? Si oui quel est le degré de ce lien ?
Dans ce travail, nous avons tenté d’analyser statistiquement les données collectées auprès des
entreprises afin de répondre à notre problématique, notamment des données sur le niveau d’éducation
et les pratiques de la protection de l’écologie.
Mots clés :
Développement durable, capital humain, éducation, pratiques de la protection de l’environnement

ABSTRACT
The question of sustainable development is important, not only in Morocco, but everywhere in the
world. It is within this framework that we have tried to determine the impact of human capital on
sustainable development practices, indeed, human capital plays an essential role in improving
innovation, creating the preconditions for economic growth, and speeding up the process of
environmental protection, which leads to sustainable development. From this perspective, two main
questions can be asked: is there a link between human capital and environmental protection practices?
If so, what is the degree of this link?
In this work, we tried to statistically analyze the data collected from companies in order to answer our
problem, in particular data on the level of education and the practices of environmental protection.
Key words :
Sustainable development, human capital, education, environmental protection practices.
I- INTRODUCTION
La véritable richesse d’une nation n’est constituée ni par sa situation géographique, ni par sa
richesse naturelle, ni même par des équipements industriels, mais par sa capacité à développer
et à mieux utiliser efficacement les aptitudes innées de son capital humain. Pour cela, cet
article met l’accent sur le lien entre le capital humain, notamment, le niveau d’éducation et le
développement durable, plus précisément les pratiques ayant pour but de protéger
l’environnement.
En effet, le capital humain constitue l’un des capitaux qui sont très importants, voire
indispensables, pour assurer une croissance verte, stable et permanente, dans cette
perspective, existe-t-il un lien entre le capital humain et les pratiques de la protection de
l’environnement ? Si oui quel est le degré de ce lien ?
Alors l’objectif de notre étude est d’analyser et mesurer l’impact de niveau d’éducation des
propriétaires et des dirigeants sur les pratiques adoptées par les entreprises afin de protéger et
de préserver l’écologie. En effet, la question principale de cette recherche s’articule autour de
trois hypothèses :
[H1] : les pratiques de la protection de l’environnement sont fortement liées au niveau du
capital humain ;
[H2] : seul le niveau d’éducation des dirigeants des entreprises qui exerce un effet sur les
pratiques de la protection de l’environnement.
[H3] : le niveau de formation des propriétaires oriente la stratégie de l’entreprise vers un volet
environnemental.
Pour vérifier ces trois hypothèses, nous avons adopté une démarche quantitative. De ce fait,
nous avons collecté les données auprès des PME dans les trois régions du sud-Maroc.
Dans un premier temps, on va aborder un soubassement théorique, dont on va définir les
concepts de base, ainsi mettre l’accent sur le lien entre ces deux concepts, dans un deuxième
temps, on va présenter la méthodologie choisie pour identifier les effets du capital humain sur
le développement durable, et dernièrement, on va exposer les principaux résultats obtenus par
l’étude.
II- DEVELOPPEMENT

2.1 Cadre théorique/revue de littérature/concepts clés :


La notion de capital humain a pris son départ principalement grâce aux travaux de Hary
Stanley Becker dans les années 60. Le principe fondateur de cette théorie est simple :
l’éducation et la formation, pour les individus, représentent des investissements. Dans cette
optique, le capital humain peut alors être défini comme l’ensemble des compétences, des
capacités et des aptitudes de l’individu, quelle que soit l’origine de leur acquisition.
Plus récemment, un rapport de l’OCDE (1998) définit le capital humain comme : les
connaissances, les qualifications, les compétences et les autres qualités que possède un
individu et qui touchent l’activité économique. De plus, certains auteurs ont lié le capital
humain à la formation. De ce fait, ce capital peut être accumulé par les formations que
reçoivent les travailleurs dans les entreprises et qui contribuent à promouvoir leurs qualités et
leurs compétences. Dans l’ensemble, l’aspect-clé du capital humain a trait aux connaissances
et aptitudes possédées par les individus et accumulées au cours de la scolarité, de la formation
et des expériences et qui sont utiles pour la production de biens, de services et de
connaissances nouvelles, il peut apporter une nouvelle vision sur le processus de production
(Claude jessua, et al, 2001, p104). Cependant, la santé et l’alimentation constituent,
également, un aspect important de cet investissement (N. Zuinen et S. Varlez, 2004).
Pour l’entreprise, on peut distinguer 3 types du capital humain, à savoir : le capital humain
général qui correspond aux connaissances et compétences génériques accumulées par les
expériences professionnelles et l’éducation, le capital humain spécifique à la firme qui
correspond à des connaissances et des compétences accumulées collectivement au sein d’une
entreprise, et le capital humain spécifique à une tâche constitué par les expériences et les
formations professionnelles orientées vers un poste (Gibbons, 2004).
Concernant le développement durable, il est défini comme un nouveau paradigme de
développement, car il inclut la prise en compte de l’environnement et la qualité de vie de la
population mondiale, et forme une coupure avec l’ancien modèle de développement, ainsi que
vis-à-vis du modèle de développement dominant porté par l’idéologie de la mondialisation.
« Dans ses acceptions signifiantes, le développement durable s’inscrit précisément dans cette
idée de post-développement, qui veut redéfinir à la fois l’idéal du progrès et ses
manifestations, en réhabilitant la nature comme substrat, en mettant en question la dynamique
de percolation et en instrumentalisant une économie qui doit être adaptée, reformalisée en
fonction des impératifs écologiques. » (Zaccai, 2002).
Le développement durable est né à partir d’événements précis au sein d’organismes
particuliers à travers des textes comme la déclaration de Rio1 (1992) et le Rapport Brundtland

1 La conférence des nations unies, sur l’environnement et le développement, faite à Rio de


Janeiro du 3 au 14 juin 1992, réaffirmant la Déclaration de la conférence des Nations Unies
sur l’environnement adoptée à Stockholm le 16 juin 1972, et cherchant à en assurer le
prolongement, dans le but d’établir un partenariat mondial sur une base nouvelle et équitable
en créant des niveaux de coopération nouveaux entre les États, les secteurs clefs de la société
et les peuples, œuvrant en vue d’accords internationaux qui respectent les intérêts de tous et
protègent l’intégrité du système mondial de l’environnement et du développement,
reconnaissant que la Terre, foyer de l’humanité, constitue un tout marqué par
l’interdépendance.
(1987). Suivant ce dernier : « le développement durable est un développement qui satisfait les
besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les
leurs ». À travers cette définition, nous notons d’abord un refus de toute « dictature »
temporelle.
De plus, le développement durable a pour objectif de concilier trois « piliers » visant à
constituer un socle équilibrant les systèmes en place. Ces trois piliers sont :
• Économique : l’économie ne peut plus être une finalité unique de société ;
• Social : il garantit la place et les droits des individus dans un esprit d’équité ;
• Environnemental : l’environnement peut être vu comme l’épine dorsale des activités
humaines.
En outre, il est primordial de lier l’éducation et l’environnement à l’éducation au
développement, puisqu’un développement qui néglige l’environnement mènera à un sous-
développement.
Par ailleurs, l’éducation et la formation présentent des éléments indispensables qui aident à
construire un développement durable, en effet, l’humain est le premier à participer au
bouleversement de son environnement. D’après l’UNESCO, c’est dans l’esprit de l’homme
que la destruction écologique est née, c’est pour cela que c’est aussi dans l’esprit des hommes
qu’il faut également en élever les défenses.
En 2015, la communauté internationale du COP21 a concrétisé le lien entre le capital humain,
c’est-à-dire l‘éducation et l’enseignement, et la protection environnementale comme un
élément important des finalités du développement durable. Parmi ces finalités, on trouve une
qui traite l’éducation de qualité, et l’intégralité des élèves acquiert les connaissances ainsi que
les compétences nécessaires pour favoriser le développement durable d’ici 2030 (Pascal
Canfin et Peter Staime, 2015). Une autre finalité relative à la consommation ainsi que la
production responsable, il prévoit d’encourager toutes personnes à avoir les connaissances
suffisantes et nécessaires au développement durable et également à un style de vie en
harmonie avec la nature.
C’est avec la participation de chaque personne (citoyen ou professionnel) qu’on peut aboutir
au développement durable. C’est pour cela que la sensibilisation écologique est fortement
primordiale, de même, certains types de compétences doivent couvrir de nombreux
domaines tels que : la société, l’environnement, et l’économie, et doivent déployer de
différents niveaux locaux ou mondiaux. En effet, l’enseignement peut jouer un rôle décisif en
aidant les citoyens à devenir des écocitoyens ainsi que de futurs professionnels aptes à
s’adapter.
Par ailleurs, l’ONU a identifié l’ampleur de la contribution du capital humain pour atteindre
les finalités de développement durable, dont l’éducation, la formation, et la formation
continue au développement durable. En outre, l’éducation ainsi que la formation au
développement durable se focalisent sur des valeurs comme l’empathie, la solidarité et
également l’entraide, l’équité, la responsabilité sociale et individuelle, le respect de la nature
et des êtres humains, l’ouverture à l’autre, la liberté d’expression et la créativité.
Dans un autre contexte, une étude de Cheikh Naama et al. (2021) a mis l’accent sur le rôle
joué par le capital humain dans les entreprises sociales, en l’occurrence les coopératives, en
effet, ils ont constaté que le niveau d’éducation des adhérents exerce un effet important sur la
stratégie de la coopérative en matière du pilier économique et social du développement
durable.

2.2 Méthodologie :
Pour ce travail, nous avons adopté une démarche quantitative qui est définie par le fait que les
informations collectées sont des mesures numériques et qu’on peut analyser statistiquement
les données recueillies. Les principales caractéristiques qui contribuent à cerner ce type de
recherche sont :
- le point de départ : elle formule son hypothèse avant la collecte des données ;
- le but : elle traite la réalité comme le produit d’un ensemble d’éléments
décomposables ;
- Le plan de recherche : l’objectif de l’étude est de vérifier les hypothèses dans la
réalité ;
- Le choix des participants : on doit choisir les enquêtés parmi les individus de la
population étudiée, en utilisant les techniques de l’échantillonnage ;
- La collecte et l’analyse des données : l’objectif de cette recherche est d’utiliser
des instruments permettant de traduire le phénomène étudié en mesures
quantitatives et le traitement des données se fera par les méthodes statistiques.
Pour ce travail, nous avons adopté le test de khi deux, la régression logistique…
Ainsi, nous avons utilisé l’enquête, notamment un questionnaire, pour la collecte des données
en vue de répondre à notre problématique.
En ce qui concerne l’échantillon, nous nous sommes basés sur la méthode de
l’échantillonnage aléatoire qui entraîne une sélection reposée sur la notion de l’égalité de la
chance. En effet, nous avons opté pour la méthode aléatoire simple, car elle est facile à mettre
en œuvre, cependant, elle doit respecter un principe selon lequel chaque individu doit avoir la
même probabilité d’être choisi.
De plus, le calcul de la taille de l’échantillon peut se faire en appliquant cette formule :

Où : n : la taille de l’échantillon. t : le degré de confiance à 90 % (valeur type de 1,64). p : le


pourcentage des individus qui présentent le caractère observé. q=1-p et m : la marge d’erreur
10 %.
Dans notre cas, pour déterminer le pourcentage des individus présentant le caractère observé,
nous nous basons sur une étude de Cheikh Naama, en effet, cette dernière a constaté que
presque 64 % des PME dans les trois régions du sud-Maroc, dispose d’un certificat de qualité,
et par la suite elles peuvent être conscientes de l’intérêt de la protection de l’environnement.
Donc, nous pouvons calculer la taille de l’échantillon comme suit :

Et puisqu’on a une population finie (elle est de 129), nous allons appliquer la formule
suivante :

Où : N : La population mère. Et n2 : L’échantillon corrigé. C’est-à-dire :

Il faut noter que deux entreprises ont refusé de répondre à notre enquête.
De plus, nous avons adopté plusieurs méthodes statistiques afin de vérifier nos hypothèses, à
savoir :
▪ Le test de Khi-deux pour étudier l’indépendance entre les variables de notre étude, car
elles sont qualitatives ;
▪ L’analyse factorielle des correspondances qui met l’accent sur l’interdépendance entre
les variables ;
▪ La régression logistique binomiale afin de déterminer la probabilité selon laquelle une
entreprise prend en considération l’approche environnementale dans sa stratégie ;
▪ L’analyse discriminante pour déterminer les variables les plus importantes dans
l’adoption d’une stratégie environnementale dans l’entreprise.

2.3 Présentation et interprétation des résultats :


2.3.1. L’analyse bivariée
2.3.1.1. La relation entre le niveau du capital humain des propriétaires et le
développement durable
2.3.1.1.1. Le niveau du capital humain des propriétaires et la protection
de l’environnement
Après la saisie des données collectées via un questionnaire, le logiciel SPSS nous a fourni les
deux tableaux suivants :
Tableau 1 : Tests du Khi deux

Valeur Ddl Signification asymptotique


Khi deux de Pearson 33 393 12 , 001
Rapport de vraisemblance 29 573 12 , 003
Association linéaire 12 472 1 , 000
Nombre d’observations 30

Source : les auteurs

Tableau 2 : Mesures symétriques


Valeur Signification approximée
Nominal Phi 1,055 , 001
V de Cramer , 609 , 001
Coefficient de contingence , 726 , 001
Nombre d’observations valides 30
Source : les auteurs
Nous pouvons remarquer que la valeur de Khi deux calculée est très significative, donc les
deux variables sont dépendantes. Et afin de mesurer l’intensité de la relation entre le niveau
du capital humain et les pratiques de la protection de l’environnement, on s’est basé sur la
valeur de Cramer et le coefficient de contingence, de ce fait, la valeur du premier est de 0,609,
par contre la valeur du deuxième est de 0,729. Donc les deux coefficients tendent vers 1, ce
qui nous permet de dire qu’il existe une forte relation entre le niveau du capital humain des
propriétaires et les pratiques pour protéger l’environnement.
Pour aller plus loin dans notre analyse, nous avons adopté une analyse factorielle des
correspondances. En outre, le diagramme suivant présente les points de lignes et de colonnes.
Figure 1 : points de lignes et de colonnes
Source : les auteurs
En se basant sur les résultats en haut, on peut regrouper les modalités des variables étudiées
en 3 groupes. En effet, les propriétaires ayant un niveau bac ont tendance à ne pas adopter des
pratiques de la protection de l’environnement, alors que les propriétaires qui ont un bac
adoptent, rarement, les mesures pour protéger l’écologie, par contre, le troisième groupe
contient les propriétaires ayant au moins bac+2 et qui exercent des pratiques pour la
protection de l’environnement moyennement ou quotidiennement.
2.3.1.1.2. Le niveau du capital humain des propriétaires et la stratégie
environnementale de l’entreprise
Le logiciel SPSS nous a donné les résultats suivants :
Tableau 3 : Tests du Khi deux
Valeur Ddl Signification asymptotique
Khi deux de Pearson 11 071 4 , 026
Rapport de vraisemblance 11 390 4 , 023
Association linéaire 5 709 1 , 017
Nombre d’observations 30
Source : les auteurs
Au seuil de 3 %, les deux variables ne sont pas indépendantes, et pour mesurer cette relation,
nous nous sommes basés sur les résultats affichés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 4 : Mesures symétriques
Valeur Signification approximée
Nominal Phi , 607 , 026
V de Cramer , 607 , 026
Coefficient de contingence , 519 , 026
Nombre d’observations 30
Source : les auteurs
En effet, on peut dire que le niveau du capital humain est moyennement corrélé avec
l’adoption la stratégie environnementale, c’est-à-dire, lorsque le niveau du capital humain est
élevé, la probabilité que l’entreprise donne une priorité à la stratégie environnementale
augmente.
Et pour déterminer cette probabilité, nous avons estimé un modèle de régression logistique
binomiale, en effet, les résultats obtenus sont les suivants :
Tableau 5 : Récapitulatif des modèles
Étape -2 log- R deux de Cox & R deux de
vraisemblance Snell Nagelkerke
1 30 464 a , 522 , 740
Source : les auteurs
D’après le tableau en haut, on constate que le niveau du diplôme obtenu par les propriétaires
de l’entreprise explique 74 % de l’adoption d’une stratégie environnementale. En effet, la
probabilité prédite par le modèle s’approche de la valeur observée. Autrement dit, plus le
niveau du diplôme est élevé plus la probabilité que l’entreprise adopte une stratégie
environnementale s’accroit.
En effet, le tableau de classement présente la prédiction, en effet, le modèle permet de
classifier d’une façon correcte plus de 83 % des entreprises.
Tableau 6 : Tableau de classement
Prévisions
la stratégie environnementale Pourcentage
Non oui correct
Étape 1 La stratégie Non 5 4 55,6
environnementale Oui 1 20 95,2
Pourcentage global 83,3
Source : les auteurs
Or, le paramètre de la variable explicative est positif, comme le souligne le tableau ci-dessous,
alors le niveau du capital humain et l’adoption d’une stratégie environnementale varient dans
le même sens, on ajoute, également, qu’au seuil de 3 % le paramètre estimé est très
significatif.
Tableau 7 : Variables dans l’équation
A E.S. Wald Ddl Sig. Exp(B)
Eta Le niveau du diplôme , 918 , 420 4 788 1 , 029 2 504
pe des propriétaires
1 Constante -2 051 1,341 2 339 1 , 126 , 129
Source : Nous même
2.3.1.2. La relation entre le niveau du capital humain des dirigeants et le
développement durable
2.3.1.2.1. Le niveau du capital humain des dirigeants et la protection de
l’environnement
Pour tester l’indépendance entre les deux variables étudiées, à savoir : le niveau du capital
humain des dirigeants et l’adoption des pratiques de la protection de l’environnement, nous
nous basons sur le test de Khi deux.
En effet, les résultats obtenus sont les suivants :
Tableau 8 : Tests du Khi deux
Valeur Ddl Signification asymptotique
Khi deux de Pearson 8 071 9 , 0527
Rapport de vraisemblance 9 209 9 , 0418

Association linéaire 4 786 1 , 0029


Nombre d’observations 30
Source : Nous même
On remarque qu’au seuil de 6 % les deux variables sont dépendantes, mais le degré du lien
n’est pas assez élevé, en effet, d’après le tableau ci-dessous la valeur de Cramer est de 0,3,
alors que le coefficient de contingence atteint 0,46.
Tableau 9 : Mesures symétriques
Valeur Signification approximée
Nomina Phi , 519 , 0527
l V de Cramer , 299 , 0527
Coefficient de contingence , 460 , 0527
Nombre d’observations 30
Source : Les auteurs
Cependant, et afin d’étudier d’une façon profonde la relation entre ces deux variables, nous
nous basons, également, sur l’analyse factorielle des correspondances. De ce fait, le logiciel
SPSS a dégagé le diagramme suivant :
Figure 2 : points de lignes et de colonnes

Source : les auteurs


À partir de ce diagramme, nous pouvons remarquer que lorsque le dirigeant a un bac tend à ne
pas adopter des pratiques pour protéger l’environnement, ou à les adopter rarement, par contre
si le dirigeant dispose d’un bac+2, il tend à pratiquer moyennement des mesures pour la
protection de l’écologie, alors que, si ces dirigeants ont un diplôme équivalent à bac+3 ou à
bac+5, ils tendent à pratiquer toujours les mesures de la protection de l’environnement.
2.3.1.2.2. Le niveau du capital humain des dirigeants et la stratégie
environnementale
Concernant la relation entre le niveau du capital humain des dirigeants et l’adoption d’une
stratégie environnementale, on a opté pour le test de khi deux, les résultats constatés sont
représentés comme suit :
Tableau 10 : Tests du Khi deux
Valeur ddl Signification asymptotique

Khi deux de Pearson , 952 3 , 0813


Rapport de vraisemblance , 895 3 , 0827
Association linéaire , 395 1 , 0530
Nombre d’observations 30
Source : Les auteurs
D’après ce qui précède, nous pouvons dire qu’au seuil de 9 %, les deux variables sont
dépendantes. Cependant, en se basant sur le tableau ci-dessous, le degré de la relation est très
faible, il est, seulement, de 17,8 %.
Tableau 11 : Mesures symétriques
Valeur Signification approximée
Nominal Phi , 178 , 0813
V de Cramer , 178 , 0813
Coefficient de contingence , 175 , 0813
Nombre d’observations 30
Source : les auteurs

2.3.2. L’analyse multivariée


Pour élaborer cette partie, nous nous basons sur l’analyse discriminante, afin de déterminer la
variable la plus discriminante pour l’adoption des pratiques de la protection de
l’environnement et pour également l’adoption d’une stratégie environnementale.
Il faut noter que nous allons, par la suite, introduire deux variables, à savoir : la spécialité de
diplôme des dirigeants (est-elle liée aux spécialités de l’environnement ou non ?) et la
spécialité de diplômes des propriétaires (est-elle liée aux spécialités de l’environnement ou
non ?).
2.3.2.1. Le capital humain et les pratiques de la protection de
l’environnement
Nous pouvons présenter les résultats de l’analyse discriminante comme suit :
Tableau 12 : Résultats du test
M de Box 23 056
F Approximativement , 795
ddl1 20
ddl2 881 114
Signification , 722
Source : les auteurs
Le M de Box n’est pas significatif (probabilité associée = 0,722), ce qui laisse croire que le
postulat d’égalité des matrices de variances – covariances est satisfait.
Tableau 13 : Valeurs propres
Fonction Valeur % de la % Corrélation
propre variance cumulé canonique

1 1,127 94,8 94,8 , 728


2 , 053 4,5 99,3 , 225
3 , 008 ,7 100,0 , 091
Source : les auteurs
D’après ce tableau, on va retenir seulement la première fonction, car, d’une part, sa valeur
propre est supérieure à 1, et d’autre part, elle explique 94,8 % de la variance totale, ainsi la
corrélation canonique est très importante, elle est de 0,728.
Tableau 14 : Lambda de Wilks
Test de la ou des fonctions Lambda de Wilks Khi deux ddl Signification
de 1 à 3 , 443 20 380 12 , 060
de 2 à 3 , 941 1,507 6 , 959
3 , 992 , 206 2 , 902
Source : les auteurs
Les résultats, fournis par le SPSS ci-dessus, révèlent que la valeur de khi est 20,38, avec un
degré de significativité de 0,060, alors, on peut déduire que la fonction discriminante est
significative à un niveau de 6 %.
Tableau 15 : Coefficients des fonctions discriminantes canoniques standardisées
Fonction
1 2 3
le diplôme des dirigeants , 445 -, 386 , 331
le diplôme des propriétaires , 640 , 314 , 348
La spécialité du diplôme des dirigeants -, 396 1,183 , 590
La spécialité du diplôme des propriétaires , 657 -, 285 -1,046
Source : les auteurs
D’après le tableau en haut, on peut écrire la première fonction discriminante comme suit :
Adoption des pratiques pour protéger l’environnement= 0,445 diplôme des dirigeants +
0,64 diplôme des propriétaires- 0,396 spécialité du diplôme des dirigeants + 0,657
spécialité du diplôme des propriétaires
En se basant sur cette équation, on constate que la spécialité du diplôme des dirigeants est la
variable la moins discriminante pour l’adoption des pratiques de la protection de
l’environnement. Par contre, le niveau et la spécialité du diplôme des propriétaires
représentent les variables qui sont les plus discriminantes.
Ainsi, en reposant sur le tableau ci-dessous, on peut conclure que la fonction discriminante
permet de classer correctement plus de 53 % des observations.
Tableau 16 : Résultats du classement
les pratiques Classe(s) d’affectation prévue(s) Total
pour protéger Jamais Rarement moyennement Toujours
l’environnement
Origina Effectif Jamais 1 1 1 0 3
l Rarement 1 4 1 0 6
Moyennement 0 1 3 3 7
Toujours 0 2 4 8 14
% Jamais 33,3 33,3 33,3 ,0 100,0
Rarement 16,7 66,7 16,7 ,0 100,0
Moyennement ,0 14,3 42,9 42,9 100,0
Toujours ,0 14,3 28,6 57,1 100,0
53,3 % des observations originales classées correctement.
Source : les auteurs
2.3.2.2. Le capital humain et la stratégie environnementale de l’entreprise
Le logiciel SPSS nous a fourni les résultats suivants :
Tableau 17 : Résultats du test
M de Box 7 950
F Approximativement , 629

ddl1 10
ddl2 1 122 419
Signification , 790
Source : les auteurs
En se basant sur le tableau en haut, le M de Box n’est pas significatif (probabilité associée =
0,79), ce qui nous pousse de dire que l’hypothèse d’égalité des matrices de variances –
covariances est satisfait.
Tableau 18 : Valeurs propres
Fonction Valeur % de la % cumulé Corrélation
propre variance canonique
1 , 322 100,0 100,0 , 494
Source : les auteurs
En lisant ce tableau, on peut constater que le pourcentage de la variance est de 100 % ce qui
signifie que 100 % du pouvoir discriminant des variables explicatives est attribuable à la
fonction discriminante. On ajoute, également, que la corrélation canonique est moyenne, car
elle est de 49,4 %.
Ainsi, en reposant sur le tableau en bas, on constate que le test de Lambda de Wilks est
significatif au seuil de 12,3 %.
Tableau 19 : Lambda de Wilks
Test de la ou des fonctions Lambda de Wilks Khi deux Ddl Signification
1 , 756 7 263 4 , 123
Source : les auteurs
On peut conclure, également, que la fonction discriminante est utile à l’explication des
différences observées entre les groupes au niveau de 12,3 %.
Tableau 20 : Coefficients des fonctions discriminantes canoniques standardisées
Fonction 1

le diplôme des dirigeants -, 170

le diplôme des propriétaires , 860

La spécialité du diplôme des dirigeants , 095


La spécialité du diplôme des propriétaires , 407
Source : les auteurs
D’après le tableau ci-dessus, on peut écrire la fonction discriminante comme suit :
Adoption des pratiques pour protéger l’environnement= -0,170 diplôme des dirigeants +
0,860 diplôme des propriétaires + 0,095 spécialité du diplôme des dirigeants + 0,407
spécialité du diplôme des propriétaires
On peut ajouter que la variable la plus discriminante et le niveau du diplôme des propriétaires
Tableau 21 : Résultats du classement
la stratégie Classe(s) d’affectation Total
environnementale prévue(s)
Non oui
Original Effectif Non 6 3 9
Oui 6 15 21
% Non 66,7 33,3 100,0
Oui 28,6 71,4 100,0
70,0 % des observations originales classées correctement.
Source : les auteurs
Ainsi, en reposant sur le tableau en haut, on peut constater que la fonction discriminante peut
classer correctement plus de 70 % des observations.
2.3.3. Discussion
D’après ce qui précède, nous pouvons conclure que l’adoption des pratiques de la protection
de l’environnement est étroitement liée au niveau du capital humain des propriétaires, alors
qu’elle est en moyenne corrélation avec le niveau du capital humain des dirigeants. En effet,
l’impact du niveau du capital humain des propriétaires des entreprises est colossal comparé à
celui du niveau du capital humain des dirigeants.
En outre, la décision d’adopter une stratégie environnementale dépend du niveau du capital
humain des propriétaires, cependant elle est indépendante du niveau du capital humain des
dirigeants des entreprises. Autrement dit, on peut confirmer que le niveau du diplôme des
propriétaires, suivies du niveau du capital humain, exerce un impact direct et important sur le
développement durable, puisque le volet environnemental représente le pilier primordial et
déterminant de ce type de développement. On peut élucider cette thèse par la puissance du
pouvoir des propriétaires au sein de l’entreprise si on le compare avec celui des dirigeants,
Par ailleurs, on peut confirmer que les associés ou les propriétaires des entreprises
déterminent la philosophie et imposent la culture relative aux entreprises. Autrement dit, ils
décident dans un niveau stratégique, contrairement aux dirigeants qui agissent dans un niveau
tactique et opérationnel.
Dans le même sens, les résultats obtenus ont montré que, le niveau du diplôme des
propriétaires ainsi que la spécialité du diplôme en matière de l’environnement, joue un rôle
essentiel dans l’adoption des pratiques de protection de l’environnement et de l’écologie. En
outre, ces résultats peuvent être généralisés lorsqu’il s’agit du choix d’une stratégie
environnementale, en effet, d’après le bilan de l’analyse multivariée, on trouve que la
spécialité du diplôme des associés ou des propriétaires représente la variable la plus
discriminante et la plus déterminante dans la contribution des entreprises au développement
durable.
À notre avis, une formation de qualité permet d’orienter la stratégie de l’entreprise vers une
dimension environnementale, cette orientation peut être forte lorsque la formation est en
relation avec l’environnement (les énergies renouvelables, la gestion des déchets, le
développement durable)
En conclusion, le capital humain exerce un effet positif sur le développement durable. De ce
fait, nous pouvons vérifier nos hypothèses comme suit :
• Valider la première hypothèse ;
• Rejeter la deuxième hypothèse ;
• Valider la troisième hypothèse.

III- CONCLUSION
Dans l’ensemble, ce travail nous a permis de nous focaliser sur la problématique de lien entre
le capital humain, notamment, le niveau du diplôme obtenu, et le volet le plus signifiant du
développement durable qui est le pilier environnemental.
En outre, nous avons adopté une démarche quantitative, en nous basant sur l’analyse
statistique des données collectées, via un questionnaire, adressé aux PME agroalimentaire
dans les trois régions du sud, à savoir : Guelmim Ouad-Noun, Laayoun Sakia-Elhamra, et
Dakhla Ouad-Eddahab.
En effet, nous avons remarqué que, plus le niveau du capital humain de l’entreprise est élevé,
plus elle pratique des faits pour la protection de l’environnement, et, dans le même sens, nous
avons constaté que le niveau du capital humain des propriétaires exerce un effet plus
significatif sur les mesures de la protection de l’environnement, si on le compare avec celui
des dirigeants.
Cependant, cet article, comme tous les articles, est imparfait, et nous ne pouvons pas
confirmer l’absolutisme des résultats. En effet, parmi les limites de cette recherche on cite
celles de la recueille des données et le choix des variables, car le niveau du diplôme n’est pas
la seule variable représentante du capital humain.
De plus, notre travail constitue un point de départ pour des recherches futures. Plusieurs
prolongements sont envisageables. Nous citons :
➢ La responsabilité sociétale des PME et sa relation avec le développement durable ;
➢ Des études macroéconomiques sur l’importance du capital humain dans la croissance
verte.

BIBLIOGRAPHIE

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avenir.
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