Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
s
Tout séducteur ne
-t-ilcache
pas un gentleman ?en lui
EMMA DARCY
Collection Azur
La force d’une rencontre, la magie de l’amour.
Gentlemen Séducteur
s
Une passionnante trilogie
Si vous achetez ce livre privé de tout ou partie de sa
couverture, nous vous signalons qu’ il est en vente
irrégulière. Il est considéré comme « invendu » et
l’éditeur comme l’ auteur n’ont reçu aucun paiement
pour ce livre « détérioré ».
Traduction française de
FRÉDÉRIQUE PIERETTI
HARLEQUIN ®
est une marque déposée du Groupe Harlequin
et Azur® est une marque déposée d’Harlequin S. A.
COLLECTION AZUR
éditions Harlequi n
Prologue
Pas de protection ?
Une bulle d’hystérie se forma dans l’esprit de Lara
Elle n’avait jamais été protégée contre les exigences
haineuses de Gary, et Ric s’arrachait à elle parce qu’il
n’avait pas de quoi la protéger d’une grossesse ? Si elle
devait tomber enceinte, pourquoi plutôt ce soir que la
veille ? Quelle différence cela faisait-il ?
Toute la différence du monde. Car avec Ric, elle
désirait ce qui leur arrivait, du plus profond de son être.
C’était ainsi que les choses devaient être et si jamais un
enfant devait survenir… Elle ne voulait pas qu’il arrête.
— Je prends la pilule, dit-elle en un souffle, se
moquant éperdument de savoir si la protection serait
effective ou non.
Pourquoi laisser Ric s’en soucier alors que Gary, lui…
Non, elle ne s’autorisait pas à évoquer ce qui s’était
passé la veille.
Aujourd’hui était un autre jour.
Elle voulait s’imprégner de Ric, boire jusqu’à la
dernière goutte la coupe qu’il lui offrait, pleine du senti
ment merveilleux d’être aimée enfin, plutôt qu’utilisée,
brutalisée. Elle voulait ses lèvres passionnées, ses mains
sur elle – des mains tendres, suggestives, qui savaient
caresser sans blesser. Elle exultait dans l’aura de son
baiser : ce qu’ils partageaient était prodigieux.
— Je ne veux pas te heurter, dit-il d’une voix tendue.
Je suis désolé, je n’avais pas prévu de…
— Je sais que je n’ai rien à craindre de toi.
Elle parlait sincèrement. Ric n’avait pas en lui cette
volonté de briser qu’elle avait appris à reconnaître.
Il fronça les sourcils, sourd à ses protestations,
redoutant de la brusquer.
— Si tu as d’autres hématomes, Lara, des blessures
Internes…
— Non. J’avais depuis longtemps arrêté de lui
résister. Cela valait mieux. Oh, mon Dieu…
Lara leva vers lui un regard enfiévré.
— Ne me le rappelle pas, ne le laisse pas s’insinuer
entre nous. Il pourrait bien gagner… Il gagne toujours.
Toujours mais pas cette fois. Avec l’énergie du
désespoir, Lara décida de garder Ric auprès d’elle. Gary
ne l’emporterait pas. Pas ce soir.
Ses mains tremblaient en s’accrochant à la chemise de
Ric, défaisant les boutons un à un. Lara œuvrait vite,
maladroite mais concentrée : elle voulait regagner Ric,
aller jusqu’à l’ultime conclusion. La poitrine musclée de
Ric se soulevait à un rythme saccadé. Elle écarta les pans
de la chemise, regarda ce qu’elle venait de dévoiler,
encore étonnée de sa propre audace.
Ric n’était pas lisse et glabre comme Gary. Un
triangle de boucles sombres entre ses pectoraux
s’amenuisait et disparaissait sous la ceinture de son
pantalon. Cela le rendait plus… primitivement mâle,
différent, à des lieux de toute sophistication. Un homme
véritable. Prêt à se battre pour celle qu’il avait choisie. A
la protéger.
Pourtant, elle ne voulait pas être protégée de lui Avait-
il compris ? Etourdie d’avoir pris l’initiative, Lara
s’accrochait toujours aux pans de sa chemise,
étrangement paralysée. Elle soupira de soulagement
quand Ric prit ses mains dans les siennes. Mais était-ce
pour l’écarter ?
La quitter ?
Elle leva les yeux vers lui, à l’agonie. Son visage était
dur, tendu, et son regard brillait d’un intense feu
intérieur.
— Es-tu sûre de vouloir ceci, Lara ?
Sa voix était posée, sous l’emprise d’un contrôle
d’acier.
Il insistait pour que la décision soit sienne. Quelle
différence avec Gary…
Le cœur de Lara se libéra de la chape de plomb qui
l’étouffait. Sa poitrine respira librement : Ric ne la
rejetait pas ; au contraire, il lui faisait le plus beau des
cadeaux, il la laissait choisir. Elle avait eu si peur qu’il
voie en elle quelque chose de laid… quelque chose qui
l’aurait rendue indigne de lui.
— J’en suis sûre.
Elle n’avait pas besoin d’y réfléchir.
— J’ai envie de toi. Besoin de toi, Ric.
Comme tu voudras…
Les pleurs montèrent aux yeux de Lara quand elle
découvrit le message de Ric. Si généreux, comme
toujours prêt à tout pour elle…
Il respectait son besoin de solitude et cela ne faisait
qu’ajouter aux tourments de la jeune femme. Elle lui
avait trop demandé. Maintenant, elle payait pour son
exigence.
Enceinte de trois mois…
Lara enfouit son visage dans ses mains et sanglota.
Dehors, les lourds nuages tonnaient de nouveau,
noyant le paysage sous une pluie torrentielle. L’eau
tambourinait sans relâche sur les toits de tôle et, dans ce
déchaînement du ciel, le bruit des sanglots de Lara se
perdait. Personne ne l’aurait entendue, d’ailleurs, car
Patrick veillait toujours à la laisser seule quand elle
écrivait à Ric.
Ce serait sûrement la dernière fois. Car comment
continuer de correspondre avec lui ?
Si l’enfant qu’elle attendait était de Gary, elle ne
pourrait plus échapper à la famille Chappel. Pourtant,
ayant perdu un premier enfant, elle ne pouvait envisager
d’avorter. Ce serait son bébé, malgré tout, et sa vie lui
serait précieuse.
Mais si l’enfant était celui de Ric… Cette éventualité
la sauvait et la perdait à la fois : bien sûr, cela romprait
tout lien avec la famille Chappel mais ce serait
horriblement injuste envers Ric. Il se retrouverait pieds et
poings lies par cette paternité qu’il n’aurait pas choisie.
Lara était au désespoir, rongée de culpabilité.
Comment Ric pourrait-il lui faire confiance, dorénavant ?
Elle lui avait laissé croire qu’elle prenait ses précautions,
l’avait poussé à lui faire l’amour. Il n’aurait pas continué
s’il avait soupçonné le moindre risque. Elle s’était servie
de lui, impudiquement, pour chasser tout souvenir de
Gary. Et devant l’urgence égoïste de son désir, elle avait
négligé tout le reste.
C’était tellement malhonnête qu’elle en était écœurée.
Ric allait la mépriser. Jamais elle ne pourrait lui annoncer
que cet enfant pouvait être le sien. La honte la tuerait.
Non, il lui fallait croire qu’il était de Gary et assumer
les conséquences. Trancher le lien avec Ric. C’était
l’unique attitude possible, si elle voulait l’épargner.
Il ne servait à rien de continuer cette correspondance
insouciante avec Ric. Cela aussi serait malhonnête. Elle
résoudrait ce problème seule, puisque c’était le sien.
Lara rassembla son courage et éteignit l’ordinateur,
regardant les mots de Ric disparaître de l’écran.
Comme tu voudras.
Ce n’était pas ce qu’elle avait voulu. Mais on ne
pouvait retourner en arrière.
Lara quitta le bureau et, de la véranda, regarda les
rideaux de pluie qui masquaient le paysage. Depuis
quelques jours les orages se succédaient sans
discontinuer, gonflant les eaux du fleuve qui menaçait de
déborder. Les hommes travaillaient d’arrache-pied pour
ramener les bêtes et les abriter dans des enclos plus sûrs.
Ils devaient se déplacer à cheval car la terre était trop
détrempée pour les véhicules.
Personne ne se plaignait. Lara avait appris à connaître
ces hommes et leur vie. Ils menaient une existence
difficile mais en harmonie avec la nature. Ici, on ne
pouvait faire semblant. Il n’y avait ni double langage, ni
façade trompeuse. Les gens affichaient franchement ce
qu’ils étaient.
Elle était la seule à cacher quelque chose…
Jusqu’à présent, sa grossesse ne se voyait pas et les
chemises larges qu’elle portait couvraient
l’arrondissement de sa taille. Elle ne souffrait d’aucune
nausée matinale et, si la sensation la prenait pendant la
journée, il lui suffisait de grignoter un biscuit pour que
cela passe. Par contre, elle avait tendance à s’assoupir
dans l’après-midi, mais son travail solitaire dans la salle
de couture lui permettait de garder secrètes ces petites
siestes réparatrices.
Il s’écoulerait bien encore un mois avant que sa
grossesse ne devienne évidente. Que se passerait-il
alors ? Il faudrait qu’elle en parle à Patrick. Que
déciderait-il ? La laisserait-il accoucher ici ? Lui faudrait-
il partir ?
Et Mitch ? Devait-elle aussi le mettre au courant ?
On ne pouvait tenir longtemps une grossesse secrète.
Ric l’apprendrait, inévitablement. Il se sentirait trahi.
Décidément, elle ne lui valait rien. Pas plus
maintenant que dans leur jeunesse.
Et toute chance de rédemption lui était refusée, à
présent.
Il n’y aurait pas de beau temps après la pluie. Lara
retourna à sa chambre, s’assit sur le lit puis s’allongea.
Les gouttes d’eau se pressaient sur le toit, battant une
mesure serrée qui résonnait dans sa tête. Si seulement
cela pouvait l’empêcher de penser…
Comme tu voudras… comme tu voudras… comme tu
voudras…
Rien ne pouvait assourdir le bruit de ces mots-là.
*
**
Noël à Gundamurra…