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IND 6406 Ergonomie cognitive

Cognition
g située,
cognition distribuée et
cognition socialement partagée

Jean-Marc Robert
École Polytechnique de Montréal

L 19 janvier
Le j i 2010
1
action située dans un contexte
comportement situé …
cognition située …
apprentissage
pp g situé …
prise de décision située …
é ti
émotions situées
it é …

2
Origine
g et influence des travaux sur
la cognition située
• Concepts issus des travaux de :
– Edwin Hutchins ((anthropologue
p g américain))
– Lucy Suchman (anthropologue américain)
– Terry Winograd (informaticien américain)

• Influencent plusieurs chercheurs :


– Pascal Salembier (France)
– Kim Vicente (EID, Toronto)
– John S. Brown (situated learning)
– Garry A. Klein (decision making – E.-U.)
– L.B. Resnick
– Alain Wisner (France)
– … 3
Définition : la cognition située

• Un courant de pensée qui remet


fondamentalement en question la conception
classique
l i d
de l’l’action
ti h humaine
i en affirmant
ffi t que
l’action ne peut être interprétée que par rapport
aux données de la situation
situation, en référence à un
contexte.
• L
L’action
action n’est
n est pas déterminée par un plan pré pré-
établi. Elle n’est pas aussi planifiée que l’on ne
le prétend
prétend.

4
Contribution fondamentale
de la théorie de la cognition située

• Courant de pensée qui nous amène à


– revoir, élargir la conception classique de l’action
humaine,
– élargir
él i lle cadre
d d’ d’analyse
l d
de l’l’action
ti h humaine
i

• Nouveau paradigme par rapport au cognitivisme


orthodoxe

5
Tradition du cognitivisme orthodoxe
(voir les travaux de Sacerdoti 1977, 1978)

• Met l’accent sur l’importance


p de la pplanification
et du rôle fonctionnel des plans pour l’action
humaine.
• Le plan : c’est la référence pour le
comportement, il joue un rôle tout puissant, il
prescrit intégralement le comportement.
• Le cadre d’analyse
d analyse est limité à l’individu
l individu : ses
représentations mentales et le traitement de
ll’information
information (symbolique)
(symbolique).
6
3 grandes caractéristiques de la
cognition située
1. Poids déterminant des facteurs contextuels dans l’action
humaine
– L’
L’action
ti estt dét
déterminée
i é par différentes
diffé t variables
i bl ded la
l situation.
it ti
– Elle ne peut être interprétée que par rapport aux données de la
situation, en référence à un contexte physique, social, historique,
culturel.
culturel
2. Limitations du rôle fonctionnel des plans
– Le plan ne prescrit pas l’action. Il sert plutôt à orienter.
– Est considéré plutôt comme un épiphénomène, comme
émergeant de l’action située
3. Réalité et format des représentations
p internes
– Forte remise en question de la représentation mentale de
l’opérateur
– C’est un ppoint de divergence
g fondamentale avec le cognitivisme
g
traditionnel
7
Impact de la théorie de la
cognition située
• On doit tenir compte des éléments de la
situation pour comprendre le comportement
humain.
• Remise
R i en question ti d
de l’AHT comme méthode
éth d
d’analyse de tâche

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Diagramme AHT de la tâche
Gestion de la petite caisse

- : Séquence imposée d'actions


0.Gérer la petite
, : Séquence variable d'actions
caisse ( ) : Actions facultative
[ ] : Actions regroupées
: Action décomposée sur une prochaine page
Plan 0: .(1)- 2 - 3 - (4 - 5)

3. Vérifier si 5. Classer
1. Avancer fonds 2. Recevoir une
remboursement de 4. Renflouer documents pour la
pour dépense facture
caisse requis caisse période traitée

Plan 1: 1- 2 , 3 - 4 Plan 2: .(1)- 2 - 3 - 4 - 5 -(6)

1.4. Ranger
1.1. Juger la 1.2. Noter 1.3. Donner 2.1. Juger 2.2. Recueillir 2.3. Noter 2.4. Donner 2.5. Ranger 2.6. Retirer
note dans
demande informations montant demande facture informations montant facture note
caisse

9
Cognition distribuée
• La cognition est distribuée entre :
– les personnes et/ou les agents informatiques
(système expert) qui réalisent un travail, et entre
– les éléments de la situation : les objets présents dans
l’
l’environnement
i t iincluant
l t l’i
l’info
f sur lles é
écrans ett autres
t
dispositifs de présentation d’infos, les pense-bête, les
listes de commandes ou mots clés clés, les documents
papier, etc.

10
11
Dans la cognition
g distribuée

• On ss’intéresse
intéresse à une plus grande unité que le
seul individu: le groupe et toutes les formes de
représentations utilisées dans le travail
– La granularité d’analyse est plus grande que dans la
cognition
g individuelle

Méthode d’analyse
d analyse
• Ethnographie cognitive (Hutchins, 1995): on fait une
analyse détaillée du milieu de travail pour comprendre le
rôle des humains, de différentes formes de
p
représentations et des p
pratiques
q de travail.
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Origine des travaux sur la
cognition distribuée

• Remise en q question des capacités


p du modèle
computationnel classique centré sur l’individu à
rendre compte
p des activités cognitives
g dans des
situations naturelles.
– Il ne tient p
pas comte des représentations
p externes
dans l’environnement
– Il ne considère pas les aspects socio-culturels

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But du cadre théorique de la
cognition distribuée

• Dépasser le niveau d’analyse classiquement


adopté en science cognitive (l’individu)
(l individu)
– Dans le pilotage, on va s’intéresser au cockpit plutôt
qu’au
qu au pilote seulement
• Parvenir à la caractérisation d’une cognition
située et incarnée dans son contexte
d’occurrence

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Objectifs de la cognition distribuée
(P. Salambier)

• Analyser la façon dont les différentes


composantes d’un
d un système fonctionnel sont
coordonnées
• Analyser comment l’info
l info est propagée à travers
le système fonctionnel en termes d’états
représentationnels et technologiques distribués
• Examiner à un niveau micro la façon dont ces
représentations
é i se dé
déplacent
l à travers lle
système fonctionnel
15
Implications de la théorie de la
cognition distribuée
• Le cadre d’analyse est + large que l’individu :
• on pense en terme de système fonctionnel qui comprend un
ou des agents humains et des objets de l’environnement
l environnement
(artefacts)
• On reconnaît le rôle cognitif déterminant des objets
présents dans l’environnement
l environnement.
• On remet en question la notion de contrôle centralisé
(dans la mémoire d’un individu)
• On s’intéresse à la façon dont l’info se propage à travers
le système fonctionnel (+ agents)
• Les ressources environnementales jouent un rôle
important dans la coordination entre opérateurs en
permettant la reconnaissance d’intentions et
ll’actualisation
actualisation d’un
d un contexte partagé pour le travail
d’équipe. 16
Les
es représentations
ep ése tat o s e
externes
te es
(Zhang et Norman 1994)

• P
Peuventt constituer
tit des
d aides
id à lla mémorisation
é i ti
• Peuvent fournir une info qui peut être
directement perçue et utilisée sans être
interprétée et formulée explicitement
• Peuvent structurer le comportement cognitif (ex.,
en limitant le champs des comportements possibles)
• Introduisent des modifications dans la nature de
l tâ
la tâche
h
• Sont une partie indispensable du système de
représentation de toute tâche cognitive
distribuée

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Les ressources environnementales

• Acquièrent le statut d’outils cognitifs, d’artéfacts


cognitifs, de ressources mises en oeuvre pour la
réalisation de la tâche

18
Cognition socialement partagée
• M
Mett l’accent
l’ t sur l’i
l’influence
fl d
de lla culture
lt sur lla cognition,
iti
c.-à-d. sur la façon de poser les problèmes, de les
approcher,
pp , de les résoudre.
– Ex. : culture de qualité totale; culture d’entreprise
(entrepreneurship, souci de performance, d’excellence); culture
d’ingénieurs
d ingénieurs, culture des étudiants de Polytechnique
Polytechnique, ….
– Question d’histoire, de tradition intellectuelle, …

• Dans le cadre du travail collaboratif, une partie des


connaissances se trouve chez nos collègues.
– Il y a des connaissances communes (mutuelles
(mutuelles, partagées)
– Il y a des connaissances de relais (conn. complémentaires)

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Conclusion

• Le cadre d’analyse de la cognition, de l’activité


de travail, ne doit pas se limiter à la personne
seule, mais s’étendre au milieu dans lequel elle
baigne, elle travaille.

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Références
• Hutchins, E. (1995). Cognition in the wild. MIT Press, Cambridge, MA.

• Norman, D. (1993). Things that make us smart. Reading: MA: Addison-Wesley. (1


chap. sur la cognition distribuée)

• P
Perry, M.
M (2003).
(2003) Distributed
Di t ib t d cognition
iti ((chap.
h 8)
8), in
i J.M.
J M Carroll
C ll (Ed) (2003)
(2003). HCI
Models, Theories and Frameworks. Morgan Kaufmann, p. 193-

• Rogers,
g Y., Ellis, J ((1994).
) Distributed cognition
g : an alternative framework for
analysing and explaining collaborative woirking. Journal of Information Technology, 9,
119-128.

• Salambier,, P. (1995).
( ) Cognition
g : située,, distribuée,, socialement partagée.
p g GRIC
ARAMIIHS, Toulouse. Document inédit, 13 pages.

• Suchman, L. (1987). Plans and situated actions: The problem of Human-Machine


Communication. Cambridge University Press.

• Young, M.F., McNeese, M.D. (1995). A situated cognition approach to problem


solving (chap. 12). Dans Hancock, P., Flach, J., Caird, J., Vicente, K. (Eds). Local
applications of the ecological approach to human-machine
human machine systems.
systems LEA,
LEA Hove,UK,
Hove UK
p. 359-391.
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