Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Sommaire. 2014 Le nombre des électrons effectivement présents sur l’atome magnétique d’une combi-
naison définie peut être déduit du moment de cet atome à l’aide de la théorie de Bose-Stoner.
Certains procédés de discussion utilisés antérieurement doivent être révisés : 1° la constante de Curie à
faire intervenir dans le calcul du moment est celle qui résulte de la loi de Weiss et non du produit ~. T.
2° La classification des composés en métalliques et salins, basée sur l’existence d’un ferromagnétisme,
d’un paramagnétisme constant ou d’un champ moléculaire élevé, est de pure convention; elle ne renseigne
pas sur l’état d’ionisation du métal.
De nombreux siliciures de composition bien connue et admirablement cristallisés ont été mis à ma
disposition par M. Lebeau :
Composés de formule Si2 M. 2014 Si2Cr et Si2Mn sont diamagnétiques. Si2Fe et Si2Co possèdent un
faible paramagnétisme indépendant de la température.
Dans tous ces composés le moment magnétique du métal est nul. Une seule interprétation est possible :
Si2 cède au métal un nombre suffisant d’électrons pour compléter à 10 sa couche magnétique : 4 pour Cr,
3 pour Mn, 2 pour Fe, etc.
Composés SiM. 2014 SiMn ne suit pas la loi de Weiss ; le moment de Mn, calculé à chaque température,
varie entre moins de 11 (air liquide) et plus de 16 (400°C). Tout se passe comme si aux basses températures
Mn fixait deux électrons et les reperdait à mesure que la température s’élève. Le moment devrait donc
croître à partir de 8,5 (au zéro absolu) jusqu’à 19,3.
L’étude de SiFe a été compliquée par une trace de ferromagnétisme; sa susceptibilité corrigée de
celui-ci croit avec la températu re. Même interprétation que pour SiMn. Résultats du même genre pour SiCo.
SiMn2 obéit à la loi de Weiss avec 03B8 = - 5° et un moment de 19,3 magnétons. Mn se trouve donc
dans ce composé à l’état d’atomes non ionisés. Il est remarquable que la loi de Curie (03B8 = 0) s’applique
approximativement à une substance formée d’atomes aussi voisins.
L’étude magnétique montre donc que le silicium tend à céder deux électrons (probablement ses deux
électrons 3p); cette tendance est peut-être à l’origine de l’augmentation de conductibilité du silicium avec
la température.
~. Introduction. -
Les travaux relatifs aux alliages tique dans une cornhinaÚ;on dé f nie s’est posée avec
mettent souvent en évidence des conthinaisolts définies. ,beaucoup de force à propos du travail de M. Fallot sur
On dit qu’il y a combinaison lorsque le diagramme le ferromagnétisme des alliages de fer (1). Dans les
figurant les variations d’une propriété physique avec systèmes fer-aluminium et fer-silicium les diagrammes
la composition, présente certaines particularités (maxi- du moment atomique et du point de Curie présentent
mum, changement brusque de direction...) pour un une chute brusque suivie d’une croissance rapide exac-
rapport simple entre les masses des constituants. tement pour la composition qui correspond à Fe3Al
Cex combinaisons ne sont généralement pas de (fig. 1) ou à Fe3Si. L’étude aux rayons X du système
même espèce qu’un sel métallique. Le problème de leur fer-silicium met en évidence une surstructure pour
nature - combinaisons ioniques, combinaisons homo- l’alliage Fe,’3Si losque les conditions de recuit ont été
polaires, simples surstructures s’est bien souvent
-
qu’on peut en attendre pour la solution du problème électron, compensant un spin, diminue le moment de
particulier des combinaisons définies. Je me suis pro- l’atome correspondant de 5 magnétons (’). Pour Fe’FeSi
posé de les développer dans ce sens.
La question de l’état d’ionisation du métal magné- (1) Thèse. Strasbourg, l9JJ et Ann. de Phys., 6, 1936, 305.
(9 Cette interprétation n’est pas la seule possible. léel a admis
que le momjnt d’un atome diminue avec le nombre de ses voisins
(1) Crystal Structure and ehen1Îcal CunLi tution, Trans. Faraday magnétiques. Il a trouvé une loi simple de décroissance qui se
Soc., 1929, 253. vérifie dans plusieurs cas (C. 1936, 202, 1269).
avec deux fers à 10 magnétons et un fer à 5 on obtien- paramagnétiques dans lesquels un seul constituant est
drait le moment moyen 8,3 très voisin du moment porteur de moment.
expérimental 8,2. Il y aurait dans ce cas surstructure
et, en plus, combinaison ionique de l’aluminium avec 2. Principe de la méthode magnétique. - Le
le fer. moment magnétique d’un ion est une fonction connue
du nombre de ses électrons extra-nucléaires. Cette
fonction, telle qu’elle est donnée par la théorie de Bose-
Stoner, est représentée sur la donc de
le 1JZOnleut de l’atonie magnétique pour con-
na¿t1’e le iionibre des électrons qu’il porte et, par suite,
son degré d’ionisation.
Fig. 3.
dans laquelle 0 peut prendre des valeurs notables, de La deuxième preuve est empruntée à des mesures
l’ordre de 1000 par exemple. Il existe dans ce cas deux de Klemm qui utilise de préférence le motnent effectif
doctrines. De ces mesures, publiées par JI arald sen el Klemm C),
11 On attribue à la même signification que dans la on peut déduire que les composés Mn§ et MnSe sui-
loi de Curie et on utilise, sans modification, la formule venet la loi de Weiss entre -iOOo et 200’K. Au-dessous de
de Langevin. f00°Il une anomalie cryomagnétique se manifeste. Le
2° On considère la loi de Weiss comme une loi de calcul donne, à partir de ces mesures :
première approximation sans fondement théorique et
on calcule un moment effecti f p-cff. à partir du produit TABLE AU II.
7,, T par la relation de Langevin :
Il n’y a aucune raison de penser que le moment de (1) Z. ctnorg. ally. (heî?iie, 193-li, 220,
Cr+++ augmente avec la température, depuis des e) A?in. de Physique, XIe s., 1935, 3, 9 i.
(3) G. FoBl;. J. 1931, VII, 2, 353.
valeurs très inférieures à 12 magnétons jusqu’à 19. (4) L’intervention des orbites est mise en évidence par la
peu vraisemblable. Cela justifie l’emploi de la théorie s’il n’est pas ionisé, possède 10 électrons « magné-
de Bose-Stoner. Toutefois, cet emploi doit être prudent tiques» et l’on doit s’attendre il un paralnagnétisme
et des écarts de 1 à 2 magnétons avec les nombres faible, indépendant de la température.
calculés ne doivent pas être rejetés à priori. Des mesures effectuées sur une nickeline de Sanger-
5. Le hausen, contenant quelques millièmes d’arséniure de
paramagnétisme constant des ions à fer, m’ont donné une susceptibilité magnétique égale
couche magnétique vide ou complète. - Les à 0,32. 10-~-, à peu près indépendante de la lelnpé-
éléments ou ions magnétiques de la famille du fer
dérivent de l’argon par adjonction d’électrons 3c~ et 4s rature ; la très légère variation observée étant due
vraisemblablement aux impuretés. On en déduit pour
sur les couches JI et d’l’. Pour abréger j’appellerai
l’atome de nickel :
couche magnétique la région occupée par les électrons
responsables du moment. Lorsque la couche magné-
tique ne comprend aucun électron ou lorsqu’elle en Ce résultat confirme bien les prévisions :le nickel,
contient 10 le moment est nul. On pourrait s’attendre à
n’est pas ionisé.
l’apparition d’un diamagnétisme. L’expérience fournit Dans la combinaison MnAs le manganèse, s’il n’est
au contraire, le plus souvent, pour les ions de ce genre,
un paramagnétisme très faible indépendant de la tem-
pas ionisé, possède 7 électrons « magnétiques » ; il doit
avoir un moment de 19,3 magnétons. Les mesures de
pérature et dont le mécanisme est encore inconnu. Bates (’) donnent 20,8 ce qui peut être considéré comme
(Tableau une bonne concordance puisque, dans cette région de
TABLEAU 111.
la famille du fer, les excèdents de 2 ou 3 magnétons
sur les nombres calculés sont fréquents.
posés métalliques et composés salins, je chercherai à plus faible que le nombre des voisins est plus grand et
résoudre le problème précis du degré d’ionisation de que d’interaction entre deux atomes voisins
l’énergie
l’atome magnétique. est elle-même plus grande. Cette susceptibilité devrait
donc varier dans le même sens que la distance entre
deux voisins magnétiques.
II. Etude de quelques siliciures. Les paramagnétismes trouvés paraissent trop faibles
Le nombre des combinaisons définies à un seul pour être attribués à ce mécanisme. En effet, le ta-
constituant magnétique est assez élevé : pour avoir une bleau V indique la valeur des paramagnétismes cons-
vue d’ensemble sur la question de l’ionisation dans ces
tants du chrome, du manganèse et du fer métalliques
composés, il est nécessaire d’en étudier beaucoup. Le qui s’interprètent bien par la théorie de Néel.
travail actuel constitue un début ; il a surtout pour .
TABLEAU V.
objet de bien préciser les méthodes de discussion et
de préparer la voie à des travaux ultérieurs.
Ayant eu à ma disposition une importante série de
siliciures de la famille du fer, de composition bien
connue et admirablement cristallisés, préparés par
M. Lebeau, j’ai commencé cette étude par les sili-
ciures.
Des mesures de susceptibilités ont été effectuées
entre -180°C et + 100’C et dans des cllamps com-
pris entre 3 000 et 10 000 oersted.
Ces paramagnétismes sont, comme ordre de gran-
Résultats. - 1" Composés de formule deur, 10 fois plus élevés que ceux du tableau l~’,
Le tableau IV contient les résultats des mesures ainsi Comme les voisins sont moins nombreux dans MSP
que quelques indications relatives au réseau cristallin que dans ces métaux et les distances entre atomes
et à la plus courte distance a de deux voisins magné- plus grandes, les susceptibilités de l’atome M devraient
tiques (1). être bien plus fortes dans MSi2 que dans M métallique.
TABLEAU IV. C’est le contraire qui a lieu. Il faut donc renoncer à
cette explication.
2° Le paramagnétisme atomique dans les combinai-
sons MSP est du même ordre de grandeurs que dans
les composés à couche complète ou vide du tableau 1
et que celui des métaux NI dans certaines de leurs
combinaisons à paramagnétisme constant. Le ta-
bleau VI permet la comparaison.
TABLEAU ici.
privation, mais en une addition d’électrons. On admet montré que, par des recuits prolongés dans l’hydrogène
en dans ce cas, que les radicaux liés à l’atome
effet, à 9 ï~°, suivis de trempe, on peut faire croître la suscep-
central lui cèdent des électrons; le moment dépend tibilité de FeS12 jusqu’à La susceptibilités
de leur nombre total. Ce nombre serait de 28 dans le moléculaire de ce composé se trouve alors tout à fait
ferrocyanure, ce qui conduit à un moment nul (4) du même ordre de grandeur que celle des sels ferri-
(couche magnétique complète (fig. 3). ques :
Puisque le faible paramagnétisme constant des
composés S12M est du même ordre de grandeur que
celui des atomes à couche magnétique vide ou com-
plète, on peut l’interpréter en admettant que les deux Après trempe le fer, au lieu d’avoir conservé trois
atomes de Si enlèvent à l’élément M tous ses électrons électrons du silicium, a perdu deux ou trois de ses
« magnétiques )) ou bien lui en cèdent un nombre suf- électrons propres. Il est probable que la structure de
fisant pour qu’il y en ait 10. Pour vider la couche FeSi2 est profondément modifiée par la trempe, qui doit
magnétique, il faudrait que Ci2 enlève 6 électrons à Cr, conserver aux atomes une répartition statistique.
7 à Mn et 8 à Fe, ce qui est encore tout juste compa-
tible avec la tétravalence de Si. Pour compléter à 10,
il faudrait fournir 4 électrons à Cr, 3 à lB1n et 2 à Fe.
Le siliciure de cobalt Si2Co doit permettre de choisir
entre les deux alternatives. Il y aurait en effet, dans
ce cas, 9 électrons à enlever pour vider la couche, ce
ce moment passe de 11,7 (vers -1b0°) à 16 magnétons Mn’Si suit la loi de Weiss entre i ,00 K et 500° K au
(vers f~00°). moins, avec une valeur faible de 0 (q = - ~°).
1
Tout se passe comme si Mn fixait, aux basses tempé- Le moment de Mn est, dans ce composé, égal à 19,3
ratures, deux électrons empruntés à Si, ce qui condui- magnétons. C’est le moment tléorique pour le manga-
rait au moment 8,5 et comme si ces électrons étaient nèse non ionisé. Dans Mn’Sile manganèse ne reçoitdonc
progressivement libérés lorsque la température s’élève. ni ne cède aucun électron.
Le moment devrait alors tendre vers 19,3 (moment Il est
remarquable que cette substance suive prati-
de l’atome neutre de manganèse) aux températures quement la loi de Curie (0 ~°) malgré la grande
- --
peut-être Fe2Si -
irrégulièrement réparti
et dont la teneur augmente par élévation de tempéra- magnétiques, comme si le silicium avait tendance à
céder au métal ses deux électrons extérieurs 3~; le
ture. Après triage magnétique, des mesures effectuées
dans deux champs ont donné, câpres extrapolation au composé est ionisé. L’orsqu’il y a deux atomes de sili-
cium pour un de métal (composés SiZM) tout se passe
champ infini : comme si le métal avait incorporé dans sa couche