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Introduction

L’exposé d’aujourd’hui porte sur les moulages d'œuvres antiques grecques. Le moulage de ces
œuvres nous intéresse particulièrement car les originaux grecs existent en très petite quantité, et
ce que nous conservons aujourd’hui ce sont finalement beaucoup des copies romaines, des
moulages d'œuvres originales ou des moulages des copies romaines.

Le moulage désigne à la fois la technique mais aussi le rendu final.

Il s'agit dans un premier temps de prendre une empreinte d'une sculpture qui servira de moule et
ensuite d'y insérer un matériau qui prendra la forme du moule pour permettre de reproduire en
plusieurs exemplaires l'œuvre originale.

donc dans la réalisation d’un moulage il y a une dimension technique, on entend par là que les
moulages ne sont pas faits de la main d’un artiste mais par un procédé technique

et d’autre part, il y a une dimension de série, càd que contrairement à l'oeuvre d'art originale qui se
caractérise par son unicité, le moulage peut être réalisé en plusieurs exemplaires

Par ailleurs, on a eu tendance à ne pas les considérer véritablement comme des œuvres d'art à part
entière mais comme des substituts de l'oeuvre originale

En effet, le moulage est utilisé pour étudier les modèles antiques, pour réaliser des copies, pour la
décoration, pour exposer dans un musée pour remplacer l'œuvre originale inaccessible, etc.

le moulage en quelque sorte remplace l'oeuvre originale qui ne peut être déplacée, ou qui a
disparu

mais ce point est à questionner :

Les moulages peuvent-ils se substituer véritablement à l’ œuvre grecque originale ?

càd prendre sa place, être exposé au même titre que les autres œuvres originales grecques dans les
musées ?

D'un côté ; moulage : reproduction très fidèle de l'oeuvre / contrairement à une copie : il y a une
objectivité dans la reproduction/ pas d'empreinte d'artiste = peut substituer l'oeuvre originale

mais d'un autre côté ce n'est pas forcément les mêmes matériaux, ce n'est pas fait de la main d'un
artiste, c'est une réplique, les moulages sont multiples, …

pose la question : Dans quelles mesures peut-on considérer le moulage comme un substitut à l'art
grec ?

(L’enjeu finalement ici est de chercher à comprendre à partir de quand considère t-on un objet comme une oeuvre d’art ? Est ce que la
copie peut être une oeuvre)

La question du moulage est très vaste = et il est difficile de tout traiter = on s’est concentré
uniquement sur quelque points
Si le moulage constitue un outil permettant de se substituer à l’art grec(I), il pose également la
question jusqu’à quelle point il peut le remplacer (II) mais aussi si ill est nécessaire de cesser de le
voir comme un substitut mais plutôt comme une oeuvre d’art à part entière (III)
Intro

I) Le moulage comme un outil qui peut se substituer à l’art grec


A) le moulage: un substitut de l’oeuvre originale pour réaliser des copies
B) Le moulage: un outil d’enseignement et d’étude
II) Jusqu’à quel point le moulage peut-il remplacer l’art grec original ?
A) La question du moulage dans les musées
B) Le moulage comme un outil mais pas comme une oeuvre d’art: l’impossible substitution
III) Le moulage non plus comme substitut mais comme oeuvre à part entière
A) le nouvel intérêt pour les moulages
B) Le moulage dans l’art contemporain

I) Le moulage comme un outil qui peut se substituer à l’art grec


( → explication: on cherche à répondre à la question: le moulage peut-il se substituer à l'œuvre
grecque originale?
dans cette première partie on va essayer de montrer qu’effectivement le moulage peut se
substituer à l’oeuvre grecque mais pas dans son entièreté: il peut remplacer sa forme, son
apparence/ ses caractéristiques formelles →le premier intéret que l’on accordait au moulage c’était
justement sa capacité à reproduire de manière très précise la forme de l’oeuvre originale= ce qui
était très utile pour réaliser des copies, mais aussi pour l’étude artistique et pour l’enseignement en
histoire de l’art)

A) le moulage: un substitut de l’oeuvre originale pour réaliser des copies (Fred)


→ usage des moulages pour la réalisation de copie à l’époque romaine
Tout d’abord, le moulage est un véritable outil qui permet de remplacer l'œuvre d’art grecque
originale.
C’est un outil qui a été très utilisé notamment pour la réalisation de copies.
donner l’exemple des romains
→ avec la conquête de la Grèce, à partir de 146 av JC les romains affirmèrent ouvertement leur
admiration pour la culture grecque == en pillant oeuvres grecques.
→ véritable engouement pour ces oeuvres conduit à l’imitation de cet art/ reprise des exemples
grecs = production de copies/ multiplication d’ateliers de copistes
comment copier une sculpture grecque ?
il y avait plusieurs techniques ( nous ne reviendrons pas dessus, puisqu’on la vu en cours) en
revanche ce qui nous intéresse c’est l’utilisation du moulage pour réaliser des copies.
→ l’oeuvre originale n’existant qu’en un seul exemplaire, l’impossibilité de l’avoir dans son atelier
vu le nombre d'ateliers qui existent) nécessité de réaliser des moulages pour réaliser la copie.
Pour cela, les copistes réalisaient des moules à partir de l'œuvre originale, l’enduisaient d’huile ou
de cire pour la protéger et faciliter la séparation du moule, puis injectaient dans ce dernier du
plâtre frais.
→ on a retrouvé de nombreux fragments de plâtre en 1954 dans la station balnéaire de Baïes
(dans le golfe de Naples) = notamment des moulages de plâtre de grandes sculptures comme le
visage de l’un des tyrannoctones qui a certainement servi de modèles à des copies. Les chercheurs
ont pu constater que ces fragments venaient de moulages d’originaux en bronze.

ce que cela nous montre:


- les moulages sont des substituts aux oeuvres d’art grecques uniques qui ne peuvent être
déplacées
- les moulages n'étaient que des moyens techniques pour réaliser des copies et pas appréciés en
tant que tel ( les moulages restent dans les ateliers, ce qui est vendu à des particuliers ce sont
les copies)
- nous indique également ce qui était valorisé/ copié/ a quel art grec est ce que l’on s’intéressait
ou pas

Par ailleurs, à partir du XVIe → le nouvel engouement pour l’Antique, avec les découvertes sorties
des fouilles → stimuler la demande de copies
en France par exemple François Ier souhaite se façonner une “Italie française” à Fontainebleau= pour
cela va commander des moulages de grandes sculptures grecques et romaines pour les faire couler
ensuite en bronze → moulage n’est donc encore une fois qu’un substitut pour réaliser ensuite une
copie en bronze.

(Dans l’ouvrage, Pour l’amour de l’antique La statuaire gréco-romaine et le goût européen de


Haskell et Penny =il est dédié un chapitre aux “Moulages et copies dans les cours du XVIIe siècle” →
donne l'exemple de Charles Ier d'Angleterre = csc “ que les meilleures statues ne pouvaient être
obtenues qu’en moulages et en copies” = commande moulage du Gladiateur du cardinal Borghèse =
qu’il fait couler ensuite en bronze
il avait également des moulages d’Antinoüs, Diane chasseresse et le Tireur d’épine = en fit des copies
en bronze = montre aussi ce qui était copié et ce qui n'était pas = histoire du goût )

→ Il substitue mais n’est pas pour autant élevé au rang d’oeuvre d’art, ce n’est seulement un
moyen pour copier

DONC: Le moulage a l’avantage de reproduire de manière très fidèle l’oeuvre originale. Ce qui
permet donc de remplacer l’originale que les copistes ne peuvent avoir dans leur atelier par un
moulage. Il substitue mais n’est pas pour autant élevé au rang d’oeuvre d’art, ce n’est seulement un
moyen pour copier.
On peut rajouter qu’en revanche à partir du XVIIIe siècle, on remarque de plus en plus de moulages
dans les cours, les habitations particulières = étendent la fonction du moulage dimension décorative/
pas qu’un outil.
B) Le moulage: un outil d’enseignement et d’étude (Lou)
→ il faut montrer dans cette partie, au moyen d’exemples concrets, que les moulages
étaient vus comme un substitut de l’oeuvre originale que ne pouvaient avoir dans leur
atelier les artistes et les étudiants/ enseignants en histoire de l’art. → et donc il leur était
nécessaire d’avoir des moulages pour étudier
→ utiliser des exemples comme l’usage des moulages dans des institutions comme la
Sorbonne ou autre / rechercher des citations ou témoignages
→ les historiens de l’art ne s’intéressent pas aux moulages en eux même mais en ceux
qu’ils disent de l’art grec → kopienkritik ( faire des recherches supplémentaires dessus/
voir si c’est pertinent dans parler) / kopienkritik: qu’est ce que le moulage nous dit de l’art
grec
→ parler de ce que ça nous dit sur l’histoire du goût

Comme on vient de le comprendre, le moulage reprend avec fidélité les caractéristiques


formelles de l'œuvre grecque originale. Et donc il peut être un outil très important pour
étudier les formes antiques dans le cadre de l'apprentissage artistique ou pour étudier l’art
grec dans le cadre de l’histoire de l’art.
En effet, les moulages ont été très fortement utilisés dans le cadre de l’enseignement. et
ont d’ailleurs permis la diffusion de l’art grec en Europe.

Les premières universités à composer des collections de moulages pour l’enseignement


sont allemandes = la première est une université à Berlin en 1696 et puis à Göttingen en
1767, ce phénomène s’étend ensuite dans toute l’Europe.
En France au XIXe siècle, le ministre de l’Instruction publique Victor Duruy soutient
l’importance d’une “éducation des yeux” en analysant directement l'œuvre de visu.
Le moulage était intéressant puisqu’il permettait d’avoir une reproduction fidèle de
l'œuvre originale et donc favorisé dans l’enseignement.
D’ailleurs, la plupart des grandes trouvailles archéologiques du XIXe siècle donnaient lieu
assez rapidement à des moulages.
Par exemple en 1893, il y a la découverte du trésor de Siphnos à Delphes et seulement un an
après en 1894, le moulage de cette frise est réalisé et donné à l'université Lumière de Lyon 2

Tout cela s’ancre dans un renouveau dans l'intérêt pour l’art grec
→ au XVIII e siècle, Winckelmann réalise une histoire de l’art de l’Antiquité, dans laquelle
il fait une analyse de l’évolution de l’art grec de sa naissance jusqu’à sa maturité. Il répand
l’idée de l’art grec comme modèle absolu auquel les artistes de son temps doivent
s’inspirer. Dans la plupart de ses écrits, il s’adresse clairement aux artistes, et propose aussi
des considérations techniques sur la manière de créer des anciens. Ce sont dans ces
considérations que s'ancrent l’étude et l’enseignement des moulages.

Comment les moulages étaient-ils utilisés dans l’enseignement ?


- premièrement, ils étaient utilisés pour l’apprentissage du dessin/ sculpture:
Les moulages étaient placés sous les yeux des étudiants pour l’enseignement des
arts, la pratique du dessin ou de la sculpture. Ils permettaient l’étude directe du
dessin. Dans l’Ecole des beaux-arts, (en 1960 ou 1860 ?) les plâtres de statuaire réalisés
pour l’enseignement du dessin et l’étude de la sculpture sont placés à proximité de
remontages d’ordres architecturaux grandeur réelle.
Les moulages statuaires, avec quelques modèles d’architecture, sont faits pour
l’enseignement et doivent pouvoir être manipulés, éventuellement déplacés pour rejoindre
un atelier, tandis que les reconstitutions monumentales, redressées pour une meilleure
appréciation des volumes, doublée d’une tentative de restitution, sont fixes et pensées
comme des installations, d’une certaine manière, pérenne
La gravure de Jean Henri Cless (voir image)présente l’apprentissage devant le
modèle vivant, la copie et le moulage dans l’atelier de David = on voit notamment
la du tête de laocoon, la statue dite apollino et l’Eros de centocelle
→ il est intéressant de noter que les œuvres étudiées sont avant tout des œuvres
grecques classiques/ on ne s'intéresse pas à tout l’art grec toute époque confondue
mais seulement à celui considéré comme le plus noble. ( on peut faire un lien avec
la hiérarchie entre les époques de l’art grec que réalise Winckelmann)

- Par ailleurs, ils étaient utilisés également pour l’enseignement de l’HDA et de


l’archéologie :
Maxime Collignon, qui était professeur d’Antiquités grecques et latines à la faculté
des Lettres de Bordeaux entre 1876 et 1886, réalise des voyages en Allemagne pour
étudier l’organisation et l’enseignement de l’archéologie classique au moyen des
moulages dans les universités allemandes. Cela va mener à la construction du
“palais des facultés” de Bordeaux dans lequel sont exposés des moulages grecs
antiques dans le but de l’enseignement en 1886. Suite à cela de nombreuses
universités construisent également des musées de moulages à but pédagogique.
“À la Sorbonne, toujours avec Collignon, est créé un musée ouvert aux étudiants
en histoire de l’art et archéologie. En plus de l’accrochage au mur, utilisé
notamment pour les reliefs, des dispositifs de présentation, que l’on connaît par
des photographies, permettaient la manipulation et l’observation en trois
dimensions des objets de toutes tailles pendant les cours.” →les moulages de la
Sorbonne ont ensuite été installés à partir de 1932 à l’Institut d’art et
d’archéologie rue Michelet. Dans ce nouveau lieu, les statues sont toujours exposées sur
des socles en bois, accessibles, et de préférence au centre. Les difficultés majeures portent
de nouveau sur la présentation de la sculpture architecturale. Le choix, celui d’une
présentation à hauteur de vue, sur des socles, idéale peut-être pour une forme
d’enseignement, exclut la mise en contexte et la reconstitution.

Les collections de Michelet ont ensuite rejoint les écuries du château de Versailles
dans les années 1970 avec les collections du Louvre et des beaux-arts de Paris. Le
projet d’aménagement tel qu’il avait été présenté à la direction des Musées de
France reposait sur la volonté de montrer l’évolution des formes de la sculpture et
de l’architecture, du monde grec et du monde romain avec d’ailleurs une
survalorisation du monde grec
En histoire de l’art et en archéologie, les moulages étaient utilisés dans la
perspective de la Kopienkritik = càd qu’ils étaient analysés pour ce qu’ils
pouvaient indiquer de l’art grec et non pour eux même.

Ainsi, la production de moulages fut intense au début du XXe siècle en raison de


la forte demande universitaire. Ils étaient par ailleurs très utilisés par les
conservateurs, les commissaires d’exposition ou les chercheurs.
Ils avaient en effet des fonctions pédagogiques très importantes dans le cas des
expositions: ils permettent par exemple de protéger les originaux en les
remplaçant lors d’expositions ( le transport peut être en effet risqué, voir
impossible), il peut être utilisé pour établir des hypothèses de restitutions, il peut
être également utilisé pour des raisons didactiques comme pour montrer la
polychromie originelle des oeuvres d’art grec.

→ monsieur Farnoux avait cité un exemple intéressant = Louis Carré réalise en 1934
une exposition au musée d’Ethnographie intitulée Sculptures du musée de l’Acropole,
Moulages polychromes = dans laquelle il expose des moulages polychromes de
sculptures grecques archaïques = pour montrer la couleur originelle des sculptures= le
moulage apparaît comme didactique

DONC le moulage de part sa ressemblance physique avec l’oeuvre d’art grecque


originale peut être utilisé comme un substitut pour mieux comprendre l’art grec et
l’analyser.

II) Jusqu’à quel point le moulage peut remplacer l’art grec ?

( on a montré dans la première partie que le moulage peut remplacer la forme/ l’apparence
de l’oeuvre originale, à présent on se pose la question dans cette seconde partie: qu’est ce
que le moulage ne peut pas remplacer dans l’oeuvre originale

A) la question du moulage dans les musées

Puisque le moulage a une apparence très fidèle à celle de l’oeuvre originale → on peut se poser la
question s’il peut la remplacer dans des musées

p 149 – Les moulages en plâtre dans un musée d'archéologie – le cas du musée des Antiquités
nationales des origines jusqu'au début du Xxe siècle »

« Un véritable musée archéologique doit […] tendre à renfermer tous les types d'objets d'art et
d'industrie que chaque époque a produits. Mais l'acquisition d'une semblable collection entraînerait
des frais excessifs et rencontrerait d'ailleurs d'insurmontables difficultés si l'on voulait n'y placer que
des originaux. Un tel programme serait donc irréalisables si l'on n'avait pas dans des moulages
fidèlement exécutés un expédient tout indiqué pour remédier à la pénurie des pièces originales »
Archives du Musée des Antiquités Nationales, dossier « création du MAN ; organisation», Manuscrit
préliminaire d'un premier projet d'organisation des salles en 1886 par M.Bertrand et le Comte de
Reffye »

Moulage va être exposé dans des musées pour remplacer les pièces originales = pénurie, absentes,
trop chères, qu'on ne peut acquérir

on peut donner 'exemple du musée de l'acropole qui a remplacé une partie des marbres du parthénon
qui sont en angleterre par des moulages/ moulages côtoient œuvres originales / mais on a csc que ce
sont des moulages = derrière une volonté politique retour des marbres

→ le moulage peut également la préserver = cette dernière peut faire face à une certaine forme de
dégradation ( due à la pollution, l’usure par le temps, les agents atmosphériques, etc) = exposer des
moulages pour préserver les oeuvres originales grecques

les caryatides de l'Acropole =moulage, les restes du frontons ouest du Parthénon

Mais ça pose une question (très bien mis en avant dans l'article de Roland Etienne et Jean-Claude
Mossière- Les musées de moulages) « en Grèce un débat public à poser la question de savoir
jusqu'à quel point on pouvait se sentir autorisé à dénaturer l'aspect « authentique » d'un
monument »,

En effet, si on prend l’exemple des caryatides de l’acropole = elles sont aujourd’hui en ciment pour
conserver au mieux les originaux mais cela se voit / dénature le monument originelle

A-t-on le droit de tout remplacer par des moulages ? Jusqu'où peut- on aller ?

→ pose question puisque les moulages ont surtout été utilisés comme un outil comme on l’a vu
dans la première partie, et pas comme ds oeuvres à part entière / est ce qu’ils peuvent remplacer le
caractère artistique de l’oeuvre originale ? Qu’est ce qui est propre à l’oeuvre d’art originale et
qu’on ne peut retrouver dans les moulages ?

B) Le moulage comme un outil mais pas comme une oeuvre d’art: l’impossible
substitution

En analysant à travers les époques on comprend assez rapidement qu'il y a une


véritable valorisation de l'oeuvre originale contrairement au moulage. CULTE DE
L’ORIGINAL Tout d'abord, cela peut s'expliquer par le savoir-faire différent qui
est demandé pour réaliser un moulage ou pour réaliser une œuvre originale.
Même si le moulage peut requérir une certaine technicité qui va faire la différence
entre un bon moulage et un mauvais, il y a dans la réalisation de l'œuvre originale
grecque un élément en plus qui est l'imagination et la création qui entre en jeu qui
sont d'autant plus valorisées. On valorise l'artiste et pas le mouleur. → on voit
l’oeuvre d’art comme le fruit d’un talent/ du génie de l’artiste ( conception héritée
de la Renaissance)/ donne lieu à une oeuvre unique // moulage multiple

L'autre élément à prendre en compte c'est le matériau : le matériau le plus souvent


utilisé pour les moulages est le plâtre, matériau considéré comme moins noble que
le bronze. (Théophraste (Philosophe de la grèce antique) – Traité sur les pierres
(source antique) met en avant que le « plâtre abondait à son époque surtout à Chypre
et au Proche-Orient » = on comprend que ce matériaux n'est pas rare) = peu noble/
peut être utilisé assez facilement, maniable,... Plâtre a été le plus souvent utilisé =
étude préparatoire/ copie / mais pas vraiment pour l’oeuvre finale

Par ailleurs, l'autre limite du moulage est qu'il s'ancre dans un contexte différent de
l'œuvre originale. Cette dernière en effet s'ancre dans un certain contexte historique,
dans un certain lieu, etc qui aident à comprendre et apprécier l'œuvre. Le moulage est
dépossédé de tout cela et s'ancre dans un autre contexte. Si on reprend les termes de
Walter Benjamin dans l'oeuvre d'art à l'époque de la reproductibilité technique : «
encore manque-t-il à la reproduction une chose : le hic et le nunc [l'ici et le
maintenant] de l'oeuvre d'art – l'unicité de son existence au lieu où elle se trouve »
C'est à dire que l'oeuvre originale s'ancre dans un lieu et un temps, ce que ne
connaissent pas les moulages car ces derniers sont multiples, ils ne sont pas uniques,
ils ne s'ancrent pas dans un lieu en particulier mais dans une diversité. Ils ne
parviennent pas à posséder ce que Benjamin appelle l'aura de l'oeuvre originale :
l'authenticité, l'unicité de son existence au lieu où elle se trouve.

Tout cela constitue des éléments qui peuvent justifier la hiérarchie entre l'original grec
et le moulage, et donc qui peuvent expliquer pourquoi le moulage peut difficilement
remplacer l'oeuvre originale./ et pourquoi ça pose question de les voir remplacer les
originaux dans les musées

III) Le moulage non plus comme substitut mais comme oeuvre d'art à part entière
( Dans cette dernière partie nous allons montrer que le moulage se détache progressivement de
son rôle de substitut pour devenir une oeuvre à part entière qui doit être préservée, question)
A) le nouvel intérêt pour les moulages ( Fred)
à partir des années 80 regain d’intéret pour les moulages. Il y a une volonté de la part des
historiens de l’art/ conservateurs de défaire l’image des moulages comme des pauvres
copies mais de s’intéresser à eux non pas comme des moyens pour mieux comprendre l’art
grec mais plutôt comme de véritables oeuvres
aujourd'hui on réévalue l'importance des plâtres avec le développement musées des
moulages par exemple + les nouvelles études au sujet des moulages
on les détache de leur lien avec l’art grec
→ parler des études récentes faits à propos des moulages ( musée des moulages de
l’Université Lumière Lyon 2 + article dans journal perspective,+ différents actes de
colloque + expositions...) (peut être plutôt dans la seconde sous partie)

On constate depuis une trentaine d'années, un véritable regain d'intérêt pour les moulages en plâtre et
les collections de moulages. Il y a une volonté de défaire l'image des moulages comme « des copies
mécaniques réalisées dans un matériaux terne et bon marché » (Baker, Malcolm et al. “Les moulages
en plâtre au xxie siècle.” Perspective) =ils ont souvent été délaissés/ voir détruits. Ils sont vus comme
substitut, dépourvus de toute dimension créative, « les moulages ne cessent de détourner l'attention de
ce qu'ils sont au profit de ce qu'ils représentent »
On note un regain d'intérêt pour les moulages à partir des années 1980 quand les salles des moulages
du victoria and albert museum sont rénovées)+ parution Taste and the Antique de Francis Haskell et
Nicholas Penny = « incité les historiens de l'art à porter un regard renouvelé sur les copies des
sculptures de l'antiquité » + congrès international sur le moulage tenu à Paris en 1987

il y a cette volonté de se détacher de la kopienkritik = càd : On ne s'intéressait pas aux moulages en


tant que tels ni aux copies mais plutôt à ce qu'ils pouvaient nous dire de l'art grec perdu // pour
désormais célébrés les moulages comme des oeuvres de plein droit qui participent à une “archéologie
des médias” ( qui est un nouveau champ de recherche s’intéressant aux médias= ce qui permet la
diffusion de l’information) = on détache les moulages de leur rôle de substitut à l’art grec pour les voir
comme des oeuvres à part entière à étudier en tant que tel et non plus en rapport avec l’art antique

Avec ces changements, se pose aussi la question des musées des moulages: rappelons le, ils ont été
constitués en France au cours du XIXe siècle, pour l’enseignement de l’art grec. Les moulages dans
ces musées étaient uniquement des outils permettant de faciliter l’étude. Après la Seconde Guerre
mondiale, de nombreuses collections universitaires sont détruites, ou abandonnées dans des entrepôts.

Avec ce nouveau rapport aux moulages les musées de moulages se questionnent sur la nécessité de
conserver les musées de moulages.

En 1994, se tient une table ronde tenue par Jean-Claude Mossière qui s’intéresse aux moulages

Bernard Deloche pendant la table ronde met avant qu’ “Il y a une conception humaniste et
sacralisante de l'art qui persiste, et qui place les moulages comme de pâles copies des originaux.
Aujourd'hui c’est remis en question” et les musées des moulages exposent des moulages au même
titre que des oeuvres d’art / On se pose d’ailleurs les même questions que pour des véritables oeuvres:
comment exposer les moulages, comment les restaurer, pourquoi faut-il sauver les musées des
moulages ?
Il y a par exemple, entre 2004 et 2014 une phase de restauration des moulages au musée des
moulages du Château de Versailles Ce projet œuvre tout d’abord à la restauration et à la présentation de
ces oeuvres

B) les moulages dans l’art contemporain / le postmodernisme (Fred)


les moulages sont également utiliser dans l’art contemporain mais encore une fois ils ne sont plus
vus comme substituts, ils sont véritablement détaché de l’oeuvre originale, de son époque de
création, pour devenir une oeuvre originale.

La question du moulage en tant qu'œuvre d’art est finalement très actuelle.

on observe surtout à partir du XX e siècle (et même avant) un nouveau rapport à l’art = la notion de
beauté est questionnée ( depuis le XVIIIe siècle)/ la notion d’unicité, d’universalité, de sacralité de
l’oeuvre d’art est remise en question / toutes les hiérarchies, les grands principes qui régissaient l’art =
tout cela est remise en question = dans ce contexte que le moulage va être considéré progressivement
comme une oeuvre d’art

postmodernisme = on est vraiment dans cela


postmodernisme = notion qui a été surtout développé par Jameson dans son ouvrage intitulé :
Postmodernisme ou la logique culturelle du capitalisme tardif paru en 1991

→ postmodernisme ni un mouvement, ni un style, ni un courant = quelque chose qui touche la culture

apparu dans la deuxième moitié du XXe siècle = “désenchantement du monde” / on ne croit plu sà
tout ce que promettait la modernité/ génération désenchantée

Postmodernisme dans l’art = caractérise notamment par l’hybridation: art transgresse toutes les
normes/ les catégories qui avaient été mises en place auparavant/ on mélange les registres nobles et
bas / tout est oeuvre d’art

→ le moulage apparaît comme une oeuvre d’art = avant = on ne le considérait pas puisque plâtre =
moins noble que le marbre ou le bronze / avec le postmodernisme la pauvreté du plâtre ne pose plus
problème = et peut aussi bien être une oeuvre d’art

Le postmodernisme = s’appuie également sur la reproduction

càd avant: valorisation de l’originalité de l’artiste, il doit se réinventer constamment / faire oeuvre de
ses mains,...

→ le moulage : valorisation de l’oeuvre originale contrairement au moulage qui est fait par les mains
de l’artiste, preuve de son originalité, // VS moulage = simple reproduction,...

Avec postmodernisme : l’artiste postmoderne n’a plus besoin d’être original = il peut reproduire ce
qui avait été fait avant/ plus besoin que ce soit fait de sa main, il peut utiliser la reproduction
technique

→ le moulage s’ancre dans cela = il n’y a plus de hiérarchie entre l’original et la copie/ le caractère
multiple du moulage, le fait qu’il utilise un procédé technique = plus un problème

et est donc valorisé en tant qu’oeuvre d’art

( l’importance du bibelot/ du kitsch)

Les moulages vont être utilisés dans l’art contemporain

→ jeff koons moulage de l'antique – Gazing ball ( hercule farnèse)

il a fait appel à un atelier de moulages en Europe = puis il y ajoute une boule bleue = très utilisée pour
la décoration des jardins en Pennsylvanie

il mêle statues classiques avec un élément produit en grande masse / fait dialoguer l’ancien et le
contemporain / l’art classique et l’art populaire ( post modernisme) = Jeff koons interroge sur le statut
de l’oeuvre d’art / le rapport entre l’original et la copie / on ne connaît finalement les oeuvres d’art
grecque que par des copies d’époque romaine ou des moulages

“En répliquant à son tour ces statues, Jeff Koons ne fait que remettre au goût du jour une technique qui à
joué un rôle majeur dans la reproduction et la diffusion des œuvres d’art et participe activement à la
(re)découverte par le grand public des beautés de la sculpture gréco-romaine.”
Conclusion:

Pour conclure et pour répondre à la problématique qui était rappelons le: “dans quelles mesures peut-on
considérer les moulages commes des substituts de l'œuvre grecque originale?” On peut répondre que les
moulages ont été employés comme de véritables substituts à l'œuvre originale qui est unique, qui ne peut
pas forcément être déplacée, ou qui a disparu. Il sont apparus pendant longtemps comme de véritables
outils pour réaliser des copies, ou pour l’enseignement, ce qui a d’ailleurs permis la création de musées de
moulages. Ils étaient certes considérés comme des outils mais pas comme des œuvres à part entière: le
culte de l’original persistait. Pourtant aujourd’hui, la perception des moulages a changé, les historiens de
l’art commencent à s’y intéresser en tant que tels, les musées de moulages se posent la question de la
restauration, de la préservation de leurs moulages, tandis que l’art contemporain s’en empare, en les
élevant au rang d’oeuvre d’art.

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