Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
JACQUES-F~LlX
de
f' •
RENE (AILhIE
,
a
RENÉ CAILLIÉ
à
L'ETHNOBOTANIQUE AFRICAINE
CONTRIBUTION DE RENÉ CAILLIÉ
A L'ETHNOROTANIQUE AFRICAINE
TOMBOUCTOU
1819-1828
par
H. JACQUES-FéLIX
Directeur de Recherches
O.R.S.T.O.M.
PARIS
57, rue Cuvier (5 e )
Publié par le Journal d'Agriculture tropicale et de Botanique appliquée
10, 1963 : 287-334; 449-520; 551-602
avec le concours
de l'Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer
24, rue Bayard, Paris (8e )
CONTRIBUTION
DE RENÉ CAILLIÉ AL'ETHNOBOTANIQUE AFRICAINE
AU COURS DE SES VOYAGES El MAURITANIE ET A TOMBOUCTOU
i8i9 - t828
Par H. JACQUES-FÉLIX.
•
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
la caravane, étaient, l'un et les autres, ceux d'un Detarium dont il existe
deux espèces au Sénégal: 1°) Le Dan (D. microcarpum) , dont l'aire s'é-
tend profondément au centre du continent et que R. CAILLIÉ retrouvera
plus tard sur la route de Djenné (§ 101). C'est un arbuste dont les fruits,
relativement petits et sucrés, sont toujours comestibles. 2°) Le Détar
(D. senegalense) , dont l'aire plus restreinte s'étend plutôt vers le Sud,
dans la zone forestière humide. C'est un arbre plus élevé, aux fruits plus
gros. Il en existe deux variétés: l'une dont les fruits sont comestibles,
l'autre dont les fruits sont toxiques, sans que l'on puisse les discerner
l'une de l'autre quant à leur aspect et autres caractères botaniques. La
nomenclature de ces Detarium a été éclaircie par A. AUBRÉVIJ.LE et J.
TROCHAIN (o'J') et leurs propriétés chimiques étudiées par PARIS, MOYSE et
MIGNON (Mo), qui ont trouvé, dans les fruits toxiques, un principe amer
peu dangereux mais agissant toutefois sur le système nerveux. Cela cor-
respondrait assez bien avec les troubles éprouvés par le malheureux
matelot que R. CAILLIÉ soupçonna peut-être injustement de simulation.
S. PERROTTET, qui connaissait bien les Detarium et à qui l'on doit la
·distinction du D. microcarpum, ne se devait-il pas, en bon botaniste
qu'il était, d'éprouver lui-même les effets présumés de la variété toxique
du D. senegalense? C'est ce qu'il fit en 1825, alors qu'il explorait la Ca-
samance : « Le Detarium senegalensis et la variété, connue en Sénégam-
bie, sous le nom de niey-patakh, étaient également communs ... ces deux
arbres étaient chargés de fruits remarquables par leur grosseur; le niey-
pata:kh en était tellement garni, que ses rameaux ployaient sous le poids.
La terre, au-dessous en était jonchée, tandis qu'on n'en trouvait jamais
un seul sous le vrai pata:kh ou Detarium senegalensis. Pour s'expliquer
ce singulier phénomène, il faut savoir que le fruit du niey-patakh passe
dans le pays pour être vénéneux et même pour un poison mortel.
Comme aucun caractère extérieur ne fait distinguer ces fruits de celui
du Detarium senegalensis, il faut que celui qui les rencontre, pour la
première fois, les goûte nécessairement s'il veut en connaître la diffé-
rence. Il paraît que les singes, en général si friands et si voraces des
fruits de toutes sortes, reconnaissent celui du niey-patakh et passent
à côté sans même l'effieurer, tandis que celui du Detarium senegalensis,
dont ils se nourrissent presque exclusivement, est dévoré dès qu'il a
atteint son degré de maturité, tant par eux que par les nègres qui le
mangent aussi avec plaisir à cette époque.
Le peu de confiance que m'inspirait l'opinion des nègres sur le fruit
de ce Detarium m'engagea à vérifier leur assertion. Je goûtai donc, non
.sans quelques précautions, quelques-uns de ces fruits choisis parmi les
plus mûrs. Je ne tardai pas à éprouver, sur tout le palais, après avoir
mâché légèrement l'espèce de pulpe farineuse qui le remplit, un goût
d'amertume et de causticité très désagréable: il se prolongea pendant
plus de deux heures. Je n'essayai pas, comme on le pense bien, d'avaler
·cette pulpe, quoique, dans mon opinion, je ne croie point qu'elle soit
réellement vénéneuse ».
Lorsque la caravane eut rejoint la route des puits l'optimisme renaît :
·c'est l'assurance de pouvoir se ravitailler plus facilement en eau et de
rencontrer plus souvent des villages.
(o'J') Le genre Detarium en A.O.F. Bull. Soc. bot. France, 84, 1937 : 487-494.
('J"J') Sur une légumineuse de l'A.O.F. réputée toxique. Ann. Pharm. franç.
'1947.
Fig. 1. - LI' Bnohah (Adansollia digitata, § 65). Arbre en fruits, la base
du tronc, plus claire, correspond à la zone écorcée pour faire des cordes;
extrémité d'un rameau portant une feuille et une fleur longuement pé-
donculée; en bas, un fruit dont l'extrémité brisée montre les graines dans
la pulpe fibreuse.
- 18
Depuis les rudes épreuves oc l'expédition GRAY, cinq :ms sont passés
uu cours <lesquels R. CAILLIÉ, employé dl' commerce mais toujOUI'S préoc-
cupé par l'exploration dl' l'Afrique, eut tout loisir d'analyser les causes
d'insuccès de ses devanciers. La conviction que la réussite appartien-
drait à un voyageur solitaire et non à de puissantes expéditions, ranimait
son ambition: mieux que d'être un des memhres suhalternt's d'une mis-
sion officielle, il triompherait seul.
En 1824, je revins au Sénégal pour tenter fortune avec une petite
pacotille... Je n'ai pas besoin de dire qu'au fond du cœur je nourri-
sais toujours mon projet de visiter l'intérieur de l'Afrique; il sem-
blait qu'aucun obstacle ne pouvait plus m'arrêter, en voyant sur-
tout à la tête de la colonie M. le haron ROGER, dont la philanthropie
et l'esprit éclairé me promettaient un protecteur de toutes les entre-
prises grandes et uti les.
Je lui demandai donc l'autorisation de voyager dans l'intérieur,
aYl'C l'appui et sous les auspices du gouvernement du Roi: mais
M. ROGER avec une bonté extrême, chercha à refroidir mon zèle.
J'insistai pour partir, et j'ajoutai que, si le gouvernement n'ac-
cueillait pas mes oifres, je voyagerais plutôt avec mes seuls moyens.
Cette détermination fit impression sur l'esprit du gouverneur, qui
m'accorda quelques marchandises pour aller vivre chez les Brak-
nas y apprendre la langue arabe et les pratiques du culte des
Maures, afin de parvenir plus tard à pénétrer plus facilement dans
l'intérieur de l'Afrique.
R. C.\ILLlÉ avait alors Yingt-quatre ans.
("") Non seulement la pulpe est comestible mais également les graines. logées
à l'intérieur d'une coque dure et enveloppées de poils. On peut en extraire une
huile siccative inférieure toutefois à celle d'Abrasin. Voir: SOSA (A.), Sur
l'huile siccative de Parinarium macrophy/lum Sab., Rev. Bot. A.ppl., 1945: 19-24.
- 22-
("') Bull. Corn. Etude hist. & scient., A.O.F., 1918 : 17-56.
( ) Conf. Afric. des Sols, Goma 1948.
( ) Mém. Mus. Hist. Nat., 10, 1823 : 398-404.
- 23-
apprendre quelques, recettes auprès des Braknas ('l'). Quant au séné c'est
le Cassia ilalica que l'on connaît plus généralement sous le nom, tombé
en synonymie, de C. obovata Col.
L'écorce de mimosa, brûlée et réduite en poudre, sert pour toute
sorte de coupures, brûlures, contusions, etc.; on en fait un onguent
en la mêlant avec du beurre, et l'on en frotte la partie malade deux
fois par jour. Ils traitent les douleurs avec la feuille du bauhinia
pilée, mêlée avec de la gomme réduite en poudre et un peu d'eau :
ils en mettent une couche sur la partie affectée; la gomme en sé-
chant forme une croûte qu'ils laissent tomber d'elle-même.
Les purgatifs sont rarement employés, quoiqu'ils en connaissent
l'usage. Ils ramassent le séné, qu'ils appellent falagé; lorsqu'ils
veulent s'en servir, ils le pilent dans un mortier avec quelques
fruits de Zizyphus lotus, délaient la poudre dans une bonne quan-
tité d'eau, et la donnent à boire au malade.
bien montrer qu'il ne lui aurait pas été possible, ni à cette occasion ni
au cours de son grand voyage, de rapporter ouvertement des échantillons
de plantes et de graines.
Les deux Maures que j'avais rencontrés, arrivés avant moi au
camp, avaient rendu compte de mon excursion: cette nouvelle étant
parvenue au roi, éveilla ses soupçons; et dès qu'il sut que j'étais de
retour, il me fit appeler. Je n'avais pas eu le temps de cacher mes
graines. Plusieurs Maures qui m'entouraient s'aperçurent que j'a-
vais un nœud à ma pagne; ils le saisirent, et me demandèrent ce
qu'il contenait; et sans me donner le temps de répond re, ils le dé-
nouèrent: « Que veux-tu faire de cela? C'est pour porter aux blancs
quand tu retourneras à l'escale?» Et sans me laisser le temps de
dire un mot, ils jetèrent les graines au loin.
de marche. Ces détails m'ont été fournis par des marabouts qui ont
visité plusieurs fois ce pays. Je me proposais de les accompagner
le printemps suivant, si j'étais resté parmi eux.
MANIÈRE DE TANNER LE CUIR. Le cuir joue un rôle important dans la
vie du nomade et c'est une grande occupation des femmes que de le
préparer. R. CAILLIÉ a bien décrit les différentes opérations et les ta-
nins utilisés. En fait la citation du Boscia pourrait être une erreur car
on ne le connaît pas comme tannifère. Par contre, le nem-nem, ou neb-
neb des Volofs est un .4cacia bien connu pour cet usage. Malheureuse-
ment sa nomenclature est d'une instabilité désolante. Cette situation
tient à ce qu'il occupe une aire très étendue, avec des formes géogra-
phiques et stationnelles bien distinctes mais que l'on entend ramener
sous le nom d'une seule espèce avec maintien de variétés.
chantes, que les Maures se procurent sur les bords de la mer. Les
peaux de chèvres et de mouton se tannent de la même manière, mais
beaucoup plus promptement, étant moins épaisses. Le cuir tanné
de cette manière a exactement la même couleur que le nôtre, et est
d'un bon usage. Ils l'emploient ordinairement sans autre apprêt;
mais lorsque l'usage auquel ils le destinent exige une grande sou-
plesse, ils le graissent avec du beurre avant de s'en servir.
LA GOMME ARABIQUE. Ils m'interrogeaient souvent pour savoir il
quel usage nous employions la gomme; mais ils ont toujours cru
que je les trompais: ils sont persuadés que nous la transformons
en ambre, dont la couleur s'en rapproche un peu et en autres mar-
chandises de grand prix; que nous ne pouvons nous passer de
gomme, et que sans elle nous ne pourrions exister.
lément dans toutes les parties élevées du désert, jamais dans les
terrains argileux ou d'alluvion, mais sur un sol sablonneux et sec;
il est très rare sur les bords du Sénégal. Ce n'est pas le mimosa gum-
mitera des botanistes, que j'avais appris à connaître sur nos établis-
sements; ses feuilles, également pennées, ont les folioles plus larges
plus épaisses et d'un vert plus foncé: il se rapproche davantage,
par son port et sa forme, de l'acacia cultivé en France.
Des puits creusés dans l'intérieur, où se fait ordinairement la
récolte, donnent leur nom à la contrée où ils se trouvent; telle a
été l'origine des noms qu'on a donnés aux forêts supposées. C'est
près de ces puits que les marabouts s'établissent. Les esclaves
coupent de la paille pour faire des cases: un même marabout sur-
veille les esclaves de toute sa famille ou de plusieurs amis; il les
réunit tous, souvent au nombre de quarante ou cinquante, sous la
même case. Chaque marabout envoie ce qu'il a d'esclaves dispo-
nibles; il s'y joint quelquefois des zénagues malheureux. Le pro-
priétaire donne à chacun de ses esclaves une vache à lait pour le
nourrir, une paire de sandales, ct deux petits sacs en cuir. Le mara-
bout surveillant emmène deux vaches et emporte un sac de mil
pour sa provision.
Lorsqu'il se joint un zénague aux esclaves, il s'adresse à un ma-
rabout, qui lui fournit une vache et ce qui lui est nécessaire; puis,
à la fin de la récolte, il reçoit la moitié de la gomme qu'il a ramas-
sée. Les zénagues ne sont admis à la récolte qu'à cette condition;
s'ils y allaient pour leur compte, ils seraient pillés par les hassanes.
Chaque escouade est munie d'une poulie, d'une corde pour les
puits, et d'un sac en cuir qui sert de seau pour tirer de l'eau. On
m'a assuré que ces puits sont très profonds: les cordes que j'ai
vues avaient de trente à quarante brasses de longueur. On fixe la
poulie à deux piquets plantés de chaque côté du puits et réunis
à leur extrémité: le bout de la corde passé dedans est attaché au
cou d'un âne, qui, chassé par un marabout, enlève le seau; un autre
reste pour le recevoir et le verser dans une auge en bois, où ils
abreuvent leurs vaches. Ce sont les marabouts surveillants qui sont
chargés de cette fonction. Les esclaves, chaque matin, remplissent
d'eau l'un de leurs sacs de cuir, et, armés d'une grande perche
fourchue, vont courir les champs en cherchant de la gomme: les
gommiers étant tous épineux, la perche leur sert à détacher des
branches élevées les boules qu'ils ne pourraient atteindre avec la
main. A mesure qu'ils en ramassent, ils la mettent dans leur se-
cond sac de cuir. Ils passent ainsi toute la journée sans prendre
d'autres aliments qu'un peu d'eau pour se désaltérer. Au coucher
-:34 -
alla le dire au roi, qui me fit appeler de nouveau, me fit répéter une
prière, puis ordonna à un esclave de traire une vache pour moi.
Je m'attendais à un dîner plus succulent; aussi quand on me
présenta le lait, je dis à Hamet-Dou que je mangerais bien
quelque chose avant de boire; que j'étais plus tourmenté de la
faim que de la soif. Mes paroles causèrent un rire inextinguible
à tous ceux qui étaient sous la tente; le roi lui-même rit aux
éclats, puis me dit qu'il ne pouvait offrir autre chose, que lui-
même ne prenait jamais que du lait pour nourriture.
Le 10 septembre, à midi, on me donna du sanglé; c'était la pre-
mière fois que j'en mangeais depuis mon arrivée au camp du roi.
Le 24 septembre, on leva le camp. Depuis trois jours, Fatmé Anted-
Moctar avait cessé de me donner un repas de sanglé, comme elle en
avait l'habitude; je ne recevais plus d'elle qu'un peu de lait soir et
matin; je souffrais horriblement de la faim. Le roi m'avait bien dit
de lui demander tout ce dont j'aurais besoin; mais je n'en obtenais
pas davantage; et ce lait, au lieu de me rassasier, me causait des
coliques et m'affaiblissait beaucoup.
Le soir, à l'heure ordinaire, on fit la distribution du lait pour le
souper. Ayant reçu ma part, je m'informai si je ne pourrais trouver
personne qui voulût me l'échanger pour un peu de sanglé; on me
montra une vieille esclave bambara qui en avait presque toujours.
Elle accepta ma proposition, m'en donna un peu, et me promit de
m'en fournir autant chaque jour. Cette malheureuse allait, quand
ses maîtres n'avaient plus besoin d'elle, ramasser du haze pour sa
nourriture; car elle ne recevait que le lait d'une vache pour ration,
et l'on avait soin de choisir une de celles qui en donnaient le moins.
Cependant, malgré sa misère, elle trouva le moyen d'adoucir mon
sort. Tant il est vrai que les plus malheureux sont les plus compa-
tissants. Pendant sept jours que je restai encore au camp, elle ne
manqua pas une seule fois de m'apporter une petite calebasse de
sanglé.
onze heures environ quand nous arrivâmes près d'une mare dont
l'eau était assez bonne. On alluma du feu pour faire cuire notre
souper; il était préparé lorsqu'il survint un grand orage. Le mauvais
temps nous ayant empêchés de souper, dès le point du jour nous
déjeunâmes avec beaucoup d'appétit, quoique notre sanglé eût été
exposé à la pluie pendant toute la nuit.
R. C.\lLLIÉ aura souvent l'occasion de citer le sanglé. C'est une des
façons de consommer les farines non panifiables des Sorgos, des Péni-
ciliaires et de certaines graminées de cueillette comme celle dont il est
question ci-après.
a) Cultl/re de décrl/e.
-- .-
-
~
""""
Ces insectes sont si abondants, qu'ils n'est pas rare de les voir
s'emparer des cases, et forcer les familles qui y son logées à leur
céder la place; on a alors recours à la fumée pour les chasser.
Le Dr M. "fATHIS ('l'), qui a eu l'occasion d'étudier cette question,
évoque spirituellement l'abondance de la faune apicole en disant que
« Les abeilles de Guinée semblent souffrir d'une grande crise rie loge-
ment; il suffit cie percher une ruche dans un arbre pour la voir se
peupler d'elle-même par un essaim errant, en quelques jours, parfois
en quelques heures ».
Dans les régions tropicales où les colonies d'abeilles n'ont pas à
constituer de réserves importantes pour l'hiver et sont actives toute
l'année, les fonctions génératives sont beaucoup plus actives ct les
essaimages plus nombreux. La Guinée est en outre une région particu-
lièrement propice à une production mellifère par sa végétation mixte
d'arbres clairsemés et d'espèces herbacées florifères. Les ruches, en
forme de cylindre sont posées horizontalement sur les maîtresses
branches des arbres et c'est toujours un spectacle curieux que de voir
ces ruchers aériens pour lesquels les Parinari excelsa (§ 43) et les
Parkia biglobosa (§ 44) sont le plus souvent choisis en raison de leur
puissante ramure ct de leurs fleurs mélittophiles.
Il existait donc une riziculture africaine qui, pour avoir moins d'impor-
tance qu'en Asie, n'en était pas moins originale ('l').
Les Bagos ont des mœurs bien différentes de celles des Landamas
leurs voisins. Ils sont plus industrieux, et par conséquent plus
heureux; ils habitent un sol très fertile qu'ils travaillent aveC soin;
leur principale récolte est le riz. Ils ont l'art de sillonner leurs
champs comme nous le faisons en Europe; ils se servent, pour cet
usage, d'une pelle en bois, longue de deux pieds, dont le manche
en a six ou sept.
Comme le terrain est très plat, ils ont soin de faire des conduits
pour l'écoulement des eaux. Quand l'inondation est trop forte, ils
savent tirer parti en ménageant adroitement de petits réservoirs
dans leurs champs, pour obvier à la trop grande sécheresse, et
conserver au riz ceUe humidité qu'il aime tant.
Ils ont aussi l'habitude de semer le riz auprès de leurs villages
pour le transplanter dans leurs champs, quand il a aUeint six
pouces d'élévation. Les femmes sont chargées de ce soin, ainsi
que de sarcler. Les hommes seuls font la récolte, toujours très
abondante.
La traversée du Fouta-Djallon.
René C.\ILLlÉ pouvait être ému. Quitter le village de Bo1(é, sur la côte
occidentale d'Afrique, seul avec son secret, sans ressources, ni appui,
pour atteindre Tombouctou; puis traverser le désert, soit vers le Maroc,
soit vers l'Egypte, était une entreprise lourde de dangers mortels.
En 1921, presque un siècle après cc voyage, L. J.\CQUIER a eu la curio-
sité de suivre une partie de l'itinéraire djal10nnien de R. CAILLIÉ et s'est
plu à reconnaître l'exactitude du Journal: « ... comment ne pas croire à
la véracité du voyageur qui avait noté jour par jour et ainsi dire heure
par heure, ses marches, la direction suivie, les villages reneontrés, de
sorte que le Journal de route fait un itinéraire complet, sans la moindre
lacune, sans aucune défaillance?» ("').
La route suivie par R. C.\ILLlÉ est bien délaissée aujourd'hui depuis
que les principales voies de pénétration, route et chemin de fer, partent
de Conakry plus au Sud. Cette route passait alors par le pays <l'Irnanké,
plateaux peu élevés mais entaillés en tous sens de profonds ravins, ren-
dant la marche très pénible. Puis elle abordait le Djallon dans sa partie
la plus étroite, par l'ombilic de Bomboli, qui relie le plateau du Labé à
celui de Dalabaet sépare les eaux des Rivières du Sud de celles du
Sénégal.
Malheureusement, comme Th. MOl\"OD le fait remarquer, R. CAILLIÉ ne
connaissait pas les roches et les rapportait à peu près toutes au granit,
alors que, dans la partie djallonnienne de son voyage, il a surtout ren-
contré des grès, des latérites ferrugineuses et, plus rarement, des dolé-
rites. Par contre il a bien décrit l'aspect ruiniforme des montagnes de
grès qui dressent leurs murailles, tourelles et donjons, dans un paysage
à chaque pas renouvelé.
("') En marge du voyage de Ren~ CAILLIÉ. Bull. Comité études hist. scient.
A.O.F., 1921.
Ultérieurement, en 1938. O. DURAND (cf. Bibliographie générale) a également
fait le même cheminement.
- 59-
('l') Cet arhre est fâcheusement désigné sous le nom de Fromager en langage--
popu Jaire.
- 63-
sont plus favorables. C'est pourquoi les orangers qui avaient été intro-
duits sur la côte (§ 34) y ont été propagés depuis longtemps et chaque
village compte quelques beaux arbres.
Le 1" mai, à six heures du matin, nous quittâmes le joli village
de Gnéré-temilé (exactement Niellé-Téliré) ... La pluie de la veille
avait rafraîchi l'atmosphère, et donnait un nouveau charme à la
nature. Nous marchâmes gaiement à l'E.S.E. : je vis un ourondé
(ou village d'escla"es) entouré d'une belle plantation de bananiers,
cotonniers, cassa"es et ignames. Des nègres du "illage de Bourovel
(exactement Broual-Tapé) nous apportèrent des oranges; je les
trouvai délicieuses.
Popoco, situé dans une plaine de sable noir de la plus grande
fertilité, est un grand et joli village; il contient de deux cent cin-
quante à trois cents esclaves qui ne s'occupent que de culture. Je
vis aux environs des cassaves, ignames et pistaches très bien soi-
gnées; ils cultivent aussi beaucoup de riz et de mil : à peu de dis-
tance du village, il y a quelques beaux orangers.
Dans la matinée du 6, il fit de l'orage; il plut un peu. Nous vîmes
quantité d'esclaves occupés à préparer la terre pour les semences
de riz et autres graminées qui servent à leur nourriture ... Nous
arrivâmes à cinq heures du soir à Doudé. Le chef vint nous recevoir
à l'entrée de la palissade dont sa propriété était entourée. Je remar-
quai du coton très mal soigné; ils le sèment à la volée, comme
nous semons les graminées, en sorte qu'il vient trop près l'un de
l'autre, ce qui gêne beaucoup sa croissance.
SOURCES DU B.\Fl~G. Le 7 mai, R. CAILLIÉ franchit la crête du Foula-
Djallon et descend sur le versant oriental vers la vallée du Bafing. De
l'un des contreforts, l'ensemble du massif, de Dalaba à Pila, s'offre à
ses regards:
Nous nous trou"ions sur un plateau d'où l'on découvre une chaîne
de montagnes très éle"ées qui s'étend à perte de "ue; elles parais-
saient cou"ertes d'une belle "égétation: le Bâ-Fing y prend sa
source. Ces montagnes donnent naissance à de grosses rivières et
plusieurs ruisseaux, qui fertilisent ces belles campagnes, et les
couvrent d'une verdure toujours renaissante. Sur le penchant, on
aperçoit beaucoup de petits villages d'escla"es, entourés de belles
plantations de coton, et des fruits que l'on trouve dans nos colonies.
Ces lieux charmants et pittoresques enchantent la vue, et rompent
la monotonie du voyage. On y culti\"(' du riz et beaucoup d'autres
productions.
(.v.) The cdiblc Cllitivatcd and scmi-clIltivatcd Teaves of \Vest africa. Mate-
riae l'eueiabiles 2, 1956 : 35-42.
Fig. 9. - Le IŒllokier blanc (Ceiba pentandra, § 45). Basc d'un tronc avec les
contreforts caractéristiques; aspect de l'arbre auprès d'un village; une cap-
sule laissant échapper le kapok (le fruit n'est pas très différent du Baobab
(Fig. 1) mais ici il n'y a pas de pulpe et seulement des fibres cellulo-
siqucs. Ce l'Upok ne provicnt pas de la graine eomme dans le coton
(Fig. 15), mais de la paroi interne du fruit. Tombé en couche légère sur
le sol, il peut brûler comme une traînée de poudre); feuilles étalées sur le
sol.
-72-
§ 57. Le sésame. L'espèce à fleurs ct à semences blanches est le
Sesanllllll indicum, connue depuis longtemps de la région indo-africaine
pour st's graines oléagineust's l't alimentaires. Mais R. CAILLI~: dit ici
que ct' sont les feuilles qui sont utilisét's comme brèdes; à cc même titre
on emploie également d'autres sésames, à fleurs mauves ct graines tein-
tées, qui appartiennent à la flore africaine. La façon même dont le
S. indiclllllest cultivé, laisse supposer que c'était à l'origine une mau-
vaise hcrbe dont on a reconnu l'intérêt. Il est rare, en effet, que cette
plante fasse l'objet, en Afrique, d'une culture exclusive: on sc contente
de jeter quclqut's graint's parmi IPs champs de riz.
~ ~~ hyp)Og~;Oarigine
/
j
) d'o",in<
/ /
Fig, ' 10, f-l , '-Les
,
. à pIsl~l'he
.
droIte, gaue h e, l'Arae
le AVoandzou
s. ( VoandzelU su bterranea
l , (Arachis
h'de afri-
mériealne,
a , e (~" (7) ..
cam
- 78-
("') J. ADAM. - Le Baobab (A<lansonia <ligi/a/a L.l. Sa/cs africaines 1962: 33·
44.
M. R. PARIS, ~I"" H. MOYSE-l\IIGNON. - A propos des feuilles de baobab
Ltdansonia diai/a/a L.) Composition chimique et action physiologique. Tra-
/)(lUX des Labora/oires de matière médicale de la Fac de Pharm. de Paris,
1951.
79 -
C"') Probablement des blocs de latérite caverneuse, en surface sur les pla-
teaux et recuits par le soleil.
- 80-
§ iD. Le déguet (ou dégué). C'est une pâte plutôt consistante, cuite
à ébullition, mais que l'on consomme sucrée avec du laitage et non avec
une sauce potagère.
J'étais très bien chez mon nouvel hête; il était fort riche et
beaucoup plus généreux que ne le sont ordinairement les Man-
dingues; il possédait de nombreux troupeaux de bœufs et de
vaches qui lui fournissaient en abondance de très bon lait; il m'en
envoyait souvent, avec du déguet (espèce de couscous), attention
qu'aucun Mandingue n'avait encore eue pour moi.
petit mil sont ensemencés dans des terres labourées en sillons; lors
des premières pluies, ils sèment autour de leurs petites habitations,
et lorsque le maïs est en fleur, ils mettent du coton parmi les tiges.
Le maïs se trouve mûr de très bonne heure; alors ils l'arrachent
pour donner jour à l'autre plante. Si l'on n'y met pas de coton, on
donne un labour à la terre qui a déjà produit le maïs, puis on y
transplante du petit mil; habitude que je n'ai pas remarquée dans
le Kankan. J'étais émerveillé de voir ces bonnes gens se livrer au
travail avec tant d'ardeur et de soin: dans la campagne, de tous les
côtés, je voyais des laboureurs et des femmes occupées à sarcler
les champs. Ils font deux récoltes par année sur le même terrain :
je remarquai du riz en épis, et d'autre à côté ne faisant que de
sortir de terre. La campagne y est généralement très découverte;
les cultivateurs ne conservent parmi les grands végétaux que les
arbres de cés et les nédés, qui sont très répandus ct de la plus
grande utilité pour les habitants; je n'ai pas vu, comme dans le
Fouta et le Baleya, des arbres coupés à quatre ou cinq pieds de
terre; les Foulahs du Ouassoulo ont soin d'arracher le pied, et ne
laissent dans leurs champs rien qui puisse leur nuire. Enfin, je le
répète, ils sont en général aussi bien soignés que les nôtres.
Le 19 juillet, à neuf heures du matin, nous partîmes de Kimha.
La campagne, très hien cu ltivée, est inondée et couverte de nédés
et decés; on voit le riz en herbe qui élève sa tête au-dessus de
l'inondation. Nous fîmes halte auprès d'un joli hameau, où nous
achet[unes du lait et de la fécule de nédé, que nous mîmes dedans
pour notre dîner. Je vis de très beaux champs de riz en épis, ct
de jeunes bergers aux environs gardant des troupeaux de bœufs;
ils avaient des flageolets en bambou, desquels ils tiraient des sons
très harmonieux. Nous arrivâmes à Mauracé un peu avant le
coucher du soleil, et le chef hospitalier nous envoya un souper de
foigné, ave.c un mauvais ragoût d'herbes, sans sel.
Le 20 juillet, à huit heures du matin, nous prîmes congé de
notre hôte. Dans toute cette campagne, qui est très découverte,
on voit de petits hameaux de dix à douze cases; ils sont ombragés
par le nédé et le cé; les environs en sont hien cultivés: je vis de
beaux champs de coton; c'est la culture la moins soignée dans le
pays; ils le sèment à la volée, et les pieds sont si rapprochés les
uns des autres, qu'ils sont gênés dans leur croissance. Nous fîmes
halte à l'ombre des nédés, auprès d'un hameau, dont les habitants
vinrent nous vendre du lait et du fruit de cet arbre, que nous
mangeâmes à la hâte. Nous traversâmes un gros ruisseau, et je
vis quelques bombax et baobabs qui font diversion avec le nédé et
le cé.
- 87-
Séjour à Tiémé.
3 aoM 1827-9 janvier 1828.
C'est avec cette farine qu'ils font une bouillie qu'ils nomment
tau)' c'est le sanglé du Sénégal. Quand cette bouillie est cuite, on
la met par cuillerée dans une calebasse, et on l'assaisonne d'une
sauce faite de feuilles de giraumon et quantité d'autres herbes, de
piment, et enfin d'un peu de gombo pour la rendre gluante: cette
sauce est toujours sans sel et sans beurre.
b) La purée d'ignames. Les ignames se préparent d'une autre
manière: on les fait d'abord bouillir, puis on les pile, et on leur
fait une sauce avec du poisson sec réduit en poudre, un peu de
gombo, de piment et de zambala (grains de nédé bouillis, séchés
et réduits en poudre); cela donne un assez bon goût. Les sauces
sont en général très pimentées.
c) Le riz en grains. Quand le riz est bien nettoyé et bouilli à
l'eau, la ménagère y joint une sauce aux pistaches et aux feuilles
d'oseille de Guinée.
§ 85. Le Karité (Blllyrospermllm Parkii Kotschy). C'est au célèbre
Mungo PARK que l'on doit les premiers renseignements précis (1799)
qui ne servirent que bien plus tard (1839) à DON pour f·aire la descrip-
tion botanqiue du Karité sous le nom de Bassia Parkii. Et ce n'est encore
qu'ultérieurement que KOTSCHY en a fait un genre particulier sous le
nom de Blllyrospernwm. En fait, un autre binôme avait déjà été donné,
Vi/el/aria parae/oxa, par GAERTNER fils, en 1805, sur le seul vu d'une
graine. On peut espérer que le binôme usuel sera conservé contre celui
de GAERTNER et contre la combinaison de HEPPER: Blllyrospermllm
parae/oxllm.
C'est l'arbre que R. CAILLIÉ a le plus longuement décrit, soit qu'il en
avait le loisir pendant son séjour forcé à Tiémé, soit qu'il se soit inspiré
de Mungo PARK. En tout cas il en a toujours soigneusement noté l'exis-
tence tout le long de son itinéraire, donnant ainsi l'exacte extension
latitudinale de cette essence en Afrique occidentale.
L'arbre à beurre ou cé est très répandu dans les environs de
Timé; il Y croît spontanément et vient à la hauteur du poirier,
dont il a le port. Quand l'arbre est jeune, ses feuilles sont longues
de six pouces; elles viennent par touffes, et sont supportées par
un pétiole très court; elles sont terminées en rond : l'arbre ayant
atteint une certaine vieillesse, les feuilles deviennent plus petites,
et ressemblent à celles du poirier de Saint-Jean. Il fleurit à l'extré-
mité des branches, et les fleurs, réunies en bouquet et supportées
par un pédicelle très court, sont très petites; elles ont des pétales
blancs et beaucoup d'étamines à peine perceptibles à l'œil nu. Le
fruit, venu à maturité, est gros comme un œuf de pintade, un peu
ovale et égal des deux bouts, il est recouvert d'une pellicule de
couleur vert pâle; en ôtant cette pellicule, on trouve une pulpe de
trois lignes d'épaisseur, verdâtre, farineuse, et très agréable au
goût: les nègres l'aiment beaucoup; j'en mangeais aussi avec
- 96-
La route du Cola.
De Tiémé à Djenné.
La route que R. CAILLIÉ est venu rejoindre il Tiémé est celle qu'elll-
pruntaient les commerçants amhulants qui a:;suraient le trafic entre
les régions forestières et Djenné. En réalité, la cola elle-même n'était
pas une denrée aussi vitale que le sel, et sa valeul' d'échange, assez
faible, r·ouvait causer des soucis, d'autant que les marchands de Djenné
ne manquaient pas de spéculer sur les difficultés de sa conservation
tandis que leurs planches de sel pouvaient attendre indéfiniment (~ 123).
R, CAILLIÉ nous montre les péripéties de Cc comrnef('p ainsi que la vic
de la caravane, Pour ces colporteurs, chaque village traversé était aussi
l'occasion de faire des échanges: à l'étape, pendant que les hommes
troquaient, selon le sen.;; du voyage, soit le sel, soit la cola, contre les
produits locaux tels que coton ct aliments, Ips femmes préparaipnt les
j'epas, filaient le coton. Et le soir, sur la place, c'était les danses joyeuses,
au clair de lune ou aux lueurs mouvantes des feux de bois.
- 102-
nous fîmes halte à Khoukhola. Ce joli village est ombragé par une
infinité de baobabs: les habitants en récoltent avec soin les fruits
et les feuilles, dont ils font commerce.
qu'elles sont utiles par toutes leurs parties. R. CAILLIÉ n'a pas cité le
Luffa cylindrica qui fournit l'éponge végétale.
retirent la pulpe qu'ils font bien sécher au soleil, puis la pilent lé-
gèrement pour en extraire la fécule, qui est très estimée dans le
pays; ils en mettent dans leurs sauces, et s'en servent à la place
du miel, pour préparer leur dokhnou ou provision de campagne.
§ 116. Le pain de lotus. C'est ce nom de pain qui est fâcheux; car
il ne s'agit pas d'une denrée panifiée, servant d'aliment de base et dont
de grandes quantités seraient nécessaires, mais d'une pâte de fruit, que
l'on peut effectivement conserver et transporter et dont on use parci-
monieusement pour tromper la fatigue et la faim. Ici, dans cette partie
de l'Afrique, ce n'est pas le Zizyphus lotus qui est l'espèce productrice
mais le Zizypltus mauritiana Lamk.
De Djenné à Tomboudou.
C'est encore sur le Bani que R. CAILLIÉ fit ses premiers milles de
navigation. Et ce n'est qu'au village d'Isaca, le Mopti actuel, qu'il passa
sur le Niger:
Ce bras, qui vient de l'Ouest est très large et paraît navigable
pour de grandes embarcations.
Sur ce parcours fluvial, et aux approches du désert, il ne put faire
beaucoup d'observations sur la végétation, les cultures ct l'alimentation
végétale.
s'il vous alTive hien, comme je l'espère. Si vous voulez bien en faire
goûteI' à mon cher Pl're ct à ma chère Mère par curiosité vous me ferez
plaisir »,
De tous côtés s'offrent des plaines immenses dont l'uniformité
n'est rompue que par quelques ronniers qui s'élèvent majestueu-
sement à plus quatre-vingts pieds dans les airs, et servent de
bornes à l'horizon. Les habitants de Jenné sont très industrieux:
on s'y sert, pour emballer les marchandises, de nattes faites en
feuilles de ronnier; cc sont les habitants des villages voisins qui
les fabriquent ct les apportent au marché.
brun, un peu mou, nommé Katoll qui se vend sur le marché, découpé en
petits cubes comme le nougat. Les enfants som'aïs en sont friands, mais
il est surtout utilisé à Tombouctou ))OUl' fabriquer des pâtisseries ct en
particulier les Alouala, sortes de berlingots» (A. CHEVALIER).
Je vis, dans les marais environnants, beaucoup de nègres oc-
cupés à récolter une grande herbe qui ne croît que dans les lieux
marécageux; ils nomment cette plante kondou; ils la font sécher
au soleil, puis la passent légèrement à la flamme pour brûler les
feuilles; ils ne réservent que les tiges; ils en font de gros paquets
qu'ils emportent sur leur tête jusque dans leurs habitations; je
vis aussi plusieurs ânes qui en étaient chargés. Je demandai à
mes compagnons quel usage on faisait de cette herbe: ils me
dirent qu'étant bien luvée par les femmes, et séchée, on la réduit
en poudre aussi fine que possible; ainsi réduite, on la met dans
un grand vase en terre fait exprès, avec de petits trous au fond;
on jette par dessus de l'cau chaude: en filtrant, l'eau emporte tout
le suc de la plante; ce suc est très sucré; l'eau prend une couleur
violette un peu claire. Cette boisson est très estimée des naturels
qui la savourent avec plaisir; mais elle produit l'elfet d'un purgatif
pour les personnes qui n'y sont pas habituées, ct elle conserve
presque toujours un petit goût de fumée qui la rend désagréable
à boire. Les mahométans se permettent sans scrupule d'en faire
usage: les Maures en boivent aussi; mais ils la coupent toujours
avec du lait aigre. La tige du kondou est grosse comme un roseau,
longue de huit à dix pieds et rampante; les feuilles sont étroites et
longues de six à sept pouces; elles ont les bords dentelés en scie.
Les rives du Dhioliba en sont couvertes. Les Dirmans et quelques
Foulahs habitants de Tircy vinrent nous vendre de cette boisson,
du lait aigre, du beurre frais, du poisson sec, et des nattes; pour
une valeur de cinq cauris, on avait environ un verre de lait: je
crois que les vivres étaient rares dans ce village, car ils promenaient
leurs marchandises sur le rivage, et ne voulaient pour la plupart,
que du mil en paiement. Un vase quelconque, plein de mil, sc donne
pour deux fois le même vase rempli de lait; c'est le taux fixé dans
le pays.
Fig. 17. .-Le palmier Douill (Hyphacnc thebaïca. § 136 hl, figure cxtraite et
a~randie de la eélè·IJle gravure (1'1. 6 de l'atlas) du .Journal, montrant Ic
pied de palmicr Doum au eentrc d'un quartier de Tombouctou.
- 128-
La traversée du Sahara.
Cette partie du voyage fut la plus douloureuse pour R. CAILLIÉ. Car
si les conditions du désert étaient également impitoyables pour tous les
passagers de la caravane, il eut à souffrir en outre de l'hostilité ouverte
du chamelier aupn"s de l]ui le bienveillant Sl-ABD.\LL.\HI l'avait cepen-
dant recommandé au départ de Tombouctou.
Davantage que la pauvreté floristique du désert c'est de n'avoir pu
établir le contact avec ses compagnons, qui fît que les renseignements
botaniques furent médiocres sur cc trajet. Car si les plantes y sont rares,
n'ont-elles pas toutes une importance vitale pour la caravane? Ne sont-
elles pas toutes exactement connues ct nommées par n'importe quel cha-
melier? R. CAlLLI~:, là moins qu'ailleurs, ne pouvait interroger, ct les
conversations confiantes et instructives ne se produisirent pas. Et puis
l'agitation d'U11l' caravane nombreuse, la difficulté de s'isoler de jour cl
de nuit, compliquaient l'enregistrement de notes qu'il dut réduire à
l'essentiel.
P"
_J
"
--#.:-
-,,' -------
~
Fig. 19. - L'enfe\' du sel (§ 146). Sous un soleil de feu et de l'eau saumâtre à
boire, des hommes arrachent au désert le sel qui ira, au prix de bien des
souffrances encore, porter la saveur de la mer aux peuples des forêts et
savanes de l'Afrique noire.
136
soin de manger, depuis qu'ils avaient bu. Vers cinq heures du soir,
nous fîmes halte sur une veine de sable mouvant: nous y trouvâmes
quelques pieds d'herbe très éloignés les uns des autres; quoique
cette herbe fût très dure, ces animaux la broutèrent avec avidité:
ils n'avaient presque rien mangé depuis sept jours.
Le Maghreb.
Le 16, vers dix heures du matin, nous fîmes halte auprès des.
puits de Faratissa, agréablement ombragés par de beaux dattiers;
on y voit aussi des mimosas rabougris. Nous passâmes la nuit sous
les dattiers; la fraîcheur du feuillage nous engageait au sommeil.
Les chameaux et les mulets n'ayant pu boire tous ce jour-là, on
séjourna le 17 jusqu'à trois heures du soir.
beau tapis, tendu dans sa cour, sous un petit hangar. Peu après,
une esclave apporta un gâteau de froment à la viande, cuit à la
poêle, avec du beurre, et à côté de ce mets un gros morceau de me-
lon, acheté la veille au marché de Boheim : Sidi-Boubacar cassa le
gâteau, et son ami et moi nous y fîmes honneur avec lui.
DÉPART POUR FEZ. Du Tafilalet, la caravane qu'accompagne R. CAILLIÉ
ne se dirige pas directement sur Azrou et Meknès par les cols du Haut
Atlas, mais passe plus à l'Est par la route moins difficile de Fez.
Le 2 août, vers quatre heures et demie du soir, la caravane se mit
en route. Chemin faisant, nous rencontrâmes beaucoup de Maures
des campagnes, conduisant des ânes chargés de toute sorte de
productions, comme des melons, des giraumons, des raisins, des
figues et d'autres fruits et légumes; ils allaient dans un marché
voisin.
§ 161. Les jardins moghrébins; sieste SOUIJ un laurier-Tose
(Nerium oleander). Le 3 août, à cinq heures et demie du matin, nous
nous mîmes en route au Nord, parmi des plantations toutes entou-
rées de murs en pisé, par-dessus lesquels j'apercevais de beaux
arbres fruitiers, tels que poiriers, figuiers, abricotiers, vigne, et
quelques rosiers: ces campagnes charmantes, quoique un peu des-
séchées, me rappelaient le souvenir enchanteur de nos jardins d'Eu-
rope. L'aridité du Sahara était encore si présente à mon imagina-
tion, que les campagnes de Tafilet me parurent un paradis terrestre.
Vers dix heures du matin, nous passâmes devant Tannéyara, pe-
tit village situé à un mille à l'Est de notre route, et ombragé par une
énorme quantité de dattiers. Vers une heure après-midi, nous arri-
vâmes à Marca. Je rencontrai, par le plus grand des hasards, un
Berber que j'avais vu à el-Harib; il me fit un assez bon accueil et
m'engagea assez poliment à visiter son humble cabane: il me fit
asseoir sur une natte très propre, et sa femme apporta quelques
dattes que je mangeai avec lui. Lorsque nous eûmes fini, le Berher
m'emmena à la mosquée, et me fit faire connaissance avec deux
chérifs.
Comme il y avait autour du village de jolis jardins entourés de
murs, je témoignai le désir de voir les leurs: aussitôt le plus jeune
me prit par la main, et nous allâmes nous y promener. Il fit cueillir
des figues et du raisin, que le jeune chérif m'offrit de très bonne
grâce. Je vis dans ce jardin, des melons, des gombos et divers
arbres fruitiers.
Le 4, à cinq heures et demie du matin, nous partîmes parmi des
montagnes où coule un joli ruisseau qui fertilise les terres qui
l'avoisinent: les habitants propriétaires savent tirer parti de cette
ressource; ils forment des dérivations et arrosent à volonté leurs
- 149-
C'était I,e Cinq cent quatre vingt dix septième jour de voyage
de René Caillié, depuis son départ de Boké, le 19 avril 1827.
L'Homme et le Voyageur
('1') Il y a eu bien d'autres écrits, mais c'est celui-ci Qui apporte le plus de
renseignements sur la jeunesse et la retraite de R. CAILLIÉ.
- 155-
ce voyage qui fait l'objet du premier chapitre de notre récit. Nous avons
vu que l'expédition s'était terminée par un échec et R. CAILLIÉ, éprouvé
dans sa santé dut reprendre le bateau pour Lorient.
Ce dernier intermède hors d'Afrique fut plus long. Employé chez
M. SOURGET, négociant bordelais, il fit de fréquents voyages et séjours
aux Antilles. Il lut tout ce qu'il put trouvcr sur les voyages de décou-
verte et, en particulier, les relations de Mungo PARK. Lorsqu'il retourne
pour la troisième fois au Sénégal, nanti d'une petite pacotille que lui
a confiée son protecteur M. SOURGET, il a 25 ans. Son opinion s'est faite
que les expéditions armées ou à gros effectif ne s'ouvriront jamais la
route de Tombouctou par la force ou par des présents aux chefs locaux.
tandis qu'un homme seul, vivant de l'hospitalité des populations, pour-
rait y parvenir.
Ce fut ce point de vue qu'il soutint hardiment devant le gouverneur
ROGER. Son intention exacte, à cette époque, était d'adopter le genre de
de vie des Maures, de les accompagner dans leurs voyages vers l'est,
puis, à une occasion favorable, atteindre Tombouctou et sortir par
l'Egypte. Le séjour d'initiation qu'il fit ('hez les Braknas, et au cours
duquel il commença à faire des observations et à les noter régulière-
ment, fait l'objet de notre deuxième chapitre. Mais le projet n'eut au-
cune suite par le refus du Gouverneur d'accorder à R. CAILLIÉ les sub-
sides nécessaires à l'achat du troupeau qui lui aurait permis de revenil"
parmi les nomades avec tout le prestige désirable.
Cependant notre jeune entêté ne revint pas en France: il séjourna
deux ans à Freetown puis vint à Boké pour amorcer son voyage sous
l'apparence d'un jeune Egyptien désireux de regagner son pays. Ce fut
cette fois la réussite. Recommandé par le commerçant CASTAGNET auprès
de colporteurs se dirigeant vers Kankan, il quitte Boké le 19 avril 1827
et parvient à Tanger le 7 septembre 1828, soit après 597, jours de voyage,
en passant par Tombouctou. C'est ce trajet qui fait l'objet de notre
troisième chapitre, naturellement le plus important.
Ce n'est pas à Tanger qu'il courut les moindres dangers lorsqu'il lui
fallut se faire reconnaître du consul de France sans se démasquer aux
yeux des habitants. Par bonheur il fut immédiatement compris pal"
M. DELAPORTE qui le cacha pendant 20 jours. Le 27 septembre il quitte
définitivement l'Afrique, après un ,embarquement clandestin sur la
goélette la Légère à destination de Toulon.
EntIe temps, M. JOMARD, Membre de l'Institut et de la Société de
Géographie, alerté par M. DELAPORTE, avait immédiatement reconnu la
valeur des premiers renseignements du voyageur. Le 30 novembre, sur
rapport d'une commission dont JOMARD est président et où figurent aussi
MOLLIEN et ROGER, la Société de Géographie décide d'attribuer à
R. CAILLIÉ le prix de 10.000 francs « offert au premier voyageur qui par-
viendrait à Tombouctou en venant de la Sénégambie»; et la remise en
est faite en séance solennelle, sous la présidence de G. CUVIER, le
5 décembre 1825.
La consécration officielle ne vint qu'ensuite sous forme de la Légion
d'Honneur et de pensions versées par certains ministères. Le triomphe
pourtant modeste de R. CAILLIÉ fut assombri par quelques attaques
émanant de certains milieux anglais et des ultras français; les premiers.
insinuant que l'explorateur n'était pas allé à Tombouctou et tenait ses
renseignements des papiers de G. LAING; les seconds l'accusant d'avoil"
changé de religion à chaque étape.
- 156-
n'est vraie qu'en ce qui concerne l'aspect de ces deux plantes, cela
indique que R. CAILI.IÉ avait bien observé le curieux Crescentia cujeie
aux Antilles ou à Freetown.
Le meilleur dessin est probablement celui du Cassia (sieberiana?)
dont toute une grappe est représentée: «Je ne sais si cette fleur est
connue mais elle m'a semblé si belle qu'elle paraît mériter quelque
attention. La plante qui la produit vient d'un buisson de la hauteur
de 8 à 10 pieds. Elle exhale une odeur douce et agréable. Cette fleur
d'un jaune un peu clair le pistil en est vert, elle ornerait bien nos jar-
dins. Ci-joint un échantillon des étamines. Je regrette de n'avoir pas
trouvé de fruits.»
Enfin il a encore dessiné le Dissotis grandiflora: «Plante qui res-
semble à une mélastome. Les feuilles velues, fleurs idem, etc... Cette
plante est herbacée, c'est avec la racine que les Landamas font la bois-
son purgative qu'ils nomment gingindhi, cette racine est comme de la
petite cassave. Les pétales de cette fleur sont bleus. Ci-joint une éta-
mine. » Sur ce dessin la zigomorphie des étamines est assez bien esquis-
sée mais elle a entraîné celle de la corolle ce qui est inexact. Sa com-
paraison avec une «mélastome» était très juste, cette plante étant ef-
fectivement une Mélastomacée (Fig. 22).
On peut regretter que pendant son séjour au Sénégal il n'ait pas tra-
vaillé avec des botanistes qualifiés, comme PERROTTET par exemple. Il
faut dire que si celui-ci a ignoré, délibérément ou non, l'explorateur
vagabond de Saint-Louis, il a su rendre hommage au voyageur que le
succès venait de consacrer. Dès 1830, il proposait avec GUILLEMIN, un
nouveau genre de mimosée« sous le nom de Cailliea, en l'honneur du
voyageur CAILLIÉ, qui le premier de tous les Européens a pénétré à
Tombouctou, et qui, dans son voyage au travers de l'Afrique, en a ob-
servé les productions naturelles, et nous a fourni des renseignements
sur quelques végétaux de ces contrées.» Il est fâcheux que le nom de
Cailliea n'ait pas prévalu et soit devenu synonyme de celui de Dichros-
iachys qui figure maintenant sur la liste des noms conservés.
En 1938, dans l'intention de maintenir le nom de l'exporateur en
floristique africaine, j'ai proposé l'établissement du genre Cailliella pour
une plante de Guinée, de la même famille que le DissoUs qu'il avait
observé et dessiné à Kakondy.
En 1943, Oswald DURAND a insisté dans un petit ouvrage sur la con-
tribution botanique et agricole de R. CAILLIÉ: « Mais sa principale préoc-
cupation est l'agriculture avec toutes les branches qui s'y rattachent;
terres, botanique, procédés de culture, instruments, récoltes ... parfois
même hydraulique agricole. Tout l'intéresse. Son œil de terrien ne laisse
rien échapper ».
En 1960, sous le titre de « R. Caillié botaniste» propre à attirer l'atten-
tion sur un aspect méconnu de l'explorateur, Th. MONOD a publié un re-
levé complet de toutes les citations de plantes du Journal.
Enfin, en 1962, dans une note préparatoire «R. Caillié et la Bota-
nique », j'ai voulu montrer la progression constante des idées de ce
« tout jeune homme, voyageant moins pour observer que pour chercher
des aventures:. qui parvint à la qualité du voyageur scientifique par
son esprit de découverte, ses facultés d'observation et son respect absolu
de la vérite.
- 159-
Car la règle selon laquelle les plus malheureux sont toujours les plus
compatissants souffre bien des exceptions. Si la vieille esclave des
Braknas partage avec R. C.\ILLlÉ sa maigre pitance de sanglé, le piro-
guier du Niger lui mène la vic dure pour en obtenir quelques poignées
de cauris. Et pourquoi le chamelier ALI est-il aussi impitoyable pour
l'étranger qui lui est confié? Peut-être estime-t-il, comme beaucoup
d'hommes de sa condition, que ceux qui empruntent leur genre de vie,
doivent en éprouver toutes les duretés et « faire leurs classes ». Et aussi
et surtout (R. CAILLIÉ a probablement raison lorsqu'il dit «le cupide
ALI) il pense que brimer l'intrus, en faire quelque chose d'étranger au
groupe et de méprisable, donne le droit de le spolier des vivres qu'un
naïf lui a inconsidérément donnés.
Inversement il est beaucoup de notables qui ont grandement facilité
le voyage de R. CAlI"LIÉ en lui accordant généreusement les vivres néces-
saires aux longues traversées: de Djcnné à Tombouctou, de Tombouc-
tou à Araouan, et, enfin, de cette ville au Maroc. Et il serait injuste
de restreindre la portée de leur geste en disant qu'ils l'ont fait par
charité religieuse en faveur d'un coreligionnaire méritant et déshérité;
car ils auraient aussi bien pu mettre leur conscience en paix, comme
d'autres l'ont fait, en accablant R. CAILLIÉ dc généreuses paroles.
Mais le plus bel exemple de dévouemenl est celui de cette humble
femme de Tiémé qui, sans rien attendre de cc marchand peu chargé,
sans être guidée par des prineipes religieux, animée seulement d'une
infatigable bienveillance maternelle, a sauvé de la mort cet étrange
voyageur, venu de lointains pays inconnus, allant vers de lointains
pays inconnus et que le hasard avait amené chez elle.
Jusqu'alors nous n'avions d'autres renseignements que ceux du Jour-
nal sur eette femme admirable. M'étant adressé réeemment à la préfecture
d'Odienné, ville proehc de Tiémé, j'ai rcçu dc Monsieur lc Secrétaire
administratif Louis DINGOU ASSIND.JO dc précicux documents, dus à
Monsieur MAMADOU COUUnALY, Présidcnt du Conscil Economique et
Social de Côte d'Ivoire, originain' d'Odienné. Qu'ils en soient ici cha-
leureusemcn t remerciés.
Echelle
lOt
~g:tl=======:;;~77
1()Of sO~km lll'
o T.belb.1
(Tabe/ba/a) ~1'-
~t.~
TOUAT TAOUAT
Pu ils de Telig
(Te/ik)
SAHARA
t. Blall<
10'
St Louis
........ F
Ill' Ill'
Dt
Fig. 2·1. - Hinpr'aÏJ'('s de fi. Caillié en rapport avec les zones de végétation.
Carte dr'essée par le Scrvice cartographique de l'Oflice dl' la Hccherehc Scien-
tifique ct Techniquc Outre-l\ler, d'aprt·s l'Atlas annexé au Journal dl'
Il. CA!I.I.I~; et d'après Th. l\loNon pour lèS divisions ehorologiqucs.
- 167-
BIllLIOGRAPHIE
1. PRELUDE
Voyage au Bondou à la rencontre du Major Gray
II. NOVICIAT
Chez les Marabouts Braknas de Mauritanie
Attente au Rio-Nunez· . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
Les plantes introduites; 34, Orangers et Citronniers; 35,
Pas de manguiers (Mangifera indica) sur la Côte avant 1827;
Les plantes du pays dans la vie des populations; 3(j, Le poi-
son d'épreuve (écorce de l'Erythroph/eum gllineense); 37, Les
boissons fermentées; 38, L'huile de palme; 39, Les arbres-
ruchers; 40, La mangrove n'intéresse pas R. Caillié; 41, Le
riz et les rizières littorales; 42, Il n'est pas encore question
du Café Nunez.
Le Moghreb . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
Palmeraie d'el Drâ; 153, Le plat de couscous; 154, Les Ber-
bi'res cultivateurs et petits nomades de Bohayara; 155, Juju-
- 172-
CARTE 166
BIBLIOGRAPHIE 1G7
IMP. MONNOYER LE MANS