Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
REFERENCES
Linked references are available on JSTOR for this article:
http://www.jstor.org/stable/43107804?seq=1&cid=pdf-reference#references_tab_contents
Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/
info/about/policies/terms.jsp
JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content
in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship.
For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org.
L'Harmattan is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers d'économie politique / Papers in
Political Economy.
http://www.jstor.org
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
LE MÉTIER DU BANQUIER ET LE RISQUE :
LA DÉNATURATION DES FONCTIONS
DE FINANCEMENT DU SYSTÈME BANCAIRE
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Sandrine Ansart et Virginie Monvoisin
Introduction
La fin des années 2000 inaugure une ère pour le moins exceptionnelle sur le
plan économique : une crise - peut-être sans précédent - s'est amorcée dans
le fracas de l'effondrement des bourses mondiales et dans le morcellement
des systèmes bancaires. Alors que la simple crise financière de 2007 est
désormais devenue une crise systémique, les politiques et les économistes
tentent notamment de proposer des modes de régulation à même d'en
limiter les impacts immédiats ou d'éviter quelle ne se reproduise.
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
L'apport de Minsky dans ce domaine est incontestable : il développe une
argumentation éclairante sur le lien entre les banques, les agents économiques,
les risques et l'instabilité financière et de nombreux analystes et politiques
s'accordent pour reconnaître que la crise actuelle est une crise minskyenne,
un Minsky Moment. Les mesures proposées s'avèrent dès lors conformes à la
théorie.
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Sandrine Ansart et Virginie Monvoisin
D'une part, il est vrai que peu ďauteurs lient avec autant de pertinence et
de cohérence les pratiques bancaires et le rapport de la banque aux risques :
Minsky est Pun des rares économistes qui permettent d'appréhender une
mécanique de crise, le rôle des banques et l'importance des innovations
financières comme de la titrisation. D'autre part, son approche des risques et
de la crise inspire amplement les approches actuelles de la réglementation en
matière financière et bancaire dirigée vers la gestion prudentielle, les accords
de Baie et leur révision relevant strictement de cette logique.
Depuis, et plus encore depuis 2007, l'étude des risques encourus par les
établissements de crédit s'appuie souvent sur les principes de Minsky relatifs
à l'activité bancaire, sa gestion et les innovations financières des banques.
En fait, la nature de la relation prêteur-emprunteur est d'abord précisée par
Keynes, dans le chapitre 11 de la Théorie générale , par la définition de deux
risques, le risque emprunteur et le risque prêteur4. Afin d'éclairer une partie
2. Le vocable « Minsky Moment » est largement utilisé par des quotidiens tels que The Financial Times
ou le Wall Street Journal , des revues telles que Finance and Development ou comme des auteurs autrichiens
(David Prychitko).
3. Minsky est avant tout un keynésien, et ce, à plus d'un titre. Comme le rappelle Tymoigne [2006],
Minsky s'inscrit pleinement dans la tradition keynésienne et décrit une économie monétaire de produc-
tion. Il s'agit de l'un des principaux aspects de la révolution keynésienne qui consiste à ne plus traiter la
monnaie comme une variable accessoire, mais, au contraire, de la placer au centre du système économi-
que, car Keynes théorise une économie monétaire dans laquelle la monnaie n'est plus neutre.
IO
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
de l'activité des banques, Minsky érige chacun de ces risques au rang de
concept, et ces concepts seront non seulement repris par les post-keynésiens
mais aussi par de nombreux auteurs. S'ensuivra la nécessité de tenir compte
des fragilités financières de chaque agent - firme, ménage ET banque - et des
risques qui leur sont associés afin d'appréhender la dynamique de fragilisation
globale de l'économie.
Ici, les banques sont principalement confrontées à deux risques liés à leur
pratique et à leur gestion les exposant à la menace d'une faillite individuelle :
le risque d'insolvabilité et le risque d'illiquidité. La fragilisation financière
des banques vient alors de la fragilisation de la structure financière des agents
non financiers.
5. En réalité, E. Le Héron [2001] montre que ces deux risques recouvrent d'autres risques bien connus
des banquiers : Le risque de défaut de remboursement ou de crédit, le risque de liquidité- soit la difficulté
à mobiliser la liquidité -, le risque de solvabilité - lié aux risques opérationnels -, le risque de taux - lié à
la variation des revenus bancaires - et le risque de marché - soit une variation de la valeur des actifs. Ces
différents risques sont généralement étudiés par le biais des risques d'insolvabilité et d'illiquidité.
II
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Sandrine Ansart et Virginie Monvoisin
se traduit par des mesures portant sur le volume des crédits, mais aussi sur
leur prix.
7. Minsky suppose que l'augmentation du risque prêteur induit une augmentation des taux d'intérêt. La
banque fait varier ses taux en fonction du ratio d'endettement des entreprises, ce qui se traduit par une
courbe d'offre de monnaie de crédit à pente positive.
12
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
à la solvabilité fragile, d'autres banques auront la capacité de réaliser des
financements10.
Autrement dit, ce nest pas parce que les structures financières sont plus
fragiles que les entreprises vont nécessairement générer moins de profits et
que la crise va survenir. Si l'endettement s'accroît, c'est en corrélation avec
des perspectives de profits ; ces derniers augmentent donc globalement le
montant des dépôts bancaires et donc la capacité des banques à alimenter
le marché interbancaire et à soutenir le système bancaire. Les faillites
individuelles sont possibles, alors que le système dans son ensemble détient
plus de liquidités.
- des difficultés à mobiliser des liquidités pour des raisons liées à l'activité
ou quand la Banque centrale exerce une contrainte,
13
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Sandrine Ansart et Virginie Monvoisin
Les banques, soucieuses de faire des profits comme n'importe quelle autre
entreprise, mobilisent des actifs ou leurs fonds propres, et sont donc amenées
à gérer leur structure de bilan au plus près pour ne pas se retrouver illiquides.
Ces mesures, les prévisions sur la liquidité et le liability management , vont
dans le même sens : elles correspondent pour les banques à une gestion de la
13. En effet, le risque de liquidité s'apparente au problème pratique du banquier de Keynes [1930, p. 21].
Voir Monvoisin et Pastoret [2003]. « La préférence pour la liquidité des banques commerciales vise à
réduire les [...] grands risques de crise microéconomique liés à leur activité : une crise de liquidité propre
à la transformation bancaire, c'est-à-dire le fait que leur passif monétaire est très liquide comparé à leur
actif. Toute demande massive de remboursement de monnaie à une autre banque peut l'entraîner à la
faillite par insuffisance de liquidité bancaire, soit parce que son actif n'étant pas mobilisable suffisamment
rapidement [...], soit parce que cette mobilisation de l'actif se fait à un coût très élevé n'assurant pas la
contrepartie nécessaire [...]. » [Le Héron, 2001, p. 113-114]
14
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
préférence pour la liquidité. Globalement, la gestion du risque ďilliquidité
relève davantage d'une analyse de court terme et microéconomique alors que
le risque d'insolvabilité concerne davantage le long terme, les perspectives
macroéconomiques et 1' impact de la conjoncture sur les banques.
Notons que la crise des subprimes s'est justement traduite pour les banques
en crise ďilliquidité et d'insolvabilité. Le gel du marché interbancaire, les
faillites ou les fusions-acquisitions et les débuts de panique bancaire ont
précipité les banques dans ces deux crises, pourtant objets de toutes les
attentions des banquiers et des législations bancaires.
Nous l'avons déjà évoqué, Minsky est keynésien et donc refuse toute
analyse dichotomique. Son approche des risques bancaires s'inscrit dans une
mécanique plus large qui lie la sphère réelle et la sphère financière. Il actualise
les travaux de Fisher [Lavoie, 1983, p. 311] et « il semble que les idées de
Minsky rendent bien compte de l'instabilité intrinsèque des économies de
finance libéralisée [...] » [Brossard, 2001, p. 291].
Selon Minsky, les risques bancaires ne sont pas le fait des seuls acteurs
financiers, ils surviennent à la suite des déséquilibres provenant des
entreprises ou de tout autre agent comme les ménages. Plus précisément,
la théorie de l'instabilité financière, conçue comme des prises de risque de
plus en plus grandes de la part des banques, présume de la fragilité croissante
de la structure financière de l'économie dans son ensemble. Cette dernière
connaît, comme avec Fisher, deux grandes phases, l'une de croissance pendant
laquelle la fragilité financière monte, et l'autre de crise.
Durant ces deux phases, alors que coexistent toujours trois états en matière
de financement, l'économie est dominée successivement par l'un d'entre
eux, du plus sûr au plus fragile. Le premier est la hedge finance (financement
couvert) : les emprunteurs remboursent le principal et les intérêts du prêt.
Le deuxième état est celui de la speculative finance (financement spéculatif) :
les emprunteurs ne remboursent que les intérêts du prêt. Le troisième
état est celui de la Ponzi finance (financement précaire) : les emprunteurs
remboursent les intérêts de la dette antérieure et vendent leurs actifs.
i5
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Sandrine Ansart et Virginie Monvoisin
s'endetter davantage. Elles sont imitées par les entreprises de ce secteur, dont '
F investissement tend donc à augmenter. Une première période de croissance
se caractérise donc par sa stabilité et son optimisme ; la structure financière
est de type hedge finance . Les entreprises ont de plus en plus confiance en
l'avenir et dans les perspectives de profits, ce qui les conduit à augmenter
leurs investissements. Le contexte mène à des structures financières plus
spéculatives et moins prudentes grâce aux innovations financières qui
permettent de répondre à la demande de crédits, c'est le « paradoxe de la
tranquillité ».
14. Soit un décalage entre la maturité du passif - court terme - et la maturité de l'actif/des créances -
long terme.
15. Minsky décrit alors une généralisation de la préférence pour la liquidité aux banques. Globalement, la
relation entre évolution des taux d'intérêt et fragilisation financière est complexe : voir Nasica [1997].
16. Brossard [1998b] remarque que les banques sont à la fois victime et complice de la fragilisation
financière.
16
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
La troisième période souvre alors sur le point de retournement et le
déclenchement de la période de crise, dû à une hausse des taux d'intérêt,
constante depuis le début de la phase de croissance. Elle déclenche les
premières faillites et provoque une prise de conscience de la fragilité du
système financier. Elle continue sur un processus de déflation à la Fisher ;
l'économie se trouve face à la menace ďun risque systémique.
tranquillité)
y
Faillite des Déflation donc Ponzi Finance : Retrait du soutien
entreprises ^ hausse de ^ Contagion des ^ bancaire
et banques l'endettement difficultés financières Baisse du nombre
spéculatives réel d'entreprises aux de projets
donc reprise
17
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Sandrine Ansart et Virginie Monvoisin
17. Ce point de vue est étayé par le rapport du Conseil d'analyse économique qui repère effectivement
sept approches des crises financières qui correspondent à l'analyse de Minsky. Le rapport énumère les
explications relatives aux financières et repère sept types d'explications reposant sur :des défauts d'infor-
mation, sur l'efficience des marchés et sur la finance comportementale [Malkiel, Shiller, Orléan] ; la prise
de risque procyclique [Bernanke, Gertler, Shiller] ; le risque de résonance entre actifs et le mimétisme
[Eichengreen, Zettlemeyer, Bacchetta, Hausmann] ; le système bancaire et la crise du passif ou de l'actif
[Diamond, Sgar] ; le régime macroéconomique [Krugman] ; le dysfonctionnement des Institutions inter-
nationales (la gouvernance mondiale) ; l'illusion que les marchés financiers soient plus importants que les
banques [Plihon, Shiller, Orléan, Blinder].
l8
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
increasingly less likely of completion. This can be called an increase of
"financial fragility" ».
19
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Sandrine Ansart et Virginie Monvoisin
bancaires relatives aux risques s'avère alors utile pour comprendre les
mécanismes de dissémination et pour proposer des pistes de régulations.
Tenter d'établir quel est le métier du banquier à travers les âges suppose de
revenir sur des écrits faisant état de cette histoire et de répertorier quelles
sont les principales opérations effectuées par ces banquiers. La plupart
des définitions des banques, extraites de leur cadre théorique, retient trois
opérations essentielles18 pour définir le métier de banquier :
- la collecte de dépôts,
- et l'octroi de crédit.
D'ailleurs les statuts de la banque française tels qu'ils sont définis par la
loi de 1984 s'appuient sur ces opérations pour caractériser les établissements
de crédit. Nous proposons d'exploiter notamment les travaux et apports de
de Mourgues [1988], Bonin [1992], Descamps et Soichot [2002] afin de
dresser un inventaire des principales opérations réalisées depuis l'Antiquité
jusqu'à la fin de la période de l'entre-deux-guerres19. Nous excluons de ce
18. De ces opérations sont déduites les deux grandes fonctions de la banque dans l'économie : l'intermé-
diation financière et la création monétaire.
19. Notre propos repose essentiellement sur l'étude du système bancaire français. En réalité, les divergen-
20
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
retour sur l'histoire la période plus récente depuis le lendemain de la Seconde
Guerre mondiale et ce pour deux raisons :
ces nationales entre les pratiques des banquiers apparaissent lors de l'institutionnalisation des systèmes
bancaires. Néanmoins, l'histoire de la banque française peut être élevée au rang d'exemple puisqu'elle
est proche de nombreuses autres expériences et qu'elle a inspiré des législations européennes à travers le
modèle de la banque universelle.
20. Nous reprenons une distinction classique entre titres physiques - actions et obligations par exemple -
relatifs au financement des entreprises et les titres dérivés relatifs par définition à un actif sous-jacent.
21
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Sandrine Ansart et Virginie Monvoisin
21. S'il était nécessaire, rappelons l'interdiction de l'Église sur la pratique des intérêts.
22
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Banque ou plus tard des banques d'affaires constituées souvent sous forme de
syndicats. On parle à l'époque d'« opérations capitalistiques » dans lesquelles
les banques simposent comme des acteurs clés : elles sont à la fois celles qui
organisent l'émission des titres et leurs souscriptions, et celles qui géreront
ensuite les enregistrements d'écritures colossaux que cela suppose.
22. Dires de Henri Germain en 1863, Fondateur du Crédit lyonnais selon de Mourgues [1988, p. 1 16].
23. Concernant la France les cinq premières banques de dépôt sont fondées entre 1848 et 1894 : le
Comptoir national d'escompte (devenu plus tard la BNP), le Crédit industriel et commercial, la Société
générale, le Crédit lyonnais et le Crédit commercial de France.
2-3
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Sandrine Ansart et Virginie Monvoisin
L'inventaire des opérations réalisées par les banquiers sur plusieurs siècles nous
amène à souligner que leurs activités sont intimement liées à la production,
dans les premiers temps au titre des moyens de paiement soutenant la
commercialisation de ce qui a été produit - et donc la production -, ou plus
tard au titre du financement indirect et même direct de la production, via
les achats de titres et ponctuellement leur revente. Les banques financent des
activités privées aussi bien que des activités publiques, comme par exemple
les guerres. À l'instar de ce que spécifient certaines approches théoriques,
les banques remplissent à côté de leur activité de création monétaire - se
distinguant en cela des autres institutions financières - une fonction
d'intermédiaire financier. Elles permettent alors de satisfaire les besoins des
agents en matière de financement.
*4
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
titre : en tant qu'intermédiaire financier, mais aussi en tant quagent à
capacité de financement.
Rappelons que les banques ont une clientèle de déposants assez limitée
jusqu'au XIXe siècle et que, par la suite, celle-ci est constituée avant tout de
grandes fortunes souvent bâties sur le développement de l'activité économique,
comme la petite et moyenne bourgeoisie dont les banques souhaitent attirer
le numéraire issu des activités quotidiennes.
- Au XIXe siècle, les banques d'affaires ont une part importante de leurs
activités constituée de prises de risque personnel importantes dans
la création de nouvelles entreprises assortie, en contrepartie, d'une
participation à la prise de décision dans les entreprises [ibid., p. 118].
- Au xixe siècle, les maisons de Haute Banque puis les Banques d'affaires
appuyées par les Banques de dépôt - afin de placer une masse croissante
de titres - participent largement à des syndicats d'émission de titres pour
lesquels elles sont mandatées24 et où, là encore, elles prennent des risques
personnels importants puisqu'elles s'engagent à acheter pour leur propre
compte les titres non placés [Bonin, 1992, p. 109-1 10].
24. « Les opérations capitalistes' procurent aux banques une part significative de leur volume d'activité -
avec beaucoup de manipulations de papier et donc de main-d'œuvre -, mais aussi de leurs recettes. Pour
chaque mission, les banques organisent l'opération ; elles placent les titres auprès de leur clientèle qu'elles
conseillent. Elles sont d'autant plus actives à le faire qu'elles ont souvent garanti aux émetteurs le succès
de l'émission : si la souscription marche mal, elles doivent verser malgré tout l'argent à la société et se
retrouvent collées' avec ce papier (...) » [Bonin, 1992, p. 1 10]
25
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Sandrine Ansart et Virginie Monvoisin
26
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
d'affaires de la région lyonnaise issus surtout de la métallurgie de la Loire,
des sociétés gazières et soyeuses de Lyon. Non seulement le banquier peut
être lui-même initialement entrepreneur dans l'activité industrielle, mais
il maintient à titre personnel des participations fortes dans la conduite des
entreprises [ibid., p. 94].
Il apparaît ainsi que la gestion du risque par les banques s avère tout autre
depuis une trentaine d'années par rapport à ce quelle a été à travers des
siècles. En effet, le métier de banquier consiste bien en la gestion du risque,
quii s'agisse du risque lié aux moyens de paiement quand la banque reçoit
les fonds du public et gère les moyens de paiement ou qu'il s'agisse du risque
de crédit.
Quel qu'il soit, le risque comporte de fait deux phases essentielles : une
première qui est l'évaluation du risque lors de sa prise en charge et de l'entrée
de l'actif dans le portefeuille du banquier ou de l'un de ses clients, une
seconde qui est sa gestion à proprement parler. L'évaluation initiale semblait
à l'époque revêtir un enjeu tout autre puisque l'actif - et donc le risque -
restait dans le portefeuille soit du banquier, soit du client, mais un client très
proche du banquier, qu'il était important de ne pas décevoir.
27
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Sandrine Ansart et Virginie Monvoisin
Depuis le début des années 1980, la place des titres, tant du côté de l'actif
que du passif des banques, s'accroît. Ce qui nous intéresse ici, c'est plus
particulièrement le processus de titrisation de l'actif bancaire25. En effet,
l'intermédiation classique a fait place au modèle Originate and Distribute qui
rend compte du processus de titrisation des crédits accordés par les banques.
Les banques extraient de leur bilan les crédits qu'elles ont accordés. Ces
opérations revêtent d'autant plus d'intérêt qu'elles démultiplient la capacité
de prêts des banques puisque, titrisés26, ces crédits n'entrent plus dans le
calcul des ratios internationaux de Baie, qui rapportent leurs engagements à
leurs fonds propres. Par ces opérations, les banques :
- se défont du risque,
25. Contrairement à Minsky qui s'intéresse aux innovations financières et au passif des banques.
28
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Cette tendance à la titrisation a trouvé notamment dans deux instruments
financiers que sont les CDO et les CDS des supports particulièrement
pernicieux quant à l'approche du risque par les banques. Les CDO sont des
obligations adossées à un ensemble de créances comprenant généralement des
crédits bancaires, des obligations, et même d'autres CDO : ils mixent ainsi,
au sein d'un même fonds, différentes qualités de créances. Le tout forme
un ensemble de plusieurs tranches d'actifs dont les premières bénéficient
d'une liquidité maximale - notée AAA par les agences de notation - et les
tranches inférieures supportent tous les risques, mais offrent des rendements
plus élevés. Ceux-ci ont notamment été émis par les institutions financières
pour couvrir les risques liés aux emprunts à taux variables, qui représentaient
91,6 % des crédits immobiliers aux États-Unis en 2006.
29
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Sandrine Ansart et Virginie Monvoisin
30
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
dont J. de Larosière, parlent de « perte de sens du risque »27. Dans tous les cas,
si certaines voix soulignent cet état de fait, cela reste des constats ponctuels
qui font état de « dérapages ». Peu reviennent sur ces « dérapages » pour les
présenter comme symptomatiques de problèmes plus fondamentaux sur le
métier de banquier et sur l'approche du risque telle quelle est envisagée et
pratiquée aujourd'hui. Pourtant des changements majeurs se sont opérés et
s'opèrent toujours :
Conclusion
27. J. de Larosière souligne notamment « un certain nombre d'institutions financières ont souhaité mal-
gré tout accroître leur rémunération en accordant des crédits risqués à plus forte marge. Afin d'attirer les
investisseurs - au moyen de la titrisation de ces crédits - en leur accordant des rendements supérieurs
aux faibles taux d'intérêt ambiants, nombre d'institutions financières les ont incités à prendre des risques
démesurés » [Larosière, 2008, p. 12].
31
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Sandrine Ansart et Virginie Monvoisin
Les économistes qui s'inspirent de son analyse portent donc leurs efforts
sur la réglementation prudentielle des banques puisqu'elle permet de limiter
ces risques. Or, ce type de réponses semble dérisoire au vu de ce qui s'est
fait par le passé et des difficultés présentes puisqu'elles ne répondent pas à la
question de la propagation du risque.
32
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Bibliographie
Bonin Henry [ 1 992] , La banque et les banquiers en France du Moyen Age à nos
jours , Paris : Larousse, coll. « Références Larousse Histoire ».
Kregel Jan [2007], « The nature instability of financial market », Jerome Levy
Economics Institute, Working Papers n° 523, Washington, p. 1-13.
33
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Sandrine Ansart et Virginie Monvoisin
34
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Toporowski Jan [2008], « Minsky's 'induced investment and business
cycles », Cambridge Journal of Economics, vol. 32, n° 5, p. 725-737.
35
This content downloaded from 128.119.168.112 on Thu, 17 Mar 2016 12:37:45 UTC
All use subject to JSTOR Terms and Conditions