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L’ALIMENTATION

DANS L’ANTIQUITÉ TARDIVE


AnTard, 27, 2019, p. 17-24
DOI 10.1484/J.AT.5.119540

L’ALIMENTATION DANS L’ANTIQUITÉ TARDIVE :


UNE INTRODUCTION

Paul Reynolds*, Gisela RiPoll**,


Fabienne duGast***, CaRoline MiChel d’annoville***

La publication d’un dossier consacré à l’alimen- Le dossier que nous proposons aborde bon nombre de
tation dans l’Antiquité tardive répond à la nécessité ces questions et il est d’une certaine manière complémen-
d’accroître nos connaissances à ce sujet. Entendue taire à deux publications parallèles qui montrent l’intérêt
comme une construction socioculturelle vitale et identi- – voire la nécessité – d’aborder le sujet de l’alimentation
taire, l’alimentation constitue un aspect essentiel de la vie dans l’Antiquité tardive. Nous faisons référence d’une part
quotidienne des peuples de l’Antiquité tardive de toutes aux deux volumes denses et polyptiques de L’alimentazione
les classes, métiers et habitats, et concerne aussi bien la nell’alto Medioevo: pratiche, simboli, ideologie1, d’autre part à
consommation que la production et la distribution des l’édition de F. Pigière, O. Akeret et M. Kühn, Food Production
aliments. La trilogie romaine méditerranéenne – pain, and Land use at the Transition from Antiquity to the Middle Ages
vin, huile – est bien connue, mais l’innovation, la transfor- in the Roman World2, qui se concentre sur les résultats des
mation et les faits de transition entre le ive et le viiie siècle analyses relatives aux animaux et aux plantes. Il est certain
entraînent toute une série de changements concernant qu’une recherche sur l’alimentation dans l’Antiquité
aussi bien l’exploitation, la production et la commercia- tardive, menée du point de vue des sciences humaines et
lisation des denrées alimentaires, que, de manière plus sociales, se doit d’incorporer les données de plus en plus
pragmatique, leur préparation et leur consommation. Les nombreuses obtenues grâce aux études archéozoologiques
recherches sur l’alimentation dépendent de nombreux et archéobiologiques. En effet, celles-ci nous apportent une
facteurs qui doivent prendre en compte les paramètres information jusqu’à présent inédite, qui renouvelle peu à
spatio-temporels, comme la diversité des traditions. Au peu les éléments fondamentaux de la reconstitution de
sein des classes sociales des régions d’Europe, de l’Afrique l’histoire de l’alimentation et surtout les transformations
du Nord et du Proche-Orient ne transparaissent pas de que l’on observe durant l’Antiquité tardive, que ce soit
véritables permanences, mais au contraire des entités par rapport au monde romain qui la précède ou au monde
dynamiques et variables, où les paysages agraires, les médiéval postérieur3. Il n’en reste pas moins également
produits, les marchés, l’approvisionnement des villes nécessaire de faire le point sur les connaissances obtenues
et l’économie d’un côté, les pratiques, les croyances, les à partir des éléments déjà existants, de la réalité matérielle
rituels et les particularismes alimentaires à caractère archéologique aux sources documentaires et aux réper-
religieux de l’autre, jouent un rôle fondamental. Notre toires iconographiques.
objectif n’est pas de retracer l’histoire des aliments – qui
y a certes toute sa place –, mais davantage de proposer au
lecteur un certain nombre d’aspects qui concourent à la
reconstruction historico-archéologique de l’alimentation 1. Atti delle Settimane di Studio di Spoleto, LXIII, 2016, 1106 p.
2. Quaternary International, 499 A, 01.2019, 128 p.
dans l’Antiquité tardive, entendant celle-ci comme objet 3. Nous renvoyons le lecteur à l’intéressante synthèse proposée par
biologique, mais surtout social et culturel. Andrew Watson 1999.
18 P. REYNOLDS, G. RIPOLL, F. DUGAST, C. MICHEL D’ANNOVILLE AnTard, 27 , 2019

La consommation d’animaux constitue un autre des pourcentages d’amphores dont il est possible d’iden-
aspect qui prend de l’ampleur au sein de la recherche tifier l’origine4. La difficulté réside également dans le
actuelle. Le registre archéologique, les analyses de fait qu’en Afrique du Nord, et plus particulièrement en
l’archéofaune et les isotopes stables sont primor- Tunisie, les ateliers étaient installés sur la côte et que,
diaux pour connaître le poids qu’ont représenté la comme cela a bien été démontré pour les ostraca du port
pêche, la chasse et l’élevage dans le régime alimen- de Carthage au ive siècle, les amphores contenaient non
taire face aux produits agricoles. Il ne faut pas oublier seulement des produits provenant des environs, mais
non plus les légumes et fruits particuliers, qu’ils soient également d’autres venant de l’intérieur et transportés
sauvages ou cultivés, qui ont fait partie de l’alimen- préalablement dans des outres5.
tation des populations de l’Antiquité tardive de zones Le même modèle de production se retrouve sur la côte
géographiques précises, comme l’ont été les figues, les de la Cilicie orientale et à Chypre où les amphores vinaires
dattes ou les melons, fréquents en Méditerranée mais LRA 1 (Late Roman 1) étaient largement diffusées à partir
absents dans l’alimentation des régions plus froides. Il de la seconde moitié du ive siècle en Orient et du deuxième
en est de même des condiments et de l’assaisonnement quart du ve siècle en Occident et au-delà de la Britannia
utilisés dans les préparations culinaires, comme le sel, – abandonnée en 410 –, comme en témoignent les fouilles
le miel, l’oignon, l’ail, le persil, le poivre, la cannelle, de Tintagel. Ces amphores portent chacune cinq inscrip-
la cardamome et les herbes de toutes sortes ou encore tions peintes, attestant qu’elles étaient systématiquement
les épices précieuses provenant d’Orient. La poterie, pesées vides puis pleines. Ce système byzantin rappelle
qu’il s’agisse des amphores ou de la vaisselle de table, celui, très connu, des marques peintes sur les amphores
a elle aussi une importance capitale dans l’étude de d’huile Dressel 20 et celles de saumure de Bétique à l’époque
l’alimentation, non seulement par son utilisation indis- impériale. Il s’en démarque toutefois : les Dresssel 20 et
pensable en tant qu’élément de la commercialisation des celles qui ont suivi, plus petites, au iiie siècle, portaient des
denrées alimentaires, qui en fait un véritable indicateur estampilles sur les anses, tandis que durant l’Antiquité
quant à la circulation et aux origines de ces dernières tardive celles-ci disparaissent en Occident et font place, en
comme aux formes d’économie, mais aussi par son Orient, en Grèce et en Égypte jusqu’à la mer Noire, à ces
utilisation et ses fonctions dans la vie quotidienne. inscriptions peintes qui, quelquefois, mentionnent le nom
Une analyse minutieuse des contextes archéologiques des marchands qui les diffusaient et/ou de leur domaine
s’avère indispensable pour comprendre les réseaux de de production6. La distribution de LRA 1 et LRA 2 (qui
communication à courte ou à longue distance ainsi que contenaient probablement l’huile provenant du nord-est
l’économie de subsistance. Cette question fondamentale du Péloponnèse) sur les sites militaires du Danube rappelle
mérite ici un excursus. également la fonction annonaire et le mode de distribution
des Dressel 20 en Occident. Les données archéologiques
récentes permettent de mettre en évidence le rôle des
îles de la mer Égée comme productrices complémentaires
pour l’annone – en attestent des estampilles de contrôle
administratif – probablement à partir de Justinien, se
Les amphores locales et importées que les fouilles substituant à la Cilicie et à Chypre après la conquête arabe
archéologiques mettent au jour constituent en effet du viie siècle. Il est frappant de voir que ces amphores
dans ce domaine de riches témoignages tant ils varient dérivées des deux formes standard précédentes (amphores
selon les régions et les types de site concernés, qu’il « ovales » et « globulaires ») continuent de transporter les
s’agisse notamment des principaux ports, des grandes denrées vers les territoires byzantins des viiie et ixe siècles.
villes et de sites militaires, ou encore des monastères Dans ce contexte, le rôle de l’Église en Orient, comme
orientaux. Les analyses permettent aujourd’hui de les productrice et exportatrice du surplus agricole, apparaît
comparer quantitativement et d’identifier les tendances de manière assez claire, mais reste encore à définir pour
de production des aliments jusqu’à leur consommation. l’Occident. L’épave de Yassi Ada I (Turquie), qui contenait
Elles donnent notamment des éléments chronologiques des amphores LRA 2 tardives, certaines provenant
précieux concernant les produits transportés dans ces
conteneurs. Même si les chiffres correspondent à un
pourcentage réduit des quantités qu’il reste difficile
de calculer en raison des échantillons disponibles, 4. Voir Reynolds 2010a, Appendices 1-2. Pour un aperçu et une
interprétation des tendances économiques, de la production et de
concentrés pour la plupart dans les métropoles et l’importation de poterie dans la Péninsule Ibérique visigothique,
grandes villes comme Rome, Marseille ou Beyrouth, voir Reynolds 2015.
on parvient à discerner, selon des régions précises, les 5. Pour une carte de distribution des fours connus, formes et analyses
des contenus organiques qui ont pénétré et restent encore dans la
principaux types de produits agricoles – l’huile d’olive, pâte céramique, voir Bonifay 2016 ; Peña 1998.
les vins, les saumures et produits de la pèche – à partir 6. Fournet, Pieri 2008.
A n Ta r d , 27, 2 0 1 9 L’ALIMENTATION DANS L’ANTIQUITÉ TARDIVE : UNE INTRODUCTION 19

d’Éphèse ou de Samos – mais aucune de Chypre ni de a longtemps pensé que cette prolifération témoignait de
Cilicie –, ainsi que des LRA 1 provenant surement des îles la diffusion, en parallèle, des céréales africaines, pourtant
égéennes, est identifiée à un navire affrété sinon pour le absentes des traces archéologiques. Parallèlement, la
compte de l’Église, du moins pour celui de l’annone. A noter distribution en Méditerranée et sur l’Atlantique de la
que les monastères du delta du Nil, sous le contrôle des vaisselle de table de Phocée (LRC) – à laquelle on pourrait
Omeyyades puis des Abbassides, ont continué à produire ajouter les céramiques culinaires de cette région – est
et exporter leurs vins vers Beyrouth dans des conteneurs souvent interprétée comme le témoignage de l’expor-
de type palestinien (LRA 5), mais aussi dans une copie de la tation d’alun phocéen8. A noter que les cargaisons
version tardive égéenne et chypriote de LRA 2 (Egloff 167). de blocs de marbre, chapiteaux et colonnes (et aussi
On voit également apparaître de nouvelles productions de d’albâtre) provenant de Grèce, des îles égéennes et
versions plus petites de LRA 2 en Épire (Grèce occidentale) d’Asie Mineure, réglaient également dans leur sillage la
à la fin du ve et au vie siècle. Par ailleurs, d’autres épaves distribution d’amphores et des aliments qui les accompa-
retrouvées sur Bodrum et l’actuelle côte israélienne gnaient, comme en témoigne l’épave de Marzomemmi,
attestent l’acheminement maritime par cabotage, au en Sicile orientale, remontant à la première moitié du
vie siècle (période byzantine) et aux viie-viiie siècles (période vie siècle, dont une nouvelle étude menée récemment a
omeyyade et abasside), d’une grande diversité de produits mis en évidence la présence d’une importante quantité
souvent transférés dans des amphores réutilisées, parmi d’amphores LRA 1 et LRA 2 qui était associée au transport
lesquels des vins, des noix et des fruits secs ainsi que des – peut-être vers Carthage – d’un ambon d’église ainsi que
amphores LRA 5 contenant non pas du vin comme on d’autres éléments architecturaux9.
l’attendrait, mais des poissons du Nil. La collecte de l’huile annonaire dans les horrea des
Le pourcentage élevé d’amphores levantines (y ports de Corinthe (Kenchriae) et de Skarpheia (Boetia)
compris les amphores vinaires de Gaza, Palestina I, et du sur la côte orientale de la Grèce centrale, ou les témoins
sud de la Phénicie), presque exclusives dans le port de d’importation de LRA 1 et, plus surprenants, de LRA 2
Beyrouth à partir de la fin du ve et jusqu’à la moitié du péloponnésiennes dans l’horreum d’Andriake-Myra
viie siècle, témoigne d’une tendance à l’augmentation (Lycie)10, montrent le rôle prépondérant du commerce
de la production régionale et à une forme d’autonomie. maritime sortant de l’Oriens (Antioche-Seleucia) pour
L’approvisionnement des aliments semble en effet se rejoindre Constantinople mais aussi Alexandrie, et que
concentrer autour de groupes régionaux, et se démarque confirment les inscriptions sur les tarifs et catégories de
nettement de la vaste gamme d’amphores de vin levantins denrées, parmi lesquelles les viandes et charcuteries, qui
et égéens et d’amphores de saumure pontiques, africaines, passaient par les ports. On pensera ici au registre fiscal
hispaniques présentes à Beyrouth antérieurement, entre d’Antaepolis (Égypte), édité sur papyrus (P. Freer 08.45 e-d)
la fin du ive et le premier quart du ve siècle. Un phénomène et daté vers 640, qui donne la liste des produits agricoles
similaire apparaît en mer Égée7 et en Grèce. À Beyrouth, (vin, huile, blé, viande et fourrage) et du décompte en
dès la seconde moitié du ve siècle, les seules importations numéraire que chaque famille du village devait en retour
d’amphores en nombre, en-dehors des produits levantins, aux agents de l’annone de Constantinople et aux troupes
sont celles (de salaison ?) provenant de Sinope, au sud de locales installées plus au sud, à Assouan11. D’autres
la mer Noire. Ces dernières se trouvent avec la LRA 1 dans documents de ce type existent certainement, qui ne nous
des épaves à Sinope et en Crimée, mais la diffusion des sont pas encore connus et qui seraient d’un grand intérêt
amphores tardives sinopiennes (avec la vaisselle de table sur le plan archéologique et économique.
phocéenne, LRC) à Séleucie, le port d’Antioche, à Zeugma À l’inverse, certaines amphores orientales (LRA 1,
et sur d’autres sites de la Syrie byzantine, à Beyrouth, sur LRA 3, LRA 4) et une quantité très importante d’amphores
les sites palestiniens et en Jordanie aux vie et viie siècles, et de céramiques culinaires africaines, comme aussi la
laisse à penser qu’il s’agissait du retour de cargaisons de LRC phocéenne et des marmites égéennes et de Lycie
navires revenant de Constantinople et de la Crimée (après (marmites de Lymyra, unguentaria des pèlerins de Myra,
la perte du bas-Danube). petites lampes Bailey Q3339) mettent en évidence une
Aux vie et viie siècles, en mer Égée, à Constantinople, autre route directe de l’Orient vers l’Occident, transitant
comme aussi à Beyrouth et à Rome, les contextes archéo- par Alicante (site portuaire de Benalúa), en passant par
logiques de l’Antiquité tardive sont caractérisés par les îles Baléares – byzantines depuis 534 –, pour rejoindre
une prolifération de poteries africaines destinées à la Vigo (en Galice) et les îles Britanniques, sans déposer
table (African Red Slip Ware [ARS]) qu’accompagne un
nombre bien moins important d’amphores africaines : on

8. Borgard, Brun, Picon (dir.) 2005.


9. Leidwanger 2018.
10. Rizos. 2015 ; Lemaître, Vener-Marksteiner 2018.
7. Abadie-Reynal 1989. 11. Gascou 1989.
20 P. REYNOLDS, G. RIPOLL, F. DUGAST, C. MICHEL D’ANNOVILLE AnTard, 27 , 2019

leurs cargaisons. L’absence à Carthage de poteries Concernant la vaisselle de table que l’on trouve en
provenant de la Lycie et de la LRC laisserait entendre que masse – qu’il s’agisse des importations de poteries a
ces navires ne passaient pas par le port byzantin. engobe rouge-orangée africaines (ARS) ou des formes
L’abondance presque constante dans les contextes approchantes typologiquement comme la Tripolitanian
archéologiques de tous les ports, de la Crimée jusqu’à Red Slip Ware, la LRC phocéenne, la Sigillata Hispánica Tardía
l’Occident méditerranéen, de certaines amphores levan- et d’autres productions d’Hispania centrale et occidentale,
tines-palestiniennes (LRA 1, LRA 4, LRA 5) et aussi de ou encore la Paléochrétienne Grise ou les DSP (Dérivées
la LRA 3 éphésienne tendrait à montrer une certaine de Sigillées Paléochrétiennes), typiques de la Gaule
universalité de la culture associée à ces produits, comme méridionale et exportées en Hispanie et aux Baléares,
c’est le cas des amphores palestiniennes, probablement comme à l’opposé plusieurs productions régionales d’Asie
importées davantage en raison de leur provenance Mineure, de Grèce et des provinces danubiennes –, on
– prestige de la Terre Sainte – que de la qualité du vin. remarquera que toutes suivent un certain modèle de
Sans expliquer l’importation toujours dominante de la grand plat, très souvent décoré sur le fond d’estampilles
LRA 1 (de la Cilicie et de Chypre), ce phénomène relève végétales puis de symboles chrétiens. La documentation
peut-être toutefois du rôle de l’Église... disponible paose la question d’une substitution de la
Expliquer la distribution culinaire sans preuve archéo- production et de l’utilisation de formes comme les coupes
logique précise reste hasardeux. Faut-il en effet traduire ou petits bols (ou bols plus grands pour présenter des
ces différents modes de diffusion et d’importation de fruits) à usage individuel, par de grands plats, imitant les
casseroles et marmites égéennes et palestiniennes par une formes en argent et destinés au partage d’un repas entre
influence culturelle et alimentaire ? Ou la présence de ces les membres de la famille ou au convivium. Ces grands
produits dans certains ports et pas dans d’autres est-elle plats apparaissent à la fin du iie siècle (y compris les plats
le résultat du hasard des grandes routes Orient-Occident, de forme Hayes 27, avec un petit pied, et Hayes 18, avec
comme c’est le cas à Marseille où ils abondent et où sont un bord vertical convexe et fond plat, pour cuisinier mais
au contraire absents les produits de la Lycie ? Ou encore probablement aussi pour servir directement sur la table)
cette présence/absence résulte-t-elle d’une diaspora et constituent un standard à partir du iiie siècle qui perdure
orientale dans les ports comme Ravenne, Marseille ou durant toute l’Antiquité tardive. A noter que les moines
Vigo ? L’exemple de la présence dominante, à partir du du monastère de Cabrera, aux Baléares, mangeaient au
iiie siècle à Beyrouth, de casseroles avec leurs couvercles contraire dans de petits bols Hayes 19, dont quelques-uns
(poteries locales et du nord de la Palestine) est significatif portent leurs noms incisés en-dessous15.
à ce propos : interprétée par John Hayes comme relevant
de l’introduction de possibles produits kasher juifs et donc C’est dire à quel point les assemblages de poterie
d’une nouvelle mode culinaire12, elle ne trouve en définitive peuvent nous permettre de documenter, quantifier et
pas de véritable écho à l’époque tardive, où ces casseroles comparer les caractéristiques et les tendances de la grande
à bord coupé s’avèrent rares – e.g. sur l’épave d’Iskandil distribution de marchandises provenant de régions spéci-
Burnu – et ne relevait pas de productions provenant des fiques et transportées dans des amphores. Dans la mesure
ateliers juifs en Palestine mais des villages chrétiens. où celles-ci ne sont pas relatées dans les sources écrites,
Celles-ci se retrouvent en effet, avec des marmites globu- elles demeurent indécelables de sorte que l’analyse du
laires locales, dans tous les contextes beyrouthins dès contenu des amphores sur une large échelle est désormais
le iiie siècle et jusqu’au viie siècle, remplaçant l’impor- indispensable pour permettre de clarifier ce qui était
tante gamme de formes romaines impériales locales et transporté dans ces dernières. S’il est relativement aisé
importées, et n’étaient donc pas consacrées exclusivement de retracer la distribution aux armées (Danube, Syrie)
au peuple juif13. Par ailleurs, de très grandes et profondes par l’État des biens de l’annone qui étaient transportés à
marmites présentant le même bord coupé sont typiques l’aide d’amphores, il doit être possible de déceler grâce à
des monastères de l’Égypte dans des contextes tardifs, la vaisselle tunisienne l’approvisionnement de l’armée ou
témoins d’une adaptation de ce type à la vie communau- des villes par les céréaliers d’Afrique du Nord. La chaîne
taire des moines14. À l’inverse, on notera que la présence opératoire, et notamment le rôle de l’État, de l’Église et
de chauffe-plats, qui apparaissent dès le viie siècle et qui des marchands dont témoignent les découvertes non
étaient destinés à la présentation de sauces à un groupe seulement d’amphores, mais de toute la poterie, de table
réduit du convivium, marque une spécificité byzantine qui ou de cuisine, reste quant à elle plus difficile à identifier
se retrouve rarement hors de Constantinople. – qu’il s’agisse : du besoin de l’Église en matière de vin
provenant de la Terre Sainte ou de textiles ; du large

12. Reynolds, Waksman 2007 ; Hayes 1997, p. 80.


13. Reynolds 2010b.
14. Konstantinidou 2010. 15. Riera Rullán 2017.
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éventail d’autres cargaisons tout aussi importantes qui focalisant sur des aspects nouveaux concernant aussi
permettaient la distribution de produits complémentaires ; bien les coutumes alimentaires que la production, le
des phénomènes de redistribution et d’acheminement stockage et la distribution des aliments jusqu’à l’art
par cabotage ; ou encore de la distribution « giratoire » de la table. Dans le domaine de l’archéologie, Michael
de biens transportés sur les bateaux d’est en ouest et de McKinnon propose une nouvelle étude de l’archéo-
retour en Orient. Certaines denrées alimentaires comme faune en contexte rural et urbain sur l’ensemble de la
les vins levantins, l’huile d’Hispanie ou le poisson de la mer Méditerranée, orientale et occidentale, en se concen-
Noire et de Lusitanie étaient fournies en telle quantité dans trant sur les tendances de la production et de la
certains ports qu’il est clair que ces derniers constituaient consommation des caprins, du porc et du bœuf dans
d’importantes places de marchés ; la distribution de l’Antiquité tardive. On pourrait ici rappeler le travail
ces denrées en était très certainement la conséquence de Paul Arthur sur l’utilisation selon des zones spéci-
logique ou à tout le moins s’insérait dans un système plus fiques de marmites ou de casseroles liées à la cuisine17 :
complexe. La vaisselle de table en céramique, distribuée l’étude des céramiques culinaires, l’analyse des restes
dans beaucoup de cas à l’aide des mêmes moyens, semble de contenu organique associés à ces contextes et le
indiquer une modification universelle des tendances en rapprochement de l’archéofaune des mêmes contextes
termes de service et de consommation alimentaires. Les permettraient certainement une avancée dans ce
importantes découvertes de vaisselle culinaire, aussi bien domaine. L’archéologie nous apporte aussi des infor-
de Tunisie que de mer Égée ou de Palestine, apparaissent mations sur les différentes formes de stockage rural
en tout cas davantage comme le reflet des grandes routes des denrées alimentaires dans le nord-est de la Gaule
maritimes et des cargaisons qui les accompagnaient : et sur la réutilisation de bâtiments, granges, horrea,
cette vaisselle n’avait en effet d’importance que par son tours fortifiées et silos, comme le montre Guillaume
excellente résistance dans la cuisson des aliments et ne Huitorel. Il en est de même des grands horrea portuaires
témoigne donc pas directement a priori d’un changement de Ravenne à Classe dès le ve siècle et jusqu’au viie siècle,
dans le mode alimentaire. et leurs contenus, qu’Andrea Augenti compare à d’autres
exemples d’horrea portuaires comme Naples ou Dichin.
En ce qui concerne l’alimentation, Sonia Madrid
Medrano présente, parallèlement aux activités indivi-
duelles, les régimes stricts des communautés monastiques
de la Gaule et de l’Espagne des vie-viie siècle. À ces règles
Cette longue introduction met en évidence l’impor- alimentaires répond le rôle des boissons, et de la bière
tance des données archéologiques relatives aux en particulier, des monastères du nord de la Gaule et
modalités du commerce et ouvre sur le contenu du de l’Italie du Nord, de la fin du vie siècle à la seconde
dossier. Celui-ci s’est appuyé notamment sur les séances moitié du viie siècle, comme le montre Alban Gautier en
de deux séminaires organisés en 2018 et 2019 par s’appuyant sur l’œuvre de Jonas de Bobbio. Javier Arce
C. Michel d’Annoville au sein de Sorbonne Université16 et nous apporte quant à lui un certain nombre d’observa-
menées en collaboration avec F. Dugast et les doctorants tions sur l’alimentation en général, à travers les lettres
de l’ED 124 (Sorbonne Université), inscrits en archéo- d’Ausonius, de l’Hispanie et de la Gaule aux ve-vie siècles :
logie de l’Antiquité tardive : Yann Bonfand, Federico les produits (garum, cumin, absinthe, bière, miel, etc.), les
Caruso, Meriam Chebbi, Estelle Cronnier, Céline Huguet, marchés ruraux (nundinae), interdits au clergé, ou encore
Hélène Labit, Wissal Boutenbat. Intitulées « Archéologie la règle monastique de Fructuosus de Galice où ni les
de l’alimentation », ces séances ont permis d’aborder des céréales ni l’huile ne sont mentionnées. Isabel Velázquez
analyses et des réflexions sur la place de la nourriture souligne dans ce cadre l’apport des données textuelles et
et de la boisson dans l’économie, les croyances ou les étymologiques de la Gaule mérovingienne et de l’Hispanie
gouvernements des sociétés antiques tardives. Sans être visigothique des vie-viie siècles concernant les aliments
exhaustifs et tout en s’attachant aux problématiques médicinaux et quotidiens d’après Anthime, Isidore et les
propres aux archéologues, différents aspects culturels, ardoises écrites dites visigothiques : elle y observe l’aug-
religieux, politiques et sociaux de l’histoire de l’alimen- mentation de la consommation d’une grande variété
tation y ont été présentés dont certains sont exposés ici. de céréales, du lait épicé, de la viande, de la bière, de
Le dossier s’organise autour des deux principales l’absinthe et de nombreuses boissons à base de miel, ainsi
sources disponibles, textuelles et archéologiques, en se que quelques méthodes et ustensiles pour la préparation
des plats. La référence d’Isidore au clibani, ces couvercles

16. Ces séminaires ont été soutenus grâce au soutien financier


de l’équipe Antiquité classique et tardive dirigée par S. Morlet
(UMR 8167 Orient et Méditerranée). 17. Arthur 2007.
22 P. REYNOLDS, G. RIPOLL, F. DUGAST, C. MICHEL D’ANNOVILLE AnTard, 27 , 2019

sous lesquels on cuisinait le pain et la viande, associés d’eau » (Éric Morvillez). Les objets en argent – grands plats,
davantage à l’Italie et à l’Adriatique – à partir du ive siècle, bols, boite à épices, pichets – présentés par François Baratte
comme à Butrint – est surprenante18. Pour l’Orient, pour servir les aliments et boissons à ces banquets, comme
Nathan Carlig et Antonio Ricciardetto nous permettent pour laver les mains des convives, sont accompagnés
de comparer quatre textes coptes de la fin du vie aux d’illustrations sur des peintures murales des mêmes objets
viie-viiie siècles, correspondant à des lexiques grec-copte et leurs porteurs, dont la maison Caelius est un exemple
après que le copte est devenu une des langues officielles spectaculaire. Y figurent également les mosaïques ainsi
de l’Égypte : y figurent une vaste gamme de poissons que les objets en argent des trésors, typiques de l’Antiquité
nilotiques (voir les cargaisons des épaves levantines tardive, comme celui de Carthage qui compte de petites
byzantines et arabes mentionnées plus haut) ainsi que coupes avec couvercle dont la céramique africaine offre de
des plats préparés à l’aide de saumures, de coriandre et parfaites copies (ARS) à l’époque vandale, comme celles qui
de menthe. De son côté, Antoni Riera Melis nous offre ont été retrouvées empilées (sans couvercle) dans un des
une étude historique et économique sur l’importante horrea de Classe détruite par un incendie à la fin du ve siècle.
variété des épices, depuis la République romaine jusqu’au La très grande taille des plats, le grand nombre d’objets
viie siècle, dont certaines ont été peu à peu cultivées nécessaires et le manque d’espace en arrière du stibadium
en Méditerranée et qui de ce fait n’étaient plus consi- suggèrent que les invités étaient servis et que les objets
dérées comme produit de luxe. Il aborde à ce propos la étaient placés, peut-être ensemble, sur des tables devant
politique militaire romaine qui visait à garder le contrôle les convives. Les trois scènes religieuses de banquets en
sur ces importations de valeur vers le Proche Orient, relief sur les colonnes du ciborium de Saint-Marc à Venise
et s’interroge sur la domination probable du royaume présentées par Jutta Dresken-Weiland – Cana, le repas
axoumite sur les routes maritimes et routières. Il signale de Simon et la Cène du Christ, bien illustrée par ailleurs,
du reste que, contrairement aux textes de recettes hellé- notamment par Joanita Vroom19 –, nous apportent d’autres
nistiques et de l’Empire, les textes byzantins sur papyrus exemples d’objets du convivium.
concernant l’alimentation (en-dehors des documents
de registre des impôts– annone – et lettres privées) font
référence aux propriétés médicinales des aliments et
boissons, soulignant que plusieurs villes en Égypte possé-
daient un hôpital, fréquemment lié aux cultes de martyrs.
Complémentaire à l’article d’Antoni Riera Melis, l’analyse Cet ouvrage ne sera certainement pas le dernier
détaillée de Marie-Hélène Marganne de trois textes nous consacré à l’alimentation entre le ive et le viiie siècle. Nous
apporte des informations précieuses sur les vins épicés sommes encore loin de pouvoir offrir une restitution
(avec du myrte, du styrax, de l’absinthe – encore une fois –, précise des différents modèles de production agricole et
des clous de girofle, du miel, etc.), d’autres épices ainsi animale et par conséquent des marchés, de la circulation
que les poissons, fruits et légumes de l’Égypte byzantine. des biens et de leur empreinte économique. De nombreuses
L’étude de Sergey Minov sur plusieurs textes syriaques questions en rapport direct avec l’alimentation et la diète
de Syrie, Mésopotamie et de l’Iran sassanide nous éclaire restent ainsi en suspens : le changement climatique, les
quant à elle sur la volonté de l’Église (en particulier de maladies, les fléaux, les famines, la sexualité, le jeûne,
certains moines), depuis le vie siècle jusqu’au viie siècle, de l’ascétisme et les pratiques religieuses, pour n’en citer que
séparer les chrétiens des juifs en critiquant les pratiques quelques-unes. En l’absence de carnets de recettes tardifs
kasher et en supprimant le convivium probablement réel précis20, l’archéologie s’érige en source fondamentale pour
entre les deux groupes sociaux (notamment à Pâques, améliorer nos connaissances à ce sujet. La transversalité des
quand les juifs partageaient leur pain sans levain). données nous permet aujourd’hui de mettre en perspective
La dernière partie de ce dossier concerne plus particuliè- davantage d’aspects qui ouvrent sur de nouveaux axes de
rement la table et l’alimentation des élites. Elle s’ouvre sur les recherche autour de l’alimentation dans l’Antiquité tardive.
typologies de plans et sur le développement des banquets-
stibadia en sigma en Orient et en Occident, plus répandus dès *Institució Catalana de Recerca i Estudis Avançats (ICREA)/
le iiie siècle, ainsi que sur les mosaïques qui représentent à Equip de Recerca Arqueològica i Arqueomètrica (ERAAUB)
l’échelle des stibadia en sigma, les triconques du ve siècle et la ** Universitat de Barcelona
tendance d’y incorporer des fontaines et même des « murs ***Umr Orient & Méditerranée / Cnrs/ Sorbonne Université

18. Pour les tendances de la production du pain au Levant depuis


la conquête romaine (Beyrouth) et sous les Arabes en Afrique du
Nord et al-Andalus, spécialement les tannūrs fixes et portables, voir 19. Vroom 2007.
Reynolds 2016. 20. Dierkens, Plouviers 2008.
A n Ta r d , 27, 2 0 1 9 L’ALIMENTATION DANS L’ANTIQUITÉ TARDIVE : UNE INTRODUCTION 23

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