Vous êtes sur la page 1sur 2

Nietzsche 

: la morale, une invention des faibles

 Dans Généalogie de la morale, Nietzsche défend la thèse suivante : la morale est construite et résulte de l’histoire d’une société
particulière. “Il n’y a pas de phénomènes moraux mais seulement une interprétation morale de certains phénomènes ” ⇒ le bien et le
mal en soi n’existent pas.

Selon lui, dans toutes les sociétés, à toutes les époques, la population se répartit en deux types de profil du point de vue
psychologique :

Le fort :
- Volonté de puissance positive : il éprouve l’amour de soi et le désir d’accroître sa puissance
- Morale dite « des maîtres » : ses actes sont animés par un sentiment positif : il répond à sa volonté de puissance, il est guidé par
l’affirmation de soi et l’amour de la vie. Il est dans l’action (création, innovation).
- Valeurs personnelles : confiance en soi, ambition de réussite, honneur, courage, acceptation du risque
 En s’affirmant, le fort peut nuire aux autres, mais cet acte n’est pas condamnable selon Nietzsche puisque n’est pas guidé par
la méchanceté gratuite/le vice.

Le faible :
- Volonté de puissance négative : il est animé par le ressentiment envers lui-même et les autres, ainsi que par le nihilisme (négation
des instincts de vie)
- Morale dite « des esclaves » : incapable d’affirmer sa puissance, il se contente de persévérer dans son être sans chercher à
l’étendre ; ses actes sont guidés par la volonté de s’opposer à ceux des autres. Il est dans la réaction (ex : souvenir d’une blessure
commise par un autre => désir de vengeance qui va le guider)
- Valeurs tournées vers la limitation de la domination des forts  : pitié, charité, patience, humilité, amabilité, altruisme

Ce n’est pas la bonté qui est à l’origine de la morale, mais le ressentiment . En effet, les faibles, frustrés, jaloux et haineux des forts,
veulent se venger d’eux ; ils trouvent un levier de pouvoir : la création de la morale, faite de valeurs qui leur permettent de se
protéger et de culpabiliser/condamner/affaiblir les forts, et qui provient donc d’une volonté de puissance négative. A partir de cette
réflexion, Nietzsche introduit deux concepts pour expliquer certains phénomènes en vigueur dans la société : la «  moraline » consiste
à juger systématiquement toute chose à partir de catégories morales ; la « mauvaise conscience » est sa conséquence : l’homme fort,
culpabilisé, doute de lui, finit par se détester et devient lui-même faible.

Du point de vue historique, Nietzsche situe la société idéale, dominée par les forts, en Grèce antique  (guerres, conquêtes). Un
basculement a lieu avec Socrate, qui décrète qu’il vaut mieux subir l’injustice que la commettre => décadence.

 Dans L’Antéchrist, il élabore une critique de la pitié, et du christianisme (qui la promeut) par la même occasion. Compassion =
affaiblissement = nihilisme. Deux arguments :
- La pitié est négation de la vie car elle transgresse les lois de la biologie/sélection naturelle (cf Darwin) : elle amène à conserver ce qui
est en déclin (les plus faibles) Vs la vie est croissance, progrès, évolution et dit : « sois impitoyable » (loi du plus fort/maladie…).
- La pitié engage au néant. Le christianisme encourage les hommes à se soucier/apporter leur aide à autrui afin d’accéder à la vie
éternelle (rédemption). Or, ce que Nietzsche appelle l’« arrière-monde » (l’autre monde, l’au-delà, paradis où existerait un Dieu qui se
soucierait des hommes), est, au même titre que le monde intelligible de Platon, une invention née du refus des hommes de faire face
à la dimension tragique intrinsèque à la réalité (donc lâcheté, nihilisme). La vie est dure et conflictuelle, le monde est cruel  ; il faut
l’accepter, voire tenter de le rendre meilleur, au lieu d’avoir pitié de soi-même et se réfugier dans un Ailleurs en guise d’ultime
consolation.

 La pitié est amour pour la vie faible/souffrante + une échappatoire. C’est une attitude de servilité où les forces négatives triomphent
des forces affirmatives. Ceux qui pratiquent la compassion ont le goût du néant.
 Dans Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche propose sa propre définition de la morale (dimension normative de son écrit) : la « morale
du Surhomme » consiste à accepter la vie/son Moi (dans sa grandeur et ses travers) et les aimer. L’homme doit identifier et
développer ses talents au maximum, afin d’aller au bout de ce qu’il est (« Deviens ce que tu es »).

Vous aimerez peut-être aussi