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Propriétés magnétiques et ionisation des atomes dans un

alliage. Etude expérimentale de quelques siliciures


G. Foex

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G. Foex. Propriétés magnétiques et ionisation des atomes dans un alliage. Etude expérimentale de
quelques siliciures. J. Phys. Radium, 1938, 9 (1), pp.37-43. �10.1051/jphysrad:019380090103700�.
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PROPRIÉTÉS MAGNÉTIQUES ET IONISATION DES ATOMES DANS UN ALLIAGE.
ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DE QUELQUES SILICIURES
Par M. G. FOEX.
Laboratoire de Magnétisme, Strasbourg.

Sommaire. 2014 Le nombre des électrons effectivement présents sur l’atome magnétique d’une combi-
naison définie peut être déduit du moment de cet atome à l’aide de la théorie de Bose-Stoner.
Certains procédés de discussion utilisés antérieurement doivent être révisés : 1° la constante de Curie à
faire intervenir dans le calcul du moment est celle qui résulte de la loi de Weiss et non du produit ~. T.
2° La classification des composés en métalliques et salins, basée sur l’existence d’un ferromagnétisme,
d’un paramagnétisme constant ou d’un champ moléculaire élevé, est de pure convention; elle ne renseigne
pas sur l’état d’ionisation du métal.
De nombreux siliciures de composition bien connue et admirablement cristallisés ont été mis à ma
disposition par M. Lebeau :
Composés de formule Si2 M. 2014 Si2Cr et Si2Mn sont diamagnétiques. Si2Fe et Si2Co possèdent un
faible paramagnétisme indépendant de la température.
Dans tous ces composés le moment magnétique du métal est nul. Une seule interprétation est possible :
Si2 cède au métal un nombre suffisant d’électrons pour compléter à 10 sa couche magnétique : 4 pour Cr,
3 pour Mn, 2 pour Fe, etc.
Composés SiM. 2014 SiMn ne suit pas la loi de Weiss ; le moment de Mn, calculé à chaque température,
varie entre moins de 11 (air liquide) et plus de 16 (400°C). Tout se passe comme si aux basses températures
Mn fixait deux électrons et les reperdait à mesure que la température s’élève. Le moment devrait donc
croître à partir de 8,5 (au zéro absolu) jusqu’à 19,3.
L’étude de SiFe a été compliquée par une trace de ferromagnétisme; sa susceptibilité corrigée de
celui-ci croit avec la températu re. Même interprétation que pour SiMn. Résultats du même genre pour SiCo.
SiMn2 obéit à la loi de Weiss avec 03B8 = - 5° et un moment de 19,3 magnétons. Mn se trouve donc
dans ce composé à l’état d’atomes non ionisés. Il est remarquable que la loi de Curie (03B8 = 0) s’applique
approximativement à une substance formée d’atomes aussi voisins.
L’étude magnétique montre donc que le silicium tend à céder deux électrons (probablement ses deux
électrons 3p); cette tendance est peut-être à l’origine de l’augmentation de conductibilité du silicium avec
la température.

~. Introduction. -

Les travaux relatifs aux alliages tique dans une cornhinaÚ;on dé f nie s’est posée avec
mettent souvent en évidence des conthinaisolts définies. ,beaucoup de force à propos du travail de M. Fallot sur
On dit qu’il y a combinaison lorsque le diagramme le ferromagnétisme des alliages de fer (1). Dans les
figurant les variations d’une propriété physique avec systèmes fer-aluminium et fer-silicium les diagrammes
la composition, présente certaines particularités (maxi- du moment atomique et du point de Curie présentent
mum, changement brusque de direction...) pour un une chute brusque suivie d’une croissance rapide exac-

rapport simple entre les masses des constituants. tement pour la composition qui correspond à Fe3Al
Cex combinaisons ne sont généralement pas de (fig. 1) ou à Fe3Si. L’étude aux rayons X du système
même espèce qu’un sel métallique. Le problème de leur fer-silicium met en évidence une surstructure pour
nature - combinaisons ioniques, combinaisons homo- l’alliage Fe,’3Si losque les conditions de recuit ont été
polaires, simples surstructures s’est bien souvent
-

favorables (fig. 2). Mais l’existence d’une surstructure,


posé. Il a été attaqué par plusieurs méthodes et résolu c "est-à-dire d’une certaine répartition régulière des
dans bien des cas particuliers. Goldschmidt (1) entre atomes entre les du réseau, ne suffit pas à expli-
autres lui a consacré avec succès des travaux étendus. quer le passage du moment de l’atome de fer de
Il a pu classer beaucoup de combinaisons soit dans le 11 magnétons de Weiss dans le métal pur, à 8,2
type métallique (NiAs,MnAs ... ) soit dans le type salin. dans
Les méthodes magnétiques ont déjà fourni à La variation du moment devient au contraire plau-
l’étude des alliages des contributions très importante,,z, sible si l’on admet que l’aluminium cède des électrons
mais ces méthodes sont loin d’avoir donné tout ce aux atomes de fer (fig. 2). L’acquisition de chaque

qu’on peut en attendre pour la solution du problème électron, compensant un spin, diminue le moment de
particulier des combinaisons définies. Je me suis pro- l’atome correspondant de 5 magnétons (’). Pour Fe’FeSi
posé de les développer dans ce sens.
La question de l’état d’ionisation du métal magné- (1) Thèse. Strasbourg, l9JJ et Ann. de Phys., 6, 1936, 305.
(9 Cette interprétation n’est pas la seule possible. léel a admis
que le momjnt d’un atome diminue avec le nombre de ses voisins
(1) Crystal Structure and ehen1Îcal CunLi tution, Trans. Faraday magnétiques. Il a trouvé une loi simple de décroissance qui se
Soc., 1929, 253. vérifie dans plusieurs cas (C. 1936, 202, 1269).

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:019380090103700


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avec deux fers à 10 magnétons et un fer à 5 on obtien- paramagnétiques dans lesquels un seul constituant est
drait le moment moyen 8,3 très voisin du moment porteur de moment.
expérimental 8,2. Il y aurait dans ce cas surstructure
et, en plus, combinaison ionique de l’aluminium avec 2. Principe de la méthode magnétique. - Le
le fer. moment magnétique d’un ion est une fonction connue
du nombre de ses électrons extra-nucléaires. Cette
fonction, telle qu’elle est donnée par la théorie de Bose-
Stoner, est représentée sur la donc de
le 1JZOnleut de l’atonie magnétique pour con-
na¿t1’e le iionibre des électrons qu’il porte et, par suite,
son degré d’ionisation.

Fig. 3.

Dans le cas des combinaisons paramagnétiques on


calcule le moment à partir d’une série de mesures de
la susceptibilité à différentes températures.
La méthode d’étude magnétique n’est pas nouvelle;
plusieurs auteurs, Klemm et ses collaborateurs entre
Fig* 1. autres (1), l’ont appliquée à l’étude de nombreuses
combinaisons entre un métal et un métalloïde. Mais il
y a lieu de reprendre entièrement les bases de la dis-
cussion pour éliminer un certain nombre d’erreurs et
de confusions qui s’y sont introduites.

3. Calcul du moment. - Lorsque la susceptibilité


atomique Z, obéit à la loi de Curie Z,. T - Ca, aucune
difficulté ne se présente : on calcule le moment p. par
la formule de Langevin (2) ¡J.2 = Mais souvent
substance suit la loi plus générale de Weiss :

(1) Nombreuses publications dans la ’l,, Chemie depuis


1927.
(2) La formule de Langevin, basée sur la mécanique classique,
conduit en général à un moment différent de ceux que donnent
Fig. 2. les théories quantiques. Les nombres qu’elle fournit peuvent
être considérés comme des moments conventionnes dont l’emploi
est commode pour la discussion.
Il est probable que chacun des modes d’association Suivant l’usage, ce sont ces moments que je donne dans ce
envisagés : surstructures d’atomes neutres, combinai- qui suit, en les exprimant en magnétons de Weiss.
sons ioniques, combinaisons polaires, existe dans un
Chaque théorie quantique permet de calculer une valeur du
moments conventionnel pour cliaque ion. La figure 3 représente ceux
certain nombre de composés définis et qu’il y aura que donne la théorie de Bose-Stoner pour les ions de la famille
au fer. On trouve le degré d’ionisation en cherchant pour quel
lieu d’étudier chaque cas particulier.
nombre d’électrons la théorie donne le moment conventionnel
Le travail actuel est consacrée à l’ftude d’alliages trouvé expérimentalement.
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dans laquelle 0 peut prendre des valeurs notables, de La deuxième preuve est empruntée à des mesures
l’ordre de 1000 par exemple. Il existe dans ce cas deux de Klemm qui utilise de préférence le motnent effectif
doctrines. De ces mesures, publiées par JI arald sen el Klemm C),
11 On attribue à la même signification que dans la on peut déduire que les composés Mn§ et MnSe sui-
loi de Curie et on utilise, sans modification, la formule venet la loi de Weiss entre -iOOo et 200’K. Au-dessous de
de Langevin. f00°Il une anomalie cryomagnétique se manifeste. Le
2° On considère la loi de Weiss comme une loi de calcul donne, à partir de ces mesures :
première approximation sans fondement théorique et
on calcule un moment effecti f p-cff. à partir du produit TABLE AU II.
7,, T par la relation de Langevin :

Le moment ainsi obtenu est une fonction de la tem-


pérature. Certaines théories, dans lesquelles on admet
l’existence d’états multiples de l’ion, en équilibre
statistique, conduisent à considérer comme une

moyenne des moments, prise d’une part dans le temps,


d’autre part sur l’ensemble des ions présents. La dernière substance a été étudiée par Lallemancl (2).
C’est à l’expérience de départager les deux points de Les moments 28,6 et ~8,~ sont voisins du moment
vue et de montrer quel est le mode de calcul à adopter.
théorique 29,3 de l’ion manganeux; de plus, ils coïn-
Il s’agit de mesurer le moment d’un même ion : cident avec le moment expérimental de Mn++,
1° Dans un composé qui suit la loi de Curie ; 2° Dans dans qui suit pratiquement la loi de Curie.
d’autres substances qui obéissent à la loi de Weiss avec Les valeurs de 1J.eff. à 293K diffèrent nu contraire
diverses valeurs, positives ou négatives, de 0. La com- beaucoup entre elles; elles tendent asymptotiquement
paraison des moments entre eux et avec la valeur théo- vers 28,5 lorsque la température s’élève.
rique permet de résoudre le problème. Le calcul du moment à partir de la loi de Weiss
C’est le premier mode de calcul, à partir de la loi de conduit donc à des résultats parfaitement cohérents; il
Weiss, qui donne les valeurs correctes du moment. En donne pour un ion déterminé la même valeur
voici deux preuves expérimentales : du moment quel que soit 0; cette valeur coïncide
souvent avec le moment théorique.
TABLEAU I. - lon Cr+++ (1).
4. Choix d’une relation entre moment et
nombre d’électrons. - Diverses théories quantiques
permettent le calcul du moment en fonction du nombre
des électrons. Ciles se distinguent par le rôle attribué
aux orbites dans la genèse du moment.
La théorie de Bose-Stoner, citée plus haut (fig. 3),
attribue le moment exclusivement aux spins; c’est elle
qui conduit an meilleur accord avec l’expérience. Toute-
fois dans la région des ions Fe", Co", lllin les valeurs
qu’elle donne pour le moment sont trop faibles (19,3 ma-
gnétons au lieu de 25 pour Co; 14,1 au lieu de 16
Le moment de l’ion Cr+++ est le même dans le chlo- pour Ni, etc.). De plus l’expérience, montre que dans
cette un ion déterminé peut avoir plusieurs états
rure et le sulfate hydratés qui suivent la loi de Curie et région
magnétiques caractérisés par des moments différents
dans les chromites pour lesquels la valeur de ù est
avec des écarts pouvant atteindre 3 ou 4 magnétons
élevée. Cr203MgO en particulier suit la loi de Weiss a,u
millième près entre la température ordinaire et 40(~C, de l’un à l’autre (3).
avec 6 ^ - 363°. Dans le cas où l’ion fait partie d’un sel métallique il est
Le deuxième procédé de calcul donnerait : légitime d’attribuer ces divergences, lorsqu’elles sont
dans le sens voulu, à l’intervention des moments
d’orbites (-).
Dans le cas des alliages, où les orbites sont proba-
blement bloquées, l’intervention due leurs moments est

Il n’y a aucune raison de penser que le moment de (1) Z. ctnorg. ally. (heî?iie, 193-li, 220,
Cr+++ augmente avec la température, depuis des e) A?in. de Physique, XIe s., 1935, 3, 9 i.
(3) G. FoBl;. J. 1931, VII, 2, 353.
valeurs très inférieures à 12 magnétons jusqu’à 19. (4) L’intervention des orbites est mise en évidence par la

grandeur de l’effet gyromagnétique dans les sels. Cf. S17CKSMITH.


(1) Mesures de A. SERRES. Ann de 49~?, 17, 5. Proc. Roy. Soc., 1931, 133, 1 î9.
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peu vraisemblable. Cela justifie l’emploi de la théorie s’il n’est pas ionisé, possède 10 électrons « magné-
de Bose-Stoner. Toutefois, cet emploi doit être prudent tiques» et l’on doit s’attendre il un paralnagnétisme
et des écarts de 1 à 2 magnétons avec les nombres faible, indépendant de la température.
calculés ne doivent pas être rejetés à priori. Des mesures effectuées sur une nickeline de Sanger-
5. Le hausen, contenant quelques millièmes d’arséniure de
paramagnétisme constant des ions à fer, m’ont donné une susceptibilité magnétique égale
couche magnétique vide ou complète. - Les à 0,32. 10-~-, à peu près indépendante de la lelnpé-
éléments ou ions magnétiques de la famille du fer
dérivent de l’argon par adjonction d’électrons 3c~ et 4s rature ; la très légère variation observée étant due
vraisemblablement aux impuretés. On en déduit pour
sur les couches JI et d’l’. Pour abréger j’appellerai
l’atome de nickel :
couche magnétique la région occupée par les électrons
responsables du moment. Lorsque la couche magné-
tique ne comprend aucun électron ou lorsqu’elle en Ce résultat confirme bien les prévisions :le nickel,
contient 10 le moment est nul. On pourrait s’attendre à
n’est pas ionisé.
l’apparition d’un diamagnétisme. L’expérience fournit Dans la combinaison MnAs le manganèse, s’il n’est
au contraire, le plus souvent, pour les ions de ce genre,
un paramagnétisme très faible indépendant de la tem-
pas ionisé, possède 7 électrons « magnétiques » ; il doit
avoir un moment de 19,3 magnétons. Les mesures de
pérature et dont le mécanisme est encore inconnu. Bates (’) donnent 20,8 ce qui peut être considéré comme
(Tableau une bonne concordance puisque, dans cette région de
TABLEAU 111.
la famille du fer, les excèdents de 2 ou 3 magnétons
sur les nombres calculés sont fréquents.

7. Composés métalliques et composés salins.


-
Les combinaisons des métaux entre eux ou avec des
métalloïdes ont souvent été classées en composés
métalliques et composés salins avec des états intermé-
cliaires possibles. Klemm (2) considère comme métal-
liques les substances qui possèdent un ferromagné-
tisme ou un paramagnétisme indépendantt de la tem-
pérature et celles qui obéissent à la loi de Weiss
avec un 0 négatif élevé.
Cette classification est donc basée surtout sur les
actions mutuelles du type champ moléculaire; elle n’a
rien à voir avec le problème de l’ionisation que nous
cherchons à résoudre. En effet d’après cette classi-
fication NiC12, qui présente aux basses températures
certains caractères du ferromagnétisme, serait plus mé-
tallique que Ni S04 6 H20 pour lequel 0=0.
Cependant ces deux composés possèdent pratique-
ment le même rnoment de 16 magnétons.
L’existence d’un pa)-amagtïétisme indépe,¿dant de la Les actions mutuelles ne renseignent pas sur l’état
possédant cet olylre de grandeur peut
et d’ionisation des atomes constituants ; elles dépendent
servir à décelen des ions co»i p/ète>iieiùt dPpourvns d’élec- surtout, comme l’a montré Néel (1), du nombre des
l’ons jï-iriyïiétiques ou ÓipJ1 llossredant (i ii (’on/ra’ire / 0 de voisins et de la distance entre les couches magnétiques
ces de deux atomes. Pour les très courtes distances (entre 0
et J À), l’interaction est négative, elle donne lieu à un
6. Cas des atomes non ionisés. - La plupart
des vérifications des théories quantiques des moments
paramagnétisme indépendant de la température ou à
un paramagnétisme cle avec un 0 négatif élevé.
ont porté sur des sels dans lesquels l’atome est ionisé. Pour les distances plus grandes, l’interaction est posi-
Il y avait lieu de chercher si elles se vérifient encore
tive, le ferromagnétisme apparaît; enfin elle s’annule
pour des atomes neutres en prenant comme nombre progressivement aux grandes distances.
total des électrons le numéro atomique de l’élément. La grandeur de 6, au lieu de caractériser un état
Certains composés sont considérés d après l’ensemble
de leurs propriétés (résistivité, pouvoir réflecteur, etc.)
plus ou moins métallique, reflète sim plement un écart
comme formés d’atomes neutres. Il en est ainsi par
plus ou moins grand entre les couches magnétiques
de deux voisins dans le réseau considéré. Laissant
exemple, parmi les substances contenant un seul donc de cüté toute tentative de classification en coin-
constituant magnétique, pour la nickeline Ni as, l’arsé-
niure de manganèse (1) MnAs, etc. Dans XiAs le nickel, (1) lliit. AIciq., l~)29, 8,
îl4. ,

Akad. Verlagsges., Leipzig, i36.


(1) COLDSCHMÏDT. £oc (3) Ann. de Physique, i~~36, Xi, 5, ~32.
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posés métalliques et composés salins, je chercherai à plus faible que le nombre des voisins est plus grand et
résoudre le problème précis du degré d’ionisation de que d’interaction entre deux atomes voisins
l’énergie
l’atome magnétique. est elle-même plus grande. Cette susceptibilité devrait
donc varier dans le même sens que la distance entre
deux voisins magnétiques.
II. Etude de quelques siliciures. Les paramagnétismes trouvés paraissent trop faibles
Le nombre des combinaisons définies à un seul pour être attribués à ce mécanisme. En effet, le ta-
constituant magnétique est assez élevé : pour avoir une bleau V indique la valeur des paramagnétismes cons-
vue d’ensemble sur la question de l’ionisation dans ces
tants du chrome, du manganèse et du fer métalliques
composés, il est nécessaire d’en étudier beaucoup. Le qui s’interprètent bien par la théorie de Néel.
travail actuel constitue un début ; il a surtout pour .

TABLEAU V.
objet de bien préciser les méthodes de discussion et
de préparer la voie à des travaux ultérieurs.
Ayant eu à ma disposition une importante série de
siliciures de la famille du fer, de composition bien
connue et admirablement cristallisés, préparés par
M. Lebeau, j’ai commencé cette étude par les sili-
ciures.
Des mesures de susceptibilités ont été effectuées
entre -180°C et + 100’C et dans des cllamps com-
pris entre 3 000 et 10 000 oersted.
Ces paramagnétismes sont, comme ordre de gran-
Résultats. - 1" Composés de formule deur, 10 fois plus élevés que ceux du tableau l~’,
Le tableau IV contient les résultats des mesures ainsi Comme les voisins sont moins nombreux dans MSP
que quelques indications relatives au réseau cristallin que dans ces métaux et les distances entre atomes
et à la plus courte distance a de deux voisins magné- plus grandes, les susceptibilités de l’atome M devraient
tiques (1). être bien plus fortes dans MSi2 que dans M métallique.
TABLEAU IV. C’est le contraire qui a lieu. Il faut donc renoncer à
cette explication.
2° Le paramagnétisme atomique dans les combinai-
sons MSP est du même ordre de grandeurs que dans
les composés à couche complète ou vide du tableau 1
et que celui des métaux NI dans certaines de leurs
combinaisons à paramagnétisme constant. Le ta-
bleau VI permet la comparaison.
TABLEAU ici.

Les deux premiers composés sont diamagnétiques,


le troisième possède un paramagnétisme faible et indé-
pendant de la température.

Pour tous les trois, la susceptibilité atomique, obte-


nue en tenant compte du diamagnétisme du silicium
(la == 20.10"~), est positive et de l’ordre des diama-
gnétismes.
On peut interpréter ces résultats de deux ma- Les valeurs de xa sont voisines dans les deux genres
nières :-. de combinaisons.
11 Admettre que suivant la théorie de Néel (2), l’ion Dans CrOl le chrome, considéré comme hexavalent,
métallique porte un moment et que, sous l’influence a perdu tous ses électrons « magnétiques , ;; il en est
des actions mutuelles, les moments sont antiparal- de même pour le manganèse heptavalent dans MnO-’,K.
lèles. On doit observer, dans ces conditions, une sus- Le paramagnétisme constant qui en résulte est de
ceptibilité indépendante de la température d’autant même nature que celui de Ti’v ou de Re"’ (tableau I).
Pour le ferrocyanure de potassium, qui est une com-
{1) Ces données sont empruntées aux Strukturberichte d’Ewald binaison complexe où le fer est englobé dans l’anion,
et Hermann. Leipzig, §93 et années suivantes.
(~) Ann. 1936, 1ie s., ~, 3~. l’explication est différente. Elle consiste non en une
42

privation, mais en une addition d’électrons. On admet montré que, par des recuits prolongés dans l’hydrogène
en dans ce cas, que les radicaux liés à l’atome
effet, à 9 ï~°, suivis de trempe, on peut faire croître la suscep-
central lui cèdent des électrons; le moment dépend tibilité de FeS12 jusqu’à La susceptibilités
de leur nombre total. Ce nombre serait de 28 dans le moléculaire de ce composé se trouve alors tout à fait
ferrocyanure, ce qui conduit à un moment nul (4) du même ordre de grandeur que celle des sels ferri-
(couche magnétique complète (fig. 3). ques :
Puisque le faible paramagnétisme constant des
composés S12M est du même ordre de grandeur que
celui des atomes à couche magnétique vide ou com-
plète, on peut l’interpréter en admettant que les deux Après trempe le fer, au lieu d’avoir conservé trois
atomes de Si enlèvent à l’élément M tous ses électrons électrons du silicium, a perdu deux ou trois de ses
« magnétiques )) ou bien lui en cèdent un nombre suf- électrons propres. Il est probable que la structure de
fisant pour qu’il y en ait 10. Pour vider la couche FeSi2 est profondément modifiée par la trempe, qui doit
magnétique, il faudrait que Ci2 enlève 6 électrons à Cr, conserver aux atomes une répartition statistique.
7 à Mn et 8 à Fe, ce qui est encore tout juste compa-
tible avec la tétravalence de Si. Pour compléter à 10,
il faudrait fournir 4 électrons à Cr, 3 à lB1n et 2 à Fe.
Le siliciure de cobalt Si2Co doit permettre de choisir
entre les deux alternatives. Il y aurait en effet, dans
ce cas, 9 électrons à enlever pour vider la couche, ce

qui paraît difficilement compatible avec les propriétés


du silicium.
~
L’échantillon de Si2Co que j’ai étudié présentait
malheureusement une trace de ferromagnétisme à
point de Curie élevé (0 > 700°) devenant plus mar-
quée par chauffage à l’abri de l’air. Ce ferromagné-
tisme paraît attribuable à une quantité infime de cobalt
métallique, dissous à la température très élevée de la
préparation de Si’Co, et se séparant par recuit. J’ai
pu faire disparaître ce ferromagnétisme par un chauf-
fage à l’air qui a sans doute pour effet d’oxyder le
cobalt. La très faible proportion d’oxyde qui en ré-
sulte (probablement une fraction de millième) n’altère
pas sensiblement les résultats.
Après ce traitement Si-Co possède un paramagné-
tisme faible indépendant de la température avec
Za == t30.lO-6. Par suite de la présence de l’oxyde
cette valeur doit être un peu trop élevée.
Le cobalt possède donc un moment nul dans Sj2Co Fig. 4.
mais Si’ ne pouvant enlever 9 électrons au cobalt,
cela ne peut se produire que par élévation à ‘I0 du
nombre des électrons extérieu rs.
Composés MSi. - Le siliciure de manganèse MnSi
Il est extrêment probable que pour et
estparamagnétique; sa susceptibilité diminue lorsque
la température s’élève. Mais la représentation des
Si’Fe le mécanisme qui conduit au paramagnétisme inverses de z en fonction de la température, au lieu de
constant est le même que dans S12Co. Dans Cr donner une droite, comme le voudrait la loi de Weiss,
reçoit 4 électrons ; dans SPMn le manganèse en reçoit fournit une courbe régulière tournant sa concavité vei s
3 au moins, dans Sî2Fe le fer 2 et dans Si’Co le cobalt ~. l’axe des températures (fig. 4).
Chaque atome de silicium peut donc céder au moins La courbure provenant parfois d’une mauvaise défi-
deux électrons. Il est à remarquer que Si possède nition physique de la substance, j’ai recuit l’échantillon
4 électrons Il~ dont deux 3 s et deux 3 p. Ces deux à des températures croissantes jusqu’à 1 000°. Ces
derniers paraissent pouvoir se détacher facilement.
recuits, suivis ou non de trempe, n’ont altéré ni la sus-
D’après ce qui précède, il est possible que les combi- ceptibilité à la température ordinaire ni l’allure
naisons Si’Mn, Si2Fe, Si’Co contiennent des électrons de la courbe. Le produit est donc bien défini et stable.
libres ou faiblement attachés en quantités croissantes
et que par suite leurs conductibilités soient notables et
Si, à partir des susceptibilités mesurées, on calcule
le moment aux deux extrémités de l’intervalle de
augmentent de Si’Cr à température, en considérant la courbe des inverses
Dans une étude des ferrosiliciums, YI. Bedel (2) a
comme rectiligne sur un petit intervalle, on trouve que
(~) P. C. l?., ~92~ 184, 4t7.
C) Ann. de 1933, 20, ~3!~. Ann. de Phys., 1ie s., 3, 1935, 105.
43

ce moment passe de 11,7 (vers -1b0°) à 16 magnétons Mn’Si suit la loi de Weiss entre i ,00 K et 500° K au
(vers f~00°). moins, avec une valeur faible de 0 (q = - ~°).

1
Tout se passe comme si Mn fixait, aux basses tempé- Le moment de Mn est, dans ce composé, égal à 19,3
ratures, deux électrons empruntés à Si, ce qui condui- magnétons. C’est le moment tléorique pour le manga-
rait au moment 8,5 et comme si ces électrons étaient nèse non ionisé. Dans Mn’Sile manganèse ne reçoitdonc
progressivement libérés lorsque la température s’élève. ni ne cède aucun électron.
Le moment devrait alors tendre vers 19,3 (moment Il est
remarquable que cette substance suive prati-
de l’atome neutre de manganèse) aux températures quement la loi de Curie (0 ~°) malgré la grande
- --

élevées. Je me propose de vérifier cette prévision en proximité des atomes de manganèse.


effectuant des mesures au-dessus de 4001.
Si les électrons de Si, fixés primitivement au manga- Conclusions. - Les propriétés magnétiques de Cr,
nèse, sont progressivement libérés, la conductibilité Mn, Fe, Co dans les silliciures Si2M sont celles d’un
doit croître avec la température, comme pour le sili- ion dont la « couche magnétique o est ou bien vide ou
cium lui-même. bien garnie de 10 électrons. Le cobalt ne pouvant avoir
FeSi. - Les mesures sont rendues difficiles par la perdu 9 électrons dans Si2Co c’est la deuxième alterna-
tive qu’il y a lieu de retenir
présence en petite quantité d’un constituant ferroma-
Tout se passe donc, au point de vue des propriétés
gnétique -

peut-être Fe2Si -

irrégulièrement réparti
et dont la teneur augmente par élévation de tempéra- magnétiques, comme si le silicium avait tendance à
céder au métal ses deux électrons extérieurs 3~; le
ture. Après triage magnétique, des mesures effectuées
dans deux champs ont donné, câpres extrapolation au composé est ionisé. L’orsqu’il y a deux atomes de sili-
cium pour un de métal (composés SiZM) tout se passe
champ infini : comme si le métal avait incorporé dans sa couche

magnétique un certain nombre ou la totalité des élec-


trons libérés par le silicium. Le métal serait ainsi à
l’état d’ions négatifs.
La susceptibilité atomique du fer dans FeSi est clonc Dans le cas de Fesi’ un recuit prolongé suivii de
de l’ordre de ~00.10-6, c’est-à dire inférieure à celle trempe modifie la répartition des électrons et fait
du fer y (1 ~00.10-~) et elle croît avec la température. passer le fer à l’état d’ion positif (mesures de Bedel).
Il est possible que deux électrons, fixés au fer aux Lorsque la concentration atomique du silicium
basses températures, annulent son moment (couche de tombe à 50 pour 100 (composés SiM) le moment du
10) et se détachent progressivement quand la tempéra- métal est plus faible que celui qni correspondrait à
ture croît. Ainsi s’expliquerait l’augmentation du para- l’atome neutre ; il y a encore ionisation négative. Mais
magnétisme avec la température. les électrons sont fixés peu’ solidement sur le métal,
l’ionisation diminue lorsque la température s’élève et
CoSi suit la loi de Weiss entre 90° C et avec
le moment reparaît.
un moment égal à 5,9 magnétons et 6 = -1 t0°, A des
Enfin dans le composé SiMn2 qui contient deux
températures plus élevées Z augmente considérable- atomes de métal pour un de silicium le moment de Mn
ment et de façon irréversible. Ainsi, par chauffage en est celui de l’atome neutre; les électrons de Si ne sont
tube scellé à 235, C, yM a passé de 360 à 1 480.10-e ; un
plus fixés par le métal.
léger ferro-magnétisme s’est manifesté. Il est intéressant d’établir un rapprochement entre
Le moment de 5,9 magnétons est inférieur à celui
cet état neutre du manganèse et le fait que, malgré sa
que donne la théorie pour le cobalt atomique (8,5). forte concentration en atomes magnétiques, Mn2Si suit
Ces deux caractères : moment faible et susceptibilité
croissant avec la température peuvent encore s’inter- pratiquement la loi de Curie, ce qui dénote une absence
presque complète d’actions mutuelles du type « clamp
préter au moins de façon qualitative par la fixation aux moléculaire >}.
basses températures d’un électron du silicium sur cer-
tains atomes de cobalt. Je tiens à adresser mes très vils remerciements à
Composés de formule M2Si. M. Lebeau, qui a bien voulu mettre à ma disposition
Fe2Si est ferromatique avec un point de Curie assez des échantillons de ses magnifiques siliciures si bien
élevé ; je ne l’ai pas étudié. cristallisés et dosés avec tant de précision.

Manuscrit reçu le 30 octobre 1937.

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