Vous êtes sur la page 1sur 19

Walter BENJAMIN (1989 [1982]), « Paris, Capitale du XIXe siècle.

Exposé » [1939], « [Passages,


46 PARIS,.CAPITALE DU XIX SIÈCLE « magasins de nouveauté(s) », calicots] » [1928-1940], in Paris, capitale du XIXe siècle. Le livre
des passages, trad. Jean Lacoste, Paris, Les Editions du Cerf, pp. 47-59 et pp. 65-87.
qui les représentaient ne tombassent en ruine. Au xtx'siècle ce dêveloppement PRRts, Caprrnm DU xrx' sÊcLE
a émancipé les formes plastiques de la tutelle de I'art, de même qu'au xvr. siècle I
Exposé
les sciences se sont libérées de la philosophie. uarchitecture montre la voie en
devenant construction d'ingénieur. Vient ensuite la photographie comme
reproduction de la nature. [a crêation imaginaire se prépare à devenir pratique
en mettant les arts graphiques au service de la publicité. I: littérature se soumel
Introduction
au montage dans les pages littéraires des journaux. Tous ces produits ont
I'intention de se présenter à titre de marchandises sur le marché. Mais ils
hésitent encore sur le seuil. De cette êpoque datent les passages et les intérieurs,
n L'histoire est comme Janus, elle a deux visages : qu'elle regarde le
les halls d'exposition et les panoramas. Ce sont les r6idus d'un monde de rêve.
passé ou le présent, elle voit les mêmes choses. '
L'exploitation des élémens du rêve au réveil est le cas type de la pensêe
dialectique. c'est pourquoi la pensée dialectique est I'organe de l'éveil histori Maxrur Du Corp' Paris,Ylt P.315.
que. Chaque époque, en effet, ne rêve pas seulement de la prochaine et cherche
au contraire dans son rêve à s'arracher au sommeil. Elle porte en elle sa propre L'obiet de ce livre est une illusion exprimée par Schopenhauer, dans cette
formule que pour saisir I'essence de Lhistoire il suffit de comparer
finalité et la réalise - comme Hegel défà I'a perçu par les voies de la ruse. Avec Hêrodote et
-
l'ébranlement de l'économie marchande nous commençons à percevoir les i. pror. du Matin2. Cest là l'expression de la sensation de vertige caractéristi-
monuments de la bourgeoisie comme des ruines bien avant qu'ils ne s'écroulent. qu. po,tr la conception que le siècle dernier se faisait de I'histoire. Elle
corr.sporrd à un point de vue qui compose le cours du monde d'une
série
de cette
illimitée de faiS figés sous forme de choses. Iæ résidu caractéristique
u, qui fait
conception est ce qu'on a appelé n L'Histoire de la Civilisation
point par point. Les
linventaire des formes de vie et des créations de l'humanité
richæses qui se trouvent ainsi collectionnées dans I'aerarium de la civilisation
apparaissent désormais comme identifiées pour touiouls. Cette conception
fait
bon marche du fait qu'elles doivent non seulement leur existence mais encore
leur transmission à un effort constant de la sociétÇ un effort par où cæ
richesses se trouvent par surcroît étrangement altérêes. Notre enquête se
propose de montrer comment par suite de cette représentation chosiste de la
civilisation, les formes de vie nouvelle et les nouvelles crêations à base économi-
que et technique que nous dwons au siècle dernier entrent dans I'univers d'une
fantasmagorie. Ces créations subissent cette < illumination > non pas seulement
de manière théorique, par une transposition idéologiqug mais bien dans
I'immédiateté de la présence sensible. Elles se manifestent en tant que fantasma-
gories, Airsi se présentent les ( p4ssages >, première mise en æuvre de la
ôonstruction en ferl ainsi se présentent les expositions universelles, dont
I'accouplement avec les industries de plaisance est significatif; dans le même
ordre de phênomènes, I'expérience du flâneur, qui s'abandonne aux fantasma-
gories du marché. A cæ fantasmagories du marché, où læ hommes n'apparais-
sent que sous des aspects typiques, correspondent celles de l'intérieur' qui se
trouvent constituées par le penchant impérieux de I'homme à laisser dans les
pièces qu'il habite I'empreinte de son existence individuelle privée. Quant à la
fantasmagorie de la civilisation elle-même, elle a trouvé son champion dans
Haussmann, et son expression manifeste dans ses transformations de Paris.
- Cet éclat cependant et cette splendeur dont s'entoure ainsi la société produc-
trice de marchandises, et le sentiment illusoire de sa sécurité ne sont pas à liabri
dæ menacesl l'écroulement du Second Empirg et la Commune de Paris le lui
remettent en mémoire. A la même époqug Ladversaire le plus redouté de cette
société, Blanqui, lui a révélé dans son dernier écrit les traiS effrayants de cette
fantasmagorie3. Ijhumanitê y fait figure de damnée. Tout ce qu'elle pourra
æpérer de neuf se dévoilera n'êûe qu'une rêalité depuis touiours présentel et
ce nouveau sera aussi peu capable de lui fournir une solution libératrice qu'une
48 PARIS, Q4PITAI-E DU XIX SÈCLE
ËxPosE
DE 1s3s 4e

mode nouvelle I'est de renouveler la société. ta spéculation cosmique de Blanqui DÂ.,ôhtiont commence à s'affirmer et c'est le début des rivalités
entre construc-
comporte cet enseignement que l'humanité sera en proie à une angoisse ::;;;;;*,eur' entre l'fuob polvtechnique et ffuole des Beaux-tu..'
mythique tant que la fantasmagorie y occupera une place.
t'i^;; la première fois depuis les Romains un nouveau matériau de construc-
.,^.'"liifi.i.t, le fer, fait son apparition. Il va subir une évolution dont le rythme
jour
ï:;;;, du siècle va en s'accélérant. Elle reçoit une impulsion décisive au
plus
ii -
i'"" .onrr.re que la locomotive objet des tentatives les diverses depuis

A, Fourier ou les passages i"Ï 1828-1829- ne fonctionne utilement que sur des rails en fer. Iæ rail
^"re*comme la première pièce montée en fer, précurseur du support. On
liJef.
les immeubles et on lencourage pour læ passages'
iiii. t'.1nptoi du fer pour gares
i.'ir.ff, i'exposition, les - toutes constructions qui visent à des bus
transitoires'
De ces palais les colonnes magiques
o
A I'amateur montrent de toutes parts,
Dans les objets qu'étalent leurs portiques,
u
Que l'industrie est rivale des arts. >

Nouoeaux Tableaux de Paris, Paris 1828, p. 22 n Rien d'étonnant à ce que tout intérêt de masse, la première fois qu'il
monte sut l'estrade, dépasse de loin dans I'idée ou la représentation
que I'on s'en fait ses véritable bornes. >
La maiorité des passages sont construits à Paris dans les quinze annêes qui
suivent 1822. l,a première condition pour leur développement est I'apogée du Manx et ENcrrs, lz Sainte'Famille.
commerce dæ tissus. Les magasins de nouveautés, premiers établissemenæ qui
ont constamment dans la maison des dépôs de marchandises considérables, Lâ plus intime impulsion donnée à l'utopie fouriériste, il faut la voir dans
font leur apparition. ce sont les précurseurs des grands magasins. cest à cette fapparition des machines. Iæ phalanstère devait ramener les hommes à un
époque que Balzac fait allusion lorsqu'il écrit : < Iæ grand poème de l,étalage y serait devenu
système de rapports où la moralité n'a plus rien à faire. Néron
chante ses strophes de couleurs depuis la Madeleine jusqu'à la porte Saint- un membre plus utile de la société que Fênelon. Fourier ne songe pas à se fier
Denis. > Is passages sont des noyarD( pour le commerce dæ marchandises de
pour cela à la vertu, mais à un fonctionnement efficace de la société dont les
luxe. En vue de leur aménagement l,art entre au service du commerçant. [æs
iorcæ motricæ sont les passions. Par læ engrenages des passions, par la
contemporains ne se lassent pas de les admirer. Iongtemps ils resteront une combinaison complexe des passions mécanistes avec la passion cabaliste,
attraction pour les touristes. un Guide illuçtré de paris dit : < ces passages, Fourier se représente la psychologie collective comme un mécanisme d'horloge-
récente invention du luxe industriel, sont des couloirs au plafond vitré, àux rie. L'harmonie fouriériste est le produit nécessaire de ce ieu combiné.
entablements de marbre, qui courent à travers des blocs entiers d'immeubles Fourier insinue dans le monde aux formes austères de I'Empirg I'idylle
dont les propriétaires se sont solidarisés pour ce genre de spéculation. Des deux colorée du style des années trente. Il met au point un système où se mêlent les
côtés du passage, qui reçoit sa lumière d'en haut, s'alignent les magasins les plus produits de sa vision colorée et de son idiosyncrasie dæ chiffres. T es o harmo'
élégants, de sorte qu'un tel passage est une ville, un monde en miniature. , Cæt nies > de Fourier ne se réclament en âucune manière d'une mystique des
dans les passages qu'ont lieu les premiers essais d'éclairage au gaz. nombres prise dans une tradition quelconque. Elles sont en fait directement
k deuxième condition requise pour le développement des passages æt issues de ses propres dêcrets : élucubrations d'une imagination organisatrice,
fournie par les débuts de la construction métallique. Sous l'Empire on avait qui était extrêmement développée chez lui. Ainsi il a prévu la signification du
considéré cette technique comme une contribution au renouvellement de rendez-vous pour le citadin. [a iournée des habitanS du phalanstère s'organise
I'architecture dans le sens du classicisme grec. læ thêoricien de I'architecture non pas de chez eux, mais dans des grandes salles semblables à des halls de la
Boetticher exprime le sentiment général lorsqu'il dit que : < euant aux formes Bourse, où les rendez-vous sont ménagés par des courtiels.
d'art du nouveau système, le style hellénique > doit être mis en vigueur. Iæ style Dans læ passages Fourier a reconnu le canon architectonique du phalanstère.
Empire est le style du terrorisme révolutionnaire pour qui l'État est une fin en Cest ce qui accentue le caractère Empire o de son utopier que Fourier
n
soi. De même que Napoléon n'a pas compris la nature fonctionnelle de l,État reconnaît luimême naivement : L'État sociétaire sera dès son début d'autant
u
en tant qu'instrument de pouvoi pour la bourgeoisie, de même les architectes plus brillant qu il a été plus longtemps différé. I: Grèce à l'époque des Solon
de son époque n'ont pas compris la nature fonctionnelle du fer, par où le et des Périclès pouvait déjà I'entreprendrea. o l-es passages qui se sont trouvés
principe constructif acquiert la prépondêrance dans I'architecture. ces architec- primitivement servir à des fins commerciales, deviennent chez Fourier des
tes construisent des supports à I'imitation de la colonne pompéienng des usines maisons d'habitation. tæ phalanstère est une ville faite de passages. Dans cette
à I'imitation des maisons d'habitation, de même que plus tard les premières <ville en passage> la construction de I'ingénieur affecte un caractère de
gares affecteront les allures d'un chalet. [,a construction fantasmagorie. ta < ville en passages )) est un songe qui flattera le regard des
ioue le rôle du
subconscient. Néanmoins le concept de I'ingénieur, qui date des guerres de la Parisiens iusque bien avant dans la seconde moitiê du siècle. En 1869 encore,
50 PARIS, (UPITALE DU XIX SÈCIE DE 1939 5l
EXPOSÉ

les * rues-galeries " de Fourier fournissent le tracé de I'utopie de Moilin paris en r,, iôurnal saint-simonien I* Globe. I-es saint-simoniens ont prêvu le dévelop-
lbn 20005.Ia ville y adopte une structure qui fait d'elle avec ses magasins et ll_"r, de I'industrie mondiale; ils n'ont pas prévu la lutte des classes. cest
ses appartements le décor idéal pour le flâneur.
Ï",rrouoi, en regard de la participation à toutes les entreprises industrielles et
Marx a pris position en face de carl Grûn pour couvrir Fourier et mettre en vers le miTeu du sièclg on doit reconnaître leur impuissance dans
valeur sa ( conception colossale de I'homme >. Il corsidérait Fourier comme le iJrnr.r.i.to qui
i^ ouestions concernent le prolétariat'
seul homme à côté de Hegel qui ait percé à jour la médiocrité de principe
du ' Ii expositions universelles idéalisent la valeur d'échange des marchandises.
petit-bourgeois. Au dépassement systématique de ce type chez Hegel passe au second plan. I-es exposi
correspond F.lles créent un cadre où leur valeur d'usage
chez Fourier son anéantissement humoristique. un di traits les
it* ,.-.iqrru_
bles de l'utopie fouriériste c'est que I'idée de l,exploitation a" u.rutu..-p.,
I;lrr. universelles furent une étole où les foules écartées de force de la consom-
r. pénètrent de la valeur d'échange des marchandises iusqu'au point de
I'hommg si répandue à l'époque postérieurg lui est étrangère. La technique -lrion
,iiJ.ntiii.r avec elle : o Il est défendu de toucher aux objets exposés.,
se Elles
présente bien plutôt pour Fourier comme l'étinceile qui I'homme pénètre pour se laisser
mit le feu aux po,rd.o lonn.n, ainsi accès à une fantasmagorie où
de Ia naftrre. Peut-être est-ce là la clé de sa représentation
àirtrult.. A llintérieur des divertissements, auxquels llindividu
bizarre d'aprèsiaquelle s'abandonne
le phalanstère se propagerait n par explosion >. Ia conception postérieure plaisancg il ræte constamment un élêment
I'exploitation de la nature par I'homme est le reflet de I'exploitaiion
de àan, t. cadre de I'industrie de
de fait de d'une masse compacte. Cætte masse se complaît dans les parcs
composant
I'homme par les propriéaires des moyens de production. Si l'intégration < tête-à-queue u, leurs
de la àjrniu.tio* avec leurs montagnes russes, leurs " chenil-
technique dans la vie sociale a échoué, la faute en est à cette explôitation. réaction. Elle s'entraine par là à cet assuiettis-
les >, dans une attitude toute de
,.r.nt uu.. lequel la propagande tant industrielle que politique doit pouvoir
compter. - Uintronisation de la mafchandise et la splendeur des distractions
qui I'entourent, voilà le sujet secret de I'art de Grandville. D'où la disparité entre
B. Grandoille ou les etcpositions uniztenelles ùn élément utopique et son élément cynique. Ses artifices subtils dans la
reprbentation d'obiets inanimés correspondent à ce que Marx appelle les
< lubies théologiques > de la marchandise. Ijexpression concrète s'en trouve

I clairement dans la ( spécialité ) - une désignation de marchandise qui fait à


cette époque son apparition dans I'industrie de luxe. Les expositions universelles
n Oui, quand le monde entier, de paris iusqu'en Ching construisent un monde fait de ( spécialités n. [,es fantaisies de Grandville
O divin Saint-Simon, sera dans ta doctring réalisent la même chose. Elles modernisent I'univers. L"anneau de Saturne
L'âge d'or doit renaître avec tout son éclat, devient pour lui un balcon en fer forgê où les habitants de Saturne plennent I'air
Les fleuves rouleront du thé, du chocolat;
à la tombée de la nuit. De la même façon un balcon en fer forgé représenterait
l,es moutons tout rôtis bondiront dans la plaing
' à I'exposition universelle I'anneau de Saturne et ceu( qui s'y avancent se
Et les brochets au bleu nageront dans la Seine;
verraient entraînés dans une fantasmagorie où ils se sentent mués en habitanS
I-es épinards viendront au monde fricassés,
Avec des croûtons frits tout autour concassés; de Saturne. Iæ pendant littéraire de cette ',rtopie graphique' c'est l'æuvre du
Les,-arbresproduiront des pommes en compotes, savant fouriériste Toussenel. Toussenel s'occupait de la rubrique des sciences
Et I'on moissonnera des carricks et des bonc; nâturelles dans un lournal de mode, Sa zoologie range le monde animal sous le
Il neigera du vin, il pleuvra des poulets, sceptre de la mode. Il considère la femme comme le médiateur entre f homme
Et du ciel les canards tomberont aux nave$. > et les animaux. Elle est en quelque sorte le décorateur du monde animal, qui
en échange dépose à ses pieds son plumage et ses fourrures. < Iæ lion ne
Ij\tLÉ et VaNoEruuncH, Louis-Bronze et le saint_simonien, -îhêÀtte
demande pas mieux que de se laisser rogner les ongles, pourvu que ce soit une
du Palais-Royal,27 f6tûer 1g32.
jolie fille qui tienne les ciseaux. >

I-es expositions universelles sont læ centres de pèlerinage


de la marchandise-
fétiche. < L'Europe s'est déplacée pour
voir oes Larctranaises >, dit Taine en
1855. Les expositions universelles ont eu pour précurseurs II
des expositions
nationales de l'industrie, dont la première errt tie.r
en rzgg sur le champ-de- n l,a mode : Monseigneur la mort ! Monseigneur la mort ! >
Mars. Elle est née du désir < d'amuser l.. classes laborieuses
une fête de l'émancipation u. Les travailleurs formeront
et devient o""*il* Leopnnot, Dialogte entre la mode et la mort.
la première clientèle. ræ
cadre de llindustrie de plaisance ne s'est pas constitué
encore. cæ cadre c,est Ia
fête populaire qui le fournit. Iæ célèbre discours
de chaptal sur l,industrie ouvre la mode prescrit le rite suivant lequel le fétiche qu'est la marchandise
cette exposition.
- Les saint-simoniens qui proiettent l'industriarisation
planètq s'emparent de I'idée des expositions de tu demande à êûe adoré; Grandville étend son autorité sur les objets d'usage

compétence dans ce domaine nouveau, est un


universettes. chevalier, h;;;;;. courant aussi bien que sur le cosmos. En la poussant iusqu'à ses conséquencæ
élève d'Enfantin, .it.
,e0".,*, extrêmæ il en révèle la nature. Elle accouple le corps vivant au monde inorgani-
PARIS, CUPITALE DU X]X SÈCLE 53
FxPosÉ DE
52 1e3e

que. Vis-à-vis du vivant.elle défend les droits du cadavre. læ fétichisme qui est II
ainsi sujet au sex-appeal du non-organique, est son nerf vital. t es fantaisies de
Grandville correspondent à cet esprit de la mode, tel qu,Apollinaire en a tracé o la tête ...
plus tard une image : u Toutb les matières des différens règnes de la nature Sur la table de nuit, comme une renonculg
peuvent maintenant entrer dans la composition d'un costume Repose. u
de femme. J'ai
vu une robe charmantg faite de bouchons de riège ... [a porcelaine, le g.ès
et BAIDEI-ArRE, n Une martyre o.
la fai'ence ont brusquement apparu dans I'art vestimentaire ... on fa"it des
souliers en verre de Venise et des chapeaux en cristal de Baccarat 6. o
particulier, il est encore son étut.
L'intérieur n'est pas seulement I'univers du
n"nrris l,ouis-Philippe on rencontre dans le bourgeois cette tendance à se
pour l'absence de trace de la vie privée dans la grande ville. Cene
ieiÀrnug.t
entre les quatre murs de son appartement.
C. Inuis-Philippe ou I'intêrieur compensation il tente de la trouver
comme s'il avait mis un point d'honneur à ne pas laisser se perdre
ioui r. passe
u..o de ses obies d'usage et de ses accessoires. Sans se lasser il prend
to
I'empt.itrt. d'une foule d'obies; pour ses pantoufles et ses montres, ses
I
.ou*tO il imagine des housses et des étuis. Il a une préférence
et ses parapluies.
nJe crois ... à mon âme : la Chose. o marquée pour le velours et la peluche qui conservent I'empreinte de tout
pafis 1929, p. 193.
contact. Dans le style du Second Empire I'appartement devient une sorte
I-Éou Drurrq (Euares,
d'habitacle. tes vætiges de son habitant se moulent dans I'intérieur. De là naît
pistes. ta Philosophie
le roman policier qui s'enquiert de ces vestiges et suit ces
sous le règne de Iouis-philippe le particulier fait son entrée dans l'histoire. > d'Edgar Poe font de lui le premier
d,ameublement et les < nouvelles-détectives
Pour le particulier les locaux d'habitation se trouvent pour la première
fois en physiognomoniste de I'intérieur. I,es criminels dans les premiers romans
opposition avec les locaux de travail, ceuxLà viennent constitu;r l,intérieur;
Ie policiers ne sont ni dæ gentlemen ni des apaches, mais de simples particuliers
bureau en est le comprément. (De son côté il se distingue nettement
iu àe h bourgeoisie (Iz Chat noir, I* Cæur réoélateur, lVilliam lVilsoù.
comptoir, qui par ses globrs, ses cartes murales, ses balustrades,
se prêsente
comme une survivance de formes baroques antérieures à la pièce
d'habitation.;
Iæ particulier qui ne tient compte que des réalités dans son
bureau demande à III
être entretenu dans ses illusions par son intérieur. cette nécessité
est d,autant
plus præsante qu'il ne songe pzts à greffer sur ses intérêts
d'affaires une < Cette quête de mon chez moi (Heiml ... fut mon êpreuve (Heimsu'
conscience claire de sa fonction sociale. Dans I'aménagement
de son entourage chungl ... Où est zor chez moi ? Voilà ce que ie demande et cherche,
privé il refoule ces deux préoccupations. De là dérivÀt
ro rr",rrrn.!àrioi. et ce que i'ai cherché et point ne trouvâi. >
I'inrérieur; celui-ci reprbente pour re pffdculier l'univers. tt y
asseïute tes Ntnrzscnr, Ainsi parlait Znrathoustral
régions lointaines et læ souvenirs du passé. Son salon est .
une loge dans le théâtre
du monde,
L'intérieur est I'asile où se réfugie fart. ræ collectionneur se
trouve être re
ta liquidation de I'intêrieur eut lieu dans les derniers lustres du siècle par le
véritable occupanr de l'intérieur. Il fait son affaire de l,idéalisation u modern style >, mais elle était préparêe de longue date. L'art de I'intérieur était
des objets.
c'est à lui qu'incombe
cette tâche sisyphéenne d'ôter aux choses, parce qu,il un art de genre. [æ ( modern style > sonne le glas du genre. Il s'élève contre
possède, leur caractère de marchandise. Mais
lo I'infatuation du genre au nom d'un mal du siècle, d'une aspiration aux brâs
il ne saurait leur conferer que la
valeur qu'elles ont pour I'amateur au lieu de la valeur d'usage. touiours ouverts. Iæ n modern style > fait entrer pour la première fois en ligne
Iæ collectionneur
se plaît à susciter un monde non seulement lointain
et défunt mais en même de compte certaines formes tectoniques. Il s'efforce en même temps de les
temps meilleurl un monde où l'homme est aussi peu pourvu détacher de leurs rapports fonctionnels et de les présenter comme des constantes
à vrai dire de ce
dont il a besoin que dans le monde rêel, mais où ies choses naturellæ : il s'efforce en somme de les styliser. Les nouveaux élêments de la
sont libérées de la
servitude d'être utiles. construction en fer et en particulier la forme ( support > retiennent I'attention
du n modern style >. Dans le domaine de I'ornementation il cherche à intêgrer
ces formes à I'art. Le béton met à sa disposition de nouvelles virtualités en
architecture. Chez Van de Velde la maison se présente comme l'expression
plastique de la personnalité 8. tæ motif ornemental f oue dans cette maison le rôle
de la signature sous un tableau. Il se complaît à parler un langage linéaire à
caractère médiumnique où la fleur, symbole de la vie végétativg s'insinue dans
læ lignes mêmes de la construction. (l-a ligne courbe du n modern style > fait
son apparition dès le titre dæ Fleurs du mal. Une sorte de guirlande marque le
54 PARIS, CAPITALE DU XIX SIÈCIE DE 1939 55
EXPOSÉ

lien des Fleun du mal, en pâssant par les ( âmes des fleurs > d'Odilon Redoq II
au . faire catleya > de Swann.) - Ainsi que Fourier I'avait prévu, c'est de plus
en plus dans les bureaux et les centres d'affaires qu'il faut chercher le véritable n Nul trait ne distinguait, du même enfer venu,
cadre de la vie du citoyen. Iæ cadre fictif de sa vie se constitue dans la maison Cæ iumeau centenaire. D

privée. c'est ainsi que LArchiucte solness fait le compte du n modern style >;
Bnunnatnq o I-es Sept Vieillards o.
I'essai de l'individu de se mesurer avec la technique en s'appuyant sur son essor
intime le mène à sa perte : I'architecte solnæs se tue en tombant du haut de sa
I p flâneur fait figure d'éclaireur sur le marché. En cette
qualitê il est en même
tour.
-,i',r. t'.*ptotateur de la foule. I: foule fait naître en lhomme qui s'y
une sorte d'ivresse qui s'accompagne d'illusions très particulières,
"iriaonn.
ll .ou. qu'il se flatte, en voyant le passant emporté dans la foule, de I'avoir,
dans tous les replis de son âme' [-es
àiuprx ron extêrieur' class$ reconnu
ifr,,rlotogio contemporaines abondent en documents strl cette singulière
D. Baudelaire ou ion..prion. L'æuvre de Balzac en fournit d'excellents. Is caractèræ typiques
les raes de Paris
i..on"* paTmi les passants tombent à tel point sous les sens que l'on ne saurait
de la singularité spéciale
,iéronn.t de la curiosité incitée à se saisir au-delà d'eux
du ,u'.t. Mais le cauchemar qui correspond à la
perspicacité illusoire du
I
ohvsiognomoniste dont nous avons parlé, c'æt de voir ces traits distinctifs,
n Tout pour moi devient allégorie. o puiti.uti.tr au suiet, se rêvéler à leur tour n'être autre chose que les éléments
constituants d'un type nouveau; de sorte qu'en fin de compte llindividualitê
la
BAUDEtÂrpJ, n Iæ Cygne r.
mieux définie se trouverait être tel exemplaire d'un type. C'est là
que se
manifæte au cæur de la flânerie une fantasmagorie angoissante. Baudelaire I'a
développée avec une grande vigueur dans < Les Sept Vieillards '. Il s'agit dans
Iæ génie de Baudelairg qui trouve sa nourriture dans la mélancolie, est un cette poésie de I'apparition sept fois réitérée d'un vieillard d'aspect lepoussant.
génie allégorique. Pour la première fois chez Baudelaire, paris devient objet Lindividu qui est ainsi présenté dans sa multiplication comme toufours le
poésie lyrique. cette poésie locale est à I'encontre de toute poésie
de même témoigne de I'angoisse du citadin à ne plus pouvoir, malgré la mise en
de t.troir. I*
regard que le génie allégorique plonge dars la ville trahit bien plutôt le senrimenr æuvre de ses singularités les plus excentriques, rompre le cercle magique du
type. Baudelaire qualifie I'aspect de cette procession d'infernal. Mais le nouveâu
d'une profonde aliénation. c'est là le regard d'un flâneur, dont le genre de vie
dissimule derrière un mirage bienfaisant la détresse des habitants futurs de nos
que toute sa vie il a guetté, n'est pas fait d'une autre matière que cette
fantasmagorie du o touiours le même r. (Ia preuve qui peut être fournie que
métropoles. Iæ flâneur cherche un refuge dans la foule. Ia foule est le voile à
cette poêsie transcrit les rêves d'un haschischin n'infirme en rien cette interpré-
travers lequel la ville familière se meut pour le flâneur en fantasmagorie.
cette tation.)
fantasmagorig où elle apparaît tantôt comme un paysage, tantôt comme une
chambre, semble avoir inspiré par la suite le décor des grands magasins, qui
mettent ainsi la flânerie même au service de leur chiffre d'affaires.Quoi-qu'it
en soit les grands magasins sont les derniers parages de la flânerie.
III
Dans la personne du flâneur I'intelligence se familiarise avec le marché. Elle
nAu fond de I'Inconnu pour trouver du nouoeau!,
s'y rend, croyant y faire un tour; en fait c'est déjà pour trouver preneur. Dans
ce stade mitoyen où elle a encore dæ mécènes, mais où elle commence BnIIDnLATR!, n læ Voyage,.
déjà à
se plier aux exigences du marché (en l'espèce du feuilleton), elre forme la
bohème. A rindéterminarion de sa position économique corr.spond I'ambiguité l: clé de la forme allégorique chez Baudelaire est solidaire de la signification
de sa fonction politique. celleci se manifesre très êvidemmeni d.* les fifrrres spécifique que prend la marchandise du fait de son prix. A I'avilissement
de conspirateurs professionnels, qui se recrutent dans la bohème. Blanqii
est
singulier des choses par leur signification, qui est caractéristique de I'allégorie
le représentant le plus remarquable de cette catégorie. Nul n'a eu au
xrx. siècle du xlrr' sièclq correspond I'avilissement singulier des choses par leur prix
une autorité révolutionnaire comparable à la sienne. L'image de Blanqui passe comme marchandise. Cet avilissement que subissent les choses du fait de
comme un éclair dans 1æ < Litaniæ de Satan u. ce qui n,empêche que la pouvoir être taxées comme marchandises est contrebalancé chez Baudelaire par
rébellion de Baudelaire ait toujours gardé le caractère de rhomme asociai la valeur inestimable de la nouveauté. [a nouveauté reprêsente cet absolu qui
: elle
est sans issue. I: seule communautê sexuelle dans sa vie, il I'a réalisée avec une n'est plus accessible à aucune interprétation ni à aucune comparaison. Elle
prostituée. devient I'ultime retranchement de I'art. Ia dernière poésie des Fleun du mal :
n [.e Voyage ,. n O Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons I'ancre ! > [æ
dernier voyage du flâneur : la Mort. Son but : le Nouveau. læ nouveau est une
56 PABIS, CAPITAIE DU X]X SÈCLE
EXPOSE
DE 1939 57

qualité indépendante de la valeur d'usage de la marchandise. Il est à I'origine _ont du dæpotisme napoléonien. Les habitants de la ville ne s'y sentent
plus
de cette illusion dont la mode est l'infatigable pourvoyeuse. Que la dernière ligne '^'iî eux; ils commencent à prendre conscience du caractère inhumain de la
de résistance de I'art coi,ncidât avec la ligne d'attaque la plus avancée de la 1."îa. uitt.. L'æuvre monumentale de Maxime Du Camp, Pans, doit son
marchandisg cela devait demeurer caché à Baudelaire.
lJi.n.. à cette prise de conscience. Les eaux-fortes de Meryon (vers 1850)
< Spleen et Idéâl o
- dans le titre de ce premier cycle des Fleun du mal le mot -Irrrrent le masque
mortuaire du vieux Paris'
étranger le plus vieux de la langue française a été accouplé au plus récent. pour "L véritable but des travaux d'Haussmann c'était de s'assurer contre l'éven-
Baudelaire il n'y a pas contradiction entre les deux concepts, Il reconnaît dans
.,rlité d'une guerre civile. Il voulait rendre impossible à tout iamais la construc-
le spleen la dernière en date des transfigurations de I'idéâl
- I'idéal lui semble ,i"n a. barricades dans les rues de Paris. Poursuivant le même but louis-
être la première en date des expressions du spleen. Dans ce titre où le suprême- piitiop. avait déià introduit læ pavés de bois. Néanmoins les barricadæ avaient
ment nouveau est présenté au lecteur comme un < suprêmement ancien >, -,.,,re
u1 rôle considérable dans la révolution de Février. Engels s'occupa des
Baudelaire a donné la forme la plus vigoureuse à son concept du moderne. Sa
iroblemæ de tactique dans les combats de barricades. Haussmann cherche à les
théorie de I'art a tout entière pour axe la < beauté moderne > et le critère de la
lrévenir de deux façons. Ia largeur des rues en rendra la construction
impossi-
modernité lui semble être ceci, qu'elle æt marquée au coin de la fatalté d'ête
ile et de nouvellæ voiæ relieront en ligne droite les casernes a111( quartiers
un jour I'antiquité et qu'elle le révèle à celui qui est témoin de sa naissance. c'esr
ouvriers. [,es contemporains ont baptisé son entreprise :
n l'embellissement
là la quintessence de I'imprévu qui vaut pour Baudelaire comme une qualitê
stratégique >'
inaliénable du beau. Iæ visage de la modernité elle-même nous foudroie d'un
regard immémorial. Tel le regard de la Méduse pour les Grecs.
il
n la richesse des décorations,
E, Haussmann ou les baticades læ charme du paysage, de I'architecture
Et tous les effets des décors de thêâtre reposent
Uniquement sur la loi de la perspective. o

I FnaNz BôHrr" TheaterKatechisnns, Municll p. 74 e

o |ai le culte du Beau, du Bien, des grandæ


choses, L'idêal d'urbaniste d'Haussmann, c'êtaient les perspectives sur lesquelles
De la belle nature inspirant le grand art,
s'ouvrent de longues enfilades de rues. Cet idéal correspond à la tendance
Qu'il enchante I'oreille ou charme le regard;
courante au xxc siècle à anoblir les nécessités techniques par de pseudo-fins
|ai l'amour du printemps en fleurs : femmes et roses ! >
artistiquæ. Les temples du pouvoir spiriruel et séculier de la bourgeoisie
BanoN HausstrulN, Canfession d'un lion deoenu oieuc. devaient trouver leur apothéose dans le cadre des enfilades de rues. On
dissimulait ces perspectives avant I'inauguration par une toile que I'on soulevait
L'activité d'Haussmann s'incorpore à I'impérialisme napoléonien, qui favo- comme on dévoile un monument et la vue s'ouvrait alors sur une êglise, une
rise le capitalisme de la finance. A paris la spéculation est à son upoge.. to gare, une statue équestre ou quelque autre symbole de civilisation. Dans
expropriations d'Haussmann suscitent une spéculation qui frise I'escràquerie. I'haussmannisation de Paris la fantasmagorie s'est faite pierre. Comme elle est
Les sentencæ de la cour de cassation qu'irspire l'opposition bourgeoise et destinée à une sorte de pérennité, elle laisse entrevoir en même temps son
orléaniste, augmentent les risquæ financiers de I'haussmannisation. Hauss- caractère ténu. L'avenue de I'Opéra qui, selon I'expræsion malicieuse de
mann essaie de donner un appui solide à sa dictature en plaçant paris sous un i'êpoquq ouvre la perspective de la loge de la concierge de I'hôtel du louvre,
régime d'exception. En 1864 il donne carrière à sa haine contre la population fait voir de combien peu se contentait la mégalomanie du préfet.
instable des grandes villes dans un discours à la chambre. cette popuiation va
constamment en augmentant du fait de ses entreprises. Ia hausse des loyers
chasse Ie prolétariat dans les faubourgs. par là les quartiers de paris perdent ieur ilI
physionomie propre. h ( ceinture rouge ) se constitue. Haussmann s'est donné
à luimême le titre < d'artiste démolisseur >. Il se sentait une vocation pour " Fais voir, en déjouant la ruse,
I'ceuvre qu'il avait entreprisel et il souligne ce fait dans ses mémoires. læs halles O République à ces pervers
Ta grande face de Méduse
centrales passent pour la construction la plus réussie d'Haussmann et il y a là
Au milieu de rouges éclairs. ,
un symptôme intéressant. on disait de la cité, berceau de la villq qu'après le
passage d'Haussmann il n'y restait qu,une églisg un hôpital, un làEnnr Durovr, Chant des ouarten.
bâtiment
public et une caserne. Hugo et Mérimée donnent à entendre combien les
transformations d'Haussmann apparaissaient aux parisiens comme un monu- la barricade est ressuscitée par la Commune. Elle est plus forte et mieux
58 PARIS, cAPTTALE DU xIX stÈctn
ExPosE
DE 1e3e 5e

conçue que jamais. Elle bane læ grands boulevards, s'élève souvent à hauteur
du retour ételnel des choses dix ans ^var;t Zarathoustta; de façoî à
peine
du premier étage et recèle des tranchées qu'elle abrite. De même qruele Manifeste f,idée
et avec une extrême puissance d'hallucination.
Ï.,ins pathetique,
communiste clôt l'ère des conspirateurs professionnels, de même la commune "'itt. n'. rien de triomphant, laisse bien plutôt un sentiment d'oppression.
met un terme à la fantasmagorie qui domine les premières aspirations du s'y préoccupe de tracer une image du progrès qui, - antiquité immé-
prolétariat. Grâce à elle I'illwion que la tâche de la révolution prolétarienne ntanqui
se pavanant dans un apparat de nouveauté dernière - se révèle comme
-*oriâ1a-
serait d'achever l'æuvre de 89 en étroite collaboration avec la bourgeoisig se 'ëtat
la fantasmagorie.de I'histoire elle-même. Voici le passage essentiel :
dissipe. cette chimère avait marqué la période l83l-1871, depuis lÀ émeures --
< Lunivers tout entier est composé de systèmes stellaires. Pour les créer, la
de Lyon jusqu'à la Commune. I:
bourgeoisie n,a jamais partagé cette erreu.
narure n'â
que cent corps simples à sa disposition. Malgré le parti prodigieux
Sa lutte contre les droits sociaux du prolétariat est aussi vieille que la grande de combinaisons
nu elte sait tirer de ces ressoulces et le chiffre incalculable
révolution. Elle coïncide avec le mouvement philanthropique qui I'occulte et qui permettent à sa fécondité, le résultat est nécessairement un nombre fini,
n-u'elles
a eu son plein épanouissement sous Napoléon IIL Sous son gouvernement a pris
.or,n. celui des éléments eux-mêmes, et pour remplir f étendug la nature doit
naissance l'æuvre monumentale de ce mouvement : le livre de læ play, ouztrien originales ou types. Tout astre,
répéter à I'infini chacune de ses combinaisons
européens. qu'il soit, existe donc en nombre infini dans le temps et dans Ïespace, non
ouel
A côté de la position ouverte de la philanthropie la bourgeoisie a de tout oæ seulement sous I'un de ses aspects, mais tel qu'il se trouve à chacune des
temps assumé la position couverte de la lutte dæ classes. Dès l g3l elle reconnaît
,.condo de sa durée, depuis la naissance jusqu'à la mort... Ia terre est I'un de
dans le Journal des débats .' < Tout manufacturier vit dans sa manufacture
ces astres. Tout êûe humain est donc éternel dans chacune des secondes de son
comme les propriétairæ des plantations parmi leurs esclaves. , S'il a été fatal je
existence. Ce que i'écris en ce moment dans un cachot du fort du Taureau,
pour les émeutes ouvrières anciennes, que nulle théorie de la révolution ne leur l'êcrirai pendant l'éternité, sut une table, avec une plume, sous
Iai écrit et ie
ait montré le chemin, c'est aussi, d'autre part, la condition nécessaire de la force
dæ habits, dans des circonstances toutes semblables. Ainsi de chacun... læ
immédiate et de I'enthousiasme avec lequel elles s'attaquent à la réalisation nombre de nos sosies est infini dans le temps et dans l'espace. En conscience,
d'une société nouvelle. cet enthousiasme qui atteint son paroxysme dans la on ne peut guère exiger davantage. Ces sosies sont en chair et en os, vohe en
commune' a gagné parfois à la cause ouvrière les meilleurs êléments de la pantalon et paletot, en crinoline et en chignon. Ce ne sont point là des
bourgeoisie, mais a amené finalement les ouvriers à succomber à ses éléments fantômæ, c'est de I'actualité éternisêe. Voici néanmoins un grand défaut : il n'y
les plus vils. Rimbaud et courbet se sont rangés du côté de la commune. a pas progrès... Ce que nous appelons lc progrès est claquemuré sur chaque
L'incendie de Paris est le digne achèvement de l'æuvre de destruction du baron terre, et s'évanouit avec elle. Toujours et partout, dans le camp terrestrg le
Haussmann. même drame, le même décor, sur la même scène étroitg une humanité
bruyante, infatuée de sa grandeur, se croyant lunivers et vivant dans sa prison
comme dans une immensité, pour sombrer bientôt avec le globe qui a porté
dans le plus profond dédain, le fardeau de son orgueil. Même monotonig même
Conclusion immobilisme dans les astres étrangers. L'univers se répète sans fin et piaffe sur
place. L'éternitê joue imperturbablement dans I'infini les mêmes représenta-
tionslo. ,
< Hommes du xrx" sièclq I'heure de nos apparitions est fixée à jamais,
Cette résignation sans espoir, c'est le dernier mot du grand révolutionnaire.
et nous ramène toujours les mêmes, læ siècle n'a pas su répondre aux nouvelles virtualités techniques par un ordre
"
social nouveau. Cest pourquoi le dernier mot est resté aux truchements
Aucusrr BrrrNqrn, L'Éurnité par les astes, paris 1872, p.74-75, égarants de I'ancien et du nouveau, qui sont au cæul de ces fantasmagories. Iæ
monde dominé par ses fantasmagories, c'est - pour nous servir de l'expression
Pendant la commune Blanqui était tenu prisonnier au fort du Taureau. c'est de Baudelaire - la modernité. Ia vision de Blanqui fait entrer dans la modernité
là qu'il écrivit son Éternité par les astrcs. ce livre parachève la constellation des
- dont les sept vieillardsrt apparaissent comme les hérauts - Iunivers tout
fantasmagories du siècle par une dernière fantasmagorig à caractère cosmique, entier. Finalement la nouveauté lui apparaît comme I'attribut de ce qui appar-
qui implicitement comprend la critique la plus acerbe de toutes les autres. Les tient au ban de la damnation. De même façon dans un vaudeville quelque peu
réflexions ingénues d'un autodidacte, qui forment la partie principale de cet antérieur : Ciel et Enfer, læ punitions de llenfer font figure de dernière
écrit, ouvrent la voie à une spéculation qui inflige à l'élan révolutionnaire de nouveauté de tout temps, de peines éternelles et toujours nouvelles >. Les
"
I'auteur un cruel démenti. I-a conception de I'univers que Blanqui développe hommes du xxo siècle auxquels Blanqui s'adresse comme à des apparitions sont
dans ce livre et dont il emprunte les données aux sciences naturellæ mécanistes, issus de cette région.
s'avère être une vision d'enfer. c'est de plus le complément de cette société dont
Blanqui vers la fin de sa vie a êté obligé de reconnaître le triomphe sur luimême.
ce qui fait rironie de cet échafaudage, ironie cachée sans doute à I'auteur
lui-même, c'est que le réquisitoire effrayant qu'il prononce conûe la société,
affecte la forme d'une soumission sans réserve aux résultats. cet écrit présente
.f

< MAGASINS DE NOI.IVEAUTÉ(S) >, < CALICOTS >l


IPÆsAcEs'

<De ces palais les colonnes magiques


:l
t,
A I'amateur montrent de toutes partst
Dans læ obiets qu'étalent leurs pordques'
I

Que l'industrie est


rivale des arts. o

nChanson nouvelle >, cit. dans Nouaeaux Tableaur de Pais ou


Obsenations sur les mæun et aisages des Parisiens au comme"cement
du xtf siècle, Paris 1828, l, P. 27.

n A vendre les corps, les voix, I'immense opulence inquestionnable, ce

qu'on ne vendra iamais. o


i.
rii,i Rn,tsaûDr.

Nous avons mentionné à maintes reprises


n
,, dit le Guidz illustré de
paris de 1852, untableau complet de la capitale et de ses environs' ( les
r*inÀ q"i débouchent sur les grands boulevards' Cæs passages2,

iærni. invention du luxe industriel, sont des couloirs au plafond de


uar.a at aux entablements de marbre, qui courent à travers des blocs
dont læ propriétaires se sont solidarisés pour ce
entiers d'immeubles
geme de spéculation. Des deux côtés du passage qui reçoit sa lumière
['en haut, s'alignent les magasins les plus élégants, de sorte qu'un tel
passage est une ville, un monde en miniature I Flâneur I, où le
.n.ma peut trouver tout ce dont il a bæoin. Lorsqu'éclatent de
soudainæ averses, ces passages sont le refuge de tous les promeneurs
surpris au(quels ils offrent une promenade assurég quoique limitée,
dont læ commerçants tirent aussi leur profit >. I Intempéries I
Cæ texte est le /ocru classicus de la présentation des passages, non
seulement parce que c'est à partir de lui que se développent les < divaga-
tions > sur le flâneur et les intempéries, mais parce que tout ce qu'on
16. b bal d'Idalie. peut dire sur la construction des passages, du point de vue économique
comme du point de vue architectural, pourrait trouver ici sa
place. [A l, 1l

. Noms de magasins de nouveautés : Ia Fille d'honneur/Ia Vestale/Iæ Page


utconstant/ læ Masque de fer / Iæ Petit Chaperon rouge / I: Petite Nanette / I:
Chaumière allemande/Au Mamelouk/Au Coin de la rue
- dæ noms qui
vtennent pour la plupart de vaudevilles à succès. I Mythologie I Un gantier :
Au Cidevant ieune homme; un confiseur : Aux Armes de \fferther.

. < fæ nom du joaillier est êcrit au-dessus de la porte du magasin, en capitales


tncrustêes de pierres précieuses imitées à la perfection. o Eduard Kroloff, Schildr
rungen aus Paril, Hambourg 1839, Il, p.73.
66 IARIS, CAPITATE DU XIX.tIÈC15, MAGASINS DE N)LIVFIIUTFS' CAUCOTS 67
yASSAGES,

< Il y a, passage Véro-Dodat, un magasin d'alimentation. Au-dessus


de 1q
porte, on lit 'Gastronomie cosmopolite'. chacune des lettres de cette inscription ,:erlr:ifr î;,l:Jî"i#'?. ;4":Ë Jî*:i%i::TJ'l,iàX?'Tlij'âT
est une composition très amusante qui mêle bécasses, faisans, lièvræ, bois au début Passage Mirès)' [A la' 2l
cerfs, homards, poissons, rognons de coq, etc. > Kroloff, Schilderungen qus
69
Hiru;s;appelait
Paris, lI, p.75. I Grandville I [A l, 2] Véro-Dodat (construit entre les ruæ de Bouloy et Grenelle-Saint-
lr pæsage nom a deux riches charcutiers, MM. Véro et Dodat, qui
-, -^.a\ < doit son
Lorsque les affaires se développaient, le propriétaire achetait 4gs percement ainsi que les immenses constructions qui
liilirir."t en 1823 son que ce passage êtait ttn beau
provisions pour une semaine et emménageait à l,entresol pour gagner !l"ri"',denr, ce qui fit dhg dans le temps,
de la place et pouvoir entreposer sa marchandise, Cest de cette façon '" ilii,"i t'or, Dris enne deux quartiers>. J. A. Dulaure, Histoire phjtsique, ciztile
que la ( boutique > était devenue un ( magasin )). paris depuis 1821 ituqu'à nosioun, Paris 1835, II, p. 34.[A |a,3]
[A l, 3l ir"*riî,r-a,
avait un pavage de marbre. L'actrice Rachel y habita
C'était l'époque où Balzac pouvait écrire : Le grand
<< poème Iæ pæsage Véro-Dodat
de
rnofnent' [A la' 4]
l'étalage chante ses strophes de couleurs depuis la Madeleine jusqu,à la un
porte Saint-Denis. > Zs Diable à Paris, Paris 1846, II, p. 9l (Balzac, Les
< Iâ, sous I'apparence d'une gantièrg brillait une
boulevards de Paris). Galerie colbert, no 26.
[A 1,4] mais qui ne tenait compte, en fait de ieunesse, que de la
bea-uil r...sriUlg
,. [æ jour que Spêcialité fut découverte par Sa Majesté I'Industrie, reine ili., .U. impooait aux mieux favorisés de pourvoir aux atours dont elle
de une fortune ... Cette ieune et belle femme sogs verre, on I'appelait
France et de quelques lieux circonvoisins; ce jour-là, dit-on, Mercure, dieu ^lj;;t, perdu tout son temps à
tUuofu; mais à sa recherche la philosophie aurait
spécial dæ marchands et de plusieurs autræ spécialilés socialæ, frappa par trois
courir. c.st sa bonne qui vendait les gants; elle en demandait. > I
Poupées
fois de son caducée le fronton de la Boursg et iura par la barbe de proserpine
ï-piorri"eo Iæfeuvg Lcs Anciennes maisons de Paris, IV
I (Paris 1875),
que le mot lui paraissait foli., I Mythologie I Iæ termg du reste, n,esr [A la'
d'abord employé que pour les marchandises de luxe. I-a Grande viile. Nouz;eau
p.70. 5]

Tableau de Paris, Paris 1844, lI, p. 57 (Marc Fournier, t es spécialités parisien-


nes). Cour du Commerce. o Là fut faite sur des moutons une première expérience
[A r, 5]
de la guilloting instrument dont f inventeur demeurait à la fois cour du
n Les rues étroites qui environnent I'opéra, et les dangers auxquels les piétons Commérce et rue de I'Ancienne-Comédie. o læfeuve, I*s Anciennes maisons de
étaient exp6és en sortant de ce spectacle toujours assiégé de voitures, donnèrent
Paris, lY, p. 148. [A la, 6]

en 1821, à une compagnie de spéculateurs, I'idée d'utiliser une partie dæ


< Iæ passage du Cairg dont la principale industrie est I'impression lithogra-
constructions qui séparaient le nouveau théâtre d'avec le boulevart./cætte
phiqug aurait bien dû illuminer quand Napoléon III a supprimé I'obligation
enûeprise, en même temps qu'elle devint une source de richesses pour ses
auteurs, fut pour le public d'un immense avantage./En effet, au moyen d'un du timbre pour læ circulaires de commercel cette émancipation a enrichi le
passâgg qui s'en est montré reconnaissant par des frais d'embellissement.
petit passage étroit, élevé en bois et couvert, on communique de plain-pied et
avec toute sécurité du vestibule de I'opéra dans ces galeries, et de là sur le Jusquelà il fallait tenir, en cas de pluie, les parapluiæ ouverts dans ses galeriæ,
qui en plusieurs endroiB manquaient de couverture vitrêe. u læfeuvq 1zs
boulevart ... Au-dessus de I'entablement des pilastres doriquæ qui d"ivisent les
Anciennes maisons ile Paris, lI, p. 233. I Maisons de rêve I Intempéries I
magasins s'élèvent derx êtages d'appartements, et au-dessus de ces apparte-
(Ornementation églptienne). [A la, 7]
ments, et dans toute la longueur dæ galeries, règnent de grands vitrages.,
J. A. Dulaurg Hisnire physique, cioile et morale de paris depuis lg2l jusquià nos
Impasse Maubert, naguère d'Amboise. > Vers 1756, une empoisonneuse et
<
joun, Pans 1835, II, p. 28-29. [A l, 6]
ses deux complicæ habitaient aux numéros 4 et 6. On les trouva un beau matin

Jusqu'en 1870, la rue appartenait aux voitures. on était tout à fait à l'étroit
toutes les trois, tuées par l'inhalation de gaz toxiques. [A la, 8]
sur les trottoirs sans largeur et I'on flânait surtout dans les passages, qui
offraient une protection contre les intempéries et le trafic. < Nos rues plus larges [æs années de croissance sous Louis XVI[. læs enseignæ dramatiquæ
et nos trottoirs plus spacieux ont rendu aisée la douce flânerie impossible à nos des n magasins de nouveautés > font entrer I'art au service du commer'
pères, ailleurs que dans les passages. n I Flâneur I Edmond Beaurepaire, çant. [A la,9]
Paris d'hier et taujouril'hui. ln Chronique des rues, paris 1900, p. 62.
[A la, l] nAprb le passage des Panoramas, qui remontait à I'année 1800 et dont la
Noms de passages : Passage des Panoramas, passage Véro-Dodat, passage rlu réputation mondaine était assise, voici, à titre d'exemple, la galerie ouverte en
Dêsir (menant jadis à un lieu galant), passage Colbert, passage Vivienne, 1826 par les charcutiers Véro et Dodat et figurêe par une lithographie d'Arnout,
Passage du Pont-Neuf, Passage du Cairg passage de la Réunion, passage de de 1832. Depuis 1800, il faut descendre jusqu'en 1822 pour rencontrer un
68 PAFJS, CAPITALE DT] KX.ç1ÈCTÈ CALICATS
A,{AGASINS DE NOUVfuIWÉS, 69
PASSAGES,

nouveâu passage : c'est entre cette date et 1834 que s'échelonne la construction à partir du Directoire surtout, (probablement
de la plupart de ces voies si particulières et dont les plus importantes se trouvent
< Une aurre caractéristique,
?) ce sera la légèreté des étoffes : durant les froids les plus vifs
groupées entre la rue Croix-dæ-Petits-Champs au Sud, la rue de la Grange.
,,,"",r. u.r. lS30
apparaître que très rarement fourrures et chaudes douillet-
Batelière au Nord, le boulevard de Sébastopol à I'Est et la rue Ventadour tr ''iI- ^' ne verra

I'Ouest. > Marcel Poëte, Une aie de Cité, Paris 1925, p. 373-374. [A la, l0]
Ï'ii ;;. d'y laisserplus, leur peau, les femmes se vêtiront comme si les rudesses
jrT friu.rr 1'existaient comme si la nature, sgbitement, s'était transformée

lIÏ" li.r..t paradis. n Grand-Carteret, I-es Élégances de la toilette, Paris,


Les magasins du passage des Panoramas : Restaurant Véron, cabinet ds [A 2' 8]
p. xxxw.
lecture, marchands de musique, Marquis, marchands de vin, bonnetier,
merciers, tailleurs, bottiers, libraires caricaturistes, Théâtre des Variétb. Par
A cette époque le théâtre servait aussi à baptiser læ nouveautés.
rapport à lui, le passage Vivienne était le passage sérieux, sans magasfu$ de luxe. la Théodore, à la Figaro, à la Grande-Prêtresse,
Chapeaux à la Tarare, à
I Maisors de rêve : le passage comme nef avec des chapelles latéralæ I [A 2, I ] à la Calprenade, à la Victoire. Ia n niaiserie > qui cherche
it'tpttigenie
Junr t. ballet I'origine du réel transparaît aussi lorsque - vers 1830 -
On évoquait en même temps le < génie des jacobins et des indus. journal prend comme atre I'e Sylphe. I Mode I 1A2,9)
un
triels ,, mais on attribuait aussi ce mot à Louis-Philippe : < Dieu soit
loué et mes boutiques aussi. n Les passages comme templæ du capital Alexandre Dumas lors d'une soirée chez la
princesse Mathilde. Iæs vers sont
marchand. l[2,2l dirig$ contre NaPoléon III'
< Dans leurs fastes imPériales
[æ tout dernier passage parisien, aux Champs-Élysées, construit par un roi L'oncle et le neveu sont égaux;
de la perle américain, plus de commerce. I Décadence I lA2,3] L'oncle prenait des caPitales,
[æ neveu prend nos caPitaux. ,
< Il y avait eu à Paris des essais de bazar et des boutiques vendant à prix fixe Un silence glacial s'ensuivit. Anecdote rapportêedanslæ Mémoires du comte Horace
vers la fin de I'ancien régime. Il s'était fondé sous la Restauration et sous le de Viel'Castel sur le règne de Napolêon III, tI, Pais 1883, p' 185.[42, l0]
règne de louis-Philippe quelquæ grands magasins de nouveautés, comme le
Diable boiteux, les Deux Magots, le Petit Matelot, fugmalion; mais ces n Avec la coulisse, l'activité boursière devenait permanente. Il n'y avait icr
magasins étaient des établissements d'ordre tout à fait inférieur, quand on les iamais de
jour férié, presque jamais de nuit. Quand le café Tortoni fut fermé,
compare aux établissements actuels. L'ère des grands magasins ne date en réalitê la colonne déferla sur les boulevards adiacents où la houle dæ coulissiers ne
que du Second Empire. Ils ont pris un très grand développement depuis 1870 cæsait de monter ou de descendre, notamment devant le passage de I'Opéra. "
et ils continuent à se développer. o E. lævasseur, Histoire du commerce de la Julius Rodenberg Paris bei Sonnenschein und Lampenlicht, læipng 1867,
France, II, Paris 1912, p. 449. lA2, 4l p.97. [A 2, 1l]

Les passages comme origine des grands magasins 2 Parmi les maga-
[: spéculation sur les actions des chemins de fer sous louis-Phi
lippe. IA2, l2l
sins de nouv€utés cités plus haut, lesquels se trouvaient dans les
passages ? [A 2, 5l n En vient également [c'est-à-dire de la maison Rothschild] le très éloquent
Mirès, qui n'a qu'à ouvrir la bouche pour persuader ses créanciers que les pertes
Iæ n régime o des spécialités commerciales donne également - cela dit sont des profits - mais dont le nom après le scandale de son procès n'en fut
pas moins retiré du 'Passage Mirès', qui se transforma en 'Passage des Princæ'
en passant - la clé historico-matérialiste de f essor (sinon de l'appari- (avec les fameux salons particuliers du restaurant Peters). > Rodenberg, Paris
tion) de la peinture de genre dans les annéæ quarânte du siècle
bei Sonnenscheifl und Lampenlicht, I*ipzig 1867, p. 98. [A 2a, l]
précédent. Avec I'intérêt croissant que la bourgeoisie portait à I'art, cette
peinture se différenciâ, mais, étant donné le peu de compréhension
læ cri des vendeurs de bulletins des cotes dans Ia rue : à la hausse o [a hausse
artistique dont faisait initialement preuve cette classe sociale, cette de la Bourse ,. A la baisse .
f.es variations de la Bourse n. [æ terme de * baisse >
différenciation se fit selon le contenu, selon le sujet traité, et les scènæ était interdit par la police. lA2a,2l
historiques, la peinture animalièrg les scènes enfantines, les images de
la vie monacale, familialg villageoise devinrent dæ genræ bien définis. Iæ passage de I'Opéra joue dans les affaires de la coulisse un rôle
I Photographie I lL2,6l comparable à celui de la Kranzlerecke. Argot des boursiers " dans la
période qui précéda le déclenchement de la guerre austro-prussienne
Étudier I'influence du commerce sur lautréamont et Rim- [1866] la rente à trois pour cent s'âppelait 'Alphonsine', le Crédit foncier
baud ! lA2,7l ".'le gros Ernest', la rente italienne.,.'le pauvre Victor', le Crédit
70 PARIS, CAPITALE DU XIX S/ÈCTÈ MAGASINS DE NOUVEAWES, CAI'ICOTS 7I
PASSAGES,

du^papier et des enveloppes pour les correspondants: le


mobilier 'le petit Jules'o. D'après Rodenberg (fæipag 1867), ,imable pour tous,
p. iÏ"Àr, courrier est fait. Cologne et Augsbourg ont leurs nouvellesl et
100. [A 2a, 3]
Ï"li.nunt - midi ! - à la brasserie. o Rodenberg Paris bei Sonnenschein und
l*ipzis 1867, p' 6-7 . [A 2a' 8]
Une charge d'agent de change se paie entre 2 000 000 (sic) et iîirntirttt,
I 400 000 francs. lA 2a, 4l plus petit, le Passage du
n [æ Passage du Caire rappelle beaucoup, en
Sqrrrfloor qui existait autrefois rue Montmartre, sur I'emplacement de la rue
" Les
passages, qui presque tous datent de la Restauration. ) Théodore
il.nuu,oon, aujourd'hui. Paul léautaud, vieux Pans, Mercure de France,
>
Mtret, L'Histoire par le théâtre,Pans 1865, IIr p. 300. [A 2a, 5] (t5 oct(obre) )' ll
Gil, p 503 [A 3,

Quelques détails sur Aoan4 Pendant et Après de Scribe et Rougemont. < Dæ boutiquæ vieux modèlg occupées par des commerces
qu'on ne voit
Première le 28 iuin 1828. I-a première partie de la trilogie représente la sociétê oue là, surmontées d'un
petit entresol à I'ancien temps, avec des fenêtres qui
de l'n ancien régime >, la deuxième la Terreur et la troisième se déroule dans la le numéro, en écusson, correspondant à chaque boutique. De
iortent chacune
société de la Restauration. I-e personnage principal, le Général, est devenu avec .n une portq donnant sur un couloir, au bout duquel un petit
i.rp. temps)
la paix un industriel et un grand fabricant. < fa manufacture remplace ici, pour ces entresols. Au bouton d'une de ces pottes, cet écliteâu,
æcaiier conduisant à
le haut grade, le champ que cultivait le Soldat-laboureur. IJéloge de I'industrie main
à la :

n'a guère moins été chanté, par le vaudeville de la Rætauration' que celui des
guerien et dæ laurien [a classe bourgeoise, à ses différents degrés, était mise
en regard de la classe noble : la fortune acquise par le travail était opposée au en éztitant de faire
blason séculaire, aux tourelles du vieux manoir. Ce tiers-état, devenu la cogner la porte en la
puissance dominante, avait, à son tour, ses flatteurs. > Théodore Muret, Z'flls' refermant
toire par le théâtre, II, p. 306. [A 2a, 6] vous obligeriez I'ouvrier
qui taoaille à côté.
Les Galeries de Bois < qui ont disparu de 1828 à 1829 pour faire place à la lA 3, 2)
galerie d'Orléans, étaient formées par une triple ligne de boutiques peu luxueu'
ses, et consistaient en deux allées parallèles, couvertes en toile et en planchesr Au même endroit (Iéautaud, Vieux Paris,M(ercure) d(e) F(rance) , 1927t
avec quelques vitrages pour donner du jour. On y marchait tout simplement sur p.502-503) une autre enseigne est citée :
la terre battug que les fortes averses transformaient quelquefois en boue. Eh
bien ! on venait de toutes parts se presser dans cet endroit qui n'était rien moins
que magnifique, entre ces rangées de boutiquæ qui sembleraient des échoppæ ANcpr,q
en comparaison de celles qui leur ont succédé, Ces boutiques étaient occupéæ au I" étage à droite
principalement par deux industries, ayant chacune leur genre d'attrait. Il y avait [A 3, 3l
force modistes, qui travaillaient sur de grands tabourets tournés vers le dehors,
sans qu'aucune glace les en séparât, et leur mine fort éveillée n'était pas, pour L'ancienne dénomination des grands magasins : o docla à bon marchê ,.
certains promeneurs) le moindre appât du lieu, Puis, les Galeries de Bois étaient Giedion, Bauen in Frankreich (Iæipzig'Berlin 1928]r , p. 31. [A 3, 4]
le centre de la librairie nouvelle >. Théodore Mwet, L'Histoire par le théôtre, ll'
p. 225-226. lA2^,7) la transformation en grand magasin du magasin des passages. tÆ
principe du grand magasin : ( IÆs étages forment un espace unique. On
Julius Rodenberg sur le petit cabinet de lecture du passage de I'Opéra : peut, (pour ainsi dire, læ embrasser d'un seul regard'. , Giedion, Bauen
n Comme dans mon souvenir, elle est accueillantq cette petite pièce avec son in Frankreich, p. 34. [A 3, 5l
demi-iour, ses hautes étagères de livres, ses tables recouvertes de tissu vertr son
garçon aux cheveux roux (grand amateur de livres, qui lisait touiours des Giedion montre (Bauen in Frankreich, p. 35) comment le principe
romans au lieu de les apporter aux autres), avec ses journaux allemands qui <accueillir la foule et la retenir en la séduisant>> (Science et I'industrie,
réiouissaient chaque matin le cæur de l'Allemand exilê (à I'exception de la 1925, n" 143, p.6) conduit à des solutions architecturales vicieuses lors
Kôlnische qu'on ne trouvait en moyenne qu'une fois tous les dix iours). Mais'
de la construction du Printemps (1881-89). Fonction du capital
quand il y a des nouvelles à Paris, c'est là qu'on peut les entendre, c'est là que
nous les recueillons, chuchotées (car le rouquin veille à ce que ni lui ni les autres
marchand ! [A 3, 6]
lecteurs ne soient par ellæ dérangés), elles circulent de bouche à oreille, passent)
n læs femmes
sans qu'à peine on les entende, de la plume sur le papier, de la table où I'on mêmg auxquelles I'entrée de la Bourse est interdite, s'âssem-
blent à la porte pour glaner des indications de cours et donner arD( courtiers
écrit à la proche boîte aux lettres. I-a bonne dame du bureau a un sourire
72 PARIS, CAPITALE DU XIX S/ÈCltr'
PASSAGES,
MAGASINS DE NOTIInEAWfi' CAUCOTS 73

leurs ordres, à travers la grille. " In, Transformation de Paris sous le Second Empirs palais_Royal, à la place des galeries de bois incendiées cetre année-là. >
^,, 357-358'
(Auteurs Poëte, Clouzot, Henriot) (Paris l9l0), à I'occasion de l'Exposition Histoire de Paris, p' IA'3a' 2l
iui.lrr-p'ptpuel,
de la Bibliothèque et des Travaux historiques de la Ville de Paris, p. 66.[A 3, 7]
paraît au 174 de la rue
<L'ancêrre des grands magasins, I-a' Ville de Paris,
N'a pas de spécialité D : c'est ce que Frémin, le célèbre brocanteur
n en 1843. u Dubech-DEspezel, Histoire de Paris, p. 389. [A 3a, 3]
Monrrnartre
- n f homme à la tête grise >
- avait écrit sur l'( enseigne > de son pour échapper à I'une d'elles, ie me
commerce, place des Abbesses. Le vieux bric-à-brac fait apparaître <Des averses m'incommodaient et,
un passage. Ces galeries vitrées qui tlavelsent les pâtés de maisons
encore une fois I'ancienne physionomie du commerce, qui commença ftfiigiaidans
flrrrntplusieurs embranchements et qui offrent ainsi des raccourcis
à être refoulée par la domination de la n spécialité o dans les premières ""
ll.nu.n*, sont trb nombreuses. Certaines d'entre elles sont construites avec
décennies du xD<'siècle. u Au philosophe o : c'est ainsi que son proprié.
J.ande élegance et offrent par temps gris ou le soir, quand elles sont éclairées
taire baptisa le n Grand chantier de démolitions )) - quel résumé et promenades très fréquentées entre les magasins ræplendissants. "
Z rio*o, dæ
quelle démolition du stoïcisme ! n Attention, ne regardez pas la feuille p. 34 l|3a,4l
Ejuard Devrient, Briefe aus Paris, Berlin 1840,
à I'envers n lisait-on sur ses affiches. Et : < N'achète rien au clair de
lune u. [A 3, 8] n Rue-Galerie. - I-a rue'galerie d'une phalange est la principale pièce du
oalais d'harmonie, dont on ne
peut avoir aucune idée en civilisation. Chauffée
Manifestement, on fumait déjà dans les passages alors que cela n'était pas en hiver elle est rafraîchie en été. ks ruæ-galeriæ internes en péristyle continu
encore entré dans les mæurs dans la rue. ( Je dois dire aussi un mot de la vie sont placées au premier étage du palais de la phalange (la galerie du Louvre peut
dans les passages, le sêjour préféré des promeneurs et des fumeurs et le lieu de être considérée comme un modèle). > Cit. d'après Fourier, Théorie de l'unité
prédilection de tous les petits métiers. Il y a dans chaque passage au moins un unioenelle, 1822, p. 462 et Iz Noutteau Monde industriel et sociétaire, 1829,
salon de nettoyage. Dans un cabinet aménagé de façon arrssi élégante que le p. 69, 125, 272. E. Silberling Dictionnaire de sociologie phalanstêrtenne, Paris
permet sa destination, dæ messieurs assis sur des estrades élevées lisent l9lt, p.386. A ce propos: uGalerie. - Des galeries couvertes et chauffées
nonchalamment un journal tandis qu'on s'efforce d'ôter à coups de brosse la relient læ divers corps de logis d'un phalanstère, elles y forment des rues-
poussière de leurs vêtements et de leurs bottes. u Ferdinand von Gall, Paris und galeriæ. > Cit. d'après Fourier, Théorie mixte, ou spêculatiae, et simthèse routinière
seine Salons (Oldenbourg 1845) , ll, p.22-23. [A 3,9] ile I'asociation, p. 14; E. Silberling op. cit., p. 197-198. [A 3a, 5]

Un premier jardin d'hiver un espace vitré avec des parterres de fleurs, des
- Ir passage du Caire voisin de l'ancienne cour des Miracles. Édifié en 1799
espaliers et des fontaines, en partie soutemain, dans le jardin du Palais-Royal, sur I'emplacement de I'ancien jardin du couvent dæ Filles-Dieu. [A 3a, 6l
là où en 1864 (et aujourd'hui encore?) se trouvait le bassin. Amênagé en
1788. [A 3, l0l Le commerce et le trafic sont les deux composantes de la rue. Or,
dans les passages, la seconde a presque disparu; le trafic y est rudimen-
u Cest de la fin de la Restauration que datent les premiers magasins de taire. Iæ pâssage n'est que la rue lascive du commerce, propre seulement
nouveâutês : les Vêpres siciliennes, le Solitaire, la Fille mal gardég le Soldat à éveiller les désirs. Mais comme dans cette rug toutes les humeurs
Iaboureur, les Deux Magots, le Petit Saint-Thomas, le Gagne-Denier. Du- , circulent lentement, les marchandisæ prolifèrent aux façades des
bech-DEspezel, Histoire de Paris, Paris 1926, p. 360. [A 3, l ll maisons et nouent de nouvelles et fantastiques relations comme les tissus
dans des ulcères. Le flâneur sabote le trafic. Il n'est pas non plus un
-
< En 1820, on ouvrit ... les passages Viollet et des deux Pavillons. Ces acheteur. Il est marchandise. [A 3a, 7]
passages étaient une des nouveautés de l'époque. C'étaient des galeries couver-
tes, dues à I'initiative privég où l'on installa dæ boutiques, que la mode fit Avec la création des grands magâsins, pour la première fois dans
prospérer. Iæ plus fameux fut le passage des Panoramas, dont la vogue dura de
l'histoire, les consommateurs commencent à avoir le sentiment d'exister
1823 à 1831. Iæ dimanche, disait Musset, la cohue 'Est aux Panoramas ou bien
en tant que masse. (Seule la disette, auparavant, le leur donnait.) Cela
aux boulevards'. Ce fut également l'initiative privée qui créa, un peu au hasard,
accroît considérablement la part des circenses et l'élément théâtral dans
les 'cités', courtes rues ou impasses édifiées à frais communs par un syndicat
de propriétaires. > Lucien Dubech, Pierre DEspezel, Histoire ile Paris, Pa{ts le commerce. [A 4, l]
1926, p. 355-356. [A 3a, l]
la fabrication d'articles de masse fait apparaître le concept de
En 1825 ouverture des ( Dauphine, Saucède, Choiseul > et de la cité
passages spécialité. Étudier son rapport avec celui d'originalité. 1A4,2)
Bergère. <En1827 ... les passages Colbert, Crussol, de I'Industrie ... 1828 vit
<
ouvrir ... les passages Brady et des Gravilliers et commencer la galerie d'Orléans Je conviens que le commerce du Palais-Royal a eu son époque critique; mais
74 PARIS, CAPITALE DU XIX.S/ÈCfÈ'
yASSAGFS,
MAGASINS DE NOWF' WES' CALICOTS 75

je crois qu'il faut I'attribuer non à I'absence des fillæ publiques, mais au r^,,,ier Srlf les rues-galeries : ( cette facilité de communiquer paltout, à l'abli
percement de nouveaux passages, à I'agrandissement et aux embellissements 69 bal, au spectacle en habit lêger,
, ::i,; de I'air, d'aller pendant les frimas au
plusieurs autres : je citerai ceux de l'Opéra, du Grand-Cerf, du Saumon, 4g oo:'i:;;'" de couleur, sans connaître ni boue, ni froid, est un charme si
Véro-Dodat, de Iormg de Choiseul et des Panoramas., F. F. A. Béraud, fu, ." _]."i,,'- .r'il suffirait seul à rendre nos villes et châteaux détestables à
Filles publiques de Pais et la police qui les rêgit, Paris-Iæipzig 1839, t, ili"^i"i,. rrta passé une iournêe d'hiver dans un Phalanstère. Si cet édifice
p. 205. [A 4, 3] i,iiiîii*,e à des emplois de civilisation, la seule commoditéluidesdonnerait communica'
i,Ïîr-,.ireo et tempérées par les poêles ou les ventilateurs, une
n Je ne sais si le commerce du Palais-Royal a véritablement souffert dg prix double de ceux d'un autre
]]^i", irorr.. Sæ loyers ... seraient recherchés à
I'absence des femmes de débauche; mais ce qu'il y a de certai& c'est que la E. Poisson, Fourier [Anthologie], Paris 1932,
p. 144' lL{a' 4l
pudeur publique y a beaucoup gagné .,. Il me semble, en outre, que les femmes fff,i.;
estimables vont maintenant faire volontiers leurs emplettes dans les magasins interne, qui suffirait
n Læ ruæ-galeries sont une méthode de communication
des galeries ..., ce doit être une compensation avantageuse aux marchands I car, faire àeduign.t les palais et les belles villes de civilisation... Iæ roi de
lorsque le Palais-Royal était envahi par un essaim de prostituées presque nues, i,.""."" o, un dæ premiers monarques de civilisation; il n'a point de porche
".ule-a
les regards de la foule se portaient sur elles, et ce n'étaient pas ceux à qui ce ;;;-;"r palais des Tuileries. læ Roi, la Reine, la famille royalq soit qu'ils
spectacle convenait, qui faisaient prospêrer le commerce local; les uns étaient en voiture, soit qu'ils en descendent, sont obligés de se mouiller
ïonr.nt
déjà ruinés par leurs dbordræ, et les autres, cédant à I'entrainement du a. petits bourgeois qui font venir un fiacre devant leur boutique. Sans
.i'ntn.
libertinage, ne songeaient point alors à I'achat de quelques obiets, même d'une pluie, force laquais et force courtisans poul tenir
àoutq il se trouvera en cas de
nécessité immédiate pour erD(. Je crois pouvoir affirmer ... qug dans ces temps le Prince ...; mais c'est touiours manquer de porche et d'abri'
in prr.pfui. sur
de tolérance outre-mesurq plusieurs boutiques du Palais-Royal étaient fermées, p* logé ... Passons à la description des rues-galeries, qui sont un des
et que dans d'autres, les acheteurs étaient rares : donc le commerce n'y .turlno les plus précieux d'un Palais d'Harmonie ... ta Phalange n'a
";â". point de
prospérait pas, et il serait plus vrai de dire, qu'à cette époqug sa stagnation ou voie découverte exposée aux iniures de l'air; tous les qualtiers
,u..*teti.ut.
provenait plutôt de la libre circulation des filles publiques, que d'en accuser de l'édifice nominal peuvent être
parcourus dans une large galerig qui règne au
aujourd'hui leur absence qui a ramenl dans les galeries et dans le jardin de ce 1.. étage et dans tous les corps de bâtiments; aux
extrémités de cette voie, sont
palais, de nombreux promeneurs plus favorables aux commerçans que des dæ couloirs sur colonnes, ou des souterrains ornés, ménageant dans toutes les
prostituées et des libertins. > F. F. A. Béraud, lzs Filles publiques de Paù, parties et attenances du Palais, une communication abritée' élégante, et tempé-
Paris-Iæipzig 1839, I, p.207-209. [A 4, 4] rée en toutes saÉons par les secours des poêles ou des ventilateurs ... I:
rue-galerie ou 'Péristyle continu' est placée au l" étage. Elle ne peut pas
< [,es cafés se garnissent
s'adapter au rez-de-Chaussée, qu'il faut percer en divers points par des arcades
De gourmets, de fumeurs, à voiture ... [-es rues'galeries d'une Phalange ne prennent pas iour des deux
Les théâtres s'emplissent côtb; elles sont adhérentes à chacun des corps de logis; tous ces corps sont à
De loyeux spectateu$. double file de chambres, dont une file prend iour sur la campagng et une autre
Les passages fourmillent sur la rue-galerie. Celle-ci doit avoir toute la hauteur des trois étages qui d'un
De badauds, d'amateurs, côté prennent jour sur elle ... Iæ rez-de-chaussée contient, sur quelques points'
Et les filous frétillent, des salles publiques et cuisines, dont la hauteur absorbe I'entresol. On y ménage
Derrière les flâneurs. u dæ trappes d'espace en espace, pour élever les buffets dans les salles du l" étage.
Ennery et fæmoine, Paris la nuit, cit. dans H. Gourdon de Genouillac, fus Cette percée sera très utile aux iours de fête et aux passages de caravanes et
Refrains de la rue de 1830 à 1870, Paris 1879, p.46-47. - A comparer avec légions, qui ne pourraient être contenues dans les salles publiques ou Séristèrest
u Crépuscule du soir > de Baudelaire. [A 4a, 1l et qui mangeront sur double rang de tables dans la rue-galerie. On doit êviter
de placer au rez-de-chaussée toutes les salles de relations publiques et pour
< Et ceux qui ne peuvent payer un tel gîte? Eh bieq ceuxlà dorment où ils double raison. I-a premièrg æt qu'il faut ménager au rez-de'chaussée læ
trouvent place, dans les passagæ, sous les arcades, dans un recoin quelconque, logements dæ patriarches dans le bas, et des enfants à I'entresol. I-a deuxième,
où la police ou les propriétairæ les laissent dormir tranquilles. o Friedrich est qu'il faut isoler habituellement les enfants des relations non industriellæ de
Engels, Die l-age der arbeitenden Klasse in Englany'2'êd., I-eipzig 1848, p. 46 l'âge mûr. > Poisson, Fourier [Anthologie], Paris 1932, p. 139-144. tA 5l
(tæs grandes villes)3. l/.4a,Zl
<<Oui, parbleu : du Thibet vous savez la puissance.
Dans toutes les boutiques, comme d'uniformg le comptoir en chêne est
< Implacable ennemi de la fière innocence,
agrémenté de pièces fausses en tout métal et de tout format, impitoyablement A peine a-t-il paru qu'il entraîne à la fois
clouées sur place, comme oiseaux de proie sur porte, gage sans réplique de la Ia femme du commis, la fille du bourgeois,
scrupuleuse loyauté du marchand. > Nadar, Quand j'étais photographe, Paris Et la prude sévèrg et la froide coquette :
(1900) , p.294 (1830 et environs). l|4a,3l Il est pour læ amans un signal de conquêtg
76 PARIS, CAPITALE DU XIX S1ÈC'.8 MAGASINS DE NOUVEAWÉ\, CALICOTS 77
PASSAGES,

passage du Caire et ses alentours '.. Mais, avec I'agrandisse-


Il n'est point de rigueur qui brave son pouvoirl --^racement ... I-e
ettrv':;^ pcris. les imprimeurs ... se dispersèrent par toute la ville ,.. Hélas I Que
Ia honte vêritable est de n'en pas avoir;
Et son tissu bravant le bon mot qui circulg i::ï1;;; aulowd'hui travailleurs abâtardis par I'esprit de spéculation,
Émousse dans ses plis les traits du ridicule; ï,Ïli."rse souvenir que ..., entre la rue St-Denis et lâ cour des Miracles, existe
""-:;;;*" rrne longue galerie enfumée où gisent oubliés leurs vêritables pénates.
D
On dirait à le voir un talisman vainqueur :
II s'ouvre les esprits, il subjugue le cæur; iaiirra iou..ud, Paris inztenteu4 Paris 1844, p' 154' [A 6, 3]
Pour lui, venh c'est vaincrg et triompher paraîtrel
< qui, par trois marche de pierre,
Il règne en conquérant, en souverain, en maître; Description du pæsage du Saumon
Et traitant son carquois d'inutile fardeau, ,"Iuruitiur la rue Montorgueil. C'était un étroit couloir décoré de pilastres qui
y
l,,"ri.,nrtai.nt une verrière en dos d'âne; salie par les ordures qu'on ietait des
L'Amour d'un cachemire a formé son bandeau. >
ïiironr voisinæ. Devant l'entrée, I'enseigne : un saumon en fer blanc indiquait
Édouard [d'Anglemontl, Iz Cachemire, Comédie en un acte et en vers. Repré-
du lieu; dans I'air flottait une odeur de poisson ... et aussi
sentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre royal de I'Odéon, le i".uulte maîtresse
16 décembre 1826, Paris 1827, p. 30. d'ail. C'æt qu'ici le Midi débarqué à Paris se donnait rendez-vous ...
[A 5a, l] iln. oO.ur
i rr"u.r, læ portes des boutiques on apercevait des réduits obscurs où parfois
parvenait à accrocher un
Delvau sur Chodruc-Duclos : < Il ... fit, sous le règne de touis'Philippe, qui un meuUt. d'acaiou, le meuble classique de l'époqug
lumière; plus loin un estaminet tout embrumé de la fumée des pipes,
ne lui devait rien, ce qu'il avait fait sous le règne de Charles X, qui lui devait .rvon d.
quelque chose ... Ses os mirent plus de temps à pourrir que son nom à s'effacer ,rg*in de denrées coloniales laissant filtrer un curieux parfum d'herbage,
un
de la mémoire des hommes. > Alfred Delvau, Les Lions du jour, Paris 1867, d'épicæ et de fruits exotiques; une salle de bal ouverte aux danseurs les
jours ouvrablesl enfin le cabinet de lecture du sieur
p. 28-29. [A 5a, 2] dimanches et les sofus de
Ceccherini qui offrait aux clients ses iournaux et ses livres J. Lucas-Dubreton,
u.

o Ce ne fut guère qu'après I'expédition d'Érypte, qu'on songea, en France, LAffaire Alibaud ou I'ouis'Philippe traquê (1836), Paris 1927,
à répandre I'usage des prêcieux tissus de cachemirg qu'une femme, grecque de p.ll4'115. [A 6a, ll
naissance, introduisit à Paris. M. Ternaux ... conçut I'admirable proiet de
naturaliser en France les chèvres de I'Indostan. Depuis ... que d'ouvriers à Lors dæ troubles qui accompagnèrent I'enterrement du général lamarque,
former, de métiers à établir, pour lutter avec avantage contre des produis dont le 5 juin 1832, le passage du Saumon fut le théâtre d'un combat de barricade
la célébrité date depuis tant de siècles ! Nos fabricants commencent à triompher dans lequel 200 ouvriers résistèrent aux troupes régulièræ. lA 6a' 2l
... de la prévention des femmes contre les schalls français ... On est parvenu à
leur faire oublier un instant les ridicules dessins des Hindous, en reproduisant < Martin : læ commercg voyez-votls) monsieur ? ... est le roi du monde !

avec bonheur l'éclat et la brillante harmonie des fleurs de nos parterres. Il existe - Dægenais : Je suis de votre avis monsieur Martin; mais le roi ne suffit pas,
un livrq où tous cæ sujets intéressants sont traités avec un sfyle plein d'intérêt il faut des sufeæ. Eh bien ! la peinture, la sculpturg la musique ... - Martin :
et d'élégance. L'histoire dæ schalls par M. Rey, bien qu'elle soit dédiée aux Il en faut un peu... et... moi aussi j'ai encouragé les ars; ainsi, dans mon
fabricants de schalls de Paris, captivera I'attention des femmes ... Ce livre dernier établissement, le Cafê de France; i'avais beaucoup de peintures, des
contribuera sans doute, en même-tems que les magnifiques productions de son sujets allégoriques ... De plus, le soir, je laissais entrer les musiciens ...1 et, enfin,
auteur, à dissiper I'engouement qu'inspire aux Français le travail des étrangers. si ie vous invitais à venir chez moi ..., vous verriez sous mon péristyle, deux fort
grandæ statues à peine habillées, et ayant chacune une lanterne sur la tête.
M. Rey, fabricant de schalls de laine, de cachemire, etc., ... a exposé plusieurs
cachemires, dont les prix s'élèvent de 170 à 500 fr. On lui doit entr'autræ - Desgenais : Une lanterne ? Martin :Je comprends la sculpture comme cela,
-
parce qu'elle sert à quelque chose ... mais toutes ces statues, une jambe ou un
perfectionnemens ... I'imitation gracieuse de fleurs naturelles, pour remplacer
les palmes bizarres de I'Orient. Nos éloges seraient trop faibles, après la bras en I'air, à quoi sont-elles bonnes, puisqu'on n'y a pas même ménagé de
conduit pour le gaz ... ù quoi?, Théodore Barrière, l*s Parisiens, Paris 1855
faveur ..., après les marques honorables de distinction que ce littérateur-
(Théâtre du Vaudeville, 28 décembre 1854), p. 26. U-a pièce se déroule en
manufacturier doit à ses longues recherches et à ses talents : il nous a suffi de
ie nommer. > Chenou et H. D., Notice sur I'exposition des produix de I'industie 1839.1 [A 6a, 3]
etdesartsquialieuàDouaien 1827, Douai 1827, p.24'25. [46' 1]
Il y avait un passage du Désir. [A 6a, 4]
Après 1850 : o Cest pendant ces années que se créent les Grands Magasins:
Chodruc-Duclos - un figurant du Palais-Royal. C'était un royalistg un
læ Bon Marché, l* Inuvre, La Belle Jardinière. tæ chiffre d'affaires du 'Bon
combattant de la Vendêg qui avait des raisons de se plaindre de I'ingratitude
Marché', en 1852, n'était que de 450 000 francs; il montait, en 1869, à
de Charles X. Il manifestait son mécontentement en se montrant publiquement
2l millions., Gisèle Freund, Ia Photographie du point de oue sociologique en haillons et en se laissant pousser la barbe.
(m(anu) scr(i) t, 85-86). D'aprb I:vissg Histoire de France. 1A6,2) [A 6a, 5]

o I-es imprimeurs ... s'étaient adjugé, sur la fin du xvlu' siècle, un vaste
A propos d'une gravure qui représente la façade d'un magasin, passage
78 PARIS, CAPITALE DT] XIX SIÈCLÈ' MAGASINS DE NOWEAWES, CALICOTS 79
PASSAGES,

Véro-Dodat : < On ne peut trop louer cet ajustement, la pureté de ses profils, jolies bonbonnières
Arabæques, comme les
I'effet pittoresque et brillant que produisent les globes servant à l'éclairage par De chez Marquis, passage des Panoramas.
n
le gaz, qui sont placés entre les chapiteaux des deux pilastræ accouplés limitant
ÉIeinrich Hetne, Mélodies hébraïques, nJehuda ben Halevy ", 4, Buch des
chaque boutique, et dont I'entre-deux est décoré d'une glace réfléchissante., '*i'*rrrrn,III (cit. dans une lettre de Wiesengrund (Adorno) ). lATa' 2l
C(abinet) d(es) E(stampes) . [47' l]
Enseignes. A la mode des rébus succéda celle des allusions guerrières et
Au 32, pz$sage Brady, se trouvait la blanchisserie Donnier, célèbre pour ses n éruption de la butte Montmartre vienne à engloutir Paris,
littérairæ. Qu'une
( ateliers immenses ) et ( son personnel considérable >. On voit sur une gravure le Vésuve a englouti Pompéi, on pourra) après quirze cents anst
.ornm.
de lépoque l'établissement de deux étagæ couronnê de petites mansardesl on ,.uouu.t sur nos enseignes I'histoire de nos triomphes militaires et celle de
aperçoit les ouvrières -
en grand nombre -
par les fenêtresl le linge pend aux ,
notre littérature. Victor
Fournel, Cc qu'on ooit dans les raes de Paris, Paris
plafonds. TA7
'
2l
1858, p. 286 (Enseignes et affiches). l[7a,3l
Une gravure de l'Empire : n [a danse du schall dans les trois sultanes >. Chaptal dans son discours sur la protection dæ noms dans l'indus'
C(abinet) d(es) E(stampes) . [47' 3l trie : n Qu'on ne dise pas que le consommateur saura bien distinguer à
I'achat læ degrés de qualité d'une étoffe : non, Messieurs, le consomma-
Élévation et plan de situation du passage, 36, rue d'Hautevillg noir, bleu et
teur ne peut pas læ apprécier; il ne iuge que ce qui tombe sous les sens :
rose, de I'année 1856, sur papier timbré. Un hôtel qui fait partie de I'ensemble
l'æil et le tact suffisent-ils pour prononcer sur la solidité des couleurs,
est également représenté. En gras : uPropriété à louer '. C(abinet) d(es)
pour déterminer avec précision le degré de finesse d'une êtoffg la nature
E(stampes) . lA7, 4l
et la bonté des apprês ? > Chaptal, Rapport au notn d'une commission
spéciale chargée de I'examen du projet de loi relatif aux altérations et
Les premiers grands magasins semblent s'inspirer des bazars orien-
supposirions de noms sur les produits fabriqués [Chambre des Pairs de
taux. On voit sur des gravures que, vers 1880, en tout casr la mode
France, Session de 1824, 17 juillet 18241, p. 5. -
L'importânce du
voulait qu'on couvrît de tapis les balustrades des étages qui donnaient
crédit s'accroît à mesure que la connaissance des marchandises devient
sur la cour intérieure vitrée. Par exemple au grand magasin de n Ia Ville
de Saint-Denis o. C(abinet) d(es) E(stampes) . [A 7, 5]
plus spécialisée. l[7a, 4l
< Que dirai-je maintenant de cette coulisse qui, non contente d'une séance
< [æ passage de I'Opéra, avec ses deux galeries, dites de l'Horloge et du illégale de deux heures à la Bourse,donnait encore naguère deux représentations
Baromètre ... Uouverture de I'Opéra de la rue [æ Peletier, en 1821, lui donna par jour, en plein vent) sur le boulevart des ltaliens, en face du passage de
la vogug et, en 1825, la duchesse de Berry vient, en personnq inaugurer un l'Opéra, où cinq à six cents joueurs formant une masse compacte, se traînaient
'Europama' dans la galerie dlr Baromètre ... lÆ grisettes de la Rætauration lourdement à la remorque d'une quarantaine de courtiers marrons, en parlant
dansaient au bal d'Idalig installê dans le sous-sol. Plus tard, un café, appelé à voix basse comme des conspirateurs, pendant que des âgents de police les
'Divan de ÏOpéra', s'établit dans le passage ... On remarquait aussi, passage de poussaient par derrière pour les faire circuler, comme on pousse des moutons
I'Opéra, I'armurier Caron, les éditions de musique Margueric, le pâtissier Rollet græ et fatigués que I'on conduit à I'abattoir. ,, M. J. Ducos (de Gondrin),
et enfin la parfumerie de I'Opéra ... Aioutons ... Iæmonnier'artiste en cheveux', Comment on se ruine à la Boune, Paris 1858, p. 19. lA7a, 5l
c'est-à-dire fabricant de coins de mouchoirs, reliquaires ou articles funêraires en
chweux. u Paul Dfuiste, I^a Vie et le Monde du bouleztard (1830'1870),Patim C'est au 271, rue Saint-Martin, dans le passage du Cheval-Rouge, qu'eut lieu
(1930) , p. 14-16. [A 7, 6l le meurtre de Iacenaire. [A 7a, 6]

n Iæ passage des Panoramasr ainsi nommé en souvenir des deux panoramas Enseigne : < l'épé-scié r. l{7a,7)
qui s'élevaient de chaque côté de son entrée et qui disparurent en 1831. " Paul
D'Ariste, In Vie et le Monile du boulanrL Paris, p. 14. IA7'71 Extrait d'un prospectus < Aux habitants des rues Beauregard, Bourbon-
Villeneuve, du Caire et de la Cour des Miracles o. n Proiet de deux passages
belle apothéose de la n merveille du châle indien o dans le chapitre sur Iart
l: couverts allant de la place du Caire à la rue Beauregard, aboutissant juste en face
indien de ln
Bible de I'hurnnnité de Michelet, Paris 1864. [A 7a, ll de la rue Sainte-Barbg et faisant communiquer la rue Bourbon-Villeneuve avec
la rue Hauteville > : < Messieurs, Depuis longtemps nous nous préoccupons de
n Ce Jehuda ben Halely, dit-ellg I'avenir de ce quartier, nous souffrons de voir des propriétés si près du
Est conservê avec assez d'honneurs boulevard être bien loin de la valeur qu'elles devraient avoir; cet état de choses
Dans un fort bel étui de carton, changerait si l'on ouvrait des voies de communication, et comme il est impossi
Décoré d'élégantes et chinoises ble de faire des rues en cet endroit, à cause de la trop grande différence du
80 PARIS, CAPTTALE DU nX.VÈClÈ MAGASINS DE NOWEAWES, CALICOTS 8I
PASSAGES,

niveau du sol, et que le seul projet pratiquable est celui que nous avons . - -la.a et sur les ponts qui traversent la Seinq de façon ... qu'un promeneur
I'honneur de vous soumettre) nous espérons, Messieurs, qu'en qualité de que les
'o .fÏi-"rr.ourir toute la cité sans iamais se mettre à découvert ... Dès
propriêtaires ... vous voudrez bien nous honorer de votre concours et de votre goûté aux nouvelles galeries, ils ne voulurent plus mettre le pied
3ÏÏ"nî, *""t
t,L.'r*
adhésion ... Chaque adhérent sera tenu à un versement de 5 francs par chaque anciennes rues qui, disaient-ils, n'étaient
plus bonnes que pour les
action de 250 h. qu'il voudra avoir dans la sociétê définitive. Aussitôt la Tony Moilin, Paris en I'an 2000, Paris 1869, p.9-ll. [48a,2]
réalisation d'un capital de 3 000 francs cette souscription provisoire sera ffi*-,
fermée, la dite somme étant dès à présent jugée suffisante. o n Paris, ce premier étage est occupé par des rues-galeries .'. Iæ long des grandes
< [r
20 octobre 1847. > Prospectus imprimé annonçant la souscription. [A 8, ll .,^ix ... ellæ forment les rues-salons ..' Les autres galeries beaucoup moins
]"".i.*o sont plus modestement ornées. On les a réservées que au commerce de
< Au passage Choiseul, M. Comtg 'physicien du rol, exhibe, entre deux qui y fait l'ftalage de ses marchandises de manière les passants
séances de magie où il luimêmg sa cêlèbre troupe d'enfants, acteurs
àiirif > Tony
opère
ltr.ut.nt non plus devant les magasins mais dans leur intérieur même.
étonnants. > J.-L. Croze, o Quelques spectacles de Paris pendant l'étê de 1835 > ioiln, t'orit en I'an 2000, Paris 1869' p. l5'16 (Maisons-modèles). [48a, 3]
(lz Temps, 22 aoùt 1935). [A 8, 2]
Calicots : < Il y en a au moins 20.000 à Paris ... Un très-grand nombre de
< A
ce tournant de I'histoirg le commerçant parisien fait deux découvertrs ...1 on voit même parmi eux dæ peintres et des
calico6 ont fait leurs humanités
qui bouleversent le monde de la nouveauté : l'êtalage et f employé masculin. en rupture d'atelier, lesquels tirent un merveilleux parti de leurs
architectæ
L'étalage, qui lui fait pavoisq sa maison du rez-de-chaussée aux mansardes et ... de ces deux branches de I'art pour l'édification des étalages,
connuisrancæ
sacrifier trois cents aunes d'étoffe à enguirlander sa façâde comme un vaisseau oour la disposition à donner aux dessins des nouveautés, pour Ia direction des
amiral; I'employé masculin, qui remplace la séduction de I'homme par la modæ a créer. > Pierre faroussen Grand Dictionnaire uniuenel du xt( siècle,IlI,
femmg qu'avaient imaginée les boutiquiers de I'ancien régime, par la séduction paris, 1867 (art. calicot), p. 150. [49' l]
de la femme par I'hommg beaucoup plus psychologique. Aioutons le prix fixe,
la marque en chiffres connus. > H. Clouzot et R.-H. Valensi, I* Paris de la nA quel mobile I'auteur dæ Études de mæun a-t-il obéi en imprimant tout
Comédie humaine (Balzac et ses fournisseurs), Paris 1926, p.3l-32 (Magasins vifs, dans une æuvre d'imagination, des notables de son temps? A son
de nouveautés;. [A 8, 3] agrément d'abord, n'en doutons pas ... Ceci explique les descriptions. Il faut
chercher une autre raison aux citations directes et nous n'en voyons pas de
Lorsqu'un magasin de nouveautés prit en location les locaux qu'avait meilleure qu'une intention de rêclame bien marquée. Balzac est un des premiers
précédemment occupés Heuel, l'éditeur dela C,omêdie humaine, Balzac écrivit : à avoir deviné le pouvoir de l'annonce et surtout de I'annonce déguisêe. En ce
<La Comédie humaine a cédé la place à la comédie des cachemires., (Clouzot temps ... læ journaux ignoraient leur force ... C'est à peine si, vers minuit,
et Valensi, I* Paris de la Comédie humaine, p. 37.) [A 8, 4] quand les ouvriers achevaient la mise en page, les annonciers arrivaient à glisser
quelquæ lignes en bas de colonne sur la Pâte de Regnault ou la Mixture
Passage du Commerce-Saint-André : un cabinet de lecture. [A 8a, ll Brbilienne. L'Écho-réclame était inconnu. Plus inconnu encore un procêdé
aussi ingénieux que lâ citâtion dans un roman ... I-es fournisseurs choisis par
" Dès que le Gouvernement socialiste fut devenu le propriétaire légitime de Balzac ... on peut dirq sans crainte de se tromper) que ce sont les siens ... Nul'
toutes les maisons de Paris, il læ livra aux architectes avec ordre ... d'y établir plus que l'auteur de Gsar Birotteail, n'a deviné le pouvoir illimité de la publicité
læ rues-galeries... Les architectes s'acquittèrent on ne peut mieux de la mission ... Si I'on doutait de Ïintention, il suffirait de relever les épithètes ... qu'il accole
qui leur était confiée. Au premier étage de chaque maison, ils prirent toutes les à ses industriels ou à leurs produis. Il imprime sans vergogne : la célèbre
pièces donnant sur la rue et en démolirent les cloisons intermédiaires, puis ils Victorine, Plaisir, un illustre coiffeur, Staub, le tailleur Le plus célèbre de cette
ouvrirent de larges baies dans les murs mitoyens et ils obtinrent ainsi des époque, Gan un boftier fameux... rue de la Michodière (iusqu'à I'adresse) ...
ruergaleries qui avaient la largeur et la hauteur d'une chambre ordinaire et la 'cuisine du Rocher de Cancale ... le premier des restaurants parisiens ...,
occupaient toute la longueur d'un pâté de corutructions. Dans les quartiers c'est-â-dire du monde entiey'. >> H. Clouzot et R.-H. Valensi, b Paris de la
neufs où les maisons contiguës ont leurs étages à peu près à la même hauteur, Comédie humaine (Balzac et ses fournisseurs), Paris 1926, p. 7-9,
le plancher des galeries se trouva être assez régulièrement de niveau ... Mais, 177-t79. [A9,2l
dans les vieilles rues ... il fallut exhausser ou abaisser bien des planchers, et
souvent on dut se résigner à donner au sol une pente un peu rapide ou à le Iæ passage Véro-Dodat relie la rue Croix-des-Petits-Champs à la rue Jean'
couper par quelquæ marches d'æcalier. Quand tous les pâtés de maisons se Jacques-Rousseaq où Cabet habitait. C'est là, dans ses salons, qu'i-l tenâit ses
trouvèrent ainsi percés de galeries occupant ... leur premier étagg il n'y eut plus réunions vers 1840. Martin Nadaud donne une idée de I'atmosphère qui y
qu'à réunir ces tronçons épars les uns aux autres, de manière à en constituer régnait dans sæ Mémoires de Lêonar{ ancien garçon maçon : < Il tenait encore
un réseau ... embrassant toute l'étendue de la ville. Cest ce qu'on fit aisément à la main la serviette et le rasoir dont il venait de se servir. Il nous parut ému
en établissant sur chaque rue des ponts couverts ... Des ponts tout semblables, de ioie en nous voyant convenablement vêtus, I'air sérieux : 'Ah ! Messieurs,
mais beaucoup plus longs, furent jetés de même sur les divers boulevards, sur dit'il (il ne dit pas : citoyens), si vos adversaires vous connaissaient, vous
82 PANS, CAPITALE DU XIX SIÈA.E MAGASINS DE NOWEAWÉ;, CALICOTS 83
PASSAGES,

généraux de I'armée expéditionnaire,


désarmeriez leur critique; votre tenue, votre maintien sont ceux des gens lqs .,." effroyable importance. Quelques
mieux élevés'., Cit. par Charles Benoist, oI-'homme de 1848 >, lI(Retue des l,"iirrnt du voisinage de l'Inde, envoyèrent à leurs femmes et à leurs amies des
Deux Mondes, l"
fêvrier 1914, p. 641'642). Il est caractéristique de Cabet
- l""i* .. de Kachemire ... A partir de ce moment, la maladie, qu'on pourrait
qu'il ait estimé que les ouvriers ne devaient pas avoir une activitê d'écri- lÏiî., fu fièvre du cachemire, prit dæ proportions considérables, elle grandit
rure. [A 9, 3] lL'* t. Conrutat, grandit sous I'Empire, devint gigantesque sogs la Restaura-
li^î. .otorrul. sous le gouvernement de iuillet, et est enfin arrivêe à l'état de
Rues-salons : < l,es plus larges et les mieux situées d'entre elles [les rues-
)
.""fri* a.puir la révolution de février 1848. Paris chez sorl, Paris, p. 139
galeries] furent ornées avec goût et somptueusement meublées' On couvrit les ii -
Durrnd, < Châlæ Cachemires indiens et français
>). Contient un entretien
39, rue de Richelieq propriétaire du magasin < Aux Indiens
murs et les plafonds de ... marbres rares, de dorures ... de glaces et de tablearu; I* fU. Martin,
peut avoir pour 800 ou I 000 francs læ châles qui
";
valaient iadis
on garnit les fenêtres de magnifiques tentures et de rideaux brodés de dessins i,iiou. qu'on
merveilleuxl des chaises, des fauteuils, des canapés... offrirent des siéges i. r'soo à 2 ooo francs. [A lo' 2]
commodes aux promeneurs fatigués; enfin des meubles artistiques, d'antiques
bahuts ... des vitrines pleines de curiosités ... des potichæ contenant des fleurs Dans Brazier, Gabriel et Dumersaû I*s Passages et les Rues, vaudeville en un
naturelles, des aquariums remplis de poissons vivants, des volières peuplées actq repr&enté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétês' le
d'oiseaux rares complétèrent la dêcoration de cæ rues'galeries qu'éclairaient le 7 mars 1827, Paris 1827. - Début d'un couplet de I'actionnaire Dulingot :
soir ... des candélabres dorés et des lustres de cristal. Iæ Gouvernement avait u Pour les Passages ie forme

voulu que les rues appartenant au peuple de Paris dépassassent en magnificence Dæ væux touiours renaissans :
les salons des plus puissants souverains ... Dès le matin, les rues-galeries sont Dans le Passage Delorme
J'ai placé cent mille francs. (P. 5-6.)
>
livrées aux gens de service qui donnent de I'air, balayent soigneusement,
brossent, époussettent, essuient les meubles et entretiennent partout la plus Apprenez que I'on veut fafue couvrir toutæ læ rues de Paris avec des vitres,
n

scrupuleuse propreté. Ensuite, selon la saison, on ferme les fenêtres ou on les ça va faire
de iolies serres chaudæ I nous vivrons là-dedans comme des melons. o
laisse ouvertes, on allume du feu ou on baisse les stores ... Entre neuf et dix (P. 19.) [A lo, 3l
heures, tout ce travail de nettoyage est terminê et les passants, rares iusqu'alors,
se mettent à circuler en plus grand nombre. L'entrée des galeries est rigoureu- De Girard, Des tombeaux ou De I'influence des institutions funèbres sur les
sement interdite à tout individu sale ou porteur de gros fardeaux; il est mæun, Pans l80l : < læ nouveau passage du Cairq près la rue Saint-Denis, ...
également défendu d'y fumer et d'y cracher. o Tony Moilin, Paris en I'an 2000, est pavé en partie de pierres sépulcrales dont on n'a pas même effacé les
Paris 1869, p.26-29 (fupect des rues-galeries). [A9a' ll inscriptions gothiques ni les emblèmes. > L'auteur veut atther ainsi I'attention
sur la dêcadence de la piété. Cit. par Édouard Fournier, Chroniques et Légendes
Les < magasins de nouveautés > doivent leur naissance à la liberté de com' des rues de Paris, Palis 1864, p. 154. [A 10, 4l
merce octroyé€ par Napoléon I". <De ces maisons, fameuses en 1817, qui
s'appelaient la Fille mal gardée, le Diable boiteux, le Masque de fer ou læ Deux Brazier, Gabriel et Dumersan, Its Passages et les Rues, ou la
Guene déclarée,
Magots, il ne subsiste plus une seule. Beaucoup de celles même qui les ont vaudeville en un acte représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre
remplacées, sous Ipuis-Philippg ont plus tard sombré, comme la Belle Fermière dæ Variétés, le 7 mars I 827, Paris 1827 . -
[æ parti des adversaires des passages
et la Chaussée dAntin, ou liquidé médiocrement, comme le Coin fu rue et le æt composé de M. Duperron, marchand de parapluies, M-'Duhelder, femme
Pauare Diable, )) Vrc G. d'Avenel, < Iæ mécanisme de la vie moderne t, I, ,, læs d'un loueur de carrosses, M. Mouffetard fabricant chapelier, M. Blancman-
grands magasins (Reoue des Deux Mondes, 15 iuillet 1894, p. 33q' ll^ga,,21 teau, marchand et fabricant de socquæ, M'' Dubac, rentière -
chacun de ces
" personnages vient d'un quartier différent. M. Dulingot qui a placé son argent
Les bureaux de la Cnricature de Philipon se trouvaient passage Véro- sous forme d'actions dans des passages, s'est fait le champion de la cause de cæ

Dodat. derniers. L'avocat de M. Dulingot s'appelle M. Pour, I'avocat de la partie


[A 9a, 3l
adverse, M. Contre. Dans la quatorzième scène, I'antépénultième, M. Contre
apparaît à la tête du cortège des rues. Celles-ci portent des bannières appropriées
Passage du Caire. Percé après le retour d'Érypte de Bonaparte. Il comporte
quelques réminiscences épptiennes dans ses reliefs, entre autres des têtes qui à leur nom; il y a parmi elles la rue aux Ours, la rue Bergèrg la rue du
Croissant, la rue du Puis-qui-parlq la rue du Grand-Hurleur, etc. Dans la scène
ressemblent à des sphinx, au'dessus de l'entrée. < Les passages sont tristes'
suivante vient à son tour le cortège des passagæ avec leurs bannières : passage
sombres, et ils se croisent à chaque instant d'une manière désagréable à l'ceil .'.
du Saumon, passage de I'Ancrq passage du Grand-Cerf, passage du Pont-Neuf,
Ils semblent ... affectés aux ateliers de lithographie et aux magasins de cartonna-
ges, comme la rue voisine est affectée aux fabriques de chapeaux de paille; les Pæsage de l'Opéra, passage du Panorama. Dans la scène qui suit, la seizième
et dernière, Lutèce surgit du sein de la terrg tout d'abord avec I'apparence
passants y sont rares. , É[e Berthet, o Rue et passage du Caire > (Paris chez soi,
d'une vieille femme. M. Contre défend devant elle le point de vue des ruæ,
Paris (1854) , p.362). [A 10, ll
contre les passages : n Cent quarante-quatre passages ouvrent leurs bouches
oeantes pour dévorer nos habitués, pour faire écouler læ flots sans cesse
< En 1798 et 1799, Iexpédition d'Égpte vint apporter à la mode des shalls
PARIS, C,APITALE DU XIX slÈcu, CAUCOTS
84 MAGASINS DE NOWEAWÉ\, 85
PASSAG6,
renaissans de notre foule oisive et active ! Et vous voulez que nous, rues de Pari5,
-'^+. - on Deut être surpris de ne pas en voir commencer une inépuisable
soyons insensibles à ces empiètemens sur nos droits antiques ! Non, nsu$ 6eProle?, " i"- fn nur, et dont les boutiques auraient constitué les chapitres.
demandons... interdiction de nos cent quarante-quatre adversaires et quin2s la
illl,j,r'iir.ire des romans délicieux : La Boutique du Boulanger, Pharma'
millions cinq cent mille francs de dommages et intérêrs. > (P. 29) Iæ plaidoysl d'Huiles autant de pendants a:a Magasin
de M. Pour en faveur des passages prend la forme d'un couplet. En voici un '.1"';;-'Boutique du Marchand " par et Martin-Dupont,
G. K. Chesterton, Dickens, trad. Laurent
'ji)rfrrirA.,
iîii'intl, 82-83.
extrait
[A I r,
:
p. 3]
< Nous qu'on proscrit, notre usage est commode,
N'avons-nous pas, par notre aspect riant,
peut évidemment se demander dans quelle mesure Fourier croyait
A tout Paris fait adopter la mode " On plaindre des
De ces bazars, fameux dans I'Orient. ,,,,_-an,,. à ces fantaisies. Il lui est arrivé dans ses manuscrits de se
liii""o qui prennent à la lettre le figurê et de parler ailleurs de ses 'bizarreries

Quels sont ces murs que la foule contemple ?


L,,,lig,,'. Il n'est pas interdit de penser qu'il y ait 1à au moins une palt de
Ces ornemens, ces colonnes surtout ? .f,,rrtrt.nit*. volontaire, une application au lancement de son système des
On se croirait dans Athènes, et ce temple .l..eag de publicité commerciale, qui commençaient à se développer. >
Est au commerce élevé par le goût. > (P. 29-30.) Ë.-L.una et R. Maublanc, Fourier, Paris 1937, I, p. 158. I Exposi-
tiont I [A lla' l]
Lutèce accorde la querelle : u L'affaire est entendue. Génie des lumières, obêissez
à ma voix. (En ce moment toute la galerie se trouve éclairée par le gaz.) ) (p. 31.)
Un ballet des passages er des rues conclut le vaudeville. [A lOa, l) Aveu de Proudhon vers la fin de sa vie
(dans In Justice -
à opposer à la vision
phalanstère chez Fourier) : o Il a bien fallu me civiliser. Mais I'avoueraiie?
du
plus d'un étage, dans
<Je n'hêsite point à l'écrire, si énorme que cela puisse paraître aux sérieux t. p.u qu. i'en ai pris me dégoûte... Je hais les maisons à
à I'inverse de la hiérarchie socialg læ petits sont guindés en haut, les
écrivains d'art, ce fut le calicot qui lança la lithographie ... Condamnée aux læquellæ,
figures d'après RaphaëI, aux Briséis de Regnault, elle fût peut-être morte; erands établis près du sol' (Cit.
, par fumand Cuvillier, Marx et Proudhon. A
Calicot la sauva. ) Henri Bouchot, In Lithographie, paris ( l8g5 ) ,
"la
lumière du marxisme, II, l'" partie, Paris 1937, p. 2ll.) [A lla,2]
p. 50-51. [A ll,tl
Blanqui: <fai porté, dit-il' la première cocarde tricolore de 1830, faite par
< Dans le passage Vivienne, M'' Bodin, passage du Commerce. > Gustave Geffroy, LEnfermê, Paris 1897,
Elle me dit : j'suis de la Vienne. p.240. [A lla,3]
Et elle alouta :
J'habite chez mon oncle, Baudelaire écrit encore : n un livre éclatant comme un mouchoir ou un châle
C'est le frère à papa ! de l'Inde o. Baudelaire, LArt romantique, Paris, p. 192 (Pierre Du-
Je lui soigne un furoncle, pont)4. [A lla,4]
C'est un sort plein d'appas.
Je devaisr'trouver la donzelle la collection Crauzat possède une belle reproduction du passage des Panora-
Passage Bonne-Nouvelle, mas de 1808. On y trouve également un prospectus vantânt les mérites d'un
Mais en vain je I'attendis u débit de cirage > et dans lequel il est surtout question du Chat botté.fA I la, 5]

Passage Brady.
Baudelaire écrit à sa mère le 25 décembre 1861, à propos de sa tentative pour
I-es voilà bien, les amours de passage ! > engager un châle au mont-de-piété : < On m'a dit qu'il y avait dans les bureaux
Narcisse læbeaq cit. par léon-Paul Fargue, encombrement de cachemires, aux approches du jour de I'an, et qu'on cher-
Cafés de Paris
", II [dans Zz, IX,
<
416, 4 mars 19361. [A ll, 2l chait à dêgoûter le public d'en apporter. , Charles Baudelairg l*ttres à sa mère,
Paris 1932, p. 198. [A lla,6l
<Aucune raison particulière ... au premier coup d'ceil, pour que I'histoire ait
reçu ce nom : Iz Magasin dAntiquités. Il n'y a que deux des personnages qui < Notre siècle reliera le règne de la force isolée, abondante en créations

aient quelque chose à voir avec ce genre de boutiqug et dès les premières pagæ originalæ, au règne de la force uniformg mais niveleuse, égalisant les produis,
ils la quittent pour touiours ... Mais, quand nous étudions læ choses avec plus læ ietant par masses, et obéissant à une pensée unitaire, dernière expression dæ
de suite, nous nous rendons compte que ce titre est une sorte de clef pour tout sociétb. > H. de Bahac, L'Illustre Gaudissart, Paris, éd. Calman-Iély, p. I
le roman de Dickens. Ses histoires avaient toujours pour point de départ quelque (1837). [A'a, 7]
souvenir de la rue; les magasins, peut-être les plus poêtiques de toutes les
choses, mirent souvent en mouvement son imagination débridée. Chaque Entre 1852 er 1863, le chiffre d'affairæ du Bon Marché est passé de
boutique, en fait, éveillait en lui I'idée d'une nouvelle. Parmi les diverses sériæ 450 000 francs à 7 millions. Liaugmentation des bénéfices pourrait
tl.

86 PARIS, (UPITALE DU XIX S1ÈCaÀ, MAGASINS DE NOT]VEAUTB, CALICOTS 87


PASSAGFS,

serruriers est une clef dorée de six pieds de haut, de


avoir été beaucoup plus petite en pourcentage. u Gros chiffre d'affaire5, _^,rleurs.L,emblème.des
petit profit " était un principe nouveau qui tirait la conséquence de deux ?".':r;; de cellæ qui ouvrent les portes géantes du ciel. Les boutiques des
de bæ sont décorées de bas blancs de quatre aunes de haut, qui vous
phénomènes fondamentaux : la foule des acheteurs et la masse dsg 'l"iTT"a,
"ill^)^, dans I'effroi, la nuit venug parce que vous croyez voir passer des
stocks. En 1852, Boucicaut s'associe avec Vidau, le propriétaire 4u
ll:'j;; ... Mais les regards et les pas sont attirés de façon plus plaisante et plus
magasin de nouveautés n Au bon marché >. " L'originalité consistail tr
lii.ù. ou, tes rableaux accrochés à la devanture de nombreux magasins ... Il n'est
vendre la marchandise garantie au prix de la marchandise de camelote. 'j"""r^r. que ces tableaux soient de véritables æuvres d'art que les connaisseurs
la marque en chiffres connus, autre innovation hardie qui supprimait !î^rlarruirnt avec plaisir, sinon avec admiration, s'ils étaient exposés dans la
le marchandage et la tente au procédé', c'est-à-dire la majoration ds '-l?";. au f.ouvre ..' I-a maison d'un perruquier [s'orne d']un tableau, d'une
qui Absalon, le
l'objet suivant la physionomie des acheteurs; - le 'rendu', permettant 'rÎi"ii..,tæt vrai médiocre, mais contient une amusante.
idée
au client d'annuler à volonté son marché; - enfin le paiement presque pruia, est accroché par les cheveux à un arbrg et il est transpercé par
ii"'â.
intégral des employés par une commission sur les ventes : tels furent les ilun.. d'un ennemi' On lit au-dæsus ces vers : 'Contemplez d'Absalon le
S'il.eût porté perruque, il évitait la mort.' Un autre ... tableau
élémens constitutifs de la nouvelle organisation. n George d'Avenel, n 1a Jeplorable sort, /
leorésentant une rosière agenouillée,
qui reçoit Sa couronne des mains d'un
mécanisme de la vie moderne, Les grands magasins ,, (Reztue des Deux
orne la porte d'une modiste. , Ludwig BÔrne, Schilderungen aus Paris
Mondes, Paris 1894, p.335'336, 124'tome). [A 12, ll .t.uuti.r,
Tiazz ,ra 1823),vL, Die kiden. (Sdnt1ichel V(/krkel (en fait Gesammelte
'schnftuù
), Hambourg-Francfort-sur-le-Main 1862, III, p. 46-49. [Al2al
Iæ gain de temps que représentait, par rapport au commerce de
détail, la suppression du marchandage, pourrait avoir joué initialement 6
Sur l'< ivræse religieuse des grandes villes o de Baudelaire : læ grands
un rôle dans les calculs des grands magasins. lA 12,21 ivresse.
magasins sont les temples consacrés à cette [A 13]

Un chapitre < châles, cachemires , dans L'Exposition industrielle du Louare de


Bôrne. Ludwig Bôrne, Gesammelte Schriften, Hambourg'Francfort-sur'le-Main
1862, III, p.260. l/'l2'31
I-a physionomie des passages apparaît chez Baudelaire dans une phrase au
début du u Joueur généreux, : o Il me parut singulier que j'eusse pu passer si
souvent à côtê de ce prestigieux repaire sans en deviner I'entrée., (Baudelaire,
(Euares, texte établi et annoté par Y. G. Iæ Dantec, Paris l93l ) I,
p.4565. [A 12,41

Caractères spécifiquæ du grand magasin : les clients ont le sentiment


de constituer une masse; ils sont mis en présence des stocks; ils
embrassent tous les étages d'un seul regard; ils paient des prix fixes; ils
peuvent n échanger les marchandises o. lA 12' 5\

< Dans les quartiers où se trouvent les théâtres, les promenades publiques ...,
où vivent et logent, par conséquent, la plupart des étrangers, il n'y a presque
pas d'immeuble sans magasin. Il s'agit donc d'exercer une attraction sur le
client, à un instant précis, à un endroit ptécis, car, un instant plus tard, un
mètre plus loin, le passant se trouve devant un autre magasin ... l,es yeux vous
sont enlevés comme par violencg on doit lever la tête et s'arrêter en attendant
que le regard vous revienne. [æ nom du commerçant et celui de sa marchandise
sont écrits une dizaine de fois sur des plaques accrochées partout aux portes et
aux fenêtres. L'extrados de la voûte ræsemble au cahier d'un écolier qui répète
sans cesse les quelques modèles d'écriture. l,es êtoffes ne sont pas présentéæ
sous forme d'êchantillons, mais pendent en coupons totalement dêpliés devant
portes et fenêtres. Elles sont parfois accrochéæ au troisième étage et retombent
jusqu'au sol dans une grande variété d'entrelacs. læ cordonnier a peint sur toute
la façade de son immeublg en bataillons serrês, des chaussures de toutes les

Vous aimerez peut-être aussi