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RAFAELLO’S MISTRESS
A
lors qu'elle se dirige vers le bureau de
Rafaello Grazzini, Glory Little se met à
trembler d'émotion. Cinq ans déjà... Cinq
années durant lesquelles elle a essayé d'oublier le soir où
elle l'a trouvé dans les bras d'une autre. Que s'était-elle
imaginé ? Que le richissime Rafaello Grazzini pourrait
tomber amoureux d'elle, la fille de son jardinier ? A
l'époque, elle s'était juré de ne jamais le revoir.
Aujourd'hui, hélas, elle n'a pas le choix : son père s'est
mis dans une situation délicate qui peut lui coûter sa
place et elle doit supplier Rafaello de ne pas le licencier.
Mais elle est loin d'imaginer l'indécente proposition que
celui-ci va lui faire ! Une proposition d'autant plus
odieuse que malgré sa colère, Glory Little ne peut
s'empêcher de l'aimer encore...
1.
— Mademoiselle Little ?
— Oui?
— M. Grazzini va vous recevoir.
— Je t’écoute.
— Pourquoi ?
Il savait !
— Je t’écoute.
— Tu as...
— Non !
— Avec quelqu’un ?
— Non, seule. C’est une chambre meublée...
— Où exactement ?
Six mois plus tôt, alors qu’elle n’avait pas encore atteint
son dix-huitième anniversaire, leur vie familiale, jusque-
là stable et heureuse, avait basculé. Sa mère, Talitha, était
morte brutalement, emportée par un infarctus. Fou de
chagrin, Archie s’était mis à boire. Son travail s’en
ressentait, il lui arrivait même de s’enivrer durant ses
heures de service. Mais Benito Grazzini s’était montré
compréhensif. Ce qu’il n’avait pas manqué de rappeler à
Glory :
— Papa...
Sur quoi, elle prit son sac et se hâta vers l’arrêt de bus.
— Rafaello, articula-t-elle.
Il fit couler les jolies mèches entre ses doigts, puis, sans
que Glory eût pu deviner ses intentions, il lui écarta les
genoux et se glissa entre ses cuisses.
— Une liste ?
Glory prit son sac resté dans le hall et, ayant ôté les
escarpins qui lui blessaient les pieds, elle se hâta vers le
majestueux escalier.
— Non, je pensais...
— Tu n’es pas en état de penser. Ton petit ami essayait
délibérément de t’enivrer ! Tu n’as que seize ans et
aucune maturité. Tu es montée dans ma voiture le plus
simplement du monde. Te rends-tu compte du danger
d’un tel comportement ? Le plus sûr pour une gamine
comme toi, c’est de rester au bercail !
— Merci.
Les poings serrés, elle n’osait tourner les yeux vers son
compagnon. Fiona Woodrow l’avait ridiculisée en
public, et Rafaello n’avait absolument rien tenté pour la
défendre.
— Je t’aurai prévenue !
— Laisse-moi descendre !
— Je suis vierge.
— Très drôle !
— Rafaello... Non...
— Je sais.
Glory se sentait si débordante de joie qu'elle allait
s’envoler dans les airs. Le seul fait de le regarder la
comblait de ravissement, jusqu’à l’idiotie. Elle voulait le
toucher encore, le serrer contre elle, lui dire qu’elle
l’aimait... Seigneur ! Etait-elle si amoureuse de lui ?
— Prévoyante ?
Benito n’y avait pas été par quatre chemins et lui avait
tout de suite fait savoir ce qu’il attendait d’elle. Glory
avait immédiatement su qu’elle n’aurait pas le choix. En
parler à Rafaello n’aurait fait qu’envenimer la situation.
Il était très proche de son père. Elle était follement
amoureuse de lui, mais il ne lui avait jamais dit le
moindre petit mot d’amour. Qu’espérait-elle qu’il fasse ?
Leur histoire ne menait à rien, autant en finir au plus
vite.
— Pourquoi pas ?
— Glo-ry !
— Glo-ry !
— Ton bain est prêt, cara. Tu n’as plus qu’à t’y glisser.
— Toi.
— Glory...
Rafaello soupira.
— N... Non?
Glory aspira une bouffée d’air, troublée par son regard
chargé d’une sensualité prometteuse.
— Masochiste !
— A rien...
Glory posa ses mains sur son torse tiède qu’elle explora
avec avidité. Visiblement surpris, Rafaello s’étira comme
un tigre, et elle se sentit soudain très puissante. Quel que
soit le temps que durerait leur histoire, et la tournure
qu’elle prendrait, elle allait faire en sorte qu’il se
souvienne d’elle... pour toujours...
— Glory ?...
— Si ça ne te dérange pas...
— Assieds-toi, commanda-t-il.
— De quoi... souffre-t-il ?
— Non...
Rafaello s’immobilisa.
— Rafaello..., murmura-t-elle.
Ce qu’il dut prendre pour une supplique, car, un
sourire ravageur aux lèvres, il la souleva dans ses bras et
l’emporta à travers le salon.
— Je t’aime...
— Oh ! Si.
**
Glory s’agita et, ouvrant des paupières alourdies, fixa la
lumière de la lampe de chevet. Où était-elle ? Oh ! Mon
Dieu I La chambre de Rafaello...
— Marcel ?
— Je te comprends.
— Il t’a... Quoi ?
Benito soupira.
— Oh ! Mon Dieu !
— Elle n’a pas été la meilleure pour moi non plus ! fit
remarquer Glory d’un ton acide. J’attends toujours des
excuses, parce que tu as été horriblement cruel !
— Il le faut.
— Rafaello, attends !
Rafaello raccrocha.
— Oh !
Rafaello acquiesça.
Un an plus tard...