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Education au Développement

Durable
Master en Sciences de l’éducation
Tronc commun 2022-2023

Enseignant :

Dr Evariste Magloire YOGO

IFRISSE- Dr E. YOGO- Education au Développement Durable (2017-2018) Page 1


Sommaire

Introduction générale
a- Projection du film « l’île aux fleurs »
b- Introduction

I- Explicitations conceptuelles et
positionnement
I.1- Le Développement/ La Croissance
I.2- L’écodéveloppement
I.3- Le concept de développement durable

II- Fondements et enjeux du


Développement Durable
2.1- Les piliers du développement durable
2.2- Les principes fondamentaux du développement durable
2.3- Préoccupations essentielles des pays du Sud

III- L’Education au Développement


Durable
3.1- L’EDD, qu’est-ce que c’est ?
3.2- Principes à prendre en compte en matière d’EDD

Conclusion générale

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o Objectifs du module

- Objectif général : comprendre le


développement durable et ses enjeux
dans une perspective éducative
- Objectifs spécifiques
• OS1 : être capable d’expliciter les
concepts fondamentaux :
croissance/développement ;
écodéveloppement ;
développement durable.
• OS2 : décrire les enjeux du
développement durable ;
• OS3 : dire l’objet et les principes de
l’EDD.

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Pré-test

1° Tout le monde parle de développement durable, mais il n’existe peut-être pas une
seule définition encore moins un consensus sur ce paradigme. Pouvez-vous en
quelques mots proposer votre définition ?
…………………………………………………………………………………………………

2° Le développement durable nous est souvent représenté par la superposition des


trois sphères économiques, sociales et environnementales. Ces trois sphères vous
semblent-elles avoir le même poids, la même valeur ? Pourquoi ?
…………………………………………………………………………………………………
3° Mettre une croix lorsque l’affirmation vous semble justifiée :

La Terre est une planète fragile.


La Terre sera toujours capable de réguler les perturbations même s’il s’agit
de celles occasionnées par l’homme.
L’homme sera toujours par sa technologie capable de réparer les problèmes
qu’il aura engendrés

Pensez- vous que les changements climatiques actuels présentent un réel


problème ?
Si oui, vous faites confiance aux scientifiques, aux historiens, aux économistes, aux
sociologues, aux éducateurs, autres ………….. (Barrez les catégories auxquelles
vous ne faites pas confiance, rajoutez si besoin).

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INTRODUCTION GENERALE
« Le plus grand défi, au cours de ce nouveau siècle, est de prendre une idée qui semble abstraite- le
développement durable – et d’en faire une réalité quotidienne pour tous les peuples du monde. »

(Kofi, A. secrétaire général des Nations Unies).

• En avant-propos
Projection du film « L’île aux fleurs » de Jorge Furtado (1989)
Durée : 20 Mn
• Introduction
Face aujourd’hui aux mutations accélérées et inattendues qui caractérisent notre
monde, suscitant ainsi appréhensions et incertitudes, et aux conclusions scientifiques
qui démontrent notre part de responsabilité vis-à-vis de la dégradation de la planète,
des voix ne cessent de s’élever pour donner l’alerte. La terre se meurt et il faut agir.
Sachant bien qu’elle n’est pas extensible (la terre), ni dans l’espace ni dans le temps.
Pour cela il est de plus en plus fait appel à l’éducation comme moyen de promotion
de valeurs, de comportements et d’attitudes indispensables à l’édification d’un
monde nouveau, plus solidaire et plus viable. Un monde où les Hommes entre eux et
avec la Nature, vivraient en harmonie.

Il s’agirait de rendre plus viable et certainement plus vivable notre monde, tant pour
nous-mêmes que pour les prochaines générations. Il apparaît de ce fait évident
qu’on ne peut plus ni ignorer ni occulter la part importante que fait peser l’Homme sur
les ressources de la Terre, et de même, le rôle prépondérant qu’il peut et doit jouer
dans l’invention et l’appropriation de nouveaux modes de vie. En effet, selon Jacques
Delors (1996, p. 71) « le modèle de croissance actuel rencontre des limites
évidentes, en raison des inégalités qu’il induit et des coûts humains et écologiques
qu’il comporte. » Ce constat a sans aucun doute largement inspiré l’Assemblée
Générale des Nations Unies pour la mise en place d’une commission mondiale dite
Commission Brundtland en 1983. Le Développement Durable, promu par la
communauté internationale depuis plus d’une bonne quarantaine d’années, participe
de cette invention d’un autre mode de développement, considéré comme beaucoup
plus en adéquation avec notre avenir à tous.

C’est pourquoi il nous paraît important et intéressant de nous pencher sur ce type de
développement que le secteur de l’éducation est fortement convié à promouvoir car,

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sortant du discours, le développement durable gagne de plus en plus toutes les
sphères de l’activité humaine. Du même coup, ce paradigme nouveau est sujet à des
contradictions multiples, en particulier sur les plans idéologique, politique,
sémantique, et stratégique. Malgré les raisons qui soustendent les différents
courants, sa mise en œuvre, notamment en milieu scolaire, se propage, s’imposant
aux éducateurs comme l’un des champs privilégiés de matérialisation de leurs
bonnes intentions. En effet, tous les courants semblent unanimes quant au rôle
important que l’éducation doit jouer dans ce processus d’adaptation. Un tel
phénomène ouvre des perspectives nouvelles pour l’école d’où son intérêt pour nous
tous.

Si la question de savoir pourquoi éduquer au développement durable va de soi, il est


aussi bon de se poser la question de savoir comment éduquer au mieux nos jeunes
afin qu’ils prennent une part active à cette réinvention ? Comme le disait si bien
Durkheim (1890, p. 38), le but de l’éducation n’est pas de donner à l’élève des
connaissances toujours plus nombreuses, mais « de constituer chez lui un état
intérieur et profond, une sorte de polarité de l’âme qui l’oriente dans un sens défini
non seulement pendant l’enfance, mais pour la vie ».

Nous osons dire, pour prolonger et préciser l'intuition de Durkheim en nous référant à
la phénoménologie de la vie de Michel Henry (1990), « mais de révéler chez lui l'état
intérieur et profond d'autodéploiement et d'accroissement de soi, une sorte de
polarité corps/âme qui l'oriente dans un sens défini non seulement pendant l'enfance,
mais pour la vie ».

L’éducation au développement durable (EDD) invite à se questionner sur la


pertinence même de l’éducation actuelle, des choix curriculaires, des modes
d’enseignement et d’apprentissage, des démarches et outils pédagogiques, ainsi que
de l’environnement scolaire. Elle ouvre la voie à l’entrée dans l’école d’une nouvelle
conception des apprentissages, des démarches pédagogiques et du statut de
chaque acteur, dans un contexte encore marqué dans de nombreux pays, par la
prédominance des pédagogies traditionnelles, de type frontal. L’entrée de l’EDD à
l’école vise également la recherche d’une éducation qui responsabilise et développe
la citoyenneté, en permettant aux apprenants de se forger leur propre opinion (esprit
critique) et d’adopter, selon leur libre choix, de nouvelles attitudes.

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Chapitre I-Explicitations conceptuelles et positionnement

La croissance est quantitatif, c’est-à-dire produire la richesse, tandis que le


développement se veut qualitatif, c’est-à-dire repartir la richesse.

« Dans un monde aux ressources naturelles limitées, un modèle économique fondé


sur une croissance illimitée conduira à un effondrement des sociétés telles que nous
les connaissons, avant 2100. » Source Rapport Meadows

2- L’écodéveloppement
La Conférence de Stockholm (1972), Conférence des Nations Unies sur
l’Environnement humain (CNUEH) reste cependant LA Référence. Elle initie le
concept d’Écodéveloppement et crée le PNUE. (Programme des Nations Unies pour
l’Environnement.

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L’écodéveloppement se veut un modèle de développement économique compatible
avec l’équité sociale et la prudence écologique, qui serait basé sur la satisfaction des
besoins plutôt que sur une augmentation incontrôlée de l’offre

L’écodéveloppement est porté par Ignacy SACHS, « la troisième rive ». Pour lui, il y
a une différence entre le sous-développement et le mal développement : le sous-
développement est quantitatif et le mal développement qualitatif. SACHS est pour un
développement anthropocentré, c’est-à-dire macrosocial et micro économique.

3- Le concept de développement durable


Il est difficile de fixer de manière consensuelle une définition du développement
durable qui est originellement une notion polysémique et controversée. Le terme
anglais sustainable development, duquel découle celui de développement durable,
est apparu pour la première fois dans le manifeste du parti écologiste de Grande-
Bretagne en 1976 (Vaillancourt, J.-G. 1995). Ainsi, le développement durable était
déjà en germe dès le milieu des années soixante-dix. Mais il est mentionné pour la
première fois dans un document intitulé, la stratégie de la conservation mondiale, et
sous-titré : la conservation des ressources vivantes au service du développement
durable (Sylvie Brunel, 2009), document publié en 1980 par l’Union Internationale
pour la Conservation de la Nature (UICN), le PNUE et le WWF.

Le développement durable voit ainsi le jour, sur les fonts baptismaux des ONG
environnementales. Il en porte toujours le sceau.

Une définition de base, celle du Rapport Brundtland, constituant la 1ère référence: «


Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Deux concepts sont
inhérents à cette notion:

- le concept de besoins et plus particulièrement les besoins essentiels des plus


démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité ;
- l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation
sociale imposent sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins
actuels et à venir.

Ces deux derniers paragraphes, souvent oubliés, sont justement ceux qui fixent les
balises du développement visé:

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- Se préoccuper des besoins fondamentaux d’abord (réduire la précarité),
- Éviter de dépasser la capacité de support des systèmes naturels (en tant que
source et que puits),
- Répartir équitablement les bénéfices du progrès (scientifique, technique,
social)
- Agir avec précaution (ne pas présumer de l’état des connaissances, garder
des marges de manœuvre),
- Penser à long terme.

C’est donc le rapport Notre Avenir à tous (1987), de la Commission Mondiale sur
l’Environnement et le Développement (CMED - Commission Brundtland) qui
consacre le terme de «Sustainable development », traduit en français par
"développement soutenable" puis "développement viable" et "développement
durable». L’adjectif durable a été préféré à celui de soutenable car il donne à la
France, la primauté de la notion déjà utilisée par l’UICN. Sinon, sur le plan
sémantique, le développement durable ne correspond pas à l’expression anglaise
sustainable development. Selon le rapport de la CMED, le développement durable se
définit comme « un développement qui répond aux besoins des générations
présentes sans compromettre l’aptitude des générations futures à satisfaire leurs
propres besoins, à commencer par les plus pauvres ». (1987).

Pour François Mancebo (2006), « le flou qui entoure cette notion est lié à sa
généralisation. En effet, cette généralisation découle de la nécessité de prendre en
compte l’ensemble des problèmes liés aux écosystèmes et au fonctionnement des
sociétés, à la nécessité pour les états de faire bonne figure sans prendre
d’engagements précis et enfin, au foisonnement des ONG. »

Sylvie Brunel (2009) quant à elle, se demande « si c’est un concept fourre-tout, un


pléonasme, puisque tout développement se doit d’être durable ? Ou au contraire,
est-ce un oxymore, le développement ne pouvant être par nature durable » ?

Fabrice Filipo (2014) trouve quant à lui, que « le développement durable n’est pas un
concept, mais un ensemble de débats guidés par un souci d’action. Un concept
serait définissable avec précision. Or, la vérité est qu’il n’y a pas d’accord sur ce que
serait un développement durable ».

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Pour Dominique Peste (2011), le DD peut se définir comme :

Un idéal de justice sociale pour les populations de la planète, d’aujourd’hui et de


demain ;

Un idéal de précaution et de justice environnementale ;

Un idéal de débat ouvert et de participation de tous à la décision et aux choix.

4- Positionnement
Face à ce qu’il convient de qualifier de « vogue » ou de « vague », d’une injonction
ou d’un appel de la communauté internationale avec une nécessaire teinte politique,
il y ‘a des choix à opérer, des positions à prendre et cela à titre personnel et
autonome.

Pour sa part, le docteur Evariste Magloire YOGO, dans sa thèse intitulée : Une
stratégie d’éducation à l’environnement et au développement durable au Burkina
Faso : les ateliers d’éducation à l’éthique éco-citoyenne (A3E) à Markoye, (2016)
trace son chemin à la lisière d’autres tenants :

Notre position sur ce concept rejoint celle de François Audigier (2011), qui dans la
Revue Durable n° 42 écrit que « le débat est donc en cohérence avec les aspects
controversés du développement durable et avec la formation du citoyen. Une
compétence du citoyen, c’est sa capacité à intervenir dans le débat public, à prendre
position, à participer aux controverses, à avoir des outils pour raisonner, y compris la
capacité à tenir compte de son affectif ou de ses émotions ».

Cette orientation du développement durable va trouver un ancrage chez les tenants


des Questions socialement vives (QSV), (Alpes, 1999) et des valeurs et
compétences à promouvoir quand il s’agira d’aborder les éducations à. (Legardez,
2001 ; Lange et Victor, 2006). Qu’on l’apprécie ou qu’on le voue aux gémonies, le fait
est que le DD est la notion officielle qui ouvre une brèche, dès aujourd’hui, sans plus
tarder, pour engager les sociétés industrielles sur d’autres rails.

Le Développement Durable tend à s’imposer comme un référentiel de politiques


publiques. Il questionne les relations entre l’Homme et l’environnement, dénonce nos
modes de production et de consommation, remet en cause la vision « éconocentrée
et néolibérale » adoptée par les pays industrialisés et qui se solde par un ultra

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consumérisme. Ce sont en un mot nos valeurs, notre éthique de vie qui est
interpelée à travers le Développement Durable. « Il importe, disait F.MANCEBO, de
prendre la pleine mesure de notre addiction à la croissance »

De nos jours, le discours sur le Développement Durable a gagné une certaine


audience, devenant comme une sorte de « vogue » et même de « vague », portée
par les nombreux fora internationaux qui se tiennent autour de la question. Les
sommets se succèdent depuis plus de quarante (40) ans sans que l’on ne sache trop
quel bilan en tirer. F. MANCEBO P.105

Définition du D.D par la Francophonie conforte ce positionnement : « Une démarche


visant l’amélioration continue de la qualité de vie des citoyens par la prise en compte
du caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale, économique et
culturelle du développement dans une perspective d’équité intra et
intergénérationnelle ».

Pour sa part, (Dr E. Yogo), malgré les raisons qui sous-tendent les différents
courants, la mise en œuvre du développement durable, notamment en milieu
scolaire, se propage, s’imposant aux éducateurs comme l’un des champs privilégiés
de matérialisation de leurs bonnes intentions. En effet, tous les courants semblent
unanimes quant au rôle important que l’éducation doit jouer dans ce processus
d’adaptation. Un tel phénomène ouvre des perspectives nouvelles pour l’école d’où
son intérêt pour les chercheurs en sciences de l’éducation. C’est également cet
intérêt qui pousse l’enseignant et le formateur qu’il est, à se poser la question de
savoir comment éduquer au mieux nos jeunes afin qu’ils prennent une part active à
cette réinvention ? Quel type d’école pour ce faire et pour quel type d’enfant, de futur
adulte ?

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Chapitre II : Fondements et enjeux du Développement
Durable

1- Les piliers du développement durable

Appliqué à l'économie, le développement durable intègre trois dimensions :

• économique (efficacité, rentabilité) : trouver un juste équilibre entre profit et


gestion durable de l'environnement. Limites des instruments de mesure (PIB),
dé corrélation entre économie réelle et financiarisation, non prise en compte
des externalités négatives dans la chaîne de valeur, corruption et pratiques
commerciales déloyales. Marginalisation économique avec pour conséquence
la pauvreté qui frappe les populations.

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• sociale (responsabilité sociale) : satisfaire les besoins essentiels des
populations en réduisant les inégalités sociales dans le respect des différentes
cultures. Inégalités sociales, accès aux biens essentiels (eau, alimentation,
électricité, éducation, santé et sécurité), atteinte aux droits humains (liberté
d’expression, éducation, santé et sécurité, non-discrimination)
• environnementale (responsabilité environnementale) : maintenir l'équilibre
écologique sur le long terme en limitant notre impact sur l'environnement.
changement climatique (effet de serre, impact des activités humaines et
conséquences possibles), raréfaction des ressources (fossiles, minières, etc.),
atteintes à la biodiversité (services rendus par la nature, dépendance des
activités humaines et des écosystèmes), pollutions/déchets (lien entre santé et
environnement)

Il s'agit de réussir à concilier le progrès social et économique avec la sauvegarde de


l'équilibre naturel de la planète, c'est l'enjeu majeur de ce début du XXIe siècle. C’est
dire combien la question de l’EDD est cruciale pour permettre de comprendre les
nombreux défis auxquels le pays fait face et favoriser ainsi, l’invention de solutions à
même d’atténuer, d’adapter et de transformer

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• La culture, un quatrième pilier ?

Pour agir pour leur développement, les peuples ont besoin de s’appuyer sur leurs
systèmes de valeurs et de références (racines culturelles) afin d’y trouver la
motivation et la confiance en soi nécessaires. En effet, qu’est-ce la culture ?

Ensemble des traits distinctifs spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui


caractérisent une société ou un groupe social et englobe, outre les langues, les arts
et les lettres, les modes de vie, les façons de vivre ensemble, les systèmes de
valeurs, les traditions et les croyances. (Source UNESCO)

«J’ai toujours pensé que l'homme, c'est-à-dire la culture, était au début et à la fin de
tout développement » Léopold Sedar Senghor

Créer des conditions favorables à l’inclusion de la culture et des enjeux de diversité


culturelle dans les stratégies de développement durable.

2- Les principes fondamentaux du développement durable

Le développement durable s'appuie sur des principes fondamentaux :

Principe de solidarité : locale, nationale, internationale, et avec les générations


futures.

La solidarité est intrinsèque au développement durable. Elle doit s’appliquer envers


tous les autres, les populations défavorisées, les exclus, les plus faibles, les plus
démunis, les plus pauvres… La solidarité intra-générationnelle implique de se
soucier des hommes que nous croisons aujourd’hui, mais pas uniquement de notre
famille ou de nos voisins. Cette solidarité s’exprime à différentes échelles de
territoire, du local au mondial : quartiers, communes, régions, campagnes et villes,
les rapports entre les pays du Nord et du Sud, de l'Est et de l'Ouest… Il s’agit de
permettre l’accès à des conditions de vie décentes pour tous, à un niveau équitable
de qualité de vie. La solidarité avec les générations futures (intergénérationnelle) se
préoccupe des conditions de vie et du développement durable des générations à
venir. Être solidaire avec les générations futures, c’est Être solidaire avec les
générations futures, c’est inscrire les actions et les décisions dans une perspective

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de long terme. Les conséquences et impacts des décisions d'aujourd'hui ne doivent
pas nuire à l’avenir et être irréversibles.

Principe de responsabilité ; de cohérence des comportements

Le principe de responsabilité dans le cadre du développement durable est à la fois


individuel et universel. Il appelle à la responsabilité sur les conséquences sociales,
environnementales et économiques des actions et décisions de chacun. Il détient
une portée universelle car chacun est responsable des conséquences et de la portée
des décisions sur tous les autres. Il va même au-delà, sur la responsabilité de
chacun vis-à-vis des générations à venir. C’est ici notre éthique qui est interpellée.

Principe d'ouverture à la diversité culturelle et de lutte contre les discriminations

Principe de participation active de chacun à l'engagement citoyen de tous. Il s’agit ici


de la mise en place de processus d’information, de consultation, de débat public, de
gestion des conflits….

Principe de précaution

Le principe de précaution est un principe de responsabilité, qui invite à adopter une


réflexion sur les conséquences sociales et environnementales de chacune de nos
actions.

Le principe de subsidiarité

La prise de décision et la responsabilité doivent revenir à l’échelon administratif ou


politique le plus bas en mesure d’agir efficacement. (Local)

3- Préoccupations essentielles des pays du Sud

Il s’agit de satisfaire les besoins essentiels de chacun aujourd’hui

- Se nourrir (lutter contre la faim)


- Etre en bonne santé (lutter contre les grandes maladies)
- Se loger
- Etre éduqué
- Réduire les inégalités en luttant contre la pauvreté

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- Maîtriser les enjeux démographiques (croissance de la population, mais aussi
vieillissement et mobilité/répartition dans l’espace)
- Vivre dans un environnement sûr et de qualité
- Aménager des territoires durables (villes et campagnes)
- Maîtriser les transports (hommes et marchandises)
- Réduire l’effet de serre pour limiter la variabilité climatique (séchéresse,
désertification)
- Préserver ou restaurer la qualité de l’air, de l’eau, des paysages
- Prévenir et gérer les risques majeurs naturels et technologiques
- Gérer et partager les ressources pour demain (solidarité inter-générationnelle)
- Les ressources hydrauliques
- La question énergétique (ressources renouvelables ou non renouvelables)
- Les ressources halieutiques
- Les ressources forestières
- Produire et consommer autrement
- Vers une agriculture durable
- Vers une industrie non polluante
- Vers un tourisme durable
- Vers un commerce équitable
- La question des déchets : en produire moins, les collecter, les trier, les
recycler

A côté de ces défis, se pose un enjeu éthique majeur. Quelle gouvernance pour
assurer les progrès des valeurs universelles (paix, démocratie, solidarité,
équité,...) ?

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Chapitre III- L’Education au Développement Durable

1- L’EDD, qu’est-ce que c’est ?


L’EDD est l’héritière de l’EE (L’Éducation Environnementale). Le concept d’EE a été
introduit au niveau planétaire en 1972, lors de la Conférence des Nations Unies sur
l’environnement humain, par une recommandation visant à établir un programme
environnemental international et interdisciplinaire qui serait mis en œuvre tant en
milieu scolaire qu’en milieu parascolaire.

« L ‘EE doit faciliter une prise de conscience de l ‘interdépendance économique


politique et écologique du monde moderne, de façon à stimuler le sens de la
responsabilité et de la solidarité entre nations. Cela est indispensable pour que les
problèmes environnementaux graves puissent être résolus. » (Rapport final,
Conférence de Tbilissi, 1977, page 12).

Le Sommet mondial du DD (2002) fait la proposition d’une Décennie mondiale de


l’Education vers un DD. L’Unesco est chargée de développer un cadre de référence
international pour cette décennie (2005-2014) : fournir des recommandations pour
les gouvernements sur la manière de favoriser et d’améliorer l'intégration de l'EDD
dans leurs stratégies et plans d'action éducatifs. Le principal objectif de la Décennie
est défini dans la résolution 59/237 de l’Assemblée générale des Nations Unies : il «
encourage les gouvernements à envisager d’inclure dans leurs stratégies et plans
d’action respectifs en matière d’éducation et, le cas échéant, dans leurs plans de
développement nationaux, des mesures permettant de donner effet à la Décennie
(…) ». Le texte ajoute entre autres qu’il convient « d’améliorer la qualité de
l’enseignement et de l’apprentissage de l’éducation pour le développement durable
» et « d’intégrer l’éducation pour le développement durable dans leurs efforts de
réforme de l’enseignement » (UNESCO, 2005, p 6). Il s’agit principalement d’une
incitation politique pour que les pays membres inscrivent l’ÉDD dans leur stratégie
éducative.

Différentes caractéristiques ressortent de ces objectifs : « L'EDD est un concept


dynamique qui vise à faire connaître ou mieux faire comprendre les liens existants
entre les questions liées au développement durable et à faire progresser les
connaissances, les compétences, les modes de pensée et les valeurs de manière à

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donner, à chaque habitant de la planète, les moyens de contribuer à créer un avenir
viable dans un présent amélioré ». Il n'existe pas de modèle universel d'EDD.
Chaque pays doit définir ses objectifs, ses priorités et ses processus visant à
répondre aux besoins d'éducation et de formation dans les trois domaines se
rapportant à l'environnement, au social et à l'économie, et en tenant compte
également du contexte culturel.

« L’EDD s’inscrit dans l’ensemble des éducations à dont elle recoupe la plupart des
caractéristiques (Lange et Victor, 2006)

2- Principes à prendre en compte en matière d’EDD

Plusieurs principes régissent la compréhension et la mise en œuvre du


développement durable, tant dans la réalité quotidienne que dans l'éducation y
relative.
Le principe de relativité. Ce principe fait appel à l'importance de la
contextualisation, qui définit une compréhension ou des objectifs, non pas dans
l'absolu, mais relatifs à un contexte particulier. Par exemple, penser le
développement durable, en définir les priorités et les moyens d'y parvenir prend des
formes tout à fait différente en Suisse, au Brésil ou au Mali.
Ce principe est facilement repérable à travers les notions de temps et d'espace.
L'exemple de ce que signifie le « long terme » est particulièrement édifiant : en
économie, la durée correspondante est de 3 à 10 ans ; dans le domaine du
développement social il couvre une ou deux générations ; alors que dans le domaine
de l'écologie, il peut être aussi bref que la vie d'un éphémère, et s'étendre jusqu'à
des millions d'années pour ce qui est des problèmes des déchets nucléaires.
Notre culture, nos habitudes de penser, notre propre référent, à savoir la vie
humaine, ne nous habituent et ne nous préparent pas à penser ainsi la relativité.
Quant à l'espace, les pollutions et autres problèmes écologiques ont grandement
remis en question les notions de frontières, de territoires, d'appartenance et de
propriétés. Autant de paradigmes qui ne facilitent en rien l'appréhension du
développement durable.
Le principe de non-permanence se rattache à l'idée de processus dynamique,
dans le sens où ce dernier nécessite de penser en termes de régulation et
d'optimum. A l'inverse de ces notions, notre culture nous a habitués à prendre des

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décisions -les lois en sont un excellent exemple- en vue de trouver des solutions
définitives. Ce paradigme, qui se reflète dans l'expression populaire « tout problème
a sa solution » est renforcé par l'image d'une modernité salvatrice développée dans
les pays industrialisés occidentaux et dont les seules limites sont d'ordres techniques
et financiers. Si cette image de la modernité est actuellement largement remise en
question, il reste que l'école continue à ne proposer que des modes de
raisonnement allant dans ce sens, tous les problèmes proposés aux élèves
possédant une et une seule solution, menant à une réponse « juste ».
Le principe d'ambivalence et celui de non-certitude nécessitent de prendre en
compte, d'une part le paradoxal et d'autre part, l'incertain et l'aléatoire. Cela signifie qu'il
faut savoir gérer l'inattendu, élément fortuit inhérent à tout processus, mais également
le flou, le contradictoire et que des notions telles que « le moins mauvais » ou, de
manière plus optimiste, le « au mieux » apparaissent. Or, la confiance quasi aveugle
dans le développement des techno-sciences nous a construit un paradigme nous
faisant croire que l'on était -ou serait- capable de tout gérer, de tout maîtriser dans
une logique cohérente. Il n'y a que peu de temps que des notions telles que le «
principe de précaution » sont évoquées, en vue d'une meilleure gestion des prises
de décision dans des situations dont la complexité et l'incertitude ne permettent pas
d'en appréhender toutes les conséquences.
Enfin, si la physique quantique nous a montré le chemin d'une nouvelle gestion du
paradoxal en nous proposant un modèle dans lequel le photon peut être soit une
onde, soit une particule ou bien les deux en même temps, nous devons nous aussi
réaliser que nos modes de raisonnement les plus intimes ne sont pas toujours aussi
binaires qu'on le souhaiterait.
Ainsi, si la psychologie nous montre que derrière toute peur il y a un désir 14, nos
propres actions, notre propre engagement souffre de cette ambivalence. Il en
résulte que bien des personnes, attentives aux problèmes écologiques et sociaux et
cherchant, à travers leurs actions, à respecter une certaine éthique, estiment que
ces dernières ne restent qu'une « goutte d'eau dans l'océan ». Cette attitude est
essentiellement due à un désenchantement envers les systèmes économiques et
politiques, comme le relève également Barbier (2005), mais également à une non
intégration du principe d'interdépendance que l'on doit considérer, d'une part entre
les actions locales et le développement global et, d'autre part, entre les différents
acteurs du développement durable, allant de l'individu aux instances internationales. Ce

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n'est qu'en comprenant l'influence qu'exercent ces différentes instances les unes sur les
autres, ainsi qu'en percevant les réactions qu'une action, même localisée, peut avoir
sur un ensemble plus grand que l'on peut dépasser ce syndrome, révélateur d'un
mode de pensée soumis à un découpage très cartésien.
Cette nouvelle vision du monde, cette reconnaissance des interdépendances qui
existent à tous les niveaux n'a pas que des visées pratiques, voire pragmatiques.
Elle offre également des repères identitaires, une (re)découverte de ses racines
propres, des liens qui lient l'être humain d'une manière si intime à sa planète. Dans une
telle perspective, la notion de respect retrouve un sens plein. Quittant la voie unique
du respect auquel chacun de nous a droit, il englobe la Nature et la vie dans son
ensemble.

Incluses dans ce principe d'interdépendances, les interactions sont le fondement


proprement dit du développement durable, puisque ce sont elles qui sont au cœur
du concept, en reliant les développements économique, écologique et social. Tout
comme les interdépendances, les interactions s'exercent entre plusieurs systèmes,
chaque domaine appréhendé étant un système en soi.
« L'économie, par exemple, est dépendante de l'énergie ainsi que d'autres
ressources; les ressources disponibles en énergie dépendent de la géographie et de
la politique; la politique dépend de la force militaire; la force militaire dépend de la
technologie; la technologie dépend des idées et des ressources; les idées dépendent
de la politique pour être acceptées et soutenues; et ainsi à l'infini15 », rappelle Saaty,
en 1984 déjà.
Notons que, dans son exemple, cet auteur reste dans les sphères décisionnelles et
ne tient compte ni du consommateur, ni des ressources humaines, ni des conditions
de travail, pour ne citer que ces trois paramètres. Néanmoins, son exemple montre
bien les interdépendances et l'interdisciplinarité dans lesquelles baigne toute
problématique. Les interactions entre ces domaines ne sont pas une évidence, elles
ne « coulent pas de source », elles n'ont aucune « obligation » d'exister,
contrairement à la plupart des interactions qui régissent le monde physique ou
même social d'une manière générale. Le système économique peut notamment
fonctionner de manière parfaitement autonome, à l'image de l'économie de marché
libérale. Les limites que le développement durable lui impose sont hors du système
lui-même, puisqu'elles sont d'ordre écologique d'une part, et social d'autre part.

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Le développement durable s'inscrit par ailleurs dans plusieurs systèmes
complexes. Or il a été montré théoriquement que ces derniers comportent des
caractéristiques générales qui se manifestent notamment par des principes
complémentaires et antagonistes, qui par suite s'appliquent au développement
durable. Parmi eux, le principe « hologrammatique » ou « hologrammique »
définit par Morin (1990, 1996, 1998) qui veut que la partie soit dans le tout et le tout
dans la partie. Mais au-delà de cette inclusion, il peut représenter plus que cette
somme puisque, dans le cas qui nous intéresse, ce système dépend d'une multitude
de sous-ensembles formant des sous-systèmes, allant des grands regroupements
comme les organisations internationales, les gouvernements et les nations, jusqu'aux
petites communautés locales et donc jusqu'à l'individu dans son entité propre. En
même temps, il peut s'avérer plus pauvre que la somme de ces parties, car la
diversité inhérente à ces dernières perd également de sa richesse dès qu'elle est
appréhendée d'une manière globale. Les particularités intrinsèques de chaque
culture, de chaque manière d'envisager le développement d'un système économique
particulier, de chaque système politique et même de chaque individu sont noyées
dans la masse et ne peuvent plus s'exprimer. L'organisation, ou plus exactement sa
mise en place, inhibe, réprime certaines qualités ou propriétés intrinsèques aux
multiples parties qui composent le tout. C'est pour cette raison que la notion de
qualité des parties est primordiale dans ce concept. En d'autres termes, ce n'est que
la qualité des différentes parties qui pourra garantir la qualité du tout.
Ces systèmes se caractérisent également par les boucles de rétroactions qui ont
lieu en leur sein et dont nos modes de pensée ne tiennent pas souvent compte. Avec
elles, ce sont également les lois de causes à effet qu'il faut repenser. Il s'agit donc de
viser une meilleure intégration de la notion de cycle et de ce qu'elle implique, et de
parvenir à penser non plus une cause un effet, mais, comme le dit Giordan (2002),
qu'une cause peut avoir plusieurs effets, qu'un effet peut avoir plusieurs causes, qu'un
effet peut rétroagir sur une ou plusieurs causes et en amplifier ses effets ou encore
qu'un effet peut amplifier ou modifier une cause qui va produire d'autres effets

Mais au-delà de ces changements de paradigmes, le développement durable


nécessite une réflexion profonde sur les valeurs sous-jacentes à nos actions et à nos
décisions. Car le développement durable ne tient pas qu'à une compréhension

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intellectuelle de ce que signifie ce processus. Il est avant tout un état d'esprit, une
façon d'être qui s'appuie sur une éthique tant individuelle que collective.

De ce fait, les « Éducations à » peuvent donc être l’occasion d’une formation à la


prudence. Si elles malmènent quelque peu la forme scolaire classique par leur
caractère mixte de savoir et de valeur, par leur exigence d’interdisciplinarité et leur
référence à la décision et aux pratiques, elles peuvent échapper au dogmatisme, au
militantisme et au relativisme et constituer une introduction au monde problématique
qui est le nôtre (Fabre, 2011). L’enjeu est autant politique et éthique
qu’épistémologique (Albe, 2009). Il s’agit de savoir quel citoyen former dans un
monde néo-libéral, en proie à l’utilitarisme et pour lequel la pensée critique ne va pas
de soi (Nussbaum 2011). Cette approche s’inscrit dans un horizon axiologique qui
est la démocratie sociale ou encore participative, celle même que John Dewey
appelait de ses vœux en combattant l’idée technocratique soutenue par Walter
Lippman (Dewey, 2003).

Dewey pensait que seule la formation d’un public éclairé, pouvant avoir accès à la
construction des problèmes eux-mêmes et non au choix de solutions pensées par
d’autres, permettait l’émergence d’une véritable liberté démocratique.

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Conclusion

L’EDD revêt une utilité sociale. En effet, c’est une éducation à la fois contemporaine
et futuriste. A la manière de l’informatique par exemple qui a fait son entrée à
l’école, les questions d’EDD méritent leur place dans le sillage des curricula parce
que ni les contenus d’enseignement /apprentissage ni les disciplines scolaires ne
sont ni figés, ni définitifs. Certains apparaissent dans l’histoire et d’autres
disparaissent. C’est la dynamique éducative. Pour Meirieu, (2009) « vu donc qu’il y a
une préoccupation sociale largement partagée sur l’éducation au développement
durable, et étant donné que des savoirs en la matière sont bien stabilisés, son
introduction dans les programmes est tout à fait à encourager ». Son caractère
futuriste, qui l’amène à se projeter dans le futur, avec un élan de prospective, de
créativité et d’innovation, sont autant de facteurs qui encouragent l’introduction de
l’EDD en ce que cela participe du reste à la réforme de l’éducation et de l’école.

Ensuite, les Questions Socialement Vives faisant leur entrée à l’école, il est
nécessaire de former les encadreurs pédagogiques et les enseignants à travers eux,
à comprendre et à développer la complexité des choses. Louis Legrand développe
deux raisons majeures pour justifier la demande croissante d’éthique, d’une
éducation à l’éthique. Il considère dans un premier temps que le développement
conjugué des sciences et des techniques détermine une mutation fondamentale
dans l’agir humain. Il cite en exemple, des phénomènes nouveaux pour lesquels il
n’existe pas de réponses déjà données ou de règles fixes pour y répondre : couche
d’ozone, déchets nucléaires, clonage, transgénique, procréation assisté. Dans un
sens beaucoup plus prescriptif, on retrouve dans les sept savoirs nécessaires à
l’éducation du futur d’Egard Morin, certains qui sont directement liés à l’éducation au
développement durable et aux dimensions qu’elle revendique : complexité,
incertitude, humanité

 Enseigner la condition humaine : c’est-à-dire réapprendre que « l’être humain


est à la fois physique, biologique, psychique, culturel, social, historique »

 Enseigner l’identité terrienne : c’est-à-dire « prendre conscience que tous les


êtres humains sont confrontés aux mêmes problèmes et appartiennent à une
même planète ». Les valeurs de solidarité émergeront forcement.

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 Affronter les incertitudes : « la science a été certitude, les sciences nous
apprennent aujourd’hui nombre d’incertitudes. Il faudrait enseigner des
principes de stratégies, qui permettent d’affronter les aléas, l’inattendu et
l’incertain. »

 Enseigner la compréhension : en particulier « celles des relations humaines


dans leur complexité pour développer des valeurs de respect de soi et de
l’autre. » (Morin. E., 2008)

C’est dire que l’éducation au développement durable est une démarche de


transformation des individus et des sociétés. Parce qu’elle touche à des questions
complexes, parce qu’elle met en branle nos certitudes et nos incertitudes, elle relève
à la fois du domaine de l’utilité publique, de notre rapport au monde, de notre devenir
commun, mais aussi du sens que chacun se donne de la vie. C’est pourquoi elle est
par essence un sujet éducatif. Pour un pays en voie de développement comme le
Burkina Faso, exposé aux effets des changements climatiques, l’EDD est une
démarche stratégique d’atténuation, d’adaptation et de transformation. Et il est
indéniable que faire prospérer l’EDD en milieu scolaire, nécessite la formation de
formateurs compétents et en nombre pour servir de tremplin pour son entrée dans les
écoles.

Pour réfléchir……

« Face au monde qui bouge, il vaut mieux penser le changement que


changer le pansement ! » Francis Blanche

« Nous tenons aujourd’hui l’avenir entre nos mains. Ensemble,


nous devons faire en sorte que nos petits-enfants n’aient jamais à
nous demander pourquoi nous n’avons pas fait ce qu’il fallait et
les avons laissé subir les conséquences de notre inaction. »
(Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies, 2007)

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Bibliographie:

- Brunel, S. (2009). Le Développement Durable. Paris : PUF


- Commission des Nations-Unies pour l’Environnement et le Développement.
(1992). Rapport de la conférence des Nations Unies sur l’environnement et le
développement. Action 21, Rio de Janeiro, CNUED, 17 p
- Lange, J-M. (2007). Éducation à l'environnement pour un développement
durable : informer, former ou éduquer ? ». Compte rendu de colloque
(Montpellier, 7-8 juin2007), Natures Sciences Sociétés (Vol. 17), p. 70-72.
- Legardez, A. & Simonneaux, L. (2006). L’école à l’épreuve de l’actualité.
Enseigner les questions vives. ESF
- Legardez, A. & Simonneaux, L. (2011). Développement durable et autres
questions d'actualité. Questions socialement vives dans l'enseignement et la
formation. Educagri.
- Mancebo, F. (2006). Le développement durable. Paris : Armand Colin.
- Marechal, J-P. et Quenauld, B. (dir.), (2005). Le développement durable. Une
perspective pour le XXIe siècle. Rennes : Presses universitaires de Rennes.
- Morin, E. (2000). Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur. Paris :
Éditions du Seuil.
- Pellaud, F. (2011). Pour une éducation au développement durable. Versailles :
Édition Quae
- Sachs, I. (1993). L’écodéveloppement. Stratégie pour le XXIe siècle. Paris :
Éditions la Découverte.
- Yogo, E (2016).Une stratégie d’éducation à l’environnement et au
développement durable au Burkina Faso. Les ateliers d’éducation à l’éthique
éco-citoyenne (A3E) à Markoye.

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