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SCOLAIRE
Anne-Marie Chartier
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contraire des savoirs informels acquis au fil des expériences, sont désignés
dans des programmes officiels1 qui en explicitent le contenu et sa répartition
de classe en classe. Cependant, ils sont acquis et vérifiés à travers de multiples
exercices. Les examens « éprouvent », en fin de course, la capacité des élèves
à traiter un sujet dans les formes, c’est-à-dire à commenter ou traduire un
texte, à résoudre un problème, répondre à des questions, rédiger un exposé,
développer une argumentation, lire une carte ou un tableau statistique. Un
savoir ne peut devenir une discipline scolaire (Chervel 1988) s’il ne parvient
pas à construire des activités d’apprentissage collectives et réitérables, ainsi
que des épreuves d’évaluation canoniques où les examinateurs voient ce que
les élèves savent faire, c’est-à-dire leur « compétence en la matière ».
Seconde remarque, le poids des savoirs livresques de référence varie
selon les disciplines. Certains acquis ont longtemps été jugés à travers
la restitution écrite d’un cours2 (souvent dicté en classe), en particulier
pour les disciplines « discursives », histoire, géographie, sciences et même
mathématiques (Barbazo 2008). Ce n’était pas le cas pour le latin (faire un
thème ou une version), la grammaire (analyser des mots ou des phrases), la
littérature (commenter un jugement sur une œuvre ou un auteur), encore
moins s’agissant des langues vivantes, de la musique, du dessin ou de
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1. Ce n’est pas le cas partout. Jusqu’en 1980, en Angleterre, en Belgique, aux Pays-Bas, ce
sont des collectifs enseignants locaux qui définissaient les normes attendues, sans curriculum
national. Depuis 1990, nombre de pays sans programme national (Suisse, Allemagne,
Belgique) ont adopté des standards qui définissent les objectifs que doit atteindre chaque
élève en fin de chaque parcours (cycle). Cf. Ministère de l’Éducation nationale, décembre
2014.
2. La « question de cours » est supprimée dans toutes les séries du baccalauréat par la
circulaire du 5 janvier 1961.
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8. Méthode de lecture de Peigné (1831), dont les intitulés sont repris dans la plupart des
manuels à partir de 1833.
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9. Les manuels de Souché (1924), Lyonnet et Besseige (1925) et Dumas (1928), déclinés
pour les CE, CM et CS sont utilisés jusqu’à la fin des années 1950.
10. Cette épreuve appelée « lecture expliquée » à cause des questions posées par le jury
existe depuis 1880, mais par la circulaire du 16 mars 1918, Paul Lapie (qui rédigera les
programmes de 1923) la nomme « lecture expressive ». En 1938, le candidat a le droit de lire
le texte des yeux avant de le lire devant le jury (la lecture silencieuse est introduite dans les
classes de fin d’études). En 1947 (Instructions du 30 octobre), plus de questions, le jury se
contente d’écouter.
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11. En 1984, le Rapport au Premier Ministre. Des Illettrés en France (V. Espérandieu et
al., Paris, La Documentation française) révèlera que la compétence de lecture n’est pas
aussi universelle qu’on ne l’imaginait, provoquant une émotion médiatique considérable. La
reconnaissance de l’illettrisme adulte oblige alors à redéfinir la compétence sociale de lecture
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16. C’est ainsi qu’a été décrite la phonologie du français, distinguant les sons de la langue
(les phonèmes) et leurs variantes régionales (le [r] roulé, grasseyé, les digrammes « in », « an »,
« un » repérés comme « voyelles complexes », diversement nasalisées au nord et au sud de la
France).
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Anne-Marie CHARTIER
Références bibliographiques
• BARBAZO, É. (2008). La question de cours au baccalauréat. Bulletin de l’APMEP,
476, 277-280.
• BENTOLILA, A. (1996). De l’Illettrisme en général et de l’école en particulier.
Paris : Plon.
• BLOOM, B.S. & KRATHWOHL, D.R (1956). The classification of educational
goals. New York : Longmans.
• BOURDIEU, P. & PASSERON, J.-C. (1964). Les Héritiers. Paris : Minuit.
• BOUTIER, J., PASSERON, J.-C. & REVEL, J. (dir.) (2006). Qu’est-ce qu’une
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